PARLONS BAMILÉKÉ Langue et culture de Bafoussam
@ L'Harmattan, 2008 5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.Iibrairieharmattan.com
[email protected] harmattan
[email protected] ISBN: 978-2-296-07441-5 EAN : 9782296074415
Dieudonné
TOUKAM
PARLONS BAMILÉKÉ
Langue et culture de Bafoussam
L'Harmattan
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A ma fille Fabiola, A mes adorables neveux et nièces, ainsi qu'à tous les jeunes désireux de s'investir dans leur langue maternelle.
INTRODUCTION
Le bafoussam est la langue que parle le peuple du même nom, à l'Ouest du Cameroun. Les Bafoussam font partie de l'ethnie bamiléké. Autochtones de la ville de Bafoussam, ils habitent le cœur de la province bamiléké. Le bafoussam est la langue bamiléké de base, puisqu'il existe quelques dizaines de variantes dialectales plus ou moins distinctes. Sur ce plan, il est très souvent désigné comme la langue bamiléké, ce que plusieurs spécialistes suggèrent). Dans le cadre de l'étude des langues bamiléké, il a fait partie du groupe aka'a, la structure de base que l'on a jugée commune aux variantes dialectales bamiléké du département de la grande Mifi. Comme pour toutes les autres langues bamiléké, on estime que la langue bafoussam est née d'une très probable langue bamiléké unique que parlaient les premiers Bamiléké installés dans la plaine tikar vers les années 1200 de notre ère, en provenance d'Egypte. La langue bafoussam, à l'instar de la plupart de ses autres variantes de l'Ouest Cameroun, demeure prisonnière de l'oralité, sans système d'écriture. Après le bamoun, il était temps que le bafoussam s'offre une graphie et une grammaire harmonisée. Nous avons choisi d'y faire un travail d'amorçage; et plus on se consacre à cette langue, plus on lève le voile sur des richesses grammaticales et phono logiques étonnantes. A titre d'exemple, cette langue possède, entre autres originalités, des futurs du subjonctif et des futurs du conditionnel, elle apporte des graphèmes assez particuliers dans l'histoire de la linguistique: ow, gp.t,kh (différent de kh [Kh] du thaï, par exemple), pC,etc. Le présent ouvrage propose un alphabet de 33 lettres pour la langue bafoussam ainsi qu'une grammaire dont les aspects I On comprendra pourquoi en lisant, ci-dessous, « Le choix de la langue bafoussam ». 9
essentiels sont assez largement étudiés. C'est ainsi que l'on y trouve, entre plusieurs autres points de grammaire, d'importants éléments de phonétique, les traits particuliers de la langue, les règles de formation du pluriel des noms et adjectifs, la règle de formation de genres, la typologie et la morpho-syntaxe des déterminants, la conjugaison, la morpho-syntaxe tout court, l'influence mutuelle existant entre l'idiosyncrasie bamiléké et la langue, les proverbes et autres idiotismes, etc. Une langue étant le véhicule d'une culture, de nombreuses références culturelles viennent éclairer la compréhension de bien d'aspects sociolinguistiques.
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LE CAMEROUN Quelques repères géographiques et historiques
Géographie et population La République du Cameroun, pays d'Afrique centrale situé légèrement au-dessus de l'équateur, dans le Golfe de Guinée, est délimité à l'Ouest par le Nigeria, à l'Est par la République Centrafricaine, au nord par le Tchad et au sud par la Guinée Equatoriale, le Gabon et la République Populaire du Congo. S'étendant sur une superficie d'à peu près 375.400 km2, il est recouvert de trois types de végétation correspondant aux climats équatorial, tropical humide et tropical sec. La population du Cameroun est estimée à quelque 17 millions d'âmes réparties inégalement sur son étendue de forme triangulaire. Cette population est constituée de plus de 280 ethnies. Les principaux groupes ethniques sont, selon les chiffres de 1998, les Fangs IBétis (19,6 % de la population du pays), les Bamiléké et Bamoun (18,5 %), les Douala, les Loumdous et les Bassas (14,7 %), les Peuls (9,6 %), les Tikar (7,4 %), les Mandaras (5,7 %), les Makas (4,9 %), les Chambas (2,4 %), les Mbum (1,3 %) et les Haoussas (1,2 %). Depuis 1983, le Cameroun est divisé en dix provinces: l'Ouest (dont Bafoussam est le chef-lieu), le Littoral, le Nord-ouest, le Sud-ouest, le Centre, le Sud, l'Est, l'Adamaoua, le Nord et l'Extrême Nord. Histoire Le Cameroun fut baptisé en 1472 par des explorateurs portugais, qui s'étonnèrent de la présence de nombreuses crevettes dans l'estuaire du Wouri qu'ils nommèrent Rio dos Camaroes (rivière de crevettei). Le terme « Camaroes » 2
Ce qui est, en réalité, une fausse traduction, parce que l'estuaire du Il
évoluera en « Camarones », puis avec les Allemands, Kamerun. Colonisé en effet par des Allemands, dont les premiers débarquent à Douala en 1882, le Cameroun (appelé Kamerun) devient un territoire sous mandat de la Société des nations (SDN) dès 1919 après la défaite de l'Allemagne lors de la Première guerre mondiale. Il est donc administré, de deux manières différentes, par la France -qui occupe la partie orientale- et la Grande Bretagne -qui occupe le Cameroun occidental. Au lendemain de la création de l'Organisation des Nations unies (ONU) en 1945, consécutivement à la fin de la Deuxième guerre mondiale (1939-1945), le Cameroun - qui avait participé à la guerre aux côtés des Alliés- fut maintenu sous tutelle de l'ONU et administré par les mêmes « pseudo-colonisateurs ».
L'indépendance du pays intervient le 1er janvier 1960 après d'âpres luttes pour la libération menées aussi bien diplomatiquement - cf. les incessantes visites des leaders de la Résistance au siège des Nations Unies- que militairement. En effet, l'Union des populations du Cameroun (UPC) et son Armée de Libération durent combattre les Français, notamment, pour arracher la liberté du peuple camerounais. On se souviendra encore longtemps du lourd tribut qu'en paya le peuple bamiléké: plusieurs dizaines de milliers de morts et disparus. Depuis les vents du pluralisme politique de 1990, avec à la clé la naissance du plus important parti politique d'opposition (le Social Democratie Front), contrepoids du RDPC -qui est le transfuge de l'UNC des années 1950 à 1980-, le Cameroun est passé à l'ère de la «démocratie », comme toute l'Afrique d'ailleurs. De la «démocratie apaisée» à la « démocratie aux grandes ambitions », des concepts se sont multipliés, et on attend encore l'alternance politique, même si le parlement pluraliste et les libertés individuelles deviennent une réalité, Wouri n'a jamais eu de crevettes, mais plutôt des écrevisses -la nuance est de taille.
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dans un environnement économique qui suit son bonhomme de chemin. Carte d'identité Superficie: 475.442 km2 Population: autour de 17 millions d'habitants (estimation de 2005) Capitale politique: Yaoundé Quelques grandes villes: Douala (capitale économique), Bafoussam, Garoua, Bamenda, Maroua, Bertoua, Ngaoundéré, Buea, Elolowa. Situation: Afrique centrale, entre le 2e et le Be degré de latitude, et le 8e et le l6e de longitude Climats: humide au Sud (équatorial et semi-tropical), et tropical sec dans les deux provinces les plus au Nord Ressources économiques: agriculture (63% du PIB), industrie, mines, services Potentiel minier: Réserves: gaz naturel, 116 milliards de m3 ; pétrole, 200 millions de tonnes; bauxite, 1,2 milliard de tonnes. . . Quelques groupes ethniques (parmi les 286 inventoriés): les Bantous (Fang, Ewondo, Bulu, Etoa, Douala, Sawa, Bakwéri, Bafia, Banen); les Semi-bantous (Tikar, Bamiléké, Bamoun); les Soudanais (Kapsiki, Makakam, Mousgoum, Toupouri, Boum) ; les Hermites (Foulbé, Bororo) ; les Sémites (Arabe Choa) Langues officelles : français et anglais Monnaie: le franc CFA (lFCFA = 655 euros) Source: Les Atouts économiques du Cameroun, une publication de la Présidence de la République du Cameroun, Yaoundé, éd. Office Central de Promotion Extérieure, 2007.
LES BAMILEKE ET LES BAFOUSSAM Les Bamiléké sont le peuple autochtone de l'Ouest Cameroun. Ethnie reconnue pour son dynamisme et son sens 13
particulièrement élevé des affaires, on lui concède volontiers une place de choix dans la culture, l'histoire et l'économie du Cameroun. Les Bamiléké se reconnaissent également ancêtres de nombre d'ethnies voisines, en particulier plusieurs du NordOuest et d'une partie du Sud-Ouest. Ceux de Bafoussam, pour leur part, sont reconnus comme les ancêtres les plus proches de la plupart des Bamiléké et, à cet égard, ceux-ci leur attachent la même importance que celle accordée au pays tikar. Les Bafoussam ont fondé le groupement et la ville éponyme: Bafoussam. Au plan urbain, il s'agit de la troisième ville du Cameroun. Géographiquement et culturellement, c'est le carrefour du pays bamiléké. Histoire Les Bamiléké, donc les Bafoussam aussi, se déclarent descendants des Egyptiens, comme bien d'autres peuples d'Afrique sub-saharienne. Mais le fait qu'ils aient migré d'Egypte récemment par rapport aux autres (vers l'an 800 de notre ère, il n'était plus question de pharaons depuis longtemps) et qu'ils aient conservé l'essentiel de leur culture originelle, leur confère une force historique et culturelle majeure. Installés dans la plaine tikar vers 1200, les Bamiléké se désorganisèrent à la mort de leur dernier chef, sa majesté Ndeh, et du départ des princes Yendé (futur Yendé 1er), et, plus tard, de Ncharé. Le premier traversa la rivière du Noun pour fonder la dynastie bafoussam tandis que le second fonda le royaune bamoun dans la plaine du Noun. De Bafoussam naîtront beaucoup d'autres villages bamiléké, entre autres, Baleng, Balengou, Bandjoun, etc., entre le XIVe et le XIXe siècle (un ou deux groupements naîtront en plein XXe siècle). Croyances et religion De par ses origines, le Bamiléké est polythéiste. Mais avec le temps, il s'est résolu à croire en un seul Dieu, un Dieu pouvant s'incarner en toute chose. Le Bafoussam dira: « Tsapo Sîh» (Seigneur Dieu), sans autre idée que celle d'un seul être transcendental. En invoquant le « Dieu du village» (Sîh bè), le 14
« dieu des ancêtres» (en langue locale: Sîh pe ma'a, sîh pe ta'a), il se réfère à un seul dieu, à la façon d'un chrétien invoquant le dieu d'Isaac, le dieu de Salomon, le dieu d'Israël. Par ailleurs, le Bamiléké pratique un culte bipolaire: il peut s'adresser directement à Dieu dans ses prières - et très souvent, le fait dans des sanctuaires prévus à cet effet (lieu où les anges et autres esprits divins sont mieux à l'écoute des humains)- ; il peut aussi requérir la médiation de ses ancêtres décédés pour entrer en communication avec Dieu (culte des ancêtres ou culte des crânes), sans prétendre que l'ancêtre équivaut à Dieu. Pour ce qui concerne les rites, les Bafoussam, et avec eux tous les Bamiléké, regorgent de pratiques rituelles liées aux croyances, aux us et coutumes. Cest ainsi qu'au-delà des rites proprement religieux, il en existe pour les jumeaux, pour le veuvage, il en existe dans le cadre de l'initiation aux pratiques adultes, etc.
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PREMIÈRE PARTIE
DESCRIPTION
DE LA LANGUE
I -LA QUESTION DE FOND Dans la première moitié du XVe siècle, un certain Wandze (alias « Silah »), probablement le 3e successeur du fondateur de la dynastie bafoussam, posa un acte qui reste encore louable aujourd'hui: il réunit les notables de sa cour pour leur demander ce qu'il fallait faire pour que le peuple Bafoussam «survive à jamais et demeure lui-même» (entendez: qu'il évolue en gardant toute sa culture). Des réunions se multiplièrent donc et accouchèrent de deux stratégies qui, aujourd'hui encore, devraient servir de guide aux villages bamilékés: a) Il faut assurer la pérennité du village en faisant en sorte qu'il ait, chaque jour un peu plus, des enfants, et beaucoup d'enfants. Nous y reviendrons. b) Il est impératif de préserver l'identité culturelle du village. En quoi les sociétés d'hommes sont différentes les unes des autres? C'est à cette question, ô combien d'actualité, à laquelle les Bafoussam d'il y a cinq siècles tentaient déjà de répondre. On peut arguer avec Alain Finkielkraue que, dans le règne animal, tous les individus d'une même espèce sont pareils, que les chats sont égaux, les vaches aussi, etc.; et que c'est la dimension sociale et économique chez les hommes qui induit leurs différences et leur inégalité. Soit! Mais, si on mettait sur le tapis la question culturelle, n'y aurait-il pas là un creuset générateur de différences entre les peuples? Car l'homme bamiléké-bafoussam est une entité identitaire différente du Baleng, du Bafou ou du Batié, en dépit de la minceur des divergences culturelles existant entre eux. On sait que les Bamiléké constituent une civilisation, les villages se réduisant, pour l'essentiel, à la résultante de quelques différences. Si différence il y a, il est indéniable que l'identité culturelle de chaque village bamiléké, pour le cas d'espèce, est bien réelle et 3 Philosophe, auteur de l'ouvrage intitulé L'imparfait au présent (Gallimard, Paris, 200 I). 19
que sa pérennisation devient un impératif catégorique, à moins que le village concerné n'ait rien à offrir et reste voué aux gémonies, par l'incurie affichée face aux ravages du tandem aliénation-assimilation. Alors, que les Bafoussam s'interrogent: quelle est la marque identitaire qui fait d'eux un peuple unique, différent des autres, y compris de leurs cousins baleng, avec qui ils partagent quasiment les mêmes valeurs culturelles? S'agit-il des us et coutumes? C'est presque la même chose dans les deux villages. Les croyances et mentalités? A un iota près, c'est les patates d'un même billon. Les modus vivendi et operandi? On n'est pas loin de deux réalités jumelles! Cette comparaison peut être multipliée avec d'autres villages, en particulier de l'Ouest et Nord-ouest du pays. A l'analyse, il ressortira que la différence fondamentale réside dans la langue. Certes, la nuance est souvent négligeable (dans le cas du bafoussam et du baleng). Pourtant, il faut compter aussi avec la psychologie de la langue, reflet du psychisme profond de celui qui la parle en tant que langue maternelle. Le Négus de l'identité culturelle du peuple bafoussam, c'est bien sa langue. Imaginez-vous alors un village dont les natifs, en particulier les jeunes, ne comprennent, ni ne parlent la langue du terroir. Inéluctablement, ce village perdra, au fil de nombreuses décennies, ce qui est sa marque distinctive d'avec les autres villages: sa langue, et, avec elle, sa culture. Et si langue bafoussam venait à disparaître, cela signifierait qu'une autre langue, le bandjoun par exemple, occuperait sa place et amènerait avec elle à Bafoussam la culture du village bandjoun (c'est-à-dire, ce qui lui est propre). Conséquence: la ville de Bafoussam resterait, mais le village du même nom disparaîtrait.
II. LA NATURE DE LA LANGUE BAFOUSSAM En vertu des définitions que les linguistes de tout bord ont donné au concept de « langue », il est important de situer la nature de la langue propre au peuple Bafoussam. Est-elle une langue maternelle, un dialecte ou un patois?
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Reconnaissons d'emblée que le bamiléké-bafoussam est une langue telle que définie par des auteurs comme F. de Saussure, Gardiner, Greimas ou J. Roca-Pons, entre plusieurs autres: ensemble de signes (graphiques ou non) constituant un système de forme et de sens et servant de véhicule de communication. Un patois? Non! Il faut d'ailleurs se garder d'employer ce terme qui est, à l'évidence, péjoratif, et qui est défini comme étant « un parler propre à une région limitée, à l'intérieur d'un dialecte. » Et le dialecte? Il n'est autre chose qu'une variété régionale d'une langue. On en vient à penser, par exemple, à la langue bassa (Cameroun) avec ses variantes des départements du Nkam, de la Sanaga-Maritime et du Nyong-Ekellé; ou encore le swahili. En ce qui concerne la langue bamilékébafoussam, on ne peut pas nier qu'elle ressemble à toutes les langues bamiléké, donc influencées par les langues bantoues. Cet aspect du sujet est d'autant plus important qu'avec les travaux de Sep Pop, puis de Weinreich4, la dialectologie a reconnu que, malgré la complexité du concept de « dialecte », les variations régionales qui en constituent le socle impliquent qu'il a évolué à partir d'une langue. Il va de soi que les langues des Grassfields en général et bamiléké en particulier sont des langues nées d'une autre, le « bamiléké », qui était parlé par le peuple du même nom jusqu'à leur arrivée dans la plaine tikar au XIIIe siècle. Autrement dit, c'est un truisme que le bamilékébafoussam est un dialecte. Cela dit, c'est dans le contexte occidental que le concept «dialecte» sied le mieux, c'est-à-dire tel que défini comme langue régionale, à l'opposé d'une langue ayant une échelle nationale ou internationale. Les langues africaines, pour leur part, ne se sont pas imposées majoritairement à l'échelle nationale et encore moins internationale. D'où la pertinence de la teinte péjorative du concept de dialecte, tel que relevé par J. 4
S. Pop, La dialectologie. Aperçu historique et méthodes d'enquêtes linguistiques. I. Dialectologie romane. II. Dialectologie non romane. Lovaina, 1950. U. Weinreich, Languages in Contact. Findings and Problems. New-York, Linguistic Circle of New-York, 1953. 21
Roca-Pons : celui d'une langue dépourvue de culture littéraire ou scientifique.5 Vu sous cet angle, aucune langue camerounaise ne pourrait être considérée comme telle. Pis pour le bafoussam-bamiléké qui, jusqu'ici, n'a pas de graphie et demeure prisonnier de l'oralité. En tout cas, dialecte ou langue maternelle tout court ? Reste que le bamiléké-bafoussam est loin d'être un patois. A l'instar des autres langues des provinces de l'Ouest et du NordOuest Cameroun, il est perçu comme une variante du grand ensemble linguistique des Grassfields. Mais alors, quelle serait cette langue mère? Il n'existe ni une seule langue bamiléké (mais des langues bamiléké), ni une seule langue des Grassfields. Si seulement on avait là l'extrême certitude qu'à l'origine, il existait une seule langue bamiléké qui, dans le creuset de l'évolution linguistique, aurait alors donné naissance à plusieurs langues régionales? Bien sûr, on estime, à juste titre, que les Bamiléké, d'Egypte jusqu'à la grande vallée du pays tikar, gardèrent l'essentiel de leur culture, en particulier leur langue, dont on croit fort bien qu'elle était unique. En effet, s'ils n'oublièrent rien de leurs pratiques religieuses et coutumières, il est difficile de penser qu'au cours de leur long parcours (vers 800-1200 de notre ère), ponctué de longues périodes de sédentarisation et donc de métissage avec les Soudanais, les Peuls, etc., ils se soient séparés de leur langue. Ce n'est donc qu'à partir de la formation de différents clans en zone tikar suivie de la traversée, en groupes séparés, de la rivière Noun que, très probablement, les Bamiléké firent le lit de la division linguistique en leur sein, notamment en s'éparpillant en petits groupes. D'un autre côté, en admettant que les Bamiléké ont gardé leur langue depuis leur départ d'Egypte, on peut aisément penser que ce peuple a une langue d'origine égyptienne, et non pas bantoue - c'est-à-dire du grand Sud du continent africain. En pays bamiléké, de fait, nombre de vieillards soutiennent 5
J. Roca-Pons, El Lenguaje (Barcelona,Ed. Teide, 1981): "Es bien sabido
que es muy popular el concepto de dialecto en sentido peyorativo; entonces se entiende por dialecto una lengua sin cultivo literario 0 cientifico, etc." (p. 3). 22
mordicus cette thèse en s'appuyant sur la tradition orale. On suppose aussi qu'au cours de leur migration à travers la Nubie et la région soudanaise, les bamiléké ont vu leur langue subir une influence bantoue et, surtout, soudanaise. En tant que peuple issu des baladis d'Egypte (les Noirs irréductiblei devant les cultures romaine et arabe), les Bamiléké parlent aujourd'hui une langue nilo-égyptienne de par son origine, semi-bantoue en raison de l'influence des langues bantoues. A cet égard, nombre de linguistes et d 'historiens ont jusqu'ici, pour leur part, qualifié la famille linguistique bamiléké par l'épithète « semi-bantoue ».
III. LE CHOIX BAFOUSSAM
DE
LA
LANGUE
BAMILÉKÉ-
Il convient de rappeler I'histoire afin de faire comprendre que le bamiléké-bafoussam et le bamoun sont les deux premières langues bamiléké qui sont nées des cendres de la «langue bamiléké» au lendemain du départ du peuple en question du pays tikar. Qu'il soit loisible de rappeler que les Bamiléké, une partie des irréductibles Baladis (Noirs) d'Egypte, partirent d'Alexandrie vers le IXe siècle7. Ndeh, le chef des Bamiléké installés dans la plaine tikar, mourut en laissant des enfants, notamment Ncharé et son grand frère Yendé. Ce dernier abandonna le trône à son cadet et, en tant que chasseur, conduisit un groupe d'hommes dans la plaine du Noun, puis traversa - avec eux- la rivière Noun, au moyen de la lévitation, et s'installa sur l'autre rive du cours d'eau. On sait également que Ncharé abandonnera Mbankim pour aller dans la plaine du Noun fonder le pays bamoun, tandis que, de l'autre côté, Yen dé avait fondé le groupement Bafoussam plusieurs années auparavant (vers la 2émemoitié du XIVe siècle). 6 Que l'éminent égyptologue Moustapha Gadalla appelle « la majorité silencieuse d'Egypte ». 7 Lire: Dieudonné Toukam, Peuples bamiléké et bafoussam. Des repères historiques et culturels (à paraître). 23
La plupart des autres groupements bamiléké -hormis les Bamoun, et les Bangous- naîtront du groupement Bafoussam8. En d'autres termes, la langue bafoussam fut à l'origine de la plupart de ses sœurs de la région de l'Ouest-Cameroun, avec l'effet désastreux de la Tour de Babel, qui marquera la langue bamiléké de sa lugubre empreinte. Jusqu'à ce que, au fil des siècles, le Bamoun ne parle plus exactement la même langue que le Bafoussam, que le premier Balengou parti de Bafoussam se retourne dans sa tombe en constatant que sa descendance parle une autre langue, etc. Il était donc normal qu'après le bamoun, le bamiléké-bafoussam fasse l'objet d'une étude, et, surtout que des recherches sur certaines langues bamiléké prennent pour point de départ le bafoussam. Dans ce contexte, on ne saurait parler, dans le pire des cas, d'un sous-groupe linguistique, d'une plateforme d'étude phonétique, comme le gham'a-Iah (ou ghomala'), l'aka'a, qui se fonde sur le bafoussam dans le grand département de la Mifi, au Cameroun. Car, qu'on se le dise de manière formelle, il n'existe pas, dans les faits, de langue bamiléké appelée gham'a-Iah (terme générique signifiant « langue maternelle» /« langue du terroir »), ou toute autre appellation de circonstance. C'est bien connu: la langue des Bapi, quoiqu'un groupement numériquement très minoritaire, est le bapi, celle des Bandjoun, le bandjoun, au même titre qu'il existe le bafou, le batcham, le batié, le bana, etc. Les velléités de regroupement linguistique, ne serait-ce que pour des besoins d'étude, restent encore entachées d'égocentrisme et d'égoïsme dans les Grassfields camerounais, malheureusement. Cela dit, si le sous-groupe gham 'a-Iah rassemble plusieurs langues bamiléké (variantes dialectales), au même titre que d'autres sous-groupes tels le yemba, le ngomba, etc., il ne semble pas réaliste d'élaborer une grammaire et un dictionnaire qui s'impose à tous les locuteurs des langues d'un groupe linguistique. Un Bafoussam ou un Baham ne dira jamais qu'il parle le gham'a-Iah, mais le bafoussam ou le baham, par exemple.
8 Lire: Dieudonné
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Toukam, op. cil. (ci-dessus).
Encore une fois, le bafoussam est la base du « bamiléké », très probable langue unique du peuple du même nom jusqu'à ce que l'effet de la Tour de Babel à partir du XVe siècle soit à jamais irréparable. Il est par conséquent normal que le bafoussam, encore appelé le bamiléké, soit une référence, tout au moins, en matière de recherche. La très grande diversité ethnique du Cameroun lui vaut une myriade de langues parmi lesquelles le bamoun, le bassa, , le fufuldé, le douala, l' ewondo, le bulu, le bakweri, le bamiléké et ses sous-ensembles (gham'a lah, nufi, yemba, medumba, ngomba'a.. .), eux-mêmes constitués d'une multitude de variantes dialectales (bafoussam, bansoa, bafou, bana, baleng, batcham, bangang, bazou, bandja, bandenkop, bamougoum, bamendjou, batoufam, batié, bandjoun, bangoulap, etc.), qui sont les véritables langues parlées dans les différents groupements baliméké de l'Ouest Cameroun. Nous reproduisons ci-après la liste des 281 langues vivantes du Cameroun publiée sur le site muturzikin.com (avec leur aimable autorisation). Les noms sont en anglais: abar, afade, aghem, akoose, akum, ambele, arabe shuwa, atong, awing, baba, babanki, bafanji, bafaw-balong, bafia, bafut, baka, bakaka, bakoko, bakole, baldemu, balo, bamali, bambalang, bambUi-bambui, bamenyam, bamukumbil, bamun, bamunka, bana, bangandu, bangolan, bankon, barombi, basaa, bassossi, bata, batanga, bati, beba, bebe, bebele, bebil, beezen, befang, bekwil, beti, bikya, bishuo, bilare, bokyi, bomwali, bonkeng, bubia, buduma, bulu, bum, bung, busam, busuu, buwal, byep, caka, cung, cuvok, daba, dama, dek, denya, dU, dimbong, doyayo, duala, dugun, dugwor, duupa, dzodinka, ejagham, elip, eman, english, esimbi, eton, evant, ewondo, fali north, fali south, fang, fang, fe'fe', français, fulfulde adamawa, fulfulde kano-katsina-bororro, gavar, gbaya northwest, gbaya southwest, ghomala', gidar, gimme, gimnime, giziga north, giziga south, glavda, gude, gvoko, gyele, hausa, hdi, hijuk, hya, iceve-maci, ipulo, isu, isu, iyive, jimi, jina, jukun takum, kako, kamkam, kanuri central, karang, kare, kemezung, kendem, kenswei nsei, kenyang, kera, kol, kolbila, kom, koma, koonzime, korop, koshin, kuk, kung, kuo, kutep, kwa', kwaja, kwakum,
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kwanja. la'bi, lagwan, laimbue, lamnso', lefa, leti, limbum, longto, luo, mada, mafa, majera, makaa, malgbe, malimba, mambai, mambila cameroon, manta, masana, maslam, matai, mazagway, mbe', mbedam, mbembe tigon, mbo, mbonga, mbu', mbuko, mbule, mbum, medumba, mefele, mendankwe-nkwen, mengaka, mengisa, menka, merey, mesaka, meta', mfumte, mina, mmaala, mmen, mofu north, mofu-gudur, mokpwe, moloko, mom jango, mono, mpade, mpiemo, mpongmpong, mser, mundabli, mundang, mundani, mungaka, musey, musgu, muyang, naki, ncane, ndai, ndaktup, nda'nda', ndemli, ndoola, ngamambo, ngambay, ngemba, ngie, ngiemboon, ngomba, ngombale, ngong, ngoshie, ngumba, ngwe, ngwo, nimbari, njen, njyem, nkongho, nomaande, noone, nsari, nubaca, nugunu, nyong, nzakambay, nzanyi, oblo, oku, oroko, osatu, pam, pana, parkwa, peere, peve, pidgin cameroon, pinyin, pol, psikye, samba leko, sharwa, so, suga, tibea, tikar, tiv, to, tsuvan, tuki, tunen, tuotomb, tupuri, twendi, usaghade, vame, vemgo-mabas, vengo, vute, wandala, wawa, weh, wumboko, wushi, wuzlam, yamba, yambeta, yangben, yasa, yemba, yukuben, zhoa, zizilivakan, zulgo-gemzek, zumaya. Langues disparues: duli, gey, nagumi, yeni @ Muturzikin.com (http://www.muturzikin.com/carteafrique.htm )
IV. COMMENT BAFOUSSAM
ÉCRIRE
LA LANGUE
BAMILÉKÉ-
Il est temps, pensons-nous, que la langue bamiléké / bamiléké-bafoussam ait désormais une écriture et que le natif du village en question exprime enfin mieux ses particularités culturelles. A cet égard, nous proposons ici un canevas en vue de l'adoption d'un alphabet de cette langue. Nous avons constitué un vocabulaire écrit asez consistant, des mots qui ont fait l'objet, pour la plupart, d'une analyse et d'une transcription phonétiques. En voici les conclusions:
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1) L'alphabet français doit être la base de toute recherche pour un alphabet de la langue bafoussam, étant entendu que la majorité des Bafoussam sont francophones; 2) A propos de l'apport de l'alphabet français, il cadre bien avec nos habitudes de prononciation, et reste à résoudre le problème lié aux particularités phonétiques et grammaticales de la langue bamiléké-bafoussam. 3) Conséquence de ce qui précède, il est important d'éviter des signes tels que a avec accents (aigu, grave ou circonflexe), â, 6, a, 9, t, ci, Ô, à, etc., c'est-à-dire un mélange confus de lettres des alphabets latin, grec, arabe, turc, espagnoL.. A l'heure où les langues ont à cœur de se simplifier chque jour un peu plus (le mandarin, le chinois, le portugais, l'allemand, le peul, le fufuldé, l'arabe, etc.), il n'est pas bon pour les langues de l'Ouest Cameroun de compliquer leur orthographe.
GRAMMAIRE BAFOUSSAM
DE
LA
LANGUE
BAMILEKE-
Nous proposons ci-après une ébauche de ce qui conviendra d'appeler la grammaire de la langue bafoussam-bamiléké. Comme on s'en doute, il ne s'agit que d'un premier coup de pioche consécutif à l'idée d'une graphie et d'un alphabet pour cette langue. Nous nous sommes basés sur des études sur le terrain assorties de notre propre expérience en tant que locuteur du bamiléké-bafoussam, langue maternelle. Si cette grammaire venait à être homologuée et acceptée de tous, cela impliquerait que les autres langues bamiléké devraient s'en inspirer, standardisation linguistique oblige. Avant tout, il convient de relever les particularités d'ordre phonétique et orthographique du bamiléké-bafoussam. Elles se retrouvent également dans les autres dialectes bamiléké, du moins pour la plupart de ces propriétés singulières.
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1) Phonétique et orthographe Au-delà des emprunts de la phonétique française, le linguiste qui se penchera sur la langue bafoussam aura maille à partir avec des singularités insoupçonnées. Nombre d'entre elles sont dégagées ci-après, lesquelles sont assorties de propositions consécutives à une première étude de la langue. Il faut aussi noter que dans les langues bamiléké, la grammaire, notamment la morphologie lexicale, est souvent tributaire de l'orthographe. Ce sont des langues à intonation, par excellence. Voici quelques traits essentiels de la langue bamilékébafoussam : (1) L'existence des triphtongues et diphtongues Il est important de compter avec des diphtongues et triphtongues9 particulières telles que ouo, ouô, oua, ouâ, a'a, 0'0, a'a, a'â ..., en dehors de celles du français: ie, ai, au, ua, oi, io, uie, etc. Toutefois, il faut résolument se faire à l'idée que la langue bamiléké-bafoussam ne possède les sons eu ([0] et [œ]JO) que dans des interjections; pas de un/urn, ei, non eau et au pour traduire le son 0 accentué ([au]), le ô (accentué) étant suffisant. (2) Les glottales (') en milieu de mot On devrait s'accoutumer, en attendant des améliorations ultérieures, à l'usage -souvent nécessaire- de glottales (apostrophes) entre les mots d'un terme ou d'une expression, à l'effet de marquer le lien souvent très étroit qui existe entre les différentes composantes du termell, ou pour marquer des sons 9
Il est à rappeler que les diphtongues sont des groupes de deux voyelles où la prononciation de chacune est séparée; en termes linguistique, là où il y a hiatus. Quant aux triphtongues, on a trois voyelles (avec le plus souvent une seule voyelle forte et deux faibles). 10 En transcription phonétique internationale ([0] comme dans feu, [œ] comme dans seul) lIOn entendra par terme (souvent différent du mot), tout mot ou groupe de mots qui forment un groupe nominal renvoyant à un concept. Ainsi, comme l'entend Alain Rey (Terminologie: noms et notions, Paris, PUF, 1979), un 28
longs; ils servent aussi à donner un sens plausible à la prononciation. A ce sujet, il est souhaitable d'en utiliser en cas de nécessité. Par exemple: pé yo mouenn'â12? (littéralement: avez-vous vu l'enfant?) ; é ti nong'é, il dansera; kam'sÎ, da'sÎ (qui peuvent, sans gêne, être écrits simplement: kamsi, dassÎ). Faut-il plutôt donner la préférence aux traits d'union, en lieu et place des apostrohes, comme en swahili? La question reste à l'ordre du jour. D'autre part, il est conseillé d'utiliser l'apostrophe pour lier les pronoms personnels compléments d'objet direct aux verbes. Ainsi, on devrait écrire: poe ka yo'f nous ne l'avons pas vu ; pé souong'f gue é kia'wok, dites-lui qu'il nous appelle. De même, on devrait utiliser la même glottale pour lier la particule de l'interrogation et de l'exclamation au verbe, sauf si la dite particule est une syllabe. Exemples: o tsa'! ? as-tu passé? ka tsè-è-wou ba ! je ne t'ai pas salué! e zouom-o 10? t' a-t-il insulté? gue ho'!. ! je suis parti! (3) Les glottales en fin de mot Comment traduire en écriture le son à l'arrêt brusque qui caractérise la fin de beaucoup de mots en bamiléké-bafoussam ? En effet, dans beaucoup de cas, le son final d'un mot terminé par une voyelle s'arrête assez brusquement, et il est important de faire transparaître cette donnée phonétique dans l'orthographe. Nous avons, pour notre part, préconisé l'usage d'une glottale (apostrophe) pour marquer cet arrêt peu orthodoxe. Alternativement, on pourrait également opter pour un h final (nasale vélaire), bien qu'il existe souvent un h à la fin
mot n'est pas toujours un terme (exemple des prépositions) et un terme ne se limite pas toujours à un mot (da sih est, par exemple, un terme à deux mots). 12Différent de pé yo mouenn'a (regardez mon enfant). 29
des mots n'étant pas affectés par le son d'arrêt brusque en question. Cette pratique se retrouve par exemple dans: kou'/ kouh (tabouret, chaise), di'/ dih13 (discussions intransigeantes, position ferme...), pou'/ pOUhl4(canif, couteau). Pour des besoins de forme, il serait mieux d'adopter uniquement le h final pour les mots terminés par des voyelles portant un accent orthographique. A titre d'exemple, né wâh youa (jeter quelque chose, égarer quelque chose) ; néh gnil5 (le corps de quelqu'un); téh (marmite); kéh (miroir); né sah (juger) ; kéh m'mîh (lunettes). Pour marquer l'intonation dans la conjugaison à certains temps, l'apostrophe est également nécessaire à la fin de plusieurs verbes. Par exemple, pa Iou nong'é, nous allons danser. Un détail sur l'usage de h: tout h utilisé en début de mot est aspiré. (4) L'accent circonflexe sur i, 0 et a Pour marquer l'intonation, capitale dans la langue bafoussam, il paraît impératif d'utiliser nombre d'accents, surtout l'accent circonflexe. D'où, par exemple, souôc/souôk (piment, différent de souoc/souok, savon), nkedé (banane) ; â pôh (littéralement: cela s'est brisé, différent de poh, champignon) ; nwalâ (un titre de fonction à la chefferie) ; tchîh (hibou) ; mkien (pluriel de nekien, magie, différent de mkién, assiettes); mbè l6(village, concession paternelle)...
13Cas de mots sans m- initial, mais pouvant se rendre en français par un terme pluriel. En bafoussam, ce genre de mots est minoritaire. 14 La lettre h finale ne s'avère pas nécessaire pour les mots terminés par la voyelle;} qui, en soi, induit un arrêt court. Ceci dit, pouh doit se prononcer sans accent. 15Synonyme de: oéh goi msouoo. 16Différent de mbé (hanneton) et de mbe (fruit noir, du nom de l'arbre appelé vulgairement « fruitier noir» au Cameroun). 30
(5) L'omniprésence de [3] Le son 3 que nous proposons à la langue bafoussam, qui ne ressemble en rien au [ 3 ] de la transcription phonétique internationale du e muet français, doit être appréhendé comme celui-là qui soit à même de convenir à des mots bamilékébafoussam tels que ki3 (eau), W3p (eux), tOU3 (tête). Au demeurant, la prononciation exacte de ces mots en bamilékébafoussam requiert que l'on prononce la voyelle /3/ un comme si l'on toussotait, c'est-à-dire, en optant pour une région articulatoire particulière: l'intérieur de la cage thoracique. Ce son est unique; il ressemble un peu au a svarabhactique17, mais ce dernier est souvent compris à mi-voilé alors que le g bafoussam est totalement audible dans un mot. Ce son est atone, plus sourd que e, et son point d'articulation est singulier. C'est pourquoi nous militons en faveur de l'introduction de 3 dans l'alphabet de la langue bafoussam. Ainsi, on écrira et lira, à titre d'exemple, ki3e (eau), W3p (eux), d3p (fil), tOU3gni (la tête d'autrui), goû nOU3(année de désastres); ki318(terme intraduisible); tSOU3 (bouche); tâh méguÎ SOU3mouenn (une femme afait une fausse couche19). Par ailleurs, convient-il d'ntroduire le son 3 portant un accent visible, afin d'établir la différence entre, par exemple, dzou3 (habit) et dzou3 (pois) ? En voulant absolument mettre l'accent sur le second mot, on n'aurait qu'à recourir à la typographie manuelle, ce qui alourdirait le travail. Il faut donc classer de tels mots dans le registre des homonymes; et l'usage s'occupera des nuances d'intonation. 17
Il se trouve, par exemple,dans une articulationposée de « aptitude» : [a p::J
ti ty : d]. 18 Prononcer cette fois en produisant un more final (on finit par une accentuation bien audible). Terme sans équivalent réel dans des langues nonbamiléké car renvoie à une réalité exclusivement bamiléké. Traduit à tort par « paria », ce dernier étant un concept qui n'a rien à voir avec la notion de « ki;) ». Mais si l'on admet qu'un « ki;)>>est ostracisé tel un paria, alors on peut affirmer qu'il ressemble à un paria dans la société. 19 On parlera d'avorter ou de faire une fausse couche selon que l'acte soit provoqué ou non. Le bafoussam n'a pas encore résolu la donnée terminologique découlant de cette différence, quand bien même on dira aussi: tâh megüi thiâ mouenn ; tâh megüi SOU;)mouenn. 31
(6) Le phonème Ipfl Le mot bamiléké-bafoussam rendu en français par veuf veuve constitue un réel casse-tête pour tout lexicographe voulant restituer la réalité avec une exactitude phonétique en bafoussam. En effet, comment faire comprendre aisément que la lettre f doit être particulièrement appuyée, les dents serrées dans un mouvement où les lèvres se ferment et s'ouvrent brusquement pour que ce son résonne plus ou moins exactement? Nous proposons l'introduction de la langue bafoussam du graphème pf, comme en allemand (même si la prononciation diffère légèrement). D'ailleurs, ce graphème traduit parfaitement la réalité phonétique sous-jacente: pfôk (veuf, veuve) ; né pféh (verser, différent de né féh, juger) ; né pfouh (mourir); né pfoué (manger); pfouenn (sorte d'animal) ; mpfouh (le «kuî ») ; pfe'gni (cadavre) ; lepfô (jour de la semaine). (7) L'existence d'un son particulier traduit par Ighl Le son bamiléké-bafoussam qu'il convient de rendre par gh est étranger aux langues comme le français. Il s'agit d'un son plus ou moins à mi-chemin entre le gu- français et le kh- arabe. Il se rapproche phonétiquement de la jota (j) espagnole. En bafoussam, on le retrouve dans des mots et des expressions comme Taghe (patronyme), ghihi mÎh (cupidité), né ghe youa (littéralement: avoir quelque chose), mghe gni (les agissements de quelqu'un, les actes de quelqu'un.. .). On évitera donc de prononcer gh comme les sons français ge, je ou gue. Il n'est pas non plus semblable au gh italien, d'ailleurs transcrit par [g]. (8) Le « m » prononcé à mi-voix dans « m + consonne» en début de mot Il est de bon ton de signaler que dans le parler d'un locuteur bamiléké-bafoussam, m est aspiré en début de mot et, au regard de la prononciation, laisse presque toujours sentir son existence dans le mot. C'est le cas de plusieurs mots au singulier et de la plupart des pluriels de mots. On écrira ainsi: 32
Msap (danse Msap) ; mtou2 (barbio) ; msack (jesses) ; mye (chèvre-s-) ; mkién (assiettes, disques) ; m'mih (yeux)... (9) La gémination de « m » en début de mot Subséquemment, m peut subir un doublement de consonnes consécutives. C'est un cas de gémination. Henri Morier définit ainsi le terme: « La gémination n'est autre que l'articulation de deux consonnes consécutives. »21 Il est d'ailleurs important de relever que le pluriel des noms terminés par m induit le doublement de la consonne m en début de mot. Puisque l'articulation doit faire entendre que m est bel et bien doublé, il intervient là le concept de gémination dans la langue bamiléké-bafoussam. Elle en existe trois instances, mais c'est celle de la consonne m initiale qui paraît particulière dans notre langue. Exemple: m'mâ I mmâ (les miens, les miennes) ; m'mokl mmok (les feux) ; m'mÎhl mmÎh (les yeux) (10) Le doublement de « n » en fin de mot Le bamiléké-bafoussam possède des sons longs, à base de consonnes nasales, notamment en fin de mots. Pour être exact, il convient d'allonger le -n final de certains mots pour leur donner un caractère duratif. Alors que le locuteur anglophone ou hispanophone réussit facilement à produire ce son (begin, pen; pan, Carmen), il est nécessaire, croyons-nous, que le Bafoussam double la consonne -n en fin de mot. Souvent, elle est précédée d'une voyelle tonique portant un accent orthographique. A titre d'illustration, on a: tÎnn (jer); né tinn (être fort) ; tchenn (nom donné à toute danse d'hommes masqués à la place de la Chefferie) ; nepouenn (le sein) ; né pouenn (s'agiter) ; souenn (l'ami); mouenn (l'enfant); penn (paille); bouenn (haine) ; kouenn dah (lit) ; né chenn (noircir), etc. 20 Se traduit aussi par: des (les) têtes, mais ici l'intonation est ascendante, contrairement au cas de la barbe; le contexte indiquera le sens et guidera la prononciation. 21Henri Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, Paris, PUF, 1981, p.217. 33
(11) Le digramme ts [ts] et le trigramme tch [ti] Les sons ts [ts] et tch [tI] sont légion et d'une extrême importance en bamiléké-bafoussam. Aussi est-il légitime de revenir par exemple sur des noms, comme ceux des jours, qui, bien que souvent écrits au mépris de la prononciation standard, sont déjà gravés dans les mémoires. Ces groupes consonantiques, en langage technique, sont appelés des affriquées. «L 'affrication, écrit Henri Morier22, consiste en l'union, dans une même syllabe, d'une (consonne) plosive et d'une spirante: [ts] [ps](...). On la rencontre dans des mots , , comme tse-tse, psaume, tc heque. »23 L e son [ts] eXIste en russe ' (tsar) tandis que [d] est par exemple celui du nom italien Cecilia [de di lia], de l'anglais chat [tIret] ou de l'espagnol techo [te tIo]. Dans la langue bafoussam, on a: né tsoû (piler); tsa (jeune sissongho); tsoupou (choléra); tsou (guerre); tsé (gonococcie) ; tséh (porte) ; né tsi' (être sale) ; etc. De même: né tchiam (invoquer; maudire); né tchite (sécouer); tchimâh (prostituée) ; tcho (puceau, pucelle) ; tchÎh (hibou) ; né tchi' (tamiser / se prostituer) ; etc. '
(12) La double valeur phonétique de «u» (<
22
Henri Marier, (op. cit.), p.219. 23 Et il continue: « Nos ancêtres ont dit, dès le VIe siècle après lC., [mertsi] et [plajdzir] ; et dès une période mal connue, mais localisée entre le VIlle et le XII" siècles, un [tfar] et la [dzamb;J]. Au XIIIe siècle, ces affriquées se réduisent à la spirante: [ts] > [s] ; [dz] > [z] ; [tf] > [f] ... » (page 219). 24Il ne faut pas perdre de vue que le dictionnaire et la grammaire d'une langue sont conçus pour les non natifs en premier lieu. Toujours est-il qu'on ne perd rien à adopter u comme ou [u]. 34
(13) La longueur vocalique Comme dans les dialectes peuls, il est pertinent de constater la longueur des voyelles dans des désinences verbales et en position finale de certains noms. Il est judicieux, à notre avis, de doubler les voyelles (en les séparant par un apostrophe), ou alternativement, d'insérer un b muet entre deux voyelles, pour marquer un son particulièrement long (donc étiré). Aussi est-il normal d'adopter les graphies suivantes, à titre d'exemple: Saba / Sa' a (nom de notable) ; ta'a25 monsieur; ma'a madame, mademoiselle; Houkaba (sous-quartier de Medzi, à Bafoussam) ; ô lamda'a ? es-tu / êtes-vous marié (e) ? gue tsèbè wéb bo'ô! Kuitsou;) mpe Fussep! (Je vous salue! Solidarité au peuple bafoussam p6) (14) Les affriqués «gw » et « kw » Il est a priori admis que les sons gwo, gwa, gwe...équivalent à güo, güa, güe..., ou tout simplement gouo, goua, goue... Même démarche pour kwo, kwa, kwe, etc. qui sont interchangeables avec kouo, koua, koue, etc. Ainsi, on devrait écrire: gOU;)(cadis), kwakwâ / kwakwac (danse); kouab / kwab27 (un ressortissant des provinces camerounaises du Centre, Sud, Est ou Littoral); kwaa (robe traditionnelle cagoulée) ; né kwaa (gratter) ; etc. Toutefois, on pourrait amoindrir l'utilisation de ces semivoyelles gw et kw si l'on souhaite un plus grand rapprochement au français. 25
Ta'a placé devant des noms de notabilité devient obligatoire et traduit le respect dû à la personne en question: Ta'a Dje Foka, Ta'a Sa'ha Fossouo Kong, Ta'a Wembè Souop, etc. 26Il va de soi que le ton d'interpellation bo'ô de la langue bafoussam s'inscrit dans le registre des idiotismes, donc reste intraduisible, pour ainsi dire. 27 Le terme yi3 tern désigne tout non-Bamiléké (dans un sens restreint, tout non ressortissant du Grand Mifi) ; le ressortissant du Grand Nord est spécifié (<
(15) La graphie « th » Dans le même sillage, on peut accepter, volontiers, que le digramme français «th» soit également un graphème bamiléké-bafoussam, avec h sans aucune incidence phonétique. Mais un lexico-terminographe soucieux de simplifier au maximum la graphie de la langue ferait grâce de cela. (16) Les graphèmes « dj » et « dz » Le bamiléké-bafoussam, comme les autres dialectes bamiléké, possède les graphèmes dj et dz. Alors que le second est très semblable à la lettre grecque dzêta (dz, 1;), le son du premier graphème exige une prononciation appuyée, ce qui ressemble, par exemple, au son des mots anglais jail, gin ou jumper. Quelques exemples: dje (la bile / l'aîné; la mère; la grand-mère) ; dji' (pistache); djomba (gandoura) ; djamann (allemand) ; etc. Ou encore: dzang (balafon) ; medze (chemin, voie) ; tondze (route) ; dzéh (selles) ; dzi / dzikou'ou (faim) ; dzih (saleté) ; etc. (17) Le son « kh » Il y a également un son assez particulier, propre aux langues bamiléké, que l'on retrouve en bafoussam. C'est le son de l'équivalent bafoussam du terme français «plantation». Nous proposons kh, à transcrire selon un modèle nouveau car il ne ressemble pas vraiment au son des langues occidentales ou orientales. On doit prononcer kh non pas comme k, mais en raclant un tout petit peu la gorge pour situer la région articulatoire vers le fond du pharynx. Il n'est pas non plus le digramme thaï kh [kh]. On a, par exemple: khong (plantation) ; né khou (s'enfuir, fuir) ; né khou di (courir) ; né khap (casser à l'aide des dents né kap: 1. décortiquer, 2. cueillir) ; né khi (ou né ki) : 1. déchirer, 2. être en rut (animal...) ; gue khaa kien (j'ai tracé une ligne -il y a peu).
