Les Oblats de Marie Immaculee dans l'Ouest et le Nord du Canada
Page laissée blanche intentionnellement
Les Oblates...
176 downloads
1103 Views
11MB Size
Report
This content was uploaded by our users and we assume good faith they have the permission to share this book. If you own the copyright to this book and it is wrongfully on our website, we offer a simple DMCA procedure to remove your content from our site. Start by pressing the button below!
Report copyright / DMCA form
Les Oblats de Marie Immaculee dans l'Ouest et le Nord du Canada
Page laissée blanche intentionnellement
Les Oblates de Marie Immaculee dans l'Ouest et le Nord du Canada, 1845-1967 Esquisse historique
Donat Levasseur, o.m.i.
The University of Alberta Press Western Canadian Publishers
Publie pour la premiere fois par The University of Alberta Press Athabasca Hall, Edmonton, Alberta, Canada T6G 2E8 et Western Canadian Publishers 10336-114 Street, Edmonton, Alberta, Canada T5K 1S3 Tous droits reserves © The University of Alberta Press et Western Canadian Publishers 1995 ISBN 0-88864-252-0 Donnees de catalogage avant publication (Canada) Levasseur, Donat. Les Oblats de Marie Immaculee dans l'Ouest et le Nord du Canada Comprend des references bibliographiques et un index. ISBN 0-88864-252-0 1. Oblats de Marie-Immaculee—Missions—Canada (Ouest)— Histoire. 2. Oblats de Marie-Immaculee—Missions—Canada (Nord)— Histoire. I. Titre. BV2815.N6L49 1995 271'.760712 C94-910674-7 Aucune partie de ce livre ne peut etre conservee dans un systeme de recherche documentaire, traduite ou reproduite sous quelque forme que ce soit—imprime, procede photomecanique, microfilm, microfiche ou tout autre moyen—sans la permission ecrite de l'editeur. Tous droits reserves pour tous les pays. Compositeur—Piece de Resistance Ltee., Edmonton, Alberta Imprime au Canada par Quality Color Press Ltd., Edmonton, Alberta The Alberta Foundation for the Arts COMMITTED TO THE DEVELOPMENT OF CULTURE AND THE ARTS
Preface
L'expansion missionnaire des Oblats de Marie Immaculee dans le Nord de l'Amerique prend son essor en deux endroits : la Riviere-Rouge et l'Oregon. De ces deux points, inaugures independamment l'un de l'autre, au milieu du siecle dernier, les Oblats se rejoindront un jour pour couvrir, par leurs missions, tout l'Ouest et le Nord canadiens. Dans l'un comme dans l'autre point de depart, les fils de Mgr de Mazenod ont ete appeles a poursuivre une oeuvre missionnaire commencee par des pretres du diocese de Quebec. L'expansion missionnaire dans le Nord-Ouest se caracterise, dans une premiere periode qui va de 1845 a 1871, par l'implantation de l'Eglise, et dans une deuxieme periode, de 1871 a 1967, par son developpement. Cependant, ce developpement de l'Eglise differe bientot selon qu'il s'opere dans le Nord ou dans le Sud. Dans le Nord, il demeure une action proprement missionnaire; dans le Sud, il conduit graduellement a la mise en place de dioceses reguliers, bien que des secteurs missionnaires demeurent presents. Ce parcours missionnaire de plus d'un siecle a travers un vaste pays a connu certains virages ou reajustements. La population primitive, a laquelle les missionnaires etaient envoyes et qui gardera toujours leur preference, est refoulee a l'arriere-plan par une forte population exterieure envahissante, ou confinee dans des reserves. Les missionnaires, en plus de leur ministere aupres des Indiens, doivent organiser une Eglise
V
vi
Preface
pour les Blancs, surtout pour le service de nombreux immigrants catholiques. Leur travail interfere avec celui des Eglises protestantes de plus en plus presentes. Les developpements politiques, economiques, sociaux du pays exigent d'eux une adaptation constante de leur action. Tenant compte de ces caracteristiques chronologiques et geographiques du champ missionnaire, notre ouvrage comprend trois parties. La premiere rappelle les origines de l'Eglise au Nord-Ouest, fait connaitre la congregation des Oblats de Marie Immaculee mise en charge de cette Eglise naissante et expose l'oeuvre missionnaire au cours de la periode de 1845 a 1871. A la fin de cette periode, des missions sont implantees dans les principaux centres du Nord-Ouest et deja se dessinent dans ses grandes lignes, les developpements missionnaires futurs. La deuxieme partie montre la progression de l'oeuvre missionnaire dans les regions du Nord, au cours de la periode de 1871 a 1967; et la troisieme fait voir, dans la meme periode, Faction missionnaire qui, dans le Sud, conduit a une Eglise regulierement constitute. Le present ouvrage propose au lecteur une vision du cheminement de l'evangelisation dans le Nord-Ouest. II s'appuie sur le terrain par le rappel de faits, de dates, de noms de personnes et de lieux, de statistiques et de citations de textes de missionnaires. Ces citations, temoins d'une epoque, sont reproduites, meme si certaines, en raison de leur vocabulaire, d'attitudes et d'orientations qu'elles presupposent chez leurs auteurs, ne sont plus admises a la lumiere des connaissances ou des sensibilites actuelles. Dans l'abrege d'une aussi vaste matiere, des choix se sont imposes et, d'autre part, des limites s'expliquent par l'absence de monographies suffisantes sur certains points. Tout de meme, j'espere offrir une vue d'ensemble assez complete du champ d'apostolat etudie et etre utile a qui veut en acquerir une premiere connaissance ou situer une recherche particuliere dans son contexte.
Je remercie ceux qui m'ont encourage dans mon travail, en particulier M. Raymond Huel, redacteur en chef du projet d'Histoire des Oblats dans le Nord-Ouest canadien, M. Guy Lacombe, directeur du projet, ainsi que mes confreres oblats Romuald Boucher, directeur des archives Deschatelets, qui a favorise mes recherches, Normand Martel, Jean-Paul Demers et Gaston Morissette qui ont lu mon manuscrit. Donat Levasseur, o.m.i.
Introduction
Avec la publication de ce volume, le projet d'Histoire des Oblats de l'Ouest prend definitivement forme et realise enfin son objectif premier de publier une serie de monographies scientifiques ayant pour theme les activites des Oblats de Marie Immaculee missionnaires dans l'Ouest et le Nord canadiens. Pourtant, cette entreprise avait deja ete envisagee il y a plusieurs annees. En 1957, a l'occasion de la publication du premier volume de l'oeuvre magistrale du pere Gaston Carriere, Histoire documentaire de la Congregation des Oblats de Marie Immaculee dans VEst du Canada, le pere Leo Deschatelets, alors superieur general, ecrivait dans la preface : Puissiez-vous nous donner dans un avenir pas trop lointain la suite de cette histoire qui s'arrete a 1861, date de la mort de Monseigneur de Mazenod. Puisque vous y etes, pourquoi ne pas songer egalement a une histoire documentaire semblable pour les autres parties de l'lnstitut au Canada. Ce qui etait la mission du Canada-Est n'est qu'une fraction de l'ensemble. Des pages semblables devraient etre ecrites sur la Mission de l'Ouest, avec point de depart a la Riviere Rouge, puis en remontant vers le Nord, le Mackenzie, Grouard, Keewatin, Baie d'Hudson 1 . Pour sa part, le pere Carriere avait reconnu le besoin de faire connaitre l'histoire des Oblats et, en attendant la publication de leurs depots d'archives, il croyait bon de pouvoir :
vii
viii
Introduction
y suppleer en partie en faisant un usage abondant, a l'interieur meme de la redaction, des documents a notre disposition2. II travailla infatigablement a son Histoire documentaire et le douzieme tome, un index general de 317 pages, parut en 1975. Ses diverses occupations et ses ouvrages historiques l'ont empeche de repondre au desir du superieur general de preparer «des pages semblables... sur la mission de l'Ouest». II a neanmoins explore quelques themes de cette histoire dans des articles qui revelent sa maitrise de l'histoire documentaire 3 . II a publie deux biographies : celle du pere Hugonnard de l'ecole industrielle de Lebret4 et celle de M^r Ovide Charlebois, o.m.i., vicaire apostolique du Keewatin5. A cause du developpement des depots d'archives et des changements dans les methodes et les conceptions historiques, l'histoire documentaire n'a plus l'attrait qu'elle possedait a l'epoque du pere Carriere. Cependant, le desir de faire connaitre l'oeuvre des Oblats de l'Ouest n'a jamais diminue et, en 1981, la Conference Oblate du Canada decida d'inaugurer une serie de volumes ecrits par des specialistes. L'annee suivante, en 1982, elle area un comite d'histoire oblate pour mettre en marche le projet. Un fonds special fut institue pour venir en aide aux personnes qui feront des recherches. En 1986, le comite passa a Faction en se nommant des responsables : le directeur, M. Guy Lacombe, deux directeurs adjoints, les peres Albert Lalonde et Colin Levangie, et un representant de la Conference Oblate, le pere Felix Vallee, superieur provincial de la province Grandin. Quelques semaines plus tard Raymond Huel, professeur d'histoire a l'universite de Lethbridge, se joignit au comite en qualite de redacteur en chef. Pour faciliter la tache du comite de gestion et lui permettre de publier les travaux de recherche qu'il dirigera, une societe civile, Western Canadian Publishers, fut mise sur pied6. Les familiers de l'histoire de la Congregation percevront dans ce nom l'echo d'une ancienne compagnie oblate domiciliee autrefois a Winnipeg. II faut toutefois se rappeler que ceux qui oeuvrent presentement dans le projet ne sont pas les premiers a s'interesser a l'histoire des Oblats. S'il nous est possible de reconstituer les divers elements de cette oeuvre de pionniers nous en sommes redevables a une elite devouee qui nous a devances. Ces individus, membres de la Congregation, se sont interesses aux archives et a l'histoire tout en s'occupant de leurs devoirs et de leurs fonctions de religieux. Notons en passant le competent et devoue frere Alban Boucher, attache pendant presque toute sa carriere aux archives a Rome. II voyait a l'organisation des archives, a l'acquisition et au classement des documents et a la copie de documents pertinents pour les fonds d'archives oblates du Canada.
Introduction
ix
Dans la province du Manitoba, le pere Paul Etienne s'est beaucoup interesse aux archives et a l'histoire. Lors de son sejour a Lebret il a travaille a organiser et a classer le fonds du Manitoba. Avec son grand souci de precision, on retrouve des rectifications et des mises au point sur quantite de documents. D'autre part, quatre Oblats se sont occupes des archives de la province de l'Alberta-Saskatchewan. Le premier, le pere Jules Le Chevallier, entre en fonction le 26 Janvier 1939, etablit des principes rigoureux pour le classement des documents et les fonctions de l'archiviste. Lui succeda le pere Paul-Emile Breton qui, en depit de ses nombreuses fonctions, se devoua a l'oeuvre des archives et concut le projet de fonder l'lnstitut d'histoire de l'Ouest canadien. Cet Institut visait a la centralisation des archives de la province de l'Alberta-Saskatchewan, du vicariat du Mackenzie et des archives francophones de l'Ouest. Le pere Emile Tardif, qui succeda au pere Breton en 1964, n'a pas reussi a realiser le projet de son predecesseur; les archives resterent a la maison provinciale. Le dernier archiviste oblat, le pere Emeric Drouin, entra en fonction en 1971. Sous sa direction une entente fut conclue avec les archives civiles de l'Alberta et, selon les termes de l'accord, le fonds de la province oblate Alberta-Saskatchewan fut depose aux archives provinciales a Edmonton 7 . En plus de leurs occupations archivistiques, les peres Le Chevallier, Breton et Drouin, historiens et ecrivains reconnus, ont par leurs ecrits non seulement fait connaitre des chapitres de l'oeuvre oblate de l'Ouest mais ont aussi stimule l'interet dans ce domaine. A Grouard, le pere Aristide Philippot a poursuivi la double carriere d'archiviste et d'historien et prepare un grand nombre de manuscrits malheureusement restes inedits. II serait impardonnable de traiter de l'histoire des Oblats sans mentionner encore le pere Gaston Carriere dont l'immense contribution s'avere difficile sinon impossible a surpasser. On retrouve au-dela de douze biographies d'Oblats parmi les mille entrees que comporte sa bibliographie. Son Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculee au Canada*1 est un instrument de recherche indispensable pour ceux et celles qui etudient l'histoire des Oblats. L'abondante documentation assemblee sur ce sujet se retrouve aujourd'hui aux archives Deschatelets a Ottawa. Les archives Deschatelets sont le fruit de soixante-quinze ans de travail et constituent une documentation considerable sur les activites apostoliques des Oblats au Canada. On y trouve imprimes, manuscrits, microfilms, photos, diapositives, rubans magnetiques, audiovisuels, cartes geographiques, etc. Sous la direction du pere Romuald Boucher, un cadre de classement tres elabore, des fichiers et index appropries ont ete developpes pour rendre cette documentation plus accessible aux personnes qui s'adonnent a la recherche. Depuis mars 1988, les archives Deschatelets
x
Introduction
occupent un local spacieux et moderne qui ameliore et augmente les services existants, ou les chercheurs et les chercheuses trouvent de meilleures conditions de travail. II ne pourrait mieux convenir que ce premier volume soit l'oeuvre du pere Donat Levasseur. A la fois Oblat, archiviste et ecrivain, il est un des representants de cette «vieille garde» qui a si bien prepare les debuts du projet d'Histoire des Oblats de l'Ouest. Comme ecrivain, le pere Levasseur a traite de spiritualite oblate dans Les Constitutions et Regies des Missionnaires Oblats de Marie-Immaculee a la Lumiere de Vatican II.9 Sa reputation d'historien repose sur son Histoire des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee. Essai de Synthese10 qui a pour but de presenter «un tableau d'ensemble evoquant la vie concrete de l'Institut, dans ses activites apostoliques comme dans sa propre vie communautaire». Cette derniere oeuvre l'aura eminemment prepare a composer le volume d'initiation qui servira de point de repere a tous les autres qui feront partie de cette serie. Nous avions en vue un volume qui repondrait a toutes les questions que pourrait poser le lecteur peu familier avec la vie des Oblats, leur organisation et leur oeuvre apostolique dans le NordOuest canadien. Ainsi, la tache des auteurs et auteures des volumes en preparation serait facilitee car les sujets specialises pourraient etre abordes directement sans avoir a presenter une introduction generale qui deviendrait inutilement repetitive. Dans ce volume, le pere Levasseur a bien repondu a ce critere et son style clair et precis trace une route facile a suivre. La premiere partie de son etude nous decrit l'implantation des Oblats dans le Nord-Ouest de l'Amerique a partir de leur arrivee a la Riviere-Rouge et dans l'Oregon jusqu'a leur expansion a travers la prairie, le littoral de l'ocean Pacifique et le Grand Nord. Dans la seconde partie, l'auteur met l'accent sur la croissance des missions septentrionales de l'Athabasca-Mackenzie, du Keewatin et de la Baie d'Hudson. L'expansion meridionale de l'apostolat missionnaire nous est presentee dans la troisieme section. Tout en tracant les grandes lignes de cette oeuvre missionnaire oblate, le pere Levasseur nous renseigne sur l'organisation ecclesiastique et religieuse qui la soustend. II nous donne de precieux renseignements sur l'origine, la formation et le soutien des missionnaires ainsi que des statistiques sur le personnel, l'age des sujets et les annees de service. Un court epilogue decrit l'organisation actuelle des provinces oblates de 1'Ouest. En lisant le volume du pere Levasseur et les autres etudes qui feront partie de cette serie sur les Oblats du Nord-Ouest canadien, le lecteur doit se rappeler que l'apostolat oblat etait tributaire d'une philosophic et d'un vocabulaire refletant les valeurs et les traditions religieuses et culturelles
Introduction
xi
de l'Europe occidentale. Comme l'ecrit le pere Levasseur, les Oblats furent «temoins d'une epoque» et, par consequent, nous ne pouvons faire abstraction ni de leur action parmi les populations autochtones ni du vocabulaire dont ils se servaient, meme si ces actes et ce langage froissent la sensibilite de la societe contemporaine qui ne regarde plus le missionnaire comme le patriarche bienveillant mais plutot comme le personnage indiscret qui s'est immisce dans la vie et la societe des autochtones. Les termes utilises par les missionnaires pour decrire leurs ouailles indigenes—«sauvage», «barbare», «superstitieux» et «paien»—doivent etre interpretes dans le contexte du milieu historique, culturel et religieux qui les a engendres et dont ils sont le vehicule. Heritier de la culture dominante de l'epoque, le missionnaire se croyait en droit de minimiser les societes et les cultures indigenes afm de pouvoir reconstruire un edifice social et religieux plus conforme au modele qui inspirait ses actions. Sans mettre en doute la sincerite des sentiments et des motifs du missionnaire, il faut bien admettre qu'il est tombe de son piedestal d'antan et qu'il est devenu la victime de la societe contemporaine qui l'accuse de genocide culturel envers les populations indigenes. Bien entendu, les attitudes envers les autochtones et leurs religions traditionnelles ont beaucoup change depuis la fin de la deuxieme guerre mondiale et les seances du deuxieme Concile du Vatican. S'il incombe a chaque generation d'interpreter son histoire, il est d'autant plus important de reexaminer l'epoque missionnaire a la lumiere de ces nouveaux regards et de cette nouvelle tradition intellectuelle. Une meilleure connaissance de l'experience missionnaire s'impose non seulement pour mieux connaitre les activites des Oblats mais aussi pour mieux comprendre l'attitude et les valeurs de la societe et de l'Eglise dont ils etaient, pour ainsi dire, les ambassadeurs. Comme nous l'avons dit, le volume du pere Levasseur est le point de depart d'un projet de longue envergure. Deja, de nombreuses personnes sont occupees a preparer des etudes approfondies sur plusieurs des themes de l'histoire oblate de l'Ouest si bien identifies par le pere Levasseur. II y aura des etudes biographiques non seulement sur les Oblats de grande renommee mais aussi sur ceux-la que l'histoire a malheureusement ignores jusqu'ici. II y aura aussi des etudes a la fois specialisees et thematiques telles que les missions indiennes et metisses de l'Ouest, l'evangelisation des Denes, les rivalries entre Oblats et ministres protestants, l'effort colonisateur oblat en Alberta, les Oblats et l'education parmi les Inuit, les Oblats et les services de sante dans le Grand Nord. En continuant et en developpant l'etude du pere Levasseur, ces futurs volumes demontreront clairement que l'apostolat oblat dans l'Ouest et le Nord canadiens fut une oeuvre a la fois complexe et tres variee.
xii
Introduction
Le pere Levasseur est decede le 31 Janvier 1992, quelques mois apres nous avoir confie son manuscrit. Nous tenons a souligner le travail des personnes suivantes qui ont contribue a la realisation de ce livre : le frere Normand Martel, o.m.i., le pere Romuald Boucher, o.m.i., M. Guy Lacombe, M. Louis-Philippe Cormier, et finalement Mme Gisele Gaudet. Raymond Huel redacteur en chef
I
L IMPLANTATION, 1845-1871
Page laissée blanche intentionnellement
1
L'Eglise au Nord-Ouest de PAmerique
Le diocese de Quebec, au debut du XIXe siecle, comprenait les immenses territoires britanniques du Nord-Ouest et de la Colombie. Le premier s'etend des Etats-Unis a l'ocean Arctique et des montagnes Rocheuses au Haut-Canada; le deuxieme, situe au-dela des montagnes Rocheuses, s'allonge de la Californie a l'ocean Arctique. Ce dernier, a la fois possession americaine et possession anglaise, ne sera definitivement reparti entre les deux pays qu'en 1846.
Dans le Nord-Ouest de VAmerique L'activite missionnaire du diocese de Quebec se deploya d'abord dans le Nord-Ouest, ou dans les pays d'en-haut, selon une expression du temps. AU PAYS DES TRAITEURS DE FOURRURES
Au debut du XIXe siecle, 1'immense contree du Nord-Ouest, inculte et sauvage, encore sans organisation economique, politique et sociale, etait l'enjeu de deux puissantes compagnies de fourrures. La premiere, fondee en Angleterre en 1670, sous le nom de Hudson's Bay Company, avait obtenu du roi Charles II juridiction sur le territoire appele Terre de Rupert, comprenant les versants de la Baie James et de la Baie d'Hudson. La deuxieme, formee a Montreal en 1784 par de riches marchands de la ville, la plupart ecossais, portait le nom de North West Company. Tres tot
3
4
L IMPLANTATION
florissante, cette derniere etablit de nombreux postes de traite dans le Nord-Ouest et en Colombie. En 1806, die embauchait mille deux cents employes, presque tous canadiens-francais ou metis. Ces compagnies, rivales jusqu'a leur fusion en 1821, sont presentes dans le pays par de nombreux postes de traite et exercent une influence considerable sur tout le territoire. Elles assurent le ravitaillement des Blancs et meme, en partie, des indigenes qui en deviennent graduellement dependants. Par leur reseau routier, alors unique dans le territoire, elles controlent en bonne partie le deplacement des personnes et le transport des effets et des marchandises. La Compagnie de la Baie d'Hudson, avec laquelle les missionnaires seront en relation, puisqu'elle sera la seule a subsister apres 1821, favorisait naturellement l'Eglise d'Angleterre, a laquelle appartenaient ses directeurs. Toutefois, elle reconnaissait aux indigenes la liberte de culte et elle favorisait l'oeuvre de leur christianisation et de leur civilisation, du moins pour justifier aux yeux du public les privileges exorbitants dont elle jouissait. Cependant, afin de proteger une paix favorable a son commerce, elle s'opposait generalement a la presence de deux ou de plusieurs Eglises concurrentes dans un meme poste. II fallait d'ailleurs son autorisation pour l'etablissement d'une mission, au moins pour obtenir son secours qui d'ailleurs etait le plus souvent necessaire. Avec liberalite, elle rendra de precieux services aux missionnaires catholiques1. LA COLONIE DE LA RIVIERE-ROUGE
La premiere modification d'ordre social et economique a survenir dans la contree fut la fondation, en 1811, de la colonie de la Riviere-Rouge. Lord Selkirk2, actionnaire de la Compagnie de la Baie d'Hudson, fit valoir les avantages pour la Compagnie de se procurer au moins en partie, dans le Nord-Ouest meme, le ravitaillement qu'elle devait importer a grands frais des iles britanniques. II obtint 116,000 milles carres de bonne terre dans les vallees des rivieres Rouge et Assiniboine, ou il organisa une colonie designee sous le nom de Riviere-Rouge. Le territoire de cette colonie s'etendait a la partie meridionale du Manitoba actuel et a des portions de la Saskatchewan, de l'Ontario et des etats du North Dakota et du Minnesota. La direction de l'entreprise fut confiee a Miles Macdonell, nomme en plus, par la Compagnie de la Baie d'Hudson, gouverneur du district d'Assiniboia, dans lequel s'etendait la colonie. Les colons, arrives en 1812, en 1813 et en 1815, de l'Ecosse et de l'lrlande, se joignirent a une population de beaucoup plus nombreuse composee de Blancs, de Metis et
L'Eglise au Nord-Ouest de VAmerique
5
d'Indiens presents sur les bords des rivieres Rouge et Assiniboine et dans les plaines environnantes. La Compagnie du Nord-Ouest considera l'etablissement de cette colonie comme une menace a la libre circulation des provisions entre son depot de Fort William (Thunder Bay) et la riche region en fourrures du lac Athabasca. De plus, elle prevoyait les lourdes consequences de la decision prise par le gouverneur, Miles Macdonell, de prohiber l'exportation, a l'exterieur de la colonie, du pemmican, nourriture traditionnelle des voyageurs et des employes de la traite. Aussi, lors de leur assemblee de 1814, les directeurs de la Compagnie deciderent-ils la destruction de l'etablissement. La lutte entreprise forca la plupart des colons a se disperser au cours de 1815. Le 19 juin 1816 eclata dans la colonie une bataille sanglante qui couta la vie a dix-neuf personnes, dont Robert Semple, alors gouverneur des territoires de la Compagnie de la Baie d'Hudson. La colonie, sur le point de disparaitre, fut reorganised, puis consolidee lorsque les deux compagnies rivales se fusionnerent, en 1821, sous la charte de la Compagnie de la Baie d'Hudson 3 . En 1834, cette derniere racheta le territoire de la colonie, en garda la propriete et l'administra jusqu'en 1869. Elle vendit alors ses droits territoriaux au gouvernement federal du Canada et devint alors une simple compagnie commerciale. LA POPULATION
La population du Nord-Ouest, au milieu du siecle dernier, se compose principalement d'aborigenes appartenant a cinq grandes families linguistiques. La famille des Algonquins, au nombre d'environ trente mille personnes, Cris, Sauteux et Maskegons, etend son domaine dans les territoires du sud. La famille des Assiniboines, branche des Sioux des Etats-Unis, reunissant de trois a quatre mille personnes, reside sur le territoire des Algonquins. La famille des Pieds-Noirs, etablie dans les regions du sud de l'Alberta actuelle, regroupe environ six mille membres. La famille des Chipewyans comprend plusieurs tribus : les Chipewyans proprement dits (ces derniers couramment appeles Montagnais par les premiers traitants et missionnaires canadiens-francais), les Mangeurs de Caribou, les Couteaux-Jaunes, les Castors, les Esclaves, les Peaux-deLievre, les Plats-cotes-de-chien, et les Loucheux : en tout une population d'environ quinze mille personnes. Elle occupe principalement les bassins de la riviere Athabasca et du fleuve Mackenzie. Enfin, la famille des Inuit, dispersee sur le littoral de l'ocean Arctique et de la Baie d'Hudson, compte environ quatre a cinq mille personnes 4 . Quant a leur mode de vie, les Indiens des plaines, au sud, vivent en
6
L IMPLANTATION
groupes ou en camps assez considerables. Us se deplacent frequemment, selon les besoins de la chasse au bison, d'ou ils tirent leur richesse. Les tribus de ce territoire, fieres et belliqueuses, furent presque continuellement en guerre jusqu'au milieu du siecle dernier. Les Indiens du Nord, pour leur part, occupent un territoire couvert de forets et parseme de lacs et de rivieres. Disperses en petits groupes ou en families, ils errent ca et la, a la recherche de leur subsistance, assuree par la chasse et la peche. Les tribus de ces regions sont pacifiques et souvent pauvres. Ces populations indiennes, que les missionnaires atteindront graduellement, possedent naturellement un sentiment religieux. M§r Tache explique ainsi leur croyance et leur culte : Tous les sauvages reconnaissent un etre quelconque, superieur aux autres, auquel ils donnent differents noms. Le culte de cet etre est souvent nul et toujours mal defini; quelques-uns rendent le culte le plus eclatant au soleil; d'autres, tout en reconnaissant «PEsprit Bon», servent et honorent de preference le mechant. Presque tous croient a une espece de polytheisme grossier, ils adressent leurs supplications a tous les etres de la nature, a tous ceux surtout qui revetent une forme singuliere ou extraordinaire5. A la population indigene du Nord-Ouest s'ajoutaient, au milieu du siecle dernier, quelques milliers de Blancs et de Metis. Les Blancs sont des «coureurs des bois», ou aventuriers, et des employes anciens et actuels des compagnies de fourrures de la Baie d'Hudson et du Nord-Ouest. Bon nombre d'entre eux, Canadiens francais, ont conserve leur foi, meme si parfois leur conduite religieuse laisse a desirer. De relation assez facile et etroite avec les Indiens, ils n'ont pas ete sans leur parler de leur religion, notamment des pretres et des ceremonies du culte. Ils ont ainsi ouvert la voie aux missionnaires. Certains d'entre eux feront signer des petitions pour obtenir des pretres et, une fois exauces, les assisteront genereusement. La population metisse s'est accrue assez rapidement; elle etait evaluee a quinze mille personnes, en 18696. Issus en majorite de peres canadiens-francais unis a des Indiennes du pays, les Metis ont accepte, dans leur ensemble, la foi de leurs peres et formerent sans retard un noyau important de l'Eglise naissante du Nord-Ouest. L'ENVOI DE MISSIONNAIRES
Au debut du XIXe siecle, aucun pretre n'avait encore reside en permanence dans le Nord-Ouest 7 . M§r Octave Plessis8, eveque de Quebec, recut
L'Eglise au Nord-Ouest de VAmerique
7
de la Compagnie du Nord-Ouest l'invitation de visiter les catholiques du lac a la Pluie, au printemps de 1816. Cette invitation lui etait adressee par l'intermediaire de M. Angus Shaw, bourgeois influent de la Compagnie 9 . Le 4 avril 1816, Miles Macdonell, en charge de la colonie de la RiviereRouge, et Lord Selkirk lui-meme priaient, a leur tour, l'eveque de Quebec d'envoyer des pretres dans leur colonie10. Le prelat chargea alors l'abbe Pierre-Antoine Tabeau d'aller recueillir sur place les informations necessaires en vue de l'etablissement d'une mission dans les proprietes de Lord Selkirk. II lui recommandait de se tenir totalement etranger aux divisions qui existaient entre les deux Compagnies11. L'abbe Tabeau n'alla pas audela du lac a la Pluie, ou il apprit les evenements sanglants du 19 juin survenus dans la colonie de la Riviere-Rouge. II jugea qu'il fallait remettre a plus tard toute fondation missionnaire a cet endroit et il revint au BasCanada. Cependant, le 9 Janvier 1817, M.R d'Eschambault reiterait, de la part de Lord Selkirk, la demande d'un pretre pour la colonie de la RiviereRouge12. Le 23 suivant, M gr Plessis lui repondait: Je suis parfaitement dispose a procurer a la Riviere-Rouge toute l'assistance spirituelle qui dependra de moi, aussitot que les troubles qui divisent en ce moment les deux societes laisseront quelque espoir de le faire avec fruit. Ce ne sera pas un seul, mais deux missionnaires qui y seront envoyes. Mes mesures sont prises a cet effet. Les evenements decideront du temps ou il faudra les faire partir 13 . Au debut de 1818, parvenait a M§r Plessis une petition signee de vingtdeux residants de la colonie sollicitant le secours d'un pretre de leur sainte religion14. Le prelat resolut alors de passer a Faction. Attendre que la reconciliation entre les deux compagnies soit faite avant de proceder, comme le lui recommandait le rapport de l'abbe Tabeau, serait s'exposer a differer toute action «de dix ans et peut-etre davantage»15. Le 16 mars, il indique a Lord Selkirk son intention d'envoyer a la Riviere-Rouge, des cette annee, deux pretres et un jeune ecclesiastique pour y travailler a poste fixe. II ajoute : «Je suis rempli de consolation dans l'idee de l'etablissement solide d'une mission catholique qui peut devenir d'une importance incalculable au vaste territoire qui l'environne»16. M§r Plessis avait obtenu pour la mission de la Riviere-Rouge le concours des abbes Norbert Provencher17, age de trente et un ans, et JosephNicolas-Severe Dumoulin, age de vingt-cinq ans, et d'un ecclesiastique, Guillaume-Etienne Edge, ce dernier, en qualite de catechiste. Dans sa let-
8
L IMPLANTATION
tre d'envoi, en date du 20 avril 1818, il indique nettement a ces missionnaires le but de leur mission. Bien que la demande de pretres lui ait ete faite pour les catholiques de la colonie, dans son zele pastoral, le prelat ne peut oublier les indigenes qui forment la grande majorite de la population de la contree. II les privilegie meme. Son mandat aux apotres du Nord-Ouest commence ainsi: i° Us [les missionnaires] doivent considerer comme le premier objet de leur mission de retirer de la barbarie et des desordres qui en sont la suite les nations sauvages repandues dans cette vaste contree. 2 0 Le second objet est de porter leurs soins vers les mauvais chretiens qui y ont adopte les moeurs des sauvages et vivent dans la licence et dans l'oubli de leur devoir18. Pour obtenir d'heureux resultats dans la poursuite de ces objectifs, le zele pasteur recommande les moyens suivants : la predication de l'Evangile, l'etude des langues indiennes, la regularisation selon le rite chretien des nombreux mariages de Blancs avec des femmes indiennes faits selon la coutume du pays et «un soin particulier a l'education chretienne des enfants»19. II invite les missionnaires a etendre leur devouement aux personnes qui relevent de l'une comme de l'autre Compagnie, «ayant soin de se porter partout ou le besoin des ames les appellera»20. Le plus pur esprit apostolique et missionnaire et une vision eclairee des besoins religieux du milieu inspirent done cet important document qui marque les origines de l'Eglise dans l'Ouest du Canada. LES DEBUTS DE L'APOSTOLAT
Les deux pretres et le seminariste designes pour la Riviere-Rouge, partis de Montreal le 19 mai 1818, arrivent a destination le 16 juillet suivant. Us sont accueillis avec joie par la population locale composee de Metis, de Canadiens francais et de colons amenes par Lord Selkirk. Le lieu de leur residence est fixe a La Fourche, au centre de la colonie, sur la rive droite de la riviere Rouge, vis-a-vis de rembouchure de la riviere Assiniboine. La maison mise en chantier devait servir a la fois de lieu de culte et de residence. Ce premier poste missionnaire fut place sous le vocable de saint Boniface21. Un ministere intense absorba immediatement leur zele, notamment la regularisation des mariages de Blancs avec des Indiennes, ce qui exigeait l'instruction religieuse et le bapteme de ces dernieres. En raison de la devastation d'une partie des recoltes par les sauterelles, un contingent de colons emigrerent a une centaine de kilometres au sud,
L'Eglise au Nord-Ouest de I'Amerique
9
^ ^ M8r Joseph-Norbert Provencher (1797-1853), premier eveque de SaintBoniface, Manitoba. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
a Pembina, afin d'assurer leur subsistance par la chasse. Un deuxieme poste de mission fut ouvert a cet endroit, en septembre, par l'abbe Dumoulin et M. Edge. A la demande de l'abbe Dumoulin, l'abbe Provencher donna comme patron de la nouvelle mission saint FrancoisXavier22. L'abbe s'occupa non seulement des colons mais aussi des Indiens de la region. En 1819, il se rendit meme chez les Sauteux du lac a la Pluie. M. Edge, pour sa part, prit charge de l'instruction des enfants. Les deux missionnaires s'occuperent de la construction d'une chapelle, d'une maison et d'une ecole. L'abbe Provencher, reste seul au centre de la colonie, inaugura, le i er novembre, sa maison-chapelle qu'il dedia a saint Boniface. Sans retard, ce zele missionnaire commenca chez lui l'enseignement religieux et meme de la lecture aux Indiens 23 . II songea immediatement a faire venir des religieuses pour leur confier l'education des filles24. II n'en obtiendra que vingt-cinq ans plus tard. Entre-temps, en 1829, il put ouvrir une ecole pour jeunes filles, dirigee par Angelique Nolin25. En plus du ministere aupres de la population locale, l'abbe Provencher visita, au cours du careme 1819, les employes et autres personnes des forts de traite etablis sur les rivieres Souris et Qu'Appelle26.
