OEUVRES DE
DESCARTES LE
MONDE
DESCRIPTION DU COPPS HUMAIN PASSIONS DE LAME
ANATOMICA VARIA
XI
M. Darboux, de l'A...
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OEUVRES DE
DESCARTES LE
MONDE
DESCRIPTION DU COPPS HUMAIN PASSIONS DE LAME
ANATOMICA VARIA
XI
M. Darboux, de l'Académie la
de
des
Sciences, dojren honoraire de
Faculté des Sciences de l'Université de Paris,
l'Académie
d'histoire l'Institut
de
des
la
Thiers,
Sciences
Morales
et
et
M. Boutroux,
Politiques,
professeur
philosophie moderne a la Sorbonne, directeur de
ont
suivi
l'impression
qualité de commissaires responsables.
de cette publication
en
''^
OEUVRES DE
«^DESCARTES PUBLIEES PAR
Charles
ADAM &
Paul
TANNERY
sous LES AUSPICES
DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
LE
MONDE
DESCRIPTION DU CORPS HUMAIN PASSIONS DE L'AME
ANATOMICA VARIA XI
PARIS LÉOPOLD cerf, IMPRIMEUR-ÉDITEUR 12,
RUE SAINTE- ANNE, 12
1909
AVERTISSEMENT En
apud Francifcum Moyardum &
1662, parut à Leyde,
Petrum
Leffen, un petit in-quarto de 121 pages (plus 34 pages
d'une Préface non paginée), sous
Des Cartes De Houw^^figuris &
le
suivant
titre
latinitate
:
Renatus
donatus à Florentio
Schuyl, Inclytœ Urbis Sylvœ Diicis Scnatore,
&
ibidem Philo-
fophiœ Profejfnre. L'éditeur, Florent Schuyl, expliquait, à la fin de sa Préface, qu'il avait fait cette traduction latine sur deux français, conservées l'une et l'autre en mises à sa disposition par deux anciens amis de
copies de l'original
Hollande,
Alphonse Pollot (qu'il appelle Alphonfus Palotti), Antoine Studler van Surck, seigneur de Bergen. En outre,
Descartes et
et :
Clerselier, avisé de ce projet, aurait
i^
beaucoup poussé l'auteur
à le mettre à exécution.
En -
^
\^
Le Gras, publiait un Le Monde de M' Descartes, ou
1664, un libraire de Paris, Jacques
petit in-8,
dont voici
le titre
:
Le Traitté de la Lumière, & des autres principaux objets Auec un Difcours du Mouuement Local, ô un autre
Sens.
des des
compofe{ félon les principes du même Auteur, (260 pages pour le premier Traité, et 3i seulement pour les deux Discours, lesquels d'ailleurs, ni l'un ni l'autre, ne sont de Fièvres,
p
Ç
Descartes). i663,
4^
le
«
Le
privilège pour ce petit
regiltré sur le Liure
27 octobre suivant.
que
le
don de
» lieur D. A. »
cet
Une
de
la
volume
est
du 18 octobre
Communauté»
des Libraires
Préface, signée d.
ouvrage au public est une
(sans doute d'ALiBERT), qui a
texte de ce traité
Œuvres. VI.
Du Monde,
«
r.,
nous apprend
libéralité
de
«
Mon-
envoyé chercher
le
préfqu'à l'extrémité des Terres a
Avertissement.
II
»
Septentrionales
»,
moins que ce ne
(à
Suède apparemment
c'est-à-dire jusqu'en
simplement en Hollande). paraître à son tour un volume,
soit tout
Peu après, Clerselier qu'il avait annoncé dès
fit
Préface du
la
Vde
Descartes, en lôSg. (Voir
t.
L'achevé d'imprimer est
du ,12
la
des Lettres de
II
t.
présente édition,
p.
635-636.)
:
L'Homme
avril 1664, et le titre
RENÉ DESCARTES, &
vn Traité de la Formation du Fœtus du me/me Au t heur. A uec les Remarques de Louys de la Forge, Dodeur en Médecine, demeurant à la Flèche, fur le Traitté de l'Homme de René De/cartes, & fur les Figures par de
luy inuentées. (A Paris, chez Théodore Girard,
une Préface non paginées.) L'Homme, p. 1-107. Formation du Fœtus, p. 109-170. Remarques de Louis de la Forge, p. 171-408. TraGd.
in-4, pp. 448, plus
68
pour une Epijfre
M.DC.LXIV.
p.
et
duction française de la Préface de Schuyl à son édition latine
de 1662,
p.
409-448.
Clerselier, dont le
nom
no figure pas dans
lement au bas de l'Epître dédicatoire »
Colbert
»,
revient,
cerne
et de 1664.
Il
hâté et pour l'une et pour l'autre.
Traité de
le
le titre,
mais seu-
à Monfeigneur de
au commencement de sa Préface, sur
deuK éditions antérieures, de 1662 se soit trop
«
l'Homme, Schuyl ne
s'était
les
regrette qu'on
En
ce qui con-
procuré que des
que Clerselier possédait l'original, qu'il eût mieux valu, certes, imprimer d'abord on y aurait vu, dès les
copies,
tandis
:
premières lignes, que ce n'était pas un Traité à part, mais une suite de l'ouvrage la
Méthode
sur
dont Descartes parle dans son Difcours de
et qu'il appelle ailleurs
l'Homme
selier regrette aussi
la
qu'on
donné trop vite, en 1664, le un texte plus fidèle, avait, dit-il,
ait il
avec des figures mieux faites
au Traité de l'Homme, dans
fait
chapitres
première partie de cet ouvrage. Cler-
Traité de la Lumière, dont
c'étaient
Monde. Les
doivent donc venir après ceux du Traité de la
Lumière, qui forment
»
son
comme
les
le
'(
n, et qu'il
même
se proposait de joindre
volume, puisqu'aussi bien
deux parties d'un
même
tout.
Il
ne Ta pas
cependant, nous l'avons vu, dans sa publication de 1664,
m
Le Monde. et la raison
en est
facile à
deviner
:
le petit
volume du Monde^
qui venait à peine d'être publié, mentionne que Jacques
Gras, rimprimeur, a
fait
Le
part de son privilège à Michel Bobin,
Nicolas Le Gras, et Théodore Girard,
«
pour en jouir fuivant
Mais Théodore Girard est précisément le nom de l'imprimeur que nous avons vu en tête du volume de Y Homme imprimer aussi dans le même volume le Traité de la Lumière, en 1664, c'eût été arrêter net le débit des »
l'accord fait entre-eux
».
:
exemplaires petit in-8, qui donnaient ce Traité à part, et qui, tout nouvellement parus, étaient loin encore d'être épuisés.
Mais
treize ans plus tard,
porte ce
dans une seconde édition, en 1677, de s'abstenir, et le volume
mêmes raisons nouveau titre L'Homme
on n'eut plus
les
:
de
RENÉ DESCARTES, et
Formation du Fœtus, avec les Remarques de Louis de la A quoy l'on a ajouté le Monde, ou Traité de la Lumière, du me/me Authcur. (A Paris, chez Michel Bobin & Nicolas Le Gras, M.DC.LXXVII. In-4, pp. 5ii. Soit 66 p., la
Forge.
L'Homme, p. 1-98. La DefCorps humain (ou Formation du fœtus), p. 99-154. Remarques de Louis de la Forge, p. 55-368. Verjion de la Epijlre et Préface, non paginées.)
cription du
j
Préface de Monjîeur Schuyl, p. 369-404. Le Monde, p. 4o55 II. Plus 8 p. de Table des Matières. Clerselier ne reproduit pas, pour le
Monde,
le texte
publié en 1664, qui n'était qu'une
copie, mais, bien entendu, celui qu'il avait en sa possession, c'est-à-dire l'original.
Tels sont les quatre documents, tous imprimés, que nous utiliserons pour publier et le Traité de la
Lumière
et le
Traité
de l'Homme.
D'abord nous commençj-ant par
publierons à
les
la
suite l'un de l'autre, en
Traité de la Lumière.
le
Non seulement
les
déclarations de Clerselier nous y autorisent, mais elles ne nous
permettent pas de Traité de avait,
en
faire
l'Homme, eflFet,
pour
autrement. Le Manuscrit original du
de montrer à qui voudrait,
qu'il offrait titre, dit-il
Traité de la Lumière,
tel
qu'il
:
Chapitre
nous
le
j6'.
A
vrai dire, le
donne, ne compte que
AVERTISSEHVIENT.
IV
y aurait donc une lacune de deux chapitres, d'autant plus que i6 et 17. Mais cela ne doit pas nous arrêter la première phrase du Traité de l'Homme (sur le sens de chapitres;
i5
il
:
laquelle Schuyl, faute de
comprendre
cet enchaînement, s'est
mépris dans sa traduction) montre bien ce
Monde
dans
nous vivons
;
»
même
FRomme,
Traité de
du second élément,
il
deffus », précisément dans
En
Monde
réel où
pas moins décisif, en un
et ceci n'est
enfin,
certain endroit du
de
que Descartes construit de toutes pièces
artificiel,
espaces imaginaires, et non pas du
les
parties
qu'il s'agit toujours
rappelle
à propos des
ce qui a efté dit cy-
«
Traité de la Lumière.
le
du Traité de la Lumière, en copie MS., dont on s'était servi,
outre, la première édition
1664, nous apprend que la
donnait bien une division en chapitres (de
à i5 inclus sans
i
titres. Ceux volume de 1664, ont été ajoutés par l'éditeur, ainsi que la seconde partie du titre Traité de la Lumière & des autres principaux général OBJETS DES Sens, comme il l'avoue lui-même. Nous donnerons
doute), mais
que
que ces chapitres n'avaient point de
l'on trouve tout
au long dans
le petit
:
donc, après cet Avertissement, tous ces titres avec signée
dans
d.
r.
de 1664, nous contentant de reproduire ensuite
le texte les
Cependant des
numéros des chapitres.
Clerselier, dans son édition de 1677, a mis aussi
titres, et qui
l'équivalent.
Les
ne sont pas ceux de 1664, bien qu'ils en soient avait-il trouvés
dit pas, et cela n'est
reproduits également. le
Préface
la
dans
MS.
le
guère vraisemblable
Le mieux
:
original
la
?
Il
ne
le
copie les aurait
serait donc, afin
de conserver
texte de Descartes dans toute sa pureté, de ne donner ces
titres
qu'on marge, et entre parenthèses
insérés avant chacun des chapitres,
du discours. Et
c'est là
une chose
d'autant plus que,
rompent
ils
fort
:
la continuité
importante, dont nous
avons eu tort de ne pas tenir compte en imprimant Principes en français, au
princeps donnait,
t.
comme
IX de il
la
présente édition
convient,
venue, les titres étant rejetés en marge.
texte des
le :
l'édition
ce texte tout
A
d'une
plus forte raison,
le
v
Le Monde.
Traité de la Lumière, qui date d'une période antérieure, où
Descartes préférait encore voit
dans
Pour
la
comme
forme du Discours,
on
le
publication de lôSy.
la
Traité de l'Homme, qui vient ensuite, nous ferons
le
de
même;
là
toute division en chapitres manquait, et dans les copies et
et
nous aurons d'autant plus raison de
dans l'original
:
c'est ce
que déclarent
pour s'en convaincre, de comparer ajouté
même
quand
le
faire,
le
les éditeurs, et
il
que
suffit,
numérotage que Schuyl a
(sans d'ailleurs mettre de titres aux 33 cha-
pitres qu'il distingue ainsi), et celui de Glerselier, en 98 chapitres, qui
se justifient
bien davantage, et que nous repro-
duisons, avec les titres conjecturés, mais en les renvoyant à la fin (p.
La
203-209), *-^omme n'étant pas de Descartes.
disposition générale étant ainsi arrêtée, quel texte allons-
nous choisir
?
Pour
le
Traité de la Lumière, nous ne pouvons
pas, après ce qu'a déclaré Glerselier, ne pas préférer l'édition
de 1677, 9"' reproduit l'original, à celle de 1664, qui ne reproduit qu'une copie. Toutefois la différence entre les deu.x n'est pas
si
grande, que Glerselier l'annonçait dans sa Préface du
Traité de l'autre
l'Homme en
1664. Et
ne nous paraissent
la
même,
à dire vrai, ni l'une ni
reproduction fidèle du texte
même
de Descartes, au moins en ce qui concerne l'orthographe et certaines
locutions
familières
au
philosophe.
A
cet égard,
toutes deux substituent à des façons de parler et d'écrire, un
encore en 1677, les formes plus à la mode qui les avaient remplacées; et ce qu'il y a de curieux, cependant, c'est que sur certains points le texte de 1677
peu surannées déjà en 1664
et plus
retarde plutôt, et sur d'autres celui de 1664 est en avance. voici des exemples. Descartes écrivait d'ordinaire et d'autant
que
:
cette
Kn
pour ce que
forme d'autant que est conservée géné-
ralement dans l'édition de 1677; mais celle de 1664 la remplace partout, non pas même par la locution pource que, qui lui
parut sans doute avoir également besoin d'être rajeunie,
mais par
la forme toute récente de parce que : une seule fois, le typographe avait laissé jpource (p. 102) mais parce est soigneu;
.
Avertissement.
VI
volume de 1664 imprime presque toujours la lettre i pour ^ dans le mot ie, (comme écrivait Descartes); celui de 1677 donne uniformément je. Enfin une fois, par mégarde sans doute, le typographe de sèment
à Terrata. D'autre part,
rétabli
1664 avait imprimé cetuy-cy
19);
(p.
le
mais on trouve, rétabli à
forme adoptée aussi en 1677, bien probablement ait plutôt écrit cetuy. Il
l'errata, celuy-cy, qui est la
que Descartes suffit
fort
maintenant que
lecteur soit averti.
ie
Nous ne pouvons
pas prendre sur nous de faire des retouches aux textes dans
un sens
dans
ni
Nous publierons donc, sous
l'autre.
ces
donné en 1677 par Clerselier d'après l'origiau bas des pages, toutes les variantes que peut offrir
réserves, le texte nal, puis, le texte
figures,
imprimé en 1664 d'après une simple copie. Quant aux nous reproduirons celles qui vont avec le texte de
Clerselier, celui-ci les déclare d'ailleurs
nous
mieux
faites », et
croyons sans peine.
l'en
Pour
«
Traité de l'Homme, nous n'avons pas ainsi l'em-
le
barras du choix
:
un seul texte nous a été conservé, celui que le donnerons donc tel qu'il
Clerselier a publié en 1664; nous est.
Tout au
plus, la
avec
l'original,
copies, nous
différences
Mais
la
l'Homme
:
la
comparaison de ce texte français, qui est
traduction latine de Schuyl, faite sur deux
révélera-t-elle
dans ces deux copies quelques
nous ne manquerons pas de
question
les signaler.
plus intéressante pour ce
la
est celle des figures.
Traité
Descartes n'en a point laissé,
sauf deux, qui seront indiquées chacune en son
lieu.
Toutes les
autres, dans l'édition de 1G62, sont de IHorent Schuyl. Kt s'est
pas contenté de les
texte;
les a
il
accommoder autant que
artiste.
»
coup,
preffion
que »
fi
l'on »,
texte
».
«
possible au
elles sont,
Deux savants
pour
lui
la
l'emportent de beau-
a fimplement égard à la graveure
celles qu'il propose, et
ne
Mais justement Clerselier a pensé,
avec raison, que, bien que ces figures
»
il
voulues aussi belles que possible, et on y sent
main d'un véritable
de.
»
<<^
à l'ira-
plupart, « moins intelligibles » moins propres à l'intelligence du
la
avaient fourni, chacun de son côté.
vu
Le Monde. et sans avoir
eu connaissance du volurtie de Schuyl, de nou-
velles figures
:
Louis de
la
Forge, docteur en médecine à La
Flèche, et Gérard van Gutschoven, professeur à Louvain. Leurs figures sont plus simples, en
Schuyl
;
elles sont
eflFet,
assurément moins artistiques,
embarrassé plus d'une
modèle de gnant par
fois
et
présentent
convient. Nous comme d'ailleurs comme Clerselier,
plutôt un caractère de schéma,
reproduirons donc, faisant
que celles de
et plus claires
il
pour certaines figures entre
les
qui le
l'un et celui de l'autre, a retenu les deux, en les désiles lettres f et
Forge et Gutschoven) Nous pour les deux figures de Descartes,
g (de
la
:
y ajouterons la lettre d que nous donnerons à cause de leur authenticité.
PREFACE DE SCHUYL FRAGMENT
»
«... Cœterùm temcritatis meœ excufandae ratio randem reddenda. Ad banc igitur me primùm movit NobiUlFimus D. Alphonfus Palotti. Martis, Aulas atque Mufarum delicium, fadà. mihi copia Manufcripti, quod ipfe Sophiae fludiofiirimus quàm additis duabus figuris à Des Cartes rudi nitidifiinië dercripferat Minervà exaraiis, qiue pag. 25 & 43 referuntur. Pudori meo deinde fuccurrit, & ad Opufcuium abfolvendum atque in lucem
»
edendum
>)
» » ))
»
:
impulit Authoiitas
»
Dodrinae
»
Surck, Eques,
;)
; 1)
» » » i>
Nobilitate
nulli
A'iri,
Inciyti Generis
fccundus,
& exquifitiflimas
Anthonius
Dominus de Bergen, qui
Stmier
van
nativà fuà bencvolentià
Authoris nollri Autographe quàm accuratilTnnè mihi lubens concefîit. Proniovit deiineatum denique &l urfit negotiiini Nobilillimus D. Claudius Clerfelier. Liieiaruni Decus & Columen, aevique noftii Phofphorus. Vtpote qui, pollhumorum Operuni Cartefii Tutor & Curator optimus, diligeiUi tidelitiue in lucem edit relifla Authoris noftri P. M. Opéra, cedro digniora. Quibus fané Hcroibus opellam
Ectypum
à fefe ex in
hune finem
Avertissement.
vin 1)
meam
per Mânes Cartefii aliquoties flagitantibus reludari, inex& ipfum Carte-
»
piabile videbatur ingratitudinis in tantos Viros
»
fium crimen. Quandoquidem verô ipfe hujûs Libelli Tutor literis fuis teftatum facere dignatus eft, fibi, & aliis in Galliâ ftudiofis Cartefii, meos conatus, quorum copiam ipfi feceram, non difpli-
» »
eoque nomine publici juris fieri effe è re confido meam audaciam, tantorum Virorum authoritate extortam, quâ non » metui innocuum & utiliflîmum Libellum cum Philofophis com» municare, veniam confecuturam, faltem apud probes, quibus » folis probari geftio. » Renatus Des Cartes De Homine... à FloFENTio ScHUYL iG62. Ad Lcâoreui. »
cere,
:
»
LE
MONDE ou
LE
TRAITÉ DE LA LUMIERE
PREFACE 1664 « » 1»
» >)
» » » »
» » » »
Ce Monde d'un des
< plus > grands Philofophes
qui
ait écrit,
Monfieur D. A. n'en & que la paflion qu'il a pour tous les fentimens véritables & utiles, jointe aux demandes des Savans, ne l'eut obligé de tirer de fon Cabinet cet ouvrage, chercher prelqu'à l'extrémité des Terres Sepqu'il avoit envoyé tentrionales. Celuy qui en eft Auteur, ne l'a pas feulement laiiTé entre fes autres minutes moins correctes fans doute & moins importantes; il l'a ertimé affez, pour le donner luy-mémc à fes plus confiderables amis. Et quoy qu'en divers endroits, il le nomme fon Monde, icy neantmoins, où il ne parle que du Monde vifible, je n'ay vu dans l'Original que ces môs, Traité de la Lumière; à quoy la vérité des chofes m'a fait encore ajouter. Et ne feroit pas encore en vôtre pofTeflîon, avoit voulu faire une libéralité publique;
|
fi
Le Monde.
ix
avec cela vous des autres principaux objets des fens. Mais fi Latins, mots verfion des la Chapitres, des exceptez les titres Figures, les dehors ou dedans gliffer fe quelques fautes qui ont pu
»
&
»
I
»
a-ppartient à
le refte
..
Monfieur Defcartes. Et
les particularitez
que
ceux qui cachent j'en rapporte font voir que, comme je croy que receleurs, ceux qui luy en fes fentimens, font en quelque forte les Chapitres que je Pour faullaires. font fubftituënt d'autres
.)
.)
»
aye trouvez dans le Manufcrit, neantmoins les commence, je juge à voir de quelle façon l'Auteur quelquefois que fon deffein étoit de faire fans interruption un Difcours, ou mêmes, depuis le Chapitre fixiéme, une Hiftoire une Hirtoire, Roman. Il favoit que, fi quelque part on defendoit de parler du difois,
» » .>
quoy que
je les
|
&
» .)
.)
.)
» »
de d'une Syfteme de Coptrnic comme d'une vérité, ou encore comme Fable. d'une comme hypothefe, on ne deffendoit pas d'en parler Mais c'eft une Fable qui, non plus que les autres Apologues ou Profanes ou Sacrés, ne répugne pas aux chofes, qui font par
"'*^'^*'" 0. R.
TABLE DES CHAPITRES. Chapitre
De
I.
la différence qui eji entre
nos fentimens
&
chofes qui les produifent, dans la pag Chap. II. Ce que c'eft, dans le feu, que brûler, échauffer
les i
£ '°
éclairer
Chap.
Où
III.
& la caufe du moudureté & de la liquidité des
l'on voit la varicte, la
vement, avec l'explication de la corps dans léquels il fe trouve
durée
iQ
Chap. IV. Quel jugement il faut faire du vuide, & quelle eft certains la raifon puurquoy nos fens n'apperçoivent pas -^*
corps
Chap. V. La
reduâion des quatre Elemens à
explication
&
trois,
avéque leur
48
leur établiffement
Chap. \\. Defcription d'un nouveau Monde, très facile à conmais femblable pourtant à celuy dans lequel noitre nous fommes, ou mêmes au Cahos que les Poètes ont feint ,
l'avoir
"J^
précédé
Chap. VII. Par quelles Loix & par quels moyens, les parties de ce Monde fe tireront, d'elles mêmes, hors du Cahos & de ŒOVRKS. VI.
^
^^
la confufton oit elles étaient
"
Avertissement.
X
Chap. VIII. Comment dans le Monde, auparavant décrit, il fe formera des deux', un Soleil & des Etoiles Chap. IX. L'origine, le cours & les autres propriétés des
&
Comètes
des Plane/es en gênerai,
&
1
04
1
2
des Comètes en par-
ticulier
Chap. X. L'explication des Planètes, & principalement de la Terre & de la Lune Chap. XI. Ce que c'eji que la pefanleur Chap. XII. Du Jlux & rcjlux de la Mer Chap. XIU. Ce en quoj- la Lumière conji/le Chap. Xiy. Les propriété^ de ta Lumière Chap. X\' et dernier. La façon dont le Soleil £ les A/Ires agiffent Contre nos veux
1
iSy 157
174 184 ^14 2zfc>
ri;m.\kqui-z
Qu'encore que ceux qui ont déjà lu ce Livre écrit à la main, avent.iugé que vous y apprendriez une Philofophie facile, veritable & débarrafl'ée des paroles & des imaginations Scholaitiques, ils ont cru neantmoins qu'il ne feroit pas ou autres femblables '•
>
» •)
»
:
de vous avertir d'abord ' Que, quand Monfieur Dkscartes enfeigne qu'en fon nouveau Monde Ips parties de la matière fe tirent, d'elles-mêmes, hors de peut fuppofer qu'elles étcient, il entend la confufion où l'on inutile I
» 1'
:
.
|
.)
quelles s'en tirent fans
»
dit ailleurs,
»
même. " 2. Que
»
» •I
•>
que
s'il
la
le
fecours des Créatures
fubftance
eft
:
comme
lors qu'il
par foy, ou qu'elle fubfifte d'elle-
appelle Doctes ceux qui reçoivent aujourd'huy un
premier Mobile, des êtres de railbn, ou des êtres dêraifonnables, pareilles chofes, c'eft qu'il ne veut pas leur ôter le nom que plulîeurs leur donnent, ou qu'il parle dans le fens que les Logi-
&
cicns appellent divifê.
Que
>>
exemplaires de ce Livre qu'on a vus avant l'iniprefTion man|quoicnt en plufieurs chofes, principalement vers la page 24(3; mais que, pour les corriger, on fe pouvoit fervir du difcours des figures qui font dans les Principes de la Philo-
»
fophie,
»
i>
•>
»
3.
les
&
1
compofez par
40, &c.
»
le
même Auteur:
Part. 3, Art. i32. 137,
Le Monde.
xi
PREFACE DE CLERSELIER 1664
« » " > •>
»
Si je n'avois point elle obligé de faire vue Pitface,
le monde le peu de part que j'ay à tout cet Ouvrage, & pour rendre l'honneur qui eft deu à ceux qui fe font donnez la peine de travailler aux Figures, & aux Remarques qui l'accompagnent, Je me ferois contenté de celle que MonfieurSchuyl a déjà mife au devant de la verfion Latine qu'il a faite du Traité
l'Homme de M.
de
»
qu'outre qu'il ne m'a prefque ritn
>i
ofté l'efperance
»
» •>
» '»
» •>
»
Defcartes
;
car elle lailVé
e(t
fi
ample il m'a
&
à dire,
(i
belle,
tout à
fait
mieux... S'il avoit auiTi bien rencontré dans les figures des mufcles &. du cerveau qu'il a inventées, comme il a fait dans fa Préface, & qu'il eull travaillé fur vne copie plus fidèle pour faire Li verlion, je n'aurois rien voulu faire autre choff, que de remettre ce Traité en fa langue Naturelle, &. me ferois fervy de fes propres figures, qui l'emportent fans doute de beaucoup fur celles que j'ay fait mettre icy, fi l'on a fimplement égard à la graveure & à l'imprefiion, mais que je croy pour la plufpart clhe moins mtcliigiblcs que celles-là, & moins propres
Comme
')
librement
))
que
les
de
faire
du
à l'intelligence »
»
faire
connoiftre à tout
>•
»
pour
texte.
»
ces Figures ne font point de
mon
fentimcnt,
&
autres en pourront faire. C'eil
m'excufcr,
fi
moy,
j'en puis dire plus
cela n'empefchera pas le
pourquoy
jugement
je le
prie de
après l'avoir remercié des louanges trop obligeantes
»
m'a comblé & honoré dans fa Préface, Je ne lailfe pas de dire icy qu'il s'cft vn peu trop halle dans l'impreflion de ce Traité, & que s'il m'avoit fait la faveur de m'en avertir, je l'aurois prié
»
de
«
jufques à ce que
»
en avois l'original; full tombé, comme
» 1
>)
dont
la
il
furfeoir
(comme
cltoit, ce
je l'eulfe fait
» inévitables par le »
il
me
imprimer
aurois en
>»
icy en François,
mefme temps empefché
moy
qui
ne en plufleurs fautes, qui luj' eftoient défaut de fa copie, ce qui fans doute auroit &.
il
qu'il
a fait,
rendu fon Livre meilleur. » « Je ne veux pas icy les cotter toutes ceux qui prendront la peine de confronter fon Latin avec le François, les pourront aifément remarquer. Je diray feulement que, pour avoir voulu corriger le :
»
femble, aifcz raifonnable)
Avertissement.
xii .1
.)
>)
» i>
»
» .)
»
premier mot de la première période, il luy a donné vn tour qui en défigure vn peu le commencement. En effet, à confiderer ce Traité comme vn Livre à part ôt détaché de tout autre, ce qu'a mis Monfieur Defcartes à l'entrée femble n'avoir point de fens;
.& c'eft ce qui a trompé Monfieur Schuyl, & qui l'a porté à en changer le Frontifpice. Mais s'il euft fceu que ce Traité n'ell qu'vne fuittedu Livre dont il parle dans fa Méthode, & que l'original que j'ay, & que je feray voir quand on voudra, a pour titre Chapitre i8, il fe feroit bien gardé de le corriger. » Ce Livre-là mefme a aufli depuis peu eilé mis en lumière a mon infceu, avec ce titre Le Monde de Monsieur Descartes, ou Traité de la Lumière. On s'elt aufli trop précipité à l'imprimer; & fi celuy qui l'a mis entre les mains du Libraire eull voulu avoir vn peu de patience. & retenir le zèle qu'il a teinoigné avoir pour le bien du public, je l'aurois contenté dans cette imprellion mefme, où mon deffein avoit efté de le joindre, & luy aurois donné vne plus belle forme, des Figures mieux faites, & vn texte plus fidèle; ce que je pourray faire quelque jour. [AddiEt c'eft ce que l'on verra exécuté lion à la seconde édition, lô'^j où avoit voulu mettre les fi l'on dans cette féconde Edition; chofes dans leur ordre naturel, l'on auroit dû commencer par ce Livre, & après cela mettre le traité de l'Homme, qui n'en eil qu'vne fuitte. Mais cela auroit apporté trop de changement. C'eft pourquoy on ne s'eft pas arrefté à garder cet ordre naturel dans cette impreflion, ayant jugé qu'il feroit facile à vn chacun «•
» » » >i
»
» »
» .)
» »
» »
» »
:
:
fupléer en
»
de
»
»
Cependant je loue le zèle de l'vn & de l'autre, & quoy qu'ils foient tombez tous deux en (Quelques fautes, elles font fans doute bien pardonnables, puis qu'elles ont vn fi beau motif. Je fuis
»
moy-mefme
»
& comme
»
l'ont follicité
»
avoit quelques Figures de
le
le lifant].
»
«
rt
» »
»
il
aufll
en partie caufc de celles de Monfieur Schuyl, bien dans fa Préface, j'ay efté vn de ceux qui
dit fort
de travailler à cet Ouvrage car ayant appris qu'il Monfieur Defcartes. que Monfieur Pollot luy avoit mifes entre les mains. Je luy envoyay la Lettre que Monfieur Pollot fon amy m'avoit luy-mefme écrite fur cela, afin qu'il ne puft douter de l'avis que j'avois receu, & le priay de me communiquer ces Figures, avec les autres que l'on m'avoit aulTi :
que
»
dit qu'il avoit inventées, afin
«
trouvois juftcs) pour l'imprefTion que
»
querois pas de luy faire part.
»
toute la civilité poflible,
&
Il
je je
m'en pulfe
fervir
mcditois, dont
receut la prière
que
je
(fi
je
luy
m'accorda mefme plus que
je les
ne man-
je
fis
avec
ne luy
Le Monde.
xiii
demandé; car avec toutes ces Figures,
»
avois
»
du
»
paroiftre incivil dans la réponfe
traité
dont
il
s'eftoit
m'envoya vne copie
il
fervy pour les inventer. Je ne voulus pas
»
que je luy fis & quoy que j'euffe remarqué quelques défauts dans ces Figures, & dans cet exem-
»
plaire qu'il m'avoit envoyé,
»
tant hafter,
»
paffer le premier,
»
copie fur l'imprimé que j'aurois
»
m'eftendre fur
»
deùes,
mais que
&
fes
je
;
comme
je
ne penfois pas
croyois, au contraire, qu'il
qu'ainfi
il
qu'il fe duft
me
laifferoit
pourroit corriger les fautes de fait faire, je
fa
ne fongeay plus qu'à
louanges, qui fans doute luy
eftoient bien
»
& vfay de tous les termes que l'humeur & la civilité Frannous permettent dans ces rencontres en quoy il s'eft vn peu trompé, ayant aufli-toft pris cela pour vne approbation entière de fon ouvrage. Si j'euffe crû que cette première lettre, ou ce premier mot de compliment, euft dû entrer dans le confeil de ce qu'il
»
avoit à faire,
»
c'efl
»
firs
»
chofe eftoit fans remède,
» çoife » »
;
je
luy aurois dit fincerement
ma coutume, &
mes fentimens, comme
luy aurois épargné quelques petits déplai-
»
quand la que fon Livre efloit déjà imprimé. » « Après tout neantmoins, je ne puis m'empefcher de le loiier, & de luy fçavoir gré de fon entrcprife, qui eft grande, & pour
»
la
»
font faites avec jugement, lefquelles
;
mais
je
n'ay rien fceu de tout ce qu'il faifoit, que
&
meilleure partie, fort bien exécutée, dont les fautes mefmes ne luy doivent pas eftre
»
imputées, puis qu'elles ne viennent point de luy, mais de
»
délité de la copie fur laquelle
»
d'autant plus exercé
» qu'il a »
l'on
a
l'infi-
travaillé; laquelle doit avoir
pour la bien tourner en Latin, bien entendre les lieux où elle eftoit
efprit,
eu plus de peine à
défedueufe.
il
»
Maintenant, afin qu'on ne penfe pas que Meflieurs de Gutfcho» ven & de la Forge, qui ont tracé les Figures qui font dans ce Livre, fe foient fervis de celles de M. Schuyl pour inventer les » leurs en corrigeant les Tiennes, & pour conferver à chacun l'hon» neur qui luy appartient, Monfieur Chapelain me fera témoin, s'il » n'eft pas vray que, lors que je fus chez luy, pour recevoir de fa main le préfent que Monfieur Schuyl m'avoit fait de fon Livre, je luy portay en mefme temps toutes les Figures de ce Traité, » que chacun de ces MelTieurs avoit faites, & que je voulus expref» fement luy faire voir, pour avoir vn jour, en la foy d'vne perfonne d'vne probité aufii reconnue que la fienne, vn garend de «
11
>>
11
1.
Il
cette vérité. » '(
»
la
ce récit, ou fi vous voulez cette hiftoire, & prendre maintenant dés fon commencement comme j'avois
Pour continuer
:
Avertissement.
XIV » »
» » > »
» » '
" »
» i
» >
» >.
I'
•>
»
" > >.
»
de publier vn jour ce Traite, &. que j'eltois ei\ peine de trouver quelqu'vn qui voulult fe donner la peine de travailler aux Figures qui y manquoient, ne me fentant pas affez Meflieurs Louys & Daniel fort pour les inventer de moy-mefine EIzevirs, en l'année 1637, incontinent après l'impreiïion du preniicr volume des Lettres de Monfieur Defcartes, me donnèrent la toujours dans
l'elprit
;
connoiilance d'vn appelle Monfieur Huyberts. qu'ils me difoient les avoir mclhie déjà toutes traavoir tiavaillé à ces Figures, cees. Et pour s'allurer mieux fi ce qu'il avoit fait cftoit bien ou
&
&
pour s'eclaircir de quelques difficuirez qui luy reftoient. à caufe que Ton manufcrit luy fembloit peu corred en quelques endioits, ils me prièrent de luy envoyer vne fidèle copie de l'original qu'ils avoient ouy dire que j'avois entre les mains. J'embralfe promptement cette occafion comme vne faveur du Ciel; & après avoir tire de Monfieur Huyberts vne affurance par lettres qu'il me feroit part de fes Figures, quand il leur auroit donné la meilleure forme qu'il auroit pu, je luy envoyay vne copie de ce Traité, qu'il me fit fçavoir avoir receue mais oepuis, je n'a\- eu de luy, ny de fes Figures, ny de -cette aucunes nouvelles, ny copie, quelque foin & diligence que j'y aye apportée; dont j'ay mal,
;
<
>
eu beaucoup de déplaifir, car il m'avoit paru honnefte & habile homme, par le peu de commerce que j'avois eu avec luy c'eft pourquoy je ne puis acculer de cela que fes maladies, ayant fceu ;
qu'il eftoit fort infirme. »
»
mayant manqué, j'en cherchay vne autre. Et ne connoiflbis alors pcrfonnc, que je crulTe plus capable d'exécuter ce deffein. que Monfieur le Roy & que j'eftois bien aife de trouver vne occafion, où je puffe luy témoigner l'eitime particulière que j'ay toujours faite, & que je fais encore
»
de
»
d'Avril 1659, par laquelle, après m'eftre plaint
«
»
» «
Cette occafion
parce que
je
;
fa
perfonnc
&
de fon mérite,
je
luy écrivis vne lettre, au mois
doucement
à luy
des paroles outrageufes dont vn de fes amis s'eft emporté contre « moy, comme fi j'avois commis vn crime d'avoir publié quelques .1
.)
lettres
que Monfieur Defcartes luy
a autrefois écrites,
&
de luy
"
avoir amiablement rcprefenté, qu'il n'avoit pas bien
••
après
"
tion de fon Livre de Phyfique les louanges qu'il luy avoit
»
dans la première; par laquelle, donner la peine de travailler aux Figures qui manquoient à fon Trsité de l'Homme tant parce que l'examen qu'il feroit obligé de faire des deux Traitez que je luy envoycrois, pourroit luy
» » »
la
mort de Monfieur Defcartes fuprimé dans dis-je, je le
:
la
fait,
d'avoir
t'econde edi-
données
priois de fe vouloir
^v
Le Monde.
avec tant ouvrir refprit pour découvrir la vérité qu'il recherche dans le luy donner de belles lumières pour avancer de foin, travailler; ouvrage de l'Homme, auquel on ne fçauroit trop
>,
&
»
grand
»
que parce que
..
c'eftoit
vn moyen de
faire revivre
& rendre publique & & &
M. Defcartes l'ancienne amitié qui avoit autrefois efté entre fes entre luy qui depuis fa mort devoit s'eftre continuée luy, regagner de ainfi de fe remettre bien avec eux, Seaateurs,
..
&
.)
&
..
mctbonnes 'grâces. Mais il s'en excufa, de peur que, s'il y Traitez, ces de quelqu'vn que la main, on ne puft foupçonncr
..
leurs
..
toit
.)
qu'il dit n'avoir
jamais veus, luy eulTent déjà autrefois paffé par quoy qu'à dire le vray, ce foit vne chofe alfez difficile les mains bien rencontrer dans leurs à croire, que deux perfonnes ayent pu fi conformes les penfécs^ que d'avoir des pages entières, totalement des communication eu ait l'vn que vnes < aux > autres, fans impoffible, pas n'eft cela penfées de l'autre. Neantmoins, comme & que l'on a veu de plus grandes merveilles, je n'en veux point
»
;
..
,.
..
..
,.
..
»
» .)
..
.,
..
))
..
» ..
..
juger, les
Ledeurs en croiront ce
qu'il
leur plaira,
&
il
leur
difciple, de importe fort peu de fçavoir qui eft le maiftre ou le deux eft des lequel Roy, & le Monfieur Defcaites ou de Monfieur s'ils les ou conformes, ils font le premier inventeur des chofes où comme chofes les ont tous deux inventées. Toutesfois, pour dire ne me defavoucra pas. elles font, je croy que Monfieur le Roy .Monquand je diray de luy, qu'il a fait autrefois l'honneur à Phyde queftions des fur fouvent Defcartes de le confulter
(ieur
en gênerai de Philofophie, & qu'ainfi il vne perfonne de qui il pouvoit l'a autrefois confideré comme jultific apprendre. Et quand il ne le voudroit pas avouer, cela fe luy-mefme que celles par Defcartes, & affez par les lettres de M. fique
&
de Médecine,
&
..
copies, tirées fur l'onluy a autrefois écrites, dont j'ay de fidèles J'avois eu la penfée ginal, lefquelles font pleines de ces queftions. qui s'eft faite faire imprliner dans la féconde Edition
»
l'année dernière [i663)
..
fieur Defcartes, afin
»
»
de
les
du premier volume des Lettres de Monde juftifier par les miffives de Monfieur le
.,
de Monfieur Defcartes, qui leur fervent de faites à plaifir, réponfe, ne font point des chofes controuvées & comme cet amy de Monfieur le Roy, dont j'ay déjà parlé, femble Roy, pour ne vouloir infinuer; mais en ayant écrit à Monfieur le permettre; voulu pas l'a ne il luy, avec rien faire que de concert
»
Quoy que
»
» ..
..
« ..
Roy, que
&
les lettres
toutes ces lettres foient
fi
pleines de civilité, d'eflime font voir tant
de refped pour luy & pour fa & de correfpondance entre l'vn
d'amitié
dodrine,
&
&
l'autre,
que
je
ne puis
Avertissement.
XVI » » » .)
» .1
le Roy d'en permettre vn puifque déjà il a jour, la écrite en réponfe qu'il m'a la lettre imprimaft qu'on bien permis obligé s'il avoit en m'auroit fort d'Avril; il à la mienne du mois mefme temps fait imprimer la mienne, cela m'auroit exempté d'en parler icy. puis qu'il n'y a que cela feul qui ait donné lieu à
deviner ce qui peut empefcher Monfieur publication. Peut-eftre
le fera-t'il
»
cet article.
»
Après ce refus de Monfieur le Roy, je cherchay d'autres moyens, & tournay mes penfées ailleurs. Et croyant toujours (comme il y a grande apparence) que Monfieur Defcartes n'avoit
«
«
i>
»
point écrit ce Traité, en defignant comme il a fait fes Figures par des Lettres, fans qu'il les euft luy-mefme au moins groflierement tracées, je priay vn de mes amis, appelle Monfieur Guifony,
»
fçavant jeune
»
»
n » .)
homme, que
de s'inftruire portoit lors à voyager, de s'informer, en paffant par les Pays-bas, s'il ne pourroit point découvrir que quelqu'vn euft ces figures, ou du moins de folliciter par tout les plus habiles, & les plus affedionnez à le
defir
»
Il eut le bonheur de Gutfchoven, avec lequel il eut rencontrer à Louvain Monfjeur de apprit de luy que Monfieur Sluze l'y plufieurs conférences,
»
vouloit engager. Auffi-toft
» »
cette Philofophie, d'y vouloir travailler.
&
il
m'en donna
avis,
& comme je n'avois
»
pas l'honneur de le connoiflre, il me le dépegnit fi bien, & avec des qualitez fi avantageufes, que je crû ne pouvoir mieux rencontrer, qu'vne perfonne qui comme luy eft tout enfemble grand Anatomiftc & fçavant Mathématicien, qui entend parfaitement tous les Ouvrages de Monfieur Defcartes, avec lequel il a mefme
>.
converfé plufieurs
»
» » .)
» »
&
qui avec cela a cette forte d'efprit demande. Nous convinfmes Philofophie mechanique que cette bien-toft enfemble, moy de luy envoyer vne copie du Traité, & fois,
&
&
»
à de me les envoyer fi-toft luy de travailler aux Figures, mefure qu'il les auroit faites. Cependant, comme fi l'alTurance
»
que
»
» » » »
» » »
»
»
luy avois donnée de luy envoyer ce Traité euft amorty fon defir, je fus prés d'vn an fans avoir de fes nouvelles, ny fçavoir comment je pourrois le luy envoyer. Ft comme je comje
mençois à ne plus quafi rien efperer de ce cofté-là, vn Gentilhomme Flamand, appelle Monfieur de Nonancourt, que la paix nouvellement faite entre les deux Couronnes, & l'entrée de la Reine, avoit attiré icy, me vint voir de fa part, avec des lettres de recommandation, qui portoicnt entr'autrcs chofes, que fi j'ellois encore dans le delfcin de luy confier la copie du Traité de l'Homme de Monfieur Defcartes, que je luy avois autrefois
Le Monde. » offerte, »
vailler
» » »
eftoit plus
que jamais en pouvoir
)>
» » » »
en volonté de tra-
me
Je
&
dont à peine avois-je liny la ne \fenois que de recevoir, lefture, par laquelle il fe venoit offrir de lu)-mcfme k tiavailler aux Figures que j'avois dit dans la Préface du fécond volume
» je »
&
»
truuvay en ce temps-là dans vne atfez plaifante conjondlure; car quand Monlieur de Nonancourt vint au logis, j'avois encore fur ma table la lettre de Monfieur de la Forge (que je ne connoiffois point alors, mais qui depuis s'ell fait connoillre par de fort bonnes marques, comme on le verra par la fuitte), laquelle «
»
il
aux Figures,
xvii
des Lettres de noftre Autheur {voir t. V, p. 636} manquer à ce Traité-cy, pourveu que j'culTe encore befoin d'vn homme, & qu'il n'y en euft point d'autre plus habile que luy qui s'y fuft dcja avec qui je fuffe engagé. Je fus bien aife de faire voir à offert,
&
» ce
Gentil-homme
»
avis de luy fur ce
»
alloit
la
bizarrerie de cette rencontre, pour prendre
que
j'avois à faire
dans vne occafion où
il
y
»
eu quelque façon de l'honneur de Monfieur de Gutichoven, & pour me décharger fur luy de la refolution que je prcndrois, & l'en rendre refponfable envers fon amy, à qui je ne voulois pas manquer de parole, & que je craignois de defobliger fi j'acceptois les nouvelles offres que l'on me faifoii. Mais d'vn autre collé
»
j'aurois efté fafché
»
» »
»
bonne
» » '»
» » »
» » »
» » » » » »
les
pas accepter, m'eftant faites de
fi
profcf-
la
la connoiffance que demandoit dans vn homme auquel il s'offroit, & que je jugeois déjà par fa manière d'écrire, qui témoignoit beaucoup de fuffifance, capable de l'executer. Nous ne fufmes pas long-temps à nous réfoudre; & nous
» fion »
de ne
grâce, par vne perfonne de noltre Nation, dont
répondoit à
le travail
trouvafmes à propos de les laiffer travailler tous deux à l'infceu tant parce que (i nous leur faifions fçavoir, cela l'vn de l'autre les pourroit rendre pareffeux & negligens, chacun ne voulant pas fe donner la peine de travailler à vne chofe, dont il n'auroit pas feul la gloire; que parce qu'il pourroit arriver, que l'on fcroit privé de quelque lumière, que celuy-là auroit pu nous donner, de qui l'on auroit refufé le fecours. » « Cela ainfi arrefté entre nous, je mis à l'hçure mefme entre les mains de Monfieur de Nonancourt vne copie du Traité de l'Homme de Monfieur Defcartes, que je tenois toute prelle il y avoit long-temps, qu'il euft le foin de faire tenir à Monfieur de Gutfchoven, & qui nous a valu à la fin les belles & ingenicufes Figures qui font de luy dans le corps de cet Ouvrage; & j'en fis faire vne autre copie que j'envoyay à M. de la F'orge. Il n'ell pas :
Œuvres. VI.
c
Avertissement,
XVIII
befoin que
»
je
m'eftende icy lur
fes
louanges, puifque
» grande partie de ce Livre parle à fon avantage, »
&
les
Remarques
Içavantes
la
plus
Figures
adjoutées à ce Traité, feront
qu'il a
&
& que
les
fon mérite, que tout ce que j'en
»
mieux connoiftre fon
»
pourrois dire. Je n'ay jamais veu tant de diligence en vne per-
»
forine qu'en luy
efprit
en moins d'vn an
;
»
&
»
M. de GutfcTioven ne
Remarques.
De
m'envoya
il
&
fes
Figures,
les grandes occupations de empefché de donner tout le » foin qu'il faloit pour achever en peu de temps ce qu'il m'avoit » promis, on auroit pu avoir ce Traitd-cy il y a priis de deux ans » mais il faloit bien attendre qu'il euft entièrement éclaircy, ce que » fans luy l'on auroit eu de la peine à entendre, & il n'y avoit pas » d'apparence de rien faire, avant qu'il euft achevé ce qu'il avoit fi fes
.
.
forte que,
fi
l'euflent point
;
bien commencé.
»
»
&
»
Je fuis maintenant obligé de dire icy, avant que de palîer outre d'entrer dans
» cette
le détail,
&
pour ordonner
»
mifes entre les mains,
»
petits avis
» »
»
» » »
» " » »
» »
» » »
» » » »
cm
eu pour
déférence, que de S'en remettre entièrement à
»
»
que ces Meffieurs
difpofer à
ma
& mefme
mes
moy foins,
volonté des figures qu'ils m'ont ils
n'ont pas defaprouvé quelques
me les ont envoyées ils lefqucls quelquefois trouvé à première fois, fuivant ont la propos de les reformer. Ce qui me fait dire & alfurer de leur part, qu'ils ne trouveront point mauvais, mais qu'au contraire ils fe tiendront fort obligez à ceux qui les voudront advertir des défauts qu'on a pu y avoir lailfez, & leur apprendre en mefme temps le moyen de les corriger, ce qui fe pourroit faire dans vne féconde Edition. Ou mefme fi quelqu'vn plus ingénieux vouloit fe donner la peine d'en inventer quelques-vnes qui fuffcnt mieux faites, & qui pufl"ent fervir à faire mieux entendre le texte, je luy promets de les employer dans vne nouvelle impreflion, s'il veut avoir la bonté de me les communiquer. Et qu'il ne craigne point que ces Mefïieurs en prennent jaloufie car ce n'elt pas tant l'anibition de paroiftre, que le defir d'apprendre qui les a portez à travailler à cet Ouvrage fi bien qu'on ne fçauroit leur faire plus de plaifir, que de leur faire voir leurs fautes, en leur apprenant à faire mieux. » « Pour venir maintenant aux Figures, voicy l'ordre que j'y ay gardé. Comme la plufpart des Figures que ces deux Meflieurs avoient tracées chacun à part, eftoient femblables, ou que la differcnce qu'il y avoit entr'elles n'eftoit pas eflentiellc, & ne regardoit que la difpofition extérieure du corps de la figure, j'ay penfé que
je
leur ay donnez, lors qu'ils
;
:
Le Monde. de
xix
deux fois vno mefme chofc, & me pour la plufpart des figures de M. de mieux delTmées que les autres; mais
faire voir
»
qu'il clloit inutile
»
fuis
»
Gutlchovcn, qui cftoient pour celles où la différence eftoit notable, & qui pouvoient fervir à des vfages particuliers, comme font celles des mufcles & du cerveau, je les ay mifes des deux façons; & afin qu'on les puiife reconnoiftre, j'ay fait mettre vn G à celles de M. de Gutfchoven, & vne F à celles de M. de la Forge, & quant aux autres où ces
.'
» »
» »
contenté de
ne
)'
lettres
»
l'autre. »
fe
me
fervir
communes
rencontrent point, elles font
à l'vn
Je remarqueray feulement icy que j'ay vn peu change
«
avoient donnée à
&
première figure,
la
&
à
difpo-
qu'au lieu
»
fition qu'ils
»
qu'ils l'avoient reprefentée fur le plat, je l'ay fait mettre fur le
»
cofté, afin
I)
» »
» »
» »
» » » » » »
de
faire
mieux
la
voir ce que dit .M. Defcartes
qui vont au cerveau,
les parties
il
:
qu'après
n'y en a point de plus fortes
ny de plus vives, que celles qui fe vont rendre aux vaiffeaux delHnez à la génération, à caufe que le chemin qui y conduit e\\ ce qui fe voit mieux, ce me fenible, par cette difpole plus droit fition de la figure que par vne autre. » « Comme le mouvement des membres efl la plus importante action que l'Autheur ait eu à décrire & à expliquer, j'ay crû que je ne devois rien obmettre de ce qui pouvoit fervir à en rendre l'intelligence facile; & parce que chacun de ces MefTieurs a eu fur cela de différentes idées, & melme que dans vn brouillon, que tout autre que moy aùroit jett
:
»
fera peut-eilrc lupleé
par l'autre. Je n'ay pounant
>'
par
»
point mis de figure pour reprefcnter
»
parce que
»
» »
l'viie,
le
mouvement Tonique,
vne chofe fi facile à s'imaginer, quand on a bien compris les autres, que cela auroit elle fuperflu, & qu'il auroit femblé qu'on auroit voulu grolTir le Livre, & le faire valoir par le nombre des Figures... » « La figure de la p. i6, au bas de laquelle il y a vn D, efl vne c'ell
M
copie de ce brouillon de Monfieur Defcartes, dont, j'ay parlé cy-
»
deffus,
»
faire voir à
»
Cl
j'ay
que
j'ay tirée le
ceux qu
mieux que
j'ay
en auront curiofité,
pu. Je
&
pour
bien rencontré dans l'extrait que j'en ay
garde pour
le
le
les faire juges,
fait
:
car
il
a falu
XX )i
>'
» »
» »
»
» » » »
» »
»
» » » » »
»
Avertissement.
en quelque façon deviner
t'a pcnfée. en confrontant ce brouillon mal deffiné. Et ce qui m'a donné le plus de peine, elt que Montienr Defcartes ne parlant dans fon Traité que de deux replis pour chaque valvaile, ilfemtle en avoir repreTenté trois dans ce projet de figure. Mais enfin conliderant La chofe de plus près, & pénétrant dans la penl'ée qu'il pouvoit avoir lors qu'il iraçoit ce broijillon, j'ay juge que ce que je prenois au commencenicnt pour vn troifiénie reply, n'cfl rien autre chofe qu'vn petit crochet, qui fert feuleinent d'appuy aux Efprits qui delccndent du cerveau, pour faire bailler le repl} auquel il elt attaché, & ouvrir ainfi vn plus libre palTage aux Efprits pour aller d'vn fans quoy les Efprits qui defcendent du mufcle dans l'autre cerveau, difficilement auroient-ils pu avoir alfez de prife fur luy, dans la fituation qu'il luy a donnée, pour le pouvoir faire bailler ou courber, & faciliter par ce mo\'en cette commimication d'vn mufcle à l'autre. En quoy je trouve que Meffîeurs de Gutfchoven & de la Forge ont mieux rencontré que Monlieur Delcai tes mrl'me, & que la difpofition qu'ils ont donnée à la valvule S: à fes deux replis, eft plus conforme au texte, & le jeu de leur \aivule plus
avec
le
texte, tant
il
eft
;
comprendre. » Monficur de la Forge a elle le plus hardy... Ce qu'il a changé dans fa figure (que l'on verra en la p. 17) elf, premièrement, qu'il place les canaux de communicati(.n, & en fuitte les valvules, entre les deux tendons des mufcles Antagonilles, au lieu que M. Defcartes difpofe autrement les canaux, & met les valvules dans les nerfs aux entrées de chaque mufcle. Et 2., qu'il veut que les nerfs fc déchargent dans les mufcles, & qu'en y verfant les Efprits, ils fe répandent entre les fibres des mufcles, qu'ils enHent ou defenflent à mefure & à proportion qu'ils y entrent ou qu'ils en fortent Eà où Monlieur Dcfcaitcs dit, au contraire, que les nerfs répandent leurs fibres ou leurs rameaux dans les mufcles mcfmcs, & que félon la divcrfc difpofition de ces fibres ou de ces rameaux, quand ils font enflez ou defenflez,
aifé à «
»
» »
» »
» »
» 11
» » >)
:
enflent ou
defenflent
les
mufcles,
&
prt>duifcnt
diil'erens
»
ils
»
ellets... »
»
quelle
»
des nerfs dans
» »
que c'clt en cela que Corps humain, il ne
»
clairement, par l'explication de quelque figure en particulier.
('
Cependant comme eft
la
il
cfl
très-important de bien comprendre
penfée de l'Autheur, touchant l'infertion des fibies les
mufcles,
&
touchant leur mouvement,
confifte la principale fera pas inutile
que
adion de
la
à caiife
machine du
je le faffe icy
concevoir »
Le Monde.
xxi
»
Or entre toutes les figures qui font dans ce livre, je n'en trouve point de plus propre pour faire comprendre quelle eft en cela la penfée de Monfieur Defcartes, que celle qui fert à expliquer
»
le
« »
mouvement des paupières;
&
&
d'autant que ce qu'il en dit en
»
entendre fans figure, la peine de lire le texte fans jetter les j-eux delfus, je diray icy en peu de mots comment on sert pris pour accommoder la figure au texte, luy donner la forme & la difpofition qu'elle a main-
»
tenant.
23
eft fort
»
l'art.
»
comme chacun
»
»
»
» » » »
» » » »
» » » »
» » » )i
» »
» »
» »
» » » »
»
affez difficile à
peut cprou\cr
s'il
fe
veut donner
&
<>
le mufcle T {voj'C^ la figure de la p. 21) ne fert qu'à que le mufcle V fert aliernapaupière de deffus, puifque tivement à les ouvrir & à les fermer toute- deux fcs envoyé nerf tuyau pr ou Monfieur Defcartes dit que le que le nerf ou tuyau branches dans les deux mufcles T & V,
« »
concis,
le
Puifque
ouvrir
&
la
;
&
&
^s ne les envoyé que dans le muf<île V feulement, i^ que leurs branches r & s cftant quafi inférées en mefme façon dans le mufcle V, y ont toutesfois deux effets contraires, à caufe de la diverfe difpofition de leurs rameaux ou de leurs fibres de là je conclus que, puifque le nerf pr envoyé des branches dans le mufcle T & dans le mufcle V, & que le mufcle T ne fert qu'à ouvrir la paupiere de delfus je conclus, dis-je, que les rameaux ou les fibres des branches du nerf pr, qui s'infèrent dans le mufcle V. doivent eftre tellement difpolees dans ce mufcle, qu'elles puilfent fervir à ouvrir les deux paupières, afin que leur adion dans le mufcle V, s'accorde avec celles de fes autres fibres qui s'infèrent dans le :
:
mufcle T, lefquelles ne fervent qu'à ouvrir la paupière de deffus & par confequent les fibres des branches du nerf qs. doivent élire difpofées dans le mufcle V de telle forte, qu'elles les puilfent fermer toutes deux quand elles feront en action. Pour cela je fuppofe que les branches du nerf pr, qui fe vont inférer dans le mufcle V, répandent leurs fibres dans la paupière d'enhaut, & ;
d'embas, & qu'elles finident & font attachées de part & d'autre au bord des paupières, comme vous les voyez reprefentées dans cette figure; au lieu que les branches du nerf ^ s les croifent, & font couchées le long de ce mufcle des deux collez. & vont s'attacher de part & d'autre au coin de l'a-il. De là vient que quand les rameaux rit rejupiilfent d'Efprits. ils s'enflent, & en s'enfîant ils tirent & ouvrent les deux paupières où ils font attachez; & en mefme temps les Efprits allant auffi dans le mufde T par les autres branches de ce mefme nerf pr, qui y font repan-
dans
celle
Avertissement.
xxn
»
mufcle T s'entle auffi, & aide par melme moyen à ouvrir la paupière de deffus. Tout au contraire, quand les rameaux s le rempliffent d'Efprits, comme ils ne peuvent pas tirer à foy le coin de l'œil où ils font attachez, parce qu'il eit immobile, leur ventre s'enfle, & en s'enflant des deux coftez en mefme temps, ils font que les paupières s'approchent & fe ferment. Et afin que cela s'entende s'exécute aufli mieux, il faut concevoir qu'entre les branches du nerf pr & celles du nerf qs, il y a des canaux de
» » » » »
» »
dues,
le
&
»
communication avec des valvules, qui font
»
ont dans
»
puiffent fournir
les
l'etfet
ordinaire qu'elles
Antagoniftes, afin que ces
mufcles
branches
fe
»
mutuellement les vnes aux autres des Efprits en affez grande quantité pour eftre fuflifamment enflées, & que les vnes n'empefchent point l'effet des autres. Et outre cela, il faut concevoir qu'entre les branches du nerf pr, dont les vnes vont dans le mufcle T & les autres dans le mufcle V, il y a communication; mais que cette communication cft toujours libre, afin que les branches qui vont dans le mufcle T, par la communication qu'elles ont avec les autres qui font répandues dans le mufcle V, puiffent aufli fournir des Efprits aux branches du nerf (/s qui font répandues dans le mufcle V, & en recevoir aufli d'elles, quand il eft befoin & afin aufli que par ce moyen le mufcle T s'enfle & fe defenfle avec les branches & rameaux r qui font répandus dans le mufcle V, & qu'il ne nuife point, mais plutofl qu'il favorifc l'effet des branches du nerf ^5. Cela ainfi expliqué, il me femble
»
(comme
» » »
» » f>
»
» » » » »
» »
;
j'ay dit) qu'il eft aifé à
entendre quelle
eft la
penfée de
des mufcles, & touMonfieur Defcartes touchant chant l'infertion des fibres ou rameaux des nerfs dans le corps de le
mouvement
"
chaque mufcle, & que cela fait nlfcz bien comprendre comment fe fait cette adion ou ce mouvement, qui eft la principale fondion de toute cette machine. » « La mefme raifon qui m'a obligé de mettre icy les différentes figures des mufcles que chacun de ces Mcflieurs avoit tracées, a d'autant fait aufli que j'ay mis celles qu'ils ont faites du cerveau
«
qu'après
>>
mufcles,
» » »
»
:
mefme
l'on
»
que
cerveau
»
comme
»
font
»
la
le
n'y en a point de plus importantes
il
»
le
qui fervent à expliquer
les figures
peut dire que ce
fource
que par
fes
eft
&
la le
font
principale
les
mouvement des que
celles-là.
plus neceflaires, à caufe
pièce
de noilre .Machine, mouvemens, qui ne
principe de tous fes
ordres,
&
félon
la
Et
& fe
diftribution qui s'y fait des
Efprits... » <<
Quoy que Monfieur
de
la
Forge
eull
tracé vne figure
pour
Le Monde. comment
xxiii
»
Machine que de'crit Monfieur Defcartes trouvent dans le fond de fa bouche, je n'ay pas jugé à propos de m'en fervir, mais j'ay penfé qu'il fuffifoit de celle qu'il employé pour expliquer la refpiration à caufe que la figure qu'il avoit inventée pour cet effet, ne lailfoit pas moins de chofes à l'imagination â fupléer, que fait
»
celle-là.,. »
reprclenter
»
la
avale les viandes qui
» » ))
fe
:
»
»
tuyaux de la figure marquée N, de la p. 63, qui lont rayons qui viennent de la glande, devroient avoir efté difpofez tout droits, pour recevoir comme il faut l'adion des Efprits, reprefentée par ces rayons; c'eft pourquoy chacun prendra la peine de le corriger fur fa figure. » « Dans la figure de la p. 65, la glande ne devroit pas eftre fi droite qu'elle eft, mais vn peu inclinée en avant, à peu prés comme eft celle de la figure de la p. 80... » « Je n'ay plus que deux chofes à dire pour l'entière inftrudion du Ledeur la première, que fi l'on voit en quelques figures des
»
chifres,
»
pas eftro, vcu que cela ne quadre point avec leur nombre, ny
«
» »
» »
» »
Les
petits
vis à vis les
:
&
en d'autres des lettres, qui fembleroient n'y devoir
manière dont on
on ne l'a fait que pour qu'on luy devoit, 6k pour ne pas altérer la penfée de l'Autheur, en accommodant le texte aux figures, eitant plus raifonnable d'accommoder les figures au texte. Mais cela mefme fait voir, que puifque l'Autheur defigne luy-mefme les figures par des lettres & par des chifres, il faloit qu'il les eull prelentes devant luy, quand il en a parlé de la forte; & il eft à croire qu'elles font entre les mains de quelqu'vn qui l'ignore, ou qui peut-eftre s'en veut prévaloir. » « La féconde chofc dont je dois avertir le Lecteur eft, que le texte de l'Autheur eftoit tout continu, fans aucune diftindion de Cha-
»
avec
»
conferver au texte toute
» »
» »
» » »
»
la
ny d'Articles
les a defignces, la
mais ncantmoins
»
pitres
»
contre fon intention, que de
»
luy-mefme
;
par
»
du Fœtus;
le
diftinguer
commencé
avoit déjà
articles le fécond
»
fidélité
je
n'ay pas crû rien faire
comme
j'ay fait,
Traité, qui
intitulé
eft
puifque
par parties
à diftinguer ainfi
de
la
&
forvjatiou
»
& cela m'a donné la penfée d'achever ce qu'il avoit commencé; & après l'avoir fait, j'ay cru que cela ne nuiroit point, de diftinguer aulTi de mefme le premier Traité, & qu'on ne pour-
»
roit
»
roient trouver à redire, pourront
»
s'arrefter, &.
«
que donne
»
me
blafnier
que
(i
j'en vfois
les
de
la forte, le
puifque ceux qui y pourtout d'vne fuitte fans
lire
autres pourront eftre foulagez par ce repos
à l'efprit cette forte de diftinclion,
&
par
la
facilité
Avertissement.
XXIV » ))
que
cela
donne
à fe remettre
en mémoire,
dont on peut avoir befoin. » « Il ne m'a pas elté difficile,
comme
je
&
à trouver, les chofes
penfe, de fatisfaire
le
Lefteur fur tous les chefs qui pouvoient concerner cette impref» fion ; comme on n'a pu avoir de préjugé qui ait pu empefcher .)
»
»
qu'on n'ait ajouté foy à tout ce que j'ay m'aura fait l'honneur de s'en raporter à
dit, je
ma
veux croire qu'on
parole... »
(Pages 1-28, non numérotées, de la i'^ édition, 1664 p. 1-26, de la 2': édition, 1Ô77.)
;
LE
MONDÉ DE
RENÉ DESCARTES ou
TRAITÉ DE LA LUMIERE
MONDE
LE
DE
RENÉ DESCARTES OtJ
TRAITÉ DE LA LUMIERE
Me
propofant de traiter icy de
miere chofe dont V avoir de
je )
,.
Lumière,
la
pre-
avertir, eft, qu'il peut T r '
la différence entre le .
5
veux vous
la
.
'
fentiment que nous
le Soleil,
qui
du nom de Lumière. Car encore que chacun perfuade communément, que les idées que nous
s'appelle fe lo
avons en noftre penfée font entièrement fembla|bles aux objets dont elles procèdent, je ne vois point toutesfois de raifon, qui nous affure que celafoit; mais 2 je] ie. 1
2
après
—
foit]
5 l'entremife] le
moyen.
—
la différence qui eji entre nos Jentimens & tes cho/es qui les pro-
duijenl.]
,
en avons, c'eft à dire l'idée qui s'en forme en noftre imagination par l'entremife de nos yeux, & ce qui eft dans les objets qui produit en nous ce fentiment, c'eft à dire ce qui eft dans la flâme ou dans
Chapitre premier. [De
8 s'appelle]
eft
appelé.
—
uray ajouté.
a. On suit le texte de l'édition de 1677, avec les variantes de l'édition de 1664 au bas des pages. En haut des pages, on reproduit la pagination de 1677.
Le Monde.
4 je
406.
remarque, au contraire, plufieurs expériences qui
nous en doivent
faire doutçr.
fçavez bien que les paroles, n'ayant aucune
Vous
relTemblance avec les chofes qu'elles fignifient, ne
pas de nous les faire concevoir,
laiflent
mefme
&
fouvent
5
fans que nous prenions garde au fon des mots,
ny à leurs fyllabes en forte qu'il peut arriver qu'après avoir ouy vn difcours, dont nous aurons fort bien compris le fens, nous ne pourrons pas dire en quelle langue il aura efté prononcé. Or, fi des mots, qui ne fignifient rien que par l'inftitution des hommes, fuftifent pour nous faire concevoir des chofes, avec lefquelles ils n'ont aucune reflemblance pourquoy la
10
Nature ne pourra-t'elle pas auffi avoir eflably certain figne, qui nous faffe avoir le fentiment de la Lumière, bien que ce figne n'ait rien en foy, qui foit femblable
i3
;
:
à ce fentiment les ris
&
?
Et n'eft-ce pas ainfi qu'elle a eftably
les larmes,
trifleffe fur le
pour nous
faire lire la joye
hommes
vifage des
&
la
?
Mais vous direz, peut-eftre, que nos oreilles ne nous font véritablement fentir que le fon des paroles, ny nos yeu.x que la contenance de celuy qui rit ou qui pleure,
que
&
que
c'eft
noftre efprit, qui ayant retenu ce
fignifient ces paroles
reprefente en
pondre que
&
cette contenance,
mefme temps. A
c'eft
nous
le
cela je pourrois ré-
mefme, qui nous Lumière, toutes les fois que
noftre efprit tout de
reprefente l'idée de la
l'adion qui la fignific touche noftre œil. Mais fans ?-()
fouvent mcfmcl
vent nicfmcs.
nullement
—
(")a/;rè.f
j/o///^.
—
i
c'eft
fou-
prenions \
20
pourra-
t'clle|
pcut-cllc.
bien ajouté. iju'il.
— qui
—
— ni
après
auflî]
que ce
figne]
foitlde.
— ir
jei ie.
2 5
Traité de la Lumière.
406-407-
perdre
le
c
temps a difpuler, j'auray plutofl
fiiit
d'ap-
porter vn autre exemple.
mefme que nous ne prenons pas
Penfez-vous, lors
garde à 5
la fignification
feulejment
des paroles,
que
leur fon,
l'idée
&
que nous oyons
de ce
fon,
qui fô
forme en noftre pcnfée, foit quelque chofe de lemblablc à l'objet qui en efl la caufe ? Vn homme ouvre la
10
bouche, remue
langue, pouffe fon haleine
la
:
je
ne vois rien, en toutes ces adions, qui ne foit fort différent de l'idée du fon, qu elles nous font imaginer. Et la plupart des Philofophes affurent,
autre chofe
quvn
certain
que
tremblement
frapper nos oreilles; en forte que,
fon n'eil
d'air, qui vient
le
fi
le
fens de loùie
rapportoit à noftre penfée la vraye image de fon objet, i5
il
faudroit, au lieu de
nous
fift
concevoir
nous
faire
concevoir
mouvement des
le
le fon, qu'il
parties de l'air
qui tremble pour lors contre nos oreilles. Mais, parce
que tout le monde ne voudra peut-eftre pas croire ce que difent les Philofophes, j'apporteray encore vn 2o
autre exemple.
L'attouchement eftime
que,
fi
le
je
celuy de tous nos fens que l'on
eft
moins trompeur & le plus affuré; de forte vous montre que l'attouchement mefme nous
concevoir plufieurs idées, qui ne reffemblent en aucune façon aux objets qui les produifent, je ne fait
2 5
penfe pas que vous deviez trouver effrange,
que
la
veuë peut faire
le
fonne qui ne fçache, que
& de
la
douleur, qui
—
ib 8 je] ie. femblable chofe.
je]
ie.
fe
—
femblable. les idées
Or
il
fi
je dis
n'y a per-
du chatouillement
forment en noftre penfée à loc-
i6 trouver treiiver.
—
27
le
femblable]
Le Monde.
6
4O7-408.
cafion des corps de dehors qui nous touchent, n'ont
aucune reffemblance avec eux. On pafTe doucement vne plume fur les lèvres d'vn enfant qui s'endort, &. il penfez-vous que l'idée du fent qu'on ie chatouille :
chatouillement, qu'il conçoit, reffemble à quelque chofe de ce qui eft en cette plume Vn Gendarme re-
5
.''
vient d'vne mêlée
:
pendant
la
chaleur du combat,
il
auroit pûeftre blelTé fans s'en appercevoir; mais maintenant qu'il commence à fe refroidir, il fent de la dou-
on appelle vn Chirurgien, on ofte fes armes, on le vifite, &. on trouve enfin que ce qu'il fentoit, n'eftoit autre chofe qu'vne boucle ou vne courroye qui, s'eftant engagée fous fes armes, le leur,
il
1
preflbit
croit eftre blelTé
& l'incommodoit.
:
lo
fon attouchement, en luy
Si
faifant fentir cette courroye, en eût
imprimé l'image
i5
en fa penfée, il n'auroit pas eu befoin d'vn Chirurgien pour l'avertir de ce qu'il fentoit. Or je ne vois point de raifon qui nous oblige à croire, que ce qui eft dans les objets d'où nous vient fentiment de la Lumière, foit plus femblable à ce fentiment, que les adions d'vne plume & d'vne cour-
le
roye
le
font au chatouillement
&
20
à la douleur. Et
toutesfois je n'ay point apporté ces exemples, pour vous faire croire abfolument, que cette Lumière eft
autre dans les objets que dans nos yeux; mais feulement afin que vous en doutiez, & que, vous gardant
préoccupé du contraire, vous puifliez maintenant mieux examiner avec moy ce qui en eft. d'eftre
—
8 auroit] eût. 3 la lèvre. affurément. abfolument] 24
—
1
1
&
omis.
— trouve]
treuve.
—
25
Traité de la Lumière.
408-409.
Je ne connois au
monde que deux
7
dans lefquels la Lumière fe trouve, a fçavoir les Aftres, & la Flâme ou le Feu. Et parce que les Aftres font fans doute plus éloignez de la connoilTance des 5
hommes, que
n'eft
le
feu ou la flàme, je tàcheray,
premièrement, d'expliquer ce que chant
la
je
remarque tou-
Flàme.
Lors qu'elle brûle du bois, ou quelquautre femblable matière, nous pouvons voir à 10
remue
les petites parties
de ce bois,
&
l'œil,
l'autre, transjformant ainfi les plus fubtiles
en
air,
en fumée,
&
qu'elle
les fepare
de
&
Lvne
en feu,
laifTant les plus groffieres
pour
Qu'vn autre donc imagine, s'il veut, en Forme du feu, la Qualité de la chaleur, &
les cendres.
ce bois, la i5
l'Aftion qui le briile,
des chcifes toutes di-
pour moy, qui crains de me tromper fi j'v fuppofe quelque chofe de plus que ce que je vois neceffairement y devoir eftre, je me contente d'y concevoir le mouvement de fes parties. Car mettez-y du feu, mettez-y de la chaleur, & faites qu'il brûle, tant qu'il vous plaira fi vous ne fuppofez point avec cela, qu'il y ait aucune de fes parties qui fe remue, ny qui fe détache de fes voifines, je ne me fçaurois imaginer qu'il reçoive aucune altération ny changement. Et au contraire, oftez-en le feu, oftez-en la chaleur, empefchez pourveu feulement que vous m'accorqu'il ne brûle diez qu'il y a quelque puiflance, qui remue violemment verfes
20
comme
;
:
2 5
:
les plus fubtiles de fes parties, I
Je] le.
—
2
trouve trouve.
— —
4 font] femblent. un peu plus. 5 que...
à omis. plus]
—
—
Chapitke
fortes de corps
& qui les fepare des plus
flàme omis.
—
19 fes] ces.
24 après ny] aucun ajouté. 28 qui omis.
— —
'
11.
cvSr ""la 1mrniercdujeu.]
8
Le Monde.
groffieres, je trouve
que cela
409-410.
feul
pourra
faire
en luy
tous les mefmes changemens qu'on expérimente quand brûle.
il
Or, d'autant
qu'il
me
ne
concevoir qu'vn corps en
le
corps de
k\
remuer vn autre, fi foy-mefme, je conclus de
puiiî'e
ce n'eft en fe remuant aulfi cecy, que
femble pas poffible de
flàme qui agit contre
le
5
bois,
compofé de petites parties qui fe remuent feparément l'vne de l'autre, d'vn mouvement tres-prompt & tres-violent, d qui, fe remuant en cette forte, pouffent & remuent avec foy les parties des corps qu'elles toueft
chent,
&
que
qui ne leur font point trop de refiftance. Je
remuent feparément l'vne de l'autre car encore que fouvent elles s'accordent & confpirent plufieurs enfemble pour faire vn mefmc effet, nous voyons toutesfois que chacune d'elles agit dis
10
fes parties fe
:
i5
en fon particulier contre les corps qu'elles toujchent. Je dis auffi que leur violent
car eftant
:
mouvement fi
petites
eft
que
tres-prompt
la
&
tres-
veuë ne nous
les
fçauroit faire diftinguer, elles n'auroient pas tant de
20
force qu'elles ont pour agir contre les autres corps, fi
promptitude de leur mouvement ne recompenfoit défaut de leur grandeur.
la
le
Je n'adjoute point de quel collé chacune fe
remue
:
vous confiderez que la puiffance de fe mouvoir, celle qui détermine de quel cofté le mouvement fe
car
&
fi
doit faire, font deux chofes toutes diverfes,
I
troiivc'i
tanti
parce.
12 c/ 24
jcj
liillint^uerl
neuve.
— ic.
—
4 d'un-
nie omis.
—
\ij-20
—
G,
que...
^u'on acies peut pas
nièmcs
—
1?
&
dillingLier par la
après
allci explique
i.]iiei
en
la
qui
veiië.
comme
\\\y
Dioptrique.
25
Traité de la Lumière.
4'o-4i'.
peuvent en
la
par 5
Tvne fans l'autre (ainfi que j'ay expliqué Dioptrique)% vous jugerez aifément que chacune eftre
remue en
fe
la
façon qui luy
la difpofition
dans
o
mefme
la
aillent
rendue moins
des corps qui l'environnent;
&
difficile
&
que,
peut y avoir des parties qui d'autres en bas, tout droit, & en
flâme,
en haut,
eft
il
&
de tous coftez, fans que cela change rien de fa nature. En forte que, fi vous les voyez tendre en rond,
10
haut prefque toutes,
il
fez à leur faire plus
de refiftance de tous
ne faut pas penfer que ce foit pour autre raifon, finon parce que les autres corps qui les touchent fe trouvent prefque toujours difpoles autres
coftez.
Mais après avoir reconnu que i5
les parties
remuent en cette forte, c^ qu'il fuffit de concevoir fes mouvemens, pour comprendre comment elle a la puiflance de confumer le bois, de brûler examinons, je vous prie, fi le mefmc ne fuffiroit point auffi, pour nous faire comprendre, comment elle nous échauffe. S: comment elle nous éclaire. Car, fi cela fe trouve, il ne fera pas neceftaire qu il v ait en elle aucune autre Qualité, & nous pourrons dire que c'eft fe
c'i:
20
de la flâme
mouvement
ce
:
feul qui, félon les differens effets qu'il
produit, s'appelle tantoft Chaleur,
&
tantoft Lumière.
|Or, pour ce qui eft de la Chaleur, le fentiment que
25
nous en avons, peut, ce me femble, eftre pris pour vne efpece de douleur, quand il eft violent, & quelI-.2
parenthèse omise.
21 pas] point. ce. a.
—
22
Voir
c'eft
t.
—
omis.
VI de
—
c)
et
eft.
10 parce] pour
—
les]
— 23-24 qu'il — 24 s'appelle]
fes.
appelé.
23 qui]
cette édition, p.
ŒuvKKs. VI.
—
produit omis.
94
et p. qj.
2
Le Monde.
lo
41 1-413.
quefois pour vne efpece de chatouillement, quand
il
comme nous
avons déjà dit qu'il n'y a rien, hors de noflre penfée, qui foit femblable aux idées que nous concevons du chatouillement &l de la douleur nous pouvons bien croire auffi, qu'il n'y a rien qui foit femblable à celle que nous concevons de
eft
modéré. Et
:
la
5
Chaleur; mais que tout ce qui peut remuer diver-
fement
les petites parties
de nos mains, ou de quel-
qu'autre endroit de noftre corps, peut exciter en nous ce fentiment.
Mefmes
fent cette opinion
:
plufieurs expériences favori-
car,
mains, on les échauffe
;
en
&
fe frottant
feulement
10
les
tout autre corps peut auffi
mis auprès du feu, pourveu feulement qu'il foit agité & ébranlé, en telle forte que plufieurs de fes petites parties fe remuent, & puiffent
eftre échauffé fans eflre
remuer avec foy celles de nos mains. Pour ce qui ell de la Lumière, on peut bien auffi concevoir que le mefme mouvement qui efl; dans la flâme, fuffit pour nous la faire fentir. Mais, parce que c'efl en cecy que confifle la principale partie de mon deffein, je veux tâcher de l'expliquer bien au long, &
mon
reprendre Chapitre
III.
^^"
'"upu.^'
'"
i5
-o
difcours de plus haut.
Jc confidcrc qu'il y a vne infinité de divers mouvcmens, qui djrent perpétuellement dans le Monde.
remarqué les plus grands, qui font les jours, les mois &. les années, je prens garde que les vapeurs de la Terre ne ceffent point de monter vers les nuées & d'en defcendre, que l'air eft toujours agité Et après avoir j
corps omis. — — 28 toujours omis.
S-() ou...
vmis.
'21
bien] plus.
—
23 Jel
le.
—
qu'il
y
a
25
—
4'
1
Traité de la Lumière.
3.
par les vents, que les fontaines &.
mer
1
jamais en repos, que les rivières coulent fans ceffe, que les la
n'eft
plus fermes bâtimens tombent enfin en décadence,
5
que les plantes & les animaux ne font que croître ou fe corrompre, bref qu'il n'y a rien, en aucun lieu, qui ne fe change. D'où je connois évidemment, que ce n'eft pas dans la flâme feule, qu'il y a quantité de petites parties qui ne ceiTent point de fe mouvoir mais qu'il y en a aufli dans tous les autres corps, encore que leurs adions ne foient pas fi violentes, & qu'à caufe de leur petiteiTe elles ne puiffent eftre apperçeuës par aucun de nos fens. ;
10
Je ne m'arrefte pas à chercher la caufe de leurs
mouvemens car il me fuffit de penfer, -qu'elles ont commencé à fe mouvoir, aufli-toft que le Monde a commencé d'eftre. Et cela eftant, je trouve, par mes raifons, qu'il eft impoflible que leurs mouvemens ceffent jamais, ny mefme qu'ils changent autrement que :
i5
de 2o
25
fujet. C'eft à dire
que
la vertu
ou
la puilfance
de
fe
mouvoir foy-mefme, qui fe rencontre dans vn corps, peut bien paffer toute ou partie dans vn autre, & ainfi n'cftre plus dans le premier, mais qu'elle ne peut pas n'eftre plus du tout dans le Monde. Mes raifons, dis-je, me fatisfont alTez là deffus; mais je n'ay pas encore occafion de vous les dire. Et cependant vous pouvez imaginer, fi bon vous femble, ainfi que font la pluf2
ni
les
rivières,
ni
les fon-
— enfin en décadence — 6 évidemment] 8 mouvoir] remuer. — 9 dans] — 14 en. — laines.
3
omis.
afl"ez.
i3 Je) le.
elles] ils.
—
i5 à
i5-i6
fe
mouvoir]
a... eftre
ow/s.
—
d'eftre.
—
17 leurs
mouvemens]
ils.
omis.
— 19
vertu ou omis.
20
rencontre]
fe
la
eft.
—
18 jamais
—
Le Monde.
12
412-40.
Dodes, qu'ily a quelque Premier Mobile, qui, roulant autour du Monde avec vne vîtefle incompre-
part des
&
henfible, eft l'origine
mouvemens
la
fource de tous les autres
qui s'y rencontrent.
Or, en fuite de cette confideration, il y a moyen d'exjpliquer la caufe de tous les changemens qui arrivent dans
le
Monde,
roiffent fur la Terre
& ;
de toutes les varietez qui pa-
mais
je
parler de celles qui fervent à
me mon
contenteray icy de fujet.
ceux qui font liquides, eft la première que je defire que vous remarquiez; & pour cet effet, penfez que chaque corps La différence qui
eft
5
entre les corps durs
&.
10
peut eftre divifé en des parties extrêmement petites. Je ne veux point déterminer fi leur nombre eft infiny
ou non
;
mais du moins
il
eft certain,
qu'à l'égard de
i5
&
que nous pouvons fuppofer, qu'il y en a plufieurs millions dans le moindre petit grain de fable qui puiffe eftre apperceu
noftre connoiffance
il
eft indéfiny,
de nos yeux.
deux de ces petites parties s'entretouchent, fans eftre en adion pour s'éloigner l'vne de l'autre, il eft befoin de quelque force pour car eftant vne les feparer, fi peu que ce puifte eftre fois ainfi pofées, elles ne s'aviferoient jamais d'ellesEt
remarquez que,
fi
20
:
mefmesde
fe
mettre autrement. Remarquez
auffi qu'il
deux fois autant de force pour en feparer deux, que pour en feparer vne; & mille fois autant, pour en
faut
feparer mille.
De
forte que,
—
4 rencontrent] treuvent. 12 reù-7 de tous... & omis. marquiez] fâchiez. 14 Je] le.
—
—
s'il
en faut feparer plu-
— 18 petit omis. —20 petites — 27 en feparer id.
li.
25
Traité de la Lumière.
4i3-4>4-
fleurs millions tout à la fois, faire
pour rompre vn
faut peut-ellre
feul cheveu, ce neft pas
mer-
s'il
font en
adion pour
de l'autre
pour 'o
il
y faut vne force aflez fenfible. Au contraire, fi deux ou plufieurs dé ces petites parties fe touchent feulement en paffant, & lors qu'elles veille
5
comme
ij
il
:
fe
mouvoir
l'vne d'vn cofté, l'autre
moins de force
certain qu'il faudra
eft
que fi elles eftoient tout à fait fans mefme, qu il n'y en faudra point du
les feparer,
mouvement; & tout, fi le mouvement avec parer d'clles-mefmes,
eft
lequel elles fe peuvent fe-
égal ou plus grand que celuy
avec lequel on les veut feparer.
Or
ne trouve point d'autre différence entre les corps durs & les corps liquides, finon que les parties des vns peuvent eftre feparécs denfemble beaucoup je
I
"5
plus aifément que celles des autres.
pour compofer imaginé,
penfe qu'il
je
touchent, fans qu to
cunes
corps
le
il
d'elles foient
le
De
forte que,
plus dur qui puiffe eftré
fuffit,
fi
toutes fes parties
refte d'efpace entre
en adion pour
fe
fe
deux, ny qu'au-
mouvoir. Car
ou quel ciment y pourroit-on imaginer, outre cela, pour les mieux faire tenir l'vne à l'autre ? Je penfe auffi que c'eft aifez, pour compofer le corps quelle colle
plus liquide qui
le 25
petites parties fe l'autre
& le
fe puiffe
remuent
plus vifte qu'il
le
trouver,
fi
toutes fes plus
plus diverfement l'vne de
eft poffible
;
encore qu'avec
cela elles ne laiffent pas de fe pouvoir toucher l'vne l'autre de tous coftez, &. fe ranger 3
s'il
y
faut]
fi
l'on
y einploj-e.
— 4 de ces petites] — b& — faudra] faudroit. — telles.
l'autre.
i»
\'^
en
auffi
peu
d'ef-
trouve] treuve.— 14 les corps
omis.
—
23 Je]
le.
i5
d'enfemble
id.
—
— 24 trouver] treuver.
Le Monde.
14
4«4-4i5.
pace, que d elles eftoient fans mouvement. Enfin je
croy que chaque corps approche plus ou moins de ces
deux extremitez, félon que fes parties font plus ou moins en adion pour s'éloigner l'vne de l'autre. Et toutes les expériences fur lefquelles je jette les yeux,
me
5
confirment en cette opinion.
que toutes les parties font perpétuellement agitées, eft non feulement liquide, mais auffi elle rend liquide la plufpart des autres corps. Et remarquez que, quand elle fond les métaux, elle n'agit pas avec vne autre puiffance que La flâme, dont
j'ay déjà dit
quand elle brûle du bois. Mais, parce que les parties des métaux font à peu prés toutes égales, elle ne les peut remuer l'vne fans l'autre, & ainfi elle en compofe des corps tout liquides au lieu que les parties du :
«o
lî
bois font tellement inégales, qu'elle en peut feparer les plus petites
les
rendre liquides,
en fumée, fans agiter
faire voler
Après
&
la flâm.e,
il
c'eft
ainfi les
à dire les
plus grofles.
n'y a rien de plus liquide
que
I
l'air,
&
l'on
que fes parties fe rede l'autre. Car fi vous daignez
peut voir à
muent feparément
l'vne
l'œil,
nomme communé-
regarder ces petits corps qu'on
ment des atomes, leil,
vous
c^
diflferentes.
femblable en toutes
elle id.
—
On
qu'il n'y
aura point
incefifamment çà
peut
aufli
—
les] des.
&
là,
éprouver
le
les liqueurs les plus grofiieres,
en mefle de diverfes couleurs l'vne parmy
2 ces] fes. ()
mefme
les agite, voltiger
en mille façons l'on
qui paroiflent aux rayons du So-
les verrez, lors
de vent qui
fi
l'autre,
—
— 7 toutes omis. —
22 regarder] remarquer.
10 Et... que] Voiez.
23 qu'on... des] qui font conimu-
—
20
i5 tout] tous.
—
nénient
nommez.
22-
^5
Traité de la Lumière.
4(3-4i6.
afin
15
de mieux diflinguer leurs mouvemens. Et enfin
cela paroifl tres-clairement dans les eaux fortes, lors
remuent
qu'elles
feparent les parties de quelque
i'^:
métal. 5
Mais vous pourquoy, fi flâme qui
me
c eft le feul
trêmement
qu'elle eft liquide, le
qui
l'air,
le
rend
puiflance de brûler, mais qu'au contraire,
la
aufli
le
peuvent prefque fentir
il
ex-
mefme
fait
que
A quoy
?
je
qu il ne faut pas feulement prendre garde à la vitefTe du mouvement, mais aufli à la groflTeur des parties; & que ce font les plus petites, qui font les corps les plus liquides, mais que ce font les plus groffes, qui ont le plus de force pour brûler, &. généralement peur agir contre les autres corps. Remarquez en pafl'ant, que je prens icy, &. que je prendray toujours cy-aprés, pour vne feule partie. répons
20
parties de
&
parties de la
liquide, ne luy donne-t'ilpas tout de
nos mains ne
"5
mouvement des
brûle
fait qu'elle
mouvement des «o
pourriez demander en cet endroit-cy,
:
tout ce qui aélion pour
eft jointfe
feparer
enfemble,
&
qui n'eft point en
encore que celles qui ont tant
;
peu de groffeur, puiifent aifément eftre divifées en beaucoup d'autres plus petites ainfi, vn grain de fable, vne pierre, vn rocher, c<; toute la Terre mefme. pourra cy-aprés eftre prife pour vne feule partie, entant que nous n'y confidererons qu'vn mouvement foit
:
25
|
tout fimple 5
tout égal.
— 7 qu'elle omis. — lo qu" Q — 16 — 18 en — que [second)
cy omis.
reiid. id.
(!l'
—
—
il
id.
paflant id.
eft] la
t'il
le id.
je
id.
— id.
19 cy id.
—
colles]
—
20 qui {second)
zi feparer] déjoindre. les
corps.
petites] corps.
—
—
2 5
23
—
plus
cy omis.
Le Monde.
i6
416-4.7.
Or, entre les parties de l'air, s'il y en a de fort groffes en comparaifon des autres, comme font ces
atomes qui s'y voyent, elles fe remuent aufTi fort lentement & s'il y en a qui fe remuent plus viile, elles ;
font aufli plus petites. Mais, entre les parties de la
5
y en a de plus petites que dans l'air, il y en a aufli de plus groffes, ou du moins il y en a vn plus grand nombre d'égales aux plus groffes de celles de
flâme,
l'air,
s'il
qui avec cela fe remuent beaucoup plus vifte
;
&
ce ne font que ces dernières, qui ont la puiffance de
10
brûler.
Qu'il y en ait de plus petites, on le peut conjedurer de ce qu'elles pénètrent au travers de plufieurs corps
dont
les
pores font
fi
étroits,
que
l'air
mefme
n'y peut
entrer. Qu'il y en ait,
ou de plus groffes, ou d'auffi groffes en plus grand nombre, on le voit clairement en ce que l'air feul ne fuffit pas pour la nourrir. Qu'elles fe remuent plus vide, la violence de leur adion nous le fait affez éprouver. Et enfin, que ce
i5
foient les plus groffes de ces parties, qui ont la puif-
-îo
fance de brûler,
0^
non point
les autres,
il
paroift en
ce que la flâme qui fort de l'eau de vie, ou des autres
corps fort fubtils, ne brûH prefque point,
&
qu'au
contraire, celle qui s'engendre dans les corps durs
pefans, Chapitre IV.
'';r«i'^i/;
:;;:::.'
fo^vfnf pas certains
jMais
efl;
il
faut examiner plus particulièrement pour-
pg^t pas
auffi
— ces] — &] &
a en] à.
omis.
25
fort ardente.
quoy r^r, eAant vn corps j^g
&
il
bien que les autres,
bien qu'cux élire fenty
les.
faut.
auffi
—
7
vn omis.
—
;
&.
i5 d'auflî] de.
par
—
mefme
28 qu'eux
Traité de la Lumière.
4i7-4i8.
5
10
17
moyen, nous délivrer dVne erreur dont nous avons tous efté préoccupez dés noftre enfance, lors que nous avons crû qu il n'y avoit point d'autres corps autour de nous, que ceux qui pouvoient eftre fentis; & ainfi que, il l'Air en eftoit vn, parce que nous le Tentions quelque peu, il ne devoit pas au moins eftre fi matériel ny fi folide, que ceux que nous Tentions davantage. Touchant quoy je defire, premièrement, que vous remarquiez que tous les corps, tant durs que liquides, font faits d'vne
mefme
&
matière,
qu'il ell impofiTible
de concevoir que les parties de cette matière compofent jamais vn corps plus folide, ny qui occupe moins d'efpace, qu'elles font, lors que chacune d'elles eft
touchée de tous codez par i5
me
qui l'environ-
les autres
peut y avoir du vuide quelque part, ce doit plùtoft eftre dans les corps durs que dans les liquides car il eft évident que les parties de ceux-cy fe peuvent bien plus aifément nent. D'où
il
fuit,
ce
femble, que,
s'il
:
agencer l'vne contre l'autre, à caufe qu'elles remuent, que ne font pas celles des autres, qui font
preffer 20
fe
fans
Oi:
mouvement.
vous mettez, par exemple, de la poudre en quelque vafe, vous le fecoûez, & frapez contre, pour faire qu'il y en entre davantage; mais fi vous y verfez quelque liqueur, elle fe range incontinent d'ellemefme en aulfi peu de lieu qu'on la peut mettre. Et mefme, fi vous confiderez fur ce fujet quelques-vnes Si
25
|
des expériences dont les Philofophes ont accoutumé de fe fervir, pour montrer qu'il n'y a point de vuide en 2 désl ce.
—
depuis.—
5 parce]
pour
2'}
contre
—
—
27
22 par exemple omis,
ŒUVKKS. VI.
id.
— 25 quelque] vue
melme
omis. '
Le Monde.
i8
4<8.
Nature, vous connoiftrez aifément que tous ces
la
efpaces, que le peuple eftime vuides,
fentons que de
remplis de
l'air,
mefme
la
&
où nous ne
font du moins aufli remplis,
&
matière, que ceux où nous fen-
tons les autres corps.
5
Car dites-moy, je vous prie, quelle apparence y auroit-il que la Nature fift monter les corps les plus pefans, & rompre les plus durs, ainfi qu'on expérimente qu'elle fait en certaines machines, plûtoft que de qu'aucunes de leurs parties ceffent de s'entre-
Ibuffrir
toucher, ou de toucher à quelques autres corps
;
qu
qui
permift cependant que les parties de
elle
font
fi
faciles à plier
demeuraflent
les
& a s'agencer
t'i:
de toutes manières,
vnes auprès des autres fans s'entre-
toucher de tous collez, ou bien fans qu'autre corps
l'Air,
lo
parmy
elles
auquel
qu'il
y eût quel-
elles touchaiïent
Pourroit-on bien croire que l'eau qui
'5
?
dans vn puys
eft
monter en haut contre fon inclination naturelle, afin feulement que le tuyau d'vne pompe foit remply, & penfer que l'eau qui eft dans les nues ne duft point defcendre, pour achever de remplir les efpaces qui duft
20
y avoit tant foit peu de vuide entre les parties des corps qu'ils contiennent ?
font icy bas,
s'il
Mais vous
me
pourriez propofer icy vne difficulté,
qui eft aflez confiderable
:
c'eft
à fçavoir, que les par-
compofent les corps liquides, ne peuvent pas, ce femble, fe remuer incelfamment, comme j'ay dit
ties qui
1
1
à omis.
—
1
3 s'agencer
toutes manières] agenrer l'on veut. l'autre.
—
—
de
comme
14 auprès l'une de
iN dult monter] vint.
— 20
—
1
après dct-
candrc] icy bas ajouté.
— 22 font
l'eau] celle.
icy bas|
y
Ibnt.
pourrez. —=
2b
—
2
24 pourriez]
c'ell à ot:iis.
25
Traité de la Lumière.
418-419-
quelles font, û ce
n'eft qu'il fe
19
trouve de l'efpace vuide
au moins dans les lieux d'où elles fortent à mefure qu'elles fe remuent. A quoy j'aurois de la peine à répondre, fi je n'avois reconnu, par diverfes
parmy
elles,
[
5
expériences, que tous les
Monde
mouvemens
font en quelque façon circulaires
que, quand vn corps quitte fa place,
10
il
:
c'eil
à dire
entre toujours
en celle d'vn autre, & celuy-cy en celle d'vn autre, & ainfi de fuitte jufques au dernier, qui occupe au mefme inftant le lieu délaiffé par le premier; en forte qu'il ne
fe
trouve pas davantage de vuide parmy eux, lors
remuent, que lors
qu'ils fe
qu'ils font arreftez. Et re-
pour celaneceffaire, que toutes les parties des corps qui fe remuent enfemble, foient exadement difpofées en rond comme vn vray
marquez
i5
qui fe font au
icy, qu'il n'eft point
ny mefme qu'elles foient de pareille grolfeur & figure; car ces inégalitez peuvent aifément eftre compenfées par d'autres inégalitez, qui fe trouvent en leur cercle,
vîtelTe. 20
Or nous ne remarquons pas communément ces mouvemens circulaires, quand les corps fe remuent en l'air, parce que nous fommes accoutumez de ne concevoir l'air que comme vn efpace vuide. Mais voyez nager des poifTonsdans le baffin d'vne fontaine s'ils ne s'approchent point trop prés de la furface de l'eau, ils ne la feront point du tout branler, encore qu'ils paftent deflbus avec vne très-grande vîteffe. :
2 5
D'où
il
paroift manifeftement
— 8 ce\uy] cetuy corrigé à l'errata — trouve] celuy. — I
il
retrouve] elles treuvent.
:
II
treu^^e.
que
16-17
l'eau qu'ils pouffent
& figure omis. —
vent] treuvent.
—
18 trou-
25 prés owis.
— 26 point du tout]
nullement.
Le Monde.
20
419-420.
devant eux, ne pouffe pas indifféremment toute l'eau
du
baffin
mais feulement
;
celle qui peut
mouvement,
à parfaire le cercle de leur la place qu'ils
mieux
&
fervir
rentrer en
abandonnent. Et cette expérience
fuffit
pour montrer, combien ces mouvemens circulaires font aifez
&
5
familiers à la Nature.
veux maintenant apporter vne autre, pour montrer qu'il ne fe fait jamais aucun mouvement, qui ne foit circulaire. Lors que le vin qui eft dans vn tonMais
j'en
neau, ne coulle point par l'ouverture qui caufe que
le deffus eft
tout fermé,
c'eft
eft
au bas, à
10
parler impro-
prement que de dire, ainfi que l'on fait d'ordinaire, que cela fe fait, crainte du vuide. On fçait bien que ce vin n'a point d'efprit pour craindre quelque chofe & quand il en auroit, je ne fçay pour quelle occafion il pourroit appréhender ce vuide, qui n eft en effet qu'vne chimère. Mais il faut dire plûtoft, qu'il ne peut fortir de ce tonneau, à caufe que dehors tout eft auffi plein qu'il peut eftre, & que la partie de l'air dont il occu;
i5
defcendoit, n'en peut trouver d'autre
20
où fe mettre en tout le refte de l'Vnivers, û on ne fait vne ouverture au deffus du tonneau, par laquelle cet air puiffe remonter circulairement en fa place. Au refte, je ne veux pas affurer pour cela qu'il n'y a point du tout de vuide en la Nature j'aurois peur que
25
peroit la place
s'il
:
mon
Difcours ne devinft trop long,
d'expliquer ce qui en
— 7
eft
;
1-2 l'eau du bafTin] l'autre.
—
4 abandonnent) laifTcnt. apporter maintenant. autre
omis.
—
—
iS
fe]
s'en.
— 8-9
mou-
&
les
fi
j'entreprenois
expériences dont j'ay
—
vement... circulaire omis. loaujen. 12 que l'on] qu'on. 20 trouver] trouver. ibavani j'aurois] car a/'ow/e''. 26 ne omis.
—
—
—
—
Traitk dem.a Lumière.
420-421
parlé, ne font point fuffifantes
5
le
prouver, quoy
qu elles le foient afTcz, pour perfuader que les efpaces où nous ne Tentons rien, font remplis de la mefme matière, & contiennent autant pour le moins de cette matière, que ceux qui font occupez par les corps que nous fenton's. En forte que, lors qu'vn vafe, par exemple, eft plein d'or ou de plomb, il ne contient pas pour cela plus de matière, que lors que nous penfons qu'il vuide
foit 10
pour
21
fleurs,
doigts,
:
dont
&
ce qui peut femhler bien eftrange à plula raifon
ne s'eftend pas plus loin que
qui penfent qu'il n'y ait rien au
les
Monde, que
ce qu'ils touchent. Mais quand vous aurez vn peu con-
que nous fentons vn corps, ou que nous ne le fentons pas, je m'aflurc que vous ne trouvcrez en cela rien d'incroyable. Car vous connoiftrez évidemment que, tant s'en faut que toutes les chofes qui font autour de nous puiiïent eftre fenties, qu'au fideré ce qui fait
i5
I
contraire ce font celles qui y font le plus ordinairement, qui le peuvent eftre le moins, & que celles qui •20
y font toujours, ne le peuvent eftre jamais.
La chaleur de noftre cœur
ne
la
bien grande, mais nous
fentons pas, à caufe qu'elle
pefanteur de noftre corps
25
eft
n'eft
eft
ordinaire. La
pas petite, mais
elle
ne
nous incommode point. Nous ne fentons pas mefme celle de nos habits, parce que nous fommcs accoutumez à les porter. Et la raifon de cecveft aft!"cz claire car il eft certain que nous ne fçaurions fentir aucun :
corps, les
s'il
n'eft
caufe de quelque changement dans
organes de nos fens,
— 4 après — ne troumefme ajouté. 14-1 2 atFez.
owis.
cette'
5
c'eft
à dire
s'il
vcrez en cela]
ne remue en
ny
trouverez.
24 point] nullenienr.
—
5
Le MpNDE.
22
4JI-421.
quelque façon les petites parties de la matière dont ces organes font compofez. Ce que peuvent bien faire les objets qui ne fe prefentent pas toujours, pourveu feule-
y corrompent quelque chofe, pendant qu'ils agiffent, cela fe peut
ment qu'ils ayent
aflez
reparer après par
la
de force
:
car
s'ils
5
Nature, lors qu'ils n'a-giffent plus.
Mais pour ceux qui nous touchent continuellement, s'ils ont jamais eu la puiffance de produire quelque
& de remuer quelques parties
changement en nos
fens,
de leur matière,
ont dû, à force de les remuer, les
ils
feparer entièrement des autres dés
de noïlre vie;
&
ainfi ils n'y
le
commencement
peuvent avoir
laifTc
celles qui refiftent tout à fait à leur adion,
moyen fentis.
ic
&
que
par
le
defquellesils ne peuvent en aucune façon eftre
D'où vous voyez que ce
n'eft
pas merveille, qu'il
1
y ait plufieurs efpaces autour de nous, où nous ne fentons aucun corps, encore qu'ils n'en contiennent pas moins, que ceux ou nous en fentons
Mais
le plus.
ne faut pas penfer pour cela, que cet air
il
que nous attirons dans nos poumons en refpirant, qui fe convertit en vent quand il ell agité, qui nous femble dur quand il eft enfermé dans vn balon, & qui n'eft compofé que d'exhalaifons & de fumées, foit aufli folide que l'eau ny que la Terre. Il faut fuivre en cecy l'opinion commune des Philofophes, lefquels groflier
20
(
afturent tous qu'il eft plus rare. Et cccy fe connoift
facilement par expérience
:
car les parties
dvne goutte
d'eau, eftant feparées l'vne de l'autre par l'agitation de la chaleur,
peuvent compofer beaucoup plus de cet
—7
4 y omis. 28 elhmt id.
pour
id.
—
i
1
dcsl depuis.
— 2b
conini«nc omis.
—
25
Traité de la Lumière.
422-423-
23
que l'efpace où cftoit leau n'en fçauroit contenir. D'où il fuit infailliblement, qu'il y a grande quantité de petits intervales entre les parties dont il eft compofé; car il n'y a pas moyen de concevoir autrement vn corps rare. Mais parce que ces intervales ne peuvent eftre vuides, ainfi que j'ay dit cy-deiTus, je conclus de tout cecy, qu'il y a neccflairement quelques autres corps, vn ou plufieurs, mêlez parmy cet air, lefquels air,
5
rempliffent, aufli juftement qu'il eft poffible, les petits 10
intervales qu'il laiffe entre fes parties.
Il
ne refte plus
maintenant qu'à confiderer, quels peuvent eftre ces autres corps; & après cela, j'efpere qu'il ne fera pas mal-aifé de comprendre, quelle peut eftre la nature de la Lumière.
Les Philofophes aflurent qu'il v
i5
a,
au deffus des
nuées, vn certain Air beaucoup plus fubtil que
&
noftre,
Terre
compofé des vapeurs de
qui n'eft pas
comme
luy,
mais qui
fait
vn Elément à part.
difent auflî qu'au defl'us de cet air 20
corps, beaucoup plus fubtil, qu
du Feu.
Ils
le
ajoutent de
plus,
Ils
y a encore vn autre
il
ils
la
appellent l'Elément
que ces
deu.x
Elemens
|
font mêlez avec lEau
&
la
tous les corps inférieurs. fuivre leur opinion, 25
&
cet
fi
Terre en
compofition de
bien que je ne ferav que
Si
je dis
que cet Air plus
Elément du Feu remplilfent
font entre les parties de
la
fubtil
les intervales qui
l'air groflier
que nous
refpi-
rons; en forte que ces corps, entre-lacez l'vn dans ôcylicy.
— 6-7
je...
cecy o;w/5.
— 8 Iclquels] qui. — 12 rejeté après pas. — cela
—
i3
peut
après
a au-defl'us
omis.
plus omis
élire] eft.
de cet
air.
— '9 — 21
il
y de
CHAfrTRE v. '^me7s['c7efcursfuâ. ''""^
Le Mondk.
24 l'autre,
4j3.
compofent vne mafle qui
qu'au-
eft auflî folide
cun corps le Içauroit eftre. Mais afin que je puilTe mieux vous faire entendre ma penfée fur ce fujet, & que vous ne penfiez pas que je veuille vous obliger à croire tout ce que les Philofophes nous difent des Elemens, il faut que je vous les
ma mode.
décrive a
Je conçoy
le
premier, qu'on peut
comme
du Feu,
5
vne liqueur,
nommer
l'Elément
& la
la plus fubtile
plus
au Monde. Et en fuite de ce qui a efté dit cy-deffus, touchant la nature des corps liquides, pénétrante qui
foit
je
m'imagine que fesparties foQt beaucoup plus petites,
&
fe
remuent beaucoup plus
vifte,
des autres corps.
Ou
traint d'admettre
aucun vuide en
lo
qu'aucune de celles
plûtoft, afin de n'eftre pas conla
Nature, je ne luy
i5
aucune grolTeur ny figure déterminée; mais je me perfuade que l'impetuofité de fon mouvement eft fuffifante pour faire qu'il attribue point de parties qui ayent
foitdivifé,
en toutes façons
& en
tous fens, par
la
ren-
&
que fes parties changent de figure à tous momens, pour s'accommoder à celle des lieux où elles entrent en forte qu'il n y a jamais de partage fi étroit ny d'angle fi petit, entre les parties des autres corps, où celles de cet Elément ne pénètrent fans aucune difficulté, & qu'elles ne remplififent exaccontre des autres corps,
20
;
tement.
Pour
le
fécond, qu'on peut prendre pour l'Elément
aucun] autre ajoute. 3 vous id. conception. penlecl 4 G nous dilent] racontent.
—
1-2 après
2 le... ollrc omis.
—
—
— —
7
inodcl façon.
—
i
i
cy
icy.
i3 d'admettre) de recevoir. ai celle] celles.
— —
'.;5
TAir, je le conçois bien auffi
de
*
Traité de la Lumière.
423-424-
2Ç
comme
vne liqueur
I
tres-fubtile,
5
en
le
comparant avec
troifiéme; mais
pour le comparer avec le premier, il eft befoin d'attribuer quelque grofTeur & quelque figure à chacune de fes parties, & de les imaginer à peu prés toutes rondes, & jointes enfemble, ainfi que des grains de fable &. de pouffiere. En forte quelles rte fe peuvent fi bien agencer, ny tellement preffer Tvne contre l'autre, qu'il ne
demeure toujours autour 10
le
dans lefquels
vales,
Elément de
il
fe glififer,
d'elles plufieurs petits inter-
eft
bien plus aifé au premier
que non pas à
de changer
elles
de figure tout exprés pour les remplir. Et perfuade que ce fécond Elément ne peut
i3
ainfi je
eftre
fi
me
pur en
aucun endroit du Monde, qu'il n'y ait toujours avec luy quelque peu de la matière du premier. Après ces deu.x Elemens, je n'en reçois plus qu'vn troifiéme, à fçavoir celuy de la Terre, duquel je juge
remuent d'autant moins vifte, à comparaifon de celles du fécond, que font celles-cy à comparaifon de celles du premier. Et mefme je croy que ceft affez de le concevoir comme que
2o
les parties font d'autant
plus groffes
&. fe
vne ou plufieurs groffes maffes, dont les parties n'ont que fort peu ou point du tout de mouvement, qui leur faffe 25
changer de fituation à l'égard
Que
l'vne de l'autre.
vous trouvez eftrange que, pour expliquer ces Elemens, je ne me ferve point des Qualitez qu'on nomme Chaleur, Froideur, Humidité, &. Séchereffe, je vous diray que ces ainfi que font les Philofophes fi
:
f)
&
{second)] ou.
—
ii
que
— 12 tout exprés] omis. — expreffément. — 17 non pas
à] qu'à.
a
Œuvres. VI.
2i
le] les.
— 24
l'vne à l'égard,
— 25 trouvez] treuvez. — 28 ie.
4
je]
;
'
20
Le Monde.
Qualitez plication
me ;
4J4-42D.
femblent avoir elles-mefmes befoin d'ex-
&.
que,
ft
je
ne
me
trompe, non feulement
&
ces quatre Qualitez, mais aulfi toutes les autres,
mefme
toutes les Formes des corps inanimez, peuvent
de fuppofer pour
eilre expliquées, fans qu'il foit befoin
aucune autre chofe en leur matière, que le mouvement, lagrofleur, la figure, &: l'arrangement de fes parties. En fuite dequoy je vous pourray facilement faire entendre, pourquoy je ne reçoy point d'autres Elemens que les trois que j'ay décris car la différence qui doit eftre entre-eux & les autres corps, que les Philofophes appellent mixtes, ou mêlez & compofez, confifte en ce que les Formes de ces corps mêlez
5
cet effet
|
;
lo
contiennent toujours en foy quelques Qualitez qui fe
contrarient
&
qui fe nuifent, ou du moins qui ne
tendent point à la confervation l'vne de l'autre lieu
&
que
les
formes des Elemens doivent
n'avoir aucunes qualitez qui
femble
fi
;
au
eftre fimples,
ne s'accordent en-
parfaitement, que chacune tende à
la
confer-
vation de toutes les autres.
Or je
i5
20
ne fçaurois trouver aucunes formes au
monde
qui foient telles, excepté les trois que j'ay décrites.
Car
que j'ay attribuée au premier Elément, conen ce que fes parties fe remuent fi extrêmement
celle
fifte,
vifte,
&
font
fi
petites, qu'il n'y a point d'autres corps
capables de les arrefter
;
&
qu'outre cela, elles ne
requièrent aucune groffeur, ny figure, ny fituation
déterminées. Celle du fécond confifte, en ce que fes
3
—
2 non feulement] tant. 10 j'ayl mais auiri| que.
i'ay.
—
— ib qui (premier) omis. —
21
treuver.
—
23
j'ay]
i'ay.
27 requièrent] demandent. ni...
ni.
—
— —
28 confifte omis.
25
Traité de la Lumière.
4Î5-426.
parties ont vn
que, fent
s'il
il
groffeur
trouve plufieurs caufes au
augmenter leur mouvement
feur, 5
fe
mouvement & vne
.
&.
médiocre,
fi
Monde
qui puif-
diminuer leur grof-
s'en trouve juftement autant d'autres qui
vent faire tout
le
peu-
contraire en forte qu'elles demeurent :
comme
toujours
27
en balance en cette
mefme médio-
du troifiéme confifte, en ce que fes parties font fi grofles, ou tellement jointes enfemble, qu'elles ont la force de refifter toujours aux mouvecrité. Et celle
10
mens des
autres corps.
Examinez, tant
que
les divers I
&
qu'il
vous plaira, toutes
mouvemens,
les
formes
les diverfes figures
&
arrangement des parties de la matière peuvent donner aux corps mêlez &. je m'affure que vous n'en trouverez aucune, qui n'ait en foy groffeurs,
le différent
;
i5
des qualitez qui tendent à faire qu'elle
en
fe
changeant, qu'elle
fe reduife
fe
change,
&
à quelquvne de
celles des Elemens.
Comme, 20
mande
par exemple,
la
flâme, dont la forme de-
d'avoir des parties qui fe
remuent
tres-vifte,
&
qui avec cela ayent quelque groffeur, ainfi qu'il a efté dit cy-defTus,
ne peut pas
eftre
long-temps fans
fe
corrompre car, ou la groffeur de fes parties, leur donnant la force d'agir contre les autres corps, fera caufe de la diminution de leur mouvement; ou la violence de leur agitation, les faifant rompre en fe heur:
25
tant contre les corps qu'elles rencontrent, fera caufe
— 7 Et La groffeurs] forme. — i2-i3 groffeur, figure. — i3.dif— ferent omis, 19 Comme 2 et
4 treuve.
celle]
les...
la
la
id.
—
21 ayent avec cela.
deffus omis. tieres.
—
—
22 cy27 corps] ma-
Le Monde.
28
de
la perte
de leur grofleur
;
4^6-417.
elles
&. ainfi
pourront
peu à peu fe réduire à la forme du troifiéme Elément, ou à celle du fécond, & mefme auffi quelques-vnes à celle du premier. Et par là vous pouvez connoirtre la différence qui
qui
eft
pu
entre cette flâme,
efl
le
feu
parmy nous, & l'Elément du Feu que
Et
vous devez fçavoir
de
la
Terre,
c'eft
commun
5
j'ay décrit.
que les Elemens de l'Air & fécond & troifiéme Elément,
auffi
à dire
le
ne font point femblables non plus à cet air groflier que nous refpirons, ny à cette terre fur laquelle nous marchons mais que, généralement, tousles corps qui
10
;
paroiiTent autour de nous, font mêlez ou compofez,
&
fujets à corruption.
Et toutesfois
il
ne faut pas pour cela penfer que
Elemens n'ayent aucuns lieux dans foient particulièrement deftinez,
pétuellement
fe
le
& où
monde, qui ils
les
leur
5 '
puiifent per-
conferver en leur pureté naturelle.
Mais au contraire, puifque chaque partie de la matière tend toujours à fe réduire à quelques-vnes de leurs |
formes,
&
qu'y eftant vne fois réduite elle ne tend
^o
quand bien mefme Dieu n'auroit créé au commencement que des corps mêlez, néanmoins, depuis le temps que le monde eft, tous ces
jamais à
la quitter
corps auroient eu
:
le loifir
de quitter leurs formes,
&
de prendre celle des Elemens. De forte que maintenant il y a grande apparence, que tous les corps qui
omis. lo-i
I
—
—
Enquoy. 7 aufll 8 c'ed... Elément id.
4 Et par
là]
fur...
—
marchons] que nous
—
voyons contre nos pieds. généralement que. 14 Et 1
1
—
omis. i(')
—
—
ils fe
21
penfer pour cela. puiflent.
le
17 le omis.
quand... mefme] encore
mefmes que. 24
—
—
omis.
—
auroit| eut.
—
^5
de la LlMIERE.
TrAFTI':
4î7'42«-
29
font affez grands pour eftre contez entre les plus notables parties de rVnivers, n'ont
la
forme que
qu'il
ne peut y
chacun
de Tvn des Elemens toute fimple
;
i.^-
avoir de corps mêlez ailleurs, que fur les fuperficies 5
de ces grands corps. Mais
y en
là
il
faut de neceflité, qu'il
Elemens eftant de nature fort conpeut faire que deux d'entr'eux s'entre-
ait; car, les
traire,
ne
il
fe
touchent, fans qu'ils agiffent contre les fuperficies
donnent ainfi à la matière qui y eft, les diverfes formes de ces corps mêlez. A propos dcquoy, fi nous confiderons généralement tous les corps dont l'Vnivers eft compofé, nous n'en trouverons que de trois fortes, qui puiffent eftre l'vn
!o
de l'autre,
cl
appeliez grands, i!>
ties
:
&
contez entre fes principales par-
à fçavoir,
c'eft
le Soleil
Cieux pour
la première, les
cS:
la
les Etoiles fixes
féconde,
&
la
pour Terre
avecque les Planètes & les Comètes pour la troifiéme. C'eft pourquoy nous avons grande raifon de penfer 20
que le Soleil & les Etoilles fixes n'ont point d'autre forme que celle du premier Elément toute pure les Cieux, celle du fécond d' la Terre, avec les Planètes & les Comètes, celle du troifiéme. les Comètes avec la Terre Je joints les Planètes ;
;
^.l
car, 2 5
&.
voyant qu'elles
refiftent
comme
elle à la
Lumière,
qu'elles font refléchir fes rayons, je n'y trouve point
de différence. Je joints fixes,
celle
—
:
& de
I
i()
Terre
—
:
car la feule adion de leur lumière
i5 c'eft à omis.
point d'autre] autre.
il troifiéme
Soleil avec les Etoilles
leur attribue vne nature toute contraire à
la
4 de] des.
aufiTi le
I
dernier.
—
—
23 et
26 Jej le. 7— treuve.
—
23 qu'elles omis.
Le Monde.
jo
me
ailez connoiflre
faii
matière fort
fubtil-e
&
428.
que leurs corps font d'vne
fort agitée.
Cieux, d'autant qu'ils ne peuvent élire apperceus par nos fens, je penfe avoir raifon de leur attribuer vne nature moyenne, entre celle des corps
Pour
les
lumineu.x dont nous fentons Tadion,
durs
&
pefans dont nous lentons
&
5
celle des corps
la refiftance.
Enfin nous n'appercevons point de corps mêlez en
aucun autre lieu que fur la fuperficie de nous confiderons que tout l'efpace qui
la
Terre
les
;
^i
fi
contient,
10
fçavoir tout celuy qui efl depuis les nuées les plus
hautes, jufques aux fofles les plus profondes que l'avarice des
hommes
ait
jamais creufées pour en tirer
les
métaux, eft extrêmement petit à comparaifon de la Terre & des immenfes étendues du Ciel nous pourrons facilement nous imaginer, que ces corps mêlez :
ue font tous enfemble que
comme
vne écorce qui sert
engendrée au defliis de la Terre, par l'agitation & le mélange de la matière du Ciel qui l'environne. Et ainfi nous aurons occafion de penfer, que ce n'eft pas feulement dans l'Air que nous refpirons, mais auffi dans tous les autres corps compofez, jufques aux pierres les plus dures
&.
i5
aux métaux
20
les plus pefans,
y a des parties de l'Elément de l'Air mêlées avec celles de la Terre, & par confequent aufli des parties
qu'il
de l'Elément du Féu, parce qu'il s'en trouve toujours dans les pores de celuy de l'Air.
Mais ties I
il
faut remarquer, qu'encore qu'il y ait des par-
de ces trois Elemens mêlées l'vne avec l'autre en
fait alfez
affez.
—
3
connoillre] déclare
d'autant!
puis.
—
i-^nous] nous nous.
omis.
—
— lys'clllelt. —
nous neuve.
i()
2fi
25
Traité de la Lumière.
42S-429.
31
proprement parler, que celles qui, à caufe de leur grofleur ou de la difficulté qu'elles ont à fe mouvoir, peuvent eflre rapportées au troifiéme, qui composent tous ceux que nous voyons autour de nous car les parties des deux tous ces corps,
n"v a toutefois, à
il
|
5
:
autres Elemens font
fi
fubtiles,
quelles ne peuvent eflre
apperceuës par nos fens. Et Ion peut fe reprefenter tous ces corps ainfi que des éponges, dans lefquelles, encore 10
qu'il y ait
quantité de pores ou petits trous,
qui font toujours pleins d'air ou d'eau, ou de quel-
qu'autre femblable liqueur, on ne juge pas toutefois
que ces liqueurs entrent en la compofition de l'éponge. Il me refte icy encore beaucoup d'autres chofes à expliquer, i5
&
mefme bien aife d'y adjouter pour rendre mes opinions plus vray-
je ferois
quelques raifons
femblables. Mais afin que
20
longueur de ce difcours en veux envelopper vne
la
moins ennuveufe, partie dans l'invention dvne Fable, au travers de laquelle j'efpere que la vérité ne lailTera pas de paroiftre fuffifamment, & qu'elle ne fera pas moins agréable à vous
foit
voir,
que
j
fi
je l'cxpofois toute
nue.
Permettez donc pourvn peude tempsavoftrepenfée de fortir hors de ce Monde, pour en venir voir vn autre tout nouveau, que je feray naiÛre en iS
les efpaces imaginaires. Les
que ces efpaces font
infinis
— 7 par] — — i3 encore l'on] on. de. — omis. — 18 l'invention S les parties] celles.
iJ.
;
fa
prefence dans
Philofophes nous difent
&
ils
doivent bien en eftre
d'vne| \^ne.
en omis,
—
26
ils] ils
en.
—
Chapitre '
\'I.
Defcription d'vn nouveau Monde ; & des qualilejde la matière dont il e/l compo/é.]
Monde.
Lr.
j2
439-4?o.
cu\-mefmes qui les ont faits. infinité ne nous empelche & ne
crûs, puifqiie ce l'ont I
Mais
afin
que cette
nous embaraiT'e point, ne tâchons pas d'aller jufques au bout entrons-y feulement fi avant, que nous puiflîons perdre de veuë toutes les créatures que Dieu fifl
5
ou (îx mille ans; (Sj après nous eilre arrêtez la en quelque lieu déterminé, fuppofons que Dieu crée de nouveau tout autour de nous tant de matière, que, de quelque collé que noftre imagination fe puide ertendre, elle n'y apperçoive plus aucun lieu qui foii
lo
;
V a cinq
il
vuide.
Bien que
la
mer ne
toit
pas
ceux qui font au
infinie,
milieu fur quelque vaifîeau, peuvent eftendre leur veuë, ce femble, à l'infiny
au delà de ce qu
;
ils
imagination femble
&
toutesfois
y a encore de l'eau
il
voyent. Ainfi, encore que noftre fe
pouvoir cftendre à
l'infiny,
i5
c<:
que cette nouvelle matière ne foit pas fuppofée cflre infinie nous pouvohs bien toutesfois fuppofcr, qu'elle :
remplit des efpaces beaucoup plus grands que tous
ceux que nous aurons imaginé. n'y ait rien en tout cecy, redire, ne s
cftendre
mefme,
Et
où vous
afin
qu
il
20
puifïiez trouver à
permettons pas à noflre imagination de fi
loin qu'elle pourroit
;
mais retenons-la
tout a defl'ein dans vn efpace déterminé, qui ne foit
pas plus grand, par exemple, que
la
diftance qui
cft
depuis la Terre jufques aux principales étoiles du Fir-
mament; & fuppofons que
la
matière que Dieu aura
créée, s'cftc'nd bien loin au delà de tous cof^ez, jufques à vne difhince indéfinie. I
piiili-iue]
car.
enibaralle omis.
—
—
2-3
Car
&...
?-4 jufques
il
auj
v a bien plus d appajufciu'au.
21 trouver.
—
iS
aii'
par.
—
25
Traité de la Lumière.
43o-43t.
33
&
nous avons bien mieux le pouvoir, de prelcrire des bornes à l'adion de noftre penfée, que non pas aux œuvres de Dieu. Or puifque nous prenons la liberté de feindre cette rence,
5
matière à noftre plaift,
l'antaifie,
vne nature en laquelle
que chacun
|
il
pour cet
s'il
n'y ait rien
ne puiffe connoiftre
qu'il eft poflible. Et
10
attribuons luy,
effet,
auffi
vous
du tout
parfaitement
fuppofons expref-
fémcnt qu'elle n a point la forme de la Terre, ny du Feu, ny de l'Air, ny aucune autre plus particulière,
comme du que
les
ou d'vn métal, non plus qualitez deftre chaude ou froide, féche ou hubois, d'vne pierre,
mide, légère ou pefante, ou d'avoir quelque goût, ou odeur, ou fon, ou couleur, ou lumière, ou autre fem1
3
blable, en la nature de laquelle
quelque chofe qui ne tout
le
Et
foit
on puilfe dire
pas évidemment connu de
monde.
ne penfons pas
aulTi
d'autre cofté qu'elle foit cette
Matière première des Philofophes, qu'on a 20
poûillée de toutes fes Formes
demeuré de
rien
qu'il y ait
refte,
i)^
fi
bien dé-
Qualitez, qu'il n'y
eft
qui puifte eftre clairement en-
tendu. Mais concevons-la
comme
vn vray corps, par-
faitement folide, qui remplit également toutes les longueurs, largeurs, 25
&
profondeurs, de ce grand efpace
au milieu duquel nous avons arrefté noftre penfée forte
que chacune de
fes parties
;
en
occupe toujours vne
partie de cet efpace, tellement proportionnée à fa gran-
deur, qu'elle n'en fçauroit remplir vne plus grande, ny fe refferrer 3o
qu'elle y i(i
en vne moindre, ny
fouffrir que,
pendant
demeure, quelqu'autre y trouve place.
connue.
— 23-24 largeurs, longueurs. — 29 en] — 3o treuve.
Œuvres. VI.
à.
*
3
—
Le Monde.
J4
4S1-432.
Adjoûtons à cela, que cette matière peut eftre divifée en toutes les parties & félon toutes les figures que nous pouvons imaginer & que chacune de fes ;
parties eft capable de Recevoir en foy tous les
mens que nous pouvons de plus, que Dieu
;
les
5
véritablement en plufieurs
vnes plus grofles, les autres plus pe-
telles parties, les tites
concevoir. Et fuppofons
aufli
la divife
mouve-
vnes d'vne figure, les autres dvne autre, telles
quil nous plaira de les feindre.
pour cela
l'vne de l'autre, en
|
Non pas qu'il
les fepare
forte qu'il y ait quelque
vuide entre deux mais penfons que toute :
la
10
diflindion
y met, confifte dans la diverfité des mouvemens qu'il leur donne, faifant que, dés le premier inftant quelles font créées, les vnes commencent à fe mouqu'il
voir d'vncofté, les autres d'vn autre; les vnes plus vifte, les autres plus
lentement (ou mefme,
point du tout),
&
mouvement
i5
vous voulez, quelles continuent par après leur fi
fuivant les loix ordinaires de la Nature.
Car Dieu a fi merveilleufement efiably ces Loix, qu'encore que nous fuppofions qu'il ne crée rien de plus que ce que jay dit, mefmc qu'il ne mette en cecy aucun ordre ny proportion, mais qu'il en compofe vn Cahos, le plus confus & le plus embroiiillé que les Poètes puifljent décrire elles font fuffifantes pour faire que les parties de ce Cahos fe démêlent dclles-mefmes, & fe difpofent en fi bon ordre, qu'elles auront la forme
20
cl^.
:
I
à cela omis.
imafiiner.
—
Et
vifej l'a divifée.
& les. —
—
il...
—
5
concevoir]
id.
—
-
\e-^
6
la
di-
(second)]
10 l'vne de l'autre ow/s.
quelque] elles ayent du.
— 12 dans] en. — dés] depuis, — 16 mefme omis. — 17 par — 18 ordinaires id. — 22 ny 1
3
/W.
proportion] proportionné.
zS
Traité de
432-433.
Monde
d'vn
tres-parfait,
non feulement de
f.a
Lumière,
& dans
lequel on pourra voir
Lumière, mais
la
j 5
auffi
toutes les
autres chofes, tant générales que particulières, qui paroiffent dans ce vray 5
Mais avant que j'explique cecy plus au long, arreftez-vous encore yn peu à confiderer ce Cahos, & remarquez qu'il ne contient aucune chofe,qui ne vous foit fi parfaitement connue, que vous ne fçauriez pas
mefme 10
Monde.
feindre de l'ignorer. Car, pour les qualitez que
vous v avez pris garde, je les ay feulement fuppofées telles que vous les pouviez imaginer. Et pour la matière dont je l'ay compofé, il n'y a rien
j'y
ay mifes,
fi
de plus fimple, ny de plus facile à connoiftre dans les créatures inanimées Oi: fon idée eft tellement comprife ;
i5
en toutes celles que noftre imagination peut former, qu'il faut neceflairement que vous la conceviez, ou
que vous n'imaginiez jamais aucune chofe. Toutcsfois, parce que les Philofophes font fi fubqu'ils fçavent trouver des difficultez dans les tils, chofes qui femblent extrêmement claires aux autres I
20
hommes & que ;
le
fouvenir de leur Matière première,
qu'ils fçavent ertre affez mal-aifée à concevoir,
les
pourroit divertir de la connoiflance de celle dont
que je leur dife en cet endroit, que, fi je ne me trompe, toute la difficulté qu'ils éprouvent en la leur, ne vient que de ce qu'ils la veulent diftinguer parle
25
je
de
fa
c'eft
:
il
faut
propre quantité
&
de fon eftenduë extérieure,
à dire de la propriété qu'elle a d'occuper de
l'ef-
pace. En quoy toutesfois je veux bien qu'ils croyent 3o
avoir raifon, car je 1
&
owis.
—
10 je]
ie.
nay pas
—
19 treuver.
delfein de m'arrefter à
Le Monde.
^6 les contredire.
cftrange,
que que
fi
je
Mais
ne doivent pas aufli trouver fupofe que la quantité de la matière
j'ay décrite, le
nombre
ils
ne diffère non plus de des chofes nombrées
fait
çois fon eftenduë,
ou
de refpace,non point fa vraye
4"-454-
fa fubftance, ;
&
con-
je
fi
d'occuper
la propriété qu'elle a
^
comme vn accident, mais comme
Forme & fon Eifence car ils ne fçauroient :
nier
qu'elle ne foit très-facile à concevoir en cette forte. Et
mon
deffein n'eft pas d'expliquer,
chofes qui font en
dans
effet
le
vray
comme
eux, les
monde mais ;
feu-
'o
lement d'en feindre vn à plaifir, dans lequel il n'y ait rien que les plus groffiers efprits ne foient capables de concevoir,
&
mefme que
je l'aurav feint.
Si j'y
qui puiffe toutefois eftre créé tout de
mettois
la
moindre chofe qui
pourroit faire que,
parmy
fût obfcure,
cette obfcurité,
il
il
fe
i5
y auroit
quelque répugnance cachée, dont je ne me ferois pas apperceu, & ainfi que, fans y penfer, je fuppoferois vne chofc impoffible; au lieu que, pouvant diflindement imaginer tout ce que j'y mets, il eft certain qu'encore qu'il n'y euii rien de
Dieu eft
le
tel
20
dans l'ancien monde.
peut toutesfois créer dans vn nouveau |
:
car
il
certain qu'il peut créer toutes les chofes que nous
pouvons imaginer. Chapitre VU. un'edec%o,,!^-ju
Monde.-
Mais
ne vcux pas différer plus long-temps à vous
moycu
Nature feule pourra démêler confufion du Cahos dont j'ay parlé, it quelles font
^i''^'
l^
je
P^''
^^^^
la
que Dieu luy a impofées. Sc^achcz donc, premièrement, que par
les Loix
12 If plus ^rolliererprit
ne
(oit
capable.
la
— uu certain
Nature
je
indubitable.
2^
Traité de la Lumière.
4?4-435.
jj
n'entens point icy quelque Déeffe, ou quelque autre forte de puiffance imaginaire
;
mais que
je
me
fers
de
ce mot, pour fignifier la Matière mefme, entant que je la confidere 5
avec toutes les quaiitez que je luy ay
attribuées, comprifes toutes enfemble,
&
fous cette
condition que Dieu continue de la conferver en la
mefme façon
qu'il l'a créée.
Car de cela
tinué ainfi de la conferver,
de neceffité,
fuit,
changemens en
doit y avoir plufieurs 10
il
me
quels ne pouvant, ce
fcul, qu'il
conqu'il
fes parties, lef-
femble, eftre proprement
attribuez à l'adion de Dieu, parce qu'elle ne change point, je les attribué à la Nature lefquelles fe font ces
;
&
changemens,
les règles fuivant
je les
nomme
les
Loix de la Nature. i5
Pour mieux entendre cecy, fouvenez-vous qu'entre les quaiitez de la matière, nous avons fuppofé que fes parties avoient eu divers
cement qu'elks ont 20
mouvemens dés
efté créées;
&
le
commen-
outre cela, qu'elles
s'entretouchoient toutes de tous coftcz, fans qu'il y eût aucun vuide entre-deux. D où il fuit, de neceffité,
que dés-lors, en commençant à fe mouvoir, elles ont commencé auffi à changer & diverfifier leurs mouve|
mens par Dieu 25
rencontre l'vne de l'autre;
la
a créées,
il
ne
les
ainfi
:
confequent produifant toujours
2 je] ie.
— 12 — en
et iZ .
.
.
il
fe
trouve,
comme
— 9-10 lefquels] qui. — 24 par omis. ']e]
ie.
façon] au
fi
la
à dire que, Dieu agiffant toujours de mefme, fubftance,
que,
mefme façon qu'il les conferve pas au mefme ellat c'eft
conferve par après en
les
&
mefme
eftat.
le
mefme
&
effet
par
en
par accident, plufieurs
— 26 de mefmejen mefmeforte. — 28 treuve.
Le Monde.
j8 diverfitez
en cet
effet. Et
comme chacun
il
435-4Î6.
eft facile
à croire que Dieu,
immuable, agit toujours de mefme façon. Mais, fans m'engager plus avant dans ces confiderations Metaphyfiques, je mettray icy deux ou trois des principales règles, fuivant lefquelles il faut penfer que Dieu fait agir la Nature de ce nouveau Monde, & qui fuffiront, comme je croy, qui,
pour vous
doit fçavoir, eft
faire connoiftre toutes les autres.
La première
eft
Que chaque
:
partie de la matière,
en particulier, continue toujours eftat,
5
pendant que
la
rencontre des autres ne
traint point de le changer, C'eft à dire
quelque groifeur,
elle
en vn mefme
d'eftre
que
:
la fi
10
con-
elle a
ne deviendra jamais plus petite,
finon que les autres la divifent;
fi
elle eft
ronde ou
quarrée, elle ne changera jamais cette figure, fans
i5
que les autres l'y contraignent fi elle eft arreftée en quelque lieu, elle n'en partira jamais, que les autres ne l'en chafiTent & fi elle a vne fois c(tmmencé à fe mouvoir, elle continuera toujours avec vne égale force, jufques à ce que les autres l'arreftent ou la
20
;
;
retardent.
que cette mefme Règle s'obferve dans l'ancien Monde, touchant la groffeur, la figure, le repos, & mille autres chofes femblables mais les Philofophes en ont excepté le Mouvement, qui eft pourtanfla chofe que je defire le plus expreffément y comprendre. Et ne penfez pas pour cela Il
n'y a perfonne qui né croye
;
que j'aye
defifein
|
de les contredire
— façon] forte. — — — ces] des. 4 4 iq vne omis. — 26 pourtant] 3 dc| en.
et
"j
je]
ie.
toutesfois.
28
les]
:
—
leur,
le
la
mouvement chofe]
ce.
—
25
Traité de la Lumière.
436.
dont
ils
conçoy,
parlent, eft
peut aifément
qu'il fe
vray de Tvn, ne
fort différent
fi
J9
de celuy que
j'y
que ce qui
eft
faire,
pas de l'autre.
le foit
avouent eux-mefmes que la nature du leur eft peu connue & pour la rendre en quelque façon
Ils 5
fort
;
intelligible, ils
ne l'ont encore fceu expliquer plus clai-
rement qu'en ces termes prout
tia,
in potcntia
:
ejî,
Motus ejlaélus
entis in poten-
moy
lefquels font pour
fi
obfcurs, que je fuis contraint de les laifTer icy en leur lo
langue, parce que je ne les fçaurois interpréter. (Et
en
effet ces
mots
:
le
en puiffance, entant
mouvement
l'ade d'vn Eftre
eft
en puiffance, ne font pas
qu'il eft
plus clairs, pour eftre François.; Mais, au contraire, la i5
fi
nature du
mouvement duquel
facile à connoiftre,
entre tous les
que
hommes
les
j'entens icy parler, eft
Géomètres mefmes, qui plus eftudié
fe font le
à.
conce-
voir bien diftindement les chofes qu'ils ont confiderées, l'ont jugée plus fimple
&
plus intelligible que
de leurs fuperficies, & de leurs lignes ainfi qu'il paroift, en ce qu ils ont expliqué la ligne par le mou-
celle 20
:
vement d'vn point,
&
la fuperficie
par celuy d'vne
ligne.
mouve-
Les Philo'fophes fuppofent auffi plufieurs
mens, 25
qu'ils penfent
pouvoir eftre
corps change de place,
comme
faits fans
ceux
qu'aucun
qu'ils appellent,
Motus ad formam, motus ad calorem, motus ad quantita-
(mouvement à la forme, mouvement à mouvement à la quantité), & mille autres. tem
— 10^ omis. — 10 i3 Parenthèse en note au bas de page. — lo-ii Et en 8
la
jej ie.
effet
— — omis.
omis.
io-i3.
19
&]
271-28
la chaleur,
Et
ni.
moy,
—
je
23 aufli
Parenthèse comme
Le Monde.
40
436-4H7.
n'en connois aucun, que celuy qui eft plus aifé à
concevoir que
que
les
Géomètres
lignes des
les
corps paflent
dvn
lieu
:
en vn autre,
qui fait
&
occu-
pent fucceffivement tous les efpaces qui font entredeux.
5
Outre cela, ils attribuent au moindre de ces mouvejmens vn eftre beaucoup plus folide &. plus véritable qu'ils ne font au repos, lequel ils difent n'en eftre que la privation. Et moy, je conçois que le repos eft auffi bien vne qualité, qui doit eftre attribuée à la matière,
pendant qu'elle demeure en vne place, comme le mouvement en eft vne qui iuy eft attribuée, pendant quelle en change. Enfin le mouvement dont ils parlent, eft d'vne nature fi eftrange, qu'au lieu que toutes les autres chofes ont pour fin leur perfedion, & ne -tâchent qu'à fe conferver, il n'a point d'autre fin ny d'autre but que le
«o
«5
repos; &, contre toutes les Loix de la Nature, il tâche foy-mefme à fe détruire. Mais, au contraire, celuy que jefuppofe, fuit les
mefmes Loix de
généralement toutes litez
la
&
les difpofitions
qui fe trouvent en la matière
Nature, que font
:
toutes les qua-
auffi
bien celles
que les Dodes appellent, Modos & entia rationis cum fundamento in re (des modes & des eftres de raifon avec fondement dans la chofe), comme Qwa///a/ejrea/t'j (leurs qualitez réelles), dans lefquelles je confefle
ingénument ne trouver pas plus de
realité
que dans
les autres.
i
qui
eft]
ont jugé.
—
que
les
Géomètres
2 les] leurs.
Géomètres omis,
— qui]
— des
&
qui.
— en
3 en] à.
—
20
24-25 Parenthèse
note au bas de la page.
25 qualitatcs rcales omis.
—
2 5
Traité de la Lumière.
437-438.
41
Que, quand vn corps en pouffe vn autre, il ne fçauroit luy donner aucun mouvement, qu'il n'en perde en mefme temps autant du fien; ny luy en ofter, que le fien ne s'augmente Je fuppofe pour féconde Règle
5
:
d'autant. Cette Règle, jointe avec la précédente, fe
rapporte fort bien à toutes les expériences, dans quelles nous voyons qu'vn corps
10
commence ou
lef-
ceffe
de fe mouvoir, parce qu'il eft pouffé ou arrefté par quelque autre. Car, ayant fuppofé la précédente, nous fommes exempts de la peine où fe trouvent les Dodes,
quand
veulent rendre raifon de ce qu'vne pierre
ils
mouvoir quelque temps après eftre hors de la main de celuy qui l'a jettée car on nous doit plutoft demander, pourquoy elle ne continue pas toujours de fe mouvoir? Mais la raifon eft facile à rendre. Car qui eft-ce qui peut nie que l'air, dans continue de
fe
:
|
i5
lequel elle fe remue, ne luy faffe quelque refiftance
On l'entend fiffler, 20
lors qu'elle le divife; &fi l'on
remue
dedans vn évantail, ou quelque autre corps fort léger & fort eftendu, on pourra mefme fentir, au pois de la main, qu'il en empefche le mouvement, bien loin de le continiier, ainfi que quelques-vns ont voulu dire. Mais
fi
l'on
manque
d'expliquer
fuivant noftre féconde Règle, 2 5
?
plus vn corps peut refter le
refifter,
mouvement des
d'abord on
fe
l'effet
&
plus
que il
de fa refiftance l'on
foit
capable d'ar-
autres, ainfi que peut-eftre
pourroit perfuader: on aura derechef
bien de la peine à rendre raifon, pourquoy 1
Je]
ajouté.
—
le.
—
après pour]
la
2 fçauroit luy] luy peut.
— 8 parce] pour
ce.
Œuvres. VI.
penfe que,
—
1
3 car]
&.
le
mouve-
— i4demander plùtoft. — iSde mouvoir omis. — Mais] dont. — H après y ajouté.. le
i
l'on]
6
Le Monde.
42
ment de
cette pierre s'amortit plutoft en rencontrant
& dont
vn corps mol, ne
qu
qu
la refiftance eft
médiocre,
en rencontre vn plus dur, davantage? comme auffi pourquoy,
fait, lors
luy
438-439-
refifte
elle
vn peu
elle a fait
qu'il
&
qui
fi-toft
d'effort contre ce dernier, elle
5
retourne incontinent comme fur fes pas, plutoft que de s'arrefter
fujet?
ny d'interrompre fon mouvement pour fon
Au
lieu que,
fuppofant cette Règle,
point du tout en cecy de difficulté
prend que par
la
le
mouvement
:
il
n'y a
car elle nous ap-
d'vn corps n'eft pas retardé
10
rencontre d'vn autre à proportion de ce que
mais feulement à proportion de ce que fa refiftance en eft furmontée, & qu'en luy obeïflant, il reçoit en foy la force de fe mouvoir que celuy-cy luy
refifte,
'
l'autre quitte.
i5
Or, encore qu'en la plufpart des mouvemens que nous voyons dans le vray Monde, nous ne puiffions pas appercevoir que les corps qui commencent ou ceflent de fe mouvoir, foient pouffez ou arreftez par
nous n'avons pas pour cela occafion de juger, que ces deux Règles n'y foient pas exadement obfervées. Car il eft certain que ces corps peuvent fouvent recevoir leur agitation des deux Elemens de l'Air & du Feu, qui fe trouvent toujours parmv eux,
20
fans y pouvoir eftre fentis, ainfi qu'il a tantoft efté dit, ou mefme de l'Air plus groffier, qui ne peut non plus
25
quelques autres
eftre fenty;
&
:
|
qu'ils
cet Air plus groffier,
peuvent
&
la transférer, tantoft à
tantoft à toute la maffe de la
Terre, en laquelle eftant difperfée, elle ne peut auffi eftre 4
apperceuë.
comme
audi] Et.
3o
— 20 pour cela reporté après juger
21.
Traité de la Lumietre.
439-440.
4j
Mais encore que tout ce que nos fens ont jamais expérimenté dans le vray Monde, femblât manifeflement
contenu dans ces deux Règles, la raifon qui me les a enfeignées, me femble fi forte, que je ne laiflerois pas de croire eftre obligé de les fuppofer dans le nouveau que je vous décris. Car quel fondem'ent plus ferme &. plus folide pourroit-on trouver, pour eftablir vne vérité, encore qu'on le voueftre contraire à ce qui eft
5
que de prendre la fermeté mefme & l'immutabilité qui eft eu Dieu ? Or eft-il que ces deux Règles fuivent manifeftement de cela feul, que Dieu eft immuable, & qu'agiffant toulût choifir à fouhait,
10
jours en effet. i5
mefme
forte,
Car, fuppofant
mouvcmens dans premier inftant
produit toujours
il
toute la
mis certaine quantité de matière en gênerai, dés le
qu'il l'a créée,
mefme
faut avoiier qu'il y en
il
forte. Et
qu'il agiffe
fuppofant avec cela que
dés ce premier inftant les diverfes parties de 20
tiere,
en qui ces mouvemens
fe
pu avoir
de l'vne à
la force,
il
les retenir,
maou à
quelles en ont
l'autre, félon
faut neceft!aire|ment penfer, qu'il
leur fait toujours continuer la 25
la
font trouvez inéga-
lement difperfez, ont commencé à les transférer
mefme
qu'il a
conferve toujours autant, ou ne pas croire toujours en
le
mefme
chofe. Et c'eft
ce que contiennent ces deux Règles.
J'ajouteray pour la troifiéme
if
fe
:
Que,
meut, encore que fon mouvement
"5 croire] penfer.
—6
je]
ie.
—
—
eftre] d'eftrc.
12 agiffant]
en
— 20 en qui] dans — quels. 25 ce que contiennent] agiflant.
lef-
le
lors qu'vn corps fe fafte le
—
26 contenu de. remue.
27 meut] omis.
—
J']
le
plus I'.
—
plus
Le Monde.
44
fouvent en ligne courbe, faire
aucun, qui ne
foit
&
qu'il
44°.
ne s'en puifle jamais
en quelque façon circulaire,
ainfi qu'il a efté dit cy-dcfTus, touiesfois
fes parties
chacune de
en particulier tend toujours à continuer
le
en ligne droite. Et ainfi leur adion, c'eft a dire l'inclination qu'elles ont à fe mouvoir, eft différente
fien
5
de leur mouvement.
Par exemple, f\ l'on fait tourner vne roue fur fon eflieu, encore que toutes fes parties aillent en rond, parce qu'eftant jointes l'vne à l'autre elles ne fçauroient aller autrement
:
toutesfois leur inclination
lo
eft
d'aller droit, ainfi qu'il paroift clairement, ù par ha-
zard quelqu'vne qu'elle eft
culaire,
&
en
fe
détache des autres; car
liberté, fon
mouvement
auffi-toft
cefl'e d'eftre cir-
continue en ligne droite.
fe
i5
De mefme, quaad on fait tourner vne pierre dans vne fronde, non feulement elle va tout droit auffi-toft mais de plus, pendant tout
qu'elle en eft fortie;
lé
temps
qu'elle y eft, elle prefte le milieu de la fronde,
&
tendre la corde
montrant évidemment par là, qu'elle a toujours inclination d'aller en droite ligne, & qu'elle ne va en rond que par contrainte. Cette Règle eft appuyée fur le mefme fondement ne dépend que de ce que Dieu que les deux autres, conferve chaque chofe par vne adion continue, & par fait
:
20
v!i:
confequent,
qu'il
ne
la
conferve point
telle qu'elle
peut
avoir efté quelque temps auparavant, mais précifé-
ment
telle qu'elle eft
ferve.
Or
3 cyj
icj'.
nuelle.
—
cft-il
—
au mefme inftant
que, de tous les
mouvemens,
i2-i3 quelqu'une par hazard.
2() a^
en
a.
qu'il la
—
-zô
il
con-
n'y a
que
continuel conti-
25
—
rRAFTÉ DE LA LuMIERE.
440-44Ï-
le droit,
nature
qui foit
toute la
comprife en vn inftant. Car, pour
foit
concevoir,
&dont
entièrement fimple,
|
4^
il
fuffit
de penfer qu vn corps
eft
le
en adion
pour fe mouvoir vers vn certain cofté, ce qui fe trouve en chacun des inftans qui peuvent eflre déterminez pendant le temps qu'il fe meut. Au lieu que, pour concevoir le mouvement circulaire, ou quelquautre que ce puifTe eftre, il faut au moins confiderer deux de fes inflans, ou plutoft deux de fes parties, &. le
5
rapport qui
10
que les Philofophes, ou plutoft les Sophiftes, ne prennent pas icy occafion d'exercer Mais
•
eft entr'elles.
afin
leurs fubtilitez fuperfluës, remarquez que je ne dis
pas, pour cela, que le i5
mouvement
droit fe puifle faire
en vn inftant; mais feulement, que tout ce qui requis pour
chaque
produire, fe trouve dans les corps en
le
inftant qui
qu'ils fe
meuvent,
pour produire
le
puifte eftre
&
fronde, fuivant
déterminé pendant
non pas tout ce qui
eft
requis
circulaire.
Comme, par exemple,
20
eft
le
fi
cercle
vne pierre
marqué AB,
confideriez précifément telle
meut dans vne
fe
&
qu'elle eft
que vous
la
à l'inftant
vous trouvez bien qu'elle eft mouvoir, car elle ne s'y arreftepas,
qu'elle arrive au point A,
en adion pour 2 5
& pour
fe
|
mouvoir vers vn certain cofté, à fçavoir vers C, car c'eft vers là que fon adîon eft déterminée en fe
— 6 meut] remue. omis. — ii— 16 12 ou... Sophiftes — iGtreuve. 18 requis] — iSmeuventJremuent. — 2opar
—
4vn 7
omis.
mouvement
id.
nccefl'aire.
et
exemple omis.
—
22 à] en. ïh \n omis.
à omis.
— meut] —
remue.
23 treuvez.
— certains côte?.
—
—
Le Monde.
46
44»-
cet inllant; mais vous n'y fçauriez rien trouver, qui fafTe
que fon mouvement
fuppofant qu'elle fronde,
&
foit circulaire. Si
commence pour
que Dieu continue de
qu'elle eft en ce
moment,
elt
il
bien que,
lors à fortir de la
conferver telle
la
certain qu'il ne la con-
5
fervera point avec l'inclination d'aller circulairement fuivani la ligne
AB, mais avec
celle d'aller tout droit
vers le point C.
Donc
fuivant cette Règle,
l'Autheur de tous les
eft
il
faut dire
mouvemens
que Dieu qui
feul
font
au
10
monde, entant qu'ils font, l<: entant qu'ils font droits mais que ce font les diverfes difpofitions de la matière, ;
qui les rendent irreguliers
&
courbez. Ainfi que les
nous apprennent, que Dieu eft l'Autheur de toutes nos adions, entant qu'elles Théologiens
I
tieuvei
yell.
.
—
^ cil...
moment]
7ABA&B. — «(Suivant
donc.
— 10
— lo-i t7
1
aufti
font,
qui...mondcow;5. Auteur.
i3 l'.Autheur]
i5
Traité de la Lumière.
442-443-
&
47
entant qu'elles ont quelque bonté; mais que ce font diverfes
les
nos
de
difpofitions
volontez, qui
les
peuvent rendre vicieufes. Je pourrois mettre encore icy plufieurs règles, pour 5
& comment, &
déterminer, en particulier, quand,
combien,
mouvement de chaque corps peut
le
de
eftre
& augmenté
ou diminué, par la rencontre des autres; ce qui comprend fommairement tous les détourné,
de
effets 10
Nature. Mais
la
me
je
avertir, qu'outre lec trois loix
contenteray de vous
que
j'ay expliquées, je
veux point fuppofer d'autres, que celles qui
n'en
fuivent infailliblement de cesveritez éternelles, fur qui
Mathématiciens ont accoiitumé d'appuyer leurs plus certaines & plus évidentes demonflrations ces les
:
i5
veritez, dis-je, fuivant lefquellcs Dieu-
cnfeigné
qu'il avoit difpofé
en pois.
Oi.
il
en mefure
^^
;
a
toutes chofes en nombre,
dont
con noiflance
la
efl
naturelle a nos âmes, que nous ne fçaurions ne les
pas juger infaillibles, lors que nous 20
mefme nous
diflindement
;
ny douter que,
les
concevons
Dieu avoit créé plu-
fi
Mondes, elles ne fuffent en tous auflTi véritables qu en celuv-cy. De forte que ceux qui fçaufieurs
ront fuffifamment examiner les confequences de ces veritez 25
effets
i!^
de
nos règles,
par leurs caufes
termes de
l'Ecole,
;
pourront connoiflre Ol",
pour
les
m'expliquer en
pourront avoir des demonftrations
à Priori, de tout ce
qui
peut eftre produit en ce
nouveau Monde.
—
4. 9 ef 10
8
.le.
le.
—
7
&' ou.
foinmairement] tbuverai-
iieiiient.
—
lo
troih
omis.
—
12 qu'u
lefquelles.
ront omis. no/e
;
par
—
la
—
26 pour-
27 à priori.
caufe.
En
—
Le Monde.
48
44J-444-
en em-
Et afin qu'il n'y ait point d'exception qui
pefchc, nous adjouterons,
s'il
vous
plaift, à
nos fup-
que Dieu n'y fera jamais aucun miracle, & que les Intelligences, ou les Ames raifonnables, que nous y pourrons fuppofer cy-aprés, n y troubleront en aucune façon le cours ordinaire de la Nature. pofitions,
5
Enfuitedequoy, neantmoins, jène vous promets pas de mettre icv des demonftrations exades de toutes les chofes que je diray
ce fera affez que
;
chemin, par lequel vous
les
rend
les
vous ouvre
le
pourrez trouver de vous-
mefme, quand vous prendrez La plufpart des efprits
je
la
10
peine de les chercher.
dégoûtent, lors qu'on leur
fe
chofes trop faciles. Et pour faire icyvn Tableau
employé de lombre auffi bien que des couleurs claires. Si bien que je me contenteray de pourfuivre la defcription que j'ay commencée, comme n'ayant autre deflein que de vous qui vous agrée,
il efl;
befoin que
j'y
i5
raconter vne Fable.
Chapitri: VIII.
^l\u fit
^id^s^'Eiofiës^Te
nouveau Monde.
Quelque ^"Ppoiter
inégalité
que Dieu
les parties
de
la
e<:
ait
confufion que nous puifîions
commencement
mife au
Matière,
il
entre
20
faut, fuivant les loix qu'il
a impofées à la Nature, que par après elles fe foient
réduites prefque toutes à vne grofleur
ment médiocre, fécond Elément, !-•.•
en fiiipcfclie
&
ainfi, qu'elles
telle
que
IViupéche.
—5 pourrons] après — cy-aprés omis. — b-6 ii/Tt-s
tjyo;
en
—
aucune façonl nullement. je' 7 neantmoins' touteslois. ic. \ous ouvre j'ouvre. ie 9
—
—
&à
aventpris
vn mouvela
forme du
je l'ay cy-deffus expliquée.
—
— i5 ig Qucl(.]ues ine^alitez & ques confulions. — io lo
trouver.
je'
ic.
—
tiucl-
niifcs.
22 que... ellesj qu'elles l'oient^
icy.
après ajouté.
—
—
j/^rès
2? cy]
2 5
Traité de la Lumière.
444-445.
Car pour confiderer auroit
5
pîi eftre
cette Matière en l'cftat quelle
avant que Dieu eût
autres fe
:
ainfi faut-il penfer,
mouvoir
&
de
fe divifer,
mefme moyen
5
la
toutes les
,
que l'adion ou
la force
de
qui aura elle mife d'abord
en quelques-vnes de fes parties,
1
commencé de
mouvoir, on la doit imaginer comme le corps le plus dur & le plus folide qui foit au monde. Et comme on ne fçauroit pouffer aucune partie dvn tel corps, fans pouffer auffi ou tirer, par
10
49
s'eft
épanduë
& diftri-
buée en toutes les autres au mefme infiant, auffi également qu'il fe pouvoit. Il eft vray que cette égalité n'a pu totalement eftre parfaite. Car, premièrement, a caufe qu'il n'y a point du tout de vuide en ce nouveau Monde, il a efté impoffible que toutes les parties de la Matière fe foient mues en ligne droite mais eftant égales à peu prés, & pou;
vant prefque
20
auffi
facilement eftre détournées les vues
que les autres, elles ont dû s'accorder toutes enlemble à quelques mouvemens circulaires. Et toutestois, à caufe que nous fuppofons que Dieu les a mues d'abord diverfement, nous ne devons pas penfer qu'elles fe |
foient toutes accordées à tourner autour d'vn feul
centre, mais autour de plufieurs differens,
pouvons imaginer diverfement 25
fituez les
& que
nous
vns à l'égard
des autres. Enfuite dequoy, l'on peut conclure qu'elles ont dû
naturellement eftre moins agitées, ou plus petites, ou l'vn & l'autre enfemble, vers les lieux les plus proches
de ces centres, que vers 3o
les plus éloigne?.
toutes inclination à contfnuer leur 17 les vnesl l'une.
Œuvres. VI.
—
iH les autres| l'autre.
Car, ayant
mouvement en
— 28
l'vn] l'une. 7
Le Monde.
^o
ligne droite, c'eft
certain que ce font les plus fortes,
eil
il
445-446.
à dire les plus grofles entre celles qui eftoient
également agitées, & les plus agitées entre celles qui eftoient également groffes, qui ont dû décrire les plus
comme
approchans de la ligne droite. Et pour la matière contenue entre trois ou plufieurs de ces cercles, elle a pu d'abord fe trouver beaucoup moins divifée & moins agitée que toute l'autre. Et qui plus eft, d'autant que nous fuppofons grands cercles,
eftant les plus
que Dieu a mis au commencement toute forte d'inégalité entre les parties de cette Matière, nous devons penfer, qu'il y en a eu pour lors de toutes fortes de groffeurs & figures, & de difpofées à fe mouvoir, ou ne fe mouvoir pas, en toutes façons & en tous fens. Mais cela n'empefche pas que, par après, elles ne fe
5
10
i5
foient rendues prefqae toutes affez égales, principa-
lement celles qui font demeurées à pareille diftance des centres autour defquels elles. tournoyoient. Car, ne fe pouvant mouvoir les vnes fans les autres, il a
communicaflent de leur mouvement à celles qui l'eftoient moins, & que les plus grofles fe rompiffent&divifaflent, afin de pouvoir paffer par les mefmes lieux que celles qui les precefalu
que
doient,
plus
les
ou bien
agitées
qu'elles montaflent plus haut
arrangées en peu de
;
& ainfi
temps toutes par ordre en telle forte que chacune s'eft trouvée plus ou moins éloignée du centre autour duquel elle a pris fon cours, félon qu'elle a efté plus ou moins grofte & elles fe font
|
:
7-S parce. l'i
trouver.
—
grolleur.
12
—
<j
toute
— de
d'autant] forte.
tigure.
—
— ou]
ou
— —
à.
— i5 que...
elles] qu'elles,
16 o/jrès foient] après a/ouff'.
26 treuvée.
20
2 5
1
Traité de la Lumière.
446-
5
comparaifon des autres. Et mefmcs, d'autant que la groffeur répugne toujours à la vitefle du mouvement, on doit penfer que les plus éloignées de chaque centre ont eflé celles qui, citant vn peu plus agitée, à
5
10
que les plus proches, ont eflé avec cela de beaucoup plus agitées. Tout de mefme, pour leurs figures, encore que nous fuppofions qu'il y en ait eu, au commencement, de toutes fortes, & qu'elles avent eu pour la plufpart plupetites
&
que les pièces qui s'éclatent d'vne pierre quand on la rompt il cft certain que, par après, enfe remuant & fe heurtant les vnes contre les autres; elles ont dû rompre peu à peu fleurs angles
plufieurs coftez, ainfi
:
les petites pointes i5
de leurs angles,
émoulTer
&.
quarrés de leurs coftez, jufqucs à ce qu'elles
rendues à peu prés toutes ro-ndcs
& les cailloux,
grains de fable
:
ainfi
les
fc foient
que font
les
lors qu'ils roulent avec
l'eau d'vne rivière. Si bien qu'il
ne peut y avoir main-
tenant aucune notable différence entre celles qui font 20
affez voifines,
nv mefme
aufli
entre celles qui font fort
éloignées, finon en ce qu'elles peuvent fe mouvoir vn
peu plus
vite,
groffes l'vne
25
&
que
vn peu plus petites ou plus
eftre
l'autre
;
& cecy n'empefche pas
qu on
ne leur puiffe attribuer à toutes la mefme forme. Seulement en faut-il excepter quelques-vnes, qui ayant
efté,
dés
le
commencement, beaucoup plus
groffes que les autres, n'ont pu
ou I
fi
facilement
fe divifer,
&
qui, ayant eu des figures fort irregulieres
—8 — — 12 que... s'écartent.
d'autant] parce.
en] qu'elles ayent été. clatentj
qu'il... 1
1
s'é-
après] qu'après.
—
empef-
i2-i3
les
vnes... les autres] l'une... l'autre.
—
18
il...
y]
il
n'y peut.
5
5
Le Monde.
2
446-447.
chantes, fe font plutoft jointes plufieurs enfemble, que
rompre pour s'arrondir & ainfi elles ont retenu Elément, & ont fervy à comla forme du troifiéme pofer les Planètes & les Comètes, comme je vous de
fe
;
|
diray cy-aprés.
De qui
plus,
5
eft
il
eft fortie
befoin de remarquer, que la matière
d'autour des parties du fécond Elément,
à mefure qu'elles ont
rompu & émouilé
les petites
pointes de leurs angles pour s'arrondir, a dû neceffai-
rement acquérir vn mouvement beaucoup plus vite que le leur, & enfemble vne facilité à fe divifer & à changer à tous momens de figure, pour s'accommoder à celle des lieux où elle fe trouvoit & ainfi, qu'elle a pris la forme du premier Elément. Je dis qu'elle a dû acquérir vn mouvement beaucoup plus vite que le leur & la raifon en eft évidente. Car,
10
;
1
;
devant fortir de cofté,
&
par des paffages fort étroits,
hors des petits efpaces qui eftoient entr'elles, à mefure qu'elles s'alloient rencontrer de elle avoit
front l'vne l'autre,
beaucoup plus de chemin
qu'elles à faire
en
20
mefme temps. Il
eft auffi
befoin de remarquer, que ce qui fe trouve,
de ce premier Elément, de plus qu'il n'en faut pour remplir les petits intervalles que les parties du fécond, qui font rondes, laiiTent necelTairement autour d'elles, fe doit retirer vers les centres
autour defquels elles
tournent, à caufe qu'elles occupent tous les autres lieux 5
de.
cy omis.
—
—
i\
14 du...
l'Elément que expliqué
tout
à... à| de...
Elément] de
j'ay le
icy-dellus
premier.
—
— eltoient] font, — 22 trcuvc. — de plus après trouve. — 2? qui étant, i5 Je]
l'e
le.
i(S
l'ont]
23
Traité de la Liîmiere.
447-44«-
plus éloignez
«.^-
;
que
là
ronds, parfaitement liquides
&
fubtils, lefquels, tour-
nant fans ceiïc beaucoup plus
que
5
compofer des corps
doit
il
5 j
&
vite,
en
mefme
fens
du fécond Elément qui les environne, ont la force d'augmenter l'agitation de celle dont ils font les plus proches & mefmes de les pouffer toutes de tous coltez, en tirant du centre vers la circonféles parties
;
rence,
autres; 10
qu'elles
ainfi
pouffent
par vne adion
ce,
iS:
fc
j'explique le plus
qu'il
faudra tantoft que
|
exadement que
vnes les
les
auffi
pourray. Car
je
je
vous advertis icy par avance, que c'eft cette adion que nous prendrons pour la Lumière; com^nc auffi, que nous prendrons ces corps ronds, compofez de la matière du premier Elément toute pure, i5
Soleil,
&
pour
les autres
Monde que
pour le du nouveau
l'vn
les Eftoiles fixes
vous décris &. la matière du fécond Elément qui tourne autour d'eux, pour les Cieux. Imaginez-vous, par exemple, que les points, S. E.
£.
20
la
je
;
A. font les centres dont je vous parle
matière comprife en lefpace
qui tourne autour du Soleil celle de l'cfpace H.
autour de
l'Etoille
& comme
d'Etoiles,
des Cieux ()
&. ce
avance elle.
—
ajouté.
de
l'eft
omis.
—
—
Il
leur
mefme icy
p;ir
adion] 12 après prendrons] ic)' otiiis.
—
aufli
—
cette
reporté après
—
i2qiie omis. prendrons I?. avant 3 ajt7rè$ nous y j/oj//e'. 1
s,
ainfi
I
—
nombre ;
&
eft
que
le
ces corps]
— iG 21
y
comme
..
il
Firmament s'il
y a
le.
— 22
— en
le.
'9-1
<'•
eft id.
— —
— 25&... — 23-26 ce-
{second) id.
mefme
n'eft
vous plaid ajouté.
19 je] omis. ix
en
:
indéfiny, celuy
leur] déquellcs luy.
que toute
des autres
et
>.]uc
z^W
&
vn autre, qui tourne
efl
&
;
y a autant de divers Cieux,
.forte qu'il 25
F.
marqué S
G. G. H. en
marquée
G. G.
F.
que toute eft vn Ciel,
0(:
;
omis.
Le Monde.
54
44«-4!>o.
autre chofe que la fuperficie fans épaiffeur, qui fepare
tous ces Cieux les vns des autres.
Penfez
font vers F, font vers K,
que
du fécond Elément qui ou vers G, font plus agitées que celles qui ou vers L en forte que leur viteffe dimi-
aufli
les parties
;
5
nue peu à peu, depuis la circonférence extérieure de chaque Ciel, jufques à vn certain endroit, comme par exemple jufques à la Sphère K, K, autour du Soleil, & jufques à la Sphère qu'elle
augmente de
L, L,
là
autour de
l'Etoile e;
puis,
peu à peu jufques aux centres
de ces Cieux, à caufe de l'agitation des Aftres qui
lo
s'y
trouvent. Enforte que, pendant que les parties du
fécond Elément qui font vers K, ont
le loifir d'y
décrire
vn cercle entier autour du Soleil, celles qui font vers T, que |e fuppofe en eftrc dix fois plus proches, n'ont pas feulement le loifir d'y en décrire dix, ainfi qu'elles feroient fi elles ne fe mouvoient qu'é|galement vite, mais peut-eftre plus de trente. Et derechef, celles qui font vers F, ou vers G, que je fuppofe en|eflre deux ou trois mille fois plus éloignées, en peuvent peuteftrc décrire plus de foixante. D'où vous pourrez entendre tantoft, que
les
i5
20
Planètes qui font les plus
hautes, fe doivent mouvoir plus lentement que celles qui font plus baffes, ou plus proches du Soleil;
&
tout enfemblc plus lentement que les Comètes, qui
en font toutesfois plus éloignées. Pour la groffeur de chacune des parties du fécond 2 ces] les.
L. L. id.
L.
~
—7
b
ou]
ni.
— —
vn omis. 8 K, K,] K.
—
L|
comme
— L, L,] _ (j.,o puis, qu'elle] d'où — 10 de omis.— treu-
elle.
\l.\
()
12
vent.
—
— i3
16
le]
eu.
remuoient.
muer. les.
—
—
le
—
omis.
—
—
i5
je] ie.
17 mouvoient]
23 mouvoir] re-
23-24
celles... font]
25 tout omis.
aS
'
Traite de la Lumière.
430.
Elément, on peut penfer qu'elle
55
égale en toutes
eft
du
celles qui font depuis la circonférence extérieure
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jufques au cercle
.•.:.•.•••.
KK ou mefmcs, ;
l •.-.:
:
•.
•.
•.-..'
que
les
Le MoNDb:.
^6
4io4bi.
plus hautes d'entrclles font quelque peu plus petites
pourveu qu'on ne fuppofe point la différence de leur groffeur, plus grande à proportion, que celle de leur viteffe. Mais il laut penfer, au contraire, que, depuia le cercle K. jufques au Soleil, ce
que
les plus baffes,
font les plus baffes qui font les plus petites,
&.
5
mefmes
que la différence de leur groffeur eft plus grande, ou du moins auffi grande à proportion, que celle de leur Car, autrement, ces plus baffes eftant les plus
viteffe.
fortes, à caufe de leur agitation, elles iroient
occuper
lo
place des plus hautes.
la
Enfin le Soleil
c'orps
remarquez que, vu
&
formoient, leurs
les autres Etoiles fixes fe
peuvent
eftre
petits a l'égard des Cieux, qui
fi
contiennent, que
les
façon dont j'ay dit que
la
mefme
tous les cercles KK, LL,
i5
&femblables, qui marquent jufques où leur agitation fait avancer le cours de la matière du fécond Elément, ne feront confiderables, à comparaifon de ces Cieux,
comme
que
des points qui marquent leur centre.
que les nouveaux Allronomes ne conlîdcrent quafi que comme vn point toute la Sphère de Saturne, a comparaifon du Firmament. Ainli
r.HAMfUE IX, I
'^co,!r?iai/it i;- des Coiucics en gênerai en par-
U
ûcuiier
des
co-
^
Or afin que
je
commence
20
à vous parler des Planètes
Comètes, confiderez que, vu la diverfité des la partics de la Matière que i'av fuppoféc, bien que ^ ^ d^^s
'
,
-
-
"^
.
.
„
...
plulpart d'entr'ellcs, en fc Iroiffant
mêles."*
,
rencontre l'vne de l'autre, avent pris
mier ou du fécond Elément, 2
plus uniis.
K. L.
—
divifant par la
Oi:
.
,
—
1?
KK. L L'
•i7-j8 premier,
tecoiid
il
ne
forme du prepas neanimoins
la
laiife
— 28 leconJ
Elemeai.^ premier.
—
r-lement'
neainmoins omis.
i3
Traite de la Lumière.
45i-45ï.
^7
de s'en eftre encore trouvé de deux fortes, qui ont dû retenir la forme du troifiéme fçavoir celles dont les :
figures ont efté qu'elles fe i
étendues &fi empefchantes, que, lors font rencontrées l'vne l'autre, il leur a efté fi
plus aifé de fe joindre plufieurs enfemble,
moyen de devenir
&
moindrir;
ment
grofles,
fe
&
les plus grofles
&
&
de toutes,
en
froifter les autres
s'a-
commence-
les plus maffives
mais non pas réciproquement en
tant,
par ce
rompre
celles qui, ayant efté dés le
ont bien pu rompre o
que de
&
les
heur-
eftre brifées
&. froifl'ées.
Or,
foit
que vous vous imaginiez que ces deux fortes
de parties ayent efté d'abord fort agitées, ou
mefme
ou point du tout, il eft certain que, par après, elles ont dû fe mouvoir de mefme branfle que la Matière du Ciel qui les contenoit. Car fi d'abord elles fe font mues plus vite que cette Matière, n'ayant pu fort peu,
i5
manquer de
en
la
rencontrant en leur
dû en peu de temps luy transférer vne partie de leur agitation; & fi, au contraire, elles n'ont eu en elles -mefmes aucune inclination à fe mouvoir, neantmoins, eftant environnées de toutes chemin,
20
la poufiTer
elles ont
|
parts de cette matière
ment 25
du
fuivre fon cours
:
dû neceflaireque nous voyons tous
Ciel, elles ont ainfi
que les batteaux, & les autres divers corps qui flotent dans l'eau, auffi bien les plus grands & les plus mafllfs que ceux qui le font moins, fuivent les jours
I
treuvc.
—
10^ II
i3
mcrme
elles;
—
2 la
formcj
&
brifées
— qu'elles. —
celle.
omis.
—
14-13 que...
id.
i
(EuvuKS. VI.
5
ont du
fe] fe
doivent après.
—
—
16 contenoit]
—
d'abord omis. Matière] que... auparavant. 17 24-25 que. jours omis,
contient.
—
.
.
8
Le Monde.
58 le
cours de l'eau dans laquelle
453-454.
ils
font,
quand
il
n'y a
rien d'ailleurs qui les en empefche. Et ainfi fifs,
remarquez qu'entre les divers corps qui flotent dans l'eau, ceux qui font affez durs & affez maf-
comme
font ordinairement les batteaux, princi-
5
paiement les plus grands & les plus chargez, ont toujours beaucoup plus de force qu'elle à continuer leur mouvement, encore mefme que ce foit d'elle feule qu'ils l'ayent receuë;
&
qu'au contraire ceux qui font
que peuvent
fort légers, tels
blanche qu'on voit
floter le
eftre ces
amas d'écume
10
long des rivages en temps
de tempefte, en ont moins. En forte que, fivous imaginez deux Rivières qui
&
l'vne à l'autre,
fe
joignent en quelque endroit
qui fe feparent derechef vn peu
après, avant que leurs eaux, qu'il faut fuppofer fort
&
calmes
i5
d'vne force afïez égale, mais avec cela fort
ou pefans, qui feront emportez
rapides, ayent le loifir de fe mêler, les batteaux
autres corps affez maffifs
par
le
cours de
l'vne,
&
pourront facilement paffer en
au lieu que les plus légers s'en éloigneront, feront rejettez par la force de cette eau vers les
l'autre
&
;
20
moins rapide. Par exemple, fi ces deux Rivières font ABF & CDG, qui, venant de deux coflez differens, fe ren-
lieux
où
elle eft le
I
contrent vers
& CD
vers
cours de
G
E, :
il
puis de là fe détournent, eft
la Rivière
AB,
le
bateau
cours] celuy.
—
4 dans]
le
—5 ment. —
en.
F,
certain que le bateau H, fuivant le
réciproquement I
AB vers
les
batteaux ordinaire-
i3
quelques endroits.
doit paffer par E vers G, 1,
&
vers F, û ce n'eft qu'ils fe
—
17 le omis.
autres.
—
—
18 autres] les
23 deux omis.
25
Traité de la Lumière.
453.454.
rencontrent tous deux au paflage en quel cas
&
5
qu'au
le
plus grand
&
^9
mefme temps,
plus fort brifera l'autre
le
contraire l'écume, les feuilles d'arbres
&
plumes,
les fétus
peuvent
floter vers
au-
&
;
les
autres tels corps fort légers, qui
A
,
doivent eftre pouffez par le cours
de l'eau qui les contient, non pas vers E
&
vers G,
mais vers B, où il faut penfer que l'eau eft moins forte & moins rapide que vers E, puifqu'elle y prend fon cours fuivant vne ligne qui eft moins approchante de 10
la droite.
Et déplus,
faut confiderer
il
corps légers, mais
auffi
que non feulement] ces
que d'autres, plus pefans
plus maffifs, fe peuvent joindre en fe rencontrant, que, tournoyant alors avec l'eau qui les 6 vers {second) omis. l'eau]
ment]
qu'elle.
tant.
— — 12 1
1-
—7
que
non feulemais aufTi
omis.
—
i3
rencontrant
—
entraîne,
—
en fe peuvent joindre,
plus id. le
& &
14 que omis.
—
alors id.
6o
Le Monde.
.
454.
peuvent plufieurs enfemble compofer de grolTes
ils
boules, telles que vous voyez K,
comme
L,
vont vers
E,
&
&
dont
L,
les vnes,
comme
les autres,
K, vont
vers B, félon que chacune eft plus ou moins folide,
&
compofée de parties plus ou moins
grofles
&
maf-
5
fi^es.
A
l'exemple dequoy,
il
qu'en quelque endroit que
eft
de comprendre,
aifé
fe foient
trouvées, au
com-
mencement, les parties de la Matière qui nepouvoient prendre la forme du fécond Elément ny du premier, toutes les plus groffes
&
10
plus maffives d'entr'elles ont
dû, en peu de temps, prendre leur cours vers la cir-
conférence extérieure des Cieux qui
&
les contenoient,
Cieux dans les autres, fans sarrefter jamais beaucoup de temps de fuite dans le mefme Ciel; & qu'au contraire, toutes les moins maffives ont dû eftre pouffées, chapafler après continuellement des vns de ces
cunes vers cours de
que
le
la
je leur
centre du Ciel qui les contenoit, par
le
matière de ce Ciel. Et que, vâles figures
ay attribuées, elles ont dû, en
l'vne l'autre, fe joindre plufieurs
pofer de
i5
groffes boules,
qui,
fe
rencontrant
enfemble,
20
& com-
tournoyant dans
les
Cieux, y ont vn mouvement tempéré de tous ceux que pourroient avoir leurs parties eftant feparées en :
forte
que les vnes fevont rendre vers les circonférences
de ces Cieux,
&
les autres vers leurs centres.
que ce font celles qui fe vont ainfi ranger vers le centre de quelque Ciel, que nous devons prendre icy pour les Planettes, &. celles qui paffent Et fçachez
I
ils
—
peuvent omis. compofer pluûeurs enfemble. 20 je]'ie.
{second) omis.
—
—
3
vont
25
Traité de la Lumière.
454-455.
6i
au travers de divers Cieux, que nous devons prendre pour des Comètes. I
Or, premièrement, touchant ces Comètes, 5
remarquer qu'il y en doit avoir peu en ce nouveau Monde, à comparaifon du nombre des Cieux. Car quand bien mefme il y en auroit eu beaucoup au commencement, elles auroient dû par fucceffion de temps, en partant au travers de divers Cieux, fe heurter & fe briferprefque toutes les vues les autres,
lo
faut
il
ainfi
que
j'ay
que font deux bateaux quand ils fe rencontrent; en forte qu'il n'y pourroit maintenant refter que les dit
plus groffes.
remarquer que, lors qu'elles partent ainfi d'vn Ciel dans vn autre, elles pourt'ent toujours devant foy quelque peu de la matière de celuy d'où elles fortent, & en demeurent quelque temps enveIl
'5
faut aufli
loppées, jufques à ce qu'elles foient entrées
avant dans les limites de l'autre Ciel
;
où
art'ez
eftant, elles
dégagent enfin comme tout d'vn coup, & fans y employer peut-eftre plus de temps que fait le Soleil à fe lever le matin fur nofl:re horifon en forte qu'elles s'en
20
:
fe
meuvent beaucoup plus lentement,
dent
ainfi à fortir
peu après y 25
ert;re
Comme
de quelque Ciel, qu'elles ne font vn
entrées.
vous voyez icy" que
fon cours fuivant la ligne 6 quand...
il]
—
encore
qu'il.
— —
14 ainfi omis. dans... autre] en l'autre. touauroit] eût.
jours omis. — a.
Figure de
lors qu'elles ten-
—
i5 peu] quantité. la p. 55.
la
CDQR,
—
Comète
eftant déjà entrée
iG quelque
en
qui prend
fortej
— — 22 meu-
temps omis.
de façon. vent] remuent, 21
Le Monde.