*
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(18) Le son « nw » Chez un locuteur du bamiléké-bafoussam, le son de la première syllabe du mot Nwalâ (titre de notable) est phonétiquement différent de celui de wa'hâ (épilepsie), par exemple. Alors que le w du second mot renvoie à celui du français, la même consonne dans le premier mot est particulier au bamiléké-bafoussam comme au reste des langues bamiléké: ilfaut prononcer Nwalâ en y mettant plus de force et en situant le point de départ de l'articulation non pas à la zone labiodentale, mais quelque part dans l 'œsophage. Cela dit, nous proposons nw [lJw] comme graphème approprié pour ce nouveau son, lequel est bien différent de w [w]. Le son produit ressemble un peu à g,..,oua (voir g,..,ci-dessous). Autres exemples: nwè-è (lettre, livre, cahier) ; né nwam Uaillir de lumière; faire un éclair); nwâh (miel); né nwa' (écrire) ; etc. (19) L'inexistence des consonnes « k », « q » et « ç » La langue bamiléké-bafoussam peut faire fi des lettres q et x, lesquelles sont valablement remplacées par k et s/ss. Tout Bafoussam peut en effet s'exercer à remplir quelques pages en sa langue maternelle; il se rendra vite compte d'un trait de sa psychologie: il aura omis d'employer très fréquemment les lettres q et x dans son texte. Dans le même contexte, le bafoussam n'a pas de ç, la diacritique n'étant pas nécessaire. (20) Le cas controversé de « r » L'existence de r dans la langue de Taghe est l'objet de controverse, notamment avec l'ouverture aux langues occidentales. A l'origine, le bamiléké-bafoussam ne possède pas la lettre r. Dans ce cas, le rdes mots empruntés est presque toujours rendu fricatif, c'est-à-dire que cette consonne se transforme en «I ».18 Ainsi, un Bafoussam de souche et
analphabète en langues étrangères dit toujours: ladio29 « radio);
lacing
«racing);
Lolan
«
Roland,
Laurent);
tipa
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Il suffit d'écouter des locuteurs du bafoussam qui ignorent, par exemple, le fiançais ou l'anglais pour s'en convaincre. 29Qui a un synonyme local: « kia'mtchouon ». 37
glassi (de l'anglais «fever grass »), etc. D'aucuns argueront que des mots comme sa' a (sorcellerie, "Camla"), pa'a (jolie), devraient porter un « r » final. Nous pensons que non, car il ne s'agit ni plus ni moins que des cas d'allongement vocalique. Dans certains cas, le r des mots empruntés chute ou est assimilé par la lettre qui le suit: mèssi (du français merci), pakpin (du français parpaing), odinatè (du français ordinateur), cad danditè (du français carte d'identité), figo (du français frigo), etc. Toutefois, on peut accepter facilement la présence de r dans des mots comme kondré / kondlé (plat bamiléké fait de plantain à la viande de porc) ; krétè / klétè chrétien; pôtré / pôtelé bouteille; kambré / kamblé (acheteur-vendeur de céréales: maïs, haricot...). Mais là, il s'agit plus d'emprunts (néologismes) que de mots bamiléké-bafoussam à l'origine. (21) La coarticulation des plosives Le phénomène de coarticulation, qui concerne la situation où deux plosives se trouvent associées (chacune ayant son explosion qui lui est propre), est observable dans le bafoussam. Il s'agit de [pt], [pk], [kt], [ks], [ps] (mais pas en position initiale de mot), [ts], etc. Exception: [sp], [st], [sf], [sc] [sg] [sk], [sm], [sn], c'est-à-dire s + consonne. A titre d'illustration, on peut citer: né tapté (encombrer) ; tok-o (ton ventre) ; môksi (jeu divin / point de beauté), etc. (22) L'épenthèse dans les emprunts Le locuteur du bamiléké-bafoussam procède presque toujours à ce que la linguistique évolutive appelle l'épenthèse. Il s'agit d'un phénomène linguistique qui consiste à ajouter un nouveau son au mot étranger. A titre d'exemple, «school» (anglais) donnera sakoû, qui est plus usité que kia pah 'vouh, nom qui a vieilli; «plan, planche» (français) donne palan; «glass» (anglais et pidgin english) donne guelassi; «bread» (anglais) engendre belek, « Bonne année! » (souhait) donne bon lanè ...
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(23) Le son particulier traduit par « gJ.1» Il faut également mentionner l'existence en bamilékébafoussam du son qui, faute de mieux, est rendu par gn en français dans le terme gnangnan30 (rite bafoussam, mais aussi, corbeau). Ce son français est loin de restituer le véritable son bafoussam contenu dans les équivalents bamiléké-bafoussam des mots tels que: « corbeau », « se vanter », « soulever », « courber» (verbe synonyme de né chiok'é), « écarter », etc. Il s'agit d'un son ayant pour point d'articulation la zone de la pomme d'Adam (vers le pharynx) ; on l'obtient en ouvrant la cavité buccale (la langue ne touche pas la paroi buccale supérieure), et en poussant un souffle qui prend sa source au fond de la gorge. Ce son peut avoir un peu du « gn », du « gu », du kh ». Ici, comme pour pCci-dessus, il convient d'inventer un groupe consonantique et de le baptiser pour le son dont il est question; car, nous n'en trouvons pas de son proche dans d'autres langues ayant un système d'écriture. Nous suggérons donc une graphie qui n'exige pas un changement du clavier français, celui que les Bamiléké utilisent le plus; cette graphie est gJ.1. Cela étant, on devrait écrire: gJ.13gJ.1a (corbeau) ; né gJ.1até (se vanter / se pavaner); né gJ.10ute (se raccourcir; se rapetisser...); né gJ.10U'ou(courber, se courber); né gJ.1a'ha (soulever)
; né gJ.1ap (devenir
visqueux)
; gJ.1agJ.1â gni (personne
grande de taille, grande personnalité); né gJ.1am (se durcir), kegJ.1ammégwÎ (femme gigantesque), etc. (24) Doublement des lettres? Pour plus de simplicité, peut-être est-il recommendable d'éviter de doubler les lettres en bamiléké-bafoussam et autres variantes dialectales du bamiléké. Exceptions: - « m» (pour marquer le pluriel d'un mot commençant par m), n (dans le son enn, voir ci-dessus), et enfin s (pour exprimer le son [sD, et « n » dans les cas de final tel que spécifié au point (9) - et enfin les voyelles (a, 0, i, e...). 30 Terme qui désigne également
autre chose en français.
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(25) Le trait d'union entre le nom et son déterminant possessif ou démonstratif Il semble judicieux, comme en swahili et en peul, de marquer orthographiquement la relation étroite qu'entretient tout nom avec son déterminant aussi bien possessif que démonstratif. Pour éviter des confusions, il faudrait opter pour le trait d'union en lue et place d'une glottale « ' ». Aussi va-t-on écrire: pa'a-ya (mon sac) ; metoua-wou-wé (ta voiture-là) ; Fussep be bè-yokpa té tak samgni (Bafoussam est notre village à tous) ; etc. (26) L'existence du tréma Le tréma C) est une diacritique que l'on peut, volontiers, introduire dans la graphie du bamiléké-bafoussam et d'autres variantes du bamiléké. En effet, l'exemple du mot mégüî (femme), qui peut aussi s'écrire mégwî, est là pour étayer sa bienvenue. (27) L'absence de ligatures Le système d'écriture du bamiléké-bafoussam n'a pas besoin de ligatures comme, par exemple, œ du français.
2) L'alphabet
du bamiléké-bafoussam
Ainsi inventoriées les particularités phonétiques de la langue bamiléké-bafoussam, nous proposons l'alphabet suivant: abc d dj dz e;} f pf g gh g/-lh i j k kh I m n nw 0 pst tch ts u v w y z. En attendant de probables amendements futurs, l'alphabet bafoussam compte 33 lettres. Il écarte trois lettres de l'alphabet français (q, r, x) et en introduit dix nouvelles (dj, dz, ;), pf, gh, 31 g/-l,kh, nw, tch, ts ) . 31 En faisant un rapprochement avec d'autres langues, on peut dire que le bafoussam possède le son [dj] et Itch] comme l'anglais, l'espagnol ou l'italien, [:J] comme le svarabhactique, Its] comme le russe, /pf/ plus ou moins comme l'allemand. Quant aux phonèmes /ghl, /gp/ et /kh/ (dont les transcriptions sont à inventer), ils semblent particuliers aux langues bamiléké. 40
TRANSCRIPTION
Adap
PHONÉTIQUE BAFOUSSAM
DU BAMILÉKÉ-
Exemples
Consonances proches en français Papa; retarder
Graphie
API
a
[a]
a, â
[a]
e
[;)]
(e)
Pe bè (les villageois)
Site; revenir
é
[e]
(é)
Né pé-té (lésiner) ; méchong (oiseau)
Etai; péché
è, ê
[1':]
(è, ê)
Kepè (haine) ; dih sê (période de labour)
Tête; frais
tation Né katé (se vanter) ; laméda (parfum) Longâ (seau)
Rat; repas
(chose) i, Î
[i]
(i)
Dîh (course) ; da'sÎh (sanctuaire de divinités) ; m'mih (yeux)
Repit; pis
0
[0] ouvert
(au)
Poh (champignon) ; fo (chef)
S'adosser; profit
0
[0]
Né mokté (douter)
Occupation
ô
[au]
Pôc (nous) ; kôh (case au toit conique)
Seau; dépôt; faux
ou,u
[u]
Né pouté (emballer; porter plainte)
Soute; couvrir
(ou)
41
[y]
(u)
kU;Jm(tine) ; kuih32 (homonyne de quelqu'un)
Culture; hutte
Né kan (parvenir à)
Rentrée; plante
Tam (grénouille) ; mfam (moisissures)
Flamboyant; ramper
(on)
Dông Ueu)33; bông (pauvre)
Fonte; compte
ouom
(oua)
Touom (tambour)
(n'existe pas)
ouon
(ouon)
Douông (sifflet; flûte) ; nékouong (flèche)
(n'existe pas)
ouo, ou'o
(ouo)
Vou'o (ton chien)
(n'existe pas)
oué, ou'é oua, ou' a
(oué, ouer) (oua)
Voû-é (son chien)
Avouer; doué
Metoua (voiture)
Toiture
ao, a'o aô, a'ô
(ao) (aD) fort
Dah-o (ta maison) Pa'-o (ta maison)
chaos
oé, o'é
(oé)
Tcho-é (son coq)
(n'existe pas)
0'0, o'ô
(0'0, oho)
So'ô (scie); tcho-ô (ton chapeau)
(n'existe pas)
Pa'a (folie)
(n'existe pas)
u
an
[fi]
(en, an)
am
on / ôn
a'a, a'â
[0]
32Différentde kui (célibataire)et de kuÎ (sorte de sauce gluanteet épicée). 33Termegénériquedésignantlesjeux de damier,de ludo, de billes, etc. 42
ia, i-a
(ia)
Güi-a (ma femme) ; dian (bambou)
Alliage
io, i-o
(io)
Güi-o (ta femme)
Etioler
ie, ié, i'é
(ié, ier)
Pi-é (son totem) ; guien (non)
Inquiétude; pied
ia
Nékia (vinaigre de cendre)
(n'existe pas)
an
bang (marmite)
(n'existe pas)
am
né tam (sortir) ; né pamte (se rencontrer)
(n'existe pas)
oua
dzoua (vêtement)
(n'existe pas)
p
[pl
(p)
Népi (poumon)
Approche; pitié
b
[b]
(b)
Bouom (1. chance; 2. destin)
Beauté; cobaye
t
[t]
(t)
Tissouong (ville)
Atout; toussoter
d
[dl
(d)
Dok (caprices)
Docteur; badaud
c, k
[k]
(k, qu)
Ki'dâ (clé) ; poc (nous)
Kilo
g- (a, 0, u)
[g]
(gu)
Guel;)m (acide); gâm (mygale/ voyance)
Guêpe; garage
j, g(e, i)
[z]
(j)
Né jih (voler)
Jupe; déjouer
f
[f]
(f)
Fa' (travail)
Fête; défi
v
[v]
(v)
Va'ha (veille; travail de veilleur de nuit)
Vache; avaler
43
[s]
(s)
Né se (couper, tailler)
Saisie; essai
z
[z]
(z)
Ze'nou:) (sagesse; intelligence)
Zèbre; azur; peser
ch
[I]
(ch, sh)
Chi'chi (aubergine)
Château; écharpe
dj
(dj)
Dji' (pistache)
(n'existe pas)
dz
(dz)
Medze (route, voie)
(n'existe pas)
pC
PCok(veuf, veuve)
(n'existe pas)
gh
Né ghe (posséder, avoir)
(n'existe pas)
g~
G~am (adj: de grand gabarit)
(n'existe pas)
(I)
Loûh (cuillère)
Louche;
(I)
Gl:)m (acide)
Plaque; flamme
s-,ss-
[I] I (dans bl, gl, cI, pl) m
[m]
(m)
Kemouè (variole)
Moule; camouflage
n
[n]
(n)
Kenoûh (pirogue)
n
[lJ]
(n)
D:)ng (bidon) ; né khong (trier)
Nombre; négation Entrée; ordonnance
r
[r]
(r)
kondré (répas kondré ; indigène)
Marée; tort
w
[w]
(w)
Néwi (rire) ; wa'hâ (épilepsie)
Wisky
44
[ks]
(ks)
Moksi (1. feu divin; 2. point de beauté sur la peau)
(n'existe pas)
Khe (corde)
(n'existe pas)
Tuèh (asticot)
Duel
enn
Bouenn (haine) ; né senn (1. redresser; 2. masser)
(n'existe pas)
tch
Tchegouom (piquant du porc-épie) ; tcho (puceau; pucelle)
(n'existe pas)
ts
Tsap (gâteau de maïs frais) ; né tso' 0 (être lent)
ks
kh uè
(uè)
V. GRAMMAIRE BAFOUSSAM
DE
LA
LANGUE
(n'existe pas)
BAMILÉKÉ-
Dans l'optique de jeter les bases d'une grammaire pour la langue bamiléké-bafoussam, nous proposons à la réflexion des Bafoussam et des amateurs de cette langue une approche susceptible d'être consultée comme point de départ pour le vaste chantier qu'est l'élaboration, la normalisation et la légitimation des règles qui président aux destinées de cette langue multiséculaire. Bien entendu, il s'agit d'un domaine jusque là resté en friche, une mine insondable qu'une seule personne ne peut prétendre être à même d'explorer. Reste à souhaiter que les répères fixés dans le présent ouvrage aident et induisent davantage des travaux sur cette langue africaine. V.l. Les adjectifs et les noms Il en existe des milliers, de telle sorte qu'un dictionnaire suffisamment fourni du bafoussam-bamiléké ne comporterait 45
pas moins de 30.000 adjectifs et noms, y compris les emprunts, apport incontournable d'autres langues et de l'évolution du monde. Mais il n'en demeure pas moins que beaucoup de réalités restent à être représentées dans le bafoussam. V.1.aO Genre des noms et adjectifs La langue bafoussam ne possède pas de marque de genre (masculin et féminin) que pour certains noms d'animaux et de personnes. Dans ce contexte, un mot (nom, particule. ..) spécifiant le genre est greffé au nom principal. Ce spécificateur de genre est généralement güi ou güî, ou encore gwï, pour les animaux: güi guenam (truie), güi voû (chienne), güi kap'pen (guenon). .., et mégüî pour les personnes: mouenn mégüî34 (enfant de sexe féminin / fille). Pour les choses, c'est la neutralité qui a droit au chapitre. Il ne faut d'ailleurs pas perdre de vue que la langue bamiléké-bafoussam n'a pas d'article, véritable spécificateur de genre dans les langues. Sur ce point, le bamiléké-bafoussam rejoint le latin. Cela dit, la langue bafoussam n'utilise pas toujours la particule güi pour faire la différence entre un animal de sexe féminin et l'autre sexe. Il existe en effet des noms sui generi qui renvoient d'office à des animaux de sexe femelle, un peu comme guenon, vache ou chèvre en français. C'est le cas, par exemple, de: poûssi (chatte, femelle de tsoua, chat), nve (chèvre), gwob (poule)... S'agissant des autres noms, y compris les noms de choses, il n'est pas possible de connaître leur genre puisque la langue bamiléké-bafoussam ne possède pas d'articles. Conséquence, tout accord grammatical lié au genre du nom ou de l'adjectif y est complètement étranger. V.1.bOPluriel des noms S'agissant du pluriel des noms dans la langue bamilékébafoussam, il faut rappeler qu'il se forme au moyen d'un préfixe qui s'ajoute au nom (dans la plupart des cas) ou à l'aide d'une particule qui précède le nom. 34
46
Contraire
de: mouenn
mébenh'é
(garçon).
Il y a neuf (9) formules essentielles pour déterminer le nombre, selon le nom: I. On ajoute le préfixe «m-» au pluriee5 [0, m-J: le préfixe m-, bien audible à la prononciation, est ajouté au nom: touom, mtouom (tambour, tambours),' kap, mkap (jarre, jarres); nam, mnam (animal, animaux); güî gouenn, mgüî gouenn (jeune mariée, l'étranger, jeunes mariées, les étrangères...); metouâ, m'metouâ (voiture, voitures); etc. II. Si la particule yia précède le non singulier, son pluriel est précédé de la particule pe [yia, peJ : Yia Fussep, pe Fussep (le Bafoussam, les Bafoussam) ; yia haâ, pe haâ (quelqu'un d'ici, les gens d'ici) ; yia Tchienn, pe Tchienn (le Bamoun, les Bamoun) ; yia Melé, pe Melé (le Tikar, les Tikar), etc. III. On ajoute pe au pluriel, ce qui entraîne très souvent un changement phonétique du nom [0, peJ : Djih na'a, pe tchih na'a (le son [dz] > [tf]36): le cultivateur, les cultivateurs; bouh dzan, pe pouh dzan ([b] > [pD; le xylophoniste, les xylophonistes; biap tsi' / biap vahâ, pe piap tsi' / pe piap vahâ ([b] > [pD: veilleur de nuit, les veilleurs de nuit; IV. Si le nom singulier a le préfixe «me- », son pluriel porte le préfixe« pe» [me-, pe-J : mégwî, pégwî (préfixe) : la femme, les femmes; mé'gne, pô'mgne (pe > pô sous l'effet du e final) : couteau, couteaux; mogüî, pogüî (e > 0 > ô) : lafille, les filles / la demoiselle, les demoiselles etc. V. Si le nom singulier porte le préfixe « ne », son pluriel se forme avec le préfixe « m » [ne-, m-] : 35Lire: singulier, pluriel. 36En passant du singulier au pluriel, on assiste souvent à un changement de la région articulatoire, donc du son d'une syllabe du nom ou de la particule déterminant le nombre. 47
népouenn, mbouenn ([p] > [bD : le sein, les seins; népi, mbi ([p] > [bD: le poumon, les poumons; nessâc, msâc (la Jesse, les Jesses) ; néhui, mhui / néwi, mwi (le rire, les rires), néghé, mghé (l 'herbe, les herbes); etc. VI. Le mot reste invariable au pluriel [0, 0J : pfe, pfe / mpfe, mpfe37 (le bois, les bois) ; dian, dian38 (le bambou, les bambous) ; Pè-è, Pè-è (le Peul, les Peuls), ainsi que les nombreux substantifs verbaux de la forme né + verbe, c'està-dire de la forme des infinitifs: né fouok'é, intimidation (mais aussi: intimider) ; né khou, fuite /fuire... VII. Le pluriel n'a aucun rapport morphologique avec le singulier [0, éJ : gni, po (quelqu'un, des gens) ; mouenn, pô (l'enfant, les enfants) ; b;)ntsé, m'mîh (l'œil, les yeux) etc. VIII. Le nom singulier a pour préfixe « yî » ou « YOU;)» [yî- / YOU;)-,tsouë9J (tantôt préfixe, tantôt particule décollée du nom) : yîtchi / you;)tchi, tsouétchi (U] > [tID : le repas, les repas, la nourriture; yOU;)ka, tsOU;)ka (chose de la terre/ chose d'icibas, les choses de la terre/ les choses d'ici-bas) ; yOU;)pô, tsOU;) pô (chose d' enfants/ puérilité, enfantillages/ puérilités) ; IX.Le nom singulier a la particule « tâh », son pluriel aura le préfixe « m » [tâh, m-J: tâh tche, mtche (arbre, arbres); tâh dian, mdian (bambou, bambous). Remarques importantes: La formation du pluriel des noms en bafoussam dégage un certain nombre de constats:
37 Différent de « pfe, mpfe» (carcasse, carcasses); «pfe gni, mpfe PO» (cadavre -humain-, cadavres). 38mdian se dit aussi. 39 Il faut relever que « yOU;}»(chose, quelque chose) est un nom et que son pluriel est « tsOU;)». 48
(a) Cette formation est complexe: le pluriel se décline de 9 manières, ce qui fait du bamiléké-bafoussam une langue dont le mode de formation du pluriel ressemble, à s'y méprendre, à celui du swahili, dialecte bantou d'Afrique centrale et orientale. Le swahili a en effet 6 procédés pour former, selon les cas, le pluriel des noms. On l'observe dans les exemples suivants40 : I. rn-tu, wa-tu (personne, personnes) ; II. ki-su, vi-su (couteau, couteaux) ; III. m-ti, mi-ti (arbre, arbres); n-chi, n-chi (pas de variation de nombre) :pays, pays; V. ji-we, ma-we (pierre, pierres) ; VI. u-devu, n-devu (poil de la barbe, poils de la barbe = la barbe) .
Il s'agit, pour l'une et l'autre langue, d'une structure qui se sert de préfixation et de particules antéposées pour former le pluriel des noms, contrairement aux langues indo-européennes, par exemple. (b) En bafoussam, l'écrasante majorité des noms forme le pluriel selon le modèle I. (c) Dans certains cas (III, VI, IX), on assiste à des phénomènes phonétiques liés au changement de la région articulatoire et des organes phonatoires impliqués. (d) Les particules yia, pe (II) signifient: « le (s) ressortissant (s) de », ce qui veut dire q'elles traduisent les noms de nationalité et de toute autre origine. Le terme anglais his/her glass, par exemple, sera donc traduit par yia glissi. Par contre, la même particule yia (pluriel) sans singulier (III) traduit plutôt le pluriel d'une profession. C'est ainsi que les termes pe tâm balon-mkoua, pe fong metouâ, pe thia paa sont respectivement traduits par les « footballeurs », les «chauffeurs» et « les tire-poches ». Il restitue également le sens de « les gens de » + nom de lieu: pe Dam (les gens de Mbouda; les Mbouda); pe Nigeria (les Nigérians) ; pe Cameloum (les Camerounais) ; pe bouh'glissi (les gens de la région anglophone) ; etc. Dans ce cas, « pe » est synonyme de « pouâ» (pouâ Cameloum ; poua Fussep...) 401. Roca-Pons,
(op. cit : 6), p. 222.
49
(e) Pour certains noms, la langue bamiléké-bafoussam doit utiliser la particule tâh (littéralement: un, une) soit pour donner un sens au nom ainsi déterminé (cas de tche4J), soit pour spécifier le nombre et éviter toute ambiguïté (cas de dian42).
. Les noms sous la forme francaise «le + verbe» ou « la manière de + verbe» Naturellement, il existe des noms formés par association de particules et d'infintifs de verbes pour traduire la forme française « le + verbe» ou « la manière de + verbe» : neyenn/ m'yenn (démarche, manière de marcher/ démarches. ..) ; néyo/ mdjo (vision, manière de voir! visions,. ..) ; nétî/ mdî (manière de dormir/manières de dormir) ; nézouh/ m'nzouh (manière d'entendre -de comprendre-, entendement/...) ; négham/ mgham (parole, manière de parler, le parler/paroles, ...), etc. . Les noms composés De même, on peut parler à souhait de noms composés, c'est-à-dire des dérivations. A titre d'exemple, on peut citer: bap (viande) qui donne bapdam (rat), bapgou (poisson), tou'bap (rongeur des champs: terme générique), mtoûbap (intestins de gibier) ; etc. On peut, volontiers, marquer le caractère composé de ces mots au moyen d'un trait d'union: bap-dam (rat), bap-gou (poisson), tou'-bap (rongeur des champs: terme générique), mtoû-b:}p (intestins de gibier); da-si, tsi'-si (lieu sacré, sanctuaire de divinités) ; po-si (enfants de Dieu) ; etc. .
Des noms touiours
au pluriel et les noms touiours
au
sine:ulier Le bamiléké-bafoussam regorge de noms employés exclusivement au singulier et de noms toujours au pluriel. 41 Sans le numéral cardinal tâh (un. une), tche (arbre) n'est autre qu'un adverbe de lieu traduit par : « en haut ». 42Utilisé sans tâh (un. une), le nom dian (bambou) renvoie le plus souvent au pluriel.
50
Quelques exemples de noms toujours au singulier: - Les noms désignant des êtres uniques: néhieng (ciel / tonnerre), nam (soleil), me'nwoû (lune), bong (pluie), luèh (nuage / nuages); sÎ (Dieu) ; dam tsa'a (la Terre, planète) ; tehe-éhieng bong / tehe néhieng bong (paradis) ; foufouèhè43 (vent), môk (jeu), etc. - Les liquides: lang (l 'huile), kelassÎ/classÎ (pétrole lampant), belassÎ /blassÎ (carburant), kia 44(eau)... - Certaines choses plus ou moins incomptables: biyan45 (arachide), penn (paille), zang (natte de raphia / nattes de raphia), dzab (légumes), güienn (sorte d'igname séché), etc. Quelques noms toujours utilisés au pluriel: mkoû (éloges), mghe tsoua gni (les agissements de quelqu'un), mti'da (les problèmes du ménage), msan46 (le couscous), mkétenn47 (crampes), msouom (galanteries, maquillages...), mbapté / mpaptë8 (bégaiements), etc. V.I.cO Pluriel des adjectifs Le pluriel des adjectifs qualificatifs en bamiléké-bafoussam dépend fondamentalement de leurs fonctions: attribut ou épithètes. .:. Les adiectifs attributs En règle générale, ils restent invariables en nombre, quelle que soit la nature du nom. Par exemple, on a : tâh sekoû si gouo, msekoû si gouo un élève est malade, des élèves sont malades. gue pouè, poe pouè je suis fatigué, nous sommes fatigués;
43
Le Bafoussam, depuis l'origine, ne connaît pas les types de vents et ne s'en tient qu'à «grand vent» et «petit vent». Mais on dit aussi: mfoufouèhè / mfoufouè-è. 44«mkia» ou« mtah kia» désigne les cours d'eau. 45Pourtant, on dit mkouéné (haricot), mkouéné lè'si (riz). 46Il y a msang, pluriel sang (étoile). 47ntenn existe aussi pour le même référent. 48 bapté (le bègue), ne papté (bégayer, le fait de bégayer). 51
zouom yo'o chen n, mzouom mo'o chenn ce safout est noir, ces safouts sont noirs; Tagne le bok, wap le bok Tagne était faible, ils étaient faibles tâm balon noba tÎ ti tinn zouo, mtâm balon Lacing ti tinn tè zouo le joueur au dossard n° 3 sera fort demain, les joueurs de Racing seront très forts demain guiang nepiè dah-a le lâ gouo, gouop néh-é tè / mguiang nepiè dah-a le lâ gouo, mgouop né-map tè ilfut une fois, mon voisin tomba malade et sa peau se rida / il fut une fois, mes voisins tombèrent malades et leurs peaux se ridèrent. .:. Les adiectifs épithètes Il faut considérer la position de l'adjectif par rapport au nom qu'il qualifie. 1. Antéposition de l'adiectif Lorsque l'adjectif qualificatif précède le nom, trois cas de figure se présentent: y/ lor cas: Dans le groupe nominal adjectif + nom, l'adjectif prend la marque du pluriel et le nom reste invariable Exemples: kou'kouh douon biyan, mkou'kouh douon biyan (grosse cacahuète, grosses cacahuètes -ou graines d'arachide) ; sesse voû, msesse voû (chien noir, chiens noirs) ; fefe nzouh, mfefe nzouh (igname blanc, ignames blancs); zenh'é metoua, mzenh'é metoua (légère voiture, légères voitures) ; ghighi ban guéfoué, mghighi ban guéfoué (petit grain de maïs, petits grains de maïs) ... y/
2" cas: L'adjectif et le nom prennent tous deux la
marque du pluriel C'est le cas, par exemple, de: (mé) zouo-o tsoua mtÎnn, mzouo-o tsoua mtÎnn (forgeron nonchalant, forgerons nonchalants); g/-Ulmg/-Ulmgni, mgp.tamgp.tam po (personne imposante, personnes imposantes); pipi pah, mpipi mpah (petite maison, petites maisons); pepan houeng'é, mpepan mkoueng'é (bracelet rouge -ou vélo rouge-, bracelets rougesou vélos rouges-). 52
./ 3e cas: L'adjectif reste invariable et le nom prend la marque du pluriel A titre d'exemple, il y a: sessaa tâh tche, sessaa mtâh tche (arbre géant, arbres géants); wok mebenh'é, mwok pebenh'é (homme court, hommes courts); koukou' douon zouom, koukou' mdouon zouom (gros safout, gros safouts) ... 2. Postposition de l'adjectif Dans la majorité des cas, le nom prend la marque du pluriel tandis que l'adjectif qui le suit reste invariable. Ainsi, on a par exemple: kam pfe huÎ, mkam pfe huÎ (morceau de bois frais, morceaux de bois frais) ; papgou pok, mpapgou pok (poisson frais, poissons frais) ; hitchi huahuâ, tsouétchi huahuâ (un repas chaud, des repas chaud) ; mouenn zenoua, pô zenoua (enfant sage, enfants sages) ; tam dzab té pan, mtâm dzab té pan (pépin des légumes vert non mûr, pépins de légumes verts non mûrs). . Remarques: I. Certains adjectifs monosyllabiques employés comme épithètes -surtout ceux placés après le nom- doublent leurs syllabes, avec très souvent une longation de la syllabe finale: huia (chaud) donne huia-huiâ, tsÎh donne mdzi-dzih, sam (robuste, solide) donne msam-sam... Exemples: mkouéné tsou-tsou'ou (litt: haricot pilé) : le pilé de haricot; zouom kou-kouh (gros safout) ; pia m'yiyi (petits avocats) ; naa sou-sou' ou (parcelle sarclable, parcelle à sarcler) ; naa dji-tchi'i49 (parcelle cultivable) houa fen-fen'é " (médicament à vendre), etc. 2. Certains adjectifs épithètes ne peuvent se placer qu'avant le nom pendant que d'autres se placent exclusivement devant le nom. V.I.dO- Comparatif
.
et superlatif
Comparatif La langue bafoussam traduit le comparatif de supériorité par adjectif + tsaa + ... » (<
tch). 53
Mais il ne possède pas de comparatif d'infériorité, ce qui fait que la traduction de «moins + adjectif + que +... » ne s'obtient plutôt qu'en renversant la position des personnes ou choses comparées, ou encore en utilisant le contraire de l'adjectif de comparaison. Ainsi, on a par exemple: tsabe-o woûh tsaa wou ton grand-frère est plus costaud que toi / tu es moins costaud que ton grand-frère ; ô khok tsaa méma-yoû, da'hâ ô dze noua tsaa wia tu es plus petit que ton frère -ou ta sœur-, mais tu es plus intelligent que lui -ou elle-; a ke ne tsouté dÎ ya ke tsaté gouon be Djamann apta zouo'â, pouâ Camelam khou dÎ tsaa pouâ Gabon (littéralement: Lors de la compétition de course qui a eu lieu en Allemagne avant-hier, les Camerounais ont couru plus que les Gabonais; ou encore: lors de la compétition qui a eu lieu avant-hier en Allemagne, les athlètes camerounais l'ont emporté sur leurs concurrents gabonais) ; poe â dzou newou fokdji, â pok ta_a50 tsaa wa (quand nous avons été informés du deuil, j'ai été moins triste -ou attristé- que mon père) ; poû le gouwa'a be tehouô po ne Méli, mpégüÎ tehouô tsaa mpebenh'é (Littéralement: quand on votait des gens l'an dernier pour la Mairie, les femmes ont voté plus que les hommes; ou mieux: lors des municipales de l'an dernier, le taux de participation des femmes a été plus élevé que celui des hommes). S'agissant du comparatif d'égalité, le bamiléké-bafoussam l'exprime soit au moyen des particules wa'ha ou dong wa'ha (adjectif+ wa'ha / dong wa'ha +... »), soit en procédant par la formule « X et Y ont/sont...le même/la même... » (<<X pou Y ghe tâh... »). A titre d'exemple, on peut dire: Motso ze noua wa'ha Fotiè'a (Motso est aussi intelligent que Fotiè) ; 50 Dans la possession ta-a (mon père), ta'a (père) perd le un de ses deux a avant d'accepter le a possessif (ta'a-a devient donc ta-a). 54
Zenou;) Motso si be dong wa'ha hi;) Fotiè'a (Littéralement: le niveau d'intelligence de Motso est égale / pareil à celui de Fotiè ; ou encore: Motso et Fotiè ont le même niveau d'intelligence) ; Souenn-a bé sak wa'ha me'a mon ami est aussi grand de taille que moi wa 0 ka fâh lia lâ, 0 ti zouo k;)p cafè dong wa'ha Kamdem'a comme tu n'as pas travaillé aujourd'hui, demain tu cueilliras autant de café que Kamdem.
.
Suoerlatif Le superlatif est exprimé en bamiléké-bafoussam par quelques particules dont, notamment, tè (très). Pour traduire « trop », « extrêmement + adjectif», « merveilleux », « fantastique », «phénoménal », « incroyablement + adjectif », « particulièrement + adjectif» et autres adjectifs à superlatif, la langue bafoussam procède par des périphrases: tè'ô, tè tè, tatsâ (trop), te YOU;) ghe (littér: au point de créer un phénomène), tahâ gheté, tahâ chuiè, tahâ chuac (litt : au point de friser l'inimaginable), te né sè ghe gue le we WOU;)(litt : au point où on ne peux plus rien y faire)... Quelques exemples: pôh choca yo'o thi;)m tè ce morceau de sucre est très « sucré» ; pè yé gwÎ-o le n;)ng lio la le pouon te yOU;)ghe le taro que ton épouse a préparé l'autre jour était incroyablement délicieux; Mékhou bo'o souong'a gue é yo mo'ho mogüÎ bé tsÎ tatsa Mékhou est en train de me dire qu'elle a rencontré une jeune fille extrêmement sale; né wa'ha pe Flanci we nè msegouop yoU;)_pou'a51 pok te ne sè gam le we WOU;)(litt : le fait que les Français chassent les Noirs de chez eux est si méchant qu'on aurait du mal à en 51 YOU3-pOÛ,chez eux /chez elles; avec l'intonnation matérialisée par le a final, U de « poû » perd son accent. On dit: YOU3-me(chez moi), YOU3-0(chez toi), you3-é (chez lui, chez elle), YOU3-POC (chez nous -nous exclusif), YOU3pa (chez nous -nous inclusif), you3-pé (chez vous)... 55
parler; ou mieux: que les Français rapatrient les Noirs de France est un acte très odieux) ; Â mégüî bé pouon te a gheté (C'est une fille drôlement belle, c'est une fille d'une beauté insolente).
.
Les adiectifs «bon ». «mauvais ». «e:rand»
et
« petit » Superlatif absolu
Bon Pouon
Comparatif de supériorité meilleur (que) pouon tsaa
Mauvais Pôk I bôk
plus mauvais que pôk tsaa
très mauvais pôk tè
Grand Zâm (qté)
plus grand que zâm tsaa
très grand zâm tè
Petit Khok
plus petit que khok tsaa
très petit khok tè.
Adiectif
très bon pouon tè
On traduira donc « Ta veste-là est la pire de toutes, mais ta gandoura est très bonne» par: Cout-o-yé pôk tè tsaa gouon yia, da'hâ jomba-o pouon
tè; « Parmi tes employés, Mangoua est le meilleur; mais Bouopda, le plus grand, était meilleur que le reste par le passé» par: A ho ne m'hien fa'-pou, Mangoua be gni wé ze fa,52 tè'a ; da'hâ Bouoda, wia gni wé bé sak tè'a, Ie be bé ze fa'
52 En bafoussam, l'adjectif pouon utilisé seul ne traduit que « beau, belle» (MégüÎ-wé bé pouon: le femme-là est belle, c'est-à-dire elle est physiquement belle = lenn'é ba'a pouon). Quand à la bonté, on ajoutera absolument le nom « mouèh » (Jitt : comportement) : Sona-woo be mouèhè pok tè (ce type est très mauvais). Etre bon, être le meilleur, c'est bien en termes de travail, de performance quelconque, d'où la traduction de 56
tsaa piatsé po (mghiang fa' = travailleurs, employéssingulier: guiang fa' ; be gni wé = est celui (celle) qui; né ze fa' = savoir travailler) o Remarques: 1. Il faut traduire le superlatif absolu en -lSSlme par « l'adjectif + tè » ; 2. En bamiléké-bafoussam, le superlatif relatif associe toujours un nom dans la périphrase qui restitue son sens. On a le plus souvent gni wé (la personne qui/que) ; youa yâ / youa â (la chose qui/que)... V.2. Les adjectifs numéraux cardinaux S'il y a un aspect de la langue bafoussam qui souffre terriblement d'un déficit d'usage de nos jours, c'est bien les adjectifs numéraux. En dehors des millions et des milliards dont les appellations ont été empruntées, notamment à l'anglais, au français et au pidgin english, le bamiléké-bafoussam conserve toute l'autenthicité des noms de chiffres et de nombres. Voici l'essentiel des adjectifs numéraux cardinaux: 1 (un) yemo'o / tâh 2 (deux) yepa'a ( 3 (trois) yetÎ / metÎ / tsetÎ 4 (quatre) nékoua 5 (cinq) yetè / tsetè / metè 6 (six) tok'ô 7 (sept) samba'a 8 (huit) néhamo53 9 (neuf) névou'ou 10 (dix) néham 11 (onze) tchouamo'o 12 (douze) tchouop'pa'a 13 (treize) tchouoptÎ 14 (quatorze) tchouop'ékoua « Mangoua est Ie meilleur» par «Maogoua be goi wé ze fah tè'a» (lilt : Mangoua est celui qui sait mieux faire son travail). 53Il faut noter que h est aspiré, tout comme dans les autres numéraux ayant le chiffre 8. 57
15 (quinze) tchouoptè 16 (seize) tchouoptok'ô 17 (dix-sept) tchouopsamba'a 18 (dix-huit) tchouop'éhamo 19 (dix-neuf) tchouop'évou'ou 20 (vingt) muamba'a 21 (vingt-un) tchouamo-muamba'a (Iitt : Il dans 20) 22 (vingt-duex) tchouop'pa-muamba'a (litt : 12 dans 20) 23 (vingt-trois) tchouopti-muamba'a 24 (vingt-quatre) tchouop'ékoua-muamba'a 25 (vingt-cinq) tchouoptè-muamba'a 26 (vingt-six) tchouoptok'ô-muamba'a 27 (vingt-sept) tchouopsamba-muamba'a 28 (vingt-huit) tchouop'éhamo-muamba'a 29 (vingt-neuf) tchouop'évou'ou-muamba'a 30 (trente) muamtî Le même procédé (<
58
40 41 42 45 48
(quarante) muam'ékoua (quarante-un) tchouamo-muam'ékoua (quarante-deux) tchouop'pa-muam 'ékoua (quanrante-cinq) tchouoptè-muam'ékoua (quarante-huit) tchouop'éhamo-muam'ékoua
50 51 52 56
(cinquante) muamtè (cinquante-un) tchouamo-muamtè (cinquante-deux) tchouop'pa-muamtè (cinquante-six) tchouoptok'ô-muamtè
60 61 62 66
(soixante) muamtok'ô (soixante-un) tchouamo-muamtok'ô (soixante-deux) tchouop'pa-muamtok'ô (soixante-six) tchouop-évou'ou-muamtok'ô
69 (soixante-neuf) tchouop'évou'ou-muamtok'ô 70 (soixante-dix) muamsam (70) 71 tchouamo-muamsam 72 tchouop'pa-muamsam 77 tchouopsamba-muamsam 80 81 82 87
muaméhamo tchouamo-muaméhamo tchouop'pa-muaméhamo tchouopsamba-muaméhamo
90 91 95 96
muamévou'ou tchouamo-muamévou'ou tchouoptè-muamévou'ou tchouoptok'ô-muamévou'ou
99 tchouop'évou'ou-muamévou'ou 100 khe A partir de cent, la composition des cardinaux change. De 100 à 200, les nombres se construisent sous la forme littérale « tel chiffre au-dessus de cent» (ex: yetè dam khe = 105). On a alors: 100 (cent) khe 101 tâh dam khe / yemo'o dam khe (litt : 1 au-dessus de 100) 102 yepa'a dam khe 103 yetÎ dam khe 109 névou'ou dam khe 110 néham dam khe (litt : 10 au-dessus de 100) 111tchouomo'o dam khe 119 tchouop'évou'ou dam khe 120 muamba'a dam khe 121 tchouamo-muamba'a dam khe 122 tchouop'pa-muamba'a dam khe
59
128 tchoup'éhamo-muamba'a dam khe 130 muamti dam khe 131 tchouamo-muamti dam khe 136 tchouptok'ô-muamti dam khe 137 tchoupsamba-muamti dam khe 140 muamékoua dam khe 141 tchouopti-muamékoua dam khe 149 tchoup'évou'ou-muamékoua dam khe 150 muamtè dam khe / pouatemkhe 151 yemo'o dam pouatemkhe 158 néhamo dam pouatemkhe 160 muamtok'ô dam khe 161 tchouamo-muamtok'ô dam khe 169 tchouop'évou'ou-muamtok'ô dam khe 170 muamsam dam khe 175 tchouoptè-muamsam
dam khe
180 muaméhamo dam khe 182 tchouop'pa-muaméhamo dam khe 190 muam'évou'ou dam khe 191 tchouamo-muam'évou'ou dam khe 199 tchouop'évou'ou-muam'évou'ou dam khe 200 khe pa'a (litt : cent deux fois) 201 yemo dam khe pa'a /tâh dam khe pa'a 209 nevou'ou dam khe pa'a 210 néham dam khe pa'a 211 tchouamo'o dam khe pa'a 217 tchouopsamba'a dam khe pa'a 220 muamba'a dam khe pa'a 221 tchouamo-muamba'a dam khe pa'a 229 tchouop'évou'ou-muamba'a 230 muamti dam khe pa'a 60
dam khe pa'a
231 tchouamo-muamti dam khe pa'a 238 tchouop'éhamo-muamti dam khe pa'a 250 muamtè dam khe pa'a / pouatemkhepa'a 253 tchouopti dam pouatemkhepa'a 254 tchouop'ékoua dam pouatemkhepa'a 260 mouamtok'ô dam khe pa'a 270 muamsam dam khe pa'a 280 muaméhamo dam khe pa'a 290 muam'évou'ou dam khe pa'a, etc. 300 khetÎ On devrait coller la particule tÎ (forme syncopée de yetÎ /tsetÎ: trois) à khe dans khetÎ (300) et ses dérivés: 301 tâh dam khetÎ / yemo'o dam khetÎ 310 néham dam khetÎ 400 khékoua 406 tok'ô dam khékoua 473 tchouopti-muamsamba'a dam khékoua 490 muamévou'ou dam khékoua 500 khetè 519 muamévou'ou dam khetè 582 tchouop'pa-muaméhamo dam ketè 600 khetok'ô 700 khessam 800 khéhamo 900 khévou'ou 995 tchouoptè-muamévou'ou dam khévou'ou 1000 tsâbam54 / tâh tossi 1001 yemo'o dam tsâbam 2002 yepa'a dam tsâbam 1040 muamékoua dam tsâbam 1099 tchouop'évou'ou-muamévou'ou dam tsâbam 1100 tsâ msikhe 1101 tâh dam tsâ msikhe 1200 tsâ mkhepa'a 1300 tsâ mkhetÎ 54 Tsâ désigne littéralement un « tas », et b3m des cauris; tsâb3m (1000) =Iittéralement : un tas de cauris ; tsâpa'a (2000) = deux tas de cauris... 61
1301 tsâ mkhetÎ mtâh 1302 tsâ mkhetÎ ghe yepa'a / yepa'a dam tsâ mkhetÎ 1380 tsâ mkhetÎ ghe muam'éhamo / muam'éhamo dam tsâ mkhetÎ 2000 tsapa'a / tossi pa'a 2003 tsapa'a ghe yetÎ (litt : deux mille et trois) 2005 tsapa'a ghe yetè 2006 tsapa'a ghe tok'ô 2007 tsapa'a ghe samba'a 2070 tsapa'a ghe muamsam / muamsam dam tsâpa'a 2100 tsapa'a msikhe (avec m prononcé prononcé) 2101 tsapa'a msikhe ghe tâh / tsâpa'a msikhe ghe yemo'o 2200 tsapa'a mkhepa'a 2300 tsapa'a mkhetÎ 2400 tsapa'a mkhékoua 3000 tsatÎ 4000 tsa-ékoua 5000 tsatè 10 000 tsa-éham 20000 tsamuamba'a 100000 tsa'khe 100001 tsa'khe mtâh (litt: 100000 et 1) 200000 tsakhepa'a 226000 tsâkhepa'a ghe tsâ tchouptok'ô-muamba'a 900900 tsâkhévou'ou mkhetok'ô 975300 tsâkhévou'ou ghe tsâ tchouoptè-muamsam mketÎ 1 000 000 tâh ménéyon (ménéyon > million) 2000000 ménéyon pa'a 2620300 ménéyon pa'a ghe tsâ samba'a mkhetÎ dam tsakhetok'ô Ménéyon khe (cent millions); ménéyon khepa'a (deux millions), ménéyon tÎ (trois millions) ... Tâh ménéyaa (un milliard), ménéyaa pa'a (deux milliards) ...
62
Remarque importante: 1. Parlant de la position du numéral cardinal par rapport au nom qu'il détermine, il faut noter qu'en dehors de tâh (un, une), tous les autres numéraux cardinaux se placent après le nom. C'est ainsi qu'on dira: tâh nam (un animal), mais mnam pepa'a (deux animaux), mnam khe (cent animaux)... ; tâh khekhouenn (un sot), mkhekhouenn tchouptè-muamba (vingtcinq sots) ; po ménéyon muamba'a tS3m gouon yo'o (il y a 20 millions de personnes dans ce pays) ; â ho ne mpi'pi3, tâh guénam gouenn nâ ghe mnoû petî (Parmi ses totems, il y a un phacochère et trois serpents). 2. Yemo'o, qui est le synonyme de tâh, ne s'utilise que de manière absolue, c'est-à-dire sans aucun nom qu'il détermine. Par conséquent, au lieu de dire yemo'o bou'touom, on dira toujours tâh bou'toum (un joueur de tambour, un joueur de de tam-tam)
...