10
L IMPLANTATION
UN DISTRICT EPISCOPAL
L'arrivee a la Riviere-Rouge, le 12 aout 1820, d'un troisieme pretre, l'abbe Thomas Destroismaisons, permit a l'abbe Provencher d'aller aupres de M gr Plessis, a Quebec, afin de rendre compte de l'etat de sa mission. L'eveque de Quebec, a peine de retour de Rome, lui communiqua un message important. Convaincu de la necessite de la presence d'un eveque dans le lointain district de la Riviere-Rouge pour y assurer la bonne marche de l'Eglise, il avait obtenu, a la suite de demarches aupres de Lord Bathurst, secretaire aux colonies27, a Londres, et aupres du Saint-Siege, la creation d'un siege episcopal dans ce district et la nomination de l'abbe Provencher lui-meme comme titulaire de ce siege. En annoncant cette nouvelle a l'elu, il lui remettait ses bulles de preconisation a l'episcopat, signees le i er fevrier 1820. Elles le nommaient eveque auxiliaire et suffragant et grand vicaire de l'eveque de Quebec. Humble et conscient de l'importante tache qui l'attendait, ce n'est qu'apres hesitations et reflexions que l'abbe Provencher accepta sa nomination. II recut l'ordination episcopale a Trois-Rivieres, Quebec, le 12 mai 1822. ABANDON DE LA MISSION DE PEMBINA
Le nouveau prelat revint a la Riviere-Rouge, le 7 aout 1822, accompagne d'un seminariste, monsieur Jean Harper, qu'il ordonna pretre deux ans plus tard. En arrivant, il s'occupa de la fermeture de la mission de Pembina. En effet, John Halkett, executeur testamentaire de Lord Selkirk, pour fortifier la colonie de la Riviere-Rouge28, avait donne ordre de fermer le poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson de Pembina et avait obtenu de M& Plessis la promesse que la mission catholique de 1'endroit serait egalement fermee29. L'abbe Dumoulin, en charge de la mission, la quitta en 1823, au grand regret de tous, et revint au Bas-Canada. Les gens demeures a Pembina furent visites de temps a autre par des pretres de Saint-Boniface; ceux qui revinrent a la Riviere-Rouge se fixerent dans un endroit designe sous le nom de Prairie du Cheval Blanc, sur la riviere Assiniboine, a une trentaine de kilometres de Saint-Boniface. M gr Provencher y ouvrit, en 1824, une mission qu'il dedia a saint FrancoisXavier, le patron meme de Pembina. Elle devint la deuxieme paroisse de la colonie. LES MISSIONS AUPRES DES INDIENS
Malgre le vif desir qu'il en avait, M gr Provencher, faute de pretres en nombre suffisant, ne put en assigner un exclusivement a l'evangelisation des
L'Eglise au Nord-Ouest de VAmerique
n
indigenes avant l'arrivee, en 1831, de l'abbe Georges-Antoine Belcourt30. Le nouveau missionnaire se livra immediatement a l'etude de la langue des Sauteux, quelque peu apparentee a la langue algonquine qu'il avait etudiee a la mission du lac des Deux-Montagnes, au Bas-Canada. En 1832, le jeune missionnaire commence son ministere aupres des Indiens de l'interieur de la colonie et des environs. L'annee suivante, il avait jete les fondements d'un etablissement, dans le but de regrouper les Indiens nomades, de les initier a l'agriculture et de leur donner une formation qui favoriserait leur evangelisation. Cet etablissement, mis sous le patronage de saint Paul, etait definitivement fixe a un endroit appele la Prairie a Fournier, sur la riviere Assiniboine, a quelque 15 kilometres a l'ouest de la paroisse Saint-Francois-Xavier. Peu de succes couronna les energies que l'abbe Belcourt consacra genereusement a cette oeuvre. M^r Provencher ne partageait pas pleinement l'insistance du missionnaire sur le developpement materiel. «I1 a trop pense a batir temporellement et pas assez dans les coeurs», ecrivait-il31. Toutefois, selon les informations de l'abbe Belcourt, la mission comptait, en 1838, trois cents chretiens ou neophytes, cent cinquante catechumenes et une vingtaine de communiants 32 . Elle periclita dans la suite et fut definitivement abandonnee vers 1850. En dehors de la colonie, des postes de missions indiennes furent ouverts et visites regulierement. A partir des annees 1838, M. Belcourt, encourage par M8r Provencher, visitait Fort Alexandre, a l'embouchure de la riviere Winnipeg, et remontait cette riviere jusqu'a Wabassimong, lieu de rassemblement des Sauteux situe au confluent de la riviere aux Anglais (English River). II entrait ainsi dans un territoire que la Compagnie de la Baie d'Hudson voulait reserver aux Methodistes33. En 1842, il eleva a Wabassimong une chapelle dediee a Notre-Dame de la Merci. Sa tentative d'y organiser un village indien agricole, comme a la mission Saint-Paul, avorta. Le missionnaire prolongea sa course jusqu'au lac a la Pluie, ou il rencontra encore des indiens Sauteux rebelles a l'evangelisation. «Les sauvages sont mediants de ce cote-la», ecrivait M gr Provencher34. Des postes de missions s'ouvrirent en direction du nord, dont le principal fut celui de Baie-des-Canards (Duck Bay), situe sur le lac Winnipegosis, a plus de 300 kilometres au nord de Saint-Boniface. Ce poste fut visite par les abbes Belcourt, en 1839 et en 1840, Jean-Baptiste Thibault, en 1841, qui y batit une chapelle, Jean-Edouard Darveau, de 1842 a 1844, et Louis-Francois Lafleche35, en 1845. L'abbe Darveau ouvrit un poste de mission plus au nord, a Le Pas, en 1843, ou il donna une mission de cinq semaines. Ce devoue missionnaire perdit la vie, l'annee suivante, en retournant a ce poste.
12
L IMPLANTATION
DANS UN CHAMP D'APOSTOLAT INTERDIT
M gr Provencher, toujours preoccupe de l'evangelisation des lointaines tribus indiennes de l'Ouest et du Nord de son district episcopal, attendait l'occasion favorable pour y envoyer des missionnaires. II connaissait deja les bonnes dispositions de ces tribus a l'egard du pretre, specialement celles du Nord. Les abbes Modeste Demers et Norbert Blanchet, en route pour l'Oregon, en 1838, lui avaient signale aussi les heureuses dispositions des Indiens qu'ils avaient rencontres et, en particulier, 1'importance du fort Edmonton comme lieu d'un etablissement missionnaire36. En 1839, John Rowand, Irlandais catholique, chef du fort Edmonton, de passage a Saint-Boniface, reclamait un pretre pour les catholiques du fort. Le prelat voulut repondre immediatement a cette demande, mais la Compagnie de la Baie d'Hudson, de son siege social de Londres, a laquelle il demandait le passage du missionnaire, remit a plus tard son automation 37 . L'annee suivante, la Compagnie, qui voulait limiter Faction des missionnaires catholiques a la region de la Riviere-Rouge38, invitait des missionnaires methodistes a s'etablir dans le departement du Nord et designait le fort Edmonton comme lieu de mission d'un de ces ministres39. Cependant, M§r Provencher etait toujours sollicite. En 1841, John Rowand, revenant a la charge, l'informait de nouveau des besoins des catholiques du fort et des bonnes dispositions des Indiens envers la religion. II le mettait au courant des activites du ministre methodiste, Robert Terrill Rundle, etabli a Edmonton. Un Metis, du nom de Picher (Piche), de la region d'Edmonton, venu la meme annee le rencontrer a SaintBoniface, lui demandait, au nom des Cris du pied des montagnes Rocheuses, un pretre catholique40. Le prelat n'hesita plus et, sans faire de demarches aupres du gouverneur de la Compagnie de la Baie d'Hudson, decida d'envoyer un missionnaire dans la region du fort Edmonton. II ecrivait a l'archeveque de Quebec : Que va dire ce brave Gouverneur en voyant que nous n'avons pas respecte ses defenses de batir ca et la et surtout d'aller vers la Montagne de roches. Un plus puissant que lui me charge et me presse de paitre le troupeau qui m'est confie41. JUSQU'AUX ROCHEUSES ET AU GRAND NORD
L'abbe Jean-Baptiste Thibault, initie aux langues crise et sauteuse, fut choisi pour cette mission. Parti a travers la prairie, le 20 avril 1842, il gagna par ses propres moyens le fort Edmonton, en evangelisant sur son
L'Eglise au Nord-Ouest de VAmerique
13
<^*-> Jean-Baptiste Thibault (1810-1879), premier missionnaire a travailler en Alberta. II se depensa dans l'Ouest pendant 40 ans (1832 a 1872). (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
chemin Canadiens, Metis et Indiens. Dans les postes de la Compagnie de la Baie d'Hudson, il fut accueilli avec courtoisie et bienveillance par les bourgeois en charge. Au poste d'Edmonton, une delegation de PiedsNoirs vint Pecouter42. De ce poste, il multiplia ses courses apostoliques dans la region, surtout en faveur des Cris. Le 20 octobre, il revenait a Saint-Boniface43. Le vaillant apotre renouvela sa longue tournee missionnaire, a Pete 1843. II revint dans la region en 1844, cette fois, avec Pabbe Joseph Bourassa, jeune pretre ordonne de Pannee. Avec son compagnon, ils s'etablirent a une soixantaine de kilometres a l'ouest du fort Edmonton, dans un endroit, le lac du Diable ou les Indiens ont coutume de se reunir, qu'ils renommerent lac Sainte-Anne. Les deux apotres de cette nouvelle mission s'occuperent des Indiens de la region environnante, des postes le long de la riviere Saskatchewan et porterent PEvangile meme dans des endroits tres eloignes. En 1845, l'abbe Thibault se rendit a l'lle-a-la-Crosse, dans le district de la riviere aux
14
L IMPLANTATION
Anglais (Churchill), oil il re^ut un accueil affable de Roderick Mackenzie, en charge du district; il rencontra un grand nombre d'Indiens empresses a l'ecouter. II poussa sa course encore plus au nord, jusqu'au Portage La Loche, ou se trouvaient egalement des Indiens animes de dispositions favorables a l'Evangile. II refit cette expedition missionnaire en 1846. Son compagnon, l'abbe Bourassa, se dirigea vers le Petit lac des Esclaves (Lesser Slave Lake) et vers la vallee de la riviere de la Paix, ou il passa l'hiver 1845-1846, heberge au fort Dunvegan44. Jusqu'en 1852, les valeureux missionnaires etablis au lac Sainte-Anne atteignirent, dans leur ministere itinerant, d'autres postes eloignes : Fort Jasper, Fort de la Montagne, le lac La Biche, le Lac Froid (Cold Lake). L'abbe Albert Lacombe, futur oblat, leur succeda. Il visita lui aussi le Petit lac des Esclaves et le fort Dunvegan, en 1855. LE VICARIAT APOSTOLIQUE DU NORD-OUEST
Le developpement de l'Eglise dans le Nord-Ouest, de l'avis des eveques du Canada et de M§r Provencher lui-meme, avait besoin d'une certaine autonomie. Jusque-la, cette Eglise n'etait qu'un district du diocese de Quebec et son pasteur n'etait muni que des pouvoirs d'un vicaire general du diocese. En decembre 1843, M^r Signay, archeveque de Quebec, adressa une supplique au Saint-Siege dans laquelle il demanda l'erection du district du Nord-Ouest en vicariat apostolique. Le pape Gregoire XVI acceda a la demande. Par son bref du 16 avril 1844, il erigea le district du NordOuest en vicariat apostolique sous le nom de Baie d'Hudson et Baie James et le confia aux soins de M§r Provencher. Pendant que se traitait cette affaire, le prelat de Saint-Boniface, de sejour au Bas-Canada, a l'ete 1843, acquerait pour ses missions le concours de deux nouveaux pretres, les abbes Louis-Francois Lafleche, futur eveque de Trois-Rivieres, et Joseph Bourassa. II obtenait aussi la collaboration des Soeurs Grises de Montreal 45 , qui lui accorderent un contingent de quatre religieuses, les premieres a se rendre a Saint-Boniface. En Janvier 1844, le prelat gagna l'Europe, ou il obtint des allocations genereuses de l'Oeuvre de la Propagation de la Foi de Lyon, pour ses missions. En mars, il revenait au Canada. L'EGLISE DU NORD-OUEST EN 1 8 4 4
A la fin de 1844, le vicariat apostolique de la Baie d'Hudson et Baie James comptait deux quasi-paroisses : Saint-Boniface et Saint-Francois-Xavier, deux missions indiennes avec pretres residants : Saint-Paul, dans la colonie de la Riviere-Rouge, et Sainte-Anne, dans la region du fort
VEglise au Nord-Ouest de I'Amerique
15
Edmonton, des dessertes visitees regulierement a Wabassimong, au lac a la Pluie et a la Baie-des-Canards, et plusieurs postes desservis par les missionnaires itinerants. Au centre du vicariat, M gr Provencher inaugurait un modeste college. Pour leur part, les Soeurs Grises de Montreal, avaient commence des oeuvres d'education et de charite. Les abbes GeorgesAntoine Belcourt, Jean-Baptiste Thibault, Joseph-Arsene Mayrand, LouisFrancois Lafleche et Joseph Bourassa formaient alors le clerge a la disposition du vicaire apostolique.
Dans la Colombie LE PAYS ET SA POPULATION
Le vaste territoire de la Colombie ou de l'Oregon comprend les etats americains actuels d'Oregon et de Washington, et le territoire de la Colombie-Britannique et du Yukon46. Un pays montagneux, en grande partie couvert de forets, d'un climat rigoureux au nord, tempere au sud, arrose notamment par deux grands fleuves, le Columbia et le Fraser. II etait au debut du XIXe siecle dans un etat presque completement sauvage. Des la fin du siecle precedent, les Compagnies de fourrures du NordOuest et de la Baie d'Hudson y firent leur apparition. Cette derniere, devenue l'unique compagnie de traite dans le territoire apres 1821, exerca une regie pleine et entiere sur la contree jusqu'au milieu du siecle dernier. La population de ce pays, avant le XIXe siecle, se composait d'autochtones, repartis en plusieurs families ou tribus indiennes. A cette population indigene s'ajoutait un certain nombre de Blancs, principalement des employes anciens et encore en fonction des compagnies de fourrures. Au cours de la premiere moitie du XIXe siecle, une colonie de Blancs se forma dans la vallee de la Willamette, affluent sud du fleuve Columbia. Bientot, la population americaine envahit la region au sud du 49e degre parallele, non sans susciter de graves et longs conflits avec les populations indigenes qui l'occupaient. D'autre part, la decouverte, en 1858, de gisements auriferes dans la vallee du fleuve Fraser, au nord du 49e degre parallele, amena immediatement sur les lieux un flot d'immigrants de diverses nationalites attires par l'appat du gain. DEBUTS DE L'EGLISE EN COLOMBIE
L'Eglise catholique prit naissance dans la partie sud de la Colombie, dans l'Oregon actuel. Le 3 juillet 1834, une vingtaine de families canadiennes etablies sur les riches terres le long de la riviere Willamette, appuyees par
16
L'IMPLANTATION
John McLoughlin, gouverneur du fort Vancouver, adressaient une requete a M§r Provencher, de Saint-Boniface, en vue d'obtenir le ministere d'un pretre. Le 23 fevrier de l'annee suivante, elles lui en faisaient parvenir une deuxieme. Elles etaient alors envahies par des immigrants venant des Etats-Unis, ayant a leur tete de zeles ministres methodistes. Le prelat de Saint-Boniface, deja preoccupe des populations au-dela des montagnes Rocheuses47, donna suite a la demande qui lui etait adressee avec insistance. II obtint de George Simpson48, gouverneur de la Compagnie de la Baie d'Hudson, des passages gratuits aux pretres qui y seraient envoyes. Le prelat voulait, non seulement porter des secours religieux aux Blancs de la vallee de Willamette et aux autres Blancs au-dela des montagnes Rocheuses49, mais il desirait vivement entreprendre l'oeuvre d'evangelisation des nombreuses tribus indiennes qui peuplaient les regions du Pacifique. Dans la reponse qu'il fit aux petitionnaires de la colonie de Willamette, il ecrit: Mon objectif n'est pas seulement de vous procurer a vous et a vos enfants la connaissance de Dieu, mais encore aux nombreuses tribus indiennes parmi lesquelles vous vivez50. A M gr Jean-Jacques Lartigue, auxiliaire a Montreal de l'archeveque de Quebec, il ajoute : «La petite colonie, qui commence, n'est pas le grand but de mes sollicitudes, mais les infideles qui sont exposes a passer de l'infidelite a l'heresie»51. M gr Provencher s'occupa activement de cette fondation missionnaire lors de son voyage au Canada et en Europe, en 1835-1837. Au Canada, il recut de M gr Signay, archeveque de Quebec, l'autorisation de proceder a la fondation projetee. M gr Lartigue, devenu eveque de Montreal, lui accorda un soutien empresse. A Londres, il obtint des dirigeants de la Compagnie de la Baie d'Hudson la confirmation de l'engagement pris par George Simpson en faveur des missions de l'Oregon. A Paris et a Lyon, il interessa a son projet des membres de l'Oeuvre de la Propagation de la foi qui se montrerent genereux dans les allocations qu'ils lui accorderent. Enfin, a Rome, le pape accepta son projet et accorda explicitement a l'eveque de Quebec la juridiction sur tout le territoire de la Colombie. Ainsi certains doutes relatifs a cette juridiction etaient enleves52. L'eveque de Quebec reunit ce territoire au district du Nord-Ouest et le confia a M gr Provencher.
L'Eglise au Nord-Ouest de I'Amerique
17
LES PREMIERS OUVRIERS
De retour au Canada, M§r Provencher, a la recherche de pretres pour la mission de l'Oregon, obtint l'abbe Norbert Blanchet, age de quarante et un ans, cure des Cedres, et l'abbe Modeste Demers, age de vingt-sept ans, vicaire a Trois-Pistoles. Ce dernier partit a la fin d'avril 1837 pour la Riviere-Rouge et son compagnon le rejoignit l'annee suivante. Le 10 juillet 1838, les deux se mirent en route pour leur champ missionnaire, en traversant les plaines de l'Ouest et les montagnes Rocheuses. Le 24 novembre, ils arriverent a Fort Vancouver, situe au nord du fleuve Columbia, a quelque 150 kilometres de son embouchure. Ce n'est qu'en octobre de l'annee suivante qu'ils furent autorises a s'etablir au centre de la colonie de Willamette, au milieu des families qui avaient demande un pretre. Une chapelle-presbytere les y attendait53. Les missionnaires deployerent leur zele aupres des Blancs et des Indiens dans des visites aux postes de la Compagnie de la Baie d'Hudson : Fort Vancouver, Willamette, Cowlitz, Colville, Okanagan, Walla Walla, Nesqually, etc. En 1841, l'abbe Demers se rendit au fort Langley, sur le bas Fraser, dans la Colombie-Britannique d'aujourd'hui. Des Blancs et de nombreux Indiens vinrent a lui. La meme annee, a la demande de M^r Joseph Rosati, cm., eveque de Saint-Louis, Missouri, des Jesuites ouvraient une mission dediee a sainte Marie chez les Tetes-Plates, au pied des Rocheuses54. EN NOUVELLE-CALEDONIE
L'annee suivante, en 1842, les missionnaires canadiens, de concert avec le pere Jean de Smet55, jesuite, superieur de la mission Sainte-Marie, deciderent l'etablissement de missions en Nouvelle-Caledonie56. II fut convenu que l'abbe Demers s'y rendrait immediatement afin de devancer les ministres protestants et que les Jesuites lui succederaient quand leur nombre en Oregon le permettrait. Dans sa tournee apostolique, du 30 juin 1842 au 13 mars 1843, le pretre canadien emprunta la vallee du Fraser, donna des missions dans les campements de Blancs et d'Indiens, le long de sa route, s'arreta aux forts Thompson (Kamloops), Alexandria, George, et se rendit jusqu'au lac Stuart. Sur le chemin du retour, il s'arreta a Fort Alexandria, ou il passa l'hiver, fit construire une chapelle et visita les Indiens des environs. II etait le premier pretre a porter FEvangile dans la contree.