02
455-456.
du Ciel FG, lors qu elle eft au point C, demeure neantmoins encore envelopée de la matière du Ciel FI, d'où elle vient, & n'en peut dans
affez avant
eftre
entièrement délivrée, avant qu'elle
point D/ Mais
le
les limites
commence mouvoir
|
fi-tofl qu'elle
y
eft
beaucoup plus
ne
vite qu'elle
environ
parvenue,
FG,
à fuivre le cours du Ciel
foit
&
elle
5
ainfi à fe
faifoit
aupar-
avant. Puis, continuant fon cours de là vers R, fon
mouvement
doit fe retarder derechef peu à peu, à
mefure qu'elle approche du point Q_; tant à caufe de la refiftance du Ciel FGH, dans les limites duquel elle commence à entrer, qu'à caufe qu'y ayant moins
&
&
Q, toute la matière du Ciel qui eft entre S & D, où la diftance eft moindre, s'y meut plus vite ainû que nous voyons que les rivières coulent toujours plus promptement, aux lieux où leur lia; eft plus eftroit & relTerré, qu'en ceux où il eft plus large & eftendu. Déplus, il faut remarquer que cette Comète ne doit paroiftre à ceux qui habitent vers le centre du Ciel FG, que pendant le temps qu'elle employé à paft'er depuis D jufques à Q., ainfi que vous entendrez tantoft plus clairement, lors que je vous auray dit ce que c'eft que la Lumière. Et par mefme moyen vous connoiftrez que fon mouvement leur doit paroiftre beaucoup plus vifte, &. fon corps beaucoup plus grand, & fa lumière beaucoup plus claire, au commende diftance entre S
D, qu'entre S
:
affez]
I
— —
bien.
—
FG] FGF.
cWe ajoutée avant demeure. 3 FI] Fil. 4 entièrement eftre. G FGj F"GGF. y fe 2
—
—
—
doit.
—
—
14 après qui] y ajouté. D omis. i5 s y
entre...
meut]
FGF.
fe
—
lo
remue.
— — 21
FG]
27 beaucoup] mefme.
i5
20
25
TuAITÉ DE LA LUMIERE.
456-458.
6j
cernent du temps qu'ils la voyent, que vers la
fin.
vous confiderez vn peu curieufement en quelle forte la lumière qui peut venir d'elle fe doit répandre & dillribuer de tous coftez dans le Et outre cela,
fi
vous pourrez bien aufl^ entendre, qu'eftant fort grofle, comme nous la devons fuppofer, il peut paroiflre certains rayons autour d'elle, qui s'y eftendent quelquesfois en forme de chevelure de tous coftez, Ciel,
& 10
quelquesfois fe ramafifent en forme de queue d'vn
feul cofté, félon les divers endroits
yeux qui cette
ont
i5
la
En
regardent.
Comète pas vne de
efté
|
forte qu'il
fe
trouvent les
ne manque à
toutes les particularitez qui
obfervées jufques icy en celles qu'on a veuës vray monde, du moins
de celles qui doivent
dans
le
eftre
tenues pour véritables. Car
pour
riens,
où
faire
|
fi
quelques Hifto-
vn prodige qui menace
le
Croiffant
14^0 la Lune a efté éclipfée par vne Comète qui paflbit au deflbus, des Turcs, nous racontent qu'en
l'an
ou chofe femblable & fi les Aftronomes, calculant mal la quantité des refradions des Cieux, laquelle ils ignorent, & la vitefte du mouvement des Comètes, qui eft incertaine, leur attribuent aftez de paralaxe pour eftre placées auprès des Planètes, ou mefme au deffous, où quelques-vns les veulent tirer comme par force nous ne fommes pas obligez de les croire. ;
20
25
:
y a tout de mefme, touchant les Planètes, plufieurs chofes à remarquer dont la première eft, qu'enIl
:
4 répandre
vent. — — II- 12
1 1
& omis. —
10 treu-
après ne] luy ajouté.
à...
Comète omis.
—
19 calculant] calculent, tribuentj attribuant.
^52
at-
Chapitre X. [Des Planètes en gênerai ;
& en
particulier
Le Monde.
64 de la Terre,
&
de la
453-460.
corc qu'cUcs tendent toutes vers les centres des Cieux qui les contiennent, ce n'eft pas à dire pour cela qu'elles puiiTent jamais parvenir jufques
de ces centres
&
c'eil le Soleil
comme
car,
:
j'ay déjà dit
au dedans cy-devant,
les autres Elloilles fixes qui les
occu-
5
pent. Mais afin que je vous fafle entendre diftincle-
ment en quels endroits
marquée i), que matière du Ciel qui
par exemple'', celle qui fuivre le cours de la
cercle K;
&
elles doivent s'arrefter, voyez, ell
confiderez que,
fi
je ell
fuppofe vers le
cette Planète avoit tant
10
peu plus de force à continuer fon mouvement en ligne droite, que n'ont les parties du fécond Elément foit
qui l'environnent, au lieu de fuivre toujours ce cercle K, elle iroit vers Y, qu'elle n'eft
&. ainfi elle
du centre
s'éloigneroit plus
S. Puis, d'autant
que
les parties
i5
I
du fécond Elément, qui l'environneroient vers Y, fe meuvent plus vite, & mefme font vn peu plus petites, ou du moins ne font point plus grofles, que celles qui font vers K, elles luy donneroient encore plus de force pour pafler outre vers F en forte qu'elle iroit jufques à la circonférence de ce Ciel, fans fe pouvoir |
:
arrefter
en aucune place qui
là, elle
pafleroit facilement
ainfi,
au lieu
d'eftre
doivent omis.
jours ow/'s. a.
—8 —
—
je] ie.
ce]
le.
P'igure de la p. 55.
;
puis de
a5
qu'il
4 cy- devant] icy-delfus. 7
entre-deux
dans vn autre Ciel; & vne Planette, elle deviendroit vne
Comète. D'où vous voyez,
s'arreftent.
foit
20
—
s'arrellcr]
— i3 tou— 14 elle
ne fe peut arrefter aucun {second)
omis.
—
i5
d'autantj
parce. — 17 meuvent] remuent, — 20 en forte] de façon,
Traité de la Lumière.
460-461.
6^
Aftre, en tout ce vafte efpace qui eft depuis le cercle K,
FGGF,
jufques à la circonférence du Ciel
Comètes prennent
leur cours;
c^
par où les
outre cela, qu'il faut,
de neceffité, que les Planètes nayent point plus de 5
force à continuer leur
que
K, lors qu'elles
i5
&
que tous les corps qui en ont plus, font des Comètes. Penfons donc maintenant, que cette Planète i a moins de force que les parties du fécond Elément qui l'environnent; en forte que celles qui la fui vent, & qui font placées vn peu plus bas qu'elle, puilTent la détourner, & faire qu'au lieu de fuivre le cercle K, elleelles
10
ligne droite,
du fécond Elément qui font vers fe meuvent de mefme branle avec
parties
les
mouvement en
;
defcende vers
la
peut faire qu'elle
Planète marquée v, où eflant, fe
trouvera juftement
auffi forte
il
fe
que
du fécond Elément qui pour lors l'environneront. Dont la raifon eft, que, ces parties du fécond Elément eftant plus agitées que celles qui font vers K, les parties
20
'"lies
l'agiteront auffi davantage,
&
qu'eftant avec cela
plus petites, elles ne luy pourront pas tant refifter
auquel cas
elle
:
demeurera juftement balancée au
&
y prendra fon cours en mefme fens qu'elles font autour du Soleil, fans s'éloigner de luy milieu d'elles,
25
plus ou moins vne fois que l'autre, qu'autant qu'elles
pourront
auffi s'en éloigner.
I
Mais
il
cette Planète, eftant vers
tc,
a encore moins
de force à continuer fon mouvement en ligne droite,
que 2
—
la
matière du Ciel qu'elle y trouvera, elle fera
F'GGFj FGF. 16 la... marquée Œuvres. VI.
—
7
meuvent] remutint.
— 12 qui {second)omis.
id. ii
Le Monde.
(>(>
461.
pouiTée par elle encore plus bas, vers la Planète mar-
quée fe
ç/^
&
;
ainfî
de fuite, jufques à ce qu'enfin elle
trouve environnée d'vne matière, qui n'ait ny plus
ny moins de force qu
elle.
vous voyez
Et ainfi
netes, les vnes plus
peut y avoir diverfes Plaautres moins éloignées du
qu'il
&
les
que font icy i.v. c/. T. $. ? dont les plus baffes & moins maffives peuvent atteindre jufques à fa fuperficie, mais dont les plus hautes ne paffent jamais au delà du cercle K; qui, bien que très-grand, à comparaifon de chaque Planète en particulier, eft neantmoins fi extrêmement petit, à comparaifon de tout le Ciel FGGF, que, comme jay déjà dit cy-devant, Soleil, telles
il
la
;
peut eflre confideré
Que
comme
fon centre.
ne vous ay pas encore affez fait entendre caufe, qui peut faire que les parties du Ciel qui font fi
5
je
au delà du cercle K, eftant incomparablement plus petites (jue les Planètes, ne laiffent pas d'avoir plus de force qu'elles à continuer leur mouvement en ligne droite: confiderez que cette force ne dépend pas feulement de la quantité de la matière qui eft en chaque
i5
20
corps, mais auffi de l'étendue de fa fuperficie. Car,
meuvent également vite, il foit vray de dire que, fi l'vn contient deux fois autant de matière que l'autre, il a aufil deux fois autant d'agitation ce n'eft pas à dire pour cela, qu'il ait deux fois autant de force à continuer de fe mouvoir en ligne encore que, lors que deux corps
fe
:
1-2 la... marquée omis. 3 trcuvc.
i3
—
4
qu'elle omis.
FGGF| FGF.
omis.
—
23
— —
— cy-devant
meuvent] remuent.
— 24 —
-iG
ait.
—
25 al ait. que omis. pour cela reporté après
il...
zS
Traité de la LuiMiere.
161-462.
en aura juftement deux fois autant, fi avec cela fa fuperficie efl juftement deux fois auffi droite
mais
dj
;
il
étendue, à caufe qu'il rencontrera toujours deux fois |
autant d'autres corps, qui luy feront refiftance; 5
en aura beaucoup moins,
fi
&
il
eftenduë
fa fuperficie eft
beaucoup plus de deux fois. Or vous fçavez que les parties du Ciel font à peu prés toutes rondes, &ainfi, qu'elles ont celle de toutes les figures qui 10
le
plus de matière fous vne
moindre fuperficie; & qu'au contraire les Planètes, eftant compofées de petites parties qui ont des figures fort irregulieres & eftenduës, ont beaucoup de fuperficie
qu i5
comprend
à raifon de la quantité de leur matière
elles
parties
peuvent en avoir plus, que
du Ciel;
&
:
en forte
la plufpart
de ces
toutesfois aufli en avoir moins, que
&
quelques-vnes des plus petites,
proches des centres. Car
il
qui iont les plus
deux que font ces parties du
faut fçavoir qu'entre
boules toutes mafTives, telles
Ciel, la plus petite a toujours plus de fuperficie, à 20
raifon de fa quantité, que la plus grolTe. Et l'on peut aifément confirmer tout cecy par l'ex-
périence. Car, pouffant vne groiïe boule compofée de plufieurs branches d'arbres, confufément jointes
&
entaffées l'vne fur l'autre, ainfi qu'il faut imaginer que 2 5
font les parties de la Matière, dont les Planètes font
compofées nuer
fi
feroit
—
1
:
eft
il
loin fon
certain qu'elle ne pourra pas conti-
mouvement, quand bien mefme
pouifée par vne cni n'en.
qu'autant ajouté.
tantom/5. — 21
— après aurai — deux... auon. — tout
l'on!
force
elle
entièrement propor-
— 1-22 l'expérience] expe— 27 quand... encore même qu'elle. — 28 omis.
rience.
2
elle]
feroit] fût.
—
—
Le Monde.
68
comme
tionnée à fa groffeur,
462-463.
feroit
vne autre boule
beaucoup plus petite & compofée du mefme bois, mais qui feroit toute maffive; il eft certain auffi tout au contraire qu'on pourroit faire vne autre boule du mefme bois & toute maffive, mais qui feroit fi extrêmement petite, qu'elle auroit beaucoup moins de force à continuer fon mouvement que la première enfin il eft certain que cette première peut avoir plus ou moins de force à continuer fon mouvement, félon que les branjches qui la compofent, font plus ou moins groftes
5
;
&
10
preflees.
D'où vous voyez comment diverfes Planètes peuvent eftre fufpenduës au dedans du cercle K, à diverfes diftances du Soleil & comment ce ne font pas Amplement celles qui paroiflent à l'extérieur les plus groffes, mais celles qui en leur intérieur font les plus folides & les plus maffives, qui en doivent eftre les ;
i5
plus éloignées. Il
faut remarquer après cela, que,
comme nous
expérimentons que les batteaux qui fuivent le cours d'vne rivière, ne fe meuvent jamais û vite que l'eau qui les entraîne, ny
eux
fi
vite
que
les
Planètes fuivent
&
refiftance, n'eft
fe
pas à dire
le
mefme
moindres cours de
—
3
&
ilj
faire]
7
il...
:
la
ainfi,
grands d'entreencore que les
matière du Ciel fans
meuvent de mefme branle avec elle, ce pour cela, qu'elles fe meuvent jamais
— — 3-4 tout... contraire omis. derechef ajouté. — 4 après 6 beaucoup] encore. — enfin] & certain omw. enfin. — 7-8 2 du] d'un.
les plus
il.
20
H en ajouté avant peut.
— gde...
mouvement omis.
i3
celles] au{(\ajouté.
— —
maflives] mailives
&
i
après
7 folides...
folides.
21, 25, 26, meuvent] remuent.
^5
Traité de la Lumière.
463-464.
69
du tout fi vite & mefme l'inégalité de leur mouvement doit avoir quelque raport à celle qui fe trouve ;
entre la groffeur de leur maffe
5
&
la petiteffe
des parties
du Ciel qui les environnent. Dont la raifon eft que, généralement parlant, plus vn corps eft gros, plus il
luy
eft facile
de communiquer vne partie de fon
mouvement aux autres corps, plus il eft difficile aux autres de luy communiquer quelque choie du leur. Car cS:
10
encore que plufieurs petits corps, en s'accordant tous enfemble pour agir contre vn plus gros, puiftent avoir autant de force que luy
jamais faire mouvoir
fi
toutesfois
:
vite
meuvent; à caufe que,
s'ils
en tous fens,
niquent,
ils
différent
mefme temps,
le
peuvent
comme
ils fe
s'accordent en quelques-
vns de leurs mouvemens, lefquels i5
ne
ils
luy
ils
commu-
infailliblement en d'autres en
lefquels
ils
ne luy peuvent
commu-
niquer.
Or
il
fuit
de cecy deux chofes, qui
|confiderables. La première 20
eft,
que
me
la
femblent fort
matière du Ciel
ne doit pas feulement faire tourner les Planètes autour du Soleil, mais auffi autour de leur propre centre (excepté lors qu'il y a quelque caufe particulière qui les en empefche) & enfuîte, qu'elle doit compofer de petits Cieux autour d'elles, qui fe meuvent en mefme fens que le plus grand. Et la féconde eft que, s'il fe rencontre deux Planètes inégales en grolTeur, mais difpofées à prendre leur cours dans le Ciel à vne mefme ;
25
diftance du
Soleil,
en forte que l'vne
foit
juftement
d'autant plus maffive, que l'autre fera plus grofle 2 treuve. I
(S
— 5 parlant omis. — — audl
deux chofes de cecy.
2
1
omis.
:
la
— 23 en id. — 24 meuvent]
remuent.
Le Mondf.
70
464-46.1.
mouvement
plus petite de ces deux, ayant un
que
vite
la plus grolTe,
devra
plus
joindre au petit Ciel
fe
qui fera autour de cette plus groffe,
tournoyer con-
0^
tinuellement avec luy.
Car puifque les parties du Ciel, qui font par exemple vers A, fe meuvent plus vite que la Planète marquée -Bis
T, qu'elles pouffent
vers Z,
il
évident qu'elles
eft
doivent eflre détournées par elle,
&
contraintes de
prendre leur cours vers B. Je dis vers B, plutoft que vers D. Car, ayant inclination à continuer leur
mouve-
'o
ment en ligne droite, elles doivent plutoft aller vers le dehors du cercle ACZN qu'elles décrivent, que vers centre S. Or, pafTant ainli d'A vers B, elles obligent
le
Pla|nete
la
centre; ()
enl
&
T de
réciproquement cette Planète, en tournant
meuvent] remuant, fe
ajouté.
tourner avec elles autour de fon
9 Jcl
le.
—
i3
S
le
contre.
—
i
f>
après
"5
Traité de la Lumière.
463.
71
donne occafion de prendre leur cours de B vers C, puis vers D, & vers A; & ainfi, de former
ainfi, leur
vn Ciel particulier autour
toujours après continuer à 5
nomme
qu'on
l'Orient,
avec lequel elle doit
d'elle,
fe
mouvoir, de
la partie
l'Occident, vers celle qu'on
non feulement autour du
Soleil,
nomme
mais
aufli
autour de fon propre centre.
De
Planète marquée (^ pofée à prendre fon cours fuivant le cercle N 10
1
5
plus, fçachant
que
la
eft dif-
AC
Z,
marquée T, & qu'elle doit fe mouvoir plus vite, à caufe qu elle eft plus petite, il eft aifé à entendre, qu'en quelque endroit du Ciel qu'elle puifte s'eftre trouvée au commencement, elle a dû en peu de temps s'aller rendre contre la fuperficie exterieure du petit Ciel A B C D, & que, s'y eftant vne fois auffi
bien que celle qui
eft
jointe, elle doit toujours après fuivre fon cours
de T, avec
les parties
autour
du fécond Elément qui font vers
cette fuperficie.
20
Carpuifque nous fuppofons qu'elle auroit juftement autant de force que la matière de ce Ciel, à tourner
NACZ,
fuivant le cercle
point
:
il
faut penfer
tourner fuivant petit, &. a5
plus
qu
cercle
le
fi
elle
l'autre Planète n'y eftoit
en a quelque peu plus à
A B C D,
à caufe qu'il
eft
plus
par confequent, qu'elle s'éloigne toujours
qu''il eft
poffible
du centre T
:
ainfi
le
qu'vne pierre,
eftant agitée dans vne fronde, tend toujours à s'éloi-
gner du centre du cercle qu'elle décrit. Et toutesfois cette Planète, eftant vers A, n'ira pas pour cela s'écarI
1
1
|3
ainfi
après fe
omis.
—
10
le doit.
vite] qu'elle ajouté.
puide eftre.
—
— —
treuve'e.
—
i3
étroit.
que omis.
—
24
petit]
Le Monde.
72
465-466
ter vers L, d'autant quelle entreroit en vn endroit
du
Ciel, dont la matière auroit la force de la repoufler vers
N A C Z.
cercle
le
Et tout de
eftant vers C, elle
pas defcendre vers K, d'autant qu'elle
n'ira
environnée d'vne matière, qui luy
roit
mefme
force de remonter vers ce n'ira
D
mefme,
|
cercle
s'y
trouve-
donneroit
N ACZ.
la
Elle
pas non plus de B vers Z, ny beaucoup moins de
vers N, d'autant qu'elle n'y pourroit aller
fi
facile-
ment nyfi vite, que versC & vers A. Si bien qu'elle doit demeurer comme attachée à la fuperficie du petit Ciel
ABCD, & T
de
5
;
10
tourner continuellement avec elle autour
ce qui empefche qu'il ne fe forme vn autre petit
Ciel autour d'elle, qui la falTe tourner derechef autour
de fon centre. Je n adjoute point icy,
comment
fe
il
peut rencon-
i5
trervn plus grand nombre de Planètes jointes enfemble,
& qui prennent
comme
leur cours l'vne autour de l'autre,
nouveaux Aflronomes ont obfervées autour de Jupiter & de Saturne. Car je n'ay celles
que
les
pas entrepris de dire tout;
&
je n'ay parlé
en parti-
20
culier de ces deux, qu'afin de vous reprefenter la
Terre que nous habitons, par celle qui
&
Lune qui tourne autour marquée (^ la
d'elle,
efl
marquée
par celle qui
T, efl
.
Chapitre xt.
De
la Pefanlctir.]
Mais quelle
jc
dcfirc
efl la
maintenant, que vous confideriez
pefanteur de cette Terre,
force qui vnit toutes fes parties, I,
4,
8 d'autant]
i5, ig, 20, 25
omis.
—
16
Je] le.
vr.
id.
—
parce,
—
—
16 icy
i8 nou-
veaux
—
& id.
c'eft
qui
—
à dire la
fait qu'elles
19 de (second) id.
27 qui [second)
id.
25
Traité de la Lumière.
466-467.
73
tendent toutes vers fon centre, chacunes plus ou
moins, félon qu'elles font plus ou moins groffes folides
que 5
du
les parties
beaucoup plus tendent
tre,
&
laquelle n'eft autre,
;
ne confifte qu'en ce tournant
petit Ciel qui l'environne,
que
vite
&.
les fiennes
autour de fon cen-
avec plus de force à s'en éloigner,
auffi
&
par confequcnt les y repouffent. En quov fi vous trouvez quelque difficulté, fur ce quej'av tantoft dit que les corps les plus maffifs 10
Oi:
les plus folides, tels
que
j'ay
fuppofé ceux des Comètes, s'alloient rendre vers les circonférences des Cieux,
&.
qu
il
que ceux
n'y avoit
qui l'eftoient moins, qui fuifent repouflez vers leurs centres
;
comme
feulement 1
5
s'il
devoit fuivre de
les parties
de
la
Terre
les
que ce fuffent moins folides qui là,
pùlTent eflre pouiTées vers fon centre, dûflent s'en éloigner dit
que
les
:
&.
remarquez que,
corps les plus folides
&. les
que
les autres
lors
que
j'ay
plus maffifs ten-
doient à s'éloigner du centre de quelque Ciel, j'ay fup-
pofé qu'ils 20
fe
branle que la que,
ou
s'ils
mouvoient déjà auparavant de mefmc matière de ce Ciel. Car il eil certain
s'ils fe
meuvent, pourveu que ce
pour fuivre
qu'il n'eft requis ils 2 5
commencé
n'ont point encore
le
à fe mouvoir,
foit
moins
cours de cette matière,
doivent d'abord eltre chaffez par elle vers
autour duquel
elle
tourne,
et
vite
mefme
il
eft
centre
le
certain que,
& plus folides, ils y force & de viteffe. Et tou-
d'autant qu'ils feront plus gros feront pouffez avec plus de tesfois cela I
—
—
&... 7-8 trcuvez. -^ q
toutes omis.
finon. 17
n'empefche pas que,
les (second)
3
omis.
ŒuvRKs. VI.
—
ce] et
i3 làj
cela.
s'ils le
—
font aflez pour
22 pourveu omis.
23 requis] necefl'airc.
—
•
certain omis. 10
25
— il...
Le Monde.
74
compofer des Comètes,
467-4')8.
ne s'aillent rendre peu
ils
après vers les circonférences extérieures des Cieux
:
d'autant que l'agitation qu'ils auront acquife, en def-
cendant vers quelqu'vn de leurs centres, leur donnera infailliblement la force de paiïer outre, ^^ de remonter vers fa circonférence.
Mais
afin
que vous entendiez cecy plus clairement,
i
confiderez la Terre ^.6.7.8, qui,
EFGH,
comme
avec l'eau 1.2.J.4, lI l'air vous diray cy-aprés, ne font
je
compofez que de quelques-vnes des moins fes parties,
&
mefme maiïe avec
font vnc
folides de elle.
Puis
confiderez aufli la matière du Ciel, qui remplît non feu-
lement tout l'efpace qui 3
d'autant]
(second) omis,
parce.
—
6
—
lai la.
b
—
eft
de i>.
entre les cercles 1
2.
—
confiderez^ voyez. c\'
omis.
ABCD
—9
jc[ ie.
Traité de la Lumière.
468-469.
&
^.6.7.8,
mais encore tous
7^
les petits intervalles qui
font au deiïbus entre les parties de l'Air, de l'Eau,
de
penfez que, ce Ciel
la Terre. Et
L'i:
&.
cette Terre tour-
nant enfemble autour du centre T, toutes leurs parties tendent à s'en éloigner, mais beaucoup plus fort celles
5
'
du Ciel que celles de beaucoup plus agitées la Terre, les
10
caufe qu'elles font
la Terre, à
& mefme
;
plus agitées vers
le
aufli,
mefme
entre celles de cofté
que celles
du Ciel, tendent plus à s'en éloigner que les autres. En forte que, û tout l'efpace qui eft au delà du cercle 1
ABCD eftoit
vuide,
a dire, n'eftoit remply que
c'eft
d'vne matière qui ne pût relifter aux adions des autres corps, ny produire aucun effet confiderable (car ainfi qu'il faut i5
parties
prendre
le
nom
du Ciel qui font dans
c'efl
de vuidé), toutes les
ABCD
le cercle
en
fortiroient les premières, puis celles de l'Air &. de l'Eau les fuivroient,
&
enfin aufli celles de la Terre,
chacune d'autant plus promptement qu'elle fe trouveroit moins attachée au refte de fa mafte en mefme :
20
façon qu'vne pierre fort hors de elle eft agitée, fi-toft la poufl!iere,
que
la
fronde, en laquelle
l'on jette
&
que fur vne piroûete pendant
qu'on luy lafche
la
corde
;
qu'elle tourne, s'en écarte tout aufli-toft de tous coftez.
Puis confiderez que, n'y ayant point ainfi aucun iS
efpace au delà du cercle
où
les
parties
ABCD,
qui foit vuide, ny
du Ciel contenues au dedans de ce
cercle puiflent aller,
fi
ce n'eft qu'au
mefme
inftant
il
en rentre d'autres en leur place, qui leur foient toutes femblables, les parties de la Terre ne peuvent aufli 20 qu'vne que fort vne. omis.
—
j
de ut
—
— fort
22 que l'on]
qu'on peut. 28 en] y en.
— — rentre; jettcj
jetter.
—
entre.
Le Monde.
iC)
s'éloigner plus qu'elles ne font
469-470.
du centre T,
ce n'eft
fi
en defcende en leur place de celles du Ciel, ou d'autres terreftres, tout autant qu'il en faut pour la qu'il
remplir
ny réciproquement
;
monte tout autant
s'en approcher, qu'il n'en
d'autres en leur place. En forte
qu'elles font toutes oppofées les vnes
5
aux autres, cha-
cunes à celles qui doivent entrer en leur place, en cas qu'elles montent; & de mefme, à celles qui doivent y entrer, en cas qu'elles defcendent ainfi que les deux :
coftez d'vne balance le font l'vn à l'autre.
que,
comme
des coftez de
l'vn
la
C
efl;
balance ne peut
hauffer ny fe baiffer, que l'autre ne faffe au inftant tout le contraire,
emporte
l'autre
&
que toujours
ainfi la pierre R,
:
à dire
le
fe
mefme
plus pefant
par exemple,
eft
tellement opjpofée à la quantité d'air (juftement égale à fa grofleur), qui
au delTus d'elle, cl dont elle place, en cas qu'elle s'éloignât
davantage du centre T,
qu'il faudroit
air defcendît, à
mefme
de
aufli elle eft
neceftairement
mefure qu'elle monteroit.
occuper
ce centre, qu'il air
la
eft
Et
tellement oppofée à vne autre
pareille quantité d'air, qui eftaudeftbus d'elle, elle doit
&
20
dont
place en cas qu'elle s'approche de
befoin qu'elle defcende lors que cet
monte.
Or
il
eft
évident que, cette pierre contenant en foy
beaucoup plus de la matière de la Terre, & en recompenfe en contenant d'autant moins de celle du Ciel, r>
«5
eft
devroit occuper la
que cet
10
les...
autres omis.
cunes) chacune. K elle monte.
—
derechef.
—
9
— —
— 6-7 cha7 leurj
fa.
de melniej
elle
defcend.
—
16 qui... dont] duquel.
iS nccedaircmcnt o;»jî.
niefme| derechef. cet air! qu'il.
—
—
îf»
— de
23-24 que
25
Traité de la Lumière.
470-47'-
77
qu'vne quantité d'air d égale eftenduë,
& mefme
moins agitées par
parties terreftres eftant
fes
matière
la
du Ciel que celle de cet air elle ne doit pas avoir la force de monter au deffus de luy, mais bien luy, au :
5
contraire, doit avoir
au deffous
10
:
|
en forte
force de la faire defcendre
la
qu'il
trouve léger,
fe
ellant
comparé avec elle, au lieu qu'eftant comparé avec la matière du Ciel toute pure, il eft pefant. Et ainfi vous voyez que chaque partie des corps terreftres non pas indifféremment par toute eft preftee vers T :
la
matière qui l'environne, mais feulement par vne
quantité de cette matière, juftement égale à fa grofleur,
au deffous, peut prendre
qui, eftant
qu'elle defcende. i5
d'vn
mefme
Ce
qui
eft
corps, qu'on
en cas
fa place
caufe qu'entre les parties
nomme Hompgene, comme
ou de l'eau, les plus bafles ne font point notablement plus preflees que les plus entre celles de
hautes;
&
qu'vn
fort profonde, 20
l'air
fon dos, que
homme,
ne
s'il
la fent
eftant au deftbus d'vne eau
point davantage pefer fur
nageoit tout au
defl"us.
Mais s'il vous femble que la matière du Ciel, faifant ainfi defcendre la pierre R vers T, au deftbus de l'air qui l'environne, la doive auffi faire aller vers 6, ou vers 7, c'eft à dire vers l'Occident 25
plus vite que cet tout droit
&
air,
ou vers
en forte qu'elle ne defcende pas
à plomb, ainfi que font les corps pefans
fur la vraye Terre
:
confiderez, premièrement, que
toutes les parties terreftres comprifes dans ^, 6, 7, 8,
eftant preftees vers
b doit... force omis.
doit-
l'Orient,
—
G trcuvc.
—
T
le
cercle
par la matière du
10 pas] point.
—
23 doivcj
Le Monde.
78 Ciel, en la façon
que
je viens d'expliquer,
cela des figures fort irreguliercs
joindre
&
m^-m-'-.
accrocher
les
c<:
ayant avec
v.^:
diverfes, fe doivent
vnes aux autres,
ainfi
v."C
ne
compofer quvne maffe, qui eft emportée toute entière par le cours du Ciel A B C D en telle forte que, pen;
3
dant qu'elle tourne, celles de fes parties qui font, par
demeurent toujours vis à
exemple, vers
6,
qui font vers
2,
ment ny çà ny
Jà,
&
vis
de celles
vers F, fans s'en écarter notable-
qu'autant que les vents ou les autres
caufes particulières les y contraignent. Et de plus remarquez, que ce petit Ciel
10
ABCD
I
tourne beaucoup plus vite que cette Terre celles
de
fes
parties,
;
mais que
qui font engagées dans les
pores des corps terreftres, ne peuvent pas tourner
notablement .plus vite que ces corps autour du centre T, encore qu'elles fe meuvent beaucoup plus en divers autres fens, félon
vite
la difpofition
o
de ces
pores. Puis, afin que vous fçachiez, qu'encore que la tière
du Ciel
faiïe
approcher
la pierre
Rde
ma-
ce centre,
20
à caufe qu'elle tend avec plus de force qu'elle à s'en
éloigner, elle ne doit pas tout de
mefme
la
contraindre
de reculer vers l'Occident, bien qu'elle tende
auffi
avec plus de force qu'elle à aller vers l'Orient confiderez que cette matière du Ciel tend à s'éloigner :
du centre T, parce qu'elle tend à continuer Ion mouvement en ligne droite, mais qu'elle ne tend de l'Occident vers l'Orient, que Amplement parce qu'elle tend a
le
continuer de
—
— fontl toujouis ajouté. — I
en]
à.
je]
ic.
mefme
vitefiTe,
&
«S
après
ventj remuent.
it"i
mcu-
poarcc.
—
qu'il luy eft
—
2(1
e/28 parcej
29 de mefme] en
fa.
25
Traitk de la Lumière.
472-473.
d'ailleurs indiffèrent
Or
de
fe
79
trouver vers 6, ou vers
7.
meut quelque peu plus en ligne droite, pendant qu'elle fait defcendre la pierre R vers T, qu'elle ne feroit en la laiiïant vers R mais elle ne pourroit pas fe mouvoir fi vite vers l'Orient, fi elle il
eft
évident quelle fe
;
5
la faifoit reculer vers l'Occident,
que
fi
elle la laiife
en
ou mefme que û elle la pouffe devant foy. Et toutesfois, afin que vous fçachiez aufïi, qu'encore que cette matière du Ciel ait plus de force à faire defcendre cette pierre R vers T, qu'à y faire defcendre fa place,
10
qui l'environne, elle ne doit pas tout de
l'air
mefme en
avoir plus à la pouffer devant foy de l'Occident vers
'5
l'Orient,
ny par confcquent
que
en ce fens
la faire
mouvoir plus
vite
confidcrez qu'il y a juftemcnt autant de cette matière du Ciel, qui agit contre elle l'air
là
:
|
pour
defcendre vers T.
la faire
tl'
qui v emplove
toute fa force, qu'il en entre de celle de la Terre
en 20
la
compolition de fon corps;
&
que, d'autant qu'il
y en entre beaucoup davantage, qu'en vne quantité d'air de pareille eflenduë, elle doit eflre preffée beau-
coup plus
fort vers T,
que
n'efl cet air;
mais que, pour
la faire tourner vers l'Orient, c'eft toute la matière
du
contenue dans le cercle R, qui agit contre elle, & conjointement contre toutes les parties terreflres de en forte que, n'y l'air contenu en ce mefme cercle Ciel,
25
:
en ayant point davantage qui contre cet
air, elle
luy en ce fens trouver.
I
—
.^
at i3
14 que
—
ne doit point tourner plus
vifle
que que
là.
2 meiit|
renuic.
mouvoir remuer.
l'air
agiffe contre elle
owis.
—
—
iX d'au-
tant] parce.
24
ik omis.
—
23 R]
RK.
—
8o
Le Monde.
473-474-
vous pouvez entendre de cecv,
Et
dont
fe fervent plufieurs
mouvement de
Philofophes pour réfuter
le
vraye Terre, n'ont point de force
la
contre celuy de
qiie les raifons
Terre que
la
lors qu'ils difent que,
fi
la
Terre
Comme
vous décris.
je
fe
mouvoit,
les
corps
5
pefans ne devroient pas defcendre à plomb vers fon centre, mais plutoft s'en écarter çà
&
que
porter beaucoup ;
là vers le Ciel
;
canons, pointez vers l'Occident, devroient
les
l'Orient
&
&
que
grands vents,
plus loin, qu'eflant pointez vers
en
l'on devroit toujours fentir
&
&
oùir de grands bruits;
l'air
de
10
chofes fem-
blables, qui n'ont lieu qu'en cas qu'on fuppofe qu'elle
pas emportée parle cours du Ciel qui l'environne,
n'eft
mais qu'elle
eft
mue
par quelqu'autre force,
&
en quel-
qu'autre fens que ce Ciel.
CHAriTKE XII.
^^" ^dc^fifièrA^""''
|Or, après
vous avoir
i5
ainfi
expliqué
pefanteur des
la
parties de cette Terre, qui eft caufée par l'adion de la
matière du Ciel qui
que
je
eft
en
fes pores,
il
faut maintenant
vous parle dvn certain mouvement de toute
mafl'e, qui eft caufé
par la prefence de
la
Lune,
fa
comme
de quelques particularitez qui en dépendent.
auffi
Pour cet eftet, confiderez la Lune', par exemple vers B, où vous pouvez la fuppofer comme immobile, à comparaifon de la vitelTe dont fe meut la matière du Ciel qui eft fous elle; & confiderez que cette matière I
aulli. I
—
20-ii
Figure de 83 ei-aprcs.
a.
p.
—
7 ellcaul'cci arrive.^
tenant duit.
20
— 20
comme la
p.
1
S main-
caufci pro-
audi] &.
—
i-i
\'o\i2i
Vouv\
pouvez.
74 ci-avanl. Cette
à.
même
—
confidcrez.j
— 23 — 24 meut] icmuë.
avant Acci
clVct.
la
ligure servira jusqu'à la
25
1
1
TràÏTÉ DE LA LUMIERE.
474-475.
du
Ciel, ayant
qu
pafler,
elle
moins d'efpace entre o & 6 pour v n'en auroit entre B & 6 (fi la Lune |
n'occupoit point l'efpace qui
confequent 5
s'y
8
&
entre o
eft
B), t^
devant mouvoir vn peu plus
ne peut manquer d'avoir
peu toute
la
s'éloigne,
comme
la force
par
vifte, elle
de pouffer quelque
Terre vers D, en forte que fon centre
T
vous voyez, quelque peu du point
M, qui eft le centre du petit Ciel A B C D car il n'y a rien que le feul cours de la matière de ce Ciel, qui la fouftienne au lieu où elle eft. Et parce que l'air ')^(iiji :
10
8,
&
l'eau
I, 2, j,
4, qui
des corps liquides,
il
environnent cette Terre, font évident que la
eft
mefme
force
qui la preffe en cette façon, les doit auffi faire baiffer
non feulement du
vers T, |5
coftc 6,2, mais auflî de fon
& en recompenfe les faire hauffer aux en& 7, en forte que, la fuperficie de la Terre
oppofé 8,4, droits
^
,
EFGH
I
,
j
;
demeurant ronde, à caufe quelle
celle de l'eau 1,2,^,4,
&
celle
de
eft
l'air ^,6,7,8,
dure,
qui font
liquides, fe doivent former en ovale,
Puis confiderez que la Terre, tournant cependant
60
autour de fon centre,
par ce
tSt
moyen
faifant les jours,
qu'on peut divifer en 24 heures, comme les noftres, celuy de fes coftez F, qui eft maintenant vis à vis de la
&
pour celte raifon l'eau 2 eft moins haute, fe doit trouver dans fix heures vis^à-vis du Ciel marqué Cj où cette eau fera plus haute, & dans Lune,
5 5
fur lequel
2-3 signes de parenthèse omis.
—4 — mouvoir]rcmucr. — 7 quelque peu omis. — 8 petit — i3 — 14 b, ô & — i5 oppolej contraire. — s'yl
id.
f«-'-
aufli id.
:
2]
4 8
&
5 &. i,
&
8,
'.
omis.
—
4.
— 16
7
&
3.
:
5, i,
—
25 trouver.
VI.
1
(53G1I
31
19 doivent
formerj forment.
2.
Œuvres.
& 7,
—
Le Monde.
82
475-476.
heures vis-à-vis de l'endroit du Ciel marqué D, où Teau derechef fera plus baffe. En forte que la Mer, qui 12
efl:
& fix
reprefentée par cette eau 1,2,^,4, doit avoir fon flux fon reflux autour de cette Terre, de fix heures en heures,
comme
elle a
autour de celle que nous .
5
habitons.
Confiderez d'E par F vers
aufli
G,
que, pendant que cette Terre tourne
c'efl
vers l'Orient, l'enflure de l'eau jvers
I
&
^,xS:vers
j
Midy qui demeure
à dire de l'Occident par
et 7, paffe
i.<:
de
de
l'air
fa partie
le
Orientale
10
vers l'Occidentale, y faifant vn flux fans reflux, tout femblable à celuy qui, félon le rapport de nos Pilotes,
rend
la
navigation beaucoup plus facile, dans nos mers,
de l'Orient vers l'Occident, que de l'Occident vers l'Orient.
i5
pour ne rien oublier en cet endroit, adjoutons que la Lune fait en chaque mois le mefme tour que la Terre fait en chaque jour; & ainfi, qu'elle fait avancer peu à peu vers l'Orient les points i, 2, 3,4, qui marquent les plus hautes & les plus baffes marées en forte que ces marées ne changent pas precifément de fix heures en fix heures, mais quelles retardent d'environ la cinquième partie d'vne heure à chaque fois, ainfi que font auffi celles de nos mers. Confiderez, outre cela, que le petit Ciel A B C D n'efl pas exaélement rond, mais qu'il s'eftend avec vn peu plus de liberté vers A & vers C, & s'y meut à proportion plus lentement que vers B, & vers D, où il ne peut pas fi aifément rompre le cours de la matière de l'autre Et
:
— 4fon — \o\erii{secoitd)omis. — 2-2licurts I
marque
Dow/'s.
id.
— 26 vn peu omis. {premier) — 27 mcut| remue. — 28 &] id.
ni.
20
25
Traité de la Lumière.
470-477-
Ciel qui le contient
5
en pas
les
Aftronomes obfervent
fi
facilement rendre raifon par les hypothefes dont fervent.
quand
de cette Lune, qui différent,
les autres effets
de quand elle
elle eft pleine,
dépendent manifeftement de autres particularité/, du llux
dent en partie de
Mer,
&
&
du
fervent pas à
&
les
dépen-
mon
décrire.
Si
fujet
bien
;
v'v;
qu'il
expliquer cette adion des
ne
3 mouvoir] remuer. icn]dc. 5 foient 4 élire. ..que faire.
—
10 peut-ellre omis.
&
—
dit,
les autres
de
la
ou bien
fe faifant
pas en
je ferois
me Cieux & ne
tantoft dit devoir eftre prife
—
pour
&
Lune,
des Cieux, ou vous les pou-
plan que ceux dont j'ay parlé,
—
pour
des coftes de la
tant de la Terre
vez affez entendre de ce que j'ay
o)itis.
ils
reflux, elles
les obferve. Enfin,
que des autres Aftres
—
nouvelle,
fa lumière. Et
la diverfe fituation
mouvemens généraux,
les
eft
en partie des vents qui régnent aux temps
aux lieux qu'on
25
toutes fcmblables
vraye Lune, bien qu'ils n'en puifTent pcut-eftre
[Pour
20
auffi
la
ils fe
i5
Lune, qui de-
la
meure toujours comme attachée à fa fuperficie extérieure, fe doit mouvoir vn peu plus vifle, & s'écarter moins de fa route, & enfuite eftre caufe que les flux & les reflux de la Mer foient beaucoup plus grands, lors qu'elle efl vers B, où elle eft pleine, & vers D, où elle ert nouvelle, que lors qu'elle eft vers A, &. vers C, où elle n'eft qu'à dcmy pleine. Qui font des particularité/, que
lo
en forte que
:
8j
ils
ne
mefme
trop long à
refte plus icy qu'à
des Aftres, que j'ay
pour leur Lumière. 11
—
les
hypothefes] l'hypotheze.
14 de]
omis.
&.
—
16
du
[second]
— 23-25 &... décrire om/s.
Le Monde.
84 Chapitre XIII. J
[De
la
Lumière.]
J'ay déjà dit pluficurs fois,
478-
que
corps qui tour-
les
^enten fond, tendent toujours à s'éloigner des centres des cercles qu'ils décrivent; mais il faut icy que je détermine plus particulièrement, vers quels coftez tendent les parties de la matière, dont les Cieux & les Aftresfont compofez. Et pour cela il faut fçavoir que, lors que je dis qu'vn corps tend vers quelque cofté, je ne veux pas pour cela qu'on s'imagine qu'il ait en foy vne penfée ou vne volonté qui l'y porte, mais feulement qu'il eft difpofé à fe mouvoir vers là foit que véritablement il s'y meuve, foit plutoll que quelqu'autre corps l'en empefche; & c'eft principalement en ce dernier fens que je me fers du mot de tendre, à caufe qu'il femble fignifier quelque effort, & que tout effort préfupofe de la
5
ro
:
refiftance.
Or, d'autant
qu'il fe
trouve fouventdiverfes
mefme
caufes qui, agiffant enfemble contre vn
empefchent
l'effet l'vne
de
toft efté dit,
que
mefme corps tend
mefme temps
les parties
de
la
corps,
on peut, félon di-
l'autre,
verfes confiderations, dire qu'vn
vers divers coftez en
i5
:
ainfi qu'il a
Terre tendent à
tan-
20
s'éloi-
gner de fon centre, entant qu'elles font confiderées toutes feules; &. qu'elles tendent, au contraire, à s'en approcher, entant que l'on confidere parties
du Ciel qui
3 après \cy\
renient ajoulé l.
6
4). lesl
omis.
fâchez
les y pouffe;
plus particulic{et
16 d'autant treuve.
à
cet
etlet.
—
7.
N
et
—
iS
ajouté. ce.
—
io.
les]
fçavoir!
7
je]
force des
derechef, qu'elles
omis ensuite
— de... des. — des. — font compofez — pour... 5
14
&
la
—
1
!>
parce. |
&!
—
car.
—
trouve]
17 agiHant] agiflcnt.
avant
—m
empefchent] qu'vn mcfnic
& que
25
Traité de la Lumière.
478-480.
tendent à s'en éloigner,
fi
on
85
les confidere
comme
oppofées à d'autres parties terreftres, qui compofent des corps plus malTifs qu'elles ne font. par exemple",
Ainfi, 5
fronde fuivant
le
|
au point A,
eft
fi
cercle
tend vers C, lors qu'elle
;
&
elle
tend circulairement d'A
on confidere fon mouvement comme réglé déterminé par la longueur de la corde qui la re-
vers B,
10
A B,
tourne dans vne
on ne confidere autre chofe que fon
agitation toute feule
&
la pierre qui
tient;
fi
&
mcfme
enfin la
pierre tend vers E,
confiderer la partie de fon agitation dont
fi
fans
l'effet n'eft
point erapefché, on en oppofe l'autre partie à
la refi-
ftance que luy fait continuellement cette fronde.
i5
Mais pour entendre diftindement ce dernier point, imaginez -vous l'inclination qu'a cette pierre à fe
20
mouvoir d'A vers C, comme fi elle eftoit compofée de deux autres, qui fuflent, l'vne de tourner fuivant le cercle AB, & 1 autre de monter tout droit fuivant la ligne VX Y & ce en telle proportion, que, fe trouvant à l'endroit de la fronde marqué V, lors que la fronde elt à l'endroit du cercle marqué A, elle fe deuft trouver par après à l'endroit marqué X, lors que la fronde feroit vers B, iSc à l'endroit marqué Y, lors qu'elle feroit vers F, & ainfi demeurer toujours en la
25
ligne droite
;
ACG.
Puis, fçachant que l'vne des par-
de fon inclination, à fçavoir celle qui
ties
vant
le
cercle
A B, n'eft nullement empefchée
—
parexem4 Ainfi] Et ainfi. 8 confidert ne con-
— que. —
pic omis. lldcre a.
Figure de
la
,
lo pierre omis. la p.
46 ci-avant.
—
porte fui-
par cette
— 20-21 que — 22 trouver, — paromis. — en. — 2bà omis. 18 tout droit omis.
la
fronde] qu'elle. à]
Le Monde.
86
480.
fronde, vous verrez bien qu'elle ne trouve de
refi-
ftance que pour l'autre partie, à fçavoir pour celle
DVXY,
qui la feroit mouvoir fuivant la ligne n'eftoit point
empefchée;
ne tend, c
eft
à dire qu elle ne
s'éloigner
diredement du centre D.
elle
fi
par confequent, qu'elle
&.
fait eftbrt,
Et
que pour remarquez
5
que, félon cette considération, cftant au point A, elle
tend
fi
véritablement vers
E,
qu'elle n'efl point
tout plus difpofée à fe mouvoir vers
bien qu'on pourroit aifément traire,
fi
perfuader
on manquoit à confiderer
mouvement
entre le
eft
fe
H que
vers le
du I,
con-
10
la différence qui
qu'elle a déjà;
&
l'inclination
à fe mouvoir qui luy refte.
Or vous devez
penfer, de chacune des parties du
fécond Elément qui compofent
mefme que de
cette pierre
:
c'eft
Cieux, tout
les
le
i5
à fçavoir, que celles
qui font par exemple vers E, ne tendent de leur propre
que vers P; mais que la refiftance des autres parties du Ciel, qui font au deflTus d'elles, les fait tendre, c'eft à dire les difpofc à fe mouvoir fuivant le cercle ER. Et derechef, que cette rcfiftancfc, inclination
20
oppofée à l'inclination qu'elles ont de continuer leur mouvement en ligne droite, les fait tendre, c'eft à dire, eft caufe qu'elles font effort pour fe mouvoir vers M. Et ainfi, jugeant de toutes les autres en
mefme
vous voyez en quel fens on peut dire qu'elles tendent vers les lieux, qui font diredement oppofez au centre du Ciel qu'elles compofent. forte,
— 2i\omis. — — 3 qu'elle — — 10 pourroit I
3-4ri...
trcuvc.
empefchée
id.
I
fe laiffàt.
id.
aifé-
menti facilement.
—
i6
c'e,ft
18 PJ G.
à id.
—
21
—
—
le
17
K^
KR! EF.
omis.
C—
25
Traité de la Lumière.
4S0-481.
Mais ce
87
y a encore en elles à confiderer de plus qu'en yne pierre qui tourne dans vne fronde, qu'il
c'eft qu'elles
font continuellement pouffées, tant par
|
toutes celles de leurs femblables qui font entre elles 5
&
l'Aflre qui
par
la
occupe
centre de leur Ciel, que
le
matière de cet Aflre,
nement par
les autres.
&.
mefme
qu'elles ne le font aucu-
Par exemple, que celles qui
K K
x H
I
font vers E, ne font point pouffées par celles qui font vers M, ou vers T, ou vers R, ou vers K, ou vers H, 10
mais feulement par toutes celles qui font entre t
ce qu'il
il.
—3
-9'riG. -RIF.
c'elt
omis.
les
— 6-7 aucunement] en aucune façon.
Le Monde.
88
deux lignes Soleil
;
A F, DG, &
ce qui
eft
481-482.
enfemble par
la
matière du
caufe quelles tendent, non feulement
vers M, mais auifi vers
&
L,
vers N,
&
généralement
vers tons les points où peuvent parvenir les rayons,
ou lignes droites, qui, venant de quelque partie du Soleil, paflent par le lieu où elles font. Mais, afin que l'explication de tout cecy foit plus facile, je defire que vous confideriez les parties du fécond Elément toutes feules, & comme fi tous les efpaces qui font occupez par la matière du premier, tant celuy où eft le Soleil que les autres, eftoient vuides. Mefmes, à caufe qu'il n'y a point de meilleur moyen pour fçavoir fi vn corps eft pouffé par quelques autres, que de voir û ces autres s'avancercient aduel-. lement vers le lieu où il eft, pour le remplir en cas qu'il fuft vuide, je defire aufli que vous imaginiez que les parties du fécond Elément qui font vers E, en foient oftées; & cela pofé, que vous regardiez-, en premier lieu, qu'aucunes de celles qui font au deffus du cercle TEP, comme vers M, ne font point difpofées à remplir
5
10
|
"5
20
leur place, d'autant qu'elles tendent tout au contraire
à s'en éloigner; puis
auffi,
que celles qui font en ce
non plus difpocar, encore bien qu'elles fe meuvent véritablement
cercle, à fçavoir vers T, n'y font point fées
de
:
T
vers G, fuivant le cours de tout
fois,
pourcc que
celles qui
auffi
avec pareille
vitefl'e
imaginer mobile tout omis.
i\
id.
Ti
font vers F, fe
toutes-
meuvent
vers R, l'efpace E, qu'il faut
comme
— 17 en — 20 TER] F. E. G. — 21 d'autJint F. parce. — 23 omis. — 7
le Ciel,
elles,
ne
—
pas de
laifferoit
24 bien qu'elles] que vciitahlenient elles. véritablement omis. 2DdeTjd'F. 2bF|(î.
—
—
—
25
Traité de la Lumière.
482-483.
89
demeurer vuide entre G & F, s'il n'en venoit d'autres d'ailleurs pour le remplir. Et en troifiéme lieu, que celles qui font au defTous de ce cercle, mais qui ne
A F, DG, comme
font pas comprifes entre les lignes 5
H & vers
celles qui font vers
nement
K, ne tendent auflî aucu-
à s'avancer vers cet efpace E pour le remplir,
encore que l'inclination qu'elles ont à s'éloigner du point S les y difpofe en quelque forte ainfi que la pefanteur d'vne pierre la difpofe, non feulement à def:
10
cendre tout droit en
à rouler de
l'air libre, niais auffi
montagne, en cas
travers fur le penchant d'vne
qu'elle
ne puilTe defcendre d'autre façon.
Or
empefche de tendre vers cet
la raifon qui les
efpace, eft que tous les i5
autant qu'il
eft poffible,
mouvemens
fe
en ligne droite;
continuent,
&
par confe-
quent, que, lors que la Nature a plufieuiS voyes pour
parvenir à vn
blement 20
mefme
effed, elle fuit toujours infailli-
plus courte. Car
la
fi |
les parties
Elément qui font par exemple'' vers K, s'avançoientvers E, toutes celles qui font plus proches qu'elles du Soleil,
s'avanceroient
au mefme inftant vers le lieu ainfi l'effet de leur mouvement
auffi
qu'elles quiteroient;
&
ne feroit autre, finon que l'efpace E qu'il y 25
du fécond
en auroit vn autre d'égale grandeur, en
ABCD,
conférence
temps. Mais fuivre
il
eft
qui deviendroit vuide en
manifefte que ce
beaucoup mieux,
2 d'ailleurs o;hi5.
— 5-6 aucu— iZ après
nement] nullement.
a.
fe rempliroit,
Figure de
la p.
Œuvres.
VI.
fi
mefme
&
la cir-
mefme
eff'et
peut
celles qui font entre les
les]
en ajouté.
—
—
17
efpace omis.
i3-i4 de... vn omis.
87 ci-avant. la
Le Monde.
ço
A F, DG,
lignes
-4S3-4«4-
s'avancent tout droit vers E;
&
par
confequent, que, lors qu'il n'y a rien qui en empefche celles-cy, les autres n'v tendent point
du tout
:
non
plus qu'vne pierre ne tend jamais à defcendre obli-
quement vers
le
centre de la terre, lors qu'elle y peut
5
defcendre en ligne droite. Enfin confiderez que toutes les parties
Elément, qui font entre les lignes AF,
du fécond
DG,
doivent
s'avancer enfemble vers cet efpace E, pour le remplir
au mefme inftant qu'il eft vuide. Car, encore qu il n'y ait que l'inclinaîtion qu'elles ont à s'éloigner du point S qui les y porte, Oi: que cette inclination fafle que celles qui font entre les lignes BF, CG, tendent plus diredement vers là, que celles qui reftent entre les lignes A F, BF, & DG, CG vous verrez neantmoins que ces dernières ne laifTent pas d'eftre auffi difpofées que les autres à y aller, (i vous prenez garde à l'eft'et :
qui doit fuivre de leur
mouvement, qui
lo
«5
n'eft autre
comme j'ay dit tout maintenant, que l'efpace E remplille, & qu'il y en ait vn autre d'égale grandeur,
finon, fe
en
la
circonférence
ABCD,
mefme temps. Car, pour
le
20
qui devienne vuide en
changement de
fituation
qui leur arrive dans les autres lieux qu'elles rempliffoient auparavant,
pleins,
il
n'eft
Oi;
qui en demeurent après encore
aucunement confiderable, d'autant
qu'elles doivent cflre fuppofées
égales
&
fi
pareilles
vnes aux autres, qu'il n'importe de quelles
en tout
les
parties
chacun de ces lieux
— Snéant— i5 9 — moins" toutcsfois. — 21 en 7 confiderez]
le
fi
regardez.
doivent avancer,
à.
foit
remply. Remarquez
23 d'autant parce. omis.
—
iSpaities
25
Traité de la Lcmiere.
484-485.
5
neantmoins qu'on ne doit pas conclure de cecy qu'elles foient toutes égales, mais feulement que les mouvemens dont leur inégalité peut eftre caufe, n'appartiennent point à l'adion dont nous parlons. Or il n'y a point de plus court moyen pour faire qu'vne partie de l'efpace E
exemple qui
la
rempliffant, celuy par
fe
devienne vuide, que
fi
toutes
matière, qui fe trouvent en la ligne
DG, ou DE,
droite
D
vers
cft
de
les parties
10
91
s'avancent enfemble vers E; car
que celles qui font entre les lignes BF, CG, qui s'avançaiTent les premières vers cet efpace E, elles en laifleroient vn autre au deffous d'elles vers V, dans lequel devroient venir celles qui font vers D en s'il
n'y avoit
:
forte i5
que
le
mefme
mouvement de
DG, ou DE, eft
en
la
matière qui
le feroit
la ligne
qui peut eftre produit par
effet,
par
le
en
la ligne droite
mouvement de
DVE;
courbe
eft
ce qui
le
eft
j
celle qui
contraire aux
loix de la Na»^ure.
Mais, 20
fi
prendre,
vous trouvez icy quelque
comment
entre
A&
du fécond Elément, qui DG, peuvent s'avancer toutes
A F,
E, fur
ce qu'y ayant plus de diftance
D, qu'entre F
(!^
G, l'efpace où
entrer pour s'avancer ainfi, 25
com-
les parties
font entre les lignes
enfemble vers
difliculté à
d'où elles doivent fortir
:
cft
elles doivent
plus eftroit que celuy
confidcrez que ladion par
laquelle elles tendent à s'éloigner du centre de leur Ciel, ne les oblige point à toucher celles de leurs voifines, qui font à pareille diftance qu'elles
— iq trouvez. — comment] touchant peuvent que. — 21
8 treuvcnt.
i()-2o la
i\...
façon
fe
auancer. cet effet.
— —
de ce centre,
24 pour... ainfil à 28 qu'elles omis.
Le Monde.
92
485-486.
mais feulement à toucher celles qui en font d'vn degré plus éloignées. Ainfi que la pefanteur des petites boules 1,2,^,4,^, n'oblige point celles qui font mar-
quées d'vn mefme chiffre à s'entretoucher, mais feu-
lement oblige celles qui font marquées s'appuyer fur celles qui font marquées celles-cy fur celles qui font
marquées
j
i
2
ou
ou ou
10, à
20,
&
jo, S: ainfi
en forte que ces petites boules peuvent bien n'eilre pas feulement arrangées comme vous les voyez en cette feptiéme figure*', mais auffi comme elles font de fuite
en
la
5
:
huid
|
&
neufiéme^',
&
10
en mille autres diverfes
façons.
Puis confiderez que ces parties du fécond Elément, fe
remuant feparément
les
vnes des autres,
a efté dit cy-deffus qu'elles doivent
— — font omis. —
8 que... boules] qu'elles. peuvent... feulemcnt| ne peuvent pas feulement être.
8-9
10 cette! a.
b.
—9
la.
—
elles
faire,
En
ainfi qu'il
ne peuvent
II
neufiéme.
les
deux qui fuiucnt.
omis.
—
1
3 cy)
noie
:
qui font
— diverfes
ic)'.
La figure ci-dessus est numéroide « 7 F. », dans rédition de 1677. Mtimc remarque pour les trois figures suivantes, p. 93 et p. 94 8. :
F.
—
10 F.
»
F.
'5
Traité de la Lumière.
486-487-
comme
jamais élire arrangées tiéme figure
;
&
les
9}
boules de
toutesfois, qu'il n'y a
que
la fep-
cette feule
façon, en laquelle la difficulté propofée puiffe avoir
quelque
lieu.
Car on ne fçauroit fuppofer
fi
peu
d'in-
tervalle entre celles de fes parties qui font à pareille
du centre de leur Ciel, que cela ne pour concevoir que l'inclination qu'elles ont à diftance
gner de ce centre, doit 10
entre les lignes
A F, DG,
E, lors qu'il eft
vuide
:
faire
s'éloi-
avancer celles qui font
toutes enfemble vers l'efpace
ainfi
fiéme figure, rapportée à
fufi\fe
la
que vous voyez en
dixième, que
la
la
neu-
pefanteur
des petites boules 40, ^o &c., les doit faire defcendre
5
Le Monde.
94
487
toutes ei^iemble vers refpace qu'occupe celle qui
marquée
50, fi-toft
que celle-cy en peut
eft
fortir.
comment marquées d'vn mefme
Et l'on peut icy clairement appercevoir,
celles de ces boules qui font
rangent en vn efpace plus eftroit que n'efl celuv d'où elles fortent, à fçavoir en s'approchant Tvne de l'autre. On peut auffi appercevoir que les chiffre, fe
deux boules marquées 40 doivent defcendre vn peu plus vite, & s'approcher à proportion vn peu plus l'vne de l'autre, que les trois marquées ^o, &. ces trois, que, les quatre marquées 20, & ainfi des autres. En fuite dequoy, vous me direz peut-eftre, que, comme il paroift, en la dixième figure % que les deux boules 40, 40, après eftre tant foit peu defcenduës, viennent à s'entretoucher (ce qui eft caufe qu'elles s'arreftent fans pouvoir defuendre plus bas) tout de mefme :
les parties 3
l'onj on.
du fécond Elément qui doivent s'avancer
—
0)
il
omis.
—
\b-ifi sif^ucs
17 le doivent avancer. a.
Figure ci-dessus do cctic
p.
94.
de pareil Ihèse omis.
—
5
10
1
Traité de la Lumière.
487-488.
que d'avoir achevé de remplir tout l'cfpace que nous y avons fuppofé. Mais je répons à cela, qu'elles ne peuvent fi peu s'avan|cer vers là, que ce ne foit affez pour prouver parfaitement ce que j'ay dit c'eil à fçavoir, que tout refpace qui y eft, eftant déjà plein de quelque corps, vers E
5
9^
arrefteront, avant
s
:
quel qu'il puifTe eflre, elles preflent continuellement ce corps,
comme pour
font effort contre luy,
&.
le
chaffer hors de fa place. 10
que leurs autres mouvemens, qui continuent en elles pendant qu'elles s'avancent ainfi vers E, ne leur permettant pas de demeurer Puis, outre cela, je répons
vn feul
moment
mefme
arranrjées en
forte, les
empef-
chent de sentrctoucher, on bien font qu'après seftre i5
touchées elles ainfi
le
feparent incontinent derechef,
&
ne laiiïent pas pour cela de s'avancer fans inter-
ruption vers l'efpace
E,
jufques à ce qu'il foit tout
remply. De forte qu on ne peut conclure de cecy autre chofc, finon que la force dont elles tendent vers E, 20
peut-eftrc
eft
fe
comme
tremblante,
fe
redouble
&
relâche à divcrfes petites fecoulfes, félon qu'elles
changent de fituation ce qui femble fort convenable à la Lumière. :
Or 25
&
eftre
vne propriété
vous avez entendu tout cecy fuffifamment, en
fi
fuppofant les efpaces E
&
&
S,
tous les petits angles
qui font entre les parties du Ciel,
comme
vuides, vous
l'entendrez encore mieux, en les fuppofant eftre remplis
de
la
matière du premier Elément. Car les parties
de ce premier Elément, qui io
fe
trouvent en l'efpace
E,
ne peuvent empefcher que celles du fécond, qui font 3 à cela
omis.
—
^ c'cll à id.
—
i
i
en elles
id.
Le Monde.
96
488-489.
A F, DG, ne s'avancent pour le remplir, tout de mcfme que s'il eftoit vuide à caufe qu'eftant extrêmement fubtiles, & extrêmement agientre les lignes
:
tées, elles font toujours auiïi prelles à fortir des lieux
où
elles fe trouvent,
que puiiTe
eftre
aucun autre corps
5
à y entrer. Et pour cette mefme raifon, celles qui occupent les petits angles qui font entre les parties du Ciel, cèdent leur place fans refiftance à
viennent de cet efpace point lieu, à
&
S.
E,
&
|
celles qui
qui fe vont rendre vers le
Je dis plutoft vers S, que vers aucun autre
10
caufe que les autres corps, qui eftant plus vnis
plus gros ont plus de force, tendent tous à s'en
éloigner.
Mefmes
remarquer qu elles pafTent d'E vers S entre les parties du fécond Elément qui vont d'S vers E, fans sempefcher aucunement les vnes les autres. Ainfi que l'air, qui eft enfermé dans l'horloge XYZ, monte de Z vers X au travers du fable Y, qui ne laifle pas pour cela de dcfcendre cependant vers Z. Enfin les parties de ce premier Elément, qui fe trouvent' en l'efpace ABCD, où elles compofent le corps du Soleil, y tournant en rond fort promptement autour du point S, il
faut
f
tendent à s'en éloigner de tous coftez en ligne droite, fuivant ce que je viens d'expliquer;
& parce moyen
toutes celles qui font en la ligne S D, pouffent enfemble
—
5 treuvent.
—y
qui omis.
22 treuvent.
a.
Figure de
la p.
87 ci-avant.
—
10 Je] Ici
—
16
aucunement omis.
i5
20
aJ
Traité de la Lumière.
489-490.
du fécond Elément qui
partie
la
97 au point D;
efl
I
&
toutes celles qui font en la ligne SA, poufTeni celle qui
efl:
au point A,
que cela
5
&
des autres. En telle forte
ainfi
pour faire que toutes ces parties du fécond Elément qui font entre feul fuffiroit
A F, DG,
avançaflent vers l'efpace
s
E,
celles de les lignes
encore quelles
n'y euiïent aucune inclination d elles-mefmes.
Au
puisqu'elles doivent ainfi s'avancer vers
reflie,
cet efpace E, lors qu'il n'eft 10
du premier Elément,
il
occupé que par
la
certain qu'elles
eft
matière
tendent
à y aller, encore mefme qu'il foit remply de quelqu'autre corps; & par confcquent, qu'elles pouffent, aufli
&
font effort contre ce corps,
hors de i5
homme
chalîcr
En forte que, fi c'efloit l'œil dvn au point E, il feroit pouffé aduelle-
qui fufl
le Soleil,
que par toute
Ciel, qui efl entre les lignes
Or il faut fçavoir que les Monde feront de telle nature,
Lumière,
ainfi
Mais
me
que
je
la
A F, DG. hommes de
matière du ce nouveau
que, lors que leurs yeux
feront pouflez en cette façon,
ment tout femblable
2 5
le
fa place.
ment, tant par
20
comme pour
ils
en auront vn fcnti-
que nous avons de la diray cy-aprés plus amplement. à celuy
veux arrefler encore vn peu en cet endroit, à expliquer les proprietez de l'adion dont leurs yeux peuvent ainfi eflre pouffez. Car elles fe rapporje
tent toutes
quons en
fi
la
parfaitement à celles que nous remar-
Lumière, que, lors que vous les aurez
— 12 qu'elles — i4c'eftoit] —
3 forte] façon.
pouffent omis.
—
c'efl.
i3 fullj foit.
ŒuvuEs.
VI.
feroit] fera.
—
18 Or] Et.
otvis.
24
— 22
—
je] ie.
20 en {second}
— cy omis. —
leurs] les. i3
Chmiire xiv.
'^"
Propriété^ de
la
Le Monde.
98
490-49'-
que vous avouerez, comme moy, qu'il n'eft pas befoin d'imaginer, dans les Aftres ny dans les Cieux, d'autre Qualité que cette aélion, qui s'appelle du nom de Lumière. Les principales proprLetez de la Lumière font I. qu'elle s'eftend en rond de tous codez autour des corps qu'on nomme Lumineux. 2. Et à toute forte de diftance. y Et en vn inftant. 4. Et pour l'ordinaire en lignes droites, qui doivent eftre prifes pour les rayons de la Lumière. ^. Et que plufieurs de ces rayons, venant de divers points, peuvent s'affembler en vn mefme point. 6. Ou, venant d'vn mefme point, peuvent s'aller confijderées, je m'afïure
:
rendre en divers points.
&
7.
point,
peuvent pafler par vn
fans s'empefcher les vns les autres.
peuvent
8. Et qu'ils
auffi
10
Ou, venant de divers points,
allant vers divers points,
mefme
5
i5
quelquefois s'empefcher les
vns les autres, à fçavoir quand leur force eft fort inégale, & que celle des vns eft beaucoup plus grande
que celle des autres. 9. Et enfin, qu'ils peuvent eftre détournez par reflexion. 10. Ou par refradion. 1. Et que leur force peut eftre augmentée, 2. ou diminuée, par les diverfes difpofitions ou qualitez de la matière qui les reçoit. Voila les principales qualitez qu'on 1
20
1
obferve en la Lumière, qui conviennent toutes à cette
que vous Que cette adion
adion, I
.
ainfi
—
5
fe
doive eftendre de tous coftez
— 3 d'autres qua-
id.
après principales] de
id.
2 pas] point. litcz.
— de Lumière om/s. — 8 Et {second)omis. — 12 point — 4 points [3fois) — 14 peuvent — i3 point cesajouté.
(-•/o/s) id.
id.
la
1
3-
1
id.
^5
allez voir.
—
iS les.
—
19 qu'entin
—
peut eltre
voir id.
.
.
autres id.
18-10 &... autres ils. /iV.
— 17a —
— que — 23-j5« 21
id.
omis.
\\)ila...
—
Traité de la Lumière.
49'-492-
autour des corps lumineux, à caufe que
en
la raifon
du mouvement
c'eft
99 eft
évidente,
circulaire de leurs
parties qu'elle procède. 2. Il eft 5
évident
auffi,
qu
peut s'eftendreà toute
elle
forte de diftance. Car, par exemple, fuppofant
parties
du
que
A F & DG,
Ciel, qui fe trouvent entre
les
font
-mefmes difpofées à s'avancer vers E, comme nous avons dit qu'elles font, on ne peut pas douter non plus, que la force dont le Soleil pouffe celles qui font vers A B C D, ne fe doive auffi eftendre déjà d'elles ]
10
jufques à
encore
mefme
y euft plus de diftance des vnes aux autres, qu'il n'y en a depuis les plus E,
qu'il
hautes Etoiles du Firmament jufques à nous.
i5
que
Et fçachant
j.
qui font entre
les parties
du fécond Elément,
AF & DG, fe touchent &
on ne peut pas
l'vne l'autre autant qu'il eft poffible,
douter que l'adion, dont
auffi
preffent toutes
premières font
les
pouffées, ne doive paffer en vn inftant jufques aux
dernières: tout de îo
mefme que
celle
dont on pouffe
l'vn
des bouts d'vn bâton, paffe jufques à l'autre bout
au mefme inftant. Ou plutoft, afin que vous ne faffiez point de difficulté fur ce que ces parties ne font point attachées l'vne à l'autre, ainfi que
bâton 25
:
mefme qu'en
tout de
petite boule
Quant
6 treuvent. omis.
a.
—
font celles d'vn
neufiéme figure*,
marquée ^o defcendant vers
marquées 10 defcendent 4.
la
le
à ce qui
—
9
12 de l'une
Seconde figure de
eft
vers là au
auffi
inftant.
des lignes fuivant lefquelles
—
14 Et omis.
à
23
\e id.
l'autre.
la p.
6, les autres
mefme
non plus
93 ci-avant.
la
—
itS
pas
ùï.
fe
Le Monde.
lOO
communique rayons de
cette adion,
Lumière,
la
il
&
492-493.
qui font proprement les
faut remarquer qu'elles diffé-
des parties du fécond Elément par fentremife
rent I
mefme adion
defquelles cette
communique
fe
quelles ne font rien de matériel dans
où
le
;
&
milieu par
mais qu'elles defignent feulement en fuivant quelle détermination le corps Lu-
elles paffent,
quel fens,
mineux
&.
agit contre celuy qu'il illumine
ne doit pas
laiiïer
;
&
ainfi,
qu'on
de les concevoir exadement droites,
encore que
les parties
du fécond
Elé-
10
ment, qui fervent à tranfmettre cette adion, ou
la
Lumière, ne puiiTent pref-
diredement pofées l'vne fur l'autre, qu'elles compofent des lignes toutes droites. Tout de mefme que vous pouvez aifément concevoir que la main A pouffe le corps E fuivant la ligne droite AE, encore qu'elle ne le pouffe que par l'entremife que jamais
eflre
fi
du bâton BCD, qui eft tortu. Et tout de mefme auffi pouffe celle qui eft que la boule marquée marquée 7, par l'entremife des deux marquées
i5
20
i
,
^
,
,
^
auffi
autres ^.
diredement que par l'entremife des
2, j, 4, 6.
6.
'Vous pouvez auffi aifément concevoir
comment
plulieurs de ces rayons, venant de
divers points, s'affemblent en vn
ou, venant d'vn
mefme
mefmepoint
;
point, fe vont rendre en divers
points, fans s'empefcher, ny dépendre les vns des 7 &.., détermination omis. 1
1-12 cette... ou id.
— 20
auffi.
—
—
2.S
:
3.
ment
f).
— — 27, 28 point omis.
après concevoir.
aulTi.
aifé-
25
Traité de la Lumière.
492-49^-
autres.
Comme
vous voyez en
&
au point E;
la fixiéme figure", qu'il
ABCD,
en vient plufteurs des points
ioi
qui s'aflemblent
en vient plufieurs du feul point D,
qu'il
&
qui s'eftendent l'vn vers E, l'autre vers K, 5
vne
infinité d'autres lieux.
mefme que on
femblent toutes en
i
|
,
2
,
j
,
4,
dont
,
5
s'af-
& que
la poulie,
de cette poulie s'eftend
la refiftance 10
Tout de
les diverfes forces
cordes
tire les
ainfi vers
à toutes les diverfes mains qui
ti-
rent ces cordes.
Mais pour concevoir comment plufieurs de ces rayons, venant de divers points, & allant vers divers 7.
mefme point, fans s'emcomme, en cette fixiéme
points, peuvent paffer par vn i5
pefcher les vns les autres,
20
deux rayons A N & D L pafTent par le point E il faut confiderer que chacune des parties du fécond Elément eft capable de recevoir plufieurs divers mouvemens en mefme temps; en forte que celle qui eft, par exemple, au point E, peut tout enfemble eftre pouffée vers L, par l'adion qui vient de l'endroit du Soleil marqué D, & en mefme temps vers N, par celle qui vient de l'endroit marqué A. Ce que vous entendrez encore mieux, fi vous confiderez qu'on peut figure '', les
:
—
1-2 -]u'il... vous voyez ow/s. plufieurs] les rayons qui vicnI
nent. — 4 qui omis. — — après pluvient qui viennent ajouté. — 6 diverfes omis. — 8 apr'ès pou2
et
3 qu'il...
ici.
fieursj
a.
b.
Figure de Ibidem.
la p.
87 ci-avant.
liej
—
ib ajouté.
14
—
10 à| jufqucs à.
point omis.
points,
i5 les... autres ù/. id.
—
— 18 divers — — 24 confi-
20 par exemple
22 en... temps
id.
dcrez] regardez.
—
id.
Le Monde,
I02
pouffer
& de K
494-493.
en mefme temps d"F vers G, d'H vers I, vers L, par les trois tuyaux F G, H I, KL, bien
l'air 1
que ces tuyaux foient tellement vnis au point N, que tout lair qui paffe par le milieu de
chacun d'eux, doit neceffaire-
ment
paffer auffi par le milieu
des deux autres.
mefme compa-
8. Et cette
raiibn peut fervir à expliquer,
yi empefche
comment vne
Lumière
forte
de celles qui font plus foibles. Car,
l'effet
10
fi
l'on pouffe l'air
H
ny par K, il mais feulement vers G. 9. 10. Pour la reflexion
L,
beaucoup plus fort par F, que par ne tendra point du tout vers I, ny vers
i5
& la refradion, je les
ay déjà
ailleurs* fuffifamment expliquées. Toutesfois, parce
que je me fuis fervy pour lors de l'exemple du mouvement d'vne baie, au lieu de parler des rayons de la Lumière, afin de rendre par ce plus intelligible
me
il
:
eft
l
tranfmifed'vn lieu en vn autre, par lI-
fans interruption en tout l'efpace qui
exactement
adion pourroit i3 vers
G
omis. il.
—
I
faire
feulement.
[second) omis.
—
mefme
la
jej
ie.
— — déjà la
7 parce] pour ce corr/^e
UioPTRiQUE, Disc.
II.
Tome
le
moyen de
qui fe trouvent eft:
entre deux,
voye, par où cette
mouvoir i()
30
encore icy à vous faire inclination à fe mouvoir,
plufieurs corps qui s'entretouchent,
fuit
difcours
relie
confiderer, que l'adion ou
qui
moyen mon
'_
le
premier de ces corps,
à l'errata 2 \
mefme
:
parce.
—
qui (second) omis.
— 26-27 cette.
.
.
iS jejie.
—
— trcuvent.
^i^-'t'oij
VI decette édition, p. 93-io5et
elle.
p.
89-93.
25
Traité de la Lumière,
495-496.
û
les
autres neftoient point en
103
chemin
fon
;
fans
aucune autre différence, linon qu'il faudroit du temps à ce corps pour fe mouvoir, au lieu que Taélion qui eft en luy peut, par Tentremife de ceux qu'il
5
y
ait
qui le touchent, s'eftendre jufques à toutes fortes de diftances en vn inftant. D'où
fuit
il
comme
que,
vne
quand elle donne contre la mu|raille d'vn jeu de paume, &. qu'elle fouffre refradion, quand elle entre obliquement dans de l'eau, ou qu'elle en fort de mefme auffi, quand les rayons de la Lumière rencontrent vn corps qui ne leur permet pas de paffer outre, ils doivent fe réfléchir c*^ quand ils entrent obliquement en quelque lieu par où ils peuvent s'eftendre plus ou moins aifément, que par celuy d'où ils forteni, ils doivent auffi, au point de ce changement, fe dé-
baie fe refléchit,
10
:
;
'5
tourner
&
fouffrir refradion.
II. 12. Enfin la force
de
la
Lumière
eft
ment plus ou moins grande en chaque
non feule-
lieu, félon la
quantité des rayons qui s'y afTemblent, mais elle peut 20
auffi eftre
augmentée ou diminuée par
les diverfes
difpofitions des corps qui fe trouvent aux lieux par
que la viteffe dVne baie ou d'vne pierre qu'on pouffe dans l'air, peut eftre augmentée
où
elle paffe.
Ainfi
par les vents qui foufflent vers 25
fe
meut,
&
mefme
cofté qu'elle
diminuée par leurs contraires.
2 autre o/Hj's.
—6
D'où... fuit)
parconlequent. — muraille! paroy. — 10 de mefme omis. —
&.
le
7
aulTi
1
ainfi.
eftendre. — 21 treuveiit.
— if>
i3
fc
peuvent
au... de] eu.
—
— jd meut] remue.
5
Le Monde.
104 Chapitre XV.
'"^Z'^JZa"
Sll
à/es Habitons toute Jeiiibiabie à celte du
doit paroijire
496-499-
Ayant ainfi cxpliqué la nature &. les proprietez de l'aaion que jay priie pour la Lumière, il faut auffi que j'explioue commcnt, rpar fon moyen, les Habitans de r i ^ J la Plauete que j'ay fupofée pour la Terre, peuvent voir la face de leur Ciel toute femblable à celle du '
5
3
noflre.
Premièrement,
n'y a point de doute qu'ils ne
il
marqué S tout
doi[vent voir le corps mière'',
& femblable
à noftre Soleil
envoyé des rayons de tous vers leurs yeux. Et
proche d'eux, que
A BCD,
petit Ciel
qu'il
les Etoiles, Il
veu que ce corps
les points
parce
beaucoup plus grand.
:
eft
il
Lu-
plein de
de
fa fuperficie
lo
beaucoup plus
leur doit
paroiftre
vray que les parties du
eft
qui tourne autour de la Terre, font
quelque refiftance à ces rayons mais parce que toutes celles du grand Ciel, qui font depuis S jufques à D,
1
;
les fortifient, celles qui font
depuis
D
jufques à T,
comparaifon qu'en petit nombre, ne leur peuvent ofter que peu de leur force. Et mefme toute l'adion des parties du grand Ciel FGGF, ne fuffit pas pour empefcher que les rayons de plufieurs Etoiles fixes ne parviennent jufques à la Terre, du cofté qu'elle n'eftant à
n'eft
point éclairée par
Car
il
faut fçavoir
lo
le Soleil.
que
grands Cieux,
les
c'eft
à dire
I
ceux qui ont vnc Etoile centre, Iquoy
fixe
que peut-eftre
ou
aftez
le
Soleil
pour leur
inégaux en grandeur,
doivent eftre toujours exadement d'égale force Chapitre
I
&
dernier. a.
—
Figure de
XVj Chap. la
la p.
XV'
propriété.
70 ci-avanl.
—
3
comment] comme.
pour
ce.
—
1
:
en
5 parce]
25
Traité de la Lumière.
499
que toute
forte
la
matière qui
par exemple*, en la
eft,
ligne S B, doit tendre auffi fort vers
en
ligne
la
B, tend vers
e
entr eux cette égalité, 5
ils
io^
s,
que
Car,
S.
celle qui eft
navoient
s'ils
fedétruiroient infailliblement
dans peu de temps, ou du moins ques à ce qu'ils l'euflent acquife.
fe
changeroient juf-
Orpuis que toute la force du rayon SB, par exemple, n'eft que juftement égale à celle du rayon B, il eft manifefte que celle du rayon TB, qui eft moindre, ne peut empefcher la force du rayon e B de seftendre jufques à T. Et tout de mefme il eft évident que l'Etoile A s.
10
peut eftendre fes rayons jufques à
que i5
la
matière du Ciel, qui
eft
T
la terre
A
depuis
;
d'autant
jufques à
leur ayde plus, que celle qui eft depuis 4 jufques à ne leur refifte & avec cela, que celle qui eft depuis ;
2^
T j
jufques à 4, ne leur ayde pas moins, que leur refifte celle qui eft depuis } jufques à 2. Etainfi, jugeant des autres à proportion, vous pouvez entendre que ces
moins confufément arrangées, ny moindres en nombre, ny moins inégales entr'elles, que font celles que nous voyons dans le vray Monde. Mais il faut encore que vous confideriez, touchant Etoiles ne doivent pas paroiftre
20
leur arrangement, qu'elles ne peuvent quafi jamais 2b
paroiftre
dans
le
vray lieu où elles font. Car, par
comme û elle eftoit en la ligne droite T B, & l'autre marquée A comme exemple, celle qui
eft
marquée
s,
paroift
,
2, 3,
8 et 10
e.
s.]
rayon] cette autre. a.
Figure de
la
p.
— —
10 la...
évident omis.
11
parce.
55
ci-avant. Cette
il...
— 26
même
e]
—
12
d'autant]
e.
figure servira jusqu'à la
p. io8, ci-après.
ŒUVKKS. VI.
14
—
Le Monde.
io6 lielleeftoit
en
la ligne droite
499-500.
T4: dont
la raifon clique,
Cieux eftant inégaux en grandeur, les fuperficies qui les feparent, ne fe trouvent quafi jamais tellement difpofées, que les rayons qui pafTent au travers, pour aller de ces Etoiles vers la Terre, les rencontrent à les
5
|
angles droits. Et lors qu'ils les rencontrent oblique-
ment,
il
fuivant ce qui a efté démontré en
eft c-ertain,
Dioptrique, qu'ils doivent
la
s'y
courber,
&
fouffrir
beaucoup de refradion d'autant qu'ils paflent beaucoup plus aifément par l'vn des coftez de cette fuperficie, que par l'autre. Et il faut fuppofer ces lignes TB, T4, & femblables, fi extrêmement longues, à comparaifon du diamètre du cercle que la Terre décrit autour du Soleil, qu'en quelque endroit de ce cercle :
qu'elle fe trouve, les
toujours les Etoiles
hommes qu'elle fouftient voyent comme fixes & attachées aux
10
i5
,
mefmes endroits du Firmament
:
c'eft
à dire, pour vfer
des termes des Aftronomes, qu'ils ne peuvent remar-
quer en elles de paralaxes. Confiderez
auffi,
touchant
le
nombre de
ces Etoiles,
que fouvent vne mefme peut paroiftre en divers
20
lieux,
à caufe des diverfes fuperficies, qui détournent fes
rayons vers
la Terre.
Comme
icy, celle qui ei\
mar-
quée A, paroifl en la ligne T 4, par le moyen du rayon A 2 4 T, &. enfemble en la ligne T/, par le moyen du rayon A 6/T ainfi que fe multiplient les objets qu'on regarde au travers des verres, ou autres :
— droicc ircuvcrit. d'autantj parce. — id neuve. — 18 des termes] du terme. — ly de] I
—
fi...
3
ctoit ow/s.
—
id.
aucunes.
—
20 de ces] des.
23 celle] l'Etoile.
—
25 y]
27 verres] vitres corrigea ra/a ; verres.
—
5.
l'er-
25
Traité de la Lumière.
500-502.
corps tranfparens, qui font
De
io~
taillez à plufieurs faces.
plus, confiderez, touchant leur grandeur, qu'en-
core qu'elles doivent paroiftre beaucoup plus petites qu'elles ne font, à caufe de leur extrême éloignement ;
5
& mefme
y en ait la plus grande partie, qui pour cette raifon ne doivent point paroiftre du tout; & qu'il
d'autres, qui ne paroiflent qu'entant
que
les
rayons de
plufieurs joints enfemble rendent les parties du Firma-
peu plus blanches, & femblables à certaines Etoiles que les Aftronomcs appelcette grande ceinture de noftre lent Nubileufes, ou à Ciel, que les Poètes feignent eftre blanchie du lait de Junon toutesfois, pour celles qui font les moins
ment par où
lo
ils
paflent vn
|
:
|
de les fuppofer environ égales à noilre Soleil, pour juger qu'elles peuvent paroiftre
éloignées, 'i5
fuffit
il
grandes, que font les plus grandes de noftre
auffi
Monde. Car outre que, généralement, tous 20
les
corps qui
envoyent de plus forts rayons contre les yeux des regardans, que ne font ceux qui les environnent, paroiffent aullî plus grands qu'eux à proportion
l^-
;
parcon-
fequent, que ces Etoiles doivent toujours fembler plus
grandes que
de leurs Cieux égales à
elles,
qui les avoifinent, ainfi que j'expliqueraycy-aprés
e^ 25
les parties
les fuperficies F
les
de
G,
G G, G F,
femblables, où
cl-
fe
:
font
refradions de leurs rayons, peuvent eftre courbées telle
3 plus
façon, qu'elles augmentent beaucoup leur
petites]
5 partlcj part.
— du
tout] en
i3 les]
le.
—
—
moindres.
aucune 14
—
façon.
fuffit] n'eft
loin.
—
environ]
—
—
24 &.
25
GG, G F] H
b&-
en.
G point omis.
..
qu'environ.
avoifinent omis. II.
—
—
27 de]
—
Le Monde.
io8
^ mefme
grandeur;
soî-so?.
eflant feulement toutes plates,
elles l'augmentent.
Outre
cela,
ficies, eflant
jamais de
fe
il
vray-femblable que ces fuper-
eft fort
en vne matière très fluide, &. qui ne ceffe mouvoir, doivent branler &. ondoyer tou-
jours quelque peu;
par confequent, que les Etoiles
^i
qu'on voit au travers, doivent paroiftre étincelantes
comme
5
tremblantes, ainfi que font les noflres,
& &
mefme, à caufe de leur tremblement, vn peu plus groffes ainfi que fait l'image de la Lune, au fond d'vn :
lo
lafurfacen'eflpas fort troublée ny agitée, mais lac dont feulement vn peu crefpée par le foufïle de quelque vent. Et enfin,
il
fe
peut faire que, par fuccefTion de temps,
ces fuperficies fe changent vn peu, ou
quelques-vnes
fe
mefme
auffi
que
courbent affez notablement en peu
"5
de temps, quand ce ne feroit qu'à l'occafion d'vne Comète qui s'en approche & par ce moyen, que plufieurs Etoiles femblent après vn long-temps eflre vn peu ;
changées de place fans l'eflre de grandeur, ou vn peu changées de grandeur fans l'eflre de place & mefme, que quelques-vnes commencent afTez fubitement à ;
ou à difparoiflre, vray Monde.
paroiflre
dans
le
Pour
&
les Planètes
mefme
les
feulement
bien.
—
4
eftant.
tresj fort.
paroiftrcj auffi bien très ajouté.
omis.
—
qu'on
Comètes qui
l'a
vu arriver
font dans le
Ciel que le Soleil, fçachant que les parties
du troifiéme Elément dont I
ainfi
—
8
—
—
que
ainfi...
10 fond] bord.
furfacej l'eau.
—
3 fort] 7
après
les
nô-
noftres
—
i
1
pas] point.
la
elles font
compofées, font
troublée ny omis.
—
—
12 vn
peu
a/rès crefpée] tant foit i3 Et omis. — peu ajouté. i.\ après changent] auffi ajouté,
id.
—
— —
io
16 quand... feroit] ne fut-ce. '9-20 vn... changées] l'eftre.
»5
Traité de la Lumière.
5o?-5o4.
109
û groiïes, ou tellement jointes plufieurs enfemble, qu'elles peuvent refifler à l'adion de la aifé à
Lumière
entendre qu'elles doivent paroiftrepar
des rayons que
le Soleil
envoyé vers
elles,
:
il
eft
le
moyen
&
qui fe
5
réfléchirent de là vers la Terre. Ainfi que les objets
>o
opaques ou obfcurs qui font dans vne chambre, y peuvent eftre vus par le moyen des rayons que le flambeau qui y éclaire, envoyé vers eux, & qui retournent de là vers les yeux des regardans. Et avec cela, les rayons du Soleil ont vn avantage fort remarquable pardefTus ceux d'vn flambeau
force fe conferve, ou
mefure
plus, à
:
qui confifte en ce que leur
mefme s'augmente de
qu'ils s'éloignent
du
plus en
Soleil, jufques à
ce qu'ils foient parvenus à la fuperficie extérieure de i5
fon Ciel, à caufe que toute la matière de ce Ciel tend vers là
au lieu que
:
bliffent
les
rayons d'vn flambeau
grandeur des fuilluminent, & mefme encore
en s'éloignant, à raifon de
perficies fpheriqucs qu'ils
quelque peu plus, à caufe de 20
où
s'affoi-
la
la refiftance
de
l'air
par
D'où vient que les objets qui font proches de ce flambeau, en font notablement plus éclairez que ceux qui en font loin & que les plus baffes Plails
paiTent.
;
nètes ne font pas, à
proportion, plus éclairées
ny mefme que les. Comètes, qui en font fans comparaifon plus éloignées. Or l'expérience nous montre que le femblable arrive aulTi dans le vray Monde & toutesfois je ne croy pas qu'il foit poffible d'en rendre raifon, fl on fuppofe que la Lumière y foit autre chofe dans les objets, qu'vne
par 2 3
mefme
le Soleil,
que
les plus hautes,
;
I
3o
adion ou 3o Jcl
le.
difpofition telle que je l'ay expliquée. Je dis
S
I
Le Monde.
lo
vne aclion ou difpofition. Car, garde à ce que
j'ay tantoft
eft le Soleil efloit
laifferoient pas
504.
vous avez bien pris
li
démontré, que,
fi
l'efpace
où
tout vuide, les parties de fon Ciel ne
de tendre vers
les
yeux des regardans
en mefme façon que lors qu'elles. font poulTées par fa matière, & mefme avec prefque autant de force vous pouvez bien juger qu'il n'a quafi pas befoin d'avoir en
5
:
foy aucune adion, ny quafi
mefme
d'eftre autre
qu'vn pur efpace, pour paroiftre
chofe
que nous le peut-eftre pris auparavant tel
voyons ce que vous euffiez pour vne propofition fort paradoxe. Au refle, le mouvement qu'ont ces Planètes autour de leur centre eft caufe qu'elles étincellent, mais beaucoup moins fort & d'vne autre façon que ne font les Etoiles fixes & parce que la Lune eft privée de ce mouvement, elle n'étincelle point du tout. Pour les Comètes qui ne font pas dans le mefme Ciel que le Soleil, elles ne peuvent pas à beaucoup prés envoyer tant de rayons vers la Terre, que lî elles y eftoient, non pas mefme lors qu'elles font toutes ;
10
;
preftes à y entrer;
pas eftre veuës pa
& '
i5
20
par confequent, elles ne peuvent
les
hommes,
fi
ce n'eft peut-eftre
quelque peu, lors que leur grandeur eft extraordinaire. Dont la raifon eft que, la plufpart des rayons que le Soleil
envoyé vers
diflipez
par
la
elles, font écartez
çà& là, & comme
refradion qu'ils fouff'rent en
la partie
du
Firmament par où ils paffent. Car, par exemple, au lieu que la Comète C D, reçoit du Soleil, marqué S, I
j
bien o»i/s.
et
20 y
H quafi id.
—
— 6 mefme — 18 pas
ici.
'tf.
td.
— —
après ertoient] dans
le
ciel
ajouté.
pas omis.
—
21-22
elles...
2
I
Traité dk la Limiere.
5o4-3o3.
II
tous les rayons qui font entre les lignes S C, S D,
renvoyé vers lignes reçoit $
la
CT, DT du melme :
les lignes S
G E,
Terre tous ceux qui font entre les il
faut penferque
Soleil
S
H
F,
que
les
|
la
Comète EF ne
rayons qui font entre
à caufe que, partant beaucoup
GH
plus aifément depuis S jufques a la fuperficie
prens pourvue pariic du Firmament, qu
je
&
ils
que ne peu-
vent pafïer au delà, leur refradion y doit eftre fort
grande, lo
& fort- en dehors. Ce qui en
d'aller vers la
Comète
E F
:
détourne plufieurs
vcu principalement que
cette fuperficie eft courbée en
dedans vers
le Soleil,
que vous fçavez qu elle doit le courber, lors qu vne Comète s'en approche. Mais encore qu elle fuft toute plate, ou mefme courbée de l'autre cofté, la plufpart des rayons que le Soleil luy envoyeroit, ne laiffeainfi
i5
3
EFJC.
omis.
—
I
o
— 5 S... F]
F U.
F]
SG. CS.
EC — 6H1
E.
— 9-10 Ce... aller
r
1
Le Monde.
2
so-soc.
roient pas d'eftre empefchez par la refradion, finon
au moins de retourner de
d'aller jufques à elle,
jufques à la Terre.
du Firmament
partie
dont
ne
1
K
par exemple, fuppofant
eftre
SKM,
doivent point du tout courber, en allant vers
Comète
]
L
M
;
la
vne portion de Sphère
centre foit au point S, les rayons SIL,
le
s'y
Comme,
la
mais, en revanche,
coup courber, en retournant de
ils fe
forte qu'ils n'y peuvent parvenir
que
la
doivent beau-
vers la Terre
là
en
:
fort foibles,
&
en fort petite quantité. Outre que, cecy ne pouvant arriver
que lors que
du Ciel qui contient en
eftoit
la
Comète feroit
autrement,
fi
elle
courber en dedans
fon éloignement empefche
fuperficie),
'o
encore affez loin
eft
le Soleil (car
proche, eUe
5
aufii
n'en reçoive tant de rayons que lors qu'elle
fa
qu'elle
eft prefte
i5
à y entrer. Et pour les rayons qu'elle reçoit de l'Etoile fixe qui eft au centre du Ciel qui la contient, elle
ne peut pas
les
renvoyer vers
la
Terre,
non plus que
Lune, eftant nouvelle, n'y renvoyé pas ceux du
la
2o
Soleil.
Mais ce
Comètes, qui
eft
qu'il y a
de plus remarquable touchant ces
vne certaine refradion de leurs rayons, ordinairement caufe, qu'il en paroift quclquesc'eft
vns en forme de queue ou de chevelure autour
d'elles.
que vous entendrez facilement, fi vous jettez les yeux fur cette figure où S eft le Soleil, C vne Comète, E B G la Sphère qui, fuivant ce qui a efté dit cy-deffus, Ainfi
:
— 4I KJG E. — de] de M] N L. MK. — 6 en omis. — LM]C. — S en omis. — 12-14 sigtu's de pareil3
Commeorais. la.
—
5 S... 7
lhi'seo}nis.— i4a\iiï'iid.—iHapri's
nej les ajouté. les o/h/s.
— pas] point. —
— 25-20
icgardez.
—
jettez...
27 cyj icy.
yeuxl
23
Traité
5o6.
efl cortipofée
ot;
des parties du fécond Elément qui lonl
les plus greffes
&
les
moins agitées de routes, & D A
cercle qui eft décrit par le
le
Terre 2
;
DAl
& que vous I)
fM
la Li'miere.
mouvement annuel de
la
rayon qui vient de
C
penfieZjque
le
A. F.
ŒcvRK^.
VI.
i5
Le Monde.
114
soe-sos
vers B, paffe bien tout droit jufques au point A, mais i^u'outre cela
commence au
il
point B à s'élargir,
&.
à
en plufieurs autres rayons, qui s'etlendent de tous coftez en telle forte que chacun d'eux
le divifer
çà fe
&
là
:
trouve d'autant plus foible, qu'il s'écarte davantage
de celuy du milieu B A, qui le plus fort.
Puis
aufTi.
que
eftant au point E a s'élargir,
comme EH,
fieurs autres,
cipal
&
&
;
G
ment de
&
rayon
à
ES, mais que
E Y,
vers
&
G S; &
enfin,
I,
eft
|
en plule prin-
E H, &. le plus
C G paffe
mais qu'outre cela
il
les autres
s'écarte aufli
la
(i
1
&
rayons qui peuvent
imaginez entre ces trois CE,"
plus ou moins de
lo
principale-
vers tous les efpaces qui font entre
que tous
&
CE commence
fe divifer auffi
tout de mefme, que
vers S,
eftre
le
plus fort de ceux-cy
le
foible E S
principal de tous,
eft le
5
CB, CG,
tiennent
i5
nature de chacun d eux, félon
en font plus ou moins proches. A quoy je pourrois adjouter, qu'ils doivent eftre vn peu courbez vers le Soleil mais cela n'eft pas tout à fait neccfTaire à qu'ils
I
;
mon afin
fujet,
c^-
j'obmets fouvent beaucoup de chofes,
de rendre celles que j'explique d'autant plus
fimples
&
plus aifées.
Or, cette réfraction eftant lupolée, que, lors que la Terre
rayon B
A
LA, K A,
eft
vers A,
doit faire voir aux
corps de
le
A
la
il
manifefte
efl
non feulement
hommes qu'elle
Comète C; mais
aufTi,
que
le
fouftient
les
rayons
femblables, qui font plus foibles que B A,
venant vers leurs yeux, leur doivent faire paroiftre vne couronne ou chevelui'e de lumière, éparfe également 2 t7
id.
20
8 à (second) omis.
—
5
trouve,
—
8 auÛi
li;/i/5.
—g
autres
25
5ûS
Traité de la Lumière.
5.,,,.
de tous collez autour droit
marqué
eflre tentis
:
1
1),
au moins
nant des Comètes, 5
des Etoiles efl
10
font allez forts pour
peuvent
eftre fouvent. ve-
que nous fupofons
fixes, qu'il faut
manifefte
& que la Comète
auiïi
Soleil,
regarde,
Terre envers M.
la
moyen du rayon C K M. par le moyen de Q M, & de
M
en forte qu'elle
;
s'eûend plus loin qu'auparavant vers
la partie
le collé
qui
eft
oppofé au Soleil, à mefure que la Terre eft plus éloignée du point A, elle perd peu à peu la figure d vne chevelure,
20
oppofée
& moins, ou point du tout, vers celle qui le comme vous voyez icy 22. Et ainfi paroilfant
toujours de plus en plus longue vers i5
fort
paroifl par le
tous les autres qui tendent vers
au
eftre
imaginer plus petites.
que, lors que
chevelure doit paroiftre
fa
à l'en-
mais non pas venant des Planètes, ny mefme
grofîes,
11
s'ils
i
^
(comme vous voyez
d'elle
ainfi qu'ils le
i
S: fe
transforme en vne longue queue, que
la
Comète
la
Terre eftant vers D,
iraifne après elle. les
Comme,
par exemple,
rayons Q.D,
VD,
la
font
paroiftre femblahle a ]]. El la Terre eftant vers o, les
ravons Vo, Eo,
&
fcmblables,
paroiftre
la font |
encore plus longue;
2 3
&
enfin la Terre eftant vers Y,
on ne peut plus voir la Comète, àcaufe de linterpofition du Soleil, mais les rayons VY, E Y, & femblables, ne laillcnt pas de faire encore paroiftre fa queue, en
forme d'vn chevron ou d'vne lance de feu, telle qu'eft icy 44. Et il eft à remarquer que la fphere EBG, n'eftant point toujours exadement ronde, ny auffi toutes les i
— ici.
el 2 sif^nes
à...
—
de parenthèse omis.
marqué
iJ.
—
i3
i5 oppofél contraire.
icy
—
i8 par
exemple omis.
femblables
—
ow/'.'î.
cil àj faut.
—
2-j
—
21
&
icy omis,
1
Le Monde.
16
soo -mo.
autres qu'elle conlicnt. ainfi qu'il
efl ailé
à juger de
ce que nous avons expliqué, ces queues ou lances
de feu ne doivent point toujours paroiftre exactement
ny tout à
droites,
Pour
la
fait
en meime plan que
refradion qui
feiTe qu'elle elt
eft
le Soleil.
caufe de tout cecv, je con-
&
d'vne nature fort particulière
fort
dirterente de toutes celles qui fe
remarquent commu-
nément
laillerez
ailleurs.
Mais vous ne
clairement qu'elle
fe
viens de vous décrire,
pas de voir
que
doit faire en la façon fi
vous confiderez que
la
je
boule
.<
J
•y
Xi
-^
M
i
H, eftant poulfée vers
pouffe auffi vers là toutes
I, |
celles qui fontau deffous jufquesà K
;
mais que celle-cy,
eftant environnée de plufieurs autres
plus petites,
comme
& cependant,
•1
4,
lances
l'errata
:
!
,
^
6,
ne pouffe que
chevrons corriu^é à
lances.
—
lo
conli-
)
vers
dcrez^ aulli.
I
;
5
regardez.
—
1
1
vers
\k
lo
Traité de la Lumière.
5>o-5ii.
qu'elle pouffe
4 vers
l, ^Siô
vers M,
&
117
ainfi
des autres
:
en forte pourtant quelle pouffe celle du milieu beaucoup plus fort que les autres 4, 6, & femblables. qui ^
mefme, que
font vers les coflez. Et tout de 5
la
boule N,
eftant pouff'ée vers L, pouffe les petites boules 1,2,3, l'vne vers L, lautre vers I, & l'autre vers M, mais avec
que
cette différence,
& non
de toutes,
c'efl
i
qu'elle pouffe le plus fort
pas celle du milieu
2.
Et de plus,
que
boules 1,2,3,4, &c., eftant ainfien mefme temps toutes pouflées par les autres boules N, P, H, P, les petites
10
s'empefchent les coftez
forte que,
L
les
&M
fi
vues fi
les autres
de pouvoir aller vers
facilement que vers
tout l'efpace
LIM
le
eftoit plein
milieu
I.
En
de pareilles
adion s'y diftribuedit que font ceux deé
petites boules, les rayons de leur i5
roient en
mefme
façon, que j'ay
Comètes au dedans de la Sphère EBG. A quoy fi vous m'objcdcz que l'inégalité qui cft entre les boules N, P, H, P, & i, 2, 3, 4, &c., eft beaucoup I
plus grande, que celle que j'ay fuppofée entre les par20
du fécond Elément qui compofent la Sphère EBG, celles qui font immédiatement au deffous vers le
ties
&
Soleil je répons qu'on ne peut tirerdecccy autre confe:
quence,finon
qu'il
en cette Sphère 25
nefe doit pas tant faire derefradion
EBG,
qu'en celle que compofent les
3,4, &c. mais, qu'y ayant derechef de l'inégalité entre les parties du fécond Elément qui font
boules
I,
2,
;
immédiatement au delfous de
cette Sphère
ceUes qui font encore plus bas vers
le Soleil,
EBG, & cette re-
fradion s'augmente de plus en plus, à mefure que 3û
rayons pénètrent plus avant \o
et
18
p
(premier) omis.
—
;
les
en forte qu'elle peut bien
22 je^
ie.
Le Monde.
ii8 élire aulîi
grande, ou
mefme
parviennent à la Sphère de
sm.
plus grande, lors qu'ils la
Terre
de ladion dont les petites boules poulTées.
Car
il
eft
DAF, que
i, 2, },
4,
celle
&c. font
bien vrayfemblable, que les parties
du fécond Elément qui lont vers cette Sphère de la Terre DAF, ne font pas moins petites, à comparaifon de celles qui font vers la Sphère E B G, que le font ces boules 1.2, j, 4, &c., à comparaifon des autres boules
N,P, H,
P
P
et
1664
P.
au-dessous et
i6~~.
—
Après FIN. [Edii. Sans les deux
îpremie}] omis. :
ligues de poiuts que nous avons ajoutées.
5
L'HOMME DE
RENÉ DESCARTES
Ces hommes'' feront compofez, comme nous, dvne Ame & d'vn Corps. Et il faut que ie vous décriue, premièrement, a.
le
Nous donnons
ici le litre
de Cierselicr,
et
en haut des pages
nation du volume de 1664, où se trouve imprime pour Traite'. C'est bien la suite
indication du
MS.
Préface, et que
même
l'ait
lame
corps à part, puis après,
:
du Traité
pre-cédeni,
la
comme
auffi la
première le
à
pagi-
fois ce
prouvait cette
Chapitre XVIIl. que Clerselier mentionne dans sa
nous rétablissons
ici,
sur sa déclaration, bien que
lui-
supprimée.
Les figures n'étant pas de Descartes, nous ne les avons pas insérées dans le texte, à l'exception d'une, cependant, la seule qui ait été trouvée dans les papiers du philosophe; toutes les autres ont été rejetées ensemble à la suite de ce Traité, qu'elles soient de Gérard van Gutschovcn G, ou de Louis de la Forge F, ou même de Florent Schuyl S. De même, la division en articles et les titres de ces articles ne se trouvant pas non plus dans le MS., et Clerselier déclarant que cette addition est de lui, nous les supprimerons aussi du texte même, et ne les donnerons qu'à titre de renseignements, après les figures. Enfin la traduction latine, publiée d'aboid par Florent Schuyl, a été faite sur une copie qui parait avoir dirtéré quelque peu d« l'original; ces différences né sont pas, à proprement parler, des variantes aussi ne doivent-elles pas figurer au bas de chaque page, ni accompagner le texte. Toutefois, comme elles peuvent être utiles à connaître, nous les indiquerons en appendice b. Voir ci-avant, p. 97, 1. 18-22; et aussi t, VI, p. 45, I. 23, et i. V, p. 112, 1. 14, etc. Voir aussi t. I, p. 254-255 et p. 263. :
c.miitre xviii.
Le Monde.
120
&
"-a-
vous monftre comment ces deux Natures doiuent eftre iointes & vnies, pour compofer part
des
;
enfin,
hommes
que
ie
qui nous reffemblent.
Corps n'eft autre chofe qu'vne flatuë ou machine de terre, que Dieu forme tout exprés, pour la rendre la plus femblable à nous qu'il eft poffible en forte que, non feulement il luy donne au dehors la couleur & la figure de tous nos membres, mais auflî qu il met au dedans toutes les pièces qui font rejquifes pour faire quelle marche, quelle mange, fuppofe que
le
ie
5
:
qu'elle refpire,
&
lo
enfin qu'elle imite toutes celles de
nos fondions qui peuuent eftre imaginées procéder de la matière, & ne dépendre que de la difpofition des organes.
Nous voyons des horloges, des cielles,
des moulins,
&
fontaines
artifi-
i5
autres femblables machines,
hommes, ne laiffent mouuoir d'elles-mefmes
qui n'eftant faites que par des
pas d'auoir la force de
fe
en plufieurs diuerfes façons & il me femble que ie ne fçaurois imaginer tant de fortes de mouuemens ;
20
en celle -cy, que ie fuppofe eftre faite des mains de Dieu, ny luy attribuer tant d'artifice, que vous n'ayez fujet de penfer, qu'il y en peut auoir encore dauantage.
Or
ie
ne m'arrefteray pas à vous décrire
les os, les
25
nerfs, les mufcles, les venes, les ancres, l'eftomac, le
foye, la rate, le cœur, le cerueau, ny toutes les autres
diuerfes pièces dont elle doit eftre compofée les
;
car ie
fuppofe du tout femblables aux parties de noftre
Corps qui ont vous
faire
les
mcfmes noms, & que vous pouuez
monftrer par quelque fçauant Anatomifte,
3o
Traité de l'Homme.
2-3.
121
au moins celles qui font afTez grofles pour eftre veues, û vous ne les connoifTez defia affez fuffifamment de vous mefme. Et pour celles qui à caufe de leur petitefle font inuifibles, ie vous les pourray plus facilement 5
plus clairement faire connoiftre, en vous parlant des
mouuemens ment
10
&
qui en dépendent;
bien qu'il
fi
eft
feule-
que i'explique par ordre ces mouuemens, & que ie vous die par mefme moyen quelles font celles de nos fondions qu ils reprefentcnt. Premièrement, les viandes fe digèrent dans l'eftomac de cette machine, par la force de certaines liicy befoin
I
queurs, qui,fegliirant entre leurs parties, les feparent,
i5
2 3
25
&
que l'eau commune fait celles de la chaux viue, ou leau forte celles des métaux. Outre que ces lique irs, eftant apportées du cœur fort promptement par les artères, ainfi que ie vous diray cy-apres, ne peuuent manquer d'eflre fort chaudes. Et mefme les viandes font telles, pour l'ordinaire, qulelles fe pouroicnt corrompre (X; échauffer toutes feules ainfi que fait le foin nouueau dans la grange, quand on l'y ferre auant qu'il foit fec. Etfçachez que l'agitation que reçoiuent les petites parties de ces viandes en s'échauffant, iointe à celle de l'eitomac & des boyaux qui les contiennent, i!^ à la difpofition des petits filets dont ces boyaux font compofez, fait qu'à mefure qu'elles fe digèrent, elles defcendent peu à peu vers le conduit par où les plus groffieres d'entr'elles doiuent fortir & que cependant les agitent,
les échauffent
:
ainfi
:
;
les plus fubtiles 3o
il'
les plus agitées
rencontrent çà
de petits trous, par où elles s'écoulent dans
vne
infinité
les
rameaux d'vne grande vene qui Œuvres.
& là
VI.
les porte vers le i6
Le Monde.
122
foye%
&
3-4.
en d autres qui les portent ailleurs, fans
qu'il
y ait rien que la petitefle de ces trous, qui les fepare des plus groffieres ainfi que, quand on agite de la fa:
rine dans vn fas, toute la plus pure s'écoule,
&
il
n'y a
que la petiteffe des trous par où elle pafTe, qui empefche que le fon ne la fuiue. Ces plus fubtiles parties des viandes eftant inégales, rien
&
encore imparfaitement. méfiées enfemble, compo-
fent vne liqueur qui demeureroit toute trouble j
& toute
blanchaftre, n'eftoit qu'vne partie fe mêle incontinent
auec
la
mafle du fang, qui
eft
contenue dans tous
les
rameaux de la vene nommée Porte (qui reçoit cette liqueur des inteflins), dans tousceuxde la vene nommée
»
Remarque de Louis de
Forge (1664) « Dans les rameaux d'vne le foye, p. 3, I. 21. Il femble, par ce pallage, que Monlieur Defcartes ait voulu que le chyle fuft porte au
a. »
grande vene qui
les
la
:
porte vers-
venes Meferaiques;
car les venes
»
foye par les anciennes
»
d'Afellius ne s'affemblent pas dans le tronc d'aucune grande vene, mais
»
fe
»
ne va pas au foye. C'ell pourquoy ce feul pallage
»
voir qu'il y a long-temps que ce Traitté eft fait car il est indubitable que, s'il euft écrit icy fuiuant les dernières connoiflances qu'il a eiies, il
»
5
vont rendre dans
le
réceptacle
blanches
du chyle de Monfieur Pecquet, lequel ell fuffifant
pour
faiie
:
auroit fuiuy les expériences d'Afellius & de Monfieur Pecquet, qui ne luy ontprs efté inconnues (puis qu'il enparle dans le fécond Traitté, & » quelque part dans fes Lettres), & qui ne permettent plus de douter que » le chyle ne foit porté tout entier au cœur, ou du moins la plus grande » partie... » (Page 180- 1.) Descartes cite, en effet, Asellius dans son Traité de la Formation du le Fœtus (édit. Clerselier, p. i5 2), que Louis de la Forge appelle ici » fécond Traitté ». Mais il ne cite point Pecquet, et s'il connut la découverte de celui-ci sur le chyle, ce ne fut que par des conversations ^u par des lettres, l'opuscule de Pecquet n'ayant été imprimé qu'après la mort du philosophe Johannls Pecquet Dleppsei Exi>iiRiMi:NrA Nova .AnaTOMiCA, Quitus Incognitum hadeuus Cliyli Receptaculum, & ab eo per Thoracem in ramos ujque Subclavios Va/a Ladea deteguntur. Ejufdem Differtatio Analomica, De Circulatione Sanguinis. & Chyli Motu. (Hardervici, apiid Joannem Tollium. Juxta exemplar Pari/iis imprejfum »
»
•'
:
Anno MDCLI.)
Pet. in-!2, pp. 204.
10
Traité de l'Homme.
4-5.
Caue
5
(qui la conduit vers le cœur),
i
2
}
& dans le foye, ainfi
que dans vn feul vaiiïeau. Mefmes il eft icy à remarquer que les pores du foye font tellement difpofez, que lors que cette liqueur entre dedans, elle s'y fubtilife, s'y élabore, v prend la couleur, dk y acquiert la forme du fan^ tout ainfi que le fuc des raifins noirs, qui ell blanc, fc conuertit en vin clairet, lors qu'on le laifle cuuer fur la rafpe. Or ce fang, ainfi contenu dans les venes, n"a qu'\ n feul paffage manifefte par où il en puiffe fortir, fçauoir celuy qui le conduit dans la concauité droite du cœur. Et fçachez que la chair du cœur contient dans fes :
10
pores vn de ces feux fans lumière, dont
chaude lS: fi ardente, qu'à entre du fang dans quelqu'vne des deux
parlé cy-deflus, qui la rend i5
vous av
ie
fi
mefure qu'il chambres ou concauitez qui font en elle, il s'y enfle promptement, & s'y dilate ainfi que vous pourez expérimenter que fera le fang ou le laid de quelque ani:
20
mal que ce puilTe eftre, fi vous le verfez goutte a goutte dans vn vafe qui foit fort chaud. Et le feu qui eft dans le cœur de la machine que ie vous décris, ny fert à autre chofe qu'à dilater, échauffer. fang, qui
fubiilifer ainfi le
tombe continuellement goutte
vn tuyau de 23
Si.
la
cofté droit, d'où
vene çaue, dans il
la
s'exhale dans le
vene du poulmon, que
|
concauité de fon
poulmon;
Anatomiftes ont
les
V Artère Veneufe, dans fon
a goutte, par
&
de
la
nommé
autre concauité, d'où
il
fe
diftribuë par tout le corps.
La chair du poulmon 3o
eft
fi
rare
&
fi
molle,
&
tou-
fiours tellement rafraifchie par l'air de la refpiration,
qu'a mefure que les vapeurs
du fang, qui
fortent de la
1
Le Monde.
24
h-6.
concauité droite du cœur, entrent dedans par l'artère
que
Anatomiftes ont
les
elles s'y épaiffiffent
&
nommé
la
Vene arterieufe,
conuertifTent en fang derechef;
tombent goutte à goutte dans la concauité gauche du cœur; où fi elles entroient fans eftre ainfi
puis de
là
derechef
elles
épaiffies,
ne feroient pas fuffifantes
pour feruir de nourriture au feu qui y ell. Et ainfi vous voyez que la refpi ration, qui fert feulement en cette machine à y épaiflir ces vapeurs, n'efl; pas moins neceflaire à l'entretenement de ce feu, que l'eft
celle qui eft
5
en nous, à
lo
conferuation de noftre
la
au moins en ceux de nous qui font hommes formez car pour les enfans, qui eftans encore au ventre de leurs mères ne peuuent attirer aucun air frais en
vie,
;
refpirant,
ils
ont deux conduits qui fupléent à ce
défaut l'vn par où :
le
fang de
la
vene caue palTe dans
la
vene nommée artère, &. l'autre par où les vapeurs, ou le fang raréfié de l'artère nommée vene, s'exhalent & vont dans la grande artère. Et pour les animaux qui n'ont point du tout de poulmon, ils n'ont qu'vne feule concauité dans
le
cœur; ou bien,
fieurs, elles font toutes
s'ils
i5
20
y en ont plu-
confecutiues Ivne à l'autre.
Le pouls, ou battement des artères, dépend des onze petites peaux, qui,
ferment
&.
ouurent
comme
autant de petites portes,
les entrées
des quatre vailfeaux qui
deux concauitez du cœur; car au mojment qu'vn de ces battemens ceffe, & qu'vn autre eft preft de commencer, celles de ces petites portes qui font aux entrées des deux artères, fe trouuent exadement fermées, & celles qui font aux entrées des deux venes, fe trouuent ouuertes fi bien qu'il ne peut manregardent dans
25
les
:
3o
Traite: de l'Homme.
6-7.
quer de tomber
125
deux gouttes de fang par ces deux venes, vne dans chaque concauité du cœur. Puis aulFi-toft
&
ces gouttes de fang fe raréfiant,
s'étendant tout
dVn
coup dans vn efpace plus grand fans comparaifon que 5
celuy qu'elles occupoient auparauant, pouffent
&
fer-
ment ces petites portes qui font aux entrées des deux venes, empefchant par ce moyen qu'il ne defcende da-
10
uantage de fang dans le cœur, \ pouffent & ouurent celles des deux artères, par où elles entrent promptement & auec effort, faifant ainfi enfler le cœur &
mefme temps. Mais
toutes les artères du corps en
continent après, ce fang raréfié
ou pénètre dans
condenfe derechef,
les autres parties;
les artères fe defenflent, i5
fe
&
les petites
aux deux entrées des artères
ainli le
cœur
c<:
portes qui font
referment,
fe
in-
celles
cS.
qui font aux entrées des deu.x venes fe rouurent,
&
donnent paffage à deux autres gouttes de fang, qui font derechef enfler le
mefme que
les
Sçachant
20
dre que, ce
ainlî la
les artères, tout
n'efl
caufe du pouls,
de
il
ei\
ayfé à enten-
pas tant le fang contenu dans les venes i.<:
qui vient nouuellement de fon
comme celuy qui el\
eflé diflillé dajis fon 2 5
c^
précédentes.
de cette machine, ibye,
cœur
dans
fes artères,
cœur, qui
fe
^ qui
a défia
peut attacher à fes
autres parties,
\
feruir à reparer ce
que leur agitation
continuelle,
les diuerfes actions
des autres corps
qui les
|
l*^'
enuironnent, en détachent
dans
&.
font fortir
:
car
venes s'écoule toufiours peu à peu de leurs extremitcz vers le cœur (& la difpofition le
30
fang qui
ci\
fes
de certaines petites portes, ou valvules, que les Anatomifles ont remarquées en plufieurs endroits le long
1
26
Le Monde.
7-8-
de nos venes, vous doit aflez perfuader
en
qu'il arriue
nous tout le femblable) mais, au contraire, celuv qui efl dans fes artères eft poufTé hors du cœur auec effort, ;
&
à diuerfes petites fecouffes, vers leurs extremitez
en forte
peut facilement
qu'il
tous fes membres, faire croiftre,
& ainfi
s'aller ioindre
les entretenir,
vnir à
ou mefme
corps d'vn
elle reprefente le
fi
&
:
5
les
homme
qui y foit difpofé. Car, au moment que les artères s'enflent, les petites parties
&
du fang
là les
choquer çà
qu'elles contiennent vont
racines de certains petits
filets,
10
qui, fortans
des extremitez des petites branches de ces artères,
compofent
les os, les chairs, les peaux, les nerfs, lé
& tout le
cerueau,
refte
des
membres
folides, félon les
diuerfes façons qu'ils fe ioignent ou s'entrelacent ainfi elles
ont
la force
&
ment que
les artères fe defenflent,
&
où
;
puis, au
i5
mo-
chacune de ces par-
&
par cela feul y eft vnie à celles qu'elle touche, fuiuant ce qui a
ties s'arrefte
iointe
mettre en leur place
fe
&
de les pouffer quelque peu de-
uant foy,
de
:
elle fe trouue,
20
elle dit cy-deffus.
Or,
fi
c'eft le
corps d'vn enfant que noftre machine
reprefente, fa matière fera
que
fés à élargir, ainfi
en
la
fi
tendre,
les parties
pores
fi
ay-
du fang^ui entreront
compofition des membres folides, feront
communément vn peu
25
plus greffes, que celles en la
qui elles fe mettront; ou
place de
& fes
mefme
il
arriuera
|
que deux ou
enfemble à vne feule, croiffance. Mais cependant la
trois fuccederont
ce qui fera caufe de fa
matière de fes
membres
fe
durcira peu à peu. en forte
qu'après quelques années fes pores ne
fe
pouront plus
3o
Traité de l'Homme.
8-9
tant élargir
;
& ainfi,
tera le corps d'vn
Au
5
ceflant de croiilre, elle reprefen-
homme
plus aagé.
que fort peu de parties du fang, qui fe puifTent vnir à chaque fois aux membres folides en la façon que ie viens d'expliquer; mais la pluf-part retournent dans les venes par les extremitez des arrefte
tères,-
il
n'y a
qui fe trouuent en plufieurs endroits iointes à
celles des venes. Et des venes auffi 10
127
quelques parties en
membres mais ;
puis de le
là
retournent dans
vont derechef dans
mouuement du fang dans
en palfe peut-eftre
nourriture de quelques
la
la pluf-part
il
les artères:
le
corps
n'eft
le
cœur,
en forte que qu'vne cir-
culation perpétuelle.
De plus
i5
fe
y a quelques-vnes des parties du fang qui vont rendre dans la rate, & d'autres dans la veficule il
du fiel Si. tant de la rate & du fiel, comme immédiatement des artères, il y en a qui retournent dans leftomac & dans les boyaux, où elles feruent comme d eau forte pour ayder à la digeftion des viandes & pource qu'elles y font apportées du cœur quafi en vn moment ;
;
20
par les artères, elles ne manquent iamais d'eftre fort
chaudes
;
ce qui
ter facilement
trauers de la
par
que leurs vapeurs peuuent mon-
le gofier
Il
&
autres
excremens au trauers de toute la peau. Et en tous ces lieux, c'eft feulement, ou la fituaiion, ou la figure, ou la petitefiTc des pores par où elles paflent, qui fait que les vnes y paflent plutoft que les autres, & que le relie du fang ne les peut fuiure ainfi que vous pouuez auoir veu diuers cribles, qui, eftant diuerfement 1
3o
&
y comqui s'écoulent en vrine au
vers la bouche,
y en a auffi chair des rognons, ou en fueur
pofer la faliue. 25
fait
:
5
Le Monde.
128
9-10.
percez, feruent à feparer diuers grains les vns des autres.
Mais ce c'efl
faut icy principalement remarquer,
qu'il
que toutes
&
les
vont rendre dans
les
les plus viues, les plus fortes,
plus fubtiles parties de ce fang,
concauitez du cerueau
;
&
en ligne droite de toutes, qu'il eft poffible, à
fe
5
d'autant que les artères qui
les y portent, font celles qui
tous les corps qui
fe
viennent du cœur
comme
que,
le
plus
vous fçauez,
meuuent tendent chacun, autant
continuer leur
mouuement en
ligne
10
droite.
cœur A
'Voyez, par exemple, le
que, lors que ture B,
il
le
n'y a
{Fig. i),
fes parties qui
C, où font les concauitez du cerueau jfage n'eftant pas affez grand
qui par ce
en
moyen
Vous pouuez
penfez
fang en fort auec effort par l'ouuer-
aucune de
les plus foibles
&
;
ne tende vers
mais que,
le paf-
pour
les y porter toutes, font détournées par les plus fortes,
s'y
vont rendre feules.
remarquer en paiTant, qu'après celles qui entrent dans le cerueau, il n'y en a point de plus fortes ny de plus viues, que celles qui fe vont rendre aux vaiffeaux deftinez à la génération. Car, par exemple,
fi
1
auffi
20
celles qui ont la force de paruenir iufques
à D, ne peuuent aller plus auant vers C, à caufe qu'il
pour toutes, elles retournent plutofl vers E, que vers F ny vers G, d'autant que le paflage y efl plus droit. En fuite de quoy ie pourrois peut-eflre vous faire voir, comment, de l'humeur qui s'afTemble vers E, il fe peut former vne autre machine, toute femblable à celle-cy mais ie ne veux pas entrer n'y a pas affez de place
;
plus auant en cette matière.
25
3o
Traité de l'Homme.
«0-M.
Pour ce qui
cft
t
29
des parties du fang qui pénètrent
iufqu'au cerueau, elles n'y feruent pas feulement a
nourir
|
& entretenir fa fubflance, mais
principalement
à y produire vn certain vent très fubtil, ou plutoft vne flame très viue & très pure, qu'on nomme les auffi
5
Car il faut fçauoir, que les artères qui les apportent du cœur, après s'eftre diuifées en vne infinité de petites branches, & auoir compofé ces pe-
Efprils animaux.
tits tiffus, 10
qui font eftendus
comme
fond des concauitez du cerueau,
fe
des tapifferies au
raffcmblent autour
d'vne certaine petite glande, fituée enuiron
de
fubllance de ce cerueau, tout à l'entrée de fes
la
concauitez;
&
ont en cet endroit vn grand nombre de
où
petits trous, par i5
2 5
du fang
les plus fubtiles parties
peuuent écouler dans cette glande, mais qui font fi étroits, qu'ils ne donnent aucun partage aux plus groflieres. qu'elles contiennent, fe
Il
20
milieu
le
que ces artères ne
faut auffi fçauoir,
s'arreftent
mais que, s'y eftant affemblées plufieurs en vne, elles montent tout droit, i& fe vont rendre dans ce grand vaifTeau qui eft comme vn Euripe, dont toute la fuperficie extérieure de ce cerueau eft arrofée. Et de plus il faut remarquer, que les plus grofles parties du fang peuuent perdre beaucoup de leur agitation, dans pas
là,
les
détours des petits
tilTus
par où elles partent
:
d'au-
tant qu'elles ont la force de pouftjer les plus petites
qui font
parmy
elles,
&
ainfi
de
la leur transférer;
mais que ces plus petites ne peuuent pas en mefme façon perdre 3o
la
augmentée par grofl"es,
Oi:
(KuvRr.s.
qu'il \'l.
leur,
celle
d'autant
qu'elle
eft
que leur transfèrent
mefme
les
plus
n'y a point d'autres corps autour '7
I
Le Monde.
jo
aufquels elles puilTent
d'elles,
fi
11-13.
aifement la transférer.
D'où il eft facile à conceuoir que, lors que les plus greffes montent tout droit vers la fuperficie extérieure du cerueau, où elles feruent de nourriture à fa fubftance, elles font caufe que les plus petites & les plus agitées fe détournent, & entrent toutes en cette glande qui doit eftre imaginée comme vne fource fort abondante, d'où elles coulent en raefme temps de tous coftez dans les concauitez du cerueau. Et ainfi, fans autre préparation, ny changement, finon qu elles I
J
:
font feparées des plus groflieres,
& qu'elles
10
retiennent
que la chaleur du cœur leur a donnée, elles ceffent dauoir la forme du fang, & fe nomment les Efprits animaux. encore l'extrême
viteffe
Or, à mefure que ce? efprits entrent ainfi dans les concauitez du cerueau, ils paffent de là dans les pores de fa fubftance,
c^
de ces pores dans
félon qu'ils entrent, ou
les nerfs
mefme feulement
;
«5
où
qu'ils ten-
dent à entrer, plus ou moins dans les vns que dans les autres, ils
ont
la force
de changer
mufcles en qui ces nerfs font inferez,
de
faire
mouuoir tous
les
membres.
&
la figure
par ce
Ainfi
des
w
moyen
que vous
pouuez auoir veu, dans les grottes ^^ les fontaines qui font aux jardins de nos Roys, que la feule force dont l'eau fe meut en fortant de fa fource, efl. fuffifiinte pour y mouuoir diuerfes machines, & mefme pour les y faire ioùer de quelques inftrumens, ou prononcer quelques paroles, félon la diuerfe difpofition
a5
|
des tuyaux qui
la
conduifent.
Et véritablement l'on peut fort bien
comparer
les
3o
Trafté de i.'Homme.
'5->4-
iji
machine que ie vous décrits, aux tuyaux des machines de ces fontaines; fes mufcles & fes tendons, aux autres diuers engins & reffbrts qui feruent à les mouuoir; fes efprits animaux, à l'eau qui les remue, dont le cœur eft la fource, & les concauitez du cerueau font les regars. De plus, la refpiration, & autres telles adions qui luy font naturelles il- ordinaires, & qui dépendent du cours des efprits, font comme les mouuemens dvne horloge, ou d'vn moulin, que le cours ordinaire de l'eau peut rendre connerfs de la
5
lo
tinus. Les objets extérieurs, qui par leur feule prefence
agiffent contre les organes de fes fens,
&
moyen
plufieurs di-
la
déterminent à
fe
mouuoir en
qui par ce
uerfes façons, félon que les parties de fon cerueau r
5
font difpofées, font
comme
des Eftrangers qui, entrans
dans quelques-vnes des.grottes de ces fontaines, caufent
eux-mefmes fans y penfer
25
mouuemens
qui s'y
peuuent entrer qu'en marchant fur certains quarreaux tellement difpofez, que, par exemple, s'ils approchent d'vne Diane qui fe baigne, ils la feront cacher dans des rozeaux; &. s'ils paffent plus outre pour la pourfuiure, ils feront venir vers eux vn Neptune qui les menacera de fon trident; ou s'ils vont de quelqu'autre cofté, ils en feront fortir vn monflre marin qui leur vomira de l'eau contre la face; font en leur prefence
20
les
:
car
ils
n'y
ou chofes femblables, félon le caprice des Ingénieurs qui les ont faites. Et enfin quand Vame raifonnable fera en cette machine, elle y aura fon fiege principal dans j
le 3o
cerueau,
&
fera là
comme
le
fontenier, qui doit
où fe vont rendre tous les tuyaux de ces machines, quand il veut exciter, ou empef-
eftre
dans
les regars
ip
Le Monde.
i4->5.
cher, ou changer en quelque façon leurs
Mais, afin que ftinclement,
ie
ie
cerueau
fe
falTe
entendre tout cecy di-
veux, premièrement, vous parler de la
fabrique des nerfs
comment, de
vous
mouuemens.
&
des mufcles,
&
vous monftrer
cela feul que les efprits qui font dans le
5
prefentent pour entrer dans quelques nerfs,
mefme inftant quelque membre. Puis, ayant touché vn mot de la refpiration, & de tels autres mouuemens fimples & ordinaires, ie diray comment les objets extérieurs agiffent contre ont la force de mouuoir au
ils
lo
organes des fens. Et après cela, i'expliqueray par menu tout ce qui fe fait dans les concauitez & dans
les le
les
pores du cerueau
;
comment
les efprits
animaux
y prennent leur cours; & quelles font celles de nos fondions que cette machine peut imiter par leur moven. Car, fi ie commençois par le cerueau, &. que
que fuiure par ordre le cours des efprits, ainfi que i'ay fait celuy du fang, il me femble que mon difcours ne pourroit pas eftre du tout fi clair. Voyez donc icy, par exemple, le nerf .A {Fig. 2j'-\ ne
ie
fiife
I
Remarque de Louis de
»
le Forge, au sujet de ces figures 2 et 3 palîe à l'explication des figures des nerfs que Monlieur de Gutfchoven
»
& moy
a.
»
» »
auons
tracées.
la
:
La mienne
(V^qye^
ma fig.,
<<
p. i5.) reprefcntc le
cerueau tel qu'il paroiftroit, fi on le couppoit depuis les apophyfes mammilaires, iufques dans la- propre fubllance du cerueau, & fuppofant
mefme que
l'on auroit cafl'é
les
du
vertèbres
col
pour
faire voir
la
»
dure mère & le nerf A qui en fort, en eU aulli couuert en partie. Par les peaux K & L, lAutheur entend la dure & la pie mère, prétendant que c'ett de cette dernière que font couuerts les petits tuyaux des nerfs, comme il y a bien de l'apparence, vcu que l'Anatomie ddcouure que cette membrane accompagne la fubftance du cerueau dans les plis qu'elle fait dans fa fuperficie. La lettre N defigne cette cauité qui cft au milieu du cerueau, laquelle les Anatomides diftinguent en quatre ventricules, fans beaucoup de fondement, veu
»
qu'ils
M » » »
» » "
i5
moelle de l'efpine couuertc de
la
conviennent tous qu'ils n'ont que
;
le
mefme
vfage,
&
qu'ils ont
20
Traité dr l'Homme.
i5i6.
dont
peau extérieure
la
efl;
comme
i
vn grand tuyau,
qui contient plufieurs autres petits tuyaux
h, c,
k,
&c., compofez d vne peau intérieure plus déliée; ces deux peaux font continues auec les deux K, 5
enuelopent
Voyez a
qu'en chacun de ces petits tuyaux,
vne moelle, compofée de plufieurs
déliez, qui viennent de la propre fubftance
&
N, lo
ficie
dont
ne
i5
extremitez finiffent
dvn
&
qui
il
y
filets fort
du cerueau
cofté à fa fuper-
intérieure qui regarde fes concauitez,
aux peaux les
les
L,
l,
cerueau M, N, O.
le
auiïi
comme
] j
&
de
l'autre,
aux chairs contre lefquelles le tuyau qui contient fe termine. Mais, pource que ceite moelle
fert
c^
point au
mouuement des membres,
me
il
fuffit,
pour maintenant, que vous fçachiez qu'elle ne remplit pas tellement les petits tuyaux qui la contiennent, que les efprits animaux n'y trouuent encore affez de place, pour couler facilement du cerueau dans les mufcles, où ces petixs tuyaux, qui doiuent icy eftre
comptez pour autant de 20
petits nerfs, fe vont rendre.
Voyez, après cela, comment {Fig. 3) le tuyau, ou petit nerf bf, fe va rendre dans le mufcle D, que ie I
fuppofe eflre l'vn de ceux qui meuuent efté
»
fieur
» » »
» 11
»
» i>
»
;
& com-
formés de la mefme façon. La première partie de la figure de Monde Gutfchoven, page i6, eft plus exacte que la mienne, en ce que, premièrement, il a pris pour le nerf A celuy qui va au mufcle des yeux, atin de ne fe feruir que de la mefme figure pour montrer quelle efl la conformation des nerfs & des mufcles. Secondement, parce que, n'ayant pris qu'vne portion du cerueau, & ayant coupé le nerf A félon fa longueur, il fait mieux voir que moy, comment la pie mère forme ces canaux en fe redoublant, & comment la moelle dont ils font compofez vient immédiatement des ventricules du cerueau, & fe termine dans les mufcles ce que i'ay laitfé à conceuoir à l'imagination du Lefleur. Quant au relie, nos deux figures font toutes fcmblables, <& ne difent que
»
»
l'œil
:
la
mefme
chofe.
»
(Page J24-225.)
5
iH
Le Monde.
ment
y eftant
il |
fe diuife
en plulieurs branches, com-
pofées d'vne peau lalche, qui élargir
&
1617.
peut étendre, ou
fe
rétrécir, félon la quantité des efprits ani-
maux
qui y entrent ou qui
en fortent,
meaux ou
dont
ci
les ra-
les fibres font tel-
lement difpofées, que, lors que les efprits animaux entrent dedans,
tout
10
& saccourcit, & ainfi auquel
qu'il tire l'œil
traire, lors qu'ils
mufcle
tent, ce
il
eft
comme, au con-
attaché;
il fe
font que
du mufcle
corps
le
s'enfle
ils
en repor-
fe defenfle
i5
rallonge.
De
plus, voyez* qu'outre
y en a encore jy vn autre, à fçauoir ef, par le
où
tuyau
/»/, il
les efprits
animaux peu
uent entrer dans D,
& vn
par où Et
le
mufcle
autre, à fçauoir dg,
ils
en peuuentfortir.
que, tout de
mefme
le
que ie fuppofe feruir à mouuoir l'œil tout au contraire du précèdent, reçoit les efprits animaux mufcle
a.
E,
Ces deux figures sont l'une
et l'autre
de Descartes
:
la
première, qui
de l'édition de 1664, est annoncée connue telle par Clerselier dans sa Préface; la seconde, qui se trouve dans l'édition latine de 1662, " Figura Mufculi fecunest accompagnée de cette mention de Schuyl Voir, à ce sujet, Jum autographum Des Cartes delineata. » (Page 25.) est
celle
:
—
I.
IV de cette édition,
p.
566
et
626.
20
2
Traité de l'Homme.
17-19-
M
du cerueau par le tuyau cg, & du mufcle D par dg, & les renuoye vers D par ef. Et penfez qu'encore qu'il n'y ait aucun paflTage euident, par où les efprits contenus dans les deux mufcles D & E, en puiflent Ifortir, fi ce n'eft pour entrer de l'vn dans l'autre toutesfois, pource que :
leurs parties font fort petites,
mefme lO
ceiTe
&
qu'elles fe fubtilifent fans
de plus en plus par
de leur agitation,
ia force
échappe toufiours quelques-vnes au trauers des peaux & des chairs de ces muf-
cles, i5
mais qu'en reuanche,
il
y en reuient toufiours
deux tuyaux bf, cg. Enfin voyez [Fig. 4) qu'entre les deux tuyaux bf, ef, y a vne certaine petite peau nfi, qui fepare ces deux
aufli
il
s'en
il
quelques autres par
tuyaux,
deux
&
qui leur fert
replis h
&
les
comme
de porte, laquelle a
tellement difpofez, que, lors que
/,
I
20
animaux qui tendent à defcendre de b vers H, ont plus de force que ceux qui tendent à monter d'e vers /, ils abbaiffent & ouurent cette peau, donnans les efprits
ainfi
moyen
à ceux qui font dans le mufcle E, de cou-
promptement auec eux versD. Mais, lors que ceux qui tendent à monter àe vers / font plus forts, ou feulement lors qu'ils font aufli forts que les autres, ler très
25
ils
hauflent
&
ferment cette peau
chent eux-mefmes de 3o
fortir
n'ont pas de part
que,
s'ils
pour
la pouffer, elle
uerte. Et enfin que,
fi
& ainfi
sempefhors du mufcle E au lieu wfi,
;
&
d'autre affez de force
demeure naturellement entr'ouquelquefois les efprits contenus
1
Le Monde.
j6
dans le
le
D
tendent a en fortir par J/e, ou dfb, leur en boucher le pafpeut étendre,
mufclc
reply h fe
.9-21.
^'l;
que tout de merme, entre les deux tuyaux cg, y a vne petite peau ou valvule g, femblable à la
fage. Et
dg,
il
précédente, qui demeure naturellement entrouuerte,
&
3
qui peut eftrc fermée par les efprits qui viennent
du tuvau dg, &. ouuerte par ceux qui viennent de cg. En fuite de quoy, il efl aifé à entendre que, fi les efprits animaux qui font dans le cerueau {Fig. 3) ne tendent point, ou prefque point, à couler par les tuyaux hf, cg, les deux petites peaux ou valvules /& g demeurent entr'ouuertes, & ainfi, que les deux mufcles
D &
E,
les efprits
font lafches
animaux
&
fans adion; d'autant que
qu'ils contiennent, pafTent libre-
prenans leur cours àe par & réciproquement de d par ^ vers e. Mais fi les efprits qui font dans le cerueau tfendent à entrer auec quelque force dans les deux tuyaux bf, cg, &.
ment de /vers d,
l'vn
dans
10
l'autre,
i3
[
que cette force foit égale des deux codez, ils ferment audî-toft les deux palTages g &- f, &^ enflent les deux mufcles ce
D&
moyen
peuuent, leur faifant par arrefter l'œil ferme en la fituation
E autant qu'ils
tenir
&.
20
|
qu'ils le trouuent.
Puis,
fi
ces efprits qui viennent du cerueau tendent
à couler auec plus de force par />/'que par cg,
ment
la petite
peau
g,
& ouurent
/;
c<;
ils fer-
ce plus ou
Au
moins, félon qu'ils agilfent plus ou moins
fort.
moyen dequoy,
mufcle E
les efprits
contenus dans
le
mufcle D, par le canal e f; &. ce plus ou moins ville, félon que la peau /"eft plus ou moins ouuerte. Si bien que le mufcle D, d'où ces fe
vont rendre dans
25
le
3o
Traité de l'Homme.
îi-2».
ne peuuent
efprits
&
fortir, s'accourcit,
tourné vers D.
ainfi l'œil eft
ijy
&
E fe rallonge
Comme,
;
au contraire,
dans le cerueau tendent à couler auec plus de force par cg que par bf, ils ferment la fi
5
les efprits qui font
petite
&
peau/,
ouurentg'; en forte que les efprits du
mufcle
D
retournent auffi-toft par
mufcle
E,
qui par ce
moyen
dg dans
canal
le
s'accourcit,
&
le
retire l'œil
de fon collé. 10
Car vous fçauez bien que ces elprits, eftans comme vn vent ou vne flame très fubtile, ne peuuejit manquer de couler très promptement d'vn mufcle dans l'autre, fi
toft qu'ils
y trouuent quelque paflage; encore
aucune autre puifTance qui
qu'il
y porte, que la feule inclination qu'ils ont à continuer leur mouue-
n'y ait
i5
ment, fuiuant
les loix
de
la
les
nature. Et vous fçauez,
& fubd'enfler & de
outre cela, qu'encore qu'ils foient fort mobiles
ne laiflent pas d'auoir la force roidir les mufcles où ils font enfermez tils, ils
que l'air tendre les peaux :
qui 20
eft
Or
&
fait
il
vous
eft aifé
d'appliquer ce que
du nerf A,
&
des deux mufcles
autres mufcles
&
nerfs;
dire
la
machine dont
ie
cl-
ainfi,
D &
ie
E,
d'entendre
vous parle, peut
eftre
viens de
à tous les
comment meùe en
mefmes façons que nos corps, par la leule force des efprits animaux qui coulent du cerueau dans les nerfs. Car, pour chaque mouuement, & pour fon contraire, vous pouuez imaginer deux petits nerfs, ou toutes les
tuyaux, 3o
le durcit,
qui le contiennent. j
2^
dans vn balon
ainfi
tels
font dg, ef,
que font bf, cg, & deux autres, tels que & deux petites portes ou valvules, telles
que font h /;",
& g.
Œl'VKKS. VI.
l8
I
Le Monde.
j8
pour
Et
les
façons dont ces tuyaux font inferez dans
encore qu'elles varient en mille fortes,
les raufcles, n'eil
s2-j3.
il
pas neantmoins mal-aifé à iuger quelles elles font,
en fçachant ce que
anatomie vous peut apprendre de la figure extérieure, & de Ivfage de chaque mufcle. Car fçachant, par exemple, que les paupières (F/jg'. 5) font meùes par deux mufcles, dont Tvn, à fçauoir T, ne
1
ouurir celle de deffus,
fert qu'à
&
l'autre, à fçauoir
&
V, fert alternatiuement à les ouurir
toutes deux
il
:
à les fermer
à penfer qu'ils reçoiuent les
efl;|aifé
5
deux tuyaux tels que font;7R, & qs; & que l'vn de ces deux tuyaux ^ r fe va rendre dans ces deux mufcles, & l'autre ^s dans l'vn d'eux feulement. Et enfin, que les branches r & s, eftant quafi inférées en mefme façon dans le mufcle 'V, y ont toutesfois deux
"o
efprits par
caufe de la diuerfe difpofition
effets tout contraires, à
de leurs rameaux ou de leurs fibres vous faire entendre les autres. Et
mefme
il
n'efl
i5
ce qui
;
fuffit
pour
pas mal-aifé à iuger de cecy, que
animaux peuuent caufer quelques mouuemens en tous les membres où quelques nerfs fe terminent, encore qu'il y en ait plufieurs où les Anatomiftes n'en remarquent aucuns de vifibles comme dans la les efprits
20
:
prunelle de veficule
du
l'œil, fiel,
dans
dans
le
cœur, dans
la rate,
&
le foye,
a.
machine
que
refpire*, penfez (Fig. 6)
^5
comment
le
mufcle d
Remarque de Louis de la Forge (1664) « Maintenant pour entendre comment cette machine refpire, p. 23, 1. 16. le ne me fuis :
»
en particulier
»
pas feruy de
•
la refpiraiion, encore que Gutfchoven, parce que i'ay veu
»
la
autres femblables.
Maintenant, pour entendre en particulier cette
dans
la
précédente figure pour expliquer ie l'eulTe
pu
la
faire, aulTi
qu'il eltoit
bon de
manière dont
fe fait
bien que Monfieur de faire voir
que ce
n'efl
mo
Traitf de l'Homme.
i3-j5.
Tvn de ceux qui feruent à hauffer fa poitrine, ou à abbaifler fon diaphragme, & que le mufcle E eft fon contraire; & que les efprits animaux qui font dans la concauité de fon cerueau marquée m, coulans par le eft
5
pore ou petit canal marqué
qui
n,
demeure naturelle-
ment toufiours ouuert, fe vont rendre d'abord dans le tuyau B F, où abbaiflant la petite peau F, ils font que ceux du mufcle E viennent enfler le mufcle d. Penfez après cela, I
lo
peaux autour preflent de plus en plus à mefure qu'il y a certaines
de ce mufcle
d,
qui
qu'il s'enfle,
&
qui font tellement difpofées, qu'auant
que tous
le
les efpiits
du mufcle E foient paflez vers
elles arreftent leur cours,
les font
comme
regorger
en forte que ceux du canal n s'en détournent au moyen dequoy, s'allans rendre dans le tuyau cg, qu'ils ouurent en mefme temps, ils font enfler le mufcle E, ^i defenfler le mufcle d; ce qu'ils continuent de faire auifi long-temps que dure fimpetuopar
i5
tuyau B
&
luy,
le
F,
;
|
fité
20
dont
les efprits
contenus dans
le
mufcle
d,
par les peaux qui l'enuironnent, tendent à en
preffez fortir.
quand cette impetuofité n'a plus de force, ils reprennent d'eux-mefmes leur cours par le tuyau B F, & Puis,
ainfi
2 5
ne
cefl^ent
de faire enfler
&
defenfler alternatiue-
ment ces deux mufcles. Ce que vous deuez iuger
aufli
&
pen-
des autres mufcles qui feruent à
mefme
effet
fer qu'ils font tous tellement difpofez, que,
;
quand ce
»
pas feulement entre les mufcles des yeux, qu'il y a apparence que fe fait cette communication dont parle l'Autheur. C'ell pourqiioy i'ay mieux
»
aimé prendre deux mufcles
»
» » »
de
poitrine
[voye^
la figure de la Jerratus pofiicus inferior, &. le ferratus maior, dont les tendons, ellans manifeltement oppofez, font plus propres à perluader la mefme chofe des autres mufcles que l'on ne voit pas. »
page 24)
:
c'ell
(Page 239-260.)
à fçauoir,
le
la
Le Monde.
140
js-jô.
font les femblables à d qui s'enflent, lefpace qui con-
poulmons
tient les
s'élargit, ce qui eft
entre dedans, tout de l'on
ouure
efpace
;
Pour entendre les
viandes qui
fez
que
le
ce qui
le
auffi
mufcle i
que
eft
cauie que
comment
eft l'vn
mufcle E
paiTage,
eft
foufflet
cette
l'air
en
que
relfort.
s
machine aualle fa
bouche, pen-
de ceux qui haulfent
& tiennent ouuert le
qu'elle refpire doit entrer le
l'air
ce font leurs contraires, cet
trouuent au fond de
cine de fa langue ^^ l'air
mefme que dans vn
& que, quand
fe rétrécit,
caufe que
la ra-
paflage par où
dans fon poulmon;
&
10
Ion contraire, qui fert à fermer ce
& par mefme moyen à ouurir celuy par où
les
viandes qui font dans fa bouche doiuent defcendre
dans fon eftomac, ou bien à haufler la pointe de fa langue qui les y poufle & que les efprits animaux qui viennent de la concauité de fon cerueau m, par le pore ou petit canal n, qui demeure naturellement toufiours ouuert, fe vont rendre tout droit dans le tuyau B F, au moyen dequoy ils font enfler le mufcle d; & enfin, que ce mufcle demeure toufiours ainll enflé, pendant quil ne fe trouue aucunes viandes au fond de la bouche, qui le puilTent prefler mais qu'il eft tellement difpofé, que, lors qu'il s'y en trouue quelques-vnes, les efprits qu'il contient regorgent auffi-toft par le tuyau B F, & font que ceux qui viennent par le canal n, entrent par le tuyau cg dans le mufcle E, où fe vont aulTi rendre ceux du mufcle d: & ainfi la gorge s'ouure, c<; les viandes defcendent dans l'eftomac; puis incontinent après, ;
i5
20
|
;
a. »
«
Serue:{ vous de la figure précédente,
plée à ce qui manque.
notre Fig. 6.
»
Note de
& que
Clerselier.
La
vojlre imagination fupfigure qu'il indique est
25
Traité de l'Homme,
26-27.
les efprits
du canal
comme deuant. A l'exemple de comment 5
fer,
&
n
141
reprennent leur cours par B F
quoy, vous pouuez
machine peut éternùer,
cette
mouuemens
faire les
entendre
auflTi
baailler, touf-
neceifaires
à
rejetter
diuers autres excremens.
Pour entendre, après
cela,
comment
elle
peut eftre
incitée, par les objets extérieurs qui frapent les orga-
10
nes de fes fens, à mouuoir en mille autres façons tous fes membres penfez que les petits filets, que ie vous :
ay defia tantoft ueau,
dit venir
du plus intérieur de fon ce^-
& compofer la moelle de fes nerfs, font tellement
difpofez en toutes celles de fes parties qui feruent d'or-
gane à quelques 1
5
fens, qu'ils y
mus par les objets de ces y font mus tant foit peu fort, eftre
ftant les parties
urent par
peuuent *
fens
ils
du cerueau d'où
mefme moyen
;
très facilement
& que, lors qu'ils
tirent ils
les entrées
au mefme
viennent,
&
iri-
ou-
de certains pores,
qui font en lafuperlicie intérieure de ce cerueau, par vîo
où
les efprits
commencent
animaux qui font dans
aufli-toft à
rendre par eux dans
fes
concauitez
prendre leur cours,
&. fe
vont
dans les mufcles, qui feruent à faire, en cette machine, des mouuemens tout femblableS à ceux aufquels nous fommes naturelleles nerfs,
il
j
25
ment
incitez, lors
que nos fens font touchez en mefme
forte.
Comme,
3o
par exemple (Fig. 7),
fi
le feu
A
fe
trouue
proche du pié B, les petites parties de ce feu, qui fe meuuent comme vous fçauez tres-promptement, ont la force de mouuoir auec foy l'endroit de la peau de ce a.
Edit.
:
fes.
Le Monde.
142
pié qu'elles touchent; filet c, c,
&
par ce
que vous voyez y
17-29.
moyen
tirant le petit
ouurent
eftre attaché, elles
au mefme inftant l'entrée du pore d, e, contre lequel ce petit filet fe termine ainfi que, tirant Tvn des bouts :
d'vne corde, on |
fait
fonner en
mefme temps
la
cloche
5
qui pend à l'autre bout.
Or
du pore ou petit conduit d, e, eftant ainfi efprits animaux de la concauité F entrent
l'entrée
ouuerte, les
dedans,
&
font portez par luy, partie dans les mufcles
qui feruent à retirer ce pié de ce teu, partie dans ceux qui feruent à tourner les yeux der,
&
&.
10
& la tefte pour le regar-
partie en ceux qui feruent à auancer les mains
à plier tout le corps pour
Mais ilspeuuent
le
auffi eftre
deffendre.
portez parce
mefme con-
duit d,e, en plufieurs autres mufcles. Et auant que ie
i5
m'arrefte à vous expliquer plus exaélement, en quelle forte les efprits
animaux fuiuent leur cours par
pores du cerueau,
l<:
comment
les
ces pores font difpofez,
veux vous parler icy en particulier de tous les fens, tels qu ils fe trouuent en cette machine, & vous dire ie
comment
ils fe
rapportent aux noftres.
Sçachez donc, premièrement,
qu'il y a
nombre de
petits filets femblables à
cent tous à
fe
ficie
(^
c, c,
qui
vn grand
commen-
feparer les vns des autres, dés la fuper-
intérieure de fon cerueau, d'où
origine,
20
qui, s'allans de là
ils
prennent leur
épandre par tout
25
le refte
de fon corps, y feruent d'organe pour le fens de l'attouchement. Car encore que, pour l'ordinaire, ce ne |
foit
pas eux qui foient immédiatement touchez par les
objets extérieurs, mais les peaux qui les enuironnent,
3o
Traite de l'Homme.
29-30.
143
n'y a pas toutesfois plus d'apparence de penfer
il
que ce font ces peaux qui font les organes du fens, que de penfer, lors qu'on manie quelque corps, eftant ganté, que ce font les gans qui feruent pour le 5
fentir.
Et
remarquez qu encore que
parle foient fort déliez,
feurement depuis en font 10
le
les filets
ie
vous
ne laifTent pas de pafTer
ils
cerueau iufques aux membres qui
les plus éloignez, fans qu'il fe
trouue rien
entre deux qui les rompe, ou qui empefche leur adion
en lespreflant, quoy que ces membres dant en mille diuerfes laçons les efprits
:
fe plient
cepen-
d'autant qu'ils font
mefmes petits tuyaux qui portent animaux dans les mufcles, & que ces ef-
enfermez dans i5
dont
les
prits, enflant toufiours
empefchent d'y
quelque peu ces tuyaux,
eftre preffez
& mefme,
;
les
qu'ils les font
toufiours tendre autant qu'ils peuuent, en tirant du
cerueau d'où
ils
viennent, vers les lieux où
ils
fe
terminent. 20
vous diray que, quand Dieu vnira vne Ame Raifonnable à cette machine, ainfi que ie pretens
Or
ie
vous dire cy-apres, dans les 25
cerueau,
le
&
il
luy donnera fon fiege principal
la fera
de
telle nature,
que, félon
diuerfes façons que les entrées des pores qui
font en la fuperficie intérieure de ce cerueau feront
ouuertes par lentremile des nerfs,
elle
aura diuers
fentimens.
Comme, premièrement, pofent 3o
la
les petits filets qui
moelle de ces nerfs, font
force, qu'ils fe rompent, la)quelle
fi
ils
&
fe
tirez
com-
auec tant de
feparent de la partie à
efloient ioints, en forte
que
la
ftrudure
Le Mondf..
144
de toute la machine en
accomplie
en quelque façon moins
mouuement quils cauferont dans
le
:
foit
:>o-?i.
le
cerueau donnera occafion à lame, à qui il importe que le lieu de fa demeure fe conferue, dauoir le fentiment
de
la douleur.
Et s'ils font tirez par vne force prefque auffi
grande
que la précédente, fans que toutesfois ils fe rompent, ny fe feparent aucunement des parties aufquelles ils font attachez
:
ils
cauferont vn mouuement dans
ueau, qui, rendant témoignage de
la
bonne conftitu-
membres, donnera occafion
tion des autres
à
&
chatouillement,
proche de en fon
la
qui,
comme
douleur en
vous voyez, eftant
fort
fa caufe, luy eft toute contraire i5
Que û plufieurs de ces ils
&
petits filets font tirez
feront fentir à
du corps qui touche polie;
nomme
effet.
également,
ils la
le
lame que
membre où
ils fe
enfemble
la fuperficie
terminent,
luy feront fentir inégale,
d
eft
qu'elle eft
rude, s'ils font tirez inégalement.
Que ment
s'ils
l'vn
10
lame de
vne certaine volupté corporelle, qu'on
fentir
le cer-
de
20
ne font qu'ébranlez quelque peu feparel'autre, ainfi qu'ils font
par la chaleur que
le
continuellement
cœur communique
au.x autres
membres, l'ame n'en aura aucun fentiment, non plus que de toutes les autres adions qui font ordinaires; mais fi ce mouuement eft augmenté ou diminué en eu.\
2 5
par quelque caufe extraordinaire, fon augmentation fera auoir à l'ame le fentiment de la chaleur, &. fa dimi-
nution celuy de
la froideur. Et enfin, félon les
diuerfes façons
qu'ils feront
mus,
ils
autres
luy feront fentir
j
toutes les autres qualitez qui appartiennent à lattou-
3o
Traité de l'Homme.
3i.
chement en gênerai comme ,
\apefanteur,
&
Seulement
5
145
ï humidité, la fecherejfc,
femblables.
remarquer qu'encore qu'ils foienl fort déliez, & fort aifez à mouuoir, ils ne le font pas toutesfois tellement, qu'ils puiiïent rapporter au cerueau toutes les plus petites actions qui foient en la nature; mais que les moindres qu'ils luy rapportent, faut-il
font celles des plus grofficres parties des corps terreflres. Et 10
mefme, qu
peut y auoir quelques-vns de ces parties, quoy qu'aflez groffes, ne laiiïe-
corps, dont les
ront pas de
il
fe gliflei
ment, qu'elles
contre ces petits
les preiïeront
filets
ou couperont tout à
fans que leur adion pafle iufqu'au cerueau
mefme i5
20
:
drogues, qui ont
qu'il y a certaines
douce-
li
fait,
tout de la
force
ou mefme de corrompre, ceux de nos membres contre qui elles font appliquées, fans nous en faire auoir aucun fentiment. Mais les petits filets qui compofent la moelle des nerfs de la langue, & qui feruent d'organe pour le gouji en cette machine, peuuent eflre mus par de moindres adions, que ceux qui ne feruent que pour l'attouchement en gênerai tant à caufe qu'ils font vn peu plus déliez, comme aufTi parce que les peaux qui les couurent font plus tendres. Penfez, par exemple, qu'ils peuuent eflre mus en quatre diuerfes façons, par les parties des fels, des eaux aigres, des eaux communes, &. des eaux de vie, dont ic d'affoupir,
:
25
vous ay cy-defTus expliqué a.
Voir Météores,
t.
VI,
p.
233,
Et encore, t. I, p. 422-424, art. à l'un des deux chapitres xvi et
Œuvres.
VI.
1
1.
les grofîeurs
1.
19-24, p. 23-,
— Peut-être aussi
xvii,
1.
& les figures^, 25, et p. 238,
1.
3.
Descartes renvoyait-il
qui manquent ci-avant,
p.
1
18. 19
3
Le Monde.
lA,^
31-32.
&|ainfi qu'ils peuuent faire fentir à l'âme quatre fortes
de goufls differens
d'autant que les parties des
:
fels,
& agitées par l'adion pointe, & fans fe plier, dans
eflant feparées l'vne de l'autre
de
la faliue, entrent
les
pores qui font en
eaux aigres
s'y
de
peau de la langue; celles des coulent de biais, en tranchant ou la
incifant les plus tendres de fes parties,
aux plus groflieres
&
obeïfTant
douce ne font que fegUiferpar deiTus, fans incifer aucunes de fes parties, ny entrer fort auant dans fes pores & enfin celles de ;
5
celles de l'eau
;
10
l'eau de vie, eflant fort petites, y pénètrent le plus auant de toutes, s'y meuuent auec vne tr^s grande
&
viteffe.
D'où
il
vous
eft aifé
pourra fentir toutes
de iuger, comment lame
les autres fortes
de goufts,
fi
voua confiderez en combien d'autres façons les petites parties des corps terreftres peuuent agir contre la
1
langue.
Mais ce
qu'il faut
icy principalement remarquer,
que ce font les mefmes petites parties des viandes, qui eflant dans la bouche peuuent entrer dans les pores de la langue, & y émouuoir le fentiment du goufl, lefquelles eflant dans l'eflomac peuuent pafTer dans le c'eft
fang,
& de là s'aller ioindre & vnir à tous les membres
;
& mefme, qu'il n'y a que celles qui chatouillent la langue modérément, & qui pourront par ce moyen faire fentir à
lame vn
-o
25
goufl agréable, qui foient entiè-
rement propres à cet effet. Car, pour celles qui agiffent trop ou trop peu, comme elles ne fçauroient faire fentir qu'vn gouft trop piquant, ou trop fade, auffi font-elles trop pénétrantes, ou trop molles, pour entrer en la compofition du fang,
3o
Traité de l'Homme.
32-33.
S:
à rentretenement de quelques
feruir
pour celles qui font l'autre, qu'elles
10
fi
ou iointes
groffes,
ne peuuent
membres. fi
fort
Et
fvne à
eftre feparées par l'adion
ny aucunement pénétrer dans les pores de la langue, pour agir contre les petits filets des nerfs qui y feruent pour le gouft, autrement que contre ceux des autres membres qui feruent pour l'attouchement en gênerai, & qui n'ont point aufli de pores en elles-mefmes, où les petites parties de la langue, ou bien pour le moins celle* de la faliue dont elle efl hude
5
147
la faliue,
medée,
puiflent entrer
:
comme
elles
ne pourront faire
aucun gouft, ny faueur, aulTi ne fontpas propres pour l'ordinaire à eftre mifes dans
fentir à l'ame elles
l'eftomac. 1
5
Et cecy eft
fure que
le
généralement vray que fouuent, à metempérament de l'eftomac fe change, la li
,
force du gouft fe change auffi
qui aura
amere
:
dont
l'eftomac,
en forte qu'vne viande
coutume de fembler
gouft, luy pourra 20
;
&
à
lame agréable au
mefme quelquefois fembler
la raifon eft
que
fade,
ou
la faliue, qui vient
de
qui retient toufiours les qualitez de l'hu-
meur
qui y abonde, fe mêle auec les petites parties des viandes qui font dans la bouche, & contribue
2 5
beaucoup à leur adion. Le fens de X odorat dépend filets,
auffi
de plufieurs petits
qui s'auancent de la baze du cerneau vers
le
nez,
au deftbus de ces deux petites parties*toutes creufes, que les Anatomiftes ont comparées aux bouts des
mammellcs d'vne femme, 3o
Se
qui ne différent en rien
au gouft, concauitc de la
des nerfs qui feruent à l'attouchement finon qu'ils ne fortent point hors de la
&.
Le Monde.
148
qui contient tout
tefte
le
33-34.
cerueau,
peuuent
qu'ils
I
mus par des
eftre
parties terreflres encore plus petites
que les nerfs de la langue, tant à caufe qu'ils font vn peu plus déliez, comme auffi à caufe qu'ils font plus immédiatement touchez par les objets qui les. meuuent.
Car vous deuez fçauoir que,
lors
refpire, les plus fubtiles parties
par
le
de
que cette machine
l'air
qui luy entrent
nez, pénètrent par les pores de
nomme
5
l'os
qu'on
fpongieux, finon iufqu'au dedans des conca-
10
du cerueau, pour le moins iufqu'à l'efpace qui eft entre les deux peaux qui l'enuelopent, d'où elles peuuent reffortir en mefme temps par le palais comme réciproquement, quand l'air fort de la poitrine, elles peuuent entrer dans cet efpace par le palais, & en ref-
i5
uitez
:
fortir
par
le
nez
;
&
qu'à l'entrée de cet efpace elles
rencontrent les extremitez de ces petits
filets
nues, ou feulement couuertes d'vne peau qui
mement
eft
toutes extrê-
déliée, ce qui fait qu'elles n'ont pas befoin de
beaucoup de force pour les mouuoir. Vous deuez aufli fçauoir, que ces pores font tellement difpofez, & fi étroits, qu'ils ne laiffent palTer iufqu'à ces petits filets, aucunes parties terreftres qui foient plus groftes que celles que i'ay cy-deffus nommées Odeurs pour ce fujet"; fi ce n'eft peut-eftre aufiTi « Qui /oient plus groffes que celles a. Remarque de Louis de la Forge que i'ay cy-deffus nommé odeurs, pour ce fujet, p. 34. 1. 23. le ne Içache point d'écrit imprimé, dans lequel noftre Autheur ait donné le nom d'odeurs à aucunes particules de la matière. C'eft pourquoy il me lemble encore manifefte, par ce palîage, que ce traitté eft vne pièce détachée de l'ouurage dont il parle; dans la Méthode. » (Page 2-3.) Voir aussi :
i>
» » "
»
Principia Philojophice, pars IV,
art.
c.xcm
(t.
VIll,
p.
318-9.)
20
2 5
Traité de i/Homme.
34-"5.
149
quelques-vnes de celles qui compofent'les eaux de à caufe que leur figure les rend fort pénétrantes.
vie,
Enfin vous deuez fçauoir, qu'entre ces parties ter-
extrêmement petites, qui fe trouuent toufiours en plus grande abondance dans l'air, qu'en aucun des autres corps compofez, il n'y a que celles qui font vn peu plus ou moins groffes que les autres, ou qui à reftres
5
I
raifon de leur figure font plus uoir, qui pourrpnt 10
ou moins
aifées à
donner occafion a l'ame d'auoir
diuers fentimens des odeurs. Et
mefme
celles en qui ces excez font fort
modérez,
l'vn
mou-
il
les
que tempérez
n'y aura
&
par l'autre, qui luy en feront auoir d'agréables.
Car, pour celles qui n'agiffent qu'à l'ordinaire, elles ne
pourront aucunement '5
fent auec trop
eftre fenties
;
&.
celles qui agif-
ou trop peu de force, ne luy pourront
que déplaifantes. Pour les petits filets qui feruent d'organe au fens de Vouye, ils n'ont pas befoin d'eflre fi déliez que les precedens mais il fuffit de penfer qujls font tellement difpofez au fond des concauitez des oreilles, qu'ils peuuent facilement eftre mus tous enfemble, &. d'vne mefme façon, par les petites fecoufi!es dont l'air de dehors pouffe vne certaine peau fort déliée, qui eft
eftre
;
20
25
tendue à l'entrée de ces concauitez, & qu'ils ne peuuent eftre touchez par aucun autre objet que par l'air qui
eft
au
defll^ous
de cette peau
petites fecouft'es, qui paflTans
;
car ce feront ces
iufqu'au cerueau par
l'entremife de ces nerfs, donneront occafion à
3o
lame
de conceuoir l'idée des fons. Et notez qu'vne feule d'entr'elles ne luy pourra faire ouïr autre chofe qu'vn bruit fourd, qui pafte en vn
I
Le Monde.
^o
35-37.
moment, &. dans lequel il n'y aura point d'autre variété, fmon qu'il fe trouuera plus ou moins grand, félon que l'oreille fera
frappée plus ou moins fort
;
mais que,
que plufieurs s'entrefuiuront, ainfi qu on void à l'œil que font les tremblemens des cordes, & des cloches quand elles fonnent, alors ces petites fecoufles compoferont vn fon, que lame iugera plus doux ou plus rude, félon qu elles feront plus égales ou plus inégales entr elles & qu'elle iugera plus aigu ou plus graue, félon qu'elles feront plus promptes à s'entrefuiure, ou plus tardiues en forte que, fi elles font de' lors
!>
I
;
m
:
ou du quart, ou d'vne cinquième partie &c., plus promptes à s'entrefuiure vne fois que l'autre, elles compoferont vn fon que lame iugera plus aigu d'vne odaue, ou d'vne quinte, ou d'vne quarte, ou d'vne tierce majeure &c. Et enfin plufieurs fons mêlez enfemble feront accordans ou difcordans, félon la moitié,
ou du
tiers,
i5
y aura plus ou moins de raport, &. qu'il fe trouuera des interualles plus égaux ou plus inégaux, entre qu'il
les petites fecoufifes qui les
Comme,
compofent.
par exemple {Fig.
8),
fi
20
les diuifions des
G, H, reprefentent les petites fecoulîes qui compofent autant de diuers fons, il eft aifé à iuger que ceux qui font repreferitez par les lignes. A, B, C, D, E, F,
ligues
que
G&
H, ne doiuent pas eftre
les autres
:
fi
doux à
l'oreille
25
ainfijque les parties raboteufes d'vne
pierre ne le font pas tant à l'attouchement, que celles
d'vn miroir bien poly. Et
il
faut penfer que B reprefente
vn fon plus aigu que A, d'vne oélaue, C d'vne quinte, D vne quarte, E d'vne tierce majeure, & F d'vn ton aufii
majeur;
&
remarquer qu'A
&.
B
joints enfemble,
3o
Traité de l'Homme.
37-:»8.
i ^
i
ou A BD, ou mefme ABCE font beaucoup plus accordansque ne font A & F, ou ACD, ou A DE, &c. Ce qui me femble fuffire pour monftrer comment lame, qui fera en la machine que ie vous décris, pourra fe plaire à vne Mufique qui fuiura toutes les mefmes règles que la nôtre & comment mefme elle pourra la rendre beaucoup plus parfaite au moins fi l'on confidere, que ce ne font pas abfolument
ABC,
ou
5
;
;
les
chofes les plus douces, qui font les plus agréables
aux fens, mais celles qui les chatouillent d'vne façon mieux tempérée ainfi que le fel
lo
:
fouuent plus agréables à c eft ce qui fait fe.xtes,
que
i5
que
& mefme
la
refte
langue que l'eau douce. Et
Mufique reçoit
les tierces
&
les
quelquefois les diiïbnances,aufri bien
les vniflbns, les
11
la
odaues,
encore le fens de
&
les quintes.
la veiie,
que
i'ay
befoin d'ex-
exadement que les autres, à caufe dauantage à mon fuiet". Ce fens dépend auffi
pliquer vn peu plus qu'il fert
en cette machine de deux nerfs, qui doiuent fans doute
compofez de plufieurs petits filets, les plus déliez, les plus aifez à mouuoirquipuiffent eftre d'autant
eftre
20
6i
;
qu'ils font deftinez à rapporter
25
au cerueau ces diuerfes
adions des parties du fécond élément, qui,fuiuant ce qui a efté dit cy-deffus, donneront occafion à lame, quand elle fera vnie à cette machine, de conceuoir les diuerfes idées des couleurs
&
de
la lumière''.
I
Mais pource que a.
que
la suite
l'œil
aide auffi à cet
Nouvelle preuve que ce
du précédent.
Voir ci-avant, chapitres xiir et xiv, p. 84-103, et surtout p. 97, la lumière seulement. Pour les couleurs, voir \es Météores, VI de celte édition, p. iig-Siy. b.
1.
ftrudure de
C'est-à-dire à l'explication de la lumière.
traité n'est
I.
la
18-22, pour
Le Monde.
1^2 effet,
eft icy
il
grande facilité, en
laifl'ant
fluës,
que
ABC
belbin que ie
décriue;
ie la
tafcheray de
38-39.
pour plus
&.
en peu de mots,
le faire
tout à deffein plufieurs particularitez fuperla curiofité
(Fig. g) eft
des Anatomiftes v remarque.
vne peau aflez dure
&
épaifle, qui
compofe comme vn vaze rond, dans lequel toutes autres parties de loeil font contenues.
autre plus déliée, qui
au dedans de
la
DEF
en
eft
les
vne
tendue, ainfi qu vne tapilTerie,
eft
précédente.
GH
eft le nerf,
I
dont
les
H G, H I, eftant épars tout autour depuis H G & I, couurent entièrement le fond de l'œil.
petits filets
iufques à
K, L, M, font trois fortes de glaires,
trêmement
&
claires
5
10
ou humeurs, ex-
tranfparentes, qui rempliftent
I
tout Tefpace contenu au dedans de ces peaux,
ont chacune
En
&
la
la figure
première peau,
la partie
la
&
regarde
tranfparente,
&
refradion des
le
la
s'y fait vers la
deuxième peau,
la partie E F, qui
BCBeft
le refte;
rayons qui entrent dedans,
En
qui
que vous voyez icyreprefentée*.
vn peu plus voûtée que
laire.
&
perpendicu-
la fuperficie intérieure
fond de
i5
de
toute noire
l'œil, eft
20
& elle a au milieu vn petit trou rond, qui noir qu'on nomme la prunelle, &. qui paroift
obfcure, ce
eft
fi
au milieu de
l'œil,
quand on
trou n'eft pas toufiours de
le
regarde par dehors. Ce
mefme grandeur,
E F de la peau dans laquelle
tie
ment dans l'humeur eftre
par
comme la
il
eft,
car la par-
nageant libre-
K, qui eft fort liquide,
vn petit mufcle, qui
s
élargit
ou
25
femble s'étrecit
diredion du cerueau, félon que l'vfage
le re-
quiert.
La figure de l'humeur marquée a.
Voir Dioptrt'que.
t.
VI, p. io6,
1.
3-22.
L,
qu'on
nomme
Vhu-
3o
Traité de l'Homme.
39-41-
meur
cryjialline, eft
i'ay décrits
au
i
5
j
femblable à celle de ces verres, que
traitté
de
Dioptrique% par
la
moyen
le
defquels tous les rayons qui viennent d'vn certain
&
point fe rafTemblent à vn autre certain point; 5
10
fa
moins molle, ou plus ferme, & caufe par confequent vne plus grande refrad:ion, que celle des deux autres humeurs qui fenuironnent. E, N, font de petits filets noirs, qui viennent du dedans de la peau D, E, F, & qui embraffent tout autour matière
eft
humeur
cette
cryftalline
petits tendons, par le
&
changer,
moven
comme
autant de
defquels fa figure
fe
peut
rendre vn peu plus platte, ou plus voû-
fe
félon qu'il
tée,
qui font
;
eft
de befoin. Enfin
o, o, font
(w ou
I
fept mufcles attachez à Tœil par dehors, i5
uent mouuoir très facilement
&
très
&,
qui le peu-
promptement de
tous coftez.
Or
la
peau B C B
M, eftant point que 20
fort claires les
&
{Fig. p),
&
rayons de
humeurs
où
eft le nerf,
contre luy,
& elles
tranfparentes, n'empefchent
lumière, qui entrent par
la
comme
&
le
s'il
qu'ils nagiflent aufli facilement eftoit tout à fait à
feruent à le preferuer des iniures de
autres corps extérieurs, qui offenfer, s'ils le touchoient
meure
&
;
le
&
découuert l'air,
l<:
;
des
pourroient facilement
de plus, à faire
qu'il
de-
que ce neft pas merueille qu'il puiffe eftre meu par des adions fi peu fenfibles, comme font celles que ie prens icy pour les couleurs. La courbure qui eft en la partie de la première peau, marquée BCB, & la refradion qui s'y fait, eft caufe fi
tendre
fi
délicat,
|
3o
K, L,
trou de la prunelle, ne pénètrent iufqu'au fond de l'œil,
25
les trois
a.
Difcours feptiefme, (EUVRKS. VI.
et suiv..
t.
VI,
p.
147, etc.
ÎO
1
Le Monde.
54
que
4'-4'-
les
rayons qui viennent des objets qui font vers coftez de l'oeil, peliuent entrer par la prunelle; &
ainfi
les
que, fans que l'œil fe remiie,
plus grand
nombre
d'objets, qu'elle
fans cela
car, par
exemple,
:
courboit pas au point B,
il
fi
le
lame pourra
voir
ne pourroit
faire
rayon PBK
fe
3
ne pourroit pafTer entre
pour paruenir iufques au nerf. La refradion qui fe fait en l'humeur cryilalline fert à rendre la vifion plus forte, & enfemble plus diftinde. Car vous deuez fçauoir, que la figure de cette humeur eft tellement compaffée", eu égard aux refraftions qui fe font dans les autres parties de l'œil, & à la diftance des objets, que lors que la veùe eft dreflee vers quelque point déterminé d'vn objet, elle fait que les points F, F,
tous les rayons qui viennent de ce point,
&
qui en-
lo
i5
trent dans l'œil par le trou de la prunelle, fe raffem-
blent en vn autre point au fond de
l'œil,
iuftement
contre l'vne des parties du nerf qui y eft, &. empefche par mefme moyen, qu'aucun des autres rayons qui entrent dans l'œil, ne touche la
mefme
partie de ce
20
nerf.
jPar exemple (Fig. 10),
garder
le
l'œil
eftant difpofé à re-
point R, la difpofition de l'humeur cryftal-
que tous les rayons RN S, RLS &c., s'aflemblent iuftement au point S, & empefche, par mefme moyen, qu'aucun de ceux qui viennent des points T line fait
&X
&c., n'y paruiennent; car elle affemble
aufli
tous
ceux du point T enuiron le point V, ceux du point X enuiron le point Y, & ainfi des autres. Au lieu que, a.
Sic.
compojita.
Lire plutôt
:
compofée. La traduction latine de
1662
donne
25
Traité de i/Homme.
42-43.
ne
s'il
fe faifoit
feul de fes
5
de
mefme
les points
cet œil, l'objet
rayons au point S, &. en tout refpace V, Y;
& là T & X, &
les autres s'épandroient çà
^'
^
aucune refradion dans
R n enuoyeroit qu'vn
&
i
tous ceux qui font
entre deux, enuoyeroient chacun vn de leurs rayons vers ce
Or
il
mefme
point S.
R
bien euident que l'objet
eft
du nerf qui
fort contre la partie
eft
doit agir plus
à ce point S, lors
y enuoye grand nombre de rayons, que s'il n'y en enuoyoit qu'vn feul & que cette partie du nerf S
qu'il lo
;
doit rapporter plus diftinélement
&
plus fidèlement
au cerueau l'adion de cet objet R, lors qu'elle ne reçoit des rayons que de luy feul, que fi elle en receuoit de diuers autres, La couleur noire, tant de
i5
peau EF, que des
la
de
la fuperficie intérieure
petits filets
EN,
fert aulTi à
I
rendre
la vifion
plus diftinde
efté dit cy-defTus
amortit 20
la
de
la
;
car, fuiuant ce qui a
nature de cette couleur^ elle
force des rayons qui fe reflechiffeni du fond
empefche que de là ils ne retournent derechef vers le fond de Tœil, où ils pour-
de
l'œil vers le
deuant,
01:
roient apporter de la çonfufion. Par exemple, les rayons
de
l'objet X,
donnant au point Y contre
le
nerf qui
eft
N
&.
blanc, fe reflechiffent de là de tous coftez vers ï5
vers F, d'où
ils
pourroient derechef fe réfléchir vers S
& vers V, & y troubler l'adion des corps N & F n'eftoient pas noirs.
points
Le changement de figure, qui fe cryftalline, fert à ce a.
que
fait
R &
T,
fi
les
en l'humeur
les objets qui font à diuerfes
Rien de pareil ne se trouve dans ce qui précède. Voir toutefois
notes a
et t. p.
iSi ci-avant.
les
Le Monde.
1^6
44-4V
diftances puiiTent peindre diftinclement leurs images
au fond de
l'œil
:
car, fuiuant ce qui a efté dit
Dioptrique%
de
la
LN
eft
de
par exemple [Fig.
fi
telle figure, qu'elle faffe
que tous
S, la
rayons
elle fera
que
le
G & au contraire,
eft
plus
plus éloigné, y aillent rayon TL ira vers H, & TN eft
G, & X N vers H, & ainû des autres. Si bien que, pour reprefenter diftindement le point X, il eft befoin que toute la figure de cette humeur NL fe change, & qu'elle deuienne vn peu plus platte, comme celle qui eft marquée I & pour reprefenter le point T, il eft befoin qu'elle deuienne vn peu plus voûtée, comme celle qui eft marquée F. Le changement de grandeur qui arriue a la prunelle car il eft befoin fert à modérer la force de la vifion qu'elle foit plus petite, quand la lumière eft trop viue, afin qu'il n'entre pas tant de rayons dans l'œil, que le
vers
5
|
proche, ou du point X, qui
mais
l'humeur
les
ne pourra faire que ceux du point T, qui auffi;
traitté
R aillent iuftement toucher le mefme humeur fans eftre changée,
qui partent du point
nerf au point
1 1)
au
;
que
XL
ira vers
lo
;
i5
;
nerf en puiffe eftre oftenfé
quand |aft^ez
;
&
qu'elle foit plus grande,
trop foible, afin qu'il y en entre pour eftre fentis. Et de plus, pofant que la lula
lumière
eft
mière demeure égale, il eft befoin que la prunelle foit plus grande, quand l'objet que l'œil regarde eft éloigné, que quand il eft proche: car, par exemple (F/^. 12)^ s'il
eft
befoin qu'il en entre tout autant dans
par confequent que a.
du point R, par pour pouuoir eftre
n'entre qu'autant de rayons
nelle de l'œil 7, qu'il en faut il
20
Voir
t.