3. Pour exprimer une somme d'argent, on emploie les mêmes numéraux cardinaux. Toutefois, en ce qui concerne les unités et les dizaines (montants inférieurs à 100 francs), il convient d'utiliser le mot doula ou doua: tâh doula / tâh doua (5 F) ; doua-pa' a (10 F) ; doua-tî (15 F) ; doulèkoua (20 F) ; doua'tè (25 F); doua-tok'ô (30 F); doua-samba'a (35 F) ; doulèhamo (40 F); doulèham (50 F); doua-tchouamo'o (55F); doua-tchouop-pa'a (60 F); doua-tchouoptî (65F); doua-tchouop'ékoua (70 F); doua-tchouptè (75 F); douatchouptok'ô (80 F); doua-tchouop-samba'a (85 F); douatchouop'éhamo (85 F) ; doua-tchouop'évou'ou (95 F) ; sikhe (100 F). Entre 110 F (sikhe'mtadoula) et 200 F (khepa'a), il suffit d'ajouter un des ces noms ci-dessus à khe, mais en mettant doua ou doula au pluriel (+m) : khe'mdoua-samba'a (135 F), khe'mdoulèham (150 F). Pouatemkhe désigne également 150 F, de même que pouatemkhepa'a pour 250; etc. A partir de 1OOOF,le montant est exprimé avec le numéral cardinal, en faisant abstraction de « francs» : tsab3m (1000F) ; tsapa'a (2000 F), tsatÎ (3000 F) ; tsaékoualtsèkoua (4000 F) ; tsatè (5000 F); tsatok'ô (6000 F); tsa'samba (7000); tsa-
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éhamo/tsèhamo (SOOOF); tsa-évou'ou/tsèvou'ou (9000 F) ; tsa-éhâm/tsèèhâm (10.000 F); tsa tchouamo'o.... 4. Si «b;Jm» renvoie littéralement à «cauris », cela confirme la thèse selon laquelle les Bamiléké (donc les Bafoussam), par le passé, se servaient de cauris comme monnaie, en même temps qu'ils les utilisaient, ainsi que les cailloux, dans la comptabilité. V.3. Les numéraux ordinaux En dehors de premier/première et de dernier/dernière (dze dZ;Jm), tous les autres numéraux ordinaux de la langue bafoussam -tout comme de ses sœurs bamiléké- sont issus de l'anglais, et plus précisément du pidgin english du grand Ouest Cameroun. C'est ainsi qu'on a: dombeh (1 er, 1ère); Doba yepa'a (2ème); Doba yeti (3ème); Doba Dékoua (4ème); Dobatè (Sème); (6ème); Dobasamba'a (ime); Dobéhamo (Sème); Dobatok'ô (9ème); Doba-éham (10ème) ; Doba tchouamo'o Doba-évou'ou ème) ; Doba tchouopa'a (12ème), etc. (11 Doba khe (100ème); Doba pouatemkhe (1S0ème); Doba khéhamo mtâh (SOlème); etc. En d'autres termes, on n'a qu'à
associer un numéral cardinal à Doba « number). Remarque Dans le décompte, on utilise très régulièrement des numéraux cardinaux en lieu et place des numéraux ordinaux. Par exemple, au lieu de dire « le premier mois» Uanvier), « le 2èmemois », etc., le Bafoussam dit: tâh gllOû (litt : un mois) : janvier, gllOû pa'a (litt : deux mois) :février, etc. Par ailleurs, yeti, trois, peut tout simplement perdre sa première syllabe dans certains contextes, et alors s'exprimer seulement au moyen de ti : Pfe mkam ti, Trois morceaux de bois. Kepa ti, Trois francs. Bi;JDgdze ti, Trois tas d'arachide.
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Cette perte de syllabe, ainsi que l'adjonction de tse, pe, me et ta' (comme relevé ci -dessus) s'appliquent également à yepa'a deux et à yetè. Kia mtapa'a, Deux cours d'eau. Nam tsetè, Cinq animaux. Mkouéné dze tè, Cinq tas de haricot. Pong mkam ba'a, Deux canes (avec p > b). Pa fenn mtsepah meba'a, Nous avons vendu deux lotissements (avec y > m et p > b). VA. Les possessift On distingue les adjectifs ou suffixes possessifs et les pronoms. VA.l. Suffixes possessift adjectift55 : Contrairement à d'autres langues, les dialectes bamiléké en général et le bafoussam en particulier possèdent non pas seulement des adjectifs et pronoms possessifs, mais aussi et surtout des suffixes possessifs (voyelle, syllabes), qui se greffent aux noms qu'ils déterminent. En voici quelques règles de possession par suffixation:
RÈGLES:
.
Règle n° 1: Quand le nom se termine par une voyelle
Ca) Voyelle e, 0, i, a, ou, etc.
Singulier: Si le nom se termine par les voyelle -e, -0, -i, -a, -ou, etc., alors les suffixes possessifs sont: -â (mon, ma) ; -ô (ton, ta); -é (ton, ta); -yôc/yôkpa (notre); -yé (votre); -yap (leur).
55 Voir tableau: Il est à noter que dans la langue bafoussam l'accent circonflexe présent sur les suffixes de possession joue un rôle prépondérant dans l'orientation de l'intonation; on doit en effet pouvoir déterminer facilement la syllabe accentuée. 65
Exemples: 1. pÎ-!! (mon totem) ; pÎ-o (ton totem) ; pÎ-é (son totem) ; pÎ-yôe / pÎ-yokpa (notre totem) ; pÎ-yé (votre totem) ; pÎ-yap (leur totem) ; 2. kendé-â (ma banane); kendé-ô (ta banane); kendéé (sa banane); kendé-yôe / kendé-yôkpa (notre banane); kendé-yé (votre banane) ; kendé-wap (leur banane). Pluriel: Le nom pluriel reçoit les suffixes -mâ (mes) ; moû (tes); -mia (ses); -môe/môkpa (nos); -mé (vos); -map (leurs). Exemples: 1. mpÎ-mâ (mes totems) ; mpÎ-moû (tes totems) ; mpÎ-mia (ses totems); mpÎ-môe / mpÎ-môkpa (nos totems) ; mpÎ-mé (vos totems) ; mpÎ-map (leurs totems). 2. mkendé-mâ (mes bananes); mkendé-moû (tes bananes) ; mkendé-mia (ses bananes); mkendé-môe / mkendé-môkpa (nos bananes); mkendé-mé (vos bananes); mkendé-map (leurs bananes). (b) Certains noms terminés par la voyelle a Singulier: Pour certains noms terminés par -a, les suffixes possessifs sont: -wa (mon, ma) ; -wou (ton, ta) ; -wia (son, sa) ; -woe 1wokpa (notre) ; -wé (votre) ; -wap (leur) Exemple: metoua (voiture) metoua-wa (ma voiture); metoua-wou (ta voiture); metoua-wiô (sa voiture); metoua- woe / metoua-wôkpa (notre voiture); metoua-wé (votre voiture); metoua-wap (leur voiture). Pluriel: Le nom se termine par les suffixes: -mâ ou -pâ (mes) ; poû (tes) ; -pia (ses) ; -pôe / -pokpa (nos)S6; -pé (vos) ; -pap (leurs). 56 On peut indistinctement affecter un accent circonflexe, ou pas du tout, à « poe» (nous exclusif), « moe » (nos), « woe », etc. 66
Exemple: Metoua (voiture) mmetoua-mâ ou mmetoua-pâ (mes voitures) ; mmetouapou (tes voitures) ; mmetoua-pi;} (ses voitures) ; mmetoua-poc / mmetoua-pokpa (nos voitures) ; mmetoua-pé (vos voitures) ; mmetoua-p;}p (leurs voitures). c) Certains noms terminés par la voyelle longue aa Singulier: nom + -yâ (mon, ma); -you (ton, ta); -yi;} (son, sa); -yoc / -yokpa (notre); -yé (votre); y;}p (leur). Exemple: naa (parcelle de culture) : naa-yâ (ma parcelle de culture); naa-you (ta parcelle...); naa-yi;} (sa parcelle); naa-yôc / naa-yôkpa (notre parcelle); naa-yé (votre parcelle); naa-y;}p (leur parcelle). Pluriel: nom + -mâ (mes); -moû (tes); -mi;} (ses); -môc / môkpa (nos); -mé (vos); -m;}p (leurs). Exemple: naa (parcelle de culture); mnaa-mâ (mes parcelles de culture); mnaa-moû (tes parcelles); mnaa-mi;} (ses parcelles); mnaa-môc / mnaa-môkpa (nos parcelles) ; mnaa-mé (vos parcelles) ; mnaa-m;}p (leurs parcelles).
.
Rè!!le n° 2: Ouand consonne
le nom se termine
par une
Singulier: _1er cas: Nom + -â (mon, ma); -ô (ton, a) -é (son, sa); yôc/-yôkpa (notre); -yé (votre); -y;}p (leur). Exemple: B;}n ou b;}ng (marmite) B;}n-â (ma marmite); b;}n-ô (ta marmite); b;}n-é (sa marmite); b;}n-yoc / b;}n-yokpa (notre marmite); b;}n-yé (votre marmite) ; b;}n-y;}p (leur marmite). _2ème cas:
Nom + -tsâ (mon, ma); -tsoû (ton, ta) _tsia57 (son, sa) ; -tsôc / -tsôkpa (notre) ; -tsé (votre) ; -tS;}P (leur). Exemples: néts;}m (cœur) 57
Avec une intonation
ascendante.
67
nétsam-tsâ (mon cœur) ; nétsam-tsoû (ton cœur) ; nétsamtsia (son cœur); nétsam-tsoc / nétsam-tsokpa (notre cœur) ; nétsam-tsé (votre cœur) ; nétsam-tsap (leur cœur). Papâ58 (papa, père) Papâ-tsâ (mon papa); papâ-tsoû (ton papa) ; papâ-tsia (son papa) ; papâ-tsôc / papâ-tsôkpa (notre papa) ; papâ-tsé (votre papa) ; papâ-tsap (leur papa). Pluriel:
Pour les deux cas: Nom pl. + -mâ (mes) -moû (tes) -
" mia (ses) -môc / -môkpa (nos) -mé (vos) -map (leurs). " " " " Exemples: ban (marmite): mban-mâ (mes marmites); mban-moû (tes marmites) ; mban-mia (ses marmites) ; mban-moc / mbanmokpa (nos marmites) ; mban-mé (vos marmites) ; mban-map (leurs marmites).
A A59 (mes papas;) mpapa) : mpapa-ma P apa (p apa, pere ' moû (tes papas) ; etc. netsam (cœur): mtsam-ma (mes cœurs)60; mtsam-moû (tes cœurs) ; etc. A
A
Remarques: . (1) Contrairement à ce que l'on observe dans d'autres langues, les déterminants, tels que l'adjectif possessif, se placent uniquement après le nom auxquels ils se rapportent. Pour être clair, ici il n'existe pas de déterminants possessifs, mais des suffixes possessifs. En français, par exemple, les adjectifs possessifs sont des déterminants, c'est-à-dire qu'ils fonctionnent comme des articles. La différence, sur ce plan, d'avec l'anglais est simple: alors qu'en français les possessifs s'accordent en genre avec le possédé, l'anglais, exception faite de la 3èrnepersonne du singulier, ne permet pas l'accord avec le possédé. 58 Emprunt français, synonyme de « ta'a ». « Mamâ» (syn. de « ma'a» ) pour la maman, emploie les mêmes suffixes possessifs. 59Réalité africaine: l'enfant a plusieurs pères et mères (les parents, les oncles et tantes, les tuteurs, les amis des parents...). 60Au sens figuré: mes amours, mes chéri (e) s... 68
Exemple: Dans «la case du roi» et «ma plume », «la case» et «plume» sont les possédés, tandis que « le roi» et «je» (implicite) sont les possesseurs. En anglais, cependant, il n'y a pas de distinction de genre au moyen des possessifs, sauf à la 3èmepersonne: his colour, « sa couleur (à lui) » ; her colour, « sa couleur (à elle) »; its colour, « sa couleur (à un être inanimé, une chose) ». Mais cette règle n'existe pas en bafoussam. Autrement dit, le locuteur du bamiléké-bafoussam dira indistinctement toua-é (ou toué) pour dire: sa tête (à lui, à elle). S'agissant de l'emploi de suffixes possessifs, le bafoussam se distingue des langues latines, par exemple, mais ressemble à cet égard à certaines langues orientales, notamment le turc. De fait, la langue turque ne possède pas de déterminants possessifs et son locuteur se contente d'un jeu de mots à greffer à la fin du nom déterminé. A la différence du turc61, les suffixes de possession du bamiléké-bafoussam ne sont pas des dérivés verbaux; mais leurs formes varient d'une personne de conjugaison à l'autre, et au gré de la terminaison du possédé, entre autres critères (voir ci-dessus). L'arabe suit également la logique des suffixes possessifs (ou pronoms enclitiques), bien que le raccordement avec les désinences verbales ne soit pas optimal comme en turc. A propos de l'attachement orthographique des suffixes possessifs aux noms en bamiléké-bafoussam, l'utilisation de traits d'union semble idoine, tout comme elle l'est pour les suffixes démonstratifs. . (2) Dans la langue bafoussam, le suffixe possessif adjectif n'a pas de genre: tout s'emploie indépendamment du mot (le possédé), qui, en soi, n'a pas non plus de genre. . (3) Le suffixe possessif adjectif de la première personne du pluriel (<<nous ») a deux formes. De manière plus 61En turc, les suffixes personnels vervaux sont: (a) 1èrepers. (sg/ pl.) : -im /iz; (b) 2èmepers: -sin / -siniz; (c) 3èmepers: 0 / -iniz. Et les suffixes possessifs leur sont proches: 1èrepers: -im / -imiz ; 2ème:-sin / -siniz ; 3ème:-i / -Uri. Par ailleurs, il serait intéressant de faire des suffixes possessifs en bafoussam de véritables suffixes, en omettant les apostrophes autant que faire se peut. 69
précise, il faut dire que l'énoncé de l'orateur Ge, mon, ...) dans un dialogue induit la présence d'un ou de plusieurs interlocuteurs (tu, toi, ton, vous, vos...), le récepteur de l'énoncé de celui qui parle, et certainement, la présence -fûtelle implicite- d'une 3ème personne ou de plusieurs autres personnes (il, elle, lui, son, eux, leur...). Lorsque l'orateur veut exclure son interlocuteur du champ de la possession quand il s'exprime à la première personne du pluriel (nous exclusif), il utilise yoe, woe ou moe, selon les possédés. Dans le cas contraire, il utilisera yokpa, wokpa, pokpa ou mokpa, selon les cas. Cette pratique du «nous» inclusif/exclusif en bafoussam est davantage expliquée dans la rubrique consacrée à la conjugaison. . (4) Cas d'adjectifs possessifs proprement dits Parfois, les suffixes possessifs ci-dessus se transforment en véritables adjectifs possessifs, c'est-à-dire de déterminants qui se placent devant des noms. Mais très souvent, il s'agit d'adjectifs possessifs qui jouent un rôle supplémentaire, qu'il soit explicite ou implicite: celui de l'insistance, de précision ou d'expression d'un état d'esprit. Exemples: néh-a (mon corps) est légèrement différent de ya néh (mon corps à moi,' mon corps aussi,' mon corps -qui est jugé...). tsa'hâ-tsoe (notre terre,' notre terrain) est plus ou moins différent de tsoe tsa'hâ; mbè-yé (votre village,' votre domicile) plus ou moins différent de yé mbè, etc. Ainsi, sémantiquement et selon le contexte d'expression, l'adjectif possessif ajoute quelque chose que le suffixe possessif n'exrpime vraiment pas. On pourrait autant d'exemples que l'on veut: metoua-wa (ma voiture) et wa metoua (ma voiture à moi aussi) ; mkou'-moû (tes chaises) et mou mkou' (tes chaises à toi aussi); zenou3-Y3P (leur sagesse / intelligence) et Y3P zenOU3(leur art d'intelligence, leur part de savoir) ; etc. Si le locuteur du bafoussam choisit de négliger la différence de sens entre le possessif adjectif suffixe et le possessif adjectif comme particule antéposée au nom, qu'il
70
retienne tout au moins l'existence, dans les langues bamiléké, de ces deux formes de possessifs. VA.2. Les pronoms possessifs Dans la langue bamiléké-bafoussam, les adjectifs démonstratifs n'existent pas: ils se transforment en suffixes démonstratifs adjetctifs. Mais les pronoms démonstratifs existent effectivement et jouent le même rôle qu'en français, par exemple. Ils sont utilisés pour exprimer l'objet, l'animal ou la personne dont on a fait allusion précédemment. Le pronom remplace le nom là où il n'est pas nécessaire de répéter ledit nom.
.
1er groupe:
Singulier: yâ (le mien, la mienne) ; yoû (le tien, la tienne) ; yiOJ(le sien, la sienne) ; yoc / yokpa (le nôtre, la nôtre) ; yé (le vôtre, la vôtre) ; YOJp(le leur, la leur).
Pluriel: mâ (les miens, les miennes) ; moû (les tiens, les tiennes); miOJ (les siens, les siennes); moc / mokpa (les nôtres) ; mé (les vôtres) ; mOJp(les leurs). . 2" groupe: Singulier: wa (le mien, la mienne); wou (le tien, le tienne) ; wiOJ(le sien, la sienne) ; woe / wokpa (le nôtre, la nôtre) ; wé (le vôtre, la vôtre) ; wOJp(le leur, la leur). Pluriel: pâ (les miens, les miennes); poû (les tiens, les tiennes) ; piOJ(les siens, les siennes) ; poe / pokpa (les nôtres) ; pé (les vôtres) ; pOJp(les leurs). Exemples: wo'o poussi we? â~. à qui appartient ce chat? c'est le mien mbè-yOJpbâ sack ne Fussep ; ï£ wôk leur village est loin de Bafoussam ; le vôtre y est proche. pa-â tinn te tsa'a :21! ma maison est plus dure que la leur maa, po-poû â tsa sekou ; ill! wou' a wOJng Madame, tes enfants ont été admis à leur examen; les miens ont tous échoué.
71
sè hâ62 tâh nepam gwop me, gue pfoué mâ lehouan (littéralement: donne-moi encore un œuf[de poule],j'ai mangé tous les miens). mia'mpah pouon tsaa mokpa ses maisons sont meilleures que les nôtres. V.5. Les démonstratifs Les démonstratifs déterminants de la langue bamilékébafoussam se réduisent à des suffixes démonstratifs, qu'ils jouent le rôle d'adjectif (déterminant). Quant aux pronoms démonstratifs, ils le sont comme en français, par exemple. V.5.l. Suffixes démonstratifs adjectifs Les suffixes démonstratifs adjectifs, qui se greffent aux noms q' ils déterminent, sont de trois sortes:
.
I er
groupe:
Pour certains noms, les suffixes
démonstratifs adjectifs sont: Singulier: -woo ( ci) [très proche]; -we ( [proche], -wéhé ( là) [éloigné] ; Pluriel: -poo ( ci); pe ( là) [Proche], -péhé ( [Eloigné].
.
2e groupe:
là) là)
Et pour d'autres, on a plutôt:
Singulier: -yoo (. ci) [très proche] ; -ye ( là) [proche], -yéhé ( là) [éloigné]; Pluriel: -moo ( ci); -me ( là) [proche], -méhé (...là) [éloigné]. . 3e groupe: Enfin, on a: Sin~ulier: -tsoo ( ci) [très proche]; -tse ( là) [proche] ; tséhé ( là) [éloigné] ; Pluriel: -moo (. ci) [très proche] ; -me ( là) [proche],méhé (... -là) [éloigné]. Exemples: Singulier: metoua-woo (la voiture-ci); là) ; metoua-wéhé (la voiture-là) ; 62 Ici, h n'est pas muet.
72
metouâ-we
(la voiture-
mégüî-woo (la femme-ci); mégüî-we (la femme-là); mégüî-wéhé (la femme-là) ; kendé-yoo (la banane-ci); kendé-ye (la banane-là); kendé-yéhé (la banane-là) ; tôh'dâ-yoo (la chambre-ci) ; toh'dâ-ye (la chambre-là) ; tôh'dâ-yéhé (la chambre-là) ; hOU3-tsoo (le rémède-ci) ; hOU3tse (le rémède-là) ; hOU3-tséhé (le rémède-là). Pluriel: m'metouâ-poo (les voitures-ci); m'metouâ-me (les voitures-là) ; m 'metouâ-péhé (les voitures-là) ; Pégüî-poo (les femmesci) ; pégüî-pe (les femmes-là) ; pégüî-péhé (les femmes-là) ; mkendé-moo (littéralement: les bananes-ci) ; mkendé-me (les bananes-là) ; mkende-méhé (les bananes-là, là-bas) mtôh'dâ-moo (les chambres-ci). mtoh'dâ-me (les chambres-là) ; mtôh'dâ-méhé (les chambres-là) ; mhOU3-moo (les remèdes-ci); mhou3-me (les remèdeslà) ; mhou3-méhé (les remèdes-là). Remarques (a) On peut aisément exprimer le démonstratif et la possession en même temps. Dans ce cas, il ya deux traits d'union qui raccordent le possessif et le démonstratif au nom; par ailleurs, il faut noter que le suffixe possessif est le plus proche du nom. Exemples: mon mari-ci (dOU3-â-woo / douâ-woo) ; vos chapeaux-là sont sales (mtcho-mé- méhé tsîh63) ; hagna-you-yoo pok (ton fer à repasser que voici est hors d'usage) ; lam-Y3p-yéhé mpih (leur lampe-là s'est éteinte) ; tsabe djaa-â wi3 mégüî né le ha tsenn-tsa-tsoo (C'est ma tante maternelle qui me donna mon nom-ci l...qui me donna ce nom-ci).
63
Pour mettre en exergue le fait que les propriétaires ont leurs chapeaux avec eux, on dira: mtcho'mé me tsÎh.
73
(b) La particule bé traduit également le démonstratif français «... -là»; mais dans ce cas, il ne s'agit que de quelqu'un ou de quelque chose qui n'est pas là au moment où l'on parle. Exemples: voû-o-bé he ? où est ton chien; ke pouèdjî djo souenn-wé-bé hier soir, j'ai rencontré votre ami-là. (c) Le démonstratif (adjectif et pronom) traduit également les mots français « voici» et « voilà ». Exemple: ki'dâ-woo voici la clé de la maison ms;)n-méhé voilà des étoiles. V.S.2. Pronoms démonstratifs Commes les suffixes démonstratifs adjectifs, les pronoms démonstratifs indiquent une personne ou une chose très proches, un peu proches et éloignées. Ils sont de trois ordres:
.
1er
.
2e eroupe
eroupe : Singulier: yoo (celui-ci, celle-ci, ceci) [très proche] ; ye (celui-là, celle-là) [proche], yéhé (celui-là, celle-là, cela) [éloigné]; Pluriel: moo (ceux-ci, celles-ci) [très proche] ; mé4 (celuilà, celle-là) [proche], méhé (ceux-là, celles-là) [éloigné] ; :
Singulier: woo (celui-ci, celle-ci, ceci) [très proche]; we (celui-là, celle-là) [proche], wéhé (celui-là, celle-là, cela) [éloigné]; Pluriel: poo (ceux-ci, celles-ci) [très proche]; pe, tse (ceux-là, celles-là) [proche], péhé (ceux-là, celles-là) [éloigné]. . 3e groupe: Singulier: tsoo (celui-ci, celle-ci) [très proche] ; tse (celuilà, celle-là) [proche] ; tséhé (celui-là, celle-là) [éloigné]. Pluriel: moo (ceux-ci, celles-ci) [très proche] ; me (celuilà, celle-là) [proche], méhé (ceux-là, celles-là) [éloigné]
64
Différent de « me » (moi) par l'intonation
74
élevée.
Exemples: dam 'toua-yoo chenn tè ; yéhé fok ce fil à tresser est très noir; celui-là est blanc. mechong-woo té we guien'o; da'hâ poo we guienn cette machine ne fonctionne pas, mais celles-là sont en bon état. le yoo ! kien-ye wé-té prend ceci! L'assiette-là est fissurée. guieng, me sèh Non, celles-là sont cassées. néliè-tsoo ka pouon ; pé tse tak tséhé no cet igname jaune n'est pas bon; prend cela et laisse l'autre-là. V.6. Les pronoms relatifs Ils fonctionnent plus ou moins comme dans les langues latines. Ils ont toujours un antécédent, qu'il soit explicite ou sous-entendu. Quelques pronoms relatifs en bamiléké-bafoussam : yé, wé, tsé (que, qui singulier); mé, pé, tsé (que, qui pluriel); les mêmes pronoms traduisent aussi leurs homologues français: « dont », « lequel» et ses composés. Exemples: gni wé tchi youa té souok mbou'â go woo celui qui mange sans se laver les mains doit tomber malade; tsi tsa'ha-ye yé poû we fenn'a khok le lotissement-là qui est à vendre est petit ; mdocta pé me tsè-hè wap'â fa' poua tsa'be-â les médecins que j'ai salués travaillent avec mon grand frère; houa-tse tsé 0 we djo'a fa' ne pang kemé poua pang chawélé ce remède que tu vois lutte contre le paludisme et la fièvre typhoïde. gni wé si cho'a fouè-a, celui qui vient là est mon camarade. megne wé me ne seh bam'a ka tchiok,
75
le couteau avec lequel j'ai coupé la viande n'est pas tranchant. nOU3ye yé pé ke si gam bouèdji'a ke kuité tè, ce dont vous parliez hier soir était très utile. pom'maa-pa pé W3p ti Hô ho waka'a si be petÎ, mes frères qui iront en voyage dans quelques jours sont trois. (pom'maa = frères et sœurs - singulier: mémaa- ; né ho waka = aller en voyage; petî = trois, est utilisé pour les personnes). Parfois, le pronom relatif est sous-entendu: mpa'-méhé pou we djo mtou3-mi3'a be mi3 Fo tepa Fussep ces maisons dont nous voyons tous les deux les toits appartiennent au chef supérieur des Bafoussam. V.7. La conjugaison Pour mieux comprendre la structure de conjugaison en bamiléké-bafoussam, il est loisible de choisir quelques verbes bafoussam et de les conjuguer à l'effet d'en dégager des observations et des approches de règles. Choisissons, à tout hasard, les verbes danser (né nong) ; avoir, posséder (né ghe); prospérer, s'enrichir (né nzî); travailler (né fah / né fa') et voir (né yo). Il est vrai que la conjugaison de ces verbes ne dévoilera pas toutes les spécificités de la conjugaison en bamiléké-bafoussam. Mais il faut bien commencer par là. Pour sélectionner des temps de conjugaison, il a fallu écouter, durant des sémaines, des locuteurs du bafoussam langue première et de se rendre compte de la diversité des temps. Quant à leurs noms, nous avons pris le soin de les rapprocher, sur la base de certaines similitudes, à des temps existants dans certaines langues latines, pour les uns, et d'en créer, pour les autres.
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V er b e 1 : ne nong (d anser ) Indicatif Présent Gue nong :je danse Ô nong : tu danses É nong : il ou elle danse Poc I pâ nong65 : nous dansons Pé nong : vous dansez W<}pnong : ils ou elles dansent
Présent continu Gue we (bo Isi) nong66:je danse I je suis en train de danser Ô we bo nong: tu es en train de danser É we (bo I si) nong : il ou elle est en train de danser Poc I pa we nong (poc I pa bo nong; poc I pa si nong) Pé we ( bo I si) nong W<}pwe (bol si) nong
Passé immédiat Gue nong67 ou gue'â nong :j'ai dansé (il y a un moment, ce matin.. .) Ô nong ou 0 'â nong : tu as dansé E nong ou é'â nong : il ou elle a dansé Pôc I pa nong ou Poc'â nong I pa'â nong Pé nong ou pé'â nong W<}pnong ou w<}p'â nong
65 C'est-à-dire:
poe nong et pa nong selon que le nous (poe et pa) soit inclusif ou exclusif. 66 N.B : Le locuteur du bafoussam établit une disticntion entre le présent de l'indicatif et le présent continu de l'indicatif: il s'exprime d'ailleurs différemment selon qu'il dit, par exemple: «je danse» : gue nong (il sait danser, mais n'est pas nécessairement en train de danser au moment où il parle), et «je suis en train de danser» : gue we nong, ou: gue bo nong, ou encore: gue si nong (Présent continu). 67 A la prononciation, on fait une nette distinction entre cette forme du passé immédiat et le présent de l'indicatif. En outre, il faut savoir qu'au passé immédiat, gue nong et gue'â nong sont légèrement différents au plan sémantique: le premier exprime une action plus immédiate que le second. Ces deux remarques sont valables pour tous les autres verbes. 77
Passé récent68 Ke nong'é : j'ai dansé (hier, par exemple) Ô ke nong'é : tu as dansé É ke nong'é : il ou elle a dansé Poe / pa ke nong'é : nous avons dansé Pé ke nong'é Wap ke none'é Parfait De lâh nong : je dansai Ô le lâh nong : tu dansas É le lâh nong : il ou elle dansa Poe / pa le lâh nong : nous dansâmes Pé le lâh nong Wap le lâh non2 Futur immédiat Go (Iou / ghe69) nong'é :je danserai (tout à l'heure, ce soir.. .) Ô (Iou /ghe) nong'é : tu danseras É (Iou / ghe) nong'é: il ou elle dansera 68
Imparfait De nong :je dansais Ô le nong : tu dansais É le nong : il ou elle dansait Poe / pa le nong Pé le nong Wap le nong
Plus-que-parfait De nong'é : j'avais dansé Ô le nong'é : tu avais dansé É le nong'é : il ou elle avait dansé Poe / pa le nong'é Pé le nong'é Wap le nong'é
Passé continu De bo nong :je dansais / j'étais en train de danser Ô le bo nong : tu étais en train de danser É le bo nong : il ou elle était en train de danser Poe / pa le bo nong Pé le bo nong Wap le bo nong Futur proche Go ti nong'é: je danserai (demain, la semaine prochaine...) Ô ti nong'é : tu danseras E ti nong'é: il ou elle dansera Poe / pa ti nong'é: nous danserons
Futur lointain Go lâh70 nong'é: je danserai (un jour, à un moment lointain...) Ô lâh nong'é : tu danseras E lâh nong'é: il ou elle dansera Poe / pa lâh
A la différencedu passé immédiatqui ne s'applique que pour une action qui
s'est déroulé le jour où l'on parle, le passé récent s'applique seulement aux actions qui ont eu lieu à partir d'hier en réculant. 69C'est-à-dire: go Iou nong'é ou go ghe nong'é, l'un équivalant à l'autre. 70
La particule tsoua (go tsoua nong'é) remplace valablement lâh au futur
lointain, mais d'aucuns pensent que tsoua expriment beaucoup plus une action ni trop proche, ni trop lointaine. 78
Poe / pa (Iou / ghe) nong'é Pé (Iou / ghe) nong'é Wap (Iou / ghe) nong'é Conditionnel Présent Be de nong'é :je danserais Be 0711e nong'é ou bo le nong'é Be é le nong'é ou bé le nong'é Be poe / pa le nong'é Be pé le nong'é Be wap le nong'é : ils ou elle danseraient
Pé ti nong'é Wap ti nong'é
nong'é Pé lâh nong'é Wap lâh nong'é
Passé Be dé nong :j'aurais dansé (sans précision) Be'o lé nong : tu aurais dansé Be é lé nong ou bé lé nong Be poe /pa lé nong Be pé lé nong Be wap lé nong : ils ou elles auraient dansé
Futur immédiat Be de Iou (ghe) nong : j'aurais dansé (tout de suite, juste après, ce jour-là...) Be 0 Ie Iou (ghe) nong Be é Ie Iou (ghe) nong Be poe / pa le Iou (ghe) nong Be pé Ie Iou «ghe) nong Be wap Ie Iou (ghe) nong
Futur proche Be de ti nong : j'aurais dansé (plus tard, le lendemain, quelques semaines après.. .) Bo le ti nong Bé le ti nong Be poe / pa le ti nong Be pé le ti nong Be wap le ti nong : ils ou elles auraient dansé (plus tard, le lendemain... ) Sub.Îonetif 71Etablir la liasion lors de la lecture: en fait, be 0 et bo , be é et bé sont tous acceptables.
79
Présent Gue nong ou gue me nong: que je danse Gue 0 nong : que tu danses... Gue é nong (gué nong) : qu'il ou elle danse.. . Gue poe / pa nong Gue pé nong Gue W3P none: Futur lointain Gue dâh nong: que tu danses (un beau jour, un de ces jours, à une période lointaine...) Gue'o lâh nong: que tu danses... Gué lâh nong Gue poe /pa lâh nong Gue pé lâh nong Gue W3p lâh nong Impératif Nong'é : danse Pa nong : dansons Pé none: : dansez Infinitif Présent Né nong: danser
Futur lointain Né lâh nong : danser (un de ces jours, dans le lointain...)
80
Futur immédiat Gue dou / ghe nong: que je danse (tout à l'heure, ce soir...) Gue'o Iou /ghe nong: que tu danses Gué Iou /ghe nong Gue poe / pa lou/ghe nong Gue pé Iou /ghe nong Gue W3p Iou /ghe none:
Futur proche Gue di nong (gue me ti nong): que je danse (demain, plus tard...) Gue'o ti nong: que tu danses... Gué ti nong Gue poe /pa ti nong Gue pé ti nong Gue W3P fi none:
Participe passé Nong: dansé
Participe présent Néant
Futur immédiat Né ghe nong (ou né Iou nong) : danser (tout à l'heure, très bientôt, ce soir...)
Futur proche Né ti nong : danser (demain, dans une semaine, ...)
.
Adpropserer, s enrlC h'zr~ V er b e 2 : De DZI
Indicatif Présent Gue dzÎ: je prospère, je m'enrichis Ô dzÎ: tu prospères, tu t'enrichis é dzÎ: il ou elle prospère Poe I pa dzÎ Pé dzÎ Wap dzÎ
Passé récent Ke nzÎhi : je me suis enrichi (hier, il y a une semaine...) Ô ke nzîhi : tu t'es enrichi.. . É ke nzÎhi Poe I pa ke nzÎhi Pé ke nzÎhi Wap ke nzÎhi Parfait De lâh nzÎ :je prospérai Ô le lâh nzÎ : tu prospéras É le lâh nzÎ Poe / pah le lâ nzÎ Pé le lâh nzÎ Wap le lâh nzÎ
Présent continu Gue we (bo Isi) nzf2: je prospère I je suis en train de prospérer Ô we ( bol si) nzÎ: tu es en train de propsérer É we (bo Isi) nzÎ Poe I pa we ( bo I si) nzÎ Pé we (bo I si) nzÎ Wap we (bo Isi) nzÎ
Imparfait De nzÎ :je prospérais Ô le nzÎ : tu prospérais É le nzÎ : il ou elle prospérait Poe I pa le nzÎ Pé le nzÎ W:Jp le nzî
Passé immédiat Gue nzÎ ou gue'â nzÎ :j"ai prospéré, je me suis enrichi (il y a peu, ce matin. .. ) Ô nzÎ ou 0 'â nzÎ: tu t'es enrichi... E nzÎ ou é'â nzÎ Pôc I pa nzÎ ou poc'â nzÎ I pa'â nzÎ Pé nzÎ ou pé'â nzî Wap nzî ou wap'â nzÎ Plus-Que-Parfait De nzÎhi :j'avais prospéré o le nzÎhi : tu avais prospéré É le nzîhi Poe I Pa le nzîhi Pé le nzîhi Wap le nzÎhi
Passé continu De bo nzÎ :j'étais en train de prospérer Ô le bo nzî : tu étais en train de prospérer É le bo nzÎ Poe I pa le bo nzî Pé le bo nzî Wap le bo nzÎ
72C'est-à-dire: gue we nzÎ ou gue ho nzÎ, ou encore gue si nÛ . 81
Futur immédiat Go (Iou /ghe) nzihi73:je prospérerai, je m'enrichirai (tout de suite, ce soir...) o (Iou /ghe) nzihi É (Iou /ghe) nzihi Poe / pa (Iou / ghe) nzihi Pé (Iou/ghe) nzihi Wap (Iou/ghe) nzihi Conditionnel Présent Be de nzihi :je prospérerais, je m'enrichirais Be 0 le nzihi ou bo le nzihi Be é le nzihi ou bé le nzihi Be poe / pa le nzihi Be pé le nzihi Be wap le nzihi
Subjonctif Présent Gue nzÎ ou gue me nzÎ : que je prospère Gue 0 nzÎ: que tu prospères Gue é nZÎ ou gué nZÎ Gue poe / pa nzÎ Gue pé nzÎ
Futur proche Go ti nzihi : je prospérerai (demain, dans une semaine...) o ti nzihi: tu t'enrichiras, tu propséreras..
.
E ti nzihi Poe / pa ti nzihi Pé ti nzihi wap ti nzihi
Futur lointain Go lâh nzihi: je m'enrichirai, je prospérerai (un jour, dans un temps lointain...) o lâh nzihi: tu prospéreras.. . E lâh nzihi Poe / pa lâh nzihi Pé lâh nzihi Wap lâh nzihi
Passé Be dé nZÎ :je me serais enrichi, j'aurais prospéré Be'o (bo) lé nzÎ Be é lé nzÎ ou bé lé nzÎ Be poe/pa lé nzÎ Be pé lé nzÎ Be wap lé nZÎ
Futur immédiat Be de ghe (Iou) nzÎ: j'aurais prospéré (juste après...) Bo le ghe (lou)i nzÎ Bé Ie ghe (Iou) nzÎ Be poe / pa le ghe (Iou) nzÎ Be pé Ie ghe (Iou) nzÎ Be wap le ghe (Iou) nzÎ
Futur immédiat Gue dou nZÎ ou gue ghe nzÎ : que je prospère, que je m'enrichisse (tout de suite, dans un instant, ce soir...) Gue'o Iou /ghe nzÎ Gué Iou /ghe nzÎ
Futur proche Gue di nzÎ ou gue me ti nzÎ: que je propsère (demain, le lendemain, dans une semaine...) Gue'o ti nzÎ Gué ti nong Gue poe /pa ti nzÎ
73
Le futur immédiat a trois particules d'identification (Iou, ghe, « si go »). Ainsi, on peut dire: go nzîhi go Iou nzîhi ; go ghe nzîhi ; ou enfin: gue si " go Iou nzîhi, gue si go ghe nzîhi, tout cela pour dire: je vais propérer, je vais m'enrichir tout de suite.
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Gue wap nzÎ
Gue poe / pa Iou ( ghe) nzÎ Gue pé Iou /ghe nzÎ Gue wap Iou /ghe nzî
Gue pé ti nzÎ Gue wap ti nzÎ
Impératif NzÎ: prospère Pa nzÎ: prospérons Pé nzÎ: prospérez Infinitif Présent Nénzî
Participe passé NzÎ: prospéré
Participe présent Néant
Futur immédiat Né ghe nzÎ / né Iou nzÎ
Futur proche Né ti nzî
Verbe 3 : ne fa' (travailler) Indicatif Présent Gue fa' :je travaille Ô fa' : tu travailles É fa' : il ou elle travaille Poe / pa fa' Pé fa' Wap fa'
Passé récent Ke fa'â : j'ai travaillé (hier, il y a quelques jours...) Ô ke fa'â É ke fa'â Poe / pa ke fa'â Pé ke fa'â Wap ke fa'â Parfait De lâ fa' :je travaillai o le lâ fa' : tu travaillas
Présent continu Gue we ( bo / si) fa': je travaille, je suis en train de travailler Ô we ( bo / si) fa' É we ( bo / si) fa' Poe/pa we ( bo / si) fa' Pé we (bo / si) fa' Wap we ( bo / si) fa'
Imparfait De fa' :je travaillais Ô le fa' : tu travaillais É le fa' Poe / pa le fa' Pé le fa' Wap le fa'
Passé continu De bo fa' :j'étais en train de travailler o le bo fa' É le bo fa'
Passé immédiat Gue fa' ou gue'â fa' :j'ai travaillé (il y a un moment, ce matin. .. ) Ô fa' ou o'â fa' É fa' ou é'â fa' Pôc / pa fa' ou poc'â fa' / pa'â fa' Pé fa' ou pé'â fa' W
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É le lâ fa' Poe / pa le lâ fa' Pé le lâ fa' Wap le lâ fa'
Poe / pa le bo fa' Pé le bo fa' Wap le bo fa'
Futur proche Go ti fa'a: je travaillerai (demain, la semaine prochaine...) Ô ti fa'a É ti fa'a Poc / pa ti fa'a Pé ti fa'a Wap ti fa'a Conditionnel Présent Be de fa'â :je travaillerais Be 0 le fa'â ou bo le fa" â Be é le fa'â ou bé le fa" â Be poe / pa le fa"â Be pé le fa"â Be wap le fa"â
Futur lointain Go lâ fa'a: je travaillerai (un jour, dans un avenir plus ou moins lointain...) Ô lâ fa'a É lâ fa'a Poe / pa lâ fa'a Pé lâ fa'a Wap lâ fa'a
Futur proche Be de ti fa': j'aurais travaillé (plus tard, longtemps après...) Bo le ti fa' Bé le ti fa' Be poe / pa le ti fa' Be pé le ti fa' Be wap le ti fa'
84
Passé Be dé fa': j'aurais travaillé Be'o (bo) lé fa' Be é lé fa' ou bé lé fa' Be poe / pa lé fa' Be pé lé fa' Be w:Jp lé fa'
moment. ..) Ô Iou (ghe) fa'a É Iou (ghe) fa'a Poe / pa Iou (ghe) fa'a Pé Iou (ghe) fa'a Wap Iou (g:he) fa'a
Futur Be de Iou (ghe) fa': j'aurais travaillé (tout de suite, quelque temps après...) Bo Ie ghe (Iou) fa' Bé Ie ghe (Iou) fa' Be poc / pa le ghe (Iou) fa' Be pé Ie ghe (Iou) fa' Be wap le ghe (1ou) fa'
Subionctif Présent Gue fa' ou gue me fa' : que je travaille Gue 0 fa' Gue é fa' ou gué fa' Gue poc/pa fa' Gue pé fa' Gue wap fa'
Futur lointain Gue dâh fa': que je travaille (un beau jour...) Gue'o lâh fa' Gué lâh fa' Gue poc /pa lâh fa' Gue pé lâh fa' Gue waD lâh fa' Impératif Fa'â: travaille Pa fa': travaillons Pé fa': travaillez Infinitif Présent Né fa' : travailler
Futur immédiat Gue dou fa' Igue ghe fa' : que je travaille (après, dans un moment, ce soir...) Gue'o Iou /ghe fa' Gué Iou /ghe fa' Gue poc/pa lou/ghe fa' Gue pé Iou /ghe fa' Gue wap Iou /ghe fa'
Futur proche Gue di fa' ou gue me ti fa': que je travaille (demain, dans quelques jours...) Gue'o ti fa' Gué ti fa' Gue poc /pa ti fa' Gue pé ti fa' Gue waD ti fa'
Participe passé Fa'
Participe présent Néant
Futur immédiat Né ghe / Iou fa' : travailler (tout à l'heure, ce soir...)
Futur proche Né ti fa' : travailler (demain, des jours après.. .)
Futur lointain Né lâh fa' : travailler (un jour, dans un avenir lointain... ) Verbe 4: ne vo (voir ) Indicatif Présent Présent continu Gue (we) djo :je Gue we djo (ou gue bo djo ou si djo): je vois, vois
Passé immédiat Gue yo ou gue'â djo: j'ai vu (il y a
85
o (we) djo: tu vois É (we)djo: il ou elle voit Poe / pa (we) djo Pé (we) djo Wap (we) djo
Passé récent Ke yo'o: j'ai vu (hier, il y a quelques jours... ) Ô ke yo'o É ke yo'o Poe / pa ke yo'o Pé ke yo'o Wap ke yo'o Parfait De lâh djo :je vis o le lâh djo : tu vis E le lâh djo Poe / pa le lâh djo Pé le lâh djo Wap le lâh djo Futur immédiat Go Iou (ghe) yo'o : je verrai (tout à l'heure, dans un moment, ce soir...) Ô Iou (ghe) yo'o É Iou (ghe) yo'o Poe / pa Iou (ghe) yo'o Pé Iou (ghe) yo'o Wap Iou (2:he) vo'o Conditionnel Présent Be de yo'o :je verraiS 86
je suis en train de voir Ô we ( bo / si) djo É we ( bo / si) djo Poe / pa we ( bo / si) Pé we ( bo / si) djo Wap we ( bo / si) djo
Imparfait De djo : je voyais Ô le djo E le djo Poe / pa le djo Pé le djo Wap le djo
Passé continu De bo djo : je voyais, j'étais en train de voir o le bo djo E le bo djo Poe / pa le bo djo Pé le bo djo Wap le bo djo Futur proche Go ti yo'o : je verrai (demain, dans une semaine, un mois ...) Ô ti yo'o E ti yo'o Poe / pa ti yo'o Pé ti yo'o Wap ti yo'o
Passé Be dé djo :j'aurais vu Be'o lé dio
un instant, ce matin...) Ô yo ou 0 'â djo E yo au é'â djo Pôc / pa yo ou Poc'â djo / pa'â djo Pé yo au pé'â djo Wap yo au wap'â dio Plus-que-parfait De yo'o : j'avais vu Ole yo'o E le yo'o Poe / pa le yo'o Pé le yo'o Wap le yo'o
Futur lointain Go lâ yo'o :je verrai (un de ces jours, dans un avenir lointain...) Ô lâh yo'o E lâh yo'o Poe / pa lâh yo'o Pé lâh yo'o Wap lâh yo'o
Futur immédiat Be de ghe (Iou) djo : j'auris vu
Be 0 le yo'o ou bo le yo'o Be é le yo'o ou bé le yo'o Be poe / pa le yo'o Be pé le yo'o Be wap le yo'o
Futur proche Be de ti djo: j'aurais vu (le lendemain, des jours plus tard...) Bo le ti djo Bé le ti djo Be poe / pa le ti djo Be pé le ti djo Be wap le ti djo Subjonctif Présent Gue djo ou gue me yo : que je voie Gue 0 yo: que tu voies Gue é yo ou gué yo Gue poe / pa yo Gue pé yo Gue wap yo
Be é lé djo ou bé lé djo Be poe/pa lé djo Be pé lé djo Be wap lé djo
(après, quelques heures après. ..) Be 0 Ie ghe (Iou) djo Be é Ie ghe (Iou) djo Be poe / pa le ghe (Iou) djo Be pé Ie ghe (Iou) djo Be wap le ghe (Iou) d.jo
Futur immédiat Gue Iou (ghe) djo : que je voie (tout à l'heure, ce soir...) Gue 0 Iou (ghe) djo Gué Iou (ghe) djo Gue poe / pa Iou (ghe) djo Gue pé Iou (ghe) djo Gue wap Iou (ghe) djo
Futur proche Gue di djo ou gue me ti djo: que je voie (demain, dans quelques jours...) Gue 0 ti djo Gue é ti djo (gué ti djo) Gue poe / pa ti djo Gue pé ti djo Gue wap ti djo
Futur lointain Gue dâh djo: que je voie (un beau jour, par exemple) Gue'o lâh djo Gué lâh djo Gue poe lâh djo ou gue pa lâh djo Gue pé lâh djo 87
Gue W3P lâh djo Impératif Y0: vois Pa yo: voyons Pé yo: voyez Infinitif Présent Né yo : voir
Participe passé Yo/djo: vu
Participe présent Néant
Futur immédiat Né ghe /Iou djo : voir (dans un moment, ce sooir... )
Futur proche Né ti djo : voir (demain, la semaine prochaine..)
Futur lointain Né lâh djo : voir (un jour, à une période éloignée... )
. Le cas particulier des faux auxiliaires né we et né !!he On les appelle « faux auxiliaires» parce que, bien qu'ils se traduisent par respectivement par les verbes français « être» et « avoir », ils ne servent pas à conjuguer d'autres verbes dans les « temps composés ». Il s'agit de né we (être) et né ghe (avoir). D'ailleurs, strictu sensu, on dira qu'il n'existe pas vraiment des temps composés en bafoussam, même s'ils traduisent les temps composés des autres langues. né we (être) Indicatif Présent Gue be :je suis Ô be : tu es É be: il telle est Poc / pa be Pé be W3p be
Imparfait De be :j'étais Ô le be: tu étais É Ie be
88
Passé immédiat Gue'â be :j'ai été (ce matin, il y a peu...) Ô'â be É'â be Poc / pa'â be Pé'â be W3p'â be Parfait De lâ be :je fus Ô le lâ be: tu fus É le lâ be: il/elle fut
Passé récent Ke we: j'ai été (hier, l'autre jour...) Ô ke we É ke we Poc / pa ke we Pé ke we W3p ke we Futur immédiat Go Iou we /go ghe we :je serai, je vais être (tout à l'heure,
Poe / pa le be Pé be Ie W3p Ie be
Poe / pa le lâ be Pé Ie lâ be W3p Ie lâ be
Futur proche Gue ti we : je serai (demain, dans une semaine. ..) Ô ti we É ti we Poe / pa ti we Pé ti we W3P ti we Conditionnel Présent Be de we :je serais Be 0 Ie we Be é Ie we Be poe / pa le we Be pé Ie we Be W3p Ie we
Futur lointain Gue go lâh we :je serai (un jour, dans le lointain. ..) Ô go lâh we É go lâh we Poe / pa go lâh we Pé go lâh we W3P go lâh we Passé Be dé be: j'aurais été Be 0 lé be : tu aurais été Be é lé be Be poe / pa lé be Be pé lé be Be W3p lé be
dans peu de temps...) Ô Iou (ghe) we É Iou (ghe) we Poe / pa Iou (ghe) we Pé Iou (ghe) we W3P Iou (e:he) we
Futur immédiat Be de Iou be / be de ghe be :j'aurais été (par la suite, ... ) Be 0 Ie Iou (ghe) be Be é Ie Iou (ghe) be Be poe / pa le Iou (ghe) be Be pé Ie Iou (ghe) be Be W3p Ie Iou (e:he) be
Futur proche Be de ti be : j'aurais été (le lendemain, plus tard...) Be 0 Ie ti be Be é Ie ti be Be poe / pa le ti be Be pé Ie ti be Be W3p Ie ti be 89
Sub.ionctif Présent Gue be Igue me we : que je sois Gue ô we : que tu sois Gue é we Gue poc I pa we Gue pé we Gue wap we
Futur immédiat Gue me ghe (Iou) be : que je sois (tout à l'heure, après...) Gue 0 ghe (Iou) be Gue é ghe (Iou) be Gue poc I pa ghe (Iou) be Gue pé ghe (Iou) be Gue wap 2he (Iou) be
Futur proche Gue me ti be : que je sois (demain, dans 2 semaines...) Gue 0 ti be Gue é ti be Gue poc I pa ti be Gue pé ti be Gue wap ti be
Participe passé Be I we
Participe présent (Néant)
Futur immédiat Né ghe (Iou) be : être (dans un moment, ce soir, dans un avenir très proche)
Futur proche Né ti be : être (demain, dans un moins...)