18
L'IMPLANTATION
PREMIERS RENFORTS
En septembre 1842, arrivait un renfort de deux pretres seculiers canadiens, Jean-Baptiste Bolduc et Antoine Langlois. Le premier exerca son ministere quelques mois a Cowlitz, puis a l'ile Vancouver et fut dans la suite cure de Willamette, de 1844 a 1850. Le second se depensa dans differents postes de l'Oregon jusqu'en 1854, puis se rendit a San Francisco. Le pere de Smet, parti en Europe pour obtenir des recrues missionnaires, revenait en 1844, avec quatre peres et un frere jesuites et six religieuses de NotreDame de Namur. Le pere Jean Nobili, de ce groupe, succeda a l'abbe Demers dans les missions de la Nouvelle-Caledonie et y travailla de 1845 a 1848. Ces missions furent malheureusement abandonnees apres 1848 et ne seront reprises qu'en 1859, a l'arrivee des Oblats en ColombieBritannique. SIEGES EPISCOPAUX
En decembre 1844, le territoire de la Colombie comprend 110 000 Indiens, dont 6 000 catholiques, 1 000 Blancs catholiques, dont 600 dans la vallee de Willamette, 100 a Fort Vancouver et 100 a Cowlitz, les autres etant dissemines dans les postes de traite 57 . Quatre pretres canadiens, douze peres et six freres jesuites et six soeurs de Notre-Dame de Namur desservent cette population. Cependant, ces missionnaires demeurent tres eloignes de leur pasteur, M^r Provencher, de residence a Saint-Boniface. La presence d'un eveque sur les lieux devint necessaire. M gr Signay, archeveque de Quebec, sollicite par M§r Provencher, obtint du Saint-Siege l'erection d'un vicariat apostolique couvrant la Colombie et la nomination de l'abbe Norbert Blanchet comme vicaire apostolique. Quinze jours apres son sacre, qui eut lieu a Montreal, le 25 juillet 1845, le nouvel eveque partait pour l'Europe en vue d'obtenir des ressources financieres et du personnel pour son vicariat. A Rome, dans un long memoire sur l'etat de ses missions, il proposa a la Propagande un plan audacieux et meme utopique du moins en partie : l'erection d'une province ecclesiastique dans le territoire de son vicariat apostolique. Cette province ecclesiastique serait composee de huit dioceses, dont trois constitues immediatement, les autres plus tard, en temps opportun. La Propagande repondit a sa demande et constitua, le 24 juillet 1846, les dioceses d'Oregon City, de Walla Walla et de l'ile Vancouver. M gr Norbert Blanchet devenait eveque d'Oregon City, son frere, Magloire, eveque de Walla Walla, et Modeste Demers, eveque de l'ile Vancouver. Ce dernier etait administrateur de deux autres dioceses, dont l'erection prevue n'eut
L'Eglise au Nord-Ouest de VAmerique
19
jamais lieu, l'un en Nouvelle-Caledonie, l'autre dans l'archipel de la Princesse-Charlotte (aujourd'hui Reine-Charlotte). Les deux nouveaux eveques depourvus de tout clerge et de toutes institutions ecclesiastiques diocesaines n'avaient d'autres choix que de queter des secours en personnel et en ressources. Apres son ordination episcopale, a Saint-Paul, Willamette le 30 novembre 1847, M§r Demers partit immediatement pour l'Europe dans l'espoir d'en obtenir. II ne sera de retour dans son diocese qu'en octobre 1852. M&r Magloire Blanchet, ordonne eveque a Montreal, le 27 septembre 1846, obtint comme compagnon un pretre du diocese de Montreal, Jean-Baptiste Brouillet, auparavant cure de l'Acadie, et un seminariste, Louis Philippe Godfroy Rousseau, ordonne pretre a Willamette, le 20 fevrier 1848. II recut, en plus, du superieur des Oblats en Amerique, M^r Bruno Guigues, l'assurance du concours de quelques Oblats 58 .
2
L'appel des Oblats de Marie Immaculee
Les pretres seculiers, pionniers de l'Eglise de l'Ouest, sont toujours en nombre insuffisant pour la tache a accomplir. M§r Provencher juge que seul un institut missionnaire, par son organisation interne et par ses possibilites en personnel, peut assurer efficacement l'evangelisation de son immense champ missionnaire. Lui-meme et les eveques de la Colombie firent appel a la congregation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee. Qui sont ces Oblats de Marie Immaculee et comment ont-ils ete appeles a jouer leur role dans le Nord-Ouest canadien?
La Congregation des Oblats de Marie Immaculee ORIGINE ET VISEE MISSIONNAIRE
La congregation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee est aussi jeune que l'Eglise du Nord-Ouest, puisqu'elle est nee en 1816. Elle vit le jour a Aix-en-Provence, dans le sud de la France. Son fondateur, l'abbe Eugene de Mazenod1, emu de la detresse de l'Eglise de son pays, au lendemain de la Revolution de 1789, voulut consacrer sa vie a l'evangelisation des pauvres en Provence. Le 25 Janvier 1816, il reunit, dans un ancien Carmel de la ville d'Aix-en-Provence, quelques pretres qui partageaient son ambition apostolique. Constitues en Societe, ces pretres se donnerent un reglement de vie qui accordait une premiere et egale importance a leur
21
22
L IMPLANTATION
<^*-> Eugene de Mazenod (1782-1861), fondateur des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee en 1816. II fut nomme eveque en 1832 et se vit confier le siege de Marseille en 1837. (Courtoisie des Archives oblates de Montreal)
propre vie spirituelle et a l'annonce de la Parole de Dieu. En 1818, ils emirent des voeux de religion et, en 1826, leur Societe fut approuvee par Leon XII comme congregation religieuse dans l'Eglise, sous le nom d'Oblats de Marie Immaculee. La priorite apostolique choisie par la jeune Societe l'oriente vers l'evangelisation des pauvres et des plus abandonnes. Comme oeuvre principale, ses membres se livrent a la predication des missions. Des leur naissance, les Oblats ont ouvert les yeux sur de larges horizons. Dans leurs Regies primitives, on lit: Ils sont appeles a etre les cooperateurs du Sauveur, les coredempteurs du genre humain; et quoique, vu leur petit nombre actuel et les besoins plus pressants des peuples qui les entourent, ils doivent pour le moment borner leur zele aux pauvres de nos campagnes et le reste, leur ambition doit embrasser, dans ses saints desirs, l'immense etendue de la terre entiere2.
L'appel des Oblats de Marie Immaculee
23
PREMIERE EXPANSION
Jusqu'en 1841, les fils spirituels du pere de Mazenod se consacrent a la predication des missions dans les dioceses du sud de la France. Quelquesuns desservent les sanctuaires marials de Notre-Dame du Laus, de NotreDame de l'Osier et de Notre-Dame de Lumieres et assument la direction des grands seminaires des dioceses de Marseille et d'Ajaccio. Au cours des annees 1830-1833, ils tentent en vain de s'etablir en Algerie, ou ils revaient d'une action missionnaire aupres des Arabes musulmans. Au chapitre general de 1831, s'affirme leur ambition d'un apostolat a l'etranger. Les capitulants, considerant «le voeu que forment les membres de la Societe», demandent a l'unanimite au superieur general que des Oblats «soient envoyes dans les missions etrangeres des qu'il jugera que l'occasion est favorable»3. Le superieur general, seance tenante, acquiesce a la demande. Au cours de la decennie de 1840, se dessinent enfin les larges horizons desires. En 1841, un etablissement s'ouvre au Canada et des travaux apostoliques commencent en Angleterre. En plus des fondations dans le NordOuest de l'Amerique, que nous allons bientot voir, la Congregation s'etend a l'ile de Ceylan [Sri Lanka] en 1847; au Texas en 1849, et enfin, en Afrique australe, en 1851, ou elle est chargee, par la Propagande, d'ouvrir un vaste vicariat apostolique en faveur des indigenes. Au cours de la decennie de 1841 a 1851, apparait au sein de l'lnstitut une vie nouvelle, notamment une generation d'Oblats fortement motives par l'oeuvre des missions etrangeres, selon l'expression du temps. Le nombre des membres de l'lnstitut fait un bond considerable, passant de quarante-cinq, en 1841, a plus de deux cent vingt-cinq, en 1851. Les nombreux champs d'apostolat recoivent une large part des nouvelles recrues. La fondation des missions oblates dans le Nord-Ouest de l'Amerique proflte de cette periode d'effervescence de l'lnstitut. SON GOUVERNEMENT
L'administration generate4 de la Congregation est composee du superieur general, de quatre assistants et d'un econome ou tresorier. Depuis 1851, des administrations religieuses subalternes ont ete constitutes dans les differents territoires de la Congregation pour gerer les affaires courantes ou urgentes. Elles sont appelees provinces ou vicariats des missions et sont dirigees par un provincial ou un vicaire des missions5. Ainsi, en 1851, les missionnaires des dioceses de Saint-Boniface et d'Oregon etaient constitues en vicariat des missions.
24
L IMPLANTATION
L'administration generate garde une action importante dans les missions. Elle y envoie les missionnaires, nomme les vicaires des missions et propose au Saint-Siege des candidats comme vicaires apostoliques. De plus, elle soutient la vie religieuse et communautaire des missionnaires et accepte, en dernier ressort, les nouveaux champs d'apostolat proposes a la Congregation. Le chapitre general, l'autorite supreme de la Congregation, se compose des membres de l'administration generale, des provinciaux et vicaires des missions et d'un delegue de chacune des provinces et de chacun des vicariats des missions. Tenu tous les six ans environ, il evalue la vie et les oeuvres de l'lnstitut et juge de ses grandes orientations. En plus des proces-verbaux de ces grandes assises, nous possedons la plupart des rapports que les provinciaux et les vicaires des missions y ont presentes, dans lesquels ils font le point sur leur champ d'apostolat depuis la derniere reunion capitulaire. Une documentation precieuse pour l'histoire oblate. DEjA EN TERRE CANADIENNE
M gr Provencher sollicita le concours des Oblats deja etablis au diocese de Montreal. M gr Ignace Bourget6, pasteur du diocese, les avait obtenus en 1841. En se rendant a Rome, il s'etait arrete a Marseille et avait rencontre l'eveque du lieu, M^r Eugene de Mazenod. En quete de missionnaires pour les missions paroissiales, il en sollicita quelques-uns de son collegue de Marseille, fondateur et superieur general de la societe des missionnaires Oblats de Marie Immaculee. II laissait meme esperer au fondateur des Oblats un developpement de son Institut dans son diocese et dans d'autres dioceses du pays. Son intention, ecrit M^r de Mazenod, serait que je lui accordasse quatre missionnaires dont il payerait le voyage et auxquels il fournirait un etablissement. II se flatte que bientot des pretres canadiens s'associeront a eux et alors, tout comme si nous lui fournissions un plus grand nombre de missionnaires, on pourrait s'etendre dans d'autres dioceses tels que Quebec, etc.7 La demande de MSr Bourget n'etait pas sans plaire grandement a l'eveque de Marseille. Celui-ci voit dans la proposition de son collegue de Montreal un avenir prometteur pour son Institut encore confine dans le sud de la France. Avec l'assentiment unanime et meme enthousiaste de ses Oblats, il repondit positivement a la demande de l'eveque de Montreal 8 . Les six premiers Oblats, quatre peres : Jean-Baptiste Honorat, superieur,
L'appel des Oblats de Marie Immaculee
25
Adrien Telmon, Jean Baudrand et Lucien Lagier, et deux freres : Basile Fastray et Louis Roux, arrives au Canada, prirent charge de la paroisse de Saint-Hilaire de Rouville, le 8 decembre 1841, puis se transporterent a Longueuil en aout 1842. SES DEBUTS AU PAYS
Comme l'avait prevu M§r Bourget, des recrues du pays se joignirent a la communaute des Oblats : en 1841 meme, Damase Dandurand, pretre; en 1842, Leonard Baveux et Eusebe Durocher, pretres, et Medard Bourassa, ecclesiastique; en 1843, Flavien Durocher, pretre, et Pierre Fiset, ecclesiastique, et en 1844, Alexandre Tache, ecclesiastique. Grace a ces vocations et a d'autres du Canada, ainsi qu'a des renforts venus de France, les Oblats, en plus de la predication des missions, s'occuperent, dans le diocese de Montreal, des catholiques disperses dans les cantons de l'Est [Townships] et des hommes et jeunes gens occupes a des exploitations forestieres appelees «chantiers». Us s'elancerent meme dans des missions indiennes du Temiscamingue. Leur champ d'apostolat s'etendit, au debut de 1844, au diocese de Kingston, ou ils furent charges de Bytown [Ottawa] et de ses environs et, la meme annee, a la suggestion de M§r Provencher luimeme, au diocese de Quebec, ou M§r Joseph Signay leur confia les missions indiennes du haut Saint-Maurice, du Saguenay et de la Cote-Nord du golfe Saint-Laurent. Ces developpements exigeaient une autorite plus haute que celle d'un superieur de maison qu'avait alors le pere Honorat. M^r de Mazenod nomma le pere Eugene-Bruno Guigues9 superieur des Oblats en Amerique. II explique au pere Honorat: L'extension que prennent nos missions dans le Canada et les propositions qui nous sont faites par divers eveques de former des etablissements et d'etablir des communautes de notre Congregation dans leurs dioceses exigent que je m'applique a regulariser le service que notre Institut doit rendre dans ces vastes contrees. A cet effet, j'ai nomme le pere Guigues Visiteur extraordinaire10 avec des pouvoirs tres etendus pour organiser chaque communaute, traiter avec les eveques, agreer les missions, faire en un mot tout ce que je ferais moi-meme si j'etais sur les lieux11. La feuille de pouvoirs donnee au pere Guigues mentionne deja l'appel des eveques fait aux Oblats pour l'evangelisation des Indiens «pres de la Riviere-Rouge, et meme dans les forets plus reculees»12.
26
L'IMPLANTATION
En juin 1845, le Canada compte seize peres, dont onze Francais, quatre Canadiens, et un Irlandais; cinq freres, dont trois Canadiens, et deux Francais; un scolastique et trois novices canadiens. Des residences sont deja ouvertes a Bytown (Ottawa) et a Saint-Alexis, au Saguenay. Le centre de la congregation des Oblats en Amerique demeure la maison de Longueuil, au diocese de Montreal. C'est a ce groupe d'Oblats, en expansion au Bas-Canada et au Haut-Canada, que M gr Provencher demande des missionnaires.
A Vappel de Monseigneur Provencher BESOIN DE MISSIONNAIRES
Depuis son arrivee dans le Nord-Ouest de l'Amerique, en 1818, M gr Provencher n'eut a ses cotes que douze pretres diocesains de Quebec et ordinairement pas plus de quatre en meme temps 13 . La majorite de ces pretres ne demeuraient a son service que trop peu de temps pour apprendre les langues et accomplir un travail serieux aupres des Indiens. L'eveque se plaint, non seulement de l'instabilite de ses aides, mais egalement d'un manque d'unite de vue et de lenteur dans le travail d'evangelisation. «Des pretres seculiers iront lentement, il n'y a point d'ensemble dans leurs vues, outre qu'ils ne mettent la main a la charrue que pour un temps qu'ils trouvent toujours trop long»14. II se convainc de la necessite d'un corps missionnaire forme de religieux pour assurer l'evangelisation des nombreuses tribus indiennes dont il a la charge. II compte tout d'abord sur les Jesuites. II souhaite a M gr Bourget, lors de son voyage en Europe, en 1841, d'obtenir des Jesuites pour les missions, «ces hommes sont formes pour cela». II ajoute : «Si j'en avais a lancer parmi nos sauvages, tout irait plus vite»15. Les Jesuites, etablis au diocese de Montreal en 1842, ne se jugeant pas en mesure de prendre la responsabilite des missions de la Riviere-Rouge, declinerent l'invitation de M gr Bourget. «Les Jesuites ont peu de sujets et on ne peut pas encore leur en demander pour les missions»16. RECOURS AUX OBLATS
M gr Provencher, qui avait suggere a l'archeveque de Quebec d'appeler les Oblats pour le soin des missions indiennes de son diocese, compte bientot sur ces memes missionnaires pour ses propres missions de la RiviereRouge. A M gr Pierre-Flavien Turgeon, coadjuteur de l'archeveque de Quebec, il ecrit:
Vappel des Oblats de Marie Immaculee
27
Les Oblats vont s'attendre a venir a la Riviere-Rouge sous peu d'annees; ils vont, je pense, faire apprendre le sauvage a quelques-uns de leurs peres pour les missions du Saguenay et de la Riviere-Rouge17. Avant de rentrer a Saint-Boniface, au printemps de 1844, le prelat rencontra le pere Honorat, superieur a Longueuil, et lui exposa directement sa demande d'Oblats pour son vicariat apostolique. Le superieur ecrit immediatement a Marseille : «Mgr de Juliopolis, qui vient de repartir pour la Riviere-Rouge, m'a dit formellement de lui avoir deux ou trois missionnaires qui puissent monter Tan prochain au moins dans ces parages»18. Cette demande de M§r Provencher souleve l'enthousiasme dans la petite communaute de Longueuil. Le pere Leonard Baveux ecrit a soeur Lagrave, Soeur Grise de Montreal, a la Riviere-Rouge, «Notre superieur vient de me dire que trois de nos peres iront a la Riviere-Rouge l'annee prochaine, quels seront les heureux elus?»19 M§r de Mazenod reagit immediatement a la communication du pere Honorat. II est enclin a favoriser l'eveque missionnaire du Nord-Ouest qui «reclame pour lui-meme des secours auxquels son zele et son amitie donneraient droit»20. Le pere Guigues, qu'il nomme superieur des Oblats au Canada, traitera de cet important engagement de sa petite famille religieuse. UNE URGENCE
Le 14 juillet 1844, quelques semaines apres son retour a Saint-Boniface, M§r Provencher apprend la mort de l'abbe Jean-Edouard Darveau, survenue en se rendant de la Baie-des-Canards a Le Pas. II ecrit a M gr Signay: Cette mort me desole. Je n'ai point de pretres pour le remplacer pour le moment [...]. II laisse abandonnee une immense etendue de pays qu'il avait deja parcouru et dont il connaissait les habitants. [...] Votre Grandeur voit encore plus clairement qu'il faut des pretres. J'en parle a Monseigneur de Montreal qui fera, j'en suis certain, tout ce qu'il pourra. S'il est possible d'avoir des Oblats arrangez-vous ensemble21. A M gr Bourget, il renouvelle sa demande : «Cette mort me jette dans un grand embarras [...]. II faut des pretres pour remplacer le mort et remplir bien d'autres places qui demandent le secours de leur ministere. Aurezvous des Oblats a m'envoyer?»22 L'eveque de Montreal presente la requete a M gr de Mazenod. Apres lui avoir annonce l'epreuve de M gr Provencher, il ecrit:
28
L'IMPLANTATION
Ce digne eveque [...] me charge de vous transmettre ses voeux les plus ardents qui sont d'avoir quelques-uns de vos peres pour l'aider a cultiver la vigne ingrate que lui a confiee le Pere de Famille. II vous dit done, avec l'accent de la confiance, adjuva me. Votre coeur, comme celui de saint Paul, ne pourra resister a cette pressante invitation [...]. A mon avis, e'est la une belle mission; et e'est un coup a ne pas manquer . De son cote, M gr Signay recommande egalement la mission de la RiviereRouge a la charite de M gr de Mazenod. II lui repete : M gr de Juliopolis, «ce saint eveque demande avec instance qu'on lui envoie des missionnaires Oblats pour l'aider a repandre la foi dans son immense mission»24. Deux jours plus tard, il transmet la meme demande au pere Guigues, superieur des Oblats a Longueuil25. MISSION ACCEPTEE
Le pere Guigues, favorable a l'envoi de missionnaires a la Riviere-Rouge, demande l'assentiment de M gr de Mazenod et en meme temps des sujets pour cette nouvelle mission. La mission est acceptee par le superieur general. Dans sa reponse, ce dernier ecrit: Jugeant de l'importance de la mission proposee par M gr l'eveque de Juliopolis, par ce que vous m'en dites, sur les instances de ce prelat et aussi d'apres les obligations qu'on lui a, je decide que vous devez l'entreprendre avec les moyens qui sont en votre pouvoir26. Ne pouvant lui envoyer de sujets pour cette nouvelle mission, il lui demande de choisir les premiers missionnaires de la Riviere-Rouge dans le personnel oblat du Canada. En terminant, il ajoute : «I1 faut avoir un peu de courage et de confiance en Dieu qui nous trace la route et qui ne nous abandonnera pas quand nous la prendrons en son nom et pour sa gloire»27. L'acceptation de la mission de la Riviere-Rouge est chose reglee. Mais voila que le pere Guigues, qui a plaide pour la cause, change d'avis et en informe M gr de Mazenod : il n'a pas de sujets disponibles; cette mission, a plus de 800 lieues de Montreal, est extremement eloignee et de communication tres difficile; une vie d'isolement attend les missionnaires, etc. II conclut : «Je considere cette fondation comme imprudente et, des lors, contraire a la volonte de Dieu»28. Le retour du courrier lui apporte une
L'appel des Oblats de Marie Immaculee
29
Pierre Aubert, o.m.i. (1814-1890), un des deux premiers missionnaires a venir a la Riviere-Rouge en 1845. II y demeura jusqu'en 1859. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
lettre imperative de son superieur general. Celui-ci s'etonne de son changement d'idee et il n'entend pas revenir sur sa decision. II termine par cet ordre: Afin d'en finir sur cette affaire, je vous ordonne d'ecrire a M§r de Juliopolis que nous consentons a la demande qu'il nous avait faite pour son vicariat apostolique et que vous avez a cet effet deux missionnaires a sa disposition. Je designe pour cette oeuvre interessante le pere Pierre Aubert a qui vous joindrez un des peres canadiens que vous destiniez aux sauvages29 L ENVOI DES PREMIERS MISSIONNAIRES
Une mission a la Riviere-Rouge est done acceptee par les Oblats de Marie Immaculee a la demande pressante de M§r Provencher et sous le patronage des eveques de Quebec et de Montreal, qui Font fortement recommandee.
30
L IMPLANTATION
Conformement aux directives recues, le pere Guigues nomme le pere Pierre Aubert, au Canada depuis le mois d'aout 1844, superieur de la mission de la Riviere-Rouge. C'est un Oblat age de trente et un ans, a la tenue digne et grave, d'un excellent caractere. Son compagnon sera le novice Alexandre Tache30. Bien qu'il ait termine ses etudes theologiques, ce dernier n'est encore que sous-diacre, n'ayant pas l'age requis pour l'ordination sacerdotale. II sera ordonne pretre le 12 octobre suivant, a SaintBoniface. Ce jeune Oblat jouit d'un temperament ouvert, joyeux, constant, de remarquables talents et d'une grande delicatesse de coeur. Le 25 juin 1845, les deux missionnaires s'embarquent a Lachine, dans un canot de la Compagnie de la Baie d'Hudson, en direction des pays d'en haut. Apres un trajet de quelque 800 lieues, parseme de portages, de sauts de rapides, les missionnaires sont accueillis, le 25 aout suivant, par Mgr Provencher, a Saint-Boniface. Ce dernier, quelques jours plus tard, ecrit a Mgr Turgeon : Enfin, les reverends peres Oblats attendus tout l'ete et que je n'attendais plus depuis le 15 sont arrives le 25, deux mois juste apres leur depart et sans accident. Deo gratias! Voila au moins de la graine de religieux, c'est sur cette espece d'hommes que je compte depuis longtemps pour travailler efficacement aux missions sauvages31. La fondation de Saint-Boniface releve du pere Guigues, superieur des Oblats dans l'Est du Canada. Elle deviendra independante, en 1851, lorsqu'elle deviendra vicariat des missions. Cependant la collaboration au plan personnel missionnaire et ressources se poursuivra. D'autre part, le vicariat de la Riviere-Rouge pourra compter davantage sur les secours de l'administration generale de la Congregation, dont elle releve directement.
Le choix de la Colombie-Britannique Les Oblats de Marie Immaculee penetrerent en Colombie-Britannique, non par une expansion de leurs missions de la Riviere-Rouge, mais a partir d'une nouvelle implantation missionnaire effectuee en 1847, dans la partie sud de la Colombie, c'est-a-dire, dans les etats actuels d'Oregon et de Washington.