VI, p. 106
fa
prunelle
et p. 108.
foit
la
25
pru-
fentis,
l'œil 8,
plus grande.
& 3o
Traité de l'Homme.
45-46-
La petitefrc de vifion
prunelle fart
la
diftinde
plus
auffi
rendre
à
^7 la
deuez fçauoir que,
car vous
;
i
quelque figure que puifle auoir Ihumeur cryftalline, il eft impofîîble qu elle fatlc que les rayons qui viennent 5
de diuers pointsde l'objet s'aiTemblent tous exadement en autant d autres diuers points
mais que,
:
fi
ceux du
point R, par exemple Fig. 10)^ s'aflembleni iullement '
au point
S,
fent par la 10
du point T, que ceux qui palcirconférence & par le centre de Ivn des n'y aura,
il
cercles qu'on peut décrire fur la fuperficie de cette hu-
meur
exademeni
cryftalline, qui fe puilTeni alTembler
au point V; &parconfequent, que
les autres, qui feront
d'autant moindres en nomjbre que la prunelle fera plus petite, allans i5
toucher
nerf en d autres points, ne
le
pourront manquer d'y apporter de laconfufion. D'où vient que,
fi
vne fois que
la vifion d'vn
mefme
l'autre, elle fera auffi
œil
20
plus grande, quand elle la vilion
De
là
parce que,
;
moins
moins
l'objet, foit la
foit
de
la
prunelle eftant
rend
auffi
lame ne pourra iamais
voir
eft
forte, cela
plus confufe. vient aufli, que
très diftinc^ement qu'vn feul point de l'objet a fois. f(^auoir, 23
forte
moins diftinde,
que cela vienne de l'éloignement de débilité de la lumière
cft
chaque
celuy vers lequel toutes les parties de
l'œil feroni dreilees
pour
lors.
A que
les
autres luy
paroiftronid autant plus confus, qu'ils feront plus éloi-
3o
gnez de celuv-cy. Car, par exemple, fi les rayons du point R s'aliemblent tous exademeni au point S, ceux du point X s'atfembleront encore moins exactement vers Y, que ceux du point T ne s'aftembleront vers V & il faut iuger ainfi des autres, a mefure qu'ils font ;
5
Le Monde.
1^8
4'>-47
plus éloignez du point R. Mais les mufcleso, o^, tour-
nant
l'œil très
promptement de tous
fuppléer à ce défaut
car
:
ils
coftez, feruent à
peuuent en moins de rien
l'appliquer fuccelTiuement à tous les points de l'objet,
&
ainfi faire
ment
l'vn
que lame
les puifle voir
tous diftinde-
après l'autre.
n'adjoute pas icy, particulièrement, ce que
le
5
qui pourra donner occafion à cette
c'ell
ame de conceuoir
toutes les différences des couleurs, car i'en ay defia affez parlé cy-deffus
'\
Et ie
ne dis pas
aufli
quels objets
delaveûe luy doiuent eftre agréables ou defagreables; de ce que i'ay expliqué des autres fens, il vous car, eft facile à entendre que la lumière trop forte doit offenfer les yeu.\, &. que la modérée les doit recréer: & qu'entre les couleurs, la verte, qui confifte en l'adion la plus modérée (qu'on peut nommer par analogie la
lo
I
proportion d'vn à deux),
eft
comme
1
l'odaue entre les
confonanccs de la Mufique, ou le pain entre les viandes que l'on mange, c eft à dire celle qui eft la plus vniuCrfellement agréable uerfes couleurs de
beaucoup plus que (^-
les
;
&
enfin,
que toutes ces di-
mode, qui recréent fouucnt
la
le vert,
font
comme
les
accords
paffages d'vn air nouucau, touché par quelque
excellent ioùeur de luth, ou les ragoufts d'vn finier, qui
chatouillent bien dauantage
bon
le fens,
cl'
cui-
luy
font fentir d'abord plus de plaifir, mais aufti qui le laffent &.
beaucoup
plutoft,
que ne font
les objets fimples
ordinaires. a.
l'arenthèse
:
p. 40.) Voir figure b.
20
Voir
les
(cy-deuani reprefente^ dans 9.
notes a et
^, p.
1
5
1
ci-avant.
la
première figure de
l'œil
2^
,
Traité de l'Homme.
47-49
1^9
Seulement faut-il encore que ie vous die ce que c'eft qui donnera moyen à lame de fentir la fituation, la figure, la diftance, la grandeur, &. autres fem-
blables qualitez 5
:
qui ne fe rapportent pas à vn feul
fens en particulier, ainfi que font celles dont i'ay parlé
communes à l'attouche& mefme en quelque façon aux
iufques icy; mais qui font
ment
&
à la veiie,
autres fens.
Remarquez donc, premièrement, que (F/^. /3), fi la main A, par exemple, touche le corps C, les parties I
10
du cerueau B, d'où viennent les petits nerfs, feront autrement difpofées, que fi
filets
elle
de fes en tou-
choit vn qui fuil d'autre figure, ou d autre grandeur,
ou i5
fitué
en vne autre place; &ainfi, que lame pourra
connoiftre, par leur
&
fa figure,
&
fa
moyen,
grandeur,
la fituation
&
toutes les autres fem-
mefme {Fig. 14), fi lame pourra con-
blables qualitez. Et que tout de 1
œil
D
eft
tourné vers l'objet
E,
noiftre la fituation de cet objet, d'autant 20
de cet œil feront difpofez en vne s'il
eftoit
s'afTemblans au point
25
que
les nerfs
autre forte, que
|
tourné vers ailleurs. Et qu'elle pourra con-
noiftre fa figure, d'autant
tique,
de ce corps,
& ceux du
point
les
rayons du point
contre
le
au point
4,
2, j
que
nerf
nommé
i
op-
& ainfi des autres,
y en traceront vne, qui fe rapportera exadement à la fienne. Et qu'elle pourra connoître la diftance du point i,
par exemple, d'autant que
meur
de l'hu-
la difpofition
cryftalline fera d'autre figure,
pour
faire
que
tous les rayons qui viennent de ce point s'aflemblent 3o
iuftement au point
au fond de
l'œil
en eftre
milieu, que
le
s'il
en
2,
que
eftoit plus
ie
fuppofe
proche ou
Le Monde.
i6o
49-51.
plus éloigné, ainfi qu'il a tantoft efté
du point j rayons entreront dans
qu'elle connoiftra celle
autres dont les
,
Et de plus,
dit.
&
de tous les
l'œil
mefme
en
temps: pour ce que, l'humeur cryftalline eftant ainfi difpofée, les rayons de ce point j ne s'affembleront pas fi iuftement au point 4, que ceux du point i au point 2., & ainfi des autres & que leur adion ne fera pas du tout Cl forte à proportion, ainfi qu'il a aufli tantoft; efté dit. Et enfin, que l'ame pourra connoiftre la grandeur des objets de la veùe, & toutes leurs
5
;
autres femblables qua
litez,
qu'elle aura de la diftance
leurs points
;
comme
auffi,
par
&
10
la feule connoift^ance
de
la fituation
réciproquement,
de tous
elle
iugera
quelquefois de leur diftance, par l'opinion qu'elle aura
o
de leur grandeur.
Remarqués auffi (Fig. i5), que fi les deux mains, /& g, tiennent chacune vn bafton, / & h, dont elles touchent l'objet K encore que lame ignore d'ailleurs la :
longueur de ces baftons, toutesfois, pource qu'elle fçaura
la diftance
qui
eft
entre les deux points
f&
g,
20
grandeur des angles fgh, & g fi, elle pourra connoiftre, comme par vneGeometiie naturelle, où eft l'objet K. Et tout de mefme {Fig. r()), û les deux yeux
&
L
la
& M
ligne
font tournez vers l'objet N, la grandeur de la
LM,
&
celle des
feront connoiftre où
deux angles LMN,
MLN,
luy
23
point N.
eft le
aflez fouuent fe tromper pourra auffi en tout cecy; car, premièrement, fi la fituation de la main, ou de l'œil, ou du doigt, eft contrainte par
Mais
elle
|
quelque caufe extérieure, elle ne s'accordera pas fi exadement auec celle des petites parties du cerueau
3o
Traité de l'Homme.
5i-52.
d'où viennent les nerfs,
5
comme
û
i6i
elle
ne dependoit
que des mufcles; & ainfi lame, qui ne la fentira que par l'entremife des parties du cerueau, ne manquera pas pour lors de le tromper. Comme, par exemple {Fig-. ly), Ci la main f, eftant de foy difpofée à fe tourner vers o, fe trouue contrainte par quelque force extérieure à demeurer tournée vers K les parties du cerueau d'où viennent fes nerfs, ne feront pas tout a fait difpofées en mefme forte, que fi c'eftoit par la force de fes mufcles que la main fuft ainfi tournée vers K ny auffi en mefme forte, que fi elle efloit véritablement tournée vers o; mais d'vne façon moyenne entre ces deux, fçauoir en mefme forte que û elle efloit tournée vers P. Et ainfi la difpofition que cette contrainte donnera aux parties du cerueau, fera iuger à lame que l'objet K efl au point P, & qu'il efl autre que celuy qui efl touché par :
lo
;
i5
main g. Tout de mefme
la
{Fig. i8), f^ l'œil
M
efl
détourné
I
20
par force de l'objet N, regarder vers
q,
&
difpofé
lame jugera que
comme
l'œil efl
s'il
deuoit
tourné vers
pource qu'en cette fituation les rayons de l'objet entreront dans l'œil, tout de mefme que feroient
R. Et
N
ceux du point 25
vers efl
R
:
S,
elle croira
û
l'œil efloit
véritablement tourné
que cet objet N
autre que celuy qui
efl
efl
au point
S, vi qu'il
regardé par l'autre œil.
Tout de mefme aufîi {Fig. / 0), les deux doigts t &.v, touchans la petite boule X, feront iuger à l'ame qu'ils en touchent deux différentes, à caufe qu'ils font croi3o
fez
&
retenus par contrainte hors de leur fituation
naturelle. Œuvres.
VI.
ii
Le Monde.
102
De
53-55.
ou autres lignes, par l'entremife defquelles les adions des objets éloignez paffent vers les fens, font courbées, lame, qui les fupplus, û les rayons,
communément eftre droites, en trom|per. Comme, par exemple
pofera
tirera occafion
de
(Fig. 20),
fe
bafton
HY
l'objet K,
eft
courbé vers K,
il
que ce bafton touche,
(Fig. 21) reçoit les
rayons de
verre Z, qui les courbe,
fi
le
5
femblera à Tame que eft
vers Y. Et û Tœil L
l'objet
N
au trauers du
femblera à lame que cet
il
mefme
B
10
du point D, au trauers du verre c, que ie fuppofe les plier tous en mefme façon que s'ils venoient du point E, & ceux du point F, comme s'ils venoient du point G, & ainfi des autres, il femblera à l'ame que l'objet DFH, eft auflî éloigné & aufli grand que paroift EGI. Et pour conclufion, il faut remarquer, que tous'les moyens que l'ame aura pour connoiftrela diftance des objets de la veiie, foiu incertains. Car {Fig. 16) pour
i5
objet eft vers A. Et tout de
{Fig. 22),
fi
l'œil
reçoit les rayons
I
les angles
LMN, MLN, &
leurs femblables,
ils
ne
20
changent quafi plus fenfiblement, quand l'objet eft à quinze ou vingt piez de diftance. Et pour la difpofition
change encore moins fenfiblement, fi toft que l'objet eft plus de trois ou quatre piez loin de l'œil. Et enfin, pour ce qui eft de iuger des éloignemens, par l'opinion qu'on a de la grandeur des objjets, ou pour ce que les rayons qui viennent de
de l'humeur
cryftalline, elle
leurs diuers points, ne s'aftemblent pas
fi
exadement
au fond de lœil les vns que les autres, l'exemple des tableaux de pcrfpcdiuc nous monftre alfez combien il
eft facile
de
s'y
25
tromper. Car, lors que leurs figures
3o
Traité de l'Homme.
55-56.
165
font plus petites que nous ne nous imaginons qu'elles
5
&
que leurs couleurs l'ont vn peu obfcures, & leurs lineamens vn peu confus, cela fait qu'elles nous paroifTent de beaucoup plus éloignées & plus grandes qu'elles ne font. Or, après vous auoir ainfi expliqué les cinq fens doiuent eilre
,
extérieurs, tels qu'ils font en cette machine, auffi
que
ie
il
faut
vous die quelque chofe de certains fen-
timens intérieurs qui s'y trouuent. 10
Lors que les liqueurs, que i'ay dit cy-deflus feruir
comme
d'eau forte dans fon eflomac",
cefle de toute la maiïe
du fang par
les
&y
entrer fans
extremitez des
artères, n'y trouuent pas aflez de viandes à diflbudre
i5
*
pour occuper toute leur force, elles la tournent contre l'eftomac mefme, & agitant les petits filets de fes nerfs plus fort que de coutume, font mouuoir les parties du cerueau d'où ils viennent. Ce qui fera caufe que lame eftant vnie à cette machine conceura l'idée générale de la. faim. Et fi ces liqueurs font difpofées à employer plutoft leur adion contre certaines viandes particulières que contre d'autres, ainfi que l'eau forte commune diffout plus aifement les métaux que la cire, I
20
elles agiront auffi d'vne façon particulière contre les
nerfs 25
de l'eftomac, laquelle fera caufe que lame
conceura pour lors l'appétit de manger de certaines viandes, plutoft que d'autres. (Hîc notari potejî mira huius machin'œ conformatio, quod famés oriatur ex ieiunio : fanguis enim circulatione acrior
fit,
&
ita
liquor ex
eo in Jîomachum veniens neruos magis vellicat, idque a.
Voir ci-avant,
p.
121,1.10-21.
modo
5
Le Monde.
164
50-57
peculiarî, Ji peculiaris Jït conjlitutio fanguinis
Or
mulierum''.)
fentiment de
Mais
il
vnde pica
ces liqueurs s'afTemblent principale-
ment au fond de le
:
l'eftomac,
& ceA
là qu'elles
caulent
la faim.
monte
aufli
continuellement plufieurs de
5
& lors
qu elles n'y viennent pas en affez grande abondance pour l'humeder, & remplir fes pores en forme d'eau, elles y montent feulement en forme d'air, ou de tumée, & agiffant pour lors contre fes nerfs d'autre façon que de coutume, elles caufent vn mouuement dans le cerueau, qui donnera
leurs parties vers legofier,
|
occafion à
lame de conceuoir
&
le
fang qui va dans
plus fubtil,
&
s'y
l'ordinaire,
il
» »
la foif.
le
cœur
eft
plus
embrafe plus facilement qu'à
difpofe le petit nerf qui y
eft,
en
façon
la
Remarque de Louis de la Forge, p. 386 « Htc notari potejl. le croy que ce partage n'apartient pas au texte, mais que c'ell la remarque de quelqu'vn à qui cet écrit eft tombé entre les mains; laquelle il auoit loife à la marge, mais le copifte, peu intelligent ou trop fidèle, l'a inférée dons
a. »
de
que
Ainfi, lors
pur
l'idée
:
outre qu'il n'y a point le texte, qui ne lailTe pas d'eftre entier fans cela de raifon pourquoy l'Autheur auroit changé de langage. » Vient ensuite, en italiques, la phrase suivante, qui est sans doute de Clerselier: « L'obK
;
»
ejl iudicieufe, & véritable, Jinon que la remarque me [me ejï de Monjieur De/cartes ; c'ejl pourquoy on ne l'a pas voulu obmettre. » Hic notari... L'édition de V Schuyl donnait déjà cette même phrase mulierum, en italiques, comme détachée du texte. Ckrselier l'a fait suivre d'une traduction française, qui vraisemblablement est de lui, et non de Descartes. C'est pourquoi nous la donnons en note « L'on peut icy remarquer la Itruclure admirable de cette machine, qui » eft telle que la faim luy vient d'avoir efté trop long-temps fans manger » dont la raifon eft, que le fang fe fubtilil'e & dénient plus acre par la cir» culation d'où il arriue 'que la liqueur, qui va des artères dans fon eftomac, agite & picote plus fort que de coutume les nerfs qui y font, & >)
fcruation
"
:
.
:
;
;
>>
»
»
» »
mefme
qu'elle les agite d'vne certaine façon particulière,
fi
la
conftitu-
& c'eft aufti auoir quelque chofe de particulier tion du fang fe femmi:» ces enuies, des viennent defordonnez, ou que ces appétits de là groffes. » (Page 56.) trouue
10
:
1
Traité de l'Homme.
57-58.
qui
eft
165
requife pour caufer le fentiment de la ioye;
en celle qui
&
requife pour caufer le fentiment de la
eft
quand ce fang a des qualitez toutes contraires. de cecy vous pouuez affez entendre ce qu'il y a,
trijîejje,
Et 5
en cette machine, qui
ie
rapporte à tous les autres fen-
timens intérieurs qui font en nous
temps que les Efprits
uitez lo
&
fi
;
bien qu'il
eft
commence à vous expliquer, comment Animaux fuiuent leur cours dans les concaie
dans
les
pores de fon cerueau,
&
quelles font
fondions qui en dépendent. Si vous auez iamais eu la curiofité de voir de prés les Orgues de nos Eglifes, vous fçauez comment les les
y pouffent lair en certains réceptacles, qui, ce me femble, font nommez à cette occafion les foufflets
i5
porte-vents;
& comment
cet air entre de là dans les
tuyaux, tantoft dans les vns, tantoft dans les autres, félon les diuerfes façons que Torganifte remiie fes
doigts fur
que 20
le
le clauier.
cœur &
maux dans chine, font
pouffent
concauitez du cerueau de noftre ma-
comme dans
extérieurs, qui,
que 25
de
icy conceuoir
les artères, qui pouffent les efprits ani-
les
l'air
Or vous pouuez
les les
foufflets
de ces orgues, qui
porte-vents;
&
que
les objets
félon les nerfs qu'ils remuent, font
contenus dans ces concauitez entrent dans quelques -vns de ces pojres, font comme
les efprits
là
les doigts
preffent,
de l'organifte, qui, félon les touches qu'ils font que
l'air
entre des porte-vents dans
quelques tuyaux. Et comme l'harmonie des orgues ne dépend point de cet arrangement de leurs tuyaux que 3o
ny de la figure de leurs portevents, ou autres parties, mais feulement de trois
Ton
voit par dehors,
Le Monde.
i66
ss-sg.
fçauoir, de l'air qui vient des fouftlets, des
chofes,
tuyaux qui rendent air dans les tuyaux
le :
fon,
&
de
la diftribution
de cet
veux vous aduertir, que icy queflion, ne dépendent
ainfi ie
fondions dont il eft aucunement de la figure extérieure de toutes ces parties vifibles que les Anatomiftes diilinguent en la fubftance du cerueau, ny de celle de fes concauitez les
5
;
du cœur, des de la façon que
des efprits qui viennent
mais feulement
pores du cerueau par où
ils
palTent,
&
ces efprits fe diftribuent dans ces pores. Si bien qu'il
lo
feulement icy befoin, que ie vous explique par ordre tout ce qu'il y a de plusconfiderable en ces trois
eft
chofes.
Premièrement, pour ce qui eft des Efprits Animaux, ils peuuent eftre plus ou moins abondans, & leurs parties plus ou moins groffes, & plus ou moins agitées, &. plus ou moins égales entr'elles vne fois que l'autre;
&
c'eft
par
moyen de
le
i5
ces quatre différences, que
humeurs ou inclinations naturelles qui font en nous (au moins entant qu'elles ne depen-
toutes les diuerfes
dent point de
la conftitution
20
du cerueau, ny des affec-
lame) fontreprefentées en cette machine. Car, fi ces efprits font plus abondans que de coutume, ils font propres à exciter en elle des mouuemens tout femblables à ceux qui témoignent en nous de la libéralité & de Y amour; &. de femde la bonté, blables à ceux qui témoignent en nous de la confiance tions particulières de
25
\
ou de
la hardielfe,
plus groffes
;
&
de
fi
leurs parties font plus fortes
la con/lance,
fi
plus égales en figure, en force, la promptitude,
de
la diligence,
&
auec cela
&
elles font
en groffeur;
du
defir.
fi
&
ili:
de
elles font
3o
Traité de l'Homme.
S9-60.
& de
plus agitées;
167 fi
elles font
Comme, au
contraire,
la tranquillité d'efprit,
plus égales en leur agitation.
ces mefraes efprits font propres à exciter en elle des
mouuemens 5
nous de
tout femblables à ceux qui témoignent en
de
la malignité,
&
la tardiueté,
de
de Xinconjlance, de
la timidité,
l'inquiétude,
mefmes
ces
fi
qualitez
leur défaillent.
que toutes
Et fçachez
nations naturelles 10
&
de
eft
compofée de
&
la tranquillité d'efprit;
confiance feruent à
la
incli-
dépendantes de celles-cy.
font
Comme, \ humeur joyeufc titude
humeurs ou
les autres
la
la
promp-
bonté
&
la
rendre plus parfaite. L'humeur
compofée de la tardiueté & de l'inquiétude, & peut eftre augmentée par la malignité & la timidité. V humeur colérique eft compofée de la promptitude & trijîe eft
i5
de rinquietude, tifient. Enfin,
bonté,
plaifans
&
la
malignité
comme
ie
&
la
confiance la for-
viens de dire, la libéralité, la
& l'amour dépendent de l'abondance des efprits,
& forment 20
&
&
en nous cette humeur qui nous rend combienfaifans à tout
les autres defirs
parties;
&
ainfi
monde. La
le
dépendent de
curiofité
l'agitation de leurs
des autres.
Mais parce que ces mefmes humeurs, ou du moins
dépendent auffi font dans la fubftance
les paffions aufquelles elles difpofent, 25
beaucoup des impreffions qui fe du cerueau, vous les pourrez cy-aprés mieux entendre {& ie
me
;
contenteray icy de vous dire les caufes d'où
viennent les différences des efprits.
Le fuc des viandes, qui pafTe de l'eftomac dans les 3o
venes, fe mêlant auec
le
fang, luy
communique
fiours quelques-vnes de fes qualitez,
&
tou-
entr'autres
il
Le Monde.
i68
6©
quand il fe mêle tout fraifchement auec luv: en lorte que pour lors les petites parties de ce fang, que le cœur enuoye vers le cerueau, pour y compofer les efprits animaux, ont coutume de n'eftre pas fi agitées, ny fi fortes, ny fi le
rend ordinairement plus
abondantes
&
;
greffier,
par confequent, de ne rendre pas
corps de cette machine
fi
ny
léger,
fi
alaigre,
5
le
comme
quelque temps après que la digeftion eft acheuée, que le mefme fang, ayant pafifé & repaffé plufieurs
il efl;
&
fois
dans
L'air
cœur,
le
de
façon auec
eft
deuenupliis
gauche du cœur,
auant
pour
temps humide
lors, toute forte
Lors que
parfaitement a. )'
»
»
»
foye
le
le
>
d'vn poulet
»
» » » »
:
<
&
qu'on expérimente que, eft
plus ardente.
bien difpofé",
Forge
fort,
y plus agitez en temps
Il
&
qu'il
élabore
cœur,
le
les
(Monfieur Defcartes) parle icy
il
a
eu depuis, connoiffance des nouuelles
le chyle fe change en fang, capable de l'engendrer, puifque
cœur, que
paiement dans
»
la
concauité
obferuations que Monfieur Pequet & quelques-autres ont mifes au iour. Mais à prélcnt qu'il n'y a plus lieu de douter que ce ne foit princi-
peut nier qu'il ne
»
la
fang qui doit aller dans
comme
n'auoit pas alors,
»
»
ainfi
dans
en quelque
à l'ancienne opinion, parce qu'il eft vray-femblable qu'il
»
»
:
auffi
lo
embrafe plus
&
vifs
de flame
eft
Remarque de Louis de
conformément
qu'il entre
fait qu'il s'y
produit des efprits plus fec qu'en
mêlant
la refpiration, fe le fang,
fubtil.
le
foit
& la
que
l'on ne
génération
nous fait voir le fang, & le cœur, longtemps auant que ce paffage fe doit entendre l'on voye la moindre marque du foye foye contient de referue, lequel, coulant que le fang du fimplement toufiours vers le cœur égallement (quoy que plus lentement que l'autre fang de la vene caue), contribue merueilleufement à faire que la generation des efprits foit égaile, & plus abondante qu'elle ne feroit, s'il n'y auoit que celuy qui a defia plufieurs fois paflfé dans le cœur qui continuaft à y entrer parce que quantité de fes plus fubiiles parties, qui font les plus capables d'engendrer les efprits, s'écoulent au trauers des Voir ciartères, en la manière que nous auons dit. » (P. 292-293.) :
;
avant, p. 122, noie a.
—
i5
Traité de l'Homme.
6o-6i.
efprits qui fortent
abondans,
169
de ce fang, en font d'autant plus
& plus également agitez & s'il ;
arriue que
le
foye foit preilé par fes nerfs, les plus fubtiles parties
montans incontinent vers le cœur, produiront aufîi des efprits plus abondans & plus vifs que de coutume, mais non pas fi également agitez. du fang
5
qu'il contient,
Si le fiel, qui eft defliné à
purger
fes parties qui font les plus
fang de celles de
le
propres de toutes à cftre
I
embrafées dans
o ou
le
cœur, manque à
faire fon deuoir,
qu'eftant refferré par fon nerf, la matière qu'il
contient regorge dans les venes, les efprits en feront
& auec cela plus inégalement agitez.
d'autant plus vifs,
au contraire,
Si la rate, qui, le i5
efl
deflinée a purger
fang de celles de fés parties qui font
propres à eflre embrafées dans
le
cœur,
moins mal dif-
les
eft
pofée, ou qu'eftant prefTée par fes nerfs, ou par quel-
qu'autre corps que ce
regorge dans
matière qu'elle contient
en feront d'autant moins agitez, & auec cela plus
les venes, les efprits
&
moins abondans, 20
foit, la
inégalement agitez. Enfin tout ce qui peut caufer quelque
dans le fang, en peut par deffus tout,
25
aufli
le petit
caufer dans les efprits. Mais
nerf qui
fe
termine dans
le
cœur, pouuant dilater &. relTerrer, tant les deux entrées par où le fang des venes & l'air du poulmon y defcend, que les deux forties par où ce fang s'exhale
&
s'élance dans les artères, peut caufer mille diffé-
rences en
la
nature des efprits
:
certaines lampes fermées, dont 3o
changement
ainfi fe
que
la
chaleur de
feruent les Alchy-
modérée en plufieurs façons, félon qu'on ouure plus ou moins, tantoft le conduit par où miftes, peut eftre
Œuvres.
VI.
22
Le Monde.
I/o
Thuile ou autre aliment de
où
tantofl celuy par
la
&
flame y doit entrer,
fumée en doit
la
[Secondement, pour ce qui
efl
sortir.
des pores du cerueau,
doiuent pas eftre imaginez autrement que
ne
ils
6i-63.
comme
trouuent entre les
les interualles qui fe
de quelque
tiffu
en
car,
:
filets
5
tout le cerueau n'eft
effet,
autre chofe qu'vn tiffu compofé d'vne certaine façon
que
particulière,
ie
tafcheray icy de vous expliquer.
|Conceuez {Fig. 23
et Fig.
24) fa fuperficie
comme vn
qui regarde les concauitez EE, lalTis affez
&
épais
preffé,
dont toutes
AA% ou
rezeùil
les mailles font
autant de petits tuyaux par où les efprits animaux
peuuent entrer, & qui, regardans toufiours vers la glande H^, d'où fortent ces efprits, fe peuuent facilea.
Remarque de Louis de la Forge « Conceue:{ fa fuperficie A, A, p. [En marge, note de Clerselier: Voyez la figure de la page 62, :
63.
car
»
1.
»
elle eft
»
»
telle forte que l'on pûft voir toutd'vn temps le troifiéme & quatrième ventricule. Mais parce que l'on.fuppofe que cela fe fait, l'animal eftant en vie, & que les chofes que décrit l'Autheur ne peuuent eftre apperceiies par nos fens, ie les ay reprefentées, non pas de la mefme façon qu'elles paroiffent effe£liuement, mais de la mefme manière que nous les verrions, fi nos fens eftoient affez fubtils pour les découvrir. A A eft la fuperficie des ventricules; & bien qu'on l'ait reprefentée comme vn rets, il ne la faut neantmoins conceuoir que comme l'aboutiffement de tous les filamens du cerueau, & fes mailles
»
comme
»
vne
»
» I)
»
» » »
I.
de M. de
fentent
comme
Forge.) Les figures que i'ay faites du cerueau
la
pour
vuides qui font autour d'eux.
toutes,
chofes félon
»
ment comprendre
»
difficile
le
les
que
ne
ie
naturel, qu'à
»
de
repre-
fion l'auoit coupé de
les efpaces
fois
le
ce
que
y raporter.
dit »
me faire
Il
remarquer,
faut icy
fuis pas tant attaché à reprefenter les
en forte que par elles on peuft
M. Defcartes
;
car, après cela,
il
(P. 335-326.) Cette figure de la
aife-
ne fera pas
page 62
est
notre Fig. 23. b.
Remarque de Louis de
la
Forge:
«
...comme l'Auteur dira quantité
»
de chofes de la glande, laquelle i'ay reprefentée notablement plus groffe
»
que
le
&
naturel,
» leurs figures...
»
que n'ont accoutumé de
(P. 3i
1.)
faire les
Anatomiftes dans
10
Traité de l'Homme.
63-63.
ment tourner çà glande
:
comme
vers les diuers points de cette
&. là
vous voyez
nez autrement en
171
la 48''
{Fig. 25) qu'ils
qu'en la
figure. Et penfez
49''
que, de chaque partie de ce rezeûil, 5
dont
filets fort déliez,
longs que les autres;
les &i
font tour-
|
il
fort plufieurs
vns font ordinairement plus
qu'après que ces
filets fe
font
diuerfement entrelacez en tout l'efpace marqué B, les plus
longs defcendent vers D, puis de
là,
compo-
fans la moelle des nerfs, fe vont épandre par tous les 10
membres.
que les principales qualitez de ces petits font de pouuoir allez facilement eftre pliez en
Penfez filets
•
auffi
toutes fortes de façons, par la feule force des efprits
i5
qui les touchent, &, quafi comme s'ils eftoient faits de plomb ou de cire, de retenir toufiours les derniers plis qu'ils
ont receus, iufqu'à ce qu'on leur en imprime
de contraires. Enfin penfez que les pores, dont
ne font autre chofe que 20
entre ces gis
&
filets,
& qui
queftion,
les interualles qui fe
trouuent
peuuent
eftre
courts de ces
chacun
fe
eft
plus ou moins grande,
ou moins abondans;
qu'ils font plus
filets fe
|
qui y font,
modément expliquer 3o
que
vont rendre en l'efpace
&
en reçoit
Troifiémement. Mais afin que
il
&
&
les plus c,
c,
où
termine contre l'extrémité de quelqu'vn des
petits vaififeaux
tiffu,
diuerfement élar-
rétrécis, par la force des efprits qui entrent
dedans, félon qu'elle
25
eft icy
il
faut icy
que
fa nourriture.
ie puifTe
plus
com-
toutes les particularitez de ce
ie
commence
à vous parler de la
diftribution de ces efprits.
lamais
ils
ne s'arreftent vn feul
moment en vne
Le Monde.
172 place
;
65-66.
mais, à melure qu'ils entrent dans les concauitez
du cerueau E E [Fig. 23 et Fig. 24), par les trous de la ils tendent d'abord vers petite glande marquée H, ceux des petits tuyaux a, a, qui leur font le plus directement oppofez &, fi ces tuyaux a, a, ne font pas aflez ouuerts pour les receuoir tous, ils reçoiuent au' moins les plus fortes &. les plus viues de leurs parties, pendant que les plus foibles & fuperflûes font |
;
repouflees vers les conduits
&
I,
K, L, qui regardent les
à fçavoir, les plus agitées vers
I,
par où, quand elles ont encore beaucoup de force,
&.
narines,
le palais
;
5
10
qu'elles n'y trouuent pas le partage affez libre, elles
fortent quelquefois auec tant de violence, qu'elles
chatouillent les parties intérieures
du nez, ce qui
caufe VEterniiement; puis les autres vers K
par où elles peuuent facilement
&
vers L,
i5
pource que les elles y manquent,
fortir,
partages y font fort larges ou fi eftant contraintes de retourner vers les petits tuyaux ;
a, a,
qui font en la fuperficie intérieure du cerueau.
vn éblouijfement, ou fondions de \ imagination.
elles caufent auffi-toft
trouble les
Et notez, en paflTant,
vertige, qui
20
que ces plus foibles parties
des efprits, ne viennent pas tant des artères qui s'infèrent dans la glande H,
comme
de celles qui,
fans en mille branches fort déliées, tapifl"ent
des concauitez du cerueau. Notez
auffi
fe diuile
fond
qu'elles
fe
peuuent aifcment épaiffir en pituite, non pas iamais ertant dans le cerueau, fi ce n'efl; par quelque grande maladie, mais en ces larges efpaces qui font au defl'ous de fa baze, entre les narines & le gofier tout de mefme que la fumée fe conuertit facilement en fuye, :
25
3o
Traué de l'Homme.
fi6-69.
lyj
tuyaux des cheminées, mais non pas iamais foyer où eft le feu.
dans
les
dans
le
[Notez
que, lors que
auffi
que
ie dis
les efprits,
en
fortant de la glande H, tendent vers les endroits de la 5
du cerueau, qui leur font le plus ie nentens pas q'u'ils tendent directement oppofez toujours vers ceux qui font vis à vis d'eux en ligne droite, mais feulement vers ceux, où la difpofition qui eft pour lors dans le cerueau, les fait tendre. Or, la fubftancc du cerueau eftant molle & pliante, fuperficie intérieure
:
lo
fes concauitez feroient fort étroites,
&.
prefque toutes
Ifermées, ainsi qu'elles paroilfent dans le cerueau d'vn
homme mais i5
la
mort,
s
n'entroit
il
fource qui produit ces efprits
abondante, qu à mefure
viennent
:
ainfi
que
ordinairement
qu'ils entrent
les petits filets
le vent,
enfler les voiles d'vn nauire,
cordes aufquelles
25
eft
efprits;
dans ces concauitez, ils ont la force de poulTer tout autour la matière qui les enuironne, & de l'enfler, i^ par ce moyen
fi
de faire tendre tous
20
dedans aucuns
ils
un peu
eftant
&
des nerfs qui en
faire
fort,
peut
tendre toutes les
font attachez. D'où
vient que
pour lors cette machine, eftant difpofée à obéir à toutes les adions des efprits, reprefente le corps d'vn homme qui veille. Ou du moins ik ont la force d'en pouft!er faire tendre quelques parties, pendant que ainfi &. ainfi que font les autres demeurent libres c*^ lafches celles dvn voile, quand le vent eftvn peu trop foible pour le remplir. Et pour lors cette machine reprefente I
:
le
3o
en
corps d'vn
dormant.
diflTererice
qui
homme
qui dort,
&
qui a diuers fonges
Imaginez-vous, par exemple, que eft
entre les deux figures
la
M & N [Fig. 26,
5
Le Monde..
174 2'j et
mefme
28), eft la
homme
qui veille,
&
qui
69-71.
entre
eft
cerueau d'vn
le
homme
celuy d'vn
qui dort,
&
qui réue en dormant.
Mais, auant que
ment du
fommeil
vous parle plus particulière-
ie
&
des fonges,
que
vous fafle icy confiderer tout ce qui fe fait de plus remarquable dans le cerueau, pendant le temps de la veille faut
il
ie
5
I
:
à fçauoir,
comment
s'y
forment
des objets,
les idées
dans le lieu deftiné pour V imagination, & pour \q fens commun, comment elles fe referuent dans la mémoire,
& comment
elles caufent
mouuement de
le
tous
10
les
membres.
Vous pouuez que les
voir, en la figure
efprits qui fortent
de
la
marquée
M
{Fig. 2 y),
glande H, ayant dilaté
& entr'ouuerttous fes pores, coulent de là vers B, puis vers C, & enfin vers D, d'où ils fe répandent dans tous fes nerfs, & tiennent par ce moyen tous les petits filets, dont ces nerfs & la partie
du cerueau marquée A,
cerueau font compofez, tellement tendus, que
le
adions qui ont tant
foit
peu
la force
communiquent facilement de
fe
1
les
de les mouuoir,
20
l'vne de leurs extre-
mitez iufques à l'autre, fans que les détours des che-
mins par où ils partent, les en empefchent. Mais afin que ces détours ne vous empefchent pas |auffi de voir clairement, comment cela fert ^ former les idées des objets qui frapent les fens, regardez en la figure cy-iointe* {Fig. a.
Remarque de Louis de
la
non plus que
>>
Cette figure,
»
les
»
nerfs optiques dans
»
cette infertion n'eft
2g) les petits
Forge
les
:
«
Regarde^ en
12, ^4,
figure cy-iointe.
fuiuanies, ne contient rien de plus que
premières, excepté la ligure des yeux, les
la
filets
ventricules.
pas bien mife,
&
Que
&
s'il
l'infertion des filets des
femble
à
quelqu'vn que
qu'elle deuroit élire plus
ou moins
25
Traité de l'Homme.
7'-7ï-
^6,
&
femblables, qui compofent
que ces 5
filets
i, j,
5,
du cerùeau 2,4,
A
preffer le fond de l'œil au point
iufques à
les
fi
rayons
de l'objet, vont tirent par ce
ils
i,
&
Et penfez
6.
font tellement difpofez, que,
qui viennent, par exemple, du point
moyen
nerf optique,
le
font étendus depuis le fond de l'œil la fuperficie intérieure
17^
&
augmentent l'ôuuerture du petit tuyau marqué 2 Et tout de mefme, que les rayons qui viennent du point B, augmentent l'ôuuerture du petit tuyau 4, & ainfi des autres. En forte que, comme tout le
filet 12, .
10
les diuerfes façons
dont
les points
par ces rayons, tracent dans
le
i5
:
il
eft
,
j
fond de
qui fe rapporte à celle de l'objet efté dit cy-deffus
i
,
^
,
font preflez
l'œil
ABC,
vne figure
ainfi qu'il
a
euident que les diuerfes façons,
tuyaux 2,4, 6, font ouuerts par les filets 12, 34, 56 fSic, la doiuent auflî tracer en la fuperficie intérieure du cerueau. dont
les petits
|
Penfez, après cela, que les efprits qui tendent à entrer dans chacun des petits tuyaux 20
2, 4, 6,
&
fem-
blables, ne viennent pas indiflTeremment de tous les
points qui font en la fuperficie de la glande H, mais
feulement dequelqu'vn en particulier;
25
&
que ce font
ceux qui viennent, par exemple, du point a de cette fuperficie, qui tendent à entrer dans le tuyau 2, & ceux des points b &. c, qui tendent à entrer dans les tuyaux 4 & 6, & ainfi des autres. En forte qu'au mefme inftant que l'ôuuerture de ces tuyaux deuient plus car cela eftant indiffèrent, il en peut croire ce qu'il luy plaiia ne pouuant nuire ny feruir au raifonnement de Monfieur Defcartes, i'ay creu qu'il valloit autant les mettre là comme ailleurs, puifque l'on
»
auancée,
»
&
>)
»
ne fçait point encore precifement
;
le lieu
où
ils
aboutiCfent.
» (P. 333.)
Le Monde.
iTÔ /
72-73-
grande, les efprits commencent à fortir plus libre-
ment & plus les endroits
comme
ne faifoient auparauant, par
vifte qu'ils
de cette glande qui les regardent. Et que,
les diuerfes
façons dont les tuyaux
2, 4, 6,
font ouuerts, tracent vne figure qui fe rapporte à celle
de
ABC,
l'objet
ueau
:
fur la fuperficie intérieure
ainfj celle
a, b, c, la
dont
les efprits fortent
du
5
cer-
des points
tracent fur la fuperficie de cette glande.
Et notez que, par ces figures, ie n'entens pas feule-
ment
icy les chofes qui reprefentent en quelque forte
la pofition auffi
10
des lignes & des fuperficies des objets, mais
toutes celles qui, fuiuant ce que iay dit cy-def-
fus, pourront
donner occafion à lame de
mouucment,
grandeur,
la
fons, les odeurs,
&
la diftancc, les
fentir le
couleurs, les
autres telles qualitez
;
& mefmes
i5
celles qui luy pourront faire fentir le chatouillement, la
douleur, la faim,
telles paflions.
tuyau
2,
la foif, la joye, la triftefle,
Car
il
eft
& autres
facile à entendre,
que
ie
par exemple, fera ouuert autrement par
ladion que i'ay dit caufer le fentiment de la couleur rouge, ou celuy du chatouillement, que par celle que i'ay dit caufer le fentiment de la couleur blanche, ou bien celuv de la douleur & que les efprits qui fortent du point a, tendront diuerfement vers ce tuyau, félon
20
|
;
qu'il fera
ouuert diuerfement,
&
ainfi
des autres.
25
Or, entre ces figures, ce ne font pas celles qui s'im-
priment dans la
organes des fens extérieurs, ou dans
du cerueau, mais feulement tracent dans les efprits fur la fuperficie
fuperficie intérieure
celles qui fe
de
les
la
glande
\\^
où
ejî le
Jicge de l'imagination,
&
du
fens commun^ qui doiuent eftre prifes pour les idées,
3o
Traité de l'Homme.
•
73-74-
177
à dire pour les formes ou images que
c'eft
lame
rai-
fonnable confiderera immédiatement, lors qu'eflant vnie à cette machine elle imaginera ou fentira quelque objet. 5
que ie dis, imaginera, ou feniira; d'autant veux comprendre généralement, lous le nom toutes les impreflîons que peuuent receuoir
Et notez
que
ie
d'Idée,
en fortant de
les efprits
«o
la
glande H, lefquellcs
s'attri-
buent toutes au fens commun, lors qu elles dépendent de la prefence des objets mais elles peuuent auffi procéder de plulieurs autres caufes, ainfi que ie ;
vous diray cy- après, & alors ceft à l'imagination qu'elles doiuent eftre attribuées. Et ie pourrois adiouter icy, comment les traces de i5
ces idées pafTent par les artères vers
le
cœur,
(Si
ainfi
rayonnent en tout le fang; &. comment mefmc elles peuuent quelquefois eftre déterminées, par certaines
membres de
aélions de la mère, à s'imprimer fur les
forme dans fes entrailles. Mais ie me jcontenteray de vous dire encore, comment elles s'im-
l'enfant qui fe 20
priment en B, où
la partie intérieure
eft le fiege
de
fortent de la glande 25
effet,
H
fion de quelque idée, 2, 4, 6,
&
Mémoire.
la
Penfés donc, à cet
qu'après que les efprits qui
{Fig. 2p), y ils
partent de là par les tuyaux
eft
compoféc;
filets
&
dont cette partie du cer-
qu'ils
quelque peu ces interualles, 3o
ont receu limpref-
femblables, dans les pores ou intcrualles
qui font entre les petits
ueau, B,
du cerucau, marquée
diuerfement
&
les petits filets qu'ils
chemins, félon ŒOVRES.
ont
VI.
les diueries
la
force d'élargir
de plier
^^'
difpoier
rencontrent en leurs
façons dont
ils
fe 23
meu-
5
Le Monde.
1/8 uent,
&
paflent fe fi
les diuerfes :
en forte
ouuertures des tuyaux par où
fi
;
non pas toutesfois
parfaitement du premier coup, que
fur la glande H, mais peu à peu de
félon que leur adion eft plus forte,
long-temps, ou qu'elle qui fi
eft
ils
qu'ils y tracent auffi des figures, qui
raportent à celles des objets
aifement ny
74-7*-
efl
|
mieux en mieux,
& qu'elle
5
dure plus
plus de fois réitérée.
Ce
caufe que ces figures ne s'effacent pas non plus
aifement, mais qu'elles s'y conferuent en telle forte,
que par leur moyen les idées qui ont efté autrefois fur cette glande, s'y peuuent former derechef long-temps après, fans que la prefence des objets aufquels elles fe rapportent y foit requife. Et c'eft en quoy confifte la Mémoire. Par exemple, quand l'adion de l'objet ABC, augmentant l'ouuerture des tuyaux 2, 4, 6, eft caufe que les efprits entrent dedans en plus grande quantité qu'ils ne feroient pas fans cela, elle eft aufifi caufe que, paflans plus outre vers N, ils ont la force de s'y former certains paflTages qui demeurent ouuerts, encore après que l'adion de l'objet ABC a cefle; ou qui du moins, s'ils fe referment, laifiTent vne certaine difpofition dans les petits filets dont cette partie du cerueau N eft compoféc, par le moyen de laquelle ils peuuent beaucoup plus aifement eftre ouuerts dereainfi chef, que s'ils ne l'auoient point encore efté que, fi on pafiToit plufieurs aiguilles, ou poinçons, au trauers d'vne toile, comme vous voyez {Fig. 3o) en celle qui eft marquée A, les petits trous qu'on y feroit demcureroicnt encore ouuerts, comme vers a Si vers ou s'ils b, après que ces aiguilles en feroient oftées
10
i5
20
2
:
;
3o
Traité de l'Homme.
75-77-
refermoient,
fe
toile,
les I
5
comme
ils
vers c
179
laifferoient des traces
&
vers
d,
en cette
qui feroient caufe qu'on
pourroit rouurir fort aifement. Et
mefme
il
faut
remarquer que,
feulement quclques-vns, roit eftre caufe
que
uriroient aufïï en
les
fi
on en rouuroit
comme a &ib, cela.feul autres, comme c Sl d,
pourrou-
(e.
mefme temps
;
principalement
s'ils
auoient efté ouuerts plufieurs fois tous enfemble, n'euffent pas couftume 10
Ce
autres.
qui monftre
de Teflre
comment
la
&
vns fans les
les
fouuenance d'vne
chofe peut eftre excitée par celle d'vne autre, qui a
imprimée en mefme tems qu'elle en la Mémoire. Comme, fi ie vois deux yeux auec vn nez, ie m'imagine auffi-toft vn front & vne bouche, c^ toutes les autres parties d'vn vifage, pour ce que ie n'av pas accoutumé de les voir l'vne fans l'autre & voyant du feu, ie me reft'ouuicns de fa chaleur, pour ce que ie efté autrefois
i5
;
I
l'ay fentie autrefois
en
le
voyant.
Confiderez, outre cela, que la glande 20
pofée d'vne matière qui
pas toute iointe
2 5
3o
t<:
eft fort
H
eft
com-
molle, O^.quelle n'cft
vnic à la fubftancc du ccrueau,
mais feulement attachée à de petites artères (dont les peaux font aftez lafches & pliantes) & fouftenije comme en balance par la force du fang que la chaleur du cœur poufte vers elle en forte qu'il faut fort peu de chofe pour la déterminer à s'incliner & fe pancher plus ou moins, tantoft d'vn cofté tantoft d'vn autre, & faire qu'en fe panchant, elle difpofe les efprits qui fortent d'elle, à prendre leur cours vers certains endroits du cerueau, plutoft que vers les ;
autres.
Le Monde.
i8o
Or
77-78
deux caufes principales, fans conter la force de lame, que ie mettray cy-apres, qui la peuueni ainfi faire mouuoir, À' qu'il faut icy que ie vous V a
il
explique.
La première
efl:
rencontre e«tre
la différence qui fe
les petites parties des efprits qui forteni d'elle.
Car
fi
tous ces efprits clloicnt exadement d é^ale force.
&
qu
à
fe
aucune autre caule qui la determinaft pancher nv çà ny là, ils couleroient égaleuient il
n'y eull
dans tous
&
&
fes porcs,
la loutiendroieni toute droite
immobile au centre de
attaché feulement a quelques l'air
par
la force
comme
filets,
luy diuerfement efprits,
:
vn corps
qui feroit foutenu
de la fu mée qui fortiroit dvn
fourneau, flotteroit incefTamment çà les diuerfes parties
"o
la tefle, ainfi qu'elle efl repre-
fcntée en la figure 40 (Fig\ 3i ). Mais
en
5
&
la,
félon que
i5
de cette fumée agiroient contre ainfi
qui fouleuent
t^'
petites
les
parties
de ces
foutiennent cette glande,
eflans prefquc toufiours différentes en quelque chofe,
&
ne manquent pas de l'agiter
pancher tantolL d'vn coiié tantofl d'vn autre, comme vous la voyez en cette figure 41 {Fig. Bs), où non feulement fon centre H efl vn peu éloigné du centre du cerueau, marqué 0,
mais
aulli les
faire
extremitez des artères qui
la
foutien-
nent, font courbées en telle forte, que prefquetoiis les efprits qu'elles luy apportent,
par l'endroit de fa fuperficie
a,
20
23
prennent leur cours h,
r,
vers les petits
ouurans par ce moyen ceux de fes pores qui regardent vers là, beaucoup dauanlage que tuyaux
2,
4, 6,
3o
les autres.
Or
le
principal effet qui
fuit
de cccy, confille en
Traité de l'Homme.
tR-S".
i8i
ce que les efprits, fortans ainfi plus particulièrement
de quelques endroits de
la fuperficie
de cette glande,
que des autres, peuuent auoir la force de tourner les petits tuyaux de la fuperficie intérieure du cerueau dans lefquels ils fe vont rendre, vers les endroits d'où
5
ils L^
fortent, s'ils ne les y trouuent defia tout tournez;
par ce moyen,
|
de faire mouuoir les membres auf-
quels fe raportent ces tuyaux, vers les lieux aufquels fe raportent ces endroits
de
H. Et notez que l'idée de ce
10
ne confiflc qu en lors
la
de
la fuperficie
la
glande
mouuement des membres
façon dont ces efprits fortent poqr
de cette glande,
&
ainfi
que cefl fon idée qui
le
caufe.
Comme pofer,
i5
vers
que ce qui point
le
ment que
b,
fait
que
que |
le
tuyau 8
fe
on peut fuptourne plutoil
vers quelquautre, cefl feule-
les efprits qui fortent
de ce point, tendent
auec plus de force vers luy qu'aucuns autres; & que cela mcfmc donneroit occafion à lame, de fentir que le bras fe tourne vers l'objet B, fielle eftoit defia dans cette Machine, ainfi que ie l'y fuppoferay cy-aprés.
20
Car
25
icy [Fig. 33), par exemple,
'
que tous les points de la glande vers lefquels ce tuyau 8 peut eftre tourné, répondent tellement à tous les lieux vers lefquels le bras marque 7 le peut eflre, que ce qui fait maintenant que ce bras eil tourné vers l'objet B. c'efi; que ce tuyau il
faut penfer
regarde
le
point b de la glande.
Que
les efprits
fi
changeans leur cours tournoient ce tuyau vers quelqu'autre peint de la glande, 3o
filets 8, 7,
dans
les
comme
vers
c,
les petits
qui fortans d'autour de luy fe vont rendre
mufcles de ce bras, changeans par mefme
Le Monde.
i82
moyen de
so-s».
fituation, retreciroient quelques-vns des
pores du cerueau qui font vers D,
(Si
en élargiroient
ce qui feroit que les efprits, paffans quelques autres de là dans ces mufcles d'autre façon qu'ils ne font à :
prefent, tourneroient incontinent ce bras vers l'objet
Comme,
C.
que
réciproquement,
fi
quelqu'autre adion
celle des efprits qui entrent par le
noit ce
mefme bras
vers
B ou
5
tuyau
8,
tour-
vers C, elle feroit que
ce tuyau 8 fe tourneroit vers les points de la glande b
ou
c; en forte
meroit
aufli
que
l'idée
de ce mouuement
en mefme temps, au moins
n'en eftoit point diuertie,
c'efl
à dire,
il
fi
fe
for-
lo
l'attention
la
glande
H
empefchée de fe pancher vers 8, par quelqu'autre adion qui fafl plus forte. Et ainfi généralement il faut penfer, que chacun des autres petits tuyaux qui font en la fuiperficie intérieure du cerueau, fe raporte à chacun des autres membres; &.
n'eftoit point
chacun des autres points de la fuperficie de la glande H, à chacun des coftez vers lefquels ces membres peuuent eftre tournez en forte que les mouucmens de ces membres, &. leurs idées, peuuent eftre caufez :
i5
20
réciproquement l'vn par l'autre. Et de plus, pour entendre icy par occafion, comment, lors que les deux yeux de cette Machine, & les organes
|
de plufieurs autres de
nez vers vn
mefme
objet,
il
fes fens, font tour-
25
ne s'en forme pas pour
cela plufieurs idées dans fon cerueau, mais vne feule, il
faut penfer
que
c'eft
toufiours des
mefmes points
de cette fuperficie de la glande H que fortent les efprits, qui tendans vers diuers tuyaux peuuent tourner diuers membres vers les mefmes objets
:
comme
3o
,
Traité de l'Homme.
8ï-83.
que
icy {Fig. 33), efprits qui
nent en
du
c'eft
tendans vers
mefme temps
feul point b
tuyaux
les
les
i8j
que fortent
4, 4,
&
deux yeux
le
&
8,
les
tour-
bras droit
vers l'objet B. 5
Ce auffi
qui vous fera facile à croire,
en quoy confifte
l'idée
de
fi
pour entendre
la diftance
des objets,
vous penfez que, félon que cette fuperficie change de fituation. les mefmes de fes points fe raportent à des lieux d'autant plus éloignez du centre du cer10
ueau marqué
que ces points en font plus proches, d'autant plus proches qu'ils en font plus éloignez.
& Comme
i5
icy,
o,
il
faut penfer que,
fi
point b eftoit vn
le
peu plus retiré en arrière qu'il n'eft pas, il fe raporteroit à vn lieu plus éloigné que n'eft B; & s'il eftoit vn peu plus panché en auani, il fe raporteroit à vn plus proche. Et cecy fera caufe que, lors qu'il y aura vne
dans cette machine,
elle
pourra quelquefois fentir
diuers objets par l'entremife des 20
difpofez en
mefme
forte,
ame
&
mefmes organes
fans qu'il y ait rien du
tout qui fe change, que la fituation de la glande H.
Comme
au point L, qui tiennent les deux baftons NL & OL, pour ce que c'eft du point L, de la glande H, que fortent les efprits aufquels réponqui en|;rent dans les tuyaux 7 & 8, dent fes deux mains au lieu que, fi cette glande H ce qui
25
parexemple,rame pourra fentir par l'entremife des deux mains,
icy {Fig. 3^),
eft
j
;
vn peu plus en auant qu'elle n'eft, en forte que les points de fa fuperficie n &.o fufi^ent aux lieux marquez / & k, &. par confequent que ce fuft d'eux, que
eftoit
3o
fortifl'ent les efprits
qui vont vers 7
&
vers 8, l'ame
Le Monde.
184 deuroit lentir ce qui
eft
vers N,
mife des mefmes mains,
l^
83-H4.
&.
vers O, par Tentre-
fans qu'elles fuffent en
rien changées.
Au
remarquer que, lors que la glande H cil panchée vers quelque coflc, par la feule force fans que lame railonnable, ny les fens des clprits. rerte,
il
faut
I
5
(!l
extérieurs y contribuent, les idées qui fe forment fur fa fuperficie litez,
qui
ainfi
rencontrent entre
fe
ces efprits,
ne procèdent pas feulement des inega-
c^
qu'il a
les petites parties
de
qui caufent la différence des humeurs, efté
dit cy-defTus,
mais
procèdent
elles
Mémoire. Car fi la figure de quelque objet particulier eft imprimée beaucoup plus diftindement qu'aucune autre à l'endroit du cerueau vers lequel eft iuftement panchée cette glande, les efprits qui tendent vers là ne peuuent manquer d'en receuoir aufli l'impreftion. Et c'eft ainfi que les auffi
des impreffions de
10
la
i5
chofes pafl'ées reuienncnt quelquefois en la penlée,
comme
par hazard,
fort excitée par
&.
fans que la
Mémoire en
aucun objet qui touche
Mais W plulieurs diuerfes figures
fe
foit
les fens.
20
trouuent tracées
en ce mefme endroit du cerueau, prefqu'auffi parfai-
tement l'vne que
l'autre, ainfi qu'il arriue le plus fou-
ueni, les efprits receuront quelque chofe de l'impreffion de
chacune,
0(;
ce, plus
rencontre de leurs parties. feni les
chymeres,
&
ou moins, félon la diuerfe Et c'eft ainli que fe compo-
les hypogrifes,
de ceux qui réuent eftant éueillez, laift'eni
errer
nonchalamment ça
fans que les objets extérieurs
fou conduite par leur raifon.
&.
25
en l'imagination c'eft
à dire qui
là leur fantaifie,
la diuertiftent,
ny qu'elle
3o
Traité de l'Homme,
84-86.
Mais
de
l'effet
la
185
Mémoire qui me femble
icy le plus
digne d'eftre confideré, confifte en ce que, fans
qu'il
y ait aucune ame dans cette machine, elle peut naturellement élire difpofée à imiter tous les mouuemens I
5
que de vrais hommes, ou bien d'autres femblables machines^ feront en fa prefence. La féconde caufe qui peut déterminer les mouue-
mens de
Car
l'adion des objets qui tou-
eft
entendre {Fig. 33), que l'ouuerture des petits tuyaux 2, 4, 6, par exemple, chent
10
glande H,
la
les fens.
efl;ant élargie
il eft;
aifé à
par l'adion de l'objet
ABC,
les efprits
commencent auffitoft à couler vers eux, plus librement & plus vifte qu'ils ne faifoient, attirent après foy
qui
i5
quelque peu cette glande, iS: font qu'elle fe panche, fi elle n'en eft d'ailleurs empefchée; & changeans la difpofition de fes pores, elle
|
commence
beaucoup plus grande quantité vers
2, 4, 6,
qu'elle ne faiioit
d'efprits par a,
auparauant
:
b, c,
ce qui rend
que forment ces efprits d'autant plus Et c'eft en quoy confifte le premier effet, que que vous remarquiez.
l'idée 20
à conduire
parfaite. ie délire
Le fécond confifte en ce que, pendant que cette
panchée vers quelque cofté, cela l'empefche de pouuoir fi aifement receuoir les glande
25
eft
retenue
ainfi
idées des objets qui agiftent contre les organes des
autres fens.
Comme
icy,
par exemple, pendant que
prefque tous les efprits que produit tent des points
3o
a, b, c, il
la
glande H, for-
n'en fort pas alfez du point
d,
pour y former l'idée de l'objet D, dont ie fuppofe que l'adion n'eft ny fi viue, ny fi forte, que celle d'ABC. D'où vous voyez comment les idées s'empefchent l'vne Œuvres. VI.
24
Le Monde.
i86 l'autre,
&
d'où vient qu'on ne peut eftre fort attentif à
mefme temps.
plufieurs chofes en Il
faut auffi remarquer,
lors qu'ils
86-87.
commencent
que
les
organes des fens,
à eftre touchez par quelque
objet plus fort que par les autres, n'eftans pas encore
5
autant difpofez à en receuoir l'adion qu'ils pourroient eftre, la prefence de cet objet eft fuffifante
pour acheuer de les y difpofer entièrement. Comme, û l'œil, par exemple, eft difpofé à regarder vers vn lieu fort éloigné, lors que l'objet ABC, qui eft fort proche, commence à fe prefenter deuant luy, ic dis que Tadion de cet objet pourra faire qu'il ie difpo-
10
fera tout aufli-toft à le regarder fixement.
que cecy vous foit plus aifé à entendre, confidercz, premièrement, la différence qui eft entre l'œil, difpofé à regarder vn objet éloigné, comme il eft en la ^o^ figure {Fig. 2g), & le mefme œil, difpofé à en regarder vn plus proche, comme il eft en cette ^ qui confifte, non feulement en ce que l'humeur cryftalEt afin
"5
I
i
line eft l'œil à
vn peu plus voiàtée,
&
les autres parties
:
de
20
proportion autrement difpofées en cette der-
nière figure qu'en la précédente, mais aufli en ce que les petits
tuyaux
plus proche
,
&.
y font inclinez vers vn point que la glande H y eft vn peu plus 2, 4, 6,
que l'endroit de fa fuperficie a, à proportion vn peu plus voûté ou courbé
auancée vers eux, b, c,
y
eft
l^
2 5
:
en forte qu'en l'vne
& en
l'autre figure, c'eft toufiours
du point a, que fortcnt les efprits qui tendent vers le tuyau 2 du point h, que fortent ceux qui tendent vers le tuyau 4 & du point c, que fortent ceux qui ;
;
tendent vers
le
tuyau
6.
3o
Traité de l'Homme.
87-88.
Confiderez
que
auffi
les
feuls
187
mouuemens de
glande H, font fuffifans pour changer ces
de 5
j
tuyaux,
&
en
fuitte toute la difpofition
l'œil; ainfi qu'il a tantoft efté dit,
peuuent
faire
la fituation
mouuoir tous
les
la
de
du corps
en gênerai, qu'ils
membres.
Confiderez, après cela, que ces tuyaux
2,
6,
4,
{Fig. 36) peuuent eftre d'autant plus ouuerts par l'adion de l'objet ABC, que l'œil eft plus difpofé à le
regarder. Car 10
fi
rayons qui tombent fur
les
par exemple, viennent tous du point B, font lors que l'œil regarde fixement vers
le
comme
là, il eft
dent que leurs adions doiuent tirer plus fort filet ^, 4,
& partie
touchant 20
s'ils
j
ils
eui-
le petit
venoient, partie du point A, partie
de C,
comme
que l'œil eft vn peu autrement difpofé; à caufe que pour lors leurs adions, n'eftant pas fi femblables, ny fi vnies, ne peuuent eftre du tout fi fortes, & s'empefchent mefme fouuent l'vne l'autre. Ce qui n'a lieu neantmoins que de B,
i5
que
point
les objets
dont
les
femblables ny trop confus
;
ils
font
i
toft
lineamens ne font ny trop
comme
aufii n'y a-t-il
que
ceux-là, dont l'œil puiffe bien diftinguer la diftance,
&
difcerner les parties, ainfi que i'ay remarqué en la
Dioptrique.
De 25
plus facilement eftre
panchant elle difpofera l'œil à receuoir plus diftinélement qu'il ne fait l'adion de l'objet qui agit le plus fort de tous contre luy, que vers ceux où elle pourroit faire le contraire. Comme, par exemple, en cette ^o figure [Fig. 2g), où l'œil eft difpofé à regarder vn objet éloigné, il faut bien moins de force pour lin-
fe
3o
que la glande H peut beaucoup meùe, vers le cofté vers lequel en
plus, confiderez
i88
Le Monde.
88-90.
citer à fe
pancher vn peu plus en auant
que pour
faire qu'elle fe retire plus
qu'en
fe retirant elle |
pofé
qu'il n'eft pas, à
que
l'on
qu'elle n'eft,
en arrière
:
pource
rendroit l'œil encore moins dif-
receuoir l'adion de l'objet
fuppofe eftre proche,
&
ABC,
agir le plus fort de
5
tous contre luy. Et ainfi elle feroit caufe que les petits
tuyaux
2, 4, 6,
adion,
&
que
moins ouuerts par
feroient auffi
les efprits qui fortent
des points
cette
a, b, c,
couleroient auffi moins librement vers ces tuyaux lieu qu'en s'aua'nçant, elle feroit, tout
que
l'œil fe
les petits
en
fuite,
que
commencé
&
les efprits qui fortent des points a, b,
c,
2, 4, 6,
que
la
glande auroit
ainfi à fe
mouuoir,
l'emporteroit tout auffi-toft,
de
au contraire,
s'ouuriroient dauantage,
tuyaux
fi-toft
au 10
difpofant mieux à receuoir cette adion,
couleroient vers eux plus librement que,
;
le
le
:
en forte mefme
moins du monde
i5
cours de ces efprits
& ne
luy permettroit pas
s'afrefter, iufqu'à ce qu'elle fuft tout à fait difpofée
en la façon que vous l'œil
Si
la
voyez en
la
^ i
figure,
regardaft fixement vers cet objet proche
& que ABC.
20
bien qu'il ne refte plus qu'à vous dire la caufe
I
qui peut
commencer
ainfi à la
autre, ordinairement,
que
mouuoir
la force
de
:
laquelle n'eft
l'objet
mefme,
qui, agiftant contre l'organe de quelque fens, aug-
mente l'ouuerture de quelques-vns des petits tuyaux qui font en la fuperficie intérieure du cerueau, vers lefquels les efprits
commençans
auffi-toft à
leur cours, attirent auec foy cette glande,
prendre
c^ la
font
Mais en cas que ces tuyaux fuflent défia d'ailleurs autant ou plus ouuerrs que cet objet ne les ouure, il faut penfcr que les petites incliner vers ce cofté
25
là.
3o
Traité de l'Homme.
90-9Î.
189
parties des efprits qui coulent au trauers de fes pores, eftant inégales, la pouffent tantoft deçà tantoil de là, fort
promptement,
&
en moins d'vn clin
&
que,
s'il
fe
rencontre d'abord qu'elles
vers vn cofté, vers lequel cliner, leur
adion, qui
il
ne luy
foit
de tous
moment
en repos vn feul
collez, fans la laiffer iamais 5
d'oeil,
;
pouffent
la
pas aifé de
s'in-
pas de foy grandement
n'eft |
forte,
ne peut prefquè auoir aucun
traire, 10
toft qu'elles la
fi
le
moins du monde
eft defia
toute portée, elle
pouffent
vers le cofté vers lequel elle
ne manquera pas de s'incliner vers en
fuite,
1
5
20
que
ie
&
le
plus parfaitement qu'il
eft poffible,
viens d'expliquer.
Acheuons maintenant de conduire les efprits iufques aux nerfs, & voyons les mouuemens qui en dépendent. Si les petits tuyaux de la fuperficie intérieure du cerueau ne font point du tout plus ouuerts, ny d'autre façon, les vns que les autres, & par confequent que ces efprits n'ayent en eux l'impreffion d'aucune idée particulière coftez,
&
:
ils fe
répandent indifféremment de tous
paffent des pores qui font vers
en ceux qui font vers C, d'où
B
(Fig. 27),
les plus fubtiles
parties s'écouleront tout à fait hors 25
là auffi-toft,
de difpofer l'organe du fens à receuoir l'adion
de fon objet, ainfi
mais, au con-
effet;
de leurs
du cerueau, par
pores de la petite peau qui l'enuelope puis le rendre dans furplus, prenant fon cours vers D, s'ira les
;
|
& dans
mufcles, fans y caufer aucun effet particulier, pource qu'il fe diftribuera en tous égales nerfs
les
lement. 3o
Mais s'il y a quelques-vns des tuyaux qui foient plus ou moins ouuerts, ou feulement ouuerts de quel-
iço
Le Monde.
9'-93-
qu'autre façon que leurs voilins, par l'aftion des objets qui
meuuent
les fens
fubilancc du cerueau, eftans en fuite
la
compofent vn peu plus
les petits filets qui
:
tendus ou- plus lafches
les
vns que les autres, con-
duiront les efprits vers certains endroits de fa bafe, de
là
&
5
moins de force pour caufer diuers
vers certains nerfs, auec plus ou
que vers
les autres.
mouuemens dans deiîus
Ce
les
qui fuffira
mufcles, fuiuant ce qui a efté cy-
amplement expliqué \
Or, d'autant que
ie
veux vous
mouuemens femblables àceux
faire
conceuoir ces
aufquels nous
lo
fommes
naturellement incitez par les diuerfes adions des
meuuent nos
que vous conlideriez fix diuerfes fortes de circonftances dont ils peuuent dépendre. La première cfl le lieu d'où procède ladion qui ouure quelques-vns des petits tuyaux par où entrent premièrement les efprits. La féconde objets qui
confifte en la force
&
fens, ie defire icy
en toutes
les autres qualitez
i5
de
cette adion. La troificme, en la difpofition des petits filets
qui compofent la fubftance du cerueau. La qua-
20
triéme, en l'inégale force que peuuent auoir les petites parties des efprits. La cinquième, en la diucrfe fitua-
membres
tion des
extérieurs. Et la fixiéme, en la ren-
contre de plufieurs actions qui meuuent les fens en
mefme temps. Pour
le lieu
25
d'où procède l'adion, vous fçauez defia
que, û l'objet I
ABC
[Fig. 36),
par exemple, agilfoit
contre vn autre fens, que contre celui de
la
veùe,
il
ouuriroit d'autres tuyaux, en la fupcrficie intérieure
du cerueau, que ceux qui font marquez a.
Voir
p.
i32-i38.
2, 4, 6.
Et que,
3o
Traité de l'Homme.
93-94
s'il
plus prés ou plus loin, ou autrement fitué au
eftoit
refped de Fœil
qu'il n'ell pas,
autrement
qu'ils fuffent
confequent
pourroit bien à la
il
mefmes tuyaux, mais
vérité ouurir ces
5
191
fituez qu'ils
qu'ils puffent receuoir
qu'il faudroit
&
ne font,
par
des efprits d'autres
points de la glande que de ceux qui font marquez b,
c,
ABC,
conduire vers d'autres endroits que vers
les
&.
où
a,
ils
les
&
conduifent maintenant,
ainfi
des
autres. «o
Pour
les'diuerfes qualitez de l'adion qui ouure ces
tuyaux, vous fçauez
auiïi
que, félon qu'elles font
&
rentes, elle les ouurc diucrfcmcnt;
que cela feul efprits dans i5
eft fuffifani, le
ABC
l'objet
cerueau.
eft
rouge,
Comme,
faut penfer
il
pour changer
diffé-
le
cours des
par exemple,
c'eft
a dire,
façon que
i'ay dit
s'il
fi
agit contre
I
l'œil
1 ,
3
,
^'
,
en
la
cy-defTus eftre
requife pour faire fentir la couleur rouge, cela
il
ait la figure
d'vne
pomme, ou
&
qu'auec
autre fruit
:
il
faut penfer qu'il ouurira les tuyaux 2, 4, 6, d'vne cer20
que les parties du cerueau qui font vers n, fc prêteront Ivne contre l'autre, vn peu plus que de coutume en forte que les efprits qui entreront par ces tuyaux 2, 4, 6, prendront taine façon particulière, qui fera caufe
;
leur cours d'N par 25
eftoit d'vne autre
vers p. Et que,
fi
cet objet
ABC
couleur, ou d'vne autre figure, ce ne
feroit pas iuftement les petits filets qui font vers n
vers
0,
qui detourneroient les efprits qui entrent par
mais quelques autres de leurs voifins. Et fi la chaleur du feu A (Fig. 3y), qui eft proche de la main B, n'eftoit que médiocre, il faudroit penfer que la façon dont elle ouuriroit les tuyaux 7, feroit 2, 4, 6,
3o
&
Lf Monde.
192
94-96.
caufe que les parties du cerueau qui font vers
n,
fe
que celles qui font vers 0, s'élargiroient vn peu plus que de coutume & ainfi, que les efprits qui viennent du tuyau 7, iroient d'N par vers p. Mais fuppofant que ce feu brûle la main, il faut penfcr que fon adion ouure tant ces tuyaux 7, que les prefferoient
&.
,
;
5
efprits qui entrent dedans, ont la force de pafTer plus
que iufques à n à fçauoir iufques à o & à R, où pouffant deuant eux les parties du cerueau qui fe trouuent en leur chemin, ils les preffent loin en ligne droite,
en
:
telle forte, qu'ils font
elles vers S,
Pour
&
ainfi
repouifez
&
détournez par
des autres.
la difpofition
des petits
filets
qui compofent la
ou acquife, ou naturelle & pource que lacquife ell dépendante de toutes les autres circonllances qui changent le cours des efprits, ie la pourray tantort mieux expliquer. Mais afin que ie vous die en quov confille la naturelle, fçachez que Dieu a tellement difpofé ces petits filets en les formant, que les paflages qu'il a lailTez parmy eux, peuuent conduire les efprits, qui font meus par quelque adion parjticuhere, vers tous les nerfs où ils doiuent aller, pour caufer les mefmes mouuemens en cette machine, aufquels vne pareille adion nous
fubftance du cerueau, elle ;
10
eft
i5
I
pourroit inciter, fuiuant les inftinds de noftre nature.
ao
ï5
En forte qu'icy (Fig. 3j). par exemple, où le feu A brùlc la main B, Si efl caufe que les efprits qui entrent tuvau 7 tendent vers 0, ces efprits trouuent la deux pores ou palTages principaux oR, os. L'vn def-
dans
le
quels, à fcauoir^'R, les conduit en tous les neris qui
feruent a
mouuoir
les
membres
extérieurs, en la façon
3o
Traité de l'Homme.
96-98.
qui
eft
comme
requife pour euiter la force de cette adion
en ceux qui retirent
la
main, ou
le bras,
:
ou
&
en ceux qui tournent la tefte & les yeux vers ce feu, afin de voir plus particulièrement ce qu'il faut faire pour s'en garder. Et par l'autre os, ils vont en tous ceux qui feruent à caufer des émotions tout le corps,
5
19^
nous de la douleur comme en ceux qui reflerrent le cœur, qui agitent le foye, &. tels autres. Et mefmc aufli en ceux intérieures, femblables a celles qui fuiuent en :
10
qui peuuent caufer les
témoignent
:
qui rident le
comme en front & les
extérieurs qui la
ceux qui excitent
les larmes,
ioùes, &. qui difpofent la voix
main B, eftant fort froide, le feu A la réchauffoit modérément & fans la brûler, il feroit caufe que les mefmes efprits, qui entrent par le tuyau 7, iroient fe rendre non plus vers O &. vers R, mais vers & \ers p, où ils trouueroient derechef à crier.
i5
Au
mouuemens
lieu que,
fi
la
des pores, difpofez à les conduire eu tous les nerfs qui peuuent feruir aux
mouuemens conucnables
à
20
cette ad;ion.
25
remarquez que i'ay particulièrement diftingué les deux pores oR & os, pour vous aduertir qu il y a prefque toufiours deux fortes de mouuemens qui procèdent de chaque adion fçauoir les extérieurs, qui feruent à pourfuiure les chofes defirables, ou à euiter |Et
:
les nuifibles;
nément
les intérieurs,
qu'on
nomme commu-
les paffions, qui feruent à difpofer le
foye,
le
&
c^
tous les autres organes defquels
cœur le
&
tem-
I
pérament du fang 3o
dépendre, en
pour
lors, fe
&
en
telle forte
fuite
celuy des efprits peut
que
les efprits qui nailTent
trouuent propres à caufer
ŒUVRES. VI.
les
mouue25
Le Monde.
ip4
mens que
98-99-
extérieurs qui doiuent fuiure. Car, fuppofant
de ces efprits font Tvne des
les diuerfes qualitez
circonftances qui ferucnt à changer leur cours, ainfi
que i'expliqueray 'tout maintenant, on peut bien penfer que fi, par exemple, il eft queftion d'éuiter quelque mal par la force, & en le furmontant ou le
quoy
chaffant, à
incline la paffion de la colère, les
efprits doiuent eflre plus inégalement agitez
forts
que de coutume; en
l'euiter,
fe
5
&
cachant, ou
au contraire que, le
&
plus
s'il
faut
fupportcr auec patience,
10
quoy incline la pafiion de la peur, ils doiuent cftre moins abondans & moins forts. Et pour cet effet le cœur fe doit reflerrcr pour lors, comme pour les épargner & refcruer pour le befoin. Et vous pouuez à
iugcr des autres paflions à proportion.
Quant aux autres mouuemens feruent point à éuiter
le
feulement à témoigner
quoy
confifte le rire
par occafion,
&
ou
extérieurs, qui ne
mal ou à fuiure les paffions, le
pleurer,
pource que
i5
bien, mais
comme ceux
ils
les nerfs
le
ne
fe font
en
que
par où doiuent
lo
entrer les efprits pour les caufer, ont leur origine tout
proche de ceux par où ils entrent pour caufer les paffions, ainfi que TAnatomie vous peut apprendre. Mais ie ne vous ay pas encore fait voir, comment les diuerfes qualitez des efprits peuuent auoir la force de changer
la
détermination de leur cours; ce qui
arriue principalement lors que d'ailleurs
que
25
ils
ne font
peu ou point du tout déterminez. Comme, nerfs de l'eftomac font agitez en la façon que
fort
|
fi
les
i'ay dit a.
Voir
cy-defrus" qu'ils doiuent eftre, pour caufer p.
i63,
1.
lo.
le
?o
Traité de l'Homme.
99-'oo.
19c
&
que cependant il ne fe prefente rien à aucun fens, ny à la mémoire, qui paroifle propre à eftre mangé les efprits que cette adion fera entrer par les tuyaux 8 dans le cerucau, s'iront rendre en vn endroit, où ils trouueront plufieurs pores difpofez à les conduire indifféremment en tous les nerfs qui peuuent feruir à la recherche ou à la fentiment de la faim,
:
5
pourfuitte de quelqu'objet
que 10
la feule inégalité
;
en forte
qu'il
n'y aura
de leurs parties, qui puiife eftre
caufe qu'ils prennent leur cours plutoft par les vns
que par Et
les autres.
s'il
arriue que les plus fortes de ces parties
foient maintenant celles qui tendent à couler vers
certains nerfs, puis incontinent après, que ce foient i5
celles qui tendent vers leurs contraires,
cela fera
mouuemens qui fe voyent que nous hefitons, & fommes en doute
imiter à cette Machine les
20
en nous, lors de quelque chofe. Tout de mefme, fi l'adion du feu A eft moyenne entre celles qui peuuent conduire les efprits vers R, & vers p, c'eft à dire entre celles qui caufent la douleur & le plaifir, il eft aifé à entendre que les feules inegalitez qui font en eux, doiuent fuffire pour les déterminer à l'vn ou à l'autre ainfi que fouuent vne mefme adion, qui nous eft agréable lors que nous fommes en bonne humeur, nous peut déplaire lors que nous fommes triftes & chagrins. Et vous pouuez tirer :
25
dececy chant 3o
la raifon
les
de tout ce que
humeurs ou
|
i'ay dit
cy-deftus% tou-
inclinations tant naturelles
qu'acquifes, qui dépendent de la différence des efprits. st.
Voir
p. 166,
1.
14.
Le Monde,
iç6
Pour
la diuerfe fituation
des
'oo-
membres
extérieurs,
change les pores qui portent immédiatement ces efprits dans les nerfs en forte que, par exemple, fi lors que le feu A brûle la main B, la tefte eftoit tournée vers le cofté gauche, au il
faut feulement penfer qu'elle
:
maintenant vers
lieu qu'elle left
iroient tout de
vers
o,
&
mefme
de là vers R
pour redreffer
le droit, les efprits
de 7 vers n, puis mais que de R, au
qu'ils font ci
vers s;
où
lieu d'aller vers x, par
paiïer
5
ie
fuppofe qu'ils doiuent
la tefte qui eft
tournée vers
la
10
iroient vers i, par où ie fuppofe qu'ils deuroient entrer pour la redreffer, fi elle eftoit
main
droite,
tournée vers cette tefte, filets
de
la
ils
gauche d'autant que la fituation de qui eft maintenant caufe que les petits la
;
fubftance du cerueau qui font vers
x,
font
i5
beaucoup plus lafches & aifez à écarter l'vn de l'autre que ceux qui font vers {, eftant changée, feroit, tout au contraire, que ceux qui font vers ^ feroient fort lafches,
&
ceux qui font vers
x, fort
tendus
&
ref20
ferrez.
pour entendre comment vne feule adion', fans fe changer, peut mouuoir maintenant vn pié de cette Machine, maintenant l'autre, félon qu'il eft il fuffit de penfer requis pour faire qu'elle marche Ainfi,
:
»
Remarque de Louis de )a Forge (1664) « Pour entendre comment vne feule aâion, p. 100, 1. 22. C'crt à dire, vu mefme cours d'efprits, fans qu'il y arriue d"autrc chaiigemem, linon que, par exemple, des
"
rentrée du porc 7,
a. »
:
il
tend lantoll
vers
le
pie droit,
&
tantoll vers le
»
gauche, félon que la diuerfe fiiuation des membres difpofe les fibres qui tout de l'enuironncnt, maintenant d'vne fai,-on, i"^ puis d"vne autre mefmt qu'en tournani tant loit peu d'vne autre manière le col du dragon de Ruel, Ion fait que l'eau qui en fort va à dioue ou à gauche, fans
»
qu'il arriue
» u »
:
aucun autre changement au cours de
l'eau.
>•
(Page ^çb.)
Traité de l'Homme.
'00-102.
que
les efprits paffent
mité
eft
quand c'eft le que quand c'eft le
5
par vn feul pore, dont Textre-
autrement difpofée
nerfs,
107
&
les
conduit en d'autres
gauche qui efl le plus auancé, droit. Et on peut rapporter icy pié
tout ce que i'ay dit cy-defTus^ de la refpiration, tels autres
mouuemens,
&
de
qui ne dépendent ordinai|
10
rement d'aucune idée; ie dis ordinairement, car ils en peuuent quelquefois auffi dépendre. Maintenant que ie penfe auoir fuffifamment explique toutes les fondions de la veille, il ne me refte que fort peu de chofes à vous dire touchant le fommeil; car, premièrement, il ne faut que ietter les yeux fur cette ^o figure {Fig. 38), filets
i5
D, D, qui
lafches
&
fe
&
voir
comment
vont rendre dans
les nerfs,
pour entendre comment,
preflez,
les petits
y font
lors
que
Machine reprefente le corps dVn homme qui dort, les adions des objets ex|terieurs font pour la plus-part empefchées de paffer iufqu'à fon cerueau, pour y eftre fenties & les efprits qui font dans le cerueau, empefchez de paffer iufques aux membres extérieurs, pour les mouuoir qui font les deux principaux effets du fommeil. Pour ce qui eft des fonges^ ils dépendent en partie de l'inégale force que peuuent auoir les efprits qui fortent de la glande H, & en partie des impreffions qui cette
;
20
:
^
25
a.
b. »
p.
Voir
p. i38,
1.
26.
Remarque de Louis de la Forge (1664) « Pour ce qui efl des fonges, 102, L 6. Quand ils ne font point furnaturels, & qu'ils ne font ny :
ne peuuent auoir que les deux caufes qu'ap(Page 399.) Cette remarque est intéressante, en ce qu'elle révèle quel pouvait être encore l'état d'esprit d'un philosophe, à cette date de ,1664, et nous aide à comprendre un singulier pa'ssage de Descartes lui-même, sur un songe qu'il eut en 1619, t. X, p. i85-i86. »
Diuins ny Diaboliques,
»
porte noilre Autheur...
»
ils
Le Monde.
ipS
rencontrent dans
fe
102-. o3.
Mémoire
la
en forte
:
qu'ils
ne
en rien de ces idées que i'ay dit cy-deflus'' former quelquefois dans l'imagination de ceux qui
différent fe
réuent étant éueillez,
ce n'eft en ce que les images
fi
qui fe forment pendant le fommeil, peuuent eftre
5
beaucoup plus diftindes OC: plus viues, que celles qui fe forment pendant la veille. Dont la raifon cft, qu'vne mefme force peut ouurir dauantage les petits tuyaux,
comme
2, 4, 6,
&
les pores,
comme
a, b, c,
qui feruent
à former ces images, lors que les parties du cerueau qui les enuironnent font lafches
&
détendues,
10
ainfi
voyez en cette ^o figure {Fig. 3g)^ que lors qu'elles font toutes tendues, ainfi que vous le pouuez
que vous
le
voir en celles qui la précèdent. Et cette
monftre
auffi
que,
s'il
mefme
raifon
arriue que l'adion de quelque
i5
objet qui touche les fens, puifTe pafTer iufqu'au cer-
ueau pendant
mefme
le
fommeil,
elle
n'y formera pas la
idée qu'elle feroit pendant la veille, mais quel-
qu'autre plus remarquable
&
plus fenfible
:
comme
nous fommes piquez par vne mouche, nous fongeons qu'on nous donne vn coup d'efpée; fi nous ne fommes pas du tout affez couuers, nous nous imaginons eftre tout|nuds; & fi nous le fommes quelque peu trop, nous penfons eftre accablez d'vne montagne. quelquefois, quand nous dormons,
Au
refte,
ueau qui
eft
pendant
ficic .T.
fommeil,
en repos, a
refaire, eftant les petites
le
le loifir
humcdée par
le
la
de
fi
p.
fe
nourir
&
de
fe
fang que contiennent
venes ou artères qui paroiffent en
174,
1.
4, et p.
184.
1.
2i-3i.
aS
fubftance du cer-
fa fuper-
extérieure. En forte qu'après quelque temps, fes
Voir
20
3o
Traité de l'Homme.
103-104.
199
pores eftant deuenus plus eftroits, les efprits n'ont pas befoin d'auoir tant de force qu'auparauant, pour la
pouuoir foutenir toute tendue
vent n'a pas befoin deflre 5
ils
10
quand
voiles d'vn nauire,
ils
:
non plus que
le
pour enfler les font mouillez, que quand fort,
fi
font fecs. Et cependant ces efprits fe trouuent
eflre plus forts,
d'autant que
duit, s'eft purifié,
en pafTant
dans
le
D où
il
cœur,
&
ainfi qu'il a eilé
le
fang qui les pro-
repaflant plufieurs fois |
cy-deffus remarqué*.
que cette Machine fe doit naturellement réueiller de foy-mefme, après qu'elle a dormy aflez long-temps. Comme, réciproquement, elle doit aufli fe rendormir, après auoir aflez long-temps veillé à caufe que, pendant la veille, la fubftance de fon cerfuit
;
i5
&
ueaueft deffechée, par
la
fes
pores font élargis peu à peu,
continuelle adion des efprits;
dant, venant à
manger
20
la
faim
l'y
fi
elle
peut trouuer dequoy,
excite) le fuc des viandes qui
mêle auec fon fang le rend plus groflier, & fait par confequent qu'il produit moins defprits. le ne m'arrefteray pas à vous dire, comment le bruit & la douleur, & les autres adions qui meuuent fe
auec beaucoup de force 25
que cepen-
(ainfi qu'elle fait infaillible-
ment de temps en temps, pource que
&
les parties intérieures
cerueau, par l'entremife des organes de fes fens
comment reflJe
la
joye
&
beaucoup
agitent
de
l'air,
fes efprits
;
& comment
Voir
p.
i68,
1.
9-10.
&
la
feche-
&
chofes
qui rend fon fang plus fubtil,
ment, au- contraire, a.
;
la colère, &. les autres paffions qui
femblables, la peuuent empefcher de dormir. 3o
de fon
le filence, la triftefl'e,
Ny com-
l'humidité
200 de
Le Monde.
&
l'air,
chofes femblables,
ment vne grande perte de trop boire,
Oi:
comment par lexcés de ainfi
fang, le trop ieufner, le
&
ou trop
la faire
i!i;
Ny com-
quelque chofe qui diminue la peuuent, félon fes diuers tempe-
force de fes efprits,
affoiblir,
inuitent.
l'y
autres tels excès, qui ont en foy quelque
chofe qui augmente,
ramens,
104-105.
veiller,
ou trop dormir. Ny
la veille
fon cerueau fe peut
par lexcés du fommeil s'appefantir,
deuenir femblable à celuy d'vn
oudvnftupide; ny vne d autant quelles
me
homme
infinité d'autres telles
5
&
infenfé, |
chofes
:
10
lemblent pouuoir toutes affez
facilement eftre déduites de celles que
i'ay icy expli-
quées.
Or auant que fonnable,
ie
pafTe à la defcription de l'ame rai-
encore que vous
ie defire
que
reflexion, fur tout ce
Machine ie
ie
faffiez
vn peu de
i5
viens de dire de cette
&
que vous confideriez, premièrement, que nay fuppofé en elle aucuns organes, ny aucuns ;
refforts, qui
perfuader
ne foient
tels,
qu'on
fe
peut très aifement
y en a de tout femblables, tant en
qu'il
20
nous, que mefme auffi en plulieurs animaux fans raifon. Car pour ceux qui peuuent clhe clairement apperceus de la veiie, les Anatomiftes les y ont défia tous remarquez
que
les artères
teftc, L^
rieure
de
;
&.
i'ay dit
de
la
façon
apportent les efprits au dedans de
la
25
la différence qui eft entre la fuperficie inté-
du cerueau
pourront
quant à ce que
aulfi
&
le
milieu de fa fubllance,
ils
en
voir à l'œil aifez d'indices pour n'en
pouuoir douter, s'ils y regardent vn peu de prés. Ils ne pourront non plus douter de ces petites portes, ou valvules, que av miles dans les nerfs aux entrées de i
3o
Traité de l'Homme.
io5-io6.
201
chaque mufcle, s'ils prennent garde que la nature en a formé généralement en tous les endroits de nos corps, par où il entre d'ordinaire quelque matière qui peut tendre à en reffortir comme aux entrées du cœur, du fiel, de la gorge, des plus larges boyaux, & aux principales diuifions de toutes les venes. Ils ne fçauroient aufli rien imaginer de plus vray-femblable, touchant le cerueau, que de dire qu'il eft compofé de plufieurs petits filets diuerfement entrelacez, veu que toutes les peaux & toutes les chairs paroiflent ainfi com|pofées de plufieurs fibres ou filets, & qu'on remarque le mefme en toutes les plantes en forte que c'eft vne propriété, qui femble commune à tous les corps qui peuuent croiftre & fe nourrir par l'vnion & la iondion des petites parties des autres corps. Enfin, pour le refte des chofes que i'ai fuppofées, & qui ne peuuent eftre apperceùes par aucun fens, elles font toutes fi fimples & fi communes, & mefme en fi' petit nombre, que fi vous les comparez auec la diuerfe com:
5
10
:
i5
20
pofition,
&
le
merueilleux
artifice,
qui paroift en la
vous aurez bien plus de fuiet de penfer, que i'en ay obmis plufieurs qui lont en nous, que non pas que i'en aye fuppofé 25
ftrudure des organes qui font
vifibles,
aucune qui n'y
fçachant que la Nature
agit toufiours par les
de tous pas
&
moyens
les plus fimples,
qu'il foit poffible d'en
qui lont les plus faciles
vous ne iugerez peut-eftre
trouuer de plus femblables à
que ceux qui font icy propofez. le defire que vous confideriez, après cela, que toutes les fondions que i'ay attribuées à cette Machine, comme la digeftion des viandes, le battement ceux dont
3o
foit point. Et
elle fe fert,
Œuvres. VI.
26
5
Le Monde.
202
106-107.
du cœur & des artères, la nourriture & la croiffance des membres, la refpiration, la veille & le fommeil la ;
réception de la lumière, des fons, des odeurs, des goufts, de la chaleur, les
&
de
telles autres qualitez,
organes des fens extérieurs
idées dans l'organe du fens
dans
l'impreffion de leurs
;
commun &
5
de l'imagi-
nation, la rétention ou l'emprainte de ces idées dans
Mémoire;
la
&
mouuemens intérieurs & enfin les mouuemens
les
des Paffions
;
tous les membres, qui fuiuent
fi
des Appétits extérieurs de
propos, tant des
à
10
|
adions des objets qui paffions,
&
fe
prelentent aux fens, que des
des impreffions qui
fe
rencontrent dans
la
Mémoire, qu'ils imitent le plus parfaitement qu'il eft poffible ceux d'vn vray homme le defire, dis-ie, que vous confideriez que ces fondions fuiuent toutes naturellement, en cette Machine, de la feule difpofition de fes organes, ne plus ne moins que font les mouuemens d'vne horloge, ou autre automate, de celle de fes contrepoids & de fes roues; en forte qu'il ne faut point à leur occafion conceuoir en elle aucune autre Ame vegetatiue, ny fenfitiue, ny aucun autre principe de mouuement & de vie, que fon fang & fes efprits, agitez par la chaleur du feu qui brûle continuellement dans fon cœur, & qui n'efi; point d'autre nature que tous les feux qui font dans les corps inanimez". :
a.
Voir
t.
VI,
p. 43,
1.
3o, à p. 46,
1.
FIN
12.
1
20
2 5
APPENDICE I.
Table donnée par Clerselier, et répondant aux articles qu'il a découpés lui-même, de son aveu, et sans les avoir trouvés dans le texte de Descartes. (Voir ci-avant, p. 119, note a.) Les chiflres eu italiques indiquent, pour chaque article, telle page et telle ligue du présent volume.
TABLE TRAITTÉ PREMIER. L'Homme
de
René
De/cartes.
PREMIERE PARTIE. De Article
i.
De
Art.
Art. Art. Art.
Machine de fon Corps.
quelles parties doit
cilrc
compofé l'homme
qu'il
{Page i ig, l. i.) 2. Que fon Corps eft vne machine entièrement femblable aux noftrcs. [Page 120, l. 4.) viandes fe digèrent dans Ton eftomac. 3. Comment les [Page 121, l. 10.) 4. Comment le chyle fe conuertit en fang. [Page 122, l. 7.) dans le cœur. b. Comment le fang s'échaufe & fe dilate {Page 123, l. g.) 6. Quel elt l'vfage de la refpiration en cette machine. {Page 123, l. 2g.) décrit.
Art.
la
Le Monde.
204 Art. 7.
Art. 8.
Comment Que c'cft
le fait le
fang
le
{Page 125, Art. g.
Comment
la
Art.
I
I.
Art. 12. Art. i3.
Art. 14.
Que
le
l.
14.)
Que
fes
des
artères
1 24, l. 23.) qui fert à
nutrition.
la
20.)
l.
nutrition
le fait
{Page 126,
elle croift.
Art. 10.
pouls, [l'agi'
l.
en cette Machine;
& comment
g.)
fang y circule perpétuellement. {Page 12^, l. 3.) Qu'en circulant ainfi, il fe fepare & fe crible. {Page I2y, plus viues
&
plus fubtiles parties vont au cerueau.
{Page 128, 13.) Que celles qui n'y peuuent aller, vont aux vaiffeaux deftinez à la génération. [Page 128, l. ig.) Des Efprits Animaux; ce que c'eft, & comment ils s'engendrent. (Aî^io-e 12g, l. i .)
SECONDE PARTIE. Comment fe meut
Que
la
Machine de fou Corps.
Animaux font le grand reffort qui fait Machine. {Page i3u, l. 16.) prife des Machines Artificielles. Art. 16. Belle comparaifon {Page i3o, L 3i.) Art. 17. Sommaire du refte du traittt^ {Page i32, l. 2.) Art. 18. Quelle elt la fabrique de fes nerfs. Page 1 32, l. 20.) Art. H). Comment ils feruent à faire entier ou defenHer les mufcles. Art. i5.
les
Efprits
mouuoir
cette
{Page i33,
l. 20.) des canaux par où les Efprits d'vn niufcle peuuent Art. 20. Qu'il y a palier dans celuy qui luy elt oppole. [Page i34, l. Jj.)
Art. il. Des valvules qui font dans les nerfs aux entrées des muf-
&
de leur vfage. {Page i35, l. 16.) cette Machine peut eltre mcïie en toutes façons que nos Corps. {Page i3j, L 21.) mefnies
cles;
Art. 22.
Comment
Art. 23.
Comment l.
Art. 24 Art. 25.
les
paupières s'ouurent ikiv {i:vn\t:ut.{Page i38,
6.)
Comment Comment
cette
Comment
Machine
auale
elle
[Page 140, Alt. 26.
les
l.
refpire. [Page i38, l. 26.) viandes qui font dans fa bouche.
6.)
elle ell
mouuoir en
les
incitée par les nbjeis
extérieurs a
plufieurs manières. [Page 141,
L
7.)
le
Traité de l'Homme.
205
TROISIESME PARTIE. Des feus extérieurs de
Art. 27.
Machine; & comment aux nojlres.
cette
ils
fe raportent
De l'attouchement. [Page 142, l. 22.) De la Nature de l'Ame, qui doit eftre vnie
à cette Machine, [Page 148, l. 20.) Art. 29. De la douleur & du chatouillement. [Page 148, l. 28.) Art. 3o. Des fentimens de rude & de poly; de chaleur & de froideur. & autres. {Page 144, l. 16.) Art. 3i. De ce qui peut aflbupir le fentiment. {Page 145, l. 3.) Art. 32. Du Court, & de fes quatre principales efpeces. [Page 14S,
Art. 28.
en ce qui regarde
l.
les fens.
18.)
Art. 33. Qu'il n'y a que les viandes qui ont du gouft, qui foient
propres Art. 34. Art. 35.
Art. 36.
Mufique. {Page 14g,
la
Art. 37.
Art. 38.
Art:
3().
{Page 146,
à la nourriture.
18.)
l.
De l'Odorat, & en quoy confiftent les bonnes & mauuaifes odeurs. {Page 14^, l. 25.) De l'Ouye; & de ce qui fait le fon. {Page 14g, l. ly.) En quoy confille le fon doux ou rude, & tous les tons de
De De
la V'eiie.
{Page i5 1
,
3o.)
l.
l.
16).
la rtrudure de l'œil; & en quoy elle fert à la vifion. {Page i5i, L 27.) Ce que fait la tranfparence des trois humeurs. {Page i53,
l 17.) Art. 40.
Ce que l.
Art. 41.
fait
la
courbure de
la
première peau. {Page jS3,
2g.)
La rcfradion de l'humeur
&
cryftalline rend la vifion plus
{Page 1S4, L 8.) au dedans de l'œil, fert aulTi à rendre la vifion plus dirtinfle. {Page rSS, l. i5.) Art. 43. Le chanf'.ement de figure d" l'humeur crj'ftalline fert auffi a lu dillindion des images. {Page i55 l. 28.) Art. 44. Le changement de grandeur en la prunelle fert à modérer la force de la vifion. {Page i56, l. 17.) forte,
Art. 42.
plus
diiliiicte.
La couleur noire qui
eft
,
Art. 45.
Que
la petiielfe
de
la
prunelle fert
plus dirtinde. {Page iSy,
l.
/.)
auili à
rendre
la vifion
2o6
Le Monde.
Alt. 46.
Que l'Ame de
ne pourra voir diftindement qu'vn fcul point
[Page i5j,
l'objet.
Art. 47. Quels objets
l.
22.)
agréables ou delagreables à
font
la
veiie.
' [Page i5S, l. /•) Art. 48. Comment on voit la fituation, la figure, la diftance, & la grandeur des objets. [Page i5g, l. i .) Art. 4p. Qu'on s'j- peut fouuent tromper; & pourquoy l'on voit quelquefois les objets doubles. [Page 160, l. 27.) Art. bo. Pourquoy ils paroilfent autrement fituez qu'ils ne font, & pourquoy plus éloignez ou plus grands. [Page 162, l. i .)
Art. 5i.
Que
moyens de
tous les
connoiftre
la
diftance des objets
font incertains. {Page 162, L jj.)
QVATRIES.ME PARTIE. Des Art. 32.
feus intérieurs qui Je trouuent en cette Machine.
De
& d'où
faim;
la
vient l'appétit de
viandes. [Page i63, b'i.
De
la foif;
Art. 34.
De
la
Art.
& comment
ioye &. de
manger de
certaines
10.) eft excitée.
elle
la triftelfe.
[Page 164,
rieurs.
l.
&
[Page 164,
l.
5.)
des autres fentimens inté-
i3.)
l.
Art. 35. Belle comparaifon qui explique d'où dépendent toutes les
fonctions de cette Machine. [Page i65, 56.
Que
Art. 57.
Que
Art. 38.
Que
An.
l'air
agitez.
Que
le
[Page lôy, de
la
[Page j66, L 14.) ordinairement plus
Que
le
[Page
Que
la
fiel
les
rate
(Page 16g, Art. Gî.
Que
le
lOtS,
agitez.
[Page i6g, Art. 61.
2g.)
l.
refpiration rend les Efprits plus vifs 1.
1.
plus
vifs
l.
&
plus
&
i~.)
plus inégalement agitez.
7-)
rend moins abondans,
&
moins
agitez.
i3.)
du cœurcaufe [Page 16g, i 21.)
petit nerf
les Efprits.
[Page 168,
rend plus
les l.
&
11.)
foye bien difpofc les rend plus abondans
également Art. 60.
la
fuc des viandes rend le fang
le
groflier.
59.
11.)
diuerfes inclinations naturelles dépendent de
les
diuerlité des Efprits.
Arr
l.
le
plus de diucrfité dans
,
Traité de l'Homme.
207
CINQVIESME PARTIE. De
la
Jlruâure du cerueau de celte Machine, & comment les Efprits dijlribuent, pour caufer fei> mouuemens & fesfentimens.
s'j'
Art. G3.
De
Art. 64.
Comment
la
(lru6lure
du cerueau de
cette
machine. {Page lyo,
1.3.)
&
l. 27.) Art. 65. Quelle différence
&
veille,
Art. 6G.
Comment
diftribution des Efprit.s
fe fait la
i'éternuëment,
& d'où
vient
y a entre le cerueau d'vn homme qui celuj' d'vn homme qui dort. {Page ijJ, l. 10.) fe forment les idées des objets dans le lieu il
deftiné à l'imagination,
& au
fens
commun. {Page 174,
r3.)
l.
Art. G7.
;
l'éblouiffement ou vertige. {Page ly i
Que
les figures
des obiels
fe
tracent aufli en
intérieure du cerueau. {Page 174,
Art. 68. Qu'il s'en trace aulTi fur
la
l.
glande, qui
la
fuperficie
23.) fe
raportent à celle
{Page ij5,l. 18.) Art. 69. Que ces tigines ne font que les diuerfes imprertions que recoiucnt les Efprits en fortant de la glande. {Page i yô, des
objet.-!.
Art. 70.
Que
Art. 72.
Comment
ces imprelTions font les feules idées que l'Ame contemplera pour fentir ou imaginer. {Page ijô, l. 26.) Art. 71. Quelle différence il y a entre fentir & imaginer. (Pa^e 777, /.
la
5.)
ou les idées des objets Mémoire. {Page ij-j, l. 23.) les traces
fe
referuent en
Comment
le fouuenir d'vne chofe peut eftre excité par vne {Page ijp, l. 4.) Art. 74. Qu'il faut fort peu de chofe pour déterminer la glande à s'incliner d'vn cofté ou d'autre. {Page ijp, l. ig.)
Art. 73.
autre.
Art. 75.
Que
la
différence qui eft entre les Efprits eft l'vne des
caufes qui Art. 76. Quel
eft
le
déterminent. {Page 180,
la
glande. 4^a^e 180, Art. 77.
En quoy que
4.
/.)
principal effet des Efprits qui fortent de la l.
confifte l'idée
fa feule
idée
le
3i.)
du mouuement des membres;
peut caufer. {Page 181,
l.
14.)
&
Le Monde.
2o8 Art. 78.
Comment
vne idée peut
vient
d'o.ù
qu'alors
{Page 182, Art. 79.
En quoy
compofée de plufieuis;
cflrc
ne
il
paroift
qu'vn
feul
&
objet.
23.)
l.
[Page i83,
confifte l'idée delà diftance des objets.
15.) Art. 80.
Que
diuerfe fituation de
la
diuers
glande peut faire fentir
la
changement dans
aucun
objets fans
l'organe.
{Page i83J. 77.) Art. 81.
Que
les vertiges
de
qui font pancher Art. 82.
Comment
.Mémoire
la
la
forment
fc
les
vne des caufes
forrt auffi
glande. {Page 1S4,
4.)
l.
fantofmes en l'imagination de
réuent eftant éueillez. {Page 184, l. 2 1 .) cette Machine peut imiter les mouuemens qui fe font
ceu.\ qui
Art. 83.
Que
Art. 84.
Que
en
fa
prefence. {Page i85,
l.
i
.)
l'adion des objets extérieurs
qui détermine
le
eil la
mouuement de
la
plus ordinaire caufe
glande. {Page i8y,
1.7.)
Art. 85.
Que
les diuerfes idées
qui s'impriment fur
pefchent l'vne l'autre. {Page j85, Art. 86.
Que
la
prefence d'vn objet
fuffit
il
y
l.
Que
les
pores du cerueau peuuent
ouuerts, que l'œil
eft
fon objet. {Page 187,
Que
mieux l.
glande s'eml'œil à
en
3.)
a entre l'œil difpofé à
objet proche ou vn éloigné. {Page 186,
Art. 88.
la
22.)
pour difpofer
bien receuoir l'adion. {Page .186, Art. 87. Quelle différence
l.
l.
eftre
regarder vn
14.)
d'autant plus
difpofé à receuoir l'adion de
6.)
Art. 94.
panche plus aifement du coflé qui fert à mieux difpofer l'œil. {Page i8y, l. 24.) Qu'cft-ce quicom'mence ordinairement à faire mouuoir & incliner la glande quelque part. {Page 188, l. 21.) Comment les Efprits font conduits dans les nerfs pour mouuoir cette .Machine. (Page i8g, l. i5.) De Cx diuerfes circonftances d'où peuuent dépendre fes mouuemens. {Page igo, l. 10.) La première eft le lieu d'où procède l'adion qui ouure le palfage aux Efprits. {Page igo, l. 26.) La féconde, les diuerfes qualitez de cette adion. ^Page igi,
Art. 96.
La troifiéme
Art. 89. Art. 90. Art. yi. Art. Q2. Art. g3.
l.
la
glande
fc
10.)
petits
eft
iPage ig2,
la
qui
filets l.
i3.)
difpofition
compofent
naturelle ou acquife des la
fubftance
du cerueau.
Traité de l'Homme.
209
Art. 96. Qu'il y a prefque toufiours deux fortes de Art.
Art.
Art.
Art.
mouucmens
qui
procèdent de chaque adion. {Page ig3, l. 21.) La 4. eft l'inégale force des Efprits; & comment elle peut 97. changer la détermination de leur cours. {Page ig4, 1.24.) 98. Comment cette Machine pt-ut fcmblcr hefiter dans fes aétions. {Page igS, l. 12.) La 5. eft la diuerfe fituation des membres extérieurs. 99. {Page ig6, /. /.) 100. Comment cette Machine marche. {Page ig6, L 21 .)
Art. ICI.
Du fommeil; & 9)
en quov
il
diffère
de
la veille.
(Pa^e /p7,
/•
Art. 102. Des longes;
&
en quoj'
ils
diUerent des re'ucries de
la
{Page igy, l. 23.) cette machine peut s'cucillcr cftant endormie; & au contraire. {Page i gS, l. 26.) Art. 104. De ce qui la peut exciter à trop dormir, ou à trop veiller; & des fuittes que cela peut auoir. {Page jpg, L 22.). Art. io5. Reflexion fur tout ce qui a elle dit de cette Machine. {Page 200, l. 14.) Art. 106. Que toutes les fondions qui luy ont elle attribuées font des fuittes de la difpofition de fes organes. {Page 201, veille.
Art. io3.
Comment
29.)
l.
n.
Différences entre
le
donné ci-avant
texte
et divers
passages de
la
traduction latine imprimée par Schuyl en 1662.
Page 120 bibat {ibid.).
Page 122
10 qu'elle
:
:
— 27 i
&
hepar
inteftinis in
marche
la rate
omis
en... ailleurs
owu's (p. 2). {ibid.).
omis
(p. 3).
— qu'elle mange] edat, — des ex i3
inteltins]
(p. 4).
& dans le fo3'e omis {ibid.). Page 123 Page 126 16-17 ^^ \(^^.'. deuantfoyl nutrienda illa membra aliquantulum diftendendi (p. 1). Page 129: 8-9 ces... tiffus] admiranda illa reticula (p. i5). 26 elles paffent] ludando tranfeunt {ibid.). Page 134: i5-i6 fe defenfle & fe rallonge] detumefcat, laxetur & :
i
:
1
extendatur
—
(p. 21).
ŒuvRBS. VI.
ly
Le Monde.
2IO Page i35 Page i36
& qui... porte oww
:
i8
:
b qui...
(p. 22).
entr'ouuerte omis
ef» omis (p. 24). Page 140 9 le pafTagej afperœ 10 dans fon poumon omis [ibid.).
canal
—
23).
(p.
2G-29
&
ce...
«
arterite oritîciuni
:
—
—
29).
(p.
œfophagi orificium «
12 celuyj
{ibid.).
Page 142 2 & partie... les mains omis (p. 32). après la fecherefTej duritiem ajouté iy. 36). 20 en Page 145 cette machine omis (p. 37). Page 146 7-8 &... grolTieresl qua; tamen in crairiores impin:
:
—
i
:
gentes infleduntur (p. 38).
Page 147
3
:
feparées]
eftre
atque
feparari
—
dilui
39).
(p.
— —
16 de i'eftomac omis (ibid.). où... entrer omis {ibid.). 27-29 au deffous... femme omis {ibid.). Page 148 2 terreftres omis (p. 40). 7 et 21 vous... que omis
9-1
1
—
:
—
{ibid.).
25 pour ce fujet
Page 149 ajouté
Page 149 pelliculas
Page
—
—
19 de penfer omis incumbit (p. 41). :
i5i
numéro
après celles] quas ejus funt naturaî, cujus 3 vous... qu'omis (p. 41).
I
:
{ibid.).
:
2
(p. 44).
Page i53
les
2 au...
:
AGE
A CD]
—
(p. 43).
— 26 — 20
funt
qui... peau] qui huic
plufieurs]
ingenti...
plus déliez omis {ibid.).
quatenus vifus nofler
diflitas fertur (p. 46).
Page 154:
(p. 41).
illce
Dioptrique] fecundo (Dioptriccs) libro
i3 félon... befoin]
longé
id.
II compafl'éej
—
i5
&
(p. 45).
propinquas, aut très promptement omis (ibid.).
compofita
in
(p. 47).
res
— 18 du...
eft]
tunica;
retinte five nervi optici (p. 48).
Page id5 Page 5G
18-19 elle amortit] obtundit, obtenebratque
:
(p. 40).
2-3 au... Dioptrique] libro (Dioptrices) fecundo (p. 60). 14 plus plate] planiorem obtulioremve. 9 et 10 H] K. 14-15 comme... T] Ut verô figura notata littera repra-fentet
—
1
:
—
—
/'
pundum T Page 57 Page i58 1
(p. 5i).
19-21 parce... confufe omis (p. 30). 21 de 17 et 18 entre] ad (p. b-j).
:
:
novitas gratiam conciliât
{ibid.).
—
—
22-23
—
Page 159 Page 160 Page 162
;
— 26-27 7
&
'<^
laffent]
nouucaul 24 ioiieur de luth]
les accords...
egregiae atque infolitaî modulationes (ibid.). Mui]c'\{ibid.).
mode] quibus
la
—
tœdium naufeamque
pariunt(/^/rf.).
à la veùe] guilui {ibid.).
28-29 de la main omis (p. 60). 6 H Y] H (p. 63). 7 Y] R {ibid.). 9 Z] 3 [ibid.). 3o après perfpediuej utriufque argumenti vim elidunt (p. 62). :
:
-
-
Traité de l'Homme. Page 63 29 in] ad fp. ôf)). Page 164: i3 qui... ccjL'ur omis
211
:
1
(p.
G-]).
—
qu'a l'ordi-
i4-i?>
naire id.
Page i63
remue... clauier.j
17-18
:
digitis
temporibus ajouté
—
ajoute {ibid.).
n
:
plus vifsl vividiorcs feu agiliorcs (p. 71).
s'élance omis (p. 72).
Page 170 Page 171 (p. 74).
—
e(lre]
{ibid.).
9 après naturelles] ex hi.s jam recenfitis componi, five 17-22 Enfin... parties omis (p. 70).
:
Page 169
(p.
— ib après diverfis — 29-30 & de omis
groffeur o;h/5 (p. 69).
la conjlance...
Page 167
60). — 18 quatre
organi
puifat
fuis
claucs, fivc inanubria cpiflomiorum (p. 67). Page lôf) : 1 1-12 par ordre omis (p. 68).
— 29 fermées
Secondement omis
:
3
:
2-23
&
27
&
{ibid.'^.
(p. 72).
plus
qu'ils font
—
27 Troifiémement omis
(p.
ou
moins abondans omis
74).
—
3i
Ai'a7it lamais].
Primo igitur ajouté. {Ibid.). Page 172 23-26 ne viennent...
qu'elles ow/5 (p. 75). Page 173 5 intérieure] concava; five interioris (p. 76). 7 ceux] la duo {ibid.). 8-9 mais... tendre œnis {ibid.). Page 174 10 referuent] conferuentur (p. 78). Page 175 8-10 que... 4.] radii incidentes in pundum 3, apcriunt tubulum 4 (p. 80). — 24-25 le tuj'au... dans omis (p. 80), Page 176: 17 la foif om/5 (p. 81). Page 177 28 B] BB(p. 83). Page 178 3o vers a & omis (p. 85). 18 autrefois] haud Page 179 2 vers & vers d] circa O {ibid.). :
—
:
—
•
:
:
:
:
(p.
87).
Page 180 autres omis
28
:
8
2, 4, 6,
2, 4, 6]
:
(p.
{ibid.).
Pa'^e 181
3o
:
:
8,
7]
7
(p.
—
90).
[ibid.).
Page 1S2 Page 85 Page 187 1
27-28
le
I
:
10 ef 18
:
22-23
:
:
6] 6,
&
:
la...
3i
—9
difcernèr...
&
5-6 que... luy omis
omis
81
Sautcf
Dioptrique omis
diilindlifTimè {ibid.).
{ibid.).
collé Va
mulcles]
les
:
(p.
(p. 102).
loi).
— 20
cet...
—
Page 189 14 ainfi... expliquer omis (p. io3). ment] temerè atque indilVerenter (p. 104). Page 190 21 force] virtutis & efficacia; (p. io5). :
:
beaucoup...
membra
(p. 92).
8 (p. 97).
plus fort] efticaciffimè
Page 188
^
retrcciroicnt omis {ibid.).
:
éloigné omis
!i8--iy
— 89). — 29-30
c"
:
rarô
(p.
loi).
— 3o-3i proche
—
où...
id.
—
21 indiflerem-
212
Le Monde.
Page loi
& quae
:
Page 192 Page ig3 Page igS (p. 112).
:
—
4 d'N omis
— 22 af>r^5 coutume]
&0W/5 (p. io5). fc mutuô ajouté
c,
16-17
:
2-3 qui...
R? omis
(p.
1
10).
(p.
Page 198
:
7-8
ie...
i
(p. 107).
ic/.
—
17 vers
O&
r3).
—
&
i5 lafchcs
omis
11 5).
14 celles... précèdent.] ex anteccdenti figura,
admirandam
19 après remarquable] magis
id.
efculenti, dut poculenti
13).
1
dépendre omis (p. 21-22 qui... fommeil owjs(p. :
&
mangé] quicquam
— 20 versR] ad O
114). —
—9àO
(ibid.\.
& ^^""5
:
Page 197 p.
S-y receuoir...
funt circa O, difcedant à
11 3).
(p.
ajouté [ibid.].
Page 199 19 le fuc des viandes] cibi fuccus, Rve chilus (p. 1(5). Page 200 18-19 aucuns relTorts] nullas valvas, fpiras (p. 17). Page 201 () diuifions] divifionibus, five ramis (p. 18). Page 202 6-7 & de l'imagination omis (p. 120). "7 la rétention ou l'emprainte] conferuationem {ibid.). :
1
:
i
—
:
1
:
III.
Automates.
Pages i3o-i32.
fait sans doute allusion à des machines qu'il avait pu exemple, à P'ontainebleau. Mais il ) avait aussi de telles
Descartes voir, par
machines, citées dans les ouvrages du temps, et qu'il avait peut-être vues au cours de ses voyages. Montaigne, qui avyit voyagé en 58oi58i, dans la Haute-Allemagne et en Italie, décrit les merveilles en i
admirées notamment à Augsbourg, à Pratelou Pratolino près de Florence, et à Tivoli prés de Rome {Journal de voyage de Montaigne, publié par Louis Lautrey, 1906,
ce genre qu'il avait lino
pp.
125,
187-9
'9^-6, 269-271.) X'oici encore quelques autres
^'
textes intéressants à ce sujet
:
LocHER (loANNES Georgius), Ad Leâorcm, p. 8
stadt, 1614), «
Ncque verô
»
Architas lignea;
»
&
ij
Mathcmatica: (Ingol-
Dij'quijitiones :
tantiim ex hac re percepti
columb* volatum
PofTidonius fphœras eas
fabricaucrint
,
fructus, quod quod Archimedes
luiit
indiderit; vel in
quas,
vt
Cicero
À
Traitk de l'Homme.
cum
Solis
»
inquit,
•>
gafleiu, etlecerunt
»
cauit
»
illatani
1)
»
215
& Lunae ac quinque errantium motus alliidem, quod ille, qui in Timajo Mundum œdifi-
Deus vel quod Mufcam Norimberga exhibuerit
&
:
Aquilam Geometrici.s pennis
Claudius Gallus hifce proximis annis Tibure in Ateftini Cardinalis hortis vifus fit pasne noua natune miracula cdidilie, cum elTeciffet, vt aquarum Icni placido iliapfu
xneœ
I'
ac
»
aduentum opportune
»
opportuniiis;
»
temeiarij,
»
retur
ita
quhm
;
vel quae
auiculte
motu, voce, cantu, ad noduae
intennifTo,
imitarentur veras,
ad
dilcelTum
eius
vt potius
qui
tiftas
qui veras œftimaret, nimis cicduli
repctito alTcrerct,
nomen mere-
ikc... »
Olivier dk Sepres, Théâtre d'Agriculture (Paris, 1G20), Scplie/me
Avant-propos : « ...Quel plaifir crt-ce de contempler les belles eaux coulantes à l'entour de voltre maifon, femblans vous tenir compaignie? Qui rejailliffent en haut par un million d'inventions, qui parlent, qui chantent en mulique. qui contrefont le chant des oifeaux, l'efcoupeterie des arquebufades, le fon de l'artillerie, comme tels miracles le vo}-ert en plufieurs lieux, mefmc à Tivoli, à Pratoli, & autres de l'Italie ? »
lieu, » >)
»
» » »
&
claires
J. Gafiahel, CurioJile\ inouyes, 6c., p. 364 ^Paris, chez. Hervé du Mefnil, M.DC.XXIX) « ...le paffe encore... la mouche & l'aigle » qu'on a veu de noftre fiecle voler par artifice dans Norimberg, :
» »
dont l'ouurier auoit faift auflTi des hidrauliques merueilleufes, & vn arc-en-ciel perpétuel, au rapport d'Antonius Poffeuinus. «
»
367 « le palle enfin l'inuention de diuerfes hydrauliques de nortrc temps, dont la mei ucille eH pareillement fi grande, qu'il comme ces ftatuës n'y a rien au monde qu'elles n'imittent d'hommes &. de femmes qui parlent, quoy que fans articulation, des qui fe meuuent, & qui fonnent de diuers inftruments lions des chiens qui hurlent, oyfeaux qui volent & chantent; des
»
qui abayent
»
pareilles pollures
)'
l'inuention des
«
Uti inter alia Lubeca: videre
"
ubi in magnirici illius opcris horari fummitate
)•
jucundilïinu) concentu par
Ibid., p.
»
»
» "
;
:
:
;
qui
d'autres
que
hommes,
Ljhstorpiiîs, Speciuiiiia
s'entrebattcnt
vivans;
les
&
auec des
chats
en
mille autres merueilles de
qui cllonnent nos gens.
»
Philofophiœ Carteftatix (i633), p. 134: ert, in templo D. Maria; confecrato,
Angelorum
cum cymbalorum
oftcntatur, tubas inflan-
^^ Monde.
2
14
»
tium, cifquc convenientem
»
erraticis (linguà Belgicà vocant tubarum, fiftularum, & hujus generis alii audiuntur Voolhoff) foni, ab aère in tubulos irruente excitati, iique diftindi fatis & concinni uti eos repraefentant adus V, VII, VIII hujus ludicrae
»
» »
lodami
utrifque
in
fonum edentium. Et multoties Amfte-
asdibus
:
»
ab Artifice Davide Lingelbachio exhibitic. Et in antiquioribus hifce œdibus {oitde Voulhoff) mira auditorum voluptate tibias intlat inanimatus quirpiam Joachimus (uti eum vocant) & concentus valdé fonoros reddit. Imprimis tamcn nobis prœtcrmittend^ non funt artificiofiffima & toto tcrrarum orbe celebrata hydragogia altcrum in Italià Magni Etruriae Ducis (Brcleluium Florcntinuni vacant), altcrum Bruxeliis in hortis Sereniinmorum in quibus oftentatur intcr innumeras lielgii Gubernatorum aquas falicntcs organum Muficum, jucundiflimam aère perflante
»
harmoniam
» »
» »
» >i
» ))
fcenas
:
:
Ihid., I)
p.
efliciens. » « ...MeruUe autem, notante Philandro ad quorum engibata funt de génère hydraularum
57-1 58
1
&
Vitruvium,
:
:
quidem reddebantur voces
»
illis
»
avium
»
Suctonii)
«
aquîE conccpto, ut
»
ambularc,
effidriccs
his
:
tanquam
&
humanarum
imitatrices,
&cantus
autem movebantur icunculae (ut utar verbis autem tempore non fpiritu, vi
viverent. Noftro illa,
fed fidiculis nervis occultis figilla videntur
humana omnia
pra^ter
fermonem reprœfcntare.
»
Sexta.
»
hanc Machinai um chiflem referimus omnia ifta ubicunquc iocorum vifantur, five in Aulis Principum, five civium hortis, qua; ab alio quodam fonte derivantur. Hx'c iniL'r Hcet diverfa artificia notare. Hcic enim inftar venularum fillula' per horti deUti^as funt ita difperlit, ut ubicunque Iocorum pedeni figas, nullibi tamen aquarum injurias cffugere potTis. Sive enim inter rofas vcrferis, aqua: ex Pyramidulis &. avibus eis infidentibus exfilientes latus undique cingunt Sive ad aedes aufugere tentes, novus alveus tibi occurrit, ex animahs
»
cujufdaiii
«
M » » » » » »
Denique
in
hydragogia,
:
»
cbuUiens Sive ad phiohis, & ipfas hortorum dclitias confugias, undique rana; in terrae extimà luperficie ordine difpofita?, & buxo cooperta;, te ingratâ voluptate perfun-
)•
dunt.
»
<>rc
•
»
Jbid., p. »
patenti
i58
:
«
in acre volantes,
Hue quoque
pertinent globuh,
aquai ex pcndulis
pila?,
es:
corona»
candelabris, ipfifque ccrers
Traité de l'Homme. •)
»
» »
falientes,
parabolicœ,
hyperbolicaï,
ovales,
21 ellipticœ,
<
rotundae
vitrorum l'ormœ, rotulae molarum gy-rantes, concentus mufici ab avibus organifvc cditi, & hujus gcneris infinita alia, quae in inagnificis hortis Hambuigi. Amlk-lodami, Antwerpiae, Mech-
incœnobio Capucinoium, Gandavi
pêne ruinas
»
liniae
»
minitante
»
Omnium
»
Bruxellis, in horto Sereniff.
»
»
Etruriœ Ducis Brelelino (sic). Quibus accenie Fontem iEoIicum perenncm, cum" Mufico conccntu, & motu cœlefti, ambobus quoque perennibus, qualefcunque applicare libuerit, ab inge-
»
niofo Jac. Befl'ono exhibitum in Theatro hijîrumentorum
»
Caflello,
Caroli
V
in veteri, &.
nativitate
cclebrato,
vifuntur.
& fummam perfedionem videbis \'ice-Regis; & Florcntias, in Magni
tamcn compendium
fol. li. »
LA DESCRIPTION DV CORPS HVMAIN DE LA FORMATION DE L'ANIMAL
1648
CEUVRBS. VI.
2»
AVERTISSEMENT L'inventaire des papiers de Descartes indique, à
un Traité MS. t.
X,
p. 9,
17.)
imprimée
aussi
Or
1.
intitulé
:
Une
lettre
ce
MS. de
13-14), en
{ibid., p.
Commencement
la lettre
La Description du Corps humain. Clerselier,
donne
que nous avons
commencement.
le
est identique aux premières pages d'un
Traité que Clerselier a publié, dans son volume de
l'Homme, sous
à la suite du Traité de
de
La
G,
(Voir
le
même
titre
1664, initial
Defcription du Corps humain, bien qu'il imprime en
haut des pages ce
titre différent
De
:
la
Formation du Fœtus.
L'authenticité de cette publication est donc assurée incontes-
tablement.
A tion.
vrai dire, ce double titre de Clerselier
Mais
c'est
que
demande explicacomprend
Traité, d'ailleurs inachevé,
le
aussi deux parties distinctes
:
première, en
la
effet,
entreprend
une description du corps humain, ou plutôt de ses fonctions, avec un programme complet que s'était tracé Descartes (p. 121
II 3, édit. Clerselier), et
apparaît
comme une
qu'il n'a fait
l'animal. î*lais entre les artificielle
Toutefois
le
deux
la
Descartes
:
second
la
seconde
digression, et c'est bien ainsi que Cler-
selier la présente [ibid., p. 13;)
soudure
qu'entamer;
titre
;
explique
elle
soudure l'a
Fœtus, semble bien être de
l'éditeur
;
formation de
non pas une lui-même de sa main.
existe, et
faite
de Clerselier
la
De
:
la
Formation du
outre qu'il ne convient
pas à l'ensemble du traité, et ne désigne réellement que
seconde partie, celle-ci
De
la
la
«
digression
»,
la
Descartes aurait intitulé
Formation de l'animal
;
et c'est aussi le titre
2
20
La Description
que nous mettrons en haut des pages, pour cette seconde partie,
pour
réservant
première
la
du Corps
Defcription
:
humain.
Dans quel
luy-mefme auoit
»
i^
(p. »
par articles
defia
sont
Et cela
«
penfée d'acheuer ce
»,
continue l'éditeur,
commencé.
qu'il auoit
nombre de 74, dans
au
ce Traité? Descartes diftinguer par parties
Clerselier dans sa Préface de
dit
»,
28 non paginée'.
la
MS. de commencé à le
état se trouvait le
«
l'édition
de
»
1664
m'a donné
«
Ces
articles
On
Clerselier.
vient de voir que Descartes ne les avait pas ainsi numérotés
jusqu'au bout
mais où
;
numéro avons-nous Descartes
?
s"était-il
les divisions
l'indication de ces
—
nos réserves.
de Clerselier, et non plus de
impossible de déterminer. Aussi
c'est ce qu'il est
donnerons-nous
De
plus, le
mots
«
:
P'
On
ni à l'un ni à l'autre.
en faisant toutes
commencement du
Artic.
/Ir/. » et « 2
articles,
74
nous avons retrouvé une copie MS. les
de quel
arrêté, et à partir
X,
(t.
»,
Traité, dont
i3-i4, donne bien
p.
mais sans donner de
titre
peut en conclure que les titres, qui se
trouvent tout au long dans l'édition de 1664, ne sont pas de
Descartes
:
c'est Clerselier qui les
qu'il l'a fait aussi
pour
donc encore tous ces
le
Traité de
articles. '(
même
de
Toutefois,
par parties
cette division
», :
les
De
dit
du présent Traité, ne insérer dans le texte du phi-
les
juxtaposer au fur et à mesure des
comme
Descartes avait divisé ce Traité
assure Clerselier, nous conserverons au moins soit cinq parties,
face, la^' et la 3' traitent
puis
il
rejetterons
titres à la suite
nous croyant pas en droit de losophe, ni
comme
aura ajoutés,
l'Homme. Nous
dont
la
1" n'est qu'une Pré-
Du mouvement du Cœur &
la nutrition, et les
deux dernières,
4' et
5%
du
De
fatig,
la
for-
mation de ranimai. Quelle est maintenant
la
date de ce Traité?
On
peut
la
déterminer avec une certaine approximation.
D'abord Descartes, à plusieurs reprises pp. édit. Clerselier), renvoie à ses Principes; et il cipes en
français, et
\?'^,
140,
dit bien
i
5g,
Prin-
non pas Principia Philofophiœ, ce qui
DU Corps Humain. donne à penser que
traduction a paru déjà, et que
la
est postérieur à 1647, et
De
plus, dans
une
221 le
Traité
non pas seulement à 1644.
lettre à la princesse Elisabeth,
du 25 jan-
vier 1648, Descartes déclare « qu'il a maintenant vn écrit entre r>
mains
les
« c'eft la
»,
dont
même
donne
il
l'objet,
defcription des fondions de l'animal
(Tome V,
p. 112,
&
le
titre
de l'homme
répond exactement aux
i2-i5.) Cela
1.
sinon
:
».
trois
premières parties que nous avons vues. Mais Descartes ajoute cette phrase significative
Et mefme
«
:
ie
me
fuis
auanturé
»
(mais depuis huit ou dix iours feulement] d'y vouloir expliquer
»
la
»
origine.
»
{Ibid.,
digression
la « »
façon dont fe forme l'animal dés
mal
»
fon
19-22.) Et voilà qui désigne clairement
1.
de notre Traité, sur
nous en donne
», et
commencement de
le
même
la
la
«
formation de l'Ani-
date à quelques jours près.
Enfin Descartes termine par une phrase que nous retrouvons
presque mot pour mot dans «
le dis l'animal en
»
ie
»
pour cet
gênerai
Traité
le
161, édit. Clerselier)
:
pour l'homme en particulier,
car,
;
(p.
ne l'oferois entreprendre, faute d'auoir alfez d'expériences
Ce
effet.
»
(Tome V,
112,
p.
1.
22-25.)
texte décisif se trouve confirmé par deux autres, de la
même
année 1648. Le premier est
sant de
Descartes et
de Burman,
tiré
de l'entretien
à la date
du 16
si
intéres-
avril 1648.
Il
y est question d'un Traité de l'Animal, auquel Descartes a travaillé « cet hiver ». Suivent quelques détails caractéristiques
:
le
philosophe voulait d'abord expliquer seulement
fonctions de l'animal
pas
he faire,
mais
;
sans expliquer
l'œuf, ab ovo.
(Tome V,
vit
il
la
qu'il
les
ne pouvait absolument
formation de l'animal à partir de
En effet. Descartes, dans mouvement du cœur & dufang, du
p. 170-171.1
son Traité, après avoir parlé
puis de la nutrition, traite de la formation de l'animal. Enfin,
dans une
lettre postérieure,
cement de 1649,
il
son double dessein d'ailleurs
leur
»,
de
la fin
expose, à peu près dans les :
abandonné
commenmêmes termes,
de 1648, ou du
defcription de l'animal, premier dessein, «
parce
qu'il
qui est, au lieu de traiter
en a maintenant vn meildes fondions de l'animal
»,
2
22
La Description
de trouver
« les
pas d'en venir à bout, »
médité de
faire
de fa formation
caiifes <:<
pourueu
quelques expériences
Nous pouvons donc
fixer,
».
Et
».
qu'il ait
du
en toute certitude,
en 1647.) Et nous ne l'appellerons pas,
«
fait
ne désespère
(Tome V,
sent Traité à l'année 1648. (Peut-être était-il
comme
il
loilîr
«
la
& p.
».
on
le voit,
commencé
Juillet 1907.
déjà »,
l'Homme
l'un de l'autre,
par un assez long intervalle. C. A.
Nancy, 17
260-261.)
Second Traité
Les deux sont indépendants
et se trouvent séparés,
com-
date du pré-
Clerselier, qui appelait aussi le Traité de
Premier Traité
la
LA DESCRIPTION DV CORPS HVMAIN ET DE TOVTES SES
FONCTIONS
Tant de celles qui ne dépendent point de l'Ame,
Que
5
de celles qui en dépendent.
Et auffi la principale caufe de la
formation
de fes membres".
[PREMIERE PARTIE.
PREFACE.] lo
n y a rien à quov l'on fe puiffe occuper auec plus de fruit, qu'à tafcher de fe connoiftre foy-mefme. Et II
l'vtilité
qu'on doit efperer de cette connoiflance, ne
regarde pas feulement
la
Morale,
ainfi qu'il
femble
d'abord à plufieurs, mais particulièrement auiB la 1
5
Médecine en laquelle ie croy qu'on auroit pu trouuer beaucoup de préceptes tres-affurez, tant pour guérir les maladies que pour les preuenir, & mefme auffi ;
a.
En haut
des pages se trouve reproduite
Clerseiier, 1664.
la
pagination de l'édition de
2
La Description
24
pour retarder
le
cours de
109-1 io.
vieillefTe,
la
fi
on
s'eftoit
affez étudié à connoiftre la nature de noftre corps,
qu'on
n'euft point attribué à
lame
les
&
fondions qui
I
ne dépendent que de
&
luy,
de
la
difpofuion de tes
organes. II.
5
Mais pource que nous auons tous éprouué, dés noftre enfance, que plufieurs de fes mouuemens obeïfToient à la volonté, qui eft vne des puiiTances de l'ame, cela nous a difpofez à croire que
A quoy
lame
eft le
beaucoup contribué l'ignorance de l'Anatomie & des Mechaniques car ne confiderans rien que l'extérieur du corps humain, nous n'auons point imaginé qu'il euft enfoy aftTez d'organes, ou de reftTors, pour fe mouuoir de foy-mefme, en autant de diuerfes façons que nous voyons qu'il fe meut. Et cette erreur aefté confirmée", de ce que nous auons iugé que les corps morts auoient les mefmes organes que les vruans, fans qu'il leur manquaft autre chofe que l'ame, & que toutesfois il n'y auoit en eux aucun mouuement. Au lieu que, lors que nous tafchons à connoiftre plus diftindemcnt noftre nature, nous pouuons voir que noftre ame, en tant qu'elle eft vne fubftance diftinde du corps, ne nous eft conniie que par cela principe de tous.
aufTi
a
10
:
III
feul qu'elle penfe, c'eft à dire, qu'elle entend, quelle
veut, qu'elle imagine, qu'elle fe reffounient,
cV
i3
20
2^
qu'elle
pource que toutes ces fondions tont des elpcccs de penfées. Et que, puifque les autres fondions que quelques-vns luy attribuent, comme de mouuoir le cœur & les artères, de digérer les viandes dans feni,
a.
Voir, pour tout co dcbut.
i.
X,
p.
i.\
\.
i.
à p. 14.
1.
10.
3o
DU Corps Humain.
10-iM.
225
reftomac,& femblables, qui ne contiennent en elles aucune penfée, ne font que des mouuemens corporels, & qu'il eft
quvn corps foit meu par vn autre qu'il foit meu par vne ame, nous
plus ordinaire
corps, que non pas |
5
auons moins de raifon de les attribuer a elle qu'à luy. Nous pouuons voir auffi que, lors que quelques parties de nollrc corps font offenfées, par exemple, quand vn nerf eft piqué, cela fait qu'elles n'obeïftcnt plus à noftrc volonté,
10
tume,
ainfi qu'elles
mcfmc que fouuent
(Si
i^'
auoient de cou-
elles ont des
mouuemens
de conuulfion, qui luy font contraires. Ce qui monftrc
que Tame ne peut exciter aucun mouucment dans le corps, fi ce n'eft que tous les organes corporels, qui font requis à ce i5
mouuement,
foient bien difpofez
;
mais que, tout au contraire, lors que le corps a tous fes organes difpofez à quelque mouuement, il n'a pas befoin de lame pour le produire & que, par confe;
quent, tous les
mouuemens que nous n'expérimentons
point dépendre de noftre penfée, ne doiuent pas eftre 20
attribuez à lame,
organes
;
mais à
& que mefme
les
la
feule
difpolition
des
mouuemens, qu on nomme
procèdent principalement de cette difpodes organes, puis qu'ils ne peuuent eftre excitez
volontaires, fition
fans elle, quelque volonté que nous en ayons, bien 25
que ce foit l'ame qui les détermine. Et encore que tous ces mouuemens ceft!ent dans le corps, lors qu'il meurt, & que lame le quitte, on ne doit pas inférer de là, que c'eft elle qui les produit mais feulement, que c'eft vne mefme caufe, qui fait ;
3o
que auffi
le
corps
n'eft
plus propre à les produire,
& qui fait
que lame s'abfente de luyŒuvres,
Vl.
2q
v.
226
H que I
La Description eft
vray qu'on peut auoir de
la feule difpofition
n.
m.
la difficulté à croire,
des organes
foit fuffifante
pour
produire en nous tous les raouuemens qui ne
déterminent point par noftre penfée tafcheray icy de
le
prouuer,
&
c'eft
;
fe
pourquoy
ic
d'expliquer tellement
s
toute la machine de nollre corps, que nous n'aurons
pas plus de fujet de penfer que excite en luy les
c'eft
nçftre
ame
qui
mouuemens que nous n'expérimen-
tons point eftre conduits par noftre volonté, que nous
VI.
en auons de iuger qu'il y a vne ame dans vne horloge, qui fait qu'elle monftre les heures. Il n'y a perfonne qui n'ait défia quelque connoiffance des diuerfes parties du corps humain, c'eft à dire, qui ne fçache qu'il eft compofé d'vn très grand
nombre
d'os,
de mufcles, de nerfs, de venes, d'artères,
lo
i !>
&
auec cela d'vn cœur, d'vn cerueau, d'vn foye, d'vn poumon, d'vn eftomac; & mefme, qui n'ait veu quelquefois ouurir diuerfes beftes, où figure
&
la fituation
a
pu confiderer
la
de leurs parties intérieures, qui
font à peu prés en elles
befoin qu'on
il
comme
ait rien apris
en nous.
Il
ne fera pas
20
de plus de l'Anatomie, afin
d'entendre cet écrit, à caufe que i'auray foin d'y
expliquer tout ce qu'il en faut fçauoir de plus parti-
mefure que i'auray occafion d'en parler. Et afin qu'on ait d'abord vne générale notion de toute la machine que i'ay à décrire le diray icy que c'eft la chaleur quelle a dans le cœur, qui eft comme le grand reflbrt, & le principe de tous les mouuemens qui (ont en elle & que les venes font des tuyaux, qui conduifent le fang de toutes les parties du corps vers ce cœur, où il fert de nourriture à la chaleur qui y eft, culier, a
VII.
25
:
;
3o
DU Corps Humain.
i'»-ii3.
227
& les boyaux font
comme
auffi
grand
tuyau, parfemé de plufieurs petits trous, par
où
le
|
l'eftomac
vn autre plus
fuc des viandes coule dans les venes, qui le
au cœur. Et les artères font encore d'autres tuyaux, par où le fang, cchaufFé & raréfié dans le cœur, paffe de là dans toutes les autres parties
portent droit 5
du corps, aufquelles il porte la chaleur, t< de la matière pour les nourrir. Et enfin les parties de ce fang les plus agitées 10
cerueau par
&
les
plus viues, cftant portées au
les artères qui viennent
en ligne droite de toutes, compofent vn vent très
fubtil,
lefquels, dilatans
nomme
qu'on le
cerueau,
le
du cceur
comme
les
du Sens commun, de
moire. Puis ce
rendent propre à ik auflî
ou
mefme
\
Imagination,
ou ces mefmes nerfs dans tous
air,
&.
de
la
efprits
le
Mécou-
les mufcles, du cerueau par les au moyen de quoy ils dilpolent ces nerfs à feruir d'organes aux fens extérieurs A enflans diuerfement les mufcles, donnent le mouuement à tous les membres. Voila, fommairemeni, toutes les chofes que i'ay icy
lent
20
air,
celles de l'ame, c'eft à dire, à élire l'organe, fiege,
plus
ou Efprits animaux; vn
receuoir les impreflions des objets extérieurs, i3
le
;
à décrire, afin que, connoiffant diftindement ce qu'il
25
y a en chacune de nos adions qui ne dépend que du corps, & ce qu il y a qui dépend de lame, nous puif-
mieux nous feruir, tant de luy que guérir ou preuenir leurs maladies.
fions
d'elle,
&
2
La Description
28
im.
[SECONDE PARTIE. Du mouuement
On
VIII,
ne peut douter
du
Cœur & du fang.'\
qu'il n'y ait
de
chaleur dans
la
I
le
cœur, car on
on ouure
le
la
mefme de
peut fentir
la
main, quand
corps de quelque animal viuant. Et
pas befoin d'imaginer que cette chaleur
n'eft
eft
caufée
mélange de quelque liqueur, ou de quelque leuain, qui fait que le corps où elle eft fc dilate. Mais, pource que la dilatation du fang que caufe
par
le
cette chaleur, eft le premier
toute noftre machine,
&
le
voudrois que ceux qui n'ont
le
cœur de quelque animal
hi
peine de voir
terreftre, aifez
gros (car
le ils
font tous à peu prés lemblables à celuy de l'homme),
ils
qu'ayant premièrement coupé prilTent
garde
v a
qu'il
lo
principal reiïbrt de
iamais étudié l'Anatomie, priflent
&
5
foit d'autre
nature, qu'eft généralement toute celle qui
IX.
il
la
i5
pointe de ce cœur,
au dedans
comme deux
cauernes, ou concauitez, qui pcuuent contenir beau-
coup de fang. Après cela, s'ils mettent les doigts dans ces concauiie/., pour v chercher, vers la baze du cœur les ouuertures par où elles peuuent receuoir du fang ou bien fe décharger de celay qu'elles contiennent ils en trouueront deux fort grandes en chacune à
20
:
y a vne ouuerture qui vcne caue, c^ vne autre qui
fçauoir, dans la cauité droite,
conduira le
le
doigt dans
conduira dans
pent
la
chair du
la
la
il
vene arterieufe. Puis,
cœur
le
s'ils
cou-
long de cette cauité, iufques
25
I
'4-11
DU Corps Humain.
5.
2
•
deux ouuertures,
à ces
5
ils
2Q
trouueront trois petites
|
peaux (nommées communément les valvules) à l'entrée de la vene caue, qui font tellement difpofécs, que lors que le cœur eft allongé, ^St defenflé l'comme il eft tou(ïours dans les animaux qui font morts), elles nempcfchent aucunement que le fang de cette vene ne defccnde dans cette cauité mais que, fi le cœur vient ;
à s'enfler,
l'abondance in
peaux
trois
a fe racourcir, eflant contraint à cela par
d-
A
la
fe
doiuent rehaulTer,
l'entrée de la
de fang par
On ta
i5
vene caue,
qu'il
dans
cœur.
elle
trouuera
l'entrée
de
dilatation du t'ang qu'il contient, ces
la
le
i.l
fermer tellement
ne puiffc plus defcendre
ou valvules,
aufli trois petites peaux-,
vene-arterieufe, qui font tout autre-
ment difpofées que celles de la vene caue, en forte qu'elles cmpefchcnt que le fang que contient cette vene arterieufe ne puifle deicendre dans le cœur mais que, s'il y en a dans la cauité droite du cœur, qui tende à en fortir, elles ne l'en empefchcnt aucu;
20
nement.
En mcfnic façon, fi on met le doigt dans la cauité gauche, on y trouuera deux ouuertures vers fa baze, qui conduifent, Ivne dans l'artère veneufe,
dans 25
la
grande artère.
Et
i!i;
l'autre
en ouurant toute cette cauité,
on verra deux valvules à
l'entrée
de
l'artère veneufe,
qui font entièrement femblables à celles de la vene
&
font difpofées en
mefmc
façon
fans qu'il y ait autre dift'erence, finon que l'artère veneufe, eftant
caue,
preflce d'vn cofté par la grande artère, 3o
;
&
de l'autre
vene arterieufe, a fon ouuerture oblonguc ce qui fait que deux telles petites peaux fuffiferit pour la
par
la
:
La Description
2^0
uj-hô.
fermer, au lieu qu'il en faut trois, pour fermer l'entrée
de
la
vene caue.
|On verra
auffi trois
autres valvules a lentrée de la
grande artère, qui ne différent en rien de celles qui font à l'entrée de la vcne arterieufe en forte qu'elles ;
n'cmpefchent point que
fang, qui efl dans lacauité
le
gauche du cœur, ne monte dans cette grande artère, mais elles lempefchent de redcfcendre de cette artère dans le cœur. Et on pourra remarquer que ces deux vailTeaux, a fgauoir, la vene arterieufe & la grande artère, font compofez de peaux beaucoup plus dures, &. plus épailTes, que ne font la vene caue & l'artère vencufe. Ce qui monflre que ces deux-cy ont tout vn autre vfage que les deux autres; & que celle qu'on nomme Tartcre veneufe, eil véritablement vne vene,
nomme
au contraire celle qu'on eft
ont a.
vne artère". Mais ce qui
nommé
eft
fait la
mcme
la
comme
vene arterieufe,
caufe que les anciens
deuoicnt
artère, celle qu'ils
Descartes avait
nommer
vne
rcmai(]uc déjà Jansson Difcours de
la
rcmaïque n'était point passée i-napcrçuc. Témoin Jean Pecquct, DiJJerlalin Anatnmica de Circulatione f^uandoquidem ad i;eniiSanguinis & CJiyli Motii, cap. III, fin. « .nas Pulmonum Venas ferrno dcvoluius cit, incpiis (nteo quidem judi» cio) Anatomici vocabulis utramquc dillin.\ciunt. Nam quidni cum » fubtilifTimo Cartefio, Artcriam plane vociiHvrro, quà fc dexter in Piil-
Méthode
[i.
VI,
p. 47,
1.
i3 ci 21), et cette
:
.
.
.
)i
»
monem
»
Valvularum
Cordis Ventriculus exonérât, figura,
diini
cam
i!t
lunicif dcnlitas,
iï
Corde San^iiinem oflicium ùifundi-
omnino per Corpus .Artenis allimilant Kt cur ci, per in Cor revumit Pulmo, Venofx- conlcrani Arterine dum «S tunicat & Valvularum & officii leltimonia eandem adc-
»
buli, ca-teris
»
quam purpuram
»
titulum,
;
»
runi
Venam
»
dum
noicantur
>i
debiiit.
"
extipientis à
«S;
flFe? l'tcunquc lanicn audiant, fcito niihi ;
Icd
evidens hac
(Pai;e 62-63, pet. in-12,
Juxta exemptai- l'an/tls
imp'rcff'tin!
5
in
re
Hardci
Anno
pcrindc l'ore, Harpocraii liiarc non apud .loannem Tollium.
Verit.v. vici,
M DC LI
)
lo
\b
DU Corps Humain.
I16-II7.
vetie,
&
qu'ils ont
nommé
2îi
venc, celle qui eft
vne
artère,
cell qu'ils ont crû que toutes les venes venoient de la
cauité droite du cœur,
Si
toutes les artères de la
gauche. 5
on pourra remarquer que ces deux parties du cœur, qu'on nomme t'es oreilles, ne font autre chofe que les cxtrcmitcz de la vcne caue t^- de l'arEnfin
tère veneufe. qui fe font élargies
endroit-là. pour la raifon
que
ie
&
repliées en cet
diray cy-aprés.
Lors qu on aura ainû veu lanaiomie du cœur,
10
fi
qu il a toufiours en foy plus de chaleur, pendant que animal vit, que n'en a aucune autre partie du corps, <*v que le Tang eft de telle nature, que l'on confidere
1
peu plus cchauflc que de coutume, il le dilate fort promptement, on ne pourra douter que le mouuement du cœur, & en fuitte le poulx, ou le battement des artères, ne le falTe en la façon que lors qu'il eft vn
i5
;
ie
va décrire.
Au moment que 2o
le
cœur
vS;
defenflé,
il
refte
de celuy qui
s'y
eft
pourquoy il y en entre deux grofles gouttes, vne qui tombe de la vene caue dans fa cauité droite, & 1 autre qui tombe de la vene, nommée l'artère veneufe, dans la gauche; & le peu de raréfié
25
allongé
deux concauitez, excepté
n'y a point de fang en fes
feulement quelque petit
eft
auparauant
fang raréfié qui
;
c eft
dans
fes concauitez, fe
mêlant incontinent auec celuy qui entre de nouueau, eft comme vne efpece de leuain, qui fait qu'il fe réchaufle
& 3o
relloit
fe dilate tout a
coup
;
au moyen dequoy
le
cœur
racourcit quelque peu
s'enfle, c^
fe durcit, &. fe
les petites
peaux qui font aux entrées de
la
;
&
vcne caue
x.
La Description
2^2 6i
de Tartere veneufe
telle forte, qu'il
fe
dans
venes
dans
;
le
mais
les
ferment en
&
que le fang qui fe cœur ne peut remonter vers ces deux le
cœur,
monte facilement de
il
l'artère,
&
fouleuent,
ne peut defcendre dauantage de fang
de ces deux venes dans dilate
uyns.
nommée
la
la cauité droite
&
vene arterieufe,
de
la
gauche dans la grande arteré, fans que les petites peaux qui font à leurs entrées l'en empefchent. Et pource que ce fang raréfié requiert beaucoup plus de place qu'il n'y en a dans les concauitez du cœur, il entre auec effort dans ces deux artères, faifant par ce
moyen
qu'elles s'enflent
&
fe
5
lo
fouleuent
au mefme temps que le cœur; & cefl ce mouuement, tant du cœur que des artères, qu on nomme le poulx.
i5
Incontinent après que
le
fang
ainfi raréfié a pris
I
fon cours dans les artères,
deuient mol,
&
fe
le
cœur
fe defenfle,
&
ralonge, à caufe qu'il ne demeure
que peu de fang dans
fes concauitez;
defenflent aufil, partie à caufe que
&
l'air
les artères fe
de dehors, qui
29
approche bien plus de leurs branches que du cœur,
que le fang qu'elles contiennent fe refroidit, & fe condenfe partie aufli', à caufe qu'il fort continuellemeni autant de fang à peu prés hors d'elles, qu'il y en entre. Et bien que, lors qu'il ne monte plus de fang du cœur vers les artères, il femble que celuy qu'elles fait
;
contiennent doiue redefcendre vers fois
il
le
cœur
;
^3
toutes-
ne peut aucunement entrer dans fes concauitez,
peaux qui font aux entrées de ces artères Icn empefchent. Mais il y en entre d autre de la vene caue & de l'artère veneufe, qui, s'y dilatant
pource que
les petites
3o
•
DU Corps Humain.
is-iig.
en mefme façon que chef
le
&
cœur
le
précèdent,
les artères
&
;
2Jj
fait
du Cœur, elles ont vn
mais qui
eft defenflé,
dans eft 10
mouuement
de fort prés; car,
le fuit
tombe deux
il
en
eft
nomme
des parties qu'on
eft
fi
les oreilles
différent
du
fien,
le
cœur
que
toft
xi.
groftes gouttes de fàng
l'extrémité de la vene caue, l'autre de fon oreille eft
moyen dequoy
l'extrémité de l'artère veneufe
les oreilles fe defenflent. Et le
les artères qui
s'enflent
dans
les
branches de
au
:
cœur
&
incontinent après, empef-
chent vn peu, par leur mouuement, que
i5
vie.
de fon oreille droitte, qui
fes concauitez, l'vne
gauche, qui
eft
battement
ainfi leur
dure toufiours, pendant que l'animal
Pour ce qui
mouuoir dere-
vene caue
la
veneufe, ne vienne remplir
|
fang, qui
le
&
ces oreilles
de l'artère de façon
;
commencent à s'enfler, que lors que le cœur commence à fe defenfler & au lieu que le cœur qu'elles ne
;
s'enfle tout à
coup,
& après
oreilles fe defenflent plus 20
s'enflent.
Au
refte,
&
de
& ne s'étend
&
repliées,
& compofées
charnues, que
Mais
afin
le refte
qu'elles ne
mouuement par
fe defenflent,
leur eft
elles font les extremitez,
cela eft caufe qu'elles font plus larges, 25
les
point au refte de la vene caue
dont
l'artère veneufe,
peu à peu,
promptement
d'autant que le
lequel elles s'enflent ainfi, particulier,
fe defenflé
l^
autrement
de peaux plus épailTes
&
plus
il
faut
de ces deux vcnes.
que tout cecy s'entende mieux,
icy plus particulièrement confiderer la fabrique des
quatres vaifl*eaux qui répondent au cœur. Et premie3o
rement, touchant qu'elle
s'étend
Œuvres. VI.
la
vene caue,
dans toutes
les
remarquer parties du corps, il
faut
3o
xii.
La Description
2J4
poumon, en
119-120.
que toutes les autres venes ne font que fes branches car mefme la vene Porte, qui fe répand par tout dans la rate & dans les inteftins, fe ioint à elle par des tuyaux fi manifeftes dans le foye, qu'on la peut mettre de ce nombre. excepté dans
le
iorte
;
comme
Ainfi l'on doit confiderer toutes ces venes
^
vn
nomme la vene caue à l'endroit large, & qui contient toufiours la plus
feul vaifleau, qui fe
où
il
eft le
plus
grande partie du fang qui eft dans le corps, lequel fang il conduit naturellement dans le cœur; en forte que,
n'en contenoit
s'il
que
teroient les autres parties, l'oreille droite
vene caue
eft
les autres,
trois gouttes, elles quit-
&
du cœur. Dont
iroient fe rendre vers
que
la raifon eft,
la
plus large en cet endroit-là qu'en tous
&
peau dont
branches font compofées,
fes
uant étendre plus ou moins félon quelles contiennent,
de foy-mefme, au vers le cœur;
peu à
qu'elle va de là en s'étreciftant
Ipeu iufqiies aux extremitez de fes branches; la
'o
ili:
fe reflerre
la
&.
fe
'^
que pou-
quantité du fang
toufiours quelque peu
moyen de quoy
elle chaiïe ce
fang
20
enfin, qu'il y a des valvules en plu-
fieurs endroits de fes branches,
qui font tellement
difpofées, qu'elles ferment entièrement leur canal,
pour empefcher que mitez,
que
&
ainfi
le
fang ne coule vers leurs extre-
ne s'éloigne du cœur, lors
qu'il arriue
pefanteur ou quelqu'autre caufe
fa
le
^^
pouffe
mais qu'elles ne l'empefchent aucunement de couler de leurs extremitez vers le cœur. En fuitte de quoy, l'on doit iuger que toutes leurs fibres font aufli vers là
;
tellement difpofées, qu'elles laiffcnt couler
le
plus aifement en ce fens-là, qu'au fens contraire.
fang
^o
DU Corps Humain.
130-121.
2^^
Touchant la vene arterieufe & l'artere vencule, il faut remarquer que ce font aulfi deux vaiffeau-x qui font fort larges, à l'endroit où ils fc ioignent au cœur; mais qu'ils fe diuifent fort proche de là en diuerfes 5
branches, lefquelles derechef d'autres plus petites;
&
fe
diuifent après en
qu'elles vont toutes en étre-
mefure qu'elles s'éloignent du cœur; & que chaque branche de l'vn de ces deux vailTeaux accompagne toufiours quelqu'vne des branches de l'autre, ciffant, a
10
&
aufli
quelqu'vne d'vn troifiéme vaifleau, dont l'en-
nomme
&
que
branches de ces trois vaifleaux ne vont point
ail-
trée eft ce qu'on les
leurs que dans le d'elles i5
poumon,
lequel
feules, qui font tellement
ou
lejijficl
n'eft;
pour
;
compofé que
mêlées enfemble,
qu'on ne fçauroit defigner aucune partie de aifez greffe
fa chair,
en lajquclle chacun de ces quelqu'vne de fes branches.
eftre veùe,
trois vailfeaux n'ait
que ces trois vaiffeaux ont entr'eux de la différence, en ce que celuy dont l'entrée eft le fifflet, ne contient iamais autre chofe que l'air de la refpiration, qu'il eft compofé de petits cartilages, & de peaux beaucoup plus dures que celles qui compofent les deux autres; comme aufli celuy qu'on nomme la vene arterieufe, eft compofé de peaux notablement plus dures & plus épaiffes, que celles II
20
le gofier
faut auffi remarquer,
cK.
25
de l'artère veneufe, lefquelles font molles tout de
mefme que
&
celles de la vene caue.
délices,
Ce
qui
monftre que, bien que ces deux vaiffeaux ne reçoiuent en eux que du fang, il y a toutesfois de la difterence, 3o
en ce que
le
fang qui
eft
dans
l'artère veneufc; n'y eft
pas tant agité, ny pouffé auec tant de force, que celuy
.xiii.
La Description
2^6 qui
dans
eft
la
iji-uj.
comme on
vene arterieufe. Car,
voit
que les mains des artifans deuiennent dures, à force de manier leurs outils, ainfi la caufe de la dureté des
peaux
&
des cartilages qui compofent
&
la force
l'agitation de l'air qui pafle par dedans,
lors qu'on refpire. Et
quand
agité,
quand
le gofier, eft
il
fi
le
fang neftoit point plus
entre dans la vene art-erieufe, que
entre dans l'artère veneufe, celle-là n'au-
il
roit point fes
peaux plus épaiflcs ny plus dures, que
celle-cy.
Mais
XIV.
auec
lo
effort cK:
dans
la
raréfié
comment
fang entre
le
vene arterieufe, à mefure
dans
la cauité droite
qu'il eft
du cœur.
feulement icy à dire que, lors que ce fang
difperfé
dans toutes
vene arterieufe, de
expliqué
i'ay défia
échauffé refte
il
y
la refpiration; à
les petites
eft |
refroidy
11
eft
branches de cette
&
condenfé par
celuy qui
i5
l'air
caufe que les petites branches
du vaiftcau qui contient cet air, font mêlées parmy elles en tous les endroits du poulmon; & le nouueau fang qui vient de la cauité droite du cœur dans cette mcfmc vene arterieufe, y entrant auec quelque force, chafiTe
5
commence
à fe condenfer,
&
le
20
fait
pailer des extremitez de fes branches dans les bran-
ches de lartere veneufe, d'où
il
coule très facilement
vers la cauité gauche du cœur. Et le principal vfagc
feul que, par le épaiffit
A
du cœur, auant il
du poulmon
moyen de
tempère
le
qu'il
l'air
qu'il v
de
confifte en cela la refpiration,
fang qui vient de
la
il
cauité droite
entre dans la gauche
;
fans
quoy
pour feruir d'aliment entretient. Son autre vfage eft de con-
feroit trop rare &l trop fubtil,
au feu
25
3o
DU Corps Humain.
I2Î-U3.
2jy
tenir l'air qui fert à produire la voix. Auffi voyons-
nous que
les poiflbns,
quelques autres animaux
il'
qui n'ont qu'vne feule cauité dans fans poulmon, 5
& en fuitte
cœur, font tous
le
de cela qu'ils font muets, en
'
aucun qui puifle crier. Mais ils font aulTi tous d'vn tempérament beaucoup plus froid, que les animaux qui ont deux concauitez dans le cœur pource que le fang de ceux-cy, ayant defia eflé forte qu'il n'y en a
:
vne fois efchaufé lo
dans
raréfié
retombe peu après dans
la
la
gauche, où
cauité droite, il
excite vn feu
plus vif
&
plus ardent, que
ment de
la
vene caue. Et encore que ce fang
&
s'il
y venoit immédiatefc refroi-
condenfe dans le poulmon, toutesfois à caufe qu'il y demeure peu de temps, & qu il ne s'y mêle auec aucune matière plus groflîere, il retient plus de facilité à fe dilater & fe rechaufer, qu'il n'en auoit auant que d'cflre entré dans le cœur. Comme on voit, par ex|perience, que les huiles qu'on fait diiïe
i5
&
fc
palier plufieurs fois par l'alembic, font plus aifées à îo
dilliler la
féconde
Et la figure
fois,
du cœur
s'échauffe dauantage,
3o
&
la
première.
fert à
prouuer que
fe dilate
le
fang
auec plus de force,
gauche que dans fa droite car on voit qu'elle eft beaucoup plus grande &. plus ronde, & que la chair qui l'enuironne ell plus épaifle, & que toutesfois il ne paffe, par cette cauité, que le melme fang qui pafl'e par l'autre, &. qui sert diminué par la nourriture qu il a fournie au poulmon. Les ouuertures des vaiffeaux du cœur feruent auffi à prouuer, que la refpiration eft neceflaire pour condenfer le fang qui eft dans le poulmon car on voit que dans
25
que
fa cauité
;
;
xv.
La Description
2^8 les enfans, qui
lîVrn.
ne peuuent refpirer pendant qu'ils font
au ventre de leurs mères, ont deux ouucrtures dans le cœur, qui ne fe trouuent point en ceux qui font plus âgez la
&
;
que, par l'vne de ces ouucrtures,
vene caue coule auec celuy de
la cauité
comme
&
gauche du cœur;
l'artère
veneufe dans
par l'autre (qui
de
ont l'vfage de &.
la refpiration
la
poulmon. On voit ferment peu à peu
le
que ces deux ouucrtures fe delles-mefmes, lors que les enfans font nez auiïi
&
qu'ils
au lieu qu'aux oyes, aux
;
ne
l'eau fans refpirer, elles
ferment iamais. refte icy à
Il
qui
ell le
lo
aux autres femblables animaux, qui peuuent
demeurer long-temps fous XVI.
elt faite
vene arterieufe dans
la
grande artère, fans entrer dans
fe
5
vn petit tuyau) vne partie du fang qui vient de
fa cauité droite, palfe
canars,
fang de
le
i5
remarquer, touchant
la
grande artère,
quatrième vaiffeau du cœur, que toutes
les
I
autres artères du corps font moins larges qu'elle,
ne font que fes branches, par lefquelles
le
&
fang qu'elle
du cœur cft porté fort promptemcnt en tous les membres. Et que toutes ces branches de la grande
reçoit
artère font iointcs à celles de la vene caue, en
façon que celles de
la
les
pour d'autres vfagcs,
dans
les
extrcmitcz de
derechef vers El ainfi le
de
la
en forte qu'après auoir
;
parties
doiuent receuoir de fang, foit
mefme
vene arterieufe font iointcs aux
branches de lartere veneufe dirtribuc a toutes
20
foit
du corps ce qu'elles pour leur nourriture,
zS
elles portent tout le furplus la
vene caue, d'où
il
coule
le creur.
mefme fang
vene caue dans
la
palTe
&
repaffe plufiours fois,
cauité droite du cœur, puis de
'
DU Corps Humain.
1=4-125.
ijç
vene arterieufe en l'artère veneufe, & de l'artère veneufe en la cauité gauche, & de là par la grande
là
par
la
artère en la vene caue
:
ce qui fait vn
culaire perpétuel, lequel fuffiroit 5
mouuement
pour entretenir
cir-
la vie
des animaux, fans qu'ils eulTent befoin de boire ny de
aucune des parties du fang ne fortoit hors des artères ou des vcnes, pendant qu'il coule en cette façon; mais il en fort continuellement plufieurs parmanger,
au défaut defquclles fupplée
ties, lo
fi
qui vient de l'eftomac
fuc des viandes,
le
& des inteftins,
ainfi
que
ie
efté
premie-
diray
cy-aprés.
Or ce mouuement
'5
circulaire
du fang a
rement obferue par vn Médecin Anglois, nommé Heruœus, auquel on ne fçauroit donner trop de louanges, pour une inuention fi vtile. Et bien que les extrémités I
des venes
cV
des artères foient
fi
déliées, qu'on ne
ou le fang pafle des artères dans les venes, on le voit neantmoins en quelques endroits comme principalement en ce grand vaifTeau, qui cft compofé des replis de la plus groffe des deux peaux qui enuelopent le cerueau, dans lequel puifTe voir a l'œil les ouuertures par
:
2o
plufieurs venes
que
forte
le
&
plufieurs artères fe vo"ni fendre; en
fang y
eft
apporté par celles-cy, puis
retourne par celles-là vers •5
aufli
le
cœur.
en quelque façon aux venes
matiques. El
prouuer que
il
le
&
On
le
peut voir
aux artères fpereuidentes, pour
y a des raifons fi fang paue ainfi des artères dans les
venes, qu'elles ne laiffent aucun fujet d'en douter.
Car ^o
lie la
qu'il
li,
ayant ouuert
la
poitrine d'vn animal
vif,
on
grande artère affez proche du cœur, en forte ne puilTe defcendre aucun fang de les branches.
xvn
La Description
240
&
tasiae.
coupe entre le cœur il' le lien, tout le fang de cet animal, ou du moins la plus grande partie, lortira en peu de temps par cette ouuerture. Ce qui feroit impoffible, H celuy qui efl dans les branches de la grande artère, n'auoit des paflages pour entrer dans les branches de la vene caue, d'où il paiïe dans la cauité droite du cœur, & de là dans la vene arterieufe aux extremitez de laquelle il y doit auffi trouuer des paflages pour entrer dans l'artère veneufc, qui le conduit dans la cauité gauche, & de là dans la grande artère, par où il fort. Que û on ne veut pas prendre la peine d'ouurir ainfi vn animal vif, il faut feulement confiderer la façon dont les Chirurgiens ont coutume de lier le bras pour faigner car s'ils le lient médiocrement fort, vn peu plus haut, c'eft à dire vn peu plus proche du cœur, que l'endroit où ils ouurent la vene, le fang fortira en plus grande abondance, que fi le bras n eftoit point lié mais s'ils le lient trop fort, le qu'on
la
5
;
:
10
i5
I
;
fang s'arreftera
;
comme
aufli
il
s'arreflera, s'ils le lient
vn peu plus loin du cœur, que
ouurent
la
vene, encore qu'ils
20
où ils ne ferrent pas beaucoup n'eft l'endroit
le lien.
Ce
qui
voir manifeftement, que
fait
naire du fang
eft d'eftre
défia efté
fi
là
cours ordi-
porté vers les mains
autres extremitez du corps
retourner de
le
par les artères,
par les venes vers
le
& &
les
qu'il
peut plus eftre mis en doute, que par ceux qui font fi
de
cœur. Et cela a
clairement prouué par Heruœus,
attachez à leurs préjugez, ou
25
accoutumez
ne fi
à mettre
tout en difpute, qu'ils ne fçauent pas diflinguer les
io
DU Corps Humain.
126-127.
&
raifons vrayes fauffes
À
241
dauec
certaines,
celles
qui
font
probables.
me femble, bien reùiïi en ce qui regarde le mouuement du cœur; car a imaginé, contre l'opinion commune des autres Médecins, Mais Heruceus n"a pas, ce
fi
il
5
&
contre
que
le
le
cœur
jugement ordinaire de
la
veùc, que lors
s'allonge, fes concauite/, s'élargiffent,
&
qu'au contraire lors qu'il s'accourcii, elles deuiennent plus étroittes 10
au lieu que
;
ie
prétens dcmonftrer,
qu'elles deuiennent alors plus larges.
Les raifons qui font porté à cette opinion font, qu'il
i3
aobferuéque le cœur, en feracourciifant, deuient plus dur; & mefme, qu'aux grenoiiilles, & autres animaux qui ont peu de fang, il deuient plus blanc, ou moins rouge, que lors qu'il s'allonge c^ que, fi on y fait vnc ;
incifion qui pénètre iufqu à les concauitez, c eft
mojmens qu l'incifion, &l
D'où
20
racourcy que
non pas aux momens
le
qu'il
fang fort par eft
a crû fort bien conclure que, puifque
allongé. le
;
;
&
enfin, puifqu'on voit fortir ce
fang par
l'in-
que cela vient, de ce que l'efpacc qui le contient eft rendu plus eftroit. Ce qu il auroit encore pu confirmer par vne expérience fort apparente, qui eft que, fi on coupe la pointe du cœur dvn chien vif% d que par l'incifion on mette le doigt dans Ivne de fes concauitez, on fentira manifeftemeni qu'à toutes les fois que le cœur saccourcira, il preflera le doigt, & qu il ceftera de le prelTer. a
cifion,
3o
eft ainfi
cœurdeuient dur, il fe refterre & puifqu'il deuient moins rouge en quelques animaux, cela témoigne que le fang il
en fort
25
il
aux
a.
Voir
il
t.
faut croire
III, p. ôq,
CEuvRE.";.
V'I,
1
14, ei p.
1.^0,
I.
20-21. 3i
xvni.
La Description
242
toutes les fois qu'il s'allongera
;
iiy-ms.
ce qui femble aflurer
entièrement, que fes concauitez font plus eftroites,
que le doigt y efl plus prelTé, que lors qu'il l'eft moins. Et toutesfois cela ne prouue autre chofe, fmon que les expériences mefme nous donnent fouuent occafion de nous tromper, lors que nous n'examinons pas affez toutes les caufes qu'elles peuuent auoir. Car
lors
encore que,
le
fi
cœur
fe refferroit
en dedans,
5
ainfi
qnHeruceus imagine, cela pourroit faire qu'il deuiendroit plus dur, &. moins rouge dans les animaux qui ont peu de fang, & que le fang qui feroit dans fes concauitez en fortiroit par l'incifion qu'on y auroit faite,
&
enfin que le doigt mis en cette
preffé effets
incifion y feroit
mcfmes
cela n'empefche pas que tous ces
:
ne puiflent
fçauoirde
Mais
auffi
'o
procéder d'vne autre caufe, à
'5
du fang que i'ay décrite. de pouuoir remarquer laquelle de ces
la dilatation
afin
I
deux caufes
vraye,
eil la
il
faut confiderer d'autres
expériences qui ne puiffent conuenir à l'vne l'autre. Et la
première que
ie
puis donner
cœur deuicnt dur, à caufe que en de fi
'.ans,
c'eli
le
que
à
fi
le
^o
fes fibres fe refferrent
cela doit diminuer fa grolTeur
à caufe que
eft,
&
fang qu'il contient
;
au lieu que,
(c dilate, cela
augmenter. Or on voit par expérience qu'il ne perd rien de fa grofifeur, mais qu'il l'augmente plutoft; ce qui a iait iuger aux autres Médecins qu'il
la doit plutoft
s'enfle
pour
lors.
Il
eft
vray pourtant
mente pas de beaucoup, mais
la
qu'il
ne l'aug-
raifon en eft euidente
;
que des cordes car il d'vn corté à l'autre de fes concauitez, qui les empefchent de souurir beaucoup. a plufieurs fibres
tendues
^^
ainfi
^o
DU Corps Humain.
'38-'29-
243
Vne autre expérience qui monftre que, lors que le cœur s'accourcit & fe durcit fes concauite/, ne ,
,
deuiennent point pour cela plus étroites, mais au con-
on coupe la pointe du cœurd'vn ieune lapin encore viuant% on pourra voir à l'œil fes concauitez deu .nir vn peu plus larges, aux momens qu'il fe durcit, & ietter du fang; & mefme que, lors qu'elles n'en iettent que de fort petites goûtes, à caufe qu'il n'en refte que fort peu dans le cors de
traire plus larges 5
10
fi
l'animal, elles ne laiffent pas de retenir leur
dauantage, ce font
les fibres
qui les retiennent.
Comme
mefme ne
mefme
empefche qu'elles ne s'ouurent pas
largeur. Et ce qui
i5
que,
c'eft
:
paroifl pas
tendues de part auflî,
bien dans
fi
ce qui le
&
fait
cœur
d'autre
que
le
d'vn chien
ou d'vn autre animal plus vigoureux, qu'en celuy d vn ieune lapin, c'eft que ces fibres y ocjcupent vne grande partie des concauitez
cœur dénient dur,
;
&
elles
que,
fe roidiftant lors
peuuent prefter
le
que
le
doigt qui
mis en fes concauitez; bien que ces cauitez ne deuiennent point pour cela plus étroittes, mais au eft
20
contraire plus larges. l'adjouteray encore vne troifiéme expérience, qui eft
que
le
fang ne fort pas du cœur auec les mefiues
qualitez qu'il auôit en y entrant, mais qu'il en fort 25
3()
beaucoup plus chaud, plus raréfié, & plus agile. Or en fuppofant que le cœur fe meut en la fac^on (\\x Heruœus le décrit, non feulement il faut imaginer quelque faculté qui caufe ce mouuement, la nature de laquelle eft beaucoup plus difl^cile à conccuoir, que tout ce qu'il a.
prétend expliquer par
Vuir aussi
i.
I,
p.
Szô,
I.
21.
elle
;
mais
il
faudroit fup-
5
La Description
244
129-130.
pofer, outre cela, d'autres facultez qui changeafienl les qualitez
Au
du fang, pendant
qu'en confiderant
lieu
qu'il eft
la feule
dans
le
cœur.
dilatation de ce
fang, qui doit fuiure neceirairement de la chaleur,
monde
tout le
reconnoift eibe dans
le
que
cœur plus
5
grande qu'en toutes les autres parties du corps on voit clairement que cette feule dilatation cft fuffifanle :
pour mouuoir le cœur en la façon que i'ay décrite, enfemble pour changer la nature du fang, autant que mefme l'expérience fait voir quelle fe change; c^'
c*^
auffi,
autant qu'on puiffe imaginer quelle doiuc cllre
changée,
que ce fang
afin
foit
préparé,
propre à feruir de nourriture à tous à eftre fert
10
employé à tous
dans
le
les
(Si
membres,
&
aufquels
il
les autres vfagcs
corps en forte ;
qu'il
rendu plus
ne faut point fuppofer
1
pour cela aucunes (acuhez inconnues, ou étrangères. Car quelle préparation Içauroii-on imaginer plus grande, & plus prompte, que celle qui ell faite par le feu, ou par la chaleur, qui efl: lagcnl le plus fort que I
nous connoillîons en la nature, lors que, raréfiant le fang dans le cœur, il fcparc fes petites parties les vnes change leurs figures des autres, & mefme les diuifc,
20
(!§^
en toutes C'eft
qu'on
dans
les
façons imaginables.
pourquoy i'admire extrêmement que, bien
ait fceu, le
de tout temps,
ca^ur qu'en tout
le
qu'il y a plus
relie
de chaleur
du corps,
l^
que
25
le
fang peut dire raréfié par la chaleur, il ne fe foit loulesfois cy-deuant trouué pcrfonnc, qui ait remarqué,
que c'ell cette feule rarefaclion du fang, qui e(l caule du mouuemeni du cœ^ur. Car, encore qu'il lemhle qu Aridote y ail penfe, lors qu'il a dit au Chapitre 20
3o
DU Corps Humain.
i3o-i3i.
du Hure de
5
;
&
:
Que
ce niouuement ejîjem-
dvne liqueur, que la chaleur fait que ce qui fait le poulx, c'ejî que le
Vaélion
blable à bouillir^
Refpiration
la
24^
auffi
fuc des viandes qu'on a mangées, entrant continuellement dans le cœur, fouleue fa dernière peau ^ toutesfois à :
caufe
qu'il
fang,
n)'
ne
de
en ce lieu-là aucune mention du
fait
la
fabrique du cœur, on voit que ce
n'efl
que par hazard, qu'il a rencontré à dire quelque chofe d'approchant de la vérité, il' qu'il n'en a point eu de 10
connoiffance certaine. Auffi fon opinion n'a-t'elle efté fuiuie en cela de perfonne, nonobftant qu'il ait eu le
bonheur
de plufieurs,
fuiuy
d'eflre
en beaucoup
moins vray-femblables. Et ncantmoins il importe fi fort de connoiftrc la vraye caufe du mouuement du cœur, que fans cela il d'autres
i5
efl
impoffible de rien fçauoir touchant la Théorie de
la
Me|dccine, pource que toutes les autres fondions
de l'animal en dépendent, de ce qui fuit.
ainfi
qu'on verra clairement
[TROISIESME PARTIE.
ïo
De
la
Nutrition.]
que le fangeftainfi continuellement dilaté dans le cœur, A de là pouffé auec effort par les artères en toutes les autres parties du corps, d'où il Lorsqu'on
a.
'
fçait
Ettï Ô' ôtioi&v
ZLii>.
t&Cto
-'j
TtiOo;'
r,
yài Çéoiç
-fx^tTun 7tveu|ji,aTOU(iévou
xcù
i(V,fjC 'JTtO TO'J 0ES|iO'J.
b.
Ev
5i T?, xasoia
V)
toù
at'i
rtçcdtovTO; Èx tt;;
Tj.CiyT|Ç ûycci;
Sià tt,î JtepjxofrjTOç
«
xix.
3
La Description
246
retourne après par les venes vers iuger que
131-133.
le
cœur,
il
eft aifé
à
c'eft plutoft lors qu'il eft dans les artères,
que non pas lors qu'il eft dans les venes, qu'il fert a nourrir tous les membres. Car encore que ie ne veuille pas nier que, pendant qu'il coule des extremitez des venes vers le cœur, il n'y ait quelques-vnes de fes parattachent,
&
par les pores de leurs peaux,
ties qui paftent
comme
il
s
s'y
arriue particulièrement dans le
foye, lequel eft fans doute nourry du fang des venes,
à caufe qu'il ne reçoit prefque point d'artères tesfois par tout
ailleurs
où
:
tou-
y a des artères qui euident que,. le fang
il
accompagnent les venes, il eft que contiennent ces artères eftant plus fubtil, & poulTé auec plus de force que celuy des venes, il en fort plus facilement pour s'attacher aux autres parties, fans que lepailTeur de leurs peaux en empefche; à caufe qu'à leurs extremitez leurs
que moment que
épaiifcs
il
fait
par
1
peaux ne font gueres plus
celles des venes, le
10
&
à caufe qu'au
aufli
fang qui vient du cœur les
mefmc moyen que
les
fait enfler,
peaux
pores de ces
20
|
s'élargiftcnt. Et alors les petites parties
que
la
rarefadion
rées les
\
qu'il a
receùe dans
le
de ce fang,
cœur a fepa-
nés des autres, pouftant ces peaux de tous
coftez auec eftort, entrent facilement en ceux de leurs
pores qui font proportionnez à leur grofleur, Hulii
choquer
les racines
les parties folides
;
des petits
puis, au
filets
pluficLirs
contre
&
vont
25
qui compofent
moment que
dcfenflcni, ces pores fe rétreciftent,
&.
les artères le
par ce
moyen
des parties du fang demeurent engagées
les racines
qu'elles nourrifl'ent
des petits {&.
filets
des parties folides
plufieurs autres s'écoulent par
3o
'^'î
les
DU Corps Humain.
'?3-
pores qui
enuironnent), au
les
247
moyen dequoy
elles
entrent auffi en la compofition du corps.
