E n mémoi re de m a mère H élène E ltsch i nger, 1941-2001
Pou r M . D i d ier Mon ay
Avant-propos Dans l!édition de ...
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E n mémoi re de m a mère H élène E ltsch i nger, 1941-2001
Pou r M . D i d ier Mon ay
Avant-propos Dans l!édition de GNOLI (1960), PV I compte 340 stances didactiques enchâssées dans un long autocommentaire (PVSV). Beaucoup de patience et d!abnégation vaudraient à un lecteur peu familier du japonais " comme c!est mon cas " de pouvoir lire, en gros, PV I.1" 223 et une part notable de son autocommentaire en l!une ou l!autre des langues «occidentales».1 Sur la section finale (PV[SV] I.213"340) consacrée aux Écritures et à la critique de la M!m"#s", l!érudition «occidentale» a projeté, au contraire de la recherche japonaise,2 des lumières très inégales. 1
On lira PV(SV) I.1"51 dans la traduction de MOOKERJEE/NAGASAKI (1964; pour PV[SV] I.1"10, voir aussi GILLON/HAYES [1991]), et s!initiera à la doctrine de l!apoha (PV[SV] I.40"185) avec, au choix, la monumentale traduction commentée des strophes par FRAUWALLNER (1932, 1933), ou l!étude de ZWILLING (1976). Dès PV(SV) I.52"94 puis I.163"180, on comparera ces traductions avec celles de VORA/OTA (1979, 1980, 1982) et de OTA (1981). PV(SV) I.185"197 trouve des parallèles dans PVin II (surtout PV[SV] I.193cd"196), édités et traduits par STEINKELLNER (1979). PV(SV) I.198" 223 a fait l!objet d!une traduction par YAITA (1985, 1985b, 1987, 1988). La toujours indispensable étude de VETTER (1964) inclut nombre de traductions ponctuelles.
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Ce passage a été presque intégralement traduit en langue japonaise: PV(SV) I.224"268 par $MAE (1988, 1988b, 1989, 1990, 1990b, 1991), PV(SV) I.292"340 par WAKAHARA (1988, 1990).
Avant-propos
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Cette section se peut diviser en deux segments: PV(SV) I.214!217 a fait l"objet de traductions et de discussions multiples (TILLEMANS 1990: I.24!29 et 1993: 9!24, YAITA 1987, DUNNE 2004: 361!373); PV(SV) I.220!340 n"a en revanche retenu d"attention qu"extrêmement marginale: sur l"ensemble du passage, KIMURA (1991) a osé une synopsis qu"on dira approximative; deux études ont été consacrées à la critique dharmak!rtienne du spho!a: celle, pionnière, de IHARA (1961), et la mienne (ELTSCHINGER 2001b); sur la position de Dharmak!rti en matière de phonèmes, on dispose d"une étude par "MAE (1999); enfin, j"ai commis récemment une monographie (ELTSCHINGER 2001a) relative à la doctrine dharmak!rtienne des mantra. C"est à peu près tout. Je n"identifie aucune des raisons susceptibles de justifier pareil désintérêt pour PV(SV) I.224!340. Ce passage ne voit certes Dharmak!rti développer aucun de ses thèmes logiques, épistémologiques et ontologiques de prédilection (à l"exception de la longue inférence de la périssabilité des choses, PV[SV] I.269!282). Mais si l"hypothèse de FRAUWALLNER (1954: 147sq) est exacte, et je crois qu"elle l"est, ce passage n"épuise pas moins d"un tiers du *Hetuprakara"a, l"«#uvre de jeunesse» de Dharmak!rti. C"est dire que, dans l"esprit du premier Dharmak!rti, la critique de l"incréation3 du Veda présente autant d"importance que la théorie des raisons logiques, la refondation de l"apoha ou la polémique avec son maître en logique #$varasena. Le bouddhiste Dharmak!rti touche ici au c#ur même de la rhétorique ultra-orthodoxe brahmanique, aux fondations d"une M!m%&s% dont il ne critique ailleurs que des théorèmes plus ou moins périphériques. Plus que d"autres, ce passage semble inscrire Dharmak!rti dans les vicissitudes socio-religieuses de son temps. * La traduction française annotée de PVSV 107,14!141,14 (PV I.213!268) forme le c#ur de la présente étude. J"ai flanqué cette traduction de deux groupes de matériaux: historiques et doctrinaux 3
Sur ce terme et la doctrine qu"il désigne, voir pp. 115!116.
Avant-propos
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dans une longue introduction, textuels au sens large dans une série d!appendices. L!argumentation et l!érudition de Dharmak!rti d!un côté, les problèmes liés à l!établissement du texte et la matière volumineuse des commentaires de l!autre, rendaient en effet pratiquement impossible de consigner toute l!information dans l!annotation infrapaginale de la traduction. Par principe, j!ai donc réservé celleci aux explications fournies par les commentateurs indigènes ("#kyabuddhi dans PV$, Kar%akagomin dans PVSV$, Manorathanandin dans PVV): objections introductives, explications, conclusions et «formalisations» des arguments. Les notes de la traduction ne consignent d!informations historiques, littéraires et doctrinales que celles dont le caractère strictement ponctuel ne nécessitait pas que je les traitasse en introduction ou en appendice. Pour l!essentiel donc, cette annotation présente, fortement condensée, l!irremplaçable explication indigène du texte de Dharmak!rti. Dharmak!rti ne prend que rarement la peine de présenter la position à partir de laquelle il argumente et polémique; de plus, le philosophe ne juge pas utile d!exposer les points de doctrine qu!il critique. A l!exégète revient donc d!identifier, de présenter et, le cas échéant, de reconstruire, les unes et les autres positions doctrinales. Plutôt que de reléguer ces matériaux dans des notes de fin complétant l!annotation infrapaginale, je me suis résolu à les organiser thématiquement dans cinq des six chapitres introductifs. J!ai cherché, tout en lui préservant un caractère aisément accessible et repérable, à structurer cette érudition, à lui donner une forme suivie, lisible. Ces chapitres introductifs se découpent donc en paragraphes, dont chacun tient lieu à la fois d!une section de l!introduction et d!une note introductive et/ou explicative à tel thème abordé par Dharmak!rti. A ces subdivisions de l!introduction, je renvoie dans la traduction comme on renverrait à des notes de fin. On est donc libre de les lire à la façon d!un texte suivi, ou de s!y référer au gré des renvois que je propose en cours de traduction. De même est-on libre de juger trop longue et peu originale cette introduction: son seul mérite est d!organiser rationnellement des informations qui, reportées dans des notes de fin par principe décousues, eussent à mes yeux pâti de disparate. Le nombre des chapitres se conforme
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Avant-propos
aux divisions thématiques du passage étudié: doctrine métareligieuse, critique des versions réalistes de la relation sémantique, critique de l!éternité du Veda, critique d!un énoncé transphonétique, critique de l!énoncé comme ordre de succession phonétique. Chaque chapitre a pour vocation de présenter les doctrines critiquées par Dharmak!rti, puis la position propre à partir de laquelle celui-ci argumente (chapitre 4 excepté). Par un même souci d!organisation rationnelle de l!information, j!ai relégué tous les matériaux et remarques d!ordre textuel dans des appendices. L!A APPENDICE A contient une édition de la version tibétaine du passage traduit. Dans l!A APPENDICE B, je me suis efforcé de consigner, en les identifiant et traduisant dans la mesure du possible, toutes les citations produites par les textes examinés, soit surtout par PVSV". Ces citations sont groupées dans l!ordre de leur apparition, et appelées dans les notes de la traduction. L!A APPENDICE C regroupe tous les amendements apportés à l!édition GNOLI; ces amendements sont appelés dans la traduction elle-même par la mise entre #"#$ des passages les suggérant. Paraphraser en introduction les arguments de Dharmak!rti eût été fastidieux et incertain; j!ai donc dressé, dans un APPENDICE E, la table analytique détaillée de l!argumentaire dirigé contre la doctrine de l!incréation du Veda, soit de PVSV 112,6%141,11. J!espère exhiber ainsi la structure complexe de l!argumentation du maître, si arbitraire que puisse par ailleurs apparaître le découpage proposé. L!A APPENDICE D fait exception à la règle. Celui-ci présente en effet certains aspects de la position de Dharmak!rti en matière de fautes morales, de nescience et de destruction des fautes morales. Mes introductions s!accommodant mal de ce thème difficile, j!en ai relégué le traitement en fin d!étude. Cet appendice n!en forme pas moins une manière d!introduction à PVSV 110,15%112,6. * J!aurais aimé ne jamais interpréter Dharmak!rti à la lumière de textes qu!il ne pouvait connaître. Voilà un principe auquel les textes de l!Inde, si malaisément datables, imposent pourtant de constantes infractions. Le texte même de Dharmak!rti reste presque entière-
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ment scellé sans recours à des commentaires par définition postérieurs. N!y point recourir par dogmatisme méthodologique condamnerait l!exégète, sinon à la mécompréhension du texte, du moins à d!infinies et vaines conjectures. Je n!ai fait prévaloir aucun ordre de préséance parmi les trois commentaires utilisés. Hormis les cas où Kar!akagomin et Manorathanandin se référaient à des doctrines ou littératures manifestement anachroniques, j!ai toujours évalué les commentaires à l!aune parfois arbitraire de la cohérence philosophique des explications qu!ils proposaient. Il eût été absurde de se priver de PVSV" ou de PVV pour n!utiliser que le commentaire le plus ancien à notre disposition, la PV": préservée en entier dans sa seule version tibétaine (du moins pour le passage ici étudié), le maniement de celle-ci est plus incertain que celui des deux autres, dont on possède le sanskrit original. Que les deux tiers de PVSV" reproduisent littéralement PV", que, donc, la lecture détaillée de PV" présuppose celle de PVSV", suffit à ruiner tout méthodologisme obtus. Le moins mal qu!on puisse faire ici semble de distinguer clairement la provenance des explications utilisées, et de signaler tout (risque d!)anachronisme. Presque rien de ce qu!a écrit Dharmak#rti n!est resté lettre morte, et PV(SV) I.213"268 n!y fait aucunement exception. Hormis les commentaires directs et indirects aux #uvres fondatrices, les littératures logico-épistémologiques postérieures à Dharmak#rti se caractérisent, dès le 8e siècle et $ubhagupta, par leur tendance à la systématisation et à l!«autonomisation» des problématiques. La matière de notre passage alimentera quatre directions générales de recherche. (1) Dans le sillage des controverses relatives au nombre des pram!"a (les [pram!"a]sa#khy!vipratipatti), les docteurs «tardifs» ménagent une place de choix à la critique de la connaissance verbale ($!bda/$abda) comme pram!"a autonome.4 Depuis $%ntarak&ita (TS XIXa, n°1487"1488), cette critique comprend deux chapitres distincts: réfutation de la version «!ptav!din» du Ny%ya, et réfutation de la version «incréationniste» de la M#m%'s%. Le premier volet s!inspire directement de PV(SV) I.218"219, et se re4
Voir ELTSCHINGER 2003.
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trouve sans changement notable dans la Pram!"avini#caya$%k! de Dharmottara, dans TS(P) XIXa, le Pram!"!ntarbhavaprakara"a de Ratnak!rti et la Tarkabh!&! de Mok"#karagupta;5 le second volet trouve quant à lui son origine dans PV(SV) I.229cd; réévalué par $#ntarak"ita (TS XIXa, n°1513!1514), il trouvera son exploitation la plus fructueuse dans la Ved!pr!m!"yasiddhi de Jit#ri (= R99,16!101,17). (2) Consacré à la critique systématique de l"incréation proprement dite, PV(SV) I.224!268 alimentera un genre qu"on dira de «#rutipar%k&!». Dans $PK, TS(P) XXIV et probablement la 'rutikart(siddhi, $ubhagupta, $#ntarak"ita et Jit#ri condensent ou développent les aspects les plus techniques (d"ordre généralement linguistique) de l"argumentaire dharmak!rtien: critique de la relation sémantique (exploitée également par les réfutations de #!bda/#abda), de l"éternité du Veda, du spho$a (TS[P] seul), de l"énoncé comme ordre de succession phonétique (TS[P] seul). (3) Quoiqu"ils aient reçu passablement d"attention de la part de l"érudition moderne, les développements de PV(SV) I.213!217 semblent avoir davantage inspiré les docteurs tibétains6 que leurs prédécesseurs indiens, Kamala%!la (TSP et NBPS) paraissant seul faire exception à ce constat. (4) Quant à PV(SV) I.220!223, où Dharmak!rti démontre l"irréversibilité du caractère moralement immaculé (nirdo&at!), sa matière trouve une postérité immédiate dans PV II, et sera généralement reversée au dossier de l"omniscience (SSK, TS[P] XXVI, etc.). Les ambitions de la présente étude excluaient de traiter tous ces développements et redimensionnements tardifs. A moins que ces sources ne favorisent l"intelligence littérale de Dharmak!rti, je me suis par conséquent limité à signaler par de simples renvois (en introduction ou dans les notes de la traduction) les loci tardifs exploitant tel ou tel aspect de PV(SV). On dispose heureusement, avec VERPOORTEN 1994, d"une très utile synopsis de TS(P) XXIV, le seul texte à reprendre en toutes rigueur et profondeur la matière de notre passage. * 5
Voir AKIMOTO 1993.
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Voir TILLEMANS 1993.
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J!ai cru bon de faire précéder mes cinq sections introductives d!un chapitre dans lequel j!ose quelques conjectures d!ordre historique et idéologique quant aux conditions susceptibles d!avoir présidé à une telle critique de l!incréation du Veda. Ce chapitre initial appelle quelques remarques. Le (pauvre) débat méthodologique interne aux études bouddhiques indiennes tend à opposer approches «philologique» et «herméneutique». Outre l!attachement qu!elle témoignerait à la constitution scrupuleuse des textes, l!approche philologique acquiescerait à la possibilité d!une interprétation censément objective de ceux-ci. Cette approche supposerait qu!en ramenant les textes étudiés à leurs contextes originels de production, il soit possible d!en dégager une signification contemporaine de leur composition. Sceptiques quant à ce qu!ils tiennent pour une ambition à la fois présomptueuse et vaine, les «herméneutes» n!attacheraient de prix qu!aux conditions dans lesquelles nous recevons et lisons les textes. Comme s!ils étaient autant de lettres personnellement adressées, de jeux ou de pièces n!existant que joués, les textes n!auraient ni existence ni signification par eux-mêmes, indépendamment du lecteur qui les lit. Toute prétention à une objectivité interprétative serait à condamner comme chimérique. Pour Gregory SCHOPEN en revanche, le problème n!est pas tant de définir les canons de la méthode à appliquer aux textes, que de critiquer les présupposés disciplinaires à l!"uvre dans notre constant «assigning of primacy to literary materials in the study of religion».7 Dans cette primauté du texte sur les realia archéologiques, dans l!ancillarité même de l!archéologie par rapport à la philologie,8 SCHOPEN dénonce des «présupposés protestants9» quant à la 7
SCHOPEN 1997: 13.
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SCHOPEN 1997: 7: «Textuality overrides actuality. And actuality ! as expressed by epigraphical and archaeological material ! is denied independent validity as a witness.»
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Cf. le titre de l!essai («Archaeology and Protestant Presuppositions in the Study of Indian Buddhism», = SCHOPEN 1997: 1#22), et SCHOPEN 1997: 13: «Embedded " in apparently neutral archaeological and historical method might very well be a decidedly nonneutral and narrowly Protestant assump-
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«location of real religion», au «locus of !true religion!».10 De Burnouf à Lamotte en passant par Bühler, les études bouddhiques partageraient en effet «the implicit judgement " that real Buddhism is textual Buddhism».11 Or si les textes enregistrent «what a small, atypical part of the Buddhist community wanted that community to believe or practice», les témoignages archéologiques reflètent selon SCHOPEN «what Buddhists # both lay people and monks # actually practiced and believed».12 A l!idéalité et à la normativité des sources littéraires (en particulier canoniques), l!auteur préfère des matériaux archéologiques reflétant une «actual religious practice», un «actual behavior».13 En effet, «the ascription of primacy to textual sources in Buddhist studies not only effectively neutralizes the independence of archaeological and epigraphical sources as witnesses, it also effectively excludes what practicing Buddhists did and believed from the history of their own religion».14 De façon souvent très convaincante, l!auteur montre en quoi les textes " disciplinaires surtout " véhiculent une représentation normative, idéalisée et, au final, historiquement inobjective, du moine et des institutions qui l!abritent. Pour pertinente et précieuse que me paraisse la critique historiographique de SCHOPEN, elle appelle de ma part quelques remarques. Que Dharmak!rti soit à la doctrine ce que tel Vinaya est aux comportements réguliers " une #uvre normative ", ne fait pas du Pram"#av"rttika une production moins réelle ou historiquement moins pertinente que telle inscription votive attestant le transfert des mérites. Rendre raison de l!historicité de cette production requiert de l!interprète qu!il en mette à jour les procédés, la logique et les finalités, bien sûr, mais aussi les déterminants sociaux, instition as to where religion is actually located.» 10
SCHOPEN 1997: 9 et 13.
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SCHOPEN 1997: 9.
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SCHOPEN 1997: 1.
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SCHOPEN 1997: 14 et 12.
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SCHOPEN 1997: 9.
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tutionnels, économiques et politiques. Or pas plus que les «méthodes» philologique ou herméneutique, la démarche préconisée par SCHOPEN ne donne à l!historien les outils nécessaires à rendre raison de cette historicité multiple et complexe. C!est qu!au fond, les uns et les autres mobilisent des témoignages strictement internes pour décrire telle circonstance ou dynamique: pour SCHOPEN, des realia archéologiques confrontés ou non, ensuite, à des matériaux textuels (par exemple, les belles études relatives au M!lasarv"stiv"davinaya); pour l!exégète, des données textuelles en rapports d!interaction et de chronologie relative. Descriptives et internalistes, toutes deux démarches présentent un commun déficit explicatif en ce qu!elles négligent les déterminants externes des productions qu!elles envisagent. Combinant habilement ces données avec les textes et l!archéologie, l!approche intégrée que développe LIU (1988) me paraît à cet égard rendre meilleur compte des déterminations socio-historiques sous-tendant les institutions monastiques bouddhiques et leurs productions. «Essencifier» le courant logico-épistémologique en simples termes de pram"#a(v"da) ou de hetuvidy", proposer donc une interprétation strictement «internaliste» du mouvement et des textes, menace de faire oublier que la plupart de ses figures dominantes composent et enseignent dans les grandes «universités» conventuelles du Magadha voire du Ka!m"r; qu!il prend son essor au 6e siècle sur les décombres de l!empire gupta; que ses docteurs se voient souvent attribuer, par des sources majoritairement tibétaines il est vrai, des "uvres et des s"dhana «tantriques». Les textes de l!école trahissent une mutation profonde dans les intérêts, les cibles et l!auto-représentation des bouddhistes qui les écrivent; leur nature reflète la structure de l!enseignement dispensé dans les «universités», telle du moins que la décrivent Xuanzang et Yijing. Quant à l!école elle-même, elle apparaît avec ces «universités», semble les présupposer sinon en incarner les idéaux. Enfin comme l!ésotérisme bouddhique tardif (le «tantrisme»), le Madhyamaka ou le Vijñ#nav#da, l!école transcende les enracinements sectaires traditionnels. Il y a donc lieu de penser que l!agenda philosophique des docteurs de l!école n!est pas dicté par les seuls thèmes, intérêts et influences
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que nous offre de dégager l!interprétation interne des textes. Fixé dans sa physionomie définitive par Dharmak!rti, ce programme méthodologique et doctrinal paraît obéir à des déterminants institutionnels et socio-historiques qu!il revient à l!historien des idées d!identifier. Qu!on ne se méprenne pas sur mon intention: pas plus que je ne revendique une interprétation marxisante des textes, je n!invite à ramener les idées et arguments ponctuels à des conditions externes et pour partie inconscientes de production: ce serait mécomprendre le génie même de la philosophie. Mon chapitre initial n!entend donc pas réformer la méthode qui préside à notre interprétation des textes, mais propose simplement une tentative, sans doute maladroite et en tout état de cause programmatique, d!identifier certains des déterminants socio-historiques du texte dont je propose la traduction. Ma démarche s!inscrit idéalement dans une philologie exigeant que soient dûment pris en compte, à titre de facteurs explicatifs, les déterminants extratextuels des textes. Sur ce point, ai-je besoin d!y insister, tout reste encore à faire. * Cette thèse était vieille de quelques mois lorsque j!appris la parution récente du livre de Ronald M. DAVIDSON (2002), Indian Esoteric Buddhism: A Social History of the Tantric Movement. De cet ouvrage monumental et innovateur, on peut d!ores et déjà prévoir qu!il n!échappera pas à la critique, soit en raison de l!extrême conservatisme méthodologique prévalant dans nos études, soit parce que le livre promet parfois davantage qu!il ne produit (notamment dans son approche de l!ésotérisme «institutionnel»). DAVIDSON 2002 n!en représente pas moins une rupture extrêmement bienvenue dans l!historiographie des productions intellectuelles bouddhiques: il y marque l!irruption d!une socio-histoire théoriquement articulée, dont les options méthodologiques sont à la fois externalistes et discontinuistes. Externaliste, la perspective l!est en ce qu!elle privilégie les déterminants externes (sociaux, économiques, politico-militaires, religieux) ayant présidé à la formation de l!éso-
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térisme bouddhique;15 discontinuiste, elle l!est en ce que, envisageant l!émergence du mantray!na comme la réponse bouddhique à un environnement socio-politique en profonde mutation,16 elle mobilise les concepts du paradigme,17 du tournant (turn, shift),18 de la rupture (et, ce faisant, espère produire la «demonstration that incrementalist presumptions on the emergence of new Indian systems are problematic»19). En décrivant le tarissement des patronages (consécutif à l!érosion des guildes, aux monopoles commerciaux non indiens, à une forme d!étatisation du commerce et à la démonétarisation concomitante), l!étude de DAVIDSON fait l!histoire économique des institutions monastiques tardives; en analysant l!émergence de nouveaux modèles de la royauté (féodalisme des s!manta et féodalisation concomitante du divin, «military adventu15
Dans l!ésotérisme bouddhique, DAVIDSON voit «the most politically involved of Buddhist forms and the variety of Buddhism most acculturated to the medieval Indian landscape» (DAVIDSON 2002: 114, voir aussi 2002: 4); pour lui, «the rise and development of the esoteric form of Buddhism is the result of a complex matrix of medieval forces» (DAVIDSON 2002: 114), des «sociopolitical matrices of the Indian environment» (DAVIDSON 2002: 3).
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Par exemple: «esoteric Buddhism is a direct response to the feudalization of Indian society in the early medieval period, a response that involves the sacralization of much of the period!s social world» (DAVIDSON 2002: 2); «[t]he emergence of the esoteric dispensation is both a response and a strategy on the part of facets within Buddhist communities: it was a response to the difficult medieval environment and a strategy for religious reaffirmation in the face of unprecedented challenges to the Buddhist social horizon» (DAVIDSON 2002: 113).
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Par exemple: «with the Buddhists seeking to transform the political paradigms into vehicles for sanctification» (DAVIDSON 2002: 5); «challenges to previous paradigms» (DAVIDSON 2002: 29"30); «extraordinary paradigm shift in intellectual values» (DAVIDSON 2002: 99); «paradigm of dominance, hierarchy, and regal power» (DAVIDSON 2002: 123); «relationship to a paradigm of power, most fundamentally expressed in medieval feudal form» (ibid.).
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Par exemple: «the new, ritually oriented Buddhist system» (DAVIDSON 2002: 3); «new form of Buddhist practice» (DAVIDSON 2002: 76); «esoteric turn» (ibid.); «the new turn to ritual» (DAVIDSON 2002: 163).
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DAVIDSON 2002: 118.
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rism», esthétique érotisante et belligérante, régionalisation/décentralisation, etc.), en s!efforçant de montrer en quoi l!ésotérisme bouddhique (abhi!eka,20 ma"#ala,21 métaphore impériale de l!autovisualisation du myste en tant que Bouddha,22 mythe de la prédication du mantray$na,23 etc.) se présente comme une «internalisation24» et une «sacralisation25» de l!environnement politico-militai20
Par exemple: «the explicitly imperial significance of the abhi!eka» (DAVIDSON 2002: 126).
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Par exemple: «Ma"#alas are implicitly and explicitly articulations of a political horizon in which the central Buddha acts as the R$j$dhir$ja in relationship to the other figures of the ma"#ala. In their origin and evolution, religious ma"#alas represent a Buddhist attempt to sanctify existing public life and recreate the meditator as the controlling personage in the disturbing world of Indic feudal practice» (DAVIDSON 2002: 131); ou encore: «the identity of ma"#alas as articulations of the Buddhist response to the early medieval military and political situation» (DAVIDSON 2002: 133); «[i]ndeed, the Buddhist ma"#ala is a classic analysis of the system of s$manta feudalism in early medieval India» (DAVIDSON 2002: 139).
22
Par exemple: «the introduction and employment of self-visualization in the tantras appear to stem from the consequences of the imperial model: a king becomes divine when he is coronated and given dominion over a circle of vassals (s"mantama#$ala)» (DAVIDSON 2002: 129).
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Par exemple: «the most important factor in the consideration of these myths is the recognition that they articulate a form of belligerence that is quintessentially early medieval Indian. The narrative use of violence in the context of Buddhist institutions allowed institutional esoterism to compete with %aivism, to appeal to the worst instincts of the warlords of the medieval period and yet to delimit the nature of approved violence» (DAVIDSON 2002: 152).
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Par exemple: «Esoteric Buddhism ! directly reflects the internalization of the medieval conceptual and social environment» (DAVIDSON 2002: 115); «central aspects of esoteric Buddhism came to embody directly and unequivocally the structure, aesthetics, and ideology of medieval Indian feudalism. In short, esoteric Buddhism is the form of medieval Buddhism that internalized, appropriated, reaffirmed, and rearranged the structures most closely associated with the systems of power relations, ritual authentication, aesthetics, gift-giving, clan associations, and sense of dominion that defined postGupta Indian polities» (DAVIDSON 2002: 115); «internalization of fundamentally non-Buddhist social models» (DAVIDSON 2002: 98); «esoteric Buddhism as internalizing the political models of medieval India» (DAVIDSON 2002:
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re, l!ouvrage propose une histoire politique de l!ésotérisme bouddhique. Avec sa critique lucide de l!historiographie britannique et indienne de la «early medieval India», ou du concept allogène de la féodalité, DAVIDSON produit en outre une réflexion stimulante quant aux présupposés ayant présidé/présidant à la périodisation de l!Inde. En ce qu!elle coordonne aux textes les données épigraphiques et monumentales, l!histoire économique ou les déterminants sociopolitiques, l!étude de DAVIDSON défriche, «théorise» et applique le modèle méthodologique socio-historique dont le chapitre initial de mon introduction se voulait une esquisse. Je me satisfais d!observer que mes conclusions générales d!ordre historique et idéologique sont généralement corroborées, et ce sur une base autrement mieux documentée, par les recherches de DAVIDSON.26 Que nos appréciations respectives du courant «logico-épistémologique» divergent fortement, ne change rien à l!affaire: plutôt que d!en faire une critique philologique étroite, on saluera et méditera cette "uvre comme une contribution méthodologique décisive aux études indiennes et bouddhiques. * L!un des termes figurant dans le titre de cette étude, «Écritures», appelle un certain nombre de remarques. «Écriture(s)» (ou son équivalent anglais «scripture(s)») rend ici couramment le mot sanskrit !gama (tib. lu"), mot par lequel le bouddhisme d!expression sanskrite désigne la section la plus vénérable de son Canon (celle 160); noter aussi les expressions de «implicit political model of the Mantray!na» (DAVIDSON 2002: 123), de «politization of Buddhism» (DAVIDSON 2002: 114), de «extension of the medieval milieu» (DAVIDSON 2002: 118), de «accelerated engagement of monks in the ideology of the feudal universe» (DAVIDSON 2002: 164), de «political environment providing the basic model for esoterism» (DAVIDSON 2002: 166). 25
Par exemple: «sacralization of the socio-political environment, as it was seen on the ground in seventh- to eighth-century India» (DAVIDSON 2002: 114).
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Là où la chose me paraissait possible, j!ai cherché à incorporer les résultats de DAVIDSON 2002 aux notes de ce chapitre introductif.
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des S!tra ou Sermons prêchés par le Bouddha), voire, collectivement et par extension, son Canon lui-même (et ce quels que soient les textes individuels tenus pour canoniques par telle ou telle dénomination bouddhique, ou le degré de réalisation d!un Canon textuellement arrêté). A l!époque de Dharmak"rti, la fixation de ces textes par écrit remonte, pour les bouddhistes, à plusieurs siècles déjà; de plus, et parallèlement à son usage intrabouddhique comme un nom propre désignant génériquement les textes autorisés, !gama désigne également chez les docteurs bouddhistes (ne fût-ce que provisoirement) les textes reconnus comme autorisés par les dénominations non bouddhiques concurrentes. Parmi ceux-ci figure en premier lieu le Veda, que nonobstant d!importantes variations de stratégie légitimatrice, Naiy#yika, Vai$e%ika et M"m#&saka tiennent unanimement pour autorisé en matière practico-sotériologique. Or à l!époque de Dharmak"rti, le Veda n!a pas ou qu!exceptionnellement été fixé par écrit: jusqu!au 9e ou 10e siècle (avant le témoignage de al-B"r!n" sur la rédaction ka$m"rienne), la transmission du Veda procède oralement, par prescription sinon par définition.27 Si orale qu!en soit la perpétuation, le Veda compte donc parmi les «Écritures». Or comme l!a fait remarquer W.A. GRAHAM,28 «etymologically speaking, "oral scripture! is a contradiction in terms and "written scripture! a redondancy.» La contradiction dans les termes est facile à lever. Le mot sanskrit !gama ne comporte aucune connotation liée à l!écrit (sanskrit LIKH); bien plutôt,29 «[d]as Wort #gama' bedeutet zunächst "das Herankommen! und bezeichnet dann der Sache nach die Überlieferung, die von Lehrer zu Schüler durch die Generationen auf uns gekommen ist und glaubwürdige Belehrung über die Fragen des Daseins bietet, die nicht durch andere profane Erkenntnismittel (pram#(#ni) beantwortet werden können.» Pour les groupes ou auteurs utilisant le terme " bouddhistes, jainistes, $i27
Voir BRONKHORST 2002: 798"802.
28
GRAHAM 1987: 134a.
29
OBERHAMMER 1974a: 17"18.
Avant-propos
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vaïtes, adeptes du Yoga et Bhart!hari30 !, !gama n"a donc pas pour critère un medium physique, mais, avant tout, une modalité de transmission: le terme vise étymologiquement une catégorie de textes dans leur qualité de nous être traditionnellement «provenus» (!gata). De façon générale donc, !gama désigne les textes reconnus comme autorisés31 par une tradition/dénomination religieuse donnée, quel qu"en soit le medium physique, dans une acception qui coïncide largement avec l"usage moderne de «Écriture(s)»/ «scripture(s)».32 Dans leur sens générique, courant depuis le 19e 30
On doit à Bhart!hari (5e siècle, MBhD IV.7,16sq) l"une des plus anciennes définitions de !gama: p!ramparye"a avacchinna upade#a !gama$ | #rutilak%a"a$ sm&tilak%a"a# ca |. «"gama ist [autoritative] Belehrung, die durch das Vermitteltsein in einer Tradition bestimmt ist. Diese besteht einerseits in der gehörten, andererseits in der erinnerten [Belehrung].» Traduction dans OBERHAMMER/PRETS/PRANDSTETTER 1991: 117a. Pour différentes désignations concurrentes de l"Écriture en Inde ancienne, voir n. 30, pp. 76!77.
31
Je me permets, ici comme ailleurs dans mon introduction, d"utiliser «autorité» en lieu et place de «validité épistémique», qui traduit le mot sanskrit pr!m!"ya. Pr!m!"ya désigne la qualité d"être un pram!"a, une source/un moyen de connaissance valide. En milieu logico-épistémologique bouddhique, est connaissance valide (1) une connaissance fiable (avisa'v!din), la fiabilité ayant pour critère, selon Dharmottara (740!800?), la capacité que possède la connaissance incriminée de nous faire atteindre/obtenir (pr!pa"a#akti) l"objet (de la praxis humaine, prav&ttivi%aya) qu"elle indique (voir KRASSER 1995: 247!249); (2) une connaissance révélant un objet jusque-là inconnu (ajñ!t!rthaprak!#a[ka]). Comme l"a récemment montré KRASSER (2001: 186!195), le premier critère a les faveurs du bouddhiste, alors que le second est directement inspiré et adapté de la M#m"$s" (l"autorité du Bouddha se pouvant prouver soit à l"aune du premier critère, soit, face au M#m"$saka, à l"aune du second). Pour Dharmak#rti, le Bouddha est devenu (semblable à) une connaissance valide (pram!"abh(ta) en ce qu"il (i.e. sa parole) fait atteindre/obtenir aux humains ordinaires le summum bonum (ni$#reyasa) auquel ils aspirent, et que sa prédication des Vérités Saintes révèle quelque chose qui leur était inconnu (et inconnaissable), le Chemin dont il a fait luimême l"expérience (svad&%)a, PV II.145!146ab).
32
L"étymologie latine renvoie bien évidemment à l"écrit physique. Scriptura(e) traduit régulièrement graphê, équivalent grec de l"hébreu ketav, et note l"écrit: lettre, inscription, décret ou texte sacré rédigé. L"emploi qui nous intéresse remonte à l"usage que firent de ces termes les auteurs païens, chrétiens
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Avant-propos
siècle au moins, ces deux termes notent en effet l!ensemble des textes religieux ou sapientiaux (oraux ou écrits) que signalent une sacralité et une autorité particulières pour les communautés qui les révèrent.33 * La variété des thèmes abordés par Dharmak!rti, le haut vol constant de son argumentation, les difficultés d!établissement du texte, invitent l!exégète à la plus profonde humilité. Sur ce passage, il reste beaucoup à dire, et beaucoup sans doute à mieux dire. Nombre de et juifs en se référant à tel ou tel texte de la Bible hébraïque, de la Septante ou de la Vulgate latine, et, pour les chrétiens, aux Évangiles ou aux Épîtres pauliniennes. Parallèlement à d!autres (litera[e]/gramma[ta], biblos, biblion, etc.), ces termes tendent à être employés comme des noms propres désignant les textes testamentaires autorisés, le pluriel désignant collectivement le tout. Si l!usage générique de «Écriture(s)»/«scripture(s)» n!apparaît pas avant le 18e siècle (avec, selon GRAHAM [1987: 137a], la découverte européenne du Veda ou des «Classiques» chinois), il trouve quelques préfigurations singulières sous les plumes de Pierre le Vénérable (en 1156, l!hérésiologue distingue sacra scriptura chrétienne et nefaria scriptura islamique, GRAHAM 1987: 136b) ou du Franciscain Guillaume de Ru[y]brouck (qui, en 1254 dans la capitale mongole, évoque les écritures nestoriennes par opposition aux écritures mongoles/«kh"nesques», i.e. bouddhiques, GRAHAM 1987: 136b"137a). GRAa HAM (1987: 137 ) attire également l!attention sur l!expression arabe ahl alkit!b, par laquelle l!islam désigne les communautés chrétienne et juive, mais aussi, le cas échéant, mandéenne, mazdéenne ou (parfois) hindoue. En français le mot «écriture(s)», attesté au sens de «écrit», «inscription» ou «art d!écrire» dès 1150 (escriture), n!apparaît semble-t-il que vers 1560 comme «Écriture sainte» (voir REY et al. 1992: 659a). 33
GRAHAM voit dans «scripture» une catégorie fonctionnelle plutôt que littéraire, et discerne quatre traits caractéristiques des «scriptures» (1987: 140b" 142b): (1) la puissance (power) ressentie comme inhérente à la parole scripturaire (caractères performatif, transformatif et parfois créationnel); (2) l!autorité (surtout pour les textes servant de fondement à la légalité communautaire) et sacralité (notamment dans les interdits gouvernant la manipulation des textes); (3) revendication d!unité/homogénéité quant à l!origine (ontologique) et au message/contenu (consistance interne en dépit de la stratigraphie historique) du texte scripturaire; (4) revendication d!antiquité (voire d!éternité), d!origine supramondaine et de transmission fidèle du texte scripturaire.
Avant-propos
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lignes me paraissent encore obscures, attendent de plus amples études sinon d!autres manuscrits. Si bref soit-il, le passage étudié n!a au fond jamais cessé de me paraître océanique. Je me satisferais d!avoir su attirer l!attention sur une préoccupation majeure du jeune Dharmak!rti, d!en avoir cartographié provisoirement les profondeurs et principaux récifs. J!aimerais que cette étude ne déshonore pas trop toutes celles et tous ceux qui m!ont apporté leur aide. Ma plus profonde gratitude va d!abord à mes deux maîtres lausannois, les Professeurs Johannes Bronkhorst et Tom J.F. Tillemans. Durant plus de dix ans, tous deux ont guidé mes pas dans l!indianisme et les études bouddhiques. Sans leur inestimable apport, rien de tout cela n!eût pu voir le jour ou être seulement rêvé. J!ose espérer que le présent travail ne le leur fera ni regretter ni discontinuer. Je dois de très vifs remerciements au Professeur Ernst Steinkellner, de l!Institut für Kulturund Geistesgeschichte Asiens (Österreichische Akademie der Wissenschaften), qui m!a fait l!honneur de prendre part au jury de cette thèse, et de bien plus que cela: peut-être n!aurais-je jamais achevé ce travail sans l!émulation décisive qu!il me valut en publiant, dans la série qu!il a longtemps dirigée, deux monographies bien personnelles. A Lausanne, j!ai pu compter sur le soutien et le précieux conseil de plusieurs ami(e)s et collègues, au premier rang desquel(le)s Mme Pascale Hugon et M. T"ru Tomabechi. Parmi eux figurent encore en bonne place les Professeurs Cristina ScherrerSchaub, Maya Burger et Jacques May, ainsi que Mmes Maria-Piera Candotti et Danielle Feller, MM. Bogdan Diaconescu, Ry#sei Keira, Nicolas Mirimanoff, François Obrist, Yves Ramseier et François V"geli. Ailleurs ou de passage à Lausanne, d!autres encore m!ont prodigué leur aide, dont les Professeurs John Dunne, Jan Houben, Kei Kataoka, Shinj" Kawasaki, Hideyo Ogawa, Futoshi $mae et Helmut Tauscher, ainsi que Sara McClintock, Annemarie Mertens, Chizuko Yoshimizu, Piotr Balcerowicz et Tomoyuki Uno. A Vienne, j!ai contracté une dette presque inexprimable envers mon savant collègue et ami Helmut Krasser. Lui seul, s!il s!en souciait, saurait ce que je lui dois. Hors des études indiennes, au bistrot, plusieurs amis ont contribué de façon décisi-
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Avant-propos
ve à l!élaboration de mes idées, au premier rang desquels il me faut bien sûr mentionner le fidèle et irremplaçable Didier Monay, mais aussi MM. Pierre-Antoine Schorderet, Christian Eicher et feu Frédéric Yerly. A l!émulation décisive de M. Jacques Schouwey, mon premier maître en philosophie, je dois mon impulsion initiale vers les études philosophico-religieuses: cette thèse forme le lointain écho de la confiance et de la liberté dont il m!honora jadis, à SaintMichel. Ce tableau serait très incomplet si je ne disais mon amour et mon infinie gratitude à mon père Michel et à feu ma mère Hélène, tragiquement décédée au printemps 2001, ainsi qu!à Mme Françoise Genilloud. Enfin et dans un tout autre ordre de choses, ma plus vive reconnaissance va à la Fondation Elisabet de Boer, qui a financé mes publications précédentes et les cinq années de mon enseignement auprès de la Faculté des Lettres de l!Université de Lausanne. Elle me continue ses libéralités en couvrant aujourd'hui les frais de publication du présent ouvrage. Je dois enfin au Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique et à l!Österreichischer Fonds zur Förderung der Wissenschaftlichen Forschung d!avoir pu apporter à Vienne la dernière main à ce travail. Fribourg, le 6 mai 2003 Vienne, le 22 novembre 2006
Première partie Introduction historique et doctrinale
Chapitre 1 Contexte historique et idéologique de la critique adressée à la M!m"#s"
1.1. Chronologie de Dharmak!rti 1.1.1. De la vie de Dharmak!rti, on ne sait rien d!autre que ce qu!en rapportent les historiens et hagiographes tibétains Bu ston (14e siècle) et T"ran"tha (16"17e siècles).1 Leur situation ne diffère au fond guère de la nôtre: dès l!origine, la représentation de l!#uvre aura suggéré l!image de l!homme et de sa carrière. Stimulant l!imagination, éveillant le souvenir des légendes ou le besoin d!en créer, cette #uvre monumentale aura imposé, peut-être par son aridité même, de rattacher l!édifice intellectuel aux biographies véhiculées par les traditions pieuses. Comme la majorité de ses pairs, Dharmak!rti place en effet l!historien des idées philosophiques indiennes dans une situation herméneutique inconfortable: celui-ci se trouve confronté à sept #uvres abstruses dont il ne peut, en toute rigueur, rapporter le contenu à aucune donnée historique précise ou fiable. Pour peu cependant qu!il se refuse à réprimer son imagination, l!exégète tire presque nécessairement des passages qu!il étudie un portrait intellectuel et parfois psychologique du philosophe. A ce portrait suggéré appartiennent bien sûr des doctrines, des arguments et des adversaires, mais aussi des préoccupations, des inquiétudes et des figures rhétoriques récurrentes. Pour instables qu!ils soient, ces matériaux offrent à une imagination historique2 1
Voir OBERMILLER 1999: 152"155 et CHATTOPADHYAYA 1997: 228"240.
2
Selon l!expression de l!historien Peter BROWN (1985: 27), pour qui «la tension sans relâche entre science et imagination est le ressort principal du métier d!historien» (1985: 26). Dans ses recherches sur le culte des saints et des reliques dans le monde méditerranéen tardo-antique, l!historien britannique valorise le recours à l!«imagination» (1985: 13, 21, 26"27), à la «faculté de curiosité imaginative» (1985: 12). Appelé à «saisir le sens» (1985: 26; «com-
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Introduction
un tant soit peu documentée de rattacher tel segment de l!#uvre à un contexte historique et idéologique, de le rapporter à de très hypothétiques conditions générales de production. 1.1.2. Selon Bu ston, le maître naquit dans le royaume méridional de C$%"ma&i.3 Selon T"ran"tha, «chacun sait» que Dharmak!rti grandit à Trimalaya.4 Il serait donc né au sud de l!Inde. Si Bu ston se borne à signaler les nombreux voyages du maître, T"ran"tha lui prête une carrière bien remplie au Nord (ordination et formation sous Dharmap"la, donc à N"land", invitation à débattre par les moines de ladite «université», débats à Mathur", à V"r"&as!, etc.), entrecoupée de séjours au Sud, et arrêtée par la mort au Kali'ga. T"ran"tha voit en Dharmak!rti un contemporain du roi tibétain Sro' btsan sgam po (mort vers 650), recoupant ainsi le consensus (mou) des savants modernes: selon l!hypothèse de FRAUWALLNER, Dharmak!rti aurait vécu entre 600 et 660.5 La conjecture repose sur le fameux argumentum e silentio: Xuanzang (! "), qui voyage en Inde et séjourne à N"land" entre 629 et 645, ne paraît pas connaître Dharmak!rti; Yijing (# $), qui séjourne à N"land" entre 675 et 685, range Dharmak!rti au nombre des maîtres «récents» (sans mention de lieu).6 L!hypothèse a été rejetée par LINDTNER et par prendre», 1985,13, «interpréter», 1985: 13) de telle situation (1985: 26; «phénomène», 1985: 12, «sujet», 1985: 13), l!historien «examine» (1985: 13) les «modèles imaginatifs conflictuels» (1985: 13) transmis par sa propre tradition scientifique, et qui déterminent sa «vision» (1985: 13) de la situation incriminée. Pour BROWN, comprendre revient à mettre son imagination sur «le chemin de l!école» (1985: 27), à «nourrir», «entraîner», «épurer et affiner» (resp. 1985: 21, 26, 13) son imagination historique . 3
Identifié au pays Co(a par VIDYABHUSANA (1988: 303n. 4) et JOSHI 1987: 146.
4
Identifié à Tirumalai dans JOSHI 1987: 146, à Tirumalla dans STCHERBATSKY 1984: 34.
5
Voir FRAUWALLNER 1961: 137"139.
6
Voir TAKAKUSU 1998: 181. Parmi ces maîtres «récents», citons encore Sthiramati, Gu&amati ou Dharmap"la, dont on s!accorde à reconnaître qu!ils vécurent au 6e siècle (Bh"[va]viveka/Bhavya appartiendrait à la période «moyenne»). Notons toutefois que selon KATSURA (1985: 163"164), Xuanzang
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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KIMURA, qui placent Dharmak!rti entre 530"600 pour le premier,7 550"620 pour le second.8 Personne ne paraît toutefois disposé à n!était peut-être pas sans connaître la logique de Dharmak!rti. 7
LINDTNER 1980: 29. LINDTNER (1980: 28"29) croit pouvoir attribuer deux #uvres supplémentaires à Dharmak!rti, une Laukikapram!"apar#k$! et un Tattvani$kar$a. Dans la Tattvasiddhi (pour les références, voir LINDTNER 1980: 34 et STEINKELLNER 1991b: 279"280), )"ntarak*ita mentionnerait et citerait une Laukikapram!"apar#k$! nommément attribuée à Dharmak!rti (LINDTNER 1980: 33"37). Dans sa réponse, STEINKELLNER (1991b) montre que rien n!oblige à considérer «laukikapram!"apar#k$!» comme le titre d!une #uvre, ni le passage faisant suite à «laukikapram!"apar#k$!y!m» comme une citation (il s!agirait plutôt d!une «paraphrase in general formulations given by %!ntarak$ita with regard to a certain tenet of Dharmak#rti and Dign!ga», 1991: 281; sur la question de l!attribution de la Tattvasiddhi à )"ntarak*ita, voir STEINKELLNER 1999b: 356"357). Dans MRP P343a, Bh"(va)viveka/Bhavya cite quatre vers qu!il attribue nommément au Tattvani$kar$a de Dharmak!rti; à Dharmak!rti, le docteur m!dhyamika attribue encore un autre vers, très voisin de PV III.4, que Jñ"na+r!mitra (SS) 418,26"419,1) et d!autres attribuent au Tattvani$kar$a. Si, comme le veut la tradition, Dharmak!rti fut l!élève de Dharmap"la (530"561) et de ,+varasena (500"570 selon LINDTNER 1980: 32n. 24), et que Bh"(va)viveka/Bhavya cite son #uvre de jeunesse, le Tattvani$kar$a, c!est selon LINDTNER qu!il vécut entre 530 et 600, comme Candrak!rti et Kum"rila (resp. LINDTNER 1992: 57 et 1980: 32"33). Indépendamment de la question troublante du Tattvani$kar$a comme tel, la pertinence de l!argument pour la chronologie de Dharmak!rti repose tout entière sur l!authenticité du MRP (Bh"[va]viveka/Bhavya étant le plus ancien des auteurs citant le Tattvani$kar$a). Or selon EJIMA (cité LINDTNER 1982: 182"183) et SEYFORT RUEGG (1990, et déjà 1981: 66), le MRP a toutes chances d!être dû à un auteur ultérieur, peut-être à un second Bhavya actif au 8e siècle (auquel on devrait [les portions récentes de] la TJ).
8
KIMURA 1999: 213. La datation de KIMURA repose sur trois arguments. (1) Selon son disciple indirect Huizhao (% &, T1832, vol. 43, 677c"678a), Xuanzang aurait exposé oralement la théorie (dharmak!rtienne) de l!arthakriy!s!marthya (KIMURA 1999: 209"210). (2) Dharmap"la (que KIMURA [1999: 211] date entre 550 et 620) mentionnerait nommément Dharmak!rti dans son &lambanapar#k$!v'tti (T1625, vol. 31, 889c). (3) Subandhu se référerait à Dharmak!rti dans sa V"s. (235,3, composée entre 612 et 625 selon KIMURA 1999: 213). A ma connaissance, le premier argument n!a pas reçu de critique à ce jour. En revanche, le deuxième a été critiqué en détail par FUNAYAMA (2000: 1"6): selon ce dernier, rien ne permet d!affirmer que les
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Introduction
assigner à Dharmak!rti un terminus a quo antérieur à Dharmap"la (530"561), ni un terminus ad quem postérieur à Yijing.9 La période visée paraît donc, pour l!activité de Dharmak!rti, 550"660, alors que le lieu est inconnu. J!admettrai ici que Dharmak!rti naquit et fut éduqué en pays Co(a dans une famille brahmanique, que la renommée pan-asiatique de N"land" l!a attiré, comme Dharmap"la avant lui, au Magadha, le tout entre 600 et 660. Je n!ai en effet à présenter aucun élément ou argument nouveau quant aux dates et au(x) lieu(x) d!activité du maître. Mais quelles qu!en aient été les dates et les localisations, Dharmak!rti vit et #uvre durant la période qui s!étend de la dislocation consommée de l!empire gupta (début/milieu du 6e siècle) à la fin du règne de Har*avardhana (606" 647). Pour la moitié septentrionale de l!Inde, cette période politiquement agitée correspond à ce qu!on tient traditionnellement pour les prémices d!un «déclin» du bouddhisme.10
caractères ' ( (fa3"cheng1) rendent bien le sanskrit dharma-k#rti; le contexte de la mention invite plutôt à comprendre, selon FUNAYAMA (2000: 4" 5), «mention of [its] property», une interprétation qui paraît effectivement plus satisfaisante que la reconstruction [necchati] dharmak#rti( de KIMURA (cité FUNAYAMA 2000: 4n. 17). Quant au troisième argument de KIMURA, il n!est aucunement décisif à mes yeux. En dépit de l!interprétation du commentateur )ivar"ma (V"s. 235,13), rien n!indique que Dharmak!rti (en fait, selon KIMURA, «son» Buddhaparinirv!"astotra [voir STEINKELLNER 1973]) soit visé dans l!énoncé: buddhasa)gatim iva ala)k!rabh*$it!m ! v!savadatt!+ dadar,a. 9
Selon lequel Wuhang () *), qu!il a lui-même croisé, aurait étudié la logique de Dharmak!rti à Tel"%haka (Til"ddha pour Yijing, Tila%haka chez Xuanzang; sur ce nom, voir FUNAYAMA 2000: 10n. 56) à quelques encâblures de N"land", où enseignait à l!époque le maître Jñ"nacandra (TAKAKUSU 1998: xlvi et 184n. 2). Notons que selon FUNAYAMA (2000: 7"11), la chronologie de Dharmap"la doit être reconsidérée elle aussi (530"590?).
10
Le meilleur exposé de l!hypothèse du déclin me paraît JOSHI 1987: 298"327. En l!état actuel de mes idées et connaissances, je préfère l!expression de «précarisation» à celle de «déclin» (voir pp. 46"65). Dans la mesure du possible, toutes les dates produites ci-après sont tirées de THAPAR 1990.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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1.2. L!hostilité orthodoxe au bouddhisme: Sm-ti et Pur"&a 1.2.1. Considérée sous l!angle de la politique et de l!attitude religieuses de ses dynastes, l!époque gupta (dès 319"320) peut se caractériser par trois éléments.11 (1) La plupart des souverains gupta se présentent comme «paramabh!gavata», frappent des monnaies à la double effigie de Garu%a et de Lak*m!; le sceau de Samudragupta (335"375) figure Garu%a; Candragupta II (375"415) fait ériger un pilier dhvaja, alors que Skandagupta (454"467) installe une image de Vi*&u à Bhitar!, fait édifier un temple à Vi*&u Cakrabh-t, se compare à K-*&a et à R"ma. Ces quelques témoignages montrent que la dynastie incline majoritairement au vi*&uïsme bh!gavata. (2) La dynastie consolide le recours à des symboles et rites védiques liés au pouvoir royal. Deux souverains gupta au moins marquent leur règne de l!exécution du sacrifice du cheval (a,vamedha). Samudragupta est réputé avoir restauré l!a,vamedha «depuis longtemps désuet» (cirotsanna): des monnaies commémoratives figurent un cheval et le poteau sacrificiel (y*pa), avec la légende «a,vamedhapar!krama(»; quant à Kum"ragupta I (415"454), il s!affuble de l!épithète de «a,vamedhamahendra». (3) La politique religieuse gupta trahit une tendance plutôt libérale. Leurs patronages sont multiples, sans préférence clairement affichée, sans distinction apparente entre «hétérodoxie» et «orthodoxie».12 Les dy11
Les trop rapides informations qui suivent sont principalement tirées de NARAIN 1983: 34"44, GOKHALE 1983: 129"147 et TRIPATHI 1985: 236"267.
12
Par exemple: Samudragupta se dit ,!stratattv!rthabhart', fait don d!un village à un brahmane; Kum"ragupta I donne un terrain à un brahmane s!mavedin, autorise la vente de terrains à des familles brahmaniques afin qu!elles y puissent pratiquer l!agnihotra et les pañcamah!yajña; Skandagupta offre un terrain au brahmane Devavi*&u qui se vante de son assiduité aux hymnes accompagnant l!agnihotra. Sous Kum"ragupta I et Skandagupta, on installe des images de P"r+va et de cinq T!rtha#kara. Outre la légende qui lui prête d!avoir confié l!éducation de son fils à Vasubandhu, Samudragupta aurait autorisé, à la demande du roi singhalais Meghavar&a, la construction d!un vih!ra destiné à héberger les pèlerins +r!la'kais à Gay". Le bouddhiste .mrak"rdava occupe de hautes fonctions militaires sous Candragupta II, et fait un don en espèces à l!!ryasa)gha du monastère de K"kan"dabo/a; sous le règne
Introduction
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nastes gupta ont en outre activement contribué à l!édification de N"land" (que Faxian ' + ne connaît pas): si Kum"ragupta I (414"455) paraît avoir fondé le monastère, ses successeurs directs, Skandagupta (454"467), Puragupta (467"?), Narasi#hagupta (vers 470) et Budhagupta (475"495?) l!ont entretenu et agrandi de leurs propres établissements durant tout le 5e siècle.13 1.2.2. Quoi qu!il en soit du «renouveau» de l!hindouisme que l!on associe volontiers à l!époque gupta, on ne doit guère se fourvoyer en suggérant que la période assiste à l!affirmation et/ou à la consolidation d!un nouveau modèle de l!orthodoxie brahmanique, non plus tant centré sur le Veda lui-même que sur un corpus prétendant rendre les prescriptions védiques accessibles au plus grand nombre, Sm-ti juridico-normatives et Pur"&a «historico-rituels». Dans ce brahmanisme orthodoxe, on peut documenter une hostilité sans doute croissante aux courants hétérodoxes; une tentative de s!en protéger par diverses prescriptions éthico-comportementales; un réseau de représentations plus ou moins stéréotypées relatives aux pratiques et aux doctrines de ces courants;14 des inquiétudes millénaristes et le tranfert corrélatif d!attentes messianiques sur les empereurs gupta. Les Sm-ti où s!exprime l!idéal orthodoxe ne mentionnent à vrai dire qu!assez rarement l!existence des groupes para- ou extravédiques: elles édictent les normes d!une société brahmanocentrique au moins virtuellement débarrassée de ses éléments hétérodoxes, articulée sur l!état de vie domestique (g'hasth!,rama).15 Plusieurs déde Kum"ragupta I, le bhik$u Buddhamitra fait don d!une image du Bouddha; les Lokottarav"din érigent un st*pa et un vih!ra; on installe une image du Bouddha )"st-. Sur les sources de ces informations, voir n. précédente. 13
Selon CHAULEY 2002: 5"6.
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Thèmes de la nonne bouddhiste entremetteuse, du K"p"lika cruel, sanguinaire et magicien, des moines bouddhistes moralement dégénérés, etc. Voir généralement BLOOMFIELD 1924, et les passages cités ou discutés dans JOSHI 1987: 305"308, SENGUPTA 1985: 102"108, KHER 1979: 208"210.
15
Notons que ces textes interdisent formellement d!embrasser les états religieux/ascétique (v!naprastha°/sa+ny!s!,rama) sans avoir préalablement ho-
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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signations génériques signalent ces groupes: «hérétiques» (p!$a"-a/p!kha"-a/p!$a"-in), «nus» (nagna), «nihilistes»/«athéistes» (n!stika).16 Ces désignations se disent plus ou moins indifféremment de tous les courants (censément) hostiles à l!autorité du Veda, aux prescriptions rituelles (domestiques ou solennelles) védiques, à l!ordre des classes sociales et des états de vie (var"!,ramadharma), à l!autre monde (paraloka) et à Dieu (#,vara). Au premier rang parmi ces groupes, les bouddhistes, les jainistes, les matérialistes et les K"p"lika; les sources pur"&iques y incluent encore divers groupes +ivaïtes (Bhairava, P"+upata), vi*&uïtes (P"ñcar"tra), ainsi que les K"pila ou les .j!vika.17 Le MBh déjà jugeait fort sévèrement les pseudo-érudits, sophistes et autres marchands de science (pa"-itam!nin, prajñ!m!nin, hetuv!din, vidy!va"ij) qui situent la raison au-dessus de la révélation, méprisent le Veda (vedanindaka), haïssent le Dharma (dharmavidve$in), cherchent des fautes dans le )"stra (,!strado$!nudar,in), professent la non-autorité des Veda (apr!m!"ya+ ved!n!m).18 La MSm- place régulièrement sur le même plan nihilistes, contempteurs du Veda, dialecticiens (tarkin/t!rkika) et hérétiques. Ainsi «faut-il exclure le deux-fois-né qui, nihiliste contempteur du Veda, déprécie les deux racines [du Dharma que sont la Révélation et la Tradition] en se fondant sur la science de la logique (hetu,!s-
noré l"état domestique (sur ce point, voir MSm- VI.37 et VI.89). Sans surprise, le ViPur (III.18.35"36) taxe de «nagna» les contrevenants à cette règle (voir CHOUDHARY 1957: 242n. 7; sur l!épithète de «nagna», voir aussi n. suivante). 16
Sur ces désignations, leur évolution et la question de la distinction entre «hérésies orthodoxes» et «hérésies hétérodoxes», voir DONIGER O!FLAHERTY 1971: 272"282 et 1983: 109"115. La désignation de «nagna» (qui vise habituellement les jainistes), s!entend ici de tous ceux qui ont rejeté l!habit/armure du Veda, tray#sa+vara"a ou svadharmakavaca (voir ViPur III.17.5"6 et III.18.34"35; voir aussi DANDEKAR 1997: 146"148).
17
Sur les groupes visés par ces termes, voir DONIGER O!FLAHERTY 1971: 272" 276 et 1983: 114.
18
Voir SUTTON 2000: 32"33.
Introduction
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tra).»19 On exhorte un brahmane à éviter soigneusement le nihilisme (n!stikya), le mépris du Veda (vedanind!) et le dédain des divinités (devat!n!+ kutsanam), à s!interdire de résider dans un royaume où dominent les nihilistes, où règne un roi nihiliste pillant la propriété des brahmanes.20 1.2.3. L!hostilité aux groupes professant l!hérésie s!exprime dans un complexe de prescriptions coutumières prohibant tout contact physique, visuel ou verbal. C!est ainsi qu!au témoignage de la YSm-, de la M'cchaka.ik! et du ViPur, le simple regard porté sur un bouddhiste est inauspicieux (même en rêve!), exige de pénibles expiations;21 selon le B'hann!rad#yapur!"a, entrer dans la demeure d!un bouddhiste est le pire des péchés pour un brahmane;22 selon la MSm-, un brahmane doit s!abstenir de vivre à proximité de groupes d!hérétiques (p!$a"-iga"a), refuser l!hospitalité aux hérétiques (p!$a"-in) et aux «sophistes» (haituka); selon la YSm-, on prendra soin d!éviter les sceptiques et les hérétiques.23 Cette rhétorique de la répulsion culmine dans le ViPur, dont l!orthodoxie s!articule également sur les quatre états de vie (dont «il n!y a pas de cinquième»24). Ici, l!impureté congénitale de l!hérétique tient d!abord à la négligence des rites que suppose son état.25 La vue (!lokana) d!un hérétique impose de fixer son regard sur le soleil 19
Selon MSm- II.11: yo !vamanyate te m*le hetu,!str!,ray!d dvija( | ! bahi$k!ryo n!stiko vedanindaka( ||.
20
Resp. MSm- IV.163, VIII.22, VIII.309; voir aussi MSm- III.150, 154 et 161. Notons que la NSm- (I.158 et IV.180) prohibe aux hérétiques le témoignage en justice.
21
Voir resp. YSm- I.271"272, JOSHI 1987: 311 et SENGUPTA 1985: 102.
22
Voir JOSHI 1987: 311.
23
Resp. MSm- IV.61, IV.30 et YSm- I.130.
24
ViPur III.18.36d: pañcamo nopapadyate. Le Nagna fauteur de pêché (p!pak't) se définit également, dans ViPur III.18.37, comme un homme qui, quittant la vie domestique (g!rhaspatya), ne devient ni ermite forestier (v!naprastha), ni renonçant itinérant (parivr!j).
25
Négligence et abandon des actes rituels obligatoires, des cérémonies aux dieux, aux mânes, aux '$i et aux bh*ta (selon ViPur III.18.38"42).
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(s*ryo nir#k$ya(); le contact avec lui nécessite une ablution tout habillé (sp'$.e sn!na+ sacailasya). Le ViPur proscrit encore la conversation (sambh!$a"a, !l!pa), la civilité (anupra,n!), le contact corporel (spar,ana), la cohabitation ou la commensalité, au risque d!expiations majeures voire d!un séjour en enfer.26 Il conclut27: «Ne fût-ce que par la parole, qu!on n!honore ni les hérétiques, ni les impies, ni les imposteurs, ni les hypocrites, ni les sophistes, ni les faux dévots. Quant au contact avec eux, même de loin, qu!on [l!]évite, ainsi qu!avec les grands pécheurs, les hérétiques, les dépravés: qu!on y renonce donc! Tels sont les Nagna que [je] t!ai expliqués [dans le récit de M"y"moha], dont la vue ruine les rites funéraires, dont la conversation détruit [tout] le mérite d!un jour.» C!est donc sur le modèle des relations de «castes» que l!orthodoxie brahmanique construit l!identité socio-religieuse des groupes réputés «extérieurs au Veda» (vedab!hya).28 L!hostilité au bouddhisme cristallise dans un deuxième motif, récurrent dans les Pur"&a: le «mythe» de la vulnérabilisation des démons (asura, dait[e]ya, d!nava) suite à leur endoctrinement par l!hérésie. Pour résumer à l!extrême et aplanir les nombreuses variantes du mythe,29 disons que les dieux, vaincus ou intimidés par 26
Voir ViPur III.18.43"50 et 95"96.
27
ViPur III.18.100"102: p!$a"-ino vikarmasth!n vai-!lavratik!ñ cha.h!n | haituk!n bakav'tt#+, ca v!)m!tre"!pi n!rcayet || d*ratas tais tu samparkas tyajya, c!py atip!pibhi( | p!$a"-ibhir dur!c!rais tasm!t t!n parivrajayet || ete nagn!s tav!khy!t! d'$.!( ,r!ddhopagh!tak!( | ye$!+ sambh!$a"!t pu+s!+ dinapu"ya+ prana,yati ||. ViPur III.18.100 = MSm- IV.30. Sur la conduite des chats (vai-!la) et des hérons (baka), voir MSm- IV.195"196; sur le récit de M"y"moha, qui fixe l!étiologie du Nagna dans le ViPur, voir infra. Pour d!autres références à ce type de prescriptions, voir CHOUDHARY 1957: 244nn. 1"3.
28
L!attitude a ses contreparties bouddhiques: voir ELTSCHINGER 2000: 20"23.
29
Les principaux passages ont été résumés et analysés par DANDEKAR (1997) et DONIGER O!FLAHERTY (1971: 306"315); voir aussi CHOUDHARY 1957: 240"243, KHER 1979: 211 et KLOSTERMAIER 1989: 55. DONIGER O!FLAHERTY (1983: 116) dit le mythe du Bouddha comme avat!ra de Vi*&u un «Gupta myth».
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Introduction
les (pieux et védisants) démons, demandent l!aide de )iva, plus souvent de Vi*&u, parfois de B-haspati. De son propre corps, Vi*&u émet un M"y"puru*a que le ViPur appelle M"y"moha, un ascète d!apparence jainiste qui n!hésite pas à se (re)vêtir de la robe rouge des bouddhistes. A cette créature (et parfois à ses acolytes), Vi*&u demande de semer l!hérésie et le désordre chez les démons (souvent: à Tripura) de façon à les affaiblir. Pour ce faire, le M"y"puru*a (parfois Vi*&u lui-même) est invité à composer, en apabhra+,a, un Traité de l"illusion (m!y!,!stra) ou Traité de l"erreur (moha,!stra) en 16'000 vers, qu!il prêchera aux démons dès l!ouverture de l!âge Kali (kaliyuga).30 Ce Traité de l"erreur enseigne un curieux salmigondis de doctrines et de pratiques jainistes, bouddhistes et matérialistes(/hédonistes).31 Dans la version du ViPur (III.18), M"y"moha se rend d!abord chez les Daitya sous les traits d!un religieux jainiste vêtu de ciel (di30
Selon la version du )Pur (II.2.4.10"11), dont: m!y!maya+ ,!stra+ tat $o-a,asahasrakam | ,rautasm!rtaviruddha+ ca var"!,ramavivarjitam || apabhra+,amaya+ ,!stra+ karmav!damaya+ tath! | racaya iti!
31
Par exemple (informations glânées dans les sources secondaires mentionnées n. 29, p. 33): Sur un plan philosophique, le moha,!stra proclame l!éternité du monde, l!absence de créateur et de création, la négation de l!autre monde, l!inutilité de la compassion, le «relativisme» jainiste, l!idéalisme (vijñ!nav!da, < le monde est vijñ!namaya) et la doctrine de la vacuité (,*nyav!da, < le monde est an!dh!ra) bouddhiques, la corruption universelle par les passions et la nescience. Sa doctrine cardinale est la non-violence (ahi+s!, seul moyen de gagner le ciel et la délivrance, svarga et mok$a), qu!il appuie sur une doctrine jainisante de la pan-animation, et qui le conduit à refuser les rites védiques sanglants. Ce Traité ravale les dieux )iva, Vi*&u, Ga&e+a et S$rya au rang de l!homme, proclame l!inutilité et l!abandon de la p*j!, prête aux dieux une permanente ébriété. Quant aux brahmanes, ils ne méritent que mépris, eux qui s!adonnent à la débauche, à l!alimentation carnée, et dont la cupidité maintient les sacrifices et les rites funéraires. Ce moha,!stra a reçu la sanction des Écritures bouddhiques, ne contredit pas le Veda (lequel, tombé du ciel, irrationnel et source de tourments, doit céder le pas à la perception et à la raison); il promeut encore la nudité, le renoncement au monde, les mortifications (dont l!arrachage des cheveux), le contrôle des sens; enfin, il refuse toute légitimité aux «castes», sur la base de l!argument «monogénétique» (sur cet argument, voir ELTSCHINGER 2000: 52"55).
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gambara), crâne rasé (mu"-a) et portant un plumeau de plumes de paon (barhipicchadhara). Aux Démons affairés à de vertueuses pénitences, M"y"moha prêche d!abord le relativisme jainiste (anek!ntav!da); ses auditeurs embrassent cette religion (deviennent .rhata) et répandent l!hérésie. Quant à ceux des Daitya qui ne se sont pas encore écartés de la voie védique (vedam!rga), ils succomberont au bouddhisme prêché par l!hérésiarque32: «Et s!étant revêtu de rouge, maîtrisant [tous] ses sens, M"y"moha s!en fut alors vers d!autres Asura et [leur] tint le discours doux, facile et suave [que voici]: 0Si vous aspirez au ciel [ou] à l!extinction (nirv!"a), alors, ô Asura, assez de [ces] Lois corrompues [prescrivant] notamment le meurtre du bétail, et écoutez [plutôt] ceci: comprenez que tout cela n!est que connaissance (vijñ!namaya), saisissez ma parole[, une parole] proférée ici-bas en ces termes par de vrais sages (samyagbudha); dénué de substrat (an!dh!ra), absorbé par les objets d!une connaissance erronée (bhr!ntijñ!na), vicié par des 32
ViPur III.18.15"25 et 30: puna, ca rakt!mbaradh') m!y!moho jitendriya( | any!n !h!sur!n gatv! m'dvalpamadhur!k$aram || svarg!rtha+ yadi vo v!ñch! nirv!"!rtham ath!sur!( | tad ala+ pa,ugh!t!didu$.adharmair nibodhata || vijñ!namayam evaitad a,e$am avagacchata | budhyadhva+ me vaca( samyagbudhair* evam ihoditam || jagad etad an!dh!ra+ bhr!ntijñ!n!rthatatparam | r!g!didu$.am atyartha+ bhr!myate bhavasa)ka.e || m!y!moha( sa daitey!n dharmam aty!jayan nijam | n!n!prak!ravacana+ [c]a te$!+ yuktiyojitam || tath! tath! tray#dharma+ tatyajus te yath! yath! | te !py anye$!+ tathaivocur anyair anye tathodit!( || maitreya tatyajur dharma+ vedasm'tyudita+ param | any!n apy anyap!$a"-aprak!rair bahubhir dvija || daitey!n moh!y!m !sa m!y!moho !timohak't | svalpenaiva hi k!lena m!y!mohena te !sur!( || mohit!s tatyajus sarv!+ tray#m!rg!,rit!+ kath!m | kecid vinind!+ ved!n!+ dev!n!m apare dvija || yajñakarmakal!pasya tath!nye ca dvijanman!m | naitad yuktisaha+ v!kya+ hi+s! dharm!ya ce$yate || hav#+$y analadagdh!ni phal!yety arbhakoditam | $ na hy !ptav!d! nabhaso nipatanti mah!sur!( || yuktimad vacana+ gr!hya+ may!nyai, ca bhavadvidhai( ||. Sur la doctrine idéaliste, voir aussi PPur S'$.i 13.361; sur la doctrine m!dhyamika et bhr!ntijñ!n!rthatatpara, voir ibid., k. 362. Dans )Pur II.5.5.35, le M"y"puru*a revendique que ses enseignements dérivent des bauddh!gama, ceux-là mêmes que les habitants de Tripura admettent consécutivement à sa prédication (II.5.6.28). *A lire comme un jeu de mots sur samyaksambuddha?
36
Introduction
[passions] telles que la concupiscence (r!g!didu$.a), ce monde est totalement égaré dans l!étroit défilé de l!existence (bhavasa)kata).% M"y"moha fit abandonner aux Daitya la Loi [qui leur était] propre, et plus [il tint] à ces derniers [son] propos multiforme pétri d!argumentation rationnelle (yuktiyojita), plus ils abandonnèrent la Loi de la Triple [science védique]. A leur tour, ceux-ci parlèrent ainsi à d!autres, [et] d!autres [encore] prêchèrent ainsi à d!autres, [si bien,] ô Maitreya, [qu!]ils abandonnèrent la Loi suprême prêchée par le Veda et par la Tradition (sm'ti). [Ce] grand fauteur d!erreur [qu!était] M"y"moha trompa d!autres Daitya encore, ô deux-fois-né, par les formes multiples d!autres hérésies. C!est ainsi qu!en très peu de temps, trompés [qu!ils étaient] par M"y"moha, les Asura abandonnèrent tout discours fondé sur la voie de la Triple [science védique]: certains décrièrent les Veda, d!autres les dieux, ô deux-fois-né, d!autres encore, de même, l!ensemble des sacrifices et des rites, et les brahmanes: une telle parole ne résiste pas à l!argumentation rationnelle (yuktisaha), et [c!est] enfantillage [que de croire] que la violence [rituelle] mène au Dharma, que des offrandes consumées par le feu mènent à un résultat $ [M"y"moha leur disait:] 0En effet, ô grands Asura, les paroles d!autorité (!ptav!da) ne tombent pas des nuées: moi-même et vous autres devons n!admettre de parole que rationnelle (yuktimad vacanam).%» Dans chaque version du mythe, la ruse aboutit: les démons se convertissent au moha°/m!y!,!stra, c!est-à-dire au jainisme, et/ou au bouddhisme, et/ou au matérialisme hédoniste. Ce faisant, ils abandonnent le Veda, les rites solennels (,rauta) et traditionnels (sm!rta), la Loi des classes et des états de vie (var"!,ramadharma); rejetant les dieux, méprisant les brahmanes, ils sombrent dans l!immoralité (adultère et incontinence); pire peut-être, ils ne croient plus qu!en ce qu!ils voient et infèrent.33 Vulnérabilisés, les 33
)Pur II.5.5.35 affirme que les bauddh!gama sont d'$.!rthapratyayakara. Parmi les résultats de la prédication du moha,!stra, le )Pur II.5.5.49"54 mentionne encore la destruction des vedadharma (k. 49), des str#dharma (k. 50), des deva° et ,r!ddhadharma (k. 51), de la ,ivap*j! li)g!r!dhanap*rvik! (k. 52), du vi$"us*ryaga"e,!dip*jana+ vidhip*rvakam (k. 52), de sn!na et d!na (k. 53). En conclusion (k. 54): vedadharm!, ca ye kecit te sarve d*rata(
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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démons sont aisément vaincus. Le mythe est transparent: tout comme les pieux démons furent défaits en succombant à l!hérésie et au nihilisme, la société brahmanique menace ruine si elle s!abandonne aux doctrines et aux pratiques hérétiques, notamment au bouddhisme. Ce mythe exploite en outre un fonds millénariste. Comme on l!a vu, le )Pur place la prédication du moha°/m!y!,!stra à l!aube de l!âge Kali (sur un mode prophétique, le Bh!gavatapur!"a déclare qu!au début de l!âge Kali, Vi*&u s!incarnera en Bouddha afin d!aveugler les ennemis des dieux34). L!affabulation mythique semble avoir reflété de très terrestres angoisses. Les Pur"&a se plaisent en effet à répéter que les sages (vicak$a"a) ou magnanimes (mah!tman) doivent inférer de trois indices l!accroissement (v'ddhi) de Kali: la disparition du Dharma, l!augmentation des hérétiques, la disparition des hommes vertueux suivant la voie védique.35 Ces mêmes Pur"&a prévoient que sous sa dernière manifestation historique, celle de Kalki(n), Vi*&u éradiquera l!hérésie, la souveraineté des ,*dra, les Barbares. Ce motif messianique ne manque pas d!intérêt dans notre contexte. On a pu montrer que durant le 4e siècle, les milieux paur!"ika attendent des souverains gupta qu!ils exterminent les hérétiques, les rois ,*dra et les mleccha: ces milieux auraient transféré sur les dynastes gupta (en particulier sur Candragupta II Vikram"ditya) le mythe messianique de Kalki(n). Dans ces récits, le roi Pramati/Pramiti extermine ces groupes hostiles à la fin du Kaliyuga.36 k't!( |. 34
Voir DONIGER O!FLAHERTY 1971: 309.
35
Adapté de ViPur VI.1.44"46 (cité CHOUDHARY 1957: 235n. 1): yad! yad! hi maitreya h!nir dharmasya lak$yate | tad! tad! kaler v'ddhir anumey! vicak$a"ai( || yad! yad! hi p!$a"-av'ddhir maitreya lak$yate | tad! tad! kaler v'ddhir anumey! mah!tmabhi( || yad! yad! sat!+ h!nir vedam!rg!nus!ri"!m | tad! tad! kaler v'ddhir anumey! vicak$a"ai( ||. Autres références dans CHOUDHARY, ibid. Le texte cité par CHOUDHARY porte, pour les deux premiers ,loka, tad! tad! hi, métriquement incorrect.
36
Voir DONIGER O!FLAHERTY 1983: 117"127.
38
Introduction
1.2.4. Je me défends mal de l!idée que la politique religieuse des Gupta dut rester bien en-deçà des attentes des milieux orthodoxes dont l!idéologie s!exprime dans les Sm-ti et les Pur"&a. Certes, l!éradication (combien provisoire) des derniers royaumes mleccha ()aka et Ku*"&a), le prestige revigoré de l!a,vamedha, voire l!adhésion personnelle bh!gavata, ont pu susciter sympathie et satisfaction dans l!orthodoxie. En revanche, la politique religieuse libérale des Gupta a quelque chance d!y avoir semé l!exaspération et frustré les plus messianiques attentes: la dynastie n!aura pas su «restaurer» dans toute sa pureté l!ordre socio-religieux brahmanocentrique que ces milieux appelaient de leurs v#ux.37 1.3. L!hostilité orthodoxe au bouddhisme: la M!m"#s" de Kum"rila 1.3.1. Durant la phase de décomposition de l!empire gupta, les bouddhistes assistent à l!affirmation d!une expression plus radicale encore de l!orthodoxie brahmanique, la M!m"#s". Au départ et pour l!essentiel préoccupée d!herméneutique du rituel védique, l!école élabore peu à peu, dès 500 en tout cas, l!inquiétante apologie védique qui en fera la renommée. Fondant d!un même élan l!incréation (apauru$eyat!) du Veda et l!autorité des Sm-ti, l!école se fait le héraut de la plus stricte orthodoxie, celle que défendent les milieux brahmaniques demeurés attachés aux rites védiques. Dans des conditions sociologiques difficiles à préciser, ces milieux qu!on dit parfois «,rauta» composent avec ceux, «sm!rta», dont l!orthodoxie et l!orthopraxie hindouistes s!alimentent aux Sm-ti et surtout aux Pur"&a. Au 6e ou 7e siècle, le plus insigne représentant 37
Une situation analogue pourrait avoir prévalu sous Har*a, qui réactualisa la politique religieuse gupta. De ligne dynastique +ivaïte et +ivaïte lui-même (quoique peut-être tardivement converti au bouddhisme de sa s#ur), l!empereur se signale par une politique égalitaire envers les diverses dénominations, et notamment par d!importantes donations à l!«université» bouddhique de N"land". Au témoignage (dithyrambique, et sans doute pas désintéressé) de Xuanzang, ce sont des brahmanes exaspérés qui fomentent l!assassinat (déjoué) de Har*avardhana (si le témoignage est crédible, les assises mah"y"nistes convoquées par Har*a " où l!empereur accoutré en Brahm" se serait prosterné devant une image colossale du Bouddha " suffiraient presque à expliquer le geste des brahmanes).
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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de la M!m"#s" est Kum"rila, l!intime adversaire de Dharmak!rti. Ce fondamentaliste éprouve pour le bouddhisme une aversion aussi viscérale que documentée, qui lui vaudra du reste de figurer en bonne place parmi les persécuteurs légendaires du bouddhisme.38 Notons d!abord que Kum"rila connaît le mythe pur"&ique évoqué plus haut39: «Il est de tradition dans les Pur"&a qu!à [l!âge] Kali, des [sectes] telles que [celle] des bouddhistes causeront la ruine du dharma: qui [donc] se permettrait-il d!écouter leur parole?» Ce seul passage dit assez la continuité qui subsiste entre, d!un côté, le dispositif hérésiologique des Sm-ti et des Pur"&a, et de l!autre, l!orthodoxie restauratrice intransigeante qui s!exprime dans la M!m"#s" de Kum"rila. Rien là pour nous étonner: comme on va le voir, Sm-ti et Pur"&a comptent au nombre des traités (,!stra) autorisés reconnus par Kum"rila. Enregistrons maintenant ce propos de Kum"rila40: «Ou alors, en argumentant et en exhibant leur contradiction avec la Révélation, on montre [dans la présente section] qu!on ne saurait [jamais] se fier[, en matière de dharma,] aux exposés (nibandhana) de dharma et d!adharma que contiennent les 38
Kum"rila aurait incité Sudhanvan de Ujjayin! à persécuter le bouddhisme (voir Gopin"th KAVIRAJ, dans JHA 1998: I.vi-vii). Dans le )V, Kum"rila critique en détail les doctrines philosophiques bouddhiques. Or quoique la critique y soit extrêmement acérée, elle ne déborde que rarement le cadre de l!argumentation philosophique, et n!exprime guère d!aversion pour l!ordre bouddhique ou ses pratiques. Parce qu!il s!y adresse à un public partiellement différent, Kum"rila déverse tout son fiel dans le TV, que seul j!interroge ci-après.
39
TV sous M!S$ I.iii.7/II.123,24"25: smaryante ca pur!"e$u dharmaviplutihetava( | kalau ,!ky!dayas te$!+ ko v!kya+ ,rotum arhati ||.
40
TV sous M!S$ I.iii.4/II.112,17"24: yad v! y!ny et!ni tray#vidbhir na parig'h#t!ni ! lokopasa)grahal!bhap*j!khy!tiprayojanapar!"i tray#vipar#t!sambaddhad'$.a,obh!dipratyak$!num!nopam!n!rth!pattipr!yayuktim*lopanibaddh!ni s!)khyayogap!ñcar!trap!,upata,!kyagranthaparig'h#tadharm!dharmanibandhan!ni vi$acikits!va,#kara"occ!.anonm!dan!disamarthakatipayamantrau$adhik!d!citkasiddhinidar,anabalena ahi+s!satyavacanadamad!naday!di,rutism'tisa+v!distok!rthagandhav!sitaj#vik!pr!y!rth!ntaropade,#ni ! te$!m eva etacchrutivirodhahetudar,an!bhy!m anapek$a"#yatva+ pratip!dyate |.
40
Introduction
#uvres s!)khya, yoga, p!ñcar!tra, p!,upata et bouddhistes, [et] que n!acceptent [en aucun cas] les experts de la Triple (tray#vid) [science védique; ces exposés, en effet, sont tout entiers] occupés à des fins de prosélytisme (lokopasa)graha), de gain, d!honneur et de renommée; s!enracinent dans des [motivations] empiriques contraires et non liées à la Triple [science védique], dans l!éclat [personnel] notamment, ainsi que dans une argumentation rationnelle qui fait la part belle à la perception, à l!inférence, à l!analogie et à la présomption; [enfin, tout] en exhibant [bien haut] la réussite occasionnelle de quelques formules et potions capables de remédier au poison, de subjuguer, d!expulser et d!aliéner [autrui], ils professent divers articles axés sur la [pure] subsistance[, mais] parfumés par l!odeur de quelques [rares] points corroborant Révélation et Tradition, tels que non-violence, véracité, [auto-]discipline, don et compassion.» Ce passage présente un intérêt majeur. (1) Kum"rila y vise et «décrit» les dénominations mêmes que Sm-ti et Pur"&a rangeaient sous la désignation générique de p!$a"-a ou «hérétiques» (ailleurs, Kum"rila porte également les jainistes à sa liste des groupes extravédiques41). (2) Comme les littératures orthodoxes dont on a décrit l!hostilité à l!«hérésie» bouddhique, notre passage associe ces dénominations sectaires à la ratiocination sinon à la «libre-pensée»: les textes orthodoxes témoignent une aversion unanime à ces raisonneurs (haituka, hetuv!din, tarkin, t!rkika, etc.) qui demanderaient aux facultés humaines ordinaires, plutôt qu!à l!autorité révélée ou transmise, de définir les normes de l!agir humain. Ailleurs, Kum"rila décrit encore les bouddhistes comme «croyant en la dialectique» (tarkam!nin) et comme «dialecticiens extérieurs (au Veda)» (b!hyat!rkika).42 (3) Comme les mythes apocalypticomessianiques des Pur"&a, ce passage critique encore la vile séduction exercée par ces groupes hétérodoxes; il montre en toute clarté que ce prosélytisme passe par une auto-affiliation de pure rhétorique au Veda et aux normes censées en dériver. (4) Les pratiques 41
Voir TV sous M!S$ I.iii.11/II.164,9.
42
Voir TV sous M!S$ I.iii.12/II.162,24 et II.166,7. Voir aussi TV sous M!S$ I.iii.27/II.218,3"4, 223,24"25 et 240,17.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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prêtées à ces groupes recoupent celles que prêche le moha,!stra des Pur"&a, au premier rang desquelles la non-violence. 1.3.2 Dans un autre passage, Kum"rila explicite l!angoisse qu!inspirait aux Pur"&a la diffusion de l!hérésie43: «Si l!on ne posait pas sans ménagement que les [codes de ces hérétiques] ne font pas autorité, d!autres [encore], estimant strictement impossible [pareil défaut d!autorité], partageraient leur doctrine, ou embrasseraient l!erreur d!abandonner la violence à la victime animale que recommande (ukta) le sacrifice, etc., en vertu de [leur] éclat, de [leur] facilité, de [leur] argumentation (het*kti) ou de l!âge Kali [dans lequel nous évoluons]. Ou bien, faute de différence quant au fait d!avoir été composés par des brahmanes ou par des k$atriya, même des [gens] avisés s!appuyeraient sur le fait que [ces codes] s!enracinent dans la Révélation au même titre que celui de Manu, etc., et considéreraient [ce qu!ils prescrivent comme] une simple option par rapport aux [articles] que prescrit la Révélation. Donc même si l!on trouvait une Sm-ti contradictoire énoncée par un [législateur] tel que Manu, c!est à ce [qu!enjoignent ces codes hérétiques] qu!on adhérera ici. [Or] tant qu!on n!aura pas [dûment] réfuté tous ceux qui contredisent la voie [bien] établie de la Triple [science védique], on n!obtiendra pas la pureté du dharma.» Ce passage témoigne de ce que la réfutation de l!«hérésie» bouddhique n!a d!autre objectif que d!en enrayer la progression, d!en miner le prestige, de restaurer l!ordre védico-orthodoxe dans toute sa pureté. S!y mêlent le thème de l!hérésie comme syndrome dominant de l!âge Kali, l!obsession du «rationalisme» bouddhique et de la séduction qu!il exercerait, le
43
TV sous M!S$ I.iii.4/II.113,1"10: yadi ! an!dare"ai$!+ na kalpyet!pram!"at! | a,akyaiveti matv! !nye bhaveyu( samad'$.aya( || ,obhasaukaryahet*ktikalik!lava,ena v! | yajñoktapa,uhi+s!dity!gabhr!ntim av!pnuyu( || br!hma"ak$atriyapra"#tatv!vi,e$e"a v! m!nav!divad eva ,rutim*latvam !,ritya sacetaso !pi ,rutivihitai( saha vikalpam eva pratipadyeran | tena yady api labhyeta sm'ti( k!cid virodhin# | manv!dyukt! tath!py asminn etad* evopayujyate || tray#m!rgasya siddhasya ye hy atyantavirodhina( | anir!k'tya t!n sarv!n dharma,uddhir na labhyate ||. *La valeur des démonstratifs asminn etad ne m!est pas claire.
42
Introduction
souci de défendre la violence rituelle contre les assauts hétérodoxes. Endiguer l!hérésie, restaurer la pureté de l!ordre socio-religieux, passent chez Kum"rila par le déni de toute autorité aux Écritures bouddhiques44: «Exception faite de quelques paroles [enjoignant à] l![auto]discipline, au don, etc., toutes les paroles d![hérétiques] tels que les bouddhistes contredisent l!ensemble des quatorze sciences, et ont été proférées par des [hommes qui,] tel le Bouddha, honoraient des pratiques contredisant [celles] qui dérivent de la Triple [science védique]. Étant donné que [ces paroles] ont été confiées à des hébétés extérieurs à la Triple [science védique et] majoritairement constitués de [membres de] la quatrième classe [sociale, celle des ,*dra], il est impossible qu![elles] s!enracinent dans le Veda.» Ailleurs, Kum"rila précise quels sont les traités que leur enracinement védique45 autorise en matière de dharma46: «Les quatorze ou dix-huit sciences (vidy!sth!na) que les clercs acceptent comme sources de connaissance du dharma sont strictement limitées en nombre, et ont pour noms 0Veda%, 0Veda auxiliaires%, 0Membres [du Veda]%, 0Membres auxiliaires [du Veda]%, 0Collections sur le dharma% (au nombre de dix-huit), 0Pur"&a%, 0Phonétiques recensionnelles% et 0Politique [princière]%. Or les #uvres des bouddhistes et des jainistes ne sont ni traditionnellement reconnues ni comprises parmi ces [sciences].» Parce que leurs prescriptions corrobo44
TV sous M!S$ I.iii.4/II.113,22"114,1: ,!ky!divacan!ni ! katipayadamad!n!divacanavarja+ sarv!"y eva samastacaturda,avidy!sth!naviruddh!ni tray#m!rgavyutthitaviruddh!cara"ai, ca buddh!dibhi( pra"#t!ni | tray#b!hyebhya, caturthavar"aniravasitapr!yebhyo vy!m*-hebhya( samarpit!ni iti na vedam*latvena sambh!vyante |.
45
Selon par exemple TV sous M!S$ I.iii.7/II.123,18"19: tasm!d y!ny eva ,!str!"i vedam*l!natikram!t | avasthit!ni tair eva jñ!to dharma( phalaprada( ||. «Est porteur de résultats le dharma qu!on connaît par les seuls ,!stra établis pour ne pas déroger à l!enracinement védique.»
46
Adapté de TV sous M!S$ I.iii.7/II.122,2"5: parimit!ny eva hi caturda,a a$.!da,a v! vidy!sth!n!ni dharmapram!"atvena ,i$.ai( parig'h#t!ni vedopaved!)gop!)g!$.!da,adharmasa+hit!pur!"a,!kh!,ik$!da"-an#tisa+jñak!ni | na ca te$!+ madhye bauddh!rhat!digranth!( sm't! g'h#t! v! |.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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rent le Veda, Sm-ti juridiques et Pur"&a comptent donc au nombre des sources autorisées à dispenser une connaissance du dharma. Selon Kum"rila, les bouddhistes ne peuvent autoriser leurs Écritures en postulant à leur source une recension védique perdue (utsanna,!kh!). En rapportant nommément leur «Canon» à l!autorité autonome de leur fondateur historique, ils désavouent cette affiliation et refusent toute permanence à leur corpus. Comme si la chose ne suffisait pas, l!aristocrate Bouddha n!a nullement hésité " par compassion disent ses sectateurs " à transgresser ses devoirs de classe, à empiéter sur les prérogatives des brahmanes, en prêchant sa vile Loi. Le fait disqualifie en lui-même l!enseignement bouddhique à dispenser une connaissance du dharma. Mais en édifiant et honorant des reliquaires ou en donnant aux ,*dra, les bouddhistes se rendent encore coupables de pratiques contraires aux injonctions révélées.47 Leurs Sm-ti ne peuvent donc se prévaloir d!aucune autorité. Loin de tout enracinement védique, la prédication bouddhique n!a de motivation que l!avarice (lobha), de biais qu!un entrelacs d!arguties logiques (hetuj!la) privées de tout rapport avec le dharma. La conclusion s!impose donc48: «Et ce sont eux qu!on 47
Autre description des pratiques bouddhiques, dans TV sous M!S$ I.iii.7/II.121,23"122,1: construire des monastères, des parcs de plaisance, des ma"-ala, pratiquer le dépassionnement et les transes, faire profession de nonviolence envers les êtres, de véracité, d!autodiscipline, de don et de compassion (vih!r!r!mama"-alakara"avair!gyadhy!n!bhy!s!hi+s!satyavacanadamad!naday!di). Noter aussi (dans le contexte de !tmatu$.i, le quatrième dharmam*la/dharmapram!"a reconnu par MSm- II.6), TV sous M!S$ I.iii.7/II.125,18"19 et 21"22: kasyacij j!yate tu$.ir a,ubhe !pi karma"i | ,!kyasyeva kuhet*ktivedabr!hma"ad*$a"e || pa,uhi+s!disambandhe yajñe tu$yanti hi dvij!( | tebhya eva yajñebhya( ,!ky!( krudhyanti p#-it!( ||. «[Tel] acte pourtant mauvais suscite la satisfaction [intérieure] d!une [personne] donnée, comme la critique du Veda et des brahmanes par l!énoncé de piètres arguments [suscite la satisfaction intérieure] d!un bouddhiste; les deux-foisnés éprouvent de la satisfaction [intérieure] à [tel] sacrifice impliquant une violence à la victime animale, alors que les bouddhistes, blessés, s!offusquent de ces mêmes sacrifices.»
48
TV sous M!S$ I.iii.4/II.114,26"115,10: eta eva ca te ye$!+ v!)m!tre"!pi n!rcanam | p!$a"-ino vikarmasth! haituk!, caita eva hi || etad#y! granth!
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Introduction
n!honorera pas, fût-ce par la seule parole, car ce sont eux [que la tradition de Manu ou des Pur"&a a décrits comme] des hérétiques, eva ca manv!dibhi( parih!ryatvena ukt!( | y! vedab!hy!( sm'tayo y!, ca k!,cit kud'$.aya( | sarv!s t! ni$phal!( prokt!s tamoni$.h! hi t!( sm't!( || tasm!d dharma+ prati tray#b!hyam eva+j!t#yaka+ pr!m!"yena anapek$ya+ sy!d iti siddham |. La première strophe de ce passage est directement inspirée de MSm- IV.30 = ViPur III.18.100. (1) Ses ,!stra se voyant ainsi dénier la qualité de Sm-ti, le bouddhiste pourrait s!autoriser de l!un de ses textes les plus fameux (AN I.286), et tenir ses Écritures permanentes pour semblables à une recension védique (veda,!kh!sam!na): «Des [hérétiques] tels que les bouddhistes s!expriment en ces termes: 0Que les [Bouddha] Tath"gata apparaissent ou non [dans le monde, l!ordre des choses qu!exprime leur Dharma demeure inchangé]; voici donc acquise la permanence du Dharma [bouddhique].%» (D!après TV sous M!S$ I.iii.11/II.156,18"19: ,!ky!dayo "pi hy eva+ vadanty eva | yath! utp!d!d v! tath!gat!n!m anutp!d!d v! sthit! iya+ dharmanityat! iti |. Voir en général TV sous M!S$ I.iii.11/II.156,16"23.) Buddha,!stra ou ,!kyagrantha seraient donc non pas Sm-ti, mais Veda! (2) Le bouddhiste pourrait en outre appliquer à ses propres Écritures l!argumentaire par lequel le M!m"#saka établit l!incréation et la permanence du Veda (sur ce point, voir TV sous M!S$ I.iii.11/II.161,21"162,11; parmi ces arguments, ceux surtout qui s!organisent autour de la doctrine de svata(pr!m!"ya [voir chapitre 3] et du non-souvenir d!un auteur [voir chapitre 4]). Cette rhétorique insensée (v!coyuktir anarthik!), le bouddhiste ne la développerait qu!à des fins prosélytes, terrifié (trasta) par le M!m"#saka, l!esprit vide (,*nyacetanam), singeant effrontément (tyaktalajjam) une preuve qui ne lui appartient pas (voir en général TV sous M!S$ I.iii.11/II.162,12"163,10). Mais en affirmant ainsi la permanence de ses Écritures pour embrasser le vedasiddh!nta, le bouddhiste abandonne ipso facto la doctrine instantanéiste qu!il éprouve tant de peine à établir, et devient du même coup la risée du monde (lokopah!sa; voir en général TV sous M!S$ I.iii.11/II.163,12"164,8). (3) Composées en apabhra+,a (m!gadha et d!k$i"!tya), les Écritures bouddhiques (et jainistes) fourmillent en outre de mots corrompus (as!dhu,abda, apabhra$.a): ce seul fait leur interdit toute prétention à la qualité de ,!stra, à la vérité et à l!éternité (une Écriture incréée s!exprimant nécessairement en sanskrit). En revanche, la simple forme des 'c, yajus et s!man védiques suffit à convaincre tout récitateur (adhy!payit' et adhyet') de l!incréation du Veda. Toute la gloire (ya,as) qui échoit au M!m"#saka lui vient de ce qu!il a démontré par des arguments cette incréation déjà intuitivement évidente (svasa+vedya; voir en général TV sous M!S$ I.iii.11/II.164,9"166,24, et la conclusion relative au ferme souvenir d!un auteur des Écritures bouddhiques [kart'smara"ad!r-hya], loc. cit. lignes 166,25"26).
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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des impies et des sophistes. Et ce sont leurs #uvres [à eux] que des [législateurs] tels que Manu ont déclarées devoir être écartées. Ont été déclarées stériles toutes les Sm-ti extérieures au Veda et celles qui contiennent des vues fausses, car il est de tradition qu!elles reposent sur la ténèbre [de l!ignorance]. Il est donc établi qu!on ne saurait [en aucun cas] recourir, en tant que source de connaissance eu égard au dharma, à un [code] aussi extérieur à la Triple [science védique].» 1.3.3. Le M!m"#saka tire sa (peut-être réelle) gloire d!avoir fondé en raison l!incréation du Veda, qui sous-tend tout l!édifice apologétique et hérésiologique de l!école. Les Sm-ti et les Pur"&a ne sont sources autorisées de connaissance du dharma que parce qu!ils corroborent une révélation incréée, seule inscrite dans l"ordre même des choses. Or ces sources ne se contentent pas de fixer les normes d!une société brahmanocentrique idéale; elles témoignent encore une nette et constante hostilité envers l!hérésie en général, et le bouddhisme en particulier. Aux revendications de l!orthodoxie brahmanique, la M!m"#s" offre donc une fondation dans la réalité. En d!autres termes, la M!m"#s" délégitime autant qu!il est possible l!existence même des courants hétérodoxes, et fonde en raison l!hostilité que leur témoignent les milieux sociaux dont les aspirations s!expriment dans les Sm-ti et les Pur"&a. Avec la doctrine de l!incréation, le bouddhiste assiste en quelque sorte à la naturalisation de la source d!autorité qui l!exclut de l!ordre socioreligieux. 1.3.4. L!orthodoxie brahmanique a vainement attendu des dynastes gupta qu!ils rétablissent un ordre socio-religieux débarrassé des «hérésies» qui le minent. Des inquiétudes millénaristes cristallisent dans le mythe de l!avènement du M"y"puru*a et de son moha,!stra durant le Kaliyuga; le mythe est intimement lié aux attentes messianiques qui s!expriment dans le motif de l!extirpation finale de l!hérésie par Kalki(n). Cette orthodoxie développe, à l!endroit des courants hétérodoxes et du bouddhisme en particulier, une rhétorique et des pratiques modelées sur les interdits gouvernant les rapports de «castes». Cette stratégie défensive de type hygiénique
46
Introduction
est relayée, dans un registre plus léger mais non moins défensif, par l!émergence de stéréotypes littéraires caricaturant la figure de l!hérétique. L!époque est encore à l!affirmation, dans les milieux brahmaniques les plus attachés au rite védique, de la M!m"#s". L!école élabore une doctrine apologétique sur laquelle elle entend appuyer l!ordre socio-religieux prescrit par les Sm-ti et les Pur"&a: relayée par la norme de l!enracinement védique des Sm-ti, la doctrine de l!incréation du Veda réduit les apasm'ti et leurs prescriptions «hétéropraxes» à de nocives excroissances. Idéologie dominante du temps, ce complexe de motifs orthodoxes et d!inclination hérésiologique a pu contribuer à raréfier les soutiens laïcs au bouddhisme, à confiner " si tel n!était pas déjà le cas " la communauté à ses monastères.49 1.4. Précarisation et concentration des institutions bouddhiques 1.4.1. Lorsque l!empire gupta s!effrite, au tournant des 5e et 6e siècles, de profondes mutations semblent affecter l!existence des communautés bouddhiques.50 Deux types de facteurs paraissent 49
Voir à ce sujet les remarques de JOSHI (1987: 382"383).
50
DAVIDSON (2002: 75"112) identifie six traits/modalités spécifiques de la «medieval Buddhist experience». (1: voir DAVIDSON 2002: 77"83) Une érosion des patronages due à la déstabilisation des guildes et au passage graduel des ressources économiques au secteur politique (voir n. 63, p. 51). (2) La recherche consécutive de nouvelles stratégies de patronage, où la non-négotiabilité de plusieurs normes éthico-comportementales bouddhiques («égalitarisme», «non-violence», compassion, etc.) suscite une tension entre éthique bouddhique d!un côté, morale et esthétique princières de l!autre; la séduction exercée sur les princes par les valeurs +ivaïtes, lesquelles paraissaient mieux à même de légitimer l!érotisation et la «bellicisation» contemporaines de la royauté; la concurrence exercée par les rites consécratoires pur"&iques. (3: voir DAVIDSON 2002: 91"98) Un déclin spectaculaire de la participation des femmes " nonnes et laïques " au bouddhisme, dû à des concessions bouddhiques aux exigences du var"!,ramadharma. (4: voir DAVIDSON 2002: 99" 102) L!affirmation d!un scepticisme (le Madhyamaka) trahissant " comme le tournant épistémologique " l!érosion d!un agenda intellectuel indépendant, médiatisé par un vocabulaire technique propre, et capable de poser «a Buddhist address of reality» (DAVIDSON 2002: 99); l!affirmation du scepticisme entraînerait une «non-foundational practice» (DAVIDSON 2002: 102) mena-
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
47
agir de l!extérieur sur la culture bouddhique: idéologiques d!un côté, on l!a vu, avec la construction et l!affirmation d!une orthodoxie hostile au bouddhisme; politico-économiques de l!autre, à la faveur d!une recomposition générale des pouvoirs dans l!Inde du nord.51 Les rapports qu!entretiennent ces deux faisceaux sont en l!état difficiles à documenter.
çant la communauté bouddhique de relâchement moral et de laxisme disciplinaire. (5: voir DAVIDSON 2002: 102"105) Un tournant épistémologique voyant les intellectuels bouddhistes s!approprier des catégories et des standards d!auto-affirmation non bouddhistes, panindiens (voir pp. 57"65). (6: voir DAVIDSON 2002: 105"111) L!émergence d!un nouveau type d!institution bouddhique, le mah!vih!ra (voir n. 87, pp. 55"56). 51
Dans une version antérieure de ce chapitre, je prêtais au «vandalisme hephtalite» une incidence directe et déterminante sur les conditions générales d!existence du bouddhisme au sortir de l!époque gupta. Je tentais d!expliquer ainsi, et d!un même élan, la description que fit Xuanzang des institutions bouddhiques gandh"riennes, un reflux des communautés censément persécutées vers la plaine moyenne du Gange (avec BAREAU 1955: 39), et le phénomène de concentration monastique consécutif à cet événement. L!hypothèse me parut rapidement pécher par son romantisme et son déficit explicatif; le scepticisme de plusieurs auteurs et, surtout, la percutante étude de Shoshin KUWAYAMA (1989), m!ont depuis lors convaincu de ranger le «vandalisme hephtalite», du moins dans son caractère systématique, au nombre des mythes historiographiques. KUWAYAMA montre en toute clarté que cette «illusion» (1989: 97) repose sur une interprétation imprécise des principales sources chinoises (le Luoyang Qielanji , - . / 0 rapportant le récit de Songyun [1 2], les biographies de Narendraya+as, le récit de Xuanzang, les #uvres bouddhiques de tendance millénariste) et épigraphiques (rien ne prouverait que les h*"a des inscriptions indiennes doivent être identifiés aux Hephtalites dominant la Bactriane et le Gandh"ra). Selon l!historien japonais, plusieurs institutions bouddhiques du Gandh"ra et de l!U%%y"na restent prospères entre 510 et 550, soit au plus fort de la domination hephtalite sur ces régions. Ce n!est donc pas aux seuls «Huns blancs» qu!il faut attribuer la désaffection constatée par Xuanzang vers 630"635. Quoique souscrivant à la thèse du «vandalisme», THAKUR (1981: 307"313) propose une interprétation économique intéressante des prétendus forfaits hephtalites, tant au Gandh"ra que dans le bassin médio-gangétique et dans le Magadha. Sur la recomposition générale du paysage politique sur les décombres de l!empire gupta, voir THAPAR 2002: 282"289, et DAVIDSON 2002: 30"42.
Introduction
48
1.4.2. Des origines à la fin de l!époque ku*"&a, l!établissement et la diffusion des institutions bouddhiques épousent le tracé des voies commerciales et les centres de pouvoir politique;52 l!implantation des sites monastiques bouddhiques reflète fidèlement une dynamique générale d!urbanisation qui, comme le montre à grande échelle la stratigraphie des structures urbaines, culmine durant l!ère ku*"&a.53 Entre le 1er et le 3e siècle de notre ère, l!empire ku*"&a rayonne à partir de l!aire gandh"rienne et tisse, si l!on en croit l!aire de diffusion de ses monnaies,54 un réseau commercial qui s!étend des tronçons centre-asiatiques des routes de la soie à l!embouchure du Gange. Du nord-ouest de l!Inde, il contrôle le commerce de la Méditerranée romaine, de la Chine et de l!Inde. Outre qu!elle assiste à un formidable essor du bouddhisme en ces régions, l!époque ku*"&a voit le bouddhisme évoluer sous le rapport de ses assises économiques. L!époque est en effet à une forte interaction entre élites commerçantes urbaines et institutions monastiques bouddhiques: celles-ci prospèrent grâce à des donations provenant de guildes d!artisans et de marchands, de dignitaires politiques et d!associations de laïcs favorablement disposés à l!égard du Sa'gha.55 En échange des dons qu!elles reçoivent, les institutions bouddhiques promettent Éveil et mérites, exécutent des rites, érigent des monuments destinés au culte. Elles participent ainsi de fait au circuit économique.56 Il paraît en outre plus que probable que l!interaction bouddhique avec les acteurs commerciaux passe par une implica52
Voir HEITZMANN 1984.
53
Voir THAKUR 1981: 260"329 (= chapitre 7).
54
LIU 1988: carte 2.
55
LIU 1988: 108"112, et 116"119. Sur l!interaction entre sites monastiques bouddhiques et guildes d!artisans et de commerçants, voir RAY 1986 (pour l!aire et l!époque S"tav"hana), et aussi DAVIDSON 2002: 77"83. Selon LIU (1988: 92"102), l!évolution du motif des sept joyaux (saptaratna) trahit une accommodation bouddhique aux conditions et aux acteurs commerciaux.
56
Selon HEITZMANN (1984: 132), la munificence relative des dons «was a method for establishing the divisions in a hierarchical elite.» L!association des sites monastiques bouddhiques aux élites urbaines constituait un «symbolic system expressing differences within an urban hierarchy» (1984: 133).
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
49
tion directe dans le commerce: activités bancaires de dépôt et de prêt, monnaie, stockage et écoulement de divers biens (dont l!alcool!), caravansérails, hébergement peut-être.57 Durant l!époque ku*"&a, l!essor du bouddhisme semble donc tenir pour bonne partie à sa vitalité économique, à une interaction élective et profitable avec les milieux urbains engagés dans la production et le commerce. 1.4.3. L!époque gupta constitue l!un des chapitres les plus méconnus de l!histoire institutionnelle du bouddhisme indien. Contentons-nous de relever ici certains éléments parmi les moins mal assurés. A des degrés divers mais à grande échelle, la période postku*"&a (gupta et post-gupta) coïncide avec un mouvement généralisé de déclin ou de désaffection des centres urbains: les séquences archéologiques trahissent la pauvreté des couches correspondantes en structures, monnaies et artefacts (les couches «médiévales58» ou de période musulmane faisant souvent immédiatement suite aux strates ku*"&a). Si la situation paraît moins manifeste au Ka+m!r, 57
LIU 1988: 107 et 120"123. Sur la base de la localisation exacte des sites monastiques bouddhiques par rapport aux villes (périphérie immédiate, collines environnantes, etc.), HEITZMANN (1984: 132) doute de l!implication directe de ces sites dans le commerce. DAVIDSON (2002: 77) évoque une «symbiotic relationship» des institutions monastiques avec les guildes.
58
Pour une critique lucide des enjeux idéologiques de la périodisation de l!Inde, voir DAVIDSON 2002: 26"28. Noter, p. 28: «The reliance on British historiography has influenced some historians to invoke the periodization strategies of Europe in the assignment of categories to Indian history. Analogous to the decline and fall of Rome, effected by the Hunic invasions, the decline and fall of the Guptas was seen as precipitated by the Ephtalite Huns between 460 and 530 C.E. According to this model, the ancient world is followed by the medieval, which occupies the period until the rise of the modern, and the medieval is dominated by the political institution of feudalism, variously interpreted. The similarities between the two appeared to some to provide India with a status equal to that of Europe, and a teleological vector toward the modern as well.» DAVIDSON plaide pour un usage conventionnel («convenient rubric # and nothing more», 2002: 28) de ces catégories, avec cette remarque que «a judiciously employed periodization demonstrates a commitment to envisioning India as a society in which change was the rule.»
Introduction
50
elle caractérise le Gandh"ra, le Penj"b, la plaine moyenne du Gange, l!Inde centrale et le Dekkan. Il est extrêmement intéressant de noter, comme l!a fait systématiquement THAKUR, que le témoignage de Xuanzang (ou sa comparaison avec les descriptions de Faxian) est toujours corroboré par l!archéologie. Le constat vaut pour la désaffection massive qui touche le Gandh"ra et le Penj"b, où il n!est que rarement besoin d!invoquer des ravages hephtalites: nombre de structures déclinent ou tombent en ruine plusieurs siècles avant Toram"&a et Mihirakula. Mais le constat vaut également de tous les centres gangétiques de l!ancienne culture bouddhique, qui déclinent ou s!effondrent soit durant l!époque gupta, soit dans sa postérité immédiate: Mathur" (moindre degré), )r"vast!, Kau+"mb!, Kapilavastu, Ku+inagara, Vai+"l!, Camp", R"jag-ha, P"/aliputra/Kumr"har.59 Dans un mouvement inverse de celui qui caractérisait les siècles précédents, le déclin des sites monastiques bouddhiques coïncide avec le processus de désurbanisation. Mais comme le montre THAKUR, le mouvement n!est pas strictement homogène: au Bengale surtout, mais aussi dans le Gange moyen, certains centres se maintiennent, et c!est alors qu!ils sont demeurés ou devenus des centres politiques, religieux et/ou éducationnels (Kanauj/Kany"kubja, Ayodhy" dans une mesure moindre, N"land", Valabh!, V"r"&as!). L!époque post-ku*"&a enregistre parallèlement un net reflux commercial et monétaire: avec l!effondrement de l!empire romain, les convulsions politiques de l!Asie centrale et le déplacement des voies commerciales, le commerce en direction du Nord-Ouest décline, comme en témoigne l!absence presque complète de monnaies gupta en Asie centrale.60 Si l!émission de monnaies d!or paraît se maintenir, on frappe largement moins de pièces de cuivre qu!on ne l!avait fait sous les Ku*"&a.61 L!historiographie récente inscrit volontiers le reflux des commerces intérieur et extérieur, la désurbanisation et le déclin de l!économie moné59
Voir THAKUR 1981: 276"289.
60
THAKUR 1981: 318.
61
A corréler peut-être avec le témoignage de Faxian (LEGGE 1991: 43): «In buying and selling commodities they use cowries.»
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
51
taire dans un processus de «féodalisation62» qui s!amorcerait sous les Gupta et s!accentuerait après leur chute.63 L!affirmation graduelle du «féodalisme indien» trouverait à s!expliquer par la pratique des dotations en terres et en villages, qui s!amplifie sous les Gupta64 et tend à augmenter le nombre des intermédiaires politiques et économiques: à une féodalisation de la structure politique ferait écho l!émergence d!unités locales de production, avec cette
62
Voir la description de l!historiographie récente par CHATTOPADHYAYA (1994: 130"132 [article de 1974], et 159"160 [article de 1986]). DAVIDSON 2002: 135"139 offre un intéressant aperçu du débat historiographique relatif à la pertinence, pour l!Inde post-gupta, de la notion de «féodalisme».
63
Sur l!érosion du pouvoir économique et des réseaux des guildes commerçantes, dans l!Inde post-gupta, voir DAVIDSON 2002: 79"81. Sur un plan «international», le monopole sogdien, les conquêtes musulmanes et l!affirmation des Tang, privent les marchands indiens de débouchés terrestres. Sur le plan «national», leur féodalisation progressive les régionalise, sédentarise, vassalise et appauvrit: «Indian merchant guilds began to emulate the political structure by turning into landed feuda, resolving their prior national trade network into a system of personal allegiances to local lords ! The guilds represented a reservoir of available assets for those intent on military adventurism, and the paucity of minted monies during the era only served to increase the attractiveness of these guilds as temporary resources. The medieval decline of both trade and artisan guilds in North India is to some degree tied to their perception as a consistent source of income for sovereigns, beyond the royal booty secured from war.» (DAVIDSON 2002: 79) «As a result, much of the wealth that had previously been in the hands of longdistance merchants and caravan directors became accrued by those in positions of political power. This is probably the greatest single economic difference between the Gupta and the medieval and was one of the causes for the paucity of coinage and its replacement by trading in kind for small purchases or by bullion of gold dust for larger ones. Only a few of the longdistance mercantile guilds (+re&i, go*/hika) managed to sustain a pattern of success.» (DAVIDSON 2002: 80) Plus bas (ibid.), DAVIDSON évoque encore une «désinstitutionalisation» de l!activité commerciale, «with some kinds of trade being handled through government agencies acting in the administrative capacity of guilds.»
64
Voir THAPAR 1990: 145"148.
Introduction
52
conséquence que «the practice of the day was local production for local consumption».65 1.4.4. Ces mutations sociales, économiques et politiques n!ont pu manquer d!affecter les conditions d!existence et les assises économiques des institutions bouddhiques. Sur le modèle de pratiques déjà attestées sous les S"tav"hana (et plus lointainement à )r! La'k"), les dynastes gupta (mais aussi maitraka, au Sur"*/ra) soutiennent les dénominations religieuses par des dotations en terres et en villages66 plutôt que par des contributions ponctuelles en espèces, et n!hésitent pas à patronner l!érection, sinon de complexes monastiques entiers comme à N"land" et à Valabh!,67 du moins de monuments et d!édicules religieux. Si des communautés bouddhiques semblent continuer de prospérer sous les Gupta, c!est désormais surtout sur la base des revenus permanents que leur assurent leurs biens fonciers, des revenus qui satisfont à leurs besoins matériels et rituels.68 La pratique des dotations en terre, en même temps qu!elle accroît la dépendance des sites monastiques par rapport à l!État,69 en favorise l!autonomie par rapport au soutien des élites commerçantes et artisanales. Ces dernières, de plus, doivent voir diminuer leurs ressources avec le reflux du commerce concomitant à la désurbanisation et à l!émergence d!unités locales peu monétarisées de production et d!échange. Parallèlement aux effets du renouvel-
65
THAKUR 1981: 318.
66
LIU 1988: 129"131; voir aussi le témoignage (couvrant une très longue période) de Faxian dans LEGGE 1991: 43; selon Yijing, «[t]he lands in its [i.e. N!land!"s] possession contain more than 200 villages. They have been bestowed (upon the monastery) by kings of many generations» (TAKAKUSU 1998: 65).
67
Sur la fondation et la perpétuation de N"land" sous les Gupta (puis les Gupta magadhéens), voir DUTT 1988: 329"331; sur la fondation de Valabh! par les Maitraka, voir DUTT 1988: 224"232.
68
Comme dit THAKUR (1981: 316): «As a result of such land-grants these temples and monasteries developed as various semi-independent pockets enjoying immunities [voir THAKUR 1981: 314"315] on religious grounds.»
69
LIU 1988: 132"133.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
53
lement des voies commerciales70 et du déplacement du centre de gravité politique vers l!Est, la politique de dotation en terres doit favoriser certains sites monastiques au détriment d!autres institutions bouddhiques. De ce processus, les premiers bénéficiaires paraissent les grands centres éducationnels du Magadha et du Sur"*/ra, pures créations des dynastes gupta et maitraka.71 La situation qui s!ébauche aux 4e et 5e siècles paraît bien conduire à celle que décrira Xuanzang, vers 630"635. A l!exception de J"landhara, il faut sortir du Penj"b pour voir timidement refleurir le bouddhisme. C!est géographiquement à partir de )rughna, Matipura et Sth"&v!+vara, la première capitale des Pu*yabh$ti, que la présence bouddhique réapparaît lorsqu!on arrive de Bactriane et du Gandh"ra. Ses proportions restent néanmoins plutôt faibles en comparaison des centres situés plus à l!est: )rughna compte 5 sa)gh!r!ma et 1!000 moines (surtout h!nay"nistes) pour 100 temples t#rthika et de très nombreux adhérents;72 Matipura compte 20 sa)gh!r!ma et 800 moines (surtout sarv!stiv!din, d!ailleurs les seuls recensés par Xuanzang dans tout le bassin moyen du Gange) pour 50 temples et d!innombrables adhérents;73 Sth"&v!+vara compte 3 sa)gh!r!ma et 700 moines h!nay"nistes pour 100 temples et un
70
Les itinéraires commerciaux qu!empruntent les biens de luxe se transforment: la route qui, du Ka+m!r, rejoint T"mralipti par la plaine du Gange, l!emporte désormais sur la vieille route gandh"ro-bactrienne. Sans grande surprise, l!aire de rayonnement du bouddhisme passe de l!Inde du nordouest, où villes et routes commerciales déclinent avec lui, aux plaines fertiles du Gange, plus propres à l!agriculture (LIU 1988: 32"42).
71
A Valabh!, les institutions bouddhiques n!ont d!ailleurs pas le monopole de l!éducation, puisque les Maitraka patronnent également des centres brahmaniques et jainistes (DUTT 1988: 230"231). A suivre le témoignage de Yijing (TAKAKUSU 1998: 177"178), le pouvoir politique n!est peut-être pas tout à fait sans intérêt dans ces patronages: tous les étudiants que forment ces deux «universités» n!embrassent pas la carrière régulière, puisque certains alimentent également l!administration étatique.
72
BEAL 1981: I.187.
73
BEAL 1981: I.190.
Introduction
54
grand nombre d!adhérents.74 La situation s!améliore plus au Sud, dès Mathur", qui compte 20 sa)gh!r!ma/2'000 moines (h!nay"nistes et mah"y"nistes) pour à peine 5 temples.75 Les statistiques religieuses de Xuanzang paraissent s!inverser à mesure qu!il progresse vers l!est. Ainsi Kany"kubja compte-t-il 100 sa)gh!r!ma et 10'000 moines (mah"y"nistes et h!nay"nistes) pour 200 temples t#rthika et plusieurs milliers d!adhérents;76 Ayodhy" compte 100 sa)gh!r!ma et 3'000 moines (mah"y"nistes et h!nay"nistes) pour à peine dix temples et très peu d!adhérents;77 Vi+"kh" (S"keta?) compte 20 sa)gh!r!ma et 3'000 moines (essentiellement s!+mit#ya);78 V"r"&as! compte 30 sa)gh!r!ma et 3'000 moines pour 100 temples et 10'000 adhérents, essentiellement m!he,vara;79 à proximité de V"r"&as! (à S"rn"th?), un monastère compte près de 1'500 moines. V"r"&as! et ce monastère sont essentiellement s!+mit#ya.80 En revanche, les t#rthika dominent largement à Pray"ga (2 monastères et très peu de moines pour plusieurs temples et un grand nombre d!adhérents),81 à Kau+"mb! (10 monastères en ruine pour 50 temples et un nombre «énorme» d!adhérents),82 et à )r"vast! (plusieurs centaines de monastères en ruine pour 100 temples et de très nombreux adhérents).83 1.4.5. L!aire d!où rayonne désormais le bouddhisme s!est déplacée vers les centres urbains médio-gangétiques ayant survécu au processus de désurbanisation; ce faisant, le bouddhisme réaffirme sa présence dans l!aire des grands pèlerinages, mais dans des centres 74
BEAL 1981: I.181"182.
75
BEAL 1981: I.180.
76
BEAL 1981: I.207.
77
BEAL 1981: I.225.
78
BEAL 1981: I.239"240.
79
BEAL 1981: II.44.
80
BEAL 1981: II.45.
81
BEAL 1981: I.230"231.
82
BEAL 1981: I.235.
83
BEAL 1981: II.2.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
55
nouveaux par rapport à ceux, désormais tous ruinés, qui en avaient constitué le premier bassin de diffusion. Dans certains de ces centres il développe, sous le patronage actif des pouvoirs politiques, de vastes complexes monastiques qui s!apparentent à des studia generalia,84 et où la plupart des sectes, avec une dominante s!+mit#ya, paraissent représentées.85 Lorsque, durant le dernier tiers du 5e siècle, le pouvoir gupta s!effondre,86 le bouddhisme paraît encore prospère, mais confiné économiquement et socialement à certains de ses monastères. A des degrés divers, les facteurs politico-économiques susmentionnés induisent un phénomène de concentration dans les sites auxquels les dynasties gupta et post-gupta ont prolongé leur patronage, et qui sont devenus les points de cristallisation de la culture bouddhique. Ce processus de concentration87 " que l!hostilité am84
DUTT 1988: 319"327, avec prudence.
85
BAREAU 1955: 39"41.
86
THAPAR 1990: 142"143. On peut conjecturer qu!avec l!effondrement de l!empire gupta, la prospérité de certaines institutions se trouva en outre fortement ralentie. Alors que certains pouvoirs ont pu rompre avec le modèle libéral gupta, voire refuser leurs faveurs aux communautés monastiques, d!autres (que nous connaissons mieux) ont prolongé le modèle et ses libéralités: à l!Est, les Gupta magadhéens ont continué leur patronage à N"land"; à l!Ouest, les Maitraka dotent richement la florissante «université» conventuelle de Valabh!; l!ancienne capitale des Maukhari, Kany"kubja, mais également Ayodhy", Vi+"kh" et V"r"&as!/S"rn"th, comptent on l!a vu parmi les centres les plus prospères du bouddhisme au témoignage de Xuanzang.
87
Plutôt que de «concentration», DAVIDSON parle de «contraction of Buddhist institutional range» (DAVIDSON 2002: 83), de réponse bouddhique aux circonstances historiques «by contracting into regions of strength» (DAVIDSON 2002: 167). Dans le haut moyen âge indien, l!auteur observe lui aussi un processus simultané de croissance des institutions («growth of institutions», DAVIDSON 2002: 106, «growth in the net size of some of the great monasteries», DAVIDSON 2002: 77), et de déclin de leur nombre absolu. Les institutions bouddhiques tendent alors à refléter les caractéristiques générales de la période, se féodalisent («gained stature as landed feudal lords», DAVIDSON 2002: 112; «became feuda for the abbots and the monks», DAVIDSON 2002: 106; «feudal cloisters», ibid.; «began to assume the position of landed
Introduction
56
biante au bouddhisme n!aura certainement pas ralenti " s!opère au profit de quelques points précis: parmi ceux-ci, Valabh! au Sur"*/ra, Kany"kubja, Ayodhy" et V"r"&as! en pays maukhari, N"land" au Magadha. La situation d!ensemble se prolonge sous les règnes de Prabh"karavardhana et de Har*avardhana, qui dominent toute la vallée du Gange. Dans ces centres, sectes, écoles et véhicules tendent à coexister.88 Sous le signe général d!une précarisation de leurs conditions d!existence, les communautés bouddhiques consolident leur confinement monastique en quelques centres richement dotés et situés dans un environnement politique sûr89 et bien disposé à leur égard. fiefdoms», DAVIDSON 2002: 77; «edifices mimicking feudally grounded fortresses», DAVIDSON 2002: 167). Ces monastères lèvent des impôts, exercent le pouvoir judiciaire sur leurs «fiefs» (voir DAVIDSON 2002: 110"112 et 167). 88
BAREAU 1955: 38.
89
Les Pu*yabh$ti (Prabh"kara°, R"jya° et Har*avardhana) et les Maukhari (Sarvavarman) combattent encore les Huns à leurs frontières nord-ouest au tournant des 6e et 7e siècles (voir TRIPATHI 1985: 288"290, et THAKUR 1981: 307"313); quant à )a+"'ka (602"620?), il se révèle menaçant à l!Est (avec des incursions jusqu!à Kany"kubja, qu!il occupe momentanément en 605" 606) pour les deux dynasties. Au début du 7e siècle, les Pu*yabh$ti subissent encore à l!Est les incursions de )a+"'ka. Le roi de Gau%a, un brahmane +ivaïte dont la numismatique révèle qu!il se disait un «oppresseur du bouddhisme», et le MMK qu!il était «épris de la parole hérétique» (MMK 634,9/k. LIII.717ab: t#rthikasya vace rata(; Xuanzang aussi le dit «a believer in heresy» [BEAL 1981: II.118]), se serait rendu coupable de nombreuses vexations à l!endroit du bouddhisme: selon Xuanzang, )a+"'ka aurait fait jeter dans le Gange, à P"/aliputra, une pierre sacrée portant l!empreinte du Bouddha (BEAL 1981: II.90"91), aurait déraciné et brûlé le Bodhiv-k*a à Gay" (BEAL 1981: II.118), remplacé une image du Bouddha par une représentation de )iva dans un temple voisin (BEAL 1981: II.121); la prophétie du MMK prédit aussi que le roi du Gau%a Soma (= )a+"'ka) fera détruire la délicieuse image du Bouddha )"st- (n!,ayati ! ,!stur bimb!+ manorath!m, MMK 634,7/k. LIII.716a). )a+"'ka porterait en outre la responsabilité de persécutions et de dévastations: selon Xuanzang, )a+"'ka aurait fait disparaître les moines de Ku+inagara, site que le pèlerin chinois a trouvé en ruine (BEAL 1981: II.42); selon le MMK, )a+"'ka fera brûler le grand Pont du Dharma prédit jadis par les Bouddha (jinai( kathita+ p*rva+ dharmasetum analpa-
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
57
1 . 5 . I n c i d e n c e s s u r l ! a c t i v i té philosophique bouddhique Tant que la communauté monastique bouddhique ne se sentit pas menacée ou précarisée, elle eut tout loisir de se vouer au développement de ses identités disciplinaires et doctrinales sectaires; séparées les unes des autres, les sectes se dotent de systèmes et se livrent à d!âpres querelles, certaines montrant même une certaine porosité aux idées non bouddhiques. Telle est la période dite «systématique» du bouddhisme indien et de sa philosophie dogmatique. Hasard ou non, la fin de la période systématique coïncide avec la désintégration de l!empire gupta. L!hostilité ambiante et le phénomène de concentration décrits plus haut ont imposé à la communauté bouddhique de repositionner sinon reformuler son identité. L!hostilité a exigé de redéployer la polémique vers l!extérieur; la concentration, d!aplanir des divergences qu!elle rend plus visibles et problématiques, soit en faisant triompher une interprétation du Dharma bouddhique, soit en construisant une identité doctrinale suprasectaire; le confinement monastique et la perte des soutiens laïcs, de s!enquérir d!une nouvelle «visibilité». Le 6e siècle paraît marquer une période de transition dans l!histoire des idées bouddhiques. En parallèle des querelles d!écoles on enregistre, d!une part, un déplacement partiel de la polémique vers les doctrines non bouddhiques; de l!autre, des progrès considérables en logique et en théorie de la connaissance. L!orthodoxie brahmanique a trouvé de puissants relais philosophiques. Entre le 5e et le début du 7e siècle, Naiy"yika et M!m"#saka adressent aux doctrines bouddhiques des critiques systématiques. Ce faisant, ces deux écoles d!apologétique védique90 situent la polémique sur le terrain même qui avait suscité l!opprobre de l!orthodoxie: dialectique, logique, argumentation rationnelle. Les sectes, kam ! d!h!payati, MMK 634,8"9/k. LIII.716cd"717a), ruinera monastères, parcs de plaisance et reliquaires (vih!r!r!macaity!n ! bhetsyate, MMK 634,11"12/k. LIII.718a et c). 90
Pour le Ny"ya, voir les développements que consacre HALBFASS (1990: 273" 286) à la question de l!!nv#k$ik#, et PERRY 1997.
Introduction
58
écoles et tendances bouddhiques se voient contraintes d!ouvrir un «second front», de redéployer une partie de leur effort polémique vers l!extérieur, vers les écoles non bouddhiques. Les docteurs bouddhistes continueront certes, pour un temps du moins, de s!entre-déchirer pour faire prévaloir à l!interne l!interprétation définitive du Dharma bouddhique: Sarv"stiv"din(/Vaibh"*ika), S"#mit!ya et Sthavira du côté des sectes (sans témoignage univoque pour les deux secondes), Sautr"ntika, M"dhyamika ou Yog"c"ra du côté des tendances et écoles. La pression de l!extérieur exige toutefois de défendre ce Dharma contre les assauts «hérétiques». Ces docteurs bouddhistes assument dès lors une double identité: celle, à vocation interne, qui fait d!eux les représentants de telle secte, école ou tendance, et celle, à vocation externe, «paradoxographique», qui fait d!eux des «,!kya» ou encore des «bauddha». Amorcé avec Vasubandhu et plus sûrement avec Dign"ga, le mouvement cristallise au 6e siècle dans les #uvres de Bh"(va)viveka/Bhavya et de Dharmap"la.91 1.6. Dharmak!rti 1.6.1. Ce qui nous est parvenu comme PV I formait à l!origine une #uvre indépendante, peut-être intitulée Hetuprakara"a ou «Traité des raisons logiques».92 Ce titre eût du reste été fort adéquat puisque dans ce traité, Dharmak!rti fait la théorie des trois raisons ou indices logiques recevables dans un jugement inférentiel: raison fondée sur l!identité (svabh!vahetu), raison fondée sur la causalité (k!ryahetu), non-perception (anupalabdhi[hetu]) comme base des 91
Les MHK de Bh"(va)viveka/Bhavya sont très représentatives de cette tendance. Après une introduction doctrinale à la compréhension bouddhique de la praxis et de la réalité (chap. [I-]III), peut-être initialement indépendante, le philosophe défend sa version du Madhyamaka contre les )r"vaka (chap. IV) et les Yog"c"ra (chap. V). Dans la seconde moitié de l!#uvre, il s!attaque aux écoles non bouddhiques: S"'khya (chap. VI), Vai+e*ika (chap. VII), «Ved"nta» (chap. VIII), M!m"#s" (chap. IX["X]).
92
Sur la chronologie interne des #uvres de Dharmak!rti, voir FRAUWALLNER 1954; sur ces #uvres et l!état de leurs éditions et de leurs traductions, voir STEINKELLNER/MUCH 1995: 23"44.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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jugements négatifs. Or Dharmak!rti ne consacre pas moins d!un tiers de cette #uvre de jeunesse à sa critique de l!incréation du Veda, une proportion démesurée si l!on considère que le thème ne relève au mieux qu!indirectement de la matière du traité. Cette proportion montre assez que l!apauru$eyat!, et plus particulièrement la version qu!en a donnée Kum"rila, occupait une place prépondérante parmi les préoccupations intellectuelles du premier Dharmak!rti. Elle ne le cède en rien à la réinterprétation de la théorie apohiste de Dign"ga, ou au contentieux ouvert avec ,+varasena, son propre maître en logique. La critique de l!incréation s!inscrit dans l!examen des critères concurrents appelés à fonder l!autorité scripturaire. Les philosophes indiens se séparent sur ce point en deux grandes tendances. Certains autorisent les Écritures en les rapportant au prestige de leur énonciateur; d!autres les autorisent par l!absence alléguée de tout énonciateur. Pour différentes que soient ces deux stratégies, elles n!en présentent pas moins un trait commun: le critère de l!autorité y est extérieur à l"Écriture elle-même. Pour le M!m"#saka, le Veda fait autorité parce qu"il n"a pas d"auteur; pour le Naiy"yika, le jainiste (antérieur au Siddhasena du NA, au moins), le +ivaïte ou la plupart des bouddhistes eux-mêmes, l!Écriture fait autorité parce que son énonciateur possède telles ou telles qualités. Comme celles de Bh"(va)viveka/Bhavya et Dharmap"la, la doctrine métareligieuse de Dharmak!rti (c!est-à-dire PV I.213sq) invite au contraire à rechercher le critère de l!autorité dans l"Écriture elle-même, l!autorité de son auteur n!étant au mieux que dérivée.93 Dharmak!rti en 93
Reprenant à son compte la vieille thèse de Conze, DAVIDSON (2002: 102" 105) tient le programme philosophico-religieux des théoriciens bouddhistes de la connaissance pour allogène, simple appropriation des «standards developed in the non-Buddhist epistemological circles» (DAVIDSON 2002: 102). Fort de cet alignement sur un discours et des valeurs panindiens, Dign"ga «came to vindicate the scriptures # and their forms of praxis # in light of commonly held Indian values» (DAVIDSON 2002: 103). En matière «métareligieuse», Dign"ga fut par conséquent conduit, selon DAVIDSON (ibid.), à «reverse a long-standing Buddhist tradition concerning the value of the teaching of a teacher.» Cette tradition d!authentification est celle qui s!exprime
60
Introduction
appelle à une évaluation des Écritures elles-mêmes par les facultés ordinaires de la connaissance humaine, perception et inférence. L!attitude paraît traduire au plan de la philosophie une situation où, devant l!hostilité ambiante et la précarité, quelques segments au moins de la communauté bouddhique jugent n!avoir de meilleure rhétorique à faire valoir vers l!extérieur que celle de la raison.94 dans le Adhy!,ayasañcodanas*tra, texte selon lequel ce qui a été «bien dit» " est doté de signification, conforme à l!enseignement, capable d!éradiquer les passions et de conduire au nirv!"a " est parole du Bouddha. Moines et Bodhisattva se doivent donc de reposer, non sur la personnalité (pudgala) énonciatrice, mais sur le contenu énoncé, le Dharma lui-même. Or chez Dign"ga, poursuit DAVIDSON (ibid.), «the Buddha became the embodiment of valid reasoning (pram"&abh$ta), an indication that the individual as the source of the message was rapidly becoming more important than the message itself.» Quoique exigeant des nuances (par exemple quant à l!histoire prédign"géenne de «pram!"abh*ta», ou sur les très bouddhiques sampad fondant le pram!"abh*tatva dans la V'tti au ma)gala,loka) et appelant des précisions (notamment quant aux sources d!inspiration de Dign"ga, ou à l!interprétation des obscurs PS II.5ab et V'tti), le propos me paraît argumentable dans le cas de Dign"ga. Dans le cas du Dharmak!rti de PV I en revanche, les remarques de DAVIDSON manquent totalement leur cible. Dans son interprétation de PS II.5ab, Dharmak!rti recourt en effet à l!attitude et à la méthode de la critique bouddhique d!authenticité; mieux même, il assure celle-ci d!une fondation épistémologique telle qu!elle lui permet, précisément, de rejeter les versions non bouddhiques (naiy!yika et jainistes, surtout) de la personne crédible (!pta). Reprenant à son compte une critique que Kum"rila PV II.218"219) adressait déjà aux doctrines de l!omniscience, Dharmak!rti (P démontre que l!!pta est inconnaissable (imperceptible et ininférable), rendant ainsi inévitable un retour aux textes mêmes. Quant à la critique interne (c!est-à-dire aux critères qualifiant un ,!stra à pouvoir faire l!objet d!un examen en autorité), elle emprunte ultimement aux catégories de l!Adhy!,ayasañcodanas*tra: consistance sémantique (sambaddhatva), adéquation des moyens aux fins (anugu"op!yatva), finalité sotériologique (puru$!rth!bhidh!yitva). Voir pp. 92"96 et 102"104. 94
Je dois l!expression de «rhétorique de la raison» (rhetoric of reason) à Sara MCCLINTOCK (2002). Par «rhétorique», l!auteure entend (avec la «Nouvelle rhétorique» de Perelman/Olbrechts-Tyteca), le «dialectical and practical reasoning that is used to /gain the adherence of minds$» (2002: 2). MCCLINTOCK cherche à évaluer la façon dont les types d!argumentation ou stratégies rhétoriques (ad personam, ad hominem, ad humanitatem, avec forte compo-
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
61
sante «formelle» et justification par la théorie des pram!"a) sont ordonnés aux catégories de public (audience) à persuader ou convaincre (public actuel/spécifique, dans TS[P] les représentants des différents dar,ana/mata discutés; public idéal/universel, dans TS[P] les êtres «rationnels» ou prek$!vat/prek$!p*rvak!rin: voir MCCLINTOCK 2002: 30). Par «rhétorique de la raison», MCCLINTOCK désigne la façon dont )"ntarak*ika et Kamala+!la (1) en appellent à la raison comme suprême et meilleur arbitre de la croyance, et (2) ambitionnent de persuader leurs adversaires de la rationalité inhérente aux doctrines bouddhiques. En s!adressant ultimement à un public universel d!êtres rationnels (prek$!vatpuru$a comme standard de la rationalité théorétique et pratique, antidogmatique, obéissant à l!argumentaire formel et à sa justification par la théorie des pram!"a: voir MCCLINTOCK 2002: 38"43), les deux docteurs chercheraient à prouver que le chemin bouddhique est fondé en raison, et qu!une personne rationnelle (en tant précisément que rationnelle) se devra de l!embrasser sous peine de voir discréditée sa rationalité même. Visant ultimement à la conversion des êtres rationnels, cette #uvre d!apologétique bouddhique à forte teneur sotériologique (MCCLINTOCK 2002: 95) procéderait par la démonstration de ce que les doctrines bouddhiques sont défendables en termes de formes confessionnellement neutres (belief-neutral) de raisonnement (MCCLINTOCK 2002: 99"100). Pour pertinentes que me paraissent, dans le contexte de TS(P), les remarques de MCCLINTOCK, j!hésite à les transposer telles quelles à PV I dans son entier, dont le dessein apologétique, voire, comme dit HAYES (1984), doctrinaliste, me paraît moins immédiatement discernable. Quoi qu!il en soit, si «rhétorique de la raison» il y a dans PV I, c!est assurément dans la section critiquant les critères d!évaluation de l!autorité scripturaire. Dharmak!rti s!y adresse expressément au prek$!p*rvak!rin; plus même, il revendique d!exposer la démarche même à laquelle souscrit toute personne rationnelle, comme en témoignent PVSV 110,3"10 et les passages présentés ci-dessous (pp. 70"73). Jugé à l!aune de ces passages, le programme épistémologique du Dharmak!rti de PV I est extrêmement ambitieux quant aux prérogatives et à la juridiction de la raison (yukti). Qu!on en juge: celle-ci règne en maître sur le domaine empirique (ce que, il est juste de le noter, reconnaissent la majorité de ses adversaires); elle est en mesure d!évaluer à l!interne Écritures et traités, de décider de leur acceptabilité sans qu!il lui soit prérequis de savoir si ceux-ci sont incréés, dérivent d!une Écriture incréée (comme les Sm-ti pour le M!m"#saka) ou procèdent d!une personne crédible; surtout, Dharmak!rti ne laisse pas la raison sans recours dans l!ordre du suprasensible lui-même, puisque la consistance des énoncés portant sur le domaine transempirique se peut encore évaluer par «inférence scripturaire» (voir pp. 104"110). On ne saurait à mes yeux s!opposer davantage, tout en réservant une sphère de com-
62
Introduction
Nous avons vu que la doctrine de l!incréation du Veda permettait à la M!m"#s" de fonder l!autorité des Sm-ti et des Pur"&a, deux produits littéraires d!une orthodoxie très hostile au bouddhisme. Réfuter l!incréation revient alors à miner toute tentative d!inscrire la source de l!autorité dans l!ordre même des choses, de la naturaliser, et à renvoyer les normes prescrites au rang de conventions humainement instituées, et honorées par tel ou tel segment de la société. La critique passe par l!examen détaillé de plusieurs doctrines, dont certaines sont communes à la M!m"#s" et à la Grammaire, d!autres pour ainsi dire propres à la Grammaire: permanence, incréation et réalité de la relation entre parole et signification, éternité du Veda, énoncé transphonétique (le spho.a), énoncé comme ordre de succession de phonèmes. La critique conduit également Dharmak!rti à établir l!intrinsécité de la destruction des choses, à prouver la perception du suprasensible, à réfuter la naturalisation brahmanique des statuts sociaux. Il est tout à fait singulier d!observer que la plupart des doctrines ici critiquées trouvent des contreparties bouddhiques. Dès l!époque de Vasubandhu, des docteurs bouddhistes ont développé des doctrines très voisines de diverses positions non bouddhiques (sans que la direction de l!influence soit clairement identifiable), et dont certaines présentent un caractère apologétique marqué: les Vaibh"*ika prêtent à leurs cittaviprayuktasa+sk!ra («dispositions formatrices dissociées de la pensée») d!ordre langagier un statut ontologique et linguistique voisin du spho.a, une théorie qui n!est pas sans incidence sur leur conception de la Parole du Bouddha;95 les Vaibh"*ika, encore eux, voisinent dangereusement avec le réalisme ontologique et social des écoles brahmaniques en posant leur sattvasa-
pétence propre à l"Écriture, à l!infalsifiabilité des énoncés scripturaires que postule l!épistémologie intrinséciste de Kum"rila (voir pp. 116"120). La position de Dharmak!rti illustre dès lors fort bien, hors matérialisme ou scepticisme, le type d!attitude que dénonçait l!(ultra-)orthodoxie en taxant les «hérétiques» de t!rkika ou de hetuv!din. 95
Et qui les porte à développer une apologétique voisine de celle de la M!m"#s". Voir n. 15, p. 164.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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bh!gat!;96 comme si la chose ne suffisait pas, ces mêmes Vaibh"*ika admettent que certaines paroles entretiennent une relation incréée avec leur signification;97 enfin, des milieux (proto)tantriques paraissent revendiquer pour les mantra une efficacité naturelle et originaire qui fait horreur à Dharmak!rti.98 Voilà qui semble accréditer le témoignage de Kum"rila, qui dénonçait on l!a vu la rhétorique frauduleuse permettant à des bouddhistes de soutenir la permanence et l!incréation du buddhadharma. Il y a donc quelque chance que, critiquant la constellation des doctrines liées à l!incréation, Dharmak!rti ait espéré débarrasser d!un même élan la doctrine bouddhique d!immixtions hétérodoxes. Seul un Dharma restauré dans son intégrité est susceptible de survivre aux conditions ambiantes. 1.6.2. Envisagée comme une réponse à l!extérieur, cette «#uvre de jeunesse» est marquée par le double souci de neutraliser l!apologétique m#m!+saka, et de subordonner l!adhésion aux traités à une évaluation rationnelle interne de ceux-ci. Mais loin de se limiter à cette critique, Dharmak!rti cherche encore à y développer l!instrument logico-épistémologique de Dign"ga. Il semble s!efforcer, d!abord, de parfaire l!instrument logique lui-même, notamment contre l!interprétation qu!en a donnée son propre maître ,+varasena, ou en lui conférant un caractère plus strictement déductif; ensuite, d!ancrer la théorie du langage et des concepts (la théorie de l!apoha) dans la réalité même, ce qui avait semble-t-il assez peu préoccupé Dign"ga; enfin, de proposer une théorie exhaustive de la connaissance et de la praxis humaine, une théorie qui soit à même de coordonner expérience perceptive, genèse des concepts et jugement inférentiel, et d!expliquer " vieux thème bouddhique " les mécanismes présidant à la falsification de notre expérience du monde (surimpositions et imputations erronées). Cet ajustement de l!épistémologie dign"géenne à une ontologie inspirée de Vasubandhu offre à Dharmak!rti de refonder plusieurs dogmes et inclinations cen96
Voir ELTSCHINGER 2000: 63"73.
97
Voir pp. 133"134.
98
Voir ELTSCHINGER 2001a: 121"122.
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Introduction
traux du bouddhisme: d!un côté, la causalité, l!instantanéité, l!insubstantialité; de l!autre, l!antiréalisme et les vérités conventionnelle (sa+v'ti°) et ultime (param!rthasatya). Dharmak!rti dote ainsi le bouddhisme d!une philosophie complète, mobile et réputée ne faire appel qu!aux lumières ordinaires de la connaissance humaine. Lorsque, dans PV II, Dharmak!rti donnera du vers bénédictif (ma)gala,loka) du PS l!interprétation grandiose que l!on sait, il aura augmenté l!édifice théorétique et polémique d!une bouddhologie entièrement à la mesure de son épistémologie. Refondation des piliers dogmatiques et élaboration d!une bouddhologie axée sur les Vérités Saintes offrent au bouddhisme une philosophie qui, en retournant à la source sur la base de méthodes nouvelles, entend dépasser les identités sectaires. Esprit intransigeant, Dharmak!rti ne s!économisa pourtant jamais de critiquer ses coreligionnaires. Peut-être chercha-t-il à leur faire embrasser un programme philosophico-religieux qu!il tenait pour seul en mesure d!assurer la survie du Dharma face à l!animosité, à la précarité et aux déchirements intestins. Que Dharmak!rti ait eu un jour à constater l!échec de son projet initial, pourrait rendre raison d!une amertume devenue légendaire.99 99
Stance liminaire du PV: pr!ya( pr!k'tasaktir apratibalaprajño jana( kevala+ n!narthy eva subh!$itai( parigato vidve$.y ap#r$y!malai( || ten!ya+ na paropak!ra iti na, cint!pi ceta, cira+ s*kt!bhy!savivardhitavyasanam ity atr!nubaddhasp'ham ||. «The majority of people having attachment to ordinary pursuits and lacking in the requisite strength of intellect, not only have no interest in and fail to appreciate the holy discourses, but being covered with the dirt of malice, even hate them. I do not therefore entertain the thought that this work (of mine) will be of benefit to others, but my mind having developed an obsession fostered by prolonged study of science and scripture is bent upon this task (I desire to compose).» Traduction MOOKERJEE/NAGASAKI 1964: 5. Stance finale du PV (= PV IV.286), librement: anadhyavasit!vag!hanam analpadh#,aktin!py ad'$.aparam!rthas!ram adhik!bhiyogair api || mata+ mama jagaty alabdhasad',apratigr!haka+ pray!syati payonidhe( paya iva svadehe jar!m ||. «D!une profondeur insondable même à un [être] de grande capacité intellectuelle, d!une quintessence invisible même aux [êtres] d!assiduité supérieure, ma pensée passera au vieil âge en mon propre corps comme l!eau à l!océan, elle qui n!aura trouvé en ce monde
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique
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aucun récepteur assez digne.» On connaît d!autre part la stance fameuse que lui attribue SRK 50.12: ,ailair bandhayati sma v!narah'tair v!lm#kir ambhonidhi+ vy!sa( p!rtha,arais tath!pi na tayor atyuktir udbh!vyate || v!garthau ca tul!dh't!v iva tath!py asmannibandh!n aya+ loko d*$ayati pras!ritamukhas tubhya+ prati$.he nama( ||. «V!lm#ki dammed the sea with rocks/ put into place by monkeys,/ and Vy!sa filled it with the arrows shot by P!rtha;/ yet neither is suspected of hyperbole./ On the other hand, I weigh both word and sense/ and yet the public sneers and scorns my work./ Oh Reputation, I salute thee!» Traduction INGALLS 1965: 444"445; voir aussi STCHERBATSKY 1984: 35"36.
Chapitre 2 La doctrine métareligieuse de Dharmak!rti
2.1. Sources et fondements de la doctrine métareligieuse de Dharmak!rti 2.1.1. Du point de vue systématique et du point de vue de l!économie interne de PV I et PVin II, la doctrine métareligieuse de Dharmak!rti s!inscrit dans (et retourne à) la problématique de la non-perception (anupalabdhi) conçue comme raison logique permettant d!introduire un jugement négatif (ou: un jugement d!inexistence). D!un point de vue historique, cette doctrine se présente comme un développement entièrement original sur PS II.5ab, une demi-strophe où Dign"ga assigne à la parole d!une personne crédible (!ptav!da) le statut épistémologique d!une inférence (anum!na). Quant à la philosophie proprement religieuse de Dharmak!rti, dont il ne sera qu!incidemment question ici, elle s!origine pour une large part à la stance bénédictive (ma"gala#loka) du même PS, où Dign"ga trace la ligne bouddhologique du courant logico-épistémologique (voir pp. 89"92). 2.1.2. La longue discussion relative à l!autorité scripturaire s!inscrit dans la problématique générale de la non-perception: elle relève donc de la section finale du chapitre initial (= PVSV), laquelle porte sur la troisième des raisons logiques reconnues par les théoriciens bouddhistes de la connaissance. Pourquoi inscrire la réflexion métareligieuse dans le traitement de l!anupalabdhi? D!un objet ou état de fait remplissant les conditions de la perceptibilité, la nonperception permet de conclure à l!absence/inexistence. Or les objets «scripturaires» ne remplissent pas les conditions de la perceptibilité pour les gens ordinaires: hors d!atteinte (viprak$%&a, vyavahita) selon le lieu, le temps ou la nature propre, suprasensibles (at'ndriya), transempiriques (ad$%&a) ou radicalement imperceptibles (atyantaparok%a), une non-perception simple ne peut en garantir
68
Introduction
l!inexistence (asatt!, abh!va, niv"tti).1 Mais, objectera-t-on, une non-perception dûment redéfinie comme la suspension (ou: la nonopération, niv"tti) des trois moyens de connaissance valide (perception, inférence et Écriture),2 pourrait garantir l!inexistence de tels états de fait. C!est à cette objection que répond PV I.1993: «[Hors d!atteinte selon la nature propre, etc.,] nombreux [sont] les états de fait sans rapport avec la matière d!un traité, suprasensibles et sans indice [inférentiel, c!est-à-dire ne remplissant pas les conditions d!un traitement scripturaire, perceptif ou inférentiel]: comment [donc] l!inexistence de ces [états de fait pourrait-elle être établie] par une non-perception [définie comme la suspension des trois moyens de connaissance valide]?» Quelle qu!en soit la définition, la non-perception est inapte à établir l!inexistence d!états de fait transempiriques. Dans PVSV 107,14"19, Dharmak!rti conduit une discussion analogue4: ici s!ouvre la considération des critères légitimant un recours à l!autorité scripturaire. Cet examen couvre 126 strophes (PV I.213"339). La discussion retourne à son point de départ dans PV I.3395: «Par conséquent, même la suspension de l![Écriture] n!établit pas l!inexistence d!une entité [considérée comme 1
Voir PVin II.64,9sq/16*,10sq, et STEINKELLNER 1979: 61sq.
2
Dans la présente discussion, Dharmak!rti admet provisoirement trois moyens de connaissance valide (PV" P267a3/D229a7: lu# gi tshad ma khas bla#s nas de skad du b$ad do ||): sur ce point, voir pp. 69"70 et n. 40, p. 199.
3
PV I.199: $!str!dhik!r!sambaddh! bahavo !rth! at%ndriy!& | ali#g!$ ca katha' te(!m abh!vo !nupalabdhita& ||. Voir aussi PVSV 101,23"102,12 (tra"17*,7 (traduction dans YAITA 1985: 215"214) # PVin II.65,2"10/16*,26" duction dans STEINKELLNER 1979: 62).
4
Cette fois, l!adversaire postule pour l!Écriture une portée universelle: si elle couvre tous les objets, le fait qu!elle ne mentionne pas l!un d!eux établit ipso facto l!inexistence de celui-ci. L!idée selon laquelle l!Écriture couvre toutes choses intervient dans l!épopée, par exemple (concernant le Veda) dans MBh 1.62.33 (yad ih!sti tad anyatra yan neh!sti na tat kvacit, cité RENOU 1960: 2; voir aussi MBh 8.49.18: $rutena jñ!yate sarva' tac ca tva' n!vabudhyase, cité SUTTON 2000: 31). L!idée n!est pas totalement absente côté bouddhique si l!on se réfère à MSABh 53,18"19 sous MSA XI.1.
5
PV I.339: tasm!n na tanniv"tty!pi bh!v!bh!va& prasidhyati | ten!sanni$cayaphal! !nupalabdhir na sidhyati ||.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
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devant être niée]. Donc [même définie comme la suspension des trois moyens de connaissance valide,] la non-perception n"est pas établie résulter dans une détermination [en tant qu"]inexistant [lorsqu"il est question d"états de fait hors d"atteinte selon le lieu, le temps ou la nature propre].» Comme son parallèle dans PVin II, ce long développement métareligieux présente le caractère d"un excursus où le thème de la non-perception fait place à une polémique acharnée contre la M!m"#s". 2.1.3. Vai$e%ika excepté,6 la majorité des courants philosophicoreligieux indiens assignent à l"autorité scripturaire un statut (mais pas nécessairement un fonctionnement) autonome dans l"économie générale des pram!"a. Durant sa période systématique, le bouddhisme (de tendance [proto-]idéaliste surtout) reconnaît régulièrement trois moyens de connaissance valide (à l"instar du S"&khya et de Bhart'hari7): perception directe (pratyak#a), inférence (anum!na), Écriture autorisée (!pt!gama, !gama).8 Dign"ga paraît le premier docteur bouddhiste à avoir subsumé le témoignage d"autorité/Écriture sous l"inférence. L"idée, dont on ne sait si elle représente la pensée de Dign"ga bien plutôt que celle du Vai$e%ika, tient en 6
Voir PDhS §256.
7
Pour le S"&khya, voir SK 4ab1; pour Bhart'hari, voir AKLUJKAR 1989 et HOUBEN 1997.
8
BoBh W37,25!26 = D25,17: pratyak#am anum!nam !pt!gama$ pram!"a$ ni%ritya; MAV III.12b: tray!d yuktiprasiddhakam; MAVBh 97,17 ad loc.: pram!"atraya$ ni%ritya; MAV( 98,14!16 ad loc.: pram!"atraya$ puna& pratyak#am anum!nam !gama% ca | tatra pratyak#a$ pañcendriyaja$ m!nasa$ ca sukhadu&kh!disa$vedanam | trir'pali(gena anumey!rthajñ!nam anum!nam | !ptav!g !gama& | !pt!& punar an)tahetuvimukt!& |. Voir aussi TUCCI 1930: 58!60 et, dans le cadre des règles du débat, WAYMAN 1958: 35a, n. 33 (!pt!gama défini: yat sarvajñabh!#ita$ tato v! %rutv! tatra anudharma$ v! |), YAITA 1989 et YAITA 1999: 442n. 5. MHK V.8a2b: pram!"a$ na& sarva$ t!th!gata$ vaca&; PrP 268,1!2: buddh!n!m eva bhagavat!$ vacana$ pram!"am ity upavar"ayanti vicak#a"!& sopapattikatvena avisa$v!dakatv!t |. On nuancera ces deux citations m!dhyamika: celle de Bh"(va)viveka/Bhavya, car celui-ci, dans MHK IX au moins, suit Dign"ga (voir pp. 97-99); celle de Candrak!rti, car celui-ci dénie toute validité aux pram!"a.
70
Introduction
une demi-strophe9: «Puisque la parole d!une personne crédible est semblable en fiabilité [à une inférence]/a la fiabilité pour caractère général, c!est une inférence.» La prose explicative de Dign!ga, extrêmement sibylline, invite à la plus grande prudence exégétique. S!appuyant sur VS II.i.19 (pratyak!ap"rvakatv#t sa$jñ#karma%a&), Dign!ga paraît admettre que la fiabilité d!un #ptav#da tient à cela que le locuteur a toujours effectivement perçu les états de faits (p. ex. svarga, au contraire de pradh#na/prak'ti) dont il parle. Tandis qu!une connaissance verbale ordinaire informe sur le seul contenu intentionnel du locuteur (vivak!#, vaktur icch#/abhipr#ya&) et n!est donc pas fiable quant aux choses mêmes,10 la parole d!une personne crédible informe de façon fiable sur des états de fait réels.11 C!est à Dharmak"rti qu!il revient d!avoir, sous la probable inspiration de Pak#ilasv!min, ($ryadeva/)Dharmap!la et Bh!(va)viveka/Bhavya, élaboré une critériologie complète de cette fiabilité (voir pp. 92"114). 2.1.4. Dharmak"rti fonde son interprétation de PS II.5ab sur une anthropologie religieuse d!inspiration pragmatique. L!auteur distingue trois types d!objets: objets perceptibles (pratyak!a), (actuellement) imperceptibles (parok!a), et radicalement imperceptibles (atyantaparok!a). Les deux premiers types composent la catégorie des objets empiriques (d'!(a); le troisième coïncide avec la catégo9
Deux variantes de PS II.5ab: (1) < RANDLE 1981: 17: #ptav#ky#visa$v#das#m#ny#d anum#nat# |; (2) < PVSV 108,1 et 109,5 = PV I.216ab: #ptav#d#visa$v#das#m#ny#d anum#nat# |. Sur l!interprétation de PS II.5ab et PSV, voir HAYES 1988: 238"239, VAN BIJLERT 1989: 80"82 et TILLEMANS 1990: I.18"22, 69"71. Pour un aperçu des interprétations de PS II.5ab ainsi qu!une discussion relative à sa proximité avec le Vai%e#ika, voir LASIC (à paraître).
10
Selon PV II.1c2"2: )#bda n!est un pram#%a que relativement à l!intention du locuteur (que l!on infère valablement de ses paroles; abhipr#yanivedana): son pr#m#%ya ne se fonde pas sur la vraie nature de l!objet (n#rthatattvanibandhanam). Voir KATSURA 1984: 219, et pp. 140"142.
11
Voir aussi PVSV 109,10"11: tata& )abdaprabhav# api sat* na )#bdavad abhipr#ya$ nivedayaty eva ity arth#visa$v#d#d anum#nam api |.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
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rie des objets transempiriques (ad!"#a) ou suprasensibles (at$ndriya). Les possibilités cognitives humaines sont ordinairement (et non: «naturellement», ce qui conduirait à une épistémologie m$m%&saka) limitées aux objets perceptibles et (actuellement) imperceptibles: de ceux-ci, la perception directe et l"inférence «procédant en vertu de [quelque chose de] réel» (vastubal%y%ta/°prav!tta) assurent, dans des conditions optimales, une connaissance congruente, fiable, «objective» (avisa&v%daka°, avisa&v%di°, samyagjñ%na). Tel est l"être humain dans sa condition ordinaire (pr%k!tapuru"a): ses possibilités cognitives limitées (arv%gdar'ana > arv%gdar'in) lui interdisent tout accès cognitif au suprasensible, à l"ordre des états de fait transempiriques (TSP 900,6!7 sous TS n°3463! 3464). La connaissance de ces réalités ressortit tout entière à l"Écriture ! que celle-ci soit théorisée comme parole d"une personne crédible ou comme impersonnelle/incréée. De la connaissance du suprasensible, l"être humain pourrait à la rigueur faire l"économie si elle ne touchait qu"à des faits de démonologie, de magie médicale ou de cosmologie. L"Écriture couvre cependant toute la sphère de la praxis humaine: de la morale, de l"agir éthico-rituel, de l"eschatologie et de la sotériologie, il n"est de connaissance que scripturaire. En d"autres termes, il n"est d"agir que scripturairement fondé. Tels sont les premiers mots du maître sur PS II.5ab12: «La personne [désireuse d"agir] ne peut vivre sans recourir à l"autorité d"une Écriture[, et ce pour deux raisons:] parce qu"elle [y] apprend les bénéfices et infortunes immenses [qu"il y a] à renoncer et à consentir à certains [actes] dont les résultats [lui demeurent] invisibles, et parce que [cette personne] ne perçoit pas d"incompatibilité à l"existence des [résultats désirable et indésirable que prévoit l"Écriture].» Si l"être humain n"a d"autre choix que de subordonner sa praxis aux recommandations d"une Écriture, il garde en revanche et en théorie le choix de l!Écriture; plutôt qu"à une adhésion aveugle, il peut obéir à une décision rationnelle cen12
PVSV 108,2!5: na aya& puru"o !n%'ritya %gamapr%m%(yam %situ& samartha) | atyak"aphal%n%& ke"%&cit prav!ttiniv!ttyor mah%nu'a&s%p%[y]a'rava(%t tadbh%ve virodh%dar'an%c ca |.
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Introduction
sée maximiser ses chances de succès13: «Toute [personne, si elle] procède avec prudence [et] non par inclination [aveugle], analyse [si tel traité] est Écriture ou n!est pas Écriture, désireuse [qu!elle est] d!agir [sur la base d!une Écriture après avoir dûment écarté ce qui n!est pas Écriture; cette personne se dit en effet:] !Puissé-je connaître par l![Écriture] ce qu!il [me] faut mettre en pratique pour voir mon agir couronné de succès!"» Qu!une procédure évaluative engendre la décision rationnelle de fonder sa praxis sur tel traité, ne dispense toutefois nullement de témoigner, sinon du scepticisme, du moins de la prudence à l!égard des énoncés scripturaires portant sur le suprasensible14: «Puisque [seule] cette [Écriture-]ci peut parfois se révéler fiable, l!action d!une personne en proie au doute sur les [seuls] états de fait [radicalement imperceptibles], est préférable à l!action d!une personne qui dans tel autre [traité aurait] constaté une contravention aux moyens de connaissance valide.» Sur cette prudence, Dharmak"rti insiste encore dans une synthèse remarquable de sa propre position métareligieuse15: «[Seul] l!ignorant recherche, afin de prendre connaissance de l!objet qu!elle expose, une Écriture [qui soit pour lui] moyen de connaissance valide, parce que les [personnes] qui ont [déjà] atteint la vérité ne dépendent [plus] de l!enseignement [d!autrui], et que l!ignorant n!a pas la capacité de distinguer [parmi plusieurs] une person-
13
PVSV 110,3#5: sarva eva !gamam an!gama" v! prav#ttik!mo !nve$ate prek$!p%rvak!r& na vyasanena | api n!ma anu$'heyam ato jñ!tv! prav#tto !rthav!n sy!m iti |.
14
PVSV 173,28#174,2: arthe$u vara" sa"(ayitasya v#tti) | tatra kad!cid avisa"v!dasambhav!t | na tv anyatra d#$'apram!*oparodhasya puru$asya prav#ttir iti |. «Cette [Écriture-]ci», c!est-à-dire l!Écriture ayant passé avec succès les tests d!évaluation (voir pp. 92#114).
15
PVSV 175,27#176,4: !gama" pram!*a" tad!dar(it!rthapratipattaye !jño jana) samanve$ate samadhigatay!th!tathy!n!m upade(!napek$a*!t | ajñasya ca at&ndriyagu*apuru$avivecane !s!marthy!t | vacan!n!" sam&hit!rthasatt!m antare*a api v#tti" pa(yato bhavitavyam eva ad#$'avyabhic!ravacas!m api puru$!*!" v!ci (a+kay! ki" yath!rth! na v! iti | tena na yuktam anena kasyacid vacanena ki"cin ni(cetum |.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
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ne [omnisciente ou véridique,]16 dont les qualités [lui demeurent] suprasensibles. [Donc] pour qui constate l"usage d"énoncés sans pourtant [pouvoir constater] l"existence de l"objet escompté, un doute doit s"installer même eu égard à la parole de personnes dont il n"aurait pas constaté que le propos fût fallacieux,17 [un doute quant à savoir] si [cette parole] est véridique ou non. Celui-ci18 n"est donc19 fondé à s"assurer d"aucune [entité] à partir de l"énoncé d"une [personne].» 2.1.5. Pra!astap"da, Dign"ga et Bh"(va)viveka/Bhavya subsument l"Écriture sous l"inférence: la démarche ne revient pas à nier la validité épistémique (pr!m!"ya) de l"Écriture, mais à nier que celleci constitue un pram!"a autonome. Dharmak#rti ne se satisfait pas de ranger l"Écriture au côté de l"inférence: il lui refuse encore, dans ses idées métareligieuses du moins, toute validité épistémique.20 Chez lui, l"Écriture n"a de pr!m!"ya que faute de mieux, en raison seulement de l"impossibilité où se trouve l"être humain ordinaire d"accéder non scripturairement au suprasensible (agaty!). C"est là l"intention qu"il prête au Dign"ga de PS II.5ab21: «[C"est] en raison de l"impossibilité [où l"on se trouve sinon] d"accéder [à des objets radicalement imperceptibles, que le maître Dign"ga] a déclaré que, puisque la parole d"une autorité est semblable en fia16
PV$ ñe P83b3!4/D69a6!7: !di ni thams cad #es pa yin gyi g$an ni ma yin pa!am | !di phyin ci ma log par brjod pa yin gyi g$an ni ma yin no $es " Comparer PVSV$ 617,12, et voir pp. 92!96.
17
PV$ ñe P83b7/D69b2 = PVSV$ 617,17: #akyavic!re vastuni, «sur une entité dont l"examen [par les moyens de connaissance valide] est possible.»
18
C"est-à-dire, selon PV$ ñe P83b8!84a1/D69a3 = PVSV$ 617,19, l"agent ignorant (ajña% pratipatt!).
19
PV$ ñe P83b8/D69b3: the tshom gyi rgyu ga& yin pa des na.
20
PV IV.101ab: pr!m!"yam !gam!n!' ca pr!g eva viniv!ritam |. «Et [nous avons déjà] écarté plus haut la validité épistémique des Écritures.» Sur cette demi-strophe et son contexte, voir TILLEMANS 2000: 138!142. Sur ce qui suit, voir en premier lieu TILLEMANS 1999.
21
PV I.216ac: !ptav!d!visa'v!das!m!ny!d anum!nat! | buddher agaty!bhihit!.
74
Introduction
bilité [à une inférence], la connaissance [que l!on en tire] est une inférence.» Que l!autorité de l!Écriture tienne aux seules exigences de la praxis et non à ses propriétés épistémologiques, ressort en toute netteté d!un autre commentaire direct de Dharmak!rti sur PS II.5ab22: «Donc étant donné que s!il faut agir [sur la base d!une Écriture], mieux vaut agir ainsi[, en ayant évalué l!Écriture au préalable, le maître Dign"ga] propose une autorité [procédant] par évaluation [de l!Écriture].» #"kyabuddhi et Kar$akagomin explicitent le propos de la façon suivante23: «Ce n!est pas en professant une validité épistémique réelle que le maître [Dign"ga] a dit de l!Écriture qu!elle est une inférence, mais en considérant l!agir humain.» La praxis impose à l!être humain d!agir sur l!autorité d!une Écriture; la rationalité pratique,24 de soumettre cette autorité à une 22
PVSV 108,5"6: tat sati pravartitavye varam eva! prav"tta iti par#k$ay% pr%m%&yam %ha |.
23
PV% P286a2"3/D242b5"6 = PVSV% 390,21"22: na %c%rye&a bh%vika! pr%m%&ya! kathayat% %gamasya uktam api tu puru$aprav"ttim apek$ya |.
24
TSP 4,1"6 (TSPt P ye 162a6"b2): y%vat% d"'yante hi kecid apratyak$aphal%n%! ke$%!cit prav"ttiniv"ttyor mah%nu'a!s%p%ya'rava&%d an%'ritya %gamapr%m%&yam %situm a'aknuvanto vacan%t prav"ttam%n%( | na ca et%vat% te$%! prek$%vatt%h%ni(, *abhyup%yena eva prav"tte(; na hy %gam%d "te !tyantaparok$%rthavi$aye prav"tt%v anyo **!bhyup%yo !sti | ava'ya! ca pravartitavya! tv? %gam%t | vy%hat%gamaparigraha! hi kurv%&% aprek$%p)rvak%ri&a( syu( | avy%hat%gamasam%'raye&a tu prav"ttau katha! na prek$%vanto bhaveyus tasya eva samyagup%yatv%t |. *TSPt: thabs khyad par can gyis; **TSPt: thabs. «On constate en effet que des [gens] agissent [sur la base] d!une parole [d!autorité], incapables [qu!ils sont] de vivre sans recourir à l!autorité scripturaire: en effet, [c!est dans l!Écriture qu!]ils apprennent les bénéfices et infortunes immenses qu!il y a à consentir ou à éviter certains [actes] aux résultats imperceptibles. Or ces [gens] ne cessent pas pour autant d!être rationnels, car c!est [sur la base] d!un (excellenttib) moyen qu!ils agissent. Il n!est en effet [nul] autre moyen que l!Écriture pour agir [par rapport] à un objet qui est un état de fait radicalement imperceptible. Et [dès lors qu!]il faut nécessairement agir [sur la base] d!une Écriture, ceux qui feraient allégeance à une Écriture contredite [par des moyens de connaissance valide] n!agiraient effectivement pas avec rationalité; en revanche, s!ils agissent en se fondant sur une Écriture non contredite, en quoi ne seraient-ils pas rationnels puisque seule cette [Écriture-]ci est un moyen correct [d!agir]?»
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
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évaluation critique. Dérivée, transférée ou inférée au terme d"une évaluation qui ne porte pas directement sur des énoncés relatifs au suprasensible (pour lesquels seuls sauraient prévaloir des critères cohérentistes), la crédibilité de l"Écriture demeure hypothétique en matière de suprasensible; invérifiable hic et nunc sur ce point, incapable d"offrir une connaissance constative des objets qu"elle évoque,25 l"Écriture ne satisfait pas aux critères retenus par l"école en matière de pr!m!"ya: elle n"est pas un pram!"a de plein droit. 2.2. Personnes d"autorité 2.2.1. L"être humain désireux d"une praxis éthico-religieuse ne dispose pas, des moyens gnoséologiques d"accéder au suprasensible. Pour agir, il doit donc s"en remettre à l"autorité d"une Écriture. L"Inde ancienne accuse toutefois une pluralité religieuse marquée. Chaque dénomination (hors M!m"#s" et apparentés) rapporte les Écritures fondant et consignant ses spécificités socio-religieuses, à une (ou plusieurs) «personne(s) d"autorité» (ou: «personne[s] crédible[s]», humaine[s] ou divine[s]), que les littératures philosophico-religieuses, dès le début de notre ère, nomment génériquement «!pta».26 L"expression s"entend de toute personne pour laquelle une dénomination confessionnelle revendique des qualités telles qu"elles assurent à cette personne le statut d"enseignant par excellence27: l"!pta est ou fait autorité pour la tradition ou l"obédience 25
PVSV 168,1!3: agaty! ca idam !gamalak#a"am i#$am | na ato ni%caya& | tan na pram!"am !gama ity apy uktam |. «Now we accept this defining character of scripture for lack of any [other] way. There is no certainty from this [scripture]. Thus it was said that scripture is not a pram"$a.» Traduction TILLEMANS 1999: 400.
26
YD 87,1!13 (sous SK 5d), NBh 14,4!5 (sous NS I.i.7), 96,18!19 et 97,7 (sous NS II.i.68), PrP 75,7 (sous MK I.1) et 268,1!269,3 (sous MK XV.6), NS"ra 5 (où pr"k. atta = skt. !pta), NA 9, CS s'trasth!na 11,18!19 et 27!29. Autres dénominations: puru#avi%e#a dans YBh 39,1!2 et YS I.24; paramar#i dans YBh 41,2 (sous YS I.25); (#i dans Nir. I.20, PDhS §288, NS I.i.7, MSA XVIII.31, CS s'trasth!na 11,27!29.
27
Qualités de yath!bh't!rthacikhy!payi#! dans NBh 96,19 (sous NS II.i.68); de guru dans YS I.26; d"upade#$( dans NBh 14,4!5 (sous NS I.i.7); de satya-
76
Introduction
qui se reconnaît dans son enseignement; surtout, l!autorité scripturaire dérive généralement de l!autorité attachée à sa personne.28 Nos sources visent des personnalités aussi diverses que Kapila, les !"i védiques, les #i"$a brahmaniques, les Bouddha Bienheureux, les T!rtha"kara ou #$vara.29 A ces personnalités, les mêmes sources rapportent la parole d!autorité (%ptavacana), le témoignage d!autorité (%ptopade#a), la révélation d!autorité (%pta#ruti), le traité (autorisé, #%stra), l!Écriture (%gama), la parole (en tant que moyen de connaissance valide, #abda) et parfois, plus tardivement, le Tantra.30 Pour la majorité de ces traditions, l!Écriture, parole ou témoiv%din dans MBh 18.5.31. Noter aussi le jñ%nadharmopade#a de YBh 40,5" 41,1 (sous YS I.25) et l!anu#%sanapr%tih%rya des Bouddha dans AKBh 424,13"425,3 (sous AK VII.47b2d). 28
Fondamental sur ce point et pour les littératures hindouistes, OBERHAMMER 1974b; pour le Ny%ya et le Vai$e&ika, voir CHEMPARATHY 1983, VAN BIJLERT 1989: 16"19 et 30"34, LYSSENKO 1998; pour le jainisme, voir SHAH 1967: 33"36; pour l!aspect de la connaissance objective (de type perceptif/ direct surtout), voir d!abord SEYFORT RUEGG 1994b, puis 1994a et 1995. A ces auteurs (surtout à SEYFORT RUEGG 1994b), je dois une part notable des références données ci-dessous.
29
TJ ad MHK IX.3 (P310a7"8/D274b4"5) présente les S%"khya, les Vai$e&ika, les Jaina, les nihilistes (tib. med par smra ba pa, sans doute les matérialistes lok%yata) et les bouddhistes comme autant de formations dérivant l!autorité scripturaire d!une personne d!autorité: Kapila (ser skya), Ka'%da (gzegs zan), Nagna? (gcer bu), #Jig rten #di pa? et Buddha (sa&s rgyas) ; plusieurs de ces noms réapparaissent, dans le contexte de l!omniscience et de la perception du suprasensible, dans TS(P) (voir aussi NB, passim): Sugata, Kapila, Ka'abhak&a (= Ka'%da), Ak&ap%da (TSP 822,16 sous TS n°3148); Jina et Buddha (TS n°3150); Vardham%na (TS n°3325); (&abha (TS n°3348). Sur ces passages, voir ELTSCHINGER 1998: 65"66.
30
'ptavacana dans YD 70,14 (sous SK 4ab1), 87,1"13 (sous SK 5d), AKVy 525,10; %ptopade#a dans NS I.i.7, NBh 97,5"6 (sous NS II.i.68), MHK V.8, CS s(trasth%na 11,17; %pt%gama dans CS s(trasth%na 11,27; %pta#ruti dans YD 87,4"13 (et SK 5d); #%stra dans YBh 37,3"4 (sous YS I.24); %gama dans NS%ra 8, PrP 75,7 (sous MK I.1) et 268,1"269,3 (sous MK XV.6). Les notions de %gama et de tantra ont été décrites et définies par OBERHAMMER (1974a). NBh 14,4"5 dit %pti l!action de l!%pta. TS)Bh sous TS) I.20: #rutam %ptavacanam %gama upade#a aitihyam %mn%ya) pravacana* jinava-
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
77
gnage d"une personne crédible, est un moyen de connaissance valide,31 possède une autorité épistémique.32 Régulièrement, cette autorité s"attache à la personne crédible elle-même (celle de sa parole en dérivant): cette dernière est alors réputée «être (devenue/comme) un moyen de connaissance valide» (pram!"abh#ta),33 et parfois être une «personne étant (devenue/comme) un moyen de connaissance valide» (pram!"abh#tapuru$a).34 Les Écritures sont généralement dites (au moins sinon exclusivement) porter sur l"ordre des états de fait reconnus comme suprasensibles ou radicalement imperceptibles par la tradition, c"est-àdire sur l"ordre des réalités demeurant inaccessibles aux lumières ordinaires de la connaissance humaine: elles informent alors sur les modalités de la praxis éthico-rituelle et ses conséquences eschatologiques, sur des faits de cosmologie ou de théologie, sur des événements passés et futurs.35 Surtout, avant d"exiger d"elles une canam ity anarth!ntaram |. 31
MHK V.8ab (pram!"a% na& sarva% t!th!gata% vaca&), PrP 268,1 sous MK XV.6 (buddh!n!% bhagavat!% vacana% pram!"am), NBh 97,6!7 sous NS II.i.68 (!ptopade'a& pram!"am), YD 87,10 (ni&sa%'aya% pram!"am) et 87,12 (yad vacas tat pram!"am) sous SK 5d, NA 8 (m!nam).
32
MHK V.8c (!ptopade'apr!m!"y!t), NBh 96,18 (!pt!n!% pr!m!"yam) et 97,6 (trividhena !ptapr!m!"yena) sous NS II.i.68, PrP 269,2 sous MK XV.6 (pr!m!"yam).
33
NBh 97,2 sous NS II.i.68 (!pta& pram!"am). Selon SEYFORT RUEGG 1994b: 309sq, la première attestation indienne du composé pram!"abh#ta est MBh!"ya sous P!. I.i.1/v!rttika 7 (I.39,10), et désigne un !c!rya; dans MSABh 138,5 sous MSA XVIII.31 (SEYFORT RUEGG 1994b: 306!307), LV 319,9 (SEYFORT RUEGG 1994b: 306) et PS ma(gala, elle vise le (Bouddha) Bienheureux; voir aussi YD sous SK 4ab1.
34
L"expression est rare dans les textes indiens mais, sous la forme de *pram!"apuru$a (tshad ma!i skyes bu), a donné lieu à d"abondants développements tibétains (voir STEINKELLNER 1983 et TILLEMANS 1993). MABh sous MA VI.2 la dit d"un !c!rya autorisé (tel N!g!rjuna; voir SEYFORT RUEGG 1994b: 303!304); TJ P310a8/D274b4 sous MHK IX.3 (tshad mar gyur pa!i skyes bu; pour le contexte, voir n. 29, p. 76). Voir n. 69, p. 89.
35
Nonobstant le fait que certaines traditions ne limitent pas au suprasensible la sphère de compétence scripturaire (voir n. 4, p. 68). At)ndriya dans NV
78
Introduction
doctrine du monde, plusieurs parmi ces écoles (Yoga, Ny!ya, bouddhisme, jainisme) demandent à leurs personnes d!autorité d!administrer une thérapeutique à la douleur existentielle, d!articuler une sotériologie.36 2.2.2. Selon l!adversaire de PVSV 109,23"110,1 (naiy!yik!di selon Manorathanandin), est !pta une personne que distinguent des qualités (gu"a) mentales particulières, une personne exceptionnelle 54,16"20 (sous NS I.i.7), où Uddyotakara compte svarga, ap#rva, devat! (voir aussi NS I.i.3); dans VP I.38, MBh 18.5.32 (dit de Vy!sa; voir SUTTON 2000: 27"28); dans PDhS §§288"289 (dit de dharm!di et des trois temps); dans PrP 75,6"7 (sous MK I.1); dans YBh 39,4 (sous YS I.25) et CS s#trasth!na 11,18"19 (où l!on se réfère aux trois temps); dans CS s#trasth!na 11,27"29, où l!on se réfère à «Geben, Aszese, Opfer, Wahrheit, Gewaltlosigkeit, Keuschheit» (OBERHAMMER 1974b: 53). Atyantaparok$!rtha dans YD 70,15 (sous SK 4ab1); atyant!k$aparok$a dans MHK IX.5. Noter aussi NAV 382,8"9: tan na k$%"ado$avacana& vyatiricya anyata' prek$!vat!& paralok!d!v ad($)e !rthe prav(ttir yukt!. "M I.5 évoque des s#k$m!ntaritad#r!rtha, que A# 4,33 et "MV 4,22 comprennent comme des états de fait hors d!atteinte (viprak($)a, viprakar$in) selon la nature propre, le temps, l!espace respectivement. 36
WEZLER (1984) a montré que le bouddhisme d!abord, puis le Yoga, le Ny!ya (dès le NBh) et, périphériquement, la médecine elle-même, affectionnent une métaphore médicale de structure quadripartite pour décrire leur propre doctrine du salut. Comme le médecin identifie la maladie (roga), la cause de la maladie (rogahetu), et envisage la santé (!rogya) à recouvrer avec la médecine (bhai$ajya) à administrer dans ce but, ces doctrines du salut élucident le mal à éliminer (heya), la cause de ce mal (heyahetu), l!élimination (h!na) proprement dite et le moyen de cette élimination (h!nop!ya). Dharmak$rti et Pak%ilasv!min (ce dernier se référant à l!!yurveda), usent des termes structurant cette métaphore lorsqu!ils discutent !pta° et !gamapr!m!"ya: pour tous deux, !pta et/ou !gama font autorité parce qu!ils enseignent véridiquement heyaDh/h!tavyaP, heyop!ya/h!nihetu, up!deya/adhigantavya et up!deyop!ya/adhigamahetu (voir PV I.217ab1, PVSV 109,15, PV II.32ab1, NBh 96,19"97,1 [sous NS II.i.68]). Hors toute référence à la métaphore médicale, le jainiste Kundakunda (NS!ra 2"4) ne trouve pas autre chose dans le jina*!sana: le Chemin (m!rga = mok$op!ya = niyama = jñ!nadar*anac!ritra) et le Fruit du Chemin (phala = [parama]nirv!"a). A rapprocher du *!stralak$a"a (NR" 288,11) de #V *abdapariccheda 4: prav(ttir v! niv(ttir v! nityena k(takena v! | pu&s!& yenopadi*yeta tac ch!stram abhidh%yate ||.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
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(puru!"ti#aya) au regard de ses propriétés; est fiable (avisa$v"da) ou objective (yath"rtha), c"est-à-dire autorisée, la parole d"une telle personne.37 Parmi ses propriétés, Dharmak!rti compte la connaissance objective (yath"rthadar#ana) et le caractère (moralement) immaculé (nirdo!at"), à quoi ses commentateurs ajoutent la compassion (day").38 Trois ordres de choses qualifient donc l""pta à l"autorité: la connaissance objective, notamment en matière suprasensible; l"éradication des vices; la commisération avec les êtres. Cette triple caractérisation est amplement corroborée par les littératures philosophico-religieuses de l"Inde ancienne, antérieures à ou contemporaines de Dharmak!rti. On doit à David SEYFORT RUEGG d"importantes études relatives au volet cognitif ou gnoséologique des représentations de l""pta, notamment à trois expressions récurrentes décrivant l"accès perceptif direct à l"invisible dont bénéficient les personnes crédibles: cellesci sont réputées «avoir directement réalisé/perçu le(s) dharma» (s"k!"tk%tadharman), «être des témoins directs au suprême degré» (paramas"k!&bh'ta), être des personnes «pour qui le(s) dharma est/sont perceptible(s)» (pratyak!adharman).39 De nombreuses sources insistent sur l"omniscience de leur(s) autorité(s);40 d"autres, 37
PVV 365,14: naiy"yik"daya(, alors que PVSV" 396,10 dit simplement v"din; «objective» gl. saty"rtha, «véridique», dans PVV 365,15; «autorisée» selon PVV 365,16: puru!"ti#ayapra)&ta$ vacana$ pram")am iti ! ayam artha( |.
38
PV" P292b5/D247a7 # PVSV" 396,10 disent encore k!&)ado!at"dikatva («avoir notamment éliminé les fautes morales [de la série psychique]») et, PV" P292b6/D247b1 # PVSV" 396,11!12, vair"gya («dépassionnement»); PVV 365,14: yath"bh't"rthadar#in; PV" P294a4/D248a7!b1 = PVSV" 397,12!13: bodha; PV" P292b6/D247b1 # PVSV" 396,11!12: k%p". Voir STEINKELLNER 1979: 65!66 + nn. 202!203.
39
Voir SEYFORT RUEGG 1994a, 1994b et 1995, qui renvoient, pour s"k!"tk%tadharman, à NBh 14,4!5 (sous NS I.i.7), 96,18 (sous NS II.i.68) et Nir. I.20; pour paramas"k!&bh'ta, à LV 319,9; pour pratyak!adharman, à MBh$%ya I.11 et MBhD ad loc.
40
Sarvajña dans YS I.25 et YBh 39,5 et 40,2 ad loc. (de &'vara); MBh 18.5.32 (de Vy$sa = Muni K(%)a); *M I.9; les sources jainistes utilisent aussi l"ex-
80
Introduction
sur la physiologie subtile de ce maximum gnoséologique;41 d!autres encore, sur l!accès cognitif au suprasensible ou sur l!objectivité de leur connaissance.42 Quant au motif de l!éradication des fautes morales ou caractère moralement immaculé, il est pour ainsi dire constant: l!!pta de la YD est «affranchi [des passions] de concupiscience, etc.» (r!g!diviyukta), «possède un esprit [moralement] immaculé» (adu"#amanas); celui de Kundakunda et de Candrak!rti est dénué de toutes les fautes morales sans exception; le Brahm" du PDhS est «pourvu de dépassionnement» (vair!gya!sampanna); le Vy"sa du MBh «possède une âme purifiée» (bhavit!tman); l!!pta de la CS est immaculé (ado"a), affranchi du rajas et du tamas, a vu disparaître peur (bhaya), concupiscence (r!ga), haine (dve"a), convoitise (lobha), hébétude/erreur (moha) et orgueil (m!na).43 L!association de la compassion à l!!pta est à peine moins régulière: l!!pta de la YD agit en vue du summum bonum des êtres humains (puru"ani$%reyas!rtham); l!#$vara du YBh par disposition favorable envers les êtres (bh&t!nugraha), par compassion (k!ru'ya); l!!pta du NBh est animé de compassion envers les êtres (bh&taday!); la CS évoque une doctrine (%!strav!da) introduite pour le bien du monde (lok!nugraha); l!AKBh décrit par le menu la grande compassion (mah!karu'!) qui, en tant pression de kevalajñ!na (NS"ra 5; NS"ra 1ab dit ananta!jñ!nadar%anasvabh!va; %DS 45d); voir TS& I.9 et JAINI 1979: 121"122 pour les catégories jainistes de la connaissance; pour des sources bouddhiques relatives à l!omniscience, voir pp. 83"85. 41
Motifs du divya° ou !r"acak"us dans CS s&trasth!na 11,29, MBh 18.5.33, VP I.38, ainsi que d!innombrables sources bouddhiques relatives à cette abhijñ!; motif vai%e"ika de l!!r"ajñ!na dans PDhS §§288"289 (LYSSENKO 1998: 99"101).
42
At(ndriy!rthavid dans PrP 75,6"7 (sous MK I.1); yath!rthanivedana) jñ!nam dans PDhS §288; sadbh&t!rthopade%aka dans %DS 46b.
43
Respectivement: YD 87,4 et 11"12 (sous SK 5d); vyapagat!%e"ado"a (NS"ra 3), ni$%e"ado"arahita (NS"ra 5), prah('!%e"ado"a (PrP 268,2 sous MK XV.6); PDhS §59; MBh 18.5.32; CS s&trasth!na 11,18, 11,27 et 11,29. Noter aussi 'M I.6: nirdo"a ('MV 5,17: nirdo"o "vidy!r!g!divirahita$ k"udh!divirahito v!); NAV 382,8"9: !pta$ prak"('!%e"ar!g!dido"aga'a$; %DS 45bc: r!gadve"avivarjita$ | hatamohamah!malla$.
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que l"un des dix-huit !ve"ikadharma, est propre aux Bouddha.44 Sur le thème de l"!pta comme ailleurs, Dharmak!rti a visé au plus large, c"est-à-dire toutes les écoles fondant l"!gamapr!m!"ya sur les qualités spécifiques de l"!pta. 2.3. Perception du suprasensible et autorité épistémique chez Dharmak!rti 2.3.1. Pour partie dans le sillage de Pak"ilasv#min, Dharmak!rti demande à une «théorie» des mantra et de leur efficacité de faire la preuve, contre la M!m#$s#, (de la possibilité) d"un accès cognitif direct au suprasensible.45 Dharmak!rti réfute longuement la notion censément m#m!$saka (en fait attestée dans des textes médicaux et tantriques) d"une efficacité naturelle et originaire (bh!va%akti) des mantra. Si nous disposons de mantra, dit-il, c"est que des hommes possèdent la capacité de distinguer entre énoncés efficaces et énoncés inefficaces, autrement dit entre mantra et amantra. Cette distinction demeurant inaccessible à la perception et à l"inférence, il faut la mettre au crédit d"hommes en quelque façon exceptionnels;46 et si ces mantra sont efficaces, c"est en raison du serment 44
Respectivement: YD 87,9 (sous SK 5d); YBh 40,5 (sous YS I.25); NBh 96,19 (sous NS II.i.68); CS s&trasth!na 11,27; AKBh 411,11 (sous AK VII.28ab) et AKBh 414,17!415,10 (sous AK VII.33).
45
Pour un examen détaillé de ces questions, voir ELTSCHINGER 2001a. Deux passages traitent des mantra: PVSV 123,14!124,26 et PVSV 155,17!164,24 (voir respectivement %MAE 1989 et WAKAHARA 1988).