Futur lointain Gue le lâh be : que je sois (un beau jour, dans un avenir lointain...) Gue 0 lâh be Gue é lâh be Gue poc I pa lâh be Gue pé lâh be Gue wap lâh be Impératif We Pawe Péwe Infinitif Présent Né we: être
Futur lointain Né lâh be : être (un jour, dans plusieurs années...)
90
Né he74 (avoir) Indicatif Présent Gue ghe:j'ai Ô ghe: tu as É ghe: il/elle a Poe / pa ghe: nous avons Pé ghe W;}P ghe
Passé immédiat Gue'â ghe: j'ai eu (il y a un moment, ce matin...) Ô'â ghe É'â ghe Poe / pa'â ghe Pé'â ghe W;}p'â ghe
Imparfait De ghe :j'avais Ô le ghe: tu avais É le ghe Poe / pa le ghe Pé le ghe W;}P le ghe: ils/elles avaient
Parfait De lâ ghe :j'eus Ô le lâ ghe: tu eus É le lâ ghe: il/elle eut Poe / pa le lâ ghe: nous eûmes Pé le lâ ghe W;}P le lâ ghe
Futur proche Go ti ghe :j'aurai (demain, vendredi prochain, dans quelques jours/semaines... ) Ô ti ghe É ti ghe Poe / pa ti ghe Pé ti he
Futur lointain Gue go lâh ghe : j'aurai (un beau jour, dans deux décennies.
Passé récent Ke ghe (ou ghee75) :j'ai eu (hier, il y a plusieurs jours...) o ke ghe É ke ghe Poe / pa ke ghe Pé ke ghe W;} ke he Futur immédiat Go Iou ghe / go ghe ghe :j'aurai, je vais avoir (dans un instant, tout à l'heure.. .) Ô Iou ghe É Iou ghe Poe / pa Iou ghe Pé Iou ghe W;} Iou he
. .)
Ô go lâh ghe É go lâh ghe Poe / pa go lâh ghe Pé go lâh ghe W;}
0 lâh
he
74 Verbe polysémique: il signifie aussi «faire ». Il faut noter par ailleurs que né pe est une autre forme, mais vieillie, de l'infinitif né we (être). Cette forme a donné le nom né-pe (état de santé, situation de quelqu'un) : ya né-pe (ma situation / mon état actuel), you né-pe (ton état actuel), yia né-pe, etc. 75 S'il est nécessaire de cristalliser orthographiquement la voyelle un peu longue, on peut choisir de doubler le « e» final. Qu'on se souvienne qu'au passé récent, au conditionnel et aux futurs, beaucoup de verbes sont affectés par le son étiré à la fin du verbe. 91
W3P ti ghe Conditionnel Présent Be de ghe76 :j'aurais Be 0 le ghe: tu aurais Be é le ghe: il/elle aurait Be poe / pa le ghe Be pé le ghe Be W3p le ghe
Futur proche Be dé di ghe :j'aurais eu (le lendemain, le surlendemain, longtemps après...) Be 0 lé di ghe Be é lé di ghe Be poe / pa lé di ghe Be pé lé di ghe Be W3p lé di ghe Subjonctif Présent Gue (me) ghe : que j'aie Gue 0 ghe: que tu aies Gue é ghe Gue poe / pa ghe Gue pé ghe Gue W3p ghe
Passé Be dé ghe :j'aurais eu (plus ou moins sur le coup) Be 0 lé ghe: tu aurais eu Be é lé ghe: il/elle aurait eu Be poe / pa lé ghe: nous aurions eu Be pé lé ghe Be W3p lé ghe
Futur immédiat Be de Iou ghe: j'aurais (après, des heures plus tard...) Be 0 Ie Iou ghe Be é Ie Iou ghe Be poe / pa le Iou ghe Be pé Ie Iou ghe Be W3p Ie Iou ghe
Futur immédiat Gue me Iou ghe : que j'aies (ce soir, dans un moment.. .) Gue ô Iou ghe Gue é Iou ghe Gue poe / pa Iou ghe Gue pé Iou ghe Gue W3p Iou ghe
Futur proche Gue me ti ghe / gue di ghe: que j'aies (demain, dans un semaine...) Gue 0 ti ghe Gue é ti ghe Gue poe / pa ti ghe Gue pé ti ghe Gue W3p ti ghe
Futur lointain Gue me lâh ghe: que j'aies (un beau jour, 76Avec une voyelle finale longue; on peut à cet égard préférer ghee à ghe. 92
dans un avenir lointain...) Gue 0 lâh ghe Gue é lâh ghe Gue poc / pa lâh ghe Gue pé lâh ghe Gue W3p lâh ghe Impératif Ghe / ghee Pa ghe Pé ghe Infinitif Présent Né ghe: avoir
Participe passé
Participe présent Néant
Ghe / ghee
Futur immédiat Né Iou ghe : avoir (dans un moment proche.. .)
Futur proche Né ti ghe : avoir (demain, dans quelques iours...)
Futur lointain Né lâh ghe : avoir (un jour, dans 50 ans...)
V.7.1. Les pronoms personnels On distingue les pronoms personnels sujets (personnes de conjugaison) et les pronoms personnels compléments. V.7.1. a) Les pronoms personnels sujets Comme on l'observe dans le tableau de conjugaison cidessus, la langue bafoussam dispose de quelques particularités liées à ses pronoms personnels sujets, c'est-à-dire les personnes de conjugaison. Il existe sept pronoms personnels sujets, à la différence du français, par exemple: il n'existe pas de « elle» singulier et pluriel; en revanche, il existe deux équivalents du pronom francais « nous ». En effet, on l'a dit, le bamilékébafoussam fait une distinction très nette entre le « nous» inclusif (pa), et le « nous» exclusif (poe). Il s'ensuit que les adjectifs et pronoms possessifs suivent la même logique paradigmatique (voir ci-dessus). Les pronoms personnels sujets en bafoussam sont: - gue Ide I ke Ime (je) ; - 0, ô (tu) ; é (il, elle) ; 93
- poc (nous exclusif) / pa (nous inclusif) ; - pé (vous) et - wap (ils, elles). Le «je» de la langue bafoussam a la particularité de se présenter sous quatre formes, au gré des temps de conjugaison. On notera que ke (je) s'emploie uniquement pour le passé récent du mode indicatif et que de (je) est utilisé pour les autres temps du passé de l'infinitif (imparfait, parfait, plus-que-parfait, passé progressif), ainsi que pour les temps du conditionnel; gue est la forme récurrente, utilisée pour le présent de l'indicatif, le présent progressif, le passé immédiat, les futurs immédiat, proche et lointain (gue > go). La forme me traduisant leje n'existe que pour les temps du mode subjonctif ou de toute autre subordonnée introduite par la conjonction gue : e kia'wa gue me cho il m'appelle pour que je vienne pé tsabe-pia gham gue ke me tsèhè samgni ses aînés ont dit que je ne salue personne souenn-a ke chiam gue me ho déhé'wia docta mon ami a souhaité que j'aille lui rendre visite à l 'hôpital é tchong gue me wi il/elle veut que je rie. Mais le pronom personnel me (je) peut être omis; dans ce cas, pour beaucoup d'exemples à la forme affirmative, le verbe de la subordonnée subit un changement dans sa première syllabe en raison d'un glissement de la zone articulatoire : é kia'wa gue cho (pas de changement) souenn-a ke chiam gue me ho déhé'wia docta > Souenna ke chiam gue me go déhé'wia docta [ho> go] é tchong gue me wi > é tchong gue gwi [wi> gwi] owe tchong me lou'o? > 0 we tchong gue dou'o? [Iou> dou] -veux-tu /voulez-vous que je quitte? Quant à la 2èmepersonne du singulier, l'équivalent du « tu » français, il est tantôt accentué ( ô ), tantôt atone ( 0 ).
.
Ouelques remarques: (a) Le bamiléké-bafoussam, faut-il le rappeler, n'a pas de marque de genre (rien ne distingue le féminin du masculin).
94
(b) De même, en matière de conjugaison, elle ne présente aucune marque de nombre, si ce n'est le pronom personnel sujet en lui-même. (e) A la différence de la plupart des langues occidentales, les pronoms personnels sujets ne sont pas tous atones en bamiléké-bafoussam; la plupart sont accentués non pas seulement de façon prosodique, mais aussi orthographiquement. (d) Parmi les pronoms personnels sujets, deux sont pratiquement de simples voyelles (ô: tu, é: il/elle) ce qui rappelle des langues comme l'italien (io : je), le portugais (eu: je), le fufuldé Ipeul (<<0 » : il) ou le swahili (<> (pa) et «nous» renvoyant à « moi et eux» (poe), mais il est question pour cette langue d'exprimer un «nous» n'impliquant que deux personnes: «toi et moi» pour le premier cas et «moi et lui/elle» pour le second. Le premier « nous» exclusif duel en bamiléké-bafoussam est pou (<<moi et toi ») : seuls le locuteur et son interlocuteur sont concernés. Ce cas nous rappelle l'exemple du nuer, langue nilo-saharienne. Le second «nous» exclusif duel est pok'é (<<moi et lui/elle ») : le locuteur et une personne différente de son interlocuteur sont concernés. En cela, le bafoussam se rapproche d'autres langues, le tok pisin par exemple. Le tok pisin présente en effet un système plus ou moins similaire: mipela (nous exclusif pluriel : «moi et eux ») est différent de mitupela (nous exclusif duel: «moi et lui/elle »), à son tour différent de yumitupela (nous inclusif duel: « moi et toi »). Toutefois, il convient de relever que le bamilékébafoussam a aussi un « nous» exclusif pluriel, pok'a poû ou wokpok'a poû (<<moi et eux/elles », mais aussi «nous et eux/elles »). A l'évidence, ce « nous» (pok'a poû I wokpok'a poû) n'est pas différent de pok (nous exclusif). De l'autre côté, il y a également le nous inclusif pluriel paa'poû ou wokpaa' 95
poû (pa et eux/elles = «nous inclusif et eux/elles »). Par ailleurs, il n'existe pas un simple pronom personnel pour traduire « toi et toi» ; il faut procéder comme en français ou en anglais: pé pepa'a (<
96
En voici un tableau récapitulatif: Personnes
S I N G U L I E R
P L U R I E L
Pronoms personnels sujets
Suffixes (ou particules) personnels compléments Sans préposition -a, -wâ
Suffixes -ou particulespersonnels compléments Avec préposition
1ere pers.
Gue, ke, de
2e pers.
o ,0
3e pers.
é
-é, -wia....
1ere pers.
pâ (inclusif) / poe (exclusif)
-wôe / wokpa... ... ...
1. boupa /boupoe ; bipa/ bipoe 2. nepa / nepoe
2e pers.
pé
1. -boupé /bipé; 2. nepé
3e pers.
wap
-wé ......... ... ... ... ... -wap
A77
-o,-wou......
1. Prép. à, pour : (m)me, bime, boume ; 2. de, sur : neme 1. à, pour: bou; 2. de, sur: noo 1. boué, bii / bihi; 2.néhé
1. boupoû, bipoû; 2. nepoû
Exemples: msouonh'ehui Fo ke kuèté Bogne medze te gam nou;) bou-é nepa. A tchong gue pa nwoua nwouè bi Fo te ké kouen gue tsépo nepa toû dzem-é (Les espions du chef (de Fa) ont rencontré Bagne en chemin et lui ont parlé de nous. Nous
77
L'accent dépend du verbe qui est conjugué: une fois de plus, l'intonation est cruciale dans les dialectes bamiléké. A propos de la règle relative à l'accentuation ou non de « 0 »(tu), elle reste objet d'étude. 97
devons écrire au Chef afin qu'il ne croie pas que certains parmi nous l'ont trahi) ; mogüÎ'wé lé kong'é wa é tsoû pè bi wokpoc tiem-a la. É souon ké tsèhè woc, da'hâ be gü-'woc mdzamdzam (Cette fille-là a refusé à mon ami et à moi de nous faire du taro. Elle nous salue bien, mais rit de nous dans notre dos) ; é kuih kap bime fokdji, il m 'a pris de l'argent ce matin. taa fah'é le ti ha fa' bou-é, son patron lui avait donné du travaille lendemain. poc gam boû gue 0 we gouamté doua-o, nous te disons de respecter ton mari. wap kong'é né tchiè noua nepé, ils / elles ont refusé de mentir sur vous. o penn gue poû tsihi-wou dah tsouté ; noua noo !, tu as permis qu'on te salisses à la réunion,. tu as des problèmes! / tu t'es laissé éclabousser à la réunion,. tu as bien chaud! ta-yap tsia kap né ne doué dah boupoû, leur père leur a envoyé de l'argent pour louer la maison. a ghe gJ.10u'tè wa'ha de tam khouenn bipé'a, il y a de cela cinq mois que je vous ai envoyé la nouvelle.
V.7.2. Les modes et temps de conjugaison La langue bamiléké-bafoussam dispose quasiment de tous les modes de conjugaison classiques: l'indicatif, le subjonctif, le conditionnel, l'impératif et le participe. Mais si l'on peut plus moins attribué un participe passé à cette langue -du fait des particules traduisant les temps composés, on est formel quant à l'inexistence du participe présent. Quant aux temps de conjugaison, ils sont plus nombreux que dans les langues latines, ce qui peut laisser croire que le bafoussam, comme les autres dialectes bamiléké, se révèle plus expressive quand il s'agit de restituer une action dans soon contexte temporel. Le mode indicatif possède 10 temps, hormis les temps continus. Contrairement aux langues latines, le bamilékébafoussam dispose de trois temps pour traduire le passé composé français. L'indicatif a les temps suivants: 98
o o o o o o o o o
Le présent (de l'indicatif) ; Le passé immédiat; Le passé récent; Le parfait ; L'imparfait; Le plus-qu-parfait ; Le futur immédiat; Le futur proche; Le futur lointain.
Le passé immédiat et le passé récent traduisent le passé composé français (bien que la spécification du temps de locution par rapport au temps de l'action est plus nette); le parfait, comme en portugais par exemple, traduit le passé simple, mais aussi le passé composé du français. Il y a trois temps futurs, chacun se traduisant en français, par exemple, en y associant une particule temporelle de précision (voir tableau de cojugaison ci-dessus). Le mode subjonctif a 4 temps. Plus que le portugais qui a deux futurs du subjonctif (<
99
futur potentiel. Les temps du conditionnel se présentent comme suit: o Le conditionnel présent; o Le conditionnel passé; o Le conditionnel futur immédait ; et o Le conditionnel futur proche. Le mode impératif, qui a quatre temps (seul l'impératif présent est spécifié sur le tableau de conjugaison ci-dessus) : o L'impératif présent o L'impératif passé immédiat (ex. du verbe «né nong» : ghe/lou nong = danse tout à I 'heure, après, ce soir, etc.-,' pa/poe ghe/lou nong = dansons -tout à l'heure, ce soir, etc.-,' pé ghe/lou nong = dansez -tout à I 'heure, après, etc.-) o L'impératif futur proche (ex. verbe «ne nong»: ti nong = il faudra que tu danses -demain, dans une semaine, etc.-; pa/poe ti nong = il faudra que nous dansions -demain, dans un mois, etc.- ; pé ti nong = il faudra que vous dansiez après-demain, le trimestre prochain, etc.-) o L'impératif futur lointain (ex. du verbe « né nong » : lâ nong = il faudra que tu danses -un jour, dans deux ans, etc.- ; pa/poe lâ nong = il faudra que nous dansions -un beau jour, dans plusieurs années, etc.-; pé lâ nong = il faudra que vous dansiez -dans le lointain, un de ces jours, etc. -). N.B : Comme on le constate, les impératifs futurs, notamment les impératifs futur immédiat et futur lointain se traduisent en français non pas par l'impératif, mais plutôt par un impersonnel introduit par le verbe falloir (<
V. 7.3. Les marques distinctives des temps de conjugaison La langue bafoussam, à l'instar des langues des Grassfields, n'a pas une conjugaison basée exlusivement sur les désinences verbales. On peut rencontrer trois types de marques distinctives dans les temps de conjugaison: les particules de conjugaison, qui sont essentielles, l'ajout d'une voyelle à la fin du verbe et la distinction phonétique. . Les particules: Elles interviennent dans certains temps. Par exemple: - La particule à (ou a) marque le passé immédiat de l'indicatif (gue' à nong) ; - ke marque le passé récent de l'indicatif (comme dans: ke nong'é = j'ai dansé -hier lavant-hier/il y a quelques jours...) ; - Iou et ghe, synonymes, marquent le futur immédiat de l'indicatif (go lou/ghe nong'é), le conditionnel futur immédiat (be de lou/ghe nong), le subjonctif futur immédiat (gue le lou/ghe nong) et l'infinitiffutur immédiat (né lou/ghe nong) ; - ti marque tous les futurs proches dans les différents modes; -Iàh (ou là) marque tous les futurs lointains des divers modes; - be est la marque distinctive des temps du conditionnel (be dé nong ; be de ti nong...) ; - gue (qui traduit la conjonction française « que) marque les temps du subjonctif; -le marque l'imparfait de l'indicatif (é le nong: il/elle dansait) et le conditionnel présent (be é le nong) ; - lé marque le conditionnel passé (be é lé nong) ; - né est la marque distinctive de l'infinitif, quele que soit sa forme. - go marque le futur lointain de l'indicatif des faux auxiliaires né we (être) et né ghe (avoir).
. L'ajout d'une voyelle d'intonation à la fin du verbe D'autres temps, en fonction des verbes, exigent qu'on ajoute une voyelle à la fin du verbe, conformémement au besoin 101
d'intonation. C'est ainsi que les voyelles finales des verbes doublent, et sont soit séparées par un apostrophe (0'0; é'é; a'a), soit collées (00; éé; aa...). Si le verbe se termine par une consonne, on ajoute toujours une voyelle à sa suite, séparée par une apostrophe. Dans la plupart des cas, les voyelles requises sont e et a. Le passé récent de l'indicatif recourt presque toujours à l'ajout d'une voyelle (é ke nong'é = il a dansé [hier, avanthier...]; pa ke fa'a = nous avons travaillé...). Subissent également cette transformation, les futurs de tous les modes (0 Iou fa'a = je vais travailler, je travaillerai [tout à I 'heure, ce soir...] ; 0 ti fa'a = je travaillerai [demain, après-demain...]), le conditionnel présent (be 0 le fa'a = tu travaillerais) et le plus-que-parfait de l'indicatif(o le fa'a).
.
La marque
phonétique-
La distinction
sur la base du
son et de l'intonation permet au locuteur de cette langue d'utiliser les mêmes structures morphologiques pour dire deux choses différentes. Par exemple, gue fa' : je travaille (présent de l'indicatif) n'a pas la même tonalité que gue fa': «je travaillé -tout à l'heure... » (autre forme du passé immédiat de l'indicatif). Autres chanJlements phonétiques et orthoflraphiques Au-delà des changements susmentionnés qui peuvet affecter l'orthographe et la prononciation des verbes, il exise d'autres mutations du même genre qui sont plutôt liées à d'autres paramètres tels que la personne de conjugaison. Ainsi, selon le temps et la personne de conjugaison, on peut assister à un changement de la région articulatoire d'une syllabe ou d'un phonème chez un verbe, ce qui conduit à une transformation de l'orthographe et/ou de la prononciation de ce verbe. A titre d'exemple, nzÎ (prospérer) devient dzî au présent de l'indicatif, yo (voir) devient djo au présent et aux temps passés de l'indicatif (sauf le plus-que-parfait et les futurs), le subjonctif, etc.
102
V.7.4. La traduction des futurs particuliers du bafoussam Les futurs immédiat, proche et lointain que possède la langue bamiléké-bafoussam n'existent pas en tant que tels dans des langues comme le français ou l'anglais. Pour les traduire, il convient alors chaque fois d'employer une périphrase de précision: « tout de suite », « tout à l 'heure », «dans quelques heures », « très bientôt », «demain », «dans deux ans », «un jour », « un beau jour », « dans un avenir lointain », etc. Soit la déclaration suivante: go wihi te mkièbé-mà tè. Il s'agit du futur immédiat, et dans la réalité, ce n'est qu'une question d'instants ou de quelques heures. La traduction est donc: «je vais rire à me briser les côtes tout à l 'heure ». Si on précise le temps, tant mieux: go wihi te mkièbé-mà tè lià je vais rire à me briser les côtes aujourd'hui, je rirai à me briser les côtes aujourd'hui. Il faut alors noter la nuance avec: la phrase go ghe wihi/go Iou wihi te mkièbé-mà tè », qui équivaut à «go wihi te mkièbé-mà tè, et go ti wihi te mkièbé'mà tè. Cette dernière phrase, qui comporte la particule ti, traduit une action qui se déroulera certainement le jour suivant ou plus; d'où la traduction: «Demain (ou: dans deux jours, dans une semaine ...), je rirai à me briser les côtes ». Lorsque, par contre, le futur est exprimé en utilisant la particule là (ou tSOU;J),on peut être sûr que l'action est lointaine, d'au moins plusieurs mois à des décennies: go là wihi,je rirai unjour. Il faut opter pour la même démarche quant aux temps du passé de l'indicatif. Car il est important de saisir la nuance qui existe entre le passé immédiat, le passé récent, l'imparfait, le parfait.. .Selon les cas, un adverbe de temps (au cas où le texte en bafoussam ne l'a pas), est nécessaire dans les versions traduites dans d'autres langues. V.7.S. Les verbes pronominaux Il est assez difficile, pour ce travail d'amorce, de cerner tous les contours de la conjugaison pronominale en bamilékébafoussam, laquelle est fort complexe. Néanmoins, on peut, ic, relever quelques pré-formules. 103
. Au sujet des verbes réflexifs, il convient de dégager deux approches pour les former: 1. Le Bafoussam n'a d'autre moyen que de procéder par la formule «verbe + 'son corps' /partie du corps». Se laver, c'est« laver son corps» (né souok néh); se taire, c'est «fermer sa bouche» (né lok tsoua) ; se protéger, c'est «protéger son corps» (né pâm néh) ; s'affairer, c'est « battre son corps» (né tchuè néh, né poûh néh)... 2. Beaucoup d'autres verbes réflexifs, en français par exemple, deviennent orthographiquement de simples verbes en bamiléké-bafoussam: se coucher, coucher (né nouonh'é) ; se lever (né loussi) ; s 'habiller (né khouè zoua) ; s'enivrer (né pâm mlou)... . S'agissant des verbes réciproques, trois formules peuvent également être proposées: a) Le verbe + mnéh (corps: au pl.) + pronom personnel complément: «s'entraider» (né kuité mnéh, litt: s'aider les uns les autres les corps) ; « se haïr» (né pèh mnéh) ; « se conseiller» (né tok'é mnéh). Par exemple: Pé we tok mnéh-mé ; gni té dzaa wang'o ! (Conseillez-vous les uns les autres,' on ne sait jamais tout). b) Le verbe seul suffit. comme s'il s'agissait d'un verbe essentiellement pronominal: s'amuser (né féh); s'aimer (né kouonh'é) ; se rencontrer (né pamté), se voir (né yoté), etc. Exemple: Tala wap poué koueng'é (Tala et lui/elle s'aiment, avec «mnéh» sous-entendu) ; Pékhou dzouok féh lia tè (les enfants se sont beaucoup amusés ajourd'hui). c) On procède par la formule « gni pou eni » + verbe: se parler (né wa'a gni pou gni ham'a); s'entendre (né dzou'ou). Exemple: Souenn-a pou güï-é le dzou'ou te tam lé yé fa'
le hapté wap'a (mon ami et sa son épouse s'entendaient jusqu'aujour où le travailles a séparés); Poc'a poû ke hamté te mtsoû khou (nous avons parlé /bavardé jusqu'à la tombée de la nuit).
104
V.7.6. Les verbes impersonnels Strictu sensu, la langue bafoussam ne possède pas de verbes impersonnels. Pour traduire une action impersonnelle exprimée dans une langue donnée, le Bafoussam fait appel à des verbes personnels et restructure sa pensée. Par exemple, « il pleut» renvoie à « la pluie tombe» (bong we doû); «il fera soleil» à «le soleil brillera» (nam tî ta'ha) ; « il faisait très froid» signifie « le froid était intense» (fouok le si khoû); «il fait nuit» s'entend par «la nuit tombe» (<
-
güi'ô - poc/pa té güi'ô ; etc.
-
-
Présent continu: té we djo'o (je ne suis pas en train de voir) - 0 té we djo'o - é té we djo'o - Poc/pa té we djo'o ; etc.
78 Le verbe subit une transformation à la fois phonétique et graphique (w > gü). 105
/ té we güi'ô (je ne suis pas en train de rire)
-0
té we güi'ô
-é
té we güi'ô ; etc. Futur immédiat:
té Iou yo'o (je ne vais pas voir)
-0
té Iou
yo'o ; etc. Futur proche: té tÎ yo'o (je ne verrai pas, demain par exemple)
-0
té tÎ yo'o
- été
tÎ yo'o - poe / pa té ti yo'o ; etc.
*Cas particulier du futur lointain de l'indicatif: Au lieu d'utiliser la particule de négation «té », le locuteur du bafoussam emploie plutôt la particule «le» précédée du pronom personnel sujet répété: pé lâ pé le wih (un beau jour, vous ne rirez pas) ; go lâ de nti bou (un jour, je ne dormirai pas à cause de toi), avec «de» à la place de « le» à la 1ère personne du singulier. a) Au passé immédiat négatif de l'indicatif, la particule ka intervient: ka yo (je n'ai pas vu) ; 0 ka yo; e ka yo ; poe/pa ka yo...! ka wih û'e n'ai pas ri) ; 0 ka wih ; é ka wih, etc. b) Au présent récent, le mot katé introduit la négation: katé yo û'e n'ai pas vu -hier, avant-hier...) ; 0 katé yo ; e katé yo...! katé wih (je n'ai pas ri...) ; 0 katé wih ; e katé wih, etc. c) L'imparfait, le parfait et bien d'autres temps se servent de la particule laté à la négation: daté djo'o (je voyais pas), avec «daté» remplaçant «Iaté» à la 1ère personne du singulier; 0 laté djo'o ; e laté djo'o...! daté güi'o (je ne riais pas) ; 0 laté güi'o, etc. / daté yo (je n'avais pas vu) ; 0 laté yo, etc. / daté lâh güi (je ne ris pas: parfait) ; 0 laté lâh güi ; etc. N.D: L'infinitif négatif des verbes porte la particule «tak»: né tak nong (ne pas danser) ; né tak wih (ne pas rire); né tak ham (ne pas parler); né tak péh (ne pas prendre). .. V.S. Les adjectifs et pronoms indéfinis Le bafoussam possède des indéfinis pour traduire ses homologues français ou anglais. C'est ainsi qu'il existe: poû (on) ; gni, rno'ho gni (quelqu'un) ; tsé po (d'aucuns, certains) ; tsé po ne poû, tsé po ne wap (quelques-uns, quelques-unes) ; 106
mo'ho, mo'ho; tâh, mo'ho; tâh, mo'ho tâh (l'un, l'autre); tséhé... tséhé (les uns... les autres); sam, samgni (aucun-e-, personne); sam'you;) (rien) ; gouon W;)P(tous, tous les, toutes les) ; gouon yie (tout le, toute la) ; be koo (toute chose, tout ce que, tout ce qui, n'importe quel...); ntam, dong (tant de, autant de) ; boh (beaucoup de) ; be woo, be wiè gni'o, ba'â woo (toute personne) ; gouon po pé (tous ceux que, tous ceux qui) ; be ke yé (tout ce que, tout ce qui), etc. Voici quelques phrases illustrant l'emploi des indéfinis en bafoussam : sameni té bé-ô we / gill te bé-o we il n 'y a personne chez toi. poû be sekou79 be gue tsé po dzou poupouong'é lamdâ von pégü~O, da'hâ81 tséhé we dzou'â tepouong à l'école, on dit que certains réussissent en polygamie et d'autres non. poû be bè be kwen gue dâh yOU;)yepâ'a né ghe lamdâ von pégüî pouon : (yi;)) né wa'a mebenh'é ne sâ bè-a, sè ghe bouôm (titi: au village, on croit que la polygamie réussit grâce à deux choses: la façon de l 'homme de gérer son domicile et la chance; ou mieux encore: au village, on prétend qu'une polygamie réussie tient à deux choses: l'autorité de l 'homme et la chance) ; â ho ne mti;)m poû pepâ'a po ke hong gue W;)P cho tsouté'â, tâh cho, mo'ho le cho parmi tes deux amis que tu a invités à la réunion, l'un est venu et l'autre non; gouon po le Hô nong né ne jone YOU;)David82 te bé gill kwan gâ bouom83 79
En bafoussam, il n'y a souvent pas d'autre mot pour distinguer l'école de l'écolier/élève, même s'il existe kouenn sekoû (aller à l'école). sa C'est-à-dire par mot-à-mot : le mariage avec plusieurs femmes. SI Littéralement: mais. S2Synonyme de « mbè David» (domicile de David). 107
l'autre jour, tous -ou tout le monde- ont si dansé lors de la fête chez David qu'on dirait un bal). be ke yé gni djiji'â te kuité sam gni'o (litt : tout ce qui est volé ne profite à personne; mieux dit: bien mal acquis ne profite jamais). Remarque: Dans la langue bamiléké-bafoussam, il existe une grande étroitesse entre les adjectifs indéfinis et les pronoms indéfinis. Cela est d'autant plus évident qu'on a de la peine à séparer les pronoms indéfinis des noms communs tels que gni, yOU;}, etc.
V.9. Les interrogatifs On distingue les suffixes interrogatifs. V. 9 .1. Les suffixes
interrogatifs
et pronoms
interrogatifs
On revient aux suffixes car on a affaire ici non pas à des pronoms interrogatifs, mais des suffixes interrogatifs. Ces suffixes se placent toujours à la fin de la phrase, et sont liés au dernier mot de la phrase au moyen d'un trait d'union. Les plus usités sont 0 , 10 et surtout lâ et â . Ces suffixes, selon les cas, sont soit accentués, soit plus ou moins atones. Mais ils sont accentués dans la plupart des cas. On peut citer quelques exemples de phrases interrogatives: é penn gue me yenn ne güi'lâ ? a-t-il accepté que je démarche pour sa femme? ; pé ke mtsoû djo ts;}m zoudjô wa tsou we diè gouon mtotou;} lâ'a ? avez-vous regardé hier à la télé comment la guerre fait rage au pays des musulmans? ; ta'a fa'-a tsè'hè wou'â ? Mo'di bé ka yô wa'o kouenn da'a mon patron t'a-t-il salué? peut-être ne t'a-t-il pas vu entrer; tiem'o wé bé ze glissi'â ti fokdjî touté nwouè wa bé'â ?
83Saisir la différence d'avec « bouôm » (chance). 108
ton ami qui connaît l'anglais traduira-t-il ma lettre-là demain matin 7 ; Papa, ô yo pop é wap we pfoué mekela 10 ? 0 kwen gue wap fi tchuè'â 10 ? Papa, tu vois ces enfants qui mangent des beignets 7 Croistu qu'ils peuvent me battre 7 ; o ki m'nwouè ma'o? 0 kwen gue gue be tchimâ te bewor we nwoua nwouè me'o? tu as déchiré mes lettres 7 tu crois que je suis une prostituée à qui tout le monde écrit 7. Remarques: 1. Très souvent, la phrase interrogative commence par la particule te, et a pour rôle de marquer davantage l'interrogation: te péé tchi naa ké peh mkouenné te koû gouenn'â ? avez-vous « cultivé» la terre et sémé le haricot avant de rentrer du champ 7. 2. Quand il y a un vocatif à la fin de la phrase, il n'est souvent pas affecté par le suffixe interrogatif: o ho zouenn chichi bime fatré'â, Melia? vas-tu aller m'acheter des aubergines à la boutique, Marie 7 ; pé kiam mguenam'â, Sidze? avez-vous nourri les porcs, Sidze? V.9.2. Les pronoms interrogatifs S'agissant des pronoms interrogatifs semblables à ceux du français ou de l'anglais, entre autres langues. En bafoussambamiléké, les pronoms interrogatifs ne manquent pas. C'est ainsi que l'on a : chéné ? / di'ke ? quand 7 ; he ? / tsi'ke ? où 7 ; gueke ?, bi'ke ?, bi'gueke?, dou'neke ? pourquoi 7 ; guéwa'a ?, mti'gueke ? comment 7 ; ke ?, kéhé ?, kélé ? quoi 7 ;
109
dongueke ?, laar ?84,donlaar? donwa'ha ? combien 7 ; wiè ? quel/quelle 7, lequel/laquelle 7) ; piè ? (quels / quelles 7, lesquels / lesquelles 7), etc. Ouelques exemples: Tsabé-ô he ? Ham gue écho. paa-yi3 tsi'ke? Péé pe we? W3p fe mhe85 be d3m mhe? -Où est ton grand-frère -ou grande-sœur? Dis-lui de venir. Où est son sac? Qui sont ces gens-là? D'où viennent-ils et où vont-ils? (avec h aspiré; prononcer mhe en laissant sentir la présence de m et en aspirant h) ; o go souok néh dike? Quand vas-tu te laver 7/ Quand allez-vous vous laver 7 (vouvoiement). Titcha sè'hè waka chenné ? Quand est-ce que le maître/professeur rentre du voyage 7 Mguénam-bé tsa mhe ? Par où sont passés les porcs-là 7 We cho tsa'ha dé-waa ? Qui est venu me chercher 7 Piè pégüi go ti nong ne bouom dzou'o? Piè naa? Quelles femmes danseront demain lors du bal 7 Lesquelles 7 o tak tsèhè-wa gueke ? Pourquoi tu ne me salues pas 7 /Pourquoi vous ne me saluez pas (vouvoiement). Pé nouong'é laa ne metoua-wo lé ? Combien avez-vous versez pour cette voiture 7 Pé né ho si3m té kia'wa ba guéwa'ha ? Gueke mfok'pa? né wa wa'a, pé zouenn yiè nti dZOU3kouenn boume? Dong'é laa? Yeuh, â tinn ! â né wok wa'a guéwa'a ? Pé lâh nwouak si3m di'ke? Pourquoi êtes-vous allées au marché sans m'aviser 7 Pourquoi, mes coépouses 7 En tout cas, quel type de drap m'avez-vous acheté 7 Ça a coûté combien 7 Ouh, c'est cher! Comment est-il court comme ça 7 Quand êtes-vous arrivées au marché 7. 84 laar?
/ donlaar? sont utilisés pour demander un montant d'argent, un prix... 85 he comporte un m lorsqu'il y a mouvement (ici : venir, aller). Par ailleurs, péé /wéé/tséé renvoie, selon les cas, à « voilà» (suivi d'un nom au pluriel), ou à « qui sont ces » (dans une phrase interrogative). 110
V.lO. Les interjections Pour ce qui est de l'interjection, il n'existe aucun indice particulier. Il convient seulement de rappeler que le bamilékébafoussam ne renverse pas l'ordre syntaxique sujet + verbe, ni pour les exclamations et les interrogations, ni pour tout autre type de phrase. V.l 0.1. Quelques interjections usuelles En bamiléké-bafoussam, il existe des interjections bien connues de tous. Certains sont sans équivalents dans les langues étrangères, d'autres si. Pour exprimer le dégoût, l'indignation, on dira: yeuh !, beuh !, yeuh malé !, yé noué !, â noua, etc. Pour traduire son étonnement, le Bafoussam dira: kassa !, kassa ma'a!, nékien!, nékien tong Fotiè!, thuè'ékien!, Tago méchong!, mem'mâ!, massa!, Ma'a koû Gaderé!, Ma'a cho !, Ma'a koû !, bèbè !, Movièh ! Et des interjections assez recherchées: bèyok khe mok! (que j"assiste impuissant à l'incendie de mon village!) ; gni tchong'â tche ! (que quelqu'un me pende!) ; mgen mâ tak tsé! (que je voie mes testicules frôler la merde I) ; mkouom tepouon lè'â ! (que des sociétés secrètes très redoutées fassent mon deuil I), etc. Pour un degré moindre d'étonnement, on a: ho pe ! ho pe mme !, ho pe ta'a ! (avec h aspiré). Pour exprimer la fierté, la bonne humeur, il dira: nâ cho ! hnnhnn !, yeuh nâ né pouon'â lé !, gue penn si !, gue penn !, nékien !, ô tchiam'â nou'o ?, ho'ho ! ho'ya !, etc. . Pour traduire le français « ça alors », le Bafoussam dira donc: kassa nékien! ou kassa! ou encore Tago méchong, nékien ton Fotiè...S'il dit: Wâ'ha lâ ?, son propos est traduit en français par: Ah bon ?; Jâ wa'ha ! (C'est donc ça I)... V .11. Les adverbes Comme toute autre langue, le bamiléké-bafoussam des adverbes. Quelques adverbes de manière:
possède
111
liè, mghoû, gue wap vite; zaa doucement, lentement; bakbak, bakabak'é brusquement, etc. Pour l'essentiel, l'adverbe est exprimé au moyen d'un groupe nominal ou verbal. Quelques adverbes de temps: ils se confondent avec des noms ou groupes nominaux ayant une fonction adverbiale: liè, diè tôt tsoua, be tam tsa tard mtsoû nuitamment moktchÎ de jour dia /diâ maintenant a le diô avant, auparavant a Iou après, tout à l 'heure dih / di'yé / di'bé yé, etc. Quelques adverbes de lieu: tsahâ /tsiâ ici tsihi là, là-bas tsi'bé / tsi'yé à cet endroit-là tche en haut samtsi nulle part be'hoo partout sih en bas vou, vou'si sous, au-dessous dam sur, au-dessus tinn'sÎ, tinn'ô en-deçà de ; plus en bas; en bas negouontsi partout, n'importe où, etc. Dans les phrases ci-après, il sera aisé de constater la place de l'adverbe: mangouélé tche te dzâm, il y a beaucoup de mangues en haut. léhé dan lang vouh kouenn ; â tinn'ô ! regarde le bidon d'huile au-dessous du lit; c'est en bas! yoo tsi'vé ke sassedè goussi na'a, voici l'endroit où (là où) je suis tombé samedi dernier. 112
ho ne m'nwouè me d3m taplé, pé mâ vou'sih nong'é tS3m paa-yâ parmi les /ivres qui sont sur la table, prends ceux de dessous et mets-les dans mon sac di'yé kia-wa ne khi3 tînn'a, pé souong'a, quand il (elle) m'appellera au téléphone, informez-moi. (né kia = appeler; khe tÎnn = téléphone; né kia ne khe tÎnn = téléphoner).
megne, â tehong gue'ô ti diè dzi3m, guienn m!!hoû go si3m fenn mdoefawélé po'o tsi'bé yé pou le ho naa Megne, il faut que tu te lèves tôt demain matin et ailles vite au marché vendre les canards-ci là où nous étions déjà allés te fe wâha titeha woe Ie we fon metouâ bakbak' é ghe assidan'â86, é be dia guienn gue !!!!! (Uti: Depuis que mon maître afait un accident parce qu'il conduisait sa voiture à tombeau ouvert, il roule doucement maintenant). V.12. Les prépositions Ce sont des particules dont l'importance n'est plus à démontrer pour toute langue. En bafoussam, il existe des prépositions dont les plus expressives sont: té (sans); dze, mdze (vers); te (jusque...); ne, né (pour / sur); il n'existe pas d'équivalent réel pour la préposition «à ». Il y a des prépositions à déceler dans le dialogue suivant: - Doeta87, 0 ti eho nam so'ô ma' suop neme ? FokdjÎ'â? Docteur, à quelle heure viendrez-vous [pour] m'injecter une piqûre? Le matin? - Guién, go ti eho mdze ne nam'ékoua bouèdji88, da'hâ té wi3m hOU3: 0 go zouenn tsiè flémaet9 te bi3p'â 86 Fait partie des nombreux emprunts de la langue (vient du français « accident »), synonyme de né Ham che metoua (litt: se faire grand mal à bord d'une voiture). Quoi qu'il en soit, l'usage a consacré l'emprunt hybride. 87Autre emprunt (de l'anglais « doctor» et du pidgin english « docta ») : signifie à la fois « celui qui fait des soins» (infirmier, médecin) et l'établissement de soins (hôpital, centre de santé, dispensaire). 88 Littéralement: quatre heures du soir; il faut remarquer que nam'ékoua signifie bien nam + nékoua (le n du mot « nékoua» chute au profit d'une apostrophe). 113
Non, je viendrai plutôt vers seize heures, mais sans le remède: tu dois l'acheter à la pharmacie avant de m'attendre - Ba katé-â poua tsou-â bo dzen'â. 0 ti nwak tsa'a te souong'â wâ 0 ghe nâ'a Même mon dos et mes reins me font mal. C'est quand vous arriverez ici que vous saurez quoi en faire. Il faut noter que certaines prépositions sont orthographiquement collées aux pronoms personnels (exemple: neme, sur moi). V.13. Les conjonctions Les conionctions de coordination: da'hâ (sans) ; ke (ou) ; ghe, sèhè ghe, kuih ghe (et); djé/ dje (donc); ba (aussi, même); bi'gue (car); il n'y a pas d'équivalents pour les conjonctions françaises ni et or...A propos de soit...soit et de oU...ou, les deux conjonctions corrélatives se traduisent par ke...ke /ka...ka (faits du présent) et ka...ka (faits du passé ou du futur). On peut utiliser seulement ke : C'était elle ou toi: â le be wou ke yi' ô. Les conionctions de subordination: bi'gue, bi'waa, dou'ne, dou'newaa (parce que) ; wâ'ha, wâ'ha sia (puisque, étant donné que) ; te be / te bé + sujet + verbe = si bien que, de sorte que, de manière à ce que; wâ'ha gue (pour que, afin que), te fe wâ'ha (depuis que), etc. Voici quelques phrases contenant des conjonctions: Ba noù flné ti'hi, Même le serpent peut glisser. Ke é si djo télé, ke é si dané you~'o, Soit il (elle) est en train de regarder la télé, soit il (elle) est en train d'apprendre ses leçons. A tche dah-poù, be w~p s~nté guéfoué sèhè ghe bi~ng, Dans leur grenier, ils (elles) ont étalé du maïs et de l'arachide. Guong-yoo né tak ho be bi'2ue pe ghe politik ji k~p, 89 Emprunt français façonné en bafoussam (le son fi apparaît). C'est aussi le cas de docta venu de l'anglais doctor, puis du pidgin docta. Cette pratique consistant à adapter des emprunts est courante en pays bamiléké.
114
Ce pays n'évolue pas car (parce que) ceux qui font la politique ont volé de l'argent (né ji = voler; né tak ho be = ne pas avancer). Dje metona-a lâ sè'hè té piap-a !, Donc ma belle-mère est rentrée sans m'attendre! (né sè'hè = rentrer; té = sans; né piap = attendre). Mkétoû Fo Taghe le lâ diè tsou te be pe Jamann la té tchuè wap dze, Les soldats de Fo Taghe firent la guerre si bien que les Allemands ne purent les vaincre. Mouenn cho djo wâ'ha gue me hâ kap sekou bîhi. E le wé'é tsa examen gouwa'a, be té sia go siam yo'o kap'ô. Vie né pok dah sekoû dou'ne né tak lané youa (L'enfant vient pour que je lui donne les frais de scolarité. S'il avait eu son examen l'an dernier, je n'aurais pas eu à dépenser cet argent. Il est faible parce qu'il n'apprend pas ses léçons). Tambeng'é-wé djî youa te bé lâ pfoû dzikou'ou. Wâ'ha é ka lamda'a, â go hâ'boû. Tâ néwe wâ'ha, é le we nâh hâbok. Pékhoû ké kouenn tè bi'waa é mah mtinn'a (L 'homme-là mange si bien qu'il pourrait un jour mourir de faim. Pourtant, il ne dérange pas, et les enfants l'aiment beaucoup parce qu 'il leur raconte des histoires amusantes).