Mais pour entendre cecy diftindement, il faut confiderer que les parties de tous les corps qui ont vie, & 5
qui s'entretiennent par la nourriture, c'eft à dire des
animaux & des plantes, font en continuel changement
;
en forte qu'il n'y a autre différence entre celles qu'on
nomme 10
comme le fang, les humeurs, les efprits, & celles qu'on nomme foliJe.s, comme les os, la chair, les nerfs & les peaux finon que chaque parfluides,
;
meut beaucoup plus lentement
ticule de celles-cy fe
que
celles des autres.
pour conceuoir comment ces particules fe meuuent, il faut penfer que toutes les parties folides ne Et
i5
font
compofées que
&
étendus
de
&
repliez,
petits
filets
quelquefois
diuerfcment-
auffi
entrelacez,
qui fortent chacun de quelque endroit de Tvne des
branches d'vne artère; à dire les 20
ces
humeurs
petits filets
&
&
que
les parties fluides, c'eft
les efprits,
par les
|
coulent
le
long d^
efpaces qui fe trouaent
y font vne infinité de petits ruilTeaux, qui ont tous leur fource dans les artères, & ordinai-
autour d'eux,
S:
rement fortent des pores de ces artères qui font les plus proches de la racine des petits filets qu'ils accom2 5
pagnent
;
auec ces
&
qu'après diuers tours
filets
dans
le
corps,
ils
& retours qu'ils
font
viennent enfin a
la
fuperficie de la peau, par les pores de laquelle ces
humeurs
Or ia
&
ces efprits s'euaporent en
l'air.
outre ces pores par où coulent les humeurs
&.
y en a encore quantité d'autres beau-
les efprits,
il
coup plus
étroits,
par où
il
paffc
continuellement
xx.
La Description
248
de
la
133-134-
matière des deux premiers Elcmens que iay
mes Principcs^
décrits en
comme
Et
l'agitation de la
matière des deux premiers Elemens entretient celle des humeurs efprits,
cl"
humeurs & les long des petits filets qui com-
des efprits,
en coulant
le
ainfi les
pofent les parties folides, font que ces petits
5
filets
s'auancent continuellement quelque peu, bien que ce fort
foit
lentement
en forte que chacune de leurs
;
parties a fon cours, depuis l'endroit
racines, iufques à la fuperficie des
où
ont leurs
ils
membres où
terminent; à laquelle eftant paruenùe,
ils fe
rencontre
la
ou des corps qui touchent cette fuperficie, c<; a mcfure qu'il le détache ainfi quelque l'en fcparc partie de l'extrémité de chaque filet, quelqu'autre s'attache à fa racine, en la façon que i'ay défia dite. de
10
air,
1
;
Mais celle qui
s'en détache s'euapore
en
l'air,
fi
c'ell
peau extérieure qu'elle fort cl- fi c'eft de la fuperficie de quelque mufcle, ou de quelqu'autre partie intérieure, elle fe mêle auec les parties fluides, &. coule auec elles où elles vont c'eft à dire quelquede
la
;
:
fois le
hors du
cœur, où
|
il
corps,
cl
quelquefois par les venes vers
que toutes'les parties des
petits
mouuement, qui ne diffère point de celuv des humeurs & des efprits, finon qu'il eft beaucoup plus lent; comme des efprits eft plus lent que aufli celuv des humeurs qui compofent les
membres
lolides, ont vn
v.1
celuy des matières plus lubtiles. XXI.
Et a.
ces
Voir
t.
20
arriue fouucnt qu'elles rentrent.
Ainfi l'on peut voir filets
i5
dift'erentes VIII, pp.
io3-5,
pp. 126-9, i3g-i4i, 148-132.
vitelTes
font
119-125,
137-142;
caufe et
i.
IX
que ces 12'
partie),
25
DU Corps Humain.
i34-i35.
249
diuerfes parties folides ou fluides, en fe frottant les
diminuent ou s'augmentent, &. s'agencent diuerfement, félon le diuers tempérament de chaque corps. En forte, par exemple, que
vnes contre
5
les autres, fe
•
que les petits filets qui compofent les parties folides, ne font pas encore fort étroitement ioints les vns aux autres, & que les ruiflors qu'on eft ieune, à caufe
feaux par où coulent les parties fluides font aiïez
mouuement de
larges, le ro
lent
que
extremitez
i5
;
il
moins
filets eft
s'attache plus de
ne s'en détache de leurs
qu'il
ce qui fait qu'ils s'allongent dauantage,
fe fortifient,
corps
&
lors qu'on eft vieil,
matière à leurs racines,
&
ces petits
&
fe grofiTiflent,
au moyen de quoy
le
croift.
Et lors
que
les
humeurs qui coulent entre ces
petits
ne font pas en grande quantité, elles paflcnt
filets
toutes affez vifte par les ruifteaux qui les contien-
nent
;
au moyen de quoy
corps s'allonge,
le
c"Cr
les
parties folides croiffent, fans s'engraiffer. Mais lors 20
que ces humeurs font uent couler
membres ties qui
25
fi
fort
abondantes, elles ne peu-
aifement entre les petits
folides; ce qui fait
ont des figures fort
que |
filets
celles de leurs par-
irregulieres, en
de branches,
&
diflicilement
de toutes entre ces
qui par confequent pafTent
parmy eux peu à peu, ne croift pas dans
le
&
des
y font de
filets,
forme
le
plus
s'arreftent
la graijfe
;
laquelle
corps, ainfi que la chair, par vne
nourriture proprement dite, mais feulement parce que plufieurs de fes parties fe ioignent enfemble, en s'ar3o
reftant les vnes
aux autres,
ainfi
que font
celles des
chofes mortes. Œuvres. VI.
•
3a
.xxn.
La Description
2^0 Et lors •
que
les
iî5-i36.
humeurs deuiennent derechef moins
abondantes, elles coulent plus aifement
pource que
matière fubtile
la
&
&
plus vifte;
les efprits
qui les
accompagnent, ont plus de force pour les agiter; ce qui fait qu'elles reprennent peu à peu les parties de la graifle, & les entraifnent auec elles au moyen dequoy on deuient maigre. Et pource qu'à mefure qu'on vieillit, les petits filets qui compofent les parties folides, fe ferrent (i s'attachent de plus en plus les vns aux autres, ils paruiennent enfin à tel degré de dureté, que le corps celle
3
;
xxiii.
entièrement de croiftre, plus fe nourrir
;
en forte
& mefme
auffi qu'il
qu'il arriue tant
tion entre les parties folides
& les
ne peut
de difpropor-
fluides,
que
la vieil-
lelTe feule ofte la vie.
XXIV.
10
i5
Mais pour fçauoir particulièrement en quelle forte
chaque portion de l'aliment fe va rendre à l'endroit du corps à la nourriture duquel elle eft propre, il faut confiderer que le fang n'eft autre chofe qu'vn amas de plufieurs petites parcelles des viandes qu'on a prifes
pour fe nourrir; de façon qu'on ne peut douter qu'il ne foit compofé de parties qui font fort différentes tant en figure qu'en folidité & en grofentre elles, feur. Et ie ne fçache que deux raifons, qui puiffent faire que chacune de ces parties s'aille rendre en cerLains endroits du corps, plutoft qu'en d'autres. La première éft la fituation du lieu au regard du cours qu'elles fuiuent l'autre, la grandeur & la figure des pores où elles entrent, ou bien des corps aufqucls elles s'attachent. Car de fuppofer en chaque partie du
20
|
2S
;
corps des facultez qui choififfent,
&
qui attirent les
3o
DU Corps Htmain.
I36-1Î7-
particules de l'aliment
2p
qui luv font propres,
feindre des chymeres incomprehenfibles,
&
c'eft
attribuer
plus d'intelligence à ces chymeres, que noflre
mefme 5
veu qu'elle ne connoilt en aucune
n'en a;
façon, ce qu'il faudroit qu'elles connuffcnt.
Or pour
10
ame
grandeur tX: figure des pores, il efl euident qu'elle fuffit, pour faire que les parties du fang qui ont certaine groffeur l^' figure, entrent en quelques endroits du corps plutoft que les autres. Car comme on voit des cribles diuerfement percez, qui peuuent feparer les grains qui font ronds d'auec les longs, &
menus d'auec les plus gros pouffé par le cœur dans les
les plus le
la
fang,
:
xvx.
doute
ainfi fans
artères, y trouue
diuers pores, par où quelques-vnes de fes parties pcui5
non pas fituation du
uent pafîer,
Mais le
la
c<:
les autres. lieu,
fang dans les artères,
au regard du cours qu'a
eft aufFi rcquife,
qu'entre celles de fes parties qui ont groffeur, mais 20
mefme
faire
figure
i&
folidité, les plus folides
en certains endroits, plutoll que
aillent c'eft
non pas mefme
pour
les autres. Et
principalement de cette fituation, que dépend
la
production des efprits animaux.
|Car
il
faut remarquer, que tout
du cœur dans
23
fang qui vient
grande artère, ei\ pouffé en ligne droite vers le cerueau où ne pouuant aller tout ^à caufe que les branches de cette grande artère qui vont iufques-là, fçauoir celles qu'on nomme les Carotides, font fort étroittes à comparaifon de l'ouuerture la
;
du cœur par où 3o
le
il
vient),
il
n'y va
que
celles
de fes
parties qui, eflant les plus folides, font aufli les plus viues,
v^
les plus agitées
par
la
chaleur du cœur
;
au
xxvi.
La Description
2J2
moyen de quoy
elles
i37-j38.
ont plus de force que les autres,
pour fuiure leur cours iufqu'au cerueau à l'entrée duquel fe criblant dans les petites branches des carotides, & principalement auffi dans la glande que les Médecins ont imaginé ne feruir qu'à receuoir la pituite, celles qui font alTez petites pour paiTer par les pores de cette glande, compofent les Efprits Animaux; Si celles qui font quelque peu plus grofîes, s'attachent aux racines des petits filets qui compofent le ;
cerueau
mais, pour les plus groiïes de toutes, elles
;
5
lo
paiTcnt des artères dans les venes qui leur font iointes,
&
fans perdre la forme de fang, elles retournent vers
le
cœur.
[DigreJ/ion, dans laquelle
il
ejl traitté
de la formation
de r Animale
'5
Q.VATRIESME PARTIE. Des parties qui fe forment dans la/emence.^ XXVII.
On
pourra encore acquérir vne plus parfaite connoifTance de la façon dont toutes les parties du corps elles font nourries, fi on confidere en quelle forte |
ont premièrement efté produites de la femence. Et bien que ie n'aye pas voulu iufques icy entreprendre d'écrire
mon
caufe que
ie
fcntiment touchant cette n'av
pu encore
matière, à
faire afTez d'e.vperiences,
a. Celte phrase, tout au moins, sinon les deux titres qui suivent, parait bien être de l'éditeur Clerselier, plutùi que de Descartes.
20
DU Corps Humain.
i38-i39.
pour
vérifier
par leur
moyen
2^j
toutes les penfées que
ne puis neantmoins refufer d'en mettre icy en paffant quelque chofe de ce qui eft le plus gênerai, & dont i'efpere que ie feray le moins en i'en
5
ay eu
:
ie
hazard cy-aprés de expériences le
me
dédire, lors que de nouuelles
me donneront dauantage
né détermine rien touchant
de lumière".
la figure ^^ l'arrange-
ment des particules de la femence dire que celle des plantes, eftant dure :
lo
auoir fes parties arrangées
cl-
il
&
me
fuffit
folide,
de
peut
fituées d'vne certaine
façon, qui ne fçauroit eftre changée que cela ne les
rende inutiles; mais qu'il n'en eft pas de mefme de celle des animaux, laquelle eftant fort fluide, t^ pro"5
conjondion des deux qu'vn mélange confus de deux
ordinairement par
duite
fexes, femble n'eftre
liqueurs, qui
la
feruant de leuain l'vne à l'autre,
fe
rechaufent en forte que quelques-vnes de leurs par-
acquerans
ticules,
dilatent, 20
mefme
agitation qu'a le feu, fe
preffent les autres,
&
par ce moyen les
difpofent peu à peu en la façon qui
eft
requife pour
membres. Et ces deux liqueurs n'ont point befoin pour cela d'être fort diuerfes. Car, comme on voit que la vieille pafte peut faire enfler la nouuelle, & que l'écume que iette la biërre fuffit pour feruir de leuain à d'autre bierre ainfi il eft aifé à croire que les femences des deux fexes, fe mélans enfemble, feruent de leuain former
25
tl'
la
les
:
l'vne à l'autre.
|Or a.
ie
Voir
t.
croy que
la
première chofe qui arriue en ce
V, p. 112, p. 170-171,
et p.
260-261. Voir aussi notre Aver-
tissement, en tète de ce Traité, p. 219-220.
xxvin
La Description
2^4
mélange de
femence,
la
qui fait que toutes les
i!^
goûtes celfcnt d cftre Temblahles, s'y excite,
qu'v agilTant en
^S:
nouueaux
les vins
foin qu'on a
quelques -vnes de
qu'il fuft fec,
la
chaleur
ou dans le elle fait que
•
5
s'aflcmblent vers
particules
fes
les contient,
OC
que
là
prelfent les autres qui les enuiron-
commence
Puis, à caufe
xxix.
que
mefme façon que dans
quelque endroit de l'efpace qui nent; ce qui
c'eft
lors qu'ils bouillent,
renfermé auant
fe dilatant, elles
139-140.
à former
cœur.
le
que ces petites parties
ainfi dilatées
"o
mouuement en ligne droite, cœur commencé à former leur refifte, elles
tendent à continuer leur v<-
que
le
s'en éloignent
quelque peu,
OC
prennent leur cours
vers l'endroit où fe forme après la baze du cerueau,
par ce
moyen
entrent en la place de quelques autres,
qui vienneni circulairement en
la
aifembler, elles
uent
le
il
fe dilatent, ^^ s'en
mefme chemin que
les
'5
leur dans le
où, après quelque peu de temps qu s'y
OC
cœur; leur faut pour
éloignant, fui-
précédantes; ce qui
que quelques-vnes de ces précédantes, qui fe trouuent encore en ce lieu, OC auiïi quelques autres qui y fait
20
font venues d ailleurs, en la place de celles qui en font
pendant ce temps-là, vont dans le cœur, où eftant derechef dilatées, elles en fortent. Et c'eft en forties
cette dilatation, qui fe
que XXX.
confille le
Mais
il
eft
ainfi a
diuerfes reprifes,
batiemeni du cœur, ou
le
la dilate,
poulx.
que
la
violente agitation de la
ne
fait
pas feulement que quel-
de fes particules s'éloignent
ques-vnes
OC
fe
fepa-
I
rent,
mais
^5
à remarquer, touchant la matière qui
paffe dans le cœur,
chaleur qui
fait
auffi
que quelques autres s'affemblent
&
^"
DU Corps Humain.
MO.
preflent, en fe froiflant
fe
&
2^^
diuifant en plufieurs
branches extrêmement petites, & qui demeurent fi proches les vnes des autres, qu'il n'y a que la matière
nommée
tres-fubtile (que i'ay 5
mes
premier Elément dans
Principes)", qui occupe les interualles quelles
autour
laiffent
gnent
ainfi les
d'elles. Et
vnes
comme
retourner,
au.x
que
les particules qui fe ioi-
autres en fortant du cœur, ne
du chemin par où
s'écartent point
10
\e
font plufieurs des autres qui pene-
dans
trent plus aifcmcnt de tous coftez
femence, de laquelle
la
peuuent
elles y
il
mafle de
la
vient auffi de nouuelles
particules vers le cœur, iufqu'à ce qu'elle foit toute épuifée.
En i5
fuitte
que de
dequoy, ceux qui fçauent ce que nature de la Lumière, tant en
la
trique qu'en
mes
Principes,
de
c<;
i'ay expli-
ma
Diop-
nature des cou-
la
mes Météores'', pourront aifement eîitendre pourquoy le fang de tous les animaux eft rouge. Car leurs en
i'ay 20
demonftré, en ces lieux-là, que ce qui
fait
que
nous voyons de la lumière, n'eft autre chofe, finon que la matière du fécond Elément, que i'ay dit eftre conipofé de plufieurs petites boules qui sentretouchent,
eft
pouflee
mouuemens de 25
;
que nous pouuons
^^-
deux
fentir
ces boules, Ivn par lequel elles vien-
nent en ligne droite vers nos yeux, ce qui ne nous
donne que lequel a. b.
elles
le
fentiment de
tournent cependant
Voir ci-avant, p. 246, note a. Voir Dioptrique, Disc, t. VI, i
Ilh'parrie, art. 55-C4, et
ou p.
t.
IX
lumière; l'autre, par
la
(2' partie), p.
IV>^^
:
i3o-i36
33 1-335 ou p. 702-704.
p. S
partie, art. 28
1-93 :
et p. 2i5.
t.
ou
autour
p.
VIII,
—
584-589.
de
leurs
— Principes.
p. 108-1 16 et p.
Météores. Disc,
217-218,
viii
:
i.
VI,
xxxi.
La Description
2^6
centres. En forte que, vifte qu'elles
fi
elles
.40-. 41.
tournent beaucoup moins
ne vont en ligne droite,
viennent nous paroift
bleu, &.
fi
elles
cors d'où elles
le |
tournent beau-
coup plus vifle. il nous paroift rouge. Mais aucun corps ne peut eftre difpofé à les faire tourner plus vifte, que celuy dont les petites parties ont des branches
fi
déliées
&
fi
proches
les
vnes des autres,
5
qu'il
que la matière du premier Elément qui tourne autour d'elles, ainfi que i'ay dit eftre celles du fang. n'y a
Car les^etites boules du fécond Elément, rencontrant en la fuperficie de ce fang la matière du premier,
10
laquelle y pafTe continuellement de biais extrêmement vifte d'vn de fes pores vers l'autre, tl' par confe-
quent
fe
meut en autre
fens qu'elles ne font, elles font
contraintes par cette matière du premier Elément à
tourner autour de leurs centres,
& mefme
i5
à tourner
plus promptement qu'aucune autre caufe ne les y fçauroit contraindre, d'autant que le premier Elément furpafte tous les autres corps en
C
xxxii. il
eft
eft quafi la
chaud,
&
mefme
raifon qui fait que le fer,
charbons, quand
les
paroiffent rouges
viteft'e.
:
ils
quand
20
font embrafez,
car alors plufieurs de leurs pores
ne font pleins que du premier Elément. Mais pource
xxxHi.
que ces pores ne font pas fi ferrez que ceux du fang, & que le premier Elément y eft en afiTez grande quantité pour caufer de la lumière, cela fait que leur rougeur eft différente de celle du fang. Si toft que le cœur commence ainfi à fe former, le fang raréfié qui en fort prend fon cours en ligne droite c'eft vers l'endroit ou il luy eft le plus libre d'aller, comme aufiTi l'endroit où fe forme après le ccrueau tSc-
;
23
3o
DU Corps Humain.
ui-iple
chemin
qu'il
commence
prend,
2(7
à fornier
la partie
fuperieure de la grande artère. Puis, à caufe de
la rcli-
que luy font les parties de 'a femence qu'il rencontre, il ne va pas fort loin ainfi en ligne droite, llance
|
5
fans eflre repouffé vers qu'il
en
efl
venu
;
le
.cœur par
mefme chemin
par lequel toutesfois
defcendre, à caufe que ce chemin
du nouueau fang que 10
le
cœur
il
ne peut
irouue rcmply
fe
Mais cela fait qu'en defcendant il fe détourne quelque peu vers le coflé oppofé à celuy par lequel il entre' de nouuelle matière dans le
par après Vefpine du
le
cœur
dos,
;
(.<:
produit.
où fera
c'eft le coflé
par lequel
il
prend fon cours
vers l'endroit où fe doiuent former les parties qui fer-
uent à i5
génération
la
ccndant
eft la
;
&. le
de
la
en def-
qu'il tient
partie inférieure de la grande artère.
Mais à caufe que, prcflant ties
chemin aufli
femence, elles luy
de ce cofté-là
\ que
refifteni,
les le
enuoye continuellement de nouueau fang vers
& 20
vers le bas de cette artère, ce fang
prendre fon cours circulaircment vers
cœur haut
contraint de
cœur, par le codé le plus éloigné de l'efpine du dos, où fc forme par après la poitrine ; & le chemin que prend ainfi le fang en retournant de part & d'autre vers le cœur, e(l ce qu'on
25
cfl
le
par-
le
nomme
par après
le
la vene caue.
n'adjouterois icy rien dauantage touchant la for-
mation du cœur, s'il n'auoit qu'vne feule cauiié, ainfi que celuy des poiffons mais pource qu'il y en a deux en tous les animaux qui refpirent, il faut que ic tafche encore de dire comment la féconde fe forme. ;
3o
deux fortes de parties en la porfemence qui fe dilate dans le cœur, auant
l'ay defia diftingué
tion de la
xxxiv
La Description
2^8
aucune nourriture
qu'il tire
&
qui s'éloignent
joignent
fe
&
fe
mj-us.
d'ailleurs
fçauoir celles
:
feparent facilement,
&
celles qui
qui s attachent les vnes aux autres.
I
Or encore que uent dans
le
ces deux fortes de parties
fang de tous les animaux,
efl
il
fe
trou-
toutesfois
5
à remarquer, qu'il y en a beaucoup moins de celles qui s'éloignent 0^ fe feparent, dans le fang des ani-
maux
qui n ont qu'vne feule cauité dans
le
cœur, que
dans celuy des animaux qui en ont deux; en fuitte dequoy l'on peut iuger que ce font quelques-vnes de
lo
ces petites parties qui fe dilatent facilement, fçauoir celles
que
ie
nommeray
icy les particules aériennes,
caufe de la féconde concauité du cœur;
qui font
laquelle, après
que l'animal
efl
formé,
fe
trouue pan-
chéc vers fon coftc droit.
i")
Mais au commencement de fa formation, ie crov que la première concauité, qui fe panche après vers le
cofté gauche,
corps,
&
que
le
occupe iuftement
le
milieu de fon
fang qui fort de cette cauité gauche,
prend fon cours premièrement vers l'endroit où forme le cerueau, puis de là vers l'endroit oppofé, où forment
les parties
de
dant du cerueau vers le
cœur &
après cela, le
la là,
génération il
;
iS:
fe fe
qu'en defcen-
paiïc principalement entre
où fe forme l'efpine du dos; & que tant du haut que du bas il reuient vers l'endroit
cœur. Et ie croy
que ce fang approche du cœur, il fe dilate en partie, auant que de rentrer en fa cauité gauche, en forte que par cette dilatation preflant la matière qui l'enuironnc, il forme fa féconde concauité.
20
auffi
que,
fi
25
tort
le dis qu'il fe dilate,
a caufe qu'il a en foy
io
DU Corps Hcmain.
145-144.
aériennes, qui facilitent
pluficurs particules
&
dilatation,
qui n ont pu le dégager
autres; mais
que
caufe
2^9
ne
ie dis qu'il
(1
cette
dauec
toit
les
qu'en partie, à
fe dilate
portion de la femence qui sert iointe à
la
I
s
luy, depuis qu'il eft fortv
pas
fi
de
cauité gauche, n'eft
la
difpofée à fe dilater, que celles de fes parties
qui y ont déjà efté raréfiées
portion de la femence diffère à qu'elle (oit entrée 10
en
la cauité
pourquoy
c'ell
:
cette
iulqu a ce
fe dilater
gauche, en laquelle
il
reuieni aufli vne partie du fang defia raréfié dans la droite, qui facilite fa dilatation. El lors
que ce fang
viues, entrent
qui
en
font
pefantes,
molles,
&
dans
la
cauité droite, celles de
la
partie
en partie
plus grolîieres
les
auffi les fe
Car quelques-vnes des
&
demeurent,
fe
plus
cS^'
plus
les plus
compoler
gorge, ou
ration;
&
torment de petits conduits, qui font
le fiftlet,
par où entre
les plus grojîieres fe
cauité gauche du cœur. Et ceft
vont de
;
comme
dans
là
la
l'air
de
chemin par où
nomme
aulîi c'ell
eft
la refpi-
vont rendre dans
le
fortent de la cauité droite, qu'on vc7ie arlerit'ufe
le
plus aériennes y
par après les branches de lartere dont l'extrémité la
25
les
^^
à
xxnv.
les autres,
plus aériennes
feparant
les
vK:
grande artère; mais
commencent en
poulnion.
?.o
de
particules qui font les plus agitées
fes
i5
fort
la
elles
par après la
celuy par ou elles
gauche, qu'on
nomme
l'ancre
veneufc.
l'adjouteray icy encore vn cules que 3o
i
ay
pas, lous ce
mot touchant
nommées acricnne:;
nom, toutes
;
car
ie
les parti-
ne comprens
celles qui font feparées les
vnes des autres, mais feulement celles de ce nomhie,
xxxvi.
~
260
La Description
j^i^î.
qui fans cftre fort agitées ny fort folides, ne laiflent
mouucment chacune
pas d'auoir leur fait
que
le
corps où elles font, demeure rare,
facilenicnt cftre
compofent
&
ne peut
condenfé. Et pource que celles qui
|
pour
l'air font,
nommées
ay
ie les
à part; ce qui
la plus-part,
de
telle nature,
5
aériennes.
y en a d'autres, plus viues & plus fubtiles, qui font comme celles des eaux de vie, & des eaux
Mais
il
fels volatiles,
&
façons, lefquelles font que
le
fortes,
ou des
aufli
de plufieurs autres
fang
fe dilate,
& nem-
ro
condenfé promptement après. Plufieurs dcfquellcs fe trouuent fans doute dans le fang des poisons, aufli bien qu'en celuy des animaux terre(lres,& mefme peul-eftre en plus grande pefchent
point qu'il ne
quantité; ce qui
fe
qu'vne moindre chaleur le peut
fait
i5
raréfier.
Et ces petites parties plus viues c'eft
&
plus fubtiles,
à dire celles qui font fort fubtiles,
fort folides
iS:
fort agitées,
&.
lefquelles ie
enfemble
nommeray
toufiours cy-aprcs les efprits, ne s'arreftent pas au
poulmon, plufpart des aériennes; mais pource
commencement de ainfi
que font
la
la
formation dans
le
qu'elles ont plus de force, elles vont plus loin,
paflent de la cauité droite la
la
refte,
comme
la
grande artère.
>'>
ce font les particules aériennes de
femence, qui font caufe
cauité dans le
&
du cœur, par vn conduit de
vene arterieufe, iufques à
Au
xxxvii.
20
cœur
:
forme vne féconde ce qui empefche qu'il ne
qu'il fe
ainfi,
forme vne troifiéme, c'ell qu'en luiiic de la féconde il fe forme vn poulmon, dans lequel s'ars'en
reftent la plufpart de ces particules aériennes.
3o
DU Corps Humain.
145-146.
-
261
Au mefme temps que le fang qui vient de lacauité droite commence à former le poulmon, celuy qui fort de
la
gauche commence
|ties; 5
&
la
auffi
à former les autres par-
première de toutes, après
Car
xxxviii.
le
cœur,
eft le
pendant que les plus groffieres parties du fang qui fort du cœur, vont d'abord en ligne droite iufques à l'endroit de la femence où fe forment après les parties inférieures de la tefte les plus fubtiles, qui compofent les efprits, s'auancent vn peu dauantage, cl: fe mettent en la place où doit eftre après le cerueau. Puis de là, comme le fang fe réfléchit, & prend fon cours vers en bas par la grande artère ainfi les efprits prennent le leur \ n peu au deffus, & du mefme coftè, vers le lieu où eft après la moelle de l'efpinc du dos; à caufe que le mouuemènt du fang, dans la partie de la grande artère qui defcend du cœur, de laquelle ils font proches pour lors, agitant la femence voifine, facilite leur cours vers
cerueau.
il
faut penfer que,
:
10
:
i5
ce coftè 20
là.
Toutesfois
il
ne
le facilite
pas tant, qu'ils n'y trou-
uent encore quelque refiftance
;
laquelle eft caufe
pour fe mouuoir vers d'autres coftez. Et par ce moyen, pendant que ces efprits s'auancent vers l'efpinc du dos, le long de laquelle ils coulent peu à peu, & de là fe répandent en tous les autres endroits de la femence, celles de leurs particules qui excédent en quelque qualité par dcffus les qu'ils font auffi eff'ort
25
autres, fe feparent de Leur corps, (k fe détournent à
gauche vers la baze du cerueau, & vers le deuant, où elles commencent à former les organes
droite 3o
i*v-
des fens.
à
xxxix.
La Description
262
détournent vers
le dis qu'elles fe
XL.
146-147.
la
baze du cer-
ueau, à caufe qu'elles font refléchies de fa partie fuperieure. Et ie dis qu'elles fe détournent à droite
&
à gauche, à caufe que l'efpace du milieu
par celles qui cepenjdant viennent du cœur,
prennent leur cours vers l'efpine du dos
occupé
eft
&
de
là
5
ce qui fait
;
entendre pourquoy tous les organes des fens
fe
font
doubles. xLi.
Mais pour fçauoir auffi la caufe de leur diuerfité, de tout ce qu'il y a de particulier en chacun d'eux, eft
& il
10
à remarquer, qu'il n'y a point d'autre raifon qui
que quelques particules des efprits fe feparent, & prennent leur cours à droite & à gauche vers le deuant de la tefte, pendant que tout le refte va vers l'efpine du dos, finon qu'elles excédent en petitcffe ou puiiTe faire
is
en groffeur, ou bien qu'elles ont des figures qui retardent ou qui facilitent leur mouuement. Et ie ne voy qu'vne notable différence entre celles qui excédent en petitefTe, laquelle confifte
en ce que quelques-vnes,
fçauoir celles que i'ay cy-defî'us
nommées
ont des figures fort irregulieres
que
les autres ont
&
aériennes,
empcfchantes,
des figures plus vnies
v."l-
20
&
plus glif-
en forte qu'elles font plus propres à compofer des eaux que de l'air. Et en examinant les proprietez des aériennes, il eft fantes,
XLii.
25
que ce font elles qui doiuent prendre leur cours le moins bas de toutes, cV le plus vers le deuant de la tefte, où elles coqimencent à former les aifé à connoiftrc
organes de Y odorat
;
comme
ont des (igures plus vnies
aufTi
ce font celles qui
plus glifl'antes, qui cou-
lans au deffous des aériennes, vont en tournant vers
3o
DU Corps Humain.
'47-'48.
deuant de
le
les
yeux
qu'vne notable différence entre
aufli
excédent en groffeur, qui
les particules des efprits qui 5
commencent à former
elles
^.
ne remarque
le
où
la telle,
26^
que quelques-vnes ont des figures, non pas véritablement fi empefchantes que celles des aériennes (car elles n'auroient peu à caufe de leur grofleur fe mêler auec les efprits), mais neantmoins irregulieres & inégales, ce qui fait qu'elles ne peuuent fe mouuoir en fuite les vnes des autres, mais qu'eftant enuironnées de la matière fubtile, elles fuiuent fon agitaeft
I
10
tion
A ainfi
;
ayant plus de force que toutes les autres,
à caufe qu'elles font plus maffiues, elles fortent
chemin le plus court, & fe oreilles, où emmenant auec foy
milieu du cerueau par "5
vont rendre vers
les
du
le
quelques particules aériennes, elles commencent à former les organes de Voùyc. Et les autres, au con-
&
ont des figures vnies
traire,
gliiïantes,
caufe qu'elles s'accordent facilement à 20
fuitte les
eaux,
&.
le refte
par
la
uent
ainfi
des efprits
;
ce qui
baze du cerueau vers
où
elles
eftre les
préparent
le
que
les particules
langue,
la
des
plus tardif
defcendent
fait qu'elles
la
font
mouuoir en
mouuement
par confequent, d'vn
que
palais, 2 5
vnes des autres,
fe
qui
gorge,
chemin aux nerfs qui
&
le
doi-
organes du goujî.
Outre ces quatre notables différences, qui font que certaines
corps,
&
particules
par ce
des efprits s'écartent de leur
moyen commencent
organes de l'odorat, de 3o
le
remarque que
a.
Voir
l'cciii
du
la veùe,
les autres fe
i6 avril 1648,
t.
à former les
de l'oùye,
feparent
V, p. 170-171.
& du
auffi
gouft
:
peu à peu,
mm
La Description
264
I4«-I19-
a mefure qu'elles trouuent des pores en la
par où elles peuuent pafler
;
&.
femence
fans qu'il foit befoin
pour cela qu'il y ait entr'elles aucune diuerfité, finon feulement que celles qui fe rencontrent les plus proches de ces pores, entrent dedans, pendant que les autres fuiuenl enfemble leur cours le long de l'efpine
5
du dos, iufqu à ce qu elles rencontrent aulfi d'autres pores par ou elles coulent en toutes les parties intérieures de la femence, & y tracent les palTages des |
nerfs qui feruent au fens de l'attouchement. XLiv.
Au figure
relie,
afin
que
connoiffance qu'on a de
la
des animaux défia formez,
qu'on ne conçoiuc celle qu'ils ont au qu'ils fe
vne
forment,
mafl'e,
il
10
la
n'empefche pas
commencement
femence comme premièrement formé le
faut confiderer la
de laquelle
s'eft
cœur; & autour de luy, d'vn cofté la vene caue, & de l'autre la grande artère, qui efloient iointes par les deux bouts; en forte que celuy de leurs bouts, vers lequel les ouuertures du cœur eftoient tournées, marquoit le cofté où deuoit eftre la tefte, ^1' l'autre marquoit celuv des parties inférieures. Après cela les efprits ont monté vn peu plus haut que le fang vers la tefte, où s'eftant alTcmblez en quelque quantité, ils ont pris leur cours peu à peu le long de l'artère, à le plus proche de la fuperficie de la femence que leur pendant qu'ils ont fuiuy ce force les a pu porter cours, leurs petites parties fe font prefentées pour pafiTer par tous les autres chemins qui leur feroient plus faciles que celuy où elles eftoient; mais elles n'ont point trouué de tels chemins au dellus de l'clpine du dos, a caufe que tout le corps des eiprits s'éloi;
i5
20
25
cK;
3o
DU Corps Humain.
i4'j-'5o
gnoit vers elles
là,
autant que fa force
ont
n'en
point
auffi
le
26^
pouuoit permettre
trouué
;
diredement au
deJTous, à caule que la grande artère y eltoit; ainfî elles n'ont pris leur 5
cours qu'à droite
& à gauche,
vers
toutes les parties intérieures de la femence.
Excepté feulement qu'à la fortie de
la tefte, elles
&
ont pu s'éloigner quelque peu en dehors
en dedans,
caufe que la moelle de l'efpine du dos,
à
-"^i-^
eftant
I
10
moins groffe que le cerueau, elles ont trouué quelque efpace en cet endroit là. Et c'eft la raifon pourquoy les nerfs qui fortent des deux premières iointures de l'efpine du dos, ont leur origine différente des autres. Or le dis que les efprits, qui p' eparent le chemin de
>^''^'
ces nerfs en la femence, y ont pris leur cours vers les «5
parties intérieures feulement, a caufe
que
les exté-
rieures eftant preffées par la fuperficie de la Matrice,
n'ont pas eu des paffages
mais 20
ils
en ont trouué d
fi
libres
pour
les reccuoir;
allez libres vers le
la tefte. C'eit
pourquoy auant que d en
quelques-vns
fe font
deuant de
eftre fortis,
feparez des autres, fans eftre
pour cela de diuerfe nature, &. ont tracé le chemin des nerfs qui fe rendent aux mufcies des yeux, des tempes, & des autres endroits voifins; puis auffi les chemins des nerfs qui vont aux genciues, à 2 5
inteftins,
au cœur,
&
rieures parties qui fe
Tout de mefme, tefte,
3o
aux peaux des autres plus forment après.
les efprits qui
fes iointures,
la mafle
de
la
ŒuvkEs.
iX;
fe
;
aux inté-
ont coulé hors de
ont trouué des pores de part
de l'efpine du dos
l'eftomac,
ti'
au moyen dequoy
d'autre ils
le
la
long
ont diftingué
font répandus de là tout autour en
femence, non plus ronde mais oblongue,
VI.
34
xlvii.
206
La Description
à caufe que la force dont
i5o-i5i
fang
le
e^
les efprits
.
ont
du cœur vers la tefte, a dû revendre dauantage vers là, que vers les autres collez. Et il relie feulement icy à remarquer, que le dernier endroit de la femence pafle
auquel puiffent paruenir cours en cette façon,
dont j
ie
efl
les efprits,
en fuiuant leur
celuy où doit eflre
\e
5
Nombril,
parleray en fon lieu.
Mais l'ordre veut qu'après auoir décrit
efprits, l'explique auffi
eftendent enfemble
comment
leurs
le
les artères
branches, en
cours des
&
les
venes
toutes les
lo
parties de la femence.
A mefure
XLviii.
s'y dilate
de fang dans
qu'il fe fait plus
auec plus de force
s'auance plus loin. Et
il
vers Jes endroits où
il
ne
;
fe
le
cœur,
il
au moyen de quoy il peut ainfi auancer que
y a quelques parties de femence qui font difpofées à luy céder leur place, par confequent à couler vers
le
cœur par
la
la
i3
&
vene
où ce fang vient, à caufe qu'elles ne peuuent auoir d'autre. chemin que celuy-là. Ce qui forme deux nouuelles petites branches, l'vne en cette iointe à l'artcre par
20
vene, l'autre en cette artère, dont les extremitez font coniointes,
&
qui vont enfemble occuper la place de
ces petites parties de la femence.
Ou
bien cela
fait
que
les
branches qui font defia formées s'alongent iufques-
là,
fans que leurs extremitez fe feparent. Et d'autant
que toutes
les petites parties
propres à couler
ainfi vers le
de
la
2S
femence font
cœur, ou bien que,
s'il
y
en a quelques-vnes qui n'y foient pas propres, elles font aifcment repouffées vers fa fupcrficie,
il
n'y en a
aucunes au dclTous de cette luperficie en lefpacc où fc répandent les efprits, qui n'aillent à leur tour fe
3o
DU Corps Humain.
>5r-i52.
rendre vers
venes
&
le
cœur. Et c
5
que
pourquoy
raifon
les artères y eftendent leurs
coftez, auffi loin les vnes
Et
eft la
267 les
branches de tous
les autres.
on ne doit point douter de
cette vérité, encore
communément
tant d'artères que de
qu'on ne voye pas
venes dans
le
corps des animaux. Car
la raifon
xlix.
veut
que celles-cy paroiffent beaucoup plus que celles-là, pource que le fang a coutume de s'arrefter dans les j
petites venes, auffi bien 10
mefme
que dans
après que l'animal
eft
les plus
grandes,
mort, à caufe que
la
peau de toutes fe reflerre à peu prés également. Au lieu que le fang des artères ne s'arrefte iamais en leurs petites branches car y eftant poulTé par la Diajlole, il pafle promptement dans les venes ou bien il retombe dans les plus grandes artères au moment de la Syjîole, à caufe que leurs tuyaux demeurent ouuerts & ainfi leurs plus petites branches ne peuuent eftre veiies, non plus que les venes blanches, dites laclées, q\ïAfellius-' a découuertes depuis peu dans le Mezentaire, où iamais on ne les apperçoit, fi ce n'eft qu'on ouure des animaux encore viuans, quelques heures après qu'ils ont mangé. ;
,
i5
;
20
a.
Descartes avait eu sans doute connaissance du livre suivant, Imprimé
du Discours de la Méthode : vaforum mefaraicorum génère, Novo invento Gasparis AseUll Cremonetifis, Anatomici Ticinenfis, Dijfertatio. Qua fententlas Anatomicae multte, vel perperam rccepta; convelluntur, vel parum perceptas illultrantur. (Lugduni Batavorum, Ex à Leyde, chez Jean Maire, Tédlteur
De
lactibus, sive Lacteis Venis, quarto
Officinâ lohannis Maire, clo Id cxl.) In-4, p. 104.
Cet ouvrage se trouve relié dans le même volume avec les deux oud'JEmuvs Parisanus et de Iacobus Primirosh's édités aussi par Jean
vrages
Maire, l'année précédente, lôSg, contre le livre de Harvey, De motu cordis & circulatione fanguinis. Voir, à ce sujet, notre t. II, p. 5oo et 616. Voir aussi, sur les veines lactées et sur le chyle, une lettre de Descartes,
du 3o
juillet
1640,
t.
III, p. 139-141.
•
208
La Description
Nous pouuons encore
L.
lièrement
icy confiderer plus particu-
diftribution
la
isi-is?.
des principales venes
&
pource qu'elle dépend de ce qui a defia efté dit du mouuement du fang &. des efprits. Ainfi la première agitation du cœur, qui n'eftoit encore que comartères,
mencé la
5
à former, a efté caufe que les petites parties de
femence qui eftoient
les plus
proches de luy, font
coulées vers les ouuertures de fes concauitez
au
;
formé les artères & les venes qu'on nomme Coronaires, pource qu'elles l'enuironnent tout autour, ainfi qu'vne couronne. Et on n'a pas fuiet de trouuer étrange qu'on ne remarque fouuent qu'vne vene coronaire, bien qu'il y ait deux artères car cette feule vene peut auoir affez de branches pour fe ioindre auec toutes les extremitez des branches de ces deux artères. Et ce n'eft pas m.erueille que les venoient de tous petites parties de la femence, qui les enuirons du cœur, ayent pris leur cours vers vn feul endroit, pour entrer en fa cauité droite, au mefme temps que le fang qui fortoit de fa cauité gauche, a pris fon cours par deux diucrs endroits pour aller occuper
moyen dequoy
elles ont
lo
:
i5
|
20
leur place.
Lors que
II-
le
tout à coup,
fang dilaté dans
&
le
cœur en
ell forty
a pris fon cours en ligne droite,
il
a
pouffé d'abord vne alfez grande portion de la femence
25
vn peu plus loin qu'elle n'eftoit, vers le haut de la matrice au moyen de quoy les autres parties de la femence, qui eftoient au deflus de cette portion, ont efté contraintes de defcendre vers les coftez ce qui a ;
•
;
fait
là
que
celles qui eftoient vers les coftez ont coulé de
vers le cœur. Et ainfi ces grandes venes
&
artères,
3o
DU Corps Humain.
'53-154-
269
hommes, ou
qui nourriffent les bras des
deuant des beftes brutes, ou enfin oyfeaux, ont commencé à fe former.
De
deuoit former,
venoit du cœur,
poulTée par
ainll
le fanj?
les autres par- le relie efl
de
la
&
&
de tous
femence qu'elle poufToit
caufe que ce fang n'a
vers fon milieu;
fa
caufe qu elle a efté
a
,
preiïee d'vn cofté par le fan^ qui la poufToit.
ce qui
qui
rendue vn peu plus iolide en
s'eft
qu'en fon milieu
fuperficie
10
des
aiAes
les
plus, la portion de la femence, de laquelle la
tefte fe
")
de
les piez
pii
:
pénétrer d'abord
les efprits feuls y
elhmi entrez,
y ont formé la place du cerueau en la fagon defia expliquée. ils
Touchant quoy i5
faut remarquer,
il
ayant pris leur cours du milieu de
que ces
la tefte
coftez difteren;,, a fçauoir vers le derrière,
tracé l'efpine du dos, droit^ I
pris la 20
&
&
auffi
efprits
vers trois
où
par embas vers
ils
le
cofté
gauche de deuant, la matière dont ils ont place a dû fe retirer vers le haut du crâne, dans le
les trois intcrualles qui feparoient ces trois coftez
de
là
prenant fon cours par
du dos vers
le
cœur,
les
elle a fait
entre les replis de la peau qui enuelope qui a cela de particulier, qu'il d'artère
où
il
&
eft,
de vene. Car
fait
le
eft
cerueau,
enfemble
matière qui cftoit en
l't
l'office
la
place
eftant poufTée par les efprits, en eft fortie
abondamment & o
la
&
;
deux collez de l'efpine place aux trois princi-
pales branches du grand vaijjeau triangulaire, qui
25
ont
ft
promptcment, que les branches des artères qui étoient iointes aux branches des venes par où elle a coulé vers le cœur, fe font confondues auec elles en formant ce vaifTeau, lequel eftend par fi
lu.
La Description
270
is^-.ss.
après fes ruiffeaux de tous coftez au dedans du crâne,
en forte que
c'eft
prefque luy feul qui nourrit tout
le
cerueau. LUI.
Toutesfois
le
fang du principal tuyau de
artère, qui venoit en ligne droite
pénétrer d'abord
la
baze de
la
la
grande
du cœur, ne pouuant telle, à caufe que les
femence y efloient trop preffées, e^ fe trouuant iuftement au defTous de l'endroit où fe forme après vne glande, que les Médecins ont imaginé ne feruir qu'à receuoir la pituite du cerueau il a fait
5
petites parties de la
:
effort tout autour, contre ces petites parties
femence qui luy
de
10
la
&
en a chafTé peu à peu quelques-vnes, qui font coulées de coftc vers des refifloient,
venes affez éloignées de
là.
Au moyen de quoy
fe
font
formées ces petites branches d'artères, plus remarquables dans les befles que dans l'homme, qu'on a
nommées
Reis admirable,
le
&
i5
qui femblent n'eflre
point iointes aux venes.
Puis
i-iv.
il
a aulFi
monté plus haut vers
le
fommet de
la
I
telle,
par les enuirons de
efprits infinité
dans
le
la
place par où entroient les
cerueau, autour de laquelle
il
20
a fait vne
de petits ruifTeaux, qui eftoicnt autant de
petites artères, dont a
commencé
à fe former la petite
peau qu'on nomme XEntonnnh & en fuitte celle qui couure le conduit de la cauité qui efl au derrière du ,
cerueau,
&. aufTi
les petits tifTus
nommés
zS
Choroïdes, qui
deux cauitez du deuant & après s'eftre raffemblez autour de l'endroit où fe forme par après la font dans les
petite glande,
enfemble dans nourrit
le
;
nommée le
Conariuni,
ils
font entrés tous
milieu du vaifTeau triangulaire qui
cerueau.
3o
DU Corps Humain.
i55-i56.
le
nay pas
271
befoin d expliquer plus au long la for-
l^'-
mation des autres venes & artères, pource que ie n'y & elles font voy rien de particulier a remarquer ,
toutes produittes par cette raifon générale, que, lors 5
que quelque petite partie de cœur,
le
& celuy en
la
femence va
vers, le
ruiffeau qu elle fait en y allant eft vne vene,
que
fait le
fa place eft
fang qui vient du cœur pour entrer
vne artère; en forte que, lors que ces
ruifleaux font vn peu éloignez l'vn de l'autre, la vene 10
&
Tartere femblent feparécs, à caufe que les extrémités
de l'artère ne
fe
voyent point.
El plufieurs diucrfes
caufes peuuent faire, en ce
commencement, que ces qu'vn i3
fe diuife
ruiffeaux fe détournent,
en deux, ou que deux s'affemblent en
vn, ce qui fait la différence
bution des venes,
& celle
qu on
voit entre la diftri-
des artères. Mais cela n'em-
pefche pas qu'elles ne retiennent toufiours
communication par à caufe 20
que
le
munication,
& non
3o
les
la
mefme
extrcmitez de leurs branches,
cours du fang, qui paffe continuel-
lement par ces branches, l'entretient. Et d'autant
23
ou
que
fe
les
branches par où
fe fait cette
com-
lvi.
trouuent en tous les endroits du corps,
point feulement en fes extremitez, encore que
Ion coupe le pié, ou la main, on ne l'empelche pas pour cela dans la jambe, ny dans le bras. ladjouteray feulement icy trois exemples de ladiuifion, de l'éloignement, & de la conjondion de ces ruiffeaux. 11 n'v a eu fans doute au commencement
qu\n feul tuyau, qui a porté les efprits en ligne droitte du cœur au cerueau mais l'Artère Trachée, par où ;
paffe l'air de la refpiraiion, fe
formant après
(ainfi
que
'-^'"•
La Description
i-]i
ie
&
diray encore en fon lieu),
l'air qu'elle
isô-iSy.
contenoit
ayant plus de force pour monter fuiuant cette ligne
que le fang qui venoit du cœur, il a efté caufe que ce tuyau s'eft diuifé en deux branches, qui font les droiîte,
artères qu'on
Lvm.
nomme
Carotides.
Les deux venes qu'on
nomme
5
fpermatique.s, ont efté
inférées en la vene caue. auffi bas Ivne que lautre, au
temps de leur première formation mais l'agitation de la grande artère, lors que le foye & la vene caue fe font détournez vers le cofté droit, a efté caufe que le lieu, où eftoit inférée la vene fpermatique gauche, s'eft haufle peu à peu iufques à ïemulgentc, pendant que celuy de la droitte eft demeuré fans changement comme, au contraire, la mefme caufe a fait que la vene, nommée adypofe, du rognon gauche s'eft hauffée, de l'emulgente où elle eftoit, iufques au tronc de la vene caue, pen|dant que l'augmentation du foye a fait que la droitte s'eft abaiftee. le ne feindray point de dire que c'eft celle que i'ay le plus long-temps cherchée, & à la vérité de laquelle i'ay eu le moins d'cfperance de pouuoir paruenir, bien qu'elle n'arrefte point ;
lo
:
i
^
20
les autres.
Lix
Les artères
& les venes qui
defcendent dans
les
mam-
melles ont vne origine bien différente de celles qu'on
nomme
E'pigajhiijucs, qui
viennent de bas en haut vers
le ventre. Et loutesfois plufieurs
ioignent les venes aux venes, vers là
le
eft
nombril. le
& les artères aux
fe
artères,
qui arriue à caufe que cet endroit-
dernier, duquel les parties de la femence
coulent vers
chemin a
Ce
de leurs branches
25
faire
le
cœur, pource quelles ont plus de
pour y arriuer;
& qu'en ayant iuftement
3o
nu Corps Humain.
i57->58.
en montant par
auiaiît,
27 j
venes des mammelles,
les
qu'en defcendant par les epigaftriques, vient de part
d autre par les artères qui les
c'i.
accom-
femence qui font entre deux, iufques à ce qu'il les ait toutes pouffées peu à peu par de fort petits conduits dans les venes, an moyen dequov les principales branches des artères fe trouuent ioinies aux artères oppofées, & celles des venes aux venes. pagnent, chafTe
5
fang qui
le
les parties
de
la
[CINOVfESME PARTIE.
10
De Ces venes
formation des parties
la
& ces
artères des
folidcs.'\
&
mammelles,
les epi-
gartriques, lemblent eftre les dernières qui fe forment
des parties intérieures de i5
exterieufes,
par eft
le
en
caufe que les
vers
le
où
ils
luitte le
|
cœur. Car l'agitation des efprits parties de la femence, qui font aux
nombril vers
lieux par
20
&
femence, auant que les fang de la matrice vienne
la
le
que les autres palTent du cerueau par
paiîeni, vont plutofl
cœur. Et pource
qu'ils
du dos vers pluficurs coflez en mefme temps, ils viennent enfin à fe rencontrer en vn mefme endroit, qui eft celuy où fe fait le nombril. Mais auant que ie l'cfpine
m'arrelte à le décrire, i'expliqueray icy
cœur, 23
le
comment
cerueau, les chairs des mufcles,&
des peaux, ou membranes, acheuent de caufe que cela ne dépend point de
la
la pluf-part
fe
former, à
nourriture que
l'animal qui fe forme reçoit de la matrice Œuvres. VI.
le
35
lx.
5
La Description
274
Lors que les artères
LXi
&
08-159.
venes commencent à
les
former, elles n'ont encore aucunes peaux,
&.
fe
ne font
autre chofe que de petits ruiffeaux de fang qui s'eften-
dent par cy par
entendre comment
là
fe
dans
defia diftingué cy-defî'us, la
rarefadion dans
fe
les
&.
en
fuitte
5
remarquer que i'*ay entre les particules du fang faut
il
cœur fepare les vues des mefme adion ioint enfemble, le
& celles que cette preflant & froiffant en
autres,
en
Mais pour
femence.
forment leurs peaux,
les autres parties folides,
que
la
telle forte, qu'il fe fait
ou
10
trouue autour d'elles plufieurs petites branches, qui
s'attachent facilement l'vne à l'autre.
Or
les
premières font
fi
fluides, qu'elles
ne femblent
pas pouuoir entrer en la compofition des parties du
corps qui
fe
au cerueau,
durciiïent
&
qui
fe
;
mais outre
forment
&
les efprits qui
vont
1
compofent des plus
fubtiles, toutes les autres ne doiuent eftre confiderées
que comme les vapeurs ou les fcrofitez du fang, duquel elles fortent continuellement par tous les pores qu elles trouuent le long des artères & des venes par où il paffe. Ainfi il ne refle que les autres particules du fang (à l'occafion defquelles il paroift rouge), qui feruent propi"ement à compofer Oi: à nourrir les parties folides; neantmoins elles n'y feruent pas pendant qu'elles font iointes plufieurs enfemble, mais feule-
I
ment alors
qu'elles fe déjoignent
repaffani plufieurs fois par
Lxii.
le
:
20
25
car en palTant et
cœur, leurs branches
fe
rompent peu a peu, &. enfin elles foni leparees par la mefme adion qui les auoit iointes. Puis, a caufe qu'elles fe trouuent moins propres à fe mouuoir que les autres particules du fang, &. qu il
3o
à
DU Corps Humain.
i59-i6o.
•
27^
leur refte encore ordinairement quelques blanches, elles
vont s'arrefter contre
par où
pafTe,
il
&
la fuperficie
ainfi elles
des conduits
commencent
à compofer
leurs peaux. 5
Puis, celles qui viennent après que ces
peaux ont commencé à fe former, fe ioignent aux premières, non pas indifféremment en tous fens, mais feulement du collé où elles peuuent cftrc, fans cmpefcher le cours des ferofitez, des vapeurs,
10
ment par
venes.
venes
en mes Principes, qui coulent inccflam-
les
pores de ces peaux
le |
fe
long des artères,
;
&
fe
ioignans peu à
c*i:
non point
le
long des
En forte que mcfmc ie doute fi les peaux des forment immédiatement du fang qu'elles con-
tiennent,
ou plutoft des
artères voifines
25
des autres matières
peu les vnes aux autres, elles forment les petits filets dont i'ay dit cy-deffus que toutes les parties folides fe compofent. Et il eft à remarquer que tous les filets ont leurs racines
20
auffi
plus fubtiles, fçauoir des deux premiers Elemens que i'ay décrits
i5
&
;
petits filets qui viennent des
car ce qui contribue
le
plus à la for-
mation de ces petits filets, c'eft, premièrement, Taclion dont le fang vient du cœur vers les artères, laquelle enfle leurs peaux, & dilate ou refferre leurs pores par interualles, ce qui n'arriue point dans les venes. Puis cours des matières fluides, qui fortent des artères par les pores de leurs peaux, pour entrer en
aufiTi, c'eft le
tous les autres endroits du corps,
où
elles
font
auancer peu à peu ces petits filets &l coulans de tous coftez autour d'eux, elles font aufli que leurs petites ;
3o
lxiii.
parties s'agencent, fe ioignent,
&
fe poliffent.
Mais
lxiv.
La Description
276 bien
puiiïe
qu'il
parties
fluides
fortir
mefme façon quelques
en
des venes,
fouuent, tout au contraire,
iOu-.ôi.
croy neantmoins que
ie
y en entre de celles qui, eftant forties des artères, ne prennent pas leur cours il
vers la fuperficie du corps, mais vers les venes, où elles fe Lxv.
Et
mêlent derechef auec
vne feule raifon
me
5
le fang.
croire que le fang des
fait
venes contribué quelque chofe a
la
production de
leurs peaux, qui eft que ces peaux font plus brunes, ou
moins blanches, que
Car ce qui
celles des artères.
caufe la blancheur de celles-cy,
ro
que la force dont les matières fluides coulent autour de leurs petits filets, rompt toutes les petites branches des particules dont ils font compofez, lefquelles i'ay dit cy-deflTus cftre
caufe pourquoy
la
c'eft
fang paroift rouge. Et
le
i3
pource que cette force n eft pas fi grande dans les venes, où le fang ne vient point auec tant d'impetuofité, qu'il
artères
:
les fafle enfler par
les petites parties
|
fecouflfes, ainfi
que
les
de ce fang qui s'attachent
à leurs peaux, retiennent encore quelqucs-vnes des
20
petites branches qui les rendoient rouges. Mais elles
rendent ces peaux noiraftres,
& non
pas rouges, à
caufe que ladion du feu qui les agitoit a cefte
on
voit
que
la
fuye
eft
toufiours noire,
>.*v:
que
:
comme
les
char-
bons, qui font rouges eftant enflamme/,, dcuicnncnt
2?
noirs lors qu'ils font éteints. (.x\
I.
Or
d'autant que les petits
filets
dont
folides font compofées, fe détournent,
les fe
parties
plient,
Oi:
s'entrelacent en diuerfcs façons,, fuiuant les diuers
cours des matières fluides ronncnl,
i.'C
fuiuant
la
OC-
fubtiles qui les cnui-
figure des lieux
où
ils fe
ren-
3o
DU Corps Humain.
i'5t-i62.
277
on connoiflbit bien quelles font toutes les parties de la femence de quelque efpece d'animal en particulier, par exemple de homme on pourroit contrent
:
fi
,
\
déduire de cela feul, par des raifons entièrement 5
mathématiques & certaines, toute la figure & conformation de chacun de fes membres comme aufli réciproquement, en connoiffant pluficurs particularitez de cette conformation, on en peut déduire quelle eft la femence. Mais à caufe que ie ne confidere icy que la produdion de l'animal en gênerai", S: autant qu'il eft befoin pour faire entendre comment toutes fcs parties ;
10
fe
forment, croiffent,
&
feulement à expliquer
fe nourriffent, ie
la
continueray
formation de fcs principaux
membres. l'ay
ij
dit cy-deflus
que
le
cœur commençoit
à fc
former, de ce que quelques-vnes des petites parties
delà femence eftoicntpreffées par quelques autres que la
chaleur dilatoit. Mais pour connoiftre
s'augjmente 20
le
&
fc
pcrfedionne,
il
comment
faut confidercr
il
que
fang qu'a produit cette première dilatation, retour-
nant derechef fe dilater en
la
mefmc
place,
& ayant en
foy quelques particules, qui font compofées de plu-
femence iointes enfemble, & plus grolTes par confequent, mais en ayant auffi pluficurs qui font plus fubtiles, ainfi que i'ay dit, quelques-vnes de ces plus fubtiles pénètrent dans les pores de la femence prefiTée qui a commencé à former le cœur, &
fieurs
..5
de celles de
la
quelques autres des plus groffes s'arreftent contre elle,
k 3o
la chaffant
peu à peu hors de
à y former de petits a.
tilets,
Letire du 25 janvier 164S,
t.
V
fa place,
commencent
femblables à ceux que iay p. 11 2,1.
19-25.
lxvii.
La Description
278 dit fe
former
le
i6î-i63.
long de toutes les artères
:
excepté
feulement qu'ils y font plus durs, & plus forts qu'ailleurs, à caufe que la plus grande force de la dilatation
du fang
eft
dyns
le
cœur. Toutesfois
pas
elle n'y eft
fenfiblement plus grande, que dans les premières
branches de
à caufc qu'elles enuironnent
pourquoy
on
l'artère, lefquclles le
fe
Coronaires,
cœur tout autour
les petits filets, qui fe
coronaires,
nomme
forment
5
;
c'eft
long de ces
le
mêlent ayfement auec ceux qui ont
leurs racines dans les concauitez
& comme
du cœur;
ceux-cy compofent fes parties intérieures tirent leur nourriture des coronaires
,
«o
ceux qui
compofent
les
extérieures, pendant que les branches des venes qui les
accompagnent, reportent au cœur
du fang qui ne Lxviii.
fe
les particules
rencontrent pas propres à
le
nourrir.
«
5
y a encore icy diuerfes chofes à confiderer, dont la première eft la façon dont fe compofent certaines Il
fibres fort groffes,
mefme il
|
en forme de cordes,
fubftance que
faut penfer
que
fes
le refte
&
qui font de
A cet effet eu au commen-
de fa chair.
concauitez ont
cément dus figures fort irrcgulicres, à caufe que, les parties du fang qu'elles contenoient eftant inégales, elles ont pris diuers chemins en fe dilatant au moyen de quoy elles ont fait diuers trous dans les parties de la femence qu'elles prefiToient, tous lefquels trous s'augmentans peu à peu, n'ont fait enfin qu'vne feule concauité & les parties de la femence qui les feparoient, ayant cfté peu à peu chaffccs de leurs places par les petits filets qui compofent la chair du cœur, ils ont aufii compofé ces fibres en forme de colomnes. La mefme raifon a efté caufe de la produdion des
20
;
25
;
i:xix.
3o
DU Corps Humain.
163-164.
ou
valvules,
petites peaux, qui ferment les entrées de
vene caue,
la
&
de
defcendu dans dant à en 5
le
Car le fangeftant cœur par ces deux entrées, & tenl'artère veneufe.
reffortir, à
qui le fuit par ces reflbrte par elles
;
tout autour de la
caufe qu'il
10
cœur
;
agencent en
&
fang
puis les petits
de
filets
la
chaffeni les parties de la femence qui
font autour de ces trous, s'y
fe dilate, l'autre
mefmes entrées, empefche qu'il ne c'eft pourquoy fes parties s'écartent femence qui compofe le cœur, &. y
font diuers petits trous
chair du
279
telle
iS:
fe
mettans en leur place,
façon qu'ils compofent ces val-
où elles font attachées. Car en confiderant l'adion du fang qui defcend dans le cœur par vules,
milieu de ces entrées,
le i5
les fibres
&
de celuv qui tend a en
on
reffortir par leurs enuirons,
voit que, fuiuant les
règles des Mechaniques, les fibres du cœur, qui fe
font trouuées entre ces deux adions, ont dû s'étendre
en forme de peaux,
&
ainfi
prendre
la figure
qu'ont
"ces valvules. 20
Mais celles qui font aux entrées de la vene arterieufe & de la grande artère, ne fe produifent pas en
lxx.
I
mefmc façon
25
;
car elles font hors du cœur,
&
ne
fe
compofent que des peaux de ces artères, lefquelles peaux font repliées ^i' auancées en dedans, dvn cofté par l'adion du fang qui fort du cœur, & de l'autre par la refiftance du fang qui eft défia contenu en ces artères,
&
qui fe retire vers leur circonférence, afin de
luy faire paffage. El cette raifon eft générale ^o
pour
valvules qui fe trouuent au refte qu'il s'en
la
produdion des
du corps. En
forme neceffairement en tous
forte
les conduits.
Lxxt.
La Description
28o par où
il
coule quelque
164-165.
riiatiere
qui en rencontre
d'autre en quelques endroits qui luy refifte, mais qui
ne peut pour cela rompre fon cours ftance fait que la peau
moyen forme vne
du conduit
valvule.
où
;
car cette refi-
fe replie,
Cela
fe
voit
&
par ce
dans
les
excremens délia affemblez ont coutume de refifter au cours de ceux qui defcendent; cela fe voit auffi dans les conduits du fiel, & encore plus euidemment dans les venes. aux endroits où la pefanteur du fang qui le porte vers les extremitez des jambes, des bras, ou des autres parties, inteftins, à l'endroit
5
les
10
fouuenl à fon cours ordinaire qui le porte de ces extremitez vers le cœur. En fuitte de quoy, on ne pourra cy-aprés trouuer eftrange, fi ie dis que les refille
cfprits
forment
aulfi
entrées
&
tcifc les
empefche
des valvules dans les nerfs, aux
forties des mufcles, d'cllre
encore que leur peti-
apperceùes de nos fens.
Vne autre chofe qui me femble deaoir eftre icy confiderée, c'eft en quoy confifte la chaleur du cœur, & comment fe fait ion mouuement car d'autant qu'il
i.xxii,
i5
;
20
I
ne
cefiTe
point de battre pendant qu'il a vie,
que toutes ce
fes fibres fe
mouuement,
deuroient rendre
qu'il leur
fi
il
femble
pliables à
pourroit facilement élire
redonné par vne force extérieure, lors qu'il cfl mort & rctVoidy. Toutesfois nous voyons, au contraire, qu'alors il demeure rdide, en la figure qu'il a eue auparauant en fa fyftole, c'ed à dire entre deux de fes battcmens, fans qu'il foit aifé de luy redonner celle qu'il a eiie en (a diallolc, c'ell a dire aux momens qu'il battoii la poitrine.
meni de
Dont
la diallolc a
des
la raifon ell, le
que ce mouue-
commencement
elle
caufé
25
3o
i65-iC6.
par
.
la chaleur,
uu Corps Humain.
ou par Tadion du
mes
ce que i'ay expliqué en
281
feu, laquelle, fuiuant
Principes, n'a pu confifter
en autre chofe, qu'en ce que
matière du premier
la
Elément, chaflant celle du l'econd des enuirons de 5
femence, leur a communiqué au moyen de quoy ces parties de la
quelques parties de Ton agitation
femence, en
;
la
fe dilatant,
commencé à former
ont preffc les autres qui ont
Cœur.
le
Et
en mefme temps
aufli
qtielques-vnes font entrées auec force dans les pores 10
qui eftoient entre ces autres qui formoient
le
cœur,
au moyen dequoy elles ont changé quelque peu leur fituation,
& commencé
le
mouuement de
la diaftole,
qui a eflé fuiuy de la fyllole, lors que cette fituation
1
3
&
que ces parties de la femence, qui auoient l'agitation du feu, font reiïbrties des pores qui s'cfl.
reflituée,
ertoicnt entre ces autres, c'efl à dire font reffortics des
pores de
la
concauités.
femence, 20
fe
&
chair du cœur,
Où en
retournées dans fes
rencontrans d'autres particules de fuitte
du fang qui y defcendoit,
parmy
font mêlées
& font
ce fang,
& ont chaffé
la
elles
fécond
le
|
Elément d'autour de plufieurs de
moyen dequoy tout ce fang
leur
fes particules
communiquant
s'efl dilaté,
&
en
leur
fe dilatant
;
au
agitation, il
a
enuoyé
derechef quelques-vncs de fes particules, enuironnées 23
de
de
la feule
matière du premier Elément, dans les pores
la chair
qui a
fait
du cœur,
derechef
le
c'ell
à dire entre fes fibres, ce
mouuement de
la diailole. Et ie
ne connois point d'autre feu ny d'autre chaleur dans le '3o
cœur, que cette feule agitation des particules du
fang
;
ny d autre caufe qui puiffe feruir à entretenir
ce feu,
fmon feulement que,
ŒuvKEb.
VI.
lors
que
la
plus-part du 36
La Description
282
fang fort du cœur au temps de
166-167.
la diaftole, celles
de fes
particules qui y demeurent, entrent au dedans de fa chair,
&
où
elles trouuent des pores tellement difpofez,
des fibres
fi
que
fort agitées, qu'il n'y a
la
matière
du premier Elément, qui les enuironne & qu'au temps de la fyftole ces pores changent de figure, à caufe que le cœur fe rallonge, ce qui fait que les particules du fang, qui y font demeurées comme pour fervir de Icuain, en fortent auec grande viteffe, & par ce moyen pénétrant facilement dans le nouueau fang qui entre dans le cœur, elles font que fes particules s'écartent
5
;
I
les la
la
vnes des autres,
forme du feu. Or pendant que
& qu'en s'écartant elles acquièrent les fibres
du cœur font agitées par
chaleur de ce feu, oUes font tellement difpofées à
ouurir
&
faire les
i5
fermer alternatiuement leurs pores, pour
mouuemens de
mefme après que
le
la diaftole
cœur
eft tiré
& de la fyftole,
que
hors du corps de
&
coupé en pièces, pourueu qu'il foit encore chaud, il ne faut que fort peu de vapeurs du fang, qui fe prefentent à entrer dans fes pores, pour l'obliger au mouuement de la diaftole mais lors qu'il eft tout à fait refroidy, la figure de fes pores, qui dependoit de l'agitation du premier Elément, eft changée, en forte que les vapeurs du fang n'y entrent plus & pource que fes fibres font roides & dures, elles ne font plus fi l'animal,
10
|
20
;
;
25
faciles à plier. Lxxiii.
la
Nous pouuons encore icy confiderer les caufes de car elles font toutes aifées à figure du cœur
déduire de
;
la
particularité
façon dont
il
eft
formé. Et
que iy remarque,
confifte
la
première
en
la diffe-
3o
DU Corps Humain.
167-168.
rence qui
283
entre fes deux cauitez, laquelle
eft
fait
voir
manifeftement, qu'elles ont efté formées Tvne après
5
& que
caufe que
gauche eft beaucoup plus longue & plus pointue que la droitte. La féconde confifte en ce que la chair qui enuironne cette cauité gauche, eft beaucoup plus épaifle vers les coftez du cœur que vers fa pointe dont la raifon eft, que l'adion du fang qui fe dilate en cette l'autre;
c'eft
cela qui
eft
la
:
concauité, s'étendant en rond, frappe les coftez auec 10
plus de force que la pointe, à caufe qu'ils font plus
proches de fon centre,
qu'ils font
oppofcz
les
vns
que la pointe n'cft oppofée qu'à l'ouuerture de la grande artère, laquelle receuani facilement le fang, empefche qu'il ne faffc tant d'effort contre cette pointe; &. la mef ne raifon fait aufli que le cœur s'accourcit & dénient plus rond en fa diaftolc,
aux autres; au
i5
&
lieu
qu'en fa syftole.
ne voy rien de plus icy à remarquer, finon la peau qu'on nomme le Péricarde, qui enuclope le cœur. Mais pource que la caufe qui produit ce Péricarde n'eft pas le
20
forme toutes les autres peaux, généralement toutes les fuperficics
différente de celle qui I
ou membranes,
&
qui diftinguent les diuerfes parties des animaux,
il
me
fe
en mefme temps. forment d'abord auec
&
d'autres qui fe forment
fera plus aifé de parler de toutes 2 5
V a des fuperficies qui corps qu'elles terminent, II
le
après, à caufe que ce corps eft feparé de quelqu'autre,
dont il
eftoit
auparauantvne
eft la fuperficie 3o
Xarricre-faix, fuient nez
;
partie.
Du premier genre,
extérieure de la peau qu'on
qui
comme
enuelope
les
nomme
enfans auant qu'ils
auffi les fuperficies
du poulmon,
i.xxiv
La Description
284
du foyc
de
,
168-169.
des rognons.
la rate,
Si
de toutes les
glandes. Mais celles du cœur, du péricarde, de tous
& mefme
les mufcles,
du fécond. Ce qui fait que
de toute
peau de nos corps,
la
font
premières
les
fe
forment,
eft
que,
5
lors qu'vn corps, qui n'eft pas liquide, eft produit de
ce que
parties
petites
les
quelque liqueur
de
ioigncnt enfemhle, ainfi que font tous ceux que
nommez,
fes parties foient extérieures
les intérieures, à
corps qui
aux autres;
(c'eft
petites parties font d'autre figure,
meuuent
fent; car
auec
m
d'autre
à dire dont les
ou s'arrangent, ou
d'autre façon), que celuy qu'elles
compo-
i5
cela n'eftoit, elles fe méleroient les vncs
fi
&
les autres,
diftinguaft ces Ainfi au
ces exte-
caule qu'elles touchent vn
d'autre nature
eft
&
manquer de s'arranger
rieures ne peuuent
fe
i'ay
faut neCeffairement que quelques-vnes de
il
façon que
fc
il
ne
fe
feroitpoint defuperficie qui
deux corps.
commencement que
la
femence s'aftemble,
celles de fes parties qui touchent la matrice,
c^-
aufli
?o
quelques autres qui en font fort proches, font con1
traintes par cet
ranger,
&.
de
fe
attouchement de
fe
tourner, de s'ar-
ioindre d'autre façon, que ne fe tour-
nent, ou s'arrangent, ou fe ioignent celles qui font
plus éloignées.
Au moyen de quoy
ces parties de la
23
femence, plus voifines de la matrice, commencent à former la peau qui doit enuelopcr tout le fruit mais ;
ne s'acheue que quelque temps après, lors que, toutes les parties intérieures de la femence ayant défia
elle
efté chafl'ées vers
venes qui
fe
le
cœur par
les artères
Se
par
les
mettent en leur place, enfin ces artères
&
3o
DU C(^RHs Humain.
isç '?o-
28^
ces -venes vont auffi vers les extérieures, qui s'écoulent
par les venes vers s
auancent,
c^
le
cœur, à mefure que
les artères
produifent plulieurs petits
filets,
dont
compofe cette peau. Pour les fuperficies qui fe forment de ce qu'vn corps efldiuiféen deux autres, elles nepeuuent auoir d'autre caufe que celle de cette diuifion. Et généralement le tilTu
5
toutes les diuifions font caufées par cela feul, qu'vne partie du corps qui fe diuife efl portée à fe 10
vers quelque cofté, pendant que l'autre partie qui luy eft iointe efl
20
retenue, ou portée à
façon
car
;
la
il
vers vn
n'y a
matière qui efloit vers les cofles
de quoy celle qui 25
mouuoir
fe
que cela qui puifTe les feparer. Ainfi les parties de la femence qui compofoient au commencement le cœur, efloient iointes à celles qui compofoient le péricarde & les cofles, en forte que le tout ne faifoit qu vn feul corps; mais la dilatation du fang dans les concauitez du cœur, a mû la matière qui enuironnoit ces concauitez, d'autre façon que celle qui en efloit vn peu éloignée; & au mefme temps les efprits animaux qui defcendoient du cerueau par l'cflpine du dos vers les cofles, ont mû aufTi d'autre autre
i3
mouuoir
efloit entre
:
au moyxîn
deux, ne pouuant en-
femble obéir à ces deux diuers mouuemens, a comdu cœur, mencé peu à peu à fe déjoindre des cofles i*^'
A
ainti
a
commencé
à former le péricarde.
Puis, à
femence qui le compofoient fe font écoulées vers le cœur, les artères des ont enuoyé de diuers lieux par où elles paffoient mefure que
les parties
de
la
,
3o
petits filets
en leur place, lefquels
aux autres ont formé
la
peau dont
fe il
ioignant les vns efl fait.
Puis ce
286
La Description
qui a rendu cette peau alTez dure,
169-170.
plufieurs des parties du fang qui fe
cœur, ont pénétré tout au trauers de aiïemblées entre iuy
&
le
que d'vn cofté dilatoit dans le
c'eft
fa chair,
& fe
font
fans pouuoir
péricarde,
que de l'autre codé il eft forty auffi plufieurs vapeurs du fang contenu dans les poulmons, à mefure qu'ils ont commencé à croiftre,
pafTer plus outre, à caufe
Icfquelles fe font aflemblées entre le
& les codes & ;
ainfi
mefme
péricarde
ces vapeurs le prefTant de part
d'autre, ont rendu fes fibres aflez dures,
&
5
&
font caufe
10
y a toufiours quelque efpace, entre Iuy &. le cœur, qui n'eft remply que de ces vapeurs; vne partie defqu'il
quelles y
eft
condenfée en forme d'eau,
demeure en forme
Icy finit
le
&
l'autre y
d'air.
Manu fer it
de Monficur
Defcartes.
i5
APPENDICE
Comme nous l'avons annoncé dans notre ^lwr/;i-.s(?wt'«/ (p. 220), nous donnerons ici les titres des articles, que Clerselier a ajoutés en marge dans son édition de 1664.
SECOND De
la
TRAITE.
formation du Fœtus.
PREMIERE PARTIE. PREFACE. Article
1.
Qu'il les
Art. 2. D'où
pour
ett tres-vtiie,
Médecine, de bien connoirtre
la
fondions de noltre corps. (Page 2 23.) vient qu'on a
coutume
d'attribuer ces fondions
à
l'ame. (Page 224.)
Art.
3.
Pourquoy
ne luy doivent pas eftre attribuées. (Id.)
elles
Art. 4. Autre raifon qui prouve
An.
5.
Que
bien que
la
mort
la
mefmechofc. (Page 225.)
faite ccifer ces
fondions,
il
ne s'enfuit
pas pour cela qu'elles dépendent de l'amc. (Id.) Art. 6. Qu'il ne fera pas befoin d'avoir beaucoup eftudié i'Anato-
mie, pour entendre ce Art. 7.
Sommaire des
traité.
(Page 226.)
chofes qu'il doit contenir. (Id.)
SEGONDE PARTIE. Du mouvement du Cœur £ du Art. S. Qu'il y a de elle ell.
Art.
(j.
la
chaleur dans
le
Sang.
cœur;
(Page 228.)
Defcription des parties du cœur. (Id.)
&
de quelle nature
2
La Description
88
Art. lo.
Comment
Alt.
Quel e(l le muuvement des oreilles du Cieur, lacaulede leur fabrique. {Pa^i; 2.33.)
cieur
le
iSc
les
artères
ù- m(.-uvi.nt.
I
I.
.Art.
I
2.
Art.
r.î.
De la dcfcriptiofi de la vcnc cave. {Li.) Delà vcnc artericule, de l'artère veneufe,
y\rt.
14.
De Tvlage du Poulmon. [Page 236.)
Art.
i.T.
Art.
i(').
Alt.
17.
&
{/'ai^^e
^
J.î/.l
^jUelle eit
du poulmon.
{Pa^e 235.)
Art. |N.
Des ouvertures (|ui fe trouvent au caur des enfaris. [Page 23-.) De la grande artère: 6< de la circulation du lang. (/^(^^(?:;J
TROISIESME PARTIK. De Art.
II).
Que
la Nutrition.
quelques parties du lang fortent des artères, lors
[Page 245.) corps qui ont vie ne font compuiez que de petits
qu'elles s'enfl' nt.
Art. 20.
Que
les
ou ruilfeaux qui coulent toujours. [Page 24- .) croift eftant jeune. [Page 248.) (^imment on engraiffe, & comment on maigrit, (/'ii^c' 241;.) Comment on vieillit, & on meurt de vieillede. [Page 25<).) l)es dcu.\ caufes qui déterminent chaque partie de la liqueur à s'aller rendre à l'endioit du corps qu'elle cil filets,
.\rt.
21.
Art. 22. Art. 23. Art. 24.
Comment on
propre
à nourir. (Af.)
Arr. 25.
Comment
agit l'vne
Arr. 26.
Coniment
agit L'autre. [Id.)
DigrelJinii,
dans
de ces caufes. [Page 25 1
laiijuelle il c/t traité
.)
de la/ormation de l Animal.
QUATRIESME PARTIE. Des parties qui fe forment dans
An
27.
Quelle
An.
2N.
An.
2q.
(Comment (Comment
il
Art. 3o.
Comment
fe fait le
ell
la
le
nature de
la
la
femence.
femence. [Page 252.)
cœur commence à fe former. (Page 253.) commence à fe mouvoir. [Page 254-) tang. [Id.)
Cori'S Humain.
im:
Art. ?i. Pourquo}-
il
elt roui^e.
Pourquoy
il
clt
Art.
3-2.
braie.
C.omment
Art. 34.
Comment Comment
commencent
fe
[Page 256.) fe forme
le fer
em-
grande artère
&
vene cave.
la
du cœur. {Page a5j.) poulmon avec fes trois vaif-
cavité droite
la
commence
fe
la
le
{Page 25g.)
feaux.
Art. 3G. Quelle
{Page 255.)
plus rouge que les charbons, ou
(Page 256.)
Art. S?.
Art. 35.
289
nature des particules aériennes. {Id.)
ell la
Art. 37. D'où vient qu'il ne
forme pas vne troifieme
fe
cavité'
dans
lec(eur. [Page 260.) Art. 38.
Comment
Art. 39.
Cominent
le fe
cerveau commence à fe former. {Page 261.) commencent les organes des fens. (Ici.)
Art. 41.
font doubles. {Page 262.) D'où vient leur dilVerencc. {Id.)
Art. 42.
I)e l'odorat,
Art. 43. Art. 44.
De l'attouchement. {Page 263.) Pourquoy la plufpart des parties du corps
Art
Pourquoy
Art. 40. PourquL)-
ils
de
la
vcpe, de l'ouye,
&
du
goull. [Id.)
font doubles.
{Page 264.) 4.^.
autrement des deux premières
les nerfs fortent
du dos que des autres. {Page 205.) vient des nerfs immédiatement de la tef\c.
jointures de l'efpine Art. 46.
Pourquoy
il
{Page 265.) Art. 47.
(Comment
Art. 4S.
Comment
en
il
vient
de
plufieurs
du
l'efpine
dos.
{Page 265.) le»^ ai
teres
branche?; pai tout Art.
l'oiirqu(jy
l'
&
venes cftendent cnfemble leurs
moins
voit
jn
les
*
corps. {Page 266.)
le
d'artères
[Page 26J.)
(comment
fe font formées les artères [Page 268.) Cmunicnt fe font formées les venes &
&
que les
de
venes.
venes coro-
naires.
aux bias. Art. bù.
Comment Comment Comment
s'ell
Pouiquoy
les
s'eit
forme formé
le
le rets
& & les
l'entonnoir,
venes
{Page 26g.) admirable. {Page 2jo.)
vailfeau triangulaire.
les tilfus
choroïdes.
artères ne
fe
(/^.)
diftribuent pas tout
mefme façon. [Page 2JI .) Pourquoy vn membre coupe- n'empefche à lait
qui vont
les artères
[Id.)
en
lation.
(Page 2j
Pourquoy
point
la
I .)
les artères
carotides font doubles. (Id.)
circu-
La Description
290 Art. 58.
Pourquoy
vene fpermatique gauche vient de l'emul-
la
gente. [Page 272.)
Art. 39.
Pourquoy
& les epigaftriqucs fe joignent, & les artères au.\ arteies.
mammaires
les
vencs
les
aux
venes,
{Page 2J2.)
CINQUIESME PARTIE. De
formation des parties folides.
la
Art. 60.
Que
Art. 63.
Comment
le nombril cft la dernière partie qui fc forme de la femence. {Page 2j3.) Art. 61. Quelle ell la matière des parties folides. {Page 274.) Art. 62. Comment cette matière commence à compofer les peaux
dos artères. {Id.)
commencent
fe
Art. 64.
Que
les
les
dont
filets
les
membres
compofez. {Page 27S.)
folides font
filets
ont
leurs
racines
le
long des
artères.
{Page 27S.) Art. G3. Quelle ell la raifon qui peut faire croire que les peaux des venes fe forment du fang qu'elles contiennent. {Page 276.) Art. 6ô. Que de la connoillance des parties de la femence on pourroit déduire la figure & la conformation de tous les Art. 67.
membres. {Id.) Cipmment le cœur {Page 277.)
Art. 68.
Comment
Art. 69. Quelle
fe
eft la
vene cave,
font
&
s'augmente
formées
fe
perfectionne.
du cœur. {Page 2~S.)
les fibres
caufe des valvules qui font aux entrées de
& de
la
l'artère veneufe. {Id.)
aux forties de la grande artère & de la vene arterieufe. {Page 27g.) Art. 71. Quelle eft la caufe générale de la production des valvules. {Page 279.) Art. 70.
De
Art. 72.
En quoy
celles qui font
fon Art. 73. D'où
confifte la chaleur
mouvement. {Page vient
la
comment
cieur, &.
le fait
2<S'o.)
&
figure
du la
confiftence
qu'a
le
cœur.
{Page 2 S 2.) Art. 74.
Comment
s'eft
formé
peaux, membranes,
le
&
péricarde,
fupcrficies
&
toutes les autres
du corps. {Page 283.)
LES
PASSIONS DE L'AME
AVERTISSEMENT Les Passions de l'Ame. Par Reué Des Cartes. (A Paris, Chez Henry Le Gras, au troilictne Pilier de la grand' Salle du
L
Palais, à
MDCXLIX. Avec
couronnée.
Privilège du Roy.)
titre du petit in-8, de 286 pages, plus 44 pages non numérotées, qui est le dernier ouvrage de Descartes, imprimé de son vivant. Malgré ce nom d'un libraire de Paris, il venait de Hollande, comme en témoigne cette indication de bon nombre d'exemplaires A Amjîei dam, che^ Louys
Tel est
le
liminaires,
:
El\evier, etc.
accord entre
Marque
les
deux
la
:
Minerve. Seulement, par
libraires, des
suite d'un
exemplaires furent envoyés
en France, et portent l'indication que nous avons mentionnée d'abord.
Descartes était déjà en Suède, lorsque parut cet ouvrage.
Il
en reçut quelques exemplaires avant sa mort et Chanut. exécuteur de ses dernières volontés, en remit un au chancelier ;
Oxenstiern, (lettre du 22 février i65o)\ D'autre part, bution en France se
fit
la distri-
par les soins de l'abbé Picot, à qui Des-
cartes envoya ses instructions à deux reprises, de Stockholm,
4 décembre 1649 et le 5 janvier i65o*'. Le livre avait été déjà distribué en Hollande, et Brasset en reçut deux exemplaires à La Haye, le 26 novembre 1649, un pour lui, l'autre pour sa le
1
filles
Descartes avaita.
Voir
b.
Ibid., p.
t.
il
eu
V, p. 472.
453-4
et p.
c. Ibid., p. 449-451.
469.
le
temps de
revoir
lui-même
les
Avertissement
294
épreuves, avant son départ pour
ou
le 2
septembre
',
et
la
jusque vers
Suède? le
Il
s'embarqua
le i'^
milieu de novembre, deux
mois et demi environ auraient ?uffi pour l'impression mais les voyages entre Amsterdam et Stockholm demandaient du ;
temps, et
peu près certain que
est à
il
épreuves ne furent
les
pas envoyées par l'imprimeur à l'auteur. Sans doute, d'ailleurs,
vues déjà avant de partir.
celui-ci les avait
Il
avait
annoncé
son Traité des Passions pour cet été de 1649, dans une lettre
du
i5
avril,
Morus
à
réponse du 23
juillet)
''.
qui attendait en Angleterre (voir sa Il
annoncé de
l'avait
pondant de France, Carcavi, qui juillet
9
lettres
'^.
Et
l'on s'en
si
même
à
un corres-
l'attendait à Paris, dès le
rapporte à
dernière des quatre
la
imprimées en guise de Préface au commencement du aurait été
Traité, celui-ci
envoyé à Paris
quelle forme Descartes l'envoyait-il ainsi
bien déjà imprimé
?
'
le
En
14 août. Sous
manuscrit, ou
Cette seconde hypothèse paraît
la vraie,
puisque l'ouvrage sort des presses elzéviriennes. Et passa ensuite plus de trois mois, entre cet envoi du et les instructions
4 août,
4 décembre pour la dissans doute le temps qu'il fallut
données à Picot
tribution des exemplaires, c'est
se
s'il
le
pour mettre d'accord les deux libraires de Paris et d'Amsterdam, Henry Le Gras et Louys Elzevier. Descartes non plus ne voulut pas sans doute qu'on distribuât son livre en France, avant d'être bien sûr qu'on
nous avons
dit
que
les
le distribuait
aussi en Hollande
;
et
exemplaires distribués à La Haye,
le
furent le 26 novembre.
ami de Paris, à qui Descartes envoya son Traité, et qui d'ailleurs l'en avait instamment prié plus de Son nom ne se trouve dans aucune des dix mois auparavant
Mais qui donc
était cet
?
quatre lettres qui servent de Préface, 23
juillet et
14 août
1(149.
I^aillet
Clerselier, mais sans dire où a.
Voir
t.
V, p. 41
b. Ibid., p. 344, c.
I.
1
il
(>
nov. et 4 déc. 1648,
nomme
bien,
il
a pris ce renseignement,
.
19-20, et p. 379.
Ibid.^ p. 371, 1.12.
est vrai,
I.
28-3o, p. 38i,l. 2-3.
que
Des Passions.
29^
nous avons reproduit nous-mêmes tout d'abord de confiance ^
Mais maintenant la chose ne nous paraît plus aussi sûre. Descartes annonce bien à Carcavi, dans une lettre du 17 août 1649, qu'il doit envoyer son Traité à un ami, qui se chargera de l'imprimer, et l'on trouve, en ouvrant
le
volume, un AvertiJJement
d'un des amis de l'Autheur, lequel déclare qu'il ne fera point d'autre préface, que de mettre
ici «
les
mefmes
lettres, qu'il luy
»
a cy-devant efcrites, affin d'obtenir cela Je luy». Cela veut
«
dire la permiffion de faire
relevons une inexactitude
lande
;
:
imprimer
» le livre; et
déjà
ici
nnis sans doute Le Gras ne tenait pas à ce qu'on
à Paris.
Or
n'est pas invraisemblable, certes,
il
nous
l'impression avait été faite en Holle sût
que cet ami de
Descartes soit Clcrselier, qui avait donné au public en 1647 '^ volume des Méditations avec les Objedions Q Réponfes en français. Mais ce pourrait tout aussi bien être, par exemple, l'abbé Picot, autre ami de Descartes également, et qui avait aussi publié en 1647 la version française des Principes de la
Phihfophie.
La difficulté, en ce qui concerne Clcrselier, est la suivante. Nous avons une lettre que Descartes lui écrit, «t cette lettre, non datée, nous a paru être de
la fin d'avril
1649^. Descartes
y annonce, expressément, l'impression et la publication prochaine de son Traité. Clcrselier ne lui aurait donc pas écrit là-dessus la lettre du 23 juillet, imprimée avec le Traité et où a. Voir t. V, p. 353-4, note b, p. 363, note a, et p. 392, note c. Raillct s'exprime ainsi: « Il i'avoit fait voir ^^son Traité des Passions) à M. Cler» felicr, qui le trouva d'abord trop au-delfus de la portée du commun, & » qui obligea l'Auteur à y ajouter dequoy le rendre intelligible à toutes »
fortes de pcrfonnes.
»
M.
»
Il
crud entendre
la
voix du Public dans celle de
additions qu'il y fit pour luy plaire, augmentèrent » [La Vie de Monficiir Des-Cartes. l'ouvrage d'un tiers. 1691, t. II, Clerfclier
en
les
.
p. 394.)
du
:
T.
Pour toute
vol.
effet
.
référence, Baillai indique en
(des Lettres), soit p. 353-4 de notre
à Clerselier,
va précisément
publiées en guise de préface.
Tome
V,
p. 353,
1.
17, à p. 354,
:
nous servir à démontrer, qu'il ne 1648 et du 23 juillet 1649,
peut pas être l'auteur des lettres du h nov.
b.
marge pap. 53j, 538, V. Ce passage, adressé
t.
'•
7-
Avertissement
296 il
déclare qu'il
commence
à ne plus efperer » celui-ci, qu'on
«
venait, au contraire, de lui faire espérer prochainement. Et la
réponse de Descartes, du 14 août, ne se comprend pas non plus, après sa lettre antérieure de la fin d'avril, (à
que ces
tefois
comme
qui
lettres,
servent de
moins tou-
préface, n'aient été,
un peu arrangées pour le public). Mais il reste encore une difficulté, de beaucoup la plus grave. Dans la première lettre en tète du volume, datée de Paris, ') nov. 164S. l'ami de Descartes se plaint que celui-ci n'ait pas voulu, avant arrive,
il
de retourner en Hollande, sions,
«
Et, de
qu'on m'a
fait,
lui laisser
voir le Traité des Pas-
que vous avez compolé».
dit, ajoute-t-il,
entre cette lettre et l'envoi du 14 août 1649,
la lettre à Clerselier
de
la
dont
fin d'avril
1649, où
il
est question
prochaine impression de ce Traité, Descartes annonce
qu'il sera
soit
de
ne
Traité'. Or,
paraît pas avoir eu autrement connaissance du
dans
il
augmenté d'un
précisément
la
et
;
il
semble bien que ce
tiers
troisième partie, ajoutée aux deux autres,
philosophe parle
le
tiers
comme
si
son ami
les connaissait déjà.
iVIais cela ne concorde plus du tout avec les Lettres-Préface du
'l'raité
:
dans
bien de revoir
la
seconde, du 4 déc. 1G48, Descartes promet
l'écrit
qu'on
lui
demande,
et d'y ajouter, dit-il,
ce qui sera nécessaire pour le rendre plus intelligible
déclarera, le 14 août 1649, M"'' "Y et sans rien changer au discours.
déclaration avec celle de la
;
mais
il
^ ajouté que peu de choses,
Comment
accorder cette
qui précède
fin d'avril,
?
Tout au
moins doit-on reconnaître qu'elles ne peuvent guère avoir été et si l'une, celle de la fin faites au même correspondant d'avril, s'adresse bien à Clerselier, il faut chercher pour la ;
seconde un autre destinataire, l/abbé Picot, tout désigné la
première ;i.
:
je le
répète, semble
d'autant plus que l'ami de Descartes, auteur de
lettre,
du
(">
nov. 1C4S, cite, pour y répondre, tout
Clerselier ilcvaii coiiiiHitre un peu mieux,
Passions, ne lut-cc que par
soi\
envoyé en Suède pour la reine nUMidcr, avec quelques «.ietails,
semble,
«.c
heau-trcre Chanui. Cltrisiine, et la
qui
;i
n'rtxttit
nouvelle à Paris.
le
Truite des
qui Descaries l'avait pas été sans en
Des un passage de »
Préface,
la
«
Passions.
297
jointe, dit-il,
il
y a deux ans à
la
verfion françoife de vos Principes », Préface adressée, on s'en
souvient, à l'auteur de cette version, qui est précisément l'abbé
Et quel autre encore avait plus d'intérêt à demander, ce qui est le principal objet de cette première lettre, la continuaPicot.
tion des Principes,
que
le
traducteur lui-même, toujours l'abbé
Picot? Enfin on s'explique que Descartes ait pensé, pour distri-
buer en France son ouvrage, à l'auteur de
en somme,
On
la
Préface, à qui,
public était redevable de cette publication.
le
vient de voir qu'avant d'être publié, l'ouvrage avait reçu
quelques modifications, et aussi une importante addition
que Descartes a ajouté, se réduit à sa lettre
que
«
peu de chofes
du 14 août 1649; pourtant, ce ne
le tiers
de
», dit-il
ce
dans
moins
serait rien
l'ouvrage, déclare-t-il à la fin d'avril
;
1649. O*"
y compte, outre la Préface, 78 pages pour la première partie, 126 pour la seconde, et 82 pour la troisième, qui est sans
on
doute
Mais auparavant Descartes
le tiers ajouté.
avait déjà
dû
copier son écrit, et lui-même s'en plaint un peu, pour l'envoyer à la reine Christine de
remercier
pensa un
du 12
(lettre
moment
du 20 nov. 1647)";
déc.
1648)'';
malgré
permission
(lettre
à
de
cela,
pour
le
Descartes
Freinshemius, de
juin iG49)'^; ce qui explique peut-être le refus
Paris, le
an
à le lui dédier, et en tout cas, ne voulut pas
sans sa
publier
le
(lettres
parenthèses, attendit plus d'un
entre
laquelle,
Suède
4 déc. 1648
:
opposé à son ami
l'ouvrage, étant entre les mains d'une
reine, ne lui appartenait plus, et
il
hésitait à en disposer.
avant do l'envoyer ainsi à Christine de Suède,
il
Mais
en avait déjà
remis une copie, laquelle constitue encore une rédaction antérieure, à la princesse Elisabeth''. Cette rédaction, la première
a.
Tome
b.
Ibid., p. 25
c.
V,
p. H7, 1, i.
Ib:d., p. '^63,
Tome
1.
1.
20-1, et p. 91,
6-8, et p. 283, 16, à p. 364,
1.
3-6.
1.
1.
Voir aussi
t.
X,
p. 10,
1.
19-20.
6-8 également.
7.
12-14, et P- 47^-474; P- 3o9-3i3. Voir aussi, pour ce dernier passage, le t.X, p. 602, 1. 26, à p. 6o3, 1 8. d.
IV,
p.
442,
Œuvres. VI.
I.
38
Avertissement.
298
en date, serait de Thiver 1645-46. Kn septembre
octobre
et
1645, Descartes y pensait déjà: il en parla à Chanut et en écrivit même à la princesse Elisabeth; en avril 1646, il put remettre
La princesse Elisabeth
à celle-ci son Traité.
l'emporter avec elle en Allemagne (lettre de
auparavant
du 25
(lettre
avril 1646} elle
juillet 1O46),
en avait
fait
deux
critique, à laquelle Descartes répondit par
même
voulut
'
et
une légère en mai
foi?,
Les remarques de la princesse et les explications du philosophe ne visent que les deux premières parties du Traité, ce qui ferait croire que manquait encore la troisième. En effet, 1646''.
Elisabeth s'en prend d'abord à
que Descarte? répond là-dessus
sions, et ce la
première partie
de
détail, d'après
sages de
Elisabeth
;
Cependant
170 ne parle que
l'art.
d'Elisabeth porte sur {sic)
«
du Traité
de Tlrrefolution
«
une certaine langueur
mais ce sont
;
seconde partie. Et
il
semble
imprimé
le texte
l'aurait
importe, ties, et
le
la
supprimée. Mais,
même
pajfions.
K
:
La Minute de
— N De la
fort raturée de la
»
de plusieurs
120 et 121 de
Descartes
ait
donné
un ne retrouve plus dans le
philo-
pour nous ce qui
et c'est là
Tome
b.
Leures
CDXXXII
c.
Voir
X, p. 10,
IV,
p.
44g, I.
l'inventaire des papiers de
14 février i65o, en la
I.
2-?>, et p.
et I
r
S' De/cartes
I.
l'anie.
i()-20.
t.
IV,
p.
.
407
et p.
Des-
mention
traité des
Une minute
404-403.
CDXXXIV. et
fait
féconde partie du
nature des pajfions de
main dudit
a.
I.
:
langeur
«
Et d'ailleurs, d'autres traces subsistent
trois.
de ces rédactions successives
:
La
Traité, à cette date, n'avait encore que deux par-
non pas
fois
».
remarque
phrase que celle-ci incriminait;
cartes, fait à vStockholm, le
deux
», et la
les articles 119,
même que
satisfaction là-dessus à la princesse
sophe
troisième partie,
la
est bien, en effet, le titre d'un article et
articles la
est question aussi
il
avons-nous cru. Mais nous nous sommes trompés en
art. 170, :
un résumé de
ensuite quelques observations
fait
seconde partie.
la
est
son expérience personnelle, sur certains pas-
d un endroit que nous avons rapporté à cela
générale des pas-
la définition
414.
Des
Passions.
299
Quoi qu'il en soit, nous ne possédons maintenant que le texte imprimé en 1649. Et c'est aussi celui-là que nous reproduirons, en suivant, avec
la
plus scrupuleuse fidélité, l'édition
originale, tant pour la disposition typographique (division par articles,
avec les titres de ceux-ci, non pas en marge, mais au-
dessus du texte), que pour l'orthographe. Celle-ci n'est pas tout à
fait celle
de Descartes
c'est plutôt celle
;
de Louis Elzevier. Mais Descartes
rie
l'a
de l'imprime-
acceptée, puisqu'il a
sans doute revu lui-même les épreuves avant son départ pour la
Suède, 1" ou 2 sept. 1649,
le
texte ayant été
à Paris, le 14 août, déjà tout imprimé. Et en tion de Vi et
du
j,
que
envoyé par
fait,
lui
sauf la ques-
Elzevier distinguent (encore impri-
les
ment-ils en majuscule Je et non pas Je), et celle de Vu et du v qu'ils distinguent
également,
règles que s'était imposées
reste est assez conforme aux
le
philosophe, et dont
le
la principale
consonnes doubles, notamment la concomprene, etc.). Somme toute, en l'absence de
est la suppression des
sonne
[viene,
>!
tout autographe, et réserve faite de quelques petits détails,
nous avons une approximation suffisante de les
mots, adoptée par
philosophe.
le
Ajoutons enfin que
l'édition
publiée en 1649 sous son
nom d'Henry Le
nom
à
originale, de
Amsterdam,
portent en
eflfet
ceci
vendent à Paris che{
:
clie^
la
même
édition, petit in-8,
Ou
bien
:
Elievier,
bien
:
&
fe
Amjîer-
Amjierdam,
&
fe enfin, sans date
Thomas Joly, 16S0. Ou Guillaume Angot. Mais, ajoute Alphonse Wil-
vendent à Paris chei Paris,
et à Paris sous le
A Amjîerdam, par Lovis Henry Le Gras, i65o. Ou
dam, par Lovis Elsevier, i65o.
A
Louis Elzevier,
Gras, se retrouve encore avec d'autres indi-
Certains exemplaires de
cations.
la façon d'écrire
:
lems, à qui nous devons tous ces renseignements Bruxelles, 1880, p. 270),
«
(Z,e5
El{evier,
tandis que les titres' de 1649, au
»
nom
))
elzevirienne, les autres titres que nous venons de citer, ont
»
été exécutés à
de L. Elzevier et de H. Le Gras, sont d'impression
Paris
partie de l'édition à
».
Sans doute Le Gras avait cédé une
deux de ses confrères parisiens. Quant à
Avertissement.
joo partie
la
sée
;
demeurée en Hollande, non plus
velle édition,
{24
ff.
limin., 272 pp., 7
1644, et qui,
obtenu pour
du
texte, le
mais
in-8,
cédente, elle reproduit
de
ne tarda pas à être épui-
elle
donna une nouin-12 Amjîerdatn, i65o
car dès l'année suivante, Louis Elzevier en
ff.
petit
de table,
le privilège
lui-même,
n'était
1
:
f.
blanc).
Comme
la
pré-
publié en tête des Principia
qu'un abrégé du privilège
volume de 1637 ^. Nous donnerons, à la suite fac-similé du frontispice de l'édition de i65o. le
C. A. Nancy, 3o septembre 1907.
a.
Voir
t.
cartes, laissé le texte
VI,
p.
5i5
et p.
en blanc dans
de 1649
:
520 le
;
t.
VIII, p.
i,
note a. Le
prénom de Des-
privilège publié en 1644, a été rétabli dans
René Des Cartes.
A VER TISSEMENT D'VN DES AMIS DE LAVTHEVR. Ce
livre
m ayant
ejlé
avec la permijfjion de telle
le
envoyé par Monficur Des Caries, faire imprimer,
préface que je voudrais, le
me
fuis
&
t/j adjoufler
propofé de n'en
faire point d'autre, Jinon que je metray icy lettres
les
mefmcs
que je luy ay cydevant efcrites afin d'obtenir cela
de luy, d'autant qu'elles contienent pluficurs chofcs dont j'ejîime que le public a interejl d'cflre averti".
LETTRE PREMIERE^ A MONSIEVR
DES CARTES. Monficur, l'avois ejlé bien aife de vous voir à Paris cet eflé der1
5
nier'^, a.
ce]ps,
pource que je penjois que vous y
Nous donnerons, en haut des
efliei^
venu a deffein
pages, la pagination de l'édition pri/i-
avec cette remarque toutefois que, pour les quatre lettres qui suivent,
pages ne sont pas numérotées dans cette édition. C'est pourquoi nous mettrons les numéros entre parenthèses. b. L'auteur de cette lettre paraît être l'abbé Picot. Voir ï Avertissement, les
p.
296-297. c.
Voyage de 1648. Voir
t.
V,
p.
182-229.
Des
^02 de vous
y
arrejîer,
aucun autre
Passions.
& qu'y ayant plus
pour faire
lieu
(i-f).
tefmoigné avoir befoin
de commodité qu'en
les expériences,
d'achever
affin
dont vous ave^
que vous
les traiéle:^
promis au public, vous ne manqueriés pas de tenir
avcT.
vojîr'e promejfe,
Mais vous
m
&que
ave:^
nous
les
tojl
imprime:^.
5
entièrement ojlé cette joye, lors que vous
retourné en Hollande ;
ejîes
verrions bien
& je
ne puis m'abjienir icy de
vous dire, que je fuis encore fafché contre vous de ce que
me
vous n'ave^ pas voulu, avant votre départ, le traité
pofé
|
PaJJîons, qu'on
m'a
dit
outre que, faifant reflexion fur
:
leiies
des
en une préface quifût jointe
il
y
laijfer voir
que vous les
ave:^
com-
lo
paroles que j'ay
a deux ans à la vcr-
fion françoife de vos Principes, où, après avoir parlé J'uc-
cinélement des parties de
la
Philofophie qui doivent encore
eflre trouvées, avant qu'on puiffe recueillir fruicls,
&
fes principaux
'5
avoir dit que vous ne vous défiez pas tant de
vos forces, que vous n'ofafTiez entreprendre de les expliquer toutes, les
fi
vous aviez
la
commodité de
faire
expériences qui font requifes pour appuyer vos raifonnemens
juftifier
",
vous
adjoufle-i^ qu'il
droit à cela de grandes defpenfes, auxquelles
&.
fau-
20
un par-
comme
ticulier
aydé par
le
vous ne fçauroit fuffire, s'il n'clloit public mais que, ne voyant pas que vous ;
deviez attendre cette ayde, vous penfez vous devoir
contenter d'eiludier dorénavant pour voftrc inftrudion particulière;
manquez que ce a.
Voir
t.
p.
309.
que
la pofterité
vous excufera,
à tra|vailler déformais pour
nej'oit
b. Ibid.,\-
Si
elle''
:
fi
vous
je crains
maintenant tout de bon que vousvouley^envier
IX, 2' partie, p. 17, 1. 10-16. 16-22. Voir aussi t. VIII,
—
p.
3i5,
et
t.
IX [seconde partie),
-'5
Préface.
(3-4)-
au public
le rejic
joj
&
de vos inventions,
que nous n'aurons
jamais plus rien de vous, Ji nous vous laijfons fuivre vojlrc inclination. Ce qui ejl caufe que je me fuis propofé de vous tourmenter un peu par cette 5
lettre,
& de me
que vous m'ave^ refufé vojîre Traite des Paflions, en vous reprochant librement
la
négligence
&
que je juge empefcher que vous ne talent, autant
En
oblige. lo
vanger de ce
que vous pouve:^
effeél,
au
rejle des
autres défauts,
faciei^ valoir voflre
que voflre devoir vous
y
je ne puis croire que ce foit autre chofe
que voflre négligence, utile
&
les
& le peu de foin que vous ave-^ d'eflre
hommes, qui fait que vous ne
continue-^
pas voflre Phyfique. Car encore que je comprenefort bien qu
fîeurs i5
impoffible que vous l'achevie?^, fi vous n avc'^ plu-
il ejl
expériences,
&
que ces expériences doivent
eflre
aux frais du public, à caufe que l'utilité luy en rc\viendra, & que les biens d'un particulier n'y peuvent faites
:
le ne croy pas toutefois que ce foit cela qui vous
arrefle,
pource que vous ne pourrie'^ manquer d'obtenir
fuffire
de ceux qui difpojent des biens du public, tout ce que vous io
J'çaurie-^fouhaiter pour cej'ujet, fi vous daignie^ leurfaire
entendre
la
chofe
comme
elle efl,
& comme vous la pourrie^
facilement reprej'enter, fî vous en avie^ la volonté. Mais vous avc^ tousjours vefcu d'une façon fi contraire à cela,
qu'on a Jujet de fe perfuader que vous ne voudrie^ pas 2 5
mefme
recevoir aucune aydc d'autruy, encore qu'on vous
iojj rirait
;
&
neajitinoins vous prétende:^
que
la pojlerité
vous excufera, de ce que vous ne voule:^ plus travailler pour elle,
fur
ce que vous fuppoje^ que cette
neccffaire, 3o
&
que vous ne
ayde vous y
la pouve-^ obtenir.
ejl
Ce qui me
donne fujet de penjer, non feulement que vous
ejles trop
négligent, mais peut eflre auffi que vous n'ave^ pas
affe:^
Des
504
Passions.
(4-01.
de courage pour efpcrer de parachever ce que ceux qui ont leu vos efcrits atlcndenl de vous;
&
que neanltvoins vous
pour vouloir perfuader à ceux qui viendront après nous, que vous n'y ave-^ point manqué par ejîes ajje?^ vain
vojîre faute,
mais pour ce qu'on n'a pas reconnu vojlre
comme on devoit, & qu 'on a en vos dejfeins. En quoyje voy que vertu
5
refufé de vous ajfi/ler vojlre ambition trouve
fan compte, à caufe que ceux qui verront vos efcrits à l'avenir, jugeront, par ce que vous ave-^ publié il y a plus de douje ans, que vous
avie:^
qui a jufques à prefent rejle
'a
& que
vu de vous,
la tout ce
«o
ce qui vous
inventer, touchant la Phyjiquc, ejl moins difficile
que ce que vous en aurie"^
ejlé
trouvé des ce temps
ave'^ desja
expliqué
pu depuis nous donner
du raifonnement humain pour ufages de la
vie,
fans doute
laijfé d'en
en forte que vous
tout ce qu'on peut attendre la
Ji vous avie^ eu la
expériences requifes à cela ;
:
Médecine,
&
les
autres
commodité de faire
& mefme
i5
les
que vous n'ave^ pas
trouver une grande partie, mais
qu'une jujîe indignation contre l'ingratitude \des hommes vous a empefché de leur faire part de vos inventions. Ainji
20
vous penfe-^ que déformais, en vous repofant, vous pourre^
acquérir autant de réputation que Jî vous travaillie-^ beaucoup ; & mefme peut eflre un peu davantage, à eau je
qu'ordinairement
que celuy qu'on
le
bien qu'on poffede ejl moins ejhnié
dejire,
vous veux ojler
le
fans la mériter
:
ou bien qu'on regrete. Mais je
moyen d'acquérir
&
i'>
ainfi de la réputation
bien que je ne doute pas que vous ne
fçachie\ ce qu'il faudrait que vous
euffie-:^
fait, Ji
vous
avie^ voulu eflre aydé par le public, je le veux neanlmoins icy efcrire;
que vous ne
& mefme je feray puiffie-:^
imprimer
cette lettre, affin
prétendre de l'ignorer,
& que,
fi
vous
3o
Préface.
\6-8).
jo^
manque-^ cy après à nous fatisfaire, vous ne vous excufer fur
puijffie-:^^
Sçache^ donc que ce
le fiecle.
plus
n'ejî
pas
pour obtenir quelque chofe du public, que d'en avoir touché un mot en pajfant, en la préface d'un livre, fans dire exprejfement que vous la defire^ & l'attende':^, ny
ajfe-^,
5
expliquer
que vous
les
\
raifons qui peuvent prouver, non feulement
de vous l'accorder, profit. 10
mais
la mérite-^,
On
efl
&
aujfi
qu'on a très grand interejl
qu'on en doit attendre beaucoup de
accouflumé de voir, que tous ceux qui s'ima-
ginent qu'ils valent quelque chofe, en font tant de bruit,
& demandent avec tant d'importunité ce qu'ils prétendent, & promettent tant au delà de ce qu'ils peuvent, que lors que quelcun ne parle de foy qu'avec modeflic, & qu'il ne i5
requert rien de perfonne, ny ne promet rien avec affurance, quelque preuve qu'il donne d'ailleurs de ce qu'il
&
peut, on n'y fait pas de réflexion,
un ne penfe aucune-
ment à luy. Vous
dire:!^
peut ejlre que vojlrc humeur ne vous porte
pas à rien demander, ny à parler avantageufement de vous 2'^
mcfme, pource que l'un fcmble feffe,
&
l'autre d'orgueil.
humeur fc foiblejj'c.
Car \pour 25
fait
doit corriger,
&
cfire
Mais
une marque de baf-
je pretens
qu'elle vient
d erreur
plujhjl que d'une honefîc pudeur ce qui efl des
pour fon propre
demandes,
il n
ya
que celle
&
é^'
de
modeflie.
que celles qu on
bcfoin, à ceux de qui on n a
aucun
droit de rien exiger, de/ quel les on ait fuj et d avoir quelque honte. Et tant s'en faut qu'on en doive avoir de celles qui
tendent à iulilùé
&
au profit de ceux à qui on
qu'au contraire on en peut tirer de 3o
ment
lors qu'on leur a des/a
les fait,
la gloire, principale-
donné des chofes qui valent
plus que celles qu'on veut obtenir d'eux. Et pour ce qui
efi
Des
}o6
Passions.
(s-io).
de parler avantageufement de foy mefme, il ejl vray que c'ejî un orgueil très ridicule & très blafmable, lors qu'on dit
&
de foy des chofes qui font faujfes ;
mefme que
c'efl
une vanité mefprifable, encore qu'on n'en die que de vray es, lors qu'on le fait
par
oflentation,
& fans
qu'il en revienne
aucun bien à perfonne. Mais lors que ces chofes font qu'il importe
ne
les
aux autres de
les fçavoir, il efi certain
peut taire que par une humilité
efpece de lafcheté
&
de foibleffe.
Or
au public d'eflre averti de ce que vous fciences, affin que,
jugeant par
la
vicieufe, il \
qui
5
telles
qu'on
eft
une
importe beaucoup
avey^
trouvé dans
de ce que vous
les
lo
y pouve:^
encore trouver, ilfoit incité à contribuer tout ce qu'il peut
pour vous y ayder, comme à un travail qui a pour but le bien gênerai de tous les hommes. Et les chofes que vous données, à fçavoir les vérités importantes que
ave-[ desja
i5
vous ave:^ expliquées dans vos efcrits, valent incompara-
blement davantage que tout ce que vous fçauriei^ demander
pour
ce fu jet.
Vous pouve:^ dire fans qu'il foit
auffî
que vos œuvres parlent
befoin que vous
y
les vanteries, lefquelles, efîant
adjoujlie:;^ les
affe-^,
promejfes
&
20
ordinaires aux Charlatans
qui veulent tromper, femblent ne pouvoir ejlre bienfeantes à un
homme d'honneur qui
Mais
ce qui fait
pas que
& les
les
bonnes,
que
Charlatans font blafmables,
c'eJî feulement qu'elles font fauffes,
deve-}^
:
au
lieu
\
efcrits,
que toutes
feance vous permettent de
y
neft.
&
25
qu'ils ne
que celles que Je preteris que
dire de vous, font fi vrayes,
prouvées par vos
rite vous
la vérité.
chofes qu'ils difent d'eux meftnes font grandes
peuvent prouver
vous
les
cherche feulement
& fi
les règles
les affurer;
&
évidemment de
la bien -
celles de la cha-
obligent, à caufe qu'il importe
aux autres de
3o
Préface.
('o-ii).
Car encore que
fçavoir.
les
regard de ceux qui
5
ne
&
lire,
&
au
qui font
toutefois cela ne fuffît pas
pour
à caufe qu'un chacun
aye?^,
que ceux qui manient
les affaires
le loifir.
peut ejlre bien que quelcun de ceux qui
les ont Icus leur en
;
quoy qu'on leur en puiffe
inais,
qu'ils fçavent
que vous
faites,
&
la
Il
arrive
dire, le peu de bruit
trop grande modeflie
que vous ave^ tousjours obfervéc en parlant de vous, ne
permet pas
qu'ils
facent beaucoup de reflexion. Mefme,
y
à caufe qu'on ufe fouvent auprès d'eux de tous les
les
termes
plus avantageux qu'on puiffe imaginer, pour louer des
perfonncs qui ne font que fort médiocres, i3
ajfe-^,
publiques n'en peuvent gueres avoir
parle
to
:
que Je veux que vous
peut pas
les
vos efcrits parlent
examinent avec foin,
les
capables de les entendre le deffein
^o?
fujet de pren\dre
les
n ont
ils
pas
louanges immenfes, qui vous font
données par ceux qui vous connoiffent, pour des ventés bien exacles.
mefme,
&
Au
lieu que, lors
qu'il dit
que quelcun parle de foy-
des cliofes très extraordinaires, on
l'efcoute avec plus d'attention, principalement 20
un
c'ejl
homme
de bonne naiffance,
&
qu'on fçait
point d'humeur ny de condition à vouloir faire tan.
Et pourcc qu
il fe
rendrait ridicule
lors
le
s'il ufoit
que
ne /Ire
Charla-
d'hyper-
boles en telle occajîon, fes paroles font prifes en leur vray
fens; 25
&
invités
ceux qui ne
par leur
fî elles font
eu au
les
&
qui
grand
par leur
jaloufie,
à examiner
inlerejî de fçavoir, qu'il n'y a jamais
feul {au moins dont nous ayons les
ait defcoiivert
premières
pas croire, font au moins
Ce /l pourquoy efîant très-certain, & le
monde que vous
efcrils),
3o
curiojité, ou
vrayes.
public ayant
les veulent
caiifes
les vrais principes,
de tout ce qui
ejl
produit en
&
reconnu
la nature,
qu'ayant desja rendu raifon. par ces principes, de toutes
Des Passions.
jo8 les
&
chofes qui paroijjent
ment dans
le
monde,
(m-iîj.
s'obfervent
le
plus com\mune-
vous faut feulement avoir des obfer-
il
pour trouver en mefme façon qui peut efire utile aux hommes en
vations plus particulières,
de tout ce
les raifons
cette vie,
&
ainji nous
fance de
la
nature de tous
donner une
très parfaite connoif-
5
minéraux, des vertus de
les
toutes les plantes, des propriétés des
& généraMédecine & les
animaux,
lement de tout ce qui peut fervir pour
la
autres arts. Et enfin que, ces obfervations particulières ne
pouvant
eflre toutes faites en
peu de temps fans grande
defpenfe, tous les peuples de la terre
contribuer,
&
tante,
comme
à laquelle
à la chofe du
efcrits
&
que vous ave^
devroient à l'envi
monde
pouvant
desj'a
affe-^
eflre
expreffement dans tous
y
prouvé par
&
le
de vos livres,
les titres
d'examiner ce qui en
&
efî
& d'autant
;
les le
mettre Jt qu'il ne
avoir perfonne qui lignorafl.
vous fcricT^ au moins d'abord naifire
roient davantage,
plus impor-
fait imprimer, vous devrie:^
dire fi haut, le publier avec tant de foin,
pujl dorénavant
la
ont tous égal interefî. Cela, dis-je,
ils
eflant très certain,
y
lo
5
Ainf
l'envie à
plufeurs
qu'ils s'en
enquere-
\
\
'
20
liraient vos efcrits avec plus de foin,
ddutant connoiflroient
ils
plus clairement, que vous ne
vous feric:!^ point vanté à faux.
Et
il
y a principalement
trois points,
vous fiffie\ bien concevoir à tout qu'il
y
a une infinité de chofes
le
'a
que je voudrois que
monde. Le premier
efl,
25
trouver en la Phyfque,
qui peuvent eflre extrêmement utiles à la vie
;
le
fécond,
qu'on a grand fu jet d'attendre de vous l'invention de ces chofes;
&
le troifieme,
que vous en pourre:^ d'autant plus
trouver, que vous aure:^ plus de commodité'^
quantité d'expériences. Il
ejî
pour faire
à propos qu'on foit averti du
3o
Préface.
('3->i).
^09
premier point, à caufe que la plus part des hommes ne penfent pas qu'on puijje rien trouver dans les fciences qui vaille
s
mieux que
les anciens,
&
me/me que plujieurs ne conçoivent point ce que cejl que la Phyjique, ny à quoy elle peut fervir. Or il ejl aifé de prouver que le trop grand re\fpeél qu on porte à l'antiquité, e/l
une erreur qui prejudicie extrêmement à l'avan-
cement des fciences. Car on de 10
par
ce qui a ejîé trouvé
&
V Amérique,
que
les
peuples fauvages
aujji plujieurs autres
qui habitent des
voit
lieux moins éloignés, ont beaucoup moins de commodité:^
&
pour
la vie
dune
origine aujji ancienne que la nojîre
que nous n'en avons,
toutefois qu'ils font :
en forte qu'ils
ont autant de raifon que nous de dire qu'ils fe contentent
de i5
la fagcfje
de leurs pères,
& qu'ils ne
perfonne leur puijje rien enfcigner de meilleur, que ce
&
qui a ejlé fceu
Et
pratiqué de toute antiquité
cette opinion efl fi préjudiciable que,
ne la quitte point,
il efl
les
parmy
voit on
peuples en l'efprit de/quels elle
pendant qu'on
par expérience, que
efl le
plus enracinée,
font ceux qui font demeure'^ les plus ignorans rudes. Et pource qu elle efl encore
nous, cela peut fervir de raifon
faut beaucoup
eux.
certain qu'on ne peut acquérir
aucune nouvelle capacité. Auffi 20
croyent point que
affev^
&
les
fréquente
pour prouver, qu
plus
parmy il s
en
que nous ne fçachions tout ce que nous j
î5
fommes capables de fçavoir. Ce qui peut auffi fort clairement ejlre prouvé par plujieurs inventions trcs utiles,
comme font
l'ufage de la bouffole,
lunettes d'approche,
& jémhlables,
qu'aux derniers ficelés, bien qu Zo
a/fe?^
le
faciles à
l
art d'imprimer,
les
qui n'ont efie trouvées
elles
femblent maintenant
ceux qui les fçavcnt. Mais
il
n
y a rien en quoy
befoin que nous avons d'acquérir de nouvelles connoif-
.
Des
jio
Passions.
('5-t7^.
fances, paroijje mieux qu'en ce qui regarde la Médecine.
Car
bien qu'on ne doute point que
Terre de toutes
les
Dieu
n'ait
pourvu
chofes qui font necejfaires eux
cette
hommes
pour s'y conferver en parfaite fanté jufques à une extrême vieil lejfe; & bien qu'il n'y ait rien au monde Jî defîrable que
la
connoiffance de ces chofes, en forte qu'elle a eflé
autrefois la principale efiude des Rois
fois l'expérience montre qu'on
quefouvent on
l'avoir toute,
maux, que tous \noiflre,
les
& qu'ils
efl
efi
leur art,
&
la
Sages
:
toute-
encore fi éloigné de lit
par de petits
plus fçavans Médecins ne peuvent con-
lo
ne font qu'aigrir par leurs remèdes lors-
En quoy
le
défaut de
befoin qu'on a de le perfeéîionner, font Ji
le
evidens, que,
& des
arreflé au
qu'ils entreprenent de les chajfer.
que
5
pour ceux qui ne conçoivent pas
Phyftque,
il
fuffit
de leur dire qu'elle
ce que c'efi
efl la
fcience
i5
qui doit enfeigner à connoiflre fi parfaitement la nature de l'homme, &de toutes les chofes qui luy peuvent fervir d'ali-
mens ou de remèdes, qu'il luyfoit ayfé de s'exempter par fon moyen de toutes fortes de maladies. Car, fans parler de fes autres ufages, celuy-la feul efi afie^ important, pour obliger
les
plus infcnfibles à favorifer
les deffeins
20
d'un
homme, qui a desj a prouvé, par les chofes qu'il a inventées, qu'on a grand fuj et d'attendre de luy tout ce qui refie encore à trouver en cette fcience
Mais
il efi
principalement befoin que
que vous ave^ prouvé cela de vous. Et à faire que vous
&
que vous
|
facie':^
le
monde fcache
cet effeéî il efi necef-
un peu de violence à vofire humeur,
chafjie-^ cette
trop grande modefiie, qui vous
a empefché jufques icy de dire de vous
&
des autres tout
ce que vous efies obligé de dire. le ne veux point
vous commettre avec
25
les
Doéîes de ce fiecle
:
la
pour
cela
plus part de
3o
;
Préface.
(17-19).
3 1 r
ceux au/quels on donne ce nom, àfçavoir tous ceux qui cultivent ce qu'on appelle
communément
les belles lettres,
&
tous les lurifconfultes, n'ont aucun interejl à ce que je
pretens que vous deve:^ dire. Les Théologiens 5
&
aujffi
Médecins n'y en ont point, fi ce n'efl en tant que Philofophes. Car la Théologie ne dépend aucunement de la Phyfique, ny mefme la Médecine, en la façon quelle
aujourd'huy pratiquée par dens en cet art 10
les
les
:
les
plus doéles
&
les
ilsfe contentent de fu ivre les
maximes ou
règles qu'une longue expérience a enfcignées,
juefprifent pas tant la vie des
jugemens, de[quels fauvent
mens incertains de que
donc
les
la
&
ils
hommes, que d'appuyer
elle
efi
plus pru-
ne
leurs
dépend, fur les raifonne-
Philofophie de l'Efcole. Il ne refic
Philofophes, entre le/quels tous ceUx qui ont
I
1
5
& feront tres-ayfes de
de l'efprit font desja pour vous,
que vous produifie/^
la vérité
gnité des Pedans ne
la puiffe
voir
en telle forte, que la malj-
opprimer.
De façon
que ce ne
font que lesfeuls Pedans, qui fe puiffent offenccr de ce que vous 20
aure-:^
de tous
les
à dire;
& pource qu 'ils font
la rifée
& le mefpris
plus honncfies gens, vous ne deve:^ pas fort vous
foucier de leur plaire. Outre que vofire réputation vous les
&
a desja rendus autant ennemis qu'ils fçauroient efire
au
lieu
que vofire modefiie
efi
caufe que maintenant
quelques uns d'eux ne craignent pas de vous attaquer, je ^3
m'affure que, fi vous vous faifiei^ autant valoir que vous pouve-:^ & que vous deve:^, ilsfe verroient fi bas au deffous
de vous, qu'il n'y en auroit aucun qui n'eufi honte de l'entre-
prendre, le ne voydonc point qu'il y ait rien qui vous doive
empcjcher de publier hardiment tout ce que vous juger e:^ 3o
pouvoir fervir à vofire deffein ; plus
utile,
que ce que vous
& rien
ne mefemble
ave:^ desja
y
mis en une
eflre lettre
^
Des Passions.
2
1
(j9-»o).
adrejjée au R. Père Dinet, laquelle vous fi/le s imprimer il y a fept ans, pendant qu'il ejioit Provincial des le fuites
de France.
Non
ibi, difie^
vous en parlant des EJfais que vous
unam
publie'^ cinq ou fix ans auparavant,
avicT^
aut alteram,
fed plus fexcentis quaeftionibus explicui, quae
lie
5
à
nuUo ante me fuerant explicatse ac quamvis multi hadenus mea fcripta tranfverfis oculis inlpexerint, modifque omnibus refutare conati fint, nemo tamen, quodfciam, quicquam non verum potuit in iis reperire. Fiat enumeratio quaeflionum omnium, quae in tôt ;
faeculis,
quibus
Philofophise vi^erunt, ipfarum
aliae
& forte nec
tam
tam illuftres invenientur. Quinimo profiteor ne unius quidem ope principiorum Peripatequaeftionis folutionem ticae Philofophiae peculiarium, datam unquam fuiffe, quam non poffim demon|ftrare efle iliegitimam & falfam. Fiat periculum proponantur, non quidem omnes (neque. enim opérée pretium puto multum temporis ope
folutae funt
:
lo
multae, nec
,
i5
:
ea in re impendere), fed paucse aliqucC felediores, ftabo promiffis, Ainfi,
&c.^
malgré toute
20
^
vofire modefiie, la force de la vérité
vous a contraint d'efcrire en cet endroit
la,
que vous
avie:^
desja expliqué dans vos premiers EJfais, qui ne contienent
&
Météores, plus de fix cens qucfiions de Philofophie, que perfonne avant vous n'avoit quafi que la Dioptrique
les
2i
fceu fi bien expliquer; & qu'encore que plufieurs eufi'ent regardé vos efcrits de travers, & cherché toutes fortes de
moyens pour perfonne a.
Voir
t.
y
les réfuter,
eufi encore
VII,
p.
579,
1.
vous nefçavie^ point toutefois que
pu
rien
21, à p. 58o,
remarquer qui ne fufi pas 1.
7.
3o
Préface.
(20-22).
}
i
j
A quoy
vous adjoujîe\, que fi on veut conter une par une les quefiions qui ont pu efire refolués par toutes les vray.
autres façons de philofopher, qui ont eu cours depuis que
monde cfi, on ne trouvera peut efire pas qu'elles foient en fi grahd nombre, ny fi notables. Outre cela vous le
5
|
par
ajfure-^ que,
les principes
quifont particuliers à
lofophie qu'on attribué' à Arifiote,
enfeigne maintenant dans
trouver lo
fie:^
vraye folution d'aucune quefiion;
il
y
ait efié fi bien
efié
& vous
Phi-
qu'on
la feule
on n'a jamais
fce u
defie:^
nommer
quel-
refolué par eux, que vous ne puif-
monfirer aucun erreur en leur folution.
ayant
5
les Efcoles,
expreffement tous ceux qui enfeignent, d'en
cune qui
1
la
& qui efi
la
Or
efcrites à un Provincial des lefuites,
a desja plus de fept ans,
il
ces chofes
& publiées
n'y a point de doute que
quelques uns des plus capables de ce grand corps, auroient tafché de les réfuter, fi elles nefioient pas entièrement vrayes, ou feulement fi elles pom lient efire difputées avec
quelque apparence de raifon. Car, nonobfiant
peu de
le
bruit que vous faites, chacun fçait que vofire réputation 2o
efi desja fi
que ce
grande,
& qu
ils
ont tant d'interefi a maintenir
qu'ils enfeignent n' efi point mauvais,
vent dire qu'ils l'ont négligé. afie^, qu'il
\
foit douteux; 25
Mais
qu
ils
ne peu-
tous les doclcs fçavent
n'y a rien en la Phyfique de l'Efcole qui ne
&
ils
fçavent auffi qu'en
douteux, n'efigueres meilleur qu
fcience doit efire certaine
'efire
telle
matière efire
faux, à caufe qu 'une
& démon /irative: de façon qu'ils
ne peuvent trouver efirange que vous aye:^ ^JJ^^^ ^"^ ^^-'"^ Phyfique ne contient la vraye folution d'aucune que/lion ; car cela ne fignifie autre chofe, finon qu'elle ne contient 3o
la
demonfiration d'aucune vérité que
Et fi quelcun d'eux examine vos Œuvres. VI.
efcrits
les
autres ignorent.
pour
les réfuter, il 40
Des Passions.
JI4
(32-24
trouve, tout au contraire, qu'ils ne
contienent que des
demonjîrations, touchant des matières qui ejîoient aupa-
ravant ignorées de tout
fages
&
taifent
comme
avifés
ils
monde. C'eji pourquoy,
le
font, je ne m'ejîonne pas qu'ils Je
mais je m'ejionne que vous
;
ejiant
encore daigné
n'aye-:^
3
aucun avantage de leur Jîlence, à caufe que vous ne fçaurie:^ rien fouhai ter qui face mieux voir combien votre tirer
Phyfique diffère de
remarque leur
Et
celle des autres.
différence, affin que la
que ceux qui font
dans
employé':!^
fiffent le mieux, ont
il
importe qu'on
mauvaife opinion
\
les affaires,
couflume d'avoir de
n'empefche pas qu'ils ne connoifjent
le
la
& qui y reuf-
lo
Philofophie,
prix de
la vojîre.
Car ils ne jugent ordinairement de ce qui arrivera, que par ce qu'ils ont desja vu arriver; & pource qu'ils n'ont jamais aperceu que fruit de
la
le
public ait recueilli aucun autre
Philofophie de
l'
quantité d'hommes Pedans,
Efcole , finon qu'elle a rendu
ils
ne fçauroient pas imaginer
qu'on en doive attendre de meilleurs de n'efl
i5
la vofire, fi ce
qu'on leur face confiderer que celle cy efîant toute
vraye,
&
l'autre toute fauffe, leurs fruits doivent ejlre
entièrement differensTEn
effeéJ,
c'ef un grand argument,
pour prouver
qu'il n'y a point de vérité en la Phyfique de
rEfcole,
de dire qu'elle
qire
^ 20
efï infîituée
toutes les inventions utiles à la vie,
&
pour enfeigner que neantmoins,
bien qu'il en ait efie trouvé plufeurs de temps en temps, ce
moyen de cette Phyfique, mais jéulement par hafard & par ufage, ou bien,f quelque fcience y a contribue, ce n'a eflé que la Mathématique : & elle eft n'a jamais ejlé
par
le
|
aufji la feule
ait
de toutes lesfciences humaines, en laquelle on
cy-devant pu trouver quelques vérité^ qui ne peuvent
cfîre mifes en doute. le fçay bien
que
les
Philofophes
la vcu-
3o1
Préface.
(ï4-î6)-
j i ^
lent recevoir pour une partie de leur Phyjique; mais pource qu'ils l'ignorent
prefque
tous,
& qu'il n 'ejîpas
vray qu'elle
Phy-
en foit une partie, mais au contraire que la vraye
jique 5
eji
une partie de
la
Mathématique, cela ne peut tien
faire pour eux. Mais la certitude qu'on a desja reconnue
dans
la
Mathématique, fait beaucoup pour vous Car ceji .
une fcience en laquelle
&
il ejï fi
confiant que vous excelle^,
vous ave:^ tellement en cela furmonté l'envie, que ceux
mefme qui font jaloux de l'efime qu'on fait de vous pour 10
les
autres fciences, ont coufiume de dire que vous furpaffei^
tous les autres en celle cy, affin qu'en vous accordant une
louange qu'ils fçavent ne vous pouvoir efire difputée, foient moins foupçonne:^ de calomnie lors qu'ils
de vous en ojîer quelques autres. Et on 1
5
ave:^
publié de Géométrie, que vous
jufques
où. l'efprit
humain peut
ils
tafchent
voit, en ce
que vous
y détermine-:^ tellement
aller,
&
quelles font les
folutions qu'on peut donner à chaque forte de difficulté^, qu'il femble les 2o
que vous ave:^recueilly toute
la moiffon,
dont
autres qui ont efcrit avant vous ont feulement pris
quelques
efpis,
qui n'ejîoient pas encore meurs,
qui viendront après ne peuvent ejîre que
& tous ceux
comme
des gla-
neurs, qui ramafferont ceux que vous leur ave:^ voulu laijfer.
prompte 2 5
Outre que vous
& facile
ave:^
de toutes
monftré
les quejîions
par
la folution
que ceux qui vous
ont voulu tenter ont propofées, que la Méthode dont vous ufe-^
à cet effeéî eft tellement infallible, que vous ne
que'^ jamais
de trouver par fon moyen, touchant
trouver.
De façon
que,
// j
chofes
humain peut
pour faire qu'on ne
puijje douter,
Phyjique en fa derfaut feulement que vous prouvie^,
que vousfoye:^ capable de mettre nière perfeéîion,
les
man-
l'efprit
que vous examine":^, tout ce que
3o
,
la
5
j
Des
là
Passions.
(^6-27).
qu'elle n'ejî autre chofe qu'une partie de la
Et vous
l'ave":^
Mathématique.
desja tres-clairement prouvé dans vos Prin-
y expliquant
cipes, lors qu'en
fans rien conjiderer que
mouvemens, vous
ave"^
toutes les qualite':^fenjibles,
grandeurs,
les
les
monfirê que ce monde
&
les
qui
efi
figures vifible,
5
tout l'objet de la Phyfique, ne contient qu'une petite partie
des corps infinis, dont on peut imaginer que toutes les pro-
ne confifient qu'en ces mefmes chofes,
priété"^
ou
au
que l'objet de
lieu
qualité-:^
Mathématique les contient tous. efire prouvé par l'expérience de tous la
Le me/me peut aujfi les fiecles. Car encore
qu'il
y
ait eu de tout temps
10
plu-
qui Je font employé^ à la Phyfique, on ne fçauroit dire que jamais
fieurs des meilleurs efprits,
recherche de la
perfonne y ait rien trouvé [c'efi à dire foit parvenu à aucune vraye connoijfance touchant la nature des choj'es
i5
corporelles) par quelque principe qui n'appartiene.pas à la
Mathématique.
Au
lieu que,
par ceux qui
on a desja trouvé une infinité de chofes
lui appartienent, tres-uliles,
I
àfça-
voir prefque tout ce qui efi connu en l'Afironomie, en la
Chirurgie, s'il
&
en tous
y a quelque
fcience,
il n'
efi
les arts
Mechaniques ; dans
lej'quels
20
chofe de plus que ce qui appartient à cette
pas
tiré
d'aucune autre, mais feulement de
certaines obfervations dont on ne connoifi point les vrayes caufes.
Ce qu'on ne fçauroit
confiderer avec attention, fans
efire contraint d'avouer que, c'efi
par
la
Mathématique
feule qu'on peut parvenir à la connoijfance de
la
2
vraye
Phyfique. Et d'autant qu'on ne doute point que vous n'excellie^ en celle-là, il n'y a rien qu'on ne doive attendre de vous en celle-cy. Toutefois
il
rcfie encore un
peu de fcru-
pule, en ce qu on voit que tous ceux qui ont acquis quelque
réputation par
h
Mathématique, ne font pas pour cela
3o
Préface.
'7 -îg-
217
capables de rien trouver en la Phyjîque,
quelques uns d'eux comprenent moins
les
& me/me
que
chofes que vous
en avei efcrites, que plujîeurs qui n ont jamais cy devant
appris aucune fcience. Mais on peut refpondre à cela, que 5
bien que fans doute ce foient ceux qui ont lefprit
plus
le
\
propre à concevoir entendent
le
les vérités
de
Mathématique
la
,
qui
plus facilement vojlre Phyjique, à caufe que
tous les raifonnemens de celle-cy font
iire:^
de l'autre
:
il
n arrive pas tousjours que ces 10
deflre
les
mefmes ayent la réputation plus fçavans en Mathématique. A caufe que,
pour acquérir
plufpart ne font pas
tafchent i5
il efl
befoin d'efîudier les
ceux qui ont desja efcrit de cette fcience, ce que
livres de la
cette réputation,
& fouvent ceux
;
qui
les ejludient^
d obtenir par travail ce que la force de
leur efprit
ne leur peut donner, fatiguent trop leur imagination,
mefme jugés.
la bleffent,
Ce
&
&
acquerent avec cela plufieurs pré-
qui les empefche bien plus de concevoir les vérités
que vous efcrive^, que de paffer pour grands Mathématiciens: à caufe qu'il y a fi peu de perfonnes qui s'appliquent 20
à cette fcience, que fouvent
&
encore que quelquefois
il
il
n'y a qu'eux en tout un
y
fent pas de faire beaucoup de bruit, qu'ils fçavent leur a couflé
d autres,
en ait I
ils
pays ;
ne laif-
d'autant que le
beaucoup de peine.
Au
peu
refle, il
nefl pas malayfé de concevoir les vérités qu'un autre a 2
5
trouvées;
il fuffît
à cela
fortes de faux préjugés,
d avoir lefprit dégagé de toutes & d'y vouloir appliquer afjé-^fon
allcnlion. Il n'ejî pas auffi fort difficile d'en rencontrer
quelques unes detacfées des autres, ain/i qu'ont fait autrefois
3o
Thaïes, Pyihagore, Archimede,
Gilbert, Kepler, Galilée, Harvejus,
& en nofîre fiecle & quelques autres.
Enjjn on peut, fans beaucoup de peine, imaginer un corps
Des
}i8
Passions.
de Philofophie, moins monjlrueux, jeùlures plus vrayfemblables, que n efcrits
d Arijiote
ïq-si.
& appuyé fur celuy
ejl
quon
tire des
par quelques uns
ce qui a ejié fait aujfi
;
des con-
en ce Jiecle. Mais den former un qui ne contiene que des vérité:^
prouvées par demonjîrations
aujji claires
&
auffi
5
certaines que celles des Mathématiques, çeji chofe Ji difficile
& firare,
monde a
desja duré,
ave-^fait voir
bout.
que, depuis plus de cinquante fîec les que le
par
vos
Mais comme
&
fondemens,
grand
il
ne sefl trouvé que vous feul qui efcrits
\
lors
que vous en pouve:^ venir à
quun Architecîe
a pofé tous
lo
élevé les principales murailles de quelque
bafîiment, on ne doute point quil ne puiffe conduire
fon deffeinjufques à fait ce qui efioit
le
la fin, à
plus
caufe
quon
difficile lainfi
voit
qu
il
vous y ave?^ pofé
les fondemens
& combien font grandes
a desja
ceux qui ont leu avec
attention le livre de vos Principes, confiderans
relle,
les
de toute
la
les fuites
comment
i5
Philofophie natu-
de
vérité-^
que vous
en ave'^ déduites, ne peuvent douter que la Méthode dont vous
ufei^
nefoitfufifante, pour faire que vous achcvie:^ de
trouver tout ce qui peut eflre trouvé en
que
que vous
les chofes
ave'^
la
de tout ce qui paroifl dans
eflre
moins
les
l'eau,
de la terre,
deux, ne femblent point
que celles qui peuvent encore
difficiles,
eflre 25
defirées.
Toutefois
il
faut icy adjoufler que, tant expert quun
Archilecle foit en fon art, \
bajbmcnt qu ejlre
il
il ejl
a commencé, fi
employé':^ luy
les
impoffible qui! achevé le
matériaux qui doivent
manquent. Et en mefme façon
:
y
que
tant parfaite que puiffe eflre vojlre Méthode, elle ne peut
faire que
20
desja expliquées, à fçavoir la
nature de Faymant, du feu, de lair, de
&
Phyfique : a caufe
l'ous pourjuivie:^
en l'explication des cauj'es naiu-
^0
Préface.
3"-33.
^19
Jî vous- n'ave^point les expériences qui font rtquifes déterminer leurs effets. Ce qui ejl le dernier des trois
rclle.s,
pour
points que je croy devoir ejire principalement explique-^,
hommes ne conçoit pas combien ces expériences font neceffaires, ny quelle dépenfe y efi requife. Ceux qui, fans for tir de leur cabinet, ny jetter à caufe que la plus part des
5
les
yeux
ailleurs que fur leurs livres, entreprenent de dif-
courir de la nature, peuvent bien dire en quelle façon
auroient voulu créer 10
la
charge
&
le
le
ils
monde, fi Dieu leur en avoit donné
pouvoir, cefl a dire
peuvent efcrire des
ils
Chimères, qui ont autant de rapport avec lafoibleffe de leur efprit,
fance
que l'admirable beauté de
auteur ; mais, à moins que
infinie de fon
|
efprit vraiment divin, •
"5
mefmes une
Univers avec
cet
ils
la
puif-
d avoir
un
ne peuvent ainfi former d'eux
idée des chofes, qui foit femblable a celle que
Dieu a eue pour
les créer.
Et quoy que
vofire
Méthode pro-
mette tout ce qui peut efire efperé de l efprit humain, tou-
chant la recherche de
la vérité
dans lesfciences,
elle
ne pro-
met pas neantmoins d enfeigner à deviner, mais feulement à 20
déduire de certaines chofes données toutes
peuvent en
cJlre déduites;
& ces chofes données,
fique, ne peuvent eflrc que des expériences.
2 5
en la
Mefme à
caufe
:
&
qu'on fait fur
qui ne dépendent que de
la reflexion
chofes qui fc prefcntenl au fens d'elles
les
qui
Phy-
que ces expériences font de deux fortes
unes faciles,
mefmes ;
les
les
autres
plus rares
ne parvient point fans
quelque
& difficiles, auxquelles on efludc & quelque defpenfe
:
que vous
avei^ desja
pouvoir îo
les vérités
mis dans vos efcrits tout ce qui femble
eflre déduit des expériences faciles,
de celles des plus rares que vous livres.
on peut remarquer
Car
!
outre que vous
y
ave:^
ave':^
& mefme
aufji
pu apprendre
des
expliqué la nature de
po
Des
to utes les qualités les
de
de l'eau,
l'air,
&
les
& de tous
cette terre,
deux, de toutes
les
eflé
les
corps
comme du feu,
de quelques autres, vous
rendu raifon de tout ce qui a
dans
33-34.
qui meuvent lesfens,
communs fur
qui font
plus
Passions.
y
ave^ auffi
obfervé jufques à prefent
propriétés de l'aymant,
plufieurs obfervations de la Chymie.
De façon
& de
5
qu'on n'a
point de raifon d'attendre rien davantage de vous, touchant
que vous aye^ davantage d'expé-
la Phyfique, jufques à ce
riences, defquelles vous pui^e:^ rechercher les caufes.
je ne m'efionne pas que vous ces expériences à vos defpens.
n'entrepreniez point
Car je fçay que
la
Et
de faire
10
recherche
des moindres chofes coufîe beaucoup; &, fans mettre en
conte les Alchemifles, ny tous les autres chercheurs de Jecrets, qui ont coufîume defe ruiner à ce meflier,fay ouy
dire que la feule pierre d'aymant a fait defpendre plus de
cinquante mil efeus à Gilbert, quoy qu'il fujl tres-bon efprit,
comme
\premier qui a découvert
il
homme
a monflré, en ce qu'il a eflé
les principales propriété:^
pierre. l'ay vu aufji /'Inftaurio
ejire,
de le
de cette
magna & le Novus
du Chancelier Bacon, qui mefemble
'5'
Atlas
de tous ceux qui
20
ont efcrit avant vous, celuyqui a eu les meilleures penfées
touchant la Méthode qu'on doit tenir pour conduire la
Phyjique à fa perfeélion ; mais tout le revenu de deux ou trois Roys, des plus puifjans de la terre, ne fuffiroit pas
pour mettre en exécution
toutes les chofes qu'il requert à
25
cet effcél. El bien que je ne penfe point que vous aye-;^ befoin
de tant de fortes d'expériences qu'il en imagine, à caufe
que vous pouve^fuppléer à plujieurs, tant par vojlre adreffe que par la connoiffancc des vérités que vous vées
:
toutefois,
confdcrant que
le
ticuliers qui vous refient encore a
avcT^ desja trou-
nombre des corps parexaminer
efl
prefque
3o
Préface.
(34-36).
infini; qu'il n'y en a
priétés,
&
pour y employer
de plujieurs
Méthode,
n'ait ajfe^ de diverfes
dont on ne puiffe faire
d'efvreuves,
3
aucun qui
}2î
j
hommes ;
il ejl
grand nombre
ajjfe^
tout le loifir
pro-
& tout le
travail
que, fuivant les règles de vojîrc
me/me temps
befoin que vous examinie:^ en
toutes les chofes qui ont entre elles quelque affinité, affin
&
de remarquer mieux leurs différences ,
denombremens qui vous
pouve^ ainji
affurent, que vous
utilement vous fervir en un 10
de faire des
me [me temps
de plus de di-
verfes expériences, que le travail d'ur trcs-grand
&
d'hommes addroUs n'en fçauroil fournir ;
hommes
vous ne fçaurie^ avoir ces
i5
f quelques
tement employer,
ne s'affujettiroicnt pas
vos ordres,
&
enfin, que
addroils qu'à force
d'argent, à caufe que, ils
nombre
uns s'y vouloicnt gratuiajfe:^
àfuivre
ne feroient que vous donner occafon de
perdre du temps
:
conjîderant, dis je, toutes ces chofes, je
comprens ayfement que vous ne pouve'^ achever dignemenl le dejfein
ave-^
plantes, les animaux,
vous
y
commencé dans
vos Principes, c'ejl
expliquer en particulier tous
à dire, 20
que vous
ave"^ desja
&
l'homme, en
expliqué tous
les
les
les-
mefmc façon que e le mens de la terre, & la
tout ce qui s'obferve dans les deux, Ji ce n
I
minéraux,
'efî
fourniffe les frais qui font requis à cet effecl,
que
&
le public
que, d'au-
tant qu'ils vous feront plus libéralement fournis, d'autant 23
pourre-;^ vous
Or à ment
îo
vofire dejfein.
caufe que ces mefmes chofes peuvent aujji fort ayfe-
ejîre comprifes
qu'elles ne fi
mieux exécuter
par un chafcun,
& font toutes fi vrayes
peuvent efïre mifes en doute, je m'affure que,
vous les reprefentie:^ en telle forte, qu'elles vinffent à la
connoijfance de ceux à qui Dieu ayant donné le pouvoir de
commander aux peuples de ŒUVKES.
VI.
la terre,
a aufji donné la charge 41
p2 & le foin
Des Passions.
(36-3;i.
de faire tous leurs efforts pour avancer
du public,
il
bien
le
n'y auroit aucun d'eux qui ne voulufl contri-
buer à un deffein fi manifeflement utile à tout le monde. Et bien que nofîre France, qui efî vojîre Patrie, foit un Efîal fi puijfant qu'il femble que vous pourrie:^ obtenir d'elle feule tout ce
qui
efî
requis à cet effecl
:
5
toutefois, à
caufe que les autres nations n'y ont pas moins d'intercfl qu'elle, je m'affure
que plufieursferoienl a[fc7^gc\nercufes
pour ne luy pas céder en
cet office,
&
qu'il n'y en aurait
aucune qui fufl fi barbare que de ne vouloir point
y
avoir
lo
part.
Mais fi
tout ce que j'ay efcrit icy ne fuffil pas, pour faire
que vous changier^ d'humeur, je vous prie au moins de m'obliger tant, que de m'cnvoyer voflre traiclc des Paf-
&
fions,
laquelle
de trouver bon que j'y adjoufle une préface avec il
foit imprimé. le tafclieray de la faire en telle
forte, qu'il n'y aura rien que vous puij/ie? defapprouvcr,
qui ne
foit fî
de l'efprit
&
&
conj'orme au fentiment de tous ceux qui ont
de
la vertu, qu'il n'y
en aura aucun qui,
après lavoir leuè, ne participe au jele que j'ay pour croiffement des fciences,
De
l'i
Paris, le
& pour efIre,
6 Novembre, 1648.
&c.
l'ac-
20
Préface.
Î8-39).
p^
IRESPONSE A LA LETTRE PRECEDENTE.
M on fleur. Parmi 5
lo
les injurCvS
c^-
les
reproches que je trouve en
que vous avez pris la peine de m'elcrire, j'y remarque tant de chofes à mon avantage, que fi vous la faific/. imprimer, ainfi que vous déclarez vouloir faire, j'aurois peur qu'on ne s imaginaft qu il y a plus d'intelligence entre nous qu'il n'y en a, & la
grande
lettre
vous ay prié d'y mettre plufieurs chofes que la bicnfeancc ne permettoit pas que je fifTe mov mefme
que
je
fçavoir au public. C'eft
pourquoy
ne m'arrefteray
je
prs icy à v refpondre de point en point
cmpefchcr de
la
le delTein
avez eu en l'efcrivant, puiffe
ne
que 20
vous dirav
femblent vous devoir publier. La première eft, que je n'ay
aucune opinion que je
je
me
feulement deu.\ raifons, qui i5
:
que
je
reûflir.
juge que vous
La féconde, que
nullement de l'humeur que vous imaginez n'ay aucune indignation, ny aucun degouft, qui
fuis
je
;
m'ofte le defir de faire tout
ce"
mon pou-
qui fera en
voir pour rendre fervice au public, auquel je tres-obligé, de ce
que
les efcrits
que
j'ay desja publiez
|ont efté favorablement receus de plufieurs
2 5
meftime
;
&
que je efcrit des
ne vous av cv-devant refufé ce que j'avois Paffions, quaffin de n'eftre point obligé de le faire voir a quelques autres qui n'en eulTent pas fait leur profit.
Des
^24 Car, d'autant que
je
Passions.
ne l'avois compofé que pour eftre
leu par une Princeffe, dont
commun,
(39-40)-
l
efprit eft tellement
au
aucune peine ce qui femblc eftre le plus difficile à nos dodeurs, je ne m'eflois arrefté à y expliquer que ce que je penfois eftre nouveau. Et, affin que vous ne doutiez pas de mon dire, je vous promets de revoir cet efcrit des Partions, & d'y adjoufter ce que je jugeray eftre necefdelRis du
qu'elle conçoit fans
pour le rendre plus intelligible, & qu'après cela je vous l'envoyeray pour en faire ce qu'il vous plaira. Car je fuis, &c.
5
faire
D'Egmont,
le
10
4 Décembre, 1648.
LETTRE SECONDE A MONSIEUR
DES CARTES. .
,$
Monjie'ur,
Ilyajî longtemps que vous m'avey^fait attendre vojîre traite des Paffwns, que je commence à ne le plus efperer, &
me
iavicT^promis que pour mem-
la lettre
que je vous avois cy-devant
à m' imaginer que vous ne
pefcher de publier cfcritc.
Car j'ay
fujet de croire que vous Jerier fafché,
qu'on vous ojlajl l'excufe que vous prener^ pour ne point
achever vojîre Phyjique l'ojler
par
cette lettre
:
:
& mon
dcjfein ejloit de vous
d'autant que les raijons que j'y
20
Préface.
(40-4»)-
pç
avois déduites font telles, qu'il ne
me femble pas
qu'elles
puijfent ejlre leuës d'aucune perfonnc, qui ait tant/oit peu
l'honneur
5
&
la vertu
en recommandation, qu'elles ne
citent à dejirer,
comme moy, que
ce qui ejl requis
pour
ejire neccjfaires
:
\
les
vous obtenie:^ du public
expériences que vous dites vous
& j'efperois
qu'elle tomberoit ayfcment
entre les mains de quelques uns qui auroicnt
rendre ce dcfir
l'in-
efficace, foit à
le
pouvoir de
caufe qu'ils ont de l'accès
auprès de ceux qui difpofent des biens du public, foit à caufe lo
qu'ils en
difpofent eux mefmes. Ainfi je
me
promettois
de faire enforte que vous aurie^, malgrévous, de l'exercice.
Car je fçay que vous ave:^ tant de cœur, que vous ne voudrie:^pas manquer de rendre avec ufure ce qui vous feroit donné en i5
&
cette façon,
que cela vous feroit entièrement
quiter la négligence, dont je ne puis à prefent m'abfîenir
de vous accufer, bien que je
Le 23
Juillet,
fois,
&c.
164g.
RESPONSE A LA SECONDE LETTRE. 20
Monfieur, le fuis fort
innocent de
lartifice,
dont vous voulez
croyre que j'ay ufé, pour empefcher que la grande lettre que vous m'aviez efcrite Tan pafle, ne foit publiée. le
25
n ay.eu aucun befoin d'en ufer. Car, outre que je ne croy nullement qu'elle pûft produire l'effed que vous
Des Passions.
J26
prétendez, je ne fuis pas
(4>-43v
que la crainte du travail auquel je ferois obligé pour examiner plutieurs expériences, fi j'avois receu du public la commodité de les faire, puifl'e prévaloir au defir que j'av de m'inflruirc, &. de mettre par efcrit quelque chofe qui loit utile aux autres hommes. le ne puis pas
fi
fi
enclin ù
1
oyfiveté,
bien m'excufer de la négligence dont vous
5
me
blafmez. Car j'avoue que jay efté plus long temps à revoir le petit traité que je vous envoyé, que je n'avois efté
cy-devant à
compofer,
le
&
que neantmoins
je
lo
& nay rien changé & bref, quil fera
n'y ay adjoufté que peu de chofes,
fi au difcours, lequel eft fi limple connoiftre que mon dcffein n'a pas efte d'expliquer les Paffions en Orateur, ny mefme en Phijlofophe moral, mais feulement en Phyficien. Ainfi je prevoy que ce traité n'aura pas meilleure fortune que mes autres
efcrits
;
&
bien que fon
tage de perfonnes à
le lire,
ceux qui prendront aufquels
il
titre
la
il
convie peut eftre davann'y
aura neantmoins que
peine de l'examiner avec foin,
puiifc fatisfairc. Tel qu'il eft, je le
entre vos mains,
D'Egmont,
Oi:c.
le
i5
i4d'Aouft, 1649.
mets
20
LES PASSIONS DE LAME.
PREMIERE PARTIE. DES PASSIONS EN GENERAL 5
Et
par occafion, de toute
la
ARTICLE
Que
ce qui ejî
:
nature de l'homme.
I.
Pajfwn au regard d'un fu jet,
ejî toujiours
Aélion à quelque autre égard.
lo
n'y a rien en
cfté fort
plus i3
quoy
mieux combien les fciences que nous avons des Anciens font dcfeclueufes, qu'en ce qu'ils ont cfcrit des PalTions. Car bien que |ce foit une matière dont la connoiflance a toufiours Il
recherchée
difficiles, à
;
&
paroiffe
qu'elle ne femble pas eftre des
caufe que, chacun les fentant en foy
mefme, on n'a point befoin d'emprunter d'ailleurs aucune obfervation pour en découvrir la nature tou:
tesfois ce
chofe,
6i
que
les
pour
la
Anciens en ont enfeigné cfl fi peu de plus part fi peu croyable, que je ne
5
Des Passions.
)28
5-4.
puis avoir aucune efperance d'approcher de la vérité,
qu'en m'éloignant des chemins qu
ont luivis. C'eft
ils
pourquoy je feray obligé d'efcrire icy en mefme façon, que û je traitois d'une matière que jamais perfonne avant moy n'euil touchée. Et pour commencer, je confidere que tout ce qui fe fait ou qui arrive de nouveau, eft généralement appelle par les Philofophes une Paffion au regard du fujet auquel il arrive, (^une Adion au regard de celuy qui fait qu'il aririve. En forte que, bien que l'agent & le patient foient fouvent fort differens, l'Adion
jours une
&.
la Paflion
mefme
ne
laifTent
pas d'eltre tous-
chofe, qui a ces deux noms, à raifon
des deux divers fujets aufquels on
ARTICLE
Que pour connoijîre
les
la
peut raporter.
II.
Payions de l 'ame,
il
faut dijîinguer
1
fcs fondions d'avec celles du corps.
Puis
auffi
confidere que nous ne remarquons
je
point qu'il y ait aucun fujet qui agilTe plus immédiatement contre noflre ame, que le corps auquel elle eft
&
que par confequent nous devons penfer que ce qui eft en elle une Pafîion, eft communément en luy une Adion en forte qu'il n'y a point de meilleur chemin pour venir à la connoiftance de nos Paflîon«s, que d'examiner la différence qui eft entre lame & le corps, affin de connoiftre auquel des deux on doit attri-
jointe
;
20
:
bucr chacune des fondions qui font en nous.
^5
Première Partie.
4-6.
article
329
mi.
Quelle règle on doit fuivre pour
A quoy on 5
ne trouvera pas grande
cet cffecl.
difficulté.
Il
on
prend garde que tout ce que nous expérimentons eftre en nous, & que nous voyons auffi pouvoir ertre en des corps tout à
inanimés, ne doit eftre attribué
fait
&
au contraire, que tout ce qui eft en nous, & que nous ne concevons en aucune façon pouvoir appartenir à un corps, doit elhe attribué à qu'à noftre corps;
10
noflre ame.
I
Que
la
chaleur &
le
ARTICLE
IV.
mouvement des membres procèdent
du corps;
les
p en/ces,
de
l'a me.
que nous ne concevons point que le corps penfe en aucune façon, nous avons raifon de croire que toutes les fortes de pcnfées qui font en nous appartienent à lame. Et à caufe que nous ne doutons point qu'il n'y ait des corps inanimez, qui fe Ainfi, à caufe
i5
20
peuvent mouvoir en autant ou plus de diverfes façons que les noftres, & qui ont autant ou plus de chaleur
que l'expérience fait voir en la flame, qui feule a beaucoup plus de chaleur & de mouvemens qu'aucun de nos membres), nous devons croire que toute la chaleur & tous les mouvemens qui font en nous, en (ce
25
tant qu'ils ne dépendent point
;
de
la
penfée, n'appar-
tienent qu'au corps. Œuvres.
VI.
42
Des Passions.
^^o
ARTICLE
Que
c'ejî
6-7
V.
erreur de croire que lame donne
& Au moyen
la
le
mouvement
chaleur au corps.
de quoy nous éviterons une erreur tres-
confiderable, en laquelle plusieurs font tombez, en
5
que j'eftime qu'elle efl la première caufe qui a empefché qu'on n'ait pu bien expliquer jufques icy
forte
les PalTions,
&
les autres chofes qui
appartienent à
l'ame. Elle confille en ce que, voyant que tous les
corps morts
font privez de chaleur,
mouvement, on
s'efl
imaginé que
leur naturelle
on a creu, fans
&
tous les
[dépendent de l'ame contraire, que
enfuite de
c'eftoit l'abfence
mouvemens &
l'ame qui faifoit celTer ces leur. Et ainfy
&
de
cette cha-
que noftre chamouvemens de nos corps raifon,
au lieu qu'on devoit penfer, au
:
10
lame ne s'abfente lors qu'on meurt, qu
caufe que cette chaleur ceffe, fervent à mouvoir le corps fe
i5
à
&
que les organes qui corrompent.
ARTICLE VL
Quelle différence
&
il
ya
entre un corps vivant
20
un corps mort.
donc que nous évitions ccftc erreur, confidcrons que la mort n'arrive jamais par la faute de lame, mais feulement parce que quelcune des principales parties du corps fe corrompt & jugeons que le corps d un homme vivant diffère autant de celuv d un homme Affin
;
25
.
Première Partie.
7-9-
mort, que à dire,
une montre, ou autre automate (c ell autre machine qui fe meut de foy-merme), lorf-
qu'elle eft
porel des 5
jji
fait
montée,
&
qu'elle a en loy le principe cor-
mouvemens pour
avec tout ce qui
eft
lelqueis
|
elle eft inftituée,
montre, ou autre machine, lors qu'elle
que
le
principe de fon
mouvement
ARTICLE
VII.
& de quelques unes
de [es fondions
o
i5
eft
mefme rompue &. la
celle d agir.
Brève explication des parties du corps, I
&
requis pour Ton adion,
Pour rendre cela plus intelligible, j'expliquerav icv en peu de mots toute la lagon dont la machine de noftre corps eft compofee. Il n'y a perl'onne qui ne Igache dcja, qu'il y a en nous un cœur, un cerveau, un eftomac, des mulcles. des nerls, des artères, des venes, &. choies lemblables. On fgait aufti que les viandes qu on mange defccndent dans eftomac & dans les boyaux, d'où leur fuc. coulant dans le foye <^dans toutes les ve|nes, le nielle avec le lang qu'elles contienent, & par ce moyen en augmente la quantité. Ceux qui ont tant foit peu ouy parler de la Médecine, fçavent, outre cela, comment le cœur eft compofé, & 1
20
comment tout de ï5
le
la
le
fang des venes peut facilement couler
vene cave en fon cofté droit,
poumon, par
le vaiftTeau
rieufe, puis retourner
che du cœur, par (Si
en
fin
le
qu'on
là paftTer
dans
nomme la vene
arte-
lS.
de
du poumon dans
vailTeau
nommé
le cofté
gau-
l'artère veneufe,
pafler de là dans la grande artère, dont les
Des Passions.
jj2
branches
fe
refpandent par tout
9-M.
le
corps.
Mefme tous
ceux que Tauthorité des Anciens n'a point entièrement aveuglez, & qui ont voulu ouvrir les yeux pour e.xaminer l'opinion d'Herveus touchant la circulation
du iang, ne doutent point que toutes les venes & les artères du corps ne foient comme des ruiiîeaux par |où
le
5
fang coule fans cefTe fort promptemcni en pre-
nant fon cours de
la cavité droite
arterieufc, dont les
poumon, &
du cceur par
la
vene
branches font efparfes en tout
le
jointes à celle de l'artère veneufe, par
du poumon dans le collé gauche du cœur puis de là il va dans la grande artère, dont les branches, efparfes par tout le rerte du corps, font jointes aux branches de la vene, qui portent derechef en forte le mefme fang en la cavité droite du cœur que ces deux cavitez font comme des efclufes par chacune defquelles pafTe tout le fang à chaque tour qu'il fait dans le corps. De plus on fçait que tous les mouvemens des membres dépendent des mufcles; \ que ces mufcles font oppolez les uns aux autres en telle forte, que lors que l'un d'eux saccourcit, il tire vers fov la partie du corps à laquelle il cft attaché, ce qui fait allonger au mefme temps le mufcle qui lui eft oppofé. Puis s'il arrive en un autre temps que ce dernier saccourciiïe, il fait que le premier fe rallonge, & il retire vers foy la partie à laquelle ils font attachez. Enfin on fçait que tous ces mouvemcns des mufcles, comm laquelle
il
lo
paiTe
;
:
i5
20
|
aufli
tous les fens,dépendent des nerfs, qui font
de petits
filets,
ou
comme
:i5
comme
de petits tuyaux qui vienent
tous du cerveau, & contienent, ainfy que luy, un certain air ou vent tres-fubtil, qu'on
nomme les efprits animaux.
3o
1
Première Partie.
l'-ii-
ARTICLE
Quel
cjl le
Mais on ne
principe de
A^aii
pas
ces efprits animaux 5
vemens
aux
[
VIII.
loiiles ces
communément, en
quelle façon
ces nerfs contribuent aux
ny quel
fens,
fondions.
mou-
Principe corporel
eft le
pourquoy, encore que j'en aye déjà touché quelque chofe en d'autres efcrits% je ne lairray pas de dire icy fuccindement que, pendant que nous vivons, il y a une chaleur continuelle en noflre cœur, qui eft une efpece de feu que le fang des qui les
lo
&t
&
jjj
fait agir. C'eft
venes y entretient, & que ce feu eft le principe corporel de tous les mouvemens de nos membres.
ARTICLE
Comment i5
IX.
mouvement du cœur.
fe fait le
Son premier effet eft qu'il dilate le fang dont les cavitez du cœur font remplies ce qui eft caufe que ce fang, ayant befoin d'occuper un plus grand lieu, pafte :
avec impetuoiité de rieufe, 2o
i.<;
de
la
la cavité droite
gauche dans
(cette dilatation ceffant,
veau fang de
& de
l'artère
la
il
la
la
vene arte-
grande artère. Puis,
entre incontinant de nou-
vene cave en
veneufe en
la
dans
du cœur, y a de petites
la cavité droite
gauche. Car
il
peaux aux entrées de ces quatre vaifleaux, tellement difpofées qu'elles font que le fang ne peut entrer dans a.
Discours de
ibid., p.
1
1.
la
Méthode,
t.
\'I,
p.
49-55
et
p.
55-56; Dioptrique,
3^4 le
ï^f^s
•
cœur que par
par les
Passions.
13-1=..
deux derniers, ny en fortir que deux autres. Le nouveau fang, entré dans le les
cœur, y efl: inconlinani après raréfié en mefme façon que le précèdent. Et c'eft en cela feul que confiftc le pouls ou battement du cœur
&
des arteies; en forte
5
que ce battement fe réitère autant de fois qu'il entre de nouveau fang dans le cœur. Ceù. aufTv cela feul qui
donne au lang fon mouvement,
&. fait qu'il
celle tres-ville en toutes les artères
moven de quoy le
il
cœur, a toutes
fert
porte les
la
&
coule fans
les vcnes;
au
chaleur qu'il acquiert dans
autres paiitics du corps,
Oi: il
10
leur
de nourriture.
ARTtCl.F. X.
Comme.vt
les efprifs
dans
Mais ce
(ju'il
v
«.
le
animaux
font prodiula '5
cerveau.
icv de
plus confiderabic,
c'eft
que toutes les plus vives & plus fubtiles parties du fang, que la clialeur a raréfiées dans le ca^ur, entrent fans cefl'e en grande quantité dans les cavitez du cerveau. Et
la
raifon qui fait qu'elles v vont plufioll qu'en
-^o
aucun autre lieu, elt que tout le fang qui fort du ca'ur par la grande artère, prend fon cours en ligne droite vers ce lieu là, Si que, ny pouvant pas tout entrer, a caufe qu'il n'y a que des paffages fort eftroits, celles de fes parties qui font
les plus agitées
&
les plus fub-
y paHent feules, pendant que le refte fe refpand en tous les autres endroits du corps. Or ces parties du fang tres-fubiiles compofent les efprits animaux. tiles,
|
25
Première Partie.
i3-i6
yy)
Et elles n'ont befoin à cet eftccl de recevoir
aucun
cerveau, (mon qu'elles y font feparées des autres parties du fang moins fubautre changement dans
tiles. 5
10
Car ce que
je
le
nomme
icy des efprits, ne font
que des corps, & ils n'ont point d'autre propriété, finon que ce font des corps très-petits, & qui fe meuvent tres-vifte, ainfi que les parties de la flame qui fort d'un flambeau. En forte qu'ils ne s'arertent en aucun lieu, & qu'à mefure qu'il en entre quelques uns dans les cavitcz du cerveau, il en fort aufli quelques autres par les
les
pores qui font en fa fubftance, lefquels pores
conduifentdans
au moyen de quoy
les nerfs, \'
de
meuvent
le
ils
diverfes façons qu'il peut eflre
•5
lARTICLE
Comment fe font Car
25
meu.
XI.
mouvemens des mufcles.
caufe de tous les
mouvemens des mem-
que quelques mufcles s acourciffent, t<; que leurs oppofez s'alongent, ainli qu'il a déjà efté dit. Et la feule caufe qui fait qu'un mufcle s'acourcit plufloft bres
20
la feule
les
dans les mufcles, corps en toutes les
la
eft,
que fon oppofé, eft qu'il vient tant foit peu plus d'efprits du cerveau vers luy que vers l'autre. Non pas que les efprits qui vieneni immédiatement du cerveau, fuffifent feuls pour mouvoir ces mufcles, mais ils déterminent les autres efprits, qui font defia dans ces deux mufcles, à fortir tous fort promptemenl de l'un d'eux, & pafTer dans l'autre au moyen de quoy :
celuy d'où
ils
fortent, devient plus long
ili;
plus lafche;
5
Des Passions.
}}6
&
celuy dans lequel
ils
enjtrent, cflant
enflé par eux, saccourcit, efl
attaché.
Ce
qui
16-18.
&
tire le
promptement
membre auquel
il
à concevoir, pourvu que
eft facile
peu d'efprits animaux qui vienent continuellement du cerveau vers chaque mufcle, mais qu'il y en a tousjours quantité d'autres enfermez dans le mefme mufcle, qui s'y meuvent tresl'on fçache
vifte,
lieu
qu
il
n'y a
que
fort
quelquefois en tournoyant feulement dans
où
ils
5
le
font, à fçavoir lors qu'ils ne trouvent point
de palTages ouverts pour en coulant dans
le
fortir,
&
quelquefois en
mufcle oppofé. D'autant
qu'il
10
y a de
chacun de ces mufcles, par où ces efprits peuvent couler de l'un dans l'autre, & qui font tellement difpofées, que lors que les efprits qui vienent du cerveau vers l'un d'eux, ont tant foit peu plus de force que ceux qui vont vers l'autre, ils ouvrent toutes les enjtrées par où les efprits de l'autre mufcle peuvent pafferen cettuy-cy, & ferment en mefme temps toutes petites ouvertures en
où
celles par
les efprits
iS
de cettuy-cy peuvent pafler
en l'autre au moyen de quoy tous :
les efprits
contenus
20
auparavant en ces deux mufcles, s'affemblent en l'un d'eux fort promptement, cilTent,
pendant que
v.1
ainfi l'enflent &. l'accour-
l'autre s'allonge &. fe relafche.
ARTICLE
Comment
les
XII.
objets de dehors agijfent
contre les organes desfens.
encore icy à fçavoir les caufes qui font que les efprits ne coulent pas tousjours du cerveau dans Il
refte
2
Première Partie.
18-20.
mefme
&
Jjy
en vient quelquefois plus vers les uns que vers les autres. Car, outre l'adion de lame, qui véritablement eft en nous mufcles en
les
façon,
l'une de ces caufes, ainfi 5
je
diray cy| après,
il
y en
a encore deux autres, qui ne dépendent que du corps, lesquelles
en
fifte
dans j'ai 10
que
qu'il
il
eft
befoin de remarquer. La première con-
la diverfité
les
des
mouvemens
qui font excitez
organes des fens par leurs objets, laquelle
déjà expliquée aflez amplement en la Dioptrique^;
mais,
affin
que ceux qui verront cet
pas befoin d'en avoir leu d'autres,
je
efcrit,
nayent
rcpeteray icy
y a trois chofes à confiderer dans les nerfs, à fçavoir leur moelle, ou fubftance intérieure, qui
qu'il
:
forme de petits filets depuis le cerveau, d'où elle prend fon origine, jufques aux extremitez des autres^ membres, auxquelles ces filets font attachez puis les peaux qui les environnent, & qui, eftant s'eftend en
i5
;
continues avec celles qui envelopent
le
cerveau, com-
pofent de petits tuyaux dans lefquels ces petits 20
font enfermez; puis en eftant portez par ces
fin les efprits
filets
ani|maux, qui,
mcfmes tuyaux depuis
le
cer-
veau jufques aux mufcles, font caufe que ces filets y demeurent entièrement libres, eftendus en telle i.*^
que la moindre chofe qui meut la partie du corps où l'extrémité de quelcun d'eux eft attachée, fait mouvoir par mefme moyen la partie du cerveau d'où il vient en mefme façon que, lors qu'on tire l'un des bouts d'une corde, on fait mouvoir l'autre. forte
25
:
a,
Dioptrique, Disc. IV,
Œuvres.
VI.
t.
VI, p. iio.
43
Des
)j8
Passions.
ARTia.E
Que
XIII.
cette aéîion des objets de
diverfement
les efprits
dehors peut conduire
dans
les
mufcles.
en la Dioptrique% comment tous veuë ne fe communiquent à nous que
Et j'ay expliqué, les objets
de la
5
par cela feul, qu'ils meuvent localement, par Tentredes corps tranfparens qui font entre eux
mife I
nous, les petits
filets
&
fonds de nos yeux,
&
des nerfs optiques, qui font au
en
d'où vienent ces nerfs
;
fuite les endroits qu'ils les
du cerveau
meuvent,
dis-je,
en
lo
autant de diverfes façons, qu'ils nous font voir de
que ce ne font pas immédiatement les mouvemens qui fe font en l'œil, mais ceux qui fe font dans le cerveau, qui reprefentent à diverfitez
dans
les
chofes
A
l'ame ces objets.
;
&.
l'exemple de quoy,
il
eft
ayfé de
concevoir que les fons, les odeurs, les faveurs, chaleur, la douleur, la faim, la
foif,
&
i3
la
généralement
tous les objets, tant de nos autres fens extérieurs que
de nos appétits intérieurs, excitent aufli quelque mouvement en nos nerfs, qui pafle par leur moyen jufques
20
au cerveau. Et outre que ces divers mouvemens du cerveau font avoir à noftre
peuvent
auffi
|
ame
faire fans elle,
divers fentimens,
que
les efprits
ils
prenent
leur cours vers certains mufcles pluftofl que vers
&
meuvent nos membres. Ce que je prouveray feulement icy par un exemple. Si quelcun avance promptement fa main contre nos
d'autres,
a.
ainfi
Doptriquc. Disc
qu'ils
VI,
i.
VI, p.
i
3o.
25
Première Partie.
"-23.
yeux
comme pour nous
,
fçachions jeu,
&
qu'il eft noftre
qu'il fe
les
fermer
:
quov que nous
fraper,
ami, qu'il ne
fait
cela que par
gardera bien de nous faire aucun mal,
nous avons toutefois de 5
J39
la
peine à nous empefcher de
ce qui monftre que ce n'cft point par l'en-
tremife de noftre
ame
qu'ils fc ferment,
puifque
c'eft
ou du moins fa principale adion mais que c'eft à caufe que la machine de noftre corps eft tellement compofée, que le mouvement de cette main vers nos yeux, excite un contre noftre volonté, laquelle
eft fa
feule
;
jo
autre
mouvement en
efprits
noftre cerveau, qui conduit les
animaux dans
|
les
mufcles qui font
abaift'er
les paupières.
ARTICLE
Que
'5
la
dherjité qui
ejî
XLV.
entre les efprilspcut aujji
diverfifier leur cours.
L'autre caufe qui fert à conduire divcrfement les efprits
animaux dans
tion de ces efprits,
&
les
mufcles,
la diverfité
eft l'inégale
agita-
de leurs parties. Car
2o
que quelques unes de leurs parties font plus grofl^esà plus agitées que les autres, elles pafl'ent plus avant en ligne droite dans les cavitez & dans les pores du cerveau, & par ce moyen font conduites en d'autres mufcles qu'elles ne le feroient, fi elles avoient moins
2 5
de force.
lors
j^o
Des Passions.
54-25-
(ARTICLE XV
Quelles font
Et cette inégalité peut
dont
tières
ils.font
de leur divcrfité.
les caufes
procéder des diverfes ma-
comme on
compofez,
voit
en ceux
qui ont beu beaucoup de vin, que les vapeurs de ce
5
promptement dans le fang, montent du cœur au cerveau où elles fe convertiflent en efprits, qui, eftant plus forts & plus abondans que ceux qui y font d'ordinaire, font capables de mouvoir le corps
vin, entrant
en plufjeurs eftranges façons. Cette inégalité des efprits peut auffi
procéder des diverfes difpofitions du
cœur, du foye, de l'eftomac, de les autres parties qui
Car
il
inferez
fervent à eflargir vitez
:
moins H faut
au
de toutes
contribuent à leur produdion.
&
dans
la
baze du
eftrecir les entrées
moyen de quoy
fort,
la rate, &.
principalement icy remarquer certains
faut
nerfs
petits
le
|
cœur, qui
i5
de fes conca-
fang, s'y dilatant plus
ou
produit des efprits diverfement difpofez.
remarquer que, bien que le fang qui entre dans le cœur, y viene de tous les autres endroits du corps, il arrive fcuvent neantmoins qu'il y eft davantage pouffé de quelques parties que des autres, à caufe que les nerfs & les mufcles qui refpondent à ces parties là, le preffent ou l'agitent davantage; & que, auffi
félon la diverfité des parties^defquelles il
10
fe dilate
diverfement dans
le
cœur,
il
vient le plus,
&
en fuite pro-
duit des efprits qui ont des qualitez différentes. Ainfi,
par exemple, celuy qui vient de
la partie inférieure
du
20
25
Premierk Partie.
25-27.
Î41
où eft le fiel, fe dilate d'autre façon dans le cœur, que celuy qui vient de la rate; & cetuy-cy autrement que celuy qui vient des venes des bras ou des jambes & enfin cettuy-cy tout autrement que le fuc foye,
|
;
5
des viandes,
Teftomac
&
lors
queftant nouvellement
des boyaux,
il
forti
promptcment par
pafTc
de le
foye jufques au cœur^.
ARTICLE
Comment 10
& par
les
efprits,fans iayde de l'ame.
machine de noftre corps eft que tous les changemens qui arrivent au mouvement des efprits, peuvent faire qu'ils ouvrent quelques pores du cerveau plus que les autres; & réciproquement que, lors que quelcun de ces pores eft tant foit peu plus ou moins ouvert que de couftumc, par ad ion des nerfs qui fervent au fens, cela change quelque chofe au mouvement des efprits, Si fait qu'ils font conduits dans les mufcles qui fervent à mouvoir le corps, en la façon En
'5
membres peuvent ejlrc meus par les objets
tous les
des fens,
XVI.
fin
il
remarquer que tellement compofée faut
la
,
1
|
20
qu'il eft
ordinairement
meu
mouvemens que nous volonté y contribue (comme il
adion. En forte que tous
les
que noftre arrive fouvent que nous refpirons, que nous marchons, que nous mangeons, & enfin que nous faifons toutes lesadions qui nous font communes avec les beftes), ne dépendent que de la conformation de nos membres, faifons fans
2 5
à l'occafion d'une telle
a.
Voir
t.
IV, p. 407,
1.
22, à p. 408,
1.
i.
Des Passions.
J42
2729-
du cours que les efprits excitez par la chaleur du cœurfuivcnt naturellemcni dans le cerveau, dans les en mefme façon que le nerfs & dans les mufcles mouvemenl dune montre eil produit par la feule force &.
:
de fon relTort
&
la ligure
de fes roues.