46
PVSV 162,17: ! ity asti parok'!rthadar%# puru'a( |. Pour une traduction de tout le passage ainsi conclu, voir ELTSCHINGER 2001a: 89, pp. 89!90 pour le passage parallèle de TS n°3452!3455ab, et pp. 123!124 pour le passage parallèle de SSK 20!25. La série de phonèmes qui est mantra, c"est-à-dire qui octroie un résultat, n"est discernée que «par certains hommes dotés d"une capacité particulière [en matière] de suprasensible» (PV& ñe P42b2!3/D37b4 = PVSV& 576,8!9: kai%cid eva puru'air at#ndriya%aktibhedayuktai(). «Le M!m#$saka doit donc nécessairement admettre [qu"il existe] un homme qui perçoit des états de fait [ordinairement] imperceptibles, [un homme] qui distingue la nature propre [qui est celle] d"un mantra [de celle] d"un [énoncé] qui n"est pas mantra.» (PVSV& 576,28!29: ava%ya$ m#m!$sakena at#ndriy!rthadar%# puru'o "bhigantavyo yo mantr!mantrasvabh!va$ vivecayati |;
82
Introduction
(samaya, ou promesse, pratijñ!) et du soutien surnaturel (ou bénédiction, adhi"#h!na) de l!auteur ou divulgateur des mantra. A la notion d!une bh!va$akti, Dharmak!rti substitue par conséquent une théorie selon laquelle l!efficacité des mantra est d!origine strictement humaine. Relevons ici que l!auteur/divulgateur des mantra est exceptionnel (as!dh!ra%a, au regard de ses qualités mentales, as!dh!ra%agu%a), particulier (vi$e"avat) ou supérieur (ati$ayavat) par rapport aux hommes ordinaires (pr!k&tapuru"a), dont la perception est limitée (arv!gdar$in, arv!gdar$ana). Son caractère exceptionnel tient à sa perception d!objets aussi radicalement imperceptibles (at'ndriyadar$ana, at'ndriy!rthadar$in, parok"!rthadar$in) que la capacité d!une parole à figer un poison. Selon Dharmak!rti, différentes Écritures enseignent les moyens de réaliser des mantra (mantrakriy!s!dhana), les «causes des mantra» (mantrahetu).47 Nos textes dénombrent huit moyens ou causes: vér(ac)ité (satya), austérités (tapas), réminiscence (des naissances antérieures, sm&ti), discernement (de la pensée d!autrui, mati), intuition (de la nature des choses, prativedha), capacité ($akti), succès particulier (d!un mantra, siddhivi$e"a), destinée particulière (gativi$e"a).48 Aucun de ces facteurs n!est spécifiquement bouddhique: satya et tapas sont «panindiennement» associés aux prestiges magiques et visionnaires;49 [mantra]siddhivi$e"a et gativi$e"a recoucomparer PV" ñe P43b1"2/D38b1.) Cet homme «connaît le mantra, son efficacité et sa mise en pratique» (PV" ñe P42b3/D37b4"5 # PVSV" 576,10" 11: parok"!rthadar$ipuru"o yo mantra( tats!marthya( tadanu"#h!na( ca vetti |). 47
D!après PVSV 124,19"20: tats!dhanasamprad!yabhedavad gu%!ntaras!dhan!ny api syu) |.
48
Sur ce point, voir ELTSCHINGER 2001a: 20 et 75sq.
49
Dans la SuSam, les mantra sont réputés satyatapomaya en tant qu!ils ont été révélés (prokta) par les deva et les brahmar"i (kalpasth!na 5,9; cf. AV VI.12 et AVBh II.657,19"20 et 23"24). L!association de satya et tapas aux &"i brahmaniques (auteurs/révélateurs visionnaires des mantra) est constante, y compris dans les littératures bouddhiques: voir VS$ 223,2"12 et %KA 637,1" 12 (ELTSCHINGER 2000a: 45"47); ces propriétés qualifient également les !rya et «vrais brahmanes» du bouddhisme. Dharmak!rti reconnaît aux &"i la
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pent certains des facteurs que les YS et l"AKBh associent respectivement aux siddhi et aux !ddhi (pouvoirs merveilleux, surnaturels);50 "akti, qu"on glose prabh#va (pouvoir), se peut entendre comme !ddhi;51 enfin, sm!ti et mati sont des superconnaissances (abhijñ#).52 Diverses écoles et littératures bouddhiques concédant cinq des six abhijñ# aux profanes (p!thagjana) et aux hérétiques (t$rthika),53 l"identité de ces huit qualités mentales assure à la position de Dharmak!rti un caractère confessionnellement neutre. Le maître est dès lors justifié à reconnaître des mantra et des Kalpa «barbares» ("abara), bouddhiques (bauddha) et védiques (vaidika); ses commentateurs, à étendre la liste aux jainistes (#rhata), aux "ivaïtes (m#he"vara) et aux g#ru%[ik]a.54 Dharmak!rti et ses commentateurs concèdent donc ipso facto à certains profanes et hérétiques la perception du suprasensible, rendant du coup impossible une définition de l"autorité par at$ndriy[#rth]adar"ana. 2.3.2. Les logiciens tardifs (Jñ#na"r!mitra, Ratnak!rti, Mok$#karagupta55) distinguent deux types d"omniscience: l"omniscience touchant à la totalité des connaissables (sarvasarvajñat#), et l"omniscience entendue comme plénitude des connaissances utiles au salut (upayuktasarvajñat#). Quoique présente à l"état embryonnaire dans PV II.31cd!32, cette distinction est postérieure à Dharmak!rti, lequel ne s"est jamais prononcé clairement sur l"omniscience; lorspaternité des mantra védiques (P PVSV 120,15!16). 50
Voir YS IV.1, AKBh 429,2!3, et ELTSCHINGER 2001a: 75!76.
51
PVSV% 452,30: "akti& prabh#va& |. 'akti = prabh#va recoupe !ddhi: les chapitres I.5 (Prabh#vapa(ala) de la BoBh et VII (Prabh#v#dhik#ra) du MSA ne sont autres que des exposés relatifs aux !ddhi.
52
Selon les définitions consignées n. 355, p. 306, sm!ti fait écho à l"abhijñ# de p)rvaniv#s#nusm!ti, et mati à celle de parasya ceta&pary#yajñ#nam.
53
Voir BAREAU 1955: 113, 116, 140, 183, 192. MVastu II.96,1, SPUS& 49,15, MmVr 256,9!12 et Div. 637,7!8 disent les !*i «pañc#bhijña».
54
Sur ces questions, voir PVSV 123,19!124,1, et ELTSCHINGER 2001a: 17sq, 29sq et 59sq.
55
R1,15!16 (voir BÜHNEMANN 1980: viii-ix, 2 et n. 9), PVA 52,15, KAJIYAMA 1966: 136n. 369, JACKSON 1991.
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Introduction
qu!il y fait nommément allusion, c!est dans une acception voisine de at!ndriyadar"ana, pour procéder à une réfutation strictement «formelle» de la critique m!m#$saka.56 Pour anachronique qu!elle soit, la distinction n!en constitue pas moins une grille herméneutique utile à la lecture de Dharmak!rti. Dans PV II.29"33, celui-ci distingue en effet très clairement entre at!ndriyadar"ana/sarvajñ#na, et pr#m#%ya; surtout, l!omniscience n!y paraît ni nécessaire ni suffisante à garantir l!autorité, laquelle s!évalue au seul critère pragmatico-religieux de heyop#deyatattvajñ#na57: «Certains[, tels les Jaimin!ya,] prétendent que [si] l!autorité tient à la connaissance des états de fait imperceptibles, il n!y a [alors] de pratique [pour personne], parce qu!il n!est pas de moyen de réaliser cette [autorité]. [Réponse:] Ceux qui craignent d!être trompés si l!instruction [religieuse] est le fait d!un ignorant recherchent une [personne] détenant une connaissance [de ces objets-ci] en vue de mettre en pratique [le moyen] que recommande cette [personne. Puisque c!est de la personne enseignant le moyen d!apaiser la douleur qu!on recherche la connaissance,] il convient donc d!examiner la connaissance qui est la sienne concernant ce qu!il faut pratiquer[, c!est-à-dire sa connaissance relative au moyen d!apaiser la douleur du Sa"s#ra]; 56
NB III.71"73, PV I.14 et PVSV 10,21"25, PVSV 124,22"23 et 164,13"24, ELTSCHINGER 2001a: 103"109. Chez Dharmak!rti, la nature de l!omniscience paraît affaire de public: non précisée ou de type upayuktasarvajñat# en contexte de discussion avec la M!m#"s#, mais susceptible d!une interprétation en termes de sarvasarvajñat# dans des segments bouddhologiques d!un type plus dogmatique (par exemple PV II.280, mais aussi, et par implication doctrinale, dans PV II.139"144: voir ELTSCHINGER 2005a: 408"434 et ELTSCHINGER 2005b: 162"179).
57
PV II.29"33: pr#m#%ya$ ca parokrthajñ#na$ tats#dhanasya ca | abh#v#n n#sty anu&'h#nam iti kecit pracak&ate || jñ#nav#n m(gyate ka"cit taduktapratipattaye | ajñopade"akara%e vipralambhana"a)kibhi* || tasm#d anu&'heyagata$ jñ#nam asya vic#ryat#m | k!'asa)khy#parijñ#na$ tasya na* kvopayujyate || heyop#deyatattvasya s#bhyup#yasya vedaka* | ya* pram#%am as#v i&'o na tu sarvasya vedaka* || d+ra$ pa"yatu v# m# v# tattvam i&'a$ tu pa"yatu | pram#%a$ d+radar"! ced eta g(dhr#n up#smahe ||. Voir le passage parallèle de TS n°3136"3140 dans ELTSCHINGER 2001a: 113n. 491; voir aussi TS n°3529.
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à quoi nous sert en effet sa connaissance exhaustive du nombre des insectes? Nous acceptons pour autorité celui qui fait connaître la réalité à éviter avec son expédient[, c"est-à-dire impartit la connaissance de la douleur et de l"origine de la douleur], et la réalité à cultiver avec son expédient[, c"est-à-dire impartit la connaissance de la cessation de la douleur et du chemin qui y conduit], et non pas celui qui ferait tout connaître. Que [celui qui connaît les buts de l"homme] voie au loin, ou [au contraire] ne voie pas[, peu nous importe], mais qu"il voie la vérité [à pratiquer] dont [nous] avons besoin[, c"est-à-dire les quatre Vérités Saintes]! [Car] si [l"on accepte] celui qui voit au loin comme autorité, [alors] approchez[, ô vous qui aspirez à la libération]: nous vénérons les vautours!» En d"autres termes, l"autorité ne se mesure pas tant à la connaissance du suprasensible ou à l"omniscience, dûment assimilées ici ( ! sarvasarvajñat!), qu"à la fiabilité de l"enseignement en matière sotériologique ( ! upayuktasarvajñat!). Voilà qui corrobore plusieurs traits de la réflexion métareligieuse de Dharmak!rti dans PV I: un "!stra n"est digne d"évaluation qu"à condition de présenter un but de l"homme (puru#!rtha, tels svarga, apavarga, abhyudaya, ni$"reyasa, nirv!%a), et d"ordonner à cette fin des expédients appropriés (voir pp. 102!104); un "!stra n"est fiable sur sa matière principale qu"à condition d"exposer correctement les maux à éviter et les biens à cultiver, avec leurs expédients respectifs (voir pp. 110! 112). 2.3.3. A l"explicite et de façon générale, PV III.281!286 traite de la «connaissance des yogin» (yogin!& jñ!nam): par «connaissance des yogin», il faut entendre une connaissance issue de, ou causée par la cultivation mentale (bh!van!).58 A mots couverts, ces six 58
Fondamental sur le sujet de yogin!& jñ!nam, STEINKELLNER 1978; voir aussi MCDERMOTT 1991, et ELTSCHINGER (à paraître 3). PV III.281b: bh!van!maya, glosé bh!van!hetuka (PVA 326,22!23), bh!van!hetuni#pattika (PVV 203,1!2), bden pa bsgom pa rdzogs pa las skyes pa!i "es pa (sur ces explications de °maya dérivées de P". 5.4.21, voir aussi AKBh 335,6 [hetau maya'vidh!n!t |] et AKVy 525,9!16). PV III.284d: bh!van!balanirmita, «créée à force de cultivation mentale». Cette connaissance apparaît au terme de la cultivation (PV III.285c: bh!van!ni#pattau), c"est-à-dire, selon PVV 204,4!
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Introduction
strophes servent cependant à établir la fiabilité des connaissances du Bouddha. Selon Dharmak!rti, toute connaissance issue de bh!van! possède deux propriétés: elle présente une apparence claire ou distincte; elle est (donc) de nature non conceptuelle.59 Deux types de connaissance cultivationnelle doivent cependant être distingués: (1) Celle dont l!objet est irréel (abh"ta), telles les connaissances issues de la «(méditation de) l!horrible» (a#ubh!), ou de la «(base de) totalité "terre"» (p$thiv%k$tsn!yatana)60: celles-ci sont analogues aux connaissances de personnes abusées (upapluta, gl. bhr!nta) par les troubles mentaux nés du désir, du chagrin et de la peur, ou par des rêves de voleurs.61 (2) Celle dont l!objet est réel 5, «au terme d!une cultivation pratiquée avec attention sans interruption durant une longue période» (bh!van!y!& s!daranirantarad%rghak!lapravartit!y! ni'pattau). Voir PVin I.27,9#10/72,30#74,1 (VETTER 1966: 73#75). 59
PV III.281d: spa'(am ev!vabh!sate; PV III.283b: spa'(!rthapratibh!sit! (variante spa'(!rth!vabh!sit!); PV III.284c: spa'(!bha; PV III.285d: sphu(a. PV III.281c: vidh"takalpan!j!la, «affranchie du filtre de la pensée hypostasiante»; PV III.284c: nirvikalpa; PV III.285d: °akalpa°; voir aussi PVP P246b8#247a1, PVA 326,23 et PVV 203,2#3.
60
PV III.284: a#ubhap$thiv%k$tsn!dy abh"tam api var)yate | spa'(!bha* nirvikalpa* ca bh!van!balanirmitam ||. «Quoique irréelles, [la méditation de] l!horrible, la [base de] totalité "terre", etc., créées à force de cultivation mentale, sont présentées [par nous] comme étant d!apparence distincte et comme étant non conceptuelles.» PVV 203,22 énumère les éléments n°1, 2 et 9 (vin%la, «cadavre bleuissant», vip"yaka, «cadavre en putréfaction», et asthisa+kal!, «squelette») de la liste nonuple traditionnelle (voir BHSD 80ab et AKBh 337,14#19). Ces exemples réapparaissent dans PVin I.28,7#8/74,19# 21 (voir VETTER 1966: 105n. 47). Selon Vasubandhu (AKBh 338,1#2; cf. AKVy 526,11#12), «l!a#ubh! $ est un acte d!attention portant, non sur la réalité, mais sur une représentation volontaire» (LA VALLEE POUSSIN 1980: IV.150).
61
PV III.282 = PVin I.29 (voir VETTER 1966: 74#75). Ces personnes voient ces objets «comme s!ils étaient situés devant elles» (purato !vasthit!n iva, PV III.282d) du fait de leur cultivation intensive de ceux-ci, «car elles adoptent un comportement adéquat à la [présence effective de l!objet de leur désir, de leur chagrin, de leur peur]» (PVV 203,9: yasm!t tadanur"p!* prav$tti* ce'(ante, à comparer avec PVP P247a5#6). Sur ce point, voir déjà MSa#gr II.8 et III.6.4, et LAMOTTE 1973: 96#97 et 160; voir aussi TSP 874,18#20 sous TS n°3338, TSP 896,16#17 sous TS n°3441.
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(bh!ta), telles les connaissances portant sur les Vérités Saintes ou plutôt tel aspect de celles-ci, impermanence par exemple.62 Or toute connaissance issue de bh"van", si distincte et non conceptuelle qu"elle soit, n"est pas perception directe; seule l"est, disent les commentateurs, celle dont il a été question dans PV II, c"est-à-dire celle qui porte sur les (aspects des) quatre Vérités Saintes.63 Comprenons: est perception directe la connaissance que le (futur) Bouddha a tirée de la cultivation mentale des Vérités, connaissance dont il détermine la nature et qu"il développe en tant qu"enseignant (#"st$), voit aboutir en tant que Sugata, enseigne en tant que protecteur et sauveur des êtres (t"yin).64 Depuis Dign!ga et selon nos commentateurs, cette connaissance est perception de l"objet sans
62
PVV 204,3 explique bh!ta par "ryasaty"di; PVP P247b8!248a1, par mi rtag pa la sogs pa. Voir aussi NB"Dh 11,18 sous NB I.11 (bh!ta% sadbh!to !rtha% | pram"&ena d$'(a# ca sadbh!ta% | yath" catv"ry "ryasaty"ni |) et NB"V 47,5 ("phags pa"i bden pa b)i po dag go ||). Selon STEINKELLNER 1978: 128sq, il revient à Jñ!na#r$mitra d"avoir, le premier, développé systématiquement les aspects épistémologiques de yogipratyak'a. Selon Jñ!na#r$, cette perception cultivationnelle ne porte pas sur les entités discrètes instantanées, mais sur les propriétés des entités (vastudharma), ici identiques aux aspects des Vérités (anityat", nair"tmya, etc.): «Diese Wirklichkeitsbegriffe bezeichnen die Wirklichkeit der Dinge und damit deren wahre Natur (vastutattvam), indem sie sie bestimmen (adhyavas!ya%). Die Betrachtung bezieht sich auf sie, weil sie die wahre Natur der Dinge deutlich machen will; die wirklichen Dinge selbst sind dabei nur indirekt im Spiele. Was daher in der yogischen Erkenntnis klar erscheint, sind diese Beschaffenheiten, aber nicht die Dinge selbst#» (STEINKELLNER 1978: 132). Sur la question des aspects des Vérités, voir aussi ELTSCHINGER (à paraître 3, §§4!5).
63
PVP P246b6!7: rnal "byor ba"i #es pa thams cad m*on sum ma yin no || "o na ci yin )e na | s*ar b#ad rnal "byor #es pa ni | s*ar "phags pa"i bden pa b)i"i yul can du b#ad pa na | bden pa dpyod pa ga* yin pa de )es bya ba"i don to ||. PVA 326,22: catur"ryasatyavi'aya+ yogin"+ jñ"na+ pr"g uktam; PVV 203,1: yogin"+ jñ"na+ satyavi'ayam uktam.
64
Explicitement dans PVin I.27,11!12/74,4!5: "ryasatyadar#anavad yath" nir&,tam asm"bhi% pram"&av"rttike |. «Ein Beispiel wäre das Sehen der (vier) edlen Wahrheiten, wie es von uns im Pram"&av"rttikam (II.145ff.) ausgeführt ist.» Traduction VETTER 1966: 75. Sur ces qualificatifs, voir pp. 89!92.
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Introduction
plus, non mêlée de concepts scripturaires,65 et celle-là seule est moyen de connaissance valide66: «Par conséquent, quoi que l!on cultive intensément, réel [à l!instar de l!impermanence ou des Vérités Saintes], ou irréel [à l!instar de la base de totalité !terre" ou de la méditation de l!horrible], cela résulte, à complétion de la cultivation mentale, dans une connaissance [d!apparence] claire et [de nature non conceptuelle. Mais] parmi ces [connaissances cultivationnelles d!apparence distincte et de nature non conceptuelle], on admet que [seule est] moyen de connaissance valide la perception, née de la cultivation mentale, qui comme la matière exposée plus haut,67 est fiable; [quant aux connaissances] restantes[, elles ne sont qu!]erreurs[, i.e. illusions trompeuses].» Dans la bouddhologie de Dharmak"rti comme dans la gradation classique des prajñ!,68 la cultivation mentale correspond à un moment précis dans la carrière du saint bouddhique. Pour le comprendre, tournons-nous vers la bouddhologie de PV II. 65
Vibh. 203n. 1: yogin!m apy !gamavikalp!vyavak"r#am artham!tradar$ana% pratyak&am |. PVP P246b5#6: rnal !byor ba!i m'on sum ya' lu' gi rnam par rtog pa da' ma !dres pa don tsam mtho' ba yin no ||. Il s!agit là de PSV sous PS I.6cd (yogin!% gurunirde$!vyatibhinn!rtham!trad(k): voir HATTORI 1968: 27 et 94#95nn. I.48#49.
66
PV III.285#286: tasm!d bh)tam abh)ta% v! yad yad ev!bhibh!vyate | bh!van!parini&pattau tat sphu*!kalpadh"phalam || tatra pram!#a% sa%v!di yat pr!'nir#"tavastuvat | tadbh!van!ja% pratyak&am i&*a% $e&! upaplav!+ ||. PV III.285 = PVin I.31 (voir STEINKELLNER 1978: 127 et VETTER 1966: 75); PVV 204,9 explique pram!#am par upadar$it!rthapr!pakam. Selon PVV 204,13#14, par $e&!+, il faut entendre ayath!rth!+, c!est-à-dire, selon PVP P248a5 et PVV ibid., a$ubhap(thiv"k(tsn!di.
67
C!est-à-dire comme ce qui a été traité dans le chapitre relatif aux Vérités (PVP P248a5) ou dans le Pram!#asiddhipariccheda (PVV 204,12#13), c!està-dire les quatre Vérités Saintes ([!rya]satyacatu&*aya, PVV ibid.). Le paraloka de Prajñ#karagupta (PVA 327,32#33: paralokacatur!ryasaty!di) fait ici figure d!exception.
68
Sur ce point, voir AK(Bh) VI.5sq (LA VALLEE POUSSIN 1980: IV.142sq) et AKVy 524,31sq. Pour Dharmak"rti et les théoriciens de la connaissance, voir PVin I.27,9#12/72,30#74,5 et PVA 327,15#18, ainsi que ELTSCHINGER (à paraître 2).
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
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2.3.4. Dans la strophe bénédictive du PS, Dign!ga dit successivement du Bienheureux qu"il est (devenu semblable à?) un pram!"a (pram!"abh#ta), recherche le bien des êtres (jagaddhitai$in), est l"enseignant (%!st&), le Sugata, le protecteur (t!yin).69 Chez Dharmak"rti, le Bouddha devient (semblable à) un pram!"a (PV II.1! 33) par ses qualités de compassion (visées par «jagaddhitai$in», PV II.34!131b), d"éradication définitive des fautes morales et de leur relent (visées par «%!st&» et «sugata», resp. PV II.131c!138 et 139!144) et d"enseignement objectif (visées par «t!yin», PV II.145!279). Ces qualificatifs visent les propriétés mêmes que la doctrine métareligieuse prêtait à la personne de l!!pta: laissées vides de contenu doctrinal dans PV I et ses commentaires, ces propriétés reçoivent un contenu bouddhique dans PV II, avec ce résultat que le Bouddha y est démontré être la personne crédible par excellence. 69
PV II forme en son entier un commentaire libre à cette strophe. Sur le ma'gala%loka de Dign!ga et sa V&tti, voir en premier lieu HATTORI 1968: 23 et 73!75; sur la légende liée à ce vers, voir OBERMILLER 1999: 149!152 et CHATTOPADHYAYA 1997: 182!184; sur l"interprétation générale de Dharmak"rti, voir en premier lieu VETTER 1990: 13!35 et FRANCO 1997: 15!43; sur la signification historico-religieuse de la séquence ma'gala%loka-PV II, voir STEINKELLNER 1982; sur la structure générale de PV II, voir INAMI/TILLEMANS 1986 et FRANCO 1994; sur l"épithète de pram!"abh#ta, voir JACKSON 1988, STEINKELLNER 1989, SEYFORT RUEGG 1994b et 1995, KRASSER 2001 (montrant de façon convaincante que chez Dharmak"rti, l"épithète pram!"abh#ta doit être comprise comme «qui est devenu [semblable à] un pram!"a»); sur la compassion que vise l"épithète de jagaddhitai$in, voir FRANCO 1997 et ELTSCHINGER (à paraître 1); sur les épithètes de %!st& et de sugata, voir ELTSCHINGER 2005a; l"épithète de sugata (litt. «bien-allé», mais voir FRANCO 1997: 20n. 9, et contre FRANCO, ELTSCHINGER 2005a: 408!410 et 425!426) reçoit dès la V&tti de Dign!ga une interprétation triple (cf. PV II.139ab1: heto( prah!"a) trigu"a) sugatatvam), selon que su° vaut comme excellence (pra%astat!, PV II.139b2d), comme irréversibilité (apunar!v&tti, PV II.140!141a) ou comme exhaustivité (ni(%e$at!, PV II.141b!142a); dès la V&tti aussi, c"est dans l"épithète de sugata (chez Dharmak"rti, surtout dans son acception de ni(%e$at!) que cristallise la supériorité du Bouddha par rapport aux autres catégories de saints; sur l"épithète de t!yin et son étymologie, voir SEYFORT RUEGG 1994a: 415!416n. 45 et FRANCO 1997: 32n. 41.
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Le possessif k!"#ado!a apparaissant dans la description de l!$pta fait écho aux composés (décrivant le nirv$#a et l!obtention de l!état d!arhat, de la sainteté) $sravak!aya, «destruction des influx néfastes», ou $sravak!ayajñ$na, «connaissance de la destruction des influx néfastes», troisième des trois sciences (vidy$) constitutives de l!Éveil, seule des six abhijñ$ à être unanimement refusée aux hérétiques (t"rthika) et aux profanes (p%thagjana).70 Dharmak!rti a détaillé la relation entre destruction des influx néfastes et enseignement des Vérités. Commentant PV II.145ab (m$rgokti), Devendrabuddhi évoque l!enseignement du Chemin par le Bouddha en termes d!anu&$sanapr$tih$rya, «miracle de prédication» qui selon Vasubandhu est inséparable de l!$sravak!ayajñ$na.71 La pensée de Dharmak!rti suit très précisément cette ligne: le Bouddha tire sa perfection d!enseignement72 (&$st%tvasampad) de la destruction des fautes morales, de la pratique exhaustive du moyen ou antidote permettant d!abolir la (cause de la) douleur.73 D!abord74 il est &$st%, «enseignant», «maître»: par recours à l!argumentation rationnelle et aux Écritures (yukty$gam$bhy$m, PV II.132c),75 le futur Bouddha identifie la cause de la douleur (sneha, PV II.135) et le contrecarrant de cette cause (nair$tmyadar&ana, PV II.135). L!épithète de «maître» vise à la fois la détermination, la mise à l!épreuve et la pratique répétée (abhy$sa) de ce moyen contrecarrant afin de susciter la perfection d!enseignement76: «A ce 70
Sur $srava/$&rava et prah"#$srava, voir PVSV 110,18"1 19.
71
Voir PVP P69b6"7, et AKBh 424,13"425,3 (sous AK VII.47).
72
PVP P64b6"7: ston pa ñid phun sum tshogs pa.
73
Douleur (du'kha) définie par PV II.146cd comme sa(s$ri#a' skandh$', «les agrégats [d!appropriation] en transmigration». Selon LA VALLEE POUSSIN (1980: IV.125n. 4b), cette définition est aussi celle de la N$masa)g"ti.
74
PV II.131cd"135, VETTER 1990: 39"43.
75
Sur ce point, voir STEINKELLNER 1978: 127 + n. 23, FRANCO 1989: 84"90, ELTSCHINGER 2005a: 398"400 et ELTSCHINGER (à paraître 2, n. 88).
76
PV II.136"138ab: bahu&o bahudhop$ya( k$lena bahun$sya ca | gacchanty abhyasyatas tatra gu#ado!$' prak$&at$m || buddhe& ca p$*av$d dhetor v$san$ta' prah"yate | par$rthav%tte' kha+g$der vi&e!o !ya( mah$mune' || up$y$-
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[Bodhisattva altruiste] qui, de façon répétée, de manière ininterrompue et durant une [très] longue période, pratique assidûment le moyen [par lui déterminé, la perception de l"insubstantialité, tous] les qualités et défauts [respectifs] du [moyen et de son antidote] deviennent [entièrement] clairs. Grâce à l"acuité de la connaissance [obtenue] par cette [pratique assidue], le relent de la cause [de la douleur] est éliminé: voilà ce qui différencie le grand saint #uvrant au bien d"autrui d"un [saint] tel que le Rhinocéros[, c"est-à-dire du Bouddha-pour-soi-même, ainsi que de l"Auditeur]. L"enseignement que vise [Dign!ga dans sa stance bénédictive], c"est cette pratique assidue des moyens [par le Bodhisattva], car elle a pour finalité l"[enseignement].» La pratique répétée de la perception de l"insubstantialité n"est autre que la cultivation mentale de PV III.281!286, au terme de laquelle le yogin futur Bouddha parvient à une connaissance perceptive des (aspects des) Vérités. Ensuite, le Bouddha est sugata, «bien-allé»: de sa pratique exhaustive du moyen, propédeutique à l"enseignement proprement dit, il obtient l"élimination excellente, définitive et exhaustive de la cause de la douleur. Enfin, le Bouddha est t!yin, «protecteur» (et sauveur) des êtres77: «Protéger [consiste pour le Bienheureux à] enseigner le Chemin dont il a fait lui-même l"expérience (svad"#$a) [en tant que mettant un terme définitif à la douleur]. N"[y] ayant nul intérêt, il n"enseigne pas ce qui est faux; et puisque par [son] caractère compatissant il s"est appliqué à tout entreprendre pour autrui, [le Bienheureux est] de ce fait moyen de connaissance valide; ou bien protéger[, pour le Bienheureux, consiste à] révéler [aux êtres] les quatre Vérités Saintes[, lesquelles forment la cause permettant d"apaiser la douleur du Sa"s!ra].» Sa compassion, sa pratique exhaustive du moyen et sa destruction définitive de la cause de la douleur, confèrent au Bouddha le statut de protecteur et sauveur bhy!sa ev!ya% t!darthy!c ch!sana% matam |. PVP P65a3!5 propose un intéressant exposé des différences (voir ELTSCHINGER 2005a: 418!425). 77
PV II.145!146ab: t!ya& svad"#$am!rgoktir vaiphaly!d vakti n!n"tam | day!lutv!t par!rtha% ca sarv!rambh!bhiyogata& || tata& pram!'a% t!yo v! catu&satyaprak!(anam |.
92
Introduction
des êtres engagés dans la souffrance de l!existence, un statut qui fait de lui une autorité en matière sotériologique78: «Puisque par [sa] compassion il enseigne le Bien, par [sa] connaissance le Vrai, et qu!il s!est appliqué à le communiquer [aux êtres] avec le moyen de [l!]établir, [le Bienheureux] est moyen de connaissance valide.» L!autorité tient chez Dharmak!rti à la façon dont le Bienheureux a déterminé, cultivé et prêché les Vérités Saintes, et plus notablement la quatrième d!entre elles, le Chemin consistant dans la perception de l!insubstantialité (nair!tmyadar"ana, ou de la vacuité, "#nyat!d$%&i). 2.4. Autorité de la personne crédible et autorité scripturaire 2.4.1. Ce qui précède suffit à montrer que Dharmak!rti admet le principe d!une personne crédible, à laquelle il demande d!éclairer les modalités de la praxis humaine; qu!il s!accorde avec la plupart des écoles indiennes sur le rôle, les propriétés et le statut de la personne crédible. De ces écoles, Dharmak!rti se distancie pourtant nettement lorsqu!il s!agit de préciser les rapports qu!entretiennent autorité scripturaire et autorité personnelle. Pour ses devanciers et concurrents, l!autorité scripturaire dérive de l!autorité personnelle, c!est-à-dire des propriétés mentales caractérisant la personne crédible.79 Dharmak!rti suit une démarche inverse: l!autorité doit être 78
PV II.282: dayay! "reya !ca%&e jñ!n!d bh#ta' sas!dhanam | tac c!bhiyogav!n vaktu' yatas tasm!t pram!(at! ||. Selon PVV 107,21 (jagaddhitai%itvasya sugatatva"!st$tvat!yitvasahitasya pr!m!(yas!dhanam !ha |), PV II.282 montre que «le fait de rechercher le bien des êtres, accompagné du fait d!être bien-allé, enseignant et protecteur, permet de prouver l!autorité [du Bienheureux]». Devendrabuddhi paraît interpréter s!dhana au sens épistémologique (PVP P140b6"7: de!i phyir !di tshad ma ñid du rigs pa yin pa); Manorathanandin, au sens sotériologique (PVV 107,27"28: sas!dhana' vidyam!nop!y!bhy!sam). Selon PVV 108,1, tad = satyacatu%&ayam.
79
L!attitude est claire dans NS II.i.68 (tatpr!m!(yam !ptapr!m!(y!t) et NBh 96,15"16 ad loc.; dans CS s#trasth!na 11,19 (v!kyam asa'"aya' satyam); dans YD 70,14"15 sous SK 4ab1 (!ptavacana' tu pram!(abh#tadv!rako "tyantaparok%e "rthe ni"caya)) et 87,12 sous SK 5d (yad vacas tat pram!(am ity etat siddha' bhavati); dans NS"ra 8 (tasya mukhodgatavacanam # !gama)).
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
93
transférée de l!Écriture à la personne, «du texte à l"auteur» si j"ose dire, de l"effet à la cause. L"attitude est profondément bouddhique,80 et s"atteste dans les nombreuses variations littéraires auxquelles a donné lieu le Catu!prati"ara#as$tra, consacré à la critique d"interprétation.81 Selon l"un des quatre «recours» exégétiques, «le recours est la Loi, non la personne»;82 et selon l"interprétation qu"en donne la BoBh, l"enquête rationnelle (yukti) prime la conviction (adhimukti)83: «[Le Bodhisattva] n"a pas recours à [l"autorité] des personnes [elles-mêmes, en se disant par exemple:] !Ces articles ont été prêchés par un Ancien, ou par une personne instruite, ou par le Tath"gata, ou par la Communauté#; le [Bodhisattva], ayant ainsi recours à l"enquête rationnelle et non à [l"autorité] des personnes [elles-mêmes], ne s"écarte pas de la réalité, et ne dépend pas d"autrui quant aux articles [examinés rationnellement].» A cette attitude bouddhique, Dharmak#rti donne comme un soubassement philosophique: les propriétés mentales caractérisant une série psychique sont suprasensibles,84 accessibles donc au seul dé80
Malgré PrP 75,6!7 (s%k&%d at'ndriy%rthavid%m %pt%n%( yad vacana( sa %gama! |) et 268,1!2 (ata eva buddh%n%m eva bhagavat%( vacana( pram%#am ity upavar#ayanti vicak&a#%!), MHK V.8ab (atrocyate pram%#a( na! sarva( t%th%gata( vaca! |).
81
Sur ce texte et ses recensions, voir LAMOTTE 1949; sur les quatre prati"ara#a, voir aussi LA VALLEE POUSSIN 1938: 158!160 et 1980: V.246!248; sur la doctrine des mah%pade"a que ces recours présupposent, voir LAMOTTE 1947, JAINI 1977: 22!32 et DAVIDSON 1990.
82
AKVy 704,21: dharma! pratisara#a( na pudgala! |. DhS LIII/11,13: dharmaprati"ara#at% na pudgalaprati"ara#at% |.
83
BoBh W257,4!8/D175,18!21: na sthavire#a abhijñ%tena v% pudgalena tath%gatena v% sa)ghena v% ime dharm% bh%&it% iti pudgalapratisara#o bhavati | sa eva( yuktipratisara#o na pudgalapratisara#as tattv%rth%n na vicalati | aparapratyaya" ca bhavati dharme&u |. «[Examinés rationnellement]» selon BoBh W108,18!19/D76,19: yuktipar'k&ite&u dharme&u.
84
Le passage ici discuté trouve un parallèle dans PVin II.66,9!67,5/18*,1!19 (traduction dans STEINKELLNER 1979: 65!66); pour la *'k% de Dharmottara ad loc., voir AKIMOTO 1993, qui a réuni la plupart des textes logico-épistémologiques traitant de ce problème. Cf. TSP 4,7!8: na ca %gamasya puru&%-
94
Introduction
tenteur de l!abhijñ!. Que ces propriétés soient imperceptibles nous paraîtra évident; qu!elles soient ininférables l!est beaucoup moins. Une telle inférence pourrait procéder selon la nature propre (< svabh!vali"ga) ou selon l!effet (< k!ryali"ga). Ces propriétés étant suprasensibles, leur nature propre demeure inétablie: la première hypothèse s!en trouve ipso facto exclue. On pourrait alors, deuxième hypothèse, inférer l!existence de ces propriétés à partir des comportements corporels et langagiers (k!yav!gvyavah!ra) censés les manifester ou en être les effets. Mais pour que l!inférence soit concluante, il faut une corrélation fixe entre propriétés mentales et
ti#ayapra$%tatay! yath!rthatvam avadh!rya tatra ni#cay!d eva pravartanta iti yukta& vaktum | puru'!ti#ayasya eva *arv!gdar#anair ni#cetum a#akyatv!t |. *arv!g° pour apara° selon TSPt ye P162b4: tshu rol mtho" ba rnams kyis. «Et il est incorrect d!affirmer que, une fois déterminé que l!Écriture est objective en tant qu!elle a été composée par un homme exceptionnel, c!est grâce à une certitude sur ce point? que l!on agit, car c!est précisément [cet] homme exceptionnel que les [gens] de perception limitée ne peuvent connaître avec certitude.» L!argumentaire de Dharmak!rti rappelle celui que développe Kum"rila dans #V codan! 133"136: na c!pi sm(tyavicched!t sarvajña) parikalpyate | vig!n!c chinnam*latv!t kai#cid eva parigrah!t || sarvajño !s!v iti hy eva tatk!le tu bubhutsubhi) | tajjñ!najñeyavijñ!narahitair gamyate katham || kalpan%y!# ca sarvajñ! bhaveyur bahavas tava | ya eva sy!d asarvajña) sa sarvajña& na budhyate || sarvajño !navabuddha# ca yenaiva sy!n na ta& prati | tadv!ky!n!& pram!$atva& m*l!jñ!ne !nyav!kyavat ||. «On ne [peut] pas non plus postuler un omniscient [sur la base] d!une ininterruption de la tradition (sm(ti) [à son sujet], car seules quelques [personnes l!]admettent étant donné qu!elle est controversée [tant par les nihilistes eux-mêmes que par les avocats du Veda, et] qu!elle est coupée de [tout] fondement (chinnam*la): du temps de ce [supposé omniscient] en effet, comment ceux qui souhaitaient [le re]connaître auraient-ils pu, ignorants [qu!ils étaient] du contenu (jñeya) de la connaissance de cette [personne], savoir (gamyate) qu!elle était omnisciente? Et il va [donc] vous falloir postuler de nombreux omniscients, [car une personne] qui ne serait pas [elle-même] omnisciente ne [pourrait re]connaître un omniscient. Or pour la [personne] qui ne reconnaîtrait pas l!omniscient [supposé], l!autorité des paroles de celui-ci s!apparenterait, à défaut de connaître un fondement [à cette autorité], à [celle] des paroles de [toute] autre [personne, de l!homme de la rue ou du charlatan par exemple].»
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comportements empiriques. Or tel n"est pas le cas, car85 «les comportements [corporels et langagiers] peuvent pour la plupart également être consentis de façon délibérément trompeuse, parce que [les comportements] sont fonction des intentions humaines, et que les [gens] affectent des motivations [très] variées.» Illustration86: «C"est ainsi que même des [personnes] passionnées se montrent elles-mêmes sous un jour dépassionné, et qu"[à l"inverse] des [personnes] dépassionnées [se montrent elles-mêmes] sous un jour passionné.» La diversité des desseins au principe des comportements empiriques interdit toute possibilité d"opérer avec certitude le départ entre comportements issus de fautes et comportements issus de qualités mentales.87 La conclusion s"impose88: «Donc si, de par la confusion de l"indice [inférentiel, elle ne peut] s"assurer [qu"une personne a détruit les fautes morales], comment [la personne inférant qualités et fautes morales] pourrait-elle reconnaître [l"auteur d"une Écriture]?» Ni la perception, ni l"inférence ne donnant accès aux propriétés mentales d"autrui, nul ne sera en mesure de distinguer un !pta d"un non-!pta: fonder l"autorité scripturaire sur celle de la personne se révèle donc impossible.89
85
PVSV 110,13!14: vyavah!r!" ca pr!ya"o buddhip#rvam anyath! api kartu$ "akyante | puru%ecch!v&ttitv!t | te%!$ ca citr!bhisandhitv!t |.
86
PV! P294b3!4/D248b4!5 " PVSV! 397,19!20: tath! hi sar!g! api v'tar!gavad !tm!na$ dar"ayanti | v'tar!g!" ca sar!gavat |. Voir aussi PVSV 9,7!9 (MOOKERJEE/NAGASAKI 1964: 39!40).
87
PV! P294b6!7/D248b6!7 = PVSV! 397,23!24: tato yathe%(a$ vyavah!r!) pravartanta iti na asti gu*ado%aprabhav!*!$ vyavah!r!*!$ vivekani"caya) |.
88
PVSV 110,15: tad aya$ li+gasa+kar!t katham ani"cinvan pratipadyeta |. La position ne contredit pas celle que défend la Sant!n!ntarasiddhi: que les propriétés d"une série psychique particulière soient ininférables n"empêche pas que l"existence de cette série soit, elle, inférable: voir INAMI 2001: 465! 468.
89
Tel n"est pas l"avis du philosophe jainiste Akala#ka, qui a critiqué la position de Dharmak$rti sur ce point (voir SHAH 1967: 286, notamment n. 11 pour le texte de l"A%).
96
Introduction
Dharmak!rti fondera donc l!autorité scripturaire sur les traités (!"stra) eux-mêmes: un traité est Écriture dès lors qu!il est fiable (avisa#v"da). Dharmak!rti est le premier docteur bouddhiste à avoir systématiquement développé une procédure d!évaluation de la fiabilité des traités en matière de suprasensible: sa doctrine métareligieuse représente une critique lucide du recours à l!argument d!autorité. Ce faisant, il intègre et organise des matériaux de diverses provenances. C!est à un inventaire provisoire de cet héritage que je me propose de procéder maintenant. 2.4.2. Les énoncés scripturaires de portée transempirique sont par définition invérifiables aux hommes du commun " philosophes compris. Comment dès lors établir l!autorité scripturaire en matière de suprasensible? Docteurs brahmaniques et bouddhistes (Gautama/Ak"ap#da dès le 2e siècle et $ryadeva dès le 3e siècle) ont apporté au problème une solution analogue: par un transfert (inférentiel) d!autorité, procédant des énoncés de portée empirique aux énoncés de portée transempirique. Telle que le Bh#"yak#ra la développe à partir de NS II.i.68, la solution naiy"yika est schématiquement la suivante.90 L!"pta tire on l!a vu sa crédibilité des trois propriétés de s"k$"tk%tadharmat", bh&taday" et yath"bh&t"rthacikhy"payi$". De son autorité (pr"m"'ya) dérive celle d!une première catégorie d!énoncés (servant d!exemple dans la preuve): ceux, de portée empirique (d%$("rtha), de l!$yurveda et des mantra (védiques). L!autorité de cette première catégorie d!énoncés est avérée. Or les visionnaires (dra$(%) et énonciateurs (pravakt%) de l!$yurveda sont identiques à ceux des portions du Veda (vedabh"ga) dont la portée est transempirique (ad%$("rtha). Puisque la cause (l!"ptapr"m"'ya) des deux catégories d!énoncés est commune (sam"na) et que la fiabilité de la première est avérée, on peut inférer
90
Sur cette preuve, voir BIARDEAU 1964: 117"128, CHEMPARATHY 1983: 40" 52 et VAN BIJLERT 1989: 30"34; pour une comparaison entre Pak"ilasv#min et Dharmak!rti sur la fonction des mantra dans la preuve, voir ELTSCHINGER 2001a: 101"114.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
97
que les énoncés védiques de portée transempirique eux aussi sont fiables, qu"eux aussi sont pram!"a.91 Quoiqu"elle vise l"autorité du Veda et s"inscrive dans une épistémologie reconnaissant la parole d"autorité comme un pram!"a autonome, cette démarche paraît très voisine de celle de Bh!(va)viveka/Bhavya. Un siècle s"est écoulé entre le PS de Dign!ga et le PV de Dharmak"rti. A ma connaissance, Bh!(va)viveka/Bhavya est le seul docteur bouddhiste92 à avoir, dans l"intervalle, explicitement admis, défendu et développé le statut inférentiel de l"Écriture.93 De façon générale, connaissance verbale (#!bda) et inférence partagent deux traits caractéristiques: quant à leur objet d"abord, toutes deux informant sur des états de fait actuellement imperceptibles (parok$a); quant à leur fonctionnement ensuite, toutes deux reposant sur 91
Selon NBh 97,8!9 et 15!16 sous NS II.i.68: d%$&!rthena !ptopade#ena !yurvedena ad%$&!rtho vedabh!go !num!tavya' pram!"am iti, !ptapr!m!"yasya heto' sam!natv!d iti " dra$&%pravakt%s!m!ny!c ca anum!nam | ya eva !pt! ved!rth!n!( dra$&!ra' pravakt!ra# ca ta eva !yurvedaprabh%t)n!m api ity !yurvedapr!m!"yavad vedapr!m!"yam anum!tavyam iti |.
92
Pak#ilasv!min déjà critiquait la position réductrice du Vai$e#ika (voir BIARDEAU 1964: 204!211).
93
Il répond ainsi à l"objection d"un M"m!%saka qui oppose quatre arguments à l"inclusion de !gama/#!bda dans l"inférence. MHK IX.8!9: anum!n!t p%thak c!sau pram!"atv!t tadanyavat | ek!nek!rthavi$ayapratipattir ath!pi v! || ad%$&ali*gasambandhapad!rthamatihetuta' | bhinnagocaradh)janmak!ra"atv!d ath!pi v! ||. «L"[Écriture est] séparée de l"inférence, car elle est un moyen de connaissance valide, comme un [moyen de connaissance valide] autre qu"elle[, la perception directe notamment]; en outre, [l"Écriture est] une connaissance dont l"objet est [à la fois] un état de fait un[, la délivrance par exemple, comme celui de la perception directe,] et un état de fait multiple[, les différents ciels par exemple, comme celui de l"inférence: donc, n"ayant pas le même objet que l"inférence, elle en est distincte; que l"Écriture soit chose différente de l"inférence s"établit sur deux autres arguments:] car elle est la cause de la connaissance d"une entité[, le ciel par exemple,] dont on ne perçoit pas la relation à un [quelconque] indice [inférentiel], et aussi car elle est la cause de ce que naît la notion d"un domaine distinct.» La réponse de Bh!(va)viveka/Bhavya aux arguments (1), (2) et (4), de nature très «formelle», n"a pas à nous retenir ici (voir respectivement MHK IX.50, 52 et 51, et LINDTNER 1997: 103 pour une traduction).
Introduction
98
le souvenir d!une relation déjà connue au préalable (sambandhasm!tyapek"a).94 Selon le troisième argument invoqué par un adversaire m#m$%saka, l!Écriture est distincte de l!inférence, car elle porte sur des états de fait dont on ne perçoit pas la relation à un quelconque indice inférentiel (ad!"&ali'gasambandha). Ces états de fait (svarga, apavarga) sont donc ininférables. A cet argument Bh!(va)viveka/Bhavya répond95: «Puisque [c!est] par une inférence à partir d!un autre [type d!]objet [que] l!on connaît un connaissable dont on ne perçoit pas la relation avec un [quelconque] indice [inférentiel], l![Écriture] n!est donc pas chose différente [de l!inférence].» Le propos de Bh!(va)viveka/Bhavya, sibyllin, exige une certaine gymnastique exégétique. Selon la TJ,96 MHK IX.53 concerne des énoncés scripturaires bouddhiques (i.e. prêchés par le[s] Tath!gata, de b(in g)egs pas bstan pa!i lu') tels que: «Le ciel existe» (*svargo "sti) ou «La délivrance existe» (*apavargo "sti); ces mêmes Écritures produisent toutefois d!autres énoncés, tels que: «Tous les conditionnés sont impermanents» (*anity$* sarvasa%sk$r$*). Les premiers paraissent représentatifs de la catégorie des énoncés portant sur des états de fait transempiriques dont on ne perçoit pas la relation avec un quelconque indice inférentiel; le second, de la catégorie des énoncés portant sur des états de fait empiriques, en l!occurrence inférables. Bh!(va)viveka/Bhavya serait donc d!avis que notre connaissance d!états de fait transempiriques 94
MHK IX.54: n$num$n$t p!thak *)$bda* parok"amatihetuta* | sambandhasm!tyapek"atv$d anum$na% yath$ svata* ||. *)$bda* pour )abda*, sur la base de MHKt et TJ (sgra las byu' ba), avec LINDTNER 1997: 120. «La connaissance verbale n!est pas séparée de l!inférence, parce qu!elle est la cause de ce que l!on connaît un [état de fait] imperceptible, [et] parce qu!elle repose sur le souvenir d!une relation [déjà connue], à l!instar de l!inférence elle-même.» Exemples: réminiscence de la relation feu-fumée (qui permet l!inférence du feu à partir de la fumée); réminiscence de la relation entre «arbre» et (idée d!)une chose comportant fleurs, fruits, branches (TJ P327b2"4/D289b5"7).
95
MHK IX.53: ad!"&ali'gasambandhe *par$rth$d anum$nata* | pratipattir yato boddhye tasm$d arth$ntara% na sa* ||. *MHKt et TJ suggèrent d!"&$rth$t pour par$rth$t.
96
TJ P327a7"8/D289b3"4.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
99
procède par une inférence à partir d"états de fait empiriques. Je ne vois d"autre alternative que d"interpréter cette proposition à la lumière de Dharmak!rti: la fiabilité avérée d"une Écriture sur des états de fait empiriques permet de la créditer de la même fiabilité là où elle traite d"états de fait transempiriques, par définition invérifiables hic et nunc. Interprété à cette aune, Bh"(va)viveka/Bhavya paraît donc penser l"autorité scripturaire en termes de transfert inférentiel d"autorité d"une catégorie d"énoncés à une autre.97 Enfin, les positions de Pak#ilasv"min et de Bh"(va)viveka/Bhavya sont similaires à celle que Kum"rila prête à des bouddhistes en matière de légitimation du recours à l"autorité scripturaire98: «Celui qui a constaté que [le Bouddha] dit la vérité sur un objet en relation avec les objets des sens[, le rien-que-connaissance ou l"instantanéité des choses par exemple], pourrait [en] conclure [par inférence que la parole du Bouddha est véridique] également [quand elle porte] sur un objet [suprasensible] ressortissant à la foi[, l"adoration des reliquaires par exemple], en tant que c"est [là aussi] sa parole.» Chez Pak#ilasv"min, Bh"(va)viveka/Bhavya et le bouddhiste de Kum"rila,99 une inférence permet de transférer l"autorité d"une catégorie d"énoncés à une autre; dans les trois cas, l"inférence postule 97
Conclusion de TJ P327a8/D289b4!5: des na rjes su dpag pa ñid kyis mtho ris da! thar pa ya! yod par rtogs par bya ba yin gyi lu! tsam gyis ni ma yin no || de ltar na ya! lu! ni rjes su dpag pa!i kho!s su gtogs pa ñid yin no ||. «Par conséquent, c"est par inférence qu"on peut savoir que le ciel et la délivrance existent, mais pas par l"Écriture sans plus, et [c"est] ainsi [que] l"on inclut l"Écriture dans l"inférence.»
98
$V codan" 121: yo "p#ndriy"rthasambandhavi$aye satyav"dit"m | d%$&v" tadvacanatvena 'raddheye "rthe "pi kalpayet ||. Selon Sucaritami%ra et P"rthas"rathimi%ra, la k. vise un bouddhiste qui ferait l"économie de l"omniscience ($VK& 127,18!19: ki( na) sarvajñagrahe*a | buddh"gamasatyat" hi na) s"dhy" | s" ca evam api sidhyaty eva |; NR' 62,5!7 introduit à cet effet PV I.31cd et 33ab, traduits pp. 84!85). Jñ"nam"trak$a*ikatva selon $VK& 127,19!20 (NR' 62,8!9: k$a*ika( sarvasa(sk%tam ity"div"kyam); caityavandan"di selon $VK& 127,21!22 et NR' 62,9!10.
99
Sur le transfert inférentiel d"autorité suggéré par 'ryadeva et Dharmap"la, voir pp. 110!112.
100
Introduction
une unité d!énonciateur. Dign!ga, lui, n!a rien dit de tel. En jouant sur deux valeurs possibles du mot s!m!nya (dans PS II.5ab) Dharmak"rti va s!efforcer d!intégrer la problématique propre à Dign!ga (la parole d!une personne crédible est une inférence puisqu!elle est semblable à celle-ci en fiabilité) dans le cadre interprétatif esquissé ci-dessus (où la parole d!une personne crédible est [la cause d!]une inférence puisqu!elle possède le caractère général de la fiabilité). 2.4.3. Dans le cadre de la légitimation du recours à l!autorité scripturaire, la notion d!une évaluation (par"k#!) des contenus scripturaires apparaît en toute netteté chez Bh!(va)viveka/Bhavya100: «Si l!Écriture consiste dans un énoncé qui est à même de résister à une évaluation par l!argumentation rationnelle, il faut d!abord analyser cela même [qu!est un énoncé capable de résister à une telle évaluation], puis [examiner] ce que propose [cet énoncé].» La logique du propos est évidente: si l!autorité de l!Écriture en matière transempirique procède d!un transfert inférentiel, il faut que l!autorité ait été préalablement établie en matière empirique, dans la sphère de compétence de yukti: tel est le programme métareligieux de Dharmak"rti. La TJ illustre MHK IX.20 à l!aide d!une image fameuse reflétant l!attitude bouddhique en matière d!autorité101: «[Il en va de l!Écriture] comme lorsque des profanes, en présence d!une verroterie, pensent qu!il s!agit d!un joyau authentique; cela présente l!apparence d!un joyau, mais on montre qu!il s!agit de verroterie puisque cela ne résiste pas à des [tests] tels que la calcination et 100
MHK IX.20: yat par"k#!k#ama$ yukty! vacana$ cet tad !gama% | tad eva t!van m"m!$sya$ pa&c!t tenodita$ hi yat ||. La notion d!un examen en raison des articles prêchés par le Bouddha est déjà dégagée dans la BoBh (voir n. 83, p. 93) et chez A#vagho$a (voir n. 102, p. 101); voir aussi, plus problématique, PSV D85b3"4 et P13a1"2 (KRASSER 2004: 132).
101
TJ P315b5"7/D279a7"b1: ji ltar mi mkhas pa !ga! 'ig nor bu !chi( [D: P mchi(] bu la | ya( dag pa!i rin po che yin no sñam du sems pa la | de ni rin po che ltar sna( ba yin te [P: D no] | bsreg pa da( bdar ba la sogs pa mi bzod pa!i phyir | !chi( [D mchi(; P !chi] bu yin no 'es bstan pa b'in 'es bsgrubs na de ñid ya( lu( yin no 'es sgrub par byed ci( rtog pa ni rigs pa ma yin gyi | ya( ga( 'ig bsreg pa da( bdar ba bzod pa!i gser bza( po b'in du rnam par !gyur ba med pa de ni lu( yin no ||.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
101
l"abrasion. Si [la chose] est établie, il est incorrect d"établir et conclure [sans évaluation préalable] que [quelque chose] est Écriture; au contraire, [n"]est Écriture [que] ce qui, comme l"or pur résiste à la calcination et à l"abrasion, ne s"altère pas [lorsqu"on le soumet à évaluation rationnelle].» L"expression, asystématique dans la TJ, trouve son locus classicus chez !"ntarak#ita102: «Comme les experts [en orfèvrerie examinent] l"or par calcination, par abrasion et par frottement à l"aide d"une pierre de touche, vous ne devez, ô moines, prendre ma parole [qu"]après [l"]avoir [dûment] évaluée, et non par [simple] respect [à mon égard].» Le mérite revient à Kamala$%la d"avoir systématiquement ajusté l"image aux catégories métareligieuses des théoriciens bouddhistes de la connaissance103: «C"est ainsi que les objets sont de trois types: perceptibles, [actuellement] imperceptibles et radicalement imperceptibles. Parmi ceux-ci, les objets perceptibles [que vise] la Parole [du Bouddha] s"évaluent par la perception directe, comme l"or par la calcination; les objets [actuellement] imperceptibles s"évaluent par inférence, comme [l"or par] l"abrasion; de la [Parole du Bouddha enfin,] les objets radicalement imperceptibles s"évaluent à l"aune de la noncontradiction mutuelle [des énoncés], comme l"or par frottement à l"aide d"une pierre de touche.» Sous cette forme, l"illustration recoupe parfaitement (dans sa ligne générale plutôt que dans sa complexité) la pensée de Dharmak%rti. 102
TS n°3588: tap!c ched!c ca nika"!t suvar#am iva pa#$itai% | par&k"ya bhik"avo gr!hya' madvaco na tu gaurav!t ||. La strophe est également citée NBPS I!2!i (480,14!17), et selon JAYATILLEKE 1980: §663/390!391, dans le Jñ!nas!rasamuccaya; voir aussi HAYES 1984: 664, et TS n°3344 et TSP 878,16!19 ad loc. A défaut d"une source canonique, citons ici Buddhacarita XXV.45, tel qu"édité dans HONJO 1993: 484(63): | brdar las gcad las bsregs pa las | | mkhas pa rnams kyis gser b(in du | | !dul ba mdo las rigs pa las | | de phyir yo)s su rtog par rigs |.
103
NBPS I!2!i (480,24!481,4): !di ltar don ni rnam pa gsum ste, m)on sum da), lkog tu gyur pa da), *in tu lkog tu gyur pa!o. de la bka!i don m)on sum la ni bsregs pas gser b(in du m)on sum gyis brtags pa yin no. don lkog tu gyur pa la ni bdar ba b(in du rjes su dpag pas brtags pa yin no. de ñid kyi don *in tu lkog tu gyur pa la ni bcad pas gser b(in du phan tshun mi !gal ba!i sgo nas brtags pa yin te. Voir aussi HAYES 1984: 664.
102
Introduction
2.4.4. Selon ce dernier, on n!évaluera la fiabilité d!un traité qu!à condition que celui-ci présente trois propriétés (dharma) ou qualités (gu!a)104: satisfaisant à ces trois critères, un traité est réputé digne d!évaluation (par"k#$dhik%ta). (1) Propriété/critère de consistance interne (sambandha)105: «La consistance, c!est le concours [que se prêtent les uns aux autres] des énoncés en convergeant vers un seul objet.» Cette convergence (gl. m"lana) tient aux rapports de subordination mutuelle (a&g$&gibh$va) qu!entretiennent les énoncés; l!objet vers lequel ces énoncés convergent, et dont la nature sera précisée par les propriétés/critères (2) et (3), peut être de trois sortes: prescriptible (vidheya), répréhensible (prati#edhya), indifférent (*upek#a!"ya). Un traité inconsistant témoigne quant à lui de disparate (anupasa'h$ra).106 On peut raisonnablement supposer que Dharmak!rti a adapté de la tradition du débat (v$da) le critère de consistance.107 (2) Propriété/critère du moyen adapté (anugu!o104
PVSV 174,26: ($stradharma. Les commentateurs préfèrent l!expression gu!atraya(yukta' ($stram): PV" P287b1"2/D243b6 = PVSV" 392,9, et Vibh. 364n. 1. Voir aussi TS n°3343sq.
105
PVSV 108,9: sambandho v$ky$n$m ek$rthopasa'h$ropak$ra) |. Noter aussi PV" ñe P79a4/D65b6"7 = PVSV" 612,19"20: paraspara' pad$rth$n$' (PV" pad$n$') sa&gat$rthat$ sambandha) |. Sur le critère de consistance, voir HALBFASS 1983: 90"91.
106
A&g$&gibh$va dans PVSV" 391,15 (P PV" P286b7/D243a6"7 porte: gtso bo da& gtso bo ma yin pa ñid); vidheya, prati#edhya et *upek#a!"ya dans PV" P286b7"8/D243a7 # PVSV" 391,15"16 (où °lak#a!a me paraît devoir être PVSV 108,9"10), que PV" lu upek#a!"ya). Exemple: da(ad$*im$div$ky$ni (P P287a1/D243b1 = PVSV" 391,17"18 complètent: da(a d$*im$ni #a* ap+p$) ku!*am aj$jina' palalam iti |. L!exemple se retrouve partout: $Bh I.56,5"6 (F38,20) sous M!S% I.i.5; NBh 314,6"7 sous NS V.ii.10; VN 43,14 (MUCH 1991: II.81n. 352); dans les ,"k$ sanskrites à l!-va(yakaniryukti (voir BALBIR 1987: 14). Voir aussi n. suivante.
107
NS V.ii.10: paurv$pary$yog$d apratisambandh$rtham ap$rthakam |, et NBh 314,5"8 ad loc., (partiellement) cités VN 43,11"14 (voir MUCH 1991: II.81 pour la traduction et l!annotation). Ap$rthaka (sous la forme pr&k. avatthaya) figure déjà au nombre des trente-deux dosa/do#a d!un pseudo-S%tra/texte didactique dans les #uvres exégétiques jainistes (-va(yakaniryukti et Vi(e#$va(yakabh$#ya, qui paraissent tributaires de NS): sur ce point, voir BALBIR
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
103
p!ya[tva]): aux résultats qu"il propose, un traité doit ordonner un moyen de réalisation adapté (phalas!dhanop!ya), possible à réaliser pour l"homme (puru"e#a s!dhayitu$ %akyam), praticable (%aky!nu"&h!na).108 Il n"imitera donc pas ce traité qui, pour neutraliser la morsure d"un serpent venimeux, recommande de s"orner du chaperon de Tak!aka roi des N"ga: irréalisable (et à supposer qu"en soient réunies les conditions, périlleux), ce moyen est inadéquat à la fin recherchée, la guérison.109 (3) Propriété/critère d"expression d"un but de l"homme (puru"!rth!bhidh!y[i/aka]tva): un traité doit avoir pour objet principal un but de l"homme, par exemple le ciel (svarga), la délivrance (apavarga), le nirv!#a, la félicité (abhyudaya) ou le summum bonum (ni'%reyasa).110 Contre-exemple type (et exemple d"un traité dénué de but, prayojana), un traité qui ferait profession d"examiner les dents des corbeaux (k!kadantapar(k"!); inutile car proposant un résultat qui n"est pas un but de l"homme (apuru"!rthaphala), ce traité ne ferait l"objet d"aucune attention de la part d"une personne «pragmatique» (phal!rthin) ou rationnelle (prek"!vat).111 Tel est l"ordre dans lequel Dharmak#rti et ses successeurs présentent ces trois propriétés/critères. On aura compris qu"il faut les comprendre dans l"ordre inverse: est qualifié pour l"évaluation de sa fiabilité le traité qui énonce un but de l"homme,
1987: 6, 9 et 14. 108
Selon TSP 877,24!25, le type d"un tel moyen est nair!tmyabh!van!, la cultivation de l"insubstantialité. Phalas!dhanop!ya dans PV$ P286b3/D243a4 % PVSV$ 391,11; puru"e#a s!dhayitu$ %akyam, ibid.; %aky!nu"&h!na dans TSP 877,24 et PVV 363,18.
109
Référence non identifiée. L"exemple est tiré de PVSV 108,12!13, TSP 877,25!26, DhPr 15,12!15.
110
Svarga et apavarga dans PVV 364,1; nirv!#a selon PV$ P291b7/D246b6 = PVSV$ 395,17!18; abhyudaya et ni'%reyasa selon PV$ ñe P79a6/D65b7! 66a1 = PVSV$ 612,21!22, et TSP 877,26. D"après TSP 904,4!5 (sous TS n°3486), abhyudaya' sukha$ mok"o ni'%reyasam.
111
K!kadantapar(k"! dans NB$Dh 1,9!10 et TSP 877,26!27; prek"!vat selon NB$Dh 1,10.
104
Introduction
lui ordonne un moyen adéquat, le tout de façon sémantiquement consistante.112 2.4.5. A cette épreuve de qualification fait suite, le cas échéant, l!évaluation du traité quant à sa fiabilité (avisa!v"da). Cette évaluation peut prendre deux formes alternatives, et motiver en conséquence deux stratégies de transfert d!autorité. La première évalue le traité selon la correction ou la corroboration, par les pram"#a, de toutes les propositions en principe vérifiables/falsifiables du traité considéré (P PVSV 108,16"109,11). La seconde l!évalue à l!aune de la correction que présente sa matière principale (P PVS V 109,11"19 : voir pp. 110"112). Commençons par la première de ces stratégies. L!évaluation y est triple, procède selon trois examens: par la perception directe, par l!inférence procédant en vertu de quelque chose de réel, par l!inférence fondée sur l!Écriture.113 Parmi ces trois 112
Je m!autorise sur ces trois critères la fragile hypothèse que voici: en élaborant ce préalable qualificatif, Dharmak!rti peut avoir eu à l!esprit certains des quatre motifs (k"ra#a) qui, dans l!Adhy"$ayasañcodanas%tra (ASS), font l!éloquence (pratibh"na) des Bouddha: 1. arthopasa!hita (na anarthopasa!hita); 2. dharmopasa!hita (na a°); 3. kle$aprah"yaka (na kle$avivardhaka); 4. nirv"#agu#"nu$a!sapradar$aka (na sa!s"ragu#a°). A l!exception du problématique dharmopasa!hita, les deux listes présentent des critères (de consistance) sémantique (artha), instrumental (nair"tmyabh"van"TSP/kle$aprah"#aASS), final/téléologique (nirv"#a). Voir BCAP 314,3"7 sous BCA IX.43ab, SNELLGROVE 1958, JAINI 1977: 198 et DAVIDSON 1990: 310"311 + n. 86. Au chapitre des hypothèses, on notera que dans PVSV 102,2"4, Dharmak!rti affirme que seul est traité ($"stra) ce qui présente un moyen permettant de réaliser un but de l!homme: on n!aura sinon affaire qu!à bavardage incohérent (abaddhapral"pa). L!expression rappelle celles de bhinnapral"pit" et de sambhinnapral"pa, qui définissent dans l!Abhidharma l!un des dix mauvais chemins de l!acte (aku$alakarmapatha). Selon Vasubandhu (AK IV.76cd et Bh), est parole inconsidérée toute parole souillée (kli&'a). Parmi les exemples, les ku$"stra (mauvais traités) chez Vasubandhu (AK IV.77bc), les t(rtha$"stra (traités [des] hérétiques) chez Vimalamitra (AD!p 164,6). Au sens large, on dira qu!un traité défectueux sous le rapport des trois critères est un ku$"stra, type de parole oiseuse; au sens strict, qu!un traité asambaddha est déjà ku$"stra.
113
Ces procédures ayant déjà été décrites par TILLEMANS (1993: 9"15, 1997:
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
105
procédures évaluatives, la troisième seule fait problème, qui se résume à (et se définit comme) une analyse visant à dévoiler les contradictions internes du traité. Ayant décrit l"évaluation des énoncés scripturaires portant sur les états de fait empiriques, Dharmak!rti expose dans PVSV 109,1!3 la procédure d"évaluation des propositions scripturaires portant sur les états de fait radicalement imperceptibles. La procédure consacrée à ce type d"états de fait transempiriques tient tout entière (et faute de mieux) dans l"!gam!pek"!num!na, «l"inférence reposant sur l"Écriture», le second type d"inférence suggéré par PV I.215.114 395!396 et 2000: 78!79), je n"y reviens pas ici. Notons que les éléments structurant la triple par#k"! se rencontrent dans des #uvres jainistes chronologiquement voisines (?) de Dharmak!rti. Ainsi de "M I.6, qui dit l"!pta omniscient (< sarvajña, "M I.5) yukti$!str!virodhiv!c, «dont la parole ne présente pas de contradiction avec l"argumentation rationnelle et le traité [autorisé]» (le composé réapparaît dans le Dev!gamastotra du même Samantabhadra: voir JAINI 2000: 349n. 55). Selon "MV 5,18!19, yukti comprend l"inférence et la perception (adhyak"a); par $!stra, il faut entendre !gama; par avirodhin, avisa%v!din. NA 9 dit le traité autorisé ad&"'e"'avirodhaka, «which does not contradict what is accepted and what is experienced» (BALCEROWICZ 2001: I.50; analyses du composé dans NAV [9.2] 382,17!383,4). Plus proche de Dharmak!rti par la lettre et l"esprit que par le temps, Akala#ka: $rute( pram!)!ntar!b!dhana% p*rv!paravirodha$ ca avisa%v!da( (cité de Akala+kagranthatraya, p. 14, par SHAH 1967: 36n. 165). Ces motifs trouvent des antécédents paracanoniques jainistes (voir BALBIR 1987: 9): parmi les dosa/do"a d"un S$tra, la contradiction (v!haya) et l"incorrection (ajutta/ayukta), la contradiction avec la doctrine propre (samayaviruddha); parmi ses gu)a, le fait de posséder des raisons (heujutta/hetuyukta). Sur la question des contradictions internes, voir aussi LAMOTTE 1981: 1074 et 1095 (pas de contradiction interne au buddhavacana et à la Prajñ!p!ramit!), et SUTTON 2000: 38sq (le MBh reproche à plusieurs reprises au Veda ses contradictions), ainsi que l"intéressant aveu de Kum%rila lui-même dans TV sous M!S$ I.iii.27/II.225,9!10 (voir aussi TV sous M!S$ I.iii.3/II.83,11!12 [p*rvapak"a]). 114
Selon Dharmottara, ce type d"inférence est indiqué dans le cas d"un objet scripturaire (!gamasya artha(, NB&Dh 82,2), i.e. de quelque chose de suprasensible que perception et inférence ne couvrent pas (artho !t#ndriya( pratyak"!num!n!bhy!m avi"ay#k&ta(, NB&Dh 82,2!3), tel un universel (s!m!ny!di); selon PVSV& 393,15!17, l"inférence porte sur un objet scripturaire radicale-
106
Introduction
En quoi consiste donc cette inférence reposant sur (ou: fondée sur, °!"rita°, °!"raya°) l!Écriture? !"kyabuddhi commente115: «Après qu[!on a dûment constaté,] par les deux moyens de connaissance valide procédant en vertu de [quelque chose de] réel[, que] l!Écriture [en cours d!évaluation est] correcte (*vi"uddha), ayant [donc ainsi] déterminé [que cette Écriture] a la propriété d!un traité accepté comme moyen de connaissance valide?, [on se livre à] une inférence reposant sur l!Écriture lorsque l!on introduit une discussion (*cint!) [sur un objet scripturaire radicalement imperceptiblePVSV#] afin d!inférer des contradictions entre [propositions scripturaires] successives.» Le propos de !"kyabuddhi s!interprète au mieux à partir de PV IV.48"51 et 106"108.116 Selon Dharmak$rti,117 «si les deux [types d!]objets sont corrects [au sens où on l!a défini, alors] c!est là le moment [d!adhérer à un traité] pour qui désire adhérer à un traité». En effet,118 «on est justifié à adhérer à un traité quand on passe à la troisième catégorie [d!états de fait, i.e. aux états de fait radicalement imperceptibles]», car119 «faute d!accepter une Écriture [comme moyen de connaissance valide] dans le cas des [états de fait radicalement] imperceptibles, il ne [pourrait être] introduit [aucune] discussion [les concernant]». Mais, chose importante,120 ment imperceptible (atyantaparok#e !gamavi#aye); selon PVV 450,15"16, elle porte sur un état de fait transempirique qui n!est pas l!objet d!un moyen de connaissance valide objectif (ad$#%e [!]pram!&avi#aye; Vibh. 450n. 4 ajoute: atyantaparok#a). 115
PV# P289a3"5/D245a1"2: d'os po stobs kyis (ugs pa"i tshad ma gñis kyis lu' rnam par dag pa"i dus phyis tshad ma khas len pa can gyi bstan bcos kyi chos can rnam par g(ag nas | s'a phyi "gal ba rjes su dpag pa"i phyir | ga' gi tshe khyad par dpyod pa la "jug pa de"i tshe lu' la ltos pa"i rjes su dpag pa ste |. Comparer PVSV# 393,15"17, lacunaire: vi"uddhe vi#ayadvaye # atyantaparok#e ca !gamavi#aye paurv!paryavirodhena yasmin cint!) pravartayati | tasminn !gam!pek#am anum!nam api |.
116
Voir TILLEMANS 2000: 78"82 et 147"153.
117
PV IV.50a2c: vi"uddhe vi#ayadvaye "!straparigraham | cik*r#o+ sa hi k!la+.
118
PV IV.51cd: t$t*yasth!nasa)kr!ntau ny!yya+ "!straparigraha+ ||.
119
PV IV.106cd: parok#e#v !gam!ni#%au na cintaiva pravartate ||.
120
PV IV.106cd"107ab1: virodhodbh!vanapr!y! par*k#! api. Le jainiste Kunda-
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
107
«l"examen tient [ici] pour l"essentiel dans la mise au jour de contradictions [entre propositions successives]». Selon Devendrabuddhi et Manorathanandin, dire d"une telle discussion (par!k"#, cint#) qu"elle procède essentiellement par détection de contradictions entre propositions successives, revient à dire qu"elle n"est pas v#stava (PVP don dam pa), i.e. ne touche ou ne ressortit pas aux choses mêmes qu"elle considère.121 Selon Vin!tadeva,122 «on dit "inférence fondée sur l"Écriture! [une inférence] où le dharmin et le pak"adharma sont introduits sur la base d"une Écriture». Il ressort en outre de PVP que les dharmin (*r#g#di par exemple) et li$ga, etc., d"une telle inférence, sont établis (siddha) par l"Écriture ou le traité.123 Selon Dharmottara, est fondée sur l"Écriture l"inférence dont le li$gatrair%pya est établi scripturairement.124 Enfin, à l"adversaire qui demande pourquoi, si un traité n"est pas un moyen de connaissance valide, on examine néanmoins des sujet et indice inférentiel établis scripturairement, Devendrabuddhi et Manorathanandin répondent selon la ligne de PVSV 108,2!5: l"être humain désirant agir ne peut vivre sans recourir à l"autorité d"une Écriture, car elle
kunda est à ma connaissance le premier docteur indien à avoir introduit le motif du p%rv#para[(a)virodha] dans le contexte général de l"autorité (nonobstant le fait qu"il a pu s"inspirer de NS V.ii.10, cité n. 107, pp. 102!103, qu"on connaissait en milieu jainiste); NS#ra 8ac1: «Affranchie des fautes [d"inconsistance entre énoncés] successifs, pure, la parole issue de la bouche du [Param#tman omniscient est dite] "Écriture!» (*tasya mukhodgatavacana& p%rv#parado"avirahita& 'uddham | #gamam iti). Le motif se retrouve régulièrement chez les logiciens jainistes tardifs: Haribhadra ($DS k. 58), #uvres logiques de Akala%ka (SHAH 1967: 35!36 + n. 165), Akala$kastotra (JAINI 2000b: 346 + n. 60). 121
Voir PVP P346b6 et PVV 450,3!4.
122
NB&V 130,1!3: ga$ du lu$ gi sgo nas chos can da$ | phyogs kyi chos la sogs pa gtan la !bebs pa de ni lu$ la brten pa!i rjes su dpag pa (es bya!o ||.
123
Voir PVP P346b4 et 5; même remarque PVV 449,26 et PVA 527,16.
124
NB&Dh 81,19: #gamasiddha; PVV 410,18!411,1, utilise aussi le possessif #gamasiddhali$gatrair%pya.
108
Introduction
seule lui apprend les avantages et les infortunes à retirer d!intentions telles que le don ou le nuire.125 L!exemple classique de la procédure consistant à exhiber les contradictions internes d!un traité en matière radicalement imperceptible, vise les ablutions.126 Soit une première proposition scripturaire127: «La concupiscence est la racine du démérite (adharma, ou du péché, p!pa)».128 Soit une seconde proposition: «Les ablutions aux fleuves sacrés éliminent le démérite».129 Toutes les sources affir125
D!n!dicetan!, hi"s!dicetan!; cf. PVP P347a4"6, PVA 527,18, PVV 449,26 et 450,6"10; Devendrabuddhi conclut: de ltar na bstan bcos gzu# bar bya ba yin [no] ||.
126
Sn!n!di appartient à la catégorie de vues fausses que l!Abhidharma nomme $%lavratapar!mar$a, «la vue qui consiste à considérer comme cause ce qui n!est pas cause, comme chemin ce qui n!est pas chemin» (AKBh 282,8"9: ahetau hetud&'(ir am!rge m!rgad&'(i) $%lavratapar!mar$a) |. Traduction LA VALLEE POUSSIN 1980: IV.18; voir aussi III.135n. 2, 189n. 3, IV.76nn. 3"5). Notons que sn!ne dharmecch! compte au nombre des cinq indices de sottise (li#g!ni j!*ye) que définit PV I.340. Aux références de LA VALLEE POUSSIN 1980: III.135n. 2, ajoutons: Kalpan!ma+*itik! (HUBER 1908: 439), MHK IX.120"123; voir aussi UI 1962: 74 et BHATTACHARYA 1980: 119.
127
En fait, !ha veda) selon PV! ñe P78b5"6/D65a3 = PVSV! 612,10.
128
R!ga, mais aussi l!hostilité (dve'a) et l!hébétude (moha), selon PV! P289a6" 7/D245a2 = PVSV! 393,18"19. M,la, PV IV.107c, PVP P346b6"7, PVV 450,4; prabhava, PVV 411,2; nid!na, PVV 450,5. Proposition alternative: «Le démérite a pour nature (r,pa) la concupiscence et l!acte corporel et vocal PVSV 109,1"2) glosé svabh!va (k!yav!kkarman) qui s!y origine.» R,pa (P PV! P289a6"7/D245a3 = PVSV! 393,18"19. K!yav!kkarman selon PV! P289a6"7/D285a3 = PVSV! 393,18"19.
129
(1) [T%rtha-]sn!na, PVSV 109,3, PV IV.107d, PVP P346b7/8, PVSV 174,23, PV! P289a7"8/D245a3 = PVSV! 393,20, PV! ñe P78b5/D65b4 = PVSV! 612,9, PVV 411,1; mais aussi: agnihotra, mêmes références hormis PV IV et PVP; japa, PVP P346b8, japahom!di, Vibh. 450n. 1; upav!sa PV! P289b1/D245a4 = PVSV! 393,21"22. (2) Prah!+a, PVSV 109,2, PV! P289a7/D245a3 = PVSV! 393,19, qui glosent apagama; mais aussi: $odhanas!marthya, PVSV 174,23; n!$ana, PV IV.107d; virodhin, PVV 450,6; apanayati, PV! P289b1/D245a4 = PVSV! 393,22; k'aya, PV! P289a8/D245a4 = PVSV! 393,20; vi$uddhi, PV! ñe P78b8/D65b3 = PVSV! 612,13. (3) Adharma, PV IV.107, PVP P346b7, PVV 450,4, PV!
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
109
ment, implicitement ou explicitement,130 que ces deux propositions successives sont contradictoires ou mutuellement incompatibles. Pour que des actes corporels et/ou vocaux tels que les ablutions annulent le démérite/péché, il faudrait qu"ils en annulent la cause, les passions de concupiscence, etc.: l"annulation du nid!nin nécessite l"annulation du nid!na.131 Or tel n"est pas le cas,132 «parce que le mérite a pour nature la non-convoitise, etc., et l"acte qui s"y origine, et que les ablutions aux fleuves sacrés, etc., n"ont pas cette nature», ou133: «parce que les ablutions, etc., ne sont pas contradictoires avec la concupiscence, etc., qui est la cause du péché».134 P289a6/D245a3 = PVSV! 393,20; mais aussi: p!pa PVSV 174,23; PV! ñe P78b6/D65b2 = PVSV! 612,9, PV! P289a8/D245a4 = PVSV! 393,21, PVV 450,5, PVP P346b7. (4) Proposition alternative: «Ablutions et oblation ont la capacité d"accroître le mérite». Dharmopacayas!marthya, PV! ñe P78b6/D65b2 = PVSV! 612,10 (lacunaire); mais aussi: dharmav"ddhi, PV! ñe P78b6/D65b3 = PVSV! 612,13. 130
PVP P346b6!7, PVV 450,4!5.
131
PVP P346b8: rgyu la gnod pa ma yin na | rgyu can la gnod pa ma yin te |. PVV 450,5!6: na ! nid!n!virodhe nid!nino b!dh! |.
132
PV! ñe P78b8/D65b4 = PVSV! 612,13!14: dharmasya alobh!ditatprabhavakarmasvabh!vatv!t | t#rthasn!n!d#n!$ ca atatsvabh!vatv!t |.
133
PV! P289b1!2/D245a4!5 = PVSV! 393,22!23: p!panid!nena r!g!din! virodh!bh!v!t |. Voir encore PVV 411,1!2 sous PV I.333 et 450,5!6 sous PV IV.107.
134
Deux vy!pti sont formulées dans nos sources. (1) PVP P347a1, PV! P289b2/D245a5, Vibh. 450n. 3: «Si x n"annule pas la cause (nid!na) de y, x n"annule pas y.» Exemple: des substances (tib. rdzas) douce (madhura), raffraîchissante (%#tala) et onctueuse (snigdha) ne remédient pas au phlegme (%le&man = bad kan), ou à la maladie due au phlegme (bad kan can gyi nad = *%lai&mikavy!dhi? Cf. PVin III P295a4!5/D197a5: m'ar ba da' | bsil ba da' | snum pa dag gis bad kan las gyur pa"i nad b(in no ||, et PVin III Ms A 40a1/Ms B 42a6: madhura%#talasnigdhair iva vy!dhe) %lai&mikasya iti |; sur madhura, %#tala et snigdha, voir MEULENBELD 2000: 534). (2) PVP P347a1! 2, Vibh. 450n. 3: «Si x annule la cause de y, x fait cesser y.» Exemple: les trois segments de l"octuple chemin annulent différents états des passions: la moralité (%#la) annule la méconduite (du%carita), la concentration (sam!dhi) annule le sévissement actuel (paryavasth!na), la compréhension (prajñ!) annule les passions latentes (anu%aya).
110
Introduction
Les objets reconnus comme (im)perceptibles par un traité doivent être effectivement (im)perceptibles; les objets reconnus comme objectivement (in)inférables par un traité doivent être objectivement (in)inférables; les propositions que ce traité consacre à des états de fait radicalement imperceptibles doivent être consistantes, ne présenter aucune contradiction entre elles. Dharmak!rti résume cette première démarche évaluative dans PVSV 109,3!4135: «La fiabilité [d"un traité], c"est [donc] cette correction de tout objet dont la détermination est possible [par la perception directe et par les deux sortes d"inférences].» La correction avérée du traité sert alors d"indice dans l"inférence de la fiabilité de ce traité en matière suprasensible136: «Puisque la parole d"une personne crédible # possède le caractère général de la fiabilité [quant aux états de fait perceptibles et inférables], on infère que la connaissance [que l"on tire de cette parole] est également fiable sur un objet imperceptible et ininférable de [cette parole] dont on n"a pas constaté qu"elle fût déviante[; on l"infère] parce que, tout comme la connaissance [que l"on en tire] sur un [objet] autre que cet [objet radicalement imperceptible], elle se fonde sur cette [parole d"une personne crédible].» Telle est la première stratégie de transfert d"autorité retenue par Dharmak!rti. 2.4.6. Après Tso" kha pa et rGyal tshab rje, TILLEMANS a mis au jour de remarquables similitudes entre certaines idées métareligieuses de #ryadeva, Dharmap$la et Dharmak!rti. Dans l"objection formant le commentaire introductif de Dharmap$la à C% 280, ce dernier met en scène un adversaire relevant dans les S&tra bouddhiques nombre d"éléments de piètre crédibilité: transformations magiques (*vikurva!a, "ddhi), allusions à des entités radicalement imperceptibles (shèn sh#n ! atyantaparok$a, év. atigambh%ra). Les Écritures bouddhiques ne sont donc guère plus fiables que celles 135
PVSV 109,3!4: s& iya' (akyaparicched&(e$avi$ayavi(uddhir avisa'v&da) |. Voir aussi PV IV.50 (TILLEMANS 2000: 80).
136
PVSV 109,7!9: &ptav&dasya avisa'v&das&m&ny&d ad"$*avyabhic&rasya pratyak$&num&n&gamye !py arthe pratipattes tad&(rayatv&t tadanyapratipattivad avisa'v&do !num%yate |.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
111
des hérétiques. En guise de réponse, C! 280137: «When someone gives rise to doubt concerning the obscure [things] (parok"a) taught by the Buddha, then he can rely on the voidness which is free of all [defining] characters, and [can thus] gain sure faith.» La correction avérée de l"enseignement du Bouddha sur la vacuité (!"nyat#), son point principal, en crédibilise la prédication en matière transempirique. Quoiqu"il y vise les quatre Vérités Saintes plutôt que la vacuité, Dharmak#rti ne paraît pas dire autre chose dans PV I.217138: «Ou puisque[, tels que révélés par le Bienheureux,] la réalité du [mal] à écarter et du [bien] à réaliser, avec [leurs deux] moyens [respectifs], sont établis, l"objet principal [de la prédication] est fiable; donc [même lorsqu"elle porte] sur un autre [objet, radicalement imperceptible, la connaissance que l"on tire de la parole du Bienheureux] est une inférence.» Ici, l"établissement des quatre Vérités Saintes procède par un pram#$a procédant en vertu de quelque chose de réel, l"inférence (P PVV 365,9); si ces Vérités forment la matière principale de la prédication bouddhique, c"est qu"en les réalisant, on obtient le nirv#$a, élimination de toutes les passions.139 Dharmak#rti explique140: «En raison de la fiabilité de cela même qui sert le but de l"homme [qu"est le nirv#$a et donc] mérite [notre] persévérance, admettre que [la prédication du Bienheureux] est telle également sur un autre [type d"]objet n"est pas pour nous tromper, parce que rien ne s"y oppose et que[, n"ayant 137
Traduit sur la version chinoise du commentaire de Dharmap$la (T1571, 216c22!23/TILLEMANS 1986: 46n. 21/TILLEMANS 1990: I.91 et II.132). Le sanskrit serait (TILLEMANS 1986: 46n. 21): buddhokte%u parok%e%u j#yate yasya sa&!aya' | ihaiva pratyayas tena kartavya' !"nyat#& prati ||.
138
PV I.217: heyop#deyatattvasya sop#yasya prasiddhita' | pradh#n#rth#visa&v#d#d anum#na& paratra v# ||.
139
PV% P291b1!2/D246b2!3 & PVSV% 394,28!30: tadadhigamena nirv#$apr#pte' |. PVV 365,10: satyacatu%(ay#dhigamasya nirv#$ahetutvena.
140
PVSV 109,16!19: tasya asya puru%#rthopayogino !bhiyog#rhasya avisa&v#d#d vi%ay#ntare !pi tath#tvopagamo na vipralambh#y[a] anuparodh#n ni%prayojanavitath#bhidh#navaiphaly#c ca vaktu' |. Noter l"utilisation de cette stratégie chez !$ntarak"ita, TS n°3528: svarg#pavargam#trasya visp)%(am upade!ata' | pradh#n#rthaparijñ#n#t sarvajña iti gamyate ||.
112
Introduction
pas induit l!homme en erreur sur l!objet principal que sont les Vérités Saintes,] le locuteur n!a pas d!intérêt [propre] à s!exprimer sans raison de façon erronée [sur ce troisième point radicalement imperceptible].» Que le Bouddha n!aurait nul intérêt à nous tromper ressortit à sa qualité de t!yin, de «protecteur [des êtres]» (voir pp. 91"92); surtout, c!est à sa compassion qu!il doit son autorité141: «Par compassion [pour les êtres, le Bienheureux leur] enseigne le Bien: compatissant, aspirant à éliminer entièrement la douleur d!autrui, [le Bienheureux] n!enseigne pas de façon erronée; avec pleine conscience, celui-ci n!enseigne que le Bien aux [êtres] qui y aspirent, non ce qui n!est pas le Bien. [En effet,] même compatissante, [une personne ignorante] ne pourrait enseigner la vérité puisqu!elle ne [la] connaît pas: ainsi est-ce grâce à [sa] connaissance que [le Bienheureux] enseigne la vérité; mais [à l!inverse,] même si elle connaissait [la vérité], une [personne] sans compassion pourrait aussi bien enseigner de façon erronée, et c!est ainsi que la compassion [elle-]même est le moyen de [réaliser] l!autorité.» 2.4.7. Dans l!usage de Dharmak!rti, la première stratégie de transfert inférentiel paraît avoir vocation «hérésiologique»; la seconde, vocation apologétique. Il est bien connu que c!est selon la seconde que, dans PV II.147cd-279, Dharmak!rti établit la fiabilité des quatre Vérités Saintes, une démarche annoncée dans PVSV 109,16142: «à l!exemple [de la justesse] des quatre Vérités Saintes [lorsqu!on l!examine] selon la méthode (n"ti, gl. vic!ra) qu!on exposera [plus bas].» L!explication des commentateurs ne laisse subsister aucun doute quant à l!identité du passage visé par Dharmak!rti.
141
PVP P140b3"6 sous PV II.282ab: brtse bas legs pa ston par mdzad | brtse ba da# ldan pa g$an gyi sdug bs#al yo#s su spo# ba don du gñer ba don log par ston par mi mdzad | de mkhyen b$in du skal pa da# ldan pa de don du gñer ba dag la legs pa ñid ston par mdzad kyi | legs pa ma yin pa ni ma yin no || brtse ba da# ldan pa ya# mi %es pa!i phyir ya# dag pa!i don ston par mi nus pa de ltar na | ye %es las bden pa ston mdzad kyi brtse ba med pa ni %es na ya# rnam pa g$an ya# ston par !gyur ba de ltar na | brtse ba ya# tshad ma ñid kyi thabs yin no ||.
142
PVSV 109,16: yath! cat&r'!m !ryasaty!n!( vak)yam!'an"ty! |.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse
113
L"extrême fin de PV I offre un intéressant exemple d"application de la première stratégie. Dans PV I.330!335,143 Dharmak!rti critique un mystérieux adversaire m!m"#saka, un v$ddham!m"#saka selon ses commentateurs ("#kyabuddhi excepté).144 Cet adversaire entend/est pressé de faire l"économie de l"apauru%eyat" comme critère de vedapr"m"&ya, et préfère à l"incréation l"argumentation suivante: puisque tel locus védique (vedaikade'a) est vrai, tout autre passage védique l"est aussi. Après avoir montré que l"inférence de son adversaire est formellement fallacieuse (PVSV 173,19! 174,6), Dharmak!rti montre en quoi elle ne résiste pas davantage à examen sur un plan matériel (PVSV 174,7!175,2). Ce faisant, il tisse les lignes directrices d"une critique du Veda (la seule qu"on lui connaisse d"ailleurs). Le c#ur de la critique apparaît dans PV I.332!334, et plus explicitement encore dans leur autocommentaire, que je traduis ci-après145: «Le Veda dit qu"un homme dont les natures successives ne disparaissent ni ne naissent, est successivement l"agent des actes [bons et mauvais] et le jouisseur des fruits de [ces] actes en tant notamment qu"il est cause d"inhérence et support. Mais [nous et nos coreligionnaires avons déjà] abondamment fait savoir que ce [qu"affirme le Veda en ces termes] est incorrect. De plus, [le Veda confère] à certaines entités [réelles] une perma143
Comparer TS(P) n°2775.
144
Voir aussi PVin II.72,9!10/23*,6!8, et STEINKELLNER 1979: 77!78 + n. 252.
145
PVSV 174,14!28: apracyut"nutpannap(rv"parar(pa) pum"n kart" krame&a karma&"# karmaphal"n"# ca bhokt" samav"yik"ra&"dhi%*h"nabh"v"din" ity "ha veda) | tac ca ayuktam ity "veditapr"yam | nityatva# ca ke%"#cid bh"v"n"m ak%a&ikasya vastudharm"tikram"d ayuktam | apratyak%"&y eva hi s"m"ny"d!ni pratyak%"&i | janmasthitiniv$tt!' ca vi%am") pad"rth"n"m | an"dheyavi'e%asya pr"g akartu) par"pek%ay" janakatvam | ni%patter ak"ryar(pasya "'rayava'ena sth"nam | k"ra&"c ca vin"'a ity"dikam | anyad api pratyak%"num"n"bhy"# prasiddhaviparyayam* "gam"'raye&a ca anum"nena b"dhitam agnihotr"de) p"pa'odhanas"marthy"dikam | tasya eva#v"dino vedasya sarvatra '"stra'ar!re pram"&avirodham apratisam"dh"ya sambandh"nugu&op"yapuru%"rth"bhidh"n"ni ca '"stradharm"n apradar'ya atyantaprasiddhavi%ayasaty"bhidh"nam"tre&a prajñ"prakar%aduravagahagahane !pi niratyayat"# s"dhayituk"mo bandhak!m api pr"galbhyena vijayate |. *Prasiddha° avec PVSV$ 612,7 et 8, contre prasiddhi° dans PVSV 174,22.
114
Introduction
nence erronée puisque ce qui n!est pas instantané déroge aux propriétés d!une entité; [le Veda soutient que] des [entités] strictement imperceptibles telles que l!universel[, le mouvement ou la qualité,] sont perceptibles; [le Veda prête] aux entités [réelles] des naissance, durée et cessation incongrues, [en affirmant respectivement qu!]une [entité] !insupplémentable!, d!abord non agente, [se fait ensuite] génératrice en dépendance d!une autre; [qu!]une [entité] n!ayant, de par [sa] production [par ses propres causes], pas la nature d!un effet, se maintient [dans l!existence] en vertu de [quelque] point d!appui; [que] la destruction [des entités réelles procède] d!une cause [de destruction; le Veda enseigne] encore [mainte] autre [chose] dont la perception et l!inférence [ordinaire] établissent le contraire, et [enfin prêche] notamment la capacité de [pratiques] telles que l!oblation au feu [ou les ablutions] à éliminer les péchés[, ce] qu!invalide une inférence fondée sur l!Écriture. Le [M"m#$saka] ne lève pas la contradiction avec les moyens de connaissance valide dans tout le corps du traité, ni ne présente les propriétés d!un traité [que sont] les expressions d!une consistance [interne], d!un moyen approprié et d!un but de l!homme; [puis,] par la simple formulation de la vérité [du Veda] sur un objet trivial, il entend démontrer que le Veda qui s!exprime ainsi [qu!on l!a montré] est infaillible également [lorsqu!il porte] sur [quelque chose d!]impénétrable inaccessible [même] à une intelligence acérée: [ce M"m#$saka] l!emporte en témérité même sur la courtisane [de l!histoire]!» Dharmak"rti jugeait à l!évidence que la parole du Bouddha passerait avec succès les trois par!k"# articulant cette première stratégie. Mais ici comme ailleurs, rien ne nous oblige à lui en donner crédit"
Chapitre 3 Sur l!incréation et les versions réalistes de la relation entre p a r o l e e t s i gn i f i c a t i o n 3.0. Ne sont intervenues jusque-là que des écoles faisant reposer l!autorité scripturaire sur la crédibilité de personnes, humaines ou divines, que la tradition nomme des !pta. Ces écoles admettent donc que leurs Écritures sont de création humaine (pauru"eya). Dans et sous PV I.224"330, Dharmak!rti s!en prend à l!apauru"eyat!. Par apauru"eyat!, on entend avec Dharmak!rti une doctrine posant que le critère de l!autorité scripturaire consiste en l!absence d!un auteur (humain ou divin) de l!Écriture. Cette doctrine affirme généralement (a) la permanence (nityat!), l!autoposition et la «naturalité» du donné révélé. L!argumentaire qui l!établit passe toujours (b) par la preuve (ou du moins l!affirmation) de ce que la relation (sambandha) entre parole et signification est elle-même incréée, «naturelle» et permanente, quelque version de la permanence qu!on retienne par ailleurs (permanence réelle ou d!immutabilité: param!rtha° ou k#$asthanityat!; permanence pratique ou de non-commencement: vyavah!ra° ou an!dinityat!). Cet argumentaire peut passer encore (c) par l!affirmation de la permanence des corrélats, voire (d) par le déni de toute perception humaine du suprasensible. Pour nous, la doctrine trouve son expression paradigmatique dans la M!m"#s" avec le $Bh, son nom dès le V%ttik!ragrantha, sa forme la plus radicale et aboutie chez Kum"rila (ad). On peut en argumenter la présence chez le grammairien-philosophe Bhart%hari (a-c);1 de façon moindre et certes abusive dans le 1
Chez Bhart%hari, la révélation védique, «image» (anuk!ra) de la parole principielle, est une et permanente, sous forme extérieure de &!stra, et sous forme intérieure d!!gama. On notera simplement ici VP I.172: an!dim avyavacchinn!' &rutim !hur akart%k!m | &i"$air nibadhyam!n! tu na vyavacchidyate sm%ti( ||. «On dit que la révélation est sans commencement, sans interruption et sans auteur; tandis que la tradition est fondée sur les clercs et elle ne con-
116
Introduction
YBh ([a,] b[, c]);2 de façon surprenante mais indiscutable chez certains Vaibh!"ika (a-b).3 Dans et sous PV I.224!268, Dharmak#rti critique l"apauru!eyat" sous sa forme complète et aboutie: l"apauru!eyat" en général comme critère de l"autorité scripturaire (dans et sous PV I.224!230), l"incréation et la permanence de la relation (dans et sous PV I.231! 238), l"éternité du Veda (dans et sous PV I.239!246; infra, chapitre 4), la permanence de la parole (dans et sous PV I.247!268; infra, chapitres 5 et 6). 3.1. Svata#pr"m"$ya et ved"pauru!eyat" 3.1.1. La M#m!$s! limite les prétentions du langage humain à la vérité, interdit le suprasensible aux facultés cognitives humaines. Pour assurer à l"injonction védique une validité inconditionnelle en matière de Dharma, elle affranchit le Veda de toute origine humaine, et établit l"intrinsécité de la validité épistémique (doctrine du svata#pr"m"$ya). Avec Kum!rila surtout, ce volet positif de la démarche se double d"un volet critique. Contre les bouddhistes et les jainistes, Kum!rila s"en prend à la perception «yogique», à l"omniscience et à la théorie du transfert inférentiel d"autorité; contre ses «coreligionnaires», il réfute l"hypothèse d"une révélation du Veda par Dieu et/ou par les %!i.4 naît pas d"interruption.» Traduction BIARDEAU 1964b: 183. VPV 168,11!13 sous VP I.148: sarvaprav"de!v "gamav"ky"n"& pra$et%parigrahe$a pauru!eyatvam abhyupagamyate | vedav"ky"ni tu caitanyavad apauru!ey"$i ||. «Dans toutes les controverses, comme les phrases des traités de tradition possèdent un auteur, on admet qu"elles sont #uvre humaine; tandis que les phrases du Veda ne sont pas plus #uvre humaine que la conscience.» Traduction BIARDEAU 1964b: 169. Sur la relation chez Patañjali et Bhart%hari, voir pp. 129!132. Pour d"autres affirmations quant à la permanence ou l"éternité (< san"tana) du Veda/&ruti, voir p. ex. MSm% I.23 et III.284, VeS' I.iii.29 et II.i.4, MBh 9.44.11 (voir SUTTON 2000: 31sq). 2
Voir n. 76, pp. 132!133.
3
Voir pp. 133!134.
4
(1) Contre la perception yogique, voir &V pratyak!a 26!35, et BHATT 1989: 158!161. (2) Contre l"omniscience bouddhiste, voir &V codan" 111cd!140
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
117
3.1.2. La doctrine du svata!pr"m"#ya vaut de tous les moyens de connaissance valide reconnus par l"école,5 mais trouve sa vocation fondamentale en application à $abda: parole, témoignage verbal. La doctrine s"articule ainsi: la validité (pr"m"#ya) d"une connaissance ne provient pas d"une connaissance subséquente (jñ"n"ntara) qui la vérifierait, car alors la validité de la deuxième serait tributaire d"une troisième connaissance, et ainsi de suite à l"infini (anavasth").6 La validité d"une connaissance est donc intrinsèque (svata!, sv"tantrye#a, svayam) à cette connaissance. En revanche, la non-validité (apr"m"#ya) d"une connaissance lui est extrinsèque (parata!, p"ratantrye#a), déterminée a posteriori.7 La fiabilité d"une connaissance ne tient donc pas à sa vérification ou confirmation (sa%v"da): pour l"école, la validité est non-falsification, la non-validité falsification.8 Deux événements sont susceptibles de (les kk. 141sq visent l"omniscience jainiste), D"SA 1980: 193!195, et KHER 1992: 452!454. (3) Contre la théorie du transfert inférentiel d"autorité, voir !V codan" 121!125 (pour la k. 121, voir p. 99). Selon !V codan" 122!125, une théorie «vérificationniste» de l"autorité scripturaire conduit à cette conséquence que l"Écriture ne peut rien nous apprendre: redevable de sa fiabilité à sa seule vérifiabilité, l"Écriture ne nous enseignera jamais valablement que ce que nous pouvons connaître par nous-mêmes. Au mieux donc, l"Écriture sera vraie dans l"ordre de ce que les pram"#a ordinaires nous donnent, mais sans valeur de vérité là où s"arrêtent nos lumières naturelles. Or étant donné que nous ne recourons à l"Écriture qu"en vue de connaître le suprasensible ! l"invérifiable, hic et nunc du moins !, l"Écriture sera parfaitement vaine. Cette critique repose, bien entendu, sur la doctrine du svata!pr"m"#ya. (4) Contre la révélation par Dieu ou les &'i, voir !V sambandh"k'epaparih"ra 42cdsq (D"SA 1980: 196!197), !V v"kya 365!368 et !V vedanityat" (voir chapitre 4, et D"SA 1980: 197!198). 5
!V codan" 47ab. Sur la doctrine du svata!pr"m"#ya, voir BIARDEAU 1964: 69!76, D"SA 1980: 57!77 et 180!191, BHATT 1989: 72!77 et TABER 1992.
6
Voir TS n°2852cd!2855 (D"SA 1980: 185), et !V codan" 81.
7
!Bh sous M"S# I.i.2/I.17,3 (F16,26!18,1; BIARDEAU 1964: 78); voir aussi !V codan" 86!87.
8
!V codan" 80: tasm"d d&(ha% yad utpanna% n"pi sa%v"dam &cchati | jñ"n"ntare#a vijñ"na% tat pram"#a% prat)yat"m ||. «Therefore that cognition that is stable (d$%ha-), actually arisen (utpanna-) and is not contradicted by
118
Introduction
falsifier ou du moins discréditer une connaissance: contradiction d!une connaissance (a) par une seconde connaissance (b); suspicion de défauts, vices ou fautes (do!a) dans la cause de cette connaissance. Dans le premier cas, l!apr"m"#ya est fausseté (mithy"tva); dans le second, l!apr"m"#ya est doute (sa$%aya) ou fausseté.9 Quels sont les vices susceptibles d!affecter la cause d!une connaissance? Selon !abara, la subtilité (sauk!mya) excessive de l!objet, ou une affection de la faculté sensorielle perturbant le sens interne (cak!ur"dibhir upahata$ mana&, par timira par exemple): le contact entre manas, faculté sensorielle et objet n!intervenant pas, la connaissance sera erronée (mithy"jñ"na).10 Dans sa B", Kum#rila énumère six facteurs susceptibles d!affecter l!opération sensorielle: concupiscence (r"ga), hostilité (dve!a), ivresse (mada), passion (unm"da), faim (k!udh) et soif (t'!#").11 Ailleurs, Kum#rila évoque encore la colère (krodha), le désir (k"ma), la convoitise (lobha), l!orgueil (m"na) et la honte (lajj").12 Comme on voit, la majorité des vices sont d!ordre émotionnel/affectif; ce sont, au sens le plus large, des «fautes morales», qui déterminent également la façon dont nous verbalisons nos connaissances. Kum#rila peut donc bien dire que la fausseté d!un énoncé tient tout entière au locuteur (vaktradh(na).13 Chose importante dans notre contexte, la validité d!une connaissance ou la vérité d!un énoncé ne dépendent en aucun cas des qualités (gu#a, dont Kum#rila ne dit rien d!ailleurs) du connaissant ou du locuteur: une telle dépendance de la validité another cognition is to be known as pram#$am.» Traduction D!SA 1980: 180. 9
Voir !V codan" 54"55; ici, Kum#rila distingue trois types d!apr"m"#ya: fausseté (mithy"tva), non-connaissance (ajñ"na) et doute (sa$%aya). Ces trois types d!apr"m"#ya forment contrepartie aux trois qualifications de pr"m"#ya: d')ha, utpanna et na visa$v"dam 'cchati (voir n. précédente, et D!SA 1980: 180"183). Dans PVSV" 404,7"405,19, Kar$akagomin donne un exposé lumineux de la position de Kum#rila (voir APPENDICE B pour les citations).
10
Voir !Bh sous M%S& I.i.5/I.33,2"7 (F26,11"17; BIARDEAU 1964: 71).
11
Voir TS n°2882ab (D!SA 1980: 187).
12
TV sous M%S& I.iii.7/II.118,14 (JH' 1998: I.174).
13
!V codan" 62ab: voir APPENDICE B (PVSV" 404,11"14).
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
119
par rapport à des qualités morales en contredirait l"intrinsécité.14 De façon générale donc, un énoncé peut être a posteriori déclaré vrai si rien ne vient le falsifier ou rendre suspect,15 et faux si une connaissance subséquente vient le falsifier.16 A condition que l!énoncé porte sur le seul domaine empirique (indriyavi!ayatva), la M!m"#s" admet donc le principe de la personne crédible.17 Dès lors cependant qu"il outrepasserait sa sphère de compétence et prétendrait porter sur l"invisible, un énoncé humain serait aussi peu autorisé que «la parole d"aveugles-nés sur des couleurs particulières».18 3.1.3. Selon la M!m"#s", le Veda porte sur le suprasensible, et est incréé, sans locuteur ou auteur humain. Portant sur le Dharma, le Veda est infalsifiable étant donné la limitation de nos capacités cognitives au domaine empirique; incréé, aucun vice ne peut en affecter la cause. L"intrinsécité de la validité fait le reste: le Veda est inconditionnellement valide.19 Sous le codan"s#tra, Kum"rila ne manque aucune occasion pour contraster discours ordinaire et védique, pour réaffirmer l"incréation du Veda et l"autorité absolue 14
Voir $V codan" 63!65 (D"SA 1980: 188).
15
Voir $V codan" 60cd (D"SA 1980: 187), et $V codan" 52cd.
16
Voir $Bh sous M!S% I.i.5/I.50,2!3 (F34,9!11; BIARDEAU 1964: 83).
17
Pratyayitapuru!a chez $abara ($Bh sous M!S% I.i.2/I.17,5!7 [F18,3!6]; BIARDEAU 1964: 78), glosé yath"d$!%"rthav"din par Kum"rila dans $V codan" 102, et satya dans $V codan" 106. Noter néanmoins $Bh sous M!S% I.i.2/I.18,6!7 (F18,12!13): api ca pauru!ey"d vacan"d evam aya& puru!o veda iti bhavati pratyayo na evam ayam artha iti |. «De plus, à partir d"une parole humaine, on n"a pas l"idée que l"objet est tel (qu"on le dit), mais bien que tel homme a telle idée (de cet objet).» Traduction BIARDEAU 1964: 81. Cette conception est réaffirmée dans TV sous M!S% I.iii.24/II.187,6!7 (JHA 1998: I.266). Parmi les nombreux passages témoignant du pessimisme de Kum"rila quant à la prétention des paroles humaines à la vérité, voir TV sous M!S% I.iii.14/II.170,20!23 (JHA 1998: I.242), et $V codan" 144 (= TS n°2793).
18
D"après $Bh sous M!S% I.i.2/I.18,2!3 (F18,8): j"tyandh"n"m iva vacana& r#pavi'e!e!u |. Voir BIARDEAU 1964: 78!79.
19
$Bh sous M!S% I.i.2/I.17,3!5 (F16,26!18,2; BIARDEAU 1964: 78).
120
Introduction
qui en résulte.20 L!attitude culmine dans un raisonnement formel établi sur trois arguments (pram!"a) successifs21: «La connaissance générée par l!injonction [védique] est un moyen de connaissance valide, parce qu!elle naît de causes franches de [tout] vice, comme [sont moyens de connaissance valide] les connaissances [provenant] d!un indice [inférentiel], de la parole d!une personne crédible et des facultés sensorielles; de même, [elle est moyen de connaissance valide] parce qu!elle ne naît pas de la parole composée par une personne [qui ne serait] pas crédible, et [enfin] parce que, comme la connaissance [que nous dérivons] de la parole d!une personne crédible, elle est franche de [toute] annulation par exemple selon le lieu, le temps, etc.» Limité cognitivement à l!ordre du sensible, déjà inconstamment véridique en ce seul domaine, l!homme est privé de toute possibilité de connaître et de dire le suprasensible. Pour optimiser le présent et s!assurer le ciel, il n!a d!autre choix que de s!en remettre à l!injonction védique,22 incréée et donc inconditionnellement vraie, qui lui donnera de l!invisible une connaissance aussi directe (pratyak#a), mais moins révisable, que la perception lui en offre du visible.23 3.1.4. La M!m"#s" de $abara pose en thèse «que l!objet qu!indique l![injonction védique] met l!homme en rapport avec le Bien», que «l!objet indiqué par l!injonction [védique] est ce qui produit le Bien.»24 $abara considère que ce qui produit le Bien ($reyaskara) 20
Par exemple, $V codan! 68: voir APPENDICE B (PVSV% 404,25"405,13). $V codan! 97ab: vedasy!pauru#eyatve siddh! tv eva% pram!"at! |. «Mais si le Veda est incréé, [son] autorité [s!en trouve] ainsi [ipso facto] établie.»
21
$V codan! 184"185: codan!janit! buddhi& pram!"a% do#avarjitai& | k!ra"air janyam!natv!l li'g!ptoktyak#abuddhivat || tath!n!pt!pra"(toktijanyatv!d b!dhavarjan!t | de$ak!l!dibhed!dau c!ptoktipratyayo yath! ||. Voir aussi D!SA 1980: 192.
22
$Bh sous M!S& I.i.2/I.17,7 (F18,5"6; BIARDEAU 1964: 78).
23
$Bh sous M!S& I.i.2/I.20,2"3 (F20,1"2; BIARDEAU 1964: 79).
24
$Bh sous M!S& I.i.2/I.15,1 (F16,11"12): tay! yo lak#yate so !rtha& puru#a% ni&$reyasena sa%yunakti iti. $Bh sous M!S& I.i.2/I.20,3 (F20,3): codan!lak#a"o !rtha& $reyaskara& |. Pour mémoire, M!S& I.i.2: codan!lak#a"o !rtho
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
121
n"est autre que le Dharma;25 quant à Kum!rila, il identifie le Bien à la félicité humaine (puru!apr"ti), une description voisine de la définition m"m#$saka du ciel (svarga).26 Or la félicité humaine est à réaliser (s#dhya) par le dispositif sacrificiel indiqué par l"injonction védique; c"est donc lui qui est Dharma.27 L"injonction védique indique le Dharma ! sacrifice (y#ga) par exemple !, lequel permet de réaliser le Bien, la félicité humaine. Par «indique», on doit évidemment entendre que l"injonction védique constitue le seul moyen de connaissance valide eu égard au Dharma.28 "abara définit en outre l"injonction comme «un énoncé qui incite à une action»,29 une définition que Kum!rila précise en prêtant à l"injonction deux modalités: si elle engage à l"action (prav%tti), elle est prescription ou règle prescriptive (vidhi); si elle incite à l"abstention (prati!edha), elle est prohibition (prati!edha, ni!edha).30 Le sacrifice constitue là encore l"exemple-type d"un contenu prescrit (vidhey#rtha); le meurtre d"un brahmane, l"un des quatre «péchés capitaux», illustre quant à lui un contenu prohibé (prati!edhy#rtha). En commandant à l"homme ce qui lui est profitable (artha), l"injonction prescriptive lui indique le Dharma (alors que l"injonction prohibitive le soustrait à
dharma& ||. 25
Voir "Bh sous M#S$ I.i.2/I.20,4!5 (F20,4!5), et "V codan# 190.
26
"V codan# 191a: 'reyo hi puru!apr"ti&. "Bh sous M#S$ IV.iii.15/V.72,6!7: pr"tir hi svarga& |. Sur le ciel, voir BIARDEAU 1964: 88!90.
27
Voir "V codan# 191bd. Voir aussi "Bh sous M#S$ I.i.2/I.20,5!21,1 (F20,4! 6), "V codan# 192, et TV sous M#S$ I.iii.24/II.187,23 (p(rvapak!a, JHA 1998: I.267).
28
Voir "V codan# 1 et 212. TV sous M#S$ I.iii.10/II.152,7 parle du «moyen de connaissance valide du Dharma qu"on appelle %Veda#» (dharmapram#)a$ ved#khyam).
29
D"après "Bh sous M#S$ I.i.2/I.14,1 (F16,9): codan# iti kriy#y#& pravartaka$ vacanam #hu& |. Voir "V codan# 3cd, et "V codan# 211!212. Voir aussi "Bh sous M#S$ I.i.2/I.15,2!3 (F16,12!14; BIARDEAU 1964: 77) et "V codan# 7cd.
30
Voir "V codan# 210. NR& 82,5: pravartaka$ nivartaka$ ca v#kya$ codan# | na kevala$ pravartakam eva |.
122
Introduction
l!Adharma).31 Selon Kum!rila, «il n!y a pas d!autre cause à [notre] connaissance du Dharma et de l!Adharma, que ce que prescrit et prohibe [l!injonction védique]».32 3.2. La relation entre parole et signification dans le !"barabh"#ya et chez Kum!rila 3.2.1. La relation, pour "abara, c!est l!existence (bh"va) «[conjointe et] inséparable» (aviyukta, BIARDEAU; «not-unconnected», D!SA) de la parole et de l!objet signifié par elle. Telle est la façon dont l!auteur du Bh"#ya explique le terme autpattika («originaire», M#S$ I.i.5): la relation n!intervient pas après que sont apparus (utpanna) la parole et l!objet.33 Originaire, «innée» (BIARDEAU), la relation tient en quelque façon à leur être même, leur est conaturelle, intrinsèque. "abara glose autpattika par nitya,34 un terme qu!on rend généralement par «permanent», mais dont rien n!indique qu!il faille ici l!entendre en ce sens; comme dit BIARDEAU (1964: 156), «on serait plutôt tenté d!évoquer son sens originel: %propre", %personnel", équivalent de sva, comme Hara l!a bien mis en lumière.» Quant au V&ttik!ra, il explique autpattika par apauru#eya,35 «incréé», c!est-à-dire «qui n!est pas le fait de l!homme». D!accord sur ce point avec le Ny!ya (NS II.i.53), il nie que la relation puisse consister en un contact physique entre les corrélats (sa$%le#alak#a&a); selon lui, la relation associe plutôt un objet à faire connaître (praty"yya) et une parole qui le fait connaître (praty"yaka): la relation est sa$jñ"sa$jñilak#a&a.36 Il semble donc que pour 31
Voir "V codan" 213#215.
32
"V codan" 242ac: vihitaprati#iddhatve muktv"nyan na ca k"ra&am | dharm"dharm"vabodhasya. Voir HALBFASS 1990: 325#331.
33
"Bh sous M#S$ I.i.5/I.28,3#4 (F24,3#5; BIARDEAU 1964: 156, D!SA 1980: 93).
34
"Bh sous M#S$ I.i.5/I.28,3 (F24,3).
35
"Bh sous M#S$ I.i.5/I.50,7 (F34,15).
36
Voir la discussion de "Bh sous M#S$ I.i.5/I.52,1#7 (F36,6#14). Sur l!hypothèse d!un sa$%le#alak#a&a' sambandha', voir aussi "V sambandh"k#epa 6# 9c.
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
123
!abara et le V"ttik#ra, la relation ne constitue pas une entité tierce, mais plutôt, une disposition mutuelle, réelle et originaire, de la parole et de l"objet. Inscrite dans la nature même des corrélats, cette relation n"est pas artificielle (ak!trima). Les deux commentateurs semblent viser ici le caractère toujours prédonné (siddha), déjà disponible, de la relation, et non encore sa permanence au sens strict.37 Cette doctrine singulière suscita l"hostilité des écoles professant une position conventionaliste en théorie du langage. De la part du M$m#%saka, admettre l"incréation de la relation supposait donc que fût rejetée l"hypothèse d"un auteur de la relation (sambanddh!, sambandhakart!): celui-ci, après avoir fabriqué les relations lexicales, aurait ensuite composé les Veda pour s"en servir (sa"vyavahartum).38 En ce sens, la relation serait produite (k!taka). L"hypothèse est sans valeur aux yeux du V"ttik#ra: pas plus qu"on ne perçoit un tel homme, on ne s"en souvient; or à défaut de se le rappeler, tout accord (sampratipatti) sur la signification est impossible: ce n"est que parce qu"on se rappelle P#&ini et Pi'gala qu"on comprend la signification des mots techniques «v!ddhi» et «ma».39 De plus, l"universalité du langage suffit à refuser l"existence de plusieurs auteurs de la relation, lesquels n"auraient pu se réunir et se mettre d"accord. Ensuite, un seul sambanddh! originel n"aurait pu imposer sa décision à tous.40 Enfin, enseigner une relation à autrui exige un minimum linguistique commun dont il faudrait admettre qu"il préexistait à l"auteur de la relation nouvellement enseignée, soit que ce minimum ait été préalablement fabriqué par un tiers (une hypothèse qui pose les problèmes mêmes qu"elle est supposée 37
Cette permanence est cependant au moins impliquée: apprise par imitation du v!ddhavyavah#ra (voir infra), sans commencement par définition, la relation est au moins an#dinitya; corrélant un $abda et une #k!ti permanents, la relation ne saurait que l"être à son tour.
38
!Bh sous M$S( I.i.5/I.62,6!63,1 (F42,13!15).
39
!Bh sous M$S( I.i.5/I.63,1!66,2 (F42,16!44,12), traduit par BIARDEAU (1964: 157!159) et résumé par D"SA (1980: 95!96).
40
!Bh sous M$S( I.i.5/I.67,9!68,2 (F46,9!12), traduit par BIARDEAU (1964: 160) et résumé par D"SA (1980: 96).
124
Introduction
résoudre), soit qu!il soit incréé.41 Mais admettre une «naturalité» de la relation suppose encore du M!m"#saka qu!il réponde à l!objection fondée sur le fait qu!à la première audition d!un mot, on n!en comprend pas la signification.42 Pour y répondre, le V$ttik"ra développe la théorie d!un apprentissage linguistique par mimétisme: quoique la relation soit «naturelle», elle exige un apprentissage. C!est la théorie du v!ddhavyavah"ra43: «L!expérience montre que les enfants, en écoutant les adultes converser entre eux et pour euxmêmes, apprennent par perception directe l!objet [des mots qu!ils emploient]; ces adultes à leur tour, quand ils étaient enfants, l!ont appris d!autres adultes qui eux-mêmes l!avaient appris d!autres adultes, et ainsi de suite sans que l!on arrive jamais au commencement [de cette transmission].» Parce que la relation ne dépend de rien (selon B"dar"ya%a, M!S& I.i.5), la connaissance que l!on en tire, l!upade#a, est le moyen de connaissance valide ordonné à l!invisible. Selon 'abara,44 «la relation originaire entre parole et objet [signifié] est cause (nimitta) [de notre connaissance] du Dharma défini comme agnihotra, etc., [Dharma qui ne nous est] pas connu par des [moyens de connaissance valide] tels que la perception». Ce disant, il prolonge l!interprétation du V$ttik"ra,45 et contraste la situation de la perception dans M!S& I.i.4 (animitta), avec celle de la parole védique dans 41
'Bh sous M!S& I.i.5/I.68,3"10 (F46,15"48,2), traduit par BIARDEAU (1964: 160"161) et résumé par D!SA (1980: 96). Voir aussi HOUBEN 1995: 254" 255, et pp. 129"131.
42
'Bh sous M!S& I.i.5/I.66,6"8 (F44,17"20), traduit par BIARDEAU (1964: 159"160). L!objection provient du Vai(e)ika (voir VS VII.ii.22 [Candr"nanda], et HOUBEN 1995: 236n. 370).
43
'Bh sous M!S& I.i.5/I.67,3"5 (F46,2"5): v!ddh"n"$ sv"rthena sa$vyavah"ram"%"n"m upa#!%vanto b"l"& pratyak'am artha$ pratipadyam"n" d!#yante | te !pi v!ddh" yad" b"l" "sa$s tad" anyebhyo v!ddhebhyas te !py anyebhya iti na asty "dir ity eva$ v" bhavet |. Traduction BIARDEAU 1964: 160.
44
'Bh sous M!S& I.i.5/I.28,5"29,1 (F24,5"6): autpattika& #abdasya arthena sambandhas tasya agnihotr"dilak'a%asya dharmasya nimitta$ pratyak'"dibhir anavagatasya |.
45
Voir 'Bh sous M!S& I.i.5/I.51,1"2 (F34,16"17; D!SA 1980: 94).
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
125
M!S" I.i.5 (nimitta). L"originarité de la relation assure à la parole védique un rapport direct, sans médiation humaine, avec l"invisible, et lui garantit une autorité intrinsèque car inconditionnée: telle est, à partir de Kum#rila au moins, la pierre de touche de l"apauru!eyat". 3.2.2. Dans le sambandh"k!epav"da (ci-après s"), Kum#rila établit l"existence (satt") ou la réalité (sadbh"va) d"une relation linguistique; dans le sambandh"k!epaparih"ra (ci-après s"p), il en établit la permanence (nityat"). Entre ces deux sections, plusieurs chapitres fondationnels pour la relation, dont et surtout le spho#av"da et l""k$tiv"da, où Kum#rila établit respectivement la permanence réelle (k%#asthanityat") des deux corrélats linguistique (&abda comme var'a46) et extralinguistique (artha comme "k$ti/j"ti): la permanence réelle des corrélats assure en effet la permanence pratique (an"dinityat", vyavah"ranityat") de la relation, et partant, des échanges linguistiques (vyavah"ra).47 Et selon $V s" 3, c"est en se fondant ("&ritya) sur des relations permanentes entre parole et signification que le Bh#%yak#ra a établi l"intrinsécité de la validité du Veda. Kum#rila n"introduit aucune révolution dans la doctrine générale du sambandha, mais en précise à la fois la terminologie et l"intention. Au plan terminologique, il préserve la définition du V&ttik#ra (sa(jñ"sa(jñilak!a'a, $V s" 32ab), mais recourt beaucoup plus souvent aux notions de &akti et de s"marthya («capacité»), ainsi qu"à celle d"un v"cyav"cakasambandha («relation signifié-signifiant»).48 Ce faisant, il explicite ce qui était demeuré latent chez ses prédécesseurs, et que j"ai décrit plus haut en termes de disposition mutuelle et intrinsèque des corrélats. Pour Kum#rila, la relation est
46
Sur ce point, voir pp. 182!189.
47
Voir $V s"p 136cd!137ab (APPENDICE B [PVSV' 409,19!20]); $V &abdanityat" 6 (D"SA 1980: 114); $V spho#a 1, et surtout TV sous M!S" I.iii.12/ II.163,24!164,3 (JHA 1998: I.234).
48
$V s" 11ab.
126
Introduction
capacité,49 plus précisément ordination (niyama) mutuelle et «naturelle» de deux capacités: v!cya"akti ou «dénotabilité» pour le corrélat extralinguistique, v!caka"akti ou «dénotativité» pour le corrélat linguistique.50 La synthèse des terminologies «ancienne» et «moderne» cristallise dans le concept d!une autpattik# "akti$ ou «capacité originaire» des corrélats l!un pour l!autre.51 La relation consiste dans l!ordination (mutuelle) des capacités du signifié et du signifiant (v!cyav!cakas!marthyaniyama), lesquels sont ordonnés l!un à l!autre (parasparaniyama).52 Cette conaturalité du signifié et du signifiant tient semble-t-il à leur association (s!hitya) dans l!action ou fonction expressive (abhidh!nakriy!): dans le très grammatical langage de Kum!rila, le signifié fait office d!objet de l!action (karmatva, qui définit v!cyatva), alors que le signifiant tient lieu d!agent (kart%tva) ou d!instrument (kara&atva, l!un ou l!autre définissant v!cakatva) de l!action. Dans cette action, signifié et signifiant entretiennent un rapport d!auxiliarité (upak!ryopak!rit!), où le signifié, en tant qu!il est l!objet de l!action, est l!«aidé», et où le signifiant est l!«aidant». Si les corrélats sont ordonnés l!un à l!autre, c!est qu!ils concourent ensemble à la même réalisation.53 Pour Kum!rila, la relation consiste donc dans l!ordination mutuelle de capacités qui ressortissent à la nature propre de chacun des corré-
49
"V s!p 28a: voir APPENDICE B (PVSV# 411,12"13); voir aussi "V s! 9a et "V s!p 11.
50
Voir aussi "V "abdanityat! 315 et 316, où Kum!rila parle (pour "abda) de arth!bhidh!nas!marthya et arthaprat#tis!marthya; dans "V s! 33, il parle de abhidh!"akti. Dans "V pratyak'a 227, il évoque (pour artha) une gr!hya"akti. Kar$akagomin expose cette position dans PVSV# 411,11"17 (voir n. 138, pp. 246"247).
51
"V pratyak'a 224.
52
Voir TV sous M%S& I.iii.26/II.213,18"21 (D!SA 1980: 150n. 27).
53
Voir "V s! 12cd"15, repris dans "V s!p 11. Il est difficile d!imaginer que Kum!rila n!ait pas lu MBhD I.24,24"25,2 et/ou VP II.404"405 (voir HOUBEN 1995: 235"236 + n. 366), VP III.iii.4"5 (voir HOUBEN 1995: 170" 174). Le modèle de relation impliqué est du type d!une dépendance (paratantra).
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
127
lats54: ce disant, Kum!rila confirme que la relation est sv!bh!vika, mais la soustrait autant au statut de réalité tierce (vastvantaratva ou v!stavatva dans le langage des bouddhistes critiquant cette position) qu"à celui de convention arbitraire.55 3.2.3. Les écrits de Kum!rila abondent en élaborations théoriques sur le v"ddhavyavah!ra: de celui-ci dépendent à la fois notre connaissance56 et la permanence des relations. Selon Kum!rila, toute (jeune) personne apprenant le langage s"inscrit dans un contexte pragmatique perceptible où entrent une (ou des) parole(s), une (ou des) entité(s), un (ou plusieurs) adulte(s) (v"ddha) en situation de 54
Voir le p#rvapak$a de "V s!p 12ab: svato naiv!sti %aktatva& v!cyav!cakayor mitha' |.
55
Au conventionaliste qui, pour établir l"impermanence de la relation, chercherait à appliquer à tout mot le modèle des noms propres, Kum!rila répond en distinguant capacité (%akti) et application (niyoga). Un nom propre tel que «Devadatta» a une dénotation ordinaire permanente, et une application momentanée à un mortel. Dans le cas de mots tels que «gau'», capacité et application sont identiques ("V s!p 121!122ab). Voir aussi "V s! 43cd (idée de capacité latente aux noms propres, avyakt! %akti'), et "V pratyak$a 224.
56
Voir aussi "V s!p 32 (APPENDICE B [PVSV# 410,21!22]). La position paraît redondante à un adversaire (Dharmak$rti n"en jugera pas autrement): la capacité expressive est inutile puisque le vyavah!ra suffit seul à expliquer notre connaissance de la signification ("V s! 33). Kum!rila répond que la capacité expressive est cause (k!ra(a) de notre connaissance de la signification, mais qu"elle dépend pour ce faire d"une connaissance préalable de la relation (sambandha[vi]jñ!na, s! 35cd et 41ab; sambandhagraha(a, s! 33): cette dernière connaissance sert d"auxiliaire (a)ga, s! 41ab) ou de coopérant (anugr!haka, s! 36) à la capacité. Or «que ce qui est réputé le plus apte à réaliser quelque [résultat] dépende [pour ce faire] d"un coopérant, ne compromet pas [pour autant sa] capacité propre [à réaliser ce résultat].» ("V s! 36: yat s!dhakatamatvena kasyacit ki&cid ucyate | tasy!nugr!hak!pek$! na sva%aktivigh!tin* ||.) Notre faculté visuelle dépend de la lumière pour percevoir les couleurs, mais cent luminaires ne feront jamais voir un aveugle (s! 40)! Sur l"acquisition de l"expressivité, de la relation et de la signification par le langage ordinaire (loka) et la pratique des plus anciens, voir encore TV sous M$S% I.iii.10/II.152,19 (JHA 1998: I.221), 153,8 (ibid.) et 19!20 (JHA 1998: I.222); TV sous M$S% I.iii.24/II.182,18 (p#rvapak$a, JHA 1998: I.259); TV sous M$S% I.iii.27/II.217,6!7 (JHA 1998: I.307).
128
Introduction
communication. Dans ce contexte, l!apprentissage connaît deux formes principales. Il peut procéder par explicitation directe de la part de l!adulte57 ou, plus souvent, par inférence à partir de l!action (kriy!) que l!on voit faire suite à une parole (un ordre, par exemple).58 Cet apprentissage bimodal conduit à l!acquisition de l!expressivité (v!cakat!, abhidh!yakat!) des paroles. Ce n!est qu!ensuite qu!est présumée la (double) capacité qui constitue la relation. En résumé59: «Par la perception, [la personne qui apprend le langage] saisit (pa"yati) [d!abord] la parole, des adultes et la [chose] à exprimer; par une inférence à partir de l!action (ce#$!) [consécutive à la parole, cette personne saisit] ensuite (ca) que l!auditeur a compris [la parole en tel sens donné]; et puisque [le fait resterait] sinon inexplicable, elle peut connaître [alors] la capacité qui se fonde sur les deux[, la parole et l!objet: c!est en effet] par la présomption [que] l!on appréhende [directement] la relation, laquelle requiert [en tout] trois moyens de connaissance valide [afin d!être connue].»
57
Par exemple sous la forme: «Tel objet doit être compris par telle parole», ou: «Tel est le signifié de telle parole», ou encore: «Tel est le signifiant de tel objet». Voir !V s! 21cd"22ab.
58
Voir !V s! 22cd"24cd. L!extraction (< ni#k%#$a) du sens de chaque mot (d!abord entremêlé " sa&k'r(a " aux différents éléments de la phrase) procède par recoupement inductif (en fait: anvayavyatirek!bhy!m). La position est peut-être à rapprocher de VP II.168 (voir BIARDEAU 1964: 431).
59
!V s!p 140"141 (cité PVSV" 409,26"29): "abdav%ddh!bhidhey!)" ca pratyak#e(!tra pa"yati | "rotu" ca pratipannatvam anum!nena ce#$ay! || anyath!nupapatty! ca budhyec chakti) dvay!"rit!m | arth!patty!nubudhyante sambandha) tripram!(akam ||. Commentaires utiles dans TSP 709,7"14 et PVSV" 409,21"25; sur la présomption, voir !V s!p 29ab (cité PVSV" 410,19"20 [APPENDICE B] et TS n°2263ab), TV sous M#S$ I.iii.26/II.213,22 (D!SA 1980: 150n. 27, et TSP 624,14"15 sous TS n°2262), TV sous M#S$ I.iii.26/II.214,5"6 (JHA 1998: I.303) et TV sous M#S$ I.iii.27/II.219,8 (JHA 1998: I.310). Voir aussi TS n°2649"2651.
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
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3.3. La relation entre parole et signification chez les Grammairiens 3.3.1. Dans le premier de ses V!rttika, le grammairien K!ty!yana déclare «établie la relation entre parole et signification».60 Comme "abara le fera de autpattika, Patañjali explique siddha par nitya. Sa première intention paraît de comprendre ces deux termes comme se disant d"entités (bh!va) inchangeables (k"#astha) et immuables (avic!lin);61 ici, Patañjali se place sous l"autorité du Sa$graha: siddha[/nitya] est un antonyme de k!rya, «à faire», «à produire».62 La discussion qui suit, semée d"objections, trahit un net affaiblissement de la position initiale, car une fois siddha tenu pour synonyme de nitya, Patañjali paraît disposé à concéder toutes les connotations: permanence réelle ou d"immutabilité (# k"#asthanityat!), permanence de pure répétition (!bh%k&'ya # prav!hanityat!), permanence d"usage (# vyavah!ranityat!).63 Patañjali semble s"efforcer de demeurer sans parti-pris ontologique. Au technicien qu"il est, il faut et il suffit que la relation (et plus généralement le langage) soit préétablie ou déjà donnée quand le grammairien s"en saisit, qu"elle ne soit plus à faire ou à établir (s!dhya), qu"elle ne soit pas instantanée. 3.3.2. Pour Bhart$hari, il ne fait guère de doute que la relation existe64: «Qu"une parole soit la cause de la connaissance d"un objet 60
D"après MBh!%ya I.6,16: siddhe (abd!rthasambandhe. Sur ce point et sur la position de Patañjali en matière de relation et de langage, voir les études détaillées de BIARDEAU (1964: 35!43) et de HOUBEN (1995: 36!40).
61
MBh!%ya I.6,17!19.
62
MBh!%ya I.6,21!22.
63
Sur ce point, voir HOUBEN 1995: 37n. 61. BIARDEAU (1964: 40) parle même de «l"indifférenciation fondamentale du terme nitya» dans le vocabulaire de Patañjali; selon elle, des écoles aussi divergentes que le Ny!ya et la M&m!'s! ont pu s"autoriser de Patañjali: les Naiy!yika en posant la perpétuité des conventions; la M&m!'s! en revendiquant l"éternité de la parole et de sa relation (voir BIARDEAU 1964: 42!43).
64
VP III.iii.37: sati pratyayahetutva) sambandha upapadyate | (abdasy!rthe yatas tatra sambandho !st%ti gamyate ||. Voir HOUBEN 1995: 250!253 et BIARDEAU 1964: 425!426.
130
Introduction
n!est possible (upapadyate) que s!il y a une relation entre eux; on [en] conclut donc qu!il y a dans [leur] cas une relation.» La première occurrence de sambandha dans le VP est pour en affirmer la permanence65: «La relation entre les mots et leur sens est éternelle: c!est ce que nous ont transmis les grands voyants, auteurs des s!tra, des v"rttika et des bh"#ya.» Dans sa MBhD, Bhart!hari avait déjà clairement distingué entre plusieurs types de permanence (param"rth"$ray" nityat", vyavah"r"$ray" nityat"), et élargi le concept de nityat" jusqu!à y ménager une place aux bouddhistes.66 Pour Bhart!hari comme pour Patañjali, une permanence pratique, celle de l!usage langagier, paraît suffire au grammairien.67 Cela étant, le VP et la VPV contiennent plusieurs passages niant toute facture humaine de la relation68: «Jamais un homme n!aurait pu fabriquer cette relation d!un objet extérieur, permanent ou non, avec des mots dont la relation n!avait pas encore été fabriquée.» 65
VP I.23: nity"% $abd"rthasambandh"s tatr"mn"t" mahar#ibhi% | s!tr"&"' s"nutantr"&"' bh"#y"&"' ca pra&et(bhi% ||. Traduction BIARDEAU 1964b: 53 (voir aussi HOUBEN 1995: 31).
66
Voir HOUBEN 1995: 64"66.
67
Sur l!édifice métaphysique et linguistique où Bhart!hari inscrit ses réflexions sur la relation, voir HOUBEN 1995, BIARDEAU 1964: 251"442 (particulièrement 420"439) et 1969: 135"141, BHATE 1994. Le débat classique portant sur la relation entre mot et objet individuels, ces réflexions paraissent d!ailleurs empreintes d!un caractère assez provisoire: d!un côté, Bhart!hari tient la phrase pour la véritable unité de signification; de l!autre, sa métaphysique pose une réalité ultimement une et indifférenciée. Cela étant, le registre où se meuvent la praxis et le langage ordinaires est un monde (t)issu de différenciations et surimpositions d!ordre conceptuel (voir VP III.iii.82 [HOUBEN 1995: 310"311] et 87"88 [HOUBEN 1995: 315"324]): si elle ne vise aucune entité ontologiquement consistante, cette théorie de la relation n!en paraît pas moins pratiquement et scientifiquement appropriée. Je présuppose ici que la MBhD et le VP sont #uvres de Bhart!hari, et laisse ouverte la question de l!auteur de la VPV.
68
VP III.iii.38: nitye !nitye !pi v"cye !rthe puru#e&a katha' cana | sambandho !k(tasambandhai% $abdai% kartu' na $akyate ||. Traduction BIARDEAU 1964: 426. Voir aussi VPV 59,1"4 (BIARDEAU 1964b: 59), où le V!ttik"ra décrit la relation comme autpattika et svabh"vasiddha.
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
131
Bhart!hari s"inscrit ainsi dans la ligne argumentative explorée par le Sa!graha69 et le V!ttik"ra de la M#m"$s": pour fixer et enseigner une relation (c"est-à-dire une convention), il faudrait se servir de paroles dont la relation préexisterait à cet événement. Pour Bhart!hari donc, la stabilité de la relation tient à une permanence d"usage, à une non-création par l"homme, le fait n"impliquant d"ailleurs pas que la relation ne naisse jamais.70 Dans VP III.iii.29!38, Bhart!hari propose et discute deux modèles acceptables de la relation. Seul le premier doit nous intéresser ici71: «De même qu"il y a une convenance sans commencement entre les organes des sens et leurs domaines respectifs, de même la relation entre les paroles et leurs objets est une convenance sans commencement # La connaissance de cette convenance [se fait] par une convention (samaya), comme par exemple, celle de la relation entre une mère et son fils.» Ce premier modèle, attesté dans la MBhD et dans la VPV,72 a été jugé d"inspiration m"m#$saka tant par les commentateurs de Bhart!hari que par plusieurs docteurs bouddhistes, dont probablement Dharmak#rti lui-même.73 Quelles 69
VPV 81,4!5 prête cette strophe au Sa!graha: sambandhasya na kart#sti %abd#n#$ lokavedayo& | %abdair eva hi %abd#n#$ sambandha& sy#t k'ta& katham ||. «Il n"y a personne qui soit l"auteur de la relation des mots profanes ou védiques avec leur sens, car cette relation des mots (avec leur sens) devrait se faire précisément à l"aide de mots: comment cela se ferait-il?» Traduction BIARDEAU 1964b: 71.
70
VP I.28 (et voir les discussions de HOUBEN [1995: 65] et BIARDEAU [1964b: 73]).
71
VP III.iii.29/31cd: indriy#(#$ svavi)aye)v an#dir yogyat# yath# | an#dir arthai& %abd#n#$ sambandho yogyat# tath# ! samay#d yogyat#sa$vin m#t#putr#diyogavat ||. Traduction BIARDEAU 1964: 422 et 430; voir aussi HOUBEN 1995: 233!247.
72
MBhD I.18,13!14 (HOUBEN 1995: 163) et VPV 60,1!2 (BIARDEAU 1964b: 59).
73
Voir HOUBEN 1995: 159!160 pour l"avis de Pu%yar"ja (Hel"r"ja tenait ce modèle pour celui qui avait la faveur du «propre cercle» de Bhart!hari, svanik#yasiddha: voir HOUBEN 1995: 234). Dans PVSV 150,5!6, Dharmak#rti attribue aux Jaimin#ya une %abda%aktir yogyat#khy#; Jñ"na&r#bhadra cite VP
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Introduction
qu!aient pu être les intentions et les sources de Bhart!hari, cette version de la relation corrobore dans l!esprit sinon la lettre ce que nous savons de la M"m#$s#: notion d!une convenance entre les facultés sensorielles et leurs objets respectifs;74 idée d!une «coaptation naturelle» (BIARDEAU 1964: 424) entre paroles et objets; concession de ce que, toute «naturelle» qu!elle soit, cette relation doit s!apprendre par l!usage.75 Comme la M"m#$s#, Bhart!hari inscrit sa convenance dans l!être même des corrélats sans pour autant la réifier; de façon consistante, et en stricte conformité avec la M"m#$s# et ce que Bhart!hari nous a déjà appris, ce modèle concède à la relation une permanence d!usage plutôt qu!une permanence réelle.76 III.iii.29 comme un vers de M"m#$s# (voir STEINKELLNER 1979: 68n. 211 et 69n. 222). On notera que Bhart!hari, quoique n!étant pas M"m#$saka, est cité comme une autorité en matière d!!ha par Kum#rila (voir BRONKHORST 1989: 106 et n. 3). 74
Yogyat" nommément dans %V pratyak#a 43ab, 64ab, et abh"va 18cd; sv"bh"vika$ s"marthyam dans B!hat" 194,1. Dign#ga déjà utilisait «yogyat"» pour décrire la théorie m%m"$saka du contact sensoriel (PSV sous PS I.6.3ab; voir HATTORI 1968: 64"65). Voir aussi HOUBEN 1995: 234"235.
75
Voir en général HOUBEN 1992. HOUBEN (1995: 242) rend: «convention in the sense of established usage», et explique: «convention as a well-established custom, irrespective of whether or not anyone ever created it for the very first time» (1995: 244). Hel#r#ja lui-même explique le samaya de VP III.iii.31cd comme «the tradition of the verbal usage of the elders» (HOUBEN 1992: 237).
76
Le YBh semble tenir une position médiane entre le réalisme de la grammaire et de la M"m#$s#, et le conventionalisme (théiste) du Ny#ya. Sous YS I.27, le YBh explique que le pra&ava (om) se réfère à Dieu (%'vara), et affirme que le rapport entre signifié et signifiant (v"cyav"cakatva) n!est pas le fait d!une convention (sa(ketak)ta), mais est fixe (avasthita, sthita, yath"vasthita; MBhD I.24,3"19 utilise avasthita en lieu et place de nitya), comme celui qui subsiste entre luminaire et lumière (prad%paprak"'avat). Avant Kum#rila, le YBh défend une v"cyav"caka'akti. Sous YS I.27, il prête encore aux &gamin la thèse d!une permanence (nityat") de la relation. Mais comme chez Bhart!hari et dans la M"m#$s#, cette relation fixe et permanente doit s!apprendre: pour être révélée, elle requiert une convention (laquelle est dite alors v"cyav"caka'aktyapek#a), que Dieu institue à l!identique à chaque nouvelle création (sarg"ntare#v api). Comme l!a déjà relevé HOUBEN (1995: 244n. 384),
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
133
3.4. Quelques remarques de l"AD!p sur la relation entre parole et signification On se méprendrait à croire que les versions «naturalisantes» de la relation sont restées confinées aux milieux védisants: quelle que soit, le cas échéant, la direction d"emprunt, elles se retrouvent chez certains docteurs vaibh!"ika. Que ce soit dans la M!m"#s" ou chez les Vaibh"$ika, ces idées ont vocation apologétique: autorité du Veda, statut ontologique de la parole du Bouddha (buddhavacana). Les Sautr"ntika rangent toute parole émise dans le r#paskandha; les Vaibh"$ika posent en plus l"existence de dharma substantiels qu"ils nomment n!ma°, pada° et vyañjanak!ya, et qu"ils classent dans le sa$sk!raskandha: véhicules de la signification, ces entités sont des «dispositions formatrices dissociées de la pensée» (cittaviprayuktasa$sk!ra).77 Le Vaibh"$ika (malgré les dénégations expresses de Vimalamitra) traite ces dharma comme le grammairien pose et argumente son spho%a. Surtout, son traitement de la relation entre «nom» (etc.) et signification témoigne du prestige exercé par l"apauru"eyat! de la M!m"#s". Vasubandhu déjà critiquait le n!man pour la conaturalité avec la signification (arthasahajat!) qu"il impliquait.78 Vimalamitra ne lui donne pas tort79: «Et l"on détermine l"existence de ces [noms, phrases et syllabes] par [leur] fonction (kriy!) # [Leur] fonction est de notifier leur propre signification. Chacun notifie sa l"exemple est frappant: «La relation du père au fils est révélée par une convention: %Un tel est le père d"un tel$, %Un tel est le fils d"un tel$» (YBh 43,23: pit!putrayo& sambandha& sa'ketena dyotyate | ayam asya pit! | ayam asya putra iti |). 77
Sur ces différents points, voir JAINI 1977: 88!98, COX 1995: 159!171/377! 408 et JAINI 2001d.
78
AKBh 81,18!21 (LA VALLEE POUSSIN 1980: I.242). Cf. le passage d"A%%has!lin(, relatif aux opap!tikan!ma, discuté dans JAINI 2001d: 296!297, notamment: tesu uppannesu tesa$ n!ma$ uppannam eva hoti (JAINI 2001d: n. 34).
79
AD!p 109,8!9: kriyay! ca tadastitva$ nirdh!ryate ! sv!rthapraty!yana$ kriy! | sva$ svam artha$ praty!yayaty apauru"eyatv!n n!m!rthasambandhasya.
134
Introduction
propre signification, car la relation entre nom et signification est incréée (apauru!eya).» Ici se mêlent présupposés spho"av#din et terminologie m$m#%saka. Plus loin ! après avoir nié que ces dharma fussent identiques au spho"a et affirmé leur impermanence80 !, le D!pak"ra poursuit en distinguant deux types de n#ma, pada et vyañjana.81 Certains sont incréés, d"autres sont ordinaires (laukika). Les premiers entretiennent une relation fixe avec leur signification (niyat#bhidheyasambandha); portant sur les #yatana, les dh#tu ou les skandha, ils ne sont introduits qu"à l"avènement d"un Bouddha (buddhotp#da eva), sont en premier visés et connus par un Bouddha82: ils forment la parole du Bouddha. Les seconds se subdivisent en deux catégories: certains (?) ont comme les noms incréés une signification fixe (niyat#bhidheya); d"autres, les noms propres, sont «accidentels» (yad&cchika). En outre, les noms incréés et les noms ordinaires de la première catégorie ne révèlent leur signification qu"à qui connaît les conventions (sa'keta): on retrouve ici la double articulation rencontrée dans la M!m"#s", le YBh et chez Bhart$hari. Comme on voit, les paroles composant la parole du Bouddha ont une relation incréée avec leur signification (les dharma constitutifs du Dharma!), sont elles-mêmes incréées, et sont introduites à chaque fois qu"un Bouddha apparaît. 3.5. Position de Dharmak!rti en matière de relation entre parole et signification 3.5.1. La philosophie linguistique de Dharmak!rti se situe à la croisée de nombreux chemins. De la tradition bouddhique idéaliste et de Dign"ga, Dharmak!rti a appris le caractère strictement fictionnel et intellectuel du référent; de cette même tradition, mais aussi du Ny"ya, du Vai%e&ika et de Vasubandhu, il hérite d"une position 80
Voir JAINI 2001d: 211!213 pour les dénégations sur le spho"a, et AD!p 111,7!13 pour l"affirmation d"impermanence. Voir aussi n. 15, p. 164.
81
Voir AD!p 113,10!19.
82
Noter AD!p 113,18: tadavabodhan#c ca bhagav#n sarvajña ity abhidh$yate |. «Et c"est parce qu"il [les] connaît [en premier] que le Bienheureux [Bouddha] est réputé 'omniscient#.»
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
135
conventionaliste; enfin, Dharmak!rti revisite en profondeur deux notions diversement valorisées avant lui: celle de l"arbitraire du locuteur (vivak!", vaktur icch"/abhipr"ya), et celle de la convenance (yogyat") des paroles à référer. En résulte une théorie de la relation aussi antiréaliste que possible. Dign"ga déjà arguait de ce que le particulier (svalak!a#a) seul réel n"est pas la référence des mots83: cette dernière ne pouvait consister qu"en un contenu idéel, dans un universel (s"m"nyalak!a#a) construit par la pensée conceptuelle. Dharmak!rti ayant réaménagé à la fois l"ontologie (> arthakriy") et la psychologie de la connaissance de Dign"ga (> v"san"), il peut, d"un côté, développer un nouvel argumentaire contre l"hypothèse du svalak!a#a comme objet des mots;84 de l"autre, présenter les contenus conceptuels comme les «produits» d"imprégnations latentes sans commencement (an"div"sanodbh$tavikalpa, PV I.205ab). La référence des mots est un objet de nature cognitionnelle (bauddh"rtha, PV I.208c), conceptuelle (< kalpan"vi!aya, PVSV 107,13).85 Or selon NB I.5,86 «le concept (kalpan") est une connaissance dont l"apparence convient 83
Dans PS(V) V.2 (voir FRAUWALLNER 1932: 276 et HAYES 1988: 255!259): les particuliers sont en trop grand nombre pour être nommés individuellement. Bien avant Dign"ga, la BoBh avait développé un remarquable argumentaire (W43,24!45,12/D30,1!26 [BRONKHORST 1999: 104!107]); voir aussi MSa#gr II.16,19 et 24 (LAMOTTE 1973: 108!112 et 118!119).
84
Surtout dans PV I.92 et PVSV 45,20!21, 24!29 (voir FRAUWALLNER 1932: 274!278, VETTER 1964: 59sq et VAN BIJLERT 1989: 131!138); dans PVin I.17,3!7/56,10!15 (voir VETTER 1966: 57). La convention est fixée en vue de la praxis (vyavah"r"rtham), et doit donc porter sur un objet qui ne disparaisse pas entre le moment où elle est fixée et le moment de la praxis (condamnant par là le particulier instantané); en outre, la convention ne peut être fixée qu"après que le particulier a généré une connaissance sensorielle, c"est-à-dire à un moment où le particulier a déjà péri (voir aussi TSP 277,9!12 sous TS n°872). Notons que $ubhagupta a fait la synthèse des arguments de Dign"ga et de Dharmak!rti dans AVK 22!23 (P209b4!5/D198a2!3).
85
Sur ces passages, voir YAITA 1985.
86
NB I.5 % PVin I.7,7/40,8: abhil"pasa%sargayogyapratibh"saprat&ti' kalpan" ||.
136
Introduction
à être associée à une désignation verbale». En d!autres termes,87 «[tout] ce que peut appréhender la connaissance conceptuelle convient à être associé à une image acoustique (!abd"k"ra), [et tout] ce qui convient à être associé à une image acoustique peut être énoncé par une parole faisant l!objet d!une convention.» Dharmak!rti met sens dessus-dessous la notion de yogyat" rencontrée chez Bhart"hari et qu!il prête à la M!m#$s#. Pour lui, la convenance est irrestriction (apr"tik#lya, apratik#lat")88: «Tout objet convient par nature propre [à servir de référent] aux [paroles,] qui sont [sémantiquement] illimitées.» Ou encore89: «Aucun objet n!est ordonné par nature propre à une parole, car [toute parole] convient [à référer] à tout [objet].» Selon Dharmak!rti, l!ordination (niyama) de la parole à un objet ressortit tout entière à l!arbitraire ou intention du locuteur90: «L!intention du locuteur est la cause de l!ordination [de 87
NB%Dh sous NB III.51/59,8"9: yad vikalpajñ"nagr"hya$ tac chabd"k"rasa$sargayogyam | yac chabd"k"rasa$sargayogya$ tat s"%ketikena !abdena vaktu$ !akyam |. Voir TILLEMANS 2000: 128n. 447.
88
PV IV.111b2#d: ani&edhin"m ! yogya$ vi!va$ svabh"vata' ||. Voir TILLEMANS 2000: 163"164; voir aussi PVSV 118,6. Apr"tik#lya dans PVSV 112,20"21; apratik#lat" dans PVA 530,28.
89
PVSV 172,6: na hi !abdasya ka!cid artha' svabh"vaniyata' sarvatra yogyatv"t |.
90
PV I.327a: vivak&" niyame hetu' (voir aussi PV IV.109ac [TILLEMANS 2000: 162"163]). L!adoption de vivak&" comme référent est l!une des innovations majeures de Dharmak!rti en théorie du langage. Avant Dharmak!rti, les principales valorisations de vivak&" relèvent, en grammaire, de la psychologie des k"raka et de l!application des vibhakti; en phonétique, de la psychophysiologie de la phonation (voir VAN NOOTEN 1983 et RADICCHI 1994; ajouter &V spho(a 80 et !abda 41). Chez Kum#rila, vivak&" apparaît en théorie de la logique et de l!argumentation (&V nir"lambana 147 et anum"na 110"112), et dans la psychologie de la rhétorique, du style et de la syntaxe (&V codan" 163"164; pour l!Ala%k"ra et le N"(ya!"stra, voir RADICCHI 1994). Par principe cependant, l"arbitraire du locuteur ne s"étend jamais à la signification (voir surtout &V !abdanityat" 288 et 293cd). NBh sous NS II.i.56/90,1 et 2 (yath"k"mam) admet une sorte d!arbitraire linguistique «national» (voir BIARDEAU 1964: 208), d!ailleurs bien connu de Dharmak!rti et de Kum#rila. Dans le bouddhisme enfin, on notera l!intéressante BoBh W44,23/D30,18 (chandata') et, dans le contexte de la critique de l!apauru&eyat", MHK IX.30
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
137
la parole à un objet].» La parole «[n"]indique [que] l"intention du locuteur»,91 et rien ne fait obstacle à cette intention.92 L"objet du mot n"est donc chez Dharmak!rti que le contenu conceptuel actuellement visé par le locuteur, un contenu intentionnel. Si l"anarchie communicationnelle ne prévaut pas dans une communauté linguistique, c"est simplement que les locuteurs qui la composent s"accordent tacitement sur les contenus conceptuels visés par leurs paroles. En ce sens,93 «l"intention du locuteur est la cause de l"ordination [de la parole à un objet, et] la convention [est ce] qui révèle cette [intention]». Ou, autrement dit,94 «les paroles reposent sur la convention, et la [convention] repose [quant à elle] sur la seule intention [des locuteurs]». Autant dire que la convention est une in-
(voir LINDTNER 1997: 99!100). Dign"ga, au contraire des #bhidharmika (AD!p 109,14!15), ne paraît pas faire usage d"une notion qui occupera le premier rang chez $ubhagupta (ELTSCHINGER 1999: 50n. 21). 91
PV I.213: vaktrabhipr!yas"caka#.
92
PV IV.125d: icch!y! anirodhan!t (voir TILLEMANS 2000: 184!185). Noter PV% ñe P328b1!2/D266b5!6: ga$ %ig !dod pa tsam gyi rjes su !jug pa de ni thams cad du yod pa yin te | dper na yid kyi rtog pa ra$ rgyud pa !ga! %ig lta bu!o || !dod pa!i sgra yis brjod par bya ba ñid kya$ !dod pa tsam gyi rjes su !jug pa yin no %es bya ba ni ra$ b%in gyi gtan tshigs yin no ||. «Whatever conforms to mere wishes pertains to everything, just like a free conception of the mind. Now an intended word"s designatum also conforms to mere wishes. This is a reason which is an essential property.» Traduction TILLEMANS 1997: 182n. 11.
93
PV I.327ab: vivak&! niyame hetu# sa$ketas tatprak!'ana# |. La notion de convention (sa$keta, samaya) est fort répandue, chez les conventionalistes du Ny"ya (NS II.i.55) et du Vai&e'ika (VS VII.ii.24, voir HOUBEN 1995: 48! 53), et chez les anticonventionalistes de la M!m"(s" (objections conventionalistes de $V v!kya 108cd et s!p 13: voir APPENDICE B [PVSV% 413,10! 11]) et de la grammaire (voir HOUBEN 1992). Ici comme ailleurs, AK(Bh) II.47 a pu influencer Dharmak!rti (voir LA VALLEE POUSSIN 1980: I.238!243 et JAINI 2001d). La notion de convention joue un rôle important dans SNS VI.4 et 25 (LAMOTTE 1935: 194/68 et 203/80!81) et dans les «Questions de Maitreya» (voir CONZE/IIDA 1968: 238).
94
PV IV.116ab: sa$ketasa('ray!# 'abd!# sa cecch!m!trasa('raya# |. Voir TILLEMANS 2000: 170!171.
138
Introduction
tention généralisée à des fins pragmatiques, un arbitraire réglé par l!apprentissage et les impératifs pratiques de la communauté. 3.5.2. Dans un long et difficile entrelacs d!arguments contre l!incréation et la réalité de la relation, Dharmak!rti s!efforce d!articuler sa position propre en la matière: il n!est aucune relation réelle,95 que celle-ci soit du type d!une fusion des natures (r!pa"le#a) ou du type d!une dépendance mutuelle (p$ratantrya) des entités.96 Selon lui, la relation entre entités distinctes ([prak%ti]bhinna, ami"ra) est de création humaine (pauru#eyo bh$v$n$& sa&"le#a', PVSV 116,1"2), doit être confectionnée mentalement par les hommes (sa&sk$rya' puru#air dhiy$, PV I.231d): ces entités apparaissent simplement comme associées ou unies (sa&s%#($v iva pratibh$ta', PVSV 115,24"116,1) dans la connaissance conceptuelle de l!homme (vikalpabuddhi, PVSV" 420,18), mais ne le sont pas en réalité. A ce que l!homme mette en rapport, combine ou relie des entités indépendantes, on peut distinguer " avec Kar#akagomin " deux raisons principales: l!une est d!ordre génétique et psychologique, l!autre d!ordre empirique.97 (1) Ces entités paraissent être en relation de par la maturation d!imprégnations latentes, internes, des pratiques conventionnelles.98 La répétition immémoriale de ces pratiques,99 ou l!habitus immémorial de ces pratiques,100 laisse des 95
Noter les expressions suivantes: v$stava (PVSV" 419,27, 422,19, PVV 373,2), vastubh!ta (PVSV" 420,21, 421,25, 427,23, 428,15), bh$vika (PVSV" 429,11).
96
Dans son Prajñ$p$ramit$pi)*$rthasa+graha (k. 48), Dign$ga avait nié toute relation réelle entre parole et signification: k%trima& n$ma v$cy$" ca dharm$s te kalpit$ yata' | "abd$rthayor na sambandhas tena sv$bh$viko mata' ||. «Since the name is artificial, and the principles to be expressed are conceptualized, no real relation is accepted between word and thing-meant.» Traduction HOUBEN 1995: 55. Chez Dharmak!rti, la négation de la réalité des relations sera l!affaire de la SP(V) (voir n. 146, pp. 248"249).
97
Voir n. 189, pp. 261"262.
98
D!après PVSV" 422,14"15: antastath$bh!tavyavah$rav$san$parip$k$t. Voir PVSV" 420,20 (n. 178, p. 259).
99
D!après PVSV" 420,18"19: an$dik$l,navyavah$r$bhy$sa'.
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
139
traces dans, imprègne ou «parfume» le continuum psychique humain; portées à la maturation ou à l"actualisation (not. prabodha), ces latences prédisposent en quelque façon l"homme à reproduire lesdites pratiques conventionnelles: voilà qui explique que des relations apparaissent dans l"habitus conceptuel de l"homme.101 (2) Mais l"homme constate encore empiriquement que telle chose existe à chaque fois que telle autre existe102: conditionné qu"il est à rendre compte relationnellement de la réalité, il admet donc que ces deux choses sont en relation. Il n"en va pas autrement de la parole et de la signification: l"homme constate qu"à chaque fois qu"un locuteur désire communiquer une signification donnée, il utilise une certaine parole, mais ne constate pas que quiconque utilise autrement la parole en question (voir PVSV 118,14!18). C"est sur la base de ce processus inductif que l"homme apprend le langage, et c"est cette simple corrélation régulière (avin!bh!va) entre parole et signification que l"homme tend à réifier lorsqu"il pose des relations103: «Une relation [entre entités distinctes par nature se résume à] l"existence et [à] l"inexistence [qui sont celles] d"une entité[, tenue pour un effet,] qui est présente et absente [selon que ce qu"on tient pour sa cause existe ou n"existe pas. C"est] donc aux hommes [qu"il revient] de confectionner, par la pensée, la [relation] entre les paroles [qui sont des effets] et les significations [qui en sont les causes]. C"est sur la base des existence et inexistence [de la parole par rapport à celles de la signification] que, par un habitus [immémorial] des pratiques conventionnelles, deux [entités] pourtant dissociées [par nature] apparaissent à [la connaissance conceptuelle de] l"homme [comme] associées: la réunion des entités est donc de création humaine.» 100
D"après PVSV 116,1: vyavah!rabh!van!.
101
D"après PVSV 116,19!20: puru"abh!van!pratibh!s# ! sambandha$.
102
D"après PVSV! 422,14!15: tadbh!ve kasyacid bh!vadar%an!t.
103
PVSV 115,21!116,2: anvayavyatireki&o bh!vasya bh!v!bh!vau sambandha$ | arthair ata$ sa %abd!n!' sa'sk!rya$ puru"air dhiy! || t!v eva bh!v!bh!v!v !%ritya asa's(")!v api sa's(")!v iva puru"asya vyavah!rabh!van!ta$ pratibh!ta iti pauru"eyo bh!v!n!' sa'%le"a$ |. Cf. PVSV 116,18!22.
140
Introduction
3.5.3. Dharmak!rti ne se satisfait pas d!expliquer la genèse psychologique des relations. Il se met encore en devoir d!expliquer les processus de communication, de développer une épistémologie de la connaissance verbale. L!arbitraire des locuteurs est on l!a vu régulé par un réseau de conventions apprises et reproduites; ces conventions assurent la commensurabilité des contenus conceptuels entre les différents locuteurs, uniformisent la référence linguistique104: «Recourant au concept [d!un universel donné], le locuteur utilise [la parole] en souhaitant communiquer la chose telle qu!elle [lui] apparaît, et il se produit [consécutivement] chez l!auditeur un concept présentant l!image de l![universel visé par le locuteur].» Parce qu!il sait la conventionalité qui régit la référence, l!auditeur peut raisonnablement attendre que le concept suscité en lui par une parole soit le même que le concept qui est à l!origine de cette parole. C!est qu!entre parole et intention subsiste, on l!a vu, une corrélation régulière de type causal; cette corrélation régulière, la convention la manifeste ou explicite105: «Stimulée par le souhait de [communiquer] une certaine signification, la parole [émise par le locuteur] indique, à la [personne] qui sait que tel [énoncé provient] de telle [intention], un objet présentant l!apparence de la cause propre [de la parole, c!est-à-dire de l!intention du locuteur]; ainsi la relation [entre parole et signification] consiste-t-elle [selon nous] dans le rapport de générant à généré qu!entretiennent [respectivement] une nature notionnelle [définie comme une intention,] et une notification verbale. La connaissance [que nous tirons] de la parole 104
Adapté de PVSV 105,26"27: vaktu! "rotu" ca tadvikalpabh#jo yath#pratibh#sivastupratip#danasam$h#prayog#t | tad#k#ravikalpajanan#c ca |. Voir YAITA 1985: 1"2, AVK 20 (ELTSCHINGER 1999: 50n. 19) et TS n°2632" 2635.
105
PVSV 113,25"114,3: arthavi"e%asam$h#prerit# v#g ata idam iti vidu%a! svanid#nabh#sinam artha& s'cayati iti buddhir'pav#gvijñaptyor janyajanakabh#va! sambandha! | tata! "abd#t pratipattir avin#bh#v#t | tad#khy#na& samaya! | tata! praty#yakasambandhasiddhe! sambandh#khy#n#t | na tu sa eva sambandha! |. Sur la notion, abhidharmique, de v#gvijñapti, voir COX 1995: 160"163; sur cet avin#bh#va de type causal, voir encore PVSV 118,14"17 et PVSV 120,2"6, ainsi que PVin II.70,2"5/21*,1"7 (STEINKELLNER 1979: 72"73) et "PK 7"8 (ELTSCHINGER 1999: 50n. 19).
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
141
vient donc d"une corrélation régulière, [et] la convention est ce qui [nous] révèle cette [corrélation régulière]. Puisque c"est grâce à cette [convention] qu"est établie la relation [de corrélation régulière] qui [nous] informe [de la signification, grâce à elle] qu"est révélée [cette] relation[, on dit métaphoriquement cette convention une !relation#], mais cette [convention] n"est nullement une relation [véritable].» Selon Dharmak"rti donc, ce qu"on nomme «relation» consiste dans la corrélation régulière, fondée sur un rapport de causalité, entre un contenu mental et la parole qui le notifie à autrui. Révélée par une convention, cette corrélation régulière permet à l"auditeur, lorsqu"il entend la parole, d"inférer l"intention du locuteur: la connaissance que nous tirons de la parole est donc une inférence.106 La parole nous donnant une connaissance fiable (avisa!v"din) de l"intention (jusque-là inconnue) du locuteur, la connaissance que l"on en tire est un moyen de connaissance valide eu égard à cette intention107: «Verbal knowledge (#$bda), too, [is noncontradictory,] for it indicates an intention [of a speaker]. Verbal knowledge is pram$%a with reference to that which is an object of a speaker!s activity [i.e. intention] and which appears in his [concep106
Cette position rapproche Dharmak"rti du second modèle de relation acceptable pour Bhart&hari, que Pu%yar$ja et Hel$r$ja attribuent nommément aux bouddhistes: voir VP III.iii.32!33 (HOUBEN 1995: 246!247), VP I.25 et II.32 (HOUBEN 1995: 163!164n. 275), MBhD I.18,13!15 (HOUBEN 1995: 163) et VPV 60,2!61,5 (BIARDEAU 1964b: 59). Si Hel$r$ja attribue ce modèle causaliste aux bouddhistes, Pu%yar$ja l"associe en particulier aux Vijñ$nav$din (VP' 4,22!23 [HOUBEN 1995: 159!160]). Que la connaissance verbale (#"bda) se réduise à une inférence rapproche, malgré des différences, Dharmak"rti (mais bien sûr aussi Dign$ga [PS V.1] et Bh$[va]viveka/Bhavya) du Vai#e(ika: voir VS IX.ii.3, le p$rvapak%a de NBh sous NS II.i.59/86,9sq (BIARDEAU 1964: 127!128), et la critique de Kum$rila dans )V s" 16!21ab et #abda 14sq.
107
PV II.1c2!2: #"bde !py abhipr"yanivedan"t || vakt&vy"p"ravi%ayo yo !rtho buddhau prak"#ate | pr"m"'ya! tatra #abdasya n"rthatattvanibandhanam ||. Traduction KATSURA 1984: 219. Sur le thème de #"bda chez Dharmak"rti, voir SHAH 1967: 287!299 et VAN BIJLERT 1989: 130!138. Voir aussi TS n°1515!1525, où )$ntarak(ita explicite le trair$pya de l"inférence de vivak%".
142
Introduction
tual] knowledge. [But its truth (pr!m!"ya) is] not based upon reality (tattva) of the object.» 3.5.4. Comme on voit, cette doctrine nie tout rapport autre que strictement conventionnel entre parole et signification; que les hommes puissent inférer la signification à partir des paroles émises résulte de l!accord général qui lie les membres de la communauté linguistique. La doctrine présente une conséquence majeure: par définition, un énoncé incréé n!est pas le produit d!une intention; or à défaut d!une intention originatrice, cet énoncé est par principe dénué de signification: privé d!objet, et sans valeur de vérité.108 Autre chose encore. Comme toutes les écoles professant la possibilité d!une autorité humaine en matière de suprasensible, Dharmak#rti pose que les qualités morales (gu!a) du locuteur forment la condition de la véracité de ses paroles. Or en évacuant l!homme du Veda, la M#m!$s! prive ce dernier des qualités qui seules sont susceptibles d!en rendre les énoncés vrais.109 Si donc le Veda est 108
Voir PV I.225 et PVSV 112,16"19.
109
Comparer le long p"rvapak#a de %V codan$ 21"32 et 38"46. L!adversaire admet que «l!autorité dépend de l!homme» (k. 29a: pr$m$!yam ! nar$pek#am), que «toutes les injonctions ont une autorité qui repose sur l!homme» (k. 28a2b: puru#$dh%napr$m$!y$& sarvacodan$& |). Pour lui, «on ne voit pas qu!une parole soit vraie sur quelque chose sans [que soit intervenu] un [moyen de connaissance valide] tel que la perception[, qu!il soit] propre [au locuteur] ou [celui] d!autrui[, et] de même en doit-il aller aussi des injonctions» (k. 24: n$tm%y$d anyad%y$d v$ pratyak#$der vin$ kvacit | vacasa& satyat$ d'#($ tath$ sy$c codan$sv api ||). Donc «puisque l!on débarrasse [le Veda] de l!autorité d!un locuteur, [sa] non-autorité est fort aisée [à montrer]» (k. 21cd: sutar$m apram$!atva) vakt'pr$m$!yavarjan$t |). Ou encore: «Une injonction ayant un objet en relation avec le ciel ou le sacrifice est fausse # car elle n!a pas été composée par une personne crédible, comme les énoncés d!enfants ou de [personnes] ivres» (kk. 26ab et 27a2b: svargay$g$disambandhavi#ay$ codan$ m'#$ ! $pten$pra!%tatv$d b$lonmatt$div$kyavat |). Conclusion: «Et donc puisque [selon vous] il n!y a pas d!homme [au principe de l!injonction], ou que s!il y en a un, il est impossible qu!il soit pur, l!autorité ne se peut pas de l!injonction, car [cette autorité serait] sans fondement» (k. 46: tata* ca puru#$bh$v$t sati v$ *uddhyasambhav$t | nirm"latv$t pram$!atva) codan$y$) na yujyate ||).
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation
143
incréé, soit il est sans valeur de vérité, soit il est faux. Comme on le voit, l"incréation ou autoposition prive le Veda de signification et de vérité, mais n"en exclut pas la fausseté. Censée garantir au Veda une fiabilité inconditionnée, l"apauru!eyat" se révèle contre-productive. L"apauru!eyat" n"est pas seulement contre-productive; elle est encore parfaitement inutile. Même à concéder aux paroles védiques une relation originaire et incréée à l"invisible, l"homme ne peut connaître cette relation imperceptible, car la M!m"#s" le prive de tout accès au suprasensible. Les paroles védiques n"auront donc pour lui de signification que s"il la leur impute par convention.110 Or cette imputation étant d"origine humaine, elle réintroduit le risque de fausseté qu"était censée évacuer l"apauru!eyat". Les conséquences en sont dévastatrices pour la M!m"#s": dans les rites, elle trouve le viatique vers le ciel; d"un Veda incréé, elle espère à la fois l"injonction à et la description vraie des rites. Mais si l"homme en est réduit à surimposer une signification à des paroles védiques sinon muettes, rien ne permet d"affirmer qu"il ne leur fait pas dire le contraire de ce qu"elles disent en réalité.111 Dans cette hypothèse, le y"jñika se fourvoie peut-être à exécuter des rites qui ne lui assureront aucun bénéfice et, au pire, lui vaudront des conséquences eschatologiques funestes. Rien ne permet d"exclure que l"injonction: «Que celui qui désire le ciel offre l"oblation au feu» (agnihotra# juhuy"t svargak"ma$), ne signifie en vérité: «Que celui qui désire le ciel mange de la viande de chien» (kh"dec chvam"#sam, PV I.318).
110
Voir par exemple PVSV 112,19!27.
111
Voir surtout PV I.226 et PVSV 113,4!7, PV I.228cd!229ab et PVSV 114,10! 22.
Chapitre 4 Sur l!éternité du Veda 4.0. Dans PVSV 120,8"126,15 (sous PV I.239"246), Dharmak!rti critique deux arguments invoqués par la M!m"#s" pour démontrer l!incréation du Veda. Dans PVSV 120,8"121,6, il s!en prend à un argument fondé sur le non-souvenir d!un auteur, humain ou divin, du Veda (ce que, avec POLLOCK 1989: 608, on pourrait dire aussi l!«anonymat» du Veda). Dans PVSV 121,7"126,15, il s!attaque à un argument stipulant que la structure même de la tradition védique rend tout commencement du Veda dans le temps impossible. Ce faisant, Dharmak!rti ne se contente pas de critiquer les carences formelles et les absurdités de la preuve m!m"#saka (généralement, dans PVSV 121,7"125,9); il anticipe encore, sur la base d!une théorie des mantra et de leur efficacité, sa démonstration de la possibilité d!une perception du suprasensible (P PVS V 123,14"124,26 , voir aussi pp. 81"83); enfin, Dharmak!rti impose à la M!m"#s" de distinguer entre éternité et incréation (P PVSV 125,9"126,15). Les deux arguments critiqués dans ce passage visent à refuser tout auteur au Veda, et corrélativement, à établir l!éternité de la récitation védique. La critique de Dharmak!rti se fait en plusieurs points l!écho de celle qu!avait conduite Bh"(va)viveka/Bhavya dans ses MHK, ainsi qu!à des objections apparaissant dans le $V et le TV. 4.1. L!anonymat du Veda Bh"(va)viveka/Bhavya paraît être le premier docteur bouddhiste à mentionner et critiquer l!argument m!m"#saka stipulant que le Veda (ou: la parole védique) est incréé parce qu!on ne s!en rappelle pas l!auteur (kartur asmara$"t).1 Dans et sous PV I.239, Dharmak!rti critique lui aussi l!argument (kart%$"m asm&te') comme 1
MHK IX.4a et 26. Voir KAWASAKI 1992: 408 et 414, ELTSCHINGER 1997: 1096"1098 et LINDTNER 1997: 96 et 99.
146
Introduction
l!indice inférentiel invoqué par la M!m"#s" pour établir l!incréation du Veda. $"kyabuddhi, Kar%akagomin et Vibh&ticandra sont unanimes à attribuer à Jaimini lui-même la paternité de cet argument;2 il est cependant singulier d!observer que celui-ci n!apparaît pas dans les M!S& " là du moins où on l!attendrait, quelque part dans M!S& I.i.27"32, voire à la place de M!S& I.i.29 ", et qu!il trouve sa première (et discrète) attestation dans le $Bh (peut-être ne court-on pas grand risque à le faire remonter au V'ttik"ra). Parvenu au terme de la section consacrée à v!kya et de son commentaire à M!S& I.i.25, $abara introduit la question de l!incréation de l!énoncé (védique) en disant3: «Et qu!on constate que [les phrases] sont le fait de l!homme [en tant qu!elles sont] des assemblages de mots, cela se réfute par des [arguments] tels que le non-souvenir [d!un créateur de la relation].» En introduisant $V v!kya 365ab, P"rthas"rathimi(ra formule l!objection suivante4: «Des [arguments] tels que le non-souvenir réfutent [certes] que la relation soit produite[, mais] pas que les Veda [le soient].» Kum"rila dit5: «[Quant à] la permanence de la phrase, il faut l!exposer selon la méthode [qui a guidé notre preuve] de la non-production de la relation.» On engage donc le M!m"#saka à défendre l!incréation des énoncés védiques sur le modèle même qui avait servi à établir l!incréation de la relation.
2
PVSV) 437,29 et 438,10"11; PV) P325b8 rGyal dpog las: rGyal dpog pas D272a5; P326a1 rGyal dpog pa: rGyal dpog D272a6; Vibh. 374n. 3. PVV 374,20 dit kenacin m"m!#sakapravare$a, qui peut s!entendre soit: «par quelque M!m"#saka éminent», soit: «par quelque aîné des M!m"#saka».
3
$Bh sous M!S& I.i.25/I.119,3: yac ca ete padasa%gh!t!& puru'ak(t! d()yanta iti | parih(ta# tad asmara$!dibhi& |. NM IV.1 illustre bien la position de l!adversaire.
4
NR* 668,4"5: sambandhasya hi k(takatva# kartur asmara$!dibhi& parih(ta# na ved!n!m.
5
$V v!kya 365ab: sambandh!kara$any!y!d vaktavy! v!kyanityat! |. Voir aussi TS n°2339ab.
Chapitre 4 ! Sur l"éternité du Veda
147
Voilà qui nous ramène à !Bh sous M"S# I.i.5. Le passage qui nous intéresse s"ouvre sur l"objection que voici6: «Mais nous avons déjà montré auparavant que cette relation est fabriquée; c"est pourquoi, à notre avis, la relation des mots (!abda) avec leurs objets a été fabriquée par un homme qui a ensuite composé les Veda pour s"en servir.» Dans !Bh I.63,1!4 (F42,16!19), le V$ttik%ra répond qu"il n"y a pas de «corrélateur» (sambanddh"), car la perception (et avec elle tout autre moyen «ordinaire» de connaissance valide) n"en établit pas l"existence. A cela, l"adversaire (naiy#yika?) objecte que cette personne7 «n"est pas l"objet de [notre] perception, car elle a existé voici très longtemps». C"est alors que le V$ttik%ra répond qu"en ce cas, on devrait nécessairement en avoir conservé le souvenir, car les hommes ne cessent pas de faire usage du langage. Le passage mérite d"être cité tout au long8: «Soit, mais les gens ne se servant que de la relation n"ont que faire du souvenir de son créa6
!Bh sous M"S# I.i.5/I.62,4!63,1 (F42,12!15): sa tu k"taka iti p$rvam upap#ditam | tasm#n many#mahe ken#pi puru%e&a !abd#n#m arthai' saha sambandha( k"tv# sa(vyavahartu( ved#' pra&)t# iti |. Traduction BIARDEAU 1964: 157.
7
!Bh sous M"S# I.i.5/I.63,4!5 (F42,20): cirav"ttatv#t pratyak%asya avi%aya'.
8
!Bh sous M"S# I.i.5/I.64,2!66,2 (F42,23!44,12): sy#d etat | sambandham#travyavah#ri&o ni%prayojana( kart"smara&am an#driyam# vismareyur iti | tan na | yadi hi puru%a' k"tv# sambandha( vyavah#rayed vyavah#rak#le !va!ya( smartavyo bhavati | sampratipattau hi kart"vyavahartror artha' sidhyati na vipratipattau | na hi v"ddhi!abdena ap#&iner vyavaharata' #daica' prat)yeran p#&inik"tim ananumanyam#nasya v# " tena kart"vyavahart#rau sampratipadyete | tena vede vyavaharadbhir ava!ya( smara&)ya' sambandhasya kart# sy#d vyavah#rasya ca " tasm#t k#rad avagacch#mo na k"tv# sambandha( vyavah#r#rtha( kenacid ved#' pra&)t# iti |. Traduction BIARDEAU 1964: 158!159. NM 583,2!7 reprend à son compte les p$rvapak%a auxquels répond le V$ttik%ra. Outre sa perspective «athéologique», !V s#p 123cd!134ab ne bouleverse pas l"argumentaire; on notera cependant !V s#p 130cd!131ab: d"%*e bhavatu m# v# bh$t kart"sampratipannat# | vaidiko vyavah#ras tu na kart"smarad "te ||. «En matière empirique, il pourrait ou non se faire qu"on se soit mis d"accord avec un [hypothétique] créateur de la relation; mais la pratique védique[, elle, ne serait] pas [possible] sans souvenir du créateur[, car les paroles védiques portent sur des états de fait transempiriques].» Sur ce dernier point, voir TS(P) n°2339!2340.
148
Introduction
teur, si bien qu!ils n!y font aucune attention et qu!ils l!ont oublié. " Impossible; s!il y avait un homme qui eût commencé à se servir de la relation après l!avoir fabriquée, on devrait nécessairement se souvenir de lui au moment où l!on en fait usage. L!objet n!est établi (à partir du mot) en effet que s!il y a accord entre le créateur et l!usager (de la relation), et non s!il y a désaccord: par le terme (technique) v!ddhi, on ne connaîtrait pas (son objet) "daic si celui qui fait usage de cette relation n!était pas P!"ini ou quelqu!un qui accepte ce qu!a fait P!"ini # C!est pourquoi le créateur et l!usager devraient être d!accord (si la relation entre les mots et leurs objets était fabriquée). C!est pourquoi ceux qui pratiquent le Veda devraient nécessairement se souvenir du créateur de la relation et de l!usage # Pour cette raison, nous n!admettons pas qu!il y ait eu quelqu!un pour fabriquer la relation en vue de l!usage et pour composer les Veda.» Le V#ttik!ra tient donc que, puisqu!on ne se rappelle pas l!auteur des relations, personne n!a composé le Veda. Voilà qui revient à dire qu!on ne se rappelle pas l!auteur du Veda. 4.2 Éternité de la tradition védique Avant de revenir au non-souvenir d!un auteur du Veda, Kum!rila systématise encore un argument qui fera grand bruit9: «A l![objection que la phrase] est un assemblage [humain de mots], il faut opposer le contre-argument suivant: toute récitation du Veda est précédée de la récitation [védique] d!un guru, car à l!exemple de la récitation [védique] d!aujourd!hui, on [la] dit une $récitation du Veda$.» Ce faisant, Kum!rila paraît anticiper, sinon le très énigmatique M%S& I.i.29, du moins la lapidaire explication qu!en donne 'abara10: «Nous avons dit(/nous disons) que les récitateurs [du Ve9
'V v"kya 365cd"366: sa#gh"tatvasya vaktavyam $d!%a& pratis"dhanam || vedasy"dhyayana& sarva& gurvadhyayanap'rvakam | ved"dhyayanav"cyatv"d adhun"dhyayana& yath" ||. 'V v"kya 365cd"366 = TS n°2341cd"2342; 'V v"kya 366 apparaît également dans PVSV( 440,29"30, 443,25"26, Vibh. 375n. 6 [APPENDICE B], et dans NM 574,13"14. Voir PV I.240 et n. 289, p. 287.
10
'Bh sous M%S& I.i.29/I.122,2: uktam asm"bhi( %abdap'rvatvam adhyet)*"m |.
Chapitre 4 ! Sur l"éternité du Veda
149
da] sont précédés par la parole [védique].» Il n"a échappé ni à Bh!(va)viveka/Bhavya11 ni à Dharmak"rti que cet argument forme une pierre angulaire dans l"édifice de l"incréation. Selon (Jaimini,) #abara et Kum!rila, toute mémorisation-et-récitation (adhyayana) du Veda par un étudiant brahmanique a été précédée de celle du maître qui la lui a enseignée et qui l"avait lui-même apprise d"un autre maître, et ainsi de suite à l"infini12: «[Les hommes ne] mémorisent [leur Veda qu"]après l"avoir perçu chez (°stha) un autre homme [qui l"avait mémorisé avant eux]; et [l"]ayant perçu mémorisé par ceux-ci, d"autres encore [le] mémorisent puis, exactement comme [ils l"ont appris, le] transmettent [à leur tour] à d"autres: ainsi n"y a-t-il pas de commencement [à la transmission du Veda].» Omniprésente chez Kum!rila est la notion d"une reproduction à l"identique, de génération en génération, des diverses institutions socio-religieuses et du langage; elle signale généralement la permanence pratique desdites institutions: nous l"avons vue structurer l"apprentissage de la signification et de la relation; et tout comme nous la verrons assurer leur éternité aux mots ordinaires, c"est-à-
11
MHK IX.4c et 19. Voir KAWASAKI 1992: 408 et 412, ELTSCHINGER 1997: 1096!1097 et 1099!1100, LINDTNER 1997: 96 et 98. Bh!(va)viveka/Bhavya dit: samprad!y!nupacched!t, formulation qui rappelle le samprad!y!bhy!s!viccheda de NBh 98,3!5 (et NV 260,3!9) sous NS II.i.68.
12
TV sous M"S$ I.iii.1/II.73,5!7 (p"rvapak#a): puru#![n]tarastham upalabhya smaranti | tair api sm$tam upalabhya anye !pi smaranto !nyebhyas tath! eva samarpayanti ity an!dit! |. Noter aussi TV sous M"S$ I.iii.24/II.199,13: %i#y!c!ryasambandho hi mah!n vedarak#!hetu&. «La cause par excellence de la préservation du Veda, c"est la relation [immémorialement répétée] entre le disciple et le maître.» Il s"agit là aussi d"un p"rvapak#a, dans lequel l"adversaire dénie à la grammaire le prayojana de préserver le Veda. On notera enfin cette définition de l"!c!rya, que TV sous M"S$ I.iii.13/II.170,15!17 emprunte à MSm% II.140: !c!rya%abdasya artho manv!dibhir eva' vy!khy!ta& | upan(ya tu ya& %i#ya' vedam adhy!payed dvija& | s!)ga' ca sarahasya' ca tam !c!rya' pracak#ate ||. «Des [législateurs] tels que Manu ont décrit ainsi le but de la parole du maître: &On appelle #maître" le deux-fois-né qui, [l"]ayant initié, fait réciter à un disciple le Veda avec ses [disciplines] auxiliaires et ses exégèses ésotériques$.»
150
Introduction
dire aux ordres de succession phonétiques,13 nous la voyons ici cofonder la permanence de la parole védique. Elle s!étend en outre, et ce malgré leur pauru!eyat", au rituel, au Kalpa et aux autres disciplines auxiliaires (a#ga) du rituel. Ce type de démonstration s!appuie sur un principe anthropologique constant: là où nous constatons l!incapacité des hommes d!aujourd!hui à créer telle pratique ou institution, nous devons inférer l!incapacité des hommes du passé à le faire, parce que, réalisme des genres oblige, l!homme est homme.14 4.3. Kart$ ou pravakt$? Contre la création humaine du Veda, la fin de !V v"kya propose donc un argumentaire bicéphale: le Veda est incréé, parce qu!on ne s!en rappelle pas l!auteur, et parce que la notion même de tradition interdit tout auteur. Kum"rila introduit d!emblée deux objections hypothétiques à cet argumentaire. La première cherche à exhiber l!inconclusivité de l!argument tiré de !V v"kya 366: puisque les modalités de transmission du Mah"bh"rata, "uvre humaine s!il en est, sont les mêmes que celles du Veda, il faut conclure à l!incréation du Mah"bh"rata. La seconde revendique le caractère inétabli de l!argument «kartur asmara%"t»: le Veda lui-même se reconnaît l!"uvre de Praj"pati. Telles sont les réponses de Kum"rila15: «[Peut-être dira-t-on qu!]il pourrait en aller de même également du Mah"bh"rata, mais [une telle proposition] s!annule par le [ferme] souvenir [que nous avons conservé] d!un auteur [du Mah"bh"rata en la personne de Vy"sa]. Quant au [prétendu] souvenir de cet [auteur] dans le Veda lui-même, il a pour cause des arthav"da16[, et 13
Voir pp. 187#189 (not. !V &abdanityat" 287cd#290ab).
14
Voir par exemple le texte de B# (?) cité PVSV# 443,27#444,9 (APPENDICE B) et TS n°2344#2345.
15
!V v"kya 367#368: bh"rate !pi bhaved eva' kart$sm$ty" tu b"dhyate | vede !pi tatsm$tir y" tu s"rthav"danibandhan" || p"ramparye%a kart"ra' n"dhyet"ra( smaranti hi | te!"m anevam"tmatv"d bhr"nti( seti ca vak!yate ||. !V v"kya 367 = TS n°2343.
16
Sur la notion d!arthav"da dans ce contexte, voir D!SA 1980: 106#107. Noter
Chapitre 4 ! Sur l"éternité du Veda
151
non l"expérience directe qu"on aurait faite de cet auteur], car les récitateurs [successifs du Veda] n"ont pas traditionnellement préservé le souvenir (p!ramparye"a ! smaranti) d"un [tel] auteur.17 Et nous dirons [plus bas] que, puisque les [arthav!da] n"ont pas une nature telle (anevam!tmatva) [qu"ils fassent autorité sur leur objet propre],18 le [souvenir que l"on fonderait sur eux] est une erreur (bhr!nti).» Une fois achevé son commentaire au V!ky!dhikara"a, Kum!rila calque à nouveau son exposé sur M"S# et $Bh. M"S# I.i.27 et 28 formulent deux objections au déni d"un auteur du Veda19: «Some people say that the Vedas are similarly composed (sa%nikar&a) because they are named after persons [I.i.27]. Also, because we find ephemeral things (mentionned in the Veda) [I.i.28].» Seule la première de ces objections retiendra notre attention. Selon elle, les TSP 643,16: arthapara# vacanam arthav!da$. NR' 668,17 (voir aussi NM 575,7!9) cite à ce sujet une phrase relative à Praj!pati (dont Kum!rila rejette l"autorité sur le monde et le Veda dans $V s!p); TSP 643,14!15 et TJ P317a2/D280a3!4 citent des versions distinctes d"une phrase relative à A(giras (voir ELTSCHINGER 1997: 1097!1098n. 11); TS n°2345 évoque Brahm!. 17
Explication, NR' 668,20!22: ved!n!# hi kart! ava%ya# tatk!labhavai$ puru&ai$ pratyak&e"a anubh'yeta, tai% ca anyebhya$ kathyeta, tai% ca anyebhya ity eva# paramparay! niyatar'pam eva kartur manv!d(n!m iva adhyet)bhi$ smara"a# sy!n na tu tad asti. «En effet, les hommes ayant vécu à son époque auraient nécessairement fait l"expérience directe, par la perception, de l"auteur des Veda, et l"auraient dit à d"autres, puis ces derniers à d"autres encore [après eux]: ainsi les récitateurs devraient-ils avoir traditionnellement conservé de l"auteur un souvenir de nature déterminée, comme [ils l"ont fait] de [personnes] telles que Manu. Or ce [souvenir] n"existe pas.»