115
Yocabulaire Les emprunts et calques venus d'autres lan2:ues On pense que le bafoussam est la langue bamiléké la plus proche du bamiléké originel. A l'époque du fondateur du groupement Bafoussam, Yendé 1er, et même des quatre autres chefs qui se sont succédés au trône, il n'y avait aucune inquiétude quant à la distorsion de la langue: la plupart des villages issus de Bafoussam parlaient une même langue. Selon la tradition orale, les premiers sons discordants vinrent des Bamoun parce que, à un moment donné, les liens avec leurs cousins bafoussam n'étaient plus très étroits. On estime que c'est vers la fin du Xye siècle, c'est-à-dire plus de deux siècles après la division des Bamiléké en pays tikar, que plusieurs différences de ton et d'expression se sont véritablement fait sentir d'un groupement à l'autre. L'influence de l'allemand sur le bamiléké-bafoussam et autres langues bamiléké ne fut pas considérable. On avance, pour le cas du bamiléké-bafoussam, que la haine nourrie contre les Allemands90 y fut pour beaucoup. Le bafoussam est resté assez pur jusqu'à l'arrivée des Anglais et Français au lendemain de la décision de la Société des Nations (SDN) de placer l'ancienne colonie allemande qu'était le Cameroun sous mandat. Car, à ce jour, les emprunts et calques notables de la langue en question sont presque exclusivement d'origine anglaise et française. Bafoussam se trouvant non loin de Bamenda, l'un des chefs-lieux du Cameroun britannique des années 1920 à 1960, la langue bamiléké-bafoussam regorge plus d'emprunts et calques anglais que français. Selon la tradition orale, l'introduction de quantité d'emprunts anglais fut attribuée à la volonté des locuteurs bamiléké-bafoussam de faire preuve de leur niveau de culture, leur propension au modernisme. Pour beaucoup d'autres emprunts, leur adoption
90
Le Chef Fa Taghe s'opposa férocement à eux depuis leur arrivée à l'Ouest
Cameroun
116
(l 900) jusqu'à
leur départ en 1913.
fut incontournable. Voici dressée ci-après une liste de quelques emprunts et calques de la langue bafoussam : Anelais : Djamann, Allemand [de l'anglais« German »] trossi, pantalon / culotte [de l'anglais « trousers»] fissi, poisson frais [de l'anglais «fish »], différent de melouloû, poisson sec tchossi, église [de l'anglais «church »] wassi, montre [de l'anglais «watch »] glissi, Anglais [de l'anglais «English »] pôtelé, bouteille [de l'anglais « bottle », avec b > p] woussanek, témoin [de l'anglais «witness »], synonyme de « kuitan » wassenek, veilleur de nuit [de l'anglais «watch night »] pulover, pull-over [de l'anglais «pull-over»] modé, lundi [de l'anglais «Monday»] sassedè, samedi [de l'anglais «Saturday»] sodé / soodé, dimanche [de l'anglais «Sunday»] bigdè, jour férié [de l'anglais « big day»], synonyme de léh dze cout, veste [de l'anglais « coat»] sarno kap / sarno moni, petite monnaie [de l'anglais « small money»] kouk, boy / bonne, domestique [de l'anglais « cook»] bouè, valet /domestique [de l'anglais « boy»] docfawélé, canard [de l'anglais «duckfowl »] kissiam, cuisine [de l'anglais «kitchen »], synonyme de toh-mok flépa, poèle [de l'anglais «frying pan»] fipa glassi, citronnelle [de l'anglais «fever grass »] sekoû, école /collège [de l'anglais «school »] balek / blek, pain [de l'anglais « bread»] Nadjélia, Nigeria [de l'anglais, par prononciation, « Nigeria»] Afica, Afrique [de l'anglais «Africa »], avec r > 0 pipa, papier [de l'anglais «paper»] ki, elef[de l'anglais« key»] ; synonyme de ki'dah (elefde la maison) 117
titcha, enseignant [de l'anglais « teacher»] tâm, temps / heure [de l'anglais « time»] hawa, heure [de l'anglais «hour », avec la consonne h bien aspirée] metchèssi, allumette [de l'anglais «matchstick »] drossam / dalossam, caleçon [de l'anglais «trousers », avec t > d] messa, monsieur [de l'anglais «mister », avec st > ss] lontchia, fauteuil !chaise avec dossier [de l'anglais « long chair» ] docta, 1. médecin /docteur / infirmier; 2. centre de soins (hôpital, dispensaire, clinique...) [de l'anglais « doctor»] menek, lait [de l'anglais «milk »] chigon, chewing gum [de l'anglais «chewing-gum »] fléwa,fleur [de l'anglais «flower »] woûdou, fenêtre [de l'anglais «window»], synonyme de fouè-dah (= orifice sur la maison) pia, avocat [du pidgin english «pea »], en raison du fait qu'en pidgin english «pea» renvoie à l'avocat (en anglais, avocat = avocado). wessiki, whisky (anglais) Allemand: kassa, chef suprême / président de la République [de l'all eman d « kaiser»] Français: Il s'agit, pour la plupart, de termes récents, notamment des néologismes liés à l'adoption des mots de l'évolution technique et technologique plan, planche [du français « planche»] sofè, chauffeur [du français «chauffeur »], synonyme de fon'metoua (qui conduit la voiture) taplé, table [du français « table»] télé, télé odinatè, ordinateur figo,frigo latré, électricité bato, bateau 118
avion, avion moto, moto baliè, barrière [synonyme de tséh gwia I pfapté gwia (= grande porte)] kamion, camion [synonyme de metoua kaalek] bissiku, biscuit foto, photo antè, antenne motè, moteur bague, bague [synonyme de figalé] (Le son « gue » se fait bien entendre quand on prononce l'emprunt « bague », qui vole de plus en plus la vedette à « figalé ») bonbon, bonbon tossalam (litt : torche de lampe), torche sida, sida licé, lycée CS, CES balon, ballon avocat, avocat [avocat défenseur] cinéma, cinéma cakton, carton casset, cassette Noms de pays: la plupart sont calqués ou empruntés au français Cameloum ICamelan, Cameroun Gabon, Gabon FlancÎ I Flassi, France Togo, Togo Senega, Sénégal Tchade, Tchad Sipagne I Issipagne, Espagne Djapon, Japon Alabi, Arabie Saoudite [synonyme de Gouon Meka, pays de la Mecque] Malok, Maroc Gouon Mandela (= pays de Mandela), Afrique du Sud Amélica, Amérique / USA. 119
Termes étran1!ers assimilés assez récemment pour lesquels le Bafoussam a for1!é un équivalent sans emprunter: Téléphone portable, ko'ho poû [litt: chose que l'on tient en main, vademecum] Ventilateur, youa fouok [litt : objet pour le froid] Climatiseur, youa fouok [aucune distinction avec le ventilateur] CD, kiang (litt : assiette) Machine à écrire, mechong ne nwoua youa [simple calque] Soutien / soutien-gorge, bolé Bière, mlou tsoua-tsoua [litt : vin amer] (même s'il existe bia, dérivé de l'anglais « beer») Casque, tcho tsou [litt : chapeau de guerre] Béret, tcho mkétoû [litt: chapeau de la force de l'ordre allusion faite du chapeau des policiers et gendarmes au Cameroun] Ampoule (d'électricité), môk [= feu] / lâm latré [litt : feu de l'électricité] Remarque: Il importe de savoir que les Bamiléké en général et les Bafoussam en particulier n'ont quasiment pas adopté ou calqué de verbes des langues étrangères. En bamiléké-bafoussam, on se contente d'expliquer l'action du verbe étranger au travers des périphrases verbales ou des verbes de la langue qui seyent à la situation: téléphoner, né kia né khe tÎnn (= appeler au moyen du fil) condamner (un justiciable), né lok (gni) [enfermer (quelqu'un)] condamner quelqu'un avec sursis, né lok gni da'hâ tak'é djÎ [= litt : enfermer quelqu'un, mais en le laissant libre] glacer la boisson, né ghe mlou miam [= faire en sorte que la boisson soit humide] congeler le poisson, né ghe bapgou gl1am [= faire en sorte que le poisson se solidifie] climatisez la salle de danse, pé ghe dah bouom miam [= faire que la salle du bal soit humide] 120
réchauffons le reste de la nourriture d'hier, pa lapté vou'oû yitchi bouèdjî (le verbe équivalent existe) je vais vous conduire à bord de ma voiture pour la mairie, gue si go Conwé tsam metoua-wa ne ho youa mèè (les verbes équivalents existent). Réalités bamiléké traduisibles par emprunt: le terme ori!!inel est reconduit dans les lan!!ues étran!!ères ba'bong, le ba 'bang [spécialiste qui retarde ou dévie la pluie], différent du« faiseur de pluies» nah pè, le nah pè [sauce jaune à base d'huile et de vinaigre de cendre], différente de la «sauce jaune» italienne, par exemple nah pah (litt : « sauce pour la maison»), synonyme de nah pè nah nké, le nah nké (sauce fortement assaisonnée, mais sans huile, ni tout autre condiment moderne; accompagne le taro) tchiap, le tchiap (sorte de malédiction qui requiert un rite de purification) kiah, le kiah (maladie rationnelement inexplicable due à une malédiction: le/la malade qui ne respecte pas les interdits et ne se débarrasse pas rapidement du mal au moyen d'un acte sexuel -au cours duquel le mal-malédiction est transmis- meur au terme d'une accumulation mystique d'eau dans le ventre. Le kiah désigne aussi le/la malade; il/elle est le plus souvent ostracisé par la société, ce qui fait de lui/d'elle un paria) Les noms de notables. de sociétés secrètes. d'associations. de rites particuliers. etc. En voici quelques-uns, qui ne peuvent qu'être empruntés par d'autres langues: Nwalâ, un Nwalâ (titre de fonction et de notabilité à la chfefferie ; un Nwalâ ressemble, en quelque sorte, à un général d'armée, un collaborateur spécial du chef) TchoCo / Tcho'Co, un Tchofo (dignitaire de la Chefferie supérieure) Nwembè, un Nwembè (titre de notabilité) DeCo, un Defo (titre de notabilité) 121
Sa'diè, un Sad'diè / Sadiè (autre titre de notabilité), et bien d'autres. Réalités bamiléké-bafoussam dont les noms ont été , . 91 ( ) crees neo I021smes : " tchouo gam'sÎ, mygalomancien [Néologisme que nous avons forgé selon le modèle « nécromancien» et « géomancien » Mygalomancien : spécialiste de la divination se servant des révélations des mygales divinatrices] gam'sÎ, mygalomancie si'khou,frotteur de mains magnétiques [Autre néologisme créé pour désigner un Spécialiste de la recherche de trésors cachés, de crânes introuvables, des poudres souterraines de malédiction, etc., qui se sert d'une substance magnétisante qu'il frotte dans ses paumes de mains pour être conduit vers le lieu ù se trouve l'objet recherché] khouh, frottememts de mains magnétiques / recherche par frottements de mains magnétiques Les vides lexicographiques du bamiléké-bafoussam La langue bamiléké-bafoussam, comme quasiment toutes ses sœurs du Cameroun et d'Afrique, souffre de l'absence d'un vocabulaire concernant les découvertes plus ou moins récentes opérées dans l'hémisphère Nord. Par exemple, en ce qui concerne les sciences médicales, il n'existe pas grand-chose pour traduire les termes français ou anglais. Le gap est également énorme dans le domaine des sciences dites rares (nucléaire, astronomie, astrologie...), de la technique et des technologies (ingénieries diverses: électronique, génie civil, informatique, mécanique automobile, armements, aviation, ...), des arts, de la recherche expérimentale, etc. Pour se limiter à quelques cas, le locuteur du bamilékébafoussam ne trouvera pas de mot ou expression -si ce n'est une longue phrase explicative- pour traduire: mitochondrie, 91
Lire: Dieudonné Toukam, Peuples bafoussam et bamiléké; des repères historiques et culturels, Yaoundé PUA, 2007. 122
corps de Golgi, gène, groupe sanguin, électrophorèse, puce, clavier, batterie, culasse, vilebrequin, centrale nucléaire, phosphore, soufre, nitrate, condensateur, pixel, moteur de recherche, réseau LAN, intranet, tuile de noue, table vibrante, séchoir tunnel, macro, jumper, web, piercing, clinker, etc. Il devient donc impérieux de forger des néologismes pour la langue, soit en acceptant certains termes étrangers et en les adaptant à la phonétique locale, soit en en créant. Maintenant que la langue bafoussam dispose d'une graphie, les linguistes de la région bamiléké ou d'ailleurs devraient se pencher enfin sur un dictionnaire, des lexiques spécialisés, afin de venir à bout de cette énorme lacune lexicographique et terminologique. La situation du bamiléké-bafoussam et des autres langues nationales au Cameroun Le gouvernement camerounais s'efforce de faire ce qu'il peut pour promouvoir les langues maternelles du pays. Des organismes privés y sont encore plus impliqués. C'est surtout le cas de SIL Cameroun qui travaille sur de nombreux groupes et sous-groupes de langues au Cameroun. Mais le travail est titanesque, surtout quant à imposer la langue d'étude d'un sousgroupe linguistique d'une demi-douzaine de langues, le yemba par exemple, aux locuteurs de ces langues. La loi 98/004 du 14 avril 1998 portant orientation de l'éducation au Cameroun consacre la promotion et l'enseignement des langues nationales, qui sont à peu près au nombre de 286. L'article 5 de cette loi dispose: «Au titre de la mission générale définie à l'article 4 cidessus, l'éducation a pour objectifs: [...] 4) la promotion des langues nationales ». Et l'article Il déclare: « L'État assure l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique de L'éducation à laquelle concourent les collectivités territoriales décentralisées, les familles ainsi que les institutions publiques et privées. À cette fin, il [...] veille à l'adaptation permanente du système éducatif aux réalités économiques et socio-culturelles nationales ainsi qu'à l'environnement international, 123
particulièrement en ce qui concerne la promotion des enseignements scientifiques et technologiques, du bilinguisme et l'enseignement des langues nationales; » En ce ce qui concerne le bamiléké-bafoussam, cette langue n'est enseignée nulle part, tout comme la grande majorité des langues nationales au Cameroun. Mais elle bénéficie, au même titre que deux ou trois de ses sœurs de la Province de l'Ouest du pays, des tranches d'émission à la CRTV Radio Ouest, la station provinciale de la Radio-Télévision d'Etat. Deux ou trois fois par semaines, des journalistes et animateurs locuteurs de cette langue y animent des émissions à caractère informatif et culturel. D'un autre côté, la station locale de Radio Bonne Nouvelle, chaîne chrétienne, organise hebdomadairement plusieurs émissions d'études bibliques, de débat et de culture en langue bafoussam. Cela dit, on estime que seulement 20 à 25% d'émissions radiodiffusées au Cameroun sont en langues nationales, le reste étant en français et en anglais. Mais aucune des langues nationales n'est utilisée dans des émissions télévisées, ni dans la presse écrite, la plupart manquant encore de système d'écriture.
124
DEUXIÈME PARTIE
CONVERSATION
COURANTE
L'expression de politesse ou de respect Avant tout, il faut rappeler que l'essentiel du comportement sociologique reconnu aux Bafoussam l'est également pour les Bamiléké en général, au même titre que les traditions et coutumes. La langue bamiléké-bafoussam, comme ses sœurs de l'Ouest et du Nord-Ouest Cameroun, ne dispose pas de formules de politesse à l'image du vouvoiement dans ses homologues européennes, par exemple. Dans ce cas, pas besoin de chercher des équivalents standard au «vous» français de vouvoiement, ou au « usted / ustedes » espagnol, ou encore au «vocé /vocès» portugais: le vouvoiement est étranger à la cultutre bamiléké, donc aux Bafoussam. En revanche, les Bafoussam ont une manière d'exprimer le respect dû aux aînés d'un certain âge. D'ailleurs, le respect à devoir aux aînés, corollaire du droit d'aînesse, est d'une importance monumentale en pays bamiléké. Cette tradition y est presque légendaire! L'expression du respect se cristallise sous plusieurs formes: Dans le langage courant, les mots hn et ô (oui) ainsi que guieng (non) expriment du respect au moment où l'on les étire à la fin, c'est-à-dire en utilisant la glottale 00 (oui) et guieng'é (non). Soit l'entretien suivant au cours duquel une femme reçoit un ami de son mari: - Bonjour! Soyez le bienvenu, Monsieur! -Merci! Le chef de famille est-il là ? -Pardon? Ha oui! il est à l'intérieur. Veuillez entrer. En faisant fi de tout signe de respect, on a la traduction suivante: - 0 tiâ ? Cho'â pouon ! - Hn !92Guien bè si'â ? Ehn93 ? Éh, hn ! É dâ. Konenn dâ. 92
Le Bafoussam répond à un souhait de bienvenue par hn /ô'%r (litt : oui), contrairement à l'Européen, par exemple. Cela dit, il faut retenir que « merci!» se traduit par gue penn !, et par metokwa! ou gue tâm ga'a touo'o!, quand on reçoit un présent ou bénéficie d'un service rendu. L'emprunt français « merci» est également bien implanté dans la langue du quotidien. 93Ou bien ééh ? ou encore gue'kéé? 127
Si la femme s'exprime avec beaucoup de respect, on a ceci (constater la glotallisation) : - 0 tia'a ? Cho'â pouonh'é, Ta'a94. - Hn! Guien bè si'â? - Ehé? (ou Gue kéhé? Ka zou'ou !) Éh, 00 ! é dâha. Soussouë5 kouenn dâha. Ainsi ô tia ? (bonjour) devient ô tia'a ? ; ehn ? (quoi ?) se transforme en ehnn ? / ééh ; hn / 0 (oui) devient « 00» ; ka zoû (je n'ai pas compris) sera ka zou'ou, etc. . En pays bamiléké, tout homme ou femme dont l'âge (ou l'apparence) permet de croire qu'il aurait pu vous mettre au monde est interpellé par « papa »/ « père» ou « maman» / « mère ». Cela a induit une transposition de cette réalité sociologique en français, en anglais ou en pidgin english, entre autres langues de la région. En outre, il peut se trouver que l'homme rencontré ne soit pas nécessairement âgé, mais qu'il soit successeur d'un « papa» connu ou d'un notable suffit pour qu'on l'appelle « papa ». En vérité, cette réalité n'est pas seulement le propre des Bamiléké, mais de toute la région des Grassfields qui pratique quasiment les mêmes coutumes, les mêmes idiolectes et idiosyncrasies. Ainsi, traduire 0 tiâ, papâ?; gue tsèhè wou Ta'a Souop Talâh par « Bonjour, Monsieur,. je te (vous) salue, Monsieur Souop Talâh », c'est être non seulement trop formel, mais aussi se départir de la culture des Grassfields camerounais. . Certes ta'a et ma'a traduisent les termes français « monsieur» et « madame» / « mademoiselle ». Pourtant, ces mots bamiléké-bafoussam sont foncièrement empreints de respectabilité. En effet, dans les faits, ils sont employés soit pour marquer du respect, notamment à l'égard de dignitaires et autres personnalités, soit pour exprimer une certaine affection. D'un autre côté, on s'en sert souvent de manière ironique, notamment dans un contexte familier. 94
On peut aussi associer le nom ou le titre de notabilité, le cas échéant, à Ta'a. D'autre part, on a coutume d'entendre également des noms d'éloge (Ta'a belon, ta'a pékou, etc.) 95 Veut dire « s'il vous plaît» : il est régulièrement utilisé pour appuyer le sens du respect dû. Il est à noter que, selon les cas, soussoué peut se rendre par: « s'il te plaît» ou « s'il vous plaît ». Soussoué yé (litt: pardon I) est traduit par « s'il vous plaît », mais sans vouvoiement. 128
. En matière de salutation, on sait à l'Ouest Cameroun qu'il appartient seulement à l'aîné de tendre la main, que sa main est reçue dans les deux mains de l'autre, qui, en plus, peut, selon les cas, se voûter quelque peu le dos lors du geste de salutation. Pendant la courte conversation liée aux civilités, un certain écart physique est respecté entre l' âiné et son interlocuteur, alors que ce dernier doit éviter des gestes peu orthodoxes, croiser ses bras dans le dos ou se tenir les poignets tout en les gardant au niveau des cuisses. Le reste est observable dans toute société d'hommes: le plus petit évite de couper la parole à l'aîné, baisse le ton, se rapetisse dans la discussion, pose sagement des questions, etc. . Un fait terminologique essentiel qu'il convient de mentionner se rapporte à l'horreur que le Bamiléké éprouve pour les mots « demi-frère» et « demi-sœur ». A l'unanimité, on pense que ces noms sont plus réducteurs et dégradants que « frère consanguin» ou « sœur consanguine ». Il faut se rappeler qu'en pays bamiléké, le mariage polygamique, depuis des lustres, est la règle d'or. Il s'ensuit naturellement que l'homme a des enfants issus de plusieurs femmes alors coépouses, et que les enfants ne sont pas tous des frères et sœurs utérins. Alors que la notion reconnue de consanguinité englobe, dans son acception la plus large, tout lien de parenté du côté paternel (démi-frère de père, cousins et petits cousins paternels...)96, à l'Ouest Cameroun, le même concept subit un glissement sémantique, une enthropie imputable à l'envie de trouver un nom plus respectueux que « demi-frère» et « demisœur ». Car, dans la mentalité bamiléké, il n'existe que de frères et sœurs, et jamais de frères et sœurs « à moitié ». Dans ce contexte, c'est la définition de consanguinité la plus restreinte
96Consanguinity: "... kindred relationship by descent, either lineally, as in the case the father and son, or collaterally, by descent from a common ancestor: thus, cousins are related by collateral consanguinity, being descended from the same grandfather or grandmother" (Jowitt's, 2nded., 1977). 129
qui est acceptée: père».97
« lien qui unit les enfants issus du même
Salutation A l'Ouest Cameroun, en dehors du chef à qui l'on s'adresse en employant le terme Mo (cas des Bafoussam et leurs voisins), toute autre personne est désignée par Ta'a (litt : monsieur) ou Ma'a (madame, mademoiselle). Ainsi, si l'on peut traduire « Sa Majesté» ou « Son Altesse Royale» par Mo en bamiléké, il reste que les autres vocatifs ou formules d'appellation/salutation ne disposent pas d'équivalents. Il s'agit de: Monseigneur, Mon Révérend Père, Mon Général, Mon Colonel, Maître, Honorable, etc. A cet égard, inutile de rappeler que tous ces titres sont étrangers à notre culture, du moins à l'origine. On le sait de toute façon: la langue est le véhicule d'une culture donnée. En bafoussam, le verbe né tsè'hè (saluer) traduit également le substantif « salutation ». Mais on peut dire aussi: tsè'hè ou ntsè'hè, salutation. Les Bafoussam, comme tout Bamiléké, saluent à tout moment de la journée ou de la nuit. Par le passé, on saluait toute personne qu'on rencontrait dans la rue, au champ, au marigot, dans la forêt, partout. De nos jours, eu égard à l'urbanisation et à l'arrivée d'étrangers dans le territoire bafoussam, on n'assiste à des salutations touts azimuts qu'en zone rurale. La salutation est fonction de I'heure, de la personne que l'on a devant soi -inconnue, familière, notable, etc.), et, parfois, de l'humeur. A toute heure, les expressions suivantes sont employées indistinctement: - Gue tsè'hè.
- Je
te (vous) salue; salut.
- Gue tsè'hè woû. - Je te salue; je vous salue (vouvoiement). - Gue tsè'hè wé .-Je vous salue (vous, pluriel). - A mgueke ? - Comment vas-tu? ; comment allez-vous (littéralement: c'est comment?, avec m- qui se prononce). 97 Paul Robert, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Paris, éd. Société du nouveau Littré, 1975. 130
- Tchouong gue'ke? / Tchouong wa'ha? - Comment vas-tu ?; comment allez-vous? - A wa'hâ? -Comment vas-tu 7; comment allez-vous 7 (Régistre familier). N.B: En face d'un notable ou d'une personne âgée, il convient d'étirer les mots de fin de phrase, en signe de respect (lire ci-dessus: Expression de politesse ou de respect). En matinée, entre Ih du matin et Il h, le Bafoussam dit bonjour en se servant de l'une ou l'autre interrogtion suivante: o tia? (littéralement: as-tu dormi 7; avez-vous dormi 7 vouvoiement) ; Pé tia ? (avez-vous dormi? -vous pluriel ); A ti be wa'ha ? (littéralement: comment a été la nuit 7) ; 0 ti be wa'ha? /0 ti be gue'ke ? (Comment a été la nuit pour toi ?; comment a été la nuit pour vous? - vouvoiement) ; Pé ti be wa'ha ?/ Pé ti be gue'ke ? (comment a été la nuit pour vous? - vous pluriel) ; Djîh ti dè'a ? (littéralement: le jour s'est-il levé -pour toi, pour vous 7) ; etc. Entre llh et minuit, le Bafoussam dit bonjour, bon aprèsmidi ou bonsoir en employant les mêmes expressions -il ne distingue pas l'après-midi de la soirée dans la salutation. Il dira alors: 0 zoué'a ? / 0 zoué you'a ? (Littéralement: l'as-tu bien tué, le temps 7; l'avez-vous bien tué, le temps 7 -vouvoiement- ; c'est-à-dire: as-tu bien meublé ton temps ?..) ; Pé zoué'a ? / Pé zoué yé'a? (Avez-vous bien mueblé le temps? -vous pluriel) ; 0 dzouok né ba'a ? (Littéralement: tu t'es bien porté tout ce temps 7; vous-êtes-vous bien porté tout ce temps 7vouvoiement) ; A dzouok be wa'ha ? / A dzouok be gue'ke ? (littéralement: comment a été la journée 7); 0 zoué be wa'ha? / 0 zoué be gue'ke? (Comment a été la journée pour toi ?/ Comment a été la journée pour vous? - vouvoiement) ; Pé zoué be wa'ha ? /Pé zoué be gue'ke ? (Comment a été la journée pour vous? -vous pluriel) ; etc. Exemples de scènes de salutation:
.
(1) Gue tsè'hè, - Salut.
A mgue'ke ? - Comment ça va ? 131
A pièè., Bien [Sam youa ka ghe = Rien ne s'est passé. / Youa Ceka tam = Rien de neuf] o le mghe ? - Tu vas où ? Gue go msiam
/ De msiam.
- Je
vais au marché.
Te médah. Nwouak bé-â. - A bientôt. Garde-moi des provisions.
Hu! - Oui! / D'accord!
.
(2) Pé zoué be wa'ha ? -Bonjour /Bonsoir (littéralement: Avez-vous bien passé du temps ?) Djî chenn / Poc zoué te djî chenn. -Bonjour /Bonsoir (littéralement: Nous l'avons meublé jusqu'à ce que la nuit est tombée). Oho ba ! -Aurevoir. Hn. A tchia mo' dih. - Aurevoir (littéralement: Oui. A plus tard.). . (3) o tia, Melia. -Bonjour Marie (litt : As-tu bien dormi, Marie ?) [avec dans Marie, : r > I et a > e] Djî lè, Souenn'ékié. -Bonjour, Chéri (litt : Jusqu'à ce que le jour se lève, Ami du blanc). o koû vok vouenn gouenn'a ? -As-tu pu supporter les douleurs dues aux travaux champêtres? A né be. 0 ka noua kafè te tam'o ? -Tant bien que mal. Tu ne prends pas du café avant de sortir? Gue we diè tè. Pok gni kè'hè Hièlâ. Tchi' cho - Je suis très pressé. J'ai rendez-vous Je reviens bientôt.
avec quelqu'un
à la Chefferie.
En résumé, le principe de salutation est simple: le Bafoussam (comme tout Bamiléké), en saluant en matinée, se préoccupe de la qualité de la nuit de son interlocuteur (ô tia ? signifie littéralement: as-tu passé une bonne nuit ?). Et le reste du jour (jusque dans la nuit), il s'intéresse plutôt à ce que son interlocuteur a fait en journée (ô zoué yé'a? signifie littéralement: as-tu bien meublé ta journée ?). En cela, la 132
salutation n'est pas un souhait de bonne journée ou de bonne nuit que l'on adresse à autrui 4:omme en français, par exemple, mais plutôt une occasion pour demander comment l'autre a passé sa précédente nuit ou journée. En revanche, il existe des formules pour souhaiter une bonne nuit ou une bonne journée à quelqu'un: Zoué be tinn / Zoué ba'ba tinn ! -Bonne journée I (= Porte-toi bien toute lajournée I; Portez-vous bien... I-cas du vouvoiement) ; Pé zoué be tinn / Pé zoué ba'ba tinn ! - Bonne journée (litt : Portez-vous bien toute la journée I -à plusieurs) ; Ti a pouon! - Bonne nuit! (littéralement: Dors bien I; Dormez-bien I -vouvoiement) ; Pé ti a pouon ! - Bonne nuit I (litt : Dormez bien I -à plusieurs). * Remarque: Il existe en pays bamiléké un aspect assez particulier de la culture de ce peuple: non seulement on dit « Bienvenue! » (Cbo a pouon I), mais également on souhaite à celui ou celle qui s'en va de « bien monter» (pouenn dze ! / pouenn dze'o !) -si c'est une colline qu'il ou elle amorce-, de « bien descendre» (Fib dze ! / Fib dze'o !) -s'il ou elle est en train de descendre. Mais ce qui est plus singulier encore c'est de souhaiter à une personne qui s'assied de « le faire bien» (Tsou3'a98 pouon I). En fait, il s'agit pour l'assistance qui l'accueille de montrer combien on est content de sa présence. Et c'est alors l'occasion pour l'intéressé de clamer bien des interjections en signe de satisfaction, souvent en frisant un narcissisme destiné à provoquer une hilarité générale.
.
Quand on souhaite
à quelqu'un:
Pouenn
dze ou Fi'
dze, il répond par « 00 ! », la forme la plus respectueuse de « bn » ou « ô» (oui). . Quand on souhaite à quelqu'un de « prendre plaisir à s'asseoir» (né tSOU3a pouon), il peut répondre simplement par « 00 ! » (oui !), mais aussi par des interjections les unes plus croustillantes que les autres. Soit une conversation entre deux personnes (l) et (2) ; on a la configuration suivante: o 1. TSOU3a pouon, Ta'a Sa'diè ! o 2. Â di ! 98
C'est-à-dire
tSOU3 â pouon.
133
o 1. Tsoua a pouon, Titcha ! o 2. Benn te m'ho tchihi! (litt: j'accepte de faire secouer mes joues I) o 1. Tsoua a pouon, Ta'a DeCo! o 2. Poû tong-a lé dze! (litt: que l'on m'enterre le jour de sacrifices aux ancêtres des chefi !) o 1. Tsoua a pouon, Ta'a Dje Foka ! o 2. Gni le pégüî Diambou souong'é pa'a-ya ! (litt : que les femmes du quartier Diambou me soient offertes en récompense de mes prouesses I) o 1. Tsoua a pouon, Ta'a Souop ! o 2. Poû le bèyok de tchouop ! (litt : que l'on m'arrache la concession paternelle sans que je ne lève le petit doigt I) Il faut noter que plusieurs personnes déjà présentes se prêtent à l'exercice qui consiste à dire: « Tsoua â pouon ! » et chaque fois, l'interpellé peut amuser davantage en variant ses réponses, au gré de son intelligence ou de sa bonne connaissance des us et coutumes du village. Il a également là une occasion pour taquiner, à travers des interjections, ses amis et les membres de clans d'âge supérieurs, etc., le tout dans la convivialité. A la vérité, c'est davantage pour demander à quelqu'un d'être prudent qu'on lui exprime des souhaits. On traduira donc « tsoua a pouon ! » ou « tsoua dze ! » par «sois prudent /soyez prudent 1»; tout comme souhaiter que quelqu'un, littéralement, «descends bien» (fih a pouon! / fih dze) ou «monte bien» (pouenn a pou on / pouenn dze), c'est lui demander d'être prudent sur le parcours. On traduira donc l'un ou l'autre cas par «Sois prudent / soyez prudent ». Remerciements Le Bamiléké en général et le Bafoussam en particulier a plusieurs formules lui permettent d'exprimer un remerciement. Au-delà de l'emprunt français « merci» qui gagne du terrain de nos jours, on a toujours aimé employer des mots de la langue locale. Après avoir reçu un cadeau ou bénéficié d'un service inestimable, le Bafoussam remercie ne déclarant: gue tâm ga'a 134
toua-o (litt : [je suis si content que) je te tire un coup de canon au-dessus de la tête). Il peut également dire: metokwa ! merci ! o tâm ou encore 0 tâm noua neme (litt: tu m'as fait quelque chose !) ; Gue penn! 99, synonyme de Gue wamté (litt : je te loue, je loue ton geste) Lâh we tchong ! (Sens implicite: Que Dieu te /vous donne laforce de travailler pour aider ceux qui ne peuvent en avoir) Mèssi [Emprunt hybride au français « merci »]. Exemples de salutation: Tchouong wa'ha, mama? (litt: quelles sont les nouvelles ?) -Comment vas-tu, maman? Sam mo'ho ka tam. We tam-o lé? - Il n y a rien de nouveau. Qui t'envoie? Tékhoû Samuel né tam-a gue me cho ha pa'a-yo boû. C'est Samuel, père de jumeaux, qui m'envoie te donner ce paquet/sac. Gue penn ba? Tarn ga'a toua-é bime, 0 dzou'a? Metokwa ! - Merci. Transmet-lui mes remerciements. Encore merci ! Hn, marna. Gue si go sè'hè diâ. - Oui, maman. Je vais rentrer maintenant. Déplacements Quelques termes et expressions pratiques: hong poû gwap (litt : côté de la main gauche), côté gauche hong poû tinn, côté droit né sap / né fang'é, tourner /bifurquer mtéhé dze, carrefour né souong /né gham, dire / parler né té'té, indiquer / préciser né fih, descendre né pouenn, monter 99
Pris au pied de la lettre, signifie: «) 'accepte» ; «) 'apprécie ». 135
né le metoua,
emprunter une voiture [né le = 1. prendre, 2.
gagner, 3. emporter, emmener] né kou' tche metoua, monter à bord d'une voiture né lenn, remarquer /reconnaître Gue tchong wa dze ne go Houkaha. Medze ya wok'a ghe si? - Je cherche la route pour Houkaha. Quel est le chemin qui est court? o pouenn te nwak ka'wé-é, khoû poû kouop, ké ho don'dong te yo mâ tche zouom, â le sèhè sak. - Vous allez monter jusqu'en haut-là, bifurquer à gauche, continuer tout droit jusqu'au gros safoutier, et ce ne sera plus loin. Soussoué, la'té-a medze ne go Pardon (excuse/excusez-moi), montre / montrez-moi le chemin pour (aller à...) Fih ne dze-ye. - Descend/descendez sur la rue-là (la rueci). Honté boû moo gni. Kaze tsâ. -Demande à quelque d'autre. Je ne sais pas. Ho hooo ! 0 hè-è dze. Sè'hè te kouom mté'hé dze. -Q la la, tu (vous) t'es trompé. Rebrousse (rebroussez) chemin jusqu'au carrefour. Né honté (se renseigner, demander -avec le h de « honté » qui est aspiré). Né téhé be pah dekdek (se placer -s'arrêter- devant la maison en étage). Né tsamé (contourner). Chièhè dze (raccourci). Pâm chièhè dze. Chongouop le wong chièhè dze ! (Evite le raccourci. Une perdrix eut des ennuis en empruntant un raccourci I). Né ze (savoir, connaître). Né kouapté /né kouamté (se rappeler, se souvenir). Né hè-è (se tromper -avec h aspiré). Né pi (s'égarer). Te 0 dzoua ghe? Vous vivez (restez) où donc? Ge dzoua Douala. Soussoué, tchî go. Mèssi. -Je vis (reste) à Douala. Pardon, je m'en vais. Merci. 00 10. Te médah ! -Qui. A bientôt 1
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La nourriture Soussoué. Ye nam so'ho ? -Pardon (ou: s'il vous plaît), quelle heure est-il ? Nam'évou'ou we dzak meyoué. - Il en faut de peu pour neufheures. Gue penn, memâ! Yo be dih tseh kéke? Te bé gni yo guefoué si;Jm'â? Gue fe mkouop. -Merci, mon frère (ma soeur). Car c'est la période de faim, n'est-ce pas? Est-ce que quelqu'un peut trouver du maïs au marché? Je viens de « la région côtière» (très souvent Douala). A gnignéné gue pa si be dih tse, da'hâ bé 0 yo guefoué si;Jm diâ. - C'est vrai que nous sommes en période de faim, mais on peut trouver (voir) le maïs au marché maintenant. Achats Le commerce est une activité qui, dans toute civilisation, existe depuis la nuit des temps. Voici quelques termes utiles pour faire le commerce en bamiléké-bafoussam : si;Jm, marché né t:mg si;Jm (= faire le marché), 1. faire des achats; 2. vend né tang si;Jm mka'a (= faire le marché de sissongos),faire une affaire dont on ne révèle jamais la perte ou le gain yo'o la'a ? (Ceci coûte combien ?) a khepa'a doulèham, ça coûte 250F gue 0 zouenn yi;J tsab;Jm. 0 ha mekebé bime dze so'o ? (J'achète pour JOOOF. Tu me donnes combien de tas de macabo ?) nouong'é k;Jp na. (Paie l'argent /verse l'argent) dze, tas tsâh, grappe, tas né zouenn, acheter né ha k;Jp /né nouong'é k;Jp, payer l'argent, verser l'argent né zah (lift: couper), 1. donner à crédit; 2. prendre à crédit né hou, 1.prêter; 2. emprunter pé, bénéfice 137
né tchi pé, engranger un bénéfice m'mah,1. bonus; 2. intérêt (en matière de prêt) né fo', mesurer Z3p paa guéfoué-ye d3m YOU3 ne fo'. -Mets ce sac de maïs sur cette bascule fo' tah kilou mkouéné lèssi boume. -Mesure-moi un kilo de riz né koué, emballer YOU3mtè, marchandise (Pluriel: TSOU3 mtè) YOU3fenn-fenu'é (= chose à vendre), marchandise né tia tSOU3 mtè magaziu, enlever des marchandises du magasin ué fenn gwop pa'a, vendre la poule dans le sac; sens figuré: Pas d'enseigne, point de marchandise né tchen,faire le troc, échanger né senté tsoua mtè, étaler les marchandises kou'dah, étagère (intérieur) kouenn siam (= lit du matché), étagère, étalage fatelé / fatré, boutique tsi'si3m, lieu où l'on commerce, marché.
Nzouenn tah agnossi ne doulèham, Achète un oignon à 50F A doua'tè, ça coûte 25F Msekoû dah sekoû-poc tchouopto'o-muamtok'o, il y a 66 élèves dans notre classe Fok-é tchi pah mto'ékoua ne dông, sa coépouse a gagné une maison de 4 pièces à la loterie Gue fenn kouenh'é-wa ne tsatchouoptè-muamba d3m tsâkhetÎ, J'ai vendu mon vélo/ma moto à 325.000 F. A ho ne mboulOOba'a yo ghe'a poua tsa ghesam-ma, be ka' a t3m dah, Entre les deux millions de francs que tu as et mes sept cents mille francs, il n Jia pas match (littéralement: je ne suis pas sorti de la maison). 100Littéralement: boule / gros tas; est utilisé au sens figuré pour désigné le million, dont l'emprunt domestiqué ménéyon est le plus utilisé. Notez que le singulier de mbou est népou. 138
De lâ gouwa'a nzouenn m'nwouè-è dolar tsapa'a mdouatè, L'an dernier, j'ai acheté des livres à 2025 dollars. A ke nzouo, Tagne tam noba tÎ ne pe khou'di, Hier, Tagne est sorti ime parmi les coureurs. A tsem nwouè-è tsouté, 0 we noba tchouptÎmuamékoua, Dans le registre (le cahier) de la réunion, tu es le 43ème. Pé ti nzouo dzouenn lon-trossi noba tchouop'ékouamuamtÎ bime, Demain, achetez-moi un pantalon de pointure 34.
Néliè-tsoo metÎ / tsetÎ (1), Ces ignames jaunes sont trois. Ta'a Souop le mtche ta'tÎ(2) ne feh kouop kaa, M Souop a ramené trois bambous de la raphiale. Mpah meba'a tsam yoû, Il y a deux maisons derrière la tienne. Dans yetÎ, qui signifie trois, « ye » chute et cède la place à « tse» ou «me» à (1), ce qui est plus approprié pour le substantif correspondant; c'est pareil pour (2) où «yetλ devient «ta'tλ en raison du fait que les bambous sont des tiges. On dira également koukoû ta'tÎ = trois tiges de canne à sucre, kia mta 'tî = trois cours d'eau, etc. Bon à savoir: tsetÎ est utilisé uniquement pour les animaux et les choses (gouop tsetÎ, trois poules), ta'tÎ uniquement pour les choses, notamment des objets longs, et petÎ exclusivement pour des personnes. Le temps et l'heure Yoo léh dze: mkam si go kouenn néfâm te tam'a bouèdji -Aujourd'hui est un jour d'inactivité (champêtre notamment) : les notables vont entrer dans le panthéon (site d'inhumation des chefs) pour n'en sortir que le soir. o ti apta zouô ne kédjÎ we he ? A so thcong gue 0 ti tsiawa ne tsi, soussoué. -Où seras-tu après-demain? Il faudra que tu m'accompagnes quelque part, s'il te plaît. DjÎ chenn te mtouapah yenn ; 0 si djo wa'ha pégwÎ dia guienté mtsoû'a la ? -Traduction littérale: Quand la nuit
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tombe, les toits de maison marchent. Est-ce que tu vois comment les femmes se promènent maintenant dans la nuit ? Tam bon lanè khou, tséhé pégwî f;}ng ts;}rn rntou;}p;}plOl.-En période de fêtes de nouvel an (<<de bonne année »), certaines femmes trompent leurs époux (certaines femmes deviennent infidèles). A ti né we rnrnéhé fokdjî zouô, pé tèhè-wa gouenn. Yo be gJ.10Ûné soû na'a. - Demain, dès le grand matin, retrouvezmoi au champ. Nous sommes au mois de sarclage des champs. La santé En bamiléké-bafoussam, la maladie est désignée par wo (prononcé avec un ton bas), et « tomber malade» est rendu par néwo. A quelque chose près, il existe dans cette langue quasiment tous les noms des maladies connues dans la région. Et les rémèdes indigènes applicables à ces maladies ont très souvent pour nom l'ingrédient végétal ou animal utilisé, ou un nom de type «rémède de/contre X maladie », houa X (hOU;)rnegJ.1oû, remède contre la toux). Dans la région, la médecine à base des plantes est développée, de même que les traitements de maux dits de l'ordre du métaphysique (hantise, ensorcellement, troubles psychiques, etc.) Quelques termes et expressions: tou;}-a we bouh'a, j'ai mal à la tête, gue ghe tOU;}bou-pou' ou, j'ai des maux de tête tou;}-a we dzeng'a,j 'ai mal à la tête rnsouong-rna we dzeng, mes dents me font mal khou;}-o si gouè dzeng'o? -Ton pied (ta jambe) te fait encore mal? ka kouh dîh bi névarn-tsa né l;}rn'a, je n'ai pas dormi (cette nuit) à cause de mon ventre qui mefaisait mal docta wéh nékuité-tsi;} fokdji'a. - Le médecin a opéré son genou ce matin 101
mtoD<J, pluriel de dOD<J (mari, époux), normalement relié au nom par un trait d'union.
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ici avec
le possessif
(p<Jp)
guiang / guiang néh, 1. nerf; 2. veine / artère tsoûh, les reins, la hanche bang kouo, reins (organe interne) nka'té, dos fouông, blessure dzouongwenn, blessure, plaie youa mouè-mouèè, enflement nfe, pus mbè, abcès mtamté dzoua, boutons msâk,fesses (Singulier: néssâk, fesse) poû, main, bras (Pluriel: mboû, mains, bras) khoua, jambe, pied koutinn, dysenterie youa fo-fo'o, diarrhée tsoupou, choléra youa fo-fo'o we ghe' (= la diarrhée me fait), j'ai la diarrhée za'guieng we ghe mouenn hui (= les oreillons font le nouveau-né), le bébé souffre des oreillons wo mmîh, maladie des yeux wo louok, maladie du soleil wo tsoûh, mal de reins gué, filariose gué kouo (= filariose du dos), méningite gué tong, otite megJ.1oü,toux, bronchite megJ.1oûbap, tuberculose megJ.1oûkokelouchi, coqueluche L'asthme et les autres maladies pulmonaires n'ont pas de noms spécifiques: le terme «megJ.1oû té pouon » (grave maladie pulmonaire) renvoie à l'un ou l'autre cas. névam dok-Iok'é (= ventre bouché), constipation névam-tsa lok,j 'ai la constipation dzéh, selles dzéh fo-fo'o (= selles de diarrhée), selles liquides youa lam' é, mal de ventre youa pékhou, varicelle 141
pakbé, troubles de la rate ntsé, blennorrhagie (le terme assimile toute autre maladie semblable: syphilis,...) sida, sida suiang sida, sidéen / séropositif Sida be wo be tsa m'ne mtse, le sida est une maladie qui passe par le sang jidjiam,folie passagère pa'a,folie, démence khekhouenn,idio~éwurdi Mouenn-woo ghe tsoua wa'ha khekhouenn'a, Cet enfant-ci se comporte comme un étourdi fipa, fièvre [de l'anglais « fever»] pang, paludisme pang nkémé, neuropaludisme, typhoïde wo té houa, maladie sans rémède (autre appellation du sida, entre autres maladies intraitables) diabèt I wo choca tsam mtse (= maladie du sucre dans le sang), diabète wo kékap, mal de la poitrine, compression thoracique wo nétsam Iwo-étsam, maladie du cœur né zouangl wo né zouang, stress, dépression né tial né wi'hi, vomir youa güiwihi, vomissures né wi'hi, vomir / vomissement mtoû-mia ba pouté, ses intestins sont entrelacés (tah toû, intestin) msâk-mou souong (= tes Jesses -rectum- sont ressorties), tu souffres d'hémorroïdes houa, remède, médicament bang houa, comprimé (de médicament) houa koutinn, remède ontre la dysenterie houa mzouok, remède contre les démangeaisons houa ne tchian, remède pour la glaire houa fipa, remède de la fièvre néghéé, herbe né fa' houa (=travailler à l'aide des remèdes), soigner, traiter 142
né pouèh gni, traiter quelqu'un (=I- né pouèh, être fatigué; né pouè, verser) guiang fa' houa, guérisseur, herboriste guiang nékien, pratiquant de la magie, grand guérisseur (y compris des cas mystiques) kwop'tche, écorce d'arbre mnang, huile de palmiste mhouom nam, waisse d'animal tap'tche, fruit d'arbre tsa'ha, terre (pan tsa'ha, terre rouge terre rougeâtre; Sesse tsa'ha Ise tsa'ha, terre noire). miclobe (néologisme récent -avec r> I), microbe tsoutsoua, ver (terme générique: désigne les ascaris, les filaires, le ténia, le ver de Guinée, etc.. .) A propos des jurons Le peuple bamiléké en général et le groupement Bafoussam en particulier se singularisent aussi par la nature et la profondeur de leurs jurons. Autant ils sont des messages envers Dieu et les hommes, autant il s'agit des expressions qui provoquent en l'interlocuteur, du rire, de la pitié, de la méditation.. .Ainsi, un Bafoussam qui jure être en train de dire la vérité s'exprime en ces termes: Si'ze! (Au nom de Dieu! Dieu témoin I). Cependant, il peut jurer, traditions et coutumes obligent, sur « la tête» d'un être cher décédé, sur la perte (au propre comme au figuré) d'une chose particulièrement chère qu'il a perdue, etc. : Le tâ-a wé le ho'a ! (littéralement: au nom de mon père qui s'en est allé I); Le dja-a (wé le ho'a)! [litt: Au nom de ma mère (ou grand'-mère) qui est partie]; Le po'mma-pâ pé wap tsam tsa'a lâ ! (Litt : Au nom de mes frères et sœurs qui sont sous terre I); Le Metémo wé lé dzap'â wa'ha la! (litt: Au nom de Metémo qui m 'a laissé comme ça I);
Le bè-yoc ! (litt : Au nom de ma concessionpaternelle!
-
évidemment perdue);
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Le na-a yo'o ! (litt : Au nom de mon corps-ci! - dont on a perdu la beauté ou la jeunesse d'antan); Le mâ-a Mefomdjo bm sih ! (Utt: Si je mens, que ma mère -ou grand' -mère - Mefomdjo se ressuscite I).
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TROISIÈME PARTIE
CULTURE
L'ONOMASTIQUE Les Bafoussam se basent sur des situations très variées pour attribuer des noms à des personnes et à des lieux. Noms de personnes S'agissant des noms de personnes, les Bafoussam se sont limités, avant la « colonisation» franco-britannique, à baptiser les nouveaux-nés avec un nom de famille. Le nom de famille, qui s'hérite le plus souvent du grand-père à ses petits enfants, peut renvoyer à plusieurs choses: 1. Le nom d'un ancêtre, sans signification apparente: Fotso ; Fotiè ; Nwafo... ; 2. Un message du père de l'enfant: Sibefo (Dieu est roi) ; Dassi (Il n y a que Dieu) ; Kayo (Je n'ai rien vu -enfant qui arrive après plusieurs déceptions dues à des décès précoces d'enfants) ; Wezezouo (Qui sait de quoi demain sera fait?) ; Dabouen (Famille où règne la mésentente); Tafam (Qui retrouve un foyer abandonné: bébé qui naît à la mort de son père) ; Koagne (enfant qui naît à la suite des jumeaux dans la famille) ; Passi (Sac de Dieu) ; Palé (Regardons !) ; Pachong (Cherchons !); Nouebissi /Nouemsi (Tout est à Dieu); Gounoua (Année d'événements); Lénoua (Jour mémorable); Tsamsouon'we (A qui me donner de la tête?); Gnitéyo (Quelqu'un que personne ne voit), Bou'zeke (L'innocent n'est sait rien), etc. 3. Une prouesse, un exploit: Sa'diè (Celui qui sait juger et combattre) ; Wéguep/ Gouénam (Celui qui dépece et distribue les carcasses de gibier); Sa'guap (Celui qui arrache pour distribuer -le Robin des bois) ; etc. 4. Une caractéristque physique ou mentale: Nébouè (Qui se fatigue vite) ; Ma 'bou (Qui est nonchalant) ; Fogou (Chef en matière de force); Tadi (Grand athlète); Ta'mah (Grand lanceur) ; etc.
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Toponymie Quant aux noms de lieux, il y en a plusieurs qui ont une signification. En voici quelques uns rencontrés chez les Bafoussam : Houkaha (Plaine couverte de sissongos -roseaux) ; Dzou3's3m (Ouverture d'une tranchée); Tou3gnè (Tête de rhinocéros -lieu où un chasseur exhiba une tête de la bête en question en signe d'exploit, vers le XVIe siècle) ; Gouenn Fo Taghe (Plantation du ChefTaghe) ; Gou'gouon (Lieu où on écrasa du monde -à l'époque du Maquis, 1957-1964) ; Tsi Tsou3kè (Lieu où jure de respecter les lois séculaires); Diandaml Diengdam (Lieu où sont installés les gens venus de Ndam -c'est-à-dire, de Mbouda) ; Médzi (dérivé de Nédzi, lieu qui prospère) ; Tou3kouop (litt : Tête du bas-fond); Djouenn (Achat; lieu de commerce), Bandjoun; Bè Long (Ceux qui visent habilement -renvoie au groupement Baleng voisin) ; Vava (Lieu où l'eaufait vac vac -renvoie au sous-quartier de Bamendzi où il y a une chute sur le principal marigot) ; Kâm (Crabe -nom de sous-quartier Diambou: on en ignore l'origine de ce baptême). LA DIVISION DU TEMPS La division du temps telle que conçue par les Bamiléké en général et les Bafoussam en particulier prévoit, entre autres, la minute, l'heure, la matinée, la soirée, le jour, la nuit, la semaine, la période /saison, le mois, l'année. Les iours Parlant des jours (mlédjî) de la semaine (gu3pdjî), il faut dire que les Bafoussam ont créé une semaine non pas de sept jours, mais de huit (8). Du premier au dernier, il s'agit de : 1er: lepfo; 2e. chienkouo ; 3e. ndze-dze; 4e. tamdze; Se. S3nsou ;
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6e. Dgossa'a ; 7e. dzemtè102 ; Se.Ddza'aloDg. Pour ceux qui ont de la peine à ajuster ces jours aux noms français ou anglais de la semaine, il a été forgé des noms à l'image de ce que propose la langue anglaise, une sorte de créolisation : mo'dé (lundi), apta mo'dé (mardi), apta-apta mo'dé (mercredi), lédji'â dz;}m léh mè-sekouâ (jeudi), léh mè-sekou (vendredi), sassedè (samedi), so'dé /soodé (dimanche). Mais cela ne traduit pas clairement la division du temps au cours des 24 heures d'un jour. Le Bafoussam connaît l'aube (m;}m fokdjÎ), le matin (fokdjÎ), l'heure du lever du soleil (kédjÎ), midi (môktchi), le soir (bouèdjÎ ), le crépuscule (tchoueDte'djÎ), la nuit (mtsoû), minuit (moktchi mtsoû). Pour exprimer l'après-midi ou un moment compris entre 19 heures et minuit, par exemple, le Bafoussam est obligé d'utiliser une périphrase (comme ti;}m'mtsoû : une heure tardive -23h-2h-), ou, surtout, de faire recours à la notion d'heure: tâh Dam I tah Dam (une heure; 13 heures aussi) ; Dam pa'a (2 heures; 2h du matin = Dam pa'a fokdjÎ - 2h du soir ou 14h = Dam pa'a bouèdjÎ); Dam tÎ (3h; ISh); Dam'ékoua (4h; 16h); etc. Tah Dam (lh; 13h), Dam pa'a, etc. signifient littéralement: un soleil, deux soleils, etc. Pour spécifier l'heure du matin ainsi que celle de l'après-midi ou de la soirée, le locuteur bamiléké-bafoussam ajoute, à la suite du temps, les substantifs fokdjÎ (matin) et bouèdjÎ (après-midi, soir). Les mois S'agissant des mois, la langue se révèle assez pauvre puisqu'elle n'est pas parvenue à combler les vides dont elle a fait étalage au lendemain du contact de la culture bamiléké avec son homologue occidental. De fait, il se trouve que le Bamiléké, à l'origine, n'a pas divisé l'année en mois, mais plutôt en périodes, lesquelles sont naturellement plus longues que les mois du calendrier romain. Il s'ensuit qu'en pays bamiléké, on ne se réfère aux douze mois de l'année romaine qu'au moyen des numéraux cardinaux faisant office d'ordinaux, accompagnés du nom générique du mois, g oû. En réalité, ce 102
Encore
écrit dzamtè.