ARTICLE
I
Quelles font
5
XVII.
fondions de l'amc.
les
Apres avoir ainfi confideré toutes les fondions qui appartienent au corps feul, il eft ayfé de connoiftre qu'il ne refte rien en nous que nous devions attribuer à noflre ame, finon nos penfées, lefquelles font principalement de deux genres à fçavoir, les unes font
10
:
adions de l'ame,
les
que
je
nomme
les autres font fes paffions. Celles
adions, font toutes nos volonté/.,
fes
que nous expérimentons qu'elles vienent diredement de noflre ame, ci' femblent ne dépendre que d'elle. Comme, au contraire, on peut généraà caufc
lement
nommer
fes palfions, toutes les fortes
ceptions ou connoilTances qui
fe
|
c^
de per-
trouvent en nous, à
caufe que fouvcnt ce n'efl pas nortre telles qu'elles font,
i5
ame
que tousjours
qui les
fait
20
elle les reçoit
des chofes qui font reprcfentées par elles".
ARTICLE
De
la
.XV III.
Volonté.
Derechef nos voloniez font de dcu.v lortcs. Caries a
Voir
i.
IV, p
3io-3i
i.
25
Premierk Partie.
Jo-3i.
34J
unes font des adions de l'ame, qui
lame mefme, comme
lors
5
des aftions qui
fe
n'eft
terminent en
que nous voulons aymer
Dieu, ou généralement appliquer
quelque objet qui
fe
noftre
penfée à
point matériel. Les autres (ont
terminent en noftre corps,
comme
que de cela feul que nous avons la volonté de nous promener, il fuit que nos jambes fe remuent & que nous marchons. lors
ARTICLE
I
De
10
la
XIX.
Perception.
Nos perceptions font auffi de deux fortes, & les unes ont Tame pour caufe, les autres le corps. Celles qui ont Tame pour caufe, font les perceptions de nos volontez, •
5
20
&
de toutes
imaginations ou autres pen-
Car il eft certain que nous ne fçaurionsvouloir aucune chofe, que nous n'apercevions par mefme moyen que nous la voulons. Et bien qu'au regard de noftre ame, ce foit une adion de vouloir quelque chofe, on peut dire que ceft auffi en elle une fées qui en dépendent.
paffion d'apercevoir qu'elle veut. Toutefois, à caufe
que cette perception qu'une mefme chofe, par ce qui
2''
les
eft le
couftume de une adion.
la
& la
cette volonté ne font en efFed
dénomination
plus noble
nommer une
;
&
fe fait
tousjours
on n'a point mais feulement
ainfi
paffion,
|
5
Des
344
Passions.
3i jo.
ARTICLE XX.
Des imaginations
&
autres penfées qui
font forme es par lame.
Lors que noftre
chofe qui
ame
s'applique à imaginer quelque
comme
n'eft point,
enchanté ou une chimère
à fe reprefentcr
&
;
&
feulement
eft
non point imaginable, par exemple, à
confiderer fa propre nature
:
les
perceptions quelle a
de ces chofes dépendent principalement de qui fait qu'elle les
couftume de
que
comme
5
aufli lors qu'elle s'ap-
plique à confiderer quelque chofe qui intelligible,
un palais
aperçoit.
les confiderer
C'efl
comme
la
volonté
lo
pourquoy on a
des adions, pluftoft
des paflions.
I
ARTICLE
Des imaginations qui
n 'ont
XXI.
pour caufe que
le
Entre les perceptions qui font caufées par
corps.
le
1
corps,
dépendent des nerfs mais il y en a auffi quelques unes qui n'en dépendent point, & qu'on nomme des imaginations, ainfi que celles dont je
la plus part
;
viens de parler, defquelles neantinoins elles différent
20
en ce que noflre volonté ne s employé point à les former: ce qui fait qu elles ne peuvent eftrc mifes au nombre des adions de lame. Et elles ne procèdent que de ce que, les efprits eftant diverfement agitez,
& ren-
contrant les traces de diverfes imprefîions qui ont
précédé dans
le
cerveau,
ils
y prenent
leur cours
^5
Première Partie.
^2-34.
fortuitement par certains pores
^4^ pluiloft
,
d'autres. Telles font les illufions de
refveries
les
&
que
de l'ame, en prenant ce mot en particulière
fignification
nommées,
toutes ainfi 'o
nos fonges
nous avons fouvent eftant éveillez, lors que noftre penfée erre, nonchalamment, fans s'appliquer à rien de foy-mefme\ Or encore que quelques unes de ces imaginations foient des paflions auffi
5
|
que par
cation plus générale
pas une caufe
fi
:
fi
on
plus propre
&
plus
quelles puifTent cftre
t^
;
fa
le
prend en une
fignifi-
toutefois, pource qu'elles n'ont
notable
&.
fi
déterminée, que les per-
ceptions que l'ame reçoit par l'entremife des nerfs, ik
ture, avant 5
que l'ombre
qu'elles femblent n'en efire
que nous
les puifiions
&
la
pein-
bien diftinguer,
faut confiderer la différence qui cfl entre ces autres.
I
De
la différence
Toutes
les
ARTICLE
qui
ejî
XXII.
enlre
perceptions que
les
autres perceptions.
je n'ay
pas encore expli-
quées, vienent à l'ame par l'entremife des nerfs, 20
il
&
il
y a enlre elles cette différence, que nous les rapportons, les unes au.x objets de dehors qui frapent
nos fens,
unes de a.
Voir
i.
les autres à
fes parties, IV, p. 3ii,
Œuvres. VI.
1.
&
ou à quelques autres à noftre ame.
noftre corps enfin les
4-5.
44
Des Passions.
}4^
ARTICLE
Des
?^-36.
XXIII.
perceptions- que nous rapportons
aux
objets
qui font hors de nous. Celles que nous rapportons a des chofes qui font
hors de nous, à fçavoir aux objets de nos fens, font caufées (au moins lors que noftre opinion fauf|fe)
point
par ces objets, qui, excitant quelques mouve-
mens dans auffi
n'eft
5
les
organes des fens extérieurs, en excitent
par l'entremife des nerfs dans
lame
font que
le
cerveau, lefquels
que nous voyons la lumière d'un flambeau, & que nous oyons le fon d'une cloche, ce fon & cette lumière font deux diverfes aélions, qui, par cela feul qu'elles excitent deux divers mouvemens en quelques uns de nos nerfs, & par leur moyen dans le cerveau, donnent à lame deux fentimens differens, lefquels nous raportons tellement aux fujets que nous fuppofons eftre leurs caufes, que nous penfons voir le flambeau mefme & ouïr la cloche, non pas fentir feulement des mouvemens qui les fent. Ainfi lors
lo
'5
,
20
vienent d'eux.
I
ARTICLE XXIV.
Des perceptions que nous raportons à
nojire corps.
Les perceptions que nous raportons à noftre corps,
ou à quelques unes de avons de naturels
la faim, ;
à
de
fes parties, font celles
la foif, &.
que nous
de nos autres appétits
quoy on peut joindre
la
douleur,
la
^5
Première Partie.
36-38.
&
chaleur,
les
comme dans
^47
autres affedions que nous
fentons
non pas comme dans les objets qui font hors de nous. Ainfi nous pouvons fentir en mefme temps, &. par lentremife des mefmes 5
nos membres,
nerfs, la froideur de noftre main,
flamme dont la eft
chaleur de
expofée
:
elle la
s'approche
main,
&. le
;
&
la
chaleur de la
ou bien, au contraire,
froid de l'air auquel elle
fans qu'il y ait aucune diiference entre les
chaud ou le froid qui eft en noftre main, & celles qui nous font fentir celuy qui eft hors de nous; finon que, lune de ces adions furvenant à l'autre, nous jugeons que la première eft déjà en nous, & que celle qui furvient n'y eft pas adions qui nous font
10
>e<:
fentir le
encore, mais en l'objet qui
|
la caufe.
A ITICLE XXV.
l5
Des perceptions que nous raportons à no /Ire ame. Les perceptions qu'on raporte feulement à lame,
on fent les effets comme en lame mefme, & defquelles on ne connoift communément aucune caufe prochaine, à laquelle on les puifte font celles dont
20
raporter. Tels font les fentimens de joye, de colère,
&.
autres femblables, qui font quelquefois excitez en
nous par quefois 2 5
les objets qui
auffi
meuvent nos
par d'autres caufes.
|
nerfs,
&
quel-
Or encore que
toutes nos perceptions, tant celles qu'on rapporte aux objets qui font hors de nous, que celles qu'on rapporte
aux diverfes affedions de noftre corps, foient véritablement des pallions au regard de noftre ame, lors
Des Passions
348
m-Ao.
qu'on prend ce mot en fa plus générale fignification
on a couftume de
toutefois
feulement celles qui
fe
le reftreindre à fignifier
rapportent à lame mefme. Et ce
ne font que ces dernières, que pliquer fous
nom
le
:
j'ai
entrepris icy d'ex-
de paffions de l'ame.
ARTICLE XXVI.
Que
les
imaginations, qui ne dépendent que du mouvement
fortuit des efprils, peuvent efire d'aujfi véritables paffions,
Il
que
relie
les
perceptions qui dépendent des nerfs.
icy à remarquer,
chofes que l'ame
|
que toutes
les
mefmes
10
aperçoit par lentremife des nerfs,
luy peuvent auffi eftre reprefentées par
cours fortuit
le
des efprits, fans qu'il y ait autre différence, fmon que les impreffions qui vienent dans le cerveau par les
couftume d'eftre plus vives Oi; plus expreiïes, que celles que les efprits y excitent. Ce qui ma fait que celles-cy font comme l'ombre ou dire, en l'art. 2 la peinture des autres. Il faut auffi remarquer qu'il arrive quelquefois, que cette peinture eft fi femblabie à la chofe qu'elle reprefente, qu'on peut y eftre trompé touchant les perceptions qui fe rapportent aux objets qui font hors de nous, ou bien celles qui fe rapportent à quelques parties de noftre corps mais qu'on ne nerfs, ont
.
s
i
,
jo
;
peut pas
l'eftre
en mefme façon touchant
d'autant qu'elles font noftre ame, qu'il
eft
fi
proches
c^'
fi
les pallions,
intérieures à
impolîible qu'elle les fente fans
qu'elles foient véritablement telles qu'elle les fent.
Ainfi fouvent lorfque l'on dort,
c<;
mefme quelquefois
^i
Première Partie.
40-4"-
eftant
éveillé
,
on imagine
J49
fortement certaines
fi
ou les fentir en fon corps, bien qu'elles n'y foient aucunement; mais, encore qu'on foit endormi & qu'on refve, on ne fçauroit fe fentir trifte, ou eraeu de quelque autre paffion, qu'il ne foit tres-vray que lame a en foy cette chofes, qu'on penfe les voir devant foy,
5
paffion.
article XXVfl,
La Dejïnition des Pajfwns de l'amc^.
Apres avoir confideré en quoy
10
les pafiions
différent de toutes fes autres penfées,
il
de l'ame
me femble
Des perceptions, ou des fentimens, ou des émotions de lame, qu'on qu'on peut généralement les définir raporte particulièrement à elle, i5
entretenues
&
fortifiées
^<:
:
qui font
par quelque
|
caufées,
mouvement des
efprits.
article
xxviif.
Explication de la première partie de cette définition.
On 20
les
nommer des
perceptions, lors qu'on fe
généralement de ce mot, pour hgnificr toutes les penfées qui ne font point des adions de l'ame, ou des volontez; mais non point lors qu'on ne s'en fert que fert
pour
fignifier
périence 2 5
peut
fait
des connoilfances évidentes. Car l'ex-
voir que ceux qui font les plus agitez par
leurs paffions, ne font pas ceux qui les connoiffent le a.
Voir
t.
IV, p. 3o9-3i3, lettre à Elisabeth, du 6 octobre 1645.
Des Passions.
}<,o
4'-43. •
mieux, !
Si
qu'elles font
du nombre des perceptions que
eftroite alliance qui eft entre l'ame &. le corps
confufes
obfcures.
&.
On
les
fentimens, à caufe qu'elles
mefme façon que
|
les objets
peut
auffi
rend
nommer
font receuës en
des
lame en
des fens extérieurs,
&
ne
5
font pas autrement connues par elle. Mais on peut
encore mieux les
nommer
des émotions de l'ame, non
nom
feulement à caufe que ce
peut eftre attribué à
tous les changemens qui arrivent en
elle, c'eft
à dire
à toutes les diverfes penfées qui luy vienent, mais
lo
particulièrement pource que, de toutes les fortes de
penfées qu'elle peut avoir,
&
qui l'agitent
l'efbranlent
il
fi
n'y en a point d'autres
fort
que font ces
pafTions.
ARTICLE XXIX. Explication de/on autre partie.
'
5
l'adjoufle qu'elles fe rapportent particulièrement à
l'ame, pour les dillinguer des autres fentimens, qu'on
rapporte, les uns aux objets extérieurs,
odeurs, les corps,
|
les
fons, les couleurs; les autres à noftre
comme
aufli qu'elles
comme
la
faim, la
foif, la
douleur. l'adjoufte
font caufées, entretenues
&. fortifiées
20
par
quelque mouvement des efprits, affin de les diflinguer de nos volonfez, qu'on peut nommer des émotions de lame qui fe raportent à elle, mais qui font caufées par elle
mefme;
&. auffi affin
d'expliquer leur dernière
&
plus prochaine caufe, qui les diftingue derechef des autres fentimens.
25
Première
43-43.
P;.rtie.
3 ^
i
ARTICLE XXX.
Que lame
ejî
unie à toutes les parties
du corps conjointement. Mais, pour entendre plus parfaitement toutes ces 5
chofes,
il
eft
befoin de fçavoir, que
lame
eft
véritable-
ment jointe à tout le corps, & qu'on ne peut pas proprement dire qu'elle foit en quelcune de fes parties, à Texclufion
|
quelque façon 10
indivifible, à raifon
fes organes, qui
que
&
en
la difpolition
de
des autres, à caufc qu'il
de
eft
un,
raportent tellement tous l'un à
fe
que quelcun d'eux eft ofté, cela rend tout le corps defedueux; & à caufe quelle eft d'une nature qui n'a aucun raporl à l'cftendue, nyaux dimen-
l'autre,
lors
ou autres proprietez de la matière dont le corps eftcompofé, mais feulement à tout l'aiTemblage de fes fions,
i3
organes.
Comme
paroift, de ce qu'on ne fçauroit
il
aucunement concevoir
la
ame, ny quelle eftendue
moitié ou elle
occupe,
le
&
tiers
qu
d'une
elle
ne
devient point plus petite de ce qu'on retranche quel20
que partie du corps, mais qu'elle s'en fepare entièrement, lors qu'on diftbut l'aflemblage de fes organes.
I
ARTICLE XXXI.
Qu'ily a une petite glande dans le cerveau, en laquelle l'amc exerce fes fondions, plus particulièrement que dans les 2 5
autres parties. Il
eft
befoin
auffi
de fçavoir que, bien que l'ame
jointe à tout le corps,
il
foit
y a neantmoins en luy quelque
3
Des Passions.
3^2 partie,
en laquelle
elle
4^7-
exerce fes fondions plus par-
ticulièrement qu'en toutes les autres. Et on croit com-
munément que cette partie eft le cerveau, ou peut le cerveau, à caufe que c'eft à luy que eftre le cœur :
le
raportent les organes des fens
;
& le
cœur, a caufe
que c'eft comme en luy qu'on fent les paflions. Mais, en examinant la chofe avec foin, il me femble avoir evidemrnent reconnu, que la partie du corps en laquelle l'ame exerce immédiatement fes fondions, n'eft nullement le cœur; nv auffi tout le cerveau, mais feulement la plus intérieure de fes parties, qui eft une certaine glande fort petite, fituée dans le milieu de fa fubftaiice, c^ tellement fufpenduë au deffus du conduit par lequel les efprits de fes cavitez antérieures ont communication avec ceux de la pofterieuie, que les moindres mouvemens qui font en elle, peuvent beaucoup pour changer le cours de ces efprits; & réciproquement, que les moindres changemens qui arrivent au cours des efprits, peuvent
5
10
|
beaucoup pour changer
mouvemens de
1
cette
20
perfuade que lame ne peut avoir corps aucun autre lieu que cette glande,
2$
les
glande.
ARTICLE
Comment ejl le
La raifon qui en tout
où
elle
le
X.KXII.
on connoi/î que cette glande
principal fiege de l'ame.
me
|
exerce immédiatement fes fondions,
je confiderc
que
les autres parties
eft
que
de noftre cerveau
Première Partie.
47-48-
font toutes doubles,
comme
auffi
yeux, deux mains, deux oreilles,
j ^ ]
nous avons
&
tous les
enfin
organes de nos fens extérieurs font doubles
5
penfée d'une
&
;
&
nous n'avons qu'une feule
d'autant que
deux-
que,
fimple
mefme chofe en mefme temps,
il
faut
neceiTairement qu'il y ait quelque lieu ou les deux images qui vienent par les deux yeux, ou les deux autres impreiïions qui vienent d'un feul objet par les
doubles organes des autres fens, lo
fe puiffent
aflembler
en une avant qu'elles parvienent a lame, afin qu'elles
ne luy reprefentent pas deux objets au lieu d'un. Et
on peut ayfement concevoir que ces images ou autres impreffions
reùniffent en cette glande, par l'entre-
fe
mife des efprits qui rempliflent les cavitez 1
5
veau
où
;
mais
il
n'y a
aucun autre endroit dans
{
du cer-
le
corps,
en fuite de ce
elles puiffent ainfi eftre unies, finon
qu'elles le font en cette glande.
ARTICLE
Que 20
le Jiege
XXXIll.
des paj[fions n'ejî pas dans
le
cœur.
Pour l'opinion de ceux qui penfent que l'ame reçoit fes partions dans le cœur, elle n'eft aucunement confiderable car elle n'cft fondée que fur ce que les paffions V font fentir quelque altération & il eft ayfé à remarquer que cette altération n'eft fentie comme dans le cœur, que par fentremifc d'un petit nerf qui defcend du cerveau vers luy ainfi que la douleur eft ;
;
25
:
fentie
comme
du pied;
&
Œuvres.
dans
le
pied, par l'entremife des nerfs
les aftrcs font VI.
aperceus
comme
dans 4^
le
Des Passions.
^^4 ciel,
48-^0.
par l'entremife de leur lumière j
ques en forte :
qu'il
&
des nerfs opti-
nefl pas plus neceffaire que noflre
ame exerce immédiatement fes fondions dans
le
pour y fentir fes pallions, qu'il eft necelfaire foit dans le ciel pour y voir les aftrcs.
cœur,
qu'elle i
ARTICLE XXXIV.
Comment lame &
le
corps
agijj'eiil l
un contre
l
autre.
que l'ame a fon liège principal dans la petite glande qui eft au milieu du cerveau, d où elle rayonne en tout le rcfte du corps par lenlremife des efprits, des nerfs, &. meime du fang. qui,
Concevons donc
icy
10
participant aux impreffions des efprits, les peut porter
membres.
nous fouvenant de ce qui a efté dit cy-deffus^ de la machine de noftre corps, à fçavoir que les petits filets de nos
par
les artères
en tous
les
Et
i5
nerfs font telle^ment diftribuez en toutes fes parties,
qu'à l'occafion des divers
par
mouvemens qui y
les objets fenfibles,
ils
pores du cerveau, ce qui
fait
font excitez
ouvrent diverfcmenl
que
les efprits
les
animaux
contenus en
fes cavitez entrent
diverfement dans
les
mufcles, au
moyen de quoy
peuvent mouvoir
les
membres en
ils
toutes les diverfes façons qu'ils font
capables d'eftre meus;
&
que toutes les autres caufes, qui peuvent diverfement mouvoir les efprits, fuffifentpour les conduire en divers mufcles Adjouftons icy que la petite glande qui eft le principal fiege de lame, eft tellement fufpenduë entre les cavitez qui auffî
:
u.
Ani.
XVI. p.
-o
341 ci-avant
25
Première PARXfE.
5o-5î.
3 ^
contienent ces efprits, qu'elle peut eftre
en autant de divcrfes façons,
dans
qu'il y a
<;
mcuc par eux de diverfitez
mais qu'elle peut auffi eftre diverlement meuë par lame, laquelle eft de teljic nature fenfibles
5
les objets:
qu'elle reçoit autant de diverfes impreflions en elle,
à dire, qu'elle a autant de diverfes perceptions,
c'eft
qu'il
mouvemcns en
arrive de divers
Comme
cette glande.
aulR réciproquement la machine du corps
eft
tellement çompofée, que de cela feul que cette glande 10
eft
divcrfement meuë par lame, ou par
telle
autre
caufe que ce puifle eftre, elle poufte les efprits qui l'environnent vers lespores du cerveau, qui les condui-
dans les mufcles. au moyen de quoy leuffait mouvoir les membres.
fent par les nerfs elle
ARTICLE \XXV.
i5
Exemple de
la façon
que
les imprejjîons des objets
en la glande qui
ejl
.s'
unijfcnt
au milieu du cerveau.
par exemple, fi nous \oyons quelque animal venir vers nous, la lumière rcflefchie de fon corps Ainfi,
|
2o
en peint deux images, une en chacun de nos yeux; & ces deux images en forment deUx autres, par l'entremife des nerfs optiques, dans
du cerveau, qui regarde
la fuperficie intérieure
fes concavitez; puis
de
là,
par
l'entrcmife des efprits dont ces cavitez font remplies, 2 5
images rayonnent on telle forte vers la petite glande que ces efprits environnent, que le mouveces
ment qui compofe chaque point de tend vers
le
mefnie point de
la
l'une des images,
glande, vers lequel
j
Des Passions.
ç6
tend
le
mouvement
qui forme
image, lequel reprefente
la
42-54
le
point de l'autre
mefme
partie de cet ani-
mal au moyen de quoy les deux images qui font dans le cerveau n'en compofent qu'une feule fur la glande, qui, agifl'ant immédiatement contre lame, luy :
fait
voir la figure de cet animal.
I
ARTICLE XXXVI.
Exemple de
la
façon que
les
Pajfwns
font excitées en l'ame. Et outre cela,
fi
cette figure eit fort eflrange
eftVoyable, c'efl à dire,
fi
elle a
&
fort
10
beaucoup de raport
avec les chofes qui ont efté auparavant nuifibles au corps, cela excite en
en
&
fuite celle
de
lame
la hardiefle,
de fefpouvantc, félon
de
la pafTion
le
corps, ou la force de lame,
&
ou bien celle de la peur divers tempérament du
&
la fuite,
contre
chofes nuifibles aufquelles l'impreflion prefente a
du raport. Car cela rend le cerveau tellement difpofé en quelques hommes, que les efprits rellefchis de l'image ainfi formée fur la glande, vont de là fe rendre, partie dans les nerfs qui fervent à
&
j
dos
remuer
20
tourner
jambes pour s'en fuïr, & partie en ceux qui eflargifleni ou eftreciifent tellement les orifices du cœur, ou bien qui agitent tellement les
le
i5
félon qu'on sert aupa-
ravant garenti, par la defenfc ou par les
la crainte,
les
autres parties d'où
le
fang luy
efl
envoyé, que. ce
fang y eftant raréfié d'autre façon que de coullume, il envoyé des efprits au cerveau qui font propres à
t'>
Première Partie.
"i-^î.
entretenir
&
de
fortifier la paiTion
y^^j
la peur, c eft à dire
qui font propres à tenir ouverts, ou bien à ouvrir derechef, les pores du cerveau qui lesconduifent dans les 5
mefrnes nerfs. Car de cela feul que ces efprits
entrent en ces pores,
ils
un mouvement
excitent
parti-
culier en cette glande, lequel cil inftilué de la nature,
pour
faire fentir à
ces pores
lame
raportent
fe
cette paflion. Et pource
principalement
nerfs, qui fervent a referrer lo
du cœur, cela
comme
dans
fait
le
que famé
ou la
|
aux
que
petits
eflargir les orifices
fent principalement
cœur.
.\RTICLE XXXVII.
Comment
il
paroijî qu'elles- font foules caufées
par quelque mouvement des "5
Et
pource que
le
efprits.
femblable arrive en toutes
les
autres paflions, à fçavoir quelles font principalement
caufées par les efprits contenus dans les cavitez du
cerveau, entant qu'ils prenent leur cours vers les nerfs, qui fervent à eflargir 20
ou
eftrecir les orifices
du
cœur, ou à pouffer diverfement vers luy le fang qui efl dans les autres parties, ou, en quelque autre façon que ce foit, à entretenir la mefme pafîion on peut :
clairemeni entendre de cecy, pourquoy
j'ay
mis cy
defîbs en leur définition, qu'elles font caufées par 25
quelque mouvement particulier des
efprits.
Des Passions.
3^8
s'')-^7.
lARTICr.E XXXVIII.
Exemple des mouvcmens du corps les paj/ions,
Au
en
refle,
&
qui accoinpagncnt
ne dépendent point de lame.
mefme
façon que
le
ces efprits vers les nerfs du cœur,
pour donner glande, par lequel la peur eft mife aufli, pai cela Icul que quelques
mouvement à la dans lame ainfi efprits vont en mefme temps le
:
mouvement en
duquel l'ame fent
en cette façon difpofition
&
la
fuffit
3
vers les nerfs, qui fer-
vent à remuer les jambes pour autre
cours que prenant
mefme
fuir, ils
caufent un
glande, par
le
moyen
lo
aperçoit cette fuite, laquelle peut
eftre excitée
des organes,
dans
&
le
corps, par la feule
fans que
lame y con-
tribue.
ARTICLE XXXIX.
I
Comment une mefme
caufe peut exciter
diverfes pajjions en divers
La
mefme
i5
hommes.
imprefllon que la prefence d'un objet
eflroyable fait fur la glande,
&
qui caufe la peur en
quelques hommes, peut exciter en d'autres ie courage & la hardiefle dont la raifon eft que tous les
20
;
mefme
&
que le mefme mouvement de la glande, qui en quelques uns excite la peur, fait dans les autres que les efprits entrent dans les pores du cerveau, qui les conduifent, partie dans les nerfs qui fervent à remuer les mains cerver.ux ne font pas difpofcz en
façon;
25
sy-ig-
Première Partie.
.
pour
&
fe défendre,
pouffent
partie en ceux qui
fang vers
le
359
le
cœur, en
agitent
façon qui
la
& eft
requife pour produire des efprits propres à continuer cette dcfence,
c<:
en retenir
i I
Quel
Car
eft
il
de toutes incitent 10
cjl le
ARTICLE XL.
principal effecl des pajjîons.
befoin de remarquer que
les paffions
&
la volonté.
dans
difpofent leur
fentiment de
la
la hardieffe à
vouloir combatre,
l'incite à
ARTICLE
eft
Mais
volonté
la
eft
vouloir
&
ainfi
que
les
unes
|
des autres.
XLI,
j'ay diftinguées
:
&
des deux
en l'ame, dont
font fes adions, à fçavoir fes volontez, les
mot en
fa
plus
générale fignification, qui comprend toutes fortes de
perceptions
2i
corps.
tellement libre de fa nature,
autres fes partions, en prenant ce 20
le
celuy de
fuir,
qu'elle ne peut jamais eftre contrainte
fortes de penfees
elles
en forte que
:
Quel ejl le pouvoir de l'ame au regard du i3
qu
à vouloir les chofes auf-
quelles elles préparent leur corps
peur
principal ctTed
hommes,
les
ame
le
pouvoir,
&
gées par
le
:
premières font abfolument en fon
les
ne peuvent quindiredement corps
:
comme, au
eftre
chan-
contraire, les dernières
dépendent abfolument des adions qui & elles ne peuvent qu'indirectement
les produifent,
eftre
changées
.
jôo
Df:s Passions.
par Tamc, excepté lors quelle caufe. Et toute laclion de
cela feul
qu
elle veut
Tame
59-61.
eft elle
confifte
quelque chofe,
mefme
leur
en ce que, par
elle fait
que
la
petite glande, à qui elle eft eftroitement jointe, fe
meut en
la
façon qui
eft
requife pour produire l'effed
qui fe raporte à cette volonté.
1
Comment
ARTICLE
XLII.
on trouve en fa mémoire
chofes
les
dont on veut fe fouvenir
que lame veut fe fouvenir de quelque chofe, cette volonté fait que la glande, fe penchant Ainfi lors
10
fucceflivement vers divers coftez, poufte les efprits vers, divers
endroits du cerveau, jufques à ce qu'ils
rencontrent celuy où font les traces que l'objet dont
on veut
fouvenir y a laifiees. Car ces traces ne font autre chofe, finon que les pores du cerveau, par où fe
i3
auparavant pris leur cours à caufe de prefence de cet objet, ont acquis par cela une plus
les efprits ont la
grande facilité que les autres, à eftre ouverts derechef en mefme façon par les efprits qui vienent vers eux. En forte que ces efprits, rencontrant ces pores, entrent dedans plus facilement que dans
au moyen de quov ticulier
en
la
ils
les
autres
:
mouvement parreprelente à lame le
excitent un
glande, lequel
mefme
objet,
duquel
elle vouloit fe fouvenir.
vi
|
20
luy fait connoiftre qu'il
eft
celuy
^5
6i
Première Partie.
62.
ARTICLE
Comment
)6i
XLIII.
l'ame peut imaginer, ejîre attentive,
&
mouvoir
le
corps.
quand on veut imaginer quelque chofe qu on n'a jamais veuë, cette volonté a la force de faire que la glande fe meut en la façon qui eft requife, pour poufîer les efprits vers les pores du cerveau, par l'ouAinfi
5
verture defquels cette chofe peut eftre reprefentée.
quand on veut arefter fon attention à confiderer quelque temps un mefme objet, cette volonté retient la glande pendant ce temps là, penchée vers un mefme cofté. Ainfi enfin, quand on veut marcher, ou mouAinfî
lo
i
voir fon corps en quelque autre façon, cette volonté fait li
que
la
glande poufTe
les efprits vers les
mufclcs
qui fervent à cet eflfed.
ARTICLE XLIV.
Que chaque
volonté ejî naturellement jointe à quelque
mouvement de
la
glande; mais que, par indujîrie ou par
habitude, on la peut joindre à d'autres. 20
Toutefois ce
n'eft
pas tousjours
la
volonté d'exciter
en nous quelque mouvement, ou quelque autre efFed,
mais cela change félon que la nature ou l'habitude ont diverfement joint chaque mouvement de la glande à chaque penfée. Ainfi, par exemple, fi on veut difpofer fes yeux à regarder un objet fort éloigné, cette volonté fait que
qui peut faire que nous l'excitons
^.5
Œl'VRES.
VL
:
4Ô.
Des
j62
Passions.
leur prunelle s'eflargit; |
à regarder
qu
un objet
elle s'eftrecit.
&
fi
on
62-64.
les veut difpofer
fort proche, cette volonté fait
Mais
fi
on penfe feulement à
eflar-
Teflargit
on a beau en avoir la volonté, on ne point pour cela d'autant que la nature n'a
pas joint
le
gir la prunelle,
:
mouvement de
les efprits vers le
la glande^,
nerf optique, en
5
qui fert à pouffer la
façon qui
eft
requife pour eflargir ou eflrecir la prunelle, avec la
volonté de l'eflargir ou eftrecir, mais bien avec celle
de regarder des objets elloignez ou proches. Et lors
10
qu'en parlant nous ne penfons qu'au fens de ce que
nous voulons
'
que nous remuons la langue & les lèvres beaucoup plus promptement & beaucoup mieux, que fi nous penfions à les remuer en toutes les façons qui font requifes pour proférer les mefmes paroles. D'autant que l'habitude que nous avons acquife en apprenant à parler, a fait que nous avons joint l'adion de lame, qui, par l'entrcmife de la glande, peut mouvoir la langue &. les lèvres, dire, cela fait
avec la fignification des paroles qui fuivent de ces
mouvemens,
pluftoft qu'avec les
ARTICLE
Quel ejî
Nos
le pouvoir
20
mouvemens mefmes.
Xl.V.
de l'ame au regard de/es paffwns.
paiTions ne peuvent pas aulfi directement eftre
excitées ny ollées par l'adion de nortre volonté, mais
indiredemeni par la reprefentation des chofes qui ont couflumc d'eftre jointes avec les paflions que nous voulons avoir, & qui font con-
elles
i3
peuvent
l'eflre
2 5
Première Partie.
64-66.
que nous voulons
traires à celles
exciter en foy la hardieffe
pas d'en avoir
|
&
rejetter. Ainfi,
pour
ne
futfit
ofter la peur,
mais
la volonté,
j6j
il
il
faut s appliquer a
confiderer les raifons, les objets, ou les exemples, qui 5
perfuadent que
le péril n'eft
pas grand
jours plus de feureté en la defenfe
qu'on aura de
la gloire
&
de
la
;
y a tous-
qu'il
qu'en
la
;
joye d'avoir vaincu,
au lieu qu'on ne peut attendre que du regret honte d'avoir fui, & chofes femblables.
S:
de la
ARTICLE XLVI.
lO
Quelle
qui empefche que
ejî la raifon
entièrement difpofer de fes Et
i5
fuite
il
lame
ne puijfe
paj/ion.s.
y a une raifon particulière qui empefche
Tamc
de pouvoir promptement changer ou arrertcr fes paffions, laquelle m'a donné fujet de mettre cy deHiis en
non feulement caufées, entretenues & fortifiées, par quelque mouve-
leur définition", qu'elles font
mais
ment
auflTi
particulier des efprits. Cette raifon |
font prefque toutes 20
le
fang
&
les efprits,
ce que cette émotion
25
qu'elles
accompagnées de quelque émo-
tion qui fe fait dans le cœur,
en tout
efl,
&
par confequent
auflTi
en forte que, jufques à
demeurent prefentes à noftre penfée en mefme façon que les objets fenfibles y font prefens, pendant qu'ils agiffent contre les organes de nos fens. Et comme l'ame, en fe rendant fort attentive à quelque autre chofe, peut s'empefcher d'ouïr un petit bruit, ou de fentir une petite a,
Art. xxvm,
p.
34g,
1.
ait cefle, elles
1413.
Des
j64
Passions.
66-68.
douleur, mais ne peut s'empefcher en
mefme façon
d'ouïr le tonnerre, ou de fentir le feu qui brufle la
main
:
peut ayfement furmonter
ainii elle
les
moindres
mais non pas les pîus violentes & les plus fortes, finon après que l'émotion du fang & des efprits eit appaifée. Le plus. que la volonté puiife faire, pendant que celte émotion efl en fa vigeur,c'eftde ne pas paflions,
s
I
confentir à fes efFeds,
vemens aufquels
elle difpofe le corps.
main pour
la colère fait lever la
ordinairement
de retenir plufieurs des mou-
i.<;
la retenir;
la
fi
Par exemple,
fi
fraper, la volonté peut
peur incite
à fuir, la volonté les peut arefter,
&
ainfi
les
lo
jambes
des autres.
ARTICLE XLVII.
En quoy conjîjîent les combats entre la partie inférieure Et ce n'eft qu'en la
mouvemens que fa volonté,
le
qu'on a coujîume d'imaginer
&
lafuperieure de lame.
répugnance, qui
corps par fes efprits,
tendent à exciter en
eft
i5
entre les
& lame
par
mefme temps dans
la
glande, que confillent tous les combats qu on a cou-
ftume d'imaginer entre qu'on
nomme
de lame,
la partie inférieure
fcnfitive,
&
la
fupericurc qui
20
eft rai-
I
fonnable, ou bien entre les appétits naturels volonté.
ame qui
Car
il
n'a en foy
n'y a en
aucune
eft fenfrtive, eft
nous qu'une
feule
ame,
diverfité de parties
raifonnable,
&
font des volontez. L'erreur qu'on a
:
la
&.
c^
la
cette
mefme
tous fes appétits
commifc en luv
faifant jouer divers perfonages, qui font ordinaire-
ment contraires
les
uns aux autres, ne vient que de
2 5
Première Partie.
6S-70-
j6^
ce qu'on n'a pas bien diftingué fes fondions d'avec
du corps, auquel feul on doit attribuer tout ce qui peut eftre remarqué en nous qui répugne à noftre raifon. En forte qu'il n'y a point en cecy d'autre ccmbat, finon que la petite glande qui eft au milieu du cerveau, pouvant eftre pouftee d'un cofté par lame, & de l'autre par les efprits animaux, qui ne font que des celles
5
corps
quej'ay dit cy defrus%
ainfi
il
arrive fou vent
ces deux impulfions font contraires, 10
&.
que
que
la plus
empefche l'effed de l'autre. Or on peut diftinguer deux fortes de mouvemens, excitez par les efprits dans la glande les uns reprefenteni à lame les objets qui meuvent les fens, ou les impreffions qui fe rencontrent dans le cerveau, & ne font aucun effort fur forte
:
i5
volonté
fa
;
les autres
ceux qui caufent
y font quelque
les palfions
ou
les
effoit, à fçavoir
mouvemens du
corps qui les accompagnent. Et pour les premiers,
encore qu'ils empefchent fouvent
ou bien
20
les
adions de l'ame,
empefchés par elles toutefois, à caufe qu'ils ne font pas diredement contraires, on n'y remarque point de combat. On en remarque feulement entre les derniers & les volontez qui leur répugnent par exemple, entre l'effort dont les efprits pouffent la glande pour cau|fer en lame le defir de quelque chofe, & celuy dont lame la repouffe par la volonté qu'elle a de fuir la mefme chofe. Et ce qui fait principalement paroiftre ce combat, c'eft que la volonté n'ayant pas le pouvoir d'exciter diredement qu'ils foyent
:
:
25
les paffions, ainfi qu'il a dej?. efté dit'', elle eft a.
b.
Art. Art.
x, p. 335, .\lv, p.
1.
4-5.
362-363.
con-
Des Passions.
j66
traintc d'ufer dinduftrie,
&
70-7?
de s'appliquer à confi-
derer fucceffivement diverfes chofes, dont
que Tune
force de changer pour un
ait la
cours des efprits, l'a
&
pas,
que
dans
&.
que l'ame defirer la
reprenent
la difpolition qui a
cœur
iS:
le
fuit
auffitofl après, à
:
ne
caufe le
mefme temps
pouffée prefque en
qu'on a pris occafion d'imaginer en
elle
5
ce qui fait
ne defirer pas une mefme chofe. Et
fances qui
le
précédé dans les nerfs, dans
fang, n'efl pas changée
fe fent
moment
peut arriver que celle qui
il
qu'ils le
arrive
s'il
c'eft
à
de
deux puif-
10
combatent. Toutefois on peut encore
fe
concevoir quelque combat, en ce que fouvent
la
mefme
caufe, qui excite en l'ame quelque paiTion, excite aufli
certains
mouvemens dans
ne contribue point. che d'arefter
&
corps, aufquels
le
lefquels
fitoft qu'elle
aperçoit
les
efprouve, lors que ce qui excite
que les remuer
efprits entrent
dans
les
la
jambes pour fuïr. & que a délire hardy les arrelle.
En quoy on
:
taf-
i5
comme on
peur,
fait
auifi
mulcles qui fervent a
les
ARTICLE
ou
arefte
elle
lamé
la
volonté qu'on 20
XLVIll.
connoijl la force ou la foiblejfe des âmes.
& quel cfi le mal des plus foibles. Or
cell par le fucces de ces combats que chacun
peut connoiflre
la force
ou
la foibleffe
de fon ame.
Car ceux en qui na turellement
la
volonté peut
ayfcment vaincre
&
arrefter les
mens du corps
les pallions
le
plus
mouve-
qui les accompagnent, ont fans doute
25
Première Partie.
72-7Î-
âmes
^67
y en a qui ne peuvent efprouver leur force, pource qu'ils ne font jamais les
les plus fortes.
Mais
il
combattre leur volonté avec fes propres armes, mais feulement avec celles que liiy fourniffent quelques 5
paffions
pour
refifter
à quelques autres.
Ce que
je
nomme fes propres armes, font des jugemens fermes & déterminez touchant la connoiflance du bien du il-
mal, fuivant lefquels elle a refolu de conduire les
adions de 10
fa vie. Et les
amcs
les plus foibles
de toutes
font celles dont la volonté ne le détermine point ainfi
à fuivre certains jugemens, mais fe
laiffe
continuel-
lement emporter aux paffions prefentes, lefquelles cftant fouvent contraires les unes aux autres, la tirent tour à tour à r5
|
leur parti,
&
l'employant à combatre
contre elle mefme, mettent l'ame au plus déplorable eftat qu'elle puiff^ eftre. Ainfi lors
que
la
peur repre-
mort comme un mal extrême, & qui ne peut eftre évité que par la fuite, fi l'ambition, d'autre cofté, reprefente l'infamie de cette fuite, comme un mal pire fente la
20
que
la
mort
ces deux paffions agitent diverfemcnt la
:
volonté, laquelle obeïffant tantoft à l'une, tantoft à l'autre, s'oppofe
continuellement à foy mefme,
rend lame efclave
&
li ainfi
malheureufe.
ARTICLE XLIX.
Que
25
la force
de l'ame ne
la connoiffance
de
fuffit
pas fans
la vérité.
y a fort peu d'hommes fi foibles & irrefolus. qu'ils ne vueillent rien que ce que leur pafIl
eft
vray
qu'il
Des
}6S
Passions.
73-75.
plus part ont des jugemens déter-
fion leur dide. La |
minez, fuivant lefquels
ils
règlent une partie de leurs
adions. Et bien que fouvent ces jugemens foient faux,
& mefme
fondez fur quelques paffions, par lefquelles
volonté
la
s'eft
auparavant
laiffé
vaincre ou feduire
3
:
toutefois, à caufe qu'elle continue de les fuivre, lors
que
la paffion qui les
confiderer les
âmes
comme
a caufez
fes
eft
abfente, on les peut
propres armes,
&
penfer que
font plus fortes ou plus foibles, à raifon de
ce quelles peuvent plus ou moins fuivre ces juge-
&
mens,
refifler
contraires. Mais
10
aux paffions prefentes qui leur font
y a pourtant grande différence entre les refolutions qui procèdent de quelque faulTe opi-
&
nion,
il
noiffance de la vérité dernières,
on
eft
fuivi les
:
i5
afleuré de n'en avoir jamais de regret,
de repentir; au
ni
que fur la cond'autant que, fi on fuit ces
celles qui ne font appuïées
|
lieu qu'on
en a tousjours d'avoir
premières, lors qu'on en découvre l'erreur.
ARTICLE
L.
Qu'il n'y a point d'ame Ji foible, quelle ne puijfe, ejîant bien conduite, acquérir un pouvoir abfolu
20
fur fes paf-
fions.
Et
il
efté dit la
eft utile
icy de fçavoir que,
cy deflus% encore que chaque
glande femble avoir
efté joint
cune de nos penfées, dés vie, a.
on
comme
les
Art. xliv,
le
par
la
il
a déjà
mouvement de nature a cha-
commencement de
noftre
peut toutefois joindre à d'autres par habip.
36
1.
25
Première Partie.
75-77
que lexperience excitent des mouvemens en tude
fait voir
ainfi
:
^69
aux paroles, qui
glande, lefquels, félon
la
que ou la
Tinflitution de la nature, ne reprefentent a l'ame
leur fon, lors quelles font proférées de la voix, 5
figure de leurs lettres,
|
lors qu'elles font efcriles, 6:
qui, neantmoins, par Ihabilude qu'on a acquife en
penfant à ce qu'elles fignifient, lors qu'on a ouy leur fon ou bien qu'on a vu leurs lettres, ont couflume
de faire concevoir cette fignification, plurtoft que 10
la
figure de leurs lettres
ou bien
labes.
de fçavoir, qu'encore que les
efl utile aulfi
Il
mouvemens,
tant de la glande
le
fon de 'leurs fyl-
que des
efprits
&
du
cerveau, qui reprefentent à l'ame certains objets, foient naturellement joints avec ceux qui excitent en i5
elle certaines pallions, ils
tude en eflre feparez, rens;
&
mefme, que
&
peuvent toutefois par habijoints à d'autres fort difle-
cette habitude peut eflre acquife
par une feule adion,
&
ne requiert point un long
ufage. Ainli lors qu'on rencontre inopinément quelque 20
en une viande qu'on mange avec furprife de cette rencontre peut telle-
chofe de fort appétit, la
fale,
|
ment changer
la difpofition
du cerveau, qu'on ne
pourra plus voir par après de telle viande qu'avec horreur, au lieu qu'on la mangcoit auparavant avec 2 5
on peut remarquer la mefme chofe dans les befles car encore qu'elles n'ayent point de raifon, ny peut eflre aulîi aucune penfée, tous les mouvemens des efprits
paffions, ne laiiTeni pas d'élire en elles, 3o
entretenir fions,
il fortifier,
mais
les
(Klvpks. VI.
non pas
comme
mouvemens des
nerfs
&
d'y fervir à
en nous &;
les paf-
des mufcles, 47
1
Des Passions.
)jo
qui ont couftume de
les
accompagner.
qu'un chien voit une perdrix, porté à courir vers
elle,
&
77-78.
il
efl
Ainfi
lors
naturellement
lors qu'il oit tirer
ce bruit l'incite naturellement à s'en fuir
;
un
fuzil.
mais neant-
moins on
drefle ordinairement les chiens
en
quela veuë d'une perdrix fait qu'ils |s'arque le bruit qu'ils oyent après, lors qu'on
couchans
5
telle forte,
reftent,
&
y accourent. Or ces chofes font utiles à fçavoir, pour donner le courage à un chacun tire fur elle, fait qu'ils
d'eftudicr à régler fes paiïions.
Car puifqu'on peut,
avec un peu d'induftrie, changer les
mouvcmens du
cerveau dans les animaux dcpourveus de raifon, évident qu'on
le
10
peut encore mieux dans
les
il
ell
hommes;
& que
ceux mefme qui ont les plus foibles âmes, pourroient acquérir un empire tres-abfolu fur toutes leurs paffions, fi on employoit aflez d'induftrie à les dreifer,
&
à les conduire.
i5
LES PASSIONS DE L'AME
SECONDE PARTIE. Du nombre & Palfions,
des
&
fix
de l'ordre des l'explication
primitives.
ARTICLE Quelles font
On lo
premières caufes des pajjïohs.
connoift, de ce qui a efté dit cy deffus", que la
&
dernière n'eft
les
LI.
plus prochaine caufc des pafTions de
lame
autre que l'agitation, dont les efprits meuvent
la
au milieu du cerveau. Mais cela pas pour les pouvoir diftinguer les unes des
petite glande qui eft
ne
fuffit
autres
:
il eft
hefoin de rechercher leurs fources,
I
i5
d'examiner leurs premières caufes.
Or encore
&
quelles
puiiïent quelquefois eftre caufées par l'adion de l'ame,
qui fe détermine a concevoir tels ou tels objets; aufïi
a.
par
le feul
Akt XXXIV,
p.
tempérament du corps, ou par
354-3^5.
&.
les
5
Des
372
Passions.
so-Sï.
impreffions qui fe rencontrent fortuitement dans
cerveau,
comme
il
arrive lors qu'on fe fent triftc
le
ou
joyeux fans en pouvoir dire aucun fujet il paroift neantmoins, par ce qui a dûé dit, que toutes les :
mefmes peuvent auffi eftre excitées par les objets qui meuvent les fens, & que ces objets font leurs caufes plus ordinaires
&
les trouver toutes,
principales il
fuffit
:
d'où
il
fuit
5
que, pour
de confiderer tous les
effets
de ces objets.
I
Quel
ejl
leur ufage,
lO
ARTICLE LU.
& comment
on
les
peut dénombrer.
remarque, outre cela, que les objets qui meuvent fens, n'excitent pas en nous diverfes paffions à
le
les
railon de toutes les diverfitez qui font en eux, mais
feulement à raifon des diverfes façons qu'ils nous peuvent nuire ou profiter, ou bien en gênerai eftre importans; lifte
&
que l'ufage de toutes
en cela feul, qu'elles difpofent
chofes que fifter
la
les palfions
lame
:
comme
aufli la
con-
à vouloir les
&
à per-
mefme
agita-
nature dide nous eftre utiles,
en cette volonté
i"»
20
tion des efprits, qui a couftumc de les caufer, difpofe le
corps aux
mouvcmcns
qui fervent à l'exécution de
ces chofes. C'cft pourquoy, affin de les dénombrer, il
faut feulement examiner par oridre, en
combien de
diverfes façons qui nous importent nos fens peuvent eftre
meus par
leurs objets. Et je feray icy
brement de toutes
le
dénom-
les principales paffions, félon l'ordre
qu'elles peuvent ainfi eftre trouvées.
2
.
Seconde Partie.
82-83.
J7J
DENOMBREMENT
L'ORDRE & LE
DES PASSIONS'. ARTICLE
I.III.
L'Admiration.
Lors que
5
lo
la
première rencontre de quelque objet
nous furprent, & que nous le jugeons eftre nouveau, ou fort différent de ce que nous connoiffions auparavant, ou bien de ce que nous fuppofions qu'il devoit eftre, cela fait que nous Tadmirons & en fommcs eftonnez. Et pour ce que cela peut arriver avant que nous connoiffions aucunement fi cet objet nous eft convenable, ou s'il ne l'eft pas, il me fcmble que l'AdI
miration
eft la
première de toutes
les paffions. Et elle
n'a point de contraire, à caufe que, i5
fi
l'objet qui fe
prefente n'a rien en foy qui nous furprene, nous n'en
fommes aucunement émeus,
nous
&l
confiderons
le
fans paffion.
ARTICLE
L'EJîimc 20
& le (S-
A
Me/pris, /
la
Hu m m te
l'Admiration
eft
LIV.
Generojilé ou l'Orgueil, u la BafjfefJ'c
jointe l'Eftime ou
le
Mefpris,
que c'eft la grandeur d'un objet ou fa petiteffe que nous admirons. Et nous pouvons ainfi nous eftimer ou nous mefprifer nous mefmes d'où viencnt
félon
:
a.
Voir
t.
IV, p. 3j3,
1.
14-22,
et p.
332,
1.
6-1
1.
Des
374 les paffions.
&
ou d Orgueil,
en fuite
&
Passions. les
ss-sj.
habitudes de Magnanimité
d'Humilité ou de Balîefle.
ARTICLE LV.
La Vénération
&
le
Dédain.
Mais quand nous eftimons ou mefprifons d'autres
5
que nous confiderons comme des caufcs libres, capables de faire du bien ou du mal, de TEftime vient
objets,
la
Vénération,
&
du fimple Mefpris
le
Dédain.
ARTICLE LVI.
L'Amour &
Or
la
Haine.
lo
toutes les pallions précédentes peuvent eftre
excitées en nous fans que nous apercevions en aucune
façon
fi
lobjel qui les caufe cA bon ou mauvais. Mais
nous eu reprefentée comme bonne à noftrc égard, c'ell à dire, comme nous ertant convenable, cela nous fait avoir pour elle de l'Amour; & lors quelle nous efl reprefentée comme mauvaife ou nuifible, cela nous excite à la Haine. lors qu'une chofe
i3
I
ARTICLE
LVII.
Le Dejir.
De fent
la
mcfmc
20
confideration du bien
toutes les autres
mètre par ordre,
pallions.
je diftingue les
&
du mal
Mais,
temps,
atfin
&
naif-
de
les
confiderant
Seconde Partie.
86-87.
5
^7^
qu elles nous portent bien plus à regardai l'avenir que le prefent ou le paiïe, je commence par le Defir. Car non feulement lors qu'on defire acquérir un bien qu'on n'a pas encore, ou bien éviter un mal qu'on juge pouvoir arriver, mais auffi lors qu on ne fouhaite que la confervation dun bien, ou labfence d'un mal qui eft tout ce à quoy fe peut eflendre cette paflion il eft :
:
évident qu'elle regarde tousjours l'avenir.
I.\RTICLE LVIII.
L'E/perance,
10
la
la Sécurité,
Il
fuffit
Crainte, la laloujîc,
& le
Defefpoir.
de penfer que lacquifition d un bien ou la
mal ert poflible, pour eftre incité a la defirer. Mais quand on confidere, outre cela, s'il y a beaucoup ou peu d'apparence qu'on obtiene ce qu'on defire, ce qui nous reprefent€ qu'il y en a beaucoup, excite en nous l'Efperance, &. ce qui nous reprefente qu'il y en a peu, excite la Crainte, dont la laloufie eft une efpece. Lorsque lEfperance eft extrême, elle change de nature, & fe nomme Sécurité ou AlTeurance. Comme, au confuite d'un
i5
20
traire, l'extrême
Crainte devient Defefpoir.
I
ARTICLE
LIX.
L'Irrefolution, le Courage, la Hardiejje, l'Emulation, la
25
Lafcheté,
&
l'Efpouvante.
nous pouvons ainli efperer &. craindre, encore que 1 événement de ce que nous attendons ne dépende Et
Des
jj6
Passions.
87-89-
aucunement de nous. Mais quand
comme
en dépendant,
nous
il
eft
repre-
peut y avoir de la difficulté en Teledion des moyens ou en l'exécution. De
fenté
la
il
première vient llrrefolution, qui nous difpofe à
délibérer
&
prendre confeil.
Courage, ou efpece.
Et
comme
la
la KardielTe,
la
Lafcheté
eft
A
dernière s'oppofe
la
le
5
une contraire au Courage,
dont lEmulation
Peur ou rEfpouvante à
eft
la Hardiefle.
I.\RTICLE LX.
Le Rémora. Et
fi
on
s'eft
lo
déterminé à quelque adion, avant que
llrrefolution fuft oftée, cela fait naiftre le
confcience
comme
;
Remors de
lequel ne regarde pas le temps à venir,
les paffions précédentes,
mais
le
prefent ou le i5
palTé.
ARTICLE
La loye
& la
LXI.
TriJîeJJe.
du bien prefent excite en nous de la loye, celle du mal de la Trifteffe, lors que c'eft un bien ou un mal qui nous eft reprefenté comme nous Et la confideration
20
apartenant.
I
ARTICLE
La Moquerie, Mais
lors qu'il
nous
eft
LXII.
l'Envie, la Pitié.
reprefenté
comme
nant à d'autres hommes, nous pouvons
les
apparte-
en eftimer
25
Seconde Partie.
89-9'
^77
dignes ou indignes. Et lors que nous
en eltimons
les
dignes, cela n'excite point en nous d'autre palîion que
entant que ceft pour nous quelque bien de
la loye,
voir que les chofes arrivent 3
comme
elles doivent.
Il
v
que la foye qui vient du bien efl ferieufe; au lieu que celle qui vient du mal, eft accompagnée de Ris 61 de Moquerie. Mais fi nous les en eftimons indignes, le bien e.xcite Envie, & le mal la Pitié, qui font des efpeces de Trirtelfe. Et il efl. à remarquer que les melmes pallions qui le rapportent aux biens ou aux maux prefens, peuvent fouveni auffi eilrc rapportées à ceux qui font a venir, en tant que l'opinion qu'on a qu'ils aviendront, les reprefente a feulement cette différence,
I
10
I
comme
prefens.
ARTICLE
i5
La
LXIII.
Salisfaclion de foy-mc/vic,
&
le
Repentir.
m
Nous pouvons
20
aulïi
confidcrer la caufe du bien ou
du mal, tant prefent que paffé. Et le bien qui a elle fait par nous-mefmes nous donne une Satisfadion interieure, qui efl: la plus douce de toutes les pafîions au lieu que le mal excite le Repentir, qui eft la plus ;
amere. ARTICLE LXIV.
La Faveur 2 5
Mais
le
&
la
bien qui a elle
Reconnotjfance. fait
que nous avons pour eux de Œl'VRRS.
VL
la
par d'autres,
efl
caufe
Faveur, en|core que ce 48
Des
jyQ
ne
point a nous qu
foit
il
Passions. ait elle fait
9>-9»-
;
c^ fi
c'eft
à nous,
à la Faveur nous joignons hi Peconnoilîance.
ARTICLE LXV. L'Indignation
Tout de mefme
le
mal
point rapporté à nous,
il
émeut
auffi la
la Colcrc^.
fait
fait
pour eux de l'Indignation
&
;
par d'autres, n'eftant
5
feulement que nous avons c^
lors qu'il y eft rapporté,
Colère.
ARTICLE LXVI.
&
La Gloire
De
la
Honte.
"o
ou qui a efté en nous, eftant rapporté à l'opinion que les autres en peuvent avoir, excite en nous de la Gloire^ (S: le mal, de la plus, le bien qui
eft,
;
Honte, I
Le Degoujî,
ARTICI.E LXVIl.
le
Regret
&
<'>
l'Allègre [Je.
du bien caufe l'Ennuy. ou le Degouft; au lieu que celle du mal, diminue la Triftefle. Enfin du bien paffé vient le Regret, qui eft une efpece de Triftefle c^ du mal paiTé vient l'Allcgreffe, Et quelquefois la durée
;
qui a.
eft
une efpece de loye.
Tome
IV, p. 538, 1. 11-28. 407, 1. 3-6.
b. Ibid., p.
20
Seconde Partie.
91-94.
ARTICLE
Pourquoy
cehy cjui
Voyla l'ordre qui
dénombrer je
ro
LXVIll.
ce denombreineixi des Pajjiom ejldijjcrent
de
j
j79
e/î
communcmenl
me lemble
Pallions.
les
rcceu.
élire le meilleur
En quov
pour Içay bien que
je
m'éloigne de l'opinion de tous ceux qui en ont cv
Mais ce
devant
elcrit.
Car
tirent leur
n eil
pas
grande raifon.
l'anb
dejnombrement de ce qu'ils diliingueni en la partie rcndtive de lame deux appétits, qu'ils nomment, l'un Concupifcible. lautre Irafcible. Et pour ce que je ne connois en ame aucune diflinclion de parties, ainli que ai dit cy deirus", cela me lemble ne lignifier autre chofe, fmon qu'elle a deux facultez. lune de délirer, l'autre de fe falcher à a ils
I
j
:
i5
caufe qu elle a en
mcïme façon
les facilitez d'admirer,
d'aymer, d'efperer, de craindrC;
&
ainli
de recevoir en
foy chacune des autres pallions, ou de faire les adions aulquelles ces pallions la pouflent,
pourquoy 20
ils
ne voy pas
Condénombre-
ont voulu les lapporter toutes à
cupifcence ou a
Colère. Outre que leur
la
ment ne comprent point toutes lions,
je
comme
je
croy que
fait
la
les principales paf-
cetuy-cv.
le
parle
feulement des principales, a caufe qu'on en pourroii encore diltinguer plulieurs autres plus paniculieres, 25
Si
leur a.
Art.
nombre
e(l indciini.
xlvii. p. 364,
I.
23-24.
Des
^8o
Passions.
ARTICLE
94-9^
I.XIX.
Qu'il n'y a que Jix Pajfjions primitives.
Mais
le
nombre de
celles qui font fimples
tives n'eft pas fort grand. Car, en faifant
&
primi-
une reveuë
fur toutes celles que j'ay dénombrées, on peut avfe-
ment remarquer qu'il
n'y en a
que
fi.x
5
qui foient telles,
à fçavoir, l'Admiration, l'Amour, la Haine, le Defii,
&
&
que toutes les autres font compofées de quelques unes de ces fix, ou bien en font des efpeces. C'eft pourquoy, affin que leur mulla loye,
la TriftefTe
;
10
titude n'embaraffe point les ledeurs, je traitcray icy
feparement des
fix
primitives
;
&
par après
je feray
voir en quelle façon toutes les autres en tirent leur origine.
I
ARTICLE LXX.
De
l'Admiration.
Sa définition
L'Admiration fait qu'elle fe
cil
l5
& fa
caufe.
une fubite furprifc de l'ame, qui
porte à confiderer avec attention les
objets qui luy femblent rares &. extraordinaires. Ainli elle eft caufée, premièrement, par l'imprelîîon qu'on a dans le cerveau, qui reprcfcnte l'objed comme rare, & par confequent digne d'cflre fort confideré; puis en
fuite,
par
le
mouvement des
efprits, qui font dif-
pofez par cette imprclîion à tendre avec grande force vers l'endroit
du cerveau où
20
elle eft,
pour
l'y fortifier
zS
Seconde Partie.
9'^-'//
& conferver comme :
381
aufli ils font difpofez
par
elle à
pafTer de la dans les mufcles, qui fervent à retenir les
organes des fens en laffin qu'elle foit "i
la
mefme
fituation qu'ils font,
encore entretenue par eux,
fi
c'eft
par eux qu'elle a efté formée.
ARTICLE LXXI.
Quil
n'arrive aucun changement dans
Et celte 10
i5
le
ny dans
le
paillon
a cela de particulier,
fang en
cœur
cette pa£ion.
qu'on ne
remarque point qu'elle foit accompagnée d'aucun changement qui arrive dans le cœur &. dans le fang, ainfi que les autres pallions. Dont la raifon eft que, n'ayant pas le bien ny le mal pour objet, mais feulement la connoiffance de la chofe qu'on admire, elle n'a point de rapport avec le cœur tX: le fang, defquels dépend tout le bien du corps, mais feulement avec le cerveau, où font les organes des fens qui fervent à cette connoilTance.
I
En quoy
20
Ce
ARTICLE
LXXII.
conjijle la force
de l'Admiration.
qui n'empefche pas qu'elle n'ait
beaucoup de
force, à caufe de la furprife, c'cft à dire, de l'arrivc-
ment
fubii
Si
inopiné de l'imprellion qui change
mouvement des 25
efpriis; laquelle furprife eft
particulière à cette paflion
:
propre
le
&
en forte que lors qu'elle
3
Des
82
Passions.
fe
rencontre en d'autres,
Ce
rencontrer prefque en
97-99.
comme elle a coulUime de toutes & de les augmenter,
que l'admiration eft jointe avec elles. Et fa force dépend de dcu.v chofcs, à fçavoir. de la nouveauté, (1 c'eft
de ce que
le
mouvement
qu'elle caufe a des fon
com-
«5
mencement toute fa force. Car ell certain qu'un tel mouvement a plus d'effecl que ceux qui, eftant foibles d'abord, À ne croiffant que peu à peu, peuvent ayfement cftre détournez. Il ei\ certain aulli que les objets il
|
des fens qui font nouveaux, touchent certaines
parties aufquelles
d'eftre touché,
& que
n'a
il
le
cerveau en
10
point couflume
ces parties eftant plus tendres
ou moins fermes que celles qu'une agitation fréquente etfecl des mouvemens a endurcies, cela augmente l
qu
ils
ble. fait
fi
y excitent.
Ce qu'on ne
on conlîdere que
que
les plantes
c eft
trouvera pas incroya-
une pareille raifon qui
de nos pieds, eftant accouftumées
à un attouchement allez rude par
la
pefanteur du corps
nous ne tentons que fort peu cet attouchement quand nous marchons; au lieu qu un autre beaucoup moindre 61 plus doux, dont on les qu
i5
elles portent,
20
chatouille, nous ell prefque infupportable. a caule
qu
il
ne nous
eft
pas ordinaire.
[ARTICLE LXXm.
Ce que
c e/I cjiic I
El celte furprife a tant
les efprits.
Fflonnement.
de pouvoir pour faire que
qui font dans les cavitez du cerveau, v
prenent leur cours vers
le Lieu
ou
eft
limprellion de
%'>
Seconde; Partie.
99-ioo.
qu'on admire, quelle
l'objet
tous,
&
qu
fait
les v
j8^
pouffe quelquefois
font tellement occupez à conferver
ils
aucuns qui paffent de la dans les mufclcs, ny iiielme qui fe détournent en aucune façon des premières traces qu ils ont fuivies dans le cerveau ce qui fait que tout le corps demeure immobile comme une Ihituë, & qu'on ne peut apercevoir de lobjet que la première face qui sert prefentée, ny par conlequent en acquérir une plus particulière cette impreffion, qu'il n'v en a
3
:
10
connoiffance.
C ell
eAre cftonné
&.
;
nomme communément
cela qu'on
lertonnement
que mauvais.
tion^ qui ne peut jamais élire
lARTJCLE LXXIV.
«
A
Ljuoy fervent loules les
&à
'5
Or
il
deffus,
eft
que
quoy
elles nitifcni.
de toutes
futilité
fortifient
penfées, lefquelles
ell
il
lille
aulfi
tout
le
en ce qu'elles fortifient ;
elles
&
ou bien
s'arrell;er.
lame des
elle conferve,
cela en
eftre
&
qui
effacées.
peuvent caufer, con-
confervent ces penfées qu'elles en fortifient
confervent d'autres, aufquclles 25
ne confifte
font durer en
bon qu
mal qu
plus qu'il n'eft befoin
les paffions
c<:
pourroient facilement fans
Comme
payons,
ayfé à connoillre, de ce qui a elle dit cy
qu en ce qu'elles -'0
un excès d admira-
cft
il
n'eft
&
pas bon de
Des Passions.
^84
i
A quoy fcrl
ioi-iod.
article lxxv.
parliculicrement l'Admiration.
on peut dire en particulier de l'Admiration, qu'elle efl utile en ce qu'elle fait que nous apprenons & retenons en noftre mémoire les chofes que nous El
5
avons auparavant ignorées. Car nous n'admirons que ce qui nous paroift rare & extraordinaire & rien ne :
nous peut paroiftre
que pour ce que nous l'avons ignoré, ou melme aulfi pour ce qu'il eft différent des chofes que nous avons fceuës car c'eft cette diffetel
;
rence qui
fait
qu'on
le
nomme
encore qu'une chofe qui nous
nouveau
extraordinaire.
cftoit
Or
inconnue f(*pre-
entendement ou à nos fens, nous ne la retenons point pour cela en noftre mémoire, fi ce neft que l'idée que nous en avons foit fortifiée en noftre cerveau par quelque paffion ou bien auffi par l'application de noftre entendement, que noftre volonté détermine a une attention & reflexion fcnte de
10
à noftre
'5
|
;
particulière.
pour
faire
Et
les
autres
qu On remarque
pallions les
peuvent
fervir
chofes qui paroiffent
^0
bonnes un mauvaifes; mais nous n'avons que l'admiration pour celles qui paroilTent feulement rares. Auffi voyons nous que ceux qui n'ont aucune inclination nauirelle à cette palfion, font ordinairement fort ignorans.
"
Seconde Partie.
102-104.
ARTICLE
En qùoy
elle
peut nuire
&
à fan défaut
Mais 5
&
il
:
&
j8^
l.XXVl.
comment on peut fupplecr
corriger fon excès.
arrive bien plus fouvent qu'on admire trop,
qu'on s'eftonne, en apercevant des chofes qui ne point d'eftre confiderées, que
méritent que peu ou |
10
i5
non pas qu'on admire trop peu. Et cela peut entièrement ofter ou pervertir lufage de la raifon. C'eft pourquoy, encore qu'il foit bon d'eftre né avec quelque inclination à cette pallîon, pource que cela nous difpofe à l'acquifition des fciences, nous devons toutefois tafcher par après de nous en délivrer le plus qu'il eft poffible. Car il eft lyfé de fupplecr à (on défaut par une reflexion <^ attention particulière, a laquelle noftre volonté peut tousjours obliger noilre entende-
ment, lors que nous jugeons que
la
fente en vaut la peine; mais
ny
il
chofe qui
le
pre-
a point d'autre
remède pour s'empefcher d'admirer avec excès, que d'acquérir la connoiffance de plufieurs choies^ 20
d de
s'exercer en la confideration de toutes celles qui peu-
vent femblcr les plus rares
Os.
les
plus eftranges.
lAirncLE i.wvii.
Que
ce ne font ni les plus jlupides, ni les plus habiles,
qui font 25
Au
reite,
hebetez
Ok
le
plus porte-^ à l'Admiration.
encore
qu'il
n'y
ait
que ceux qui font
llupidcs, qui ne font point portez de leur
Œi.vRL!;. VI.
«9
Des
^86
Passions.
104-106.
naturel à T Admiration, ce n'eft pas à dire que ceux
qui ont le plus d'efprit, y foient tousjours le plus enclins; mais ce font principalement ceux qui, bien
commun affez
qu'ils
ayent un fens
tefois
grande opinion de leur
bon, n'ont pas tou-
fuffifance.
ARTICLE LXXVIH.
Que fort
excès peut pajfer en habitude, lors
qu'on manque de
corriger.
le
que cette paffion femble fe diminuer par caufe que, plus on rencontre de chofes l'ufage, à rares qu'on admire, plus on s'accouflume à ceffer de les admirer, & à penfer que toutes celles qui fe peuEt bien
10
I
vent prefenter par api es font vulgaires loifqu'elle eft exceflive
&
lement fon attention fur
quelle
à s'arrefter en
qu'on arrefte feui5
en acquérir d'autre con-
noilfance, elle laiffe après foy
lame
toutefois
première image des objets
la
qui^ fe font prefentez, fans
pofe
fait
:
une habitude qui
mefme façon
dif-
fur tous les
autres objets qui fe prefentent, pourveu qu'ils luy paroiffent tant foit peu nouveaux. Et c'eft ce qui fait
20
durer la maladie de ceux qui font aveuglement curieux, c'eft
les
à dire, qui recherchent les raretez feulement pour
admirer,
&
non point pour
devienent peu à peu
fi
que
|
celles
:
car
ils
admiratifs, que des chofes de
nulle importance ne font pas arrefter,
les connoiftre
dont
la
moins capables de
recherche
eft
les
plus utile.
25
Seconde Partie.
I06-.07
ARTICLE LXXIX.
^
Les définitions de V Amour
L'Amour
&
de
la
Haine.
une émotion de l'ame, caufée par
eft
mouvement des 5
^87
efprits, qui l'incite
volonté aux objets qui
à
fe
le
joindre de
paroifTent luy eftre conve-
nables. Et la Haine ell une émotion, caufée par les efprits, qui incite
objets qui
fe
lame
à vouloir eftre feparée des
prefentent à elle
comme
que ces emoiions font caufées par 'c>
diflinguer
l
Amour
A dépendent du aurii
ame
1
a fe
c^ la
nuifibles. le dis
les efprits, atfin
de
Haine, qui font des palFions
corps, tant des
jugemens qui portent
joindre de volonté avec les chofes
qu'elle eftime bonnes, &l à le feparer de celles qu elle
que des emo|tions que ces feuls jugemens excitent en lame. eliim.e mauvailes,
'^
ARTICLE LXXX.
Ce que
Au
c'efl
refte,
que
par
parler du defir, 20
feparer de volonté.
mot de volonté, je n enlens pas icy qui efl une paffion a part & fe rap-
le
confeiuement par lequel on le confidere des à prefeni comme joint avec ce qu on aime en forte qu'on imagine un tout, duquel on penfeeflre feulement une partie, & que la choie aimée en eft une autre. Comme, au contraire, en la Haine on fe confidere feul comme un tout, entièrement ieparé de la chofe pour laquelle on a de l'averfion porte à l'avenir, mais
:
25
fe joindre ou
dti
5
.
Des
j88
I
De
la dijîinéîion
Passions.
108-109.
ARTICLE LXXXI.
^
qu'on a coujlume de faire entre l'Amour
&
de concupifcence
de bienvueillance^
on diftingue communément deux fortes d'Amour, l'une defquelles eft nommée Amour de bienvueillance, c'eft à dire, qui incite à vouloir du bien à ce qu'on aime l'autre eft nommée Amour de concu-
Or
5
;
pifcence, c'eft à dire, qui fait defirer la chofe qu'on
aime. Mais
il
me
feulement les effence.
Car
femble que cette diftinftion regarde
de l'Amour, & non point fon qu'on s'eft joint de volonté à quelque
efiets
fitoft
objet, de quelle nature qu'il foit,
bienvueillance, les chofes
c'eft
on a pour luy de
10
la
à dire on jointauffi \ luy de volonté
qu'on croit luy eftre convenables
:
ce qui
eft
un des principaux effeds de l'Amour. Et fi on juge que ce foit un bien de le pofteder, ou d'eftre aftbcié avec luy d'autre façon que de volonté, on le defire ce qui
1
|
:
eft aufti l'un
des plus ordinaires effets de l'amour.
ARTICLE LXXXII.
Comment
des pajfwns fort différentes convienent
20
en ce qu'elles participent de l'Amour. Il
n'eft
peces
pas befoin
dAmour,
auffi
qu'il y a
de diftinguer autant d'ef-
de divers objets qu'on peut
aymer. Car, par exemple, encore que les paflions qu'un ambitieux a pour la gloire, un avaricieux pour l'ara.
Tome
IV, p. 606,
I.
20-27.
25
Seconde Partie.
109-1 >>.
un yvrongne pour
^89
un brutal pour une femme qu'il veut violer, un homme d'honneur pour fon ami ou pour fa maiftrefTe, S: un bon père pour fes gent,
le vin,
enfans, foient bien différentes entre elles 5
en ce quelles participent de l'Amour,
:
toutefois,
el|les
font fem-
blables. Mais les quatre premiers n'ont de
que pour
la poffeffion
& n'en
leur paflion,
pour lelqucls 10
ils
des objets aufquels
ont feulement du
Au
qu'un bon père a pour fes enfans, defire rien avoir d'eux,
i5
qu'il fait,
ny
defir, méfié
que l'Amour
lieu
cft
fj
pure, qu'il ne
ne veut point
tS:
élire joint à
avec
les pofTeder
eux plus
ertroi-
tement qu il efl déjà; mais, les confiderant comme d'autres foy-mefme, il recherche leur bien comme le fien
propre, ou
mefme avec
reprefentant que luy
fe
?o
rapporte
ont point pour les objets mefmes,
d'autres pallions particulières.
autrement
fe
l'Amour
i^
plus de foin, pource que,
eux font un tout, dont
meilleure partie,
nell pas
la
interefts
aux
fiens,
«.<
les fauver. L'affedion
il
préfère fou vent leurs
ne craint pas de
que
il
fe
perdre pour
gens d honneui" ont pour
les
leurs amis eft de cette nature, bien qu'el|le foit rare-
qu ils ont pour leur maiftrelfe, en participe beaucoup, mais elle participe aulîi un peu
ment fi parfaite;
de
d:
celle
l'autre''.
ARIH.LE
i'>
De
la dijj'erence
qui
e/î
l'Amitié
On 8.
peut, ce
me
LXXXIir.
entre Ij /impie AJfcclion,
& la
Dévotion.
femble,avec meilleure raifon
\oir, poui cet article
et le
suivant,
t.
IV. p. 61
1, I.
dillin-
20, à p. t3i2,
1.
29.
Des Passions.
^ço
u.-mî.
guer TAmour par reftime qu'on fait de ce qu'on aime à comparaifon de foy-mefme. Car lors qu'on eftime l'objet de fon Amour moins que foy, on n'a pour luy qu'une fimple Affeftion; lors qu'on l'eftime à foy, cela fe
davantage,
nomme
la paffion
Amitié
;
&
l'efgal
lors qu'on
qu'on a peut cftre
de
i'eilime
5
nommée Dévo-
on peut avoir de l'affedion pour une fleur, pour un oifeau, pour un cheval mais, à moins que d'avoir l'efprit fort déréglé, on ne peut avoir de l'Amitié que pour des hommes. Et ils font tellement l'objet
tion. Ainfi
;
|
de cette paiTion,
d'homme
qu'il n'y a point
fi
lo
imparfait,
qu'on ne puifTe avoir pour luy une amitié tres-parfaite, lors
qu'on penfe qu'on en
l'ame véritablement noble
la
aymé,
& genereufe:
fera expliqué cy après, en l'Art, eft
ell
i
^4&
i
de la Dévotion, fon principal objet
&.
qu'on a
fuivant ce qui
^6. eft
Pour ce qui
i5
fans doute
fouveraine Divinité, à laquelle on ne fçauroit man-
quer
d'eftre dévot, lors
qu'on
la
connoiil
comme
il
on peut auffi avoir de la Dévotion pour fon Prince, pour fon pais, pour fa ville, & mefme pour un homme particulier, lors qu'on l'eftime beaucoup plus que foy. Or la différence qui eft entre ces trois fortes d'Amour, paroift principalement par leurs effets car, d'autant qu'en toutes on fe confidere comme joint & uni à la chofe aimée, on eft tousjours preft d'abandonner la moindre partie du tout qu'on compofe avec elle, pour conferver l'autre. Ce qui fait qu'en la fimple faut; mais
20
:
|
Affedion, l'on
&
fe
préfère tousjours à ce qu'on
ayme
25
;
qu'au contraire en la Dévotion, l'on préfère telle-
ment
la
chofe aimée à foy-mefme, qu'on ne craint pas
de mourir pour
la
conferver.
De quov on
a
viJ
fouvant
3o
Seconde Partie.
h''-m5.
des exemples en ceux qui
fe font
591
expofez à une mort
certaine pour la defenfe de leur Prince, ville,
& mefme
aulfi
quelques fois pour des perfonnes
particulières aufquellcs
s'eftoient dévouez.
ils
ARTICLE
5
ou de leur
I.XXXIV.
Qu'i^n'y a pas tant d'efpcces de Haine que d'Amour.
Au
refte,
oppofée à
1 I
encore que
Haine
foit
directement
la diftingue
pas toutefois
la
Amour, on ne
en autant d efpeces, a caufe qu'on ne remarque pas 10
tant la dirterence qui e(l entre les eft
feparé de volonté, qu'on
biens aufquels on
maux dcfquels on
fait celle
qui cil entre les
ell joint.
ARTICLE LXXXV.
De iAgreemenl & Et je
i5
ne trouve qu une feule dillindion confiderable,
qui foit pareille en l'une ce
de l'Horreur.
que
peuvent
les objets, tant
&
en
l'autre. Elle confifte
de l'Amour que de
eftre reprefentez a
lame par
la
en
Haine,
les fens exté-
ou bien par les intérieurs & par fa propre raifon. Car nous appelions communément bien ou mal, ce que nos fens intérieurs ou noftre raifon nous font juger convenable ou coritraire à noftre nature mais nous appelons beau ou laid, ce qui nous eft ainfi reprefenté par nos fens extérieurs, principalement rieurs,
20
;
j
25
par cekiy de
la
veuë, lequel feul
eft
plus confideré que
Des
}Ç2
us-uô.
Passions.
tous les autres. D'où naiflent deux efpeces d'Amour, à fçavoir, celle qu'on a pour les chofes bonnes, celle le
qu'on a pour les belles, à laquelle on peut donner
nom
l'autre,
vant
&
le
d'Agréement,
ny
auffi
avec
affin
de ne
le Defir,
nom d'Amour.
la
pas confondre avec
auquel on attribue fou-
Et de là naiflent
5
en mefme
façon deux efpeces de Haine, l'une defquelles fe rapporte aux chofes mauvaifes, l'autre à celles qui font laides
,
&
cete dernière peut eftre appellée Horreur,
ou Averfion,
affin
de
icy de plus remarquable, c'eft
Mais ce
y a que ces paffions d'Agrée-
la diftinguer.
qu'il
lo
ment & d'Horreur ont couflume d'eflre plus violentes que les autres efpeces d'Amour ou de Haine, à caufe que ce qui vient à l'ame par les fens, la touche plus fort que ce qui luy efl reprefenté par fa raifon & que toutefois elles ont ordinairement moins de vérité en forte que de toutes les paffions, ce font celles-cy qui trompent le plus, & dont on doit le plus foigneufement fe garder. j
;
i5
:
ARTICLE LXXXVI.
20
La Définition du Dejir. La paffion du Defir eftune agitation de l'ame, caufée
par les efprits, qui la difpofe à vouloir pour l'avenir les chofes qu'elle fe reprefenté eflre
convenables. Ainfi
on ne defire pas feulement la prefence du bien abfent, mais auffi la confervation du prefent; & de plus labfence du mal, tant de celuy qu'on a deja, que de celuy qu'on croit pouvoir recevoir au temps à venir.
25
Seconde Partie.
ii7>i8.
I
Que
c'ejî
le fçay
oppofe 5
}C}j
ARTICLE LXXXVII.
une pajjion qui n'a poinl de contraire.
bien que
la paffion
laquelle feule on
communément dans
l'Efcole
on
qui tend à la recherche du bien,
nomme
Defir, à celle qui tend à la
du mal, laquelle on nomme Averfion. Mais d'autant qu'il n'y a aucun bien, dont la privation ne foit un mal, ny aucun mal, confideré comme une chofe pofitive, dont la privation ne foit un bien qu'en recherchant, par exemple, les richeffes on fuit neceffairement la pauvreté, en fuyant les maladies on fuite
;
10
recherche
que
c'eft
la fanté,
&
ainfi
me femble qui porte
&
&
que le mefme Defir, lors qu'on tend à s'éloigner du mal contraire à ce bien, eft accompagné de Haine, de Crainte & de Triftcfle
25
il
enfemble à la fuite du mai qui luy eft contraire. l'y remarque feulement cette différence, que le Defir qu'on a, lors qu'on tend vers quelque bien, eft accom.pagné d'Amour, & en fuite d'Efperance
20
:
mefme mouvement
tousjours un
à la recherche du bien, i5
des autres
i."^
:
de loye
;
au
lieu
ce qui eft caufe qu'on le juge contraire à foy
mefme. Mais fi on veut le confiderer lors qu'il e raporte également en mefme temps à quelque bien pour le rechercher, & au mal oppofé pour l'éviter, on peut voir tres-evidemment, que ce n'eft qu'une feule paffion qui fait l'un
Œuvres. VI.
&
l'autre.
5o
D^s
^94
Passions.
i
18-120.
ARTICLE LXXXVIII. Quelles font fes diverfes efpeces.
y auroit plus de raifon de diftinguer le Defir en autant de diverfes efpeces, qu'il y a de divers objets Il
qu'on recherche. Car, par
exemple,
|
la Curiofité,
qui n'eft autre chofe qu'un delîr de connoiftre, diffère
beaucoup du vengeance,
&
&
de gloire,
defir ainfi
cetuy-cy du defir de
des autres. Mais
il
fçavoir qu'il y en a autant que d'efpeces
Haine,
&
que
fuffit
icy de
d'Amour ou de
& les plus forts l'Agréement & de l'Horreur.
les plus confiderables
font ceux qvi nailTent de
ARTICLE LXXXiX.
Quel eji
le
Or encore que
Defir qui naifi de l'Horreur.
ce ne foit qu'un
à la recherche d'un bien,
&
mefme Defir qui tend
à la fuite du mal qui luy
contraire, ainfi qu'il a elle dit
eft
l'Agréement ne
laiffe
:
le
i5
Defir qui naift de
pas d'eftre fort différent de celuy
Car
qui naift de l'Horreur.
cet
Agréement
&
cete
Horreur, qui veritajblement font contraires, ne font
pas
le
bien
& le
mal, qui fervent d'objets à ces Defirs,
20
mais feulement deux émotions de lame, qui la difpofent à rechercher deux chofes fort différentes. A fçavoir
:
l'Horreur
reprefenter à
1
forte que, bien
eft
inftituée
ame une mort que ce ne
foit
de
fubite
la
Nature pour
&
inopinée
:
en
quelquefois que l'attou-
chement d'un vermiffeau, ou
le
bruit d'une feuille
25
Seconde Partie.
»2or22.
tremblante, ou Ton ombre, qui
5
fait
^9^
avoir de l'Horreur.
on lent d'abord autant d'émotion, que li un péril de mort tres-evident sofiroit aux fens. Ce qui fait fubiiement naiftre Tagitation qui porte lame a employer toutes fes forces pour éviter un mal ii prefeut Et c'e\\ cete efpece de Defir, qu'on appelle
communément
la
Fuite ou l'Averfion.
IAR1ICLEXC.
Quel e/î celuy qui 10
Au
l'Agréement
contraire,
inftitué
eft
particulièrement
de la Nature pour reprefenter
ce qui agrée,
comme
qui apartienent a
i5
naijî de l'AgréenienT.
le
la jouilVance
de
plus grand de tous les biens
l'homme
ce qui
:
fait
qu'on defire
tres-ardemment cette jouilTance. il eft vray qu'il y a diverfes fortes d'Agréemens, &. que les Delirs qui en nailTent ne font pas tous également puiflans. Car, par exemple, la beauté des fleurs nous incite feulement à les regarder, & celle des fruits à les manger. Mais le principal eft celuy qui vient des perfections qu'on ima-
20
gine en une perlonne, qu on penfe pouvoir devenir
un autre foy-mefme car avec la différence du fexe, que la Nature a mife dans les hommes, ainfi que dans les animaux fans raifon, elle a mis auffi certaines :
|
impreffions dans 2 5
le
cerveau, qui font qu'en certain
âge & en certain temps on fe confidere comme defedueux, & comme fi on n'eftoit que la moitié d'un tout, dont une perfonne de l'autre fexe doit eftre l'autre
moitié
:
en forte que l'acquifition de cete
Des
^çé moitié
eft
comme
le
Passions.
1:2-124.
confufement reprefentée par
la
Nature,
plus grand de tous les biens imaginables.
qu on voye plulieurs perfonnes de cet autre fexe, on n'en fouhaite pas pour cela plufieurs en mefme temps, d'autant que la Nature ne fait point imaginer qu'on ait befoin de plus d'une moitié. Mais lors qu'on remarque quelque choie en une, qui agrée davantage que ce qu'on remarque au mefme temps dans les autres, cela détermine lame à fentir pour Nature luy celle là feule toute l'inclination que la Et encore
|
donne
comme
à rechercher le le
5
10
bien, qu'elle luy reprefente
plus grand qu'on puiffe pofleder. Et cette
ou ce Defir qui naill ainfi de l'Agréement, eft appelle du nom d'Amour, plus ordinairement que la paffion d'Amour qui a cy delTus efté defcrite. Aufli inclination
a-t'il
de plus eftrangcs effeds,
&
c'eft
principale matière aux faifeurs de
i5
luy qui fert de
Romans & aux
Poètes.
ARTICLE
La
xci.
définition de la loye.
20
une a'greable émotion de l'ame, en laquelle confifte la jouifTance qu'elle a du bien, que les impreflions du cerveau luy reprefentent comme fien. le dis que c'eft en cete émotion que confifte la jouïtTance du bien car en eff"eft lame ne reçoit aucun autre fruit de tous les biens qu'elle poftede & pendant qu'elle n'en a aucune loye, on peut dire qu'elle n'en jouit pas plus, que fi elle ne les pofledoit La loye
eft
:
;
25
Seconde Partie.
I24-12S.
point. l'ajoufte
que
auffi,
c'eft
jcfj
du bien que
les
impref-
du cerveau luy reprefentent comme fien, affin de ne pas confondre cette joye, qui eft une paffion, avec lajoye purement intelleftuelle, qui vient en Tarae par la feule adion de lame, &. qu'on peut dire eflre une agréable émotion excitée en elle mefme, en laquelle confifle la jouïflance qu'elle a du bien que fon entendement luy reprefente comme fien. II eft vray que, pendant que l'ame eft jointe au corps, cette joye intelleduelle ne peut gueres manquer d'eftre accompagnée de celle qui eft une paffion. Car fi toft que noftre entendement s'aperçoit que nous poiïedons quelque bien encore que ce bien puiffe eftre fi différent de tout ce qui apartient au corps, qu'il ne foit point du tout imaginable, l'imagination ne laiffe pas de fions
5
lo
:
|
i5
faire incontinent
de laquelle la paffion
quelque impreffion dans
fuit le
de
mouvement des
cerveau,
efprits, qui e.xcite
la joye.
ARTICLE
La
20
le
XCII.
définition de la Trijîejfe.
une langueur defagreable en laquelle confifte l'incommodité que l'ame reçoit du mal, ou du défaut, que les impreffions du cerveau luy La
Triftefte
reprefentent 25
eft
comme
,
luy apartenant. Et
il
y a
auffi
une Trifteffe intelleduelle, qui neft pas la paffion, mais qui ne manque gueres d'en eftre accompagnée.
Des Passions.
jçS
I
Quelles font
Or, lors que
la
ARTICLE
les caufes
XCIII.
de ces deux PaJ/îons.
loye ou la TrifteiTe intelleduelle
eu une
excite ainfi celle qui
&
126127.
paffion, leur caufe
eu
que la loye vient de l'opinion qu'on a de pofTeder quelque bien, & la Trifteffe de l'opinion qu'on a d'avoir quelque affez évidente
;
on
voit de leurs définitions,
mal ou quelque défaut. Mais il arrive fouvent qu'on fe fenttrifte ou joyeux, fans qu'on puifle ainfi diftindement remarquer le bien ou le mal qui en font les caufes à fçavoir, lors que ce bien ou ce mal font leurs impreffions dans le cerveau fans l'entremife de l'ame,
5
10
:
quelquefois à caufe qu'ils n'apartienent qu'au corps
&
quelquefois
auffi,
encore
qu'ils apartienent à
comme
à caufe qu'elle ne les conjfidere pas
;
lame,
bien
&
'5
mal, mais fous quelque autre forme, dont l'impreffion eft jointe avec celle
du bien
& du mal
dans
le
cerveau. ARTICLE XCIV.
Comment ces paJ/îons font excitées par des biens & des maux qui ne regardent que le corps & en quoy con-
20
:
fifïe le chatouillement
&
la
douleur.
que le temps cft plus ferain que de couftume, on fent en foy une gayeté qui ne vient d'aucune fonélion de l'entendement, mais feulement des impreffions que le mouveAinfi lors qu'on eft en pleine fanté,
&.
25
Seconde Partie.
127-129
ment des trifte
efprits fait
mefme
en
dans
le
touillement des fens 5
&
douleur par
la
hommes rent
fi
ne
fort,
cerveau. Et on fe fent
façon, lors que
encore qu'on ne fçache point la
eft
399
corps
le
eft indifpofé,
qu'il le foit. Ainfi le
fuivy de
Trifteffe,
fi
près par la loye,
que
la plusjpart des
Toutefois
les diftinguent point.
cha-
ils diffé-
qu'on peut quelquefois fouffrir des dou-
&
leurs avec loye,
recevoir des chatoùillemens qui
pour l'ordinaire, la loye fuit du chatouillement, eft que tout ce qu'on nomme chatouillement ou fentiment agréable, confifte en ce que les objets des fens excitent quelque déplaifent. Mais la caufe qui fait que,
10
mouvement dans nuire '5
s'ils
les nerfs, qui feroit
n'avoient pas affez de force pour luy refifter,
ou que le corps ne fuft pas bien difpofé. Ce qui fait une impreffion dans le cerveau, laquelle eftant inftituée de la Nature pour témoigner cette bonne difpofition & cette force, la rcprefente à lame comme un bien qui luy apartient, entant qu'elle
20
capable de leur
corps,
&. ainfi
mefme
eft
unie avec
le
excite en elle la loye. C'eft prefque la
prend naturellement
raifon qui fait qu'on |
plaifir à fe lentir
mefme
à la Triftefte
&
ne
font
Haine, lors que ces
caufées
que la douleur produit ordinairement la Triftefl'e, eft que le fentiment qu'on nomme douleur vient tousjours de quelque adion fi touchant. Et la caufe qui
3o
à la
fortes de Paffions,
que par les avantures eftranges qu'on voit reprefenter fur un théâtre, ou par d autres pareils fujets, qui, ne pouvant nous nuire en aucune façon, femblent chatouiller noftre ame en la paffions
25
émouvoir à toutes
fait
violente qu'elle offenfe les nerfs
:
en forte qu'eftant
400
Des Passions.
inftitué de la nature
pour
que reçoit
le
autre
Tame
corps par cette a(^ion,
ce qu'il ne luv a pu 1
fignifier à
ug
comme
des
refifter,
maux
il
&
le
iîi.
dommage
fa foibleffe
luy reprefente lun
en
&
qui luy font tousjours defa-
greables, excepté lors qu'ils caufent quelques biens qu'elle cftime plus qu'eux.
I
ARTICLE XCV.
Comment elles peuvent auj/î ejîrc excitées par des biens & des maux que lame ne remarque point, encore qu'ils luy appartienent.
Comme
font
le
hafarder, ou à fe fouvenir du Ainfi le plaifir
plaijir qu'on
à Je
que prenent fouvent
grands périls, encore mefme
&
les
jeunes gens
à s'expofer à de
qu'ils
n'en
efperent
ny aucune gloire, vient en eux de ce que la penfée qu'ils ont que ce qu'ils entreprenent efl difficile, fait une impreffion dans leur cerveau qui, eflant jointe avec celle qu'ils pourroient former, s'ils penfoient que c'eft un bien de fe fentir aflez courageux, affez heureux, affez adroit, ou aflez fort, pour ofer fe profit
hafarder à
tel
lo
mal pajfé.
à entreprendre des chofes difficiles
aucun
prend
i5
20
point, ell caufe qu'ils y prenent plaifir.
contentement qu'ont les vieillards, lors qu'ils fe fouvienent des maux qu ils ont foufferts, vient de ce qu'ils fe reprefentent que c'efl un bien, d'avoir pu nonobflant cela fubfiller. Et le
I
25
Seconde Partie.
i3i-i3j.
401
ARTICLE XCVI.
Quels font
les
qui caufent
mouvemens dufang & des les cinq pajjions
Les cinq paffions que j'ay icy 5
font tellement jointes qu'il eft
que de traité
efprits
précédentes^.
commencé à expliquer,
ou oppofées
les
unes aux autres,
plus ayfé de les confiderer toutes enfemble,
traiter
feparement de chacune,
ainfi qu'il a efté
de l'Admiration. Et leur caufe nefl pas,
la fiene,
dans
le
cerveau
feul,
mais
&
auffi
dans
comme
le
cœur,
'o
dans
»5
du corps, entant qu'elles fervent à la produ Hion du fang, & en fuite des efprits. Car, encore que toutes les venes conduifent le fang qu'elles contienent vers le cœur, il arrive neantmoins quelquefois queceluy de quelques unes y eft pouffé avec plus de force que celuy des autres & il arrive auiïi que les ouvertures par où il entre dans le cœur, ou bien celles par où il en fort, font plus élargies ou plus referrées une fois que l'autre.
la rate,
dans
le
foye,
dans toutes
les autres
parties
;
ARTICLE XCVII.
20
Les principales expériences qui fervent a connoijîrc ces
mouvemens en l'Amour.
Or, en confiderant les diverfes altérations que l'expérience fait voir dans noffre corps, pendant que lettre de la princesse a. Voir t. IV, p. 404, 1. 17-23, et p. 407-408 Elisaheih, 2 5 avril 1646, et réponse de Descartes, mai 1646. :
tEuvRES. VI.
b\
5
Des
402 noftre
ame
eft
Passions.
135-134.
agitée de diverfes paffions, je remarque
en l'Amour, quand
quand
elle eft feule, c'eft à dire,
accompa|gnée d'aucune forte loye, ou Defir, ou Triftefle, que le battement du poulx eft égal, & beaucoup plus grand & plus fort que de couftume qu'on fent une douce chaleur dans la poitrine, & que la digeftion des viandes fe fait fort promptement dans l'eftomac en forte que cette paflion eft utile pour la elle n'eft
5
;
:
fanté^ ARTICLE
En le
la
Haine.
remarque, au contraire, en
eft inégal,
&
plus petit,
lO
XCVIII.
&
la
Haine, que
fouvent plus
le
vifte
;
poulx qu'on
fent des froideurs entremêlées de je ne fçay quelle
& picquante dans la poitrine faire fon office, & eft enclin
que l'eftoà vomir & mac cefle de rejeter les viandes qu'on a mangées, ou du moins à les corrompre & convertir en mauvaifes humeurs. chaleur afpre
I
ARTICLE XCIX.
En
a.
20
la loye.
que le poulx eft égal & plus vifte qu'à l'ordinaire, mais qu'il n'eft pas û fort ou fi grand qu'en l'Amour; & qu'on fent une chaleur agréable, qui n'eft pas feulement en la poitrine, mais qui fe répand auffi en toutes les parties extérieures du corps, En
1
;
la loye,
Tome
IV, p. 404,
\.
2?-27,
et p.
408-409.
25
Seconde Partie.
'34-136.
403
fang qu'on voit y venir en abondance & que cependant on perd quelquefois 1 appétit, à caufe que
avec
le
;
la digeflion fe fait
moins
^ bien >
ARTICLE
En
5
En
la Trifteffe,
qu'on fent
&
ferrent,
comme
c.
la TriJieJJe.
lent,
&
des liens autour du cœur, qui
le
que
le
poulx
des glaçons qui
|
eft foible &.
gèlent,
le
du corps
& communi-
que cependant on ne laiffe pas d'avoir quelquefois bon appétit, & de fentir que l'eftomac ne manque point à faire fon devoir, pourvu qu'il n'y ait point de Haine mellée avec quent leur froideur au
10
que de couftume.
refle
;
&l
la Trifteffe.
ARTICLE
Au
i5
En qu'il
Defir.
remarque cela de particulier dans le Defir, agite le cœur plus violemment qu'aucune des
fin je
autres Paflions,
&
fournit au cerveau plus d'efprits;
lefquels, paffans de là 20
CI.
dans
les
mufcles, rendent tous
les fens plus aigus, &. toutes les parties
du corps plus
mobiles. (ARTICLE en.
Le mouvement du fang
Ces obfervations, 25
&
&
des efprits en l'Amour.
plufieurs autres qui feroient
trop longues à efcrire, m'ont donné fujet de juger
Des Passions.
404
que, lors que rentendement
i^r,-,?R.
reprefente quelque
(c
objet d'Amour, rimprelfion que cette penfée fait dans
animaux, par les nerfs de la fixiefme paire, vers les mufcles qui font autour des inteftins & de l'eftomac, en la façon qui eft requifc
le
cerveau, conduit les
el'prits
pour faire que le fuc des viandes, qui fe convertit en nouveau fang, paiTe promptement vers le cœur, fans s'arrefter dans le foye, & qu'y eftant poulTé avec plus de force que celuy qui eft dans les autres parties du corps, il V entre en plus grande abondance, & y excite
5
10
une chaleur plus forte, à caufe qu'il eft plus groificr, que celuy qui a déjà cfté raréfié plufieurs fois en paffant &. Tepa^iint par le cœur. Ce qui fait qu'il envoyé aufli
des efprits vers
plus groftes
&
le
cerveau, dont les parties font
plus agitées qu'à l'ordinaire;
efprits, fortifiant l'impreflion
de ToDJet aymable y a
faite,
que
ces
première penfée
que
confifte la paf-
d'Amour.
ARTICLE cm. I:n
Au
la
donne de
efprits qui font
l'eftomac
(S:
Haine.
dans
l'averfion, le
cerveau vers
fe
meftc avec
toutes les ouvertures par où elle les
conduit tellement les les
mufcles de
des inteftins, qu'ils cmpcfchent que
des viandes ne
&
20
contraire, en la Haine, la première penfée de
l'objet qui
}
i5
obligent l'ame à s'arrefter
fur cette penfée. Et c'eft en cela fion
la
&
conduit
aufli
il
le
a
le
fuc
fang, en referrant
couftume
d'y couler;
tellement vers les petits nerfs
25
Seconde Partie.
i3«-i39.
de la rate
&
de
du foye, où eft le parties du fang qui ont
la partie inférieure
réceptacle de la bile, que les
couftume
d'eftre rejetées vers ces endroits là,
& coulent,
en for-
rameaux de la vene cave, vers le cœur. Ce qui caufe beaucoup dinégalitez en fa chaleur d'autant que le fang qui tent
5
40^
avec celuy qui
eft
dans
les
:
vient de la rate ne s'échauffe
&
dilate
des
mouvemens
auffî
déjà imprimées,
&
de Haine qui
difpofent
font pleines d'aigreur
&
En
20
la loye, ce
j
à des penfées qui
CIV.
la loye.
ne font pas tant les nerfs de
du foye, de l'eftomac, ou des inteftins, qui que ceux qui font en tout le refte du corps
;
culièrement celuy qui lequel ouvrant
au fang, que le 25
lame
trouvent
s'y
d'amertume.
ARTICLE
En
des parties fort inégales,
fort extraordinaires. -D'où vient
qu'ils y fortifient les idées
i5
la partie infé-
du foye, où eft tousjours le fiel, s'embrafe & fe fort promptement. En fuite de quoy les efprits
qui vont au cerveau, ont
&
fe raréfie qu'à peine,
qu'au contraire, celuy qui vient de
rieure 10
&
eft
la rate, agift^ent,
&
parti-
autour des orifices du cœur,
& élargilfant ces orifices, donne moyen
les autres nerfs chaft!ent des
cœur, d'y entrer
&
venes vers
d'en fortir en plus grande quan-
que de couftume. Et pource que le fang qui entre alors dans le cœur, y a déjà pafle & repafle plufieurs fois, eftant venu des artères dans les venes, il fé dilate tité
fort ayfement,
&
produit des efprits dont les parties
4o6
Des Passions.
eftant fort égales
elles font prolpres à
fubtiles,
&.
139 141.
former
&
nent à
Tame des penfées gayes &
fortifier les imprcflions
du cerveau qui dontranquilles.
ARTICLE cv.
En
Au
la Trijîejfe.
contraire, en laTrifteffe, les ouvertures
font fort retrecies par
&
fang des venes
le
5
fait qu'il
le petit
nerf qui les environne,
aucunement
n'cfl
en va fort peu vers
le
du cœur
cœur.
Et
agité
:
ce qui
cependant
les
pafTages par où le fuc des viandes coule de leftomac
&
demeurent ouverts que Tappetit ne diminue point, excepté
des inteftins vers
qui fait
que
la
le foye,
Haine, laquelle
fouvent jointe à la
e(t
:
10
ce
lors
trifleffe,
les ferme''.
t
ARTICLE
Au
CVI.
Dejir.
du Dcfir a cela de propre, que la volonté qu'on a d'obtenir quelque bien, ou de fuir quelque mal, envoyé promptement les efprits du cerveau vers toutes les parties du corps qui peuvent fervir aux adions requifes pour cet effed; & particulièrement vers le cœur, & les parties qui luy fourniiTent En
le
fin la
paflion
plus de fang,
affin
qu'en recevant plus grande abon-
dancc'quc de couftume, a.
Tome
i5
IV, p. 405,
\.
il
envoyé plus grande quan-
2-4, et p. 409,
1.
6-19.
20
Seconde Partie.
I4I-143.
407
&
vers le cerveau, tant pour y entretenir fortifier l'idée de cette volonté, que pour paffer de
là
dans tous
tité d'efprits
les
&
organes des fens
tous les mufcles
qui peuvent eftre employez pour obtenir ce qu'on 5
defire.
I
Quelle
eji la
ARTICLE
cvii.
caufe de ces mouvemens en l'Amour.
Et je déduis les raifons de tout cecy, de ce qui a eflé dit 10
ame &
cy deflus,
qu'il
y a
telle liaifon entre noftre
noftre corps, que lors que nous avons
une
fois
quelque adion corporelle avec quelque penfée, l'une des deux ne fe prefente point à nous par après,
joint
que l'autre ne s'y prefente auifi". Comme on voit en ceux qui ont pris avec grande averûon quelque breui5
vage eftans malades, qu'ils ne peuvent rien boire ou
manger par
avoir derechef la
20
du
après, qui en approche
mefme
averfion.
gouft, fans
Et pareillement,
qu'ils
ne peuvent penfer à l'averfion qu'on a des méde-
cines,
que
Car
le
me
il
mefme
gouft ne leur reviene en la penfée.
femble que
les
premières
paffions
que
|
ame
noftre
a eues, lors qu'elle a
deu
commencé
d'eftre
que quelquefois le fang, ou autre fuc qui entroit dans le cœur, eftoit un aliment plus convenable que l'ordinaire, pour y entre-
jointe à noftre corps, ont
2 5
eftre,
tenir la chaleur, qui eft le principe de la vie eftoit
ce qui
caufe que l'ame joignoit à foy de volonté cet
aliment, a.
:
Voir
t.
c'eft
à dire, l'aymoit;
IV, p. 408,
1.
i-io.
&
en mefme temps v
les
4o8
Des
efprits couloient
Passions.
du cerveau vers
.43-143.
les
mufcles qui pou-
voient prefî'er ou agiter les parties d'où vers
le
cœur, pour
d'avantage
;
&
faire qu'elles luy
il
eftoit
en envoyalTent
ces parties étoient l'eftomac
dont l'agitation augmente
venu
&
les inte-
ou bien auili le foye & le poulmon, que les mufcles du diaphragme peuvent prefler. C eft pourquoy ce mefme mouvement ftins,
l'appétit,
des efpritc a tousjours accompagné depuis
5
la paflion
d'Amour. I
ARTICLE
En
la
Haine.
Quelquefois, au contraire, eftranger vers
le
cœur, qui
'0
CVIII.
il
n'eftoit
venoit quelque fuc
pas propre à entre-
ou mefme qui la pouvoit efteindre caufe que les efprits, qui montoient du
tenir la chaleur,
ce qui eftoit
:
i5
cœur au cerveau, excitoient en l'ame la paflion de la Haine. Et en mefme temps aufli ces efprits alloient du cerveau vers les nerfs, qui pouvoient pouffer du fang
de la rate & des petites venes du foye vers le cœur, pour empefcher ce fuc nuifible d'y entrer; & de plus vers ceux qui pouvoient repouffer ce mefme fuc vers les inteftins
&
20
vers l'eftomac, ou auffi quelquefois
obliger l'eftomac
à
le
vomir. D'où vient que ces
mefmes mouvemens ont couftume d'accompagner
la
on peut voir à l'œil, qu'il y a dans le foye quantité de venes, ou conduits, affez larges, par où le fuc des viandes peut paffer de la veine porte en la veine cave, & de là au cœur, fans s'arrefter aucunement au foye mais qu'il y en a auffi paffion de la Haine. Et
;
25
Seconde Partie.
i4^-'46-
une
&
3
infinité d'autres plus petites,
409
où
il
peut s'arrefter,
qui contienent tousjours du fang de referve, ainfi
que fait auffi la rate"; lequel fang eftant plus groffier que celuy qui eft dans les autres parties du corps, peut mieux fervir d'aliment au feu qui eft dans le* cœur, quand l'eftomac & les inteftins manquent de luy en fournir.
ARTICLE
En 10
11
eft aufti
noftre vie,
cix.
la loye.
quelquefois arrivé, au
que
le
commencement de
fang contenu dans
les
veines eftoit |
un aliment aflez convenable pour e itretenir la chaleur du cœur, & qu'elles en contenoient en telle quantité, qu'il n'avoit point befoin de tirer aucune nourrii5
ture d'ailleurs. la loye,
cœur
a
fe font
fait
qui a excité en
en
lame
mefme temps que
la paflion
de
les orifices
du
&
les
plus ouverts que de couftume,
que
coulans abondamment du cerveau, non feu-
efprits,
20
&
Ce
lement dans les nerfs qui fervent à ouvrir ces orifices, mais aufli généralement en tous les autres qui pouffent le fang des veines vers le cœur, empefchent qu'il
nouveau du foye, de la rate, des inteftins & de l'eftomac. C'eft pourquoy ces mefmes mouvemens accompagnent la loye. n'y en viene de
a
Voir
t.
IV. p. 407,
Œuvres.
VI.
1.
23, à p. 408,
1.
1.
S2
Des
4IO
I
Passions.
article: ex.
En
la
TriJleJJe.
Qiielquefois, au contraire,
&
a eu faute de nourriture, fentir à l'ame fa
47-'4«-
il
ell arrivé
que
corps
le
c eft ce qui doit avoir fait
au moins celle qui Haine. Cela mefme a fait auffi
première
Triftefle,
n a point efté jointe à la que les orifices du cœur fe font ellrecis, à caufe qu'ils ne reçoivent que peu de fang; & qu'une affez notable partie de ce fang eft venue de la rate, à caufe qu'elle eft comme le dernier refervoir qui fert à en fournir au cœur, lors qu'il ne luy en vient pas afl^ez d'ailleurs. C'eft
pourquoy
les
mouvemens des
efprits
&
5
'o
des
du cœur, accompagnent tous-
nerfs, qui fervent à eftrecir ainfi les orifices
& à y conduire du jours la
fang de
la rate,
TrifteftTe".
i5
ARTICLE
Au En
CXI.
Defir.
tous les premiers Defirs que
fin
lame peut
avoir
eus, lors qu'elle eftoit nouvellement jointe au corps,
ont
efté,
nables,
de recevoir
les
chofes qui luy eftoient conve-
& de repoufter celles qui
luy eftoient nuifibles.
pour ces mefmes eflfets, que les efprits ont commencé des lors à mouvoir tous les mufcles c^ tous
Et c'a efté
a.
p.
Pour
ces quatre passions,
604-605.
amour
et joie,
haine
et tristesse, voir
t.
IV,
20
Seconde Partie.
i48-i5o.
411
organes des fens, en toutes les façons qu'ils les peuvent mouvoir. Ce qui eft caufe que maintenant, lors que l'ame defire quelque chofe, tout le corps les
devient plus agile 5
couftume d'ailleurs que
le
lame
corps
Quels font
Ce que
différences
1
5
ARTICLE
arrive
cela rend les
CXII.
icy, fait affez
du poulx,
lors qu'il
& plus ardens.
Jîgnes extérieurs
les
mis
j'ay
Et
eft ainfi difpofé,
plus forts
I
10
plus difpofé à fe mouvoir, qu'il
d'eftre fans cela.
n'a
defirs de
&
& de
Je
ces PaJJions.
entendre la caufe des
toutes les autres proprietez
que
j'ay
foit
befoin que je m'arefte à les expliquer davantage.
cy deffus attribuées à ces paflions, fans
qu'il
Mais pource que j'ay feulement remarqué en chacune ce qui s'y peut obferver lors qu'elle eft feule, & qui fert à connoiftre les
mouvemens du fang & des
me
efprits qui
encore à traiter de plufieurs fignes extérieurs, qui ont couftume de les accompagner, & qui fe remarquent bien mieux lors qu'elles les produifent,
20
il
font meflées plufieurs enfemble,
couftume
que
d'eftre,
&
du vifage,
blemens,
les
|
qu'elles
ont
lorfqu'elles font feparées. Les
fignes font les
la langeur, la
les gemift^emens,
ainfi
adions des yeux changemens de couleur, les trem-
principaux de ces
25
refte
& les
pafmoifon, les foupirs.
ris, les
larmes,
412
Des
.
ARTICLE
Des
iscnj.
Passions.
aélions des
CXIII.
yeux
&
du vifâge.
aucune Paffion que quelque particulière adion des veux ne déclare & cela eft fi manifefte en quelques unes, que mefme les valets les plus ftupides peuvent remarquer à l'œil de leur maiftre, s'il eft fafché contre eUx, ou s'il ne l'eft pas. Mais encore qu'on aperçoive ayfement ces aélions des yeux, & qu'on fçache ce qu'elles fignifient, il n'eft pas ayfé pour cela de les defcrire, à caufe que chacune eft compofée de plufieurs chanpemens, qui arrivent au mouvement Il
n'y a
:
& en
la figure
de
l'œil, lefquels
font
fi
particuliers
&
5
lo
fi
que chacun d'eux ne peut eftre aperceu feparement, bien que ce qui refulte de leur conjondion foit fort ayfé à remarquer. On peut dire quafi le mefme des adions du vifage, qui accompagnent aufli car bien qu'elles foient plus grandes que les paffions celles des yeux, il eft toutefois malayfé de les diftin& elles font fi peu différentes, qu'il y a des guer hommes qui font prefque la mefme mine, lors qu'ils
pe[tits,
i5
:
;
pleurent, que les autres lors qu'ils rient.
Il
eft
20
vray
y en a quelques unes qui font afTez remarquables, comme font les rides du front en la colère, & certains qu'il
mouvemens du nez &
des lèvres en l'indignation,
ti-
moquerie mais elles ne femblent pas tant eftre naturelles que volontaires. Et généralement toutes les adions, tant du vifage que des yeux, peuvent eftre changées par lame, lors que, voulant cacher fa en
la
;
\
25
Seconde Partie.
iS2-i53.
paffion, elle
41}
en imagine fortement une contraire
en
:
forte qu'on s'en peut aufli bien fervir à diffimuler fes paffions, qu'aies déclarer.
ARTICLE CXIV.
Des changcmens de
5
On
ne peut pas
fi
couleur.
facilement s'empefcher de rougir
ou de pâlir, lors que quelque palTion y difpofe pource que ces changemens ne dépendent pas des nerfs & des mufcles, ainfi que les precedens &. qu'ils vieneni plus immédiatement du cœur, lequel on peut nommer :
;
10
la
fource des paffions, entant qu'il prépare
les efprits à les produire.
Or
leur du vifagc ne vient que
il
veines,
&
de toutes
plus ou moins
moins
les
&
certain que la cou-
en toutes
les artères
veines dans
le vifage,
fang
du fang, lequel, coulant
continuellement du cœur par i5
efl
le
le
les
cœur, co|lore
félon qu'il remplit plus ou
les petites veines qui font vers fa fuperficie.
article cxv.
Comment
la
loye fait rougir.
Ainfi la loye rend la couleur plus vive
20
meille, pource qu'en ouvrant les efclufes fait 1.1
que
le
fang coule plus
que, devenant plus chaud
médiocrement toutes •j5
vifte
rend
l'air
plus riant
&
^1'
les parties
plus gay.
&
plus ver-
du cœur,
elle
en toutes les veines plus fubtil,
du vifage
:
il
;
enfle
ce qui en
.
Des
414
Passions.
.55-155.
ARTICLE CXVl. Comiiienl la
Trijîejjfe fait
pâlir
LaTrillefle, au contraire, en étreciffant les orifices
du cœur,
les veines, il
que
fait
&
fang coule plus lentement dans
le
que, devejnant plus froid
a befoin d'y occuper
dans
fe retirant
les plus
:
plus efpais,
en forte que,
quitte les plus éloignées
il
apparentes eftant celles du vifage, cela
paroiftre pale Triftefle
efl:
comme on
5
plus larges, qui font les plus
les
proches du cœur,
moins de place
&
& décharné,
;
dont le fait
principalement lors que
la
grande, ou qu'elle furvient promptement
10
:
voit en l'Efpouvante, dont la furprife augr
mente l'adion qui
ferre le
cœur.
ARTICLE CXVH.
Comment Mais
on rougit fouvant ejîant
tri/le.
iS
arrive fouvant qu'on ne pâlit point eftant
il
qu'au contraire on devient rouge. Ce qui doit
trifte, &i
aux autres pallions qui fe ioignent à la au Defir, il' quelà fçavoir, à l'Amour, ou
eftre attribué Triftefle,
quefois
|
auffi à la
ou agitant
le
Haine. Car ces paffions, efchauffant
fang qui vient du foye, des inteftins
des autres parties intérieures
,
le
pouffent vers
& le
cœur L^ de là par la grande artère vers les veines du vifage; fans que la TriftelTe, qui ferre de part «i d'autre les orifices du cœur, le puiffe empefcher, excepté lors qu'elle
eft
fort excefiive.
20
Mais, encore
25
:
i55
Seconde Partfe.
iSy.
41^
que médiocre, elle empefche ayfement que le fang ainfi venu dans les venes du vifage ne defcende vers le cœur, pendant que l'Amour, le Defir, ou la Haine y en pouffent d'autre des parties intérieures. C'eft pourquoy, ce fang effant arrefté autour de la face, il la rend rouge &. mefme plus rouge que pendant la loye, à caufe que la couleur du fang paroift d'autant mieux qu'il coule moins vifte, &. qu'elle ne foit
5
;
auffi 10
à caufe qu'il s'en peut ainfi affembler davanta'ge
que lors que les orifices du cœur font plus ouverts. Cecy paroift principalement en la Honte, laquelle eft compofée de l'Amour de foydans
les veines
de
mefme &d'un Defir ce qui fait venir i5
le
la face,
preffant d'éviter l'infamie prefente
fang des parties intérieures vers
le
cœur, puis de là par les artères vers la face; l^ avec cela, d'une médiocre Trifteffe, qui empefche ce fang de retourner vers le cœur. Le fnefme paroift aufi!i ordinairement, lors qu'on pleure
:
car,
comme je
diray cy
après, c'eft l'Amour jointe à la Trifteffe, qui caufe la 20
plus part des larmes. Et
le
mefme
paroift en la Colère,
où fouvant un prompt Defir de vengeance avec l'Amour,
la
Haine,
I
&
eft
meflé
la Trifteffe.
ARTICLE
CXVIII.
Des Tremblemens. 23
Les tremblemens ont deux diverfes caufes
:
lune
eft
qu il vient quelquefois trop peu d'efprits du cerveau dans les nerfs, & l'autre qu'il y -în vient quelquefois trop, pour pouvoir fermer bien juftement les petits
4i6
Des
Passions.
'Sr-i^g
paflages des mufcles, qui, fuivarit ce qui a efté dit en l'article xi,
doivent eftre fermez pour déterminer les
mouvemens des membres. en
&
la Triftefle
tremble de froid
que
la
en
La première caufe paroift
Peur,
la
comme
aufli lors
car ces Paffions peuvent,
;
froideur de
tellement épaiffir
l'air,
le
qu'on
auffi
bien
5
fang, qu'il
ne fournit pas affez d'efprits au cerveau, pour en
envoyer dans
en
ceiïx qui défirent
ceux
caufe paroirt fouvant
les nerfs. L'autre
qui font fort
ardemment quelque chofe, l^ en émeus de colère, comme aufli en
lo
I
ceux qui font yvres car ces deux paffions, auffi bien que le vin, font aller quelquefois tant d'efprits dans :
le
cerveau, qu'ils ne peuvent pas eftre règlement
conduits de là dans les mufcles.
'5
ARTICLE CXIX.
De La Langéur fans
eft
Langeur ^
une difpofition à
mouvement, qui
Elle vient, ainfi
la
que
eft fentie
fe
relafcher
en tous
les
tremblement, de ce
le
&
eftre
membres. qu'il
ne va
pas aftez d'efprits dans les nerfs, mais d'une façon diflerente
:
car la caufe du tremblement
en a pas alfez dans
minations de
la
cerveau, pour obéir aux déter-
le
lieu
que
la
langueur vient de ce que
ne les détermine point à aller vers aucuns
mufcles, pluftoft que vers d'autres. a.
Sic.
n'y
glande, lors qu elle les poufl'e vers
quelque mufclc, au la glanjde
eft qu'il
— Voir
t.
20
IV, p. 411
,
I.
22-24,
ei p.
414-415.
25
Seconde Partie.
i59-i6o.
417
ARTICLE CXX.
Comment
par l'Amour
elle ejl caufée
ô par
le
De/îr.
Et la Paflion qui caufc le plus ordinairement cet
effed 5
efl
l'Amour, jointe au Defir d'une chofe dont
l'acquifition n'efl pas
imaginée
comme
poflTible
pour
le
temps prefent. Car l'Amour occupe tellement lame à confiderer l'objet aymé, qu'elle employé tous les efprits qui font dans le cerveau à luy en reprefenter
&
l'image, 10
arrefle tous les
mouvemens de
qui ne fervent point à cet effed. Et
touchant
le Dcfir,
que
la
il
la
glande,
faut remarquer,
propriété que je luy ay attri-
buée de rendre le corps plus mobile, ne luy convient que lors qu'on imagine l'objet defiré eftre tel, qu'on peut des ce temps là faire quelque chofe qui fervc à l'acquérir. Car fi, au contraire, on imagine qu'il eft |
i5
impoffible pour lors de rien faire qui y foit utile, toute
du Defir demeure dans le cerveau, fans pafler aucunement dans les nerfs; & eftant entièrement employée à y fortifier l'idée de l'objet déliré, elle laiffe le refte du corps languiffant. l'agitation
20
article cxxi.
Qm 'elle peut aujji ejlre 11
eft
vray que la Haine,
loye, peuvent 2 5
caufée par d'autres PaJJions.
entièrement
lame
(ErvRKs. VI.
& mefme
la
quelque langueur, lors violentes, à caufe qu'elles occupent
caufer
qu'elles font fort
la TriftefTe,
auffi
à confiderer leur objet, principa53
41^
Des Passions.
lement lors que la'quelle
160-162.
Defir d'une chofe à l'acquifition de
le
on ne peut rien contribuer au temps
efl joint
avec
elle.
Mais pource qu'on
prefent,
s'arrefte bien
plus à confiderer les objets qu'on joint à foy de
ceux qu'on en fepare, & qu'aucuns autres & que la langueur ne dépend point d'une furprife, mais a befoin de quelque temps pour eftre volonté, que ;
formée, elle
rencontre bien plus en l'Amour qu'en
fe
toutes les autres paffions.
ARTICLE
De La Pafmoifon
n'eft
la
CXXII.
10
Pafmoifon.
pas foTt éloignée de
la
mort. Car
que le feu qui efl dans le cœur s'efteint tout à fait &i on tombe feulement en pafmoifon, lors qu'il efl étouffé en telle forte qu'il demeure encore quelques refies de chaleur, qui peuvent par après le rallumer. Or il y a plu|fieurs indifpofitions du corps, qui peuvent faire qu'on tombe ainfi en défaillance mais entre les paflions il n'y a que l'extrême loye, qu'on remarque en avoir le pouvoir. Et la façon dont
on meurt
lors ;
i5
;
je
croy qu'elle caufe cet effed,
ell
qu'ouvrant extra-
du cœur, le fang des venes y entre fi a coup & en fi grande quantité, qu'il n'y peut eflre raréfié par la chaleur afl'ez promptement, pour lever les petites peaux qui ferment les enirées de ces venes au moven de quov il étoufle le feu, lequel il a couftume d'entretenir, lors qu'il n'entre dans le cœur ordinairement
20
les orifices
:
que par mefure.
25
Seconde Partie.
'62164.
419
ARTICLE CXXin.
Pourquoy on ne pafme point de Il
femble qu'une grande
Trijlejje.
Triftefle, qui furvient ino-
pinément, doit tellement ferrer
du cœur, qu'elle en peut aufîi efteindre le feu mais neantmoins on n'obferve point que cela arrive, ou s'il arrive, c'eft très-rarement dont je croy que la raifon eft, qu'il ne peut gueres y avoir fi peu de fang dans le cœur, qu'il ne fuffife pour entretenir la chaleur, lors que fes oriles orifices
I
5
;
:
'o
fices font
prefque fermez.
ARTICLE CXXIV. >
Du Ris\ Le Ris confifte en ce que cavité droite 1
5
les
du cœur par
poumons fubitement &
l'air qu'ils
contienent,
eft
le
la
fang qui vient de
vene arterieufe, enflant
à diverfes reprifes, fait
que
contraint d'en fortir avec
forme une voix inarticulée & efclatante & tant les poumons en s'enflant, que cet air en fortant, pouffent tous les mufcles du dia|phragme, de la poitrine, & de la gorge au moyen de quoy ils font mouvoir ceux du vifage qui ont quelque connexion avec eux. Et ce n'eft que cette adion du vifage, avec cette voix inarticulée & efclatante, qu'on nomme le Ris. impetuofité par
le fifflet,
où
il
;
20
la
:
a.
Tome
V,
p.
450.
Des Passions.
420
i64>o5,
article cxxv.
Pourquoy
il
n\iccompagne point
Or encore qu
il
cipaux fignes de
femble que
le
la loye, elle
caufer que lors qu'elle
les
plus grandes foycs.
Ris foit
un des prin-
ne peut toutefois
feulement médiocre,
efl
le
l^ qu'il
5
y a quelque admiration ou quelque haine méfiée avec elle. Car on trouve par expérience, que lors qu'on efl
extraordinairement joyeux, jamais joye ne
fait
qu'on efclate de
rire
;
le fujet e^
de cette
mefmc on ne
ayfement y eflre invité par quelque autre |caufe, que lors qu'on ell trille. Dont la raifon eft que, dans les grandes loyes, le poulmon efl tousjours fi plein de fang, qu'il ne peut eftre davantage enfle par peut pas
fi
lo
reprifes. ARTICI E cxxvi.
i5
f
Quelles font es principales caufes. Et je ne puis ainfi
remarquer que deux caufes, qui facent
fubitement enfler
le
poumon. La première
efl:
la
furprife de l'Admiration, laquelle eflant jointe à la
promptement les orifices du cœur, qu'une grande abondance de fang, entrant tout à coup en fon coflé droit par la vene cave, s'y raréfie,
joye", peut ouvrir
fl
&
la
paflTant
de
la
par
vene artericufc, enfle
le
pou-
mon. L'autre efl le meflange de quelque liqueur qui augmente la rarefadion du fang. Et je n'en trouve point de propre à cela, que la plus coulante partie de a.
Tome
IV, p. 405,
1.
3-i
1
,
ci p.
409,
1.
20, à p. 410,
I.
1
2.
20
25
Seconde Partie.
165-167.
421
qui vient de la rate, laquelle partie du fang
celuy I
eftant poufTée vers le
cœur par quelque
légère
émo-
tion de Haine, aydée par la furprife de l'Admiration,
& s'y 5
méfiant avec
le
fang qui vient des autres endroits
du corps, lequel la joye y peut faire que ce fang s'y l'ordinaire
entrer en abondance,
dilate
beaucoup plus qu'à
mefme façon qu'on
en
:
fait
d'autres liqueurs s'enfier tout à
coup
quantité
voit
efiant fur le feu,
un peu de vinaigre dans le vaiffeau font; car la plus coulante partie du fang qui
lors qu'on jette 10
où
elles
vient de la rate, eft de nature femblable au vinaigre.
L'expérience
auffi
nous
qu'en toutes les ren-
fait voir,
contres qui peuvent produire ce Ris efclatant, qui
du poumon, il y a tousjours quelque petit fujet de Haine, ou du moins d'Admiration. Et ceux dont la rate n'eft pas bien faine, font fujcts à eftre non feulement plus trifi:es, mais aufli, par intervalles, plus gays &. plus difpofez à rire que les autres, d'autant que la rate envoyé deux fortes de fang vers le cœur, l'un fort vient
i5
|
20
épais fluide
&
groffier, qui
iS.
fubtil, qui
de 23
la
TriftefTe, l'autre
fort
caufe la loye. Et fouvent, après
on fe fent naturellement enclin à pource que la plus fluide partie du fang
avoir beaucoup la TrifteiTe,
caufe
ri,
la rate eilant efpuifée, l'autre
plus grofliere
la fuit
vers le cœur.
ARTICLE CXXVII.
Quelle
Pour tion,
il
le eft
ejl
Ris qui
fa caufe en l'Indignation.
accompagne quelquefois
ordinairement
artificiel &. feint.
l'Indigna-
Mais, lors
Des
42 2 qu'il eft naturel,
Passions.
167-169.
(emble venir de
il
la love
qu'on a de
ce qu'on voit ne pouvoir eftre oflfencé par le mal dont
on
indigné,
eft
|
avec cela, de ce qu'on
&.
ou par
furpris par la nouveauté
de ce mal
:
de façon que
auffi eftre
mouvement de
la loye, la
poumon,
Haine & l'Admiveux croire qu il
produit, fans aucune loye, par
5
le feul
envoyé du lang de la raréfié c^ poulTé de là dans
l'Averlion, qui
rate vers le cœur, le
trouve
rencontre inopinée
la
ration y contribuent. Toutefois je
peut
fe
lequel
où il
il
eft
enfle facilement, lors qu'il le ren-
10
contre prefque vuide. Et généralement tout ce qui
peut enfler fubitement
le
poumon
en cette façon, caufe
l'adion extérieure du Ris, excepté lors que la Triftefle
change en celle des gcmiffemens & des' cris qui accompagnent les larmes. A propos de quoy Vives'' efcrit de foy-mefme, que lors qu'il avoit efté long temps fans manger, les premiers morceaux qu il metce qui pouvoit toit en fa bouche, l'obligeoient à rire
la
>J
:
que fon poumon, vuide de fang par faute de nourriture, eftoit promptement enflé par le premier fuc qui paflToit de fon eftomac vers le cœur, & que la
venir de ce
|
feule imagination de
mefme que
-^o
manger y pouvoit conduire, avant
celuy des viandes qu
il
mangeoit y
fuft
parvenu. 25
ARTICLE CXXVIII.
De
l'origine des Lartnes.
Comme le Ris n'eft jamais caufé par les plus grandes a. ).
En marge
Hilu.
..
de l'édition princeps
:
«
I.
L. Vivrs,
3.
de .Xiiimâ. cap. de
Seconde Partie.
69-I7'-
42
j
loyes, ainfi les larmes ne vienent point d'une extrême
mais feulement de celle qui eft médiocre & accompagnée ou fuivie de quelque fentiment d'Amour, ou auffi de loye. Et pour bien entendre leur origine,
Trifteffe,
5
il
faut remarquer que, bien qu'il forte continuelle-
ment quantité de vapeurs de toutes les parties de noflre corps, il n'y en a toutefois aucune dont il en tant que des yeux, à caufe de la grandeur des
forte I
nerfs optiques 10
&
de
la
multitude des petites artères
par où elles y vienent; & que, comme la fueur n'eft compofée que des vapeurs qui, fortant des autres parties, fe
les
convertiflent en eau fur leur fuperficie, ainfi
larmes
fe font
des vapeurs qui fortent des yeux.
ARTICLE CXXIX.
De
i5
la
façon que
Or comme
j'ai
les
efcrit
vapeurs fe changent en eau.
dans
les
Météores", en expli-
quant en quelle façon les vapeurs de l'air fe convertiflent en pluye, que cela vient de ce qu'elles font moins agitées ou plus abondantes qu'à l'ordinaire ainfi je croy que, lors que celles qui fortent du corps font beaucoup moins agitées que de couflume, encore :
20
qu'elles ne
pas de
fe
|
foient pas
fi
abondantes, elles ne
convertir en eau
:
ce qui caufe les fueurs
froides qui vienent quelquefois de foiblefle, 25
eft
malade. Et
je
laifl^ent
quand on
croy que, lors qu'elles font beau-
coup plus abondantes, pourvu qu'elles ne foient pas avec cela plus agitées, elles a.
Voir
t.
VI, p. 239-247.
fe convertilfent aulTi
en
Des Passions.
424 eau
:
ce qui
efl
i?!-';?.
caufe de la fueur qui vient quand on
quelque exercice. Mais alcrs
yeux ne fuent point, pource que, pendant les exercices du corps, la plus part des efprits allant dans les mufcles qui fervent à le mouvoir, il en va moins par le nerf optique fait
vers les yeux. Et ce n'efl qu'une
compofe dans
le
les
mefmè
matière, qui
fang, pendant qu'elle eft dans les venes ou
les artères;
&
dans le mufcles; & les
les efprits, lors qu'elle ei\
cerveau, dans les nerfs, ou dans les
vapeurs, lors qu'elle en fort en forme d'air; la
3
fueur ou
|
&
les larmes, lors qu'elle s'efpaiffit
fur la fuperficie
enfin,
10
en eau
du corps ou des yeux.
ARTICLE CXXX.
Comment
ce qui fait de la douleur à l'œil «5
l'excite à pleurer.
remarquer que deux caufes, qui facent que les vapeurs qui fortent des yeux fe changent en larmes. La première efl: quand la figure des pores par où elles pafTcnt ell changée, par quelque accident que Et je ne puis
ce puiiïe eftre ces vapeurs,
c^
:
mouvement de
en eau. Ainfi
l'œil,
pour en
il
ne faut qu'un
tirer
feftu qui
quelques larmes
:
à
caufe qu'en y excitant de la douleur, il change la difen forte que, quelques uns pofition de fes pores :
devenant plus
20
changeant leur ordre, peut faire qu'elles
fe convertifTent
tombe dans
car cela retardant le
eftroits, les petites parjties
des vapeurs
y paiTent moins vide; & qu'au lieu qu'elles en fortoient auparavant efgalement dillanlcs les unes des
25
Seconde Partie.
i73-»74-
&
42^
demeuroient feparées, elles vienent à fe rencontrer, à caufe que l'ordre de ces pores eft troublé, au moyen de quoy elles fe joignent, & ainfi fe convertiflent en larmes. autres,
ainfi
ARTICLE CXXXI.
5
Comment
on pleure de Trijie[fe.
ou de loye, ou généralement de quelque caufe qui fait que le cœur pouffe beaucoup de fang par les artères. La L'autre caufe eft la Triftefle, fuivie d'Amour,
'o
Trifteffe le
y
eft requife,
à caufe que, refroidiffant tout
fang, elle étrecit les por^s des yeux. Mais pource
qu'à mefure qu'elle les étrecit, elle diminue auffi la
quantité des vapeurs, aufquelles paffage, cela ne
fuffit
ils
doivent
|
donner
pas pour produire des larmes,
quantité de ces vapeurs n'eft à
fi
mefme temps aug-
'5
la
20
mentée par quelque autre caufe. Et il n'y a rien qui l'augmente davantage, que le fang qui eft envoyé vers le cœur en la paffion de l'Amour. Auffi voyons nous que ceux qui font triftes, ne jettent pas continuellement des larmes, mais feulement par intervalles, lors qu'ils font
quelque nouvelle reflexion fur
les objets
qu'ils affedionent.
ARTICLE CXXXII.
Des gemijjemens qui accompagnent 25
Et alors les
tout à
poulmons
les
larmes.
font auffi quelquefois enflez
coup par l'abondance du fang qui entre dedans,
Œl'vres. VI.
34
426
&
Des
•
Passions.
174- '76.
qui en chaffe Tair qu'ils contenoient, lequel for-
engendre les gemiiïemens & les cris, qui ont couftume d'accompagner les larmes. Et ces cris font ordinairement plus aigus, que ceux qui tant par le
fifflet
|
accompagnent
bien qu'ils foient produits quafi
le ris,
en mefme façon
dont
:
la
que les nerfs qui organes de la voix,
la raifon eft
fervent à eflargir ou eftrecir les
pour
rendre plus groffe ou plus aiguë, eftans joins
avec ceux qui ouvrent les orifices du cœur pendant joye,
5
& les étreciflent pendant la TriftefTe,
ils
la
font que
ces organes s'élargiiïent ou s'étrecilTent au
10
mefme
temps." ARTICLE CXXXIII.
Pourquoy
les
Les enfans pleui"er,
&
en/ans
&
les vieillards
vieillards
les
pleurent ayfement.
font plus enclins à
que ceux du moyen aage, mais
c'eft
i5
pour
diverfes raifons. Les vieillards pleurent fouvent d'af-
fedion
&
de joye
:
|
car ces deux pafîions jointes
enfemble, envoyent beaucoup de fang à leur cœur,
de
là
beaucoup de vapeurs à leurs yeux
de ces vapeurs
eft
;
&
&
l'agitation
20
tellement retardée par la froideur
de leur naturel, qu'elles fe convertifTent ayfement en larmes, encore qu'aucune TriftefTe n'ait précédé. Que fi
quelques vieillards pleurent
fafcherie, ce n'eft pas tant le
ayfement de tempérament de leur
auffi fort
corps, que celuy de leur efprit qui les y difpofe. Et cela n'arrive qu'à ceux qui font fi foibles, qu'ils fe lailTent
entièrement furmonter par de petits fujets de
douleur, de crainte ou de
pitié.
Le
mefme
arrive aux
25
Seconde Partie.
i76-i7«
427
enfans, lefquels ne pleurent gueres de love, mais bien
plus de TriftefTe,
mefme quand
elle neft point
accom-
pagnée d'Amour car ils ont tousjours aflez de fang pour produire beaucoup de vapeurs, le mouvement ;
|
defquelles eftant retardé par la Triftefle, elles
fe
con-
vertiflent en larmes.
ARTICLE CXXXIV.
Pourquoy quelques enfans palijfent, au
y en a quelques uns qui paliflent, au lieu de pleurer, quand ils font fafchez ce qui peut
Toutefois
10
il
;
tefmoigner en eux un jugement, ordinaire
:
un courage extra-
&.
à fçavoir, lors que cela vient de ce qu'ils
confiderent la grandeur du mal, forte refiftance, en i5
lieu de pleurer.
préparent à une
fe
i."l:
mefme façon que ceux
qui font plus
âgez. Mais ceft plus ordinairement une
mauvais naturel
:
à fçavoir, lors que cela vient de ce
qu'ils font enclins à la
Haine, ou à
des paffions qui diminuent
on
voit,
marque de
la
la
Peur; car ce font
matière des larmes. Et
au contraire, que ceux qui
pleurent fort |
20
ayfement, font enclins à l'Amour
&
à la Pitié.
ARTICLE CX.XXV,
Des Soupirs La caufe des Soupirs
"".
eft fort différente
larmes, encore qu'ils prefuppofent a.
Tome
IV, p. 405,
I.
12-14, et
\^.
410,
1.
de celle des
comme
i3, à p. 411,
1.
4.
elles la
Des Passions
428 Trifteffe.
les
Car au
poumons
pirer,
quand
lieu
qu'on
178180.
eft incité
à pleurer,
quand
on
efl incité
à fou-
font pleins de fang, ils
en font prefquevuides,
&que quelque
imagination d'efperance ou de joye ouvre Torifice de l'artère
veneufe que
la Trifteffe avoit étreci
:
pource
5
peu de fang qui refte dans les poumons, tombant tout à coup dans le cofté gauche du cœur par qu'alors
le
&
y eftant pouffé par le Defir de parvenir à cette loye, lequel agite en mefme temps cette artère veneufe,
tous les mufcles du diaphragme
&
de
la poitrine, l'air
10
promptement par la bouche dans les poumons, pour y remplir la place que laiffe ce fang. Et c'eft cela qu on nomme foupirer.
(
eft
pouffé
ARTICLE CXXXVI. •
D OÙ vienent les effets des PaJJions qui font
\
5
particuliers à certains hommes.
Au
refte, affin
de fuppleer icy en peu de mots à tout
ce qui pourroit y eftre adjoufté touchant les divers effets ou les diverfes caufes des Paffions, je me con-
tenteray de repeter
le
principe fur lequel tout ce que
j'en ayefcrit eft appuyé''
entre noftre
ame &
:
à fçavoir, qu'il y a telle liaifon
noftre corps, que lors que
nous
avons une fois joint quelque adion corporelle avec quelque penfée, l'une des deux ne fe prefente point à nous par après, que l'autre ne s'y prefente aufli; iK: que ce ne font pas tousjours les mefmes adions qu'on joint aux mefmes penfées. Car cela fuffit pour rendre |
a.
Voir ci-avant,
p. 368, art. l.
20
25
Seconde Partie.
8o-i8r.
429
raifon de tout ce qu'un chacun peut remarquer de particulier,
en foy ou en d'autres, touchant cette matière,
qui n'a point efté icy expliqué. Et pour exemple,
que les eftranges averfions de quelques uns, qui les empefchent de fouffrir l'odeur des rofes, ou la prefence d'un chat, ou chofes femblables, ne vienent que de ce qu'au commencement de eft
5
il
ayfé de penfer
leur vie
ils
ont efté fort offenfez par quelques pareils
ou bien qu'ils ont compati au fentiment de leur mère qui en a efté offenfée eftant groiTe. Car il eft certain qu'il y a du rapport entre tous les mouvemens de la mère, & ceux de l'enfant qui eft en fon ventre, en forte que ce qui eft contraire à l'un nuit à objets,
10
l'autre. i5
l'odeur des
Et
|
rofes peut avoir caufé
un
un enfant, lors qu'il eftoit encore au berceau ou bien un chat le peut avoir fort efpouvanté, fans que perfonne y ait pris garde, ny qu'il eij ait eu après aucune mémoire bien que l'idée de l'Averfion qu'il avoit alors pour ces rofes, ou pour ce chai, demeure imprimée en fon cerveau jufques à la fm de fa vie. grand mal de
tefte à
;
;
20
ARTICLE
De Vufage des cinq
CXX.XVII.
Pajfwns icy expliquées en tant
qu'elles Je rapportent
2 5
la
Apres avoir donné Haine, du Defir, de
de tous les les
au corps.
les définitions la love,
mouvemens
de
de l'Amour, de
la Triftefle
;
&
traité
corporels qui les caufent ou
accompagnent, nous n'avons plus icy à confiderer
Des Passions.
4}o
que leur ufage. Touchant quoy
il
iSi-iss.
eft
à remar|quer que,
félon rinftitution de la Nature, elles fe rapportent
toutes au corps,
&.
ne font données à lame qu'entant
qu'elle efl jointe avec luy
naturel
efl d'inciter
Tame
:
en forte que leur ufage
à confentir
contribuer
&.
5
aux adions qui peuvent fervir à conferver le corps, ou à le rendre en quelque façon plus parfait. Et en ce fens,
la TriftefTe
cl*
qui font employées.
la loye. font les
Car Tame
n'eft
deux premières immédiatement
que par
avertie des chofes qui nuifent au corps,
fentiment qu'elle a de
la
le
lo
douleur, lequel produit en
premièrement la palîion de la Trifteffe, puis en fuite la Haine de ce qui caufe cette douleur, & en
elle
Comme
troifiefme lieu le Defir de s'en délivrer.
aufli
l'ame n'eft immédiatement avertie des chofes utiles au
i
s
corps, que par quelque forte de chatouillement, qui
excitant en elle de la loye,
fait
de ce qu'on croit en eftre
enfuite naiftre l'amour ;
la caufe,
&
en
fin le
defir
d'acquérir ce qui peut faire qu'on continue en cette loye,
ou bien qu'on
blable.
Ce
fait
encore après d'une fem-
voir qu'elles
font
toutes cinq
;
que la loye, d- la Haine que l'Amour à caufe qu'il importe davantage de rcpoulfer les chofes qui nuifent 6t peuvent deftruire, que d'acquérir celles qui adjouftent quelque perfedion fans laquelle on peut
fairc
fublifter.
20
au regard du corps & mefme, que la eft en quelque façon première & plus necef-
très-utiles Trifteffe
qui
joiiifl'e
:
25
Seconde Partie.
i»3-i85.
43
ARTICLE CXXXVIII.
De
leurs défauts,
& des
moyens de
les
corriger.
Mais encore que cet ufage des paffions
&
plus
que tous les animaux fans raifon ne conduifent leur vie que par des mouvemens corporels femblables à ceux qui ont coullume en nous de les fuivre, & aufquels elles incitent notre ame à conientir il neft pas neantmoins naturel qu'elles puilTent avoir,
5
foit le |
,
:
10
tousjours bon, d'autant qu'il y a plufieurs chofes nuifibles au corps, qui ne caufent au commencement
ou mefme qui donnent de la loye & d'autres qui luy font utiles, bien que d'abord elles foient incommodes. Et outre cela elles font paroiftre prefque tousjours, tant les biens que les maux qu'elles reprefentent, beaucoup plus grands & plus importans qu'ils ne font en forte qu'elles nous incitent à rechercher les uns & fuir les autres, avec plus d'araucune
i5
TriflelTe,
;
;
&
deur
plus de foin qu'il n'eft convenable
nous voyons
20
:
comme
que les beftes font fouvent trompécs par des apas, & que pour éviter de petits maux-, elles fe précipitent en de plus grands. C'eft pourquoy nous devons nous fervir de l'expérience & de auffi
I
la raifon,
pour diftinguer
le
bien d'avec
le
mal,
&
connoiftre leur jufte valeur, affin de ne prendre pas 25
l'un
pour
excès.
l'autre,
&
de ne nous porter a rien avec
5
Des Passions.
4)2.
185.87.
ARTICLE CXXXIX.
De iufage des mefmes PaJJions, entant qu 'elles appartienent à lame ; & premièrement de l'Amour.
Ce
nous n'avions en nous que le corps, ou qu'il fiàt noflre meilleure partie mais d'autant qu'il nefl que la moindre, nous devons principalement confiderer les Paffions, entant qu'elles apparqui
fuffiroit,
fi
5
;
tienent à lame, au regard de laquelle l'Amour
&
la
Haine vienent de la connoifTance, & précèdent la love & la Triileffe excepté lors que ces deux dernières tienent le lieu de la connoifTance, dont elles font des efpeces. Et lors que cette connoitTance eft vraye, c'eft à dire que les chofes qu'elle nous porte à aymer font véritablement bonnes, & celles qu'elle nous porte à haïr font véritablement mauvaifes, l'Amour efl incomparablement meilleure que la Haine elle ne fçauroit :
10
1
;
eftre trop
grande,
&
elle
ne manque jamais de pro-
duire la loye. le dis que cette
Amour
eft
extrêmement
bonne, pource que, joignant à nous de vrays biens, elle nous perfedionne d'autant, le dis auffi qu'elle ne fçauroit eftre trop grande exceffive peut faire,
c'eft
;
20
car tout ce que la plus
de nous joindre
fi
parfai-
tement à ces biens, que l'Amour que nous avons particulièrement pour nous mefmes, n'y mette aucune diftindion
;
mauvais. Et
ce que je croy ne pouvoir jamais eftre elle eft
neceflairement fuivie de
la loye,
I
à caufe qu'elle nous reprefente ce que nous aymons,
comme un
bien qui nous appartient.
25
Seconde Partie.
187-188.
4j
3
ARTICLE CXL.
De
la
Haine.
La Haine, au contraire, ne fçauroit qu'elle ne nuife 5
;
&
elle n'efl
eftre
fi
petite
jamais fans Triftefle.
le
dis qu'elle ne fçauroit eflre trop petite, à caufe
que nous ne fommes incitez à aucune adion par la Haine du mal, que nous ne le puiffions eftre encore mieux par l'Amour du bien auquel il eft contraire au moins lors que ce bien & ce mal font affez connus. Car j'avoue que la Haine du mal qui n'eft manifefté que par la douleur, eft neceffaire au regard du corps mais je ne parle icy que de celle qui vient d'une conclaire, & je ne la rapporte qu'à lame. noiffance plus :
10
;
|
le dis aufli qu'elle n'eft i5
que,
mal
le
jamais fans
TrifteftTe,
n'eftant qu'une privation,
il
à caufe
ne peut eftre
conceu fans quelque fujet réel dans lequel il foit v& il n'y a rien de réel qui n'ait en foy quelque bonté, de façon que la Haine qui nous éloigne de quelque mal, nous éloigne par mefme moyen du bien auquel il eft ;
20
&
joint,
noftre
la privation
de ce bien, eftant reprefentée à
ame comme un
défaut qui luy appartient,
excite en elle la Trifteffe. Par exemple, la Haine qui
2 5
nous éloigne des mauvaifes mœurs de quelqu'un, nous éloigne par mefme moyen de fa converfation, en laquelle nous pourrions fans cela trouver quelque bien, duquel nous fommes fafchez d'eftre privez. Et ainfi en toutes les autres Haines, on peut remarquer quelque fujet de TrifteftTe. ŒivREs.
VI.
55
Des Passions.
4J4
ARTICLE CXLI.
I
Du Pour
il
eft
ne
qu'il
noiflance
peut manquer
la TriJleJJ'e.
ne peut
il
point exceffif,
foit
le règle.
de
évident que, lors qu'il procède
d'une vraye connoiffance,
pourvu
&
Defir, de la loye,
le Defir,
189. 90.
évident
eft
II
aufli
bonne, ny
d'eftre
lame
mauvaife, au regard de
:
&
mauvais,
eftre
que cette conque la loye ne
la TriftefTe
pource que
5
d'eftre
c'eft
en
la
dernière que confifte toute l'incommodité que l'ame
du mal, & en la première que confifte toute la joûiflance du bien qui luy appartient. De façon que fi nous n'avions point de corps, j'oferois dire que nous ne pourrions trop nous abandonner à l'Amour & à la loye, ny trop éviter la Haine & la Triftefle. Mais les reçoit
mouvemens corporels
qui les accomjpagnent, peuvent
lo
i5
tous eftre nuifibles à la fanté, lors qu'ils font fort violens
;
& au contraire luy
eftre utiles, lors qu'ils
ne font
que modérez. ARTICLE CXLIl.
De
la
loye
avec
Au
refte,
de
l Amour, comparées
& la
la Trijlejje
puifque
eftre rejetées par
dune vraye
&
la
lame,
Haine lors
Oi:
Haine. la Triftefte
mefme qu
elles
connoiflance, elles doivent
forte raifon, lors quelles viencnt de
opinion. Mais on peut douter
fi
20
doivent
procèdent
l'eftre
à plus
quelque fauftc
l'Amour^
la
loye font
25
Seconde Partie.
içjo-igî.
bonnes ou non,
&
5
10
il
me
4^5
lors qu'elles font ainfi
femble que,
fi
on ne
mal fondées;
les confidere
precifement
que ce qu'elles font en elles mefmes, au regard de lame, on peut dire que, bien que la loye foit moins folide & l'Amour moins avantageufe que lors qu'elles ont un meilleur fondement, elles ne laiflent pas d'eftre préférables à la Trifteffe & à la Haine aufli mal fondées. En forte que dans les rencontres de la vie, où nous ne pouvons éviter le hafard d'eftre ,
|
,
trompez, nous faifons tousjours beaucoup mieux de
pancher vers
les pafTions qui
tendent au bien, que vers
que ce ne foit que pour l'éviter. Et mefme fouvent une faufle loye vaut mieux qu'une Trifteffe dont la caufe eft vraye. Mais je
celles qui regardent le mal, encore
i5
n'ofe pas dire le
mefme de l'Amour, au regard de
Haine. Car lors que
la
Haine
eft jufte, elle
la
ne nous
mal dont il eft bon d'eftre feparé au lieu que l'Amour qui eft injufte, nous joint à des chofes qui peuvent nuire, ou du moins qui ne méritent pas d eftre tant confiderées par nous qu'elles font ce qui nous avilit, & nous éloigne que du fujet qui contient
le
;
20
:
|
abaiffe.
ARTICLE
Des mefmes
CXLIIl.
PaJJions, entant qu'elles
Je rapportent au Dejir.
25
Et
il
faut
exadement remarquer, que ce que
je
vien de dire de ces quatre Paffions, n'a lieu que lors qu'elles font confiderées precifement
&
qu'elles ne
en
elles
mefmes,
nous portent à aucune adion. Car
6
Des Passions.
4}
entant qu'elles excitent en nous
i92-'94.
le Defir,
mife duquel elles règlent nos mœurs,
que toutes nuire,
&
eft jufte,
celles
dont
caufe
la
eft
par l'entre-
il
eft
fauffe,
certain
peuvent
qu'au contraire toutes celles dont la caufe
peuvent fervir;
& mefme
que, lors qu'elles
5
font également mal fondées, la loye eft ordinaire-
ment plus
nuifible
cy donnant de
la Trifteffe,
&
la re|tenuë
quelque façon à
&
inconfiderez
que
la
de
pource que
celle
la crainte, difpofe
en
Prudence, au lieu que l'autre rend
téméraires ceux qui s'abandonnent à
lo
elle.
ARTICLE CXLIV.
Des Defirs dont l'cvcnemcnt ne dépend que de nous.
Mais pource que ces Paffions ne nous peuvent porter à aucune adion, que par l'entremife du Defir qu'elles excitent, c'eft particulièrement ce Defir que nous devons avoir foin de régler; ci c'eft en cela que confifte la principale utilité de la Morale. j'ay tantoft dit, qu'il eft
Et
il
mauvais, lors
me
Or comme
tousjours bon, lors qu'il fuit
une vraye connoifl'ance d'eftre
ainfi
:
qu'il eft
il
ne peut manquer
diftingue pas
touchant
afl'ez les
|
20
fondé fur quelque erreur.
femble que l'erreur qu'on commet
ordinairement,
i5
les
Defirs,
eft
le
plus
qu'on ne
chofes qui dépendent entière-
ment de nous, de celles qui n'en dépendent Car pour celles qui ne dépendent que de nous, dire de noftre libre arbitre,
il
fuffit
point. c'eft
à
de fçavoir qu'elles
font bonnes, pour ne les pouvoir defirer avec trop
25
;
Seconde Partie.
i94-'96.
d'ardeur à caufe que :
4J7
c'eft fuivre la vertu,
que de
faire
bonnes qui dépendent de nous, & il eft certain qu'on ne fçauroit avoir un Defir trop ardent pour la vertu. Outre que ce que nous délirons en cette façon ne pouvant manquer de nous reûffir, puis que c'eft de nous feuls qu'il dépend, nous en recevons tousjours toute la fatisfaélion que nous en avons attendue. Mais la faute qu'on a couftume de comles chofes
5
mettre en cecy, lo
n'eft
jamais qu'on defire trop,
lement qu on defire trop peu. contre cela,
eft
de
Et le fouverain
remède
autant
qu'il fe
fe délivrer l'elfprit,
peut, de toutes fortes d'autres Defirs
i5
c'eft feu-
moins
utiles,
puis de tafcher de connoiftre bien clairement,
&
confiderer avec attention, la bonté de ce qui
eft
de à
defirer.
ARTICLE CXLV.
De
ceux qui ne dépendent que des autres caufes
& ce Pour 20
que
c'eji
les chofes qui
que
la
Fortune.
ne dépendent aucunement de
nous, tant bonnes qu'elles puiftent
eftre,
on ne
les doit
non feulement à caufe qu'elles peuvent n'arriver pas, e^ par ce moyen nous affliger d'autant plus que nous les aurons plus fou-
jamais defirer avec paflion"
mais principalement à caufe qu'en occupant noftre penfée, elles nous détournent de porter noftre affedion à d'autres chofes, dont l'acquifition dépend haitées
25
:
;
de nous. Et I
a.
Tome
il
y a deux remèdes généraux contre ces
IV, p. 405,
I.
i5-3o,
et p.
41
1,
1.
5-28.
Des
4^8 vains Defirs je parlcray
:
le
premier
cy après"
;
Passions, efl la
fouvent faire reflexion fur
nous reprefenter qu
il
Generofité, de laquelle
que nous devons Providence divine, &.
lecond
le
196-197.
la
efl
efl impolfible,
qu'aucune chofe
arrive d'autre façon, quelle a eflé déterminée de toute
éternité par cette Providence
comme une
;
en forte qu'elle
efl
ou une NecefTité immuable, qu'il faut oppofer à la Fortune, pour la deflruire, comme une chimère qui ne vient que de l'erreur de noflre entendement. Car nous ne pouvons defirer que ce que nous eflimons en quelque façon eflre poffible, & nous ne pcmvons eflimer pofîibles les chofes qui ne dépendent point de nous, qu'entant que nous penfons qu'elles dépendent de la Fortune, c'efl à dire que nous Fatalité
jugeons qu'elles peuvent arriver, |
autrefois de femblables.
Or
&
qu'il
en
efl
arrivé
n'en
efl
jamais arrivé de femblable,
c'efl
à la produdion de laquelle une pareille caufe
manqué
:
Troisième Partie, art.
i5
cliii et cliv.
20
à dire
ait aufTi
en forte que, û nous n'euffions point ignoré cela auparavant, nous ne l'euffions jamais ellimée poffible, ny par confequent ne l'euffions defirée. a.
10
cette opinion nell fondée
que fur ce que nous ne connoiffons pas toutes les caufes qui contribuent à chaque effed. Car lors qu'une chofe que nous avons eflimée dépendre de la Fortune n'arrive pas, cela tefmoigne que quelqu'une des caufes qui efloient neceffaires pour la produire a manqué, & par confequent qu'elle efloit abfolument impofTible, d' qu'il
5
25
Seconde Partie.
98-199-
4J9
ARTICLE CXLVI.
De
&
d'autruy.
donc entièrement rejetter l'opinion vulgaire, qu'il y a hors de nous une Fortune, qui fait que les chofes arrivent ou n'arrivent pas, félon fon plaifir; & fçavoir que tout eft conduit par la Providence Il
5
ceux qui dépendent de nous
faut
divine, dont le décret éternel eft tellement infallible
&
lo
immuable, qu'excepté les chofes que ce mefme décret a voulu dépendre de noftre libre arbitre, nous devons penfer qu'à noftre égard il n'arrive rien qui ne foit necefl^aire
i5
& comme
fatal,
e" forte que nous ne
pouvons fans erreur defirer qu'il arrive d'autre façon. Maispource que la plus part de nos Defirs s'eftendent à des chofes qui ne dépendent pas toutes de nous, ny toutes d'autruy, nous devons exadement diftinguer en elles ce qui ne dépend que de nous, affin de n'eftendre noftre Defir qu'à cela feul. Et pour le furplus, encore que nous en devions eftimer le fucces entièrement fatal tt immuable, affin que noftre Defir ne s'y occupe point, nous ne devons pas laifter de confiderer les raifons qui le font plus ou moins efpe|
20
rer, affin qu'elles fervent à régler
nous avons affaire nous puiffions aller par deux divers chemins, l'un delquels ait couftume d'eftre beaucoup plus feur que l'autre bien que peut eftre le décret de la Providence foit tel, que fi nous allons par le chemin qu'on eftime le plus feur, nous ne manquerons pas d'y eftre volez.
par exemple, 25
nos adions. Car, en quelque lieu où
:
fi
5
Des Passions.
440
&
199-ao!.
qu'au contraire nous pourrons paffer par l'autre
nous ne devons pas pour cela eftre indifferens à choifir l'un ou l'autre, ny nous repofer fur la fatalité immuable de ce décret. Mais la raifon veut que nous choififfions le chemin qui a couftume d'eftre le plus feur, & noftre Defir doit eftre accompli touchant cela, lors que nous l'avons fuivi, quelque mal qui nous en foit arrivé à caufe que, ce mal ayant efté à noftre égard inévitable, nous n'avons eu aucun fujet de fouhaiter d'en eftre exems, mais feulement de faire tout le mieux que noftre entendement a pu connoiftre, ainfi que je fuppofe que nous avons fait. Et il fans aucun danger
:
|
5
:
eft
10
certain que, lors qu'on s'exerce à diftinguer ainfi
la Fatalité,
de
la
Fortune, on s'accouftume ayfement
à régler fes Defirs en telle forte que, d'autant que leur
accompliflement ne dépend que de nous,
ils
1
peuvent
tousjours nous donner une entière fatisfadion.
I
ARTICLE CXLVII.
Des Emotions-
intérieures Je lame.
une confideration, qui me femble beaucoup fervir pour nous empefcher de recevoir aucune incommodité des Partions c'eft que noftre bien &. noftre mal dépend principalement des émotions intérieures, qui ne font excitées en lame que par l'ame mefme en quoy elles différent de ces Paffions, qui dépendent tousjours de quelque mouvement des efprits. Et bien que ces émotions de l'adjoufteray feulement encore icy
20
:
;
l'ame foient fouvent jointes avec les paflions qui leur
«5
Seconde Partie.
Î0..20Î.
441
font femblables, elles peuvent fouvent aufli fe ren-
& mefme
contrer avec d'autres,
naiftre de celles qui
mary
leur font contraires. Par exemple, lors qu'un
pleure fa 5
femme morte,
quelquejfois)
il
laquelle (ainfi qu'il arrive
feroit fafché de voir refufcitée
peut faire que fon cœur
à la converfation de laquelle excitent en 10
relies
luy
;
&
il
d'amour ou de
fe
il
fe
que l'abfence d'une perfonne
eft ferré
l'appareil des funérailles, &.
:
par
il
la TriftefTe,
eftoit
accouftumé,
peut faire que quelques
pitié, qui fe prefentent
à fon
imagination, tirent de véritables larmes de fes yeux,
cependant une love fecrete dans le plus intérieur de fon ame lemotion de laquelle a tant de pouvoir, que laTrifteiTe il les larmes qui l'accompagnent ne peuvent rien diminuer de fa force. Et lors que nous lifons des avantures eftranges dans un nonobftant
qu'il fente
;
i5
voyons reprefenter fur un théâtre, cela excite quelquefois en nous laTrirtefle, quelquefois la love, ou l'Amour, ou la Haine, li generalelivre,
20
ou que nous
ment toutes qui
1
les
les Pàffions, félon la diverfité
s'offrent à noftre
imagination
;
des objets
mais avec cela
nous avons du plaifir, de les fentir exciter en nous, & ce plaifir eft une loye intelleduelle, qui peut aufli bien naiftre de laTrifteffe, que de toutes les autres Pàffions. 25
ARTICLE
Que
CXLVIII.
l'exercice de la vertu ejî un fouverain
remède
contre les PaJ/tons.
Or, d'autant que ces émotions intérieures nous touchent de plus près, & ont par confequent beau^ Œuvres. VI.
56
Des Passions.
442
103-204.
coup plus de pouvoir fur nous que elles différent, qui fe
tain que, fe
les Paffions
rencontrent avec
pourvu que noftre ame
ait
elles,
il
dont
eft cer-
tousjours de quoy
contenter en fon intérieur, tous les troubles qui vie-
nent d'ailleurs n'ont aucun pouvoir de luy nuire plutofl
ils
;
mais
fervent à augmen|ter fa joye, en ce que,
voyant qu'elle ne peut
eftre offenfée
par eux, cela luy
que noftre ame ait ainfi de quoy eftre contente, elle n'a befoin que de fuivre exadement la vertu. Car quiconque a vefcu en telle forte, que fa confcience ne luy peut reprocher connoiflre fa perfedion. Et
fait
qu'il ait
jamais
manqué
aâfin
eft
ce que je
nomme
en reçoit une fatisfadion, qui û puiflante pour le rendre heureux, que les plus
icy fuivre la vertu),
il
violens eftbrs des Paffions n'ont jamais aflez de pouvoir
pour troubler
10
à faire toutes les chofes qu'il
a jugées eftre les meilleures (qui
eft
5
la tranquillité
de fon ame.
i5
LES PASSIONS DE LAME.
TROISIESME PARTIE. Des Paffions
ARTICLE CXLIX.
5
De
10
particulières.
l'EJîime
&
du Me/pris,
Apres avoir expliqué les fix Paffions primitives, qui font comme les genres dont toutes les autres font des efpeces, je remarquera)- icy fuccindement ce qu'il y a de particulier en chacune de ces autres, & je liendray le
mefme ordre
fuivant lequel je les ay cy-delTus
dénombrées. Les deux premières font TEftime & le ordiMefpris. Car bien que ces noms ne fignifient nairement que les opinions qu'on a, fans paffion, de la valeur de chaque chofe toutefois, à caufe que de ces opinions il naift fouvent des Paffions, aufquelles on n'a point donné de noms particuliers, il me fembleque ceux-cy leur peuvent ertre attribuez. Et l'Eftime, entant qu'elle eft une Paffion, eft une inclination qu'a |
i5
:
Des Passions.
444 l'ame à
fe
«06-208.
reprefenter la valeur de la chofe eftimée,
laquelle inclination
eft
caufée par un
ticulier des efprits, tellement conduits
mouvement
par-
dans le cerveau,
qu'ils y fortifient les impreflîons qui fervent à ce fujet.
Comme,
au contraire,
inclination qu'a telTe
lame
la
Palîion
du Mefpris
à confiderer la baffelTe
de ce quelle mefprife, caufée par
des efprits, qui
fortifie l'idée
I
Que
ces
le
eft
une
'>
ou peti-
mouvement
de cette petiteffe.
ARTICLE CL.
deux PaJJions ne font que des efpeces
10
d'Admiration.
deux Raflions ne font que des efpeces d'Admiration. Car lors que nous n'admirons point la grandeur ny la petiteffe d'un objet, nous n'en faifons ny plus ny moins d'eftat que la raifon nous dide que nous en devons faire de façon que nous l'eftimons ou le mefprifons alors fans paflion. Et bien que fouvent l'Eftime foit excitée en nous par l'Amour, & le Mefpris par la Haine, cela n'eft pas univerfel, & ne vient que de ce qu'on eft plus ou moins enclin à confiderer la grandeur ou la petiteffe d'un objet, à railon de ce qu'on a plus ou moins d'aff"edion pour luy. Ainfi ces
i5
;
•
I
Qu
Or
ARTICLE
20
CLI.
on peut s'ejîimer ou mcfprifer foy me/me.
ces deux Raflions
fe
peuvent généralement rap-
porter à toutes fortes d objets; mais elles font princi-
--5
Trofsiesme Partie,
2O8-2I0.
44^
paiement remarquables, quand nous les rapportons à nous mefmes, c eft à dire, quand c eft noftre propre mérite que nous eftimons ou mefprilons. Et le mouve-
ment des 5
efprits qui les caufe, eft alors
fi
manifefte,
change mefme la mine, les geftes, la démarche, & généralement toutes les adions de ceux qui conçoivent une meilleure ou plus mauvaife opinion d'eux qu'il
mefmes
qu'à l'ordinaire.
I
Pour
10
ARTICLE
CI.II.
quelle cauje on peut s'ejîimer.
pource que l'une des principales parties de la fageffe eft de fçavoir en quelle façon ci pour quelle Et
caufe chacun
1
5
20
ou mefprifer, je tafcheray icy d'en dire mon opinion. le ne remarque en nous qu'une feulechofe, qui nous puifle donner jufte raifon de nous eftimer, à fçavoir l'ufage de noftre libre arbitre, & l'empire que nous avons fur nos volontez. Car il n'y a que les feules adions qui dépendent de ce libre arbitre, pour lefquelles nous puiffions avec raifon eftre louez ou blafmez; &. il nous rend en quelque façon femblables à Dieu, en nous faifant maiftres de nous mefmes, pourvu que nous ne perdions point par lâcheté les droits qu'il nous donne. fe doit eftimer
I
ARTICLE
En quoy confijle
2 5
la Generojité.
que la vraye Generofité, qui fait qu'un s'eftime au plus haut point qu'il fe peut legi-
Ainfi je croy
homme
CLIII.
Des Passions.
44^
timement eftimer,
jio-ju.
confifte feulement, partie
qu'il connoift qu'il n'y
en ce
a rien qui véritablement luy
appartiene que cette libre dilpolition de fes volontez,
ny pourquoy
il
doive eilre loué ou blafmé, finon pour-
ce qu'il en ufe bien ou mal
en foy mefme une ferme
&
&
partie en ce qu'il fent
,
confiante refolution d'en
c'eft
à dire
chofes qu'il jugera eftre les meilleures.
Ce
qui
eft
fuivre parfaitement la vertu.
I
lo
ARTICLE CLIV.
Qu'elle empefche qu'on ne mefprife
Ceux
5
de ne manquer jamais de pour entreprendre & exécuter toutes les
bien ufer, volonté
;
qui ont cette connoilfance
les autres.
&
ce fentiment
d'eux mefmes, fe perfuadent facilement que chacun
des autres
hommes
les
peut
aufli
avoir de foy, pource
i5
en cela qui dépende d autruy. C eft ne mefprifent jamais perfonne c^ bien
qu'il n'y a rien
pourquoy qu'ils
ils
;
voyent fouvent que
les autres
commettent des
fautes, qui font paroiftre leur foibleffe, tefois'
ils
font tou-
plus enclins à les excufer qu'à les blafmer,
croire que c'eft pluftoft par
manque de
que par manque de bonne volonté, mettent. Et
comme
ils
à
eftre
com-
de beau-
coup inférieurs à ceux qui ont plus de biens, ou d'honneurs, ou mefme qui ont plus d'efprit, plus de fçavoir, plus de beauté, ou généralement qui les fur|
pafl'ent
ment
en quelques autres perfedions
ils
:
20
connoifl'ance,
qu'ils les
ne penfent point
&
aulfi
ne
s'efti-
point beaucoup au deftus de ceux qu'ils fur-
2$
Troisiesme Partie.
ÎH-2I3.
447
que toutes ces chofes leur femblent à comparaifon de la eftre fort peu confiderables bonne volonté pour laquelle feule ils s'eftiment, & laquelle ils fuppofent auifi eftre, ou du moins pouvoir paffent, à caufe
,
5
eftre,
en chacun des autres hommes.
ARTICLE CLV.
En quoy conjijîe
l'Humilité ver tueufe.
généreux ont couftume d'eftre les plus humbles & l'humilité vertueufe ne confifte qu'en ce que la reflexion que nous faifons fur l'infirmité de noftre nature, & fur les fautes que nous pouvons autrefois avoir commifes, ou fommes capables de Ainfi les plus ;
10
commetre, qui ne font pas moindres que celles qui peuvent eftre commifes par d'autres, eft caufe que nous ne nous préférons à perfonne & que nous I
i5
,
penfons que,
les autres
bien que nous,
ils
ayant leur libre arbitre
en peuvent
aufli
aufli
bien ufer.
ARTICLE CLVI. Quelles font les propriété^ de la Generojîté 20
elle
;
&
comment
fert de remède contre tous les dereglemens des
PaJJions.
Ceux
qui font Généreux en cette façon, font natu-
rellement portez à faire de grandes chofes, tefois à 25
ne rien entreprendre dont
ils
ne
&
tou-
fe fentent
capables. Et pource qu'ils n'eftiment rien de plus grand
Des Passions.
44^
du bien aux autres hommes, & de meffon propre intereft pour ce fujet, ils font tous-
que de prifer
h?-:.?.
jours
faire
parfaitcjment
courtois,
affables
envers un chacun. Et avec cela
&
officieux
font entièrement
ils
mailtres de leurs PafTions particulièrement des Defirs, :
de
la laloufie, &.
de l'Envie, à caufe
^
aucune
qu'il n'y a
chofe dont l'acquifition ne dépende pas d'eux, qu'ils
penfent valoir afTez pour mériter d'eftre beaucoup fouhaitée
;
&
de
la
Haine envers
qu'ils les efliment tous
&
;
de
la
les
hommes,
Peur, à caufe que la
confiance qu'ils ont en leur vertu, les afTure
de
la
à caufe
;
&
en
lo
fin
Colère, à caule que, n'eflimant que fort peu
toutes les chofes qui dépendent d'autruy, jamais
ils
ne donnent tant d'avantage à leurs ennemis, que de reconnoirtre qu'ils en font ofîencez.
I
i5
ARTICLE CLVII.
De
l'Orgueil.
Tous ceux qui conçoivent bonne opinion deux mefmes pour quelque autre caufe, telle qu'elle puifTe eflre, n'ont pas une vraye Generofité, mais feulement un Orgueil, qui efl; tousjours fort vitieux, encore qu'il le
foit
20
d'autant plus, que la caufe pour laquelle on
s'ef^ime efl plus injufte. Et la plus injufle de toutes lors qu'on efl orgueilleux fans
aucun
efl,
fujet, c'etl a dire
fans qu on penfe pour cela qu'il y ait en foy aucun mérite, pour lequel on doive eflre prifé; mais feu-
lement pource qu'on ne
fait
point d'eflat du mérite,
que. s'imaginani que la gloire
n'cfl
&
autre chofe qu'une
25
TroisiesjME Partie.
215-217.
449
ufurpation, Ton croit que ceux qui s'en attribuent
Ce
plus, en ont le plus.
abfurde, que
vice efl
II
*des homrries qui s'y laiffaflent aller,
mais
n'efloit loué injuftement;
mune par ne
qu'il
&
fi
j'aurois de la peine à croire qu'il y euft
|
5
deraifonnable
le
tout, qu'il n'y a point
fi
jamais perfonne
la flatterie eft
d'homme
fi
fi
com-
défectueux,
voye fouvent eftimer pour des chofes qui
fe
ne méritent aucune louange, ou
mefme
qui méritent
du blafme ce qui donne occafion aux plus ignorans & aux plus ftupides,dc tomber en cette efpece d'Orgueil. ;
10
ARTICLE Cl.vm.
Que Jes
contraires à ceux de la Gencrojîté.
effets font
Mais quelle que puifle
on •
5
s'eftime,
eftre la caufe
que
elle eft autre
fi
la
pour laquelle
volonté qu'on fent
en foy mefme, d'ufer tousjours bien de Ion libre
de laquelle
arbitre, elle
&
j'ay dit
produit tousjours un
qui
eft
fi
|
que vient la Generofité, Orgueil très blafmable,
différent de cette vraye Generofité, qu'il a
des effets entièrement contraires. Car tous les autres 20
biens,
comme
l'efprit, la
beauté, les richelles, les
honneurs, &c., ayant couftume d'eftre d'autant plus eftimez, qu'ils fe trouvent en moins de perfonnes, &
mefme
eftant
pour
la
plus part de telle nature, qu'ils
ne peuvent eftre communiquez à plufieurs 25
que
:
cela fait
les orgueilleux tafcKeni d'abaifter tous les autres
hommes, & qu'eftant lame incefifamment laloufie,
ils
ont
d'Envie,
de
efclaves de leurs Defirs, agitée
de Haine,
ou de Colère.
Œuvres.
VI.
^7
4^o
Des
Passions.
217-Î19.
ARTICLE CLIX.
De Pour
l'Humilité vitieufe.
ou Humilité vitieufe, elle confifle principalement, en ce qu on fe fent foible ou peu refolu, & que, comme fi on n avoit pas l'ufage entier de fon libre arbitre, on ne fe peut empefcher de faire des chofes, dont on fçait qu on fe repentira par après la BafTefle,
|
5
;
puis
auffi,
en ce qu'on croit ne pouvoir
fubfifter par
foy mefme, ny fe paiTer de plufieurs chofes, dont quifition
dépend d'autruy.
oppofée à
la
Generofité
;
Ainfi elle èft directement
&. il
fuperbes, en
mefme façon que
font les plus modeftes
&
10
arrive fouvent que ceux
qui ont lefprit le plus bas, font les
&
l'ac-
les plus
plus arrogans
les plus
généreux
humbles. Mais au
que ceux qui ont lefprit fort & généreux, ne changent point d'humeur pour les profperitez ou adverlite^ qui leur arrivent, ceux qui l'ont foible & abjet, ne font conduits que par la fortune &. la profperité ne les enfle pas moins, que l'adverfité les lieu
i5
;
rend humbles. Mefme on void fouvent qu'ils
honteufement, auprès de ceux dont
ils
s'albailTent
20
attendent
ou craignent quelque mal; & qu'au mefme temps ils s'elevent infolemment, au deffus de ceux dcfquels ils n'efperent ny ne craignent aucune quelque
chofe.
profit
2 5
Troisiesme Partie.
2ig-22i.
ARTICLE
Quel
Au
refte,
il
efprits en ces PaJJions.
ayfé à connoiftre que l'Orgueil
eft
Baffefle ne font pas feulement des vices, 5
mais
que leur émotion paroift
Paffions, à caufe
l
Cr.X.
mouvement des
ejl le
4^
&
aufli
la
des
fort à l'ex-
ceux qui font fubitement enflez ou abatus par quelque nouvelle occaûon. Mais on peut douter térieur, en
la
fi
10
Generofité
&
l'Humilité, qui font des vertus,
peuvent
auffi élire
vemens
paroiffent moins,
des Raflions, pource que leurs
&
qu'il
femble que
mou-
la vertu
ne fymlbolife" pas tant avec la PalTton, que fait le vice. Toutefois je ne voy point de raifon, qui empefche que
mefme mouvement des
le
une penfée, i5
mauvais, ne
un qui rofité
les
Et
fondement qui
pource que l'Orgueil
ne confiftent qu'en
eft injufte
a un
qu'elle
la puifle aulTi fortifier, lors qu'elle
eft jufte.
foy mefme,
20
lors
efprits, qui fert à fortifier
&
la
en a
Gene-
bonne opinion qu'on a de qu'en ce que cette opinion
la
ne différent
& jufte en
en l'un
&
l'autre,
il
me
femble qu'on
peut rapporter à une mefme Pafllon, laquelle
excitée par
eft
eft
un mouvement compofé de ceux de l'Ad-
miration, de la loie,
&
de l'Amotir, tant de celle qu'on
a pour foy, que de celle qu'on a pour lachofe qui fait
qu'on s'eftime. 23
Comme, au
contraire, le
mouvement
qui excite l'Humilité, foit vertueufe, foit vitieufe,
eft
compofé de ceux de l'Admiration, de la TriftelTe, de l'Amour qu'on a pour foy-mefme, méfiée avec
&
|
a.
ac
Traduction
vitio.
latine
:
nec videtur
ita virtuti
cum
la
PaJJionibus convenue
452
Des Passions.
Haine qu'on a pour
les défauts qui font
22 1-333.
qu'on
le
mef-
remarque en ces mouvemens, eft que ccluv de l'Admiration a deux proprietez la première, que la furprife le rend fort des
prife. Et toute la diflerence
que
je
:
fon
commencement & ;
l'autre, qu'il eft égal
en
fa
con-
5
tinuation, c'eft à dire que les efprits continuent à fe
mouvoir d'une mefme teneur dans
le-
cerveau. Del-
quelles proprietez la première fe rencontre bien plus
en rOrgueil
&.
en
la BafrefTe,
&
l'Humilité vertueufe;
qu'en la Generofité
au contraire,
la
&
dernière
en fe
lo
remarque mieux en celles cy qu'aux deux autres. Dont la raifon eft que le vice vient ordinairement de l'ignorance, à que ce font ceux qui fe connoifTent le moins, qui font les plus fujets à s'enorgueillir
plus
qu'ils
& à s'humilier
ne doivent; à caufe que tout ce qui leur
i5
j
nouveau les furprend, & fait que, fe l'attribuant à eux mefmes, ils s'admirent, & qu'ils s'eftiment ou fe mefprifent, félon qu'ils jugent que ce qui leur arrive eft à leur avantage ou n'y eft pas. Mais pource que fouvent, après une chofe qui les a enorgueillis, il en furvient une autre qui les humilie, le
arrive de
mouvement de il
leur Palfion eft variable.
Au
20
contraire,
n'y a rien en la Generofité, qui ne foit compatible
avec l'Humilité vertueufe, ny rien ailleurs qui les puilfe
changer: ce qui
fermes, conftans,
&
fait
que leurs mouvemens font
23
tousjours fort femblablcs a eux
mefmes. Mais ils ne vienent pas tant de furprife, pource que ceux qui s'eftiment en cette façon, connoilVent alTcz quelles font les caufes qui font qu'ils s fi
eftiment. Toutefois on peut dire que ces caufes font aierveilloufes (à f(;a|voir la puilTance d'ufer de fon
Troisiesme Partie.
223-224-
libre arbitre, qui fait
infirmitez
du
qu'on
4^3 foy
fe prife
61
les
fujet en qui eft cette puiiTance, qui lonr
qu'on ne s'eftime pas trop), qu'à toutes
les lois
qu on
reprefente de nouveau, elles donnent tousjours
le les 5
mefme,
une nouvelle Admiration.
ARTICLE CLXT.
C(wiment Et
nément des 10
Generojîié peul eJJrc acquife.
remarquer que ce qu'on
faut
il
la
nomme commu-
vertus, font des habitudes en
lame
qui la
difpofent à certaines penfées, en forte qu'elles font différentes de ces penfées, mais qu'elles les peuvent
produire,
5
réciproquement
remarquer
eftre produites
faut
pour lors
elles.
aufli
elles font des a(?lions
de vertu,
cl'
des Pallions de l'ame. Ainfi encore qu'il n'y
de vertu,
îi
laquelle
il
femble que
contribue tant, qu'à celle qui ?o
par
que ces penfées peuvent eftre produites par lame feule, mais qu'il arrive fou|vent que quelque mouvement des efprits les fortifie, t*^ que Il
1
&:
la
fait
enfemble ait
point
bonne nailTance
qu'on ne s'eftime
que félon fa jufte valeur; & qu'il foit ayfé à croyre, que toutes les âmes que Dieu met en nos corps, ne font pas également nobles &. fortes (ce qui eft caufe que
j'av
nommé cette
vertu Generofité, fuivant l'ufage
de noftre langue, plutoft que Magnanimité, fuivant •5
où elle n'eft pas fort connue) il eft certain neantmoins que la bonne inftitution fert beaucoup, pour corriger les défauts de la nailfance; & que, fi on s'occupe fou vent à conliderer ce que c'eft l'ufage de l'Efcole,
:
I^Es
4^4 q^ue le libre arbitre,
Passions.