L'appel des Oblats de Marie Immaculee
31
LA FONDATION EN OREGON
M gr Norbert Blanchet, vicaire apostolique d'Oregon, de passage a Marseille, en 1845, avait demande le concours des Oblats pour son vicariat apostolique. Le superieur general s'etait vu dans l'obligation de refuser. C'etait sans doute bien tentant, ecrivait-il au pere Pierre Aubert a la Riviere-Rouge, mais nous nous trouvons dans l'impossibilite de nous etendre au-dela de votre mission qui est deja si eloignee et si difficile a entretenir 32 . Le vicaire apostolique revint a la charge par ecrit. Le conseil general tenu le 5 juin, tout en reconnaissant que de fortes raisons militent en faveur de la mission proposee, entre autres, les excellentes dispositions de l'eveque envers les missionnaires et la «riche moisson d'ames au sein de nombreuses tribus sauvages», juge que le manque de personnel presente «une difficulte insurmontable dans l'etat actuel des choses». La demande est refusee de nouveau33. Peu apres, M§r Magloire Blanchet, pretre du diocese de Montreal et frere de M gr Norbert, nomme eveque en Oregon, a Walla Walla, et sans clerge, demanda un ou deux Oblats au pere Guigues, superieur des Oblats a Montreal. Celui-ci «n'osa pas lui refuser un si faible secours»34. La demande toutefois fut referee au superieur general qui la soumit a son conseil, le 12 Janvier 1847. On fait valoir de nouveau les avantages mentionnes au conseil du 5 juin 1846. Cependant, vu que l'eveque ne se contente que d'«un pretre et d'un ou deux Oblats [...], il a done ete unanimement decide que nous acceptions l'etablissement de Walla Walla et quels seront les sujets designes pour composer le personnel de cette sainte colonie»35. Sans doute, en prevision de developpements possibles de la nouvelle fondation, non pas un ou deux Oblats, mais cinq, dont un seul cependant est pretre, sont designes pour l'etablir : le pere Pascal Ricard, superieur, les scolastiques Charles Pandosy, Casimir Chirouse et Georges Blanchet et le frere Celestin Verney. De plus, on entend accorder aussi de l'aide a M gr Norbert Blanchet et meme etablir dans son diocese la maison centrale des Oblats en Oregon. La feuille de pouvoirs que le pere Ricard recoit du superieur general ouvre un large horizon a cette implantation missionnaire :
32
L IMPLANTATION
Nous vous octroyons pleine juridiction et autorite sur toutes les missions a confier aux soins de notre Congregation dans le diocese de Walla Walla, et aussi sur celles qui dans l'avenir seront ouvertes par zele des notres dans les autres parties de la Colombie ainsi que dans les iles et terres adjacentes soumises a la domination anglaise, et enfin, dans les regions de l'Amerique denommees Californie36. Toute la cote du Pacifique est virtuellement englobee dans cette nouvelle mission des Oblats en Oregon. AU DEPART
Les missionnaires, partis de France le 4 fevrier 1847, n'arriverent au diocese de Walla Walla qu'au debut de septembre suivant, apres un long et penible voyage. Les scolastiques Chirouse et Pandosy37 et le frere Verney ouvrirent chez les Yakimas une mission dediee a sainte Rose. Des le 29 novembre suivant, les assassinats du docteur Witman, de sa femme et de huit autres Americains perpetres par les Indiens d'une tribu voisine, provoquerent des represailles du gouvernement americain qui mirent en etat de guerre la region dans laquelle se trouvait la mission. Les missionnaires durent quitter temporairement leur poste. Le calme retabli, ils le reprirent et etendirent leur zele a une autre tribu de la region, les Cayouses. Pendant ce temps, le pere Ricard et le scolastique Blanchet avaient etabli la maison centrale des missionnaires dans le diocese d'Oregon City, pres de l'endroit ou s'elevera plus tard la ville d'Olympia. De la ils s'occupaient des nombreux Indiens du Puget Sound qui n'avaient pas recu la visite de pretres depuis 1843. Le groupe des missionnaires d'Oregon s'agrandit et s'organisa graduellement. Arriverent de France, les peres Timothee Lempfrit, en 1848, Louis d'Herbomez 38 , en 1849, Paul Durieu 39 et Pierre Richard, en 1854, les freres Philippe Surel, en 1848, Gaspard Janin, en 1849, et Leo Weymaere, en 1854. De plus, un pretre diocesain deja en Oregon, Francois Jayol, se joignit au groupe en devenant Oblat en 1848. Cette communaute missionnaire fut constitute en vicariat des missions, en 1851. Le pere Ricard, jusque-la superieur des missionnaires, recut le titre de vicaire des missions. EPREUVES
La guerre reprise entre Indiens et Americains, qui sevit de 1855 a 1858, de"truisit les missions chez les Yakimas et les Cayouses et en chassa les missionnaires. La paix fragile qui suivit le conflit ne permit pas le retablisse-
L'appel des Oblats de Marie Immaculee
33
ment de ces missions. Le pere d'Herbomez, devenu superieur des missions de l'Oregon depuis le depart du pere Ricard en 1857, explique les circonstances au superieur general: Quant a moi, mon bien aime Pere, mon opinion est toujours (comme je vous ai ecrit dans une lettre du 22 avril) que Ton ne peut esperer de faire aucun bien reel et stable ni chez les Yakimas, ni chez les Cayouses que lorsque de nouveaux traites seront faits et approuves de part et d'autre et que les Indiens seront paisibles sur leurs reserves, ce qui demandera peut-etre plusieurs annees. On ne sait pas ce que les sauvages veulent faire, leurs dispositions pour la paix sont tres douteuses, pour le moment ils ne se battent plus, parce qu'on les laisse tranquilles et qu'on a cesse de les poursuivre 40 . Les Indiens du Puget Sound, demeures en dehors de la guerre, continuerent a recevoir le ministere des Oblats. A l'epreuve de l'abandon force des missions chez les Yakimas et les Cayouses, s'ajouta un conflit presque permanent entre les missionnaires et les deux eveques Blanchet des dioceses d'Oregon City et de Walla Walla. Des 1848, NP r de Mazenod, qui suivait de pres la situation, decrivait ces prelats comme «deux hommes entiers devant qui tout doit plier», et qui se considerent «non seulement comme les pasteurs, mais comme les maitres, les proprietaires de tout etablissement religieux qui se forme sur le sol de leur juridiction» 41 . Les Jesuites quitteront graduellement leurs territoires et les Oblats n'y demeureront qu'a la demande instante de la Propagande 42 . Pour eviter ces penibles conflits avec les deux prelats, M gr de Mazenod fit des demarches aupres de la Propagande pour etablir en Oregon un territoire ecclesiastique, dont le pasteur serait un Oblat. Sa proposition n'eut pas de suite43. Les memes circonstances motiverent, pour une part, le projet des Oblats demeure sans lendemain de s'etablir en Californie, ou le besoin de pretres etait urgent 44 . L'ATTENTE DE M§ r MODESTE DEMERS
Depuis qu'il est eveque de l'ile Vancouver, M gr Demers compte sur les Oblats, specialement pour le service de ses missions indiennes. Les Oblats, de leur cote, ne pourront le satisfaire que quelques annees plus tard. Le 16 juillet 1854, le pere Casimir Aubert, secretaire du superieur general, ecrit au pere Ricard :
34
L IMPLANTATION
II n'y aura pas moyen de rien faire encore pour M gr Demers. C'est tres facheux sans doute, mais nous ne lui avons rien promis, et tout ce qu'il peut invoquer en sa faveur, ce sont quelques lueurs d'esperance qu'il aurait tort de presenter comme un engagement de la part de la Congregation45. L'annee suivante, M gr de Mazenod repondait au secretaire de la Propagande qui lui demandait, au nom de M gr Demers, des missionnaires pour le diocese de l'ile Vancouver : «Il m'est absolument impossible de fournir des missionnaires a Vancouver. II faut que M gr l'eveque le sache pour tenter sa chance ailleurs»46. A cette epoque, en effet, les demandes de missionnaires adressees au superieur general venaient de toutes parts : des missions oblates du Nord-Ouest, de Ceylan (Sri Lanka), du Texas et du Natal, en Afrique australe. Cependant une ouverture se fait en 1857. Les missionnaires de l'Oregon, devant le peu d'avenir de leurs missions, jettent les yeux sur le vaste territoire soumis a la juridiction de M gr Demers. Us desirent prendre charge d'une portion du territoire, dans laquelle ils pourraient exercer librement et pleinement leur travail apostolique. LE CHOIX DES OBLATS
M gr de Mazenod, superieur general, saisi de ce projet, envoya un visiteur en Oregon, le pere Francois-Xavier Bermond. Muni de larges pouvoirs, le visiteur doit examiner attentivement la situation des missionnaires et prendre les decisions jugees convenables et avantageuses pour l'avenir. Rendu sur place, le visiteur comprit immediatement la situation et endossa les orientations que les Oblats d'Oregon proposaient a l'unanimite. Son rapport au superieur general est clair. Les missions aupres des Yakimas et des Cayouses, en raison de l'etat de guerre de ces Indiens avec le gouvernement americain, n'ont plus d'avenir et sont a abandonner definitivement. Cependant, la mission du Puget Sound, en dehors de la zone des conflits, est a conserver, en raison des bonnes dispositions des Indiens de la contree. L'activite principale des missionnaires doit se porter dans le diocese de M gr Demers qui demande avec insistance, depuis plusieurs annees, le concours des Oblats. Pour prevenir les difflcultes rencontrees avec les prelats de l'Oregon, le visiteur recommande d'entreprendre des demarches aupres de la Propagande pour obtenir l'erection d'une prefecture apostolique 47 ou d'un vicariat apostolique qui serait confie a la Congregation et dont le pasteur serait un Oblat.
L'appel des Oblats de Marie Immaculee
35
Le conseil general, dans sa seance du 14 avril 1858, agree le projet presente par le pere Bermond. «Ce plan a paru fonde sur des raisons assez justes et sages pour que le Conseil ait opine pour son adoption et decide qu'on agirait en consequence». II ratifie done ce qui a pu etre deja arrete ou convenu avec l'eveque de File Vancouver et, si rien n'a encore ete definitivement conclu, il autorise le vicaire des missions a traiter avec le prelat pour obtenir, en faveur de la Congregation, un territoire dans lequel elle pourra y etablir et developper des missions en toute liberte48. LES ORIENTATIONS DE M§ r DEMERS
En vertu des pouvoirs que lui avait octroyes le superieur general, le pere Bermond avait deja fait des demarches aupres de l'eveque de File Vancouver. Le 14 Janvier 1858, il lui avait offert les services des missionnaires Oblats de Marie Immaculee, specialement pour ses missions indiennes. Apres lui avoir expose l'avenir incertain des missions oblates en Oregon, il ecrit: J'ai pense a la demande reiteree que vous nous avez faite de nous etablir dans votre diocese. [...] je voudrais que votre Grandeur nous fit savoir au plus tot si elle tient toujours a ce que nous allions tenter quelque chose chez elle, par un premier etablissement sur le Fraser, qui serait comme la pierre d'attente de tous ceux que nous pourrions fonder plus tard sur d'autres points 49 . De Montreal, ou la lettre du visiteur l'a rejoint, le prelat repond, le 13 suivant. II accepte avec empressement et joie la proposition que lui fait le pere Bermond. Admirons tous ensemble, lui ecrit-il, les vues misericordieuses de la Providence qui dispose tout suaviter etfortiter et qui, enfin, apres cinq ans d'attente, a exauce nos voeux, a entendu les cris des pauvres sauvages, et m'a procure d'une maniere aussi inattendue ce que je lui demandais avec tant d'insistance50. Puis le prelat signale le champ missionnaire le plus urgent a evangeliser : Je desirerais [...] que vous puissiez envoyer quelqu'un visiter les sauvages de l'interieur, au moins les plus rapproches, tels que les Kamloops et autres, qui ont ete visites a differentes epoques et qui
36
L'IMPLANTATION
soupirent depuis si longtemps apres le retour des robes noires. Comme vous avez pu l'apprendre par vos peres, il y a de ce cote plusieurs centaines et probablement plusieurs milliers de sauvages qui ont ete baptises depuis 1842, alors que je les visitais pour la premiere fois moimeme. Je connais leurs dispositions et je n'hesite pas a dire que c'est la qu'il y a le plus de bien a faire51. La decouverte de gisements auriferes dans la vallee du fleuve Fraser, connue en 1858 meme, provoqua une ruee de chercheurs d'or precisement dans le territoire recommande au zele des Oblats. Ces derniers hesiterent un moment dans la poursuite de leur projet missionnaire. M gr Demers le signale au cardinal Barnabo 52 et le superieur general le mentionne dans une lettre au pere Bermond 53 . Au cours de l'annee 1858, le pere d'Herbomez, superieur, transfera la maison centrale du vicariat des missions, d'Olympia a Esquimalt, sur l'ile Vancouver. Les effectifs oblats passerent graduellement de l'Oregon au diocese de M§r Demers, au cours des annees 1858 a i860, a l'exception de quelques missionnaires demeures en territoire americain pour desservir la mission des Indiens du Puget Sound. Les Oblats, en s'etablissant en Colombie-Britannique, se rapprochent de leurs confreres du Nord-Ouest, mais ils en sont encore separes par la haute barriere des montagnes Rocheuses.
3
Saint-Boniface : point de depart
Les peres Aubert et Tache resident a l'eveche de Saint-Boniface pendant l'hiver 1845-1846. Sous la direction de l'abbe Georges Belcourt, ils etudient la langue des Sauteux, en compagnie de l'abbe Louis-Francois Lafleche, arrive a Saint-Boniface l'annee precedente. Leur destination est bientot fixee par M§r Provencher. A l'ete, le pere Tache ira au Nord, avec l'abbe Lafleche, fonder une mission a l'lle-ala-Crosse en faveur des Chipewyans et des Cris, tandis que le pere Aubert, en compagnie de l'abbe Belcourt, prendra charge des missions des Sauteux de Wabassimong et du lac a la Pluie1.
Premieres experiences missionnaires, 1845-1850 A WABASSIMONG ET AU LAC A LA PLUIE
Le pere Aubert dut faire seul la mission a Wabassimong. L'abbe Belcourt, qui se proposait de l'initier et de le faire connaitre aux Indiens qu'il visitait depuis 1840, fat oblige de prendre la direction des prairies ou sevissait une epidemie chez les chasseurs de bisons. Le nouveau missionnaire, a peine initie a la langue sauteuse et sans experience, fut mal accueilli par les Indiens et ne put se faire entendre. Leur ignorance presque totale des choses chretiennes lui apparut evidente. M§r Provencher ecrit : «Le pere Aubert a trouve de bien faibles traces de christianisme a ce poste trop vante et il dit qu'il n'a trouve qu'une femme qui savait un peu de
37
38
L'IMPLANTATION
prieres»2. Parti de Saint-Boniface, en juin, pour cette mission, le pere revenait a la fin de juillet. L'ete suivant, accompagne du jeune pere Henri Faraud, le pere Aubert retourna a Wabassimong et se rendit plus loin, chez les Sauteux du lac a la Pluie, deja visites aussi par l'abbe Belcourt. Aux deux postes, il ne put interesser les Indiens a l'Evangile. II liquida les restes de l'etablissement agricole inaugure par l'abbe Belcourt, a Wabassimong. De retour a SaintBoniface, «il acheva de se convaincre que les dispositions des Sauteux n'etaient pas assez heureuses pour qu'on put leur donner un missionnaire dont la presence serait bien plus utile ailleurs»3. M§r Provencher entra dans ses vues et le dechargea des missions chez les Sauteux. «La mission trop vant.ee de Wabassimong, ecrit-il, est abandonnee. Les sauvages n'ont pas voulu entendre parler de religion, ont fait des menaces et le pere Aubert a vendu les animaux, qui n'etaient pas morts l'hiver dernier, a la Compagnie»4. Ce fut un echec penible. M gr Tache ecrit, plus tard, au sujet de l'abandon de cette mission : Sans douter le moins du monde des motifs imperieux qui ont necessite cette mesure, qu'on nous permette d'exprimer les regrets qu'elle nous inspire encore aujourd'hui [...] Abandonner ce qui est fait, renoncer jusqu'a l'espoir de convertir, cela fait toujours mal au coeur du missionnaire. Puis, c'etait la premiere mission sauvage confiee a nps peres dans ce diocese5. Ajoutons que le pere Aubert, en plus de son inexperience et de la grande difficulte de la mission qui lui fut confiee, ne semblait pas particulierement doue pour l'oeuvre des missions indiennes. Du moins, M8r Provencher etait pres de le penser puisqu'il ecrivait en juin 1846, avant meme que le pere ait entrepris la mission de Wabassimong : Le reverend pere Aubert aura de la difficulte a parler le sauvage [...] Les missions ne seront pas sa partie brillante autant que je puis voir [...] Le reverend pere Aubert est un excellent caractere et bon ouvrier en sa langue; peut-etre pourra-t-il reussir en mission. Le zele vainc bien des difficultes6. Dans la suite, l'Oblat fut cure de la cathedrale et grand vicaire de l'eveque. Son compagnon, le jeune pere Faraud, fut envoye a l'lle-a-la-Crosse, en juin 1848.
Saint-Boniface: point de depart
39
A LA BAIE-DES-CANARDS ET AU LAC MANITOBA
Le pere Francois-Xavier Bermond, pretre depuis dix ans, arrive a SaintBoniface en septembre 1846, se met immediatement a l'etude de la langue sauteuse, sous la direction de l'abbe Belcourt. En mars suivant, il est envoye a la mission de la Baie-des-Canards, sur le lac Winnipegosis, a 350 kilometres au nord de Saint-Boniface. Ce poste avait ete visite par des pretres depuis 1839, et meme l'abbe Darveau y avait etabli sa residence, de 1842 a sa mort survenue en 1844. Un certain nombre de convertis, leur chef Mizi-Epit en tete, avaient sollicite de nouveau des secours religieux7. Le pere Bermond passe deux mois et demi a ce poste de mission. En 1848, il y retourne et transfere la mission au poste Manitoba, situe sur le lac du meme nom. La nouvelle mission est mise sous le vocable de Notre-Damedu-Lac et devient le lieu de residence du missionnaire. Dans ce poste, le pere Bermond se devoue aupres des Sauteux. «I1 n'a pas un grand succes, mais il aura de la perseverance», note M gr Provencher, en 18498. Cependant, l'annee suivante, le missionnaire perd courage, abandonne son poste et revient a Saint-Boniface, ou il arrive peu de jours apres le depart du pere Aubert rappele au Canada. M gr Provencher ecrit : «I1 arrive avec armes et bagages perdant l'espoir de reussir [...] II avait l'intention de partir pour l'Europe et en demande la permission au superieur general»9. Le pere Bermond, homme de talent, mais deja repute de «caractere difficile» et «d'esprit porte au mecontentement» 10 , n'avait sans doute pas cette «amenite de caractere [...] desirable par-dessus tout», que M gr Provencher enumere parmi les qualites d'un bon missionnaire11. Le pere Bermond resta a Saint-Boniface, ou il remplaca le pere Aubert. A L'ILE-A-LA-CROSSE
M gr Provencher, sur les pressantes recommandations que lui a faites l'abbe Thibault 12 , n'hesita pas a ouvrir une mission a l'lle-a-la-Crosse, parmi les peuplades indiennes du Nord-ouest de son vicariat. Le 8 juillet 1846, l'abbe Lafleche et le pere Tache se mettent en route pour cette nouvelle mission situee a quelque 1,500 kilometres de Saint-Boniface. Le bourgeois du poste de l'lle-a-la-Crosse, Roderick Mackenzie, leur offre une bienveillante hospitalite jusqu'a ce qu'ils aient leur propre maison. Ce bon monsieur etait etonne de l'audace de M gr Provencher qui envoyait en mission deux jeunes pretres ignorant la langue des Indiens du pays et sans aides pour assurer leur subsistance. D'autre part, il les trouvait de compagnie tres agreable13.
40
L IMPLANTATION
Les deux missionnaires se mettent a l'etude des langues crise et chipewyanne des Indiens qu'ils ont a evangeliser. Le pere Tache note que la langue crise est relativement facile a apprendre et qu'elle est agreable au parler, tandis que la langue chipewyanne offre des difficultes presque insurmontables en elle-meme et dans sa prononciation. En meme temps qu'ils etudient avec diligence les langues, les nouveaux arrives preparent leur propre etablissement et s'occupent sans tarder des Indiens de la mission et des environs. Les apotres de l'lle-a-la-Crosse n'oublient pas qu'ils ont recu de M§r Provencher «la mission d'aller aussi loin que possible porter la bonne nouvelle du salut aux peuples sauvages du Nord-Ouest» 14 . Le 9 mars 1847, le pere Tache, apres une breve expedition apostolique au lac Vert, a quelque 150 kilometres au sud de l'lle-a-la-Crosse, entreprend une grande randonnee qui le conduit au fort de l'entree du lac Caribou, a 500 kilometres environ au nord-est de l'lle-a-la-Crosse. Du 25 mars au 22 mai, il donne avec succes une mission aux Indiens reunis a cet endroit. De retour pres de son confrere, il passe l'ete avec lui en poursuivant ensemble l'etude des langues. Le 20 aout, l'ardent missionnaire reprend la route, cette fois, pour une mission chez les Indiens du lointain lac Athabasca, a 700 kilometres environ au nord-ouest de l'lle-a-la-Crosse. Le prelat de la Riviere-Rouge desirait y etablir un poste pour l'evangelisation des tribus du district d'Athabasca et comme pied-a-terre pour atteindre les tribus du district du Mackenzie. Le pere Tache en fut le pionnier. Le 15 octobre, apres une mission suivie avec ferveur par de nombreux Indiens, il est de retour. Avec son confrere ils terminent la construction de leur propre maison. Les deux missionnaires, dans leur logis, sont «pauvres et denues de tout, mais heureux de leur sort, et persuades que leur oeuvre allait se consolider et prendre une extension nouvelle»15. Le pere Tache refait, en 1848, ses grandes expeditions missionnaires au lac Caribou et au lac Athabasca. L'abbe Lafleche, directeur de la mission, de moins forte sante, s'occupe des Indiens de la mission et des alentours. En 1846, arriva le pere Henri Faraud en vue de s'occuper de la mission du lac Athabasca. L'oeuvre missionnaire etait bien lancee. Mais voici que le courrier d'hiver, arrive au debut de 1849, apporte une troublante nouvelle. Le pere Aubert, superieur, annonce aux missionnaires que la revolution eclatee en France, en 1848, a considerablement reduit les recettes de l'oeuvre de la Propagation de la foi, «qu'en consequence de cette reduction, on ne pourrait plus soutenir les missions lointaines du diocese, et que probablement il allait etre force de les rappeler aupres de lui»16. La reponse des deux Oblats fut digne de leur zele apostolique:
Saint-Boniface: point de depart
41
Mon Reverend Pere, ecrivent-ils, la nouvelle que contient votre lettre nous afflige, mais ne nous decourage pas; nous savons que vous avez a coeur nos missions et nous, nous ne pouvons pas supporter l'idee d'abandonner nos chers neophytes, nos nombreux catechumenes; nous esperons qu'il vous sera toujours possible de nous procurer des pains d'autel et du vin pour le saint Sacrifice. A part cette source de consolation et de force, nous ne vous demandons qu'une chose : la permission de continuer nos missions. Les poissons du lac suffiront a notre existence; les depouilles des betes fauves a notre vetement. De grace, ne nous rappelez pas 17 . Heureusement, la diminution prevue des ressources n'affecta pas gravement l'oeuvre missionnaire du Nord-Ouest. Quelques changements s'operent dans la mission. En 1849, le pere Faraud s'en eloigne pour prendre charge du poste du lac Athabasca; l'abbe Lafleche, de plus en plus affecte de rhumatisme, rentre a la RiviereRouge. La direction de la mission passe au pere Tache; en juillet, arrive de Saint-Boniface le frere Louis Dube, qui devait se devouer a la mission jusqu'a sa mort survenue en 1872. Genereux et habile, charge de la cuisine et des taches materielles de la mission, ce frere rendit des services fort apprecies. II inaugure la lignee des nombreux et heroi'ques freres oblats qui donneront leur vie aux missions de l'Ouest et du Nord canadiens. En 1850 et en 1851, les peres Augustin Maisonneuve et Jean Tissot se joignent a la petite communaute.
Un evenement decisif: Tache coadjuteur, 1850 CHOIX
A peine les Oblats etaient-ils engages dans l'oeuvre missionnaire que l'un des leurs, le pere Tache, etait nomme coadjuteur de M§r Provencher, eveque du Nord-Ouest. Ce dernier se preoccupait depuis 1842 de la nomination d'un successeur ou d'un coadjuteur pour son siege. II en traita avec ses collegues de Quebec, Joseph Signay et Pierre-Flavien Turgeon, et de Montreal, Ignace Bourget et Jean-Charles Prince. Son choix se porta sur l'abbe Francois-Xavier Lafleche, homme de talent, sur lequel il fonde beaucoup d'espoir depuis qu'il l'a obtenu pour son vicariat. En avril 1849, les eveques du Canada 18 en font la demande au Saint-Siege. Pendant que l'affaire se traite a la Propagande, il devient evident que l'abbe Lafleche, en raison de rhumatisme dont il souffre, ne pourra remplir la charge qu'on lui destine. Le 29 novembre 1849, le jour meme de
42
L IMPLANTATION
l'annonce, a Rome, de la nomination de l'abbe Lafleche comme eveque coadjuteur, M§r Provencher ecrit a M§r Signay: Je ne sais ou on en est a Rome et en Canada pour l'affaire d'un coadjuteur pour la Riviere-Rouge [...] Ici, il y a une chose de decidee et qui m'afflige, c'est que monsieur Lafleche est evidemment incapable d'etre eveque. Son infirmite est a peu pres la meme; il boite toujours et pourrait plutot empirer que donner l'espoir d'une guerison au moins prochaine. Or un eveque ici a besoin de deux bonnes jambes; il lui faudra voyager dans le pays pour visiter les missions etablies et viser a en etablir d'autres. Puis le prelat de Saint-Boniface propose le candidat qu'il a choisi pour le remplacer. Il motive ainsi son choix : L'eveque de la Riviere-Rouge doit etre sujet anglais et canadien, au moins pendant quelque temps, jusqu'a ce que Ton soit accoutume. Le clerge de ce diocese sera compose de pretres etrangers; il convient que le chef ne le soit pas. Dans un pays qui ne fournit point de pretres, il convient que l'eveque soit tire du corps religieux qui les fournit, il sera superieur pour tout et partout [...] II convient de plus que l'eveque connaisse le pays, les privations qu'on est expose a y souffrir, etc. Un eveque tout fait qui arriverait de loin serait peut-etre grandement desappointe et expose au decouragement. D'apres tout ce preambule, il n'y a qu'un sujet qui puisse etre presente : je l'ai deja designe. C'est le pere Tache. Telle est mon opinion depuis longtemps, seulement je n'avais pense a lui que comme pouvant devenir coadjuteur de monsieur Lafleche19. Dieu semble s'y opposer. Le pere Aubert, superieur des Missionnaires Oblats, a la Riviere-Rouge, est pour le pere Tache sans hesitation, ainsi que monsieur Lafleche qui a toujours vecu avec lui depuis qu'il est dans le pays. Le pere Tache sait les langues necessaires pour exercer le saint ministere avec fruit. II est fort et robuste pour soutenir les fatigues d'un long apostolat. Je lui donne done ma voix, je le demande et je souhaite que votre Grandeur juge de meme, ainsi que ses suffragants, et qu'on se hate d'en faire la demande a Rome 20 . Le meme jour, M^r Provencher expose la situation, en termes semblables, a M§r Bourget et demande a M§r de Mazenod, superieur general des Oblats, son assentiment a la promotion du pere Tache.
Saint-Boniface: point de depart
43
En mars 1850, les eveques du Canada adressent une nouvelle petition au Saint-Siege, dans laquelle ils demandent que le nom de Lafleche soit remplace par celui de Tache sur les bulles de nomination du coadjuteur du diocese du Nord-Ouest. La requete est agreee et le pere Tache est elu, le 14 juin 1850, eveque d'Arath in partibus infidelium, coadjuteur avec future succession21. PLEIN ENGAGEMENT DES OBLATS
M gr Provencher, en apprenant la nomination du pere Tache, en est tout heureux. Non seulement il a un coadjuteur, mais le progres de ses missions est assure. II ecrit a son confident, M gr Bourget: «La Congregation des Oblats va se trouver chargee de tout. Je m'en rejouis. Je l'ai fait expres, il faut cela pour que les missions prennent un tout autre elan»22. De son cote, M gr Bourget voit la meme consequence a la nomination de M gr Tache. II ecrit a M gr Guigues, superieur des Oblats en Amerique : «Voila, cher Seigneur, un beau champ ouvert a votre Compagnie. Je n'en doute pas, vos bons peres vont s'y lancer avec une sainte et noble ardeur. Que Dieu benisse leurs travaux et que leurs sueurs et leur sang fertilisent enfin cette terre aride»23. Le choix du pere Tache comme coadjuteur n'est done pas motive uniquement par les talents et les aptitudes de l'elu, mais par une volonte de remettre l'oeuvre missionnaire du Nord-Ouest plus entierement a la charge de la congregation des Oblats de Marie Immaculee. La nouvelle de la nomination du pere Tache coadjuteur au diocese du Nord-Ouest, que lui communique M gr Guigues, prit par surprise M gr de Mazenod. La lettre du 29 novembre 1849, dans laquelle M gr Provencher demandait son assentiment, ne lui etait pas arrivee. Cette nomination, en plus d'etre inattendue, lui imposait l'obligation morale de soutenir une mission remise entre les mains d'un de ses fils spirituels. Or, au lieu de songer a developper l'effort missionnaire du cote de la Riviere-Rouge, il etait sur le point d'en retirer ses Oblats. II s'explique dans une lettre du 16 avril 1850 a son ami et confident, M gr Bourget. Puisque j'ai le bonheur de m'entretenir avec vous, je vous parlerai avec l'abandon que m'inspire ma confiance sans borne et mon amitie. Lorsqu'on me proposa d'envoyer nos Oblats de Marie a la mission de la Riviere-Rouge, j'y consentis volontiers parce qu'on m'assura qu'il y avait un grand bien a y faire. Vous savez les sacrifices que nous nous sommes imposes pour cela. Cependant je vous l'avouerai, Monseigneur, je n'ai pas reconnu que cette esperance put se realiser.