18
Les arthav!da sont i.a. stutipara, «visant la louange» (c"est-à-dire: servent à présenter l"excellence, pr!%astya, de l"action enjointe, vidheya); ils sont donc anyapara, «visant autre chose [qu"eux-mêmes]», et non sv!rthapara, «visant leur objet propre». Or puisqu"ils visent la louange ou la déprécation (nind!), ils n"ont pas nécessairement vocation à la vérité (na! tattv!bhinive%a$ k!rya$, TV sous M"S# I.ii.7/II.15,4).
19
M"S# I.i.27: ved!#% caike sa#nikar&a# puru&!khy!$ ||. M"S# I.i.28: anityadar%an!c ca ||. Traduction CLOONEY 1990: 166. Voir respectivement $V vedanityat! 1 et 2.
152
Introduction
Veda ont été produits (k!taka), car chaque recension ("#kh#) du Veda est désignée d!un nom (#khy#, sam#khy#) humain: K!"haka, K!l!paka, Paippal!daka (#Bh I.120,12). Là encore, l!argument du non-souvenir paraît inétabli, car les recensions védiques indiquent elles-mêmes leurs auteurs (Ka"ha, etc.). La réponse de #abara est classique20: «Quant à l!objection qui a été faite, que des noms tels que K#$haka, etc. indiquent les auteurs, on y répond: on ne peut faire ce raisonnement par présomption (arth#patti) parce qu!il est possible de donner aussi le nom de quelqu!un qui n!est pas l!auteur. Ce qu!ont dû faire Ka"ha et les autres, c!est une exposition excellente et à nulle autre pareille (des textes), et cela suffit pour qu!ils donnent leur nom (à ces textes). On rapporte que Vai$amp!yana étudia toutes les recensions tandis que Ka"ha n!enseigna que cette recension (qui porte son nom). Celui qui, à côté d!étudiants de nombreuses recensions, n!étudie qu!une seule recension sans étudier les autres, devient supérieur (aux autres) pour cette recension, ce qui est un trait distinctif propre (à cette recension).» Les noms attachés aux recensions védiques, et plus généralement les noms désignant les !%i, n!en notent donc pas l!auteur (kart!), mais l!enseignant (pravakt!) principal.21 4.4. Un buddhavacana éternel et sans auteur? Kum!rila concède aux Sm%ti une autorité dérivée, inférable à partir de leur conformité au Veda. Dans TV sous M&S' I.iii.11, un adversaire s!efforce de prouver que les Kalpas'tra sont Veda, ou qu!ils sont d!autorité égale au Veda: parce que ceux-ci sont incréés, leur 20
#Bh sous M&S' I.i.30/I.122,5"123,5: yad ukta& kart!lak%a'# sam#khy# k#$hak#dyeti | tad ucyate | na iyam arth#patti( | akart!bhir api hy en#m #cak%)ran | prakar%e'a vacanam ananyas#dh#ra'a& ka$h#dibhir anu%$hita& sy#t tath# api hi sam#khy#t#ro bhavanti | smaryate ca vai"amp#yana( sarva"#kh#dhy#y) ka$ha( punar im#& keval#& "#kh#m adhy#pay#& babh*va iti | sa bahu"#kh#dhy#yin#& sa&nidh#v eka"#kh#dhy#yy any#[&] "#kh#m anadh)y#nas tasy#& prak!%$atv#d as#dh#ra'am upapadyate vi"e%a'am ||. Traduction BIARDEAU 1964: 80"81.
21
Dans #V vedanityat# 3"12, Kum!rila précise cette position, et répond à #Bh sous M&S' I.i.27/I.120,12"121,5.
Chapitre 4 ! Sur l"éternité du Veda
153
autorité est autonome (svatantra), non dérivée. A l"appui de sa position, cet adversaire reproduit l"argumentaire présenté ci-dessus, et en montre au passage les limitations et absurdités apparentes22: «Comme [il en va selon vous du] Veda, ces [Kalpas!tra] ne seront en effet pas de création humaine, car les noms [qu"on leur donne,] tels M"#aka, proviennent de ce que [ces Kalpas!tra] ont été exposés[, et non pas composés, par des gens tels que Ma#aka], comme [il en va selon vous] de [recensions védiques] telles que K"$haka# D"abord, on ne se rappelle pas que quelque non-!"i soit l"auteur des Kalpas!tra; quant à l"autorité (kart!tva) de !"i [sur les Kalpas!tra], tout cela est semblable[, quant à son traitement,] aux auteurs des mantra [védiques] # On tient [en effet] l"expression de %&'ique$ pour synonyme de %permanent$; or la réputation (prasiddhi) d"être &'ique est bien établie s"agissant des Kalpas!tra.» Si éternel que soit, pour Kum"rila, le Kalpa entendu génériquement,23 les différents traités qui le codifient sont %uvres humaines; or tout comme on nie que les noms associés aux #$kh$ en désignent les auteurs, on arguera de ce que les noms associés aux Kalpas!tra en désignent les meilleurs enseignants, et donc que les Kalpas!tra sont permanents et incréés. Mais il y a bien pire,24 «car la méthode (ny$ya) même par laquelle il a été démontré que le Veda est incréé (ak!taka), vaudra également de l"%uvre d"un [hérétique] tel que le Bouddha». Dans un argumentaire assez voisin de ce que sera celui 22
TV sous M(S! I.iii.11/II.157,7!8, 13!14, 24!25: naite"$% pauru"eyatva% bhavi"yati hi vedavat | m$#ak$disam$khy$ hi proktatv$t k$&hak$divat || na t$vad an!"i' ka#cit smaryate kalpas(trak!t | kart!tva% yad !")*$% tu tat sarva% mantrak!tsamam || $r"eyavacana% nityapary$yatvena yamyate | $r"eyatvaprasiddhi# ca kalpas(tre"v avasthit$ ||. Dans TV sous M(S! I.iii.11/II.157,16, l"adversaire considère que dans la M(m")s", mantrak!cchabda' prayoktari prayukta', «le mot %auteur de mantra [védique]$ est utilisé au sens de %utilisateur [de mantra védique]$.»
23
Sur l"éternité (pratique) du Kalpa, voir TV sous M(S! I.iii.13/II.169,10!15; sur celle de la grammaire, voir TV sous M(S! I.iii.27/II.216,18!24 et II.228,20!22. Le constat est extensible aux Sm&ti portant sur tous les a+ga.
24
TV sous M(S! I.iii.11/II.161,23!24: yenaiv$k!takatva% hi vedasya pratip$dyate | ny$yena tena #$ky$digranthasy$pi bhavi"yati ||.
154
Introduction
de Dharmak!rti, l!adversaire de Kum"rila précise sa pensée25: «En tant qu!elle est sans auteur, [l!"uvre du Bouddha] n!est pas non plus viciée par la faute d!un auteur, car à l!exemple du Veda, on ne se rappelle pas un auteur des énoncés du Bouddha, etc. De même le nom de #énoncé du Bouddha# tient-il au fait que [le Bouddha l!]a exposé, ou au fait que le [Bouddha l!]a découvert (d!"#a), à l!exemple[, respectivement,] de [la recension] K"$haka et du [$ai$avamantra] d!A%giras (%&girasa). Il n!est [en fait] rien qu!on invoque afin d!établir l!autorité (pr%m%'ya) du Veda, qui ne vale par analogie des énoncés du Bouddha. Par conséquent, de même qu!il considère le Veda comme l!Écriture de la pratique rituelle (prayoga$%stra), le M!m"&saka se doit de dire [pareil] d!une ["uvre] telle que l!Écriture ($%stra) du Bouddha.» La réplique au second volet de l!objection offre à Kum"rila l!occasion de quelques pointes antibouddhiques: c!est par pure jalousie pour le glorieux édifice m(m%)saka que les bouddhistes imitent (sans jamais l!égaler!) l!argumentaire de l!incréation; ce faisant, ils perdent de vue et contredisent leur slogan principal, celui de la momentanéité des choses (k"a'abha&ga); enfin, leurs Écritures regorgeant d!une langue et de mots incorrects (as%dhu$abda, donc asa)sk!ta), elles ne sauraient jamais prétendre à l!incréation (incréation à quoi sa forme inimitable qualifie le seul Veda) $26 Plus sérieusement, la pertinence de l!argumentaire tiré de M!S' I.i.30 (%khy% pravacan%t) dépend selon Kum"rila de ce qu!on a ou non conservé le ferme souvenir d!un auteur (d!*hakart!sm!ti): si le souvenir d!un auteur est fermement assuré (kart!sm!tid%r*hya, ou 25
TV sous M!S' I.iii.11/II.162,4%11: akart!katay% n%pi kart!do"e'a du"yati | vedavad buddhav%ky%dikart!smara'avarjan%t || buddhav%kyasam%khy%pi pravakt!tvanibandhan% | tadd!"#atvanimitt% v% k%#hak%&girasavat || y%vad evodita) ki)cid vedapr%m%'yasiddhaye | tat sarva) buddhav%ky%n%m atide$ena yamyate || tena prayoga$%stratva) yath% vedasya sammatam | tathaiva buddha$%str%der vaktu) m(m%)sako !rhati ||. Sur A%giras, voir TV sous M!S' I.iii.11/II.157,15%17.
26
Voir TV sous M!S' I.iii.12/II.162,20%166,26 (JHA 1998: I.233%237). Sur les caractéristiques formelles du Veda, voir TS n°2787%2789 et NM 580,17% 582,6.
Chapitre 4 ! Sur l"éternité du Veda
155
°d!dhiman), il n"y a aucune légitimité à soutenir que les noms désignent l"enseignant plutôt que l"auteur. Dans le cas contraire ! i.e. dans le cas du seul Veda !, on est justifié à tirer de M!S" I.i.30 un argument en faveur de l"incréation. Comme le laissait présumer #V v"kya 368ab, la tradition (parampar") relative à l"autorité sur une #uvre sert de critère au souvenir (ou non) d"un auteur. Voilà qui permet à Kum$rila de réfuter l"objection présentée plus haut27: «La méthode par laquelle [nous avons] démontré plus haut l"éternité des Veda, celle-ci s"annule, dans le cas des Kalpas"tra, en raison du ferme souvenir [que nous avons conservé] de [leurs] auteurs. En effet, tout comme ceux qui récitent et ceux qui enseignent à réciter se rappellent les #uvres de Kalpas"tra et les autres ouvrages de Sm%ti auxiliaires (a#gasm!ti), [ils se rappellent] &'val$yana, Baudh$yana, &pastamba ou encore K$ty$yana comme étant les auteurs de [ces] #uvres $ Et ce n"est pas en vertu des seuls noms que nous disons [de Ma'aka ou de Baudh$yana] qu"ils sont les auteurs [des Kalpas"tra], de sorte qu"on puisse répondre [comme vous l"avez fait après nous] que le nom provient de l"exposé [et non de la composition]. C"est en effet par une tradition humaine que l"on connaît le nom des auteurs souvenus comme la cause de la compilation (? abhyuccaya) [de la matière védique sous forme de Kalpas"tra]. Et il est possible que des recensions éternelles du Veda, exposées par des écoles [védiques] éternelles telles que [celle de] Ka(ha, aient un nom éternel; au contraire (na evam), on ne peut expliquer les noms [attachés aux Kalpas"tra] sur la base de l"exposé [fait] par des familles (gotra) et écoles, subsistant en permanence, telles que M$'aka, car des mots tels que $m"%aka!, $bau27
TV sous M!S" I.iii.12/II.167,5!8 et 11!15: yena ny"yena ved"n"& s"dhit" "n"dit" pur" | d!'hakart!sm!tes tasya kalpas(tre)u b"dhanam || yath" eva hi kalpas(tragranth"n itar"#gasm!tinibandhan"ni ca adhyetradhy"payit"ra* smaranti tath" "%val"yanabaudh"yan"pastambak"ty"yanaprabh!t+n granthak"ratvena # na ca e)"& sam"khy"m"trabal"d eva kart!tvam ucyate | yena "khy" pravacan"d ity uttaram ucyate | puru)aparamparay" eva hi sm!te)u kart!)u sam"khy" abhyuccayahetutvena jñ"yate | yath" ca ka,h"dicara-air an"dibhi* procyam"n"n"m an"diveda%"kh"n"m an"disam"khy"sambhavo na eva& nity"vasthitam"%ak"digotracara-apravacananimittasam"khyopapatti* | ma%akabaudh"yan"pastamb"di%abd" hy "dimadekadravyopade%ina*.
156
Introduction
dh!yana! et "!pastamba! indiquent des substances uniques ayant un commencement [dans le temps].» Mobilisant au besoin parodie et sarcasme, Dharmak!rti s!efforcera, dans PVSV 120,8"126,15, de neutraliser chacune des stratégies développées par la M!m!"s! pour réserver l!éternité au Veda ou à ses recensions. De ces stratégies, il démontrera le caractère non concluant : rien de ce que la M!m!"s! refuse au Veda pour en assurer la validité inconditionnée ne saurait être valablement refusé aux littératures que l!école tient pour d!origine humaine.
Chapitre 5 C r i t i q u e d ! u n é n o n c é i n d é p e n d a n t d e s p h o n è m e s1
5.1. Remarques préliminaires 5.1.1. Dans ce que je tiens pour la quatrième division du passage ici traduit, i.e. PVSV 126,16"134,25, Dharmak!rti va s!efforcer de montrer que la preuve de l!incréation (apauru!eyatvas"dhana) ne saurait porter ni sur les phonèmes (var#a, PVSV 126,17"24), ni sur les énoncés (v"kya) dotés de signification (P PVSV 126,24"134,25). Consacré à l!hypothèse de l!incréation des phonèmes, PVSV 126,17"24 vise sans ambiguïté la M!m"#s". PVSV 126,24"134,25 pose en revanche un problème exégétique quant à sa/ses cible(s). Ses portions initiale (P PVSV 126,24"129,21) et finale (1 1 34 ,1 "25) s!en prennent assurément aux divers théoriciens d!un énoncé transphonétique, et ce quel que soit le passage où démarre la critique du spho$a proprement dit (c!est-à-dire celui de Bhart$hari)2: PVSV 126,24"128,21 propose un acheminement systématique vers la critique d!un énoncé transphonétique et indivis, critique qui intervient dans PVSV 128,21"129,21. Dharmak!rti y montre d!abord qu!un 1
Ce chapitre forme une version très abrégée et remaniée de ELTSCHINGER 2001b. Je n!ai pas jugé utile de reproduire ici celles des sections de cet article qui présentaient l!argumentaire de Dharmak!rti: cet exposé aurait fait double emploi avec la traduction. Je me réfère néanmoins régulièrement à cet article dans ma traduction. La critique dharmak!rtienne du spho$a n!a sinon guère attiré l!attention: voir IHARA 1961, %MAE 1990 et KIMURA 1991: 150.
2
Selon PVSV& 509,27"28 sous PVSV 141,10, la discussion du spho$a s!ouvre sur PV I.247cd, à quoi introduit PVSV 126,24"25; mais selon PV& P386b2" 3/D317a2"3 sous PVSV 141,10, cette discussion s!ouvre en fait sur PVSV 127,16"17, qui introduit PV I.248. Je crois que la discussion du spho$a ne débute qu!avec PVSV 128,21; toutefois, ainsi d!ailleurs que Ma'(ana Mi)ra, *"ntarak+ita et Kar'akagomin l!ont estimé, PVSV 127,1"129,21 est dans son entier susceptible d!affecter le Spho,av"din.
158
Introduction
énoncé indépendant du matériau phonique brut n!est établi ni par la perception, ni par l!inférence, ni par la présomption (P PVSV 126,24"127,16). Pour les besoins de sa polémique, Dharmak!rti admet ensuite le principe d!un tel énoncé, et commence par critiquer l!hypothèse d!un énoncé transphonétique doté de parties (anek!vayav!tmaka, PVSV 127,23"128,21) inexpressives (nirartha, anarthaka, PVSV 127,18"23) et expressives (s!rthaka, v!caka, PVSV 127,23"128,21). Cette démarche préliminaire le conduit de façon très systématique à l!hypothèse d!un énoncé indivis (anavayava, abhinna, eka, etc., PVSV 128,21"129,21), le spho"a bhart"harien auquel il reviendra dans PVSV 134,1"25. Entre ces deux critiques du spho"a, points culminants de l!argumentaire, un «ventre mou» problématique, PVSV 129,21"134,1. Considéré d!un point de vue systématique, ce passage devrait prolonger la critique d!un énoncé transphonétique et indivis. PVSV 129,21"22 ne laisse guère de place au doute: c!est bien de cet énoncé-là qu!on va demander s!il est impermanent (P PVSV 129,22" 130,1) ou permanent (P PVSV 130,2"134,25), puis, dans cette seconde hypothèse, s!il est avy!pin (P PVSV 131,27"132,4) ou vy!pin (P PVSV 132,5"134,25). Mais au cours du traitement de l!hypothèse «permanentiste», la terminologie évolue sans raison apparente de v!kyam (var#avyatiriktam abhinnam) à (nity!$) %abd!$; sa thématique (avy!pit!/vy!pit!) porte plus «naturellement» l!exégète vers la M!m#$s# que vers le Vy#kara%a; pour achever de brouiller les pistes, Kar%akagomin cite massivement Kum#rila et non plus Bhart"hari ou Ma%&ana Mi'ra. Dharmak!rti s!est-il donc subitement retourné vers une M!m#$s# qui pourtant rejette énergiquement l!hypothèse du spho"a? En d!autres termes: faut-il briser la très harmonieuse structure argumentative de PVSV 126,16"134,25 pour y faire entrer la M!m#$s# à titre d!interlocuteur principal (au moins) entre PVSV 131,26 et 134,1, ou faut-il admettre que Dharmak!rti, tout en continuant de polémiquer contre le Spho(av#din, s!adresse en plus à la M!m#$s# là où le contexte le lui permet? Il m!a paru plus prudent de préserver la cohérence argumentative et d!opter pour la seconde hypothèse. Ma tâche a dès lors consisté à produire des sources spho"av!din en supplément des sources m&-
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
159
m!"saka présentées par Kar!akagomin et moi-même. Malgré la difficulté que j"ai pu éprouver à documenter certaines positions d"un point de vue spho#av!din, j"espère avoir ainsi évité de distordre la pensée du maître. 5.1.2. L"enchaînement entre mes sections 4 et 5, i.e. entre PVSV 126,16!134,25 et PVSV 134,26!141,14, pose un autre problème. Dans l"économie générale de PV I, PVSV 134,26!141,14 inaugure une longue critique de la pensée de Kum"rila (qui ne se referme vraiment qu"avec PVSV 173,15). Cependant, PVSV 134,26! 141,14 vise la conception m$m!"saka de l"énoncé doté de signification, c"est-à-dire v!kya comme var%!nup&rv$ (voir infra, chapitre 6): ce passage forme donc une unité thématique avec PVSV 126,(16/)24!134,25, essentiellement consacré on l"a vu à la version spho#av!din de l"énoncé. Deux structurations générales de cet enchaînement sont donc possibles: Structuration 1: x.1. var%a vs v!kya x.1.1. var%a x.1.2. v!kya x.1.2.1. v!kya comme spho#a x.1.2.2. v!kya comme !nup&rv$
Structuration 2: x.1. var%a vs v!kya x.1.1. var%a x.1.2. v!kya comme spho#a y. Critique générale de Kum"rila y.1. v!kya comme !nup&rv$
#
#
Pour la seule raison que le passage ici traduit s"achève sur PVSV 141,14, j"ai privilégié le premier modèle: Dharmak#rti, après avoir critiqué l"hypothèse selon laquelle la preuve de l"incréation porterait sur les phonèmes, ordonnerait deux sous-hypothèses à l"hypothèse générale selon laquelle la preuve de l"incréation porterait sur l"énoncé doté de signification: (1) l"énoncé comme spho#a (pour dire bref), et (2) l"énoncé comme ordre de succession de phonèmes. Que cette interprétation soit ici plus harmonieuse ne doit cependant pas occulter le fait qu"elle reflète moins fidèlement l"économie générale de PV I.
160
Introduction
5.2. Sur l!hypothèse d!un énoncé divisible aux parties expressives Nous venons de voir qu!avant de traiter du spho!a bhart!harien, Dharmak"rti considère brièvement l!hypothèse d!un énoncé divisible en parties. Il réfute d!abord la sous-hypothèse d!un énoncé doté de parties inexpressives (P PVSV 127,17"23), puis se tourne vers la sous-hypothèse alternative d!un énoncé doté de parties expressives (P PVSV 127,23"128,21). Commentant l!introduction de Dharmak"rti (P PVSV 127,24: te !vayav"# s"rthak" i$yante |), Kar#akagomin explique: v"kyasya avayav" v"ky"rthena s"rthak" i$yante |. «On accepte que les parties de l!énoncé sont dotées de signification par la signification [générale] de l!énoncé.» Après avoir commenté PV I.249, Kar#akagomin propose un développement au sein duquel il cite un passage qu!il attribue nommément à Bhart!hari (P PVSV$ 464,10: yad "ha bhart%hari# |). Considérons ce passage (P PVSV$ 464,10"12), sans tenter encore de le traduire: sarve$"& p%thag arthavatt" sarve$u k%tsn"rthaparisam"pte# | tath" yad eva prathama& padam up"d'yate tasmin sarvar(p"rthopagr"hi)i niyam"nuv"danibandhan"ni pad"ntar")i vijñ"yante |. Comme me l!ont suggéré Jan HOUBEN et Hideyo OGAWA,3 la première partie de ce passage rappelle fortement VP II.18ab. Voici, dans la traduction de IYER, VP II.17"18 (II.18ab hors italiques)4: «According to some, words expressive of the particular (vi%e&a), resembling those which are expressive of the general, become clear to the listeners when they are (later) connected with the other words in the sentence. According to them, the whole of the sentence-meaning is concentrated in each word. Hearers understand the meaning all the better when all the expressions are uttered.» Au témoignage de Pu#yar'ja (VP$ 11,6"7), VP II.17"18 illustre deux des huit définitions alter3
Communications électroniques, resp. du 29 novembre 2000 et du 23 octobre 2002.
4
VP II.17"18: vi*e$a*abd"# ke$"&cit s"m"nyapratir(pak"# | *abd"ntar"bhisambandh"d vyajyante pratipatt%$u || te$"& tu k%tsno v"ky"rtha# pratibheda& sam"pyate | vyaktopavyañjan" siddhir arthasya pratipatt%$u ||. Selon Pu#yar'ja, vyakta° = ud'rita° (VP$ 11,22); upavyañjana = abhivyañjak"# padavi*e$"# (VP$ 11,23). Voir les explications de IYER (1977: 8"9).
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
161
natives de la phrase (v!kya) que présente Bhart!hari dans VP II.1! 2: (6) padam !dyam («le premier mot», SEYFORT RUEGG), et (7) p"thak sarva# pada# (var.: sarvapada#) s!k!$k%am («chaque mot isolément en dépendance des autres», SEYFORT RUEGG).5 Selon Pu"yar#ja, ces conceptions (6) et (7) appartiennent au groupe des cinq conceptions de type sakha&'apak%a (hypothèse selon laquelle la phrase est divisible), et plus précisément au sous-groupe des trois conceptions de type anvit!bhidh!na (un terme que Bhart!hari n"utilise pas).6 Les deux positions décrites dans VP II.17!18 (et probablement dans le passage que cite Kar"akagomin) représenteraient donc la pensée linguistique de théoriciens (proto-)anvit!bhidh!nav!din,7 selon qui chacun des éléments constitutifs de la phrase (1) n"aurait de signification qu"en fonction de la phrase ellemême, et (2) porterait la signification entière de la phrase.8 Selon Pu"yar#ja, VP II.18cd répond à l"objection suivante9: «Si c"est à partir d"un seul mot qu"on comprend la phrase entière, les autres mots sont alors inutiles (vaiyarthya).» En d"autres termes10: 5
Sur les huit conceptions de VP II.1!2 (citées NR$ 608,2!5), voir SEYFORT RUEGG 1959: 82!86, KUNJUNNI RAJA 1962, BROUGH 1972: 416, IYER 1977: 1!2, IYER 1980!1981: 18!25.
6
VP% 1,10!13 sous VP II.1!2.
7
On s"est notamment demandé si les «anciens M&m#'saka» (jaranm(m!#saka, v"ddham(m!#saka), c"est-à-dire sinon Jaimini lui-même (M&S( I.i.25), du moins certains des prédécesseurs du V!ttik#ra et de )abara, n"avaient pas professé un proto-anvit!bhidh!nav!da (voir KUNJUNNI RAJA 1963: 199). IYER (1980!1981) voit de la M&m#'s# dans les cinq définitions de type sakha&'apak%a (pour une critique, voir HOUBEN 1994: 156!157n. 5).
8
VPV2 200,20!21 sous VP II.18: te%!m evam upag"h(tasarvavi)e%a ekasminn arthe bahu)abd!n abhyupagacchat!m avikala* k"tsno v!ky!rtha* pratipada# prativar&a# v! sam!pyate |. «Pour les [théoriciens] admettant ainsi que les multiples paroles [composant la phrase] ont une seule signification qui comprend toutes [les paroles] individuelles, la signification complète [et] entière de la phrase est achevée avec chaque mot ou avec chaque phonème.»
9
VP% 11,20!21: yady ekasm!d eva pad!t sakalav!ky!rthaprat(tis tarhi itarapadavaiyarthyam iti.
10
VP% 11,26!12,3 sous VP II.18: yady ekena padena sakalav!ky!rthasya !
162
Introduction
«Si l!on saisit avec un seul mot la signification de la phrase entière " alors les mots suivants devraient [n!]être prononcés [que] dans le but d!une restriction ou d!une répétition. Or nous dirons [plus loin] que cela n!est pas fondé. [En effet,] puisque c!est à partir d!un seul mot que l!on comprendrait la signification de la phrase [entière] " les [mots] suivants seraient strictement inutiles. De plus, on ne voit pas qu!on comprenne la signification de la phrase à partir de ce [seul mot].» Ce type de critique fait clairement écho à celle de Kum!rila11: «Si le premier mot était individuellement parfait par tous les [autres] mots, c!est donc celui-ci qui serait la phrase [à lui tout seul], et le groupe restant [de mots ne serait au mieux qu!]explicitant (dyotaka). De même [la phrase serait-elle] établie dans tous les autres [mots] considérés séparément (p!thagbh"ta). Or on n!observe nullement que la qualité de phrase (v#kyatva) [appartienne comme vous le suggérez] à des [mots] indépendants.» Surtout, cette critique est exactement celle que Dharmak"rti adresse, dans PVSV 128,1#15, à son adversaire admettant une phrase composée de parties expressives. Je considère donc comme probable que l!argumentaire de PVSV 127,23#128,21 soit dirigé contre le tenant d!une position de type anvit#bhidh#nav#da, et que Dharmak"rti se familiarisa avec une position de ce type au contact des $uvres de Bhart#hari (VP ou MBhD), voire de Kum!rila ($V). Quoi qu!il en soit, c!est sans doute à un passage de la MBhD préfigurant les développements de VP II.1#2 et 17#18, que Kar%akagomin a emprunté le passage discuté plus haut, et dont voici un essai de traduction: «Chacun de avagatis tad# uttare$#% pad#n#% niyam#ya anuv#d#ya v# ucc#ra&a% sy#t | na ca etad yuktam iti vak$y#ma' | ekasm#d eva pad#t ! v#ky#rthasya prat(ter uttare$#m #narthakya% sy#d eva | na ca tasm#d eva v#ky#rthaprat(tir d!)yate |. 11
$V v#kya 50cd#52ab: #dya% yadi pada% sarvai' sa%skriyeta vi)e$ata' || tatas tad eva v#kya% sy#d anya) ca dyotako ga&a' | evam anye$u sarve$u p!thagbh"te$v avasthitam || svatantre$u hi v#kyatva% katha%cin nopalak$itam |. La critique se retrouve sans surprise dans TB 93,2#4, où elle vise explicitement le tenant de l!anvit#bhidh#nav#da (voir BIARDEAU 1956: 34, KUNJUNNI RAJA 1963: 200#201).
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
163
tous [les mots] est doté de signification, car la signification entière [de la phrase] est complète en tous [les mots]. Ainsi les autres mots[, qui ne sont que] des causes de restriction ou de répétition, on [les] connaît dans cela seul qu"on ?expérimente comme? le premier mot[, et] qui comprend [en lui-même] la signification de toutes les formes [suivantes?].» 5.3. Sur l"hypothèse d"un énoncé indivisible 5.3.1. J"ai tenté de montrer que la majorité de PVSV 126,(16/)24! 134,25 consiste en la critique d"un énoncé transphonétique et indivis. Ainsi considéré, ce passage comporte deux points culminants: PVSV 128,21!129,21 et PVSV 134,1!25.12 Chacun de ces deux passages trahit une connaissance intime de la pensée de Bhart!hari, ainsi qu"un argumentaire sans doute très patiemment mûri et affûté (encore que ses lignes directrices paraissent emprunter à Vasubandhu et à Kum"rila); chacun d"eux s"organise en outre autour d"une objection assez fidèle pour en rendre aisées l"identification et l"interprétation.13 Que Bhart!hari soit le premier visé ne devrait toutefois pas nous occulter que l"auteur du YBh est en quelque manière un padaspho!av"din;14 que, comme l"a montré JAINI dès 1959, des 12
Dont la substance sinon la lettre se retrouve dans SSV 99,7!101,12. Sur les rapports entre SS et PV, voir GNOLI 1960: xix-xx. Dans sa traduction, #MAE a également rappelé l"influence de Dharmak$rti sur Ma%&ana; voir #MAE 1990, spécialement n. 7, p. 57.
13
Quoique ce passage relève, d"un point de vue systématique, de la critique des versions réalistes de la relation, PVSV 119,18!29 se rattache aussi à la critique d"un énoncé transphonétique et indivis (cf. PVSV' 434,20: samprati vaiy"kara#"n"$ var#"divyatirikta$ pad"di nir"kartum "ha).
14
Si celui-ci ne fait nulle mention du concept de spho!a, il professe néanmoins quelque chose comme une doctrine du padaspho!a, et presque rien de ce que Dharmak$rti attribue aux Spho(av"din n"y fait défaut. Selon le YBh en effet, le mot est dénué de phonèmes (avar#a, 208,14); ces derniers n"entretiennent aucun rapport avec le mot (var#"% ! padam asa$sp&'ya, 208,7), mais, tels qu"on les exprime, prononce et entend (var#air eva abhidh(yam"nair ucc"ryam"#ai% 'r)yam"#ai' ca, 208,14!15), le manifestent. Ici aussi, le mot est un (eka, 208,13), indivis (abh"ga, 208,13) et dénué de toute succession (akrama, 208,14). «Cognitionnel» (bauddha, 208,14), le mot est accessible
164
Introduction
bouddhistes vaibh!"ika se sont faits les défenseurs d!une conception voisine du spho#a.15 5.3.2. Le terme de «spho#a», que Dharmak!rti introduit deux fois par ailleurs (P PVSV 141,8 et 10), n!intervient dans aucun des trois passages consacrés de façon spécifique et technique à la critique d!un énoncé transphonétique et indivis. Ces trois passages s!inscrivent dans la critique de l!hypothèse selon laquelle v!kya, et non var$a, serait incréé. Qu!est-ce que v!kya? Au témoignage de "#kyabuddhi et de Kar$akagomin, «v!kya» s!utilise par synecdoque pour «pada» et «v!kya», soit les deux éléments linguistiques sé-
directement à la connaissance (buddhinirgr!hya, 208,6"7), est l!objet d!une seule connaissance (ekabuddhivi"aya, 208,13), qui survient à complétion du dernier phonème articulé (antyavar$apratyayavy!p!ropasth!pita, 208,14). Relevons enfin que, comme c!est le cas chez Bhart%hari et dans la M!m#&s#, c!est à la faveur d!une convention (sa%keta) que locuteurs et auditeurs accèdent à une signification pourtant fixée de toute éternité. Il est toutefois notable que l!auteur du YBh ne développe pas la notion d!une imputation erronée, au mot, de la sérialité inhérente aux phonèmes. Sur la doctrine linguistique du YBh, voir KUNJUNNI RAJA 1963: 112"113 et 127"129. 15
En revendiquant pour les n!ma°, vyañjana° et padak!ya un statut de dispositions formatrices dissociées de la pensée (cittaviprayuktasa&sk!ra, voir JAINI 2001d). Sur la théorie vaibh!"ika, voir aussi COX 1995: 159"171 pour une introduction, et 377"408 pour la traduction des parties pertinentes du Ny!y!nus!ra de Sa'ghabhadra. On notera que TSP 723,3 sous TS n°2714 fait l!intéressante remarque que voici: vaibh!"ik! hi kecit padak!y!bhidh!nena [et non padak!ry!°] v!kyaspho#am anityatv!j janya& pratipann!' |. Voir aussi TSP 290,2"3 sous TS n°908: yo !pi vaibh!"ika' (abdavi"aya& n!m!khya& nimitt!khya& ca arthacihnar)pa& viprayukta& sa&sk!ram icchati, tad apy etena eva d)"ita& dra"#avyam |. Il est juste d!observer que Vimalamitra refuse expressément l!assimilation de son sa&sk!ra au spho#a (AD!p II.146ab: spho#!khyo n!paro gho"!c chabdo nitya' prasidhyati |). Vasubandhu paraît être le premier docteur bouddhiste à avoir critiqué ce «spho#av!da» bouddhique (dans AKBh sous AK II.47, AKVy 181,28"186,16: voir LA VALLEE POUSSIN 1980: I.238"243 et BIARDEAU 1964: 390"400). Mais avec Sa'ghabhadra, Vimalamitra et Ya(omitra, le débat semble être demeuré interne au bouddhisme. Ici comme ailleurs, Dharmak!rti réalise la jonction entre des débats restés jusque-là, si j!ose dire, intraconfessionnels.
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
165
mantiquement pertinents, le mot et la phrase.16 «V!kya» peut donc se traduire par «énoncé [doté de signification]». Selon Dharmak!rti lui-même, v!kya consiste en une essence ou entité (!tman) dotée de signification (arthavat);17 selon une autre définition, v!kya est une nature verbale18 ("abdar#pa) de signification complète (parisam!pt!rtha).19 Par «signification complète», on entendra une signification d"essence indivise (ni$kal!tman).20 Quant à «!tman», sans doute convient-il de l"interpréter comme «"abd!tman»,21 i.e. comme un synonyme de «"abdar#pa». Par «v!kya», on doit entendre un énoncé ! mot ou phrase ! doté de signification, une essence ou nature verbale expressive (v!caka).22 Dharmak!rti, "#kyabuddhi et Kar$akagomin ne corrèlent jamais directement ce v!kya/"abd!tman avec le concept de spho%a, mais plusieurs indices sont de nature à favoriser l"identification. Le premier est interne au PV. Lorsque, dans et sous PV I.268, Dharmak!rti utilise le terme de «spho%a», c"est expressément pour renvoyer à l"hypothèse (rejetée plus haut) d"un énoncé indépendant des phonèmes, c"est-à-dire à deux des trois passages qui nous occupent. Dharmak!rti interprète donc lui-même ces passages comme des critiques du spho%a. Une deuxième série d"indices est externe au PV. D"abord, la MBhD et la VPV utilisent régulièrement le composé «"abd!tman», le liant parfois même au concept de spho%a;23 le 16
Selon PV% P348a4!5/D289a2 et PVSV% 459,24.
17
PVSV 127,21.
18
PVSV 128,3; 129,20!21; 130,3; 133,4; 134,5!6; PVSV% 467,19 [cf. PV% P355a4/D294a1]; 471,17; 471,28; 482,6; PV% P356b8/D295a5; P357a8/ D295b3!4. Ces références ne sont en aucun cas exhaustives.
19
PVSV 128,3.
20
PVSV 128,6!7.
21
PVSV 128,28; 129,14; 133,6; PV% P367b8/D303a7; P368a5/D303b3; P368b7/D304a3; PVSV% 484,29; 486,20 [cf. PV% P369a7/D304b1]; 486,21 [cf.. PV% P369b1/D304b2]; 486,25 [cf. PV% P369b3/D304b3].
22
PVSV 133,1; 133,5; 134,16.
23
Voir MBhD I.3,13!14: ka"cid anyo !krama& "abd!tm! buddhistho vig!hate | tasm!d arthapratipatte& |; MBhD I.3,18!19: spho%o !yam eva "abd!tm! ni-
166
Introduction
composé apparaît d!ailleurs à deux reprises dans le V!kyak!"#a du VP. Ensuite, Ma!"ana Mi#ra tient ces deux passages, ou du moins les longs extraits qu!il en donne, pour des arguments dirigés contre la théorie linguistique du spho$a. Enfin, les arguments de Dharmak$rti forment l!essentiel de la critique que formulent nommément du spho$a %&ntarak'ita et Kamala#$la;24 surtout, Kamala#$la dit à plusieurs reprises ce %abd!tman «spho$!khya», et le corrèle expressément au spho$a.25 Parallèlement à ces indices, on signalera encore que le très érudit Kar!akagomin ne produit pas moins de dix citations d!"uvres spho$av!din: l!une, peut-être extraite de la MBhD, est on l!a vu nommément attribuée à Bhart(hari;26 la majorité est directement issue de VP I;27 deux autres proviennent de la SS.28 Ce sont donc assurément des théoriciens du spho$a qu!il estya& |; VPV 150,4 sous VP I.86: n!dai& %abd!tm!nam avadyotayadbhi& (comparer VPV 106,6#7 sous VP I.49: n!da& ! spho$am avadyotayati); VPV 152,7#8 sous VP I.88: sa'h(tasarvab)ja% ca ayam !ntara& %abd!tm! vyañjakadhvanibhedakram!nuk!re"a !virbh!vak!le pratyavabh!sate |; VPV 157,6#7 sous VP I.95: anyas tadvyatirikto var"ar*pagraha"op!yagr!hyo nirbh!ga& %abd!tm! vidyata iti. Voir aussi VPV 166,6#167,1 sous VP I.104, et VP II.31 (!tman). Il est possible que l!expression remonte à MBh&'ya I.3,18: dve %)r+e dvau %abd!tm!nau nitya& k!rya% ca. 24
Voir n. suivante.
25
TSP 720,22#24, qui forme l!introduction générale à la critique du spho$a: evam !nup*rv)m arth!ntarabh*t!' nir!k(tya vaiy!kara"!dyupakalpita' dhvanibhyo "rth!ntarabh*ta' v!caka' %abd!tm!na' spho$am ! nir!cik)r+ann !ha. TSP 724,21#23: yadi hi var"avyatireke"a apara& spho$!khya& %abd!tm! avabh!seta tato "sya abhivyakti& sambhaved vyakter upalabdhir*patv!t |; TSP 726,27#28: yady eko na asti spho$!khya& %abd!tm! tat katha' gaur ity ek!k!r! go%abde buddhir bhavati iti. Sur %abd!tman, voir aussi TSP 727,22#23.
26
PVSV) 464,10#12, interprété pp. 160#163; voir aussi APPENDICE B.
27
VP I.73 cité PVSV) 434,16#17; VP I.94 cité 467,21#22; VP I.49 et 104 cités 467,27#468,4; VP I.83cd cité 468,15; VP I.84#86 cités 469,16#21 (VP I.86 est cité par %&kyabuddhi, donc en version tibétaine, dans un autre contexte; cf. PV) P324b6#7/D271a6#7, n. 69, pp. 178#179). Voir APPENDICE B.
28
PVSV) 468,26#27 est une adaptation de SS 102,6#7; PVSV) 484,19#21 est une adaptation de SS 104,11#12. Je ne suis pas parvenu à identifier la citation (prose) de PVSV) 468,9#10. Voir APPENDICE B.
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
167
time être ici critiqués. Ce faisceau d"indices m"autorise à penser que le tardif Manorathanandin est parfaitement justifié à qualifier à deux reprises v!kya de «spho"ar#pa».29 V!kya est donc un $abd!tman ou $abdar#pa expressif, doté d"une signification complète et indivise, et n"est autre que le spho"a, le véhicule si j"ose dire transphonétique de la signification, «le signe linguistique sous son aspect de porteur de la signification (Bedeutungsträger)».30 5.3.3. Chez Dharmak!rti et ses commentateurs, on relève d"abord l"importance du vocabulaire notant le caractère hypostatique concédé à cette entité verbale expressive, son altérité et son indépendance par rapport aux phonèmes et aux sons bruts.31 Le vocabulaire 29
PVV 379,17: anavayavam eka% var&ebhyo vyatirikta% spho"ar#pa% v!kyam, «énoncé sans parties, un, séparé des phonèmes et ayant nature de spho"a»; PVV 379,22: abhinnasya anavayavasya spho"ar#pasya v!kyasya, «d"un énoncé indivis et sans parties ayant nature de spho"a». Hormis les citations et le commentaire à PVSV 141,8 et 10, Kar"akagomin utilise lui aussi à deux reprises le terme de spho"a. (1) PVSV# 464,24!25: spho"ar#p!vibh!gena var&!n!% n!dar#p!&!% graha&!d var&avibh!gavat, «[apparaît comme] doté d"une partition en phonèmes du fait qu"on appréhende les phonèmes ayant nature de sons bruts sans les distinguer de la nature de spho"a» (sur le composé spho"ar#p!vibh!gena, voir VP I.83a); (2) PVSV# 471,16: j!tispho"as tu j!tyabh!v!d eva nirasta', «le j!tispho"a est [ici] écarté du fait même qu"il n"existe pas de genre».
30
BROUGH 1972b: 406. CARDONA (1976: 302!303) montre toutefois que ce pensant, BROUGH était influencé par les Grammairiens tardifs (N$ge%a, p. ex.: sphu"aty artho !sm!d iti spho"a' | v!caka iti y!vat |, cité CARDONA 1976: 368!369n. 540): pour Bhart&hari, le spho"a «is not uniquely a meaning-bearing unit» (var&aspho"a se disant d"une unité phonétique et non sémantique). La littérature consacrée au spho"a est océanique. Citons simplement ici BROUGH 1972b; KUNJUNNI RAJA 1963: 97!145 (fortement influencé par le précédent); BIARDEAU 1964: 359!400.
31
Par exemple: var&ar#p!sa%spar$in (P PVSV 128,27!28; 129,11; PVSV# 471,14 [cf. PV# P356b7/D295a4!5]; PV# P355b8/ D294b2); var&ebhyo PVSV 127,14; 127,16; PVSV# 461,17 [cf. PV# P349a7/D !rth!ntara (P manquant]; 467,18 [cf. PV# P355a4/D294a1]); var&ebhyo !nyat (P PVSV 129,20!21; PVSV# 471,15; 486,26 [cf. PV# P369b3/D304b3!4]); var&ePVSV 127,1; PVSV# 468,13; PV# P350a8/ D290a1!2; bhyo bhinna (P PVSV# 470,11!12; 470,14!15; 462,26 P350b4/D290a4); var&avyatirikta (P
168
Introduction
en marque également le caractère suprasensible (at!ndriya),32 l!unité et le caractère indivis.33 Parallèlement à sa nature indivise, nos textes insistent encore sur la carence en succession temporelle et phonétique qui caractérise cette entité verbale.34 Toutefois, et c!est ici chose importante, cette entité non successive nous apparaît (pratibh"ti, lak#yate) ou nous est connue (prat!yate) comme possédant succession (kramavat, anukramavat), comme comportant des divisions phonétiques (var$avibh"gavat).35 Pourquoi donc cette entité nous apparaît-elle, en vertu d!une impression trompeuse (bhr"nti), comme divisée et successive, elle qui à la vérité ne se présente ou n!est appréhendée qu!en une seule connaissance (ekabuddhipratibh"sin, ekabuddhigr"hya)?36 C!est que cette entité indivise ne nous est connue qu!à la faveur d!une manifestation (vyaktyapek#a[cf. PV! P350a4/D manquant]; PVV 379,17); avar$"tmaka (P PVSV! 460,30 PVSV 133,4; [cf. PV! P350b3/D290a3]; 467,18; 469,3); dhvanibhyo bhinna (P PVSV! 481,30"482,6; PV! P369a7/D304b1); dhvanivyatirikta (P PVSV! 485,14 [cf. PV! P368a7/D303b5]; 486,26 [cf. PV! P369b3/D304b3]; PV! P368a5/D303b3); dhvanirahita (P PVSV! 482,23 [cf. PV! P366a2/D302a1]); PVSV! 482,16 [cf. PV! P365b5/D301b5]); dhvanibhyo !nyat dhvanivivikta (P PV! P365a6/D301a7); na dhvanisa%s'a (P PVSV! 468,13); ato [v"cake(P PVSV 133,11); bhedena v"cakebhya) (P PVSV 134,1); bhyo] bhinnar(pa (P PV! P350b8/D manquant); p&thagr(pa (P PVSV 133,5); g*an du yod anyattva (P PV! P350b7/D manquant); kramavadvyatirekin (P PVSV 134,6"7). pa (P 32
PVSV 127,12.
33
eka (P PVSV 128,21; 128,23; 128,24; 129,5; 129,9; PVSV! 467,19; 467,24; 468,9; 468,22; PV! P355a8/D294a4; PVV 285,16); anavayava/niravayava PVSV 128,21; PVSV! 468,19; 470,12; PV! P356a1"2/D294b3; PVV (P 379,17; 379,22); akha$+a (P PVSV! 468,28; 469,7; 470,12); nirvibh"ga, varPVSV 128,23; PVSV! 470,15; PVV 379,22); $avibh"garahita, abhinna (P PVSV 129,14; PVSV! 468,9); avar$abh"ga (P PVSV 129,8). a,akala (P
34
k"labheda (P PVSV 128,9; 128,24); k"lak#epa (P PVSV 128,6; 128,12); akramaPVSV 134,5"6); akrama (P PVSV 129,7; 129,12"13; 134,6"7; PVSV! sattva (P 469,6; 469,15; 470,23 [cf. PV! P356b1/D294b7]; 486,20 [cf. PV! P369a6/D304b1]; PV! P355b4/D294a1"2); anukramarahita (P PVSV! 467,26 PV! [cf. PV! P355a7/D294a3]); yi ge"i go rim med pa can/da- bral ba (P P356b4/D295a3; P356b8/D295a5).
35
PVSV 129,6; PVSV! 467,19; 467,24"25; PVV 379,19.
36
PVSV 128,27"28; 129,12"13.
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
169
!a), cette dernière procédant de façon successive (krame!a) et par le fait de résonances séquentielles (kramavat) entrant dans un ordre fixe de succession (niyat"nup#rv$ka).37 Nous imputons donc erronément à cette entité verbale indivise des traits caractérisant les seules résonances qui la manifestent.38 Est-il besoin de rapprocher les termes de cette description de ceux que nous livrent la MBhD, le VP et la VPV? Tous trois textes insistent sur l"hétérogénéité et l"indépendance de v"kya/spho%a par rapport aux résonances, parfois aux phonèmes;39 on y présente le spho%a comme un et indivis,40 l"entité verbale comme non séquentielle et franche de toute durée ou division temporelle, permanente.41 Succession et division ressortissent aux seules résonances, tout comme la naissance et le caractère changeant et transitoire;42 les 37
PVV 379,17!18.
38
Caractères propres aux résonances: vyañjaka (P PVSV! 483,23; 486,10 [cf. PVV PV! P368b3/D303b7]; PV! P368b4!8/D304a1!2); &abdavyañjaka (P 381,15); var!avyañjaka (P PVSV! 483,23 [cf. PV! P366b8/D302b3]); k'a!ika PV! P366b7!8/D302b3; P369a6/ D304a7; PVSV! 483,26 [cf. PV! (P P367a2/D302b5]; 486,19 [cf. PV! P369a6/D304a7]); av"caka (P PVSV 134,14; PVSV! 481,20 [cf. PV! P364b5/D301a2]; 482,9; 485,13 [cf. PV! P368a6/D303b4]; PV! P365a6!7/D301b1); cha da( bcas pa (P PV! P366b7/D302b3); kramavadbh"ga (P PVSV 134,6); s(a phyi can (P PV! P366b8/D302b3); kramavat (P PVSV 134,15; voir aussi 134,17); kramotp"din, PVSV 134,16; PV! P368b4/ D304a1). kramabh"vin (P
39
MBhD II.25,14: adhvanika) spho%a); MBhD I.3,13!14, VP I.73ab, VPV 157,6!7 (sous VP I.95): anyad; VP I.73, VPV 157,7: vyatirikta, vyatireka. Ces références n"ont là encore aucune ambition d"exhaustivité.
40
VPV 106,7/107,1 (sous VP I.49), 160,3 (sous VP I.97), VP II.1: eka; VPV 151,4 (sous VP I.87), 156,3 (sous VP I.93), 157,7 (sous VP I.95): nirbh"ga; VPV 153,1 (sous VP I.88): avibh"ga; VPV 151,4 (sous VP I.87) abhedya; VP II.1: anavayava.
41
MBhD I.3,13, VP I.49: akrama; VP I.76: abhinnak"la; VPV 151,4 (sous VP I.87): ap#rv"para (cf. VP I.49b: na p#rvo na para& ca sa)).
42
VP I.49: n"dasya kramajanyatv"t; MBhD I.3,18!19: ye tu kramajanm"no !yugapatk"l"), vyaktayo dhvany"tm"nas te; VP I.97ab: avik"rasya &abdasya nimittair vik*to dhvani) |.
170
Introduction
résonances manifestent le spho!a véhicule de la signification.43 A cette manifestation, les résonances sont ordonnées comme les facultés sensorielles le sont à leurs objets respectifs,44 et ce au sein d!un ordre fixe de succession, comme le lait se mue en caillé selon une séquence immuable.45 Enfin et surtout, on ne saurait dénombrer les passages où Bhart!hari détaille la surimposition erronée au spho!a des caractéristiques propres aux résonances.46 On relèvera en outre l!étroit parallélisme qui subsiste entre cette description et la doctrine linguistique élaborée par le YBh sous YS III.17, où l!auteur énonce sa théorie du mot (pada). 5.3.4. Parmi les nombreuses objections d!inspiration spho!av"din qui criblent le texte de Dharmak"rti, deux méritent d!être signalées ici. Après ce qu!on vient de lire, la première d!entre elles ne nécessite aucune explication supplémentaire47: «[Objection:] L!énoncé ne comporte pas de phonèmes; [mais] en vertu de l!ordre de succession [propre] aux [résonances] qui [la] révèlent, cette nature verbale [pourtant] strictement une apparaît [à l!homme comme] dotée de succession et dotée d!une partition en phonèmes[, malgré qu!elle soit ultimement dépourvue de l!une comme de l!autre].» Les trois strophes48 que Kar#akagomin cite afin d!étayer l!objection suffisent à montrer l!étroite proximité du p#rvapak$a avec la position générale de Bhart!hari. Que ce dernier est ici visé paraît d!autant plus clair que ni les Vaibh$%ika, ni l!auteur du YBh ne 43
MBhD I.17,9"10: sa tu n"d"bhivya%gya&; VP I.48cd: kara'ebhyo viv(ttena dhvanin" so !nug(hyate ||; VPV 104,4 (sous VP I.47), 152,7 (sous VP I.88), 160,5 (sous VP I.97): vyañjakadhvani.
44
MBhD I.17,9"10: padaniyato dhvani& | yath" cak$ur"dayo niyat" abhivyañjak" abhivya%gye$u r#p"di$u.
45
VP I.94: yath"nup#rv)niyamo vik"re k$)rab)jayo& | tathaiva pratipatt*'"+ niyato buddhi$u krama& ||.
46
Par exemple MBhD I.17,12: eva+ ,abd" api n"dabhedena bhidyante; VP I.49 et VPV 106,7"107,3 (sous VP I.49); VPV 152,7"153,1 (sous VP I.88).
47
PVSV 129,4"6: na eva v"kye var'"& santi | tad ekam eva ,abdar#pa+ vyañjak"nukramava,"d anukramavad var'avibh"g"c ca pratibh"ti iti cet |.
48
VP I.94, 49 et 104: voir APPENDICE B (P PVSV& 467,21"22 et 467,27"468,4).
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
171
viennent documenter la thèse d"une imputation erronée, au spho!a, des caractéristiques propres aux résonances. Quant à la seconde, elle expose l"argumentaire classique du Spho!av"din49: «[Objection:] Lorsque [vous autres bouddhistes] affirmez que des résonances ne sont pas établies comme distinctes des [phonèmes, mots et phrases] expressifs, en quoi [donc] ne sont-elles pas établies, puisqu"on [ne] connaît la signification [qu"]à partir d"une expression? En effet, on ne comprend pas la signification à partir d"une infime partie de résonance [révélatrice d"un phonème], et cette [infime partie, puisqu"elle est instantanée,] n"en rencontre [jamais] d"autre [née ultérieurement]. Devant son existence (s"dhya) à un [facteur expressif] où les natures de mot ou de phrase sont complètes, [notre] compréhension de la signification ne tient (sambhavati) donc pas aux résonances, dont les parties sont incomplètes; sont dès lors établies une nature verbale dont l"existence est dénuée de succession, et [séparée d"elle,] une résonance dont les parties sont dotées de succession.» L"objection introduit deux arguments en faveur d"une entité verbale indépendante de, mais révélée par le matériau phonique transitoire. On les retrouve avec des nuances diverses dans toutes les #uvres de tendance spho!av"din. A la suite de K"ty"yana, Patañjali déjà dénonçait, dans son commentaire au sa#hit"s$tra (P". I.4.109, v"rttika 9!10), l"impossibilité d"une simultanéité (yaugapadya) des phonèmes.50 C"est en toute probabilité à la glose (vivara%a) aujourd"hui perdue de Bhart#hari à ce même sa#hit"s$tra que renvoie l"auteur de la VPV lorsqu"il aborde ce même thème sous VP I.84.51 Mais là où K"ty"yana et Patañjali critiquaient l"hypothèse d"une simultanéité des phonèmes, 49
PVSV 134,1!6: yad ukta# na dhvanayo bhedena v"cakebhya& siddh" iti katha# na siddh"& | vacan"d arthapratipatte& | na hi dhvanibh"g"d alp'yaso !rthaprat'ti& | na ca so "nya# sameti | tad iya# samastapadav"kyar$pas"dhy" arthaprat'tir asamastabh"ge(u dhvani(u na sambhavati iti siddham akramasattva# )abdar$pam | kramavadbh"ga) ca dhvanir iti |.
50
MBh"$ya I.356, 1!13.
51
VPV 148,6!149,2: krame%a tu var%atur'yagraha%e sati samud"y"bh"v"d avi(ayatvam anty"y" buddhe& pr"pnoti iti sa#hit"s$trabh"(yavivara%e bahudh" vic"ritam |. Voir la traduction de BIARDEAU (1964b: 125).
172
Introduction
Bhart!hari paraît avoir dénoncé comme impossible une association (samud!ya) des parties ultimes ou «quarts (de quart)» des phonèmes (var"atur#ya). A deux reprises au moins, le VP et la VPV critiquent sur un fondement analogue les tentatives de réduire la phrase comme seule unité signifiante légitime aux mots ou aux phonèmes: aucune raison recevable n!autorise à enrayer l!atomisation à ce stade. On devra alors poursuivre l!analyse dissolvante jusqu!aux parties de phonèmes (var"abh!ga), mais, celles-ci n!entrant pas en contact les unes avec les autres, il ne saurait plus y avoir ni phonèmes ni mots.52 Selon la VPV, les phonèmes périssent sitôt prononcés, et sont eux-mêmes divisibles en parties successives, en quarts de quart (tur#yatur#ya) inexprimables et incomposables.53 Un argument analogue se retrouve sans grande surprise dans le YBh sous YS III.17: les phonèmes, qui disparaissent (tirobh$ta) sitôt apparus (!virbh$ta), ne sauraient rien signifier par eux-mêmes, ni accéder à la simultanéité (ekasamaya).54 Côté bouddhique enfin, le Vaibh"#ika Vimalamitra, à la suite de mais plus clairement que Sa$ghabhadra,55 développe un argumentaire en tout point analogue.56 52
VP II.28"29: pad!ni v!kye t!ny eva var"!s te ca pade yadi | var"e%u var"abh!g!n!& bheda' sy!t param!"uvat || bh!g!n!m anupa(le%!n na var"o na pada& bhavet | te%!m avyapade(yatv!t kim anyad vyapadi(yat!m ||. Voir la traduction de BIARDEAU (1964b: 114"115n. 1).
53
VPV 136,3"6 (sous VP I.73): na hi kramajanmabhir uccaritapradhva&sibhir ayugapatk!lai' s!vayavair var"ai' (abd!ntar!rambha' sambhavati iti var"am!tram eva padam | te%!m api s!vayavatv!t kramaprav)tt!vayav!n!m ! vyavah!ravicched!t tur#yatur#yaka& kim apy avyapade(ya& r$pa& vyavah!r!t#tam asti iti na var"apade vidyete |. Voir la traduction de BIARDEAU (1964b: 115).
54
YBh 208,7"8: var"! ekasamay!sambhavitv!t paraniranugrah!tm!nas* te padam asa&sp)(ya anupasth!pya !virbh$t!s tirobh$t!( ca iti pratyekam apadasvar$p! ucyante |. *Noter la variante: paraspar!nugrah!tm!nas.
55
Voir COX 1995: 394.
56
AD%p 110,7"13: [i]ta( ca kramayaugapadyapraty!yan!sambhav!t | katham? balvajavat | iha hi bah$ni balvajadravy!"i pratyekam asamarth!ni sambh$ya rajjv!tman! avasthit!ni d!rv!dy!kar%a"akriy!s!marthyopet!ni bhavanti | na ca eva& v!ky!tm!na' (abd!' ! kramalabdhajanm!na' pratyekam arthapraty!yan!samarth!', na api sambh$ya praty!yayanti, sambh$ya anavasth!-
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
173
Toutes les écoles inclinant à hypostasier le facteur expressif (qu"il s"agisse du mot ou de la phrase) semblent donc recourir au même argumentaire bicéphale qu"on retrouve dans l"objection spho!av"din introduite par Dharmak!rti. Dans cette objection, ces deux arguments classiques servent de préalable à un argument de conclusion: si les (parties de) résonances ne sont expressives ni individuellement ni à l"état associé, il faut donc postuler l"existence séparée d"une expression (vacana) responsable de notre notion de la signification. Puisque les (parties de) résonances sont inexpressives mais que l"on dispose néanmoins d"une notion de la signification, il faut admettre pour cette notion une cause distincte des (parties de) résonances, et qui n"est autre que l"entité verbale nommée «spho!a».
n"d balvajavat | tasm"t kramayaugapady"t praty"yan"sambhav"n na #abd"$ ka%cid artha% praty"yayanti iti siddham |. «Et ensuite, car, [que ce soit] de façon successive ou de façon simultanée, il est impossible [aux paroles brutes] de communiquer [la signification]. ! En quoi [leur est-ce donc impossible]? ! Comparons-les à l"herbe balvaja. Dans ce cas en effet, chacune des multiples [herbes] balvaja (balvajadravya) [s"en révèle en elle-même] incapable, [mais] fixée, une fois associée [à d"autres], à l"état de corde, elle devient capable de charrier du bois, etc. Or [il n"en va] pas ainsi des paroles [brutes] # prenant naissance de façon successive: chacune est incapable de communiquer la signification, et elles ne [la] communiquent pas non plus à l"état associé puisque, au contraire des [plants d"herbe] balvaja, elles ne subsistent [jamais] à l"état associé. Il est par conséquent établi que, par impossibilité [de leur part] de communiquer [la signification] de façon successive ou de façon simultanée, les paroles [brutes] ne communiquent pas la signification.» Ce passage répond pour partie à l"objection sautr"ntika de AD!p 110,1!3: na khalu v"kchabd"d anye n"m"daya$ sidhyanti | v"kchabda eva arthe&u sa%jñ"kart'k't"vadhi$ sm'ty" g'h(t"vayavasamud"ya$ #rotur artha% praty"ya[ya]ti iti kim anyair n"m"dibhi$ parikalpitai$ |. «Des [dispositions formatrices dissociées de la pensée] telles que le nom ne sont assurément pas établies [comme étant] autres que la parole vocale. Seule la parole vocale, sur laquelle [porte] une convention fixée par les auteurs des désignations [et] qui consiste dans une collection de parties qu"appréhende la mémoire, communique la signification à l"auditeur. A quoi bon dès lors postuler [qu"il existe,] autres [que les paroles vocales,] des [dispositions formatrices dissociées de la pensée] telles que le nom?» Sur ce passage, voir aussi JAINI 2001d: 104.
174
Introduction
5.4. Position générale de Dharmak!rti et de ses commentateurs57 La définition dharmak!rtienne de !abda ne s!écarte pas de la conception bouddhique selon laquelle !abda est l!objet (vi"aya) propre de l!ouïe (!rotra, !rotrendriya) et de la connaissance sensorielle auditive (!rotravijñ#na).58 En tant que tel, !abda consiste dans le seul point-instant particulier de son (!abdasvalak"a$a). Je doute qu!au plan de l!énonciation, le point-instant particulier de parole soit ultimement identifiable au phonème (var$a): leur identification n!est possible qu!à condition que le phonème soit instantané (k"a$ika). Or selon Dharmak!rti, la durée du plus infime des phonèmes est équivalente à celle d!un clin d!"il (nime"a), lequel dure lui-même plusieurs instants. Le phonème paraît donc n!être pour lui qu!une entité fictive et de pure convention, celle-là même dont se sert l!analyse linguistique à des fins descriptives. A ce titre et à l!instar du mot (pada) et de la phrase (v#kya), le phonème ne consiste qu!en une séquence arbitrairement délimitée de la chaîne parlée, à un concept sans corrélat extramental.59 57
Sur la question des phonèmes, voir en premier lieu "MAE 1999, dont je ne partage pas toutes les vues. Voir aussi l!Upanibandhana sous MSa#gr VII.7a, traduit dans LAMOTTE 1973: 237#238.
58
PV I.298d: !abdo hi !rotragocara% ||, et PVSV 158,26: !rotragraha$alak"a$a% !abda% | tadatikrame !tiprasa&g#t |.
59
Dharmak!rti ne se prive toutefois pas d!évoquer les sons bruts en termes de «phonèmes»: cette option terminologique vaut pour la discussion du spho'a (parallèlement à celles de var$abh#ga, dhvani et dhvanibh#ga), mais appelle d!importantes réserves (d!ailleurs dûment formulées par Dharmak!rti luimême) en contexte de discussion avec la M!m$%s$. Quoiqu!il faille remettre à une autre occasion le problème des phonèmes chez Dharmak!rti, les faits suivants, tous extraits des commentaires, ne seront pas inutiles ici. (1) L!effort phonatoire toujours distinct rend les phonèmes distincts à chaque énoncé: l!unicité (ekatva, etc.) que leur prête la M!m$%s$ est donc infondée (voir PV& P349b5#6/D290b6 = PVSV& 461,29#30: puru"aprayatnabhedena var$#n#( prativ#kya( bhinn#n#m eva utpatte% |). (2) Les phonèmes bruts sont dénués de signification (nirarthaka, PV I.238a) par eux-mêmes; ce n!est que dûment conceptualisés sous forme d!universaux que, organisés en ordres de PVSV& 462,20#23: nanu succession particuliers, ils deviennent expressifs (P <1 var$# nirarthak#1> ity ukta( katha( <2te"#m eva bhed#d arthaprat)ter bhe-
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
175
Sur un plan pragmatique, la parole est notification (vijñapti; paravijñ!pana, comm.); s"originant à la pensée (cittasamutth!na) et plus précisément à l"intention du locuteur, cette notification est pratiquement de trois sortes, qui ont pour noms «phonèmes» (K: ak"ar!#i var#!$), «mots» (K: arth!vacchinno var#asamud!ya$ padam) et «phrases» (! = K: padasamud!yo v!kyam).60 Sur un plan épistémologique et ontologique, la communication verbale repose à la fois sur les points-instants particuliers de son émis par l"appareil phonatoire du locuteur(/appréhendés par l"appareil auditif du récepteur), et sur des processus et matériaux psychomentaux partagés par l"émetteur et le récepteur. Selon Dharmak"rti en effet,61 «le mot et la phrase qui [nous] apparaissent [sous forme] unitaire ne sont qu"erreur», en tant qu"ils ne sont que «représentations trompeuses (pratibh!savibhrama), consécutives à une connaissance sensorielle particulière, d"un concept fondé (up!d!na) sur une imprégnation latente homogène (sabh!gav!san!).» Une connaissance mentale (manovijñ!na, ! = K) d"ordre conceptuel (savikalpa[ka], !) subséquente à l"expérience sensorielle directe des phonèmes successifs,62 surimpose à ces matériaux bruts l"unité de mots et de phrases (!), ou les détermine comme mots et phrases un[itai-
da2> ity ucyate | satyam | <3santo var#! nirarthak!3> vikalpavi"ay!s tu s!m!nyar%p! eva prativ!kya& bhinn! var#asvalak"a#!bhedena adhyast! v!cak! i"yante | tena <4var#!n!m eva bhed!d arthaprat'ter bheda4> ity ucyate |. Citations: 1/3 = PV I.238a; 2/4 = PV# P350a2/D291a1 = PVSV# 462,18!19. (3) Notre notion de la signification provient des seuls phonèmes, en vertu des conventions arbitrairement assignées à ces ordres de succession particuliers; il n"est donc nul besoin de postuler, avec les Grammairiens, des énoncés inPVSV# 462,11!12: tasm!d var#ebhya$ sa(ketadépendants des phonèmes (P bal!d arthaprat'ter bh!v!t katham anyath!nupapatty! v!kyakalpan! |). 60
Selon PVSV 160,19: cittasamutth!n! hi v!gvijñaptir var#apadav!ky!bhidh!n!. Voir PVSV# 568,28!29, à comparer avec PV# ñe P36b8/D32b4!5.
61
Selon PVSV 119,18!20: indriyavijñ!navi)e"!nubandh' sabh!gav!sanop!d!navikalpapratibh!savibhrama$ pada& v!kya& ca ek!vabh!si mithy! eva |.
62
PV# P323b2!3/D270a5!6: rna ba!i rnam par )es pa khyad par can gyi phyis !byu( ba; PVSV# 435,3: kramavar#!nubhavap*"+habh!vin.
176
Introduction
re]s (K).63 En d!autres termes: postérieurement à la stimulation sensorielle,64 survient une connaissance (buddhi) qui surimpose un mot un(itaire), qui détermine [la série] comme un(itair)e, dans laquelle apparaît un mot ou une phrase indivis; en bref, une connaissance conceptuelle présentant l!aspect d!un mot ou d!une phrase.65 Ce qui se dit de cette connaissance se dit de façon équivalente du concept (vikalpa) survenant après la stimulation: celui-ci surimpose une unité (sous forme) d!un mot ou d!une phrase un(itair)e, présente un aspect un(itaire), laisse apparaître un mot un(itaire), etc.66 C!est que la stimulation sensorielle éveille ou actualise (prabodha) un concept qui subsistait à titre d!imprégnation latente (v!san!) ou de disposition (sa"sk!ra) dans la série psychique du récepteur, ou auquel cette imprégnation latente sert de «cause matérielle» (up!d!na).67 63
Resp. PV! P323b2"3/D270a6: tshig da# #ag la gcig tu sgro !dogs par byed do ||; PVSV! 435, 3"4: pad!dir$patay! adhyavasyati.
64
Not. PVSV! 436,27: var%!nubhavottarak!lam; PV! P324b5"6/D271a6: ñams su myo# ba da# dran pa go rim b&in du skyes nas phyis !byu# ba can; noter aussi PVSV! 435,10: var%akrama'rava%!t.
65
Resp. PVSV! 435,9: ekapad!dhy!ropik! buddhi(; PV! P324b6/D271a6: gcig tu &en pa!i blo; PV! P324b5/D271a5"6: tshig da# #ag tha dad pa med par sna# ba!i blo; PV! P324b8/D271b1: tshig da# #ag gi rnam pa can gyi rnam par rtog pa!i blo.
66
Resp. PV! P324b3"4/D271a4"5: tshig da# #ag gcig go &es gcig ñid du sgro !dogs pa!i rnam par rtog pa; PVSV! 435,10"11: ek!k!rasya vikalpasya; PVSV! 435,5: ekapad!dyavabh!s) vikalpa(.
67
Voir PVSV 159,12"17: manovikalpasya tadvi*ayatvam asiddham | na hi svalak*a%e vikalp!n!" v+ttir iti nivedayi*y!ma( | te hi yath!svam !ntar!d vikalpav!san!prabodh!d anapek*itab!hy!rthopanidhayo bhavanti | b!hy!p!y!n!game "pi bh!v!t | na hi yo yasya sattopadh!na" na apek*ate sa tasya hetu( | ahetu' ca katha" vi*aya( |. «Qu!un concept mental ait la [parole] pour objet est inétabli, car nous ferons savoir [dans le troisième chapitre] que les concepts ne se réfèrent pas au point-instant particulier: en effet, les [concepts] ne dépendent pas de la présence [effective] d!un objet extra[mental, mais] procèdent de [la cause que constitue] pour chacun d!eux l!actualisation interne d!une latence conceptuelle (vikalpav!san!), parce qu!ils interviennent (bh!va) même lorsque [l!objet] extra[mental] a disparu ou reste à venir. Mais (hi)
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
177
A la réalité positive appartiennent donc les seuls sons bruts que produit et agence, avec l"appareil phonatoire, l"intention de l"émetteur (vivak!", etc.); à l"irréalité de la pensée ressortissent des représentations fictives unitaires (mots et phrases) qu"une expérience langagière sans commencement (an"ditva# pad"divyavah"rasya, K) a déposées dans le psychisme à titre d"imprégnations latentes, et qui font l"objet de conventions (sa$keta).68 Selon Dharmak!rti, la
(x) n"est pas la cause de (y) si [pour exister] (y) ne dépend pas de l"existence actuelle (sattopadh"na) de (x). Or ce [(x)] qui n"est pas la cause [de (y)], comment [pourrait-il en être] l"objet?» 68
Voir PVSV" 435,5!14: nanu var%"n"# bhinn"n"m eva anubhav"t katham ekapad"dyavabh"s& vikalpa utpadyate | utpadyate ca | tasm"d var%e!v ekapad"dyanubhavena bh"vyam iti | na e!a do!a' | pratip"dako hi sa$ketak"le var%akramam ekapad"dir(patay" pratipannam eva para# praty ekam ida# pad"di iti sa$ketayati | tad" ca parasya api tatra var%akrame ekapad"dhy"ropik" buddhir utpadyate | tasya ca ekapad"dyadhy"ropitaik"k"r"nubhav"hitasa#sk"rasya pu#so vyavah"rak"le !pi var%akrama)rava%"d ekam ida# pada# v"kya# v" ity ek"k"rasya vikalpasya utpattir bhavati | eva# p(rvap(rva)rot*%"# p(rvap(rvavakt+bhyo var%akrame!v ekatv"rope%a prat&tir bhavati ity an"ditva# pad"divyavah"rasya | ata eva ucyate | an"disabh"gav"sano vikalpapratibh"savibhrama' pada# v"kya# ca ek"vabh"si mithy" eva iti | mithy"tva# ca bhinn"n"# var%"n"m ekapad"dir(patay" smara%ajñ"ne pratibh"san"t |. «[Objection:] Mais comment un concept où se présente un mot un, etc., se produi[rai]t-il [selon vous] à partir de phonèmes [pourtant] strictement distincts? [On constate] cependant [que ce concept] se produit. Il se pourrait donc que sur les [seuls] phonèmes on fasse l"expérience directe d"un mot un, etc. [Réponse:] Voilà qui n"affecte pas [notre position], car au moment où, pour autrui, il fixe une convention, c"est à une série phonétique qu"il considère sous la forme d"un mot un, etc., qu"un enseignant attache la convention [en disant:] #Ce mot, etc., est un#; la connaissance qui surimpose un mot un, etc., sur cette série phonétique-ci, se produit ensuite également chez l"autre [personne]. Et [en tant que] l"expérience de l"image un[itair]e surimposée [qui est celle] de [ce] mot un, etc., a imprimé [chez elle] une disposition [à cet effet] (ekapad"dyadhy"ropitaik"k"r"nubhav"hitasa#sk"ra), le concept à l"image un[itair]e selon lequel ce mot ou phrase est un se produi[ra] chez cette personne lorsqu"elle entend[ra] ()rava%"t) [cette] série phonétique lors d"un échange linguistique (vyavah"ra) [ultérieur]. Ainsi estce parce que les générations successives de locuteurs imputent une unité à des séries phonétiques (p(rvap(rvavakt+bhyo var%akrame!v ekatv"rope%a)
178
Introduction
théorie de l!unité réelle (i.e. extramentale) des mots et phrases (le spho!av"da) est fausse du point de vue de la réalité positive, mais la théorie concurrente de la multiplicité des mots et phrases (le var#av"da) n!est pas corroborée par la description psychologique de la connaissance et de la communication69: nos connaissances [données], que les générations successives d!auditeurs ont notion [de mots et de phrases uns, et c!est] en ce sens (iti) [que] la pratique (vyavah"ra) des mots, etc., est dénuée de commencement [dans le temps]. Voilà pourquoi [Dharmak!rti] affirme qu!un mot ou phrase de représentation un[itair]e n!est qu!une erreur, [lui qui consiste dans la] représentation trompeuse d!un concept aux latences homogènes sans commencement. Et [son] caractère erroné [vient] de cela que les phonèmes distincts se présentent à la connaissance mnésique sous forme d!un mot un, etc.» 69
Voir PV" P324b3"8/D271a4"b1: blo la sna$ ba!i dba$ gis gcig ñid da$ du ma ñid du rnam par !jog par !gyur te | blo la tshig la sogs pa sna$ ba gcig gis $o bo can ñid yin pas tshig da$ $ag gcig go %es gcig ñid du sgro !dogs pa!i rnam par rtog pa skye ba!i phyir ro || re %ig yi ge rnams kyi bkod pa!i sgo nas ñams su myo$ ba!i blo skye %i$ | de la gcig tu sna$ ba yod pa ma yin la dran pa ya$ ji ltar ñams su myo$ ba b%in skye bar !gyur %i$ de ya$ gcig par !dzin pa ma yin no %es b&ad pa ma yin nam | de la ga$ la tshig da$ $ag tha dad pa med par sna$ ba!i blo g%an ci %ig yod ce na | de la kha %ig ni ñams su myo$ ba da$ dran pa go rim b%in du skyes nas phyis !byu$ ba can gcig tu %en pa!i blo skye ba!i dba$ du mdzad nas de skad du b&ad par !dod do || dper na g%an dag sgra yis bsgos pa!ii sa bon can | tha ma!ii sgra da$ bcas par ni | yo$s smin skye ba can gyi ni | blo la mi$ dag $es par byed ces bya ba lta bu!o || de lta bur gyur pa!i blo!i dba$ gis kya$ phyi rol la tshig da$ $ag gi gcig pa ñid khas bla$s par rigs pa ma yin te | gcig tu sgro !dogs pa!i blo de ni !khrul pa ñid kyi phyir ro ||. «En vertu de ce qui se présente à la connaissance, on peut poser [à la fois] l!unité et la multiplicité [des mots et des phrases]. Parce que, étant donné qu!à la connaissance, le mot, etc., a la nature d!une représentation un[itair]e, un concept surimposant l!unité se produit, [on dit] que le mot et la phrase sont uns. [Objection:] D!abord, une connaissance expérientielle naît sur la base d!une série de phonèmes, mais celle-ci manque de représentation un[itair]e; puis, le souvenir naît à son tour selon l!expérience directe, mais ne [l!]appréhende pas non plus comme un: [cela,] ne l!avez-vous pas [expressément] affirmé? [Mais] dans ce cas, quelle est donc [cette] nouvelle connaissance où le mot et la phrase se présentent comme indivis? [Réponse:] Sur ce point certains, [tels les Grammairiens,] mettent [cela] en avant qu!une connaissance ultérieure adhérant à [leur] unité naît après qu!expérience directe et souvenir sont nés de façon successive, et acceptent de s!exprimer en ces
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes
179
sensorielles ne nous présentent pas d"éléments linguistiques intrinsèquement dotés de signification, mais notre pensée nous livre bel et bien des mots et phrases d"apparence unitaire. En d"autres termes, l"erreur du Spho!av"din consiste à réifier le concept du mot/ phrase un(itair)e; celle du Var#av"din, à nier une réalité d"expérience psychologique, celle de l"ekapad!disam!ropik! buddhi".
termes, [en disant] par exemple: $Quand l"idée, dont le germe a été produit par les résonances, arrive à maturité avec le dernier son, la parole est déterminée.# Mais il est injustifié d"admettre, sur la base d"une telle connaissance, que le mot ou la phrase sont uns à l"extérieur [de notre représentation], car la connaissance qui [en] surimpose l"unité est erronée.» Citation: VP I.86 (traduction BIARDEAU 1964: 127). Voir aussi PVSV% 436,22!27: tath! hi pade v!kye ca ucc!rita ekam ida# pada# v!kya# v! iti lokasya matir bhavati | tena yad ucyate | $aighry!d alp!ntaratv!c ca go$abde s! bhaved api | devadatt!di$abde%u sphu&o bheda" prat'yata iti | tad ap!stam | var(!nubhavottarak!lam ekapad!dhy!ropik!y! buddher utpatte" |. «C"est ainsi que lorsque un mot ou une phrase est prononcé, les gens ordinaires (loka) ont l"idée que le mot ou la phrase [en question] est un. Ce qu"a dit [Kum"rila] est donc rejeté[, à savoir:] $Cette [connaissance des paroles en tant qu"unes] est à la rigueur possible dans le [cas] du mot $go", tant en raison de la rapidité [avec laquelle on le prononce] qu"en raison de l"intervalle [très] court [qui sépare les deux phonèmes]; mais dans [le cas d"]un mot tel que $devadatta", on note une très nette différence.# [Cela est rejeté,] car au moment qui suit l"expérience directe des phonèmes, il naît une connaissance qui [leur] surimpose un mot [ou une phrase] un.» Citation: &V spho&a 121, avec variantes: alp!ctaratv!c ca; devadatt!di$abde tu; voir APPENDICE B.
Chapitre 6 Contre le phonocentrisme de Kum!rila 6.0. Dans PVSV 134,26!141,17, Dharmak"rti critique une seconde conception de l"énoncé. V!kya y consiste non plus dans un vecteur transphonétique de la signification, mais dans un ordre de succession ou série de phonèmes (var"!nup#rv$ v!kyam, PV I.259a). En reprenant de la sorte le fil de son contentieux avec la M"m!#s!, il s"adresse ici tout particulièrement à Kum!rila: l"ontologie phonocentrique développée par celui-ci dote en effet la M"m!#s! d"une notion définie de %abda dans sa permanence et sa révélabilité. Une part importante de l"effort polémique de Dharmak"rti consistera dès lors à exhiber l"impossibilité d"une révélation des entités permanentes. Les M"S$ et le %Bh ayant eux-mêmes élaboré plusieurs arguments en faveur de la permanence de %abda, Dharmak"rti ne s"en épargnera pas la critique (mais négligera les innovations sinon les relativisations qu"y apporte Kum!rila). La section se referme ! en fait: ouvre ! sur l"important excursus consacré à la démonstration de la périssabilité des choses (le second vin!%itv!num!na de PV I, voir pp. 201!203). On résumera comme suit la marche générale de la section1: si l"énoncé se définit un ordre de succession phonétique, cet ordre de succession pourra (1) soit consister dans les phonèmes eux-mêmes, (2) soit en être chose indépendante; dans la première hypothèse, l"ordre de succession pourrait être (1a) soit celui des phonèmes eux-mêmes (var"asvar#pakrama), (1b) soit celui de la révélation des phonèmes (var"avyaktikrama). Dans ce qui suit, seule nous intéressera la sous-hypothèse (1b), qui vise directement Kum!rila. Des (sous-)hypothèses rhétoriques (1a) et (2), on devrait pouvoir suivre aisément le traitement dans la traduction.
1
Voir en général APPENDICE E.
182
Introduction
6.1. L!ontologie phonocentrique de Kum!rila 6.1.1. Alors que le Spho"av!din définit la parole en termes d!accès à la signification (arthapratyaya, #V spho!a 3), la M$m!%s! entend la caractériser selon le seul critère de l!audibilité2: «Quand on dit gau", qu!est-ce que #abda? " Le Bienheureux Upavar&a dit: 'Ce sont le g, le au, et le visarga (").# En effet, dans l!usage courant le terme #abda est bien connu au sens d!un objet dont l!ouïe est l!organe d!appréhension. Or ces [phonèmes] ont l!ouïe comme organe d!appréhension.» Esquissée chez le V(ttik!ra et #abara, se réclamant des Anciens (v$ddha, #V spho!a 2), la doctrine est précisée et systématisée par Kum!rila. Contre les Grammairiens, ce dernier entend déterminer la nature de #abda par la seule perception (#V spho!a 3) et avec le sens commun (#V spho!a 5); selon lui, est #abda ce que discerne l!ouïe (#rotraparicchinna), que cela fasse ou non connaître la signification (ibid.)3: «Or seuls les phonèmes (var%a) [nous] sont connus sous leur forme propre par la connaissance auditive, indépendants les uns des autres.» On perçoit chacun de ces phonèmes en son entier (sakalam), ou pas du tout; pas plus qu!on ne perçoit de parties de phonèmes, l!inférence, l!Écriture ou l!analogie (upam&) n!y donnent accès (#V spho!a 10" 12). Strictement un (eka) donc, le phonème génère une connaissance unique (ekabuddhi, #V spho!a 15ab). Chez Kum!rila, le phonème est indivis (abhinna, ou «sans parties», anavayava), omniprésent (sarvagata), invariable, crédité d!une permanence réelle (k'!asthanitya) et non pratique (vyavah&ranitya, voir p. 189).4 La posi2
#Bh sous M$S) I.i.5/54,7"9 (F38,3"5): atha gaur ity atra ka" #abda" | gak&rauk&ravisarjan(y& iti bhagav&n upavar)a" | #rotragraha%e hy arthe loke #abda#abda" prasiddha" | te ca #rotragraha%&" |. Traduction BIARDEAU 1964: 178.
3
#V spho!a 9ac: paraspar&napek) ca #rotrabuddhy& svar'pata" | var%& ev&vagamyante.
4
Sur ces différents points, voir D!SA 1980: 117"118, et aussi APPENDICE B PVSV* 488,11"12 et 489,18"19, citant des strophes tirées peut-être de la (P B*). Sur la question difficile des rapports entre #abda et var%a dans la doctrine de Kum!rila, voir D!SA 1980: 118"122.
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila
183
tion se heurte pourtant à une difficulté majeure: comment expliquer les variations5 que présentent nos connaissances successives de tel ou tel phonème? Hormis celle de Kum!rila lui-même, deux solutions s"offrent à qui veut tenir compte de cette diversité empirique: dans une perspective réaliste ou nominaliste, poser des universaux réels ou fictifs dont chaque phonème serait une instance individuelle (ainsi tous les phonèmes «g» seraient-ils membre d"un genre gatva);6 avec les bouddhistes et les Vai"e#ika, admettre la production de la parole (les circonstances physiologiques et environnementales rendant compte des différences perçues). Dans $V spho!a 15cd64, Kum!rila s"efforce de démontrer qu"il ne saurait être postulé d"universaux (s"m"nya), genres (j"ti) ou familles (kula) de phonèmes; d"un côté, il montre que le modèle théorique universel/instances individuelles ne s"applique pas aux phonèmes; de l"autre, que 5
Variations: (1) de débit (druta, madhya, vilambita, $V spho!a 22 et 31, expliquées comme de pures déterminations extrinsèques ! parop"dhi); (2) de durée (en mores, m"tr": hrasva, d#rgha, pluta, $V spho!a 45!55); (3) de ton et d"accentuation (ud"tta, anud"tta, svarita, $V spho!a 56 et 61); (4) propres aux consonnes (vyañjana, expliquées comme les «colorations» ! anur"ga ! diverses qu"amènent dans le mot, et non à l"état isolé ! kevala !, les voyelles environnantes, $V spho!a 30). Mentionnons encore ($V spho!a 57!58ab), recouvrant ou non les précédentes, des différences de «douceur» (m$dutva), d"«intensité» (t#vratva), de «vitesse» (%#ghratva). NR% 370,31 résume: drut"dihrasv"dyud"tt"dibheda° (voir aussi TSP 598,24). PVSV& 498,26!29 et 499,14!17 citent $V spho!a 22!23 et 50!51, indirectement ou directement PVSV& liés à ce problème (voir APPENDICE B). Dans tout ce passage (P 498,20!499,19), Kar'akagomin critique la position de Kum!rila en la matière.
6
Dans $V spho!a 25!26, Kum!rila explicite ce qui le sépare de son adversaire: tvay"pi vyañjakavyaktibhed"d bhedo !bhyupeyate | mam"pi vyañjakair n"dair bhedabuddhir bhavi&yati || tena yat pr"rthyate j"tes tad var'"d eva labhyate | vyaktilabhya( ca n"debhya iti gatv"didh#r v$th" ||. «Tu admets que la différence procède de la différence [propre] aux individus révélateurs; pour moi, la connaissance d"une différence tiendra aux sons bruts révélateurs. Donc ce qu"on obtient [de ton côté] par le genre, on l"obtient [chez moi] du seul phonème, et ce que permet d"obtenir l"individu, [je l"obtiens] des sons bruts: donc l"idée d"un [genre de phonèmes] tel que gatva est superflue.» Voir BIARDEAU 1964: 49!50 et ELTSCHINGER 2001b: 253!254n. 43.
184
Introduction
toutes les variations perceptibles se rapportent en dernière analyse aux seuls sons révélateurs, et non aux phonèmes révélés. Il n!est donc ni universaux ni ressemblance entre des phonèmes individuellement différents: c!est toujours un même et unique phonème que nous connaissons. Une impression trompeuse (bhr!nti, !V spho"a 44) est responsable de que nous attribuons erronément au phonème un les propriétés des sons multiples qui le révèlent.7 6.1.2. Une telle ontologie exige que notre connaissance de la parole procède d!une révélation/manifestation (vyakti/abhivyakti) plutôt que d!une production (utpatti). Si la stratégie paraît inspirée du spho"av!da, la description de la manifestation emprunte au Vai"e#ika8: «[Puisque le fait est perceptible,] il est indubitable que l!air abdominal, frappé par l!effort [articulatoire], s!en va [vers l!extérieur], et [que ce faisant,] il se prête à conjonction et disjonction avec [des organes phonatoires] tels que le palais. Et puisque[, tel une flèche,] il possède une [certaine] impulsion, il [ne s!étend pas à 7
De même (!V spho"a 41) les gens dont l!esprit est affecté par un trouble bileux (pittado#e$a bhr!ntacetasa%) appréhendent-ils comme amer (tiktar&pe$a) un objet suave (madhura), comme jaune (p'ta) un objet blanc ((veta); de même (!V spho"a 42) les gens qui courent ou sont embarqués dans un bateau (dh!vanto n!vy!r&)h!( ca) perçoivent-ils les montagnes comme se déplaçant (gacchat) ou s!agitant (bhramat) sous l!effet du mouvement (vega) ou de l!agitation (bhrama); de même (!V spho"a 43ab) les gens dont les yeux sont oints d!excrétions de crapaud (ma$)&kavasay! akt!k#!%) voient-ils des serpents (uraga) au lieu de bambous (va*(a).
8
!V (abdanityat! 121cd"124: prayatn!bhihato v!yu% ko#"hyo y!t'ty asa*(ayam || sa sa*yogavibh!gau ca t!lv!der anurudhyate | vegavattv!c ca so !va(ya* y!vadvega* prati#"hate || tasy!tm[!]vayav!n!* ca stimitena v!yun! | sa*yog! viprayog!( ca j!yante gaman!d dhruvam || kar$avyomani sa pr!pta% (akti* (rotre niyacchati | tadbh!ve (abdabodh!c ca sa*sk!ro !d+#"a i#yate ||. Le passage est cité TS n°2176cd"2179, PVSV$ 479,23 et 502,26"31 (voir APPENDICE B), et commente !Bh sous M%S& I.i.13/95,5"7 (voir n. 12, p. 186). TSP 604,9"19 se révèle ici beaucoup plus riche et utile que NR' 538,20"539,10. Le processus de production des sons révélateurs et de manifestation de (abda est décrit dans D!SA 1980: 122"123. Là où Kum(rila décrit la production des dhvani/n!da et la manifestation de la parole permanente, Pra"astap(da (PDhS §§320"321) décrit la production de var$a impermanents (doctrine du Vai"e#ika dans FRAUWALLNER 1973: II.170"171).
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila
185
l"espace entier, mais] dure tant que [dure cette] impulsion. Et [il est tout aussi bien] assuré qu"en raison de sa course, des conjonctions et séparations se produisent entre ses propres particules et l"air stagnant [alentour]. Ayant atteint l"éther [sis à l"intérieur] de l"oreille, il impartit à l"ouïe une [certaine] capacité; et puisqu"on [ne] connaît la parole [que] si ces [conjonctions et disjonctionsTSP] existent, on admet une disposition invisible [de l"ouïe].» Le processus mobilise plusieurs facteurs, parmi lesquels les sons bruts (dhvani, n!da), particules d"air diversement disposées (sa"sk#ta) par l"appareil phonatoire et poussées par leur élan dans l"air environnant, et la disposition (sa"sk!ra, sa"sk#ti) de l"éther auditif que produisent ces sons bruts. Les sons émis, inscrits dans l"espace et le temps, confèrent à l"organe auditif la convenance (yogyat!) ou capacité ($akti), ainsi spatio-temporellement limitée, de percevoir la parole.9 Les sons bruts, instruments instantanés,10 sont les causes de la révélation de la parole ($abd!bhivyaktihetu, "V $abdanityat! 45); leur échoit toute la relativité de notre expérience de la parole: séquentialité, limitation spatio-temporelle, partition, intensité, volume, durée, débit.11 Quant à la disposition, suprasensible (at%ndriya) et postulée par présomption (anyath!nupapatti, "V $abdanityat! 126), elle est elle aussi la cause de ce que nous percevons la parole ($abdagraha&ak!ra&a, "V $abdanityat! 130): l"ouïe qui n"a 9
"V spho'a 59 les dit «causes de la production des dispositions» (sa"sk!rotp!danahetava().
10
"V $abdanityat! 41: k)a&ika" s!dhana" c!sya buddhir anuvartate | megh!ndhak!ra$!rvary!" vidyujjanitad#)'ivat ||. «Et [notre] connaissance de la parole aussi obéit à un instrument instantané, à la façon dont la vision naît [subitement] par le fait d"un éclair au c#ur d"une nuit assombrie par les nuages.»
11
Noter, parmi des centaines d"autres références possibles, "V $abdanityat! 221ab: eva" d%rgh!daya( sarve dhvanidharm! iti sthitam |. «Ainsi est-il acquis que les [variations de] longueur, etc., sont les propriétés des [seuls] sons bruts[, non des phonèmes].» Noter aussi "V spho'a 23: tenaikatvena var&asya buddhir ekopaj!yate | vi$e)abuddhisadbh!vo bhaved vyañjakabhedata( ||. «Donc en tant que le phonème est un, la connaissance [qui en] naît [est strictement] une; que réellement l"on saisisse une différence doit donc provenir du [seul] révélateur.»
186
Introduction
pas été disposée (sa!sk"ta) à cet effet ne perçoit pas la parole. La parole-phonème une, permanente et omniprésente, est donc révélée par un son brut multiple, instantané et localisé12: «Mais puisque [pour être connue la parole] dépend des sons bruts révélateurs, on l!appréhende en leur [seule] localisation, et les sons bruts n!ont pas la capacité de couvrir l!espace entier; donc on ne perçoit pas partout la [parole] sous une forme ininterrompue: les sons bruts occupant des lieux spécifiques, [notre] audition s!y conforme " Et puisque les [sons bruts n!]occupent [qu!]un petit espace, la notion de la parole n!est pas omniprésente; mais puisque [ces sons bruts] ont un mouvement (gati) et un élan [propres], l!auditeur croit que (iva manyate) la parole vient de là où viennent ces [sons bruts].» 6.1.3. Selon Kum!rila, le signifiant est d!abord le mot (pada), lequel consiste en une séquence (ou série, [ordre de] succession: krama, #nup$rv%, #nup$rvya, racan#) particulière de phonèmes13: ce n!est que révélés dans une séquence déterminée par une série de sons bruts, que les phonèmes informent de la signification (prati12
"V &abdanityat# 172#175 (174ab excepté): vyañjakadhvanyadh%natv#t tadde&e tu sa g"hyate | na ca dhvan%n#! s#marthya! vy#ptu! vyoma nirantaram || ten#vicchinnar$pe'a n#sau sarvatra g"hyate | dhvan%n#! bhinnade&atva! &rutis tatr#nurudhyate ! te(#! c#lpakade&atv#c chabdasy#vibhut# mati) || gatimadvegavattv#bhy#! te c#y#nti yato yata) | &rot# tatas tata) &abdam #y#ntam iva manyate ||. Voir aussi "Bh sous M#S$ I.i.13/95,5#8: abhigh#tena hi prerit# v#yav#) stimit#ni v#yvantar#'i pratib#dham#n#) sarvatodikk#n sa!yogavibh#g#n utp#dayanti | y#vadvegam abhiprati(*hante ! anuparate(v eva te(u &abda upalabhyate na uparate(u |. «Stimulées par l!impact, les particules d!air (v#yava)) produisent des conjonctions et disjonctions omnidirectionnelles en heurtant d!autres particules d!air stagnantes, et se prolongent tant que [dure leur] impulsion " On ne perçoit la parole que tant que ces [conjonctions et disjonctions] n!ont pas cessé, [mais on ne la perçoit] pas une fois qu!elles ont cessé.» Selon "V &abdanityat# 121ab, c!est là la position des &rotriya (= at#rkika, TSP 604,8).
13
Sur ce point, voir D!SA 1980: 135#138, dont, p. 136: «[T]he padam cow is made up of similar dhvani-s used in the same sequence manifesting the same syllables in order to reveal the same meaning.» Sur le abhihit#nvayav#da de Kum!rila, voir D!SA 1980: 166sq et KUNJUNNI RAJA 1963: 203#213; professions de foi dans "V &abdanityat# 109 et v#kya 110#111, 228#229.
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila
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p!daka, prak!"aka, praty!yaka, avabodhaka). N"en déplaise au Spho"av!din, les phonèmes ont donc bel et bien la capacité de donner accès à la signification, et ce moyennant la réunion de certaines conditions (parmi lesquelles l"unité de locuteur, la suffisance numérique ou l"ordre déterminé de succession).14 La permanence réelle des phonèmes ne garantit toutefois pas la permanence du mot comme corrélat, ainsi que s"emploie à le démontrer une objection d"inspiration spho#av!din15: le signifiant est 14
#V spho#a 68cd: te$!m [= var%!n!m] asti hi s!marthyam arthapraty!yana& prati |; #V spho#a 70ab: te$!& tu gu%abh't!n!m arthapraty!yana& prati |. Sur les conditions de ekakart(tva, any'n!dhikatva et kramavi"e$atva, voir #V spho#a 70cd et NR$ 373,26!27.
15
#V "abdanityat! 278!283: nanv !nup'rvyanityatv!d anityo v!cako bhavet | pada& v!cakam i$#a& hi kram!dh)n! ca tanmati* || var%!* sarvagatatv!d vo na svata* kramav(ttaya* | anityadhvanik!ryatv!t kramasy!to vin!"it! || puru$!dh)nat! c!sya tadvivak$!va"!d bhavet | var%!n!& nityat! tena ni$phal! param!%uvat || yath! saty a%unityatve gha#e tadracan!tmake | na nityataiva& var%e$u nitye$u padan!"it! || na ca kram!d vin! var%! vijñ!t!* pratip!dak!* | kramasyaiva padatva& vas tasm!d eva& prasajyate || pada& var%!tirikta& tu ye$!& sy!t kramavarjitam | te$!m ev!rthavaty e$! "abdanityatvakalpan! ||. «[Objection:] Puisque l"ordre de succession est impermanent, le signifiant doit être impermanent [lui aussi]. Le signifiant, en effet, on admet que c"est le mot; or [notre] connaissance du [mot] repose sur la série. Les phonèmes, puisqu"ils sont selon vous omniprésents [et permanents], ne subsistent pas en série par eux-mêmes. Puisqu"elle est l"effet de sons bruts impermanents, la série est donc périssable; et la [série] ne saurait que reposer sur l"homme puisqu"[elle procède] de sa [seule] intention (vivak$!). Par conséquent, la permanence des phonèmes est stérile, comme [l"est celle] des atomes. De même qu"une cruche, qui consiste [pourtant] dans un [certain] arrangement d"[atomes], n"est [nullement] permanente malgré que les atomes [eux-mêmes] soient permanents, de même le mot périt-il [même] s"[il se compose de] phonèmes permanents. De plus, les phonèmes ne communiquent pas [de signification dès lors] qu"on [les] connaît indépendamment (vin!) d"une série [donnée]: ainsi s"ensuit-il donc que pour vous [M%m!&saka], la série seule est le mot. Mais [chez ceux] pour qui il existerait, franc de [toute] série, un mot séparé des phonèmes, chez ceux-là seuls [donc], postuler la permanence de la parole est utile.» #V "abdanityat! 279cd!280ab est cité PVSV' 490,12!13 (voir APPENDICE B), et défendu par Kar(akagomin dans PVSV' 490,10!17.
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impermanent car l!ordre de succession est périssable, qui naît de sons impermanents et procède de l!arbitraire humain. Poser la permanence des phonèmes ne prémunirait donc pas contre l!impermanence du mot et sa dépendance par rapport à l!homme: que les atomes soient permanents ne rend pas la cruche permanente. Selon Kum!rila, le mot ne se limite pas à l!ordre de succession, car on ne voit pas que cet ordre de succession révèle la signification sans reposer sur quelque autre entité (vastu), les phonèmes16: la permanence réelle des phonèmes assure la possibilité même de la séquence (celle-ci serait sinon sans fondement, nirm!la). Reste à déterminer si les phonèmes possèdent l!ordre de succession (kramopeta) au titre d!une propriété (dharma), ou si l!ordre de succession est une entité indépendante des phonèmes mais prenant appui sur eux (var"#$raya). La réponse est sans ambiguïté17: «On n!admet pas que cette [série], simple propriété des [phonèmes], soit une entité distincte [des phonèmes]. Par conséquent, [ce n!est que] connus de cette façon[, dans un ordre de succession donné, que] les phonèmes peuvent donner à comprendre [la signification].» L!ordre de succession est donc une propriété des phonèmes; mais de l!analogie avec les atomes et la cruche, faut-il conclure avec l!adversaire que l!arrangement des phonèmes est produit ou périssable? Non. Pour en montrer la permanence, Kum!rila recourt à la structure mimétique de l!apprentissage linguistique18: «Quant à la série, elle n!est 16
"V $abdanityat# 285ab: dvaye saty api ten#tra vijñeyo !rthasya v#caka% |. «[Ce n!est que] si toutes deux existent [que la série,] alors connaissable par [le biais de] cette [autre entité dont elle dépend], exprime la signification.»
17
"V $abdanityat# 286cd"287ab: dharmam#tram asau te' na vastvantaram i&yate || ittha' prat(yam#n#% syur var"#s ten#vabodhak#% |. Le passage est cité PVSV# 487,21"22 (voir APPENDICE B).
18
"V $abdanityat# 287cd"290ab: na ca kramasya k#ryatva' p!rvasiddhaparigrah#t || vakt# na hi krama' ka$cit sv#tantrye"a prapadyate | yathaiv#sya parair uktis tathaivaina' vivak&ati || paro !py evam ata$ c#sya sambandhavad < an#dit#PVSVT> | tenaiva' vyavah#r#t sy#d akau)asthye !pi nityat# || yatnata% prati&edhy# na% puru"#' svatantrat# |. Comparer "V spho)a 71; le passage est partiellement cité PVSV# 487,21"26 et 490,19"22 (voir APPENDICE B), et dûment critiqué par Kar$akagomin dans PVSV# 490,18"29.
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pas un produit car [chaque locuteur] se conforme à la [série telle qu"elle était déjà] précédemment établie. En effet, aucun locuteur ne forme la série de façon autonome[, à son seul gré]: il ne désire la prononcer qu"à la façon dont d"autres l"ont prononcée [par le passé], et de même [en va-t-il de tout] autre [locuteur]. Par conséquent, la [série] est sans commencement [dans le temps], à l"instar de la relation [entre la parole et sa signification]. Ainsi donc est-ce en vertu de l"usage que [la série] peut être permanente[, et ce] malgré qu"elle ne soit pas immuable[ment permanente] (akau!asthye !pi). Il faut à notre avis dénier avec énergie [toute] autonomie aux hommes[, de peur que ceux-ci soient source d"autorité en lieu et place du Veda].» 6.1.4. Sur un plan ontologique, les deux corrélats extralinguistique (artha) et linguistique ("abda), le genre et les phonèmes, sont k#!asthanitya, «permanents-immuables»; quant à la relation et aux mots, qui s"apprennent mimétiquement (< dar"ana), ils sont vyavah$ra°/an$dinitya, «permanents-éternels». Sur un plan pragmatique, l"appareil phonatoire produit en ordre défini des sons périssables qui, en «formatant» la faculté auditive, révèlent des phonèmes permanents; sur la base d"une relation permanente (révélée par des conventions), la séquence des phonèmes révélés (le mot) fait connaître la signification (genre et individu). 6.2. Dharmak"rti sur la révélabilité des entités permanentes 6.2.1. Dans PV I, les adversaires de Dharmak"rti défendent on l"a vu la permanence (nityat$) de diverses entités (pseudo-entités pour Dharmak"rti): genres et universaux (j$ti, s$m$nya) pour les Naiy!yika, Vai#e$ika ou M"m!%saka, relation entre parole et signification ("abd$rthasambandha) pour les M"m!%saka et les Grammairiens, spho!a pour les Grammairiens, phonèmes (var%a = "abda) pour les M"m!%saka encore. Pour ces entités, ils revendiquent une connaissance par révélation ou manifestation (vyakti, abhivyakti): inaltérables (avik$rya, avik$rin), ces entités ne sauraient être produites ou causées pour être connaissables. En revendiquer la révélabilité présente donc l"avantage de n"en pas compromettre la permanence. Ces écoles demandent à des révélateurs (vyañjaka) d"as-
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surer la connaissabilité intermittente (i.e. limitée dans l!espace et dans le temps) des entités permanentes (dites alors vya!gya, «révélables»): instances individuelles ("#raya) ou inhérence (samav"ya) pour les universaux réels, corrélats (sambandhin) pour la relation, sons bruts (n"da, dhvani) pour le spho$a et pour les phonèmes. Qu!est-ce qu!un révélateur? Commençons par une interprétation intuitive ordinaire19: «Il est [communément] établi dans le monde [qu!]à l!exemple de [choses] telles qu!une lampe, un révélateur [est ce qui], par le biais de la connaissance [qu!on a] de lui, est la cause de la connaissance d!un autre, sous réserve que cet [autre] soit établi avant [l!opération du révélateur].» L!exemple est classique: ce n!est qu!à la faveur de notre connaissance de la lumière ([pra]d%pa, «lampe») que nous connaissons la cruche (gha$a) fabriquée jadis par l!opération (vy"p"ra) d!un potier (kul"la). Dans cette interprétation intuitive de la révélation, on appelle «révélateur» ce qui fait percevoir une entité préexistant à sa révélation (*siddhopalambhaka). De là on extrait aisément la situation qui par contraste définit l!agent (k"raka)20: «En revanche, [les entités] qui font percevoir un [objet qui n!était] pas établi [avant leur propre opération, celles-ci] ne sont que des agents, comme le potier notamment [l!est] à l!égard de la cruche, etc.» On appelle donc «agent» ce qui donne à percevoir (les conditions générales d!une perception étant remplies par ailleurs) une entité préalablement inétablie (asiddhopalambhaka).
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PVSV 137,14"15: svapratipattidv"re&a anyapratipattihetur loke vyañjaka' siddha' | d%p"divat | sa cet pr"k siddha' sy"t |. Voir aussi PV I.262ac1: svajñ"nen"nyadh%hetu' siddhe !rthe vyañjako mata' | yath" d%pa'. «A l!exemple de la lampe[, qui nous fait connaître une cruche déjà fabriquée par un potier], on tient pour un révélateur [l!objet qui,] par la connaissance [que l!on a] de lui, est la cause de [notre] connaissance d!un autre dès lors que [cet autre] objet [avait déjà été] établi [par un agent].»
20
PVSV 137,17"18: ye punar asiddhopalambhan"' k"rak" eva kul"l"divad gha$"dau |. PVSV! 494,28 porte asiddhopalambhak"', forme que j!adopte par commodité dans mon exposé.
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Mais dans une ontologie instantanéiste, que peuvent bien signifier des expressions telles que «préexistant» ou «préalablement établi»? A la suite de l"un des passages cités ci-dessus, Dharmak"rti déclare21: «[Si nous disons: #sous réserve que cet autre soit établi avant#, c"est] parce qu"un instant homogène de la cause matérielle doit être établi [avant l"opération du révélateur, et] non parce que [devrait être établie] la propriété supplémentaire qui est la cause de la connaissance, car la[dite propriété supplémentaire] a [justement] pour condition le complexe [causal] du [révélateur].» Dans le continuum (sant!na ou santati, l"up!d!na ou «cause matérielle») de la cruche, une phase (k"a#a) de cruche inapte à générer une connaissance de soi-même préexiste à l"opération du révélateur. Entre l"instant où elle était plongée dans l"obscurité (andhak!r!vasthita) et celui où la lumière la révèle, la cruche a changé: elle est passée d"un état (avasth!) d"incapacité à produire une connaissance de soi, à un état où elle en est capable. La lumière a affecté le continuum: elle l"a doté d"une propriété supplémentaire (ati$aya, vi$e"a), d"une convenance (yogyat!) ou capacité (s!marthya, $akti) à générer la connaissance (vijñ!najanana, °utpatti, °utp!dana). En d"autres termes, la lampe «apporte une aide» (upakaroti) à la cruche, en est l"auxiliaire/adjuvant (upak!raka, upak!rin), lui confère (!DH%) une propriété supplémentaire: elle intervient à titre de cause coopérante (sahak!rin) dans la production d"une nouvelle phase instantanée de cruche. Si la lampe produit un nouvel état de la cruche, c"est qu"elle en est la cause, l"agent. La révélation se résout donc dans la causalité ordinaire22: «Même d"[entités] telles que les cruches[, voilà ce que] 21
PVSV 137,15!17: sam!naj!t&yop!d!nak"a#asiddhe' | na tasya eva ati$ayasya jñ!naheto' | tasya tats!magr&pratyayatv!t |.
22
PV I.234!235a: jñ!notp!danahet(n!) sambandh!t sahak!ri#!m | tadutp!danayogyatvenotpattir vyaktir i"yate || gha*!di"v api yuktijñai'. Par «réunion», il ne faut entendre que la comprésence des causes en un lieu donné (sambandha glosé yogyade$!vasth!na dans PV$ P316b1/D264b4 = PVSV$ 423,6 = Vibh. 372n. 1). Voir aussi PVSV 117,6!7: sahak!ri#a' sak!$!d up!d!n!pek"!j jñ!najananayogyak"a#!ntarotpattir eva gha*!d&n!m abhivyakti' |. «La manifestation d"[entités] telles que les cruches n"est [autre] que la produc-
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les experts en argumentation rationnelle admettent [être] la révélation: que, grâce à la réunion (sambandha) des causes coopérant à la production d!une connaissance, [ces entités] se produisent en tant que convenant à produire cette [connaissance d!elles-mêmes].» Une entité est dite «révélable» lorsqu!elle dépend (apek!", anurodha, etc.) d!un autre pour produire une connaissance; or «dépendre d!un autre», c!est pour Dharmak!rti recevoir de cet autre la propriété supplémentaire qui permet de produire un effet.23 D!une entité révélable, voici la meilleure caractérisation24: «Par consétion, grâce à la présence d!un coopérant qui dépend de la cause matérielle [qu!est la phase précédente de la cruche], d!une nouvelle phase convenant à générer une connaissance de soi-même].» Sur ce point, voir encore la mise au point de Kar"akagomin dans PVSV# 500,26"31. Ici peut survenir l!objection suivante (PVSV 73,1; selon PV# P199b5/D174a3"4 = PVSV# 288,17, l!adversaire veut montrer la spéciosité " vyabhic"ra " de l!affirmation «janaka eva vyañjaka» [PV# P199a3"4/D173b2 = PVSV# 287,22]): si révéler revient à produire, comment expliquer qu!on dise de la fumée (dh#ma) qu!elle «révèle» le feu (agni, vahni), ou d!un héron (bal"ka) qu!il «révèle» l!eau (salila, PV# P199b6/D174a4"5 = PVSV# 288,18"19)? La réponse de Dharmak!rti (PVSV 73,2"7) fait ressortir un élément important demeuré implicite jusque-là: la fumée ne rend pas le feu capable de générer directement (s"k!"t = m$on sum du) une connaissance de soi-même, ne permet pas une connaissance perceptive (pratyak!a) du feu particulier (agnisvalak!a%a). La connaissance du feu par la fumée est médiate ou indirecte (paramparay"), ressortit à l!inférence, repose sur un indice inférentiel d!ordre conceptuel-mnésique. Donc pour qu!il y ait révélation de plein droit, il faut que le révélateur confère au révélable la capacité de générer directement, perceptivement, une connaissance de soi-même. Sur le passage ici impliqué, voir n. suivante. 23
PV I.146: vijñ"notpattiyogyatv"y"tmany any"nurodhi yat | tad vya$gya& yogyat"y"' ca k"ra%a& k"raka& matam ||. «[L!entité] qui[, telle une cruche,] recourt à [quelque chose d!]autre afin de convenir à produire une connaissance de soi-même, celle-ci [est reconnue comme] révélable; et [ce qui, telle une lampe, est] la cause de [cette] convenance, on [le] tient pour agent [de ce révélable].» PV I.146"147 a été traduit par FRAUWALLNER (1933: 72) et par VETTER (1964: 103); PVSV ad loc. a été traduit par VETTER (1964: 102" 103), et a fait l!objet d!une paraphrase limpide par FRAUWALLNER (1933: 72"73). Sur le contexte général du passage, voir VETTER 1964: 98"110.
24
PVSV 117,12"15: tad ime svavi!ayajñ"najanane param apek!am"%"s tata( svabh"v"ti'aya& sv)kurvanti | tena asya te jany"( | jñeyar#p"s"dan"t tu jñ"-
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quent, dépendant d"un autre afin de générer une connaissance d"elles-mêmes (svavi!aya), ces [entités révélables] font leur une propriété supplémentaire de [leur] nature propre grâce à cet [autre]; donc les [entités qu"on tient pour révélées ne sont en fait que] des produits de cet [autre]. Mais puisqu"elles acquièrent [d"un révélateur] une nature connaissable, on dit, d"un mot exprimant la spécificité de l"effet sous le rapport de la connaissance, [qu"elles sont] "révélables#, afin de signaler [leur] différence [par rapport à des effets dont la connaissance ne se saisit pas nécessairement].» Un révélateur est donc un agent produisant dans une entité autre que lui la capacité de générer une connaissance perceptive directe de soi-même (modèle up"d"n"pek!am!siddhopalambhaka, exemple: lampe/cruche), ou un agent produisant une entité capable de générer une connaissance perceptive directe de soi-même (modèle nava#ena k"ry"ti#ayav"cin" #abdena vi#e!akhy"tyartha$ vya%gy"& khy"pyante |. Voir aussi PVSV 72,19!23: na khalu vai k"rak"d vyañjakasya ka#cid bheda& | svavi!ayavijñ"notp"danasamartham apara$ saj"t'yop"d"n"pek!am anapek!a$ v" janayan bh"vam eva vyañjaka ucyate | paratra tu jñ"najanana#aktir an"k!ipt" janyasya iti jananam"tre(a k"rakatvam |. «Il n"est assurément aucune différence entre révélateur et agent. [Simplement,] on appelle un "révélateur# [l"entité] générant une autre entité qui, capable de produire une connaissance d"elle-même (svavi!aya), soit dépend d"une cause matérielle de même type, soit n"[en] dépend pas. Mais étant donné qu"ailleurs[, i.e. dans le cas de ce qu"on tient ordinairement pour un agent], la capacité de générer la connaissance n"est pas impartie au produit (janya), [on considère que la cause] est un agent car [elle] se limite à générer.» Explication, PV# P199a5!6/D173b3!4 = PVSV# 287,23!24: na hi svavi!ayavijñ"najananasamartham eva k"rya$ k"rake(a b'j"din" janyate |. «En effet, un agent tel qu"un germe ne génère pas un effet [tel qu"il] ne puisse que générer une connaissance de soi-même.» Ici, la nouvelle entité générée peut dépendre (cas de la cruche) ou non (cas de la parole) d"une cause matérielle. L"affirmation contredit-elle la distinction intuitive/ordinaire entre révélateur siddhopalambhaka et agent asiddhopalambhaka? Non, car dans la mesure où la révélation n"est ultimement qu"un aspect de la production, la distinction tombe. L"expression «révélateur notifiant une entité préalablement établie» est synonyme de l"expression «agent produisant une phase capable en dépendance d"une cause matérielle»; de même l"expression «agent notifiant une entité préalablement inétablie» est-elle synonyme de l"expression «agent produisant une phase capable indépendamment d"une cause matérielle.»
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up!d!n!napek"am!asiddhopalambhaka, exemples: potier/cruche, appareil phonatoire/parole). 6.2.2. On peut poser ainsi le problème de la révélabilité des entités permanentes: soit une entité permanente est d!une nature propre productive (#akta, samartha, litt. «capable», «efficiente»), soit elle est d!une nature propre improductive. Dans la première hypothèse, elle produira son effet en permanence (nityam, sarvad!); dans la seconde, elle ne le produira jamais (na sarvad!, na kad!cit). Or il est de fait que nous n!avons de ce type d!entités qu!une connaissance intermittente: toute personne ne connaît pas partout et toujours tout universel ou toute parole! Deux solutions s!offrent alors à l!avocat de la permanence. Première solution: en tant que l!entité permanente est manifestée par des révélateurs limités dans l!espace et le temps (de#ak!l!diniyata), on ne la connaît pas en permanence. Mais en tant qu!elle est permanente, répond Dharmak!rti, une entité est indépendante (anapek"a) de tout coopérant, ne peut en recevoir ni propriété supplémentaire (an!dhey!ti#aya) ni «aide» (anupak!rya). Or dans la révélation, un agent (le «révélateur») génère dans le continuum d!une entité la phase efficace à produire la connaissance, impliquant de fait une nouvelle (antara, ap$rva) nature propre, un changement. La révélation d!une entité permanente est donc impossible25: «C!est pourquoi les objets qui, générant une connaissance [d!eux-mêmes] par une aptitude (upayoga) [à le faire] directement, dépendent d!un autre à cette [fin], ceux-ci obtiennent nécessairement de cet [autre] la nature [qui le leur permet]. Or [étant donné qu!il est selon vous] permanent, l!universel n!obtient de rien la nature [qui lui permettrait de générer une connaissance présentant son aspect]; rien ne peut donc révéler cet [universel].» La même conclusion s!applique à des entités telles que le genre et la relation (j!tisambandh!di), à la parole (#abda, notamment entendu comme 25
PVSV 73,7"11: tasm!d ye vi"ay!% s!k"!d upayogena vijñ!na& janayantas tatra param apek"ante te "va#ya& tata !tm!na& pratilabhante | na ca ayam !tmapratilambha% s!m!nyasya nityasya kuta#cit sambhavati | tasm!n na tat kenacid vya'gyam |.
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spho!a) et aux phonèmes26: sous peine de changer, une entité permanente ne peut acquérir (pratilambha) de rien la propriété supplémentaire qui lui permettrait de générer une connaissance d"ellemême.27 Deuxième solution: une obstruction ("vara#a) limitée dans l"espace et le temps entrave la nature productive de l"entité permanente.28 Mais pour qu"une obstruction nous interdise la connaissance d"une telle entité, fait observer Dharmak"rti, il faudrait qu"elle en supprime (kha#$ayati) ou retire (tirask"ra) la capacité; en d"autres termes, il faudrait que cette obstruction exerce une action (ki%citkara) sur l"essence de l"entité, qu"elle lui apporte une propriété supplémentaire (ati&ayotp"dana, ati&"yayati). Or une obstruction telle qu"un mur (ku$ya) n"exerce aucune action (aki%citkara) sur une cruche ! à moins que la causalité ne soit vraiment inconcevable (acintya) aux êtres de perception limitée (arv"gdar&in), à qui n"est pas omniscient (asarvavid).29 A la différence des entités supposées permanentes, les entités instantanées (k'a#ika) ne gardent pas une seule et unique nature propre (ekasvabh"v"nuv(tti), mais changent 26
Voir resp. PVSV 117,15!16, PV I.252cd + PVSV 131,16!21, PVSV 136,13! 15.
27
Intervient régulièrement l"hypothèse selon laquelle la convenance ou capacité à générer produite par le révélateur est chose différente (arth"ntara, parabh)ta) de l"entité elle-même: l"adversaire espère ainsi en préserver l"inconditionabilité. L"hypothèse ne résiste pas à l"analyse: si la convenance à générer la connaissance était chose différente de l"entité, on ne percevrait que cette convenance, et jamais l"entité elle-même (voir PVSV 72,25!26 et PVSV 117,9!11).
28
La problématique de l""vara#a avait elle aussi été (très sommairement) traitée dès les NS (II.ii.18!21). L"objection soulevée par Gautama (reprise sans grand développement par Pak#ilasv!min et Uddyotakara) est qu"on ne perçoit pas (anupalabdhi) d"obstruction. Tout le débat de NS II.ii.19!21 porte sur la question de savoir si de cette non-perception on peut tirer l"inexistence de l"obstruction (ce qu"admet le Naiy!yika [NBh 110,17!111,1: yad upalabhyate tad asti, yan na upalabhyate tan na asti ity anupalambh"tmakam asad iti vyavasthitam |], et que refuse bien sûr le M"m!$saka).
29
Voir PVSV 130,24!131,10.
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de phase en phase.30 Il est donc possible d!affirmer que toutes les phases d!une cruche ne sont pas aptes à produire une connaissance d!elles-mêmes.31 Pour que la cruche génère une connaissance d!elle-même, il faut la comprésence de divers coopérants en un lieu adéquat (yogyade!"vasth"na), que ces coopérants forment un complexe causal en un lieu où rien ne s!interpose entre eux (condition de l!avyavadh"nade!ayogyat").32 Si tel est le cas, ces coopérants génèrent une phase capable de produire la connaissance; mais si quelque chose vient à s!interposer, la condition d!adéquation du lieu n!est plus satisfaite, et la connaissance ne se produit pas. L!interposition d!un mur entre la cruche et la faculté sensorielle n!est que l!absence du complexe causal nécessaire à la coproduction d!une phase efficace. N!exerçant aucune action, une obstruction ne saurait donc aliéner sa capacité à une entité permanente: cette entité restera capable de générer la connaissance même en présence de l!obstruction supposée. On voit donc sans peine tout le bénéfice que peut retirer Dharmak!rti de sa réduction de la révélation à la production: ou bien une entité est permanente et donc non révélable (sa nature propre étant immuable), ou bien une entité est révélable et donc impermanente (puisque son révélateur lui aura conféré une propriété supplémentaire).33
30
Voir PV" P358b6"7/D296b3"4 = PVSV" 473,17.
31
Voir PVSV 130,17"24.
32
Sur ce point, voir STEINKELLNER 1967b: 131 (n. 52).
33
Dharmak!rti ne se satisfait pas de cette réfutation positive. Dans PVSV PVSV 138,30"141,7, il concède provisoirement la révélabilité de la parole (P 138,30"139,2), et invite son adversaire à choisir entre trois concepts alternatifs (vikalpa) d!une révélation par les organes phonatoires: celle-ci pourrait consister (1) dans l!obtention par la parole d!une propriété supplémentaire (ati!ayavatt", ati!ayotpatti); (2) dans la levée d!une obstruction ("vara#avigama) à la perception de la parole; (3) dans la simple connaissance (vijñ"na, buddhi) de la parole. Ces trois hypothèses sont respectivement traitées dans PVSV 139,2"3, PVSV 139,4"140,24 (où 139,23"140,24 constitue un excursus consacré à M!S# I.i.18 et 20: voir pp. 197"203) et PVSV 140,25"141,7.
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila
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6.3. Contre deux arguments m!m"#saka en faveur de la permanence 6.3.1. Dans PV I.266 et PVSV:140,3!14 et 18!20, Dharmak"rti s"en prend à un argument célèbre en faveur de la permanence de la parole: explicitement depuis #abara, la M"m!$s! invoque un raisonnement fondé sur la notion d"une reconnaissance (pratyabhijñ"na) perceptive et infaillible.34 L"argument trouve son expression classique sous M"S% I.i.20, qui débute ainsi35: «On dit que le mot &vache# a été prononcé huit fois et non qu"il y a eu huit mots &vache# $ Cette expression montre qu"il y a reconnaissance [du même mot].» Naiy!yika et bouddhistes ne se sont pas privés de juger fallacieuse (vyabhic"ra, etc.) la reconnaissance, comme le p$rvapak%in du #Bh36: «Induits en erreur (vy"m$&ha) par une ressemblance (s"d'(ya) alors même qu"il y a altérité, nous concluons à l"identité.» Comme Kum!rila dans son sillage, #abara concède qu"est erronée une reconnaissance dont on constaterait a posteriori qu"el-
34
Sur cet argument chez #abara, voir D"SA 1980: 81 et surtout BIARDEAU 1964: 187!191; importants matériaux et remarques dans MIMAKI 1976: 13! 24. #V (abdanityat" 372ab: pram")a# pratyabhijñ"na# d'&hendriyatayocyate |. «On appelle la reconnaissance instrument-critère en tant qu"elle [naît] de l"organe ferme.» Traduction MIMAKI 1976: 217n. 41. L"idée rejoint celle de #Bh sous M"S% I.i.20/105,7: na na* kara)adaurbalyam |. Pour Kum!rila, l"objet de la reconnaissance entendue comme pratyak%apram")a est l"universel (s"m"nya, #V (abdanityat" 414), en dehors bien sûr de la parole, dont il n"y a ni genre ni universel.
35
#Bh sous M"S% I.i.20/105,5!6: a%+ak'tvo go(abda uccarita iti vadanti na a%+au go(abd" iti ! anena vacanena avagamyate pratyabhij"nanti iti |. Traduction BIARDEAU 1964: 187. #V (abdanityat" 370cd: pratyabhijñ"nam etena prayoge)opalak%itam ||. «Cet emploi [de k'tvasuc-] indique la reconnaissance.» PVSV' 504,29!505,6 renvoie d"ailleurs à M"S% I.i.20 et #Bh 105,5! 6: voir n. 624, p. 377, et APPENDICE B.
36
Adapté de #Bh sous M"S% I.i.20/106,1!2: atha matam anyatve sati s"d'(yena vy"m$&h"* sa iti vak%yanti |. Voir la critique de Uddyotakara dans NV sous NS II.ii.32/288,9!289,10, qui insiste essentiellement sur l"inconclusivité de la reconnaissance (cf. NV 288,11: tatpratyak%avi%ayatvam anyatve "pi ity anek"nta* |). Pour l"essentiel des critiques bouddhiques, voir MIMAKI 1976: 13!24.
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le se fondait sur une simple similitude;37 dans le cas de la parole toutefois, nulle expérience postérieure ne vient jamais infirmer la perception initiale de l!identité. Selon ses adversaires, la reconnaissance n!est pas seulement fallacieuse; elle est encore inconclusive étant donné qu!elle vaut également d!objets aussi notoirement impermanents que les mouvements (karman) et les connaissances (buddhi). La réponse de !abara est déroutante38: «La faute [que vous dénoncez] n!a pas cours, car ces [objets] ne sont pas perceptibles; mais s![ils étaient] perceptibles, [alors ils seraient] bel et bien permanents.» Comme l!a montré BIARDEAU, la réponse fait sens dans le contexte de !abara: nous ne percevons pas le mouvement, mais le seul instrument du mouvement dans son déploiement graduel; et faute d!autoréflexivité de la connaissance, une connaissance (nir!k!ra!) n!est qu!inférée «de la connnaissance-d!une-chose» (BIARDEAU 1964: 188). Selon Kum"rila, !abara entend simplement signifier ici qu!on ne saurait reconnaître ce qu!on ne perçoit pas.39 De plus, la simple non-perception (anupalambham!tra) ne suffit pas pour conclure à l!inexistence ou à la destruction ([vi]n!37
!Bh sous M#S$ I.i.20/106,3: vidite ca sphu"e !nyatve vy!moha iti gamyate |. «Et l!on conclut à l!erreur lorsque l!altérité est connue en toute clarté.» !V #abdanityat! 373"374ab: nitya$ sad%#a eveti yatra r&'h! matir bhavet | sa iti pratyabhijñ!na$ bhr!ntis tatr!vakalpate || iha nitya$ sa eveti vijñ!na$ j!yate r&'ham |. «Là où l!on aurait la ferme notion d!une constante similitude*, il est juste qu!une reconnaissance à l!identique (sa iti) [n!]est [qu!]impression trompeuse; [mais] ici[, dans le cas de la parole], une ferme connaissance de constante identité [nous] vient.» *Tel est le cas fameux des cheveux et des ongles.
38
!Bh sous M#S$ I.i.20/106,5"6: na e(a do(a) | na hi te pratyak(e | atha pratyak(e nitya eva |. Ce passage est longuement commenté par Kum"rila (dans !V #abdanityat! 375"415); l!adversaire juge la réponse de !abara incohérente (asambaddha): non seulement les cruches devraient être permanentes (k. 377ab, anaik!ntikat!), mais l!espace (!k!#a) devrait être impermanent (k. 377cd, viruddhat!)!
39
!V #abdanityat! 379; NR% 585,14"15: pratyak(anibandhan! eva pratyabhijñ!, ata) pratyak(atvani(edhena pratyabhijñ! eva ni(idhyata iti |. «La reconnaissance a pour cause la perception; donc en niant la perceptibilité, on nie [de fait] la reconnaissance.»
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!a): on ne peut conclure à l"inexistance qu"une fois connue l"absence totale de pram"#a; mais lorsqu"on dispose d"un pram"#a tel que la perception (i.e. la reconnaissance), on ne saurait être sans pram"#a!40 Et il est faux que ce qu"on reperçoit après un temps a péri dans l"intervalle, car alors «on ne croirait pas [voir] sa mère, sa femme ou son père».41 Le bouddhiste (< ye !pi sarve$"% bh"v"n"% pratik$a#a% vin"!am abhyupagacchanti) affirmant la destruction se contredit par le fait même qu"il en parle; enfin,42 «une connaissance d"identité est perceptive[, alors qu"une connaissance de] similitude est inférentielle; or on n"avance pas une inférence que contredit la perception.» Dharmak"rti tiendra compte des réaménagements qu"impose à la doctrine l"ontologie de Kum!rila, mais omettra de préciser que ce dernier ne tient pas la reconnaissance pour une preuve de la permanence.43 40
Selon #Bh sous M"S$ I.i.20/106,10!12: na hy anupalambham"tre#a na asti ity avagamya na$&a ity eva kalpayanti | apram"#at"y"% vidit"y"% na asti ity avagacch"ma' | na hi pram"#e pratyak$e saty apram"#at" sy"t |. Voir la traduction de BIARDEAU (1964: 191).
41
#Bh sous M"S$ I.i.20/106,9!10: m"tari j"y"y"% pitari v" n"!!!vasyu' |. Traduction BIARDEAU 1964: 191. Voir aussi #Bh sous M"S$ I.i.20/107,2!3: tath" g(h"n nirgat"' sarvag(hajanam apa!yanta' puna' pravi!ya upalabham"n" api na pr"k prave!"d vina$&a ity avagacchanti |. Librement: «De même, n"apercevant aucun habitant une fois sortis de la maison et percevant [les habitants] après y être entrés à nouveau, ne concluons-nous pas à la destruction [des résidents] avant [notre ré]entrée.» Pour une critique de vin"!it", voir #V !abdanityat" 424!441.
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#Bh sous M"S$ I.i.20/107,7!8: sa iti pratyak$a' pratyaya' sad(!a ity "num"nika' | na ca pratyak$aviruddham anum"nam udeti |. Voir #V !abdanityat" 422!423.
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#V !abdanityat" 389 et 391: n"sm"bhi' pratyabhijñ"na% nityas"dhanam i$yate | anityav"dinas tv e$" pratyak$e#a viruddhat" || tad ucyate vin"!itvam anum"n"t prat)yate | !abde pratyak$agamye ca tena b"dho bal)yas" ||. «Nous ne considérons pas la reconnaissance comme ce qui prouve la permanence, mais [insistons sur le fait que] le partisan de la théorie de la non-permanence [des choses] se contredit avec la perception [qu"est la reconnaissance] # Nous [M"m!%saka] répondons ainsi[:] pour le son perceptible par la perception, on reconnaît la momentanéité (vin"!itva) par l"inférence. Mais [cette inférence] est annulée par la [perception], plus puissante qu"elle.» Traduction
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Introduction
6.3.2. Dans PV I.266 et PVSV 140,14!18, Dharmak!rti s"attaque encore sommairement à un argument fondé sur satprayoga, dont Kar"akagomin et Manorathanandin montrent qu"il repose sur M!S# I.i.18.44 D"après $abara,45 si la parole périt sitôt prononcée (uccaritam!tre hi vina"#e $abde), elle ne peut assurer sa seule fonction, celle de communiquer la signification à autrui (param artha% praty!yayitum): inutile au processus de la communication, on ne l"emploierait pas. En revanche, si la parole ne périt pas sitôt prononcée, on peut connaître la signification (arth!vagama) à chaque fois qu"on perçoit (upalabdha) la parole ($Bh 101,10!102,4). Le propos a donc ici encore en vue la nécessaire répétabilité de la parole. La raison sous-jacente à ce curieux argument tient à la nature même de la relation: si la parole n"était pas répétable, elle serait toujours nouvelle (nava), et donc sans signification communicable; tout procès de communication serait impossible, et il faudrait refixer à chaque fois la signification (ce qui inspire à Kum%rila de rappeler, dans $V $abdanityat! 254!266, les arguments développés contre &$vara dans le sambandh!k"epaparih!ra). En outre, la ressemblance (s!d'$ya, entre deux paroles prononcées à intervalle) invoquée par l"adversaire est trompeuse: on comprendrait m!l! lorsque «$!l!» serait prononcé ($Bh 102,5!8; sur s!d'$ya, $V $abdanityat! 267!277); un seul effort articulatoire (ekena ucc!ra(ayatnena) ne pourrait assurer à la fois la communication (sa%vyavah!ra) et la mise en relation avec la signification (arthasambandha, $Bh 102,9!11). Il est notable que dans son traitement de MIMAKI 1976: 226n. 83 et 218n. 45 resp. Voir aussi $V $abdanityat! 442 sous M!S# I.i.21: eva% sthitasya $abdasya $rutik!l!t k"a(!ntare | sambh!vyate vin!$itva% na bh)yo !nyena hetun! ||. En d"autres termes, la reconnaissance établit perceptivement l"identité d"une entité (parole ou genre) entre deux moments, mais n"en prouve pas la permanence; le bouddhiste qui par inférence soutient l"impermanence s"en trouve donc invalidé par reconnaissance perceptive. 44
PVSV& 505,8!11 et PVV 385,16!17: voir n. 624, p. 377, et APPENDICE B pour les citations. Sur M!S# I.i.18 et $Bh ad loc., voir BIARDEAU 1964: 186, et surtout D"SA 1980: 80. Le p)rvapak"a de NV 259,11!17 (sous NS II.i.68) donne aussi un intéressant aperçu de la problématique.
45
$Bh sous M!S# I.i.18/101,10!102,12.
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satprayoga, Dharmak"rti paraît ne tenir aucun compte des développements que subit l"argument après #abara.46 6.3.3. Ces deux arguments, Dharmak"rti les réfute essentiellement par ce qu"on nomme le vin!"itv!num!na47: «Puisque [leur] destruction est dénuée de cause [extérieure], toutes les entités sont momentanées: [nous l"avons] dit et [le] dirons [encore].» Par vin!"itv!num!na, on entend «l"inférence [de la momentanéité] s"appuyant sur la destruction [des choses]» (MIMAKI 1976: 31!32), forme que prend, de l"AKBh à PV (compris) la preuve bouddhique de l"instantanéité (k#a$abha%gasiddhi, k#a$ikatv!num!na, etc.).48 De 46
Notamment de la critique adressée par Uddyotakara, sous NS II.ii.29!32, à la répétabilité de la parole (critique reprise point par point dans #V "abdanityat! 229!234 [p&rvapak#a, que NR$ 558,7 attribue aux Naiy!yika], et contrée dans #V "abdanityat! 235!315). Dans NV 287,12!15, Uddyotakara reproche successivement à l"argument «abhy!s!t» (NS II.ii.29, qui groupe la matière de M"S% I.i.18 et 20) les carences formelles suivantes: non-établissement (asiddhat!, et #V "abdanityat! 229), inconclusivité (anaik!ntikat!, et voir #V "abdanityat! 230), caractère contradictoire (viruddhat!, et voir #V "abdanityat! 231). Dans #V "abdanityat! 235!236, Kum!rila argue de ce que M"S% I.i.18 n"entend pas formuler une inférence, mais un raisonnement présomptif (arth!patti). Dans #V "abdanityat! 309!311, Kum!rila affirme que le S%trak!ra et le V&ttik!ra (?, gl. bh!#yak!ra dans NR$ 573,3!4) ne formulent ici qu"un fait (artha), qui servira de fondement à une inférence qu"ils n"explicitent pas, et que Kum!rila formule comme suit (k. 311a2d): sthira' "abdo dh&magotv!dij!tivat | sambandh!nubhav!pek#as!m!ny!rth!vabodhan!t ||. «La parole est constante, à l"exemple de genres tels que l"[être-]fumée ou la bovinité, car en dépendance de [notre] expérience d"une relation, elle [nous] fait connaître un objet [qui est] un universel.» Dharmak"rti ne présuppose aucun de ces développements.
47
PVSV 140,1!2: k#a$abha%gino hi sarvabh!v! vin!"asya ak!ra$atv!d ity ukta( vak#yate ca |. La réfutation couvre PV I.266!267a, et PVSV 140,1!24.
48
Sur la preuve de Vasubandhu, voir LA VALLEE POUSSIN 1980: III.4!6, MIMAKI 1976: 234!235n. 113 et STEINKELLNER 1968: 363!364; sur la transition du vin!"itv!num!na au sattv!num!na chez Dharmak"rti, voir STEINKELLNER 1968 (et, en résumé, MIMAKI 1976: 31!35); sur l"évolution de la preuve de l"instantanéité après Dharmak"rti, voir FRAUWALLNER 1935 (Dharmottara) et MIMAKI 1976 (#!ntarak'ita, Ratnak"rti). PV I contient deux formulations convergentes du vin!"itv!num!na, PVSV 98,4!100,24 ( ! PVin
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Introduction
nature apagogique, la preuve entend montrer que toutes choses sont impermanentes (ou: momentanées/instantanées) par le fait même qu!elles sont produites (k!takatva) ou qu!elles existent (sattva). Pour établir la vy"pti entre les propriétés «être-impermanent» et «être-produit», Dharmak!rti montre que la destruction (ou: l!anéantissement, [vi]n"#a) d!une entité n!est due à aucune cause extérieure (ahetuka, ak"ra$a), est spontanée ("kasmika, AKBh). Indépendante de toute cause extérieure, la périssabilité d!une entité ressortit donc à sa seule nature propre.49 Si toutes les entités sont imII.76,10"78,14/26*,14"28*,18 et 81,7"83,8/30*,27"32*,21: voir STEINKELLNER 1979: 85"88 et 98"100) et PVSV 141,17"150,2 (voir VETTER 1964: 13" 18, qui résume utilement le passage). Ces deux passages sont discutés dans STEINKELLNER 1968: 364"369. 49
PVSV 98,8"9: prak!ty" eva na#vara%. Voir aussi PVSV 141,17"24 dans VETTER 1964: 15. Dans PVSV 94,8"100,24, Dharmak!rti établit de deux façons que la périssabilité d!une entité est indépendante de toute cause extérieure: (1, dans PVSV 98,9"22 ! PVin II.76,14"77,9/26*,22"27*,11) Si une entité dépendait d!une autre quant à sa destruction, même une entité telle qu!une cruche pourrait être permanente; la remarque vaut que l!on admette une ou plusieurs causes à cette destruction (une cause ne produit pas nécessairement son effet; un complexe causal peut être incomplet " vaikalya " ou «entravé» " pratibandha). (2, dans PVSV 100,8"24 ! PVin II.82,9" 83,8/31*,25"32*,21) A supposer même qu!une cause de destruction existe, celle-ci serait incapable (as"marthya, PV I.196a ! PVin II k. 56a) de produire cette destruction. Comme l!avait noté Vasubandhu (MIMAKI 1976: 234n. 113, début) et comme Dharmak!rti le réaffirmera (dans PVSV 142,26"143,2, voir VETTER 1964: 17), la destruction d!une entité n!est autre que son inexistence (vin"#a = abh"va); or l!inexistence n!est pas un effet (k"rya, et comme telle n!a pas de cause, AKBh): «Daraus ergäbe sich, daß die Ursache des Vergehens ein Nichtvorhandensein hervorbringt» (PVSV 100,15 ! PVin II.82,15"16/32*,5"7: tad aya& vin"#ahetur abh"va& karoti iti pr"ptam |, traduction STEINKELLNER 1979: 99). De plus, la destruction censément produite par cette cause extérieure serait soit la chose elle-même, soit autre chose qu!elle. Mais nulle cause ne peut produire ce qui est déjà établi dans l!existence (siddha); et une destruction autre que la chose elle-même n!affecterait nullement la chose, n!exercerait aucune action sur elle (voir aussi PVSV 143,2"3 dans VETTER 1964: 17): «Deshalb hängt (das Ding) nicht von einer (Ursache des Vergehens) ab, die, weil sie weder dieses noch ein anderes Wesen hervorbringt, gar nichts hervorbringt» (PVSV 100,13"14 ! PVin II.82,13"14/32*,1"3: tadatadr'p"kara$"c ca aki&citkaro na apek(yata iti |,
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permanentes, un indice inférentiel (li!ga) tel que la reconnaissance ne saurait être présent dans aucune entité telle qu"elle pourrait tenir lieu de co-instance (sapak"a) de la propriété à prouver: ce que l"adversaire m#m$%saka tient pour un argument (s$dhana) est donc dénué d"exemple (anud$hara&a). Et comme un tel indice n"est présent que dans des contre-instances (vipak"a) de ladite propriété, cet argument n"est rien d"autre que contradictoire (viruddha).50 traduction STEINKELLNER 1979: 98). 50
Dharmak"rti ne présente une critique systématique de pratyabhijñ$na que dans PV III.503cd et suivantes. Mais on doit à Kar#akagomin plusieurs développements autonomes (PVSV$ 497,8!498,20) consacrés à la critique de la reconnaissance comme moyen de connaissance valide. Parmi ceux-ci, PVSV$ 495,6!14 ): prathame PVSV$ 494,31!495,20, dont voici le c#ur (P k"a&e 'abdagraha&a% dvit#yak"a&e p(rvag)h#ta'abd$hitasa%sk$raprabodhas tato !nyasmin k"a&e 'abdasmara&am | tata' caturthe k"a&e tirohite tasmin sa eva aya% gha*a'abda iti pratyabhijñ$na% katha% pratyak"a% sy$d asa%nihitavi"ayatv$t | na api pr$kprabuddhasa%sk$rasya pu%so var&agr$haka% pratyabhijñ$na% sambhavati | var&asya s$%'atv$d ity uktam | antyavar&abh$gak$le ca p(rvavar&abh$g$n$m asattvena antyasya api var&asya asa%nihitatv$t | ata eva padav$kyayor api gr$haka% pratyak"a% pratyabhijñ$na% na sambhavati var&asamud$yatv$t pad$der antyavar&ak$le ca p(rvap(rvavar&$n$m asattv$t | sa%nihitavi"aya% ca pratyak"am i"yate | tasm$n na pratyak"a% pratyabhijñ$na% var&apadav$kye"u tattvagr$haka% sambhavati |. «Au premier instant, on appréhende [sensoriellement] la parole[, disons %gha*a$]; au deuxième instant s"actualise la disposition qu"avait imprimée une parole précédemment appréhendée; à un autre instant [encore] que celuici[, c"est-à-dire au troisième instant], on se souvient de [cette] parole [précédemment appréhendée]: comment donc une reconnaissance du type %c"est ce même mot %gha*a"$[, reconnaissance qui ne survient qu"une fois] passé le quatrième instant*, pourrait-elle être une perception, puisqu"elle n"a pas d"objet qui soit [actuellement] présent? De plus, il est impossible que pour une personne chez qui une disposition a précédemment été actualisée, la reconnaissance appréhende un phonème, parce qu"on a [déjà] dit qu"un phonème comporte des parties, et qu"au moment de la dernière partie du phonème, même le dernier phonème n"est pas [actuellement] présent étant donné l"inexistence [à ce moment] des parties antérieures du phonème. Par conséquent [et sur le même modèle], il n"est pas possible non plus qu"une reconnaissance perceptive appréhende un mot ou une phrase, parce que [ceux-ci] sont des collections de phonèmes**, et qu"au moment du dernier phonème du mot [ou de la phrase], aucun des phonèmes antérieurs n"existe plus. Or on admet que
204
Introduction
6.4. Dharmak!rti sur la notion d!ordre de succession phonétique 6.4.1. Autour de PV I.301d-307, Dharmak!rti développe ses vues propres en matière d!ordre de succession phonétique. Il y met en scène un locuteur désireux d!évoquer chez son interlocuteur un étang (sara!) en prononçant le mot «sara!». Dans le continuum psychique de ce locuteur (vakt"sant#na) se succèdent plusieurs connaissances51 (jñ#na) ou pensées (citta, cetas): désir d!articuler le son «s», désir d!articuler le son «a», etc. Chaque connaissance antécédente forme le samanantarapratyaya («condition en qualité d!antécédent égal et immédiat»52) de la suivante; chacune est la cause (k#ra$a, hetu, samutth#pana, samutth#paka) d!un son ou phonème (dhvani, var$a): la séquence de production (utpattikrama) des phonèmes procède donc de la séquence des pensées originatrices (samutth#pakacittakrama) dans le continuum du locuteur.53 Sous ce rapport, les phonèmes sont séquentiellement les effets (krame$a k#ryat#, PVSV" 567,12) des connaissances originatrices (dont chacune est elle-même l!effet de la précédente et le samanantarapratyaya de la suivante). Chacun des phonèmes/sons successivement produits est à son tour la cause d!une connaissance sensorielle auditive (%ruti, %rotravijñ#na, gr#hicetas, pratyaya) de soi-même (svavi&aye, #tmani), c!est-à-dire d!une connaissance ayant pour objet le phonème (var$#lambana), dans le continuum psychique de l!auditeur (%rot"sant#na): la séquence des phonèmes produits génère directement (s#kt) la séquence des connaissances la perception a un objet qui est [actuellement] présent. Il est donc impossible qu!une reconnaissance perceptive appréhende l!identité de phonèmes, de mots ou de phrases.» *Ou: [qu!une fois] ce [souvenir] passé au quatrième instant; **ou: parce que le mot [et la phrase] sont des collections de phonèmes. 51
Dont #$ntarak%ita et Kamala&!la précisent qu!elles sont autant de vivak (TS n°2700"2702 et TSP ad loc).
52
Sur le samanantarapratyaya, voir AK II.62ab et AKBh ad loc. (LA VALLEE POUSSIN 1980: I.300"306).
53
Voir PVSV" 567,8"10: vakt"sthena p'rvap'rvavar$asamutth#pakacittena uttarottaravar$asamutth#paka( citta( janyata iti samutth#pakacittakram#t tatsamutth#py#n#( var$#n#m utpattikrama! |. Voir aussi PVSV" 567,19"22.
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auditives.54 Sous ce rapport, les phonèmes sont donc séquentiellement les causes (krame!a k"ra!at", PVSV" 567,13) des connaissances sensorielles. Notons au passage que chaque connaissance sensorielle précédente intervient à titre de coopérant (sahak"rin < apek#") dans la production, par le phonème, de la connaissance suivante: voilà pourquoi les phonèmes sont appréhendés (samavas$yate = g%hyate) comme ayant ce phonème précédent pour déterminant (tadup"dhi = p&rvavar!avi'e#a!a). Mais chaque phonème ne se limite pas à générer directement une connaissance auditive de soi-même: si les phonèmes ne sont pas prononcés (ucc"ryam"!a) trop rapidement (atitvaritam, atidrutam), leur audition est assez lente (mandac"rin, apa(u) pour qu"ils génèrent ("dhatte, upal$yante) encore ensuite (pa'c"t), indirectement (p"ramparye!a), un souvenir d"eux-mêmes (sm%tim "tmani), et ce en dépendance du (c"est-à-dire avec pour coopérant le) souvenir du phonème précédent.55 54
Voir PVSV" 567,10!11: kramotpannai' ca var!ai) svavi#ay"!i kramabh"v$ny eva 'rotravijñ"n"ni s"k#"j janyante |. Voir aussi PVSV" 567,22!24.
55
#MAE (1999: 297!299) présente un tableau résumant utilement la situation décrite jusqu"ici. Noter encore PV I.302!303: yo yadvar!asamutth"najñ"naj"j jñ"nato dhvani) | j"yate tadup"dhi) sa 'ruty" samavas$yate || tajjñ"najanitajñ"na) sa 'rut"v apa(u'ruti) | apek#ya tatsm%ti* pa'c"d "dhatte sm%tim "tmani ||. «Le son brut [$a#] naît d"une connaissance née [elle-même] de la connaissance [qui est] la cause du [son brut] $s#[, toutes deux connaissances appartenant au continuum du locuteur; et comme $s# l"a été avant lui,] $a# est appréhendé comme ayant $s# pour déterminant (up"dhi) par une connaissance auditive ('ruti) [qui appartient au continuum de l"auditeur]. Lui dont la connaissance [de soi est co]générée par la connaissance de $s# [en qualité de coopérant], ce [son] $a#, si la connaissance auditive [en] est [assez] lente (apa(u'ruti) lorsqu"on [l"]entend, génère ("dhatte) ensuite [indirectement] un souvenir de lui-même en dépendance du souvenir de $s#.» PVSV 160,19! 161,3: cittasamutth"n" hi v"gvijñaptir var!apadav"ky"bhidh"n" | tatra sak"rasamutth"panacetas" samanantarapratyayena ak"rotth"panacittam utth"pyate | tath" reph"k"ravisarjan$yotth"pan"ni p&rvap&rvapratyay"ni | tad ime !ny"nyahetavo var!") svak"r"nup&rv$janm"na) | 'rutik"le !pi yad" mandac"ri!a) p&rvavar!ajñ"nasahak"ripratyay"pek#") svajñ"na* janayanti | tad" p&rvavar!asmara!"pek#" eva sm%tim upal$yante |. «En effet, la notification vocale que cause une pensée (citta) porte [ordinairement] le nom de $phonè-
206
Introduction
Dharmak!rti et ses successeurs fondent leurs définitions de l!!nup"rv# sur le double rapport de causalité qu!entretient chaque phonème. Ainsi de PV I.30456: «Donc [ce qu!]on entend [ordinairement] par "ordre de succession" n!est que le fait, de caractère strictement humain, que les phonèmes sont [séquentiellement] les effets et les causes des pensées (cetas) qui en sont les causes et [des pensées] qui les appréhendent.» Ainsi de PVSV 161,3#657: «La nature propre des phonèmes a [donc d!une part] la propriété d!être engendrée par des conditions qui sont [à la fois] des effets et causes
me", de "mot" ou de "phrase". Dans le cas du [mot "sara$! par exemple,] la pensée (cetas) [qui est la] cause du son "s! génère, comme condition en qualité d!antécédent égal et immédiat, la pensée [qui est la] cause du son "a!. De même les causes des sons "r!, "a! et du visarga, ont-elles chacune pour condition [en qualité d!antécédent égal et immédiat] chaque [pensée] antécédente (p"rvap"rva). Donc ayant [respectivement] pour cause chaque nouvelle (any!nya) [pensée], ces phonèmes [successifs] naissent de l!ordre de succession [qui est celui] de leurs propres causes. Et lorsque, [s!ils] procèdent [assez] lentement au moment où on [les] entend, [ces phonèmes] génèrent une connaissance [expérientielle] d!eux-mêmes en dépendant (°apek%a) de la condition coopérante [qu!est] la connaissance du phonème précédent, alors ils suscitent un souvenir [d!eux-mêmes] en dépendant du souvenir du phonème précédent.» 56
PV I.304: ity e%! pauru%eyy eva taddhetugr!hicetas!m | k!ryak!ra&at! var&e%v !nup"rv#ti kathyate |.
57
PVSV 161,3#6: sa e%a var&!n!' bhinnak!ryak!ra&abh!vapratyayanirv(ttidharm! bhinnanirvartanadharm! ca svabh!va$ puru%asa'sk!rabhedabhinna$ krama ity ucyate |. Voir aussi TS n°2702: tatsamutth!pakagr!hijñ!n!ni prati janyat! | hetut! v!nup"rv#ya' var&e%u puru%!)ray! ||. «Que [les phonèmes] soient [à la fois] produits et* causes par rapport à des connaissances qui les causent et [des connaissances] qui les appréhendent, tel est l!ordre de succession s!agissant des phonèmes[, lequel] se fonde sur l!homme [seul].» *J!ai lu ca pour v!. PV# ñe P35a5#6/D31a5#6 = PVSV# 567,12#13: tato var&!n!' samutth!pakajñ!nakram!d y! krame[&a] k!ryat! | svavi%ayajñ!ne%u ca y! krame&a k!ra&at! s! eva !nup"rv# iti vyavasth!pyate. «Donc [Dharmak!rti] établit que l!ordre de succession [phonétique], c!est le fait que les phonèmes sont de façon successive des effets [procédant] de la succession des connaissances originatrices, et le fait qu!ils sont de façon successive les causes de connaissances [auditives] dont ils sont eux-mêmes les objets.»
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila
207
particuliers,58 et [d"autre part] d"engendrer un [effet] particulier59: c"est cette [nature propre], qui diffère selon le conditionnement (sa!sk"ra) humain,60 qu"on appelle "succession [de phonèmes]#.» 6.4.2. Contre la M#m!$s! qui soutient l"unicité des phonèmes en différents ordres de succession, Dharmak#rti se trouve désormais en mesure d"affirmer l"altérité radicale des phonèmes: ceux-ci diffèrent d"articulation en articulation comme les pensées originatrices diffèrent (ainsi que les propriétés physiologiques de chaque appareil phonatoire, etc.)61: «Donc la nature des phonèmes est tout à fait autre de mot en mot [bien qu"on lui impute conceptuellement une unité de par sa ressemblance;62 autre, elle l"est parce qu"elle] diffère par le conditionnement de [son] agent[, la pensée originatrice; mais] associée [sous forme successive, cette nature] produit un effet spécifique[, i.e. la connaissance d"une signification particulière].63» En eux-mêmes et à l"état isolé, les phonèmes sont certes 58
PV% ñe P38a6/D33b7 & PVSV% 571,5!6: etena taddhetucet"!sy apek#ya var$"n"! k"ryatvam uktam |.
59
PV% ñe P38a6!7/D33b7!34a1 & PVSV% 571,7: tadgr"hicet"!sy apek#ya k"ra$atvam "ha |.
60
PV% ñe P38a8/D34a2 & PVSV% 571,9: puru#asa!sk"rabhedabhinna% puru#aprayatnabhedabhinna%.
61
PV I.305: anyad eva tato r&pa! tad var$"n"! pada! padam | kart'sa!sk"rato bhinna! sahita! k"ryabhedak't ||. Voir aussi PVSV 161,9!11: tasm"n na khalv eka eva pade#u var$"n"! svabh"va% kart'cittasa!sk"rabhedena bhed"t | sa ca parasparasahita% k"ryabhedahetu% |. «Donc dans des mots [tels que "sara%! et "rasa%!,] la nature propre [qui est celle] des phonèmes n"est assurément pas une, car elle diffère selon le conditionnement de la pensée [qui en est] l"agent. Et cette [nature propre différente à chaque mot est] la cause d"un effet spécifique [lorsqu"elle se trouve] en association mutuelle (parasparasahita) [avec d"autres, parce qu"elle fait alors l"objet d"un concept unitaire].»
62
Selon PVSV% 571,29!30: tad iti s"d'(y"d ekatvena adhyavasitam api r&pa! var$"n"m.
63
Noter l"importante PVSV% 572,13!16: yadi param"rthato var$akrama% sy"t tad" as"v ekapad"dir&patay" kalpito "rthasya pratip"daka% sy"t | yata( ca ekena vikalpena vi#ay)k't"% krami$o var$"% pratip"dak" ata eva ekavikalp"-
208
Introduction
dénués de signification (nirarthaka, PV I.238a, arth!pratip!daka, PVSV! 572,12); mais prononcés avec d!autres en un ordre de succession donné, ils apparaissent sous la forme d!un concept unitaire (ekavikalp!vabh!sin, PVSV! 572,15), et ce n!est qu!en tant que les phonèmes successifs font l!objet d!un concept unitaire (ekena vikalpena vi"ay#k$t!%, PVSV! 572,14), sont conçus sous forme d!un mot un (ekapad!dir&patay! vikalpit!%, PVSV! 572,13"14), qu!ils communiquent la signification. Telle était déjà la position de Dharmak"rti contre le Spho#av$din. Contre la M"m$%s$ qui soutient la permanence de l!ordre de succession, son autonomie par rapport à l!arbitraire humain, Dharmak"rti peut ensuite affirmer que les causes de l!ordre de succession étant humaines (connaissances ou pensées successives, qui selon PVSV 161,15 sont le fruit de la délibération et de la décision " vitarkavic!rak$ta), cet ordre de succession lui-même est de création humaine (pauru"eya, puru"!'raya), obéit au seul arbitraire humain (puru"ecch!nuvidh!yin, selon PV! ñe P39b3"4/D35a3, PVSV! 573,17"18 ici lacunaire)64: «Et cet ordre de succession des phonèmes, il procède de la [personne] qui produit l!agencement (racan!), car des [phonèmes] dont l!établissement est compatible (aviruddha) avec l!arbitraire [humain] sont incompatibles avec un ordre de succession (krama) fixe. [Nous avons] dit que l!ordre de succession des phonèmes, c!est la nature propre particulière que produisent des conditions qui sont [tout à la fois] des effets et des causes. Or étant donné que cet [ordre de succession] est le fait de la délibération et de la décision65 humaines, les phonèmes n!ont pas vabh!sitv!t | krami(!) var(!n!) r&pa) sahita) k!ryabhedak$d ity ucyate. 64
PV I.306 et PVSV 161,14"20: s! c!nup&rv# var(!n!) prav$tt! racan!k$ta% | icch!!viruddhasiddh#n!) sthitakramavirodhata% || k!ryak!ra(abh&tapratyayotpannasvabh!vavi'e"o var(!n!m !nup&rv# ity uktam | s! ca puru"avitarkavic!rak$t! iti na sthitakram! var(!% | icch!!viruddhasiddhikramatv!t | karmavi'e"!nukramavat | na hi sthitakram!(!) de'ak!layor himavadvindhyamalay!d#n!) b#j!*kur!d#n!) ca svecchay! kramaracan! 'akyate kartum | tata eva puru"adharmasa*khy!te vikalp!nukrame sati bh!v!d asati ca abh!v!t |.
65
PV! ñe P39a4"5/D34b4 & PVSV! 572,29"30: kim idam ida) v! iti vimar'!-
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila
209
d"ordre de succession fixe (sthitakrama), car ils possèdent un ordre de succession qui est compatible avec l"arbitraire [humain], à l"instar d"une série de mouvements particuliers. On ne peut en effet [ré]agencer à son propre gré l"ordre de succession de [choses] qui, tels l"Him!laya, le Vindhya et le Malaya, ou (ca) tels le germe et la pousse, entrent dans un ordre de succession fixe selon l"espace ou le temps.66 Donc puisque [l"ordre de succession des phonèmes] existe si la série conceptuelle, qui compte parmi les propriétés humaines, existe, et que [cet ordre de succession] n"existe pas si [la série conceptuelle] n"existe pas[, le rapport de causalité entre homme et ordre de succession phonétique est établi s"agissant des énoncés ordinaires].» Produits par des causes et conditions qui ressortissent exhaustivement à la pensée et à la physiologie humaines, phonèmes et ordres de succession sont de création humaine et varient avec chaque nouvelle phonation. Ils ne doivent leur constance apparente qu"à une falsification conceptuelle qui érige une ressemblance (s!d"#ya) en identité (ekatva). Entre phonèmes et ordres de succession d"un côté, et effort phonatoire de l"autre, subsiste la relation de co-occurrence régulière qui définit un rapport de causalité (k!ryak!ra$abh!va), celle-là même qui subsiste entre le feu et le combustible. Le nier reviendrait à revendiquer la fortuité (!kasmikatva, ou «spontanéité», c"est-à-dire l"absence de cause, ahetukat!) des phonèmes et ordres de succession: indépendants et donc sans détermination (niyama) spatiale, temporelle et ontologique, ceux-ci pourraient se produire toujours et partout; et le nier des seuls phonèmes et ordres de succession védiques exposerait le M"m!#saka à des conséquences inadmissibles. Telle est la conclusion de Dharma-
k!ro vikalpo vitarka% | idam eva iti ni#cay!k!ro vic!ra% |. «Vitarka, c"est un concept d"aspect délibératif, du type: $Est-ce ceci ou cela?#; vic!ra, [un concept] d"aspect décisif, du type: $C"est cela#.» 66
Noter l"explication de PV% ñe P39b2!3/D35a2!3 & PVSV% 573,14!16: na hi himavatsth!ne vindhyo bhavatu malayasth!ne vindhy!dir ity eva& p'rvam a(kuro bhavatu pa#c!d b)j!t tajjanakam iti puru*ecchay! #akyate vipary!sa% kartum | var$!s tu #akyante yatheccha& vipary!situm |.
210
Introduction
k!rti67: «Puisque le feu existe si le combustible existe [et] que [le feu] n!existe pas si [le combustible] n!existe pas[, un rapport de causalité est établi entre eux; donc] même un feu dont on ne voit pas le combustible n!est pas sans combustible, parce que ce [feu alors dénué de cause] ne saurait connaître de limitation dans l!espace et le temps,68 et parce que si [l!on admet] une limitation, c!est cet [espace-temps] qui est le combustible étant donné que le combustible se caractérise comme la cause matérielle du feu.69 De même, si cette série de phonèmes ne dépendait pas du concept humain [qui en est la cause],70 elle se manifesterait d!elle-même, indépendante (nir!lambana) [qu!elle serait par rapport à l!homme; et] même si [l!homme] s!efforçait [de la prononcer, cette série de phonèmes] ne pourrait [être manifestée] puisqu!elle ne s!originerait pas à l![effort articulatoire humain].71 Si [l!on admet] une capacité [de 67
PVSV 161,23"162,11: sati indhane d!hav"tter asaty abh!v!d ad"#$endhano !pi dahano na anindhanas tasya de%ak!laniyam!yog!t | niyame ca tasya eva indhanatv!d dahanop!d!nalak#a&atv!d indhanasya | tath! ayam api var&!nukrama' puru#avikalpa( yadi na apek#eta nir!lambana' svaya( prak!%eta | yatne !pi na %akyeta | atatprabhav!t | kvacic chaktau sarvas tath! sy!t | vi%e#!bh!v!t | tadbh!vabh!vino !tadvi%i#$asya ca atatk"tau sarvatra k!ryak!ra&abh!va% ca nir!k"ta' sy!t | anvayavyatirekalak#a&atv!t tasya | lak#a&!ntara( v! vaktavyam | sarve !pi gha$!dayo bh!v!' k"trim! ak"trim!['] prasajanti | tatra apy eva( vikalpan!y!' sambhav!t | vi%e#!bh!v!c ca | t!n api hi parakriy!dar%anap)rvakam eva anya' karoty aviditakart!ra% ca kecid iti sarve#!( ke#!(cid v! !kriy!bhinive%o !stu | tasm!t sarv! eva iya( var&!nup)rv* prasiddhak!ryak!ra&abh!vavastudharm!natikram!t puru#ak"t! |.
68
Explication, PV" ñe P40a5/D35b3 = PVSV" 573,28: sarvatra sarvad! bh!va' sy!t |. Un tel feu serait !kasmika («spontané», «fortuit»).
69
Explication, PV" ñe P40a7"8/D35b5: me"i ñe bar len pa ma gtogs par %i+ la mtshan ñid g,an yod pa ma yin no ||. «[En effet,] il n!est d!autre définition du combustible que d!être la cause matérielle du feu.»
70
Noter PV" ñe P40b1/D35b6: gal te skyes bus ma byas pa yin na ,es bya ba"i don to ||. «Le sens [visé est]: si [cette série de phonèmes] était incréée.» S et PVSV" 574,10 portent puru#aprayatnam, contre PVSVt ce P522b7 et PV" ñe P40a8/D35b6, qui portent skyes bu"i rnam par rtog pa.
71
Explication, PV" ñe P40b3"4/D36a1: bdag ñid kya+ gsal ba ma yin ,i+ skyes bu"i "bad rtsol yod du zin kya+ skyed par mi nus pa ma yin pa de"i phyir skyes
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila
211
l"homme à la produire] dans un certain cas[, celui de la série ordinaire], il faut que toute [série phonétique, védique aussi bien qu"ordinaire,] soit telle[, c"est-à-dire de création humaine], car il n"y a pas [la moindre] différence [entre séries phonétiques ordinaire et védique].72 Et si [la série védique,] qui [n"]existe que si l"[effort humain] existe et qui ne se différencie [sous aucun rapport] de la [série ordinaire, devait n"être] pas le fait de l"[homme, alors] le rapport de causalité devrait être nié partout[, c"est-à-dire même dans ce qu"on reconnaît comme étant de facture humaine], car ce [rapport de causalité] se définit [précisément] comme co-présence et co-absence; ou bien[, si malgré leurs co-présence et co-absence vous n"admettez pas ce rapport de causalité entre effort et série védique], il [vous] faudra formuler une définition alternative [du rapport de causalité.73 Mais si, malgré une définition identique du rapport de causalité, on admet que la série ordinaire est artificielle alors que la série védique ne l"est pas, alors] il s"ensuivra que toutes les entités [tenues pour des effets], telles les cruches, [pourront être] artificielles [aussi bien que] non artificielles,74 parce que dans leur cas aussi, le départ [entre production et révélation] serait de
bus ma byas pa ma yin no !es bya bar dgo"s so ||. «Or elle ne se manifeste pas d"elle-même, et elle n"est pas sans pouvoir se produire lorsque l"effort [articulatoire] de l"homme existe; donc elle n"est pas incréée: [telle est] l"intention [de Dharmak"rti].» 72
Explication, PV# ñe P40b5!6/D36a3 = PVSV# 574,15!16: vi#$dyapanayan$dilak#a%asya vi&e#asya laukike#v api d'#(e) |. «La différence qu"on définirait notamment comme l"élimination du venin, etc.[, et qu"on réputerait propre aux séries védiques], on [la] constate également dans les [séries phonétiques] ordinaires.» Sur ce point, voir PVSV 123,14sq.
73
Explication, PV# ñe P41a3!4/D36a7!b1 = PVSV# 574,24!25: yadvirah$d vaidik$n$* puru#aprayatnena saha k$ryak$ra%abh$vo na sy$t | na ca anyal lak#a%a* k$ryak$ra%abh$vasya asti |. «Grâce à l"absence duquel* il pourrait n"y avoir pas de rapport de causalité entre [séries] védiques et effort [humain]. Or il n"y a pas d"autre définition du rapport de causalité.» *«Duquel», c"est-à-dire de celui qu"on définit comme coprésence et co-absence.
74
C"est-à-dire: impermanentes aussi bien que permanentes (PV# ñe P41a5! 6/D36b2).
212
Introduction
même possible,75 et parce qu!il n!y a pas [la moindre] différence [entre paroles védiques et cruches sous le rapport de l!obéissance à l!opération humaine]. Celles-ci aussi, en effet, tel [potier les] fabrique après [en] avoir observé la fabrication par d!autres [potiers antérieurs], alors que certaines sont de fabricant inconnu[, telles les cruches que l!on trouve en tel endroit déserté depuis longtemps]: il faudra donc croire à l!incréation (akriy!) de toutes ou de certaines cruches.76 Donc puisqu!il ne déroge pas à [cette] propriété des entités qui est d!entrer dans un rapport de causalité [fermement] établi, tout ordre de succession phonétique est le fait de l!homme[, que cet ordre de succession soit ordinaire ou védique].»
75
C!est-à-dire: si certaines séries sont révélées plutôt que produites, de même pourra-t-il en aller de certaines cruches (PV! ñe P41a7/D36b3 = PVSV! 574,28"29).
76
Selon deux arguments m"m!#saka en faveur de l!an!dit!: ved!dhyayana# sarvam#, et kartur asmara$!t (voir resp. PV I.240sq et PV I.239, et chapitre 4). Puisque tous les potiers ont appris d!autrui la fabrication des cruches, toutes les cruches seront incréées; puisqu!il existe des cruches dont on ne se rappelle pas les fabricants (asmaryam!$akart%ka), certaines cruches seront incréées. Sur ces différents points, voir les longues explication de PV! ñe P41b1"42a1/D36b5"37a4 et PVSV! 575,9"19 (lacunaire).
Deuxième partie Traduction française annotée d e PV S V 1 0 7 , 1 4 ! 1 4 1 , 1 7
A v e r t i s s e m e n t q u a n t à l a t r a du c t i o n 1. La présente traduction française suit le texte établi par GNOLI (= PV I), dont j!ai fait une lecture philologiquement plutôt conservatrice. Tous les amendements apportés à ce texte sont signalés en APPENDICE C. La traduction elle-même tente d!adapter la phrase nominale, elliptique et compacte de Dharmak!rti, à la langue française, laquelle n!est pas toujours un modèle de souplesse. J!ai «verbalisé» la plupart des phrases nominales; régulièrement donné un tour actif à la phrase passive; utilisé les tournures en «on» pour restituer celles des phrases passives qui me paraissaient devoir le rester. Le seul texte de Dharmak!rti ne serait pas plus immédiatement accessible en français qu!il ne l!est en sanskrit: ma traduction est donc farcie de supplétions signalées par des crochets ou parenthèses carrées. L!immense majorité tire sa matière des commentaires indigènes. 2. Comme je l!ai signalé dans mon avant-propos, l!annotation infrapaginale reflète pour l!essentiel la matière proprement explicative des commentaires indigènes (PV", PVSV" et PVV, ainsi que divers passages parallèles de la SS[V] et de TS[P]), et contient des informations ponctuelles qui ne pouvaient ou ne devaient recevoir de traitement en INTRODUCTION ou en APPENDICE(S). Il va sans dire que je n!ai pu rendre justice à la pénétration philosophique et à l!érudition des commentateurs, de Kar#akagomin surtout: afin de ne pas surcharger une annotation déjà lourde, j!ai souvent renoncé à traduire ces commentaires, pour en résumer la teneur. Ces notes occasionnent divers renvois aux §§ de l!INTRODUCTION, aux APPENDICES. Toutes les citations produites par les commentateurs ont été reléguées en APPENDICE B, où elles sont " dans la mesure du possible " identifiées et traduites; dans la traduction elle-même, des marques de type #$% signalent un segment textuellement mal établi, et renvoient aux remarques consignées dans l!APPENDICE C (celles-ci y figurant selon l!ordre page/ligne de l!édition GNOLI).
Traduction PVSV 107,14
[Objection:] Lorsque vous affirmez que l!inexistence d!une entité n!est pas établie quand bien même les trois moyens de connaissance valide n!opéreraient pas, [nous concédons bien volontiers que] "si les [deux] moyens de connaissance valide autres [que l!Écriture, c!est-à-dire la perception et l!inférence,] n!opèrent pas#, on ne peut nier [des entités hors d!atteinte par le temps, l!espace ou la nature propre], car ces deux [moyens de connaissance valide] ne portent pas sur tous les objets (vi!aya) ".# En revanche, il n!est rien que ne couvre l!Écriture; comment [se fait-il dès lors que] la non-opération de l![Écriture] ne [nous] fasse pas connaître [l!inexistence de telles entités]? [Réponse:] Sur ce point, [nous avons déjà] dit que tous les objets ne sont pas évoqués dans les Écritures, car [beaucoup] ne satisfont pas au contexte [d!une discussion des finalités humaines].1 2De plus, puisque les paroles n!entretiennent pas de relation nécessaire avec les entités [réelles particulières], on n!établit [aucun] obj e t [ e x t r a m e n t a l ] g r â c e à e l l e s : le s [par o l es n!] i ndiq u ent e n effet [que] l!intention du locuteur.3 [PV I.213]
1
Cette discussion initiale présuppose PVSV 101,19$102,12: voir pp. 67$69 et n. 3, p. 68.
2
Selon PV! P284a4$5/D242a3$4, PVSV! 389,23$24 et Vibh. 363n. 4, Dharmak"rti a provisoirement admis jusque-là l!autorité (pr"m"#ya) de l!Écriture en matière d!objets extramentaux (b"hya). Dans ce qui suit, il lui refuse toute autorité en matière extramentale.
3
Selon PV! P285a6/D242a4, les paroles sont un moyen de connaissance valide par rapport aux intentions (vivak!", PV!/PVV) de leurs locuteurs, et non par rapport aux entités réelles. Explication, PVV 363,9: tadanvayavyatirek"nuvidh"yitv"t |. «Parce que [les paroles] obéissent à la présence et à l!absence de cette [intention du locuteur].» Sur ce point, voir infra, PVSV 113,25$ 114,3, PVSV 118,14$17, et pp. 140$142.
218
Traduction
PVSV 107,22 4
Les paroles en effet ne se réfèrent pas aux entités [réelles particulières] (yath!bh!va" vartante), de sorte que (yata#) grâce à elles on s!assurerait de la nature [même] des objets: les [paroles] tirent en effet leur existence de l!intention du locuteur;5 [et comme elles sont] en relation nécessaire avec celle-ci, il n!y a donc que l![intention du locuteur] qu!elles puissent faire connaître. 6Or toutes les intentions humaines ne sont pas objectives,7 et une entité8 n![en] fait pas connaître une autre si sa nature propre ne lui est pas liée. PVSV 108,1 [Objection:] Mais9 comment [expliquer alors] que
4
Développement sur vivak$! et l!inférence de la signification dans PVSV! 389,27"30 et Vibh. 363n. 3. Dans ce qui suit, on comprendra «entité» (bh!va) au sens de particulier (extramental) (PV! b!hyasvalak$a%a; PVSV! svalak$a%a).
5
Comparer STEINKELLNER 1979: 65 et YAITA 1987: 6. Ma traduction s!inspire de PVSV! 390,8: vivak$ay! v&ttir ye$!" te tathokt!# |. Noter aussi PV! P285b1/D242a6: de la rag lus pas skye ba can 'es bya ba!i don to ||. PVSVt et PV! rendent: brjod par !dod pa la rag lus pas !jug pa can dag (voir YAITA 1987: n. 38), alors que le passage parallèle de PVin (II.66,5"6/17*,30"31) porte: brjod par !dod pas !jug pa!i phyir.
6
Selon les objections introductives (PV! P285b2"3/D242a7 et PVSV! 390,9" 10), il subsiste une relation (sambandha, PV!) entre paroles et entités, ou une non-déviation des paroles par rapport aux objets (arth!vyabhic!ra, PVSV!), car même si les paroles se réfèrent aux intentions, celles-ci n!apparaissent pas sans le particulier extramentalPVT ou extralinguistique ([b!hya]svalak$a%am antare%a).
7
Selon PV! P285b4/D242b1 et PVSV! 390,11"12, sont objectives les intentions des personnes qui, ayant détruit les fautes morales (k$(%ado$a), font preuve de compassion (k&p!lu). Selon PVV 363,10"11, des intentions «inobjectives» pourraient procéder de l!ignorance ou de l!intention de tromper (visa"v!d!bhipr!y!d ajñ!n!d v!). Voir pp. 75"81.
8
Selon PV! P285b6/D242b2, une entité consistant en parole ()abd!tman); selon PVSV! 390,13, un particulier de parole ()abdasvalak$a%a). «Une autre», c!est-à-dire une entité (vastu). La proposition répond à qui voudrait que la parole fasse connaître sans pour autant être liée (apratibaddha) à ce qu!elle fait connaître. Voir ELTSCHINGER 2003: 138"140, 153"154.
9
Selon PV! P285b5"6/D242b3 = PVSV! 390,15: «Mais si la parole n!a pas d!autorité concernant une entité extramentale#» Selon PV! P286a2/D242b5
Traduction
219
[votre maître Dign!ga] ait dit de l!Écriture qu!elle est une inférence [en matière d!objets extramentaux, lorsqu!il a déclaré]: «P Puisque la parole d!une personne crédible est semblable en fiabilité, elle est une inférence»10? [Réponse:] 11La personne [désireuse d!agir] ne peut vivre sans recourir à l!autorité d!une Écriture, parce qu!elle [y] apprend les grands bénéfices et les [grandes] "infortunes# [qu!elle retirera] de [ses] renoncement et consentement à certains [actes] dont les résultats [lui demeurent] invisibles,12 13et par= PVSV" 390,20, l!adversaire cherche à mettre Dharmak#rti en contradiction avec ses propres présuppositions (abhyupetab!dh!). 10
Dign!ga, PS II.5ab: voir pp. 69$70. Explication, PV" P285b7$286a1/ D242b3$4 $ PVSV" 390,16$18: yo ya !ptav!da" so !visa#v!d$ | yath! k%a&ik!" sarve sa#sk!r! ity!dika" | !ptav!da' ca ayam atyantaparok%e !py arthe | tasm!d ayam apy avisa#v!d$ ity evam !ptav!dasya avisa#v!das!m!ny!d avisa#v!ditv!d anum!nat! iti. «La parole d!une autorité est fiable, comme [est fiable un propos] tel que: %Tous les confectionnés sont instantanés.% Or la parole d!une autorité porte également sur un objet radicalement imperceptible. Donc la [parole qui est la sienne] est également fiable [lorsqu!elle porte sur un objet radicalement imperceptible]. Ainsi donc [est-ce] parce que la parole d!une autorité possède le caractère général de la fiabilité, de par [sa] fiabilité [donc, que cette parole] est une inférence.» & ne dit pas !ptav!da, mais k%$&ado%av!da (ñes pa zad pa"i tshig, cf. aussi PVSVt P479a7 et PV", passim), et n!a pas d!équivalent de avisa#v!ditv!t. Voir aussi Vibh. 363n. 5.
11
Introduction, PV" P286a2$3/D242b5$6 = PVSV" 390,21$22: voir pp. 73$ 75 et n. 23, p. 74.
12
Par «grands bénéfices», il faut entendre un résultat tel que le ciel (svarga), que l!on gagne en s!abstenant d!intentions nuisibles par exemple (hi#s!dicetan!); par «grandes infortunes», un résultat tel que les enfers (naraka), que l!on gagne en y consentant (PV" P286a5$6/D242b7$243a1 = PVSV" 390,24$26); voir aussi Vibh. 363n. 5. Explication, PV" P286a6$7/D243a1 = PVSV" 390,26$27: na ca atra vastubalaprav(ttam anyat pram!&a# s!dhakam asti yena !gamam anapek%ya anyata" pram!&!t pravarteta |. «Or sur ce point, il n!est aucun autre moyen de connaissance valide probateur procédant en vertu de quelque chose de réel grâce auquel [la personne] pourrait agir indépendamment de l!Écriture.»
13
Introduction, PV" P286a7$8/D243a1$2 = PVSV" 390,28: na api b!dhakam asti yato nivarteta |. «[Mais] il n!est pas davantage de [critère] annulateur grâce auquel [cette personne les] nierait.»
Traduction
220
ce qu!elle ne perçoit pas de contradiction à l!existence des [résultats désirable et indésirable que prévoit l!Écriture]. Donc étant donné que s!il faut agir [sur la base d!une Écriture], "mieux vaut# agir ainsi14, [le maître Dign!ga] propose une autorité [procédant] par évaluation [de l!Écriture]. 15Et [seul] le [traité qui forme] un énoncé consistant, [présente] un moyen adapté [à la réalisation du résultat16 et] exprime une finalité humaine, est qualifié à ce qu!on [en] évalue [la fiabilité]; un [énoncé] autre que celui [dont on vient de préciser la nature] n![y] est [en revanche] pas qualifié. [PV I.214] PVSV 108,9
La consistance [interne, c!est] le concours [que se prêtent mutuellement, par leurs rapports de subordination,] les énoncés en convergeant vers un objet unique, [et] non la simple disparate, comme [c!est le cas] d!énoncés tels que «dix grenades[, six gâteaux, un bol, du cumin, du sésame].17» Sinon[, faute de consistance, voilà qui] témoignerait de l!incohérence du locuteur [qui a composé le traité]. De plus, un [homme] en quête de résultats ne saurait s!attacher à examiner ni des traités "qui ordonnent un moyen inapproprié aux résultats#18, ni [des traités] dont le résultat n!est pas une finalité humaine,19 à l!exemple de la recommandation 14
Explication, PV" P286b1/D243a2$3 = PVSV" 391,9: evam !gama" par#k$ya, «ainsi[, c!est-à-dire] après avoir [dûment] évalué l!Écriture [sur la base de laquelle on compte agir].»
15
Sur PVSV 108,6$16, voir pp. 102$104.
16
Explication grammaticale du composé sambaddh!nugu%op!yam dans PV" P286b3$4/D243a4 = PVSV" 391,11$12; explication alternative due à «d!autres» dans PV" P286b4$5/D243a5.
17
PV" P287a1/D243b1 = PVSV" 391,17$18: voir n. 106, p. 102.
18
Librement pour: «des traités dont les résultats ont un moyen inapproprié.» Dans TSP 877,24$25, le moyen adapté consiste dans la cultivation mentale de l!insubstantialité (nair!tmyabh!van!, voir pp. 508$510), dont la mise en pratique (anu$&h!na) est possible.
19
Selon PVV 364,1, par «finalité humaine» il faut entendre le ciel (svarga) ou la délivrance (apavarga); selon PV" ñe P79a6/D65b7$66a1 = PVSV" 612,21$22 et TSP 877,26, élévation (abhyudaya) et summum bonum (ni'(re-
Traduction
221
de se parer du joyau [sis] dans le chaperon de Tak!aka afin de neutraliser le venin, et à l!exemple de l!examen des dents d!un corbeau. [En revanche,] on peut évaluer un traité qui, à l!inverse des [trois que l!on vient d!évoquer], possède une convergence [vers un objet unique, présente] un moyen approprié et exprime un but de l!homme, car témoigner la moindre attention à un autre [traité] est infondé. [Et] si le traité [possédant ces trois qualités] se révèle être fiable (na visa!v"dabh"j) lorsqu!on [l!]évalue, la [personne] agissant [sous son autorité] resplendira (#obheta)! [Objection:20] Mais en quoi consiste la fiabilité de ce [traité]? De ce [traité jugé digne d!évaluation], la fiabilité consiste en cela que ni la perception directe, ni les deux sortes d!inférence,21 n!invalident [ceux de] leurs deux objets22 [qui y sont mentionnés, lesquels portent respectivement] sur des objets empiriques et non empiriques. [PV I.215] PVSV 108,20
N!être pas invalidé par la perception directe consiste en cela [d!abord] que les objets reconnus comme perceptibles [dans le traité en cours d!évaluation] sont [effectivement] tels, à l!exemple de [couleurs] telles que le bleu, [des sensations] de plaisir et de douleur, de la préhension de caractères [tels que les marques respectives de l!homme et de la femme], de [passions] telles que la
yasa). Voir n. 110, p. 103. Sur les exemples qui suivent, voir DhPr 15,11"15. 20
Question traitée en objection ($e na) par PVSVt et PV" P287b3/D243b7. Sur PVSV 108,16"109,11, voir pp. 104"110.
21
C!est-à-dire, selon PV" P287b6/D244a2, PVSV" 392,15"16 et PVV 364,7" 8, l!inférence ordinaire procédant par la force de [quelque chose de] réel (vastubalaprav%tta ou °bh"vin) et l!inférence fondée sur l!Écriture ("gam"#rita ou "gam"#raya), que PVSV 109,1 nomme "gam"pek&"num"na.
22
PV" P287b4/D243b7 = PVSV" 392,13"14 commentent: tadarthayo' pratyak&"num"navi&ayayo', suggérant que tad°, plutôt que d!avoir même référence que asya (comparer TILLEMANS 1990: I.24 et 1993: 10), renvoie à pratyak&e(a anum"nena dvividhena api. Comme l!ont fait YAITA (1987: 7) et DUNNE (2004: 362), on peut lire aussi tadarthayo' comme une apposition à d%&)"d%&)"rthayo'.
222
Traduction
concupiscence, et [enfin] des connaissances.23 Et [n!être pas invalidé par la perception directe consiste ensuite dans] l!imperceptibilité [effective] des [objets] qui ne sont pas reconnus tels [dans ce traité], 24à l!exemple des [constituants] de plaisir et autres[, censés] se combiner sous forme de son notamment, et des [catégories de] substance, [de] mouvement, [d!]universel, [de] connexion et autres[, que les S!"khya et des gens tels que les Vai#e$ika respectivement reconnaissent à tort comme perceptibles].25 De même [n!être 23
Selon PV% P287b6"7/D244a3 = PVSV% 392,18, les cinq skandha épuisent les objets que Dharmak&rti tient pour perceptibles dans son propre système (svasiddh!nta): n"l!di ! corporéité (r#pa, et r#pa comme «visible», premier des vi$aya); sukhadu%khe ! sensation (vedan!; PV% P288a1"2/D244a4: ñams su myo& ba gsal ba ñid kyi phyir bde ba da& sdug bs&al gzu& gi !dir bta& sñoms kya& blta bar bya!o ||); nimittopalak$a'a ! identification perceptive (sa(jñ!, scolastiquement définie comme la préhension des caractères, nimittodgraha'a); r!g!di ! dispositions formatrices (sa(sk!ra); buddhi ! connaissances (vijñ!na). Selon PV% P288a4"6/D244a6 = PVSV% 392,23"24, les objets tenus pour perceptibles dans le présent traité le sont effectivement, car n"la est perceptible par la connaissance visuelle (cak$urvijñ!na), et sukh!di par la connaissance autoréflexive (svasa(vedana).
24
Introduction, PV% P288a8"b1/D244b1: g)an dag gis m&on sum ñid du bstan pa ga& dag yin pa de dag ni sa&s rgyas pa!i grub pa!i mtha! [la] m&on sum dag ma yin te | rnam par dpyad par gyur pa* de dag kya& m&on sum ñid ma yin pa kho na!o ||. *P pa: D pa!i.
25
PVSV% 392,29 dit s!&khyadar*ana là où PV% P288b3/D244b2"3 dit s!&khyamata (gra&s can gyi !dod pa). Même remarque pour vai*e$ik!didar*ana/vai*e$ik!dimata. (1) Sur les S!"khya. PV% P288b1/D244b1 (cf. PVSV% 392,27"28) explique sukh!di comme sukha, du%kha et moha (= sattva, rajas et tamas: cf. YD 64,19sq et BRONKHORST 1994: 311n.7; STK sous SK 11 et YAITA 1987: 15n. 61). Le motif pourrait provenir de la 'TV (cf. PS% 37b4ms P71a8sq/D63b1sq dans STEINKELLNER 1999: 670"671), de terminologie quasi-identique. Selon PV% P288b2"3/D244b2, seules des joies et des peines intérieures sont éprouvées comme sukha et du%kha, mais il n!est aucune nature (r#pa) de sukh!di dont on perçoive qu!elle constitue *abd!di. Selon PVSV% 393,27"28, la perception ne nous montre pas que ces trois constituants aient nature propre (°svabh!va) de *abd!di. Voir aussi Vibh. 364n.3 et TSP 878,4" 5. (2) Sur les Vai#e$ika. Pour des définitions de dravya, karman et s!m!nya, voir PV% P288b4/D244b3, PVSV% 392,30"393,9 et Vibh. 364n. 3. Aucune trace de sa(yoga dans les commentaires (sa(yoga figure dans le passage
Traduction
223
pas invalidé par l!inférence procédant de [quelque chose de] réel consiste-t-il en cela que] les [objets] reconnus comme les objets (vi!aya) de l!inférence qui ne repose pas sur l!Écriture sont [effectivement] tels, à l!exemple des "quatre# Vérités Saintes, [et en cela que les objets reconnus comme] ininférables sont [effectivement] tels, à l!exemple [d!objets] tels que le Soi26. PVSV 109,1 [Ce type de non-annulation vaut] également de l!inférence reposant sur l!Écriture27: par exemple, lorsqu!on admet que le démérite a la nature de [passions] telles que la concupiscence[, l!hostilité ou l!hébétude], et [qu!il consiste en l!acte corporel ou vocal] qui s!y origine,28 on ne recommande pas, pour éliminer ce [démérite], des [pratiques] telles que l!ablution [sur les rives d!un fleuve], l!oblation au feu [ou encore le jeûne].29 La fiabilité [d!un traité], c!est [donc] cette parallèle de TSP 878,5), mais dans PV! P288b4/D244b3$4 = PVSV! 393,9, "di = vibh"g"di. Harivarman, Dign"ga et Dharmap"la avaient déjà critiqué la perceptibilité des pad"rtha (cf. UI 1962: 55, 60$61, 67$68, 79), exposée dans PDhS §§240 et 385 (où samav"ya est réputé at#ndriya). (3) Explication générale. Selon PV! P288b5/D244b4 # PVSV! 393,10$11 et Vibh. 364n.4, on ne perçoit rien hormis les cinq skandha (tadvyatireke$a anupalabdhe%). PV! P288b5$6/D244b4 rappelle que Dharmak$rti a déjà démontré l!imperceptibilité des universaux (dans son traitement de l!apoha), et signale qu!il critiquera la substance dans le troisième chapitre (pratyak!apariccheda). 26
Selon PV! P289a1/D244b6 et PVSV! 393,14, la matière primordiale (pradh"na) des S"%khya, ou encore Dieu (#&vara; voir aussi PVV 364,11$12) sont aussi visés ici. Selon PVSV! 393,14$15 (cf. PV! P289a2/D244b7), on ne dispose en effet d!aucun indice inférentiel (li'ga) grâce auquel on pourrait les inférer. Selon PV! P289a2$3/D244b7, il ne pourrait s!agir ni d!un svabh"vali'ga (ra' b(in gyi rtags), car leur nature est précisément la nature qui doit être établie (de!i ra' b(in ñid ni bsgrub par bya ba!i ra' b(in ñid yin pa!i phyir ro ||), ni d!un k"ryali'ga (!bras bu!i rtags), car il est absurde (*ayoga) qu!une entité permanente produise un effet.