& combien
font grands les avan-
tages qui vienent de ce qu'on a une d'en bien ufer,
&
font vains les
ambitieux
comme
auffi,
224-226.
)
ferme refolution
d'autre cofté,
combien
inutiles tous les foins qui travaillent :
on peut exciter en foy
la Paffion,
&
5
enfuite acquérir la vertu de Generofité, laquelle cflant
comme
la clef de toutes les autres vertus,
& un remède
gênera^ contre tous les dereglemens des Paffions,
me
femble que cette confideration mérite bien
il
d'eflre
remarquée.
10
ARTICLE
De
la
CLXII.
Vénération.
La Vénération ou le Refped l'ame, non feulement à eftimer
eft
une inclination de
l'objeâ: qu'elle révère,
à fe foumetre a luy avec quelque crainte,
i5
pour tafcher de fe le rendre favorable. De façon que nous n'avons de la Vénération que pour les caufes libres, que nous jugeons capables de nous faire du bien ou du mal, fans que nous fçachions lequel des deux elles feront. Car nous avons de l'Amour & de
20
mais
la
auffi
Dévotion, plutoft qu'une fimple Vénération, pour
de qui nous n'attendons que du bien, Oi; nous avons de Ja Haine pour celles de qui nous n'attendons que du mal & fi nous ne jugeons point que la caufe
celles
;
de ce bien ou de ce mal
foit libre,
nous ne nous fou-
metons point à elle pour tafcher de l'avoir favorable Ainfi quand les Payens avoicnt de la Vénération pour des bois, des fontaines, ou des montagnes, ce n'eftoit
25
Troisiesme Partie.
226-228.
4^
^
pas proprement ces chofes mortes qu'ils reveroient,
mais
Divinitez qu'ils penfoient y prefider. Et le mouvement des efprits qui excite cette Paffion, eft les
compofé de celuy qui 5
&
excite l'A^dmiration,
de celuy
excite la Crainte, de laquelle je parleray
qui
cy-
apres.
I
ARTICLE
Du Tout de mefme,'ce que 'o
CLXIII.
Dédain. je
nomme
le
Dédain,
clination qu'a i'ame à mefprifer une caufe libre; en
jugeant que, bien que de fa nature elle de faire du bien
& du
mal, elle
eft
5
capable
foit
néant moins
au deffous de nous, qu'elle ne nous peut
'
eil l'in-
faire
fi
fort
ny
l'un
ny l'autre. Et le mouvement des efprits qui l'excite, eft compofé de ceux qui excitent l'Admiration, & la Sécurité,
ou
la Hardiefle.
ARTICLE CLXIV.
De
l'ufage de ces deux PaJJions.
Et c'eft la Generofité, 20
la Foiblefte
bon
&
de
l'efprit
ou
mauvais ufage de ces deux Paffions. Car d'autant qu'on a l'âme plus la Baffeft^e,
noble
qui déterminent
& plus
on
le
le
genereufe, d'autant a t'on plus d'inclina-
tion à rendre à
25
&
chacun ce qui luy appartient
;
&
ainfi
n'a pas feulement une. très-profonde Humilité au
regard de Dieu, mais
aufli
on rend fans répugnance
Des Passions.
4^6 tout l'Honneur
& le
à chacun félon
le
& on
monde,
Rcfped qui
rang
0(:
218-129.
eft
deu aux hommes,
l'autorité qu'il a
ne mefprife rien que
les vices.
dans
Au
le
con-
ceux qui ont l'efprit bas & foible font fujets à pécher par excès, quelquefois en ce qu'ils révèrent & craignent des chofes qui ne font dignes que de traire,
mefpris,
&
lemment
celles qui méritent le plus d'eftre révérées.
quelquefois en ce qu'ils dédaignent info-
Et ils paffent fouvent fort
promptement de l'extrême
impieté à la fuperftition, puis de piété,
en forte
qu'il n'y a
glement defprit dont
I
ils
aucun
ell
vice ny
à l'im-
aucun dérè-
ne foient capables.
ARTICLE CLXV.
De iEfpcrancc & L'Efperance
la fuperftition
de la Crainte.
une difpofition de lame à
fe
per-
fuader que ce qu'elle defire aviendra, laquelle caufée par un
mouvement
la
Crainte
eft
eft
particulier des efprits,
à fçavoir par celuy de la loye
enfcmhle. Et
& du
une autre
Defir méfiez difpofition de
lame, qui luy perfuade qu'il n'aviendra pas. Et il eft à remarquer que, bien que ces deux Partions foient contraires, on les peut neantmoins avoir toutes deux cnfembic.
fçavoir lors qu'on fe reprefente en
20
mefme
temps diverfes raifons, dont les unes font juger que laccompliffemeni du Defir eft facile, les autres le font paroiftre ditficile.
i5
j5
Trotsiesme Partie.
t9o-2ii.
I
De
la
457
ARTICLE CLXVI.
&
Sécurité
du Defefpoir.
lune de ces Pallions n'accompagne le Deiir, qu'elle ne lailFe quelque place à l'autre. Car lors que l'Efperance eft fi forte, qu'elle chafTe entièrement la Crainte, elle change de nature &. fe nomme Sécurité ou Aflurance. Et quand on eft affuré que ce qu'on defire aviendra, bien qu on continue à vouloir qu'il aviene, on ceiïe ncantmoins d'eftre agité de la paffion du Defir, qui en faifoit rechercher l'événement avec inquiétude. Tout de melme, lors que la Crainte Et jamais
5
lo
eft
fi
extrême, qu'elle ofte tout lieu à l'Efperance,
fe convertit
en Defefpoir
comme
tant la chofe i5
&
ce Defefpoir, reprefen-
impolîible, efteint entièrement
le
Defir, lequel ne fc porte qu'aux chofcs polliblcs.
1
ARTICLE CLXVII.
De
la laloufie.
une efpece de Crainte, qui fe rapporte au Defir qu'on a de fe conferver la pofleliion de quelque bien & elle ne vient pas tant de la force des raifons, qui font juger qu'on le peut perdre, que de la La laloufic
20
;
elle
e(l
;
grande eftime qu'on en fait, laquelle eft caufe qu'on examine jufques aux moindres fujets de foupçon, & qu'on les prend pour des raifons fort confiderables.
ŒuvRis.
VI.
58
Des
4j8
Passions.
j3i-233.
ARTICLE CLXVIII.
En quoy
cette Pajfion
peut
ejlre honnejîe.
pource qu'on doit avoir plus de foin de conferver les biens qui font fort grands, que ceux qui Et
&
honnèfle en quelques occafions. Ainfi, par exemple, un capitaine qui garde une place de grande importance, a droit d'en eftre jaloux, c'eft à dire de fe défier de font moindres, cette Paffion peut
tous les prife
;
moyens par
eftre jufle
5
lefquels elle pourroit eftre fur-
& une honnefte femme
jaloufe de fon honneur,
pas feulement de mal
aux moindres
|
n
c'eft
faire,
eft
pas blafmée d'eftre
lo
à dire de ne fe garder
mais
aufTi d'éviter
jufques
de medifance.
fujets
ARTICLE CLXIX.
En quoy Mais on
fe
mocque d'un
jaloux de fon trefor,
yeux, foit
&
t5
elle ejî blafinable.
c'eft
avaricieux, lors qu'il
à dire lors qu'il
le
couve des
ne s'en veut jamais éloigner, de peur
dérobé
;
eft
qu'il luy
car l'argent ne vaut pas la peine d'eftre
garde avec tant de foin. Et on mefprifc un
homme
qui
20
[
eft
jaloux de fa femme, pource que
c'eft
un tefmoi-
gnage qu'il ne l'ayme pas de la bonne forte, & qu'il a mauvaife opinion de foy ou d'elle. le dis qu'il ne l'avme pas de la bonne forte car, s'il avoit une vraye Amour pour elle, il n'auroit aucune inclination à s'en défier. Mais ce n'ell pas proprement elle qu'il ayme, ;
^5
Troisiesme Partie.
233-2?5
feulement
c'eft
le
bien qu'il imagine confifter à en
avoir feul la pofreffion
ce bien,
que 5
fe
fa
s'il
;
ne craindioit pas de perdre
il
tS:
ne jugeoit pas
femme
qu'il
eft infidelle.
Au
rapporte qu'aux foupçons
ce n
eft
d'éviter
4^9
en
eft
indigne, ou bien
ne
refte, cette Paffion
&
aux défiances
;
car
pas proprement eftre jaloux, que de tafcher
quelque mal, lors qu'on a jufte fujet de
le
craindre.
I
ARTICLE CLXX.
De
10
iirrefolution.
une efpece de Crainte, qui
L'Irrefolution eft auffi
retenant l'ame
i5
20
comme
en balance, entre plufieurs
adions qu'elle peut faire, eft caufe qu'elle n en exécute aucune, l^ ainfi qu'elle a du temps pour choifir avant que de fe déterminer. En quoy véritablement elle a quelque ufagc qui eft bon. Mais lors qu'elle dure plus qu'il ne faut, & qu'elle fait employer à délibérer le temps qui eft requis pour agir, elle eft fort mauvaife. Or je dis qu'elle eft une efpece de Crainte, nonobftant
qu'il puift'e arriver, lors
de plufieurs chofes dont
la
qu'on demeure incertain
qu'on a
bonté paroift
&
le
choix
fort égale,
irrefolu, fans qu'on ait
pour cela aucune Crainte. Car cette forte d'irrefolution vient feulement du fujet qui fe prefente, e^ non c'eft pourquoy point d'aucune émotion des efprits elle n'eft pas une Pafiion, fi ce n'eft que la Crainte qu'on a de manquer en fon choix, en augmente l'incer|
a5
:
titude
Mais cette Crainte
eft
fi
ordinaire
i.'C-
fi
forte en
5
Des Passions.
460
i^y^sj.
quelques uns, que fouvent, encore
qu'ils n'aveni point
& qu'ils ne voyent qu'une feule chofe à prendre laifler, elle les retient, & fait qu'ils s'arrefteni
a choilir,
où à
inutilement à en chercher d'autres. Et alors
c'eft
un
excès d'Irrefolution, qui vient d'un trop grand defir
de bien
faire,
&
d'une
foibleffe
5
de l'entendement,
lequel n'ayant point de notions claires
&
diftindes.
en a feulement beaucoup de confufes. C'eft pourquoy le remède contre cet excès, eft de saccouftumer à
& déterminez, touchant prefentent, & à croire qu'on
former des jugemens certains toutes les chofes qui fe
10
saciquite tousjours de fon devoir, lors qu'on fait ce
qu'on juge eftre
le
meilleur, encore que peut eftre on
juge tres-mal. ARTICLE CLXXI.
Du Courage & Le Courage, lors que
de
c'eft
i5
la
Hardiejfe.
une
Paflion,
non point eft une cerl<:
une habitude ou inclination naturelle, taine chaleur ou agitation, qui difpofel'ameà fe porter puiflamment à l'exécution des chofes qu'elle veut faire, eft
de quelle nature qu'elles foient. Et
20
la Hardiefl"e
une efpece de Courage, qui difpofe lame à
l'exé-
cution des chofes qui font les plus dangercufes.
ARTICLE CLXXII,
De
l'Emulation.
une efpece, mais en un Car on peut confiderer le Courage comme
Et l'Emulation en eft auftî
autre fens.
[
2
Troisiesme Partie.
iii-iis.
un genre, qui
:
en
en autant d'efpeces qu'il y a en autant d'autres qu'il a de
fe divife
&
d'objets differens,
caufes
461
première façon
la
en
la Hardieffe
efl
une
efpece, en l'autre l'Emulation. Et cette dernière n'eft 5
autre chofe qu'une chaleur, qui difpofe
lame
à entre-
prendre des chofes, qu'elle efpere luy pouvoir
pource quelle
&
les voit reùffir à d autres;
une efpece de Courage, duquel
la
reùffir,
ainfi c'eft
caufe externe
eft
l'exemple, le dis la caufe externe, pource qu'il doit 10
outre cela y en avoir tousjours une interne, qui confifte en ce qu'on a le corps tellement difpofé, que le
&
Defir
l'Efperance ont plus de force à faire aller
quantité de fang vers
le
cœur, que
la
Crainte oM
le
Defefpoir à l'empefcher.
i5
I
Comment Car
il
eft
la
ARTICLE CLXXni.
Hardiejfe dépend de l'Efperance.
à remarquer que, bien que l'objet de
la
Hardieiïe foit la difficulté, de laquelle fuit ordinaire-
ment 20
c'eft
la Crainte,
dans
ou mefme
le
les affaires les plus
Defefpoir, en forte que
dangereufes
l'I:
les plus
employé le plus de HardieftTe îk de Courage il eft befoin neantmoins qu'on efpere, ou mefme qu'on foit afluré, que la fin qu'on fe propofe reùffira, pour s'oppofer avec vigueur aux difficultez defefperées, qu'on :
25
qu'on rencontre. Mais cette
objed. Car on ne fçauroit d une
mefme
Decies
chofe, en
fe jettoient
fin eft différente
eftre alTuré
mefme temps.
&
Ainfi
de cet
defefperé
quand
au travers des ennemis,
les
& cou-
Des Passions.
4^2
338-240-
roieni à une mort certaine, l'objet de leur
adion, pour laquelle fin eftoit
Hardieffe
de conferver leur vie pendant cette
eftoit la difficulté
Defefpoir, car
|
que du eftoient certains de mourir; mais leur
ils
difficulté ils n'avoient
d'animer leurs foldats par leur exemple,
& de
5
leur faire gaigner la vidoirc, pour laquelle ilsavoient
de rEfperance
de
la gloire
ou bien
;
auffi
leur
fin
eftoit d'avoir
après leur mort, de laquelle
ils
eftoient
afturez.
ARTICLE Cl.XXIV.
De La Lafcheté
la
Lafchcté
&
de
la
lO
Peur.
directement oppofée au Courage,
eft
&
une langueur ou froideur, qui empefche lame de fe portera l'exécution des chofes qu'elle feroit, fi elle eftoit exempte de cette Paffion. Et la Peur ou l'Efpouc'eft
vante, qui
eft
contraire à la Hardiefte, n'eft pas feule-
ment une froideur, mais auffi un trouble nement de l'ame, qui luy ofte le pouvoir de
c^'
|
maux
un efton-
refifter
aux
qu'elle penfe eftre proches.
ARTICLE CLXXV.
De
Or
i5
20
l'ufage de la Lafcheté.
me puifte perfuader que la nature ait donné aux hommes quelque Paffion qui foit tousjours vitieufe n'ait aucun ufage bon & louable, encore que
je
ne
t'i;
j'ay toutefois bien
deux peuvent
de
fervir.
la Il
peine à deviner à quoy ces
me
femble feulement que
la
25
Troisiesme Partie.
240-24=-
46^
Lafcheté a quelque ufage, lors qu'elle fait qu'on
exempt des peines qu'on pourroit
eflre incité à
eft
prendre
par des raiions vrayfemblables, û d'autres raifons plus certaines, qui les ont fait juger inutiles, n'avoient 5
excité cette Paffion.
Car outre
de ces peines,
elle fert auffi
que, retardant
le
qu'on ne
mouvementdes
diffipe fes forces.
exempte lame
alors pour le corps, en ce
|
efprits,elle
empefche
Mais ordinairement
tres-nuifible, à caufe qu'elle 10
qu'elle
détourne
la
elle eft
volonté des
pource qu'elle ne vient que de ce qu'on n'a pas aflez d'Efperance ou de Defir, il ne faut qu'augmenter en foy ces deux Paffions pour la
adions
utiles.
Et
corriger.
ARTICLE CLXXVI.
'
De
5
20
l'ufage de la Peur.
Pour ce qui eft de la Peur ou de l'Efpouvante, je ne voy point qu'elle puifle jamais eftre louable ny utile. Auffi n'eft ce pas une Paffion particulière, c'eft feulement un excès de Lafcheté, d'Eftonnement, & de Crainte, lequel eft tousjours vitieux; ainfi que la Hardiefl'e eft un excès de Courage, qui eft tousjours bon, pourvu que la fin qu'on fe propofe foit bonne. Et pource que la principale caufe de la Peur eft la furprife, il n'y a rien de meilleur pour s'en exempter, que |
25
d'ufer de préméditation,
evenemens,
la crainte
&
de
fe
préparer à tous
defquels la peut caufer.
les
Des Passions.
464
l^l-3'l4
ARTICLE CLXXVII.
Du
Remors.
Le Remors de confcience
eft
une efpece de
TriftefTe,
qui vient du doulc qu'on a qu'une chofe qu'on
qu'on a
faite, n'efl
fairement
doute. Car
le
quece qu'on faire
;
pas bonne. Et
fait fuft
fi
on
il
eftoit
fait,
ou
prefuppofe necef-
5
entièrement afTuré
mauvais, on's'ablliendroit de
le
d'autant que la volonté ne le porte qu aux chofes
qui ont quelque apparence de bonté. Et
fi
on
eftoit
que ce qu'on a desja fait fût mauvais, on en auroit du repentir, non pas feulement du Remors. Or afluré
10
|
l'ufage de cette Paiïion eft de faire qu'on
la
pas alfuré qu'elle fuppofe
le
fi
la
bonne ou non, & d'empefcher face une autre fois, pendant qu'on n'eft
chofe dont on doute
qu on ne
examine
mal.
eft
foit
le
bonne. Mais pource qu'elle pre-
'5
meilleur feroii qu'on n'euft jamais
^ on la peut prévenir par les mefmes
fujet de la fentir;
moyens, par lelquels on
fe
peut exempter de
l'Irre-
folution.
ARTICLE CLXXVIII.
De
la
20
Moquerie.
Moquerie eft une efpece de love mellée de Haine, qui vient de ce qu on aperçoitquelque petit mal en une perfonne qu'on penfe en eftre digne. On a de la Haine pour ce mal, on a de la loye de le voir en celuy qui en eft digne. Et lors que cela] furLa Derifion ou
^.^'
2 5
Troïsiesme Partie.
M?
Î44
46^
vient inopinément, la furprife de TAdmiration efl
caufe qu'on s'efclate de
cy deflus de petit; car
qui
l'a
en
fuivant ce qui a efté dit
nature du ris^ Mais ce mal doit eftre
la
efl
s'il
rire,
grand, on ne peut croire que celuy
digne,
foit
fi
ce
qu'on
n'efl
foit
de fort
mauvais naturel, ou qu'on luy porte beaucoup de Haine. ARTICLE
Cl.XXIX.
Pourquoy les plus imparfaits ont coujîume dejhe les plus moqueurs.
'o
que ceux qui ont des défauts fort apparens, par exemple qui font boiteux, borgnes, boflus, ou qui ontreceu quelque affront en public, font particulièrement enclins à la moquerie. Car defirant voir Et
i5
on
voit
tous les autres ayfes des
maux
aufli
difgraciez qu'eux,
qui leur arrivent,
&
font bien
ils
ils les
en eftiment
dignes.
I
De io
Pour'ce qui
efl
ARTICLE CLXXX.
l'ufage de la Raillerie.
de
la Raillerie
modefte, qui reprent
utilement les vices en les faifant paroiflre ridicules, fans toutefois qu'on en rie foy
mefme, ny qu'on
moigne aucune haine contre les perfonnes elle n'eft pas une Paffion, mais une qualité d'honnefte homme, laquelle fait paroiftre la gayeté de fon humeur, & la :
25
tef-
a.
Page 420
Œuvres.
VL
Sg
Dks
466 tranquillité de Ion
vertu
;
l^
qu'il fçait
dont
il
le
fouvent
ame, qui
auffi
donner une apparence agréable aux chofes moque.
De il
n'elt
CI-XXXl.
lufage du Ris en
5
la raillerie.
pas deshonnefte de rire lors qu'on entend
les rail|leries d'un autre telles,
marques de
font des
VadrefTe de Ion efprit, en ce
ARTICLE
Et
u^-^m-
Passions.
que ce
;
mefme
de n'en
feroit eftre chagrin
lors qu'on raille
foy-mefme,
il
elles
eft
peuvent
eftre
rire pas.
Mais
plus feant de s'en
lo
abftenir, affin de ne fembler pas eftre furpris par les
chofes qu'on
dit,
ny admirer
l'adrelTe
qu'on a de les
inventer. Et cela fait qu'elles furprenent d'autant plus
ceux qui
les oyent.
ARTICLE CLXXXII.
De
l5
l'Envie.
Ce qu'on nomme communément
Envie, eft
qui confifte en une perverfité de nature, qui
un
vice
fait
que
certaines gens fe fafchent du bien qu'ils voyent arri-
ver aux autres
mot, pour
hommes. Mais
fignifier
me
je
une Paffion qui
fers icy
n'eft
une efpece de
Triftefte méfiée
20
pas tousjours
vicieufe. L'Envie donc, entant qu'elle eft eft
de ce
une Paffion,
de Hai|ne, qui vient
de ce qu'on voit arriver du bien à ceux qu'on penfe en eftre indignes. Ce qu'on ne peut penfer avec raifon,
25
TrOISIESME PaRTIE.
Ï47-248-
467
que des biens de fortune. Car pour ceux de lame, ou mefme du corps, entant qu'on les a de naiflance, c'eft affez en eftre digne, que de les avoir receus de Dieu avant qu'on fût capable de commetre aucun mal.
ARTICLE CLXXXIII.
5
Comment
le
elle
peut ejîre jujîe ou injujle.
Mais lors que la fortune envoyé des biens à quelqu'un, dont il efl véritablement indigne, & que l'Envie n'efl excitée en nous, que pource qu'aymant naturellement la juflice, nous fommes fafchez quelle ne foit pas obfervée en la diftribution de ces biens, zèle qui peut eftre excufable le
fe
comme duquel defire
20
principalement lors
bien qu'on envie à d'autres,
qu'il i5
;
eft
de
|
telle
peut convertir en mal entre leurs mains fi c'eft quelque charge ou office, en l'exercice :
ils fe
puiflent mal comporter.
pour foy
mefme
&
Mefme
lors qu'on
empefché parce que d'autres qui en font moins dignes le
bien,
qu'on
eft
l'avoir,
le
poftedent, cela rend cette paffion plus violente
ne
laifl'e
pas d'eftre excufable, pourvu que
qu'elle contient, fe rapporte feulement à la
la
;
&
haine
mauvaife
du bien qu'on envie, & non point aux perfonnes qui le poftedent, ou le diftribuent. Mais il y en a peu qui foient fi juftes & fi généreux, que de n'avoir point de Haine pour ceux qui les previenent en l'acquifîtion d'un bien qui n'eft pas communicable à plufieurs, & qu'ils avoient defiré pour eux mefmes, bien que ceux qui l'ont acquis en foient autant ou diftribution
25
nature
de
elle
un que
c'eft
Des Passions.
468
plus dignes. Et ce qui
efl.
148-3^0.
ordinairement
le
plus envié,
Car encore que celle des autres n'empefche pas que nous n"v puiffions afpirer, elle en c'ell la gloire.
rend toutefois lacces plus
&
difficile,
en renchérit
le prix.
ARTICLE CLXXXIV. vient que les
D'où
à avoir
Au
le
Envieux font fujcts teint plombé.
aucun vice qui nuife tant à la félicité des hommes, que celuy de l'Envie. Car outre que ceux qui en font entachez s'affligent eux mefmes, refte,
troublent
ils
autres. Et
n'y a
il
auffi
de tout leur pouvoir
ont ordinairement
ils
&
a dire pale, méfié de jaune
fang meurtri en
latin.
dit
&
Ce
:
la
de noir, eft
comme de nommée livor e^
mouvemens du fang en [
fait
que
la bile
vient de la partie inférieure du foye, vient de la rate, fe refpandent les
venes
;
&
celle
venes a moins de chaleur, qu'à l'ordinaire, ce qui livide.
c'eft
Mais pource que
Oi:
fuffit
&
la TriftelTe
jaune, qui
la noire, qui
du cœur par les artères la fait que le fang des
auffi eftre
20
coule plus lentement
pour rendre
la bile, tant
la
couleur
jaune que noire,
envoyée dans les venes par plufieurs autres caufes, &. que l'Envie ne les y pouiïe pas en affez grande quantité pour changer la couleur du teint, fi ce n'eft qu'elle foit fort grande & de longue durée, on
peut
i5
qui s'accorde fort bien avec ce qui a efté
Haine. Car celle cy
en toutes
plaiûr des
plombé,
le teint
d'où vient que lEnvie
cy deflus des
en
le
10
2 5
Troisiesme Partie.
25o-25î.
469
ne doit pas penfer que tous ceux en qui on voit cette couleur, y foient enclins.
I
ARTICLE CLXXXV.
De La Pitié
*>
eft
la
Pitié.
une efpece de
Triftefle,
méfiée d'Amour
ou de bonne volonté envers ceux à qui nous voyons fouffrir quelque mal, duquel nous les eftimons indignes. Ainli elle objet, 10
&
à
la
eft
contraire à l'Envie, à raifon de fon
Moquerie, à caufe qu'elle
le
confidere
d'autre façon.
ARTICLE CLXXXVI.
Qui font
Ceux qui
fe
les
plus pitoyables.
Tentent fort foibles,
&
fort fujets
aux
adverfitez de la fortune, femblent eftre plus enclins à "5
que les autres, à caufe qu'ils fe repremal d'autruy comme leur pouvant arriver; font émeus à la Pitié, pluftoll par l'Amour portent à eux mefmes, que par celle qu'ils
cette PafTion
fentent le
&
ainfi ils
qu'ils
fe I
ont pour les autres.
ARTICLE CLXXXVII.
20
Comment
&
les
plus généreux font touche-^ de cette Paffion.
Mais neantmoins ceux qui font les plus généreux, qui ont l'efprit le plus fort, en forte qu'ils ne crai-
Des Passions.
470
152-254.
gnent aucun mal pour eux, & fe tienent au delà du pouvoir de la fortune, ne font pas exemts de Compaffion, lors qu'ils
& de
voyent
l'infirmité
des autres hommes,
une partie bonne volonté pour
entendent leurs plaintes. Car
qu'ils
la Generofité,
que d'avoir de
la
c'efl
5
un chacun. Mais la Triftefl'e de cette Pitié n'eft pas amere & comme celle que caufent les adions funeiles qu'on voit reprefenter fur un théâtre, elle eft plus ,
dans l'extérieur de lame,
que dans l'intérieur a cependant la fatisfadion de ce qui eft de fon devoir, en ce
dans
(X:
la|quelle
penfer, qu'elle fait
le fens,
y a en cela de vulgaire a compafflon
qu'elle compatit avec des affligez. Et la différence,
de ceux qui
maux
qu'au lieu que
fe
le
il
plaignent, à caufe qu'il penfe que les
qu'ils fouffrent font fort fafcheux, le principal
objet de la Pitié des plus grands bleft'e
10
de ceux qu'ils voyent
fe
hommes
plaindre
:
i3
eft la foi-
à caufe qu'ils
neftimeni point qu'aucun accident qui puifle arriver, foit un fi grand mal, qu'eft la Lafcheté de ceux qui ne le
peuvent
foufifrir
fent les vices,
avec conftance. Et bien qu'ils haïf-
ne haïflent point pour cela ceux
ils
voyent fujets
qu'ils y
20
:
ils
ont feulement pour eux de
la Pitié.
ARTICLE CLXXXVIU.
Qui font ceux qui Mais
il
n'y a
que
n'en font point touche-:^.
les efprits
haïflent naturellement tous les
qui font
fi
brutaux,
&i
malins
&
2 5
envieux, qui
hommes, ou bien ceux
tellement aveuglez par
la
bonne
Troisiesme Partie.
254-255.
471
ou defefperez par la mauvaife, qu'ils ne penfent point qu'aucun mal leur puiffe plus arriver, qui fortune,
foient infenfibles à la Pitié.
ARTICLE CLXX.XIX.
Pourquoy
5
Au
cette Pajfion excite à pleurer.
on pleure
ayfement en cette Paflion, à caufe que l'Amour, envoyant beaucoup de fang vers le cœur, fait qu'il fort beaucoup de vapeurs par les
yeux "o
;
refte,
fort
& que la froideur
de
la TriftefTe,
retardant
l'agi-
talion de ces valpeurs, fait qu'elles fe changent en
larmes, fuivant ce qui a eflé dit cy deflus"
ARTICLE CXC.
De
la Satisfacîion
dcfoy mefine.
La Satisfadion, qu'ont tousjours ceux qui fuivent i5
20
une habitude en leur ame, qui fe nomme tranquillité & repos de confcience. Mais celle qu'on acquiert de nouveau, lors qu'on a fraifchement fait quelque adion qu'on penfe bonne, eft une Paffion, à fçavoir une efpece de loye, laquelle je croy eftre la plus douce de toutes, pource que fa caufe ne dépend que de nous mefmes. Toutefois lors que cette caufe n'eft pas jufte, c'eft à dire lors que les adions dont on tire beaucoup de fatisfadion, ne font pas de grande importance ou mefme qu'elles font vicieufes,
conftamment
a.
Page 423.
la vertu, eft
Des Passions.
47^ elle eft ridicule
I
&
ne
fert qu'à
Î.S6-267.
produire un orgueil
&.
une arrogance impertinente. Ce qu'on peut particulièrement remarquer en ceux qui croyant eftre Dévots, ,
&
font feulement bigots
fuperllitieux, c'eft à dire qui
fous ombre qu'ils vont fouvent à
l'Eglife, qu'ils recitent
5
force prières, qu'ils portent les cheveux courts, qu'ils
jeufnent
,
qu'ils
donnent l'aumofne
entièrement parfaits,
,
penfent
& s'imaginent qu'ils font
fi
eftre
grans
amis de Dieu, qu'ils ne fçauroient rien faire qui luy deplaife, & que tout ce que leur dide leur Paffion eft un bon zèle bien qu'elle leur dide quelquefois les
10
:
plus grans crimes qui puifTent eftre
hommes, comnje de
commis par des
trahir des villes, de tuer des
Princes, d'exterminer des peuples entiers, pour cela feul qu'ils ne fuirent pas leurs opinions.
.
I
ARTICLE CXCl.
Du
Repentir.
diredement contraire à faâion de foy mefme & c'eft une efpece de
Le Repentir
i5
eft
;
qui vient de ce qu'on croit avoir
fait
la Satis-
Triftefte,
quelque mauvaifc
adion & elle eft très amere, pource que fa caufe ne vient que de nous. Ce qui n'empefche pas neantmoins qu'elle ne foit fort utile, lors qu'il eft vray que l'action dont nous nous repentons eft mauvaife, &. que nous en avons une connoifl'ance certaine, pource qu'elle nous incite à mieux faire une autre fois. Mais il arrive fouvent que les efprits foibles fe repentent des chofes
20
;
qu'ils ont faites, fans fçavoir afturement qu'elles foient
25
.
Troisiesme Partie.
"7-25fj.
mauvaifes;
ils
ils
perfuadent feulement, à caufe
fe le
qu'ils le craignent,
&
avoient
s'ils
s'en repentiroient en
fait le
mefme façon
eux une imperfedion cligne de 5
473
:
|
contraire,
ce qui eft en
Pitié. Et les
remèdes
contre ce défaut, font les mefmes qui fervent à oller rirrefolution.
ARTICLE
De
Faveur.
proprement un Defir de voir arriver du bien à quelqu'un, pour qui on a de la bonne volonté; mais je me fers icy de ce mot, pour fignifier La Faveur
10
la
CXCH.
efl
cette volonté, entant qu'elle eft excitée en nous par
quelque bonne adion de celuy pour qui nous l'avons. Car nous fommes naturellement portez à avmer ceux 1
5
qui font des chofes que nous eftimons bonnes, encore
ne nous en reviene aucun bien. La Faveur, en cette fignification, eft une efpece d'Amour, non point qu'il
que le Delîr de voir du bien à celuy qu'on favorife, l'accompagne tousjours. Et elle eft ordinairement jointe à la Pitié, à caufe que les difgraces que nous voyons arriver aux malheureux, font caufe que nous faifons plus de reflexion fur leurs de Delir, encore
20
|
mérites.
ARTICLE
De
2 5
la
CXGllI.
Reconnoijjance
une efpece d'Amour, excitée en nous par quelque action de celuy pour qui La Reconnoiilance ûr'.UVRKS. VI.
eft
aufli
60
^Es
474
Passion».
2S9-261.
nous l'avons, v^ par laquelle nous croyons qu'il nous a fait quelque bien, ou du moins qu'il en a eu intention. Ainfi elle contient tout le mefme que la Faveur, &. cela de plus, qu'elle eft fondée fur une adion qui nous touche & dont nous avons Defir de nous revancher. C'efl pourquoy elle a beaucoup plus de principalement dans les âmes tant foit peu force, ,
I
nobles
&
genereufes.
ARTICLE CXCIV,
De Pour
l'Ingratitude.
qui l'excite
;
ment oppofé eft
une PafTion
l'ingratitude, elle n'eft pas
nature n'a mis en nous aucun
mais
elle eft
humaine.
tient qu'aux
&.
C'eft
hommes
:
mouvement des
car la
efprits
feulement un vice direde-
à la ReconnoilTance, en tant
tousjours vertueufe
la focieté
10
que
celle cy
l'un des principaux liens
pourquoy ce
brutaux,
&.
de
i3
vice n'appar-
fottement arrogans,
qui penfent que toutes chofes leur font deuës; ou aux
aucune reflexion fur les bienfaits qu'ils reçoivent; ou aux foibles & abjets, qui, fentant leur infirmité &leurbefoin, recherchent baftement le ftupides, qui ne font
fecours des autres,
&
après qu'ils
|
l'ont receu, ils les
pource que, n'ayant pas la volonté de leur rendre la pareille, ou defefperant de le pouvoir, \simaginant que tout le monde eft mercenaire comme eux, ^S: qu'on ne fait aucun bien qu'avec efperance d'en eftre recompenfé. ils penfent les avoir trompez.
haiflent
20
:
=5
Troisiesme Partie.
j6i-j62.
475
ARTICLE CXCV.
De L'Indignation
eft
lin dign ation''.
une efpece de Haine ou
d'averfion,
qu'on a naturellement contre ceux qui font quelque 5
niai,
de quelle nature qu
meflée avec
1
il
foit.
Et elle efl ibuvent
Envie, ou avec la Pitié; mais elle a neant-
moins un objet tout différent. Car on n'eft indigné que contre ceux qui font du bien, ou du mal, aux perfonnes qui n'en font pas iiignes mais on porte Envie ce bien, & on a Pitié de ceux à ceux qui reçoivent qui reçoivent ce mal. 11 eft vrav que c'eft en quelque façon faire du mal, que de poflcder un bien dont on n'eft pas digne. Ce qui peut eftre la caufe pourquoy Ariftote, cl' fes fuivans, fuppofant que l'Envie eft tousjours un vice, ont appelé du nom d'Indignation celle ;
10
|
i5
qui n'eft pas vitieufe.
ARTICLE CXCVI.
Pourquoy
elle efl quelquefois jointe à la Pitié,
& quelquefois
à la Moquerie.
quelque façon recevoir du mal que d'où vient que quelques uns joignent a
C'eft auffi en
20
d'en faire leur
:
,
Indignation
Moquerie, félon
la
Pitié
,
&
quelques
qu'ils font portez
Tome IW
p.
538,
1.
17-20.
la
de bonne ou de
mauvaife volonté, envers ceux aufquels a
autres
ils
voyent
Des
ùf'jd
commetre des
&
Democrite,
fautes.
Passions. Et
c'eft
=62-264.
ainfi
les pleurs d'Heraclite,
que
le
|
ris
de
ont pu procéder
de mefme caufe.
ARTICLE CXCVIJ. Qu'elle
&
ejl
fouvent accompagnée d'Admiration,
n'ejî
pas incompatible avec
5
la Joye.
accompagnée d'Admiration. Car nous avons couftume de fuppofer que toutes chofes feront faites, en la façon que nous L'Indignation
eft
fouvent
jugeons qu'elles doivent
auiïi
eflrè, c'eft à dire
en
la
façon
10
que nous eftimons bonne. C'eft pourquoy lors qu'il en arrive autrement, cela nous furprent, & nous l'admirons. Elle n'eft pas incompatible auffi avec la loye,
bien qu'elle
foit
plus
ordinairement
jointe
à
la
Car lors que le mal dont nous fommes indignez ne nous peut nuire, (^ que nous confiderons que nous n'en voudrions pas faire de femblable, cela nous donne quelque plaifir; c'eft peut eftre luné des caufes du ris, qui accompagne quelquefois
i5
cette Paflion.
20
Triftefte.
|
^.^
ARTICLE CXCVIII.
De /on
Au
refte,
ufage.
l'Indignation fe
remarque bien plus en
ceux qui veulent paroiftre vertueux, qu'en ceux qui
le
Car bien que ceux qui ayment
la
font véritablement.
vertu, ne puilTent voir fans quelque averfion les vices
25
Troisiesme Partie.
264-266.
des autres,
grands
&
ils
ne
477
que contre
fe paffionent
extrordinaires. C'eft élire difficile
les plus-
&
cha-
beaucoup d'indignation pour des chofes de peu d'importance c'eft eftre injufte, que d'en avoir pour celles qui ne font point blafmables & grin, que d'avoir
;
5
;
impertinent c^ abfurde^ de ne reftreindre pas cette Paffion aux adions des hommes, & de l'eftendrc
c'eft eftre I
jufques aux œuvres de Dieu, ou de la Nature
10
:
ainfi
que font ceux qui, n'eftant jamais contans de leur condition ny de leur fortune, ofent trouver à redire en la conduite du
monde & aux
fecrets de la Providence.
ARTICLE CXCIX.
De
20
Colère.
une efpece de Haine ou d'averfion, que nous avons contre ceux qui ont fait quelque mal, ou qui ont tafché de nuire, non pas indifféremment à qui que ce foit, mais particulièrement à nous. Ainfi elle contient tout le mefme que l'Indignation, & cela de plus, qu'elle eft fondée fur une dont nous avons Defir de adion qui nous touche, nous vanger. Car ce Delir l'accompagne prefque tousjours, & elle eft diredement oppofée à la Reconnoiffance, comme l'Indignation à la Faveur. Mais elle eft incomparablement plus violente que ces trois autres Pallions, à caufe que le Defir de repoulTer les La Colère
i5
la
eft auffi
iK:
|
25
chofes nuifibles
& de
fe
vanger,
eft le
plus preflant de
tous. C'eft le Defir joint à l'Amour qu'on a pour foy a.
Edition princeps
:
«
abfurd
»
{sic).
De même
ci-avant, p. 44g,
I.
3.
Des
4/8
Passions.
ï66-a68.
mefme, qui fournit a la Colère toute l'agitation du fang que le Courage l
caufe de fon abondance, il
eft mellé,
il
&
de
la
nature de
la bile
une chaleur plus afpre
excite
iX;
dont plus
ardente, que n'eft celle qui peut v eftre excitée par
l'Amour ou par
la loye.
ARTICLE ce.
I
Pourquoy ceux
10
qu'elle fait rougir, font moins à craindre,
que ceux qu'elle fait pallir. Et les fignes extérieurs
de cette Paffion font diffe-
temperamens des perfonnes & la diverfité des autres Paliîons, qui la compofent ou fe joignent à elle. Ainfi on en voit qui palilTent, ou qui tremblent, lors qu'ils fe mettent en colère; 0^ on en rens, félon les divers
ou mefme qui pleurent. Et on juge ordinairement que la Colère de ceux qui palilTent, eft plus à craindre, que n'eft la Colère de
'5
voit d'autres qui rougiffent.
ceux qui
rougifl'ent.
Dont
ne veut, ou qu'on ne peut,
mine
c<
la raifon eft le
vanger autrement que de
le
le
regret
(a
coimiKncement qu'on
ce qui eft caufe qu'on devient rouge
quefois
que, lors qu'on
de paroles, on employé toute
toute fa force des
v.^'
pource qu on ne peut
hi (e
pitié
20
;
chaleur eft
|
cV
cmeu,
outre que quel-
qu'on a de fov melme,
venger d autre façon,
qu'on pleure. El au contraire, ceu\ qui
(c
eft
cauie
rcrervcnt<^'
^5
Troisiesme Partie.
268-J7f>.
fe
une plus grande vengeance, devienent de ce qu'ils penfent v eftre obligez par Tadion met en colère & ils ont auffi quelquefois de la
déterminent
trifles,
qui les
qu'ils c<[
à
;
crainte, des 5
maux
qui peuvent fuivre de la refolution
ont prife, ce qui les rend d'abord pales, froids,
tremblans. Mais quand
leur vengeance,
que
ils
vienent après à exécuter
réchauffent d'autant plus, qu'ils
ils fe
ont efté plus froids au voit
4/9
les fièvres qui
commencement ainfi qu'on commencent par froid, :
ont coullume d'eftre les plus fortes.
lo
I
Qu'il le
y
a deux fortes de Colère;
plus de bonté, font
Cecy nous
avertit
manifelte fort d'cfl'ed
«^
les
&
que ceux qui ont
plus fujets à la première.
qu'on peut
diftinguer
deux
une qui efl; fort prompte, &. fe à l'extérieur, mais neantmoins qui a peu
efpcccs de Colère
i5
ARTICLE CCI.
:
1
peut facilement eftre appaifée
;
l'autre qui
ne paroiA pas tant à l'abord, mais qui ronge davantage
cœur ék qui a des effets plus dangereux. Ceux qui ont beaucoup de bonté c^ beaucoup d'Amour, font les plus fujets à la première. Car elle ne vient pas d'une le
20
profonde Haine, mais d une prompte averûon qui les furpreni, à caufe queftant portez a imaginer, que *
2'>
toutes chofes doivent aller en la façon qu'ils jugent eftre la meil|leure, fitoft
l'admirent, la
chofe
&.
les
qu
il
en arrive autrement,
s'en offencent, louvent
mcfme
touche en leur particulier
qu'ayant beaucoup dafieclion,
ils
:
ils
fans que à
s'intereiTent
caufe
pour
Des
480
Passions.
270-271.
ayment, en mefmc façon que pour eux mefmes. Ainfi ce qui ne feroit qu'un fujel d'Indignation pour un autre, eft pour eux un fujet de Colère. Et pource que l'inclination qu'ils ont à aymer, ceux
qu'ils
ont beaucoup de chaleur
fait qu'ils
fang dans
le
cœur, l'averfion qui
les
eK:
beaucoup de
3
furprend ne peut
y pouffer fi peu de bile, que cela ne caufe d'abord une grande émotion dans ce fang. Mais cette émotion ne
dure gueres, à caufe que tinue pas
;
& que
fi
la
force de la furprife ne con-
toll qu'ils
s'aperçoivent que le fujet
qui les a fafchez, ne les devoit pas tant émouvoir,
10
ils
s'en repentent^
artici.p: ccii.
Que
ce font les anies foibles le
&
bajfes,
qui fe
plus emporter à l'autre.
L'autre efpece de Colère, en laquelle
Haine
&
la TriftelTe, n'eft
pas
finon peut eftre en ce qu'elle fa force ell
fi
fe
'
prédomine
^
la
apparente d'abord,
fait pâlir le vifage.
augmentée peu à peu par
ardent defir de
laijjcnt
vanger excite dans
Mais
l'agitation qu'un le
fang, lequel,
20
eftant méfié avec la bile qui e(l pouffée vers le cœur,
de
la partie inférieure
du foye
de
y excite fort piquante. Et comme ce c^
la rate,
une chaleur fort afprc &. font les âmes les plus genereufes qui ont
le
reconnoiffance, ainfi ce font celles qui ont d'orgueil
,
(.K.
qui
font
les
plus
baffes
^^
plus de le
plus
les
plus
infirmes, qui fe lailTent le plus emporter à cette efpece a.
Tome
IV, p. 5?8,
I.
11-16.
•
25
Troisiesme Partie.
27'-J75-
Colère
de
;
481
car les injures paroilTcnl d'autant plus
I
grandes, que l'orgueil
&
fait
qu'on seftimc davantage;
d'autant qu'on eftime davantage les biens
auffi
on eftime d'autant plus qu on plus baffe, à caufe qu'ils dépen-
qu'elles oftent, lefquels
a
lame
plus foible
&
dent d'autruy.
ARTICLE
Que
Au 10
la
CCIII.
Generojitc fert de remède contre Jes excès.
refte,
encore que cette
nous donner de
la
PaflTion foit utile,
vigueur à repouffer les injures,
n'y en a toutefois aucune, dont
on doive
:
il
éviter les
excès avec plus de foin pource que, troublant
le
juge-
commettre des fautes, dont on a par après du repentir; & mefme que quelquefois ils empefchent qu'on ne repouffe fi bien ces injures, qu'on pourroit faire, fi on avoit moins d'émotion.
ment,
i5
pour
ils
font fouvent
I
Mais
comme
il
n'y a rien qui la rende plus exceffive
que l'Orgueil, ainfi je croy que la Generofité eft le meilleur remède qu'on puiffe trouver contre fes excès pource que, faifant qu'on eftime fort peu tous les biens qui peuvent eftre oftez, & qu'au contraire on eftime beaucoup la liberté, & l'empire abfolu fur foy mefme, qu'on ceffe d'avoir lors qu'on peut eftre offenfé par quelcun, elle fait qu'on n'a que du mefpris, ou tout au plus de l'indignation, pour les injures dont :
20
25
les autres
ont couftume de s'offenfer.
ŒlVRKS.
VI.
61
Des Passions.
4^2
2-^-h-2-,b.
ARTICLE CCIV.
De
la
Gloire.
du nom de Gloire, eft une efpece de love, fondée fur Amour qu'on a pour foy mefme, & qui vient de l'opinion ou de l'efperance qu'on a
Ce que j'appele
icy 1
d'eftre loué
par quelques autres. Ainfi
elle eft diffé-
rente de la Satisfadion intérieure, qui vient de l'opi-
nion qu'on a d'avoir
on
eft
fait
quelque bonne adion. Car
quelquefois loué pour des chofes qu'on ne croit
point eftre bonnes, eftre meilleures.
&
blafmé pour celles qu'on croit
Mais
elles font l'une
0?.'
l'autre
des
efpeces de l'eftime qu'on/ait de foy mefme, auffibien
que des efpeces de loye. Car c'eft un fujet pour s'eftimer, que de voir qu'on eft eftimé par les autres. i5
ARTICLE CCV.
De
la
Honte
La Honte, au contraire, eft une efpece de Triftefle, fondée auffi fur l'Amour de foy mefme, &. qui vient de lopinion ou de eft, i'^'
la crainte
qu'on a d'eftre blafmé. Elle
outre cela, une efpece de mo|deftie ou d humilité,
défiance de foy mefme. Car lors qu'on seltime
fort,
qu'on ne
20
fi
peut imaginer d'eftre mefprifé par per-
fe
fonne, on ne peut pas avfement eftre honteux. ARTICLE CCVI.
De
Or
la
lujage de ces deux PaJ/ions.
Gloire
c^
la
Honte ont mefme ufage en ce
25
Troisiesme Partie.
275-277;
qu
elles
l'autre
nous incitent à
par
la crainte.
Il
la vertu, efl
5
de bien
faire, &.
ainfi qu'il arrive
ne
tirer
lune par l'efperance.
feulement beloin d'indruire
fon jugement, touchant ce qui
de blafme ou de louange,
48^
véritablement digne
eft
atftn
de neftre pas honteux
point de vanité de fes vices,
à plufieurs. Mais
il
n'eftpas bon de le
dépouiller entièrement de ces Pallions, ainû que fai-
Car encore que le peuple toutefois, à caufe que nous ne pouvons & qu'il nous importe d'en eftre ellimez.,
foient autrefois les Cyniques.
juge tres-jmai, 10
vivre fans luy,
nous devons fouvent fuivre
fes opinions, plufloft
que
touchant Icxtericur de nos actions.
les noftres,
ARTICLE CCVII.
De i5
l'Impudence.
L'Impudence ou l'Effronterie, qui eft un mefpris de Honte, fouvent auffi de Gloire, n'ell pas une Paffion, i.<:
n y a en nous aucun mouvement particudes efprits qui l'excite mais c'eft un vice oppofé
pource qu lier
il
à la Honte, 20
25
;
^S.
auffi
à la Gloire, entant que l'une
c^
que l'Ingratitude eft oppofée à la RecontKDift'ance, & la Cruauté à la Pitié. Et la principale caufe de l'Effronterie vient de ce qu on a receu plufieurs fois de grans af|frons. Car il n y a perfonne qui ne s'imagine, eftant jeune, que la louange eft un bien, c^' l'infamie un mal, beaucoup pjus important à la vie qu'on ne trouve par expérience qu'ils font, lors qu'ayant receu quelques aftVons fignalez, on fe voit entièrement privé d'honneur, & mefprifé par un chal'autre font
bonnes,
ainfi
Dks Passions.
484
cun. Ce(l pourquoy ceux
melurant le bien corps, voyent qu
là
:77-27q-
devienent affrontez, qui, ne
&
le
ils
en jouïflent après ces affrons, tout
mal que par
les
commoditez du
auHi bien qu auparavant, ou rnefme quelquefois beau-
coup mieux
:
à caufe qu ils/ont déchargez de plulieurs
contraintes, aufquelles l'honneur les obligeoit, fi
la perte
des biens
ell
Ot
jointe à leur dilgrace,
que il
fe
trouve des perfonnes charitables qui leur en donnent.
I
ARTICLE
Du
CCVIll.
Degoujî.
une efpece de Triftefle, qui vient de la mefme caufe dont la love efl venue auparavant. Car nous fommes tellement compofez, que la plus part des chofes dont nous jouïffons, ne font bonnes à noflre égard que pour un temps, & devienent par après incommodes. Ce qui paroifl principalement au boire c<: au manger, qui ne font utiles que pendant qu'on a Le Degoull;
de lappetit, plus;
eft
&
& pource
au gouft, on a
» "
qui font nuifibles lors qu'on n'en a
qu
elles ceffent alors d'eftre agréables
nommé
I
cette Palîion le Degouft.
2"
ARTICLE CCIX.
Du
Rcgrcl.
une efpece de Triftcffe, laquelle a une particulière amertume, en ce qu'elle eft tousjours jointe à quelque Defefpoir, & à la mémoire du Le Regret
10
eft auffi
25
TrOISIESME PaRTIE.
279-280-
485
que nous a donné la loùifTance. Car nous ne regretons jamais que les biens dont nous avons joùy, & qui font tellement perdus, que nous n'avons aucune efperance de les recouvrer au temps & en la façon que nous les regretons.
plaifir
5
ARTICLE CCX.
De
nomme
une efpece de loye, en laquelle il y a cela de particulier, que fa douceur eft augmentée par la fouvenance des maux qu'on a foufFerts, & defquels on fe fent allégé, en mefme façon que fi on fe fentoit déchargé de quelque pefant fardeau, qu'on cuft long temps porté fur fes efpaules. Et je ne voy rien de fort remarquable en ces trois Paffions; aufli ne les ay-je mifes icy, que pour fuivre l'ordre du dénombrement que j'ay fait cy deflus. Mais il me femble que ce dénombrement a efté utile, pour faire voir que nous n'en ometions aucune qui Enfin ce que je
10
l'Allegreffc.
AllegrelTe, eft
I
i5
fuft
digne de quelque particulière confideration.
20
ARTICLE CCXI.
Un remède gênerai
maintenant que nous les connoiflbns toutes, nous avons beaucoup moins de fujet de les craindre, que nous n'avions auparavant. Car nous voyons qu'elles font toutes bonnes de leur nature, & que Et
23
contre les PaJJions.
Des
486
Passions.
îSo-jsj.
nous n'avons rien à éviter que leurs mauvais ufages ou leurs excès; contre lefquels les remèdes que j'ay expliquez pourroient luffire, fi chacun avoit aiïez de foin de les pratiquer. Mais pource que j'ay mis entre ces remèdes lapremedilation, & lindultric par laquelle on peut corriger les défauts de fon naturel, en s'cxerçant à réparer en foy les mouvemens du fang ^!^ des efprits, d'avec les penfées aufquelles ils ont couftume d cftre joins j'avoue qu'il y a peu de perfonnes qui fe foient affcz préparez en cette façon contre toutes fortes de rencontres^, &. que ces mouvemens excitez |
5
;
dans fi
le
le
fang par
les objets
promptement des cerveau,
que lame
01
de
10 .
des Paffions, fuivent d'abord
feules impreffions qui fe font dans
des organes, encore
la difpofition
en aucune façon, qu'il n'y a de leur point de fagefle humaine qui foit capable relifler, lors qu'on n'y eft pas aflez préparé. Ainfi plun'y contribue
i5
|
fieurs ne fçauroient s'abftenir
encore
qu'ils n'y
fion de la loye
autrefois pour
le
de
rire eflant chatouillez,
prenent point de
&
de
la furprife,
mefme
Car
l'impref-
qui les a
fait rire
plaifir.
fujet, eftant reveillée
20
en leur
que leur poumon eft fubitement enflé malgré eux, par le fang que le cœur luy envoyé. Ainfi ceux qui font fort portez de leur naturel aux émotions de la loye, ou de la Pitié, ou de la Peur, ou de la Colère, ne peuvent s'cmpcfcher de pafmer, ou de pleurer, ou de trembler, ou d'avoir le fang tout emeu. en mefme façon que s'ils avoient la fièvre, lors que leur fantaifie eft fortement touchée par l'objet de quelcune de ces Partions. Mais ce qu'on peut tousjours
fantailic, fait
a.
Tome
IV, p. 4o5,
1.
17-19,
et p.
41
1,
I.
10-14.
25
3o
Troisiesme Partie.
282-284.
faire
icy
en
telle occafion,
comme
le
remède
&
que
je
487
penfe pouvoir mettre
plus gênerai,
le j
le
plus ayfé
à pratiquer, contre tous les excès des Paffions,
c'ell
emeu, on doit
eftre
que, lors qu'on fe fent 5
&
le
fang
ainfi
que tout ce qui l'imagination, tend à tromper l'ame, averti, (^ fe fouvenir
fe
&
prefente à à luy faire
paroiftre les raifons, qui fervent à perfuader l'objet
de fa Paffion, beaucoup plus fortes qu'elles ne font,
&
beaucoup plus foiblés. Et lors que la Paffion ne perfuadc que des chofes dont l'exécution fouffre quelque delay, il faut sabftenii" d'en porter fur l'heure aucun jugement, & fe divertir par d'autres penfées, jufques à ce que le temps & le repos aient entièrement appaifé lemotion celles qui fervent à la diffuader,
10
i5
qui eft dans le fang. Et en fin lors qu'elle incite à des
adions touchant lefquelles il eft neceffaire quon prene refolution fur le champ, il faut que la volonté fe porte principalement à confi|derer
&à
fuivre les raifons qui
font contraires a celles que la Paffion reprefente, 20
encore qu elles paroilTent moins fortes. qu'on
eft
Comme
lors
inopinément attaqué par quelque ennemi,
permet pas qu'on employé aucun temps à délibérer. Mais ce qu'il me femblc que ceux qui font accouftumez à faire reflexion fur leurs adions peul'occafion ne
25
vent tousjours,
de la
la
Peur,
ils
c'eft
faifis
tafcheront à détourner leur penfée de
confideration.du danger, en
fons pour lefquelles plus d'honneur, en ^o
que, lors qu'ils fe fentiront
il
la
fe
reprefentant les rai-
y a beaucoup plus de feureté & refiftance qu'en la fuite. Et au
contraire, lors qu'ils fentiront que le Defir de ven-
geance
&
la
Colère
les incite à courir
inconfiderement
3
Des
488
Passions.
vers ceux qui les attaquent,
284-286.
ils fe
fouviendront de
penfer, que c'ell imprudence de fe perdre,
quand on
honneur fe fauver; & que fi la partie eft fort inégale, il vaut mieux faire une honnefte retraite ou prendre quartier, que s'expofer brutalement a une mort certaine. peut fans
def|
ARTICLE CCXII.
Que
cejî d'elles feules que dépend tout
& Au
refte,
le
mal de
le
bien
cette vie.
l'ame peut avoir fes plaifirs à part; mais
pour ceux qui luy font communs avec le corps, ils dépendent entièrement des Paffions, en forte que les hommes qu'elles peuvent le plus émouvoir, font capables de goufter le plus de douceur en cette vie. Il eft vray qu'ils y peuvent auffi trouver le plus d'amertume, lors qu'ils ne les fçavent pas bien employer, & que la fortune leur eft contraire. Mais la Sagefle eft
10
1
principalement utile en ce point, qu'elle enfeigne à |s'en rendre tellement maiftre,
aies mefnager avec
maux qu'elles caufent font & mefme qu'on tire de la loye de
tant d'adrefte, que les fort fupportables,
&
tous.
FIN.
20
APPENDICE
Les Passions de l'ame furent aussitôt traduites en latin. La traduction parut d'abord en un volume séparé Passiones Anima:, per Renatum Descartes Gallk'e ab ipfo conjcriptœ, nunc autem in exterorum graliam Lalinâ civitate donatce. Ab H. D. M. I. V. L. (Amftelodami, apud Ludovicum Elzevirium, la Minerve. 28 lim., 242 pp., i3 pp. i65o, petit in-12. Marque :
:
:
ft".
n. ch. d'index.)
La même année duction
comme
la
i65o, Louis Elzevier publiait encore cette tra-
troisième partie d'un volume in-4, dont
les
deux
premières parties étaient les Principia Philojophia: de Descartes et les Specimina Philofophia.'. Cette traduction a été faite en dehors de Descartes, qui n'en a point eu connaissance. Nous nous contenterons donc de donner la Préface du traducteur. C'était un Français, lui-même peut-être Habert de Montmort ?
le
déclare,
INTERPRKTIS
PRytFATIUNCULA AD I.ECTOREM Vino vcndibili, quod aiunt, Amice Leâor, hcderà fufpcnfâ non opus quare non debes expeclare ut multa dicam, vel in hujus Tradatùs Pathologici commendationem, vel in laudem Authoris. Iftum lege, & hune luge, quem mors prasmatura orbi litterato paucos ante menfes in Suecià eripuit. SerenilTima Suecorum Regina, fummi Parentis non minor Filia, quae tribus Coronis fui ftemmatis quartam jamdiu adjecit longe augufliorem, Itupendae eruditionis, profundœ fapientiic, & liberalitatis magnificie in eruditos cujufvis eft
:
Œuvres. VI.
dî
Des Passions.
490
conditionis, Nobiliffîmum Cartefium humaniffimè ad
le
invitaverat,
Philolbphicis cedro dignis, & illeda, ut aiunt, hujus ipfius Tradatùs de Affedibus ledione & admiratione. Sed vix in Sueciam pedem intulerat, cùm repentino morbo correptus ex hac ftatione emigravit. Quanti eum vivum feciffet fapientiflïma vilîs ipfius Icriptis
Regina,armata Pallas Gotthicîe gentis, ctiam
fuis lachrymis, audito mortis ejus uuntio, teftata dicitur. Tan^-e Reginœ de hoc viro judicium fufficit eluendo quicquid olim a?mulorum quorundani zelus
ac fervor
unquam
illi
voluerat adfpergere
parentabitur
;
:
corum nemo
ei\
cui
tam
pretiole
nec potuit non placere fummis Principibus,
qui talibus adverfariis difplicuerat.
Ea
fors eft
comitetur,
opéra
Virtutis
&
quàm fumus
illas non minus invidia Quicunque femotis affedibus ejus
Eruditionis, ut
igneni.
legerit, fatebitur, illum
magnam lucem
Philofophicis Difci-
non admiferint, quibus poft fruges repertas glande adhuc vefci volupe ell. Hic ipfe Tradatùs Pathologicus fatis oftendit, non minus illum in Microcofmi cognitione, quàm in Macrocofmi contemplatione profecifle. In nullius manus veniet, etfi diverfa fentiat, ut femper licuit inter bonos, quin ejus acumen, folertiam, perfpicuitatem, ac fubtilitatem miretur, & quôd tam commode ad folam rationis facem in iftius naturalis automati motus omnes inquirere potuerit. Confiderat enim homiplinis intuliffe, etfi ejus placita
nem
Philofophico more, nec pénétrât in nativam
illius
corruptio-
nem, horum motuum anomalorum & eccentricorum in nobis fœcundiffimam matrem, quas Théologies eft difquifitionis. Ne mireris verô, Bénévole Leâor, quod ftyli, quo noftrà iinguâ ufus eft, nitorem Latine fermonc alTequi non potuerim. Debuiffet ipfe interpres fuiffe fuorum conceptuum. Satis mihi fuit, eos quani potui fideliftimè exprimere quod dum facio, elegantise ohlivifcor. Et aufim fane dicere, iilos non potuilfe ab alio quàm ab homine ;
Gallo
fatis féliciter
exprimi. Id
me movit
ut,
cùm nomen Affecluum
Latinius forte polfet ufurpari, maiucrim tamen Paffîomnu vocem retinere, quo Authoris ipfius principiis magis inhasrerem. Nec
quàm mihi foli hanc Metaphrafim adornabam; fed poftea magni, quorum authoritatem rcfugerc religio mihi fuiHet,
initio aliis viri
authores fuerunt ut
eam Typothcta; permitterem. Ei
adjeci Epiftolas
Dodiftimo qui eam procuraverat. Fruere igitur noftrà hac qualicunque opellâ, Amice Leâor, & ex illà difce Affedibus tuis moderari. \'alc. Editioni Gallica; prœhxas à Viro
illo
1
TABLE DES MATIERES
PREMIERE PARTIE. •
Que
3.
eft Paffion au regard d'un fujet, cft touliours Action quelque autre égard Que pour connoiftre les PalTions de l'ame, il faut diflinguer fes fondions d'avec celles du corps Quelle règle on doit fuivre pour cet effcift
4.
Que
1.
ce qui
à
2.
chaleur
la
corps 5.
G. 7.
8.
Que
c'eft
;&
&
ell le
de l'ame
„
erreur de croire que l'ame donne
mouvement &
la
i3.
Que
14.
Que
i3
cours Quelles font les caufes de leur diverfité
16.
Comment
le fait le
font les
les objets
le
cerveau
.
.
mouvemens des mufcles de dehors agilïeni contre
334
organes des
336 de dehors peut conduire diverfement mufcles
cette a^^ion des objets
dans
les
diverfité qui
eit
les efprits la
tous les
des fens,
&
par
entre
le
efprits.
membres peuvent
18. 19.
De
la
339 340
eltre
meus par
les objets
de l'ame
341
342 .
.
Perception
343
21.
Des imaginations & autres penfées qui font formées par l'ame Des imaginations qui n'ont pour caufe que le corps
12.
De
ii.
Des perceptions que nous rapportons aux objets qui font hors de nous
la
différence qui
338
peut aufTi diverfitier leur
les efprits, fans l'ayde
Quelles font les fondions de l'ame Delà Volonté
20.
33
335 les
fens
17.
»
333
animaux font produits dans
les efprits fe
33o
mouvement du cœur
12.
11.
le
principe de toutes ces fonilions
Comment Comment Comment Comment
9.
ro.
328
329
mouvement des membres procèdent du
le
les penfées,
chaleur au corps Quelle différence il y a entre un corps vivant & un corps mort. Brève explication des parties du corps, & de quelques unes de les fondions
Quel
327
elt
.
entre les autres perceptions
344 ,.
3^5
3^6
2
1 1
49
Traité des Passions.
24.
Des perceptions que nous raportons à noftre corps Des perceptions que nous raportons à noftre ame Que les imaginations, qui ne dépendent que du mouvement
25. 26.
fortuit des efprits,
que 27.
La
peuvent
eftre d'auITi véritables paffions,
perceptions qui dépendent des nerfs
les
348
définition des Paiïions de l'ame
349
28. Explication de la première partie de cette définition 29.
Explication de fon autre partie
?o.
Que
l'ame
ell
unie à toutes
346
347
»
35o
les parties
du corps conjointement
.
35
glande dans le cerveau, en laquelle l'ame exerce fes fonclions, plus particulièrement que dans les
une
3i. Qu'il y a
petite
autres parties
»
32.
Comment on
33.
34.
Que le lîege des Partions n'eft pas dans le cœur Comment l'ame & le corps agiflient l'un contre l'autre
35.
Exemple de
36.
Exemple de
3-.
Comment
38.
mouvement des efprits Exemple des mouvemens du corps
connoift que cette glande
eft le
principal fiege de
lame
la
352
la
PaiTions, 39.
au milieu du cerveau
elt
façon que les Pallions font excitées en l'ame.
&
.
les
ne dépendent point de l'ame
Comment une mefme divers hommes
358
caufe peut exciter diverfes Paffions en »
eft le
principal effets des Palfions
41. Quel
ell le
pouvoir de l'ame au regard du corps trouve en fa mémoire les chofes dont on veut
359 »
Comment on fou venir
43.
Comment
44.
Que chaque
fe
36o
•
l'ame peut imaginer, edre attentive,
& mouvoir
le
corps
36 volonté
eft
naturellement jointe à quelque mouvemais que, par indullrie ou par habitude,
ment de la glande on la peut joindre à d'autres 45. Quel eft le pouvoir de l'ame au regard de fes Paffions 46. Quelle eft la raifon qui empefche que l'ame ne puilTe entiè;
rement difpofer de
fes Partions
47.
En quoy
48.
£n quoy on
49.
Que
50.
Qu'il n'y a point d'ame
conliftent les
connoift
mal des plus
la
la
»
362
363
combats qu'on a couftume d'imaginer
entre la partie inférieure
le
355 356
357
accompagnent
qui
40. Quel 42.
.
toutes caufées par quelque
paroill qu'elles font
il
354
lavon que les imprelfions des objets s'uniflent en
glande qui la
353
force
<S;
ou
la
fuperieure de l'ame
la foiblefte
des âmes,
564
&
quel
eft
366
foibles
force de l'ame ne fuffit pas fans la connoiffance de la
vérité
367 fi
foible, qu'elle
ne puilfe, eftant bien
conduite, acquérir un pouvoir abfolu fur fes Partions
.
.
.
368
1
Table.
49 j
SECONDE PARTIE. 5i. Quelles font les
premières caufes des Paffions & comment on l£s peut dénombrer
53.
Quel eft leur ufage, L'Admirdiion
54.
L'ElHnie
52.
ou
Mcfpris,
ik le
la
Generofité ou l'Orgueil,
La Vénération
56.
L'Amour &
57.
Le
la
&
"
Dédain Haine
374
le
»
Defir
»
58. L'Efperance, la Crainte, la laloufie, la Sécurité,
L'Irrefolution,
&
chété,
Courage,
le
.
.
.
Le Remors 61. La loye & la TriftefTe 62. La Moquerie, l'Envie, la Pitié 63. La Satisfaction de foy-mefme, & 64. La Faveur & la ReconnoilTance .
&
le
Defefpoir.
»
•
376
.
» »
le
Repentir
377 »
& la Colère & la Home
^78
65. L'Indignation
67. 68.
La Gloire Le Degourt, le Regret à. l'AllegrefTe ... Pourquoy ce dénombrement des PalTions qui
ert
69. Qu'il n'y a 70.
communément que
De l'Admiration. Sa
71. Qu'il n'arrive
•
.
•
ell
dirterent de celuy
rcceu
derinition
&
fa
379 38o
caufe
aucun changement dans
»
cœur ny dans
le
le
fang 38
en cette Palfion 72.
73.
En quoy Ce que c'ell que l'Eltonnement conlilte la
force de l'Admiration
»
382
75.
A quoy fervent toutes les Partions, & à quoy A quoy feri particulièrement l'Admiration
76.
En quoy
74.
elle
défaut 77.
Que
78.
Que
&
peut nuire;
" »
Pallions primitives
fix
375
Hardieffe, l'Emulation, la Lai-
la
l'Efpou vante.
60.
66.
372 373
l'Humilité
la BalTefTc
55.
59.
&
Sji
....
<S:
comment on
elles nuifcnt
.
.
.
383
384
peut fuppleer à fon 385
corriger fon excès
ce ne font ni les plus ilupides, ni les plus habiles, qui font
plus portez à l'Admiration fon excès peut palier en habitude, lors qu'on
le
»
manque de
le
386
corriger 79. Les définitions de l'.Amour i\ de la Haine 80. Ce que c'el\ que le joindre ou leparer de volonté 81. De la dilliniilion qu'on a couftume de faire entre l'.^mour de concupifcence & de bienvueillance 82. (>)mment des PalTions fort différentes convienent en ce qu'elles
participent de
l'Amour
387 »
388 »
Traité des Passions.
494 83.
De
la différence qui etl entre la iimple Alîeclion, l'Amitié
&
la
Dévotion
389
84. Qu'il n'y a pas tant d'efpeces de
85.
86. 87.
Haine que d'Amour
De l'Agréement & de l'Horreur La définition du Delir Que c'eil une Pairion qui n'a point de
391 >•
392 contraire
393
88. Quelles font fes diverfes efpeccs
89. Quel
efl le
90. Quel
ert
91.
92.
La La
celuy qui
définition de
395
love
la
396
définition de la TridelTe
Gomment
397 398
deux Pallions
ces Paffions font excitées par des biens
qui ne regardent que
touillement 93.
»
de l'Ayréement
naift
93. Quelles l'ont les caufi.'s de ces 94.
394
Defir qui nairt de l'Horreur
Comment
corps
douleur peuvent aulTi la
(S;
elles
maux que
le
ne
l'ame
appartieneni
:
:
&
maux
des le
cha»
.•
&
des
qu'ils
luy
élire excitées par des biens
remarque point, encore
comme
&
en quuy confilte
font
le
plaifir
qu'on
prend à
fe
hafarder, ou à fe fouvenir du mal palTé 96.
Quels font
mouvemens du fang & des efprits,
les
400 qui caufent les
cinq Pafllons précédentes
401
97. Les principales expériences qui fervent à connoiftre ces mou-
98.
99. 100.
En En En
vemens en l'Amour la Haine la
loyc
la
Triltefle
>•
402 »
4o3
ICI. .\u Delir
»
Le mouvement du fang & des io3. En la Haine 102,
104. io5. 106.
En En Au
la
efprits en
l'Amour
»
404 4o5 406
loye
la Triltéffe
Delir
»
mouvemens
en l'Amour
107.
Quelle
108.
111.
En En En Au
112.
Quels font
Il 3.
Des aclions des yeux «\ du vifage Des changemens de couleur
412 413
Comment Comment Comment
414
109.
110.
114. Il 5.
116. 117.
118. 119.
la
ell la
caufc de ces
Haine
la
loye
la
TciUelfe
Delir
"
lei lignes
la
love
extérieurs de ces Pallîons
fait
rougir
on rougit fouvant ellant
411
»
la Trilleffe fait pâlir
Des Tremblemcns la Langeur
De
407 408 409 410
trille
>
4i5
416
Table. 20.
Comment
elle eft
& par le Delîr par d'autres PafTions
caufée par l'Amour
21. Qu'elle peut aufïï eftre caufée
22.
De
23.
Pourquoy on ne pafme point de
la
Pafmoifon
24.
Du
25.
Pourquoy
49^ 417 418 419
;
Trifteffe
Ris
»
n'accompagne point
il
les-plus grandes loyes
.
.
.
26. Quelles font fes principales caufes ï-j.
Quelle
28.
De De
29.
l'origine des la
»
caufe en l'Indignation
e(l fa
changent en eau douleur à l'oeil l'excite
Comment ce qui fait Comment on pleure
32.
Des gemilîemens qui accompagnent
33.
Pourquoy les enfans & les Pourquoy quelques enfans
34.
36.
Des Soupirs D'où vienent
l-
De
35.
tains .
422 423
fe
3i.
30.
421
Larmes
façon que les vapeurs
de la de TrillelTe
à
pleurer
.
.
423
larmes vieillards pleurent ayfement. paliffent,
»
les
au lieu de pleurer
.
.
.
....
hommes
428
l'ufage des cinq PafTions icy expliquées en tant qu'elles fe
39.
40.
De
la
41.
Du
Defir. de la loye,
42.
De
la
leurs défauts, l'ufage des
l'ame
;
\
&
des
mefmes
429
moyens de
les
43i
corriger
PalTions, entant qu'elles appartienent à
premièrement, de l'Amour
432 433
Haine loyc
&
i
de
434
la Triflelfe.
de l'Amour, comparées avec
la TriftelTe
&
la
Haine mefmes PafTions, entant qu'elles fe rapportent au Defir. Des Defirs dont l'événement ne dépend que de nous De ceux qui ne dépendent que des autres caufes & ce que c'ell que la Fortune De ceux qui dépendent de nous & d'autruy Des Emotions intérieures de l'ame Que l'exercice de la vertu eft un fouverain remède contre les
43. Ocs
45.
46. 47.
48.
426 427 »
-apportent au corps
44.
424
des PafTions qui font particuliers à cer-
les effets
De De
38.
420
.
»
435 436
;
Partions
437 439 440 441
TROISIESME PARTIE. 149. I
5o.
De l'Ellimc du Mefpris Que ces deux PafTions ne font que i!v
.
443
.
des efpeces d'Admiration.
Qu'on peut s'eltimer ou mefprifer foy mefme i52. Pour quelle caufe on peut s'eftimer i53. En quoy confilte la Generofité 154. Qu'cUi empefche qu'on ne mefprife les autres i5i.
.
444 »
445 »
446
Traité des Passions.
496 F5.
En quoy
confifte l'Humilité vertueufe
447
56. Quelles font les proprietez de la Generofité fert
57. 38.
Que
ceux de
fes effets font contraires à
60.
61.
Comment
62.
De
63.
Du Dédain
64.
70.
De l'ufage de ces deux Partions De l'Efperance & de la Crainte De la Sécurité & du Defefpoir De la laloufie En quoy cette Partion peut eftre En quoy elle eft blafmable De rirrèfolution
71.
Du Courage &
67. 68. 69.
la
la
efprits
de
De l'Émulation
74.
De De De
la
la
»
456 457
Lafcheté
&
"
^38
honnefte
»
;
459 460
de
la
461
462
l'ufage de la Lafcheté
l'ufage de la
»
Peur
463
Comment
81.
en ces Partions.
dépend de l'Efperance Peur
82.
80.
Generofité
»
la Hardiefl"e
83.
79.
448 449 45o 461 453 454 455
Hardieffc
Du Hemors De la Moquerie Pourquoy les plus imparfaits moqueurs De l'ufage de la raillerie De l'ufage du ris en la raillerie De l'Envie
77.
la
.
elle
84.
D'où vient que
85.
De
.
464 »
ont couftume d'eftre les plus
465 »
,
466 «
peut eftre jufte ou injuile les
envieux font fujets à avoir
le teint
plombé
.
la Pitié
86.
Qui
87.
Comment
font les plus pitoyables les
.
.
Qui font ceux qui n'en font point touchez 89. Pourquoy celte Partion excite à pleurer 90. De la Satisfadion de foy mefme 91.
Du
92.
De la Faveur De la Reconnoirtance De l'Ingratitude De l'Indignation Pourquoy elle eft quelquefois la Moquerie
94. 95.
96.
467 468 469 »
plus généreux lont touchez de cette Partion.
88.
93.
>•
.
,
Comment
78.
.
Vénération
73.
76.
elle
Generofité peut ertre acqnife
72.
75.
comment
de remède contre tous les dereglemens des Paffions
De l'Humilité vitieufe Quel eft le mouvement des
66.
iSt
De rOrgueil
39.
65.
;
»
470 471 »
Repentir
472 473 »
474 475 jointe à la Pitié ,
&
quelquefois à »
Table. e(l fouvent accompagnée d'Admiration, incompatible avec la loye
197.
Qu'elle
198.
De fon ufage De la Colère Pourquoy ceux
199.
200.
497 6;
ceux qu'elle
4/6 »
477 qu'elle fait rougir font
moins
à craindre
Que
203.
Que la Generofité De la Gloire
ce font les
emporter à
206. 207.
âmes
foibles
47^
fert
Degouft.
210.
De
l'Allegreffe
plus de
479
baffes qui fe laiffent le plus
480 de remède contre fes excès
481
482
.
Du Du
&
le
l'autre
De la Honte De l'ufage de ces deux De l'Impudence.
209.
208.
que
fait pâlir
202.
205.
pas
.'
201. Qu'il y a deux fortes de Colère, & que ceux qui ont bonté, font les plus fujets à la première
204.
n'eft
»
»
PalTions
483 484
.
»
Regret
211.
Un remède
212.
Que
4^5 •
gênerai contre les Partions
c'eft d'elles
feules
que dépend tout
le
bien
&
le
mal de 4^8
cette vie
Œtr/REs. VI.
m
PRIMEE COGITATIONES CIRCA
GENERATIONEM
AN MAL I
I
ET
NONNULLA DE
SAPORIBUS
UM
;
AVERTISSEMENT L'Édition d'Amsterdam
:
R. Des-Cartes Opufcula Pojîhuma,
1701, donne, avec une pagination à part, p. i-23, un fragment Primce Cogitationes circa Gêner ationem Animalium
intitulé il
p.
:
même suivi d'un autre fragment, beaucoup plus court, 24-26 De Saporibus. Une note, placée au verso du faux-
est
:
titre*,
en indique assez vaguement
pages ont été remises à
la
provenance
:
ces quelques
l'éditeur, avec l'affirmation qu'elles
sont bien de Descartes; elles se trouvent d'ailleurs conformes
à une traduction en langue flamande, qui en avait été déjà
donnée. L'éditeur n'en garantit pas autrement l'authenticité; et
même, dans
la
Préface en tête du volume, lorsqu'il men-
tionne ces Primes Cogitationes,
il
n'ose pas affirmer qu'elles
sont authentiques''. Plus tard, Victor Cousin, au
t.
XI de son
a. Ad Lectorem. Primae hce Cogitationes circa Generationem Animalium cum Annexis de Saporibus cùm ad nos tranfmijfce forent, Cartefiique fœtum eas effe /uijfet adjirmatum, è re duximus ipfas reliquis pojihumis ijiius dijfertationibus in/crere, idque eum prce primis in finem, ut nihil eorum, quce in operibus Cartejii Belgico editis idiomate reperiuntur, in hac nojlrà editione dtjideraretur. Latinum nojlrum exemplar cum Belgico omninà convenit, Jijltmufque illud integrum, nulld immutatione faâd, licèt multa in eo, quce mendis laborant, forte pofjint inveniri. Cceterùm num hcecverè Cartejium Auâorem habeant, num ftnt fuppojititia, aliorum eflo judicium. Fieri potuit, ut ab eo, qui illa defcripjit, hinc inde nonnulla interpolata Jint, quod pojihumis operibus, prcefertim quibus ultimam limam non adhibuerunt Auâores, non rarà accidere nôrunt eruditi. Intérim Tu, B. L., hifcefruere, & vale. b. A la suite du passage de la Pré/ace, reproduit t. X, p. 492, on lit
«
Generatio
^02
Œuvres
édition des
de Descartes,
1826, n'hésita pas à les
rejeter. [Avant-propos, p. vi.)
Mais un
fait
nouveau
ce semble, de régler
produit depuis lors, qui permet,
s'est
Les notes de Descartes,
question.
la
copiées à Paris en 1675 et 1676 chez Clerselier par Leibniz et
Tschirnhaus
(voir notre
MS., retrouvée Careil, en
t.
X,
p.
208-209}, ^^ dont
à Hanovre, a été
1869 et
1860
:
publiée par
la
copie
Foucher de
ces notes, dis-je, contiennent plu-
sieurs passages identiques aux trois dernières pages, p. 21-23,
des Primce Cogitationes imprimées en 1701. Sauf de légères variantes,
même
et
en très petit nombre, c'est mot pour mot
texte exactement.
On
peut inférer de
le
plusieurs con-
là
séquences.
D'abord, cette identité est une preuve que deux pages au
moins de
la
publication de
sont authentiques, et sans
1701
doute aussi toutes celles qui précèdent,
p.
3-2
1.
Une
copie était
demeurée en Hollande, que quelque cartésien aura communiquée à l'éditeur d'Amsterdam. Pendant ce temps, l'original avait
voyagé d'Egmond à Stockholm, puis
était
venu à Paris
:
une copie, prise là, en avait été rapportée à Hanovre. La conformité des deux textes, dont l'un avait pour lui l'écriture de Descartes et
le
témoignage de Clerselier,
gnage d'un Hollandais fidèle à doit nous ôter le moindre doute
la :
et l'autre le
témoi-
mémoire du philosophe,
nous avons bien
là
un frag-
Pofthuma, quœ recenfet, etiam referai diverfa frag& hilioriâ Metalloriim, Plantarum, & Animalh'm. » « Quapropter, cùm in Admonitione aé Ledorem, hifce Primis Cogita» tionibus prasfixà, jam de iis egerimus, nec adhuc ecquid re verà Cartefii » fini nccne, certiores fimus, totaque noftra fides illius, qui eas ad nos non eft cur aliquid addamus, prseter» tranfmifit, adfenioni inniiatur » quam hoc unicum, fciiicct ipfummei Cartefium Epift. 53 Part. 3" » innuere,/e Traâaium de Anirnalibus medilari, nec euni tum temporis » potuijfe adhucdum perjicere. Hune autem eumdem cum hifce Primis » Cojfitalionibus circa Generationem Animalium effe nulli adfirmamus, [Prir/atio, pag. 3-4.) Le » quin potiùs Non Liqierk pronuniiainus. « 3" partis), se trouve au /^ çt non mcniionné Jire passage des Lettres, ici Ncwcastle, oct. 1645. marquis de lettre au i. IV, p. 326, 1. 4-10.
»
Cartefii fcripta
»
menta de naiurà
:
Animalium.
ment
(ou
De
une
de fragments) de Descartes lui-même.
série
plus, la copie
MS. de Hanovre donne, pour un
sages ainsi identifiés, cette date ne vaut
seulement pour
la
même
date précise
des pas-
Feb. 1648. Sans doute
:
pas pour toutes nos trois pages, mais
précède; à plus forle raison, ne
l'alinéa qu'elle
saurait-elle valoir pour l'ensemble
on peut déjà en conc'ure que
Primœ
50J
du fragment,
donné par
le titre
Mais
p. 3-23.
l'éditeur
:
Cogitationes, ne s'applique pas non plus au fragment
Les premières pensées de Descartes sur
tout entier.
généra-
la
tion ne datent certes pas de 1648. Si l'on parcourt la corres-
pondance du philosophe, on occupait dès la
fin
que cette question
voit
le
pré-
de 1629, et aussi en i63o, à Amsterdam,
puis en i632 et i633, puis à Santporte, près de Harlem, en 1
637-38, puis à Ende^eest, de 1642 à 1643
et
t.
IV, p. 247-8), enfin à
doute jusqu'à
la fin
Egmond, en
en 1649,
comme
Generationem
mot dans que
le
:
et
il
352-3,
1647 et 1648, et sans
de dire
suffisait
III, p.
nous l'avons
notre Avertissement du traité qui précède.
au moins est de trop;
(t.
Donc :
le
dit
dans
mot Primœ
Cogitationes circa
à moins que l'éditeur de 1701 n'ait pas pris ce
sens chronologique, mais seulement pour indiquer
c'était là
des notes jetées sur
le
papier, premières ébau-
ches de traités qui s'achèveraient plus tard*.
Une
dernière remarque confirme cette manière de voir
les alinéas
dam,
des trois pages, 21, 22
et 23,
bien qu'ils se succèdent d'une façon continue dans le
texte imprimé, se rapportent à des
copie
:
de l'édition d'Amster-
M S.
de Hanovre;
même
et
passages séparés dans
la
un assez long intervalle,
Le Journal des Savants, du lundi 2 avril 1703, rendant compte des Pojlhuma .de Descartes, traduit ce que dit en latin l'éditeur au sujet des Primce Cogitationes circa Generationem Animalium, et ajoute cette remarque ; « Si cet écrit eft de M. Defcartes, ce Philofophe n'a pas car, d%ns fon Traité de la formation » toujours eu le mefme fentiment du foetus, c'eft le coeur qui eft le premier formé, enfuite le cerveau le a.
Opiifcula
:
>>
»
;
poumon &
ne viennent qu'après; au lieu qu'ici le poumon & le forment d'abord, & loni le principe du cœur, du cerveau «S. de le foie
<>
foie fe
>>
tout le refte. » (P. 2îo.)
5
Generatio
04
rempli par d'autres textes, sépare chacun d'eux des deux autres aussi traitent-ils de matières différentes.
Or
;
ce qui est vrai de
ces trois dernières pages, paraît bien l'être également de toutes celles
qui précèdent
:
nous aurions
là,
rapprochées
les
unes
mises bout à bout, plusieurs pages de notes,
des autres et
qui ne forment pas, tant s'en faut, une suite continue.
La
conti-
nui^é du texte
imprimé dans
faire illusion
ce sont des notes, écrites à des dates différentes,
:
l'édition
et sur des questions différentes, bien
génération.
de 1701 ne doit pas nous
que relatives toutes à
la
Faute des renseignements nécessaires, nous n'en-
treprendrons point, sauf pour
les trois dernières
pages, d'intro-
duire dans ce texte toutes les séparations qu'il faudrait.
en conservons
la
continuité, mais
en avertissant
le
Nous
lecteur
qu'elle est tout artificielle, afin qu'il sache sous quelles réserves il
peut raisonnablement s'y
fier.
C. A. Nancy, 20
juillet
1907.
PRIM^ COGITATIONES CIRCA
GENERATIONEM
ANIM ALIUM. 5
Duplex confideranda
eft
Generatio, una fine femine
vel matrice, alia ex femine.
Sunt verô quiedam omnibus animantibus nia, ut fponte moveri,
10
nutriri,
&c.
;
quae
commuomnium
prima^venire debent in confiderationcm. Sunt deinde alia, qua: fere omnibus, ut videre, audire, &c.;quae
fecundo loco examinanda funt, & cur non omnibus infint. Sunt quaedam totius generis fubalterna, ut bipèdes efle omnium avium, quadrupèdes ferarum, pinnas habere pifcium, multipedes infedorum, &.c. quie tertio ordine erunt expendenda. Quarto denique ad fingulas fpecies infimas deveniemus. ;
i5
Omne
animal, quod fine matrice oritur, hoc tan-
tummodo principium
20
nempe
duo fub-jeda, ab inviccm non valde remota, ab eûdem vi caloris diverfimodè concitentur, ita ut ex uno fubtiles requirit
:
ut
partes (quas fpiritus vitales deinceps appellabo), ex a.
—
prima. La pagination reproduite en haut des Texte imprimé est celle de l'édition d'Amsterdam, 1701. :
pages
ŒUVRKS.
VI.
64
^o6
Generatio
3-4.
fanguinem five humorem vitalem dicam), cogat erumpere; quce partes fimul concurrentes efficiunt vitam primo in corde, ubi eft fanguinis cum Ipiritu animali pugna perpétua; deinde poftquam fanguis & fpiritus ita fuerunt unus ab altero domiti, ui in eandem naturam poflint convenire, alio craffiores (quas
générant cerebrum'.
Cùm
5
igiturtam
pauca requirantur ad animal facien-
dum, profeclô non mirum
eft,
fi
tôt
animalia, tôt vermes, tôt infeda in
10
omni putrefcente materiâ fponte formari videamus. Hicque notandum eft, pulmonem & hepar efte illa duo fub)e(Sapraerequirita,qu3ehocperve'nam
cavam, illud^ per arteriam venofam, materiam emit|tunt, ex cujus concurfu
agitatio in corde
fit
;
i3
ipfiufque
cordis fubftantia ex illorum materiis limul permixtis generatur, tuncquc Tj
animal
nondum enim antequam cor fadum fit.
effe incipit;
animal,
In matricibus animalia fie
tur'
:
primo,
dum femen
eft
forman-
ingreditur
vulvam, illud quod purifiTmium
eft, ci
D
ditur,
a.
quamoptimèpermixtum, priùsingre& proiundifiimum locum occupât quia fcilicet, :
Voir ci-avant,
Voir aussi p.
5
p.
?o3, note a. Mais lire aussi ce qui suit,
i6 ci-apri.s,
1.
I.
i?-i4.
17-18.
Texte imprimé illuJ. Lire plutôt ille ipuimo Les deux figures, ici reproduites, sont exactement celles de l'édition d'Amsterdam. Assez grossièrement laites, elles ne servent guère à élucider b.
c.
le texte.
:
:
.
20
25
Animalium.
4-5.
^07
quod ùibtilius cft, celeriùs movetur, & facilius ex. parentum corporibiis excernitur. Sequitur potlea reliquum femen paulô craffius, quod magis vergit ad os vulva;. Nempe fit os vulvse D, purius femen occupât 5
fundum A, craffius eft verfùs orificium B. Jam verô, fi illud femen fit tantùm ex uno parente, facile relabitur eâdem via, quà ingreffum efl nihil enim eft, quod illud ibi retinet. Ideoque non fufficit unius femen ad generationem. :
Si
10
verô parentis utriufque femina fimul mixta funt,
tune quoniam
fine
illa
rarefadione permifceri non
pofTunt, prout magis ac magis incalefcunt in vulvâ,
autem vulvae compofitio talis & ftrudura, ut quô magis dilatatur, tante magis ipfius
eô magis inflantur.
i5
orificium claudatur; aperiatur. Hinc
concepit,
quodammodo quitur, id
fit,
& femen
Nunc femen 20
Eft
eft,
cùm
verô conftringitur, ejus os
ut in coïtu aperiatur;
in
ita in
cùm
verô
eâ inflatur, ardè claudatur.
vulvâ conciufum tcmporis
fermentatur,
&
morâ
matris calore conco-
ejus partes fubtiliiis inter fe permifcen-
quidcm tune partes accuratiffimè permixie& temperata: ad médium loci, in quo funt, coniiuunt
tur. Et
.
nempe maxima
pars, qu;c reperitur, confluit in C,
&
cerebrum; toto verô tradu ab A iS: B confluit fpinae nieduUam, ut haec fit quafi rivus ex craffio-
facit 25
in
ribus fanguinis partibus, quse funt verfùs os vulvae,
pcr
quem
quae
forte inter
illas
cerebrum defe|rantur. Reliquse verô partes fcminis, quîe non tam fubtiliter mifcentur, fed lamen fatis commode & fine magna repugnantiâ, cedunt in cutem; quarum ideo pars major verfùs B
exiftunt,
lo
fubtiliores partes,
ad
Generatio
«joR
.=•.
quâ materiâ fient poftea abdomen, cruia & pedes manentibus autem A & B quafi centris, A quidem praecipuè partium fubtiliorum, fed etium B
reperitur. Ex ;
craffiorum.
dum
Intérim verô,
ex parentibus femen
fiunt ifta fit
ita
omnia,
fi
alterutrius
5
imbecillum, ut facile à
abfque magnà controverfiâ cum altero mifceatur d illi cedat, tune non generatur animal, fed mola. Si verô femen utriufque fit validum, non omnes ejus
eodem tempore
particulae pofiunt
dam
:o
A
ex parte
autem illarum duo gênera, nempe
fluant
eft;
A cerebrum
fecretum; atque
talis
excer-
diftinguantur, fed fimul con-
nifi
facile conveniant, rurfus
&.
B
fubtiliores, alise ex parte
nuntur. Quae duo
enim
qus-
funt magis contumaces, quce proinde à reliquis
feparantur. Sunt aliae
mifceri, fed
fit
mola; fignum
B carnibus non redè
ex
mola
foftaflis
elle
diu nutriri atque
umbilicum habere
potefl.
rentur, fubtiliores
quidem verfus A faciunt pulmo-
nem, quatenus
eil
funt fpiritus animales,
quibus ea
^^
cfTe
verô ab inuicem fepa-
radix arteriaî venofae, crafliores
faciunt hepar, quatenus
quare pulmo
Si
eft
aliae
radix venae cavae funt fanguis.
hepar femper occupent
videmus.
Fieri
i5
enim non
:
five unac
Unde illa
20
vides,
loca, in
poteft, ut in
alium confluant; fed pulmo débet infra coUum ad fpinam dorfi, c^" hepar fupra nates juxta eandem fpi-
25
nam, atque in iifdem partibus collocari. His autem omnibus fadis, nondum eft animal. Sed poftquam fpirituum copia ex variis cerebri partibus
pulmonem confluxit, ibi conglobatur & per unicum dudum artcriie venofa; verfùs hepar fertur; non in
3o
Animalium.
s-6.
poteft
enim
509
in alias partes, quia veniens ex
débet in partes oppofitas
cerebro
Contra fanguis ex
ferri.
pofteriorum partium mafia in hepate conglobatus,
communem dudum venae cavae fertur verfus pulmonem atque ita fimul concurrunt vena cava & arte-
per 5
;
ria venofa,
primùmque illarum
& quodammodo
fibrae
in fe ipfas revolvuntur, efficiuntque
fubftantiam cord.is. Deinde fpiritus in 10
i5
fimul mifcentur,
&
fanguis fimul
corde permifcentur ciamque adio fpiritus :
&
fit
cele-
magis verfùs hepar, fitque figura cordis verfùs illam partem acuminata; cùm verô adio fanguinis fit lentior, & in corpore molis amplioris confiftens, manet in fuperiore cordis parte, facitque illam ampliorem. Mifcentur autem in corde fanguis 0(: fpiritus, incipiuntque ibi continuum illud certamen, in quo vita confiât animalis, rior
fubtilior, idcirco defcendit
I
non
aliter
quàm
vita ignis in lucernà. Poftea difperfi
per totum cor fanguis
iS.
fpiritus,
dum
inde exitnm
quaerunt, ut novo fuccedenti faciani locum, nullâ in 20
parte faciliùs
fibi
viam faccre polTuni, quàm juxta ea
ipfa loca, per qucc dilapfi funi, quia tota reliqua caro,
quae
dum
generaretur a fanguine vel à fpiritu ferie-
batur, magis
compada
eft.
venam arteriofam unà ex 2S
ex
alià, qu.x
tur, fed
magis
parte,
&
arteriam
paulô poil rurfus feparantur
cralTae
fibi
magnam
rurfus propter vicinitatem fimul jungun-
cS:
:
quippe partes
fanguine?e in pulmonis jàm aëris efiu-
alimeutum refleduntur, fpiritus aurem puri per aortam in totum corpus fparguntur. Hicque incipit animal effe, quoniam ignis vitcC accenfus eft in corde. Fiunt autem hsec omnia ex folo fione exhaufti
3o
Hinc igitur effodiunt
GenERATIO
^lO
femine caloris
tiiii^efcente
\i
cere,
unà horâ
ratione poteft definiri.
potetl
caila'-
fcmper turgef-
tempore, forfan uno aut
fiuntque haec breui
altero die, forfan
(qucmadmodum
non
nece turgent in ignej; fed
6-7-
:
Cum
efl
enim
quseftio fadi, nec
igitur ceflat
femen
inflari,
5
pergunt nihilominus fanguis & fpiritus verfùs cor confluere, utpote impetu jam fado, & dudibus eô preeparatis.
Unde hepar
riô aliunde trahit
exhauritur, ideoque necefTa-
alimentum; hepar autem perforât
umbilicum, qui locus hepatis parti inferiori, & per quam maxime trahit, eft proximus. Contra pulmo non poteft lapfu temporis exhauriri, quia fanguine
fibi
nutritur,
&
ex folo fanguine
vi
caloris, qui eft in
trice, poteft fieri fpiritus tenuiffimus;
lo
ma-
ideoque potiùs
redundat initio, quàm défit embryoni. Unde perforât fibi afperam arteriam", quae ideô forte eft annulata, quia fingulis vicibus, puta fingulis diebus, vel tem-
i5
pore cuiufque diaftoles, augetur uno annulo ab aëre, qui ex pulmone redundat, quo impletur, donec ad
palatum ufque pervenerit. Quod non poteft perforare propter cerebrum, fed per os & aures, il: forte etiam per nares exitum quœrit ut patet ex eo, quôd palatum etiam talium annulorum fpeciem rctineat. Et
20
:
figura oris oblonga palato fubjeda id confirmât;
non
tamen illam poteft ftatim perforare. Accenfâ autem vità in corde, ftatim arteria magna & vena cava' ramos incipiunt dift'undcre per totum corpus; cùmque progcdiuntur tantùm per vias, quas a.
Hcec infrà fcripta étant
:
Crediderim magis illam
fieri
totam limul,
annulos dividi propter motum aiiris inius rontenti, qui dum alfiduè movetur, prout ferunt rudimenta refpirationis. (Edit. 1701.)
fed in
fit,
23
Animauum.
7-
maxime apertas
inveniunt, inde
511 fit
ut ambae fimiles
Nec tamen ideô permifccntur, quia continent res naturà nimis diverfas, nempe fanguinem & fpiritum fed ubi una divifit materiam ad iter fibi faciendum, faciliùs altéra eandem tranfit. Inter cseteros autem ramos, quidam adfcendunt ad cerebrum, ibique in torculari Herophili uniuntur, quia materia I.ongo tradu magis excoda incipit faciliùs mifceri, atque ita mixta cerebrum alit atque auget. Dum cerebrum augetur, emittit ex fe neruorum conjugationes, incipiuntque omnia membra formari tum faciant ramos.
;
5
'
10
ex excrementis.
Quse prima porta. i3
Hepar
ab hepate, fplen
fiunt'^'
trahit ad fe
Si
ici
Se
vena
fanguinem matris per umbi-
licum. Simul vcnit aqua
(S.
quœ funt excrepurum fanguinem.
fpiritus,
menta umbilici nec hepar attrahit Itaque aqua per urachum defcendit d: format veficam, tandem penem fibi perforât, per quem puer mingit ;
quicquid Medici
in utero, 20
ritus
autem
ni fallor, iliacis
in
contrarium dicant. Spi-
tranfit per arterias umbilicales'^, facitque,
fubrtantiam pénis; funt cnim verse arteriœ
implantata:,
quic augent
corde adhuc nimis cxiguo,
Oi;
arteriam
parum
magnam,
vivaci exiftente.
Tertio, excrementa ven?E cavse abeunt in renés, 25
&
ex rcnibas per uretères in veficam, fed partu j.am a.
» >'
BviHiN, Jans ses Inflilittiones Analomicce, (que Dtscartes citera plus
ni Méninges ccrebri... Eodcm Icco, ad linuum duorum concurfum, quartus apparet, qui inter Cerebrum & Cerebellum ad glandulam pineaiem abii. ciijus principium Torcular dicitur. » (4= édit., Basileae,
loin)
:
1619, p. 149.)
Texte imprimé tyiiL-//. Voir ci-après, p. 516,1.22-24. Videtur hic atij/uid deejfe ufque ad litteram A (cVst-à dire jusqu'à
b. i-Tim/ conjecture.
c.
exijlenie.
I.
23). (Kdii.
1701.)
GeNERATIO
2
1
5
7-8.
grandiufculo, ideoque veficam non perforant; quippe
dum
fœtus
minor,
eft
hitur eft urinà
id
craflTius,
quod per emulgentes attra& ideô renum corpora com-
ponit.
Quarto arteriam,
venam
in
pulmonum excrementa inflant afperam ut didum cft^, cordifque excrementum abit
j
,
arteriofam.
Quintô, cerebri excrementa varia funt. Primo, ex
quidam valde humidus per palatum erumpit, qui primé inflat buccam'', fed nondum perforât eam; deinde per œfophagum elapfus, intotâ ejus fubftantiâ flatus
cum
ipfo nervi fext?e
feptimse conjugationis delabuntur.
Notandumque,
flat
i&
etiam ventriculum; fimulque
totam fubftantiam, ex quà œfophagus componitur, c^ ventriculus, eiÏQ materiam ex palato veJ potiùs excremento cerebri delapfam unde fil, ut quamvis ventriculus fit amplus, membranas tamen habeat craffas. Poftquam humor ifte ex cerebro ad locum infra hepar pofitum pcrvenit, ibi ftagnat & ita intumefcit impedit enim materia partium inferiorum, ne poffn ulte-
lo
i5
:
:
20
Sed quia flatus intus conclufus afliduè conatur erumpere, p ulatim fibi per pylorum exitum facit unde generatur duodénum & reliqua riùs defcendere.
:
inteftina per crebras revolutiones,
|
doncc per podi-
cem, quem perforât, flatus ifte poflii egredi. Perforatur autem pylorus, non alia pars ventriculi, quia fibric
ejus ita funt difpofitoe, ut nul la pars facilius
poflit cxtendi,
a.
b.
quàm
ea quai ultime fada
eft;
Voir ci-avant, p. 3 10, I. 11-16. Buccam... perforât eam, conjeciures. Texte imprime
foratas.
:
pylorus
buccas... per-
si
Animalium.
8.
^ I
autem
totius
Omnia
auteni hicc fiunt ab excrementis medii ventri-
culi cerebri.
pars
ventriciili
ultime generata.
eft
Secundo, ex poderiori
live
copiofus, fed tantum in Tolidà ftens, hinc
medio
&
fibi
&
anfraduofum
cerebello
cùmquc
tus utrimque exiens auras perforât; 5
j
fla-
non
is
fit
crafla materià confi-
iter
facit.
Tertio, ex
genus
interiore cerebri ventriculo duplex
materise utrimque redundat, vifcofœ
tamen & pellu-
tanquam gummi ex arboribus; utrimque deftillat & oculos componit. Nec mirum illos poftea oflium cavitatibus contineri generanturenimantequamulla offa durefcant. Aliud excrementum, quod ex anterioribus cerebri partibus exit, ficcius cil quia quod cidse
10
:
:
humidius i3
quam
erat, in
flatus
utrimque
Fiunt autem
quam nis
cl'
oculos
iila
fibi
omnia
nares perforans. ftatim
&
ab
initio,
cutis à carne, caro ab olfibus, haix à
cerebro
d medullà
fimul tempore. Sed 20
tranfivit, nihilque aliud ell,
nuUa
dillinda funt,
Oi;
priuf-
membravel
certè
multô pôft, priufquam minxit puer per penem, flatumque eriiifit
offa
per anum, cîim palpebras
quia verô non mingit,
nifi
capacitatem, hinc Iponte
durantur,
é<
nifi
labia habet divifa;
per vices, propter veficae fit
mufculus ejus os con-
rtringens. 2.S
autem palpebrarum fit paulatim humore fubtililîimo per angulos oculorum utrimque delabente, &per médium palpebrarum fenfim exfpirante adeô ut, dum illarum cutis formatur, ifta rima paulatim tota operta fit. Idem fit in labris & hymene. Facit auiem pr?ecipuè ad oris fiffuram, quôd mandibulœ int'eriores alios habeant motus, quàm fuperiores. Divifio
:
'3o
Œuvres. VI.
63
Generatio
514
Quod diùs
;
8-9.
hymenem attinet, in aliis citiùs,in aliis tarnecunquam plané in quibufdam, nifi percoïtum, ad
interdum Chirurgi manu, poteft aperiri. Valvulse^ vaforum cordis confirmant ea qii?e dixi in arteriâ cnim venofà & venâ cavà non impediunt def-
vel etiam
:
5
cenfum, fed reditum humorum contra in arteriâ magna & venâ arteriofà, non impediunt egrelfum ex ;
corde, fed regrciïum. Quippe primo genitae funt ex
quôd humor
eo,
corde exitlens egredi voluerit,
in
membrana
intercepta
inter
humorem
valvulam
ingredi
i!i:
&
egredi
10
duos digitos ex contrariis partibus contra cutem ipfam teneas, ipfa cutis duplicata intra utriufque concurfum ponevolentem, replicata
eft in
:
ut
fi
|
tur. Sic aliaî pafilm valvulae in aliis vafis
corporis valvula
Praicipua totius
efl:
epiglottis,
eft.
Cùm
vero dcfcendat, fed contra mollis materies
&
flatus
œfophagum per eandem viam quin membrana inter utrumque in-
defi:endai ex cerebro in fieri
i5
enim aër, ut didum afoendat tantummodo per afperam arteriam, non
cujus origo manifisfta efl'',
generantur.
non
potuit,
:
tercepta abiret in valvulam epiglottidcm.
verô fcutiformis
phagum
fit,
Cartilage
quia decidens materia
in
œfo-
niovet aërem in afperâ arteriâ contentuTu
:
adeô ut non ampliîis diflinguatur in buUis fingulis arteriae annulos facientibus, fed plures buUae fimul mifceantur, fenfimque per
dclabaniur;
&
rimam
infra epiglottidcm
eo tempore tremula epiglottis prima
difcitcanendi rudimenta.
Concurfus autcm vena; cavse a.
Voir
b.
Ibid., p
ci-avarjt. p. 3
11». |.
278.
1.
i5-20.
3i, ot p. 279,
& i.
arteriâ; venofce 19.
20
non
25
Animalium.
9
^i^
diaphragma, ied fupra, quia cùm plus effet in hepate quàm fluidi, tota ipfius materia in
inlVa
fit
craffi
lubftantiam confiftentem ftàtim abit, tantumque partes ejus mobiliores egreffae funt, 5
cavam, quœ idcirco diaphragma permeavit. Contra
cùm
verô in pulmone
non
plus effet fluidi
folidi,
venofam,
pulmonis fubflantiam fufflaverunt,
nec unquam fortaffe ex nifi
quàm
ftatim exiverunt fpiritus per arteriam
fed potiùs ipfius
lo
nempe per venam
iis
arteria venofa emerfiffet,
priùs fuiffet à venâ cavâ laceffita; hâc
autem im-
membranam tegentem pulmones
quafi divi-
petu fuo
dente, indc fpiritus egrcdi cœperunt, fimulque ex toto
pulmone eô confluxerunt, unde i5
fada eft, Crediderim etiam auriculas cordis'^ non aliunde procedere,quàm quia, dum ifla duo vafa fimul concurrunt, quodammodo corrugantur, priufquam in vita^
cordis fubftantiam poflint convenire; eftque rugatio,
quam vocant
auriculas cordis. Sed
oculis intuenda, ut fciam
Mefenterium
•20
fit,
illa
cor-
ifta
funt
redène conjecerim.
quia inteflina excavant
fibi
locum
quôd jam carnes pofteriorum attinitaque nonnihil carnium ipfis admixtum fuit,
infra ventriculum,
gebat
,
nempe mefenterium. Notandum, offa componi 25
ex fubtiliori, magifque ad
naturam cerebri accedente fubftantiâ, quàm carnem ideoque plus oflium effe in thorace, nempe codas, quàm in abdomine. Fœtus'', propter fympathiam motûs cum matre, ;
a.
Lire sans doute. vî'a.
b.
Voir
c
Hic paragraphus iterum deletus
p.
23i,
1.
5-9.
erat. (EcJit. 1701,)
Çl6
GeNF.RATIO
penem tanquam
emittit
9-10.
ex dorfo matris
id eft, radice
:
ejus exiflente verfiis matris dorfum, terminatur ver-
umbilicum. Hinc
fùs ejufdem nis
fit
ut
fit,
caput embrvor
fi
verfùs umbilicum fœmina^, nates verô verfùs
fpinam
mafculus,
dorfi, fiât
contra cajput cmbryonis
fit
6i
pénis foras exeat. Si
verfùs fpinam,
&
5
nates
abdomen, fit fœmina; reçurvatur enim pénis verfùs umbilicum matris ad interiores partes embryonis. Hinc conjicere licet, cur mares fint magis ingeverfùs
niofi
quia etiam
:
pars
feminis purior altiùs
ferri
lo
potuit, ac proinde plus habebat virium. Item, cur fint
robuftiores
quia fœtus fpina alitur prope fpinam
:
mulieris. Item, cur fœminje habeant polteriores partes
ampliores mollius
tum quia juxta abdomen
:
eft
quàm
quod
matris,
fpina, faciliùs pofiint extendi.
i5
Tria tempora fpedanda funt in generatione fœtus.
Prinium
ell,
quamdiu femen
&
pulmo, hepar
lit
inflatur
:
quo feminis mafia
cor. Alterum,
ceflat rarefieri, tuncque...'' umbilicus,
dirtingui materia; cerebri, oflium,
nium
&
quo tempore incipiuntque
membranarum,
car-
20
Tertium tempus eft, quo incipit nutriri per umbilicum, tuncque fiunt partes excrementitia\ quia ni mis abundanter nutritur primo vena porta cutis.
:
&
gencratur, dcin fplcn
Hepar non habei
fel^.
ailerias nec ncrvos, paucis excep-
per ejus fuperficiem
tis
amequani
arteriae
fparfis.
nervi per
6(
Hic
b.
Vuir
dceJjL' alic/utd Cl
avant p
511
yide/ur. iLdi\. i/ui.) ,
1
i
3- 14
fadum
crat,
corpus fpargerentur.
Splen verô, quoJ poftea faclus a.
quia
eft.
quamvis
fit
vif-
25
Animalium.
10-11.
517
eus ignobile, ut vocant, plures tamen habet arterias,
quàm
Quippe tune magna ramos eô produ-
hepar. Item etiam follieulus
eùm
formata funt,
arteria
fellis..
antequam nervi ex eerebro utpote remoeô ufque pervenirent; ac proinde non habent
eeret priùs, 5
tiori
nervos,
exteriùs fparfos.
nifi
&
Inteftina verô fius cerebri
infignes 10
&
ex ip-
excremento produda funt% nervos habent
fere tota funt ncrvea.
funt enim Pulmones etiam nervos non habent primo tempore produâ:i. Sed neque ullos ramos aceipiunt à venâ eavâ, vel arteriâ magnà, quia etiam priùs quàm illiE fadi, & in perpetuo motu. Certum enim :
illos
eft, i5
&
ventrieulus, quae tardiùs
moveri
fœtu, quiequid Medici
in
hario-
lentur.
Notandum
efl:,
eùm rami venarum
(S.
arteriarum
per corpus fpargerentùr, arteriam occupàfle locum qui liberior elfet ad
motum
:
hinc infra renés arteria
fupra venam afcendit, quia durities dorfi impediret 20
ejus
motum
;
hinc per totum corpus vente fubcutanene
funt fupra arterias, quia in fœtu cutis efl
tenfa propterea faciliùs
movetur
quôd
admodum
afliduè augetur, arteria
in cavis ofîium, &.
auiem
inter carnes
(S:
mufculos. 25
Notandum etiam, motu arteria; confcendentis, venam expellere à fe ramos ex eo loco venae proj
dudos, ut vel altiùs vel inferiùs fuccelfu temporis exillant. Hinc puta in fœtu emulgentes venas fuiffe ab eàdem trunci parte produclas effecit tamen pau;
3o
latim a.
motus
arterise
Voir ci-avant,
p.
5i2,l.
ex parte fmiftrâ confcendentis 1
1-12
et
1.
23-24.
Generatio
ji8
ut ipfa ex emulgente, non à trunco
venam cavam, cavae ut finiftra,
Certum
toto corpore
duceretur^
motum
eft :
II.
Sympathiam in unum pedem, aliud
cordis efficere
ita ut,
fi
quid in
proportione in crus adverfum immittat; li quid in caput, aliud in genitalia, quippe telles cerebro, pénis
3
aut vulva meningibus, cauda in animalibus caudatis...''
&
cornibus, ac denique fcrotum cuti refpondc-
Sed nunquam etiam motus cordis in matre per arterias umbilicales tempérât motum cordis in fœtu & eft tamen formatrix omnium mcmbrorum exteriorum unde ex lœfà matris bit.
lo
;
:
imaginatione fœtus monftrola
mcm-
bra fortitur.
i5
Ad motus animalium tare, fpiritus
animales femper
celeriter moveri, citent
motus
oportet no-
in
a.^què
quamvis nuilos excorpore; fed omnes
motus corporis ex eo tantùm fieri, quôd ifti fpiritus animales moveantur in unam partcm potiùs, quàm in alteram quam minima autem vis ad hoc fufficit, ut illos ad hune illumve motum determinet. Ut fi fupercentro A pondus E ftct in oequilibro, fufficit vis D quàm minima poteft fingi, ut pondus iftud determinet
20
:
a.
Dicunt tamen renem dextrum altiorem
Omijfitm quid. (Edit. 1701.) nibus (texte imprimé). b.
—
effe. Voir p. 272, 1. 6-18. Cornibus, conjecture au lieu de car-
25
Animalium.
"-Il-
ad cadendum vel ia B vel
in
^
C. Puta autem
ifli
19
ponderi
mufculum D ergo minima vis fufficiet ad pelleiidum mufculum D, mox inunam, mox
affixum effe fortiffime
incontrariam partem. Neccomparatioeft tam remota: 5
enim gravitaiis
vis
eft
etiam commotio partium maic-
riœ corporeaî, ui funt fpiritus animales.
j
Nec mirandum
cft, in
bruti
'
cerebro
effe fatis
cùm videmus
tas diverfas difpofitiones,
illa tôt
mul-
raodis
omnes illorum motus à duobus tantùm clemeniis, commodis naturiu vel incommodis, idque vel (ingulis pariibus, vel toti. Adeô ut, moveri. Oriuniur enim
10
cùm nus
ienfus exhibent aliquid
omnes '5
motio, quae
ifla
in aliis
tibus
;
tùm,
&
ii
lenfum,
eflicit
efiiciat
mcmbris ad iVuendum
exhibent aliquid
alteri
commodum illis
commodum
incommoduni, motio
toti,
proti-
etiam motus
commodita-
uni parti tan-
illa
quae lentitur,
determinet fpiritus animales ad efficiendos omnes
motus 20
poffibiles in
commodo, & modum.
unâ
in alià,
quos fruatur iflo per quos fugiat iftud incomparte, per
Hinc dicimus, bruta nunquam peccare; hinc etiam multa nobis perfeéliùs efficiunt, ut apes*" &. aves nidos. In multis verô, qua: nobis facilia funt, illorum
tus déficit, quia 2 5
ncmpe ad
id
quod agendum
impe-
eil, vel
nullàfenfuum, vel à natura inditàmotione,quaenempe erit
etiam fenfuum loco, impelluntur.
Memoriam habent,
uti
nos, rerum materialium
;
fed non habent cogitationem, nec mentem,. motus in a.
Lire brutorum, à cause qc illa (bruta),
b.
Peut-être
un mot
passé,
comme
1.
8.
apiaria ?
.
GeNERATIO
^20
12- lî.
corpore à fenluum inipetu diffentientes eflficicntem.
faxum hepaad accendendam
In zoophytis, ut ollieis, fpongiis &.C.. tis,
&
vitam
aqua vel aër pulmonis loco ;
itaque nihil aliud habent
forte etiam cerebriim,
e(l nifi
cor
nempe nervuni
&
carnes, vel
iftum in oftreis,
ope clauduntur. Nec verô pofiunt habere progreffivum, relinqucrent enim fuuni hepar
ciijus
monem, atque
ita
interirent;
cum
transferri, ut oftreœ
annexa funt adeft,
:
5
motum S:
pul-
fed polTunt à lludu
cochleâ, qua;
ubique enim fludus
illis
eft
faxum
cui
aquae in locis
lo
ad qua: transferuntur.
Bruta nullam habent notitiam commodi
vel
incom-
modi, fed quœdam ipfis in utero exiftentibus obvia fuerunt, quorum ope creverunt, & à quibus ad certos motus impulfa funt unde, quoties illis poflea fimile quid occurrit, femper eofdem motus edunt. :
Cerlum eft, motum arteriarum in contrarias partes eodem modo pellere, ideoque ad caput & pudenda eodem modo. Quse ratio eft cur mulieres longé magis afficiantur ab ifto motu quàm viri, habentque idcirco menftrua, quo mammillarum longè viciniores" funt prœcipuè fundus vulva;, ad principio illius motûs
i5
20
:
quem
pertinent venie brèves à trunco cavaî defumptae
ab hypogaftricis. Crediderim'plus feminis habere homines mares, quàm fœminas, quia cùm via fit longior, meliùs ibi femen prœparatur; contra vel potiùs
25
mulieres habere plus fan^uinis menftrui, quia via brevior
eft.
Data ratione, cur cor fit in cur lien etiam fit in finiftrà, c^ a.
llniftrà, facile fequitur, lel in
Dejïcere hic noiinuUa videntur. (Md'n. 1701.)
dextrâ
:
nempe
in
3o
AnIMALIUM.
'3.
^2
.
1
parte calidiori magis acefcit fanguis, ut acetum ad
folem
autem, quse
in frigidiori
;
magis exafperatur
eft
à corde remotior,
Eamdcm ob caufam
in bilcm.
fel
ex
inferiore jecoris parte emcrgit.
Venam
5
portse patet
genitam
ciTe port carnes,
quia
non pcrvadit ut cava genita ei\ eodem tempore, quoiel, fplen, mcfenterium & inteftina. Aorta prinuilùm crefcere incipiens pergit infra jecur, ad locum per quem jecur trahit umbilicum ibique exiftens, cùm jecur non trahat nili fanguincm, fpiritus in aortam ingreditur; neque enim tune crafia ad
illas folidas
;
;
10
obduda eft, fcd tcnuiflimâ, ut bullce qux fupra aquam funt. Unde oriuniur umbilicales arteriaiî, primo tunicâ
una; led crefcente aortà, locus cui umbilicalis i5
implantata, deorfum fertur,
lecum ad
ilia
ufquc
;
l*v^
efl;
umbilicalem pertrahit
ubi quia tota aorta bifariam divi-
ditur, linditur eiiam necefTariô umbilicalis arteria in
duas. Sequitur autem aorta jecur, quia tune crefcit aorta, 20
locumque
venit, (latim
ideô,
quem maxime opportunum
in-
occupai; contra flaccefeit jecur, ideoque
locum & aortx relinquit
&
tunicis quibus involvitur,
quae intus aliqiî?iniulùm recurvantur,
donec
fiât
umbi-
licus.
Credendum etiam 25
ell,
humorem quendam ferofum
ab inferiore totius ma{î\v parte à jecore attrahi; qui perforato umbilico attrahit ad fe ferum fanguini fpiritui
per
3o
per umbilicum venienti immiftum
eum accumulata aqua lormet
:
unde
fit
& ut
veficam.
Renés autem generantur, antequam tradus fie umbilicus, eo tempore, quo fanguine pergente per cavam & fpiritu per aortam, incipiunt tamen jecore flaccef(KuvRi
s.
VI,
66
GeNERATIO
y2 2
i3-i4.
cente defeibere; nec ideô ad illam partem cavse fanguis tam vivus pervenit, fed ferum; coUigiturque
ibi
utrimque fe extendit, ideoque efficit duos renés utrimque, illifque implantatur arteria, intulque mifcentur; unde renum caro ert minus rubra quam jecoris, & folida, hincque ferum tantùm illam perlabitur, non fanguis. Poilquam vero cava & aorta ibi utrimque cxtenfae aliquamdiu ftagnaverunt, renefque ita conllaverunt, quod in iis maxime vivum eft, per médium pergit verfùs anteriojrem partem ibique infra jecur,
i_^
;
arteria, quia
maxime
viva, adfcendit fupra
trado paulo pôft umbilico
&
venam
5
lo
;
pergente aquà per ura-
chum, inflatur vefica, quae renés contingens, propter humoris fimilitudinem, illis adjungitiir per vafa urinaria.
i5
Sarcomata carnium excrefceniiaî non naturales, quai tamen fibi venas arteriafque producunt, demonftrant non aliam cffe vim formatricem corporis, quàm (.<;
illam, quse à nobis affertur.
Latus à corde magis
&
robuftius, quia ibi
fanguinis
remotum
naturaliter efl fortius
minus pulfant
arteriie, ubi
& nervorum poteft congregari
;
plus
ideoque uti-
mur dextrâ manu commodiùs quàm fmiftrâ. Certum efl fœtum & edere, ti urinam & ftercus reddere, 0^ his ipfis cum fudore miftis rurfùs ad os venientibus ali, quamdiu eft in utero. Qui enim fieri poiTet,
20
^5
ut folo matris fanguine crafTo fœtus trium
dierum aleretur, ^^ nihil excerneret? Qui fieri pofl'et, ut odomeftris elTct ibi ore aperto, nihil in illud ftillaret? Qiii polfet aliquid in ore habere, &. non de^!i:
glutire
?
cùm
recens natus inveniatur
cum
mufculis
in
^o
Animalium.
i4i5.
ore
ut
ita difpofitis,
quod
in os injicitur.
penem perforatum
?
^2J
non poffit non intus admitiere, Cur denique habere odicem Dicamus ergo fœtum primo ex «.<:
folo femine fingi, deinde (imo etiam ab initio vorat, 5
quicquid
ad os accedit
ei
omnia) trahere umbilicum
cum
fimul tiori
eft
ante
matris fanguine
indiget paulô for-
;
iico; ac denique, 10
aliqiiid ex
& fero tum cum fejungi urachum &
fpiriiu
alimento,
gula enim genita
;
umbi-
arterias ab
cîim indiget adhuc fortiori, illum
prope os occurrit, deglutire. Hinc autem optimc explicatur, curfit rima ab ano ad inguina, &'crura bifariam feda item, cur cutis fit laxior in fcroto, &. fit futura inter podicem &. penem &c. Nempe cùm pi imo urina multa & faeces verfùs os pubis confluèrent, ibi & ingens foramen in offe pubis, fecerunt, & cutem illâ in parte inflàrunt, priufquam poffent illam perforare cùm verè perforarent cutem cùm in ano, tum in pudendis illis, fîeces iftœ omnes quicquid
ibi
;
'5
;
&
evacuat?e funt, 20
cutis manfit flacida
fecitque ideô iftam futuram
&
&.
corrugata;
fcrotum, cruraque man-
ferunt bipartita, atque os pubis perforatum.
Notandum"
:
facccs iflœ funt flatus
&
urina,
non
autem efficit aequè vel magis robuftum quam alise fyeces). lam verô fi valentior fit fœtus ex naturâ robufliori,plus urinaeexeopurgatum efl, quàm ftercus, (flatus
25
ftercoris craffi (tune fola glans emerfit ex
1
corpore,
d'Amsterdam intercale un passage, avec, au commendeux indications a et b, que voici (a) Nola : h
Ici
Tédition
ceriient et à la lin,
:
i
ci-après, p.
5
1.
16.)
16 ci-avant,
D'autres vues se trouvent exposées sur 1.
3-9.
le
même
sujet
GeNERATIO
^4 quœ deinde
praeputio teda eft flaccefcente cute); ideo-
que pénis prior perforatur mafculus.
i5.
&
prominet, fœtufque
eft
vcio fœtus excernat plus folidi excre-
Si
menii, retineatqueintrale aqnofoshumoreSjfitnaturse mollioris, priufquam
perforatur podex,
quem
per
5
exiens folidum excrementum premit inguina, impe-
ditquc ne pudenda foras promineant, fed ea intus
&
protrudit,
fit
fœmina.
tempcries, ut utrumque
Si
denique
fit
tam
eodem momento
aequalis
perforetur,
quod rare contingit, fit Hermaphroditus. Contrarium dicendum, priùs evacuatâ veficâ laxari cutem inguinum, utpoflea flatus adveniens illam foras protrudat
tum & in
ano
ita fe
contra
;
flatu laxato
ante veficam,
&
m
fcro-
teftes à veficâ foras protrudi, laxà cute, qure
erat,
ad fcrotum veniente; atque hicc evidenter
i5
habent.
Exfpedo cur aliquis caperatà fronte dicat effe ridiculum, rem tanti momenti, quanta ell hominis procreaiio, fieri ex tam levibus caufis. Sed verô quas velint graviores,
quàm
Naturre leges seternas
?
Forte
20
Mente fiant ? A quà autem ? An immédiate à Deo? Cur ergo aliquando fiunt monftra ? An à fapientiffimâ iftâ Naturâ, qu.T non nifi ex humanse
ut ab aliquâ
cogitationis defipientià habet originem?
Motus cordis" apertè fanguis
&
fit
ex eo, quôd ftatim atque
fpiritûs aliquid inftillatum eft per
arteriam venofam, utrumque fimul in rarefit,
fimuique
&
cor dilatatur
vena arteriofa; quamdiu autem a.
Voir
p.
2?i.
1.
lo, et p. 233.
1.
3.
&:
ita
illo
cavam
&
incalefcens
omnes
artcriœ
&
dilatatur per dia-
25
Animai.ium.
i5-rfi.
^2^
ftolem. nihil amplius in illud excidit propter valvulas; fed ftatim atque deferbuit, clauduntur arteriarum val-
5
vulse,
c<:
rurfùs aperiuntur cava
atque
ita
guttatim
&
&
arteria
venofa
per vices influunt fanguis
ritus in ventriculos cordis, ut
fi
aquam
in
&
;
fpi-
latercm
calidum injicercm, ille ebulliret, &c. Auricuhc autem cordis implentur, cùm valvula; '.
cavae
&
arteriae venofte claufa; funt,
&
vacuantur,
iis
Quare illarum motus ell: cordis motui contraDum autem fervet, ell diallole codem momento
apertis. lo
rius.
in
corde
humor
i5
&
arteriis; poftca vero,
dum
refidet &.
novus
illabitur, e(l fyftole.
Ut fciamus quid telles conférant ad barbam generandam, & cur callrati barbam non habeant, li fini imbecilliores,^ vocem habeant acutiorem notandum :
eft, ali telles
à venis
A
arteriis
correfpondentibus
quibus alitur cerebrum, adeô ut fpirituum alfiduè
fiât,
in illis
iis,
ingens copia
quae per fcrotum in auras tranf-
autem mulierum, quia in corpore inclufi funt nec potell ex iis quicquam expirare, non tanto indigere alimente) humido. 111a autem, quœ ex teflibus expirant, redduni corporis temperamentum multô f)ccius,funt enim tluida. Multô validiùs augetur enim'' calor ficcitatc, atque hoc ell temperamentum, quod ad barbam fubmittendam requiritur, â^ quale nec in pirat; telles
•?o
25
mulieribus nec in calbaiis
nam
forte in
illis
barbam quoque haberent. Ut mulierem non minus bene barbatam, quàm ipfi
vidi
taie
exillii
reperiretur,
a.
Page i23.
b.
Lire peut-être autem ?
1.
17-20, et
p.
233,
I.
4-2C.
:
li
viri
GkNEHATIO
^20 lint
;
virginibus plerumquc,
c^
fenedute, barba etiam
Alvus
illis
i6.
cùm
advenir.
fempei" ad\erfùs fpinam,
eft
evadunt
licciores
& vefica adverfùs
enim ficcior eft quam urina, laciliùfque ideô verfùs partem magis ofl'eam pénétrât. Initio conceptionis, hepar occupât totam cavitatem inferiorem fœtus. Poftquam vero cor generatum eft, & vena cava ex raedio hepatis emergens per dextrum latus afcendit, incipit hepar magis in dextrum latus recedere. Tum deinde poftquam traxit umbilicum,
abdomen
&
flatus
;
5
lo
fanguine matris afFatim repletur, erumpit ex ipfo
ramus fplenicus
in
cavitatem vacuam
finiftri lateris,
penetratquc lienem, quafi hepatis appendicem.
Eft
tamen longé alterius lubftantiai quàm hepar fit enim tantùm à matris fanguine, hepar ex femine prseterea :
i5
;
arterias admittit, quia poft illas generatur-';
ab illarum calore catur,
vis fanguinis in
& quodammodo
cùmque
eo exiftentis edu-
enervetur, quia non ut hepar
afliduâ chyli contrarietate irritatur, ideô
humor
in
eo
contentus acefcit'\
Dum
recedif^
dextrum, ritate
&
ibi
20
hepar ex medio corporis
recenter irado umbilico,
augetur, nihil mirum,
codione
bilis
fi
generatur, nec û
in
tam
illa
in
in
latus
magna
cele-
céleri
con-
cyftim
fellis
coUigatur''.
Lien a.
b. c.
d.
planus
eft
Voir p
Page 52
23
5i(J, r
.
1.
1.
&
oblongus,
28,àp. 517,
1.
q-uia
poftquam fadus
1.
1.
Recedit i;orrection au lieu do recidit. Voir 1. 10 recedere. Lire pcut-ctre coUigitur ? Ou bien. 1. 34 generetur. :
:
'6
AnIMALIUM.
ly.
^27
[quamvis aliâ figura, ut laltem impleat locum ab hepate relidum], flatim à ventriculo fuperveniente premitur juxta coftas, & in iftam figuram extenditur; eft
vel fortaiïe etiam poft ventriculum generatur. 5
hepar fadum
antequam aleretur ab umbilico, non redundaret ejus caro in fœtu fupraumbilicum, fed eàdem cuni illo proportione crefceret; imô etiam ifta redundantia teilatur, illud traxiffe ad fe umbilicum extendendo faltem extremitates fuas contra cutem umbilici, à quà poftea feparatae iftam redundantiam fecerunt. Hocque adhuc magis mani.
j
Nifi
effet,
,
10
feftum
ex fufpenforio ligamento, vense umbilicali,
Uterque aliunde non habet duas cavitates, quàm quia interdum ab inteftino redo & à veficâ prorfus in embryone iilam figuram
ut
i5
eft
medio
hepati, adhairenti.
induerit.
Item cadcm caufa appellatur, hsec 20
fit
eft,
cur rima, quse os uteri
contrario fenfu
ei,
pudenda:
quai eft ad
quippe à lemoribus preffa ducitur a podice verfùs
umbilicum,
illa
verô à rcdo
&
veficâ preffa ducitur
ab uno latere in aliud. Perforantur autem ha) rimse ab humorc, qui poftea in men(trua craft'efcit, c<: qui in viris
per infenfibilem tranfpirationem tum ex teftibus,
tum ex pêne 25
elabitur, quia foris extant, atque rimre
iftœ funt oppofita?.
Ex
crafiltie
per ejus complicationem
illee
dylos vocant; clitoris autem
coUi matricis emergunt carunculse, quas fponeit illud
ex pêne quod
jam emerfcrat, cùm primùm minxit fœtus
;
nymphse
funt fortaffe ex cute viri praeputio refpondenti 5o
autem funt fcroto refpondentia. tium
& glans fiuni,
In viris
;
labia
autem prsepu-
quia ante primam fœtus
midionem
GeNJSRATIO
^28
i7-i«.
tôta glans cmergit ex cute, five potiùs generatur,
multùm pénis
ipfc extcnditur;
poftquam autem femel
vefica evacuata eft, pénis contrahitur,
conduplicaia glandcm
tegit,
&
&
ideo cutis
contrahiturque
in prrepu-
tium, quia non ampliùs in fœtu glans exeritur extra
3
neque enim ampliùs vcfica ita impletur. Imô faepiùs mingit puer in utero", ut patet ex eo, quôd infantes recens nati vix contineant urinam nec habeant fphinderem veficœ tam firnium proportione cutem
iftam
;
,
aliorum mcmbrorum, quàm adulti
quôd erigatur pénis etiam abfque
cùm
vefica urinâ plena
;
confirmaturexeo,
lo
ullo veneris flimulo,
eft.
Qu3e de arterià venofâ fuprà dida
funt^',
de afperà
arterià funt intelligenda, quse procul dubio ante cor, vel
faltem fimul fufpicor.
fuiffe
eft
genita. Sed
Initio
medio thorace
,
alterius globi in
hc-ec
pulmonum
materies
globi inftar,
omnia
&
medio abdomine
;
fie
fada
erat
in
hepar erat inftar hi globi rarefadi à
mutuô contigerunt, ignemque excitarunt, id cor*^ in mutuo illorum contadu ftatim verô five fpiriium, ignis ille caloris fuum excrementum, non in hepar, fed per pulmones in venam arteriofam immifit; hepar verô & pulmo fe mutuô contingeniia fibi invicem adh?eferunt, tanquam dua,^ materiit vifcùmque poftea removerentur propter motum cofa; cordis, remanferunt tamen conjunda ex unâ parte per venam cavam, ex altéra parte per venam arteriofam, calore matris
i5
fe
;
20
|
;
i.^:
qu3e ambre procul dubio a.
Voir
p. 5f i,
b.
Voir
p.
c.
Jd
cor.
I.
i8-iq.
514-515. Lire peut-être In C'T ?
non aliam habueruni
origi-
25
Animalium.
'8-
529
nem. Hicqueex hepate fanguis fubtiliffimus etiam ad pulmones per arteriam venofam afcendebat unde ,
continua refluebat in cor. Pulmones autem agitati motibus tum fpiritûs ex corde adventitiis, tum fan5
guinis ex cavâ, excreverunt ex fe partes fubtiliores,
nempe multùm
qui in medio manfit, imple-
f.atûs,
vitque afperam arteriam. Quicquid deinde erat foli-
materiaB,circumquaqueconvolutum eftin ipfam afperam arteriam quse afpera arteria médium thoracis occupans, illum divifit in duos fiiius, & dilTepiens* membrana ex eo fada cft, quôd afperam arteriam incluferit, fivc quôd membrana pleura;, & verfiis fpinam & verfùs flernum adhaerens, glutini inilar illam produxerit. Hinc fadi funt duo lobi pulmonum. dioris
;
10
CoUum
i5
nem
anguftius
dum longum quàm in
capitis, quse
magis
in
fit,
& quidem collum arteria, & œfophagus ita,
20
quàm
eft
thorax, propter inflexio-
producitur totum corpus latum. Producitur autem
dum
pra^cipuè,
demittitur
;
crefcit afpera
qui difficiliùs col-
lum pertranfit, utpote magis carneum thoracem quare magis producit.
& ofTeum, quàm
;
Fellis cyftis
enim aliqua
débet formari poft ventriculum, alioqui
in illum vafa demitteret
\entriculus fupra 25
omentum,
&
;
cùm
fed
inflatur, fel
ftagnat
quoque
ideoque in inferius orificium ventriculi vas demittit, nempe ad duodénum, hocque ipfum juvat,
formatur
;
ut ventriculus fe in aliqua inteftina prorfus exoneret.
Vena
porta;
& ramus aortse cœliacus fimul cum ventri-
cule defcendunt, ideô ab 3o
illis
etiam defccnfus ex parte a.
On
eft
vafa habet
;
fed fortafle
illarum caufa,
nempe
disait aussi inlerjepiens.
Œuvres.
VI.
67
"
GeNERATIO
^JO
18-19.
aortam aperit, unde caîliaca mole fuà hepar premendo fanguinem ex eo exprimit. Unde vena defcendendo
ibi
ad partes, fed
&
nervi fexti paris fimul
cum ventriculo
defcendunt è capite. Lien pofl ventriculum formatur, nec obflat vas brève
5
hoc enim ex ramo fplenico ad ventriculum pervenit, priufquam ipfe ramus fplenicus ad lienem taie
;
in
formandum
confluxerit;
quod
plura vafa ex liene, utpote
culum
nifi
ve|rum foret, certè
maxime
vicino, ad ventri-
deveniffent.
10
Ex recurrcntibus nervis clarc patet, afperam arte-
riam ex pulmonibus ventriculi
;
nervi
edudam
enim
elle
fexti paris
ad fauces pofl
cum
""
ventriculo priùs-
defcenderunt, ex quibus rami afperaî arteris adhîcferunt, fimuique res
fit
cum
oculis intuenda
jam genitâ afperà
illà :
adfcenderunt.
fieri
enim
arteriâ nervi
Quanquam
fortafle potuit, ut
ifti
juxta pulmones
reflexi
fponte crefcendo ad laryngem ufque perve-
nerint.
Videndum etiam, numquid juvcnt adfcenfum vaporum à
rentes &.
ifti
nervi récur-
ventriculo ad os
20
non eft opus certum enim eft, per non minus adfcendere, quam defcen-
caput. (NB. Scd
nervos fpiritus
i5
:
dere.)
Afpera arteria infra claves
fit
ex integris orbibus;
fuprà deficiunt orbes in pofteriore parte, quâ œfo-
25
phago jungiiur & cohiuret unde patet adhuc, illam poft hune fuilfe formatam. Patet", diaphragma, five feptum tranfverfum, non formalum fuiffe, nifi poft œfophagum il'c, cùm ore perforato pedus fcparatim a reliquo corpore Cîepit
3o
:
a.
Forlè hic
licejl
vox (ornrMonctw. (Èd'n. 1701.)
Animalium.
'9-2"-
motitari
vibus ad
&
eft,
;
abdomen per
inde diaphragma.
ex omnibus
iis
colli
quœ
habet membranas,
illum
motum
Quod
patet ex eo,
infrà
vertebds", quod
funt infra claves
unam à pleura,
tum quia carnofum
eft in
:
dejeclum
qu6d habet
illi
peculiare
tum quia duas
aliam aperiton?eo'';
ambitu, quae caro non
ex materiâ coftis adh.trente potuit oriri;
ro
I
tune quippe, quicquid craffîus erat, à cla-
nervos tanîùm à 5
^^
nifi
tum quia
nullum plané nervum habet à fexto pari, ex quo ad pulmones, cor & hepar faltem, fibra: dimittuntur tum denique, quia habet foramina tam apte difpofita ad œfophagi & cavse tranfitum' qu?e non ita fuiflent, fi prius gcnitum fuiffet, fcd cjus mcmbrana: client multô ;
:
tenuiores intcr i5
ifta
foramina,
quam
in aliis locis.
Item
ex produdionibus utrimque ad aortam prope fpinam dorfi, quîE funt quafi ex copiollori ftillicidio
cô con-
utrimque defluebat, quod ab aortâ impcdiebatur ne in medio decideret manferuntque iftee producliones oblongae, quia ibi minor erat motus prope fpinam, quàm in coftis, graciliores tamen propter aorta: pulfum. fluente genitae, quia cô
;
20
Monftrofie fané funt opiniones, quas video in libris,
utputo, àGaleno'ortas
urachum
per a.
Caspari Baithisi Injlitutiones
ceruicis vertebris (quod
X
uiculis,
»
«
nullum
Membranà
nempe fœtum fudareurinam
cmit|tere nihil per
,
»
b.
:
à ipinali
ci
i>
cefTare
cùm
« Nerui duo ab infimis : aliarum partium quaï fub cla-
colli recipiat). » Édit.
1609, p. 107-108.
duplici, altéra inferiore, à Periionaeo, altéra fuperiore
Pleura exortà, ad robur fuccingitur. » Ibidem. « Foramina duo habet, alterum à dexiris, ad venœ cavaï afcenfum, alterum à finiflris, vt Oefophagus & duo Nerui ad Ventriculum il
c.
»
,
Anatomicœ
peculiare,
ineduUâ
podicem
• Ibidem. Texte imprimé
abeani. d.
:
€ puto
à Balano,
GeNERATIO
5)2
omnem motum
pueri,
illum ore aperto nihil intrô
admittere, fingulas ejus partes efTe,
alio
ao.
fibi
tantùm intentas
nec fungi publico munere"* (tanquamfi ficri
non funt
poflet;
dicuntj, cor
affumere &c.
non :
hîc
Politici
,
unum
fine
qui iftud
pulfare, fed éx umbilico fpiritum
quœ experimentis
certis
&
5
diffedioni
répugnant. Contra quse quoniam Hippocrates aliquid
bene dixit in libris de carnibus, malunt negare, hoc ex Hippocrate effe, quàm fateri, illum taie quid fehfifle. Crediderim tamen, ea qure femel per os pueri ingrefla funt, c<; in ftomacho fœtus concoda, cùm ad fphinderem podicis pervenere, ibi ut craffiora immorari, tuncque primùm fphinderem claudi ad horam partûs, nihilque amplius elabi per ejus podicem (de urinâ verô idem dici non poteft). Intérim verô efitauit
lo
i5
infans excrementa prima vice rejeda iniraamnion, ut
pullus ex albumine ad partum ufque^. Haec autem
excrementa ex cerebri pituità erant, qualis eiiam à pueris tota hauritur neque enim fpuunt. :
VenîE, arteriîE,
rami
in
arboribus
&. ;
nervi toto corpore fparguntur, ut
20
nec ideo mirandum, curnunquam
eandem partem corporis confluant, in aliam verô plané nulli, quia le mutuô quodammodoimpcdiunt; ideô plures fimul nonconfluunt, & propagantur, ubicunque locum liberum inveniunt; plures rami fimul in
ideô nullus fine his reperitur, ut vides in arbore ramos, De formata fcetii : « ...maxime licct demonftravimus) nultam effe qiianlumvis prœcipuain corporis partem, quce in fœtu publico fungatur munere, fed omnes privatam fuam refpiciunt vitam. » (Opéra omnia, édition 1737, a.
«
u
»
pAnnicius ar AgrAPhNorcNTE.
colligere (quod
p. 95.) b.
—
aliàs
Voir aussi
p.
522-523, ci-avant.
Le mcmc, De formatione ovi
& pulli.
(Ibid., p. 16-17.)
25
AnIMALIUM.
ao-ji.
et
^J}
temere fparfos, tamen omnia
fi
in
ambitu loca
fatis
aequaliter replere.
Primarii autem rami in omnibus corporibus plané fimiles reperiuntur, quia hi correfpondent praecipuis 5
&
membris,
oflibus, quae
omnibus eadem gene-
in
rantur propter certas rationes. Pauciores verô funt
quàm vense, quia illse, cum pulfant, lîbi invicem magis obftant, quàm venae ideo rariùs difleminantur.
arteriae
;
Fiunt ex 10
fummis
&
pulfûs
infimis.
reciprocatione
Unde
limiles
rami in
partes generationi fervientes
habent originem, quia nempe capiti refpondent, carotidibus vafa fpermatica aortae bifurcatione,
ut
&
aorta inferioribus parti bus
pudenda
mammariae ex adverfo corref-
epigaftrica
pondent. Item
in
illac,
ortum habent, quia
divideretur ad crura. Hypogaftrica cervicali, maxillae,
ocuiis (ut patet in ferpentum
teftes
mammillares, dein & vulva, unde odoribusetiam haec mouetur; glandi cerebrum & utérus, unde conceptio pueri & appetitus
&
fœtu), fed
20
quse non,
altiùs
quàm
antea genitse funt, i5
fed
;
&
forte proceffus
venereus.
unâ non
Valvulse generantur in locis, in quibus ex I
parte
humor
refluit 25
illis
;
in
ex aliâ renititur quidem, fed
quibus valvularum cavitas neceffariô
partibus, in quibus
omnes
humor non
refluit.
fit
in
Taies funf
valvulae cordis.
Tunica quia
fluit,
in venis &. arteriis intus fibras habet redas,
humor
intus fluens ita fertur; foris tranfverfas,
quia locus, in quo funt, motui diredo in totum repu3o
venam
vel
neque enim illarum latitudo
fuit
gnabat, alioquin enim hic ipfe arteriam converfus
;
fuiflet in
Generatio
5^4 terminata,
II.
ubi materia circumjacens magis obftitit
nifi
intranfverfum, quamilla; potuerunt indiredum. Deni-
que
in
medio obliquîe
fibrce,
ut ex utrifque extremis
Idem de
participantes, exiftunt.
inteftinis
Mulieres habent uretères breviores viri
&
dicendum.
latiores,
quam
5
quod manifeftè confirmât id quod fuprà dixi% in matris utero priùs urinam emitterc, quàm
;
illas
mares. Sunt quippe latiores, quia abundantior eft illarum urina in maribus verô funt longiores, quia flatus priùs emiffus fpatium illis relinquit in abdo;
minis capacitate, in quo poffunt finuari, atque giores
fieri
quàm
fit
formatio plantarum
lium, quôd fiant à partibus materia;
orbem convolutse
;
lon-
neceffe.
eo convenit
In*"
ita
lo
'&.
vi
anima-
caloris
in
quôd partes
fed in hoc difcrepant,
i5
materise, ex quibus plantae generantur, volvantur tan-
tùm
in
orbcm
jvf
circulariter, ese verô,
^
Y /
F
Q
frî
p
malia, volvantur fph?ericè
\.
&
G \~A.-^
i3
avant
— 17 — 22^]
ajouté. a]
A.
partes ex
aliae
formatio]
ea;] illa;.
B.
—
iri
omnes
partes.
Nam
|H fi,verbigratiâ, partes may teriae ex a volvantur ver-
n'^L El
\
eunt
ex quibus ani-
—
&flj
cf
prima 2
i
ex
&.—
fus
Z»
& a,
verfùs Jec, 2? cf]
per
illas tranf-
ghf, quarum
CF. —
dec]
DEC.
—
g\f\ C M K.
Voir ci-avant, p. 523-524. Frigemus... Les trois alinéas qui suivent (In eo... deduci poJJ'unt. In fanguine... intermijfi.,) se retrouvent dans la copie MS. frigeamus. de Hanovre. Nous suivons ici le texte du MS., en donnant les variantes de l'édition de 1701. Les deux tigurcs ci-dessus sont celles de l'cdiiion; voir celles du MS. à la suite des Excerpta, figure XV. a.
—
b.
—
20
— Animalium.
2I-".
c/faciunt radiées,
dgramos &
çjç
folia,
ab vero truncum
verô partes matériau // volvantur fphae-
plantae. Si
tunicam rotundam efficiunt, qua^ totum foetum involvit, ac proinde hic fœtus non poteft adhaerere terrse, ut plantae, fed ita formatur primo materia in hac tunicâ fphericâ contenta dm, in orbem ibi circulatur, tranfcendendo ex / verfùs k, & inde circulariter in ricè,
5
:
omnes
partes, ut
kpl,
kql,
œfophagum praeterea partes iftius, cùm non poffint femper ita
reprsefentat 10
materiae
|
facile per
Ik tranfire, fecedunt verfùs m, ubi
cerebrum reprgefentant; lentiùs agitatai, verfùs
Deinde redundantes
n,
craffiores verô, utpote vio-
ubi hepar
&
lien efficiunt.
fpiritus ex cerebro efficiunt afpe-
ram arteriam, eique riofam;
qui
Ik,
fubtiliores
;
iftum canalem
iS
tubum
efficit
fimul
continuam venam arte-
& è contra fpiritus ex hepate
ciunt cavam, atque ex concurfu cavae
redundantes
effi-
& venae arteriofae
generatur cor verfùs o in medio corporis animalis.
Hinc 20
omnibus animalium,
très ventres in
rorum omnium membrorum conformatio
&
caete-
facile poteft
deduci.
Frigemus ftatim à cibo, cùm redc valemus, quôd tune ciborum fueeus redà per venas ingrediens mallam fanguinis illara totam réfrigérât & tune minus ;
I
ab]
cf] CF".
AB.
—
2
-^ dg\ // omis.
(JD.
—3 — 6 dm omis.
ciunt] efficient.
—
etti-
7 tranfcendendo] tran feu ndo.
—
— —
k] K. 8 kpl, kql] K, C. avant efficit fe revolL, C, F. 11/ vendo ajoute. /A-| CK. /]
A-i
CK.
—
— m\
M.
j
—
— i3«]N.—
lien]
liencm.
illique
tune.
— i5 eique fimul] — i6 omis. — è
— ly animalium] animalibus. — 10-20 caetcrorumj c.xterorum. — 20 poteit omis. — 21 après deduci poffunt ajouté. — 22 quôd] quia. i8 o]
O.
|
GeNERATIO
5j6
a»
occupans, confluit verfùs cor,
loci
membrorum,
tates
modo
&
deferit extremi-
quce ideô magis frigent.
Eodem
quod humor febrem caufans fanguini fe immifcet, & ingrediens cor, ejus ignem imminuit; poflea tamen auget, & fie omnia membra calefacit" ut aqua carbonibus injeâa initio quidem in febre,
fit
5
:
extinguit, fed ftatim rurfus inflammati magis ardent.
Non femper autem frigemus femper
ita
tur, vel
etiam
in fronte, ut
illi
acetum, quôd
&
fronte fudemus,
In fanguine
réfrigérant fanguinem
aliqui efficiunt ut
fierique poteft, ut
&
non
fueei
magis inflammantur,
tenues
quôd non
confeftim fucei ciborum venas ingrediun-
quinimô etiam ibi
ftatim à cibo,
cor ingrcdicntes,
evolant verfùs caput
eodem tempore cibus
;
efhciat. ut
extremitatibus frigeamus.
i5
quatuor funt praecipua gênera partium
laeves, ut fpiritus vini
;
lo
fudemus, pr?efertim
fcilicet
& ftatim
;
tenues
('k
:
ramofae, ut
olea; craflae &l3eves,ut aquae& falia; craftiae& ramofae,
ut terra vel cineres. Tenues
meram febrim,
retentae
&
&
Iseves faciunt ephe-
putrefcentes in extremita-
vaforum ob defedum infenfibilis tranfpirationis. Craffse & laeves faciunt febrem ^uotidïanam, putrefcentes in ftomacho & inteftinis. Tenues & ramofae tibus
faciunt tertianam, putrefcentes in cyfti 3,
8
e/
12,
— ajouté. —
quôd1 quia.
6 après quidem] eos 10 etiam omis. 12
cùm.
—
—
fcilicet)
12 ingredientes] ingre-
ditur.
—
i3
flammatur.
fellis. Craftae
inflammantur] in-
—
evolant] evolat.
— 16 funt quatuor. — aqua.
—
iSaquas]
19 terra] terrse.
a. Note de Leibniz NeceJJe eft hune fucciim effe quodammodo inflammabilem, fed cum difficultale (M S.). Manque dans l'édition de 1701. :
20
Animalium.
a»-«3-
&
ÇJ7
ramofae faciunt quartanam, in liene putrefcentes.
Putrefadio autem humoris
adhaefio
e<:
tium ejus ad partes parùm diftantes cordis igné difcutitur, 5
&
ita
;
& readio
par-
quae putrefadio
cùm humor
pervenit ad
venas, fitaccefrio% paulatimque difcutitur. Exonérât
autem
fe cyftis fellis in
ventriculum
inde in venas alternis diebus
bus
;
&
inteftina,
lien verô
atque
duobus
die-
intermiflis.
Febr. 1648.
Certum
10
eft
^^
membra fœlùs
inchoari ex folo feminc,
antequamfanguisfluatperumbilicum; alioquin omnes partes folidae fièrent intortae, cùm cor magis vergat in finiftram partem, quàm in dextram. Arteriae ubique eô feruntur, quô legcs motùs eas |
i5
non habita venarum ratione. Vena? verô eô feruntur, quô ipfis per arterias licet. Unde fit, ut arterise fint infra venas in cute, quôd minus à partibus dirigunt,
internis impédiebantur ab initio,
quàm ab occurfu
externorum.
Vena adipofa dextra
20
1
humoris omis.
— 4 cordis...
—
quia.
3 ejus]c(t.
difcutitur]
— 9 Feb. — 16 id.
— à omis. —
— 2'ab|
ignem
— cùm omis. 1648 omis. — 12 cor — 17 quod]
ob.
—
i8
finiftra
:
/" ab
à
id.
occurfu] occur-
fum quorumdam.
corde difcutit.
in
&
ab emulgente,
eft
—
ige.xterno-
rum] exteriorum.
ipfis] iis.
Note de Leibniz Accès (MS. de Han.). Certum eji... partes tendit (f. 538, Les quatre alinéas qui suivent 1. lo), se trouvent aussi dans la Copie MS- de Hanovre, imprimée par Fouchcr de Carcil au t. L p. 122 et 124 de ses Inédits. Le MS.. que nous suivons ici, donne une date, Febr. 1648, qui vaut au moins pour la prea.
:
b.
:
mière partie de ces quatre alinéas. (EuvKEs.
VL
68
Generatio Animaliu.m.
^^8
trunco cav?e,
j3
propter inclinationcm hepatis verlùs
finiflram.
Ad
ratiocinationem intelligendam, quse exprimit in
fœtu ca, qu3E à matre attentiùs cogitantur
dus
fœtus in utero
eft
ita fitus, ut
caput, dorfum verfus dorfum,
&
dextrum matris;
omnem
colligi in
omnes fœtus
ex aëre
&
in
&
ficcâ materià
hoc
cibi
in
;
:
in corde
ctiam
&
line ipfius
corde
efl
li
quafi ignis ex
adjumento poflunt fponte
incalefcere, ut ratiatio-
— 9 velut] tanqiiam — in omis. — undel ex quo. — 10
foc-
Ce dernier
ventricule, ex cibis
in cerebro efl, ut ignis ex fpi-
neni.
a.
lo
homine primus
tertius in
denfà
ratiocinationem
3
eàdem
vcntriculo, ut ignis ex lignis viridibus. In
in
putrefcere
dextrum verfùs
centre, unde rurfus
ipfius vcniriculi fubftantiâ. In
;
alinûa
fœnum humidum,
&c.
— i3 attenuatis] atte— ventricule] ftomacho. — — 17 ctiam cjus. ximomis. nuatus.
du fragment imprimé dans
cibi.
les
ipfius]
Opujcula d'Amster-
dam 1701) se retrouve encore dans la Copie M S. de Hanovre, feuillet VI, feuille 9 verso, au bas. Il fait partie d'un ensemble intitule Partes ftmi(
:
£
&
morbi, qui porte, dans le MS., la date de i63i, sans iiu'on puisse assurer si cette date vaut pour tout l'ensemble. Foucher de Careil l'imprima au l. Il, p. 70, de ses Inédits. Nous donnons le lares,
texte
5
fanguine; alius in cerebro ex iifdem, fed
magis attenuatis;
riiu vini
latus
partes tendit.
accenduntur
Très'' foci
caput habeat verfus
a:qualiter difpergi, ac deinde
umbilico velui
rationc ad
fupponen-
fanguinem à capite matris verfùs
ambitum
uteri
&
:
excrementa,
du MS., avec
les
variantes des Opufcula.
i5
DE
SAPORIBUS
Tôt funt Saporum diflferentia:;, quot funt particularum, quae nervoslinguaiîafficiuntdiveilimodè. Suntque 5
novem potiffimum nempe :
dulcis,
infipidus five mollis., pinguis,
amarus, urens, a idus,falfus, acris,
&.
aujlerus five
acerhus.
Per injipidum non intelligo fapore carens fimpliciter 10
i5
:
nec enim inter faporcs
effet
;
fed
quôd nimis débiliter five molliter linguœ nervos moveat. Quippe corpora omnia intégra, & tam dura vel compara, ut eorum particulae in ore non folvantur, carent fapore. Talia funt metalla, marmora, &c. Item etiam multa in parquod idcircô
guftui eft ingratum,
& &
fimi-
qualilatum latere poffunt.
Nam
vifum fatis minutas divifa, ut farina, atque fub hoc génère infipidi & venena,
ticulas ad lia;
& omne genus
gantia,
in farina
funt partes acidœ,
&
In
poteft.
amarœ
;
arfenico latent
itemque
in
partes
fcammoneâ,
non ejufdem modi. Sunt etiam
pur-
fpiritus ardentes, vt
varia fermentatione, deflillatione, 20
numerandum
e*^
&
codione detegi
dulces, acres,
&
guttâ gambâ, fed
infipidae particulae quîe-
5
De
540
Saporibus.
t^-ts.
dam non ultra divifae, &" cinerum quorundam, quœ nempe ob craflitiem non mae^is, quàm ifta corpora intégra, guftum afficiunt qux vero fenfum quidem :
non
guftûs attingunt, fed fatis ingrata, infipida. Confiant
&
aquae dulci,
iis
feriunt,
&.
ideo funt
partibus, quas tribuo
funi vel anguillae comparo''; fed
&
5
cùm
magis coniumax, vel attritus & mollis, aquam dulcem boni faporis ex motis ejufmodi particulis conftare dico, aquam verô funis poffit Qf[e vel volans
infipidam ex valde attritis deftillatse,
idemque
;
&
quod
id,
fledi
taies funt pleraeque aquae
inter deftillandum
lo
Chy-
mici wocsLni phlegma.
Nec verô necefle eft, ut particulîe iftse infipidae fint figurae oblongœ funis ad inftar; fed fufficit fi confifientia; fint
mollis inftar funis
ex quâ funis conftat, extenfa;
ita
;
enim
ejufmodi rami
modo alio
&
attriti five
modo tamen non j
efficerent
fibi
tomenti aut ftupae fint in
1
ramos
faporem pinguem, quia
invicem adhserentes plané alio
fenfum guftûs. Nec pinguis fapor in conftat, quàm in ejufmodi particulis moUiflimis afficerent
20
ramofis.
Dulcis fapor interdum fuavi, ut in
aquâ dulci;
&
fumitur pro moderato
tune non conftituit faporis
fpeciem diverfam, fed faepius fumitur pro fapore, qui in melle, faccharo, ditur;
&
&
&
titillanti illo
fimilibus deprehen-
tune non confiftit in particulis truncum fimul
ramos habentibus,
corpus,
&
fortiter
agunt
a.
Lire ut?
h.
Voir
t.
&
five,
ut aves, plumas fimul
&
quae ratione trunci vel medii corporis fatis in
poros linguae, ratione verô ramufcu-
VI, p. 233.
I.
21.
2 5
De
a5.
Saporibus.
^41
plumarum, quibus folis nervorum extremitates attingunt, non il las Isedunt, fed fuaviter tanlorum
five
tùm titillant. A marus [apor conduit 5
in particulis craffiufculis,
lapidum vel faxorum figuratis; qu?e ideô fatis altè poros linguae ingrediuntur, & trifli fenfu ejus nervos pungunt, & aliter tamen quàm urentia, qualia inftar
funt fpiritus vini. Item acida
& fa Ifa,
quae alibi fatis
explicui. Ita facile intelligitur, cur dulcia ferè 10
d
amarefcant
facile,
&.
bilem vertantur
in
abfciffis
codurà, remanet
ramulis .tempore vel
fcilicet
:
omnia
&
truncus.
Cùm i5
particulse nec funt molles, ut
pinguium, nec aut ramuli dulcium, nec
tam tenues, quàm fpiritus, etiam tam craflae, quàm fapore omni carentium, figuramque aliam habent, quàm amarorum, aut falium, faciunt faporem acrem; &. quoniam taies pofTunt effe figurarum valde diverfarum, ideô acrimonia multi-
Voco autem hic acrimoniam hoc quod linguam, & quod pro aufîero interdum fumitur,
plex effe poteft. 20
radit
ut in vino rubro (quod
Notandum
bulliit.
effe
acribus
cum racemis
particulis fpiritus
urentiffimos, ut pyrethri, euphorbii,
Quippe cùm plerumque
inftar habent, facile
Acerbus
ab
iftis
five aufierus &.
fruduum immaturorum, iftis
iflis
diu
celerrimè exagitant, atque ita gujîus acerri-
mos atque ciunt.
3o
cùm
admixtos, qui poros linguae fimul ingredientes,
illas ibi 25
elt
rude)
eft
frudibus,
&
ad celerrimè ex
effi-
figuras ramofas corali
fpiritibus agitantur.
adftringens fapor, qualis fit
fimilibus, iis
&c.
ex eo, quôd
non
nifi
egrediendum
fint
eft
pori in
materiâ difpofitâ repleti,
&
tam
De
^42
Saporibus.
îS-j^.
patentes, ut linguse particulae ipfos ingredi poffint quse proinde rêvera eos ingrediuntur
i?v.
;
locum occu-
pant materise ipfos egrejdientis. Et quia hi pori valde diverfi
effe
poflunt,
ideô etiam
acerbus
fapor
eft
varius.
Sapores autem tantùm fimplices hîc recenfentur, fed alii
compofiti in infinitum ex his exfurgunt.
FINIS.
EXCERPTA EX
C A R T
E S
I
MS DE LEIBNIZ (Edit.
Foucher de Careil)
O
AVERTISSEMENT En à'
i85g-i86o, Foucher de Careil publia deux volumes in-8
Œuvres
M S.
inédites de Descartes, d'après les
de Leibniz
Nous en avons déjà 207-212 et p. 257. Nous
à la Bibliothèque Royale de Hanovre. parlé au
t.
X
même
avons
privatœ,
p.
de cette édition,
publié, dans ce
De folidçrum
213-248, et
quelques-uns de ces inédits. encore
uns
les
:
autres intitulés
une
relatifs à
Remédia
série d'annotations
même
p.
X, sous
t.
Il
le titre
de dtgitationes
elementis, p.
265-276,
en reste un assez bon nombre
des observations anatomiques, les
et vires
medicamentorum. Ajoutons-y
que Descartes paraît avoir
à ses Principes de Philosophie
:
Ad
écrites lui-
Principia Pliilo-
fophice annotafiones quas videtur Des Cartes in fua Principia
Ces annotations sont elles-mêmes précédées d'autres remarques, sous le titre C art eji us, que Foucher de Careil n'a point publiées, bien qu'elles fissent partie du Philofophiœ
fcripfijfe.
même MS. Le MS. de
main de Leibniz, où se trouvent les observations anatomiques, comprend aujourd'hui 5 feuilles il a dû en comprendre autrefois 17, suivant une indication d'Eduard Bodemann, page 52 de son catalogue imprime en i8g5, Die la
i
Leibnii-Handschriften, Cartefio. 17 Bl. Fol.
(Feuille
rotés
I
et
I.)
»)
etc.
:
«
IV. Vol.
I,
4, b,
excerpta ex
Voici l'indication de ces i5 feuilles.
Pliée en deux, elle forme deux feuillets,
être lus l'un à la suite de l'autre, servent de couverture
chemise à tous C'est le
numé-
i5; car ces deux feuillets, qui cependant doivent
les autres, qui se
fragment mathématique,
ŒuVRESi
VI.
ou de
trouvent renfermés dedans. intitulé
De
J'olidorum ele69
EXCERPTA
54<J
commence
mentis, et qui qui...
Foucher de Careil
de Descartes, iFeuille
Ce
II.)
feuillet, ni
même
Angulus folidus
:
une
n'est pas
une page
page avec quelques numéro 2.
X,
t.
réélus ejt
Œuvres
publié, dans ses
214-227. Voir notre
II, p.
t.
ainsi
l'a
p.
inédites
257-276.
même
feuille entière, ni
un
mais seulement un fragment de
;
notes
écrites.
crayon
porte au
Il
le
Foucher Anatnmica quœdam ex de Careil a publié, t. II, p. 8(3-i34 M'" Carte/ii, observations de Descartes sur des cœurs de veau, qu'il disséquait lui-même. A la tin du feuillet 4, on
Deux
(Feuille III.^
où on
feuillets, 3 et 4,
lit
ce que
•
trouve ceci
PARS
:
Deux
(Feuille \\.\
premier,
la
II. Seéla pojlhac &c.
mention
feuillets, 5 et 6, et (77), répétée.
:
Ce
au
commencement du
feuillet 5 est
donc bien
continuation du précédent, et Foucher de Careil
la
public à la cuite,
II, p.
t.
gula &c.
A
la fin
du
aussi
Ce sont toujours des obsercommencent ainsi Seda pojlhac
134-170.
vations anatomiques, qui
—
l'a
:
feuillet 6,
on
lit
8,
dont
:
PARS
111
.
In
ox'is
cerebro...
Deux
(Feuille V.)
mention et
tejii,
PARS
feuillets,
7 et
premier répète
le
III excerptorum Anatomicnrum ex
commence
ensuite
MS. Car-
In ovis cerebro, au-dessous dune
:
grande figure que Foucher de Careil n'a pas donnée. C'est texte imprimé par lui, t. II, p. 170-210. A la fin du feuillet on
lit
encore
(Feuille VI.
PARS IV
PARS
:
1
Deux
duplex le
&
ejl...;
on
I,
la
p.
:
100-108
:
:
PARS
8,
mention répétée
:
Foucher de
ht eo cnnvenit formalio
j63y nop. Accretio seconde moitié du revers du feuillet g et
le
10,
:
qui forment, en effet,
manuscrit, et qu'il a donnés,
i63i. Prceter fpiritum aniinalem...
lit
la
Cartejii.
et p. 108-1 32
quart environ du feuillet
une parenthèse dans 80
t.
animalium, sauf
9 et 10, avec
Anatom. ex MS.
Careil lésa imprimés,
plantarum
le
IV.
feuillets,
excerpt.
la
A
la fin
du
t.
comme II, p.
66-
feuillet 10,
V.
(Feuille \'U.)
Deux
feuillets,
11
et 12,
qui reprennent
la
Anatomica. mention précédente
MS°.
I,
t.
Codis fex
PARS
]'
excerptorum auatomicorum ex
Foucher de Careil
Cartejïi.
suivant,
:
132-140
p.
Veua
:
^47
imprimés aussi en
a
les
arkriofa...
;
et p.
140-156
:
ovis.
(Feuille VIII.)
Deux
feuillets i3 et
14.
Après
18 lignes,
que
Foucher de Careil n'a pas reproduites, sans doute parce qu'on lit en marge Hax dcleta in Ms", mais que Leibniz avait copiées quand même, on trouve toute une série d'observations :
ou de questions, que Foucher de Careil a publiées, 100,
non sans quelques omissions çà
commencent Et après
ainsi
la grêle,
:
—
Grando
et là
On
Descartes parle un peu de tout
quelques notes prises par
lui
comme
Quelques remarques maintenant sur et
a
commencé
de questions,
le
la la
de
l'eau qui
forme que
bouche qui
comme
a renvoyé tout à la
la
main de Leibniz,
tout ce qui précède.
l'édition
de Foucher de
par cette dernière série d'observations plus curieuses sans doute, celles des
feuillets i3 et 14, et les a publiées, il
:
sur les iMéditations; mais ce ne
sont plus des extraits de manuscrits,
Il
fin
t. 1,
ce qui était
p.
72-100. D'autre part
purement mathématique,
trouvant un peu abstrait sans doute pour ses lecteurs
feuillets
1
et
1
5
—
et le froid, etc., etc.
trouve ensuite sur une autre feuille, de
Careil.
p. 72-
fidi hodie menfe decembri.
des vibrations donnent à une corde tendue, de
chaud
I,
cependant. Elles
entre dans les caves en temps d'inondation, de
souffle le
t.
se retrouvent au
t.
II, p.
214-227. Dans
les
:
l'inter-
valle, Foucher de Careil a intercalé, en suivant à peu près
l'ordre
du MS.,
observations anatomiques et les théories
les
physiologiques. Cependant
imprime tout d'une t.
II,
p.
IIIi.
et
11
10,
et
Mais
a encore interverti cet ordre.
suite les feuillets 3 et 4, 5 et 6, 7 et 8,
86-210 (dans
PARS
il
il
le
manuscrit
imprime au
12, qui
t.
1,
:
p.
PARS
I,
PARS
H au
II,
ioo-i56, les feuillets 9
portent les indications
:
PARS IV
et
PARS V. En outre une sorte de parenthèse, qui se trouve aux feuillets 9 et 10, est renvoyée par lui au t. II, p. 66-80. Mais ce ne
serait là
que
le
moindre inconvénient de
l'édition
EXCERPTA
^48
de Foucher de Careil, remplie de fautes presque à chaque page. Donnons cependant en sa faveur ici deux excuses 1° l'écri:
ture de
Leibniz, dans cette copie prise à
hâte, est
la
malaisée à déchiffrer, et Foucher de Careil a eu
de
la
découvrir d'abord, puis de
a singulièrement
facilité
venus après
2°
était bon,
lui;
comme
mise en regard la copie
:
déchiffrer le premier, ce qui
le texte qu'il a
en témoigne
la
donné à imprimer
traduction française qui est
rend exactement, en plus d'un endroit,
manuscrite de Hanovre, et ne rend pas
accompagne; bien des lacunes 1859-1860 seraient donc
mérite
une seconde lecture à ceux qui sont
souvent
celle-ci
la
le
fort
le fait,
et
des fautes de l'édition de
non de
primeur. Ajoutons enfin qu'après
le latin qu'elle
la
l'éditeur,
mais de l'im-
scrupuleuse collation des
textes qui a été faite à la Bibliothèque Royale de
Hanovre,
on peut être assuré que, dans l'édition nouvelle de Descartes, autant que possible, le mal est réparé.
ANATOMICA QJJMDAM
EX
CARTE SU
M'°
{PARS /)^ In corde vitulino
me
diiïedo hsec obfervavi.
inter
utrumque ventriculum
à
I
5
Primo paries médius,
omnium denfiffimus, pariefque lateris erat denfior quàm finiftri adeô ut hi proportione quâdam fequerentur.
très fe
Ex inferiore parte uniufcujufque finûs erat
unum
pofitus, erat
:
10
dextri
non multùm ab ipfius videbatur; nec multùm ab
vas, cujus tunicae fubflantia
cordis fubftantiâ differre
invicem. Tunicae aderant fatis tenues. Haec vafa cre-
venam cavam neque unum altero majus videbatur. Nec fatis diftindè illorum valvulas agnofcebam tamen erant illarum veftigia membrana enim finus cordis obdudidi effe in finiftro arteriam
venofam,
in dextro
;
i5
;
:
Die Leibnii-Handschriften der Kôniglichen ôffentlichen Bibliothek Bodemann (Hannover und Leipzig, 1893), Les nuinéros, en haut des p, 52, n» 4, b. Feuille III (feuillets 3 et 4). pages, donnent la pagination de Foucher de Careil, Œuvres inédites de Descartes. (Paris, Aug. Durand, t. I et II, 1859 et 1860.) a.
\u Hannover, von Dr. Eduard
—
^
EXCERPTA
^O
11,86-90.
cens in vafium ingieffu definebat in fibras, verfùs
cufpidem parietibus adhérentes; haeque fibrse tenaciùs adhaerebant in (iniftri finûs duobus locis iSc dex|
quod per regredi non
tribus, ut
tri
tam facile duo vafa in cordis nia,
nec feparari
illa
vafa ingrederetur in cor,
poiTet. Notavi praeterea hsec
ingrcffu
fibi
invicem
membranâ
nifi
tenuiffimà
fimâ, qu?e utrinque fledi poterat. Erat
parte adhuc aperta (vel forte à
& videbatur
ex
illà
effe
autem
5
commu-
&
laxif-
in infimâ
me imprudenter
rupta)
;
parte'qu^e aperta erat, è venâ cavâ
lo
venofam humor delabi poffe, non contra. Si autem fuperiorpars iftius mcmbranse rupta fuiffet, tune potuilTet humor ex arteriâ in venam efïluere, non in arteriani
contra.
duo vafa erant procavernofae furfum flexœ, quas aurir
Utrinque autem fuper
dudiones
laxae
&
ifta
i5
culas vocant, non diffimilis fubftantiae ac ipfavafa, ut
tantùm quafi finus, in quibus humor, qui in coringredi non poterat, congercbatur. fNotantetiam Anatomici illas contrarium habere motum motui cordis.) Nec inter utramque aliam differentiam notavi, nifi quôd eiïcnt plures anfradus in finiftrœ cavitain dextra;, (inilha-que membranâ'' intetibus quam rior magis alba erat l^ denfa quam dcxtrae. Illarum anfradus eos qui funt in finubus cordis rcferebant (adeô ut videatur initio produci duos finus ab arteriâ venofâ, vS; duos à cavâ ex quibus duo, five fmiftri five inferiores, fimul uniuntur &. faciqnt cor; alii duo ab ibi
effent
20
|
25
:
invicem feparati, auriculas). erat dextro a.
Membranâ
&
Jam
finus fmifter longior
anguflior, dcfinebatque in aortam
alba (MS.) Alba écrit par anticipation,
i
Voir
1.
24.)
:
a
3o
11.
AnATOMICA.
90-92-
551
&
arteria venofa, b cufpis cordis, c aorta
venam arteriofam d cava, ;
5
non
erat
cufpis cordis, /"vena arte-
ad finum ufque cordis pertinge-
riofa^. Paries finiftri
bat, ubi
e
dexter in
admodum
craffus.
Paries dextri
partem ampledebatur (nempe df efl major quàm ac). Ideoque c tanquam ex medio bafis furgebat, &/illam amplecle-
majorem
priùs definebat, fed
bafis
Membrana finûs finiftri erat, magifque alba & denfa quàm dextri. Fulciebantur verô ifti finus aliqui-
batur.
10
bus quafi columnis, è medio pariete verfùs bafin, in externos parietes verfùs cufpidem tendentibus, & quae|licet pauccc effent & promifcuè fitae, erant tamen valdè rotundae
;
&
ex fimilibus totus cor conllatus
videbatur, ut apparebat ex multis rimis utrinquc in i5
parietibus.
Jam furfum bant, ut infra fe
&
aorta
duae; fed
aliaî
fe
mutuô tange-
nullam habebant inter
communicationem. Valvulas diftindè
quales defcribuntur, 20
vena arteriofa
las aortae è regione
&
in illis vidi
intervallum inter duas valvu-
refpondebat intervallo inter duas
valvulas venai arteriofîe. Et immédiate fupra duas valvulas aortae, quae viciniores erant vense arteriofae,
duo erant exigua foramina, quse oftendebant quafi duos ramos aortae, quibus utrinque venam arteriofam ampledebatur; iique rami rurfus in cor abfumebantur. Non autem apparebat ulla communis via inter aortam c<: venam arteriofam, fed una ab altéra poterat tota divelli. Neutra etiam videbatur altéra multô major, vel fubftantiae diverfœ; fed utraque erat denfilTima. Alba autem &
vel potiùs intra ipfas valvulas,
25
3o
a.
Voir fiyure
1,
à la fin
de ces Excerpta.
^ ^
EXCERPTA
2
quafi cordi implantata,
non
j
II.
94-96-
ejus fubftantiam confti-
tuens, ut vafa inferiora. Erat etiam adeps exteriori fuperficiei cordis verfùs bafin multis in locis adnata, ut
& tunicse aortse & venae
videbanturmagis exteriori parti cordis quàm interiori adnatae quod contrarium erat in venâ cavâ & arteriâ venofà. Quae omnia rationibus meis tam arteriofse
5
;
accuratè conveniunt, ut nihil magis.
Valvularum interftitia ad venam cavam unum erat in medio parietis externi ventris dextri, per fibras ex craffiufculo quodam tuberculo exeuntes; alia duo :
10
erant in lateribus medii parietis. Fibrae diftinguentes valvulas arteriae venofae erant in utroque latere parie-
medio pariete. Valvulae autem aortae & venae arteriofae non erant in ipfo corde, fed membranulse ex corde ad vafa emergebant, haerebantque utrinque uno interftitio fuper pa-
tis
externi ventris
rietis
finiftri,
nullae in
i5
medii dimidium, fibi invicem è regione correfpon-
dentes;
aliae
quatuor, utrinque duae, erant in lateribus
fimul aequali ab invicem diftantiâ. notabilis futura, ventrem jinftar venae
venofà,
divideret.
:
ab alio diftinguens,
ita ut ejus craflitiem
unam
fed quafi duas auriculas
fecavi quae vulgô notatur ab
bus, aliam verô, quae in laxà
venofam à cavâ
quo-
Sed praeterea notavi, ex arteriâ
non unam tantùm,
eraergere
20
cujufdam, quae etiam per médium parie-
tem penetrare videbatur,
dammodo
unum
Foris apparebat
illà
omni-
valvulâ quae arteriam
dividit abforbetur,
afcendentc contegitur.
25
&
à trunco cavae
Duae autem verae auriculae
habent extremitates fuas, non una in aliam, alia in alteram partem, fed utraque in liniftrum latus deflexas.
3o ^
11.
Anatomica.
96-98.
^ ^ j
In^ vituli junioris corde notavi manireftè parietem
médium componi ex duobus ventriculorum
parieti-
bus. Item^ dextri b ventriculi cavitas erat inflexa, ut cd, 5
&
finiftri a
erat triangularis
Item nullse adhuc
e.
erant valvulae arteriae venofae nec venae
cava.',
erant earum rudimenta^ Sed in dextro
finu
imô illud
Ituberculum rotundum, quod duas valvulas conjungebat in priori corde, in hoc erat inftar columna; 10
conjungens médium parietem cum pariete externo dextri lateris ita tamen ut adhaereret medio parieti :
verfùs bafin,
&
vulae aortse
in priori.
cebatur i5
fine
&
externo verfùs mucronem. Item val-
venae artcriofae erant perfedè faclae, ut
Mucro
quàm
dextri,
apertum
.
multô longiùs produerat longé magis cavum in
finiftri lateris
erat,
&
illud
liniftrum latus à dextro
complicatum & poterat adhuc explicari. Caro erat mollior multô quàm praecedentis. Latus dextrum erat fuperius,& omninô verfùs fternum
amplexum
pofitum 20
;
fuifle
fie
,
atque auricula dextra etiam fuperior.
Gula magis verfùs finiftrum latus afperae arteriae defcendebat, quàm verfùs dextrum ab origine & ;
afpera arteria hâbebat in pofteriore parte quafi criftam
quamdam,
cui gula
Vena'' arteriofa 2
5
nam d &
abc, e
&.
incumbebat à
fie
initio à
dividitur in
très
finiftris.
cavâ procedit per fpi-
ramos, quorum duo
âd utrumque pulmonem, tertius/cum aortà
a. Feuillet 3, verso. b.
Voir figure
c.
Voir ci-avant,
Voir ci-avant,
p.
549, note a.
II.
p. 549,
1.
14-16.
Foucher de Careil ne reproduit pas cet alinéa en latin mais il en « Qu(t donne une traduction française, II, 99 et loi, avec cette note fequuntur in Gallico Sermone, Jelela erant in manufcriplo. » Voir fig. III. d.
;
:
lEuvRKS. VI.
70
EXCERPTA
))4
confunditur^;
eltque canalis
ll,y8-io2.
ille
médius,
paulùm in adultis obliteratur. Notavi hic venam umbilici efTe ejufdem
libri,
de que
qui
pofitionis atque
tunica^
arterise.
com-
ferè
Hic videtur
iniiio
|cava fuifle in anteriorc parte, atque inde afcendendo
per finiftram partem fupra cor
atque
tranfiiiïe verfus
s
Ipinam,
arteriam magnani defcendille, (imulque
ibi in
pulmones, ut vena arteriofa exiftens', ramos emififle. Tuncque arteria venofa etiam in anteriore parte; fed magis verfus latus dextrum defcendendo cor fuiiïc in
lo
ingreffam, atque inde verfus finiftram afcendifle rur-
fum in aortee partem afcendentem, fimulque ramum in venam arteriofam demifiiïe qui fenfim fadus ,
ramus
eil
aortae
defcendentis. Vense cavae truncus
afcendens dirigebatur in finum inferiorem auricula: finiftrae
per laxam valvulam
finiftrum ventriculum
ramis
in
cum
ibi
iS
pofitam, atque inde in
arteriâ venofà, quae multis
finum fmiftrum ex pulmonc defcendebat; qui
rami faciebant fuperiores anfradus auriculae
fmiilrse.