M8r Alexandre-Antonin Tache, o.m.i. (1823-1894), un des deux premiers missionnaires a venir a la Riviere-Rouge en 1845 devint le 2e eveque de Saint-Boniface en 1853 etier archeveque de Saint-Boniface en 1871. (Courtoisie des Archives Deschatelets,
Ottawa)
Saint-Boniface : point de depart
45
Ou je suis mal informe ou il n'y a pas meme matiere pour exercer le zele. Ce sont quelques petites tribus, excessivement eloignees les lines des autres, ou la presence du missionnaire ne donne lieu qu'a quelques discours et a tres peu, infiniment peu, de conversions. Les relations meme du pere Tache, qui certainement ne manque ni de zele ni de capacite, ne me presentent aucun resultat. J'etais si peniblement preoccupe de cette pensee que j'allais ecrire a l'Eveque de Bytown24 s'il voyait de grands inconvenients a ce que nous abandonnassions cette ingrate mission pour employer nos sujets a defricher des champs plus fertiles, lorsque j'ai recu la lettre qui accompagnait celle que vous lui avez fait l'honneur de lui ecrire pour le prevenir des dispositions de M gr l'Eveque de Juliopolis a l'egard de notre pere Tache25. Le superieur general des Oblats ajoute qu'il est d'accord sur le principe de choisir, comme eveque d'un territoire de missions, un membre de l'lnstitut qui en a la charge. C'est, selon lui, le moyen le plus assure d'operer le bien. Il avoue : «Je consentirais done pour toute autre mission qui m'offrirait un aliment abondant au zele de nos missionnaires a les placer sous la direction d'un vicaire apostolique pris parmi nos Oblats [...] Mais pour la Riviere-Rouge, je me sens decourage»26. De son cote, l'eveque du Nord-Ouest ne pouvait s'empecher de se demander, «Qui done a ecrit a l'eveque de Marseille que le territoire de la Baie d'Hudson n'etait pas, je ne dirai pas capable, mais sans doute digne d'occuper ses sujets! II m'a ecrit qu'il etait decide a les rappeler tous, quand il apprit que M gr Tache etait preconise»27. M§r de Mazenod ne precise pas la source de ses informations. Sans doute, il etait au courant des echecs eprouves aupres des Sauteux et il avait peut-etre recu des lettres exprimant la deception de l'un ou de l'autre de ses missionnaires. Quoi qu'il en soit, une fois la nomination du pere Tache faite par le Saint-Siege, il adopta franchement une attitude favorable envers les missions du Nord-Ouest. Le 15 Janvier 1851, il ecrit au nouveau prelat et l'assure de son appui. La resolution de le nommer eveque «n'a certainement ete prise que dans la vue de la plus grande gloire de Dieu, l'honneur de l'Eglise et le salut des ames»28. Lorsqu'il le voit a Marseille, en novembre de la meme annee, il ajoute : «Ton election, il est vrai, s'est faite a mon insu, mais elle parait toute providentielle, et sauve les missions dans lesquelles vous avez deja tant travaille»29. Le 24 Janvier 1852, faisant allusion a son projet de retirer les Oblats des missions de la Riviere-Rouge, il ecrit a M gr Provencher : «Le Pape a decide autrement, le bon Dieu semble s'en etre mele... Au lieu de supprimer cette mission, je la fortifle de quatre
46
L'IMPLANTATION
nouveaux sujets»30. Enfin, il tiendra a rencontrer personnellement le nouvel elu pour lui conferer lui-meme l'onction episcopale et pour s'entretenir de ses missions. Cependant l'unanimite chez les Oblats du Nord-Ouest ne s'est pas faite sur la nomination du pere Tache comme eveque coadjuteur. Trois peres sont insatisfaits. Le pere Bermond «veut que ce soit un patriotisme pousse a l'exces qui l'ait fait choisir»31. En raison de son opposition tenace a l'eveque de Saint-Boniface, il dut meme etre retire des missions du NordOuest, en 1857. Le pere Maisonneuve trouve que «la congregation a fait au moins un acte d'imprudence en acceptant l'eveche»32. Le pere Tissot montre une attitude fort negative a l'egard du nouvel eveque33. D'autre part, en plus de la voix favorable du pere Aubert, le pere Faraud juge le pere Tache «le mieux capable» et le plus digne du diocese pour la fonction qui lui est imposee 34 . La mission de la Riviere-Rouge etant pleinement assumee par la Congregation, le conseil general, dans ses seances du 23 et 24 avril et du 2 juillet 1851, detache cette mission de la juridiction du Canada, l'erige en vicariat des missions autonome, sous le nom de Riviere-Rouge, et designe M gr Tache lui-meme superieur religieux de ce vicariat des missions.
Missions reprises et missions nouvelles Lorsque M gr Tache, au deces de M^r Provencher en 1853, prit charge du diocese de Saint-Boniface, il n'avait avec lui, dans la colonie de la RiviereRouge, que trois pretres seculiers et un Oblat 35 . Cependant, de 1853 a 1870, il recut dix-sept Oblats, dont treize peres et quatre freres, et en plus, neuf pretres seculiers. Parmi ces recrues, dont plusieurs gagnerent les missions de l'interieur, six peres, trois freres et quatre pretres seculiers, dont un deviendra Oblat, depenserent de longues annees de leur vie dans la region de la Riviere-Rouge36. Ces renforts permirent a l'eveque de developper le ministere aupres des Blancs et des Metis de la colonie et de reprendre graduellement les missions des Sauteux, qu'on avait du fermer dans le passe, et d'en ouvrir de nouvelles. AUX LACS MANITOBA ET WINNIPEGOSIS
La penetration missionnaire du vaste territoire autour des lacs Manitoba et Winnipegosis s'opera graduellement. M^r Tache envoie l'abbe Zephirin Gascon a la mission du Bout-du-Lac, sur le lac Manitoba, en 1857. Le missionnaire y reside un an et batit une petite chapelle pour les trente a qua-
Saint-Boniface: point de depart
47
rante families de l'endroit. De 1861 a 1870, le pere Laurent Simonet est charge de l'ensemble de la population disseminee autour des lacs Manitoba et Winnipegosis, composee de quelques centaines de catholiques et d'un plus grand nombre de non croyants. II dessert notamment les missions du Bout-du-Lac, de Saint-Laurent, de l'ancienne Notre-Dame-du-Lac et de la Baie-des-Canards. Ces deux dernieres n'avaient recu aucun secours religieux depuis 1850. En 1862-1863, il a son pied-a-terre a la Baie-des-Canards, ou ses fideles construisent une petite chapelle, puis il etablit sa residence a la mission de Saint-Laurent37. La mission de Saint-Laurent, devenue mission centrale pour la region des lacs du Manitoba et de Winnipegosis, se stabilisa et prit un developpement remarquable grace au pere Charles Camper, arrive en 1866, qui s'y devoua pendant trente ans, et au frere Jeremias Mulvihill, arrive l'annee suivante, qui lui consacra ses riches talents et son savoir-faire jusqu'en 1913. Le pere Camper fit, lui aussi, des missions autour des lacs Manitoba et Winnipegosis et des sejours a la Baie-des-Canards. «Le missionnaire intrepide trouva acces aux coeurs les plus endurcis»38. De son cote, le frere Mulvihill s'occupa des travaux materiels de la mission et dirigea, a partir de 1870, une ecole qui avait ete ouverte en 1862. Les missionnaires ont repris l'evangelisation des Indiens de la region, en majorite des Sauteux, qui se laissent toucher par la grace, bien qu'ils soient encore qualifies assez souvent par les missionnaires d'indifferents a l'instruction religieuse. SUR LA RIVIERE WINNIPEG
L'oeuvre missionnaire reprend egalement dans la region de la riviere Winnipeg. A partir de 1861, le pere Lestanc, de Saint-Boniface, se rend une couple de fois par annee a Fort Alexandre situe au bas de la riviere Winnipeg, d'ou il exerce son zele aupres des Metis, des Blancs et des Indiens disperses dans la region. De Fort Alexandre, ou il passe l'hiver 1868-1869, il remonte la riviere Winnipeg, se rend au lac a la Pluie et meme au lac Seul. II revoit les lieux visites autrefois par le pere Aubert. Partout, il instruit les fideles catholiques et approche les non croyants. «Tout cela, ecrit-il, rallumait, tranquillement, le feu du catholicisme presque eteint dans ces parages»39. Un autre vaillant missionnaire, le pere Joachim Allard, cure de la paroisse Saint-Charles, pres de Saint-Boniface, se devoue egalement, chaque annee, de 1868 a 1876, dans le meme champ missionnaire. Il visite «les missions indiennes de Peguis, de Fort Alexandre, du lac Winnipeg, du lac des Bois, de Fort Frances, du lac Seul, et autres»40. Decharge de sa
48
L IMPLANTATION
Joseph Lestanc, o.m.i. (1830-1912). Durant sa carriere de 57 ans dans 1'Ouest canadien, il oeuvra successivement dans les provinces du Manitoba, de la Saskatchewan et de 1'Alberta. (Courtoisie des archives oblates de Saint-Albert)
cure, en 1876, il devient le premier pretre de residence permanente a Fort Alexandre. L'oeuvre missionnaire aupres des Metis et des Sauteux est done relancee dans cette region qui fut temoin d'un cruel echec au debut de l'apostolat des Oblats a la Riviere-Rouge. DANS LA VALLEE DE QU'APPELLE
En 1864, M§r Tache, en traversant les plaines, a l'ouest de Saint-Boniface, s'arreta dans la vallee de la riviere Qu'Appelle. Non seulement il admira la beaute de cette vallee, mais il lui apparut qu'elle etait un endroit ideal pour l'etablissement d'une mission. Elle est, en effet, un rendez-vous important de la population environnante composee de Metis et de Cris, Assiniboines, Sioux et Sauteux. Cette mission serait la premiere dans cette large partie de son diocese41. L'annee suivante, la decision etait ratifiee par les Oblats de Saint-Boniface.
Saint-Boniface: point de depart
49
A la fin du mois d'aout 1865, a une reunion a laquelle se trouverent reunis tous les Oblats de la partie Sud-est du Vicariat de la RiviereRouge, il fut decide que le Reverendissime Vicaire irait lui-meme visiter le lac Qu'Appelle pour y juger de l'opportunite de fonder un etablissement dans cet endroit si interessant du pays42. Au debut d'octobre 1865, le prelat arrive sur les lieux fixa le site de la mission sur une hauteur qui domine le fort Qu'Appelle, a 5 kilometres au nord de celui-ci, dans un endroit peuple de families metisses. Pendant pres d'un mois, il donna des missions aux Metis et aux Indiens de la region. En 1866 et en 1867, il envoya l'abbe Joseph-Noel Ritchot, cure de Saint-Norbert, donner la mission a Qu'Appelle. L'abbe commenca en meme temps la construction d'une maison-chapelle. Le pere Jules Decorby, charge de cette mission, s'y etablissait en permanence, en 1868. Deux ans plus tard, le pere Joseph Lestanc lui etait donne comme compagnon. Celui-ci s'occupa principalement de la desserte de quelque deux cents families metisses et de bon nombre d'Indiens dans des campements de chasse, a quelque 340 kilometres plus loin43. LA MISSION DE PEMBINA
La mission de Pembina fondee en 1818, doublee en 1853 par une autre appelee Saint-Joseph, etablie a 40 kilometres de distance de la premiere, est situee en terre americaine, pres de la frontiere canadienne. Son territoire, en partie aux Etats-Unis et en partie au Canada, releve a la fois du diocese de Saint-Paul, Minnesota, et du diocese de Saint-Boniface. M&r Tache, charge d'en assurer la desserte, demanda, en i860, au pere Alexis Andre d'en prendre charge en remplacement de l'abbe Joseph Goiffon, devenu infirme a la suite d'un accident. Les deux postes, Pembina et Saint-Joseph, sont «frequentes par mille cinq cents catholiques metis et un grand nombre de sauvages»44, en particulier de la tribu des Sioux. Sa population est tres dispersee; peu de personnes resident aux deux postes de missions. Le ministere des missionnaires s'exerce jusqu'a 300 kilometres au sud, sans que personne ne s'oppose a leur zele45. Ce ministere exige des courses frequentes et des absences prolongees de la mission. Le pere Andre ecrit: La grande etendue de la mission m'obligeait a des courses continuelles; je n'etais presque jamais a la maison; en hiver il me fallait faire soixante et quelques fois quatre-vingts lieues pour aller visiter nos hivernements;
50
L IMPLANTATION
en ete il fallait suivre mes gens dans leur chasse au buffalo a travers la grande prairie 46 . La desserte de la mission de Pembina fut confiee aux Oblats jusqu'en 1877. S'y devouerent le pere Alexis Andre 47 (1861-1864), un pretre canadien, l'abbe Auspice Germain (1862-1867), les peres Jean-Baptiste Richer (1864-1870), Hippolyte Leduc (1865-1867), Jean-Marie Lefloc'h, (18681877), et Laurent Simonet (1870-1877).
Au coeur de la colonie PAROISSES
Les peres Pierre Aubert, de 1845 a 1850, Francois-Xavier Bermond, de 1850 a 1857, Joseph Lestanc, de 1855 a 1857, Jean-Marie Lefloc'h, de 1857 a 1859, Jean Tissot, de 1868 a 1885, entre autres, ont travaille a la paroisse cathedrale de Saint-Boniface. Certains d'entre eux et d'autres ont coopere a la formation de paroisses dans les environs de Saint-Boniface. Le pere Lestanc est a 1'origine de la paroisse de Saint-Norbert, en 1857, dont il fut le desservant, puis le premier cure. Le pere Lefloc'h, en charge des Metis de Pointe-aux-Chenes depuis 1859, y organisa une paroisse, sous le vocable de Sainte-Anne-des-Chenes, dont l'abbe Louis Raymond Giroux fut le premier cure offkiel, en 1868. La desserte d'un groupe de Metis sur la riviere Assiniboine, a 15 kilometres de l'eveche, commencee en 1854 par les peres de Saint-Boniface, devint la paroisse Saint-Charles, en 1868. Cette paroisse, demeuree a la charge des Oblats, eut comme premier cure le pere Joachim Allard. M§r Tache et d'autres Oblats de l'eveche s'occuperent d'une desserte de Metis, inauguree en i860, qui devint la paroisse Saint-Vital, situee a 10 kilometres au sud de l'eveche. Enfin, le pere Joseph McCarthy, de 1869 a 1872, dessert les catholiques encore peu nombreux de Fort Garry (Winnipeg). II peut etre considere comme le premier cure de Winnipeg 48 . COLLEGE DE SAINT-BONIFACE
A la fin de juillet i860, les Freres des Ecoles Chretiennes qui avaient assume la charge du college de Saint-Boniface, le quittaient. Leurs superieurs n'acceptant plus les derogations a leur Regie qu'imposait le travail dans cette institution 49 . Les Oblats durent prendre la direction de l'institution. Se sont succede comme directeurs, les peres Jean-Marie Lefloc'h (1860-1862), Joseph Lestanc (1862-1864), Alexis Andre
Saint-Boniface: point de depart
51
(1864-1865), le frere John Duffy (1865-1867), les peres Joachim Allard (1867-1868) et Theophile Lavoie (1870-1878). Grace a Tinfluence et a l'initiative de ce dernier, l'institution obtint Incorporation legale, le 3 mai 1871, s'installa dans un nouvel edifice, la meme annee, et devint un des trois colleges a l'origine de l'universite du Manitoba 50 . AVEC LES CHASSEURS
Des Oblats de Saint-Boniface, comme leurs confreres de Pembina et de Qu'Appelle, accompagnerent les chasseurs de bisons a la prairie. Deux fois par annee, ces chasseurs, Metis et Indiens, partaient avec leurs families, formant une caravane de quelques centaines de personnes, pour une chasse de plusieurs semaines. Le pretre, toujours desire dans ces expeditions, apportait les secours religieux a ces gens et, en particulier, enseignait le catechisme aux femmes et aux enfants, pendant que les chasseurs etaient en campagne. Des Oblats avaient accompli cet apostolat aupres des chasseurs, de 1846 a 1849, dont l'humble frere Louis Dube, qui y laissa un excellent souvenir, comme catechiste. Us le reprirent en 1859, a la demande des Metis. FACE AU SOULEVEMENT DE 1869-187O
M gr Tache et le pere Joseph Lestanc furent meles directement aux troubles qui agiterent violemment la colonie de la Riviere-Rouge avant son entree dans la confederation canadienne. Le premier, toujours tres pres de son peuple, percut nettement le malaise profond et croissant des gens, particulierement des Metis, exclus des tractations en vue du transfert du territoire de la Compagnie de la Baie d'Hudson au Canada. Qu'en etait-il de leurs interets et de leurs droits, surtout de celui de propriete deja viole par des arpentages qui precedaient le transfert officiel au Canada? Le gouvernement fit la sourde oreille aux avertissements et aux suggestions du prelat. Apres le depart de M^r Tache, appele a participer au concile du Vatican, a Rome, les tensions s'accentuent51. Le gouverneur de la colonie, William Mactavish, ayant demissionne de la Compagnie de la Baie d'Hudson, le 15 Janvier 1870, un gouvernement provisoire deja initie est definitivement forme, sous la presidence de Louis Riel, pour la gouverne de la colonie. Ce gouvernement dresse une liste des droits de la population. Le pere Lestanc, remplac^nt de M§r Tache a l'eveche, tout en demeurant le plus possible neutre au plan politique, ne cesse d'intervenir en faveur de la paix dans les graves incidents qui se succedent. II admet la justesse des revendications du peuple, s'applique a eviter la guerre civile et reconnait
52
L'IMPLANTATION
Croquis de l'eveche de Saint-Boniface tel qu'il apparaissait a l'arrivee des Oblats en 1845. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
le gouvernement provisoire. «Voila, ecrit-il, ce que j'ai fait moi-meme et autorise les autres a faire.»52 M gr Tache, revenu au pays a la requete du gouvernement federal, obtint de celui-ci la promesse formelle que justice serait faite a la population et qu'une amnistie totale serait accordee. Rentre a Saint-Boniface, au debut de mars 1870, il reussit a pacifier les esprits et a inspirer au gouvernement provisoire une certaine confiance dans les bonnes dispositions d'Ottawa. Les trois delegues deja designes pour presenter la liste des droits que reclamait le gouvernement provisoire se mirent en route pour la capitale du Canada. Les droits exiges furent acceptes et mis presque integralement dans la loi constitutive de la province du Manitoba. Le soulevement avait atteint son objectif immediat. Les neuf autres Oblats 53 dans le diocese de Saint-Boniface, dont cinq sont dans des postes de missions eloignes du centre de la colonie, ne semblent pas avoir pris d'initiatives de quelque importance dans le conflit54. LA COMMUNAUTE OBLATE DE L'EVECHE
L'eveche de Saint-Boniface a ete, depuis 1845, la maison du superieur religieux des Oblats de la Riviere-Rouge, charge remplie successivement par le pere Aubert, jusqu'en 1850, le pere Bermond, en 1850-1851, et M§r
Saint-Boniface: point de depart
53
Tache lui-meme, dans la suite. En plus d'etre un pied-a-terre pour les Oblats du Nord-Ouest, il fut le lieu d'accueil des nouveaux missionnaires venant du Canada et d'Europe. Plus d'une trentaine y sont passes dans la periode de 1845 a 1870. Certains y prolongerent leur sejour, soit pour completer leurs etudes, soit en attendant leur depart pour des postes eloignes, soit encore dans l'exercice d'un ministere temporaire dans la region. Le frere Jean Glenat, expressement designe pour le palais episcopal, s'y devoua tres fidelement, de son arrivee, en i860, a sa mort, survenue en 1892. II s'occupa des taches domestiques a l'eveche et occasionnellement, dans d'autres etablissements religieux de Saint-Boniface.
4
Deux missions meres
Deux missions sont a l'origine de l'evangelisation de l'ouest et du nord du diocese de Saint-Boniface : la mission du Lac-Sainte-Anne, qui rayonna dans la vallee de la riviere Saskatchewan et dans l'Alberta actuelle et la mission de l'lle-a-la-Crosse, d'ou les missionnaires etendirent leur action aux districts de la Riviere-aux-Anglais, de Cumberland, d'Athabasca et du Mackenzie. Nous connaissons les debuts de ces deux missions. La premiere, etablie par les abbes Thibault et Bourassa, en 1844, fut confiee aux soins des Oblats a partir de 1856; la deuxieme, fondee par l'abbe Lafleche et le pere Tache en 1846, resta a la charge exclusive des Oblats a partir de 1849.
La mission du Lac-Sainte-Anne Les Oblats recurent en heritage la mission du Lac-Sainte-Anne lorsque le dernier pretre seculier en charge, l'abbe Albert Lacombe1, s'est fait Oblat, en 1856. Cette mission, prolongee et completee, en 1861, par celle de SaintAlbert, est a l'origine de l'apostolat des Oblats dans un vaste domaine missionnaire que des pretres seculiers avaient deja explore en partie. LA MISSION DU LAC-SAINTE-ANNE
Son rayonnement Le premier Oblat assigne a la mission du Lac-SainteAnne fut le pere Rene Remas, en 1854. II y travailla jusqu'en 1868. Ni brillant, ni debrouilllard, mais travailleur et perseverant, il reussit a appren-
55
56
L'IMPLANTATION
La mission du Lac Sainte-Anne, d'apres une toile de Mile Dorval faite en 1881. De g. a dr.: la residence des abbes Thibault et Bourassa, croit-on; le cimetiere et l'eglise, et la deuxieme residence. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
dre la langue crise. II fut remarquable de zele et de generosite2. II visita, en 1854, les missions de Cumberland House, de Fort Carlton et de Fort Pitt et, en 1856, il se rendit a Fort Jasper. De 1856 a 1864, il fit trois voyages dans les Prairies, et quatre au Petit lac des Esclaves et travailla au poste d'Edmonton 3 . Le pere Lacombe, demeure missionnaire au Lac-SainteAnne apres son noviciat, fit, de son cote, un ministere regulier au poste d'Edmonton, «que visitent plusieurs milliers de sauvages»4. En 1857, il fit elever, a l'interieur du fort, une chapelle dediee a saint Joachim et une residence pour le missionnaire. II visita les Pieds-Noirs, les assista specialement au cours de 1857, lors d'une epidemie qui decima plusieurs camps de la tribu. Le champ d'action de l'ancienne mission du Lac-Sainte-Anne fut reduit par la fondation de la mission de Saint-Albert, en 1861. Le pere Remas ecrit en 1866 : Quoique notre mission ait une grande etendue, le nombre de personnes qui en dependent n'est pas considerable; il s'eleve a peine a onze cents, dont sept cents environ sont baptises. Us sont de tribus et de races diverses5.
Deux missions meres
57
La population fixe de la mission meme a diminue, en raison d'une emigration vers la nouvelle mission de Saint-Albert. Aux annees 1870, elle est evaluee a trois cent cinquante personnes. La plupart sont des Metis et generalement de bons chretiens6. Ont ete missionnaires au Lac-Sainte-Anne, de 1852 a 1871 : les peres Albert Lacombe, de 1853 a 1863, Rene Remas, de 1854 a 1868, Jean-Marie Caer, de i860 a 1865, et cinq autres, pour des stages de deux ou trois ans : Celestin Frain, Hippolyte Leduc, Vital Fourmond, Victor Bourgine et Alexandre Blanchet. La mission fut occasionnellement lieu de noviciat et de scolasticat pour les Oblats. Premieres Soeurs Grises du Nord-Ouest La mission du Lac-Sainte-Anne fut la premiere du lointain Nord-Ouest a recevoir les Soeurs Grises de Montreal. Les missionnaires connaissaient deja leur action bienfaisante dans la region de la Riviere-Rouge, ou elles oeuvraient depuis 1844. Aussi, en desiraient-ils dans leurs propres missions, notamment pour les oeuvres de charite et d'education et les bienfaits qu'apportent la presence et le devouement des femmes missionnaires. Us consentaient au partage de leurs allocations venant de l'Oeuvre de la Propagation de la Foi afin d'assurer la subsistance des religieuses et le soutien de leurs oeuvres7. L'eveque de Saint-Boniface, encourage par M gr de Mazenod, en fit la demande de vive voix a la superieure generale des Soeurs Grises de Montreal. II ne lui cacha pas les renoncements et la pauvrete que les religieuses missionnaires auraient a supporter. La reponse fut favorable. Cette Communaute, ecrit-il, se montra admirable de generosite et d'abnegation, non seulement en donnant ses sujets pour des missions si lointaines et si difficiles, mais en les donnant a la seule condition qu'on leur procurerait des secours spirituels, et qu'on faciliterait l'accomplissement de leurs saintes Regies et obligations8. A l'observation qu'il ajouta, que les missions etant pauvres et les ressources incertaines, on ne pouvait promettre beaucoup ni promettre positivement, il lui fut repondu : Nous savons bien que les bons Peres charges des differentes missions ne laisseront pas souffrir nos Soeurs; nous ne demandons que le vetement et la nourriture. —Mais reprit le prelat, si les peres eux-memes n'ont pas de quoi pourvoir a leur subsistance? —Dans ce cas, lui
58
L'IMPLANTATION
replique-t-on, nos Soeurs jeuneront comme eux et prieront Dieu de venir en aide aux uns et aux autres9. C'etait l'engagement des femmes heroiques dans les missions de l'Ouest et du Grand Nord canadiens, associees a l'oeuvre des Oblats. II fut convenu que des etablissements de religieuses se feraient successivement, en commencant par les missions les plus anciennes. La mission du LacSainte-Anne fut done la premiere servie. Trois soeurs y arrivent en septembre 1859 : Zoe Leblanc, superieure, Adele Lamy et Marie Jacques. Des fondations suivirent: a l'lle-a-la-Crosse, en i860, au lac La Biche, en 1862, a Providence, en 1867, et d'autres s'ajouteront dans la suite. LA MISSION DU LAC LA BICHE
Ses debuts A l'invitation pressante d'un Canadien de l'endroit, Joseph Cardinal, l'abbe Thibault se rendit au lac La Biche, des 1844. II y rencontra une quinzaine de families catholiques10. Dans la suite, les missionnaires du Lac-Sainte-Anne visiterent regulierement ce poste. Cependant, de simples visites devenaient insuffisantes, non seulement pour assurer un service religieux adequat aux Metis catholiques et aux Indiens deja baptises qui s'y reunissaient, mais egalement pour faire echec a «la presence active des predicants de l'erreur a doigts dores»l]. L'abbe Lacombe y passa une partie de l'hiver 1852-1853. Le pere Rene Remas y fut envoye, comme missionnaire a poste fixe, en octobre 1853. Ce jeune missionnaire, a court d'habilete pratique, commenca son apostolat dans des privations et des contradictions de plus d'un genre et se trouva bientot dans une position intenable. A l'invitation de l'abbe Lacombe, il se retira a la mission du Lac-Sainte-Anne en attendant la venue prochaine de M§r Tache. Celui-ci se rendit, avec le missionnaire, au lac La Biche. Durant le sejour qu'il y fit, du 26 avril au 8 mai, il precha une mission aux Indiens et mit en marche la construction d'une residence pour le missionnaire. La mission Notre-Dame des Victoires etait definitivement fondee au lac La Biche. Le pere Remas se mit a l'oeuvre avec courage. L'ete suivant apporta des changements. Les peres Augustin Maisonneuve et Jean Tissot remplacerent le pere Remas, qui retourna a la mission du Lac-Sainte-Anne en vue de diriger l'abbe Lacombe dans son noviciat12. Les deux nouveaux missionnaires s'occupent de la population des Metis fixes dans les environs du lac La Biche et des Chipewyans qui frequentent la mission une couple de fois par annee. Dans des visites, ils atteignent quelques postes de Cris, non encore convertis pour la plupart.