27
Sur l!"gam"pek!"num"na, voir pp. 105$109.
28
Pour la traduction de tatprabhavam, comparer DUNNE 2004: 363 et YAITA 1987: 8. Ma traduction se fonde sur PV! ñe P78b6$7/D65b3 # PVSV! 612,11$12 (sous PVSV 174,22$23) et Vibh. 364n.7, moins équivoques que PV! P289a6$7/D245a3 = PVSV! 393,19.
29
Sur t#rthasn"na, voir n. 126, p. 108.
Traduction
224
correction30 de tout objet (vi!aya) dont la détermination est possible [par la perception directe et par les deux sortes d!inférence]. [Le maître Dign!ga] a déclaré que puisque la parole d!une pers o n n e c r é d i b l e [ d o n t on n!a pas constaté qu!elle fût déviante] est semblable [à l!inférence] en fiabilité,31 la connaissance [née de l!indice qu!es t cette paro le ] e s t u n e i n f é r e n c e m ê m e [ l o r s que cette connaissance porte] sur un domaine [radicalement] imperceptible du [traité; mais cela, Dign!ga ne l!a dit qu!]en raison de l!impossibilité [où l!on se trouve sinon] d!accéder [aux objets radicalement imperceptibles].32 [PV I.216] PVSV109,7
Puisque la parole d!une personne crédible[, dont Dign!ga a affirmé le caractère inférentiel,]33 et celle qui est du type [que nous avons décrit]34 possèdent le caractère général de la fiabilité [quant à celles des entités qui sont perceptibles et inférables], on infère que 30
Explication, PV" P289b4"5/D245a6: gnod pa med pa!i mtshan ñid can gyi rnam par dag pa, «correction définie comme non-annulation.» Cf. PVSV" 393,25.
31
PVSV" 393,25"26: yath" #akyaparicchede "rthe "ptav"dasya avisa$v"das tath" atyantaparok!e "py "ptav"datv"d eva |. «La parole d!une personne crédible est fiable quant à un objet dont la détermination est possible [par la perception directe et par l!inférencePVT]; de même [l!]est-elle aussi quant à un [objet] radicalement imperceptible, simplement parce que c!est la parole d!une personne crédible.» Comparer YAITA 1987: 8, TILLEMANS 1990: I.25 et 1993: 11, DUNNE 2004: 364.
32
Impossibilité de connaître, et partant, d!agir (prav%ttyasambhava) relativement à eux; or s!il faut agir, autant agir après avoir évalué l!Écriture (cf. PV" P289b8"290a1/D245b2 # PVSV" 393,29"394,8, citant PVSV 108,5; cf. aussi Vibh. 365n. 2). Explication générale, PVV 365,1"4: atyantaparok!e!v arthe!u d"nahi$s"cetan"di!v arth"nartha#rava&"d "gamapr"m"&yam an"#ritya sth"tum as"marthy"d etadbh"ve virodh"bh"v"c ca saty"$ prav%ttau varam eva$ prav%ttir ity agaty" anum"nat" ukt" | na tu vastuto vacan"n"m arthe!u n"ntar'yakatv"bh"v"t |.
33
Selon PV" P290a1"2/D245b2"3 et PVSV" 394,9"10.
34
Explication, PV" P290a2"3/D245b3"4 # PVSV" 394,10: asya ity asm"bhi( samba[ddh"]nugu&op"yam ity"din" vic"ritasya | ata eva "ha | evambh)tasya iti sambandh"digu&ayuktasya ity artha( |.
Traduction
225
la connaissance [que l!on tire de cette parole] est également fiable sur un objet imperceptible et ininférable de [cette parole] dont on n!a pas constaté qu!elle fût déviante[; on l!infère] car, tout comme la connaissance [que l!on en tire] sur un [objet] autre que cet [objet radicalement imperceptible],35 elle se fonde sur cette [parole d!une personne crédible].36 Donc37 bien qu!elle s!origine à une parole, [la connaissance qui se fonde sur une Écriture du type évoqué] ne communique pas qu!une [pure] intention, comme [le fait n!importe quelle autre] connaissance verbale; ainsi, de par la fiabilité [de cette Écriture] sur un objet [accessible à la perception ou à l!inférence, cette connaissance est-elle] malgré tout (api) une inférence.38 Alternativement, on [peut] dire d!une autre manière [encore] que la parole d!autorité, parce qu!elle est fiable, constitue une inférence: Ou puisque[, tels que révélés par le Bienheureux,] la réalité du [mal] à écarter et du [bien] à réaliser, avec [leurs deux] moyens [respectifs],39 sont établis40 [par un moyen de connaissance va35
C!est-à-dire, selon PV! P290a6"7/D245b5"6 et PVSV! 394,15"16, sur un objet (directement) perceptible ou (ordinairement) inférable. Long développement de "#kyabuddhi, PV! P290a7"291a2/D245b6"246a5.
36
Noter PVSV! 394,14"15: !ptav!d!"rayatva# ca !c!ryap!ramparyopade"!t siddham |. «Et le fait qu!elle se fonde sur la parole d!une autorité s!établit grâce à l!enseignement d!une tradition [ininterrompue] de maîtres.»
37
Explication, PV! P291a2/D246a5: "in tu lkog tu gyur pa!i don la ji skad du b"ad pa!i don la mi slu ba de bas na |. Cf. PVSV! 394,16.
38
Explication, PV! P291a5/D246a7 = PVSV! 394, 21: prav$ttik!masya pu#so "bhipr!yava"!t |. «Du point de vue de l!intention de la personne désirant agir.» Puis, PVSV! 394,21"23: vastutas tv ananum!na# "abd!n!m arthai% saha sambandh!bh!v!t | asya eva arthasya khy!pan!rtho "pi"abda% |.
39
Selon PV! P291a6"8/D246a7"b2 $ PVSV! 394,24"27 et Vibh. 365n.4, la «réalité» (tattva) consiste dans la nature véritable (avipar&ta# r'pam), donc dans la Vérité y relative (respectivement du%kha° et nirodhasatya). Le mal à écarter est la douleur (sarva# du%kham); le bien à réaliser, c!est le nirv!(a, élimination de toutes les passions (sarvakle"aprah!(a# nirv!(am). Les moyens d!y parvenir consistent dans la Vérité d!origine (samudayasatya) et la Vérité du chemin (m!rgasatya).
40
C!est-à-dire: assurés (prasiddhi = ni"caya, PV! P291a8"b1/D246b2 =
Traduction
226
lide tenant à quelque chose de réel], l!objet principal41 [de la prédication] est fiable; donc [m ê m e l o r s q u ! e l l e p o r t e ] s u r u n autre [objet, radicalement imperceptible, la connaissance qu!on t i r e d e l a pa r ole d u B i e n h e u r e u x ] e s t u n e inférence. [P V I.217] PVSV 109,15
La justesse[, lorsqu!on les examine par inférence,] des [objets] que la [personne d!autorité] a enseignés [comme étant] à écarter, à réaliser et [comme] en [constituant] les [deux] moyens [respectifs, voilà en quoi consiste la] fiabilité, à l!exemple [de la justesse] des quatre Vérités Saintes [lorsqu!on les examine] selon la méthode qu!on exposera [plus bas42]. [Et] en raison de la fiabilité de cela même43 (tasya asya) qui sert le but de l!homme [qu!est le nirv!"a et] mérite [de ce fait notre] persévérance, admettre que [la prédication du Bienheureux] est telle également sur un autre [type d!]objet44 n!est pas "pour [nous] induire en erreur#, de par [son] innocuité [pour la finalité principale de l!homme],45 et parce que[, n!ayant pas induit l!homme en erreur sur l!objet principal que sont PVSV! 394,27$28; PVV 365,9). Selon PVV 365,9, par une inférence procédant de quelque chose de réel. 41
PV! P291b1$2/D246b2$3 " PVSV! 394,28$30: les quatre Vérités Saintes (satyacatu#$aya) forment l!objet principal car en les maîtrisant/comprenant, on obtient le nirv!"a (tadadhigamena nirv!"apr!pte%; PVV 365,10: satyacatu#$ay!dhigamasya nirv!"ahetutvena).
42
Selon PV! P291b5/D246b5 = PVSV! 395,15$16, dans le deuxième chapitre (pram!"asiddhipariccheda), où Dharmak#rti procède à l!examen (n&ti gl. vic!ra) des Vérités par inférence.
43
Noter PV! P291b6/D246b5$6 = PVSV! 395,16$17: tasya asya iti bhagavat! p'rvanirdi#$asya adhun! vibhaktatv!d asya satyacatu#$ayalak#a"asya |.
44
C!est-à-dire: sur un objet (d!importance) secondaire (gtso bo ma yin pa pa!i don la), d!après PV! P292a1$2/D246b7$247a1.
45
Deux interprétations possibles de anuparodh!t. (1) Une interprétation «anthropologique», au sens de laquelle accepter la fiabilité de l!Écriture relativement aux états de fait radicalement imperceptibles n!expose à aucun dommage (ou risque) quant à l!objet principal de la démarche sotériologique (voir PV! P292a2$3/D247a1). (2) Une interprétation «épistémologique», au sens de laquelle cette acceptation n!est pas susceptible d!annulation par les pram!"a empiriques (voir PVSV! 395,21: pram!"ena ab!dhan!t, DUNNE 2004: 366).
Traduction
227
les Vérités Saintes,] le locuteur n!a pas d!intérêt [propre] à s!exprimer sans raison de façon erronée [sur ce troisième point radicalement imperceptible]. PVSV 109,19 46
[Mais de chacune] des deux manières47 [dont on l!a fait, ce n!est qu!]en raison de l!impossibilité d!accéder [sinon aux objets radicalement imperceptibles que nous avons] exposé le caractère inférentiel de l!Écriture,48 [jugeant] que tant qu!à agir à partir d!une Écriture, mieux vaut agir ainsi.49 Aussi [la connaissance reposant sur l!Écriture] n!est-elle assurément pas une inférence infaillible.50 car les paroles n!entretiennent pas de relation nécessaire avec les objets [particuliers]: cela[, nous l!avons déjà] fait savoir.51 52
D!aucuns consid èren t co mme ob jective5 3 u n e [ p a r o l e ] f o n d é e
46
Introductions. (1) PV! P292a5"8/D247a25: gal te skyes bu gtso bo!i don la slu bar mi* byed pa yin la | g!an la phan pas !jug pa dba" po las !das pa!i don mtho" ba can yin na | gdon mi za bar !ga! !ig la g!an mi slu bar !gyur ba yin pa de!i dba" po las !das pa!i don mtho" ba ñid ni "es par nus pa ma yin no || de bas na rigs pas bgrod par bya ba!i skyes bu!i don la mi slu ba yin gyi mi "es pa ñid kyis na #in tu lkog tu gyur pa la slu bar ya" !gyur ro !e na | #es par mi nus pa can gyi don !di ñid ni bden te | !on kya" skyes bu!i !jug pa la ltos nas de ltar rnam par g!ag pa yin no || de ñid bstan pa!i phyir de da" !es bya ba la sogs pa smos la |. *P mi: D om. mi. (2) PVSV! 395,23: kad$cit tatra ajñ$n$d api [vi]tath$bhidh$na% sy$d iti cet.
47
Selon PV! P292a8"b1/D247a5 = PVSV! 395,23"24, dans PV I.216 et dans PV I.217.
48
Selon PV! P292b1"2/D247a5"6 " PVSV! 395,25: anum$nak$ra&atv$d anum$na[tvaPVT]m iti dra'(avyam.
49
C!est-à-dire, selon PV! P292b2"3/D247a6 = PVSV! 395,26"27, mieux vaut agir sur la base d!une telle Écriture que sur la base d!une Écriture induisant déjà en erreur sur les objets accessibles aux moyens de connaissance valide (na tu pram$&agamya eva arthe visa%v$dak$d [$gam$t] |).
50
PV! P292b3/D247a6 = PVSV! 395,28 glosent anap$ya par nirdo'a.
51
Dans PV I.213.
52
Sur PVSV 109,23"110,15, voir pp. 75"81 et 92"96.
53
C!est-à-dire comme vraie ou véridique (PVV 365,15: yath$rtha% saty$rtham).
Traduction
228
sur les propriétés supplémentaires54 de la personne [qui en est lo cutrice]. [PV I.218ab] PVSV 109,24
D!aucuns [tiennent] qu!une personne d!autorité (!pta) est une personne dotée de qualités [mentales] telles qu!une perception objective[, et que] la fiabilité [de l!Écriture] consiste en [cela qu!elle est] une composition de cette [personne d!autorité]. Cette proposition55 (artha) [nous serait] acceptable s!il était possible de connaître cette propriété supplémentaire [comme appartena nt à un e per so nne donnée]. [P V I.218cd] PVSV 110,3 56
Toute [personne, si elle] procède avec prudence [et] non par inclination [aveugle], analyse [si tel traité] est Écriture ou n!est pas Écriture, désireuse [qu!elle est] d!agir [sur la base d!une Écriture57 après avoir dûment écarté ce qui n!est pas Écriture; cette personne se dit en effet:] «Puissé-je connaître par l![Écriture] ce qu!il [me] faut mettre en pratique,58 [puis] voir [mon] agir couronné de succès!» Ainsi [est-ce] sur la base de la fiabilité [avérée d!un traité] sur ce dont la constatation est possible59 [que] la [personne qui se livre à cette analyse] "peut agir# également [par rapport] à [tel] autre [objet, imperceptible et ininférable, dudit traité], car la praxis des gens ordinaires [procède] majoritairement ainsi.60 61Mais si 54
Sur ces propriétés supplémentaires (ati"aya, vi"e#a, etc.), voir pp. 78$81 et n. 38, p. 79.
55
Selon PVV 365,16: puru#!ti"ayapra$%ta& vacana& pram!$am iti ! ayam artha'.
56
Ce passage est parallèle à PVin II.66,9$67,1/18*,1$11 (voir STEINKELLNER 1973: 56$57, et 1979: 65$66).
57
Explication, PV! P293a3$4/D247b4: "jug pa[r "dod pa] can te lu( gi don la nan tan du byed par "dod pa.
58
Anu#)heya gl. s!k#!tkartavyam artham (PV! P293a5/D247b5 = PVSV! 396,19).
59
PV! P293a6/D247b6 = PVSV! 396,20$21 glosent dar"ana par ni"caya, et avisa&v!da par pratyak#!num!n!bhy!m avadh!nam (tib. gnod pa med pa).
60
Explication, PV! P293a8/D247b7 = PVSV! 396,23: evam ity ekade"!visa&v!dadar"anena anyatra pravartanam |. «Ainsi, c!est-à-dire d!agir [par rap-
Traduction
229
[l!on admet que] l!agir [passe] par l!évaluation de l!homme [plutôt que de l!Écriture, il n!y aura plus dès lors] que non-agir; [il n!y aura que non-agir,] parce qu!il est impossible de savoir que cet [homme] est tel [qu!il possède des qualités particulières, et] non parce que nous [bouddhistes] n!accepterions pas [que cet homme existe], car de telles [personnes] disent [effectivement] vrai. C!est ainsi que d!autres62 considèrent qu!il est difficile de reconnaître,63 [dans un jugement] du type: «Cet [homme] est tel ou non64», "les f a u t e s [ m o r a l e s ] d ! a u t r u i , o u m ê m e l a c a r e n c e [d!autrui] en f a u t e s [ m o r a l e s ] # , car introuvables (durlabha) sont les moyens de connaissance valide [ q u i p e r m e t t r a i e n t d e s!assurer des qualités et fautes morales caractérisant d!autres séries psychiques]. [PV I.219] PVSV 110,11
En effet, [c!est] en vertu de qualités et de fautes [morales] "d!ordre mental#65 [que] les hommes agissent de façon juste ou de port] à [telle] autre [matière] grâce à la constatation [préalable] de la fiabilité [dudit traité] sur un certain point.». 61
Introduction, PV! P293b1$2/D248a1: gal te skyes bu ñes pa zad pa ga! yin pa de!i tshig las !jug par bya!o "es de ltar !dod pa de!i tshe |. «Si l!on admet ainsi qu!il faut agir [à partir] de la parole d!un homme qui est une autorité/ qui a détruit les fautes [morales], alors%»
62
C!est-à-dire les bouddhistes (saugata), selon PVV 365,24.
63
Selon les explications grammaticales de PV! P293b8/D248a5 = PVSV! 397,7$9 et PVV 365,24$25, durbodh# est à lire au féminin singulier avec nirdo$at#, mais à transformer en un masculin pluriel avec anyado$#%. «Difficile de reconnaître»: impossible aux gens ordinaires, mais possible aux détenteurs de l!abhijñ#.
64
«Tel» (evam), c!est-à-dire doté de fautes morales (do$avat); par «ou non [tel]» (na v# evam), il faut entendre nirdo$a selon PV! P293b7/D284a4 = PVSV! 396,31 et PVV 365,23.
65
Selon PV! P294a4/D248a7$b1 = PVSV! 397,12$13, «qualités» de compassion (k&p#), de dépassionnement (vair#gya) ou de compréhension (bodha); «fautes [morales]» de concupiscence (r#ga, PVSV!) ou d!hostilité (dve$a, PV!). «D!ordre mental», c!est-à-dire «d!origine mentale» (cetasi bhav#% caitas#%, PV! P294a3$4/D248a7 = PVSV! 397,12). Prav&tti = k#yav#kkarman.
230
Traduction
façon fausse. Or [les qualités et fautes morales d!autrui étant] suprasensibles [en tant précisément qu!elles sont des propriétés mentales]66",# peut-être seront-elles (syu!) inférables à partir des comportements corporels et langagiers dont elles forment l!origine. Mais [tel n!est pas le cas, car] les comportements [corporels et langagiers, procédant] de façon délibérée pour la plupart, peuvent également être consentis de façon trompeuse,67 parce que [les comportements] sont fonction des intentions humaines, et que les [gens] ont des motivations [très] variées.68 Donc si, de par la confusion de l!indice [inférentiel],69 [elle ne peut] s!assurer [qu!une personne a détruit les fautes morales], comment la [personne inférant qualités et fautes morales] pourrait-elle reconnaître [l!auteur d!une Écriture]? PVSV 110,15 70
Si maintenant [l!on s!enquiert de savoir] s!il n!y a vraiment pas d!homme tel qu!il soit dénué de [toute] faute [morale, nous répondons:] 66
Et, selon PV! P294a7$8/D248b2 et PVSV! 397,15, ne sont donc accessibles ni à la perception, ni à une inférence fondée sur un svabh"vali#ga. Explications: (1) PV! P294a8/D248b2$3: de!i ra# b$in ñid ni bsgrub par bya ba ñid yin pa!i phyir ro ||. (2) PVSV! 397,15$16: at%ndriyatv"d eva svabh"vali#gasya asiddhe! |. Ce qui suit suggère la possibilité de fonder l!inférence sur un k"ryali#ga.
67
Explication, PV! P294b3$4/D248b4$5 " PVSV! 397,19$20: voir pp. 93$96 et n. 86, p. 95.
68
Explication, PV! P294b6$7/D248b6$7 = PVSV! 397,23$24: les comportements procédant arbitrairement (yathe&'am), distinguer (viveka) ceux qui s!originent à des qualités mentales de ceux qui s!originent à des fautes morales ne fait l!objet d!aucune certitude (ni(caya).
69
C!est-à-dire en raison de la (possible) déviance de l!indice (li#gavyabhic"r"t, PV! P294b8/D248b7 = PVSV! 397,25): l!inférence serait concluante en présence d!une corrélation fixe entre comportements corporels et langagiers d!un côté, propriétés mentales de l!autre.
70
Sur PVSV 110,15$112,6, voir APPENDICE D. Selon PV! P295a1$2/D249a1$ 2, l!adversaire s!inquiète de ce qu!avec et depuis PVSV 110,8 (na ani&'e!%), Dharmak#rti a admis l!existence d!une personne ayant éliminé toutes les fautes morales; cet adversaire désire voir maintenant produit le moyen de connaissance valide permettant à Dharmak#rti de l!admettre.
Traduction
231
Puisque tous [les influx néfastes,] qui tendent à diminuer ou à augmenter [selon qu!on l e l e u r o p p o s e o u n o n , ] o n t u n c o n t r e carrant,71 [ces] influx néfastes pourraient, dans une [série psychique] donnée, être éliminés g r â c e a u f a i t q u e , p a r u n e p r a t i que répétée du[dit contrecarrant, cel u i - c i e n v i e n t f i n a l e m e n t à ] former l!essence [de la série psychique].72 [PV I.220] PVSV 110,19
[Loin donc d!en nier l!existence, nous disons] simplement [que] l![homme] qui a éliminé les influx néfastes [de sa série psychique] est difficile à reconnaître. [Selon qu!]elles ont la propriété d![être en] diminution ou [en] augmentation, les fautes [morales] prouvent en effet la force ou la faiblesse de [leur] subjugation par le contracarrant, comme des [choses] telles qu!une flamme.73 74En effet [les fautes morales] s!originent à [cet événement d!ordre strictement] conceptuel (vikalpa) [qu!est l!acte d!attention incorrect; donc] même si [votre supposé] substrat [extramental] existe, elles [ne] faiblissent [que] par la pratique répétée d!une certaine qualité mentale[, la perception de l!insubstantialité];75 [et] si cette [qualité 71
Selon PV! P295b2/D249a6 " PVSV! 398,11"12, l!annulateur (b!dhaka) des fautes morales est nair!tmyajñ!na; selon Vibh. 366n.1, nair!tmya en est l!antidote (pratipak"a). Sur ce point, voir pp. 508"510 et n. 32, p. 509.
72
Sur abhy!sa et s!tm#bh!va, voir n. 38, pp. 510"511. La série psychique essencifiée par l!antidote est dite s!tm#bh$tado"apratipak"a (PV! P295b1/ D249a6 = PVSV! 398,11). Explication générale, PVV 366,7"8: [na] nirdo"apuru"!pal!pa% kriyate ki&tu tadavadh!ra'op!yo na asti ity ucyate | icch!dh#nasya vy!h!rasya anyath! api kartu& (akyatv!t | na tatas tath!rthani(caya% |.
73
Ou, selon PV! P296a1/D249b3 = PVSV! 398,19, comme le contact du froid et du chaud par exemple ((#to"'aspar(!di). Selon qu!elle diminue ou augmente, la flamme prouve l!intensité relative de sa subjugation par l!eau, son contrecarrant (voir PV! P296a1"3/D249b3"4 = PVSV! 398, 20"21, et TSP 870,19"27 sous TS n°3338).
74
Selon l!adversaire de PV! P296a3"4/D249b4"5 et PVSV! 398,22"23, les fautes morales sont liées à un objet extramental (b!hy!rthapratibaddha), présent en permanence (nitya& sa&nihitam, PVSV!; jamais détruit, PV!): comment donc leur destruction (uccheda) pourrait-elle intervenir?
75
Les fautes morales obéissent à la présence et à l!absence (anvayavyatirek!nu-
Traduction
232
mentale devait atteindre son] paroxysme, [les fautes morales] pourraient [fort bien] avoir pour propriété une annihilation définitive,76 exactement comme la flamme, etc. Il se pourrait donc même qu!existe une [personne entièrement] dénuée de fautes [morales]. PVSV 110,23 77
[Objection:] Comment [dire une personne] «dénuée de fautes [morales]» dès lors que,78 tout comme le contrecarrant [peut selon vous] se produire chez une [personne] qu!essencifient les fautes [morales]79, les fautes [morales pourraient elles] aussi, selon les conditions, se produire même [chez une personne] qu!essencifie le contrecarrant aux fautes [morales]? [Réponse:] Voilà qui n!est pas une faute [susceptible d!affecter notre position], parce que les [fautes morales qui en sont en tout point] les contraires80 n!annulent pas [le Chemin, c!est-à-dire la perception de l!invidh![n/yitv]a, PV! P296a7/D249b7) d!un acte d!attention incorrect (ayoni"omanask!ra): selon PV! P296a6"7/D249b6"7 " PVSV! 398,25"26, elles ne se produisent pas sans lui (même en présence d!une entité extramentale censée lui servir de substrat). Intéressante explication dans PV! P296b1" 3/D250a1"2 " PVSV! 398,29"31. Sur l!ayoni"omanas(i)k!ra, voir pp. 513" 514. 76
C!est-à-dire sans qu!en subsiste de trace pour les faire réapparaître. Selon PV! P296b5/D250a3 = PVSV! 399,7, concomitantes au «germe de passion» (kle"ab#ja), les fautes morales en naissent. PV! P296b6"7/D250a4 = PVSV! 399,9 expliquent: v!sanay! saha vin!"adharm!$a ity artha% |. «Le sens [visé est] qu!elles ont pour propriété d!être annihilées avec [leur] relent.» Sur ce passage, voir ELTSCHINGER 2005b: 182"184. Pour un raisonnement formel, voir PV! P296b8"297a2/D250a5"6 et PVSV! 399,10"13.
77
Sur ce qui suit et en particulier sur l!objection et sa réponse dans PV I.221 = PV II.210, voir en général pp. 511"517, et ELTSCHINGER 2005b: 183.
78
PVSV! 399,15 comprend y!vat! dans le sens de yad!, «dès lors que»; PVSVt rend !di ltar, que PV! P297a4"5/D250b1 interprète comme yasm!t (ga& gi phyir).
79
PV! P297a5"6/D250b1 = PVSV! 399,16 notent: en raison de leur pratique répétée depuis un temps sans commencement (an!dik!l!bhy!s!t).
80
Selon PV! P298a1/D251a1 = PVSV! 399,24 et Vibh. 366n. 3: qui comportent des affres (sopadrava), n!ont pas un objet réel (abh't!rtha) et ne sont pas nature propre (asvabh!va).
Traduction
233
substantialité,] nature propre [de l!esprit] dénuée des affres [du Sa!s"ra] et possédant un objet réel, car même à s!efforcer [en quelque façon de les ressusciter], la connaissance incline [tout entière] au [Chemin doté de qualités, l!antidote aux fautes morales].81 [PV I.221] PVSV 111,1
[L!homme que l!antidote essencifie] ne peut en effet se séparer sans effort de la nature propre [qu!est la perception de l!insubstantialité], comme [ne peut être écartée sans effort] la répulsion [qu!éprouvait pour la condition de K"p"lika] un [brahmane] lettré [après qu!il est lui-même] devenu K"p"lika.82 Et l!effort [destiné à écarter la nature de Chemin,] on [ne le] pourrait consentir [qu!]en constatant des qualités et des défauts[, respectivement,] aux deux natures propres à acquérir et à écarter.83 Or cette [consta81
Dharmak#rti dit yatnavattve !pi buddhe! tatpak"ap#tata! en concédant que cet effort puisse intervenir (voir PV$ P298a3/D251a2 = PVSV$ 399,27), mais en fait, selon PV$ P298a2"3/D251a2, PVSV$ 399,26 et PVV 276,13" 14, pareil effort ne survient pas pour qui pratique le chemin (lam goms par gyur pa can la) ou pour celui que le chemin essencifie (s#tm$bh%tam#rgasya). Explication, PV$ P298a4"5/D251a3 = PVSV$ 399,28"400,7: do"otp#dane yatna& nivartya gu'apak"ap#tena do"apratipak"a eva yatn#dh#n#d iti y#vat |. Noter que pak"ap#ta est glosé bahum#na (PVSV$ 399,28 et Vibh. 366n. 4), et expliqué abhirucitavi"ayatvena pak"ap#tata!: la traduction «inclination» rend les sens de «partialité» et d!«affection». Explication générale, PVV 366,16"17: voir n. 60, p. 517.
82
Intéressante explication de gh('# dans PVP P61b7/D54b1 sous PV I.131ab: mi gtsa) ba la smod pa"i mtshan ñid can mi gtsa) ba, qu!on peut, grâce à Vibh. 57n. 1 (a*ucivi[ju]gup[s]#), aisément restituer en: *a*ucivijugups#lak"a'# gh('#, «la répulsion se définit comme le dégoût [qu!on éprouve] pour l!impur». Que Dharmak#rti vise ici la répulsion que continue un temps d!éprouver, pour la condition de K"p"lika, le brahmane lettré (*rotriya) après qu!il est devenu K"p"lika, ressort très clairement des différents commentaires (PV$ P298a7/D251a4"5 = PVSV$ 400,10"11 [ya! *rotriya! san k#p#liko bhavati tasya *rotriy#vasth#y#& y# gh('# s#]), mais aussi des exemples mentionnés par Devendrabuddhi et %"kyabuddhi sous PV II.119, dans PVP P58b1"5/D51b5"7 et PV$ ñe P142a2/D116a4 (voir ELTSCHINGER [à paraître 1, n. 40]).
83
Selon PVSV$ 400,12 et 13, la nature propre à acquérir et valoriser serait alors celle de concupiscence, etc., alors que la nature à écarter et dévaloriser
234
Traduction
tation de qualités] aux fautes [morales] n!intervient pas chez un homme qu!essencifie le contrecarrant. [Quant à la constatation de défauts dans le contrecarrant, elle n!intervient pas chez lui] puisque ce [contrecarrant] est dénué des [trois sortes d!]affres,84 de par l!élimination de toutes les fautes [morales]; de par la dissociation d![avec] les douleurs liées au sévissement actuel [des passions] et à l!existence (janman);85 [et enfin] faute d!aversion pour la saveur [propre au] bonheur [non souillé] de l!apaisement.86 [Quant à] ce dont l!objet est irréel,87 "naissant par la [seule] force du substrat serait celle de vipa!yan" (discernement). 84
Explication, PV! P298b3#6/D251a7#b1 " PVSV! 400,17#20: trividho hy upadravo yasya abh"v"n nirupadravo m"rga# | tath" hi citta$ vibaddhu$ hetur do%opadravo yai! citta$ vibaddha$ bh&t"rthadar!ane na pravartate | k"yacittavyath"hetur du#khadaurmanasyopadrava# | s"sravasukhasya apra!"ntatay" *tadupabhoge vairasya udvega! ca* |. *PV! porte: de!i ñe bar lo's spyod pa na ro mya' ba ñid kyis skyo ba!o, év. *tadupabhoge "sv"datay" udvega! [ca]: ma traduction suit ici PV!. «Triple est en effet l!affre dont l!absence fait le Chemin sans affres: c!est ainsi que la cause qui obstrue l!esprit, c!est l!affre des fautes [morales], par lesquelles l!esprit [ainsi] obstrué ne procède pas à une perception dont l!objet est réel; la cause des souffrances du corps et de l!esprit, c!est l!affre de la douleur et de la peine; et [enfin, la troisième affre,] c!est l!agitation que l!on doit au fait que le bonheur souillé n!a pas cessé [et] que l!on goûte sa jouissance.» Comparer TSP 874,12#15 sous TS n°3338; sur nirupadrava (m"rga), voir aussi PVP P104a3#4/D90a3# 4 et PVV 83,24 sous PV II.210, AK VII.13/LA VALLEE POUSSIN 1980: V.32 (nirupadrava = nirdu#kha, AKVy 626,23#24); pour une interprétation de ce passage relatif aux upadrava, voir ELTSCHINGER 2005b: 196#197. Les trois propositions suivantes décrivent successivement l!absence des trois affres dans le Chemin.
85
Sur paryavasth"na, voir LA VALLEE POUSSIN 1980: V.3#4 et JAINI 2001c; PV! P298b8/D251b2 = PVSV! 400,23: r"g"disa$mukh(bh"va# paryavasth"nam |. Selon PV! P298b8#299a1/D251b3#4 = PVSV! 400,24#26, paryavasth"nadu#kha, c!est la consomption (parid"ha) du corps et de l!esprit lorsque naît la concupiscence, etc.; janmadu#kha, c!est la douleur liée à la naissance, à la vieillesse et à la maladie.
86
PV! P299a2/D251b4 = PVSV! 400,27: pra!amo r"g"divirahalak%a)a$ nirv")am |. «La cessation, c!est le nirv")a défini comme l!affranchissement de la concupiscence, etc.»
87
Selon PV! P299a4/D251b5, ce qui suit montre l!absence de toute cause exté-
Traduction
235
[qu!est l!imprégnation latente d!un concept erroné]", il ne peut en fait plus se produire puisque l!on s!est approprié [son contrecarrant, qui est] le contraire de la série [de connaissance reposant sur des germes de concupiscence];88 mais tel n!est pas le cas de ce dont l!objet est réel,89 car [cela] se produit par la force des entités [réelles telles qu!en leur condition propre].90 Or ayant des objets irréels,91 les fautes [morales] n!#annulent" pas l!essentialité du contrecarrant[, dont l!objet est réel]. C!est pourquoi les fautes [morales] ne réapparaissent plus [chez ceux qui les ont éliminées, et ce] même si un effort [devait être consenti en ce sens], car [déjà] chez une [personne] évaluant [rationnellement les choses, et tout] particulièrement chez une [personne moralement] immaculée,92 l!effort porte sur le seul contrecarrant étant donné que la connaissance incline aux [seules] qualités. rieure (b!hyanimitta). 88
Explication, PV! P299a6$7/D251b7: phyin ci log gi rnam par sgro btags nas !jug pa!i ñes pa dag ni ya" dag pa!i don !dzin pa gñen po!i phyogs gnod pa can yo"s su gzu" ba!i phyir skye bar mi !gyur ro #es bya ba!i tha tshig go ||. «Le sens [visé est le suivant:] Les fautes [morales] qui entrent en jeu après qu!on a surimposé un aspect erroné ne peuvent pas se produire, en raison de la saisie du contrecarrant annulateur qui appréhende un objet réel.»
89
C!est-à-dire, selon PV! P299a7$8/D252a1 = PVSV! 401,11: cela ne peut que se produire.
90
Explication, PV! P299a8$299b1/D252a1$2 " PVSV! 401,12$14: déjà pour la personne qu!essencifient les fautes morales, les moyens de connaissance valide conduisent au Chemin contrecarrant (pratipak$am!rga) puisqu!ils appréhendent des aspects réels (bh%t!k!ra) tels que l!impermanence (voir ELTSCHINGER [à paraître 2, §§2$3]); qui plus est pour la personne qu!essencifie le discernement (PVSV! vipa&yan!s!tmani sthitasya, PV!P *vipa&yan!m!rge sthitasya, PV!D *vipa&yan!bhy!se sthitasya): voir pp. 514$516 et n. 55, p. 516.
91
Explication, PVSV! 401,14$15: !tm!tm'y!dhy!ropite "rthe prav(tte) |. «Puisqu!elles portent sur (ou: procèdent relativement à) un objet surimposé comme soi et comme sien.»
92
Répondant à la question kasya, le génitif par'k$!vato vi&e$e*a adu$+!tmana) peut aussi être gouverné par buddhe) (cf. PVSVt) ou par yatn!dh!n!t: ma traduction «locative» ne tranche pas.
Traduction
236 PVSV 111,10 93
[Objection:] Mais quelle est l!origine de ces fautes [morales, origine] dont la pratique répétée de l!antidote [les] élimine? [Réponse:] La naissance de toutes les sortes de fautes [morales] procède d e l a v u e p e r s o n n a l i s t e ; 9 4 [ o r ] c e l l e - c i [ n ! e s t autre que] la nescience; 95sur ce [à quoi l!on adhère en tant que soi et en tant que sien,96 naît] l!attachement au [soi et au sien, et] de celui-ci n a i s s e n t l e s [ p a s s i o n s d ! ] h o s t i l i t é [ à l ! e n dr o i t d e c e q u i l e u r f a i t d u t o r t ] , e t c . 9 7 [ P V I . 2 2 2] PVSV 111,15
Pour la [personne] qui, sans [rien] prendre,98 voit [sous le double aspect du] non-moi [et du] non-mien, il n!est en effet d!attachement à l!endroit de rien; et pour la [personne] détachée, il n!est d!hostilité à l!endroit de rien, car on n!a d![hostilité] ni pour 93
Sur ce qui suit, voir pp. 503"508.
94
Selon PV! P300a1/D252a6"7 = PVSV! 401,24 et PVV 366,23, l!adversaire suspecte maintenant une contradiction (vy!gh!ta, virodha) avec l!Écriture prêchée par le Bienheureux, selon laquelle les passions ont pour cause la nescience (avidy!hetuka).
95
Selon PV! P300a2/D252a7 = PVSV! 401,25"26, ce qui suit montre la façon dont procèdent les passions à partir de la vue personnaliste. Voir aussi PVV 367,3.
96
Selon PV! P300a3/D252b1 = PVSV! 401,26"27 (tatra !tm!tm"yatvena abhinivi#$e !rthe); mais PVV 367,1"2 glose tatra par satk!yadar%ane sati, «la vue personnaliste étant [posée].»
97
Explication, PVV 367,3"4: ato nair!tmyadar%ana& m!rgo yukta' satk!yad(#$ipratipak#atv!t |. «Il est donc correct que le Chemin consiste dans la perception de l!insubstantialité, puisqu!il s!agit [là] de l!antidote à la vue personnaliste.»
98
Explication, PV! P300a5"6/D252b2"3 " PVSV! 401,30"402,8: !tm!tm"yatvena tadanugr!hakatvena parikalpya grahas tena vin! |. «Sans la prise [de quelque chose] après l!avoir conceptualisé en tant que soi et sien et en tant que favorable au [soi et au sien].» Parigraha est glosé abhi#va)ga dans PVP P110b5, PVV 87,16, abhi#va)ga expliquant r!ga dans PVSV 9,5"6. Noter aussi TSP 870,13"14 sous TS n°3338: n!pi mama ity ag(h*ata !tmasukhotp!dan!nuk+latvena ag(h"te vastuny !tm!tm"yatvena abhi#va)ga' samudbhavati |.
Traduction
237
ce qui ne fait nul tort au soi et au sien, ni pour ce qui entrave le tort [fait à la prise comme soi et comme sien].99 Par conséquent, née de la pratique [immémorialement] répétée d!une [vue] de même type [et de son imprégnation latente], la vue du soi donne lieu à la croyance au sien, toutes deux à l!attachement au [soi et au sien], et cet [attachement] aux [passions d!]hostilité, etc.: toutes les fautes [morales] naissent donc de la vue personnaliste, et c!est elle qu!on appelle «ignorance» [dans notre système doctrinal]. Voilà pourquoi [un S!tra] déclare que l!hébétude est la cause [principale] des fautes [morales, alors qu!il est dit] ailleurs [que] la vue personnalis te [est la c au s e p r i n c i p al e d e s f a u t e s morales]; 100[on dit que c!en est la cause principale] car on élimine [les fautes morales] s i l ! o n é l i m i n e l a [ v u e p e r s o n n a l i s te101]. [PV I.223] PVSV 111,23
[Les Bouddha Bienheureux] ont dit de l!hébétude qu!elle est la cause des fautes [morales] car les fautes [morales] ne se produisent pas chez qui n!est pas hébété; mais ailleurs, [ils ont dit que 99
Selon PV" P300a8"b2/D252b4"5 = PVSV" 402,10"13, le premier cas se réfère à ce qui demeure indifférent (ud!s"napak#e); le second, à ce qui est favorable (mitrapak#e). Explication, PV" P300b2"3/D252b5"6 # PVSV" 402,13"14: ki$tv !tm!tm"yasnehavi#ayabh%tavirodhena ya& sthita& pratik%lavart" tatra eva dve#a& | tasm!n na !tm!tm"yasneham antare'a dve#a iti |. «Mais on n!a d!hostilité que pour ce qui [nous] résiste en s!opposant à ce qui est l!objet de [notre] attachement au soi et au sien. Par conséquent, il n!est pas d!hostilité sans attachement au soi et au sien.» Noter aussi TSP 870,14" 16 sous TS n°3338: dve#o !pi na hi kvacid asaktasya !tm!tm"yapratik%latvena ag(h"te vastuni pr!durbh!vam !s!dayati | !tm"y!nuparodhini taduparodhapratigh!tini ca tasya asambhav!t |.
100
Introduction, PVV 367,10"11: nanv anye !pi indriyavi#ay!yoni)omanask!r!dayo do#ahetava&, tat kim avidy!satk!yad(#*y eva abhihita ity !ha |. «[Objection:] D!autres [facteurs] encore sont causes des fautes [morales, tels] les objets des facultés sensorielles ou l!acte d!attention incorrect; pourquoi donc seules la nescience et la vue personnalistes sont-elles déclarées [telles]?»
101
Selon PV" P301a1"2/D253a3 = PVSV" 402,25"26. Mais PVV 367,13 explique: tasya mohasya satk!yad(#*ilak#a'asya prah!'e, «en éliminant l!hébétude définie comme la vue personnaliste».
238
Traduction
leur cause est] la vue personnaliste. Voilà102 qui [pourtant ne] saurait valoir [que] si l!exposé [porte] sur la [cause] principale,103 car il serait contradictoire [d!affirmer] que des fautes [morales] naissant d!un [complexe causal] multiple104 se produisent à partir d!une [cause] unique[, hébétude et vue personnaliste].105 Et si [toutes] deux étaient [choses différentes l!une de l!autre mais néanmoins chacune cause] principale [des fautes morales, les] exposer [tantôt] l!une et [tantôt] l!autre [en différents passages serait pour le moins] inélégant [de la part du locuteur]! [Mais si elles ne diffèrent pas selon la nature propre,] exposer un seul [et même objet tour à tour] de deux façons [différentes, par les expressions d!«hébétude» et de «vue personnaliste»,] n!est pas contradictoire [de sa principialité]. Or en tant qu!elle est le substrat des [fautes morales,106 la vue personnaliste] est principielle, car on élimine les fautes [morales] si l!on élimine la [vue personnaliste]. Il est donc possible d!éliminer les fautes [morales,] qui naissent [on l!a vu] de la vue personnaliste, grâce à une pratique répétée de la perception de l!insubstantialité, l!antidote de cette [vue personnaliste]. [Bien] difficile à reconnaître est toutefois l![instructeur] ayant détruit les fautes [morales,
102
C!est-à-dire, selon PV! P301a3/D253a4 = PVSV! 402,28, le fait que l!hébétude et la vue personnaliste soient la cause des fautes morales (tac ca etat k!ra"atva# mohasya satk!yad$%&e' ca).
103
Explication, PV! P301a4/D253a4 = PVSV! 403,8: na hetum!tranirde'e |. «Mais pas si l!exposé porte sur la cause en général.»
104
Complexe (kal!pa) multiple comprenant, selon PV! P301a4/D253a4"5 = PVSV! 403,8"9, les facultés sensorielles (indriya), leur objet (vi%aya) et l!acte d!attention incorrect (ayoni'omanask!ra).
105
Explication, PV! P301a5"6/D353a5"6 = PVSV! 403,10"11: tasm!d anyak!ra"asambhave !pi pr!dh!nya# g$h(tv! mohasatk!yad$%&yo) k!ra"atvam uktam iti gamyate |. «On comprend donc que bien qu!il existe d!autres causes [aux fautes morales], il ait été dit, par référence au [seul] caractère principal, qu!hébétude et vue personnaliste sont la cause [des fautes morales].»
106
PV! P301b1"2/D253b1 = PVSV! 403,17"18: tac ca anantaram eva pratip!ditam | pratip!dayi%yate ca dvit(ye paricchede |. Voir les références groupées pp. 506"508.
Traduction
239
et] grâce à l!enseignement duquel la [personne désirant agir] peut s!engager à la pratique (pratipadyeta)!107 PVSV 112,6 108
[Arguant précisément] de ce qu!un auteur [d!Écriture immaculé] est [comme on l!a dit] difficile à reconnaître109[, et] cherchant à éviter (m! bh"t) que l!Écriture soit une parole se fondant sur l!homme, d!aucuns disent que puisque les fautes [morales], causes de la fausseté des paroles, se fondent sur l!homme,110 [seul] un [én o n c é ] i n c r é é e s t v é r i d i q u e [ é t an t d o n n é q u e l e s f a u t e s m o r a l e s n e p e u v e n t l e s o u s - t e n dr e ] . [ P V I . 2 2 4 ] PVSV 112,10
Certains [considèrent que] de toute Écriture[, créée ou incréée], on ne saurait [également] redouter qu!elle [nous] trompe":#
107
Explication, PV! P301b4/D253b3 = PVSV! 403,23: pratipadyeta | tena upadi#$am artham anuti#$het |.
108
Introduction, PVV 367,17: vedapr!m!%ya& nir!cik'r#an paramatam utth!payati |. «Désireux de réfuter l!autorité du Veda, [Dharmak"rti] présente la pensée de [son] adversaire.» Qu!il s!agit là de M"m#$saka est explicité par PV! P302a2/D253b7 = PVSV! 404,5 (kecin m'm!&sak!(); PVV 367,22 dit: kecij jaimin'y!(. Ici s!ouvre la critique de l!incréation (apauru#eyat!) comme critère de l!autorité scripturaire: sur la position générale de la M"m#$s# ici visée, ainsi que sur la structure générale de la critique de l!apauru#eyat!, voir pp. 116$128. Dans PVSV! 404,7$405,19, K donne un exposé lumineux de la position générale de Kum#rila en matière de vedapr!m!%ya et de svata(pr!m!%ya (sur les citations de %V criblant ce développement, voir APPENDICE B); voir aussi Vibh. 367n. 1, inspiré de K.
109
Dans %V codan! 133$136, Kum#rila démontre qu!il est impossible à l!homme ordinaire de reconnaître une personne omnisciente: voir n. 84, pp. 93$94.
110
Sur les fautes morales (do#a), voir pp. 117$119. Selon les explications grammaticales de PV! P301b7$302a2/D253b5$6 & PVSV! 403,28$404,4, deux interprétations de do#!%!& puru#!)ray!t sont recevables. Dans la première, le génitif do#!%!m a valeur de kart* (agent), puru#a° de karman (objet), et la phrase s!entend: do#ai( puru#a[sya] parig*h'tatv!t, «car les fautes [morales] se saisissent de l!homme» (donc: «les fautes [morales] se fondent sur l!homme»); dans la seconde, do#!%!m a valeur de karman, et puru#a° de kart*: do#!%!& puru#e%a parigrah!t, «car l!homme se saisit des fautes [morales]» (donc: «l!homme se fonde sur les fautes [morales]»).
Traduction
240
puisque les fautes [morales] causes de tromperie se fondent sur l!homme",# un [énoncé] incréé [sera] véridique, car l!absence de la cause permet [à leurs yeux] de prouver l!absence de l!effet.111 Contre les [M!m"#saka] qui s!expriment ainsi, d!autres112 disent: puisque les qualités [morales], causes de "la vérité# des paroles, se fondent sur l!homme, 113pourquoi [un énoncé] incréé n!est-il pas faux [étant donné que les qualités morales ne peuvent le sous-tendre]? [PV I.225] PVSV 112,16 114
On constate que, captif de [fautes morales] telles que la concupiscence, un homme ment; de même [constate-t-on qu!un homme] dit vrai [s!]il a pour propriété fondamentale une [qualité
111
Selon PV$ P302a5/D254a1$2 et PVSV$ 405,24$25, la cause consiste en l!homme et les fautes morales, causes de fausseté, qui se fondent sur lui (de la brten pa!i ñes pa log pa ñid kyi rgyu rnams, PV$), tandis que l!effet consiste en la fausseté (mithy!tva, PV$/PVSV$).
112
PV$ P302a6$7/D254a2$3 = PVSV$ 405,26$27, Vibh. 368n. 1: paramukhena "!strak!ra eva !ha |. «C!est l!auteur du traité[, Dharmak!rti lui-même,] qui parle par la bouche d!autrui.» Selon PVV 368,5, les bouddhistes (saugat!#).
113
Explications, PV$ P302a7$8/D254a3$4 = PVSV$ 405,27$29: apauru$eye$u v!kye$u puru$aniv%tty! satyatvak!ra&asya gu&asya niv%tte# k!ryasya api satyatvasya niv%ttir iti. «Puisque en niant l!homme dans les énoncés [védiques] incréés, on nie [ipso facto] la qualité [morale] qui est la [seule] cause de la vérité [d!un énoncé], on nie également l!effet[, c!est-à-dire] la vérité.» Vibh. 368n. 3 avance d!un pas, et anticipe la position de Dharmak!rti dans PVSV 112,16$19. Par «qualité [morale]», il faut entendre ici les propriétés susceptibles de caractériser la série psychique de la personne crédible; Kum"rila nie que ces qualités morales puissent être les causes de la véracité des énoncés: voir pp. 117$119.
114
PVSV$ 405,30$407,14 présente un développement autonome où K répond point par point aux positions m'm!(saka qu!il a présentées dans PVSV$ 404,7$405,19. Dans cinq arguments successifs, K montre que ces positions n!épargnent au Veda aucun des trois types d!apr!m!&ya reconnus par la M!m"#s" (n. 9, p. 118): ni anutpattilak$a&am apr!m!&yam (405,30$406,6), ni sa("ayalak$a&am apr!m!&yam (406,7$17 et 407,9$14), ni mithy!tvalak$a&am apr!m!&yam (406,18$29 et 406,30$407,9).
Traduction
241
mentale] telle que la compassion.115 Par conséquent, tout comme un énoncé doit [sa] fausseté à ce qu!il se fonde sur l!homme, de même [lui doit-il] également [sa] véracité; donc [y] nier l![homme y] nie également la [véracité, et non la seule fausseté];116 aussi [un énoncé incréé tel que le Veda] peut-il être soit dénué de signification,117 soit le contraire [de vrai, c!est-à-dire faux]. 118En effet, les paroles ne sont pas dotées de signification par nature, car [c!est] grâce à une convention [qu!]à partir d!elles on comprend la signification, à l!exemple notamment de signes corporels [tels que geste de la main ou clin d!"il].119 La convenance [des paroles à révéler la signification, loin de leur être intrinsèque,] consiste bien plutôt dans une irrestriction,120 car lors [de l!établissement] d!une convention, la fixation [des paroles procède arbitrairement] selon la [seule] intention de la [personne qui passe la convention]: il est en effet impossible que des [paroles] établies naturellement [dans leur si-
115
PV! P302b2/D254a5 = PVSV! 407,16: !di"abd!t prajñ!"raddh!di |. «Avec "telle que#, [il faut encore entendre] la sapience, la foi, etc.»
116
Cette position, ainsi que son utilisation polémique, trouve d!amples antécédents dans #V codan! 21$46: voir n. 109, pp. 142$143.
117
Explication, PVSV! 407,18$19: iti puru#aniv$ttau taddharmayo% saty!rthatvamithy!rthatvayor niv$tt!v !narthakya& vede sy!t |. «Aussi, dès lors que nier l!homme revient à nier les deux propriétés de véracité et de fausseté, le Veda sera-t-il dénué de signification.» Voir aussi TS n°1500$1503.
118
Introduction, PV! P302b6$7/D254b1 = PVSV! 407,22$23: sy!n matam | na puru#!pek#ay! "abd!n!m arthavatt! ki&tu svabh!vata eva iti. «Admettons qu!on pense: ce n!est pas en dépendance de l!homme que les paroles sont dotées de signification, mais par leur nature propre.» Sur les théories du langage impliquées dans PVSV 112,19$23, voir pp. 122$134 et pp. 134$140.
119
Les clins d!"il (ak#inikoca) servent déjà d!exemple dans l!objection conventionnaliste de #V s!p 12; Kum$rila y répond sur l!exemple des signes de la main (hastasa&jñ!) dans #V s!p 139cd$140ab; voir aussi #V "abdapariccheda 20 et TV sous M%S& I.iii.24/II.186,3sq.
120
Explication, PV! P303a2/D255b7 ' PVSV! 407,27$28: apr!tik'lya& ! yath!sa(keta& prav$ttir eva, «l!irrestriction [consiste en cela que] la référence [fonctionne] selon la [seule] convention [arbitrairement fixée]».
242
Traduction
gnification] notifient [celle-ci] selon [le seul] arbitraire [humain].121 [Donc] sans signification [par elles-mêmes], les [paroles ne] peuvent être dotées de signification [qu!]en vertu d!un conditionnement humain[, c!est-à-dire par une convention humaine]. 122Or seule leur conditionnabilité par l![homme] est fondée à [en] constituer le caractère humain (pauru!eyat"), non [leur simple] production [par l!homme], car c!est de la [convention humaine] que provient la tromperie sur l!objet. [Cette tromperie en effet ne provient pas de leur production par l!homme, car123] même [lorsqu!elle est] produite [par l!homme], la [parole] n!induit pas en erreur [si on en a] convenu autrement, à l!exemple de [telle] autre propriété humaine que la [parole, clin d!"il notamment].124 C!est pourquoi nier l![homme] nie [du même coup la possibilité d!]une intuition de la signification, [intuition] qui provient de la [seule] convention fixée par [l!homme] lui-même. D!où [vient-il] donc [que ce soit selon 121
Voir aussi PVSV 115,5#12.
122
Introduction, PV! P303a6#7/D256a3 " PVSV! 408,9#10: atha m" bh#d anarthakatvam iti puru!asa$sk"r"pek!ay" arthavattva$ te!"m i!yate | tad" pauru!eyat" eva sy"t |. «Si maintenant, de peur qu!elles soient dénuées de signification, on admet que c!est en dépendance d!un conditionnement humain que les (paroles védiquesPVT) sont dotées de signification, elles ne sauraient [alors] qu!être de création humaine.»
123
PV! P303b1#2/D256a4#5: gal te ma skyes pa ya% skyes bus legs par byas pa las !khrul par dogs na [ma] skyes pa ñid kyi skyes bus ma byas pa ñid ni don med pa yin | !di ltar skyes bus legs par byas pa ñid las sgra rnams ni skyes pa da% ma skyes pa dag gis log pa da% bden pa!i don can du mi !gyur ro ||. «Si, quand bien même elles n!auraient pas été produites [par l!homme], on doit redouter une tromperie [sur l!objet] en raison de [leur] conditionnement par l!homme, une incréation de [type] non-production [par l!homme devient] inutile, car en raison [même] de [leur] conditionnement par l!homme, les paroles ne seraient plus fausses ou vraies selon [respectivement] qu!elles ont été produites ou non [par l!homme].»
124
PV! P303b5/D256a7#b1: ci ste !khrul pa yod par ma gyur cig sñam pas skyes bus legs par byas pa mi !dod pa de!i tshe | bya rog gi skad la sogs pa da% !dra bar don med pa can du !gyur ro ||. «Mais si l!on n!admet pas [un tel] conditionnement humain de peur qu!il y ait tromperie, il y aura alors absence [totale] de signification, à l!exemple du croassement des corbeaux, etc.»
Traduction
243
vous] la véracité[, et non l!absence de signification, qui résulte] de la négation de l![homme]?125 Mais si maintenant le fait d!être de création humaine consiste dans la seule production, PVSV 113,1 et non [plus] dans la fixation d!une convention (samay!khy!na)126: [Seule] cause à la notification de la signification, la convention s e f o n d e s u r l ! h o m m e [ e n t a n t q u ! el l e o b é i t à l ! a r b i t r a i r e h u main]: que [les paroles] soient fausses [reste] de ce fait127 possible même si [l!on admet que ces] paroles sont incréées.128 [PV I.226] PVSV 113,4
A quoi bon en effet [postuler] l!incréation du [Veda], puisque la convention grâce à laquelle on connaît [la] signification[, étant] de création humaine, pourrait [de ce fait] aussi [bien] être erronée?129 [Et donc] l!énoncé [védique stipulant] que le ciel a la mo125
Développement, PVSV! 408,20"25: «Par là, ce qu!a dit [Kum"rila dans sa B"ha##$k!] est écarté, car même si [le Veda] est incréé et permanent, [l!avocat du Veda] n!a pas [encore] atteint [son] objectif puisque le Veda est [ainsi] dénué de [toute] signification.» Pour la citation de B!?, voir APPENDICE B (PVSV! 408,21"24).
126
Explication, PV! P303b8"304a1/D254b1"2: !di ltar skyes bus legs par byas pas don gsal bar byed pa yod du zin kya% | rig byed ni skyes bus byas pa ñid yin par mi !gyur ro &es bya ba bsams pa!o ||. «On pense que de la sorte le Veda ne sera pas de création humaine[, et ce] malgré que ce soit le conditionnement humain qui [en] révèle la signification.» PVSV! 408,27: tena apauru'eyatv!d eva yath!rtho veda iti bh!va( |. «Le sens [visé est] que par là, le Veda est objectif parce qu!il est incréé.»
127
Explications. (1) PV! P304a3/D254b3 = PVSV! 409,6"7: ata( puru'ecch!nurodhina( sa%ket!t. (2) PVV 368,10"11: ata( sa%ketasya puru'!)rayatv!t.
128
Explication, PVV 368,11"13: sa%ketava)ena v!co "rtha* bruvate | sa ca do'!)raye+a puru'e+a kriyata iti t!s!* na visa*v!da)a%k!nir!sa( pauru'eyav!kyavad iti vyartham apauru'eyatvakalpanam |. «Les paroles disent [leur] signification grâce à une convention. Or celle-ci est le fait de l!homme, fondement des fautes [morales]: ainsi donc n!y lève-t-on pas le doute quant à [leur] non-fiabilité, comme [on ne l!écarte pas] d!énoncés de création humaine. Ainsi est-il vain de postuler [comme vous le faites] l!incréation [des paroles].»
129
PV! P304a6/D254b5 = PVSV! 409,9: sv!tantry!t |. «En raison de l!autonomie [de l!homme].»
Traduction
244
ralité pour moyen de réalisation, on [le] pourrait fausser moyennant une convention [fixée] autrement [que sur l!objet escompté par l!homme].130 Donc puisqu!il est possible [qu!une parole incréée] révèle [sa signification] de façon erronée aussi, cette même faute [demeure131]. 132
Si [l!on admettait que] la relation [entre parole védique et signification] est incréée, une [personne] ininformée [de la convention] comprendrait [la signification].133 [PV I.227ab] 130
C!est là ce que fait la M!m"#s" elle-même selon PVSV$ 409,10"12 (où le passage visé définit le ciel comme sumerup!"#ha). Le passage visé par Dharmak!rti pourrait être celui que Kum"rila lui-même cite dans TV sous M!S% I.iii.30/II.242,9"10, et qu!il dit expressément védique (vede): ye hi jan$% pu&yak!ta% svarga' loka' yanti te"$m et$ni jyot('"i nak"atr$&i tath$ cai"a jyoti"manta' pu&yaloka' jayati. De l!aveu même de Kum"rila, ce passage recoupe ceux qui, dans les Itih"sa et les Pur"&a, affirment que le ciel est le merup!"#ha. Selon ces passages, l!homme vertueux (pu&yak!t > )(la) gagnera le ciel, région des astres située au sommet du Mont Meru. Mais dans l!injonction fameuse (agnihotra' juhuy$t svargak$ma%, voir PV I.318ab), la M!m"#s" tient l!oblation au feu (et non la moralité ou la vertu) pour le moyen de réaliser le ciel (voir aussi 'Bh sous M!S% I.i.2/I.16,3"4), un ciel qu!elle définit d!ailleurs, non comme nak"atrade)a ou merup!"#ha, mais comme (nirati)ay$) pr(ti% (voir 'Bh sous M!S% IV.iii.15/V.72,6"7, et la discussion sous M!S% VI.i.1; cf. PV I.320ab et PVSV$ 598,25"26; Kum"rila dit aussi nirmi)rasukha et kevalam eva sukham, TV sous M!S% I.iii.30/II.241,24 et 242,11" 12). La M!m"#s" contrefait donc, en passant " selon Dharmak!rti " de nouvelles conventions, le sens obvie des paroles védiques: elle fait mentir le Veda, et abuse ceux qui sacrifient pour gagner le ciel. Sur ce type de problématique, voir encore PVSV 114,9"21.
131
Voir PVSV 112,10"12, selon PV$ P304a8"b1/D254b6"7 ( PVSV$ 409,14" 15.
132
Voir en général pp. 122"128. Dans son développement introductif (PVSV$ 409,16"29), K vise les théories m(m$'saka du v!ddhavyavah$ra (et cite 'V s$p 136cd"137ab, voir n. 47, p. 125 et APPENDICE B [PVSV$ 409,19"20]) et de la sambandhasya tripram$&akat$ (et cite 'V s$p 140cd"141, voir n. 59, p. 128 et APPENDICE B [PVSV$ 409,26"29]). PVV 368,15"16: atha )abd$rthayo% sambandho na pauru"eya% ki'tu sv$bh$vika% | tato na mithy$tvasambhava% |. «Si maintenant la relation entre parole et signification n!est pas de création humaine, mais ressortit à la nature propre [des corrélats], la fausseté n!est donc plus possible.» Voir aussi la maigre introduction de PV$
Traduction
245
PVSV 113,9
Soit la [position] que voici: c!est une relation improduisible [par les hommes] que les paroles entretiennent [avec leur signification], et les hommes ne les [sauraient] fausser (anyath! viparyasyante) quant aux significations [qu!elles expriment];134 de ce fait, la faute [selon laquelle ces paroles pourraient n!être pas fiables] n!a pas cours. [A cela nous répondons:] Dès lors [que la relation est incréée,] à quoi bon une convention? [Dans cette hypothèse] en effet, ce grâce à quoi on comprend la signification, c!est la relation; si celle-ci était incréée, l![homme] ne dépendrait pas d!une convention.135 136Ou alors, comment [ce qui n!est] pas le fondement de la compréhension [peut-il être] relation? P304b1"2/D254b7. 133
Explication, PVV 368,19"20: na cec chabd!rthayo" s!#ketiko v!cyav!cakat!sambandha" ki$ tu sv!bh!vika" | tad! ag%h&tasa#keto !pi 'rut!c chabd!d artha$ pratipadyeta iti |. «Si la relation signifié-signifiant entre parole et signification n!était pas conventionnelle, mais ressortissait à la nature propre [des corrélats], alors même celui qui ignore la convention connaîtrait la signification par la parole qu!il entend.»
134
PV! P304b5/D255a3 (sans rnam pa g(an du) " PVSV! 410,12"13 expliquent: vitathajñ!nahetavo na kriyante |. «Ne [les] rendent pas causes d!une connaissance erronée.» L!idée est que les hommes ne peuvent les détourner de leur signification «naturelle» (PV! P304b5/D255a2"3: ra# b(in du gnas pa"i don las), de leur nature propre, qui consiste à informer objectivement (PVSV! 410,12: yath!rthaprak!'akatv!t svabh!v!t).
135
Cet argument apparaît déjà dans #V s! 33 (voir n. 56, p. 127). PV! P304b8" 305a2/D255a5 puis 256a2"3 " PVSV! 410,16"17: prad&p!divat | (rig byed pa"i sgra las # don rtogs pa"i phyir skyes bu) apek)ate ca sa#ketam | tasm!n na 'abd!n!m arthena saha apauru)eya" sambandho r!jacihn!divat |. «A l!exemple de la lampe [qui révèle naturellement un objet]. Or PVTafin de comprendre une signification à partir des paroles védiques, l!hommePVT dépend d!une convention. Donc la relation des paroles avec leur signification n!est pas incréée, à l!exemple des insignes royaux notamment.» Sur les insignes royaux, voir PVSV 173,4 (type même de l!objet d!une connaissance conventionnelle).
136
Introduction, PV! P305a1"2/D256a3: "dod par ni "gyur na sgra da# don dag gi "brel pa ni skyes bus ma byas pa ñid kho na yin te | de ya# rtogs pa la brten pa ma yin pa de"i phyir skyes bus brda la ltos pa yin no (e na |. «Soit la position que voici: la relation entre parole et signification est strictement in-
Traduction
246 137
Si la manifestation de la [relation est le fait] de la convention, il est redondant (asamartha) de postuler une [relation] autre [que cette convention]. [P V I.227cd] PVSV 113,14
[Selon vous] la relation, bien qu!elle existe [réellement], n!est pas la cause de [notre] compréhension [tant qu!elle n!est] pas manifestée; une convention, cependant, la manifeste. Mais cette [relation], qui remplit [donc] son office une fois [la compréhension déjà] établie [par la convention], pourquoi [la] promeut-on sans raison? Générer [notre] compréhension de la signification, [en fait] la seule fonction (vy!p!ra) de la relation, n!est-il pas assuré (k"ta) par la seule convention? [Objection:] Une convention n![en] est pas capable [si on la passe] sur une [parole] qui ne convient pas [en elle-même à communiquer la signification]; "la relation# consiste donc en [cette] convenance [de la parole].138 [Réponse:] Mais pourcréée, mais elle n!est pas le fondement de la compréhension [de la signification]; on dépend par conséquent de la convention [fixée] par un homme.» Comparer PVSV! 410,18$19, fautif. 137
Introductions. (1) PVSV! 410,20$25, qui cite "V s!p 32 et 41 (voir APPENDICE B [PVSV! 410,21$24]). (2) Les objections introductives de PV! P305a4$5/D256a4$5 et PVV 369,1$2 posent que la relation, quoique réelle (sat, PVV), incréée et seule cause de notre compréhension (PV!), ne permet de comprendre la signification qu!une fois révélée par une convention (prad#pavad gha$!de%, PVV): «donc qui ignore la [convention] révélatrice ne comprend pas la [relation] révélée» (ato na ag"h#tavyañjakasya vya&gyaprat#ti%, PVV). Telle est précisément la position de Kum#rila (et de VP, YBh, AD$p): voir pp. 122$134.
138
Explication, PVSV! 411,10$11: la notion d!une parole «convenante» est introduite par l!adversaire par inconsistance, autrement (anyath!nupapatti), de la compréhension: telle est bien la position de Kum#rila, pour qui c!est la présomption qui donne la relation (voir pp. 127$128). PVSV! 411,12$13 cite "V s!p 28 (voir APPENDICE B, et pp. 125$127), puis fait la transition en expliquant (PVSV! 411,15$17): eva' manyate | na ek! (akti% (abd!rthayo% sthit! ki'tu (abdasth! hi v!caka(aktir any! !rthe sth!tu' v!cya(aktir any! eva | yad! tu (abda(akti% sambandhas tad! ya eva sambandha% sa eva sambandh# pr!pta iti p"cchati |. «Ainsi pense-t-on: Il n!y a pas une seule capacité tenant [à la fois] dans la parole et dans la signification; bien plutôt, une [chose] est la capacité expressive inhérente à la parole, autre [chose] la capacité d!être exprimé inhérente à la signification. [Dharmak$rti] demande
Traduction
247
quoi faut-il donc que la relation consiste dans la parole [elle-même]? En effet, la convenance est la nature efficace de la parole[, et non autre chose qu!elle], "comme la convenance [de la cause] à produire [son] effet# [est la cause même, et non autre chose qu!elle]. [Mais] si[, afin d!éviter à la relation d!être le corrélat lui-même, on soutient que] la [convenance] est chose différente [de la parole], pourquoi [cette convenance est-elle celle] de la parole? Il [vous] faut donc dire [quelle] relation [subsiste entre parole et convenance].139 [Objection:] A la convenance [qui est chose différente d!elle, la parole apporte] une aide.140 [Réponse:] Non, parce qu!une [convenance] permanente n!a pas [à recevoir] de propriété supplémentaire, 141[et] qu!en raison de la conséquence absurde [qu!il y aurait à devoir postuler à l!infini une aide] à cette [aide elle-]même, l!aide [de la parole à la convenance] est inétablie[, et avec elle une relation de la parole à la convenance]. 142Mais (ca) si [l!on ad[alors]: Mais dès lors que la relation est une capacité de la parole, ne résultet-il pas que la relation n!est autre que le corrélat?» Comparer PV! P305b3$ 4/D256b2. 139
On pourrait aussi comprendre: «pourquoi devoir poser [maintenant] une relation [entre parole et convenance] de sorte que [cette convenance soit celle] de la parole?» Explication, PV! P305b8$306a1/D256b5 = PVSV! 411,22: anyath! "abdasya iya# yogyat! iti na sidhyet |. «Sinon il ne serait pas établi que cette convenance [est celle] de la parole.» Voir aussi PVSV 131,21$22, de nature à faire préférer l!interprétation alternative.
140
Explication, PV! P306a2/D256b6 " PVSV! 411,24: "abdajanyatv!c chabdasya yogyat! ity ucyata iti bh!va$ |. «L!intention [de Dharmak#rti est la suivante:] Puisqu!elle est générée par la parole, on dit que la convenance [est celle] de la parole.»
141
Pour préserver la permanence de la convenance, l!adversaire pourrait supposer que l!aide apportée (k%ta) par la parole est indépendante (vyatirikta) de la convenance elle-même. On le sommera alors de préciser quelle relation subsiste entre cette aide indépendante et la convenance. Si l!adversaire postule alors une nouvelle (anya) aide (nécessairement indépendante) à l!aide ellemême, il s!exposera à une régression à l!infini (anavasth!), avec cette conséquence que, l!aide de la parole à la convenance n!étant pas établie, nulle relation ne sera jamais établie entre la parole et la convenance (PV! P306a3$ 6/D256b7$257a2 " PVSV! 411,25$29).
142
Introduction, PV! P306a6$7/D257a2 = PVSV! 411,29$412,9: ki# ca vyati-
248
Traduction
met que la parole] convient par elle-même à la convenance, pourquoi ne pas accepter que [sa nature convienne directement] à [générer notre compréhension de] la signification même?143 PVSV 113,23
[Objection:] Mais comment !la relation entre parole et signification" [peut-elle consister, selon vous autres bouddhistes, en] une convention, puisque [celle-ci est] fonction des hommes[, et non de la parole et de la signification]?144 145[Réponse:] D#[entités] discrètes (ami!ra) [et] d#[entités déjà] établies [dans l#existence], il n#est aucune relation [du type d#une fusion des natures et du type d#une dépendance], parce que [leur] indistinction s#ensuivrait, et parce qu#[une entité déjà établie dans l#existence] ne dépend [plus de rien].146 147Stimulée par le souhait de [communiquer] une signifirikt"# yogyat"m upakurv"$a% !abda% svar&pe$a eva upakaroti na parar&pe$a | !abdasya anupak"rakatvaprasa'g"t |. «De plus, lorsqu#elle aide [cette] convenance indépendante, c#est par sa nature propre qu#elle [l#]aide, non par une tierce nature, car il s#ensuivrait [sinon] que la parole ne [l#]aiderait pas.» 143
Selon l#adversaire, la parole conviendrait par nature (svar&pe$a) à la convenance (indépendante) à générer la compréhension de la signification. L#intention de Dharmak!rti (iti y"vat) est ici de demander: «[Mais] pourquoi [la parole génère-t-elle selon vous] indirectement [notre compréhension de la signification]?» (ki# p"ramparye$a dans PV" P306b1/D257a3 = PVSV" 412,10). Conclusion, PV" P306b1$2/D257a3$4: de bas na ru' ba ñid ces bya ba!i !brel pa tha dad pa !ga! (ig kya' yod pa ma yin te | de ni don rtogs pa!i rgyu ma yin gyi brda kho na las don rtogs pa!i phyir ro ||. «Il n#existe donc nulle relation indépendante appelée #convenance%. Celle-ci n#est pas la cause de [notre] compréhension de la signification, car c#est plutôt par la seule convention qu#on comprend la signification.» Comparer PVSV" 412,10$ 11.
144
Explication, PV" P306b4/D257a5 $ PVSV" 412,14: na ca anyadharmo anyasya dharmo "!vadharma iva go% |. «Or la propriété de l#un n#est pas la propriété de l#autre, comme la propriété d#un cheval [n#est pas celle] d#une vache.»
145
Introduction, PV" P306b4$5/D257a5$6 $ PVSV" 412,15$16: "c"ryas tu na kevala# samayo na sambandho "nyo "pi bh"vika% sambandho na asti ity "ha | na ity"di |. «Le maître ne se contente pas de dire que la convention n#est pas une relation, mais qu#aucune autre relation réelle n#existe. Afin de le montrer, il dit ce qui suit.»
146
Ny%ya et M!m%&s% rejettent le modèle d#une fusion des natures (sa#!le)a,
Traduction
249
cation donnée (arthavi!e"a), la parole [émise par le locuteur] indique, à la [personne] qui sait que tel [énoncé provient] de telle [intention], un objet présentant l!apparence de la cause propre [de la parole, c!est-à-dire de l!intention du locuteur]; ainsi la relation [entre parole et signification] consiste-t-elle [selon nous] dans le rapport de générant à généré qu!entretiennent [respectivement] "une nature notionnelle [définie comme une intention], et une notification verbale#. PVSV 114,1 La connaissance [que nous tirons] de la parole [vient] donc d!une corrélation régulière,148 [et] la convention est ce qui [nous] révèle (#khy#na) cette [corrélation régulière].149 Puisvoir n. 36, p. 122); mais tandis que les Naiy!yika, comme Dharmak"rti, n!admettent qu!une convention entre v#cya et v#caka, Kum!rila (inspiré de Bhart#hari) envisage la relation entre signifié et signifiant comme une dépendance, un rapport d!auxiliarité (upak#ryopak#rit#, voir n. 53, p. 126). Contrairement à ce qu!il fera dans SP 1$3 (voir FRAUWALLNER 1934), Dharmak"rti ne distingue pas (encore?) ici entre p#ratantrya et par#pek"#. Cependant, $ et K s!efforcent de faire entrer le présent passage dans le cadre de la SP, où Dharmak"rti critiquera trois modèles réalistes de relation, p#ratantrya (SP 1), r$pa!le"a (SP 2), par#pek"# (SP 3): sur ce point, voir PV% P306b5$ 307a1/D257a5$b2 & PVSV% 412,16$21. Noter aussi PV% P307a1/D257b1$ 2: de ya% %Brel pa brtag pa las rgyas par b!ad zin pa!i phyir !dir ma spros so ||. «Puisque [Dharmak"rti] l!a déjà expliqué en détail dans la SP, il ne s!y étend pas ici.» 147
Selon l!adversaire de PV% P307a1$3/D257b2 & PVSV% 412,22$23, trois problèmes se posent à défaut de relation: (1) comment s!effectue la compréhension (prat&ti)? (2) comment inclure la connaissance verbale (!#bda' jñ#nam) dans l!inférence? (3) quel est le but (prayojana) d!une convention? Sur ce qui suit, voir pp. 138$140.
148
C!est-à-dire, selon PV% P307a7$8/D257b5: la parole ne se produit pas si l!objet existant dans la pensée n!existe pas (blo la yod pa!i don med na sgra ni mi !byu% ba yin). Par là, selon PV% P307a8/D257b5$6 = PVSV% 413,3$4, Dharmak"rti donne sa solution aux deux premiers problèmes soulevés par l!adversaire (voir n. précédente). PVSV% 412,31$413,2 voit également là une réponse à la position de Kum!rila dans le !abdapariccheda du $V (voir APPENDICE B). Selon PV% P307b1/D257b6$7 et PVSV% 413,5, la phrase suivante résout le troisième problème soulevé par l!adversaire.
149
Explication, PV% P307b2$3/D257b7$258a1: ji skad du b!ad pa!i sgra da% don dag gi !brel pa ni ldog par mi byed de | med na mi !byu% ba!i mtshan ñid can gyi !brel pa khas bla%s pa!i phyir ro || !on kya% ga% (ig don dam pa!i
Traduction
250
que c!est grâce à cette [convention] qu!est établie la relation [de corrélation régulière] qui [nous] informe [de la signification, grâce à elle donc] qu!est révélée [cette] relation[, on dit métaphoriquement cette convention une «relation»], mais cette [convention] n!est nullement une relation [véritable].150 PVSV 114,3
Ou [alors,] soit une relation permanente autre [que celle que nous venons de définir en termes de corrélation régulière]. Si les paroles étaient ordonnées PVSVpar cette [relation]PVSV à [n!exprimer qu!]une seule signification, on ne pourrait comprendre[, par le biais d!une nouvelle convention,] une signification autre [que celle à laquelle sont ordonnées les paroles]. [PV I.228ab] PVSV 114,6
Comprendre une signification [qui ne serait] pas liée [à la parole] par cette relation[-ci serait] en effet infondé, car il s!ensuivrait [, si la chose était fondée], que cette [relation] serait inutile. Or on constate que toute [parole peut être] révélatrice de toute [signification] dès lors qu!elle fait l!objet, selon l!arbitraire [de l!homme qui l!utilise], d!une convention [en ce sens]. Si [l!on admet maintenant que la parole védique] est liée à des significations multiples, 151la révélation d!une [signification] !brel pa don g!an !dod pa de bkag pa yin no ||. «On ne nie pas une relation entre parole et signification expliquée en ces termes, puisqu!on accepte une relation définie comme une corrélation régulière. On réfute en revanche quiconque accepte[rait] une relation réelle hypostasiée.» Voir aussi TS n°2622" 2623. 150
Développement conclusif, PVSV! 413,9"414,12. (1) K considère que la position de Dharmak"rti écarte celle de Kum#rila dans $V s"p 13 (voir APPENDICE B [PVSV! 413,10"11]); (2) K répond à deux objections contre la position de Dharmak"rti: (2a: PVSV! 413,12"17) doit-on en conclure que la relation entre fumée et feu est conventionnelle? (2b: PVSV! 413,18"414,12) comment inférer un signifié dès lors que ce qui naît de l!intention n!est que phonèmes dénués de toute signification (K cite et critique $V s"p 14 et 21cd"23; voir APPENDICE B [PVSV! 413,27"414,10])?
151
Explication, PV! P308a3"5/D258a6"7 % PVSV! 414,19"21: yady ek"rthaniyamena samayak"ro "bhivyakti# karoti | tad" abhimata eva arthe karoti na
Traduction
251
i n c o m p a t i b l e [ a v e c c e q u e l ! o n escompte] est p o s s i b l e [ , s e l o n la convention qu!on aura arbitr airement retenue afin d!ordonner la parole à une et une se ule signification]. [PV I.228cd] PVSV 114,10
Si maintenant, pensant éviter [ainsi] une incompatibilité avec ce que l!on constate [empiriquement, notre adversaire admet que] toutes [les paroles] sont expressives de toute [signification], de même [lui faut-il nécessairement admettre que] tout [objet] ne permet pas de réaliser tout [résultat] puisqu![il est de règle qu!]un rapport de causalité [n!admet] pas de confusion.152 Cela posé (tatra), d!où vient-il que, là où l!on escompte un objet [tel que le ciel], dont le moyen de réalisation est [une entité bien] déterminée (pratiniyata) [telle que l!agnihotra], l!auteur de la convention ne révèle, d!une parole [pourtant] commune aux moyens de réalisation [respectifs] de tous les [effets] réalisables,153 que [l!objet] désirable [en tant que c!est lui seul qui permet de réaliser un effet déterminé tel que le ciel]?154 Non ordonnée [par elle-même à aucun tv anyasmin eva viruddha iti na asti niyamas tata!! «Si celui qui fixe la convention manifeste [la signification] en ordonnant [la parole] à une seule signification, il n!y a [aucune] nécessité (niyama) à ce qu!il [la] fixe sur la seule signification escomptée et non sur une autre, incompatible [avec ce que l!on escompte]; donc"» 152
Au contraire du rapport signifié-signifiant, arbitraire et conventionnel, le rapport de causalité est fixe (pratiniyata): à telle cause correspond tel effet; les causes ne sont pas arbitrairement et conventionnellement substituables les unes aux autres. Voir aussi TS n°2659#2660, et TSP 711,11#15.
153
Traduction fondée sur PVSV! 415,9#10. PVSVt et PV! P308b3#4/D258b4 comprennent °s"dhyas"dhana° comme un dvandva: «parole commune à tous les [effets] réalisables et moyens de réalisation.»
154
Il existe une entité telle que cette entité (1) permet de réaliser le ciel et (2) est le référent du mot «agnihotra» (ou: «agni#$oma»). Or en niant toute perception du suprasensible (< buddhim"ndya), la M"m#$s# prive l!auteur de la convention des moyens gnoséologiques d!identifier cette entité. D!où un doute (sandeha, sa%&aya): lorsque l!auteur de la convention fixe, pour «agnihotra», une convention telle que «agnihotra» se réfère à un type donné d!oblation biquotidienne au feu (l!agnihotra), qu!est-ce qui garantit que ce rituel est bien ce qui permet de réaliser le ciel, et non quelque chose d!incompatible avec la réalisation du ciel (svargas"dhanaviruddh"rtha)? Le mot
Traduction
252
signifié], la [parole] !reçoit" de l#homme[, par convention, son] ordination [à un signifié donné, lequel peut se révéler incompatible avec les attentes humaines]; PVetPV alors [il est non seulement possible que la convention révèle quelque chose d#incompatible avec les attentes humaines, mais] postuler l#incréation [du Veda] serait [en outre parfaitement] vain.155 [PV I.229ab] PVSV 114,16
Dans l#espoir de connaître[, à partir de paroles incréées,] une signification épurée [de tout élément indésirable], on évacue [cet] homme [qu#on tient pour] la cause de la confusion [du désirable et de l#indésirable, des paroles védiques]. [A cette démarche nous opposons ce qui suit:] Utilisées en une certaine [signification arbitraire] par les hommes, [les paroles tenues pour de création humaine] sont trompeuses (sa!k"ryante) [en tant qu#il est possible qu#elles expriment quelque chose d#indésirable; or] puisque [selon vous les hommes] ignorent la [vraie] réalité [des choses], telles [seront] alors (tatra) exactement [les paroles tenues pour incréées,] que les [hommes doivent] coordonner [par convention arbitraire] à une certaine [signification] alors qu#elles sont [en elles-mêmes] communes à toutes! [Objection:] C#est par nature que les [paroles] védiques sont ordonnées [à la signification escomptée].156 [Réponse:] [Si tel était le cas,] elles ne dépendraient pas d#un enseignement [pour révéler leur signification];157 elles ne révéleraient «agnihotra» pourrait en effet tout aussi bien se référer à un repas de chair canine (voir n. 130, p. 244). Voir PVV 369,14$15 et Vibh. 369n. 4 (sous PV I.228cd), PV! P308b4$309a2/D258b5$259a2 et PVSV! 415,12$14, PVSV 115,10$11, pp. 142$143, et ELTSCHINGER 2003: 161$162. 155
Explication, PVV 369,20$21: tadabhyupagame !pi puru#asv$tantry$bhyupagam$t |. «Car même si l#on admet l#[incréation du Veda], on admet l#autonomie de l#homme [quant à fixer les conventions].»
156
Explication, PV! P309b2/D259a7 " PVSV! 415,25: tato na puru#asa%sk$rak&to do#a'. «Par conséquent, point [là] de faute qui serait le fait d#un conditionnement humain.»
157
Explication, PV! P309b2$3/D259b1 = PVSV! 415,26: apek#ante ca | svatas tebhyo !rthaprat"ter abh$v$t |. «Or elles en dépendent, car on ne comprend pas [leur] signification directement à partir d#elles.»
Traduction
253
pas [une autre signification] moyennant une [nouvelle] convention [fixée] différemment; et la diversité des explications [que l!on rencontre chez les exégètes du Veda] n!aurait pas cours. Et puisque l!enseignement [des exégètes] n!a pas la fiabilité désirée quant à un [énoncé védique] susceptible d!une diversité [de sens selon l!explication retenue], l!incréation [du Veda] est parfaitement vaine.158 Et [celui qui admet une relation entre la parole védique et sa signification] doit préciser [quel type de] raison [logique159 préside] à [sa] détermination d!une relation entre [les natures] dist i n c t e s [ q u e s o n t l a p a r o l e e t l a s ig n i f i ca t i o n ] . [ P V I . 2 2 9 c d ] PVSV 114,25
En effet, les objets extérieurs [tels que cruches et pièces d!étoffe] ne sont pas la nature de la parole, [pas plus que] la parole n!est [celle] des objets,160 en sorte que malgré une différence de statut [logique],161 [parole et objet] entretiendraient une relation né158
Explication, PV! P310a1/D259b5"6 = PVSV! 416,13: t!m api kalpayitv! vyabhic!r!"a#k!y! aniv$tte% |. «Car même après l!avoir postulée, la crainte d!une déviation n!est pas écartée.»
159
C!est-à-dire: soit un svabh!vahetu fondé sur un t!d!tmyalak&a'a% sambandha%, soit un k!ryahetu fondé sur un tadutpattilak&a'a% sambandha%. Dharmak"rti rejette la première hypothèse dans PVSV 114,25"27 (selon PVV 370,1, l!hypothèse ne tient pas puisque ces natures sont réellement distinctes); la seconde, dans PVSV 114,27"28 (selon PVV 370,1"2 et PV! P310b6"7/D260a7"261b1, la parole se produit par la seule intention du locuteur, sans objet extérieur). Cette seconde hypothèse se divise en deux soushypothèses: la signification consiste soit dans un contenu intentionnel, soit dans un objet extramental. Dans les deux sous-hypothèses, le M"m#$saka s!expose à l!impermanence de la parole. L!argumentaire développé dans et sous PV I.229cd servira de fondement aux critiques postérieures de la connaissance verbale ("!bda) comme pram!'a autonome, chez %#ntarak&ita, Jit#ri, Ratnak"rti et Mokkaragupta: voir ELTSCHINGER 2003: 142"149.
160
Selon PV! P310a4"6/D259b7"260a1, deux conséquences inacceptables (prasa#ga): si artha était la nature de "abda, "abda cesserait d!être "abda ("abdasvabh!vat!h!ni°); si "abda était la nature de artha, artha cesserait d!être artha (gha(!disvabh!vat!h!ni°). Comparer PVSV! 416,17"18.
161
Explication, PV! P310a6"7/D260a2 = PVSV! 416,19"20: iti vy!v$ttibhedasam!"raye'a s!dhyas!dhanabhede !pi |. «C!est-à-dire malgré la différence entre [propriété] à prouver et [propriété] probatrice, qui repose sur une [sim-
254
Traduction
cessaire en tant qu!étant d!une essence identique, à l!exemple de la confection et de l!impermanence. De plus, les sons [védiques] ni ne naissent d!une intention du locuteur162 " ou [s!ils sont] sans naissance, ne sont révélables par [ladite] intention163 ", ni ne reposent sur des objets [extérieurs].164 [Mais] dès lors (id!n"m) [qu!il n!y a de relation d!aucune de ces deux sortes entre eux,] comment donc [les paroles] permettraient-elles de prouver la présence de l![objet, laquelle n!est] démontrable [que] par [leur] corrélation à l![objet en termes d!identité ou de causalité]? PVSV 115,1 En effet, [la parole] n!en fait pas la preuve [si elle n!est] pas liée [à l!objet]. Par [leur] inconditionnabilité de la part des hommes, [les paroles védiques] seraient de toute façon165 dénuées de signification[, c!est-à-dire ne seraient ni vraies ni fausses]; si l!on [ré]admettait un conditio nnement [humain afin de s e d é b a r r a s s e r d e c e t t e a b s e n c e d e s i g n i f i c a t i o n , l e u r f a u s s e t é a u ss i s e r a i t p o s s i -
ple] différence d!exclusions [conceptuelles].» Sur ce point, qui se trouve au fondement de l!apoha, voir HB 5*,11"12 (STEINKELLNER 1967: 39 et 101" 102n. 4), et STEINKELLNER 1974: 126. 162
Explication, PV! P310b3/D260a5 = PVSV! 416,26: nityatv!bhyupagam!t |. «Puisque [notre adversaire en] admet la permanence.»
163
Explication, PV! P310b3"4/D260a5"6 " PVSV! 416,27"28: nityatvah!niprasa#g!t | vya#gy!n!m utp!dyatv!d ity ukta$ pr!k |. «Parce qu!il s!ensuivrait qu!ils perdraient leur permanence: on a [en effet] dit plus haut que les [entités] révélables sont des produits.» Sur ce point, voir pp. 189"196.
164
Explication, PV! P310b5/D260a6 = PVSV! 416,30: nityatv!d eva |. «Précisément parce qu!ils sont permanents.» Pour Dharmak#rti, «dépendre de» est équivalent de «recevoir une propriété supplémentaire de», et donc de «être produit»/«changer». Noter PV! P310b5"6/D260a6"7 = PVSV! 416,31" 417,10: anye tv ekam eva grantha$ k%tv! vy!cak&ate | yasm!n na vivak&!janm!no na api tadvya#gy!' | tasm!d ubhayath! api na arth!yatt! na b!hye vastuni pratibaddh! vaidik!' (abd!' |.
165
Explication, PVSV! 417,14"15: sarvath! iti | yadi puru&air arth!bhipr!ye)a (abd! na kriyante na api sa#ketyante |. «De toute façon, c!est-à-dire: si les hommes ne produisent pas les paroles par intention de [communiquer] une signification, ni ne passent de conventions.»
Traduction
255
ble:] voilà qui serait véritablement [comparable au] bain de l!éléphant!1 6 6 [ P V I . 2 3 0 ] PVSV 115,5
[C!était là] une stance récapitulative. De plus[, si elle existait], la relation entre parole et signification pourrait être soit permanente, soit impermanente. Si [elle est] impermanente, [elle pourrait être] fonction de l!arbitraire humain[, à l!exemple de la tension d!un membre], ou [n!en être] pas fonction[, à l!exemple de la pousse]. "Si[, dans la seconde sous-hypothèse, la relation] ne dépendait pas de l!homme#, la [parole] ne notifierait pas, avec un changement de lieu notamment, [une signification] selon la [seule] intention des hommes [qui vivent en tels lieu et époque particuliers], car même si le désir [de notifier quelque chose à travers elle se faisait sentir en l!homme, celui-ci ne pourrait] jamais faire usage [à son gré] d!une [parole] indépendante [de lui], comme [il ne saurait se servir de choses] telles qu!une montagne.167 Cette même faute vaut égale166
Selon PV! P311a6$7/D260b5$6, PVSV! 417,19$20 et PVV 370,9$10, les éléphants, après s!être baignés pour se laver de leur boue (pa!ka), s!aspergent à nouveau de boue. Afin d!écarter toute fausseté des énoncés védiques, la M"m#$s# évacue l!homme, qu!elle tient pour cause de tromperie. Mais selon Dharmak"rti, la signification $ vérité et fausseté $ est fonction de l!homme qui passe les conventions arbitrairement. Se priver de l!homme revient dès lors à se priver de signification. Pour autoriser une signification vraie au Veda, le M"m#$saka doit s!accommoder de conventions et d!arbitraire humains, et partant, accepter le risque concomitant de fausseté.
167
PV! P311b6$7/D261a3$4: yul la sogs pa g"an du gyur pa bsam pa ji lta ba b"in du ston pa ni mtho! ste | yul g"an la sogs pa la don g"an pa can gyi sgra de ñid ni | yul [g"an] la sogs pa don g"an du ston pa dmigs pa!i phyir ro || de bas na skyes bu rnams la !brel pa rag las pa med pa ma yin no ||. «Or on constate que [la parole] notifie, avec un changement de lieu notamment, [une signification différente] selon la [seule] intention [des hommes] (d#$%a& ca de&'dipar'v#tty' yath'bhipr'ya( pratip'danamPVSVT 417,28$29). On observe en effet que tels lieux et [époque] donnés (de&'ntar'di) présentent en telle signification donnée (arth'ntara) la parole même qui possède telle autre signification (arth'ntara) en tels autres lieux et [époques] (de&'ntar'di). La relation n!est donc pas sans dépendre des hommes (tasm'n [na] puru$e$v an'yatta) sambandha)PVSVT 417,29).» Sur ce point, voir PVin II.69,13$70,1/20*,31$21*,1, ELTSCHINGER 1999: 53$55 et ELTSCHINGER 2003: 159$160 (avec n. 67). Le thème apparaît également dans et sous NS II.1.56, dans et sous M"S% I.iii.10
Traduction
256
ment si [la relation] est permanente, car sa nature constante ne saurait changer [avec un changement spatio-temporel, à l!exemple de celle de l!espace]; [et] même si [l!on postule que la relation] subsiste en toute [signification] "simultanément#, il s!ensuivra comme auparavant que, "faute d!ordination à la [signification] désirée#, l!on ne saurait connaître la [signification] particulière à partir de cette [relation au demeurant commune à toutes].168 Mais si [la relation impermanente] est fonction de l!arbitraire [humain, alors] elle est de création humaine, [et] partant, [il faudra] redouter la tromperie [puisque l!homme est selon vous cause de tromperie]. De plus,169 puisque les corrélats[, c!est-à-dire les objets signifiés,] sont impermanents, la relation [qui repose sur eux] n!a pas de permanence [non plus]. [PV I.231ab] PVSV 115,14
Une relation prend assurément [quelque chose d!]autre pour point d!appui, car il ne se peut pas que les deux [corrélats] aient une relation170 si [la relation] ne repose pas [sur le corrélat]. (voir aussi TV sous M!S" I.iii.9/II.142,12$23 [p!rvapak"a]). Dans le contexte de sa critique de var#$nup!rv%, Dharmak!rti développe un argumentaire analogue (voir PVSV 135,12$17). 168
La conséquence inacceptable est celle qu!exhibe Dharmak!rti dans et sous PV I.228cd, selon PV# P312a5$6/D261b1 et PVSV# 418,17$18: une telle parole pourrait révéler une signification incompatible avec les attentes humaines, car «il faut admettre que même liée à de multiples significations, la parole reçoit d!un conditionnement humain [son] ordination à la signification escomptée» (PV# P312a4$5/D261a7$b1 $ PVSV# 418,16$17: anek$rth$bhisambaddho !pi &abda' puru"asa(sk$r$d i")$rtha[pratiPVT]niyama( pratipadyata ity a*g%kartavyam). Par «signification désirée/escomptée», il faut entendre l!état de chose (rituel, agnihotra par exemple) permettant de réaliser la fin escomptée (svarga par exemple).
169
Selon PV# P312a7$8/D261b2 et PVSV# 418,21, Dharmak!rti adresse ici une nouvelle critique à une relation permanente; selon PVSV# 418,21$23, l!objet (vi"aya) des paroles est de deux sortes: le genre lui-même (s$k"$j j$ti'), ou l!individu caractérisé par le genre (tallak"it$ vyakti'). Il commence par l!hyPVSV 115,12$17), et traitera du pothèse selon laquelle l!objet est l!individu (P genre dans PVSV 115,17$21.
170
On pourrait aussi comprendre: «car il ne se peut pas que les deux [corrélats]
Traduction
257
Or le point d!appui [de la relation entre parole et signification] est impermanent: si ce [point d!appui] disparaît, la relation [qui s!appuie sur lui] disparaît [elle] aussi[, comme la clarté disparaît si la lampe s!éteint]; sinon, [la relation] serait sans prendre appui [sur son point d!appui supposé].171 Donc [la relation] n!est pas permanente. Il [vous] faut en outre préciser [en quel] sens [vous entendez que les deux corrélats forment] le point d!appui de cette [relation], 172 "puisqu!une [relation] permanente ne peut recevoir d!aide. Or un [point d!appui supposé] qui n!apporte pas d!aide ne [saurait être] un point d!appui#. [Objection:] Puisque le genre[, qui est permanent,] est le signifié, la faute173 [que vous dénoncez] n!a pas cours. [Réponse:] Non, car il n!y a [aucune] utilité [pratique] à ce que [la parole] exprime le [genre]: cela[, nous l!avons] développé [plus haut174]. Et il ne se peut pas [que la parole exprime le genre], parce soient des corrélats», de sens identique. 171
PV! P312b5$6/D261b6: ga! "ig ga! !jig pa na mi !jig pa de ni de la brten par rigs pa ma yin te | dper na bum pa !jig pa na snam bu mi !jig pa lta bu!o ||. «[D!]un x qui ne périt pas lorsque y périt, il est incorrect [d!affirmer] qu!il s!appuie sur y; par exemple, une pièce d!étoffe ne périt pas lorsque une cruche périt.»
172
Explication, PV! P312b7/D261b7 = PVSV! 419,8: upak#r#rtho hy #$ray#rtha% | sa ca iha na asti |. «En effet, le sens de "point d!appui% est le sens de "aide%. Or ce [sens] ne vaut pas ici.» Sur ce point, voir pp. 189$196.
173
Selon PV! P312b8$313a2/D262a1$2 = PVSV! 419,11$12, il s!agit de la faute selon laquelle la relation est impermanente en raison de la périssabilité des corrélats. Selon l!adversaire, cette faute se présente si le signifié est l!individu (vyakti), mais pas s!il consiste dans un genre permanent.
174
Selon PV! P313a3$4/D262a3$4 et PVSV! 419,15$16, dans la section consacrée à any#poha, et plus particulièrement dans et sous PV I.93$94ab1, i.e. dans PVSV 45,29$46,25 (voir FRAUWALLNER 1932: 274$276, VETTER 1964: 59$60 et VORA/OTA 1982: 16$19): «Dharmak&rti geht " von dem Grundsatz aus, daß die Sprache ebenso wie die Erkenntnis dem zweckmäßigen Handeln dienen muß. Die Worte " müssen also die Erkenntnis von Gegenständen vermitteln, welche geeignet sind, als Grundlage zweckmäßigen Handelns zu dienen " [Die] Lehre, daß die Gemeinsamkeit [s#m#nya = j#ti] der Gegenstand der Worte ist, widerlegt er durch den Hinweis darauf, daß die Gemeinsamkeit unwirksam ist und daher nicht als Grundlage zweckmäßigen Handelns dienen kann. Die Sprache wäre " in diesem Fall für das Handeln der Menschen
258
Traduction
que toute [expression] n!a pas un genre [pour référent, à l!exemple] des [expressions] accidentelles, qui expriment l!individu [seulement],175 et parce que si [la parole] exprimait (codana) toujours le genre, agir [par rapport à l!individu visé] en excluant les autres particuliers ne serait pas possible.176 177Par conséquent, une relation ohne Wert.» Traduction FRAUWALLNER 1932: 275"276. PVSV 46,11"12: na hi j!ti" kvacid v!hadoh!d!v upati#$hate | na ca t!d%&a' prakara(am antare(a loke &abdaprayogo vyavah!re#u |. «Le genre en effet ne sert à aucune [activité pratique] telle que le transport ou la traite; or dans le monde ordinaire, on n!utilise pas les paroles, dans [le cadre] de [nos] transactions [quotidiennes], indépendamment d!un tel contexte [pragmatique].» 175
Selon PV! P313a7/D262a5 = PVSV! 419,21, Dharmak"rti s!exprime en adoptant le point de vue de ceux (les Grammairiens) qui divisent les mots (&abda) en quatre catégories (voir APPENDICE B [PVSV! 419,20"21] et D!SA 1980: 85"86): mots de genre (j!ti&abd!", p. ex. «gau"»), mots de qualité (gu(a&abd!", p. ex. «n)la»), mots d!action (kriy!&abd!", p. ex. «p!caka») et mots d!arbitraire, i.e. noms propres/accidentels (yad%cch!&abd!", p. ex. «Di$$ha»; selon PV! P313a5"6/D262a4"5 # PVSV! 419,18"19, yad%cch!, c!est le désir d!utiliser un mot indépendamment de [tout] critère/indice extérieur, b!hya' nimittam antare(a &abdaprayogecch! yad%cch!). Les quatre catégories sont formées, non selon le pad!rtha, l!objet dénoté par le mot, mais selon le critère/indice présidant à l!application du mot (prav%ttinimitta). Dharmak"rti et ses commentateurs négligent ici cette distinction. Une division quintuple (avec dravya&abd!") apparaît dans PSV sous PS I.3d (voir HATTORI 1968: 25, et surtout 1968: 83"85), et sextuple (avec sarvan!man) dans TV sous M"S$ I.iii.30/II.229,13"14.
176
Explication, PVSV! 419,24"26: d%#$! ca gosv!min! g!m !naya ity ukte !nyasv!migovyud!sena viniyat! eva gor !nayan!rtha' prav%tti" | s! ca eva' sy!d yadi prakara(!din! go&abdo vi&e#av%tti" sy!t |. «Or on constate que lorsque le propriétaire d!une vache dit: %Amène la vache#, l!action servant à amener la vache est strictement limitée par exclusion des vaches appartenant à d!autres propriétaires. Or cette [action n!]est possible de cette façon [que] si, en fonction [de facteurs] tels que le contexte, le mot %vache# se réfère à une [vache] particulière.» Comparer PV! P313b1"4/D262a7"262b1. Le contexte étant celui d!une phrase injonctive, on hésite à traduire °codana (toutefois uniformément rendu par tib. brjod pa, même dans PVSV 46,13) par «enjoignait».
177
Introduction, PV! P313b4/D262b2 = PVSV! 419,27"28: yata eva' v!stava" sambandho na sa'gacchate prak%tibhinn!n!' tasm!t" «Puisque ainsi une relation réelle ne vaut pas d![entités] distinctes par nature, par consé-
Traduction
259
[entre entités distinctes par nature se résume à] l!existence et [à] l!inexistence [qui sont celles] d!une entité[, tenue pour un effet,] qui est présente et absente [selon que ce qu!on tient pour sa cause existe ou n!existe pas]. [C!est] donc aux hommes [qu!il revient] de confectionner (sa!sk"rya), par la pensée, la [relation] entre les paroles [qui sont des effets] et les significations [qui en sont les causes]. [PV I.231cd] PVSV 115,24
C!est sur la base des existence et inexistence [de la parole par rapport à celles de la signification] que, par un habitus [immémorial] des pratiques conventionnelles, deux [entités] pourtant dissociées [par nature] apparaissent à [la connaissance conceptuelle de] l!homme "[comme] associées#: PVSV 116,1 la réunion des entités est donc de création humaine.178 De plus, si la destruction du point d!appui entraînait que la relation périsse, la parole, puisque [désormais] sans relation, ne pourrait être réassociée à un nouveau [signifié,] et [partant, toutes] les entités encore à naître, sans relation faute qu!une relation dure [jusqu!à leur naissance], ne seraient pas [verbalement] signifiables.179 Et dans leur cas, quent$» Selon PV! P313b6/D262b3 = PVSV! 419,29%420,11, la description qui suit vise un rapport de causalité (janyajanakabh"va) du même type que celui décrit dans PVSV 113,25%114,3 et PVSV 118,14%18 (voir aussi pp. 138%140). 178
Explication, PV! P314a3/D262b6 = PVSV! 420,20: vyavah"rav"san"balena avasth"pyam"natv"t |. «Car [leur réunion] est établie en vertu de l!imprégnation de la pratique conventionnelle.»
179
La proposition écarte l!hypothèse selon laquelle la relation irait à chaque nouvel individu (vyakti) produit, et donc ne périrait pas (voir PV! P314a6% 7/D263a2). PV! P314a8%b1/D263a3%4 " PVSV! 420,25%27 expliquent ainsi sthitasambandh"bh"v"t: na t"vad utp"d"t p#rva! sambandha$ sthitas tasya dvi%&hasya sambandhinam antare'a sth"n"yog"t |. «Une relation ne dure pas jusqu!à ce qu!elles se produisent, car cette [relation, nécessairement] biplace, ne saurait subsister sans un corrélat [pour lui servir de point d!appui].» Asambandhin peut s!entendre de trois façons: (1) «sans relation», (2) «sans corrélat [langagier]», (3) «[n!étant] pas les corrélats [de paroles]». Tib. !brel pa can ma yin pa me paraît pouvoir appuyer (1) et (3), plutôt que (2). Ces trois sens sont compatibles avec la conséquence av"cy"$ syu$.
Traduction
260
si une [co]production [de la relation] avec les objets eux-mêmes [P V I.232a] devait être postulée, [nous répondrions que] [ n u l l e ] a l t é r a t i o n d e nature propre ne se ju s t i f i e s ! a g i s s a n t d e paroles [permanentes].180 [PV I.232bc1] PVSV 116,10
Si maintenant, pensant [ainsi] éviter qu!une parole dont la relation a péri n!ait pas de nouvel (antara) objet, et [donc] que les objets [se produisant ensuite] ne soient pas [verbalement] signifiables, [on admettait que tout] objet "encore à naître# se produit muni d!une relation, [alors] cette relation, [à supposer] même qu!elle se produise, n!appartiendrait pas à la parole[, et ce pour deux raisons]: la [parole], dont [ce n!est] pas la nature d!être en relation avec cette [nouvelle relation], ne saurait l!être sans altération de [sa] nature propre; et une [relation co]produite avec l!objet, [donc déjà] établie par autre [chose que la parole], ne [peut prendre] appui sur une parole qui ne [lui] apporte [aucune] aide.181 Si [maintenant l!on postule que] la [parole] coopère [elle] aussi à la production de la [relation], il s!ensuivra qu!une [parole permanente] capable [de produire la relation la] produira en permanence, car elle ne dépend pas [de coopérants] puisque [ces derniers] ne [sont d!aucune] aide à une [parole] permanente. [Mais] même si [l!on en admettait] l!incapacité [préalable],182 elle [y] sera également inefficace après183 puisqu!elle ne perd pas [sa] nature propre. 180
Selon PV! P314b3$4/D263a5$6 " PVSV! 421,8$10 et PVV 371,8$9, l!altération consisterait pour elles à passer d!une condition dénuée de relation avec un objet donné, à une condition dotée de relation avec lui. Ce changement (not. anyath!tva, PVV) leur vaudrait de perdre leur permanence (nityat!h!niprasa"ga, PVV).
181
Selon les principes stipulant (1) qu!être un point d!appui (!#rayatva) consiste à apporter une aide ou propriété supplémentaire (upak!rakatva); (2) que ce qui a déjà été établi dans l!existence ne nécessite plus aucune aide (anupak!ryatva). Noter que selon PVSV! 421,19, la proposition justifie tadbh!v!yoga.
182
De sorte que la présence de coopérants lui confère à un certain moment la capacité de générer la relation (PVSV! 421,23$24); afin donc d!éviter une pro-
Traduction
261
La faute184 entachant une relation [réelle] n!affecte pas une [relation] conçue.185 [PV I.232c2d] PVSV 116,19
En effet, apparaissant dans l!habitus [cognitif] de l!homme [et] se caractérisant [à ce titre] comme une dépendance [par rapport] à cet [habitus cognitif],187 la relation ne dépend pas d!une fusion [réelle] des entités.188 [Simplement,] sans changer la nature propre des [entités, et] moins encore [si elles sont] permanentes, l![homme] peut, lui, combiner [des entités] en [les] considérant luimême pour quelque [raison189 comme liées entre elles]: les [entités 186
duction en permanence (PV! P315a6/D263b6). 183
C!est-à-dire: au moment où l!objet est présent (PVSV! 421,24: pa!c"d apy arth[a]sa#nidhik"le !pi), ou: au moment de [produire] la relation (PV! P315a7/D263b"7: phyis kya$ "brel pa"i dus su ya$).
184
Explication, PVV 371,13: aya# svabh"v"nyatvado%a&, «la faute d!un changement de nature propre».
185
Explication, PVV 371,14: na hi kalpan"k'pto dharma& svabh"va# vastuta& sp(!ati |. «Car une propriété façonnée par la pensée n!affecte pas réellement la nature propre.»
186
Noter l!explication de PV! P315a8"b1/D263b7"264a1 " PVSV! 421,29: puru%asya bh"van" abhy"savat) vikalpabuddhis tatra pratibh"situ# !)lam asya iti. «Qui a la faculté d!apparaître dans l!habitus[, c!est-à-dire] à la connaissance conceptuelle habituelle de l!homme.»
187
Selon #$kyabuddhi (PV! P315b1"2/D264a1), qui explique ainsi tadapek%"lak%a*a&: de ñid kyi phyir | blo de la goms pa la ltos pa"i rgyu mtshan "ga" +ig gis sbyar ba"i mtshan [ñid] can, «se caractérise donc comme une mise en rapport en vertu de quelque cause dépendant de l!habitus [propre] à cette pensée». Je préfère lire tad = puru%abh"van" plutôt que tad = buddhi. Kar%akagomin explique quant à lui (PVSV! 421,27"28): tadapek%" te%"# bh"v"n"# paraspar"pek%" kuta!cin nimitt"d buddhiparikalpit"t | tallak%a*a&, «dépendance par rapport à ceci[, c!est-à-dire] dépendance mutuelle de ces entités en vertu de quelque cause entièrement conçue par la pensée; se caractérisant comme cela#»
188
Explication, PV! P315b3/D264a2 = PVSV! 422,12: sarve%"# bh"v"n"# prak(tibhedena svasvar,p"vasth"n"t |. «Car toutes les entités subsistent selon leur nature en leur propre nature.»
189
Explication, PVSV! 422,14"15: kuta!cid iti tadbh"ve kasyacid bh"vadar!an"t | antastath"bh,tavyavah"rav"san"parip"k"d v" |. «Pour quelque [raison],
Traduction
262
tenues pour permanentes] pourraient donc [elles] aussi être telles,190 et [ce] sans [pour autant] présenter la propriété de se départir [de leur précédente nature propre].191 PVSV 116,22
[Objection:] A la [critique] que [vous nous avez] adressée [plus haut, à savoir] que, puisque la relation qui prend appui périt avec la disparition de [son] point d!appui, la [relation] est impermanente[, nous rétorquons que] [la relation,] puisqu!elle est permanente, ne périt pas malgré la disparition de [son] point d!appui, à l!exemple du genre. [Réponse:] [Mais] à l!égard d![entités] permanentes [telles que le g e n r e o u la r e l a t i o n ] , q u e l l e [ e s t donc] la capacité de [ce] po int d ! a p p u i [ s u p p o s é ] , d e s o r t e q u ! o n a d m e t t e q ue c e [qui n!exerce en fait aucun e a cti on] form e un point d!a p p u i ? [ P V I . 2 3 3 ] PVSV 116,26
Le bruit court192 que, bien que le genre soit permanent et "qu!il prenne appui# [sur l!individu], il ne périt pas avec [son] point d!appui: simplement, nous ne constatons pas qu!un point d!appui possède [la moindre] capacité à l!égard d![entités] permanentes [telles que le genre], de sorte que ce [point d!appui supposé serait effectivement] un point d!appui, parce que [ce qui a déjà été] pro-
c!est-à-dire parce qu!il constate que quelque chose existe si telle [autre chose] existe, ou par la maturation de l!imprégnation interne d!une pratique conventionnelle de même type.» La deuxième possibilité est celle de PV! P315b5/D264a3, toutefois sans équivalent de °vyavah!ra°. 190
C!est-à-dire, selon PV! P315b6/D264a4 = PVSV! 422,16, être munies d!une relation conceptuellement construite par les hommes (puru"opakalpitasambandhavat), et ce en vertu de leur habitude des pratiques conventionnelles (vyavah!r!bhy!s!t).
191
Selon PV! P315b7$8/D264a5 et PVSV! 422,18$19, Dharmak"rti cherchait à montrer ici qu!une relation imaginée (buddhiparikalpita), au contraire de la relation réelle (v!stava) postulée par l!adversaire, n!est pas incompatible (na virudhyate) avec les entités permanentes que postule ce même adversaire.
192
Selon PV! P316a5/D264b1 = PVSV! 422,24$25, Dharmak"rti utilise cette formule pour montrer que ce qui suit est de pure acceptation mondaine (prasiddhim!tra), rumeur sans fondement (nirvastuka).
Traduction
263
duit193 n!a pas [besoin] de production, et que [rien] "ne dépend# d!un [point d!appui] improductif. PVSV 116,28
[Objection:] La révélation du genre et de la relation par le point d!appui[, telle est] l!aide [qu!apporte ce point d!appui]; donc [c!est à bon droit que nous parlons de] point d!appui.194 [Réponse:] PVSV 117,1
Même d![entités] telles que les cruches[, voilà ce que] les experts en [matière d!]argumentation rationnelle admettent [être] la révélation: que, grâce à la réunion195 des causes coopérant à la production d!une connaissance, [ces entités] se prod u i s e n t e n t a n t q u e co n v e n a n t à p r o d u i r e c e t t e [connaissance d!elles-mêmes]. [Mais] des [entités] immuables [telles que genre ou relation] ne se différenciant pas,196 quel service leurs 193
PV! P316a7/D264b2 = PVSV! 422,27 glosent k!tasya («produit») par siddhasvabh"vasya, «d!une nature propre [déjà] établie [dans l!existence]». Produite ou (déjà) établie, car permanente, elle précède l!hypothétique intervention de son point d!appui supposé: cette entité est alors en quelque sorte «déjà là».
194
Ou: «donc [on parle à bon droit de] prise d!appui», selon le second sens de "#raya. PV! P316a8$b1/D264b3 glose en effet: d$os po la (b)rten, moins ambigu que PVSV! 422,30, pad"rtha "#raya%, qu!on peut comprendre comme: «l!entité [est] point d!appui», ou comme: «s!appuie sur l!entité». Au final, le sens est le même. Introduction de PVV 371,21$22: atha nityasya api j"tisambandh"der "#raye&a abhivyaktilak'a&a upak"ra% kriyate | na ca abhivyaktihetu% k"raka% | d(p"divad gha)"de% |. «Mais si le point d!appui apporte une aide définie comme une manifestation à une [entité] telle que le genre ou la relation[, et ce] malgré que [cette entité soit] permanente, et [si l!on suppose que] la cause de la manifestation n!est pas un agent, comme une [chose] telle qu!une lampe [n!est pas l!agent] de la cruche [qu!elle manifeste].» Sur PVSV 117,1$16, voir pp. 189$196.
195
C!est-à-dire, selon PV! P316b1$2/D264b4 = PVSV! 423,8 = Vibh. 372n. 1, grâce à leur situation dans un lieu adéquat (yogyade#"vasth"na).
196
C!est-à-dire, selon PV! P316b3/D264b5 " PVSV! 423,10$11, ne se produisant pas comme convenant à produire une connaissance d!elles-mêmes. Il faut comprendre: «ne pouvant se différencier sous l!action d!un révélateur», étant donné qu!elles sont permanentes. Les deux valeurs de vi#e'a («différence» et «propriété supplémentaire») %uvrent de concert: devenir différent en tant qu!on obtient une propriété supplémentaire qualifiant à une fonction à
Traduction
264
révélateurs [peuvent-ils bien le u r ] ! r e n d r e " p o u r q u # o n l e s t i e n ne pour révélées pa r eux? [PV I.234$235] PVSV 117,6
La manifestation d#[entités] telles que les cruches n#est [autre] que la production, grâce à la présence d#un coopérant $ laquelle dépend de la [phase précédente de la cruche en qualité de] cause matérielle197 $, d#une nouvelle phase convenant [quant à elle] à générer une connaissance [de soi-même; à cela, deux raisons:] parce qu#il s#ensuivrait sinon198 que [les cruches] produiraient une connaissance [d#elles-mêmes] indépendamment de l#aide [apportée] par la [lampe], 199et parce que la [lampe] qui [en] produit la capacité est génératrice [par rapport à la cruche] !étant donné que cette [capacité] consiste [précisément] en l#[entité révélable elle-même]",200 201et que si [elle en était] chose différente, il s#ensuivrait que [les révélateurs n#apporteraient] pas d#aide à l#entité [à révéler]. Or étant donné que la production de la connaissance [provient] de [cette seule] capacité, !il résulterait [de cette hypothèse] que l#on n#appréhenderait" jamais les cruches, etc.[, mais toujours cette
quoi l#on n#était pas qualifié dans la phase précédente. 197
Phase précédente de cruche quant à elle incapable de générer la connaissance, selon PV! P316b6$7/D264b7$265a1 " PVSV! 423,14$15.
198
C#est-à-dire, selon PV! P316b8/D265a1 = PVSV! 423,16$17: si des choses telles que les cruches ne recevaient pas d#une lampe, etc., leur convenance à produire une connaissance d#elles-mêmes.
199
Introduction, PV! P317a1/D265a2 = PVSV! 423,19: atha prad!p"di# pr"g asamarthasya vya$gyasya s"marthya% karoti iti i&yate. «Mais si maintenant l#on admet qu#une lampe, etc., produit la capacité [qui est celle] d#une [entité] révélable préalablement incapable [de produire une connaissance].»
200
Explication, PV! P317a3/D265a3 = PVSV! 423,21: tasya janane gha'"dir eva janita# sy"t |. «Car lorsque cette [capacité] serait générée, c#est la cruche, etc., qui serait générée.» L#optatif $ i.e. la valeur de conditionnel $ ne doit pas faire oublier que c#est là la position même de Dharmak#rti.
201
Selon PV! P317a3$4/D265a3$4 = PVSV! 423,22$23: atha m" bh(d e&a do&a iti prad!p"dik)tasya s"marthyasya vya$gy"d arth"ntaratvam i&yate. «Si maintenant, afin d#éviter cette faute, on admet que la capacité produite par une [chose] telle qu#une lampe est chose différente du révélable.»
Traduction
265
seule capacité],202 car [si l!on devait les appréhender,] il s!ensuivrait que [leur] appréhension ne dépendrait pas de la lumière. Quant à [cette] indépendance [des cruches par rapport à la lumière, on la tire] de ce que [les lampes] n!aideraient [en rien] l!essence [des cruches].203 Par conséquent, dépendant d!un autre afin de générer une connaissance d!elles-mêmes (svavi!aya), ces [entités révélables] font leur une propriété supplémentaire de [leur] nature propre204 grâce à cet [autre]; donc les [entités qu!on tient pour révélées ne sont en fait que] des produits de cet [autre]. Mais puisqu!elles acquièrent [d!un révélateur] une nature connaissable, on dit, d!un mot exprimant la spécificité de l!effet sous le rapport de la connaissance,205 [qu!elles sont] «révélables», afin de signaler [leur] différence [par rapport à des effets dont la connaissance ne se saisit pas nécessairement].206 [Or] des [entités permanentes] telles que le 202
Explications. (1) PV! P317a6"7/D265a5 = PVSV! 423,26: svavi!ayajñ"n"janan"n"# gha$"d%n"m, «des [choses] telles que des cruches qui ne génèrent pas de connaissance d!elles-mêmes.» (2) PV! P317a7/D265a6 = PVSV! 423,26"27: i!yate ca gha$"d%n"# graha&am |. «Or on admet appréhender des [choses] telles que les cruches.»
203
Explication, PV! P317b2/D265a7"b1 " PVSV! 424,11"12: vyatiriktasya hi s"marthyasya kara&e na gha$"d%n"# ka'cid upak"ra( |. «Car si [les lampes] produisent une capacité qui est indépendante [des cruches], elles n!aident aucunement les cruches, etc.»
204
C!est-à-dire, selon PV! P317a4/D265b2 = PVSV! 424,14, font leur une nature (svar)pa) convenant à générer cette connaissance.
205
Explication, PV! P317b6/D265b3 = PVSV! 424,16"17: ava'ya# tadvi!aya# jñ"na# bhavaty ato jñ"nava'ena |. «Une connaissance qui les a pour objets advient nécessairement; donc, du point de vue de la connaissance.»
206
PV! P317b8/D265b4"5: gdon mi za bar 'es pas gzu* bar bya ba ga* yin pa de bskyed par bya ba yin du zin kya* gsal bya +es brjod do ||. «Ce que la connaissance appréhende nécessairement, on le dit #révélable# malgré qu!il s!agisse [en réalité] d!un produit.» Comparer PVSV! 424,19. PV! P317b8" 318a1/D265b5 " PVSV! 424,19"20: yat tu na evambh)ta# tat k"ryam eva ity ucyata ity eva# prasiddhyartha# vya*gy"( khy"pyanta ity artha( |. «Mais ce qui n!est pas tel, on le dit simplement un #effet#; ainsi donc [est-ce] au sens de ce qui est communément admis [qu!]on [les] dit #révélables#. Tel est le sens [visé].»
Traduction
266
genre et la relation ne sauraient sur le même modèle (evam) [être] révélées par un [point d!appui] qui ne [les] aidera [en rien] puisqu!elles ne peuvent être aidées en aucune façon. 207
Et si la relation est une entité[, voici donc une troisième entité] de par [sa] différence [par rapport aux deux corrélats; or si cette troisième entité remplit les conditions de perceptibilité], il devrait y avoir variété de [notre] connaissance.208 [PV I.236ab] PVSV 117,18
Et si elle existe [en tant qu!]entité, cette relation-là ne déroge assurément pas à [l!alternative entre] distinction et indistinction par rapport à la parole et à la signification, car une entité est nature [propre, et nous avons] dit [plus haut209] que de celle-ci, l!altérité n!est [autre] que la non-identité. Or pour sensible qu!elle soit,
207
Selon PVSV! 424,24 et Vibh. 372n. 2, Dharmak"rti s!en prend maintenant (jusqu!à PVSV 118,14 selon PVSV! 427,25"27) à la doctrine du tripram!"akasambandha développée par Kum#rila dans $V s!p 140"141 (voir pp. 127"128). Selon Kum#rila, la relation de capacité s!apprend perceptivement dans l!interaction avec les adultes; inférentiellement en apprenant l!expressivité (v!cakat!, abhidh!yakat!, etc.) des paroles; présomptivement en expliquant par cette relation une communication sinon inexplicable. Dans PVSV 117,17"118,14, Dharmak"rti va critiquer la perceptibilité (P PVSV 117,17"25), PVSV 117,26"118,13) et (selon le seul Kar%akagomin, voir n. l!inférabilité (P PVSV 118,14) d!une relation réelle (v!stava, 227, p. 271) la présumabilité (P vastubh#ta).
208
PV! P318a5/D266a1 & PVSV! 424,26: pad!rthatray!lambanatvena sy!d buddhicitrit! |. «Il devrait y avoir variété de [notre] connaissance en tant qu!elle aurait trois entités pour supports objectifs.» PVV 372,14"15: tritaya$ d%&yeta | na ca 'k(yate |. «On percevrait trois [choses]. Or on ne [les] voit pas.» Par «variété de la connaissance», il faut entendre que ces trois entités devraient y apparaître ensemble comme objets.
209
PVSV 75,21"23 selon PV! P318a7"8/D266a3 = PVSV! 424,29"425,7: svabh!vo hi svabh!v!n na tattvam anyatva$ v! la)ghayati | r#pasya atadbh#tasya anyatv!vyatikram!t | idam eva khalu r#pasya anyatva$ yan na tad. «Das Wesen (svabh#va') überspringt nämlich in bezug auf ein (anderes) Wesen nicht das Dies- oder Anders-sein ! Denn eine Form (r(pam), die nicht dieses ist, kann nicht umhin, ein Anderes zu sein. Denn darin besteht ja das Anderssein einer Form, daß sie nicht das(selbe) ist.» Traduction VETTER 1964: 107.
Traduction
267
cette [relation] n!apparaît pas, dans la connaissance [que nous avons] d!elle, [sous forme] d!une nature séparée d!autre [chose] qu!elle: comment [donc] pourrait-elle être telle,210 puisque la nonséparation211 et la non-perception d!une [entité] perceptible forment les fondements des contraires[, respectivement,] de la séparation et de l!existence[, c!est-à-dire les fondements de l!identité et de l!inexistence]212? "Il s!ensuivra sinon213# que la prédication de [l!identité et de l!inexistence] n!aura plus cours.214 [Objection:] Puisque [la relation] est suprasensible, la faute [que vous dénoncez] n!a pas cours malgré que [la relation] n!apparaisse pas [comme séparée à la connaissance], comme [il en va] de [choses] telles que les facultés sensorielles.215 [Réponse:] Non[, la relation n!est pas suprasen210
C!est-à-dire, selon PV! P318a8$b1/D266a4$5 = PVSV! 425,10, comment pourrait-elle être une nature séparée d!autre chose qu!elle (tadanyaviveki r!pam)? Il faut analyser tadanyavivekin comme: séparée du corrélat qui est autre que cette relation (PVSV! 425,9: tasm"t sambandh"d anya# sambandh$ tato vivek[i]n["]).
211
Par rapport à un objet perceptible (pratyak%"d arth"t), selon PVSV! 425,10$ 11.
212
PV! P318b4/D266a6$7 " PVSV! 425,13$14: yad yato bhedena na upalabhyate tat tato na anyat | yad yad d&'ya( san na upalabhyate [tat] tan na asti iti y"vat |. «Tel est le sens: le x qui n!est pas perçu comme distinct de y n!est pas autre que y; rien de ce qui n!est pas perçu malgré qu!il soit [censément] perceptible, n!existe.»
213
C!est-à-dire, selon PV! P318b4$5/D266a7 " PVSV! 425,15$16: yad yato !rth"ntaram abhyupagata( d&'ya( ca tasya tasm"d aviveke saty adar'ane ca yadi viveka# satt" ca kalpyate |. «Si, alors [même] que le x qu!on admet [être] chose différente de y et [être] imperceptible, n!est ni séparé de y ni perçu, on conclut à [sa] séparation et à [son] inexistence.»
214
PV! P318b6$7/D266b1$2 " PVSV! 425,17$18: tath" hi d&'y"vivek"dar'ane !sy" vyavasth"y" nimitte | te ca avivek"bh"vayor na s"dhanam i%)e tad" tadvyavasth" ucchidyate |. «C!est ainsi que la non-séparation et la non-perception d!un perceptible sont les causes de cette détermination; or on ne les accepte pas comme la preuve de la non-séparation et de l!inexistence; dès lors cette détermination tombe.»
215
Bien qu!elle n!apparaisse pas comme séparée des visibles (r!pa), une faculté telle que la vue n!en est pas moins indépendante (vyatirikta) des visibles
268
Traduction
sible], car étant donné que ce qui [reste] inétabli [sous sa forme propre] ne notifie [rien], il s!ensuivrait qu!à partir de cette [relation suprasensible], on ne connaîtrait pas [la signification].216 Si [l!on admettait maintenant que, comme une faculté sensorielle, la relation] notifie [la signification] par [sa] seule présence, même des [gens] non instruits [de la relation entre parole et signification] auraient [connaissance de ce que telle parole exprime telle signification]. PVSV 117,26
[De plus,] la connaissance [de la relation comme séparée ne provient] pas d!une inférence, car on ne dispose pas d!un indice [inférentiel susceptible d!en faire la preuve]217 "étant donné qu!il n!est pas établi d!exemple#218: puisque [la relation] n!est pas moins (PV! P318b8$319a1/D266b3$4 " PVSV! 425,20$21). Sur les facultés imperceptibles et/ou leur inférence, voir VPV sous VP I.83, et TV sous M#S$ I.iii.24/II.210,18$20. 216
PV! P319a2$3/D266b4 = PVSV! 425,24: na hi yena saha yasya sambandho na g!hyate taddv"re#a tasya prat$tir yukt" |. «Car on ne peut connaître, par un y, un x dont la relation avec y n!est pas appréhendée.»
217
PV! P319a7/D266b7: !bras bur gyur pa!i kho% du chud pa rtags yin par brjod na | de ya% !brel pa grub pa s%on du so% ba can yin na de grub pa med par yod pa ma yin pa!i phyir rtags ma yin no ||. «Si l!on soutient que la compréhension qui est l!effet [de la relation en] constitue l!indice, [nous répondons qu!]elle n![en] constitue pas l!indice car étant donné qu!elle [doit être] précédée par l!établissement de la relation, elle n!intervient pas tant que cette [relation] n!a pas été établie.» %&kyabuddhi dénonce donc un cercle.
218
Sur cette traduction inspirée de K, voir p. 494. K paraît interpréter d!&'"nt"siddhe( comme une justification de li%g"bh"v"t (PVSV! 426,8: arthaprat$tir api na li%gam | d!&'"nt"siddhe( | na hi kvacid d!&'"nte sambandhak"ry" arthaprat$ti( pratipann" |. «Et la compréhension de la signification n!est pas un indice [inférentiel], car il n!est pas établi d!exemple; en effet, une compréhension de la signification qui soit l!effet d!une relation n!est donnée dans aucun exemple.») % paraît interpréter d!&'"nt"siddhe( comme une seconde raison logique à na anum"n"t pratipatti( (PV! P319a8/ D267a1: dpe ma grub pa!i phyir ya% rjes su dpag pa las rjes su grub pa ma yin no ||. «Et puisqu!il n!est pas établi d!exemple, [une relation séparée] n!est pas établie par inférence.») Il explique ensuite, PV! P319a8$b1/D267a1: brjod par bya ba da% rjod par byed pa!i mtshan ñid can gyi !brel pa log par rtogs pa de lta bur gyur pa!i !brel pa !ga! )ig kya% grub pa med pa na ga% )ig dper
Traduction
269
suprasensible dans ce [qu!on invoquerait comme exemple], on devrait en effet [là aussi] recourir à une preuve [dont on ne disposerait pas faute, ici encore, qu!un exemple soit établi]. PVSV 118,1 [Objection:] De même [manque-t-on d!exemple] également dans le cas [où l!on infère l!existence] de [choses suprasensibles] telles que les facultés sensorielles. [Réponse:] Non, car l!inférence des [facultés sensorielles procède] de façon différente219: une connaissance [perceptive] qui, certaines [choses telles que la lumière] étant présentes, est absente [si les yeux sont clos] et présente [s!ils sont ouverts], permet en effet de prouver qu!elle ne naît pas de ces seules [choses], et qu!elle dépend de [quelque cause] indépendante d!elles. Donc la preuve (siddhi) des facultés sensorielles [procède] par le biais de l!effet220[, mais il n!en va] pas ainsi de la relation,221 car la connaissance même qui en est l!effet manque si cette [relation] n!est pas établie. 222En effet, ni la nature verbale ni la signification !gyur |. «On connaît erronément une relation de type signifié-signifiant: aucune relation de ce type n!est établie, qui puisse servir d!exemple.» 219
PV! P319b3"4/D267a3"4 " PVSV! 426,13"14: na apratyak!"#"m indriy"#"m ida$tay" (PV! !dis) ki$cid r%pa$ pras"dhyate yena tulyo do!a& sy"t |. «De [ces] facultés sensorielles imperceptibles, on ne prouve pas une certaine nature en tant que telle [en particulier], de sorte que la même faute se présenterait.»
220
PVSV! 426,21: k"ra#"ntaravaikaly"sambhavina' ca a(kur"dayo "tra d)!*"nta& |. «Et dans cette [preuve, des choses] telles que la pousse tiennent lieu d!exemple, qui ne se produisent pas si une autre cause fait défaut.» PV! P319b7"8/D267a6, sinon identique, porte rgyu ma tsha( ba!i mi !byu( ba can dag, k"ra#avaikaly"sambhavina&, à traduire peut-être comme: «qui ne se produisent pas si [leur] cause est incomplète.»
221
Selon PV! P319b8/D267a7 " PVSV! 426,22: na cak!ur"divat k"ryavyatirek[adv"re#PV!]a anum"nam |. «Au contraire de [l!inférence de choses suprasensibles] telles que la vue (cak!u&), on n!infère pas [la relation] par le biais de l!absence de l!effet [quand les autres causes sont présentes].» Explication et transition, PVSV! 426,22"24: vi'e!"num"n"t | tath" hi sambandho "sti iti yad anum"na$ tad vi'e!asya eva anum"nam | tac ca ayuktam | ki$ k"ra#am |. «Car [dans le cas de la relation,] on infère un particulier. C!est ainsi que l!inférence qu!une relation existe, c!est l!inférence d!un particulier. Or celle-ci est infondée. " Pourquoi cela?»
222
Objection introductive, PV! P320a1/D267a7: gal te sgra da( don ñid !brel
270
Traduction
n!en sont l!indice [inférentiel], car toutes deux conviennent à toute [signification et à toute parole en tant respectivement que signifiant et que signifié]. [Or] puisque[, ainsi non ordonnées les unes aux autres, elles] ne notifient pas [la relation censément au] fondement de [notre] compréhension d!une [signification] particulière,223 on ne connaîtra pas cette [relation grâce à elles], car cette [connaissance de la relation] ne se justifie pas à défaut d!une relation particulière [entre elles et la relation].224 225Ou si [l!on admet maintenant que] cette [connaissance] est dénuée de cause, pourquoi ne pas admettre que le fait que les paroles notifient la signification est [lui] aussi dénué de cause, au même titre [d!ailleurs] que l!ordination de [notre] connaissance à cette [relation] particulière? Par conséquent, l!indice [consistant en la parole et la signification étant] semblable pour toute relation, [la parole] ferait donc connaître indifféremment [toute relation]: c!est donc indifféremment [que toute signification] serait comprise, et de toute [personne, qu!elle soit ou non informée des conventions]. Par conséquent, puisqu!il comprendrait la signipa rjes su dpog pa!i rtags yin no !e na |. «[Objection:] La parole et la signification sont [elles-]mêmes l!indice permettant d!inférer la relation.» 223
PV! P320a3"4/D267b2"3 = PVSV! 427,7"8: praty"yane v" vi#e$"bh"vena sarvasambandhaprat%t[e]& sarv"rthagati& sy"t | na ca evam |. «Ou si [elles nous la] notifiaient, on saisirait toutes les significations puisqu!on connaîtrait toutes les relations indifféremment. Or il n!en va pas ainsi.»
224
Selon l!introduction de PVSV! 427,9"10: yadi ca #abd"rth"n"' sambandhena saha sambandhavi#e$a& siddha& sy"t kvacit | tad" sambandhavi#e$aprat%ti& sy"t |. «Et si, dans un cas, une relation particulière des paroles et significations avec la relation était établie, alors on connaîtrait une relation particulière.» Noter cependant PV! P320a5"6 (sans correspondant D) " PVSV! 427,10: na hy asaty"' sambandhavi#e$e(a #abd"[rth"PV!]n"' sambandhasiddhau, qui requiert trop d!acrobatie à mon goût pour être accordée à PVSV asati sambandhavi#e$e. Conclusion, PV! P320a6 (sans correspondant D): de bas na ma )es pa dag las !brel pa!i khyad par rtogs pa ma yin no ||. «On ne connaît donc pas de relation particulière à partir de [paroles et de significations] non ordonnées [les unes aux autres].»
225
Introduction, PVSV! 427,12: atha puna& sambandham antare(a #abd"t sambandhavi#e$aprat%tir i$yate. «Mais si maintenant l!on admet que [notre] connaissance de la relation particulière par la parole [a lieu] sans relation [entre elle et la relation].» Comparer PV! P320a6"7/D267b3"4, incomplet.
Traduction
271
fication en établissant la relation [de la façon susdite], nul [homme] ne dépendrait [plus] de l!enseignement [d!autrui pour comprendre la signification]. [Objection:] [Ce n!est pas à elle seule, mais] accompagnée d!un enseignement[, que la parole] est l!indice [inférentiel permettant d!établir la relation]. [Réponse:] "Dès lors# donc, à quoi bon cette médiateté?226 Pourquoi n!est-ce pas la [parole seule, sans relation réelle mais] dépendante d!un enseignement, qui accomplit la notification de la signification?227 Or [c!est bien] la parole, que l!on constate être utilisée[, au moment de la convention,] par des [hommes] animés de l!intention de [communiquer] la [signification x, mais] qu!on ne constate pas [être utilisée] de façon différente228[, qui] génère [chez l!auditeur], grâce à [ces] constata226
«Médiateté», ou «séquence». Explication, PV! P320b3$4/D267b7 " PVSV! 427,21$22: samprad!yas tata" #abdasya li$gatva% tasm!t sambandhaprat&tis tato !rthasya praty!yanam iti kim anay! paramparay! |. «[D!abord,] un enseignement; grâce à lui, #indicialité% de la parole; grâce à cela, connaissance de la relation; [et] grâce à elle, notification de la signification: à quoi bon cette médiateté?» PV! sans équivalent de sambandhaprat&ti".
227
PV! P320b5/D268a1 " PVSV! 427,23$24: yena sambandho !para" kalpyate |. «De sorte qu!il [vous faille] postuler une autre relation.» PVSV! 427,25$27 lit ici une critique de la thèse selon laquelle la relation de capacité serait connaissable par présomption (arth!patti); la critique de la doctrine kum$rilienne du tripram!'aka" sambandha" (initiée avec PV I.236ab) serait dès lors achevée: ata eva arthaprat&tyanyath!nupapatty! #aktisambandhakalpan! nirast! | #aktim antare'a sa$ketabal!d eva arthaprat&tisambhav!t | tena sambandhas tripram!'aka iti yad ucyate tad ap!stam |. «[La démarche consistant à] postuler par inconsistance, autrement, de [notre] compréhension de la signification, une relation de capacité, est donc rejetée, car [notre] compréhension de la signification peut procéder de la seule convention, sans capacité. Se trouve donc écarté ce qu!a dit [Kum$rila dans %V s!p 141, i.e.] que la relation requiert trois moyens de connaissance valide (tripram!'aka) [pour être connue].» Voir n. 207, p. 266; pp. 127$128; APPENDICE B (PVSV! 409,26$29).
228
Explications. (1) PV! P320b6/D268a1$2 = PVSV! 428,11: vivak(it!rthaviparyaye'a prayujyam!no na d)(*a" |. «Qu!on ne constate pas être utilisée de façon contraire à la signification désirée.» (2) PV! P320b6$7/D268a2 = PVSV! 428,11$12: etena anvayavyatirek!v uktau |. «Par là sont évoquées les coprésence et co-absence [de l!intention et de la parole].» Sur le caractère in-
Traduction
272
tion et non-constatation, une compréhension de la [signification x, exactement] comme des [choses] telles que la fumée [génèrent notre connaissance du feu, etc.]; cette relation-là, on l!appelle donc une «corrélation régulière». Mais nous ne constatons pas qu!une [relation réelle] autre [que ladite corrélation régulière] soit capable [de générer la compréhension], pas plus [d!ailleurs que nous ne voyons] de moyen de l!établir. PVSV 118,18
Mais si maintenant la relation entre parole et signification n!est pas autre [que ces corrélats]: Si [la relation] ne diffère pas des deux [corrélats], ces deux s e u l s [ e x i s t e n t , m a i s r i e n q u ! o n p u i s se a p p e l e r « r e l a t i o n » ] : i l n!est d!autre possibilité [en effet] pour une entité que l![alternative entre identité et altérité]. [PV I.236cd]
PVSV 118,21
Puisque une condition distincte229 a pour critère une différence [effective] des natures, ce qui est [admis être] de la nature de x ne saurait être que x. 230En revanche[, puisque totalement imaginée,] une différence de propriétés est possible de la façon qu!on a dite plus haut [en exposant la théorie de l!exclusion conceptuelle], et elle231 est strictement non contradictoire [lorsqu!on la dit de ce qui est un], au contraire (na) de la différence [propre à] des entiférentiel de la connaissance verbale et la description de la relation comme un avin!bh!va de type causal, voir supra, PVSV 113,23"114,3, PVSV 115,21" 116,2, et plus généralement pp. 138"140. 229
C!est-à-dire, selon PV! P321a5/D268a6 = PVSV! 428,22"23, la condition de nature propre distincte (vyavasth!ntarasya iti svabh!v!ntaravyavasth!nasya).
230
Introductions. (1) PV! P321a7/D268a7"b1: sna tshogs pa ñid ma yin du zin kya" khyod kyis byas pa da" mi rtag pa ñid tha dad par g#ag par byas pa ya" ma yin #e na |. «[Objection:] [Mais] ne déterminez-vous pas aussi comme distinctes la confection et l!impermanence malgré qu!elles ne soient pas distinctes?» (2) PVSV! 428,25: katha$ tarhy anayo% sambandha iti prat&tir ity !ha |. «[Dharmak"rti] répond [à l!objection que voici:] Mais comment sait-on que [c!est] leur relation?»
231
Explication, PV! P321a8"b1/D268b2 = PVSV! 428,26"27: sa ca vy!v'ttibheda% kalpan!k'ta%, «et cette différence d!exclusion [conceptuelle], fabriquée par la [seule] pensée.»
Traduction
273
tés[, laquelle est contradictoire puisque l!un ne saurait être ultimement multiple]. Or il n!est d!autre possibilité pour une entité que la distinction ou l!indistinction, parce que cette entité se définit comme une nature, et qu!une nature n!échappe pas à cette alternative.232 De plus: Puisque la nature des [deux] entités[-corrélats] est distincte, la relation [n!es t pas réelle, mais] es t le fait de la [s eule] pensée. [PV I.237ab] PVSV 118,27
[Cela, nous l!avons déjà] dit plus haut.233 Entre des entités discrètes (a!li"#a), en effet, il n!y a pas de relation définie comme une fusion [des natures]. Or la relation [réelle qui est] la leur n!est pas chose différente [de la fusion de leurs natures], parce qu![on se demande bien] PVSV 119,1
comment l!exis tant [ré el q u!es t cett e r e l a t i o n ] p o u r r a i t reposer sur autrui[, c!est-à-dire sur les corrélats],234 ou[, si la relation est fusion des natures,] comment une substance[, une entité distincte donc,] pourrait être la relation d!autrui?235 [PV I.237cd] 232
Voir supra, n. 209, p. 266.
233
Référence: PVSV 115,24"116,1 et suivantes selon PV! P321b4"5/D268b4" 5 " PVSV! 429,11"13 (plus généralement PVSV 115,21"116,2: voir n. 177, pp. 258"259), à quoi on ajoutera PVSV 113,24"25 et n. 146, pp. 248"249. Dans PV I.237 et PVSV, Dharmak#rti continue de viser une relation réelle (v$stava, vastubh%ta, bh$vika); «réelle» veut dire: troisième entité (t&t'ya( vastu) distincte des corrélats.
234
Explication, PVSV! 429,17: sambandh[ya]dh'na! ca sambandha i"yate dvi"#hatv$t |. «Or on admet que la relation repose sur les corrélats puisqu!elle est biplace.» Sur le caractère biplace (dvi"#hatva) de la relation, voir aussi SPV 269,19"20 sous SP 2.
235
(1) Explication, PVSV! 429,20"21: etena arth$ntaratve sambandhasya sambandhy$!ritatva( para!le"ar%patva( ca yat pare)a i"#a( tad ubhaya( nirastam |. «Par là, si la relation est chose différente, se trouvent écartés les deux [points] qu!admet l!adversaire, [à savoir] le fait que [la relation] prenne appui sur les corrélats, et le fait qu!elle ait pour nature la fusion d!autre [chose qu!elle-même].» (2) Les trois commentaires présentent trois explications différentes de PV I.237cd (ma traduction reflète celle de PVSV! 429,16"19,
274
Traduction
PVSV 119,3
En effet, un existant [déjà] établi ne dépend pas d!autrui [et,] autonome [en tant que] ne dépendant [de rien], n!est pas la relation [d!autrui].236 Et par «substance», on entend une nature propre: comment cette [dernière] pourrait-elle être la fusion d!une autre entité?237 On ne dit en effet pas telle (anya) [nature propre, celle des corrélats,] «unie» par l!existence de [quelque] tierce (antara) nature propre. [Objection:] [Une entité] peut bien ne pas être [réunie à une autre] par un [tiers, la relation, qui ne lui est] pas uni, mais elle pourrait [l!]être par un [tiers qui lui est] uni. [Réponse:] Non, car il est inétabli que leur soit uni cela même "qui[, leur étant uni,] les unirait#. Donc si les deux objets [corrélats] sont unis par que corrobore PVSV 119,3$5). PV! P321b6$8/D268b6$269a1 interprète ainsi PV I.237cd: «Comment une [entité] existante reposant sur autrui[, i.e. sur les corrélats,] pourrait-elle être la relation d!une autre [entité], ou [comment, si la relation est fusion des natures,] une substance[, i.e. une troisième entité séparée qui serait la cause de la relation, pourrait-elle être] la relation d!un autre[, i.e. la cause de la fusion des natures des corrélats]?» PVV 373,2$ 4 interprète ainsi PV I.237cd: «Comment la substance [réellement] existante [qu!on nomme "relation%] pourrait-elle reposer sur autrui, ou [être] la relation d!autrui [définie comme une fusion]?» (3a) Selon PVSV! 429,20$21 et PV! P321b8$322a2/D269a1$2, les deux questions visent une relation conçue comme une entité tierce (t!t"yaPVT) ou chose différente (arth#ntaraPVSVT) des corrélats. La première critique l!hypothèse selon laquelle cette entité prendrait appui sur une autre (sambandhy#$ritatvaPVSVT ): c!est l!hypothèse déjà rencontrée d!un paratantralak%a&a' sambandha'; la seconde critique l!hypothèse selon laquelle cette entité aurait pour nature la fusion des deux autres (para$le%ar(patvaPVSVT), ou serait la cause de leur fusion (r(pa$le%ahetutvaPVT). Ces deux hypothèses étaient déjà celles de PVSV 113,24$25 (voir n. 146, pp. 248$249). (3b) PVSV 118,27$28 contraint de considérer le p#da PV I.237c une justification de PVSV 118,28, et en PV I.237d, un retour à l!hypothèse, déjà dûment écartée dans PVSV 118,27$28, du r(pa$le%alak%a&a' sambandha'. 236
Être une relation, c!est reposer sur quelque chose, et reposer sur quelque chose, c!est dépendre de lui; or dépendre, c!est recevoir une aide, une propriété supplémentaire, dont ce qui est déjà établi n!a plus besoin.
237
Explication, PV! P322a4/D269a3: !dres pa!i rgyur ji ltar !gyur )es bya ba!i don to ||. «Le sens [visé par Dharmak$rti est]: comment pourrait-elle être la cause de [sa] fusion?» Voir aussi l!introduction de K à la phrase suivante, PVSV! 429,26: na api $le%ahetur bhavati |.
Traduction
275
un [tiers qui en est] chose différente, voilà [que se présentera] cette conséquence absurde [que tout pourrait être uni par n!importe quel tiers] puisqu!il n!y aura [plus la moindre] différence.238 PVSV 119,8
De plus:
239
Les phonèmes, qui existent [à titre d!entités, sont] dénués de signification; [quant au] mot, etc.[, qui est quant à lui doté de signification, il est] totalement imaginé [par la connaissance, et donc inexistant]: comment cette relation réelle [entre signifié et s i g n i f i a n t ] p o u r r a i t - e l l e r e p o s e r s u r l a non-entité [qu!es t le mo t ou la phrase]? [PV I.238] PVSV 119,12
Par [le fait que ce qu!on appelle «relation» est] la cause de l!expressivité,240 [seule] une [parole] expressive peut posséder cette [relation]. [Or] bien qu!ils existent [réellement], les phonèmes sont inexpressifs.241 "Par conséquent, la relation entre signifié et signi238
Explication, PV! P322a7#8/D269a6 = PVSV! 430,10#11: na hi sambandh!bhimatasya anyasya ca pad!rth!ntare"a sambaddhatve ka#cid vi#e$o !sti |. «Car si [les deux corrélats] sont liés par une entité distincte, il n!y a aucune différence entre ce qu!on tient pour la relation et autre [chose].» On comparera l!argumentaire de SPV 269,15#20 contre le r%pa#le$alak$a"a& sambandha&.
239
PV I.238a (et PVSV 119,13#17) vise la M"m#$s# (PV! P322a8/D269a6: re 'ig dpyod pa la); PV I.238b[d] (et PVSV 119,17#29) vise en priorité les Grammairiens (Vibh. 374n1: vaiy!kara"!n!( var"!divyatirikta( pad!di nirasyate |; voir aussi n. 248, p. 277). Sur la position m)m!(saka, voir pp. 182# 189; sur les positions spho*av!din, voir pp. 163#174. Dans PVV 373,6# 374,16, Manorathanandin présente un intéressant résumé de ces différentes problématiques.
240
Par souci de clarté, j!ai lu vacan!+ga (glosé uktinimitta PVSV! 430,18) sur le modèle du v!cakatv!+gatva de PVSV! 430,23.
241
Explication, PVSV! 430,19#21: pratyekam arth!pratip!dakatv!t | s!hity!bh!v!t | n!n!prayokt,prayuktebhya# ca arthapratipattyadar#an!d av!cak!& |. «Ils sont inexpressifs, parce qu!ils ne notifient pas la signification pris chacun individuellement, parce qu!il n!est pas d!association [possible pour eux], et parce qu!on ne constate pas qu!on connaisse la signification à partir de [phonèmes] articulés par plusieurs phonateurs.» K déploie ici contre le var"av!din l!argumentaire type du spho*av!din (sur les deux premiers argu-
276
Traduction
fiant [ne repose] pas sur eux!, car si elle reposait sur ces [phonèmes inexpressifs], il s"ensuivrait qu"elle perdrait sa nature propre [de cause de l"expressivité].242 [Objection:] [Ce sont] #les phonèmes eux-mêmes243! [qui, utilisés] avec un ordre de succession particulier, sont expressifs.244 [Réponse:] Non, car étant donné que l"ordre de succession n"est pas chose différente [des phonèmes eux-mêmes], il ne [les] différencie pas;245 [et] puisqu"un [ordre de succession] consistant (°r!pa) dans les [phonèmes eux-mêmes] ne diffère pas même en un ordre de succession différent, [notre] connaissance [de la signification] devrait être la même [dans les séries phonétiques «sara"» et «rasa"»].246 #Plus bas, nous réfuterons! aussi [l"hy-
ments, voir ELTSCHINGER 2001b: 273sq; sur le troisième, voir SS[V] 15 et BIARDEAU 1958: 33$34, en notant que Kum!rila admet que l"unité de locuteur est conditionnelle de l"accès à la signification ["V spho#a 70$72]). 242
Explication, PV# P322b7/D269b4: rjod par byed pa ma yin pa dag la gnas pa ni rje khol gyi !brel pa da$ !dra bar rjod par byed par !gyur bar rigs pa ma yin no ||. «Il est [en effet] incorrect qu"une [relation] qui repose sur [quelque chose] d"inexpressif soit expressive, à l"exemple de la relation maître-esclave.»
243
Noter PVSV# 430,25: ekaprayokt%prayukt&", «[s"ils sont] prononcés par un seul phonateur.» Voir n. 241, pp. 275$276.
244
PVSV# 430,26$431,14 illustre la position avec "V spho#a 69$71, 73, 83, 85$86: voir APPENDICE B. Sur cette doctrine m'm&(saka, voir aussi pp. 186$ 189.
245
Explication, PV# P323a1$2/D269b6 $ PVSV# 431,17: na hi yad yato "narth&ntara( tat tatsvabh&vasya bhedaka( bhavati |. «Car le x qui n"est pas chose différente de y ne différencie pas la nature propre de y.»
246
«Même en un ordre de succession différent», c"est-à-dire même si les mêmes phonèmes sont organisés dans une autre séquence (on hésite à donner au locatif kram&ntare une valeur ablative: «ne diffère d"[aucun] autre ordre de succession»; voir RENOU 1984: 312 [§223h] et BHSG §7.82). Cet argument d"inspiration spho#av&din apparaît régulièrement chez Dharmak%rti et ses commentateurs, notamment dans PVSV 155,28$156,2 (voir ELTSCHINGER 2000: 100$101n. 267) et PV I.301ac (voir TILLEMANS 1990: I.250n. 230: Dharmap!la pourrait être le premier bouddhiste à en avoir fait usage).
Traduction
277
pothèse selon laquelle] l!ordre de succession est chose différente [des phonèmes].247 PVSV 119,17 248
Si donc les phonèmes ne sont pas expressifs, il se pourrait qu!un [élément linguistique] tel que le mot[, lui,] soit expressif. Or il ne [l!]est d!aucune façon, car [ses] séparation et non-séparation [par rapport aux phonèmes] sont incompatibles [l!une et l!autre avec son expressivité].249 250[Étant] donc une illusion, consécutive à une connaissance sensorielle particulière, où apparaît un concept dont la cause matérielle est une imprégnation homogène, le mot "et la phrase# qui [nous] apparaissent [sous forme] unitaire ne sont qu!erreur,251 car [le signifiant qui nous apparaît ainsi] ne peut 247
Dharmak!rti rejette cette hypothèse dans PVSV 134,26$135,6 et PVSV 141,7$11. Sa critique de l!hypothèse précédente (kramasya var!ebhyo !narth"ntaratvam) forme le gros de sa polémique contre le var!av"da de Kum"rila, dans PVSV 135,7$141,7 (voir chapitre 6). PVSV# 431,21$434,15 insère ici un long développement critiquant systématiquement $V spho#a 108$113 et 115$116, consacrées à différents modèles d!appréhension mentale et mnésique du mot sur la base du dernier phonème; PVSV# 434,16$19 cite VP I.73 contre les M!m"%saka (sur ces différentes citations, voir APPENDICE B).
248
Introduction, PVSV# 434,20: samprati vaiy"kara!"n"$ var!"divyatirikta$ pad"di nir"kartum "ha |. «[Dharmak!rti] dit [ce qui suit] contre les Grammairiens, pour réfuter un mot, etc., séparé des phonèmes, etc.»
249
Explication, PV# P323a5$7/D270a2$3 = PVSV# 434,23$25: vyatireke bhedena upalambha% sy"d d&'yasya | ad&'yatve !py av"cakatvam ag&h(tasya jñ"pakatv"yog"t | avyatireke !pi var!avad eva av"cakatvaprasa)ga% |. «S!il [en] est séparé, on devrait [le] percevoir comme distinct[, lui qui est] perceptible. Même s!il n!est pas perceptible, il est inexpressif, car ce qu!on n!appréhende pas ne saurait [rien] notifier. Et s!il [en] est séparé aussi, il s!ensuivra qu!il est aussi inexpressif que les phonèmes.»
250
PV# P323a7/D270a3 explique tasm"t et opère ainsi la transition: ga) gi phyir de ltar yi ge rnams las tshig la sogs pa tha dad pa da) tha mi dad pa "gal ba de bas na | tshig la sogs pa d)os por gyur pa ma yin no ||. «Puisqu!il en est ainsi[, c!est-à-dire puisque] le mot, etc., [qu!il soit] séparé ou non des phonèmes, est incompatible [avec l!expressivité], le mot, etc., n!est donc pas réel.» La démarche est récurrente: une entité réelle peut être a ou ~a; si elle n!est ni a ni ~a, elle est irréelle.
251
(1) Selon PV# P323b2$3/D270a5$6 et PVSV# 435,3$4, une connaissance
278
Traduction
être ni un ni multiple.252 En effet [le mot] n!est pas un, car [un mot un] ne saurait être appréhendé de façon successive par une connaissance qui est multiple [en tant qu!elle appréhende une série de phonèmes].253 Mais une seule [connaissance] ne peut l!appréhender [non plus], parce que [c!est] par une série de phonèmes [qu!on
mentale (manovijñ!na, conceptuelle selon !), apparaît subséquemment (p"#$habh!vin) à l!expérience directe des phonèmes en série (kramavar%!nubhava, K), ou à la connaissance auditive particulière (&rotravijñ!navi&e#a, !); selon !, cette connaissance mentale surimpose l!unité au mot et à la phrase; selon K, elle détermine les phonèmes entendus sous forme de mots unitaires. (2) Sur PVSV" 435,5"14, voir n. 68, pp. 177"178. 252
On doit accommoder ce ek!nekatv!yog!t à ce qui le suit: na hy ekam (P PVSV 119,21) # na apy aneka' pad!di (P PVSV 119,28) # tan na vastu (P PVSV 119,29). Mon interprétation dérive de ce qui me paraît être celle de ! (PV" P323b4/D270a7: de ltar sna( ba can gyi tshig la sogs pa don dam par gcig da( du ma ñid du mi ru( ba!i phyir ro || re )ig tshig la sogs pa gcig ma yin no ||), et de ce qui me paraît la lecture la plus «naturelle» de hi. Il se pourrait cependant que K (PVSV" 435,15"17; 437,9"10) propose une interprétation différente et plus sophistiquée de l!argument; avec lui on traduirait plutôt: «car [le signifiant qui apparaît ainsi] ne peut être [sans contradiction à la fois] un et multiple. Mais/or (hi) il n!est pas un # [et] le mot, etc., n!est pas multiple non plus.» A la fois un et multiple, car ce sont des phonèmes multiples (bhinna) qui nous apparaissent erronément sous la forme d!un mot un (ekapad!dir*patay!, PVSV" 435,14"15): selon cette interprétation, le mot devrait être soit un, soit multiple, mais il n!est en réalité ni l!un ni l!autre. Au bout du compte, les deux interprétations (si deux interprétations il y a) convergent vers la même conclusion: n!étant ni un ni multiple, le mot n!est pas une entité réelle. La même divergence (apparente) d!interprétation se fait jour PVSV 119,29), dans PV" P325a2/ lors de l!explication de tan na vastu (P D271b2 et PVSV" 437,7"8.
253
Explications. (1) PV" P323b5"6/D270a7"b1: gcig ñid yin na ni blo ñid kyis thams cad du gzu( bar !gyur ro || gcig la gzu( ba ma gzu( ba!i ra( b)in ma ru( ba!i phyir ro ||. «Si [le mot] était un, la connaissance [l!]appréhenderait en entier, car l!un ne saurait être [de deux] natures appréhendée et non [encore] appréhendée.» (2) PVSV" 435,18: ekatve hy ekay! eva buddhy! sak"d g"hyeta |. «Car si [le mot] était un, une seule connaissance [l!]appréhenderait de façon simultanée[, en une fois].» Ces arguments forment la base de la critique du spho$a dans et sous PV I.250. Voir aussi ELTSCHINGER 2001b: 260" 261 et 263"264.
Traduction
279
l!]appréhende, 254et parce qu!"au moment où [fût-ce] un phonème a été appréhendé#, de multiples connaissances ont [déjà] passé255 étant donné que les connaissances sont instantanées; 256qu!un instant dure [le temps que dure] le passage d!un seul atome257 $ car si [l!on admet qu!il] excède [la durée indiquée], il ne peut[, ainsi] divisible, avoir de terme [temporel]; que l!achèvement d!un phonème [aussi] infime [qu!un son «a» extrêmement ramassé] possède la même durée que le clin d!%il, au cours duquel passent [déjà] de multiples atomes.258 Quant au souvenir, il a la durée même de 254
Deux introductions: selon PV! P323b7$8/D270b2$3, si plusieurs connaissances ont passé à l!achèvement d!un seul phonème (ekavar!ani"pattik#le), combien plus après plusieurs! Selon l!adversaire de PVSV! 435,21, un mot d!un seul phonème (ekavar!ar$pa) sera appréhendé par une seule connaissance.
255
Dans PVSV! 435,22$28, K critique l!indivisibilité du phonème professée dans "V spho%a 10$11ab: voir APPENDICE B (PVSV! 435,25$27), et pp. 182$189.
256
Selon PV! P323b8$324a1/D270b3$4 et PVSV! 436,5$6, l!adversaire identifie maintenant la durée de l!instant à celle de l!appréhension du mot (pad#digraha!a, "), ou à celle de l!achèvement d!un phonème (var!ani"patti, K): ainsi une connaissance unique appréhendera-t-elle un mot (d!une seule syllabe, K).
257
Sur cette doctrine sautr#ntika d!inspiration jainiste (qui reparaît dans PV III.496ab: voir VETTER 1964: 17), voir VON ROSPATT 1995: 102$103, LA VALLEE POUSSIN 1931$1932n. 5 et 1980: III.177$178n. 6. PV! P324a2/ D270b4 # PVSV! 436,6$7: y#vat# k#lena eka& param#!u& param#!vantaram atikr#mati t#vatk#latv#t k"a!asya |. «Car un instant dure autant de temps qu!il en faut à un seul atome pour passer un intervalle atomique/un autre atome.» Le sens de param#!vantara n!est pas clair (LA VALLEE POUSSIN 1931$ 1932: 5: «On doute si a!vantara signifie $un autre atome&; plutôt $l!intervalle, l!étendue d!un atome&.») Quoi qu!il en soit, franchir un intervalle atomique ou franchir (l!espace occupé par) un autre atome me paraissent conceptuellement équivalents. Ce qui seul compte ici, c!est l!insécabilité/indivisibilité de l!instant.
258
Explication et transition, PVSV! 436,12$13: tasm#n na ekavar!ar$pa' padam ekabuddhigr#hyam | na apy anek#tmakam ekapada' sm(tigr#hyam |. «Donc [même] un mot ayant la nature d!un seul phonème n!est pas appréhendable par une seule connaissance, pas plus [d!ailleurs] qu!un mot unique
280
Traduction
l![expérience directe], parce que la mémoire [fonctionne] à la façon de l!expérience directe, et qu!on n!observe [aucune] différence entre les séries [qui sont celles] de l!expérience directe et de la mémoire. [Mais] un [signifiant] tel que le mot n!est pas multiple non plus, parce qu!il apparaît comme indivis à la connaissance [qui en présente l!aspect],259 et qu!on en réfutera [plus avant] la multiplicité.260 Donc261 [puisqu!il n!est ni un ni multiple, le mot] n!est pas une entité, car celle-ci ne déroge pas à cette alternative. Or la relation [qu!admet notre adversaire] est une entité: comment pourraitelle prendre appui sur ces [non-entités que sont le mot ou la phrase], PVSV 120,1 puisque [ceux-ci] ne peuvent servir de point d!appui [à une relation en tant qu!ils n!existent pas]? Car ainsi[, faute de point d!appui, cette relation] serait sans prendre appui, et [serait] de cette manière une non-relation. Par conséquent, la relation entre parole et signification n!est pas naturelle[, mais est de création strictement humaine]. 262La réalité que, produite ou manifestée par la verbaliconsistant en plusieurs [phonèmes] n!est appréhendable par le souvenir.» Comparer PV! P324a6"7/D270b7"271a1. Sur la connaissance mnésique dans ce contexte, voir PVSV 129,17"21. 259
Explications. (1) PV! P324b3"325a1/D271a4"b1, qui cite VP I.86: voir n. 69, pp. 178"179, et APPENDICE B (PV! P324b6"7/D271a6"7). (2) PVSV! 436,22"27: tath! hi pade v!kye ca ucc!rita ekam ida" pada" v!kya" ca iti lokasya matir bhavati | tena yad ucyate | <#V spho$a 121> iti | tad ap!stam | var%!nubhavottarak!lam ekapad!dhy!ropik!y! buddher utpatte& |. «C!est ainsi que lorsqu!un mot ou (ca) une phrase est prononcé, le monde ordinaire [en] a connaissance ainsi: "Ce mot est un#, et: "cette phrase [est une]#. Par là se trouve rejeté ce qu!a dit [Kum#rila] dans $V spho$a 121, car au moment qui suit l!expérience [sensorielle] directe des phonèmes, il se produit une connaissance qui surimpose un mot un.» Sur $V spho$a 121: voir APPENDICE B (PVSV! 436,25"26).
260
Dans PVSV 127,17"128,21 (voir ELTSCHINGER 2001b: 262"263).
261
Deux interprétations de tad: (1) comme tasm!t (PV! P325a2/D271b2 = PVSV! 437,7); (2) comme pad!di (PVSVt; PV! P325a2/D271b2, PVSV! 437,7 à titre d!alternative). Sur l!interprétation de cette conclusion, voir n. 252, p. 278.
262
Selon PV! P325a7/D271b6, Dharmak%rti présente ici la vraie nature de la relation entre parole et signification; selon PVSV! 437,15"16, Dharmak%rti
Traduction
281
sation d!une intention de [communiquer telle signification], la parole ne dévie pas de cette [intention, telle est] la relation de la [parole].263 Or la production ou la manifestation [de la parole, qui constitue] le fondement de [sa] non-déviation [quant à notifier la signification], est humaine (pauru!eya); ainsi [donc] la relation [entre parole et signification] n!est-elle que de création humaine";# et étant donné que c!est par le biais de cette [relation-là] que les paroles "sont ordonnées# à notifier la signification, cette même tromperie264 [demeure] quand bien même [elles] seraient incréées.265 PVSV 120,8 266
[Les M!m"#saka] acceptent paraît-il également l!incréation [des énoncés du Veda] parce qu!on ne s![e n] rappelle pas les auteurs, [PV I.239ab] PVSV 120,9
incréation des énoncés du Veda que [Jaimini] professe parce qu!on ne se rappelle pas [leur] auteur!267 en justifie ici le caractère humainement créé.
263
Selon PV$ P325b1$2/D271b7$272a1, tattvam = *arthapratip"dan"vyabhic"ritvam: «ne pas dévier de la notification de la signification»; selon PVSV$ 437,18$19: tattvam = arthapratip"dan"bhipr"yak"ryatvam: «être l!effet de l!intention de notifier la signification». Sur ce point, voir n. 228, pp. 271$ 272. Si Dharmak!rti dit «produite ou manifestée», c!est qu!il n!a pas encore réfuté la révélabilité d!une parole permanente, spho#a ou var$a[krama]: voir pp. 189$196..
264
Explication, PV$ P323b4$5/D272a3: skyes bus byas pa!i !brel pa ni !khrul pa!i rgyur khas len pa!i phyir ro ||. «Car [notre adversaire] admet qu!une relation de création humaine est cause de tromperie.»
265
Explication, PV$ P325b5/D272a3 % PVSV$ 437,23$24: tath" ca apauru!eyatvakalpan" vyarth" eva iti bh"va% |. «L!intention [est la suivante]: et ainsi, postuler [leur] incréation est parfaitement vain.»
266
Après avoir réfuté l!incréation et la réalité de la relation, Dharmak!rti critique, dans PVSV 120,8$126,15, deux arguments m&m"'saka en faveur de l!incréation du Veda: l!argument fondé sur le non-souvenir (asm(ti, asmaraPVSV 120,8$121,6), et l!argument formulé dans $a) d!un auteur du Veda (P &V v"kya 366 (P PVSV 121,7$126,15). Sur ce passage, voir en général chapitre 4. Le premier argument est attribué à Jaimini par &, K et Vibh., malgré qu!il ne figure pas à ma connaissance dans M!S' (n. 2, p. 146).
267
Selon PV$ P325b6$7/D272a4$5 % PVSV$ 437,27$28 et Vibh. 374n. 3, il est
Traduction
282
[Et] comme ce [point de doctrine] trouve [aujourd!hui] encore de [soi-disants érudits p o u r s ! e n f a i r e l e s ] é p ig o n e s , [ q u e d i r e sinon qu!]hélas, la ténèbre [nous] envahit! [PV I.239cd] PVSV 120,12
A se demander comment une telle déchéance intellectuelle survint d!abord à ce [pauvre Jaimini], notre esprit s!étonne et s!apitoie [déjà];268 alors comme d!autres [soi-disants penseurs]269 répètent [aujourd!hui] encore [qu!il en est ainsi, comment ne pas déplorer qu!]hélas, une ténèbre assaillant impitoyablement le monde [nous] envahit! 270Quel mal [en effet peut-on bien reprocher] à la créature que trompe [sa] quête du bien?
de nombreuses choses dont on ne se rappelle pas l!auteur, sans pour autant conclure qu!elles n!ont pas été produites (ak!taka): c!est notamment le cas de vieux puits (j"r#ak$pa, tiré de !Bh sous M"S# I.i.5/I.63,6 [F42,21]). Ainsi la raison logique est-elle spécieuse (vyabhic%ra). !abara distingue entre nonsouvenir et oubli: on peut avoir oublié le créateur de ce dont on ne se sert plus (un puits désaffecté, de vieilles cruches dans un lieu désert), mais non de ce dont on fait encore usage (le langage, le Veda). Dans ce dernier cas, on doit conclure à l!incréation si l!on ne se rappelle pas l!auteur. Voir pp. 145" 148. 268
Selon PV$ P326a2"4/D272a7 % PVSV$ 438,13"14 et Vibh. 375n. 4, l!esprit s!étonne de voir une telle nescience (avidy%) se manifester chez une personne pourtant érudite (&rutavato !pi), et s!apitoie de voir les êtres tourmentés par le lien fermement serré de la nescience (g%'hena avidy%bandhena).
269
PVSV$ 438,15 et Vibh. 375n. 1 voient ici une référence à Kum&rila, traité de par"k(aka)manya, et de pa#'ita)manya dans PVV 375,1, «pseudo-penseur» ou «pseudo-érudit».
270
Introduction, PV$ P326a5/D272b2 = PVSV$ 438,16"17 et Vibh. 375n. 2: ajñ%nasya eva atra dhigv%do yukto na pr%#ina* | yasm%t" «L!expression du regret vaut ici de la seule ignorance, non de la créature [elle-même], car#» Selon PV$ P326a6/D272b2 = PVSV$ 438,18"19, la faute n!est que celle de l!ignorance (ajñ%nasya eva aya) do(a*).
Traduction
283
PVSV 120,15 271
C!est ainsi que les disciples du Sugata se rappellent [les !"i] A!"aka[, V#maka, V#madeva, Vi$v#mitra], etc., [comme étant] les auteurs des mantra, et que les [Vai$e!ika] disciples de Ka%#da [se rappellent quant à eux] Hira%yagarbha[, c!est-à-dire Brahman, comme en étant l!auteur].272 [Objection:] La [doctrine] des [disciples du Sugata et de Ka%#da] est mensonge.273 [Réponse:] [A vous entendre tenir] ainsi [ces doctrines pour mensongères, nous demandons:] quelle est désormais la [parole qui,] quoique différente [du Veda, est encore] de création humaine, dès lors que l!on pourrait récuser de cette [même] manière ceux qui[, tel le poète K#lid#sa,] présentent leur propre personne (#tman) ou [telle] autre [personne] comme étant l!auteur d!["uvres] telles que le Kum#rasambhava?274 [Objection:] A refuser [un auteur] au [Kum#rasambhava, on en-
271
Introduction, PV& P326a6#7/D272b3 = PVSV& 438,19#20 (Vibh. 375n. 3): ki$ punas tasya eva$vadata% prajñ#skhalitam | yasm#d ida$ s#dhanam asiddham anaik#ntika$ ca |. «Mais pourquoi y a-t-il déchéance intellectuelle de qui s!exprime ainsi? Parce que cet argument est à la fois inétabli et inconclusif.» Dans PVSV 120,15#121,1, Dharmak'rti critique la raison «kartur asmarat» comme inétablie (parallèle avec MHK IX.26cd dans ELTSCHINGER 1997: 1097#1098; avec (V v#kya 367cd#368, pp. 150#152); dans PVSV 121,2#6, Dharmak'rti en critiquera l!inconclusivité.
272
Sur les !"i dans le contexte du bouddhisme, voir ELTSCHINGER 2000: 44#46. Il est possible que le motif de Hira%yagarbha (vidh#t!, PVV 375,4) comme auteur des Veda remonte à la '(k# (perdue) de Pra$astap#da à la Ka)and( (voir ELTSCHINGER 1997: 1099n. 17, et BRONKHORST 1996). Voir aussi pp. 150#156.
273
Explication, PV& P326b2/D272b5 = PVSV& 438,24#25: tata% siddhahetu%. «Donc la raison logique [)parce qu!on ne s!en rappelle pas l!auteur$] est [bel et bien] établie.» Ici, deux erreurs majeures selon la M'm#*s#: d!abord, les !"i sont les explicateurs (pravakt!) et non les auteurs des recensions (*#kh#) qui portent leurs noms (M'S+ I.i.30 et dépendances); ensuite, les revendications théistes dérivent d!arthav#da erronés ((V v#kya 367d#368): voir en général pp. 150#152.
274
Selon PV& P326b5/D272b7 = PVSV& 439,7, en disant: «Vous mentez, vous n![en] êtes pas l!auteur!» (mithy#v#do yu"m#ka$ na y+ya$ pra&et#ra iti). Mêmes argument et exemple dans NM 573,14#15, 580,9#10 et 580,15.
284
Traduction
court] une annulation par ce qui est accepté.275 [Réponse:] Mais le [non-souvenir d!un auteur] n!est-il pas précisément le critère (a!ga) d!acceptation [au titre d!incréé]?276 Qu!est-ce donc qui sera annulé[, et par quoi]? [Et si nous devions néanmoins encourir une telle annulation lorsque nous refusons un auteur au Kum"rasambhava,] celle-ci [serait alors] strictement la même pour [notre] adversaire aussi. [Objection:] Puisque l![avocat du Veda en] accepte [l!incréation, il n!encourt] pas la faute [d!une annulation par ce qui est accepté lorsqu!il refuse un auteur aux énoncés du Veda]. [Réponse:] D!où [vient-il alors que] son acceptation [du Veda en tant qu!incréé] restait sans moyen de connaissance valide avant [qu!on ne procède à l!évaluation qui constitue le critère d!acceptation d!une Écriture]?277 Et pourquoi ce [M!m"#saka] qui adhère gratuitement [à l!incréation du Veda] recourt-il soudain, sur un certain point, à un argument qui l!embarrasse lui-même avec la [simple] critique du créé et de l!incréé?278 Donc si [c!est] parce qu!il accepte 275
Telle est la position de Kum"rila: on ne peut arguer de l!incréation sur le modèle de M!S$ I.i.30 (i.e. en expliquant "khy" par pravakt#tva et non par kart#tva) que là où la tradition autorisée n!a pas conservé le ferme souvenir d!un auteur (d#$hakart#sm#ti, kart#sm#tid"r$hya). Partout ailleurs (comprendre: en tout autre cas que le Veda), cet argumentaire est illégitime. Voir pp. 152"156.
276
Puisque kartur asmara%am est le critère d!acceptation comme incréé et qu!il vaut également du Kum"rasambhava (PV% P326b7/D273a1"2 & PVSV% 439,9"10), ce dernier doit être accepté comme incréé. On ne peut donc annuler par ce qui est accepté la proposition affirmant que le Kum"rasambhava est incréé.
277
Explication, PV% P327a3"4/D273a4"5 = PVSV% 439,16"18: tath" hi vedasya apauru&eyatv"bhyupagame kartur asmara%a' pram"%am uktam | tatra ca anantaram ukto do&a ity apram"%ik" iyam i&(i) |. «C!est ainsi que [l!avocat du Veda] a proposé le non-souvenir d!un auteur comme moyen de connaissance valide pour admettre l!incréation du Veda; or nous venons de dénoncer la faute affectant ce [critère]; aussi cette acceptation était-elle [auparavant] sans moyen de connaissance valide.»
278
Explication, PV% P327a7"8/D273a7 & PVSV% 439,22"23: yo hy ayuktigr"h* sa sarvatra tath" eva pravartat"m | kim iti kvacit pram"%"vat"ra%ena "tm"na' du)khayati iti samud"y"rtha) |. «Le sens général est: car celui qui adhè-
Traduction
285
[le Veda comme incréé que l!avocat du Veda] n!est pas annulé par ce qui est accepté [lorsqu!il refuse un auteur au Veda], de même [en ira-t-il] pour une [personne] autre que le [M!m"#saka lorsqu!elle refuse un auteur au Kum!rasambhava]: donc [nous n!encourons] pas le reproche [d!une annulation par ce qui est accepté lorsque nous refusons un auteur au Kum!rasambhava]. Et sans constater ni que de tels arguments [en faveur] de l!incréation279 diffèrent pour des énoncés [considérés comme créés ou comme incréés], ni que les propriétés [qui sont celles] d!effets280 [diffèrent selon que les énoncés sont ordinaires ou védiques], le [M!m"#saka] accepte [néanmoins] dans un cas[, celui de la parole védique,] une différence [qu!il définit comme une incréation, mais pas dans l!autre]: ainsi sa démarche est-elle strictement sans fondement.281 PVSV 121,2 282
On constate de plus [qu!il est des paroles, telles «va"e va"e vai#rava$a»,] qui [d!une part] ont vu s!interrompre l!enseignement [relatif] à [leur] composition, et [qui d!autre part ont été] produites.283 [Objection:] Ceux qui s![y] efforcent voient [que] ces re sans raison se doit de procéder ainsi en tout point; pourquoi donc se torturer soi-même avec l!introduction, sur un certain point, d!un moyen de connaissance valide?» 279
C!est ainsi que le non-souvenir d!un auteur vaut, au même titre que des énoncés védiques, de nombreux énoncés créés dont les auteurs appartiennent à des époques depuis longtemps révolues (cirak!l!t%takart&ka, PV$ P327b4" 5/D273b3"4 % PVSV$ 439,30"440,7). & et K prêtent donc à Dharmak!rti un argumentaire voisin de celui du Naiy"yika de &Bh sous M!S' I.i.5/I.63,4"5 (F42,20): voir pp. 145"148 et n. 7, p. 147.
280
A savoir des propriétés telles qu!obéir à des concomitances positive et négative avec l!homme (puru'!nvayavyatirek!nuvidh!yitv!daya(, PV$ P327b6" 7/D273b4"5 = PVSV$ 440,8"9).
281
Explication, PV$ P328a1"2/D273b6"7 % PVSV$ 440,10"11: na ki)cid abhyupagame s!dhanam asti iti. «Étant donné qu!il n!est aucun argument à [son] acceptation.»
282
Selon PV$ P328a2"3/D273b7 % PVSV$ 440,12, Dharmak!rti ouvre ici sa critique de l!inconclusivité (anaik!ntikatva) de l!argument «kartur asmaraPVSV 121,2"6). $!t» (P
283
Selon PV$ P328a4"5/D274a2 % PVSV$ 440,14"15, l!expression vicchinna-
Traduction
286
[paroles-là ont été produites par tel homme].284 [Réponse:] Non[, il n!en va pas ainsi], car il n!y a [aucune] nécessité [à ce que même en s!y efforçant, ils s!en rappellent l!auteur];285 286parce que "même dans l!autre cas#[, celui d!une parole tenue pour incréée], la nonperception ou la perception [d!un auteur] sont indignes de [toute] certitude [puisque toutes deux procèdent, non d!un moyen de connaissance valide, mais] à partir de l!enseignement d!autrui[, lequel n!est] pas fiable; 287parce qu!on voit des [gens] qui désavouent des [paroles] qu!ils ont pourtant produites eux-mêmes, [et] qu!on ne peut [dans ce cas] parvenir à [aucun] jugement décisif [quant à l!identité de l!auteur]. 288
Un certain [M!m"#saka dit]: l!homme [qui aujourd!hui réci-
kriy!samprad!ya vise la propriété d!avoir un auteur qu!on ne se rappelle pas (asmaryam!"akart#tva). La propriété probatrice invoquée intervient donc dans des contre-instances de la propriété à prouver, PV$ P328a5/D274a2 = PVSV$ 440,15$16: tata$ pauru%eye !pi v!kye kartur asmara"a& vartata ity anaik!ntiko !ya& hetu$ |. «Donc puisque le non-souvenir d!un auteur vaut également d!un énoncé de création humaine, la raison est inconclusive.» 284
Explication, PV$ P328a6/D274a3: de bas na gtan tshigs mi mthun pa"i phyogs la gnas pa can ma yin no 'e na |. «Donc la raison n!a pas d!occurrence dans les contre-instances.»
285
Explication, PV$ P328a7$8/D274a4 = PVSV$ 440,19: iti sandeha eva |. «Donc il n!y a que doute [quant à la présence ou à l!absence de la raison dans les contre-instances].» Il n!est pas possible d!exclure l!occurrence de la raison logique dans les contre-instances (il s!agit donc d!un sandigdhavipak%avy!v#ttiko hetu$).
286
Après avoir montré le caractère inétabli de la concomitance négative (vyatirekavy!pti), Dharmak!rti montre maintenant celui de la concomitance positive (anvayavy!pti): aucun pram!"a ne garantit l!occurrence de la raison logique dans les co-instances (c!est-à-dire dans le cas des paroles tenues pour incréées, apauru%ey!bhimata(abda).
287
Introduction, PV$ P328b2$3/D274a6 % PVSV$ 440,23$24: may! vedav!ky!ni k#t!ni ity eva&v!dino !nupalambh!d vedav!kye%u kartur abh!vo ni(c)yata ity etad api na asti |. «Ce n!est pas le cas non plus que, parce qu!on ne perçoit personne pour dire qu!il a composé les énoncés védiques, on [puisse] certifier l!absence d!un auteur des énoncés védiques.»
288
Selon PV$ P328b6$7/D274b1 et PVSV$ 440,28$441,10, Dharmak!rti, ayant
Traduction
287
te le Veda] ne peut prononcer [pour la réciter] cette succession de phonèmes et de mots sans [l!]avoir [préalablement] entendue d!un autre[, son précepteur]; de même [n!en aurait pas été c a p a b l e ] n o n pl u s [ t e l ] a u t r e [ h o m m e q u e l ! o n t i e n d r a i t p o u r l!auteur du Veda, et ainsi de suite indéfiniment].289 [PV I.240] PVSV 121,9
A celui [qui s!exprime en ces termes] aussi, la réplique est celle-là même [que nous avons opposée à l!argument passant par le non-souvenir d!un auteur], en bref290 (!di): de même si [l!on devait prouver] ainsi l!incréation [du Veda], quel [énoncé serait-il] désormais de création humaine? C!est ainsi que: 291
Ou quelle "uvre292 autre [que le Veda,] composée [par un h o m m e , ] v o i t - o n [ ê t r e ] r é c i t é e (a b h i h i t a ) p a r d ! a u t r e s [ q u e s o n réfuté l!argument «kartur asmara"!t» (comme inétabli et inconclusif, PV! PVSV 121,7#126,15) à un P328b5#6/D274a7#b1), s!en prend maintenant (P nouvel argument (s!dhana) en faveur de l!incréation du Veda, celui de "V v!kya 366: voir pp. 148#150 et APPENDICE B (PVSV! 440,29#30/Vibh. 375n. 6). 289
Selon l!interprétation de PV! P328b8#329a1/D274b2#3 = PVSV! 441,12# 13, qui concluent: an!ditv!t siddham apauru#eyatvam |. «Puisque [le processus] est sans commencement, l!incréation [du Veda] est établie.» Selon PVV 375,15, anyo !pi vise le précepteur (up!dhy!ya). Conclusion, PVV 375,16: sarvasya eva vedap!$ha% paropade&!d iti nityat! eva ved!n!m |. «Étant donné que la récitation védique de tout [homme] provient de l!enseignement d!autrui, les Veda sont permanents.» Dans PV! P329a1#2/D274b3#4, "#kyabuddhi présente "V v!kya 366 sous forme de prayoga.
290
Selon PV! P329a4#5/D274b5#6 $ PVSV! 441,15#17, on pourrait de même établir l!incréation du Kum!rasambhava sur le non-commencement (ou l!éternité) de sa récitation, puisque cette dernière est nécessairement précédée de la récitation d!un autre. Et toutes les critiques adressées à l!argument «kartur asmara"!t» dans PVSV 120,17#121,1 pourraient être réintroduites ici.
291
Selon PV! P329a6/D274b6#7 = PVSV! 441,19, Dharmak%rti s!attache maintenant à montrer la conséquence absurde (atiprasa'ga) qui entache la position défendue par l!adversaire. La conséquence absurde avait déjà été dénoncée dans "V v!kya 367a, sur l!exemple du Mah!bh!rata: voir pp. 150# 152.
292
C!est-à-dire, selon PV! P329a6/D274b7 = PVSV! 441,19#20, le Kum!rasambhava de K#lid#sa, ou, selon PVV 376,3, une "uvre poétique (k!vya)
Traduction
288
auteur] sans enseignement [préalable], de sorte qu!on n!infère pas que cette ["uvre] aussi est telle[, c!est-à-dire incréée]? [PV I.241] PVSV 121,13
Le fondement [permettant d!établir] l!incréation [du Veda] n!est assurément rien d!autre que l!incapacité des [gens] d!aujourd!hui à réciter [leur Veda] sans enseignement [préalable de la part d!autrui]. Or même lorsqu!on a affaire à une "uvre autre [que le Veda,] composée par un [certain homme], cette [incapacité] est la même pour [tel] autre [homme qui la récite]. Celui qui adopte cette [incapacité comme faisant la preuve de l!incréation,] se doit [donc] de conclure que toute [parole] est telle[, c!est-à-dire incréée], ou qu!aucune ne l!est[, fût-elle védique]. 293Et quand[, plus haut, notre adversaire déjà se refusait à une conclusion analogue en disant:] «[Non,] car la [parole ordinaire] n!est pas admise [être] telle», et ainsi de suite (!di), [nous lui avions immédiatement] répondu: «[Si,] car l!acceptation [seule] fonde la [preuve de l!incréation]», et ainsi de suite. De plus, quoiqu!on n!en perçoive pas la cause, on sait que [telle entité] x ! ( anya ) [ , s i e l l e ] n e d i f f è r e p a s [ d e t e l l e e n t i t é x e n t a n t q u ! e l le présente des propriétés semblables à cette dernière, naît] du y dont est établi [naître] ce [x] de même type que x![: il en va i c i ] c o m m e d u f e u e t d e l a b û c h e .2 9 4 [ P V I . 2 4 2 ] composée par un poète (kavi). 293
Introduction, PV! P329b5#6/D275a4#5: ci ste g"an gyis "jig rten pa"i sgra rnams skyes bus ma byas pa ñid du "dod na | de la skyes bus ma byas pa ñid du rjes su dpog pa na khas bla#s pa la sogs pa"i skyon yod do "e na |. «[Objection:] Mais si [notre] adversaire admet que les paroles ordinaires sont incréées, il se heurtera à la faute d![une annulation par] ce qui est accepté, et ainsi de suite, lorsqu!il inférera que cette [parole] est incréée.» Dans la phrase qui suit, Dharmak"rti renvoie au débat de PVSV 120,19#20 (p$rvapak%a) et 120,20#25 (uttarapak%a).
294
Selon PVSV! 442,17#18, Dharmak"rti annule ici par inférence (anum!nab!dh!) la thèse (pratijñ!) que soutient le M"m#$saka lorsqu!il cherche à prouver l!incréation du Veda. Les propriétés de la parole védique ne différant pas de celles de la parole ordinaire (parmi lesquelles, selon TS n°2787#2789, k!mamithy!kriy!, pr!&ihi's!, asaty!bhidh!, durbha&atva, ou encore efficacité
Traduction
289
PVSV 121,20
On ne peut dire [une entité] «sans cause» [simplement] parce qu!on n![en] perçoit pas la cause: d!entités qui, bien qu!on n!en perçoive pas les causes, "ne connaissent [aucune] différence de nature propre# avec des [entités] autres qu!elles [mais dont en revanche on perçoit les causes], on conclut en effet [valablement] qu!elles [aussi] sont telles[, c!est-à-dire ont des causes identiques aux secondes].295 [Mais si l!on admet qu!à la parole védique] cette nature296 ne manque pas malgré qu![y] manque la nature qui [en] est la cause, [alors,] parce que [se trouve ainsi] violée une propriété [caractéristique] de l!effet,297 [aucun énoncé] ne devrait plus provenir de l![homme, et] partant aucune [parole ordinaire] ne devrait plus être décrite ainsi[, c!est-à-dire comme de création humaine]. "Ou [alors] il [vous] faut montrer [quelle] différence de nature# obéirait [chez les paroles de création humaine] à cette cause [qu!on appelle «homme», différence] qui [seule] interdirait (yena ! na sy!t) que d!un [Veda] reconnu [comme incréé] et d!une [parole ordinaire] non reconnue [comme incréée], il en aille [précisément] au magique; voir aussi TV sous M!S" I.iii.33/II.254,7sq, NM 580,17$582,6, et PVV 376,14$15: na ca vaidikapauru"eyav!ky!n!# ka$cid bheda%, sarve"!# durbha&atv!d'n!# mantr!dis!marthy!n!# ca s!dh!ra&atv!t |), on inférera que la parole védique, même si l!on n!en perçoit pas actuellement la cause, provient de ce dont est établi (par anvaya et vyatireka) provenir la parole ordinaire, à savoir de l!homme (vivak"!, kara&a, etc.). 295
Explication, PV# P330a5$6/D275b3$4 $ PVSV# 442,22$23: ayam atra samud!y!rtha% | laukikena $abdena sam!nadharmo vaidiko "pi $abdo laukikavat puru"ahetuka% sy!n na v! ka$cid api iti |. «Le sens général est ici que la parole védique, partageant ses propriétés avec la parole ordinaire, doit avoir [elle] aussi l!homme pour cause, comme la [parole] ordinaire, ou [alors qu!]aucune [ne devrait avoir l!homme pour cause].»
296
PV# P330a6$7/D275b4 explique: rgyu mtho( ba can skyes bus byas pa#i sgra da( mtshu(s pa#i (o bo (*d)"*ahetu[ka]pauru"eya$abdasam!na# r+pam), «nature semblable à [celle de] la parole de création humaine dont on perçoit la cause»; PVSV# 442,24 explique: puru"ahetu$abdasam!na# r+pam, «nature semblable à [celle de] la parole dont la cause est l!homme.»