Solus igitur ramus cavaî defcendens à capite in dex-
20
trum finum ingrediebatur. Imô etiam afcendens prius eô ibat quàm ad finiftrum. Sed erat vas infigne (fimplici
tunicâ prseditum) in
jingreffum cavae
&.
fummo
medii parietis inter
arteriam venofam, à dextro ventri-
culo fupra finiftram auriculam, ad truncum aortae def-
cendentis fe applicans,
nempe
erat alius
ramus
cava;
afcendentis.
Circa primum hepar juvcnis
Primo vena umbilicalis
ita in
a.
Voir figure
b.
Le MS. doniif entre parenthèses
vituli
haec
hepar immergebatur, ut
111. :
notavi.
Jimul... exiflens.
2 5
Il,
Anatomica.
102. 04.
hepar
<,
fiipra revolveretur, &. quafi foffam faceret
rum digitorum
^ ^
duo-
quam venam
quafi profunditate, in
umhilicalem admittebat. Ligamentum è peritoneo, fufpenforium didum,ven2e quoque umhilicaii adhae5
rebat, videbaturque diftinguere
qui
hepatis
antequam
fuerat
Nempe forma
hepatis erat
mediam partem traxiflet
maxime
ejus
umbilicum,
irregularis
:
in
dextro enim latere, quadruple vel quintuple major
quàm
erat, 10
in finiftro
nempe quôd
ventriculus ex
liniftrâ
parte illum repulerat. Eratque ejus
lobus d
in
tranfibant
;
ad
/
vafa
infra verô fufpicor ea
fuiffe,
:
^
»X:
videbantur
ab
|
ita deflexilVe,,ut
ex
/
cùm hepar magnâ
non tam
hepar ab accedenie ven-
ad d lobum dextro afcititium unde patet fellis veficam c genitam
fellis,
procédèrent^
liga-;
vefligia, qua.> reclà per ac fuper
iriculo rupta fuiiïc, (T
quidam
dextro latere, cui apparebant etiam
menti fufpenforji
i5
:
vi
crefceret
;
tumque
illam
in dextro latere, ut eft in adultis, fed in eâ
quœ tum erat hepatis média, genitam fuifle, & in loco à cavà maxime rcmoto. Manifeftum erat, etiam venam portam totam à vcnâ umbilicali procedere; dudus enim ab umbilico ad portas hepatis erat praecipuus, aliufque erat inde ad lobum dextro afcititium, etiam infignis. Ex quo confirmatur mea conjectura nempe iftum lobum quafi fradum (i difjundum fuiife
parte, 20
:
25
quâ erat umbilicus, fuperveniente ventriculo. Venae autem portse exitus ad mefenterium erat praecifè inter iftum lobum S: umbilicum, ut fel, fed fuprà, inter fel & truncum cavae, adeô ut praecifè ex loco medio partis inferioris hepatis emerab eâ parte hepatis
3o
a.
Aucune
tissure
in
ne répond à ce texte.
(MS
^
EXCERPTA
^6
II.
104.108.
quôd videretur ramis concodo conflan,| quoniam
geret. Nihil" circa fel notare potui,
humore in cavae ramus infignis è cavâ fupra ex
terea exonerabatur in
puto
duodeni
fuilTe
hepatis pofitam,
nifi
illum abforbebalur; prae-
magnum quoddam
quod
partem, juxta portas
inteftini
quanquam
vas,
ejus
dudus
5
in fubftantiam
hepatis magis pateret.
Pulmones erant in duas partes ita divifi, ut finiftra paulô minor quàm dextra videretur. Vafa omnia partis egrediebantur ex
finiftra;
anteriore parte
vafa
;
autem
eodem
loco ferè in
10
dextrae partis egredie-
bantur quidem fimul etiam ex eodeip loco, fed non tam ex anteriore parte, imô potius ex medio nifi forte :
unuswiut alter ramus, qui jam excifi erant, magis ex anteriore parte procédèrent. Videbatur ergo dexter
i5
lobus in duos rurfus divifus, fed & hi in plures, ut etiam finifter erat in plures difledus ita tamen ut, :
cum
in dextro
tum
in finiftro, effet
una pars praecipua
magis continua quœ deorfum tenderet. Reliqua
v!i:
tantummodo, ex fequaci carne
conflata, videbantur
20
excrevilTe ad thoracis cavitatem replendam.
Nota\
in tertio vitulo
i
recens nato,
&
in cujus ven-
I
triculo
ex
nondum
\iridi
modum
lac cernebatur, fed materies
nigrefcens, ejus
fuilTe.
inflatum
&
inteftinum
folo flatu
verô aliud inteflinum fuiile
qua^dam
redum
impletum
fuprà ;
quàdam materià
fuprà nigrâ
multô anguftius. Vefica etiam erat ingens, & multùm aquae continebat. Hepar verô minus erat ejus caro fuper umbilicum quàm pra^cedentis
plénum,
&.
,
a.
En marge
:
[N. B].
cS.'
25
II.
Anatomica.
iu8-ifo.
minus extuberabat;
^^7
minus ab eo removebatur,
Ol fel
lien verô dorlum'' verfus in finiftrâ parte vergebat.
5
Afpera arteria non erat tam dura quàm praecedens, crillamqueetiamhabebat,utpr3ecedens''. Cuiàfiniftris gula incumbebat; gulae autem, truncus aortse defcendentis ampliflimus; eratque adhuc magis à
quàm
lo
gula
a b afpera
:
defcendcntis,
cd
cordis partem
g
Pulmo dexter
arteria, b e
f truncus
in
gh
duobus
afperse arteriae locis ejus
refpondebat parti inferiori dextri
i5
aortae
aortae
vena cava ab hepate h ad afcendens^ gula,
vafa admittebat; finifter verô tantùm in
cum
finiftris
defcendcntis
uno
locp, qui
lateris, infra
adeô ut videretur
:
|
truninitio
aortam ex anteriorc thoracis parte verfùs fmiftram partem, ac deinde in dorfum fupra pulmonem fmiftrum afcendifTe, priufquam ex dorfo viam fibi rurfus
adeoque finiftrum pulmonem ampledendo, ejus vafa ex afpera arteria venientia depreflilfe. Apparebant autem, excifis fcilicet pulmonibus, inter ora vaforum in illos ingredientium, duo infignia, utrinque feciflet,
20
unum,
è regione pofita, quae
riofae partes,
idebantur
efl'e
venae arte-
eratque finiftrum immédiate infra trun-
cum aortiic defcendcntis unum infigne erat, quod ;
21
\
infra hrec utrinque etiam
videbatur effe ex arteria'
venofà; fed in finiftro latere videbantur e^e plures
nec praecipuum erat tam infigne
alii,
quàm
in dex-
unde reverâ prodierint, ablato pericardio, cognofcam. tro. Qiiai
An deorfum
a.
n
h.
Voir ci-avant,
c.
Voir figure IV.
? »
\Note de Leihui^.)
p. 553,
1.
20-23.
>
EXCERPTA
8 )
II.
110-1
M-
Antequam pericardium tollerem, manifeftè obfervavi nervum qui a collo fupra dextram partem pericardij anterius
alium quoque
ad diaphragma defcendcbat, fed
<
qui
>
&.
fupra finiftram partem peri-
I
cardij
eodem
ferè
modo
ad diaphragma
ibat, nifi
quôd
'>
priufquam ejus carnem ingrederetur, in duas partes fcindebatur in ipfam enim diaphragmatis carnem utrinque penetrabant, & ibi abfumebantur ;
Circa lienem obfervavi ejus partem, quae erat verfùs
&
fpinam, effe incurvam
intus velut exulceratam (ut
etiam erat in prcccedenti),
paulô craffiorem; ingreflus
in
omnium vaforum,
oftendi lien in
&
medio
poftea
&
nervi
poftremà ejus parte
in
medio ejus
arteriae item infignis,
genitum,
&
curvitatis erant fimul
id ;
venae
eft
infignis,
unde videtur apertè
pofterioris partis initio fuiffe fuiffe
ibi
protrufum,
jecore
dextram partem recedente. Pericardium tribus membranis tenuiflimis batur,
quarum una
i5
in
alliga-
furfiim videbatur effe interfepiens,
at alia infra interfepientem adnata,
fimplex vol duplex
lo
:
duae
autem
nec notavi effetne
alise
20
inferiores à dia-
phragmate, una fimul cum venà cavà, alia liniÛra eu m œfophago ^ aortà (quee ibi oblongà quàdam glandulà interjeta feparabantur, I
&
aorta magis ver-
fus fpinam dorfi erat), afcendebant. Erant
du3e
membranœ
autem
hcC
25
in pericardio parvi digiti latitudine
ab invicem fejundse, unaqu?eque duplex, & ex his omnibus fimul membranis alia circa totum pericar-
dium produda confperfa, ravi
erat, multis quafi glandulis vel adipe
quam totam
à pericardio feparavi. Sepa-
dcindc cavam à diaphragmate,
&
notavi
ramum
3o
Il,
Anatomica.
"4->'«-
exiguum ab
cco
diaphragma permeantem, moxque in duos & plures ramos difperfum. Separavi œfophagum ab eodem, notavique duo vafa infignia (quos puto nervos fexti paris) fimul cum œfophago defcen5
illâ in
quam
dentia. Separavi deinde aortam,
foramen fpinam,
per aliud
quàm œfophagum, nempe juxta nec ullum aliud vas cum illâ animadverti. iranfire
Separavi deinde nervos œfophagi, quos
ab eàdem origine
lo
vidi
omnes agnovi
unus tamen fuperior in duos verfùs cerebrum dividebatur, qui duo utrinque per pulmones & pericardium fibras mittebant fed & efTe
;
,
récurrentes ad afpelram arteriam
ab
iftis
duobus
vel
bat. Separavi deinde >5
;
^'(i
alter inferior vel
ab uno faltem pro certo venie-
œfophagum, quem
vidi diftindè,
per latus fmiftrumafperae arterise delcendentem, accu-
utrumque pulmonem defcendere, adeô ut ejus defcenfu pulmones viderentur efle divifi. ratè in
medio
Difcidi
tenui îo
&
inter
poftea
quidem
pericardium,
fed tenfà
&.
conftans
membranà
quafi corneà, utrinque
Isevi
nempe fupra eam membranà ex pleura). In eo humor adhuc aliquis erat. NuUi parti cordis verfus mucronem adhacrebat fed circumpolitâ (detradâ
;
quaque bafi & ejus vafis & afperae arteriae five pulmonibus tam firmiter adhœrebat, ut fuerit abfcindenda frangebantur enim vafa, cum illam volebam aveliere. Notavi autem primo illam trunco cavae verfus hepar ita firme annedi, huncque truncum, qui totam aurem dextram ampledens trunco aortae afcendenti & ramo venae arteriofai adhuc intra pericardium exiftens jungebatur, confcendere & illà in parte ex pulmonibus egredi, adeô ui non adhicreret trunco cavœ nifi in ejus :
25
3o
|
,
^6o
EXCERPTA
ingreflu
&
egrelTu. Adhaerebat
118. 20.
II,
eodem modo
aortse &.
vense arteriofae in illarum egreflu, fed ita firmiter ut
furfum adduda appareret illam ex corde egredi deorfùm verô è regione quidem vaforum ex ipfis vafis, ex pulmonibus. Separavi deinde afperam arte-
alibi
riam
,
nolavique
illam
mediante pulmonum corpore duas
item in
;
infigniter diftindas partes, per
gebatur,
non adhcerere
cordi
,
illâ très
5
nifi
effe
quas pulmonibus jun-
fcilicet a &. b in dextro, tertia(m) in
^miftro^ Caro autem
pulmonum
adhserens pericardio
10
admittebat vafa è corde ex quatuor locis, quorum duo
&e jungebantur vafis ex c, fxerà jungebatur cum b, & g cum a, & truncus aortse delcendentis erat in
d
medio
/z,
verfus anteriorem partem, defcendebatque
deprimendo d & e. Item vafa afperœ arterise egrediebantur quidem paulo magis ex pofteriori parte ejus quàm ex anteriori, fed pollea paulo magis in anteriorem fledebantur, quamquam hoc non ita videatur effatu dignum. verfus
/
Confideravi poflea figuram cordis, illudque furfùm
i5
-"
I
finiftrâ
per aortam
& cavam
afcendentes attrahens,
per cavam infra
tanquam ex hepate paululum dextrâ trahens, verum ejus fitum fum contemplatus veniebatque cava paululum à dextrâ l*^ pollcriore parle, vcrgebatque in ànilham & anteriorem, afcen&.
;
j5
debatque fupra aortam, ita ut vicinior effet pedori. Jam vidi ambarum auricularum origines. Dextrâ enim, cavà deorfum incipiens, ei afcendenti adnafcebatur, ejufque extremitas erat in finu inter aortam
<à>
redà afcendentem a.
Voir tigurr
V
(^
tubum
aortse
defcendenti,
(^
3o
Anatomica.
120-124.
II.
venae
arteriofae
magis
inflexa.
communem
Contra verô
fatis infigni, qui à
^61
ideoque furfum erai
;
finillra
veniebat à
ramo
médium
cordis
cavâ veniens per
parietem tubum aortœ defcendentis ampledebatur; 5
nefcio an rurfus cavaî jungeretur
&.
verfùs caput, vel
'
feorfum afcenderet, vcl potius inter pulmones abfolveretur
cum
;
illo
fed auricula finillra, ei adnata,
la|tebat;
ideoque ejus extre-
quanquam etiam
in
medio
etiam aliquantulum magis deorfum dcfccnderei.
Non
erat verô
mitatem
minor dextrâ,
S.
utraque habebat extre-
inftar criflae galli, tot?eque erant corrugatit
fed finiftra i5
quem
mitas deorfum fleclebatur, fui
altè
fequcbatur, deprefTa fcilicet à irunco cavîc
defcendentis fub 10
non tam
duobus
in locis
;
magis rugofa, quôd ncmpe
primo afcendebat cum ramo
cui adnafcebatur, portea
verô defcendebat à trunco cava: prcHa; quare eliam
duobus
Jam
in locis
deorfum
flcclebatur.
undequaqueadcps erat, nulla verô verfùs mucronem nifi qua;dam velligia; quic per 20
circa bafin cordis
quafi venas fuper cor apparentes defcendebat
:
cujuf-
modi erant quatuor ex triplici tantùm origine. Prima erat infra cavam hepar verfùs tanquam ex origine auricuUu dextrse, qua; definebat verlùs mucronem magis, ut puto, 25
quàm
cavitas dextri ventriculi cujus tantùm
lineamenta referebat. Secunda ex origine auriculse finillnc veniebat,
defcendens quoque verfùs mucronem
tanquam veftigium ventriculi fmiflri, led jungebatiir tamen tertiae longe altius quam in fine cavitatis finiflrae; nec oflendebant nifi per exiguum finillium |
Le MS. donne conjungeretur. Mais semblent barrées. a.
Œuvres. VI.
les
trois
leures
preniière<;
7'
ExCERPTA
^62
II,
iî4-i2(,.
finum, (imul tamen jundae iifque ad fincm mucronis fere defcendebant.
Jam
lertia
Oi:
quarta fimul orie-
bantur ab extremitate auriculae finiftrae, ncmpe in finu à defcenfu aortse fado quarum tertia, ut dixi, ;
fecundcc jungebatur, ita ut ex
protuberantiâ foris
5
apparente poffet tamen judicari cavitatem dextram
profundam. Jam fecunda & quarta aliaeque innumerse quafi vense à bafi cordis verfùs mucronem non ad perpendiculum defcendebant, fed
non adeô
effe
tanquam à fpihâ verfus tram fledebantur dicularis
;
;
fola
finiflram, deinde
prima videbatur
effe
ad dex-
perpen-
quse verô in finiftro latere erant,
fledebantur
quàm
lo
minus
quae in dextro; fola tertia denique
in contrarias partes fledebatur, ut fcilicet primse jun-
geretur. verfae in
Apparebant verô etiani taies venul?e tranfipfâ bafi una inter origines utriufque auri-
culae, alia
i5
:
fub auriculà
finiftrâ;
fed erat etiam alius
exiguus ramus ex dextne auriculae extremitate verfùs
extremitatem tia
finiftra?
|
reflexus,
tanquam
ut
cum
ter-
venà concurreret. Notandum verô, ex his quas
voco quafi venas, alias rêvera venas videri, tantùm artcrias vel nervos. Avulfis deinde,
quam
20
alias
potui accuratiflimè, Hbris te-
naciflimis ex pericardio, quae vafa è corde egredientia
circumplicabant, ipfa vafa conlideravi.
Quai erant
duo ab origine maxime unum ex medià bafi, nempe aorta, quae redà quidem furfum tota afcendebat, fed ftatira in duos ramos dividebatur, é quibus (inifter deorfum in aliud majus vas ferebatur; aliud foris plané ex anteriore cordis pane egrediebatur, ncmpe vena arteriofa, qure llaiim verfus fmidrum deorfum
25
:
3o
H,
i26-i3o.
AnATOMICA.
•
^63
verfus tendebat; fed (tatim etiam hsec in duos ramos
fecabatur, è quibus fuperior
&
dexterior in aortam
defcendentem confluebat. Quod vas erat
tis 5
omnium
longé
:
l<:
decuplo major"
trunco cavai, minor tantum erat venae arteriofae
quo notanda
in
fuiffe
initio;
erat iniignis ruga in egreflu è corde,
qucT ibi cavitatem
j
faciebat, eratque indicium, illud
longé majus, fed jam decrefcere. Alterverô vense
ramus
arteriofai 10
maximum
aort?c defcenden-
ramos dividebatur, qui
horumque dexter
ibant;
duos alios infignes duobus pulmonum lobis
inferior ftatim in in
rurfus ex fe tertium
ramum
infignem emittebat, pro fuperiori parte dextri pul-
monis, adeô ut omninô tribus ramis afper» refponderent. i5
arteriae
Notandum verô hos duos ramos
puos fupra duo foramina
praeci-
arteriae venofae exiftere
&
imô tertium fupra tria foramina venae item hos très ramos non diu confervare duri-
cfle latiores, arteriofa.'
;
membranarum fuarum, fed abfque ullâ fedione carne pulmonum avelli potuilfe, ita ut vix tranfverfi
tiem à 20
digiti
latitudinem retincrent.
Notavi pra^terea nervum exiguum (procul dubio ex
fextopariinter cordis furfum
initia venai arteriofae
cum
& aortae exmedio
aortâ afcendentem. Vafa ad cor
ingredientia erant'' truncus cavse ae, 2 5
\
qui fere folus
proprie cor ingredi videbatur; alia verô vel ex ipfâ vel à corde
efl'e
exorta
:
nempe ramus edc per médium
parietem de furfum de afcendebat in parte deinde
finiftrâ;
tria orificia iol arteriae venofae, tribus afperae
ramis correfpondentia. Erat tantum dfe carnea moles a.
Major... minnr. Lire majus... minus,
h.
Aucune
tigure en regard dans le
MS.
EXCERPTA
164
II.
1Î0-134.
uiramque auriculam conjun§;ens, À plane ejufdem cuni illis fubllantiae & cuni venâ cavà. Erat autem lînus in pundo e inter illam & dextram aurem quare alias dixeram finiftram auriculam effequa^lduplicem^ Inira autem iftud pundum e, ubi prima quafi vena cordis cutanea ba(î conneélitur, eft exiguum foramen adeô anguflum, ut nondum fciam an penetrct in cor longius. Denique inter vafa omnia abicunque erat ;
aliquid fpatii
rllud
:
quâdam
adipe
dulas dcgencranti replebatur
rum
;
molliori
l^
5
in glan-
nec illarum glandula-
10
quàm quôd nempe una
fubftantia aliter à cordis adipe differebat,
auricularum caro à cordis carne, jmotu firmiore fuerat ficcata quàm altéra. Idem etiam
diccndum de
differentiâ inter venge &arteriic tunicas*".
PARS
II'.
,5
Sedâ porthac gulà in diredum, reperi adhuc herbarum truftula intus indigefla; unde mihi innoiuit. j
hune vitulum fuille grandiorem natu quàm mihi erat relaium imo erat maxime juvcnisj'', jamque hcrbas !
comedille qux a.
Voir ci-avant,
b.
Un
lii
ensuite
ibi in
p.
5^2.
I.
palearibus hœrcbani. 24-26.
Seda pojthac
:
lo
PARS
€c.. qui sunt les premiers mots de
la
numérotage ijui se trouve aussi reproiluii en tête de la même paiie suivante dans le MS. Feuille IV (feuillets 5 et 6). Cette feuille donne, en c. .Mis. de Hanovre ;1I), que iic reproduit pas Foucher de Careil. IClle donne tète, l'indication Obfervationum Anatomicarum ex Mfo. Cartefii. Le en outre le litre numérottigc \\\< marque bien que cette l'euille IV fait suite à la feuille III, j.iage
suivaine,
au bas.
et
II,
:
:
:
PARS II. qui se termine par l'indication d. Ces quatre mots se trouvent en marg'e dans :
suivante de Leibniz
:
Afcriptum
in inargine.
le
MS., avec
la
note
"
1
Anatomica.
34-1 36.
^6ç
Notavi etiam, in afperâ arteriâ, duos inferiores
ramos ex eodem annulo infimo
&
latiori
emergere,
&
in reliquâ
tertium verô dextrum, feptem altiùs;
denique 5
quamvis totam non haberem, 40 tamen annulos numeravi; quot fuerint amplius, ignoro. Dixi quidern fupra", quo pado venulae & arteriols arteriâ,
in cordis fuperficie apparerent. Fibrae
bus ipfa cordis caro confiât,
nempe 10
vel
autem, ex qui-
in alias partes fleduntur,
omnes perpendiculariter
vel certe potius à
dextrâ ad pedus. Nec fané ventriculorum diftindio
cujufdam momenti; fed redè confideranti videtur tota cordis caro. ab impulfu cavse fada effe, quae mittebat fanguinem verfùs mucronem, & inde major ejus pars in partem finiftram fledebatur. Qui verô fpiritus erant fubtiliores, magis verfùs médium cordis five ipfam motijs origincm refledebantur in aortam qui cralFiores fupra erant, in venam arteriofam; qui verô fubtiliffimi per cordis carnem evadebant, refledebantur deorfum in exiguum iftud foramen quod notavi'' elfe infra cavam, ibique fequebantur in illis eft
{
i5
;
20
veftigia primae venulae
cutacea
&
ejus fibrse
in fpatio intra
(quo folo in loco vafa cordis
eamdem viam
fervant), ac deinde
pericardium contento difpergebantur;
ibique condenfati ipfum cor vel alebant, vel certè con25
fervabant. In via autem
iftà
primae venulae carnis
utrinque latiores in bafi cordis verfùs illam confluebant, pari ratè, fed fmiftrae
modo
a.
mucronem
magis verfùs mucronem
Voir ci-avant, p. bhi, 1. Ci-avant, p. 564, 1. 5-7,
in
utrinque non tam accu-
fledebantur.
b.
fibrae
i8, à p. 562,
1.
2ï.
in
dextrum
EXCERPTA
^66
Jam fumcndo
II,
finum, duos ramos aortse
arteriofam, videbantur facere
ve|nam
Si
unicum vas ex anteriore
cordis bafi egrediens. Contra auriculae utrinque
carne intermediâ partem inftar
quam pariem tum
tum
cava,
136-140.
cum
cingebant; per
valli
&
arteria venofa
cavae
5
propago (îniflra in cor penetrabant. Hœc cavac propago eft haud dubiè coronaria dicla, li ubi habet ortum à cavâ, difleminat omnes venulas quas fupra notavi eiïe in fuperficie cordis, quse ideo vergunt in
quàm fibrae cordis; bafi cordis crefmagis quàm mucro, harum fibrarum extrema
alias partes
cente locis
'^
quibus adhcerebant manferunt
affixa.
Apertis poftea venâ cavâ in diredum
&
auriculis
gine
fe
duabus
c^
coronaria, vidi iftam coronariam, ab ori-
mucronem
corde
verfùs defcendentem,
cùm
fubtrahere,
ibi
paulatim ex
intérim meatus efTcnt tranf-
bat quicquid per iliam cgredi conabatur.
Eodem modo
ramus ejus prcccipuus, per me dium parietem
tranfiens,
excipiebatur a quatuor aut quinque exiguis foramibafi cordis,
ex quibus
fi
quid cralîius per illam eflluebat
unum diredè relpondebat
infra cavie
i5
pcr quos in cor rurfus penetra-
verli in fibris cordis,
nibus in
lo
ingrelTum
in
illi
cordis cute.
20
;
fupra notato,
quoque
Vidi
diflindè partem cavae, inclufam in pericardio, plane
atque auriculas; cavamque
ejufdem
fuille fubftantiiu
ab
furfum afcendentem, occurrente
initio
molem
culo, ftagnafle in peclore, ibique'' in
&
duabus auriculis verô exitum a.
Ba/i.
Le MS. donne quce
b.
Voir
tii;ure
Il
y
obfta/Z»c ex
carne medià concreville; poftea
(îbi feciffe,
VI.
illi
tum furfum
ba/i
manque
qtiœ rcpctition
verfùs du
toutefois la lettre
/.
qua;,
pedus per 1.
q
.
25
Il,
AnATOMICA.
140-M4.
567
tum verfùs fpinam in pulmbnes per a arteriam venofam. Ac prseterea in medio iftius molis carnea? cor formafle, tandemque in illud & per b & per valvulam inter ^ & ^ fuos ventricules excavaffe. Valvula e,
5
enim
dam
ifla
adha^rebat moli carneae in parte /per quaf-
fanguinem quidem femper
fibras, ita ut pateret
decidifle per illam ex cavâ in finiftrum ventriculum,
nunquam verô quicquam
cavam fed quod ex finiftro ventriculo redundabat, in pulmones ibat per arteriam venofam, ex quâ rurfus in cor regurgitabat, ex quâ regurgitatione formata eft valvula bi. Erat os dextrum cavai in cor, triangulare quodammodo unde très ibi valvulae. Os verô tum cavae tum arteriae venofae in finiftrum, quafi ovale unde tantùm duae, idquc ex conjundione finuum, neceffariô fequetrum
10
ex finiftro ventriculo injdex-
vel
;
:
i5
:
bantur. Apertis poftea aortâ
&.
venâ arteriofâ, prseter vul-
omnia animadverti, très venae valvulas vix totas poffe aperiri; claudi autem quàm maxime, carne fcigaria
20
licet intra ipfas
protubérante. Item, valvulam aortse,
pedus refpiciebat, eodem modo aperiri vix poffe propter eandem rationem fed alias duas è contra vix claudi poffe quod juvat ad cognofcendum cur major quaî
;
:
25
Denique ibi obfervavi nervum (fexti paris, ut puto) in cor abfumi inter aortam & venam verfùs anteriorem partem jungebantur autem aorta & vena in communi valvularum vis in finiftro latere confluxerit.
(
;
interftitio indiffolubiliter. 3o
Excuffi
erant
,
deinde venas
&
arterias cutaneas
:
vense
prima ex quatuor venulis perpendicularis
EXCERPTA
568
mueronem
ad
ex cavà
cavae cutaneâ,
&
originem non
vidi
&
,
alia inter
fecunda ex
utramque
apparentera
,
propagine
in bafi,
deorfum ex eâ defcendebant, quamvis magis fanguineae apparerent, puta propter
&
cujus
nec item aliarum
quae
Tertia
144-146.
It,
cseterac
litum.
5
quarta ex fupra nominatis (imul veniebant a
ramo ex aortàin medio valvulae .poflerioris exeunte. Ramu£ autem ex medio valvulae anterioris (de quibus fupra) exibat quidem in cutem ex medio cordis verfùs finem auriculae dextrae, fed majori ex parte in ipfum cor rurfus abfumebatur. Caeterum vense
non poterant ab invicem
arteriae
modo
alio
nifi
earumque
ratione originum;
&
feparabantur,
|
&
clarc cognovi
arteriam venofam
ftrae
&
quomodo
in
nec
tunicac
facile à cordis
:
valvula ex cavâ ad
nempe
tali
modo,
ut
extremitatem auricula^ fmi-
tum ad pulmones regurgitaret ita tamen ut
ingrederetur, atque inde poftea
tum
in
nihil
omnino per
finum finiilrum
orificia.
;
vafis refedis, qualia effent
Erantque ut
ibi
appinxi^
arteria venofa, c vena arteriofa. In
cujus valvula inter
20-
illam ex finiftrâ parte in dextrum
finum regredi poftet. Infpexi deinde in bafi,
eorum
i5
auriculis plané utrinque
effet difpofita
redà ex cavâ fanguis
&
perforabantur in extremis.
Poftea refeélis arteriis, difciffis,
cutaneae
vifu diftingui,
erant verfùs extrema tenuiffimae,
carne
iftae
10
c
&
:
a eftcava, b
medio
a vix poterat aperiri
eft ;
25
aorta,
aliae
duaî
femper patebant. Ideoque arteria venofa ibi erat ex quibus inflexa, nec nifi duas valvulas habitura unica erat formata, quâ folâ ab aortà feparabatur, :
a.
Voir figure VII.
'io
AnATOMICA.
I46-I50.
Il,
autem vafa omnia
aliâ
invicem fejungebantur
fatis
569 crafFo
d, b, c eft
:
interftitio
ab
finus finifter; d, a, c
dexter; circuitus cavae in a erat intus rugolus, caro
vcnam arteriofam
cordis in c ad 5
quàm
prominebat
in caeteris locis.
Margini
afcripta
quam eè
culse,
cor à cavâ effe
:
[Imô
iftae
ruga; cranl pars auri-
intus depreflerai, ut apparerct lotum
facjtunfi
eàdem materià ex quâ
ex
cùm tamen paulatim
culse; 10
m agi s
auri-
ejus lunica durior eva-
non autem cordis caro, quôd non humore intus tranfeunte, & idc6 cavae deret,
eâ videbantur diverfe naturs
quam
ita
alluebatur
&
valvulae ex
cor.j
muconem cordis, illumque reperi aortâ & venâ arteriofâ perforatum. Erat
Secui deinde
i5
tantùm in autem foramen plané corrugatum vefica cula,
manu
&
poterat everti
planèque ejufdem fabrics intus
caio in
fummo mucrone magis
verô ex eo 20
preffa;
textae &.
fibrse
quaedam
alba?,
crafTa erat
quœ
iibrae verl'us
perfpicuè vidi
rctis inilarinter-
erant verô tantùm
:.
Incipiebant verô etiam
finu verfùs arteriam
& illumampledens Ifibrae
'
in a à bafi ad
exterius apparentia finuum interllitia,
venam arteriofam a.
in b;
Voir figures VIII. Les deux
Œuvres.
VI.
efle in finiflro
venofam.
Secui deinde cavam
3o
iftae
eumdem mucronem paulô altius, ubi foramen -ib aortà A arterià venofâ efle
rotundum,à venisverô oblongum, a, b, c.
eminebant
aortpm.
Secui deinde
ut
:
prominentiis in finûs cavitate exiftentibus
adhaerebant furfum vcrfus
25
tanquam tanquam aurividebatur. Ncc
intus,
mucronem per & eodem modo
manfitque totus ventriculus lettres,
o et g, manquent. 7*
ExCERPTA
)JO a,e, b
expanfus,
& columna
ita
intra/^
11.
!5o-i32-
ut tamen appareret iniermcdia/^ fita,
de quâ lupra, cuius bafis crat
Margini adfcripta : (exterius infcriori parti iftius columna? quafi bafis alterius adjuncta eral, ex quo
ce.
fibrse
dividentes valvulas cava^ in o veniebani) aul
circiter.
Garnis autem denlitas circumquaquc ferc
itqualis,
&
latior
quamvis oblique feda, non tamcn
quàm
o-,
lam
;
ti,
membranam
Icidi
^.^
erat
h.
Aperui deniqiie arieriam venolam
nempc
5
in
fui
mcdio,
/ intcr artcrias poli-
potuitquc lotus lipus repr efentari ut
"o
pidum
hune finuin ita anguflum cfTe, quia fuerat à dextro comprefTum ejus autem caro,
eft.
manileftum
Et
erat,
;
ubique
quàm
|
a^qualiter denfa, duplo
alterius,
aut circiter dcnfior
non tamen mulio
padior; nec verô erat magis lata
quàm
fed
latior,
vel
denfa
in
commedio
'3
adeôut videretur finus quidem hic finifter fuiffe quidem^ inflatus «X: rotundus, eique poflea fuperaccrevilVe finus dexter tanquam pariete
in reliquis,
operculum. Notandum etiam, aperto linu finiftro per médium arterise venofae de, tantùm potuilTe explicari priufquam valvula / fcinderetur atque poft: adeô ut ora venarum effmt multô laxiora quàm arteriarum
^o
:
nempe
cavae orificium erat
mum erat
aortae, rcliqua
omnium
duo
latifTimum, mini-
ferè œqualia.
^5
bove animadverti cavum, cui implantatus fuerat umbilicus, non amplius craffiufculà carne circumIn
a.
Au
lieu
piimùm, par
de quidem rcpété deux ex.,
opposé
à
pojlea
(1.
tois, 19).
mieux vaudrait,
la
seconde
fois,
Il,
AnATOMICA.
52-1 56.
1
vallatum,
plané
fed
^"I
acuminatâ
recedebatque
;
à
quatuor digitorum diftantiù. Erat hepatis caro magis colorata quàm vitulorum pulmonum vcrô felle
;
minus, fed plané albicans. Duae tura apparebant infignes
5
l^-
nigricantes veniu
I
utiaque ab eàdem origine ortum
cutanea; cordis;
ducebat,
nempe
ramo
à
inlîgni cavai, qui per
médium
parietem cordis ab ingrelTu cavae ad auriculam finiftram
primo bifariam dividebatur interjedâ valvulâ, ejufque ramus inferior rurfùs bifariam divifus, unam fui partcm perpendiculariter ad mûcronem cordis dcfcendeniem fupra médium fmiftri pervadens,
lo
ibi
finûs cmittebat; altéra obliqué infra finiftram auri-
culam fcrpens, poftquam ad ejus finem pervenerat, 1
5
verfùs
mucronem
cordis in feparationc utriufquc finûs
Alius verô
anterius lleclebatur.
omnium maximus, pens,
ûipra
furfum afcendebat
ramus
iftius
fmiftram auriculam lîil:
juxta illam feu
vense fer-
ner-
vulus defcendebat verfùs cor, qui tum in pcricardio 2o
videbatur abfumi, ut
&
nervi
alii
quotcumque mihi
occurrerunt. Notavi praeterea valvulis claudi orificia
&
\ence azygos
axillaris,
trunco veniebat,
ita
verfùs cor laberetur, 25
ut
qua; à cavai afcendentis
fanguis per
quàm
illas
faciliùs
inde polTet regredi. In
autem nulla prorfus cjufmodi valvularum velligia apparebant. Ipfae autem cordis] valvulae erant ut in vitulis nempe cava? c^ arteriai venofae, minus perfediffimie aortec vence autem perperfedae fedse quidem, fed quae tamen non tam plané claudearteriis
:
;
3o
bantur a.
quàm vena
Lire pcut-êirL'
;
,
:
venœ
arteriofa"
:
,
hujufque orificium pro-
arteriofce [valvulœ] ?
^72
EXCERPTA
poitione minus crat
quam
". i56.iS8.
in vitulis; aorts,
majus.
Ex duobus ramulis aortae, immédiate fupra valvulas
deoiTum ad mucronem cordis anteiius inier utrumque finum fimul cum venâ fledebatur; dexter oblique lerpens infra dextram auriculam paulatim in cor abfumcbatur, quatuor exiguis ramulis ftatim ab initio in cor demiflis; fed & Iinifter ramus, cujus tamen unam partem jamjam defcripfi, unicum
egredieniibus,
ramulum'
praeterea
maximâ
(iniftei
fui
5
in iplo initio in cor demitiens,
parte infra finiftram auriculam ad prin-
lo
cipium cav3e ufque ferpebat, atque ibi verfùs cordis mucronem deflexa, finum dextrum à finiftro in pofleriore cordis fuperficie diflinguebat.
Dexter finus multô brevior erat proportione magis
moUior
;
paries
quàm
in
j
quàm
vitulis,
finiftçr,
etiam
ejufque carç
exterior fere tripla minor.
iS
Intus
fanguinem rubicundum; in finiflro vero, nigrum & aduftum. Vena arteriofa aliquanto etiam moUior videbatur quàm aorta fed quod mirum, ejus cum aortà conjundio tam plane evanuerat, ut nulla ejus veftigia apparertnt, nili tantùm exigua ruga in venâ arteriofa. Ifta autem materia, ex quà intermedius canalis fadus fuerat, in durum adipem videbatur effe converfa. Meatus verô ex cavâ in arteriam venofam plané erat etiam claufusj fed foramen adhuc inftar foffse cujufdam ex parte cavae cernebatur, & rugœ miilta: in medio tranfverfim protubérantes, fupra verô
reperi
;
&.
20
25
infrà excavata^ ex parte arteriae venofse.
Jam notavi os cordis fatis durum, & quo fedo médium habebat tanquam ex meduUà fpongiofo olTe conclufà. Erat autem hoc os, vel potius haec duo offa,
3o
Anatomica.
H. i58 162.
575
& plus quàm mediam ejus orificii partem cingebant. Unum quidem magis ab anteriore parte cordis inier orificium cavae & aortae habebat exordium, & ubi cava arterise proxima efl, quemdam in radicibus aortae,
|
5
proceflum deorfum
ufque ad médium arteriofam
;
mittebat intervalli
,
pergebatque
poftea
aortam
venam
inter
ibique nefcio an alteri
offi
&.
jungeretur, vel
potius ipfam cartilaginem faclum ulterius progredie-
quod efl inter aortam & venam arteriofam. Valvula autem ibi in ifto batur ad ufque finem
10
intervallo pro
&
laginea erat, ventriculo
:
venâ arteriofà exiftens, plané carti-
Non
quàm
fibrœ longe duriores
in finiftro
adeô ut longé major inter cordis finus
appareret diverfitas i5
illius inrerftitii,
accuraté
quàm
in vitulis.
erant
diftindae
venofae;
&
angulis,
tamen etiam
valvulae
arteriae
majores apparerent in duce eiTe videbantur, adeô
licet duae cseteris aliae
ut quatuor poffent numerari.
2o
Caeterum pericardium adhaerebat ipfi cordi, non tantùm in bafi, fed etiam in parte pofteriori, à bafi ad mucronem, ufque ad latitudinem trium aut quatuor digitorum. Innumcris fibrai in
extremitatibus duriores erant finiftrà |
3o
erat
confutum
quàm
in
;
quse
medio,
medio autem cordis inter iftas fibras erat, inftar cujufdam glanduht, pifi romani magnitudine & figura, prominens album tuberculum, quod ibi intra ipfam cordis tunicam erat adnatum. Circumquaque verô pericardium erat adipofà quàdam veluti fpumâ confperfum & con-
atque in 25
fibris ei
tedum.
parte
quàm
in dextrà. In
EXCERPTA
574
H, 162-161.
In vitulo bimeftri vel trimeftri, ex matrice excilo,
haec obfervavi^. Orificium valvuls'^ eratardiirimèclau-
fum
in
Z>,-
erantin/&^. Ex cornibus
vafa utrinque
e
&
dextrum erat longé majus altero & in id corium fœtus extendebatur, non autem in finiftrum. Caput fœtus erat verfùs illum, fed amnios non tam longé extendebatur, fed magis in ovalem figuram in medio, ut a. Dorfum fœtus erat in h. Umbilicus in /, contortus ut JH, ubi cutis inter cornua c & e erat corrugata, quoniam utérus creverat verfùs d, non autem verfùs b, & tantô ardiùs eju.s os claudebatur. Natabat autem e
c,
fœtus batur;
in
magna aquœ
copia,
quœ cum
fuiffe
illos
incurvatos, fed crefcente paula-
junduras & articulos. Cartilago autem erat in genibus & aliis tam longa, quàm effet ipfum os femoris vel tibise pedes autem erant perfedè fortim fœtu,
10
include-
illo
pedibufque erat ercdis, apparebatque
nunquam adhuc
5
ficri
i5
;
Cauda etiam longior quàm in adultis; item etiam pénis, qui omnino ufque ad umbilicum protendebatur, ibique erat in concavum quodammodo reflexus, ut videretur ipfius nervum inilio eô ufque perrexiffe, jam autem imminui pnneputiumque ibi maii.
crefcere. a.
nullum habebat foramen
Pénis
Trait transversal dans
Vitiili
le
embryogenia.
bimejiris
Descartes, du 2
MS.
—
novembre 1646,
—
fenfibile.
Foucher de Careil ajoute un
titre
:
Voir, pour tout ce passage, une lettre de t.
IV, p. 5^5,
1.
13-24, de cette édition.
Voir figures IX. c. Lire peut-étreK/e;»? Voir ci-après, 1. 10- 1. Ou plutùt vuhœ. Bauhin, Vierus (ab vtre; propriè mulieris ell, cùm in caeteris Inst. Asatom, animalihus vuluam potius appellemus. " ;Edit. 1619. p. 8.^, in margine.) h.
:
;
)i
Voir encore ci-aprcs,
p.
SjS,
I.
28, et ci-avant, p. 507,
I.
i3-i6.
20
Anato.mica.
n. K'M-ieo.
5
^75
Scrotum etiam erat pro menfurâ corporis magnum, & humore tantùm glutinofo plénum; teftes autem erant adhuc in corpore. Mammse autem quatuor lupra fcrotum, tanquam afficularum capita, maxime confpicv?E eminebant. Reliquum corpus erat perfeâè formatum aures, os, nares, ut in adultis, Solae oculorum palpebrœ nondum erant divifae; foris tamen jam apparebant :
futurye rimae veftigia,
&
tenfa ibi cutis paulatim erodi
videbatur.
Tuniccc
'o
cidae, fola
omnes fœtum involventes erant
pellu-
corion erat cotyledonibus diflinchi; per
quos cotyledones apparebat fœtum umbilicum ad le mammulai' enim uteri in illis erant inclufai; traxiffe quae mammulae erant paulo magis alba;, cotyledonés paulo magis ex rubro nigricantes. Intima autem :
|
i5
tunica quibufdam maculis, inftar lentis quae in aquâ
corruptà gignitur, erat intus affeda bilici
pars exterior intra illam
Erant hce maculae albae 20
&.
t!i:
;
itemqiie
fœtum
um-
exiftens.
omnino commotâ' con-
quafi ex adipe, ut
viderentur efîe vitium ex aquà intus
tradum. Nulla adhuc
2 5
ibi erat offa,
qualis ab aliis defcribi-
omnino appareret, otiam i(lam excrementum alvi, quod nondum fœtus
tur; ut inde
cfTe crai-
fius
egefferat,
mis juvenis. Apparebat etiam, quàm fil ridiculum fingere aquam, cui fœtus innatat, effe ejus fudoprocul dubio, crefrem^\ cùm effet tam copiofa, quia
ni
^^<.
Cornu
cente fœtu, diminuatur. a.
Lire plutôt corruptà. Voir
1.
finiftrum uteri
16-17.
Voir Fabricius ab Aquapcndenti;, l)i formato FctTi. Excrementorum Fœtus utilitatibus. j'age 94, édit. 1737.) b.
vacuum
:
c.
VII,
De
5
EXCERPTA
'jj6
11,166-170.
odorem exhalabat, &
erat, taetrum
quafi afcarides exi-
guae in cjus initio apparebant.
Jam foramina, duo ad nares & unum ad palatum, ex cerebro maxime confpicua & aperta erant & pala;
tum, ab
ifto
foramine ad dentés, erat quibufdam rimis
5
quafi ferratum, quae fadae videbantur flatu ex cerebro
palatum
in
aquam
allifo.
cui innatabat
Os autem,
maxime apertum. non admittere habe|
non poterat
,
batque item duo foramina in gutture, gulam fcilicet & arteriam afperam, qu?e femper aperta videbantur.
10
Nec epiglottidem notavi; fed immiflb per os ftylo, redà in gulam ivit, cùm nihilominus adhuc pateret arteria. Jam liquore glutinofo, A multô craffiore
quàm
ille
cui innatabatfœtus, ftomachus implebatur;
unde jejuna
inteftina alba erant alia ;
non magis
craffa,
1
Podex denique, ni fallor, femper patens, fphindere nondum fado & inteitinum redum album erat, ut appareret nihildum per ilhid, quàm fed nigriora erant.
;
flatum
& aquam
limpidam,
exiiffe.
Cerebrum amplum erat, & in très partes a, b, c, ita divifum, ut eaium unionem videre nequiverim; medulla fpinse d exigua. Cor nucis avellana? cum putamine magnitudinem œquabat, nec cum pcricardio majus erat uno ex ventriculis cerebri. Pericardium durum erat, imo duriffimum; nullum diirepimenium notavi, fed diaphragma erat plane iormaium. Pulmones erant rtiaximè rubri, nec folidi, fed inllar fan'
20
is
guinis concrefcentis; item hepar, fed magis nijgricans.
A
dextro cordis fmu cavse truncus defcendens, à
ftro a.
afcendens oriebaiur. Renés erant maximi Figure X.
Manque
la lettre c.
&
fini-
nigri-
3o
Anatomica. cantes
577
aorta defcendens eiiam maxima, rami ex
;
ad renés maximi
;
uretères à renibus ad
illà
imam partem
urachi inlignes. Vefica autem nuUa, fed urachus
latif-
fimus, inftar cuculli vel infundibuli. Arterisc umbili5
cales maxim^e;
dam
defcendenus ramis quibuf-
aortcC
inferebantur grandiores,
inlignes
lici
;
(ed
Lien
maxime vegetum, &
qualî cseruleum,
In* vilulo ad
fœnum
Teftes
natabant.
rubro fplendidiflimo
ex
me
allau)
in ore,,in
eàdem
nihil
gutiure
die
unquam
edilTe,
Adeô
inteflino erat flavefcens.
ell,
mirum
ventricule habebat,
&.
etiam tanta; longitudinis ^yanta;
qua natus
e(l
manus'';
verô inieflinis ftercus erat viridé, in podice ui
in alijs
& redo
non modo certum
illum antequam nafceretur comediffe, led etiam
effet,
ex matris 2o
.
eranl
Itomacho adha^rebat.
CLimque certus elTem eum i5
Renés non
conlpicui, etiam intra corpus
fatis
hi elTent
non notavi
uter altior,
albi.
diélu.
quanquam &
ftylumquc admitterent.
iequalitcr
10
&
œfophago
live
ventriculo per vcnas ad uie-
rum ufque paleas & indigellum alimentum
defluxiffe,
exceptum, fradis fcilicet omnibus membranis ipfum invoiventibus neque enim per umbilicum pale;£ tranlire poiuilfent ad gulam, cum praeibique à vitulo
;
(ertim in venâ umbilicali nihil appareret; in arteriis 23
autem umbilicalibus erarfanguis concrerus. Ren
fmi-
fternulli loco lixus haerebat, fcd quafi naiabat in coru.
un 1. t.
Kn
H
irait
7-8.)
:
II, p. 170.) L).
Mot
qui surprend. Sic dans
Œuvres. VI.
le
MS.
EXCERPTA
57^
Utérus (erat enim loeniinaj habehat cornua utrinque reflexa, ni fallor, fupra arierias umbilicales porc.
utrinque, hancque puto rationem eiïe
cornua flexa" lint eique proximc telles adhaerebant. Stabatque intra veficam & redum inteftinum hepar; ferè totum erat in latere dextro, magis etiam quàm in paulô grandioriciir
;
bus. Lien verô
non
erat adeô
5
incurvum; incipiebat
tamen. Uteri cornua furliim verfùsumbilicum lefleduntur,
pnegnantibùs fœtus eft in ventris capacitate infra cornua; unde facile cft nofcere, quodnam fit dextrum Se
in
cornu, quod(nam) finiftrum, etiam
in
vulvâ excifà.
non erat plane perforatus, nifi ufque ad b; inde in duos ramos dividebatur, ita ut bf eiXet paries ulrique ramo communis, fo cornu, Si J teftis. Intus Utérus
"o
ct/'
tota vulva erat exiguis
glandulrs
albis, exigui
i5
pifi
magnitudine, dilVeniinata ufque ad cxtremitatem cor-
nuûm. In veficâ vix
tamen,
&
patebani ureterum meatus
;
patebant
rtylum vitreum admittcbant''.
a.
Flexa, conjecture.
h.
Au
bas de
la
MS.
ao
J'uûa. :
MS.
Nihil deejt (note de Leibniz), pour et qui ne se trouvait Puis cette annonce de la feuille suivante In ovis
page, dans
le
:
expliquer sans doute l'absence d''unc figure attendue, point dans Poriginal.
cerebro. (Par?
Ill.j
—
:
I',
Anatomica
'7o->72.
PARS
^79
///
exceiytorum Anatomicorum ex Mf. Cariejij^. In ovis cerehro,
primo animadverti^, ejus figuram
inferiorem, partibus
parum
laxatis ut mclius diftin-
Igueretur, circiter talem cfTe
proceffus
bellum,
^
ex
quem pontem
ah
fpinalis medulla, c
nominant, d cerenervus quinti paris,/ nervus quarti paris, cavitas exigua, fupra quam eminct quafi
e
ad h
colliculus 10
:
h.
Quem
cerebelli
feq\iitur vallis veiTus
.•
ibique
cft
loramen quod vulvam vocant, & ad / cft concurfus nervorum opticorum, vulvae rimam terminans; ibique exterius Ipinalis medulla terminatur; k eil protuberantia alba, quie fcparatis aliquantulum cerebri duabus partibus apparet, eafque unit;
i5
/
mamillaris. n
pundum
eft
m
eft
proceflus
nigricans; color intrapro-
cellus mamillares in cerebri fuperticic confpicuus; in
cavitatead
/:
nullum
vidi
(bramen.
Poftquam cerebriim in aquà pernodafTet, notavi nervorum opticorum tubrtantiam elle moUiflimam, contra aliorum omnium, durilFimam, quatenus extra medullam Ipinalem egrediebantur; in ipfâ autem medulla radices nullas habere duriores. Pia mater erat •
20
etiam longé durior
quam
prius.
Inverfo cerebro, noiavi fuperius torcular a.
le titre
du MS. b.
manque dans
Cette •indication
ajoute
suivant
:
Figure XI.
Fouclicr de Careil, qui, par contre,
C. Cerebri anatomia.
(feuillets 7 et 8).
Lambda
—
Ici
commence
la
Feuille
V
EXCERPTA
^8o
duas partes
cfficcrc intra
II.
&
cereibri
172-1
cerebellum,
:fi.
^
emitiere vas infigne è.niedio verfùs pelvim, ejufque
partcm
rcflecli
fuprafornicem. Qui fornix incipii fupra
tcrtiam plicam medullce fpinalis; accercbelli
mcdio crant
tranfverfae,
ti'
ferè etiam ad latera cerebri
crant potiùs oblongae.
MeduUa
ponte, qui totus etiam
eft
annulum tem
efficere,
fed
;
illi
fibrie in
cerebelli
unà cum ejus
ex medullâ, videtur cralTum
totam medullam fpinalem ambien-
adhaeret
infeparabiliter
hic
annulus
ubiquc, praiterquam furfum, ubi fpinalis medulla excavata,
&
Hanc cavitatem fequitur
quaitam plicam,
nalis medullce, qua>
latera eft
10
cavitatem impleat; eftque haec cavitas
cerebelli veniriculus. infra
eft
procefTus vermiformis deorfum reflecli-
tur, ut illam
men
5
five
protuberantiam
omnium minima
rima diftinguuntur
iit aliae,
eft;
forafpi-
nec ejus diio
i5
fed lineâ redâ, quae
iinum ex vinculis duorum laterum fpinalis me-
dulla;''
;
J podex,
plica interior
bh vincukim hoc, ubi
fpinalis medullse
plica diredè occurrit intra
;
b eft quarta
atque hsec quarta
cerebrum
&
cerebellum.
20
Ideoque nulla rima fecundas ejus partes feparat, quôd fed tertia nulla exfrementa illac debeni tranfire ;
plica, quae propriè
|
natibus poteft aflimilari,
rimam
fubjacet cnim pofteriori parti haber intermediam cerebri. ex quâ nonnulla excrementa in pelvem delabi ;
ponVint. culi
Hac autem
tertià plicâ videntur
25
duo luber-
fubrubri fuperftantes fupra tabulatum album,
cujus una pars e(\bb,clJ altéra; ce funt duo tubercula, eeft pénis obturans fornmen per quod ex ventriculis cerebri delabuntur excrementa in pelvim. 1
a
Figure XII.
Huic ad
3o
Anatomica.
176-178-
'"•
^81
foramen, quod podicem vocavi, continuus eft canalis redus ab a ad pelvim e, cui fuperftat planum ae album ;
denique infra
e,
inter e
&/, duse partes fecund?e plicse
inter fe iiniuntur, ita ut 5
riorum per/poffint per
&
labi in pelvim,
pofteriorum
illa
e.
aure ovis officula
In
10
excrementa partium ante-
quàm
in
major
eft.
vitulis
;
tria funt, fed
paulo minora"
excepto mallco, qui proportione
Stapes autem utriufque
elt
plané ejufdem
incumbitque fupra membranulam clauden-
figurcE^',
temunam
ex feneftellis cochleae
&
labyrinthe
commu-
ramos praeter partem duram, quae per proprium canalem ferebatur praecipuusramusdiredè ferebatur ad médium orbium cochleee fecundus multô minor diredè infra ftapedem, ubi incipiebat canalis ter revolutus labyrinthi; tertius rurfus in labyrintho inter primam &. fecundam revolutionem canalis, cujus prima revolutio tantae erat magnitudinis*^ vel'^ & figurœ'. Cochlea eft' canalis fpiralis fenfim in anguftam definens, vel potius duo canales conjundi videturque patere tantùm"^ nibus. Nervi auditorii notavi très
|
:
i5
20
;
;
ingrelTum ex feneftellà ovali in initium unius ex iftis canalibus, fed ex ejus fine rurfum patere ingreiTum in finem five 23
lis;
a.
b. c
&.
anguftiorem extremitatem alterius cana-
denique ex altéra latiore extremitate hujus
Minora] correction du MS. sur majora
t.
Figure X\'. Figure X''I.
g.
Lire peut-être
e.
écrit d'abord.
Figure XIII. et d. Figures XIV. Dimensions doubles de celles du MS.
:
twn tantùm.
'e
non ayant
été
omis dans
le
MS.
EXCERPTA
582
11.
178-.82.
lecundi canalis via qusedam patet extra os petrofura, ut vidçtur, verfùis cerebrum
:
an vacua
fit
ifta via, vel
nondum
nervus, vel aliud quid illam impleat,
fcio.-
Manifeftè obkrvavi plexus choroides non adhaerere ventriculis, fed inftar tapetiorum^ eiTe ibi appenfos,
&
glandulam pineàlem, ex quâ conopei inftar pendent & tegunt foramen cerebri, quod infundibulum excipit adeô ut fpiritus afcendentes per hoc infundibulum ex glandulâ quani pituitariam vocant, ad pineaiem inde perveniant, modo fint fatis fortes. Sin minus, refleduntur primo verfùs ventriculum quartum per canalem qui eft infra nates^, deinde verfùs foramen quod eft poft nervorum opticorum occurfum, unde elabuntur ex cerebro. Eafdem etiam vias fequuntur partes eorum fuperHuae, cùm funt fatis
quidem
5
circa
:
fortes
&
;
10
i5
praeterea ex ventriculis verfùs nates purgan-
quippe notavi accuratè unam glandulam alteri fuperponi, infundibulum plané effe ejufdem fubftantur
tise
:
atque arterias carotides quae
Cùm
ipfi
infident.
omnes [in margine in vitulo cujus caput ita perculferant madando, ut ofla ab invicem in futurâ venre
:
lanibdoides elfent difjunda],
piam matrem
&
cerebrum,
c<:
e^-
nares,
fpatium intcr
i.<:
plexus choroides multo
languine concreto implerentur
:
nullus fuit in caro-
iidibus nec in ifto infundibulo, nullufque in ventriculis,
prieterquam circa glandulam pineaiem, ubi
plexus choroides.
|
Poft
rum adhuc patebat
concurfum nervorum optico-
via per
quam
fpiritus ex ventri-
le MS. Lire tapelium, ou tapetorum. lô Nates avec un / très-distinct; comme ci-aprcs, avec un r non moins distinct. Lire peut-être partout nates. a.
b.
20
Sic dans
1
et
2:, narcs,
25
Anatomica.
1.182-184.
^8î
culis egredi poiTent, licet ibi etiam circumcirca miflus effet fanguis.
Canalis etiam fub natibus patebat,
membranula quâtegitur furfum
erat eveda.
Novemb.
5
&
idjj-
Vitulus è matrice excifus quinque vel Tex hebdo-
madîs poft conceptionem, ut fufpicor, erat indicis mei longitudinc, à fummo capite ad podicem, plané formatus. Uteri cornua erant verfùs anteriorem par10
i5
tem reflexa. Vituli caput erat verfùs dextrum cornu, dorfum verfùs fundum matricis, & umbilicus verfùs orificium. In quo umbilico quatuor vafa facile diflinxi, quorum duo fcilicet rubebant Oi; alia duo magis nigrefcebant, ita ut duas venas & duas arterias effe appareret; reliqua autem erant diaphana. Hujus longitudo
mediam autem
ipfius
vituli
erat ullo
modo
longitudinem fuperabat.
intortus, nifi forte aliquantulum
videretur cœpiffe torqueri, fuiffet 20
initio verfùs
dextrum lici
Non
tanquam
11
umbilicuni vena:,
latus fe convertiffet.
inteftinum à fœtu ad
&
caput fœtus inde verfùs
Poltquam autem umbi-
membranas illum
inveftientes
pervenerat, in duas infignes partes dividebatur, in
quarum unâquaque erat una vena, & una arteria, qua: in plures ramos dividebantur, & una; verfùs dextram, 23
aliae
verfùs fmiflram uteri partem fe fpargebant.
Immiffo deinde a.
ftylo
fatis
craffo
(nempe magna;
Trait transversal, du MS., non reproduit par Foucher de Careil, qui par contre, un titre D. Vituli embryogenia. La date
ajoute,
Novemb. lôJ-j
.
se trouve
en marge.
—
:
.
EXCERPTA
^84 aciculae caput)
duas
inteftinuli
patentiffimum
in
M, 184 -.86.
foramen, nempe quod inter
partes apparebat
meatum (urachum
:
inveni
ibi
videlicet), qui
verfùs fœtus umbilicum anguftior evadebai.
uracho
in
inteftinuli contentus,
iltas
elTe
tamen
Humor
magis lentus ac glu-
quàm inter membranas erat. nondum videbatur perforatus,
5
tinofus videbatur,
Podex
vituli
apparebat tamen, pundi
inftar,
fed*.
foraminis locus; ut
palpebrarum fiffurae rudimenta. Sed infra podicem apparebat tuberculum, quod initio pro Icroto fumebamus; admotâ'' autem aciculâ, vidi effe carunculam, verfus caudam reflexam, ut abc, & intra iftam flexuram effe rimam parvam quse caput minutae in oculis,
i-^
|
aciculae admittebat,
& quam pro vulvà fœmellse accepi
Erant etiam quatuor mamillae formatae, ut in mare,
qoem
aliàs vidi*'. Et fufpicor in
i5
embr)'one fcrotumi
femper humore aliquo diftendi qui humor fi foris verfùs umbilicum r^fledatur, format membra mafculi û verfùs caudam, format femellam fi utrinque, hermaphroditum*^. Totus fœtus nigricanti fanguine pienus erat unde judico magnum effe calorem fanguinis à quo formatur, nempe qui eft tantùm puriffimus qui :
;
;
20
;
per arterias matris accédât.
Oris anterior pars erat aperta,
nondum autem
pofterior. Item etiam nares
nondum
bant, fed carunculae ex
videbantur protuberarc
illis
adeô ut à materià intus contenta
&.
Apres fed] erat écrit d abord, puis barré MS. Avant adnfotà, fed écrit d'abord, puis barré. répond à ce passage dans le MS.
manifeftè pâte:
egredi volente,
a.
b.
c.
d.
Voir ci-avant, Voir ci-avant,
p. 575,
1.
3.
p. 1^23-324.
-
Aucune
figure ne
25
n
Anatomica.
106-190.
^8^
coUum
debere aperiri appareret. Humeri,
quàm cmra
paulo magis albebant
omnium maxime
5
;
&l
caput
venter autem
Caput clunibus craflius erat; ventris autem regio erat craffif|lima. Aures videbantur eiTe aliquantulum perforatae, (ed ab humore ilta autem fbramina tegebantur etiam egrediente nigrefcebat.
;
extremitate auris, triangularis figurae, quae à reliquâ
cute erat excifa.
hoc vitulo inteftinum redum ad finem ulque videbatur efle perforatum; nam erat multô craffius jejuno, ut neque colon nec caecum etiam craflius notavi. Ventriculi autem tumebant, erantque aliquo humore glutinofo repleti. Caro hepatis non erat firma, fed inftar fanguinis concreti. Lienem non inveni, fed In
10
i5
exiguum à tergo venquod prius pro hepatis parte fumebam non
notavi aliquid triculi,
enim
ipfi
:
Renés firmiter adha,'rebant erantque valde crafîi & vicini veficœ, nec ullos
erat alius coloris.
fpinae,
uretères notavi 20
bus
fimiie valde
in
Velica
redo
&
:
unde conjicio
inteftino
Si
illos
poftea ut à faeci-
colo colledis furfum propelli.
urachus intra corpus
;
unus erat
canalis.
magni, fed vix 1/20 renum arquantes; cornibus matricis appendebant. Cor erat coloris fatis albi, pericardio involutum;
Teftes erant albi, fatis
25
fed pars finiftra
pulmonum
erat valde rubens, pars
autem dextra fuperior erat albicans, & inferior paulo magis rubea, non autem tantùm quantum parsfmiflra, erant autem hse duae partes Iquae minor erat dextrâ :
plané diftindae 3o
pra.
&
potius infra cor à tergo
Sed pericardium,
notari potuerit. Œuvres.
VI.
fi
affuit,
Cor autem
tam
oris
quàm
fu-
fuit tenue, ut vix
cum
nafo crafljtiem 74
EXCERPTA
^86
œquabat
H.
19-^
"oz-
ejus ventriculi dextri fupra rmirtrum in-
:
flexio videbatur à bafis latere finiftro
(unde'^rat trun-
cus aortee verfus inferiora retlexus} per anteriora ver-
fusmucronem cavse.
Ncmpe
de.vtrae partis revolvi,
erat contrarium
ubi erat ingrelTus
à cavà deorfum per
:
truncum aortîe delcendentem afcendebat. Erat autem hujus dextri ventriculi caro notabiliter magis rubens, quàm caro finiftri. Manifeftus & patentiflimus erat meatus à dextro ventriculo afcendens autem in truncum aorta; defcendentcm furlum
anteriora
5
in
'o
;
Alpera arteria erat à fummo gutture ad cor ufque valde longa, l<: ubiquc ejufdem cralîitiei; in (ummo autem, ubi etl cartilago fcutiformis, vix notari poterat.
muliô
erat ci
nodi inftar rotundi:
crafîior.
i.<:
adhccrebant
carunculcc valde rubenies. quas pro lonlillis lumfi.
Epiglottis
jam
fatis
fus defcendit per
|
formata
erat.
œfophagum,
A Ûyhis inter
afperam arteriam fitum, ufque ad fubftantia plané alba erat
duobus anterioribus
modo
erat
^'i:
i5
in os immif-
fpinam
intellina.
dorli
vliL:
Cerebri
fubpallida; fed inius in
fanguis concrctus,
nullo
/o
cerebro permiftus.
Oculi pupilla rotunda erat il- fatis magna, licet in adultis fit oblonga; an vero pupilla fuerit vel potius corneae pars tranfparens, quai ita rotunda apparuit,
adhuc dubito potui.
Humor
:
non enim uveam
cryftallinus valde
à corneà dividere
magnus
OC'
^5
ferè rotun-
dus erat notavi etiam humorem vitreum, fed nullum aqueum. Omnia autem oculi interiora valde tranlpa;
rebant. Sola tunica exterior in parte anteriore, circa illud a.
foramen rotundum, quod pro pupilla fumeba-
Uiulc récrit, dans
le
MS., au-dessus de
iihi
non barre
3o
H
AnATOMICA.
i9'-'94
^'87
mus, nigrefcebat; paulatimque minus nigrefcebat, & diaphana evadebat verfùs pofteriora. Necdum uUi erant proceiîus
ovis
ciliares;
alicujus
oculus
effe
videbatui ^ 5
Membranae fœtum involventes multo ulterius in fmiflrum cornu quam jn dextrum pertingebant adeô ut probem,quod inquiunt'', mares in dextro. fœmell-as :
in fîniUro latere geftari.
Hujus 10
quàm
illa
conjicio
&
vituli
crura
I
&
pedes non tam extenfa erant,
quem olim videram". Unde inflexa initio, omnium motuuni
paulo majoris,
illa fuiflc
iS^
articulorum rudimenta tune cœpilTe
;
poilca autem,
aquà crefcente in utero, illa omnia fe extendiffe, denuô fœtu crefcente, illa fc contraxilTe.
>5
&.
OBSERVATIONUM AXATOMICARUM COMPENDIUM- DE PARTIBUS IXFERIORI VENTRE CONTENTIS'. 16^7.
Has omncs peritonœum 20
membranà
fatis
valida
involvit,
duplici, interiori Le MS. donne
Ovis... oculus, conjectures.
h.
Voir, par exemple, Bauhin, Instit. Anatom.,
c.
V(Mr ci-avant,
574,
1.
:
confiât
&
exte-
avis... oculis.
a.
p.
quod
p.
89. (Edit. 1619.)
i?-i3.
Voir t. I, p. 106 lettre du 23 déc. i63ol, et t. X, p. 9 (Inventaire E). « le trauaille maintenant à Voir surtout une lettre du 23 janvier i638 compofer vn abrégé âe Médecine, que le tire en partie des Hures. & en d.
:
.)
mes raifonnemens. » (Tome I, p. 607, 1. 16.) Ces quekjues notes de Descartes sont à rapprocher des In.stitutionks Casparo ANATOMir,F. Corpoi is yirilis & muliebris hijinriam exhibentes »
partie de
:
.
EXCERPTA
^88
M. 194.
quas renés & arteria magna & vena cava item produdiones fecundas ^ habet, collocantur
riore", iriter
;
quibus vafa fpermaiica, praeparantia ac deferentia, involvuntur' cùmque renés naient in fœtus corpore, ;
Bavhino D Analom. que d'ailleurs
260 pages, plus 52 à la fin. et 14 au commenApud Joann Schroeter. CID ID CIX.i intéressante « Diuiduntur partes (humani corpoSimplices feu fimilares. & Compofitasfeu Diffimilares. h (Page 2.)
édition
la 4«
Botanic. Acad. Bafil. ProJ'eJfore ordinar. auâore. cite lui-même deux fois. Nous avons sous les yeux
Descanes
:
petit tn-8,
cement, non numérotées. La divisior du livre est in
»
rifi)
»
ditur
<•
a
De
(Basileœ,
:
Partibis Similariuus. Similaris
e(t,
quae in fimilesfibi partes diui-
Carnes decemque funt numéro Os. Ligamentum Fibra. Arteria. Caro. Cartilago. Metnbrana. Neruus. Vena. Cutis. »
(Page «
Caro
vt
:
in
:
:
2.)
De
Partibus Dissimilaribus. DiflTimilares funt, quae aptae funt in partes
non in llmiles, fecari vt Manus non in Manus fecatur... » (Page. 3.) Mais cela n'est qu'une introduction. Vient ensuite le corpsde l'ouvrage « Corpus humanum diuiditur in Ventres, feu Principia quœ animal » ipfum adminiftrant, & Artu.<;. alius médius, Vitalium u alius Venter alius inferior, Naturalium » fupremus, partium Animalium domicilium. Artus vcr6 in Manus & »
difTimiles,
:
:
;
;
(Page 16.) Pedes diuiduntur. L'ouvrage n'est que le développement de ces quatre parties Partes in Secundus Venter feu Thorax. inferiore ventre contenter, p. 27-94. Venter Caput. 141-212 De Artubus ^ de Manu, Tertius p. p. 95-140. Pede. 242-260. de p. p. 2 3-242 Descartes, dans ces quelques pages, suit en partie, le niêrne ordre que Bauhin Peritonœunt, p. 23. Va/a Vmbilicalia, p. 29. Omenlum, p. 3i. Vena Porta (sic', p. 32. Arteria Cœliaca & Mefenterica vtraque, p. 35. Mefenteriuw. p. 44. Pancréas, p. 46. Vena? Cauœ Intejîina, p. 38. Rami. p. 46. Arterice Magna Rami, p. 5o. Renés, p. 53. Va/a Spermatica, p. 55. Va/a Eiaculatoria, p. 58. Ve/ica Vrinaria. p. 60. Anus feu Podex, p. 66. Lien, p. 65. Hepar, p. 68. Ve/tca Bilaria. p. 72. Venn
•>
:
1
;
:
triculus, p. 74-76, etc.
»
Sic dans le MS.. et non exteriori. comme interiori. Fecundas, conjecture. Le MS. donne /ecundas. F*criton;F.l'm. ... Efl autem vbiquc duplex, c. Bauhinus, ioc. cit. : cuius inferior & exterior tunica, Venae cauae, Arteriae magnce.& Renibus
»
fubllernitur; altéra fuperior leu interior, hjec contegens.
»
âiones binas in
"
rant, tunica exterior, quae renibus fubiecla, conAituit.
a.
b.
•<
virili
—
.
.
Tum
corpore, quo vafa feminaria defcendant .
.
»
&
produrecur-
'Page a6.)
AnATOMICA.
". i94-'96
hinc patet iftam
memhranam
umbilicales
Arteriae"
^89
nonnifi poftea produci.
ab
umbilicum
ad
iliacis
vena ab umbilico ad hepar, oftendunt fanguinem à corde per aortam ad ilia primùm defcendiffe. & inde ad umbilicum placentae uteri convenientes,
cl-
I
5
jundum
rediilTe; ubi fanguini
reverfus
eft
fe
permifcens,
ad hcpar iœtûs per venam umbilicalem.
Urachus^, cùm
10
matris
homine non fit pervius, ut in brutis, oftendit hominem minus ferofi humoris habere, & magis ad avium naturani acccdere, quœ non mingunt; in
fœtufque ideo tunicâ allantoide etiam caret.
Conneduntur
hae arterise lateribus veficae, quae ideô
videntur ex eo tantùm orta, quôd fanguis fœtus, attin-
gendo i5
placenta matris fanguinem, aliquid
in
humiditate fuâ depofuerit. Renefque caufâ produdi funt
quippe,
:
faltem audis inteftinis,
umbilicum,
& cum
nondum produdis renés
ilia,
eàdem
ex
ibi
de
ibi
vel
hepar fimul ad
&.
ad placentam matris, pertin-
illo
gebant.
Omentum'' femper conneditur ventriculo,
20
colo, interdum etiam diaphragmati
propendet
a.
Ibid.
fadum, quàm ex
duae...
»
ela'.a;...
b.
IbiJ.
u
:
&
caetera
;
:
nec
vafis quae recipit
&
—
Vasa Vmbilicalu. ... Sunt duplicia, Vena vna, Arterix vmbilico egrèlTa... Arteriae vero ab iliacis vmbilicalis.
«
:
Vena
»
hepati
fupra inteftinum antcrius
veli inftar
videtur aliundc
&
lieni,
.
.
(Pat;e 29-30.) «
Vrachus...
homine vcrù
In
modo
à
veficae
fundo funiculus Page jo.)
»
Vrachi
» >
fuperiore " conilat Ibid. O.MF.NTUM. ... Membranis duabus. quidem, quae ventriculi exteriori membranœ ad lundum inl'eriore, quae ad dextram colo, & à fmillris lieni lemper alligaïur, rariùs verô iocinoris
»
fibrse
nulle
effigie, fed
c.
peruius, exoritur...
—
:
» .
.
:
;
adnafcitur.
&
Arteriœ
.
.
»
(Page
poriue
»
colon exporreftos, fulcire.
casliaca;
3i.'
ramos,
»
.
.
«... in
Membranarum
verô vfus, Venae
ventriculum, lienem, duodénum,
«(Page
32.)
&
.
EXCERPTA
590 fulcit, ut illa in
nunc
inteftina
196-20^
duodénum &
ventriculum, lienem,
cùm enim
colon déférât;
II.
nunc vacuentur,
non potuerunt iplis adh?erere; cùmque libéra ftarent, circa ipfa lecunds membranae, ex quibus onientiim componitur, eodcm modo quo inflcntur, vafa iÛa
peritona.'um,
Vena
fadœ
5
funi.
portse radiées educit varias ex inteftinis, ven-
triculo, mefenterio,
omento. pancreate, liene&felle;
itemque exiguam ex hepate; unam" etiam, nempe vas brève, educit è ventriculo per lienem '\ Dico autem ipfam ex omnibus
10
locis radiées emittere, quia in
illis
nempe cœliacam, vel mefentericam, fuperiorem vel inferiorem, quœ in ejus extremitatcs fanguinem mittanf nempe vas brève illis
comités habet,
arterias
:
fanguinem acidum ex fplene ad ventriculum defert, & vas brève vénale fuccum ex ventriculo in fplenem, ubi acefcit. Ramos autem omnes fuos per hepar fpargil, prœcipuè verfus ejus concavam partem, (S: eô defert omnem fanguinem &. fuccum à radicibus acceptum ibique idcirco nullis arteriis efl comitata. Emulgentes' funt vafa latiffima, quae ex aortà & cavâ prodeant. Videnturque* initio illarum finem fuifle, ibique ideô fanguinem reftagnaffe, atque renés arteriale
;
I
—
a.
Cnam,
b.
Phrase qui résume tout
Vf.n\ c.
correction.
MS.
tiiiuni.
:
chapitre de Baiihin. loc.
le
cil.,
p.
32-?3
:
Port.*;.
Ibid.
«
:
ARri.RiA
Ccrî.ucA
mapna.
>•
filluram
li
Vcnx' porix ramos,
.'
attenduntur, funt Cœliaca, Mel'cnterica fuperior
.
d. Ibid.,
.
iniitit
:
à
qun per vcrurem alij
qui
Magn.€ Rami, e. Sic dans
p. 5 le
inf'innini
Vcii.x-
aux deux chapitres
Vi:n
:
f.
Lire plutôt
:
rami difTcminantur,
Cav.*;
videturque
&
Aneria
per diaphragmaiis
caua; coniitantur.
1
MS.
—
Mr.snNTERicA vtbaque.
f.t
truiicum nuioreni ad fpinam deorfum
.1
Qui
interior.
i^.uii,
p.
aiij
qui
portae ramis >•
i
Page
36.)
47, et ARTrRi.r.
i5
20
I,
&
AnATOMICA.
îOû-ao2.
59I
eodem tempore quo arteria pergens cœpit venam confcendere & ad ilia
veficam
ulterius
produxifTe
&
indeque ad umbilicum per veficœ latera divifa tendere^ 5
illos
:
hinc
valde varient,
natantes, praefertim
10
fit
&
ut in
renum
in
duas
&
vaforum ad fœtus corpore tanquam
finifter,
fitus
reperiantur. Exflatque
apud Bauhinum'' infignis hiftoria cujufdam qui habebat renem finiftrum juxta veficam locaturii
médium
deret, per verit, venit
venae emulgentis finillrae tranfi-
enim femper à parte
unde puto
finiftrà;
omnem i5
rationem petendam, cur hepar in dextro latere, lien in finiflro, &c. Item lumbares'' tum venae, tum arteria^, quse infra emulgentes producuntur,
20
poftquam ad fpinae meduUam interius penetrarunt, ramos habent qui furfum verfus cere|brum retleduntur. Quod indicat arteriam ulterius pergere conatam, in omnes partes ibi viam quaefiifle; tune autem umbilicus totam ventris capacitatem à nothis coflis ad a. Ibid.
:
«
Arteri.*;
Magn/E Rami per iiijimum ventrem diffeminati
.
—
Iliaca dicitur, tk vi »... Arteria magna venam cauam confccndit. » Caua, in duos Truncos diuiditur... ArteriiE vmbilicales. ad veficaï » (Page 5o-53.) » latera, tutel-a; gratià, membranis fortibus colligantur. « Renés. — ;/h marginc, Obforuauimus Renom liniltrum in b. Ibid. .
.
.
.
.
.
:
» »
concauitate inferiore ad Velicam lupra diuitionem Arterix magnas Venas caua% quà de re in Obferuat. noilris. » (Page 5 3.) c.
» » »
Ibid.
:
«
Lumbares ivenx duA'
aut très,
quarum tamen vna
&
inli-
peritonasum dillribuuntur, gnior, per lumborum & à quibus Venas duae, ad Spinalis medullx' latus, vtrinque vna in Cerebruni afcendit... u :Page 48.) Ceci, au chapitre Vkn.ï Cav.*: Rami. Et ventris mufculos
&
... Lumbares... non de même, au chapitre Arteri.e Magn.*: Rami folùm in Peritonasum ac Mufculos vicinosdiftribuuntur fed & Arterias » duas ad Spinalis meduUœ latus in Cerebrum cum Venis mittunt.., » (Page 5i.)
» »
:
;
EXCERPTA
^92
il,
ioj-204.
inguina occupabat. Valvulas in venis emulgeniibus
Bauhinus%
dicit effe
quâ
re dubito
:
quae feri refluxum impediant.
De
contra enim potius fajiguinis in renés
à venis iliapfum deberent impedire.
autem
Uretères''
ex renibus prodeunt, ut in
ita
odo
novem infundibula carne glandularum occlufa, quorum deinde
quoque rené
fint
vel
renum inftar duo vel très in unum coëunt, canalem, qui
efl
&.
ureter, quique
denique très in
unum
nervulum à fexto
pari
recipit,& veficseita implantatur,utab eâfine fradione
non
feparari
^
'o
poffit.
Mihi videtur, in embryone, lienem verfùs fpinam
medio corporis, &. hepar verfùs urabilicum fuilTe fita, venamque umbilicalera medio hepatis fuiiïe imin
plantatam aorta à
fed poftea,
;
finiflris cavae
hepar
ret, feceffit
ftrum
in
dum
inflaretur ventriculus,
truncum dextrum
&
lumbis confcende-
in
latus,
&
lien in fini-
".
&
Ex venis
lienem tranfeuntibus, unac
arteriis per
!
funt vas brève didse, quse ad feunt, & aliae ad
fundum
ventriculi tran-
redum inteftinum, ubi haîmorrhoïdales
internas conflituunt''. Eft autem canalis patentiffimus Emulgeniem. comnuiniter vtrinque vnam
faiis niagnam, quibus Valuula; leri refluxum in cauam impc» dientes. Page 54.) Et déjà précédemment « Quod (ferum languinisj u ne in cauam remcet, natura, Valuulis in emulgentibus lucatis, quas & in " Venis Splenicis obferuauimus, prolpexit. » (Page 47.) b. Ibid. Vreteres... renés velicae committentes duo funt,... qui, vbi... filtulas oclo vel plures, quibus (îngulis carnofum operculum obliqué implantantur. » impofitum,. Vefica; conftiiuerunt ,. Page 59-60.) a.
»
Ibid.
qux
><
:
ad renés
>>
.
t'ertur, in
:
.
•<
:
>i
'
.
c.
&
.
.
Cf. ci-avant, p. Sgi,
d. IbiJ. »
'5
:
><
Lien.
—
...
1.
.
13-14.
Ad
cuius
médium Linea
Arterix immittuntur. Venst à venà Port*.
.
.
alba. ad
Cuius rami
quam Ven» alij in
Lienis
20
AnATOMICA.
H, 204-306.
^03
truncum portae ad hepar, <^ in iplb hepate à porta in cavam, 0(: deinde à cavà in cor, à corde in cerebrum. Unde fît ut node, liene compreflb vel manu vel ob decubitum in finiflrum latus, gravia occurrant infomnia tetri enim vapores à liene exà venis licnis per
5
:
preffi in cerebrur.. ilatim
Flava
bilis, in
afcendunt.
embryone, videtur médium hepatis
infimà ejus parte occupaffe
10
amarefcentes eô
fuilTe
crefcente hepate
&
ejus,
navœ
divifum finiftrà
:
bilis
nempe
nempe
:
fponte delapfas. Poftea verô,
recedente verlùs dextrum latus
receptaculum in
partes fanguinis
in
duas partes
porum bilarium,
hepatis parte,
&
qui recipit
fuifle
a
fel"
veficam bilariam, quae recipit
major elt poro bilario^. In hepate notandum. quafdam venae portai exjtremitates*^ tut ajunt libri médias vena; cava; radiées fubire, d' contra quafdam cava; médias portœ radiées fubire. Patel autem cavam ex hepate omnino prodire: non tantum enim ejus pars afcendens ex iummà ejus à parte dextra, qua^quc ideo
i5
1
20
parte egreditur, fed etiam reflediiur,
« .'
•
•
& fecundùm
fubllaniiam abt'umuiitur,
alij
delcendens, qutt ftatim
ejus pofteriorem partem defex eo prodeunt,
fumque
duplices. Aliud
Aliuii vero vas Vas breuc... furfum ad gibbum \>nirioili. recti inteltini cxiremnm. deorfum ad aliquaudo ab hoc ramo prodiens, (Page 66-67. internas contHtuens. abii. Ha?morrhoidales elt
.
.
>
a.
Fel. correction.
Le MS. donne
vel.
* Vpsica Ibid. Bilaria. (Page 72-73) 1,'hypotlièse enibryogénique de Deîîcartes, et ne se trouve pas dans Bauhin. < V'eka c. Ibid. Porte. Ex Trunco prodeunt rami duo... Rami alij l'uperiores, alij inferiores. Superiores (quos vense portx vocant
b.
:
est
—
:
11
"
radicesi per cauani Hepaiis partent dilTeminati,
truncum conltituunt,
médias ven» cause radices m hepate coèunt. Inplures ramos (relut radicum arboris cuiul'dam c.itremitates) diuifa.. Voir ci-avant, p. 5oq. (Page 33.) •'
cinus rami leu radices
in
'
—
Œl^VRK-, VI.
jb
.
.
EXCERPTA
^94 cendit, atque In
7o6-2o8.
II.
.
comitatum aortam defcendentem.
it
ventricule, obfervo intus illum habere
œfophagum eô
redas, quae ab ore per
fibras
pertingunt,
autem tranfverfas^. Item, illum habere multos nervos, & duos etiam efTe récurrentes; item, noto hirtoriam illius qui hepate carebat, fed omnia inteftina magis carnofa; item, in pueris multa excrementa à inteftina
5
cerebro in ventriculum delabi. Ex quibus conjicio,
dudum
totum
ab ore ad podicem'' ortum habere ab
excrementis è cerebro delabeniibus
aperturam, ab iifdem excrementis bus. Reftagnaffe autem
ifta
ipfamque
;
lo
eô regurgitanti-
|
excrementa infra hepar,
capacitatem ventriculi excavalTe,
ibique ideô
oris
dum
fanguis in emulgentibus etiam reftagnabat"^. Ex hoc
autem quôd ex ore in jugulum labereniur ifta excrementa, viamque aëri ex afperâ arterià egredi tentanti claudeient, laiera a.
aër l'urfum afcendit^'.
ifte
IbiJ.
& communis.
••
intima
»
uola, œfophagi
>'
texta,
quo
antérieur
:
—
Venthicclus.
«
:
ut nares lint geminiç, quia per guise
fit,
«Se
...
fibris
.,
Membranis reclis
tribus donatur
donata...
:
prima, quae
tertia imerior,
:
&
ner-
oris tunicx coniiniia, triplici tibrarum génère inter-
attrahai
&
retineat,
Intesiina.
<
.
—
expellai.
.
.
»
'Page 75.
1
Kt au chapitre
Fibras omnis generis habent
...
in niarffine
:
"
non tantùui iranfuerfas, vt opinato; fiini) interior obliquas, vt retineat; média tranl'uerfas, vt expellat quibus reilaî pauciores, ad tranluerfarum
»
tutelam additx,
»
:
;
b. IbiJ. »
:
«
circule cdlligentur.
vt iis veluti
Inti;stina.
—
.
.
.Et
licet
ab ore ad
.
.
»
anum
Page 43.1 vfque, vnus
l'olùin
fitduclus... » (Page 38.) c.
Voir
ci
avant, p. 5r2-5i?.
—
Note de Leibniz [In^eniofe.) La l-'euille V (tcuillcts mine ici, avec ces mots ajoi^tcs Pars IV', ce qui la rattache à d.
:
:
qui vient après.
7 et 8) se terla
Feuille VI,
i5
I
Anatomica.
'O0-IO6
PARS
^Ç)^
IV.
EXCERPT. ANATOM. Ex MS.
j
Cartefii\
eo convenit
In
potell deduci^.
poffunt
Laetitia Si triftitia
effici
I
ex folo fenfu cordis,
Amor vero eft ad bonum externum, & odium ad malum pra^fens vel elapfum metus ad malum impcndens, & defiderium ad bonum acquilibile, & ira ad injullitiam ab alio nullo habito refpedu ad res externas.
;
10
fadam
c^-
6ic.
Frigemus
trigeamus^ In
fanguine intermiffis'^.
,5
a.
la
9
p.
non reproduit par Foucher de
Titre
place
;
Phjrsiologica.
—
et
10.
b.
.Minéa imprimé dans
534,
1
i3, à p. 535,
c.
Même
d.
Voir encore
1.
les
336,
commence
la
Careil, qui metc seulement à
Feuille VI
1.
du MS.,
feuillets
Opu/cula d"Amsterdam (1701;. Voir ci-avant
21.
remarque. Voir p.
Ici
p. 33.S,
1.
22, à p. 536,
16, à p. .^37,
1.
8.
1.
i5.
EXCERPTA
S()(y
De Accretione
c^
1.
108-110.
Nuiritione.
16^7. Nov.
Accretio duplex
eft
:
alla
mortuorum &
quae
non
nutriuntur, fitque per fimplicem partium appofitio-
nem, fine ullâ earum immutatione, vel faltem fine magnâ. Ita crefcunt metalla in fodinis, ita mal in apiariis, &c., abfque uUà partium mutatione; ita crefcunt etiam lapides
mutatione \
|
Et
fit
&
fimilia, fine
magnà partium
etiam tranfmutatio ligni vel alte-
lapidem per modum talis accretionis, partes lapidis poros ligni ingrediuntur, & prse-
rius corporis in
dum
cedentes
vel fibi alfimilant, vel
hoc partim
extrudunt, vel partim
ell
viventium,
five
eorum
quae nu-
femper cum aliquâ partium immutatione. Nempe partes variae variarum figurarum fibi 6i
10
illud.
Alia accretio triuntur,
3
tit
>>
mutuô occurrentes mifcentur, & ita permixtae in le mutuo agunt, donec quafdam determinatas figuras acquirant. Interdumque fluidiores ex his elabuntur,
mancntibus quîe unse aliis impadae durum corpus componunt, per quod rivuli omnibus fimul mixtis repleti varii ubique excurrunt, &. craflïores partes illis rivulis contentîe in locum circum-
minus
tluidis
:
jacentium paulatim fuccedunt, pulfae à tenuioribus, atque ita fit nutritio; vel rivulum unum in duos aut a. ii
L'.'
M S.
ajoute
:
dans
le
cîiam cum magnà, nihil vetat). sans qu'on sache une addition de Leibniz, ou si elle se trouvait déjà
[vel
celte parenthcse est
fxie de Descartes.
^o
25
I,
110
:
Anatomica.
14.
plures dividunt, atque ita
fit
^97
Nempe corpus
accretio.
crefcens innumeris ejnfmodi rivulis
ita
eft
refertum
;
& cùm 5
ob feneftutem partes duriores ita impadae funt, ut rivuli iilis circumfepti non dilatari ampliùs poflint, ut ex uno duo fiant, ceflat accretio, manetque tantùm nutritio. Quèd fi deitidè fuccefiTu temporis idcË partes craffiores adhuc magis compingantur, < ita > ut ab aliis advenientibus loco pelli non poffint, ceflat
Eft
lo I
etiam nutritio
vita\
&.
autem haecaccretio
five nutritio vel
vel perfeda. Imperfecla eft,
replens, aliunde advenit
cùm
jam
difpofita, ut ita mifceatur
&
materia
imperfeda
illos rivulos
permixta
vel
proximè
formetur. Et
ita
nutriun-
ita
lur pili, ungues, cornua, fungi, tuberes, partefque 1
b
omnes tum animalium tum plantarum itemque plants quodam femine carentes, &. forte etiam animalia ,
;
imperfediflima, ut oftreae, quae fimile non générant.
Perfeda nutritio
accretio fimul generationem
five
I
feminis
five 2o
produdionem continet
materia rivos replens
eft talis,
;
&
fit
quando
ut aliam advenientem
quidam abfolutè quamiibet, hoc enim vix unquam pofl"et contingere, fed quamiibet non nimis contumacem & diverfae naturaej fibi poflit omninô afii('non
milare. Ita fcilicet ut, 25
culis trium
fi
conftet, exempli câulà, parti-
generum tantùm
:
nempe
perexiguis prif-
matibus, paulô majoribus conoidibus,
modo ad
3o
certo
aptse.
Voir ci-avant,
:
ex
quae his mifcebitur, fiant rurfus quae-
prifmata, conoidea,
jungendis a.
aliis
bas duas fimul jungendas apto concavis
omni materia
dam
&
p.
&
partes concavae his fimul
Nec tamen répugnât quin 249-250.
fimul ex
5
EXCERPTA
59^
eâdem materià
I.
varia alla partium gênera emergant,
ut femper vel ferè femper accidit
femen componunt.
exiflentes
conjundae, vel etiam
aliae
;
itemque
in
hx
fed
;
très folae
Aliis verô diverfimodè
novae^ fine
lignum, corticem, radices, in plantis
1I4-118-
componunt
ipfis,
folia, flores, fruclus,
animalibùs carnes,
&.c.
i
ofla, cere-
brum, membranas, fanguinem, &c. Poteft verô etiam contingere, ut partes feminis
j
non immédiate
dam
fibi
fimiies producant, fed alias quaf-
&
tandem ha^ feminis producant; quod
quse pofteà alias,
fimiles iis
alias
omninô
lo
animalibùs
in
quàm in plantis. Atque cur maxima pars animalium
videtur potiùs contingere,
ex his facile intelligitur,
& plantarum femen à nant
;
quàm
reliquo corpore diverfum excer-
itemque, cur nonnulla
fint fterilia,
&
modo
alio
1
ex femine propagentur.
Septem funt prsecipua gênera particularum, ex
humanum
bus corpus
conflatur
:
nempè
qui-
funt acres,
amar3e,dulces,acida.\ falùt, ferofœ, aquese^'&pingues. Inter acres
numéro
omnes
fpiritus
qui per infenfilem
tranfpirationem egrediuntur, humorefque tiles
ex quibus puflulœ
^^
illos
fub-
fimilia quaî ex flavà bili oriri
dicuntur. Amara.^ autem ad
fel
& indè
ad inteflina ferè |
omnes delabuntur. Dulces carnem componunt. Acidse vehiculum funt aliarum, itemque falfa: hx pundim, :
a.
Novce, mot ajoute dans l'interligne, au-dessus de
alicp,
et
d'une
lecture douteuse. b.
Aqueœ
est peut-être
de particules;
et
une addition. Le
texte
n'annonce que sept genres
plus loin, en les reprenant l'une aprts
aiiiarce, dulces. actdcv. falfa'.
20
f^rofœ
t\
pingiies,
il
l'aiiirc,
omet aquecv.
acres,
zS
^
1,
Anatomfca.
ir«-i2o.
illse
^99
cœfim poros omnes aperientes.
bus permixtse, ut cera, exafperant.
Salfa;^
etiam acri-
Serofae,
pinguibus
accuratè permift?e, humores^' frigidafque fluxiones
c^
pituitam lentam componunt. Pingues aûtem, ab acri5
bus compadcTC, humorem melancholicum componunt; &. ferofas, illarum meatus pertranfeuntes, in acidas mutant.
Dec. 37
Non dubium lo
tur
mihi videtur, quin animalia generen-
primo ex eo quôd femina maris
mifta
&
afpera: arterise
teriam hepatis
;
& pulmonum,
rum una
ramum
fcilicet
<S:
partes ae-
aqueas ex quibus
cavae in duas partes divilifîe
:
qua-
verfùs fpinam auriculas cordis compofuit,
alia anterior
2o
Notandumqne
reas (ex quibus pulmo), terreas five'^
ex altéra ma-
deindè ex harum duarum concurfu
accenditur ignis in corde''. [hepar
fœminse per-
calore rarefcentia excernant ex unâ parte
materiam
i5
&
ventriculum cordis dextrum produxit,
furfùm refledendo
in
truncum
fe
aorta: defcen-
dentem. Calor' autem cordis cffecit ut ex pulmone excerneretur flatus in afperam arteriam, qui tandem ad os pervenit, quô etiam alius flatus ex cerebro à naribus
&
auribus pervenit. Excrementum autem
humor
cerebri prsecipuum^ fuit a.
Le MS. donne une virgule entre /a //if
b.
On
c.
Sic. Lire
d.
Voir ci-avant,
e.
Texte
f.
Ci-avant, p. SoQ-S 10.
g.
Ibid., p. 5i2-5i.^, et p. 532,
lit
inllar pituitse in ejus et
plutôt tumores.
i63~.
altéré.
p. 5o6.
Un mot
au-moins manque. 1.
i^-tQ.
etiam.
6oO
EXCERPTA
ventriculis
1
coacervatus ex fpiritibus per carotides
arterias eô ex corde afcendentiKus
palatum vit,
&
&:
I20-IH.
gulam delapfus
in
;
humor
qui
per
ventriculum reftagna-
ex eo etiam itemque in mefenterium. Arteriae
ex cœliacâ quicquid cralîius continebant expulerunt
:
5
unde fada funt inteftina, in quae patentilîimi funi meatus ab arteriis, per quastotum corpus eo expurgatur. Angrftiflimi autem funt meatus ab intertinis in venas. Lien etiam
fadum
eft
ex fanguine ab arteriis
eô expulfo. Videmus enim'^ craiTo fanguine expurgato & aqua fabrorum lienem minuit agilien minus :
;
tatio
enim partium
dammodo &
lo
ferri
in
eà exftincli ficcat quo-
indurat ejus partes, quai pofteà meliùs
ramofas partes
illius
fanguinis in liene coacervati in-
Nec verô forfitan aquœ acidae illas incidunt, quia meatus lienis ad illas tranfmit|tendas magis apti cidunt.
funt'\ Enim. Le MS. donne seulement la lettre h suivie d'un point. exprimuutur, Foucher de Careil ajoute ici une phrase Alitur qui dans le MS. se trouve à un autre en droit. Voir ci-après, p. bo6. I. 5-8. En outre Foucher de Careil continue par le texte Certum eji membra fœtus... (ci-après p. 608, 1. 2), et imprime ailleurs, au t. II de ses Inédits, p. 66-84, la suite du MS., que nous laissons ici. à la place oii a.
b.
—
nous l'avons trouvée.
:
.
:
.
.
i5
I'.
Anatomica.
Ô6.
601
Partes similares et excrementa et morbf. 16^
I.
animalem, confiât homo^
Praeter fpiritum
animali noftro aeri homogeneo,
humore
fpiritu
homogeneo, & folidis partibus quse cum terra pofTunt comparari. Ex fpiritûs animalis mixturâ cum humore fit
5
aquae
fpiritus vitalis, igni comparabilis. Ex impert'edà
cum
turâ humoris feétior verè
'o
flava bilis^\
partibus terrenis
fanguis. Imper-
contumacionumque partium mixtura eft Perfedior quidem, fed in quà fubtili-
ffimum humoris evanuit,
perfeda etiam, fed a.
fit
mix-
En marge on
in
eft
atra bilis acida. Satis
quâ humor redundat,
trouve cette note
:
eft
urina.
ihœc à juvene fcriptà)
Spiritus animalis, Spiritus vitalis,
Sanguis diilcis, Flava bilis amara,
,
Atra
bilis
Urina
acida, /<*{[''<
Piluita
infipida.
Viennent ensuite cinq mots
:
Caro, Cutis,
Membranœ, Nervi, Offa.
Partes fimilares, que nous avons vues ci-avant, p. 588, 587. La note marginale s'achève ainsi [Subfcriptum erat alio atramento] Atra bilis non efl acida ; fed quod ejl atrum, eft duriim & injipidum. Liquor verà pellucidus fimul mixtus eji
Ce sont
note d de
les
la p.
:
acidiis. b.
Flava
bilis correction.
Œuvres.
VI.
— MS.
:
flammabilis
(sic).
76
_
6o2
EXCERPTA
Satis
perfeda etiam, fed
tatis
&
foliditatis, eft
denique
efficit
il,
66-70.
quâ défunt extrema tenuipituita lenta & mucus. Perfeda in
|
carnes, nervos
&
ofla,
prout in eâ plus
minus efl folidarum partium. Ungues & pili funt ejufdem materise cum oflîbus, nec tamen ita durefcunt, quia nimis citô fluidae partes exhalant. Dentés autem ejufdem profedô materiae atque cornua, durefcunt tamen inflar aliorum offium, quoniam ore tedi plus humoris habent lentiufque
vel
5
coalefcunt.
10
Per aures exhalât fpiritus excrementitius
&
fibili
tinnitus,
cùm
fcilicet fpiritus ille à
aurium impeditur ne exeat,
tum
illifque allifus
:
unde
fordibus
tune foni-
edit.
Per oculos etiam fpiritus exhalât, ut patet ftruatis,
quarum
oculi
in
men-
vaporem emittere dicuntur
i5
:
quippe totum corpus mulieris turget humoribus, cùm emittit menftrua, & quidem craffiore humore pervul-
vam
purgatur, fubtiliore verô per altiora,
nempe per
oculos.
'
&
20
quôd partes fluidse confluunt in unum quemdam focum, in que tune fummus eft calor. Sic pofl; cibum frigent extréma, quôd partes calidœ confluunt ad ftomachum. Horror omnis
frigus in corpore
fit,
I
Sic in
illis
mandum
febribus qu?e à frigore incipiunt,
illas
habere aliquem focum,
humor primùm quod puto, inficit a.
accenditur,
five alibi.
Sed
five
ifte
in
hoc
vitiofus
fanguinem; qui fanguis
dum
Con/e conjecture. Le MS. àoone corpore.
quo
fit
eft affir-
viliofus
in corde",
humor primo
ingreditur cor,
25
AnATOMICA.
". 70-74-
febrim
efficit
:
6oJ
hinc acceflus febrium nofci^ poffunt.
Très foci
fœnum humidum,
&c.
''.
Jarh in hepate, ex confequentiâ ventri|culi accen-
mixturam chyli & fanguinis priùs in eo exiftentis; hepar autem dicitur calidum, quando in eo multùm efl fanguinis jam fadi illud autem citô ad fe trahit chylum, five partes maxime caleditur calor per
5
;
fadas quae continentur in
corrumpuntur
ficiliùs
10
:
ideoque
cibis,
unde putatur
reliquise difefle
frigidus
ventriculus.
Jam accenduntur alii ignés non naturales corpore nempe phlegmones, eryfipelates, :
fus, pleuritides, &c., his
venae
i5
&
arteriae,
&
guis calidior
modis. Vel
fit
in toto
abfcef-
anaftomofis
unde phlegmo, nempe cùm fan-
acrior pervadit venae tunicam. Vel
idem fanguis acrior non poteft quidem penetrare per venae tunicam, fed extremitates, fimul fparfis
:
facit erefipelatem''. Vel
ram aliquem
2o
communicatur cum venis
fpiritibus
materia praeter natu-
confluxit
ut in fimplici
putrefcit, .
locum
in
cum
;
quae ibi ex fe ipfâ
abfceflu.
Vel
&. arteriis
propter loci vici-
ifta
putredo
nitatem, ut in pleuritide. In vulneribus etiam ignis
quèd
accenditur, 2$
arteriarum,
Convuhio a.
Sic dans
le
|
ibi
aperiuntur
fanguinifque
cùm
fit,
M S.
:
faex ibi
fibrae
venarum
&
corrumpitur.
intra nervos flatus continetur,
no/ci. Lire plutôt nafci.
le MS., un alinéa imprimé dans d'Amsterdam (1701), et que nous avons reproduit ci-avant, p. 538, 1. 11-18. Remarquons qu'il était parfaitement à sa place ici, étant donné le contexte qui précède et qui suit. c. Eryfip^latem écrit d'abord; puis un e récfit sur Vy,
b.
Ici se
l'édition
trouve, tout au long dans
EXCERPTA
604
non verô purus
II.
fpiritus animalis. Ibi verô flatus
74-76-
gene-
pungatur nervus, vel fi forte eô penetret lentus vapor. Convellit autem nervos ille flatus, quôd quodammodo connedit partes fpirituum, efficitque ut ratur, vel
fi
plures fimul confpirent, atque ita évinçant vim nervi,
5
feque ipfas difponant ac déterminent ad certos motus,
cùm rint,
aliàs à nervis difponi ac determinari
confueve-
quia fingulse nervi particulae funt potentiores
fingulis fpiritus particulis.
non à
Flatus
folo calore
&
frigore
fed
lo
tantùm à frigore calori fuperveniente. Nam calor quidem atténuât fpiritus, fed non ideô flatum facit quia, dum illos atténuât, fimul &. illis meatus aperit, per quos elabantur & nifi calor toUatur, femper ifti meatus in corpore proportione refpondent quantitati
i5
fieri folenl,
:
;
fpirituum qui rarefiunt. Si verô fuperveniat frigus
meatus
iftos
intercludens,
cœperit, pergit adhuc, I
etiam ex
ritus, qui
aliis
quidem
qui rarefieri
fpiritus
tum quia cœpit, tum magis
partibus juvante calore
:
tune
ifte fpi-
exhalare nonpoteft, vertitur in flatum.
Idem patet perforato
&
:
in caflaneis igni fuperpofitis in ferro
quippe
fi
non moveantur,
fpiritus intus conclufos, fed
ignis atténuât
tamen atténuât
etiam illarum cutem igni proximam, per quam fpiritus ille in fudorem expirât. Si verô moveantur, tune cutis
quse erat igni proxima, in aliam partem aeri
meatus ideô anguftantur; fpiritus verô intus nihilominus attenuatur, tum quôd cœpit, tum quôd ignis ex altéra parte eum urget. Nec frigido opponitur'', ejufque
Opponitur. Dans le MS., ex est récrit au-dessus de labe, sans que op ait été barré. a.
20
la
première syl-
25
AnATOMICA.
11.76-7»-
605
verô potefl per cutem igni tune obverfam expirare
tum quôd nondum fatis rarefada fuas jam direxit in aliam partem.
:
tum quôd
vias
Et ita caftanea
cum
eft,
impetu frangitur. 5
Quaedam tamen efculenta
funt flatulenta,
facile à calore naturali folvaniur in
quôd cùm
craffum fpiritum,
non tamen illis pofTunt ab eodem calore meatus aperiri tam facile, per quos ex inteftinis egrediantur. Brachium alligatur ad venae fedionem, ut copiofior fanguis remaneat in brachio. Quod ideô fit, quoniam fanguis cum impetu in diaftole pellitur ad extremitates corporis; quod quia fit cum impetu, ideô fanguis impedit", quominus ad brachium etiam perveniat. Contra in fyftole refluit ab extremis corporis fine impetu, quoniam vinculum poteft impeI
10
«5
dire ne refluât.
morbo cholico fiât paralyfis, périt tantùm motus, non fenfus, quôd fcilicet aflficiuntur tantùm Si
20
ex
nervorum membranae, non medulla*". (nervisj meduUà', périt interdum femoris Laefâ motus, ill?efo motu brachii. Nec mirum, cùm nervus ad fémur inde perveniens, fit à nervo brachii diftin-
dus & prseterea illo in loco tenuior. Mucus defluens per nares &. palatum a.
Impedit dans
MS.;
le
impeditur.
lire peut-être
in ipfis
gene-
Ou mieux
encore,
quominus fanguis ad brachium etiam perveniat. Contra in fyjîole quoniam refluit ab extremis corporis fine impetu, vinculum potefl impedire ne refluât. Ajoutons que, dans le MS., une déchirure du papier ne permet de lire que que quocirca. (1. i5i. et non pas gwowiam. Lire peut-être 10-1 M. b. Voir t. VI, p. avec quelques transpositions
:
ideô vinciilum impedit.
:
1
c.
Sic dans
thèses.
le
MS.
:
plusieurs points après lœfd...
et
nervis entre paren-
'
6o6
EXCERPTA
ratur,
non
gignitur
cerebro
in
dum
78-8t).
quippe quandiu materia ex quâ
cerebro, nihil aliud
el\ in
non mucus. Ut caligo,
:
II,
ell
quàm
fpiritus,
caminis adhœrens, non
fuligo
ell
ex igné egreditur, led fumus.
Alitur^ fœtus in utero fanguine ex
omnibus mem-
5
I
bris matris defluente
potellque fanguis
;
formis vel ideis quae funt
in ejus
ille
imbui
phantafiâ unde figna :
fœtus corpore exprimuntur''.
in
|Tempore fomni plures egrediuntur fpiritus per nares &palatum, quam tempore vigiliae unde fillitur :
tune corpus'.
Fit
pandiculatio poft
fomnum
«o
ad replen-
dos mufculos fpiritibus, qui tempore fomni erant evacuati.
Crocus afthmaticis prodeft datur ad fcrup.'^ cum 1/2 mufci grano Ov; vino optimo. Fabœ abftergunt, earumque efu quidam purgatus & :
à
tufli
liberatus.
Phthificus fanatur utendo
parùm
coclis
&.
fabaî majufculx^
à
vitellis
ovorum
&
vino ad
haullu vini dulcis;
alios cibos.
&
venena Régis MithriRecipe duas nuces ficcas, duas ficus, & rutae*^
a.
Voir ci-avant,
h.
Page 538.
c.
Mot d'une
d.
cum
quantitatem'
Antidotum contra peftem
On
duobus
afperfis pulvere fulphuris
optimum horâ unâ ante datis.
1.
600, note
b. 1.
'j-i5.
lecture douteuse.
MS. donne un signe qu'on peut interpréter i""^ [unum). dans un livre du temps, Henrici Ri;gii Praxis Medica Medicatio AJîhmatici, une indication semblable croci Jcru-
Aprhs fcrup. trouve, en
l'article
p.
3-io. Voir aussi p. 5i8,
le
etfet,
:
pulus unus cion vino lualvalico (3' édit., Utreeht, 1668, p. 1^9 e. On trouve, dans le même ouvrage de Regius, par ex. aJ cajianeœ quantitatem. fPage 100.) .
:
f.
On
i5
n'est sur
que des dernières
lettres
de ce mot
:
...utce.
20
II,
Anatomica.
8o-82.
éo""
folia
totidem fimul teras, addito
libet
mane
falis
&
grano,
quo-
jejunè fumas. »
)
Si adfit
manuum
volis 5
compundio
dum
,
taediofa in plantis
pedum &
egrediantuf morfelli% conti-
neantur tandiu in aquâ cafidâ. Pulfus increbefcunt flatim à fomno, quôd fanguis
per quietem torpens in quibufdam venis
mufculorum
&
motum
&
in
pandiculatio fimul
fiunt.
Sternutatio
eft
expurgatio ventrieulorum cerebri
per nares. Ofcitatio
is
carnibus
repentinum ingreiTum fpirituum
mufculos. Unde tune ofcitatio
interdum
in
ilatim confluit verfùs cor, propter
totius corporis lo
&
eft
expurgatio vaporum inter
utrumque menyngem exiftentium per palatum. Vapores autem ibi colliguntur ex defedu agitationis in fubftantiâ cerebri, vel cùm, fpatio illo inter duas menynges pleno exiftente, ut
eft
femper, repente contra-
quoniam inflaturxerebrum. Ut cùm excitamur à fomno, olfacimus emittendo fpiritum ex pedore per hitur,
20
nares,
fi
odor
in ore claufo contineatur
&
etiam
fi
auri imponatur.
Mulier fingulis feptem diebus haemorrhagiâ'' laborans. Hift. univ.
f.
804.
quibufdam quarto aut quinto die, aliis fingulis diebus, motus aggravativus fine
In fcorbuto, 25
tertio, aliis
manifeftâ febri vel
cum
levifllmâ obfervatur^
Le MS. donne morbilli, très lisible. MS. donne quelque chose comme hemocrania
a.
Morfelli, conjecture.
b.
Conjecture. Le
(?)
morceau que Fo._cher de Careil a détaché dr pour l'imprimer au t. II, p. 66-84. ^^ suite du MS. reprend au c.
Ici
p. 122.
s'arrête le
—
Toutefois, au bas de cette
même
page
(feuillet 10
reste t.
I,
recto), se
6o8
EXCERPTA
I.
122-126.
iFeb. 1648.
Certum
eft
.
.
membra fœtus ab occurfu exte^norum^
Vena adipofa partes tendit
Certum
•".
narium humoribus impleri initio; quibus cutis diftenditur, donec os &. nares perforentur. Vidi enim, in puUis ^ vel 6 dierum, locum roftri effe valde craflum &. tumidum; & deinde, in pullis 7 vel 8 dierum, effe plané acutum roftri inftar, ore fcilicet perforato'^ elapfis humoribus quibus cavitates
illse
eft
cavitates oris
&.
10
complebantur.
In vitulis recens natis, clarè patet
œfophagum
adhse-
rere finiftro lateri afperae arteriae verfùs fpinam,
&
truncum defcendentem aortse ire adhuc magis verfùs finiftrum, & tamen non videri recedere à medio corporis. OEfophagus autem juxta cor tratifit intra illum truncum aortœ defcendentem & venam cavam verfùs finiftrum latus, ficque cava mahet verfùs pedus &
i5
latus dextrum. Hic apparet à dextro cordis ventriculo
-^o
arteriam verfùs inferiora defcendiffe,
duos ramos
divifa eft ex eo
quôd
inter
quœ
ftatim
in
utrumque aer
tiret, quelques notes prises d'un ouvrage que nous donnerons ci-après. Cet alinéa se trouvait déjà imprimé dans les Opufctila d'Amsterdam
trouvent, séparées du texte par un
du
P. Kircher,
a.
(1701). Voir ci-avant, p. 5.^7, b.
Même
c.
Le MS. donne
remarque. Voir
l'intrusion de ce mot.
ici
I.
10-19.
537, 1. 20, à p. 5.^8. I. lo. os, avant elapfis. sans qu'on puisse s'expliquer p.
1,
Anatomica.
I25-12S.
colledus
qui afperam arteriam formare cœpit
fit,
inter duas arterias abiit in
609
:
pulmones,
quarum unaverfùs fpinam vergens
& dida
vena arteriofa;
fuit
alia
verfùs pe6lus afcendens, occurrit fanguini ex trunco 5
aortse afcendentis verfùs inferiora reflexo% atque ideô
verfùs inferiora reflexa
Quare
defcendentis.
&
efl,
verô
dida truncus
aortse
aorta- defcendens
haec
quàm
verfùs finiflram partem afperse arteriae potiùs verfùs dextram, 10
pedus,
efl
|Cor''
&
verfùs fpinam potiùs
quàm
verfùs
quaerendum.
afcendens diredè
in
fuit
medio corporis
verfùs fpinam. Truncus cavae ab hepate' ad caput
afcendens, inflexus fuit verfùs partem
dextram
&
conjundus trunco aortae afcen-. ejus dextrum latus contingens. Auricula
verfùs pedus, ficque i5
dentis,
dextra ferè tota verfùs pedus, finiflra verfùs fpinam vergebat. Erat verô in parte anteriore, inter duas auriculas, intervallum venai arteriofae ex dextro ventriculo
egredientis; in pofteriore nullum'', 20
quam
nifi
valvulac per
fanguis ex cavâ in arteriam venofam fluebat.
Vitulus in aquâ fufFocatus habebat utrumque cordis
ventriculum concreto fanguine pleniflimum venas, non autem arterias;
&.
,
ut
&
extrahendo fanguinem
ex dextro ventriculo, qui erat infiniilro, per valvulam a.
Rejîexo, correction. Le
b.
5jc dans
comme c.
le
MS.
:
cor.
Quare... defcendens
Ces quatre mots ont
MS. donne
On \\.
reflexi.
a conjecturé
:
Cur
[aorta) afcendens...,
7.).
été récrits
sont barrés, saut" cependant deux
au-dessus de cinq ou
si.t
autres qui
à corde, laissés sans doute par mégai'de. [puto nullum], d. Le M S. donne nullam, mais en ajoutant au-dessus Leibniz nullum intervallum(cL une correction de qui est, sans doute, :
:
;
1.
17-iS).
Œuvres. VL
77
6 10
EXCERPTA
arteriae
&
fequebatur,
venofae
venam
guinis per illam
t.
craflîties
i28-i3o.
grumi fan-
egredicntis a^quabat
minimum
meiim digitum. Dexter ventriculus occupabat, led magis
verô
j
dextram vergebat finifter occupabat partem polleriorem, ut plané in
ita
medio corporis
in
;
bantur à
bafi
5
fitus videretur.
Fibrse in fuperficie cordis*
mucronem
ad
guinis deicenlum in cor;
lum. Atque ideô
fe
;
redà defccndere videvena; verô, fequi fan-
& artericie,
cjus è corde egref-
lo
invicem decuffabant.
Arterire venofai duse valvulaj erant
maxime
omnem
anteriorem partem
omnium
vicincX fpina\ eique parallèle;
"^
cordis
apertaque
illa
quce erat fpina; proxima. Vidi alteram folam dillin-
guere mcatum aoria; ab arterià venolà, fanguinemque per hanc in cor labi
premendo
dcxtrà'' parte,
i5
tum ex
pulmonibus, tum praicipuè ex cavà per valvulam, atque inde tranfverlim verfus auriculae fmirtrœ extre-
mitatem, ut pollea tam ex dexirâ quàm ex lîniftrâ deorlum reflexus liniftrum hune ventriculum egre-
20
diatur.
dextrum lalus incidebat à tribus partibus mànifellè diftindis, nempe finiflra, mediâ c^: dextrà finiftra erai tnincus cavai inferior, média erat Sanguis
in
:
iruncus cava; fuperior, dextra erat extremitas auri;i.
Le MS.
dou\^^: corporis, le
nicme mot qui venait
d'être écrit
iiiu'
ligne
plus haut. Lire plutut cordix. « Remplaeerait-il wi/viib. Avant cordis, le MS. donne un signe larum ? c. Avant dextrd quelque chose était écrit iune lettre ou deux), raturé ex ou à] dextrd ensuite ou corrigé ? on ne saurait dire. Lire peut-être :
.
:
parte,
comme
ci-après,
1.
19.
j^
Anatomica.
i3o-i34.
1,
culae ex
quâ refledebatur.
6ii
eodem etiam ordine
In
erat
vena coronaria, quae videbatur effe quartus meatus, ex quo fanguis in dextrum latus fluebat, & omnium I
maxime 5
à finiftrâ parte veniebat; fed aliis erat minor.
Hîcque apparuit fanguinem qui ex cavâ in finiflrum ventriculum fluit per valvulam, non venire nifi à cavae" parte
inferiori,
diftinda, ut
&
diftinda, 10
quœ
à fuperiori apparet eiîe
coronaria videtur ab utroque trunco
quanquam earum
tria
dextrum
orificia in
ventriculum limul incidant'.
PARS V. Vena
artcriofa dircdè per
egrcdiebatur, atque
cùm
valvularum, i5
ibi erat
médium pedoris è corde interftitium duarum ejus
tertia effet
duabus
arterise
venofœ
parallela; h?ecque eft à parte anteriore, velut alia à
autem pars
pofteriore. Interjacet
&
aortse afcefidens,
&
fpinam
ventriculo afcendit per
unicum
arteria venofa ffatim
verfùs finiflram,
refleditur^
Sanguis ex 2o
finiftro
orificium, quod'*^ ftatim in alia |duo dividitur, anterius a.
h.
Cavœ. correction. Le MS. donne cava. La Feuille VI du MS. (feuillets 9 et lo)
ajoutée
page
:
PARS
V, qui
la
se
termine
rattache à la feuille suivante.
(feuillet 10 verso), se
trouve
la suite
P. Kircher. Voir ci-avant, p. 607, note
ici,
avec cette note
— Au
bas de cette
des notes prises de l'ouvrage du
c.
Excerplorum Auatomicorum ex Mfo. Cartefii. Le MS. ajoute et i2\qui fait suite à la précédente. (Voir C'est la Feuille VII feuillets c.
:
1
p.
546-547.) d. Figure e.
1
XVI I.
Qtiod, correction. Le
MS. donne
qui.
5
EXCERPTA
6l2
&
polterius
anterius
;
eft
1.
.34-136.
aorta afccndens, pofterius
deorfùm à fmiftris reflexum ell defcendens, eique jungitur ramus ex venâ arteriofà. Orificiumvenae arteriofse, per quod fanguis ex dextro ventriculo egreditur, eft in ipfo corde magis verfus finiftrum latus,
quàm
5
orificium aortse.
His infpedis. reclè videor conjicere folum
primum
cordis ventriculum formatum fuiffe ante umbilicum, ac tune inchoata
omnia
&
folida
membra,
&:
exerementa
totum corpus colleda. Notavi arterias umbilicales nato fœtu fpontè contrahi, nec manere niri.pelliculam eas integentem. quae in ligamentum abit, earumque extremitatem ex contradione claudi. Videtur defcendiffe œfophagus iinà cum nervis fexti paris ufque ad cordis viciniam, priufquàm fcatus aleretur per umbilicum, ac deindè fanguine adveniente ex umbilico exfpumaiïe; undè pulmones, qui pofteà in ore, in veficâ,
circa
lo
1
crefcentes nervos récurrentes verfùs caput reduxerunt,
rcdundalTe, undè lien reclà verfns fpinam, verfùs
pedus
;
&.
liepar
20
ac viam excremento cerebri abundalTe,
undè ventriculus, & ex morâ œfophagi in vicinià cordis, antequam ventriculus fieret, hujus orificium fupcrius.
Tune autem etiam cordis ventriculus;
cavam
&
]
vel
quod
truncum
œfophagus inter defcendentem iranfierit
& dum
inflatus eft ventriculus,
hepar verfùs latus dextrum.
ftratur ex eo
quôd
2 5
effecit, ut
aortîe
verfùs iatus finillrum; protrufit
formatus vel audus eft'dexter
in gallinis, ubi
Quod demon-
dexter cordis ventri-
culus tenuilUmâ taniùm pelle tegitur,
&
ventriculus
3o
I,
AnATOMICA.
.36-t38.
&
6iJ
hepar manent in medio corporis. Adhseret autera
ventriculus in parte fuperiore anteriore, hepati, cui
&
pofteriore, lieni, in
communicando
aliquas arterias
ejus fanguis vicinus exfpumavit in bilem, 5
adjunda
biliaria; quee
perforaretur,
ibi
modis
inflexa,
&
undè
vefica
parti ventriculi, efFecit ut
illi
producla funt inteftina innumeris
prout
bilis,
exitum quaerens, volve-
batur.
Cordis dexter ventriculus videtur eodem fere tem10
Originem enim habet ex eo quôd, cùm-materia fubtilior five mobilier in médium cor laberetur, & indè per lineam redam verfùs eaput afcenderet, fpumofior &. magis aërea circà illam pore fadus, quo
finifter.
J
fe i3
Quarè verô verteretur à
vertebat.
dextrum latus potiùs
quàm
(ut
apparet ex fluxu" venae coronariae),
verfùs finiftrum
hadenùs enodare non
26
,
eft
difficultas
quam
potui.
Huic dextri cordis ventriculi produdioni non obeft, quôd poftea umbilicus fadus fit accuratè in medio nondum enim formato ventris, non in parte dextrâ véntriculo, truncus aortae, à quopendebat locus umbi:
lici,
nihilominùs manfit in medio corporis, faltem ad
nam quôd paulô magis vergeret in fmiflrum quàm in dextrum, patet ex eo quôd venam conf-
fenfum latus 25
verfùs
fpinâ
;
cendat ex parte
finiftrà
hincque etiam fortafle foieat efte robuftior
eft,
quàm
inter
emulgentes
&
ilia;
quôd pars corporis dextra finiftra,
quia
fcilicet eft ali-
quanto carnofior. Formatur autem neceflariô fecundus ventriculus, 3o
ex eo quôd multae a.
Sic dans
le
fint aëreae particulse in
MS. .fluxu.
Lire peut-être_/7e.vH ?
fanguine,
6l4
EXCERPTA
cùm non tam
qure
1,140-142.
cité polTent relabi in cor
quàm
I
&
autem inflammarcntur, ad latus ipfarum five in ambitu debuerunt dilatari. In avibus major eft inaequalitas inter dextrum & finillrum cordis finum, quàm in quadrupedibus, quod fero corum fanguis minus abuadat, adeoque eft multô
terrese
aqueae, faciliùs
calidior, aereis
lutus,
minus habet virium.
Codis dies
particulis deftitutus;
&
fcx
ovis",
plenam
verô invo-
iis
.
quibus gallina per quindecim
ampliùs incubuerat, inveni,
effent, in
cùm dura coda
omnibus majorem extremitatem
elle;
5
10
folo aëre
ac fraclà deindè pelliculâ, per
quam
totam multse venae fpargebantur, aliquid aquae elapfum eft, ficque inter corticem c^ fuperiorem ovi partem
omnibus autem fœtus
aliquid fpatii interceflît. In
in fuperiori parte finiftro lateri
incumbens,
erat
i5
ita fcilicet
ut finiftrum latus verfùs acutiorem ovi partem refpiceret, pullufque effet incurvatus.
quâdam ex albumine
Tegebaturque pelle
fadà, ex quà etiam plumullee
crefcere videbantur. Infra
puUum
erat vitellus, infra
20
vitellum denique erat albumen, quod in quinque ovis corticis exteriori parti firmiter adhaerebat
durius
quàm paulô
altiùs,
&
;
ibique erat
lineà fivecavitate
quàdam
orbiculari à fuperiori albuminis parte diftinguebatur. In fexto
tamen ovo nulla
talis diftindio erat,
an forte
Foucher de Careil ajoute un titre Expérimenta et varice observaque ne donne pas le MS. Leibniz avait commence à séparer ce nouveau développement de ce qui précède, par un trait qu'il n'a pas Voii', pour tout ce achevé, et qu'il a même annulé ensuite à la plume. passage, au t. IV. p. 555, I. 9-1 3, de notre édition, lettre du 2 novembre a.
:
tiones,
—
1646.
25
I,
quia in quinque
5
ovis duae chalazae fuerunt, in illo
illis
una tantùm. Supra albumen erat vitellus, ab eo etiam lineâ quàdam inter utrumque excavatà diftindus; fed in eâ ovi parte in quà erat dorfum pulli albumen fupra vitellum afcendebat, quod videbatur eiïe ad alendum ejus integumentum. In parte autem pulli anteriore, inter ejus caput & podicem, pars vitelli fatis crafl'a furfum afcendebat, ex quâ pendebat umbilicus. Et extra
'o
6i^
Anatomica.
I42-M4-
corpus
eiïe inteftina; intus
pulli, loco umbilici
videbantur
autem non apparuerunt
inteftina,
fed tantùm cor valdè album, cujus dextra cavitas
major quàm
finiftra,
adultis videbatur;
pulmo, '5
&
ita in
Denique
&
ut in
forfan
valdè album quod pro ven,
pars fupcrior albidior
roftri
incipiebat durcfcere.
In pullo ex
ovo fponte egreffo, fed' qui nonduui
comederat, notavi pulmones
coflis^'
utrinque firmiter
diaphragma etiam aliquid utrinque coftis firmiter adhserere, quod putavi pro liene efle fumendum, hujufque finiflra pars paulè magis ex rubro nigrefcens videbatur quàm dextra; pulmones adhuc magis rubebant & nigrefcebant, Itemque cordis rubebat hepar, œquaauriculse ambse. Paulè minus
adhsrere; 20
orbem curvata
hepar valdè magnum,
& corpus quoddam
triculo accepi. erat,
&
& non
&.
infra
|
2 5
liter in
utrumque
latus pofitum
;
hujufque pars dextra,
cui veficula fellis innafcebatur, aliquo bat.
modo
flavelce-
Cor erat multô magis album, hujus dextra
a.
Sed
b.
Cojiis, correction (voir
récrit
cavitas
au-dessus de et écrit d'abord. (MS. 1.
20 ci-aprcs}. Le MS. donne ro/lris.
,
6l6
EXCERPTA
multo magis curvata, quàm
in
pullo% fed cujus paries
quàm
exterior vix tenuior videbatur cavitatis
;
144.
parietes
finiftrae
qui tamen in adultis funt decuplo crafliores.
Infra hepar apparebat ventriculus plané albus, in
aliquid materiae ex
pollquam bilicus,
effet
&à
^
virêfcens
flavo
apertus;
podice erat
ei
confpiciebatur,
appendebant
fatis
quo
remotus,
&
inteftina'^
5
um-
juxta illum in
ventris capacitate continebatur ovi vitellus vix tertià
coque codo inveni effe ejufdem faporis, fed multo durions fubftantiae quàm ovorum recentium Pendebat autem ille vitellus ex vafe quodam inter inteftina mifto, & nondum notare potui an in hepate vel alibi terminaretur. Albumen etiam nullum yidi, fed totum erat confumtum. Ita judico, per albumen fpiritus animales fpargi parte imminutus
;
10
.
;
atque
eo,
in
membra
tanquam
in
i5
quadrupedum
femine
priùs formari, faltem in ejus chalazâ initio,
ac deindè paulatim in reliquo, adeô ut ejus ultimis partibus &''
omnium
ultima cutis circa umbilicum
formctur.
Venae vitelli
&
20
&
arteriae
non
fiunt,
nifi
albuminis, quae videntur
juxta
effe inftar
tunicas
duarum
tunicarum fœtum quadrupedum involventium. Cor non formatur in medio feminis, fed potiùs in aliquâ cxtremitate,utvidemus inplantarum feminibus
partemquaegerminat fempereffeinextremitate aliquâ. a.
Suppléer peut-être
adulto ? Voir ci-après,
I.
3.
Effet et erat sont écrits l'un sur l'autre dans
le
:
prcecedertli ? Voir ci-avant, p. 6i5, b.
1.
Ou
bien encore
:
ii-i3.
sache lequel des deux doit être retenu. c. Suppléer/ei/ ? Voir ci-dessus, p. 6i3, L 9-10, (et). d. Ajouté entre parenthèses dans le MS. :
MS., sans qu'on
2!)
1,
Anatomica.
140.
Curfus fanguinis ventriculo volvitur
quàm In
5
;
&
fafeoli,
multô ampliores
pifce cabeliau fauces erant
"
quàm
gula, gula
&
hàc figura,
ventriculus. Inteftina etiam*"
tantùm plicas intorta ut a ventriculus, b podex. Conftabat autem
erant fatis angufta
in très
ex dentibus^
partim
&
iilis fibris,
& inteflino etiam
:
tanquam
in palato bovis
multô longioribus.
Fel adhccrebat
ventriculus fibris permultis 10
partim inteftino adhaerebat
;
;
lien erat infra fel,
hepar erat valdè album,
non notavi an alibi quam cordi adhsereret hcerebat autem cordi ope venae cavae valdè brevis, quse verfùs cor admodum protuberabat, ita ut ifte tumor auriculae &.
1
3
modo
fed contrario
convolvulus.
quàm in
venà coionarià & dextro orbem, ut cochlese omnes
in
in
illincque ut gerania
617
;
vicem fubiret.
A corde
egrediebatur aorta etiam valde
non longior neque crafifior, quàm hic (pifcis autem erat circiter trium palmarum
protuberans"*, pingitur''
longitudinis)*^, 20
&
aflSxa erat anteriori
i.<:
infims oris
carnes difpergebatur, adeô ut facile cre-
parti, ubi in
diderim fanguinem in
iftis
animalibus non circulari.
Fel erat cseruleum, lien valdè
rubens
verô album
in eà opinione,
:
quo confirmor
liene fanguis veniens a.
Foucher de Careil
cibus, qui b. c.
manque dans
fait
le
e. f.
vividum, hepar
quôd ex
ad hepar chylo mifceatur; qui
précéder ceci d'un
titre
:
Expérimenta
in pif-
MS.
Figure XVIII. Dentibus, leçon douteuse.'
— Voir toutefois ci-avant, d.
&.
On
p. 576,
ne distingue bien que les lettres ntibus.
1.
4-5. Peut-être exijlentibus?
Figure XIX. Figure XX. Signes de parenthèses ajoutés. Le
Œuvres. VI.
MS. ne
les
donne
pas.
78
3
6l8
EXCERPTA
chylus non ifli
I
pifces
fit
ruber,
nifi
I,
in-corde.
146-148.
Wec multo hepate
opus habent.
In pifce
^cfiocftefi',
ex maximis fuse fpeciei, notavi
manifeftè cor in parte anteriore accuratè in medio
branchiarum conjundioni,
adeô ut ab eà albac pifi magnitu-
hsererc
5
tantùm diflaret fpatio veficulse dinem œquantis, quse erat principium five truncus aortae. Ex quo trunci videbantur 8 rami, ex unàquâque parte quatuor, in branchias
ire.
Cor tegebatur
peri-
Ab
infe-
cardio pellucido, in quo aqua continebatur. riore ejus parte verfùs
tergum pendebat auricula
fatis
magna, imô major quàm veficula fuperior, & ex eâ per feptum tranfverfum cava defcendebat in hepar, quod erat valdè album. Lien & fel adhserebant inteftinis i^ ventriculo lien valde rubrum, & rubicans'' fel inftar aqua pellucidae (hoc erat in menfe Martio). :
Duo habebat foramina
& apcrta.
10
i5
loco narium, valdè manifefla
Profunda'' erant aliquantulum oblonga'', fed
in quae aciculae
caput immittendo, non
Vefica intus
penetrabat.
erat,
quae
admodum
altè
œfophagum
a
20
fpinà dorfi feparabat, eratque accuratè in medio cor-
& &
poris;
erant
anfraduofa ad omnes cavitates replendas; aliae membranse, omnes interiores partes
involventes
quod tatem
&
fimul jungentes; erat
nihil fupra fe continebat, praîter cor, oris cavi-
&
caput. Nec dubitavi quin curfus fanguinis in
ejtifmodi pifcibus
Nom
lit
à corde per branchias ad capui,
b.
rtamand de la morue Stokvisch. Après rubicans, comme après rubrum.
c.
Mot
d.
Figure XXI.
a.
& diaphragma
suspect.
:
le
MS. met une
virgule.
2
AnATOMICA.
! '4>i-iâo.
619
atque inde per anteriorem fpinae partem verfùs caudam,
itemque ad lienem, atque ex liene ad hepar
fuccum abadum' ad hepar,
ilina; ex iiueftinis etiam
& 5
iiidè
limul
inte-
«1
cum fanguine ad
cor. In hranchiis verô
etiam auditùs organum elîe potert
lunt enim ex
:
parte olFeée. Nervi veniunt ex cerebro per pofteriorem Ipinae
partem, non per ejus médium.
|Cùm malibus 10
vafa urinse vafis fpcrmaticis in Tint
conjunda, non videtur
marem & fœminam, quàm quôd ha.H: priùs urinam emiferit. quam fpiritùs prolifici rudimentum; hic contra''. Nec mirum, quôd-omnia ferè :
enim generare non
qu?e
pofi'unt,
non etiam generantur, nec proindè reperiuniur mundo. Bis'^
rollrum pulli
efl'e
formatum, fed
diem, plané roftrum
efle
immittendo acicula? caput
efl'e
partem capitis poft odavum autem
;
in
formatum in
&
foramen,
filTum, ita ut fine
uHà
ufque ad pofleriorem capitis partem
cultate
fuerat, perveniret; illum
imminutum. Notavi etiam, nono
non
dies gallina incubuerat,
pofteriorem valdc tumidum
tumor
in
repetito experimento, inveni in ovo, cui tan-
tùm per feptem integros
20
alia e(Tc caufa
dillindionis inter
animalia génèrent
i")
omnibus ani-
diffi-
ubi
,
autem tumorem
efle
valdè 25
adhuc efle inteftina, fed ventriculum occupare infimam ventris capacib.
Lecture douteuse. Voir ci-avant, p. 534,
c.
Autre
a.
£
puUis.
titre
ajouté par
I.
die, nulla
3-i2.
Foucher de Careil
:
Nova Expérimenta
in ovis
620
EXCERPTA
tatem
;
Caput
fupra hune efie hepar
& cor,
nihilque ampliùs.
&
collum erat
five
cauda etiam
craffius erat réliquo corpore,
longius reliqiio corpore. Pterygium
longa eral, imô longior quàm pedes. pedore nulli adhuc apparebant, fed
omnium prima
i5o-i52.
I,
Mufculi fpina
in
dorlî
5
poil caput formatur.
Quantum notare potui ex difledione pullorum quam triginta omnis statis, quos ex ovis eduxi
plus
:
Die
incipit aliquid apparere,
2***,
hoc
eft
cor
:
eft for-
matum, & languinem verfùs fuperficiem tam albu-
quàm
minis 5*'*
rygii ^'^
vitelli mittit.
&
caput
die,
10
fpina dorfi ad extremitalem pte-
ufque formata funt. die, cor optimè videtur pullare,
&
infra
ipfum
apparet ventriculus albus; pedes & alae etiam apparent, fed pterygium longius eft quàm pedes. Cere-
i5
bellum verè valdè tumet, nec non partes cerebri anteriores. Oculi verô etiam tertià die formati funt. Paulô poft feptimum diem roftrum formari incipit (i
cerebellum, itemque c^cerebrum
&.
fpina dorfi detu-
&
fel
20
mefcunt.
Decimo
die apparet etiam hepar,
adhaerens, partim etiam
pundum
quod
viride,
quo
illud
fumendum
puto,
ventriculo
pro
felle
partim hepati
;
ex
videtur effe vehiculum, quo inteftina ex ventriculo
egrediuniur. Cor
eft
tune infigne,
Die 12 etiam lien à Die
&
nondum hepar valdè
ventriculus juxta caudam.
magnum, triculo
23
hepati
i^,
16,
finiftrâ
conjundum [7
L^'
19,
parte fupra
fel
ven-
notari poteft.
notavi
eadem omnia, nec
3o
1.
Anatomica.
152-1 S4
multô plura. Imô
in
debuiiTet excludi,
nondum ullam partem
bam
;
pullo 19 dierum, qui biduô poft
fed ejus intertina
ventrem erant ovi
5
621
vitelli
magnam partem
nota-
extra ejus
adjunda, adeô ut exiftimem duobus ultimis diebus totum vitellum unà cum refivitello
duis inteftinis ingredi ventrem pulli.
quibus pulli erant 16 vel 19 dierum, apparebat placenta quaedam oblonga, quse ex materiâ In ovis in
I
putaminibus ovorum 10
fada videbatur. Umbilicos quidem duos five vafa ad umbilicum duo infignia notavi, unum ex albumine, aliud ex vitello; fed
non
pellem
vidi vafa ex
nec
pulli,
inteftinis extra
fimili
albumine aliud accedere quam
vitelli
pullum exiftentibus
Ex MS"
r^
vafa aliud
quàm unum ex
adiré.
Cartefij in-4°\
PROBLEMATA. Quare
fal
Numquid 20
vi
cum aquâ non extrahitur ? quia, cùm fit diaphanus, à radiis
caloris
ratio eft,
non movetur? Sudor enim corporum eft falfus; non enim excutitur à folo calore, & eft potiùs fedimentum ejus ex quo fubtilior vapor in fubftantiam corporis converfus eft. Et videmus fcilicet aquam quae diu bula.
p.
MS. de Hanovre:
547. Foucher
de
Feuille VIII (feuillets i3et
Careil n'a pas publié
le
14).
Voir ci-avant,
commencement de
cette
dans ses Inédits. Le M S. donne d'ailleurs, en marge, cette note de Leibniz Hcec deleta in MS", et le passage en regard est barré. feuille
:
62 2 liit
EXCRHPTA
magis falfam, quia
fcilicet ex
eà plus vaporis dul-
fumum. Fallum videtur quod jamjam dixide
cis exlvilavit in
cft cliqué
dum
pellucida atque
fal.
Aquaenim
fale.
Scd loco diaphani. dicen-
pervium motui caloris propter iuam fiecitatem aqua verô, licet motui luminis lit pervia, non cil tamen motui caloris (qui ell in partibus paulo folidioribus aut majoribus) propter fuam humiditatem. Hinc lortc rcddi poiert ratio, cur aqua maris noclu ell effe
5
;
luceat".
lo
quod fciam iVudus
Nulli
indicant vari.
fal elTe
verô
:
proveniunt
quae fatis
:
valde fi.xum, nec à foie in plantas ele-
Sed nec ullœ carnes
marinorum
lallî
quod
fallre funt,
indicat
fal elle
nequidem pifcium
valde llccum
;
neque
glutinola in carnes pofTunt tranfire.
nili
Amari'' funt plerique frudus,
ii
iS
praecipue qui in
calidiufculis rcgionibus nafcuntur. ut n'icum putami-
malorum aureorum, &c. Abfterguni autcm amara omnia vehementiirnnè & exficcant imo ctiam exulcerant, venarum cxtremitates refecant. Ideô conna,
;
^S.
cludo
elle
fumum
partes in
lice),
quidcin ab initioa calore
&
excitatas, ideoque opacas
nigras fut in nucis cor-
poftea verô in arbore à partibus lluidis celeriter
motis paulatim fecretas
\
limul conflipatas (unde oli-
quô maturiores, eô magis amar?e), ac proinde qux faciunt corpus humidum crairilîimum, quod le toto
vae,
refpcctu Garnis noftra^ a. p.
Voii
i.
Vf. p. 2 55-2 36
;
t.
eft
\'I II.
liccum, ideoque abllergii; i" partie, p. 25
5. cl
t.
IX,
2' partie.
249-250. h.
20
En marge
Leibniz.]
:
Eodém modo
atirium purgamenta
Jiiint.
(Note MS. Je
25
1.72
Anatomica.
7/1.
62}
enimquod craffiffimum eft, in humoribus adhaeret, & fie omnia fecum vehit, fluidiffimis exceptis, quse
illi
relida calefaciunt
Grando^\
&
ficcant^
— Vidi hodie, menfe Decembrr, grandi-
I
5
nem
in
modum
turbinis
acuminatam,
odava
ita ut
pars globi efle videretur. Pluvia heri praecefferat, fol
jam hodie apparuerat, Boreas ventus gelidns.
Non multum
jicere licet, nivis 10
flabat, aer erattepidus,
decidit. Ex
quibus con-
formamenta fimul cum vento
in guttas aqua,^ reliquae ex pluvià hefternâ
&
à
Boreà
à foie in
guttas coadae, incidiife, iltafque guttas circumquaque
tamen ut partes calidioresad earum
congelaffe, fed ita
Cumque
centra confluèrent.
congelabantur, is
|
guttae, fimul
illse
dum
dejiciebantur verfùs terram, agita-
non poterant autem ullo modo faciliùs dividi quàm in duas partes média autem illarum pars adhuc faciliùs in duas dividebatur, & quarta adhuc in duas; odava autem, cùm proximè accederet ad globum, non poterat ulteriùs dividi. Confirmatur, tione dividebantur;
;
2o
guttis ita congelatis, partes aquae tepidiores ad cen-
irum confluxiffe (quo pofito reliqua aperta a.
Ici s'arrête le
b.
En marge
passage non reproduit par Foucher de Careil.
de ce paragraphe, on
semble reproduire exactement en cela
In
lit
le
marginc afcriptum erat
grandinem
& cum cadebant
vidi,
dans
MS. de :
copie de Leibniz, qui
Descartes
:
flabatque Aufter fimul
cum Boreâ;
erant
majufculse,
rotundae minores,
minutse informes, convolutis.
la
Rurfus hodie talem
partibus turbinatis quse alise
funt), ex
nifi
& alise pulveris
viderentur effe ex
filis
inflar
fimul
5
624
EXCERPTA
co quôd
1,
74-76-
bene memini, viderim talem grandinem plané rotundam, fed cujus centrum magis albicans erat, extremitates verô magis pellucidse, id eft magis aliàs,
fi
quod tune
quôd gultae aquae minores erant, & ventus frigidior. Nec ideô frangebantur. Grande autem quse aeftate decidit, plané pellucida fit, quôd ventus eft fubtilior. Fit autem fsepe concreta", non aliam ob caufam, ni fallor, quàm quôd denfae
:
contigifTe puto,
ventus illam dejiciendo congelât,
unde
fit
ut partes quae primae
illi
&
valde fubitô
5
:
occutruntur, citiùs
10
durentur, nec ullafervetur sequalitas.
Notandum etiam
eft iftius
grandinis turbinatse grana
non ita inter fe fuiffe aequalia, ut funt nivis ftellae. Cujus ratio clara eft: quôd ftellse nivis fiunt in continue, ideoque
omnes
odo tantùm
hujus grandinis
debent inter
aequales effe debent fiunt ex
fe aequalia effe; fed
unâ
;
grana verô guttà,
1
quœ
ex alià majore guttà
I
fient
odo
majora.
Quare cùm aqua fluminis crefcit vel alta maftet, non ita ingreditur vicinas cellas ac dum defcendit ? Nec ita, dum celeriter crefcit ac minuitur, quàm cùm lentè ? Nempe propter eandem ràtionem, propter quam, fi vas vacuum angufti orificii in aquam demergas, non ita implebitur aquâ fi celeriter demergas, quàm fi Icntè nec quicquam aquae ipfum ingredietur, quamdiu totus'' erit demerfus cùm autem rurfus ex ;
;
aquà cxtrahes, a.
:
totus...
nondum
eâ
fit
plénum, nova aqua
MS. donne une parenthèse, qui parait être une an cormtta, an confuja ^ce dernier mot barré). demerfus (MS.), au lieu de totum... demeijum.
Après concreta,
conjecture de Leibniz b. Sic
fi
le :
20
3)
1.76-78-
illud ingredietur vafi
5
Ôl^
&
concavitates in terra
quippe pori
fimiles funt.
ifti
Quare nervus, digito pulfatus, duplex apparet ? |Nempequôd, dùm circulariter movetur, diutiùs manet cùm eodem refpedu ad oculum cùm eft furfum vel
deorfum,
cùm
netae,
Quare
Quôd 10
:
AnATOMICA.
quàm cùm
afcendit vel defcendit
:
ut pla-
funt flationarii.
halitus, ore
claufo emiffus,
eft
frigidus?
tune omnes partes corporis quas tangit, verfus
eandem" partem detinet immotas contra autem, ciim minus fortis eft, illas movet, adeoque eft calidus. Ut videmus aliquando, cùm magnus ventus eft & in eandem partem aequaliter flat, non moveri fylvarum arbores nec vêla navium fed tune moveri, cùm ejus ;
;
•
5
impetus remittitur vel primùm incipit & magis, cùm tantùm levis aura flat. Et hoc de halitu demonftratur ;
ex eo quôd,
fi
manum, idem fentietur, 20
in
ore claufo flemus verfùs*" propriam halitus, qui in reliquâ
digitorum
interftitiis
exacte junftorum, ita ut
illa
,
manu frigidus non admodum
fubingrediatur, calidus
non tam validus ibi erit". Et hinc patet cur pannus rimis januarum & feneftrarum appofitus optimè frigus impediat, etiamfi ventum non plané fentietur, quia
excludat. MS.
a.
:
Mais on a 1.
eafd écrit d'abord, puis barré, et eandem récrit au-dessus. que nous corrigeons partem, comme ci-après,
laissé partes,
12-l3.
La phrase s'arrête ici, feuillet 3 {recto), mais avec l'indication verte. Et en tournant le feuillet, on trouve au verso toute la suite Jusque exclub.
dat c.
1
{\.
:
24).
Voir
t.
VI, p. 245 et p. 658.
Œuvres.
VI.
79
EXCERPTA.
626
1,80-82.
Arbores infra terram inventae in HoUandiâ omnes ita inverfae funt, ut rami feptentrionem refpiciant. Si arbores proceras habere vis, ne refeca furculos, plures I
enim renafcerentur fed everfostrunco ;
alliga,
itaenim
emorientur.
Dum
5
plantantur novae arbores, rami
autem ita ut ita enim firmiùs
&
radiées
quàm
abfcindi debent^ radiées
fibrse
maxime
inhaerentes,
terrse infiflant;
novas radiées agunt. ^'^
Feb. 16} ^^ Caeciâ flante,
cùm
prsecedenti die
10
etiam ninxitlet, & id quod vocamus verglas cecidiffet, erant autem granula hujus magnitudinis (//), humo-
rcm
&
criftallinum figura referentia,
&
ex quibus notavi fex radios
alteri
& uni breviffimos & ex pellucida;
albo pallidos, etiam craffitiem granuli fuperantes ^^, inquam, Feb. notavi valdè varias nivis ftellulas
:
'5
:
primo, qucfcdam folida hexagona talia (A'), valdè pellucida, polita & tenuia, inaequalium magnitudinum ;
deinde rotulas taies (Q), pulchriores quàm arte fingi poffint, etiam cum pundo albido minutiflimo in centro,
|
&
férè totas pellucidas;
deinde etiam alias fine majores,
20
cum
pundo
in centro,
&
paulo
radiis inilar liliorum;
ac deinde columnulas, craflitiem minutae aciculse''
&
aequantes, pellucidas, a. 1.
ad utramque extremitatem
—
Voir Météores, Disc. Vf, p. 298, Le MS. répcte en marge i635. 1. i5, t. VI de cette édition. Les figures du MS, sont si 3o8, p. :
8, à
grossièrement faites, qu'il n'est presque pas possible d'en rien tirer. Nous renvoyons donc aux figures des Météores (t. VL p- 3o2), auxquelles elles correspondent, en les désignant par les mêmes lettres H, K, Q, F, E. b. Aciculœ, récrit au-dessus de afficulce écnt. d'abord. (MS.) :
25
I.
Anatomica.
«2-^4-
quafdam etiam habentes aliquid in medio fie (F). Non potui autem notare an quod in medio erat, effet hexagonum. Erant autem tam affabrè fadae, ut nihil magis. Paulatim verô ceciderant his breviores, in quarum unâ extremitate ftella
habentes (lellulam hoc
5
modo
627
erat major,
quàm
in altéra;
(F)
&
;
cum Et unam
poflea duplices,
interdum sequalibus, interdum non. cujus uni radio columna cum aliâ minore
12 radiis vidi,
quatuor aut
lulâ infidebat*. Et 10
5
ex
odo
radiis fadas,
&
appareret ex
ut quatuor effent aliis breviores,
ita
duabus fadas
effe fie (£).
omnes
Erant autem
fub vefperem,
fatis fpiffaî; fed
ftel-
cùm ningere
totâ die
defineret,
erant multô tenuiores.
mane, cùm ventus mutaretur, & ferenior, etiam ftellulae primo tenuiffimae,
Et fequenti die, i5
aura
&
fieret
in craffos floccos conglobatae, paucse ceciderant
dcinde etiam
alise
non
fatis latae, fed
&
poftea grandinis triangularis parùm,
fecuta
eft
cum
;
;
ac
aura ferenior
aëris tranquillitate.
Baculus aequaliter
20
pellucidae
fortis,
medio
ftar curvatus, in
utrâque manu, arcûs in-
inter
manus
intervallo fran-
&
quô manus ab invicem erunt remotiores, eô faciliùs frangetur, quod utrinque fint quafi vedes hypomochlium habentes in loco ubi fit fradio''. getur;
2 3 I
a. (I.
cl
Poma MS.
19).
:
b.
(verte).
Le bas de
Poma...
Tout
Careil.
ex arboribus
(1.
cet
La la
formantur
ita
suite est, en effet,
alinéa
:
1.
emergunt par-
au verso, jusque tranquillitate
page, au recto, est rempli par
25, et p. 628,
:
:
Baculu.s...
(].
20-24),
8).
Baculus
.
.
.fraâio.
manque dans Foucher de
5
628
EXCERPTA
ticulse ex
gis
cum
ifte
&
84-86.
trunco reclo motu, quae deinde in orbem
reileduntur;
cujus
I.
&
fit
alius
motus
circularis decuflatim,
priori miftione particuLt françuntur
&
ma-
frudus maturefcit. Paulatim verô motus circularis ipfam pomi caudam in orbem magis,
ita
donec maturo frudu tota feparetur
rodit,
&
5
frudus
cadat. Infitio verô vel etiam folius terrae cultura fa-
ciunt ut frudus''
fint
mitiores
:
quia
nempe
particulae
per duarum diverfi generis arborum meatus evedae
magis interpolantur. Item ex terra
fsepius verfâ fubti-
liores partes attrahuntur
terra diu refederit
eodem
in
quia,
:
fi
10
eafdem par-
loco, paulatim ejus minutiae in
adeô ut radiées arborum fimiles fint glebis autem faepè verfis, contra una arborem iturse ingredietur uno modo, alia alio, meliufque ibi miftes confpirabunt, ;
i5
cebuntur; diffimilia enim, ut mifceantur, debent in plures partes frangi. Hinc frudus
omnes
fylveftres
fiunt acerbi.
Summatim verô fie
plantae
unam
:
partem afcenatque circumjacente aëre ejus motui refiflente,
|copiofus vaporvi folis per dit,
omnes prodeuni ex terra
partim ficcatur, partim ejus
fibrae,
terra;
quae in
gebant, in tranfverfum volvuntur, undè
redum fit
fur-
cortex
habens folùm fibras tranfverfas, cùm e contra partes interiores habeant redas. Si qui deinde meatus occurrant in cortice, vapor inter hune 0^ lignum afcendens per iftos meatus oblongos folùm in tranfverfum eorum figuram fumit, & formatur in folia. Qui vero ex ipfâ ligni medullâ per lignum corticemque pervadit, a.
mot
M S.
:
acerbi
verte. (I.
t8).
La
suite se trouve,
en
effet,
au verso de
la feuille
20
jusqu'au
2
I,
AnATOMICA.
86-88.
quoniam
inter fibras partim rotundas partim tranf-
verfas egreditur,
5
629
fit
rotundus
;
atque ex eo concrefcit
primo oculus arboris, deindè flos, denique pomum, ut fupra*. Fit autem cavitas in medio omnium plantarum, vel aëre vel medullâ plena; quoniam partes vaporis non plané redà furfum, fed obliqué hinc & indè, ut patet ex fibris lignorum quae ex iis funt folidiores verfùs corticem feruntur, manetque in medio quod levius eft, ut fol inter planetas. :
<
Plantae
10
quse
>
fub aquis nafcuntur, caeteris funt
magis fungofae & aërese quôd vapor vi caloris per radiées in plantam furgens, eft totus ferè aëreus. In plantis autem quae crefcunt in aëre, facile illius vapo:
tenuiores partes expirant, manentque tantùm
ris i5
ciores ad conftituendam plantam folidior erit in iftae
monte quàm
(quae
in valle).
partes aëreae continuitate aquae
fic-
etiam ideô
Sub aquis verô
& lentore quodam
proprio retinentur, efficiuntque idcircô
ejus naturae |
plantam magis porofam. 20
Si
quod corpus ageretur
tum femper
25
aequali vi,
five
impelleretur ad
nempe à mente fibi
mo-
inditâ (nulla
enim alia vis talis elfe poteft), & moveretur in vacuo, femper à principio motiîs fui ad médium fpatii percurrendi triplo plus temporis poneret, quàm à medio ad finem & fie confequenter. Quia verô nullum ,
taie
vacuum
dari poteft,
fed
femper aliquo modo
quodcumque fpatium
femper refîftentia crefcit in proportione geometricâ ad celeritatem motûs, adeô ut eô tandem deveniatur, ut exiftat,
a.
Voir ci-avant,
p.
627-628.
refiftit
:
ita
6jO
EXCERPTA
non amplius
fenfibiliter
1,88-90.
augeatur celeritas, poffitque
determinari quaidam alla celeritas
quam
nun-
finita, cui
erit aequalis.
Quae à
vi
cùm
gravitatis impelluntur,
ifta
gravitas
tanquam anima, fed fit quoddam aliud corpus quod jam eft in motu, nunquam poteft rem gravem tam celeriter impellere non agat femper
aequaliter
quàm ipfum movetur,
5
|
fed etiam in vacuo minueretur
femper impulfus in proportione' geometricâ. Quae verô minuuntur à duabus caufis vel pluribus in proportione geometricâ, minuuntur ab illis omnibus tanquam ab unâ caufâ quae illa minueret in proportione
10
geometricâ, femperque redit eadem fupputatio. Item etiam,
(i
quae alia caufa retineat vi arithmeticâ; con-
furget femper diminutio in proportione geometricâ.Si
i5
verô aliqua alia vis impellat femper in proportione
geometricâ fimul agens cum eâ quaî geDmetricè mi-
tandem pervenietur, ut Geometricâ ceffet, folaque Arithmeticâ remaneat, augeatque motum, ut didum eft faduram animam in vacuo Quôd denique nuitur, eô
20
*".
fi
&
crefcat impulfus geometricè
cat etiam
arithmeticè
&
II)
detrahendo,
a. Foucher de Careil manque, y compris les
ita
s'arrête
quae poteft explicari per
uncae lineae proportionalium
comprehenfa hoc modo (^Jîg.
vel cref-
crefcet celeritas in infini-
,
tum proportione compofitâ, fpatia ope trianguli
minuatur
hoc ut celeritas primi temporis [/ig.
au
/)
addendo,
vel
mot proportione. Toute .Jpatium «aced».
figures, jusqu'à:
.
.
la
suite
Elle se
trouve au verso, et il fallait tourner la page. On y voit d'abord reproduit (mais barré ensuite) tout le texte précédent 'p. 629, I. 20), avec la variante
perveniatur (1. 29!. b. Note de Leibniz
:
Ergo (NB.)
vis
animce
in
vacuo arithmeticâ.
25 .
Anatomica.
i.9o-<)2-
6ji
ad celeritatem fecundi, ut fpatium ahc ad fpatium aced. fit
figl-
fis- II-
Notavi pyxidem optimè claufam, in quâ fuerat aqua
5
odorata per totum hyemem,
cùm
aquam cum quodam impetu
exiliilTe
partes denfse frigore fuerant in veris calor
non tam
vere illam aperui,
eam
:
nempè hyeme
introdudae, quas
facile expcllcbat;
ideoque aqua
Idem in omnibus ferè cùm non facile raréfiât ea
erat intus quafi comprefTa.
ifta fieri
quse
puto, ut veris calor,
hyeme denfata
impetu,
funt,
cùm eoufque
id
efficere
cum quodam
&
crevit, ut pr?evaleat;
hune
impetum ad eorum quoe verno tempore^ generantur, ortum conferre exifiimo.
Dum i5
vina nova aut cerevifiœ bulliunt, hoc
motuum
contrarietate quae proindè
|
qui funt inter
eorum
locum ampliorem requirunt,
fit
ex
partes'',
&
fluidas
particulas inter fe, velut in angulis contingentiae,
20
quoque
concodio alimenti in ventriculo animalium. Ut calx & aqua neutrum eft calidum feparatim, ita etiam vinum ex uvis ftatim edudum non bulliret, fed tantùm quôd per aliquod tempus cum racemis maceratur; ex quorum admittunt; inde oritur calor.
Ita
fit
Verno tempore au-dessus de vere écrii d abord. Contrariafimul complicatajc invicem etiam etiam comburere, dicii ces deux mots a la fin feraient Hippocrates. > (Margini adfcripuim) la se trouvait déjà dans le MS. de Descartes. croire que note a.
b.
«
:
EXCERPTA
6j2
'
I.9»-94-
contraria naturâ hune calorem accipit, cujus agita-
minus quofdam
tione poftea perfediùs mifcetur atque ideô
corrumpi poteft mutuatur enim quafi nervos à racèmorum duritie, quibus materia fluida firmatur, & contra aëris circumjacentis motus ad corruptionem tendentes defenditur. facile
;
^
Dicimus aërem multa mixta corrumpere potiùs
quàm
generare; contra folem dicimus ea generare
potiùs
quàm corrumpere. Quod
motus
aëris eft imbecillus
inordinatus
;
&.
&
vel ideô
quia
fit,
in diverfas partes fivc
lo
proindè quae ab eo funt alterata, non
habent facultatem confervandi fui in eodcm ftatu, ideôque non dicimus ea habere formas pcrfedas, fed efle eft
tantùm res corruptas. Contra verô
uniformis
five
ordinatus
&
fortior
;
^<:
folis
motus
proindè quae
i5
formam acceperunt, plerùmque illam habent magis durabilem, quanquam hoc variet fréquenter ab
illo
|
propter difpofitiones fubjedi.
Senes habent capillos albos,
&
animalia
in frigidis
regionibus nata albos pilos; contra, .îthiopes niger-
Quod
quoniam, calore intus & extra majore exiftcnte, excremcnta ifta ex corpore exeuntia fsepiùs interrumpunt fluxum fuum quae interruptio nigrum colorem efficit. Facit etiam ut Mauri intortos & mollifiimos habeant capillos. Contra in aliis regionibus minor calor crafilorcs particulas emit-
rimos. Idem etiam de cute.
20
fit
:
tit
;
qus
fingulae,
cùm
fint
pellucidœ, fatis duntaxat
interrumpuntur ad efficicndum album colorem, non nigrum,
& crafTos capillos, non
tenues, ut
Maurorum.
25
ANATOmCA.
1.94-96.
Pilos criflbs
tione denfior
fieri
certum
quàm
eft
quôd cuticula propor-
eft,
cutis
:
6jj
cùmque
radiées agunt in
cute, per cuticulam tranfeuntes obliqué inflectuiitur.
Patet itthiopes iftam cuticulam habere î>
denfiorem,
quôd calido aëre ficcatur. ^Etate autem cuticulae meatus augentur, & fepe qui in juventute crilTi erant, non funt ampliùs in fenedute contra fieri poteft ut, ;
morbo
renafcantur,
fi|que 10
quod
lapfis crinibus,
ifta
cùm
priùs fuiflent plane redi;
quodam obfervavi\
in
cuticula denfetur, crif-
—
nafcuntur
Pili in ciliis
materiam habent aptam, nempè cartilaginem nondùm duratam non vero crefcunt pofteà, quôd durata ifta cartilago*" non ampliùs apta eft'cmittendis pilis, nifi forte fenedute laxata. Pilorum materia eft quod excernitur lentum vel
quôd
in utero,
ibi
;
i5
&
ficcum ex cerebro vel glandulis, cujus
jeftis;
cartilagines
naturae
fub-
fimiiibus
initio
cilia
effe
teftantur*".
Lacrymae funt fudor oculorum -•o
:
quod patet ex eo
quôd omnis res oculos calefaciens, elicit lacrymas. Sudor non differt ab eâ raaterià quae exhalât è corpore per infenfibiles tranfpirationes, cruditate,
meatus 25
&
cutis,
falfedine fit
:
quia,
cùm magis
aqua quod alioqui
efti'et
copia,
nifi
laxentur
aër; fed cera
& furfures la craffe fudant, quippe multùm glandulae & cerebrum, quodque exfudat, lentius & crafiTius eft. in oculis
eft
lentor fudoris,
a.
MS.
b.
Cartilago, corrige dans
:
verte.
La
suite est
de
la
pili
au verso, jusqu'au mot tejiantur
le
MS.
main de Leibniz, Œuvres. VI.
c. Ici,
ut
(l.
i8).
sur cartiUif^ine écrit d'abord.
comme
tout le reste
:
(Per diâa) 8o
EXCERPTA
6j4
1,96-98.
polata,
eadem pars fanguinis per renem interqualis eft fudor per cutem, nifi quôd paulô
craffior
fit.
Urina
efl
|Ex lade tria excernuntur
ferum, pingue feu buty-
:
rum, & ficcum caillé^. Saccarum eft fat glutinofum; atque tinofum
eft
5
fi
quod
glu-
ex faccaro tolleretur, falfum remaneret.
Sanguis eodem
modo
dulcis
eft,
&
quicquid
eft in
eo glutinofum, abit in carnes; ideô refiduus fudor
Nimirùm fudor ideô falfus eft, quia cùm fit ea fanguinis pars quae non faceffit in carnes, nihil autem falis agglutinetur carnibus propter fuam ficcieft falfus.
tatem, quâ potiùs eas corroderet
:
ideô totus
fanguine exiftens, redundat in fudorem Problemata promifcua. cit
a.
Caillé écrit au-dessus de cutem
crajfe (p. gris. b.
in urinas.
cera''.
(?),
ce semble. C'est
le
troisième
qu'on trouve intercalé dans le texte verglas (p. 626, 633, 1. 25-6), caillé. Voir encore ci-après, p. 642, 1.
Lejbniz ajoute
fequuntur.)
:
1
ici
:
fal in
— Quaic glacies non liquef-
gradatim mollefcendo ut
français,
&
10
1
1. :
mot
iii,
la
Ver de
[Nihil aj'criptum ultra erat, nec alia problcmata-
«5
EXCERPTA EX
KIRCHER DE MAGNETE.
P.
Ce
titre est suivi
feuillet lo
de quelques notes qui se trouvent au bas du 12 lignes au recto et 4 au perso. (Voir
du MS. prtccdent,
ci-avant, p. 607, note
que
lecture
dont
note
la
Descartes de l'ouvrage du P. Athanase Kircher,
et
parle dans
il
(Tome
fit
6i
Elles se rapportent à
c, et p.
une
III, p. 52 1-522.)
lettre
i,
à
b.)
Huygens, du
Les pages auxquelles
il
3i
janvier 1642.
renvoie, sont celles
de
la I" édition, 1641. Descartes n'y avait trouvé, disait-il, qu'une expérience nouvelle, et il la rappelle, en effet, dans ses Principia
Philofophia', Pars l\\ art. clxx.
(Tome
juge sévèrement l'auteur
\TII, p. 3oi-3o2.) Pour tout
n'y a, dit-il, aucune de fes Pourtant (ne serait-ce qu'une simple coïncidence ?) il énumère jusqu'à trente-quatre propriétés de l'aimant [Ibid., p. 284-287), et Kircher avant lui en énumérait trente-trois. Mais ce ne sont pas, chez l'un et chez l'autre, les mêmes propriétés; et si pour quelques-unes Descartes est d'accord avec Kircher, pour une au moins, qu'il avait notée en le lisant, il le combat (p. (536 ci-après, note c). Vraisemblablement, en 1642, il avait déjà son opinion faite sur l'aimant, et cela d'après les ouvrages de Gilbert, de Cabei, ou ses propres observations, ou encore d'après des communications comme celle de Mersenne au commencement de 1640 (t. III, p. 4Ô, et p. 5 1-52), et qu'on retrouve dans les Principes (t. VIII, 20' propriété de l'aimant, p. 286 et p. 3oo-3oi). le reste,
il
raifons qui vaille.
»
:
« Il
»
Ut quod is ait, pag. 7, criftallum combuftam tantùm ponderi.s cinerum dare, quantum, e^atp^us^ comburatur, nihil huniidi refudare videbis, tantùmque quanta priiis erat cryftalli quantitas, generari comperies. » Kircheri Magnes Jive De Arte Magneticd, editio 2^, lib. I, pars 1, p. 6.)
a. « »
Si cryftallus
cincris,
(.4.
6}6
RxCERPTA
^dg.
14.
Qusnam
De venis
Quôd
chalybem durent".
Pag. 4^, ^o. polus borealis hîc plus lerrae''.
trahat,
ferri
quia
juvatur a terra, alio magnete".
liquorem
Vitrarij
vitri
à
purgant
terreftreitate
inj«clo magnete, qui earri attrahit
&.
cum
poft
eâ igné
abfumitur'.
Ferrum
magnes
vel
debilior a potentiore ferrum
fubducit. Cuius rationem malè reddit P. Kircher. Ea
autem eft, quôd
Quidam ferrum durilfimum
a. «
redigunt hac ratione...
u
b.
ou
'(
Venœ
ferri.
.
.
»
reJdunt,
in
perfciHum chalybem
Magneticis venis terrum produci.
QuatUùm plus
«
"
Irahat polus Magnetis Borealis,
(Jbid., p. 12 et 14,
quàm
Aujiralis,
quo experimento concludo fub /F.quatore vim atiraéliuam vtriufque poli magnetis alicuius, etîe omninô œqualem in Auflrali verô Hemifphocrio, Auftralcm magnetis polum tante in attrahendo elfe robuftioreni, quanto fplncra AuHrina, fub quà experimentum quantum autem fub latitudine Boreali plus ponfit, fuerit obliquior deret Borcus polus magnetis, Auftrino, id facillimè quoque methodo iam traditâ inuedigari poterit. » [Ibid., lib. II, pars i,prop. 7, p. 160.)
Jialicè explorare. ...E
»
&
[Ibid., p. i3.)
plutôt, p. 43-49.)
c. »
augetur'.
:
;
» »
»
;
» i>
—
Descartes dira cependant tout
le contraire, et s'efforcera
de
le
prouver,
Principia PhiloJ'ophia?, pars IV, art. clxxviii. (Tome VIII, p. 3o6-?07.) vt enim liquorem d. « In vitro conficiendo infigni^ (Magnetis) vfus elt :
ab omni
terreftrcitate perrc^-Hc
purgent
vitriarij, ei
Magnetis fruftum
»
vitri
»
adijciuni;
»
combullionc vnitam ad fe attrahit, attra^lam autem purgat, vitrum ex viridi «i luteo candidum facit & cryllallinum. Magnes ver6 poftea ab igné confumitur. » (Ibid., lib. I, pars 11, prop. 14, p. 10.) e. « TheoremaXXVlI : Paruum & débile ferrum, aliud ferrum è tenaci
» »
»
» I.
ftatim
omnem
illam materiam tcrrcllrem ferrugineam
in liquore ex
&
ita
1
Magnétisa maioris &
De
efHcacioris
complexu
furripit.
v
{Ibid., p. i3j<)
figura Magnetis... Spharicus cubico, oualis fphxrico, ouali denique fphaeroidis longinris Magnes, pofità pari bonitate, robuftior eft. » [Ibid., lib. I, pars 11, prop. 21. p. 121.) Voir t. III, p. 622, f.
»
quod
«
12-18.
..
10
Varia.
6^y
Ferrum candens attrahiturà magnete\ 177. Magnes ingens, vix trahens aciculam fibi conjundam, movet verforia ad unum pedem quod minores longé fortiores non faciunt''. :
5
Moduni excitandi venti defcribit, lapfu aquse par longum canalem, fuprà latiorem quàm infrà, in aliquod vas claufum, in quo ait aërem fie agitari & 617.
reproduci
:
aquâ
fcilicet
per foramen in inferiore vafis
parte elabente, aëre verô ex vaporibus aqua; generato 10
&
per foramen
fiante
viderit malleatores,
in parte vafis fuperiore.
ferrum
in virgas ducentes,
Ut ad
ignem continué fufflandum eà machina uti. Hinc rationem reddit, cur ventus ex quibufdam cavernis perpétué exeat, a.
Theoretna
«
»
trahit.
»
liore
I
..
»
»
XXXI
Magnes ferrum ignitum aequè ac frigidum
«
Magnes
ingens, qui
cum
fibi
coniuniftam vix trahat aciculam, ad
pedem
tamen geometricum diftantiâ commoveat verforia; funt & alij minores quidem mole, fed in trahendo & retinendo eflficaciffimi, etfi grandiori in adiuitatis Sphxrà cédant. » {Ibid., lib. I, pars i, p. 169.) c. «
Alius
modus
arti-
excitandi ven-
ficialiter
»
tos
>>
aeris,
"
ratione. Sit
»
loco A.
"
permittes in canalem
»
A
»
Ikucs
»
ribus longis quotlibet
comprefTione hac quâ fequitur
fit
B,
quem :
aqua viua
Hanc
fiât
ita
ex 4
fluere
conall'e-
»
pedum
»
tamen quôd, quantô
>.
canalis fuerit longior,
>)
:
{Ibid., p. 140.)
»
»
»
re&.è"
Nota hoc loco quoque proegrandem Magnetem, non obftante debiquà in trahcndo pollet vinute, maiorem tamen ac^iuitatis fua; Sphaeram, Magnete fortiore, fed minore iiio, fundare. Eft enim mihi b.
»
&.
canalis
(nota
tantôventum futurum vehementiorem), figura pyramidali,
vt monftrat figura
ABC.
Inferius
EXCERPTA
638
Elcdrica fridu calefada trahunt, igni admota non trahunt
:
quippe ut trahant, débet aliquid egredi quod
redeat^.
Ut » » »
in
magno cœnaculo rotundo
obfer-
ait*" alibi fe
E D, cui inl'eritur habebifque inftrumcntum prœparatum. Si itaque vcntos véhémentes excitare velis, aquam A in canalem A B intluere pcrmittcs quae vehementi impetu in reccptaculum ED praecipitata, acrem in \al"e ED violentiâ fummâ per os V canalis VX protrudet; cùm enim aqua E prœcipitata magnam habeat vas, hue reccptaculum
;
;
)>
» » »
fecum aëris portionem deuehat, atque aqua ipfa ex vehementi commotione illifioneque attrita diminutaque in aërem mutetur, nunquam in leceptacuio
DE
&
deerit aëris ingens agitatio,
»
confequenter flatûs Vulcanijs in officinis ad ferrum in virgas diducendum, ad ignés perpetuô fufflan-
»
dos, loco foUium
«
Elt
» »
perpetui per
V
erupiio. Vidi ego in multis locis Malleatores
»
huiufmodi canalium artificiofà conftrucflione vti. autem ventus hululmodi adeô vehemens, vt nihil ferè orificio apponi poffit, quod non veluti fagitta quœdam per aërem in longum fpacium folà flatùs vehementià conijciatur. » (Ibid., lib. III, pars 11,
»
cap. 3, p. 543-544.)
»
«
» » >)
Hinc quoque
patct cur... ex certis
montium
cauernis ingens continué
ventus prortet? Memini in Liparis feu Vulcanijs Infulis in rupe quâdam fnramen mihi oftenfum elfe, è quo ventus continuus ita frigidus erumpit,
vt
aqua ibidem expolita breui tempore
in
glaciem congelafcat.
»
{Ibid., p. 544-545.) a.
Sod obijciet aliquis hoc loco,
«
(i
ex attritu calefaiSae eledricae res,
»
effluuia emittunt, cur foie, igné, aut calidis alijs id
»
enim
»
abeft,
»
veluti iuratis virtuiis hollibus fufpendant.
«
eledrica igni, carbonibus, aut vehementi
vt attrahant, vt
non foli
omnem adionem fuam
potiùs
praeflent
;
expofita,
certum tantùm
ipfis praefentibus
Ad hoc refpondeo
eleclrum
Vnde calorem habere non débet, nili motu tantùm & leui atfriclione produiHum, & quafi fuum, non ab alijs corporibus immilTum... » {Ibid., lib. III, pars m, cap. 3, p. 568.)
» igné
»
eft
admoto non
attrahere, quia...
Ait conjecture, au lieu de et (MS.). A moins que ait ne soit sousentendu, et qu'on ne doive lire ait et alibi. Texte de Kircher « Ex hac » caufà quoque colligitur, cur in (ornicibus & rotundis cœnaculis, in b.
:
>'
oppofitis locis,
»
piantur.
verba
quoeuis,
:
vel
rubniilliflimâ voce prolata, perci-
«
Cuiufmodi olim HeidcibergA' in Palatio Principis Palatini, in cœnaculo quodam grandi rotundo, cuius diameter centum ferë pedes ell id eâ arte asdificatum, vt ex vnà aequabat, comperilTe me memini parte voces quantumuis fubmilîè prolata; in è diamctro oppofità parte, aurc muro applicatà, non obftante mulicà & omni inlUumentorum
"
génère ibidem perfonante,
)i
» >>
:
ita
clarè reddantur, ne
11
loquens auribus
ipfis
Varia.
6^9
ab unâ parte ad aliam transferri, etiam muficâ obftrepente ita ut quod ex unâ parte fummiffè vafle voces
:
dicatur, aure appofitâ
muro
diametraliter oppofito
non autem in aliis locis. Cuius rationem ait, quod aër utrinque motus in femicirculo ibi concurrat. Redè.
poffit audiri,
Huius
experimentum quoque Romae, in verum comperi. Mirum tamen cuiquam videri pofTet, cur in oppofitâ folùm parte, non item in quâuis alià viciniore voces prolata; percipiantur cuius caufam vt affignemus... « Suit une assez longue explication, dont voici la fuggereret.
»
aiïiftens
»
coronide cupulx S. Pétri,
»
» »
illas
cum
rei
infigni fané fucceffu
:
phrase essentielle
:
« ...
Cùm
»
îequales,
&
»
bant,
vt in oppofito
fit,
verè foni vtrinque propagati intenfione
fonorum concurfus fit, fonus admodum intendatur. pars VIII, De Magnetifmo Muficce, cap. i, p. 754.) >i
fint
eodem temporc videlicet femicirculos deïcriloco, vbi fecundum femicirculos propagaiorum
aequales arcus
"
{Ibid.,
lib. III,
Figure
Figure
Figure
II.
Figure
III.
I.
V'I.
Figure Vil
v.^, Figure VIII.
fi
m 'XOOA, Figure XIII.
Figure XII.
Figures XIV
/AtHi» J/l^
Figure XlX.
Figure XVIII.
CK
Figure
XX
Fig"
Figure
A
VX
XXII
*i«.
REMEDIA, ET
VIRES MEDICAMENTORUM",
Lac in vifceribus coagulatum, 5
&
vinum,
frigida, nimis calentibus haufla, inter
4 à
2,
p. 642, Lac... tianfirc.
Manque dans
&
aqua
venena nume-
la 2' copie.
a. L ouvrage d'Eduard Bodemann, ciié ci-avant, p. 549, note a, indique doux MS. pour ce même texte « Mf.dic. Vol: IV ...3. a. (von Leibn'. s Hand) Remédia, & vires medicamentorum. Excérptiun ex autographe " « Cartefii «', mit der Bemerkung De/cripji 24 Febr. i6-]6. Bl (Page 44.) Et plus loin « Vol. V... Bl. 49 (von L'. s Hd). Excerptum ex » Cartejii Autographe de Purgautibus & aliis. (Page 48.) Ces deux copies MS. sont l'une et l'autre de la main de Leibniz. La première, plus complète, porte en tête cette mention Defcripfi 24 Febr. 1676. Excerptum ex Autographe Carteftj. Remédia, et vires Medicamentorum. Elle remplit seulement le recto d'une simple feuille; encore ne le remplit-elle pas entièrement, et on trouve, à la suite, et séparé de ce qui précède par un trait, un autre fragment intitulé Dr refractione. Ce dernier ne comprend que dix lignes au recto, continuées au verso par une :
>i
:
:
1
:
.
:
•>
:
:
table de Vitellion avec quelques lignes encore.
La seconde copie, moins comnlète, mais plus correcte, porte cette même mention en haut de la page Excerptum ex Autographe Carteftj, sans autre titre, sinon celui-ci, écrit verticalement en marge sur une sorte Excerptum ex Cartejij Autographe de Purgand'o'nglet de la feuille :
:
TiBus, et aliis.
Nous donnons ment,
comme
ici le
texte
de
la
première copie,
nous signalons seule-
et
variantes, les lacunes et les différences de la seconde.
A
donne le nom des remèdes Mercurius, Antimenium, Cremor tartari, que l'autre n'indiquait que par les caractères de l'ancienne chimie à savoir, pour le mercure, un cercle surmonté d'un demi-cercle, avec une croix au-dessous; pour l'antimcine, un cercle surmonté d'une croix; pour le tartre, un rectangle avec une croix au-dessous. noter que cette dernière
:
:
Œuvres. VI.
81
EXCERPTA
642 rantur.
Unde
11,2.0-211.
maxime communia
patet, facile etiam
alimenta in noxiam vim tranfire.
Crediderim ventriculi cutem
laxam
effe
&
porofam,
quam ferofus humor è toto corpore in eum illabitur. Hoc patet ex eo, quôd famelicis cibum videntibus humor ifte ufque in palatum redundet, iftis nempe meatibus imaginationis vi laxatis. Quia fcilicet humor
&
per
5
ad digerendos cibos eft utilis, ut fœnum, û aquâ afperfum recondatur, incalefcet & putrefiet. ifle
Hinc
&
multorum aftrinacerbi omnes frudus, forba, meatus iftos occludere, con-
facile reddi ratio poterit
gentium, ut ver de gris, mefpili, &c. Certum eft
humida, ui pruna, ideoque effe pur-
tra verô '^. ^-j qu^e frigida atque caflia,
poma, &c.
illos
laxare
10
;
gantia.
i5
Poffunt verô alia effe purgantia vel aftringentia,
prîecipuam. Qus ob caufas fed hanc puto ehim citô corrumpuntur in ventriculo, ut cibi delicatiores folitis &c., frudus horarii, &c. f?eces quidem molles reddunt, fed non ideô purgant ex reliquo corpore; item quae aftringunt, fed tantùm ex accidenti. Notandum aftringentia ferè omnia juvare concodionem. Qu6 minus enim eft humoris ferofi in ftomacho, eô magis calor accenditur. Unde fit, jut alias
:
|
9 incalefcet... putrefiet,] inca11 t'er de lefcit... putrefit. acerbi) item ^r/s] viride aeris. acerbi... 12
—
—
Certum
— —
forba] ut forba.
ell]
quos certum
—
eft.
i3?.5-] M^rcurium et Antiquas] item quae. monium.
— a/rw humiajouté. — 14
atque] fimul dal
—
—
funt
et.
caflia,
—
poma] ponia,canîam. 17 prœcipuam cipuam effe |
18
(tomacho
ventriculo]
1S-19
folitis
19 ^ic. omis.
pra^.
.
delicatiores.
—
horarii sic.
— — — — —
Omis. 23-24 ^^ reporté après llomacho. 24 ftomacho] ventri21
item...
—
culo.
accidenti.
20
II,
Varia.
311-212.
quaedam
•
643
cibum fumta, laxent venquoniam accélérant concoftio-
aftringentia, poft
triculum ex accidenti,
nem, ut cydoniacum.
&
Ventriculus premit cibos intus conclufos, 5
ad eorum quantitatem accommodât. Hinc famelici videntes cibum vi imaginationis ftomachum compri-
munt, antequam cibus eô ingreflus afcendunt. Purgantia verô fortafle obftant ne comprimatur, ut 10
fe
nervos; quod
effet
unde aquae ad os qusedam funt, quse :
qui forte refolvit ejus
^,
periculofiflimum.
pondère
Virgai aureae totius plantae pulvis,drachmse
potus; item femen geniftae, calculum in veficis reni-
bufque comminuit.