Deux missions meres
59
Centre de ravitaillement pour les missions du Nord M gr Tache, en etablissant la mission du lac La Biche, avait en vue, en plus du ministere aupres des Metis et des Indiens, la fondation d'un poste qui pourrait eventuellement faciliter le transport du ravitaillement des missions du Nord. En effet, du lac La Biche, une voie d'eau, en direction du nord, rejoint le fleuve Mackenzie; et l'ouverture d'un chemin, en direction du sud, rendait possible la venue au lac La Biche des charrettes venant des Plaines. De plus, l'endroit offre des possibilites de culture. Lui-meme explique les raisons de son projet. Jusqu'a ce moment, le transport des objets indispensables aux missionnaires s'etait toujours fait sur les embarcations de l'Honorable Compagnie de la Baie d'Hudson. La multiplicite de nos etablissements, jointe aux exigences du commerce, pouvait, a un jour donne, creer des embarras, le mode actuel de transport etant tres difficile, et par consequent, tres limite. On songea a fonder au lac La Biche un etablissement sur une plus grande echelle, pour mettre a profit les avantages et les ressources de ce lieu, puis par la suite, s'il en etait besoin, organiser un systeme de transport qui aurait, sans doute, ses difflcultes, mais offrirait au moins quelques garanties13. Les deux Oblats venus remplacer le pere Remas avaient done mission d'effectuer ce developpement materiel de la mission. Avec des aides necessaires, ils organiserent une grande ferme, des entrepots et, en septembre 1856, ils avaient complete un chemin de plus de 160 kilometres qui donne acces a la vallee de la riviere Saskatchewan. Quelques annees plus tard, la mission devint effectivement un centre de ravitaillement et de transport pour les missions du Nord. Elle passa, en 1869, sous la juridiction du vicaire apostolique du Mackenzie14. Le personnel Le pere Vegreville remplace le pere Tissot, en 1865, et le pere Remas, le pere Maisonneuve, en 1868. A partir de 1857, les freres Patrick Bowes et Joseph Salasse se devouent aux taches d'entretien de la mission. Trois Soeurs Grises de Montreal, Delphine Guenette, superieure, Adelaide Daunais et Marie Tisseur, arrivees les premieres, en 1862, et celles qui vinrent dans la suite s'occupent de l'education des enfants, d'un orphelinat et d'oeuvres de charite 15 .
Premiere eglise de Saint-Albert construite par le pere Albert Lacombe, o.m.i. en 1861. Cette eglise devint la premiere cathedrale de M§r Grandin en 1871. Cet edifice a ete conserve jusqu'a nos jours. (Courtoisie des Archives de L'Apostolat, Richelieu, Que.)
Croquis de la mission de Saint-Albert telle que vue par le pere Emile Petitot, o.m.i. vers 1877. (Courtoisie des Archives provinciales de l'Alberta, collection oblate)
Deux missions meres
61
LA MISSION DE SAINT-ALBERT
En Janvier 1861, M gr Tache et le pere Lacombe fixent, sur une colline a 12 kilometres au nord d'Edmonton, le site d'une nouvelle mission. Cette mission, sous le vocable de saint Albert, rapproche les missionnaires de l'important poste d'Edmonton et des autres postes de la vallee de la Saskatchewan et facilite Faeces aux Prairies. Elle devient ainsi responsable d'une large partie du champ missionnaire de la mission du Lac-SainteAnne. Le developpement materiel de la mission de Saint-Albert ne tarda pas. Au printemps, le pere Lacombe commenca la construction d'une maisonchapelle agrandie en 1864. Pour initier les Metis a la culture de la terre, une fois disparu le bison des Prairies, le missionnaire se fit promoteur d'un developpement agricole. II divisa en lots les terres autour de la mission, batit un moulin a farine sur un cours d'eau amenage comme force motrice et construisit meme un pont sur la riviere Esturgeon, le premier a l'ouest de la Riviere-Rouge. II entreprit, en 1862, un long voyage en charrette jusqu'a Saint-Boniface, pour apporter l'equipement necessaire a ses entreprises16. En 1864, une quarantaine de families, dont certaines venant du Lac-Sainte-Anne, etaient deja etablies sur les terres de Saint-Albert. Grace au concours des freres, la mission cultiva une grande ferme pour s'approvisionner et approvisionner d'autres missions17. Les missionnaires desservent la population de Saint-Albert, composee surtout de Metis, generalement bons catholiques. Les Soeurs Grises, transferees de la mission du Lac-Sainte-Anne a la mission de Saint-Albert, en 1863, s'occupent d'oeuvres de charite, d'un orphelinat, et d'une ecole18. En dehors de Saint-Albert, les Oblats desservent regulierement les employes catholiques du fort Edmonton et les nombreux Metis et Indiens qui le frequentent. Le frere Constantine Scollen y ouvrit une ecole, en 1862, qui ferma ses portes des 1867, faute d'eleves. Un nouveau chef du fort avait disperse dans d'autres forts les families catholiques19. Les missionnaires de Saint-Albert desservent egalement des forts ou postes dans la vallee de la riviere Saskatchewan et certains rejoignent les Indiens des Prairies. En 1869, la mission devint residence de M§r Grandin et, en 1871, le siege du diocese de Saint-Albert. Le personnel missionnaire de Saint-Albert, dans la periode qui nous occupe, se compose des peres Albert Lacombe (1863—1874), Jean Tissot (1865-1868), Hippolyte Leduc (1867-1874), de M§r Grandin (1869-1902), et des freres Patrick Bowes, Alexandre Lambert, Francois Leriche, Jean Perreard et Constantine Scollen, pour des periodes de diverses durees.
62
L'IMPLANTATION
LA MISSION AMBULANTE DES PRAIRIES
Le pere Albert Lacombe L'evangelisation des indiens Cris, Assiniboines et des diverses tribus des Pieds-Noirs etait a peine commencee quand M§r Tache demanda au pere Lacombe de s'y consacrer pleinement. Le domaine de l'apotre s'etend au vaste territoire arrose par les deux branches de la riviere Saskatchewan; ses ouailles sont les nombreuses tribus nomades dont la subsistance depend principalement de la chasse. Une oeuvre en partie de premiere evangelisation l'attend. Parmi les Pieds-Noirs, il n'y avait encore aucun adulte converti a la foi catholique; chez les Cris des Prairies, au contraire, grace aux frequentes visites des missionnaires, [il y avait] un certain nombre de catechumenes et neophytes fervents qui continuaient leur vie nomade 20 . Le zele missionnaire est comble dans son desir apostolique. N'ecrivaitil pas a son eveque, au debut de 1863, «De grace, Monseigneur [...] Envoyez-moi dans la Prairie, chez les Pieds-Noirs et chez les Cris; vous savez combien je le desire»21. Jusqu'a ce moment, en effet, «il rencontrait frequemment les Pieds-Noirs, soit au fort de la Montagne, soit au fort Edmonton, soit dans leurs campements a La Pierre, mais il ne pouvait avoir de relations suivies et assez prolongees avec eux, pour que ces rencontres puissent avoir un effet durable»22. La mission de Saint-Paul-des-Cris Le missionnaire se met en campagne en Janvier 1865. II visite d'abord des Cris qu'il rencontre a Beaver Hill, a quelque 65 kilometres au sud d'Edmonton, parmi lesquels se trouvent un certain nombre de chretiens. II leur donne une mission. «Prevoyant que les buffles des Prairies ne tarderaient pas a disparaitre»23, il les entretient longuement d'un projet de fondation agricole pour subvenir a leurs besoins lorsque le bison disparaitra des Prairies. Ensemble, ils choisissent, comme lieu de realisation du projet, un endroit sur la rive gauche de la riviere Saskatchewan nord, a 150 kilometres environ en aval d'Edmonton, et se fixent un rendez-vous au debut de mai. A la fin de fevrier, le pere Lacombe se rend chez les Pieds-Noirs. Bien que encore non croyants, ces derniers, sous le coup d'une cruelle epidemie qui decimait leur nation, avaient demande sa presence. Le pere Lacombe fit pour ces Indiens ce que lui dictait son bon coeur. II les soutint, les encouragea. «I1 en baptisa pres de quatre cents, qui presque tous moururent de suite»24.
Albert Lacombe, o.m.i. (1827-1916), missionnaire legendaire des Indiens et des Metis de 1852 a sa mort. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
64
L'IMPLANTATION
Le 3 mai, l'infatigable missionnaire rencontre les Indiens sur les bords de la riviere Saskatchewan. II a apporte de Saint-Albert le necessaire pour inaugurer l'etablissement agricole projete. II se met immediatement a l'oeuvre, distribue les terres, commence les travaux de semence qu'il enseigne aux Indiens. La mission designee sous le nom de Saint-Paul-desCris est fondee. Le pere Lacombe s'y devoua genereusement. «Ce fut, ecrit-il au superieur general, un travail bien penible que celui auquel il fallut me livrer pendant tout le temps que je restai a ce poste»25. Le pere Alexis Andre assura la desserte de la mission, de 1867 a 1871. Les peres Joseph Dupin, Victor Bourgine et Leon Doucet et les freres Constantine Scollen et Victor Lalican apporterent leur collaboration, a un moment ou l'autre. «Cette mission est frequentee par un grand nombre de Cris, dont la plupart sont encore infideles», ecrit-on en 186826. Cependant, la paix etablie entre les Cris et les Pieds-Noirs, en 1871, «fut l'arret de mort de la mission»27. Les Cris ne redoutant plus les Pieds-Noirs, leurs ennemis de toujours, s'eloignerent de la mission, qui etait pour eux un refuge. Us reprirent leur vie nomade dans les Prairies et la chasse au bison. Les missionnaires durent exercer le ministere dans leurs camps et laisser souvent la mission vacante. Celle-ci fut abandonnee, au moins temporairement, en 1873, puis definitivement, en 1876, lorsque les batisses furent toutes detruites par le feu28. Un apostolat itinerant Le pere Lacombe ne cesse de parcourir chaque annee les Prairies. II gagne l'entiere confiance des Cris et des Pieds-Noirs et exerce un role efficace de pacification entre ces tribus presque toujours en guerre. II demeure apotre nomade aupres des nomades. II y a la, ecrit-il en 1866, plus de douze mille Indiens dont je suis le seul missionnaire, et dans toute la vaste etendue de la terre qu'ils habitent, il n'existe pas une mission proprement dite; nous n'y avons aucune chapelle29. II visite done les camps, enseigne la priere, fait le catechisme, utilise a cette fin un tableau qui illustre l'histoire du salut, appele echelle catholique, qu'il a fait lui-meme en s'inspirant de modeles existants. Ce tableau suscite un vif interet chez les Indiens. II compose des prieres, des cantiques en langue crise. Pour l'usage de ses confreres, avec courage et perseverance, il redige un dictionnaire et une grammaire en cette meme langue, qu'il maitrise 30 . Son grand amour des Indiens inspire son devouement et le soutient dans les moments penibles.
Deux missions meres
65
L'apostolat aupres des Pieds-Noirs s'avera bientot particulierement difficile. Des trafiquants d'alcool inondent le pays et des centaines de PiedsNoirs, victimes de leur rapacite, se livrent a des exces et se divisent en petits clans ennemis. De plus, la guerre entre Pieds-Noirs et Cris recommence avec une intensite accrue par suite de l'introduction dans leurs rangs d'armes a feu de plus en plus perfectionnees, venant des Etats-Unis. Le 3 juillet 1870, M gr Grandin ecrit: Le pere Lacombe regarde la mission des Pieds-Noirs comme bien difficile maintenant; outre qu'elle est dangereuse pour lui, elle peut le compromettre grandement aux yeux des Cris. Je ne l'oblige point a la faire31. Le pere Lacombe n'est pas decourage, il garde confiance dans l'oeuvre d'evangelisation commencee aupres des Indiens des Prairies. II ecrit au superieur general, en 1870, «Dieu nous ouvre parmi ces tribus des Prairies un chemin qui n'est pas sans epines, mais un chemin qui donne acces a des moissons deja mures»32. L'apostolat itinerant aupres des Indiens nomades des Prairies, entrepris par le pere Lacombe, demeure une formule heureuse qui inspire le zele de confreres oblats et meme celui de M gr Grandin. Celui-ci ecrit au superieur general, en 1870 : Le meilleur moyen, le moyen unique de convertir et d'instruire les infideles c'est d'aller vivre avec eux, de les accompagner dans leurs divers campements pendant une partie de l'annee. C'est une mission bien penible mais que l'experience prouve etre indispensable. Et je suis bien decide pour ma part a essayer ce genre de vie et de ministere a mon retour du lac Caribou. Je ne serai pas le premier; le pere Lacombe a montre que c'est possible, le pere Dupin et le frere Scollen ont marche sur ses traces et, dernierement, tous ceux de vos enfants qui etaient reunis ici il y a quelques semaines, m'ont assure avec un devouement admirable que je pouvais disposer d'eux et les envoyer vivre a la Prairie, soit avec les Cris, soit avec les Pieds-Noirs33.
La mission de Vlle-a-la Crosse LA CHRETIENTfi DE L'lLE-A-LA-CROSSE
Moments difficiles La formation de la chretiente de l'lle-a-la-Crosse passa par des moments difficiles. A l'ete 1851, l'absence du pere Tache
66
[/IMPLANTATION
pour sa consecration episcopale occasionna du mecontentement chez les Indiens. Le depart de l'abbe Lafleche ayant eu lieu peu auparavant, les neophytes se croyaient abandonnes de leurs premiers missionnaires auxquels ils s'etaient beaucoup attaches. Us ne croyaient pas au retour parmi eux du pere Tache, meme si celui-ci le leur avait promis. De plus, a la mission de l'automne, ils firent avec sans-gene des remarques desobligeantes a leurs missionnaires, les peres Augustin Maisonneuve et Jean Tissot, peu instruits de leurs langues, et peu habiles dans leurs relations avec eux. Offusques, les jeunes missionnaires se decouragerent et leur zele se refroidit, de telle sorte que l'oeuvre meme de la mission fut compromise 34 . II fallut le retour de M§r Tache, en septembre 1852, pour remettre sur pied la mission. Le prelat revit ses Indiens les uns apres les autres et les ramena au bercail35. II fit voir aux missionnaires eux-memes, qui avaient pris en degout notamment les Chipewyans36, qu'un des renoncements de l'apotre des Indiens est de ne pas attendre d'eux «les raffinements de la politesse»37. Le pere Vegreville, en charge de la mission, se trouva en 1857, «en face de difficultes, de resistances et de defections etranges»38, au point que, ne sachant que faire, il quitta la mission pour rentrer a Saint-Boniface, laissant seul le jeune pere Henri Grollier, arrive depuis peu a l'!le-a-la-Crosse. Des que M§r Tache fut mis au courant de la situation, il depecha le pere Vital Grandin 39 sur les lieux. Grace a ses grandes qualites d'esprit et de coeur, ce zele missionnaire fit disparaitre peu a peu les sources de division et de mecontentement et reunit tous les esprits dans la charite40. Deux ans plus tard, en 1859, le pere Grandin lui-meme eut de nouveau a apaiser les esprits, et non sans de grandes difficultes, lorsqu'un illumine, qui se dit subitement «Fils de Dieu», s'attacha des adeptes et jeta un trouble pro fond et persistant dans la chretiente de la mission41. Malgre ces moments difficiles de 1851, 1857 et 1859, la communaute chretienne de la mission poursuit sa croissance. En 1870, elle se compose de sept cents Cris et Chipewyans, ces derniers, en nombre plus considerable que les premiers. M gr Grandin ne craint pas d'affirmer : «Ce sont generalement des bons chretiens, dont la fidelite aux pratiques religieuses ferait rougir de confusion bien des chretiens d'Europe»42. Developpements Le 4 octobre i860, Marie-Rose Caron, superieure, Philomene Boucher et Marie-Anne Lachance, les premieres religieuses designees pour l'lle-a-la-Crosse, inaugurent l'apostolat des Soeurs Grises de Montreal dans des oeuvres de charite et d'education. «Elles soignent les malades et prennent chez elles des infirmes et des vieillards abandon-
Deux missions meres
67
nes»43. Leur ecole, ouverte des le 26 novembre de la meme annee, donne l'instruction et la formation chretienne a plus de quarante enfants, dont trente pensionnaires. Signalons que la mission dut se relever d'une dure epreuve d'ordre materiel survenue en 1867. Le i er mars, le feu rasa completement la residence qui abritait les missionnaires, dix-huit jeunes et des vieillards, laissant tout ce monde dans le plus grand denuement. M gr Grandin ecrit : «Nous n'avions pas une couverture pour nous garantir d'un froid de 20 a 30 degres»44. Depuis sa fondation, la mission s'occupe de deux dessertes devenues prosperes, la desserte de La Loche, frequentee, en 1870, par quatre a cinq cents Chipewyans, et celle du lac Vert [Green Lake], chez les Cris. Parmi les missionnaires de l'lle-a-la-Crosse figurent, entre autres, M§r Tache (1846-1853), le pere Vegreville (1853-1860), M gr Grandin (1857-1869), les peres Julien Moulin (1859-1870), et Prosper Legeard (1868-1879), les freres Louis Dube (1846-1872) et Patrick Bowes (1855—1871), ce dernier, avec interruptions de sejour. LA MISSION DU LAC CARIBOU
Le pere Tache, de l'lle-a-la-Crosse, a pris des 1847 l e chemin du lac Caribou. C'est l'entree du missionnaire dans un nouveau territoire de Chipewyans et de Cris. Une fondation audacieuse Le pere Tache, apres ses missions de 1847 et de 1848 au poste du lac Caribou, voulut en donner une a l'extremite septentrionale du lac, ou on lui assurait qu'il y avait plus de ressources45. II y renonca une premiere annee, faute de guide pour l'y conduire, et l'annee suivante, faute de compagnon pretre pour desservir la mission de l'lle-a-la-Crosse pendant son absence. En 1851, le pere Augustin Maisonneuve se rendit au nord du lac Caribou, mais ne put voir les Indiens. Ces derniers, forces par la famine, avaient quitte les lieux avant son arrivee. Le missionnaire revint a l'lle-a-la-Crosse «avec la penible conviction que Ton ne pourrait se soutenir a ce poste qu'avec des difficultes extremes et des depenses que ne permettaient pas les ressources actuelles des missions»46. Le projet d'un etablissement missionnaire en ce lieu fut alors suspendu. Quelques annees plus tard, en octobre-novembre i860, M§r Tache et M8r Grandin, reunis a l'lle-a-la-Crosse, deciderent de reprendre le projet de la fondation d'une mission au lac Caribou 47 . Un poste de vivres avait ete etabli en 1857, a l'endroit meme ou on avait projete la fondation de la
68
L'IMPLANTATION
Mission du Lac Caribou d'apres une ancienne carte postale datant du debut du siecle. (Courtoisie des Archives oblates de Saint-Albert)
mission, et il etait confie a un excellent catholique, Pierre Morin. D'autre part, on voulait preserver les Indiens deja «visites par l'heresie» qui s'avancait dans la region48. La justesse de ce dernier motif fut bientot confirmee. Le ministre du lac La Ronge, a l'annonce du projet des missionnaires catholiques, s'en plaignit au chef du district. M§r Grandin ecrit : «Nous n'avons suivant lui aucun droit d'aller au lac Caribou, parce que un certain reverend M. Smith a ete appointed et paye [sic] pour ce poste. Ses recriminations sont une raison pour nous de nous hater»49. Apres une visite d'exploration entreprise a l'extremite nord du lac Caribou, a l'hiver 1860-1861, le pere Valentin Vegreville y retournait, a l'automne suivant, avec le pere Alphonse Gaste et le frere Jean Perreard pour etablir definitivement la mission, mise sous le patronage de saint Pierre. Le 4 octobre, prise de possession d'une petite maison de 5 metres sur 5 metres construite par M. Morin. Des debuts penibles Le travail missionnaire commenca lentement et dans l'epreuve. L'hiver 1862-1863 fut extremement dur pour les missionnaires. Le pere Faraud ecrit, apres la reception d'une lettre du pere Gaste : Les peres sont affreusement mal au lac Caribou, reduits a faire la peche eux-memes, tous malades, et ils appellent ceci le moindre de leurs maux. Le ministre du lac La Ronge a envoye son maitre d'ecole auquel
Deux missions meres
69
M. Charley a adjoint Tsikuniyaze dont l'unique occupation est d'attirer les sauvages du cote du ministre et a les eloigner des peres. Aussi, jusqu'a Pepoque ou ils m'ont ecrit, ils n'avaient pas encore vu un seul sauvage tandis qu'ils etaient tous reunis a cote du maitre d'ecole. [...] Ce serait vraiment desolant de voir perir cette mission du lac Caribou, si souvent entreprise, precisement au moment ou elle paraissait devoir s'etablir definitivement50. Pour ne pas mourir de faim, le pere Gaste et le frere Perreard durent revenir a l'lle-a-la-Crosse, au printemps. Le pere Gaste retourna a la mission au debut de l'ete. L'annee suivante, on lui en confiait la direction. «I1 ne me reste aucun doute, ecrit le pere Faraud, que ce ne soit l'homme choisi par la Providence pour etablir solidement cette mission»51. Cet heroique missionnaire presida avec devouement et succes aux destinees de la mission jusqu'en 1901. Pendant vingt-cinq ans, de 1869 a 1894, le frere Celestin Guillet fut son fidele collaborateur. Ont egalement travaille a la mission, durant la periode que nous etudions, les peres Julien Moulin (1866-1867; 1871-1873), et Laurent Le Goff (1867-1870), et les freres Jean Perreard (1861-1866) et Victor Lalican (1865-1870). Un defi constant a la pauvrete L'evangelisation des Indiens progressa lentement. Vu la pauvrete du pays, les Indiens ne venaient a la mission qu'en petit nombre a la fois et pour peu de temps, ce qui rendait difficile leur instruction religieuse. Les missionnaires durent les visiter dans leurs campements. De plus, les peres de la mission du lac Caribou desservaient les postes de l'extremite sud du lac Caribou [Southend], de fort de Traite et du lac La Ronge52. Cette mission apparut a M§r Grandin, qui la visitait une premiere fois, a l'hiver 1866-1867, non seulement extremement penible, mais encore sans avenir. II ecrit: Je dois vous le dire, cette mission me donne plus d'inquietude que jamais, je ne lui vois absolument aucun avenir. Le bois de construction est nul, le bois de chauffage Test presque autant, la terre est absolument impropre a la culture, elle ne produit pas meme du foin pour nourrir les animaux en ete, la peche d'automne est abondante mais le poisson est chetif, celle du printemps est presque nulle et c'est seulement au printemps que les sauvages pourraient venir avec leurs families53. Vapproche des Inuit Peu apres cette visite de M gr Grandin, l'intrepide pere Gaste se rendait au pays des Inuit de la region de Dubawnt et du
70
L IMPLANTATION
haut Kazan, a plus de 1,000 kilometres au nord du lac Caribou. Au cours de cette longue expedition de sept mois, du 21 avril au 11 novembre 1868, il s'occupa de l'instruction des Chipewyans qu'il accompagnait et se mit en rapport avec les Inuit qu'il rencontrait. II les invita a venir traiter au poste du lac Caribou de preference a celui de Churchill. Cinq Inuit et leur famille suivirent les Chipewyans au lac Caribou; d'autres frequenteront ce poste dans la suite. Dans son rapport sur cette heroique expedition, le missionnaire affirme qu'un des plus importants resultats du voyage fut «d'avoir prepare les voies a l'evangelisation des Esquimaux (Inuit) »54. M§r Grandin, visitant de nouveau la mission du lac Caribou, en 1870, ecrit : «Grace a cette excursion du pere Gaste, j'ai pu voir des Esquimaux (Inuit) au lac Caribou. Us m'ont paru bien disposes. Le pere Gaste commence a parler leur langue»55. A Vaube d'un progres En 1870, la mission vit dans la pauvrete et les Chipewyans «sont chretiens, mais peu fervents»56. Un renouveau s'amorce a la suite de la derniere visite de M gr Grandin. Une petite ecole, ouverte en l'annee meme de 1870, reunit au depart dix-sept enfants. Le frere Guillet en a la charge. Les missionnaires, en 1873, en plus d'un contact avec les Inuit, s'occupent de sept cents a huit cents Chipewyans, qui frequentent la mission57. PERSONNEL MISSIONNAIRE
La mission mere de l'lle-a-la-Crosse est desservie, en 1871, par deux peres, trois freres et trois religieuses Soeurs Grises de Montreal; sa filiale du lac Caribou, par deux peres et un frere.
Diocese et vicariat des missions de Saint-Albert LA PRESENCE D'UN EVEQUE
Des 1855, il apparut clairement a M§r Tache que le developpement des missions de l'ouest de son diocese exigeait la presence d'un eveque. Le 25 juillet de cette annee, il fit part au superieur general des Oblats de son intention de demander a cette fin un eveque coadjuteur pris dans les rangs des Oblats 58 . A Pete 1856, le prelat rencontre tous les missionnaires de l'ouest de son diocese, puis en septembre il se met en route pour le Canada et l'Europe afin de realiser son projet. Les eveques de la province ecclesiastique de
Deux missions meres
71
M§r Vital Grandin, o.m.i. (1829-1902). II devint le coadjuteur de M8r Tache a SaintBoniface en 1857, et premier eveque de SaintAlbert (Edmonton) en 1871. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
Quebec acceptent volontiers la nomination d'un eveque coadjuteur avec future succession pour le diocese de Saint-Boniface et, vraisemblablement a la suggestion de M§r Tache, laissent a M^r de Mazenod, superieur general des Oblats, le soin de choisir lui-meme le candidat. Us adressent, au cours de novembre 1856, une supplique a la Propagande pour la nomination d'un coadjuteur au siege de Saint-Boniface, mais sans presenter de candidats. M gr de Mazenod, apres priere et reflexion et de l'avis de son conseil59, designe le pere Vital Grandin comme le plus digne pour la fonction de coadjuteur. II le presente a la Propagande, le 2 fevrier suivant. Bien que les bulles fussent signees le 11 decembre 1857, l'elu n'en eut la nouvelle qu'a l'ete 1858. Malgre de vives protestations inspirees par sa profonde humilite, il dut accepter la charge. M^r de Mazenod l'ordonna eveque, le 30 novembre 185960. MSr Tache confia a son coadjuteur l'administration de toutes les missions de l'ouest et du nord de son diocese, dont les principaux centres
72
L'IMPLANTATION
etaient alors les missions de l'lle-a-la-Crosse, du Lac-Sainte-Anne et de la Nativite d'Athabasca. M§r Grandin garda sa residence a l'lle-a-la-Crosse jusqu'en 1869, puis s'etablit a Saint-Albert. LE DIOCESE DE SAINT-ALBERT
Le plein developpement des missions de l'Ouest, eloignees de SaintBoniface, centre du diocese, exigea bientot, en plus de la presence d'un eveque, une autonomie ecclesiastique. Aussi, M§r Tache fit agreer par les eveques du Quebec, leur erection en vicariat apostolique. De plus, apres consultation des Oblats de son diocese, il proposa au superieur general de leur donner une autonomie religieuse en les constituant en vicariat des missions. Le chapitre general des Oblats, tenu au mois d'aout 1867, accepta en principe la creation d'un nouveau vicariat des missions dans l'Ouest du Canada et, le 20 mars 1868, le superieur general en promulgua l'erection, sous le nom de vicariat des missions de la Saskatchewan61. A sa creation, ce nouveau vicariat des missions se compose de quatorze Oblats, a savoir, un eveque, neuf peres et quatre freres, et compte sept missions ou residences principales : Saint-Albert, Lac-Sainte-Anne, Saint-Joachim, a Edmonton, Saint-Paul-des-Cris, Notre-Dame des Victoires, au lac La Biche, Saint-Jean-Baptiste, a l'lle-a-la-Crosse, et Saint-Pierre, au lac Caribou 62 . M8r Grandin en devint le superieur religieux. La division ecclesiastique demandee par M§r Tache retarda. L'assentiment de la Propagande etait obtenu en 1867. Cependant, les eveques du Canada, en concile a Quebec en 1868, voulurent faire plus pour l'Eglise de l'Ouest canadien. Us demanderent au Saint-Siege, premierement, l'erection d'une province ecclesiastique pour l'Ouest du Canada, dont le siege metropolitain serait celui de Saint-Boniface, et deuxiemement, l'erection—non d'un nouveau vicariat apostolique—mais d'un diocese sous le nom de Saint-Albert. Ce diocese et les vicariats apostoliques d'Athabasca-Mackenzie et de la Colombie-Britannique, devenaient suffragants de Saint-Boniface63. Apres les assises du concile Vatican I, le Saint-Siege erigeait, le 22 septembre 1871, la province ecclesiastique de Saint-Boniface et, en meme temps, le diocese de Saint-Albert. II nommait M§r Grandin eveque titulaire du nouveau siege. Meme si les bulles de nomination arriverent a Quebec le 7 novembre 1871, elles ne parvinrent a l'elu qu'au debut d'avril 187264.