297
Explication, PVSV# 442,25$26: aya# hi k!ryasya dharmo yat k!ra&aniv)ttau niv)tti% |. «Car telle est la propriété d!un effet qu!il manque lorsque [sa] cause manque.»
Traduction
290
contraire de ce qu!on reconnaît. Mais si [l!on admettait que ces] entités ne diffèrent pas sinon qu!on refuse [aux unes] la nature propre [qui est celle] de la cause,298 [alors] "la différence# [censée être occasionnée par l!homme aux paroles de création humaine] serait [purement] fortuite,299 [et] pourrait n!être déniée à rien[, pas même à l!espace].300 Donc si elle ne diffère pas [chez x!], la nature propre qu!on a vue [chez x] naître de y ne "coupe[ra]# pas, chez [cet] x! (anyatra) [de cause inconnue], à la propriété d!être [elle] aussi l!effet de y[, et ce] de par sa nature même, comme [il en va] du feu et du combustible.301 PVSV 122,1
[Notre adversaire] n!ayant pas exhibé, selon cette [règ l e ] , d e d i f f é r e n c e [ e n t r e p a r o l e s v é d i q u e s et o r d i n a i r e s ] p u i s que l!on constate la similitude [des premières] avec [les secondes, qui elles sont] des effets,302 toutes les raisons [logiques]303 298
La cause en question est l!homme, qui assure que les énoncés ne diffèrent pas, selon PV! P331a1$2/D276a4. (1) Selon PV! P331a2/D276a4$5, le génitif (malgré PVSVt ldog pa las!) exprime le dédain (ma gus pa; glose: tha dad pa med pa !es pa"i rgyu"i ra! b"in ldog pa ma gtogs par ya!). (2) PVSV! 443,11$12 confère à ce génitif une valeur locative, et glose niv#tter niv#tt$v api. J!ai suivi PV!.
299
Explication, PV! P331a3$4/D276a6 " PVSV! 443,14$15: puru%am antare&a api vaidike%u v$kye%u tasya vi'e%asya bh$v$t |. «Car cette différence existe dans les énoncés védiques même sans l!homme.»
300
Selon PVSV! 443,15 ($k$'$dau). Explication, PV! P331a4$5/D276a6: thams cad du thams cad kyi tshe bdag ñid thams cad "gyur na. «Toute nature pourrait [l!]avoir en tout lieu et en tout temps.» Or selon PV! et PVSV! (mêmes références), na ca evam, «il n!en va pas ainsi.»
301
Explication, PV! P336a8/D276b1$2 " PVSV! 443,19$20: d#%(ena indhanak$ra&ena agnin$ abhedam anubhavann ad#%(ak$ra&o !py agnir yath$ indhanak$ryat$) na ativartate tadvat |. «Comme le feu qui, ne connaissant pas de différence avec un feu dont on a vu qu!il a pour cause le combustible, ne coupe pas à [la qualité d!]être l!effet du combustible[, et ce] bien qu!on n!en perçoive pas la cause.»
302
PVSVt, PV! et PVV font de k$ryas$m$nyadar'an$t la raison de bhedam apradar'ya, alors que PVSV! semble en faire la raison de vyabhic$ri&a*. PVSV 123,6$7 me paraît corroborer PVSVt, PV! et PVV.
303
Il s!agit de kartur asmara&$t et de #V v$kya 366, selon PVV 376,21$377,1,
Traduction
291
qu!il développe [afin de démontrer l!incréation du Veda] sont spécieuses[, c!est-à-dire inconclusives],304 [PV I.243] PVSV 122,3
à la façon [dont est spécieux l!argument suivant:] Même le premier feu [réputé avoir été] fait par un voyageur305 fut précédé d!une autre flamme, [et] non pas précédé de la friction de bois d!allumage, parce que c!est un feu de camp, comme le feu [que l!on voit se produire] à la suite immédiate [d!une autre flamme]. [Objection:] Mais en quoi [l!argument] du feu de camp est-il spécieux? On se fonde en effet sur la capacité [du feu] à naître d!une flamme [qui le précède] pour écarter [qu!]une autre cause[, la friction de bois d!allumage, soit à l!origine] du feu [qu!a fait un voyageur], car si [ce feu] était [alors] survenu sans [qu!]une flamme [le précède], il surviendrait [de cette même façon] ailleurs aussi.306 [Réponse:] Faute que les naissances dues à la flamme et à autre chose soient [l!une à l!autre] dans un rapport d!annulation réciproque (ab!dhyab!dhakatva) [s!agissant du feu en général], il pourrait aussi PVSV! 443,23 et PVSV! 443,25"444,9 (qui cite trois kk. de Kum"rila: voir APPENDICE B). Dharmak#rti s!en prendra aussi, dans PVSV 122,24"123,3, au hetu «puru"atv!t» (voir APPENDICE B, mêmes références). Les critères différenciateurs discutés dans PVSV 123,8"14 (vedatva) et 123,14"124,26 (mantratva) tombent, d!un point de vue logique, sous la même critique générale. 304
PV I.243 fait l!objet d!une explication alternative dans PVSV! 444,13"16, et pour partie (k!ryas!m!nyadar#an!t), dans PV! P331b5"6/D276b4"6.
305
Explications. (1) PVSV! 444,17: ad$"%ahetutv!t, «car on n![en] voit pas la cause.» (2) PV! P331b7/D276b6: bskyed pa!i bye brag ma mtho& ba can, «dont on ne voit pas la naissance spécifique.» J!allège ci-après la traduction «feu d!un voyageur» en: «feu de camp». L!argument discuté parodie évidemment celui de $V v!kya 366.
306
Explication, PVSV! 444,22"23: jv!l!p'rvakapathik!gnisth!ne "pi, «même là où le feu de camp [fut effectivement] précédé d!une [autre] flamme» (comparer PV! P332a4"5/D276a3: da ltar ba!i !gron pos bta& ba!i me!i gnas su m&on par !dod pa la ya&). Dans PVSV 122,17, Dharmak#rti cite cette objection; là, les commentateurs s!accordent à expliquer anyatra api par jv!l!rahite "pi prade#e, «même en un endroit dénué de flamme» (PV! P333b2/ D278b3 = PVSV! 446,12"13). Si Hira%yagarbha avait récité le Veda après l!avoir composé lui-même, d!autres personnes aujourd!hui encore pourraient réciter le Veda après l!avoir composé elles-mêmes.
292
Traduction
bien [en être] autrement de [la nature que vous prêtez au feu, celle de ne] s!originer [qu!]à une [autre] flamme; ainsi, puisque [ces] deux propriétés [non incompatibles] sont possibles d!une seule [et même] chose[, le feu en général,] il ne peut se faire que le feu de camp, ou autre chose [comme la récitation védique], soient ordonnés à une seule [parmi ces propriétés]: on suspecte donc la spéciosité de cet (tatra) [argument].307 On dit [en effet] que même l!occurrence de deux propriétés mutuellement exclusives n!est pas incompatible s!agissant de l!universel d!une entité, mais [qu!elle l!est] d!un particulier de condition spécifique, car il est contradictoire qu!une essence indivise soit [à la fois] telle et non telle. Or [s!agissant] du feu de camp [en général], les naissances dues à la flamme et à autre chose ne sont pas [l!une à l!autre] dans un rapport d!annulation réciproque, car ce [feu] n!est pas impossible sans s!originer à une [autre] flamme. D!un feu de camp tel [qu!on l!a vu naître d!une autre flamme], on peut [légitimement] dire qu!il s!origine à une [autre] flamme[, mais] pas de tout [feu indifféremment], parce qu!on ne peut y308 dénier la différence [qu!y fait la friction du 307
Explication, PV! P332b2"5/D277a7"b2: !don par byed pa la sogs pa skyes bus ma byas pa ñid du sgrub par byed pa!i gtan tshigs ni !khrul pa yin te | !gal ba med pa!i phyir ro || rig byed !don par byed pa ya! yin la | rig byed !don par byed pa!i s!on du so! ba can ya! ma yin no "es bya ba ga! yin pa !di la !gal ba ci "ig yod de | dper na da ltar ba dag bdag ñid rtsom par [ mi] byed la tsha!s pa la sogs pa ya! byed pas gcig la so sor !es pa yod pa ma yin pa lta bu da! dper na me !ga! "ig me s!on du so! ba can yin la | !ga! "ig gtsub #i! gtsubs pa s!on du so! ba can yin pas na gcig la so sor !es pa [yod pa ma yin pa] lta bu!o ||. «Une raison [logique] telle que la récitation [du Veda, censée] prouver l!incréation, est spécieuse, faute d!une [quelconque] incompatibilité [entre les deux propriétés]. Quelle incompatibilité y a-t-il [en effet] à être à la fois récitation du Veda et non précédé d!une [autre] récitation du Veda? [Aucune.] Par exemple, il n!y a pas de limitation à une seule [propriété dans le cas de la récitation védique] puisque les gens d!aujourd!hui [ne] composent [pas le Veda] alors qu!une [divinité] telle que Brahm"[, elle, l!a] fait; par exemple, [il n!y a pas de] limitation à une seule [propriété dans le cas du feu] puisqu!un certain feu est précédé d!un [autre] feu alors qu!un certain [autre] feu est[, lui,] précédé de la friction du bois d!allumage.» Comparer PVSV! 445,9"11.
308
Explication, PV! P333a7/D278a1 = PVSV! 446,9: tatra hetubhedabhinne
Traduction
293
bois d!allumage], et qu!un [feu] où [cette] différence existe ne se laisse pas réduire (aniyama) à cette condition [de s!originer à une autre flamme]. "Et quand [vous dites] que si# [le premier feu de camp] était survenu sans [qu!]une flamme [le précède, le feu] surviendrait [de cette même manière] également en [tel] autre [lieu où ne se trouve pourtant pas de flamme, nous répondons: oui,] il [y] est bel et bien pour peu que s![y] trouve le complexe [causal]309 auquel "il# doit d!exister.310 [Mais si,] ayant exhibé la présence de ce [complexe causal], on exhibait l!inexistence du [feu] ou [montrait qu!]une flamme [existait] à l![emplacement du complexe en question, alors] ce serait le cas [que le feu est toujours précédé d!une autre flamme].311 312Par conséquent, [constater que] la récitation vahnau, «dans ce feu qui diffère selon sa cause». 309
C!est-à-dire, selon PV! P333b3/D278a4 = PVSV! 446, 14: ara!inirmathanalak"a!ay# s#magry#, «le complexe [causal] défini comme la friction du bois d!allumage».
310
Explication, PV! P333b4$5/D278a4$5: !di skad du me med pa!i phyir thog mar !gron pos bta$ ba!i me med par !gyur ba ma yin gyi | !on kya$ ra$ ñid kyis gtsub %i$ gtsubs pa!i tshogs pa med pa!i phyir ro &es bstan par !gyur ro ||. «En ces termes, [Dharmak"rti] montre que ce n!est pas parce qu!il n!y avait pas [là] de flamme que le premier feu de camp n!existerait pas, mais parce qu![y] manquait le complexe [causal] qui est de frotter soi-même? le bois d!allumage.»
311
Explication, PVSV! 446,17$18: na ca evam | tasm#n na sarva' pathik#gnir jv#l#p(rvaka iti vyabhic#ra' |. «Or il n!en va pas ainsi. Par conséquent, tout feu de camp n!est pas précédé d!une [autre] flamme; donc [l!argument] est spécieux.» Comparer PV! P333b6$7/D278a6 (*tasm#n na " jv#l#p(rvaka' siddha' |).
312
Introduction, PV! P333b7$334a1/D278a6$7: ji ltar !gron pos bta$ ba!i me thams cad me s$on du so$ ba can ñid du bsgrub par bya ba la gtan tshigs !khrul pa yin pa | de ltar rig byed !don par byed pa thams cad ni rig byed !don pa s$on du so$ ba can ñid du bsgrub par bya ba la gtan tshigs !khrul pa yin no &es bstan pa!i phyir de bas na &es bya ba la sogs pa smos te |. «De même qu!est spécieuse la raison [logique destinée] à prouver que tout feu allumé par un voyageur a été précédé d!une [autre] flamme, de même est spécieuse la raison [logique destinée] à prouver que toute récitation du Veda a été précédée d!une [autre] récitation du Veda. Afin de le montrer, [Dharmak"rti] dit: #Par conséquent%, etc.»
Traduction
294
[védique] de l!un[, la personne d!aujourd!hui incapable de composer le Veda,] est précédée [de celle] d!un autre[, le précepteur qui la lui a enseignée], ne permet [nullement] de prouver que toute [récitation védique] soit telle[, y compris celle de Hira!yagarbha], car il n!est pas impossible qu![il en ait été] autrement de la [récitation védique propre à Hira!yagarbha].313 Mais d!un [homme d!aujourd!hui] tel [que,] dénué de l!intelligence [nécessaire] à composer le [Veda, il ne peut le réciter après l!avoir composé lui-même, la récitation] serait [effectivement] telle[, à savoir précédée d!une autre récitation]; on pourrait donc [à bon droit] décrire ainsi une [récitation] de ce type, [mais] décrire indifféremment[, ainsi que vous le faites,] cette [récitation] où une différence est possible, [voilà qui] ne grossit pas l!élégance [de l!argument]!314 PVSV 122,24 315
[Objection:] Comment [cette] différence est-elle possi-
313
Explications, PV" P334a4/D278b2"3: g!an s"on du so" ba can med par ya" bdag ñid kyis sbyar ba yod pa!i phyir ro !es bya ba!i don to ||. «Le sens [visé] est: parce que [Hira!yagarbha] peut [l!]avoir composée lui-même sans [que cette récitation ait été] précédée [de celle] d!un autre.» Suite immédiate, PV" P334a4"5/D278b3 = PVSV" 446,22"23: hira#yagarbh$d%n$& vedaracan$y$& 'aktisambhav$t |. «Parce que des [êtres] tels que Hira!yagarbha avaient [assurément] la capacité de composer le Veda.»
314
«Indifféremment», c!est-à-dire (PV" P334a8"b1/D278b5"6 = PVSV" 447,7"8) en disant, comme le fait Kum#rila dans $V v$kya 366: «Toute récitation [védique] est précédée d!une autre récitation [védique].» La différence est possible étant donné la possibilité d!une personne exceptionnelle (puru($ti'ayasambhavena) susceptible de réciter le Veda après l!avoir composé (PV" P334a8/D278b5 = PVSV" 446,27"447,7). Cette description indifférenciée ne grossit pas l!élégance de l!argument, car étant donné que la concomitance (entre la propriété probatrice ved$dhyayanatva et la propriété à prouver ved$dhyayan$ntarap)rvakatva) est inétablie, l!argument est spécieux (vy$ptyasiddhy$ vyabhic$ritv$t, PV" P334b1"2/D278b6 = PVSV" 447,8"9): l!argument ne fait pas la preuve de la propriété à prouver envisagée (vivak(itas$dhy$s$dhan$t, PV" P334b2/D278b6 = PVSV" 447,9).
315
Dans PVSV 122,24"123,3, Dharmak%rti critique la raison logique puru(atv$t (voir APPENDICE B [PVSV" 443,27"444,9]). Qu!il s!agit là d!un hetu autonome me paraît établi par PVSV" 447,23 (ubhayo*); cela étant, c!est dans le but d!établir la concomitance entre les deux propriétés que le M%m#&saka entreprend désormais de nier la possibilité d!une personne exceptionnelle
Traduction
295
ble dès lors que les hommes [erronément tenus pour avoir composé le Veda, Brahm! notamment,] étaient tout à fait incapables [de le faire] eux aussi, à l!exemple des hommes d!aujourd!hui [qui s!en révèlent incapables]? [Réponse:] Étant donné que dans ce [raisonnement] non plus, nulle constatation [n!est faite] d!une [quelconque] incompatibilité entre la capacité [de composer le Veda] et [la propriété d!être] un homme,316 [ce] raisonnement de non-perception où se trouve affirmé [quelque chose qui n!est] pas incompatible, n!est pas concluant317: [nous avons] en effet [déjà] dit que s!agissant d![entités] suprasensibles [telles que Brahm!], on ne [peut] connaître d!incompatibilité.318 Et ce [raisonnement-ci] ne diffère pas du raisonnement précédent [sous le rapport de son caractère in-
(puru!"ti#aya) telle que ses capacités cognitives (#akti, not. pratibh") aient pu la rendre capable de composer (kriy") le Veda. Sur ce point, voir pp. 148" 150, et ELTSCHINGER 2001a: 105. 316
Explication, PV" P334b6/D279b2 = PVSV" 447,14"15: tata# ca brahm"di!u puru!atva$ hetutvena uktam aviruddhatv"n na vedakara%a#aktim apanayati |. «Et donc dans le cas de Brahm!, etc., [la propriété d!]être homme invoquée en tant que raison [logique] n!exclut pas [le moins du monde] la capacité de composer le Veda, car [les deux propriétés] ne sont pas incompatibles.»
317
Sur ce point, voir PVSV 5,9"21 (# PVin II.60,3"61,2/12*,32"13*,17), et notamment PVSV 5,11"12: aviruddhasya vidhau sahabh"vavirodh"bh"v"d aprati!edha& |. «[Bejaht man] etwas Nichtwidersprüchliches, liegt keine Verneinung vor, weil der Widerspruch beim miteinander Vorkommen [des Verneinten und Bejahten] fehlt.» Traduction STEINKELLNER 1979: 53. L!adversaire voudrait nier #akti en affirmant puru!atva; or il n!y a pas de négation en posant/affirmant ce qui n!est pas incompatible. Deux possibilités d!analyse du possessif aviruddhavidhi, selon PV" P334b7"8/D279a3"4: comme vyadhikara%abahuvr'hi (g(i tha dad pa!i !bru ma) po); comme sam"n"dhikara%abahuvr'hi (g(i mthun pa!i !bru ma) po). Voir KALE 1988: §§246sq.
318
C!est-à-dire, selon PV" P335a2"4/D279a5"6 et PVSV" 447,18"20, aucun des deux types d!incompatibilité: ni contrariété (sah"navasth"na, car on ignore si Brahm! et capacité sont contraires puisqu!ils sont suprasensibles), ni contradiction proprement dite (parasparaparih"rasthiti, car on ne peut y reconnaître de contradiction entre capacité et non-capacité, ou entre homme et non-homme). Sur ces deux types d!incompatibilité, voir STEINKELLNER 1991: 316n. 32.
296
Traduction
conclusif].319 [A notre adversaire soutenant] que si les gens [d!autrefois] avaient été capables [de réciter le Veda après l!avoir composé], les [gens] d!aujourd!hui aussi [en seraient capables, nous répondons:] cela serait s!il n!y avait [aucune] différence [parmi les hommes]. Or cette [absence de différence] est [pour le moins] difficile à prouver.320 [Donc dans l!argument stipulant] que de ce dont un seul [homme] est incapable, tous les hommes [sont incapables car ils sont des hommes, l!indice inférentiel «être-un-homme»] est aussi spécieux que [l!était] auparavant [l!indice «être-une-récitation-du-Veda»], car bien que les [hommes] d!aujourd!hui soient incapables d!["uvres] telles que le Mah!bh!rata, il est établi qu!un [homme exceptionnel en] fut capable [en la personne de Vy!sa].321 PVSV 123,3
Par conséquent, [la personne] qui distingue les causes322 doit montrer la différence de nature propre que présentent les objets [eux-]mêmes[, selon qu!ils sont] nés ou non de telle [cause donnée];323 à défaut de cette [différence], tout [objet sera] de cette 319
Selon PV" P335a4#6/D279a6#7 et PVSV" 447,21#23, le raisonnement: «Ce qui est homme n!est pas capable de composer le Veda, à l!instar de l!homme d!aujourd!hui» (ya" puru#a" sa vedakara$a% praty a&akto yath! id!n'%tana" puru#a") ne se distingue pas du raisonnement: «Ce qui est récitation védique est précédé d!une autre récitation védique, à l!instar de la récitation védique d!aujourd!hui» (yad ved!dhyayana% tad ved!dhyayanap(rvakam id!n'%tanaved!dhyayanavat).
320
Explication, PV" P335a8/D279b2 = PVSV" 447,27: b!dhak!bh!v!t |. «Faute de [moyen de connaissance valide] annulateur.» Du"s!dha" est expliqué a&akyas!dhana", «indémontrable».
321
L!exemple est bien entendu emprunté à #V v!kya 367a (voir d!abord pp. 150#152).
322
Selon PV" P335a3#4/D279b4, la personne qui distingue les causes en disant: «Ceci est la cause de x, mais n!est pas la cause de y» (!di!i rgyu ni !di yin la !di!i ni !di ma yin no). Selon PVSV" 448,11#12, la personne qui nie que l!opération des organes phonatoires soit la cause des énoncés védiques (vaidik!n!% v!ky!n!% t!lv!divy!p!ra% k!ra$am apanayat!).
323
Selon PV" P335a5#6/D279b5#6, cette personne doit montrer «qu!une nature propre de la sorte a naît de la cause x, et que ce qui ne naît pas de la cause x n!est pas de la sorte a» (de da) !dra ba!i ra) b*in ni rgyu de las byu) ba can da) rgyu de las byu) ba can ma yin pa dag ni de !dra ba ma yin no *es).
Traduction
297
nature, ou aucun [ne le sera].324 Or nous ne voyons ici[-bas325 aucune] différence de nature propre entre [énoncés] ordinaires et védiques.326 [Et] cette [différence] faisant défaut puisqu!on ne leur constate que similitude [en tant que tous deux sont des séries de phonèmes, la personne] qui réserve (vivecayat) à un seul [de ces énoncés] "quelque# propriété [telle que création humaine ou incréation], voit sa position suspecte de spéciosité de par la [similitude même] que présentent leurs natures propres.327 PVSV 123,8
[Objection:] Entre Veda et non-Veda, il y a bel et bien une différence, qu!on définira comme le fait d!être [ou non] le [Ve-
Selon PVSV! 448,13$14, cette personne doit montrer «que telle (!d"#a) est la nature propre des [paroles ordinaires] qui ont pour cause les organes phonatoires, etc., autre (any$d"#a) la nature propre des [paroles védiques] qui ne les ont pas pour cause» (t$lv$dik$ra%$n$m !d"#a& svabh$vo !tatk$ra%$n$m any$d"#a& svabh$va iti). 324
Il est difficile de déterminer le sens de ce tad$tm$. PV! P335b7/D279b6 paraît gloser de da' mtshu's pa"i ra' b(in can (*tatsam$nasvabh$va&), peutêtre de"i rgyu can gyi ra' b(in (*tatk$ra%asvabh$va&?). On comprendrait alors: «sera d!une nature semblable à celle [qui naît de cette cause]», ou «aura pour nature d!avoir ceci pour cause» (t$lv$divy$p$ra?). Explication, PV! P335b7$8/D279b6$7: sgra thams cad skyes bus byas par "gyur ba"am "ga" (ig kya' ma yin no (es bya ba"i don to ||. «Le sens [visé par Dharmak"rti est le suivant]: Toute parole serait de création humaine, ou aucune[, pas même la parole ordinaire, ne le serait].» Voir PVSV! 448,16 (sarva& #abda& pauru)eya& sy$n na v$ ka#cil laukiko !pi).
325
Selon PVSV! 448,17$18 (atra jagati), mais noter PV! P335b8$336a1/ D279b7$280a1: "gro ba "di la"am sgra"i sbyor ba "di la, «dans cet univers, ou dans l!usage des paroles (*#abdaprayoge v$).»
326
Diversité de nature qui permettrait de poser (vyavaSTH*) les premiers comme de création humaine, les seconds comme incréés (PV! P336a1/D280a1). Voir n. 294, pp. 288$289.
327
Explication, PV! P336a5$6/D380a3$4 # PVSV! 448,24$25: pauru)eyatulyadharmakasya vedasya apauru)eyatva+ vadan vyabhic$ryata iti y$vat |. «Le sens [visé est le suivant:] Spécieux [l!argumentaire de] qui professe l!incréation d!un Veda qui possède [pourtant] les mêmes propriétés que les [énoncés] ordinaires.» En lieu et place de vyabhic$ryate, PV! porte brdzun du smra ba can du "gyur ro.
298
Traduction
da]. [Réponse:] Certes elle existe,328 [et] pas seulement entre eux, mais aussi entre [tel] Pur!"a des #i"$ika329 et [tel] autre [Pur!"a composé par une autorité supposée]. Or révélant [aux fins de la
328
Selon PV% P336b1!2/D280a6!7 & PVSV% 448,28, une telle différence existe mais ne prouve pas que les énoncés ordinaires et védiques sont respectivement créés et incréés, car"
329
L#identité de ces !i"!ika (tib. kha bya) est mystérieuse. (1) Les deux occurPVSV 123,10 et HB 6*,24) sont glosées rences de !i"!ika chez Dharmak'rti (P par nagn#c#rya; mais là où les v. tib. de Vin'tadeva et de Arca(a rendent (littéralement) gcer bu ba!i slob dpon (suggérant à STEINKELLNER 1967: 109n. II.41 que les !i"!ika sont des [Digambara-]Jaina), celles de PV% (P336b3/ D280a7!b1) rendent lo rgyus mkhan, «versé dans l#/les histoire(s)» (MMW 525b et SCHMIDT 1991: 225c rendent nagn#c#rya par «barde», ce qui me paraît établir que lo rgyus mkhan rend nagn#c#rya). (2) Rien n#assure à mes yeux que ces !i"!ika soient des (Digambara-)Jaina. Les !i"!ika du Pratijñ#yaugandhar#ya"a ressemblent fort à des ascètes )ivaïtes (corps frottés de cendre, bâton, marque sectaire [tri]pu"!ra[ka]); ceux de B$hatkath#%lokasa&graha XVIII.202sq sont explicitement dits des P!)upata; ceux de P#dat#!itaka 4c semblent des experts dans l#art de la «pleasantry» (vinarmakal#vidagdha); ceux de B$hatkath#%lokasa&graha XVII.96(!97) s#apparentent plutôt à des colporteurs (de rumeurs); sur ces différentes références, voir SCHOKKER 1966: 143!144 (et aussi WARDER 1977: §§1166 et 1445). De ces sources ressort une représentation ambivalente: aspect terrifique et «rogue» d#un côté, ridicule et plaisantin de l#autre (cette ambivalence préside également à la représentation du K!p!lika dans le théâtre sanskrit: voir LORENZEN 1991: 48!62 et passim). (3) Le groupe visé par «!i"!ika» doit présenter un minimum d#homogénéité socio-religieuse: toute catégorie sociale ne compose pas de Pur!"a, toute n#a pas de svaya' vyavah#r#rtha' svaprakriy# (voir n. suivante); en même temps, ce groupe paraît plutôt insignifiant, «vilain», sans notoriété, presque anonyme (sinon collectivement par «!i"!ika»); en atteste peut-être l#explication de *!kyabuddhi (ibid.), qui au !i"!ikai( k$ta' pur#"am (= PVSV%, ibid.) oppose un *#pt#bhimatena k$tam [itara' pur#"am]. (4) Mon imagination me suggère la représentation suivante des !i"!ika: des religieux mendiants (les «Bettler» de STEINKELLNER 1967: 41), «guenilleux» (LACOTE sur !i"!ika/!i"!in, dans SCHOKKER 1966: 143) méprisables qui sont (sinon présentent l#aspect) des ascètes )ivaïtes (SCHOKKER 1966: 144 se risque à l#hypothèse de [Lakul')a] P!)upata [du pays L!(a]), et dont (une part de) la subsistance pourrait provenir d#une activité de «storytellers» (s#il ne s#agit pas là pour eux d#un simple penchant).
Traduction
299
praxis] la différence des récits d!origine330 propres [aux groupes qui s!y reconnaissent], une [simple] différence nominale n!annule pas la facture humaine [du Veda], car il s!ensuivrait qu![en vertu de la différence nominale qui les distingue entre elles, l!incréation vaudrait] également d!["uvres] autres [que le Veda, de Pur!"a par exemple]. [En revanche,] si les hommes se montraient [totalement] incapables de produire une composition [de phonèmes et de mots] telle [qu!on la rencontre dans les énoncés védiques], ou si une [personne] qui n!a pas acquis la convention distinguait [à l!oreille] une [composition qui a été] produite [par un homme à l!imitation du Veda, alors] le Veda [serait] de toute évidence incréé. PVSV 123,14 331
[Objection:] Les hommes sont strictement incapables de
330
Le contexte immédiat (les Pur!"a), les v. tib. (lo rgyus) et MVy 1445/ LXVI.15 (où prakriy! = lo rgyus figure dans la rubrique des catégories textuelles/genres littéraires), me suggèrent de comprendre prakriy! au sens de «récit d!origine», «histoire» (voir aussi PVA 328,4; cf. l!emploi BHS de prak"ti au sens de «histoire», «événement»). Skt. prakriy! note uniformément un processus dérivatif/évolutif, engagé à partir d!un élément/principe initial, et supposé expliquer un fait, état ou événement (souvent actuel). D!où l!emploi grammatical (prakriy! note les opérations par lesquelles le grammairien dérive, à partir de bases [prak"ti] et suffixes [pratyaya] notamment, les différents mots [voir p. ex. TV sous M#S$ I.iii.24/II.206,19, TV sous M#S$ I.iii.27/II.216,19 et II.226,19]); l!emploi métaphysique/cosmologique (% processionnisme, dans VP I.1 et TV sous M#S$ I.iii.2/II.81,11#12); peut-être, un emploi «scientifique»/heuristique (VP II.233, où entendu selon son contexte proche, prakriy! note les opérations/dérivations grammaticales exposées dans les #!stra grammaticaux, et entendu plus largement [avec VPV2, voir HOUBEN 1997: 325#326, et RAMSEIER 1994: 1364#1365], paraît viser les procédures logico-argumentatives par lesquelles les différents #!stra dérivent leurs conclusions).
331
(A) Dans cette objection, le M#m!&saka semble poursuivre trois objectifs concomitants: (1) présenter une différence de nature propre entre énoncés védiques et ordinaires (i.e. l!efficacité magique de la parole védique; voir TS n°2787#2789); (2) montrer que l!incapacité à faire des mantra efficaces implique l!incapacité de composer le Veda; (3) donc établir la vy!pti entre les propriétés ved!dhyayanatva et ved!dhyayan!ntarap$rvakatva (voir supra, PVSV 122,24#25, et n. 315, pp. 294#295). Dans PVSV 123,14#124,26, Dharmak#rti donne un premier aperçu de sa position sur les mantra (qu!il dé-
300
Traduction
faire des mantra [leur assurant le résultat escompté]. [Réponse:] [Que les mantra sont eux aussi de création strictement humaine,] nous l!examinerons ultérieurement. De plus, ce que l!on nomme «mantra» n!est rien d!autre que la parole d![hommes] dotés d!un pouvoir [leur provenant] de [leurs] véracité et austérités[, une parole qui est] le moyen de réaliser le résultat souhaité.332 [Or la parole qu!on définit un «mantra»,] on la rencontre aujourd!hui encore parmi les hommes, parce qu!on constate que chacun "grâce à sa résolution à la vérité#, ils neutralisent des [fléaux] tels que le poison et le feu;333 334parce que certains Barbares [se livrant à des pénitences taille dans PVSV 155,18$164,24; voir en général ELTSCHINGER 2001a). La raison d!être de ce passage tient à ce que la doctrine des mantra sert à prouver la perception du suprasensible: or c!est là ce que le M!m"#saka doit réfuter s!il entend établir la vy!pti entre les propriétés «être-une-récitation-duVeda» et «être-précédé-d!une-autre-récitation-védique». (B) L!attribution de ce p"rvapak#a à la M!m"#s" pose un problème historique: (1) la M!m"#s" articule sa théorie des mantra autour du seul rituel védique, et ne laisse aucune place à une prétendue efficacité magique des mantra védiques (voir TABER 1989); (2) je n!ai connaissance d!aucun locus m$m!%saka prédharmak!rtien tendant à accorder aux mantra védiques une efficacité magique (l!idée fait le fond du Kau&ikas"tra et des 'g- et S!mavidh!na [pour des références, voir ELTSCHINGER 2001a: 60$61n. 238], littératures sur lesquelles Kum"rila ne se prononce pas à ma connaissance); (3) Dharmak!rti prête à la M!m"#s" la notion d!une efficacité naturelle (bh!va&akti) des mantra; or cette notion, fréquente chez Bhart$hari (hors du contexte des mantra) et susceptible de s!être développée dans la médecine, est bien attestée dans les textes tantriques bouddhiques (voir ELTSCHINGER 2001a: 121$122); (4) Kum"rila prête à divers groupes hétérodoxes (dont les bouddhistes) l!utilisation et le (rare!) succès de mantra à vocation toxicologique ou subjugatrice (voir TV sous M!S% I.iii.4/II.112,20$21). 332
Sur le composé satyatapa(prabh!vavat!m, voir ELTSCHINGER 2001a: 13n. 12. La véracité, c!est de dire vrai (yath!bh"t!khy!na, PV& P337a3/D280b6 = PVSV& 449,17$18); les austérités, c!est de dompter ses facultés sensorielles et son esprit (indriyamanasor damanam, ibid.); le pouvoir, c!est la capacité de neutraliser un poison, etc. (vi#astambhan!dis!marthya, ibid.). En résumé, un mantra est une parole qui est une cause (*hetu°/k!ra)abh"ta% yad vacana% tad eva mantra(, PV& P337a5/D280b7).
333
Des mantra ignifuges sont signalés dans VPV 90,4$5 sous VP I.33.
334
Selon PV& P337a6$7/D281a1, Dharmak!rti montre maintenant que les hom-
Traduction
301
qui leur sont propres] font aujourd!hui même des mantra [capables d!éliminer le poison]; parce qu!on voit des mantrakalpa qui ne sont pas védiques[, mais] bouddhiques[, jainistes, g!ru"a ou m!he#vara] notamment,335 et que ceux-ci sont de facture humaine.336 PVSV 123,24 337 Si [l!on postule que ces mantrakalpa non védiques sont] eux aussi incréés, comment dès lors [tout énoncé] incréé [pourra-t-il être] véridique? C!est ainsi que dans deux mantrakalpa, [l!un] bouddhique et [le second] autre [que bouddhique], des [pratiques] telles que violence [aux êtres], accouplement ou contemplation du soi sont présentées [tantôt] comme des causes d!infélicité et [tantôt] de mes qui possèdent des qualités telles que la véracité ne sont pas même seuls à faire des mantra. La science des !abara en matière de mantra à vocation toxicologique réapparaît dans le commentaire de Hel"r"ja sous VP III.iii.35 (voir HOUBEN 1995: 250 et 372). Selon AKVy 326,4"5, les !abara habitent les monts Vindhya. 335
Le composé mantrakalp!n!m est analysé mantr!$!% mantrakalp!n!% ca/ s&ags da& s&ags kyi rtog pa dag (PV# P337b1/D281a3 $ PVSV# 449,25). Par mantra, il faut entendre des «syllabes de science magique» (vidy!k'ar!$i mantr!(, PVSV# 449,25"26; comparer PV# P337b1"2/D281a3). Par kalpa, il faut entendre des #uvres enseignant les règles permettant la réussite des mantra (tats!dhanavidh!nopade#! mantrakalp!(, PVSV# 449,26 = PV# P337b2/D281a3"4). Sur ces définitions et attributions, voir ELTSCHINGER 2001a: 27"34 et 45"62, à quoi on ajoutera, pour des définitions alternatives du kalpa, K!vyam)m!%s! II.6 (GONDA 1977: 467n. 8) et TV sous M%S& I.iii.11/155,8"18 (JHA 1998: I.224), et pour l!attribution de mantra (plus ou moins) efficaces à diverses dénominations confessionnelles, TV sous M%S& I.iii.4/II.112,17"2: Kum"rila trouve des mantra dans des #uvres (grantha) s!&khya, yoga, p!ñcar!tra, p!#upata et #!kya (i.e. bouddhistes). Dans ce qui suit, il est pratiquement impossible de déterminer si mantrakalpa vaut du composé (i.e. s&ags da& rtog pa) ou de son seul second membre (i.e. s&ags kyi rtog pa), malgré que PVSVt rende toujours mantrakalpa par s&ags da& rtog pa.
336
Explication, PV# P337b3/D281a4 = PVSV# 449,28: tasm!n na laukikebhyo vaidik!n!% svabh!vabheda( |. «La nature des [énoncés/mantra] védiques ne diffère donc pas de celle des [énoncés/mantra] ordinaires.»
337
PVSV# 449,29 (tatra ity!di para() ouvre ici une objection qui ne se clôt jamais; PV# P338a1/D281b1 referme sur PVSV 123,25 (sy!t |) une objection qui ne s!est jamais ouverte. Je ne tiens pas PVSV 123,21"25 (tatra ! sy!t |) pour une objection.
302
Traduction
façon différente[, comme des causes de félicité]. [Or si tous les mantrakalpa étaient incréés,] comment deux [énoncés] affirmant d!une seule [et même chose quelque chose] de contradictoire pourraient-ils être [simultanément] vrais? 338Si l!on postule pour le [mantrakalpa bouddhique] une signification autre [que communément établie], voilà qui vaudra également de [tel mantrakalpa] autre [que bouddhique; et] par conséquent, de par l!indétermination de la signification [résultant de ce que l!on pourrait aussi bien prêter à tout mantrakalpa une signification autre que communément établie, il ne sera de] praxis à l!endroit d!aucun [des objets exposés par un mantrakalpa]. Aussi (tath! ca) un [énoncé] incréé, dût-il exister, ne servira-t-il [à nulle finalité humaine]. Si [l!on prétendait maintenant que] les [mantra non védiques,] bouddhiques par exemple, ne sont [en fait] pas des mantra, il faudrait [alors, pour établir qu!]un [mantra] autre que ceux-ci [est] quand même (api) [un mantra], se soumettre à [telle ordalie consistant à] boire de l!eau consacrée.339 340On constate [en effet] que les [mantra] bouddhiques, etc., 338
Selon l!introduction de PV! P338a1"2/D281b1"2 " PVSV! 450,14"15, l!adversaire pourrait prêter aux mots du mantrakalpa bouddhique une signification autre, non communément établie: ne se disant pas de la même chose, les deux mantrakalpa bouddhique et védique ne seraient plus mutuellement contradictoires.
339
Selon MSm# VIII.109, on recourt à l!ordalie ("apatha; divya dans NSm#) dans les affaires sans pièces ni témoins (as!k#ika); selon NSm# I.253, l!ordalie sert à établir la vérité dans le cas d!une affaire douteuse (sandigdha), permet de discerner le vrai du faux (saty!n$tavi"uddhaye) par intervention surnaturelle. Sept types d!ordalie chez N$rada (cinq chez Y$jñavalkya II.95, MSm# VIII.113"115 ambiguë): par la balance (tul!/dha%a), par le feu (agni), par l!eau (udaka), par le poison (vi#a), par la libation sacrée/absorption d!eau consacrée (ko"a[p!na]), par le riz (ta&'ula) et par les pièces d!or brûlantes (taptam!#aka): sur le ko"ap!nadivya, voir SHASTRI 2002: 143"144 et KANE 1973: 373"374. C!est là une manière de montrer, selon PV! P337a7" 8/D281b5"6 et PVSV! 450,22, qu!on ne dispose d!aucune argumentation rationnelle (yukti) pour établir que les mantra védiques sont des mantra tandis que les mantra bouddhiques n!en sont pas.
340
Introduction, PV! P338a8/D281b6 " PVSV! 450, 22"23: d$#%aviruddha( ca etad bauddh!dayo na mantr! iti | tath! hi! «Que les [mantra] bouddhiques, etc., ne soient pas des mantra, contredit en outre ce que l!on constate [empiri-
Traduction
303
produisent [eux] aussi des [effets] tels que l!action [magique] contre le poison: [aussi leur] dénie-t-on à eux aussi [la qualité] de n!être pas des mantra.341 342[De plus, quoique] non syllabiques, les gestes rituels [de la main], les diagrammes concentriques et les concentrations psychiques343 produisent [eux] aussi des actions [magiques telles que l!élimination d!un poison]. Or il est faux que ces [gestes rituels, diagrammes concentriques et concentrations psychiques] soient incréés [et] permanents. 344[Et] s!il [leur] est possible de produire ces [gestes, diagrammes et concentrations], qu!est-ce qui interdit à des hommes [exceptionnels] la composition de syllabes [qu!est un mantra]? Il n!est donc rien que ces [homquement]: c!est ainsi que"» PV! porte pratyak!aviruddham. 341
Selon PV! P338b2/D281b7 = PVSV! 450,25#26, l!efficacité magique était en effet le critère retenu par l!adversaire pour établir le mantratva des mantra védiques. Selon PV! P338b2#3/D281b7#282a1, nier cette qualité des mantra bouddhiques exigerait qu!on la niât aussi des mantra védiques.
342
Introduction, PV! P338a3#4/D282a1#2: rig byed pa!i "ag rnams dug la sogs pa sel bar nus pas "ag g#an las khyad par can yin pa ni bla ste | de tsam gyis de rtag pa ñid du rigs pa ni ma yin no ||. «Admettons toutefois que les énoncés védiques capables d!éliminer le poison, etc., possèdent une propriété supplémentaire par rapport aux autres; il n!est pas pour autant justifié qu!ils soient permanents.» Comparer PVSV! 450,25#26, qui vise l!apauru!eyat$ et non la permanence (nityat$).
343
PVSV! 450,27: p$%ya"gulasa&nive'o mudr$ |. «Une mudr$ est une disposition [particulière] des doigts de la main» (comparer PV! P338b4#5/D282a3). PV! P338b5/D282a2 = PVSV! 450,27: ma%(ala& devat$diracan$vi'e!a) |. «Un ma%(ala est un arrangement [graphique] particulier des divinités.» PV! P338b5/D282a2: bsam gtan ni nam mkha" ldi" la sogs pa sems pa ste |. «Un dhy$na est une pensée concentrée sur Garu"a, etc.» PVSV! 450,28: dhy$na& devat$dir*pacintanam |. «Un dhy$na est une pensée concentrée sur la forme d!une divinité, etc.» Sur l!efficacité magique des mudr$, ma%(ala et dhy$na, voir ELTSCHINGER 2001a: 16#17n. 36. Par «non syllabique» (anak!ara), il faut entendre: «de nature non verbale» (a'abdasvabh$va, PV! P338b6/D282a3 = PVSV! 450,28).
344
Selon PV! P338b8#339a1/D282a4#5 et PVSV! 450,30, l!adversaire veut maintenant que l!efficacité des mudr$, ma%(ala et dhy$na vienne de l!homme, mais pas celle des séries de phonèmes et de mots (var%a[padaPV!]krama) que sont les mantra. Cette différence fonderait l!incréation de ces derniers.
304
Traduction
mes] ne puissent produire.345 [Objection:] [Si, loin d!être incréés,] ils s!originent [comme vous le croyez] à la véracité [d!un homme], comment deux mantrakalpa [de création humaine pourront-ils] dès lors [être] mutuellement contradictoires? [Réponse:] Ils ne s!originent assurément pas en tout cas à la véracité, [car] ils se caractérisent aussi comme la promesse d!une personne dotée d!un pouvoir.346 [Or loin de provenir de la seule véracité,] ce pouvoir peut également provenir d!une destinée [transmigratoire] particulière ou du succès particulier [d!un mantra].347 [Objection:] Si les mantra sont de création humaine, pourquoi tous les hommes ne font-ils pas des mantra?348 [Réponse:] Parce qu!ils manquent des moyens d!en
345
Explication, PV! P339a3"4/D282a6"7 " PVSV! 451,12: yena puru!e"a ak#tam ati$ayam upalabhya laukikebhyo vaidik%n%& svabh%vabheda' kalpyeta |. «De sorte qu!ayant perçu* une propriété supplémentaire qui n!est pas le fait de l!homme, on puisse postuler que les [paroles] védiques ont une nature propre différente [de celle] des [paroles] ordinaires.» *PV! porte ñe bar bstan pas, peut-être *upalak!ya.
346
Exemple, PV! P339a8"b2/D282b2"4 = PVSV! 451,18"21: ya im%& var"apadaracan%m abhyasyati tadvidhi& ca anuti!(hati tasya aha& yath%pratijñ%tam artha& samp%dayi!y%mi iti |. «A qui répète cette composition de phonèmes et de mots et met en pratique son injonction [d!utilisation], j!octroierai le résultat tel que promis». L!homme doté du pouvoir de neutraliser un poison fait serment, ou promet, d!accorder ce résultat à toute personne qui récitera son mantra en respectant les prescriptions liées à la prononciation et au rituel fixées par lui. Pour d!autres exemples et des explications sur les notions de promesse (pratijñ%) et de serment (samaya), voir ELTSCHINGER 2001a: 22" 27. Explication, PV! P339b1"2/D282b3"4 = PVSV! 451,20"21: tato !nyath%v%dy api prabh%vayukto mantrakalpau kury%d eva ity avirodha' |. «Donc même s!il parle faussement, un homme doté d!un pouvoir peut produire des mantrakalpa: pas de contradiction donc.»
347
Destinée particulière obtenue grâce à l!accumulation d!actions méritoires (pu"ya), selon PV! P339b3/D282b4 et PVSV! 451,22"23, et succès d!un mantra favorisé (sa)g#h*ta) par une divinité, selon PVSV! 451,23.
348
L!expression mantrak%rin recoupe celle, védique, de mantrak#t: voir #V IX.114.2ab et, pour les Br%hma"a, LEVI 1966: 145n. 3 et 148n. 4; voir aussi la discussion de TV sous M$S% I.iii.11/II.157,14sq, et pour la valeur de ce terme chez Dharmak$rti, ELTSCHINGER 2001a: 117"120.
Traduction
305
faire;349 [mais] pour peu que [les hommes] soient dotés de tels [moyens,] véracité et austérités notamment, ils [en] font! De plus, [dire qu!]étant donné qu!un homme [doué de l!intelligence y nécessaire] fait des poèmes, tout homme[, même dénué de l!intelligence y nécessaire,] doit être auteur de poèmes, ou [que] si [l!un n!en] fait pas, aucun [autre n!en peut faire], comme celui [qui en est incapable], voilà une rhétorique350 [réellement] inouïe [de spéciosité]! [Objection:] Il est vrai que les [hommes] dénués du moyen de faire des mantra ne font pas de mantra; mais puisque [tous] les hommes ont des propriétés semblables, nous ne constatons pas que quiconque [en] soit doté. [Réponse:] A cela, [nous avons déjà] répondu que ce qu!on nomme un «mantra» n!est rien d!autre que la parole et le serment d![hommes] possédant des [moyens tels que] véracité, etc.351 Or [ces moyens de faire des mantra,] on les rencontre parfois chez les hommes.352 De plus, [affirmer] que tous les hommes en sont dénués [ne comporte qu!]indétermination puisque l!existence353 [de ces moyens] n!est pas incompatible [avec le fait d!être homme]; et la non-perception n!est pas une raison [logique porteuse] de certitude [s!agissant] d![états de fait] dont la nature propre [nous demeure] invisible. 354De plus, [des moyens tels que] la 349
Par «moyens de faire des mantra» (mantrakriy!s!dhana), il faut entendre (PV! P340a5"6/D283a4"5 = PVSV! 452,19) les quatre facteurs énumérés jusqu!ici: véracité (satya), austérités (tapas), destinée particulière (gativi"e#a) et succès particulier [d!un mantra] (siddhivi"e#a). S!y ajouteront, dans PVSV 124,18"19, quatre nouveaux facteurs: sm$ti, mati, prativedha, "akti. Sur ces facteurs et leurs définitions, voir ELTSCHINGER 2001a: 18"21 et 74"81, et n. 355, p. 306.
350
Le caractère dépréciatif de l!expression v!coyukti se confirme dans TV sous M"S# I.iii.12/II.163,9.
351
Voir supra, PVSV 123,15"17 et 124,6"7, et n. 346, p. 304.
352
Malgré PVSVt et PV! P340a6/D283a5, qui paraissent comprendre kvacit puru#e#u comme ke#ucit puru#e#u, «chez certains hommes» (skyes bu !ga! %ig la mtho& &o ||).
353
Malgré la glose yod ci& srid pa de PV! P340a8/D283a6.
354
Selon l!objection introductive de PV! P340b2"3/D283b1 = PVSV! 452,27" 28, ne pas percevoir ces facteurs en soi-même (!tmani), c!est-à-dire dans sa
306
Traduction
réminiscence [des existences antérieures], la notion [de la pensée d!autrui], le discernement [de l!essence des entités perçues], la véracité et le pouvoir,355 n!appartiennent pas à toutes [les séries psychiques humaines]: 356de même qu![il existe, dans telle Écriture et non dans toutes,] un enseignement spécifique quant au moyen de les réaliser, différentes qualités [mentales telles que la réminiscence] peuvent également se trouver réalisées [chez une certaine personne grâce à sa mise en pratique de leurs causes respectives]. "Ensuite, quand bien même elle existe[rait], [la qualité mentale propre à une autre série psychique] ne peut être perçue [par l!homme ordinaire]#: voilà pourquoi l!on ne déniera pas [l!existence à] une [qualité mentale] qu!on ne perçoit pas. Enfin, il n!est rien pour annuler (pratiroddh!) quelque qualité [mentale] tendant à se produire chez les hommes, 357car étant donné que [l!homme ordinaire] ne perçoit pas la [qualité mentale] à annuler, [nul] rapport d!annulation réciproque n!est établi [entre cette qualité mentale et la propriété censément annulatrice].358 Par là, des [critiques] telles que la propre série psychique, permettrait d!en garantir l!inexistence chez autrui (paratra api), c!est-à-dire dans la série psychique d!autrui. 355
Selon les définitions suivantes de ces mantrahetu (voir n. 349, p. 305): atikr"ntajanm"dismara#a$ sm!ti% (PV! P340b3$4/D284a1$2 = PVSV! 452,28$29); paracitt"vabodho mati% (PVSV! 452,29; PV! P340b4/ D284a2: blo ni g&an gyi sems pa!o); so sor rig pa ni d'os po mtho' ba!i de kho na ñid mtho' ba!o (PV! P340b4/D284a2; PVSV! 452,29: ad!()e(u pad"rthatattvadar*ana$ prativedha%); satyam ananyath"v"ditvam (PV! P340b4/D284a2 = PVSV! 452,29$30); *akti% prabh"va% (PVSV! 452,30; PV! P340b5/D284a2: nus pa ni mthu!i ra' b&in no).
356
Introductions. (1) PV! P340b6/D283b3: !di ltar (yasm"t, ou tath" hi), «parce que» ou «c!est ainsi que». (2) PVSV! 453,7: id"n+$ sm!ty"d+n"$ kvacid eva puru(e sambhavam "ha |. «[Dharmak"rti] évoque maintenant la possibilité de [facteurs] tels que la réminiscence chez un certain homme [et non chez tous].»
357
Selon l!introduction de PV! P341a6$7/D284a2$3 = PVSV! 453,16$17, l!adversaire tient une propriété (dharma) telle que la qualité d!être homme pour annulatrice (b"dhaka) de cette qualité mentale.
358
Explication, PV! P341a8/D284a3$4 # PVSV! 453,19: ab"dhak"c ca apratik(epa% |. «Or puisque [cette propriété n!est] pas annulatrice, [on ne peut] pas
Traduction
307
négation de l!omniscience [ou du dépassionnement] voient [elles] aussi décrite la réponse [qu!il convient de leur opposer].359 Il est là aussi légitime [d!affirmer] qu!un [homme] tel qu!il ne dispose pas d!un enseignement quant au moyen de réaliser le [dépassionnement ou l!omniscience,] n!est pas [dépassionné ou omniscient, mais il n!y est] pas [légitime] non plus [d!affirmer, par simple nonperception,] qu!une [personne] chez qui l!on ne perçoit pas d![indice] informant [d!une telle qualité,] n!a pas cette [qualité] pour nature propre360[, et ce pour deux raisons:] parce que l!effet [constituant l!indice inférentiel] de [certaines choses] pourtant existantes pourrait n!avoir pas [encore] été engendré, et que [même si l!on pouvait dire cet effet «engendré» par elles,] on ne pourrait voir [que c!est là l!effet de ces choses] en raison de [leur] inaccessibilité par la nature propre.361 Par conséquent, [lorsque l!on veut prouver] qu!une récitation est précédée d!une autre récitation, parce que [c!est] une récitation, [l!indice inférentiel «parce que c!est une récitation»] est spécieux puisqu!il vaut également de la récitation du Mah!bh!rata[, "uvre de création humaine s!il en est]. PVSV 124,28
[Objection:] De par la spécification [de la raison logique] par le Veda, la faute [que vous dénoncez n!affecte] pas [notre position].362 [Réponse:] Mais quelle est [cette] propriété supplémentaire nier [l!existence d!une telle qualité mentale].» 359
PV! P341b1#2/D284a4#5 = PVSV! 453,22 renvoient implicitement à la discussion de NB III.71#73: yath! na vakt"tv!dili#gena sarvajñatv!d$n!% pratik&epa iti |. «Par exemple, on ne nie pas des [qualités mentales] telles que l!omniscience au moyen d!un indice [inférentiel] tel que la qualité d!être locuteur.» Voir n. 370, p. 310.
360
Explication, PV! P341b7#8/D284b1#2 = PVSV! 453,28#29: na hi jñ!pak!nupalambham!tre'a jñ!pyasya abh!vo ny!yya( |. «Car il n!est pas légitime que ce sur quoi [un indice] informe n!existe pas simplement parce qu!on n![en] perçoit pas l![indice] informateur.»
361
Explication, PV! P342a2/D284b3 " PVSV! 454,10#11: tasm!n mantrakriy!s!dhanavaikalya% yath! ekasya tath! sarvasya ity etad a)akyani)cayam iti sthitam |. «Il est donc acquis qu!on ne peut certifier que, tout comme l!un manque du moyen de faire des mantra, tous [en manquent] de même.»
362
Selon PV! P342a4#6/D284b4#6 et PVSV! 454,14#15, l!adversaire recon-
308
Traduction
de la récitation védique [consistant en cela] qu!elle ne peut pas être récitée de façon différente[, c!est-à-dire après composition personnelle]?363 En effet, une spécification qui n!est pas incompatible avec les contre-instances ne permet pas d!en exclure la raison [logique], car deux [propriétés] non incompatibles [telles que «être le Veda» et «n!être pas précédé d!une autre récitation»] sont possibles d!une seule [et même chose telle que l!énoncé du Veda]. [Objection:] [Il en est ainsi] parce que les [hommes] d!aujourd!hui [ne] récitent [leur Veda que précédés en cela par la récitation des maîtres qui les y ont instruits]. PVSV 125,1 [Réponse:] Cela a [déjà] reçu réponse.364 [Objection:] [Il en est ainsi] car on n![en] perçoit pas [l!auteur]. [Réponse:] Cela aussi [nous l!avons] refusé.365 Et étant donné qu!une simple non-perception ne permet pas de conclure à l!inexistence, [la raison: «parce que c!est une récitation du Veda» ne comporte] que spéciosité. Donc étant donné que la spécification n!apporte [aucune] propriété supplémentaire [à la raison loginaît que la raison, sous le concept général de la récitation (adhyayanam!tra), est spécieuse (PVSV!), n!est pas un indice inférentiel (PV!). Il présente donc une raison logique spécifiée (vi"i#$a), ved!dhyayan[atv]!t, censée ne trouver aucune occurrence dans les contre-instances de la propriété adhyayan!ntarap%rvakatvam. 363
Explication, PV! P342a8"b1/D284b7 = PVSV! 454,16"18: na eva ka"cid ati"aya& | tato ved!dhyayana' ca sy!n na ca adhyayanap%rvakam iti virodh!bh!v!t sa eva vyabhic!ra& |. «Il n!y a aucune propriété supplémentaire. Donc puisqu!il n!y a pas de contradiction à être à la fois récitation du Veda et non précédé d!une [autre] récitation, voilà qui est spécieux.»
364
Explication, PV! P342b4"6/D285a3"4 " PVSV! 454,22"24: bh!rat!dhyayane !pi prasa(g!t | tad api hi id!n)ntan!& paropade"ena eva adh)yata iti | tasya apy !dy!bhimatam adhyayanam adhyayan!ntarap%rvakatvena vedavad apauru#eya' sy!d [ity uktamPV!] |. «[Nous avons ditPV!:] Parce que [l!incréation] s!ensuivrait également dans le cas du Mah!bh!rata. En effet, les [gens] d!aujourd!hui le récitent aussi grâce au seul enseignement d!autrui; la récitation du [Mah!bh!rata] tenue pour initiale serait donc elle aussi incréée, comme [celle du] Veda, en tant qu!elle fut [elle aussi] précédée d!une autre récitation.»
365
Référence: PVSV 121,2sq, selon PV! P342b7/D285a5 et PVSV! 454,25" 26.
Traduction
309
que],366 [il en va d!elle une fois adoptée] comme [lorsqu!on ne l!avait] pas adoptée. [Par conséquent,] la concomitance n!est pas établie non plus [lorsqu!on dit, une fois spécifiée la raison logique,] que "tout ce qui est récitation du Veda est précédé d!une autre récitation [du Veda]#, car [faute d!un moyen de connaissance valide annulateur du contraire,367] il n!est pas établi que toute [récitation du Veda] soit de ce type. Mais [seule] peut être [décrite] ainsi la [récitation] qui est telle qu!on [l!]a vue avoir cette [autre récitation] pour cause. [N!]ayant vu [qu!]un [cas] particulier[, c!est-à-dire la récitation d!un sot qui n!a pas composé ce qu!il récite], il est spécieux d!invoquer, au mépris (ty!gena) de ce [simple cas particulier], l!universel [«être-récitation-védique»] en tant que critère d![une récitation antérieure]368: de même [serait-il spécieux d!invoquer] la qualité de substance jaunâtre (p!"#udravyatva) lorsqu!on établit [l!existence] du [feu] mangeur d!oblation.369 Par là, on objecte [également] aux [raisons logiques qui,] telles l!usage de la parole (vacana) [ou la qualité d!être homme, sont invoquées par notre
366
Explication, PV! P343a1$2/D285a6$7 " PVSV! 454,28$29: vipak$avirodh!bh!vena vipak$!d avy!vartan!t |. «Puisque [cette spécification] ne permet pas d!exclure [la raison logique] des contre-instances du fait qu!elle n!est pas contradictoire de [ces] contre-instances.»
367
C!est-à-dire: faute qu!un moyen de connaissance valide permette d!exclure la raison logique des contre-instances, i.e. d!exclure qu!une récitation du Veda (notamment celle de Brahm#/Hira$yagarbha) ne soit pas précédée d!une autre récitation du Veda.
368
Selon une interprétation commune à K et à %. PVSV! 455,15$17 présente cependant une interprétation alternative de d%$&e vi'e$e tannimittatay! tatty!gena, qui inviterait à traduire: «Ayant vu une différence[, définie comme une récitation après composition personnelle,] en tant que critère de la [capacité de composition], il est spécieux d!invoquer, au mépris de cette [différence], l!universel [&être-récitation-du-Veda%].»
369
Selon PV! P343b1$2/D286a5 = PVSV! 455,19$20, l!idée est qu!après avoir constaté à tel feu une fumée d!un blanc jaunâtre particulier (p!"#uvi'e$a), on se servirait de toute substance blanc jaunâtre, du blanc jaunâtre en général, pour établir l!existence du feu: parce qu!il y aurait du blanc jaunâtre, il y aurait du feu.
Traduction
310
adversaire] dans [sa] preuve de [ce que l!homme est pétri de fautes morales] telles que concupiscence [ou hostilité].370 PVSV 125,9
Soit sinon (v!) la récitation [du Veda] la preuve de l!antériorité d!une [autre] récitation: d e t o u t e f a ç o n , [ c e n ! e s t q u e ] l!éternité [du Veda qu!]on établirait de la sorte, non un fondement [qui ne serait] pas humain; [mais] si [l!on tirait] l!incréation de la [seule éternité, telle] autre [pratique ordinaire] serait [el le] a ussi dénué e de [t out] fondement humain371 [puisque perpétuée sans commencement jusqu!à nous]. [PV I.244] PVSV 125,13
Qu!il ait conçu lui-même ou [appris] d!autrui [ce qu!il récite], c!est en effet l!homme seul qui récite: les paroles des [hommes], quand les organes phonatoires [de ceux-ci] n!opèrent pas, ne résonent pas d!elles-mêmes, de sorte qu!elles seraient incréées.372 370
Selon PV! P343b4"5/D285b5 " PVSV! 455,24"25, ayant observé que telle parole (vacanavi"e#a) s!origine à une faute morale telle que la concupiscence, il est spécieux d!invoquer, au mépris de ce simple cas particulier, l!universel «être-locuteur» (vakt$tvas!m!nya) pour prouver l!universalité de la concupiscence (et donc refuser les qualités mentales d!omniscience ou de dépassionnement). Dans PVSV 8,19"23 (MOOKERJEE/NAGASAKI 1964: 38" 39), PVSV 164,13"24 et NB III.71"73 (ELTSCHINGER 2001a: 105"109), Dharmak#rti dénonce ces indices comme «résiduants» ("e#avat, de même que l!inférence à laquelle ils donnent lieu): bien qu!on ne constate pas d!occurrence de l!indice (vakt$tva, puru#atva, etc.) dans les contre-instances (v%tar!ga°, sarvajñapuru#a, etc.), on ne peut exclure qu!il s!y trouve (ou: on peut douter s!il ne s!y trouve pas, sandigdhavipak#avy!v$ttika), parce que la propriété caractérisant les contre-instances est suprasensible, que ces propriétés ne sont pas incompatibles.
371
Apuru#!"raya est un substantif (glosé puru#!"raya&!bh!va' PVV 377,8, et apauru#eyatvam PV! P343b7/D286a6 = PVSV! 455,27) qui s!interprète comme un karmadh!raya («fondement qui n!est pas l!homme») ou comme un tatpuru#a («non-fondement sur l!homme»), malgré tib. skyes min rten can; anar!"raya est un adjectif (glosé apauru#eya PV! P343b8/D286a2 = PVSV! 455,27 et PVV 377,13) bahuvr%hi (tib. mi min rten can), soit «dont le fondement n!est pas l!homme», soit «sans fondement humain.» Voir aussi n. 110, p. 239.
372
Littéralement: «les paroles des [hommes] dont les organes phonatoires n!opè-
Traduction
311
Peut-être seraient-elles incréées si les hommes avaient eu un commencement [et pas elles],373 [mais] il n!est dès lors plus établi que [la récitation du premier homme fut] précédée d!une autre, puisqu!il n!y avait pas d![autre homme avant lui] pour [lui] enseigner à réciter [le Veda]. [Donc étant donné qu!il le récita après l!avoir conçu lui-même,] "le récitateur initial du [Veda]# doit [en] avoir été l!auteur. Par conséquent, il se peut qu!au même titre que le jeu des bambins dans le sable [ou l!alimentation], l![institution de la récitation védique soit] une pratique humaine374 sans commencement [en tant qu!elle] procède par l!enseignement de chaque [génération] précédente [à la suivante,375 mais il ne se peut] pas qu![elle soit] incréée. PVSV 125,19
[Mais] si [l!on admet que] l!incréation [du Veda résulte] de [son] éternité, énormément de choses [différentes du Veda seront] dès lors incréées [puisque dénuées de tout commencement]. C!est ainsi que rent pas». Explication, PV! P344a2$3/D286a3 " PVSV! 456,9$10: ki!tu (PV! de bas na) puru"avy#p#re$a e"#! vaidik#n#! %abd#n#! dhvanan#l laukikav#kyavat pauru"eyatvam eva |. «Mais puisque les paroles védiques résonent grâce à l!opération humaine, elles sont de pure création humaine, comme les énoncés ordinaires.» 373
Explication, PV! P344a4$6/D286a4$5: gal te skyes bu dag las s&ar yod pa ñid du rig byed grub par !gyur na rig byed skyes bus ma byas par !grub par !gyur mod kyi | !on kya& skyes bu dag las s&ar gnas pa ñid du rig byed de ñid ma grub pa yin no || skyes bu rnams la thog ma ñid yod la | rig byed thog ma da& ldan pa ñid ma yin na de grub par !gyur ro ||. «S!il était établi que le Veda existait avant les hommes, il serait établi que le Veda est incréé; il n!est cependant pas établi que le Veda subsistait avant les hommes. L![incréation du Veda] serait [en effet] établie si les hommes avaient eu un commencement mais que le Veda était [quant à lui] dépourvu de commencement.»
374
Noter l!explication de PVSV! 456,16$17: puru"avyavah#ra iti puru"air eva aya! racito vyavah#ra'. «Pratique humaine, c!est-à-dire [que] cette pratique [est] créée par les seuls hommes.»
375
Explication, PV! P344b1$2/D286a7$b1 " PVSV! 456,15$16: ekasm#d adh(tya aparam adhy#payati so "py anyam iti, «[l!]ayant appris de l!un, [un tel le] fait réciter à [tel] autre, [puis] cet [autre] à son tour à un autre.» Sur ce point, voir pp. 148$150.
Traduction
312
p u i s q u e l e s p r a t i q u e s d e [ g e n s ] t e l s q u e l e s B ar b a r e s [ o u ] le s professions de nihilisme sont [elles] aussi sans commencement, [elles devraient] être telles[, c!est-à-dire incréées; sans commencement, ces pratiques et professions le sont] de par la continuité due aux dispositio ns antérieures. [PV I.245 ] PVSV 125,23
Certaines pratiques des Barbares telles que le [re]mariage de la mère [veuve à son fils], des [pratiques] telles que la Fête de l!Amour,376 et les paroles de nihilisme niant des [choses] telles que l!ap!rva et l!autre monde,377 sont [elles] aussi sans commencement. En effet, [les gens d!aujourd!hui] ne s!y adonnent (pravarta376
Selon PV! P345a4"5/D286b7 et PVSV! 456,28, madanotsav"daya# illustre le °"di° de PV I.245a.
377
(1) Sur les pratiques des Barbares. Selon Vibh. 377n. 6, le remariage avec le fils (putre$a) intervient à la mort de l!époux légitime (m%te bhartari), c!est-àdire du père (m%te pitari, PV! P345a3/D286b6"7 = PVSV! 456,26); selon PV! P344b6"7/D286b3"4 = PVSV! 456,20"21, mariage des mères aux descendants directs de leurs propres familles (svakulakram"gata). Les mleccha dont il est ici question pourraient recouper les P"ras#ka de PVSV 170,20" 21 (DrPr 15,16"18; sur ce point, voir HALBFASS 1990: 513nn. 78"79, KANE 1973: 859n. 1665, KAWASAKI 1975, LAMOTTE 1981: 797n. 1, LINDTNER 1988, TS n°2797). Le mot «"di» comprend des usages tels que la mise à mort des vieillards dans le but de les libérer du sa&s"ra (PV! P345a4/D286b7 = PVSV! 456, 27"28; voir aussi PVV 377,17 et Vibh. 377n. 6; sur les sa&s"ramocaka, voir HALBFASS 1983: 10"15, LAMOTTE 1981: 797n. 1, MHK IX.35 [LINDTNER 1997: 100]). (2) Sur la Fête de l!Amour (exemple probable d!une pratique des $rya, selon PV! P344b7"8/D286b4 % PVSV! 456,22, ce que confirme TV sous M#S& I.iii.7/II.126,22"23 [vasantotsava]). PV! P345a5"6/D287a1 et PVSV! 456,28"29 expliquent que «la Fête de l!Amour [se déroule?] à la fête (parvan) de Madanatrayoda'(» (sur le madanotsava, voir RENOU/FILLIOZAT 1985: I.§1212e et AUBOYER 1994: 145). Le mot «"di» comprend encore des usages tels que les festivités liées à la naissance d!un fils (putrajanmotsava, PV! P345a6/D287a1 = PVSV! 456,29). (3) Sur les professions de nihilisme. Par ap!rva, il faut entendre dharm"dharma (mérite et démérite) selon PV! P345a7"8/D287a2 = PVSV! 457,8"9. A la liste, PVV 377,18 ajoute la négation du fruit de l!acte (karmaphala); ces propos sont tenus par des Matérialistes (lauk"yatika/lok"yatikaVibh.; !jig rten rgya) !phen pa), selon PV! P345a6"7/D287a1 = PVSV! 456,29"457,8 et Vibh. 377n. 7.
Traduction
313
yanti) pas sans que d!autres [gens nés avant eux] ne leur aient imprimé des dispositions [à cet effet],378 379car même ceux qui de leur propre intelligence forment une convention [poétique nouvelle], ne procèdent que par synthèse de [différents] concepts d!un objet tel qu![ils l!ont] appris [d!autres personnes avant eux].380 [De ce poème,] on dit [cependant] qu!il n!a pas été précédé d!un autre, car étant donné que tel [motif] provient de tel [maître, et tel autre de tel autre], il n!y a pas un seul maître par pièce littéraire. [Si même une "uvre originale est ultimement précédée d!autres "uvres,] combien plus est-ce à la [seule] imitation [d!autrui] (yath!dar"anam) que l!on consent [ou rejette] les pratiques ordinaires où l!on agit [moralement] bien ou mal! [Objection:] Mais [étant donné qu!elles étaient] strictement invisibles aux [êtres] de la période cosmique initiale, n!admet-on pas que [ces] pratiques [ont été] introduites ultérieurement?381 [Réponse:] Non, car [ces pratiques] se seront actu378
Selon PV! P345b3/D287a4 = PVSV! 457,14, sans que leurs esprits n!en aient été instruits (avyutpanna°, avyutp!ditabuddhi). Ceux qui les y ont éduqués y avaient été éduqués par d!autres, et ainsi de suite sans commencement dans le temps (PV! P345b3#4/D287a4#5 " PVSV! 457,15). Sur ce point et sur ce qui suit, voir TS n°2797 et TSP 741,9#12.
379
Introduction, PV! P345b4#5/D287a5 = PVSV! 457,16#17: ye !py ap#rva$ k!vy!dika$ kurvanti | te%!m apy anyak&tena eva sa$sk!re'a prav&ttes tatk&to !pi vyavah!ro !n!dir iti kathayann !ha |. «[Dharmak#rti] dit [ce qui suit] afin de montrer que, puisque même ceux qui font un poème, etc., nouveau, procèdent grâce à la disposition produite [en eux] par d!autres, la convention qu!ils produisent est elle aussi sans commencement.»
380
Explication, PV! P345b7#8/D287a7 " PVSV! 457,20#21: svapratibh!racito !pi grantho vastuta( parap#rvaka eva |. «[Donc] même une "uvre composée par l!intelligence propre [de son auteur] est en réalité précédée d!autres ["uvres].»
381
Dans cette objection, l!adversaire suspecte la spéciosité (vyabhic!ra) de l!argument précédent. Selon cet adversaire, le fait que ces êtres aient été les premiers interdit qu!ils aient pu percevoir (upaLABH) ces pratiques au contact des générations précédentes (p#rvebhya(, PV! P346a7#8/D287b5 = PVSV! 458,9#10). L!adversaire pourrait, sur ce point, s!autoriser de l!Aggañña Sutta et de ses nombreuses dépendances (sur quoi voir ELTSCHINGER 2000: 14#20 et 73#78).
Traduction
314
alisées chez eux aussi au gré des conditions, imprégnés [qu!ils étaient] par des dispositions [dues à] d!autres [pratiques du même type apprises dans leurs existences antérieures].382 PVSV 126,2
[Objection:] Soit [donc] l!incréation de toutes [les pratiques en raison de leur éternité]. [Réponse:] Même s i une incréation telle [qu!ell e r é s u l t e d e l a s e u l e é t e r n i t é devait être] établie [pour toutes les pratiques, correctes aussi bien qu!incorrectes], quel avantage y aurait-il [à cela]? [PV I.246ab] PVSV 126,4
Bien qu!on accepte l!incréation car [censée le critère de ce qui est] fiable,383 celle-ci vaut, puisqu!elles sont sans commencement, de certaines [pratiques ordinaires] qui pourtant ne sont pas fiables;384 donc à quoi bon [postuler cette] incréation? PVSV 126,6
Ou [même] si seuls les énoncés du Veda sont incréés,
382
La phrase n!est pas claire. (1) PV! P346b1/D287b6 = PVSV! 458,11 rapportent sans ambiguïté te!"m api aux "dikalpikapuru!a; cela étant, te!"m api pourrait aussi bien (sinon plus naturellement) renvoyer aux vyavah"r"#: d!abord, cette lecture s!harmoniserait mieux à mes yeux avec prabodh"t = prav$tte#; ensuite, il est notable que K a inversé l!ordre du composé en expliquant: " "hitasa%sk"r"&"m, et que PV! P346b1/D287b6 porte: " bag chags su bsgos pa, «imprimé(e)s à titre de dispositions [latentes]». J!ai suivi les commentateurs; mais à lire te!"m api avec vyavah"r"#, on traduirait: «Non, car ces [pratiques] aussi, imprimées [qu!elles étaient chez eux] à titre de dispositions [latentes dues à] d!autres [pratiques du même type], s![y] seront actualisées au gré des conditions.» (2) La portée exacte de anya° est difficile à déterminer. PVSVt rend legs par byas pa g'an gyis bsgos pas, alors que PV! P346a8#b1/D287b5#6 " PVSV! 458,11#12 expliquent, sans lever l!équivoque: p(rvajanmaprasare!u p(rvad$!)avyavah"re&a "hitasa%sk"r"&"m(/bag chags su bsgos pas).
383
Selon PV! P346b4#5/D288a1, «et non parce qu!elle permet de préserver l!ordre des classes sociales» (rigs kyi chos bsru* ba!i phyir ni ma yin na). Sur ce point, voir ELTSCHINGER 2000: 93#95.
384
Conclusion et transition, PV! P346b5#6/D288a1#2 " PVSV! 458,17#18: iti na apauru!eyatvam avitathatvasya s"dhaka% vyabhic"r"d iti, «donc de par [sa] spéciosité, l!incréation ne prouve pas la vérité; donc"»
Traduction
315
le doute [surgit] à nouveau [quant aux significations qu!expriment ces énoncés védiques], car on constate [que différents maîtres donnent] des explications différentes de la signification [ d u V e d a ] . [ PV I . 2 4 6 c d ] PVSV 126,8
Même s!il était incréé, on [ne] témoignerait de confiance [au Veda que] si [chacun de ses énoncés] générait une intelligence fixe de sa signification [chez qui désire agir].385 Mais on constate [au contraire] que des [exégètes] tels que les Étymologistes, les M!m"#saka [et les Grammairiens] dissèquent386 arbitrairement les énoncés du Veda par ajout et soustraction [de significations387]. Et il est faux que les significations [contradictoires qu!imaginent les différents exégètes] ne conviennent pas aux [énoncés du Veda],388 385
Parce qu!une signification erronée serait alors impossible (phyin ci log pa!i don ni srid pa med pa!i phyir, PV$ P347a3/D288a5), ou parce qu!il n!y serait alors pas ajouté de signification erronée (vipar!t"rthasam"rop"bh"v"t, PVSV$ 458,25"26).
386
Explication de vi#asanta$, PVSV$ 458,29: n"n"rth"n kurvanti, «rendent polysémiques».
387
Selon l!interprétation de %"kyabuddhi, PV$ P347a4"5/D288a5"6, qui porte artha là où PVSV$ 458,27 porte #abda: sam"rop"pav"d"bhy"m adhika#abdaprak%epe&a #abd"ntar"pahnavena v" ity artha$ |. «Par ajout et soustraction, [c!est-à-dire] par adjonction de paroles/significations supplémentaires ou par retrait d!autres paroles/significations: tel est le sens [visé par Dharmak!rti].» Sur les explications alternatives dues aux différents exégètes, voir déjà PV I.226 et PVSV 113,4"7, PV I.229ab et PVSV 114,16"22; sur l!exégèse védique de la M!m"#s", du Nirukta et du Vy"kara&a, voir par exemple TV sous M!S' I.iii.10/II.154,7"25 (JHA 1998: I.222"223), TV sous M!S' I.iii.24/II.200,5"6 (JHA 1998: I.283), TV sous M!S' I.iii.33/II.255,20"22 (JHA 1998: I.354).
388
Explication, PV$ P347a7"b1/D288b1"2: sgra de dag ni !chad pa po tha dad pas ñe bar brtags pa!i don thams cad rjod par byed pa ni srid pa!i phyir ro || rigs pa da' !gal ba la sogs pa ya' dba' po las !das pa dag la mi !jug pa!i phyir ro || de bas na re (ig ra' gi don dag la the tshom za ba!i phyir rig byed kyi 'ag rnams la yid ches pa ñid med do ||. «Car il est possible que ces paroles expriment toutes les significations imaginées par les différents exégètes, puisque des [critères] tels que l!irrationalité (yuktivirodh"di) ne fonctionnent pas dans l![ordre du] suprasensible. Donc puisque le doute règne quant à leurs significations propres, on ne [saurait] témoigner [la moindre] confiance
316
Traduction
parce que l!introduction de la signification a pour principe la convention",# [et] que [selon la convention retenue,] plusieurs [significations] alternatives sont [donc] possibles d!un énoncé pourtant unique;389 390parce que radicaux et suffixes se lisent [eux-mêmes] en de multiples significations [dans les énumérations grammaticales];391 392parce que même à l!emploi traditionnel [des mots, les exégètes] ne souscrivent pas nécessairement;393 qu![en plus] les mots non traditionnels [tels que «jarbhur!"a»] abondent [dans le Veda];394 que leur signification dépend [tout entière] de l!enseigneaux énoncés du Veda.» 389
Explication, PV! P347b3/D288b3 = PVSV! 459,12: sa#$aya eva |. «Il n!y a [donc] que doute [quant à sa signification].»
390
Introduction, PV! P347b3$4/D288b3$4 = PVSV! 459,12$13: prak%tipratyay!nus!re"a ca vedav!ky!n!# vy!khy!n!t | te&!# ca niyat!rthatv!n na vedav!kye&v anek!rthavikalpasambhava ity api mithy! |. «Il est également faux de soutenir que, parce qu!on explique les énoncés du Veda selon les radicaux et les suffixes et que ceux-ci ont une signification fixe, les énoncés du Veda ne sont pas susceptibles de plusieurs significations alternatives.»
391
Explication, PV! P347b5$6/D288b4$5 = PVSV! 459,15: yath!bhipr!yam arthasa#sk!rabhed!t sa#$aya' |. «En raison de [ce que] l!explication de [leur] signification diffère selon l!arbitraire [de la personne qui les explique,] il y a un doute [quant à leur signification].»
392
Selon les introductions de PV! P347b6$7/D288b5 et PVSV! 459,16$17, c!est en se fondant sur l!emploi traditionnel/conventionnel (r()hi) des mots qu!on détermine (PV!) ou explique (PVSV!) la signification du Veda: il n!y a donc pas de doute lié aux ajouts ou aux soustractions des exégètes (PV!), ou malgré la polysémie des radicaux et suffixes (PVSV!). Selon la M"m#$s#, le sens du Veda et donc les normes de Dharma seraient perdus sans commensurabilité sémantique entre mots védiques et ordinaires: %Bh sous M"S& I.iii.30/II.231,6$232,3 (BIARDEAU 1964: 84$85), TV sous M"S& I.iii.30/II.229,17sq (JHA 1998: I.323$324) et TV sous M"S& I.iii.33/ II.255,6sq (JHA 1998: I.353sq). Sur r()hi dans le même contexte, voir TV sous M"S& I.iii.10/II.149,14$15 (JHA 1998: I.217).
393
Selon PV! P347b7$8/D288b6$7, cas des mots svarga («ciel») et urva$* (nom d!une nymphe), que les M"m#$saka emploient dans un sens non traditionnel (voir PV I.320ab et PVSV 169,26$30, où Dharmak"rti développe ce point [STEINKELLNER 1979: 74], et nn. 131, p. 244, et 154, pp. 251$252).
394
Selon PVSV! 459,18, que je n!ai pas suivi ici, cette proposition justifie la
Traduction
317
ment de la personne [qui les explique, et] que l!enseignement de cette [dernière] obéit à son [seul] arbitraire: les significations des énoncés du Veda ne présentent [donc] qu!indétermination. PVSV 126,16 395
De plus l![avocat du Veda], lorsqu!il prouve l!incréation, pourrait [la] prouver soit des phonèmes, soit de l!énoncé [doté de signification, mot ou phrase]. Dans la [première hypothèse], puisque [les phonèmes védiques] ne diffèrent pas des autres [ p h o n è m e s , c ! e s t - à - d i r e d e s p h o n è m e s o r d in a i r e s ] , q u e l f r u i t y aurait-il à prouver [l!incréation] des phonèmes? [PV I.247ab] PVSV 126,19
Phonèmes du monde et du Veda, en effet, ne diffèrent pas. Et même si [l!on admettait que phonèmes ordinaires et védiques] diffèrent, des phonèmes [spécifiquement] védiques n![en] seraient pas [pour autant] établis[, et ce pour quatre raisons:] car il 396
précédente. Explication, PV! P348a1/D288b7 " PVSV! 459,18"20: tato na tatra r!"hi#abd$n nir%aya& |. «Donc on ne détermine pas [la signification d!un énoncé védique] à partir du mot dans son emploi traditionnel.» Sur jarbhur$%a, voir #V II.10,5 (participe moyen de l!intensif védique de la racine BHUR-, «to quiver», spécialisation de la racine BH'- selon WHITNEY 1991: 113; voir aussi MAYRHOFER 1963: 508"509 s.v. bhuráti). Sur les mots «extra-ordinaires» dans le Veda, voir aussi TV sous M$S% I.iii.9/II.146,3sq (JHA 1998: I.212sq), TV sous M$S% I.iii.24/II.193,15sq (JHA 1998: I.275), TV sous M$S% I.iii.30/II.254,7sq (JHA 1998: I.352"353). Sur l!usage proprement védique des prak(ti et pratyaya, voir TV sous M$S% I.iii.30/II.231,15 (JHA 1998: I.325). 395
PVSV 126,17"24 traite l!hypothèse selon laquelle la preuve de l!incréation porte sur les phonèmes; PVSV 126,24"141,14 traite l!hypothèse selon laquelle la preuve porte sur l!énoncé doté de signification, hypothèse qui se PVSV subdivise en deux: contre un énoncé indépendant des phonèmes (P 126,24"134,25), et contre l!énoncé comme var%$nup!rv) (1 134,26"141,14).
396
Explication, PV! P348a7"8/D289a3"4 = PVSV! 460,9"10: ki* tarhi | yath$ vaidik$ ak$r$dayo !bhinn$s tath$ laukik$ api | ekatvena pratyabhijñ$yam$natv$t |. «Mais, bien plutôt, tout comme les sons védiques &a#, etc., ne diffèrent pas [entre eux], de même [en va-t-il] aussi des [sons &a#] ordinaires, car on les reconnaît [tous] comme uns.» Telle est la doctrine de la M$m'(s', que Kum'rila condense (notamment pour les var%a et pratyak+apratyabhijñ$na) dans TV sous M$S% I.iii.30/II.232,21"233,7 (JHA 1998: I.327); voir aussi TS n°2141.
318
Traduction
s!ensuivrait que, puisque la reconnaissance ne diffère pas [d!un cas à l!autre], l!unicité [des phonèmes védiques à chaque prononciation] ne serait pas établie par elle;397 car on n!observe pas que [phonèmes ordinaires et védiques] diffèrent; 398car il s!ensuivrait qu!on ne connaîtrait pas [l!unicité de choses telles que les cruches] par la reconnaissance;399 enfin, car [vous autres M!m"#saka] n!acceptez 397
Plusieurs interprétations possibles de bhede !pi ca pratyabhijñ!n!vi"e#!t tata ekatv!siddhiprasa$g!t" J!ai suivi celle de PVSV$ 460,11#14. PV$ P348a8#b4/D289a4#7 suggérerait la traduction suivante: «car il s!ensuivrait que, puisque la reconnaissance ne diffère pas [entre eux] malgré qu![on admette que phonèmes ordinaires et védiques] diffèrent, l!unicité [des phonèmes védiques à chaque prononciation] ne serait pas établie par elle.» Selon PV$ P348b1/D289a3#4, la reconnaissance ne diffère pas, car toutes nos connaissances des phonèmes «a», que ceux-ci soient réputés védiques ou ordinaires, présentent le même aspect (ek!k!ra). Selon PVSV$ 460,13, la reconnaissance ne diffère pas selon qu!il s!agit de phonèmes réputés védiques ou de phonèmes réputés ordinaires: une reconnaissance qui n!assure pas l!identité entre phonèmes ordinaires et védiques ne saurait assurer l!identité des phonèmes védiques entre eux. Malgré cela, % et K s!accordent sur cela que l!argument vise un adversaire qui admettrait que phonèmes ordinaires et védiques diffèrent (PV$ P348a8/D289a4, PVSV$ 460,10#11); % et K s!accordent également sur la finalité de l!argument: la reconnaissance étant spécieuse (ekatvavyabhic!rin, PVSV$ 460,13#14; "khrul pa, PV$ P348b3/D289a6), on ne pourrait établir l!identité des phonèmes védiques à chaque prononciation, et partant, les phonèmes védiques seraient aussi multiples et instantanés que les phonèmes produits/ordinaires (PV$ P348b2#4/D289a6#7, PVSV$ 460,13#14).
398
Selon l!objection introductive de PVSV$ 460,16#17, pratyabhijñ!na est moyen de connaissance valide quant aux seuls phonèmes védiques (car il est le critère de leur unicité, ekatvanimittatv!t), mais en nul autre cas (car il est erroné par la [faute d!une simple] ressemblance, s!d%"yena bhr!ntatv!t). Selon l!objection introductive de PV$ P348b7#8/D289b1#2, il y a bel et bien une différence entre phonèmes ordinaires et védiques, mais celle-ci est occultée (bsgribs pa = !v%ta?) par une reconnaissance erronée qui surimpose un aspect un (ek!k!ra) survenu subséquemment (phyis "byu$ ba = p%#&habh!vin) à la perception. Sur le caractère possiblement fallacieux de la reconnaissance dans la M!m"#s", voir aussi n. 37, p. 198.
399
Conséquence inacceptable, car pratyabhijñ!na compte au nombre des arguments m'm!(saka contre la permanence (voir MIMAKI 1976: 13#24, et pp.
Traduction
319
pas [que phonèmes ordinaires et védiques diffèrent]. Et puisque, si [c!est] des [phonèmes qu!il entend] prouver l!incréation, ceux-ci sont les mêmes partout[, dans le monde et dans le Veda], quelle [sorte de phonèmes] le [M!m"#saka procédant ainsi] laissera-t-il [pour être encore de création humaine]? Et ainsi, étant donné que toute pratique [langagière] est incréée mais que toute n!est pas véridique, la peine [consentie à postuler l!incréation en ces termes] est [parfaitement] vaine. PVSV 126,24 400
Si maintenant l!on admet que l!énoncé est incréé[, cela est faux, car] PVSV 127,1
il n!existe pas d!énoncé distinct des phonèmes, puisqu!on ne [le401] perçoit pas. [PV I.247cd] PVSV 127,3
Quant à nous, en effet, nous ne constatons pas qu!à [l!audition] de mots et de phrases tels que «Devadatta» [et «amène la vache blanche», notre] connaissance présente d!autre apparence402 que celle (pratibh!sa) des sons «d», etc., tout comme [elle ne présente pas] l!apparence du deuxième phonème [au moment où apparaît le premier]. Or s!il n!apparaît pas à l!appréhension, ce dont on admet qu!il est appréhendable ne peut être [valablement] déterminé
197"199). Bien qu!on appréhende comme distinctes toutes les phases d!une cruche, c!est à une reconnaissance erronée et surimposante qu!on devrait la notion de l!unité de la cruche (PV$ P349a1"2/D289b2"3). Le M!m"#saka prouverait ipso facto l!instantanéité des cruches. 400
Ici débute la critique de l!hypothèse selon laquelle la preuve de l!incréation PVSV 126,24"134,25, et plus largeporte sur l!énoncé doté de signification (P ment 126,24"141,14: voir p. 159 et n. 395, pp. 317). Dans PVSV 127,1"16, Dharmak!rti commence par montrer qu!il n!existe pas d!énoncé séparé des phonèmes.
401
Selon PV$ P350a8/D290a1"2, parce qu!on ne perçoit pas que l!énoncé soit distinct des phonèmes; selon PVSV$ 460,27"28, parce qu!on ne perçoit pas (cet énoncé qui devrait être) perceptible (d"#ya).
402
C!est-à-dire, selon PV$ P350b3/D290a3 % PVSV$ 460,30"461,5, l!apparence non phonétique d!un mot ou d!une phrase (anyam avar$!tmaka% [PV$ °rnam pa can] padav!kyapratibh!sam).
320
Traduction
exister ou [être] autre [que les phonèmes],403 à l!exemple d!un autre aspect.404 PVSV 127,6 405
[Objection:] Impossible aux autres[, c!est-à-dire aux phonèmes], l!effet [qu!est la notification de la signification] permet de conclure [par inférence à l!existence de mots et phrases indépendants]. [Réponse:] Ce [mot séparé des phonèmes] existerait [à la rigueur] si l!effet manquait alors même que les phonèmes seraient présents.406 [Objection:] [Notre compréhension de la signification] ne provient pas [des phonèmes], car [dans cette hypothèse] on n!aurait pas [notion d!une signification différente] malgré que les [phonèmes] ne diffèrent pas dans [tel] autre mot ou phrase.407 403
Chacun des protagonistes reconnaît que rejeter l!existence revient à rejeter l!altérité (astitve ni!iddhe !nyattvam api ni!iddham eva): nul besoin donc d!ajouter anyad iti. Mais selon PVSV! 461,9"10, Dharmak"rti entend montrer que l!existence absolue (atyantasattva) sert de fondement (up"d"na) aux deux déterminations d!existence et d!altérité. Selon PV! P350b6"8/D290a5" 6, Dharmak"rti demande: de quoi ce dont l!existence est difficile à montrer peut-il être différent?
404
Selon PV! P351a1/D290a6"7 # PVSV! 461,10"11, là où un seul aspect apparaît, tel autre aspect particulier réputé perceptible (d#$ya/upalabdhilak!a%apr"pta) n!existe pas s!il n!apparaît pas. Voir aussi PVSV 75,23 (VETTER 1964: 107), IHARA 1961: 152 et $MAE 1990: 57.
405
Après avoir, dans PVSV 127,1"6, critiqué la perceptibilité d!un énoncé indépendant, Dharmak"rti s!attaque, dans PVSV 127,6"12, à une preuve qui procéderait par inférence (voir TS n°2706). Cette critique s!ouvre sur un argumentaire typiquement spho&av"din: la compréhension ne provient pas des phonèmes, puisque chaque phonème est dénué de signification, et que l!association (s"mastya) des phonèmes constitutifs n!est pas réalisée au moment du phonème singulier (ekavar%ak"le) (PV! P351a3"4/D290b1"2 # PVSV! 461,13"16). Sur ce type d!argumentaire, voir PVSV 134,1"6 et aussi pp. 170"174.
406
Si l!on ne comprenait pas la signification à partir d!un simple groupe de phonèmes ayant fait l!objet d!une convention (sa'ketita), alors un tel mot existerait peut-être; or tel n!est pas le cas (PVSV! 461,18"20; comparer PV! P349a8/D290b3). PVSV! 461,21"22 cite ici %V spho&a 95: voir APPENDICE B.
407
Selon PV! P349b2"4/D290b4"5 # PVSV! 461,24"27, si la compréhension
Traduction
321
[Réponse:] Non, car il n!est pas établi que ces [phonèmes] ne diffèrent pas [dans d!autres énoncés].408 [Objection:] Que [les phonèmes] ne diffèrent pas [à chaque énoncé] s!établit sur [l!indice de] la reconnaissance. [Réponse:] Non, parce que la [reconnaissance] est spécieuse,409 et qu!elle est dénuée d!exemple.410 411[Et] quand bien de la signification provenait des seuls phonèmes, on ne comprendrait pas «étang» en entendant «sara!», et «saveur» en entendant «rasa!», étant donné que les deux mots se composent des mêmes phonèmes: la compréhension devrait être la même. Sur ce nouvel argument spho"av#din, voir n. 246, p. 276. Noter aussi TSP 721,17"18: var$#vi%e&e !pi saro rasa ity#d#v arthaprat'tibhed#t spho"#khya( k#ra$#ntara( kalpayi&y#ma iti |. «Nous postulerons une autre cause [que les phonèmes], appelée !spho"a#, puisque dans !sara!# et !rasa!# notamment, la compréhension de la signification diffère alors même que les phonèmes ne diffèrent pas.» Voir SSV 97,5"6 et 103,12"13, TB 67,4, SDS 302,2"3: nava/vana, nad'/d'na, m#ra/r#ma, r#ja/j#ra. 408
Selon PV" P349b5"6/D290b6 = PVSV" 461,28"30, des phonèmes différents se produisent à chaque énoncé (prativ#kyam) selon l!effort articulatoire humain (puru&aprayatnabhedena). Voir pp. 207"212.
409
Sur pratyabhijñ#na et sa spéciosité, voir nn. 396"399, pp. 317"319. Selon PV" P349b7"8/D290b7"291a1 et PVSV" 462,6"8, une personne trompée par une simple ressemblance (s#d)%yena vipralabdha!) reconnaît des choses pourtant réellement (d*os su) distinctes: cheveux ayant repoussé après avoir été coupés (l+napunarj#ta, PVSV"), corps de forme similaire (gzugs mtshu*s pa lus, PV"). Selon PVSV" 462,8, appréhender une ressemblance, c!est appréhender la nature propre du semblable (sad)%asya svar+pagraha$am), et non appréhender quelque chose comme étant semblable à un autre (anyasad)%a iti graha$am).
410
De quelque chose de (perceptivement) reconnu à l!identique, il n!est aucun exemple qui soit établi pour les deux protagonistes du débat (v#diprativ#disiddha); Dharmak#rti reviendra sur le thème de la carence en exemple dans et sous PV I.266. Dans PV" P349b8"350a2/D291a1"2 et PVSV" 462,9"17, $ et K adressent encore diverses critiques à la reconnaissance. Conclusion, PV" P350a2/D291a2 = PVSV" 462,18"19: tasm#t sthitam etat prativ#kya( bhinn# eva var$#s tem eva bhed#d arthaprat'ter bheda iti |. «Il est donc acquis [que] les phonèmes diffèrent à chaque énoncé[, et que] c!est de leur différence que [provient] la différence de [notre] compréhension de la signification.»
411
Pour la discussion introductive de PVSV" 462,20"23, voir n. 59, pp. 174" 175. Pour un argumentaire analogue à PVSV 127,11"12, voir déjà PVSV
322
Traduction
même les phonèmes ne différeraient pas [à chaque énoncé], l!effet particulier [à partir duquel inférer un énoncé indépendant ne] pourrait consister [qu!]en une connaissance particulière [résultant] d!un énoncé particulier. Or étant donné que cette [connaissance-là devrait provenir] d!un énoncé et que celui-ci est suprasensible [puisqu!il n!apparaît pas séparément des phonèmes à la connaissance sensorielle], d!où viendrait [donc cette connaissance]?412 413Si [l!on admettait maintenant que l!énoncé] génère [la compréhension] par [sa] seule présence, une [personne] qui n!a pas été instruite [de la convention fixée] bénéficierait [elle] aussi [de cette compréhension].414 Il n!est par conséquent rien qui, répondant au nom d!«énoncé», [serait] chose différente des phonèmes[, et] dont on pourrait prouver l!incréation. [Et] puisque cet [énoncé] n!existe pas, [seuls subsistent les phonèmes, et il faut alors prouver] également l!incréation des phonèmes [ordinaires,] lesquels ne se différencient pas [de ceux] du Veda[; or à cela nous avons déjà] objecté dans [le cadre de] la première hypothèse[, en affirmant que toute la peine consentie à postuler l!incréation serait dès lors vaine].415 118,4"12. Comparer TB 64,3"66,2 (BIARDEAU 1956: 25). 412
Cette connaissance ne nous viendrait pas de l!énoncé (PV! P351a5/D291a4 = PVSV! 462,26"27): (1) parce qu!on n!appréhende pas de relation entre cet énoncé suprasensible et la connaissance (PVSV! 462,27); (2) un énoncé qu!on ne perçoit pas n!est pas la cause (a!ga) de notre connaissance de la signification; mais sans cette connaissance, nulle inférence du mot ou de la phrase (PV!, ibid.).
413
Dans PVSV 127,12"13, Dharmak"rti critique une preuve par voie de présomption (arth"patti): bien qu!imperceptible, l!énoncé génère la compréhension par sa seule présence, comme les facultés sensorielles (PV! P351a6/D291a5 = PVSV! 462,28"29). On postule donc un énoncé indépendant par impossibilité d!expliquer autrement la compréhension (prat#tyanyath"nupapatty", PVSV! 462,29). Voir TS n°2707"2709ab, et TSP 722,5"6.
414
Explication, PVSV! 463,11"12: pourquoi donc postuler un énoncé prat#tyanyath"nupapatty", dès lors que la compréhension s!explique à partir des seuls phonèmes et de la convention fixée sur eux? Voir aussi TS n°2705.
415
Référence: PVSV 126,17"24, et surtout 126,23"24. L!argument tient à cela que les phonèmes védiques et ordinaires étant les mêmes, tous seraient incréés: toute pratique langagière serait incréée, mais ne serait pas véridique.
Traduction
323
PVSV 127,16 416
De plus, soit l!énoncé chose différente [des phonèmes]; cet [énoncé] pourrait [alors] soit consister en de multiples parties, soit être dénué de parties: Dans [l!hypothèse où l!énoncé] consiste en de multiples parties, [si] chacune de ces [parties] est dénuée de signification, [PV I.248ab] PVSV 127,19
[c!est-à-dire] si chacune de ses nombreuses parties est dépourvue de signification par nature[, alors l!énoncé, qui consiste en l!association de ces multiples parties, sera lui aussi dépourvu de signification], et [donc] on impute la possession de cette nature à ce qui ne possède pas cette nature,417 tout comme [en certaine métaphore o n i m p u t e a u j e u n e b r a h m a n e ] d e s [propriétés] te lles que la léonité.418 [PV I.248cd] 416
Dans PVSV 127,16"134,25, Dharmak!rti admet, pour les besoins de son argumentaire, le principe d!un énoncé «transphonétique». Dans PVSV 127,18" 128,21, il commence par critiquer l!hypothèse d!un énoncé doté de parties; dans PVSV 127,18"23, il critique la sous-hypothèse de parties inexpressives (voir TSP 723,10"15, où il est question de anarthak!" spho#!$%!"); dans PVSV 127,23"128,21, la sous-hypothèse de parties expressives (av!caka, anarthaka; voir TSP 723,15"19, et n. 419, p. 324). La critique de l!hypothèse d!un énoncé indivis (c!est-à-dire du spho#a proprement dit) s!ouvre sur PVSV 128,21 (voir n. 434, p. 327).
417
T!dr&pya, c!est-à-dire v!cakav!kyar&pa, i.e. arthavattva (PV" P351b8" 352a1/D291b4 = PVSV" 463,23"24) ou v!cakatva (PVV 379,1); atadr&pa, c!est-à-dire un conglomérat de parties inexpressif en tant qu!il est dénué de signification (anarthakatvena av!cakar&pe !vayavasa'gh!te, PV" P351b8/ D291b4 = PVSV" 463,23).
418
Dans des métaphores (upac!ra) telles que: «Le jeune brahmane est un lion» (si$ho m!(avaka", PV" P352a1"2/D291b4"5 = PVSV" 463,24"25; voir aussi PV III.36, TSP 723,13). Au témoignage de Mukulabha##a, Bhart$mitra distinguait cinq types de relation métaphorique, et la deuxième (s!d)%ya) avec cet exemple (voir KUNJUNNI RAJA 1963: 238"245). L!exemple discuté dans %Bh et TV sous M!S& I.iv.23"28/II.315,9sq et 316,9sq (resp.) est: si$ho devadatta"; dans TV sous M!S& I.iv.23"28/II.317,9"18, Kum'rila introduit une objection d!inspiration bouddhique (< Sthiramati?), expliquant gau(av)tti comme sam!ropa, et la critique en détail (ainsi que la notion même de sa-
Traduction
324 PVSV 127,21
Un énoncé, c!est une nature dotée de signification; or les parties [de l!énoncé sont] sans signification par elles-mêmes. La nature [dotée de signification qu!est l!énoncé] doit [donc] leur être surimposée par la pensée, tout comme [on surimpose une propriété] telle que la léonité sur un jeune brahmane, etc.: [cette nature expressive] est donc de création strictement humaine. PVSV 127,23
Si maintenant l!on admet, pour éviter cette faute, que chacune des parties [de l!énoncé] est dotée de signification419: PVSV 128,1
Et si chacune [des parties de l!énoncé] est dotée de signification, il est faux de postuler une multiplicité [de parties]; et [dès lors que la partie serait dotée de signification,] on comprendrait la signification de l!énoncé [entier] en [n!en] saisissant [qu!]une seule partie.420 [PV I.249] PVSV 128,3
En effet, un énoncé est une nature verbale de signification complète.421 Or étant donné que les parties [d!un énoncé] sont telles chacune séparément,422 [il s!ensuit que] chacune d!elles est m!ropa) dans TV sous M!S" I.iv.23"28/II.317,18"319,7.
419
Sur PVSV 128,1"21, voir pp. 160"163, où je formule l!hypothèse que dans ce passage, Dharmak!rti vise le même type de (proto-)anvit!bhidh!nav!din (expression de Pu#yar$ja; voir aussi PVSV% 464,9"19) que Bhart&hari dans VP II.2ab/17"18 et le passage de MBhD? cité PVSV% 434,10"12 (voir APPENDICE B) .
420
Explication, PV% P352a6"8/D292a1, PVSV% 464,6"7 et Vibh. 379n. 3: puisque une seule partie possède la signification complète (parisam!pt!rtha), elle suffit à faire comprendre intégralement la signification de l!énoncé: concevoir une multiplicité de parties est donc vain (PV%); faire dépendre l!énoncé de parties multiples est donc incorrect (PVSV%). PV I.249 est cité TSP 723,18"19.
421
Mais il n!est pas d!autre définition d!un énoncé, selon PV% P352b1"2/ D292a3. Sur l!expression parisam!pt!rtha, voir par exemple MBhD II.34,23, VP II.18 (sam!pyate, voir pp. 160"163), AKBh 80,15"16 et AKVy 182,3" 33.
422
C!est-à-dire: sont chacune séparément de signification complète. Explication, PV% P352b2"3/D292a3: "ag gi don rtogs pa skyed par byed ces bya ba!i don to ||. «Le sens [visé par Dharmak!rti est le suivant: étant donné que chacune de ces parties] génère la connaissance de la signification de l!énoncé.»
Traduction
325
énoncé. Aussi un [seul] énoncé ne comporte-t-il pas de multiples parties. Et puisque l!on connaîtrait la signification [entière] d!un énoncé par la connaissance d!une seule partie [de celui-ci], il n!y aurait plus ni dépendance [de l!auditeur] par rapport à [quelque] autre partie, ni laps temporel: on connaîtrait en effet "en un [seul] instant# cette [signification] de nature indivise puisqu!on [l!]aurait saisie intégralement quand [ne se serait] produite [qu!]une seule [et unique] connaissance,423 et que sinon424 [ces deux natures de l!énoncé, l!une appréhendée et l!autre non encore appréhendée,] contrediraient [cette] unité. Et si [l!on postule] une audition de toutes [les parties] simultanément, [toute] division temporelle est [encore une fois] injustifiée.425 [PV I.250ab] PVSV 128,10
De peur de perdre la multiplicité des parties de l!énoncé puisque la signification [entière] de celui-ci (v!kya) serait établie par une seule partie indépendamment des autres parties, on admet maintenant que l!on entend simultanément toutes les parties [de l!énoncé]. [Mais] même alors[, répondons-nous, tout] laps temporel est strictement injustifié[, et ce pour deux raisons:] parce qu!on [devrait les] entendre toutes au moment même où l!on [ne] connaît
423
Deux interprétations de k!lak"epa: (1) PVSV! 464,25$26, où k!lak"epa concerne v!ky!rthaprat#ti; (2) PV! P352b5$6/D292a5, où k!lak"epa concerne avayava (cf. PVSV! 465,9$10, qui attribue cette alternative à «anye»). Donc, deux interprétations de tasya ni"kal!tmana$ k"a%ena pratipatter ekajñ!notpattau ni$&e"!vagam!t: là où K glose par v!ky!rtha (PVSV! 464,26$28), " glose par avayava (PV! P352b6$7/D292a5$6 reflété dans PVSV! 465,10$ 12). Sur la durée de l!instant et l!instantanéité des connaissances, voir PVSV 119,21$26.
424
Explication, PV! P352b7$8/D292a6$7 = PVSV! 465,13: anyath! iti yady ekajñ!nak"a%ena sarvasya graha%a' na sy!t. «Sinon, c!est-à-dire si l!on n!appréhendait pas toute [la signification de l!énoncé] en un seul instant de connaissance.»
425
Selon PVV 379,14, «[toute] division temporelle à l!audition des parties» (avayava&rava%asya k!labheda$). PVV 379,15: d(&y[a]t[e] ca, «or on [la] constate [empiriquement].»
326
Traduction
[en fait qu!]une seule partie;426 et parce que si l!audition [procède quand même] de façon successive, [toute] autre [partie] se révélera inutile puisque la signification de l![énoncé] sera établie [à partir] d!une seule de [ces parties] dont chacune est dotée de signification.427 Et si [l!on admet] une audition [de toutes les parties] simultanément, il n!est en outre [plus] établi que soient dotées de signification [des parties] dont on ne perçoit plus[, ainsi associées,] la capacité [de renvoyer] à chacune de [leurs] significations [respectives].428 "[Objection:] Puisque l!on constate une signification aux [parties] associées,429 la faute [que vous dénoncez] n!a pas cours.# [Réponse:] Non, parce qu!une nature qui manque à chacune [des parties individuellement] manque également à [leur] association,430 431 et qu!il ne [leur] naît pas une [nouvelle nature qui serait] chose 426
Explication, PVSV! 465,20$21: krame!a ca "rava!a# d$%&am |. «Or on constate que l!audition [procède] de façon successive.» On voudrait comprendre ek'vayavapratipattik'la eva comme ek'vayavapratipattik'lena eva, «dans le temps [nécessaire] à la connaissance d!une seule partie.»
427
Faut-il entendre le génitif p$thag arthavat'm dans un sens absolu, ainsi que le pourrait suggérer PVSV! 465,21: avayav'n'# p$thak p$thag arthavat'# sat'm? PVSVt et PV! P353a4/D292b2 ne permettent pas de trancher. PV! P353a5/D292b3 = PVSV! 465,22: etac ca anantaram eva uktam |. «Mais cela, nous venons de le dire [dans PV I.249 et PVSV 128,3$8].»
428
PVSVt et PV! P353a7/D292b4 rendent le possessif ad$%&as'marthy'n'm par mtho( ba!i nus pa med pa can dag gi, «sans capacité perceptible». Je l!ai lu comme un *ma mtho( ba!i nus pa can dag gi, «de capacité imperceptible». Quant à p$thak, j!ai préféré l!associer à arthe%u (avec PVSVt et PV!: don tha dad pa dag la, et don tha dad pa dag la )es bya ba brjod par bya ba so so dag la) qu!à ad$%&as'marthy'n'm [avayav'n'#].
429
Conséquence, PV! P353a8/D292b4 = PVSV! 465,26$27: p$thag apy avayav'n'm arthaprat*tijananas'marthyam asti, «chacune des parties a la capacité de générer la notion de la signification.»
430
Par «nature» il faut entendre, selon PV! P353b1/D292b5 = PVSV! 465,28$ 29, «la nature consistant à communiquer la signification» (arthapratip'danasvabh'va). Malgré tib. mi srid pa, j!ai rendu asambhava comme un med pa; on peut cependant aussi bien comprendre: «est également impossible à [leur] association.»
431
Selon l!objection introductive de PV! P353b1$2/D292b5$6 et PVSV!
Traduction
327
différente [de la précédente].432 La faute [que nous avons dénoncée] jusque-là n!affecte [cependant] pas l!avocat de la production des paroles, car [pour lui ces] parties, bien que chacune [en soit isolément] incapable, servent à [cet] effet particulier [qu!est la compréhension de la signification une fois] dotées, grâce à l!aide particulière [que leur apporte l!effort articulatoire humain], d!une propriété supplémentaire.433 [Pour l!avocat de la permanence] en revanche, postuler une autre [partie] serait vain si chacune des parties [est individuellement] capable [de cet effet]. PVSV 128,21 434
Mais si maintenant l!énoncé [est] strictement un, sans parties, [nous répliquons] dans ce cas: 465,30"466,10, il échoirait (upapadyate) aux parties regroupées (samudita) une nature autre que celle qu!elles ont à l!état isolé (kevala), une nature capable de communiquer la signification.
432
Explication, PV! P353b3/D292b6 = PVSV! 466,11: nityatv!d var"!n!m iti bh!va# |. «L!intention [de Dharmak"rti est la suivante:] puisque les phonèmes sont permanents [selon vous].»
433
Selon PV! P353b5/D292b7"293a1 # PVSV! 466,15"16, la propriété supplémentaire qu!on définit comme la capacité de communiquer la signification à l!état associé (sahit!vasth!y!m).
434
Selon PV! P353b7/D293a2, Dharmak"rti laisse ici l!hypothèse d!un énoncé PVSV 127,18"128,21), pour examiner celle d!un énoncé indoté de parties (P PVSV 128,21"134,25); ici s!ouvre la critique du spho$a divis, sans parties (P proprement dit (voir pp. 163"174), comme l!atteste l!introduction de PVV 379,17"20 à PV I.250cd: atha anavayavam eka% var"ebhyo vyatirikta% spho$ar&pa% v!kya% tac ca kramavadbhir niyat!nup&rv'kair dhvanibhi# krame"a vyajyate | vyaktyanukrame"a eva ca kramavat prat'yate tadr&p!vibh!gena n!dar&p!"!% var"!n!% graha"!d var"avibh!gavac ca lak(yate | vastutas tadrahitam* api iti kecit |. «Maintenant l!énoncé [est] sans parties, un, indépendant des phonèmes, a la nature du spho$a, [et] cet [énoncé] est révélé de façon successive par les résonances successives [organisées] en ordre fixe. Et c!est en vertu de la série [qui est celle] de la révélation que l!on connaît [erronément cet énoncé] comme doté de succession, et [c!est] parce qu!on appréhende les phonèmes ayant nature de sons [bruts] en ne [les] distinguant pas de la nature [qui est celle] de l![énoncé] que [cet énoncé nous] paraît avoir des parties consistant dans les phonèmes, bien qu!en réalité il en soit dépourvu. Voilà [ce que pensent] certains.» *S et Pa portent tath!rahitam, DD$ porte tath!rohitam, à quoi je préfère tadrahitam (voir PVSV! 467,26).
Traduction
328
m a i s s i [ l ! o n a d m e t u n é n o n c é ] u n [ , l à ] e n c o r e , puisqu!il es t impossible de saisir l! indivis d e façon successive, [P V I.250cd] PVSV 128,24
[nulle] division temporelle ne se justifie. En effet, connaître l!un de façon successive n!est pas justifié, puisque appréhendé et non [encore] appréhendé ne s![y] distinguent pas.435 Or on constate [que notre] connaissance d!un énoncé [procède] de façon successive[, et ce pour deux raisons:] parce que le temps [requis pour] articuler, entendre et mémoriser tout énoncé, [n!arrive à] complétion [qu!]en une série de clins d!"il [dont chacun compte] de multiples instants;436 et que, puisque la connaissance [d!un énoncé passe nécessairement] par une série de phonèmes, [nulle] entité verbale n!apparaît [à notre connaissance auditive, qui soit] sans rapport avec la nature phonétique [et] apparaisse dans une seule [phase de] connaissance. [En outre, notre] compréhension d!un énoncé est sérielle [et non simultanée], car la différence entre les énoncés est le fait de l!ordre de succession [où apparaissent les phonèmes, et ce] même si ces [derniers] ne diffèrent pas [d!un énoncé à l!autre]. PVSV 129,1 Si [l!énoncé] ne dépendait pas de l!aide [que lui apporte] l!ordre de succession des phonèmes, on comprendrait n!importe quel énoncé avec ces [phonèmes,] quelle que soit même la façon dont on [les] utilise,437 voire #même$ sans phonèmes [du tout, et ce pour trois raisons:] parce que ces [phonèmes] sériels ne sauraient [apporter d!]aide à un [énoncé] sans succession,438 439qu!on ne peut ar435
Selon PV! P354a1%2/D293 = PVSV! 466,22%23, de l!un il n!est pas de nature autre que l!appréhendée, pas de nature que l!on pourrait appréhender à la suite de la première, de façon successive. Sur cet argument, voir déjà PVSV 119,21%22 et n. 253, p. 278.
436
Sur le modèle de communication verbale élaboré par Dharmak"rti, voir pp. 204%212; sur la durée de l!instant et son rapport au thème de l!énonciation, voir PVSV 119,21%26.
437
N!importe quel énoncé, c!est-à-dire par exemple raso !sti (il y a une saveur) lorsqu!on prononce «saro !sti» («il y a un étang», PV! P354b4/D293b3 = PVSV! 467,11). De n!importe quelle façon, c!est-à-dire dans quelque ordre de succession que ce soit (tatkramair anyakramair api, PV! P354b3% 4/D293b3 = PVSV! 467,10). Voir nn. 246, p. 276, et 407, pp. 320%321.
438
Des entités sérielles ne pouvant apporter d!aide que sérielle, l!énoncé à aider
Traduction
329
ticuler [des phonèmes] de façon non successive, et qu!il n!est pas d!autre possibilité.440 [Objection:] L!énoncé ne comporte pas de phonèmes;441 [mais] en vertu de l!ordre de succession [propre] aux [résonances] qui [le] révèlent,442 cette nature verbale [pourtant] strictement une apparaît [à l!homme comme] dotée de succession et de partition en phonèmes443[, malgré qu!elle soit ultimement dépourvue de l!une comme de l!autre].444 [Réponse:] A la révélation445 d!un [énoncé] sans succession par un révélateur sériel, il a (upak!rya) ne saurait être que sériel (PV! P354b6"7/D293b5 = PVSV! 467,13"14). Or l!adversaire (le Grammairien) n!admet pas la sérialité de l!énoncé (PVSV! 467,14); or comme il n!en va pas ainsi, on pourrait appréhender l!énoncé même sans phonèmes (PV! P354b7/D293b5"6). 439
Selon l!objection introductive de PV! P354b7"8/D293b6 = PVSV! 467,15, l!adversaire voudrait maintenant que des phonèmes sans succession (akrama) apportent leur aide à l!énoncé.
440
Pas d!autre possibilité: (1) que les caractères successif (kramavattva) ou non successif des phonèmes (PV! P355a1"2/D293b7); (2) que des aides successive ou non successive (kram!kramopak!ravyatireke"a, PVSV! 467,16"17). Conclusion, PV! P355a2/D293b7 = PVSV! 467,17"18: il est donc acquis (sthita) que les phonèmes n!apportent aucune aide à l!énoncé.
441
Sans quoi son unité serait perdue puisque c!est par la succession des phonèmes qu!on le connaîtrait (PV! P355a3"4/D294a1).
442
Selon le Spho"av#din de PVSV! 467,19"24, les résonances sérielles révélatrices révèlent l!énoncé selon un ordre de succession particulier (vi#i$%a), non de façon désordonnée (vyutkrame"a); donc la faute dénoncée plus haut par Dharmak$rti n!affecte pas le Spho"av#din: des phonèmes utilisés de n!importe quelle façon ne font pas connaître l!énoncé. PVSV! 467,21"22 cite à ce propos VP I.94: voir APPENDICE B.
443
Elle semble dotée d!une partition en phonèmes, car on appréhende les phonèmes (sous forme de sons bruts, n!dar&pa) sans les distinguer de la nature de spho%a (spho%ar&p!vibh!gena, PVSV! 467,24"25).
444
PVSV! 467,27"468,4 cite à ce propos VP I.49 et 104: voir APPENDICE B.
445
Selon PVSV! 468,5"6, la manifestation peut avoir la forme de la détermination (avadh!ra"ar&pa) ou celle de l!indétermination (anavadh!ra"a°). Dharmak$rti examinerait ici la première hypothèse (PVSV! 468,7"8 glose d!ailleurs PVSV 129,7"8 vyakt!vyakta° par avadh't!navadh'ta°). Voir aussi n. 447, p. 330.
330
Traduction
[déjà446] été objecté [plus haut sur l!argument suivant:] parce que [deux natures] révélée et non [encore] révélée sont contradictoires [d!un énoncé un].447 448Et si [l!on admettait] un énoncé sans phonèmes ni parties,449 [jamais quelqu!un] à qui l!on fait entendre [une série de phonèmes] partiellement ne saisirait un énoncé partiel, puisque [un énoncé] un ne comporte pas de fragments;450 ou [bien] personne n!entendrait [l!énoncé] en entier [puisqu!on n!entendrait que les parties mais jamais l!énoncé lui-même].451 446
Référence: PVSV 128,24"25 selon PV! P355a6/D294a3.
447
Explication, PV! P355a8/D294a4 et PVSV! 468,8"9: na hy avadh!tar"p#d (PV! vyaktasvabh#v#d) anyad anavadh!ta$ (PV! [a]vyakta$) r"p#ntaram ekasya asti yena tat pa%c#d vyajyeta |. «En effet, l!un ne possède pas, autre que [sa] nature déterminée, d!autre nature non [encore] déterminée, de sorte que celle-ci pourrait être révélée ultérieurement.» PVSV! 468,9"11: tena yad ucyate | prathamena var&ena abhivyaktasya anavadh#rad avadh#rartham anye'#$ varn#$ vy#p#ra iti tad ap#stam | prathamena eva var&ena avadh#ra&ar"p#y# vyakter ni'p#ditatv#t |. «Par là, on écarte ce qu!a dit [Bhart"hari?:] #Puisque ce qu!a manifesté le premier phonème n!est pas [encore] déterminé, d!autres phonèmes opèrent en vue de la détermination.# [On l!écarte,] car c!est avec le premier phonème [déjà] qu!aura été produite une révélation ayant nature de détermination.» Sur cette citation, voir APPENDICE B. Voir aussi TS n°2716"2717, et TSP 723,20"724,3.
448
En guise d!introduction, PVSV! 468,15 cite VP I.83cd: APPENDICE B.
449
Deux interprétations de avar&abh#ge v#kye: (1) PVSVt et PV! P355b1/ D294a4"5, que j!ai suivis ici (yi ge da( cha med pa can); (2) PVSV! 468,16"17: «un énoncé sans parties [consistant en] phonèmes» (avidyam#n# var&ar"p# bh#g# yasmin v#kye).
450
Explication, PVSV! 468,19"20: bhavati ca loke katipayavar&a%rava&e p"rvav#kyabh#ga%rava&aprat)ti* |. «Or dans le monde, c!est bien le cas qu!on entend et comprend les parties initiales (p"rva) d!un énoncé lorsqu!on [n!en] entend [que les] quelques [premiers] phonèmes.» Comparer l!explication de PV! P355b3"5/D294a6"7.
451
(1) Trois interprétations possibles de PVSV 129,9"10 (sakala%rutir na v# kasyacit), que j!ai traduit selon l!interprétation de PV! P355b5"7/D294a7"b1. (2) L!interprétation de PVSV! 468,20"25 suggérerait la traduction suivante: « $ [si l!on n!entendait que quelques phonèmes,] soit on entendrait [l!énoncé] en entier [puisqu!il est un], soit [on n!en entendrait] rien[, pas même la partie initiale, puisqu!il est indépendant des phonèmes].» Selon PVSV!
Traduction
331
PVSV 129,10 452
Il est également faux [de postuler] que, munie des dispositions [imprimées] par tous les phonèmes [antécédents], la dernière connaissance453 [permet] la détermination d!un énoncé [indivis], parce que personne ne connaîtra jamais [ainsi] cet [énoncé indivis] sans rapport avec la nature phonétique, 454et qu!on ne connaît 468,26"469,4, cet argumentaire permet de réfuter SS 102,6"7 (nommément attribué à Ma!"ana, voir APPENDICE B [PVSV# 468,26"27], lequel critiquait le présent passage): tad ap!stam | sakal!sakalavar"abh!gapratipattik!le ni#kalasya v!kyasya a$rava"!t | na hi vya%gyavyañjakayo& s!d'$ya( var"!var"!tmakatvena visad'$atv!t tat katha( v!kye var"!tmagraha"!bhim!na iti yat ki(cid etat |. «Ce [qu!a dit Ma!"ana dans SS 102,6"7] est écarté, car [ce n!est] pas l!énoncé indivis [qu!]on entend au moment où l!on connaît les parties [consistant en] phonèmes[, que celles-ci soient] complètes ou incomplètes. Il n!y a en effet [nulle] ressemblance entre [spho)a] à révéler et [résonances] révélatrices, puisque [tous deux] sont dissemblables en tant que [les secondes] consistent en phonèmes et non [le premier]; comment donc [peut-on] croire saisir, s!agissant de l!énoncé, une nature phonétique? Voilà qui est donc n!importe quoi.» (3) PVSV# 469,5"10 présente une interprétation alternative (anye tu) qui, en dépit de similitudes, ne paraît pas être celle de $; selon cette troisième interprétation, on traduirait: « # [cette personne] entendrait [l!énoncé] entier, ou personne [n!entendrait l!énoncé entier].» 452
En guise d!introduction, PVSV# 469,11"22 paraphrase et cite (469,16"21) VP I.84"86: voir APPENDICE B et ELTSCHINGER 2001b: 267n. 76. Ici s!ouvre la critique d!une anavadh!ra"ar*p! (abhi)vyakti& (voir n. 445, pp. 329"330). Dans PVSV 129,10"17, Dharmak%rti critique l!hypothèse spho)av!din selon laquelle l!énoncé un et transphonétique serait révélé de façon déterminée à l!audition de la dernière partie de son vocal révélateur: voir VPV 150,4" 151,1 sous VP I.86 (BIARDEAU 1964b: 127), YBh 208,13"14 (ELTSCHINGER 2001b: 268n. 77) et AD%p 112,2"3 (ELTSCHINGER 2001b: 268n. 77); voir aussi les critiques de Vasubandhu dans AKBh 81,12"14, de Kum&rila dans $V spho)a 117"119 et 121 (ELTSCHINGER 2001b: 268n. 78 et 270n. 80). Voir TS n°2711"12 et TSP 722,12"24 (TSP 722,22"24 reproduit littéralement PVSV 129,15"17).
453
Selon PV# P355b8/D294b2, la connaissance qui naît immédiatement après (anantaram) le dernier phonème; selon PVSV# 469,24, la connaissance qui a pour objet le dernier phonème (antyavar"avi#aya).
454
Objection introductive, PVSV# 469,28: var"!tmakam eva v!kya( tena indriyajñ!navi#ayam eva iti. «L!énoncé ne consiste qu!en phonèmes; c!est donc bien le cas qu!il fait l!objet d!une connaissance sensorielle [auditive].»
332
Traduction
pas les phonèmes de façon non successive: d!où [vient alors que l!entité] qu!on nomme «énoncé» puisse être appréhendée de façon non successive par une seule connaissance?455 456Et après [notre] connaissance du dernier phonème, nous n!observons pas d!autre entité verbale dénuée de fragments, pas plus que le locuteur luimême ne rend manifeste [une telle entité verbale].457 Mais l!esprit égaré par le désir de ce qu!il aimerait[, songeant] combien il lui plairait qu!il en soit comme [il dit, ce locuteur] rêve458 qu!une parole aux parties complètes apparaît dans la dernière connaissance! 459 En effet, même [lorsqu!ils appartiennent] à un mot ou à une 455
Avec un akramam adjectival (PVSVt et PV! P356a3"4/D294b4): «d!où [vient alors que l!entité] sans succession qu!on nomme "énoncé# puisse être appréhendée par une seule connaissance?»
456
Selon les objections introductives de PV! P356a4/D294b4"5 et PVSV! 470,11"12, après la connaissance du dernier phonème (antyavar!apratipatter "rdhvam) intervient, grâce à une connaissance mentale (m#nasena jñ#nena, PVSV! seule), la détermination de l!énoncé indivis (niravayava, PVSV!)/ entier (ma lus pa, PV!).
457
Explication, PVSV! 470,13"15: tath# hi tad (S tad#) api v#kyam avadh#rayan var!#nukramam eva b#hyar"patay# avadh#rayati | na tu var!avyatirikta$ nirvibh#ga$ v#kyam avadh#rayati |. «C!est ainsi que [ce locuteur, cherchant] même [à] déterminer cet énoncé, ne détermine[ra] qu!une série phonétique comme nature extra[mentale], mais pas un énoncé indivis indépendant des phonèmes.»
458
PVSV! 470,17"22 propose une explication grammaticale de la forme svapn#yate. Selon PV! P356a8/D294b7 = PVSV! 470,17"18: asvapann api svapne vyavasthitam iva #tm#nam #carati |.
459
Selon PV! P356a8"b1/D294b7"295a1: gal te ñams su myo% ba!i &es pas tshig da% %ag gi rim med par !dzin par !gyur ba ni ma yin gyi | !on kya% dran pa!i &es pas tshig da% %ag rim med pa gzu% ba yin no 'e na |. «[Objection:] Une connaissance expérientielle directe (anubhavajñ#na) ne peut [certes] appréhender sans succession le mot et la phrase, mais une connaissance mnésique (smara!ajñ#na)[, elle,] appréhende un mot et une phrase sans succession.» Ce modèle d!accès à la signification n!est plus celui des Spho#av$din, mais celui de «var!av#din» (M%m$&s$ et Ny$ya): refusant la détermination finale d!une entité transphonétique, ceux-ci recourent à une connaissance mentale d!ordre mnésique pour rendre compte de la simultanéité où semblent apparaître les phonèmes au terme de leur articulation (voir 'V spho(a 113).
Traduction
333
phrase qu!on se rappelle, les phonèmes ne se manifestent pas sans une succession particulière[, dans une connaissance unique dépourvue de succession]. [Mais si tel était le cas,] la différence qu!opère [la représentation de] cette [séquence] entre les différents mots et [les différentes] phrases n!aurait pas lieu, puisqu!une connaissance sans succession ne comporte pas de séquence.460 [Nous avons] en outre [déjà461] dit que nous ne percevons [nulle] autre nature verbale dénuée de succession phonétique. PVSV 129,21 462
Ou si [elle] existe, cette [nature verbale dénuée de succession qu!est le mot ou la phrase] peut être impermanente ou permanente. Si [elle est] Dans !V spho!a, Kum"rila distingue deux modèles: l!un sans sa"sk#ra (kk. 95"98), l!autre avec sa"sk#ra (kk. 99"121, ce modèle emportant la préférence de Kum"rila). Directement perçus, les phonèmes impriment des dispositions génératrices du souvenir et (seul élément non empirique concédé par Kum"rila) de la connaissance de l!objet (kk. 102"103). Ces dispositions concourent à produire une connaissance (samastavar$avijñ#na) mentale (m#nasa) d!ordre mnésique, une connaissance synthétique (samuccayajñ#na) portant sur l!ensemble des phonèmes antérieurement perçus (kk. 108"110). Dans cette connaissance mnésique, les phonèmes apparaissent simultanément (yugapatsmara$a, kk. 115"116). Pour le Ny"ya, voir NV sous NS II.57/298,11" 12, et NVT# ad loc. (plus explicite!); voir aussi TB 6,4"5 (Ny"ya) et 7,1"2 (M$m"%s"), et KUNJUNNI RAJA 1963: 110"111. Il est frappant d!observer que !"ntarak&ita et Kamala'$la adopteront cette position (dans une version s#k#rav#din, voir l!importante TSP 726,7"10) dans TS n°2720sq: ici (voir TSP 725,1"3), la position de Dharmak$rti forme le p%rvapak&a! Dans PVSV 129,17"21, Dharmak$rti ne prête pas erronément au tenant du spho!a un modèle qui ne lui appartient pas, mais cherche à montrer que ce modèle ne peut constituer pour lui une échappatoire. Comme dans PVSV 119,26"28, Dharmak$rti va plaider la similitude (sérialité) des deux types de connaissance (voir PV# P356b3/D295a2 = PVSV# 470,25"26,).
460
Selon PV# P356b5/D295a3"4 = PVSV# 470,29"471, 12, seule la représentation (pratibh#sa) d!une succession phonétique particulière permet de différencier les mots et les phrases les uns des autres.
461
Référence: PVSV 129,11"12 (jusqu!au premier apratipatte' pour K, au second pour !), selon PV# P356b7/D295a4"5 et PVSV# 471,14"15.
462
Dans PVSV 129,22"130,1, Dharmak$rti s!attaque à l!hypothèse d!un énoncé impermanent: la critique pourrait viser les Vaibh"&ika, selon la suggestion de
Traduction
334
impermanente, elle naît de l!effort [articulatoire humain]: comment [dès lors] ne [serait-]elle pas de création humaine? [PV I.251ab] PVSV 129,24
L!impermanent doit en effet nécessairement de naître à quelque [cause qui lui est propre]. C!est ainsi que [nous avons déjà463] dit qu!à [admettre] la fortuité de l!existence, [celle-ci] n!aurait [aucune] détermination [de l!ordre] de l!espace, etc. Or cet [énoncé,] on [le] constate [exister] chez [les personnes] dont les organes phonatoires non défectueux [ont été] stimulés par un effort [d!articulation, mais] pas autrement.464 Ainsi, puisqu!on [y] constate [par rapport à l!énoncé] la propriété [qui est celle] d!une cause,465 c!est l!opération humaine [qui en est] la cause[, et] PVSV 130,1 donc [l!énoncé védique466] doit être [lui aussi] de création humaine. 467
Et si [l!énoncé] est permanent, [notre] perception [en sera] permanente car il n!est pas d!obstruction [à cet énoncé permanent].468 [PV I.251cd] TSP 723,3: vaibh!"ik! hi kecit padak!y!bhidh!nena v!kyaspho#am anityatv!j janya$ pratipann!% |. Telle est au moins l!opinion de Vimalamitra (AD!p 111,6"7). Voir aussi n. 15, p. 164, et IYER 1937, auquel je n!ai pas pu avoir accès. 463
En plus des références de GNOLI 1960: 193 (PVSV sous I.195, notamment 99,12"14 [STEINKELLNER 1979: 87"88]), noter PV" P357a3"4/D295a7"b1: thams cad du thams cad kyi tshe d&os por !gyur ro 'es go& du b(ad zin to ||. Quoique non clairement identifiable, la citation pourrait renvoyer à PV" P331a4"5/D276a6 sous PVSV 121,26"27 (voir n. 300, p. 290).
464
«Pas autrement», c!est-à-dire faute d!un désir de s!exprimer (vaktuk!mat!) ou en cas de déficience (vaigu)ya) des organes phonatoires (PV" P357a5/ D295b1 # PVSV" 471,23).
465
«Propriété qui est celle d!une cause», c!est-à-dire coprésence et co-absence de l!effort phonatoire humain et de l!énoncé (PV" P357a5"6/D295b2 # PVSV" 471,24, Vibh. 380n. 1).
466
«Védique» selon PV" P357a6/D295b2 (PVSV" 471,25 peut-être lacunaire: pauru"eyam api).
467
Dans PVSV 130,2"134,25, Dharmak!rti s!attaque à l!hypothèse d!un énoncé permanent (voir pp. 157"159).
468
Plusieurs analyses possibles de nityopalabdhi%: comme composé à terme ini-
Traduction
335
PVSV 130,3
Si maintenant cette nature verbale était [à la fois] permanente et d!une nature propre perceptible, on devrait [la] percevoir en permanence "étant donné que la nature [perceptible qui est la] sienne# ne se perd jamais: ainsi en effet cette [nature perceptible] serait-elle permanente dès lors qu!elle ne se départirait d!"aucune# capacité;469 [or elle ne s!en départit pas,] parce que la capacité de générer la connaissance est [précisément] cette [parole réputée permanente], et que [nous avons déjà] rejeté plus haut470 que [cette capacité] soit chose différente [de la parole elle-même]. PVSV 130,7 471
Il n!est en outre aucune obstruction à la perception de cet [énoncé] d!essence perceptible,472 car même si elle existait, cette [obstruction supposée] ne pourrait sans en supprimer l!essence retirer [à cette parole permanente sa] capacité [de générer la connaissance; d!une obstruction supposée] en effet, on ne dira pas qu![elle] exerce une quelconque action si elle n!occasionne pas (anutp!dayat) de propriété supplémentaire à l![essence de la parole]; or n!exerçant aucune action, qu!est-ce qui constitue une obstruction, ou autre [chose du même ordre],473 à quoi? [Mais] voilà [qui a déjà tial adverbial (rtag par [ni] dmigs par !gyur ro, PV! P357a7/D295b3; nityam upalabhyeta, PVSV 130,4) ou adjectival; hors composition, par euphonie (upalabdhir nity!, PVV 380,4$5). 469
Capacité consistant à générer la connaissance (jñ!najanana) selon PV! P357b2/D295b4$5 = PVSV! 472,10. Peut-être pourrait-on aussi comprendre, contre PVSVt: «si rien ne la privait de [sa] capacité».
470
Référence: PVSV 117,9$10 selon PV! P357b4$5/D295b6 = PVSV! 472,13.
471
Selon les objections introductives de PV! P357b5/D295b6 et PVSV! 472,14, une obstruction (!vara"a, déterminée spatio-temporellement) permettrait d!expliquer pourquoi la parole n!est pas perçue en permanence. Sur le thème de l!obstruction, voir pp. 195$196; sur la nature de l!obstruction ici visée, voir nn. 473, p. 336, et 611, p. 374.
472
Explication, PV! P357b6$7/D295b7 " PVSV! 472,15$16: tatsiddhau pram!"!bh!v!t |. «Faute d!un moyen de connaissance valide pour l!établir.»
473
Par «obstruction» (!vara"a), on entend «ce qui interdit la (production d!unePV!) connaissance» (jñ!na[utpatti]vibandhaka, PV! P358a2/D296a2, PVSV! 472,19); par «autre», on entend «ce qui entrave de quelque autre façon» (prak!re"a antare"a upagh!takam, PV! P358a2/D296a2 = PVSV!
336
Traduction
été] amplement développé [plus haut].474 [Objection:] Des [choses] telles que les murs, quelle propriété supplémentaire occasionnentelles à des [choses] telles que les cruches, ou [au contraire y] suppriment-elles, de sorte qu!on admette [qu!elles forment] une obstruction?475 [Réponse:] Nous n!affirmons pas que les [murs] différencient quelque chose [comme une cruche]; 476bien plutôt, [nous soutenons que] toutes les phases d!une cruche ne sont pas causes de connaissance sensorielle chez toute [personne], mais [que c!est] en association mutuelle [que] l!objet, la faculté sensorielle et la lumière, puisqu!ils produisent ensemble une nouvelle phase [de cruche] différenciée [par rapport aux précédentes], sont les causes d!une connaissance: en effet, ce qui ne requiert pas d!aide ne saurait dépendre [d!un autre]. [Et nous avons déjà] dit que [ce qui ne requiert pas d!aide] générerait [son effet] en permanence [s!il était] d!une nature efficace [à le générer], ou bien ne [le] générerait jamais [s!il était] autre[, c!est-à-dire d!une nature inefficace]. Et lorsque [rien d!]autre [d!]"entravant# ne s!interpose [entre elles], ces [causes] s![entr]aident l!une l!autre, car étant donné qu!elles ont pour coopérant la convenance d!un lieu où [rien] ne s!interpose [entre elles], elles [s!]occasionnent (utpatti) les unes les autres une propriété supplémentaire. Mais si [quelque chose comme un mur] s!interpose [entre elles], la connaissance [de la cruche] ne se produira pas étant donné que la nouvelle phase capable ne se sera pas 472,20). 474
En s!inspirant de GNOLI 1960: 193, mentionnons PVSV sous PV I.106cd et 144$145.
475
L!adversaire cherche désormais à montrer que certains objets font obstruction à d!autres sans pour autant exercer d!action sur eux (PV! P358a3/ D296a3 " PVSV! 472,21). De même quelque chose pourra-t-il obstruer la parole permanente sans y occasionner de propriété supplémentaire (PV! P358a4$5/D296a4 " PVSV! 472,23$24). Selon PV! P358a4/D296a3 = PVSV! 472,22$23, par: «suppression d!une propriété supplémentaire», il faut entendre: «suppression d!une capacité particulière» (s!marthy!ti"aya).
476
Selon PV! P358a6$7/D296a5 = PVSV! 472,26, Dharmak#rti précise maintenant en quoi (katham) on dit que des choses telles que les murs forment une obstruction à des choses telles que les cruches.
Traduction
337
produite faute de cause.477 Donc478 puisque [la phase] capable qui s!est produite auparavant479 a cessé [de soi-même], "et# que s!il y a un mur [pour faire écran], une nouvelle [phase capable] demandant à se produire ne se produit pas faute de la cause [sus-mentionnée, la cause de la connaissance fait défaut; et] de par [ce] déficit de cause, la connaissance [de cruches auxquelles un mur fait écran] ne se produit pas: ainsi dit-on [que] des [choses] telles que les murs [font] obstruction, [mais on ne le dit] pas pour l!entrave [qu!elles feraient] à une [cruche] qui auparavant convenait [à générer la connaissance], car [même en présence d!un mur,] cette [cruche-là] ne se départirait pas de sa nature propre.480
477
C!est-à-dire: à défaut de la convenance d!un lieu où rien ne s!interpose (PV! P358b6/D296b3 = PVSV! 473,15$16).
478
C!est-à-dire: puisque les entités instantanées (k!a"ika) ne préservent (anuv#tti) pas en tout temps la même nature intrinsèque (ekasvar$pa, PV! P358b7$ 8/D296b3$4 = PVSV! 473,17).
479
Selon PV! P358b8/D296b4 = PVSV! 473,18, il s!agit là de la phase précédente de chacune des causes composant le complexe causal: faculté sensorielle, etc.
480
Explication, PV! P359a3$5/D296b6$7: nus pa ga% yin pa de ni nus pa ñid yin la nus pa med pa ga% yin pa de ni g&an ñid yin te | ra% b&in gcig la gnas pa ni nus pa da% nus pa ma yin par rigs pa ma yin no &es bya ba!i don to || de bas na !di ltar skad cig ma rnams la ji skad du b'ad pa!i rnam pas phul du byu% bar byed pa ma yin na ya% sgrib par byed par rigs pa yin gyi | sgra rtag pa la ni ma yin no ||. «Ce qui est capable [ne saurait être] que capable, et ce qui n!est pas capable [ne saurait être] qu!autre[, c!est-à-dire incapable]. Il est incorrect que ce qui subsiste dans une nature propre une (ekasvabh(ve sthitasya) soit à la fois capable et incapable: tel est le sens [visé par Dharmak"rti]. Ainsi donc peut-on [parler d!]obstruction dans le cas d![entités] instantanées malgré que, de la façon qu!on a exposée, elles ne différencient (ati'ayam akurvad apiPVSV!) [pas l!essence de ce qu!elles obstruent], mais [on ne le peut] pas dans le cas d!une parole permanente.» Comparer PVSV! 473,23$ 24.
338
Traduction
PVSV 130,24 481
Ou bien, l!entraide mutuelle des entités instantanées existe quand même [mais nous demeure indiscernable], car la capacité des causes et conditions est inconcevable à qui n!est pas omniscient.482 Peut-être se pourrait-il donc que l!obstruction qui se situerait entre la faculté sensorielle et l!objet les différencie [tous deux, et ce] en [les affectant de] différents degrés d!inhabilité à produire une connaissance,483 484car on constate que l!audition d!un [objet] tel qu!un son est [plus ou moins] confuse ou distincte selon [le type de] l!obstruction [qui s!interpose, de la flanelle, de l!étoffe 481
Dans ce qui suit, Dharmak!rti envisage la possibilité que la qualité d!obstruction passe quand même par l!apport d!une propriété supplémentaire (ati!ayakara"ena, PV" P359a5"6/D296b7"297a1, PVSV" 473,25). Selon PV" P359a6"7/D297a1"2 et PVSV" 473,26, il est acquis (viv#d#bh#v#t) que les causes coopérantes apportent une propriété supplémentaire à des entités instantanées; le débat porte ici seulement sur celle qu!occasionneraient des obstructions telles que les murs à des entités instantanées telles que les cruches.
482
Sur ce motif d!obédience sautr#ntika, voir KRITZER 2002: 64, 71"73, et 82n. 34. Selon PVSV" 473,28"30, on ne peut concevoir comment une obstruction distante (d$rade!avartin) de la cruche apporterait à celle-ci une propriété supplémentaire (upak#raka); mais malgré qu!on ne puisse concevoir non plus comment un aimant (ayask#nta) distant du fer attire (sam#kar%a"a) ce dernier, le magnétisme est une donnée d!expérience. Selon PV" P359a7" b1/D297a2"3, un état de fait que les gens de perception limitée (arv#gdar!in) ne discerneraient (ñe bar rtogs pa) pas n!en serait pas pour autant inexistant. Sur l!inconcevabilité du magnétisme, voir ELTSCHINGER 2001a: 83"86.
483
Dans PVSV" 474,10"18, K répond à l!objection suivante: un objet n!est obstrué (i.e. rendu incapable de générer la connaissance) qu!à partir de la phase qui suit l!intervention de l!obstruction (c!est-à-dire à la deuxième phase), car la propriété supplémentaire ne peut pas survenir simultanément à l!obstruction qui la génère. Selon K, l!expérience nous montre que l!objet est rendu incapable dès l!intervention de l!obstruction (#d#v api, prathame k%a"e), et c!est aussi ce phénomène inexplicable que viserait Dharmak!rti en PVSV 130,25). disant: acintyatv#d dhetupratyayas#marthyasya asarvavid# (P
484
Selon PV" P359b3"4/D297a5, l!apport (upak#ra) de l!obstruction se peut même autoriser d!un indice inférentiel (li&ga); selon PVSV" 474,19"20, la capacité de l!obstruction à dispenser l!inhabilité à l!objet et à la faculté (#vara"asya vaigu"y#dh#ne s#marthyam) est inférable (anugantavya) par anvaya et vyatireka.
Traduction
339
ou un mur].485 Autrement,486 conclure que telle [est l!obstruction] de telle [parole] serait pure création de la pensée discursive (vikalpanirmita), PVSV 131,2 [mais] ne serait pas fondé en réalité, car la présence même d!une [obstruction] n!exerçant d!action sur rien487 est identique à [son] absence. Or les efficiences réelles n!obéissent pas aux surimpositions [de notre pensée discursive] car[, par exemple,] on se sert pas d!un jeune brahmane pour la cuisson parce qu!on [l!]associe métaphoriquement au feu.488 Donc même si la pensée intervient, les entités, qui n!en subissent [aucun] changement (atatpar!v"tti), ne sauraient que fonctionner selon leur nature propre. C!est pourquoi489 des [causes] telles que les facultés sensorielles devraient faire connaître malgré l!obstruction; or il n!en va pas ainsi. On [en] conclut donc qu!elles doivent en recevoir une propriété supplémentaire. [Mais] de paroles permanentes, à l!inverse, il n!est assurément ni perte ni acquisition (utpatti) d!une propriété supplémentaire en présence de quelque [obstruction particulière]. Donc si leur nature propre est génératrice de connaissance, elles 485
Ici, «audition» vaut par synecdoque (upalak#a$a) pour toute expérience sensorielle directe (anubhava, PV! P359b5/D297a6), vision notamment (dar%an!di, PVSV! 474,22); «son» vaut en conséquence également pour des objets tels qu!odeurs ou tangibles (gandhaspar%a, PVSV! 474,21). Là où PVSV! 474,20"21 explique !vara$abhedena par karpa&apa&aku'y!divyavadh!nabhedena, PV! P359b4"5/D297a5"6 explique: ma( po da( ñu( (u!i mtshan ñid can gyis so (*mahadalpalak#a$ena?). Il est notable que "#kyabuddhi (PV! P359b8"360a1/D297b1"2) signale une interprétation alternative (*anye tu " vy!cak#ate) de !vara$abhedena: «selon la présence ou l!absence d!une obstruction.»
486
C!est-à-dire si l!obstruction ne confère pas de propriété supplémentaire (vi%e#a), selon PV! P360a1/D297b2 = PVSV! 474,22"23.
487
Le locatif kvacid api, que les commentateurs n!expliquent pas, se pourrait aussi entendre: «[présence] en quelque lieu», comme paraît le faire PVSVt. Je fonde mon interprétation sur PVSV 131,25"26.
488
Sur cette métaphore, voir "Bh sous M$S% I.i.5/I.58,6"7, TV sous M$S% I.iv.23"28/II.314,16"22, et KUNJUNNI RAJA 1963: 245"249.
489
Explication, PV! P360a8/D297b6"7 & PVSV! 475,13: tasm!d yady !vara$ena na vi%e#o !dh)yate tad!", «donc si l!obstruction ne confère pas de propriété supplémentaire, alors# »
Traduction
340
devraient générer simultanément, pour tout [homme et] en tout temps, toutes les connaissances dont elles sont elles-mêmes les objets; sinon, jamais [elles ne devraient générer] la moindre [connaissance] pour personne. Voilà [qui tient] de la nécessité. [Objection:] [Quoique permanente,] on n!entend pas [la parole en tout temps], car il [lui] manque un certain coopérant.490 [PV I.252ab] PVSV 131,12
Soit ce [qui suit]: [certes,] ce n!est pas [en raison] d!une obstruction que [tous les hommes] n!entendent pas toutes les paroles en permanence; bien plutôt, un certain coopérant [cause de la connaissance] existe[, qui est] ordonné [par sa condition même] à la connaissance de chacune de ces [paroles permanentes. Or] étant donné que ce [coopérant] vaut pour une certaine [parole] à un certain moment [seulement], l!audition des [paroles] qui en résulte [n!intervient qu!]à un certain moment [et] dans un certain [lieu]. [Réponse:] [Que la parole ait] ainsi recours à un autre[, c!est-àdire à un coopérant], soit! Mais [sa] limitation [à sa nature propre antérieure] s!en trouve[ra par là-même] contredite.491 [PV I.252cd]
PVSV 131,16
Quant à nous, nous ne rejetons assurément pas les coopérants des causes; mais [ces] causes, elles dépendent d!un [coopérant] qui apporte une aide à leur condition [même de natures propres génératrices de l!effet attendu], car [c!est] la propriété supplé490
Par coopérant, il faut entendre le(s) facteur(s) de manifestation de la parole permanente, soit surtout les sons bruts (dhvani) reconnus (par Bhart!hari et Kum"rila) être les porteurs des déterminations spatio-temporelles, quantitatives et qualitatives, ainsi que la physiologie de la phonation qui donne lieu à ces sons bruts: sur ce point, voir pp. 167"170 et n. 5, p. 183. Voir aussi infra PVSV 131,23"25, PV# P361a7/D298b3 et nn. 493"494, pp. 341"342.
491
Parce que ce coopérant lui apporte une propriété supplémentaire (ati!aya, PV# P360b8"361a1/D298a6), ou parce qu!elle dépend alors de quelque chose qui lui apporte une aide (upak"raka, PVSV# 475,29). La parole changeant ainsi de nature propre, sa permanence s!en trouvera perdue. Voir aussi PVV 380,15"16, de même substance, pp. 189"196, et l!intéressante VPV 161,3"10 sous VP I.98.
Traduction
341
mentaire qu![elles] en obtiennent (labhya) [qui leur] sert à [générer leur] effet. Ainsi, si la parole [védique] devait [elle] aussi produire [son] effet en dépendance de quelque [coopérant, rien ne s!opposerait à ce] qu!elle le fasse! [Mais alors,] il ne serait plus [question] que [cette parole] se limite à sa nature propre antérieure, parce que [dans ce cas] elle s!en départirait, et qu!elle acquerrait du [coopérant] dont elle dépend une nouvelle nature propre. [Nous avons] en effet [déjà] dit qu!on ne dépend pas de ce qui n!apporte [aucune] aide. Et si [notre adversaire admet maintenant que] l!aide [apportée par le coopérant] est chose différente [de la parole elle-même, rappelons-lui avoir déjà] dénoncé aussi des [fautes] telles que le manque d!une relation du type: «[Telle est l!aide] de telle [parole]».492 Et [dans cette hypothèse,] l!inconnaissabilité de la [parole suivra], puisque ce n!est qu!en vertu de [cette] aide493 que la connaissance se produit. Par conséquent cette parole-ci ne dépend, pour générer une connaissance d!elle-même, ni de la faculté sensorielle [auditive], ni du contact [entre elle et cette faculté], ni du soi,494 ni d!au492
Explication, PV! P361a8"b1/D298b4"5 = PVSV! 476,24"26: !di"abd!d yadi sambandhasiddhyartha# sahak!rik$ta upak!re "abdak$ta upak!ra% kalpyate tad! tatra apy aparas tatra apy apara ity anavasth!do&!dayo !py ukt!% |. «Avec le mot "telles que!, [il faut entendre qu!]ont également [déjà] été dénoncées des fautes telles que la régression à l!infini: [car] si, afin d!établir [cette] relation, on postule une aide apportée par la parole à l!aide apportée [à la parole] par le coopérant, alors [il faudra] à cette [aide] également une autre [aide, et] à cette [aide] encore une autre [aide, etc., jusqu!à l!infini].» Le passage visé semble PVSV 113,20"22.
493
La parole ne peut produire une connaissance d!elle-même que si elle reçoit du coopérant une propriété supplémentaire; or cette aide/propriété supplémentaire étant chose différente de la parole, la production d!une connaissance est impossible à la parole (voir aussi PV! P361b2/D298b5 = PVSV! 476,27).
494
Selon PV! P361b3/D298b6 = PVSV! 476,29, Dharmak#rti énonce ces trois premiers facteurs par référence à la doctrine acceptée par l!adversaire (paraprasiddhy!). Ces facteurs rappellent, manas excepté, les facteurs impliqués dans la conception m'm!#saka de la perception, que critique Dign$ga dans PS(V sous) I.6.2cd (voir HATTORI 1968: 64 et 162"163n. 6.4). Voir aussi %V "abdanityat! 48ab, 73cd"74ab, 77cd"78ab.
Traduction
342
cun autre fondement [susceptible de coopérer] à la génération de la connaissance,495 car aucun [coopérant] n!exerce [la moindre] action sur cette [parole permanente]. PVSV 131,26 496
De plus, ces paroles pourraient être soit omniprésentes, soit non omniprésentes. S i c e s [ p a r o l e s ] n e sont pas omniprésentes, on ne peut les percevoir partout. [PV I.253ab] PVSV 131,28
Comment une [personne] située dans un lieu vide de [parole] pourrait-elle [en effet] percevoir une [parole] qui [ne] subsiste [qu!]en un seul lieu?497 [Objection:] Dans l!hypothèse d!une appréhension [sensorielle] sans contact,498 la faute [que vous dénoncez] n!a pas cours. PVSV 132,1 [Réponse:] Non, car dans cette [hypothèse] 495
Selon PV! P361b3"4/D298b6 = PVSV! 476,29, par «autre», il faut entendre l!effort phonatoire, etc. (prayatn!dikam).
496
Dans PVSV 131,27"132,1, Dharmak"rti s!attaque à l!hypothèse d!un énoncé (mais voir n. suivante) non omniprésent (avy!pin).
497
Selon PV! P361b7"362a1/D299a1"2, le propos vise la doctrine m"m!#saka (nommément) de l!uni[ci]té des phonèmes: le phonème «a» (ordinaire et védique) étant strictement un, comment une personne située dans un lieu qui en est vide pourrait-elle le percevoir? PVV 380,20"21 illustre le propos sur l!exemple de la montagne (ekade$asthita% $aila%). Glosant PVSV 131,26 ($abd!%), PV! P361b5/D298b7 expliquait déjà: yi ge la sogs pa!i &o bo!i sgra de dag, «ces paroles ayant la nature de phonèmes, etc.» La discussion de PVSV 131,26"134,1 viserait alors aussi sinon d!abord la M"m#$s#, malgré qu!on ne puisse déterminer clairement la portée de °!di° (probablement: var'apadav!kyar(p!%). Voir pp. 157"159.
498
Explication, PVSV! 477,8"9: apr!pta eva $rotrade$a# $abda% $rotrendriye'a g)hyate. «La faculté auditive appréhende la parole sans [que celle-ci n!entre en] contact avec l!appareil auditif.» Comparer PV! P362a1/D299a2" 3. L!adversaire embrasse ici une position bouddhique (les bouddhistes admettent en effet que la vue, l!ouïe et le sens interne opèrent sans contact direct entre l!objet et la faculté, alors que la majorité des écoles brahmaniques, dont la M"m#$s#, adoptent le modèle pr!pyak!ritva, selon lequel toutes les facultés opèrent par contact: voir HATTORI 1968: 124"126). Sur cette question, voir aussi TILLEMANS 1990: I.156"159 et 188"190; LA VALLEE POUSSIN 1980: I.87"92; TS n°2519"2528; APPENDICE B (PVSV! 477,23"26); VP I.82.
Traduction
343
aussi, [la faculté sensorielle] dépend du degré dans lequel [la parole] est présente en un lieu convenant [à son appréhension], à l!exemple de [choses] telles qu!un aimant.499 Autrement, il n!y aurait [aucune] différence entre auditions distincte et indistincte [selon la présence relative de la parole en un lieu convenable],500 et si la condition de [leur] perception501 était présente, on percevrait [ces paroles] à l!identique en tout lieu[, proche ou lointain]. Par conséquent, [les paroles] ne sont pas non omniprésentes.502 503
[Mais] si [elles] sont omniprésentes, tous [les hommes504] dev r a i e n t [ l e s ] p e r c e v o i r [ t o u t e s ] simu ltanément. [PV I.253 cd] 499
Explications. (1) PV! P362a4"5/D299a4"5 = PVSV! 477,13"14: yath! ayask!ntasya apr!pt!kar"atve !pi na ayogyade#!vasthitaloh!kar"a$a% tadvat |. «Comme l!aimant qui, bien qu!il attire [le fer] sans contact direct, n!attire pas le fer situé dans un lieu qui ne convient pas [à cette attraction].» Sur l!exemple de l!aimant dans ce même contexte, voir déjà AKBh 32,4"5 sous AK I.43cd1 et TS n°2519"2521. (2) Selon PV! P362a5"6/D299a5 et PVSV! 477,14"15, par «etc.», il faut comprendre le cas du (venin de) serpent (!#&vi"a/sbrul gdug pa) entravant (upagh!taka) une lampe (d&pa) située à proximité, mais pas une lampe distante: faut-il comprendre que ce serpent peut cracher son venin et éteindre une lampe dans un certain rayon seulement?
500
Selon PV! P362a8"b1/D299a6"7, il s!agit là d!un upalak"a$a pour: il n!y aurait nulle différence entre audition et non-audition. PVSV! 477,17 en conclut: bhavati ca | tasm!d yogyade#!pek"atvam |. «Or [cette différence] existe; donc [la faculté] dépend de ce que le lieu convient [à l!appréhension de l!objet].»
501
Selon PV! P362b1/D299a7, l!opération des points d!articulation et des organes phonatoires (sth!nakara$avy!p!r!di); selon PVSV! 477,19, l!opération du palais, etc. (t!lv!divy!p!ra).
502
Dans un développement (PVSV! 477,20"478,16), K répond aux critiques adressées dans "V #abdanityat! 119"120 à l!apr!pyak!ritva bouddhique; pour les besoins de son argumentaire, K adapte PV III.408ab et cite PV III.235: voir APPENDICE B (resp. PVSV! 477,23"26, 478,9 et 478,15"16).
503
Dans PVSV 132,5"134,25, Dharmak#rti s!attaque à l!hypothèse d!un énoncé omniprésent (vy!pin). PVSV! 478,17"26 cite quatre kk. de Kum$rila en guise d!introduction, et conclut: tasm!d vy!pina' #abd! iti |. «Par conséquent, les paroles sont omniprésentes.» Voir APPENDICE B (PVSV! 478,18"25). Sur la position générale de Kum$rila sur l!omniprésence et la permanence de #abda, voir pp. 182"189; la doctrine de l!omniprésence est malaisée à docu-
Traduction
344 PVSV 132,6
Étant donné en effet qu!aucune parole ne manque nulle part, toutes [les paroles] devraient être perçues simultanément, et par les [hommes] situés en tous lieux: parce que [les hommes] disposent de facultés sensorielles convenant [à leur perception]; parce que l!objet [qu!est la parole] est [toujours et partout] présent; et parce qu![une parole permanente ne pouvant recevoir de propriété supplémentaire ne connaît] pas d!entrave. Et si [pour éviter cette faute on admet qu!il n!y a de] perception [que] de [ce qui a été préalablement] disposé505 [à cet effet, nous répondons:] qu!est-ce qui peut disposer une [parole] immuable [car perman ente]? [P V I.254ab] PVSV 132,10
Soit ce [qui suit]: Quoiqu!elle existe [toujours et partout], toute parole n!est pas perçue par tout [homme], car seule une [faculté auditive] disposée perçoit une [parole] disposée. [Réponse:] menter dans les sources spho!av"din: noter VPV 162,6"163,3 sous VP I.99, et !V #abdanityat" 78cd"80ab. 504
Selon l!interprétation de PV" P362b2"3/D299b1 = PVSV" 478,27 (sarve$"% pu%s"m). PVV 380,22 comprend néanmoins: sarve$"% #abd"n"m. PVSV 132,6"7 peut justifier les deux interprétations.
505
Selon PV" P362b7"8/D299b4 = PVSV" 479,13"14 et Vibh. 380n. 3, le génitif sa%sk&tasya vaut ici de #abda et de indriya, car karma'i kartari v" $a$!h(. Donc: «perception, par une faculté disposée (legs par byas pa), d!une parole disposée (!dus byas pa).» Selon PVSV" 479,13"14 et Vibh. 380n. 3, la parole est disposée par le souffle (abdominal) percuté par l!effort articulatoire (prayatn"bhihatav"yu); selon PVV 380,24, la parole est disposée par la manifestation (abhivyakti), laquelle inclut tout le processus initié par l!effort articulatoire, et ponctué par la disposition de la faculté auditive (i.e. son acquisition d!une capacité perceptive); selon Kum#rila, c!est un seul et unique processus qui dispose la parole et la faculté auditive: sur ces différents points, voir pp. 184"186. Bhart$hari (MBhD I.17,15"17, VP I.80 et VPV 145,2"7 ad loc.) et Kum#rila (!V #abdanityat" 51cd, puis 65cd"87ab) s!accordent à distinguer trois possibilités de sa%sk"ra: de l!objet, de la faculté auditive, des deux. Selon TS n°2719 et TSP 724,19"20, il faut sur ce point adresser une seule et même critique au Spho%av#din et au Var&av#din. C!est là je crois ce que fait Dharmak'rti dans PVSV 132,9"134,1 (où PVSV 132,11"12 vise l!hypothèse d!un sa%sk"ra de l!objet, et où PVSV 132,13" 134,1 vise l!hypothèse d!un sa%sk"ra de la faculté sensorielle auditive).
Traduction
345
Dans ce cas,506 la perception n!est [d!abord] pas [celle] d!une [parole] disposée, puisqu!on ne saurait disposer une [parole] à laquelle on ne peut faire subir [aucun] changement. [Ensuite,] "507quant à une disposition de la faculté [auditive, elle serait possible]#, mais [ainsi disposée, ] c e t t e [ f a c u l t é ] e n t e n d r a i t [ l a paro le] en totalité[, et non pas une seule paro le]. [P V I.254cd] PVSV 132,14
Dans cette [hypothèse], si une [personne] dont la faculté n!a pas été disposée ne perçoit pas [la parole] étant donné que [seule] une [faculté auditive] disposée [à cet effet la] perçoit, [alors il suit que] la [personne] dont la faculté sensorielle a été disposée devrait entendre toutes les paroles simultanément;508 ainsi la conséquence inacceptable [dénoncée plus haut] n!est-elle nullement écartée. 509
Si, puisqu!elle diffère par une disposition différente [à chaque objet, la faculté auditive] est [à chaque fois] ordonnée à 506
Deux interprétations de tatra: (1) PV! P363a4/D299b6: de ltar !dod pa de la, «au cas où l!on admet [qu!il en est] ainsi». (2) PVSV! 479,19: tatra tayor madhye, «dans ce cas[, c!est-à-dire] parmi ces deux». Dans PVSV 132,11$ 12, Dharmak"rti critique l!hypothèse d!une disposition de la parole.
507
Dans PVSV 132,13$134,1, Dharmak"rti critique l!hypothèse d!une disposition de la faculté sensorielle. Selon PV! P363a5$6/D299b7 # PVSV! 479,20$21, et PVV 381,4$5, la faculté étant impermanente au contraire de la parole, elle peut se voir conférer une propriété supplémentaire. K cite à cet effet $V !abdanityat" 121cd et 124ab (voir APPENDICE B [PVSV! 479,22$ 23] et pp. 184$186), puis expose fidèlement la pensée de Kum%rila (PVSV! 479,24$25): !abdar#papratipattyanyath"nupapatty" ca indriyasya !akti$ kalpyate | !aktir#pa! ca sa%sk"ra i&yata iti |. «Par inconsistance, autrement, de [notre] connaissance de la nature verbale, on postule une [certaine] capacité de la faculté [auditive], et accepte que la disposition a la nature de [cette] capacité.»
508
Une critique analogue apparaît déjà dans $V !abdanityat" 60cd$61ab.
509
Selon PVSV! 479,30$480,8 et Vibh. 381n. 1, on a postulé jusque-là, par impossibilité d!expliquer autrement notre connaissance de la parole, une disposition de la faculté sensorielle auditive; par impossibilité d!expliquer autrement notre connaissance d!une parole particulière, on va postuler maintenant une disposition particulière de la faculté pour chacune. Dans son introduc-
Traduction
346
[ l ! a p p r é h e n s i o n d ! ] u n s e u l o b j e t [ , c!est-à-dire d!un seul son], comment [expliquer alors qu!]on entende le vacarme, conglom é r a t d e m u l t i p l e s s o n s ?5 1 0 [ P V I . 2 5 5 ] PVSV 132,19
Supposons maintenant [qu!on dise] encore: les dispositions [qui sont celles de la faculté sensorielle] sont ordonnées à des sons; [or] étant donné que dans cette [hypothèse], une faculté sensorielle disposée par un certain [son] n!appréhende qu!un certain [son], nulle audition de toutes les paroles simultanément! [A cela, nous répondons:] Si [l!on admet que nos] facultés sensorielles sont limitées (niyama) dans [leur] audition par des dispositions particulières [à chaque objet], on ne devrait pas entendre le vacarme, conglomérat de multiples sons. En effet, ce qu!on nomme «vacarme» n!est pas un son unique, parce qu!on [y] entend simultanément des [sons] de diverses natures,511 512et parce que [tout] jugement de diversité se fonde sur la diversité des natures propres.513 [Objection:] tion, K cite opportunément !V !abdanityat" 125cd:: voir APPENDICE B (PVSV" 480,8). 510
Explications. PV" P363b2/D300a4 = PVSV" 480,12: na eva sy"t | d#!yate ca |. «[Dans cette hypothèse, cette audition] ne devrait pas avoir lieu. Or on [la] constate.» PVV 381,11: sa$sk"rapratiniyam"d indriya$ na aneka!abdagr"hi sy"t |. «De par l!ordination des dispositions [qui sont les siennes], la faculté [auditive] ne devrait pas [pouvoir] appréhender des sons multiples.» Sur les sons susceptibles de composer le kalakala, voir n. suivante. Dans le débat linguistique classique, le thème du kalakala s!inscrit dans la critique qu!oppose le Spho#av$din au facteur de l!unité d!agent/locuteur (kartr°/vaktrekatva), invoqué par Kum$rila en tant que condition (a%ga) de la compréhension de la signification (voir !V spho&a 70"72, SS[V] 15"18, et les p'rvapak(a de NR% 374,10"11 et !VK"&MAE 124,6"7).
511
Selon PV" P363b6/D300a6 = PVSV" 480,17"18, flûte (ve)u), tambour (m#da%ga), poésie (k"vya), récitation (p"&ha) et chant (g*ta). L!interprétation des cinq termes en dvandva est suggérée par PV".
512
Introduction, PV" P363b6"7/D300a6"7 = PVSV" 480,18"19: na api bhinnasvabh"vagraha)e !py abhedo yata+", «[on ne peut soutenir] non plus l!unité [du vacarme] malgré qu!on [y] appréhende [des sons de] diverses natures, parce que# »
513
Dans PV" P363b7"364a2/D300a7"b2, ! montre que l!hypothèse d!une disposition de la faculté est incompatible avec la permanence et l!omniprésence
Traduction
347
514
L!audition simultanée [de nombreux sons dans le vacarme] est une impression trompeuse due au débit [extrêmement] rapide [des connaissances auditives successives515]. [Réponse:] [Mais alors,516] de par le ramassement des parties qui [nous] font connaître la mélodie d!une flûte par exemple, [notre] connaissance [de cette mélodie elle aussi] devrait être compacte[, et non pas présenter comme c!est le cas un caractère successif].517 Mais on présentera une réfutation sur ce point [en temps opportun].518 Donc puisque la capacité des paroles: la faculté est disposée selon que la parole est présente (*yath!sa"nihita#abda?); or la parole étant toujours et partout présente, cette faculté les entendrait toutes simultanément. Dans PVSV! 480,20"26, K discute et réfute l!hypothèse (posée aneka#abda#rava$!nyath!nupapatty!) d!une disposition multiple (aneka): si elle est identique à la faculté, elle ne peut être multiple puisque la faculté est une; si elle en diffère, il ne sera pas établi de relation (sambandha) du type: «Telle est la disposition de telle faculté». 514
Selon PV! P364a3/D300b2 et PVSV! 480,26"27, l!adversaire soutient maintenant que l!audition des sons composant le vacarme a lieu de façon successive (krame$a), et non pas simultanée (yugapad).
515
Selon PVSV! 480,27"28: t!ni ! #rava$ajñ!n!ni laghuv%tt&ni | tato laghuv%tte' k!ra$!t. PV! P364a3/D300b2"3, en revanche, commente: sgra"i "jug pa myur ba yin pa de bas na "jug pa myur ba"i rgyu"i phyir. On comprendrait donc: «due au débit [extrêmement] rapide [des sons successifs]». Thème analogue dans TS n°2533.
516
I.e. si entendre [des sons successifs] simultanément est une impression trompeuse due à un débit rapide (d!après PV! P364a4/D300b3: gal te de ltar "jug pa myur ba las cig car thos par "khrul pa de"i tshe |).
517
Deux autres exemples chez "#kyabuddhi: l!audition simultanée étant une impression trompeuse due à un débit rapide, (1) on ne connaîtrait plus comme «longues» (d&rgha), etc., les parties (vocalliques?) longues et protractées (*atid&rgha $ pluta?); (2) on ne comprendrait pas séquentiellement des mots (pada) et phrases (v!kya) prononcés très rapidement (PV! P364a6" 8/D300b4"5, avec cette conséquence implicite qu!on ne pourrait plus différencier entre eux les mots et les phrases).
518
Référence: PV III.493cd et suivantes selon PVSV! 481,13"14. Selon PV! P364a8/D300b5"6, dans la section de PV III traitant de l!occurrence simultanée des connaissances (PV III.485"503ab?). Selon la conclusion de PV! P364a8"b1/D300b6, entendre simultanément divers sons dans un vacarme n!est donc pas une impression trompeuse due au débit rapide: c!est bien une
Traduction
348
de la faculté sensorielle est [selon vous] ordonnée à la saisie d!un seul [son],519 "on ne devrait pas entendre# le vacarme, qui consiste en de multiples [sons]!520 [Objection:] Dans le [vacarme], ce ne sont que des résonances [brutes] qu!on entend, non point des [paroles] expressives. [PV I.256ab] PVSV 133,1
Dans le vacarme, on n!entend assurément pas de phonèmes, mots et phrases [expressifs], puisque ce ne sont que de pures résonances [inexpressives] qu!on [y] entend.521 522Or [ce que nous soutenons, c!est que] la faculté sensorielle voit sa capacité ordonnée à la [seule parole] expressive, non aux résonances [brutes inexpressives]. Dans ce cas [nous répondons:] Qu!il existe une [nature verbale expressive] distincte des résonances [brutes que l! o n e n t e n d ] , v o i l à q u i f a i t v r a i m e n t b e a u coup à croire!523 [PV I.256cd] multiplicité de sons qu!on y entend simultanément. 519
PVSV 132,27 (ekagati!aktipratiniyam"d indriyasya) est susceptible de plusieurs interprétations. Je fonde ma lecture sur PVSV 133,2 et 133,20$21.
520
Selon PV! P364b2$3/D300b7$301a1, la faculté n!étant pas ordonnée à n!appréhender qu!un seul son, la faute dénoncée plus haut subsiste, qu!une faculté disposée saisira tous les sons simultanément. Selon PVSV! 481,16$18, il n!y a donc pas disposition de la faculté sensorielle, mais production des sons par les organes phonatoires; on entend autant de sons qu!il en est produit, et donc on appréhende bel et bien le vacarme.
521
Il faut relever que la position de cet adversaire ne représente pas la conception spho#av"din, du moins celle qui s!exprime dans SSV 87,4$5 sous SS 15: na ca dhvanim"tra!rava$a% tatra, var$apadav"kyaparicched"n"m api ke&"%cid buddh"v up"roh"d iti |. Le var$av"din V"caspatimi#ra ne l!admet pas non plus (TB 70,1; voir BIARDEAU 1956: 27).
522
Introduction, PV! P364b5/D301a2 $ PVSV! 481,21: ekagati!aktipratiniyame dhvan'n"m api katha% yugapac chrava$am iti cet |. «[Objection:] Si la capacité est ordonnée à la saisie d!un seul [son], comment [expliquer que] l!on entende quand même simultanément les résonances [brutes]?»
523
Explications. (1) PV! P364b8/D301a3$4 $ PVSV! 481,25: etatsatt"gr"hakapram"$"bh"v"t, «faute de moyen de connaissance valide pour en appréhender/prouverPV! l!existence.» (2) PVV 381,17: !raddh"va!"d yady etad
Traduction
349
PVSV 133,5
Quant à nous en effet, nous n!observons pas [d!un côté] une résonance [brute inexpressive], et [de l!autre] une parole expressive de nature séparée [de la première]; [bien plutôt,] en entendant une fois une série de phonèmes, c!est une seule entité verbale que nous constatons[, caractérisée comme une simple série de phonèmes]. [Or] sans constater [d!entité verbale indépendante des résonances brutes], comment donc introduirons-nous une expression qui [en] présuppose la constatation [préalable]?524 C!est donc cette seule résonance particulière525 qu!on appelle «phonème», etc. PVSV 133,9
De plus:
526
Lorsque [tous] les autres sons [du vacarme] ont cessé [en raison du silence observé par la plupart des phonateurs], comment [ s e f a i t - i l q u ! ] o n e n t e n d e [ , d e l a seule personne ayant continué d!articuler, ] une [parole] express ive? [PV I.257ab] PVSV 133,11
Une résonance "de nature distincte# de la [parole expressive] ne [s!entend] ni avec cette [dernière], ni séparément [d!elle].527 a!g"kriyate na tu pram#$abal#t |. «Si l!on s!y range par la foi plutôt qu!en vertu d!un moyen de connaissance valide.» 524
Une expression immotivée (anibandhana) telle que celle de PV I.256c, à savoir: «Il existe une nature [verbale] indépendante des résonances [brutes]» (*dhvanibhyo bhinna% &abdar'pam asti iti, voir PV! P365a4/D301a6 et comparer PVSV! 481,30$482,6).
525
Explication, PV! P365a4$5/D301a6$7: sgra tsam gyi khyad par ñid yi ge a la sogs pa!i !o bo!i go rim gyi khyad par gyis gnas pa, «la seule résonance particulière située (sthitaPVSV!) dans une série particulière sous forme de sons tels que "a% (ak#r#dir'pe$aPVSV!).»
526
Introductions, PV! P365a6$7/D301a8$b1, PVSV! 482,9 et PVV 381,20$21, de même teneur: si, dans le vacarme, on n!entend que des résonances inexpressives, et non des paroles expressives, alors&
527
Explication, PV! P365b1$3/D301b2$3: gal te rjod par byed pa las sgra tsam g(an yin par !gyur na | de ya! de!i tshe thos par !gyur ro || gcig brjod pa na sgra tsam ñid yod pa ma yin no (es brjod par mi nus te | ma! po dag smra ba la ya! de med par thal bar !gyur ba!i phyir ro || de bas na ji ltar gcig smra bar byed pa na sgra tha dad pa med par thos pa de ltar ma! po dag la yin no de bas na rjod par byed pa!i sgra las sgra tsam g(an ma yin no ||. «Si la résonance était autre que la [parole] expressive, alors on l!entendrait également.
350
Traduction
528
Or (hi) s!agissant d!un objet [directement] perceptible, l!enseignement d!autrui ne pèse pas plus [que la perception].529 Donc n!entendant que simple parole [expressive] lorsque les autres phonateurs ont cessé [d!articuler et qu!un seul continue de le faire], l![auditeur] sait que les conditions530 [présidant] à la perception de cette [parole] ne peuvent donner lieu à autre [chose] que la [parole qu!il entend], car si elles [en] étaient capables[, elles lui donneraient lieu, et] l!on percevrait la [résonance] qu!elles auraient produite. 531Mais [ces] conditions, dont c!est la nature propre de [géné[Et] l!on ne peut affirmer que lorsqu!une seule [personne] articule, c!est la résonance qui n!existe pas, car il s!ensuivrait que la [résonance] n!existerait pas non plus lorsque plusieurs [personnes] articulent. Par conséquent, de même qu!on entend que la parole n!est pas distincte lorsqu!une seule [personne] articule, de même en va-t-il [également] de plusieurs [personnes qui articulent]. Donc la résonance n!est pas autre que la parole expressive.» 528
Introduction, PV! P365b3/D301b3"4: gal te gcig smra bar byed pa na ya! rjod par byed pa las tha dad par sgra tsam !es par gzu! ba ñid yin no "e na |. «[Objection:] Même quand une seule personne articule, on détermine (*avadh#ra$a?) bien la résonance comme distincte de la [parole] expressive.» L!adversaire paraît vouloir inférer une différence entre dhvani et v#caka dans le vacarme à partir de la différence censément perçue lorsqu!un seul phonateur articule.
529
Explication, PVSV! 482,14"15: yena svaya% vivekena a&'$vann api tvadvacanam#tr#d dhvane( &rava$a% vyatiriktasya pratipadyate |. «De sorte que, sans pourtant [l!]entendre soi-même comme distincte, on apprenne de ta seule parole que l!on entend une résonance indépendante [de la parole expressive].» PV! P365b4"5/D301b4"5, sinon presque identique, ajoute: de ltar ma! po dag la ya!, «[et] de même également de multiples [phonateurs]».
530
Selon PV! P365b6/D301b5"6 et PVSV! 482,17, les conditions relevant du phonateur, telles que la bonne qualité des organes phonatoires (kara$as#[d]gu$ya? PVSV! °s#!gulya, PV! byed pa yon tan).
531
Introductions. PV! P365b8"366a2/D301b7"302a1: ji ltar smra ba po gcig gi sgra!i dmigs pa!i rkyen dag gis sgra tsam tha dad pa sgrub pa la nus pa med pa de ltar ma! po dag la ya! !o || de bas na sgra smra ba po dag gi rjod par byed pa dag las ca co!i sgra tsam tha dad pa yod pa ma yin pa de ñid bstan par bya ba!i phyir. «De même que les conditions de perception de la parole [qui sont propres] à un seul locuteur sont incapables de donner lieu à une résonance indépendante, de même [en va-t-il] également de [celles de] multiples [locuteurs]; donc il n!y a pas dans le vacarme de résonance indépen-
Traduction
351
rer une parole franche de résonances], comment engendreraientelles !autre chose" [que leur seul effet propre] en [situation de] vacarme? Car il est injustifié que l#effet diffère sans que la cause diffère, puisqu#il s#ensuivrait qu#une [telle] différence [d#effet, indépendante d#une différence de cause,] serait dénuée de cause: [cela, nous l#avons déjà] dit.532 On n#est de plus pas sans entendre de [parole] expressive dans le vacarme, puisqu#on [y] observe des bribes de mots et de phrases. Ou comment saisirait-on les différentes résonances [composant l e v a c a r m e ] , p u i s q u e l a c a p a c i t é [ d e l a f a c u lté aud i tiv e] est ordonnée [à n#en saisir qu#une seule]? [PV I.257cd] PVSV 133,21
Quoique leurs capacités soient ordonnées [à n#en saisir qu#une seule], ces facultés sensorielles entendent [simultanément] les multiples résonances ordonnées à chaque parole [à titre de révélatrices], !mais [n#entendent] pas [simultanément] les paroles ellesdante de la parole expressive des locuteurs. Afin de le montrer, [Dharmak!rti dit ce qui suit].» PVSV" 482,22: atha sy!t | kalakale te dhvany!rambhak! iti. «Soit maintenant [l#objection qui voici]: dans le vacarme, ces [conditions] engendrent des résonances[, et non la parole expressive].» 532
Référence: PVSV sous PV I.34$35 (MOOKERJEE/NAGASAKI 1964: 83$86) selon GNOLI 1960: 193. Conclusion, PVSV" 482,27: tasm!t kalakale v!cak! eva "r#yante na dhvanaya$ |. «Par conséquent, dans le vacarme, on n#entend que des [paroles] expressives, non des résonances.» Développement, PVSV" 482,28$483,12: nanu yadi kalakale v!cak! eva santi ity abhyupagamyate | katha% tarhi d#ravartin!% dhvanim!tra"rava&a% sam'pavartin!% v!cak!n!% dhvan'n!% [ca?] "rava&am iti | satyam | ya eva v!cak!$ prayatn!bhini(pann!s ta eva parasparasa%har(e&a dhvany!rambhak!$ | tena kalakale ke(!%cid dhvanim!trasya prat'tir anye(!m ubhayaprat'tir ity ado(a$ |. «[Objection:] Si l#on admet que dans le vacarme, il n#y a que des [paroles] expressives, comment [se fait-il] alors que les [personnes] situées à distance entendent des résonances seulement, [alors que] les [personnes] situées à proximité entendent des résonances et? des [paroles] expressives? [Réponse:] Certes, [mais] ce sont les [sons] mêmes qui, produits par l#effort [articulatoire comme] expressifs, engendrent les résonances par collision mutuelle. Puisque, donc, certains n#ont connaissance, dans le vacarme, que de résonances [alors que] d#autres ont connaissance des deux[, paroles expressives et? résonances], il n#y a pas [là] faute [de notre part].»
352
Traduction
mêmes!; quelle est donc leur aversion pour les paroles [expressives]? PVSV 134,1 533
[Objection:] Lorsque [vous autres bouddhistes] affirmez que des résonances ne sont pas établies comme [étant] distinctes des [phonèmes, mots et phrases] expressifs, en quoi [donc] ne sontelles pas établies, puisqu"on [ne] connaît la signification [qu"]à partir d"une expression? En effet, #on ne comprend pas la signification! à partir d"une infime partie de résonance [révélatrice d"un phonème],534 et cette [infime partie, puisqu"elle est instantanée,] n"en rencontre [jamais] d"autre [née ultérieurement]. Devant son existence (s!dhya) à un [facteur expressif] où les natures de mot ou de phrase sont complètes, [notre] compréhension de la signification ne tient (sambhavati) donc pas aux résonances, dont les parties sont incomplètes;535 sont donc536 établies une nature verbale dont l"existence est dénuée de succession, et [séparée d"elle,] une résonance dont les parties sont dotées de succession. [Réponse:] Tel 533
Dans PVSV 134,1$25, Dharmak!rti parachève sa polémique contre le spho"a. Dans PVSV 134,1$6, l"adversaire spho"av!din prend prétexte de PVSV 132,29$134,1 pour réaffirmer sa position, et défendre l"hétérogénéité entre facteur linguistique expressif (v!caka, i.e. spho"a) et matériau phonique brut (dhvani). Sur les sources de l"argumentaire déployé dans PVSV 134,1$6, voir pp. 167$172, et ELTSCHINGER 2001b: 273$276; sur cet argumentaire, voir aussi n. 405, p. 320.
534
Explication, PV" P366b8$367a1/D302b4 # PVSV" 483,24: var#o !py ekas t!vat pr!ye#a anarthaka$ | pr!g eva vyañjako "lp%y!n dhvanibh!ga$ |. «Un seul phonème est en règle générale déjà dénué de signification; qui plus est l"infime partie de résonance qui [le] révèle!» Dans cet argumentaire spho"av!din type, la résonance est séquentielle, car dotée de parties et instantanée (PV" P366b6$7/D302b3).
535
Explication, PV" P367a4$5/D302b6: sgra tsam gyi cha skye &i' "byu' ba skad cig ma gñis pa la gnas pa med pa!i phyir |. «Puisque aucune des parties de résonance nées successivement ne subsiste au moment suivant» (ou, selon PVSV" 483,28$29, lorsque la partie suivante se produit).
536
Interprétations de iti: a) valeur causale selon PVSVt et PV" P367a5/D302b7; b) valeur de «ainsi» selon PVSV" 483,29$30, qui explique: evam arthapratipattyanyath!nupapatty! |. «Ainsi, par inconsistance, autrement, de [notre] connaissance de la signification.»
Traduction
353
n!est pas le cas, car [nous avons déjà] rejeté plus haut537 une [parole] sans succession [censément] indépendante des [phonèmes] dotés de succession. [Il y a] en outre une conséquence absurde [à penser] ainsi [que vous le faites]538: [c!est ainsi que,] puisque les parties antérieure et postérieure d!un acte539 n!entrent pas en connexion [l!une avec l!autre], et qu![on ne tire] pas connaissance [de sa signification à partir] d!une seule partie [de cet acte], il faudrait "également# admettre, tout comme [on postule] une parole [expressive indépendante des résonances, qu!]une "entité-acte complète# (samastar!pa), indépendante des [parties de l!acte], cause [notre] connaissance de la signification des signes de la main, etc.540 [Sur 537
Référence: PVSV 127,3$5sq selon PV! P367b1/D303a2$3 = PVSV! 484,8$ 9. Que la parole dont il est ici question soit sans succession me paraît suggérer plutôt un renvoi à PVSV 128,21sq; on peut mentionner aussi PVSV 119,18$29.
538
Explication, PV! P367b2/D303a3 " PVSV! 484,11: yadi ca asamastabh"ge#u dhvani#v arthaprat$ter asambhav"d akramasattva% &abdar!pa% kalpyate |. «Et si, puisque [notre] compréhension de la signification ne tient pas à des résonances aux parties incomplètes, on postule [comme vous le faites] une nature verbale dont l!existence est dénuée de succession.»
539
Selon PV! P367b3$5/D303a4$5 " PVSV! 484,12$15, par «acte», il faut par exemple entendre un geste de la main notifiant, selon la convention fixée, une signification telle que départ ou arrivée (gaman"gaman"di), ou (selon PV! P367b5$6/D303a5$6 et PVSV! 484,16$17) un hochement de tête (&ira'kamp") marquant la (dés)approbation.
540
Explication, PV! P367b8/D303a7: de ltar na ji ltar las kyi cha dag las bzlog pa!i las kyi bdag ñid med pa de ltar sgra tsam gyi cha dag la ya( sgra!i bdag ñid tha dad pa yod pa ma yin no ||. «Ainsi, de même qu!il n!est pas d!entitéacte indépendante des parties de l!acte, de même n!y a-t-il pas non plus, dans le cas des parties de résonance, d!entité verbale [qui soit] distincte [de ces parties].» Comparer PVSV! 484,28$29. Dans PVSV! 484,19$29, K cite et critique SSV 104,11$12 (sous SS 33, voir APPENDICE B [PVSV! 484,19$ 21]), où Ma#$ana critique la conséquence absurde dénoncée par Dharmak%rti dans PVSV 134,7$11. Ce que Dharmak%rti traite en conséquence absurde (et que Ma#$ana Mi&ra accepte sur la base d!un argument d!autorité) n!est autre que la position développée dans VPV 54,3$55,3 sous VP I.23 (voir BIARDEAU 1964b: 53$57 pour une traduction, et ELTSCHINGER 2001b: 276$278 pour une discussion); sur l!irréalité de utk#epa)as"m"nya, voir PV III.6
Traduction
354
ce point cependant, voilà ce qui est] correct: advenant de façon strictement successive [et] différant par le fonctionnement de chacun de leurs organes [respectifs], les parties de phonème ou les parties d!acte génèrent, selon la seule convention, [notre] compréhension de la signification [une fois devenues,] de façon successive, les objets de concepts [qui obéissent à l!ordre de l!expérience directe]. PVSV 134,13 541
En outre:
Quelles que soient les fautes gr âce auxquelles [notre adversaire] tient les résonances pour inexpressives,542 comment [se faitil que] ces [fautes] n!affectent pas aussi la [parole] expressive [lorsque] celle-ci est révélée par [ces] résonances [successives]?543 [PV I.258] (ELTSCHINGER 2001b: 279"280). 541
Selon PVSV! 485,11, Dharmak"rti va dénoncer ici une autre faute (do!"ntara) dans l!argumentaire spho#av"din; selon PV! P368b5/D303b3"4, ce qui suit se dit dans l!hypothèse où l!on admettrait quand même une entité verbale indépendante des résonances (dhvanivyatirikta$ %abd"tm"). Sur ce nouvel argument anti-Spho#av$din, voir ELTSCHINGER 2001b: 280"282. Le problème ici soulevé par Dharmak"rti l!avait déjà été par Vasubandhu (pour partie, AKBh 81,11"16 sous AK II.47ab [LA VALLEE POUSSIN 1980: I.240" 241, et AKVy 184,1"10]) et par Kum$rila (%V spho#a 91, si l!on en croit Umbeka [%VT!&MAE 53,2"8] et Sucarita [%VK!&MAE 133,7sq]; voir aussi SDS 301,2"8 [COWELL/GOUGH 1986: 296]). Au témoignage de VPV 148,6"149,2 sous VP I.84, un problème voisin aurait déjé été envisagé dans le Sa&hit"s'trabh"!yavivara(a (= MBhD sous P$'. I.iv.109?).
542
Selon PV! P368a6"7/D303b4, il s!agit ici des M"m$(saka; selon PVSV! 485,12"13 et Vibh. 382n. 3, il s!agit ici, entre autres ("di), des Grammairiens (vaiy"kara(a); par «entre autres», on peut entendre des Vaibh$)ika et des épigones du YBh. Les fautes ici visées sont celles qu!a stigmatisées le Spho#av$din dans PVSV 134,1"6, et surtout 134,2"3: impossibilité d!une association des parties instantanées, et inexpressivité de chacune d!elles (PV! P368a6/D303b4 * PVSV! 485,11"12, Vibh. 382n. 3; voir aussi PVV 382,12"15, et n. 533, p. 352).