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mot désigne à l'origine la période comprise entre une menstruation et la suivante chez une femme. Ainsi, quand une femme saigne, on dit métaphoriquement qu'elle « voit une période» (né yo gf.1Oû). C'est dire qu'avant l'arrivée du christianisme, le calendrier bamiléké était constitué de mois lunaires, donc de 28 jours (gf.10Û,mois, est dérivé de megf.1oû = lune). Quant au nombre de mois dans l'année, nos enquêtes n'ont pas révélé grand-chose, mais on pense que le cycle d'activités, notamment champêtres, permettait aux Bamiléké de faire le décompte. Le mois lunaire étant de 28 jours, aller du « mois des sémailles de maïs» (qui correspond à mars) au même mois l'année suivante donne 13 mois l'année, c'est-àdire 13 mois de 28 jours chacun, un calendrier parfait. Aux 364 jours (28x13), il faut ajouter 11/4jour pour obtenir les 3651/4 jours pendant lesquels la terre fait un tour complet autour du soleil. Il s'agit, à côté du calendrier de 12 mois de 30 jours, du calendrier égyptien de prédilection, l'un des nombreux héritages des ancêtres bamiléké, les premiers habitants d'Egypte. Il apparaîtra avec l'arrivée de la civilisation occidentale que la période comprise entre deux menstruations coïncide presque avec la durée d'un mois du calendrier romain, d'où la conservation du nom gf.10Ûpour le mois. Le calendrier gréporien ayant supplanté le calendrier lunaire, on a désormais douze mois, que le Bamiléké va tout simplement numéroter: dongbe gf.10Û(=1 er mois, janvier), gf.10Ûpa'a (2e mois, février), gf.1oû'tî (3e mois, mars), gf.1oû-ékoua (4e mois, avril), etc.
Les périodes ou saisons Cette division repose sur des cycles atmosphériques, ainsi que sur diverses activités qui occupent les gens de la région. En conformité avec le climat de la région, les saisons sont divisées en saison sèche (assez courte: environ quatre mois) et en saison de pluies (plus longue). Par ailleurs, il y a des périodes, qui englobent deux ou trois mois, et qui tiennent à certaines activités, en particulier agricoles. Ces périodes sont des dih et on en distingue plusieurs:
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Dih dji'naa (période de labour: entre août et septembre) ; Dih sou'mkouéné (période de sarclage des champs de haricot: entre octobre et novembre) ; Dih bou'mkouéné (période de récolte du haricot: entre décembre et janvier) ; Dih (né) kouom na'a (période d'écobuage et de préparation des champs: entre février et mars) ; Dih beh tsoU3 (période de semailles: entre mars et avril) ; Dih tse (période de vaches maigres: entre mai et juin) ; Dih pfoué guefoué (période du maïs frais: entre juin et août) ; Dih tchiè guefoué (période de récolte du maïs: fin juilletaoût). Il va de soi que les Bamiléké ont toujours été des agriculteurs et que Bafoussam est resté une ville paysanne jusqu'à nos jours. Quoi de plus normal donc que de s'appuyer sur l'activité agricole pour procéder à une division du temps? La notion d'heure Pourquoi la notion d'heure est exprimée au moyen du soleil (nam) ? Selon la tradition orale, la notion du temps en pays bamiléké s'est toujours fondée, depuis les origines de ce peuple, sur un astre que d'aucuns durent d'ailleurs déifier: le soleil. Le lever du soleil, l'évolution de ses rayons en fonction des mouvements de l'astre, la position et la taille des silhouettes permettaient et permettent encore aux Bamiléké d'évaluer plus ou moins exactement l'heure qu'il est. Cela dit, il est incontestable que la raison est la chose la mieux partagée chez les humains. A y regarder de près, « l'horloge indigène» des civilisations africaines ressemble étrangement à celui des Romains et, surtout, celui des peuples du Nil, du Sahara, ou des civilisations précolombiennes d'Amérique: Mayas et Astèques, entre autres, se sont servis du soleil pour obtenir l'heure. Mais il y a plus chez les Bamiléké: ils sont parvenus à maîtriser les chants d'oiseaux et à en décoder les messages liés à la notion d'heure.
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Au village Bafoussam comme partout à l'Ouest Cameroun, les habitants savent exactement à quelle heure les tisserins sont plus ou moins muets, à quelle heure ils sont bourdonnants, etc. Ils maîtrisent parfaitement le décryptage horaire contenu dans le chant d'une perdrix de buisson, d'un « toutou'ou » de tout autre sorte d'oiseauI03. L'heure, la minute, la seconde En bafoussam-bamiléké, l'heure est spécifiée seulement au lendemain du premier contact avec le christianisme. On demande l'heure en employantle terme local «nam» (litt: soleil), et on répond en employant le même mot: -y e nam so'o? No'o nam so'o?, quelle heure est-il? -Yo nam'tî mh3p, il est trois heures et demie (ou quinze heures et demie) ; mais pour préciser le temps qu'a duré un événement, on emploie plutôt «hawa », emprunt hybride de l'anglais « hour» : Gue tSOU3hawa tok'ô tsia né pi3p'o, j'ai mis six heures ici à t'attendre,. Né Ce Buea go Yaoundé ghe hawa so'o? = Combien d'heure ça prend pour aller de Buea à Yaoundé? L'expression de la minute est également attribuée au contact avec le Blanc, et le terme demeure un emprunt hybride de l'anglais ou pidgin english « minute» : ménék. Exemple: Pé ke né sèhè dah ghe hawa pa'a ghe ménék muamba'a = Vous êtes rentrés hier à la maison en deux heures vingt minutes; A dâ ghe ménék tchouoptè-muamtî wa'ha DeCo nouong'é la = ça fait déjà vingt-cinq minutes que Defo s'est couché. Quant à la seconde, on a jusqu'ici les mots «kam »,« kam'é» et «kam tam» (litt: laps de temps, fraction de seconde) pour l'exprimer. Poc'a kiè kohong-yo'o koua kam'é Cokdjî, le matin, nous avons franchi cette clôture en une seconde; 0 ghe mé kam tam' 0 ? A tchong gue pou nah gamté = Tu as une seconde? Il faut que nous (toi et moi) parlions un peu.
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Il en est de même de quelque chant d'oiseau annonçant une visite, l'arrivée de la pluie, l'échec d'un rendez-vous, etc. 152
Référence temporelle dans un récit Trois procédés existent: (a) Traduction des expressions « c'était à X période» « a le be dih X» ,. « c'était à X mois» = « a le be gllOû X» ; « c'était à X année» = « a le be gou X» Exemple: é le dzouenn metoua-wi;) dih tsou, il a acheté sa voiture en temps de guerre; Sa grave maladie, c'était en septembre dernier, Wo-é yi;) gwi;) le be ne gf.1oû-évou'ou ya le tsa'a. (b) Utiliser « a ghe » (il y a) Exemple: A ghe gou tok'o wa'ha ka yo bê-yoc'a, six ans que je n'ai pas revu mon village.
il y a
(c) Cas d'oubli: se référer à un événement majeur qui a eu lieu peu avant ou après la date oubliée. Exemple: a le be dih Maki, c'était en période de « Maquis », c'est-à- dire la fourchette 1957-1964 à l'Ouest Cameroun (époque de la guérilla des « maquisards» proUPCistes). En ce qui concerne une précision exacte d'une année, etc., les langues bamiléké n'ont aucun moyen de le faire. Par exemple, il est difficile pour un Bamiléké non lettré de retenir l'année de l'indépendance du Cameroun; il dira simplement: gou'é Cameloum le kui néh-é bou P;)n-gouop (l'année où le Cameroun devint indépendant), ou, gou P;)n-gouop le tak gouon'a (litt : l'année où le Blanc quitta le pays). Quelques termes et traductions: lia, aujourd'hui ledji-yoo, ce jour-ci bouèdji, soir fokdji, matin zouo, hier (le temps verbal étantau passé) fokdji zouô, hier matin bouedji zouô, hier soir zouô, demain (avec le temps verbal au futur) 153
apta-zouô, avant-hier (temps au passé) apta zouô, après demain (temps au futur) apta apta zouô, le surlendemain (avec le temps au futur) apta apta zouô, le jour d'avant-hier (avec le temps au passé) ; a ghe... , il Y a de cela... a da' ghe léh Déhamo, il y a de cela huit jours déjà a si tchih guap pa'a, dans deux semaines / il manque deux semaines mtsoû, nuit (le m initial est prononcé) moktchi, 1. Midi / 2. En plein jour léh /Iédjî,jour guapdji, semaine gJ.1ou, mois
gou /goudjî, année tam, temps Dam, heure / soleil- dire: tâh Dam, une heure /treize heures, mais: tâh hawa, une heure d'horloge; a ghe hawa pa'a wa é ho tossouoDg'a, cela fait deux heures qu'il est allé en ville dih, moment / période ka ghe tâm Dé piap (je n'ai pas du temps pour attendre) ; koh si tOUÔD: yoo kédjî (le coq chante: c'est l'aube) ; Dam bî De tchouéDtédjî (le soleil s'éteint au crépuscule). leh dze (jour férié, jour de sacrifices et de visite des tombes) : Jour où, en raison de certains rites prévus à la chefferie, il est interdit de mener une quelconque activité agricole ou celle qui provoque du bruit. Mais au départ, selon certains, il s'agissait du léh dzaDg, c'est-à-dire le jour de la semaine qui était consacré au repos et pendant lequel on se scarifiait le corps en signe d'embellissement (Né zaDg Déh, scarifier le corps). La scarification du corps dans le but de s'embellir aurait été pratiquée par les Bamiléké jusqu'au XVe siècle. Cette pratique était réservée aux femmes mariées qui, une fois par mois, se faisaient de petites entailles aux joues et aux poignets notamment. Le jour de repos était donc le jour de la semaine où les hommes se retrouvaient à la cour royale pour discuter tandis 154
que les femmes s'embellissaient soit en se scarifiant le corps, soit en s'embaumant de la pâte de padouk (<
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longâ ne souok néh (= seau pour se laver le corps), seau de toilette; kuian néh-o poua blossi (brosse-toi [avec la brosse]) ; tsité néh-o pou pouong'é (frotte bien ton corps) ; né tok néh poua tawélé (sécher le corps à l'aide d'une serviette) ; né lé néh ne kéh (litt: regarder le corps au miroir), se mirer. HABILLEMENT né khouè nzoua (=porter l'habit), s'habiller; sadja (pagne) ; tonka nzoua (= habit que l'on porte sur le tronc), haut; gilè (gilet; pull-over); cout (veste); long-trossi (pantalon); [trossi, de l'anglais «trousers »] kam-trossi (culotte); drossam (caleçon) ; lon-bou nzoua (chemise; tenue à longues manches) ; sayon (long boubou); kam sayon (boubou); né koué touon (=attacher le cou), porter une cravate; houa déwa (=feuille de tabac, au sens figuré: cravate) ; né ha ki(dah) bi sata (= donner la clé à Satan, pour dire: être bien habillé) ; kaba (confection en kaba, style d'origine douala) ; sitok (chaussette - msitok, pour le pluriel) ; bp /mtap (chaussures) ; sélepassi (sandales; sandalettes) ; tap kia (chaussure plastique) ; tap gwop (chaussure en cuir) ; bp khe (l.chaussure avec lacets; 2. chaussures à cordes) ; tap bot (bottes) ; tap talon (chaussure à talon) ; lala tap (chaussure basse).
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Pendentifs -bijoux tigwia (collier) ; tigwia mtou (perle) ; bah tông (boucles d'oreille) ; koueng'e poû (bracelet) ; wassi (montre) [de l'anglais «watch »] figalé (bague) [de l'anglais «finger ring»] LA FAMILLE Chez les Bamiléké en général et dans le groupement bamiléké-bafoussam en particulier, la famille, touondâ, revêt une importance capitale et se décline en : - grande famille (famille élargie), touondâ ou touondâ gwi; - petite famille, méyoua touondâ ou mé touondâ ; ou en : - famille maternelle, touondâ ma'â ; et - famille paternelle, touondâ ta'â. La parenté Chez les Bafoussam comme partout chez les Bamiléké et autres peuples des Grassfields camerounais, l'arbre généalogique d'une famille est aussi ombragé que la complexité des relations, car aussi lointaines que sont ces relations, on s'y agrippe tenacement. En ce qui concerne les membres les plus proches de la famille, il convient de retenir la terminologie contenue dans le tableau qui suit. On entendra par terme d'adresse le vocable utilisé pour interpeller, le vocatif. Le tableau est loin d'être exhaustif. Termes f(énériques Nté k;Jp (litt : celui qui « acheta la sémence » de la famille)lo4: dernier ancêtre connu Megu;Jp gwuè (litt : celle qui donne la
Terme d'adresse Ta'a Ntep k;Jp Ma'a Megu;Jp
104 Il faut en comprendre qu'à l'époque, le chef de famille considérait sa femme qu'il dotait assez cher (donc « achetait ») beaucoup plus pour le fait qu'elle allait donner des enfants que pour toute autre chose, d'où l'idée de « semence ».
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« sémence », la famille) ; première ancêtre connue Ta'a ta'a ma'â : arrière Rrand-père maternel Ta'a ta'a ta'â ; arrière ~rand-pèrepaternel Ma'a ma' a ma'â : arrière grand-mère maternelle Ma'a ma'a ta'â : arrière ~rand-mèrepaternel Ta'a ma'â : grand-père maternel Ta'a ta'â : ~rand-pèrepaternel Ma'a ma'â : grand-mère maternelle
Ma'a ta'â : grand-mère paternel
gwuè
Ta'a : wand-père Ta'a : grand-père Ma'a : grandmère; Dja-a : ma grand-mère (littralement : celle qui m'a bercé) Ma'a ; grandmère; Dja-a : ma ~rand-mère
Ta'â ; le père Ma'â : la mère Tsabe ma'â wi3 mégwî: tante maternelle (litt : grande sœur de la mère)
Tsabe ma'â wi3 mébenh'é : oncle maternel (grandfrère de la mère)
Tchidz3m ma'â wi3 mégwî: tante maternelle (petite soeur de la mère)
Tchidz3m ma'â wi3 mébenh'é : oncle paternel (petit frère du père)
Tsabe ta'â wi3 mébenh'é : oncle paternel (grandfrère du père)
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Papâ : papa Mamâ : maman Mamâ (on suppose que, de par son âge, elle aurait pu vous engendrer) Papâ (on suppose que, de par son âge, il aurait pu vous engendrer) Dja-a (si assez jeune) ; mamâ (si elle pouvait, de par son âge, vous engendrer) Dja-a (si assez jeune) ; papâ (s'il pouvait, de par son âge, vous engendrer) Papâ (on suppose que, de par son âge, il aurait pu
Tsabe ta'â wi3 mégwî : tante paternelle (grande sœur du père)
Tchidz3m ma'â wi3 mégwî: tante paternelle (petite sœur du père)
Tchidz3m ma'â wi3 mébeDh'é : oncle paternel (petit frère du père)
MoueDD mema'a ta'â : enfant du frère ou de la sœur du père (cousin / cousine parternelle) MoueDD mema'a ma'âlU5 : enfant du frère ou de la sœur de la mère (cousin/cousine maternelle) MoueDD tsabe wi3 mégwî : enfant de la Rrande sœur (neveu/nièce) MoueDD tsabe wi3 mébeDh'é : enfant du Rrandfrère (neveu /nièce) MoueDD tchidz3m wi3 mégwî : enfant de la petite sœur (neveu/ nièce) MoueDD tchidz3m wi3 mébeDh'é : enfant du petit frère (neveu /nièce) Ntse : beau-fils; beau-père
vous engendrer) Dja-a (si assez jeune) ; mamâ (si eUe pouvait, de par son âge, vous engendrer) Dja-a (si assez jeune) ; mamâ (si eUe pouvait, de par son âge, vous engendrer) Dja-a (si assez jeune) ; mamâ (s'il pouvait, de par son âge, vous engendrer)
Papâ :papa (quand « Dtse » renvoie au beaupère)
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Mais ces termes, puisqu'ils ne spécifient pas le te type de frère ou de sœur de la mère ou du père, renvoient aussi à d'autres personnes de la famille de la mère ou du père, selon les cas. «Le frère ou la sœur du père », dans la conception bamiléké, peut être son cousin, son grand oncle, son petit cousin, son frère consanguin (demi-frère), etc. Pour spécifier de sorte que le terme se traduise uniquement par «cousin» ou «cousine », on devra parle du « fils/fille du grand frère du père» (<<Mouenn tsabe ta'â wi3 mébenh'é »), etc. 159
Gwam Ima'a mé wÎ: belle-mère Ta'a mégwÎ : beau-père (litt : le père de la mariée) Medoua : belle-mère (littéralement: la mère de mon mari -c'est la mariée ui arle) Touondâ mégwÎ : belle famille (litt : famille de la femme) Touondâ doua: belle famille (litt : famille du mari) Mouenn mouenn: etit lis/ etite Ille Woo mouenn mouenn-a : c'est un petit fils; c'est ma etite Ille (Rappel: Pluriel de mouenn = pô I po ; Poo pô po-pa: Ce sont mes petis enfants)
Mamâ : maman Papâ : papa Mamâ : maman
(Rappel: Pluriel de mégwÎ Imégüî = pé wÎ I é üî)
Il est important de faire une ou deux remarques: 1) Comme on l'a dit dans la rubrique concernant la politesse et le respect, le Bafoussam s'adresse à toute personne pouvant avoir l'âge de son père par « Papâ» ; c'est la même considération qui est portée à toute femme d'un certain âge. De nos jours, on fait encore plus en appelant par « papâ » ou « mamâ» tout homme ou femme ayant atteint un âge raisonnable (plus ou moins 45 ans et plus) et qui est l'aîné du locuteur de plusieurs dizaines d'années. Evidemment, l'oncle ou la tante qui a un âge de 10 ans seulement supérieur à celui de son neveu reçoit de lui le titre de « Dja'a ». Si cet oncle, par contre, a une vingtaine d'années de plus que son neveu, ce dernier devrait appeler son oncle papâ. 2) Cette généralisation des signes de respect s'étend également chez les mariés envers leurs beaux parents. D'ailleurs, il est inadmissible qu'un marié appelle son beaupère par son nom ou prénom, par exemple. Le mariage On le désigne par le mot très symbolique lambda (littéralement: faire sien(ne) une femme / un homme qui vit avec soi dans une maison).
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Le mariage est conclu généralement par le truchement de la famille du garçon et celui de la fille. De part et d'autres, des enquêteurs, pe chui tchouam (né chui tchouam = enquêter), disposent de quelque temps pour évaluer la moralité de celui ou de celle qui veut épouser leur fille ou leur fils. Par le passé, certaines étiquettes pouvaient coller à la peau de certaines familles pendant des décennies: famille de putes, famille de délinquants, famille de sorciers, famille de kleptomanes, etc. Si le garçon qui demande la main d'une fille est membre d'une telle famille, ou si cela arrive à la fille qui veut se marier, les négociations sont rendues très difficiles par de telles étiquettes. Lorsque le mariage est conclu, la dot, tsoua né ne kouenn mégwi (titt : choses pour doter une femme), est constituée, pour l'essentiel, de tines ou de calebasses d'huile de palme, de fagots de bois de chauffage, de sac de sel, du vin de raphia et du vin rouge, un peu d'argent, de la kola, du plantain pilé accompagné de pattes de porc... Quelques termes liés au mariage: né yenn ne mégwi, faire des démarches pour un mariage tsoua né ne kouenn mégwi, la dot (les choses nécessaires pour doter une femme) kuiam lang, tine d'huile tih leng, calebasse d'huile boh pfe, fagot de bois gwang, sel mlou kâa, vin de raphia mlou medjoga, vin rouge népeh, kola kélouon bap guénam, plantain accompagné de la viande de porc népoû ma' a ta'â, boule de plantain pour la grand-mère paternelle de la mariée (offre obligatoire) kap guepenn ta'â / guepenn ta'â, l'argent donné au père de la fille pour le remercier d'avoir accpeter de donner la main de celle-ci guepenn ma'â, une part moindre destinée à la mère de la fille pour les mêmes raisons 161
né koh nésouong, éclater de rire (la jeune, qui était couverte d'une page, s'en débarrasse en éclatant de rire, lors de la grande cérémonie, en signe de joie) né tchoh mégwÎ, bénir la fille (par les soins de son père, avant qu'elle n'aillent rejoindre son époux) né ha bièè, bénir. né tchoh lambda, suspendre des démarches pour un mariage (fait par le père de la fille lorsque insatisfait). Remarquer le sens différent du verbe né tchoh, interdire. Rituel de consécration du mariage: Dialogue entre père de la mariée et la mariée. Te 0 penn doua-o woo la? Te 0 kouong'é la? -Tu acceptes vraiment ton mari-ci? L'aimes-tu? Hn, papà. Gue kouong'é; gue penn'é. -Oui, papa. Je l'aime,. je l'accepte. Ke daté gue 0 koung'é lé ? Souong-woc. -Qu'est-ce qui montre que tu l'aimes? Dis-le-nous! Gue sang noua né tè, té zà'ha. Agni wé gue ha nétsamtsa bihi la. -Je pense beaucoup à lui, tout le temp. C'est celui à qui j'ai offert mon cœur. Te 0 ze gue péhé go là tsoua te néwou né hapté wé'a ? Sais-tu que vous vivrez ensemble jusqu'à ce que la mort vous sépare? Hn, papà. - Oui, papa. Le be gue penny a. Sèh népeh-tsoo pfoué tah pac, ha tah pac bou doua-o. -Dans ce cas, je l'accepte aussi. Fends cette kola, mange un quartier et donne un quartier à ton mari. Tehoué mlou kaa-moo noua, sè'hè ha bi doua-o é noua yia. -Porte ce vin de raphia, bois-en et donne à ton mari afin qu'il boive aussi. Té dia be mégwÎ pou doua-é. Tsapo sÎh pant éwé. poe we biap pô. - Vous êtes maintenant une femme et son époux (mari et femme). Que Dieu vous garde! Nous attendons des enfants.
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La naissance A l'Ouest Cameroun, la naissance d'un enfant au sein d'un couple est d'autant plus importante qu'un mariage sans enfant a toujours du plomb dans l'aile et risque d'échouer. La naissance est traduite par une périphrase verbale: né tse (semblable au verbe dérivé né tse = accoucher). Quelques vocables relatifs à la naissance d'un enfant: mouenn, enfant mouenn hui, bébé, nouveau-né mouenn mégwÎ,jille mouenn mébenh'é, garçon néchiam, grossesse gwÎ-a néchiam, ma femme est enceinte si zap gwÎ-a (litt : Dieu a donné une charge à ma femme), ma femme attend un enfant né we néchiam, être enceinte né tse, accoucher né yo gptoû, voir le mois (= avoir ses règles, avoir ses menstruations) né tÎh poua mébenh'é, faire l'amour avec un homme (litt : dormir avec un homme) népouenn, lait né hâ népouenn bi mouenn, donner le lait à l'enfant né nouong'é mouenn, allaiter le bébé gue we souok mouenn,je suis en train de laver l'enfant go Iou tsihi wia, sè'hè khouè nzoua néhé. après, je vais l'oindre et l 'habiller pé nang koukoulou bi mouenn-woo, faites de la bouillie pour cet enfant-ci néghiak, jumeau (pluriel: mghiak) Tchimcthoua / Tchoumtchoua, nom donné à tout enfant qui naît en sortant les pieds avant la tête (indistinctement donné à un garçon ou à une fille) khong mghiak, cadet immédiat de jumeaux (litt: qui discerne les jumeaux)
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Koagne, non propre donné au cadet immédiat de jumeau (nom indistinctement donné à un garçon ou à une fille)106. Enfance - Adolescence Quelques termes et expressions à retenir: dih mouenn, enfance mouenn sesse / sesse mouenn, enfant de teint noir pepang mouenn / mouenn pepang, enfant de teint très clair  mé sesse mchiap, C'est un petit poison noir (expression de dénigrement) mouenn fih, enfant ressemblant à une souris au long museau (expression de dénigrement) É ghe goudji sekoû : a be dia be gou tè. -Il/elle a l'âge d'aller à l'école: c'est maintenant cinq ans. mé touoptouop mouenn, enfant costaud mouenn gowou'ou, enfant prédisposé à grossir mé gnan mouenn, enfant mince mé ntétè mouenn, enfant mince kwok-kwok mmih mouenn, enfant aux gros yeux pap-pap mtong mouenn, enfant aux grandes oreilles mouenn poua mtong houa chou, enfant aux oreilles semblables aux feuilles de chou (expression de dénigrement) mouenn poua mtong wok, enfant ayant les oreilles d'une hirondelle (expression de dénigrement) mouenn poua mtong téh té pèè, enfant aux oreilles d'un o is eau-qui -vole-s ans-atterrir
mouenn sekoû, écolier (litt : enfant de l'école) mzouok bèh, enfant déserteur des classes / enfant qui ne va pas à l'école mouenn ntong bapdam, enfant qui chasse les rats / enfant qui ne va pas à l'école mouenn thouong, petit bandit
106Lire: Dieudonné Toukam, Peuples bamiléké et bafoussam. Des repères historiques et culturels, op. cit. 164
mébenh'é te bé khou né tchong mégwî, Jeune homme ayant déjà l'âge de courtiser une femme dou;} mébenh'é, grand garçon (ayant déjà atteint l'âge nubile) mébenh'é damdâ, garçon à l'âge nubile mégwî té bé gni léé hou k;}p,fille à l'âge où l'on peut « présenter en garantie pour un prêt d'argent» (pour dire tout simplement: grande fille, fille approchant l'âge nubile) mégwî te dinn toû (= fille qui peut remplir une boîte),fille de bonne souche; fille de grande beauté mouenn sekoû gwi;) (enfant fréquentant un grand établissement scolaire), collégien; lycéen -très souvent: étudiant mouenn sekoû univèssité, étudiant mouenn sekoû ko'o (= enfant fréquentant un petit établissement scolaire), élève de l'école maternelle ou primaire é ghe bac, il/elle a un bac é ghe licensi, il/elle a une licence é kui mpipa skoû tè, il/elle a obtenu beaucoup de diplômes (<<papiers ») à l'école. [pipa, de l'anglais « paper»] poc tsa sekoû, nous avons réussi à notre examen pô pébenh'é kouon né tâm balon, les jeunes garçons aiment jouer au ballon pégwî kouon né pah toU;) go bouom ke cinéma' o. -Les filles aiment se tresser les cheveux et ailler au bal ou au cinéma tséhé nong te dî djî. -Certaines dansent au point de dormir dehors (découcher) Â be tam facanci, pô pébenh'é ho mbè mah vouôm. Pendant les vacances, les garçons vont au village faire la chasse. [facanci, du français « vacances »] La vie adulte - la vieillesse Comme dans la plupart des sociétés africaines, les adultes ont droit au respect des jeunes, et les personnes âgées au strict 165
respect de tout le monde. Les personnes âgées (70 ans et plus) sont considérés comme des patriarches, et leurs points de vue sont essentiels dans la résolution d'un problème affectant la communauté. Chez les Bafoussam, c'est à dessein que le chef supérieur courtise les hommes d'un certain âge afin qu'ils prennent des titres de notabilité -pour ceux qui tardent à devenir notables: ils constituent la sagesse et l'histoire du village. Un adulte est désigné par tambenh'é s'il est de sexe masculin, et par mamgwÎ s'il s'agit d'une femme. Une personne âgée est, stricto sensu, appelé guétso, guétso mebenh'é (homme âgé), guétso mégwÎ (femme âgée). Mais on désigne métaphoriquement toute personne adulte par guétso, souvent guétso mtoua pour les hommes, en référence au fait qu'un homme porte probablement une barbe (mtoua). Petit lexique: mégwÎ damdâ, femme mariée ou femme en âge de se marzer mébenh'é damdâ, homme marié ou en âge de se marier nkui, célibataire tcho, vieux puceau, vieille pucelle doua pégwÎ, qui aime les femmes, qui aime la compagnie des femmes, coureur de jupons tsa nkui, vieux célibataire dzouok bèh, chômeur guiang fa', travailleur, qui a un travail chiang'é boû kia tam (=qui baissent les bras et laisse de l'eau en dégouliner), nonchalant, amorphe, faible, paresseux guiang pégwÎ zâm (= qui a plusieurs femmes), polygame guiang tah mégwÎ (= qui a une seule femme), monogame tchi'mah (litt: qui «tamise son entre-jambe »), prostitué (é) guétso be tsouh-é poh, personnée âgée aux reins brisés né tchuienn, vieillir né kuia, grandir né tchuinté, se faire vieux, manquer de soins corporels
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mkhou-mkhou gni, personne crasseuse, qui s'est faite vieille djoudjouenn gni, personne vieille, personne qui a l'air vieux khoukhoû tambenh'é, vieil homme khoukhoû mégwî, vieille femme gni be é tam bhe (= personne qui s'est avancée), personne âgée gni be é ho (= personne qui a fait du chemin), personne âgée gni be é tchuienn, personne vieille, personne âgée. La mort - les obsèques - le deuil -la succession - le veuvage Ce passage extrait de Peuples bamiléké et bafoussam. Des repères historiques et culturels traduit l'idée de la mort chez les Bafoussam : « Dans le village Bafoussam comme ailleurs dans la région bamiléké, la question de la mort (néwoû =Ia mort) revêt une importance particulière. Chez ce peuple, le décès d'un être cher est très mal supporté, de sorte qu'au-delà des honneurs que l'on fait au défunt, le deuil devient l'expression d'une douleur insoutenable. Non seulement la disparition d'une personne suppose qu'elle abandonne les siens, du moins physiquement, mais aussi qu'elle délaisse ses responsabilités au sein de la famille. A cet égard, la mort d'un adulte est toujours plus douloureuse que celle d'un petit enfant. »]07 L'inhumation d'un corps (né tong gni), diffère selon que le défunt soit une femme ou un homme initié au rite initiatique du pehlO8.Les obsèques, différentes des funérailles dites bamiléké (néwoû menéna), sont constituées des séances répétées de pleurs et de danse (né lèh néwoû) qui durent une semaine bamiléké (semaine de huit jours). Pendant toute la durée du 107 D. Toukarn, Peuples miléké et bafoussam. Des repères historiques et culturels, op. cit. J08Rite réservé aux jeunes graçons de 10 à 17 ans environ et qui consacre la fin de l'enfance et de l'adolescence. Lire T. Toukarn, op. cit.
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deuil, la famille et ses proches dorment à même le sol, qui n'est couvert que par des feuilles mortes de bananiers, mfouè néwoû / mfouè-éwoû, ou, de plus en plus, des bâches ou contrevents. C'est l'épreuve de l'ascèse due au disparu: né nti mfoè-éwoû, dormir sur les feuilles pendant le deuil. Cela dit, la réalité bamiléké établit un distinguo clair entre les concepts « deuil », « funérailles» et « obsèques» : «En résumé, au sens de la culture bamiléké, les "obsèques" se déroulent avant (préparatifs) et pendant l'enterrement d'une personne,' le "deuil" s'écoule pendant plus d'une semaine après l'enterrement et les "funérailles" ou "funérailles commémoratives", interviennent plusieurs mois ou années plus tard. Pour être précis, on pourrait parler chaque fois de deuil bamiléké, de funérailles bamiléké (ou funérailles commémoratives) »109. Exemple de conversation liée à la survenue d'un décès: - Gni pfou bèh Ta'a Souop ; poû we dèh - Quelqu'un est mort chez Ta 'a Souop (ou M Souop)
on pleure. "
A we mo'ho gwÎ-i wé ke bo gwo tè. -Ce doit être l'une de ses femmes qui était gravement malade. - Poû sia go tong'é we Lepfo Hô. Yoo be tâm fa' gouenn. - On ne peut l'enterrer que le Lepfo prochain (premier jour de la semaine bafoussam). Ça c'est la période des travaux de champ. -
- Guieng! Lepfo be léh si3m gwi3. Dé po le tic ho sak. Non! Lepfo est le jour du grand marché,' pas nombreux.
les gens ne viendront
- Lok'é pou ho nèh yokpou gong néwoû. -Allons nous aussi suivre les cris annonçant une disparition. - Wokpou b ogam nOU3 né tong gni Lepfo té kouapté gue mo'ho mouenn pfou-pfou'ou be gouong nékié. Poû go pi3p'é te écho. -Nous sommes en train de parler d'enterrer quelqu'un le Lepfo prochain sans nous rappeler que l'un des enfants de la défunte se trouve au pays des Blancs. On doit attendre jusqu'à ce qu'il arrive. 109
Op. cit. (page précédante).
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- A wo'o ! Yi né go ti zouenn kwop poua mlou'mé la'lah go ti noua'a. - C'est ça ! C'est lui qui achetera le cercueil ainsi que la boisson que la foule consommera. Ouelques termes et expressions: tâm, tombeau né tong tâm, creuser la tombe mlou tâm, boisson destinée à ceux qui creusent la tombe né chong tâm, cimenter le tombeau kwop, cercueil kwop té tchouô (=cercueil qui ne peut s'ouvrir), cercueil zingué pfe gni, cadavre, corps né souok pfe gni, laver le corps (cadavre) preya ne toua pfe gni (= prière au chevet d'un corps), oraison funèbre né gham noua ne touapfe gni (= parler sur la tête d'un corps), faire un témoignage -souvent: jurer sur la tête du défunt. ben'épenh'é dam kwop, croix sur le cercueil belang pfe gni, couverture du mort, couverture pour envelopper le mort ndzoua pfe gni, vêtement(s) du mort/ de la défunte kieng'éwou/ kieng néwoû, rang de deuil -rang formé par la foule lors des lamentations né nong'éwoû / né nong néwoû (litt: danser le deuil), danser lors des lamentations né lèh, pleurer né lèh néwoû (litt : pleurer le deuil), pleurer un mort né lèh gni (= pleurer quelqu'un), pleurer la disparition de quelqu'un zouop kia néwoû/ zouop kia-éwoû, chanson de deuil, chant de lamentation touôm néwoû /touôm-éwou, tambour de deuil médza, nom des chants/danses de grande lamentation (avec l'intervention des tambours et maracas. ..) pfôk, veuve /veuf pfôk mégwÎ, veuve 169
pfôk mébenh'é, veuf mé tse, orphelin /orpheline (pluriel: Po mtse) ndzou3 néwoû, vêtement de deuil ndZOU3pfôk, vêtement de veuve [très souvent, ce sont les veuves, et rarement les veufs, qui portent une tenue de veuvage, blanche ou bleue, qu'elles portent assez régulièrement pendant au moins une année après la disparition de l'époux] né yenn kieng pfôk (= marcher dans le rang des veufs/veuves), subir le rite de veuvage tSOU3pfôk, choses requises pour le veuvage menéna, funérailles bamiléké, qui interviennent au moins plusieurs mois après les obsèques du défunt (funérailles essentiellement commémoratives) né tsam gwak (= lamenter et oublier), se consoler, supporter la douleur, accepter la mort. tchi'da, succession djida, successeur né tak djida, laisser un successeur né worn djidallO, « arrêter le successeur» (notamment d'un notable, car appelé à subir quelques rites d'apprentissage et des cours sur les arcanes du bois sacré) Fokwa be tou3-a. (= Fokwa est ma tête), Fokwa est mon successeur É go Iâ souok pfôk-pa. - (litt : il « lavera », un jour, mes femmes veuves), il reprendra mes femmes une fois devenues veuves né souok pfôk, « laver une veuve », reprendre une veuve. « La reprise de la veuve du défunt père ou celle du défunt frère est une pratique séculaire en pays bamiléké. Alors que le premier cas a un caractère obligatoire pour l 'héritier du père, en ce qui concerne la reprise de la veuve du frère, la tendance est à l' émanciaption de la veuve de nos jours» Ill. né tia tOU3 pfe, exhumer les restes d'un mort pour en conserver le crâne 110Dans le langage courant, cette expression signifie: « être rassasié (e) ». III Lire D. Toukam, op. cit. 170
doh ton;) pfe, malédiction provoquée par un ancêtre / maladiction dont on se débarrasse en exécutant un rite sacrificiel sur un crâne de mort né nong'é I;)ng ne ton;) (litt : mettre l'huile sur le crâne), exécuter un rite sacrificiel sur un crâne d'ancêtre. Le culte au crâne des ancêtres est une pratique bamiléké consistant à conserver une partie d'un cadavre exhumé plusieurs années plus tard afin de magnifier les ancêtres et lIes prier d'intercéder auprès du divin en faveur de leur descendance. Moins que le culte des divinités, autre pôle de la religion bamiléké, le culte des ancêtres n'est en réalité pas un « culte », mais plutôt un rite d'allégeance aux ascendants. Car le Bamiléké ne considère pas son ancêtre décédé comme un dieu, loin s'en faut, mais comme un être qui lui reste très cher, encore plus cher qu'il vit desormais dans le monde du divin et peut y défendre la cause de sa descendance. Si le chrétien prétend que Jésus Christ est la seule voie de communication avec Dieu, le Bamiléké estime qu'avant ce dernier, il y a eu -et il continuera d'y avoir- d'autres voies: les anges (notamment dans les sanctuaires de divinités), les oracles et autres médiums, et les ancêtres. En tout cas, on y croit fortement à l'Ouest Cameroun. De sorte qu'il est difficle d'y trouver un chrétien qui complètement jeté aux orties sa religion ancestrale. Le culte des ancêtres est le prolongement de la momification chez les Egyptiens (lire D. Toukam, Peuples bamiléké et bafoussam. Des repères historiques et culturels -à paraître). LA FAUNE - LA FLORE Bafoussam se trouve dans une région de savane et de quelques forêts et bois, notamment les bois sacré des chefferies et sous-chefferies, les bois des sanctuaires de divinités (dah'sih / tsi'sih), ainsi que les forêts situées le long des cours d'eau et autour des lagunes. Etant donné que des noms n'existent que pour des animaux et choses connus, on s'aperçoit par conséquent que les plantes et aninaux inconnus dans la région et ses environs n'ont quasiment pas été baptisés.
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Quelques noms d'animaux et de plantes: tsenam, biche poù'kwop, chimpanzé bétchouo, type particulier de singe guap'pang, singe jaunâtre nkè, singe nguè, crocodile, caiman dzoua'kia, hippopotame gnèh, rhinocéros chô, éléphant namgwi, panthère (désigne aussi les autres félins sembab les: tigre, guépard, léopard, jaguar. ..) namtéma (litt : animal à ne pas tirer dessus), lion nwouak, lynx souok'mlâm, hyène bapdam, rat dzap, hérisson kiankwenn, écureuil sankwenn, rat palmiste guap, antilope guénam, porc guénam gouenn, sanglier nvoù, chien (Gwi'nvoù =chienne) poussi, chat gouôp, poule koh, coq docfawélé, canard tchiakoua, souris noù, serpent noù zak / zak, vipère barn / noù barn, autre type de vipère noù touféé / touféé, mamba vert nouong'mkwông, boa (désigne aussi tout autre serpent géant: crotale, python.. .) képak'é, lézard této'ho, crapaud, grenouille tam, grenouille méchong, oiseau (i- mechong, machine) 172
ta'p,mg, tisserin cou' cou, pigeon koukouon'é-medze, oiseau dit des petites rues gp.mglla, corbeau tsitsi, moineau chon'gouop, perdrix tâm, aigle / faucon [tâm, homonyme de tâm = gros trou et né tâm = verbe «jouer» ...] Noû le tchouok tah mouenn sekoû léh-mèssekoû Hô, Un serpent a mordu un élève vendredi dernier. Mta'p3ng si bâh mkè-m3p tche b3ng'été, Les tisserins sont en train de faire leurs nids sur le palmier à huile Tah chon'gouop pèè ne tche zouom-yé, Une perdrix s'est posée sur le safoutier-là. tche zouom (= arbre du safout), safoutier tchenn kendé (= arbre de la banane), bananier tchenn kelouon (=arbre de la banane-plantain), bananierplantain tche m3ngwélé, manguier tche pia, avocatier tche b3ng'été,palmier à huile tchenn souôk, poivrier (plante de piment) tche gwayave, goyavier tche pemâ, oranger tche pemâ tchiok-tchiok'é (= arbre du citron acide), citronnier né kouh tche tah tche, monter sur un arbre né fih tche tah tche, descendre d'un arbre né k3p mtam'tche, cueillir des fruits d'arbre né wou'tche, tomber d'un arbre né wou'si, tomber (à terre) (tchenn) pfekhon (localement appelé « arbre de paix »), Dracaena deisteliana, Agravaceae fléwa,fleur calétussi / kalétussi, eucalyptus nka'a, raphia dian, bambou fouok, bambou de Chine 173
néchité, grosse nervure de raphia (sur laquelle on a taillé le bambou) -Pluriel: mchité Autres noms d'arbres à équivalents français non encore répertoriés: tsam toutouong'é gah (tche gah) wa'a (tche wa'a) warn tah ka'té (porte des épines sur le tronc) tah kèh tche mbe, arbre à fruits noirs comestibles. ALIMENTS - BOISSONS Les Bafoussam, comme tous les Bamiléké, sont essentiellement des agriculteurs, et la base de leur alimentation est végétale. Le panier de la ménagère y est particulièrement varié, et il n'y a aucune monotonie dans les habitudes alimentaires. Les céréales (maïs, haricot, pois, arachide, soja), les tubercules (igname blanche, igname jaune, igname dite exotique, manioc, patate douce, macabo, taro, pomme de terre...) et les légumes et fruits (variés) constituent l'essentiel de l'alimentation. La variété et la quantité de la production sont telles que la région constitue le grenier du Cameroun. zoûh, igname blanche nélièh, igname jaune ngou, patate douce pè / pê, taro zoûh megnaa, igname dit exotique zoûh gouéh, autre type d'igname exotique (foraine) mekebé, macabo tsassam, manioc ntâm, pomme de terre guefoué, mals guefoué fe, mals frais mkouéné, haricot pang mkouéné, haricot rouge 174
se mkouéné, haricot noir fe mkouéné, haricot blanc mkouéné méringué, haricot méringué mkouéné nwa-nwa, haricot muticolore ghi mkouéné, haricot pour koki mkouéné lèssi, riz nzou;), pois sodja, soja biy;)ng, arachide biy;)ng hui, arachide frais biy;)ng dzouom-zouom'é, arachide sec dz;)p kieng'é, légumes verts tomate, tomate ngou-ékié / ngou nékié (= patate du Blanc)"carotte népo', melon dji', la pistache (Cucurbita pepo, Cucurbutaceae) thin, thym népo-ékié (= melon du Blanc), pastèque agnossi, oignon laye, ail agnossi mhou;), poireau aghéé né ne n;)ng YOU;)(=herbes pour faire la cuisine), céleri, poireau et autres condiments tsOU;) ne n;)ng YOU;)(= choses pour cuisiner), condiments,
épices kondiman, condiment sifok madam,fruit de la passion mbee,fruit noir m;)ngwélé, mangue zouom, safout pia, avocat pemâ, orange pemâ tchiok-tchoik'é, citron pemâ po'mtam (= orange de petite taille), mandarine gwayave, goyave pfou, « kuλ (sauce gluante très assaisonnée, à base d'une écorce gluante d'une petite plante presque rampante; cette
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sauce, très appréciée et originale, accompagne uniquement le couscous de maïs) tsOU;}prou, condiments du « kuï» (entre autres, il y a le gJ.1atsou;), le koudjî, le tchi;}pté, le souôk - piment -, le meghî, le msak'ékoua, le nel;}m...) nâh, sauce nâh tchi-tchi'hi, sauce jaune à base du vinaigre de cendre nâh npè (=sauce du taro), sauce jaune à vinaigre de cendre nâh dz;}p, sauce de légumes verts nâh dolè, sauce du « dolè » (à base des feuilles amères d'une plante - aliment dit du pays Sawa-Douala) nâh biy;}ng, sauce d'arachide nâh dji' , sauce de pistache koki Ikoké, le « koki » (repas à base de la pâte de haricot) ms;}ng, couscous de maïs (le nec plus ultra de l'alimentation chez les Bafoussam) nkwomkwom, couscous de manioc tsou'mkouéné I mkouéné tsou-tsou'ou, pilé de haricot (top 5 de l'alimentation chez les Bafoussam) kélouon, plantain kendé,banane tikoû, type de banane à courts doigts kendé kondrél kondré kendé, type de banane kondré kendé Ikondelé kendé, « kondré »(repas bamiléké fait de banane plantain particulièrement assasonné et enrichi de la viande, le plus souvent celle du porc) kendé ntam-tam'é, ragoût de banane tam ntâm, ragoût de pomme de terre l;}ng, huile l;}ng biy;}ng (= huile d'arachide), huile de table p;}ng l;}ng (= huile rouge), huile de palme m'houom, graisse b;}p, viande b;}p guénam, viande de porc b;}p nah, viande de bœuf b;}p nve, viande de chèvre b;}p gouôp, viande de poulet b;}p docrawélé, viande de canard
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bap youa'mkhoua (= viande d'un animal), viande de brousse bap youa yang, viande de brousse bap méchong, viande d'oiseau bap djidji, viande de mouton bam'gouôp, œuf de poule barn docfawélé, œuf de canard barn chon'gouôp, œuf de perdrix barn chong, œufd'oiseau né nang,faire cuire né nang youa,faire cuire quelque chose, cuisiner né lapté, réchauffer, tiédir Pé lapté yitchi dji te go sekoû, Réchauffez la nourriture et mangez avant d'aller à l'école kissim / kissiam, cuisine (de l'anglais «kitchen »), synonyme de toh môk (Iitt : pièce pour le feu) bang, marmite kap,jarre koukouom, mortier (pour piler) kouon, pilon kouon dam-dam, gros pilon kouon msan (pilon pour le couscous), petit pilon longâ, seau kiang, assiette loûh, cuiller loûh nâh (= cuiller pour la sauce), louche kiang koubou/ koubou, grosse assiette né ntsoua taplé, se mettre à table né tchî youa, manger né pfoué, manger (en mâchant) né noua youa, boire (quelque chose) Pa tsoua'si dji yitchî. Pa noua ba mlou. -Asseyons-nous pour manger la nourriture. Buvons aussi du vin. Gni we té zouéh éhonté mo'ho. -Que celui qui n'est pas rassasié en redemande. A tsa tsoua-o! -Bon appétit! (on s'adresse à une personne) A tsa tsoua-pé ! -Bon appétit! (à plus d'une personne) 177
A tsa tsoua-pa! -Bon appétit! (à nous, y compris celui qui exprime les souhaits). En ce qui concerne les boissons, le groupement bafoussam produit et consomme quelques-unes, tout en consommant aussi les boissons dites étrangères (vin rouge, bière, sirop, liqueurs). Le vin de raphia (mlou ka'a) compte parmi les boissons de prédiclection. Comme le vin de palme (mlou bang' été), le vin de raphia est cueilli par un cueilleur de vin (dian mlou). Mais c'est l'eau qui constitue la boisson essentielle. L'eau potable est puisée dans de récipients divers (calebasse, seaux plastiques, dame-jeannes et gros bidons) au niveau des marigots et ruisseaux de raphiales, dans les vallées et bas-fond. Les racines des plants de raphia ont pour rôle majeur de purifier et rafraîchir l'eau. Tout est mis en œuvre pour préserver l'eau à boire. Les cours d'eau utilisés pour la lessive sont souvent différents des ruisseaux d'eau potable. Si un même cours d'eau est utilisé à la fois pour la grande consommation (alimentation, lessive et autres usages), un endroit est amenagé pour l'eau potable destinée à l'alimentation. Voici quelques termes et expressions touchant à l'eau et les boissons: kb, eau kia dou, eau qui coule / cours d'eau Tâh kia, cours d'eau kia ka'a, eau de raphiale kia noua-noua, eau à boire kia dè-Ièè, eau potable youa noua-noua (= quelque chose à boire), boisson mlou, vin mlou ka'a, vin de raphia mlou bang' été, vin de palme Mlou-me tiam'a ? Ha tâh glassi na m'me Ce vin est-il sucré? Donne m'en un verre Mlou ka'a-moo tchiok. Poû ke lian te bouèdjî (Ce vin de raphia est aigre. On l'a cueilli depuis hier) Go noua'a haa. A be mlou po gwigwia Je bois plutôt le haa, c'est le vin des grandes personnalités haa, le haa (liqueur recueilli à base de la combustion de certaines plantes; cette boisson, longtemps consommé en 178
pays béti, au Cameroun, est de production récente chez les Bamiléké) mlou koukoû, vin à base de la canne à sucre mlou medjoga / medjoga, vin rouge wesseki, wisky bia, bière Pé tchÎ yOU;}nou;} yOU;}; medjoga poua bia sih (Mangez et buvez quelque chose; il y a du vin rouge et de la bière) Ha mlou-ma ka tsou;}'a m'me112 Sers-moi un vin qui n'est pas amer Yeuh ! Moo tsOU;}tè. Ka kouon Guinness lia (Ah! ceci est amer. Je n'aime pas la Guinness aujourd'hui). MÉTIERS Le menuisier La langue bamiléké-bafoussam établit bien la distinction entre le menuisier et le charpentier, bien que, dans les faits, l'un fasse le travail de l'autre. chi mp;}l;}n (= celui qui coupe et rabotte les planches), menuisier nkouam mtou;}'pah / nkouam'pah (= celui qui fait la toiture des maisons), charpentier fa' chi mp;}l;}n(= travail de celui qui coupe et rabotte les planches), la menuiserie so'o, scie né zâh, couper né se, couper [homonyme de né se, avoir un courage d'enfer] né kouam, clouer né zâh poua so'o (= couper à l'aide de la scie), scier tah tÎnn, clou yOU;}ne koua'a p;}l;}n(= ce avec lequel on «racle» le bois), rabot makto, marteau
112M'me, forme abrégée de bime /boume (à moi) ; forme très utilisée. De même, « ma» est la forme abrégée de mé a (mlou-mé a= le vin-là qui). 179
youa ue ko'ho (= ce avec quoi on tient quelque chose), tenaille, pince palen, bois (t bois de chauffage = pie) / planche zing, tôle mtche, lattes toua pah, toiture ntang pah, charpente lègle, règle /équerre (avec r> 1) (C'est-à-dire que le mot bamiléké-bafoussam renvoie à la fois à une règle et à une équerre) youa ne foh (litt : ce avec quoi on mésure), règle / mètre (ruban ou rouleau gradué) méta, mètre /instrument de mesure de longueur [de l'anglais « meter»] né menn, peindre o koua'a palan-yoo ta tihi; hn, a tihi. -Tu as rabotté cette planche jusqu'à ce qu'elle soit lisse; oui, c'est lisse. A chiok'é. -C'est tordu Sè palan pak pa'a te kouam. -Fend la planche en deux avant de les fixer (<
ploplo, mortier ploplo cemec, béton Imicro-béton sâkpah, mur nepeh dah I népeh dah, angle, coin yOU;}ne s;}nté ploplo (=ce avec quoi on étale le mortier), taloche yOU;}ne tsâk ploplo (= ce avec quoi on gicle), truelle yé chong, cimenter I crépir né chong dze, asphaster la route, bitumer la route échafodage Ipalan dam mtche (= planche sur des piquets), échafaudage
nkoû, échelle sessa'a mtÎnn, barres de fer poto, poteau pâm pah, angle de la maison / (souvent): poteau de l'angle ndaa Indal, dalle dek, étage, niveau pah dek pa'a, maison à un étage tchossi dek-ékoua, église de quatre niveaux maa sessa'a pah, édifice chenage, chaînage, linteau né téé poto (= dresser le poteau),jaire un coffrage pour le poteau fèdefè,fil de fer blouwè, brouette soû lonkhom, pelle caio, carreau fondassion Itsou'pah,jondation tâm pah, fouille tse pah, lotissement, immeuble non bâti né tong tse pah, terrasser un lotissement né Z;}pcaio ne si'dah, poser des carreaux sur un sol né sap ploplo, tourner le béton tchué ploplo (= celui qui porte le béton), manœuvre tchué pakping (= celui qui porte les parpaings), manœuvre
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Le forgeron Un forgeron, tsoua'lam, était autrefois un homme noble de la société bamiléké en général et de Bafoussam en particulier. A lui incombait la fabrication d'objets et outils aussi divers que les lances, les machettes, les couteaux, les houes, les fusils, les canes métalliques, les marmites, etc. De nos jours, en raison du pullulement d'articles étrangers, les forgerons sont de moins en moins nombreux. lam, four traditionnel (où le feu est attisé à l'aide de soufflets de fortune) ; désigne aussi la forge tsoua'lam (litt: celui qui souffle le four de la forge), le forgeron né tsoua lam, faire laforge, forger dzam, hache soû,houe mégne, couteau gné, machette gâ'a,fusil pong,canne bang, marmite sassepouèt, casserole nékouong,flèche, lance tÎnn,fer makto, marteau tÎnn ne ko'ho, tenailles / pince môk,feu né sou môk, allumer lefeu né pih môk, éteindre lefeu né fouè môk, attiser lefeu, attiser les flammes ngo'môk, braise né nto tÎnn, brûler lefer né tchouè tÎnn, battre lefer né tsoua tsam, forger une hache nnn huia-huiâ,fer chaud. Le chasseur Le Bafoussam distingue le chasseur dzouon'vouôm, du chasseur de nuit, kouônketam. 182
de jour, La chasse
est une activité pleine de symboles chez les Bafoussam: le fondateur du village fut un chasseur invétéré (XIVe siècle). Région de savane, Bafoussam est le lieu tout indiqué pour la chasse. De nos jours, les brousses se font rares en raison de l'urbanisation et de l'agriculture en pleine croissance. Conséquence, il y a de moins en moins de bêtes à chasser, faute de repaires appropriés. Ouelques termes et expressions pertinents: vouôm, chasse vouôm mtsoû, chasse nocturne vouôm mokdjî, chasse de jour vouôm paa nvoû /vouôm nvoû (= chasse avec des chiens), chasse à courre vouôm pô'mchong, chasse aux oiseaux mkouong vouôm, lances de chasse gâ'a vouôm,fusil de chasse nam, animal dah bapdam, terrier du rat tchouo'o bapdam, orifice par lequel le rat s'échappe nkè méchong, nid d'oiseau gouenn msoussouong, champ de sissongo, champ de roseau yang, brousse vô, forêt mka'ha, sissongo, roseaux kouop ka'hâ, raphiale, plantation de raphia (généralement dans les bas-fonds). L'agriculteur-planteur L'agriculture compte parmi les activités de prédilection du peuple bafoussam et du reste de l'Ouest Cameroun. Comme l'indique la diversité et le niveau de production mentionnée cidessus (lire: Aliments - boissons), le Bafoussam se nourrit bien et à suffisance. na' a, parcelle cultivable gouong na'a, billon tchiap, écobuage 183
né tak na'a a tsa, laisser une parcelle en jachère né soû na'a, sarcler le champ né tchih na'a, cultiver le champ, labourer le champ né kouaa na'a, sarcler le champ né kouom mghéé, désherber né peh mkouéné, semer le haricot né poû mkouéné (= battre le haricot), récolter le haricot né tchiè guefoué (litt: couper (les épis du) le maïs), récolter du maïs né tong nzoû (litt: creuser l'igname (blanc), enlever l'igname de terre né tong pè, creuser le taro né tchiè kendé, couper la banane (sur le bananier) tsâh kendé, grappe de banane paa bhmg, sac d'arachide né kap cafè, cueillir né wouh cafè, écraser le café né tièh cafè, trier le café né peh cafè, planter le caféier tche cafè / tchenn cafè, caféier né ko ta'the, couper un arbre né ko mboû tche, couper les branches d'arbre.