5
Jusqu'au Grand Nord
Les missionnaires gagnerent le Nord a grands pas. En 1847, ils entraient dans le district d'Athabasca, en 1852, dans celui du Mackenzie, en 1859, ils atteignaient le Cercle polaire et, l'annee suivante, l'embouchure du fleuve Mackenzie, sur la mer Arctique. Leur ambition : porter l'Evangile sans retard aux Indiens et aux Inuit du territoire. Dans cette region nordique, plus qu'ailleurs, les missionnaires affrontent un climat rigoureux, des distances sans mesure, la pauvrete des ressources et l'isolement. Plus qu'ailleurs aussi, ils dependent de la Compagnie de la Baie d'Hudson pour les transports, le ravitaillement et l'hospitalite dans les postes de traite.
Au district d'Athabasca Le district d'Athabasca comprend la region du lac Athabasca, dont le centre missionnaire est la mission de Fort Chipewyan, et la region de la riviere de la Paix, ou Fort Dunvegan a accueilli les premiers missionnaires a poste fixe. LA MISSION DE FORT CHIPEWYAN
Les premiers missionnaires M§r Provencher voulait evangeliser, des que possible, les Indiens des districts du Nord qui lui avaient demande des pretres. «S'il me vient encore un pretre j'etablirai une mission l'an
73
Moment de detente a la mission de Fort Chipewyan. De g. a dr.: Raymond Danto, Philippe Lecuyer, Eugene Picard, Louis Crenn (assis), Emile Roy et Rodolphe Perin. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
La mission de la Nativite du Fort Chipewyan telle qu'elle apparaissait au siecle dernier. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
Jusqu'au Grand Nord
75
prochain a l'Athabaska», ecrivait-il en juillet 18471. Connaissant deja ce desir du prelat, le pere Tache, au mois d'aout 1847, se mettait en route pour Fort Chipewyan, situe a l'extremite occidentale du lac Athabasca, a environ 700 kilometres au nord de sa mission de l'lle-a-la-Crosse. Ce poste, chef-lieu du district d'Athabasca, est frequente par quelques families de Cris, par un grand nombre de Chipewyans et par quelques Metis. Le missionnaire, heberge au poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson, enseigna pendant trois semaines la religion a des auditeurs bien disposes et meme enthousiastes. II ecrit: Plusieurs d'entre eux, par suite de leurs rapports avec les voyageurs canadiens, avaient quelques faibles notions de la religion catholique. Le nom de pretre etait deja un peu connu parmi eux; en sorte que presque tous les regards se dirigerent de ce cote2. Un certain nombre avait entendu l'abbe Thibault, lors de ses voyages a l'lle-a-la-Crosse et a La Loche, en 1845 et en 1846. Le pere Tache note : «Le jour ne suffisait point au zele [a s'instruire] de ce bon peuple, il fallait y consacrer une partie des nuits»3. Les Metis chipewyans «furent les premiers a se conformer aux saints enseignements de la religion»4. Cent quatre-vingts personnes furent baptisees. L'ere de la foi et de la religion est done inauguree dans ce district du Nord. Au mois d'aout de l'annee suivante, le vaillant missionnaire, de retour a Fort Chipewyan, revit les Indiens qu'il avait commence a evangeliser et un grand nombre d'autres, dont quelques-uns du Grand lac des Esclaves5. «Les sauvages d'Athabasca, ecrit-il, se montrerent moins enthousiastes, mais, en realite, beaucoup plus chretiens que l'annee precedente»6. Apres une mission fructueuse qu'il poursuivit jusqu'au debut de Janvier 1849, le missionnaire revint chez lui. Le pere Henri Faraud, a l'lle-a-la-Crosse depuis un an, fut charge du poste d'Athabasca en septembre 1849. A cause de son inexperience et de sa mince connaissance des langues, ses debuts furent difficiles. Le succes suivra7. Fondation de la mission A l'ete 1850, le pere Faraud, sans compagnon depuis dix-huit mois, vint passer deux mois avec le pere Tache, a l'lle-ala-Crosse. A la suite de ce sejour, il decida de se fixer definitivement a Chipewyan. Faisant allusion a cette decision, il ecrit a un confrere, en mars 1851:
76
L'IMPLANTATION
Je n'avais alors aucun but arrete, si ce n'est celui d'instruire les sauvages, n'ayant aucune garantie qui m'autorisa a penser a un etablissement fixe. Cette annee, tout a change [...] je suis venu dans la pensee de ne plus quitter Athabaska et d'y construire et maison et chapelle8. Au moment ou il ecrit, une construction est en chantier, a 2 kilometres a l'ouest du poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Elle sera inauguree le 8 septembre et dediee a la Vierge Marie, sous le vocable de la Nativite. M gr Provencher envoie a la nouvelle mission le pere Henri Grollier, qui s'y rend en 1852, ainsi que le frere Alexis Reynard, 1'ete suivant. II encourage le pere Faraud dans son apostolat missionnaire : Rendez-vous capable, lui ecrit-il, d'instruire les sauvages et instruisezles pendant que vous n'avez pas de concurrents. Je me doute qu'on va faire des efforts pour vous decourager ou faire deguerpir [...]. Le Comite [de la Compagnie de la Baie d'Hudson] a ecrit aux eveques du Canada qu'il allait charger l'eveque Anderson de ne rien epargner pour s'emparer des sauvages par tout le pays9. Le travail des apotres de Chipewyan est ainsi decrit en 1873 : Cette residence [la Nativite] est visitee deux fois par an, au mois de mai et au mois de septembre, par des sauvages neophytes; ils y sejournent chaque fois de trois a cinq semaines, selon qu'ils ont plus ou moins de provisions pour y subsister. Durant la belle saison, il en vient un grand nombre les dimanches et les fetes; ils y viennent egalement aux fetes de Noel et de Paques, lorsqu'ils ne s'en trouvent point trop eloignes, pour s'y confesser et y communier. En l'absence des sauvages, les peres n'ont a exercer leur saint ministere qu'a l'egard de quelques families catholiques qui resident au poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson, ou elles sont employees10. Les peres Faraud et Grandin, des les annees 1850, donnent volontiers a leurs ouailles les qualificatifs de «bons chretiens» et de «mieux disposes que jamais» n . Le pere Faraud se devoua a la mission de la Nativite jusqu'en 1861, le pere Grollier, jusqu'en 1856, et le frere Reynard, jusqu'en 1863. D'autres missionnaires prirent la releve, la plupart pour des periodes plus ou
Jusqu'au Grand Nord
77
moins longues, avant de se rendre dans des missions plus au nord. Ce sont les peres Vital Grandin (1855-1857), Isidore Clut12 (1858-1869), Emile Grouard 13 (1862-1863), Germain Eynard (1863-1864), Christophe Tissier (1865-1867) et Arthur Laity (1868-1881); et les freres Patrick Kearney (1858-1859), Jean Perreard (1858-1861) et Ernest Reynier (1870-1879). La desserte de Fond-du-lac Nativite, en juillet 1853.
M§r Tache se rendait a la mission de la
Ce voyage, ecrit-il, n'avait pas pour but la visite des sauvages, mais bien celle des missionnaires et le besoin de combiner avec eux les mesures a prendre pour agrandir le royaume de Jesus-Christ. C'est pendant cette visite qu'il fut convenu que le pere Henri Grollier irait jeter les fondements d'une mission a l'extremite orientale du lac Athabasca, en faveur d'une tribu indienne connue sous le nom de Mangeurs de caribou14. En septembre suivant, le missionnaire designe prit place sur la barge de la Compagnie de la Baie d'Hudson qui allait rouvrir son poste de traite a Fond-du-Lac. Dans l'isolement, a 280 kilometres de la mission de la Nativite, il passa l'hiver, au milieu d'un groupe d'environ six cents Indiens. II y revint chaque annee jusqu'en 1856, puis en 1858. La mission fut dediee a Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Le pere Isidore Clut, le principal visiteur de cette mission, s'y rendit regulierement, chaque annee, de 1859 a 1863, tout en restant directeur de la mission de la Nativite. Il reclama a plusieurs reprises des missionnaires pour s'en occuper d'une facon plus suivie qu'il ne pouvait le faire luimeme. La desserte comptait, a la fin de 1864, huit cents Indiens chretiens 15 . Elle n'aura un pretre residant qu'en 1875. LA MISSION DE DUNVEGAN
Le poste de Dunvegan est un centre important des Castors de la vallee de la riviere de la Paix. Ces Indiens de la famille des Denes ont ete visites, de 1845 a 1848, par l'abbe Bourassa, missionnaire du Lac-Sainte-Anne et par l'abbe Lacombe, en 1855. Plusieurs sont baptises. A leurs demandes instantes et pour prevenir la venue d'un ministre protestant 16 , le pere Faraud, de la mission de la Nativite, se rendit, en 1859, a Dunvegan, 011 il donne une mission de sept ou huit jours. L'annee suivante, il retourne dans la vallee de la riviere de la Paix. II s'arrete, cette fois, a Fort Vermilion. A la suite de ces visites, il ecrivait a M§r Tache :
78
L'IMPLANTATION
La mission Saint-Charles de Fort Dunvegan telle qu'elle apparaissait au siecle dernier. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
Les Castors sont peu nombreux, avec si peu de bonne volonte de leur part, nos ressources etant tres bornees. D'ailleurs pourrons-nous jamais nous fixer parmi eux?17 La mission des Castors fut discontinuee. Le pere Clut, directeur de la mission de la Nativite, recut lui aussi d'instantes demandes de missionnaires de la part des Castors. Ceux-ci se croyaient abandonnes et se desolaient que les nations environnantes soient les seules a jouir de la presence du pretre. Le pere Clut, en transmettant cette demande a M§r Tache, ajoutait que les protestants tentaient d'envahir la contree 18 . II en informa egalement M&T Faraud devenu vicaire apostolique et responsable de ce territoire 19 . Au pere Florent Vandenberghe, visiteur des missions de l'Ouest, il affirmait : «L'etablissement d'une mission chez les Castors est devenu, je crois, necessaire»20. A la suite de ces instances, M§r Faraud retourna chez les Castors, en 1866, cette fois, avec un jeune missionnaire zele, le pere Christophe Tissier, qu'il destinait a leur evangelisation. Au cours de sa visite, il proclama officiellement la fondation de quatre postes missionnaires dans
Jusqu'au Grand Nord
79
la vallee de la riviere de la Paix. Au debut du registre des baptemes de la mission de Dunvegan, il ecrit: Monseigneur Faraud, eveque d'Anemour in partibus infidelium et vicaire apostolique des districts d'Athabasca et de la Riviere Mackenzie, decida definitivement l'etablissement de la mission St-Charles (Fort Dunvegan), le vingt-neuf decembre 1866, et constitua le R.P. Tissier, missionnaire des Castors de la Riviere a la Paix qui comprend quatre missions a desservir, a savoir : St-Henri pour le Fort Vermilion; StCharles pour le Fort Dunvegan au-dela de la grande Prairie; St-Jean Pierre pour le Fort St-Jean ou d'Epinette, et Notre-Dame des Neiges pour le portage des Montagnes Rocheuses. On peut ajouter le poste de la Riviere Bataille : mission21. Le pere Tissier prit effectivement charge de la mission, en octobre 186722, et s'y devoua jusqu'en 1883, sans compagnon pendant les dix premieres annees. Sa mission est frequentee par des Cris, des Castors et des Indiens de la montagne. «Le nombre des Chretiens augmente chaque annee d'une maniere sensible»23, lit-on au rapport de 1873. Le missionnaire visita chaque annee les deux lointaines dessertes situees au contrefort des Rocheuses : Fort Saint-Jean et Notre-Dame des Neiges.
Au district du Mackenzie Dans la periode que nous etudions, les missionnaires du Nord se sont occupes particulierement du district du Mackenzie, en raison du nombre de missions a y etablir et de la concurrence de l'Eglise anglicane. MISSION DE FORT RESOLUTION—L'ENTREE DANS LE DISTRICT
Au printemps de 1852, le pere Henri Faraud penetrait dans le district du Mackenzie. II repondait a l'invitation des Indiens qui frequentaient Fort Resolution, dont certains etaient deja venus a la mission de la Nativite, au lac Athabasca. II leur precha une mission, a Fort Resolution meme, et administra cent cinquante-quatre baptemes 24 . M8r Tache invita le missionnaire a retourner a Fort Resolution, au printemps suivant, non seulement pour instruire les Indiens, mais aussi pour examiner l'endroit en vue d'y etablir une mission25. Mais James A. Anderson, en charge du poste de Fort Simpson et du district du Mackenzie, s'opposa a la fondation d'une mission a Fort Resolution et
8o
L'IMPLANTATION
Classe d'economie domestique pour lesfillesa l'ecole residentielle de Fort Resolution, (date?) (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
meme a toute fondation de mission catholique dans son district. II signifia, en mars 1853, au pere Faraud «qu'il ne fallait plus songer a faire de mission au-dela d'Athabasca»26, et il repeta la meme interdiction a M^r Tache, qu'il rencontrait au portage La Loche27. Celui-ci ne se laissa pas impressionner par cette defense. Vu 1'importance du poste a fonder au Grand lac des Esclaves, il s'adressa a George Simpson, gouverneur de la Compagnie de la Baie d'Hudson, et obtint de lui une lettre autorisant l'etablissement d'un poste religieux a Fort Resolution et chargeant le commis du poste de venir en aide au missionnaire28. Le 31 mars 1856, le pere Faraud reprenait la route du Grand lac des Esclaves. II y sejourna trois mois, pendant lesquels il donna une mission aux Indiens et commenca, avec des engages et des Indiens, la construction d'une maison-chapelle. Celle-ci fut elevee sur l'ile Orignal, une ile separee de la terre ferme par un petit detroit peu profond et situee a quelque cinq kilometres du poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson 29 . La mission inauguree fut dediee a saint Joseph, mais ne sera definitivement etablie qu'en 1858, lorsque le pere Grollier viendra s'y fixer. Outre le pere Grollier, qui reprit la fondation de la mission, le pere Germain Eynard y fut rattache de 1858 a 1863, et le pere Zephirin Gascon, de 1859 a 1880. En 1873, on pouvait ecrire des nombreux Indiens qui frequentent la mission : «Ces
Jusqu'au Grand Nord
81
sauvages sont d'excellents Chretiens, zeles pour leur religion et instruits; ils savent au besoin se montrer genereux...»30. PRESENCE DE MINISTRES PROTESTANTS
Les missionnaires catholiques ont ete autorises a s'etablir dans le district du Mackenzie, mais la competition des Eglises protestantes n'est pas eliminee pour autant. James A. Anderson, oppose a la venue de missionnaires catholiques au Mackenzie, n'est pas etranger a la venue de ministres protestants. Du moins M gr Tache ecrit: Lui-meme nous avait menaces d'appeler des ministres protestants dans son district du moment ou nous y mettrions le pied; nous en avions foule le sol malgre ses defenses, malgre les injonctions faites a ses subalternes. Les lettres de recommandation donnees par le Gouverneur avaient comprime mais non etouffe le mauvais vouloir31. James Hunter 32 , archidiacre de l'Eglise d'Angleterre, apparut le premier dans le district du Mackenzie, en aout 1858, au moment ou la mission Saint-Joseph de Fort Resolution s'etablissait defmitivement. Le pere Grollier y etait arrive depuis le 22 juillet. L'archidiacre, envoye par David Anderson, eveque de Rupert's Land, devait visiter les postes du district et preparer la fondation d'une mission a Fort Simpson. L'ete suivant, l'eveque de Rupert's Land etablissait la mission prevue a Fort Simpson et la confiait au reverend William Kirkby. La concurrence entre missionnaires catholiques et missionnaires protestants portait particulierement sur la priorite d'occupation des lieux de rassemblement des Indiens. Les uns comme les autres savaient que ceux-ci se donnent generalement au premier missionnaire qui les evangelise et changent difficilement d'allegeance religieuse par la suite. LA MISSION DE PROVIDENCE
Le pere Grollier, peu apres son arrivee a Fort Resolution, ouvre une desserte au poste de traite de Grande-Ile (Big Island), situee pres de la sortie du Grand lac des Esclaves. Cette desserte, en faveur des Esclaves, dediee au Saint et Immacule Coeur de Marie, fut visitee regulierement par les missionnaires de Fort Resolution. Cependant, M gr Grandin, en charge des districts d'Athabasca et du Mackenzie, jugeant la Grande-Ile trop pauvre en terre et en bois et, de plus, menacee par les inondations et les tempetes du Grand lac des Esclaves, voulut la transferer dans un endroit plus propice et meme en faire le poste central d'un futur vicariat apostolique.
82
L'IMPLANTATION
La mission de Fort Providence en 1902. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
Le 6 aout 1861, il fixa l'etablissement de la mission sur la rive droite du fleuve Mackenzie, a un endroit appele le Rapide, a une soixantaine de kilometres en aval de la Grande-Ile. II prit possession du terrain en presence du chef du district, M. Bernard Rogan Ross, et le lendemain, 7 aout, il y planta une croix et y celebra la messe33. La nouvelle mission recut le nom de Providence (aujourd'hui Fort Providence). L'annee suivante, le pere Gascon et le frere Boisrame commencerent la construction d'une maison-chapelle benite en novembre. La Compagnie de la Baie d'Hudson etablit un poste de traite a l'endroit. La population indienne de la region, influencee par les ministres protestants dont le chateau fort est a Fort Simpson, prit du temps a repondre aux avances des missionnaires. Ainsi, le rapport fait au chapitre general de 1873 indique qu'«un grand nombre» de la tribu des Esclaves ont ete detournes de la mission34. Les missionnaires tiennent le coup et font de la mission un centre de rayonnement dans la partie sud du district du Mackenzie. Us obtiennent, en aout 1867, le precieux concours de cinq Soeurs Grises35, qui se chargent d'un orphelinat et d'une ecole, en plus des oeuvres caritatives qu'elles exercent partout oil elles sont presentes.
Jusqu'au Grand Nord
83
QUATRE DESSERTES
En dehors des missions de Fort Resolution et de Providence, mais soutenues et desservies par elles, quatre dessertes ont ete ouvertes dans la partie sud du district du Mackenzie. Fort Simpson Le pere Grollier arriva en meme temps que l'archidiacre Hunter a Fort Simpson, le 16 aout 1858. Sur l'ordre du bourgeois du fort, qui avait fait venir le ministre anglican, il dut, le 21 suivant, retourner a Fort Resolution. Fort Simpson devint la citadelle du protestantisme dans le district. Toutefois, une mission catholique dediee au Sacre Coeur de Jesus y avait ete inauguree par le pere Grollier. Elle n'aura pas, avant de nombreuses annees, de chapelle ni de residence pour le missionnaire. Les peres Gascon, Grouard et M§r Grandin assurerent au moins une mission annuelle a ce poste. Leur zele ne fut pas sans porter de fruit. Au chapitre general de 1873, on notait: Ce poste est visite par les sauvages Esclaves qui, endoctrines par les ministres, se montrent generalement peu disposes a ecouter les enseignements des missionnaires; un tiers cependant fait exception et montre de bonnes dispositions; malheureusement nos peres ne peuvent y sejourner assez longtemps pour consolider la foi de leurs neophytes36. Fort Rae Le pere Grollier, de Fort Resolution, se hata d'etablir une desserte en faveur des Plats-cotes-de-chien a l'important poste de ravitaillement de Fort Rae. Il ecrit: «Je partis de Saint-Joseph pour le Fort Rae afin d'y fonder une nouvelle mission, que je dediai a saint Michel [...] II etait de la premiere importance de nous emparer aussitot de ce poste qui compte pres de 1,200 sauvages, avant qu'un ministre y mit les pieds, car Hunter, l'archidiacre, avait dit qu'il l'occuperait bientot» 37 . La desserte de Fort Rae, situee au fond d'une grande baie, au nord du Grand lac des Esclaves, fondee en 1859, recut de frequentes visites des missionnaires : le pere Eynard, de 1859 a 1863, M8r Grandin, en 1859 et en 1862, le pere Gascon, sept fois, de i860 a 1866, et le pere Petitot, en 1864. Elle aura son premier pretre residant, le pere Bruno Roure, en 1872. Les nombreux Plats-c6tes-de-chien qui la frequentent sont qualifies, en 1873, «d'excellents chretiens qui ne se sont jamais dementis»38. Fort Liard L'archidiacre Hunter fit, des l'annee 1858, un stage d'un mois a Fort Liard y devan<;ant le missionnaire catholique. Son influence
84
L IMPLANTATION
Interieur de 1'eglise de Fort Good Hope, decore en bonne partie par le pere Emile Petitot, o.m.i. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
fut en partie neutralised par la presence d'une metisse catholique, la bonne femme Houle, qui exercait un fort ascendant sur les gens du milieu39. Ce n'est qu'en i860 que se presenta a ce poste le premier pretre catholique, le pere Gascon. II recut un accueil sympathique et y precha une mission fructueuse40. Au mois d'aout de l'annee suivante, il y revint, avec M gr Grandin. En 1863, le vaillant missionnaire continua sa course jusqu'a Fort Halkett, situe a plus de 100 kilometres en amont, sur la riviere Liard, et d'acces tres difficile. De 1863 a 1871, le pere Grouard s'occupa de la desserte du Fort Liard. En 1868 et 1869, il se rendit a Fort Nelson (mission Saint-Paul), situe a quelque 240 kilometres de Fort Liard. II y rencontra des Chipewyans sympathiques a la religion41. A Fort Liard, les Esclaves se montrent plutot apathiques et indifferents envers la chretiente, tandis que les Indiens des montagnes sont pleins d'ardeur pour s'instruire42. Riviere-au-Foin (Hay River) M§r Faraud avait juge importante la fondation d'une mission au poste de traite de Riviere-au-Foin, frequente par des Esclaves. II craignait l'etablissement d'un ministre a cet endroit 43 . En
Jusqu'au Grand Nord
85
juillet 1869, le pere Gascon inaugure cette mission et y batit une chapelle qu'il dedie a sainte Anne. Prive de son seul compagnon, le frere Patrick Hand, decede accidentellement, il rentra a la mission de Fort Resolution, a Noel. La mission Sainte-Anne ne recut dans la suite que de rares visites, faute de missionnaires disponibles et aussi du peu de docilite des Indiens a leur enseignement44. LA MISSION DE GOOD HOPE
Le Nord du district ouvert aux missionnaires La mission de Good Hope, inauguree en 1859, rut rendue possible grace a une intervention de M gr Tache aupres de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Lui-meme explique : Une supplique avait demande au gouverneur de la Compagnie l'expulsion des pretres catholiques du district de la riviere Mackenzie. L'eveque de Saint-Boniface avait obtenu que, bien loin d'etre expulses, un de ses pretres irait, cette annee-la meme, passer l'hiver dans un des etablissements de la Compagnie 45 . Le poste de Good Hope, qui permettait Faeces aux populations indiennes et inuit du nord du district, avait ete indique a M§r Tache par la Compagnie elle-meme. Le prelat ecrit : «I1 [le Gouverneur] m'a, de son chef avec Mr. Colvile, a Londres, propose un etablissement au fort Good Hope, nous promettant tous les secours possibles si nous voulions aller nous y etablir»46. M gr Tache designa le pere Grollier pour ce poste et lui donna le mandat «de parcourir le fleuve Mackenzie»47 afin d'y prevenir Faction des ministres. En consequence de ces dispositions, les barges de la Compagnie de la Baie d'Hudson arrivees a Fort Resolution, le 12 aout 1859, apportaient au pere Grollier une lettre du gouverneur Simpson48, qui l'autorisait a se diriger vers le nord et une autre de M gr Tache qui lui donnait carte blanche pour toute la region. Tout a la joie, l'ardent missionnaire decide de partir immediatement pour Fort Good Hope. II reussit a prendre place sur les barges de la Compagnie qui gagnaient le nord, sur lesquelles voyageait le ministre William Kirkby designe pour la mission de Fort Simpson et le district du Mackenzie. Ce ministre Kirkby, comme nous le presente M gr Tache, «n'etait ni un colosse, ni un gentilhomme, mais un bien petit etre, doue pourtant d'une energie de fer, d'une Constance a toute epreuve, capable de beaucoup oser»49. Les deux, le pere Grollier et lui, avaient le meme champ apos-
86
L'IMPLANTATION
tolique a desservir, et Tun et l'autre etaient egalement zeles, ardents et tenaces. L'emulation sera vive pendant un certain temps, surtout pour l'occupation premiere des postes. Le 31 aout, le pere Grollier arrive a Fort Good Hope, pres du Cercle polaire. II y celebre la messe, la premiere fois, le 2 septembre. L'annee i860 s'avere active pour le missionnaire de Fort Good Hope. Apres un sejour de deux mois a Fort Norman, ou le ministre l'a precede, il se rend a Fort Simpson, ou il obtient les bonnes graces du chef du district «qui, non seulement facilita son retour a Good Hope, mais meme donna des ordres pour qu'il put pousser plus loin»50. L'intrepide missionnaire s'empressa de retourner a Fort Good Hope et, de la, il s'elanca vers Fort McPherson, au delta du fleuve Mackenzie. II rencontra les Loucheux et les Inuit qui y etaient reunis, les instruisit et baptisa soixante-cinq Loucheux et quatre Inuit. En la fete de la Sainte-Croix, le 14 septembre, il amena les chefs de ces deux peuplades farouchement ennemies a se reconcilier. Malgre la crise aigue d'asthme qu'il subit au cours de l'hiver suivant, dont il ne devait pas se relever, le vaillant missionnaire retourna au printemps a Fort Norman, puis a Fort McPherson pour neutraliser l'action du ministre qui visitait ces postes. Organisation de la mission Le 26 aout 1861, le pere Grollier, toujours seul dans son lointain poste, avait le grand bonheur de recevoir deux compagnons, le pere Jean Seguin et le frere Patrick Kearney. A l'automne, M§r Grandin lui-meme y sejourna du 9 octobre au 8 Janvier. La mission s'organisa de facon definitive. L'action missionnaire du pere Grollier fut de gagner a la foi les Peaux-de-Lievre, qui frequentent le fort. Son successeur, le pere Seguin, devait completer cette action en travaillant a la formation chretienne des convertis. Ce dernier devait le constater, ces Indiens «ont embrasse la foi assez facilement; il a ete plus difficile de les former a la vie chretienne; leurs missionnaires ont eu de grands efforts a faire pour amener cet heureux resultat»51. Les apotres de Fort Good Hope s'occuperent egalement des Peaux-de-Lievre qui frequentaient le Fort Norman et les abords du Grand lac de l'Ours. Le pere Emile Petitot, entre autres, fut leur missionnaire, de 1864 a 1873. Vers le Yukon et les Inuit Le pere Seguin, en plus de s'occuper de la mission meme de Fort Good Hope, prit vaillamment la releve du pere Grollier aupres des Loucheux et des Inuit. Au cours de sa carriere missionnaire a Fort Good Hope, qui se termina en 1901, il entreprit au moins trente fois le voyage de Fort Good Hope, soit a Fort McPherson, soit a
Jusqu'au Grand Nord
87
Arctic Red River, en faveur des Loucheux de 1'embouchure du fleuve Mackenzie. En juin 1862, il poussa son expedition apostolique jusqu'a un poste eloigne dans les montagnes, La Pierre House, ou il inaugura une mission qu'il dedia a saint Barnabe. Le poste, domine par le protestantisme, sera abandonne par la suite. Rentre a Fort Good Hope, le 3 aout, le courageux missionnaire, a la demande de M gr Grandin, reprenait la route, le 3 septembre, cette fois, pour le fort Yukon. Le prelat estimait qu'il valait la peine de faire des efforts pour gagner les trois a quatre mille Indiens de la region, bien que malheureusement les commis et les Metis du district eussent tous ete fanatises par le ministre 52 . Le missionnaire passa l'hiver au poste recule de Fort Yukon, dans des conditions penibles, sans pouvoir faire le bien qu'il esperait. Il le quitta le 3 juin. Suite a cette experience du pere Seguin, M&r Grandin ecrit: Je ne crois pas que le moment soit venu de nous occuper du Yukon. Le pere Seguin sans etre decourage pense qu'il vaut mieux attendre. Le ministre, dans la realite, ne fait pas plus que lui mais il a pour lui un interprete qui est tout puissant pres des sauvages et enfin certain commis, deux postes-maitres surtout dont les dames exercent la plus grande influence sur les sauvages leurs parents 53 . Les quelques tentatives d'evangelisation des Inuit de la mer Arctique furent infructueuses. L'action du pere Grollier, en 1859 et en i860, n'eut pas de suite. Les voyages du pere Petitot dans le pays inuit de l'Arctique, deux en 1865, un en 1868, et un autre en 1869-1870, n'obtinrent d'autre resultat que l'acquisition de connaissances des moeurs et coutumes et de la langue de ces indigenes54. Les missionnaires Se sont devoues dans la penible mission polaire de Fort Good Hope, au cours de la periode que nous traitons, les peres Henri Grollier (1859-1864), Jean Seguin (1861-1901), Zephirin Gascon (1862-1864), Emile Petitot (1864-1873; 1876-1878) et Auguste Lecorre (1870-1871); les freres Patrick Kearney (1861-1918) et Joseph Salasse (1871-1872). L'intrepide missionnaire fondateur de la mission, le pere Grollier, apres douze ans d'apostolat dans le Nord, decedait a la mission meme, le 4 juin 1864. A sa demande, on l'inhuma entre deux Indiens dans le cimetiere de la mission. II etait le premier missionnaire oblat a mourir dans les missions du Nord-Ouest canadien.