543
Dans un développement autonome (PVSV! 485,15"25), K cite et critique SS 29: voir APPENDICE B (PVSV! 485,19"20). SS 29 est censée appuyer l!utile p'rvapak!a (inspiré de textes tels que ceux que cite K dans PVSV! 468,9"10
Traduction
355
PVSV 134,16
L![entité verbale] expressive [et dénuée de succession] exprime paraît-il [la signification quand elle est] révélée par des parties de résonance qui se produisent de façon successive[, et non par sa seule présence]. [Or] ces [parties de résonance] ne révèlent pas l![entité verbale] en une fois, puisqu!elles comportent une succession, pas plus [d!ailleurs] qu!une seule partie [de résonance] ne révèle la parole, puisqu!il s!ensuivrait que [toute partie de résonance] autre que celle-ci serait inutile, et puisqu!on n!observe pas de nature [expressive] complète au moment où [ne s!est produite qu!]une seule partie de phonème.544 Donc comme [il en va selon vous de] la et 469,16"21 [voir APPENDICE B]) que voici (PVSV! 485,15"18): nanu dhvanaya! pratyeka" samudit# v# p$rvoktena ny#yena na arthasya pratip#dak#! | v#cakasya tu te pratyekam abhivyañjak# i%yante | ekena dhvanin# abhivyaktasya v#cakasya anavadh&tatv#d any#nyair abhivyaktasya sa"sk#r#dh#nat#ratamyaprabodhena avadh#ra'am iti dhvanibhir vyajyam#ne v#cake !pi kutas te do%# iti |. «[Objection:] De la façon qu!on a dite plus haut, les résonances ne notifient la signification ni une à une, ni ensemble, mais on admet qu!une à une, elles révèlent la [parole] expressive. [Et] puisque [cette parole] expressive n!est pas déterminée [lorsqu!elle n!a été] manifestée [que] par une résonance, [sa] détermination [est effective une fois qu!elle a été] manifestée par toutes les autres [résonances, et ce] par la conscience [que nous en prenons] grâce à l!impression graduelle des dispositions [par ces résonances]; d!où [vient-il] donc que ces fautes-là affectent également la [parole] expressive révélée par les résonances?» 544
Explication, PV! P368b4"7/D304a1"3: de bas na sgra tsam gyi cha go rim b(in du yod pa can dag gis sgra m)on par gsal ba ya) go rim b(in du yin no || de"i sgra ltar sgra tsam gyi cha gsal bar byed pa s)a ma da) phyi ma "brel pa med pa can de ltar sgra"i cha gsal ba ya) yin no || "di ltar ga) gi tshe phyi ma phyi ma gsal ba ya) yin te | "di ltar de"i tshe [P, D ga) gi tshe] tshogs pa med pa"i phyir ro || ci ste gsal byed "gags su zin kya) gsal ba ga) yin pa de gsal ba ñid du yod par "gyur ro || de"i tshe gsal byed gcig tu zin kya) cig car gsal ba ma "gags pa"i phyir rtag tu thos par "gyur ro ||. «Par conséquent, les parties de résonance advenant de façon successive manifestent également la parole de façon successive. De même que les parties de résonance révélatrices [de la parole] sont disjointes les unes des autres, de même les parties révélées de parole [le] sont-elles aussi. Ainsi [en ira-t-il] également lors des révélations successives suivantes, parce que de même il n!y aura pas alors davantage de complétion. Si maintenant, bien que les [parties] révélatrices soient détruites, [on admet que] ce qu!elles ont révélé existe [néanmoins] en tant [précisé-
356
Traduction
résonance,545 comment cette [entité verbale] dont la perception entière n!est [jamais] réunie pourrait-elle réaliser un résultat546 que [seule] la comprésence de la totalité des perceptions peut réaliser? En cas de non-perception absolue, quelle différence [y a-t-il] en effet entre [quelque chose d!]existant et [quelque chose d!]inexistant eu égard à des résultats que [seule] peut réaliser la perception?547 Et [cette entité verbale indépendante de la perception] ne permet (s!dhana) pas [la compréhension de la signification] par [sa] seule présence,548 car elle dépend d!une révélation. Or étant donné que cette [révélation, en tant qu!elle] advient de façon successive, est ment] que révélé, alors, bien que les [parties] révélatrices soient détruites, on devrait percevoir [ce qu!elles ont révélé] en permanence puisque ce qu!elles ont révélé n!est pas détruit en même temps [qu!elles].» 545
Explication, PV! P369a3"4/D304a6 " PVSV! 486,16"17: yath! dhvanibh!g!s tvanmatena p"rv!pare#a apratisandh!n!d artha$ na prak!%ayeyus tadvat |. «Comme les parties de résonance ne peuvent, selon votre position, révéler la signification puisqu!elles n!entrent pas en connexion l!une avec l!autre.»
546
Explication, PV! P369a2"3/D304a5 " PVSV! 486,15: artha$ sv!bhidheyaprak!%analak&a#am, «résultat consistant dans la révélation de son propre signifié.»
547
Explication, PV! P369a6"7/D304a7"b1 " PVSV! 486,19"21: yath! hi k&a#ik! dhvanibh!g! uttarottarabh!g!vasth!y!m asattv!d asamastopalambhan! na samarth!s tath! eva akramo !pi %abd!tm! sann apy asv'k(tasamastopalambhano na samartha eva iti |. «Les parties de résonance instantanées, qu!on ne perçoit pas au complet puisqu!elles n!existent pas en condition de parties successives, n![en] sont pas capables; de même l!entité verbale non successive, bien qu!elle existe, n![en] est-elle pas non plus capable, elle qui ne fait pas sienne une perception complète.» On notera que pour le Spho#av$din, les résonances brutes périssent sitôt nées (VPV 136,3"6 sous VP I.73 et YBh 208,7"8), et sont réputées asat par Bhart%hari (VP I.87, mais voir BIARDEAU 1964a: 376"378).
548
Explication, PV! P369a8/D304b2: yod pa tsam ga) gis rtogs par "gyur, «seule présence en vertu de laquelle on connaîtrait [cette entité verbale].» La comprésence de la totalité des perceptions n!étant jamais réalisée, l!entité verbale n!est pas perçue; l!adversaire soutient donc que la seule présence de cette entité suffit à engendrer l!effet qu!est la compréhension de la signification.
Traduction
357
d!une utilité identique à l![entité verbale] existante et à la [partie de résonance] inexistante, l!effet [qu!est la compréhension de la signification] est irréalisable aux résonances, de même [qu!il l!est] également à cette [entité verbale révélée par les résonances]: assez donc d!une [parole conçue comme] autre [que les résonances]! Par conséquent, l!incréation ne [vaut] ni des phonèmes, ni de l!énoncé.549 [Objection:] L!énoncé [n!est pas indépendant des phonèmes, mais consiste en] un ordre de succession [particulier] de phonèmes[, lequel est incréé]. [Réponse:] Non, car les phonèmes ne se dis tinguent pa s [de l!ordre de succession]. [P V I.259ab] PVSV 135,1
[Objection:] Un énoncé [consistant dans] une nature verbale [qui serait] chose strictement différente [des phonèmes] n!est pas incréé, car selon nous [M!m"#saka550], l!énoncé se définit bien plutôt comme une série [déterminée] de phonèmes, [et c!est là] ce qui peut être prouvé [comme étant] incréé. [Réponse:] Non, car les phonèmes ne se distinguent pas de l!ordre de succession. Cet [ordre de succession] n!est pas chose différente des phonèmes, parce que perceptible, on [le] percevrait distinctement [des phonèmes],551 549
Telle est la conclusion (PV$ P369b4/D304b4 = PVSV$ 486,27) de la discussion entamée avec PVSV 126,16, où v!kya = var"avyatirikta# pad!di. Conclusion toute provisoire pourtant, car Dharmak!rti n!en a pas fini avec la critique d!un énoncé incréé: après le rejet d!un énoncé transphonétique, il enPVSV 134,26"141,14) de réfuter le var"av!da de la M!treprend ci-après (P m"#s", selon quoi v!kya = var"!nup$rv% (sur cette section, voir chapitre 6). Dans PVSV 134,26"141,7, Dharmak!rti examine l!hypothèse générale selon laquelle l!ordre de succession n!est pas chose différente des phonèmes; dans PVSV 134,26"136,9, il traite d!abord de la sous-hypothèse selon laquelle l!ordre de succession serait celui des phonèmes comme entités ou natures (var"asvar$pa).
550
Selon PVSV$ 487,11.
551
Or on ne le perçoit pas: il s!agit là de non-perception de la nature propre (svabh!v!nupalabdhi, PV$ P369b8/D304b6 % PVSV$ 487,14"15; voir KAJIYAMA 1966: 81 [§13.5.1]), i.e. de la chose même, non-perception simple inhérente à tous les types classifiés; or selon PVSV 5,22"23 et PVin II.61,11" 12/14*,3"4, cette non-perception n!est autre que l!inexistence (asatt! eva)
Traduction
358
qu!imperceptible, "on ne connaîtrait pas [la signification] à partir de lui, et [enfin] parce qu!il n!y a pas d!indice# [inférentiel établissant que cet ordre de succession est chose différente des phonèmes]. Or étant donné qu!à défaut d!un ordre de succession distinct, il ne reste que les seuls phonèmes en tout [énoncé, ordinaire et védique], la conséquence inacceptable [consistant en l!incréation de n!importe quel énoncé suivra,] comme auparavant.552 553
Et la fixité (vyavasth!na) des [phonèmes dans un ordre de succession déterminé] n!es t pas [possible], car un ordre de succession différent [de celui qui seul leur est intrinsèque leur] serait incompatible. [PV I.259cd] PVSV 135,8
Si l!ordre de succession des phonèmes est inconditionné et que les [phonèmes] de même type ne sont pas multiples (en sorte que certains[, védiques,] auraient un ordre de succession fixe [alors que] d!autres[, ordinaires,] seraient permutables à volonté), mais [s!il n!est au contraire] qu!un seul son «a» de même qu![un seul]
elle-même (voir STEINKELLNER 1979: 55). 552
Référence: PVSV 126,22$23 selon PV! P370a3$4/D305a1$2 " PVSV! 487,18$19. Selon PVV 382,20$383,2, un ordre de succession distinct n!étant pas objet de notre connaissance (prat"tivi#aya), l!énoncé se résoudra aux seuls phonèmes; or ceux-ci ne différant pas entre énoncés védiques et ordinaires, tout énoncé sera moyen de connaissance valide (sarvatra pr!m!$yam), ou aucun ne le sera. Pour le traitement de l!hypothèse selon laquelle l!ordre de succession serait chose différente des phonèmes, voir PVSV 141,7$11.
553
Introductions. (1) PV! P370a4/D305a2: yi ge!i go rim skyes bus ma byas pa ñid du rigs pa ya% ma yin no || ci!i phyir &e na |. «Il est également injustifié qu!un ordre de succession de phonèmes soit incréé. $ Pourquoi cela?» (2) PVSV! 487,20$26, qui cite (ll. 21$26) #V 'abdanityat! 286cd$289ab (voir APPENDICE B et nn. 17$18, p. 188), au sens de quoi l!ordre de succession n!est qu!une propriété (dharmam!tra) des phonèmes, non chose différente d!eux; cet ordre de succession sans commencement s!apprend par mimétisme de génération en génération (p(rvap(rvav)ddhadar'an!y!ta), et donc est incréé. (3) Selon l!objection introductive de PVV 383,2$3, l!énoncé consiste dans les seuls phonèmes en un ordre de succession particulier (vi'e#!nup(rvika).
Traduction
359
son «g» dans le triple monde,554 alors «agni» seul serait [possible], non «gagana», car la séquence des deux sons «a» et «g» est fixe.555 [C!est qu!]à l!exemple de [choses] telles que le germe, la pousse et la feuille, ou (ca) de [choses] telles que saisons et années,556 il est déjà impossible d!inverser l!ordre de succession des [entités] conditionnées, lesquelles sont déterminées (niyamavat) par le développement de [leur] cause;557 à plus forte raison [le sera-t-il] de [phonèmes] inconditionnés demeurant figés de quelque manière,558 intangibles dans leur condition [au sein d!une séquence] et dans leur 554
PVSV! 488,11"12 illustre cette position en citant une k. non identifiée (< B!?): voir APPENDICE B. Sur l!unicité et l!omniprésence des phonèmes chez Kum"rila, voir pp. 182"189.
555
Explication, PV! P370b2"3/D305a6 = PVSV! 488,14"16: ak!ro gak!r!t p"rvam eva ak!r!d gak!ra# pare$a eva vyavasthita ity artha# | gaganam ity atra gak!r!t pare$a ak!ra# sy!d iti kram!ntara% na sy!t |. «Le son #a! est fixe [en tant que situé] avant le son #g!, [alors que] le son #g! est fixe [en tant que situé] après le son #a!: [tel est] le sens [visé par Dharmak$rti]. Dans le [mot] #gagana!, le son #a! suivrait le son #g!; ainsi donc [cet] autre ordre de succession ne serait-il pas [possible].» Pour une utilisation analogue de vyavasthita au sens de «fixité (dans une séquence)», voir TV sous M$S% I.iii.2/ II.76,7.
556
PVSV! 488,23"24 illustre sa%vatsara par &aukrab!rhaspaty!di (où &aukra m!échappe; PV! P370b8/D305b2 n!a qu!un mot, byi gla', non attesté; sur les années du cycle jovien, voir RENOU/FILLIOZAT 1985: II.725"727). Par «etc.», il faut encore entendre les planètes (graha = gza!) et les constellations (nak(atra = rgyu skar), selon PV! P371a1/D305b3 = PVSV! 488,24.
557
Par «développement de [leur] cause» (hetupari$!ma), il faut entendre les phases (ou: états, conditions) successives du complexe (PVSV! 488,19"20 explique pari$!ma par uttarottar!vasth!pratilambha), qui selon PVSV 98,26"99,1 = PVin II.77,13"78,1/27*,20 (voir STEINKELLNER 1979: 87) ont la production de cette entité pour but (p"rva# pari$!mas tadartha eva |), et qui en déterminent exhaustivement la localisation, le moment et le mode d!être. Voir aussi HB 9*,9 (traduction dans STEINKELLNER 1967: 45) et STEINKELLNER 1967: 137"138 pour le modèle de causalité impliqué (deuxième schéma).
558
Explication, PV! P371a1"2/D305b4 & PVSV! 488,26: katha%cid vyavasthit!n!m | viniyatena krame$a |. «Figés de quelque manière, [c!est-à-dire] dans un ordre de succession [fixement] déterminé.»
Traduction
360
nature propre, parce que [ceux-ci] ne sauraient changer [d!ordre de succession] sans abandonner [leur] condition antérieure, ou que leur destruction s!ensuivrait si [l!on admettait qu!ils l!]abandonnent. [Et impossible, l!inversion le sera tout] particulièrement si l!ordre de succession est permanent!559 "[Que leur ordre de succession diffère,] voilà qui# serait [pourtant possible] si, soit en raison de la production de nouveaux [phonèmes à chaque mot], soit en raison de la multiplicité des phonèmes [du même type], les phonèmes différaient à chaque mot. Or cela[, le M!m"#saka] ne [le] reconnaît pas.560 De plus, il n!est de succession [phonétique] ni selon l!espace, ni selon le temps, puisque [notre adversaire] professe et l!omniprésence et la permanence [des phonèmes]. 5 6 1 [ P V I . 2 6 0 a b ] PVSV 135,21
C!est que cet ordre de succession des phonèmes pourrait être soit le fait de l!espace, à l!exemple de [celui qu!on observe dans une] file de fourmis, soit le fait du temps, à l!exemple de [celui de choses] telles que le germe et la pousse. [Or] aucune de ces deux sortes d![ordre de succession] ne vaut des phonèmes, en raison de l!omniprésence et de la permanence [qu!on leur prête]. En effet, une séquence spatiale [se définit par] l!occurrence [d!entités] par exclusion mutuelle de l!espace; PVSV 136,1 [mais] puisque tout [phonème] occupe le même espace que tout [autre], ce [type de sé559
Comparer PV I.306 et PVSV 161,14$20, traduits en introduction, n. 64, p. 208.
560
«Cela», c!est-à-dire aucune des deux hypothèses (PV$ P371a8/D305b7 = PVSV$ 489,14), «car les phonèmes sont uns et permanents pour les M!m"#saka» (PVSV$ 489,14$15: m!m"#sak"n"m ekatv"n nityatv"d var$"n"m). Ces deux hypothèses sont celles que retient Dharmak!rti dans PV I.305 et PVSV 161,9$11 (traduits n. 61, p. 207).
561
PVSV$ 489, 17$19 illustre la position en citant une k. non identifiée (< B$?): voir APPENDICE B. Dans %V %abdanityat" 279ab, un Spho&av"din adresse déjà la même critique à Kum"rila: var$"& sarvagatatv"d vo na svata& kramav'ttaya& |. «Les phonèmes, puisqu!ils sont selon vous omniprésents [et permanents], n!existent pas eux-mêmes en série.» Voir aussi NR' 566,22$ 23 ad loc. (de%ata& k"lato v" kramo bhavati | na ca sarvagat"n"# nity"n"# ca svata& sa sambhavati |).
Traduction
361
quence] ne vaut pas des phonèmes, comme [il ne vaut ni] du vent et du jour, ni de l!!tman, etc.562 De même une séquence temporelle [se définit-elle par] l!occurrence [d!entités] par "exclusion mutuelle du temps#, car quand l!une n!existe pas, l!autre existe; [mais] ce [type de séquence] non plus ne vaut pas de [phonèmes] permanents, puisque tout [phonème] existe toujours. Or [s!]il n!est d!autre possibilité [pour un ordre de succession qu!être le fait de l!espace ou du temps], comment [pourriez-vous] prouver qu!un énoncé qui [consiste en] une séquence de phonèmes est incréé?563 Et [nous avons déjà] signalé plus haut564 la faute [qu!il y aurait pour vous] à [admettre que les phonèmes] ne sont ni imperman e n t s n i o mn i p r és en t s . [ P V I . 2 6 0 c d ] PVSV 136,8
Si maintenant, afin d!éviter la faute [que serait l!inexistence d!un ordre de succession des phonèmes, l!avocat du Veda] admettait que les phonèmes sont impermanents et ne sont pas omniprésents,565 [cela n!appellerait] pas de réponse [de notre part] puisque toutes deux hypothèses ont été réfutées plus haut. 562
Selon PV! P371b8$372a1/D306a5$6 = PVSV! 489,28$29, le vent et le jour sont des exemples ordinaires (laukika), alors que !tman et !k!"a sont des exemples techniques ("!str#ya); selon PV! P372a2/D306a6, l!exemple de l!!tman n!est introduit que parce que l!adversaire l!accepte.
563
Développement, PVSV! 490,10$29: dans PVSV! 490,10$17, Kar"akagomin cite et défend le p$rvapak%a de #V "abdanityat! 279cd$280ab; dans PVSV! 490,18$29, Kar"akagomin cite et critique l!uttarapak%a de #V "abdanityat! 287$288. Voir pp. 186$189 pour la problématique et les traductions (nn. 15, p. 187$188, et 18, pp. 188), APPENDICE B pour les citations (PVSV! 490,12$13 et 19$22).
564
Références: PV I.251ab pour anityatva, et PV I.253ab pour avy!pitva selon PV! P372a8$b1/D306b3$4 $ PVSV! 491,14$15; références corroborées (et critique résumée) par PVV 383,17$18: anityatve pauru%eyat! avy!pitve ca sarvatra upalabdhi" ca na sy!t |. «Si [les phonèmes] sont impermanents, ils sont de création humaine, et si [les phonèmes] ne sont pas omniprésents, on ne saurait [plus les] percevoir partout.»
565
Selon PV! P372a7$8/D306b2$3 = PVSV! 491,13$14, admettre l!impermanence des phonèmes permettrait de poser une séquence d!ordre temporel (k!lak&tapaurv!parya); la non-omniprésence, une séquence d!ordre spatial (de-
Traduction
362 566
L!énoncé ne consiste pas davantage dans la succession[, lim i t é e d a n s l ! e s p a c e e t l e t e m p s , qu i est c elle] de l a r é v é l a t i o n [des phonèmes permanents et omniprésents], car [nous avons d é j à ] r é f u t é [ t o u t e] r é v é l a t i o n d e [ q u e l q u e c h o s e d e ] p e r m a nent.567 [PV I.261ab] PVSV 136,11
L!énoncé n!est pas un ordre de succession des natures des phonèmes [elles-mêmes], mais [celui] de leur révélation: étant donné que, "procédant selon la succession des conditions propres à la manifestation de chacun des phonèmes#, cette [révélation est] pourvue de succession, l!énoncé consiste dans l!ordre de succession [qui est celui] des [phonèmes révélés]. [Voilà qui est] également faux, car cette [révélation, nous l!avons déjà] rejetée plus haut pour des [entités] permanentes: [rappelons avoir] fait savoir que la révélation n!est qu!un "type particulier d!être-effet# [qui est propre à] des [entités] "qui génèrent une connaissance# [d!elles-mêmes] moyennant une capacité [à le faire] directement [qu!elles reçoivent d!un révélateur].568 !ak"ta). 566
Dans PVSV 136,10$141,7 sous PV I.261$267, Dharmak!rti traite de la deuxième sous-hypothèse (cf. n. 549, p. 357): l!ordre de succession est maintenant celui de la révélation des phonèmes, et non plus celui des phonèmes eux-mêmes. C!est là la position même de Kum"rila (voir pp. 182$189), que Kar#akagomin décrit ainsi (PVSV$ 491,17$18): var#$n$% vyaktivi&ayatvakramo v$kyam. «L!énoncé, c!est l!ordre de succession des phonèmes en tant qu!ils font objet d!une révélation [par les sons bruts émis par l!appareil phonatoire].»
567
Références: PV I.234$235 selon PVV 384,2$3, mais PV I.146$147 selon PV$ P372b6/D306b7 = PVSV$ 491,25$26 (pr$g eva s$m$nyavyakticint$sth$ne). Sur la critique dharmak!rtienne de la révélabilité des entités permanentes, voir pp. 194$196.
568
Selon PV$ P372b7/D307a1: m'on sum du !es pa skye bar nus pa° (PVSV$ 491,27 et Vibh. 384n. 2: s$k&$jjanana!akti°). Selon Dharmak!rti, le révélateur supposé (la lumière p. ex.) contribue à générer, dans le continuum du révélé (la cruche, p. ex.), une phase (k&a#a) capable de générer une connaissance perceptuelle directe d!elle-même: en ce sens, le révélateur n!est autre qu!un coopérant (sahak$rin), et la phase capable, un effet. Sur ces différents points, voir pp. 189$194 (et spécialement n. 22, pp. 191$192 pour s$k&$t).
Traduction
363
Et de ce que l!établissement [perceptif] des [phonèmes provient] de la seule opération des organes phonatoires, [il résulte q u e c e s p h o n è m e s ] s o n t d es e f f e t s . [ P V I . 2 6 1 c d ] PVSV 136,17
Le monde [ordinaire, lorsqu!il] désigne [tel x] comme un effet [de y,] se fonde sur une perception de la nature x [telle que cette perception est] en relation strictement nécessaire avec la perception du y grâce auquel seul on perçoit [x]. [Or] la [perception cidécrite] existe également dans le cas des phonèmes,569 et [comme] c!est elle [qui sert de] fondement à la [désignation comme effet] dans le cas de toute autre (anyatra api) [entité communément reconnue comme effet], il n!y a pas [la moindre] différence. Donc si le critère d!acceptation [comme effet] est identique, comment [se fait-il que] les phonèmes ne soient pas des effets? [Objection:] "L!usage [concernant] le fait d!être un effet ne se fonde pas sur cette perception-là#, mais se fonde sur l!existence[, sous la forme]: «"Tel x n!existe que si [tel y] existe#».570 [Réponse: Certes, mais] grâce à quel [moyen de connaissance valide] établit-on cette existence, de sorte qu!elle permette de prouver qu![une entité] est un effet? Car si l![existence] n!a pas été [préalablement] établie, "il n!en ira pas d!une façon telle [qu!on puisse dire que x existe si y existe]#. Par conséquent, établir l!existence fait la preuve de [ce qu!une entité est un effet], et l![établissement de l!existence tient à] la seule perception.571 [Objection:] Ainsi [en irait-il] certes572 si Par «type particulier d!être-effet» (k!ryat!vi"e#a), Dharmak!rti entend dire que ce type est propre aux seules entités dont la phase nouvellement produite est capable de générer une connaissance d!elle-même. 569
Explication, PVSV" 492,8: prayatnavy!p!ropalabdhin!ntar$yakatv!d eva var%opalabdhe& |. «Parce que la perception des phonèmes est en relation strictement nécessaire avec la perception de l!opération due? à l!effort [articulatoire].» Comparer PV" P373a3$4/D307a3$4.
570
Selon PV" P373a8/D307a6 et PVSV" 492,13$14, l!adversaire entend ainsi montrer que ce ne sont pas les phonèmes, mais la perception (upalabdhi) des phonèmes, qui doit son existence à des causes (k!ra%a, PV"), c!est-à-dire aux organes phonatoires (kara%a, PVSV").
571
Explication, PV" P373b3/D307b1 = PVSV" 492,18$19: siddher jñ!nasvabh!vatv!t |. «Parce que l!établissement a pour nature propre la connaissan-
364
Traduction
l!existence de la [parole] préalablement [à l!opération des organes phonatoires] n!était pas établie,573 car [seul peut motiver une désignation en tant qu!effet] un établissement de l!existence qui fait suite à un non-établissement. [Réponse: 574] Mais cette nature [de la parole] n!est-elle pas strictement inétablie, qui assure (upayogin) une "telle# connaissance sans interruption?575 PVSV 137,2 [Objection:] Établie, cette [nature] l!est, [mais] faute de [quelque] autre [condition coopérante], elle ne sert pas [de cause à une connaissance auditive]. [Réponse:] Comment [pourraient] dès lors ne pas différer ce.» Selon PV! P373b3$4/D307b1$2 " PVSV! 492,19$20, le théorème acquis (sthita) jusque-là est le suivant: le x dont la perception (de l!existencePVSVT) est en relation strictement nécessaire avec y, ce x est l!effet de ce y. Or le théorème s!applique valablement aux phonèmes et à l!opération de l!appareil phonatoire. 572
C!est-à-dire: la parole serait l!effet des organes phonatoires si on ne la percevait qu!à partir de leur opération (PV! P373b4$5/D307b2 = PVSV! 492,21$ 22), comme on ne perçoit une cruche préalablement inexistante qu!après l!opération du potier (PV! P373b7/D307b3$4 = PVSV! 492,27$28).
573
PV! P373b8/D307b2$3 " PVSV! 492,22$23: ki!tu siddh" eva [anyenaPVT] pram"#ena |. «Au contraire, elle est bel et bien établie par un [autrePVT] moyen de connaissance valide.» Selon PVSV! 492,23$26, la reconnaissance (pratyabhijñ") appréhendant l!identité (tattvagr"hin) de deux paroles présuppose l!existence de la parole dans l!intervalle (antar"le) entre leurs deux auditions (voir #V $abdanityat" 442, n. 43, pp. 199$200): la présomption (arth"patti) permet donc d!établir l!existence de la parole au préalable (voir #V $abdanityat" 235$236, n. 46, p. 201); voir aussi le très instructif p%rvapak&a de PVSV! 494,31$495,5.
574
Selon PV! P373b8$374a2/D307b4$5 et PVSV! 492,29$31, l!existence de la parole préalablement à l!opération phonatoire (prayatnavy"p"ra, PV!) est demeurée jusque-là (t"vat) inétablie, faute de moyen de connaissance valide (la reconnaissance, pure illusion trompeuse, n!en étant pas un). Dans ce qui suit, Dharmak$rti admet cependant provisoirement que le point soit établi: «Or même ainsi%»
575
C!est-à-dire d!une connaissance où apparaît un particulier de parole ($abdasvalak&a#a, PV! P374a3/D307b5 " PVSV! 493,10). Explication, PV! P374a3$4/D307b6 = PVSV! 493,11$12: yadi hi tath"bh%ta! r%pa! pr"k siddha! sy"t tad" nitya! $abdopalambha' sy"t |. «Car si une telle nature était établie au préalable, alors on percevrait la parole en permanence.»
Traduction
365
![ces] deux [conditions incompatibles de la parole, celle] qui sert [à sa propre connaissance en présence du coopérant,] et [celle] qui n"[y] sert pas [avant l"effort articulatoire]#?576 577Et la différence [de la première sur la seconde] n"est pas !sans toucher à la nature propre de la parole#, car puisque c"est cette propriété supplémentaire qui est établie servir [à la connaissance de la parole], !il s"ensuivrait que la [parole] ne serait pas cause [de connaissance]#: seul peut en effet servir à y un x tel que [le y] à réaliser n"est établi que si [ce x] existe. 578Même si [l"on postule] un service de la [parole] à cette propriété supplémentaire, une conséquence inacceptable identique à [celle qui se présente dans le cas de] la [connaissance suivra].579 C"est donc bien qu"une condition nouvelle (avasth!bheda), qui sert [à causer la connaissance] par une capacité [désormais] 576
Explication, PVSV! 493,17$18: api tu bheda eva tata" ca n!n!tv!t sa t!d#"a$ "abdasya svabh!va$ k#ta iti k!rya eva "abda$ sy!t |. «Elles diffèrent cependant bel et bien, et donc puisque multiple, une telle nature propre de la parole est produite; ainsi donc la parole ne saurait-elle être qu"un effet.»
577
Selon les introductions de PV! P374a6$7/D308a1 et PVSV! 493,19$20, l"adversaire admet désormais que les deux conditions sont distinctes (PV!), c"est-à-dire que la seconde possède une propriété supplémentaire (bheda = ati"aya, PVSV!, dite k!rak!vasth!lak%a&a), mais cette dernière ne ressortit pas à l"essence de la parole ("abdasya !tmabh'ta$): elle en est chose différente (arth!ntara). L"adversaire espère ainsi préserver l"immutabilité de la parole (p'rvakasvabh!v!d apracyuta eva, PVSV!).
578
Selon l"objection introductive de PV! P374b2$3/D308a3 " PVSV! 493,24$ 25, la propriété supplémentaire sert certes directement (s!k%!t) à la connaissance, mais puisque la parole sert également la propriété supplémentaire, la parole sert indirectement (p!ramparye&a) à la connaissance.
579
Par «conséquence inacceptable», il faut bien sûr entendre une régression à l"infini (anavasth!): lorsqu"il s"agit de produire une connaissance, la parole requiert une propriété supplémentaire qui est chose différente d"elle; de même, lorsqu"il s"agit pour elle de produire une propriété supplémentaire (pour la propriété supplémentaire), elle requiert une propriété supplémentaire autre qu"elle, et ainsi de suite à l"infini, sous peine de voir sa permanence perdue (PV! P374b4$6/D308a4$5 " PVSV! 493,28$30). Par conséquent, la propriété supplémentaire permettant à la parole de générer la connaissance n"est pas chose différente d"elle (PVSV! 493,30, qui explique ainsi le tasm!t introduisant la proposition suivante).
366
Traduction
inentravée, se différencie par rapport à une [condition préalable] autre qu!elle.580 581On a de plus [déjà] rejeté plus haut qu!une [entité] sans propriété supplémentaire dépende [d!un coopérant]. Et étant donné que cette [nature propre génératrice de connaissance] est établie par la seule opération des organes phonatoires, elle possède la même propriété que tout [autre] effet. [Donc] si [l!on admet] la révélation d!une [parole] telle [qu!elle a la même propriété que tout autre effet], tout [sera] révélable[, même la pousse], ou rien [ne le sera, pas même la parole], faute de différence [entre la parole et un autre effet].582 Car [il en va] ainsi que, à l!exemple de la lampe[ , qui n o u s f a i t c o n n a î t r e u n e c r u c h e d é j à f a b r i q u é e p a r u n potier], on tient pour un révélateur [l!objet qui,] par la connaissance [que l!on a] de lui-même, es t la c a u s e d e [ n o t r e ] n o t i o n d!un autre dès lors que [ c e t a u t r e ] o b j e t [avait déjà été] établi [par un agent]; sinon[, si cet autre n!était pas préalablement établi], quell e différence entre c e [ r é v é l a teur] et un agent? 5 8 3 [ P V I . 2 6 2 ]
580
C!est-à-dire se différencie par rapport à la nature propre qui ne générait pas de connaissance d!elle-même (svavi!ayajñ"n["]janana# $abdasvabh"vam, PV! P374b6/D308a5 = PVSV! 493,30"31). Sinon, la parole générerait cette connaissance antérieurement même l!effort articulatoire (prayatn"t pr"k, PV! P374b8/D308a6"7).
581
Selon les objections introductives de PV! P374b8"375a1/D308a7 et PVSV! 494,7"8, la condition génératrice (janika) ne naît pas, car elle est permanente; si la parole ne génère pas la connaissance, c!est seulement que le coopérant (i.e. t"lv"dika) dont elle dépend pour la générer fait momentanément défaut.
582
Dharmak"rti critique l!"nup%rv& de la M"m#$s# selon un argumentaire de structure analogue, dans PV I.307 et PVSV 161,23"162,11: voir d!abord pp. 207"212.
583
Conclusion, PVV 384,10"11: na ka$cit | ap%rvapratipattihetutv"vi$e!"t |. «Aucune, faute de différence [en tant que tous deux] seraient la cause de [notre] connaissance de [quelque chose de] nouveau.» Sur la doctrine générale de Dharmak"rti en matière de révélation et de production, voir pp. 189"194; sur l!application de cette doctrine au cas des entités permanentes, voir pp. 194"196.
Traduction
367
PVSV 137,14
Il est [communément] établi dans le monde [qu!]à l!exemple de [choses] telles qu!une lampe, un révélateur [est ce qui], par le biais de la connaissance [qu!on a] de lui, est la cause de la connaissance [qu!on a] d!un autre, sous réserve que cet [autre] soit établi avant [l!opération du révélateur; 584si nous disons: «sous réserve que cet autre soit établi avant», c!est] parce qu!une phase homogène de la cause matérielle585 doit être établie [avant l!opération du révélateur, et] non parce que [devrait être établie] la propriété supplémentaire qui est la cause de la connaissance, car la[dite propriété supplémentaire] a [justement] pour condition le complexe [causal] du [révélateur]. En revanche, [les entités] qui font percevoir un [objet qui n!était] pas établi [avant leur propre opération, celles-ci] ne sont que des agents, comme le potier notamment [l!est] par rapport à la cruche, etc.586 PVSV 137,18 587
[De plus,] les raisons logiques [qui,] telle la reconnais-
584
Selon l!objection introductive de PV! P375b2"3/D308b5"6 " PVSV! 494,21"22, la lampe génère pourtant une phase de cruche convenant à la perception, qui était préalablement inétablie: la condition (sa cet pr!k siddha" sy!t) posée par Dharmak#rti paraît donc infondée à son adversaire.
585
C!est-à-dire, selon PV! P375b3"4/D308b6 = PVSV! 494,23, une phase de cruche antérieure qui ne convenait pas à la perception (anupalambhayogya" p#rvako gha$!dik%a&a").
586
Explication, PV! P375b7"8/D309a1"2 = PVSV! 494,29"30: 'abdasya apy upalambhahetava" kul!l!dituly! iti | 'abdo !pi gha$!divat k!rya eva |. «Étant donné que les causes de la perception de la parole aussi sont identiques au potier, la parole aussi n!est qu!un effet, comme la cruche, etc.»
587
Développement introductif sur pratyabhijñ!na, PVSV! 494,31"495,20, dont 495,6"14 est traduit n. 50, pp. 203"204. Selon les introductions de PV! P375b8"376a3/D309a2"3 et PVSV! 495,21"24, ce qui suit vise deux arguments en faveur de la permanence: par la reconnaissance (pratyabhijñ![na]), et «par l!utilisation de ce qui [pré]existe» (satprayoga). (1) Puisqu!on la reconnaît, on sait que la parole est une (eka) et donc permanente: si la parole était impermanente, elle serait multiple (aneka), et donc on ne la reconnaîtrait pas (selon PV! P376a8"b1/D309a6"7 = PVSV! 495,31, l!adversaire pense que prouver l!unicité permet de prouver la permanence). (2) Tout ce qu!on utilise (prayujyate) en vue d!autre chose (par!rtham) existe avant son utilisation, comme la hache qu!on utilise pour fendre le bois (v!sy!dicchid!y!m).
368
Traduction
sance[, sont invoquées] pour établir [la permanence de la parole, celles-ci] non plus ne satisfont pas à la définition d!une raison logique.588 Quel que soit [l!indice invoqué pour prouver l!unicité de la parole], notamment589: «La connaissance ultérieure du son !a! possède le même objet que la précédente, car comme la [précédente, c!est] une connaissance du son !a!»,590 cet [argument] ne pourra prouver que deux particuliers [successifs de son «a»] sont identiques, 591"car il est inétabli que [la connaissance ultérieure du son «a»] ait pour nature propre la [connaissance antérieure du son Or on utilise la parole pour notifier à autrui (parapraty!yan!ya); donc elle préexiste à son utilisation. Ces deux arguments (inspirés resp. de M"S# I.i.20 et 18) sont discutés par Dharmak"rti dans PV I.266 et PVSV 140,1#20: voir pp. 197#203. 588
Selon PV$ P376a4#5/D309a4#5 = PVSV$ 495,26#27, la première raison (pratyabhijñ!yam!natv!t) est inconclusive (anaik!ntika), car on reconnaît une lampe malgré son impermanence. Selon PVSV$ 495,27#28, le second argument (prayujyam!natv!t) est lui aussi inconclusif, car une utilisation se constate également d!un mouvement instantané (k"a#ike !pi karma#i). Selon PV$ P376a5#7/D309a5#6, la raison est inétablie pour chacun des deux protagonistes du débat (cig $os la ma grub pa), qui divergent sur la signification de «prayoga/prayujyam!na» dans le cas de la parole: sur ce dernier point, voir PVSV 140,14#18.
589
Explications de °!di. (1) PV$ P376b2/D309a7#b1 reprend l!argument suivant sur l!exemple du son «i». (2) Selon PVSV$ 496,5#6, il faut inclure ici les arguments m%m!&saka destinés à prouver qu!un phonème est un malgré les différences de débit (drutamadhyavilambit!vasth!y!m eka eva gak!r!divar#a'): sur ce dernier point, voir n. 5, p. 183.
590
Selon PV$ P376b2#4/D309b1#2 % PVSV$ 496,7#9, le raisonnement formel (prayoga) dérivable de cet argument est une contrefaçon de svabh!vahetu (svabh!vahetupratir(paka).
591
Selon PV$ P376b4#6/D309b2#3 et PVSV$ 496,9#11, la raison logique «ak!raprat%te'» peut s!entendre spécifiquement (vi$e"e#a, alors explicitable p(rv!k!raprat%tir(patv!t), ou génériquement (s!m!nyena, alors explicitable ak!raprat%tim!tratv!t). Dans la première hypothèse, la raison logique est inétablie (asiddha), car il est inétabli que la connaissance ultérieure du son «a» ait/soit la nature propre de la précédente (leurs natures propres différant, PV$ P376b6#7/D309b3#4); voir aussi PVSV$ 496,14#15. Pour la seconde hypothèse, voir la phrase suivante.
Traduction
369
«a»]!; [et] si [l"indice inférentiel] s"entend génériquement, il n"est pas incompatible non plus [que ces deux connaissances successives] aient des objets distincts. PVSV 138,1 De plus, deux connaissances ayant un seul [et même particulier pour] objet #ne sauraient [sans contradiction] exister successivement!, parce qu"[un effet] se produit ou non selon que [sa] cause est présente ou non, [et] parce qu"une [seconde connaissance de son «a» qui ne se serait] pas produite alors même que [la cause de la première] était présente, n"a pas pour cause la [cause de la connaissance initiale].592 [Donc] ces deux [connaissances successives du son «a»] ont des causes entièrement distinctes. 593[Et] même si [leur cause] unique ne différait pas dans le [complexe causal,594 ces deux connaissances devraient survenir en même temps] puisque [cette cause, si elle est] capable, ne dépend pas [d"un coopérant]. Que deux connaissances successives aient un seul [et même] objet contredit [donc toute] argumentation rationnelle.595 592
(1) Si les deux connaissances ont un seul et même objet, elles doivent se produire en même temps (PV! P377a4$5/D309b6$7 et PVSV! 496,22$23); (2) si seule la première (p!rva) se produit quand la cause est présente, la seconde ne se produira jamais plus (pa"c#d api s# na sy#t, PVSV! 496,23$24).
593
Selon PV! P377a8$b1/D310a2 et PVSV! 496,28$29, l"adversaire objecte que toutes deux connaissances ont bien pour cause une parole unique ("abda eva eka$), mais que c"est en raison de la différencePV!/successionPVSV! de leurs coopérants qu"elles ne se produisent pas simultanément.
594
Selon PV! P377b1/D310a3 (rgyu!i tshogs pa de la). PVSV! 496,30 interprète: tatra tasmin p!rvottar#k#raprat%tyutpattik#le, «au moment où se produisent les deux connaissances successives du son "a!.»
595
Explication, PV! P377b2$5/D310a3$5 # PVSV! 497,3$7: etena ca sarve&a uttar#k#raprat%te$ p!rv#k#raprat%tyabhinnavi'ayatve s#dhye "num#nab#dhitatva( pratijñ#y# uktam | anum#na( tv %d)"am | yat kramabh#vi tan na ekavi'ayam | yath# krame&a bhavac cak'u$"rotravijñ#nam | kramabh#vinyau ca p!rvottare "k#raprat%t% | ekavi'ayatvam akramabh#vitvena vy#pta( tadviruddha( ca kramabh#vitvam iti vy#pakaviruddham |. «Et avec tout cela, [Dharmak$rti] dit que lorsque l"on entend prouver que la connaissance ultérieure du son "a! a un objet identique à la connaissance antérieure du son "a!, la thèse s"annule par inférence. Et [cette] inférence est telle [que voici]: ce qui survient successivement n"a pas un seul objet, à l"exemple de la connaissance
370
Traduction
PVSV 138,5
Qu!en raison de [leur] communauté de nom, [toutes deux] aient un seul [et même] objet malgré que [ces deux] connaissances diffèrent par [leur] apparence et par [leur] nature propre,596 [voilà qui est] également incorrect, car il s!ensuivrait que [l!argument vaudrait] également de [choses] telles que les cruches.597 [Objection:] Puisque dans la [preuve de l!unicité des cruches il faut déplorer] une incompatibilité avec ce que l!on constate [empiriquement, voilà qui] "n!est pas une preuve# [de leur unicité]. [Réponse:] [Mais] dans la [preuve que vous faites de l!unicité des phonèmes] aussi, par quel [moyen de connaissance valide] établit-on qu!il n!y a pas incompatiblité [avec ce que l!on constate empiriquement]?598 visuelle ou auditive qui survient de façon successive. Or deux connaissances successives du son !a! surviennent de façon successive. Avoir un seul objet implique de ne pas survenir de façon successive, et survenir de façon successive [en] est contradictoire. Donc vy!pakaviruddham.» La propriété kramabh!vitva (b) implique la propriété anekavi"ayatva (a): b implique a; ~a implique ~b; b est contradictoire de ~a. Dans un long développement conclusif (PVSV" 497,8$499,19), Kar#akagomin critique (497,19$498,21) les vues de Umbeka sur pratyabhijñ!na comme annulant le k"a#ikatv!num!na; il s!en prend ensuite (498,20$499,19) aux vues de Kum$rila sur les différences de débit notamment (voir APPENDICE B pour les citations). 596
Deux interprétations. Selon PVSV" 499,21$22, leurs apparences diffèrent en tant qu!elles sont successives (p$rvottarar$patay!), alors que leurs natures propres diffèrent selon que le débit est rapide, soutenu ou lent (drutamadhyavilambit!dibhedena). Mais selon PV" P377b6$7/D310a5$6, c!est parce que leurs apparences diffèrent selon le débit que leurs natures propres diffèrent. Je tends à favoriser cette dernière interprétation. Les deux commentateurs s!accordent avec PVSVt pour lire ici un dvandva.
597
Selon PV" P377b8$378a2/D310a7$b1 % PVSV" 499,24$27, deux connaissances successives de deux cruches différentes auraient un seul et même objet, car toutes deux nommées «connaissance d!une cruche», et l!on conclurait alors à l!omniprésence d!une seule et même cruche (sarvatra [vy]!pnoti).
598
Selon PV" P378a3$4/D310b2 et PVSV" 499,28$29, ce qui est constatéPV"/établiPVSV", c!est que les phonèmes diffèrent selon les différents organes phonatoires. Mais selon PVSV" 499,29, on impute erronément, sur la base d!une simple similitude, une unité (s!d%&y!d ekatv!dhyavas!ya') aux phonèmes, comme dans le cas des cheveux qui repoussent après avoir été coupés (l$napunarj!te"u ke&e"v iva).
Traduction
371
599
Autant il n!est pas prouvé qu!être désigné de la même façon implique une identité d!objet, autant l!absence [de la raison logique dans les contre-instances est-elle] douteuse. Et dès lors que l!on prouve [comme étant] une la parole qui pénètre l!ouïe avec une nature propre différant selon que diffère chaque organe phonatoire, pourquoi ne [pas le faire aussi] de [choses] telles que les cruches? [Ce d!autant qu!il serait] là aussi "tout à fait# possible de répliquer qu![en dépit de l!unicité de la cruche,] l!apparence [des deux connaissances] diffère parce que le révélateur [de la cruche] diffère. "De plus#: e t p u i s q u e l ! o n p e r ç o i t i m m an q u a b l e m e n t [ l a p a r o l e ] g r â c e à l ! o p é r a t i o n d e s o r g a n e s p h o n a t o i r e s a s s o c i é s , [ i l résulte que la parole] est un effet, car la [perception d!un révélable] n!a pas [immanquable ment] lieu dans le cas d!une [cause] révélatrice. [PV I.263] PVSV 138,16
On n!est en effet jamais sans percevoir la parole lorsque les organes phonatoires opèrent, tandis que (ca) l!opération d!un révélateur ne fait pas nécessairement percevoir un objet, car malgré [la présence d!]un révélateur [tel qu!une lampe], on ne percevra pas une [chose] telle qu!une cruche en un [lieu vide de cruche]. Elle [qui procède] immanquablement de l!opération des [organes phonatoires], la perception de la parole doit [donc] avoir lieu dès l!avènement de la [parole par leur opération],600 car même s!il opérait, un [organe phonatoire qui n!en serait] pas l!agent ne pourrait établir la [parole]. [Objection:] Puisque [au contraire des cruches, etc., les paroles] sont omniprésentes et permanentes, on [les] per599
Selon PV! P378a4/D310b2$3 = PVSV! 500,8, Dharmak"rti montre maintenant en quoi la raison «n!mas!my!t» est inconclusive (anaik!ntika).
600
Selon PVSV! 500,23, la conclusion vaut pour un homme chez qui les causes coopérant à la production d!une connaissance sont complètes (avikalavijñ!notp!dasahak!rik!ra"asya pu#sa$). Explication, PV! P378b6$7/D311a3 = PVSV! 500,25: tata% ca janya eva %abdo na vya&gya$ |. «Et donc la parole n!est qu!un produit, et non pas [quelque chose de] révélable.» Dans PVSV! 500,26$31, K réexplique au M"m#$saka que la révélation n!est ultimement qu!un aspect de la production (sur ce point, voir pp. 189$194).
372
Traduction
çoit [en toute circonstance grâce à l!opération de l!organe phonatoire qui en est le révélateur]. [Réponse:] [S!il en est ainsi,] quelle est désormais [notre] certitude concernant des [choses] telles que les cruches?601 [Objection:] Car on n!admet pas [qu!il en soit] ainsi des [cruches]. [Réponse:] Pourquoi [alors l!]admettre [de] la parole, dont les propriétés sont [pourtant] similaires à [celles] des [cruches]? Et [nous avons déjà602] dit que la [parole ne présente] aucune propriété supplémentaire [par rapport à des choses telles que les cruches], ainsi que nié l!omniprésence et la permanence [que vous revendiquez pour elle]. [Objection:] Puisque les [choses] telles que les cruches ont un révélateur autre [que leur agent], la faute [que vous dénoncez] n!a pas cours.603 [Dans le monde, c!est] en effet la lumière [qui est communément] établie [comme] leur révélateur[, et non le potier, car] si des [agents] tels que les potiers [en] étaient les révélateurs, ils seraient strictement semblables [à des lampes en ce qu!ils ne feraient pas immanquablement percevoir les cruches]. Or [en ce que la cruche existe à chaque fois qu!ils opèrent, les potiers] s!en différencient: de par cette différence par rapport à un révélateur, [les potiers] sont bien des agents, car il n!est d!autre possibilité pour ce qui apporte une aide [qu!être un agent ou être un révélateur].604 [Réponse:] [Avoir un révélateur autre que 601
Autant qu!impermanentes et non omniprésentes, les cruches pourraient être permanentes et omniprésentes: il n!est rien qui vaudrait des paroles sans valoir aussi des cruches (PV! P379a1"3/D311a5"6 et PVSV! 501,13"15).
602
Références: PVSV 138,7 (gha!"di#v api prasa$g"t |), PVSV 138,8 ([iha api] virodh"bh"va% [kena siddha% |]) selon PV! P379a4"5/D311a7, contre ou en sus des références données GNOLI 1960: 193.
603
Explication, PV! P379a6"7/D311b1 " PVSV! 501,20: &abdena tulyatvaprasa$gado#o na asti ||. «La faute n!a pas cours qu!une identité [de cas] avec la parole s!ensuit.»
604
Explication, PV! P379b3"5/D311b4"5 " PVSV! 501,27"30: tatra vyañjakatve ni#iddhe p"ri&e#y"t k"rakatva' kul"l"d(n"m | na eva' &abdasya kara)a' muktv" anyad vyañjak"ntara' siddha' yena kara)am eva &abdasya k"raka' kalpyeta | tasm"d gha!"divailak#a)y"c chabdo vya$gya eva |. «Dans ce cas, si l!on rejette qu!ils sont des révélateurs, les potiers, etc., sont des agents, parce que c!est ce qui reste [de l!alternative]. Pour la parole au contraire, il n!est pas établi de révélateur particulier autre que l!organe phonatoire, de
Traduction
373
son agent,] voilà qui vaut (tulya) également des paroles, car là aussi, les organes phonatoires diffèrent de [facteurs] tels que la faculté sensorielle [auditive, sa] localisation adéquate [ou l!acte d!attention], puisqu!on constate en effet605 [aussi] aux organes phonatoires la propriété [qui est celle] des agents de [choses] telles que les cruches.606 607[Et] puisqu!un [révélateur] tel que cette lampe elle-même, ou (ca) quelque autre objet [tel qu!une saveur], n!ont d!autres révélateurs [non plus que leurs agents], leurs causes devraient en être les révélateurs. Par conséquent, il n!y a pas révélation [mais production] de la parole [par les organes phonatoires]. PVSV 139,1 608
Ou si révélation de la parole par les organes phonatoires il doit y avoir, [celle-ci consistera pour la parole] soit [dans] la possorte qu!on pourrait postuler que l!organe phonatoire est bien l!agent de la parole. Donc pour [cette] dissemblance [par rapport] à des [choses] telles que les cruches, la parole est révélée.» 605
Selon PV! P379b7"8/D311b7 = PVSV! 502, 9, ici ca = hi (hyarthe ca!abda").
606
Dans cette proposition, Dharmak"rti montre en quoi les organes phonatoires diffèrent (ati!aya) des autres facteurs. Selon PV! P379b8/D311b7, la propriété est de faire immanquablement percevoir son effet propre (niyamena svak#ryopalambhakatvam); selon PVSV! 502,10, de l!engendrer immanquablement (niyamena svak#ry#rambhakatvam).* En cela, les organes phonatoires sont semblables aux potiers (PV! P379b8"380a1/D312a1 et PVSV! 502,10"11): au contraire de la lumière (# cruche) ou de l!acte d!attention (# parole), ils font percevoir/engendrent immanquablement la cruche ou la parole. *La différence entre les deux explications a quelque chance de tenir à la transmission des deux textes.
607
Selon PV! P380a2"3/D312a2, Dharmak"rti exhibe ici une conséquence absurde (atiprasa$ga) de la position adverse. Comme la parole, un révélateur n!a pas non plus de révélateur autre que sa cause supposée (lampe pour la lumière, aliment pour la saveur): comme les organes phonatoires révèlent la parole, le potier révélera donc la cruche.
608
De PVSV 136,10 à PVSV 138,30, Dharmak"rti a réfuté la thèse selon laquelle la parole, au contraire de choses telles que les cruches, serait révélée et non pas produite. Dans PVSV 138,30"141,7, il admet provisoirement la révélation de la parole, et somme son adversaire de choisir entre trois concepts alternatifs (vikalpa) d!une révélation de la parole par les organes phonatoires. Dans PVSV 138,30"139,2, il formule d!abord ces trois concepts alternatifs.
Traduction
374
session d!une propriété supplémentaire [par abandon de sa condition antérieure], soit [dans] la levée d!une obstruction [à sa connaissance], soit [dans] une connaissance [dont elle ferait l!objet], car il n!y a pas d!autre possibilité [que ces trois-ci]. 609Dans cette [triple alternative, la révélation de la parole n!est d!abord] pas la production d!une propriété supplémentaire, car puisque celle-ci se définit comme la perte de la nature antérieure et l!acquisition (upajanana) d!une nouvelle nature, l!impermanence [de la parole] s!ensuivrait. 610Si maintenant [l!on passe à la deuxième possibilité]: Et si vous [M!m"#saka admettez que] la révélation [de la parole consiste dans] la levée des obstructions611 [s!opposant à la perception] de sa nature [génératrice, nous demanderons: puisq u e l a l e v ée d e s o bs t r u c t io n s n ! es t qu!abs ence et n!es t donc pas un effet,] quelle capacité l!ensemble des organes phonatoires pourrait-il bien avoir eu égard à [cette simple] absence? [PV I.264] PVSV 139,7
[D!abord, on ne saurait] en effet dire «capables» des organes phonatoires qui n!exercent aucune action sur [la nature déjà établie d!]une obstruction; 612et [ensuite,] la levée [des obstructions] est absence, et une absence n!est pas un effet: cela[, nous l!avons
609
PVSV 139,2"3: critique du premier concept de la révélation (= ati!ayavatt"/ati!ayotp"dana).
610
PVSV 139,3"140,24: critique du deuxième concept de la révélation (= "vara#avigama).
611
Selon PVSV$ 502,23"24 % PVV 385,1, ces obstructions ont pour nature l!association de particules venteuses figées (stimitav"yav$y"vayavasamyogar%pa). Selon PVSV$ 502,24"25 % PVV 385,1"2, par «levée» (vigama), il faut entendre leur suppression grâce au vent stimulé par l!effort phonatoire (prayatnapreritena v"yun" viyoga&). Sur la physiologie et la physique de la phonation dans la M!m"#s", voir pp. 184"186, et dans l!APPENDICE B, &V !abdanityat" 122"124ab (PVSV$ 502,26"31).
612
Introduction, PV$ P380b6/D312b2 = PVSV$ 503,13: "vara#avigame !pi na te'"( s"marthyam |. «Les [organes phonatoires] ne sont pas non plus capables de lever l!obstruction.»
Traduction
375
déjà613] fait savoir, 614et [nous avons] aussi dit qu!il n!est aucune obstruction à une parole permanente,615 de par l!incapacité [où serait cette obstruction à affecter une entité permanente]. Par conséquent, on ne saurait invoquer les organes phonatoires eu égard à une obstruction.616 [Mais] puisqu!on ne perçoit pas la parole sans leurs opérations, ces [organes phonatoires] ne sont pas non plus sans capacité [vis-à-vis de la parole]: que ces [opérations des organes phonatoires] produisent les paroles est donc correct. Autrement617 la révélation d!autres [entités] aussi s!ensuivra[, telle celle des c r u c h e s p a r l e s p o t i e r s ], c a r e l l e s n e d i f f è r e n t p a s d e l a p a r o l e ; [mais] si l!on accepte [qu!il en est] ainsi, toutes les causes [tenues pour des révélateurs] sont inutiles.618 [PV I.265] 613
Selon PV! P380b6"7/D312b3, dans la s!m!nyavyakticint!; selon GNOLI 1960: 193, dans PVSV 71,19sq et 100,10sq (contexte de vin!"itv!num!na; voir PVin II.82,9sq/31*,25sq, et STEINKELLNER 1979: 98"99).
614
Introduction, PV! P380b7/D312b3 " PVSV! 503,15: [!vara#amPV!] abhyupagamya ca etad uktam | tad eva na asti ity !ha |. «Ce [qui vient d!être] dit [l!a été] en acceptant [provisoirement] une obstructionPV!; [Dharmak#rti] dit [maintenant] que cette [obstruction] n!existe pas.»
615
Explication, PV! P380b8/D312b4 = PVSV! 503,16"17: yena !vara#avigamo vyakti$ sy!t |. «De sorte que la révélation [de la parole] pourrait consister dans la levée d!une obstruction.»
616
Explication, PV! P381a1"2/D312b5 " PVSV! 503,18"19: kara#!ny !vara#avigama% "abdasya kurvanti ity etan na upanyasan&yam ity artha$ |. «Le sens [visé par Dharmak#rti est qu!]on ne saurait poser que les organes phonatoires effectuent la levée d!une obstruction à [la perception de] la parole.»
617
C!est-à-dire si les organes phonatoires ne sont pas des agents, mais des révélateurs (PV! P381a3"4/D312b6 " PVSV! 503,23), et donc si les paroles ne sont pas des effets (PVV 385,6"7).
618
Explications. (1) PV! P381a5/D312b6: bya ba !ga! 'ig kya( med pa!i phyir ro ||. «Parce qu!il n!y a [dès lors plus] aucune opération [productive].» (2) PVSV! 503,27"29: tath! hi vya(gye vastuny ati"ayasya k!rako v! !vara#!bh!vasya k!rako v! jñ!nasya v! k!rako vyañjaka$ sy!t | ati"ay!der vyaktisvar)pasya ca ak!ryatv!t | sarve*!% vyaktik!rak!#!% svar)pak!rak!#!% ca nirarthat! |. «C!est ainsi qu!eu égard à une entité à révéler, le révélateur pourrait être soit l!agent d!une propriété supplémentaire, soit l!agent d!une
376
Traduction
PVSV 139,15
Si les organes phonatoires, dont les propriétés sont pourtant similaires à [celles de] toutes les causes, [devaient être] les révélateurs [de la parole], rien ne serait [plus] désormais l!effet [de rien]. Or [que tout soit révélable,] cela n!est pas correct, parce qu!il s!ensuivrait que toutes les causes [tenues pour révélatrices] seraient inutiles; 619parce qu!une entité [dont la nature est déjà établie] n!a pas à recevoir de propriété supplémentaire (vi!e"a); parce que l!absence d!obstruction n!est pas un effet; parce qu!au même titre que l!entité [elle-même], la "connaissance de cette [entité]# est [elle] aussi [déjà] établie [pour qui professe la préexistence de l!effet]; [et] parce que si [l!on admettait maintenant que] quelque chose soit agent par rapport à la connaissance, il s!ensuivrait que d!autres [entités] de ce type seraient telles [elles] aussi620[, et] partant que toute
absence d!obstruction, soit l!agent d!une connaissance. Or puisqu!une propriété supplémentaire, etc., nature [même] de la révélation, ne peut être produite, tous les agents de révélation ou de nature propre sont inutiles.» Si je comprends K, un révélateur étant un agent, toute révélation devient ellemême impossible. 619
Mon sentiment est que les quatre raisons qui suivent n!expliquent pas la proposition précédente, mais se situent sur un autre plan: là où sarvak#ra$#n#m #narthakyaprasa%g#t tire la même conséquence absurde que PVSV! 503,27$29 (voir n. précédente), les quatre raisons suivantes montrent qu!une révélation est impossible quel qu!en soit le concept retenu. Selon PV! P381b1$2/D313a3$4 et PVSV! 504,11$13 (voir PVSV 138,30$139,2) trois concepts alternatifs (vikalpa) d!un révélateur. Un (x, potier) pourrait être le révélateur d!un (y, cruche): (1) parce que (x) produit une propriété supplémentaire (ati!ayakara$a) chez (y); (2) parce que (x) produit l!absence d!obstruction (#vara$#bh#vakara$a) à la connaissance de (y); (3) parce que (x) produit la connaissance (jñ#nakara$a) de (y). PVSV 139,17$20 examine successivement ces trois possibilités, subdivisant la troisième en deux parties, la première contre un satk#ryav#din (PV! P381b4/D313a5 = PVSV! 504,17), la seconde contre un asatk#ryav#din (PVSV! 504,17: atha asad eva jñ#na& kriyate | tad#!).
620
«D!autres [entités]», c!est-à-dire des potiers, etc.; «de ce type», c!est-à-dire ayant les mêmes propriétés (tulyadharma) que les agents de la connaissance; «seraient telles», c!est-à-dire seraient des agents par rapport aux cruches, etc. (PV! P381b6$7/D313a6$7 = PVSV! 504,18$20).
Traduction
377
[entité] serait un effet.621 Donc étant donné que l!ensemble des objets qu!on tient pour des agents [ne sert] ni à une révélation [que nous venons d!écarter], ni à une production [que vous n!admettez pas,622 ces objets] seraient tout à fait vains, et ainsi cet univers sans [rien] à aider ni pour apporter une aide serait [parfaitement] inerte. PVSV 139,23 623
En outre (ca), lorsqu![il s!agit pour lui de prouver] la permanence de la parole, [ce] que [notre advers a i r e ] t i e n t p o u r u n a r g u m e n t " l a r e c o n n a i s s a n c e [ o u q u e l q u e au t re ra ison] t el le q ue l!utilisa ti on d e ce[la seulement] qui [pré]existe [à son utilisation]624 " est dé621
Explication, PV! P381b7"8/D313a7 " PVSV! 504,20"21: vi!e"o v# v#cyo yena jñ#na$ prati k#rakatva$ na gha%#d&n prati |. «Ou alors il faut montrer la différence en vertu de laquelle on peut être agent par rapport à une connaissance, mais pas par rapport à des [choses] telles qu!une cruche.»
622
Puisqu!on n!admet rien comme étant un effet (PV! P383a2"3/D313b2 " PVSV! 504,24: [kasyacid apiPV!] k#ryatv#nabhyupagam#t |).
623
PVSV 139,23"140,24 constitue un excursus destiné à montrer que la momentanéité (k"a'abha(gat#) des choses rend caducs tous les arguments invoqués par la M#m$%s$ pour établir la permanence de la parole. Voir pp. 197" 203.
624
(1) Selon PV! P382a5"6/D313b4 et PVSV! 504,29, il s!agirait d!un argument du type: «La parole est permanente car on [la] reconnaît comme une.» Selon K (504,29"505,6), c!est là ce qu!affirment Jaimini dans M#S& I.i.20 (sa(khy#bh#v#t |) et 'abara dans 'Bh sous M#S& I.i.20/I.105,5"6 (voir pp. 197"199 et APPENDICE B). (2) Selon PV! P382a6"7/D313b4"5 " PVSV! 505,6"7 et PVV 289, 25"26, on n!utilise que ce qui existe déjà au moment où on l!utilise, à l!exemple de la hache (v#sy#) dont on se sert pour fendre (chid#) le bois. De même des paroles (!abda, '/K) ou des phonèmes (var'a, M), dont on se sert pour communiquer (voir aussi n. 587, p. 367"368). (3) Par «etc.», il faut entendre selon PV! P382a7/D313b5 un argument du type: «La connaissance ultérieure du son (a! a un objet qui n!est pas distinct de [celui] de la [connaissance] antécédente [du son (a!]» (cf. supra, PVSV 137,19"138,13); selon PVSV! 505,8"11 et PVV 385,16"17, il faut entendre un argument du type «par#rtham ucc#ryam#'atv#t», qu!exposent Jaimini dans M#S& I.i.18 (sy#d dar!anasya par#rthatv#t |) et 'abara dans 'Bh sous M#S& I.i.18/I.101, 10"102, 3, cités par K (voir pp. 200"201 et APPENDICE B). Ce dernier argument ne diffère pas de (2).
Traduction
378
n u é d e [ t o u t ] e x e m p l e [ s u r l e q u e l s ! a p p u y e r ] , car toutes les entités sont momentanées. [P V I.266] PVSV 140,1
Puisque [leur] destruction est dénuée de cause [extérieure], toutes les entités sont momentanées: [nous l!avons] dit et [le] dirons [encore].625 Et puisque [leur] existence ne saurait être fortuite,626 [toutes les entités réelles] ont une naissance[, et ce] grâce à [quelque cause] autre [qu!elles-mêmes, et sont donc impermanentes]. Donc la reconnaissance[, ou un indice] comme l!utilisation de ce[la seulement] qui [pré]existe [à son utilisation], n!est présent dans aucune [entité telle que,] d!une seule nature constante627[, elle pourrait tenir lieu de co-instance à la propriété à prouver]. Puisque [au contraire] on ne constate [sa présence] que dans des [choses] telles que les lampes, lesquelles changent par la nature propre sans cesse différente [qui est la leur, cet indice intervenant dans les contre-instances] est strictement contradictoire. [Objection:] Non[, cet indice n!est pas contradictoire], car [si la reconnaissance,] qui naît d!une [entité réellement] une, intervient dans le cas de [choses] telles que les cruches[, c!est] en vertu d!une impression trompeuse due à ce que la ressemblance [entre deux instants successifs nous] induit en erreur.628 [Réponse:] Sur quelle base [la] dit-on «naître 625
Sur la momentanéité, voir en premier lieu pp. 201"203; pour les références aux deux vin!"itv!num!na de PV I, voir n. 48, pp. 201"202. Selon PV! P382b1"2/D313b6"7 = PVSV! 505,14"15, Dharmak"rti vient de présenter l!impermanence par le biais de la destruction (vin!"adv!re#a) des entités; dans la phrase suivante, il l!expose par le biais de leur production (utpattidv!re#a).
626
Selon PV! P382b3"4/D314a1 et PVSV! 505,17, si elle était fortuite, elle n!aurait de détermination ni spatiale, ni temporelle, ni ontologique (de"ak!ladravyaniyama), ce qui n!est bien sûr pas le cas.
627
Sthiraikar$pa interprété sur PVSVt: brtan pa!i %o bo gcig pa can. Selon PV! P382b5"6/D314a2"3, Dharmak"rti dit «une» (eka) parce qu!on prête une constance (*sthairya?) à la série; «constante», parce qu!on prête à une seule phase la même nature (*ekar$pa) que les précédentes?. Le sens visé serait qu!elle n!est détruite à aucun moment (dus thams cad du !jig pa can ma yin no).
628
Selon PV! P383a1"2/D314a5 = PVSV! 505,25"26, l!adversaire ne recon-
Traduction
379
d!une [entité] une»,629 puisqu!en tant que [toute chose] est séquentielle [à l!instar de la lampe], cette unité [de pure illusion] est concevable de toute [chose, diamant ou pierre]. [Objection:] De même [que leur unité, leur] différence [d!instant en instant] aussi [est concevable630]. [Réponse:] Soit donc631 un doute [quant à la différence ou l!unité des objets qu!on reconnaît]; or on n!établit pas [l!unité de la parole] à partir d!un [indice] laissant place au doute.632 [Objection:] Puisqu!on ne perçoit pas de différence [entre ses conditions successives, il est établi qu!une entité telle que le diamant] est une. [Réponse:] Non,633 car puisqu!on établit l!existence et l!inenaît comme indice (li!gatvena up"ttam) qu!une reconnaissance non erronée (abhr"nta), qui n!intervient pas dans le cas des cruches. Telle est bien la position de !abara et de Kum"rila: voir n. 37, p. 198. 629
«Sur quelle base», c!est-à-dire grâce à quel moyen de connaissance valide (PV# P383a2/D314a5"6 = PVSV# 505,27); selon PV# P383a3/D314a6, aucun moyen de connaissance valide ne permet de l!affirmer. Selon PVSV# 505,28"29, on ne peut l!affirmer puisque ce qui est permanent manque de toute capacité causale (selon K donc, il faut aussi voir là une réfutation de ce que la reconnaissance soit perception directe).
630
PV# P383a5/D314a7"b1 comprend ani#caya (!es pa med pa) là où PVSV# 506,8"9 comprend cintyatva. Selon PV# P383a5"6/D314b1, des contacts distincts avec le froid et le chaud sont assurés (!es pa); il est dès lors inconsistant qu!un diamant soit un alors qu!il est tantôt froid et tantôt chaud. Sur le diamant, voir TSP sous TS n°444"445.
631
C!est-à-dire, selon PVSV# 506,11"12, parce qu!on ne peut déterminer absolument (ek"ntena) si les choses qu!on reconnaît sont unes ou différentes d!instant en instant (donc: tena eva anavadh"ra$ena).
632
C!est-à-dire à partir d!un indice dont on peut redouter la présence dans les contre-instances (PV# P383a8/D314b3, malgré mthun pa!i phyogs la).
633
Selon PVSV# 506,17"21, la perception ne donne pas accès à la différence entre deux phases successives d!une entité, mais à la seule apparence actuelle (id"n%mpratibh"sa) de cette entité, i.e. à la phase instantanée sous sa forme propre (svar&pe$a). Or percevoir la phase instantanée sous sa forme propre, c!est la percevoir dans sa différence (vivekena) par rapport à la précédente. Cette différence n!étant toutefois pas déterminée (na avadh"ryate) dans la perception elle-même, on introduit une inférence en vue de sa détermination, inférence que Dharmak$rti formule dans ce qui suit, et qui montre qu!on peut connaître cette différence.
380
Traduction
xistence [d!une entité telle que le diamant] grâce à la séquence des connaissances, il existe réellement une différence de nature propre: si les connaissances ultérieures avaient vu leurs causes présentes auparavant[, au moment des connaissances précédentes], elles seraient nées au même titre que les connaissances précédentes; mais non nées, elles indiquent l!inexistence de [leurs propres] causes [auparavant], parce qu!une [cause qui en aurait été] capable [les] aurait générées [avant]",# et parce qu!une [cause qui en était] incapable n!acquerra plus [de rien cette] capacité $ ou que si [elle l!]acquiert [après], elle ne saurait [plus] être constante.634 C!est pourquoi [la seconde raison logique invoquée,] l!utilisation de ce[la seulement] qui [pré]existe [à son utilisation, n!affirme] elle aussi [rien d!autre] que la génération [de la parole], puisque [sa] capacité [à produire l!effet escompté lui vient] de [son] utilisateur635: car si [la parole en était] capable par elle-même [avant l!opération de l!utilisateur], ce dernier ne servirait [à rien].636 [Donc par le mot] «utilisation» aussi, on entend la production d!une [nature propre] capable de réaliser ce qu!on désire[, production] qui soit dépend, à l!exemple de l!utilisation d!une [chose] telle qu!une hache, d!une cause matérielle de même type,637 soit n![en] dépend pas, à l!exemple de l!usage d!un mouvement notamment.638 639Et nous réfuterons 634
Explication, PV! P384a1$2/D315a2 " PVSV! 507,13$15: tasm!t kramabh!v"ni vijñ!n!ni svavi#ayasya api krama$ s!dhayanti iti sarvapad!rth!n!$ bhedasiddher anityatvam |. «Donc étant donné que les connaissances, qui se produisent successivement, permettent de prouver la succession de leur propre objet aussi, toutes les entités sont impermanentes puisque leur différence est établie.»
635
Selon PVSV! 507,16. Très proche de PVSVt, PV! P384a3/D315a3 comprend: « % n![affirme] elle aussi que la génération de la parole par la capacité [que lui confère son] utilisateur.»
636
PV! P384a5/D315a4$5 " PVSV! 507,19$20: puru#!napek#!%!$ svayam eva v!sy!d"n!$ prav&tti' sy!t |. «C!est par elles-mêmes qu!indépendantes des hommes, des [choses] comme les haches agiraient.»
637
C!est-à-dire, selon PV! P384a7$8/D315a6 " PVSV! 507,22$23, de la phase précédente qui en est la cause (p(rva$ k!ra%abh(ta$ k#a%am apek#ata iti).
638
Selon PV! P384b1/D315a7 " PVSV! 507,24$25, par «notamment» il faut
Traduction
381
aussi plus bas640 qui estime que la reconnaissance d!une [entité immédiatement] perceptible est perception, [et que] c!est grâce à cette perception-là qu!on établit la constance [des entités réelles]. [Sur ce modèle est] réfutable toute autr e p i è t r e r a i s o n [ q u ! a vancerait l!adversaire a f i n d e p r o u v e r l a c o n s t a n c e d e s e n t i t é s réelles]. [PV I.267a] PVSV 140,22
[Il n!est en effet] strictement aucune propriété [probatrice destinée à prouver la stabilité des choses,] qui entretienne une concomitance positive avec une [entité] de même type,641 car toutes choses partagent cette condition [de perdre et d!acquérir des natures propres successives]. Et puisque toute thèse de constance contredit l!argumentation rationnelle selon les termes [du présent traité et de ceux de nos coreligionnaires642], toutes les autres raisons logientendre la parole/les sons (!abdaPVT), ou les sons d!un luth, etc. (v"#$di!abdaPVSVT). La compréhension de prayoga par Dharmak!rti est donc parfaitement symétrique à cette de [abhi]vyakti: voir pp. 189"194. 639
Selon PV" P384b2"3/D315b1"2, l!adversaire distinguerait deux types de reconnaissance. Le premier porte sur une entité appartenant au passé (donc imperceptible, parok%a), dont quelque cause éveille ultérieurement le souvenir (phyis dran pa sad pa!i rgyu !ga! &ig). Le second porte sur une entité nous faisant immédiatement face (puro "vasthita' vastu, PV" = PVSV" 507,27" 28), donc perceptible (samak%a). Selon cet adversaire, seul le second type de reconnaissance est moyen de connaissance valide (pram$#a), i.e. perception directe. Selon PVSV" 507,27, l!adversaire cherche ici à éviter à la reconnaissance un statut inférentiel (car elle serait fallacieuse, vyabhic$r$t).
640
Référence: selon GNOLI (1960: 194), PV III.503cd et suivantes, consacrées à pratyabhijñ$na. Sur la critique post-dharmak!rtienne de pratyabhijñ$na comme perception, voir MIMAKI 1976: 18.
641
Explication, PV" P384b6/D315b3 = PVSV" 508,11: sam$naj$t"ya' sthiraikasvabh$va' vastu, «avec [une entité] de même type[, c!est-à-dire] avec une entité ayant une seule nature propre constante.»
642
C!est-à-dire, selon PV" P384b8/D315b4"5 = PVSV" 508,14, au regard de la preuve de l!instantanéité (k%a#ikatvas$dhana) qui a été et sera formulée dans le présent traité (!$stra). Selon PV" P384b8"385a1/D315b5, et selon les termes d!autres traités dus à des coreligionnaires (*svay(tha?). On pense évidemment à l!AKBh, peut-être au MSA (voire à une preuve due à Dign#ga): sur le développement du k%a#ikatv$num$na (ici vin$!itv$num$na), voir
Traduction
382
ques [imaginées par l!adversaire en faveur] de la permanence doivent être réputées viciées.643 644
Si [notre adversaire entreprend maintenant de prouver que] l a c o n n a i s s a n c e n e r e p o s e p a r s u r l ! ho m m e , [s a t h è s e ] s ! e n t r o u v e r a a n n u l é e à l a f o i s p a r c e q u ! i l ad met [lui- même], par ce qu!on connaît par la perception et par ce qui s!infère. [P V I.267bd] PVSV 140,27
Si la révélation consiste dans la connaissance, l!énoncé sera l!ordre de succession [qui est celui] des [connaissances]. [Cependant le M!m"#saka,] à démontrer que cet [ordre de succession] est incréé[, se doit de prouver l!incréation de la connaissance ellemême, et] sa doctrine s!en trouve [alors] annulée puisque [dans son propre système doctrinal,] il accepte les connaissances comme des qualités humaines. PVSV 141,2 Mais il est également perceptible que ces connaissances proviennent de [facteurs] tels que l!acte d!attention [ou les facultés sensorielles, lesquels] soit se résument [à la convention d!]«homme», soit sont des qualités humaines.645 646Et ce STEINKELLNER 1968. 643
Littéralement: «sont dont les vices [logiques] sont dénonçables.» PVSVt et PV$ P385a1"2/D315b6 rendent: skyon can du brjod par bya!o, «sont dénonçables comme comportant des vices [logiques].»
644
PVSV 140,25"141,7: troisième concept alternatif de la révélation (= vijñ!na/buddhi). Introduction, PV$ P385a2"5/D315b6"316a1 et PVSV$ 508,16" 23. Depuis PV I.261, Dharmak!rti examine l!hypothèse selon laquelle vyaktikrama = v!kya; pour ce faire, il a examiné jusque-là (depuis PVSV 138,30) deux des trois concepts alternatifs de la vyakti: ati"ayotp!dana et !vara#avigama. Reste le troisième, [vi]jñ!na/buddhi. Si v!kya = vyaktikrama et vyakti = buddhi, alors v!kya = buddh$n!m !nup%rv$; or cela est faux: (1) parce qu!un énoncé ne consiste pas en connaissance (abuddhisvabh!vatva); (2) parce que si l!on veut prouver que v!kya = vyaktikrama est incréé, il faudra prouver que la connaissance elle-même est incréée (voir PVV 386,1"2 et Vibh. 386n. 1). C!est à cette seconde critique que s!attache maintenant Dharmak!rti.
645
«Se résument [à la convention d!]!homme!», c!est-à-dire (selon PV$ P385b4/D316a6 % PVSV$ 509,7) auxquels on attache la convention «homme» afin de faciliter la praxis (vyavah!ral!ghav!rtham); mais (selon PV$, ibid.) la désignation d!!homme! manque d!un référent qui existerait séparé-
Traduction
383
qu!on nomme «l!être-effet» n!est autre que les existence et inexistence particulières [d!une entité selon que sa cause existe ou non]; or nous dirons [plus loin] que l!existence est perceptible, [et que] l!inexistence, qui se définit comme non-perception, s!établit indirectement par la perception.647 Que les connaissances sont des effets de l!homme est donc648 inférable étant donné que la [désignation en tant qu!effet] a pour indice [inférentiel] des co-présence et co-absence.649 650De plus: ment (logs !ig na = p"thak?) de ces facteurs: telle est la position bouddhiste (svamata), la position du M!m"#saka consistant dans le second terme de l!alternative. Conclusion (PV$ P385b5"6/D316a7 % PVSV$ 509,8"9): à prouver l!incréation de la connaissance, on s!expose à une annulation par la perception (pratyak#ab$dh$), car il est établi par la perception que la connaissance, naissant de ces facteurs, est un effet (k$ryatva). 646
Selon l!objection introductive de PV$ P385b6/D316a7"b1 = PVSV$ 509,11"12, l!être-effet (k$ryat$) étant imperceptible, l!annulation par la perception n!a pas cours ici.
647
«Indirectement» (s$marthy$t) car lorsqu!en tel lieu a on perçoit une entité x, distincte d!une autre entité y, cette perception de x dans a fait médiatement connaître l!inexistence de y dans a (PV$ P386a2"3/D316b3"4 et PVSV$ 509,16"17), sous réserve que y remplisse les conditions de perceptibilité (d"!ya, upalabdhilak#a%apr$pta, etc.). En d!autres termes, la perception ne connaît pas directement (d&os su = s$k#$t?) l!inexistence, car cette dernière n!est pas cause d!une perception (PV$, ibid.); sur ces différents points, voir STEINKELLNER 1967: 154"155 et 167 (n. 6), et NB III.36"37. Selon GNOLI (1960: 194), la référence pourrait être PV IV.274.
648
C!est-à-dire: puisque la connaissance existe ou non selon que l!acte d!attention existe ou non (PV$ P386a3"4/D316b4 = PVSV$ 509,17"18).
649
Selon PV$ P386a6"7/D316b6 Dharmak!rti présente en outre implicitement une annulation par ce qui est communément établi (*prasiddhab$dh$?), puisqu!un objet établi par la perception et par l!inférence est communément établi dans le monde ordinaire (*loka[pra]siddha?).
650
Dharmak!rti laisse ici la critique de l!hypothèse selon laquelle l!$nup'rv( serait une propriété des phonèmes (abhedapak#a), et s!attaque, dans PVSV 141,7"11, à l!hypothèse selon laquelle l!$nup'rv( est distincte des phonèmes eux-mêmes (bhedapak#a; PV$ P386a7"8/D316a6"7, PVSV$ 509,20 et PVV 386,9). L!hypothèse selon laquelle l!ordre de succession serait chose différente des phonèmes (mais reposerait sur eux " var%$!raya) krama)), est ba-
Traduction
384
Quant à [l!hypothèse selo n l a q u e l l e ] l ! o r d r e d e s u c c e s s i o n [ s e r a i t ] d i f f é r e n t d e s phonèmes [eux-mêmes, nous l!avons déjà] traitée avec [l!examen critique du] spho!a: cet ordre de succession ne saurait donc qu!être surimposé par la pensée [hypostasiante]. Comment dès lors [ p o u r r a i t - i l ] n e p a s r e p o s e r s u r l!homme? [PV I.268] PVSV 141,10
On objecte à un ordre de succession indépendant des phonèmes selon la méthode même [que nous avons développée lors] de [notre] examen du spho!a.651 652[Mais] cet [ordre de succession] n!a pas non plus les phonèmes pour nature propre653[; or il n!est pas sans pouvoir être décrit en termes d!identité ou d!altérité,] car ce qui a la nature d!une entité ne déroge pas à cette alternative. Un «ordre de succession», ce [ne] peut [donc qu!]être l!erreur [propre] à une connaissance où apparaît la surimposition de cette nature sur layée par Kum!rila dans "V "abdanityat# 285cd"286: voir pp. 186"189. L!hypothèse paraît de nature rhétorique tant chez Kum!rila que chez Dharmak#rti. 651
Références. (1) PVSV 127,17sq sous PV I.247cd (et suivantes) selon PV$ P386b2"3/D317a2"3; (2) PV I.247cd et suivantes selon PVSV$ 509,27"28; (3) PV I.250cd et suivantes selon PVV 386,12"13. K voit juste en ce qu!il vise le début du passage où Dharmak#rti critique l!hypothèse d!un énoncé indépendant; " voit juste en ce qu!il vise le début du passage où Dharmak#rti s!attaque à un énoncé un et indépendant; M voit le plus juste en ce qu!il vise le début de la critique du spho!a proprement dit. Voir aussi ELTSCHINGER 2001b: 246"249 et n. 9.
652
PVSV 141,11"14 forme la conclusion générale de la critique du var$av#da. De PV I.259 à 267, Dharmak#rti a réfuté que l!ordre de succession fût intrinsèque aux phonèmes; dans PV I.268, il réfute que l!ordre de succession soit indépendant des phonèmes. Or selon PVSV$ 509,22"23 et PVV 386,13"14, il n!y a pas d!autre possibilité (gati, prak#ra) pour une entité réelle (vastu); donc un ordre de succession réel (vastubh%ta) est impossible (PVV 386,15). Selon PV$ P386b1/D317a1, l!ordre de succession ne pouvant être dit ni identique ni distinct (tattv#nyattva), il n!existe pas réellement (don dam par). Irréel, il ne saurait donc qu!être une création intellectuelle.
653
Explication, PVSV$ 509,29 (cf. PVV 386,13"14): saro rasa iti pratipattibhed[#]bh#vaprasa&g#t |. «Car il s!ensuivrait inacceptablement qu!entre [les mots] %sara! et %rasa!, les connaissances seraient identiques.» Cet argument d!inspiration spho!av#din n!a évidemment ici de valeur que rhétorique.
Traduction
385
des [phonèmes] qui n!ont pas cette nature.654 Or cet [ordre de succession-ci,655] comment [pourrait-il être] incréé puisque la représentation [que nous en avons n!]est due [qu!]au fonctionnement [créateur] de la connaissance?656 657De plus, puisqu!il n!existe aucune nature non finie [dans le temps], il faut [nécessairement] que la résonance, qui existe, soit finie. Et cette [résonance, qui pour être incréée devrait] soit n!avoir pas de cause, soit avoir une autre cause [que l!homme], existerait en permanence [dans la première hypothèse],658 et pas par l!opération humaine [dans la seconde hypothèse].659 "[On en conclut] donc [qu!elle est] de création humaine#.
654
«Cette nature», c!est-à-dire l!ordre de succession; «qui n!ont pas cette nature», c!est-à-dire qui sont dépourvus d!un ordre de succession réel distinct ou indistinct d!eux-mêmes (vastubh!tabhinn["bhinnPV!]"nup!rv#rahite$u, PV! P386b6$7/D317a4$5 " PVSV! 510,11).
655
Explication, PV! P386b7$8/D317a5: !di ltar blos sgro btags pa skyes bu la brten pa go rim de, «cet ordre de succession ainsi surimposé par la connaissance[, et qui de ce fait] repose sur l!homme.»
656
Sur vi%hapanapratyupasth"pana, voir BHSD s.v. vi%hapana. Je rends vi%hapana par «fonctionnement [créateur]» en raison de la glose vy"p"ra pour vi%hapana; pratyupasth"pana par «représentation» en raison de la glose sandar&itatva (PV! P386b8/D317a6 = PVSV! 510,13$14).
657
Les trois phrases qui suivent (P PVSV 141,14$17) introduisent le vin"&itv"num"na (= PV I.269$282/PVSV 141,17$150,2) établissant que la destruction ([vi]n"&a) des entités ressortit à leur existence même (voir pp. 201$203). Dans l!économie interne de PV I et de la polémique contre la M#m$%s$, la preuve écarte définitivement la permanence de la parole, de la relation et du corrélat extralinguistique (voir PV I.283 et PVSV 150,4$11).
658
Explication, PV! P387a2/D317a7 = PVSV! 510,17$18: any"napek$a'"t |. «Car [alors] elle ne dépendrait pas d!un autre.»
659
Explication, PVSV! 510,18$19: bhavati ca puru$avy"p"r"t |. «Or elle existe par l!opération humaine.»
Appendice A 1. Avertissement quant à l!édition du texte tibétain 1.1. Le catalogue de lDan dkar ma/lHan kar, compilé vers 812, atteste que des traductions tibétaines du Pram!"av!rttika (n°733, Tshad ma rnam !grel [LALOU 1953: 337]) et de sa V#tti (n°734, rNam !grel gyi !grel pa [LALOU 1953: 337]) étaient en cours au début du 9e siècle (voir MEJOR 1991: 179"180). De cette traduction initiale (qui n!a pas survécu), on ne sait ni l!identité des exécutants, ni si elle fut exploitée par les traducteurs ultérieurs. Le PV, la PVSV et la PVP furent (re)traduits au milieu du 11e siècle au Cachemire par le pa"$ita indien Subh!ti"r#"$nti et le lots!ba rMa dGe ba#i blo gros, disciple de Rin chen bza% po (958"1055). Au contraire du sort que connut la version des k!rik! (remaniée à la fin du 11e siècle par *Bhavyar$ja et r&og Blo ldan "es rab, puis vers 1210 par '$kya"r#bhadra et Sa skya Pa()ita), rien n!atteste que la traduction tibétaine de PVSV ait subi d!importants remaniements. Quelles qu!aient été les vicissitudes de sa transmission tibétaine, cette traduction nous est parvenue par l!intermédiaire de quatre xylographes de bsTan !gyur. Le passage ici traduit et édité en forme les sections suivantes: Pékin (P)
Ce 478a4"505b5
sNar tha% (N)
Ce 484a6"508b4
sDe dge (D)
Ce 321b6"343a7
Co ne (C)
Ce 318b6"340a6
La présente édition se fondant sur des bsTan !gyur du seul Tibet oriental, et de surcroît fort tardifs (1er tiers du 18e siècle environ), elle n!a aucune vocation «critique» au sens défini pour le bKa! !gyur par HARRISON (1992; c!est-à-dire établir le texte du «Vieux sNar tha%»): au contraire de la transmission des textes incorporés au bKa! !gyur, qui commence d!être mieux comprise (voir en géné-
Appendice A
390
ral SKILLING 1997), les modalités de la transmission et de la constitution «du» bsTan !gyur demeurent en effet presque inconnues à ce jour (voir TAUSCHER 1994). 1.2. Je me dois de fournir quelques éléments d!explications quant à mon usage de la version tibétaine de la PV! (Tshad ma rnam !grel gyi !grel b!ad), elle aussi traduite par rMa dGe ba"i blo gros (voir MEJOR 1991: 191 pour un colophon). Plusieurs cas de figure sont à signaler ici: 1.2.1. PV! corrobore la leçon retenue, par exemple: D, C rtog (PV!): P, N rtogs
1.2.2. PV! corrobore un amendement apporté au texte. Par exemple: em. ya" (PV!): P, N, D, C da"
1.2.3. P, N, D, C portent un texte homogène et intelligible en l!état, mais PV! présente un texte plus conforme au texte sanskrit retenu. Par exemple: P, N, D, C kho na (PV! de ltar)
1.2.4. P, N, D, C portent un texte homogène et intelligible en l!état, mais dont on peut suspecter qu!il a été amputé d!un segment en cours de transmission, ou dont une traduction plus fidèle est possible. Par exemple, dans la traduction de PVSV 111,5#6 (pra!amasukhasya anudvejan"c ca |): D, C rab tu #i ba"i bde ba"i phyir da" |: P, N om. rab tu #i ba"i bde ba"i phyir da" |. Cf. PV! P299a2#3/D251b4#5: rab tu #i ba ni !dod chags la sogs pa da$ bral ba"i mtshan ñid can gyi mya $an las !das pa"o || de"i zag pa med pa""i bde ba ga$ yin pa de""i ro mya$ ba de la skyo ba med pa ste | rgyab kyis phyogs par mi byed pa""i phyir ro ||, suggérant: *rab tu #i ba!i bde ba!i ro mya" ba la skyo ba med pa!i phyir da" |.
1.3. Je n!ai pas mentionné les très nombreuses variantes orthographiques de type: D, C ltos: P, N bltos
Avertissement quant à la version tibétaine
391
P, N rim: D, C rims D, C gra!: P, N dra! D, C slu: [P,] N bslu De même n!ai-je pas signalé les variantes induites par le traitement des particules (finales surtout) dans certaines portions de N (massivement dans N505a et 505b): phyiro, yino, yodo, medo, !gyuro, byedo, ainsi que byedu (N506b7), ñidu (N505b1, N507a7), ou telle abréviation/contraction de thams cad en th°d/tha"d (N507a6, extrême fin de ligne). 1.4. La numérotation continue (ligne par ligne) est celle de P.
2. Version tibétaine tshad ma gsum log tu zin kya! d!os po med par !grub pa ma yin no "es b#ad pa ga! yin pa de tshad ma g"an log pa na ldog par mi !gyur te | de dag ni ma lus pa!i yul [P5] can ñid ma yin pa ñid kyi phyir ro || !di la1 lu! gis ni cu! "ig kya! ma khyab pa med de | de la log pa ji [N484b] ltar go bar byed pa ma yin "e na | !di la lu! dag tu don [C319a] thams [D322a] cad ñe bar sbyar2 ba med par [P6] ni b#ad zin te | skabs su bab pa ñid ma yin pa!i phyir ro || g"an ya! | sgra rnams d!os da! lhan cig tu | | m e d n a m i ! b y u ! ñid med phyir | | de las don grub min de dag | | smra ba!i bsam [P7] pa ston par byed || [PV I.213] sgra ni d!os po ji lta ba b"in du !jug pa ma yin te | ga! gi phyir de dag las don gyi ra! b"in !es par !gyur na | de dag ni smra ba po brjod par !dod pa3 la rag lus pas [P8] !jug pa can dag yin pa!i phyir | de med na mi !byu! ba yin pas de ñid kyi4 go bar byed pa yin par5 !gyur ro || skyes bu!i !dod pa thams cad kya! don ji lta ba b"in du !gyur ba can ma yin [P478b1] la | de la rag lus pa med pa!i ra! b"in can gyi d!os po ni g"an go bar byed pa ma yin no || !on kya! ga!6 | yid ches tshig ni mi slu ba || spyi las7 rjes su dpag pa ñid ||8 ces lu! rjes su dpag pa ñid du [P2] gsu!s pa de ji ltar yin "e na | skyes bu !di ni lu! gi tshad ma la ma brten par g"ag par nus pa ma yin te | !bras bu m!on sum du gyur pa ma yin pa can la la dag gi !jug pa da! | ldog pa!i phan [P3] yon chen po da! | !an so! dag thos pa!i phyir 1
P, N, D, C !di la (PV$ om. !di la)
2
P, N sbyar (PV$): D, C sbyor
3
D, C pa (PV$): P, N par
4
em. kyi: P, N, D, C kyis
5
D, C par (PV$): P, N pas
6
P, N, D, C ga! (PV$ ga! !di)
7
em. las (PV$): P, N, D, C la
8
= PS II.5ab
394
Appendice A
da! | de yod pa la !gal ba1 ma mtho! ba!i phyir ro || de bas na !jug par bya ba yod2 na !di ltar !jug pa yin pa!i phyir brtags nas tshad mar gsu!s [P4] so || de ya! | !brel pa da ! ni rjes mthun thabs | | skyes bu!i don3 ni rjod byed !ag | | y o ! s su brtags pa dba ! b y a s y i n | | de las g"an pa dba! byas min || [PV I.214] !brel pa ni !ag rnams don gcig tu [P5] sdud4 pa la phan !dogs par byed pa!o || de ltar ma yin na smra ba po!i5 mi mthun pa ston6 par !gyur te | se!u bcu "es bya ba la sogs pa!i !ag da! !dra bar bsdud7 med pa kho na yin no || !bras bu !dod [P6] pa bstan bcos thabs nus pa med pa can gyi !bras bu can la dpyod par bya ba!i phyir gus par mi [N485a] !gyur "i! | skyes bu don gyi !bras bu med pa can dag la ya! ste | dug "i bar bya ba!i phyir !jog [P7] po!i8 gtsug gi rin po che!i rgyan gyi man !ag lta bu da! | bya rog gi so la9 brtag10 pa lta bu!o || [D322b/C319b] de bzlog nas sdud pa da! ldan pa da! thabs nus pa can da! | skyes bu!i don rjod par byed pa!i bstan bcos ni [P8] yo!s su brtag par bya ba yin te | g"an la gus par bya ba ñid ni mi rigs pa ñid kyi phyir ro || de11 ni gal te yo!s su brtags pa la slu ba brten12 pa
1
D, C ba (PV#): P, N ba la
2
D, C yod (PV#): P, N yin
3
N, D, C don (PV#): P !od
4
P, N, C sdud (PV#): D sdug
5
P, N po!i: D, C po
6
P, N, D ston (PV#): C sten
7
P bsdud: N, D, C bsdur
8
P, N po!i (PV#): D, C pa!i
9
D, C la: P, N om. la
10
P, N brtag (PV#): D, C brtags
11
P, D, C de: N da
12
P, N brten (PV#P): D, C bstan
Version tibétaine
395
med pa de la1 !jug pa na mdzes par !gyur ro || [P479a1] !di!i mi slu ba2 ga! "e na | mtho! da! ma mtho! d!os po yi3 | | don de dag la m!on sum da! | | rjes dpag rnam pa gñis kyis kya! | | gnod med !di ni mi slu ba!o || [PV I.215] m!on sum du !dod [P2] pa!i don dag la de b"in du !gyur ba ni m!on sum gyis gnod pa med pa ste | dper na s!on po la sogs pa da! bde ba da! sdug bs!al4 da! rgyu mtshan ñe bar mtshon par byed pa da! !dod chags la sogs pa da! [P3] blo dag lta bu!o || de ltar m!on par !dod pa ma yin pa dag kya! m!on sum ñid ma yin te | dper na sgra la sogs pa!i !o bo "en pa can bde ba la sogs pa dag da! | rdzas da! las da! spyi da! ldan pa la [P4] sogs pa5 dag lta bu!o || de b"in du lu! la ltos pa med pa!i rjes su dpag pa!i yul du !dod pa dag la de b"in du !gyur te | dper na !phags pa!i bden pa b"i dag lta bu!o || rjes su dpag par bya ba ma [P5] yin pa de dag6 ni de ltar !gyur te | dper na bdag la sogs pa lta bu!o || lu! la bltos pa!i rjes su dpag pa ya! dper na !dod chags la sogs pa!i !o bo da! de las byu! ba!i chos ma yin par khas [P6] bla!s nas de spa! ba!i7 phyir khrus da! me8 la sbyin sreg la sogs pa ma9 bstan pa lta bu!o || yo!s su gcod par nus pa!i yul ma lus pa rnam par dag pa de ni mi slu ba yin no || yid ches tshig ni mi [P7] slu ba | | spyi las !di yi lkog gyur pa!i | | yul la !a! [N485b] go skabs med blo ni | 1
D, C la (PV#): P, N la la
2
P, N, D, C mi slu ba (PV# mi slu ba ya!)
3
N, D, C yi: P yis
4
P, N bs!al (PV#): D, C bs!al ba
5
D, C pa: P, N om. pa
6
P, N, D, C de dag (PV# om. de)
7
D, C spa! ba!i: P, N spa!s pa!i
8
P, D, C me: N ma
9
P, N, D pa ma (PV#): C pas
Appendice A
396
| rjes su dpag pa ñi d d u b r j o d | | [ P V I . 2 1 6 ] de da! !di de lta bur gyur pa!i ñes pa zad pa!i tshig mi slu bar mtshu!s pa!i phyir ma mtho! bar [P8] !khrul pa med pa can m!on sum da! rjes su dpag pa dag gis go ba ma yin pa!i don rtogs pa ni de la brten pa ñid kyi phyir de las g"an pa!i rtogs pa da! !dra bar mi slu bar rjes su dpag1 par bya ba yin no || [P479b1] de bas na sgras rab [D323a] tu phye2 ba yin du zin kya! sgra las byu! ba [C320a] da! !dra bar bsam pa ñid ston par byed pa ni ma yin pa de ltar na don la mi slu ba!i phyir rjes su dpag pa ya! yin no || ya! na rnam pa g"an gyis [P2] ñes pa zad pa!i tshig mi slu ba yin pa!i phyir rjes su dpag pa ñid du brjod par bya ste | bla! da! dor bya!i de ñid ni | | thabs bcas rab tu !es pa yis | | gtso bo!i3 don la mi slu!i phyir | | g"an la !a!4 [P3] rjes su dpag pa yin || [PV I.217] bla! bar bya ba da!5 dor bar bya ba da! de!i thabs des bstan pa dag la phyin ci log med pa ni mi slu ba yin te | dper na !phags pa!i bden pa6 b"i po !chad par !gyur ba!i tshul lta bu!o || [P4] skyes bu!i don la ñe bar mkho ba can goms par !os7 pa de da! !di!i mi slu ba!i phyir8 yul g"an la ya! de b"in du khas bla! bar bya!i slu ba ni ma yin te | !gal ba med pa!i phyir da!9 | !chad pa po dgos [P5] pa med pa la log par ston pa la !bras bu med pa!i phyir ro || de da! de rnam pa gñis gas kya! go skabs med pas lu! rjes su dpag pa ñid du brjod pa yin no || lu! la !jug pa na de ltar !jug par bya!o || [P6] de ltar na rjes su 1
D, C dpag (PV#): P, N dpog
2
N, D, C phye: P phya
3
N, D, C bo!i (PV#): P !o!i
4
D, C la!a! (PV#): P, N la ya!
5
D, C da! (PV#): P, N om. da!
6
N, D, C pa (PV#): P pa li
7
D, C par !os: P, N pa la bltos
8
em. mi slu ba"i phyir (PV#): P, N, D, C mi slu ba"i
9
N, D, C da!: P do!
Version tibétaine
397
dpag pa ya! ñes pa med pa ma yin te | sgra dag ni don rnams la med na mi !byu! ba ñid ma yin pa!i phyir ro1 "es bstan zin to2 || s k y e s b u p h u l b y u ! l a bl t o s p a | | ji b"in3 don du g"an [P7] gyis #es || [PV I.218ab] don ji lta ba b"in du mtho! ba la sogs pa!i yon tan da! ldan pa!i4 skyes bu ñes pa zad pa ste | des byas pa ni mi slu ba "es bya!o "es bya ba ni g"an dag gi!o || gal te phul du byu! ba de5 | | [P8] #es [N486a] par nus na don !di !dod || [PV I.218cd] rtog pa s!on du gto! ba !jug par !dod pa can thams cad ni lu! !am lu! ma yin pa tshol bar byed kyi pho!s pas ni ma yin no || ji ltar ya! !di las nan tan du byas [P480a1] #i! #es nas !jug pa na don da! ldan par !gyur ba de ltar mtho! bar nus pa can la slu ba med pa!i rkyen gyis de g"an dag la ya! !jug par !gyur te | !jig rten gyi tha sñad ni de ltar [P2] phal che ba can ñid kyi phyir ro6 || skyes bu yo!s su brtags nas !jug pa na7 mi !jug pa kho na [D323b] yin te | de lta bur gyur pa de #es par mi nus [C320b] pa ñid kyi phyir ro || mi !dod pa!i phyir ni ma yin te | de !dra [P3] ba ni phyin ci ma log pa ston pa!i phyir ro || !di ltar | tshad ma rnams ni rñed dka!i 8 phyir | | !di ni !di lta !am min no "es | | g"an ñes pa !am ñes med kya! | | rtogs dka! "es ni g"an gyis #es || [PV I.219]
1
P, D, C ro: N ra
2
P, D, C to: N te
3
N, D, C b"in (PV$): P !"in
4
em. pa!i (PV$): P, N, D, C ni
5
em. de (PV$): P, N, D, C ste
6
P, D, C ro: N om. ro
7
D, C na (PV$): P, N ni
8
P, N, C dka!i (PV$): D dga!i
398
Appendice A
skyes bu dag sems1 las byu! ba!i yon tan da! skyon dag las ya! dag pa da! log2 par !jug pa can yin na de ya! dba! po las !das pa dag yin te | ra! las byu! ba!i lus da! !ag gi bya ba da! smra bas [P5] rjes su dpag par bya ba dag yin na | tha sñad kya! phal cher blo s!on du gto! bas rnam pa g"an du ya! bya bar nus te | skyes bu!i !dod pas3 !jug pa can ñid yin pa!i phyir da! | de dag kya! bsam pa 4 [P6] sna tshogs pa can yin pa!i phyir ro || de bas na !di ni gtan tshigs chal5 ba!i phyir !es pa med pa yin na ji ltar rtogs par !gyur | ci ste ga! ñes pa med pa de !dra ba!i skyes bu ci yod pa ma yin nam "e na | [P7] !grib da! phul byu! brten pa kun | | mi mthun phyogs da! bcas ñid phyir | | de goms pa las bdag gyu r pas | | la lar6 zag pa zad par !gyur || [PV I.220] [P4]
zag pa zad pa de ya! #es par7 dka! ba yin no || [P8] ñes pa !di ni !grib pa da! phul du byu! ba!i chos can gyis8 yin te | mi mthun pa!i phyogs kyis zil gyis gnon pa khyad par du byed pa [N486b] da! mi byed pa9 me la sogs da! !dra bar sgrub par byed do || [P480b1] de dag ni rnam par rtog10 pa las !byu! ba can dag yin te | ñe bar len pa dag yod11 na ya! yid kyi yon tan !ga! "ig goms pa12 las khyad par
1
P, D, C sems: N sams
2
P, N log (PV$): D, C ldog
3
P, N pas (PV$): D, C pa!i
4
D, C pa: P, N om. pa
5
N chal (PV$ !chol): P, D, C tshol
6
N, D, C lar (PV$): P las
7
D, C par (PV$): P, N pa
8
P, N gyis: D, C gyi
9
D, C pa: P, N pa da!
10
D, C rtog (PV$): P, N rtogs
11
P, N yod (PV$): D, C yin
12
P, N, D pa (PV$): C om. pa
Version tibétaine
399
du !gyur ba med pa da! | de gsal ba na me la sogs pa da! !dra bar1 [P2] rjes su !gro ba med pa can gyi !jig pa!i chos can du !gyur ro || de bas na ñes pa med par ya! !gyur ro || ñes pa med pa "es bya ba ya! ji lta bu yin | !di ltar ñes pa!i mi mthun pa!i phyogs kyi bdag [P3] ñid du !gyur ba ñid yod na ya! rkyen ji lta ba b"in du ñes pa ya! !byu! ba yin te | ñes pa!i bdag ñid du gyur pa!i mi2 mthun pa!i phyogs skye ba da! !dra!o "e na | ñes3 [D324a] pa !di [P4] ni med de !di ltar | !tshe ba med da! ya! dag don | | !o bo ñid la phyin4 log gis | | !bad du zin kya! mi bzlog ste5 | | blo ni de phyogs !dzi n p h y i r r o | | [ P V I . 2 2 1 ] [C321a] ra! b"in ni6 !bad rtsol med par bzlog par nus pa [P5] ma yin te | gtsa! sbra7 can8 thod pa can la !dod pa da! !dra!o || !bad rtsol ya! thob pa da! ldog pa!i ra! b"in dag ni yon tan da!9 skyon mtho! bas byas pa yin na | de ya! mi mthun pa!i phyogs kyi bdag ñid [P6] can du !gyur ba!i skyes bu!i skyon dag la yod pa ma yin te | de ni ñe bar !tshe ba med pa ñid yin pa!i phyir ro || ñes pa ma lus pa spa!s pa!i phyir da! | kun nas dkris pa da! skye ba la rag lus pa!i sdug [P7] bs!al da! bral ba!i phyir da! | rab tu "i ba!i bde ba!i phyir da! |10 skyo ba med pa!i phyir ro || ya! dag pa!i don can ma yin pa 1
D, C !dra bar (PV#): P, N om. !dra bar
2
P, N, D mi (PV#): C ma
3
P, N, D ñes (PV#): C ñas
4
D, C phyin: P, N phyin ci
5
D, C bzlog ste: P, N zlogs te
6
P, N ni: D, C du
7
D, C sbra (PV#): P, N sgra
8
P, N can (PV#): D, C can la
9
P, N da! (PV#): D, C om. da!
10
D, C rab tu "i ba!i bde ba!i phyir da! |: P, N om. rab tu "i ba!i bde ba!i phyir da! |. Cf. PV# P299a2"3/D251b4"5: rab tu !i ba ni !dod chags la sogs pa da" bral ba"i mtshan ñid can gyi mya "an las !das pa"o || de"i zag pa med pa""i bde ba ga" yin pa de""i ro mya" ba de la skyo ba med pa ste | rgyab kyis phyogs par mi byed pa""i phyir ro ||, suggérant: *rab tu "i ba#i bde ba#i ro
400
Appendice A
ñe bar len pa!i stobs las1 byu! ba can2 ya! rgyud3 las rnam par bzlog pa bzu! ba!i phyir mi !gyur ro || ya! [P8] dag pa!i don can ni ma yin te | d!os po!i stobs kyis skye ba!i phyir ro || ñes pa4 ya! dag pa!i don ma yin pa can gñen po!i phyogs kyi bdag ñid can du gyur pa la gnod par byed pa ma yin no || [P481a1] de bas na ñes pa5 skye ba ma yin te | !bad rtsol yod [N487a] na ya! rtog pa da! ldan pa!i blo da! khyad par du skyon med pa!i bdag ñid can ni yon tan gyi phyogs su gyur pas gñen po!i phyogs [P2] ñid la rtsol ba byed pa!i phyir ro || ñes pa de dag skyed par byed pa6 ga! gi gñen po!i phyogs goms7 pa las spo! bar !gyur ba ya! ga! "e na | ñes pa!i8 rnam pa thams cad dag | | !jig9 tshogs lta las skye [P3] ba yin | | de ma rig10 de der chags pa | | de las "e sda! la sogs !byu! || [PV I.222] !a ma yin !a!i ma yin "es lta ba!i yo!s su !dzin pa med par !ga! "ig la ya! chags pa med ci! | rjes su chags pa med [P4] par !ga! "ig la "e sda! med de | bdag da!11 bdag gi la ñe bar gnod pa med pa can da! ñe bar gnod pa !joms par byed pa la de med pa!i phyir ro || de bas na rigs mtshu!s pa goms pa las [P5] skye ba!i bdag tu lta bas12 bdag
mya! ba la skyo ba med pa"i phyir da! |. 1
D, C las (PV#): P, N las las
2
D, C can (PV#): P, N om. can
3
D, C rgyud (PV#P): P, N rgyu
4
em. pa (PV#): P, N, D, C pa!i
5
P, N, D, C ñes pa (PV# ñes pa ya!)
6
P, N, D pa: C par
7
P, D, C goms: N gams
8
P, N pa!i (PV#): D, C par
9
D, C !jig (PV#): P, N !jigs
10
P, N ma rig (PV#): D, C mi rigs
11
em. da! (PV#): P, N, D, C med pa
12
D, C bas (PV#): P, N ba
Version tibétaine
401
gir !dzin pa1 skyed par2 byed do || de dag gis kya! de la chags pa3 da! "e sda!4 la sogs pa skyed par [D324b] byed pa!i phyir | ñes pa thams cad ni !jig tshogs su lta ba las skye ba yin no || [P6/C C321b] 5 6 de ñid kya! mi #es pa "es bya ste | de ñid phyir na ñes rnams kyi | | r g y u n i g t i m u g y i n p a r g s u !s | | g"an ya! !jig tshogs lta ba ste7 | | de spa!s pa na spa!s phyir ro || [PV I.223] gti mug [P7] ni ñes pa!i rgyu yin par gsu!s te | rmo!s pa med pa la ñes pa dag mi skye ba!i phyir ro || g"an dag tu ni !jig tshogs su lta ba ya! yin no || de da! de ni gtso bo bstan pa yin na !gyur te | du ma las [P8] skye ba can gyi ñes pa dag ni gcig las skye ba !gal ba!i phyir ro || gñi ga gtso bo yin na ni re re bstan pas mdzes pa la brten pa8 ma yin no || rnam pa gñi9 ga ya! gcig tu bstan pa na !gal ba med do || [P481b1] gtso bo ya! de dag10 gi ñe bar len pa ñid kyis yin te | de spa!s pa na ñes pa dag spa!s pa!i phyir ro || de bas na !jig tshogs su lta ba las skye ba can [N487b] gyi ñes pa rnams ni de!i gñen po!i phyogs bdag med [P2] pa mtho! ba goms pa las spa!s pa yod par !gyur ro || ñes pa zad pa can rtogs dka! ba de ya! ga! gis bstan pa las !dis rtogs par !gyur ro || skyes bu la brten pa can gyi tshig ni lu! [P3] ma yin te | byed pa po rtogs dka!11 ba ñid kyi phyir ro || 1
D, C pa (PV$): P, N par
2
P, N skyed par (PV$): D, C skye bar
3
D, C pa (PV$): P, N om. pa
4
P, N, D, C "e sda! (PV$ des "e sda!)
5
P, D, C #es (PV$): N #as
6
em. pa: D,C pas ma rig pa: P pas ma rigs pa: N par ma rig pa. Cf. PV$ P300b7/D253a1"2: de ñid kya! mi "es pa ste ma rig pa!o #es gsu!s so ||.
7
N, D, C ste: P da!
8
D, C brten pa (PV$): P, N om. brten pa
9
N, D, C gñi: P gñis
10
D, C de dag (PV$): P, N !ag
11
N, D, C dka! (PV$): P dga!
Appendice A
402
tshig rnams log pa ñid kyi rgyu | | ñes rnams skyes bu la brten phyir | | skyes bus ma byas bden don can | | !es ni la la rjod par byed || [PV I.224] lu" thams cad ni !khrul par srid pa ma yin te | !khrul pa!i rgyu ñes pa rnams ni skyes bu la brten pa ñid kyi phyir ro || skyes bus ma byas bden don can !es bya ba ni g!an dag gi yin te | [P5] rgyu med pas ni !bras bu med pa sgrub1 par byed pa!i phyir ro || de skad du smra ba de ñid la | tshig rnams bden pa ñid kyi rgyu | | yon tan skyes bu la brten phyir | | skyes bus ma byas log pa!i don | | [P6] ci min !es ni g!an dag brjod || [PV I.225] [P4]
ji ltar !dod chags la sogs pa da" ldan pa!i skyes bu brdzun du smra ba mtho" ba de ltar | brtse ba!i chos ñid la sogs pa da" ldan pa bden par smra ba yin [P7] no || de bas na ji ltar tshig ni skyes bu la brten pa ñid kyi phyir log pa!i don2 yin pa de ltar bden pa!i don ya" yin pa!i phyir de [D325a] log [C322a] pa na de ya" log pa de ltar na don3 med pa !am phyin ci log tu !gyur [P8] ro || sgra rnams ni "o bo ñid kyis4 don da" ldan pa ma yin gyi brda las yin te | de las don rtogs pa!i phyir lus kyi brda la sogs pa lta bu!o || rjes su mthun par5 ru" ba ñid yin te | brda!i [P482a1] tshe de!i !dod pas6 brdar byas pa ñid kyi phyir ro || "o bo ñid kyis7 grub pa dag la ni !dod pa!i dba" gis bstan pa mi ru" ba!i phyir ro || de dag don med pa can yin pas skyes bus [P2] legs par byas pa las don da" ldan par !gyur | de dag 1
em. sgrub (PV#): P, N, D, C grub
2
P, N, D, C log pa"i don (PV# log pa"i don ñid)
3
em. don med pa (PV#): P, N, D, C med pa
4
P, N kyis (PV#D): D, C kyi
5
P, N, D, C rjes su mthun par (PV# rjes su mthun par ya")
6
em. pas (PV#): P, N, D, C pa
7
P, N kyis (PV#): D, C kyi
Version tibétaine
403
kya! de dag gis legs par bya ba kho1 na skyes bus2 byas pa can kho na ñid du rigs kyi skyes pa ni ma yin no || de ñid [N488a] las don la !khrul pa!i [P3] phyir ro || skyes pa3 ya! rnam pa g"an du brdar byas pa ya!4 de las g"an pa!i skyes bu!i chos da! !dra bar !gal ba med pa can yin no || de bas na !di log pas ra! gis byas pa!i brda las byu! [P4] ba can gyi don gyi blo dag log par !gyur ro || de bas na de log par ga! las bden pa!i don can ñid yin | ci ste ya! skyes pa kho na skyes bus byas5 pa ñid yin gyi brdar byas pa ma yin na | don #es [P5] byed6 pa dag gi rgyu | | brda ni skyes bu la brten 7 p a s | | tshig rnams skyes bus byas min ya! | | de phyir log pa ñid du srid || [PV I.226] !di skyes bus byas pa ma yin pa ñid kyis ci "ig bya | brda ga! las don [P6] rtogs par !gyur ba de skyes bus byas pa8 de ni phyin ci log tu ya! !gyur ro || brda rnam pa g"an gyis tshul khrims sgrub par byed pa can gyi mtho ris kyi tshig phyin ci log tu !gyur ro || des na9 don [P7] ji lta10 ba b"in ma yin ya! ston par byed pa srid pa!i phyir de ñid skyon yin no || !brel pa skyes bus byas min na | | brda rig med par rtogs par !gyur || [PV I.227ab]
1
P, D, C kho: N khas
2
N, D, C bus (PV$): P bus ma
3
D, C pa (PV$): P bu: N illis.
4
D, C pa ya!: P, N pa la ya!
5
D, C byas (PV$): P, N om. byas
6
P, N byed (PV$): D, C byas
7
P, D, C brten: N brtan
8
em. skyes bus byas pa (PV$): P, N, D, C skyes bus ma byas pa
9
P, N des na (PV$): D, C de bas na
10
D, C lta (PV$): P, N ltar
404
Appendice A
de1 ltar ni !gyur na sgra2 !brel pa ma byas pa [P8] can de dag ni don rnams la skyes bu dag gis rnam pa g!an du phyin ci log par !gyur ba ma yin pa de bas na skyon yod pa ma yin no !e na | da ni brdas3 ci !ig bya ste | ga" las don rtogs pa de4 ni [P482b1] !brel pa yin no || gal te de skyes bus ma byas pa yin na !di ni brda la5 bltos pa med pa ñid yin no || rtogs pa la brten6 pa [C322b] ma yin na ji7 ltar na !brel pa yin na8 | [D325b] b r d a s d e d a g n i g s a l y i n n a | | [P2] rtog9 pa g!an dag don med !gyur || [PV I.227cd] !brel pa yod na ya" gsal ba med na rtogs pa!i rgyu ma yin no || brdas kya" !di gsal bar byed pa yin no || !on te de10 grub pa la ñe bar gnas pa can rgyu [P3] ma yin pas ci !ig bya11 | !brel pa!i bya ba ni ga" don rtogs pa skyed par byed pa de tsam ma yin nam | de ni brda ñid [N488b] kyis byas zin to || gal te ru" ba ma yin pa!i brdas nus pa ma yin pa!i phyir ru" [P4] ba ñid !brel pa yin no !e na | de bas na ci sgra !brel pa yin pa bla12 ste | rgyu da" !bras bu!i ru" ba ñid da" !dra bar sgra!i nus pa!i "o bo13 ru" ba ñid yin no || gal te14 don 1
N, D, C de (PV#): P des
2
D, C sgra (PV#): P, N om. sgra
3
em. brdas: P,N,D,C brda
4
D, C de: P, N om. de
5
em. la (PV#): P, N, D, C las
6
P, D, C brten: N brtan
7
N, D, C ji (PV#): P ci
8
D, C na: P, N om. na
9
P, N rtog: D, C rtogs
10
P, N de (PV#): D, C om. de
11
P, N, D, C yin pas ci !ig bya. Cf. PV# P305a8"b1/D256a7: rgyu ma yin pa !bras bu med pa can gso !i" yo"s su skyo" bas ci !ig bya |, suggérant: *rgyu ma yin pa gso bas ci !ig bya |.
12
P, N pa bla (PV#): D, C par bya
13
D, C "o bo: P, N "o bo ñid
14
P, N, D, C gal te (PV# gal te de)
Version tibétaine
405
g!an yin na sgra!i1 !es bya ba!i [P5] !brel pa brjod pas ci !ig bya | gal te ru" ba ñid la phan !dogs par byed pa yin no !e na | ma yin te rtag pa ñid ni phul du dbyu" du med pa ñid kyi phyir ro || de la ya" #in tu thal bar !gyur [P6] ba!i phyir | phan !dogs pa ma grub pa!i phyir ro || ru" ba ñid kya" don la "o bo ñid kyis ru" ba ñid du ci!i phyir mi !dod | !on te brda ni ji ltar sgra da" don dag gi !brel pa yin te | skyes bu [P7] rnams la !jug pa!i phyir ro || ma !dres pa rnams da" grub pa rnams la ni !brel ba ga" ya" yod pa ma yin te2 | tha dad pa med par thal bar !gyur ba!i phyir da" bltos pa med pa!i phyir ro || don gyi [P8] khyad par brjod par !dod pa !pha"s pa!i tshig gis !di las !di !es #es pa!i ra" gi rgyu la sna" ba!i don ston3 par byed pa!i phyir | blo!i "o bo da" "ag gi rnam par rig byed dag ni bskyed par bya ba da" skyed [P483a1] par byed pa!i "o bo!i4 !brel pa yin pa de bas na sgra las rtogs pa ni med5 na mi !byu" ba yin pa!i phyir ro || de6 gsal bar byed pa ni brda yin te | de las #es par byed pa!i !brel [P2] pa grub pa!i phyir da" | !brel pa gsal bar byed pa!i phyir | de ñid ni !brel pa ma yin no || g!an ñid !brel7 pa rtag pa yin par ni bla ste | des na | tshig rnams don gcig la "es8 na | | don9 g!an rtogs [P3] par mi !gyur ro || [PV I.228ab] !brel pa des !brel pa med pa!i don rtogs par rigs pa ma yin te | de ni don med pa can du thal bar !gyur ba!i phyir ro || !dod pa!i dba" gis
1
D, C sgra!i (PV$): P, N sgra
2
P, D, C te: N to
3
P, N ston (PV$): D, C rten
4
P, D, C bo!i: N ba!i
5
P, N, D med: C mad
6
D, C de (PV$): P, N de da"
7
P, D, C !brel: N !bral
8
P, D, C "es: N "as
9
P, D, C don: N dan
406
Appendice A
brdar byas pa can thams cad [P4] kyis1 thams cad gsal bar byed pa ya! mtho! !o || don du ma da! m!on !brel na | | ! g a l b a [ N 4 8 9 a ] g s a l b a r b y ed p a s r i d | | [ P V I . 2 2 8 c d ] [C323a] ci ste mtho! ba [D326a] !gal bar ma gyur cig sñam pas thams cad thams cad [P5] kyi rjod par byed pa yin no || de2 ltar na thams cad thams cad kyi sgrub par ni ma yin te | rgyu da! !bras bu dag ni !chol ba med pa!i phyir ro ||3 de la4 so sor !es par byed pa sgrub pa can gyi m!on par [P6] !dod pa!i don la bsgrub par bya ba da! | sgrub par5 byed pa thams cad kyi thun mo! gi sgra ni !dod pa!i don gsal bar byed pa ñid brda6 byed pas byas pa yin no "es bya ba de ga! las yin | de ma !es pa !es pa skyes bu7 las [P7] thob8 par !gyur ba de!i tshe | skyes bus ma byas pa ñid kyi | | k u n t u r t o g p a ! a! 9 d o n m e d ! g y u r | | [ P V I . 2 2 9 a b ] ji ltar ya! don ma !chol ba rtogs pa!i phyir skyes bu rgyur !chol ba bsal10 ba yin no || de la11 [P8] skyes bu rnams kyis12 ci !dra ba dag !ga! "ig la rab tu sbyor ba !chol bar !gyur ro || de !dra ba ñid thams cad da! thun mo! du gyur pa13 yod na | !ga! "ig la de rnams kyis 1
em. kyis (PV#): P, N, D, C kyi
2
D, C de (PV#): P, N de de
3
D, C ro ||: P, N om. ro ||
4
em. la: P, N, D, C las
5
D, C bya ba da! | sgrub par (PV#): P, N om. bya ba da! | sgrub par
6
P, N byed pa ñid brda: D, C om. byed pa ñid brda
7
D, C bu (PV#): P, N bus
8
em. thob (PV#): P, N, D, C mtho!
9
P, D, C !a!: N !i!
10
P, N bsal: D, C gsal
11
D, C de la: P, N de las
12
em. kyis (PV#): P, N, D, C kyi
13
D, C gyur pa: P, N !gyur ba
Version tibétaine
407
!es par byas pa yin te | [P483b1] de kho na ñid yo!s su "es pa med pa!i phyir ro || gal te rig byed pa ni1 !o2 bo ñid kyis !es pa yin no #e3 na | bstan pa la rag las pa med par !gyur ba da! | brda rnam pa g#an gyis ston par mi !gyur ba da! | [P2] !chad pa!i rnam par rtog par mi !gyur ro || rnam par rtog par nus pa can yod na ston pa!i !dod pa la mi slu ba med pa!i phyir skyes bus ma byas pa ñid ni don med pa can ñid du !gyur ro || tha dad rnams [P3] kyi !brel pa ya! | | rnam par g#ag phyir gtan tshigs brjod || [PV I.229cd] phyi rol gyi don ni sgra!i !o bo ma yin4 #i! | sgra ni don rnams kyi ma yin te | tha dad pa med pa!i bdag ñid can5 ga! gis gnas skabs [P4] tha dad pa ya! byas pa6 da! mi rtag pa7 da! !dra bar8 med na mi !byu! ba ñid du !gyur ro || sgra de dag kya! brjod par !dod pa las skye ba can nam | skye ba med pa can brjod par !dod pas [N489b] gsal bar bya ba dag [P5] ma yin #i! don la rag las pa ma yin no || de bas na de la9 so sor !es par bsgrub par bya ba de!i rjes su !gro ba ji ltar sgrub par byed10 par !gyur te | rag las pa med pa de!i ni sgrub par byed pa ma yin no || skyes bus [P6] legs par ma byas pas | | rnam pa kun tu 1 1 don med !gyur | | legs byas khas len na !di [C323b] yi | | d!o s s u g l a ! p o [ D 3 2 6 b ] k h r u s ! d r a r ! g y u r | | [P V I .2 3 0 ] 1
em. ni (PV$): P, N, D, C !i
2
P, D, C !o: N !a
3
N, D, C #e (PV$): P #es
4
P, N, D yin: C lin
5
P, N can: D, C om. can
6
P, N, D, C byas pa (PV$ byas pa ñid)
7
P, N, D, C mi rtag pa (PV$ mi rtag pa ñid)
8
em. bar (PV$): P, N, D, C ba
9
D de la (PV$): C da la: P, N om. de la
10
D, C par byed: P, N om. par byed
11
P, N tu: D, C du
408
Appendice A
!es bya ba ni bsdu ba!i tshigs su bcad pa!o || g!an ya" sgra da" [P7] don dag gi !brel pa rtag pa!am mi rtag par !gyur | gal te mi rtag pa skyes bu!i1 !dod pas !jug pa2 can nam mi !jug pa can yin gra" na | skyes bu la rag las pa ñid ma yin na skyes bu!i bsam [P8] pa ji lta ba b!in du yul la sogs par gyur pas3 des4 ston par mi !gyur te | !dod pa la rag lus pa med pa ya" ri bo la sogs pa5 da" !dra bar !ga! !ig tu ya" mi ru" ba!i phyir ro || !di ñid ni rtag pa [P484a1] ñid la ya" skyon yin te | de!i rtag6 pa "o bo g!an du gyur pa mi ru" ba!i phyir ro || gnas skabs thams cad la ya" mtshu"s pa yin te | !dod pa la so sor "es pa med [P2] pa!i phyir ro || de las khyad par rtogs pa mi !gyur ba!i phyir | s"a ma b!in du thal bar !gyur ro || !dod pas !jug pa yin na ya" skyes bus byas pa ñid yin pa!i phyir !khrul par dogs7 par [P3] !gyur ro || g!an ya" | !brel pa can rnams mi r t a g p h y i r | | !brel pa l a rta g yod ma yin || [P V I.231ab] g!an la8 rten pa can !brel pa yin na ni rag las pa med pa la de dag gi9 !brel pa ñid10 [P4] mi ru" ba!i phyir ro || rten de ya" mi rtag pa yin te | de !ig11 na !brel pa ya" !ig par !gyur ro || de lta ma yin na brten12 par mi !gyur ro || de bas na rtag pa ma yin no || de!i rten gyi don ya" brjod [P5] par bya ste | rtag pa la phan gdags su byar med pa ñid kyi phyir ro || phan !dogs par mi byed pa ya" rten ma yin no || 1
P, N bu"i: D, C bus
2
D, C pa (PV#): P, N pas
3
em. pas (PV#): P, N, D, C pa
4
em. des (PV#): P, N, D, C der
5
P, N, D pa: C pa la
6
D, C rtag (PV#): P, N brtags
7
D, C dogs (PV#): P, N !dod
8
D, C la: P, N ya"
9
D, C gi (PV#): P, N gis
10
D, C ñid (PV#): P, N ñid yin pa!i [P4] phyir
11
D, C !ig: P, N !ig pa
12
em. brten (PV#): P, N, D, C !ig
Version tibétaine
409
gal te rigs [N490a] brjod par bya ba ñid yin pa!i phyir skyon med do !e na | ma yin te | [P6] de brjod pa la dgos pa med pa!i phyir ro !es bya bas de dpyad zin to || thams cad du ya" rigs med pa!i phyir !dod rgyal ñid gsal bar brjod pa rnams la mi ru" ba da" | rnam pa thams cad du rigs [P7] brjod pa na khyad par g!an spa"s nas !jug pa mi ru" ba!i phyir ro || de!i phyir de!i rjes su !gro ba da" ldog pa can gyi d"os po!i yod pa da" med pa ni !brel pa yin no || de!i phyir don da" sgra yi1 de | | skyes [P8] bus blo yis legs par byas || [PV I.231cd] yod pa da" med pa de dag la brten nas ma !dres su zin kya" tha sñad la goms pa las skyes bu la !dres par [D327a/C324a] sna" ba!i phyir | d"os po rnams kyi !dres pa ni skyes bus [P484b1] byas pa yin no || g!an ya" rten !ig pa las2 !brel pa !ig par !gyur na | sgra de ya" s"a na med pa da" !brel pa ma yin te | !brel pa can ñid med pa!i phyir da" | skyes #i" !gyur ba!i d"os po !brel [P2] pa can ma yin pa rnams ni brjod par bya ba ma yin par3 !gyur te | !brel pa gnas pa med pa!i phyir ro || de la ya" | don da" lhan cig skyes pa na4 || [PV I.232a] rtog5 par !gyur6 na | sgra rnams la ni ra" [P3] b!in dag7 | | rnam par bzlog pa mi rigs so || [= PV I.232bc1] ci ste !brel pa !ig pa don g!an la med pa !am | don rnams brjod par bya ba ma yin par ma gyur cig sñam pas | gal te skyes #i" byu" ba!i don [P4] !brel pa da" ldan pa skye bar8 !gyur na | !brel pa de skyes su 1
D, C yi: P, N yid
2
em. las (PV$): P, N, D, C la
3
P, N, D, C ma yin par (PV$ ma yin par ya")
4
em. na (PV$): P, N, D, C ma
5
em. rtog: P, N, D, C rtogs
6
P, N !gyur: D, C gyur
7
P, N, D dag: C da"
8
D, C skye bar (PV$): P, N skyed par
410
Appendice A
zin kya! sgra la mi !gyur te | de da! !brel pa med pa can gyi ra! b"in ni ra! b"in bzlog pa med par de!i !o bo mi ru! ba!i phyir da! | [P5] don da! lhan cig skyes pa g"an las grub pa ya! sgra phan !dogs pa med pa la mi brten pa!i phyir ro || de ya! de skyed par byed pa!i lhan cig byed pa ñid yin na nus pa ni rtag tu bskyed par thal bar [P6] !gyur te | bltos pa med pa!i phyir te | rtag1 pa la phan [N490b] gdags su med pa!i phyir ro || nus pa med pa yin na2 ya! phyis kya! nus pa ma yin te | ra! b"in mi !dor ba!i phyir ro || rnam brtags [P7] !brel la ñes !di med || [= PV I.232c2d] d!os po !dres pa bltos pa can ni ma yin gyi skyes bu goms pa la3 sna! ba can de la bltos pa!i mtshan ñid can ni !brel pa yin te | des rtag tu zin kya! ra! b"in g"an [P8] du bsgyur ba med par !ga! "ig las ra! ñid kyis dpyad nas sbyor bar byed pa!i phyir | de dag kya! de b"in !gyur na ya! !jig pa!i chos can ma yin no || rten "ig pas brten pa !brel pa "ig [P485a1] pa!i phyir de mi rtag pa yin no "es b#ad pa ga! yin pa de la | gal te rten ni !jig na ya! | | !jig min rtag phyir rigs da! !dra | | r t a g r n a m s l a b r t e n n u s p a g a! | | [P2] ga! gis brten de4 !dod pa yin || [PV I.233] !di skad du rigs da!5 brten pa ni rtag pa yin na rten da! lhan cig !jig pa ya! ma yin no [C324b] "es thos mod kyi | !on kya! rtag pa rnams la rten gyi nus pa ma mtho! na [P3] ga! gis [D327b] na !di!i rten yin te | byas pa la byed pa med pa!i phyir da! | byed pa po ma yin pa la ya! mi bltos pa ñid kyi phyir ro || gal te rigs da! !brel pa ni brten nas gsal bar phan !dogs [P4] pa6 yin pa des na rten1 "es bya!o "e na | 1
P, N, D rtag: C rtags
2
D, C na (PV$): P, N om. na
3
em. goms pa la (PV$): P, N, D, C goms pa
4
P, N de: D, C te
5
P, N da!: D, C om. da!
6
D, C pa: P, N par
Version tibétaine
411
!es pa skyed byed lhan cig byed | | rgyu rnams tshogs par gyur pa las | | d e b s k y e d p a r n i r u" ñ i d ph y i r | | r i g s p a ! es pa s bu m so gs k y i | [ P V I . 2 3 4 ] | gsal [P5] ba bskyed pa la ya" !dod | | khyad med !gyur ba med rnams kyi | | gsal byed ra" gis2 don ci byas | | ga" phyir de dag des gsal !dod || [PV I.235] lhan cig byed pa sna" ba ñe bar len pa la bltos pa las !es pa [P6] skyed par byed pa3 skad cig ma g#an bskyed pa kho na bum pa la sogs pa rnams m"on par gsal ba yin no || de lta ma yin na de las phan !dogs pa la bltos pa med pa !es pa bskyed par thal bar [P7] !gyur ba!i phyir ro || nus pa byed pa ya" skyed par byed pa4 ñid yin [N491a] pa!i phyir te | de ni de!i bdag ñid can ñid yin pa!i phyir ro || don g#an ñid yin na ni d"os po la phan !dogs par byed pa ma yin par [P8] thal bar !gyur ba!i phyir ro || nus pas kya" !es pa bskyed pa!i phyir rtag tu bum pa la sogs pa mi !dzin par !gyur la | sna" ba la bltos pa med pa can !dzin par thal bar !gyur ba!i phyir ro || [P485b1] bltos pa med pa ni bdag ñid la phan !dogs pa med pa!i phyir ro || de bas na !di dag ni ra" gi yul la rnam par !es pa bskyed pa!i phyir g#an la bltos par gyur pa na de las ra" gi "o bo phul du [P2] dbyu" ba bdag gir byed do || de bas na !di!i de dag bskyed par bya ba yin no || !es bya!i "o bo thob nas kya" !es pa!i dba" gis !bras bu!i khyad par brjod pa!i sgras khyad par gsal bar bya [P3] ba!i phyir | gsal bar5 brjod do || de ltar rigs da" !brel pa la sogs pa dag ni rnam pa !ga! #ig kya" phan gdags par bya ba ñid ma yin pa!i phyir phan !dogs par byed pa ma yin pas [P4] gsal bar rigs pa ma yin no ||
1
D, C rten (PV$D): P, N brten
2
em. gis: P, N, D, C gi
3
P, N, D, C pa (PV$ par ru" ba"i)
4
D, C pa (PV$): P, N par
5
P, N, D, C bar (PV$ bya)
Appendice A
412
!brel pa d!os po ñid yin na1 | | t h a d a d p h y i r b l o s n a tshogs !gyur || [P V I.236ab] !brel pa de ni2 d!os por !gyur na !es par sgra da! don dag [C325a] las tha dad [D328a] pa da! tha dad pa [P5] med pa las !das pa ma yin no || !o bo d!os po yin na ni de!i !o bo ñid ma yin pa ñid ni g"an3 yin no "es b#ad zin to || de ya! mig gis gzu! bar bya ba yin na ra! gi blo la de las [P6] g"an pa4 dag las !o bo tha dad pa can sna! ba med na ji ltar na de ltar !gyur te | sna! ba tha dad pa med pa da! ma mtho! ba dag ni tha dad pa da! yod pa ñid bzlog pa dag gi rten5 can ñid yin pa!i [P7] phyir ro || de lta ma yin na de dag gi gnas pa ni med par thal bar !gyur ba!i phyir ro6 || gal te dba! po las !das pa ñid yin pa!i phyir mi sna! du zin kya! dba! po la sogs pa da! !dra bar 7 [P8] skyon yod pa ma yin no "e na | ma yin te | de las mi rtogs [N491b] par thal ba!i phyir da! | rab tu ma grub pa ni #es par byed pa ñid ma yin pa!i phyir ro || thag ñe ba tsam gyis #es par byed pa [P486a1] ñid yin na ni blo ma8 bya! ba rnams kya! !gyur ro || rjes su dpag pa las rtogs pa ma yin te | rtags med pa!i phyir da! dpe ma grub pa!i phyir ro || de ya! dba! po las !das pa [P2] ñid kyis sgrub par byed pa la bltos pa!i phyir ro || gal te dba! po la sogs pa dag la ya! mtshu!s so "e na | ma yin te | de dag ni rnam pa g"an gyis rjes su dpag pa!i phyir ro || !ga! "ig [P3] yod na rjes su !gro ba da! ldog pa da! ldan pa!i #es pas de tsam las mi !byu! ba can da! | de las bzlog9 pa la bltos pa sgrub par byed do || de bas na !bras bu!i sgo nas dba! po grub pa yin no || [P4] de ltar !brel pa ni ma yin te | de ma 1
P, N na (PV$): D, C no
2
P, N, D, C de ni (PV$ de ya!)
3
P, N, D, C g"an (PV$ g"an ñid)
4
P, N pa (PV$): D, C om. pa
5
D, C rten: P, N brten
6
P, N, D, C med par thal bar !gyur ba!i phyir ro (PV$ med par thal bar !gyur ro)
7
P, N rtogs: D, C rtog
8
N, D, C ma (PV$): P la
9
N, D, C bzlog: P bltog
Version tibétaine
413
grub na de!i !bras bu!i !es pa ñid med pa!i phyir ro || de la ni sgra !am don gyi "o bo rtags ma1 yin te | de dag ni thams cad la ru" ba ñid kyi phyir ro || khyad par [P5] rtogs pa la brten pa rtogs pa med pa!i phyir !di rtogs pa ma yin te | !brel pa!i khyad par med par ni de rigs pa ma yin pa !am | de rgyu mtshan med pa can ñid yin na | de!i khyad par rtogs pa [P6] "es pa da" !dra bar sgra rnams kyis bstan pa ya" rgyu mtshan med pa can du ci!i phyir mi !dod | de bas na !brel pa thams cad la rtags de da" !dra bar khyad par med par go bar !gyur ro || de!i phyir [P7] khyad par med pa2 ñid du thams cad kyis [C325b] rtogs par [D328b] !gyur ro || de bas na !brel pa grub pas don rtogs pa!i phyir !ga! #ig gis ya" dag pa!i man "ag la bltos par mi !gyur ro || gal te ya" dag [P8] pa!i man "ag da" bcas pa ni rtags3 yin no #e na | de bas na da4 ni brgyud pa !dis ci #ig bya ste | ya" dag pa!i man "ag la bltos pa de ñid don !es par byed pa5 ci!i phyir mi byed | sgra de ya" [P486b1] ga" la bsam pa can gyis rab tu sbyor bar byed pa ni mtho" gi g#an du na ni ma mtho" ste | mtho" [N492a] ba da" ma mtho" ba dag las du ba la sogs pa da" !dra bar de rtogs6 par bskyed pa!i phyir | med na [P2] mi !byu" ba #es bya ba de ñid !brel pa yin no || !di la ya" g#an gyi nus pa ma mtho" #i" grub pa!i thabs ma mtho" "o || ci ste ya" sgra da" don dag gi !brel pa ni g#an ñid ma yin na | de las [P3] tha dad min de ñid | | !di las g#an d"os yod ma yin || [PV I.236cd] gnas skabs g#an ni "o bo tha dad pa!i rgyu can ñid yin pa!i phyir7 de!i "o bo can ni de ñid yin par !gyur ro || s"ar b!ad [P4] pa!i rnam pas chos tha dad par ya" !gyur na | de ya" !gal ba8 med pa kho na 1
P, N rtags ma (PV$): D, C rtag pa
2
P, N pa (PV$): D, C pa can
3
P, N, D, C rtags (PV$ rtags ñid)
4
D, C da (PV$): P, N om. da
5
D, C pa: P, N par
6
P, N rtogs: D, C rtog
7
P, N phyir: D, C phyir ro ||
8
D, C ba (PV$): P, N bar
414
Appendice A
yin te | d!os po tha dad pa ni ma yin no || tha dad pa da! tha dad pa med pa ma gtogs par d!os po rnam pa1 g"an pa ni [P5] med de | de ni !o bo!i2 mtshan ñid can3 yin pa!i phyir ro || !o bo ya! rnam par rtog pa de las ma !das pa!i phyir ro || g"an ya! | d!o s p o ! i !o b o t h a d a d p h y i r | | !brel pa rtogs pas byas pa yin || [PV I.237ab] "es bya [P6] ba ni s!ar b#ad zin to || !dres pa!i mtshan ñid can gyi !brel pa ni d!os po ma !dres pa rnams la yod pa ma yin no || de dag gi !brel pa ni don g"an ya! ma yin te | !di ltar | ji ltar yod [P7] g"an rag lus pa | | rdzas ni g"an gyi !brel par !gyur || [PV I.237cd] yod pa4 grub pa g"an la bltos par mi !gyur te | bltos pa med par ra! rgyud pa5 ni !brel pa ma yin no || rdzas "es bya ba ni [P8] ra! b"in brjod pa yin na de ji ltar d!os po g"an la !dres par !gyur te | ra! b"in g"an yod pa ñid kyis g"an da! !dres pa "es bya ba ma yin no || gal te ma !dres pa can da! mi [P487a1] !gyur mod kyi !dres pa can da! ni !gyur ro "e na | ma yin te | ga! gis de dag la !dres par !gyur ba de ñid de dag da! !dres pa ma grub pa!i phyir ro || de bas na [C326a] gal te don dag don [P2] g"an [D329a] da! [N492b] !dres par !gyur ba !di ni #in tu thal bar !gyur te | khyad par med pa!i phyir ro || g"an ya! | yi ge don med can !gyur "i! | | tshig sogs kun brtags d!os med la | | ji ltar don [P3] dam pa !brel pa | | !di ni gnas par !gyur ba yin || [PV I.238]
1
em. rnam pa (PV$): P, N, D, C rnams la
2
em. de ni !o bo!i (PV$): P, N, D, C de!i !o bo ni
3
P, N, D, C mtshan ñid can (PV$ mtshan ñid can ñid)
4
em. pa (PV$): P, N, D, C par
5
D, C pa (PV$): P, N pa ñid
Version tibétaine
415
rjod par byed pa ni tshig yan lag gis de da! ldan par !gyur na | yi ge dag yod du zin kya! rjod par byed pa ma1 yin no || de bas na de dag la [P4] brjod par bya ba da! | rjod par byed pa!i !brel pa yod pa ma yin te | de dag la gnas na ra! gi !o bo ñams par thal bar !gyur ba!i phyir ro || gal te bkod pa!i khyad par gyis yi ge ñid rjod par [P5] byed pa yin no "e na | ma yin te | bkod pa ni don g"an ma yin pa ñid kyis tha dad pa med pa ñid kyi phyir ro || de!i !o bo can ni bkod pa g"an la ya! khyad par med pa!i phyir rtogs pa mtshu!s par [P6] !gyur ro || bkod pa don g"an ñid yin na ya! !og nas !gog2 par !gyur ro || de bas na yi ge rnams rjod par byed pa ñid ma yin na tshig la sogs pa rjod par byed par !gyur sñam na | de [P7] cir ya! mi ru! ste | tha dad pa da! tha dad pa med pa3 ni !gal ba!i phyir ro || de bas na dba! po!i rnam par #es pa khyad par can gyi rjes su !jug pa!i rigs mthun pa!i bag chags kyi ñe bar len [P8] pa can gyi rnam par rtog pa la sna! ba can gyi4 tshig da! !ag ni !khrul pa yin no || gcig tu sna! ba can ni log pa kho na yin te | gcig da! du ma ñid ni mi ru! ba!i phyir ro || gcig ma yin te blo [P487b1] du ma!i rim5 pas6 !dzin pa mi ru! ba!i phyir da! | de ni gcig gis gzu! bar bya ba ma yin te | yi ge bkod pa rjes su !dzin pa!i phyir da! | yi ge gcig !dzin pa na ya! blo du ma !gags pa!i phyir te | [P2] blo rnams ni skad cig ma yin pa!i phyir da! | skad cig ma ni rdul phra rab gcig las !das pa!i dus can ñid yin pa!i phyir da! | lhag ma yin na ni cha can gyi mtha! mi [N493a] ru! ba!i phyir da! | yi ge [P3] thu! du rdzogs pa!i rdul phra rab du7 ma !das pa can gyi mig !byed pa!i dus can ñid yin pa!i phyir da! | dran pa ya!8 de!i dus can kho na [D329b] yin te | ji ltar ñams su myo! ba b"in du dran pa!i phyir [P4] da! | ñams [C326b] su myo! 1
P, N ma (PV$): D, C om. ma
2
D, C !gog: P, N !gogs
3
D, C pa (PV$): P, N pa"i
4
D, C gyi: P, N om. gyi
5
D, C rim (PV$): P, N rig
6
D, C pas: P, N par
7
D, C du (PV$): P, N tu
8
em. ya! (PV$): P, N, D, C da!
416
Appendice A
ba da! dran pa!i go rim dag khyad par rtogs pa med pa!i phyir ro || tshig la sogs pa du ma ya! ma yin te | blo la tha dad pa med par sna!1 ba!i phyir da! | de!i du ma [P5] ñid ni !gog par !gyur ba!i phyir ro || de ni d!os po ma yin te | de!i rnam par rtog pa de las ma !das pa!i phyir ro || !brel pa d!os po yin na ya! ji ltar de!i rten can2 du !gyur te | rten [P6] du bya bar mi ru! ba!i phyir ro || de ltar na rten ma yin par !gyur ro || de ltar na !brel pa ma yin no ||3 de bas na sgra da! don dag gi !brel pa ni ra! b"in can ma yin no || de!i bsam pa can gyi [P7] sbyor ba las byu! ba !am | m!on par gsal ba!i sgra ni der !khrul pa med pa!i phyir !di!i !brel pa ni de kho na ñid do || !byu! ba !am m!on par gsal ba de ya! !khrul pa med pa la brten [P8] pa4 skyes bus byas pa!i phyir !brel pa ni skyes bus byas pa kho na yin no || de!i sgo5 nas sgra rnams ni don rtogs pa la !es pa yin pa de lta na | skyes bus ma byas pa ñid yin na ya! de ñid [P488a1] !khrul pa yin no || byed pa po rnams mi dran phyir | | skyes bus ma byas kya ! !dod lo || [PV I.239ab] ga! !di rig byed pa!i !ag skyes bus ma byas pa ñid du ya! brjod de |6 byed pa7 po [P2] mi dran pa!i phyir ro || ! d i l a ! a!8 rjes su br jod p a yo d | | de ltar !an pa mun khyab byed || [PV I.239cd] re "ig de ñid #es rab !chal ba de9 !dra ba ji ltar skye sñam pas kho bo cag gi sems !o mtshar1 da! rjes su [P3] brtse ba da! bcas pa2 yin 1
D, C sna! (PV$): P, N ya!
2
P, N can (PV$): D, C om. can
3
P, N de ltar na !brel pa ma yin no || (PV$): D, C om. de ltar na !brel pa ma yin no ||
4
em. pa: P, N, D, C pa!i
5
P, N, D sgo (PV$): C sgro
6
P, N brjod de | (PV$): D !dod de |: C !dod do ||
7
P, N pa (PV$): D, C om. pa
8
P, N, C !a! (PV$): D !am
9
D, C de (PV$): P, N om. de
Version tibétaine
417
no || de la g!an kya"3 rjes su rjod par byed pas srid pa brtse ba med pas [N493b] gnod pa can gyi "an pa mun khyab par byed pa yin no || srog chags phan pa !dod pa slu [P4] bar byed pa la ñes pa ci !ig yod | !di ltar bDe bar g#egs pa dag gis s"ags rnams byed pa po brGyad pa la sogs pa dag da" | gZegs zan pa dag gis dByig gi sñi" po can dran pa4 [P5] yin no || gal te de5 dag gi de log par smra ba yin no !e na | da ni de ltar skyes bus ma byas pa yin na ga" skyes bus byas pa yin | ga" gi tshe !di ltar g$on nu !byu" ba can la sogs pa [P6] bdag gam g!an rtsom pa po yin par6 ston pa spo" bar byed [D330a] par !gyur ro || de la gal te spo" ba la khas bla"s pas gnod pa yin no !e7 na | !di ñid khas bla"s pa!i yan lag ma yin [C327a] nam | [P7] ga" la gnod pa yin8 | de g!an la ya" mtshu"s pa kho na yin no || gal te de!i !dod pa ñid yin pa!i phyir skyon med do !e na | !di!i !dod pa !di tshad ma med pa can ga" las thog ma [P8] nas yod par !gyur na | glo9 bur du !dzin pa can !di la ya" !ga! !ig tu sgrub par byed pa la bltos pas ci !ig bya | ga" gis skyes bus byas pa da" skyes bus ma byas pa dpyod pas [P488b1] bdag ñid dub par byed10 | de ñid !dod pa!i phyir khas11 bla"s pas gnod pa med par !dod pa de las g!an pa la ya" mtshu"s pa!i phyir klan ka btsal du med do || phul du byu" ba mtho" [P2] ba med pa can !di ya" "ag rnams rnam pa12 de lta bur skyes bus ma byas pa ñid du sgrub13 par byed pa !am | !bras bu!i 1
N, D, C mtshar (PV%): P mtshan
2
D, C pa (PV%): P, N pa can
3
P, N kya" (PV%): D, C ya"
4
P, N pa (PV%): D, C pa ma
5
D, C de (PV%): P, N om. de
6
D, C par (PV%): P, N om. par
7
N, D, C !e (PV%): P !es
8
P, N yin (PV%): D, C yin na
9
N, D, C glo (PV%): P blo
10
D, C byed: P, N byed pa !am
11
em. khas bla"s pas (PV%): N, D, C khas ma bla"s pas: P khas ya bla"s pas
12
N, D, C pa (PV%): P par
13
em. sgrub: P, N, D, C grub
418
Appendice A
chos rnams !ga! !ig la phul du byu" bar khas len pa de ltar na | !di!i 1 [P3] !jug pa rigs pa med pa can kho na yin no || byed pa!i ya" dag pa!i man "ag rgyun chad pa can gyis byas pa ya" mtho" "o || gal te !bad rtsol da" ldan pas dmigs pa yin no !e na | ma [P4] yin te "es pa med pa!i phyir ro || g!an la ya" mi dmigs pa da" dmigs pa g!an gyis bstan pa yid ches2 par bya ba ma yin pa las "es par rigs pa ñid [N494a] ma yin pa!i phyir ro || bdag [P5] ñid kyis byas pa dag la ya" bsñon pa mtho" ba!i phyir ro || "es pa la brten par mi nus pa ñid kyi phyir ro || j i l t a r s k y e s b u ! d i g ! an las | | thos med par !di yi ge da" | | tshig bkod [P6] pa !di brjod3 nus med | | de ltar g!an la !a" !es !ga! smra || [PV I.240] ga" skyes bus ma byas pa4 ñid yin5 na | ga" skyes bus byas pa yin !es bya ba la sogs pa de ñid6 lan yin no || de ltar na | 7 [P7] spel ba yi ni g!u" g!an ya" | | man "ag med par g!an rnams kyis | | brjod par8 ci mtho" na ga" gis | | de ya" de ltar rjes mi dpog9 || [PV I.241]
1
D, C ya" dag (PV#): P, N yan lag
2
P, N, D ches: C chas
3
D, C brjod (PV#): P, N rjod
4
P, N pa: D, C om. pa
5
P, N yin (PV#): D, C min
6
P, N, D ñid: C ni
7
P, N, D, C font précéder ce p!da du p!da: | g!u" bkod pa g!an dag tu |, que PV# P329a6/D274b6"7 commente en détail. PVt (Miy.) porte: | spel ba yi ni g!u" g!an ya" |, non commenté dans PV#. S#agit-il là d#un vestige d#une traduction plus ancienne?
8
P, N par: D, C pa
9
P, N mi dpog: D mi dpogs: C mid dpogs
Version tibétaine
419
da1 ltar ba rnams [P8] man !ag med par klog par mi nus pa las g"an du skyes bus ma byas pa ñid kyi rten cu! zad kya! yod pa ma yin no || de ni gcig gis brtsams pa!i g"u! g"an la ya! g"an gyi da! [P489a1] mtshu!s so || de!i rjes su [D330b] !bra!s nas thams cad de ltar rjes su [C327b] dpog pa yin pa !am | !ga! "ig kya! ma yin no || de ni de ltar mi !dod pa ñid kyi phyir "es bya [P2] ba la sogs pa la !dod pa ni de!i rten ñid yin pa!i phyir "es bya ba la sogs pa ya! b#ad zin to || g"an ya! | rigs2 ga! ga! las grub pa des | | rgyu ma mtho! ba can g"an ya! | | [P3] bye brag med par me #i! b"in | | d e l a s ! g y u r b a r y a! d a g # e s | | [ P V I . 2 4 2 ] rgyu ma mtho! ba!i phyir rgyu med pa can "es bya ba ma yin no || d!os po rgyu ma mtho! ba can yin na ya! de las g"an [P4] pa dag gis3 ra! b"in tha dad pa ñams su myo! ba med par de lta bu!i rnam pa ya! dag par rjes su dpog par !gyur ro || rgyu!i !o bo log tu zin kya! de!i !o bo log pa ma yin na ni !bras bu!i [P5] chos las !das pa!i phyir | de las !gyur ba med pas na cu! "ig de ltar brjod par bya ba ma yin pa !am | [N494b] !o bo bye brag bstan par bya ba yin na4 ga! gis rgyu de!i rjes su byed par !gyur [P6] |5 ga! gis6 !dod pa da! mi !dod pa dag gi !dod pa7 phyin ci log tu mi !gyur ro || rgyu!i ra! b"in ldog pa las kya! d!os po rnams tha dad pa med pa yin na8 tha dad pa de ni glo bur bar [P7] !gyur ba!i phyir !ga! "ig tu ya! ldog par mi !gyur ro || de bas na ra! b"in ga! las skye ba can du mtho! ba ga! yin pa de ni g"an la ya! tha dad par mi byed pa na #i! da! me 1
P, N da (PV$): D, C de
2
P, N rigs: D, C rig
3
em. gis (PV$): P, N, D, C gi
4
P, N na: D, C na ni da
5
D, C !gyur |: P, N !gyur ro ||
6
em. gis (PV$): P, N, D, C "ig
7
P, N dag gi !dod pa: D, C om. dag gi !dod pa
8
P, N na (PV$): D, C no ||
420
Appendice A
b!in du ra" gi1 bdag ñid kyis de!i !bras bu ñid las !das pa ma yin no || de la !bras mtshu"s mtho" ba!i phyir | | k h y a d p a r d a g n i ma bstan par | | gtan tshigs rab tu spros [P489b1] pa dag | | de dag thams cad !khrul p a y i n | | [ P V I . 2 4 3 ]
[P8]
dper na thog mar !gron2 pos bta"3 ba!i me ñid kya" !gron4 pos bta" ba!i me ñid yin pa!i phyir | me g!an s"on du so" ba can yin gyi5 | [P2] gtsub #i" gtsubs pa s"on du so" ba can ni ma yin te | de ma thag pa!i me b!in no || ji ltar6 !gron7 pos bta" ba!i me ya" !khrul pa yin te | me las byu" ba!i nus pa la brten nas [P3] me!i rgyu g!an spo" bar byed do || gal te me med par ya" !gyur na ni g!an dag la ya" !gyur ro !e na | de la me ñid da" cig #os las byu" ba dag la gnod par bya ba da"8 gnod par byed pa med par9 me [P4] las byu" ba ñid ni g!an dag la ya" !gyur ba [D331a] de ltar na chos gñis dag don gcig la srid pa!i phyir | !gron10 [C328a] pos bta" ba!i me !am | don g!an ni gcig la so sor "es par [P5] !gyur ba med pas na !khrul par dogs pa yin no || phan tshun tha dad pa can gyi chos gñis11 !jug pa de ya" d"os po!i spyi12 la !gal ba med do !es brjod par bya ba!i gnas skabs tha dad pa [P6] can gyi khyad par ni ma yin te | cha med pa!i bdag
1
em. gi (PV$): P, N, D, C b!in
2
P, N !gron (PV$): D, C !dron
3
em. bta" (PV$): P, N, D, C gta"
4
P, N !gron (PV$): D, C !dron
5
P, N gyi (PV$): D, C gyis
6
P, N ji ltar: D, C ji ltar na
7
P, N !gron (PV$): D, C !dron
8
D, C gnod par bya ba da" (PV$): P, N om. gnod par bya ba da"
9
P, N par: D, C pas
10
P, N !gron (PV$): D, C !dron
11
D, C gñis (PV$): P, N om. gñis
12
em. d"os po!i spyi (PV$): P, N spyi!i d"os po: D, C phyi!i d"os po
Version tibétaine
421
ñid la1 de ñid da! de ñid ma yin pa !gal ba!i phyir ro || !gron2 pos bta! ba!i me la3 me da! cig "os kyis bskyed pa ni gnod bya da!4 gnod byed [N495a] ma yin [P7] te | de ni mes bskyed pa med par mi srid pa med pa!i phyir ro || de lta bur gyur5 pa!i !gron6 pos bta! ba!i me me las byu! ba #es bya bar ni !gyur gyi | thams cad ni ma yin te | de la khyad par [P8] spo! bar byed par mi nus pa!i phyir da! | khyad par yod pa can gyi de!i gnas skabs can ñid la !es pa med pa!i phyir ro || gal te me med par ya! !gyur na ni g#an dag la ya! [P490a1] !gyur ro || #es bya ba gal te tshogs pa ga! gis der !gyur ba na de !gyur #i! !gyur ba ñid yin no || de yod pa7 bstan nas de med par ston8 par !gyur ba !am [P2] de la me ston na9 der !gyur ro || de bas na gcig gis !don par byed pa g#an s!on du so! ba can yin pa de lta bu!i !o bor thams cad sgrub par byed pa ma yin te | de [P3] la rnam pa g#an du10 mi srid pa med pa!i phyir ro || de byed pa!i spobs pa da! bral ba de lta bu!i rnam pa la ni de ltar !gyur ba!i phyir de lta bur gyur pa kho na11 brjod par bya bar !gyur la | [P4] bye brag med par khyad par srid pa can de brjod na ni mdzes pa12 thob pa ma yin no || ji ltar khyad par srid pa yin | ga! gi tshe skyes bu13 de dag kya! nus pa med pa kho na yin te | da ltar [P5] ba!i skyes bu 1
P, N la: D, C las
2
N !gron (PV$): P mgron: D, C !dron
3
N, D, C me la (PV$): P om. me la
4
D, C gnod bya da! (PV$): P, N om. gnod bya da!
5
D, C gyur (PV$): P, N om. gyur
6
P, N !gron (PV$): D, C !dron
7
P, N pa (PV$): D, C pas
8
P, N ston (PV$): D, C bstan
9
em. !am de la me ston na: N, D, C "am de la !am de med par ston na: P !am de la ston de med par ston na. Cf. PV$ P333b6/D278a6: de la me yod par ston par !gyur ba, suggérant: *de la me ston [par !gyur] na.
10
D, C du (PV$): P, N du du
11
P, N, D, C kho na (PV$ de ltar)
12
P, N pa (PV$): D, C par
13
em. bu (PV$): P, N, D, C bus
422
Appendice A
!dra!o || !di la ya! skyes bu da! nus pa dag la1 !gal ba cu! zad kya! mtho! ba med pa!i phyir2 mi !gal ba sgrub pa can mi dmigs pa!i sbyor ba ni go bar byed pa ma yin no || dba! [P6] po las !das pa dag la ni !gal ba rtogs pa yod pa ma yin no "es b#ad zin to || sbyor ba !di ya! sbyor ba s!a ma las tha dad pa ma yin no || gal te skyes bu3 [D331b] nus par !gyur na [P7] da ltar bas kya! yin no "e na | khyad par med pa yin na der !gyur na | de ya! [C328b] bsgrub par dka! ba yin no || ga! la gcig nus pa med pa de la4 skyes bu5 thams cad kya! "es [P8] bya ba ya! s!a ma b"in du !khrul pa yin te | Bha6 ra ta la sogs pa da ltar ba rnams la ya! nus pa med pa [N495b] yin na ya! !ga! "ig la nus pa grub pa!i phyir ro || de bas na rgyu rnam [P490b1] par !byed par byed pas | de las byu! ba can da! de las byu! ba can ma yin pa!i don rnams kyi ya! ra! b"in gyi khyad par bstan par bya!o || de med na thams cad de!i bdag ñid can nam !ga! [P2] "ig kya! ma yin no || !di la !jig rten pa da! rig byed pa dag gi ra! b"in gyi khyad par mtho! ba med do || de yod pa ma yin pa de dag mtshu!s pa ñid du mtho! ba!i phyir | gcig gi chos [P3] !ga! "ig rnam par !byed pa!i de!i ra! b"in srid pa des !khrul par dogs pa!i brjod pa can du byed7 do || rig8 byed da!9 rig byed ma yin pa dag la de ñid kyi mtshan ñid can gyi khyad par yod [P4] pa ma yin nam | yod pa bden te de dag !ba! "ig kho na la ma yin te | !on kya! kha bya!i10 gna!1 gtam da! cig #os dag la ya! yin no || ra! ñid kyi lo 1
em. !di la ya! skyes bu da! nus pa dag la (PV$): P, N, D, C nus pa dag la. Cf. PV$ P334b5/D279a1"2: sbyor ba !di la ya! skyes bu da! nus pa dag la "es bya ba#
2
em. phyir: P, N, D, C phyir da! |
3
em. bu: P, N, D, C bus
4
em. la (PV$): P, N, D, C las
5
em. bu: P, N, D, C bus
6
D, C bha: P, N ba
7
P, N byed (PV$): D, C !byed
8
N, D, C rig (PV$): P rigs
9
P, N da! (PV$): D, C de
10
D, C bya!i (PV$): P, N bya ba!i
Version tibétaine
423
rgyus kyi bye brag gsal bar byed [P5] pa!i mi! gi2 khyad par gyis skyes bus byas pa la gnod pa3 ma yin te | g"an dag la ya! thal bar !gyur ba!i phyir ro || gal te de !dra ba!i sbyor ba skyes bus byed par mi nus par !gyur ba [P6] !am | byas pa la ma byas pa!i brdas rnam par !byed par4 !gyur ba na | rig byed skyes bus ma byas par gsal ba5 yin no || skyes bu dag ni6 s!ags byed pa!i nus pa da! mi ldan pa kho na [P7] ma yin nam | de ni !og nas rnam par dpyad par bya!o || g"an ya! s!ags "es bya ba g"an cu! zad kya! yod pa ma yin no || !o na ci yin "e na | bden pa da! dka! thub kyi mthu da! ldan [P8] pa!i !dod pa!i don sgrub par byed pa!i tshig yin no ||7 de ni da ltar ñid kya! skyes bu rnams la sna! ba kho na yin te | bdag ñid ji lta ba b"in du bden pa!i byin gyi rlabs8 kyi stobs las dug [P491a1] da! me la sogs pa kun nas re!s par byed pa!i phyir ro || da ltar ya! ri khrod !ga! "ig s!ags byed pa!i phyir [D332a] da! | rig byed ma yin pa9 sa!s rgyas pa10 la sogs pa!i [P2] s!ags da! rtog11 pa dag mtho! ba!i phyir [N496a] ro || de dag kya! skyes bus [C329a] byas pa yin pa!i phyir ro || de la12 skyes bus ma byas pa ñid yin na ya! ji ltar na13 da skyes bus ma byas pa bden pa yin te | [P3] !di ltar sa!s rgyas pa da! cig #os dag gi s!ags da! rtog14 pa dag la !tshe ba da! | !khrig 1
em. gna! (PV$): P, N, D, C mna!
2
D, C gi (PV$): P, N om. gi
3
D, C pa (PV$): P, N par
4
P, N par: D, C pas
5
D, C ba (PV$): P, N bar
6
em. ni: P, N, D, C gi
7
P, N no ||: D, C te |
8
D, C rlabs (PV$): P, N brlabs
9
P, N pa: D, C pa!i
10
em. pa (PV$): P, N, D, C om. pa
11
P, N rtog: D, C rtogs
12
P, N skyes bus byas pa yin pa!i phyir ro || de la: D, C om. skyes bus byas pa yin pa!i phyir ro || de la
13
P, N ya! ji ltar na: D, C om. ya! ji ltar na
14
P, N rtog: D, C rtogs
424
Appendice A
pa da! bdag tu lta ba la sogs pa m!on par mtho ba ma yin pa!i rgyu da! rnam pa g"an du brjod do || [P4] de ji ltar na gcig la !gal ba brjod na gñis bden par !gyur | de la don g"an du rtog1 pa na de ni g"an2 la ya! mtshu!s pa de ltar na don la !es pa med pa!i phyir3 | !ga! "ig kya! rtogs par [P5] mi !gyur ro || de ltar na ya! skyes bus ma byas pa4 yin du zin kya! ñe bar mkho ba ma yin no || sa!s rgyas pa la sogs pa dag gi s!ags ñid ma yin na de las g"an pa la ya! mna!5 [P6] chu btu! dgos par !gyur ro || sa!s rgyas pa la sogs pa dag6 dug gi las7 la sogs pa byed pa mtho! ste | de la ya! s!ags ñid bkag pa med do || phyag rgya da! dkyil !khor da! bsam [P7] gtan yi ge med pa can dag gis kya! las rnams byed par !gyur te | de dag ni skyes bus ma byas pa da! rtag par rigs pa ma yin no || de dag gi byed pa yod na skyes bu rnams yi ge bkod [P8] pa byed pa la !gal ba ci yod | de bas na de dag gi byed pa nus pa med pa ni8 cir ya! mi ru! !o || da ni ji ltar na bden pa las byu! ba can gyi s!ags da! rtog9 pa phan tshun !gal ba dag yin | [P491b] de dag ni thams cad du bden pa las byu! ba can dag ma yin te | skyes bu mthu da! ldan pa!i dam bcas pa!i mtshan ñid can dag la ya! !gyur ro10 || mthu de ni !gro ba da! grub pa!i khyad par dag [P2] las kya! !gyur ro || gal te s!ags skyes bus byas pa yin na skyes bu thams cad ci!i phyir s!ags byed pa ma yin no "e na | de byed pa!i sgrub par byed pa da! bral ba!i phyir ro || gal te de [P3] !dra ba!i bden pa da! dka! thub la sogs pa da! ldan [N496b] par !gyur na byed pa ñid du !gyur ro || g"an ya! skyes bu sñan d!ags byed pa!i phyir | skyes bu thams cad sñan d!ags byed 1
P, N rtog (PV#): D, C rtogs
2
D, C g"an (PV#): P, N g"an pa
3
em. !es pa med pa"i phyir (PV#): P, N, D, C !es pa"i phyir
4
D, C pa (PV#): P, N pa ñid
5
N, D, C mna! (PV#): P mna!i
6
P, N, D, C dag (PV# dag kya!)
7
D, C las (PV#): P, N om. las
8
em. ni (PV#): P, N, D, C na
9
N rtog (PV#): P, D, C rtogs
10
P, N, D, C ya! !gyur ro (PV# ya! de dag !gyur ro)
Version tibétaine
425
par [P4] !gyur la | mi byed na !ga! !ig [D332b] kya" mi byed pa de da" !dra bar de ltar na rigs1 pa de dag ni s"a na med pa yin no || s"ags byed pa!i sgrub par byed pa da"2 bral ba dag s"ags mi [C329b] byed pa ni bden [P5] na | tshogs pa de ya" !ga!3 !ig la ya" ma mtho" ste | skyes bu rnams ni chos mtshu"s pa can ñid kyi phyir ro || !dir s"ags !es bya ba bden pa la sogs pa da" ldan pa!i tshig da" [P6] dam bcas pa las g!an cu" zad kya" med do !es b#ad zin to || de dag kya" skyes bu !ga! !ig la mtho" "o || skyes bu thams cad de da" bral ba yin pa de lta ya" "es pa yod pa ma [P7] yin te | de yod pa la !gal ba med pa!i phyir ro || lkog tu gyur pa!i ra" b!in can dag la4 mi dmigs pa ni5 "es pa!i gtan tshigs ma yin no || dran pa da" blo da" so sor rig pa da" bden [P8] pa da" nus pa thams cad la !gyur ba ya" ma yin no || de sgrub par byed pa!i ya" dag pa!i man "ag gi khyad par !dra bar yon tan g!an sgrub par byed pa dag kya" yod par !gyur ro || [P492a1] yod du zin kya" thams cad mtho" bar nus pa ya" ma yin no || de ñid kyi phyir ma mtho" ba la bsñon du med do || skyes bu rnams la6 yon tan !ga! !ig bskyed par !dod [P2] pa la ya" !gal bar byed pa med de |7 gnod par bya ba ma mtho" bas gnod par bya ba da" gnod par byed pa "o bo ma grub pa!i phyir ro || des ni thams cad mkhyen pa"i ye #es8 !gog pa la sogs [P3] pa!i lan "es par brjod pa yin no || de la de sgrub par byed pa!i ya" dag pa!i man "ag med pa can !di ci !dra ba de lta bur gyur pa ya"9 ma yin [P4] no !es bya ba ni rigs pa yin gyi #es par byed pa ma mtho" ba can de"i
1
P, N rigs (PV$): D, C rig
2
D, C pa da" (PV$): P, N pa!i
3
P, D, C !ga!: N !ba!
4
em. la: P, N, D, C las
5
em. pa ni (PV$): P, N, D, C pa!i
6
em. rnams la (PV$): P, N, D, C rnams
7
P, N de |: D, C do ||
8
P, N, D, C pa!i ye #es (PV$ pa)
9
em. ci !dra ba de lta bur gyur pa ya": P, N, D, C ci !dra ba g!an dag kya" de lta bur gyur pa yin na | de lta bur gyur pa ya"
426
Appendice A
ra! b"in can1 ma yin no "es bya ba ya! ma yin te | yod du zin kya! !bras bu rtsom pa med pa srid pa!i phyir da! | ra! b"in gyis bskal [P5] pa rnams ni mtho! bar mi nus pa ñid kyi [N497a] phyir ro || de bas na !don par byed pa yin pa!i2 phyir | !don3 par byed pa ni !don par byed pa g"an s!on du so! ba can yin no "es bya ba ni [P6] !khrul pa yin te | Bha ra ta !don4 par byed pa la ya! yod pa!i phyir ro || rig byed kyis5 khyad par du byas pa!i phyir skyon med pa ma yin nam "e na | rig byed !don6 [D333a] par byed pa la phul [P7] du byu! ba ya! ci "ig yod na ga! gis rnam pa g"an gyis !don par mi nus pa yin | mi mthun pa!i phyogs da! khyad par !gal ba med pa !di las gtan tshigs ldog par byed pa [P8] ma yin te | !gal ba med pa dag [C330a] ni gcig la srid pa!i phyir ro || gal te da ltar ba7 rnams !don par byed pa!i phyir ro "e na | de!i lan ni8 b#ad zin to || gal te ma mtho! ba!i [P492b1] phyir ro "e na | !di9 ya! spa!s zin to || ma mtho! ba tsam ya! med par go bar byed pa ma yin pa!i phyir !khrul pa kho na yin no || de bas na khyad par phul du byu! ba la brten10 pa ma yin pa!i11 [P2] phyir | ma bzu!12 ba da! mtshu!s pa yin no || ga! cu! "ig rig byed !don par byed pa de thams cad ni rig 1
em. #es par byed pa ma mtho! ba can de"i ra! b"in can ma yin no: P, N, D, C #es par byed pa ma mtho! ba can ma yin no. Cf. PV$ P341b5#6/D284a7: !es par byed pa ma mtho" ba can de!i ra" b#in can la ma yin no #es bya bar ya" ma yin pa ste |.
2
D, C pa!i: P, N pa yin
3
N, D, C !don (PV$): P !dod
4
N, D, C !don (PV$): P !dod
5
P, N kyis: D, C kyi (PV$)
6
N, D, C !don (PV$): P !dod
7
em. da ltar ba (PV$): P, N, D, C da ltar
8
P, D, C ni: N na
9
em. !di: P, N, D, C !di la. Cf. PV$ P342b6/D285a4#5: "di ya" spa"s zin pa ste |.
10
N, D, C brten (PV$): P rten
11
D, C pa!i: P, N om. pa!i
12
D, C bzu! (PV$D): P, N gzu!
Version tibétaine
427
byed !don pa g!an s"on du so" ba can yin no !es bya ba!i khyab pa ya" !grub [P3] pa ma yin te | thams cad de lta bu!i "o bor ma grub pa!i phyir ro || de!i rgyu mtshan1 ci !dra ba mtho" ba de ni de ltar yin no !es bya bar !gyur la | khyad par mtho" ba de dor !i" de!i [P4] rgyu mtshan can ñid kyis spyi smos pa ni bsreg2 za sgrub la rdzas s"on po da" !dra bar !khrul pa ñid yin no || !dis !dod chags la sogs pa ni sgrub3 par byed pa la tshig la sogs pa [P5] dag gsal ba yin no || !don par byed pa !di !don par byed pa s"on du so"4 ba can sgrub pa yin par ya" bla ste | rnam kun thog med g r u b ! g y u r b a | | de ltar skyes min rten can min | | [P6] de!i5 phyir skyes bus ma6 byas ñid | | g!an ya" mi min7 rten can !gyur || [PV I.244] skyes bu bdag ñid kyis brtags [N497b] nas sam | g!an las !don par byed pa na | byed pa!i bya ba med pa can [P7] de dag gi sgra ra" ñid sgrogs par byed pa ma yin na ga" gis na skyes bus ma byas par !gyur | gal te skyes bu rnams kyi thog ma ñid yod par !gyur na | skyes bus ma byas pa la [P8] ya" !gyur ro || de!i tshe ya" g!an s"on du so" ba can mi !grub ste | !don par byed pa po med pa!i phyir ro || de!i da" po !don par byed pa ni byed pa po ñid du !gyur ro || de bas na [P493a1] !di ni byis pas rdul gyi rtsed mo la sogs pa da" !dra bar s"a ma s"a ma mtho" bas !jug pa yin pas na | [D333b] skyes bu!i tha sñad thog ma med can8 du !gyur gyi | [P2] skyes bus ma byas pa ñid ma yin no || thog ma med pa ñid kyi phyir skyes bus
1
P, N, D, C rgyu mtshan (PV# rgyu mtshan can)
2
P, D, C bsreg: N bsrag
3
P, N sgrub (PV#): D, C grub
4
D, C so" (PV#): P, N s"on
5
D, C de!i (PV#): P, N de
6
P, N, D ma: C om. ma
7
D, C min (PV#): P, N mi"
8
D, C med can (PV#): P, N med pa da" can
428
Appendice A
ma byas pa yin na ni | da1 !in tu ma" po skyes bus ma byas pa yin no || de ltar na | kla klo la sogs tha sñad [P3] da" | | med par [C330b] smra ba!i tshig2 rnams ni | | thog med phyir na de b#in !gyur | | s "on l egs byas pa!i rg yun phyir ro || [PV I .245] kla klo la sogs pa!i tha sñad ma bag mar len pa la sogs [P4] pa da" | !dod pa!i dga! ston la sogs pa da" | med par smra ba!i tshig s"a na med pa da" | !jig rten pha rol la sogs pa la skur bar byed pa dag thog ma med pa can yin no || [P5] de dag ni g#an gyis legs3 par ma bsgos4 na !jug par mi !gyur ro || bdag ñid kyis spobs pas bkod pa!i brda byed pa can dag kya" don ji ltar thos pa b#in du rnam par rtog pas [P6] bsdus pa!i sgo nas !jug pa!i phyir ro || de ni !ga! #ig las cu" zad !o"s pa yin no #es ston par byed pa gcig ni rgyun gyis med pa!i phyir | g#an s"on du so" ba can ma yin no [P7] #es brjod de | phal cher5 !jig rten gyi tha sñad dag ji ltar mtho" ba b#in du !jug pa can te | ya" dag pa6 da"7 log par !jug pa can dag yin no || thog ma!i bskal pa pa rnams [P8] la mtho" ba ñid med par tha sñad rnams la phyis !jug par !gyur [N498a] bar !dod pa ma yin nam | ma yin te | legs par byas pa g#an gyis bsgos pas de dag gi8 ni rkyen ji lta ba [P493b1] b#in du rab tu sad pa!i phyir ro || gal te thams cad skyes bus ma byas pa ñid du !gyur ro #e na | d e !dra!i skyes bus m a b y a s ñ i d | | grub na!a" yon tan ci #ig !gyur || [PV I.246ab]
1
D, C da (PV$): P, N om. da
2
P, D, C tshig: N tshigs
3
P, D, C legs: N lags
4
D, C bsgos (PV$): P, N bsgom
5
N, D, C cher (PV$): P tsher
6
D, C pa (PV$): P, N par
7
P, N da" (PV$): D, C om. da"
8
P, N gi: D, C gis
Version tibétaine
429
rnam pa ga! gis [P2] mi slu ba!i phyir | skyes bus ma byas pa ñid du !dod na de ni thog ma med pa ñid can du1 yin pa!i phyir | slu bar byed pa la la2 dag la ya! yod pas skyes bus ma byas pa ñid kyis ci "ig bya | rig [P3] byed kyi !ag dag kho na skyes bus ma byas pa yin na ya! | d on ni !dus byas khyad par rnams | | mtho! phyir the tshom dag kya! yin || [PV I.246cd] gal te skyes bus3 ma byas pa ñid yin4 ya! de!i5 [P4] don gyi6 spobs pa so sor !es pa bskyed par !gyur ba na yid ches par !gyur ro || ji ltar !dod pa b"in du sgro !dogs [D334a] pa da! skur ba !debs pa dag gis #es par brjod pa da! dPyod [P5] pa pa la sogs pa dag gis rig byed kyi !ag rnams tha dad par byed par mtho! !o || don de rnams7 de dag la8 mi !thad par !gyur ba ma yin te | don la !jug pa [C331a] brda gtso bo yin pa!i phyir [P6] da! | !ag gcig la ya! rnam par rtog pa du ma srid pa!i phyir da! | ra! b"in da! rkyen rnams kyi don du mar brjod pa!i phyir da! | grags9 su zin kya! gcig ñid du khas mi len pa!i phyir [P7] da! | ma grags pa!i10 ma! ba ñid kyi11 phyir da! | de!i don ni12 skyes bus bstan pa la rag lus pa!i phyir da! | des bstan13 pa ni de!i !dod pa!i rjes su !jug pa!i phyir | rig byed kyi !ag
1
D, C du: P, N om. du
2
D, C la (PV$): P, N om. la
3
P, N bus: D, C bus byas
4
D, C yin (PV$): P, N li!
5
D, C de!i (PV$): P !a"i: N illis.
6
P, N gyi: D, C gyis
7
P, N, D, C rnams (PV$ rnams kya!)
8
em. la (PV$): P, N, D, C om. la
9
P, N grags (PV$): D, C grogs
10
P, N, D, C ma grags pa"i (PV$ ma grags pa"i sgra)
11
P, N kyi (PV$): D, C om. kyi
12
P, N ni: D, C om. ni
13
D, C bstan (PV$): P, N brtan
430
Appendice A
gi don rnams !es pa med pa kho na1 yin no || g"an ya! !di skyes bus ma byas pa ñid du sgrub2 na yi ge rnams sam !ag sgrub par byed par !gyur gra! na | de la | yig rnams g"an las3 khyad med [P494a1] phyir | | sgrub par byed par !bras cir4 !gyur || [PV I.247ab] [P8]
!jig rten pa da! rig byed pa dag gi !ag gi5 yi ge tha [N498b] dad pa ma yin no || tha dad na6 ya! !o #es pa la khyad par med pa!i phyir | de las gcig [P2] ñid ma grub par thal bar7 !gyur ba!i phyir da! | khyad par rtogs pa med pa!i phyir da! | rig byed pa!i yi ge dag ma !grub8 pa!i phyir da! | !o #es pa las rtogs pa med pa!i thal bar !gyur ba!i phyir da! | [P3] khas mi len pa!i phyir ro || de dag skyes bus ma byas pa ñid du bsgrubs9 pa na de thams cad la mtshu!s pa!i phyir | !dis lhag pa ci "ig byas | de10 ltar tha sñad thams cad skyes bus ma byas pa yin na thams cad bden pa [P4] ma yin pa!i phyir yo!s su !al ba11 don med pa yin no || ci ste !ag rnams skyes bus ma byas par !dod na ni | !ag ni yi ge las tha dad | | par yod min te mi dmigs phyir || [PV I.247cd] kho bo cag [P5] gi blo la lhas12 byin la sogs pa!i tshig da! !ag rnams kyi yi ge da la sogs pa sna! ba ma gtogs par yi ge gñis pa sna! ba 1
em. !es pa med pa kho na (PV$): P, N, D, C !es pa kho na
2
P, N sgrub (PV$): D, C bsgrubs
3
em. las (PV$): P, N, D, C la
4
D, C cir (PV$): P, N phyir
5
D, C !ag gi: P, N om. !ag gi
6
D, C na: P, N pa
7
P, N, D bar (PV$): C om. bar
8
D, C !grub: P, N grub
9
D, C bsgrubs: P, N sgrub
10
N, D, C de (PV$): P da
11
D, C ba (PV$): P, N ba"i
12
P, N lhas (PV$P): D, C lha
Version tibétaine
431
da! !dra bar | sna! ba g"an ni ma mtho! !o || !dzin1 pa la sna! bar gyur pa med na [P6] gzu! bar !dod pa [D334b] yod pa !am | g"an "es !es par nus pa ma yin te rnam pa g"an b"in no || gal te g"an la mi srid pa can gyi !bras bu go bar byed pa yin no "e2 na | yin na gal te yi ge yod pa de dag [P7] la ya! !bras bu de med par !gyur ro || gal te tshig [C331b] da! !ag g"an la de dag khyad par med pa yin na ya! med pa!i phyir !gyur ba ma yin no "e na | ma yin te | de dag ni khyad par med pa ma grub pa!i phyir ro || gal te [P8] !o #es pa las khyad par grub pa yin no "e na | ma yin te | de ni !khrul pa!i phyir da! | dpe med pa ñid kyi phyir ro || yi ge khyad par med pa yin na ya! !ag gi3 khyad par las4 don rtogs pa!i khyad par ni !bras bu!i khyad par [P494b1] yin par !gyur la de ya! !ag las !gyur ro || de ya! dba! po las !das pa yin pa!i phyir ga! las !gyur | thag ñe ba tsam gyis bskyed pa yin na ni5 ma bya! bar ya! [N499a] !gyur ro || de bas !ag ces bya ba yi ge dag las [P2] don g"an du gyur pa cu! "ig kya! med na ga! skyes bus ma byas pa ñid du bsgrub6 par !gyur | de med pa!i phyir rig byed kyi khyad par du ma byas pa!i yi ge skyes bus ma byas pa ñid kyi phyogs da! po!i ya! lan btab pa [P3] yin no || g"an ya! don g"an du gyur pa!i !ag yod pa ni bla ste | de yan lag du ma!i bdag ñid can nam | yan lag med pa can du !gyur gra! na | y an lag du ma!i b d a g ñ i d y i n | | de rnams tha dad don med ñid || [PV I.248ab] gal te de!i yan lag de dag kya! du ma yin na | tha dad pa!i ra! b"in don med pa can yin no || de d !os can min de d!os can | [P4]
1
P, N, D !dzin (PV$): C !jin
2
N, D, C "e (PV$): P "es
3
D, C gi (PV$): P, N gis
4
D, C las: P, N om. las
5
P, N ni (PV$): D, C om. ni
6
D, C bsgrub (PV$): P, N sgrub
Appendice A
432
| brtags1 pa se! ge ñid sogs b"in || [PV I.248cd] don da! ldan pa!i bdag ñid kho na !ag yin [P5] no || yan lag de dag kya! bdag ñid don med pa yin te | de dag bdag ñid des rtog2 pas sgro btags par !gyur ro || bram ze!i khye!u la sogs pa la se! ge ñid la sogs pa3 da! !dra ba yin pa!i phyir | skyes bus [P6] byas pa kho na yin no || ci ste gal te skyon der ma gyur cig sñam pas yan lag de dag so so don da! bcas par !dod na | re re don bcas ñid yin na !a ! | | du ma ñid rtog4 log pa yin | | yan lag gcig ni rtogs [P7/D335a] pas kya! | | !ag gi don dag rtogs par !gyur5 || [PV I.249] don yo!s su rdzogs pa can gyi sgra!i !o bo ni !ag yin no || yan lag de dag kya! so so so sor de lta bu!i rnam pa yin pa!i phyir | so so de dag !ag yin no || de ltar yan [P8] lag du ma [C332a] can ni !ag ma yin no || yan lag gcig rtogs pas kya! !ag gi don rtogs pa!i phyir yan lag g"an la bltos pa da! | dus la sdod par mi !gyur ro || cha #as med pa!i bdag ñid can de ni skad cig ma [P495a1] gcig gis rtogs pa!i phyir | #es pa gcig skyes pa na ma lus par kho! du chud pa!i phyir ro || de lta ma yin na gcig pa ñid !gal ba!i phyir ro || [N499b] thams cad cig car thos na6 ya! | | dus kyi tha dad [P2] mi ru! !o || [PV I.250ab] yan lag g"an la bltos pa med par ya! yan lag gcig7 kho na las8 !ag gi don grub pa!i phyir | !ag gi yan lag du ma ñid ñams par ma gyur cig sñam pas cig car yan lag thams cad thos par !dod [P3] na | de!i 1
D, C brtags (PV$D): P, N btags
2
em. rtog (PV$P): P, N, D, C rtogs
3
em. pa (PV$): P, N, D, C pa!i
4
P, N rtog (PV$P): D, C rtogs
5
N, D, C !gyur: P !gyur ro
6
D, C na (PV$): P, N nas
7
D, C gcig (PV$): P, N cig
8
em. las (PV$): P, N, D, C la
Version tibétaine
433
tshe ya! dus la sdod pa mi rigs pa kho yin te | yan lag gcig1 rtogs pa!i dus ñid na thams cad thos pa!i phyir ro || rim b"in du thos pa yin na ya! don tha dad pa da! ldan pa dag ni gcig ñid las [P4] de!i don grub pa!i phyir | g"an ni don med pa can ñid du !gyur ba!i phyir ro2 || cig car thos na ya! don tha dad pa dag la mtho! ba!i nus pa med pa can dag gi don da! ldan pa ñid kya! mi !grub po || gal te tshogs pa [P5] rnams kyi don mtho! ba!i phyir skyon med do "e na | ma yin te | tha dad pa la yod pa ma yin pa!i !o bo ni3 tshogs pa la ya!4 mi srid pa!i phyir da! | don g"an mi skye ba!i phyir ro || re "ig sgra skye bar smra ba la skyon !di ñid [P6] yod pa ma yin te | so sor nus pa med pa!i yan lag rnams kya! phan !dogs pa!i khyad par las phul du5 byu! ba da! ldan pa!i !bras bu!i khyad par la6 ñe bar sbyor ba!i phyir ro || yan lag re re nus pa yod pa yin [P7] na ya! g"an du7 rtogs pa don med par !gyur ro || ci ste ya! !ag gcig kho na yan8 lag med pa can9 yin na | de la | [D335b] gcig ñid na10 ya! tha dad med | | go rim !dzin pa mi srid phyir || [P V I.250cd] dus tha dad ñid mi ru! !o || gcig [P8] la ni go rim b"in du rtogs pa mi rigs te | gzu! ba da! ma gzu!11 ba dag tha dad pa med pas gzu!12 ba da! ma gzu! ba13 med pa!i phyir ro || [C332b] rim b"in du !ag 1
D, C gcig (PV#): P, N cig
2
D, C ro: P, N om. ro
3
em. ni (PV#): P, N, D, C !i
4
D, C ya! (PV#): P, N om. ya!
5
D, C du (PV#): P, N om. du
6
em. la (PV#): P, N, D, C las
7
N du (PV#): P, D, C tu
8
P, N, C yan (PV#): D yin
9
D, C can: P, N om. can
10
P, N na (PV#): D, C ni
11
P, N gzu! (PV#P): D, C bzu!
12
P, N gzu!: D, C bzu!