Le guérisseur - Les métiers de la divination Au-delà de leur pouvoir mystique de guérison, les guérisseurs (m'yang-ékien -singulier: guiang-ékien) sont de grands connaisseurs de la botanique: ils maîtrisent les vertus thérapeutiques de nombreuses plantes et autres végétaux ainsi que celles de certaines bestioles. Parmi eux, il en existe qui ont des pouvoirs de voyance, et peuvent procéder au diagnostic du mal chez leurs patients. né fa' houa, travailler avec un remède, soigner né pâm gni, blinder quelqu'un guiang kouh, frotteur de mains magnétiques: Spécialiste qui, par un procédé quasiment magique de frottements de mains, trouve des trésors cachés, découvre des
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crânes d'ancêtres restés jusque-là introuvables, ou retrouvent les arcanes de la poudre souterraine de malédiction (thi3p)113. gui3ng gâm tsa'gui3ng, rapdomancien tchouo gâm'sÎ, mygalomancien - Mygalomancie : voyance bamiléké exécutée à l'aide des mygales divinatrices. tchouo gâm 'tsa, rapdomancien kamsÎ, voyant « kamsî » néchuè, « néchuè » (type de malédiction dont on peut se purifier) doh, malchance, malédiction né féh doh, extirper la malédiction, purifier nékien, magie sa'a, sorcelerie famlâ, «famlâ »(sorte de sorcellerie) di3m, vampire, sorcier pouvant faire des victimes dans leur sommeil. L'activité commerciale Le commerce est considéré comme l'activité de prédilection des Bamiléké, ces derniers ayant un sens élevé des affaires. Le commerçant, nt3ng si3m, est le plus souvent membre d'une association (tsou'té = association /réunion), où il bénéficie des crédits offerts dans le cadre de la tontine bamiléké, tchouâ. Des cagnottes constituées sont « bouffées» à tour de rôle par les membres de l'association, ce qui leur permet de doper leurs activités. si3m, commerce! marché tsi'si3m, marché, lieu de commerce né zouenn, acheter Né fenn, vendredi né zah (= couper), acheter à crédit né hou, l.emprunter,' 2. prêter k3p hou-hou'ou, argent emprunté / argent prêté bank, banque dah si3m, boutique dzouenn-you3, acheteur 113Lire D. Toukam, op. cit.
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nt;mg siam / fenn-youa, vendeur, commerçant né sah youa, vendre cher / monter les enchères né fenn'a tinn, vendre cher né fenn'a hui, vendre bon marché né fong'é dong youa (litt: se tirailler sur le prix), marchander né kui kap,prendre l'argent né nouong'é kap, verser l'argent né kouo'o kap /né tchen kap, trouver de la petite monnaie kap houa-tche / houa-tche (litt : feuille d'arbre), billet (de banque) kap tÎnn / kam tÎnn (litt: [argent] métal/morceau de métal), pièce de monnaie, jeton dong (youa),prix de la marchandise né fi'hi dong youa, baisser le prix né glla'ha dong youa / né kui'hi dong, augmenter le prix né fou dzouenn-youa, tromper le client tsoua mtè, marchandises (pluriel) youa mtè, marchandise (singulier) mtè, marché /commerce m'mah, remise/ bonus pé, profit youa né-né, bien acquis à titre gracieux. Lire aussi « Achats» (ci-dessus). Les arts Les Bafoussam sont connus pour leurs talents en sculpture, peinture et musique. On entendra par cette dernière une musique qui ne requiert pas d'instruments modernes. Les meilleurs sculpteurs et peintres d'autrefois travaillaient exclusivement pour la chefferie supérieure, et beaucoup de leurs ouvrages sont encore exposés dans le Musée de la chefferie. Il s'agit d'objets d'art faits à base de bois, de roseaux, de lianes, d'argile et autres matériaux. Au-delà des statues - dont certaines représentent des chefs supérieurs et des animauxtotems, les sculpteurs bafoussam ont longtemps travaillé sur des symboles de pouvoir, des entités mystiques, des tabourets 186
traditionnels et des poteaux et pylônes de grandes cases. Les peintres, quant à eux, ont très souvent eu une propension à des paysages pittoresques et cérémonies qu'ils décrivent assez fidèlement. Mais c'est en portrait que la plupart d'entre eux ont excellé. Quant à la poterie, la plupart d'objets faits en terre cuite sont des récipients Garres, pipes, calebasses d'argile, pots), même s'il y a des statues d'argile et des pots de fleur. L'art bafoussam est essentiellement réaliste: autant les tableaux réflètent le vécu, autant les sculptures portent des images vraisemblables. Bien entendu, il existe quelques sculptures et tableaux qui ont puisé un peu dans l'imaginaire, mais on en dit qu'à l'époque, ces œuvres ne furent pas appréciées. Parmi les symboles qui font la thématique des arts, ceux de la Chefferie occupent le haut du pavé: tout tourne autour de l'arène du pouvoir traditionnel. S'agissant de la musique et des chants, Bafoussam en regorge d'une pléthore. Du Juafo au Mégouom Gallé, en passant par le Bétou, le Kwakwa, le Gwassouom, les Métiè et Nédok, les danses et musiques traditionnelles de type profane sont variées. Concernant les chansons et danses réservées aux sociétés secrètes, elles sont tout autant riches et variées. Les prestations des membres de sociétés secrètes sur la place de fête de la Chefferie supérieure font courir de milliers de spectateurs à l'occasion de la Biennale culturelle du Peuple Bafoussam : les pas de danse, les atours des danseurs, les sons de tambours, balafons, maracas et autres instruments font le délire. Le décryptage des sonorités traditionnelles laisse transparaître l'héritage égytien en matière musicale: le ratio sacré entre les décibels, la supériorité des harmonies, la connexion des sons avec des esprits supérieurs dans le cas de certaines musiques partculières. Au chapitre de la musique moderne, plusieurs artistes d'origine bafoussam ont produit des albums inoubliables. Parmi ces artistes, deux icônes ont, pendant deux décennies, conquis le monde du show-biz en Afrique et dans le reste du monde. Il s'agit des frères Tim & Foty. Leur contribution à l'internationalisation de la langue bamiléké-bafoussam reste indéniable. 187
Petit lexique: né nong, danser ta'a nong, danseur pe nong, danseurs (pluriel) bou'touom, joueur de tambour bou'dzam, balafongiste tchi'tchouâ,joueur de maracas touom, tambour touom kiak, tambour bass /grand trambour touom koh'o,petit tambour dzang, balafon douông, sifflet guien dzouop kia (= qui fait des chansons), chanteur, musicien dzouop kia, chanson, musique mbou muzik (qui joue de la musique), musicien guitâ, guitare kiang, disque compact (CD) [kiang: au sens propre, signifie « assiette»] casset, cassette kétouok'é, statue nwa'tsoua ne pCe /nve-tsoua ne pCe (litt : qui écrit sur le bois), sculpteur de-tsoua ne pCe(litt : qui dessine sur le bois), sculpteur benn tsoua (litt : qui peint des choses), peintre né penn /né mak, peindre Coto mak-mak'é, tableau de peinture / portrait kouh mkhoua, tabouret traditionnel kouh mak-mak'é, tabouret sculpté né chi mkétouok'é ne kouenn (litt : faire des statues sur un lit), sculpter un lit né ve tsoua ne pCe (litt: écrire des choses sur le bois), sculpter le bois né le gni (litt: filmer quelqu'un), faire le portrait de quelqu'un [en sculpture] nam kétouok'é, animal sculpté kétouok'é gni, personne sculptée.
188
Confection - mode Selon la tradition orale, les Bamiléké, comme bien d'autres Camerounais, ne portaient que des cache-sexes jusqu'au début du XXe siècle. Le règne des vêtements ne s'est vraiment généralisé qu'au milieu du même siècle, et la confection est devenue un métier véritable chez les Bafoussam. Compte tenu de sa culture hybride, le Bafoussam s'habille à la fois de façon traditionnelle et moderne. C'est ainsi qu'il alterne chemise avec gandoura, veste avec boubou, chéchia avec casquette, etc. ntam m'nzouiJ, couturier I couturière né zah nZOUiJ,couper l 'habit, tailler le tissu mechong m'nZOUiJ (= machine des habits), machine à coudre ba'nzouiJ, bouton (de vêtement) fouè nZOUiJ,trou sur un habit né tam mfouè nZOUiJ(litt: coudre les trous d'habit), rafistoler un habit, raccommoder hagna,fer à repasser sessassi, ciseaux msouom, galanteries Ila mode né ghe msouom, se montrer galant né kouon msouom, aimer la mode gnanga, élégance I mode né we gnanga, être élégant né khouiJ, être bien habillé I être élégant né khouiJ te ha ki' bou Sata (litt : être si élégant qu'on en donne la clé [de la garde-robe] à Satan), être tiré à quatre épingles né khe (= brûler), se vanter, frimer. Autres activités nou'ou pouspoussi (= qui pousse le pousse-pousse), pousseur benn-pah (= qui peint des maisons), peintre (en construction) ba'mtétong (= qui tisse des paniers), vannier féhé,fibres de raphia 189
nék;)p, rotin tou' dian, nervure de bambou bi;)p va'ha (= qui attend sans dormir), veilleur de nuit bi;)p tsi, gardien clak, secrétaire [de l'anglais « clerk»] gui;)ng fa' odinatè (= qui travaille l'ordianteur), informaticien gn;)p odinatè / gn;)p m'odinatè (= qui dépanne des ordinateurs), 1. dépanneur d' ordianteurs 2. ingénieur " informaticien kétoû, soldat (militaire, gendarme, policier...) sou p;)n'tcho (= qui porte un chapeau rouge), gendarme: au Cameroun, les gendarmes portent un béret rouge, en plus de leurs uniformes de soldat ntam balon,joueur de ballon (tout sport ayant un ballon) ntam balon mkou;) (= joueur du ballon à pied) ntam balon mboû (= joueur du ballon avec des mains), 1. hand-balleur ; 2. basketteur ntam balon khe (= joueur de ballon avec filet), 1. volleyeur; 2. tennisman khou'dî, coureur gui;)ng boksi, boxeur fon metoua (=qui conduit la voiture), conducteur automobile fon avion, pilote bato, bateau fon bato, navigateur fon kouenh'é,
conducteur d'un véhicule de
deux
roues
kouenh'é, vélo baskou, vélo / moto Ta-a ke ho Méli Fussep poua baskou, -Mon père est allé à la mairie (hier) avec un vélo (Explication: Il s'agit ici du passé récent - voir la particule ke -, ce qui, pour des besoins de précision, induit la nécessité d'employer le plus souvent un adverbe de temps dans la version française) kouenh'é moto /moto, moto
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gniap môk latalé (litt : qui arrange Ie feu de l' éléctricité), électricien gniap dze (= qui arrange la route), ingénieur des Ponts et Chaussées clak gwia, haut fonctionnaire gomna /clak,fonctionnaire taplé fa' (= table de travail), table de bureau, table de travail bièlo, bureau [bièlo: emprunt hybride du français « bureau»] mine, stylo cléyon, crayon tâflé, ardoise [pour l'écolier ou le technicien] gniap tap,fabricant de chaussures ntâm mtap (= qui coud des chaussures), coordonnier titcha, enseignant [de l'anglais «teacher »] ntouté mgham (litt: qui traduit les langues), traducteur, interprète nve m'nwèè (= qui écrit des livres), écrivain né nwa / né nve, écrire. RELIGION - RITES Bien qu'il soit monothéiste aujourd'hui, le Bafoussam pratique une réligion bipolaire: il voue un culte à Dieu en tout lieu, notamment dans des lieux sacrés (sanctuaires), mais aussi il entretient le culte des ancêtres, à travers les restes de ces morts. 114 Sîh /sih, Dieu Tsapo sîh, Seigneur Dieu Sîh Yawè, Dieu Yahwè tsi'sîh, sanctuaire de divinités, lieu sacré [lieu amenagé où l'on se refugie pour prier, faire des dons à Dieu ou exécuter des rites de purification] né tsè'hè sîh (= saluer Dieu),faire la prière à Dieu né tchouéhé sîh, prier Dieu né wamté sîh, louer Dieu 114 Lire D. Toukam, op. cit.
191
da'sîh Ida'sih (= demeure de Dieu), sanctuaire de divinités,. lieu sacré tSOUiJsîh ItsOUiJ sih (= choses de Dieu), offrandes à l'endroit du divin né souok né tsi'sîh, se laver dans un sanctuaire de divinités 8îh bèh, dieu du village né féh doh diJm tOUiJpfe, exécuter un rite de purification anti-malédiction sur les crânes tOUiJpfe (= tête de bois), crâne, restes né féh doh da'sîh, exécuter un rite de purification antimalédiction dans un sanctuaire de divinités né wéh nve tsi'sîh, égorger une chèvre dans un sanctuaire de divinités. nwèè sîh (= livre de Dieu), la Bible dah tchossi, église m 'YiJn catelo, les catholiques pe pies tan, les protestants tâh clétè, un chrétien, une chrétienne E catolo ke plestan'hé? -Illelle est catholique ou protestant? m'clétè, les chrétiens pe to'tOUiJ, les musulmans tchossi pe to'tOUiJ(= l'église des musulmans), la mosquée né kui kiiJ (litt : prendre de l'eau), se baptiser fâla, prêtre I pasteur kuipou fâla (= adjoint du prêtre Ipasteur), diacre ... dzouop'kiiJ tchossi, 1. chanson I musique réligieuse,. 2. chorale Tsapo Yesso Kléto le tchoué biJnh'é-piJnh'é ne po msouon diJm tsa'ha. -Le Seigneur Jésus Christ porta la croix pour l 'humanité sur terre E le pfou'ou diJm biJnh'é-piJnh'é. Poû tong'é, é ti ne léhdjî noba yetî, dzouam tSiJm néwoû. - Il mourut sur la croix, fut enterré. Au troisième jour, il ressuscita du pays des morts.
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QUELQUES PROVERBES ET IDIOTISMES DU BAMILEKE-BAFOUSSAM Ce sont des constructions qui étalent au grand jour le génie de la langue et la profondeur de la culture que cette langue véhicule. Certaines de ces constructions toute faites sont adaptables avec celles du français ou de l'anglais, d'autres non. Quelques exemples Né ta' te tchouok (Littéralement: fouiller soi-même la terre avant de se nourrir) : Voler de ses propres ailes Né mah goué ntouon (se mettre la corde au cou) ; Djî chenn te mtou;) pah yienn (Litt : c'est dans la nuit que les toits de maisons se promènent): La nuit, tous les chats sont gris; Ta'a mtinn yo mo'o (Litt : un fort en a rencontré d'aussi fort) : A bon chat, bon rat; Bouon gni té bouon gni'o (Litt : ce qui plaît à l'un ne plaît oujours à l'autre) : La beauté est affaire de goût; les goûts ne se discutent pas; Noû té tsOU;)kuitsi mi;) yOU;)'O(Litt : un serpent qui reste sur place n'avale rien) ; Né laté gni yOU;)yé gni yiè'a (Litt : montrer à quelqu'un ce que l'on est) / né laté gni mok leliân (montrer du feu d'enfer à quelqu'un) / né laté gni bèbè (montrer à quelqu'un du miracle) / ne laté gni ti tamtche mé gni zouam'a (Litt: montrer à autrui les fruits qu'on produit) : montrer de quel bois on se chauffe (l'anglais est plus expressif: to show one's true colours) ; Tchi ne khe â wôp (Litt : il vaut mieux que ça brûle au lieu de ne jamais cuire) ; Dzou'nou;) go zou'ou (Qui sait entendre entend) : A bon entendeur, salut; Poû té sou tcho te poûh daté'o (Litt : on ne montre pas du doigt un chapeau que l'on porte sur la tête) : A bon vin, point d'enseigne; Gni güi wéhé go lâh lè'a /gni wih bé lâ lè (Qui rit bien pleurera) : Rira bien qui rira le dernier;
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Noû tchouok'ô be ô go khou gheghéon-yia (Litt : si tu te fais mordre par un serpent, tu t'enfuiras désormais après avoir vu un semblant de serpent): Chat échaudé craint l'eau froide; Gue mégüî té youa'o te we tia wia dâ goua'â ? (Utt : La femme n'est rien, mais qui a répudié la sienne?): La femme est un mal nécessaire; Mebenh'é be kia'medou be wiè mégüî'o we tsa chiok wb nâ (L'homme est un cours d'eau où toutes les femmes viennent s'abreuver) ; Né loh khoua bi tsoua (Litt : emprunter la jambe du chat): Prendre ses jambes à son cou; Gni gou kia te noua mo'o (Litt : on tombe à l'eau avant d'en boire) : Qui ne risque rien n'a rien; Doh le nan gou'ou te â peh (la malédiction fit ramollir une pierre à la cuisson) ; Né tam dap tam féhé (Utt: coudre au fil et en même temps à la fibre de raphia) : Jouer en même temps l'avocat du bon et l'avocat du diable; Poû le kia dian'mlou go ha güi-é, é he poû kia-wia kui mlou-mia (Utt : Quand on interpella le vigneron, il refusa de regarder, croyant qu'on voulait lui prendre son vin) : Celui qui prétend être très sage est le plus ignorant; Tsé po né tchué dzikou'ou, tséhé we tchué né zouéh (Litt: Certains gens pleurent de faim tandis que d'autres pleurent parce qu'ils ont trop mangé) : Autant il y a de nantis, autant il y a de pauvres; Né tih djiam mgf.1outé-mkhoua (Litt: faire un rêve les jambes repliées) = Avoir un rêve utopique; Le gue zaa le tchî kap pè (Iitt : quelqu'un qui mangeait doucement vida un mortier de taro) : Qui va lentement va sûrement et loin; Né touok yia diam, touok yia tchouôn (Utt : Plaider pour le vampire et pour le bandit) : Juger impartialement deux parties en conflit; Métse bè güia tak we dianté bé tchouôn (Utt: Soit l'orphelin de mère dans une famille polygamique devient un paresseux, soit il dévient un bandit) : Sans mère, un 194
enfant issu d'une famille polygame
a très peu de chance de
réussir dans la vie ,. Né nwéh tsoua'si tsi'sÎ (litt : ramasser des offrandes dans un lieu sacré) : être très effronté. Quelques métaphores
et images
Né fenn gni (Utt: vendre quelqu'un) : vendre la mêche
,.
trahir quelqu'un
Né we msouon pou tsam (Littéralement: être comme la langue et les dents) : Etre inséparables,. être comme des siamois,. être comme deux doigts de la main. A be kou'kouon djo'a té-téhé (Utt: ce qui marche vole quand ça me voit) = Je n'ai jamais de chance. A tiam te be choc a ke cho tchui'â khouenn (Utt : C'est si sucré qu'un morceau de sucre ne serait qu'un signe annonciateur) = C'est extrêmement sucré. Yitchi-yoo pouon te gni we ma' louh-é tsoua-é â dzouopté (Utt: ce repas est si bon qu'une cuillère mise dans la bouche chantonne) = Ce repas est particulièrement délicieux. Né ghe bouom noù (Utt : avoir le destin du serpent) = Etre mal aimé des autres,. n'avoir pas de chance avec son entourage; Syn: Né ghe toua tin- tinn'é (Litt : avoir une tête dure). Dong pè dong nâh (Litt: La quantité du taro doit être proportionnelle
à celle de la sauce115 qui l'accompagne)
=
Les honneurs et les responsabilités de chacun sont à la hauteur de sa personnalité. A pok te guenam kong'é (Litt : c'est si désagréable que le porc n'y touche pas) = C'est très désagréable,. c'est très moche.
115Le na'pèh (<
LITTERATURE ORALE - CONTES ET LEGENDES La littérature orale bamiléké-bafoussam est très riche: des fables aux devinettes, des anecdotes aux légendes, on en compte des centaines qui sont narrées le soir, auprès d'un bon feu, pour égayer la fin d'une journée de dur labeur. Mais on se limitera à un conte à traduire en français. Le narrateur d'un conte commence ainsi: Be a la te wo'o? (litt : Il était une fois, hein ?) Et l'audience répond en demandant: Be ke le be ? Qu'est-ce qui se passa? Il rétorque: Be tsoua mekéfè-hè1l6 ne le be C'est une histoire imaginaire qui se passa. L'audience dit alors: Fè-è ne dok'é ! Poursuis ton récit ! Et le narrateur entame le récit. En voici un : Mo'o mouenn méll7 mégüÎ le lâh né ghe gou samba'a, mo_o1l8 pfoû. Pfoû tak'é bou fok-é be é ghe wia mouenn mégwÎ gou-évou'ou. Ta'a lâh dè gwî_i1l9 le dè, da'hâ de mouenn ne gouak. Tsenn mouenn médze le be Sikapenn. E we kouenn sekhoû ne dah tÎ. A lé né ghe g,..,oûtok'ô, gwÎ ta'a Sikapenn toh né mèhè wia, be tak wia mouenn, Motiè, ha fa' we bi Sikapenn. E Ie we benn gue é lané youa, be dziam'é we ne namtè é souok mkiang, souok mbang, kemé si'dah. Méyoua mouenn gou samba'a ! - Yeuh ! (indignation de l' audience) - Pé zoûh noua! Sikapenn we fa' wa'ha dou go sekhoû té tchi youa. E we nwak medze te kap mtam tche pfoué. - A be wa'ha, ta'a mouenn gham yia gueke? (demande quelqu'un dans l'audience) - Ta'a mouenn Ie ti né dze youa'a we tsaté'a, be a tsoua. Pé zoûh! Mouenn médze we go sekhoû, ké be nong'é toua-é 116 Tsoua mekéfè-è, histoires imaginaires, contes. 117 Forme abrégée de méyoua, petit (e). 118Synonyme de ma'a-yia, sa mère; tout comme mè-è = ma'a-yoû, 119 GWÎ-i (salemme) < gwÎ-é, avec glissement d'articulation (é ».
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ta mère.
na. Be léh yé é né sèhè sekhoû na tsoua'a, ma'a pam-é tchuè-è te gue120ho souông. Ta'a mouenn ti dze, be ha yitchi bou Sikapenn dzam-dzam, te mégwî le ze. Sikapenn lâh be tchué mo-o, tchué gôh-yé é djo'a. Dâl2l mo'o léh, é we fe m'sekhoû, bo dè. Tâh guénam gouenn tsa léh bé, nwak ne yiamoo hong dze, sé'hé dzi tah djoudjouenn mégwî, gam m'mouenn gue: "- Ma'a, ke sè'hè dè. 0 go lâh zi tâh mefo dzam gouonyoo. Gue ké dè ! Ke mkouéné lèssi-moo pfoué. - Gue go né kui mkouéné pfoué-é, 0 we we ?, mouenn hong'é wa'ha. - Mè-è ne tam-a bou. Sîh lé kia wia bong'é ne tséhé mfa'. Cho'o me laté'o tsi-yé 0 we tsa na le yitchi tchi'a! Ke tchouo!» Mouenn tam dzam'é. Wap nah guienn te nwak tsou mo'o tâh tche, mamâ-baa gf.Ul'ha mfouè kendé daté mouenn tâh kap be poû nah tong sih. E gham bi mouenn gue : "- We tsa tsa'hâ fokdjî poua bouèdjî guéh bang-yoo tia yitchi djî, 0 zouh'a ? Mouenn ghe : - Hn, mamâ, gue zoûh. A go we léh-yé a mi'a, me ghe wa'hâ? - yitchî té go lâh mi tsam kap-yoo we! Ke lâh date gni tsih-yoo. Mouenn sèhè né fang'é néh-é, be djoudjouenn mamâ-bé pî. Mouenn ké dah be khe'a wa'ha poû laté la te dah ghe nka tchouoptè. E tsa CEP, da'hâ ma'a pam-é ghe te te-
120Forme 121Forme au parfait mo'o léh autre ».
abrégé de gam gue, dire (que) - te gue,jusqu 'à dire (que). brève de â lâh : â lâh mo'o léh, un jour/ un beau jour (avec temps /passé simple). Mo'o léh signifie « un jour» (â lâh tâh léh = dâ =â lâh mo'o léh). Stricto sensu, mo'o signifie « un autre lune
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W3pI22le penn né tsia Wi3 sekhoû gWi3. Motiè ti gouon dah tî goû'tè, fonI23 poua tâh dzouon vouôm. A lé dah be fo lepa mo'o népfe pfoû, djidâ we tchong ma'a kouong-é wé pou-é si go kouenn Lâ'kam'a, poû la'té Sikapenn. Di tâh léhdjî, mkouom fih tétè ta'a Sikapenn poua tS3ng pfekhon khe tah nve poua mkuÏ3m 13ng. Wa'ha poû té kong'é poû mouenn bi fo'a we, mkouom ghamté poua ta'a Sikapenn, ké dou deh popouong'é Sikapenn go. A pok ma' a pam mouenn pok te é touok dZ3m-dz3m honté gue poû le'a koua Wi3 mouenn, Motiè. Da'hâ mblédja ham gue W3p go ghe'a you3-é fO-W3P t3m W3p na'a. A we wa'ha, you3-é djoudjouenn mégwî e lâh gam'a t3m : Sikapenn lé zi tâh Mefo gWi3. Traduction française: - Il était une fois, une petite enfant qui avait sept ans quand sa mère mourut,' celle-ci mourut en la laissant à sa coépouse, qui avait elle aussi une fille de neuf ans. Le père pleura et pleura, mais se consola avec l'enfant. Le nom de l'orpheline était Sikapen elle était élève en classe de CEl. Six mois plus tard, la"femme du père de Sikapen commença à la menacer, laissant sa propre fille Motié pour ne donner du travail qu'à l'orpheline. Elle ne permettait pas qu'elle apprenne ses leçons, la réveillait à cinq heures afin qu'elle lave les assiettes, les marmites, et balaie le sol. Une petite fille de sept ans! - Heuh ! (indgnation de l'audience). - Ecoutez! Sikapen travaillait comme ça et allait à l'école sans avoir mangé. C'est en chemin qu'elle cueillait des fruits d'arbre pour manger.
122
Signifie: « son père» ; c'est un synonymetrès utilisé de « ta'a-yia ». De
manière exceptionnelle, le possessif « wap », qui est pluriel, est accepté pour te-wap, son père, terme dont le pluriel est ta'a-yap (leur père) ou mta'a-p:lp (leurs pères). Idem pour mè-è (ta mère), mo-o (sa mère), synonymes respectifs de ma'a-yoû (ta mère) et ma'a-yia (sa mère). 123 Né fon, devenir enceinte (à ne pas confondre avec né fon, conduire [automobile]). 198
- Dans ces circonstances, qu'en dit le père de l'enfant? (question de l'audience). - Le père de l'enfant sut ce qui se passait plus tard. Ecoutez! L'orpheline continuait à aller à l'école et s y investissait. Si un jour, elle rentre de l'école un peu tard, sa marâtre la bastonne copieusement (titt : jusqu'à lui demander d'aller dire). Son père dut savoir ce qui se passait et lui donnait désormais à manger en cachette, à l'insu de sa femme. Pendant longtemps, Sikapen pleura pour sa défunte mère et pour la souffrance qu'elle endurait. Un beau jour, alors qu'elle rentrait de l'école en larmes, un phacochère traversa devant elle et de l'autre côté de la route, se transforma en une vieille mère et lui dit : « - Ma chérie, ne pleure plus. Un jour, tu deviendras une reine dans cette contrée. Ne pleure plus! Prend ce riz et mange. - Je vais manger du riz sans connaître celui qui me le donne ?, demanda lajeune fille. - C'est ta mère qui m'envoie vers toi. Dieu l'a appelé à lui pour d'autres tâches. Viens que je te montre l'endroit où tu devras passer pour trouver de la nourriture. N'aie pas peur! » L'enfant la suivit. Les deux marchèrent un peu et arrivèrent sous un gros arbre. Cette maman-là souleva des feuilles de bananier et lui montra une jarre un peu enfouie sous terre. Et elle dit à l'enfant:
« - Il faut passer ici matin et soir ouvrir cette marmite, te servir et manger. Tu as compris? - Oui, maman! Le jour où il n y aura nourriture, que ferais-je? - La nourriture ne finira jamais dans cette jarre! Et ne montre jamais cet endroit à personne. Le temps de se retourner, la jeune fille constata que la vieille femme avait disparu. La petite fille fit ce qu'on lui avait dit jusqu'à l'âge de quinze ans. Elle obtint son CEP mais sa marâtre fit tout pour qu'on ne l'envoie pas au collège. Motiè restera au CEl pendant cinq ans avant d'être mise enceinte par un chasseur.
199
Un jour, le chef supérieur d'un autre village décéda et le prince héritier avait besoin de sa reine pour le séjour au Lâ 'kam (case initiatique). On lui avait indiqué Sikapen. Un jour alors, des joujous (mkouom) descendirent dans la cour du père de Sikapen tenant une branche de « l'arbre de paix », une chèvre et des tines d'huiles. Comme on ne refuse pas la main d'une fille à un chef, les émissaires discutèrent avec le père de Sikapen et emmenèrent celle-ci. La marâtre de la fille fut si dépitée qu'elle demanda en catimini aux étrangers d'emmener plutôt sa fille à elle. Mais ceux-ci dirent n'exécuter que les ordres de leur chef(litt : .. .dirent qu'ils ne faisaient que faire ce que leur chef leur avait demandé de faire). Ainsi se réalisa la prophétie de la vieille mère: Sikapen devint une grande reine.
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PATER NOSTER Notre Père qui est aux cieux! Que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne; Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien, Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés Ne nous laisse pas entrer dans la tentation, mais délivrenous du Malin. Car c'est à toi qu'appartiennent (...) Le règne, la puissance la gloire (à jamais). Amen. (Matthieu 6 : 9-13, La Sainte Bible, Alliance Biblique Universelle,2000.) Version bamiléké (traduit par l'auteur du présent ouvrage, @ 2008) : Ta'a-yoepa wé tehé-éhian bong'a, Gue tsann-tsoû we dèlèè 1 Guejua-yoû eho dam tsâ'hâ; Gue be keyé 0 kouong'a tsa'té dam tsâ'hâ ba'a tehééhian bong. Ha yoe yitehî ne yoo lédjî; Liné mnoua tépouong-moe ba wa'ha poe diné mnoua tépouon-mé po ghe ne poe'a. Ke nou'ou woe né lonté'ô Pfapté woe be Sâta. Bi'gue gouon tsoua be ne mbou-moû, ba pawa mama poua gouon wapté, (ne gouon mtam'a wang). Amen.
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CONCLUSION GÉNÉRALE Le présent ouvrage, qui dresse un système d'écriture pour la langue bafoussam, en établit l'alphabet et la grammaire, en même temps qu'il contribue à rendre possible la mise en place d'une graphie harmonisée des langues bamiléké. Celles-ci ont d'ailleurs beaucoup à offrir à la linguistique de manière générale, même s'il est vrai qu'elles manquent encore cruellement de plateforme commune d'étude. Parmi les richesses du bamiléké-bafoussam, il convient de mentionner le large éventail de ses temps de conjugaison, des sons et phonèmes peut-être jamais lus et écrits jusqu'alors. Car l'étude du bamiléké-bafoussam a révélé quelques curiosités linguistiques: (a) les langues bamiléké ne seraient pas des dialectes purement bantous ou semi-bantous, eu égard, entre autres, à leur origine égyptienne; (b) en admettant que ces langues bamiléké sont toutes nées d'une même et seule langue (<
qui est proposée fait ressortir davantage de richesses, les unes plus étonnantes que les autres. On ne saurait oublier les nombreux détails sur la culture que véhicule la langue en question.
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LEXIQUE
BAFOUSSAM-FRANÇAIS
A â chiok'é. -C'est tordu â pouong. - C'est bon â tsa tsoua-o ! -Bon appétit! (on s'adresse à une personne) â tsa tsoua-pa! -Bon appétit! (à nous, y compris celui qui exprime les souhaits). â tsa tsoua-pé ! -Bon appétit! (à plus d'une personne) â wé'té. -C'est fissuré /ça porte des fissures. A néghéé né ne nang youa (=herbes pour faire la cuisine), ce sont les condiments verts (céleri, poireau et autres...) agnossi rnhoua gwia ( = oignon à larges feuilles), poireau agnossi, oignon apta apta zouô, le jour d'avant-hier (avec le temps au passé) ; apta apta zouô, le surlendemain (avec le temps au futur) apta zouô, après demain (temps au futur) apta-zouô, avant-hier (temps au passé) assidan, accident B bah tông, boucles d'oreille bakbak / bacbak,violent balon rnboù, hand-ball balon tétông, basket-ball barn / noù barn, type de vipère bank / ban, banque bank, banque baton rnkoua,football be koo, toute chose, tout ce que, tout ce qui, n'importe be woo / be wiè gni'o / ba'â woo, toute personne balek / blek, pain benn tsoua (litt : qui peint des choses), peintre
quel...
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bétchouo, type particulier de singe barn chon'gouôp, œuf de perdrix barn chong, œufd'oiseau barn docfawélé, œuf de canard barn'gouôp, œuf de poule bang houa, comprimé (de médicament) bang kouo, reins (organe interne) bang, marmite bang, marmite bap djidji, viande de mouton bap docfawélé, viande de canard bap gou, viande de poisson bap gouôp, viande de poulet bap guénarn, viande de porc bap rnéchông, aile d'oiseau,. viande d'oiseau bap rnéchong, viande d'oiseau bap nah, viande de bœuf bap nve, viande de chèvre bap youa yang, viande de brousse bap youa'rnkhoua (= viande de bête), viande de brousse bap, viande bap, viande (fig) : lâche,. ignorant bap, viande,. aile (se dit aussi bé) bapdarn, rat bigdè,jour férié biyang dzouorn-zouom'é, arachide sec biyang hui, arachide frais biyang, arachide blek, brique,. pain blossi poua kia-msouon, brosse et pâte dentifrice blouwè, brouette boh pfe, fagot de bois boh, beaucoup de (boh po mté-hé dze, il y a beaucoup de gens au carrefour) bombe, bombe Igrenade bou'dzam, balafongiste bou'touorn, joueur de tambour bouè, valet Idomestique 206
bouedjî zouô, hier soir bouèdjî, soir C calétussi / kalétussi, eucalyptus caio, carreau capinè, latrines casset, cassette cemec, ciment chenage, chaînage, linteau chi mpahm (= celui qui coupe et rabotte les planches), menuisier chichi, aubergine chô, éléphant chon'gouop, perdrix cou' cou, pigeon cout, veste cout; kout, veste D dah bapdam, terrier du rat dah siam, boutique dek, étage, niveau de-tsoua ne pfe (titt : qui dessine sur le bois), sculpteur diabèt / wo choca tsam mtse (= maladie du sucre dans le sang), diabète dian, bambou diam, vampire, sorcier pouvant faire des victimes dans leur sommeil. Djamann, Allemand dji', la pistache (Cucurbita pepo, Cucurbutaceae) dji'toua (litt :pistache de la tête), cerveau docfawélé, canard docfawélé, canard doh, malchance, malédiction dong (youa),prix de la marchandise douông, sifflet drossam, caleçon 207
dzam, hache dze ; medze, voie, route,. moyen dzéh fo-fo'o (= selles de diarrhée), selles liquides dzéh, selles dzang, balafon dzap kieng'é, légumes verts dzap, hérisson dap I khe,fil dzou', hémorragie nasale dzouenn-youa, acheteur dzouongwenn, blessure, plaie dzouop kia, chanson, musique dzoua'kia, hippopotame E é, il /elle échafodage
Ipalan dam mtche (=planche sur des piquets),
échafaudage
F fa' chi mpalan (= travail de celui qui coupe et rabote les planches), menuiserie fa' dzap pah (travail de celui qui monte des maisons), maçonnerie fâla, prêtre, pasteur,. prédicateur famlâ, «famlâ »(sorte de sorcellerie) fe mkouéné, haricot blanc fèdefè,fil de fer figalé [de l'anglais «finger ring »], bague fipa glassi, citronnelle fipa, fièvre [de l'anglais « fever»] fissi, poisson frais flépa, poèle fléwa,fleur fo lepa, chef supérieur fo tièh I fo thiè, sous-chef fo, chef, roi fokdjî zouô, hier matin 208
fokdji, matin fondassion Itsou'pah,fondation foto mak-mak'é, tableau de peinture / portrait foufouè-è we tchi, Ie vent souffle foufouè-è, vent fouôk fokdjî, brise du matin fouôk we khoû, ilfait frais fouok, bambou de Chine fouôk, l'air fouôn, blessure fouông, blessure G gâ'a vouôm,fusil de chasse gâ'a,fusil galé, tapioca gha'bou Ipat (bat), grave ghi mkouéné, haricot pour kaki gilè, gilet; pull-over glissi, Anglais glam, acide (n.) ; susbtance mortelle gné, machette gnèh, rhinocéros gni we té zouéh éhonté mo'ho. -que celui qui n'est pas rassasié en redemande gôh, souffrance gou Igoudjî, année gouenn msoussouong, champ de sissanga, champ de roseau gouenn, campagne/plantation gouon wap, tous, tous les, toutes les gouon yie, tout le, toute la gouong na'a, billon gouôp, poule goyave-yoo tchiok, cette goyave est aigre gué kouo (= filariose du dos), méningite gue si djo wap pepa'a,je les vois à deux. gué tong, otite gué, filariose 209
guefoué fe ; guefoué hui, maïs frais guefoué, maïs guénam gouenn, sanglier guénam, porc guepenn ma'â (litt: acceptation de la part de la mariée/promise), somme d'argent acceptée par la mère de la mariée en signe d'acquiescement guap, antilope guapdjî ; guapdjî, semaine guiang dzouop Ida (= qui fait des chansons), chanteur, musicien guiang / guiang néh, nerf; veine / artère guiang bouenn ne balon, adversaire (dans un stade) guiang bouenn ne politik, adversaire politique guiang bouenn, ennemi guiang fa' houa, guérisseur, herboriste guiang gâm tsa'guiang, rapdomancien guiang kouh, frotteur de mains magnétiques guiang nélden, pratiquant de la magie, grand guérisseur (y compris des cas mystiques) guiang wo sida, sidéen / séropositif guap'pang, singe jaunâtre guitâ, guitarre gwayave, goyave gwang, sel GJ1 gJ1agJ1a, corbeau gJ1am, gabarit; prestance physque ; corpulence gJ1am-gJ1am, de grand gabarit gJ1è, visqueux et amer (saveur) -gJ1è kendé, banane pas bien cuite gJ1ap, visqueux; crasseux (gJ1ap-gJ13p) gJ1o-gJ1o gni, personne très crasseuse gJ1ou, mois gJ1ou-gJ1ou, tordu -né gJ10U'OU, tordre
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H hiélà, chefferie supérieure hou', aubaine, trésor hou;} déwa (=feuille de tabac), cravate hou;} fipa, remède de la fièvre hou;} koutinn, remède ontre la dysenterie hou;} mzouok, remède contre les démangeaisons hou;} ne tchian, remède pour la glaire hou;}, remède, médicament
J jî, dehors; le dehors; la vie jidâ, djidâ, héritier jidji;}m,folie passagère jua, souffle; esprit jua nouo'n mkwôn (litt : souffle du boa), arc- en-ciel K kaba (confection en kaba, style d'origine douala) kamsayon,boubou kamsî, voyant « kamsî » kam-trossi, culotte kélouon b;}p guénam, plantain accompagné de la viande de porc kélouon, plantain kendé kondrél kondré kendé, type de banane kendé ntam-tam'é, ragoût de banane kénoû, pirogue kendé,banane képak' é, lézard képè, haine kétouok' é gni, personne sculptée kétouok'é, statue kek;}p, poitrine ko'té, épuisé; vieux kouh, tabouret; siège kou'dâ; nkou'dâ, étagère koutédâ, seuil de la porte ;
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kamsÎ, voyant kam, morceau (d'un tige) kam'yoU3; kap'YOU3, morceau (de bois) ; bâton kassa, chef suprême; président de la République k3m tsa'hâ, brique k3p, jarre k3p, argent k3p guepenn ta'â / guepenn ta'â, l'argent donné au père de la fille pour le remercier d'avoir accpeter de donner la main de celle-ci k3p hou-hou' ou, argent emprunté / argent prêté k3p hOu3-tche / hOu3-tche (Iitt: feuille d'arbre), billet (de banque) k3p tÎnn / kam tÎnn (Iitt: [argent] métal/morceau de métal), pièce de monnaie, jeton khou'dÎ, coureur khOU3,jambe, pied kissim / kissi3m, cuisine (de l'anglais « kitchen »), synonyme de toh môk (litt : pièce pour le feu) kissi3m, cuisine ki3ng koubou/ koubou, grosse assiette ki3ng, assiette ki3ng, disque compact (CD) ki3nkwenn, écureuil kô, tsoU3 kô, portail koh, coq koki / koké, le « koki » (repas à base de la pâte de haricot) kondiman, condiment kondlé kendé /kond3lé kendé, « kondré » (repas bamiléké fait de banane plantain particulièrement assasonné et enrichi de la viande, le plus souvent celle du porc) kou3ng'é, cycliste /conducteur d'engin à 4 roues kou'tinn, dysenterie koueng'é poû, bracelet kouenn tsouté (litt : qui fait les réunions), membre d'une réunion kouè, kapinè, latrines (toilettes) kouh mak-mak'é, tabouret sculpté 212
kouh mkhou;J, tabouret traditionnel kouk, boy / bonne,. esclave koukouom, mortier (pour piler) koukouôm, mortier (pour piler) koukouon'é-medze, oiseau dit des petites rues kouon d;Jm-d;Jm, gros pilon kouon mS;Jn (pilon pour le couscous), petit pilon kouon, pilon kouop ka'hâ, raphiale, plantation de raphia (généralement dans les bas-fonds). koutinn, dysenterie kui poû-a, prends ma main kui;Jn néh-o poua blossi, brosse-toi [avec la brosse] kuipon, adjoint kuipou fo, adjoint au chef kuit;Jn, témoin kui;Jm l;Jng, tine d'huile kwop'tche, écorce d'arbre
KH khâ, amorphe hhâ gni, personne amorphe khe, fil corde khe, cent khekhe, malhonnêteté khekhe gni, une (e) malhonnête khetè, cinq cent khé-é,descendance, lignée khekhouenn, idiot, étourdi khou;J, pied,. jambe khouta'a, gros sac ,.