Purgant quaedam moUiendo
lubricando inteftina, ut butyrum
i5
malva;
fieces, ut ;
alia
alia
comprimendo
I
ûeces, ut
cydonia
inteftina, ut
dcndo
c"i:
aqua
paftum
poft
falfa vel
;
abftergendo
alia
etiam dulcis
aperiendo poros, utcremor
l
alia inci-
;
Iri
alia ner-
;
vos retentrici infervientes refolvendo, ut '^ 20
mille
aliis
modis
alia
pofl'unt
purgare,
Sed
.
&.
vena-
ut
rum oriticia obturando, codionem impediendo, &c. Quin etiam fum expertus aliquando vini Hifpanici potum me purgaflc, calefaciendo fcilicet fanguinis maftam, ita ut ex eo multi vapores in ventri23
culum delabantur, atque faecibus mifceantur.
niam
aliâ vice,
Quod
eodem
vino
inftar mellis pellucidas
()
^] Mercurius.
talfe.
—
—
&
forte] for-
ii-i3 Virgac... comini-
nuit. Omis.
— 18 r~1
ri]
tartari.
inftar aquse dulcis copiofè
mihi manifeftum
fuit,
manè fumto, multas
quo-
urinas
infipidas promoverit, tune
—
alia] alii
i" copie;
sj/r alii 2' copie.
rius.
—
alia
ii»
corrigé
5"]Mercu-
— 26-27 quoniam] quia.
644
EXCERPTA
•
fcilicet
II.
magis apertis meatibus
in veficam
:t2-;i3.
quàm
in
alvum.
A Ivi egejlio difficillima pojl menfes
"
Jic provocata .728.
Fellis taurini recentis, butyri infulfi, hellebori nigri,
extradi diacolocynthidis, diagridii
unam maffam
œquales, in
redadse,
confiftentiam decodae, italicse nucis bilico impofitae funt. Ligataque'' fuit
&
& croci & igni ad
partes mellis
teflae inditaî^
mox ne
3
um-
caderet,
binse teflse, diébus fingulis, potionibus intus aflum-
tis,
fie
repletse impofitai funt"". Primis diebus, nihil
10
I
prseter fluduationes
bantur; tertiâ die,
& murmura cum immenfis
venit egerendi defiderium
;
à patiente fentie-
doloribus fuper-
at induratis
excrementis
donec vituli abdomen recens, cum oleo antiquo ad ignem cribratum & calens, ventriculo inducereîur, digitifque felle &. butyro inundis
non
fucceffit excretio,
anus
follicitaretur.
3-17 Alvi... follicitaretur. Omis. a.
b.
c.
Après menfes, parenthèse de Leibniz Tcrcdo pojl menfes aliqunl]. Ligataque. Lire peut-être Ligaturaque ? Le MS. donne et binœ [credo lefice'), diebus fingulis, potionibus :
:
:
puto affumtis) fie repleta (corrige sur repleti funt 'binœ credo tefiœ fie repletœ impofitce funt). intus abfumtis
I
impofitœ
i5
Varia.
64^
DE REFRACTIONE. Vitri cujus refradio eft ut 7
C, craflitudo
fit
erit
-^ C
+ V -^ ce + -^ ce & ;
liendam
eft
Refradio ut
1
4 C,
&
ad y/113,
—
nempe ^C machinae ad eam po-
vel circiter,
altitude
longitude ad focum
in vitro, ex
diameter
fi
eft
9
C
ferè.
experimentis D. Beaune,
eft
181 ad 768 ferè.
Refradio ex aëre ad aquam minor eft, quàm ex aëre ad %° 0; haec minor quàm ad %° rofmarini, hsec
quàm
falviae,
haec
quàm
thymi, hsec
quàm caryophyl%° caryophyllo-
lorum. Refradio autem quae
fit
in
rum,
fit
in vitro folido.
circiter aequat illam quae
In V^ ferè
eadem
V
eft
aquâ communi, itemIn calidâ vero minor (faepe
quae in
que in falfà [tiiiror). expertum) quàm in frigidà^. In fpiritu vini multô major occurrit quàm
communi;
in
aquâ
fed repetenda experientia.
Noter l'emploi des caractères de l'ancienne chimie le triangle renV, pour désigner l'eau, aqua ; le même signe avec un F accolé, l'eau forte, aqua forlis; les trois petits cercles disposés en triangle "o", pour designer une huile ou essence, oleum : essence de romarin [rofmarini, indice de réfraction 1,475), de --auge (falviae : 1,475), de thym (thymi : H, 483), de girofle icaryophyllorum : 1,495). La première huile ou essence indiquée, avec le signe©, est l'huile de sel, oleum falis, dont Descartes parle, t. VI, p. 263, 1. 3i, et p. 6<J8. Voir Commentariorum Akhymiœ ANDREiE LiBAvii Par.y /, c. vi, p. 86-7. (Francfurti, CID.IO.VI.) û.
:
versé
:
646
EXCERPTA
Vitellio fie
"^ 1
AngLili incideiuiae
numerat angulos refrados
CARTESI us Sapiens gaudet bonis quamdiu adfunt, nec triftatur ex eo quôd poflTint abîffe.
ad mentem ut motus ad corpus, & voluntas ui defledimus ex unâ intelleftione ad aliam, ut ex une niotu
Intelleftio eft
figura
:
in alium**.
a.
Bibliothèque Royale de Hanovre. MS. de Leibniz. Catalogué par
Eduard Bodemann,
p.
avec l'indication
Bl.
«
:
L. corrig. Abschr.
Cette copie
en deux
:
54 de son ouvrage cité p. 649 ci-avant, note a, ig-22, ohne Uebersch., fehlerhafte, \. Th. von
«
MS. remplit deux grandes
soit
en tout quatre
comprend deux
feuillets,
parties bien distinctes,
dont chacune est pliée ou huit pages d'écriture. Elle dont la seconde seule porte un feuilles,
Annotaliones quas videtur D. des Cartes in fua principia PhiloJophiœ fcripjijfe. Cette seconde partie commence au tiers environ de la 6» page, et continue jusqu'à la fin de la 8'. Tout ce qui précède, pp. 1, 2, 3, 4, 5 et 6 (premier tiers de celle-ci), se compose de pensées ou réflexions deux détachées, dont chacune est séparée de la suivante par un signe petits traits horizontaux, barrés de deux petits traits verticaux. (Le même signe sépare encore la seconde partie de la première.; Cette première partie porte seulement en tête le nom, écrit après coup et au crayon, de Cartesius. Les huit pages sont de la même écriture, qui n'est plus celle de titre
:
:
Leibniz; mais celui-ci a
fait,
de sa main, quelques corrections
à
des
corrigé lui-même ce texte, montre qu'il y attachait une certaine importance, et qu'il le croyait sans doute de Des-
endroits fautifs. Le cartes. Est-ce bien
Nous n'oserions
fait qu'il ait
cependant un texte authentique de notre philosophe ? Toutefois, dans la première partie, la date
l'assurer.
d'une observation astronomique, 20 fept. 1642 (p. 65o;, serait un argument favorable, et de même quelques renvois aux Principes, dans la
seconde b. p.
partie. (Voir ci-avant, p. 545.1
En marge, de
65o, note
b.
la
main de Leibniz
:
Vide infra. Voir en
effet ci-après,
648 Si
EXCERPTA mens perfedè
unita
effet
toti
corpori, ut eh
ei
parti in
quà
for-
mat imagines rerum, poffet illud reddere penetrativum aliorum corporum, invifibile, five diaphanum, impaflibile, & capax fimilium"
omnium
qua; gloriofis corporibus tribuuntur.
videam verum effe, & tamen non afifirnon poteft ut aliquid affirmem fequendum effe five tamen contrarium optem. Affirmare aliquid^ effe a6lio voluntatis, non minus quàm optatio ipfa.
Fieri poteft ut aliquid
mem;
fed
fieri
&
optandum, optandum,
eft
Quid eft libertas mentis ? Nempe eft ita velie, ut non fentiamus quicquam effe quod nos^ impediat quo minus plané contrarium hàc pofità definitione, nemo poteft fie definimus, ut non fit in voluntate meâ, fi qua potentia fit, à quâ me etiam non advertente poffit voluntas mea ad hoc vel ad illud ita fledi, ut pro certo illud velit & non aliud libertas fie definita répugnât in çreaturà, pofità velimus,
fi
nobis
ncgare nos
ita
vifnm
effe liberos. Si
fit
:
verô libertatem
:
omnipotentià Creatoris. Ut'' oeulis univerfitas corporum, intelledioni
proprium objedum
Somniorum quôd
interpretatio
fie
Deus
eft.
maxime originem
habniffe videtur ex
quid forte interdiu contingat fimile iis quae nobis vifa funt in fomnis, ftatim eerebri partes in talem imaginem tîexaï per quietem, facile revocant fpeciem illius fomni, et mentibus exhibent, cuius alioqui nunquam fuiffemus recordati. Sic ergo cùm feri aliorum omnium Ibmniorum oblivifcamur, praeterquam illorum quorum eafus aliquo pado fimilis nos' cogit meminiffe (non mirum eft eo,
fi
putemus omnia contincre aliquid fimile iis quae poftea fiunt) yel praïcedentium memoriae eodem modo unde cognofcimus faspe alia fequi & redc quia eerebri partes facilius effinguntur in eam fpeciem quam jam antea induerunt, fuperfunt fomnia ex eorporis^.. unde fortiora quœdam interdiu, fortiffime feriunt imaginationem; quae fi
ex hoc ipfo
quôd
'
raro contingant, ftatim
illa
fuperltitiofi aliquid
divini haberc arbitrantur, a.
Capax fimilium, de
la
main de Leibniz, au
lieu
de Jimilia écrit
d'abord, puis corrigé enjimile, enfin barré. b. c.
d.
Aliquid. Même remarque (au Nos, correction. MS. non.
lieu
de
cum
barré
.
:
Ut, correction.
M S.
:
Sit.
MS. Jimiles nobis. MS. Tout ce passage d'ailleurs
e.
Similis nos conjecture.
f.
Lacune dans
le
:
est
corrompu.
Varia.
Somnum
649
à vigiliâ diftinguimus, quia in
fomno mens
patitur ima-
gines quafcunque, in vigilià non patitur tantùm, fed agit ut
fi
quid
trifte
mihi occurret
enim mens, quae *
in fomnis,
me
facile
inde
:
fit,
excitem; tum
vult agere, fe excitât.
Ars vera memoriae eft res per fuas caufas noffe; qui enim intellirerum, etiamfi res ipfai elapfae fint five illarum phantafmata, facile denuà ab intelleftu in cerebro noftro per caufae impreffionem formabuntur. git caufas
Magnum argumentum
<
non triftemur propter venturas mife-
quia non magis ad nos pertinent,
rias eft,
nos
ut
faepe recordatio potiùs juvat
Demonftratur animam'' non per hoc effet fufa anima,
>
quàm effe
&
quàm
quaruni
elapfae,
affligit.
harmoniam
ubicunque
correfpondentia, ibi quoque aliquid animae
corporis
effet
effet;
:
nam
fi
aliqua partium refponderef illa
fingulis partibus corporis, ita ut, unà parte corporis fublatà, illa quoque pars animae, quas ex eà fieret, tolleretur ficut in cytharà, quibufdam nervis fublatis, quasdam voces etiam tolluntur. At contra videmus in homine, brachiis, pedibus, auriculis, fimilibufque amputatis, totam tamen animam ita remanere, ut poffit quis brachium habere abfcilfum & tamen hoc ipfum nefcirc^. Adeô ut neceffariô fatendum fit, totam animam, ut omnes plane eafdem habeat cogitationesquas habet, dico etiam eofdem fenfus fingularum partium corporis, non requirere totum corpus; ideoque non per illud totum effe fufam, ut harmonia in nervis difi'unditur. Praeterea vero non effe unius partis, nempe folius cerebri, harmoniam patet quia, :
:
hoc effet, correfponderent ejus adiones vel folius cerebri vel pra;cipuè faltem cerebri affeftibus contra autem videmus vix unquam nos uUum dolorem vel voluptatem fentire tanquam in cerebro, fed fi
;
in aliis
rem
omnibus membris.
vel
voluptatem,
fed
non elfe doloomnia quae fub cogitationem
Si dicas cerebri affedus
reliqua
quôd hase nihil ad corpus pertineant, vel certè non ad cerebrum magis quàm ad reliqua corpora. Proinde vel anima per totum corpus effet fufa, vel certè plures haberem animas in fingulis meî partibus.
cadunt, contra
erit
c.
Quœ, addition de Leibniz. Animam, correction. MS. animum. Refponderet. MS. refponderetur.
d.
Voir
a.
b.
:
:
t.
VIII,
p.
Œuvres. VI.
320. 8a
6^o
EXCERPTA
V'irtus ell firmitudo animi ad ea perficienda quat ab intclledu redè indicanti ut meliora oftenduntur. Haec fi verfetur circà pericula & mala corporis, vocatur fortitudo; fi circa voluptates corporis. eft temperantia; fi circa opes & bona externa, jufiitia; ii denique circa res alias qualcunque, eil prudentia.
&
Dialedica, Rhetorica, Poetica
dum
fiiniles artes,
quàm
addifcuntur, nocent potiùs
ficut gladiatoria,
profunt; r.ioncnt enini nos
non dubitaremus, optimè faceremus. Ponendumque difcrimen inter ilia quae nos nefcire non poflumus difiimulare, ut modum" natandi de quo quidem beftiœ non dubitant, nos verô dubitantes debemus artem natandi difcere ut natemus fed ipfa animalia, fi lemel exporta eflent fe non polie ex aliquà aquà emergere, poftea malè natarent. Alia verô funt quae naturâ duce facimus, ut ratiocinari, perfuadere, nos tueri, &c.; ad quœ nuilaî artes funt adhibendœ, nifi quae pcr longilTimuni ufum tanquam in naturam denuô convertantur. Alia denique funt, quae non omninô fine acte fieri poflunt, ut ars pulfandi citharam. ea ncfcire, quae
vi
natiirœ, d
:
;
comparemus modes animi cum modis
corporis^, dicemus perquietem in corpore; perceptionem rei, tanquam motum perceptionem rei intelligendo, e(Te ut motus circularis; dubitando, ut motus tremulus cupiendo, ut reclus motus; odio habendo, ut reftus adverfus, &c.; extenfionem, ut magnitudinem rei cogitatae; durationem utrobique effe reiationem utroSi
ceptionem
nihili effe veluti ;
;
bique.
Ad obfervandum an annuum terne, nuUa caudaî Urfœ majoris qua; ab
illà
videbatur,
:
fixis ob motum quàm penultima
parallaxis aliqua appareret in
occurrit ftella magis apta,
fuper
quam
vidi l^elluiam
aiiquam llantem,
vix minutis 12, hoc eft ^ parte diamctri lunic, diftare fita erat in iineà redà cum penuitimà caudae Urfae
&
majoris ac eà qua: efi in flexurà caudie Draconis, ut eam notavi in globo. Stella autem quadrati caudœ proxima, qua; notatur
meo
aliis apparuit; & eant mult/5 minut/s potui advertere inferioris fequentiae ejufdcm quadrati vicinam, ut notatur in globis; idquc jam per aliquot dies continues
fecundae magnitudinis, muitô minor
obfervo, menfe fept., die 20, anno 1642.
a.
Lire peut-être
b.
Voir
motum
ci-av;uit, p. 64-,
? note
b.
6^r
Varia.
&
Quare fpica inverfa, intra manicam motu brachij, facile eft.
Videmus poma
&
avenâ
pira,
brachium
polita, afcendit
vel ftuppis vel cerà aliove corpore
folido obduéla, item liquores, oleo fuperfufo, à putredine confervari,
qua: ex aëre oriretur
:
quippe
fecundum minimas partes
Humana
corpora, in locis
tur fine putredine
difcedunt
;
:
quia
haec,
quia folida, quiefcunt; aër verô
motu.
efl in
ficcis pofita,
nihilque fupereft
tandem
in cineres
partes quas erant in motu,
fcilicet
partes inter
nifi
(e
mutantandem
quiefcentcs, acri
ficco permiftae, five cineres.
Notandum
olla
&
ncrvos animaliuni, fpinas pilcium. tibras her-
iignorum omnium, item carnes verô" omnes, & generalitcr qua.'cunque crefcunt ex motu caloris ita ut fint ab eo fufficienter interpolata & exacta, alba eli'e. Omnem verô fanguinem elfe rubruni, tanquam partibus adhuc ignitis & multà fuligine permiftis conflaret. Lac verô & femen, ut quœ majorcm hanc interpo-
barum, intima
ferè
lationem habeant, alba folia,
humorc
in
illis
elle.
Virides verô
exillente
admitttnte flavefcentes eafdem
;
item''
effe
dum
cffe
omnes
hcrbas,
&
diaphano luccm refraétam nafcuntur"
&
radiées inter-
dum'' fore albcfcentes. Nihil verô mutabilius in coloribus quàm cxterna, ut tiores, cortices fruduum, plumai avium, pili, crines aliorum animalium quœ omnia, non ex lentà concodione ordinatam maturitatem & à feminibus ortam, fed adventitiam tantùm naturam & quodammodo accidentalem inftar excrementorum naturif funt adepta. Lapides etiam ex terra orti, at mixtà réméré, non à feminibus certis orti, maxime variant colores. Metalla funt ;
'
opaciflima. Si refpiciam aliquod
objedum ambobus
unius oculi tranleat per vitrum aliquod a.
b c.
d.
oculis, fed ita ut
axis
coloratum ut rubrum,
Verô. Lire plutôt :/erè? le t de la main de Leibniz. MS. idem. Nafcuntur, lettre a écrite sur nofcuntiir. Interdum. Le MS. donne inter... Au-dessus des points, Leibniz
Item,
:
:
a
dum. naturam. e. Naturœ. Lettre œ écrite par Leibniz au-dessus de am. MS. Ou bien supprimer naturam à la ligne précédente et le maintenir ici.
écrit
:
f.
At, conjecture.
MS.
ut.
EXCERPTA
65
objedum feiitiatur ut rubrum, alio verô feniiatur album, ut à fenfu communi' percipietur ut rubrum magis dilutum five ut mixtum ex albo & rubro ex quo deinonflratur aniinadverfionem coloris tantùm in fenfu communi vel imaginatione, non autem in oculo; ideôque in ilio nihil aliud effe polfe, quàm contadum quendam. Si enim fenfatio fieret in oculo, tune duplex viderem objeclum in eodem loco fitum, nempe unum album, aliud rubrum, non autem unicum. Oportet vero vitrum illud fit valde diaphanum, velatio'' etiam oculo opponatur vitrum alterius coloris, aiioqui enim objetlum fie videretur ab fed nuUius'^ obfcuritatis ficque illo oculo
:
:
oculo libero, ut radii alterius oculi in vitro fifterentur, nec ad obje-
dum
tranfirent.
Senfuum diverfitas non tantùm ex taduum diverfitate petenda eft, fed maxime ex eo quod"^ diverfis vijs déférant ad mentem. Succinum liquefcit fuà fponte, û folum ponatur in ollà teclà aJ ignem fatis violentum, fpatio mediae hors vel circitcr deindè ei ab igné remoto oleum therebinthi paulatim infundatur, donec ;
clarefcat, fiet vernix
fi
aptiiïimum metallis inaurandis.
Notandum, nos
nihil fcire poffe (i. e. de eo certam fcientiam quidquid' clariffimum & evidentiffimum eft; quare nos accingere debemus ad difcurrendum circa res omnes, ita ut illa tantùm deducamus quae abfque difficultate, obfcuritate, laborc aut
habere)
nifi
poffunt concludi; talia
incertitudinc,
enim folummodo
funt, qua;
verè fcientiam générant.
Quàm
longe poftit
eft, fibi
ille
ditior
vindicarc,
c(l,
qui,
quàm
cùm
qui
placucrit, quicquid aliorum habeni quidem, fed perpétue
quales funt ii qui fcientias in memoriâ Qui verô earum fundamenta habent, omnia qua» inde derivantur, cùm ipfis placucrit, per fe poffunt invenire. Et quidem cujuflibet fcientia; generalia quœdam & parvo numéro funt funda-
amittendi metu comitantur
:
retinent.
a.
b. c.
dans
Mot
écrit
Velatio,
d'abord en abrégé coi, puis écrit tout au long.
mot
suspect. Lire peut-être vel alio (faute, pour alii).
Nullius, de la le
main de Leibniz, pour suppléer
à
de simples points
MS.
d.
Quod, conjecture. MS.
c.
MS.
:
quid...
:
quid.
Leibniz a suppléé quidquid clarij/imum.
Varia.
6^j
menta, in quibus caetera prorfus omnia continentur: quare non adeo difficile eft fapienti, fcientias omnes poiïidere, quàm videtur.
Morbi corporis faîpius
redam
quàm morbi
agnolcuntur,
facilius
fumus
corporis valetudinem
experti*.
mentis
quia
:
mentis, nun-
quam. Semen,
tum
in plantis
tuni
in animalibus, eft
facultatis nutritiœ vel accretionis.
Quippe dum
extremum opus
vis prioris feminis
ab afcititio calore (id eft à partibus adventitiis quae funt in eo débite motu) primùm excitatur, tum non'' fibi fimile, fed aliud quid producunt, in quo tamen fibi fimile totum manet, fed aliis diffimiiibus immixtum ut ex pifo herba oritur, in quâ tota pifi fimilitudo continetur, fed infuper alia multa adventitia. Jam verô cùm adventitia illa non tantam habeant vim confervandi fuî, quàm femen :
ipfum, quippe quae non ita inter fe unita & conjuncla. hinc paulatim defiiciant; & hinc illud quod producitur, cùm illa ciunt, eft
femen
Grj'ftalli
aquâ
ut
defi-
fimile priori^.
ex tartaro magis aibi fiunt
cum aquà
puteali,
quàm cum
pluviali.
Motus
in igné
partium
habent effetlus',
fos
fit
eft
& forte
diverfus
;
ideô diverfi ignés faepe diver-
ignis calefaciens
vafe vitreo, aliter afficiet illam,
quàm
fi
vas
materiam quae fit
ex auro, &c.
erit in :
quia
mutare naturam motùs pro conformatione per quos tranfeunt. Hinc ad auri generationem vafa
particula; ignis poifunt
pororum
vafis
viderentur debere
a.
b.
e(fe aurea'^.
Non, conjecture. MS. eo. Priori, ajouté pour suppléer des points après^rn«7e. :
Effeâus, conjecture. MS. affeâus. Par contre, à la ligne suivante efficiet, corrigé par Leibniz afficiet. Ita et Borrus ratiocinabatur d. En marge, et de la main de Leibniz c.
:
:
:
:
in
Danid commodo
ci-après.
fuo.
Sur ce
nom
de Borrus, voir l'appendice,
p.
657
EXCERPTA
654
I.
38-60.
Annotationes QUAS VmiiTUR D. DES CaRTKS SUA PrINCIPIA PlIILOSOPHl.E SCRIPSISSE *.
IN
Magniini argiimentum
^
mundus
quidquid non
non poUlr concipi &c. Hœc cnim implicant
tinitus.
Fortis
vcritatis,
quod
falfitatis,
eft
ut
:
elfe,
pofiit
vacuum, alia non
non concipi; indivifibile, elfe.
conjectura ad aliquid atfirmandum, quùd,
Deus major aut Mundus perfcdior
intelligatur
:
ut
pofito,
illo
quôd voluntatis
determinatio ad motum localem femper coïncidât cum caufà corporeà motum déterminante quod miracula cum caulîs natunoftra;
;
ralibus conveniant,
De fieri
quae contraJidionem involvunt, abfolutè
iis
non
fufpicari
iEterno,
quamvis intérim non
polie;
nempé
poffint,
&c
leges naturœ mutarit.
fi
lilas
anniliiiare
Nec de
a.
fint,
ut de
Mundo
infinito,
in
:
iis elfe cogitandum, de quibus nullam plané, an habere pniVumus cognitionem.
expcrientià Viiam évident!, led ad
ellectibus
fii-pe
trouve
examen
rationis
fint vel
non
fatis
conciudi.
naturalibus examinandis,
Voir ci-avani,
ce texte est
oii l'on
feciffc
quoties deltruitur ejus corpus.
expenfà, falfum
si
nunquani
iilum
elle mctacontntrium admittendas, qu;t' nullà ponuntur ut an forte Dcus voluerit mentciu
dubitationes
prorlùs ratione tult;v
In
:
illa
tieri
habeiui politiva ratio quiv aliquid perfuadct. non
Ci.1111
Ex
Quod
debemus, nifi fit ab ipfo revelatum deatomis, vacuo, etc.
ph\ficjs
non
puteft dici, |
negandum quinà Deo
fit
p. (J47,
note
a.
{]
partem coium caufae
Le mot de LeibniE videlur
laisse
douter
bien de Descartes. Pourtant certains passages, au moins, la
première personne,
/»m/o, dixi. intellexi. &c.,
avec ren-
immédiatement une présomption de plus
vois aux Principes, semblent authentiques. Faisant suite
aux textes qui précèdent, son authenticité serait en faveur de ceux-ci. Foucher de Careil, qui n'a point publié la première partie de ce MS. (p. 647-1)53 publie la seconde, t. I, p. 58 71, de ses ,
Inédits.
Varia.
1.60-64.
65^
tantùm confideremus, fœpè nos contraiium colligere ejus quod colligimus, cùm totam caufam expendimus ut in arithmeticà, fi quid omittamus, numerus qui erat par, fit impar, &. plané alius quàm :
debeat evadit.
I
vel
Ex
arbitrii libertate fequitur nobis
pœnas
Ad
:
&
competere praemia
laudes
hinc religio etiam fequitur.
aliquid
comprehendendum non
requiritur ut
omnes
& fingulas
perfediones videamus; fed tantùm ut id quod cognofcimus, cogitationem adœquct, fivc utcogitatio tam latc pateat ac res rei alicujus
cognita. Sic coniprehendo cxtenfionem unius pedis,
non omnes
&
fingulas ejus proprietates videam, quia
illam poteft adœquare.
Atque
Non per
fe
mea
forte
cogitatio
cognofcimus quod non comomnibus iisquae ob id ipfum quôd
ita nihil
prehcndamus, exccpto infinito & noncomprehenduntur, indefinita appelle divifibilitas
quamvis
:
ut funt extenfio univerfi,
partium materiaî, &c.
aliter intelligo ideani
notarum veritatum
Dei
effe in
nobis,
nempe non-
:
quàm
intelligo
ideas
eas effe
omnium femper
a<^u in aliquà mentis noftrœ parte depidas, ut muiti verfus in libre Virgilii continentur, ied potentià duntaxat, ut varias figurae in cerà ita fcilicet ut,
aliis
quemadmodum
cera ex eo quod hoc
corporibus occurrat, hanc vel illam in
fe ipfa
vel illo
:
modo
invenit figuram,
quôd mens ad hoc aut
illud confiderandum vel à fe ipfâ hanc aut illam ejus quod confiderat ideam in fe effe animadvertit. Differunt nihilominùs ideae innatas ab adventitiis & fadis five fiditijs, quôd ad fiditias voluntatis adio conçu rrat, ad advcntitias fenfus, ad innatas fola intelledûs perfie
ex eo
I
vel
ab
aliis
caufis applicetur,
ceptio.
Multa
mente
intelligi polfunt à
quovis infinito, de quibus
experimur non
nifi
finitâ,
cum quâdam
tione poffe intelligi, quale
tum de Deo, tum etiam de
licet differere.
infiniti
Sed multa alia funt, quas comprehenfione five fini-
hoc an filum infinitœ longitudinis in orbem conglobatum repleret fpatium infinitum, & fimili'a. De quibus non mihi videtur effe differendum, nifi ab iis qui mentem fuam putant effe infinitam. cft
Puto de effentià mentis extenfum effe.
:
effe,
adu
cogitare,
ut corporis,
adu
^
EXCERPTA
6^6
1,64-68.
abfolutum in motu, praeter leparationem duorum corporum motoruni ab invicem. Quôd autem unutn ex iftis corporibus dicatur moveri, aliud quicfcere, hoc eft relativum, pendetque à noftro conceptu, ut etiam quôd illc motus vocatur localis. Sic cùm ambulo fupra terram, quicquid eft abfolutum five reale & pofitivum in ifto motu, confiftit in feparatione fuperficiei pedum meorum à fuperticie tcrrae, quod non minus eft in terrà quàm in me; atque hoc fenfu dixi, nihil effe reale & poiitivum in motu quod non fit in quiète'. Cùm autem dixi motum & quietem effe contraria, id intellexi rcfpedu ejufdem corporis, nempe quôd conNihil
eft
trario
modo
quàm
fi
|
fe
cùm
habeat,
ejus fuperficies ab alio corpore feparetur,
non feparetur.
NuUam
inveniemus difficultatem in extenfionc Mundi indefinità, tantùm confideremus, dicendo cum effe indefinitum, nos non negare quin forte in rci veritate fit finitus, fed tantùm ncgare ullos aliquos ejus fines five extremitates ab intelledu noftro poffe comprehendi. Quœ fententia multô mollior^ & tutior mihi videtur, quàm fi
eorum
qui,
Mundum
praefcribere audent.
fi|nitum effe affirmando, limites operibus Dei
Atque
ita
nobis aftîrmantibus'^ infinitum, onus
non incumbit folvendarum contradidionum quae circa illud proponi folent; fed omnibus difficultatibus liberamur hàc ingenuà & veriflimà'' confeffione, quod agnofcamus intelledum noftrum* non effe infinitum, atque ideô tulium quae ad infinitum fpeciant comprehendcndorum incapacem. Non etiam verebimur ne, philofophando de extenfione Mundi indefinità, videamur ejus durationem infinitam adftruere, quia Mundum non dicimus infinitum, & durationem ejus refpedu noftri effe indefimtam definiri
non
Deindc quia
poffe,
etfi
quandonam
audiendas
Motus
&
eft, à
nobis ratione naturali
debuerit,
eft
certiffimum.
forte aliquœ rationes naturales probaverint illum ab
aeterno creatum fuiffe, illas
hoc
:
creari
effe
cùm tamen
aliud fides doceat, nullo
probe fcimus, ut patet ex
quies differunt verè xxx,
&
VIII.
modaliter,
art.
fi
per
a.
Princ. Philo/.,
b.
Mollior, écrit au-dessus de mobilior barré. (MS.)
II,
t.
p. 5;,
I.
modo
76 primîe partis
motum
intelli-
5-8.
Après affirmant ibtts, nec negaittibus, écrit d'abord, puis barré (MS.l VeriJJimâ, écrit pour suppléer à plusieurs points. \Ib.) De même verebimur, trois lignes plus bas, et encore doceat, avant-dernière ligne. e. Nojlrum, ajouté de la main de Leibniz. c.
d.
f.
Voir Princ. Philo/.,
t.
VU
I,
p. 39.
1.
Varia.
68-70.
gatur feparatio negatio
duorum corporum ab invicem,
iftius feparationis.
& quies
motus
Terram Tychonem. locutam,
&
Cùm
unum
ab invicem feparantur, fenfu
•)7
non
dicitur moveri, aliud quiefcere, hoc
differunt
Copernicum
juxta
per quieteni autem autem ex duobus corporibus, Ljuae ratione*.
nifi
non
moveri,
Sic excufatur Scriptura, vel ita nihil in
tune ignotà, atque
Copernicum;
ita ftat
fi
|
fed
potiùs
juxtn
dicent eam** ex vulgi ufu
vel ex agnitione veritatis
vulgô
pro Copernico.
APPENDICE Page 653, note
Voir un en
article latin
»
çois),
»
XVII fiécle...
»
d.
du Dictionnaire de Bayle
:
«
Borri (Joseph Fran-
Bunhus, fameux Chymifte, Charlatan, & Hérétique, du Le nom latinisé s'écrivait aussi Bunus, et Leibniz l'avait
dans sa note marginale, puis il récrivit la lettre o lisible). Borri naquit à Milan, en 1627, acheva ses études au Séminaire des Jésuites à Rome, fut poursuivi pour ses doctrines par l'Inquisition, en 1659 et 1660, et même brûlé en effigie, à Rome, au Champ de Flore, le 3 janvier 1661 Mais il avait pris la fuite, et on le retrouve à Strasbourg et à Amsterdam, 1661, à La Haye, i663, à Hambourg, et en Danemark, jusqu'à la mort du roi Frédéric HL en 1670. Il partit alors pour la Turquie, mais fut arrOté sur les terres de l'Empire, et livré par l'empereur au pape, à condition qu'on ne le ferait point mourir; il fut condamné à faire amende honorable et à passer le reste de sa vie dans les prisons de l'Inquisition, 1672. On lui laissa d'ailleurs une certaine liberté pour exercer la médecine au dehors. Il mourut au château Saint-Ange, en 1695. En 1681, on avait imprimé de lui deux écrits à Genève. « Le premier eft intitulé La Chiave del Gabtnetto del Cava» gliere Giofeppe Francefco Borri MilaneJ'e. Il contient dix Lettres, dont d'abord écrit de
la sorte
par-dessus ïu (resté très
.
:
deux premières, datées de Coppenhagen, l'an 1666, ne font autre le Comte de Gabalis, que Mr. l'Abbé de Villars publia en 1670. Je donne à examiner aux curieux, lequel de ces deux Ouvrages doit paffer pour l'original. Les autres Lettres roulent fur des
»
les
1)
chofe en fubftance que
» «
VIII, p. 55-56. MS. eum... locuinm.
a.
Voir Princ. Philo/.,
b.
Eatn... locutam, corrections.
Œuvres,
VI.
t.
:
83
6^8
EXCERPTA
»
Queftions de 'Chyniic, excepté la dernière; car on foutient dans celle-ci l'opinion de Mr. Des-Cartes fur l'ame des bêtes. L'autre Traité a pour titre IJiru^ioni Politiche del Cavagliere Francefco Borri Milanefe, dale al Re di Danimarca. Ce font quelques Aforifmes de Politique,
»
accompagnez d'un
» » »
:
long Commentaire. » Bayle cite encore cette « Le Sieur Borri eft un fin mattois... Comme il ne manque pas d'efprit, avec un peu d'ellude il a fceu gaigner celui de quelques Princes, qui ont fourni à l'appointement fur l'efpérance qu'il leur a donnée de leur communiquer la Pierre Philofophale, alTez
appréciation de Sorbière sur Borri » » »
:
qu'il ertoit fur le point de trouver. Il a fans doute quelque habileté, ou quelque routine aux préparations chymiques, quelque adrelTe pour la » métallique, quelque imitation des perles et des pierreries, & p>eut-ellre » quelques remèdes purgatifs ou itomachiques... « Bayle cite enfin ce « ...J'achèverai bientôt mes travaux passage traduit de JBoTi lui-même » chymiques, par l'heureufe produ^lion de la Pierre Philofophale & par » ce moien, j'aurai autant d'or qu'il en faudra. Je fuis affùré du fecours » des Anges... » La principale dupe de Borri parait avoir été le roi de » »
:
:
Danemark Frédéric lU,
«
auquel
il
rit
faire
inutilement des dépenfes
Leibniz, qui y fait allusion ne l'a-t-il su que par les publications de 1681 ? En ce cas, nous aurions quelque indice sur la date, sinon «
de
inrinies
la
».
copie MS., au moins de
la
lote
marginale que nous reproduisons
ne serait pas antérieure à 1681. Bayle, dans son Article, tionne, en outre, que Borri fit à la cour de Saxe un voyage rappelé,
ici
:
elle
Journal de Lcipfic de 1688, pag. 387 ». Comte de Gabalis, nous a fourni déjà un curieux «
dans
le
édition,
t.
V,
p.
462-463.
—
mendit-il,
L'ouvrage intitulé
le
extrait pour la présente
[PROJET D'UNE ECOLE
DES ARTS ET METIERS,] 1648.
Monfieur d'Alibcrt, Tréforier général de France, avoit été luj'un-des amis particuliers de M. Defcartes; & le croyant le plus propre des hommes à rendre utile au Public une partie des grandes richeiTes que la Providence luy avoit confiées, il avoit ofc le tenter plus d'une fois de la même manière dont Alexandre «
» 1)
» 'I
même
un Philofophe. M. Defcartes
»
tenta autrefois
»
défendu avec autant de force, quoy qu'avec moins de faite que Diogéne. Mais pour accorder quelque choie aux généreux dclTeins que M. d'Alibert avoit, de faire quelques facrilices de fes biens propres pour l'utilité publique du genre humain, il luy avoit perfuadc de faire de louables établiiremens dans Paris pour per-
» » » I»
»
» »
»
Ses confeils alloient à faire bâtir, dans le collège Royal & dans d'autres lieux qu'on auroit confacrez au Public, diverfes grandes falles pour les artifans; à defliner chaque falle pour chaque corps de métier; à joindre à chaque falle un
mcchaniques nécefTaires aux Arts qu'on y devoit enfeigner à faire des fonds fuffifans, non feulement pour fournir aux dépenfes que demanderoieni les expériences, mais encore pour entretenir des Maîtres ou Profeifcurs, dont le nombre auroit été égal à celuy des Arts qu'on y auroit enfcignez. Ces Profeffeurs dévoient être habiles en Mathématiques & en Phjfique, afin de pouvoir répondre à toutes les quclUons des Artifans, leur rendre raifon do toutes chofes. & leur donner du jour pour faire fle nouvelles découvertes dans les Arts. Ils ne dévoient faire leurs leçons publiques que les Fêtes & les Dimanches après vêpres, pour donner lieu à tous les gens de cabinet, rempli de tous les inftrumens
»
ou
>i
» » »
» » »
»
étoit toujours
feiilionner les Arts».
»
»
s'en
utiles
;
66o »
» » » •>
>i
Projets
s'y trouyer fans faire tort aux heures de leur travail & Monlieur Descartes qui avoit propolé cet expédient, fuppofaiu l'agrément de la Cour & de M. l'Archevêque, l'avoit regardé comme un moyen très-propre à les retirer de la débauche, qui leur e(l (i ordinaire aux jours de fêtes. La réfolulion de ces grands deffeins avoii été prife par M. d'Alibert au dernier voyage de
métier de
:
en avoit été remife à fon
»
M. Defcartes
»
»
retour de Suéde, d'où hlir à Paris, dés que
I
renverfé tous ces beaux projets.
»
jours trouvé diilrait par les affaires, qui l'occupèrent jufqu'à ce que les regrets des autres amis de M. Defcartes réveillèrent en luy
»
à Paris; &: l'exécuiion il
la
avoit fait efperer qu'il reviendroil sétaville feroit pacitiée.
M. d'Alibert
Mais fa mort ayant s'étoit
piefque toù-
»
généreux deffeins, &. luy firent naitre la penfce de faire quelque choie d'éclatant pour la mémoire de cet illultre Défunt*. » (A. Baillef, La Vie de Monjieur Des-Cartes, 1691,
t.
II, p.
1)
»
fouvcnir de
le
a.
fes
433-434.)
Cet autre projet, qui consistait à ramener de Siuckholm à Paris les du philosophe, fut réalisé eu 1666-1667. Voir notre vol. XII \'ie
restes
de Descartes.
:
PROJET DE COMEDIE Stockholm, Dec. 1649.
efpc'ce de Comédie frànçoife, quelques vers, pendant Ion féjour à la qu'il lit en profe mêlée de Cour de Suéde. Ce fut l'un des fruits de l'oifiveté où la Reine le retint durant i'abfence de l'Ambalfadeur de France, dont elle attendoit le retour. La pièce eit imparfaite, & le quatrième Acle ne paroit pas même achevé. Elle a tout l'air d'une Paftorale ou Fable bocagcrc. Mais quoy qu'il femble avoir voulu envelopper l'amour de la Sagelfe, la recherche de la Vérité, & l'étude de la on Philofophie, fous les difcours figurez de fes perfonnages peut dire que tous ces myftéres feront allez peu importans au Public, tant qu'il jouira des autres écrits, où M. Defcartes s'eft expliqué fans mylléres. » (A. Baillet, La Vie de Moiifieur Des«
» .)
» >t
» »
Nous avons pareillement une
|
»
» » » »
:
Carjes,
Dans
i6()i., t. II, p.
407-408.)
note de Leibniz sur les papiers de Descartes, dont Clerdonna communication en 1676, note publiée au t X de
la
selier lui
cette édition, p. 208,
on
lit
:
Item, une comédie, en françois, poulfée jufque au quatrième Parthenie, qui s'ayment tous ade. Les peribnnes font Alixan «
» » »
»
&
:
& fils de princes, & tous deux fe Mais je m'étonne d'une chofe, que je remarquay en feuilletant. C'eft qu'il découvre d'abord ce qui.devroit eftre gardé croyent l'un
deux
l'autre ber-
gers.
p. 457, bien que cette Naissance de la Paix «, que Comédie Stockholm. séjour son à pendant composé aussi Descartes aurait a.
Voir notre
t.
V,
p.
459. Voir aussi, ibid
paraisse différente d'un Baïîet
:
« la
,
602
Projets
>'
jufque dénouement
»
princelfe, en
»
encore Alixan,
»
cela;
»
princeffe de
&
:
fçavoir,
parle à foy &;
conclut en
va déclarer fur l'ille
le
Parthenic ayant appris qu'elle
même, fa
&
délibère
li
elle
eft
doit aimer
& entend entendu. Klie elloit
faveur. Alixan eft caché
champ,
qu'il
l'a
hcurcufe d'Illand, qui luy
eftoit
oftce.par
le
Tyran de Stockholm la fcenc eft en Iflande. » (Bibliothèque Royale de Hanovre. MS. de J.eibniz. Tschirnhaus. :V" i5g.) »
;
PROJET D'UNE ACADEMIE A
STOCKHOLM i" Février i65o.
...La Reine, qui ne longcoit à rien inoins qu'à l'incommoder,
«
»
maladie de M. iWinballadeur, de retourner encore au Palais après mid}' pendant quelques jours, pour prendre avec elle la communication d'un delfein de Conlerence ou d'Airemblee de Sçavans, qu'elle vouloit établir en forme d'Académie, dont elle devoit être le chef & la protedrice. Elle
«
regarda M. Defcartes
»
pût écouter fur cet établill'ement,
»
le
»
qu'il
»
qu'il eiit
»
avoit couchez, contenant les réglcmcns ou flatuts de cette Acadé-
»
mie en François
» » » »
l'obligea,
plan
I.
&.
dans
fort
le
pour en
en avoit
fait,
de
la
comme l'homme du
faire les le
la
5
le
Reine. Voicy
mémoire le
les articles
dernier qu'il
y
pour propofer
la queftion,
l'expliquer. Et tous retiendront toujours le
ordre entre eux, afin d'éviter la con'ufion.
Mais il n'y aura que les Sujets naturels de cette Couronne, qui puiffent y avoir leur rang, parce que c'eft pour eux feuls qu'elle efl inftituée. III. S'il plaît à fa Majcrté de permettre à quelque II.
Etranger d'y io
pour en dreller
luy porta
feront reçus dans cette Affem-
blée, aura fon tour, tant
même
Il
»
Chacun de ceux qui
que pour
&. elle le choilit
réglemens.
préinier jour de Févriei, qui fut
l'honneur de-vo'r
:
meilleur confeil qu'on
affifter,
ce ne fera que pour être auditeur,
ou tout au plus pour y autres,
& lors
dire fon opinion après tous les
qu'elle luy fera précifément
demandée.
Projets
664
Celuy qui parlera le premier de, chaque cercle, fera le même qui aura auparavant propofé la queftion il expliquera toutes les qui doit être examinée raifons qu'il jugera pouvoir fervir à prouver la vérité IV.
;
de ce
«."^
aura entrepris de foûtenir.
qu'il
V. Les autres tâcheront enfuite,
même
5
chacun à leur
y ajoutant toutes les raifons qu'ils auront pour prouver ce qu'ils auront avancé; mais Us prendront garde qu'aucun d'eux ne
rang, de réfoudre la
commence
difficulté,
à parler qu'après que celuy qui le précède
'o
aura entièrement achevé. VI. L'on s'écoutera parler les uns les autres avec
douceur & refped, fans faire paroître jamais de mépris pour ce qui fera dit dans l'Affemblée. VII. L'on ne s'étudiera point à fe contredire, mais feulement à rechercher
la Vérité.
VIII. Toutefois, à caufe
trop froide,
fi
chacun ne
que
converfatîon feroit
la
difoit autre
chofe que ce
auparavant prémédité après qu'ils auront achevé tous de parler, il fera permis à celuy qui aura le premier donné fon avis, de dire ce qu'il jugera être à propos pour le défendre contre les raifons de ceux
qu'il auroit
qui en auront propofé
'5
:
un autre; &
il
fera
permis
20
aufli
à ceux-cy de luy répondre, chacun à leur rang, pourvu que cela fe faffc avec beaucoup de civilité & de rete-
^5
nue, fans pafTer au delà de trois ou quatre répliques. 11 fera permis de la même manière au fécond iS: à tous
chacun en leur rang, de défendre modeftemcnt leur opinion contre ceux qui auront parlé après eux, jufqu'ace que le têmsde la conférence foit expiré.
les fuivans,
IX.
Lors qu'il plaira à fa Majeftè de
finir le cercle,
3o
Divers. elle fera la
ment
faveur aux Affiftans de réfoudre entière-
en louant
la queflion,
auront
le
les raifons
de ceux qui
&
y changeant
plus approché de la Vérité,
ou ajoutant ce qui 5
55^
fera néceflaire
pour
la faire voir à
découvert. X. Enfin celuy qui ce jour-là aura parlé
le
fécond,
propofera une nouvelle queflion pour être examinée au
&
cercle fuivant; afin "0
& » » » » »
» » »
»
qu
il
n'y ait
en expliquera brièvement le fens, point d'ambiguité n'y d'équivoque, il
qu'elle foit clairement « M. Dcfcartfs mémoire, qu'il
fit
entendre
entendue de tout à
la
Reine, en
le
monde.
préfentant ce
lu\'
membres de l'Académie d'aflujèttili'ements qui fudent trop onéreux; mais d'y faire régner une liberté qui fût honnête, & capable d'exciter feroit
bon de ne pas charger
les
ou d'entretenir l'ardeur des cfprits. Il avoit drelfé le projet des réglcmens de la manière qu'il avoit jugée la plus fimple, afin que l'on put faire des changemens & des additions, félon que l'ufage & l'expérience y feroient remarquer quelque défaut; ou pour ne point empêcher ceux qui voudroient piopofer quelque autre fyltéme de conférence, d'où l'on pût retirer plus de fruit. La \'
»
Reine ne lut furprife que du fécond & du troifiéme article, qui donnoient l'exclufion aux Etrangers & elle fe douta que c'étoit un trait de la modeftie de M. Defcartes, qui fe fermoit à luymême la porte de cette Académie, dont elle avoit eu delfein de l'établir le Direfteur. L'intention de M. Defcartes n'étoit pas de nuire aux autres Etrangers, aufquels il n'ôtoit pas la liberté d'y afiifter comme auditeurs. Mais il croyoit que c'étoit le raoyen de prévenir les défordrcs que le mélange des Etrangers avoit caufés dans les Académies des autres pais, & de ne donner aucun
»
ombrage aux Naturels du
»
» »
» »
» » »
:
paVs, aufquels feuls
il
laiffoit
» deconfultation & le droit de fuffrage^ » (A. Baillet, Monfieur Des-Cartes, i6()i. t. IL p. 41 i-4i3.)
a.
Sur ceue Académie, qui
Descaries, voir notre
CEi'VREs. VI.
t.
V,
p.
fut
réellement constituée après
la
La
la
voi.<
Vie de
mort de
476-477.
84
ADDITIONS
ADDITIONS
I.
Automates. Page
La «
citation d'Olivier de Serres, au bas de cette page, se
dans
ainsi .
2 12.
.
l'édition princeps
.comme de
tels
termine
:
miracles
fe
voient en plufieurs lieux,
mefmes
Et tref-naïfuement à faint Germain en Laïe, où le Roi a » de nouueau fait conftruire telles & autres magnificences, admirées de tous ceux qui les contemplent. " {Théâtre d'Agriculture & Mejnage des Champs, d'OLiviER de Serres. A Paris, MDC. Par lamet Métayer, Imprimeur ordinaire du Roy. Septiefme lieu De l'Eau £ du Bois. Chap. I, p. yS .) Lors donc que Descartes parle des machines qu'on peut voir «aux jardins de nos Roys » (p. i3o, 1. 25), il faut entendre Saint-Germain-en-Laye plutôt que Fontainebleau. Un italien de Florence, que Henri IV demanda au grancj'-duc de Toscane, l'homas Francini, vint en France à la fia du xvi' siècle. Dès iGo2, il est qualifié « d'ingénieur du Roy et intendant de fes » fontaynes, demeurant ordinairement à Sainct-Germain-en-Laye », ou bien encore » intendant des fontaines et grottes du Roy », ou enfin « intendant des eaux et fontaines des maifons, chafteaux et » jardins de Paris, Saint-Germain-en-Laye, Fontainebleau et » autres lettres generallement quelconques » patentes du »
à Tiuoli
?
)'
:
i
,
28 février
1623,
enregistrées
le
24
juillet.
{Thomas Francini, iSjz-iôS i, par
intendant général des eaux et fontain.:s de France,
E. Couard, Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des déparlements, 1894, p. 1459-1492.)
670
Additions.
II.
Descartes et Digby,
Des Maizcaux, dans sa Vie de Saint-Evremovd, (sous forme de Lettre à Mr. Bayle, datée de Londres, \b nov. 1706), donne les curieux renseignements qui suivent Mr. de St. Evremond rechercha aufll le commerce des gens de :
i(
»
Lettres les plus diftingucs en Angleterre.
»
avec
»
que M. Digbj'
»
dit
le
&
Chevalier Digby,
&
lui
avec
le
Il
s'entretenoit fouvent
fameux Hobbes...
Un
jour
parloient de Philofophie, ce Chevalier lui
»
qu'ayant lu les Ecrits de Mr. Des Cartes, il refolut de palier en Hollande pour le voir. Il l'alla trouver dans fa folitude d'Egmond", & après avoii' raifonné longtems avec lui fans fe faire
»
connoître, Mr. Des Cartes, qui avoit vu quolques-Uiis de fes
»
Ouvrages,
lui
»
Mr. Digby
^.
n
»
»
dit
qu'/7 ne doutait point qu'il ne fù^
le
célèbre
Et vous, Monfieur. répliqua Digb)', y? vous nétie\ pas l'illujlre Mr. Des Cartes, vous ne tnc verrie:; pas venir e.yprès d'Angleterre, pour avoir le plaij r lA- mus voir. Mr. Digby dit
»
enfuite à ce Philofophe
»
à la vérité belles
»
incertaines
»
le tenis de bien connoître beaucoup plus digne de lui, qui connoijfoit fi bien la conjlruâion du corps humain, de s'apliquer à rechercher les moyens d'en prolonger la durée, que de s'attacher
» » <>
»
&
£
:
que nos connoi[fances fpeculatives étaient
agréables, mais qu'après tout elles étaient trop
trop inutiles,
la vie était fi courte, qu'a les chofes neceffaires
;
&
pour faire
l'occupation de l'homme ; que
peine avoit-on
qu'il ferait
au.x Jiniples/peculations de la Philofophie.
a.
»
Descartes n'habita Egmonci (du Hocf) qu'à partir de mai 1643.
Digby
parait s'ctre
iiitérc.^^sc
à sa philosophie dès i638 (voir
t.
II, p.
Or 192,
271, 336 et 398). « Mr. Digby, zélé Catholique Romain, a écrit quelques Ouvrages de Controverfe et de Philofophie. Son Difcours fur la Poudre fympathique a fait beaucoup de bruit. Mr. Bailler s'ert trompé, dans la Vie de Mr. Des Cartes, lorsqu'il a dit (t. II, p. 244) que Mr. Digby étoit Comte & Chevalier de la .larreticre. Il l'a confondu avec le Lord Digby, Comte de Brilloi, mort en 1Ô77. Il a «uiri ignoré que le Chevalier Voir t. III, Uigby alla en Hollande pour voir Mr. l5es Cartes, n
b.
»
» » )i
» >'
p.
—
89-90, de cette édition.
Descartes et Digby.
671
Mr. Des (Partes l'alfùra qu'il avoit déjà médité fur celle matière, que de rendre l'homme immortel, c'e/l ce qu'il n'ofoit Je promettre ; tuais qu'il e'ioit bien fur de pouvoir rendre fa rie égale à
« » h
»
&
celle
des Patriarches.
>•
»
Lors que Mr. de St. Evremout ju'aprit cette particularité, il ajouta qu'on n'ignoroit pas en Hollande que Des Cartes fe tiatoit d'avoir fait cette découverte, & qu'il en avoit ouï parler à plufleurs perfonnes, qui avoient connu ce Philofophe; que les amis que Des Cartes avoit en France, le favoient aulli & que l'Abbé Picot, fon difciple & l'on martj^r, perfuadé qu'il avoit trouvé ce grand fecret, ne vouloit point croire la nouvelle de fa mort, & C'en que, lorfqu'il ne lui fut plus permis d'en douter, il s'écria
»
eji fait,
«
)'
» »
» » »
;
:
»
du Genre humain va venir! » « Il eft certain que Des Cartes croyoit avoir trouvé le moyen de prolonger la vie de l'homme. Je n'ai jamais eu tant de foin,
»
difoit-il à
»
s'occupoit...".
la fin
»
Mr. de Zuytlicliem, qui lui avoit demandé à quoi il M. Haillct nous apprend, dans, la Vie de Mr. Des Cartes, que l'Abbé Picot, l'ayani accompagné en Hollande en it)47, fc conforma à ion régime de vivre pendant trois mois qu'il
»
demeura avec
»
retour en France,
»
n'avoilpas été ennemi jufques alors,
»
de
»
» » » » » »
Mr. Des
lui
k il
Egmond,
&
qiCil en fui ft coulent, qu'à
renonça fer ieufement à à-
la
fon
t^rande chère, dont
il
voulut fe réduire à l'infîitut
moyen de faire trouvé par nôtre Philo-
Cartes, croyant que ce feroil l'unique
réuffir le fecret qu'il prélendoil avoir été fophe, pour faire vivre les hommes quatre ou cinq cens ans ''. Cet Abbé, dit encore Mr. Baillet, étoit fi perfuadé de la certitude des
Mr. Des Caries fur ce point, qu'il aurait Juré qu'il lui aurait été impoffible de mourir comme il fil à cinquanle-qualre ans ; que fans une cauj'e étrangère & violente [comme celle qui
connoijj'ances de
<S'-
»
dérégla fa machine en Suéde) il aurait vécu cinq cens ans, après » avoir trouvé l'art de vivre phifieurs ficelés
»
comme
)'
lui-même
)'
'^.
"
Il
étoit le
pourtant bien éloigné de ce rare fecret, s'il prétend Mr. (ioris, qu'il fe foit tué en voulant félon les
Principes de
fa
ell
vrî^i,
fc traiter
Médecine. Ce Philofophe,
Des Cartes ccrivoii cela d'Egmond, en iô38, à l'âge de 42 ans. Il 12 ans après. - Lettres de Mr. Des Cartes, t. II, p. 374. » Des Maizcaux reproduit tout un passade de la kiire du =3 janvier i638, a.
"
i.
«
mourut I,
p.
b.
"
507, 1. 3-20. Vie de Mr. Des Cartes,
c.
«
Baillet, ubi fupra, p.
4^2
t.
II. p.
&
453.
448. »
«
072
Additions.
dil-il*, s'étoit mis fi forl eu léle que les femblables fc gueriffoienl parles femblables, qu'étant umlade de la jievre dont il ejl mort, ilJe fit aporter de l'eau de vie qu'il biit avec impatience, dans le dejj'ein de guérir lefemhlable par le femblable. Le Médecin voulant Vempêcher de boire celte eau de vie, le malade répondit : Monlieur, les
» » » » »
femblables
»
le
guerill'ent par les lerablabies; aiiili lai(Tez-moi, je
petite machine. En même îems il but ce vous prie, 6'le » prétendu remède, qui aujjilul lui caufa des hoquets furieux, » déroba à tous les fecours. » « Mais c'eil-là un conte fait à piaifir. Ce qu'il y a de vrai, c'eil que Des Ortes, dans le fort de la tievre qui le oonfumoit, ne vou» lut jamais foutïrir qu'on le faignàt, & qu'il n'y confentit que loi1[La Vie de Monfieur de Saint-Evremond. » qu'il étoit trop tard''. Œuvres de Mr. de Saint-Evremond. Par Mr. Des Mai^eaux.
gouverner ma
»
)>
)
—
4" édit.,
Amsterdam,
172(3,
t. I,
p.
80-86.)
Sainl-Evremond, forcé de quitter
la
F'rance, s'était retiré d'abord
de i66r, puis dès l'année suivante en mois à Londres, en 1661, faisant partie de l'ambassade envoyée par Louis XIV à Charles II pour le féliciter de son rétablissement sur le trône. C'est sous
en Hollande, sur Angleterre, où
il
la
fin
avait déjà passé six
donne au lecteur cet avcitiffemear sur la l'ie de Mr. de St. Evremont : « Elle » contient toutes les particularités de fa Vie, qu'il m'a dites lui" même, ou que j'ai apprifes de fes Amis. » {Ibid., p. xvn.)
l'année 1662 que Des Maizeaux place son récit, et
DESCARTES
et
il
REGI US.
Regius (Henri de Roy), professeur de médecine à l'Université 16IÎ7, s'était inspiré des idées de Descartes, non un L'a vu, dans son enseignement. En ltii-m.èrae, sans péril pour 1646, il voulut en donner un exposé complet au public dans un
d'Utrecht depuis
a. »
n
"
Voyez
le
Journal des
.S
avans du 10 Dcccnihrc 1703,
p.
I
.
101)4
de
l'Edition de Hollande. » b. « Voyez la Vie de Mr. Des Cartes, tom. Il, p. 4'7 «i^ luiv. Confultez aufTi la Lettre de Mr. Vv'euiies, Médecin de la Reine de Sucdc, que Mr Crcnius a publiée dans le tome de ton Recueil, intitulé Animad Voir i. V, verjiunes philolofiica' éf hijïoricœ, iS;c., page 36 .Sr fuiv.
477-479, de cette édition.
1
..
Descartes et Regius. dont
livre,
il
ôjj
avait apporté le manuscrit au philosophe dès le
mois
de juin 1645. Celui-ci avait vivement déconseillé la publication*. Mais Regius passa outie, et le livre parut en 1646 (dédicace du io/'20 août), sous le litre de Fundamcnta Pliy/ices. Les raisons de se méfier ne manquaient pas à Descartes. Lui-
même
dans ses Principia de 1644, qu'une partie de sa philosophie (ou de sa physique, car c'était tout un) il lui restait à traiter des plantes, des animaux et de l'homme. Regius n'allait-il point le prévenir, et donner, avant son maître, le corps entier de doctrine, que celui-ci promettait''? En effet, sur les douze chapitres que contiennent les Putidamenta Phyfices, les six premiers correspondent a peu près aux Principia de Descartes, et les six derniers ont pour titres, notamment, De Stirpibus, De Animalibus, De Mouline, c'est-à-dire justement les inatièrcs que le philosophe n'avait encore publié,
:
n'avait pas encore livrées à
publicité, et auxquelles
la
continuait
il
de travailler.
Le
donc en danger de prendre
lecteur était
nières questions, et de recevoir
du tout
n'était pas
ce qui
comme
Regius
cela.
le change sur ces derpure doctrine de Descartes
la
a
donné bien des choses de
Descartes prétend qu'au sujet de son cru; ou même il a fait pis l'animal, en particulier, Regius utilisa des notes manuscrites que lui:
même à
en
pour son usage, et communiquées seulement Et Regius les utilisa maladroitement il donne, deux reprises, une explication des mouvements des
avait rédigées
quelques
arriis.
effet, et à
que
miiscles,
comme
:
n'avait point eu
il
communication des
gina qui ne cadraient plus avec
lautive^
Or
le
il
;
mais,
en ima-
:
elle
ne concernait
mouvement de l'oeil; mais elle pouvait mouvements de notre machine, et c'était l'action
qu'un cas particulier, de l'âme sur
sienne
figures,
texte, et rendaient l'explication
le
des plus importantes
celle-ci était
s'étendre à tous les
comme
revendique
philosophe
le
le
corps, qui se trouvait traitée dans
la
question ainsi
généralisée.
Descartes ne prononce pas
le
dant, au moins sur ce point,
de
le reste
la
ph\sique.
des Fundamenta
I.
Voir
b
Huygens en lugea
p.
effet,
de feuilleter ce volume or il en
Les figures y sont nombreuses
ainsi, lettre à
et
un cepen-
peut-être encore pour
:
256.
Mersenne du
21
août 1646. Voir
IV,p. S14. c.
p.
IV.
suffît,
plagiat. C'en était
même
de en
23X, 239. 241, 248, 254
a
t
Il
Plij-Jices.
mot de et
Toire IV.
626
I.
p.
517,
1
s3, à p.
5i8,
1.
2; p
366,
1.
17. à
p.
367,
11-2?
Œl'vres. VI.
8b
1.
14;
j
Additions.
674
soient pas empruntées, ou pour niieux dire
est bien peu, qui ne
transportées
Dioptriqtie çx des Météores, qui datent de
1644, ou bien de
la
Ce
que
serait à croire
ont resservi;
du volume des Principia, publie en
telles quelles,
et
de
clichés, ou plutôt les mêmes bois, deux ouvrages de iC)4t3 et de 1Ô44 ont
mêmes
les
tait
\C)3>-.
les
môme
libraire, Louis Elzevier, à Amsterdam, aussi les bois de iGSy. chez son procurer se confrère, Jean Maire, à Leyde. Regius n'a imagine de lui-même aucune figure nouvelle, si ce n'est celle que nous venons de dire, du mouvement de l'œil en quoi il n'a pas e'té fort heureux. Et si les figures sont de Descartes, le texte qu'elles accompagnent ne reproduit pas sans doute mot pour mot celui du philosophe, mais
imprimés chez lequel a bien pu
été
le
:
que redire en d'autres termes et abréger à peu près la moins exactement. oii Regius diffère; et cette diffécependant, partie est une Il encore à Descartes, que les ressemrence devait être plus sensible blances, somme toute, flatteuses pour lui, puisqu'il êttiit nornmé comme l'inspirateur du livre, dans la dédicace. La physique de Regius est toute cartésienne; mais il n'en est plus de même de sa métaphysique. Regius ne croit pas qu'on puisse démontrer que Dieu existe, bien qu'une telle démonstration soit, pour Descartes, le fondement même de la certitude. Aussi Regius n'ambitionne-t-il se contente il plus la certitude démonstrative ou mathématique témoignage seulement sur le des sens. fondée vraisemblance, de la Descartes. soutenait Et Regius que contraire de ce C'était juste le renvoie à la fin de son ouvrage, après la physique proprement dite, au douzième et dernier chapitre. De Homiue, le peu de métaphysique qui doit la compléter. Mais cette seule interversion de^ matières est un renversement complet du système de Descartes ". Celui-ci "^'a cessé de répéter que sa physique était fondée uniquement sur sa métaphysique, et que, faute de telle-ci, celle-lh croulait toute. Et voici que son disciple déclaré, celui que lui-même avait proclamé tel, expose une physique entière, toute semblable, sinon il
ne
fait
même
doctrine, plus ou
:
même
identique à
la
A
sienne, et qui se soutient toute seule et se
y superpose un peu de métaphysique; et encore quelle métaphysique! La plus opposée qu'on puisse imaginer^ à celle que le maître considérait comme suffit à
a. « » »
elle-même.
Lettre à Elisabeth,
&
la
fin
seulement,
mars 1647
:
«
il
...mes alTertions, mifes en mauvais
fans leurs vraycs preuues, en forte qu'elles paroiffent paradoxes, & que ce qui ejl mis au commencement ne peut ejlre prouud que par ce qui eji vers la (in. » Tome IV. p. I25, 1. 25-29.
ordre
Descartes et Regius.
67^
nécessaire absolument. A la distance où nous sommes aujourd'hui, nous pouvons ne point penser que Regius ait eu tellement tort, théoriquement la partie solide, celle qui subsiste, de l'œuvre de :
Descartes, est bien
phj'sique telle qu'il l'entendait, c'est-à-dire
la
mathématique à la physique; et sans doute il pour cela de tant de métaphysique, ni surtout d'une métaphysique comme celle de Descartes. Mais pour lui, l'application de la
n'était pas besoin
son oeuvre propre, et la réforme qu'il apportait au monde scientifique; cette nouvelle métaphj'sique, fondement d'une physique nouvelle, c'était à la fois sa révolution et sa rénovation de la philosophie et de la science. Que le disciple là-dessus précisément
c'était là
ait
renié son maître, ce dut être pour celui-ci
La correspondance de Descartes ne
la
laisse
plus vive déception.
aucun doute
à
ce
sujet. Soit qu'il écrive à la princesse Elisabeth, ou bien au P. Mersenne, ou à Constantin Huygens, le lendemain de la publication du livre de Regius, on retrouve partout les mêmes plaintes, et elles sont plutôt amères la partie physique est acceptable, mais c'est de lui, Descartes, qu'elle vient; la métaphysique ne vaut rien, :
aussi est-elle toute de Regius-'. Le philosophe ne s'en tint pas à l'année suivante, en 1647, dans une Préface des lettres privées qu'il mit à la traduction française de ses Principes, il déclara publi:
quement
ce qu'il pensait des
Fundamenta Phyjices^.
Regius fut sans doute blessé de ce désaveu public, et surtout du reproche de ne rien entendre à la métaphj'sique. Aussi, avant la fin de cette même année 1647, il publia, sous forme de placard, un Programma, que nous avons vu, t. VIII (2'' partie), p. 342-346, et où il expose une série de thèses, toutes en contradiction avec la doctrine de Descartes. Celui-ci riposta aussitôt par un petit livret, intitulé Notce in
Programma, que nous avons vu également,
ibid.,
346-369; et les choses en restèrent là pour quelque temps. Le biographe de Descartes, Adrien- Baillet, assure que, après cette dernière passe d'armes entre le maître et le disciple, « Monp.
')
» » »
»
Heur Defcartes prit réfolution de ne plus parler de M. Regius qu'en termes de civilité & d'ertime, pour marquer qu'il vouloit oublier l'ingratitude de ce Philofophe. Audi fit-il connoître, depuis qu'il fut en Suéde, qu'il ne fe fouvenoit plus d'autre chofe en M. Regius que de fon mérite'. » Il faut en croire Baillet, a.
p.
Tome
619,
1.
7
b.
Tome
c.
La
IV, p. 5io, ;
p.
625,
1.
1.
9
;
p.
517,
1.
16; p. 566,
1.
i3
;
p.
Sgo,
16.
IX, 2» partie,
p. 19,
1.
2, à p. 2u,
1.
5.
Vie de Monfieur Des-Cartes, seconde partie, 1691, p. 335.
1.
19
;
Additions.
676
marge le témoignage de « Creigton, let. MS. Regius ». Mais on ne trouve pas, chez ce dernier, tant s'en faut, des sentiments semblables. Quatre ans après la mort de Descartes, il donna, en 1654, une seconde édition de son livre de 1646; seulement il changea le titr-e de Fitndameuta Phyjices. Peut-être voulait-il dérouter le lecteur, trop bien averti par la préface de Descartes en 1647; ^' choisit donc le nouveau titre de Pliilofophia Naturalis. Les bibliographes y ont même été trompés cette Philofophia Naturalis de 1654 étant présentée comme une seconde édition, ils ont imaginé sous le même titre, en i65i, une première édition qui n'a jamais existé". La seule et véritable première édition est celle des Fundamenta Ph/fices, en 1646. Mais, outre le titre, bien d'autres choses encore ont subi des changements. puisqu'il invoque en »
à
:
D'abord,
si la
dédicace au prince d'Orange. Frédéric-Henri, se
trouve reproduite, en 1654, avec la même date du 10/20 août 1646, Regius en a vilainement ôté le nom de Descartes, comme Clerselier reprochera, avec justice, deux ans après, dans
le lui
la
préface
du
P"'^ dans un Avis au Lecteur, du S avril 1654, Regius insinue qu'il est le premier qui ait exposé cette philosophie au public, /ecw/o nojlro primus exhibueram : entendons le premier, même avant Descartes, puisqu'il l'enseignait, lui
tome
I
des Lettres, en
16517''.
Regius, depuis dix-sept ans (1637), abhinc annos prccter propler publitation parla publication du philosophe
—
feptendecim, et
—
que de 1644; Regius l'a d'ailleurs complétée, il y a huit ans, aute oâennium, dans son ouvrage de 1646, où se trouve compris tout l'univers, tota rerum Vniverjitas. Enfin, dans une pièce de vers à sa louange, selon l'usage du temps, par un jeu de mots sur son nom de Regius, il est proclamé roi des philosophes, anciens et modernes. Et peut-être, en effet, Henri de Roy s'imaginait-il naïvement qu'il n'était pas indigne de ce titre d'honneur. tielle
n'est
reprend alors, et dans le même ordre, les matières exposées en 1646, avec bien des enrichissements d'ailleurs, y^cun^a editio priore multo locupletiur. 11 les répartit, non plus en douze chapitres, mais en cinq livres, dont chacun est subdivisé à son tour. Au dernier Il
livre.
De Homine,
sur les pfissions,
il
ajoute en son lieu un assez long développement
De Affeâibus
(c.
XL
p.
413-432). Le petit livre de
Descaries. qui traite de cette matière, n'avait été publié qu'à
a.
p
Voir, par exemple, Alphonse Willems, Les Elsevier, Bruxelles, 1880,
298, n» b.
la fin
1
Tome
178. \',
p.
625-626.
Descartes et Regius. de 1649
d'j'j
Regius n'en avait sans doute pas eu connaissance auparavant, car il n'en disait mot en 1646; mais dans sa seconde édition de 1654, il complète sur ce point son ouvrage. Toutefois la principale addition de ce livre V, est au chapitre i, p. 334-36o, correspondant à p. 245-252 de la première édition, soit 26 pages et demie contre 7 et demie seulement. Ce chapitre 1 est intitulé De Meule humana, five Anima rationali, ce qui est précisément le titre du Programma de 1647. Aussi Regius insère-t-il en entier les thèses de ce programme, avec quelques développements c'est là sa réponse aux Notes de Descartes en 1647. Le nom du philosophe n'est pas prononcé; mais les critiques ne manquent pas contre lui, avec des expressions blessantes, qui le visent personnellement Vaux & •
:
:
:
eorum fuut gloriationes... Ut quidam perperàm exijîimant... Ainsi non seulement Regius accentue son opposition, ce qui est son inanes
mais il y ajoute des procédés déplaisants, qu'on retrouve encore un peu plus tard, lorsque Clerselier lui demandera en vain communication des lettres qu'il avait dû conserver de Descartes, droit
et
;
rappellera ironiquement à ce disciple, qu'il
à fait,
pour
mettre
la
&
la
n'en use pas tout
mémoire de son maitre, comme semblait
devise de son portrait dans l'édition de
Generofe
iÇ)bi^:
le
pro-
Candide
".
venu peut-être à se croire, de bonne foi, philosophie nouvelle. Descartes avait bien,
C'est que Regius en était le
principal auteur de
la
sans doute, dans des entretiens particuliers, indiqué les principes. Il avait même donné au public quelques échantillons de ce qu'on
dans ses Essais de 1637. Mais qui donc avait, le le corps même de la doctrine ? Qui l'avait exposé publiquement ? si ce n'est Regius, dans ses leçons à l'Université d'Utrecht depuis 1637, bien avant, par conséquent, que Descartes en ait publié une partie dans son ouvrage de 1644. Et cela, Descartes l'avait reconnu lui-même, en 16^2, dans sa Lettre au P. Dinet une page entière y est consacrée à Regius, qui avait réussi, en lisant la Dioptrique et les Météores, et en méditant sur les principes de la vraie philosophie, à composer lui-même en quelques mois une Physique entière (il disait une Ph5'siologie, /"/(;-/iologiam), telle que Descartes pouvait par avance l'avouer comme sienne ^. Regius prit pour argent comptant cette politesse excessive. En 1668, il découpe cette page, et l'imprime bien en vue. pouvait en
tirer,
premier, déduit en entier
:
a.
b.
Tome Tome
V,
p.
VII,
626;
et
p. 582,
457, note
t.
III, p.
1.
17, a p. 583,
1.
i.
a.
Additions.
678 comme une
pièce justificative, après une préface où
expose ses
il
un autre ouvrage de
revendications. Cela se trouve dans
cet auteur,
Un
peu plus, et Regius irait jusqu'à dire que le Descartes, dans ses Principia de 1644. n'a fait que le plagier simple de plagiat maître, plagiaire du disciple! le livre imprime, l'enseignement oral donné par celui-ci d'abord Et peut-être Regius en était-il persuadé dans son for intérieur bel exemple d'infatuation de soi-même chez cet enfant d'Utrecht, Regius Ultrajeâinus, in Academia patria profeffor, grisé, sans doute, par l'admiration de ses collègues et de ses concitoyens, et pour qui sa ville natale était tout l'univers. Je ne sais quelle fut la fortune des livres de Regius, même au xvn'^ siècle, comparés à ceux de Descartes un exemplaire des Fundamenta Phyfices de 1646 m'a été envoyé de la Bibliothèque de l'Université de Leyde, où n'ont manqué, depuis plus de deux cent cinquante ans, ni les professeurs ni les étudiants pour le lire le livre avait été si peu lu, qu'en plusieurs endroits, consintitule Aledicina'.
:
!
:
:
:
a.
Regu Ultrajectini Medicina & Praxis Medica. ad Rhcnum, Theodorus ab Ackersdijck, cla la c
Henrici
tcrtia. iTrajecti
Editio lxviii.
La dédicace de la première édition, est ainsi datée « 3i Maij 1647. Styl. Jul. Dans un Avis au Lecteur, « 20 Januarij, Anne cIo loc lxviii, " Stylo Jul. », on trouve ceci « ...Teftatus jam tiim fuerat in Dilferta» tione de N^ethodo Cartefius, hoc à fe jam fadum, & inlignia fuoruni » conatuum fpecimina, in addità Dioptricâ & Meteorologià edidcrat. » Verùm Vir ille ingcniolilTimus in codem opère tum publiée ligniticavii, » Jibi nullo modo permittendum, ut quicquam eorum, fe vivo, in lucem :
Il
>>
:
» n "
>
prodiret; addens lamen, ea fola, quce in Metliodo. quafi per judi<.'cm, commemor avérât , ingenioftoribus, adfitnilia imù vel majora prœjlanda, fufficere. NecelTitate iiaque>coadus, & Ipe ab ipfo datâ'animatus, eô rem deduxi, ut ipfe Carteiius,
vifis
meis Phyficis cogitatis, quibus Homi-
nem, Magnetem, .(Ellum maris, totamque reliquam rerum " »
tatem, per principia vera, unica,
clara,
intelligibilia,
jam tum defcripferam, publiée
in I^piltolà
l'niverli-
ubivis oblervabilia
ad P. Dinetum
6(
tella-
me vifd Juà Dioptricâ & Meteorologià, que tempore ilUe annum 1637'l'ohe cum Dillertatione de Méthode in lucem priinùm
»
tus tuerit,
»
circa
prodierant, eà fuijfe J'agacitate. ut intra paucos menfes integram PhyJiologiam concinnarim. iac\o itaque hoc t'uiidamento, eoque à me. hoc " noflro leculo. nmnium primo, propalato & publicato, folidum toiius » Artis Medicœ aediricium ipli etiam primus inoedificare... aggrelfus fui... Et Regius reproduit ensuite tout au long, et à pan. la page Je Descanes, dont il vient de citer seulement quelques lignes « Do£lor quidam Medi»
»
:
cinœ notre
(il t.
ajoute
VII,
ici.
p. ?82.
entre parenthèses, 1.
17. à p. 583.
I.
H i.)
Regius)... concinnarit.
•
(Voir
6-9
Descartes et Regius. tatation fàshcuse pour la
même
mémoire de Regius,
pages n'étaient
pas coupe'es.
Suit une série de documents, A, B, C, la
les
D;
pièces justificatives de
présente étude.
Voici les deux éditions successives de l'ouvrage de Regius
:
I. Henrici Regii Ultrajeâini P'undamenta Physices. ^Amstelodàmi, apud Ludovicum Elzevirium. Anno cIo Idc xlvi.) In-4. Dédicace et Index. La dédipp. 3o6, plus 14 p. non numérotées £ Celfijjhuo Priucipi, Frederico Heurico, cace Illiijlrijfimo D. G. Pfincipi Auriaco, etc., est ainsi datée: Ltlrajeâi, loAuguJli, Aimo 1646. Stylo Jul. :
:
CAi'ur
I.
— De Priucipiis rerum tiaturalium, earumque Pag. & nibus — De afpeâabilis Mundi fabrica. Pag. 47. differentiis.
aff'ecîionibus,
»
II.
»
III.
—
De Aqua, Terra, Aère,
à''
commu-
1.
Igne. Pag.
7').
«
maris, & motu aCris & aquce ab oriente ver/us IV. — De occafttm. Pag. 90. V. — De geiieralione, corruptione, mixtione, temperamen & qualitatibus. Pag. 94. VI. — De Meteoris. Pag. 109. VII. — De Foffdibus. Pag. 126. Pag. 145. VIII. — De Corporibus IX. — De Stirpibiis. Pag. 148. X. — De Aiiimalibus. Pag. i53. XI. — De Bejiid. Pag. 242.
»
XII.
»
»
ae^ftu
tis,
» ..
Il
» »
rivis.
—
De Hoviine. Pag. 245-3oô.
—
Henrici Regii UltrajecVini Philosopiua Naturalis. Edila priore multo locupletior, & emeudatior. Marque Ludovicum EIzevirium. cId Idc liv. apud Amstclodami, Minerve. Même dédicace, au Prince d'Orange, F'rédéric-Henri, que dans II.
tio feciinda,
la
I'''-'
édition, avec
1646. Stylo
En
:
outre,
la
même
date
:
l'Urajeâi,
10
Aiigu/ïi,
Anno
lui.
un
<<
Salut au
Lecteur
»
:
Hfnhicus Regius Leâori
68o
Additions.
Vltrajeâi, V Afirilis Aiwo Benevolo S., avec cette nouvelle date cId Idc Liv. Voici le commencement Tota rerum Vniverfitas, quant ex claris, fufficientibus, & unicis Naturœ principiis, abhinc annos prœter propter feptendecim, clarè :
:
deduxeram, feculoque nojlro primus exhibueram : aiite oâetiniuin, ab eruditis quibufdam viris, in publicam lucem typis fuit produâa. Citm autetn ea quamplurimis ita placuerit, ut, direndilis omnibus exemplaribus, à multis ad novam editionem fuerim invitatus, opus, ad incu-
dem revocatum, Vient ensuite
auxi, limavi, defcobinavi...
un beau
portrait, avec cette inscription au-dessous
:
Henricus Regius Ultrajeâinus, Medicus, & Philofophus, & in patria Profejfor. « H. Bloemaert pinxit. T. Natham Candide € Generofe. fculpfit. » Devise au-dessus
Academia Medicinœ
:
Vers d'A. C*:sellius sur ce portrait.
On
j^
lit
:
forma viri eft, caeca ad penetralia rerum, Ante alios, clarâ qui face pandit iter... Ergo Sophos inter veteres. interque récentes, ...Vivida
Rex
eft,
&
meritô nomina Régis habet.
L'ouvrage n'est plus divisé en douze chapitres, tion, mais en cinq livres.
comme
la
i" édi-
—
De rerum naturalium Principiis, & communibus Liber Primus. affedionibus ac differentiis. {XV Cap., pag. 1-70.) De A/peâabilis Mundi Fabricâ. (XIV Cap., Liber Secundus.
—
pag. 71-141.)
Liber Tertius.
— De
iis,
quœ
in Tellure conlinentur, pit
(X Cap., pag. 142-221.) De iis, quœ in Tellure conlinentur viva, ratione Liber Quartus. carentia. (X\'I Cap., pag. 222-333.) De Homine. (XII Cap., pag. 334-441.) Liber Quintus.
iia.
—
—
Epilogus.
— (Pag. 441-442.)
In-4, pp. 442, plus 38,
non numérotées.
B.
Le texte de la Dédicace de 164G, reproduit en 1634, présente, d'une édition à l'autre, les différences, suivantes, qui justifient le reproche de Clcrselicr dans sa Préface de 1057 (t. V, p. Gîb-O). A gauche, le texte de la 2' édit.: celui de la 1", à droite.
Descartes et Regius. «
...Atque haec, prœter reve-
68 meo
...Atque haec,
1
judicio,
»
lationem divinam nobis in Sa-
»
crisfaâam,
»
eftad utilem veritatisinvefliga-
»
tionem
»
veri cupida,
»
hac mortalium
»
acquiefcat. Si itaque hanc infi-
parabilis Philofophi, Renati des
tlens,àvulgaribusquorundam eam folam ob
feclans, vel alià rid procedens,
»
meo
unica
ad utilem veritatis inveltigationem via, cui mens
judicio, unica
humana, veri cupida, tutô, quantum in hac mortalium licet cali-
mens humana, tutô, quantum in
via, cui
opinionibus,
.)
caufam, quôd principiis,
»
occulta
»
fatfntur,
»
cimnierias tenebras, locoquas-
»
fita;
»
tanquam
»
innitantur, hîc pro
>'
philofophicâ, quae jubet, ut
&
Viri Nobilijfimi,
Cartes,
quœ
&
infiftens,
rer'e Incoiii-
re/
propria
exhibere polfunt,
vulgaribusquorundam opinionibus, eam folam ob caufam, quôd principiis, quœ occulta & à fe non intelleda fatentur, ac proinde nil nifi cimmerias tene-
tibicinibus
bras, loco qujefitje lucis, exhibere
à fe
ac
lucis,
gine, acquiefcat. 5/ verb vejiigiis
licet caligine,
»
eft
à
non intelleda
proinde
ruinofis
nil
nifi
libertate
polfunt,
tanquam
ruinofis tibi-
cinibus innitantur, hic prd libertate Philofophicâ, quae jubet, ut
Nullius addiâus jurare
in
Quid verum atque decens »
nonnihi! receffero...
verba magijiri,
eurent,
&
rogem,
&
omnis
in hoc Jim,
nonnihil receffero...
»
»
I
la dédicace de la seconde édition supprime, dans la louanges en l'honneur du prince Frédéric-Henri, cette phrase qui était de circonstance en 1646, l'année de la création de l'Académje de Bréda (voir t. IV', p. 438) « ...Tu fummo in literas & literatos amore, inter medios armo-
D'autre part,
litanie des
:
»
rum
»
literatis,
»
ingentibus fumtibus aperis.
ftrepitus,
Bredae, in aeternœ tua: Gloriye
novum
Illultre
Gymnafium »
complementum,
&
Collegium Auriacum, (Page 3-4, non numérotée.)
G.
Un
des grands reproches que
fait
Descartes
à
Regius, est de
lui
du mouvement des muscles, en partides muscles de l'œil. Et ce reproche revient à trois reprises
avoir pris son explication culier
dans sa correspondance I.
17-24; p. 626, 1. Œuvres. VI.
I
(t.
IV, p. 517,
1.
23, à p. 5 18,
1.
2; p. 566,
1-23).
86
.
682
Additions.
Regius,
répété cette explication
« deux fois, de mot à mot, en fon iiure, tant cela luy a più ». La chose est exacte seulement, la première fois, Regius parle du mouvement spontané, et la seconde fois, du mouvement volontaire; et s'il reproduit textuellement la même explication, c'est pour bien montrer que, dans les deux cas, le mécanisme est le même. Voici d'ailleurs les deux passages, en regard l'un de l'autre
dit-il. a
»
;
:
«
— Omnis membrorum motus
»
ferè
»
alternatus
»
libet
»
»
antrorfum mota, poflea vicifdm finiftrorfum, deorfum, vel retrorfum fpontaneo motu moveatur. Quod ut commode
»
intelligatur,
duorum mufcu-
»
»
lorum, in oculo vel alià parte oppofitorum, fabrica eft defcribenda; inde enim omnium aliorum mufculorum conftitu-
»
tio
»
innotefcent.
»
»
» »
« it
» » "
Quomodo motus
AIoliïs fpo)itanei alternatio.
»
&
in contrarias
eft
ita
:
partes
ut pars
quœ-
dextrorfum, furfum, vel
alternatus
motus
facile
arbitrarius in
contrai ias partes alternetur.
Omnis autem
arbitrarius
brorum motus
eft in
partes altérnatUs quaelibet pro
contrarias
ita
:
—
mempars
ut
arbitrio dextror-
fum, furfum, vel antrorfum mota, poftea viciflim motu arbitrario finiilrorfum,
deorfum,
vel
retrorfum moveatur. Id in motu duorum oppofito-
rum tur.
oculi
mufculorum
— Quod
ut
oflendi-
commode
intel-
duorum mufculorum, in vel alià parte fibi mutuô
ligatur,
oculo
oppofitorum, fabrica &alternata
»
Mufculorum oppofitorum fa-
—
agitatio,
taneo
antehac in motu fpon-
Mufculi igitur oculum A, modo ad dextram," modo ad finiftram movenies,
tenda; inde enim
omnium
rum mufculorum
conftitutio,
duo funt B,
eorum motus, pro
arbitrio alter-
b'.ica.
C...
hîc
defcripta,
repe-
eft
alio-
&
natus, facile innotefcent.-
—
Eorumque fabrica Mufculi
modo
»
» >'
—
Oculi
«
Oculi lenfo in reâum.
«
Oculi
—
.
...
ad dextram
—
...
flexio.
.
ad fnifïram.
«
Inflexio oculi
«
...Unde reliqua;
tantùm oculorum,
omnium
aliarum
defcribitur.
oculum A.
ad dextram...
Arbitraria oculi quies.
»
quie<:.
itaque
aliae,
non
fed etiam
partium
Oculi
teiifio.
—
—
Arbitraria oculi flexio dextram. ... Flexio oculi adfniijlram.
—
...
...
—
ad ...
Hiuc omnium aliarum partium motus arbitrarii innotefcunt. ...Unde reliqute aliœ, \M
—
Dfscartes et Regius. »
&
inflexiones
tùm oculorum, fed etiam omnium aliarum partium inflexio-
tenfiones fpon-
taneœ intclligi (Page 232-235.)
pollunt.
»
68}
»
nes
&
ligi
polfunt. (Page 29D-298.)
tenfiones arbitrariœ intel-
Descartes reproche aussi surtout à Regius d'avoir omis
le
prin-
son explication, « qui eft que les efprits animaux qui cou» lent du cerveau dans les. mufcles, ne peuuent retourner par les » mefmes conduits par où ils viennent » (t. lA', p. 626, 1. 17-20). Regius eut-il lui-même le sentiment de cette omission ? Toujours est-il qu'à la fin du volume de 1646, aux errata, on trouve cette cipal de
note significative
:
»
Page 235, 1. 14, poil verbum concertant, addatur hic aniculus Caufa autem, cur, apertd aliquâ mediajiini nervorum parietis i>alpulâ, fpiritus per eam ab unâ tantiim parle in alterum mufculum, & non ab utràque parte indi/criminatim, rel per vices, nunc in hune, nunc in illum mufculum fluere pojjint, luvc e/l quod parietis iftius
»
mediajiini pori, quibus valrulce ijiœ prjefunt, ita J'unt foi mati, ut
»
ea pororum pars,
»
rem ac tandem
:
«
»
:
quœ à
valvulis claudi potefl,fit latior,
angujiiam,
&
in
arâio-
M
alterum nerriinr deftarcietur. Atque hinc datur fpiritibus à latiore nentem, panlatim pororum parte in nervum oppoftum tranftus facilis ; ab altéra
»
verd parie,
»
in arclifjimam
quœ
ejl
angujlior,
difficilis
itt
aut nullus.
»
Le passage correspondant de Descartes, Traité de l'Homme, trouve ci-avant,
p. i33,
1.
20, à p. iSy,
1.
se
20.
D.
Dans la 2« édition, le chapitre premier du Livre V, est intitulé De Mente humana, five Anima rationali. Ce qui est précisément le :
titre
du
plaçai d de Regius,
imprimé en 1047,
cartes publia aussitôt des notes
(Tome VIII,
:
Notce in
et
sur lequel Des-
Programma quoddam.
Le placard [Programma) comprend vingt et une Thèses. Presque toutes se retrouvent, mot pour mot, dans le volume de i654, sauf quelques variantes ou additions que nous donnerons ici en italiques. L'ordre n'est pas toujours le 2"=
partie, p. 341-S69.)
même. Thèse (1646) »
:
I
»
(t.
peraguntur.
ou peu s'en faut, dans la i" édit. quà aétiones cogitativse ab homine primo
A'III, p. 342), déjà,
Cogitatio »
ell,
(Page 245.)
684
Additions.
Thèse
11
VIII,
(t.
p.
342-3), dans
«
Quantum ad naturam rerum
»
poffît effe vel fubftantia; vel
seulement (1654) ea videtur pati, ut mens
la 2' édit.
attinet,
quidam
:
lubftantiae corporeae
modus;
nonnullos alios philofophantes fequamur, qui ftatuunt » extenfioném & cogitationem effe attributa, quœ certis fubiîantiis » tanquam fubjedis infunt cùm ea attributa non fmt oppofita, fed » diverfa, nihil obftat, quo minus mens etiam poiïit elfe attributum » quoddam, eidem fubjedo cum extenfione in homiue conveniens, » quamvis unum in alterius conceptu non comprehendatur. » Quicquid enim reâ'e, Jtve clarè & dijlinâ'e, poffumus concipere, > id, faltem per divinam potentiam, poteft effe atqui, ut mens » aliquid horum fit, reâè concipi poteff nam nullum horum » impiicat contradidionem. Ergo ea aliquid horum effe poteft. » (Page 335-336.) Là-dessus Regius renvoie à Descartes le reproche de paralogisme que celui-ci lui avait adressé (t. VIII, p. 349, 1. 10, etc.) »
vel,
fi
:
:
;
:
«
Malè verô
hic ita inférât aliquis
:
Cogitatio
&
extenfio hic dicun-
»
tur diverfa, ergo funi oppofita, quia
unum non
»
quidem
&
»
eft,
fed
contraria, quia includunt effe
non
eft extenfio.
Hic enim
effet
alterum;
eft
&
non effe nam cojitatio magnus, ex terminorum :
(Page 336.) Et imaginationem, » qui motum & figuram imaginantur in fuo conceptu includere » extenfioném, atque ideo illa tanquam modos ineffe poffe extenfioni corporis... » (Page 337.) Thèse V (t. VIII, p. 343), un peu plus loin « Nec obftat, quo » minus mens pojjit effe modus corporis, quôd de corpore dubitare, » de mente verô dubitare nequaquam pofllmus hoc enim illud » tantùm probat, quôd, quamdiu de corpore dubitamus, illam cerlb » ejus effe modum dicere non poffimus... » (Page 338.) Thèse III (t. VIII, p. 343), sans un mot de changé « Errant... » concipere... » (Page 339.) Si néanmoins quelqu'un l'affirmait, « hoc tantam fidem mereretur, ac fi quis diceret, continue Regius » fe clarè & diftindè concipere animal neceffariô effe hominem cùm »
logicorum ignoratione ortus, paralogilmus...
»
plus loin
:
«
Atquc hinc
patet
abfurdam eorum
»
effe
i>
:
:
:
:
;
»
»
illud,
utpote genus, oppofitae fpeciei quoque competens,
etiam
effe beftia.
Thèse IV phrase
:
"
(t.
»
{Ibid.) p. 343), aussitôt
après, au
moins
Quod autem mens humana... revelatum
»,
la
première
sans aucun
seconde ainsi modifiée-: « Atque ita, quod per ac indubitabilem, & non moralem, five accuratam naturam, verifimilem, rerum veritatem & cognitionem quœramus, erat
changement; "
"
VIIL,
poffit
fi
la
Descartes et Regius. »
dubium, jam, per divinam
»
tum.
68^
in Sacris revelationem, eft indubita-
(Page 341-342.)
»
Thèse VI (t. VIII, p. 343-344), ainsi reproduite « Mens humana, quamvis fit fubltantia à corpore realiter diftinda, in omnibus tamen fuis actionibus peragendis, quamdiu eft in corpore, ea, meo & multorum philofophorum, Iritijpmam hanc quixjïionein ventilantium,judicio, eft organica, five corporeoruni organorum indi:
»
» » »
»
gens
»
pojjit... »
»
fequitur,
»
corporis
ut plané nullas acîiones Jine corporeis orgaiiis perficere (Page 342.) Toutefois Regius, comme se ravisant, ajoute plus loin ceci « Neque tamen ex organica illà mentis conftitutione it'a
:
:
»
e(Te tantùm modum tanquam fuo modo. Nam non uti, quicquid inftrumentis u.itur, id eft modus. Nec adiones praîcipuè
»
inftrumentis, fed
»
palioribus, inftrumentis utentibus, quaî hic
»
adfcribuntur.
mentem non
fubftantiam, fed
efle
corpufque mente
;
ipfis, ut
appcllant, fuppofitis, vel caufis princi-
»
» »
» »
rationalis,
VU [ibid., p. 344), ainsi développée « ...ejus tamen effenutcumque corpus fuerit difpofttum, femper manet imniutata & incorruptibilis cùm hœc fit naturœ à forma corporis humauiyfive ab ejus temperie & conformatione, ex .conveniente partium motu, quiète, fitu, figura, «S- magnitudine ortâ, plané diverfa», ulpote quce in folà facultate cogitandi confiflat, nec ex illa partium difpofitione oriri queat... » (Page 345.) Thèse VIII [ibid., p. 344^ » Cumque mens, quam ex revelatione
Thèse »
anima
eft
(Page 344.)
»
:
lia,
:
:
»
divinâ fubftantiam à corpore diftinâam
novimus, nullas partes,
effe
»
nec ullani extenfionem in conceptu fuo habeat
»
an
fit
&
tota in toto,
Thèsk IX »
mens
it
eeptione
{ibid.,
noftra
affici poftit
;
:
quodque
ideo,
non moTa\cm
»
yerifimilemque, fed exquifitam, accuratam,
»
tatis
» »
fruftrà quaeritur,
« ...Hiuc videtur manifeftum, quôd 344) evidenter ab imaginariis, atque à veris, in pér-
p.
œquè
:
in fingulis partibus tota... » (Page 346.)
&
Jire probabilem
indubitabilem -veri-
cognitionem quaerenti, per naturam mentis Jam propofitam, dubium & incertum fit, an ulla vera corpora, an perd imaginaria tantùm phantafmata à nobis percipiantur... » (Page 347.) Et presque
aussitôt ce trait, qui vise droit Descartes
:
«
Vance itaque
&
inancs
eorumfunt gloriationes, qui ex naturâ apodiâicam & indubitabilem rerum fcientiam fe habere, vel habere poffe, jaéîant citm ex ed » fuprà verifimilitudinem nihil quicquam, ut ex dicfis patet, haberi » queat. » (Page 347.) Et Regius fait la même déclaration que dans Verùm, qui intelleâum habent, nec [uni ad fdem, ut la Thèse IX
»
»
:
:
» tnulus
&
<<
equus,
iis
totum hoc dubium
tollit
divina in,
cum & de
686
Additions.
>)
Sacris Lileris nobis facla rcvelatio, quà indubitabile
»
cœlum,
»
num
& terram, & omnia, quit
confeivare...
particulier, de son
»
iis
Deuni
cil,
& etiam-
continentur, crealfe,
(Page 348.) Suit une critique de Descartes, en
argument de
la
véracité divine, condition néces-
pour notre esprit « Nec quis dicat per naluram coujlare, Deum ejfe, eumque non
saire et suffisante d'une parfaite certitude
:
»
objlal, fi
"
pojfe faller e...
«
Thèse X {ibid., p. 344), reproduite mot pour mot. (Page 35 -352.) Thèse XI {ibid., p. 344-3451, un peu développée en des termes Sed, cùm ea fit fubftantia, ut jam per rei'elaliôuem divinam pro-
»
bavimus,
&
»
videntur
ii,
»
à
»
(Page 349.} 1
:
»
Deo
Jam
»
in
generatione producatur
animam
:
rediflimè fentire
rationalem per immediatani crcationem
in generatione produci, eiquc fubjlaulialiter eâ ralione, ut
dixi, uiiiri volunt...
Thèse XII »
nova qui
[ibid., p.
(Page 353.)
»
Jive facultas cogitaiidi liumana, ideis, notionibus, vel
tum
« Mens, non indiget ad cogitandum ullis
345), reprise avec plus de force
axiomatis innatis...; fcd ipfa
fola,
:
ad
omnes
priores, tuni pofteriores, peragendas,^;;)*? ullo
»
cogitationes,
»
tali intiato auxilio, fibi ipfi futKcit... »
«
Thèse XIII {ibid., p. 345), en deux lignes, qui deviennent ceci Nec eft qubd ulLxs notiones nobis inculptas, quœ vulgo communes dicunlur, quales funt... fimilefque ullas alias, menti nq/irœ, ad
(Page 353.) :
» »
» »
aâiones fuas rede perogendas, iniiatas eJJ'e dicamus. Illas autem omnes, fimilefque alias quajlibet, ex obfervationibus rerum, primo per Jingularem individuorum perceptionem, & deinde per mulloriim
Jingularium collcâionem, & inde faâam inducîionem, univerfales notiones in/erentem. ipfi formavimus, vel ex aliéna traditione illas » ab aliis accepimus (Page 354-355.) Thèse Xn' jbid., p. 343) « Imo ipfa idca Dei. mcntibus nollris » infita, qucL'fc. non ejl ex revelatione divinà, ea non eft innata,Jfed » ex rerum obfervatione, ^e/'/èH/MS, remini fcenliam, imaginationem » & judicium nojlrum faââ, in nobis elt orta... » (Page 35(')-357.) Enfin la Thèse XV (ibid.,^\-^. 345), si importante, se retrouve ainsi présentée « Hic autem conceptus de Deo, five idea Dei, in mente » noflrù ita produc^a, in câqiie exiftens, non e(l fatis validum argu»
»
:
:
» »
quidam perperàm exi/finiant, i\d exillcntiam Dei probandam. Cùm non omnia cxillant, quorum ideœjire conceptus in
mentum,
ut
nobis obfcrvantur, atque hiuc idea, utpote à nobis concepta, idque imperfedè. non magis quàm cujufvis alius rei conceptus, » vires noilrascogitandi proprias fuperet... » (Page 357.) Puis Regius critique, pendant trois pages de suite, les preuves que Descartes » »
Descartes et Roberval. donne de »
» >'
» " '<
» »
» " •I
patcat,
Ciimque hiiic jam quà ideam quidam ab illà t'aciiltate,
l'existence de Dieu, et termine ainsi
quàm imperfeda
lit
iila
687
:
noiba mentis
«
facilitas,
Dei in aniniis noltris formamus, frultrà quam malè, ad errores fuos incruftandos, & nova .effuj^ia invcnicnda, ideam Dci appellant, argiimentum, ad Dei exillentiam
probandum, omnium validifTimum profcrri pofle fimulant. Ciim cnim hsec mentis facultas tantam habeat impcrfedionem, ut de ente illo intinito nihil infîniti pofitivè, fed tantùm négative, comprchendere pofTit, atque illud, quod etiam pofitivè de co comprchendit, fit exiguum & impcrfcctum idcirco ad perfectifllmi idius entis exillentiam probandam hinc argumentum fatis validiim defumi plane nequit; nam ca, ut alia; nollnt impeifeda; lacultates, nobis per nos ipfos competere, aut ab alià impciledà naturà :
(Page 36o.) premier chapitre du Livre V, dans la seconde édition de Regius, chapitre qui coiiespond aux quinze premières thèses de son programme de 1647. Les six thèses qui restent, et qui d'ailleurs n'ont pas la même importance métaphysique que les précédentes, se trouvent développées dans les chapitres suivants. •)
data
elle, potefl.
Ainsi se termine
i>
le
DESCARTES
et
ROBERVAL.
1648.
Sur les discussions de Descartes et de Roberval, qui eurent lieu pendant le séjour du philosophe à Paris, l'été de 1648, nous n'avions jusqu'à présent que le récit de Baillet, Vie de Mon/. Des-Cartcs, t. H, p. 344-346, d'après le témoignage d'Auzout, une quarantaine
Nous avons reproduit ce récit, au t.^', p. 201-202, de cette édition. Voici maintenant un document de premier ordre, un récit contemporain, fait, par Roberval lui-même. Il se trouve dans une lettre latine du géomètre à Des Noyers yE. P. de Roberd"'annécs plus tard.
:
Virum Domiitum Des Noyers Serenijjinice Regina' Polonic à Confiliis ô Secretis. Idibus Maii 1648. Cette lettre, commencée le i5 mai 1648, puis continuée sous
val de Vacuo Narvatio ad Sobilem
forme de Journal, ne fut terminée, au plus tôt, que sur la fin de septembre 1648 elle donne, en ell'et, dans la conclusion, un résumé de la grande expérience du Puy-de-Dôme, eifectuée le 19 septembre. :
688
Additions.
qu'on ne put connaître à Paris que par la lettre de Florin Périer, longue lettre de Roberval (qu'il ne faut pas confondre avec une première lettre du même à Des Noyers, laquelle
et
écrite le 22. Cette
imprimée l'année précédente, 1647), vient seulement d'être découverte et publiée par MM. Léon Brunschvicg et Pierre Bouavait été
troux, au
des
nerons
» » »
ici
que
...Atqui
283-340
359-36i, de leur nouvelle édition
et j).
Biaise Pascal (Paris, Hachette, 1908). l'extrait
ver al.
—
:
in
verb inane hominis fophifma primiim rifi. Deiiide refeum decipi, quod elTcntiam corporis in extenlione
hoc
conftitui putaret; id
»
ceptu. » «
:
»
Ego
pondi
&
»
autem longé
— Enimverô, quidquid
per
fe
nec quippiam extenfum agnofco,
»
ille.
'<
»
» » »
» » » » »
» »
»
» » »
eft,
quod
nifi
illud eft
corpus voco;
corpus, iuquil
»
—
Annon vides, inquam, te nominibus abuti, dum illud corpus vocas, quod alii fpatium, five folidum mathcmaticum, five fimpliciter extenfionem, nominare folent. » Quid autem aliud reale in rerum naturà elfe putas, ail, praeter taie fpatium, aut talem extenfionem ? » « Praîter Deum & fpiritus creatos, dixi, agnofco quidquid in tali fpatio, fivc in tali extenlione movetur. Dum intérim taie fpatium, ex fuà naturà, prorfus manet immobile, ac me & te & reliqua corpora in fe (adde : fe) libéré moventia recipit, ita ut nunc eam illius partem occupemus in quà exiftimus, dum colloquimur, mox aliam occupaturi, poftquam ab inviccm abierimus, ac tandem eandem recuperaturi, fi alias aliquando hune eundem in locum, in quo nunc ftamus, reducamur dum intérim per innuhoc ergo extenfum meras ejufdcm fpatii partes tranfierimus quod fie movetur, & materiale eft, non Deus aut fpiritus creatus, ego cum omni Scholà corpus voco illud autem aliud extenfum immobile in quo fit motus, nomine ab omnibus recepto, voco fpatium, five extenfionem, five, ut geometra?, folidum. Et in hoc fane utrunque convenit, quôd fit reale extenfum, divifibile, & mcnfurabilc : dittert autem maxime, quôd fpatium fit immobile, «
»
abeffe à formali corporis con-
extenfum
.1
»
Nous ne don-
qui se rapporte à Descartes, p. 336-339-
taie
latitudinem
« 1)
II, p.
fpatiuni extenderetur fecundùm longitudinem, profunditatem ergo corpus effet. Hcec fane fuit injlantia cujufdam qui prx cceteris fibi Japere videbatur, & PhyJicam novam puirido ejufmodi fundamento fuperextruâam vulga«
»
t.
Œuvres de
— —
:
:
:
Descartes et Rorerval. idemque mobilia
689
»
penetramia recipiat ac per fuas partes moveri fit mobile, nec fe ab alio corpore penetrai'i intimé ac fecundùm Tuas dimenfiones finat. Non quidem me latet, taie Ipatium, five folidum mathematicum, vocari à quibufdam corpus verùm illi ipfi nominc corporis abutuntur,
»
faciuntque illud .-equivocum, eo quod. uno
»
fe
patiatur, corpus aiitem
)'
» »
;
>'
»
»
codemque corporis
Domine, illi duo entia naturâ plane divcrfa, nempe fpatium & corpus phyficum l'eu maieriale, fignificent. Quanquam autcm utrunque & à mathematico & à phjfico confideretur, longé tamen
»
utriufque conliderationis ratio. Mathematicus enim fpatiurn primo ac per le confiderat, prout extcnfum cft, menfura-
.'
diverfa
efl
ut partes illius, pro diverfis
terminorum
»
bile ac divilibile
»
pofitionibus, diverfas figuras induant, diverfafque patiantur ad
»
»
invicem rationes ac proportioncs idem autem Mathematicus confiderat corpus phyficum fecundariô tantiim atque ex accidenti, prout fcilicct illud extenditur in tali fpatio, fecundùm quafvis
»
dimenfiones
»
&
»
1'
:
fie
;
& figuras, non autem fecundùm diverfitatem materia: unde vulgare illud, iiiallieninlictis ab/lrahil à materià. Phyficus, è contrario, corpus phyficum primo ac per fe confideforniit:
:
piout materiale
ac mobile, mutabile aut immutabile, cor-
»
rat,
»
ruptibile aut incorruptibilc,
»
mathematicum
>
fcilicet
»
phvficum,
.)
exercet operationes. Vide ev^o^/ubjuiixi, quhni diverfa
»
tu confundis,
»
& «
illo
Imô.
;
idem autcm Phyficus fpatium
per illud extenditur ac movetur corpus
i^:
eodemque
quorum
diverfa: proprietates.
—
i*
confiderat fecundariô tantùm atque ex accidenti,
prout in in
eft
inqiiit,
taie
fcilicet
corpus, agendo
&
&
patiendo, fuas fint
conceptus formales funt
caqute diverfi,
»
habeo fane quôd
glorier,
dum
video
me
Meoi-
»
TATioNiuus meis, ultra fcientiîe vulgaris terminos eoufque ereâlum,
»
ut clarè
&
nempe corpus
»
fus elfe,
1)
intelleclùs,
»
nem)
» ')
"
» » 11
duo
&
& cognofcam
id
unum idemque
proi-
fpatium, quod vos, nefcio quà cœcitate
diltinCta exilUmatis. »
Hic ego {fenfi enim iiimiùm amabili tiiorbo detiiieri hoiniLaudo, inquam, nec tantœ felicitati invideo; quin potius, ut illa tibi perpétua e\iitat, votis quàm poffum maximis opto. Porrô ignofce, quœfo, cœcitati noflra; quà fadum eft ut, perIcctis attenté non femel fublimibus illis tuis Meditationibiis, neque id à nobis tantùm, fed infupcr à multis ex noftris amicis fummi ingenii viris, ac fententiis in unum coUatis, tamen eximium illud minime animadverterimus; fed praeter mera.cogitata ac vana fophifmata nihil quidquam nobis, fummo noftro infor-
«
»
—
dilHnclè videam
:
ŒUVHKS.
VI,
87
690 »
Additions.
tunio, falfà aliquà fpecie delulis, apparucrit...
MS.
thèque Xatioiiale,
i
1
f" 2(5
197.
» (Paris, Biblio-
sqq.)
dernière phrase rappelle une phrase toute semblable, à
i.a
des
lat.
f.
6'""
Objeâions
^'11,
(t.
p.
421,
la fin
G-19), faites d'ailleurs par
1.
» Philofophi £ Geometrœ ad semble donc bien que ce sont les mêmes, qui se réunissaient chez Montmort, ou chez Mcrsenne, et devant qui Roberval entreprit Descartes sur sa philosophie, l'été de 1648. <<
des philosophes et des géomètres
Dominuin
Cartejitim.
MSS. (Papiers
I>E I.A
BiBI.IOTHÈQUK RoY.M.E DE HaNOVRE.
Lcilmiz
rie
:
II
:
1\'.
Vol.
1.
4.
h.
Excerpta ex
C'.artc.titf.)
Les MSS. de Hanovre, relatifs à Descartes, nous ont été envo\és en communication à Nancy, grâce à l'obligeance du Bibliothécaire, le Professeur Karl Kunze, successeur d'Eduard Bodemann (décédé le
23 septembre H)o6).
Nous en avons
fait
une dernière
et
scrupu-
leuse recension, qui nous a permis de rectifier sur bien des fautes
encore
dans
lectures antérieures.
les
la
partie déjà
Le MS. publié au
1.
Voici ce qui n'a pu trouver place
imprimée de notre
t.
X,
p.
2C)?t-27ri,
commence
ainsi
:
Progymiiafmata de foliJorum Elemeitlis ex Mjo Carlejîj. (Page I.) Il convient donc de corriger le titre imprimé, t. X, p. 265,
de se reporter à l'inventaire publié
et
texte.
Dans le MS. non pas F :
Page 2Ô6,
1.
14
:
:
U ex
u,
1.
iS-ij.
sont bien écrites ainsi,
et r.
3-7
l'autre 1.
les lettres initiales
ibid., p. 10,
1,
et
:
:
En marge, tetraedrum
coiidneiilur.
trois
mots, écrits l'un au-dessous de
— cubiis — oâaedrum.
MSS. DE Hano\re. Page 207, 1.
5
'•
-f»'
4-
;
12.
''^-
I
I
8
|
pour qui). un signe "
:
20...
|
I
4
]
6
|
20
12.
|
Rhomboeides.
:
Page 268, 1.
-^
691
iT)
1.
et 18
qucc (à tort,
:
19-20. Après incliuationis, être ci\.ialcs
(qui rfemplace peut-
cjfe').
Page 269, I. ille (au lieu de hac, inauvaise lecture). 1.8: Numet'us, à la ligne. 1. 10 yutic /i... même remarque. 1. 18 Rhomboeides (et non pas ê rlioiuboides). I
:
:
:
I.
19
:
a.'quilalei\i.
:
La première page du MS. s'achève sur ce mot; et la seconde, au commence par Omnium... etc., si bien qu'il y a séparation
verso,
:
effective entre
Page 270,
1.
l,es
1
deux
67
:
.•
textes.
deux points bien marques).
(les
T
nalis (OU Tetragonalij), le
2
1.
9
—
colonne), et
(S*-"
i5 (i" et 2' colonnes)
1.
qu'aux colonnes I
non pas
fublala (et non /ubhlo).
:
:
les signes
ne sont pas reproduits, par abréviation, étant
1.
Tetrago-
(et
sans virgule ensuite.
fit) 1.
— Jît
majuscule.
(col. 2)
I
:
chiffre
1
et 2,
1.
—
,
-f-,
mêmes
11.
seulement (au
i
les
lieu
de
12, le
second chiffre
axant été oubliée 1.
14 (col.
2)
:
Dodecadron.
\sic,
y compris
le
point, signe abré-
viatif).
Page 272,
1.
7
:
differentias...
defniemus.
prioris doit être placé devant /-/, à quoi
il correspond 11-20, 32-2r, 64-32, Les cinq autres inégalités 107-43, 161-54, se trouvent rangées toutes au-dessous les unes des autres, et forment une même série. Note b inexacte les lignes et 2, Qui... erant, font partie d'une note suivante, dans le MS. même; et la première note, Harum..., répond à un renvoi placé après ...j augulis
1.
7
:
en
effet.
:
i
:
1. 24V 6 quadralis
(p. 271. 1.
lu
I.
I
:
:
1
Page 273, 1.
et
El hujus. [pvu 1.
20-23
7 :
:
lau lieu de 16). Hujiis^.
au-dessous de 120, entre parenthèses [245]. + et manquent, aussi bien que dans
les signes
gnomon
—
suivant, p. 274.
ceux qui précèdent.
1.
5-8, étant les
le
mêmes que dans
Additions.
692
Page 274, note a inexacte; le passage visé se trouve non pas placé ici, mais seulement indiqué par un appel de note, et transcrit en marge. 1. 1-3 en regard de ce gnomon se trouve un N B., auquel répond la note suivante en marge du MS. « Qui ad fmi» Jïvum lattis litiece, chamâeres in Mfo. elifi & diibii eraut. » (Neque hic gnomon cum numeris convetiit, ut in priori» bus.) » La fin de la note est donc inexacte. 1.3: 2-/0 (et non /70). 1.4: algebraici.
Page 273,
:
:
I.
I.
9
&c. n'existe pas.
:
19
au
:
de
lieu
on
2,
lit
5
o\i
6
?
Page 27G, 1.4: algebraicus. Tabli;au, i" colonne
à partir de la ligne 6, les
petits carrés col.
V et [J.
:
de
à partir
:
la
ligne 7. jusqu'à la fin, les caractères cos-
siques ne sont plus reproduits, étant. les
qui se trouvent au-dessus d'eux. De et
à partir de
-(-,
y col.,
1.
4^ col..
1
1.
1
I
col.,
1.
2
la.
:
g245
:
I (pro \).
(pro 8 v/8). o"-"
mots iriangulis
qnadratis sont remplacés par de petits triangles et de
et
2''
:
—
1.
6
:
même
1.
i3
le
^
ceux
les signes
—
ligne 9.
(pro 2^45).
-
1.
5
:
yî
(pro ^).
—
1.
10
v^S
î
v'D (pro 0^).
:
Fit ex tetraedro cujus latus
:
long. —
mêmes que
final
manque. —
ejl 1.
8
sQ^, écrit tout au :
^
-f 6 v^2 (aj'^uté
avec une ligne de raccord, et ces deux mots au-dessous
:
de plutôt y'^ le premier (pro 1 paraissant barré) -\- -, Vi '^. 1'3 y ^ Avant la dernière ligne Superfunt...^ cette note entre parennejcto cur)\ et ceci: y'^ (ou 1
i
,
—
.
:
:
thèses
:
Alio atramento afcriplum erat.
B.
Voici maintenant les
de
la p.
1.
10
:
t.
XI,
à partir
nonnihil, écrit d'abord; puis nihil barré, et mul-
/«w. écrit à 16
Page 33
présent
349.
Page 349, 1.
MSS. imprimés au
:
1,
la suite.
illorum, écrit d'abord, puis corrigé en illarum. 1.
ô
:
b/pro
(df, correction».
MSS. DE Hanovre. Page 55
3o
1.
1,
Page 552,
autem. Signe àbréviatif seulement
:
19
1.
26
11.
du MS.)-
fecui on fecat'i ?
:
Page 553,
:
...correfpondentes; aliœ quatuor, titrinque duce,
:
erant... (leçon 1.
69J
5-6
I.
imo... rudimenta, ajoute en
:
marge avec un renvoi
après cavix. 1.
iN
fuperior (pro /uperius, correction).
:
Page 553,
24, à p. 554,
1.
1.
2
alinéa barré de
:
deux
traits
en croix.
à gauche, et d'une barre transversale à droite, avec cette
note en marge
Page 554,
28
1.
549,
p.
:
1.
7
1.
Hœc
delela erant.
primum, c'est-à-dire le foie du premier veau, 4, et non pas du second, p. 553, 1. i; vient ensuite
un troisième, Page 557,
:
p. 556,
I.
22.
cavce (pro aorta;, conjecture; voir ci-après,
:
1.
i2-i3
et 22-23).
Page 558,
20
1.
ul (et
:
Page 559, 1.19:
non
at).
teufa écrit d'abord, puis
/
changé en d
:
denfa.
attrahens. Une tache d'encre cache le milieu du Page 56o, 1. 21 mot, et ne laisse lire que les dernières lettres ens et la pre:
mière
Page 56 1, 1.
1.
art. ipro arteriofœ
:
29 perexiguum \
Page 562, 1.
i
a.
1
1.
5
2-3
:
(et
,
non per exiguum),
videbantur
let
non oriebantur).
jungerentur. Apparebat (pro jungeretur. Apparebaut
:
correction^i. \.
21
:
1.
3o
:
Page 565, et 1.
vel arterias uervos (pro arterias vel nervos).
pectoris (pro cordis, correction; voir.l. 24-25). 1.
3 et
4
4)
40
(1.
16 et 17
:
tertium... feptem.
:
1.
Page 569,
1.
6-12
craffiores, conjecture).
5
:
(1.
ci-avant, p. 55i,
1.
3o.
[\.
2).
répond à un signe d'appel, Mais les mots ijiœ rugcu répon-
3'.
Tamen De même
tum.
au-dessus.
comme
cette parenthèse
:
dent à rugofus 1.
7"",
:
après fejunge ban tu7-
Page 571,
3''""'...
très lisiblement.
in dextram. 8-9 28: autem. Abréviatif,
1.
:
refleélebantur; in aorta qui crajjiores (pro rejlede-
banlurin aortam; qui
Page 567,
Le MS. donne
écrit d'abord, puis barré, et lu récrit 1.
19.
Additions.
694
infra dextram auriculce parlent, écrit d'abord; puis partent barre, sans qu'on ait corrigé auriciilce, comme il
Page 572,
1.
5
:
fallait 1.
3o
1.
3i
auriculam.
:
:
médium deux
:
hic os, écrit d'abord: puis hoc, récrit au-dessus, sans
fois.
que
hic ait été barré.
autem. Signe abréviatif, comme p. iù-. 1. 28. 20 ex aquçe iitttis commoUv (pro ex aqnâ inhis commotâ, correction; ou bien un mot a été omis).
Page 575, 1.
1.
2
:
:
Page 632, 1. 4, le MS. donne ramorum. Nous avons corrigé racemorum, par analogie avec racemis (p. 03i, 1. 22). Page 642, 1. 19 les deux copies MS. donnent bien l'une et l'autre, :
:
:
lisiblement
et très
Figures.
—
i"
horarij.
:
La seconde des deux
figures IX, celle
qui
est
marquée m, est accompagnée, dans le MS., de la note suivante en français comme le Jîl fimple au contraire du fil retors. :
2°
Les deux figures
p. Sy4,
1.
4-5, et
XXII correspondent au
texte
indiqué,
p. 534-333. Elles doivent donc rempage 534, 'V^^ sont celles de l'édition d'Ams-
imprimé
placer les figures de
la
terdam \i7oi}.
DE REFRACTIONE. Pat;c 643.
En
calculant
on trouve en
la
formule
effet
:
:
— 3,5
—\c + c
-|-
y^' ce
^' °^ on obtient
3,527
-\-
^ ce,
^'^^^
le même résultat, au 0,027 ^ chiffres. moins en ce qui concerne les premiers Quant au sens général de la phrase, et à l'origine de la formule, voici ce qu'on peut supposer. Il s'agirait d'une lentille formée de la partie commune à deux sphères de même diamètre. Ce diamètre '^-
Si l'on
compare
à
c,
d'ailleurs n'est pas celui qui est désigné par la lettre
ne désigne pas non plus désignerait probablement serait placée la lentille,
la le
largeur
A
c, et
A' de la lentille.
cette lettre
La
lettre c
diamètre du tube à l'intérieur duquel dans une lunette d'approche. Par-
comme
De
Refractione.
69^
tant de cette supposition, et prenant en outre
(diamètre de
sphère) égal à
la
^
c [auquel cas,
=
AA
AA'
^
g
c.
^^
BW
de BB'j, on
B' voit par le calcul
par l'équation
que l'épaisseur
^
— BD de
la lentille est
donnée
:
4- 2
^
ce
—
-^ c=
=
o.
D'où
e^-lc + s/fTTTW^. (Note due à l'obligeance de M. Henri Vogt, professeur de mécanique appliquée à l'Université de Nancy.)
A
la
ligne suivante,
I.
6-7, au sujet des expériences envoyées par
Beaune à Descartes, sur la réfraction, voir deux lettres, du 20 février et du 3o avril i63g (t. II, p. 5 12, I. 14, et p. 342, 1. 3-4). F. de
Enfin rappelle p. 32,
I.
comparaison qui suit des diverses réfractions, 1. 8-12, un passage d'une lettre à Mersenne, du i"'' mars i638 (t. II, i-4\ où il est précisément question aussi de Vhiiile de sel,
la
désignée dans
le
MS.
par les anciens caractères des chimistes
petits cercles disposés en triangle, et
d'un diamètre horizontal.
:
trois
un cercle plus grand coupé
.
Additions.
696
PARALLAXE. Page ô5o.
Ad
observaudum an
parallcixis.
.
Voici une intcrprctation de ce passage, due à M. Gaston Floquet,
professeur d'analyse à l'Université de Nanc}'.
Parmi
les
modes de détermination de
qui requiert deux conditions
:
c'est-à-dire assez brillante; et
la
parallaxe,
il
en est un
une première étoile, assez grande une seconde, plus petite ou plus
mais assez proche de la première. Considérons la Grande Ourse, composée, comme chacun sait, de quatre étoiles en carré a. g. -; et î. avec trois autres à la suite faible,
:
^"*~^-^
4
\
r. •f. I
:
Parallaxe. distante que de 12 (exactement
697
soit un peu plus du tiers du diamètre apparent de la Lune. Cette petite étoile, g, appelée aussi « le postillon d, ou bien Alcor, est située sur la ligne droite qui joint Miv:^ar ^x l'étoile i de la queue du Dragon. Par contre, ni l'une ni l'autre des deux conditions ne se trouve réalisée pour une autre étoile de la Grande Ourse la laquelle on avait, sans doute, aussi songé) l'étoile du carré, qui est la plus voisine de la queue, siella quadrali caudce proxima, c'est-à-dire l'étoile c. D'abord elle n'est pas assez brillante bien que notée de seconde grandeur, secundœ maguitudinis, elle apparaît beaucoup plus petite que les autres, muUo miiior aliis apparuit. De plus, l'étoile qui vient ensuite, sur le côté inférieur du carré, c'est-à-dire 11'. 48"),
:
:
l'étoile
-;,
pas assez proche;
n'est
distante, en
elle est
beaucoup de minutes ». Nous corrigeons leçon du MS., en miillis miuiitis. En outre
<(
uuiltam miiutlam
premier, par
remplaçant
second
et
de
:
du copiste, mot mal lu pourrait
faute
la
ce copiste, et
;
le
effet,
mullam minutam, le MS- donne et et peut n'être que la répétition du ou bien une mauvaise lecture de ici
le
Stella quadrati...
de
la
être eam, écrit en abrégé, et phrase précédente. On aurait un
en lisant et eam multis minutis advertere potui ejusdem quadrati vicinam, « et J'ai pu remarquer voisine de beaucoup de minutes [et par conséquent
.sens satisfaisant,
:
iiiferiuris seqiientice »
qu'elle était
»
trop éloignée) de
»
inférieure
du
la
même
suivante carré
».
(lire sequentis, plutôt que sequentiœ, Le MS. n'étant qu'une copie remplie
de fautes, de pareilles corrections ont en elles-mêmes leur excuse et leur justification.
L'étoile 5 doit
donc
être écartée,
comme
ne satisfaisant pas aux
l'étoile r. Mir\ar, qui y satisfait. Elle mettre en évidence un effet de parallaxe, à cause de son voisinage avec Alcor. Cette dernière, en effet, étant très faible, se trouve probablement beaucoup plus loin dans le ciel, et par suite sans parallaxe sensible, de sorte qu'elle peut être regardée
conditions requises. Reste
semble propre
à
comme un
repère fixe. Dès lors, en raison du voisinage, tout déplacement parallactique de Mir\ar pourra être facilement constaté. Voir toutefois l'article 40 de la troisième partie des Principes, et t. IX (2' partie), p. 121. t. \'III, p. 3 1
1
ŒuvRKs.
,
VI.
.
88
698
Additions.
MONDE DE DESCARTES.
LE
Traitiî de la lumière. Pages 3-1 18 ci-avant.
Le Monde qui
est
ici
public, p. 3-i iS, n'est pas l'ouvrage entier
que Descartes avait composé sous ce titre ce n'en est qu'une partie, peut-être une ébauche incomplète, tout au plus une première rédaction, laissée inachevée, ou dont la suite est perdre. Mais le texte est authentique, à n'en pas douter; et pour nous en convaincre, en même temps que pour en déterminer l'importance et la valeur, nous avons jusqu'à trois moyens de contrôle, dont il convient de le rapprocher. Ce sont, d'abord, les indications que la Correspondance donn-e à ce sujet, de 1629 à 1634; puis un sommaire complet que Descartes a publié de son ouvrage, dans le Discours de la 'Méthode, en 1637; enfin les Principia Philosophiœ de 1644, du moins certaines parties des Principia, où les mêmes matières se :
retrouvent développées. Sitôt installé en
Hollande,
et
les
neuf premiers mois de son
séjour. Descartes s'occupa d'un petit Traité de Métaphysique. Mais il
fut
interrompu par des recherches de Dioptrique, et surtout par phénomène signalé à son attention l'été de 1629, les
l'étude d'un
Parhélies observés à
rendre compte,
le
Rome
le
20 mars précédent.
philosophe pensa
tous les Météores (8 oct. 1629,
t.
I,
Pour
s'en bien
examiner par ordre G-7), et ceci le ramena
qu'il devait p. 23,
1.
Physique (t. I, p. 70, 1. 8-1 1). Il prit alors le Physique avant sa Métaphysique, et de garder celle-ci par devers lui. En moins d'un mois, semhle-t-il, il conçut le projet d'un ouvrage entier et complet; il trouva même le biais le plus commode, ou le jour le plus favorable, sous lequel il le présenterait au public. Sa Physique prendra la forme d'un Traité de la Lumière, sans y rien perdre pour cela tous les phénomènes de la nature, les Étoiles fixes et le Soleil, les Comètes, les Planètes et la à l'étude de toute la parti de publier sa
:
Terre,
l'Homme même, y
trouveront place, et ce sera véritablement
un Traité du Monde. La rédaction qui nous en
est restée,
comprend d'abord quinze
inachevé. Les cinq premiers servent d'introduction, et l'ouvrage ne comn>ence véritablement qu'au sixième.
chapitres, dont
le xv*-'
Le Monde de Descartes.
699
où Descartes expose ce
qu'il appelle « la Fable de son Monde » expression qui apparaît pour la première fois dans une lettre du 25 nov. ib3o (t. I, p. 179, 1. 16, mais qui devait être bien antérieure, à en juger par la correspondance. Le chapitre insiste sur la différence entre les objets eux-mêmes :
1
que nous voyons, touchons, en un mot que nous sentons, et les sentiments que nous en avons deux choses qui n'ont rien de semblable, en dépit du préjuge commun. Descartes donne comme exemple le langage et la pensée (t. XI, p. 4, 1. 3, à p. 3, 1. 2); et dans une lettre du 20 nov. 1G29 il traite, en effet, du langage, pour un projet de langue universelle ..t. I, p. 76-82,1. Il donne ensuite :
l'exemple des sons et de ce qui les cause en dehors de nous (t. XI, p. b, 1. 3-2o); nombre de- ses lettres de 1629 et i63o contiennent aussi des remarques sur les sons, en re'ponse à des questions de
Mersenne ou à des passages de lettres de Bccckman. Le chapitre 11 traite du P'eu, qui brûle, qui échauffe, qui éclaire, trois faits que Descartes explique, non par des « qualités » plus ou moins occultes, à la façon des scolastiques, mais selon ses principes, par des p. 7- 101.
mouvements de
Le chapitre
m
particules
de
la
matière
même comment
explique de
(t.
XI,
certains corps
sont durs, et d'autres corps liquides (entendez par là Huides également), et n'a point recours davantage à des « qualités » de dureté ni de liquidité (t. XI, p. 10-16). Or en janvier iiiSo et le 25 février
Mersenne qu'il a dressé une liste de qualités, en s'aidant de Bacon, et que c'est une des premières choses qu'il tâchera d'expliquer ce qui sera facile, ajoute-t-il, une fois les fondements posés (t. I, p. log, 1. 21-27). Ces fondements ou principes ne sont autres que la Matière subtile, dont il parle aussi à Mersenne pour la première fois, vers cette date, en lui recommandant à demi le secret (t. I, p. 19, I. 20-21). Et cette question est liée pour lui à celle du Vide, qu'il résout, comme on sait, en le supprimant la lettre du 2 juin i63i est assez explicite à ce sujet (t. I, p. 2o5-2o8); suivant,
il
écrit à
:
i
:
mais bien avant cette date. Descartes avait son opinion la laisse
entrevoir dès
chapitre
iv,
chapitres
m
sur et
le
8 oct. i()29
le \'ide (t.
11,
sur
la
XI,
Dureté
(t.
I,
p. 25,
faite, et
9-12). Aussi
il
le
immédiatement
les
Liquidité, et sur les qualités
du
p. i6-23), suit-il
et la
1.
chapitre v termine naturellement cette introduction par une théorie des trois Eléments (t. XI, p. 23-3 1). Ils ne sont que Descartes le démontre, ou s'imatrois, en effet, et non pas quatre
Feu. Enfin
le
:
pense savoir ces choses, écrit il à Mersenne, (t. I, p. 120, 1. 1-2). Et dans la même lettre du iô3o, on trouve la comparaison d'une éponge pleine
démontrer. par démonstration
gine
le
25 février
Il
,
joo
Additions.
d'eau, pour expliquer
le
passage de
même
matière subtile dans
la
pores
les
du chapitre v (t. XI, p. 3i p. 119, 1. 7-12). Mais surtout plus tard, dans une lettre du 9 janvier 1639, Descartes ne veut pas cacher plus longtemps à Mersenne sa théorie des trois Éléments, et il la résume en une note toute semblable au passage essentiel du chapitre v (t. XI, p. 24-25, et t. II. p. 4S3-484, (t. I,
et p.
1.
564,
1.
1
9-10); voir de
à la fin
1-16).
Avec le^ chapitres vi et vu commence véritablement l'ouvrage. L'un traite de la Matière, que Descartes explique par l'étendue indéfinie des géomètres, sans avoir besoin des « formes » ni des «
qualités
vement Nature I.
12)
:
de l'Ecole (t. XI, p. 3i-36); l'autre traite du Moudes Lois du Mouvement, qu'il appelle les Lois de la
»
et
3Ô-48).
(p.
Il
les
appelle aussi des Vérités Eternelles
or dans une lettre du i5 avril i63o,
il
annonce
(p.
47.
qu'il parlera
de celles-ci dans sa Physique avant qu'il soit quinze jours (t. I, p. 146, 1. 10-11), et il y revient dans deux lettres suivantes de mai
i63o
(p.
aussi, le
149 et p. i5i). Quant à la Matière, comme il déclare 27 mai i63o, qu'il est en train d'expliquer dans son Traité
que deviendront les » formes et qualités » des Scolastiques (t. I. i54, 1. 9-1 3), on peut croire qu'il écrivait alors le chapitre vi aussi bien que le vu'. , Les chapitres viii, ix et x. qui viennent ensuite, traitent successivement des Etoiles fixes dont le Soleil (t. XI, p. 48-56), puis des Comètes (p. 56-63), enfin des Planètes dont la Terre avec la Lune (p. 63-72). Descartes explique leur formation dans ce Monde, dont il raconte l'histoire comme une fable ou un roman. Et ce p.
comme
il
a laissé loin derrière lui le
dans les espaces imaginaires, et Copernic. Le 23 déc. i63o, de démêler I.
le
il
Chaos, pour en
monde
écrit à
réel,
meut
se le
Mersenne qu'il Lumière
faire sortir la
à l'aise
système de est en train (t.
I.
p.
194,
13-24), c'est-à-dire, sans doute, les corps qui produisent celle-ci à
nos yeux,
les Étoiles fixes et le Soleil
:
il
ajoute que toute
sique est presque comprise en cette matière le
il
librement
suit
(1.
la
Phy-
15-17). Plus tard,
10 mai i632, après qu'il a expliqué déjà, ce semble, théori-
les Comètes et l'ensemble du monde imaginé par lui, il songe à reprendre pied dans la réalité, et demande un recueil des observations qui ont été faites sur les Comètes réellement apparues (t. L p. 25o-25i). Et il ne désespère pas d'expliquer la cause de la situation des Étoiles, bien qu'elles paraissent fort irrégulièrement
quement
éparses çà et tenté de
là
le faire
y avoir/éussi
dans notre Ciel it. I, p. 25o, 1. 2o-23j déjà dans ses Cieux imaginaires, et ne
(t.
XI,
p. io5,
1.
23, etc.)?
:
n'a-t-il
point
pense-t-il pas
Le Monde de Descartes. Après
701
Lune, on trouve, comme Pesanteur (t. XI, p. 72-80), et un chapitre xii, sur le Flux et le Reflux (p. 8o-83). Or, en octobre i63i, Descartes écrivait à Mersenne qu'il lui faudrait, sous peu de jours, expliquer dans son Traité la cause de la pesanteur (t. I, p. 222, 1. 3-i6). Et il en reparle dans une lettre suivante, d'octobre ou novembre i63i il tâchera d'expliquer quid sit gravitas, leuilas, durities, dans les deux chapitres qu'il a promis d'envoyer à la fin de cette année (p. 228, 1. 10-14). Plus tard, il s'en ouvrit à Debeaune, dans une lettre du 3o avril 1639 (t. II, p. 544). Quant à la question du flux et du reflux. Descartes n'en fait mention qu'un peu après, dans deux lettres de nov. ou déc. i632 et du 14 août 1634, mais pour dire qu'M l'avait expliquée dans son Monde, comme Galilée, par le mouvement de la terre, et cela avant d'avoir lu Galilée, et d'une façon toute différente de la sienne (t. I, p. 261, chapitre x, sur
le
est naturel,
il
la
un chapitre
Terre
xi,
sur
et la
la
1
:
1.
le
21-26, et p. 304, 1. 7-1 1). Beaucoup plus tard encore, il fit mieux 6 août 1640, il communiqua à Mersenne, en confidence, son :
du
explication
Monde,
~
flux et
du
reflux, telle
qu'il
donnait dans son
la
c'est-à-dire avant les retouches qu'il lui
fit
subir ensuite
pour l'accommoder, dans les Priucipia de 1644, à une hypothèse différente de celle de Copernic; et cette explication communiquée en 1640 est la même, à quelques phrases près, que celle du cha(t. XI, p. 8o-83, et t. III, p. 144-146). Les deux chapitres suivants, xiii et xiv, sont tiels, sur la Lumière (t. XI, p. 84-97) et sur
pitre XII
Lumière
les les
chapitres essen-
Propriétés de
la
97-103). Si Descartes n'en parle expressément nulle part dans ses lettres, on peut dire aussi bien qu'il y pense chaque {ib., p.
fois qu'il parle
Traité de
la
Lumière.
Enfin, après les
de son Monde, puisque celui-ci n'est autre qu'un chapitres
les
vi et
vu, qui posaient les fondements, et
chapitres vni à xiv, qui construisaient
l'édifice.
Descartes aurait
montré, chapitres xv, xvi et xvii, que cet édifice n'a rien d'imaginaire, et qu'il est tout semblable au monde réel que nous habitons.
Mais il n'a fait que commencer cette dernière tâche du moins nous n'en avons que le commencement, une partie du chapitre xv, où il ne parle guère que des Comètes, et de leurs chevelures, et de leurs queues... (t. XI, p. 104-1 18); il nous manque les chapitres xvi :
comment? On ne
et xvii.
Descartes
dire.
rencontrait désonnais bien des obstacles. C'était d'abord
Il
l'explication des «
(comme le
pesant
le
chaud
les a-t-il
lormes
rédiges,
» et
des
«
qualités »,
et le froid, le sec et
et le léger),
mais dans
et
l'humide,
les différents
saurait
non plus en général le
dur
et le liquide,
corps qui se présentent
~oi
Additions.
ou esprits, eaux lortes et eaux compour cela des expériences, et nous le voyons, dans une lettre du 5 avril iG3-2, fort occupe à en faire (t. I, p. 243, 1. 19-221; depuis deux ans d'ailleurs il étudiait la chimie (lettre du i5 avril itjSo, t. I. p. 107, 1. 5-hi. Mais qu'iitait-ce que deux années, surtout si l'on songe au projet ambitieux que Descartes nous révèle presque à cette même date, 10 mai i632 non plus seulement deviner à posteriori, et par leurs effets, les diverses formes et essences des corps terrestres mais les connaître à priori, en les déduisant de l'ordre des Etoiles fixes dans le Ciel (t. I, p. 23o, nous munes,
à
:
huiles, eaux-dc-vi'j
sels, etc. Il lui fallait
:
;
I.
de
21, à p. 23
1,
retrouver un
le
C'était le rêve des astrologues, et
2).
1.
moment
chez notre philosophe.
est
il
Il
cette science, reconnait-il, dépasse la portée de l'esprit
curieux
s'en excuse
humain;
:
et
ne saurait s'empêcher d'y rêver 12-16). En 1637, il y avait franchement renoncé (t. I, p. 252, 1. (t. VI, p. 64). Et peut-être ne s'y était-il pas attardé trop longtemps, pressé de se remettre à l'anatomic, pour l'étude de l'homme. En effet, au mois de juin 1632, afin de terminer son Monde, il toutefois
il
est
si
peu sage,
qu'il
parle d'y ajouter quelque chose touchant (t. I,
264,
p.
1.
I
1-12)
:
non pas
pensé d'abord, comment se serait trop long (p. 264,
I.
la
nature de
THommc
y avait génération des animaux, ce qui
qu'il veuille décrire, ainsi qu'il
fait la
5-9) et sans doute trop difficile;
mais
il
expliquera au nioins. dira-t-il en novembre ou décembre i632, toutes les principales fonctions de sera là
chant
l'homme
une seconde partie du Traité du
les
(t. I,
Monde
corps inanimés, est achevée. Descartes
mai 163? (t. I, Entendons par
p. :
la
263,
1.
1-8).
Ce
première, tou-
le dit
à plusieurs
en juin suivant (p. 254, là qu'une première rédaction est sur le 1. 9-10). papier il resterait à la mettre au net, ce qui amènerait peut-être bien des modifications. Cette rédaction est sans doute celle qui nous a été conservée, et que nous donnons en tète du présent reprises, 5
p.
248,
1.
6-9), et
:
volume. Descartes ne publia point son Monde : la condamnation de Galilée, en i633, l'en empêcha. Mais, en 1637, dans le Discours de la Méthode, il donna, au commencement de la V» partie, un som-
maire complet de son grand ouvrage. déclare-t-il, qu'en disant
ici
"
Il
ne saurait mieux faire, « ce que cet ouvrage
sommairement
24-25. Il en indique d'abord le dessein la Nature des choses Matérielles » (I. 26-27). ^'"^ PO"'" expliquer cela il prit le biais de traiter de la Lumière (p. 42, 1. 4-5). Cela comprend tout, en effet le Soleil et les Étoiles, qui la produisent; les contient
(t.
VI,
p.
41,
><
:
I.
:
Monde de Descartes.
Le
jo}
Cieu\, qui la transmettent; la Terre et les Planètes, qui la réfléchissent; tous les corps, qui sont ou colorés, ou transparents, ou
lumineux; enfin l'Homme même, qui en est le spectateur (1. 5-i3i. Il prit encore un autre biais, afin de ne point indisposer les doctes (c'est-à-dire les Théologiens aussi bien que les Philosophes) et c'était d'abandonner ce monde réel à leurs disputes ou controv,erscs, et de créer, par la pensée, un nouveau monde tout exprès dans les espaces imaginaires (ib., 1. i3-27). Et nous voilà justement ramenés au chapitre vi du Monde, tel qu'il nous a été conservé (t. Xl,p. 3i). A partir de ce moment, si l'on suit, phrase par phrase, le texte du Discours de la Méthode, et si l'on reprend, chapitre par chapitre, le texte du Monde, on s'aperçoit que chaque phrase correspond à un chapitre exactement, et que l'ordre est le même (ou peu s'en faut) des deux côtés. La première phrase, en effet « Je décrivis cette matière....» :
:
(t.
VT,
p. 42.
1.
27, à p. 43,
pitre VI, intitulé
d'un côté
combien on
de
se passe
pourrait servir de titre au cha-
5),
a
De
la
l'autre,
on
insiste
lui-même
comme
1.
:
aisément des
Matière
«
»
(t.
XI,
p. 3t-36); et
sur l'essentiel, à savoir
formes
»
et
des
«
qualités
»
en
usage dans l'École.
La phrase suivante I.
parle des Lois de la Nature
5-12), et c'est précisément aussi
le
titre
(t.
\T,
du chapitre vu
p, 43, (t.
XI,
p. 36-4H), où il est question du Mouvement d'abord, puis des Lois du Mouvement, avec leur caractère d'universalité. La troisième phrase (t. VI, p. 43, 1. 12-19) rappelle comment du Chaos primitif ou de la Matière se sont formés, en suite de ces lois, les Cieux, la Terre et les Planètes, les Comètes, le Soleil et les Étoiles fixes. Et c'est, dans l'ordre inverse, ce qu'exposent les chapitres VIII. IX et X du Monde (t. XI, p. 4S-56-63-72). La quatrième phrase (t. VI, p. 43, 1. 19-25) nous apprend que Descartes s'est étendu ensuite sur la Lumière et ses Propriétés. Tel est bien aussi (en sautant par-dessus xi et xii) le sujet que dévelop-
pent
les
chapitres
xiii et
xiv
(t.
XI,
p. 84-97-103).
ressemblance entre le réel où nous vivons i). Même insistance, et pour le même (t. VI, p. 43, 1. 25, à p. 44, 1. objet, d'autre part, dans le chapitre xv d'ailleurs inachevé (t. XI,
La cinquième phrase
nouveau monde
p.
insiste sur la parfaite
ainsi expliqué et le
monde
104-1 18).
le Discours de la Méthode, permet de ce chapitre xv, comme aux deux chapitres suivants xvi et xvii. qui manquent totalement. D'abord
Mais ce qui vient ensuite, dans
peut-être de suppléer ù
la fin
Additions.
704
Descartes mentionne son explication de la Pesanteur (t. \'I, 1. 2-6), puis celle du Flux et du Retlux (1. 6-10) et ce sont
p. 44.
;
là les
deux chapitres xi et xii de notre Monde (t. XI, p. 72-80-83), bien qu'un peu changés de place. Descartes traitait ensuite divers sujets les Vents sous les tropiques; formation des Montagnes et des Mers, des Fontaines et des Rivières, des Métaux dans le.s mines, et des Plantes dans les campagnes (t. VI, p. 44, I. 10-29). Enfin il terminait par une explication du F'eu, et d'un de ses plus curieux effets, la production du Verre (p. 44, 1. 29, à p. 45, 1. 3). Rien de toutes ces choses n'a subsisté dans notre Monde; mais on les retrouve, en latin, à la IV'= partie des Principia Philosophie. :
L'ordre n'est plus tout à fait le même, il est vrai; encore y a-t-il des séries d'articles qui correspondent bien à telle ou telle question, du Discours de la Méthode. Ainsi la Pesanteur est traitée de l'article
un
20 à
27 inclus (t. VIII, p. 212-217), ^^ '^ F\ux et le Reflux peu plus loin, de 49 à 56 (p. 232-238). Ces deux questions
même
une importance particulière on y voit comdans sa nouvelle hypothèse, voisine de celle de Tycho-Brahé; et on peut comparer avec ce qu'il avait dit d'abord en suivant celle de Copernic (t. XI, p. 72-80-83, et t. III, p. 144-146). Entre ces deux questions, dans les Principia, il avait parlé des Montagnes et des Mers, art. 44 (t. VIII, p. 23o); et un peu après, des Fontaines et des Rivières, art. 64 à 70 (p. 242-246); et des Métaux et des Mines, art. 7 à 76 (p. 24G-248). Mais où la concordance apparaît le mieux, c'est lorsqu'il s'agit du Feu la phrase du Discours de la Méthode (t. VI, p. 44, 1. 19-29) énumère, point par point, ce qu'on retrouve, sur le même sujet, dans les acquièrent
ment Descartes
ici
:
les traitait
1
:
articles des Principia. Je m'étudiay, dit Descartes, h faire
bien clairement tout ce qui appartient à le titre
de
art. 81
à
comment
il
(p.
80
(t.
VIII, p. 249-250)
250-254);
n'a parfois
(p.
256-258);
(p.
254-256);...
et
comment
que de
;
comment
il
se fait,
se nourrit, art.
chaleur sans lumière,
83
et c'est
voir les
(p.
25o);
et q3 lumière sans chaleur, art. 90 et 91 fond quelques corps, art. 118 (p. 267-
quelquefois de
comment
il
entendre
natuie du Feu,
il
la
art.
92
la
en durcit d'autres, art. 119 (p. 268); enfin comment il forme du verre. Descartes déclare qu'il avait pris particulièrement plaisir à décrire la transmutation de cendres en Verre; en effet dans les Principia, ceci ne remplit pas moins de huit articles, 124i32 (t. VIII, p. 270-275). Un seul sujet peut-être lui plut davantage encore, et c'est l'aimant il le développe à partir de l'article 33 jusqu'à l'article i83 inclus (iT».. p. 275-311). Pourtant il n'en avait dit mot dans le Discours de la Méthode, et nous n'en trouvons point 268),
•
l'art.
89
la
et
:
i
Le Monde de Descartes. dans
trace
(t.
les
176,
I, p.
Monde
quinze chapitres de notre
un moment
avoir eu
Descartes paraît
:
du 4 nov. i63o lettre du ce renonça vite, semble, y part cette nouveauté, bien des articles,
l'intention d'en parler, lettre
15-19); ™ais
1.
70^
A
il
25 nov.
(p.
dans dans
Principia, ne faisaient que reprendre des sujets déjà traités
les les
180,
i5-i7).
1.
derniers chapitres
Cela est vrai pour l'est
pas moins pour
vons
mêmes
les
la qi la
du Monde. jtrième partie des Principia, et cela ne
troisième et pour
la
seconde.
Nous y
retrou-
questions générales, qui sont l'objet des autres
du Monde,
et que le Discours de i637 énumérait. seconde partie des Principia traite du Vide, art. 5, 6 et 7, art. 16 à 20 (t. VIII, p. 42-44, et p. 49-52), et c'est tout le chapitre iv (t. XI, p. i(5-23); de l'Étendue infinie ou indéfinie du Monde, et de sa Nature ou de son Essence, art. 21, 22 et 23 (t. VIII,
chapitres
Ainsi
la
p. 52-53), et c'est l'objet
vement,
24-33
art.
du Mouvement,
(t.
du
36-53
art.
chapitr».- vi
VIII, (p.
p.
(t.
XI,
p.
3i-36)
53-59), ^^ '^^^ Lois ^^
61-70), et c'est
le
du Mou-
;
'^^^
Règles
chapitre vu
(t.
XI,
Corps durs et liquides, art. 54-G3 (t. VIII, en revenant un peu en arrière, le chapitre m
p. 36-48;; enfin des p.
70-78), et c'est,
(i.
XI,
pour
10-16). A part cette transposition, et une autre encore chapitre v, que nous retrouverons plus bas, l'ordre suivi
p.
le
même ce sont aussi, avec quelques développements en plus, peu près les môm^-s idées, et parfois les mèines expressions. Aux trois grandes lois du mouvement. Descartes a ajouté, il est vrai, sept règles, art. 46-52 (t. VIII, p. 68-70): mais il les indiquait déjà, en quelques mots au chapitre vu de son Monde (t. XI, p. 47, Remarquons aussi que les trois grandes lois ne sont pas 1. 4-0). présentées de la même façon dans les deux ouvrages dans les est le
;
à
:
Principia,
la
seconde
loi
du Monde devient
la
troisième, et par
suite la troisième de celui-ci devient la seconde.
partie des Principia comprend d'abord une introaperçu des phénomènes célestes, art. 4-14 (t. VIII, p. 81-84), ^t exposé des différentes hypothèses astronomiques qui prétendent les expliquer; Descartes développe la sienne propre, après avoir rappelé Ptolémée, Copernic et Tycho, art. 15-41 (t. VIII, p. 84-98). Puis il marque bien le point de départ de ses déduc-
La troisième
duction
:
tions, art.
43-47
retrouvons alors
la
io5), c'est-à-dire
tout
à
l'heure.
99-io3), et
(p.
commence
aussitôt la série.
Nous
théorie des trois Éléments, art. 48-52 (p io3chapitre v (t. XI, p. 23-3 1), laissé de côté
le
Nous retrouvons
Œuvres. VI.
l'explication
du
Soleil 89
et
des
j
7o6
Additions. 53-ii8
H^toiles fixes, art.
(t.
VIII,
p.
106-168), qui correspond au
XI, p. 48Ô6). iMais ici les changements sont consiDescartes intercale dans ces articles sa théorie de la Lumière, art. 33-64 (' ^'IH, p. 108-116), où l'on retrouve les cha-
chapitre
VIII (t.
dérables pitres
:
XIII et
XIV
(t.
XI,
84-97-103)
p.
mais surtout
;
théorie des parties cannelées, art. 87-93
(t.
expose une
il
VIII, p. 142-147), et
du soleil, leurs causes et leurs etfets, art. 94VIII, p. 147-168). Nous retrouvons une correspondance plus exacte dans ce qui suit art. 119 et art. 126-139 sur les Comètes s'étend sur les taches
118
(t.
:
VIII, p. 168, et p. 174-192), avec le chapitre art. 140-14S sur les Planètes, en particulier (t.
Terre
et la
pitre X
(t.
Lune
XI,
(t.
\'III, p.
»
De
et
p.
XI,
(t.
56-63);
p.
149-153 sur la 197-200) avec le cha-
p. 63-72,1.
Si donc on examine du Monde qui nous a partie
192-197
IX
art.
Principiis
les
Priucipia, les chapitres m,
iv,
vi
et vu,
été conservé, ^e retrouvent d>ins la seconde
lerum naturaliuin
X, et aussi xiii et xiv, et
même
»
;
les
chapitres v,
xv, se retrouvent dans
la
viii,"ix,
troisième,
De Mundo adspectabili enfin les chapitres xi et xii, et aussi xiii moins comme indication), et sans doute les deux, xvi et xvii, qui manquent, se retrouvent dans la quatrième partie, « De "
)>
;
et xiv (au
Terra
».
Bien entendu, une ditVérence fondamentale subsiste entre les et le Monde. I>e système de Copernic, sur le mouvement de la terre, se déploie dans celui-ci en toute liberté, et s'étale, si l'on peut dire, ingénument. Dans l'ouvrage postérieur, il cède la place à une hypothèse qui le dissimule, sorte de compromis auquel Priucipia
s'est arrêté
reste
de
la
Descartes, et de biais qu'il a cru devoir prendre
:
tout
le
doctrine en est çà et là modifié. Cependant, cette réserve retrouve sans trop de changements, et toute la
faite, l'essentiel se
Physique cartésienne reçoit une triple et quadruple confirniation, de la Correspondance 11 629 -1634), du Discours de la Méthode, 5* partie, en ;637, et des textes comparés du Monde 1629-1632) et des Priucipia 1644). On peut donc être assuré que \cs Principia ne sont qu'un remaniement du Monde, comme Descartes lui-même en prévient Huygens, dans une lettre du 3i janvier 1642 « -Mon Monde n fe fera bientolt voir au monde, & ie croy que ce feroit dès à prc» fent, finon que ie veux auparauant luy faire aprendre à parler (
{
:
»
latin;
&
ie
le
p. 523,1. 14-17.
feray
nommer
Stimvia Philofophice.
»
(Tome
III,
TABLE DES NOMS PROPRES
Aquapendente (Fabricius
ab;
:
5
32,
Archimkde Aristote AsEi.i.ius
AuzouT Bacon
317.
:
DiGBY DiNET
244-246, 318.
:
122,
:
659-660.
646, 695, 701.
:
670-672.
:
312, 677, 678.
:
Elizabeth (Princesse) 324, 401, 674, 675.
320.
:
KT
VIII,
I,
:
267.
687.
:
Dai.ibert
Debeaune
575,614.
:
221, 297, 298,
Elzkvii.r (Daniel et Louis'
:
xiv, 29().
294-^95, 5oi-5o2, 559-560, 661-662, 663-663, 670, ùji, 672,
Fahhicius. Voir Aquapenhente.
675-676.
Force (Louis de
HAti.i
:
Bauhinus 5 591, 592.
II,
:
53
1,
587-51)4,
574,
Beeck-Man 699. Bergen. Voir Surck (van).
BURMAN
:
:
11,
122,
i32-i33,
148,
164,
168,
170,
m, vu, i38-i39,
174-175,
196,
Freinshe.mius 297. Francini 669. :
653, 6^7. BnAHÉ. Voir Tycho.
:
:
Brasset
:
119,
197.
:
BoRRus
i.a)
XIII,
293.
Gaffarel
221.
531. Galien Galilée 317, 701, 702. Gilbert 317, 320, 635. XVI. GuisoNV
2 i3.
:
:
:
CARC.Ivr
Chanut
294, 295.
:
:
293, 296, 298, 661.
:
Chapelain xiii. Christine (Reine) 296, 490, C61, 663-666.
:
GoTSCHOVEN
:
:
Clersei.ier 164,
170,
:
i-vii.
2o3,
297,
489,
xni, 119, i34, 140,
219-222,
252, 287,
294-296, 3o2, 661, 676, 677. I. Coi.hebt :
705, 706.
ix,
657,
700,
701,
vit, XIII,
XVI, 119, l32-
MaBERT. Voir MONTMORT. Harvev 243, 267, 317, 332. Hii'i-ocRATK 532. Hobbes 670. :
:
:
:
Copernic
:
i33.
704,
Hlyberts HuYGENS
;
:
XVI.
635, 671, 673, 673, 706.
a. Les chiffres gras indiquent les pages où les noms propres se trouvent dans le texte môme de Descartes; les autres chitfres renvoient seulement aux noies, avertissements et éclaircissements.
Table des Noms propres
7o8
Pecquet
Kkpier 317. KiKCHER liofj, 635-639. :
Picot
:
POI.LOT Leibniz
5o2-5o3, 334-538,
:
.'>45-548,
549-634, 635-639, 641-646, 647-G57, 661-662, 690-694. Libraires de France
:
i,
299. Libraires de Hollande
11,
293, 294,
i,
122, 267,
I,
:
VII, xii.
Primirosius
Ptolémée
:
Pythatgore
Regius :
122, n>8, 23o.
:
293-297, 3oi, 671.
:
:
267.
705.
817.
:
iiv-xvi, 606, 672-687.
:
RoBERVAL
:
687-690.
293, 294, 209, 3oo, 489, 5oi, 674.
LiPSTORP
:
LOCHER
2I2-2l3.
:
2i3-2i5.
Saint-Evremond ScKUYi, (Florent)
670-672.
:
:
i-viii,
xi-xiii,
i34, 164, 209.
Montaigne
212.
:
MoNTMoRT (Habert MoKUS 294. :
NONANCOURT NoYKRs (des)
:
XVI.
:
687.
oxenstiern
203.
de)
:
489, 690.
Serres (Olivier de) Sluze XVI. Surck (van) i, VII.
Thales 317. Tychù-Brahk 657, 704, :
ViTELLio 646. Vives (Louisl 42S. :
Parisani's
:
2i3, 6C9.
:
:
:
:
:
267.
:
7o5.
119,
TABLE DES MATIERES
LE MONDE Avertissement I.
i
Traité de la Lumière
i
IL L'Homme
119
Appendice 1.
Table de Clerselier
2.
Traduction
3.
Automates
latine
........"
de Schuyl
.
2o3
209 212
LA DESCRIPTION DU CORPS HUMAIN Avertissement
219
Texte
223
Table de Clerselier
•
LES PASSIONS DE
•
•
LAME 293
Avertissement
Préface (quatre
287
3oi
lettres)
Première Partie
327
Seconde Partie
371
Troisième Partie
44^
Appendice 1.
Praefatiuncula
2.
Table des matières
489 .
.
.
491
,
GENERATIO ANIMALIUM Avertissement
r«-
•
•
•
-«O'
Textk
5o5
De
539
Saporibus
jio
Table des Matières.
ANATOMICA Avertissement
545
Texte
55o
VARIA Problemata
621
Dk Magnete
635
Remédia, et Vires Mebicamentorum
641
De Refractione
64$
Cartesius
Anhotationes
in «
Principia
647 654
»
PROJETS DIVERS Ecole bes Arts et Métiers
659 661
Comédie
Une Académie
a
663
Stockholm
ADDITIONS Automates Descartes et Digby Descartes et Regius Descartes et Roberval
668
MSS. de Hanovre » De Refractione »
690
Pxrallaxe «
Le Monde
»
TABLE DES NOMS PROPRES
670 672 687
694 696 698 707
ERRATA
Page
i
19,
note
a.
Les figures qui se rapportent au Traité de l'Homme, ont été non pas comme il est dit dans cette note, à la suite du Traité, mais à la fin du volume, dans les vingt planches que l'on trouve ci-après. Ces figures, au nombre de Sg, correspondent aux rejetées,
pp.
1
19-202, suivant
FIGURES
le
tableau ci-dessous.
Errata.
II
Page 534, note Les deux le
—
figures, indiquées
numéro XV, sont en
planche intercalée entre p.
b.
Page 694,
dans
note b de
la
XXII
réalité les figures les pp.
ôSq
et
641, 694, rectification. (A ce dernier endroit,
la
:
p.
XXll
et
comme lire
2.
n*"
fig.
il
534 sous bis
de
la
est dit déjà,
p. 5g5, et
non
pas 594.)
Page 642,
l.
19, et page 694.
Fructus horarii. C'est bien horarii, en effet, qu'il faut lire. Foucher de Careil avait conjecturé à tort hortorum. Le sens est « fruits qui viennent d'être cueillis sur l'heure, fruits celui-ci » frais ». Encore aujourd'hui, à Athènes, on entend les marchands de poisson crier dans les rues "E'/u -iipi -.f,^ wpaç. « J'ai du poisson » frais. » (Note envoyée de Grèce par M. Gaston Colin, professeur :
:
:
à l'Université de Caen.)
Page 687-Ô90.
Au
du procès entre Descartes et Fermât, Roberval ayant pour ce dernier, voici une pièce importante, dont on connaissait l'existence, mais qui n'avait pu être retrouvée jusqu'à présent. C'est une lettre de Desargues à Mersenne, en date du 4 avril i638. Nous l'avions signalée au t. II de cette édition, p. 114116. L'autographe (signé Desargues, avec un G entrelacé très lisiblement dans le D initial Girard Desargues) appartient mainVille de Lyon à la tenant la Bibliothèque de MS., D, 16, pp. 252-255. La découverte en a été faite par le lieutenant-colonel H. Brocard, de Bar-Ie-Duc, qui très obligeamment nous en a aussitôt fait part. Et le MS- nous a été envoyé en communication, non moins obligeamment, par le Bibliothécaire de Lyon, M. Richard sujet
pris parti
:
:
Cantinelli. « »
» »
» »
Mon
R. Pare,
Ertant au point d'aller fair€ vn tour à
jours,
ie
me
fuis auifé
de vous renuoyer
la
campaigne pour quelques
les
derniers papiers que vous
auez reçu de M' des Cartes, au moins ceux que vous m'auiez fait l'honnepr de me confier. Sur quoy ie vous diray tout au long ce qui en eft peu venir à ma conoiffance iufques à prefent.
m
Errata.
»
Ceft que ie n'ay peu defpuis ioindre M' Roberual pour aprendre par propre bouche encore fon opinion, qu'il m'a deûa dit, mais il ne m'en fouuien pas affeurement. Pour M^ Pafcal, ie ne l'ay peu gouuerner que fort peu, veu le defordre que vous fçauez eftre aduenu defpuis quinze iours, où il eft enuelûpé. » l'ay veu Monfieur Mydorge, lequel m'a dit que M' Roberual l'en a entretenu & auquel il s'eft prefque relafché en certaines chofes, dont ie m'eftonne bien. Et ie luy en ay dit mes fentimentz, aufquelz, fi ce que m'a dit NU Mydorge eft vray, ie me fay fort de faire reuenir M" Roberual & Pafcal, lefquelz i'ay toufiours cogneuz gens qui traitent cette matière purement d'honneur & fans aucune paffion que pour la vérité, de quelle part qu'elle reluife, & fans affeclation de perfonne. Vous en pouuez affeurcr M' des Cartes fur ma paroUe. A ce que l'en ay peu comprendre, il n'y a que du jnalentendu en la plufpart de cette affaire. En l'autre partie, il y a quelque chofe à dire, que ie vous expliqueray tout au long, comme on me l'a donné à entendre. Car iufques icy ie ne f(,'ay que par ouy dire, & n'ay point veu, le difcours de M' Fermât contenant fa méthode du plus petit & du plus graml, finon ce que l'en ay veu dans la refponfe fufdi£le de Monf' des Cartes [en marge : où il n'y a que le feul exemple d'vne touchante à vne parabole, dans lequel il y a vn
»
endroit qui dit
»
»
»
» »
» » »
» » »
» » » »
» » »
fa
»
n'y
»
ie
»
»
» » »
y »
» » » »
» » »
» »
» » »
»
eft
pas
;
foit fait égalité félon la
c'ell
pourquoy
ie
méthode fuperieure,
n'ay peu tout fuiure]
n'en fçaurois pas opiner plainemeni,
comme
;
qui
&
eft la
après que
méthode caufe que l'auray
ie
veûe & confiderée. » Mais en attendant vous fçaurez que, premièrement, MelTieurs Pafcal & Roberual m'ont chacun dit cy deuant, que M' des Cartes s'èftoit attaché par trop aux termes [formels & ajoute'] ferrez de la façon de parler de M' de Fermât en cette occafion & qu'il falloit penfer que, ii en ces exemples où M' de Fermât donne le moyen de trouuer la touchante d'vn point à vne parabole, il auoit pris au lieu de la parabole vne hyperbole ou vne elipfe pour fon exemple car comme dans l'exemple qu'il donne de la parabole il raifonne par des proprietez cogneùes [ajouté dans l'interligne particulières] de la parabole, affauoir par la comparaifon [des quarrez des ordonnées entre eux barré, des raifons d'entre les récrit au-dessus, puis barré encore] de la raifon d'entre les deux pièces du diamettre de la parabole, contenues defpuis le point de fon fommet iufque à chacune de deux ordonnées à ce mefme diamètre, auec la raifon d'entre les deux quarrez de ces deux ordonnées au cas ;
:
:
d'vne hyperbole ou d'vne elipfe, il n'auroit pas raifonne fur la mefme propriété, mais il auroit raifonne par des proprietez cogneùes [ajouté dans l'interligne particulières] de l'hyperbole & de l'elipfe comme, par exemple, par la comparaifon de la raifon d'entre les deux rectangles des deux pièces du diamètre de l'hyperbole ou d'vn{e) elipfe, contenues defpuis chacun des deux pointz qui donnent deux ordonnées iufque à :
9o
•V
Errata.
>
chacune de
»
raifon
fes
d'entre]
rencontrez auec les bords de les quarrez conuenablemeni
la figure, [ajouté
pris des
auec
la
mefmes deux
»
ordonnées; ou par autres femblables chofes
»
à ces figures.
»
» Selon ma manière de procéder vniuerfelle j'auray raifonné félon cette dernière façon, tant au fuiet de la parabole que des autres coupes de cône, comme ellant vne chofe commune à toutes les coupes [Renvoi à
»
marge
»
la
»
mention
»
coupes, mais
»
parabole,
:
et
cogneues particulières
dont
comme
&
ainfi
ils
ie fçay bien que ils n'ont pas accouftumé d'en faire d'vne propriété généralement commune à toutes les en font deux efpeces de proprietez, vne particulière à la
»
aux autres coupes, vne que ie voy cinq Et m'ont alTeuré lefdiftz lieurs Paical & Roberual, que vous fçauaz eftre gens d'honneur & fans paflion pour perfonne du monde en cette matière, que ilz ont employé de cette façon la me'thode des plus petites & plus grandes au faiél des touchantes à l'hypcrbole & à l'elipfe, en raifonnant fur chacune fuiuant les proprietez qui leur en font [cogneues barré, récrit au-Jessus particulières], & qu'elle leur a également bien reuffi, aufll bien en cela comme en la parabole en
»
raifonnant par des proprietez [cogneues barré, récrit au-dessus particu-
« »
» "
»
»
» » »
» » » » » » » »
à six mots
l'autre particulière
illisibles].
lieres] de la parabole. De façon que ce que dit Monf^ des Cartes [que fi on pouuoit fubflituer barré], qu'en fubftituant hyperbole ou elipfe, au lieu du mot de parabole, cette méthode alors fc trouue faull'e, eft tout véritable. [Car le raifonnemeni fera véritable de barré^ Car (i la méthode eit générale, les mefmes motz exprimaniz vne mefme propriété doiuent conuenir & feruir à chacune efpece de coupe. Or les mefmes motz de ce raifonnemeni [feront véritables barré fignihent vne chofe véritable aulïï bien aux hyperbole & elipfe qu en la parabole. Mais le raifonnement ne fera pas [de barré, récrit au-dessus alors fondé fur vne] propriété particulière à la nature de l'hyperbole ou de l'elipfe, comme le raifonnement de ceft exemple eft [de barré, récrit
»
au-dessus fondé fur vne] propriété particulière [ajouté à la nature] de la parabole. Et i'eftime que c'eft là vne partie du malentendu [ajouté où l'erreur elt au choix de la propriété pour raifonner deffus]. Par ainfi, Monûeur des Cartes a raifon, l'y Monfieur de Fermât n'a pas tort. [Ajouté en marge : Sans attendre plus de temps, mon fens eft que, encore que M' de Fermât ait quelque raifon, fi tan' clt que fa méthode foit bonne pour chaque coupe de cône, en y raifonnant d'vne propriété
»
qui foit particulière à
»
ie
»
affeuree, iufques à ce qu'elle foit aiuftee de façon que, le raifonnement
»
eftant pris d'vne propriété
»
nature de chacune des efpeces de coupe,
» »
» » » »
>>
»
fuis
la
nature de l'exemj'le qu'on donne fi eft ce que qu'elle n'eft pas générale & :
du fentiment de M' des Cartes,
communément
naturelle ou effentielle à la le
fens des
mefmes paroles
employées en ce raifonnement pour vne feule efpece de coupe conuienne & férue généralement à chacune des autres efpeces de coupe. Autre-
v
Errata. »
» »
» »
ment, quant à moy, ie ne la nommeray pas vne méthode générale, ny ne la receuray pas pour vraye iufques alors. En regard de cette addition : En relifant le tout, i'ay voulu mettre hardiment cecy, à quoy ie puis faire voir à M" Pafcal & Roberual qui y ont acquiefcé, que raccord à ce qui précède fans attendre. .] .
» >'
»
M^ Mydorge me
dit que M' Roberual luy auoit fouftenu, que l'intention de M"' de Fermai n'eftoit point de donner cette propolition de la parabole pour vn exemple de fa manière [gene-
»
Mais
il
y a plus. C'eft que
raie ajouté]
de trouuer
le
plus grand
&
le
plus petit,
&
qu'aufTi cette
»
matiere-la ne tombe pas fous cette loy générale du plus grand & du plus petit, & que en cette matière M' des Cartes s'abufoii de conter
»
»
pour vne plus grande
»
bole
»
cela ajouté].
»
quelque temps. Mais ie laiffé perfuader en quelque façon aux difcours de M' Roberual, qui [ne refiflera fans barré] n'infiflera fans doute point auec moy fur cette penfée. Et ie m'affeure de fa bonne foy que ie luy feray demeurer d'accord que M'' des Cartes a raifon de comprendre dans la loy générale du plus grand & du plus petit ces touchantes menées d'vn point à vne coupe de cône & ie dy à M' Mydorge vne chofe vraye, qui efl que ie m'efmerueille qu'eux, qui font fi habilles hommes en toutes les parties des Mathématiques, tranfcendantz en la Géométrie, ayent encore la thoile deuant les yeux, qui leur face ponftituer vn genre particulier de lignez des feules touchantes
» » »
» »
» » » «
comme
cette
touchante
EB, & que
la ligne
A quoy
ainfi
menée d vn point de
celte plus
Monfieur Mydorge trouuay qu'il s'e(\oit
la
para-
grande eH impoffible
me
dit
qu'il
auoit
[en
refifté
;
"
faux coupes de cône ajouté], différent en toutes chofes d'aifec celles qui trauerfent la mefme coupe de cône, quand ces lignez (que i'enten
»
dretes) viennent d'vn
'I
» V >)
«
B
mefme
point.
in'enhardy barré'] inoy que vous fçauez qui n'ay de conoiffance de ces matières que par mes propres & particulières contemplalions, ie m'enhardy lors de dire à M' Mydorge, contre fon attente & fes opinions, que par mes contemplations capricieufes du cône rencontré par diuers plans en toutes façons, & des lignes & des figures qui s'engendrent en cette rencontre, i'ay trouué que [A la marge, en regard p
Et
[ie
qui suit : En chaque efpece de coupe de cône par vn plan, il y a deux efpeces de lignes dretes de la nature qu'on nomme ordonnées. Et deux cfoeces de lignes dretes qui chacune reçoiuent vne de ces efpeces d'ordonnées. Et ces deux efpeces-la de lignes s'énoncent en mefmes paroles en vn leul difcours. le ne veux pas dire que toutes les mefmes proprietez d'vne des efpeces foient communes à l'autre mais elles en ont d'effentielles à la nature de leur réciproque génération, qui font communes aux deux efpeces], par vne feule & mefme enonciation, coriftruaion & préparation, ou pour dire mieux par vn feul & mefme difcours &. fous de mefmes paroles, on déclare vn moyen de conftruire, ou bien on déclare les moyens de faire vne conllruélion [& d'vn autre
» de ce
» »
» i>
« i>
» » » »
;
Errata.
VI
»
ordre ajouté], par laquelle on voit également vne pareille génération en toutes efpcces de plate coupe de cône, de toutes [les ajouté] efpeces de lignes droites qui ont [& reçoiuent ajouté] des ordonnées, [comme diamètres 6i autres. Et l'on voit ajouté] femblablement vne pareille gene-
»
ration
»
efpeces d'ordonnées qu'il y a pour chaque efpece de lignes qui reçoiueni desdi£tes ordonneez. Et [l'on voit ajouté] vne pareille génération,
» » >'
»
» » » 11
» » »
» » »
» » »
» » » »
>)
» » » n » » »
» >;
» »
» >>
»
» » » »
en
chaque efpece de
plate
coupe de cône, de
toutes
les
mefme temps, de toutes leurs touchantes, chacune de ces touchantes membre d'vn des corps de ces diuerfes efpeces d'ordonnées. Et femblablement, par vn autre feul & mefme difcours de conftrudion, on à
ellant
vne pareille génération, en chaque efjpece de coupe de cône, des nomme foyers; & en fuitte leur fcituation & quelques proprietez communes entre eux en chaque efpece de coupe de cône. Le tout fans faire bande à part pour la parabole, & fans en exclure le cercle, non plus pour les foyers que pour les diuerfes efpeces de dretes qui reçoiuent des ordonnées, ny pour les diuerfes efpeces d'ordonneez. Et aufli fans employer pour cela aucun des triangles par l'aifTieu, ny faire diftindion d'vn principal diamètre d'auec les autres entre lefquelz on didingue nettement les elTieux en chaque figure. le fçay bien que ilz n'ont fai£l mention que J'"ne feule efpece de lignes qui reçoiuent des ordonnées, affauoir des diamètres feulement en chaque figure; & d'vne feule efpece au(Ti d'ordonnées en chaque figure. De quoy ie m'eltonne; car ie irouue que dans vn mefme genre il y a deux efpeces de chaqune de cçs fortes de lignes. » le luy dis encore cecy qui fait au faift [ou facit] de queftion, affauoir que ie trouue que toute ligne drete eftant menée à l'infini au plan d'vne coupe de cône, fi elle rencontre comme que foit cette coupe de cône, elle a deux concours auec fes bordz, autant la touchante fimplement que la diamétrale infinie de la parabole. Et qu'en cette conftruftion il y a trois efpeces de plus grand & de plus petit. .\(îauoir le plus grand & le plus petit de chacune de ces deux efpeces de concours defpuis ce point de la dreie auec les bordz de la coupe de cône. Voila deux efpeces de plus grand & de plus petit, dont Monfieur des Cartes nomme l'vne efpece la plus grande & la plus petite des dretes menées du point E iufques à la figure en quoy il a raifon, & fault que chacun des entenduz en cette matière l'accorde. L'autre efpece efl la plus grande & la plus petite des lignes que Monf' des Cartes nomme les menées outre la figure, c'eft à dire qui la trauerfent, auquel cas cette ligne [quoyqu'infinie ajouté] a vn autre concours encore auec le bord de la mefme ligure. Et ces deux concours d'vne dreie auec les bordz d'vne coupe de cône y font touiours, en quelle part que foit le point duquel on entend qu'elle foit menée, dedans, dehors & au bord de la coupe. La troifiefme efpece de plus grand & de plus petit que ie trouue à chercher en pareille conrtruftion, e(l la drete menée par vn tel point, de laquelle la pièce voit
pointE qu'on
:
vu
Errata. » »
contenue dans
la figure
&
entre fes deux concours auec les bords
eft la
plus grande ou la plus petite.
»
Quand on y aura bien penfé, l'on trouuera que il en va ainfi, quoy que vueille dire M". [Mydorge barré], &c. & que la méthode générale pour trouuer le plus grand & le plus petit doit contenir les moyens de trouuer chacune de ces trois efpeces, & fous vn mefme difcours ou à peu prez. Que fi la méthode de M' de Fermât les contient, i'eftime qu'elle foit receuable; finon, elle n'eft pas générale, mais particulière. Et ainfi Monfieur des Cartes aura bien raifon, en difant qu'elle ne l'eft pas. le n'en fçay point encore la teneur pour l'effayer à ma mode, mais Monfieur Mydorge m'a di£l que feule elle ne l'a peu conduire à vne équation [pour \n femblable exemple d'vne touchante à la parabole ajouté]. le auparauant il la fault n'en concluiray rien que ie ne l'aye entendue, auoir. [Et poflible il faut peu de chofe pour la rendre vniuerfelle, &
»
ainfi elle ii'eft
»
»
» » » » » "
»
» »
;
>.<.
pas à mefprifer ajouté.]
»
M' de Fermât contre M' des Cartes, vous commencement, fur le peu que i'en veis vous fçauez que ie dy au entre vos mains, que ie ne trouvoy pas que M' de Fermât entreprit cette obieftion de bonne forte, à mon fentiment, qui s'accommode mieux aux méditations de M' des Cartes que d'aucun autre, veu mefmes la conformité que ie trouue de plufieurs obferuations que i'ay faiftes auec ce qu'il efcrit & dont i'enten, ce me femble, à peu prez tout ce que i'ay veu n
»
» » » »
Touchant
les
autres obiedionsde
Géométrie. Et
»
de luy, hors
»
faiifl,
w
i'auray dauantage médité fur
» » » » »
» »
&
fa
furtout de fa
i'en fuis
façon de
iufques icy paCfablement
conduire
fes
chaque chofe,
s'il
raifonnementz.
me demeure
fatis-
Quand quelque
vous declareray. Mais vous fçauez mon humeur & mon opinion, qui eft de croire que toute obiedion qui peut eftre fauuee & refolue, me paroift vn indice ou de l'ignorance ou de la chiquane, en ce point, de celuy qui l'a faifle. [En marge : Car s'il ne voit pas la folution, il ne pofTede pas la chofe plainement; & s'il en voit la folution, il chicane.] Et ie ne me plais point, comme vous fçauez, d'en & partant i'y veuz bien penfer, auant que faire que l'on puiffe refoudre efpece de fcrupule.ie
le
;
»
feulement dire qu'on peut y en faire. mais fi i'ofoy l'en » Quand à fa Géométrie, i'en enten quelque chofe importuner ou vous, ie feroy bien aife d'en auoir vn peu de plus familiere explication pour mon efprit groflier, & puifque l'auteur eft viuant,
»
eftre deliuré
»
ment
»
dient ces
»
ne l'entendent pas à fondz,
»
;
»
du
trauail necefl'aire, à fon deffaut,
pour m'aiufter
affeure-
notamment des l'entrée de la matière. Et quoy que Meff" de Beaugrand & autrez, i'ay fuiet de foupçonner qu'ilz
à fa penfee,
ie
veux dire
qu'ils
ne poffedent pas bien
»
plainement toutes les intentions de Monfieur des Cartes au fuiet de fa Géométrie. le drefferoy bien au befoin vn memoyre des difficultez que
ï
i'y
»
l'intelligence de fes
»
rencontre,
&
où
ie
mal d'abord dans remarque & voy reluire
m'arrefte crainte d'enfourner
commencementz, où
ie
Errata.
vni
»
quelque chofe hors de la penfee ordinaire en la Géométrie, & qui a de la conformité auec des penfees que ie n'ay fait qu'efleurer de moy mefmc. Le papier me va manquer, mais non pas la volonté d'etlre
»
toujours
>•
»
»
»
Au
R.
»
P M. A
G. Desârgues.
Mercenne, Religieux Minime à
Paris, ce 4 Apuril 16Î8.
R. P.
Voftre très affectionné feruiteur, »
«
Mon
la
»
place Royale, à Paris.
»
Le même lieutenant-colonel H. Brocard, à qui l'on est redevable de cet autographe de Desargues, nous donne la clé des quatre initiales D. A. L. G., que l'on trouve dans l'Examen du livre des Récréations Mathématiques (publié par Mydorge en i63o), et qui demeuraient pour nous inexplicables. (Tome X, p. 546-55 1.) Déjà un érudit A. Aubry, de Beaugency, avait proposé de lire les trois premières lettres D. A. L., Des Argues Lj-onnois. Restait la quatrième lettre G. Il n'y avait guère d'apparence que ce fiit l'initiale du prénom Girard pourquoi, en effet, le rejeter ainsi à la fin? M. Brocard propose avec raison Géomètre. Les mêmes lettres se retrouvent sous le titre d'un autre ouvrage de Mydorge, en i63i, D. A. L. G. (Tome I, p. 257.) Et ailleurs encore Desargues s'était désigné sous des initiales analogues, S. G. D. L., Sieur Girard :
Desargues Lyonnais. (Tome
I,
p. 36o, note ^.)
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REPRODUCTION PHOTOGRAPHIQUE L'IMPRIMERIE FRANÇAISE DE MUSIQUE ET REPRODUCTION PHOTOMÉCANIQUE impirmé en FRANCE PARIS 1947
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