13
D, C ba: P, N om. ba
434
Appendice A
rtogs pa ya! mtho! ste | !ag thams cad kyi tha sñad [P495b1] da! thos pa da! dran1 pa!i dus su mig !dzum2 pa skad cig ma du ma can gyi go rim gyis yo!s su3 rdzogs pa!i phyir ro || yi ge!i !o bo la ma reg pa can da! blo gcig la sna! ba can gyi sgra!i bdag4 ñid ni mi [P2] sna! ba!i phyir te | yi ge!i go rim gyis [N500a] rtogs pa!i phyir ro || de khyad par med pa yin na ya! !ag gi khyad par go rim b"in du byas pa ñid kyi phyir | !ag go rim da! ldan pa rtogs pa yin no || yi 5 [P3] ge!i go rim gyis phan btags pa la bltos pa med pa!i phyir da! | ga! ji ltar ya! ru! ba de dag rab tu sbyar ba dag gis sam6 | yi ge med pa dag gis kya! !ag rtogs par !gyur ro || go rim da! [P4] ldan pa de dag gis go rim med pa la phan !dogs pa mi ru! ba!i phyir da! | go rim med par rjod7 par mi nus pa ñid kyi phyir da! | rnam pa g"an med pa!i phyir ro || !ag la yi ge dag yod pa [P5] ñid ma yin no || gal te sgra!i !o bo gcig po de ñid ni gsal byed kyi go rim gyi dba! gis go rim8 da! ldan pa da! | yi ge!i rnam par dbye ba da! ldan par sna! !o "e na | gsal byed [P6] go rim da! ldan pas gsal bya go rim med pa spa!s zin te | gsal ba da! gsal ba ma yin pa !gal ba!i phyir ro || !ag yi ge da! cha med pa can yin na ma lus par thos pa [P7] med par !ag mñan par9 mi !gyur te | gcig la cha med pa!i phyir ro || ya! !ga! "ig kya! cha med pa mñan par10 mi !gyur ro || yi ge ma lus pa legs par byas pa da! ldan pa!i blo tha [P8] mas !ag11 !es par gzu! !o "es bya ba ya! log pa yin te | yi ge!i !o bo la ma reg pa12 de la !ga! 1
em. dran (PV#): P, N, D, C !dren
2
em. !dzum (PV#P): P, N, D, C tu mtshu!s
3
N, D, C su (PV#): P om. su
4
N, D, C bdag (PV#): P bnag
5
P, N gyis (PV#): D, C gyi
6
D, C gis sam: P, N gi bsam
7
D, C rjod: P, N brjod
8
em. rim (PV#P): D, C rims: P, N rim ma ma
9
P, N, C par (PV#): D phar
10
D, C par (PV#): P, N pa
11
P, N, D !ag (PV#): C rag
12
P, N, D, C ma reg pa (PV# ma reg pa can)
Version tibétaine
435
!ig kya"1 !ga! !ig gi tshe rtogs pa med pa!i phyir da" | yi ge rnams kya" go rim med par rtogs pa [P496a1] med pa!i phyir ga" las "ag ces bya ba [D336a] go rim med pa blo gcig gis gzu" bar bya ba yin | yi ge tha ma rtogs pa las phyis kya" sgra!i bdag ñid cha med pa [P2] g!an ñe bar rtogs pa ma yin te | smra ba po bdag ñid !dis kya" "es par byed pa ma yin no || gal te !di ltar blo tha [C333a] ma la sgra cha #as rdzogs pa yan gar ba sna" bar !gyur [P3] na | legs par !gyur ba de ltar na dge ba !dod pas rmo"s pa!i blo can rmi [N500b] lam b!in du spyod do || tshig da" "ag dran par gyur pa dag la ya" yi ge!i go rim gyi khyad [P4] par med par2 "es par !gyur ba ma yin no || blo go rim med pa can dag la s"a phyi med pa!i phyir | des byas pa!i tshig da" "ag gi khyad par de dag3 khyad par med par !gyur ro || yi ge!i4 [P5] go rim med pa can gyi sgra!i "o bo g!an ma mtho" "o !es b#ad zin to || yod na ya" de mi rtag pa !am rtag par !gyur gra" na | gal te mi rtag pa yin na ni | rtsol ba las [P6] byu" mi rtag na | | de ci skyes bus byas p a m i n | | [ P V I . 2 5 1 a b ] mi rtag pa ni gdon mi za bar !ga! !ig las skye ba da" ldan par !gyur ro || de lta na5 yod pa ñid glo6 bur ba yin na yul [P7] la sogs pa "es par mi !gyur ro !es b#ad zin to7 || de ya" !bad rtsol gyis !pha"s pa byed pa!i yon tan da" bral ba ma yin pa can dag la mtho" ba g!an du ma [P8] mtho" "o || de ltar rgyu!i chos mtho" ba!i phyir8 skyes bu!i bya ba ñid ni rgyu yin pa de bas na skyes bus byas par !gyur ro || rtag ñid yin na !a" rtag pa ni |
1
D, C !ga" !ig kya" (PV$): P, N om. !ga" !ig kya"
2
em. khyad par med par (PV$D): P, N, D, C khyad par
3
D, C de dag (PV$): P, N de dag de
4
D, C ge"i (PV$): P, N ge
5
em. de lta na (PV$P): P, N, D, C de ldan par
6
D, C glo (PV$): P, N blo
7
P, N to (PV$): D, C te
8
em. mtho" ba"i phyir (PV$): P, N, D, C mtho" ba"i
Appendice A
436
| dmigs !gyur sgrib [P496b1] g.yogs med phyir ro || [PV I.251cd] ci ste sgra!i !o bo ñid de rtag pa da! dmigs pa!i ra! b"in can du !gyur na de!i ra! b"in de ni !ga! "ig gi tshe ya! ñams pa med pa!i phyir rtag tu dmigs [P2] par !gyur ro || gal te nus pa !ga! "ig las kya! !pho ba med pa de ltar na1 rtag par !gyur te | #es pa bskyed pa!i2 nus pa de!i3 bdag ñid can ñid yin pa!i phyir da! | [P3] don g"an du gyur pa ni s!ar bkag zin pa ñid kyi phyir ro || dmigs pa!i bdag ñid can de la ya! dmigs pa!i sgrib g.yogs su gyur pa cu! zad kya! yod pa ma yin te | de [P4] yod du zin kya! de!i bdag ñid4 ñams pa med par nus pa zil gyis mnan par mi ru! ba!i phyir ro || de [D336b] la phul du byu! ba bskyed par mi nus na ni cu! "ig byed pa "es bya ba ma yin no || [P5] cu! "ig mi byed na ya! ga! la5 sgrib par byed pa !am g"an "es bya ba de ni [C333b] ma! du dpyad6 zin to || bum7 pa la sogs [N501a] pa dag la rtsig pa la sogs pa dag gis phul du byu! ba [P6] skyed8 par byed pa !am ñams pa ci "ig byed na ga! gis sgrib par !dod ce na | de dag !ga! "ig gi phul du byu! ba byed pa yin par ni mi smra!i | !on kya! bum pa!i skad cig [P7] ma thams cad dba! po!i #es pa!i rgyu ma yin no || phan tshun !dus pa yul da! dba! po da! sna! ba rnams ni gcig la gcig gis9 khyad par10 can gyi skad cig11 ma g"an bskyed pa!i phyir [P8] rnam par #es pa!i rgyu yin te | phan gdags par bya ba ma yin pa!i bltos pa mi ru! ba!i phyir ro ||
1
P, N, D, C de ltar na (PV$ de ltar na de)
2
P, N, D, C pa de"i (PV$ pa"i)
3
em. de"i (PV$): P, N, D, C bskyed pa
4
D, C ñid (PV$): P, N om. ñid
5
em. ga! la (PV$D): P, N, D, C !ag la
6
P, N dpyad (PV$D): D dpyod
7
P, N, D bum (PV$): C dum
8
D, C skyed (PV$): P, N bskyed
9
D, C gcig la gcig gis (PV$): P, N gcig gis
10
P, N, C par (PV$): D pa
11
N, D, C cig (PV$): P om. cig
Version tibétaine
437
nus pa!i ra! b"in can rtag tu skyed par byed pa1 !am | skyed par mi byed [P497a1] pa !am | g"an thams cad du !gyur ro "es b#ad zin to || de dag kya! thogs par byed pa g"an gyis2 bar ma chod par phan tshun du !dogs par byed pa yin te | bar du [P2] gcod pa med pa can gyi yul ru! ba ñid kyi lhan cig byed pa can ñid kyis de dag phan tshun du phul du byu! ba bskyed pa ñid kyi phyir ro || bar chad yod na ni rgyu med pas3 nus pa!i skad cig ma [P3] g"an mi bskyed pa!i phyir | rnam par #es pa mi bskyed pa yin no || de bas na s!ar byu! ba!i nus pa !gags pa!i phyir | rtsig pa yod na g"an skye bar !dod pa rgyu med pas mi [P4] skye ba!i phyir rgyu da! bral bas4 #es pa mi skye ba de ltar na rtsig pa la sogs pa la sgrib g.yogs #es5 bya!o || s!ar ru! ba la gegs6 byed pa!i phyir ni7 ma yin te | de!i ra! b"in las 8 [P5] ma !phos pa!i phyir ro || ya! na d!os po skad cig ma rnams phan tshun phan9 !dogs pa yod du zin kya! | thams cad #es pa ma yin pas | rgyu da! rkyen gyi nus pa bsam gyis mi khyab pa [P6] ñid kyi phyir ro || de bas na gal te dba! po da! yul gyi bar na gnas pa!i sgrib g.yogs des de la rnam par #es pa skyed10 par byed pa da! #in tu mi mthun pa!i bye brag gis phul du [P7] byu!11 ba can du byed du12 zin [N501b] kya! | sgrib g.yogs kyi bye brag gis sgra la sogs pa [D337a] mñan pa gsal ba da! mi gsal ba mtho! ba!i phyir ro || de lta ma yin na !ga! "ig la ya! thag ñe ba [P8] yin du zin kya! cu!
1
D, C pa (PV$): P, N par
2
em. gyis: P, N, D, C gyi
3
em. pas: P, N, D, C pa
4
D, C bral bas (PV$): P, N !bras bus
5
P, N #es: D, C "es
6
N, D, C gegs (PV$): P gogs
7
D, C ni: P, N om. ni
8
D, C ma (PV$): P, N om. ma
9
N, D, C phan (PV$): P om. phan
10
D, C skyed (PV$): P, N bskyed
11
D, C byu! (PV$): P, N !byu!
12
P, N du (PV$): D, C om. du
438
Appendice A
!ig mi byed1 pa ni2 thag ñe [C334a] ba ma yin pa da" mtshu"s pa!i phyir | !di!i !di !es ñe bar sbyar ba ni rnam par rtog pas sprul pa ñid yin gyi d"os po la brten pa can ni ma yin no || [P497b1] sgro btags3 pa!i rjes su byed pa!i "a" tshul can ni don byed pa dag ma yin te | bram ze!i khye!u la me ñe bar btags4 pa las !tshed pa!i phyir bsten pa ma yin pa lta bu!o || de bas na rtog5 pa yod [P2] du zin kya" d"os po des6 yo"s su gyur pa can ma yin pa dag ni ra" b!in ji lta ba b!in du gnas pa7 ñid du !gyur ro || de bas na sgrib g.yogs yod du zin kya" dba" po la sogs pa [P3] dag #es par byed par !gyur na de lta ya" ma yin no || de bas na des bya ba8 khyad par9 de ltar #es par !gyur ro || de ltar10 sgra rtag pa rnams !ga! !ig yod na ya" phul du [P4] byu" ba ñams pa !am skye bar11 !gyur ro || de bas na gal te de rnams #es pa bskyed pa!i ra" b!in yin na | thams cad thams cad kyi tshe ra" gi yul gyi #es pa thams cad cig [P5] car bskyed par !gyur ba !am | !ga! !ig !ga! !ig gi tshe12 cu" !ig kya" bskyed par mi !gyur ro !es bya ba de ni "es pa yin no || g a l t e l h a n c i g b y e d 1 3 ! g a ! d a" | | bral ñid phyir na [P6] mñan14 pa med || [PV I.252ab]
1
em. mi byed (PV$): P, N, D, C med
2
P, N ni (PV$): D, C om. ni
3
P, D, C btags: N brtags
4
N, D, C btags (PV$): P brtags
5
P, N rtog (PV$P): D, C rtogs
6
em. des: P, N, D, C de
7
P, N, D, C gnas pa (PV$ gnas pa can)
8
D, C bya ba: P, N byas pa
9
P, N, D, C khyad par (PV$ khyad par can)
10
D, C ltar: P, N ltar na
11
em. !am skye bar (PV$): P, N, D, C med par
12
D, C !ga! !ig !ga! !ig gi tshe (PV$): P, N !ga! !ig gi tshe
13
D, C byed (PV$P): P, N byed pa
14
N, D, C mñan (PV$): P mñen
Version tibétaine
439
de ltar ni1 !gyur na sgrib g.yogs las rtag tu sgra dag2 ma thos par3 ni ma yin mod kyi | !on kya! de dag rtogs pa la4 lhan cig byed pa !es pa cu! zad ni yod5 [P7] do || de ni !ga! "ig gi tshe !ga! "ig tu !gyur ro "es de dag !ga! "ig gi tshe !ga! "ig tu des6 byas pa thos pa yin no "e na | de ltar g"an bltos yin bla ste | | !es pa dag ni [P8] !gal ba yin || [PV I.252cd] kho bo cag ni rgyu rnams kyi7 lhan cig byed pa dag8 spo! ba ma yin mod kyi | !on kya! rgyu rnams de!i skabs la phan !dogs par byed pa9 [N502a] la bltos pa kho na yin te | de las [P498a1] rñed pa!i phul du byu! ba!i !bras bu la ñe bar sbyor ba!i phyir ro || de ltar na gal te sgra dag kya! !ga! "ig la bltos nas !bras bu10 byed par !gyur na byed la rag go || [P2] s!a ma"i [D337b] ra! b"in !es pa "es bya ba der mi !gyur te | de ni !phos pa!i phyir da! | [C334b] bltos par bya ba las ra! b"in g"an thob11 pa!i phyir ro || phan !dogs12 pa ma yin pa ni bltos par [P3] bya bar !gyur ba ma yin no "es bya ba de ni b#ad zin to || phan !dogs par byed pa don g"an ñid yin na | de!i "es !brel ba med pa la sogs pa ya! b#ad zin to || de ya! #es [P4] bya13 ñid ma yin te | phan !dogs pa ñid las14 #es pa skye ba!i phyir ro || de 1
N, D, C ni (PV$): P na
2
P, N, D, C sgra dag (PV$ sgra thams cad)
3
D, C par: P, N pas
4
em. la (PV$): P, N, D, C las
5
N, D, C yod (PV$): P yid
6
em. des (PV$): P, N, D, C de
7
P, N kyi (PV$): C ni: D illis.
8
D, C dag (PV$): P, N om. dag
9
P, N pa: D, C om. pa
10
D, C bu (PV$): P, N bus
11
em. thob (PV$): P, N, D, C thos
12
N, D, C !dogs (PV$): P !dog
13
N, D, C bya: P bya ba
14
N, D, C las (PV$): P la
440
Appendice A
bas na sgra de dag ni dba! po da! phrad pa da! | bdag ñid da! | g"an rnam par #es pa skyed1 par byed pa!i rten [P5] ra! gi #es pa skyed par byed pa !ga! "ig la bltos pa med pa yin te | de la thams cad cu! zad kya! mi byed pa!i phyir ro || g"an ya! sgra de dag khyab par byed pa !am | khyab par byed [P6] pa ma yin par !gyur gra! na | gal te de dag khyab byed min | | thams cad du ni2 dmigs mi !gyur || [PV I.253ab] yul gcig la gnas pa des sto! pa!i yul la gnas pas ji ltar dmigs par [P7] !gyur | gal te ma phrad par !dzin pa!i phyogs la skyon yod pa ma yin no "e na | ma yin te | de la ya! rdo khab len3 la sogs pa da! !dra bar4 yul ru! ba ñid la gnas pa khyad par [P8] can la bltos pa!i phyir ro || de ltar ma yin na thos5 pa gsal ba da! mi gsal ba!i khyad par du6 mi !gyur ro || dmigs pa!i rkyen yod na ya! yul thams cad la !dra bar dmigs [P498b1] par !gyur ro || de bas na khyab7 par byed pa ma yin pa ma yin no || gal te khyab na th ams cad kyis | | cig car dmigs pa dag tu !gyur || [PV I.253cd] sgra !ga! [N502b] "ig la ya! med pa8 ma yin pa!i phyir | thams cad [P2] yul thams cad na gnas pa dag gis cig car dmigs par !gyur te | dba! po ru! ba can ñid yin pa!i phyir da! | yul thag ñe ba ñid kyi phyir da! | gegs byed pa9 med pa!i phyir ro || [P3] !dus byas dmigs pa yin na ya ! |
1
D, C skyed: P, N bskyed
2
D, C ni (PV$): P, N om. ni
3
P, D, C len: N lan
4
D, C bar (PV$): P, N bar ya!
5
N, D, C thos (PV$): P thog
6
P, D, C du: N ru
7
N, D, C khyab (PV$): P khyag
8
D, C med pa (PV$): P, N om. med pa
9
D, C pa: P, N om. pa
Version tibétaine
441
| !gyur med ga! gis legs1 par byed || [PV I.254ab] de ltar ni2 !gyur na sgra thams cad yod du zin kya! dmigs par !gyur ba ma yin te | !dus byas pa [P4] legs par byed pa3 kho nas dmigs pa!i phyir ro "e na | de la !dus byas pa [D338a] ni dmigs pa ma yin te | bsgyur bar bya ba ma [C335a] yin pa can ni !dus byas par4 mi ru! ba!i phyir ro || dba! po [P5] legs par byas gyur na | | des kya! ma lus thos par !gyur5 || [PV I.254cd] de la gal te legs par byas pas dmigs pa!i phyir dba! po legs par ma byas pas dmigs par mi !gyur ro || ga! gi6 [P6] dba! po legs par byas pa des sgra7 thams cad cig car thos par !gyur ba de ltar na thal bar !gyur ba ñid ma log pa yin no || g al te legs byas k h y a d p a r l a s | | tha dad phyir don [P7] gcig !es yin | | sgra yi !dus pa sna tshogs pa!i | | ca co ji ltar thos par !gyur || [P V I.255] ci ste8 ya! !dus byas pa sgra dag la so sor !es par !gyur ba yin te | de la !ga! "ig gis [P8] dba! po9 legs par byas pa !ga! "ig !dzin par byed pa!i phyir | sgra thams cad cig car thos pa ma yin no "e na | legs par byas pa!i khyad par las dba! po rnams kyis thos [P499a1] pa !es pa yin na sgra!i tshogs sna tshogs10 pa!i ca co thos par mi !gyur ro || ca co "es bya ba ni sgra gcig ma yin te | ra! b"in tha dad 1
P, D, C legs: N lags
2
D, C ni: P, N mi
3
D, C pa (PV#): P, N pas
4
D, C par (PV#): P, N pa
5
P, N !gyur (PV#): D, C gyur
6
P, N gi: D, C gis
7
P, N sgra (PV#): D, C sgra rnam pa
8
N, D, C ste (PV#): P sde
9
P, N po (PV#): D, C po legs so
10
P, N sna tshogs (PV#): D, C om. sna tshogs
442
Appendice A
pa can dag cig car thos pa!i phyir ro || tha dad pa [P2] rnam par g!ag1 pa ya" ra" b!in tha dad pa la brten pa can ñid yin pa!i phyir ro || gal te !jug pa myur ba!i phyir | cig car thos pa !khrul pa2 yin no !e na | gli"3 bu la sogs pa!i sgra!i [P3] rgyun go bar byed pa!i yan lag !dus pa las [N503a] !dres par gyur pa rtogs par !gyur ro || !di !gog4 par byed pa5 la ya" !og nas !chad par !gyur ro || de bas na dba" po ni gcig [P4] rtogs par nus pa so sor "es pa yin pa!i phyir | ca co du ma!i bdag ñid can thos pa ma yin no || de la gal te sgra yan gar | | thos !gyur rjod byed dag ma yin || [PV I.256ab] ca co la yi ge da" [P5] tshig da"6 "ag dag ni thos pa ma yin te | sgra tsam yan gar ba dag thos pa!i phyir ro || rjod7 par byed pa la dba" po so sor "es pa!i nus pa can yod kyi8 sgra tsam dag la ni ma yin no ||9 [P6] de la | sgra las tha dad yod do !es10 | | ! d i l a # in tu ches dad bya | | [ P V I . 2 5 6 c d ] kho bo cag gis ni sgra tsam da" rjod par byed [D338b] pa!i sgra!i "o bo [C335b] tha dad pa ma mtho" "o || dus gcig gi tshe yi ge!i go rim thos pa [P7] na sgra!i bdag ñid gcig kho nar "es so || de bas na "es pa s"on du so" ba can gyi tha sñad yo"s su bcad11 pa med par ji
1
D, C g!ag (PV$): P, N b!ag
2
D, C pa (PV$): P, N pa!i
3
N, D, C gli" (PV$): P gle"
4
D, C !gog (PV$): P, N !gogs
5
D, C pa: P, N par
6
em. da" (PV$): P, N, D, C dag
7
D, C rjod (PV$): P, N brjod
8
P, N kyi (PV$): D, C pa!i
9
P, N no || (PV$): D, C yin |
10
D, C !es (PV$): P, N !e na
11
P, N bcad (PV$): D, C gcad
Version tibétaine
ltar !jug par !gyur || de bas na sgra!i khyad par !di ñid yi sogs pa !es bya!o || g!an ya" | sgra g ! a n d a g n i g n a s p a n a | | rjod byed ji ltar thos pa yin || [PV I.257ab]
443 [P8]
ge la
!di las sgra tsam1 tha dad pa!i "o bo da" lhan cig gam tha dad pa ni ma yin no || [P499b1] m"on sum gyi don la g!an gyis bstan pa chen por gyur pa ma yin no || de bas na !dis smra ba po g!an dag !dug par gyur pa na | sgra !ba!2 !ig thos pa de!i dmigs pa!i rkyen dag de las [P2] g!an pa sgrub pa la nus pa med pa3 "es par byed do || gal te nus pa dag tu !gyur na de sgrub par byed pa de dmigs par !gyur na | de!i ra" b!in can ñid kyi rkyen dag gis ji ltar [P3] ca co don g!an du gyur pa byed par !gyur te4 | rgyu tha dad pa med pa la !bras bu!i tha dad pa rigs pa ma yin no || de ni rgyu med pa can ñid du thal bar !gyur ba!i phyir ro !es b#ad zin [P4] to || ca co la rjod par [N503b] byed pa5 ma thos pa ma yin te | tshig da" "ag chod pa dag ñe bar mtshon ba!i phyir ro || ya" na nus pa "es pa!i phyir | | tha dad sgra6 rtogs ji ltar !gyur || [PV I.257cd] dba" [P5] po nus pa so sor "es pa can de dag gis kya" sgra so so la "es pa!i sgra tsam7 "o bo sna tshogs pa thos pa na sgra dag ñid ma yin te | de ltar na sgra dag la de dag gis rgyab kyis phyogs pa [P6] yin no ||8 rjod par byed pa dag las tha dad par sgra tsam <3dag grub pa med do !es b#ad pa ga" yin pa ji ltar na mi !grub ste | tshig las don rtogs pa!i phyir ro || sgra tsam gyi cha #in tu chu" ba las ni don 1
D, C tsam (PV$): P, N can
2
em. !ba! (PV$): P, N, D, C !ga!
3
D, C pa (PV$): P, N pa!i
4
P, N, D, C don g!an du gyur pa byed par !gyur te. Cf. PV$ P366a3/D302a2: !bras bu g!an du gyur pa rtsom par !gyur te.
5
em. pa (PV$): P, N, D, C par
6
em. sgra: P, N, D, C sgras
7
D, C tsam (PV$): P, N can
8
P, N no ||: D, C yin |
444
Appendice A
rtogs pa ma yin !i" de g!an da" !dres pa ya" ma yin no || de bas na1> sgra tsam gyi "o bo ma lus pa can gyis bsgrub par bya ba rtogs pa !di ni | sgra tsam cha ma lus pa can [P8] ma yin pa dag la2 yod pa ma yin pa!i phyir | sgra!i "o bo go rim med pa can du yod pa can ñid grub pa <5da" | sgra tsam gyi cha go rim da" ldan pa can grub pa3> yin no !e na | de ni ma yin te | go rim med pa can du ni yi ge go rim [D339a/C336a] da" ldan [P500a1] pa las tha dad pa s"ar bkag pa ñid kyi phyir4 da" | de ltar thal ches pa!i phyir ro || las kyi cha dag gi s"a ma da" phyi ma la !brel pa med pa!i phyir da" | cha gcig las rtogs par mi [P2] !gyur ba!i phyir | de las tha dad pa can gyi lag pa!i brda la sogs pa dag las kyi bdag ñid kyi "o bo ma lus pa ya" go bar byed pa!i rgyur sgra da" !dra bar khas bla" bar bya ba5 yin par !gyur [P3] ro || bdag ñid ji lta ba b!in du byed pa!i sbyor ba las6 yi ge!i cha !am las kyi cha tha dad pa go rim b!in du !byu" ba can ñid yin na | go rim b!in du rnam par rtog pa!i yul dag gis [P4] brda ji lta ba b!in du don rtogs pa skyed7 do !es bya ba ni rigs pa da" ldan pa yin no | g!an ya" | ñes pa ga" da" ga" dag gis8 | | rjod byed min de !a" sgra tsam !dod | 1
D, C dag grub pa med do !es b#ad pa ga" yin pa ji ltar na mi !grub ste | tshig las don rtogs pa!i phyir ro || sgra tsam gyi cha #in tu chu" ba las ni don rtogs pa ma yin !i" de g!an da" !dres pa ya" ma yin no || de bas na: P, N yan gar ba dag thos pa!i phyir ro || rjod par byed pa la dba" po so sor "es pa!i nus pa can yod kyi sgra tsam dag la ni ma yin [P7] no || de las tha dad yod do !es || !di la #in tu ches dad bya || kho bo cag gis ni (= PVSV 133,2"5/PVSVt P499a5" 6: keval!n!" #rava$!t | v!cake ca pratiniyata#akt%ndriya" na dhvani&u | tatra | dhvanibhyo bhinnam ast%ti #raddheyam atibahv idam || [na hi] vayam)
2
P, N la (PV$): D, C om. la
3
D, C da" | sgra tsam gyi cha go rim da" ldan pa can grub pa: P, N om. da" | sgra tsam gyi cha go rim da" ldan pa can grub pa
4
D, C phyir (PV$): P, N om. phyir
5
D, C ba (PV$): P, N bar
6
em. las (PV$): P, N, D, C la
7
D, C skyed: P, N bskyed
8
N, D, C gis (PV$): P gi
Version tibétaine
445
| sgra tsam dag gis [P5] gsal ba na | | ji ltar rjod byed la de med || [PV I.258] go [N504a] rim su !byu! ba!i sgra tsam gyi cha dag gis gsal ba rjod par byed pas brjod pa yin no lo || de ya! de dag gis cig car gsal bar [P6] byed pa ma yin te | go rim yod pa!i phyir ro || cha gcig gis kya! ma yin te | de las g"an pa don med par1 thal ba!i phyir da! | yi ge cha gcig gi2 dus na !o bo ma lus pa ñe [P7] bar rig pa med pa!i phyir ro || de bas na dmigs pa tshogs #i! tsha! ba can ma yin pa !dis sgra tsam da! !dra bar dmigs pa tsha! bas bsgrub par bya ba!i don ji ltar bsgrub3 [P8] par !gyur | #in tu dmigs su med pas4 yod pa da! med pa dag ni dmigs pas bsgrub par bya ba!i don dag la khyad par ci "ig yod | thag ñe ba tsam gyis sgrub par byed pa [P500b1] ya! ma yin te | gsal ba la bltos pa!i phyir ro || yod pa da! med pa!i go rim b"in du !byu! ba!i !a! tshul can de ya! mtshu!s pa ñe bar sbyor ba!i phyir | sgra tsam dag gis sgrub5 [P2] par nus pa ma yin na | de la ya! de ltar !gyur ba de ltar na g"an gyis ci "ig bya | de bas na yi ge da! !ag dag6 ni skyes bus7 ma byas pa ñid ma yin no || gal te yi ge!i rim pa !ag | | [P3] yig rnams8 tha dad med phyir [D339b] min || [PV I.259ab] gal te don g"an du gyur pa!i sgra!i !o bo ñid kyi !ag ni skyes bus ma byas pa ma [C336b] yin no || !o na ci "e na | kho bo cag gi yi ge!i go rim gyi mtshan ñid can ni [P4] !ag yin te | de ni skyes bus ma byas pa ñid du bsgrub par bya ba yin "e na | ma yin te | yi ge rnams kyi go rim dag las tha dad pa med pa!i phyir ro || !di ni yi ge dag
1
P, N, D par (PV$): C pa
2
N, D, C gi (PV$): P gis
3
D, C bsgrub (PV$): P, N sgrub
4
D, C pas: P, N pa!i
5
P, N sgrub (PV$): D, C bsgrub
6
P, N !ag dag: D, C !ag
7
P, N bus (PV$): D, C bu!i
8
P, N rnams (PV$): D, C rnam
446
Appendice A
las1 don g!an ma [P5] yin te | sna" ba tha dad par dmigs par thal bar !gyur ba!i phyir ro || mi sna" na ni de las rtogs pa med pa!i phyir da" rtags2 med pa!i phyir ro || [N504b] go rim tha dad pa da" ldan pa ya" [P6] med na ni thams cad du yi ge tsam lus pa!i phyir s"a ma b!in du thal bar !gyur ba yin no || de dag rnam par g!ag3 pa !a" med | | go rim g!an ni !gal phyir ro || [PV I.259cd] gal te yi ge rnams [P7] kyi go rim ma byas pa yin la | de dag rigs mtshu"s pa ma" po dag ma yin na | ga" gis !ga! !ig rnam par gnas pa!i go rim can du !gyur !i" | g!an dag ji ltar !dod pa [P8] b!in du g!an du !gyur ba4 can du !gyur | !o na ci yin !e na | !jig rten gsum na yi ge a gcig ñid da" de b!in du yi ge ga5 ya" "o || de!i tshe ag ni !es bya ba ñid du !gyur gyi | [P501a1] ga ga6 na !es bya ba ma yin te | yi ge a da" ga dag ni s"a phyi!i "o bor rnam par gnas pa ñid kyi phyir ro || rgyu yo"s su gyur pa las "es pa da" ldan pa!i byas pa dag gi ya" go rim bzlog par7 nus pa [P2] ma yin te | dper na sa bon da" myu gu da" lo ma la sogs pa da" dus da" lo la sogs pa lta bu!o || ma byas pa gnas skabs da" ra" b!in ma8 bskyod pa can rnam pa !ga! !ig gis gnas pa dag kya" ci smos te | s"a ma!i [P3] gnas skabs dor ba med par9 rnam pa g!an du !gyur10 ba mi ru" ba!i phyir ro || dor na ya" !jig par thal ba!i phyir ro || khyad par du go rim rtag pa!i ya" "o || tshig11 so sor1 yi ge g!an ñid yin na s"a na med pa [P4] 1
em. las: P, N, D, C la
2
D, C rtags (PV#): P, N brtags
3
N, D, C g!ag (PV#): P b!ag
4
D, C !gyur ba (PV#): P, N gyur pa
5
P, N ga (PV#): D, C om. ga
6
em. ga (PV#): P, N, D, C gha
7
P, N bzlog par: D, C bzlog par bya bar
8
em. ma bskyod pa can (PV#): P, N, D, C bskyod pa can
9
em. par (PV#): P, N, D, C pa
10
em. !gyur: P, N, D, C mi !gyur
11
N, D, C tshig (PV#): P tsheg
Version tibétaine
447
!byu! ba!i phyir ram | yi ge ma! po ñid kyi phyir de da! der !gyur na de ya! !dod pa ma yin no || g"an ya! | khyab da! rtag par brjod pa!i phyir | | y u l d a! d u s k y i g o r i m m e d | | [ P V I . 2 6 0 a b ] yi ge rnams kyi go rim de ya! yul gyis2 byas [D D340a/P5] pa ste | dper na grog mo dag rgyu ba lta bu!o || dus kyis byas pa ste | dper na sa bon da! myu gu la sogs par !gyur gra! na | yi ge rnams la de rnam pa gñi ga [C337a] yod pa ma yin te | khyab pa!i phyir da! rtag pa ñid kyi phyir ro || [P6] yul phan tshun spa!s pas !jug pa ni yul gyi s!a phyir !gyur ba yin na | thams cad [N505a] thams cad la mtshu!s pa ñid kyi phyir | de ni yi ge rnams la yod pa ma yin te | rlu! da! ñin mo b"in da! bdag3 la sogs pa b"in no || [P7] de b"in du dus phan tshun spa!s nas !jug pa ni dus kyi s!a phyir !gyur ba yin te | ga! gi4 tshe gcig med pa de!i tshe g"an yod pa!i phyir ro || de5 ya! rtag pa la sogs pa la6 ma yin te7 | thams cad kyi tshe thams cad yod [P8] pa!i phyir ro || rnam pa g"an yod pa ya! ma yin na yi ge!i s!a phyir gyur pa!i !ag ga!8 yin pa de ji ltar skyes bus ma byas par sgrub | mi rtag khyab byed ma yin pa!i | | skyon ya! s!ar ni brjod pa yin || [PV I.260cd] [P501b1] ci ste ñes pa der ma gyur cig sñam pas yi ge mi rtag pa da! khyab par byed pa ma yin par !dod na | phyogs de ya! s!ar bsal9 ba!i phyir lan ma yin no || gsal ba!i go rim [P2] kya! !ag min | 1
em. sor: P, N, D, C so
2
D, C gyis (PV#): P, N? gyi
3
D, C bdag (PV#): P, N !ag
4
D, C gi (PV#): P, N om. gi
5
D, C de (PV#): P, N de!i
6
P, N, D, C rtag pa la sogs pa la (PV# rtag pa dag la)
7
P, N, D, C ma yin te (PV# yod pa ma yin te)
8
em. ga! yin pa: P, N, D, C yin pa
9
em. bsal (PV#): P, N, D, C gsal
Appendice A
448
| rtag pa!i gsal ba bs al 1 phyir ro || [PV I.261ab] yi ge!i !o bo!i go rim ni !ag ma yin no || !o na ci yin "e na | de dag gi gsal ba yin no || de ni bdag ñid ji lta [P3] ba b"in du yi ge m!on par gsal ba!i rkyen gyi go2 rim las !byu! ba!i go rim da! ldan pa yin pa!i phyir ro || de!i go rim !ag yin no3 "es bya ba ya! log pa yin te4 | rtag pa [P4] dag gi de ni s!ar bkag pa ñid kyi phyir ro || m!on sum du nus pa ñe bas5 #es pa skyed par byed pa !bras6 bu khyad par can ñid gsal ba7 yin no "es de8 b#ad pa yin no || byed [P5] pa rnams kyi bya9 ñid las | | de grub phyir na !bras ñ i d y i n | | [ P V I . 2 6 1 c d ] ga! kho na10 las !o bo dmigs pa ga! yin pa de la dmigs pa med na mi !byu! ba dmigs pa la brten nas !jig rten pa dag !bras bu ñid du11 tha sñad !dogs [P6] par byed do || de ni yi ge dag la ya!12 yod do ||13 de ñid kya! g"an dag gi ya! de!i rten yin par khyad par yod pa ma yin no || de bas [D340b] na khas len pa!i rgyu mtshu!s pa yin na ji [P7] ltar na yi ge !bras bu dag ma yin | de dmigs pa!i rten can !bras bu ñid kyi tha sñad ma yin no || !o na [C337b] ci yin "e na | ga! yod na !gyur ba de [N505b] ltar na yod pa ñid kyi rten can [P8] yin no ||
1
em. bsal: P, N, D, C gsal
2
N, D, C go (PV$): P om. go
3
P, D, C no: N om. no
4
D, C te: P, N no te
5
N, D, C ñe bas: P ñe bar
6
N, D, C !bras (PV$): P !bral
7
D, C ba (PV$): P, N bar
8
D, C de (PV$): P, N om. de
9
D, C bya (PV$): P bya ba: N chos
10
N, D, C na (PV$): P ni
11
P, N du (PV$): D, C om. du
12
D, C ya! (PV$): P, N om. ya!
13
P, N do ||: D, C de |
Version tibétaine
449
yod pa ñid de ga! las grub na ga! gis1 !bras bu ñid du grub par !gyur | !di ma grub pa na2 de ltar mi !gyur ro || de bas na yod pa ñid du3 grub na de sgrub4 par byed pa yin la [P502a1] de ya! dmigs pa kho na yin no || de ltar ni5 bden na gal te de ni s!ar yod pa ñid du6 grub par mi !gyur te | yod pa ñid du grub pa ga! yin pa de ni ma grub pa s!on [P2] du so! ba can yin no || de lta bur gyur pa!i rnam par "es pa ma chod pas ñe bar sbyor ba can gyi !o bo ga! yin pa de ma grub pa ñid ma yin nam | gal te de ni grub pa ñid yin mod [P3] kyi g#an da! bral bas ñe bar sbyor ba ma yin no #e na | da ni ñe bar sbyor ba da! ñe bar sbyor ba ma yin pa!i gnas skabs dag la ji ltar na tha dad pa med | khyad par ni ra! b#in [P4] la mi reg pa!i !a! tshul can ya! ma yin te | phul du byu! ba de ñid la ñe bar sbyor ba grub pa!i phyir ro || de ni rgyu med pa ñid du thal bar !gyur ba!i phyir ro || ga! kho na [P5] yod na bsgrub byar gyur pa de ni de la ñe bar sbyor ba can du rigs pa yin7 no || phul du byu! ba de ñe bar sbyor ba na ya! !di ni de da! !dra bar8 thal bar !gyur ro || nus pa bar 9 [P6] du ma chod pas ñe bar sbyor ba can gyi gnas skabs tha dad pas de las g#an pa ñid khyad par du byed do || phul du dbyu! du med pa can gyi bltos pa ya! s!ar bkag zin to || [P7] de ya! byed pa!i bya ba ñid las grub pa!i phyir | !bras bu thams cad da! chos mtshu!s pa10 ñid can no || de !dra ba de gsal ba yin na thams cad gsal bya !am | cu! [P8] #ig kya! ma yin te khyad par med pa!i phyir ro || de ltar na ni | grub pa!i don la ra! "es pas | 1
D, C gis (PV$): P, N gi
2
em. na: P, N, D, C ni
3
D, C du (PV$): P, N om. du
4
em. sgrub (PV$): P, N, D, C grub
5
D, C ni: P, N na
6
D, C du (PV$): P, N om. du
7
D, C yin (PV$): P, N ma yin
8
P, N bar (PV$): D, C ba"i
9
em. skabs (PV$): P, N, D, C skabs las
10
N, D, C pa (PV$): P om. pa
Appendice A
450
| g!an blo!i rgyu1 ni gsal byed !dod | | dper na sgron b!in [P502b1] g!an du ya" | | b y e d p o l a s ! d i k h y a d par ci || [P V I.262] bdag ñid rtogs pa!i sgo nas g!an rtogs pa!i rgyu !jig rten la sgron ma la sogs pa da" !dra bar gsal byed du grags pa yin no || [P2] gal te de s"ar grub par !gyur te | rigs mthun pa!i ñe bar len pa!i skad cig ma [D341a] grub pa!i phyir ro || phul du byu" ba de ñid kyi #es [N506a] pa!i rgyu ni de!i tshogs pa!i rkyen can ñid yin pa!i [P3] phyir ro || ma grub pa dmigs pa2 ga" yin pa de dag kya" byed [C338a] pa po yin te | bum pa la sogs pa!i rdza mkhan la sogs pa lta bu!o || "o #es pa la sogs pa!i grub pa!i rgyu dag gis [P4] kya" rgyu!i mtshan ñid gso bar byed pa ma yin no || ga" cu" zad phyis yi ge a rtogs pa ni s"a ma da" tha dad pa med pa yul can yin te | yi ge a rtogs pa!i phyir de !dra!o !es [P5] bya ba la sogs pa lta bu!o || des kya" ra" gi mtshan ñid tha dad pa med par sgrub par nus pa ma yin te | de!i ra" b!in ma grub pa!i phyir ro || spyi brjod na tha dad pa med pa!i yul can [P6] la ya" !gal ba med do || yul gcig rtogs pa ya" s"a ma da" phyi ma!i "o bo mi ru" ba!i phyir ro || rgyu thag ñe ba can da" rgyu thag ñe ba can ma yin pa ñid kyis bskyed pa da" mi bskyed pa [P7] ñid kyi phyir ro || <4thag ñe ba yin du zin kya" mi skye ba ni de!i rgyu can ma yin pa ñid kyi phyir ro ||3> de dag ni rgyu ma lus pa tha dad pa can ñid yin no || de la gcig tha dad pa med du zin kya" nus pa na bltos pa med pa!i phyir ro || s"a phyi!i rtogs pa dag ni yul [P8] gcig pa4 ñid du rigs pa da" !gal lo || rtogs pa!i sna" ba da" ra" b!in tha dad pa ya" mi"5 mtshu"s pa!i phyir yul gcig pa ma yin te |6 bum pa la sogs pa dag la ya" thal1 bar !gyur 1
D, C rgyu (PV$): P, N rgyu"i
2
D, C pa (PV$): P, N par
3
D, C thag ñe ba yin du zin kya" mi skye ba ni de!i rgyu can ma yin pa ñid kyi phyir ro ||: P, N om. thag ñe ba yin du zin kya" mi skye ba ni de!i rgyu can ma yin pa ñid kyi phyir ro ||
4
P, N, D, C gcig pa (PV$ gcig pa can)
5
em. mi" (PV$): P, N, D, C mi
6
N, D, C te |: P no ||
Version tibétaine
451
ba!i [P503a1] phyir ro || gal te de la2 mtho! ba da! !gal ba!i phyir sgrub par byed pa ñid ma yin no "e na | !di la ya! !gal ba med pa ga! gis grub | ji srid de skad du [P2] brjod pa don tha dad pa med pas khyab par ma bsgrubs3 pa de srid du ldog pa la the tshom za ba yin no || ga! gi tshe byed pa so so tha dad pas kya! sgra tha dad pa!i ra! b"in can mñan pa la sna! ba na [P3] gcig sgrub par byed na4 ci!i phyir bum pa la sogs pa ma yin | de la ya! gsal byed tha dad pa las sna! ba tha dad do "es lan btab par nus pa kho na yin no ||5 g"an ya! | byed [P4] pa rnams kyi tshogs pa yi | | [N506b] bya ba yis ni !es par6 ya! | | dmigs phyir !bras bu ñid yin te | | [ D 3 4 1 b ] g s a l b y e d d e l a m i srid phyir | | [ P V I . 2 6 3 ] !ga! "ig gi tshe ya! byed pa!i bya ba rnams la sgra mi7 [P5] dmigs pa ni yod pa ma8 yin | gdon mi za bar gsal byed kyi bya bas don la dmigs par byed pa dag ma yin [C338b] te | !ga! "ig na gsal byed yod du zin kya! bum pa mi dmigs pa!i [P6] phyir ro || de!i bya ba las sgra !es par dmigs pa des de !byu!9 bar !gyur ro || byed pa po ma yin pa!i bya ba de yod10 na ya! de grub par11 mi ru! ba!i phyir ro || gal te khyab pa da! rtag pa [P7] ñid kyi phyir dmigs pa yin no "e na | da ni bum pa la sogs pa dag la !es pa ci yod | gal te de dag de ltar
1
P, N thal (PV#): D, C bral
2
em. la (PV#): P, N, D, C las
3
D, C bsgrubs: P, N bsgrub
4
D, C byed na: P, N byed pa na
5
P, N no || (PV#): D, C na
6
em. par (PV#D): P, N, D, C pa
7
P, N, C mi (PV#): D ma
8
em. yod pa ma yin (PV#): P, N, D, C yod pa yin
9
P, N !byu! (PV#): D, C byu!
10
P, D, C yod: N yad
11
P, N par (PV#D): D, C pa
452
Appendice A
mi !dod do !e1 na | de da" chos mthun pa ñid can gyi sgra ci!i phyir !dod | [P8] !di la phul du byu" ba cu" !ig kya" med do !es b#ad zin to || khyab par byed pa da" rtag pa ñid kya" bkag zin to || bum pa la sogs pa dag la gsal byed kyi khyad par yod pa!i phyir | skyon yod [P503b1] pa ma yin te | de dag gi gsal byed grags pa da" | rdza mkhan la sogs pa dag gsal byed ñid yin na | de !dra ba ñid du !gyur ba na khyad par du byas par !gyur ba gsal byed kyi khyad par de las byed [P2] pa po yin te | phan !dogs par2 byed pa la rnam pa g!an med pa!i phyir ro || de da" de ni sgra dag la ya" mtshu"s so || de la ya" dba" po da" yul ru" ba la sogs pa dag las byed pa rnams phul du [P3] byu" ba!i phyir ro || byed pa dag la ya" bum pa la sogs pa!i byed pa po!i chos kya" mtho" ba!i phyir ro || sgron ma la sogs pa de ñid da" yul g!an !ga! !ig la gsal byed g!an med pa!i phyir de dag [P4] gi rgyu dag3 kya" de dag gsal byed du !gyur ro || de bas na sgra gsal ba ma yin no || !gyur na ya" byed pa dag las sgra phul du byu" ba da" ldan pa !am | sgrib par byed pa da" bral ba !am | [P5] rnam par #es pa gsal ba yin te | rnam pa g!an med pa!i phyir ro || [N507a] de la phul du byu" ba bskyed pa ni ma yin te | mi rtag pa ñid du thal bar !gyur ba!i phyir ro || de ni "o bo s"a ma da" phyi ma ñams pa da" [P6] skye ba!i mtshan ñid can yin pa!i phyir ro || ci ste | g a l t e k h y e d k y i d e "o b o ! i | | sgrib byed bral ba gsal yin na !a" | | ci!i phyir med pa la byed4 pa!i | | tshogs kyi nus pa de ru " ! g y u r | | [ P V I . 2 6 4 ] sgrib [P7] par [D342a] byed pa cu" !ig kya" mi byed pa nus pa !es bya ba med do || bral ba ya" med pa yin la med pa ya" !bras bu ma yin no !es brjod zin to || sgra rtag pa!i sgrib par byed [C339a] pa [P8] ya" cu" zad kya" med pa!i phyir ro !es bya ba ya" b#ad zin to ||5 de 1
N, D, C !e (PV$): P !es
2
P, N par (PV$): D, C pa
3
D, C dag (PV$): P, N dag gis
4
em. byed (PV$): P, N, C med: D illis.
5
P, N, D, C sgra rtag pa"i sgrib par byed pa ya" cu" zad kya" med pa"i phyir ro !es bya ba ya" b#ad zin to ||. Cf. PV$ P380b7#381a1/D312b3#4: sgra rtag
Version tibétaine
453
bas na sgrib par byed pa la byed pa dag ñe bar dgod par bya ba ma yin no1 || de dag ni nus pa med pa ya!2 ma yin [P504a1] te | de dag gi bya ba med par sgra3 mi dmigs pa!i phyir ro || de bas na de dag gis sgra!i !o bo yin pa4 byed par rigs5 pa yin no || de lta ma yin na |6 sgra da! khyad par med [P2] pa!i phyir | | g"an dag kya! gsal thob par !gyur | | de b"in du ni khas len na | | rgyu rnams kun ni don med ñid || [PV I.265] gal te rgyu thams cad da! chos mthun pa can gyi byed pa gsal byed pa7 dag [P3] gis kya! | da ni !bras bu cu! "ig kya! byed par mi !gyur na8 de9 ya! rigs pa ma yin no ||10 d!os po ni bya ba ma yin pa!i11 khyad par can ñid12 yin pa!i phyir ro || sgrib par byed pa med pa ni pa ma byas pa phul du byu! ba ñid ma yin pa!i phyir sgrib par byed pa cu! zad kya! yod pa ma yin na | ga! gis sgrib par byed pa da! bral ba gsal bar "gyur | ci!i phyir "e na | sgrib par byed pa de ni d!os po rtag pa ñid la nus pa med pa!i phyir ro "es bya ba ya! b#ad zin to ||, suggérant: *sgra rtag pa"i sgrib par byed pa ya! cu! zad kya! yod pa ma yin te nus pa med pa"i phyir ro "es bya ba ya! "es zin to ||. 1
em. ñe bar dgod par bya ba ma yin no (PV#): P, N, D, C ñe bar dgod par bya ba yin no
2
P, N ya!: D, C om. ya!
3
N, D, C sgra (PV#): P skra
4
P, N, D, C sgra"i !o bo yin pa (PV# sgra)
5
D, C rigs: P, N rig
6
N, D na | (PV#): P no ||: C no |
7
D, C pa: P, N om. pa
8
P, N, D, C da ni !bras bu cu! "ig kya! byed par mi !gyur na. Cf. PV# P381a7/D313a1: da ni "ga! "ig kya! "ga! "ig gi "bras bur mi "gyur te |.
9
N, D, C de (PV#): P da
10
P, N, D, C sans équivalent de PVSV 139,15#16: sarvak$ra%$n$m $narthakyaprasa!g$t |. Cf. PV# P381a1/D313a2#3: rgyu thams cad gsal bar byed pa ñid du m!on par "dod pa dag don med par thal bar "gyur ba!i phyir ro ||.
11
P, N pa"i (PV#): D, C pa
12
N, D, C ñid (PV#): P om. ñid
454
Appendice A
!bras bu [P4] ñid ma yin pa!i phyir ro || de!i !es pa ya" d"os po da" !dra bar grub pa ñid kyi phyir ro || !es pa la !ga! #ig byed pa por !dod na de lta bur gyur pa g#an dag la ya" de ltar !gyur [P5] bar thal ba!i sgo nas thams cad !bras bu ñid du thal bar !gyur ba!i phyir ro || de bas na don gyi tshogs byed pa por m"on par !dod pa !di gsal ba la ma yin #i" bya ba la ma yin [P6] pa!i phyir |1 don med pa ñid du !gyur ro || de ltar na2 phan gdags par bya ba da" phan !dogs par byed pa can [N507b] ma yin pa!i !gro ba !di byed pa med par !gyur ro || sgra rtag pa ñid yin na [P7] ya"3 | " o ! es pa da " y o d s b y o r s o g s | | ga" yin sgrub byed !dod na ni | | dpe med can yin d"os kun ni | | skad cig gis ni !jig phyir ro || [P V I.266] d"os po thams cad ni !jig pa!i [P8] rgyu med pa ñid kyi phyir | skad cig mas !jig pa yin no || #es b!ad ci" !chad par ya" !gyur ro || g#an las skye ba can ya" yin te | yod pa ñid ni glo bur ba ñid du mi ru" ba!i phyir ro || de bas [P504b1] na "o !es pa da" yod par sbyor ba la sogs pa !di4 ni5 brtan pa!i "o bo gcig pa can !ga! #ig la [D342b] !jug pa ma yin no || sgron ma la sogs pa ra" b#in6 g#an da" g#an du gyur pa can dag la mtho" [P2] ba!i phyir !gal ba ñid yin no || ma yin te | skye ba tha dad pa [C339b] med pa can ni chos mthun pa ñid can7 du rnam par !khrul pas8 sgron ma la sogs pa dag la yod pa!i 1
N, D, C phyir |: P phyir ro ||
2
D, C de ltar na (PV$): P, N de ltar
3
em. yin na ya" (PV$): P, N, D, C yin na ya" "o ||
4
em. !di: P, N, D, C !di"i
5
P, D, C ni: N mi
6
D, C b#in (PV$): P, N b#in da"
7
P, D, C can: N tsam
8
P, N, D, C chos mthun pa ñid can du rnam par !khrul pas. Cf. PV$ P382b8# 383a3/D: !khrul pa[s] sgron ma la sogs pa dag la yod pa"i phyir ro || gal te !khrul pa ñid ji ltar yin !e na | chos mthun pa ñid can du rnam par !khrul pa"i phyir te |, suggérant: *chos mthun pa ñid can du rnam par !khrul pa"i phyir !khrul pas.
Version tibétaine
455
phyir ro || skye ba tha dad pa [P3] med pa can !es1 bya ba ga" la brten nas brjod pa yin | tha dad pa med pa de2 ni thams cad la s"a phyir dpyad par bya ba ñid yin pa!i phyir ro || gal te de b!in du tha dad pa ya" yin no !e na | de ñid [P4] kyis the tshom yin pa ya"3 bla ste | the tshom las grub pa ni ma yin no || gal te tha dad par mtho" ba med pa!i phyir | gcig yin no !e na | ma yin te | #es pa s"a phyis yod pa [P5] da" med pa ñid du grub pa!i phyir | ra" b!in tha dad pa srid pa!i phyir ro || gal te phyis !byu" ba!i #es pa s"ar rgyu thag ñe ba can dag yin na #es pa s"a ma da" !dra bar skye ba ñid du !gyur la | [P6] mi skye na ni rgyu da" bral ba ñid ston par byed de |4 nus pa skyed par byed pa!i phyir ro || nus pa med na ya" phyis kya" nus pa da" mi ldan pa!i phyir da" | ldan pa5 ñid yin na ni mi brtan pa [P7] ñid kyi phyir ro6 || de bas na yod pa!i sbyor ba !di yin pa de ltar na7 ya" sbyor ba po!i nus pas bskyed pa ñid yin te | bdag ñid kyi nus pa la de [N508a] ni ñe bar sbyor ba med pa ñid kyi phyir ro || [P8] sbyor ba !es bya ba ya" rigs mthun pa!i ñe bar len pa bltos pa can nam | bltos pa8 med pa can !dod pa sgrub par byed pa la nus pa bskyed pa ñid yin par brjod de | [P505a1] ste!u la sogs pa!i sbyor ba9 b!in da" | las la sogs pa!i sbyor ba b!in no || m"on sum du gyur pa "o #es pa ni m"on sum ñid yin te | m"on [P2] sum de las brtan pa grub pa yin no sñam du sems pa ga" yin pa de ya" !og nas dgag par bya!o || rtags "an g!an ya" sun dbyu" bya || [PV I.267a]
1
em. tha dad pa med pa can !es (PV$): P, N tha dad pa can !es: D, C tha dad ces
2
D, C de (PV$): P, N om. de
3
em. ya" (PV$): P, N, D, C !am
4
em. byed de | (PV$ byed do ||): P, N, D, C byed
5
D, C ldan pa: P, N lhan cig pa
6
P, N, D, C mi brtan pa [P7] ñid kyi phyir ro. Cf. PV$ P383b8"384a1/D315a1: brtan pa ñid mi ru! ba!i phyir te.
7
P, D, C na: N ma
8
N, D, C pa (PV$): P la
9
P, N sbyor ba (PV$): D, C sbyor ba sbyor ba
456
Appendice A
ga! chos !ga! "ig kya! rigs [P3] mthun pa!i rjes su !gro ba med de | chos thams cad de!i gnas skabs can ñid yin pa!i phyir ro || brtan1 par dam bcas pa thams cad kya! ji skad du brjod pa!i rigs pa da! !gal [P4] ba!i phyir ro || rtag pa!i gtan tshigs g"an dag kya! skyon can du brjod par bya!o || b l o n i s k y e s b u ! i2 r t e n [ D 3 4 3 a ] c a n m i n | | khas bla!s m!on sum grags pa da! | | rjes su dpag pas cig [P5] car3 gnod || [PV I.267bd] gal te gsal ba blo yin na ni4 de!i go rim [C340a] !ag yin la | de skyes bus ma byas pa ñid du sgrub par byed na blo rnams ni skyes bu!i yon tan ñid du khas bla!s pas !di!i grub pa!i [P6] mtha! la gnod par !gyur ro || blo !di5 ni skyes bur bgra!6 ba can da! | skyes bu!i yon tan yid la byed pa la sogs pa dag las !gyur ro || "es bya ba ga! yin pa de ya! m!on sum [P7] yin no || yod pa da! med pa!i khyad par las !bras bu "es bya ba g"an med de | yod pa de ya! m!on sum yin "i! mi dmigs pa!i mtshan ñid can gyi med pa ya! m!on sum gyi [P8] stobs kyis grub pa yin no || "es !chad7 par !gyur ro || de ñid kyi phyir blo rnams ni skyes bu!i !bras bu ñid du rjes su dpag par bya ste | !di ni rjes su !gro ba8 da! ldog pa!i rtags can [P505b1] ñid yin pa!i phyir ro || g"an ya! | [N508b] yi ge rnams las9 tha dad pa!i | | go rim kya! gsal dpyad zin to | | d e r t o g 1 0 sgro btags yin !gyur 1 na | 1
P, N brtan (PV#): D, C brten
2
D, C bu"i (PV#): P, N bus
3
N, D, C car (PV#): P par
4
D, C ni: P, N om. ni
5
P, N !di (PV#): D, C !di!i
6
P, C bgra! (PV#): D !gra!: N bgre!
7
D, C !chad (PV#): P, N chad
8
N, D, C ba (PV#): P bar
9
D, C las (PV#): P, N la
10
D, C rtog (PV#): P, N rtogs
Version tibétaine
457
| ji ltar skyes min rten can yin || [PV I.268] yi ge las tha dad [P2] pa can gyi go rim ni gsal ba2 rnam par dpyad pa!i go rim gyis lan btab zin to || de ya! yi ge!i ra! b"in can ma yin no || d!os po!i ra! b"in ni rnam par rtog pa de las ma !das pa!i phyir ro || de [P3] bas na de!i !o bo can ma yin pa dag la de!i !o bor sgro btags par sna! ba can gyi blo!i go rim !di "es !khrul par !gyur na | de3 ya! ji ltar na skyes bus ma byas pa yin te | blo!i sgrub pas4 so sor !jog pa!i phyir ro || [P4] g"an ya! gtan du ba!i ra! b"in !ga! "ig kya! med pa!i phyir | sgra yod pas5 gtan du ba ma yin par !gyur ro || de ya! rgyu med pa can nam g"an gyi rgyu can yin par !gyur gra! na | rtag6 [P5] par !gyur ba da! skyes bu!i byed pa las ma yin no || de bas na skyes bus byas pa yin no ||
1
P, N !gyur: D, C gyur
2
D, C ba (PV#): P, N bar
3
P, N de (PV#): D, C ga!
4
em. pas (PV#): P, N, D, C par
5
P, N pas (PV#): D, C pa la
6
P, N rtag (PV#): D, C brtag
Appendice B Répertoire des citations Le présent appendice consigne toutes les citations qu!il m!a été donné de repérer dans PVSV, PV!, PVSV! et Vibh., à l!exception des simples références internes au texte ici traduit, PVSV 107,14" 141,14. L!ordre de présentation des citations suit celui de leur apparition dans le texte, sans traitement séparé selon les sources. Je me suis efforcé (1) d!identifier ces citations, ou d!émettre des conjectures quant à leurs sources; (2) d!en proposer une traduction; (3) d!en inventorier les parallèles dans les sections thématiquement apparentées du TS et de la SSV. Je n!ai que très rarement mentionné les (très nombreuses) variantes entre le texte tel qu!il est cité et la source telle qu!éditée. On trouvera en fin d!appendice une table des citations par auteur et par #uvre. PVSV 108,1 et 109,5 = PS II.5ab = "V !abda 23 #ptav#d#visa$v#das#m#ny#d anum#nat# | Pour une traduction, voir p. 70. PV! P297b5"6/D250b6 = PV II.208 | s ems $di % o b o ñ i d k y i s n i | | $od gsal dri ma glo bur ba | | de yi ra% b&in thog ma nas | | n u s p a m e d p a $ a % phyis nus med | Original sanskrit et traduction, p. 512. PVSV! 404,11"14 ! "V codan" 62"63 'abdado(odbhavas t#vad vaktryadh)na [sic] iti sthitam |
460
Appendice B
tadabh!va" kvacit t!vad gu#avadvakt$katvata" || tadgu#air apak$%&!n!' (abde sa'kr!ntyasambhav!t | yad v! vaktur abh!vena na syur do%! nir!(ray!" || «To begin with, it is established that the arising of bad qualities in speech depends on the speaker. In some cases, first, the absence of them [i.e. bad qualities] is [brought about] by [the condition] that [the speech] has a speaker with good qualities. For those [bad qualities] which are removed by his good qualities cannot enter the speech. Or, [in the case of the Veda in particular], bad qualities being without a locus, cannot exist, because there is no speaker.» Traduction KATAOKA, à paraître, p. 119. PVSV) 404,18!19 ! *V codan! 99cd-100ab evambh+tasya vedasya jñ!notpatti' ca kurvata" | svar+pavipar,tatvasa'(ayau bh!%yav!ritau || «And the commentary[*] excludes [two possibilities, i.e.,] falsity of [the cognition] itself and doubt, for the Veda which has this character, which [actually] causes a cognition to arise.» Traduction KATAOKA, à paraître, p. 146. *Probablement *Bh sous M,S+ I.i.2/I.16,3!4 et I.17,3!4 (F16,20!22 et 16,26!18,2).
PVSV) 404,25!405,13 ! *V codan! 68, 71!72, 89!90 tatr!pav!danirmuktir vaktryabh!v!l [sic] lagh,yas, | vede ten!pram!#atva' n!(a-k!m api gacchati || pr!m!#ya' pauru%eye tu pram!#!ntarabh!vata" | tadabh!ve tu tad du%yed vaidika' na kad!cana || tenetarapram!#air y! codan!n!m asa-gati" | tayaiva sy!t pram!#atvam anuv!datvam anyath! || codan!rth!nyath!bh!va' kurvata( c!num!nata" | tajjñ!nenaiva yo b!dha" sa katha' viniv!ryate ||
Répertoire des citations
461
tanmithy!tv!d ab!dha" cet pr!ptam anyonyasa#"rayam | n!num!n!d ato !nyad dhi b!dhaka# ki#c[i]d asti te || «As concerns the Veda (tatra), being free from the cancellation [of the general situation] is more simply [arrived at] because there is no speaker. Therefore, it does not even come to be suspected that the Veda is not a means of valid cognition. As for a human statement, it is based on another means of valid cognition, because it would be defective without that [i.e. unless it is based on another means of valid cognition]. [The statements of the Veda,] which are different [from human ones] are never [defective, though they are not based on another means of valid cognition]. Therefore, precisely because Vedic injunctions do not agree with other means of valid cognition, they can become means of valid cognition. Otherwise, [i.e. if they had agreement, they would be] a [mere] repetition. And how can the invalidation, by the very cognition [arisen] from that injunction, be avoided for one who is establishing through inference that the object of a [Vedic] injunction is otherwise [than as cognized]? If [you object that:] There is no invalidation [for us], because it [i.e. cognition produced from a Vedic injunction] is wrong " [then we reply that] a mutual reliance would follow: for you have nothing else other than this inference as an invalidating ground.» Traduction KATAOKA, à paraître, pp. 123, 125"126, 141. PVSV$ 405,16"19 ! %V codan! 91ab, 92ab"93ab na c!nyair agrahe !rthasya sy!d abh!vo ras!divat | taddhiyaiv!rthabodha" cet t!d&gdharme bhavi'yati || mam!siddham it(da# ced ved!j j!te !vabodhane | vaktu# na dve'am!tre)a yujyate satyav!din! || «Nor, as in the case of taste and so on, should the absence of an object [be concluded] if [it is] not grasped by other [means]. If [you insist that you should have another] cognition of an object [i.e. of a taste and so on] by means of the very cognition arising from that [i.e. from the faculty of taste and so on], a similar [sub-
462
Appendice B
sequent cognition arising from the same cause, i.e. the Veda,] can arise with respect to dharma. And it is not proper for an honest man to say from mere hatred that ![The Veda] is not established [as valid] for me!, when [he actually has] a cognition arisen from the Veda.» Traduction KATAOKA, à paraître, pp. 142!143. PVSV" 406,4!5 ! #V codan! 92cd-93ab mam$siddham it%da& ced ved$j j$te "vabodhane | vaktu& na dve'am$tre(a yujyate satyav$din$ || Voir supra, PVSV" 405,18!19. PVSV" 408,21!24 = TS 2101 et 2103 < B" ? yat p)rv$parayo* ko+yo* parai* s$dhanam ucyate | tannir$kara(a& k,tv$ k,t$rth$ vedav$dina* || p)rv$ vedasya y$ ko+i* pauru'eyatvalak'a($ | par$ vin$-ar)p$ ca tadabh$vo hi nityat$ || «Les avocats du Veda ont atteint [leur] objectif une fois qu"ils ont [dûment] réfuté l"argument invoqué par [leurs] adversaires [afin de prouver] les deux termes initial et final [du Veda]: le terme initial du Veda se définit comme le fait qu"il soit de création humaine, et [son terme] final consiste en [sa] destruction; mais l"absence de ces [deux termes dans le Veda en constitue] l"éternité.» PVSV" 409,19!20 ! #V s!p 136cd-137ab ! TS 2777 -abd$rth$n$dit$& muktv$ sambandh$n$dik$ra(am | asti n$nyad ato vede sambandh$dir na vidyate || «Hormis l"éternité de la parole et de la signification, il n"y a [aucune] autre cause à l"éternité de la relation; dans le Veda, il n"y a donc pas de commencement à la relation [entre parole et signification].»
Répertoire des citations
463
PVSV! 409,26!29 ! "V s!p 140cd-141 ! TS 2650!2651 #abd[a]v$ddh%[bh]idhey% ca pratyak'e(%tra pa#yati | #rotu# ca pratipannatvam anum%nena ce')ay% || anyath%nupapatty% ca budhyec chakti& dvay%#rit%m | arth%patty% ca budhyante sambandha& tripram%(akam || Pour une traduction, voir p. 128. PVSV! 410,21!24 ! "V s!p 32 et 41 ! TS 2266 et 2273 jñ%pakatv%d dhi sambandha* sv%tmajñ%nam apek'ate | ten%sau vidyam%no "pi n%g$h+ta* prak%#aka* || sarve'%m anabhivyakt%n%& [sic] p,rvap,rvaprayokt$ta* | siddha* sambandha ity eva& sambandh%dir na vidyate || «Car étant donné qu"elle est informatrice, la relation dépend[, pour faire connaître la signification,] de la connaissance [qu"on a] de sa propre nature. Donc quoiqu"elle existe [réellement, cette relation] ne révèle pas [la signification tant qu"elle demeure] non appréhendée. Pour toutes [les personnes], qui [l"]ignorent [au départ]*, la relation s"établit grâce à des usagers toujours antérieurs; ainsi donc n"y a-t-il pas de commencement à la relation.» *Avec "V et TS, j"ai lu anabhijñ!n!".
PVSV! 411,12!13 ! "V s!p 28 ! TS 2262 #aktir eva hi sambandho bheda# c%sy% na d$#yate | s% hi k%ry%numeyatv%t tadbhedam anuvartate || «La relation consiste en effet dans la seule capacité [de la parole], et l"on ne constate [aucune] diversité à cette [capacité], car cette [capacité], puisqu"il faut [nécessairement l"]inférer à partir de [son] effet, obéira à la diversité de cet [effet; or cet effet, la connaissance d"un genre, est un; donc la capacité est une].»
464
Appendice B
PVSV! 412,31!413,1* pad"d arthamatir yady apy anum"na# v"ky"t tv arthaprat$ti% pram"&"ntara# sambandh"grah"t | na ca atra avin"bh"va upay o g$ | «Même si la connaissance de la signification à partir d"un mot [devait être] une inférence, la compréhension de la signification à partir d"une phrase [ressortit] cependant [à] un autre moyen de connaissance valide, car on n"appréhende pas de relation [dans ce dernier cas]; et ici, une corrélation régulière ne sert [à rien].» *L"expression na c!tr!vin!bh!va upayog" s"apparente à 'V s! 16ab1. Le propos rappelle la pensée de Kum"rila dans 'V #abda (not. k. 108; voir aussi v!kya, kk. 238ab, 245cd, etc.); il pourrait en former une paraphrase libre par Kar&akagomin.
PVSV! 413,10!11 ! 'V s!p 13 ! TS 2254 samaya% pratimartya# v" pratyucc"ra&am eva v" | kriyate jagad"dau v" sak(d ekena kenacit || «[Si convention il doit y avoir, cette] convention est fixée soit à chaque mortel, soit à chaque prononciation [d"une parole], soit en une fois, au début du monde[, au moment de la création], par une certaine [personne] unique[, Praj"pati par exemple].» PVSV! 413,27!414,10 ! 'V s!p 14 et 21cd-23 ! TS 2255 et 2256!2258ab pratyeka# sa ca sambandho bhidyetaiko "thav" bhavet | ekatve k(tako na sy"d bhinna) ced bhedadh$r bhavet || vakt()rot(dhiyo[r] bhed"d vyavah"ra) ca du*yati | vaktur anyo hi sambandho buddhau )rotus tath"para% || )rotu% kartu# ca sambandha# vakt" ka# pratipadyate | p+rvad(*,o hi yas tena ta# )rotur na karoty asau || ya# karoti nava# so "pi na d(*,a% pratip"daka% |
Répertoire des citations
465
«Et la relation [artificielle que vous invoquez] soit différerait à chaque fois[, c!est-à-dire pour chaque personne], soit serait une; si elle est une[, à l!instar d!un genre], elle ne saurait être produite[, et donc est permanente; mais] si elle diffère, on devrait avoir [à chaque fois] notion de [cette] différence[, ce qui n!est pas le cas]. Et [dans l!hypothèse encore où la relation de convention serait fixée par chaque mortel, tout] échange linguistique (vyavah!ra) est compromis puisque les idées du locuteur et de l!auditeur diffèrent: en effet, une (anya) est la relation dans l!esprit (buddhi) du locuteur, et (tath!) autre [celle qui subsiste à l!esprit] de l!auditeur. De plus, quelle relation un locuteur peut-il bien fixer pour un auditeur? Le [locuteur] ne fixe pas, pour [son] auditeur, la [relation] qu!il a constatée/apprise auparavant[, car celle-ci est alors détruite]; mais la [relation] nouvelle qu!il fixe[rait, l!auditeur] n!a pas constaté/appris qu!elle notifiât [quoi que ce soit étant donné qu!elle lui demeure inconnue].» PVSV! 419,20"21 = PV! P313a7"8/D262a5"6 ! MBh"#ya ad P" I.i.2/I.19,20"21 catu#$ay% &abd"n"' prav(tti[)] # j"ti&abd" gu*a&abd") kriy"&abd" yad(cch"&abd"[)] | «On emploie les mots de quatre manières: il y a les mots qui s!appliquent aux espèces d!êtres, les mots qui s!appliquent aux qualités, les mots qui s!appliquent aux actions et les noms propres.» Traduction BIARDEAU 1964: 49"50n. 2. PVSV! 430,26"431,14 ! +V spho"a 69"71, 73, 83, 85"86 ; +V spho"a 69 ! SSV 76,4"5; +V spho"a 70"71 ! SSV 86,12"15. y"vanto y"d(&" ye ca yadarthapratip"dane | var*") prajñ"tas"marthy"s te tathaiv"vabodhak") || te#"' tu gu*abh,t"n"m arthapraty"yana' prati | s"hityam ekakartr"dikrama& c"pi vivak#ita) || kartraikatvanimitte [sic] ca krame sati niy"makam |
466
Appendice B
prayuñj!nasya yat p"rva# v$ddhebhya% kramadar&anam || yugapad d$'(as!marthy!n naiva &akt!% krame yath! | bh!v!s tath! krame &akt! yaugapadye na &aknuyu% || ava&yambh!vin) nitya# praty!satti& ca kasyacit | na t!vat! vyapetatv!d itare'!m ana*gat! || yath! visarjan)yasya vyavadh!ne na &aktat! | tathaiva &aktir anye'!m !nantarye na vidyate || na ca yatraika&o !&aktis tatra sarve'!m a&aktat! | rath!*g!ni hi d$&yante &akt!ni vahan!di'u || «Les phonèmes qui, en un certain nombre et d!une certaine nature, sont reconnus capables de faire connaître un sens donné, sont, en tant que tels et seulement ainsi, les instruments de cette connaissance.(1) Mais alors, de ces phonèmes qui deviennent les accessoires de la connaissance du sens, on veut aussi mentionner leur association, l!unité d!agent et l!ordre de succession. Étant donné qu!il y a un ordre de succession qui a pour cause l!unité de la personne qui prononce (les phonèmes), ce qui règle cette personne, c!est l!observation de l!ordre de succession (suivi) auparavant par les gens d!expérience.(2) [Certaines] entités dont on constate la capacité [à produire un résultat lorsqu!elles sont utilisées] de façon simultanée, n![en] sont [pourtant plus] capables [lorsqu!elles sont utilisées] de façon successive; de même [certaines] entités[, pourtant] capables [d!un résultat lorsqu!elles sont utilisées] de façon successive, peuvent-elles n![en] être plus capables de façon simultanée[, comme les phonèmes d!un mot lorsqu!ils sont prononcés simultanément par plusieurs personnes et non successivement par un seul locuteur]. Et la proximité immédiate de quelque chose est toujours nécessaire; mais ce n!est pas parce que séparés [de l!avènement du résultat] que les autres ne sont pas des causes [en vue dudit résultat]. De même que le visarga n!est pas capable [de générer une connaissance de la signification] lorsqu!il est séparé [des deux phonèmes +g! et +au!], de même les deux autres [phonèmes] n!ont-ils pas cette capacité lorsqu!ils sont dans l!immédiateté [du résultat final]. Ce n!est de plus pas le cas que là où [des entités prises] une à une sont incapables [d!un résultat], toutes [ces entités en] sont in-
Répertoire des citations
467
capables [une fois assemblées]: on constate [en effet] que les pièces d!un char notamment sont capables de [résultats] tels que le transport du riz*.» (1)Traduction (avec «phonèmes» pour «lettres») BIARDEAU 1958: 15; (2)traduction (avec «phonèmes» pour «lettres») BIARDEAU 1958: 33. *Avec !V, j!ai lu !"ly"divahan"di#u.
PVSV" 432,13 = !V spho$a 86a na ca yatraika#o !#akti$ Voir supra, PVSV" 431,13"14. PVSV" 432,25"26 ! !V spho$a 108 ! SSV 80,19"20 ittha% kramag&h't(n(% yugapad y(thav( sthiti$ | tata$ s( k(ra)a% na$ sy(n nityam arthadhiya% prati || «Ou encore, s!il en est ainsi, l!autre état (des phonèmes) qui ont été saisis de façon successive, l!état simultané, devrait être cause en permanence de la connaissance du sens.» Traduction (avec «phonèmes» pour «lettres») BIARDEAU 1958: 23 (sur # yugapad y"thav" par" | sthiti% #). PVSV" 433,4"7 ! !V spho$a 109"110; !V spho$a 109 ! SSV 79,20"21 yad v( pratyak*ata$ p+rva% kramajñ(te*u yatparam | samastavar)avijñ(na% tad arthajñ(nak(ra)am || tatra jñ(ne ca var)(n(% yaugapadya% prat'yate | n(va#ya% yaugapadyena pratyak*asthena tad bhavet || «La connaissance de l!ensemble des [phonèmes] qui suit la perception de ces [phonèmes] connus d!abord de façon successive, est la cause de la connaissance du sens.(1) Et dans cette connaissance [ultérieure], la simultanéité des phonèmes [nous] apparaît: la [connaissance de la signification] ne doit [donc] pas nécessairement
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Appendice B
survenir grâce à une simultanéité ressortissant à la perception [ellemême].» (1)Traduction BIARDEAU 1958: 21. PVSV! 433,15!16 ! "V spho!a 111 citrar#p$% ca t$% buddhi% sadasadvar&agocar$m | kecid $hur yay$ var&o g'hyate "ntya( pade pade || «La connaissance grâce à laquelle le phonème final est appréhendé à chaque mot, d"aucuns la tiennent avoir une nature variée en tant qu"elle porte sur des phonèmes existants et inexistants[, c"est-à-dire actuels et passés].» PVSV! 433,24!29/434,7!8 ! "V spho!a 112!113 et 115!116 ! TS 2721!2722 et 2724!2725 antyavar&e hi vijñ$ne sarvasa%sk$rak$ritam | smara&a% yaugapadyena sarve)v anye pracak)ate || sarve)u caivam arthe)u m$nasa% sarvav$din$m | i)*a% samuccayajñ$na% kramajñ$ne)u satsv api || tena +rotramanobhy$% ca kram$d var&e)u yady api | p#rva% jñ$na% parast$t tu yugapatsmara&a% bhavet || tad$r#,h$s tato var&$ na d#re "rth$vabodhan$t | +abd$d arthamatis tena laukikair abhidh-yate || «D"autres disent qu"une fois connu* le dernier phonème, [il naît] un souvenir, produit par toutes les dispositions [antérieures], de tous [les phonèmes] simultanément. Et tous les protagonistes [de ce débat] admettent cette** connaissance mentale synthétique portant sur tous les objets [entendus antérieurement, et ce] malgré que [ces objets] ont été connus*** de façon successive [dans l"expérience sensorielle]. Par conséquent, par l"ouïe [d"abord] et par l"esprit [ensuite], même si la connaissance antérieure des phonèmes était survenue de façon successive, un souvenir [portant sur tous les phonèmes] simultanément est possible ultérieurement. Donc les phonèmes, [une fois] portés à cette [connaissance mentale synthéti-
Répertoire des citations
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que], sont contigus (na d!re) à [notre] compréhension de la signification[, et] c!est pourquoi les gens ordinaires disent que la connaissance de la signification [provient] de la parole[, c!est-à-dire des phonèmes].» *Avec !V et TS, j!ai lu vijñ"te. **Avec !V et TS, j!ai lu etad. ***Avec !V et TS, j!ai lu jñ"te#u.
PVSV" 434,16"17 ! VP I.73 na var#avyatireke#a padam anyad dhi vidyate | v$kya% var#apad$bhy$% ca vyatirikta% na ki%cana || «Il n!existe pas de mot qui soit quelque chose d!autre que les [phonèmes], ni de phrase qui soit quelque chose de plus que les [phonèmes] et les mots.» Traduction BIARDEAU 1964b: 115. PVSV" 435,25"27 ! !V spho$a 10"11ab alp&yas$ !pi yatnena 'abdam uccarita% mati( | yadi v$ naiva g)h#$ti var#a% v$ sakala% sphu*am || p)thak ca nopalabhyante var#asy$vayav$( kvacit | «La parole, même [si elle a été] prononcée avec un infime effort [articulatoire], ou bien la connaissance ne [l!]appréhende pas du tout, ou bien [elle appréhende] distinctement le phonème entier, mais en aucun cas il n!est appréhendé séparément des parties de phonème.» PV" P324b6"7/D271a6"7 ! VP I.86 ! TS 2711 | sgra yis bsgos pa#i sa bon can | | tha ma#i sgra da+ bcas par ni | | yo+s [D: P ya+s] smin skye ba can gyi ni | | blo la mi+ dag +es par byed |
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Appendice B
«Quand l!idée, dont le germe a été produit par les résonances, arrive à maturité avec le dernier son, la parole est déterminée.» Traduction BIARDEAU 1964b: 127. Voir infra, PVSV! 469,20"21, pour l!original sanskrit. PVSV! 436,25"26 ! "V spho!a 121 ! TS 2730 ! SSV 95,12"13 #aighry$d alp$ntaratv$c ca go#abde s$ bhaved api | devadatt$di#abde%u sphu&o bheda' prat(yate || «Cette (erreur) doit aussi venir, quand il s!agit du mot gau", de la brièveté et du petit nombre de syllabes. Tandis que dans le mot Devadatta, la différence est éclatante!» Traduction BIARDEAU 1958: 47. PVSV! 440,29"30/Vibh. 375n. 6 = "V v#kya 366 = TS 2342 vedasy$dhyayana) sarva) gurvadhyayanap*rvakam | ved$dhyayanav$cyatv$d adhun$dhyayana) yath$ || Pour une traduction, voir p. 148; voir aussi PVSV 124,27 et PV! P329a1"2/D274b3"4. PVSV! 443,25"444,9 < B! ?; PVSV! 443,25"26 = "V v#kya 366 = TS 2342; PVSV! 443,27"444,9 ! TS 2344"2345 vedasy$dhyayana) sarva) gurvadhyayanap*rvakam | ved$dhyayanav$cyatv$d adhun$dhyayana) yath$ || at(t$n$gatau k$lau vedak$raviyoginau | k$latv$t tad yath$ k$lo vartam$na' sam(k%yate || brahm$dayo na ved$n$) kart$ra iti gamyat$m | puru%atv$dihetubhyas tad yath$ pr$k+t$ nar$' || «Toute récitation du Veda est précédée de la récitation [védique] d!un guru, car à l!exemple de la récitation [védique] d!aujourd!hui, on [la] dit une ,récitation du Veda#. Les temps passé et futur sont dépourvus de [tout] auteur des Veda, parce qu!ils sont du temps, à
Répertoire des citations
471
l!exemple du temps présent que l!on perçoit. [Et] l!on peut savoir que des [êtres personnels] tels que Brahm! ne sont pas les auteurs des Veda, grâce à des raisons telles que le fait d!être homme, à l!exemple des hommes ordinaires.» PVSV 124,27 < "V v!kya 366 adhyayanam adhyayan!ntarap#rvakam adhyayan!t Voir supra, PVSV$ 443,25"26. PVSV$ 457,12 ! PV$ P345b1"2/D287a3 ! P! I.2.69 napu%sakam anapu%sakena ekavac c!nyatarasy!m | «Wenn ein Neutrum mit seinem entsprechenden Masculinum oder Femininum zusammengefasst werden soll, dann bleibt das Neutrum allein übrig und kann in diesem Fall im Singular stehen.» Traduction BÖHTLINGK 1964: 20. PVSV$ 461,21"22 ! "V spho"a 95 ! SSV 76,7"8 n!nyath!nupapattis tu bhavaty arthamati% prati | tad ev!sy!nimitta% sy!j j!yate yadanantaram || «Et il n!est pas impossible d!expliquer autrement la connaissance du sens. Ce immédiatement après quoi elle se produit, cela seul est sa cause.» Traduction BIARDEAU 1958: 15. PVSV$ 464,10"12 < Bhart&hari (yad !ha bhart#hari$, PVSV$ 464, 10), MBhD? sarve'!% p&thag arthavatt! sarve'u k&tsn!rthaparisam!pte( | tath! yad eva prathama% pada% up!d)yate tasmin sarvar#p!rthopagr!hi*i niyam!nuv!danibandhan!ni pad!ntar!*i vijñ!yante | Discussion et traduction de ce passage, pp. 160"163.
472
Appendice B
PVSV! 467,21!22 = VP I.94 = SSV 92,15!16 yath"nup#rv$niyamo vik"re k%$rab$jayo& | tathaiva pratipatt'(") niyato buddhi%u krama& || «De même qu"il y a un ordre fixe de succession dans la transformation du lait et d"un germe, de même il y a un ordre de succession fixe dans les idées des auditeurs.» Traduction BIARDEAU 1964b: 131. PVSV! 467,27!468, 4 ! VP I.49 et 104 n"dasya kramajanyatv"n na p#rvo n"para* ca sa& | akrama& kramar#pe(a bhedav"n iva j"yate || tasm"d abhinnak"le%u var(av"kyapad"di%u | *abdak"lasvabh"va* ca n"dabhed"d vibhidyate || «Puisque c"est la résonance qui se produit de façon successive, la (parole) n"a ni avant ni après; elle est sans succession mais apparaît comme divisée par la forme successive (des résonances). C"est pourquoi (d"ailleurs aussi), quand il s"agit de phonèmes, mots et phrases de durée indifférenciée, on distingue la durée de leur débit et leur durée propre à partir de la différenciation des résonances.» Traduction (avec «phonèmes» pour «lettres») BIARDEAU 1964b: 91 et 141. PVSV! 468,9!10 < MBhD? prathamena var(ena abhivyaktasya anavadh"ra("d avadh"ra("rtham anye%") var("n") vy"p"ra& | «Puisque ce qu"a manifesté le premier phonème n"est pas [encore] déterminé, d"autres phonèmes opèrent en vue de la détermination.» PVSV! 468,15 = VP I.83cd kai*cid dhvanir asa)vedya& svatantro "nyai& prakalpita[&] |
Répertoire des citations
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«D!autres pensent que le son n!est pas perceptible, tandis que d!autres le supposent (doué d!une existence) indépendante.» Traduction BIARDEAU 1964b: 123. PVSV! 468,26"27 < SSV 102, 6"7 (yad ucyate ma!"anena) vyañjakas"d#$y"c ca v"kye tad"tmagraha%"bhim"nas tena na a$rava%a& sakala$rava%a& v" iti | PVSV! 468,26"27 forme une adaptation de: vyañjakas#d$%y#t tu %abd#ntaragraha!#bhim#na&; tena na a%rava!a' sy#t sakala%rava!a' v# iti |. «Mais du fait d!une ressemblance entre (les sons) qui manifestent (le spho(a), on croit saisir d!autres éléments verbaux (i.e. les phonèmes); c!est pourquoi il n!est pas vrai de dire qu!il doit y avoir soit non-audition soit audition intégrale.» Traduction (avec «phonèmes» pour «lettres») BIARDEAU 1958: 62. PVSV! 469,16"21 ! VP I.84"86 ! SSV 89,7"12; VP I.86 ! TS 2711 yath"nuv"ka' $loko v" so(hatvam upagacchati | "v#tty" na tu sa granthapraty"v#ttir nirucyate || pratyayair anup"khyeyair graha%"nugu%ais tath" | dhvani' [sic] prak"$ite $abde svar)pam avadh"ryate || n"dair "hitab*j"y"m antyena dhvanin" saha | "v#ttiparip"k"y"& buddhau $abdo #vadh"ryata iti || «On devient capable de retenir (par c$ur) un chapitre ou un vers à force de le répéter, mais le texte n!est parfaitement retenu à aucune des répétitions prises séparément. De même, quand une parole est mise en lumière par des sons, sa forme propre est déterminée grâce à des idées (partielles) indescriptibles qui concourent à son appréhension. Quand l!idée, dont le germe a été produit par les résonances, arrive à maturité avec le dernier son, la parole est déterminée.» Traduction BIARDEAU 1964b: 125/127. Voir aussi supra, PV! P324b6"7/D271a6"7.
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Appendice B
PVSV! 477,23!26 ! "V !abdanityat" 119cd-121ab ! TS 2174!2175 ye#$m apr$pta ev$ya% &abda' &rotre(a g)hyate | te#$m apr$ptitulyatva% d*ravyavahit$di#u || tatra d*rasam+pasthagraha($graha(e same | sy$t$% na ca kramo n$pi t+vramand$disambhava' || «Pour les [bouddhistes] selon qui l"ouïe appréhende la parole sans contact aucun, l"absence de contact [avec la faculté sensorielle] est la même pour des [paroles] distantes, [des paroles] auxquelles on fait écran, etc.; par conséquent, appréhension et non-appréhension par des [personnes] situées à distance ou à proximité devraient être les mêmes dans ce cas, et [il n"y aurait alors] ni succession [dans les appréhensions selon l"éloignement], ni même possibilité de [gradation entre auditions] intense, faible, etc.» PVSV! 478,9* d*r$sann$dibhedena spa#,$spa#,a' prat+yate | « On connaît [également la parole] comme [plus ou moins] distincte ou indistincte selon [qu"elle est plus ou moins] éloignée, proche, etc.» *Comparer PV III.408ab: d#r"sann"dibhedena vyakt"vyakta$ na yujyate | (conséquence absurde), et TS 2523ab: d#r"sann"dibhedena spa%&"spa%&a$ yathek%yate | (où il est question de r#pam). Spa%&"spa%&a' prat(yate paraît une adaptation au contexte (PVSV! 478,8: tath" !abdo!pi), où la k. est traitée en objection.
PVSV! 478,15!16 ! PV III.235 j$to n$m$&rayo #ny$nya& cetas$% tasya vastuna' | ekasyaiva kuto r*pa% bhinn$k$r$vabh$si ta[t] || «L"un et l"autre fondements des connaissances [portant sur un universel] peuvent bien être produits, [mais] d"où [vient-il que] la nature de cette entité strictement une [qu"est un universel nous] appa-
Répertoire des citations
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raisse sous différents aspects[, c!est-à-dire sous des aspects distincts ou indistincts]?» (a) PVSV! 478,18"19 ! TS 2117 < B!? (voir infra, PVSV! 489, 18"19) (b) PVSV! 478,20"23 ! "V !abdanityat" 197"198 ! TS 2226"2227 (c) PVSV! 478,24"25 ! TS 2118 < B! ? yasm#c chabdasya nityatva$ %rotrajapratyabhijñay# | vibhutva$ ca sthita$ tasya ko !dhyavasyed viparyayam || (a) de%abhedena bhinnatvam ity etac c#num#nikam | pratyak&as tu sa eveti pratyayas tasya b#dhaka' || pary#ye(a yath# loke bhinn#n de%#n vrajann api | devadatto na bhidyeta tath# %abdo na bhidyate || (b) tasm#d y# sarvak#le&u sarvade%e&u caikat# | pratyak&apratyabhijñ#naprasiddh# s#sya b#dhik# || (c) «Puisque la permanence et l!omniprésence de la parole sont établies par la reconnaissance, qui naît de l!ouïe[, donc par la perception], qui [donc] en pourrait établir le contraire? Que [quelque chose comme la parole] diffère selon le lieu, cela est d!ordre inférentiel; mais la connaissance d!identité (sa eveti pratyaya#), d!ordre perceptif, annule cette [inférence car la perception est de plus grande autorité que l!inférence]. De même que Devadatta ne saurait différer bien qu!il gagne successivement différents lieux dans le monde, de même la parole ne diffère-t-elle pas [selon le lieu et le temps]. Par conséquent l!unicité (ekat") [de la parole], en tous temps et en tous lieux, qu!établit la reconnaissance perceptive, celle-là est annulatrice de la [différence invoquée par inférence].» PVSV! 479,22 = "V !abdanityat" 122ab = TS 2176cd prayatn#bhihato v#yu' ko&)hyo y#t*ty asa$%ayam | Pour une traduction, voir p. 184. Voir aussi infra, PVSV! 502,26.
476
Appendice B
PVSV! 479,23 ! "V !abdanityat" 124cd ! TS 2179ab kar#avyomani sampr$pta% &akti' &rotre niyacchati | Pour une traduction, voir p. 185. PVSV! 480,8 ! "V !abdanityat" 126ab ! TS 2180cd tathaiva tadvi&e(o !pi vi&i()a&rava#$d bhavet | «De même une différence de [dispositions] pourrait-elle également être [postulée, et ce] sur la base de [notre] audition de [paroles] particulières.» PVSV! 484,19"21 < SSV 104,11"12 (yat punar ukta# ma$%anena |) yad$ traividyav*ddh$ hastasa'jñ$divi(ay$n utk(epa#atv$di&abdanirde&y$n s$m$nyavi&e($n abhyupagacchanti tad$ ko #ya' prasa+ga% | eka% karm$tm$ abhyupagantavya iti | PVSV! 484,19"20 forme une adaptation de: ko !ya# prasa&ga eka' karm"tm" abhyupagantavya iti? yad" traividyav(ddh" hastasa#jñ"divi)ay"n " utk)epa$atv"di!abdanirde!y"n s"m"nyavi!e)"n anupayanty eva |. «Quelle est donc cette conséquence (erronée mentionnée par l!adversaire) en ces termes: ,Il faut admettre une entité-acte qui soit une?! (= PVSV 134,20) Alors que les gens versés dans les trois sciences reconnaissent des traits communs particuliers qui ont pour objet un signe de la main $ [et sont] désignés par des termes comme ,le fait de projeter en l!air! etc.» Traduction BIARDEAU 1958: 65. PVSV! 485,19"20 ! SS 29 (tad ukta# ma$%anena |) n$nek$vayava' v$kya' pada' v$ spho)av$din$m | ekatve #pi hy abhinnasya krama&o dar&it$ gati% | «Pour les avocats du spho*a, la phrase et le mot n!ont pas de multiples parties, mais même dans le cas d!une unité, on observe qu!il y
Répertoire des citations
477
a connaissance progressive de l!indivisible.» Traduction BIARDEAU 1958: 61. Voir aussi supra, PVSV! 468,26"27. PVSV! 487,21"26 ! "V !abdanityat" 286cd-289ab ! TS 2285"2287 dharmam#tram asau te$#% na vastvantaram i$yate | krame&a jñ#yam#n#' syur vars ten#vabodhak#' || na ca kramasya k#ryatva% p(rvasiddhiparigrah#t | vakt# na hi krama% ka)cit sv#tantrye&a prapadyate || yathaiv#sya parair uktas tathaivaina% vivak$ati | paro !py eva% sata) c#sya sambandhavad an#dit# || Pour une traduction, voir pp. 188"189. PVSV! 488,11"12 = TS 2141 < B! ? de)ak#laprayokt*% bhede !pi ca na bhedav#n | g#divar&o yatas tatra pratyabhijñ# parisphu+# || «Et quoique l!espace, le temps et le locuteur diffèrent, un phonème tel que ,g! n!a pas [la moindre] différence, parce que la reconnaissance en est parfaitement évidente.» PVSV! 489,18"19 ! TS 2117 ! PVSV! 478,18"19 < B! ? ki% ca )abdasya nityatva% )rotrajapratyabhijñay# | vibhutva% ca sthita% tasya ko vyavasyed viparyayam || «De plus, la permanence et l!omniprésence de la parole sont établies par la reconnaissance, qui naît de l!ouïe[, donc par la perception]: qui [donc] en pourrait établir le contraire?» PVSV! 490,12"13 = "V !abdanityat" 279cd"280ab = TS 2280cd"2281ab anityadhvanik#ryatv#t kramasy#to vin#)it# |
478
Appendice B
puru!"dh#nat" c"sya tadvivak!"va$"d bhavet || «Puisqu!elle est l!effet de sons bruts impermanents, la série est donc périssable; et la [série] ne saurait que reposer sur l!homme puisqu![elle procède] en vertu de sa [seule] intention.» PVSV% 490,19"22 ! &V !abdanityat" 287cd-289ab ! TS 2286"2287 na ca kramasya k"ryatva' p(rvasiddhiparigrah"t | vakt" na hi krama' ka$cit sv"tantrye)a prapadyate || yathaiv"sya parair uktas tathaivaina' vivak!ati | paro !py evam ata$ c"sya sambandhavad an"dit" || Pour une traduction, voir p. 189; voir aussi supra, PVSV% 487,21" 26 PVSV% 497,19"25 < Umbeka (umbekas tv "ha |) yadi sa eva ayam ity ek"nubhavas tath" apy ayam at#tajñ"nakarmat" !parok!ate ek"dhikara)e g*h)an sa'vedyate | atha api pratyayadvayam ida' graha)asmara)ar(pam | tath" api gha+asmara)apa+agraha)ayor nirantarotpannayor vilak!a)am ida' parasparavi!ayatvena pratibh"san"t | aparok!a eva hy artho !t#tajñ"navi$i!+atay" sm*tau pratibh"sate | at#tajñ"navi!aya$ ca aparok!atay" pratyak!e | tad aha' smar"my etad iti pratibh"san"t | tasm"d animi!i(ta)d*!+e, puru!asya yad utpattivin"$arahit"nuv*tt"vas"ya, sa eva b"dhaka, k!a)abha-gas"dhakasya anum"nasya | Citation non identifiée, peut-être tirée du commentaire (perdu) de Umbeka à &V !abdanityat".
Répertoire des citations
479
PVSV! 498,8!9 < Umbeka? ya" pratik#a$am anyatva% vadati tasya ca aya% b&dha" pratyabhijñ&nam&tre$a anyattve tu vina#'asya api tattv&vagam&t | m(tapratyabhijñ&y&m iva | Citation non identifiée, peut-être tirée du commentaire (perdu) de Umbeka à )V !abdanityat". PVSV! 498,26!29 ! )V spho#a 22!23 = TS 2142 et 2146 na hi drut&dibhede "pi ni#pann& samprat*yate | gavyaktyantaravicchinn& gavyaktir apar& sphu'& || tenaikatvena var$asya buddhir ekopaj&yate | vi+e#abuddhisadbh&vo bhaved vyañjakabhedata" || «Car [une fois qu"il est] établi on ne note pas, malgré une différence de [débit,] rapide[, moyen ou lent], qu"un certain individu ,g! distinct[ement perçu] diffère de [tel] autre individu ,g!; en tant donc que le phonème est un, la connaissance qui se produit est une: que la connaissance d"une différence existe [quand même] ne saurait provenir que de la diversité des révélateurs[, et non du phonème lui-même].» PVSV! 499,14!17 ! )V spho#a 50!51 ! TS 2154!2155 svato hrasv&dibhedas tu nityav&de virudhyate | sarvad& yasya sadbh&va" sa katha% m&trika" svayam || tasm&d ucc&ra$a% tasya m&tr&k&la% prat*yat&m | dvim&tra% v& trim&tra% v& na +abdo m&trika" svayam || «Mais [admettre pour la parole] elle-même une diversité de [longueur vocallique,] notamment brève[, longue ou protractée], contredit la doctrine de la permanence: comment ce qui existe éternellement [pourrait-il] soi-même comporter des mores? [C"est] donc sa [seule] prononciation [qu"]il faut connaître comme durant une
480
Appendice B
more, ou comme ayant deux ou trois mores, [mais] la parole ellemême ne comporte pas de mores.» PVSV! 502,26!31 ! "V !abdanityat" 122!124ab ! TS 2176cd!2178 prayatn#bhihato v#yu$ ko%&hyo y#t'ty asa()ayam | sa sa(yogavibh#gau ca t#lv#der anuvartate || vegavattv#c ca so "va)ya( y#vadvega( prati%&hate | tasy#tm#vayav#n#( ca stimitena ca v#yun# || sa(yog#) ca viyog#) ca j#yante gaman#d dhruvam | Pour une traduction, voir pp. 184!185. PVSV! 504,29!505,6 ! M'S* I.i.20 et "Bh sous M'S* I.i.20/105,5!6 sa+khy#bh#v#t | a%&ak,tvo go)abda uccarita iti hi vadanti | na a%&au go)abd# ity anena avagamyate pratyabhij#nanti | Pour une traduction, voir p. 197. PVSV! 505,8!11 ! M'S* I.i.18 et "Bh sous M'S* I.i.18/101,10!102,3 nityas tu sy#d dar)anasya par#rthatv#t | dar)anam ucc#ra-am | tat par#rtham artha( praty#yayitum | uccaritam#tra eva vina%&e )abde | na tato "rtha( praty#yayitu( )aknuy#d ato na par#rtham ucc#ryeta | «Mais [la parole] doit être permanente [eu égard à la relation qu"elle entretient], car [sa] prononciation [intervient] en vue d"autrui. .Dar!ana! [signifie ici] prononciation. Cette [dernière] sert à notifier la signification pour autrui, [car] si la parole périssait à peine prononcée, on ne pourrait notifier la signification grâce à elle, [et] donc on ne [la] prononcerait pas pour autrui.»
Répertoire des citations
PVSV! 511,8!9 = VS IV.i.1 sad ak"ra#avan nityam | «[Est réputé] permanent ce qui existe [et est] dénué de cause.»
481
Appendice B
482
Table des citations
Source:
Localisation:
Équivalent TS:
I.49
K.467,27!28
!
I.73
K.434,16!17
!
I.83cd
K.468,15
!
I.84
K.469,16!17
!
I.85
K.469,18!19
!
I.86
K.469,20!21
TS 2711
idem
".P324b6!7/D271a6!7
idem
I.94
K.467,21!22
!
I.104
K.468,3!4
!
?
K.464,10!12
!
?
K.468,9!10
!
II.208
".P297b5!6/D250b6
TS 3435
III.235
K.478,15!16
!
III.408a
K.478,9
TS 2523a
Bhart!hari ! V"kyapad#ya
! Mah"bh"$yad#pik"?
Dharmak#rti ! Pram"%av"rttika
Dign$ga ! Pram"%asamuccaya
Répertoire des citations
483
II.5ab
Dh.108,1
!
idem
Dh.109,5 (= PV I.216ab)
!
I.i.18
K.504,29
!
I.i.20
K.505,8!9
!
K.511,8!9
!
62
K.404,11!12
!
63
K.404,13!14
!
68
K.404,25!26
!
71
K.404,27!405,7
!
72
K.405,8!9
!
89
K.405,10!11
!
90
K.405,12!13
!
91ab
K.405,16
!
92ab!93ab
K.405,17!19
!
[92cd-93ab
K.406,4!5
idem]
99cd-100ab
K.404,18!19
!
K.413,1
!
Jaimini ! M"m#$s#s%tra
Ka!"da ! Vai&e'ikas%tra IV.i.1 Kum"rila ! (lokav#rttika codan#
sambandh#k'epa 16ab1?
Appendice B
484 spho!a 10
K.435,25!26
!
11ab
K.435,27
!
22
K.498,26!27
TS 2142
23
K.498,28!29
TS 2146
50
K.499,14!15
TS 2154
51
K.499,16!17
TS 2155
69
K.430,27!28
!
70
K.430,30!31
!
71
K.431,4!5
!
73
K.431,6!7
!
83
K.431,9!10
!
85
K.431,11!12
!
86
K.431,13!14
!
86a
K.432,13
idem
95
K.461,21!22
!
108
K.432,25!26
!
109
K.433,4!5
!
110
K.433,6!7
!
111
K.433,15!16
!
112
K.433,24!25
TS 2721
113
K.433,26!27
TS 2722
115
K.433,28!29
TS 2724
116
K.434,7!8
TS 2725
121
K.436,25!26
TS 2730
Répertoire des citations
485
sambandh!k"epaparih!ra 13
K.413,10!11
TS 2254
14
K.413,27!28
TS 2255
21cd
K.413,29
TS 2256ab
22
K.413,30!414,8
TS 2256cd-2257ab
23
K.414,9!10
TS 2257cd-2258ab
28
K.411,12!13
TS 2262
32
K.410,21!22
TS 2266
41
K.410,23!24
TS 2273
136cd-137ab
K.409,19!20
TS 2777
140cd?
K.409,26!27
TS 2650
141?
K.409,28!29
TS 2651
119cd-120ab
K.477,23!24
TS 2174
120cd-121ab
K.477,25!26
TS 2175
122ab
K.479,22
TS 2176cd
122
K.502,26!27
TS 2176cd-2177ab
123
K.502,28!29
TS 2177cd-2178ab
124ab
K.502,31
TS 2178cd
124cd
K.479,23
TS 2179ab
126ab
K.480,8
TS 2180cd
197
K.478,20!21
TS 2226
198
K.478,22!23
TS 2227
279cd-280ab
K.490,12!13
TS 2280cd-2281ab
286cd
K.487,21
TS 2285ab
#abdanityat!
Appendice B
486 287
K.487,22!23
TS 2285cd-2286ab
287cd
K.490,19
TS 2686ab
288
K.487,24!25
TS 2286cd-2287ab
idem
K. 490,20!21
idem
289ab
K.487,26
TS 2287cd
idem
K.490,22
idem
366
K.440,29!30
TS 2342
idem
Vibh. 375n. 6
idem
idem
adapt. Dh.124,27
idem
?
K.408,21!22
TS 2101
?
K.408,23!24
TS 2103
?
K.443,27!28
TS 2344
?
K.444,8!9
TS 2345
?
K.478,18!19
TS 2117
idem
K.489,18!19
idem
?
K.478,24!25
TS 2118
?
K.488,11!12
TS 2141
K.485,19!20
!
102,6!7
K.468,26!27
!
104,11!12
K.484,19!21
!
v!kya
" B#ha$$%k!?
Ma!"anami#ra " Spho$asiddhi 29 " Spho$asiddhiv#tti
Répertoire des citations
487
Patañjali ! Mah"bh"#ya I.19,20!21 (I.i.2)
!. P313a7!8/D262a5!6
!
idem
K.419,20!21
!
I.ii.69
!. P345b1!2/D287a3
!
idem
K.457,12
!
P"#ini ! A#$"dhy"y%
!abara ! &"barabh"#ya 101,10!102,3 (I.i.18) K.505,9!11
!
105,5!6 (I.i.20)
!
K.504,30!505,6
Umbeka ! &lokav"rttikat"tparya$%k" sous &V 'abdanityat"? ?
K.497,19!25
!
?
K.498,8!9
!
Appendice C Amendements au texte de l!édition GNOLI Cet appendice consigne tous les amendements que m!a inspirés la lecture de PVSV 107,14"141,14. Dans tous les cas, j!ai inclus les leçons suggérées par la PV! (généralement P, sigle «"»), que le savant éditeur italien n!a pas incorporées à son appareil critique. Ci-dessous, le sigle «PVSVt» renvoie aux seules leçons de P, N, D, C; «K» se réfère à la PVSV! telle qu!éditée par S, sans consultation du manuscrit; «S», au texte de la PVSV établi (le plus souvent reconstruit du tibétain) par S#$K%TY#YANA. Toutes les références aux mss. A, B et Z procèdent sur la foi des notes critiques de GNOLI; hors tout projet de réédition critique de la PVSV, il ne m!a pas paru nécessaire de consulter les mss.: pour incomplète qu!en soit parfois l!annotation critique, l!édition GNOLI produit un texte assez bien lisible pour qu!une telle réédition n!apparaisse pas comme un desideratum urgent. La colonne de gauche présente la leçon retenue par GNOLI; celle de droite, la leçon par moi retenue. 107,15"16 anyapram!"!niv#ttau K389,16"17, PVSVt et "284b7 portent anyapram!"aniv#ttau/tshad ma g$an log pa na. J!ai lu, avec YAITA 1987: 4: anyapram!"aniv#ttau. 107,16 asakalavi%ayatv!d !gama& PVSVt porte: ma lus pa!i yul can ñid ma yin pa ñid kyi phyir ro || lu' gis, comme "284b8. PVSVt introduit la phrase par !di la/atra, sans équivalent dans K389,18 et "284b8. J!ai lu: asakalavi%ayatv!t | !gama&. 108,4 mah!nu(a)s!p!pa°
PVSVt et "286a6 portent phan yon chen po da' 'an so', suggérant mah!nu(a)s!p!ya° (YAITA 1987: nn. 13 et 43), alors que K390,25 porte °p!pa° (ms. A om.). Le contexte escha-
490
Appendice C tologique (anu!a"s# expliqué svarga, ap#ya/ p#pa expliqué naraka) m!a porté à lire: mah#nu!a"s#p#ya°.
108,11 a!akyop#yaph#l#ni
J!ai lu, avec YAITA 1987: 4: a!akyop#yaphal#ni.
108,25 cat$r%#m
J!ai lu, avec YAITA 1987: 4: catur%#m.
109,18 vipralambh#yanuparodh#t K395,20"21 porte vipralambh#ya | na visa"v#d#ya bhavati | ki" k#ra%am | anuparodh#t |. J!ai lu: vipralambh#ya anuparodh#t. 110,6 pravartate
K396,22, PVSVt et !293a8 portent pravarteta/!jug par !gyur ro. J!ai lu: pravarteta.
110,9 anyadonirdo&at#
La leçon suppose anirdo&at#, contre K397,7, M365,23, !293b7"8 et PVSVt, qui tous comprennent: nirdo&at#/ñes pa med (pa ñid). L!explication grammaticale (voir n. 63, p. 229) de K, !, M et Vibh. sur durbodh# ne laisse par ailleurs subsister aucun doute. J!ai lu: anyado nirdo&at#.
110,11 caitasyebhya'
K397,11"12 porte caitasebhya'. J!ai lu: caitasebhya'.
110,12 te ca at(ndriy#'
PVSVt porte dba) po las !das pa dag yin te |, suggérant la possibilité d!un da%*a. On lirait alors: te ca at(ndriy#' |, également recevable, et traduirait: «Or [les qualités et fautes morales d!autrui sont] suprasensibles [en tant précisément qu!elles sont des propriétés mentales]. Peut-être#»
111,6"7 up#d#nabalabh#visant#nasyaPVSVt sépare nettement ñe bar len pa!i stobs las byu) ba can de rgyud las, comme (mais non décisivement) K401,9: °balabh#vi | tad evambh$ta°, et surtout !299a5: byu) ba can no || de lta bur gyur pa de ni (qui suggère
Amendements au texte de l!édition GNOLI
491
d!amender K en: tad evambh!tam). J!ai lu: up"d"nabalabh"vi sant"nasya. 112,11 puru#"$ray"d apauru#eyam PVSVt et !302a4 portent: skyes bu la brten pa ñid kyi phyir ro || skyes bus ma byas; ! introduit vipralambhahet!n"% do#"&"% puru#"$ray"d par ci!i phyir 'e na. La leçon: puru#"$ray"t | apauru#eyam paraît également recevable. Par souci de préserver le parallélisme avec PV I.224, j!ai néanmoins lu puru#"$ray"d apauru#eyam. 112,14 saty"rthahet!n"%
Miy. porte saty"rthahet!n"%, contre K405,27, PVPVV et PVV 368,3, qui portent satyatvahet!n"%, corroborés par PVSVt et !302a7: bden pa ñid kyi rgyu, symétrique au mithy"tva° de PV I.224. J!ai lu: satyatvahet!n"%.
(Ms. A manquant, 112,14 > 113,27) 113,18 tatsambandha$
Tat° n!est corroboré ni par K411,11, ni par PVSVt, ni par !305b3. J!ai lu: sambandha$.
113,19"20 k"ryakara&ayogyat"vat PVSVt et le prat(ka de K411,19 portent °k"ra&a°/rgyu. Explication de K411,20"21: k"ryakara&"ya yogyat" k"ryakara&ayogyat" | yath" k"ra&asya "tmabh!t" tadvat |. De !305b5"7: !bras bu byed pa!ii rgyu!ii ru) ba ñid ga) yin pa de ni dper na rgyu!i bdag ñid du !gyur ba da) !dra bar sgra!i ru) ba ñid dam | ya) na rgyu da) !bras bu dag gi ru) ba ñid ces blta bar bya ste | !di ñid kyis !di ni !bras bu yin no 'es bya ba!i !bras bu!i ru) ba ñid do || !di!i !di ñid rgyu yin no 'es bya ba !di ni rgyu!i ru) ba ñid do || de ya) de dag gi bdag ñid du gyur pa kho na!o ||. On ne peut exclure qu!à l!époque où ! composait son commentaire, les deux variantes étaient déjà attestées. J!ai lu: k"ryakara&ayogyat"vat, quoique k"ryak"ra&ayogya-
492
Appendice C t!vat («comme la convenance de la cause pour l!effet») me paraisse également recevable.
113,23"24 "abd!rthasambandh!# K412,12 porte "abd!rthasambandha#. J!ai lu: "abd!rthasambandha#. 113,27 buddhir$pav!g vijñaptyor K412,28 explique: buddhir$pasya ! v!gvijñapte" ca. PVSVt et !307a5"6 rendent blo"i %o bo da% %ag gi rnam par rig byed dag. J!ai lu: buddhir$pav!gvijñaptyor. (Reprise du ms. A, 113,27) 114,14 pratipadyate
Le ms. B et K415,16 portent pratipadyate, alors que le ms. A porte pratipadyeta, possiblement corroboré par PVSVt et !309a3, qui portent thob par "gyur ba. J!ai lu: pratipadyate, quoique la leçon pratipadyeta me paraisse également recevable (« # la [parole] doit recevoir de l!homme # »).
114,16"17 puru&op!k'r(a#
J!ai lu: puru&o #p!k'r(a#.
115,6"7 apuru&!dh'natve
Le ms. A porte puru&!dh'natvena. Le ms. B, PVSVt et !311b1"2 portent ou suggèrent apuru&!dh'natve. K417,22 (puru&!dh'natvapak&e) ne tranche pas. J!ai lu: apuru&!dh'natve, quoiqu!avec GNOLI, je juge puru&!dh'natvena également recevable.
115,10 °ayog!d iti samam
Iti sans équivalent dans K418,13, PVSVt, !312a1"2. Deux interprétations de samam. (1) K418,14 (!312a2"3 me demeurant inintelligible): samam ekak!la) sarvasminn arthe sambandhasya avasth!ne #pi kalpyam!ne (d!où ma traduction); (2) PVSVt: gnas skabs thams cad la mtshu%s pa yin te. Iti ne me paraît pourtant avoir sa place dans aucune de ces deux interprétations. J!ai lu: °ayog!t | samam.
115,10"11 #p'&tapratiniyam!bh!vatJ!ai lu: #p'&*apratiniyam!bh!v!t.
Amendements au texte de l!édition GNOLI
493
115,17 nityasya ! c!n!"raya# | Ces deux phrases ont été considérées comme une demi-strophe par M279,11"12 ainsi que par une secunda manus dans le ms. Z, et incorporées par DD! et Pa au titre de PV I.232cd sous la forme: nityasy!nupak!ryatv!d akurv!$a" ca n!"raya# ||, la demi-strophe étant métriquement incorrecte avec c!n!"raya#. PVSVt et PVt n!en font pas une demistrophe. Sur ce point, voir GNOLI 1960: xxxiixxxiii. 115,24 iva
Le ms. B, K420,17, PVSVt et !314a2 ne portent pas de iva, mais sa%s&'(au seul: sa%s&'(au puru'asya ! pratibh!ta iti me paraît également recevable.
116,11 utpanno "rtha#
PVSVt, K420,13 et !314b6 portent: utpannotpanno "rtha#/skyes "i) #byu) ba#i don. J!ai lu: utpannotpanno "rtha#.
116,28 anapek'atv!t
Malgré K422,28, !316a7 et PVSVt (anapek'atv!t), j!ai lu: anapek'yatv!t.
117,4 kuta#
K423,12, PVSVt, !316b4, PVDD! portent k&ta#/byas, contre Miy., PVS et M372,7, qui lisent kuta#. J!ai lu: k&ta#.
117,9 tasya ca tad!tmakatv!t
Représenté dans le seul ms. B, ca est sans équivalent dans le ms. A, K423,20"21, PVSVt, !317a2"3. Le ms. A porte tad!tmatv!t, contre K423,20, PVSVt et !317a2, qui portent tad!tmakatv!t/de#i bdag ñid can ñid yin pa#i phyir ro. J!ai lu: tasya tad!tmakatv!t.
117,11 agraha$!patter
PVSVt et !317a7 portent mi #dzin par #gyur, alors que K423,26 porte agraha$aprasa)g!t. J!ai lu: agraha$!pattir.
117,23 abh!vaprasa)g!t
K425,16"17 et !317b6 portent abh!vaprasa)ga#/med par thal bar #gyur ro, contre PVSVt
494
Appendice C qui porte: med par thal bar !gyur ba!i phyir ro. J!ai lu: abh!vaprasa"ga#.
117,26 d$%&!nt!siddhe' ca |
PVSVt et le ms. A portent ca. Le ms. B et K426,9 n!ont pas d!équivalent de ca; !319a6" 8 est ambigu (un possible da" s!étant nécessairement perdu dans les méandres du commentaire; mais noter: dpe ma grub pa!i phyir ya"). Je considère comme un argument contre ca que K426,11 et !319b1"2 ponctuent leur commentaire à la phrase suivante sur: na ca asti s!dhanam | tatra api d$%&!nt!siddhe# |. Ici au moins, d$%&!nt!siddhe# justifie li"g!bh!va. J!ai lu: d$%&!nt!siddhe# |.
118,13 anay!
Le ms. B, PVSVt (DC), K427,21 , !320b3 comportent un id!n(), contre le ms. A et PVSVt (PN). J!ai lu: anay! id!n().
(Ms. A manquant, 118,22 > 121,8) 119,7 sa eva asiddha#"
sa eva asiddha# sans équivalent dans PVSVt, K430,8 et !322a6. J!ai lu: yas tau 'le%ayet |.
119,13 v!cyav!cakasambandha# Faut-il lire: tan na te%u vartate v!cyav!cakasambandha#? PVSVt, !322b6, K430,22 comportent en effet un vartate. 119,14 var*!
PVSVt, K430,25, !322b7 portent var*! eva/yi ge ñid. J!ai lu: var*! eva.
119,16"17 ni%etsy!ma#
K431,21, PVSVt et !323a4 portent pa'c!n ni%etsyam!natv!t/!og nas !gog par !gyur ro. J!ai lu: pa'c!n ni%etsy!ma#.
119,20 padam | v!kya) ca
(1) Skt. v!kyam est bel et bien représenté dans PVSVt. (2) J!ai lu: pada) v!kya) ca.
120,6 sambandhas taddv!re*a ca Avec PVSVt, K437,22 et !325b3, j!ai lu: sambandha# | taddv!re*a ca.
Amendements au texte de l!édition GNOLI
495
120,6 !niyama!
L!avagraha ne figure pas dans le ms. B, confirmant PVSVt et !325b4, qui portent (don rtogs pa la) "es pa yin pa, contre K437,22, qui porte na niyama!. La doctrine de Dharmak"rti est bien entendu qu!il n!y a pas de niyama d!ordre naturel entre #abda et artha; cela dit, pour lui (cf. PV I.327a et passim), vivak$% niyame hetu!, comme ici. Il y a un avin%bh%va entre vivak$% et #abda, qui permet le k%ryahetu. J!ai lu: niyama!.
121,3 anyatra
PVSVt, K440,20 et !328a8 portent anyatra api/g&an la ya". J!ai lu: anyatra api.
(Reprise du ms. A, 121,8) 121,21 svabh%v%bhedam anubhavantas Le ms. A et K442,20"21 portent svabh%v%bhedam anubhavantas, contre le ms. B, PVSVt et !330a4"5, qui portent svabh%vabhedam ananubhavantas/ra" b&in tha dad pa ñams su myo" ba med par, également recevable. 121,24 r'pavi#e$o v% tath% dar#an(ya! PVSVt, K443,7 et !330b3 sans équivalent de tath%. J!ai lu: r'pavi#e$o v% dar#an(ya!. 121,26 bheda!
PVSVt, K443,13 et !331a3 portent sa bheda!/ tha dad pa de ni. J!ai lu: sa bheda!.
121,28 na ativarteta
PVSVt, K443,18, et !331a7 portent na ativartate. J!ai lu: na ativartate.
122,17 yad api " sy%t
Un yadi paraît manquer à cette proposition. K446,12 porte yad api " yadi sy%d; !333b2 porte gal te ga" ya" " #gyur na ni; PVSVt porte gal te " ya" " #gyur na ni, sans équivalent de yad. J!ai traduit un hypothétique (< K/!): yad api vin% jv%lay% yadi sy%t.
496
Appendice C
122,18 yay! s!magry! sambhavati Avec PVSVt, K446,14 et !333b3, on pourrait lire aussi: yay! s!magry! sa sambhavati. 123,7 ka"cid
K448,20 porte ka#cid, probablement avec PVSVt, qui porte gcig gi chos !ga! $ig. J!ai lu: ka#cid.
123,18 saty!dhi%&h!nabal!
PVSVt, K449,21 et !337a6 portent saty!dhi%&h!nabal!t/bden pa!i byin gyi brlabs kyi stobs las. J!ai lu: saty!dhi%&h!nabal!t.
124,20 sarva'
K453,13"14 et !341a4 sans équivalent ni glose de sarva'. C!est la doctrine même de Dharmak"rti que nulle qualité mentale exogène ne peut être perçue par l!homme ordinaire (voir PVSV 110,2"16). J!ai lu: n!pi sann api dra%&u# "akya'.
125,4 sarva# tadadhyayan!ntara° PVSVt (ga( cu( $ig " de thams cad ni ") et !343a3 suggèrent de détacher tad° du composé, pour en faire le corrélatif de yat. J!ai lu: sarva# tad adhyayan!ntara°. 125,16"17 tat prathamo #dhyet! K456,13"14 et !344a8 lisent ostensiblement tatprathamo #dhyet!, comme PVSVt (de!i da( po !don par byed pa), et lisent tat° comme vedasya. J!ai lu: tatpratham!dhyet!. Également recevable, la leçon: tatprathamo #dhyet! (sur tatprathama, voir MMW, s.v.) 126,11"12 arthanive"asya ekasya api PVSVt porte don la !jug pa brda gtso bo yin pa!i phyir da( | (ag gcig la ya(. La structure de l!explication de K459,10"11 et !347b2"3 ne laisse guère place au doute. J!ai lu: arthanive"asya | ekasya api. 128,7 k%a)ena
PVSVt porte skad cig ma gcig gis, corroboré peut-être par K464,27/465,10"11 et !352b6 (k%a)ena ekena). k%a)ena ekena me paraît également recevable.
Amendements au texte de l!édition GNOLI
497
128,16 ado!a"
Le ms. B porte ado!a iti cet, PVSVt gal te ! #e na, K465,26/27 et !353a7/8 sy$d etat ! iti/de ltar "gyur na gal te ! #e na. ado!a iti cet me paraît également recevable.
129,2 vin$
PVSVt, K467,12 et !354b5 portent vin$ api. J!ai lu: vin$ api.
130,4 sa ca tasya svabh$va"
Le ms. B, K471,29"30, PVSVt et !357b1"2 ne portent pas (d!équivalents) de ca, contre le ms. A, qui porte ca. J!ai lu: sa tasya svabh$va".
130,5 na kuta%cit
Le ms. B, K472,10, et probablement PVSVt et !357b2, portent na kuta%cid api. J!ai lu: na kuta%cid api.
130,17 pratigh$&in$
K473,12, PVSVt et !358b4 portent pratigh$tin$/thogs par byed pa. J!ai lu: pratigh$tin$.
130,21 sati ku'ye
K473,18 et !358b8 portent sati ca ku'ye. J!ai lu: sati ca ku'ye.
(Ms. A folio 80 manquant, 131,10 > 132,22) 132,13 indriyasya hi sa(sk$ra"
Trois lectures de PV I.258c: (1) indriyasya sy$t sa(sk$ra" (PVPVV et PVPa), métriquement problématique. (2) indriyasya tu sa(sk$ra" (PVS et PVDD!), corroboré K479,20. (3) indriyasya hi sa(sk$ra" (PVMiy et PVGnoli, ce dernier fondé sur le ms. B: indriye sy$d dhi sa(sk$ra"). Notons que sy$t intervient dans les trois gloses (et peut-être PVSVt et !363a5" 6, dba) po legs par byas "gyur na). J!ai lu: indriyasya tu sa(sk$ra".
(Reprise du ms. A, folio 81a, 132,22) 132,28 %r*yeta
K481,16, PVSVt et !364b2 portent na %r*yate/thos pa ma yin no. %r*yate est également recevable.
498
Appendice C
133,2 !rava"at
Lire: !rava"#t.
133,11 bhinnas
Le ms. B, K482,13, PVSVt et !365a8 portent bhinnar$pas/tha dad pa!i %o bo, contre le ms. A. J!ai lu: bhinnar$pas.
133,16 arth#ntaram
K482,24 et !366a3 portent k#ry#ntaram, contre PVSVt, qui portent don g&an du gyur pa. S!il ne constitue pas un simple fait de glose, ce k#ry#ntaram est également recevable.
133,22 eva'
Le ms. A, K483,17, PVSVt et !366b2 portent eva/ñid, contre le ms. B, qui porte evam. J!ai lu: eva, quoique evam soit également recevable.
134,3 !abd#rthaprat(ti)
K483,23, !366b8 et PVSVt (DC) portent arthaprat(ti)/don rtogs pa, contre le ms. B, qui porte prat(ti), et contre le ms. A, qui porte !abd#rthaprat(ti). J!ai lu: arthaprat(ti).
134,10 karm#tm#
Le ms. B, PVSVt et !367b6 portent karm#tm# api, contre K484,16"17, sans api. J!ai lu: karm#tm# api.
135,5 apratipatter li%g#bh#v#t |
PVSVt porte rtogs pa med pa!i phyir da% rtags med pa!i phyir ro, suggérant apratipatte) | li%g#bh#v#c ca |. K487,16"17 et !370a1"2 semblent accréditer un ca. J!ai lu: apratipatte) | li%g#bh#v#c ca.
135,17 tad etat " kram#nyatva' kram#nyatva' n!apparaît ni dans PVSVt, ni dans le ms. B, et «in rasura» dans le ms. A. A lire !371a5"6 et K489,12, kram#nyatva' paraît une glose à tad etat. J!ai lu: tad etat pratipada' var"#nyatve. 136,3 k#laparih#re"a
PVSVt, K490,5 et !372a2 portent anyonya' k#laparih#re"a/dus phan tshun spa%s nas, où il est difficile de déterminer si anyonyam est ou non un élément de glose destiné à rétablir
Amendements au texte de l!édition GNOLI
499
la symétrie avec PVSV 135,23"136,1 (anyonyade!aparih"re#a). J!ai lu: anyonyak"laparih"re#a. (Ms. A, folios 83"85 perdus, 136,11"141,8) 136,12 yath" svavar#"°
PVSVt, K491,22 et !372b4 portent yath"svavar#"°. J!ai lu: yath"svavar#"°.
136,14 k"ryat"vi!e$a
Le ms. B et K491,26 (prat%ka) portent k"ryat"vi!e$a, alors que K491,27 et Vibh. 384n. 2 portent k"ryavi!e$a, visiblement avec PVSVt et !372b8, qui portent !bras bu khyad par can. J!ai lu: k"ryat"vi!e$a, quoique k"ryavi!e$a soit également recevable.
136,14"15 jñ"najanak"n"m
GNOLI tire jñ"najanak"n"m de PVSVt (!es pa skyed par byed pa), alors que le ms. B porte jñ"najanan"m (sic!), K491,27, Vibh. 384n. 2 et !372b7"8 portant jñ"najananasamarth"n"m, «perhaps K"s reading»). Skt. jananaayant mêmes sens et valeur adjectivaux que skt. janaka-, j!ai lu: jñ"najanan"n"&.
(Omission par inadvertance dans le ms. B, 136,17 > 139,11: PLUS DE MSS.!) 136,20"21 na ca etad°
PVSVt et !373a6"7 sans équivalent de ca, contre K492,11, qui porte na ca etad°. J!ai lu: na etad°.
136,21"22 yatsaty eva bhavati
Extrêmement elliptique, l!expression s!apparente à une formule, à comprendre comme suit: K492,12"13 yat saty eva bhavati | yasmin saty eva yad bhavati |; !373a7 ga' yod na !gyur ba ste | ga' yod na ga' !bras bur gyur pa (PVSVt ga' yod na !gyur ba). J!ai lu: yat saty eva bhavati.
136,23 bhavati iti
PVSVt, K492,17 et !373b3 sans équivalent de iti. J!ai lu: bhavati.
500
Appendice C
137,1 tath!bh"ta°
K492,31!493,10 porte tath!vidha, PVSVt et !373b7/374a2!3 portant de lta bur gyur pa. J"ai lu: tath!vidha°.
137,3 upayukt!nupayuktayor
PVSVt porte ñe bar sbyor ba da# ñe bar sbyor ba ma yin pa!i gnas skabs dag la, corroboré par K493,16!17 qui, glose ou non, porte upayukt!nupayuktayor avasthayo$. Upayukt!nupayuktayor avasthayor est également recevable.
137,4 %abdasvabh!v!sa&spar%'
K493,21!22 porte %abda°, contre PVSVt et !374a8, qui portent svabh!v!sa&spar%', également recevable.
137,4!5 tasy! k!ra(atvaprasa#g!t Lire: tasya ak!ra(atvaprasa#g!t. 137,21 tatsvabh!v!siddhe$
PVSVt et !376b6 portent de!i ra# b)in ma grub pa!i phyir; cependant, K496,12 porte tatsvabh!vatv!siddhe$, et toutes les explications ultérieures de ! et K semblent impliquer des lectures en °tva. J"ai lu: tatsvabh!vatv!siddhe$.
138,2 °ayog!t
K496,21 et !377a3 ne portent que p"rv!parabh!vo virudhyate, contre PVSVt, qui porte mi ru# ba!i phyir ro. La teneur et la structure des commentaires interdisent de voir là une raison justifiant la proposition précédente (noter aussi l"introduction par ki& ca chez ! et K). J"ai lu: °ayoga$.
138,7!8 as!dhanatvam
S et PVSVt portent as!dhanatvam, contre K499,27 et !378a2!3, qui portent as!dhanam, également recevable.
138,12 eva&
PVSVt et !378b1 portent nus pa kho na yin no (%akyam eva), contre K500,15 et S, qui portent eva&, qu"on justifie sans peine aussi. J"ai lu: eva.
Amendements au texte de l!édition GNOLI 138,13 api ca
501
K500,17 porte ki! ca, PVSVt et !378b1 portant g"an ya#, et S étant sans équivalent de ki! ca/g"an ya#. J!ai lu: ki! ca.
(Suite du ms. B, 139,11) 139,18 jñ$nasya
K504,17, PVSVt et !381b4 portent tajjñ$nasya/de!i %es pa. J!ai lu: tajjñ$nasya.
140,13 janan$d asamarthasya
J!ai lu: janan$t | asamarthasya.
(Reprise du ms. A, 141,8) 141,17 tasm$n na apauru&eya'
Le ms. B, PVSVt, K510,19 et !387a3 portent tasm$t pauru&eya'/de bas na skyes bus byas pa yin no, contre le ms. A, qui porte tasm$n na apauru&eya'. J!ai lu: tasm$t pauru&eya'.
Appendice D Nescience, fautes morales et destruction des fautes morales 1. Dans PVSV 111,19!112,3, PV II.196 et PV II.213, Dharmak!rti identifie nescience (avidy! = moha = ajñ!na) et vue personnaliste (satk!yadar"ana).1 Comme l"a noté VETTER, cette conception désolidarise pour partie Dharmak!rti de Vasubandhu, et le rapproche du #!listamba S$tra.2 Dharmak!rti ne s"explique nulle part sur cette identification (dans PVSV 111,19!112,3, il évacue le reproche d"une contradiction avec les Écritures sur la base de considérations d"ordre herméneutique). Notre meilleure source d"explication consiste dès lors dans les commentaires donnés à PV II.213cd!214a, où Dharmak!rti, après avoir identifié moha (source des souillures, mala) et satk!yadar"ana, expose sa conception de la nescience comme perception erronée (mithyopalabdhi). Dans une démarche étroitement parallèle à celle de AKBh 140,26! 28 (sous AK III.28cd), les commentateurs cherchent à définir la nescience. Selon Devendrabuddhi,3 la «science» (vidy!) est per1
Sur la satk!yad%&'i, voir RAHDER 1932, LA VALLEE POUSSIN 1980: V.15! 17nn. 2!3 et LAMOTTE 1981: 737n. 3; voir aussi TVBh 23,12 (up!d!naskandhe&v !tm! iti dar"anam !tmad%&'i( satk!yad%&'ir ity artha( |) et 29,21 (satk!yad%&'ir yat pañcasu up!d!naskandhe&v !tm!tm)yadar"anam |). Que c"est bien l"ignorance souillée qui est satk!yad%&'i ressort clairement de PVA 145,12!13 (avec k. 886): kli&'o hi moha( satk!yadar"anam eva | arhat!* tu yad ajñ!na* na tat kli&'am ato na te | mohe !py ayuktasant!n! h)nasatk!yadar"an!( ||.
2
Voir VETTER 1990: 25!26 et 112!114. «Pour partie», car AKBh 291,5!6 (sous AK V.20ab) identifie moha et (notamment) satk!yad%&'i (LA VALLEE POUSSIN 1980: IV.41!42; voir aussi 1980: II.84). Voir notamment "S cité dans PrP 562,14sq (MAY 1959: 269); SCHMITHAUSEN 1987: II.517!519 = n. 1421, YAITA 1988: 443n. 50, et, selon PVP P107a2, le Da"abh$mika S$tra ("di ñid la ya+ ma rig pa"i yan lag bstan pas bdag tu lta ba bstan pa yin no ||).
3
PVP P105b3. Voir aussi PV# P134b2!3/D113b7!114a1 = PVSV# 209,20!
504
Appendice D
ception objective (bh!t"rthadar#ana). La nescience pourrait donc être: (1) autre que vidy", (2) absence de vidy", (3) contradictoire de vidy".4 Elle n!est pas simplement autre que vidy", car alors les visibles (r!p"di, ou cak$usAKBh) aussi seraient nescience.5 Elle n!est pas non plus absence de vidy", (a) parce qu!elle ne serait pas la cause des dispositions formatrices (sa%sk"ra) étant donné qu!une absence (abh"va) n!est pas une cause;6 (b) parce que l!absence de vidy" (c!est-à-dire asamprakhy"na, la «non-clarté») se prolonge, à l!état non souillé (akli$&a), par-delà le Nirv!"a.7 Il s!ensuit donc que la nescience est un événement distinct (dharm["ntar]aAKBh), contradictoire et contrecarrant de vidy".8 Dharmak#rti avance un autre argument pour montrer que la nescience a nature de connaissance: en tant qu!elle est un événement mental (caitta), c!est-à-dire un dharma associé à la pensée (cittasamprayukta), la nescience est perception.9 Les commentateurs l!expliquent en empruntant à l!AK(Bh) sa définition de «samprayukta»10: en tant que mental associé à la pensée, la nescience 21: bh!t"rthagraha'a% vidy" | tadvirodh"d vikalpa eva avidy" |; puis, PV$ P134b3"4/D114a1"2 = PVSV$ 209,22"23: yath"vasthitavastvagraha'a% hi vikalpasya svabh"va( prak)ty" bhr"ntatv"t tasya |. 4
PVP P105b3"4, PVA 145,25"146,3, PVV 85,6"7.
5
PVP P105b4, PVA 145,23"24.
6
PVP P105b4"5, PVA 145,23.
7
PVA 145,23, PVV 85,5"6.
8
PV II.213a/c, PVP P105b5"6, PVA 145,24"146,3. Noter aussi Upanibandhana sous MSa%gr I.6.2, traduit LAMOTTE 1973: 16.
9
PV II.213b: caittatvenopalabdhita(.
10
PVP P106a6"7, PVA 146,3"5, PVV 85,8"9: "#ray"lamban"k"rak"ladravyasamat"bhi((a) sama% prayukt" iti(b) samprayukt"((c), où (a) = AKBh 62,9, (b) = AKBh 62,7, (c) = AK II.34d1. AKBh 62,9"10: pañcabhi( samat"prak"rair "#ray"lamban"k"rak"ladravyasamat"bhi( | k" iya% samat" | yath" eva hy eka% cittam eva% caitt" apy ekaik" iti |. «La pensée et les mentaux sont associés en raison de cinq égalités ou identités (samat"), identité d!appui ("#raya), d!objet ("lambana), d!aspect ("k"ra), de temps (k"la); égalité dans le nombre des dravyas. C!est-à-dire: les mentaux (sensation, etc.) et la pensée sont associés (1"3) parce qu!ils ont même point d!appui, même objet, même
Nescience, fautes morales, etc.
505
partage avec cette dernière un point d!appui, un objet, un aspect, etc. Or visibles et non-clarté ne sont liés à aucun objet ni aspect11: ils ne sont donc pas des mentaux, et donc pas la nescience. Tels sont les arguments rationnels (yukti). Ceux-ci s!augmentent de références scripturaires12: Devendrabuddhi cite nommément le Candraprad!pasam"dhi (= Sam"dhir"ja) et le Da#abh$mika S$tra.13 Deux arguments rationnels et un argument scripturaire posent donc que la nescience se définit comme perception erronée: l!accord avec Vasubandhu est jusqu!ici linéaire. L!obstacle majeur à l!identification entre nescience et vue personnaliste tient au fait que Vasubandhu se refuse catégoriquement à identifier la nescience à la vue fausse (d%&'i), notamment parce que la vue fausse est associée à la nescience,14 en tant que toutes deux, distinctes mais associées, appartiennent à toute pensée souillée (i.e. sont kle#amah"bh$mika). Comme le disent les objections introductives de PV II.214a, si la nescience est identique à la vue fausse, le sens de samprayukta est perdu, et l!Écriture15 ipso facto contredite. Voici la solution des commentateurs: selon eux, ce passage (ou: le terme «samprayukta») doit s!entendre comme on entend les expressions «pal"#ayukta( vanam», ou «p")iyukta( #ar!ram», c!està-dire: la forêt est pal"#asvabh"va eva, ou: le corps est (i.a.) p")isvabh"va eva. Entre ces termes comme entre nescience et vue personnaliste, subsiste un rapport d!instancié (ekade#in) à instanciant aspect; (4) parce qu!ils sont simultanés; (5) parce que, dans cette association, chaque espèce est représentée par un seul individu (dravya): à un moment donné ne peut naître qu!une seule pensée; à cette unique pensée se trouvent associés une sensation (eka( vedan"dravyam), une notion, un mental de chaque espèce.» Traduction LA VALLEE POUSSIN 1980: I.178. 11
PVV 85,9"10.
12
PV II.213d1: ukte*.
13
PVP P106b4"5 et 106b5"107a2 resp.; comparer PVA 146,5"7 et PVV 85,10"12.
14
AK III.29c: d%&'es tatsamprayuktatv"t.
15
D%&'isamprayukt" avidy" iti, dans PVP P107a7"8, PVA 146,15"16, PVV 85,15"16.
506
Appendice D
(ekade!a),16 d!universel (s"m"nya) à particulier (vi!e#a).17 Ainsi la contradiction apparente avec l!Écriture se résout-elle par ces rapports: la vue personnaliste est un particulier/instanciant de la nescience (universel/instancié), laquelle se réduit dès lors tout entière à la vue personnaliste (on dirait donc: avidy" satk"yadar!anasvabh"v" eva). 2. PVSV 111,11"20 identifie nescience et vue personnaliste, y trouve la source de toutes les fautes morales,18 décrit la procession (krama) des fautes morales à partir d!elle(s).19 Le motif se retrouve dans PV II20: «L!hébétude est la racine[, c!est-à-dire la cause originelle,] des fautes [morales], et l![hébétude, c!est] la croyance en un être [personnel, c!est-à-dire la vue du soi et du sien].» Dans PV II.211, Dharmak!rti affirme également que21 «concupiscence et aversion ont une matrice unique[, c!est-à-dire une cause unique], la croyance au soi.» Les fautes morales procèdent ultimement de la surimposition qu!est la croyance en, l!adhésion à et la vue (resp. graha, abhinive!a, d$#%i/dar!ana) d!un soi substantiel, permanent, personnel ("tman, «soi» qui s!exprime sous la forme du «je», aham/aha&k"ra)22: «La vue innée d!un être [personnel] consiste dans l!idée même du "je! [qui est à l!#uvre] chez qui convoite: "Puissé-je être heureux!, ou: "Puissé-je n!être point malheureux!; en effet, nul ne s!attache au soi qui ne voit un "je!.» Appliquée en premier lieu aux constituants appropriés de la pseudo-personne, la 16
PVP P107a8"b3, PVV 85,16"17 et Vibh. 85n. 10.
17
PVP P105b2"3, PVA 146,20"22, PVV 85,19"21 et Vibh. 85nn. 12"13.
18
Voir les références de VETTER (1990: 113"114n. 3) et de YAITA 1988: 443n. 50. Noter TVBh 15,3"4: tath" hy "tmad$#%iprabhav" r"g"daya' kle!"' (pour le contexte de cette remarque, voir n. 32, p. 509).
19
PV# P300a2/D252a7 = PVSV# 401,25"26 et PVV 367,3.
20
PV II.196ab1: moha! ca m(la& do#")"& sa ca sattvagraha'.
21
Adapté de PV II.211: "tmagrahaikayonitv"t ! r"gapratighayo'.
22
PV II.200"201ab: sukh* bhaveya& du'kh* v" m" bh(vam iti t$#yata' | yaiv"ham iti dh*' saiva sahaja& sattvadar!anam || na hy apa!yann aham iti snihyaty "tmani ka!cana |. Sur la sahaj" satk"yad$#%i', voir VETTER 1990: 113n. 3, et ELTSCHINGER (à paraître 3, §§1.2 et 3.2).
Nescience, fautes morales, etc.
507
notion du soi est indissociable de l!idée du «sien» (!tm"ya, qui s!exprime sous la forme du «mien», mama), comme l!affirme PV II.220ab23: «[Une personne] attachée au soi n!est assurément pas détachée du sien [en tant que celui-ci est le moyen ordonné à la jouissance de ce soi].» C!est ce processus de surimposition personnalisatrice et appropriatrice, ainsi que son résultat, la soif (t#$%!), que décrit en termes abhidharmiques PV II.27024: «Ayant surimposé aux quatre Vérités Saintes les seize aspects irréels de stabilité, de bonheur, de mien et de moi, etc., [la personne ainsi affectée de la vue personnaliste, recherchant l!expédient au bonheur de ce soi,] éprouve la soif.» Une fois posés le soi et le sien, la pseudo-personne éprouve soif et concupiscence pour ce qui n!est pas soi et sien, haine et aversion pour ce qui, n!étant pas soi et sien, offre résistance et frustration au soi et au sien25: «Lorsqu!il y a un soi [pour une personne donnée], la notion de l!autre [intervient à sa suite]; de [cette] division en soi et autre [procèdent] prise et hostilité, et liées à ces deux-ci naissent toutes les fautes [morales, telles concupiscence, envie et avarice].» Devendrabuddhi explique ainsi la notion de l!autre26: «Tant que la connaissance adhère au !soi!, [il y a] notion du soi, et lorsque cette [notion-là] existe [chez une personne], tout ce que [cette personne] n!appréhende pas de cette façonlà[, c!est-à-dire comme soi,] est autre [qu!elle]: telle est la notion 23
PV II.220ab: niyamen!tmani snihya&s tad"ye na virajyate |.
24
PV II.270: sthira& sukha& mam!ha& cety!di satyacatu$'aye | abh(t!n $o)a*!k!r!n !ropya parit#$yati ||. Chacun de ces aspects est contraire (vipar"ta/phyin ci log) à un aspect réel des Vérités: voir PVP P134a5"7, PVV 102,20"21, ELTSCHINGER (à paraître 3, §3.1). Sur les seize aspects des Vérités, voir AK VI.17c1 et AKBh 343,16"19 (LA VALLEE POUSSIN 1980: IV.163) et AKBh 400,2"401,17 (sous AK VII.13a, LA VALLEE POUSSIN 1980: V.30"39). Pour du+khasatya: anitya/pratyay!dh"natva, du+kha/p")an!tmakatva, *(nya/!tm"yad#$'ivipak$a et an!tmaka/!tmad#$'ivipak$a.
25
PV II.219: !tmani sati parasa&jñ! svaparavibh!g!t parigrahadve$au | anayo+ sampratibaddh!+ sarve do$!+ praj!yante ||.
26
PVP P110b4"5: ji srid du blo bdag ces m,on par -en pa de srid du bdag tu !du *es pa da, | de yod na de ltar mi !dzin pa ga, yin pa de thams cad g-an yin no -es bya ba ni g-an !du *es pa!o ||.
508
Appendice D
de l!autre.» !"kyabuddhi et Kar#akagomin expliquent de la façon suivante la dérivation de l!hostilité à partir de l!attachement27: «On n!a d!hostilité que pour ce qui [nous] résiste en s!opposant à ce qui est l!objet de [notre] attachement au soi et au sien. Par conséquent, il n!y a pas d!hostilité sans attachement au soi et au sien.» PV II.218"219 décrit le même processus général, en insistant sur l!enchaînement à l!existence qu!entraîne la séquence vue du soi $ attachement $ soif $ appropriation; Dharmak%rti y polémique contre un adversaire qui, se justifiant de B&U IV.5.6,28 affirme que la délivrance s!obtient par la cultivation du soi29 et non par l!intuitionPVA ou la cultivationPVV de l!insubstantialité. Dharmak%rti répond30: «La [personne] qui voit un soi [éprouve] pour ce [soi] un attachement continuel [sous la forme d!un] 'je!; de par [cet] attachement [au soi], elle éprouve de la soif pour les bonheurs [du soi, et cette] soif [pour les bonheurs du soi lui] cache les défauts [des choses impures supposées occasionner ces bonheurs]. [Leur] voyant [au contraire] des qualités [et les] convoitant [ardemment, cette personne] s!approprie [comme étant] 'siens! les moyens de réaliser ces [bonheurs]; donc [puisque la naissance s!enracine dans la vue du soi], la [personne qui voit un soi demeure] dans l!existence migratoire tant qu!en dure l!adhésion au soi.» 3. PV II.144 établit l!impermanence des fautes morales et la possibilité de leur destruction31: «Puisque [les fautes morales] ont une cause[, il est inétabli qu!elles soient permanentes; et] puisqu!on détruit [leur] cause grâce à la pratique répétée du contraire de [cette] cause[, il est inétabli qu!il n!existe pas de moyen].» Selon les com27
PV( P300b2/D252b5"6 ) PVSV( 402,13"14: !tm!tm"yasnehavi#ayabh$tavirodhena ya% sthita% pratik$lavart" tatra eva dve#a% | tasm!n na !tm!tm"yasneham antare&a dve#a iti |.
28
Voir OLIVELLE 1998: 129.
29
PVA 146,30"31: !tmabh!vana; PVV 86,25"26: !tmabh!van!.
30
PV II.217"218: ya% pa'yaty !tm!na( tatr!sy!ham iti '!'vata% sneha% | sneh!t sukhe#u t)#yati t)#&! do#!(s tiraskurute || gu&adar'" parit)#yan mameti tats!dhan!ny up!datte | ten!tm!bhinive'o y!vat t!vat sa sa(s!re ||.
31
PV II.144ab: hetumattv!d viruddhasya hetor abhy!sata% k#ay!t |.
Nescience, fautes morales, etc.
509
mentateurs, leur cause est la vue du soi (!tmadar"ana); le contraire dont la pratique répétée les détruit est la perception de l!insubstantialité.32 PV II.135 explicite et confirme ce principe33: «Produit par 32
PVP P69a1: nair!tmyadar"ana; PVV 61,3: nair!tmya. Régulières encore dans ce contexte, les expressions nair!tmyad#$%i, nair!tmyajñ!na, nair!tmyam!rga et "&nyat!d#$%i (où l!on vise pudgala° et non dharma°). Pour Dharmak!rti, ces expressions notent m!rga. Le Chemin, perception de l!insubstantialité, est le contrecarrant (vipak$a), l!antidote (pratipak$a), l!annulateur (b!dhaka), de la cause des fautes morales, la vue personnaliste (VETTER 1990: 41n. 2 a raison: ici, vipak$a = pratipak$a = b!dhaka; voir AKVy 626,14"15 ad AKBh 400,2"3, et TVBh 15,2"5: pudgaladharmanair!tmyapratip!dana' puna( kle"ajñey!vara)aprah!)!rtham | tath! hy !tmad#$%iprabhav! r!g!daya( kle"!( pudgalanair!tmy!vabodha" ca satk!yad#$%e( pratipak$atv!t tatprah!)!ya pravartam!na( sarvakle"!n prajah!ti |. «Et exposer l!insubstantialité de la personne et [celle] des choses sert à éliminer les obstructions que sont les passions et [les obstructions faisant écran] au connaissable. C!est ainsi en effet que les passions de concupiscence, etc., s!originent à la vue du soi. Et puisque la compréhension de l!insubstantialité de la personne est l!antidote de la vue personnnaliste, celui qui [la] met en #uvre afin d!éliminer cette [vue] élimine toutes les passions.» La source de nair!tmya°/"&nyat!d#$%i est décrite dans PV II.252"253: sa'sk!radu(khat!' matv! kathit! du(khabh!van! | s! ca na( pratyayotpatti( s! nair!tmyad#g!"raya( || muktis tu "&nyat!d#$%es tadarth!( "e$abh!van!( | anity!t pr!ha tenaiva du(kha' du(kh!n nir!tmat! ||. «[C!est] en pensant à la dolorosité-conditionnement (sa'sk!radu(khat!) [que le Bienheureux a] professé la cultivation de la douleur[, et non en visant la dolorosité-douleur]. Or pour nous [bouddhistes], la [dolorosité-conditionnement, c!est] la production conditionnée* (pratyayotpatti), et cette [dernière] est le point d!appui** de la vue de l!insubstantialité. Quant à la libération [du Sa"s#ra, elle provient] de la vue de la vacuité [d!être personnel, et c!est] à cette [vue que] servent les cultivations restantes: voilà pourquoi [le Bienheureux] a enseigné la douleur à partir de l!impermanence (anitya), l!insubstantialité à partir de la douleur.» *PVP P125b8"126a1: rkyen las byu* | d*os po skad cig ma rnams ni rgyu!i g+an dba* ñid yin no ||; PVV 97,1: pratyayotpattir hetup!ratantryam |. **PVP P126a1"2: bdag med lta rten yin | bdag med pa ñid mtho* ba skye ba!i thabs yin te |; PVV 97,1"2: !"raya( k!ra)am.
33
PV II.135: !tm!tm,yagrahak#ta( sneha( sa'sk!ragocara( | hetur virodhi nair!tmyadar"ana' tasya b!dhakam ||. PVP P64a5"6 précise: sdug bs*al du gyur pa!i !dus byas bdag da* bdag gi da* bral ba la | bdag da* bdag gi!i rnam par m*on par +en pas !jug pa.
510
Appendice D
la croyance au soi et au sien, l!attachement portant sur les dispositions formatrices est la cause [de la douleur]; contradictoire de cette [cause], la perception de l!insubstantialité en est l!annulatrice.» Selon PV II.266ab et PV I.220, la prédominance de nair!tmyad"#$i tend à affaiblir les fautes morales, alors que la prédominance de leur cause tend à les renforcer34: «[Les fautes morales] diminuent ou augmentent selon qu![en] prospère[, par la pratique répétée,] l!antidote ou l!auxiliaire [respectivement].» Devendrabuddhi et Manorathanandin expliquent «antidote» par «perception de l!insubstantialité»,35 et «auxiliaire» par «connaissance erronée, soif, etc.» (*mithy!jñ!nat"#%!de&, PVP P131b8"132a1), et par «réflexion incorrecte» (ayoni'omanask!ra, PVV 101,10"11).36 La pratique répétée de l!antidote ou contrecarrant entraîne une diminution graduelle de la vue personnaliste37: «Même si dans un premier temps la cause des fautes [morales] n!est pas entièrement annihilée puisque [son] antidote n!a pas [atteint son] acuité maximale, les fautes [morales] décroissent néanmoins jusqu!à devenir de plus en plus ténues puisque [leur] cause voit sa capacité faiblir en raison de la pratique répétée de [son] antidote.» Une fois le contrecarrant à son maximum, les fautes morales et leur source sont entièrement et définitivement taries: pratiqué avec assiduité, le contrecarrant essencifie38 désormais la série psychique. 34
D!après PV II.266ab: nirhr!s!ti'ay!t pu#$au pratipak#asvapak#ayo& |.
35
PVP P131b8 et PVV 101,10.
36
Telle est également l!interprétation de PV! P296a6"7/D249b6"7 " PVSV! 398,25"26 sous PVSV 110,21 (vikalpaprabhav!&). Voir n. 42, p. 513.
37
Librement sur PV! P296b1"3/D250a1"2 " PVSV! 398,29"31: yady api t!vad do#anid!nasya sarvad!* na uccheda& pratipak#asya atyantap!$av!bh!v!t | tath! api pratipak#!bhy!s!n mand(k"tas!marthy!d up!d!n!d apakar#i%a& k#!mak#!matar! do#! bhavanti iti. *Lu sarvath! d!après rnam pa thams cad du. Sur abhy!sa, voir ELTSCHINGER (à paraître 3, §3.3). Voir aussi TSP 875,10"22.
38
Je rends, faute de mieux, s!tmya et s!tmatva par «essentialité», s!tm(bh!va par «essencification», s!tm(bh)ta par «essencifié», malgré que SCHMITHAUSEN (1973: 150"151) ait défendu la traduction: «[zur-]Gewohnheit[!geworden-Sein].» La valeur de l!habituation est assurément impliquée, mais les
Nescience, fautes morales, etc.
511
4.1. Dans PVSV 110,23!25, un adversaire introduit l"objection suivante39: «Comment [dire une personne] !dénuée de fautes [morales]! puisque, tout comme le contrecarrant [peut selon vous] se produire chez une [personne] qu"essencifient les fautes [morales], les fautes [morales pourraient] tout aussi bien se produire, selon les conditions, même chez [une personne] qu"essencifie le contrecarrant aux fautes [morales].» L"objection réapparaît dans PV II40: «[Objection:] Comme le Chemin [peut apparaître chez une personne que les fautes morales essencifient], les fautes [morales peuvent elles aussi ré]apparaître même s"il y a essencification [par le Chemin; on ne se délivre donc pas définitivement des fautes morales].» A cela, Dharmak"rti répond41: «Non, car [les fautes morales sont gloses suggèrent que ces termes notent le résultat de cette habituation, la PVSV 111,8) par svabh!vatva; «(co)naturalité»: PVSV# 401,15 gl. s!tmya (P PVV 86,20 gl. s!tmya (PV II.206) par prak"titva pr!pta; PVV 86,20!21 gl. s!tmatva (PV II.216) par prak"titva; PV# P295a8!b1/D249a5 = PVSV# 398,9!10 gl. s!tm#bh!va$ (P PVSV 110,18) par tadaurjatya% tanmayat!, «son intensité [et] le fait que [la série] en consiste.» Le terme «essencification» me paraît rendre les deux aspects du vocable, habituation et naturalité subséquente. Sur s!tm#bh!va et s!tm#bh&ta, voir aussi TS n°5cd et surtout TS n°3438!3440. 39
PVSV 110,23!25: katha% nirdo'o n!ma | y!vat! do'avipak'as!tmatve !pi do'as!tmano vipak'otpattivad yath!pratyaya% do'otpattir api |. Voir aussi TSP 870,28!871,6.
40
PV II.205cd1: s!tmye !pi do'abh!va( cen m!rgavat.
41
PV II.205d2!210: n!vibhutvata$ || vi'ayagraha)a% dharmo vijñ!nasya yath!sti sa$ | g"hyate so !sya janako vidyam!n!tmaneti ca || e'! prak"tir asy!s tu nimitt!ntarata$ skhalat | vy!v"ttau pratyay!pek'am ad"*ha% sarpabuddhivat || prabh!svaram ida% citta% prak"ty!gantavo mal!$ | tatpr!g apy asamarth!n!% pa(c!c chakti$ kva tanmaye || n!la% praro*hum atyanta% syandiny!m agnivad bhuvi | b!dhakotpattis!marthyagarbhe (akto !pi vastuni || nirupadravabh&t!rthasvabh!vasya viparyayai$ | na b!dh! yatnavattve !pi buddhes tatpak'ap!tata$ ||. Sur PV II.205!210, voir SEYFORT RUEGG 1969: 435!437, SCHMITHAUSEN 1973: 139 et 150!151, VETTER 1990: 105!110, JACKSON 1993: 413!420, FRANCO 1997: 84!93 (qui porte surtout sur PV II.208) et ELTSCHINGER 2005b: 180!197. Sur le motif de la pensée lumineuse par nature, voir SEYFORT RUEGG 1969: 409sq, LAMOTTE 1987: 51!60, et les passages parallèles de TS(P) n°3434!3440. PV II.210 reproduit PV I.221,
512
Appendice D
dans l!]incapacité [de réapparaître dans l!esprit d!une personne que le Chemin essencifie]. Appréhender un objet est la propriété de la connaissance[, qui] appréhende cet [objet] tel qu!il est[, sous ses aspects d!impermanence, etc.]; et [c!est] par [son] être [réellement] existant [que] cet [objet] génère cette [connaissance]. Telle est la nature [de la connaissance]. Mais déviant de cette [nature-ci] par [le fait d!]une autre cause, aussi infirme que [l!est] la connaissance d!un serpent [pour une corde], elle nécessite le recours [aux moyens de connaissance valide] afin de se départir [de cette altération]. L!esprit est lumineux par nature, [alors que] les souillures [telles que la vue du soi ou la concupiscence] sont adventices. Donc incapables [d!annuler la nature propre de l!esprit] déjà avant [la perception de l!insubstantialité], combien moins [ces souillures en seront-elles] capables après[, une fois établie la pratique répétée de cette perception], vis-à-vis d!un [esprit] qui [désormais] consiste dans ce [Chemin! Mais] même [si elle en était] capable, [la souillure mentale] ne pourrait se développer pleinement dans une entité[, la série psychique,] qui consiste essentiellement dans la capacité de produire un annulateur, comme le feu [ne peut se développer] sur un sol ruisselant. [Les fautes morales qui en sont] les contraires n!annulent pas [le Chemin, c!est-à-dire la perception de l!insubstantialité,] nature propre sans affres et possédant un objet réel, car même à s!efforcer [en quelque façon de les ressusciter], la connaissance incline [au Chemin doté de qualités, l!antidote aux fautes morales].» Nous avons vu plus haut que fautes morales et vue personnaliste d!un côté, perception de l!insubstantialité = Chemin de l!autre, entrent dans un rapport d!antagonisme, que le renforcement d!un pôle affaiblit l!autre. Dans PVSV 110,23"111,11 et PV et dans son commentaire à PV I.221 (°bh!t"rtha°), !"kyabuddhi introduit et PV# P297b3"6/D250b4"6: ya# dag pa!i don smos pa ni sems cite PV II.208 (P kyi don yin te | de la sgro btags pa!i rnam pas !jug pa de ni !khrul pa yin no || de ya# sems kyi ra# b$in ma yin pa de ñid kyi phyir ñes pa ni glo bur ba dag yin te | sgro btags pa!i rnam pas !jug pa ñid kyi phyir ro || re $ig goms par ma byas pa!i lam gyi gnas skabs la ya# lam gyi sems ni tshad ma!i grogs ñid yin pa!i phyir ra# b$in ñid du rigs na ci goms par byas pa!i lam la ya# ma yin | de ya# le!u gñis pa las [PV II.208] $es bya ba la sogs pas gsal bar byed par !gyur ro ||).
Nescience, fautes morales, etc.
513
II.205!210, Dharmak!rti entreprend d"expliquer ce rapport de contrariété: les fautes morales sont en tout point les contraires (viparyaya) de la perception de l"insubstantialité/Chemin. Considérons les deux séquences impliquées par ces passages parallèles: pour les fautes morales, une séquence: abh!t"rthat" # asvabh"vat"; pour citta, une séquence: bh!t"rthat" # svabh"vat". 4.2. En quoi les fautes morales ont-elles un objet irréel (abh!t"rtha)? De ces fautes morales, nos textes soulignent d"abord la provenance et la nature conceptuelles. Selon PVSV 110,21, les fautes morales s"originent à un donné conceptuel (vikalpaprabhava) que l"on présente comme réflexion incorrecte (ayoni$omanask"ra): fautes morales et réflexion incorrecte entrent dans un rapport de cooccurrence (anvayavyatireka).42 Selon PVSV 111,6!7, les fautes morales naissent par la seule force du substrat (up"d"nabalabh"vin), c"est-à-dire par la seule force de l"imprégnation latente d"un concept erroné.43 On les dit encore naître d"un germe de passion (kle$ab%ja), provenir d"un germe de même type qu"elles-mêmes.44 En d"autres termes, les fautes morales naissent de ce que nous ran42
PV" P296a6!7/D249b6!7 # PVSV" 398,25!26. PVSV 8,20!21: "tm"tm%y"bhinive$ap!rvak" hi r"g"dayo !yoni$omanask"rap!rvakatv"t sarvado&otpatte' |. «Les [fautes morales de] concupiscence, etc., sont précédées d"une adhésion au soi et au sien [sous forme de $je# et de $mien#], car la réflexion incorrecte [qui pose le soi et le sien] précède la naissance de toutes les fautes morales.» Selon PV" D23a6!b2 et PVSV" 50,27!51,13 (avec étymologie complète de l"expression), la réflexion correcte est connaissance de l"insubstantialité (nair"tmyajñ"na), et saisit l"impermanence, la dolorosité ou encore l"insubstantialité des entités (pad"rth"n"m anityadu'kh"n"tm"di). Voir aussi PVV 367,10!11, PV" P301a4/D253a-45 = PVSV" 403,8!9, PVV 101,10 sous PV II.206, et YAITA 1988: 441!442n. 35. Sur l"ayoni$omanas(i)k"ra, voir LA VALLEE POUSSIN 1980: II.70!72. Sur les rapports qu"entretiennent ayoni$omanas(i)k"ra et satk"yad(&)i, voir MSa%gr II.20.9 (traduit LAMOTTE 1973: II.115), Param"rthag"th" 20 (WAYMAN 1961: 170), BhK I.215,8sq (en particulier I.215,10!15).
43
PV" P299a4!5/D251b6 = PVSV" 400,30!401,9: vitathavikalpav"san"balabh"vin (voir aussi PV" P296b6!7/D250a4 = PVSV" 399,9, PV" P ñe 164b5!6, PVP P103a1!3 et PV" P ñe 165b1 ad loc).
44
Resp. PV" P296b5/D250a3 = PVSV" 399,7 et PV II.266.
514
Appendice D
geons l!entier de notre expérience sous les catégories factices et subrepticement reproduites du moi et du mien. Nos textes soulignent corrélativement la facticité, le caractère surimpositionnel et erroné des fautes morales et de leur objet. Les fautes morales sont erronées, obéissent à un aspect erroné45: en tant que telles, elles ne sont nullement corroborées par les moyens de connaissance valide.46 Les fautes morales sont dites fonctionner consécutivement (ou: grâce) à la surimposition d!un aspect erroné, en vertu de quelque chose d!irréel sur la base d!un aspect surimposé; ressortir à la surimposition de quelque chose d!irréel; porter sur un objet surimposé comme soi et comme sien, auquel on adhère comme soi et comme sien; devoir leur existence à un support adventice qui n!est autre qu!une connaissance où fonctionne un aspect surimposé tel que le soi.47 D!origine conceptuelle, c!est-à-dire procédant de germe, substrat ou imprégnation latente homogènes, les fautes morales ressortissent tout entières à, ou portent sur, un aspect surimposé à une réalité qui ultimement ne le possède pas; nées d!une irréalité et ellesmêmes irréelles, adventices (!gantuka) donc, elles ne sont pas nature propre, ne constituent pas la nature propre de l!esprit. Voilà qui explique que PV I.221 = II.210 rapporte aux fautes morales la séquence: abh"t!rthat! # a[citta]svabh!vat!. 4.3. De l!esprit, les propriétés sont diamétralement opposées: parce qu!il a un objet réel,48 l!esprit est nature propre, et non surimposi45
PV! P ñe 166a3: phyin ci log; PV! P297b3"4/D250b4"5: !khrul pa; PVP P100b3"4: phyin ci log gi rnam pa da$ rjes su !brel pa.
46
Voir surtout PVP P102b6"7; voir aussi PVP P103a4 et PV! P ñe 164b4"5.
47
PV! P299a6"7/D251b7: phyin ci log gi rnam pa sgro btags nas !jug pa; PVP P103a4: sgro btags pa!i rnam pa!i sgo nas d$os po med pa!i stobs kyis %ugs pa; PVA 144,9"10: asadbh"tasam!ropa; PVSV! 401,14"15: !tm!tm&y!dhy!ropite "rthe; PV! P300a3/D252b1 = PVSV! 401,26"27: !tm!tm&yatvena abhinivi'(e "rthe; PVP P100b3"4: glo bur ba!i rkyen gyi dba$ gis (voir PV! P ñe 164b4"5 ad loc.).
48
Le anity!disvalak'a)a, selon PV! P297b2/D250b4 = PVSV! 399,20. PV! P297b2"3/D250b4 = PVSV! 399,20"21 (et Vibh. 366n. 2), ainsi que PV!
Nescience, fautes morales, etc.
515
tion erronée, une nature propre ne fonctionnant qu!en vertu de quelque chose de réel.49 L!impermanence ou l!insubstantialité sont les aspects réels (ya! dag pa = bh"ta), réellement/actuellement existants (vidyam#na), d!un objet.50 De cet objet, la nature propre est de générer une connaissance de soi-même sous ses aspects réel[lement existant]s, consiste dans la capacité même de projeter ces aspects.51 Or selon PV II.206, c!est précisément la nature propre de l!esprit que d!appréhender l!objet tel qu!en sa condition propre, c!est-à-dire les aspects réel[lement existant]s de cet objet: d!appréhender, donc, l!impermanence, l!insubstantialité, etc. En ce sens, la nature propre de l!esprit consiste en tattvadar$ana.52 De plus, affirmer que l!esprit possède un objet réel revient à dire que son objet est corroboré par les moyens de connaissance valide.53 D!après nos textes, la nature propre de l!esprit se peut encore formuler de deux façons: d!abord, elle est perception de l!insubstanP297b8"298a1/D250b7"251a1 et PVSV! 399,22"23: parce qu!il a un objet réel, l!antidote/Chemin d!insubstantialité est nature propre de l!esprit. 49
PVP P100b3"4: d!os po!i stobs kyis %ugs pa!i ra! b%in ñid yin pa!i phyir ro ||.
50
Voir aussi, par contraste et en référence aux fautes morales, PVA 144,9"10: na param#rthato nityatva& kvacit pratibh#ti | tato vic#ra$"nyatv#d #gantavo mal#' |.
51
Voir PVP P102a5: mi rtag pa la sogs pa!i rnam par yod pa!i yul ga! yin pa!i rnam pa de ñid kyis ra! gi rnam par $es pa skyed par byed pa yin no %es bya ba de ni yul gyi ra! b%in yin no ||; PVA 143,7: #k#r#rpa(ak)ama& hi k#ra(a& vijñ#nasya vi)aya' |; PVV 82,21"22: vi)ayasya ca sv#k#r#rpa(aprav*ttatv#t |. Voir PV III.247b2d dans ELTSCHINGER 2005b: 186"187.
52
Voir PVP P100b3"4: sems kyi ra! b%in ni de kho na ñid mtho! ba!i bdag ñid can yin; PVP P101a5"6: yul gyi rnam pa yod pa !dzin pa ga! yin pa de ni sems kyi ra! b%in no ||; PVP P101b2"3: de!i ra! b%in ni ya! dag pa!i yul gyi rnam pa !dzin pa yin no ||; PVP P103a5"6: sems ni !o bo ñid kyis de kho na ñid mtho! ba!i bdag ñid can yin la |.
53
Voir PVP P104a4: ya! dag pa!i don gyi ra! b%in yin te | mi rtag pa la sogs pa!i rnam pa!i yul can ñid yin pa!i phyir ro || des ni tshad ma!i grogs can ñid yin par b$ad do ||; PVV 366,13"14: bh"t#rthasya pram#(aparid*)+#rthavi)ayatv#t |; PVV 83,24: pram#(asa&v#ditvena bh"t#rthasya saty#rthasya.
516
Appendice D
tialité, connaissance de l!insubstantialité, Chemin de l!insubstantialité;54 ensuite, elle est discernement (vipa!yan"), lequel se définit comme une sapience (prajñ") percevant l!insubstantialité.55 Ces trois descriptions de cittasvabh"va s!articulent donc autour de l!accès cognitif direct à l!insubstantialité: appréhension des aspects réels de l!objet, perception de l!insubstantialité, prajñ" portant sur l!insubstantialité. C!est en ce sens que la nature propre de l!esprit est Chemin, et c!est en ce seul sens qu!il faut entendre l!affirmation selon laquelle l!esprit est «lumineux par nature» (prak#ty" prabh"svaram).56 Dans la perspective de Dharmak!rti, la nature propre de l!esprit est appréhension de la réalité vraie: les moyens de connaissance valide écartent l!erreur humaine, le Chemin (nair"tmyadar!ana, nair"tmyabh"van", nair"tmy"bhy"sa, vipa!yan") corrige graduellement la déviation de l!esprit en éliminant les souillures qui en distordent l!activité. Les moyens de connaissance valide possèdent donc une réelle pertinence sotériologique.57 4.4. Le rapport entre fautes morales et nair"tmya/cittasvabh"va n!est donc pas celui que propose l!adversaire de PV II.216, c!est-àdire celui du cuivre (t"mra) et du feu (où le cuivre, après s!être liquéfié sous l!action du feu, se resolidifie dès que cesse le contact avec le feu, PV II.209), mais celui qu!entretiennent (1) le feu et un sol gorgé d!eau/ruisselant (syandin$ bh%, où même s!il devait apparaître, le feu ne pourrait s!implanter ni développer), et (2) la bûche (k"&'ha) et le feu (où la bûche, une fois réduite en cendre, bhas54
PV" P ñe 164b7"8 résume toute la problématique: d(os po ji ltar gnas pa b)in du !dzin pas )ugs pa!i bdag med pa!i lam ni sems kyi ra( b)in ñid yin pa!i phyir ro ||.
55
PVSV" 400,12/13; PV" P299a8"b1/D252a1"2, divergents # PVSV" 401,12"14; PVP P103b7"104a1: ra( b)in ya( lhag mtho( yin; PV" P ñe 166a1: lhag mtho( yin la )es bya ba bdag med pa la dmigs pa!i !es rab bo ||. Sur vipa!yan", voir ELTSCHINGER 2005b: 192"193n. 133, et BoBh W109,18"22/D77,10"12, W260,12"14/D177,18"19, W260,23"261,5/D177, 26"178,1.
56
PVP P103a1: !od gsal te | ya( dag pa ji lta ba b)in du !dzin pa!i ra( b)in no ||.
57
Sur la valorisation logico-épistémologique de la classique cint"may$ prajñ", voir ELTSCHINGER (à paraître 2).
Nescience, fautes morales, etc.
517
man, ne redevient pas bûche, PV II.216).58 D!un côté, la série psychique est intrinsèquement (ontologiquement) imperméable aux fautes morales: purifiée de toute immixtion adventice grâce à la pratique répétée du Chemin contrecarrant, elle leur est (mais d!abord devient, comme si elle «devenait ce qu!elle est») un terrain impropre et hostile puisque par son essence elle est ce Chemin contrecarrant;59 de l!autre, l!action du contrecarrant a consumé les fautes morales de façon définitive. Voilà pourquoi selon Dharmak!rti les fautes morales ne reviennent plus.60
58
Sur ces images, voir aussi TSP 871,27"872,1 et 873,28"874,5, ELTSCHINGER 2005b: 194n. 140 et ELTSCHINGER (à paraître 1, §2.5).
59
Que les fautes morales n!annulent pas la nature propre de l!esprit s!explique PVSV" 399,25): s!tm"bh#ta$ m!rgam abhibh#ya na do%!&!m utpattir ity (P artha' |. PV" P298a2/D251a1"2, sinon identique, porte lam goms par gyur pa (P pas) zil gyis mnan pas.
60
On peut considérer que l!explication par [pra]yatna et pak%ap!ta, dans PV I.221 = II.210 et PVSV 111, 1"3 et 9"11, forme un pendant psychologique à cette explication ontologique; sur ce point, voir aussi PVP P103b7"104a1 et PV" P ñe 166a1"3 ad loc., PVA 144,21"23 avec les kk. 784"785, et PVV 83,17"21 (introductions à PV II.210). Noter encore, en complément à PV II.207 traduit p. 512, PVV 366,16"17 sous PV I.221: na hi rajjv!$ niv(ttasarpabhrama' sarpa$ bh!vayitu$ yatate ka)cit | bh#t!rthasya dar)an!t |. «En effet, nulle [personne] ne s!efforce de faire [ré]advenir [à sa connaissance] un serpent [alors qu!]a cessé [pour elle] l!illusion trompeuse [précédente qui lui faisait voir] un serpent pour une corde, car [cette personne] a vu l!objet réel.»