L la' a, pont lala t;Jp,chaussure basse lam, four traditionnel (où le feu est attisé à l'aide de soufflets de fortune) ; désigne aussi la forge laye, ail 213
lédjî-yoo, ce jour-ci lègle, règle /équerre (avec r> 1) léh dze,jour férié, jour de sacrifices et de visite des tombes léh / lédjî,jour lôJnne tsihi néh (= huile pour se oindre), lait de toilette lia, aujourd'hui lok capinè-o (litt : ferme tes latrines), tu la fermes [ton rude] lok tsouôJ-o,ferme ta bouche lon-bou nzouôJ,chemise,. tenue à longues manches longâ, seau longâ ne souok néh (= seau pour se laver le corps), seau de toilette long-trossi, pantalon [trossi, de l'anglais « trousers»] loûh nâh (= cuiller pour la sauce), louche loûh, cuiller lôJngbiYôJng(= huile d'arachide), huile de table lôJng, huile
M mah, remise m'houôm, graisse m'mah, remise / bonus ma' a pâm, mère adoptive maa sessa'a pah, édifice makto, marteau marna, à jamais; éternel (pawa marna, toute-puissance, puissance éternelle) mbè, abcès mbè, bè, village mbee,fruit noir mbou muzik (qui joue de la musique), musicien me fo'tche (litt : arbre-roi) , baobab mechông, oiseau méchong, oiseau (i- mechong, machine) megJ.1oû bôJp, tuberculose megJ.1oû kokelouchi, coqueluche megJ.1oû si ta'hâ, la lune brille megJ.1oû, lune,. toux
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megl1oû, toux, bronchite mégne, couteau mekebé, macabo melouloû, poisson sec méta, mètre / instrument de mesure de longueur [de l'anglais « meter»] metoua gwia (litt : grosse voiture), camion metoua kalek / camion, camoin metoua tsou, engin de combat / char d'assaut mangwélé, mangue mghe tsoua, agissements mguénam-bé tsa mhe ? - Par où sont passés les porcs-là? mhouom nam, graisse d'animal miclobe (néologisme récent -avec r> I), microbe mka'ha, roseau mkouéné lèssi, riz mkouéné méringué, haricot méringué mkouéné nwa-nwa, haricot muticolore mkouéné, haricot mkouom, lance,' flèche mkouong vouôm, lances de chasse mlou kâa, vin de raphia mlou medjoga, vin rouge mnang, huile de palmiste modé, lundi môk,feu moktchi, 1. midi / 2. en plein jour mouè noû, (litt : comportement propre au serpent), mauvais comportement mouè tépouon, bon comportement mouè, comportement mouenn-woo ghe tsoua wa'ha khekhouenn'a, cet enfant-ci se comporte comme un étourdi mpepâ, éclair msâk,fesses (singulier: néssâk, fesse) msâk-mou souong (= tes fesses -rectum- sont ressorties), tu souffres d'hémorroïdes msouon, dents 215
mS1JDg,couscous de maïs (le nec plus ultra de l'alimentation chez les Bamiléké) mta'p1JDg si bâh mkè-m1Jp tche b1JDg'été,Les tisserins sont en train de faire leurs nids sur le palmier à huile mtamté dzou1J, boutons mtam'tche-mo'o we tchiok, les fruits-ci sont aigres (acides) mtche, lattes mtè, marché /commerce mtse, sang,' morve mtse (avec intonnation), morve mtsiè, torrent mtoû-mi1J ba pouté, ses intestins sont entrelacés (tah toû, intestin) mtou1J, barbe mtse, sang mtsoû, nuit (le m initial est prononcé) muamba'a, vingt N Da'a, parcelle cultivable Nadjélia, Nigeria Dâh, sauce Dâh biY1JDg,sauce d'arachide Dâh dji', sauce de pistache Dâh dolè, sauce du « dolè » (à base des feuilles amères d'une plante -aliment dit du pays sawa -Douala) Dâh dZ1Jp, sauce de légumes verts Dâh Dpè (=sauce du taro), sauce jaune à vinaigre de cendre Dâh tchi-tchi'hi, sauce jaune à base du vinaigre de cendre Dâh, sauce Dam da' dou, le soleil s'est déjà levé Dam ké, le soleil se lève,' le soleil s'est levé Dam kétouok'é, animal sculpté Dam pÎ, le soleil s'est éteint, le soleil s'est couché Dam si ta'hâ, le soleil bible Dam; soleil Dam, animal Dam, heure / soleil
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namgwi, panthère (désigne aussi les autres félins sembables : tigre, guépard, léopard, jaguar. . .) namtéma (litt : animal à ne pas tirer dessus), lion ndaa Indal, dalle ndî, course né chi mkétouok'é ne kouenn (litt : faire des statues sur un lit), sculpter un lit né chong dze, asphaster la route, bitumer la route né fa' houiJ (=travailler à l'aide des remèdes), soigner, traiter né fa' houiJ, travailler avec un remède, soigner né féh doh, extirper la malédiction, purifier né fenn, vendredi né fenn'a hui, vendre bon marché né fenn'a tinn, vendre cher né fi'hi dong YOUiJ,baisser le prix né fih tche tah tche, descendre d'un arbre né fong'é dong YOUiJ(litt : se tirailler sur le prix), marchander né fou dzouenn-youiJ, tromper le client né fouè môk, attiser le feu, attiser les flammes né gf.1a'ha dong YOUiJI né kui'hi dong, augmenter le prix né né gheté tSOUiJ,agir ,. se comporter de manière bizarre né gne,faire ses besoins né ha bièè, bénir. né ha ki(dah) bi sata (= donner la clé à Satan), être bien habillé né hagna ne nZOUiJ,repasser les vêtements né ho kouè, aller aux toilettes né hou, emprunter prêter " né joh,fermer né kegf.1o, boiter / claudication né khou dî, courir, faire une compétition de course né khouè nZOUiJ(=porter l'habit), s'habiller; né ko mboû tche, couper les branches d'arbre. né ko ta'the, couper un arbre né ko, couper / abattage
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né koh nésouong, éclater de rire (la jeune, qui était couverte d'une page, s'en débarrasse en éclatant de rire, lors de la grande cérémonie, en signe de joie) né kouaa na'a, sarcler le champ né kouam, clouer né koué touon (=attacher le cou), porter une cravate né kouéh, attacher né kouenn, entrer né kouh tche tah tche, monter sur un arbre né kouo'o kap Iné tchen kap, trouver de la petite monnaie né kouom mghéé, désherber né kouom mtoue, raser la barbe né kui kia (litt: prendre de l'eau), baptême,. se faire baptiser né kui kap, prendre l'argent né kap cafè, cueillir né kap mtam'tche, cueillir des fruits d'arbre né lapté, réchauffer, tiédir né le gni (litt : filmer quelqu'un),faire le portrait de quelqu'un [en sculpture] né le mouenn dé hé ghe wia [litt : faire de l'enfant d'autrui le sien], adpoter un enfant né lé néh ne kéh (litt : regarder le corps au miroir), se mirer. né lé noua nah I né lé, veiller à né lé, régarder /regard,. s'occuper de né Hè tsou, guerroyer, faire la guerre né Hè, coller,. esquiver,. guerroyer né Ham (sans intonation), cacher quelque chose, garder un secret né Ham, accident / se blesser né 10poû mégwi, demander la main d'une femme né lok,fermer né menn, peindre né nong, danser né nong'é kap bank, mettre de l'argent à la banque né nouong'é kap, verser l'argent né noua youa, boire (quelque chose) né nto tinn, brûler lefer né ntsoua taplé, se mettre à table 218
né n:mg youa,faire cuire quelque chose, cuisiner né nang,faire cuire né nwoua tné nwa', écrire né nwangp.1é, briller,. être très poli né pâm gni, blinder quelqu'un né pâm mouenn, adopter un enfant / adoption d'enfant né pè, détester (képè, haine) né peh cafè, planter le caféier né peh mkouéné, semer le haricot né penn tné mak, peindre né penn, admettre, accepter/acceptation né pang tné pan, mûrir,. être mûr,. être brun/rouge né pfapté, couvrir né pfoué, manger (en mâchant) né pih môk, éteindre le feu né piap, attendre / attente,. affronter /affrontement né ponessi, punition /punir né poû mkouéné (= battre le haricot), récolter le haricot né pouèh gni, traiter quelqu'un (t né pouèh, être fatigué; né pouè, verser) né sah toua (=peigner la tête), se peigner la tête né sah youa, vendre cher /monter les enchères né se, couper [homonyme de né se, avoir un courage d'enfer] né sè,fendre / fente né sou môk, allumer le feu né soû na'a, sarcler le champ né sou tcho, porter un chapeau né sap ploplo, tourner le béton né tak na'a a tsa, laisser une parcelle en jachère né tak, ne pas... (négation) ; manquer,. maudire qqn lune chose né tche, saut,. bondir / sauter,. bond, saut né tchî youa, manger né tchiè guefoué (litt : couper (les épis du) le maïs), récolter du mals né tchiè kendé, couper la banane (sur le bananier) né tchih na'a, cultiver le champ, labourer le champ né tchoh lambda, suspendre des démarches pour un mariage (fait par le père de la fille lorsque insatisfait).
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né tchoh mégwÎ, bénir la fille (par les soins de son père, avant qu'elle n'aillent rejoindre son époux) né tchouè tÎnn, battre lefer né tchuè, né tchouè,fouetter / taper né téé poto (= dresser le poteau), faire un coffrage pour le poteau né tia / né wi'hi, vomir né tièh cafè, trier le café né tok néh poua tawélé, sécher le corps à l'aide d'une serviette né tong nzoû (litt: creuser l'igname (blanc), enlever l'igname de terre né tong pè, creuser le taro né tong tse pah, terrasser un lotissement né tsihi mtap, nettoyer les chaussures né tsité,fouetter né tsoué, 1. gronder (syn : né tchiôk j né ghamté gni) né tsoua lam,faire laforge,forger né tsoua tsam, forger une hache né tan siam,faire le marché né ve tsoua ne pfe (litt : écrire des choses sur le bois), sculpter le bois né wéh gni, opérer quelqu'un / chirurgie né wéh,fendre éventrer / chirurgie né wi'hi, vomir "/ vomissement né wiam mouenn,porter un bébé [sur sesjambesJ né wiam, tenir,' entretenir né wou'si, tomber (à terre) né wou'tche, tomber d'un arbre né wouh cafè, écraser le café né yenn ne mégwÎ, faire des démarches pour un mariage né zah (= couper), acheter à crédit né zâh poua so'o (= couper à l'aide de la scie), scier né zâh touagni, décapiter quelqu'un né zâh, couper né zâh, couper, trancher / fait de couper ou tailler né zouenn, acheter né zouang/ wo né zouang, stress, dépression 220
né zap caio ne si'dah, poser des carreaux sur un sol né tak sekoû, s'absenter à l'école néchité, grosse nervure de raphia néchuè, «néchuè» (type de malédiction dont on peut s'en purifier) néghéé, herbe néham, dix néhamo, huit néhian we ntâm, le tonnere gronde néhian,foudre, tonnerre néhian bong/ tche néhian bong/ tche-éhian bong, ciel nékien, magie nékoua, quatre nékouong,flèche, lance nélièh, igname jaune nepeh dah / népeh dah, angle, coin népeh, kola népo', melon népo-ékié (= melon du Blanc), pastèque népoû ma' a ta'â, boule de plantain pour la grand-mère paternelle de la mariée (offre obligatoire) népoû, boule névam dok-Iok'é (= ventre bouché), constipation névam-tsa lok,j 'ai la constipation névou' ou, neuf néwe tétè-è, être papillon = très léger nfe, pus ngo'môk, braise ngou, patate douce ngou-ékié / ngou nékié (= patate du Blanc), carotte nguè, crocodile, caiman nka'a, raphia nka'té, dos nkè méchong, nid d'oiseau nkè, singe nkiè, contrevent nkoû, échelle
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nkouam mtoua'pah / nkouam'pah (= celui qui fait la toiture des maisons), charpentier nkwomkwom, couscous de manioc noba yetè/noba'tè, cinquième I n05 noô le tchouok tah mouenn sekoô léh-mèssekoô Hô, Un serpent a mordu un élève vendredi dernier. noô touféé / touféé, mamba vert noô zak / zak, vipère noô, serpent nouong'mkwông, boa (désigne aussi tout autre serpent géant: crotale, python...) ntam / dong, tant de, autant de ntâm, pomme de terre ntê, calebasse I bidon ntou, boîte ntsé, blennorrhagie (le terme assimile toute autre maladie semblable: syphilis,...) ntang pah, charpente ntang siam / fenn-youa, vendeur, commerçant nvoô, chien (gwÎ-nvoô =chienne) nzoua, pois nwâ, miel nwè-è, lettre,' livre,' cahier nwè-è mtchouon ; pipa mtchouon, journal-presse nwa'tsoua ne pfe /nve-tsoua ne pfe (litt : qui écrit sur le bois), sculpteur nwouak, nwak, lynx nwouôm, tordu (né nwouôm, tordre) nwouom-nwouôm (épithète), tordu
o 0, ô, tu ô go souok néh dike?
- quand
vas-tu te laver? I quand allez-
vous vous laver? (vouvoiement). o koua'a palan-yoo ta tihi; hn, a tihi. -Tu as rabotté cette planche jusqu'à ce qu'elle soit lisse,' oui, c'est lisse. ô tak tsèhè-wa gueke? - Pourquoi tu ne me salues pas? IPourquoi vous ne me saluez pas (vouvoiement).
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P pa, nous (inclusif) pa'a, sac pa tsoua'si dji yitchî ; pa noua ba mlou. -asseyons-nous pour manger la nourriture; buvons aussi du vin. pa'a,folie, démence paa biang, sac d'arachide pac tsa'hâ, tuile pah dek pa'a, maison à un étage pah pakping (= monteur des maisons en parpaings). pakbé, troubles de la rate pâm pah, angle de la maison / (souvent) : poteau de l'angle pé, vous pé, profit pè I pê, taro
pé lapté yitchi dji te go sekoû, Réchauffez la nourriture et mangez avant d'aller à l'école pe nong, danseurs (pluriel) pé souong Dassi gue me poua tsabe-é wie mégwi cho dé wia, Dites à Dassi que sa grande sœur (= son aîné de sexe féminin) et moi sommes venus le voir. pé'a poû khoudi, Cours avec eux (elles); courez avec eux (elles) ; courez tous ensemble. pemâ po'mtam (= orange de petite taille), mandarine pemâ tchiok-tchoik'é, citron pemâ, orange pôJlen, bois bois de chauffage = pfe) ;planche pôJntcho, chapeau rouge; gendarme (car au Cameroun, le gendarme en porte) pôJnglôJng(= huile rouge), huile de palme pôJng mkouéné, haricot rouge pôJngnkémé, neuropaludisme, typhoïde pôJng,paludisme pôJté,tache sur la peau; tache de la teigne pia, avocat piè pégüî go ti nong ne bouom dzou'o ? Piè naa ? - Quelles femmes danseront demain lors du bal? Lesquelles? ploplo cernee, béton Imicro-béton (=I-
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ploplo, mortier ploplô, mortier [en terre ou de ciment] ; béton poe, nous (exclusif) pong,canne pôtelé, bouteille poto, poteau pou I wokpou, nous deux / toi et moi poû si vé ga'â, on tire aufusil poû, main, bras (pluriel: mboû, mains, bras) poû, on ; bras / main poû'kwop, chimpanzé poussi, chat pulover, pull-over PF pfe, bois pfe, cadavre; carcasse pfe, fois pfegnang'é, caméléon pfekhon I tehenn pfekhon (localement appelé «arbre de paix»), Dracaena deisteliana, Agravaceae pfipfi, termites (des branches d'arbres et du grenier) pfôe, veuf veuve pfou, «kuλ (sauce gluante très assaisonnée, à base d'une écorce gluante d'une petite plante presque rampante; cette sauce, très appréciée et originale, accompagne uniquement le couscous de maïs) S sa'a, sorcellerie sa'tehouo, peigne sadja, pagne sâkpah, mur sam, samgni, aucun-e-, personne sam'you;}, rien samba' a, sept sassedè, samedi sassepouèt, casserole 224
sayon, long boubou se mkouéné, haricot noir sè pal;m pak pa'a te kouam. -fend la planche en deux avant de les fixer (<
sitok, chaussette - msitok, pour le pluriel siam, commerce/ marché so'o, scie sodé I soodé, dimanche sodja, soja soû lonkhom, pelle soû,houe soun'tsou, hémorroïde souok ne souok néh (=savon pour se laver le corps), savon de toilette; souok'mlâm, hyène T tah, un (e) ta'a nong, danseur ta'a pâm,père adoptif ta' a, monsieur ta'a, père ta'pang, tisserin taa-a tchiok tè, mon père est très sévère tah chon'gouop pèè ne tche zouom-yé, Une perdrix s'est posée sur le safoutier-Ià. 225
tah tînn, clou tam ntâm, ragoût de pomme de terre tâm pah,fouille tâm, aigle / faucon [tâm, homonyme de tâm = gros trou et né tâm = verbe «jouer» ...] tam, grenouille tam, temps tap'tehe, fruit d'arbre tawélé, serviette de toilette teto-o, grenouille.. crapaud te bé poe wi'a ?, est ce que nous pouvons rire? te bé , si bien que.. de sorte que.. au point où te bé... ?, est ce que... ? tétè-è, papillon této'ho, crapaud, grenouille tetông, pannier této-o, grenouille t3p /mbp, chaussures t3p bot, bottes t3p gwop, chaussure en cuir t3p khe, chaussure avec lacets.. chaussures à cordes t3p 1d3, chaussure plastique bp talon, chaussure à talon tînn,fer.. clou thin, thym tigwi3 mtou, perle; tigwi3, collier; tîh leng, calebasse d'huile tikoû, type de banane à courts doigts tînn huia-huiâ,fer chaud. tînn ne ko'ho, tenailles / pince tînn,fer tînn,fer, métal tinn,fort titeha sè'hè waka ehenné ? - quand est-ce que le professeur rentre de voyage? toh-mok (litt : salleoù se trouve le feu), cuisine tok'ô, six 226
tomate, tomate tonka nzoua (= habit que l'on porte sur le tronc), haut toû, bosse toû, nain (e) tou'bap, désigne tout rongueur des champs touom kiak, tambour bass /grand trambour touom koh'o,petit tambour touom, tambour toua pah, toiture to-o, boîte to'dâ, chambre trossi, pantalon / culotte tuèh, asticot TCH tchapia, débroussaillage tche, en haut tche, tah tche, arbre tche (n)éhian ;néhian bong, ciel tche bang' été, palmier à huile tche cafè I tchenn cafè, caféier tche gwayave, goyavier tche mbe, arbre à fruits noirs comestibles. tche mangwélé, manguier tche pemâ tchiok-tchiok'é (= arbre du citron acide), citronnier tche pemâ, oranger tche pia, avocatier tche zouom (= arbre du safout), safoutier tchenn kelouon (=arbre de la banane-plantain), bananierplantain tchenn kendé (= arbre de la banane), bananier tchenn souôk, poivrier (plante de piment) tchi'tchouâ,joueur de maracas tchiakoua, souris tchi'nah, « nah pè » ; sauce à vinaigre de cendres tchiok, sévère; aigre tchiap, écobuage tcho, chapeau 227
tchossi dek-ékoua, église de quatre niveaux tchossi, église tchouâh, tontine (africaine) tchouamo'o, onze tchouo gâm'sÎ, mygalomancien - Mygalomancie: voyance bamiléké exécutée à l'aide des mygales divinatrices. tchouo gâm'tsa, rapdomancien tchouo'o b;}pd;}m,orifice par lequel le rat s'échappe tchouop'éhamo, dix-huit tchouop'ékoua, quatorze tchouop'évou'ou, dix-neuf tchouop-pa'a, douze tchouopsamba'a, dix-sept tchouoptè, quinze tchouoptÎ, treize tchouoptok'ô, seize tchué gwi;}, chefferie supérieure tchué pakping (= celui qui porte les parpaings), manœuvre tchué ploplo (= celui qui porte le béton), manœuvre tchué, chefferie TS tsa'ha, terre (p;}n tsa'ha, terre rouge terre rougeâtre) tsâh kendé, grappe de banane tsam,fouet Tsapo, Seigneur (Tsapo Sîh, Seigneur Dieu) tsass;}m, manioc tse pah, lotissement, immeuble non bâti tsenam, biche tse, groillon tse, beau-fils tsi'si;}m, marché, lieu de commerce tsité néh-o pou pouong'é,frotte bien ton corps tsitsi, moineau tsou, l.guerre 2. fond (de quelque chose) 3. organe sexuel tsou'mkouéné / mkouéné tsou-tsou'ou,pilé de haricot ts;}ng, prison tsoûh, hanche
228
tsoûh, les reins, la hanche tsoupou, choléra tsouté, réunion /association (conférence, colloque, etc.) tsoutsoua, ver (terme générique: désigne les ascaris, les filaires, le ténia, le ver de Guinée, etc. ..) tsoua mtè, marchandises (pluriel) tsoua né ne kouenn mégwÎ, la dot (les choses nécessaires pour doter une femme) tsoua ne nang youa (= choses pour cuisiner), condiments, épices tsoua pfou, condiments du « kuï » (entre autres, il y a le g/l8tsoua, le koudjÎ, le tchiapté, le souôk -piment-, le meghÎ, le msak' ékoua, le nelam...) tsoua'lam (litt : celui qui souffle le four de la forge),forgeron U Il n'y a quasiment aucun mot commençant par u. V va'hâ, gardiennage - né piap va'hâ,faire du gardiennage,' être veilleur de nuit ve,chèvre Yap,poussière vô, forêt vok, 1. sainteté,' 2. sauvetage voû / nvoû, chien vouôm mokdjÎ, chasse de jour vouôm mtsoû, chasse nocturne vouôm paa nvoû /vouôm nvoû (= chasse avec des chiens), chasse à courre vouôm pô'mchong, chasse aux oiseaux vouôm, chasse W wa'hâ, épilepsie wapté, vénération,' gloire wassenek, veilleur de nuit wassi [de l'anglais « watch»] , montre 229
wassi, montre we cho tsa'ha dé-waa ? - Qui est venu me chercher? W;}P,ils,. elles,. eux wo, maladie wo gha'bou, la maladie est gave / s'est aggravée wo kék;}p, mal de la poitrine, compression thoracique wo louok, maladie du soleil wo mmîh, maladie des yeux wo néts;}m /wo-éts;}m, maladie du cœur wo té hou;}, maladie sans rémède (autre appellation du sida, entre autres maladies intraitables) wo tsoûh, mal de reins wouss;}nek, témoin y yé chong, cimenter / crépir yemo'o / tâh, un (numéral cardinal) yepa'a, deux yetè / tsetè / metè, cinq yetî / metî / tsetî, trois y;}ng, brousse Y;}P(adj / pronom), leur (s) le/la leur,. les leurs yi;}, son / sa ,. le/la sien (ne) yi;} gouenn, campagnard,. indigène / personne peu civilisée yi;} mbè, villageois yOU;}ne tsou msouon, ce avec quoi on nettoie les dents yOU;}fo-fo'o we ghe' (= la diarrhée me fait), j'ai la diarrhée yOU;}fo-fo'o, diarrhée YOU;}güiwihi, vomissures yOU;}l;}m'é, mal de ventre yoU;} mouè-mouèè, enflement yOU;}mtè, marchandise (singulier) yOU;}ne foh (litt : ce avec quoi on mésure), règle / mètre (ruban ou rouleau gradué) yoU;} ne ko'ho (= ce avec quoi on tient quelque chose), tenaille, pince yOU;} ne koua'a p;}l;}n (= ce avec lequel on « racle» le bois), rabot ,.
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youa ne santé ploplo (=ce avec quoi on étale le mortier), taloche youa ne tsâk ploplo (= ce avec quoi on gicle), truelle youa né-né, bien acquis à titre gracieux. youa pékhou, varicelle Z zak, vipère za'gni,/antôme ; revenant; (fig) : mourant za'guiang, oreillons za'guiang we ghe mouenn hui (= les oreillons font le nouveauné), le bébé souffre des oreillons zing, tôle zoûh gouéh, autre type d'igname exotique (foraine) zoûh megnaa, igname dit exotique zoûh, igname blanche zouô, demain (avec le temps verbal au futur) zouo, hier (le temps verbal étant au passé) zouom, sa/out zouonkwenn, plaie, blessure.
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LEXIQUE
FRANÇAIS-BAFOUSSAM
A abandonner, né wâ abandon, né wâ abattre, né ma' [jeter par terre] ; né zou" [tuer] abcès, bè aboyer, né tsouh absence, né tak we si abréger, né za'té abus / abuser, ne ghe â chuè ; né ghe ta chuè [exagérer] accepter / acceptation, né penn accrocher,. accrochage, né kiè accoucher,. accouchement, né tse accueil ,. accueillir, né ghe choa pouon [souhaiter la bienvenue] ; né nweng'é accueillant, (né) nweng'é accuser /accusation, né pouté accusateur, gni wé é bouté'a ; gni wé si bouté'a [celui/celle qui accuse] accusé (e), gni we poû pouté'a [celui Icelle qu'on accuse] action, né ghe you" [faire quelque chose] agir, né gnak'é [se remuer] addition,. additionner, né tamté s"ng [litt : réunir et compter] admirer,. admiration, né chiom ; né chi"m [désirer] adulte, guétsô; tamb"nh'é (homme) ; mamgwÎ (femme) adroit, té chua [qui ne rate pas sa cible] ; né ze né Ion [qui sait viser] autrui, gni avancer, né ho mbe [aller de l'avant] avance [monnaie], zi'k"p aveugle, fou avare, ta'a né nam (masc) ; ma'a né nam (feu) 233
avorter / avortement, né tra mouenn (traduit aussi: « fausse couche») avion, avion avocat, pia avocatier, tche pia B balai, sanda balayer, né kemé bagarre, nkouè bague, figalé bambou, dian bandit, tchouôn ; kwébâm [sens de « escroc»] barbe, mtoua barrer, né dzah [couper] bavarder, né ghamté bavard, né gamté [il est bavard] battre, né tchouè ; né tchuè beaucoup, bogwia ; te'a zâm bâton, kam 'youa bégayer / bégaiement, né papté bègue, bapté beau,. belle, pouom bientôt, méda' blanc, CeCe
blanchir, né ghe a Cok [rendre blanc] boire, né noua boisson, youa noua-noua [quelque chose à boire] boîte, ntoû boiter, né kegJ.1o bond / bondir, né tche ; né kiè bonjour, 0 tia ? (à un seul); pé tia ? (à plusieurs) bonsoir, 0 zoué'a?, 0 youé you'a? (tu); pé zoué'a ?, pé youé yé'a ? (vous) bord / bordure, népe (pl: mbe) bosse, toû botte, bot bouger, né gnaké 234
boue, mtoutouap'é bouillie, koukoulou boulevard, medze güia ; dze gwia [grande route] bousculade / bousculer, né nou'ou boutique, fatalé ; fatré bouton, tâm youa (sur le corps) ; mba' (sur le vêtement) C cabane, ntap ; ntap'goû cacher (se), né 10-0; né piamé ; né liamé cadavre, pfe gni café, cafè caillou, gou'ou calme, piè calebasse, ntÎ canne à sucre, koutkoû canne, pong canard, dokfawelé cannabis, banga; dzap'ténou [litt: légume qu'on assaisonne pas] caoutchouc, lepa [plastique foude] caractère, mouèh ; facham carotte, gou nékié careau, kalo carte, cad carton, cakton casser, né po catholique, catalô CD/cassette, kiang célibataire, kui ceinture, keda célèbre --- il est célèbre, â be poû zé tè [il est très connu] centre, tsetsè-è cesser, né téhé chanter, né zouop chant, zouopkia chapeau, tchoh chasse, vouôm 235
chasser, né zouon vouôm chauffer, né P;)P, né lapté. chuchoter, né tchouamté citron, lémon; pemâ lémon citronnelle, fipa glas si cloche, dî course, ndî courir, né kjou ndî conduire, né fon [véhicule] comportement, mouèh coucher, né nouong'é couteau, mégne couverture, bel;)n [pour un lit, une chambre) ; yOU;)ne pf;)pté ; pf;)pté couvrir, né pfepté cuillère, loûh cuisine, kissi;)m, kissim D danse, yOU;)nong-nong'é danser, né nong début/débuter, né toé décès, néwoû; né pfou décider / décision, né Z;)P; né Z;)Pnou;) ; né chann [persister et signer] défaut, tsih tépouon ; yi;) tépouon décourager, né tia fouôk [litt: ôter de l'air à qqn] (elle m'a découragé, é'a tia fouok neme) dehors, jî dedans, dah déjà, dâ demander, né hong; né honté demi, h;)p dernier, dzedz;)m derrière, dz;)m début/débuter, né toh ; né to' dessus - au-dessus, d;)m'ô au-dessous, vou'oû ; vou' 236
détacher, né ké, né kété dîner, yitchi pouèdjî ; yitchi mtsoû [repas du soir] dire, né soun docteur, docta document, nwè-è ; pipa dos, nkaté dormir, né ti dot, tsoua lamdâ [choses pour le mariage] ; tsoua né kouenn mégwî [choses pour doter une femme] drap, tsoua kouenn droit, adj, nap droit, n., mtho dur, tinn E eau, kia écarter, né pakié échanger, né kouo'o éclater/ éclatement, né vé école, sekoû écraser, né wou écouter, né zou effacer, né vo-o égal, don-dong égarer, égarement, né wa' ; né pî émietter, né mi'té enfoncer, né touok'é enfler, né mouè ; né wou enlever, né tia épi, tchouo épine, nékaté; katé épilepsie, wa'hâ erreur, mhè; né hè escargot, ta' ; tah escalier, sicalié esprit, 1. yang"w [âme] ; 2. jua [souffle] ; 3. guiang fa' Sîh [ange] ; guiang fa' Sâta [démon] essayer, né fo-o 237
essuyer, né tsihi étaler/ étalage, né s;mté étage, d;)k éternuer, né tsak'é étourdi, khekouenn examen, ezamen éteindre, né pi F face /visage, se facile, hui; né tak tinn fagot, bo (fagot de bois, bo pfe) faible, (né) pok ; pouè ; pfe tsou fainéant, ji yOU;)[qui ne fait que manger] ; pfe tsou [faible] faim /famine, dzikou'oû famille, touondâ fatigue /fatigué, né pouè fête / fêter, né nw;)ng'é fête, dina finance, nou;) k;)p fa' k;)p [affaire d'argent, travail relatif à la gestion d'argent] fin ir/ finition, né mèhè fleur, fléwa folie, pa'a fond, tsou fortifier, né ghe a tinn [= rendre fort] fortune, tsOU;)[biens] foudre, néhi;)n [ronnerre] fosse /fossé, tâm fourmi, téta'a [fourmi noir] ; tche [fourmi magnan] fût, cassi ; kassi fuir / fuite, né khou (prendre la poudre d'escampette, né 10khou;) bi = demander un pied au chat) fumée, djemok fumer, né nou;) (fumer la pipe, né nou;) kong ;fumer la cigarette, né nou;) sekâ) 238
futur, zouô [litt : demain] (qui sait de quoi demain sera fait, we ze zouô ?) gaillard, guaguâ gni ; tambanh'é gaieté, né nwang'é galant, (né) khoua gandoura, sessa'a djomba garçon, mebanh'é ; mouem mebanh'é gardien, biap tsi gâter, né pso-o gauche, pou kouop (à gauche = ne hong pou kouop) gêner/ennuyer, né habok gaz, fouôk [air] ; gaze général-adj., jonéla ; yia té tak gni ; yia ntamté général, (d'armée), kassa mkétoû [colonel, kuipou kassa mkétoû ; colonè] gourmand, toto; tchÎ té zoué [litt : qui ne se rassasie pas] (manger comme deux/manger très rapidement, né tchi youa wa'ha poû fi fe mtche'a = manger comme si l'on venait du ciel) goûter, né jui'té gouverner, né komé garde, nézouon ; kédô (épaulette) grain, douon gros, (né) wou' guerre, tsou H habit, nzoua habiller, né khouè nzoua haine, képè hanneton, tuèh hardiesse, ne ghe nétsam ; né chiok (avoir du courage) haut, tche (en haut, tche, mtche) herbe, néghé herbouste, fenn nghé; kap mghé hérisson, dzap heureux, poupouong'é [bonheur, poupouong'é) heurter, né tsam 239
hibou, tchi' homme, mebanh'é honte, khoucho heure, hawa hormis, ta'tchi, te tâk hôpital, docta, waspita huit, né kamo humain, gni msouon I idée, kouanté illuminer, né ké (éclairer) immobile, té gnaké imaginer /réfléchir, né, kouanté né sang immeuble, pa'gwia (immeuble en étage, pa' dek-dek) immortel/immortalité, né tak pfoû imprudent / imprudence, né tak pâm incliner /inclination, né pèhè ; né tchiang'é indirect / indirectement, té don-dong' ô instruire, né lané ; né zeh (enseigner, instruire / apprendre traduisent par les même verbes) intention, né sang interne, mtsam'o (à l'intérieur, mtsam'o ; mtsam dah) intimidation / intimider, né hiang'é [effrayer] J jadis, a le be diô [autrefois; jambe, khoua jeu, né tam joue, ného' jouer, né tam jurer, né noua go ua
par le passé]
L langue, tsam (muscle) ; néham labour / labourer, né tchi' na'a 240
se
lac, kia tchouong ; kia té we fi' lacher, né tak lait, népouenn (lait maternel); mének lampe, lâm ; lâm 'bou lecture llire, né kia légume, dzap lèpre, ka'pap lettre, négni nwé-é (alphabet) ; nwé-é (livre, correspondance) lever, né g~'ha ; se lever, né lou'si lézard, képaké libation, tsoua sÎh lieu, tsi' ligament, gnang ligoter, né kouéh limer, né kui liquide, (adj) : kiakia ; kia (n.) logement, tsi' né tsoua loger, né ha dab (mgni) ; né wiam long, sessa'a ; sak longueur, tcbe (traduit aussi « hauteur» et « largeur») lorsque, di'yé ; â be di'yé loup, tcbwop lunette, ké m'mÎb lutte, nkouè ; fong'é [dispute] M manger, né pfoué manière, ntih manioc, tsasson médicament, houa méfiance I se méfier, né pam menace I menacer, né mè-è mendiant, ta'a lô mettre, né dzap meunier, gou'mecbông mieux, mbe - ça va mieux, a nab be mbe militaire (m), ketoû milieu, tsetsè-è 241
mille, tsabam mince, gnan miroir, ké modifier, né tchen [changer] moment, dih monnaie, kap monter, né pouenn ; né gnapté [sens de montage arranger] montagne, koukouong'é moquerie/ se moquer, né wi ; né nam mordre, né lam morgue, tsi mpfe po [lieu où on garde les cadavres] mort, néwoû (la mort) ; pfoupfou'ou / pfe gni (le/la mort) moulin, mechông mechông ne gou youa, machine à éraser mechông msang, machine à maïs mûr, pan mûrir, né pan Rj
N nain, koukouong naître, né cho gouon [venir au monde] nausée, ntouon hui-hui'i nettoyer, né kamé neuf, yia fe ; fe nuit, mtsoû noix, ban noyau, ban nom, tsenn non, guiang noeu, toûh nouer, né koué toûh [faire un nœud] nourrir, né kiam nourrisson, nouenn hui nu, té nzoua [sans vêtement] numéro, noba
o obéir, 242
né zou'ou
obliger, né nou'ou ; né le mkoué observer, né léé occuper, né le [occuper espace] ; né ha fa' [donner à faire] odeur, zouéh oeil, bantsé oeuf, nepam œuf de poule, nep am gouop officieux, mzam-mzam offrir, né ha offrande, youa ha-ha'a oiseau, méehon oignon, agnossi ombre, tsou thee [sous l'arbre] ; tehitehong'é omelette, barn gouop kian-kian'é omoplate, soû kébo [litt : houe de l'épaule] orage, bong gwia orange, pemâ ordinateur, odinatè ; meehông né ve youa organiser, né gnap ; né lé nua ne... orphelin, métsé ôter, né pak'é oubli /oublier, né Hné ouvrir /ouverture, né ghé ouverture, fouè oui, hn ; ôo p paix, biè payer / paiement, né ha kap ; né pé (kap) pain, balek ; blek paille, mghé [herbes] palabre, tsan palme/ huile de palme, lang bang' été palmier, tehe bang'été paludisme, pang papillon, tété-è papier, pipa paquet, népoû (pl: mboû) 243
paradis, tche-méhian bong [=ciel] paralysie, néh pfou-pfou'ou [sans précision sur l'organe mboû pfou-pfou'ou [c'est la jambe qui est affectée, ici litt : "bras paralysés"] parapluie, woktép parasol, wokté parcelle (de terrain), tse pa' pardon, mhè (demander pardon, né hong mhè; accepter le pardon, né penn mhè) paroisse, dah tchossi partir, né ho passer, né tsa patron, ta'a fa' patate, gou pastèque, népo-ékié pâte, youa gouwou'ou [= quelque chose d'écrasé] patte,khoua patienter/ patience, né ze né piap ; né juité patient, guiang wo peindre, né menn, né penn personne, gni (il n 'y a personne, samgni té si'ô) prendre, né tchang'é ; se pendre, né tchiang'é percer, né tôu permanent, ne gouon mtam [= à tout moment] peut-être, moho dih peur, tchouo' (avoir peur, né tchouo') photo, fôto pied, khoua piment, souôk piquer, né, souop place, tsih planter, né pe planter, youa be-pe'é [ce qui est planté] ;tah youaa[ plante, sans précision sur si elle est plantée ou non] plein, linn -c'est plein, â linn; une marmite pleine, bang bâ linn plume, néfe (pl: mfe) pleurs, nélè 244
poche, paa nzpua poignarder, né spouop poison, mtchipap poisson, fissi ; bap'gou pomme de terre, nétâm ; ntâm (pl: mtâm) porte, dzedâ poudre, poda (en poudre, mvap-vap) poule, gouôp pousser, né nou'ou poussière, vap pouvoir, pawa prendre, né pé ; né kui prêter / emprunter, né hou procréer, né ghé pô [avoir des enfants] ; né tse professeur, titcha sekoû gwia prohiber, né lé-è (je te l'interdis, quelè-è woû na) porc, guenam porter, né tchué pot, kap [jarre] ; ntoû [boîte] propreté, né lè puiser, né touh punir, né ponessi Q quatre, nékoua quarante, muam-ékoua (ou muam'ékoua) quand, dih yé ; (interrogatif) : dike ?; chenné ? quantité, dong qualité, tchih quatorze, thouop'ékoua quelques,
moho dong
- quelque
chose,
youa
quelque part, ne tsih quitter, né Iou; né ho quoique, ba be yé / ba béhé [même si] R raconter, né gham [parler] rat, bapdam 245
ramasser, né nwé rapide - marche rapidement, lie guien -vient vite, cho mgoû ; cho gue wap rappeler, né kouopté raser, né kouom réchaud, lécho reconnaûre,nélenn reculer/recul, né sèhè mdzam [aller en arrière] refuser, né kong'é remède, houa rembourser, né pa' remercier, né ha pâla ; ne ghe metokwa [dire merci] rendre, né pa' rencontre / rencontrer, né pam rencontrer quelqu'un, né pam poua gni rentrer, né sèhè ; né sèhè mdzam renverser, né pouéné répéter, né sèhè gam [dire de nouveau; rendre] répondre, né pa' ; né pa' penn'e réponse, penn ressembler, né houa retirer, né tia réunir, nétsou'té rêver, né jiam rêve, jiam ; jiom rêve utopique, jiam gl10uté mkoua [rêve pendant un sommeil où on a replié ses jambes] revoir, né sèhè djo [voir à nouveau] rien, sam youa riz, mkouéné lèssi rincer, né lèté rivière, kia dou ; kia medou [cours d'eau] roue, koua (roue du vélo, koua kouang'é) route, medze (route bitumée, medze chon-chong'é) ruisseau, mé kia ; kia fefe-e ruse, zenoua ; mzeté (être rusé, né zeté) -être rusé comme une perdrix, né zeté wa'ha chongouôp)
246
S sable, sansang'é salive, mtchouéé saleté, dzih saisir, né ko-o ; né tsoû sans, té (sans avoir honte, té khoû cho) sang, mtse sandale/sandalette, sélépassi sangloter, né chi'té sanglots, mchi'té santé, néh mtinn [corps en santé] sauce, nâh sauter, né kiè sauver, né vok ; né tia (gni) ne noua savon, souok savoir, né ze sécher, né zèhè sec, zouôm (c'est sec, â zouôm) seize, tcouoptok'ô semaine, guapdjî ; guap semer, né pe sept, samba'a septembre, guou-évou'ou (= ge mois) sépulture, touéchui serpent, noû serviette, tawélé seuil (de la porte), koutedâ seul, dinn'é ; dinn être seul, né we dinn'é ; tu es seul, ô dinn'o ; ils sont seuls, wap dinn'poû siège, tsi né tsoua [lieu où on s'asseoit] ; kouh signer / signature, né chann silhouette, tchitchong'é sillon [agriculture], si be-na' a situer, né la'té [montrer] soigner, né pouè [traiter guérir] ; né gnapté sorcier, guiang keua tépouon [qui pratique à l'aide de maUVais produits) 247
sot, khekhouenn souffle, jua [figuré: esprit, âme] souffrance, gôh souffrir, né yo gôh [= vivre la souffrance] sourd, bou'mtong [= qui a des oreilles bouchés] soupe, nâh sous, vou - sous la table, vou taplé soutenir, né kuité [aider] ; né gua-a poû [= soulever la main à] souvent, moho tâm [à certains moments] ;tséhé mtâm [à certains moments] spectacle, YOU;)djo-yo'o [quelque chose qu'on voit] stopper, né ko'o sueur, mtsihi sucer, né fi;)pté sucre, choca T tabac, déwa table, taplé tache, dzÎh (sur un habit) ; mak taille, tche tambour, touôm tailleur, téla ; ntam'nzou;) tamis, tchakelé taquiner, né kam [attaquer] tarir, né zoûom téléphone, khe tÎnn téléphone portable, ko-o piû [appareil que l'on tient en main] temps, tâm ; dih tenir, né ko-o terre, tsa'ka ; tsa-a ; d;)m tsa'ha [ici-bas] tête, tOU;) texte, yU;)nwa-nwa'a [ce qui est érit] timide, pièce (il est calme, é biè tè ; é tè gamté'o [il ne bavarde pas]) tirer, né fon ; né tâm (avec un fusil, une pierre) toilette, capinè [W.e] ; né souok se [litt : laver son visage faire sa toilette] 248
tomber, né wou'si tonnerre, néhian tontine, tchouâ tordre, né chiok'é ; né gJ.10u'ou ; né nwouom touriste, gouenn [étranger].
u-v unir, né tapté ; né tamté université, univessité vent, foufouè-è vantard, guiang souonté ; guiang ka'té vantardise Ise vanter, né souonté ; né ka'té vélo, koueng'é mkoua voir, né yo voiture, metoua vol, tchouôn (banditisme) vol, né téh vouloir Ivolonté, né kouong.
249
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WEINREICH (U.), Languages in Contact. Findings and Problems, New York, Linguistic Circle of New York, 1953. Sites web: 1) htpp://www.mwanasimba.online.fr dialectes africains, avril-mai 2007)
(sur le swahili et d'autres
2) www.si1.orglAfrique/Cameroun.html (sur les groupes linguistiques du Cameroun, les cartes linguistiques, août 2007) 3) http://fr.www.wikipedia.org (avril-mai 2007) 4) http///www.muturzikin.com (mai 2008).
252
Table des matières
Introduction PREMIÈRE PARTIE: DESCRIPTION DE LA LANGUE .......................................................................... I. La question de fond ........................................................ II. La nature de la langue bamiléké-bafoussam ................. III. Le choix de la langue bamiléké-bafoussam ................. IV. Comment écrire la langue bamiléké-bafoussam.......... 1) Phonétique et orthographe............................................. 2) L'alphabet du bamiléké-bafoussam............................... V. Grammaire de la langue bamiléké-bafoussam .............. V.I. Les adjectifs et les noms ............................................ V.l.aO Genre des noms et adjectifs ............................. V.l.bo Pluriel des noms............................................... V.I.co Pluriel des adjectifs.......................................... V.l.do- Comparatif et superlatif.................................. V.2. Les adjectifs numéraux cardinaux ............................. V.3. Les numéraux ordinaux ............................................. V.4. Les possessifs............................................................. VA.1. Suffixes possessifs adjectifs............................. VA.2. Les pronoms possessifs .................................... V. 5. Les démonstratifs....................................................... V.5.1. Suffixes démonstratifs adjectifs ....................... V.5.2. Pronoms démonstratifs .......... V.6. Les pronoms relatifs .................................................. V. 7. Conjugaison ............................. V.7.1. Les pronoms personnels ................................... V.7.2. Les modes et temps de conjugaison ................. V.7.3. Les marques distinctives des temps de conJugaIson ...........................................
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9
17 19 20 23 26 28 40 45 45 46 46 51 53 57 64 65 65 71 72 72 74 75 76 93 98 101 253
V. 7.4. La traduction des futurs particuliers du bafoussam............................................................... V.7.5. Les verbes pronominaux .................................. V.7.6. Les verbes impersonnels .................................. V.7.7. La forme négative en conjugaison ................... V.8. Les adjectifs et pronoms indéfinis ............................. V.9. Les interrogatifs .............................................. V.9.1. Les suffixes interrogatifs.................................. V.9.2. Les pronoms interrogatifs................................. V.IO. Les interjections.. '" ... .... V.I 0.1. Quelques interjections usuelles ...................... V .11. Les adverbes............................................................ V.12. Les prépositions ..... V .13. Les conjonctions......................................................
103 103 105 105 106 108 108 109 111 111 111 113 114
Vocabulaire
116
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DEUXIÈME PARTIE: CONVERSATION COURANTE.....................................................................
125
L'expression de politesse ou de respect ............................ A propos des jurons ...........................................................
127 143
TROISIÈME
145
PARTIE:
CULTURE .............................
L'onomastique . La division du temps.......................................................... Habillement. . La famille........................................................................... La faune -la flore.............................................................. Aliments - boissons........................................................... Métiers . Religion - rites ...................... Quelques proverbes et idiotismes du bamiléké-bafoussam . ... ... Littérature orale - contes et légendes ................................
254
147 148 156 157 171 174 179 191 193 196
Conclusion générale.........................................................
203
Lexique bafoussam-français
205
Lexique français-bafoussam Bibliographie
...........................................
....................
233
......................
251
255
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