113,15!114,3) 2.2.1.2.2.3. Réponse: la relation est alors redondante; la convention suffit à expliquer la compréhension (1
113,13!15) 2.2.1.2.2.2. Objection: la convention sert à révéler la relation incréée (1
113,10!12) 2.2.1.2.2.1. Inutilité de la convention (1
113,10!114,3) 2.2.1.2.2. Critique n°1: une convention serait alors inutile, car on n"en dépendrait plus (1
113,9!10) 2.2.1.2.1. Énoncé de la position m$m"%saka (1
113,8!120,7) 2.2.1.2. Une relation incréée entre parole et signification ne permet pas d"établir la véracité (1
112,12!113,7) 2.2.1.1. Position générale de Dharmak!rti en théorie du langage (1
112,12!120,7) 2.2.1. Réponse de Dharmak!rti: ved"pauru!eyat" n"écarte pas le risque de fausseté (1
112,12!173,13) 2.2. Critique générale de l"incréation (1
112,6!12) 2.1. Position de la M!m"#s": ved"pauru!eyat" permet d"établir vedapr"m"#ya (1
112,6!173,13) 2. L"incréation (apauru!eyat") comme critère de "gamapr"m"#ya (1
Appendice E
Analyse de PVSV 112,6!141,11
114,13!19) 2.2.1.2.3.2.2.1. Inutilité de l"apauru"eyat! (1
114,13!22) 2.2.1.2.3.2.2. Inutilité de l"apauru"eyat! (1
114,9!13) 2.2.1.2.3.2.1. Cette hypothèse interdit toute praxis religieuse au M!m#$saka (1
114,9!22) 2.2.1.2.3.2. Hypothèse d"un anek!rthaniyama (1
114,7!8) 2.2.1.2.3.1.2. Position de Dharmak!rti (1
114,4!7) 2.2.1.2.3.1.1. Critique (1
114,4!8) 2.2.1.2.3.1. Hypothèse d"un ek!rthaniyama (1
114,4!22) 2.2.1.2.3. Critique n°2: contre le niyama (1
113,25!114,3) 2.2.1.2.2.3.5.2. Ce qu"on nomme "relation# est un avin!bh!va de type causal révélé par une convention (1
113,24!25) 2.2.1.2.2.3.5.1. Il n"existe pas de relation réelle, fusion des natures ou dépendance (1
113,24!114,3) 2.2.1.2.2.3.5. Réponse: Position générale de Dharmak!rti en matière de relation (1
113,23!24) 2.2.1.2.2.3.4. Objection n°2: la convention repose sur l"homme, non sur la parole et l"objet (1
113,18!23) 2.2.1.2.2.3.3. Réponse: la relation n"est pas une convenance de la parole (1
113,17!18) 2.2.1.2.2.3.2. Objection n°1: la relation est une convenance de la parole (1
113,15!17) 2.2.1.2.2.3.1. Redondance de la relation (1
520 Appendice E
114,27"28) 2.2.1.2.4.3.1.2. Les sons permanents ne sont pas révélables par l!intention du locuteur (1
114,27) 2.2.1.2.4.3.1.1. Les sons permanents ne sont pas produits par l!intention du locuteur (1
114,27"28) 2.2.1.2.4.3.1. Pas de rapport entre sons et intention du locuteur (1
114,27"28) 2.2.1.2.4.3. La raison n!est pas un k!ryahetu fondé sur un tadutpattilak"a#a$ sambandha$ (1
114,25) 2.2.1.2.4.2.2. La parole n!est pas la nature des objets extramentaux (1
114,25) 2.2.1.2.4.2.1. Les objets extramentaux ne sont pas la nature de la parole (1
114,25"27) 2.2.1.2.4.2. La raison n!est pas un svabh!vahetu fondé sur un t!d!tmyalak"a#a$ sambandha$ (1
114,23"24) 2.2.1.2.4.1. Formulation (1
114,23"115,2) 2.2.1.2.4. Critique n°3: quel type de raison (hetu) préside-t-il à l!établissement de la relation? (1
114,21"22) 2.2.1.2.3.2.2.7. Conclusion (1
114,21) 2.2.1.2.3.2.2.6. Réponse n°4: l!enseignement des exégètes manque de fiabilité (1
114,20"21) 2.2.1.2.3.2.2.5. Réponse n°3: il n!y aurait pas alors de diversité exégétique (1
114,20) 2.2.1.2.3.2.2.4. Réponse n°2: elles ne pourraient révéler une autre signification par une nouvelle convention (1
114,19"20) 2.2.1.2.3.2.2.3. Réponse n°1: elles ne dépendraient alors pas d!un enseignement (1
114,19) 2.2.1.2.3.2.2.2. Objection: les paroles védiques sont ordonnées par nature à leur signification (1
Analyse 521
115,19!20) 2.2.1.2.6.3.1.2. Cas des yad$cch#"abda (1
115,18!19) 2.2.1.2.6.3.1.1. Aucune utilité pratique (prayojana) à ce que la parole exprime le genre (1
115,18!21) 2.2.1.2.6.3.1. Réponse: le genre n"est pas le signifié des paroles (1
115,18!116,22) 2.2.1.2.6.3. Réponse, position propre et nouvelle critique (1
115,17!18) 2.2.1.2.6.2. Objection 1: le genre (j#ti), permanent, est le signifié (1
115,13!17) 2.2.1.2.6.1. Énoncé de la critique (1
115,12!117,16) 2.2.1.2.6. Critique n°5: l"impermanence de l"objet entraîne l"impermanence de la relation (1
115,12) 2.2.1.2.5.1.2. Critique de l"hypothèse (2a): une tromperie due à l"intervention humaine est possible (1
115,10!11) 2.2.1.2.5.1.1.2. Réitération de la critique (prasa!ga) de 114,9!13 (1
115,6!10) 2.2.1.2.5.1.1.1. Les variations régionales de la signification seraient inexplicables (1
115,6!11) 2.2.1.2.5.1.1. Critique des hypothèses (1) et (2b) (1
115,5!12) 2.2.1.2.5.1. La relation pourrait être (1) permanente; (2a) impermanente et arbitraire; (2b) impermanente et non arbitraire (1
115,5!120,7) 2.2.1.2.5. Critique n°4: la M!m"#s" ne peut admettre de relation ni permanente, ni impermanente (1
114,28!115,5) 2.2.1.2.4.4. Conclusion et sa!graha"loka (1
114,28) 2.2.1.2.4.3.2. Les sons ne dépendent pas des objets extramentaux (1
522 Appendice E
117,17!119,8) 2.2.1.2.7.1. Une relation réelle pourrait être distincte ou indistincte par rapport aux corrélats (1
117,17!120,4) 2.2.1.2.7. Critique générale d"une relation réelle, conçue comme une troisième entité (t"t#ya$ vastu) (1
117,1!16) 2.2.1.2.6.5.3. Réponse: la révélation est production (1
116,28!29) 2.2.1.2.6.5.2. Objection: l"aide du point d"appui consiste en ce qu"il révèle la relation (1
116,25!28) 2.2.1.2.6.5.1. Énoncé (1
116,25!117,16) 2.2.1.6.2.5. Réponse: un point d"appui apporte une aide, chose impossible à une entité permanente (1
116,22!24) 2.2.1.6.2.4. Objection n°2: la relation ne périt pas plus que le genre quand l"individu périt (1
116,18!22) 2.2.1.2.6.3.3.3.2. Position propre: l"homme seul, en vertu d"un habitus, met en rapport les entités (1
116,8!17) 2.2.1.2.6.3.3.3.1. Réponse: cette hypothèse implique pour la parole un changement de nature propre (1
116,8!22) 2.2.1.2.6.3.3.3. Réponse et position propre (1
116,4!7) 2.2.1.2.6.3.3.2. Objection n°1: la relation est coproduite avec l"objet (1
116,2!4) 2.2.1.2.6.3.3.1. Énoncé de la critique (1
116,2!22) 2.2.1.2.6.3.3. Nouvelle critique: si la relation périt avec le corrélat, les corrélats futurs seront inexprimables (1
115,21!116,2) 2.2.1.2.6.3.2. Position propre: la relation consiste en un avin!bh!va, et est le produit d"un habitus humain (1
115,20!21) 2.2.1.2.6.3.1.3. La praxis humaine serait impossible si la parole exprimait le genre (1
Analyse 523
118,28!119,1) 2.2.1.2.7.2.2. Une relation réelle ne peut pas se caractériser comme une dépendance (1
118,26!28) 2.2.1.2.7.2.1. Une relation réelle ne peut pas se caractériser comme une fusion des natures (1
118,25!119,8) 2.2.1.2.7.2. Puisque les corrélats sont d"une nature distincte, la relation est créée par la pensée (1
118,18!24) 2.2.1.2.7.1.2. Si la relation n"en est pas distincte, seuls existent les corrélats, mais pas la relation (1
118,14!18) 2.2.1.2.7.1.1.3.3.4. Position générale de Dharmak!rti (1
118,1!14) 2.2.1.2.7.1.1.3.3.3. Réponse: l"inférence des indriya passe par l"effet, non celle de la relation (1
118,1) 2.2.1.2.7.1.1.3.3.2. Objection: le manque d"exemple est le même dans l"inférence des indriya (1
117,26!118,1) 2.2.1.2.7.1.1.3.3.1. Manque d"indice inférentiel et non-établissement de l"exemple (1
117,26!118,18) 2.2.1.2.7.1.1.3.3. Une relation suprasensible n"est pas inférable (1
117,25) 2.2.1.2.7.1.1.3.2. Une relation suprasensible ne fait pas connaître la signification par sa seule présence (1
117,24!25) 2.2.1.2.7.1.1.3.1. Une relation suprasensible ne ferait pas connaître la signification (1
117,24!118,18) 2.2.1.2.7.1.1.3. Réponse: la relation ne peut être suprasensible (1
117,23!24) 2.2.1.2.7.1.1.2. Objection: la relation est suprasensible, comme les facultés sensorielles (1
117,17!23) 2.2.1.2.7.1.1.1. Position: une relation réelle et distincte devrait être perçue (1
117,17!118,18) 2.2.1.2.7.1.1. Si la relation en est distincte, elle doit être connaissable comme telle (1
524 Appendice E
119,28!29) 2.2.1.2.7.3.2.1.2. Critique de l"hypothèse d"un énoncé multiple (1
119,21!28) 2.2.1.2.7.3.2.1.1. Critique de l"hypothèse spho"av!din d"un énoncé un (1
119,18!30) 2.2.1.2.7.3.2.1. L"énoncé est illusion trompeuse, car il n"est ni un ni multiple (1
119,18!120,2) 2.2.1.2.7.3.2. Les énoncés sont dotés de signification mais, irréels, ne peuvent servir de corrélats (1
119,17) 2.2.1.2.7.3.1.4. Conclusion et transition (1
119,16!17) 2.2.1.2.7.3.1.3.2. Critique de l"hypothèse d"un ordre de succession distinct des phonèmes (1
119,14!16) 2.2.1.2.7.3.1.3.1. Critique de l"hypothèse d"un ordre de succession non distinct des phonèmes (1
119,14!17) 2.2.1.2.7.3.1.3. Réponse: l"ordre de succession est incompatible avec l"expressivité des phonèmes (1
119,14) 2.2.1.2.7.3.1.2. Objection: les phonèmes sont expressifs dans un ordre de succession particulier (1
119,12!14) 2.2.1.2.7.3.1.1. Énoncé de la critique (1
119,12!17) 2.2.1.2.7.3.1. Les phonèmes sont réels, mais sans signification, ne peuvent servir de corrélats (1
119,8!120,4) 2.2.1.2.7.3. Un v!cyav!cakasambandha réel ne peut prendre appui ni sur les phonèmes ni sur l"énoncé (1
119,4!8) 2.2.1.2.7.2.3.2. Une relation réelle ne peut pas se caractériser comme une dépendance [bis] (1
119,3!4) 2.2.1.2.7.2.3.1. Une relation réelle ne peut pas se caractériser comme une fusion des natures [bis] (1
119,1!8) 2.2.1.2.7.2.3. Retour sur les deux hypothèses (1
Analyse 525
121,2 ) 2.2.1.3.1.3.1. Énoncé: il existe des paroles produites (k%taka) dont on a oublié l!auteur (1
121,2"6) 2.2.1.3.1.3. La raison kartur asmara"!t est inconclusive (1
120,25"121,1) 2.2.1.3.1.2.6. Conclusion: la démarche du M!m"#saka est sans fondement (1
120,20"25) 2.2.1.3.1.2.5. Réponse: le reproche d!abhyupetab!dh! vaut également pour le M!m"#saka (1
120,19"20) 2.2.1.3.1.2.4. Objection: tentative de neutralisation de la conséquence absurde par abhyupetab!dh! (1
120,17"19) 2.2.1.3.1.2.3. Réponse: l!objection entraîne une conséquence absurde (1
120,16"17) 2.2.1.3.1.2.2. Objection: les revendications d!autorité sur les mantra védiques sont mensongères (1
120,15"16) 2.2.1.3.1.2.1. Énoncé de l!asiddhat! (1
120,15"121,1) 2.2.1.3.1.2. La raison kartur asmara"!t est inétablie (1
120,8"15) 2.2.1.3.1.1. Énoncé de l!argument m#m!$saka (1
120,8"121,6) 2.2.1.3.1 Critique de l!argument kartur asmara"!t (1
120,8"126,15) 2.2.1.3. Critique générale de la thèse de l!éternité (an!dit!) du Veda (1
120,7) 2.2.1.2.8. Conclusion: la relation étant irréelle et donc de création humaine, elle n!écarte pas le rique de tromperie (1
120,2"4) 2.2.1.2.7.3.3. Conclusion: irréalité de la relation et position générale de Dharmak!rti (1
119,29"120,2) 2.2.1.2.7.3.2.2. Conclusion: l!énoncé n!est pas une entité réelle, et n!est donc pas un corrélat (1
526 Appendice E
121,24"27) 2.2.1.3.2.2.2.1.3. Seule une différence de nature justifierait la pauru&eyat! des seuls laukikav!kya (1
121,22"23) 2.2.1.3.2.2.2.1.2. Conséquence: si la parole védique est incréée, toute parole doit l!être (1
121,17"22) 2.2.1.3.2.2.2.1.1. Règle: si un x! ad%&'ahetuka ne diffère pas d!un x d%&'ahetuka, x! a la même cause que x (1
121,17"29) 2.2.1.3.2.2.2.1. Réfutation de la thèse par inférence (1
121,17"125,9) 2.2.1.3.2.2.2. Critique n°2: le Veda est de création humaine (1
121,15"16) 2.2.1.3.2.2.1.2.3. Renvoi au débat de PVSV 120,19"25 (1
121,15) 2.2.1.3.2.2.1.2.2. Conséquence: tout est incréé, ou rien ne l!est (1
121,10"15) 2.2.1.3.2.2.1.2.1. Formulation (1
121,10"16) 2.2.1.3.2.2.1.2. Conséquence absurde proprement dite (1
121,9"10) 2.2.1.3.2.2.1.1. Renvoi au débat de PVSV 120,17"121,1 (1
121,9"16) 2.2.1.3.2.2.1. Critique n°1: l!argument présente une conséquence absurde (1
121,9"125,9) 2.2.1.3.2.2. $V v!kya 366 ne fait pas la preuve de l!éternité (1
121,7"8) 2.2.1.3.2.1. Énoncé de l!argument m#m!$saka (1
121,7"126,15) 2.2.1.3.2. Critique de l!argument de $V v!kya 366 (1
121,2"6) 2.2.1.3.1.3.2. Le M!m"#saka ne dispose d!aucun pram!"a pour établir la vy!pti (1
Analyse 527
122,21!24) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.2.2. Le s!dhyadharma ne peut valoir indifféremment (1
122,20!21) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.2.1. La raison est sandigdhavipak"avy!v#ttika (1
122,20!24) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.2. Application de l#argumentaire à la raison !adhyayanatv!t" (1
122,17!19) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.3.3. Condition à satisfaire pour que l#argument soit probant (1
122,14!17) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.3.2. Le s!dhyadharma ne peut valoir indifféremment (1
122,7!14) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.3.1. Les deux propriétés ne sont pas incompatibles (1
122,7!19) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.3. Démonstration de la spéciosité de l#argument parodique (1
122,4!7) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.2. Défense de l#argument parodique par un adversaire fictif (1
122,3!4) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.1. Formulation de l#argument parodique (1
122,3!19) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1. Parodie de la raison !adhyayanatv!t": !pathik!gnitv!t" (1
122,3!24) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.1. Spéciosité de !adhyayanatv!t" (1
122,3!123,8) 2.2.1.3.2.2.2.2.2. Spéciosité de deux arguments (1
122,1!2) 2.2.1.3.2.2.2.2.1. Énoncé (1
122,1!125,9) 2.2.1.3.2.2.2.2. Spéciosité de tous les hetu invoqués sans présenter de différence de nature propre (1
121,27!29) 2.2.1.3.2.2.2.1.4. Conclusion: reformulation de la règle (1
528 Appendice E
123,9"12) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.1.2. Conséquence inacceptable: l#incréation vaudrait alors aussi d#un Pur#%a (1
123,8"9) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.1.1. Énoncé de la différence: veda et aveda (1
123,8"14) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.1. Différenciation par n"mabheda (vedatva) (1
123,8"124,28) 2.2.1.3.2.2.2.2.3. Critique des critères différenciateurs invoqués par la M"m#$s# (1
123,5"8) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.3.2. Non-perception d#une telle différence, et spéciosité consécutive (1
123,3"5) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.3.1. Nécessité d#exhiber une différence de nature propre (1
123,3"8) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.3. Conclusion (1
123,2"3) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2.2.3. Parallèle avec le Mah"bh"rata (1
123,1"2) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2.2.2. La raison est également sandigdhavipak!avy"v#ttika (1
122,28"123,1) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2.2.1. Condition à satisfaire pour que la raison soit probante (1
122,28"123,3) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2.2. L#inconclusivité est la même que celle de !adhyayanatv"t! (1
122,25"28) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2.1. L#incompatibilité est inconnaissable dans le suprasensible (1
122,25"123,3) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2. Démonstration de la spéciosité de la raison !puru!atv"t! (1
122,24"25) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.1. Formulation de l#argument (1
122,24"123,2) 2.2.1.3.2.2.2.2.2.2. Spéciosité de !puru!atv"t! (1
Analyse 529
124,8"12) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.6. Il est spécieux de dire que si l!un le peut, tous le peuvent (1
124,4"8) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.5. Discussion relative à la définition (1
124,3"4) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.4.2. Tout ce qui est efficace peut être produit par l!homme (1
124,1"3) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.4.1. Cas des mudr!, ma"#ala et dhy!na efficaces et produits (1
124,1"4) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.4. L!efficacité ne suffit pas à prouver l!incréation (1
123,27"124,1) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.3.3. Les mantra non védiques sont bien des mantra (1
123,21"27) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.3.2. On ne peut admettre l!incréation des mantra non védiques (1
123,17"21) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.3.1. Existence de mantra non védiques (1
123,17"124,1) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.3. Efficacité de mantra ordinaires et de création humaine (1
123,15"17) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.2. Définition d!un mantra (1
123,14"15) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.1. Renvoi à PVSV 155,18sq (1
123,14"124,12) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2. Réponse n°1: certains hommes sont capables de faire des mantra (1
123,14) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.1. Objection: les hommes sont incapables de faire des mantra (1
123,14"124,26) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2. Différenciation par l!efficacité magique (mantratva) (1
123,12"14) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.1.3. Conditions à satisfaire pour admettre l!incréation du Veda (1
530 Appendice E
124,28!125,9) 2.2.1.3.2.2.2.2.4. La spécification de !adhyayanatv$t# par vedatva ne rend pas le hetu probant (1
124,27!28) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.3. Conclusion (1
124,22!26) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.3. Application de l"argumentaire au sarvajñ$naprati"edha (1
124,21!22) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.2.3. On ne peut poser un rapport d"annulation (1
124,20!21) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.2.2. Les qualités mentales sont imperceptibles (1
124,18!20) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.2.1. Elles n"appartiennent pas à tous les sant$na (1
124,18!22) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.2. On ne peut nier l"existence de qualités dans un sant$na (1
124,17!18) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.1.2. Inopérativité de la non-perception (1
124,16!17) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.1.1. Absence d"incompatibilité entre les propriétés (1
124,16!18) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.1. Rien ne permet d"exclure la raison des contre-instances (1
124,16!26) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4. Puru"$ti%ayaprati"edhad&"a'a (1
124,15!16) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.3. D!"#aviruddhat$ (1
124,14!15) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.2. Réitération de la définition (1
124,12!14) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.1. Objection: aucun homme n"a les moyens de faire des mantra (1
124,12!26) 2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3. Réponse n°2: On ne peut nier la capacité de faire des mantra (1
Analyse 531
126,6) 2.2.1.3.2.3.3.3.1. Hypothèse: seuls les énoncés védiques sont incréés (1
126,6!15) 2.2.1.3.2.3.3.3. L"inutilité de l"incréation n"est pas moindre si seul le Veda est incréé (1
126,2!5) 2.2.1.3.2.3.3.2. La conséquence entraîne l"inutilité de l"incréation puisque des pratiques erronées sont incréées (1
125,24!126,1) 2.2.1.3.2.3.3.1.2. Explication de l"éternité des pratiques des Barbares, etc. (1
125,19!24) 2.2.1.3.2.3.3.1.1. Énoncé de la conséquence absurde: les pratiques des Barbares, etc., seraient incréées (1
125,19!126,1) 2.2.1.3.2.3.3.1. L"hypothèse présente une conséquence absurde (1
125,19!126,15) 2.2.1.3.2.3.3. Hypothèse selon laquelle l"éternité fait la preuve de l"incréation (1
125,11!19) 2.2.1.3.2.3.2. Critique: l"éternité ne fait pas la preuve de l"incréation (1
125,9!10) 2.2.1.3.2.3.1. Énoncé: !V v"kya 366 fait la preuve de l"éternité (1
125,9!126,15) 2.2.1.3.2.3. Hypothèse selon laquelle !V v"kya 366 fait la preuve de l"éternité (1
125,9) 2.2.1.3.2.2.2.2.4.2.3. Application de l"argumentaire à des raisons telles que vakt#tva (1
125,6!9) 2.2.1.3.2.2.2.2.4.2.2. Explicitation du vice logique entachant la preuve m%m"&saka (1
124,29!125,6) 2.2.1.3.2.2.2.2.4.2.1. Démonstration du non-établissement de la vy"pti (1
124,29!125,9) 2.2.1.3.2.2.2.2.4.2. Réponse: même spécifiée, la raison est un sandigdhavipak!avy"v#ttiko hetu$ (1
124,28!29) 2.2.1.3.2.2.2.2.4.1. Objection: la spécification de la raison par vedatva en neutralise la spéciosité (1
532 Appendice E
126,21) 2.2.1.4.1.2.3. Prasa$ga n°2 (1
126,20) 2.2.1.4.1.2.2. Non-observation d"une différence (1
126,19!20) 2.2.1.4.1.2.1. Prasa$ga n°1 (1
126,19!22) 2.2.1.4.1.2. Non-établissement d"une différence entre phonèmes ordinaires et védiques (1
126,19) 2.2.1.4.1.1. Phonèmes ordinaires et védiques ne diffèrent pas (1
126,17!24) 2.2.1.4.1. Critique de l"hypothèse selon laquelle la preuve de l"incréation porte sur les phonèmes (1
126,16!141,14) 2.2.1.4. Contre l"incréation de la parole: thème général de l"objet de la preuve de l"incréation (1
126,13!15) 2.2.1.3.2.3.3.3.2.2.3.2. Le Veda abonde en mots d"emploi non traditionnel (ar"#ha) (1
126,13) 2.2.1.3.2.3.3.3.2.2.3.1. Les exégètes ne respectent pas l"emploi traditionnel des mots (1
126,13!15) 2.2.1.3.2.3.3.3.2.2.3. L"emploi traditionnel (r"#hi) ne sert pas de clavis hermeneutica (1
126,12!13) 2.2.1.3.2.3.3.3.2.2.2. Les radicaux et suffixes (prak!tipratyaya) sont polysémiques (1
126,11!12) 2.2.1.3.2.3.3.3.2.2.1. Seules des conventions arbitraires régissent la signification (1
126,10!15) 2.2.1.3.2.3.3.3.2.2. Rien ne permet de lever le doute quant à la signification des énoncés védiques (1
126,7!10) 2.2.1.3.2.3.3.3.2.1. Les exégètes du Veda prêtent des significations contradictoires aux énoncés (1
126,7!15) 2.2.1.3.2.3.3.3.2. Critique: la diversité des exégèses suscite le doute quant à la signification des énoncés (1
Analyse 533
128,1"128,21) 2.2.1.4.2.2.1.2. Hypothèse de parties expressives (1
127,23) 2.2.1.4.2.2.1.1.3. Conséquence n°2: un énoncé expressif est de création humaine (1
127,20"23) 2.2.1.4.2.2.1.1.2. Conséquence n°1: l!expressivité est surimposée par la pensée (1
127,18"19) 2.2.1.4.2.2.1.1.1. Antécédent: les parties sont inexpressives (1
127,18"23) 2.2.1.4.2.2.1.1. Hypothèse de parties inexpressives (1
127,18"128,21) 2.2.1.4.2.2.1. Hypothèse d!un énoncé indépendant divisible en parties (1
127,16"134,25) 2.2.1.4.2.2. Hypothèse selon laquelle il existe un énoncé indépendant des phonèmes (1
127,13"16) 2.2.1.4.2.1.4. Conclusion: inexistence d!un tel énoncé, et retour à 126,22"24 (1
127,12"13) 2.2.1.4.2.1.3. Un énoncé indépendant est imprésumable (1
127,6"12) 2.2.1.4.2.1.2. Un énoncé indépendant est ininférable (1
127,1"6) 2.2.1.4.2.1.1. Un énoncé indépendant est imperceptible (1
127,1"16) 2.2.1.4.2.1. Il n!existe pas d!énoncé indépendant des phonèmes (1
126,24"141,14) 2.2.1.4.2. Critique de l!hypothèse selon laquelle la preuve de l!incréation porte sur les énoncés (1
126,22"24) 2.2.1.4.1.3. Conséquence absurde et inutilité d!une preuve portant sur les phonèmes (1
126,21"22) 2.2.1.4.1.2.4. Non-acceptation d!une différence par le M!m"#saka (1
534 Appendice E
129,7!10) 2.2.1.4.2.2.2.1.3. Réponse (1
129,4!6) 2.2.1.4.2.2.2.1.2. Objection spho!av"din: succession et partition en phonèmes sont illusoires (1
128,29!129,4) 2.2.1.4.2.2.2.1.1.3. Nécessité d"un ordre de succession phonétique différenciateur (1
128,25!28) 2.2.1.4.2.2.2.1.1.2. On constate la sérialité de notre connaissance d"un énoncé (1
128,22!25) 2.2.1.4.2.2.2.1.1.1. Impossibilité de connaître l"un de façon successive (1
128,22!129,4) 2.2.1.4.2.2.2.1.1. Notre connaissance d"un énoncé est sérielle (1
128,21!129,21) 2.2.1.4.2.2.2.1. Il n"existe pas d"énoncé indépendant indivis (1
128,21!134,25) 2.2.1.4.2.2.2. Hypothèse d"un énoncé indépendant indivis/spho!a (1
128,18!21) 2.2.1.4.2.2.1.2.4. L"avocat de la production des paroles est immunisé contre ces fautes (1
128,15!18) 2.2.1.4.2.2.1.2.3.3. Inétablissement de l"expressivité de chaque partie (1
128,12!15) 2.2.1.4.2.2.1.2.3.2. Injustifiabilité d"un laps temporel (1
128,10!12) 2.2.1.4.2.2.1.2.3.1. Formulation de l"hypothèse d"une audition simultanée (1
128,9!18) 2.2.1.4.2.2.1.2.3. Impossibilité d"une audition simultanée de toutes les parties (1
128,5!8) 2.2.1.4.2.2.1.2.2. Injustifiabilité du recours à d"autres parties et d"un laps temporel (1
128,1!5) 2.2.1.4.2.2.1.2.1. Inutilité de parties multiples (1
Analyse 535
130,7!24) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.1. Une obstruction n"apporte pas de propriété supplémentaire (1
130,7!131,10) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2. Impossibilité d"une obstruction à la perception d"un tel énoncé (1
130,2!7) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.1. Prasa%ga: on percevrait en permanence un énoncé permanent (1
130,2!131,26) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1. Réfutation de l"hypothèse d"un énoncé permanent (1
130,2!134,25) 2.2.1.4.2.2.2.2.2. Hypothèse selon laquelle cet énoncé est permanent (1
130,1) 2.2.1.4.2.2.2.2.1.3. Conclusion: l"énoncé est de création humaine (1
129,25!130,1) 2.2.1.4.2.2.2.2.1.2. Constatation d"un rapport de causalité énoncé-opération humaine (1
129,22!25) 2.2.1.4.2.2.2.2.1.1. Ce qui est impermanent naît d"une cause (1
129,22!130,1) 2.2.1.4.2.2.2.2.1. Hypothèse selon laquelle cet énoncé est impermanent (1
129,21!134,25) 2.2.1.4.2.2.2.2. Hypothèse selon laquelle un énoncé indépendant indivis existe (1
129,17!21) 2.2.1.4.2.2.2.1.4.2. Critique du modèle var$av"din smara$a/samuccayajñ"na (1
129,10!17) 2.2.1.4.2.2.2.1.4.1. Critique du modèle spho!av"din sa#sk"ra + détermination finale (1
129,10!21) 2.2.1.4.2.2.2.1.4. Impossibilité de connaître un énoncé dans une connaissance unique (1
129,8!10) 2.2.1.4.2.2.2.1.3.2. Conséquences inacceptables (1
129,7!8) 2.2.1.4.2.2.2.1.3.1. Retour à 128,22!25 (1
536 Appendice E
131,27"28) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.1. Dans cette hypothèse, on ne percevra pas l!énoncé partout (1
131,27"132,4) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.2. Hypothèse selon laquelle cet énoncé permanent est avy$pin (1
131,23"26) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.2.2. Conclusion: indépendance d!un énoncé permanent (1
131,21"23) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.2.1.2. L!aide ne peut être chose différente de l!énoncé (1
131,15"21) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.2.1.1. Conséquence: cet énoncé changerait (1
131,15"23) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.2.1. Un énoncé permanent ne peut recevoir d!aide (1
131,15"26) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.2. Réponse: indépendance d!un énoncé permanent (1
131,11"14) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.1. Objection: un coopérant manifeste l!énoncé permanent (1
131,11"26) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3. Impossibilité de la manifestation d!un énoncé permanent (1
131,8"10) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2.3. Conclusion: réitération du prasa#ga de 130,2"7 (1
131,7"8) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2.2. Inapplicabilité du modèle à un énoncé permanent (1
130,28"131,7) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2.1.2. Conséquences du refus d!un ati!ayakara"a (1
130,24"28) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2.1.1. Établissement par inférence (1
130,24"131,7) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2.1. Établissement (spéculatif) d!un ati!ayakara"a (1
130,24"131,10) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2. Hypothèse (spéculative) d!un ati!ayakara"a (1
Analyse 537
132,21"134,25) 2.2.1.4.2.3.3.2.3. Réponse: dans cette hypothèse, on ne percevrait pas le kalakala (1
132,17"21) 2.2.1.4.2.3.3.2.2. Objection: la disposition diffère pour chaque objet (1
132,13"16) 2.2.1.4.2.3.3.2.1. Retour au prasa&ga de 132,5"8 (1
132,13"134,25) 2.2.1.4.2.3.3.2. Inadmissibilité d!une disposition de la faculté sensorielle (1
132,11"12) 2.2.1.4.2.3.3.1. Indisposabilité d!une parole immuable (1
132,11"134,25) 2.2.1.4.2.3.3. Réponse: inadmissibilité d!un quelconque sa'sk!ra (1
132,9"11) 2.2.1.4.2.3.2. Objection: une faculté disposée (sa'sk(ta) perçoit une parole disposée (1
132,5"8) 2.2.1.4.2.3.1. Prasa&ga: tous les hommes devraient percevoir l!énoncé toujours et partout (1
134,26"141,14) 2.2.1.4.2.3. Hypothèse selon laquelle l!énoncé consiste en var"!nup$rv% (1
132,5"134,25) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.3. Hypothèse selon laquelle cet énoncé permanent est vy!pin (1
132,4) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.3.3. Conclusion: l!énoncé n!est pas non omniprésent (1
132,2"4) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.3.2. Conséquences d!un refus de la condition (1
132,1"2) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.3.1. Formulation de la condition et exemple de l!aimant (1
132,1"4) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.3. Réponse: même ainsi, la faculté dépend du degré de présence de l!objet (1
131,28"132,1) 2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.2. Objection: l!apr!ptagraha"apak#a permet d!éviter cette faute (1
538 Appendice E
134,26!141,7) 2.2.1.4.4. Critique de l"hypothèse selon laquelle l"énoncé est un ordre de succession de phonèmes (1
134,25) 2.2.1.4.3. Conclusion: la preuve de l"incréation ne porte ni sur les phonèmes, ni sur l"énoncé (1
134,13!25) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.5.3. La stratégie probatoire du spho#av!din se retourne contre le spho#av!da (1
134,11!13) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.5.2.2. Position propre de Dharmak!rti (1
134,7!11) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.5.2.1. Formulation de l"absurdité (1
134,7!13) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.5.2. Atiprasa$ga: postulation d"un karm!tman distinct des karmabh!ga (1
134,6!7) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.5.1. Renvoi à 127,1sq (1
134,6!25) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.5. Réponse: critique d"une distinction entre dhvani et v!caka"abda (1
134,1!6) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.4. Objection spho#av!din: dhvani et v!caka"abda sont établis l"un et l"autre (1
133,20!134,1) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.3.3. Critique n°3: aversion des facultés pour la parole expressive? (1
133,10!19) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.3.2. Critique n°2: dans le kalakala, on entend des paroles expressives (1
133,5!9) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.3.1. Critique n°1: on ne constate pas que dhvani et v!caka"abda diffèrent (1
133,3!134,25) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.3. Réponse: dhvani et v!caka"abda ne diffèrent pas (1
132,29!133,3) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.2. Objection: dans le kalakala, on ne perçoit que des dhvani (1
132,21!28) 2.2.1.4.2.3.3.2.3.1. Formulation de la critique (1
Analyse 539
137, 18!19) 2.2.1.4.4.2.2.1.2.2.2.1. Hetu n°1: pratyabhijñ"na (1
137, 18!138, 13) 2.2.1.4.4.2.2.1.2.2.2. Excursus (1
137, 11!18) 2.2.1.4.4.2.2.1.2.2.1. Définition de vyakti (1
137, 11!138, 30) 2.2.1.4.4.2.2.1.2.2. Définition de vyakti (1
136, 16!137, 11) 2.2.1.4.4.2.2.1.2.1. Définition de k"ryat" (1
136, 16!138, 30) 2.2.1.4.4.2.2.1.2. Var!"n"' k"ryat", kara!avy"p"r"t (1
136, 10!15) 2.2.1.4.4.2.2.1.1. Nityavastuna( vyaktyayoga( (1
136, 10!138, 30) 2.2.1.4.4.2.2.1. )abdasya anabhivyaktat" (1
136, 10!141, 7) 2.2.1.4.4.2.2. V"kya = vyaktikrama (1
135, 7!9) 2.2.1.4.4.2.1.3. Anity"vy"pit"y"' ca do$a( pr"g eva k&rtita( (1
135, 19!136, 6) 2.2.1.4.4.2.1.2. L#argument par de#a et k"la (1
135, 7!19) 2.2.1.4.4.2.1.1. L#argument par vyavasth"na (1
135, 7!136, 9) 2.2.1.4.4.2.1. V"kya = r%pakrama (1
135, 7!141, 7) 2.2.1.4.4.2. Réfutation n°2: v"kya = var!"nup%rv& !intrinsèque" (1
134, 26!135, 6) 2.2.1.4.4.1. Réfutation n°1: var!am"tr"va#e$a (1
540 Appendice E
141, 7!11) 2.2.1.4.4.3. Réfutation n°3: v!kya = var&!nup)rv" !intrinsèque" (1
140, 25!141, 7) 2.2.1.4.4.2.2.2.3. Vyakti = vijñ!notpatti (1
140, 21!24) 2.2.1.4.4.2.2.2.2.2.5. D)'ya# kuhetur anyo!pi (1
140, 18!20) 2.2.1.4.4.2.2.2.2.2.4. Pratyak'!tmaka( pratyabhijñ!nam (1
140, 14!18) 2.2.1.4.4.2.2.2.2.2.3. Satprayoga (1
140, 5!14) 2.2.1.4.4.2.2.2.2.2.2. Pratyabhijñ!na (1
139, 24!140, 5) 2.2.1.4.4.2.2.2.2.2.1. Viruddhahetu (1
139, 24!140, 24) 2.2.1.4.4.2.2.2.2.2. Excursus: anidar%anat! (1
139, 3!23) 2.2.1.4.4.2.2.2.2.1. Vyakti = !vara&avigama (1
139, 3!140, 24) 2.2.1.4.4.2.2.2.2. Vyakti = !vara&avigama (1
2.2.1.4.4.2.2.2.1. Vyakti = ati%ayotp!dana (139, 2!3)
138, 30!141, 7) 2.2.1.4.4.2.2.2. $abdasya abhivyaktat! (1
138, 13!30) 2.2.1.4.4.2.2.1.2.2.3. Niyamena upalabdhita# k!ryat! (1
138, 5!138, 13) 2.2.1.4.4.2.2.1.2.2.2.3. Hetu n°3: n!mas!mya (1
137, 19!138, 5) 2.2.1.4.4.2.2.1.2.2.2.2. Hetu n°2: ak!raprat"titva (1
Analyse 541
Abréviations et bibliographie 1. Abréviations
AD!p
Voir JAINI 1977.
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cf.
comparer.
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Dh
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NM
K.S VARADACHARYA: Ny!yamañjar8 of Jayantabha##a with >ippa=8-Ny!yasaurabha by the Editor. Mysore, 1969: Oriental Research Institute (University of Mysore, Oriental Research Institute Series, n°116).
not.
notamment.
NR)
(?V-)Ny!yaratn!kara (P#rthas#rathimi$ra). Voir *V.
Abréviations et bibliographie
549
NS
Ny!yas"tra (Gautama/Ak!ap"da). Anantalal THAKUR: Gautam#yany!yadar$ana with Bh!%ya of V!tsy!yana (Ny!yacaturgranthik!, vol. 1). Delhi, 1997: Indian Council of Philosophical Research.
NS"ra
UGGAR SAIN: Niyamsara (The Perfect Law) by Shri Kunda Kunda &ch!rya. Lucknow, 1981: The Central Jaina Publishing House (The Sacred Books of the Jainas, vol. IX/Jagmandarlal Jaini Memorial Series, vol. 5).
NSm#
N!rad(#y)asm'ti, citée à partir de SHASTRI 2002.
NV
Anantalal THAKUR: Ny!yabh!%yav!rttika of Bh!radv!ja Uddyotakara (Ny!yacaturgranthik!, vol. 2). Delhi, 1997: Indian Council of Philosophical Research.
NVT$
Anantalal THAKUR: Ny!yav!rttikat!tparya(#k! of V!caspatimi$ra (Ny!yacaturgranthik!, vol. 3). Delhi, 1996: Indian Council of Philosophical Research.
P
Canon bouddhique tibétain, édition de Pékin. Daisetz T. SUZUKI: The Tibetan Tripi(aka: Peking Edition. T%ky%/Ky%to 1957: Tibetan Tripitaka Research Institute.
p. ex.
par exemple.
Pa
Ram Chandra PANDEYA: The Pram!)av!rttikam of &c!rya Dharmak#rti With the Commentaries Svopajñav'tti of the Author and Pram!)av!rttikav'tti of Manorathanandin. Delhi, 1989: Motilal Banarsidass.
P"
P"&ini. Voir BÖHTLINGK 1964.
PDhS
Pad!rthadharmasa*graha. Johannes BRONKHORST/Yves RAMSEIER: Word Index to the Pra$astap!dabh!%ya: A Complete Word Index to the Printed Editions of Pra$astap!dabh!%ya. Delhi, 1994: Motilal Banarsidass.
PPur
Pa&'ita GIRIDHARA (ARM) CATURVED*: Padmapuranam (Containing Srishti Khandam) by Shriman Maharshi Krishna Dwaipayan Vyasdeva. Volume 1. Calcutta, 1957: Gurumandal Series, n°18.
pr"k.
pr"krit.
550
Abréviations et bibliographie
PrP
Louis de LA VALLÉE POUSSIN: Madhyamakav!tti". M#lamadhyamakak$rik$s (M$dhyamikas#tras) de N$g$rjuna avec la Prasannapad$ Commentaire de Candrak%rti. Osnabrück, 1970R (Saint-Pétersbourg, 1903!19131): Biblio Verlag.
PS(V)
Pram$&asamuccaya(v!tti) (Dign!ga). PS = P n°5700, ce 1!13a5 (Kanakavarman); D n°4203, ce 1b1!13a1 (Vasudhararak"ita). Cité(e) à partir de HATTORI 1968, HAYES 1988, VAN BIJLERT 1989 et TILLEMANS 1990.
PV(SV)
PV I/PVSV (Sv$rth$num$napariccheda) dans Raniero GNOLI: The Pram$&av$rttika of Dharmak%rti. The First Chapter with the Autocommentary. Roma, 1960: Istituto Italiano per il Medio ed Estremo Oriente (Serie Orientale Roma, n°23). PV II (Pram$&asiddhipariccheda), PV III (Pratyak'apariccheda), PV IV (Par$rth$num$napariccheda) dans Y#sho MIYASAKA: «Pram!$a-v!rttika-K!rik! (Sanskrit and Tibetan)». Acta Indologica II (1972), pp. 1!206. Pour PV II, j"ai régulièrement utilisé le texte édité par VETTER (1990); pour PV IV, celui édité par TILLEMANS (2000), ainsi que ceux de PVV et PVA. Voir aussi DD% et Pa.
PVA
R!hula S&'K(TY&YANA: Pram$&av$rttikabh$'yam or V$rttik$la(k$ra" of Prajñ$karagupta (Being a Commentary on Dharmak%rti!s Pram$&av$rttikam). Patna, 1953: Kashi Prasad Jayaswal Research Institute.
PVin I
(1) Édition critique du texte sanskrit par Ernst STEINKELLNER, à paraître sous les auspices du China Tibetology Publishing House et de l"Austrian Academy of Sciences Press. (2) Voir VETTER 1966.
PVin II
(1) Édition critique du texte sanskrit par Ernst STEINKELLNER, à paraître sous les auspices du China Tibetology Publishing House et de l"Austrian Academy of Sciences Press. (2) Ernst STEINKELLNER: Dharmak%rti!s Pram$&avini)caya". Zweites Kapitel: Sv$rth$num$nam. Teil I: Tibetischer Text und Sanskrittexte. Wien, 1973: Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften (Veröffentlichungen der Kommission für Sprachen und Kulturen Südasiens, Heft 12).
Abréviations et bibliographie
551
PVin III
P n°5710, ce 285a7!329a7/D n°4211, ce 187a6!230b7.
PVP
Pram!"av!rttikapañjik! (Devendrabuddhi). P n°5717, che 1! 390a8.
PVSV!
R"hula S#$K%TY#YANA: #c!rya-Dharmak$rte% Pram!"av!rttikam (Sv!rth!num!napariccheda%) Svopajñav&tty! Kar"akagomiviracitay! ta''$kay! ca sahitam. Ky&to, 1982 (Allahabad, 19431): Rinsen Books.
PV!
Pram!"av!rttika'$k! ('"kyabuddhi). P n°5718, je 1!ñe 348a8/D n°4220, je 1!ñe 282a7.
PVV
R"hula S#$K%TY#YANA: Dharmak$rti!s Pram!"av!rttika with Commentary by Manorathanandin. Paru en appendice du Journal of the Bhandarkar Oriental Research Institute 24!26 (1938!1940). Voir aussi DD' et Pa.
R
Anantalal THAKUR: Ratnak$rtinibandh!vali% (Buddhist Ny!ya Works of Ratnak$rti). Patna, 19752 (Patna, 19571): Kashi Prasad Jayaswal Research Institute (Tibetan Sanskrit Works Series, n°3).
resp.
respectivement.
S
S#$K%TY#YANA, R"hula. Renvoie au texte de PVSV édité/reconstruit par S (voir PVSV!), et au texte de PV édité par S (voir PVV).
'
'"kyabuddhi. Voir PV!.
s!
'V sambandh!k(epa.
s!p
'V sambandh!k(epaparih!ra.
'Bh
)!barabh!(ya ('abara). (1) )r$majjaiminipra"$ta* M$m!*s!dar+anam, édition de l"#nand"(rama (7 volumes comprenant les S,tra de Jaimini, le Bh!(ya de 'abara, le Tantrav!rttika et la -up'$k! de Kum"rila). Poona, 1994. (2) Pour 'Bh sous M)S* I.i.1!5, voir FRAUWALLNER 1968: 10!60 (= F).
SDS
M.V. SHASTRI ABHYANKAR: Sarva-Dar+ana-Sa*graha of S!ya"aM!dhava, Edited with an Original Commentary in Sanskrit. Poona,
Abréviations et bibliographie
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SK
S$%khyak$rik$ ("#varak$%&a). Voir YD.
'KA
&$rd'lakar($vad$na. Voir Div.
skt
sanskrit.
SNS
Sandhinirmocanas'tra. Voir LAMOTTE 1935.
SP(V)
Sambandhapar)k*$(v+tti) (Dharmak(rti). Voir FRAUWALLNER 1934.
'Pur
Nag Sharan SINGH: The &ivamah$pur$(a. Delhi, 1981: Nag Publishers (Purana Text Series, n°1).
SPUS)
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SRK
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SSK
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SS(V)
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SS'
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!T(V)
!a*,itantra(v+tti) (V$%aga&a/Vindhyav*sin?). Voir STEINKELLNER 1999.
STK
S$%khyatattvakaumud), citée à partir de BRONKHORST 1994.
Abréviations et bibliographie
553
SuSam
N!R!YA" R!M !CH!RYA (en collaboration avec VAIDYA J!DAVJI TRIKAMJI !CH!RYA): The Su!rutasa"hit# of Su!ruta. Bombay, 1945: Nir#aya S$gar Press.
%V
Ga&g$ S$gar R!Y: $lokav#rttika of $r% Kum#rila Bha&&a with the Commentary Ny#yaratn#kara of $r% P#rthas#rathimi!ra. V$r$#as', 1993: Ratn$ Publications.
s.v.
sub voce.
%VK(
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%VT(
(1) S.K. RAMANATHA SASTRI: $lokav#rttikavy#khy# t#tparya&%k# of U"veka Bha&&a. Revised by K.K. KUNJUNNI RAJA, R. THANGASWAMY. Madras, 1971. (2) Édition critique de la section spho&av#da, par Futoshi *MAE, à paraître.
t (souscrit) version tibétaine. T
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TB
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tib.
tibétain.
TJ
Tarkajv#l# (attr. à Bh$[va]viveka/Bhavya) sur MHK IX: P n°5256, dza 306a2!367b6.
TS(P)
Embar KRISHNAMACHARYA: Tattvasa)graha of $#ntarak(ita with the Commentary [Pañjik#] of Kamala!%la. Baroda, 1988 (Baroda, 19261): Oriental Institute (Gaekwad"s Oriental Series, n°31).
TS+(Bh)
Tattv#rthas*tra et Tattv#rthabh#(ya (Um$sv$ti/Um$sv$min), cité à partir de SHAH 1967.
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Abréviations et bibliographie
TV
Tantrav!rttika (Kum!rila). Voir "Bh.
TVBh
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V!s.
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VeS#
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Vibh.
Notes de Vibh#ticandra à PVV. Voir PVV.
ViPur
"r$munil!la GUPTA: $r'#r'vi(%upur!%a (m&la #loka aur hi"d'-anuv!dasahita, sacitra). Gorakhpur: Motil!la J!l!n (sans mention de date).
VN
Michael Torsten MUCH: Dharmak'rtis V!dany!ya). Vol. I: Sanskrit-Text. Wien: Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften (Veröffentlichungen der Kommission für Sprachen und Kulturen Südasiens, n°25).
VP
Wilhelm RAU: Bhart*haris V!kyapad'ya. Wiesbaden, 1977: Kommissionsverlag Franz Steiner, Deutsche Morgenländische Gesellschaft (Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes, n°42"4). Voir aussi VPV et VPV2.
VP%
V!kyapad'ya+'k! (Pu&yar!ja) sur VP II. Voir VPV2.
VPV
K.A. SUBRAMANIA IYER: V!kyapad'ya of Bhart*hari with the Commentaries V*tti and Paddhati of V*(abhadeva (K!%,a I). Poona: Deccan College (Deccan College Monograph Series, n°32). Voir aussi BIARDEAU 1964b.
VPV2
K.A. SUBRAMANIA IYER: V!kyapad'ya of Bhart*hari (An Ancient Treatise on the Philosophy of Sanskrit Grammar), Containing the -'k! of Pu%yar!ja and the Ancient V*tti. K!%,a II. Delhi, 1983: Motilal Banarsidass. Voir aussi IYER 1977.
Abréviations et bibliographie
555
VS
MAH!DEVA GA"G!DHARA BAKRE: Vaisheshika Darshana by Kanada Muni with Upask!ra, Viv"tti and Bh!#ya. V#r#$as%, 1991 (V#r#$as%, 19131): Vyasa Prakashan.
VS&
Albrecht WEBER: «Über die Vajras&c% (Demantnadel) des A'vagho(a». Philologische und historische Abhandlungen der Königlichen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, aus dem Jahre 1859. Berlin, 1860, pp. 205!264.
YBh
Yogabh!#ya (Vy#sa?). Voir YS.
YD
Albrecht WEZLER/Shujun MOTEGI: Yuktid$pik!: The Most Significant commentary on the S!%khyak!rik!. Vol. 1. Stuttgart, 1998: Franz Steiner Verlag (Alt- und neu- indische Studien, n°44).
YS
Yogas&tra (Patañjali). YS I: Philipp André MAAS: Sam!dhip!da. Das erste Kapitel des P!tañjalayoga'!stra zum ersten Mal kritisch ediert. Aachen, 2006: Shaker Verlag (Indologica Halensis, Geisteskultur Indiens, Texte und Studien, n°9). YS III: Patañjali!s Yoga S&tras, with the Commentary of Vy!sa and the Gloss of V!chaspati Mi'ra. Translated by R!MA PRAS!DA with an Introduction from RAI BAHADUR )R*)A CHANDRA VASU. Allahabad, 1912 (Sacred Books of the Hindus, n°4).
YSm+
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Index Répertoire géographique
+r" La(k! ! 29, 52 +rughna ! 53
Ayodhy! ! 50, 54, 55, 56
Sth!&v")vara ! 53
Bactriane ! 47, 53
Sur!,'ra ! 52, 53, 56
Bengale ! 50
T!mralipti ! 53
Bhitar" ! 29
Tel!%haka ! 28
Camp! ! 50
Til!ddha ! 28
Co#a ! 26, 28
Tila%haka ! 28
C$%!ma&i ! 26
Tirumalai ! 26
Dekkan ! 50
Tirumalla ! 26
Gandh!ra ! 47, 48, 50, 53
Trimalaya ! 26
Gange ! 47, 48, 50, 53, 54, 56
U%%y!na ! 47
Gau%a ! 56
Ujjayin" ! 39
Gay! ! 29
Vai)!l" ! 50
Him!laya ! 209
Valabh" ! 50, 52, 53, 55, 56
Himavat ! 208, 209
V!r!&as" ! 26, 50, 54, 56
J!landhara ! 53
Vindhya ! 208, 209, 301
K!kan!dabo'a ! 29
Vi)!kh! ! 54, 55
Kali(ga ! 26 Kany!kubja/Kanauj ! 50, 54, 55, 56 Kapilavastu ! 50 Ka)m"r ! 13, 50, 53, 389 Kau)!mb" ! 50, 54 Kumr!har ! 50 Ku)inagara ! 50, 56 L!'a ! 298 Magadha ! 13, 28, 48, 53, 56 Malaya ! 208, 209 Mathur! ! 26, 50, 54 Matipura ! 53 N!land! ! 26, 28, 30, 38, 50, 52, 55, 56 P!'aliputra ! 56 Penj!b ! 50, 53 Pray!ga ! 54 R!jag*ha ! 50 S!rn!th ! 54, 55 +r!vast" ! 50, 54
Auteurs modernes Biardeau ! 198 Brough ! 167 Brown ! 25, 26 Bühler ! 12 Burnouf ! 12 Cardona ! 167 Chattopadhyaya ! 51 Choudhary ! 37 Conze ! 59 Davidson
!
14, 15, 17, 46, 47, 49, 51, 55,
59, 60 Doniger O"Flaherty ! 33 Ejima ! 27 Frauwallner ! 6, 26 Funayama ! 27, 28
Index
590 Gnoli ! 489
%ryadeva ! 70, 96, 99, 110
Graham 18, 20
A'vagho(a ! 100
Halbfass ! 57
%'val"yana ! 155
Hara ! 122
B"dar"ya)a ! 124
Harrison 389
Baudh"yana ! 155
Hayes ! 61
Bh"(va)viveka/Bhavya ! 26, 27, 58, 59, 69,
!
!
Heitzmann ! 48, 49 Houben ! 132, 160
70, 73, 97, 98, 99, 100, 141, 145, 149 Bhart$hari
!
19, 69, 115, 116, 129, 130,
Joshi ! 26, 46
131, 132, 134, 136, 141, 157, 158,
Katsura 26
160, 161, 162, 164, 166, 167, 170,
Kimura ! 27, 28
171, 172, 249, 300, 324, 330, 340,
Krasser ! 19
344, 356, 471
!
Kuwayama 47
Bhart$mitra ! 323
La Vallée Poussin ! 90
Bhavya ! 27
Lamotte ! 12
Bhavyar"ja ! 389
Lindtner 26, 27, 98
Buddhamitra ! 30
Liu ! 13, 48
Budhagupta ! 30
McClintock ! 60, 61
Candragupta II ! 29, 37
Ogawa 160
Candrak*rti ! 27, 69, 80
Olbrechts-tyteca ! 60
Devavi()u ! 29
!mae ! 163, 205
Devendrabuddhi
!
!
!
Perelman 60
!
90, 92, 107, 108, 233,
503, 505, 507, 510
!
Pollock ! 145
Dharmap"la
S"#k$ty"yana ! 489
!
26, 27, 28, 58, 59, 70, 99,
110, 111, 223, 276
Schmithausen 510
Dharmottara ! 10, 19, 93, 105, 107, 201
Schopen ! 11, 12, 13
Dign"ga
!
!
27, 58, 59, 60, 63, 67, 69, 70,
Seyfort Ruegg ! 27, 77, 79
73, 74, 87, 89, 91, 100, 132, 134, 135,
Stcherbatsky ! 26
137, 138, 141, 219, 220, 223, 224,
Steinkellner ! 27, 298
341, 381
Thakur 47, 50, 52
Gautama/Ak(ap"da ! 76, 96, 195
Tillemans ! 104, 110
Gu)amati ! 26
Vetter ! 503
Gupta
!
Vidyabhusana 26 !
Wezler ! 78
!
13, 16, 28, 29, 30, 33, 37, 38, 45,
46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 55 Gupta magadhéens ! 52, 55 Haribhadra ! 107 Harivarman ! 223
Noms indiens Akala#ka ! 95, 105, 107 %mrak"rdava ! 29 %pastamba ! 155 Arca&a ! 298
Har(avardhana ! 28, 38, 56 Hel"r"ja ! 131, 132, 141, 301 +'varasena ! 6, 27, 59, 63 Jaimini ! 146, 149, 161, 281, 282, 377 rGyal dpog ! 146 Jit"ri 10, 253 !
Index
591
Jñ!nacandra ! 28
Narasi(hagupta ! 30
Jñ!na"r#bhadra 131
Narendraya"as ! 47
Jñ!na"r#mitra ! 27, 83, 87
Pak%ilasv!min ! 70, 78, 81, 96, 97, 99, 195
K!lid!sa ! 283, 287
P!$ini ! 123, 148
Kamala"#la 10, 61, 101, 166, 204, 333
P!rthas!rathimi"ra ! 99, 146
Ka$!da ! 76, 283
Patañjali ! 116, 129, 130, 171
!
!
gZegs zan ! 76
Pi)gala ! 123
Ka$abhak%a ! 76
Prabh!karavardhana ! 56
Kar$akagomin
!
7, 9, 74, 118, 126, 138,
Prajñ!karagupta ! 88
146, 157, 158, 159, 160, 161, 162,
Pra"astap!da ! 73, 283
164, 165, 166, 167, 170, 183, 187,
Pu$yar!ja ! 131, 141, 160, 161, 324
188, 192, 200, 203, 261, 266, 361,
Puragupta ! 30
362, 370, 464, 508
Pu%yabh*ti ! 53, 56
K!ty!yana ! 129, 155, 171
R!jyavardhana ! 56
Kum!ragupta I ! 29, 30
Ratnak#rti ! 10, 83, 201, 253
Kum!rila
!
27, 39, 40, 41, 42, 43, 59, 60,
+abara
!
118, 119, 120, 121, 122, 123,
62, 63, 94, 99, 105, 115, 118, 119,
124, 129, 146, 148, 149, 152, 161,
121, 122, 125, 126, 127, 132, 136,
182, 197, 198, 200, 201, 282, 377, 379
141, 146, 148, 149, 150, 151, 152,
+aka ! 38
153, 154, 155, 158, 159, 162, 179,
+!kyabuddhi
181, 182, 183, 184, 186, 188, 197, 198, 199, 200, 201, 239, 240, 241,
!
7, 74, 106, 113, 146, 164,
165, 166, 225, 233, 261, 268, 287, 298, 315, 339, 347, 508, 512
243, 244, 246, 249, 250, 266, 271,
+!kya"r#bhadra ! 389
276, 277, 280, 282, 284, 291, 294,
Samantabhadra ! 105
300, 301, 317, 323, 331, 333, 340,
Samudragupta ! 29
343, 344, 345, 346, 354, 359, 360,
Sa)ghabhadra ! 164, 172
362, 370, 379, 384, 464
+!ntarak%ita
Kundakunda ! 78, 80, 107
!
9, 10, 27, 61, 101, 111,
141, 157, 166, 201, 204, 253, 333
Ku%!$a ! 38, 48, 49, 50
Sarvavarman ! 56
Maitraka 52, 53, 55
+a"!)ka ! 56
!
Ma$&anami"ra
!
157, 158, 163, 166, 331,
Siddhasena ! 59
353, 473, 476 Manorathanandin
S!tav!hana ! 48, 52
!
7, 9, 78, 92, 107, 167,
200, 275, 510
+ivar!ma ! 28 Skandagupta ! 29, 30
Maukhari ! 55, 56
Soma ! 56
Meghavar$a 29
Sthiramati ! 26, 323
Mihirakula ! 50
Subandhu ! 27
Mok%!karagupta ! 10, 83, 253
+ubhagupta ! 9, 10, 135, 137
Mukulabha''a 323
Subh*ti"r#"!nti ! 389
N!g!rjuna ! 77
Sucaritami"ra ! 99, 354
N!ge"a ! 167
Sudhanvan ! 39
N!rada 302
Toram!$a ! 50
!
!
!
Index
592 Uddyotakara ! 78, 195, 197, 201
Dieux, saints et prophètes
Umbeka 354, 370, 478, 479 !
Upavar!a ! 182
'Jig rten 'di pa ! 76
V"caspatimi#ra ! 348
A'giras ! 151, 154
V"lm$ki 65
Arhat ! 90, 503
!
Vasubandhu
!
29, 58, 62, 63, 86, 90, 104,
Asura ! 33, 35, 36
133, 134, 164, 201, 202, 331, 354,
Bodhisattva ! 60, 91, 93
503, 505
Brahm" ! 38, 80, 151, 292, 295, 309, 470,
Vibh%ticandra ! 146
471
Vimalamitra ! 104, 133, 164, 172, 334 Vin$tadeva ! 107, 298 V&ttik"ra
!
122, 123, 124, 125, 130, 131,
146, 147, 148, 161, 182, 201 Vy"sa ! 65, 78, 79, 80, 150, 296 Ya#omitra ! 164
Tsha's pa ! 292 Brahman ! 283 brGyad pa (A!+aka) ! 417 B&haspati ! 34 Buddha
!
16, 18, 19, 30, 33, 37, 38, 42,
43, 44, 56, 60, 62, 69, 76, 77, 81, 86, 87, 89, 90, 91, 93, 99, 100, 101, 104, 111, 112, 133, 134, 153, 154, 237
Autres noms
Bhagavat ! 69, 77, 93, 134, 226 Sa's rgyas ! 76 Sugata ! 76, 87, 89, 91, 283
al-B$r%n$ ! 18
Tath"gata ! 44, 93, 98
Bu ston ! 25, 26 Faxian (! ") ! 30, 50, 52 Guillaume de Ruybrouck ! 20 Huizhao (# $) ! 27 Pierre le Vénérable ! 20 rGyal tshab rje ! 110 Rin chen bza' po ! 389 rMa dGe ba'i blo gros ! 389, 390 r(og Blo ldan #es rab ! 389 Sa skya Pa)*ita ! 389 Songyun (% &) ! 47 Sro' btsan sgam po ! 26 T"ran"tha ! 25, 26 Wuhang (' () ! 28 !
Daitya ! 33, 34, 35, 36 Ga)e#a ! 34, 36 Garu*a ! 29, 303 Nam mkha' ldi' ! 303 Hira)yagarbha ! 283, 291, 294, 309 dByig gi sñi' po can ! 417 Jina 56, 76 !
Kalkin ! 37, 45 Kapila ! 76 Ser skya ! 76 Ka+ha ! 152, 155 K&!)a ! 29
Tso' kha pa ! 110 Xuanzang () *)
De b,in g#egs pa ! 98
13, 26, 27, 28, 38, 47,
50, 53, 54, 55, 56 Yijing (+ ,) ! 13, 26, 28, 52, 53
Lak!m$ ! 29 Manu ! 41, 44, 45, 149, 151 Ma#aka ! 153, 155 M"y"moha ! 33, 34, 35, 36 Nagna ! 76 gCer bu ! 76 P"r#va ! 29 Praj"pati ! 150, 151, 464
Index Pramati/Pramiti ! 37
593 Mah!bh!rata
R!ma 29
!
150, 287, 296, 307, 308,
529
!
"#abha ! 76
Bha ra ta ! 422, 426
$iva ! 34, 56
M+cchaka,ik! ! 32
S%rya 34, 36
M%lasarv!stiv!davinaya ! 13
Tak#aka ! 103
N!masa'g&ti ! 90
!
T&rtha'kara ! 29, 76
N!,ya(!stra ! 136
Urva(& ! 316
Nirukta ! 315
Vai(amp!yana ! 152
Ny!y!nus!ra ! 164
V!madeva 283
Pram!)!ntarbhavaprakara)a ! 10
V!maka ! 283
Pram!)avini(caya,&k! ! 10
Vardham!na ! 76
Pratijñ!yaugandhar!ya)a ! 298
Vi#)u 29, 33, 34, 36, 37
"gvidh!na ! 300
Vi(v!mitra ! 283
$!listambas%tra ! 503
!
!
Sam!dhir!jas%tra ! 505 S!mavidh!na ! 300
!uvres et passages mentionnés
Sa0hit!s%tra ! 171 Sa0hit!s%trabh!#yavivara)a ! 171, 354 Sa'graha ! 129, 131 Sant!n!ntarasiddhi ! 95
*Hetuprakara)a ! 6, 58
$rutikart+siddhi ! 10
'Brel pa brtag pa ! 249 Adhy!(ayasañcodanas%tra ! 60, 104 Aggañña Sutta ! 313
Tarkabh!#! ! 10 Tattvani#kar#a ! 27 Tattvasiddhi ! 27
Akala'kastotra ! 107 *lambanapar&k#!v+tti ! 27 A,,has!lin& ! 133 *va(yakaniryukti ! 102, 103 Bh!gavatapur!)a ! 37
V!savadatt! ! 28 Ved!pr!m!)yasiddhi ! 10 Vi(e#!va(yakabh!#ya ! 103 V+ttik!ragrantha ! 115
B+hann!rad&yapur!)a ! 32 Buddhaparinirv!)astotra ! 28 Candraprad&pasam!dhi ! 505
Genres, collections, etc.
Catu-prati(ara)as%tra ! 93 Da(abh%mikas%tra ! 101, 503, 505
Br!hma)a ! 304
Dev!gamastotra ! 105
Itih!sa ! 244
Kalpan!ma).itik! ! 108
Kalpas%tra ! 152, 153, 155
Ka,and& ! 283
Prajñ!p!ramit! ! 105
K!ty!yanav!rttika ! 129
Pur!)a ! 29, 30, 33, 37, 38, 39, 40, 41, 42,
Kau(ikas%tra 300
43, 45, 46, 62, 244, 298, 299, 529
!
Kum!rasambhava ! 283, 284, 285, 287 g/on nu 'byu' ba can ! 417 Laukikapram!)apar&k#! 27 !
Sm+ti ! 29, 30, 35, 36, 38, 39, 40, 41, 43, 44, 45, 46, 61, 62, 152, 153, 155 $ruti
!
19, 105, 115, 116, 186, 200, 204,
205, 330
Index
594 S!tra ! 18, 102, 105, 110, 130, 237 mDo 101 !
Tantra ! 16, 76
M%dhyamika ! 27, 35, 58, 69 Mah%y%na ! 38, 54 M#m%)s% ! 5, 6, 9, 19, 21, 25, 38, 39, 45,
8, 10, 11, 18, 20, 30, 31, 34, 35,
46, 58, 62, 69, 75, 81, 84, 115, 116,
36, 38, 42, 43, 44, 45, 46, 59, 62, 68,
119, 120, 129, 131, 132, 133, 134,
96, 97, 105, 108, 113, 114, 116, 119,
136, 137, 142, 143, 145, 146, 153,
120, 121, 123, 125, 131, 133, 142,
156, 157, 158, 161, 164, 174, 181,
143, 145, 146, 147, 148, 149, 150,
182, 197, 207, 208, 239, 240, 244,
151, 152, 153, 154, 155, 156, 189,
248, 251, 255, 275, 283, 300, 315,
239, 240, 241, 243, 244, 252, 253,
316, 317, 318, 332, 333, 342, 357,
255, 281, 282, 283, 284, 285, 287,
366, 374, 377, 385, 519, 522, 529
Veda
!
288, 289, 291, 292, 293, 294, 295,
M#m%)saka
!
18, 19, 44, 45, 57, 59, 61,
296, 297, 298, 299, 300, 308, 309,
63, 71, 81, 84, 97, 98, 113, 114, 121,
310, 311, 314, 315, 316, 317, 322,
123, 124, 131, 132, 134, 145, 146,
361, 460, 461, 462, 470, 471, 526,
154, 159, 161, 187, 189, 195, 197,
527, 529, 530, 532, 533
199, 203, 209, 212, 239, 240, 244,
Rig byed ! 243, 311
253, 255, 275, 276, 277, 281, 284, 285, 286, 288, 294, 299, 300, 315, 316, 318, 319, 341, 342, 354, 357,
Groupes, écoles, représentants, etc. Abhidharma ! 104, 108 "bhidharmika ! 137 "j#vika ! 31 Ala$k%ra ! 136 Bauddha ! 58, 83, 163, 302 &%kya ! 39, 42, 43, 44, 58, 153, 301 Saugata ! 229, 240 bDe bar g'egs pa ! 417 G%ru((ik)a ! 83, 301 Jaina
!
18, 31, 34, 36, 40, 42, 44, 53, 59,
60, 76, 78, 83, 279, 301 "rhata ! 35, 83 Digambara ! 298 Lok%yata ! 31, 36, 76, 312 'Jig rten rgya$ 'phen pa ! 312 Lauk%yatika ! 312 Lok%yatika ! 312 Med par smra ba pa ! 76 Lokottarav%din ! 30 Madhyamaka ! 13, 46, 58
360, 368, 371, 374, 382, 383, 519, 520, 526, 527, 532, 534 dPyod pa pa ! 275, 429 Jaimin#ya ! 84, 131, 239 rGyal dpog pa ! 146 Jaranm#m%)saka ! 161 V*ddham#m%)saka ! 113, 161 Naiy%yika ! 18, 57, 59, 60, 78, 79, 96, 129, 147, 189, 195, 197, 201, 249, 285 Nirukta ! 315 +es par brjod pa ! 429 Ny%ya ! 9, 57, 76, 78, 122, 129, 132, 134, 137, 248, 332, 333 &aiva ! 16, 19, 31, 38, 46, 56, 59, 83 Bhairava ! 31 K%p%lika ! 30, 31, 233, 298 M%he'vara ! 54, 83, 301 P%'upata ! 31, 40, 298, 301 Lakul#'ap%'upata ! 298 S%)mit#ya ! 54, 55, 58 S%$khya ! 40, 58, 69, 76, 222, 223, 301 Gra$s can gyi 'dod pa ! 222 K%pila ! 31
Index
595
S!"khyadar#ana ! 222
akt!k&a ! 184
S!"khyamata 222
akrama
!
Sautr!ntika ! 58, 133, 279, 338 $r!vaka ! 58
!
163, 165, 168, 169, 329, 332,
356, 472 akramabh!vitva ! 369
H%nay!nistes 53, 54 !
akramasattva ! 168, 171, 353
Sthavira ! 58
akriy! ! 212
T!ntrika
akriy!bhinive#a ! 210
milieux (proto)tantriques ! 63 Vaibh!&ika ! 53, 58, 62, 63, 116, 133, 164, 170, 172, 333, 334, 354 Vai#e&ika ! 18, 58, 69, 70, 76, 80, 97, 124, 134, 137, 141, 183, 184, 189, 222, 283
akli&*a ! 504 ak&a'ika ! 113 ak&abuddhi ! 120 ak&ara ! 175, 301 ak&inikoca ! 241
gZegs zan pa 417
akha'+a ! 168
Vai#e&ik!didar#ana ! 222
agaty! ! 73, 75, 224
Vai#e&ik!dimata ! 222
ag(h%tavyañjaka ! 246
!
Vai&'ava 29, 31 !
ag(h%tasa"keta ! 245
Bh!gavata ! 29, 38
agni ! 192, 290, 291, 302, 359, 511
P!ñcar!tra ! 31, 40, 301
agni&*oma ! 251
Vaiy!kara'a 163, 166, 275, 277, 354
agnisvalak&a'a ! 192
Ved!nta ! 58
agnihotra
!
Vijñ!nav!da ! 13, 34
!
29, 108, 113, 124, 143, 244,
251, 252, 256
Vijñ!nav!din 141
agraha ! 461
Vy!kara'a ! 62, 158, 315
a"kura ! 208, 209, 269
Yoga ! 19, 40, 78, 301
a"ga
!
Yog!c!ra 58 !
!
42, 127, 150, 153, 275, 284, 322,
346, 466 a"gasm(ti ! 155 a"g!"gibh!va ! 102
Termes sanskrits akart( ! 152 akart(ka ! 115, 154 akalpa ! 86, 88 ak!ra ! 205, 317, 349, 359, 368, 369, 541 ak!ra'avat ! 481 aki)citkara ! 195, 202 aku#alakarmapatha ! 104 ak(ta ! 304 ak(taka ! 153, 282 ak(takatva ! 153 ak(tasambandha ! 130 ak(trima ! 123, 210 akau*asthya ! 188, 189
acintya ! 195, 338 aj!ji ! 102 ajutta/ayukta ! 105 ajña ! 72, 73, 84 ajñ!t!rthaprak!#a ! 19 ajñ!na ! 118, 218, 227, 282, 503 a'unityatva ! 187 a'vantara ! 279 at!rkika ! 186 atikr!ntajanm!dismara'a ! 306 atigambh%ra ! 110 atitvarita ! 205 atid%rgha ! 347 atidruta ! 205 atip!pin ! 33
Index
596 atiprasa!ga ! 174, 287, 373, 539
adhikara)a ! 478
atimohak"t 35
adhika#abdaprak&epa ! 315
atirikta ! 187
adhik%bhiyoga ! 64
!
ati#aya
!
191, 193, 194, 195, 196, 228,
adhigantavya ! 78
294, 295, 304, 308, 336, 337, 338,
adhigamahetu ! 78
340, 365, 373, 374, 375, 376, 382,
adhimukti ! 93 adhi&'h%na ! 82, 113
510, 537, 541 ati#ayavat ! 82, 196, 374
adh$yate ! 308, 311
at$takart"ka ! 285
adhyak&a ! 105
at$tajñ%nakarmat% 478 !
at$t%n%gata ! 470 at$ndriya
!
adhyayana ! 148, 149, 212, 294, 296, 299, 308, 470, 471, 528, 529, 531
67, 68, 71, 72, 77, 105, 168,
adhyayanap*rvaka ! 308 adhyayan%ntarap*rvaka ! 308, 471
185, 223, 230 at$ndriyadar#ana ! 82, 84
adhyavas%ya ! 87, 370
at$ndriya#aktibhedayukta ! 81
adhyavasita ! 207
at$ndriy%rthadar#ana 83
adhyasta ! 175
at$ndriy%rthadar#in ! 81, 82
adhy%payati ! 149, 311
at$ndriy%rthavid ! 80, 93
adhy%payit" ! 44, 155
atta/%pta 75
adhy%yin ! 152
!
!
atyantaparok&a
!
67, 70, 74, 78, 92, 106,
adhy%ropika ! 176, 177, 179, 280 adhy%ropita ! 177, 235, 514
110, 219, 224 atyantap%'ava 510
adhyet" ! 44, 148, 150, 151, 155
atyantaprasiddha ! 113
adhvanika ! 169
atyantavirodhin ! 41
anak&ara ! 303
atyantasattva 320
ana!gat% ! 466
atyant%k&aparok&a ! 78
anatikrama ! 210
!
!
atyukti ! 65
anantajñ%nadar#ana ! 80
adu&'amanas ! 80
ananyath%v%ditva ! 306
adu&'%tman ! 235
anap%ya ! 227
ad"(ha 511
anapu+saka ! 471
ad"#ya ! 277
anapek&itab%hy%rthopanidhi ! 176
ad"&'a ! 67, 71, 78, 96, 97, 106, 184, 210,
anabhijña ! 463
!
anabhivyakta ! 463, 540
221 ad"&'ak%ra)a ! 290
anar%#raya ! 310
ad"&'aparam%rthas%ra ! 64
anartha ! 224
ad"&'ali!gasambandha 97, 98
anarthaka ! 158, 242, 323, 352
ad"&'avyabhic%ra ! 72, 110
anala ! 35
ad"&'as%marthya ! 326
anavadh%ra)a ! 329, 330, 331, 379, 472
ad"&'ahetu 291
anavadh"ta ! 329, 330, 355
ad"&'ahetuka ! 527
anavayava ! 158, 167, 168, 169, 182, 327
ad"&'e&'avirodhaka ! 105
anavasth% ! 117, 247, 341, 365
adharma 40, 108, 122, 312
anavasth%na ! 173
!
!
!
Index
597
an!gama ! 72, 176
anupalabdhi ! 58, 67, 68, 195, 223, 357
an!tmaka 507
anupalambha
!
an!tman ! 513
!
195, 198, 199, 286, 307,
367
an!di ! 115, 131, 155, 177, 313
anupa$le%a ! 172
an!dik!l!bhy!sa 232
anupasa)h!ra ! 102
an!dik!l"navyavah!r!bhy!sa ! 138
anup!khyeya ! 473
!
an!dit!
149, 155, 188, 212, 287, 462,
!
anupra$n! ! 33 anubaddhasp'ha ! 64
477, 478, 526 an!dinitya ! 115, 123, 125, 189 an!div!sanodbh#ta 135 !
an!diveda$!kh! ! 155
anubhava
!
176, 177, 201, 278, 280, 290,
332, 339 anum!na ! 39, 67, 69, 70, 73, 97, 98, 105,
an!disabh!gav!san! ! 177
111, 113, 128, 199, 221, 223, 227,
an!disam!khy! 155
268, 269, 369, 370, 375, 378, 381,
an!dh!ra ! 34, 35
385, 460, 461, 463, 464, 478
!
an!dheyavi$e%a ! 113
anum!nat! ! 219, 224, 459
an!dhey!ti$aya 194
anum!natva ! 227
an!pt!pra&"tokti ! 120
anum!nab!dh! ! 288
anitya ! 98, 130, 187, 507, 509, 513
anum!nab!dhita ! 369
anityat! 87, 540
anumeya ! 37, 69, 463
anityatva ! 164, 187, 334, 361, 380
anur!ga ! 183
anityadar$ana ! 151
anur#pa ! 86
anityadhvani 187, 477
anurodha ! 192
anityav!din ! 199
anurodhin ! 192
anity!disvalak%a&a ! 514
anuv!ka ! 473
anidar$anat! 541
anuv!da ! 160, 162, 460, 471
animi%itad'%(i ! 478
anuv'tta ! 478
!
!
!
!
anirodhana ! 137
anuv'tti ! 195, 337
anuk!ra ! 115, 166
anu$a)s! ! 74
anuk#la ! 236
anu$aya ! 109
anukrama 168, 170, 208, 210, 327, 332
anu$!sanapr!tih!rya ! 76, 90
anugu&a ! 473
anu%(h!na ! 82, 84, 220, 239, 304
anugu&op!ya ! 60, 103, 113, 220, 224
anu%(hita ! 152
anugraha 170, 172
anu%(heya ! 72, 84, 228
anugr!haka ! 127, 236
an'ta ! 91, 302
anutantra ! 130
an'tahetuvimukta ! 69
anud!tta 183
an'%i ! 153
anud!hara&a ! 203
aneka ! 278, 279, 347, 367
anudvejana ! 390
aneka$abdagr!hin ! 346
anupak!rakatva 248
aneka$abda$rava&a ! 347
anupak!rya ! 194, 260
anek!nta ! 197
anuparata ! 186
anek!ntav!da ! 35
anuparodha 111, 226
anek!rthaniyama ! 520
!
!
!
!
!
Index
598 anek!rthavikalpa ! 316
ap!"ini ! 147
anek!rth!bhisambaddha 256
ap!ya ! 74, 176
anek!vayava ! 158, 476
ap!rthaka ! 102
!
anaik!ntika
!
198, 201, 283, 285, 286,
apunar!v#tti ! 89 apuru'!rthaphala ! 103
368, 371 antar ! 138
apuru'!$raya ! 310
antya ! 171, 203, 468, 473
ap%pa ! 102
antyavar"a ! 164, 331, 468
ap%rva ! 78, 194, 312, 313
antyavar"ak!la ! 203
apoha ! 5, 6, 59, 63, 223, 254
antyavar"apratipatti 332
apauru'eya
!
antyavar"abh!ga ! 203 andhak!ra ! 191
!
116, 122, 133, 134, 240,
245, 286, 308, 310 apauru'eyat! ! 38, 59, 113, 115, 116, 125,
anyakrama 328
133, 137, 143, 239, 303, 519, 520
!
anyatva ! 168, 266, 320, 384, 479 anyatv!vyatikrama ! 266 anyath!nupapatti
!
128, 175, 185, 246,
271, 322, 345, 347, 352, 463, 471 anyasad#$a ! 321
apauru'eyatva
!
120, 243, 287, 297, 310,
314 apauru'eyatvakalpan! ! 243, 281 apauru'eyatvas!dhana ! 157 apauru'eyatv!bhyupagama ! 284
anyasv!migovyud!sa 258
apra")ta ! 142
any!poha ! 257
apratik%lat! ! 136
!
any%n!dhikatva ! 187
apratibaddha ! 218
anyonyasa&$raya 461
apratibalaprajña ! 64
anvaya ! 289
apratisandh!na ! 356
anvayavyatireka ! 128, 210, 217, 231, 271,
apratisambandha ! 102
!
285, 338, 513
apratyak'a ! 113, 269
anvayavyatirekin ! 139
apratyak'aphala ! 74
anvayavy!pti ! 286
apram!"at! ! 41, 199
anvit!bhidh!na ! 161, 162, 324
apram!"atva ! 142, 460
apakar'in ! 510
apram!"avi'aya ! 106
apak#'(a 460
apram!"ika ! 284
apagama ! 108
apra$!ntat! ! 234
apa(u ! 205
apr!tik%lya ! 136, 241
!
apabhra&$a 34, 44
apr!pta ! 342, 474
apabhra'(a ! 44
apr!ptagraha"a ! 538
aparapratyaya ! 93
apr!pt!kar'a ! 343
aparok'a 478
apr!pti ! 474
apal!pa ! 231
apr!pyak!ritva ! 343
apavarga ! 85, 98, 103, 111, 220
apr!m!"ya ! 31, 117, 118, 240
apav!da 315, 460
aprek'!p%rvak!rin ! 74
apasth!pita ! 164
abaddhapral!pa ! 104
apasm#ti ! 46
ab!dhyab!dhakatva ! 291
apahnava 315
abh!ga ! 163
!
!
!
!
Index
599
abhigh!ta ! 186
ayuktigr!hin ! 284
abhijñ! 80, 83, 90, 94, 229
ayugapatk!la ! 169, 172
abhijñ!ta ! 93
ayogyade"!vasthita ! 343
abhidh!yakat! ! 128, 266
ayoni"omanask!ra
!
abhidh!"akti 126 !
!
232, 237, 238, 510,
513
abhidheya ! 128
ara(inirmathana ! 293
abhinivi#$a ! 236, 514
ar')ha ! 533
abhinive"a ! 506, 508, 513
arthakriy! ! 135
abhini#panna ! 351
arthakriy!s!marthya ! 27
!
abhinna 158, 167, 168, 182
arthacihnar'pa ! 164
abhinnak!la ! 169
arthatattva ! 70, 141
abhipr!ya
70, 135, 141, 218, 225, 254,
!
arthapara ! 151 arthaparisam!pti ! 160
281 abhim!na ! 331, 473
artham!tradar"ana ! 88
abhiyoga ! 91, 92, 111
artham!trad*" ! 88
abhirucita 233
arthavat ! 165, 187, 326
abhil!pasa%sargayogya ! 135
arthavatt! ! 160, 241, 471
abhivyakta ! 330, 355, 472, 541
arthavattva ! 242, 323
abhivyakti 166, 184, 185, 189, 250, 263,
arthav!da ! 150, 151, 283
!
!
331, 344, 381
arthasa%sk!ra ! 316
abhivya&gya ! 170
arthasahajat! ! 133
abhivyañjaka 160, 170, 355
arth!nartha"rava(a ! 224
abhi#eka ! 16
arth!patti
!
abhi#va&ga ! 236
!
39, 128, 152, 271, 322, 364,
463
abhisambaddha 256
arth!visa%v!da ! 70
abhisambandha ! 160
arth!vyabhic!ra ! 218
abhihata ! 184, 344, 475, 480
arthopasa%hita ! 104
abhihit!nvayav!da ! 186
arpa(a ! 515
abh'ta ! 86, 88, 507
arbhakodita ! 35
abh't!rtha 232, 513, 514
arv!gdar"ana ! 71, 82, 94
!
!
abhy!sa
!
90, 91, 92, 138, 149, 201, 231,
261, 304, 508, 510, 516
arv!gdar"in ! 71, 82, 195, 338 ala&k!rabh'#ita ! 28
abhyuccaya 155
alabdhasad*"apratigr!haka ! 64
abhyudaya ! 85, 103, 220
ali&ga ! 68
abhyup!ya ! 74, 84
alp!ntara ! 179, 470
abhyupetab!dh! 219, 526
avag!hana ! 64
amantra ! 81
avat!ra ! 33
am!rga ! 108
avat!ra(a ! 284
ami"ra 138, 248
avatthaya/ap!rthaka ! 102
ambhonidhi ! 65
avadh!na ! 228
ayath!rtha ! 88
avadh!ra(a ! 329, 330, 350, 355, 472
ayask!nta 338, 343
avadh!ra(op!ya ! 231
!
!
!
!
Index
600 avadh!rayati ! 332, 379, 473
avyakta ! 127, 329, 330, 474
avadh"ta 330
avyatireka ! 277
avadh"t!navadh"ta ! 329
avyapade#ya ! 172
avabh!sin ! 166, 175, 176, 177, 208, 474
avyabhic!ritva ! 281
!
avayava
!
158, 160, 172, 184, 325, 326,
374, 469, 476, 480
avyavacchinna ! 115 avyavadh!nade#ayogyat! ! 196
avayava#rava$a ! 325
avy!pin ! 158, 342, 361, 537
avayavasa%gh!ta ! 323
avy!vartana ! 309
avayavasamud!ya ! 173
avy!hat!gama ! 74
avar$abh!ga 168, 330
avyutpannabuddhi ! 313
avar$!tmaka ! 168, 319, 331
avyutp!ditabuddhi ! 313
ava#yambh!vin ! 466
a#akala ! 168
avas!ya 478
a#akyani#caya ! 307
avasth! ! 191, 327, 356, 365, 368
a#akyas!dhana ! 296
avasth!pratilambha ! 359
a#ucivijugups! ! 233
avasthita 132, 381
a#ubha ! 43, 86, 88
av!caka ! 169, 275, 277, 323
a#ubh! ! 86
avikala ! 161, 371
a#li'(a ! 273
avik!ra 169
a#vadharma ! 248
avik!rin ! 189
a#vamedha ! 29, 38
avik!rya ! 189
a'(ak"tvas ! 197, 480
avic!lin 129
a'(!da#adharmasa)hit! ! 42
avicchinnar&pa ! 186
a'(!da#avidy!sth!na ! 42
aviccheda ! 149
asa)vedya ! 472
avitathatva 314
asa)#aya ! 92, 475, 480
aviditakart" ! 210
asa)s"'(a ! 139
!
!
!
!
!
!
avidy! ! 282, 503, 504, 505, 506
asa)sk"ta ! 154
avidy!bandha ! 282
asakalavar$abh!ga ! 331
avidy!r!g!divirahita ! 80
asakta ! 237
avidy!satk!yad"'(i 237
asa%gati ! 460
avidy!hetuka ! 236
asatk!ryav!din ! 376
avin!bh!va ! 139, 140, 272, 464, 520, 523
asaty!bhidh! ! 288
avibh!ga 169, 327, 329
asadbh&tasam!ropa ! 514
avibhutva ! 511
asanni#caya ! 68
aviruddha ! 208, 295
asamastabh!ga ! 171, 353
aviruddhavidhi 295
asamastopalambhana ! 356
aviveka ! 267
asamprakhy!na ! 504
!
!
!
avisa)v!da
!
70, 72, 79, 96, 104, 105,
110, 111, 219, 224, 228, 459
asambandhin ! 259 asarvajña ! 94
avisa)v!daka ! 69, 71
asarvavid ! 195, 338
avisa)v!din ! 19, 71, 105, 141, 219
as!k'ika ! 302
aveda 529
as!dh!ra$agu$a ! 82
!
Index
601
as!dhu"abda ! 44, 154
!c!ryap!ramparyopade"a ! 225
asiddha 201, 283, 368, 461, 462, 526
!tmagrahaikayoni ! 506
asiddhopalambhaka ! 190, 193, 194
!tmatu$%i ! 43
asiddhopalambhana ! 190
!tmadar"ana ! 509
astitva 133, 320
!tmad'$%i ! 503, 506, 509
asthisa#kal! ! 86
!tmad'$%ivipak$a ! 507
aspa$%a ! 474
!tman
!
!
asmara&a
!
145, 146, 150, 212, 281, 283,
284, 285, 286, 287, 290, 526
!
165, 166, 167, 283, 361, 503,
506, 507, 508 !tmapratilambha ! 194
asmaryam!&akart'ka 212
!tmabh!vana ! 508
asmaryam!&akart'tva ! 286
!tmabh!van! ! 508
asm'ti ! 145, 281
!tmabh*ta ! 365
aha(k!ra 506
!tmasukhotp!dan!nuk*la ! 236
aham ! 506, 507, 508
!tm!tm)ya ! 236, 514
ahi(s! ! 34, 39
!tm!tm)yagraha ! 509
!
!kar$a 343
!tm!tm)yadar"ana ! 503
!kar$a&a ! 172
!tm!tm)yapratik*la ! 237
!kasmika ! 202, 209, 210
!tm!tm)yasneha ! 237, 508
!k!ra 176, 177, 209, 504
!tm!tm)y!dhy!ropita ! 235, 514
!k!rasamat! ! 504
!tm!tm)y!bhinive"a ! 513
!k!r!rpa&ak$ama ! 515
!tm!bhinive"a ! 508
!k!"a 198, 290, 361
!tm)ya
!
!
!
!
!k'ti ! 123, 125
!
235, 236, 237, 503, 507, 508,
509, 513, 514
!khy! ! 152, 154, 155, 284
!tm)yad'$%ivipak$a ! 507
!
!khy!na 140, 249
!tm)y!nuparodhin ! 237
!gata ! 19
!di ! 124, 462, 463, 464
!gantu ! 511, 515
!dikalpikapuru$a ! 314
!gantuka ! 514
!dimat ! 155
!gama ! 17, 18, 19, 35, 36, 69, 72, 73, 74,
!daic ! 147, 148
75, 76, 78, 90, 92, 93, 97, 100, 105,
!dya ! 161, 162, 308
106, 107, 115, 116, 219, 220, 221, 227
!nantarya ! 466
!gamana ! 353
!nayana ! 258
!gamaparigraha 74
!narthakya ! 162, 241, 376
!gamapr!m!&ya ! 74, 78, 81, 224, 519
!nup*rv)
!
!gamavikalp!vyavak)r&a ! 88 !gamasiddhali#gatrair*pya 107 !
!
159, 166, 169, 181, 186, 205,
206, 208, 210, 256, 317, 327, 357, 366, 382, 383, 385, 538, 541
!gam!pek$!num!na ! 105, 106, 221, 223
!nup*rv)niyama ! 170, 472
!gam!"ray!num!na ! 113
!nup*rvya ! 186
!gamin 132
!nup*rvyanityatva ! 187
!#girasa ! 154
!num!nika ! 199, 475
!cara&a ! 42, 332
!ntara ! 166, 176
!c!rya 74, 77, 149, 248, 298
!nv)k$ik) ! 57
!
!
Index
602 !pastamba ! 156 !pta
!
!vara"a ! 195, 335, 338, 339, 375
60, 69, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81,
!vara"aprah!"a ! 509
89, 90, 93, 95, 96, 97, 105, 115, 142,
!vara"avigama ! 196, 374, 375, 382, 541
228, 298
!vara"!bh!va ! 375, 376
!ptapr!m!"ya 77, 78, 92, 96, 97
!virbh!va ! 166
!ptavacana ! 76, 92
!virbh'ta ! 172
!
!ptav!ky!visa#v!da ! 70
!v)ta ! 318
!ptav!c ! 69
!v)tti ! 473
!ptav!da
!
35, 36, 67, 70, 110, 219, 224,
!v)ttiparip!ka ! 473 !ve"ikadharma ! 81
225 !ptav!d!visa#v!da ! 70, 73, 459
!$a*k! ! 253, 460
!ptav!din ! 9
!$%vi&a ! 343
!pta$ruti 76
!$rama ! 30, 31, 34, 36
!pt!gama ! 69, 76
!$rayasamat! ! 504
!pti ! 76
!$ray!lamban!k!rak!ladravyasamat! ! 504
!ptokti 120
!sanna ! 474
!ptopade$a ! 76, 77, 97
!srava/!$rava ! 90
!ptopade$apr!m!"ya ! 77
!sravak&aya ! 90
!bh%k&"ya 129
!sravak&ayajñ!na ! 90
!mn!ta ! 130
!sv!da ! 234
!mn!ya ! 76
!hita ! 177
!yatana 134
!hitab%ja ! 473
!yurveda ! 78, 96, 97
!hitasa#sk!ra ! 177, 314
!yurvedapr!m!"ya ! 97
!hitasa#sk!raprabodha ! 203
!rambhaka 351, 373
icch! ! 135, 137, 209, 258
!rambh!bhiyoga ! 91
icch!dh%na ! 231
!
!
!
!
!
!r!ma ! 43, 57
icch!m!trasa#$raya ! 137
!r'(ha ! 468
icch!"viruddha ! 208
!rogya ! 78
ida#t! ! 269
!ropa 177, 507
id!n%#tana ! 296, 308
!rya ! 82, 312
id!n%#tanaved!dhyayana ! 296
!
!ryasatya ! 87, 88, 112
id!n%mpratibh!sa ! 379
!ryasatyadar$ana 87
indriya ! 69, 119, 131, 174, 175, 197, 237,
!
!r&acak&us ! 80
238, 269, 300, 331, 344, 345, 346, 524
!r&ajñ!na ! 80
indriy!rthasambandha ! 99
!r&eya 153
indhana ! 210, 290
!r&eyavacana ! 153
i&+!rthapratiniyama ! 256
!rhatagrantha ! 42
i&+i ! 284
!lambana 204, 266, 504
%r&y!mala ! 64
!lambanasamat! ! 504
%$vara ! 31, 76, 79, 80, 132, 200, 223
!l!pa ! 33
ukti ! 275, 505
!lokana 32
uccarita ! 197, 200, 469, 480
!
!
!
Index
603
uccaritapradhva!sin ! 172
upadh"na ! 177
ucc"#ana 39
upanyasan(ya ! 375
!
ucc"ra$a
!
162, 163, 200, 205, 377, 464,
upaplava ! 88 upapluta ! 86
479, 480 ucc"rita 179, 280
upabhoga ! 234
uccheda ! 231, 267, 510
upam" ! 182
!
utk%epa$atva ! 476
upam"na ! 39
utk%epa$as"m"nya ! 353
upayuktasarvajñat" ! 83, 84, 85
uttarottarabh"g"vasth" ! 356
upayoga ! 194
uttarottaravar$asamutth"paka 204
upayogin ! 364, 464
uttarottar"vasth"pratilambha ! 359
uparata ! 186
utth"pana ! 205
uparodhapratigh"tin ! 237
utpattidv"re$a 378
upalak%a$a ! 222, 339, 343
utpattivin"&arahit"nuv'tt"vas"ya ! 478
upalabdhilak%a$apr"pta ! 320, 383
utsanna ! 29
upalambhaka ! 190, 193, 194, 373
!
!
utsanna&"kh" 43
upal(yante ! 205
utsava ! 312
upav"sa ! 108
udaka ! 302
upaveda ! 42
ud"tta 183
upavyañjana ! 160
ud"s(napak%a ! 237
upahata ! 118
ud(rita ! 160
up")ga ! 42
udgraha$a 222
up"tta ! 379
udvega ! 234
up"d"na
!
!
!
unmatta ! 142
!
175, 176, 191, 193, 194, 320,
510
unm"da 118
up"d"nabalabh"vin ! 513
unm"dana ! 39
up"d"naskandha ! 503
!
upakalpita ! 166, 262 upak"ra
up"deya ! 78
191, 248, 257, 263, 265, 329,
!
up"deyop"ya ! 78 up"dhi ! 183, 205
338, 341 upak"raka 191, 260, 338, 340
up"dhy"ya ! 287
upak"rin ! 191
up"ya ! 111, 166, 231
!
upak"rya ! 329
up"y"bhy"sa ! 91, 92
upak"ryopak"rit" 126, 249
up"roha ! 348
upag'h(ta ! 161
upek%a$(ya ! 102
upagr"hin ! 471
uraga ! 184
upagh"taka 335, 343
*%$aspar&a ! 231
upac"ra ! 323
*ha ! 132
!
!
upajanana ! 374
'c ! 44
upadar&it"rthapr"paka 88
'ddhi ! 83, 110
upade&a ! 19, 72, 76, 111, 124, 225, 301
'%i ! 32, 75, 76, 82, 83, 117, 152, 153, 283
upade%#' ! 75
eka
!
upadrava 232, 234 !
!
158, 163, 167, 168, 169, 177, 179,
182, 185, 278, 279, 280, 327, 330,
Index
604 352, 367, 369, 378, 464, 471, 474,
ek#dhikara%a ! 478
479, 504, 505
ek#nubhava ! 478
ekakart!tva ! 187, 465
ek#nekatv#yoga ! 278
ekagati"aktipratiniyama ! 348
ek#nek#rthavi$ayapratipatti ! 97
ekajñ#nak$a%a 325
ek#nta ! 379
ekajñ#notpatti ! 325
ek#rthaniyama ! 250, 520
ekat# ! 475
ek#rthopasa&h#ropak#ra ! 102
!
ekatva
174, 185, 207, 209, 317, 360,
!
ek#vabh#sin ! 175, 177 ek#vayavapratipattik#la ! 326
464, 476, 479 ekatvanimitta 318
aitihya ! 76
ekatvavyabhic#rin ! 318
o& ! 132
ekatv#dhyavas#ya ! 370
opap#tikan#ma ! 133
ekatv#ropa 177
auk#ra ! 182
ekatv#siddhi ! 318
autpattika ! 122, 124, 126, 129, 130
ekade"a ! 506
aurjatya ! 511
!
!
ekade"asthita 342
au$adhi ! 39
ekade"#visa&v#da ! 228
katipayavar%a"rava%a ! 330
ekade"in ! 505
kara%a
!
ekapada 279
126, 170, 265, 289, 343, 363,
!
372, 375
!
ekapad#dir'pa ! 177, 207, 208, 278
kara%adaurbalya ! 197
ekapad#disam#ropika ! 179
kara%avy#p#ra ! 540
ekapad#dyadhy#ropita 177
kara%as#dgu%ya ! 350
ekapad#dyanubhava ! 177
kar%avyoman ! 184, 476
ekapad#dyavabh#sin ! 176, 177
kart! ! 113, 131, 145, 146, 147, 150, 151,
!
ekapad#dhy#ropika 176, 177, 179, 280
152, 155, 212, 239, 283, 284, 285,
ekaprayokt!prayukta ! 276
286, 287, 290, 344, 470, 526
!
ekabuddhi ! 182
kart!ka ! 285
ekabuddhigr#hya ! 168, 279
kart!cittasa&sk#ra ! 207
ekabuddhipratibh#sin ! 168
kart!tva ! 126, 153, 155, 284
ekabuddhivi$aya 164
kart!do$a ! 154
ekavar%ak#la ! 320
kart!vyavahart! ! 147
ekavar%ani$pattik#la ! 279
kart!sa&sk#ra ! 207
ekavar%ar'pa 279
kart!sampratipannat# ! 147
ekavikalp#vabh#sin ! 208
kart!smara%a ! 147, 154
ekavi$aya ! 369
kart!smara%ad#r(hya ! 45
eka"as 466, 467
kart!sm!ti ! 150, 154, 155, 284
eka"#kh#dhy#yin ! 152
kart!sm!tid#r(hya ! 154, 284
ekasamaya ! 172
kartrekatva ! 346, 465
!
!
!
ekasvabh#vasthita 337
karpa)a ! 339
ekasvabh#v#nuv!tti ! 195
karman
!
ek#k#ra ! 166, 176, 177, 318
!
35, 126, 198, 222, 229, 239,
344, 368, 478
ek#k#r#nubhav#hitasa&sk#ra 177 !
karmaphala ! 113, 312
Index
605
karmabh!ga ! 539
k!ry!numeya ! 463
karmav!da 34
k!la ! 470, 504
karmavi"e#!nukrama ! 208
k!lak$tapaurv!parya ! 361
karm!tman ! 476, 539
k!lak#epa ! 168, 325
kalakala 346, 351, 538, 539
k!labheda ! 168, 325
kal!pa ! 238
k!lasamat! ! 504
kalik!la ! 41
k!l!paka ! 152
kaliyuga ! 34, 37, 39, 41, 45
k!vya ! 287, 313, 346
kalpa ! 153, 301
k!#(ha ! 516
kalpana 243
ki+citkara ! 195
kalpan! ! 86, 135, 175, 187, 271, 281
k'(asa*khy!parijñ!na ! 84
kalpan!k$ta ! 272
ku,ya ! 195, 339
kalpan!k%pta 261
ku),a ! 102
Kalpas&tra ! 153
kutsana ! 32
!
!
!
!
kalpas&trak$t ! 153
kud$#(i ! 44
kalpas&tragrantha 155
kula ! 183, 312
kalpita ! 138, 207
kul!la ! 190, 367, 372
!
kavi ! 288
ku"!stra ! 104
k!kadantapar'k#! 103
kuhetu ! 541
k!(haka ! 152, 153, 154
kuhet&kti ! 43
k!d!citka ! 39
k&(astha ! 129
k!ma 118
k&(asthanitya ! 182, 189
k!mamithy!kriy! ! 288
k&(asthanityat! ! 115, 125, 129
k!yacittavyath!hetu ! 234
k&pa ! 282
k!yav!kkarman 108, 229
k$ta ! 286, 365
k!yav!gvyavah!ra ! 94
k$taka ! 78, 123, 147, 152, 464, 526
!
!
!
k!raka ! 136, 190, 192, 193, 263, 372,
k$takatva ! 146, 202 k$t!rtha ! 462
375, 377 k!rak!vasth! ! 365
k$t!vadhi ! 173
k!ra)avaikalya 269
k$trima ! 138, 210
k!ru)ya ! 80
k$tvasuc ! 197
k!rya ! 129, 166, 187, 188, 193, 202, 204,
k$tsna ! 160, 161
206, 207, 265, 269, 289, 365, 367,
k$tsn!yatana ! 86
377, 383, 477, 478, 540, 541
k$tsn!rthaparisam!pti ! 160, 471
!
k!ryak!ra)at! ! 206
k$p! ! 79, 229
k!ryak!ra)abh!va 206, 209, 210, 211
k$p!lu ! 218
k!ryak!ra)abh&tapratyayotpanna ! 208
kevala ! 183, 244, 327
k!ryat!vi"e#a ! 363
kevalajñ!na ! 80
k!ryali*ga 94, 223, 230
ke"a ! 370
k!ryas!m!nya ! 290, 291
ko(i ! 462
k!ryahetu ! 58, 253, 521
ko"ap!nadivya ! 302
k!ry!ti"aya 193
ko#(hya ! 184, 475, 480
!
!
!
Index
606 krama ! 166, 170, 176, 177, 181, 186, 187, 188, 204, 206, 207, 208, 276,
k&a$a ! 191, 200, 203, 279, 325, 338, 362, 367, 380
277, 281, 326, 327, 328, 347, 359,
k&a$abha)ga ! 154
360, 362, 369, 380, 382, 383, 465,
k&a$abha)gat# ! 377
466, 468, 472, 474, 477, 478, 506, 540
k&a$abha)gas#dhaka ! 478
kramag!h"ta ! 467
k&a$abha)gasiddhi ! 201
kramajanman ! 169, 172
k&a$abha)gin ! 201
kramajanya ! 169, 472
k&a$ika ! 99, 169, 174, 195, 219, 337, 356,
kramajñ#ta ! 467
368
kramajñ#na 468
k&a$ikatva ! 99
kramaprav!tt#vayava ! 172
k&a$ikatvas#dhana ! 381
kramabh#vin ! 169, 205, 369, 370, 380
k&a$ikatv#num#na ! 201, 370, 381
kramayaugapadya 172, 173
k&atriya ! 41
kramaracan# ! 208
k&aya ! 508
kramalabdhajanman ! 172
kmakmatara ! 510
kramavat 168, 169, 327, 329
k&"$ado&a ! 78, 79, 90, 218
kramavadbh#ga ! 169, 171
k&"$ado&av#da ! 219
kramavadvyatirekin ! 168
k&"rab"ja ! 170, 472
kramavarjita 187
k&udh#divirahita ! 80
kramavar$#nubhava ! 278
k&udh ! 118
kramavi%e&atva ! 187
k&epa ! 325
kramav!tti 187, 360
kha*ga ! 90
krama%as ! 476
khy#ti ! 39
kram#kramopak#ra ! 329
khy#pana ! 225
kram#gata 312
gak#ra ! 182, 359, 368
kram#dh"na ! 187
gagana ! 359
!
!
!
!
!
!
kram#ntara ! 359
ga$a ! 162
kramin ! 207, 208
gati ! 82, 186, 270, 305, 348, 384, 476
kramotpanna ! 205
gatva ! 183
kramotp#din 169
gandha ! 339
kramopeta ! 188
gandhav#sita ! 39
kriy# ! 121, 128, 133, 210, 286, 295, 305
gamana ! 184, 353, 480
kriy#%abda 258, 465
garbha ! 511
krodha ! 118
gavyakti ! 479
kli&'a ! 104, 503
g#*ha ! 282
kle%a 506, 509
g#divar$a ! 477
kle%ajñey#vara$aprah#$a ! 509
g#rhaspatya ! 32
kle%aprah#$a ! 104, 225
g"ta ! 346
kle%aprah#yaka 104
gu$a ! 72, 79, 82, 90, 95, 102, 105, 118,
!
!
!
!
kle%ab"ja ! 232, 513
142, 240, 460
kle%amah#bh(mika ! 505
gu$atraya ! 102
kle%#vara$a 509
gu$adar%in ! 508
!
Index
607
gu!apak"ap#ta ! 233
cara!a ! 155
gu!abh$ta 187, 465
cikits# ! 39
gu!ayukta ! 224
citta ! 204, 205, 207, 234, 306, 504, 511,
!
gu!avadvakt%ka ! 460
513
gu!a&abda 258, 465
cittakrama ! 204
guru ! 75, 148, 470
cittaviprayuktasa*sk#ra ! 62, 133, 164
!
gurunirdevyatibhinna ! 88
cittavyath#hetu ! 234
gurvadhyayanap$rvaka ! 148, 470
cittasamutth#na ! 175, 205
g%dhra ! 84
cittasamprayukta ! 504
g%ha 199
cittasvabh#va ! 516
g%hajana ! 199
citrar$pa ! 468
!
g%hastha ! 30
citr#bhisandhi ! 95
g%h't#vayavasamud#ya 173
citrit# ! 266
go ! 127, 166, 179, 182, 248, 258, 470
cintana ! 303
gotra ! 155
cint# ! 64, 106, 107
!
gotv#dij#ti 201
cint#may' prajñ# ! 516
go&abda ! 166, 179, 197, 258, 470, 480
cintya ! 379
go"(hika ! 51
cirak#l#t'takart%ka ! 285
gosv#min 258
cirav%tta ! 147
gau!av%tti ! 323
cihna ! 164
gaurava ! 101
ceta)pary#yajñ#na ! 83
grantha 44, 153, 155, 254, 301, 313
cetan# ! 219, 224
granthak#ra ! 155
cetas ! 184, 204, 205, 206, 229, 474
granthapraty#v%tti ! 473
ce"(# ! 86, 128, 463
graha 236, 359, 506, 509
caitanya ! 116
graha!a ! 174, 185, 203, 265, 321, 325,
caitasa ! 229
!
!
!
!
327, 331, 474, 478, 511
caitta ! 504
graha!#nugu!a ! 473
caitya ! 57
graha!#bhim#na ! 473
caityavandana ! 99
gr#hicetas 204, 206, 207
codana ! 258
gr#hijñ#na ! 206
codan# ! 120, 121, 142, 460
gr#hya&akti ! 126
chandatas ! 136
gha(a 187, 190, 191, 203, 210, 246, 253,
chid# ! 377
!
!
263, 264, 265, 367, 372, 377, 478
chinnam$la ! 94
gh%!# ! 233
jagat ! 64, 297
gho"a 164
jagad#di ! 464
cakrabh%t ! 29
jagaddhitai"in ! 89, 92
cak"us ! 118, 170, 222, 269, 369, 504
jana ! 244
catu)satya 91
janmadu)kha ! 234
caturthavar!a ! 42
janman ! 234, 306, 314
caturda&avidy#sth#na ! 42
janmasthitiniv%tti ! 113
catu"(ay' 465
janya ! 164, 193, 206, 334, 371
!
!
!
Index
608 janyajanakabh!va ! 140, 259
tadup!dhi ! 205
japa 108
tadbh!vabh!vin ! 210
jar! ! 64
tanmaya ! 511
jarbhur!"a ! 316, 317
tapa ! 101
j!#ya 108
tapas ! 82, 300, 305
j!ti ! 125, 167, 183, 189, 195, 201, 256,
taptam!(aka ! 302
!
!
tamas ! 80, 222
257, 258, 263, 522 j!ti$abda ! 258, 465
tamoni(%ha ! 44
j!tispho%a ! 167
tarkam!nin ! 40
j!tyandha 119
tarkin ! 31, 40
j!y! ! 199
t!th!gata ! 69, 77, 93
!
j!ra ! 321
t!d!tmya ! 253, 521
jitendriya 35
t!dr'pya ! 323
jinavacana ! 77
t!mra ! 516
jina$!sana ! 78
t!ya ! 91
j&r"ak'pa 282
t!yin ! 87, 89, 91, 92, 112
j&vik! ! 39
t!ratamya ! 355
!
!
jñ!nakrama ! 206
t!rkika ! 31, 40, 62
jñ!nadar$anac!ritra 78
t!lu ! 184, 296, 297, 343, 366, 480
jñ!nadharmopade$a ! 76
tikta ! 184
jñ!nam!tra ! 99
timira ! 118
!
jñ!notpattivibandhaka 335
tirask!ra ! 195, 508
jñ!paka ! 277, 463
tirobh'ta ! 172
jñ!pak!nupalambha ! 307
tirohita ! 203
jñ!pya 307
t&rtha$!stra ! 104
jñeyar'p!s!dana ! 193
t&rthasn!na ! 109, 223
!
!
jñey!vara"a ! 509
t&rthika ! 53, 54, 56, 83, 90
jyoti( ! 244
t&vra ! 183, 474
jv!l! ! 291, 293
tur&ya ! 171, 172
#i"#ika 298
tur&yatur&ya ! 172
#i"#in ! 298
tul! ! 302
ta"#ula ! 302
tul!dh)ti ! 65
tattva 84, 141, 225, 266, 281
tu(%i ! 43
tattvagr!haka ! 203
t)t&ya ! 273, 274, 523
tattvagr!hin ! 364
t)t&yasth!na ! 106
tattvadar$ana 306, 515
t)("! ! 118, 506, 507, 508, 510
tattv!nyattva ! 384
tyaktalajja ! 44
tattv!bhinive$a ! 151
tray&dharma ! 35
tattv!rtha 29, 93
tray&b!hya ! 42, 44
tattv!vagama ! 479
tray&m!rga ! 35, 41, 42
tad&ya ! 507
tray&vid ! 40
tadutpatti 253, 521
tray&vipar&ta ! 39
!
!
!
!
!
Index
609
tray!sa"vara#a ! 31
durlabha ! 229
trigu#a 89
du)carita ! 109
tritaya ! 266
du*+a ! 35, 36
tripu#$raka ! 298
du*+adharma ! 35
Tripura 34, 35
d&ra ! 468, 469, 474
tripram%#aka ! 128, 244, 266, 271, 463
d&radar)in ! 84
!
!
trim%tra ! 479
d&rade)avartin ! 338
trir&pali'ga ! 69
d&ravartin ! 351
trair&pya ! 141
d&ravyavahita ! 474
traividyav(ddha 476
d&rasam!pastha ! 474
da#$an!ti ! 42
d($ha ! 117, 118
dama ! 39, 42, 43
d($hakart(sm(ti ! 154, 155, 284
damana 300
d($himan ! 155
day% ! 39, 43, 79, 92
d($hendriya ! 197
day%lu ! 91
d()ya ! 267, 277, 319, 320, 383
dar)ana 61
d()y%vivek%dar)ana ! 267
dahana ! 210
d(*+a ! 36, 70, 96, 97, 98, 221
d%k*i#%tya ! 44
d(*+apram%#oparodha ! 72
d%$ima 102
d(*+aviruddha ! 302, 531
d%na ! 36, 39, 42, 43, 108
d(*+as%marthya ! 466
d%nava ! 33
d(*+ahetuka ! 289, 527
!
!
!
!
d%nahi"s%cetan% 224
d(*+%nta ! 268, 269
d%r$hya ! 45, 154, 284
d(*+%nt%siddhi ! 268
d%rv%dy%kar*a#akriy% ! 172
d(*+i ! 505, 506, 509
d%ha 210
d(*+ivipak*a ! 507
digambara ! 35
d(*+isamprayukta ! 505
!
!
Di++ha ! 258
deva ! 35, 82
divya ! 302
devat% ! 32, 78
divyacak*us ! 80
devat%diracan%vi)e*a ! 303
d!na 321
devat%dir&pacintana ! 303
d!pa ! 190, 263, 343
Devadatta ! 127, 179, 319, 323, 470, 475
d!rgha ! 183, 185, 347
devadatt%di)abda ! 179
du,kha 90, 222, 225, 234, 507, 509, 513
devadharma ! 36
du,khat% ! 509
de)ak%ladravyaniyama ! 378
!
!
du,khadaurmanasyopadrava ! 234
de)ak%laniyama ! 210
du,khabh%van% 509
de)ak%laprayokt( ! 477
du,khasatya ! 225, 507
de)ak%l%diniyata ! 194
du,khin ! 506
de)ak%l%dibheda ! 120
du,s%dha 296
de)ak(tapaurv%parya ! 362
dur%c%ra ! 33
de)%dipar%v(tti ! 255
!
!
durbodha ! 229 durbha#atva 288, 289 !
do*a ! 80, 90, 95, 102, 105, 118, 154, 233, 239, 243, 252, 269, 282, 284, 341,
Index
610 354, 355, 372, 459, 460, 506, 507,
dharma#uddhi ! 41
508, 510, 511, 513, 517, 540
dharmasa(hit" ! 42
do!anid"na ! 510
dharmasetu ! 56
do!apratipak!a ! 231, 233
dharmah"ni ! 37
do!avat 229
dharm"dharma ! 312
do!avarjita ! 120
dharm"dharm"vabodha ! 122
!
do!avipak!as"tman ! 511
dharm"ntara ! 504
do!as"tman ! 511
dharmin ! 107
do!ahetu ! 237
dharmecch" ! 108
do!opadrava 234
dharmopacaya ! 109
doha ! 258
dharmopasa(hita ! 104
!
daurbalya ! 197
dh"tu ! 134
daurmanasya 234
dhigv"da ! 282
dyotaka ! 162
dh'ma ! 192, 201
dravya ! 155, 172, 173, 222, 504, 505
dhy"na ! 43, 303, 530
dravya#abda 258
dhruva ! 184
dravyasamat" ! 504
dhvaja ! 29
dra!$% ! 96, 97
dhvanana ! 311
druta 183, 368, 370, 479
dhvani ! 166, 168, 169, 170, 171, 174,
!
!
!
dvay"#rita ! 128, 463
185, 186, 187, 190, 204, 205, 327,
dvija ! 32, 35, 43, 149
340, 348, 349, 350, 351, 352, 353,
dvijanman 35
355, 472, 473, 477, 539
!
dvim"tra ! 479
dhvanidharma ! 185
dvi!$ha ! 259, 273
dhvanibh"ga ! 171, 174, 352, 356
dve!a 80, 108, 118, 229, 237, 461, 462,
dhvanim"tra#rava&a ! 348, 351
!
dhvanirahita ! 168
507, 508 dha$a ! 302
dhvanivivikta ! 168
dharma ! 31, 35, 36, 37, 39, 41, 42, 43,
dhvanivyatirikta ! 168, 354
44, 45, 58, 60, 63, 64, 78, 79, 93, 102,
dhvanisa(s%!$a ! 168
109, 116, 119, 121, 122, 124, 133,
dhvany"rambhaka ! 351
134, 138, 188, 289, 306, 316, 376,
nak!atra ! 244, 359
461, 504, 511, 528
nak!atrade#a ! 244
dharmanityat" 44
nagna ! 31, 32, 33
dharmanibandhana ! 40
nagn"c"rya ! 298
dharmanair"tmya ! 509
nad) ! 321
dharmaprati#ara&at" 93
napu(saka ! 471
dharmapram"&a ! 42, 43, 121
nabhas ! 35
dharmam"tra ! 188, 358, 477
nara ! 470
dharmam'la 43
naraka ! 219
dharmavidve!in ! 31
nava ! 200, 321, 464
dharmavipluti ! 39
na#vara ! 202
dharmav%ddhi 109
na!$a ! 199
!
!
!
!
Index
611
n!ga ! 103
nid!na ! 108, 109, 140, 510
n!da 166, 167, 169, 170, 183, 185, 190,
nid!nin ! 109
!
nind! ! 151
327, 329, 472, 473 n!d!bhivya"gya ! 170
nimitta ! 124, 125, 169, 258, 261, 267,
n!n!prayokt#prayukta 275 !
n!ntar$yaka ! 224, 363
275, 309, 318, 465, 511 nimitt!khya ! 164
n!ma ! 133
nimittodgraha+a ! 222
n!mak!ya ! 133, 164
nimittopalak)a+a ! 222
n!man ! 134, 138, 173
niyata ! 151, 170, 194, 316, 472
n!mabheda 529
niyat!nup%rv$ka ! 169, 327
n!mas!mya ! 371, 541
niyat!bhidheya ! 134
n!m!khya ! 164
niyama ! 78, 126, 136, 137, 162, 170, 209,
!
n!m!rthasambandha 133
210, 250, 251, 346, 359, 373, 378,
n!vy!r%&ha ! 184
507, 520, 541
!
n!'a ! 199, 202
niyam!nuv!danibandhana ! 160, 471
n!'ana 108
niy!maka ! 465
n!'it! ! 187
niyoga ! 127
n!stika ! 31, 32
nirati'aya ! 244
n!stikya 32
niranugraha ! 172
ni('e)at! ! 89
nirartha ! 158
!
!
ni('e)ado)arahita ! 80
nirarthaka ! 174, 175, 208
ni('e)!vagama 325
nirarthat! ! 375
ni('reyasa ! 19, 85, 103, 120, 221
niravayava ! 168, 332
ni(sa*'aya ! 77
nir!kara+a ! 462
nika)a 101
nir!k!ra ! 198
nik!ya ! 131
nir!tmat! ! 509
!
!
nikoca ! 241
nir!lambana ! 210
nija ! 35
nirupadrava ! 234, 511
nitya ! 78, 122, 123, 129, 130, 132, 158,
nirodhasatya ! 225
164, 166, 182, 187, 189, 194, 198,
nir+aya ! 317
231, 263, 335, 360, 364, 466, 467,
nir+$ta ! 87, 88
475, 480, 481, 540
nirdu(kha ! 234
nityat! 44, 115, 125, 129, 130, 132, 146, !
187, 189, 260, 287, 303, 462 nityatva ! 113, 187, 254, 327, 360, 477,
nirdo)a ! 10, 79, 80, 227, 229, 511 nirdo)apuru)!pal!pa ! 231 nirbh!ga ! 166, 169 nirmathana ! 293
515 nityapary!ya ! 153
nirmi'rasukha ! 244
nityav!da ! 479
nirmukti ! 460
nityas!dhana 199
nirm%la ! 142, 188
nity!vasthita ! 155
nirvastuka ! 262
nityopalabdhi ! 334
nirv!+a ! 35, 60, 78, 85, 90, 103, 104,
!
nidar'ana 39 !
111, 225, 226, 234, 504
Index
612 nirv!"agu"!nu#a$sapradar#aka ! 104
padak!ya ! 133, 164, 334
nirv!"apr!pti 226
padan!#it! ! 187
nirv!"ahetu ! 111, 226
padav!kyapratibh!sa ! 319
nirvikalpa ! 86
padasa)gh!ta ! 146
nirvibh!ga 168, 332
padasamud!ya ! 175
nirhr!s!ti#aya ! 510
padaspho'a ! 163
nivartaka ! 121
pad!digraha"a ! 279
niv%tti ! 68, 74, 78, 109, 240, 241, 289,
pad!divyavah!ra ! 177
!
!
pad!rtha ! 113, 223, 258, 263, 266, 275,
290 ni#caya 72, 75, 92, 94, 95, 225, 228, !
230, 231, 286, 307
380, 513 pad!rthatattvadar#ana ! 306
ni#cay!k!ra ! 209
payas ! 64
ni&kala 165, 325, 331
payonidhi ! 64
ni&k%&'a ! 128
parakriy! ! 210
ni&prayojana ! 147
paracitt!vabodha ! 306
ni&phala 187
paratantra ! 126, 274
n(ti ! 112, 226
parapraty!yana ! 368
n(la ! 222, 258
paraprasiddhi ! 341
nair!tmya 87, 231, 509, 516
paramata ! 239
nair!tmyajñ!na ! 231, 509, 513
paramar&i ! 75
nair!tmyadar#ana ! 90, 92, 236, 509, 516
paramas!k&(bh+ta ! 79
nair!tmyad%g!#raya 509
param!"u ! 172, 187, 279
nair!tmyad%&'i ! 509, 510
param!tman ! 107
nair!tmyabh!van! ! 103, 104, 220, 516
param!rthatas ! 207, 515
nair!tmyam!rga 509
param!rthanityat! ! 115
nair!tmy!bhy!sa ! 516
param!rthasatya ! 64
!
!
!
!
!
nair!tmy!vabodha ! 509
param!rth!#raya ! 130
pak&adharma ! 107
parampar! ! 151, 155, 192, 271
pak&ap!ta ! 233, 511, 517
paraloka ! 31, 78, 88
pa)ka 255
paravijñ!pana ! 175
pañcamah!yajña ! 29
para#le&ar+pa ! 273, 274
pañc!bhijña ! 83
parasa$jñ! ! 507
pa'a 339, 478
parasparaparih!rasthiti ! 295
pa"*ita ! 101, 389
parasparasa$har&a ! 351
pa"*ita$manya ! 282
par!rtha ! 91, 98, 367, 377, 480
pa"*itam!nin 31
par!rthav%tti ! 90
pathik!gni ! 291, 293, 528
par!v%tti ! 339
pada ! 134, 160, 161, 162, 163, 164, 170,
parikalpita ! 173, 261, 262
171, 172, 175, 176, 177, 179, 186,
parigraha ! 239, 478, 507
187, 203, 205, 207, 208, 275, 277,
pari"!ma ! 359
278, 279, 280, 304, 342, 347, 348,
parit%&yati ! 507, 508
357, 464, 468, 469, 471, 472, 476
parid!ha ! 234
!
!
!
Index
613
parip!ka ! 138, 261, 473
pit!putra ! 133
parivr!j 32
pit% ! 133, 199, 312
parisam!pt!rtha ! 165, 324
pittado#a ! 184
parisam!pti ! 160, 471
p")an!tmakatva ! 507
!
par"k#aka$manya 282
p")ita ! 43
par"k#! ! 74, 100, 105, 107, 114, 235
p"ta ! 184
par"k#!k#ama ! 100
pu$s ! 203, 225, 344, 371
par"k#!dhik%ta ! 102
pu(ya ! 33, 304
parok#a ! 70, 97, 98, 106, 111, 381
pu(yak%t ! 244
parok#!rthajñ!na 84
pu(yaloka ! 244
parok#!rthadar&in ! 81, 82
putra ! 131, 133, 312
paropak!ra ! 64
putrajanmotsava ! 312
paropade&a 287, 308
pudgala ! 60, 93, 509
parop!dhi ! 183
pudgaladharmanair!tmya ! 509
!
!
!
paryavasth!na ! 109, 234
pudgalanair!tmya ! 509
paryavasth!nadu'kha 234
pudgalapratisara(a ! 93
parvan ! 312
punarj!ta ! 321, 370
palala ! 102
puratas ! 86
pal!&a 505
puras ! 381
pa&ugh!ta ! 35
puru#ak%ta ! 146, 210
pa&uhi$s! ! 41, 43
puru#atva ! 291, 294, 295, 310, 529
p!kha()a 31
puru#atv!dihetu ! 470
p!caka ! 258
puru#adharmasa+khy!ta ! 208
p!*ava ! 90, 510
puru#ani'&reya ! 80
p!*ha 287, 346
puru#aniv%tti ! 240, 241
p!(i ! 505
puru#aparampar! ! 155
!
!
!
!
p!(inik%ti ! 147
puru#aprayatna ! 174, 207, 210, 211, 321
p!()u ! 309
puru#aprav%tti ! 74
p!()udravyatva ! 309
puru#apr"ti ! 121
p!(ya+gulasa$nive&a 303
puru#abh!van! ! 261
p!pa ! 108, 109
puru#avitarkavic!rak%ta ! 208
p!pak%t ! 32
puru#avyavah!ra ! 311
!
p!pa&odhana 113
puru#avy!p!ra ! 311, 385
p!ratantrya ! 117, 138, 249, 509
puru#asa$sk!ra ! 206, 207, 242, 252, 256
p!ramparya ! 150, 151, 205, 225, 248, 365
puru#asv!tantrya ! 252
p!ras"ka 312
puru#ahetuka ! 289
p!ri&e#ya ! 372
puru#ahetu&abda ! 289
P!rtha ! 65
puru#!khya ! 151
!
!
p!rtha&ara 65
puru#!ti&aya ! 79, 94, 228, 294, 295, 531
p!#a()a ! 31, 35, 40
puru#!dh"na ! 187, 478
p!#a()av%ddhi ! 37
puru#!dh"napr!m!(ya ! 142
p!#a()in 31, 32, 33, 44
puru#!napek#a ! 380
!
!
Index
614 puru!"ntarastha ! 149
prakar!a ! 152
puru!"rtha 85
prak"#aka ! 187, 245, 463
puru!"rth"bhidh"na ! 113
prak"#ana ! 356
puru!"rth"bhidh"yitva ! 60, 103
prak"#ita ! 473
puru!"rthopayogin 111
prak'ti ! 70, 299, 316, 317, 511
puru!"#raya ! 206, 208, 239, 243
prak'titvapr"pta ! 511
puru!"#raya$a ! 310
prak'tipratyaya ! 533
puru!ecch" ! 95, 209
prak'tipratyay"nus"ra ! 316
!
!
puru!ecch"nurodhin ! 243
prak'tibhinna ! 138, 258
puru!ecch"nuvidh"yin 208
prak'tibheda ! 261
puru!opakalpita ! 262
prak'!%a ! 152
pu!%i ! 510
prakriy" ! 298, 299
p&jana 36
prak!($"#e!ar"g"dido!aga$a ! 80
p&j" ! 34, 36, 39
prak!epa ! 315
!
!
p&rvajanmaprasara ! 314
prajñ" ! 88, 109, 241, 516
p&rvaniv"s"nusm'ti 83
prajñ"prakar!a ! 113
p&rvap&rvaprayokt' ! 463
prajñ"m"nin ! 31
p&rvap&rvavakt' ! 177
prajñ"skhalita ! 283
p&rvap&rvavar$a 203, 204
pra$ava ! 132
p&rvap&rvav'ddhadar#ana ! 358
pra$(ta ! 147, 228
p&rvap&rva#rot' ! 177
pra$et' ! 116, 130, 283
p&rvavar$abh"ga 203
pratik&lavartin ! 237, 508
p&rvavar$avi#e!a$a ! 205
pratik!a$am ! 199, 479
!
!
!
p&rvavar$asmara$a ! 205
pratigha ! 506
p&rvav"kyabh"ga#rava$a 330
pratijñ" ! 82, 288, 304, 369
p&rv"parado!avirahita ! 107
pratiniyata ! 251
!
p&rv"paravirodha ! 105, 107
pratiniyama ! 256, 346, 348
p'thak ! 161, 326, 383, 469, 471
pratipak!a ! 231, 233, 236, 509, 510
p'thagjana ! 83, 90
pratipak!am"rga ! 235
p'thagbh&ta 162
pratipak!asvapak!a ! 510
p'thagr&pa ! 168
pratipak!"bhy"sa ! 510
p'thiv(k'tsn"yatana ! 86, 88
pratipatti ! 72, 84, 140
p'!%habh"vin 278, 318
pratipatt' ! 73, 160, 170, 472
paippal"daka ! 152
pratipadam ! 161
paur"$ika ! 37
pratibaddha ! 231, 254
pauru!eya 115, 119, 138, 139, 206, 208,
pratibandha ! 202
!
!
!
243, 244, 281, 286, 289, 297, 334, 460
pratibh" ! 295, 313
pauru!eyat" ! 150, 242, 361, 527
pratibh"na ! 104
pauru!eyatva 116, 153, 311, 462
pratibh"sa ! 135, 175, 319, 333, 379
paurv"parya ! 102, 361
pratibh"sana ! 177, 478
paurv"paryavirodha ! 106
pratibh"savibhrama ! 175
prakara$a 258
pratimartyam ! 464
!
!
Index
615
pratir!paka ! 160, 368
pradh$n$rtha ! 111
pratiroddh" 306
pradhva(sin ! 172
pratilambha ! 195
prabuddhasa(sk$ra ! 203
prativar#am ! 161
prabodha ! 139, 176, 203, 314, 355
prativ$kyam 321
prabh$va ! 83, 300, 304, 306
prativ$din ! 321
prabh$svara ! 511, 516
prativedha ! 82, 305, 306
pram$#a ! 9, 18, 19, 42, 43, 61, 69, 70,
!
!
prati%ara#a ! 93
72, 73, 75, 77, 79, 84, 87, 88, 89, 91,
pratisara#a ! 93
92, 93, 94, 97, 104, 111, 117, 118,
pratis$dhana 148
120, 141, 142, 197, 199, 219, 226,
pratyak&a ! 39, 69, 70, 88, 105, 113, 120,
227, 228, 253, 284, 286, 335, 348,
!
124, 128, 142, 147, 151, 192, 197,
349, 364, 381, 460, 464, 527
198, 199, 203, 221, 228, 267, 463,
pram$#atraya ! 69
467, 475, 478, 541
pram$#aparid"&)$rtha ! 515
pratyak&adharman ! 79
pram$#apuru&a ! 77
pratyak&apratyabhijñ$na 317, 475
pram$#abh!ta ! 19, 60, 77, 89
pratyak&ab$dh$ ! 383
pram$#abh!tadv$raka ! 92
pratyak&aviruddha ! 199, 303
pram$#abh!tapuru&a ! 77
pratyak&astha 467
pram$#av$da ! 13
pratyak&$num$n$gamya ! 110
pram$#avirodha ! 113
pratyabhijñ$ ! 198, 364, 475, 477, 479
pram$#asa(v$din ! 515
pratyabhijñ$na 197, 198, 199, 203, 317,
pram$#asa*khy$vipratipatti ! 9
!
!
!
318, 321, 367, 370, 381, 475, 479,
pram$#$ntar$b$dhana ! 105
540, 541
pram$#$vat$ra#a ! 284
pratyaya 111, 119, 164, 191, 199, 204, !
205, 206, 208, 299, 316, 317, 338, 473, 475, 478, 511, 533
prayatna ! 174, 207, 210, 211, 321, 342, 366, 517 prayatnaprerita ! 374
pratyayahetu ! 129
prayatnavy$p$ra ! 363, 364
pratyay$dh'natva ! 507
prayatn$bhini&panna ! 351
pratyayitapuru&a 119
prayatn$bhihata ! 184, 344, 475, 480
pratyayotpatti ! 509
prayokt" ! 153, 275, 276, 463, 477
!
praty$yaka ! 122, 187
prayoga ! 197, 287, 297, 367, 368, 381
praty$yakasambandha 140
prayoga%$stra ! 154
praty$yana ! 172, 173, 187
prayogecch$ ! 258
praty$yya ! 122
prayojana ! 103, 149, 249, 522
praty$v"tti 473
pravakt" ! 96, 97, 150, 152, 154, 283, 284
praty$satti ! 466
pravacana ! 76, 154, 155
!
!
pratyucc$ra#am ! 464
pravartaka ! 121
pratyupasth$pana 385
pravartana ! 228
pratyekam ! 172, 275, 355, 464
pravartitavya ! 74
prad'pa ! 190, 245, 246, 264
prav$da ! 116
pradh$na 70, 223
prav$hanityat$ ! 129
!
!
Index
616 prav!tta ! 72, 74
bakav!tti ! 33
prav!tti 72, 74, 78, 86, 121, 224, 229,
bandhak& ! 113
!
241, 258, 313, 314, 380, 465
barhipicchadhara ! 35
prav!ttik"ma ! 72, 225
bal"ka ! 192
prav!ttinimitta 258
balvaja ! 172, 173
prav!ttivi#aya ! 19
bahi#k"rya ! 32
!
prave$a ! 199
bahum"na ! 233
pra$ama ! 234
bahuvr&hi ! 295
pra$amasukha ! 390
bahu$"kh"dhy"yin ! 152
pra$astat" 89
b"dha ! 199, 460, 479
pras"ritamukha ! 65
b"dhaka ! 219, 231, 296, 306, 461, 475,
!
prasiddha ! 113, 182, 210, 383
478, 509
prasiddhab"dh" 383
b"dhakotpattis"marthyagarbha ! 511
prasiddhaviparyaya ! 113
b"dh" ! 288, 383, 511, 526
prasiddhi ! 111, 113, 153, 225, 262, 265,
b"rhaspatya ! 359
!
b"la ! 124
341 prah"%a ! 89, 108, 225, 237, 509
b"lonmatt"div"kya ! 142
prah&%"$e#ado#a ! 80
b"hya ! 176, 217, 254, 258, 332
prah&%"srava 90
b"hyat"rkika ! 40
pr"k!ta ! 470
b"hyanimitta ! 235
pr"k!tapuru#a ! 71, 82
b"hyasvalak#a%a ! 218
pr"k!tasakti 64
b"hy"rthapratibaddha ! 231
pr"kprabuddhasa'sk"ra ! 203
bimb" ! 56
pr"galbhya ! 113
b&ja ! 166, 170, 193, 209, 232, 472, 473,
!
!
pr"%in 282
513
!
pr"%ihi's" ! 288
buddhadharma ! 63
pr"durbh"va ! 237
buddhavacana ! 105, 133, 152
pr"dh"nya ! 238
buddhav"kya ! 154
pr"pa%a$akti ! 19
buddhav"kyasam"khy" ! 154
pr"pyak"ritva 342
buddha$"stra ! 44, 154
pr"m"%ya ! 19, 44, 70, 73, 74, 75, 77, 84,
buddhasa)gati ! 28
!
92, 96, 97, 116, 117, 118, 141, 142,
buddh"gama ! 99
154, 217, 224, 239, 358, 460, 519
buddhi ! 90, 120, 138, 141, 164, 166, 168,
pr"$astya ! 151
170, 171, 176, 177, 179, 182, 183,
pr&ti ! 121, 244
185, 196, 198, 222, 233, 235, 261,
prek#"p(rvak"rin 61, 72
278, 279, 280, 313, 348, 382, 464,
prek#"vat ! 61, 74, 78, 103
465, 468, 472, 473, 479, 511
!
prek#"vatt"h"ni ! 74
buddhicitrit" ! 266
prerita 140, 186, 374
buddhiparikalpita ! 261, 262
pluta ! 183, 347
buddhip(rva ! 95
phalas"dhanop"ya ! 103
buddhim"ndya ! 251
phal"rthin 103
buddhir(pav"gvijñapti ! 140
!
!
Index
617
buddhistha ! 165
bh$ta ! 32, 87, 88, 92, 515
buddhokta 111
bh$taday! ! 80, 96
buddhotp!da ! 134
bh$t!k!ra ! 235
bubhutsu ! 94
bh$t!nugraha ! 80
bodha 79, 229, 461
bh$t!rtha ! 511, 512, 513, 515, 517
bauddhagrantha ! 42
bh$t!rthagraha#a ! 504
!
!
bauddh!gama ! 35, 36
bh$t!rthadar(ana ! 234, 504
bauddh!rtha ! 135
BH)- ! 317
baudh!yana ! 156
bhai"ajya ! 78
brahmar"i 82
bhokt% ! 113
br!hma#a ! 29, 32, 36, 38, 41, 43, 121,
bhrama ! 184, 517
!
bhr!nta ! 86, 184, 318, 504
233 br!hma#ad$"a#a 43
bhr!nti ! 35, 41, 150, 168, 184, 198
bhaya ! 80
ma ! 123
!
bhart% ! 29, 312
ma#*ala ! 16, 43, 303, 530
bhavasa&ka'a 35, 36
ma#*$kavas! ! 184
bhavit!tman ! 80
mata ! 61, 64, 222, 239, 383
bhasman ! 517
mati ! 82, 83, 179, 198, 280, 305, 306,
!
bh!ga 168, 169, 171, 172, 174, 203, 330, !
331, 352, 356, 539
464, 468, 469, 471 mada ! 118
bh!rat!dhyayana ! 308
madanatrayoda(+ ! 312
bh!vana 508
madanotsava ! 312
bh!van! ! 85, 86, 87, 139, 220, 261, 508,
madhura ! 109, 184
!
madhya ! 183, 368, 370
509, 516 bh!van!ja 88
manas ! 118, 300, 341
bh!van!ni"patti ! 85
manask!ra ! 232, 510, 513
!
bh!van!parini"patti ! 88
manovikalpa ! 176
bh!van!pratibh!sin ! 139
manovijñ!na ! 175, 278
bh!van!balanirmita ! 85, 86
mantra ! 6, 39, 81, 82, 83, 96, 145, 153,
bh!van!maya 85
154, 283, 289, 299, 300, 301, 302,
bh!van!hetuka ! 85
303, 304, 305, 307, 526, 530, 531
!
bh!van!hetuni"pattika ! 85
mantrakalpa ! 83, 301, 302, 304
bh!va(akti 81, 82, 300
mantrak!rin ! 304
bh!vika ! 74, 138, 248, 273
mantrak%t ! 153, 304
bh!"ya ! 130, 460
mantrakriy!s!dhana ! 82, 305, 307
bh!"yak!ra 201
mantratva ! 291, 303, 530
bhik"u ! 30, 101
mantray!na ! 15, 16, 17
!
!
bhinna ! 177
mantrahetu ! 82, 306
bhinnapral!pit! 104
manda ! 474
bhinn!k!r!vabh!sin ! 474
mandac!rin ! 205
BHUR- ! 317
mand+k%tas!marthya ! 510
bh$ 511, 516
mama ! 236, 507, 508
!
!
Index
618 mala ! 503, 511, 515
m%la ! 32, 108, 506
!
mahar!i 130
m&ta ! 312, 479
mah"karu#" ! 80
m&da*ga ! 346
mah"tman ! 37
m&dutva ! 183
mah"pade$a 93
m&!" ! 142
mah"bh%mika ! 505
Meru ! 244
mah"malla ! 80
merup&!'ha ! 244
mah"muni ! 90
Maitreya ! 35, 36, 37
mah"vih"ra ! 47
mok!a ! 34, 103
m"gadha 44
mok!op"ya ! 78
m"#avaka ! 323
moha ! 80, 108, 222, 237, 238, 503, 506
m"t& ! 199
moha$"stra ! 34, 36, 37, 41, 45
m"tr" 183
mohasatk"yad&!'i ! 238
m"tr"k"la ! 479
mohita ! 35
m"trika ! 479
mleccha ! 37, 38, 312
!
m"na 77, 80, 118
yajus ! 44
m"nava ! 41
yajña ! 43
m"nasa ! 69, 332, 333, 468
yajñakarmakal"pa ! 35
m"ndya 251
yajñokta ! 41
m"y"puru!a ! 34, 35, 45
yatna ! 188, 200, 210, 233, 235, 469, 511
m"y"maya ! 34
yath"k"mam ! 136
m"y"$"stra 34, 36, 37
yath"dar$anam ! 313
m"ra ! 321
yath"d&!'"rthav"din ! 119
m"rga ! 78, 233, 234, 235, 236, 509, 511,
yath"pratijñ"ta ! 304
!
!
!
!
!
yath"pratyayam ! 511
517 m"rgad&!'i ! 108
yath"bh"vam ! 218
m"rgasatya ! 225
yath"bhipr"ya ! 255
m"l" ! 200
yath"bhipr"yam ! 316
m"$aka ! 153, 155
yath"bh%t"khy"na ! 300
m"!aka 302
yath"bh%t"rthacikhy"payi!" ! 75, 96
mitrapak!a ! 237
yath"bh%t"rthadar$in ! 79
mithy" ! 175, 177, 316, 461
yath"rtha ! 79, 94, 227, 243
mithy"jñ"na 118, 510
yath"rthadar$ana ! 79
mithy"tva ! 118, 177, 240, 244
yath"rthanivedana ! 80
mithy"rthatva ! 241
yath"rthaprak"$aka ! 245
mithy"v"da 283
yath"vasthita ! 132
mithyopalabdhi ! 503
yath"vasthitavastvagraha#a ! 504
m(lana ! 102
yath"sa*ketam ! 241
mukti 509
yatheccham ! 209
mukhodgata ! 92
yathe!'am ! 230
mu#)a ! 35
yad&cch"$abda ! 258, 465, 522
mudr" 303, 530
yad&cchika ! 134
!
!
!
!
!
Index
619
ya!as ! 44
r"gadve$avivarjita ! 80
y"ga 121, 142
r"gapratigha ! 506
y"jñika ! 143
r"g"didu$)a ! 35, 36
!
y"th"tathya ! 72
r"g"diviyukta ! 80
y"vadvegam 480
r"g"diviraha ! 234
yukti ! 61, 90, 93, 100, 105, 302, 505
r"g"disa'mukh#bh"va ! 234
!
yuktijña ! 191
r"ja ! 321
yuktipar#k$ita ! 93
r"jacihna ! 245
yuktipratisara%a ! 93
r"j"dhir"ja ! 16
yuktiprasiddhaka 69
r"ma ! 321
yuktimat ! 35, 36
r&*ha ! 198
yuktim&la ! 39
r&*hi ! 316, 317, 533
yuktiyojita 35, 36
r&pakrama ! 540
yuktivirodha ! 315
r&pa!le$a ! 138, 249, 274, 275
yukti!"str"virodhiv"c ! 105
r&paskandha ! 133, 222
yuktisaha 35, 36
reph"k"ra ! 205
yukty"gama ! 90
roga ! 78
!
!
!
yugapacchrava%a ! 348
rogahetu ! 78
yugapatsmara%a 333, 468
laghuv+tti ! 347
yugapad ! 347, 466, 467
lajj" ! 118
y&pa ! 29
l"ghava ! 382
yogin 85, 87, 88, 91
l"bha ! 39
yogipratyak$a ! 87
li(ga ! 107, 203, 223, 268, 271, 307, 338,
!
!
yogya ! 136, 367
379
yogyak$a%a 191
li(gatrair&pya ! 107
yogyat" ! 131, 132, 135, 136, 185, 191,
li(gabuddhi ! 120
!
192, 196, 247, 248
li(gavyabhic"ra ! 230
yogyat"sa'vid ! 131
li(gasa(kara ! 95
yogyatva ! 191, 192
li(g"r"dhana ! 36
yogyade!"pek$atva 343
l&napunarj"ta ! 321, 370
yogyade!"vasth"na ! 191, 196, 263
loka ! 65, 127, 179, 182, 190, 244, 258,
!
yoni ! 506
280, 330, 475
yaugapadya 171, 172, 173, 466, 467, 468
lokaprasiddha ! 383
rakt"mbara ! 35
lokaveda ! 131
racan" ! 186, 187, 208, 294, 303, 304
lok"nugraha ! 80
racita 311, 313
lokopasa(graha ! 40
rajas ! 80, 222
lokopah"sa ! 44
rajj& ! 172, 517
lobha ! 43, 80, 109, 118
rath"(ga 466
loh"kar$a%a ! 343
rasa ! 276, 321, 328, 384, 461
laukika ! 134, 211, 289, 297, 301, 304,
!
!
!
r"ga ! 80, 107, 108, 109, 118, 222, 229, 236, 506, 509, 513
317, 361, 468 laukikav"kya ! 311, 527
Index
620 va!"a ! 184
vartmagrahabhim#na ! 331
vaktuk#mat# 334
vardivyatirikta ! 275, 277
vakt$ ! 70, 111, 118, 135, 137, 140, 141,
varnukrama ! 210, 332
!
177, 188, 459, 460, 464, 477, 478 vakt$tva 310, 532
varnup*rv' ! 159, 181, 210, 256, 317, 357, 538, 540, 541
!
vakt$tvas#m#nya ! 310
varnubhava ! 176, 179, 278, 280
vakt$tv#dili%ga ! 307
var"ramadharma ! 31, 36, 46
vakt$pr#m#&ya ! 142
var"ramavivarjita ! 34
vakt$"rot$dh' ! 464
var&opalabdhi ! 363
vakt$sant#na 204
vartam#nak#la ! 470
vakt$stha ! 204
va"'kara&a ! 39
vaktrekatva ! 346
vasantotsava ! 312
vacan#%ga 275
vastutas ! 224, 225, 261, 313, 327
va(e va(e ! 285
vastudharma ! 87
vana ! 321, 505
vastudharm#tikrama ! 113
var&a 125, 157, 159, 163, 164, 166, 167,
vastudharm#natikrama ! 210
!
!
!
170, 172, 174, 175, 177, 182, 183,
vastubalaprav$tta ! 71, 219, 221
185, 187, 188, 189, 203, 204, 205,
vastubalabh#vin ! 221
206, 207, 208, 209, 277, 279, 317,
vastubal#y#ta ! 71
321, 327, 330, 331, 333, 342, 348,
vastubh*ta ! 138, 266, 273, 384, 385
352, 357, 360, 362, 368, 377, 383,
vahana ! 466
465, 467, 468, 469, 472, 477, 479, 540
vahni ! 192, 293
var&akrama ! 176, 177, 207, 281
v#kkarman ! 229
var&atur'ya ! 171, 172
v#kchabda ! 173
var&ani)patti 279
v#kya ! 35, 39, 157, 158, 159, 160, 161,
!
var&apadakrama ! 303
162, 164, 165, 167, 169, 170, 171,
var&apadaracan# ! 304
172, 175, 177, 179, 181, 203, 205,
var&apadav#ky#bhidh#na ! 205
240, 243, 280, 286, 290, 296, 311,
var&abh#ga ! 172, 174, 203, 331
323, 325, 327, 330, 331, 332, 342,
var&ar*p#sa!spar"in 167
347, 348, 357, 362, 382, 464, 469,
var&av#da ! 178, 277, 357, 384
472, 473, 476, 540, 541
!
var&av#din ! 179, 275, 332, 344, 348, 536
v#kyanityat# ! 146
var&avibh#ga 167, 168, 170, 327
v#kyapratibh#sa ! 319
var&avyaktikrama ! 181
v#kyabh#ga ! 330
var&avyañjaka ! 169
v#kyaspho(a ! 164, 334
var&avyatirikta 158, 163, 167, 332, 357
v#ky#rtha ! 160, 161, 162, 325
var&avyatireka ! 166, 469
v#gvijñapti ! 140, 175, 205
var&asamud#ya ! 175, 203
v#caka ! 126, 127, 128, 158, 165, 166,
!
!
var&aspho(a 167
167, 168, 171, 175, 187, 188, 245,
var&asvar*pakrama ! 181
249, 266, 323, 350, 351, 352, 355,
var&asvalak)a&a ! 175
525, 539
!
vartirikta 187 !
v#cakatv#%ga ! 275
Index
621
v!caka"akti ! 126, 246
vigama ! 374, 375, 382, 541
v!coyukti 44, 305
vig!na ! 94
v!cyatva ! 126
vicak&a%a ! 37, 69, 93
!
v!cyav!cakat!sambandha ! 245
vic!ra ! 112, 208, 209, 226
v!cyav!cakatva 132
vic!ra"'nya ! 515
v!cyav!caka"akti ! 132
vic!rita ! 171, 224
v!cyav!cakasambandha ! 125, 525
vicchinnakriy!samprad!ya ! 286
v!cyav!cakas!marthyaniyama ! 126
viccheda ! 172
v!cya"akti ! 126, 246
vijugups! ! 233
v!da 102
vijñapti ! 140, 175, 205
v!din ! 79
vijñ!na ! 117, 174, 175, 191, 192, 193,
!
!
v!diprativ!disiddha ! 321 v!naprastha 30, 32 !
v!narah#ta ! 65
194, 196, 198, 204, 222, 278, 333, 369, 380, 382, 467, 468, 511, 515, 541 vijñ!namaya ! 34, 35
v!yava ! 186
vijñ!naskandha ! 222
v!yav$y!vayava 374
vijñ!pana ! 175
v!yu ! 184, 186, 344, 374, 475, 480
vijñeya ! 188
v!rttika ! 130
vi(hapana ! 385
v!san! 90, 135, 138, 175, 176, 177, 232,
vitathajñ!nahetu ! 245
!
!
vitathavikalpav!san! ! 513
259, 513 v!san!parip!ka ! 261
vitath!bhidh!na ! 111, 227
v!san!prabodha 176
vitarka ! 208, 209
v!stava ! 107, 127, 138, 258, 262, 266,
vitarkavic!rak#ta ! 208
!
vidagdha ! 298
273 v!sy! 377, 380
vidyam!n!tman ! 511
v!sy!dicchid! ! 368
vidy! ! 90, 503, 504
!
v!ha ! 258
vidy!k&ara ! 301
v!haya ! 105
vidy!va%ij ! 31
vikarmastha ! 33, 44
vidy!sth!na ! 42
vikalpa 41, 135, 136, 138, 140, 175, 176,
vidvas ! 140
177, 196, 207, 208, 209, 210, 231,
vidh!t# ! 283
261, 316, 373, 376, 504, 510, 513
vidh!na ! 301
!
vikalpan! 210
vidhi ! 36, 121, 295, 304
vikalpanirmita ! 339
vidh'takalpan!j!la ! 86
vikalpapratibh!savibhrama ! 177
vidheya ! 102, 121, 151
vikalpav!san! 176, 513
vinaya ! 12
vikalpav!san!prabodha ! 176
vinarmakal!vidagdha ! 298
vikalp!nukrama ! 208
vina&(a ! 199, 200, 479, 480
vikalpita 208
vin!"a ! 113, 199, 201, 202, 232, 385,
!
!
!
vik!ra ! 170, 472
462, 478
vikurva%a ! 110
vin!"adv!re%a ! 378
vik#ta 169
vin!"it! ! 187, 199, 477
!
Index
622 vin!"itva ! 199, 200
vivak$! ! 70, 135, 136, 137, 141, 177, 187,
vin!"itv!num!na 181, 201, 375, 378, !
204, 217, 218, 254, 289, 478 vivak$ita ! 188, 294, 465, 477, 478
381, 385 vinind! ! 35
vivak$it!rthaviparyaya ! 271
!
viniyata 258, 359
viv!da ! 338
vin#la ! 86
vivikta ! 168
vipak$a ! 203, 286, 309, 310, 507, 509,
viv&tta ! 170 viveka ! 230, 267, 297, 350, 379
511 vipak$as!tman ! 511
vivekin ! 267
vipar#ta 315, 460, 507
vivekin ! 267
viparyaya ! 271, 475, 477, 511, 513
vi"uddha ! 106
vipary!sa ! 209, 245
vi"uddhi ! 108, 110, 302
vipa"yan! 234, 516
vi"e$akhy!ti ! 193
vipa"yan!bhy!sa ! 235
vi"e$av&tti ! 258
vipa"yan!m!rga ! 235
vi"e$a"abda ! 160
vipa"yan!s!tman 235
vi"e$!num!na ! 269
vip%yaka ! 86
vi$a ! 39, 302, 343
viprakar$in ! 78
vi$ama ! 113
viprak&$'a 67, 78
vi$astambhana ! 300
vipratipatti ! 147
vi$!dyapanayana ! 211
viprayukta ! 133, 164
visa*v!da ! 118
viprayoga 184
visa*v!daka ! 227
vipralabdha ! 321
visa*v!dabh!j ! 221
!
!
!
!
!
vipralambha ! 111
visa*v!da"a(k! ! 243
vipralambhana"a(kin 84
visa*v!d!bhipr!ya ! 218
vibandhaka ! 335
visad&"a ! 331
!
vibhakta ! 226
visarga ! 182, 206, 466
vibhakti ! 136
visarjan#ya ! 182, 205, 466
vibh!ga ! 167, 170, 184, 223, 327, 480,
vih!ra ! 29, 30, 43, 57 vihita ! 122
507 vibh!garahita ! 168
vihitaprati$iddha ! 122
vibhutva ! 475, 477
v#)! ! 381
vibhrama 175, 177
v#tar!ga ! 95, 310
vimar"a ! 209
v&tti ! 72, 176, 323, 347, 360
viyoga ! 374, 480
v&ddha ! 124, 127, 128, 182, 463, 466
viruddha 198, 199, 201, 203, 251, 369,
v&ddhadar"an!y!ta ! 358
!
!
v&ddhavyavah!ra ! 123, 124, 127, 244
508 viruddhahetu ! 541
v&ddhi ! 37, 123, 148
virodhodbh!vana 107
v&ddhi"abda ! 147
vilak$a)a ! 478
vega ! 184, 186, 480
vilambita ! 183, 368, 370
ve)u ! 346
!
vedaka ! 84
Index
623
vedakara!a ! 296
vai"rava!a ! 285
vedakara!a"akti 295
vyakta ! 160, 330
vedak#raviyogin ! 470
vyakt#vyakta ! 329, 474
vedatva ! 291, 529, 531, 532
vyakti ! 166, 169, 183, 184, 189, 191, 256,
!
vedadharma 36
257, 259, 330, 362, 375, 382, 479,
vedan#dravya ! 505
540, 541
!
vedan#skandha ! 222
vyaktik#raka ! 375
vedanindaka ! 31, 32
vyaktikrama ! 382, 540
vedanind# ! 32
vyaktivi&ayatvakrama ! 362
vedap#$ha 287
vyaktopavyañjana ! 160
vedapr#m#!ya ! 97, 113, 239, 519
vyaktyanukrama ! 327
vedapr#m#!yasiddhi ! 154
vya)gya ! 190, 192, 193, 194, 246, 254,
!
vedab#hya 33, 44
264, 265, 331, 371, 372, 375
!
vedabr#hma!ad%&a!a ! 43
vyañjaka ! 169, 183, 185, 189, 190, 192,
vedabh#ga ! 96, 97
193, 246, 331, 352, 372, 375, 479
vedam#rga 35
vyañjakadhvani ! 166, 170, 186
vedam#rg#nus#rin ! 37
vyañjakavyakti ! 183
vedam%la ! 42
vyañjakas#d'"ya ! 473
!
vedam%l#natikrama 42
vyañjak#nukrama ! 170
vedarak ! 149
vyañjana ! 134, 183
vedaracan# ! 294
vyañjanak#ya ! 133, 164
vedav#kya 116, 286, 316
vyatirikta ! 166, 167, 168, 169, 247, 248,
!
!
vedav#din ! 462
265, 267, 275, 277, 327, 332, 350,
veda"#kh# ! 44, 155
354, 357, 469
vedasiddh#nta 44
vyatireka ! 166, 169, 210, 277, 289, 469
vedasm'tyudita ! 35
vyatirekavy#pti ! 286
ved#dhyayana ! 148, 212, 294, 296, 299,
vyatirekin ! 168
!
vyath# ! 234
308, 470 ved#dhyayanap%rvaka ! 296
vyadhikara!abahuvr*hi ! 295
ved#dhyayan#ntarap%rvakatva 294, 299
vyapagat#"e&ado&a ! 80
ved#pauru&eyat# ! 116, 519
vyapeta ! 466
vedaikade"a ! 113
vyabhic#ra ! 192, 197, 253, 282, 293, 297,
!
vaikalya 202, 269, 307 !
308, 313, 314, 381
vaigu!ya ! 334, 338
vyabhic#rin ! 290, 294, 318
vai(#lavratika ! 33
vyartha ! 243, 281
vaidika 83, 147, 211, 254, 289, 290, 296,
vyavaccheda ! 115
!
301, 304, 311, 317, 460
vyavadh#na ! 339, 466
vaiphalya ! 91
vyavasth# ! 267, 272
vaiyarthya 161
vyavasth#na ! 272, 358, 540
vaira ! 234
vyavasthita ! 332, 359
!
vair#gya ! 43, 79, 80, 229 vailak&a!ya 372 !
vyavahart' ! 147
Index
624 vyavah!ra ! 95, 125, 127, 130, 135, 138,
%akyapariccheda ! 110, 224
147, 177, 178, 188, 244, 258, 262,
%akyavic!ra ! 73
298, 311, 313, 314, 464, 465
%aky!nu&'h!na ! 103
vyavah!rak!la ! 147, 177
%a(k! ! 72, 243
vyavah!ranitya 182, 189
%a'ha ! 33
vyavah!ranityat! ! 115, 125, 129
%apatha ! 302
vyavah!rabh!van! ! 139
%abara ! 83, 301
vyavah!ral!ghava ! 382
%abda ! 9, 10, 70, 76, 98, 117, 123, 124,
!
vyavah!rav!san! ! 259
125, 126, 128, 129, 130, 131, 136,
vyavah!rav!san!parip!ka 138, 261
137, 138, 139, 140, 141, 147, 158,
vyavah!raviccheda ! 172
160, 161, 164, 169, 170, 172, 173,
vyavah!r!bhy!sa ! 138, 262
174, 179, 181, 182, 184, 185, 186,
!
vyavah!rin 147
189, 193, 195, 200, 201, 203, 222,
vyavahita ! 67, 474
225, 241, 244, 245, 246, 247, 248,
vyasana ! 64, 72
253, 254, 256, 258, 270, 271, 286,
!
vy!khy!na 316
289, 297, 311, 341, 342, 343, 344,
vy!gh!ta ! 236
347, 364, 365, 366, 369, 371, 372,
!
vy!dhi ! 109
375, 377, 381, 460, 463, 465, 468,
vy!pakaviruddha 369, 370
469, 470, 472, 473, 474, 475, 477,
vy!p!ra ! 164, 190, 246, 296, 330, 343,
479, 480, 522, 540, 541
!
%abdado&odbhava ! 459
364, 385, 472 vy!pit! 158, 540
%abdanityatvakalpan! ! 187
vy!pin ! 158, 343, 538
%abdanirde%ya ! 476
vy!pta ! 369
%abdap"rvatva ! 148
vy!pti 109, 202, 286, 299, 300, 527, 532
%abdaprayoga ! 258, 297
vy!ptyasiddhi ! 294
%abdaprayogecch! ! 258
!
!
vy!m"#ha ! 42, 197
%abdabodha ! 184
vy!moha ! 198
%abdar"pa ! 165, 167, 170, 171, 349, 353
vy!v$tti ! 511
%abdav$ddh!bhidheya ! 128
vy!v$ttika 286
%abdavyañjaka ! 169
vy!v$ttibheda ! 253, 272
%abda%akti ! 131, 246
vy!hat!gama ! 74
%abdastha ! 246
vy!h!ra 231
%abdasmara)a ! 203
vyutkrama ! 329
%abdasvalak&a)a ! 174, 218, 364
vyud!sa ! 258
%abd!k!rasa*sargayogya ! 136
vyoman 184, 186, 476
%abd!tman ! 165, 166, 167, 218, 354, 356
%akta ! 194, 466, 511
%abd!bhivyaktihetu ! 185
%akti ! 82, 83, 125, 126, 127, 128, 132,
%ar+ra ! 505
!
!
!
184, 185, 191, 193, 210, 246, 271,
%!kyagrantha ! 44
294, 295, 300, 305, 306, 345, 348,
%!ky!digrantha ! 153
362, 463, 466, 476, 511
%!kh! ! 43, 44, 152, 153, 155, 283
%aktisambandhakalpan! 271 !
%!kh!dhy!yin ! 152
Index
625
!"kh"!ik#" ! 42
!aighrya ! 179, 470
!"bda 9, 10, 70, 97, 98, 141, 249, 253
!aila ! 65, 342
!"l" ! 200
!ai!avamantra ! 154
!"ly"divahana ! 467
!odhanas"marthya ! 108
!"!vata 508
!obha ! 39, 41
!"sana ! 91
!aukra ! 359
!"st$ ! 30, 56, 87, 89, 90
!raddh" ! 241, 348
!"st$tva ! 92
!raddheya ! 99
!"st$tvasampad ! 90
!rava%a ! 325, 326, 330, 347, 348, 350,
!
!
!"stra 29, 32, 34, 36, 39, 42, 44, 60, 76,
351, 473, 476
78, 85, 96, 102, 105, 115, 154, 299,
!r"ddhadharma ! 36
381
!r"ddhopagh"taka ! 33
!
!"strak"ra 240
!ruta ! 68, 76, 245
!"strado#"nudar!in ! 31
!rutavat ! 282
!"stradharma ! 102, 113
!rutipar&k#" ! 10
!"straparigraha 106
!rutim(la ! 41
!"stralak#a%a ! 78
!rutivirodha ! 39
!"strav"da ! 80
!rutivihita ! 41
!"stra!ar&ra 113
!rutism$tisa*v"din ! 39
!"str"dhik"ra ! 68
!re%i ! 51
!"str&ya ! 361
!reyas ! 92, 121
!ik#" 42
!reyaskara ! 120
!ira'kamp" ! 353
!rot$ ! 128, 140, 173, 177, 186, 463, 464
!ivap(j" ! 36
!rot$sant"na ! 204
!i#)a 42, 76, 115
!rotra ! 174, 182, 184, 474, 476
!i#ya ! 149
!rotrajapratyabhijñ" ! 475, 477
!
!
!
!
!
!i#y"c"ryasambandha ! 149
!rotrade!a ! 342
!&ghratva ! 183
!rotrabuddhi ! 182
!&tala ! 109
!rotramanas ! 468
!&to#%aspar!a 231
!rotravijñ"na ! 174, 204, 205, 278, 369
!&r#a ! 166
!rotriya ! 186, 233
!
!&la ! 109, 244
!rotriy"vasth" ! 233
!&lavratapar"mar!a 108
!rotrendriya ! 174, 342
!uddha ! 107
!rauta ! 34, 36, 38
!uddhi ! 41, 142
!rautasm"rtaviruddha ! 34
!(dra 37, 42, 43
!le#a ! 138, 274
!(nya ! 507, 515
!le#man ! 109
!(nyacetana ! 44
!lai#mika ! 109
!(nyat" 111
!loka ! 473
!(nyat"d$#)i ! 92, 509
!vam"*sa ! 143
!(nyav"da ! 34
!veta ! 184
!e#avat 310
#o+a!"k"ra ! 507
!
!
!
!
Index
626 sa!kr"nti ! 460
sakala&ruti ! 330
sa!jñ" 241, 507
sakal"sakalavar%abh"ga ! 331
sa!jñ"kart# ! 173
sak"ra ! 205
!
sa!jñ"karman ! 70
sak#t ! 278, 464
sa!jñ"sa!jñilak$a%a 122, 125
sakha%*apak$a ! 161
sa!jñ"skandha ! 222
sa+k'r%a ! 128
!
sa!nikar$a ! 151
sa+k'ryante ! 252
sa!nive&a ! 303
sa+keta ! 132, 133, 134, 137, 164, 175,
sa!ny"sa ! 30
177, 243, 245, 254, 271
sa!mukh'bh"va 234
sa+ketita ! 320
sa!yoga ! 184, 222, 374, 480
sa+khy"ta ! 208
sa!yogavibh"ga ! 184, 186, 480
sa+khy"bh"va ! 377, 480
sa!vatsara 359
sa+gat"rthat" ! 102
sa!v"da ! 117
sa+gha ! 29, 48, 93
sa!v"din ! 39, 88, 515
sa+gh"ta ! 148, 323
sa!v#tisatya 64
sa+gh"r"ma ! 53, 54
sa!vyavah"ra ! 123, 124, 147, 200
sacaila ! 33
sa!&aya ! 111, 118, 240, 251, 316, 460
saj"t'yop"d"na ! 193
sa!&ayita 72
sat ! 37, 246, 481
sa!&le$a ! 122, 138, 139, 248
satk"yadar&ana ! 236, 503, 506
sa!sarga ! 135, 136
satk"yad#$(i ! 237, 238, 503, 506, 509, 513
sa!s"ra 91, 233, 312, 508, 509
satk"yad#$(ipratipak$a ! 236
sa!s"ragu%"nu&a!s"pradar&aka ! 104
satk"ryav"din ! 376
sa!s"ramocaka ! 312
satt"gr"hakapram"%a ! 348
sa!s"rin 90
sattopadh"na ! 177
sa!s#$(a ! 138, 139, 168
sattva ! 202, 222, 320, 353
!
!
!
!
!
!
sa!sk"ra ! 98, 133, 164, 176, 177, 184,
sattvagraha ! 506
185, 203, 206, 207, 219, 242, 252,
sattvadar&ana ! 506
256, 313, 314, 316, 333, 344, 345,
sattvasabh"gat" ! 63
355, 468, 504, 509, 536, 538
sattv"num"na ! 201
sa!sk"radu)khat" ! 509
satprayoga ! 200, 201, 367, 541
sa!sk"rapratiniyama ! 346
satya ! 82, 87, 92, 99, 119, 142, 240, 305,
sa!sk"raprabodha 203 !
306, 507
sa!sk"raskandha ! 133, 222
satyacatu$(aya ! 88, 92, 111, 226, 507
sa!sk"r"dh"nat"ratamyaprabodha ! 355
satyatapa)prabh"vavat ! 300
sa!sk"rya 138, 139, 259
satyatapomaya ! 82
sa!sk#ta ! 99, 185, 186, 344, 538
satyatvak"ra%a ! 240
sa!sk#ti ! 185
satyavacana ! 39, 43
sa!har$a 351
satyav"din ! 76, 99, 461, 462
sa!h#tasarvab'ja ! 166
saty"n#tavi&uddhi ! 302
sakalav"ky"rthaprat'ti ! 161
saty"bhidh"na ! 113
sakala&rava%a 473
saty"rtha ! 79, 227, 241, 515
!
!
!
Index
627
sad!"a ! 198, 199, 321
samutth$pana ! 204, 205
sadbh#ta 87
samudayasatya ! 225
sadbh#t$rthopade"aka ! 80
samud$ya ! 171, 172, 173, 175, 203
san$tana ! 116
samudita ! 327, 355
santati 191
sampad ! 60, 90
sant$na ! 191, 204, 503, 531
samparka ! 33
!
!
sandar"itatva ! 385
sampratipatti ! 123, 147
sandigdha ! 302
sampratipannat$ ! 147
sandigdhavipak%avy$v!ttika ! 286, 310,
sampratibaddha ! 507 samprad$ya ! 82, 271, 286
528, 529, 532 sandeha ! 251, 286
samprad$y$nupaccheda ! 149
sapak%a ! 203
samprad$y$bhy$s$viccheda ! 149
saptaratna 48
samprayukta ! 504, 505
sabh$gav$san$ ! 175, 177
sambaddh$nugu&op$ya ! 220, 224
samat$ ! 504
sambanddh! ! 123, 147
!
samanantarapratyaya 204, 205 !
samaya ! 82, 105, 131, 132, 137, 140, 172, 248, 304, 464
sambandha ! 102, 113, 115, 122, 124, 125, 127, 128, 129, 130, 131, 133, 134, 138, 139, 140, 142, 146, 147,
samayak$ra 250
149, 188, 189, 191, 192, 195, 200,
samay$khy$na ! 243
218, 225, 244, 245, 246, 248, 253,
samav$ya ! 190, 223
255, 258, 259, 263, 266, 267, 268,
!
samav$yik$ra&a 113
269, 270, 271, 272, 273, 274, 275,
samasta ! 353, 356
341, 347, 463, 464, 477, 478, 521, 525
!
samastapadav$kyar#pa ! 171
sambandhakart! ! 123
samastavar&avijñ$na 333, 467
sambandhakalpan$ ! 271
samastopalambhana ! 356
sambandhasm!ti ! 98
!
sam$kar%a&a ! 338
sambandh$khy$na ! 140
sam$khy$ ! 152, 153, 154, 155
sambandh$di ! 462, 463
sam$khy$t! ! 152
sambandh$digu&ayukta ! 224
sam$dhi 109
sambandh$n$dik$ra&a ! 462
sam$naj$t'ya ! 381
sambandh$nubhava ! 201
!
sam$naj$t'yop$d$nak%a&a ! 191
sambandhin ! 190, 246, 259, 267
sam$n$dhikara&abahuvr'hi 295
sambandhyadh'na ! 273
sam$pyate ! 160, 161, 324
sambandhy$"rita ! 273, 274
sam$ropa ! 315, 323, 324, 514
sambh$%a&a ! 33
sam$rop$pav$da 315
sambhinnapral$pa ! 104
sam$ropika ! 179
sambh#ya ! 172
sam'pa ! 351, 474
samyaksambuddha ! 35
sam'h$ 72, 140
samyagup$ya ! 74
samuccayajñ$na ! 333, 468, 536
samyagjñ$na ! 71
samutth$na ! 175, 205
samyagbudha ! 35
samutth$paka 204, 206
saras ! 204, 206, 276, 321, 328, 384
!
!
!
!
Index
628 sarahasya ! 149
s!tm(bh)tam!rga ! 233
sar!ga 95
s!tmya ! 510, 511
sarga ! 132
s!daranirantarad(rghak!la ! 86
!
sarpabuddhi ! 511
s!d'"ya ! 197, 200, 207, 209, 318, 321,
sarpabhrama 517
323, 331, 370, 473
!
sarvakle"aprah!#a ! 225
s!dgu#ya ! 350
sarvagata ! 182, 187, 360
s!dhaka ! 219, 314, 478
sarvajña ! 79, 94, 99, 105, 111, 134, 310
s!dhakatama ! 127
sarvajñat! ! 83, 84, 85
s!dhana ! 13, 82, 84, 92, 157, 199, 203,
sarvajñatva 307
251, 253, 267, 283, 285, 287, 305,
sarvajñabh!$ita ! 69
356, 381, 462, 508
!
sarvajñ!na ! 84
s!dh!ra#a ! 289
sarvajñ!naprati$edha 531
s!dhya ! 121, 129, 352, 369
sarvatodikka ! 186
s!dhyadharma ! 528
sarvan!man ! 258
s!dhyas!dhana ! 251, 253
sarvav!din 468
s!dhy!s!dhana ! 294
sarvasarvajñat! ! 83, 84, 85
s!magr( ! 191, 293
sarv!rthagati ! 270
s!man ! 44
salila 192
s!manta ! 15, 16
savikalpaka ! 175
s!marthya ! 82, 125, 132, 186, 187, 191,
!
!
!
sahak!rin ! 191, 205, 362, 341, 371 sahaja 133, 506
264, 265, 289, 300, 326, 336, 338, 374, 383, 510, 511
!
sahabh!vavirodha ! 295
s!mavedin ! 29
sah!navasth!na ! 295
s!mastya ! 320
sahita 207, 208
s!m!nya ! 70, 73, 97, 100, 105, 113, 175,
!
sahit!vasth! ! 327
183, 189, 194, 197, 219, 222, 257,
s!%"a ! 203
290, 291, 310, 353, 368, 459, 506
s!k!&k$a ! 161
s!m!nyapratir)paka ! 160
s!k!rav!din ! 333
s!m!nyalak$a#a ! 135
s!k$!jjanana"akti 362
s!m!nyavi"e$a ! 476
s!k$!t ! 192, 194, 204, 205, 256, 362,
s!m!nyavyakticint! ! 362, 375
!
s!mya ! 371
365, 383 s!k$!tkartavya 228
s!rthaka ! 158, 160
s!k$!tk'tadharman ! 79, 96
s!rthav!da ! 150
s!&ketika ! 136, 245
s!vayava ! 172
s!&ga 149
s!sravasukha ! 234
s!tman ! 511
s!hitya ! 126, 275, 465
s!tmatva ! 510, 511
si%ha ! 323
s!tman 235
siddha ! 107, 123, 129, 130, 131, 190,
!
!
!
s!tm(bh!va ! 231, 510, 511
202, 263
s!tm(bh)ta ! 510, 511, 517
siddhahetu ! 283
s!tm(bh)tado$apratipak$a 231
siddh!nta ! 44
!
Index
629
siddhi ! 83, 208, 477, 478
spa"'a ! 86
siddhivi!e"a 82, 305
spa"'$bha ! 86
siddhopalambhaka ! 190, 193
spa"'$rthapratibh$sit$ ! 86
su° ! 89
spa"'$spa"'a ! 474
sukha 103, 222, 234, 236, 244, 390, 507,
sp&!ati ! 261
!
!
sphu'a ! 86, 88
508 sukhadu#kha ! 222
spho'a ! 6, 10, 62, 133, 134, 157, 158,
sukhadu#kh$disa%vedana ! 69
159, 160, 163, 164, 165, 166, 167,
sukhin ! 506
169, 170, 171, 173, 174, 189, 190,
sugatatva 89, 92
195, 278, 281, 321, 323, 327, 329,
subh$"ita ! 64
331, 333, 334, 352, 384, 473, 476, 535
!
sumerup&"'ha ! 244
spho'ar)pa ! 167, 327, 329
suvar(a 101
spho'av$da ! 164, 178, 184, 539
s)kt$bhy$sa ! 64
spho'av$din ! 134, 157, 158, 159, 163,
!
s)k"m$ntaritad)r$rtha ! 78
166, 170, 171, 173, 179, 182, 187,
s)rya 33
208, 275, 276, 320, 321, 329, 331,
so*hatva ! 473
332, 344, 346, 348, 352, 354, 356,
sopadrava ! 232
360, 384, 476, 525, 535, 536, 539
!
saukarya 41
spho'$%!a ! 323
sauk"mya ! 118
spho'$khya ! 164, 166, 321
skandha ! 90, 133, 134, 222, 223, 503
smara(a ! 147, 151, 203, 205, 333, 468,
!
skhalat 511
478, 536
!
skhalita ! 283
smara(ajñ$na ! 177, 332
stambhana ! 300
smara(ad$r*hya ! 45
stimita 184, 186, 374, 480
sm$rta ! 34, 36, 38
stimitav$yav+y$vayavasamyoga ! 374
sm&ta ! 149, 155
stutipara ! 151
sm&ti ! 19, 41, 82, 83, 115, 150, 154, 155,
!
st)pa ! 30
173, 205, 284, 305, 306, 478
str+dharma ! 36
sm&tigr$hya ! 279
sthavira 93
sm&tid$r*hya ! 284
sth$nakara(avy$p$ra ! 343
sm&tisa%v$din ! 39
sthita ! 132, 200
sm&tyaviccheda ! 94
sthitakrama 208, 209
syandin ! 511, 516
sthitasambandha ! 259
svak$ry$rambhakatva ! 373
sthira ! 201, 507
svak$ryopalambhakatva ! 373
!
!
sthiraikasvabh$va 381
svakulakram$gata ! 312
sthairya ! 378
svata#pr$m$(ya ! 44, 116, 117, 239
sn$na ! 33, 36, 108, 223
svatantra ! 153, 162, 188, 472
snigdha 109
svad&"'am$rga ! 91
sneha ! 90, 237, 508, 509
svadeha ! 64
spar!a ! 231, 339
svadharmakavaca ! 31
spar!ana 33
svanik$yasiddha ! 131
!
!
!
Index
630 svanid!nabh!sin ! 140
h#%a ! 47, 56
svaparavibh!ga 507
heujutta/hetuyukta ! 105
svapna ! 332
hetu ! 204, 206, 286, 291, 368, 521, 528,
!
svapn!yate ! 332
531, 532, 540, 541
svaprakriy! 298
hetucetas ! 207
svapratibh!racita ! 313
hetuj!la ! 43
svabh!vatas ! 241
hetud)$*i ! 108
svabh!vaniyata ! 136
hetupari%!ma ! 359
svabh!vali"ga ! 94, 223, 230
hetup!ratantrya ! 509
svabh!vasiddha 130
hetupratyayas!marthya ! 338
svabh!vahetu ! 58, 253, 521
hetumat ! 508
svabh!vahetupratir#paka ! 368
hetum!tranirde&a ! 238
!
!
svabh!v!nupalabdhi !
357
hetuv!din ! 31, 40, 62
svamata ! 383
hetuvidy! ! 13
svay#tha ! 381
hetu&!stra ! 32
svarita 183
het#kti ! 41, 43
svarga ! 34, 35, 70, 78, 85, 98, 103, 111,
heya ! 78
!
121, 142, 219, 220, 244, 256, 316
heyahetu ! 78
svargak!ma 143, 244
heyop!deyatattva ! 84, 111
svargas!dhanaviruddha ! 251
heyop!ya ! 78
svalak$a%a ! 135, 174, 175, 176, 218, 364,
haituka ! 32, 33, 40, 44
!
homa ! 108
514 sva&aktivigh!tin ! 127
hrasva ! 183, 479
svasa'vedana ! 222 svasa'vedya ! 44
Termes tibétains
svasiddh!nta ! 222 sv!k!r!rpa%a ! 515 sv!tantrya ! 117, 188, 243, 252, 477, 478
bka'i don ! 101
sv!tmajñ!na ! 463
bkod pa ! 178
sv!bh!vika 127, 132, 138, 244, 245
rkyen ! 350, 514
sv!min ! 258
rkyen las byu" ! 509
!
sv!rthapara ! 151
lkog tu gyur pa ! 101
sv!rthapraty!yana 133
skad cig ma ! 337, 509
hatamohamah!malla ! 80
skad cig ma gñis pa ! 352
havis ! 35
skal pa da" ldan pa ! 112
!
hastasa'jñ! 241, 476
skyes bu la brten pa ! 385
h!tavya ! 78
skyes bu'i 'jug pa ! 227
h!nihetu ! 78
skyes bu'i don la mi slu ba ! 227
h!nop!ya 78
skyes bu'i 'bad rtsol ! 210
hi's! ! 35, 43, 108, 288
skyes bus byas pa ! 243, 281, 289, 297
hi's!cetan! ! 219, 224
skyes bus ma byas pa ! 210, 211, 311, 358
!
!
h(nasatk!yadar&ana 503 !
Index skyes bus ma byas pa ñid ! 242, 245, 288,
631 sgro btags pa'i rnam pa ! 514 sgro btags pa'i rnam pas 'jug pa ! 512
292 skyes bus legs par byas pa ! 242, 243
sgro 'dogs pa ! 176, 178
skyes min rten can ! 310
bsgom pa ! 85
skyo ba 234
bsgos pa ! 314
skyon ! 288, 382
bsgos pa'i sa bon can ! 178, 469
!
kha bya ! 298
bsgribs pa ! 318
kho! du chud pa ! 268
bsgrub par bya ba ! 293
khol ! 276
!ag ! 176, 178, 303, 332
mkhas pa 101
!ag gi don ! 324
!
'khrul pa
!
242, 281, 292, 293, 318, 347,
!es pa ! 227, 290, 379 !es pa med pa ! 379
512, 514 go rim 358, 385
!es par byed ! 178, 469
go rim gyi khyad par ! 349
!es par gzu! ba ! 350
go rim b"in du ! 355
d!os po ji ltar gnas pa b"in du 'dzin pa
!
go rim b"in du yod pa
can !
355
goms pa ! 261
516 d!os po mtho! ba'i de kho na ñid mtho!
goms par byas pa'i lam ! 512 goms par ma byas pa'i
lam !
ba ! 306 512
d!os po med pa ! 514
grub pa'i mtha ! 222
d!os po'i stobs kyis "ugs pa ! 106, 515
grogs ! 512, 515
d!os por gyur pa ! 277
glo bur ba 459, 512, 514
d!os su ! 321, 383
bgrod par bya ba ! 227
m!ar ba ! 109
!
'gro ba ! 297
m!on par "en pa ! 507, 509
'gron pos bta! ba'i me 291, 293
m!on par gsal ba ! 355
rgyu skar ! 359
m!on sum ! 87, 101, 222
rgyu ma tsha! ba ! 269
m!on sum du ! 192, 362
rgyu mtho! ba can ! 289
s!a phyi 'gal ba ! 106
rgyu mtshan ! 261
s!a phyi can ! 169
rgyu'i tshogs pa 369
s!a ma da! phyi ma ! 355
rgyu'i g"an dba! ñid ! 509
s!ags ! 301
!
!
sgra
!
!
178, 242, 245, 249, 269, 288, 297,
315, 337, 342, 350, 355, 469
s!ags kyi rtog pa ! 301 s!ags da! rtog pa ! 301
sgra tsam ! 349, 350
ca co ! 350
sgra tsam gyi cha ! 352, 353, 355
cig car thos pa ! 347
sgra las byu! ba 98
cig car gsal ba ! 355
sgra'i cha ! 355
cig #os la ma grub pa ! 368
!
sgra'i 'jug pa ! 347
gcad ! 101
sgra'i bdag ñid 353
gcig ! 176, 178, 278, 355
sgra'i sbyor ba ! 297
gcig brjod pa ! 349
sgrib par byed pa ! 337
gcig ñid ! 178
!
sgro btags pa 235, 385, 514 !
Index
632 gcig ñid du sgro 'dogs pa'i rnam par rtog pa 176, 178
ston pa ñid phun sum tshogs pa ! 90 brtags pa ! 101
!
gcig tu sgro 'dogs pa'i blo ! 178
brtan pa ! 378
gcig tu sna! ba ! 178
bstan bcos ! 106, 108
gcig tu "en pa'i
176, 178
blo !
tha dad pa med par sna! ba ! 176
gcig par 'dzin pa ! 178
tha ma'i sgra ! 178, 469
gcer bu ba'i slob dpon ! 298
thabs ! 74, 509
bcad pa ! 101
thams cad #es pa ! 73
'jig rten pa'i sgra ! 288
thar pa ! 99
'jig
pa !
257
the tshom ! 73
'jig pa can ! 378
the tshom za ba ! 315
'jug pa myur ba ! 347
thog ma ! 311
'jug par 'dod pa can 228
thog ma da! ldan pa ! 311
rje khol gyi 'brel pa ! 276
thos pa ! 347, 349, 355
!
rjes su dpag pa ! 99, 101, 106, 268
mthu ! 306
rjes su dpag pa'i kho!s su gtogs pa 99
mthun pa'i phyogs ! 379
rjes su dpog pa'i rtags ! 270
mtho ris ! 99
rjod par byed pa ! 268, 276, 349, 350
da ltar ba ! 292
!
rjod par byed pa ma yin
pa !
276
brjod par 'dod pa ! 218
dug la sogs pa sel bar nus pa ! 303
brjod par bya ba da! rjod par byed pa'i mtshan ñid can gyi 'brel
du ma ñid ! 178
pa !
268
de kho na ñid ! 306 de kho na ñid mtho! ba ! 515
cha ! 330, 352, 353, 355
don thams cad rjod par byed pa ! 315
cha da! bcas pa ! 169
don dam pa ! 107
chos 314
don dam pa'i 'brel pa ! 250
chos can ! 107
don dam par ! 278, 384
!
ñams su myo! ba ! 176, 178, 222, 332
don tsam mtho! ba ! 88
ñe bar brtags pa ! 315
don la mi slu ba ! 225
ñe bar len pa ! 210
dran pa ! 176, 178
ñe bar lo!s spyod pa 234
dran pa sad pa'i rgyu ! 381
ñes pa ! 235, 240, 512
dran pa'i #es pa ! 332
ñes pa zad pa ! 229
dri ma ! 459
!
ñes pa zad pa'i tshig 219
bdag ! 507
gñen po'i phyogs gnod pa can ! 235
bdag gi ! 509
gtan tshigs ! 286, 292, 293
bdag tu lta ba ! 503
bta! sñoms 222
bdag tu 'du #es ! 507
rtag tu thos pa ! 355
bdag da! bdag gi ! 509
rtag pa ! 335, 337
bdag da! bdag gi'i rnam par m!on par "en
!
!
rtag pa
ñid !
303
pa ! 509
rtags ! 268, 270
bdag med lta ! 509
lta ! 509
bdag med pa ñid mtho! ba ! 509
lta ba 503
bdag med pa la dmigs pa'i #es rab ! 516
!
Index
633
bdag med pa'i lam ! 516
phan tshun mi 'gal ba ! 101
bdar ba 100, 101
phul du byu" bar byed pa ! 337
bde ba ! 222
phyi ma phyi ma ! 355
!
bden pa ! 112
phyi rol ! 178
bden pa bsgom pa 85
phyin ci ma log par brjod pa ! 73
bden pa dpyod pa ! 87
phyin ci log ! 315, 507, 514
bden pa'i don can ! 242
phyin ci log gi rnam pa ! 235, 514
'du !es ! 507
phyin ci log gi rnam pa da" rjes su 'brel pa
!
'dul ba ! 101
!
514
'dus byas 344, 509
phyis 'byu" ba ! 178, 318
'dod pa ! 222
phyogs kyi chos ! 107
'dod pa tsam gyi rjes su 'jug pa ! 137
'phags pa'i bden pa ! 87
!
'dod pa'i
137
sgra !
bag chags su bsgos pa ! 314
'don par byed pa ! 292, 293
bad kan ! 109
'dres pa ! 274
bum pa ! 257
sdug bs"al 222
bya ba ! 375
sdug bs"al du gyur pa'i 'dus byas ! 509
bya rog gi skad ! 242
brda ! 245, 248
byas pa ñid ! 272
brdar 101
byi gla" ! 359
nad ! 109
byed pa yon tan ! 350
nan tan du byed par 'dod pa ! 228
blo
!
!
nus
pa !
306, 337
!
176, 178, 249, 261, 278, 306, 385,
469, 507
nor bu ! 100
dba" po las 'das pa ! 227, 315
gnas skabs ! 512
dba" po las 'das pa'i don mtho" ba ! 227
gnod pa
can !
235
'bad rtsol ! 210
gnod pa med pa ! 224, 228
'bras bu'i rtags ! 223
rnam pa yod pa 'dzin pa ! 515
'bras bur gyur pa ! 268
rnam par 'gyur ba med pa ! 100
'bru ma" po ! 295
rnam par 'jog pa ! 178
'brel pa
rnam par rtog
pa !
176, 178, 210
!
245, 248, 249, 255, 261, 268,
270, 281
rnam par dag pa ! 106, 224
'brel pa can ma yin pa ! 259
rnam par dpyad par gyur pa ! 222
'brel pa med pa can ! 355
rnam par g#ag pa 227
sbrul gdug pa ! 343
rnal 'byor ba'i m"on sum ! 88
ma gus pa ! 290
rnal 'byor ba'i !es pa ! 87
ma "es pa ! 270
!
sna tshogs pa
ñid !
272
ma rig pa'i yan lag ! 503
snam bu ! 257
ma lus pa ! 332
snum pa ! 109
mi mkhas pa ! 100
dpe 269
mi "es pa ñid ! 227
dpe ma grub pa ! 268
mi 'jig pa ! 257
dpyod pa ! 106
mi rtag pa ! 87, 515
!
phan pas 'jug
pa !
227
mi rtag pa ñid ! 272
Index
634 mi mthun pa'i phyogs ! 286
gza' ! 359
mi min rten can 310
gzugs mtshu!s pa lus ! 321
mi gtsa! ba ! 233
gzu! ba ma gzu! ba'i ra! b#in ! 278
mi gtsa! ba la smod pa ! 233
bzod pa ! 100
mi bzod pa 100
'od gsal ! 459, 516
mi slu ba ! 225, 227
ya! dag pa ! 515
!
!
mi! ! 178, 469
ya! dag pa ji lta ba b#in du 'dzin pa ! 516
me ! 210, 291, 292, 293
ya! dag pa'i don ! 512, 515
med na mi 'byu! ba ! 249
ya! dag pa'i don ston pa ! 112
myur ba 347
ya! dag pa'i don 'dzin pa ! 235
smod pa ! 233
ya! dag pa'i yul gyi rnam pa 'dzin pa ! 515
!
smra ba po ! 350
yan lag ! 503
smra bar byed pa 349, 350
yi ge ! 178, 277, 342
gtsub "i! gtsubs pa ! 292, 293
yi ge a ! 349
gtso bo da! gtso bo ma yin pa ñid ! 102
yi ge da! cha med pa can ! 330
!
gtso bo ma yin pa'i
226
don !
gtso bo'i don ! 227
yi ge'i go rim ! 358 yi ge'i go rim med pa can ! 168
brtse ba ! 112
yid kyi rtog ! 137
brtse ba da! ldan pa 112
yid ches pa ! 315
brtse ba med pa ! 112
yo!s smin ! 178, 469
tshad ma ! 106
yo!s su rtog pa ! 101
!
tshad ma ñid 92
yod pa tsam ! 356
tshad ma ñid kyi thabs ! 112
ra! rgyud pa ! 137
tshad ma'i skyes bu ! 77
ra! b#in gyi gtan tshigs ! 137
tshad ma'i grogs 512, 515
ra! b#in gyi rtags ! 223
tshad mar gyur pa'i skyes bu ! 77
ra! b#in gcig la gnas pa ! 337
!
!
tshig ! 176, 178, 277, 278, 332
rig byed kyi !ag ! 315
tshig da! !ag gi rnam pa can gyi rnam par
rig byed 'don pa s!on du so! ba can ! 293
rtog pa'i blo ! 176
rig byed 'don par byed pa ! 292, 293
tshig da! !ag tha dad pa med par sna! ba'i blo ! 176
rig byed 'don par byed pa'i s!on du so! ba can ! 292
tshu rol mtho! ba ! 94
rig byed pa'i sgra ! 245
tshogs pa 293, 369
rig byed pa'i !ag ! 303
tshogs pa med pa ! 355
rigs kyi chos bsru! ba ! 314
rdzas ! 109
rigs pa ! 101
!
brdzun du smra ba
can !
297
rigs pa da! 'gal ba ! 315
g#an gyi sdug bs!al ! 112
rigs pas bgrod par bya ba ! 227
g#an dba! ñid ! 509
rin po che ! 100
g#an la phan pas 'jug
pa !
227
rim med pa ! 332
g#i tha dad pa'i 'bru ma! po ! 295
ru! ba ñid ! 248
g#i mthun pa'i 'bru ma! po ! 295
ro mya! ba ! 234
zil gyis mnan
pa !
517
lam ! 512, 516
Index
635
lam goms par gyur pa ! 233, 517
gsal byed ! 355
lam gyi sems 512
gser ! 101
las kyi cha ! 353
gser bza! po ! 100
las kyi bdag ñid ! 353
bsam gtan ! 303
lu! 17, 98, 99, 100, 106, 107
bsam pa ji lta ba b$in du ! 255
lu! gi don la nan tan du byed par 'dod pa !
bsil ba ! 109
!
!
228 lu! gi rnam par rtog pa da! ma 'dres pa 88 lu! gi tshad ma ! 68 lu! la ltos pa'i rjes su dpag pa ! 106 lu! la brten pa'i rjes su dpag pa ! 107 lus ! 321 legs pa ! 112 legs pa ma yin pa ! 112 legs par byas pa ! 242, 243, 314, 344 lo rgyus ! 299 lo rgyus mkhan ! 298 lo ts" ba ! 389 log pa ñid ! 240 log pa da! bden pa'i don can ! 242 log par rtogs pa ! 268 log par ston pa ! 112 logs #ig na ! 383 #i! ! 210 #in tu lkog tu gyur pa ! 101, 225, 227 #es rab ! 516 sa bon ! 178 sa!s rgyas pa'i grub pa'i mtha' ! 222 sad pa'i rgyu ! 381 sems ! 459, 512, 515 sems kyi ra! b$in ! 515, 516 sems kyi ra! b$in ma yin pa ! 512 sems pa ! 303 so sor !es pa ! 292 so sor rig pa ! 306 slu ba ! 227 slu bar mi byed pa ! 227 slob dpon ! 298 gsal ba ! 210, 355 gsal bar byed pa ! 243, 355 gsal bya ! 265
bsreg pa ! 100, 101 !
lhag mtho! ! 516
Index locorum I.9 " 79
AD!p 109,8!9 133
s(trasth%na 11,18!19
"
75, 78
"MV
"
109,14!15 " 137
4,22 " 78
s(trasth%na 11,19 " 92
110,1!3 " 173
5,17 " 80
s(trasth%na 11,27 " 76,
110,7!13 172
5,18!19 105
"
80, 81
"
111,6!7 " 334
A#
111,7!13 " 134
s(trasth%na 11,27!29 4,33 " 78
113,10!19 134 "
75, 78 s(trasth%na 11,29 " 80
AV
164,6 " 104
VI.12 " 82
k. II.146ab " 164
C# 280 " 110, 111
AVBh II.657,19!20 82
AK
DhPr
"
II.34d1 " 504
II.657,23!24 " 82
II.47 " 137
15,12!15 " 103 15,16!18 " 312
AVK
III.29c 505
20 140
IV.76cd " 104
22!23 " 135
"
DhS
"
IV.77bc " 104
LIII/11,13 " 93
B"U
HB
IV.5.6 " 508
AKBh 62,7 " 504
6*,24 " 298
BCAP
62,9!10 504
K%vyam!m%)s%
314,3!7 104
"
II.6 " 301
"
81,11!16 " 354
BoBh
81,18!21 " 133
LV
W37,25!26/D25,17
140,26!28 503 282,8!9 " 108
MAVBh
338,1!2 86
W44,23/D30,18 136
411,11 " 81
W108,18!19/D76,19
424,13!425,3 76, 90
"
93
181,28!186,16 164 184,1!10 " 354
8.49.18 " 68
194,1 132 B$hatkath%&lokasa'graha
326,4!5 " 301
XVII.96!97 " 298
525,10 76
XVIII.202 298
526,11!12 " 86
18.5.31 " 76
"
"
MBh%+ya I.3,18 " 166
Buddhacarita XXV.45 " 101
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Index
637
I.39,10 ! 77
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I.356,1"13 171
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I.18,13"14 131 !
I.24,3"19 ! 132 I.24,24"25,2 ! 126
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97,6 ! 77 97,6"7 ! 77
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IX.26 145
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368, 377, 480 I.i.25 146, 161
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196, 197, 201,
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84, 307,
288,11 ! 78 370,31 ! 183
Index
638 538,20!539,10 " 184 558,7 201 573,3!4 " 201
208c " 135
P!dat!#itaka k. 4c 298
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213 " 137
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585,14!15 " 198
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216ac " 73
608,2!5 161
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217 " 111
668,4!5 " 146
§288 " 75, 78, 80
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668,20!22 " 151
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224!230 " 116
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V.ii.10 " 102, 107
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II.5ab " 60, 67, 70, 71,
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260,3!9 149
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146!147 192
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330!335 " 113
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339 " 68
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"
171
V.iv.21 " 85
"
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Index 340 ! 108
639
266ab ! 510
327,32"33 ! 88
270 507
527,16 ! 107
1c2"2 ! 70, 141
280 ! 84
527,18 ! 108
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282 ! 92
530,28 ! 136
II
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29"33 84
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IV
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506
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357
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!
!
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207 ! 517
107 ! 108
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209 ! 516
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210 ! 511, 514, 517
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77,13"78,1/27*,20 !
!
211 506
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78,14/26*,14" 28*,18 ! 202 76,14"77,9/26*,22"
359
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!
213 ! 503
52,15 ! 83
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143,7 ! 515
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145,12"13 ! 503
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266 513
326,22"23 85
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Index
640 P61b7 ! 233
8,19"23 ! 310
113,4"7 ! 143
P64a5"6 509
8,20"21 513
113,25"114,3 ! 140
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10,21"25 ! 84
115,21"116,2 ! 139
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45,20"21 135
115,24"116,1 ! 138
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45,24"29 ! 135
116,1 ! 139
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45,29"46,25 ! 257
116,1"2 ! 138
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71,19 ! 375
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117,6"7 ! 191
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117,12"15 ! 192
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117,15"16 ! 195
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94,8"100,24 ! 202
118,14"18 ! 139
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98,4"100,24 201
120,8"126,15 ! 145
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124,22"23 ! 84
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126,16"134,25
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100,10 ! 375
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101,19"102,12 217
126,17"24 ! 157
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102,2"4 ! 104
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105,26"27 ! 140
126,24"134,25 ! 157
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107,13 135
127,17"23 ! 160
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107,14"19 ! 68
127,18"23 ! 158
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108,1 ! 70
127,23"128,21
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160, 162
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128,1"15 ! 162
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158, 163
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109,10"11 ! 70
130,17"24 ! 196
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130,24"131,10 ! 195
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109,15 ! 78
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109,16 ! 112
131,26"134,25 ! 158
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110,3"5 ! 72
134,26"141,14 ! 159
P347a1"2 109
110,3"10 61
134,26"141,17 ! 181
P347a4"6 ! 108
112,16"19 ! 142
136,13"15 ! 195
112,19"27 ! 143
137,14"15 ! 190
112,20"21 136
137,15"17 ! 191
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157,
157, 158,
163
Index
641
137,17!18 " 190
393,22!23 " 109
567,12!13 " 206
138,30!141,7 196
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140,1!24 " 201
396,10!13 " 79
567,22!24 " 205
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140,14!18 200
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158,26 174
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4,1!6 74
"
II.152,7 121
364n. 1 " 102
4,7!8 " 93
II.155,8!18 " 301
372n. 1 " 191
290,2!3 " 164
II.156,18!19 " 44
374n. 3 " 146
604,8 186
II.157,7!8 153
375n. 6 " 148
604,9!19 " 184
II.157,13!14 " 153
450n. 1 " 108
"
"
"
643,14!16 " 151
II.157,16 " 153
450n. 3 " 109
709,7!14 " 128
II.157,24!25 " 153
450n. 4 " 106
720,22!24 " 166
II.161,23!24 " 153
721,17!18 321
II.162,4!11 154
III.18.15!25 " 35
723,3 " 164
II.162,20!166,26 " 154
III.18.30 " 35
723,18!19 " 324
II.163,9 " 305
III.18.35!36 " 31
724,19!20 344
II.163,24!164,3 125
III.18.36d " 32
724,21!23 " 166
II.167,5!8 " 155
III.18.37 " 32
725,1!3 " 333
II.167,11!15 " 155
III.18.38!42 " 32
726,27!28 166
II.170,15!17 149
III.18.100 " 33, 44
822,16 " 76
II.187,6!7 " 119
III.18.100!102 " 33
870,13!14 " 236
II.187,23 " 121
VI.1.44!46 " 37
870,14!16 237
II.199,13 149
874,12!15 " 234
II.213,18!21 " 126
877,24!25 " 103, 220
II.225,9!10 " 105
877,24!27 103
II.229,13!14 258
878,5 " 223
II.229,17 " 316
1 " 299
900,6!7 " 71
II.232,21!233,7 " 317
23 " 130
904,4!5 103
II.241,24 244
28 " 131
II.242,9!12 " 244
38 " 78, 80
II.255,6 " 316
48cd " 170
II.316,9 " 323
49
"
73
"
"
"
"
"
"
"
TS! I.9 " 80 TV
"
"
VN
"
"
"
II.15,4 " 151
II.317,9!18 " 323
II.73,5!7 149
II.317,18!319,7 324
"
II.81,11!12 " 299
ViPur
"
"
43,11!14 " 102 VP I
166, 169, 170,
472
TVBh
166, 169, 277,
469
II.112,17!20 " 301
15,2!5 " 509
76 " 169
II.113,1!10 41
15,3!4 506
80 " 344
II.113,22!114,1 " 42
23,12 " 503
83cd
II.114,26!115,10 " 44
29,21 " 503
"
II.118,14 118 "
"
235,3 " 27
II.122,2!5 " 42
235,13 " 28
II.123,18!19 42 "
472 84 171
V"s.
II.121,23!122,1 " 43
166, 330,
"
"
84!86
"
166, 331,
473
Vibh.
86
"
166, 179, 280,
II.123,24!25 " 39
57n. 1 " 233
II.125,18!19 " 43
85n. 10 " 506
87 " 356
II.125,21!22 43
85nn. 12!13 506
94 " 166, 170, 472
"
469 "
Index
647
97ab ! 169
81,4"5 ! 131
39,1"2 ! 75
104 166, 170, 472
90,4"5 300
39,4 ! 78
172 ! 115
104,4 ! 170
39,5 ! 79
!
!
106,6"7 ! 166
40,2 ! 79
1 169
106,7"107,1 169
40,5 ! 81
1"2 ! 161, 162
106,7"107,3 ! 170
40,5"41,1 ! 76
II !
!
136,3"6 ! 172, 356
41,2 ! 75
145,2"7 ! 344
43,2-3 ! 133
28"29 ! 172
148,6"149,2 ! 171, 354
208,6"15 ! 163
31 166
150,4 166
208,7"8 ! 172, 356
168 ! 128
151,4 ! 169
233 ! 299
152,7 ! 170
64,19 ! 222
404"405 126
152,7"8 166
70,14 ! 76
152,7"153,1 ! 170
70,14"15 ! 92
iii.4"5 ! 126
153,1 ! 169
70,15 ! 78
iii.29 132
156,3 169
87,1"13 ! 75, 76
iii.29"38 ! 131
157,6"7 ! 166, 169
87,4 ! 80
iii.31cd ! 132
160,3 ! 169
87,9 ! 81
iii.35 301
160,5 170
87,11"12 ! 80
iii.37 ! 129
162,6"163,3 ! 344
87,12 ! 77, 92
iii.38 ! 130
166,6"167,1 ! 166
17"18
160, 161,
!
162 !
!
!
!
III !
!
!
!
168,11"13 116
VP!
!
1,10"13 ! 161 11,6"7 160 11,20"21 ! 161
200,20"21 ! 161 II.i.19 ! 70 IV.i.1 ! 481
11,26"12,3 ! 161
VII.ii.24 ! 137
54,3"55,3 353 59,1"4 ! 130 60,1"2 ! 131
I.26 ! 75 IV.1 ! 83 YSm# I.130 ! 32 I.271"272 ! 32
VS" !
I.24 ! 75
I.27 ! 132
VS
11,22"23 ! 160 VPV
YS I.25 ! 79
VPV2
4,22"23 ! 141 !
YD
223,2"12 82 !
YBh 37,3"4 ! 76
II.95 ! 302
Table des matières Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Première partie: Introduction historique et doctrinale Chapitre 1 ! Contexte historique et idéologique de la critique adressée à la M!m"#s" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.1. Chronologie de Dharmak!rti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2. L"hostilité orthodoxe au bouddhisme: Sm$ti et Pur"%a . . . 1.3. L"hostilité orthodoxe au bouddhisme: la M!m"#s" de Kum"rila . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4. Précarisation et concentration des institutions bouddhiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.5. Incidences sur l"activité philosophique bouddhique . . . . . . 1.6. Dharmak!rti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse de Dharmak!rti . . . . . . . . 2.1. Sources et fondements de la doctrine métareligieuse de Dharmak!rti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. Personnes d"autorité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3. Perception du suprasensible et autorité épistémique chez Dharmak!rti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.4. Autorité de la personne crédible et autorité scripturaire . .
25 25 29 38 46 57 58 67 67 75 81 92
Chapitre 3 ! Sur l"incréation et les versions réalistes de la relation entre parole et signification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 3.1. Svata!pr"m"#ya et ved"pauru$eyat" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 3.2. La relation entre parole et signification dans le %"barabh"$ya et chez Kum"rila . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
650
Table des matières
3.3. La relation entre parole et signification chez les Grammairiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 3.4. Quelques remarques de l!AD!p sur la relation entre parole et signification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 3.5. Position de Dharmak!rti en matière de relation entre parole et signification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 Chapitre 4 " Sur l!éternité du Veda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1. L!anonymat du Veda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2 Éternité de la tradition védique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3. Kart! ou pravakt!? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.4. Un buddhavacana éternel et sans auteur? . . . . . . . . . . . . . . .
145 145 148 150 152
Chapitre 5 " Critique d!un énoncé indépendant des phonèmes .. 157 5.1. Remarques préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 5.2. Sur l!hypothèse d!un énoncé divisible aux parties expressives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 5.3. Sur l!hypothèse d!un énoncé indivisible . . . . . . . . . . . . . . . . 163 5.4. Position générale de Dharmak!rti et de ses commentateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174 Chapitre 6 " Contre le phonocentrisme de Kum"rila . . . . . . . . . . . 6.1. L!ontologie phonocentrique de Kum"rila . . . . . . . . . . . . . . . 6.2. Dharmak!rti sur la révélabilité des entités permanentes . 6.3. Contre deux arguments m"m#$saka en faveur de la permanence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.4. Dharmak!rti sur la notion d!ordre de succession phonétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
181 182 189 197 204
Deuxième partie: Traduction française annotée de PVSV 107,14"141,17 Avertissement quant à la traduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215 Traduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217
Table des matières
651
Troisième partie: Appendices, bibliographie et index Appendice A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 389 1. Avertissement quant à l!édition du texte tibétain . . . . . . . . . 389 2. Version tibétaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 393 Appendice B . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 459 Répertoire des citations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 459 Table des citations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 482 Appendice C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 489 Amendements au texte de l!édition GNOLI . . . . . . . . . . . . . . . . . . 489 Appendice D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 503 Nescience, fautes morales et destruction des fautes morales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 503 Appendice E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 519 Analyse de PVSV 112,6"141,11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 519 Abréviations et bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 543 1. Abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 543 2. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 556 Index. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Répertoire géographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Auteurs modernes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Noms indiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Autres noms . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dieux, saints et prophètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . #uvres et passages mentionnés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Genres, collections, etc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Groupes, écoles, représentants, etc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Termes sanskrits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Termes tibétains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Index locorum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
589 589 589 590 592 592 593 593 594 595 630 636