88
L IMPLANTATION
Le vicariat d"Athabasca-Mackenzie ERECTION D'UN VICARIAT APOSTOLIQUE ET DU VICARIAT DES MISSIONS
Les missionnaires du district du Mackenzie, le pere Henri Grollier en tete, reclamaient avec insistance un eveque bien a eux pour favoriser l'expansion de leurs missions. A la fin d'octobre i860, M§r Tache en discuta, a l'lle-a-la-Crosse, avec son coadjuteur, M^r Grandin. La mesure la plus importante arretee dans cette circonstance, ecrit-il, fut de travailler a la realisation du desir exprime dans les diverses lettres de nos peres de la riviere Mackenzie. Ces bons peres, effrayes de leur isolement et de leur eloignement, convaincus, d'ailleurs avec raison, de l'importance de leur mission, demandaient qu'on leur donnat un eveque a eux; un eveque qui, demeurant avec eux, put les diriger et, par le poids de son influence et de la consideration qui necessairement entoure ceux qui sont revetus des premieres dignites de PEglise, les empechat d'etre exposes aux mille tracasseries qu'ils avaient deja eu a endurer; «un eveque-roi», disait le pere Grollier, a opposer au traiteurroi du Nord; un eveque des lieux, qui n'eut pas a courir du midi au septentrion, seulement a de rares intervalles, mais qui fut toujours la pour repondre a toutes les demandes, satisfaire a toutes les exigences. II fut done decide que Ton demanderait au Souverain Pontife la division du diocese de Saint-Boniface en en retranchant les districts de la riviere Mackenzie et d'Athabasca pour former un nouveau siege; puis, que le Vicaire de Jesus-Christ serait supplie de preconiser le pere Faraud comme eveque-roi (ou valet) de ces froides regions55. De plus, il fut convenu, a cette rencontre des deux prelats, que M§r Grandin s'occuperait immediatement des missions du futur vicariat apostolique. On decida egalement que demande serait faite a l'administration generale des Oblats de creer un vicariat des missions sur le territoire du futur vicariat apostolique. Mgr Tache ne tarda pas a prendre la route du Canada et de l'Europe. II obtint les signatures de l'archeveque de Quebec et de ses suffragants a la supplique adressee au Saint-Pere demandant la division de son diocese et la nomination du pere Faraud comme vicaire apostolique. A Paris, il fit agreer ses demandes par le chapitre general des Oblats, en session au cours de decembre 1861; enfin, a Rome, il obtint du Souverain Pontife l'erection du vicariat apostolique desire56 et la designation du pere Henri
Jusqu'au Grand Nord
89
Faraud comme vicaire apostolique. De plus, le 30 novembre 1864, le pere Joseph Fabre, superieur general, erigea effectivement le vicariat des missions d'Athabasca-Mackenzie et nomma M gr Faraud vicaire des missions57. ISIDORE CLUT, EVEQUE AUXILIAIRE
M gr Faraud ne pouvait que difficilement visiter ses missions, en raison de rhumatisme dont il souffrait. Avant de prendre possession de son siege, il obtint du Pape, dans une audience du 16 mai 1864, le privilege de designer lui-meme, apres consultation de tous ses missionnaires, un eveque auxiliaire qui le seconderait. Une bulle blanche datee du 3 aout 1864 lui fut envoyee, sur laquelle il etait autorise a inscrire le nom de la personne choisie comme auxiliaire. Entre dans son vicariat au mois d'aout 1865, M gr Faraud visita immediatement les missions residentielles de sa juridiction, dans le but de consulter ses missionnaires sur la promotion du pere Isidore Clut, qu'il proposait comme eveque auxiliaire, avec l'assentiment du superieur general en conseil58. Le 3 janvier 1866, il le proclamait elu. M gr Clut, tout en demeurant subalterne, devait jouer un role important dans le vicariat apostolique. Pendant que le vicaire apostolique, retire au lac La Biche depuis 1869, s'occupe principalement de l'administration generate du vicariat59, son auxiliaire, en courses continuelles, assure une direction suivie et immediate des missions et partage les problemes et les peines des missionnaires. II «ne se menage jamais et ne recule devant aucune difficulte»60. LA MISSION DU LAC LA BICHE
La mission du lac La Biche, organisee par M gr Tache pour faciliter eventuellement les transports vers le Nord, etait situee en dehors des limites du vicariat d'Athabasca-Mackenzie. Les besoins grandissants des missions du Nord, les restrictions de plus en plus severes imposees par la Compagnie de la baie d'Hudson, seule a assurer le ravitaillement de ces missions, et enfln, la declaration de la Compagnie qu'elle n'est plus en mesure de garantir ce ravitaillement causerent un des problemes les plus difficiles qu'avait a resoudre M§r Faraud. Celui-ci recourut a la solution prevue par M^r Tache en s'assurant des avantages qu'offrait la mission du lac La Biche. Aussi, un accord entre M§r Grandin, de qui relevait alors la mission du lac La Biche, et M^r Faraud fut signe le i er juillet 1869, a l'lle-ala-Crosse. Par cet accord, l'administration de la mission du lac La Biche etait transferee au vicariat d'Athabasca-Mackenzie61, et la desserte de la
90
L IMPLANTATION
mission Saint-Bernard, situee sur le Petit lac des Esclaves, (Lesser Slave Lake), qu'un pere du lac La Biche visitait regulierement, passait a la charge du vicariat de M§r Faraud. fiTAT DU VICARIAT
Le vicariat apostolique, a la prise de possession par M§r Faraud, en 1865, comprenait un personnel de huit peres et de six freres et comptait quatre missions avec missionnaires residants : la Nativite, au lac Athabasca, Saint-Joseph, au Grand lac des Esclaves, Providence, sur le Mackenzie, et Notre-Dame de Bonne-Esperance, a Fort Good Hope. En 1871, le vicariat compte douze peres et huit freres, deux communautes de Soeurs Grises de Montreal, a Providence et au lac La Biche, et deux nouvelles missions avec pretres residants : Dunvegan et le lac La Biche.
6
Les Oblats en Colombie-Britannique
Au cours des annees 1858 a i860, les missionnaires oblats d'Oregon passent en Colombie-Britannique, dans le diocese de M gr Modeste Demers. Ce sont les peres Louis d'Herbomez, Charles Pandosy, Paul Durieu, Pierre Richard, Francois Jayol, Leon Fouquet et Charles Grandidier et les freres Georges Blanchet, Celestin Verney, Gaspard Janin, Philippe Surel et Leon Weymaere. De plus, le pere Casimir Chirouse, tout en continuant de desservir les Indiens du Puget Sound, en Oregon, non loin de la frontiere canadienne, releve desormais du superieur oblat etabli en Colombie-Britannique. L'experience de plusieurs annees de ministere aupres des Indiens, que possedent la plupart de ces nouveaux missionnaires en Colombie-Britannique, leur permet une action immediate sur differents points du territoire. A la demande de M^r Demers, tres a court de pretres, ils acceptent aussi des oeuvres en faveur des Blancs.
V ile de Vancouver et la cote du Pacifique ESQUIMAU ET VICTORIA
Esquimalt Bien que le pere Bermond, visiteur, ait propose tout d'abord a M gr Demers un endroit quelque part sur le bas Fraser, comme premier etablissement des Oblats en Colombie-Britannique, le choix defmitif se porta sur Esquimalt. Cette localite, au sud de File de Vancouver, voisine
91
92
L IMPLANTATION
de Victoria et port de mer, offre des facilites de communication dans le pays et avec l'exterieur1. Les peres d'Herbomez, vicaire des missions, et Pierre Richard, ainsi que les freres Surel et Janin s'y etablirent les premiers. Les missionnaires, dans ce nouveau poste, s'occupent de la population blanche catholique de l'endroit composee de colons, de soldats et de matelots. Us erigent, pres de leur residence, une eglise pour les desservir. Sans retard, le pere d'Herbomez prepare Faction missionnaire aupres des Indiens. En 1859, il appelle de Tulalip un veteran des missions, le pere Chirouse, pour visiter les Salish, du sud de File de Vancouver. Aide de Fabbe Jacques Rondeau, pretre seculier arrive recemment dans le diocese, FOblat baptise pres de quatre cents enfants et convainc pres de deux mille Indiens d'abandonner les pratiques paiennes et Fivrognerie2. Une residence-chapelle est etablie par le pere Jayol et le frere Blanchet. Le pere Charles Pandosy sera un des principaux missionnaires de ces Indiens, au cours des annees 1858 a 1863. De grands plans d'avenir sont deja en vue. Le pere d'Herbomez ecrit: Nous avons le projet d'etablir, tout pres d'Esquimalt, une reduction modele pour les meilleurs sauvages, afin de les initier a toutes les vertus du christianisme et a tous les avantages d'une civilisation chretienne3. Victoria : college etparoisse Quelques annees plus tard, M§r Demers fait appel aux Oblats pour succeder aux Clercs de Saint-Viateur charges d'une ecole de garcons, a Victoria, mais il pense surtout a Fetablissement d'un college. Il ecrit en juin 1863 : J'attends vers la fin de ce mois un pere Oblat irlandais avec un frere pour enseigner. J'espere, avec leur secours, ouvrir un petit college, a Victoria, pour faire contrepoids aux maisons protestantes et empecher surtout mes catholiques de les frequenter4. Le pere d'Herbomez, vicaire des missions, repond favorablement aux intentions de M^r Demers et procede sans retard a l'organisation d'un college. II met en chantier un edifice convenable pour le loger. Le 7 Janvier 1864, le college ouvre ses portes. Son personnel se compose du pere Julien Baudre, directeur, assiste du pere James McGuckin et des freres Patrick Allen et Edward McStay. Un mois plus tard, Finstitution compte quarante-quatre etudiants et Fannee suivante, plus de cent. Sont acceptes les
Les Oblats en Colombie-Britannique
93
eleves de toutes religions, ainsi que des Noirs5; «les protestants de toutes les couleurs sont meles aux Juifs et aux catholiques»6. Sans faire de proselytisme, les Oblats du college travaillent a faire tomber les prejuges et a rapprocher les esprits7. En plus de la direction du college, le pere Baudre fut charge d'ouvrir une paroisse de langue francaise, en vue de desservir les Francais, les Italiens, les Canadiens et les Espagnols de Victoria et des alentours. En 1865, cette paroisse possedait sa propre eglise, dediee a saint Louis, tout comme le college8. Abandon en 1866 Apres de longs entretiens entre M^r Demers et M§r 9 d'Herbomez , les Oblats remettaient a l'eveque du lieu, en 1866, le college et la paroisse Saint-Louis, ainsi que leurs oeuvres d'Esquimalt. Cet abandon des oeuvres de Victoria et d'Esquimalt, regrettable a certains points de vue, en plus de mettre fin a des malaises dans les relations entre l'eveque de Victoria et les Oblats, permettait a ces derniers de concentrer leurs energies dans le vicariat apostolique de la Colombie-Britannique nouvellement cree et confie a leurs soins10. LA MISSION SAINT-MICHEL
Vers d'autres tribus indiennes Les Salish de la partie meridionale de File sont deja approches par les missionnaires. Le pere d'Herbomez, vicaire des missions, veut connaitre les autres tribus de l'ile et des environs en vue de leur evangelisation. A sa demande, les peres Fouquet et Chirouse, en i860, entrent en contact avec les Indiens de la cote est de l'ile de Vancouver, jusqu'a Fort Rupert. De la, ils traversent sur le continent et rencontrent les Indiens du littoral, notamment le groupe des Pelpala, de Milbank-Sound, tribu nombreuse et apparemment bien disposee a accueillir l'Evangile. De plus, Milbank-Sound, etant situee sur la route qui conduit au territoire des Indiens du Nord, «tout me porte a croire, ecrit le pere d'Herbomez, que c'est l'endroit ou il faudrait commencer nos missions du Nord))11. L'expedition des deux missionnaires dura trois mois, d'avril a juin. L'annee suivante, au debut de mai, le pere d'Herbomez envoie les peres Jayol et Durieu visiter les Indiens de l'ouest de l'ile. Bien que cette visite fut plus courte que prevu, la presence du pere Durieu ayant ete requise ailleurs, elle obtint «des resultats plus heureux qu'on ne l'esperait, ecrit encore le pere d'Herbomez; les sauvages, a l'exception d'un petit nombre, recurent assez bien nos peres»12.
94
L IMPLANTATION
La mission de Saint-Michel En 1863, jugeant le moment venu d'ouvrir un etablissement au nord de l'ile, le vicaire des missions y envoya le pere Pandosy et le frere Blanchet. Le 26 aout, les missionnaires inauguraient une mission dediee a l'Assomption de la Vierge, a Fort Rupert, pres de 500 kilometres au nord de Victoria. Cette mission ne devait pas donner de grands resultats. Les Indiens des environs demeuraient indisposes a l'egard des missionnaires13. Trois ans plus tard, perdant espoir de faire un travail fructueux a cet endroit, les missionnaires transfererent la mission sur la petite ile de Harbledown, situee a 60 kilometres au sud est de Fort Rupert. De leur nouveau poste, appele Rourais, ils peuvent assez commodement desservir leur district qui s'etend aux cotes maritimes et au groupe d'iles situees entre l'ile de Vancouver et le continent. La nouvelle mission, mise sous le patronage de saint Michel, posseda bientot une maison-chapelle14. Malgre le zele deploye par les meilleurs missionnaires, les Indiens, la aussi, demeurerent rebelles a l'evangelisation. En mars 1874, MSr d'Herbomez retira ses missionnaires de cette mission, ou ils travaillaient apparemment en vain depuis plus de dix ans 15 , et les envoya fonder un poste de grande importance a Kootenay. Les principaux apotres des difficiles missions de Fort Rupert et de Rourais furent les peres Jean-Marie Lejacq (1863-1866), Fouquet (1867-1874), Jayol (1868-1872) et le frere John Burn (1866-1874). LA COTE DU PACIFIQUE ET L'ARCHIPEL DE LA REINE-CHARLOTTE
De vastes territoires peuples de nombreux Indiens, sur le littoral du Pacifique et sur l'archipel de la Princesse-Charlotte (aujourd'hui ReineCharlotte) restaient encore inconnus des Oblats. Le pere d'Herbomez s'en preoccupait. Les iles de la Princesse-Charlotte attiraient particulierement son attention. II avait appris des navigateurs qu'elles etaient habitees par quarante a cinquante mille Indiens 16 . Le pere Fouquet ecrit: Les pensees du R.P. Vicaire se dirigent vers l'ile Charlotte, ou les sauvages sont plus nombreux que partout ailleurs et moins en contact avec les Blancs; il est plus facile d'aller s'y etablir, de fournir a notre entretien que dans l'interieur des terres. Chaque annee, plusieurs navires s'y rendent, les Indiens viennent en certain nombre jusqu'ici17. Peu apres, le pere d'Herbomez lui-meme s'exprime ainsi:
Les Oblats en Colombie-Britannique
95
M§r Louis D'Herbomez, o.m.i. (1822-1890), premier superieur des Oblats en Colombie-Britannique, en 1858, et premier vicaire apostolique de la Colombie-Britannique en 1863. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
Tous nos efforts vont maintenant se porter vers le Nord. Je vais faire sonder les dispositions des sauvages de Tile Charlotte et des environs [...] Je ne doute nullement que Pile Charlotte ne nous offre le plus vaste et le plus riche champ a defricher18. Un an apres la fondation de la mission Saint-Michel, le superieur des Oblats envoie des missionnaires explorer Pile principale de Parchipel de la Princesse-Charlotte et la region voisine, sur le littoral du continent. Cette visite, note-t-il, est tres importante, elle doit preparer les voies a un nouveau district de missions; nous voulons devancer les ministres dans cette ile et dans les contrees plus au nord que le fort Simpson, ou ils sont deja etablis19. Les peres Fouquet et Lejacq charges de cette visite quitterent Fort Rupert, le 15 mars 1864, se rendirent en bateau jusqu'au fort Simpson puis, apres
96
L'IMPLANTATION
une visite aux Indiens de la riviere Nass, continuerent leur voyage, en canot, jusqu'a File de la Princesse-Charlotte. Us y rencontrerent des Indiens de la tribu des Haidas, qui la peuplent, et des Blancs d'un petit centre minier20. Leur visite n'eut pas de suite, mais le projet d'evangelisation en vue preoccupait encore le pere d'Herbomez, devenu vicaire apostolique de la Colombie-Britannique. II ecrit au superieur general qu'il tient a la difficile mission de Fort Rupert vu que de son succes depend, en grande partie, l'avenir des missions que nous etablirons plus tard vers le nord du Pacifique, ou les Anglicans ont envoye encore dernierement plusieurs ministres pour en faire comme leur place forte. Je regrette que ces Messieurs nous aient precedes sur File Charlotte21. L'insucces de la mission de Fort Rupert, de meme que les besoins de missionnaires pour les missions de Finterieur de la Colombie-Britannique auront sans doute contribue a detourner Fattention des missionnaires des tribus indiennes du littoral et des iles de la Princesse-Charlotte. LA MISSION DE TULALIP
Les Oblats, en quittant FOregon, ne voulurent pas abandonner leurs bons Indiens Snohomish et autres de la baie de Puget Sound. Le pere Chirouse resta a leur service jusqu'en 1878. En 1859, il inaugurait une mission centrale en faveur de ces Indiens, a Tulalip, chef-lieu d'une grande reserve creee par le gouvernement americain22. L'evangelisation des Indiens se fait desormais a partir de cette mission, vite frequentee par les Indiens des diverses tribus de la region. Munis de Fautorisation du gouvernement, les missionnaires y ouvrent des ecoles, dont ils assument eux-memes la direction23 : une ecole pour garcons, en 1859, reconnue et subventionnee par le gouvernement a partir de 1861, et une autre pour jeunes filles, prise en charge par les soeurs de la Providence de Montreal, en 186824. Les deux institutions devaient obtenir des succes que les autorites civiles ellesmemes ne manqueront pas de signaler. La mission de Tulalip devint florissante, en raison du nombre d'Indiens fervents qui la frequentent et grace au ministere fructueux des missionnaires, exerce dans leur visite des tribus eloignees. Le pere Chirouse, en 1872, evaluait ainsi les resultats de l'evangelisation des quatre mille Indiens de la baie :
Les Oblats en Colombie-Britannique
97
Presque tous les sauvages de la Baie ont ete baptises dans la foi catholique. Toutes les tribus, qu'on a continue a visiter regulierement jusqu'a present, pratiquent toujours; il est etonnant de voir avec quelle Constance elles demeurent solides dans la foi, malgre le deluge de mauvais exemples qui les entourent. Nous avons environ huit a neuf cents adultes que Ton peut considerer comme bons catholiques, leurs enfants sont a peu pres au nombre de deux ou trois cents25. En 1878, les besoins des missions du vicariat apostolique de la Colombie-Britannique obligerent M&r d'Herbomez, apres entente avec l'eveque du lieu, a rappeler dans son vicariat ses missionnaires de Tulalip. Le pere Chirouse a dirige la mission, de 1858 jusqu'au jour de son abandon par les Oblats, en 1878. II eut, comme assistants, les peres Durieu (1858-1860), Jayol (1862-1864) et Pierre Richard (1868-1878), et les freres Verney (1858-1859), MacStay (1865-1872), et Henri de Vries (1871-1876).
Au coeur de la Colombie-Britannique
continentale
Les missionnaires accorderent, de fait, la priorite aux Indiens de l'interieur de la Colombie-Britannique, que M§r Demers leur avait indiques en les acceptant dans son diocese. Us etablirent en leur faveur d'importantes missions centrales. LA MISSION D'OKANAGAN
La premiere mission oblate en Colombie-Britannique continentale fut ouverte chez les Indiens de la vallee d'Okanagan. Le pere d'Herbomez en confia la fondation au pere Pandosy, alors missionnaire aupres d'un certain nombre de chretiens Yakimas26, dans la region de Colville, aux EtatsUnis, non loin de la frontiere canadienne. Le missionnaire explora la region du lac Okanagan pour determiner l'endroit de la future mission et, apres plusieurs demarches et retards27, il l'ouvrit, avec le pere Richard, le 8 octobre 1859. La mission est situee vers le milieu de la rive orientale du lac Okanagan, en un lieu appele l'Anse au Sable (aujourd'hui Kelowna)28. Elle fut dediee a l'lmmaculee Conception. L'oeuvre missionnaire a Okanagan et dans les regions avoisinantes eut un depart lent et assez difficile. Le pere Durieu ecrit, au debut de 1863 : Sous le rapport spirituel, notre mission de l'lmmaculee Conception commence a donner une compensation aux premiers sacrifices. Depuis
98
L'IMPLANTATION
Le pere Charles Pandosy, o.m.i. (1824-1891). D'abord missionnaire en Oregon (1847), il se rend en Colombie-Britannique en 1858. II passera la plus grande partie de sa vie dans la vallee de l'Okanagan ou il planta les premiers arbres fruitiers en 1868. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
un an et demi notre ministere a ete tres fructueux, surtout chez les sauvages. Comme nos Indiens ne peuvent pas voyager facilement [...] nous avons resolu d'aller passer un certain temps dans chaque tribu pour annoncer la parole de Dieu29. Cependant, les Indiens du nord du district donnerent sans retard des consolations a leurs missionnaires, les peres Pierre Richard et Florimond Gendre. Ce sont les Shoushouapes (Shuswaps), sur le lac du meme nom, les Kamloops, sur la riviere et le lac du meme nom, et d'autres tribus de cette portion du pays. Le pere Charles Jolivet, visiteur, ecrit en 1868 : Partout j'ai ete edifie de l'excellente disposition des Indiens, mais surtout chez les Kamloops, ou j'ai rencontre une population foncierement religieuse et marchant a grands pas vers la civilisation30.
Les Oblats en Colombie-Britannique
99
Le pere Durieu ecrit en 1870, «le paganisme est presque eteint chez eux; a quelques exceptions pres, ils sont tous Chretiens et leur conduite fait voir qu'ils etaient dignes de la grace du bapteme» 31 . Le pere Baudre donne les statistiques suivantes pour la mission d'Okanagan, vers 1874 : On compte environ 1,600 sauvages et une centaine de Blancs dans la mission du lac Okanagan, placee sous le vocable de l'lmmaculee Conception. Parmi les sauvages, le nombre de chretiens est de 1,300, celui des infideles, de 300. Parmi les Blancs de residence fixe, les huit dixiemes sont protestants 32 . Les premiers missionnaires d'Okanagan furent les peres Pandosy (1859-1861), Richard (1859-1868), Durieu (1861-1864), Jayol (1864-1866), Gendre (1866-1873), et Baudre, (1869-1878), et les freres Surel (1859-1866) et Felix Guillet (1863-1867). L'fiTABLISSEMENT DE NEW WESTMINSTER
Le deuxieme etablissement sur la terre ferme fut ouvert, en i860, dans la petite ville de New Westminster, proclamee capitale de la ColombieBritannique continentale peu de temps auparavant. M gr Demers precisa le champ d'action de cet etablissement: Les RR. PP. Oblats de Marie Immaculee sont autorises a fonder a New Westminster une mission tant pour les Blancs que pour les Indiens; sont du ressort de cette mission, Port Douglas, Fort Hope, Fort Yale et leurs dependances33. En septembre i860, les peres Fouquet et Grandidier et les freres Blanchet et Janin jetaient les fondements de la nouvelle mission. La modeste demeure inauguree alors devint la maison Saint-Charles, future maison centrale des Oblats en Colombie-Britannique. Deux chapelles furent elevees a New Westminster, Tune pour les Blancs, dediee a saint Pierre, l'autre pour les Indiens, dediee a saint Charles. Immediatement apres leur installation a New Westminster, les peres Fouquet et Grandidier se rendirent a Fort Hope, sis sur la rive gauche du fleuve Fraser, a 130 kilometres de leur mission, puis a Fort Yale, a quelque 25 kilometres plus loin, sur la rive droite du meme fleuve. Les deux postes, occupes par quelques Blancs et entoures d'Indiens, furent pris en charge par le pere Grandidier. Celui-ci, aide du frere Janin, etablit dans chacun
100
L IMPLANTATION
de ces postes de modestes lieux de residence et de culte. Le missionnaire visita ces deux postes chaque annee. Le pere Fouquet, fixe a New Westminster, s'occupa des Blancs de l'endroit et des environs, encore peu nombreux, et visita les Indiens, au nombre de quelques milliers, disperses dans la region du bas Fraser. Des les premieres annees de la mission, «cinq tribus, qui comptent plus de soixante camps»34, ont appris les prieres traduites dans leur langue respective. En 1863, un grand nombre avait renonce a l'ivrognerie et adhere a une societe de temperance etablie en 186135. A la demande du chef indien, Snett, le pere Fouquet ouvrit une desserte a Utalawan (aujourd'hui North Vancouver), village des Squamish. Les Indiens eux-memes y construisirent une eglise, en 1866, sous le vocable du Sacre-Coeur36. Les Oblats de la maison de Saint-Charles en assurerent le service. La population de la ville elle-meme de New Westminster augmente graduellement. M gr d'Herbomez, attentif a l'education de la jeunesse catholique, obtint, en 1865, les soeurs de Sainte-Anne, de Lachine, Quebec, pour l'education des jeunes filles37. La meme annee, avec l'arrivee du pere Edward Horris, il inaugurait modestement une ecole pour les garcons qui deviendra le college Saint-Louis. Le frere Allen devait s'y devouer, de 1866 a sa mort survenue en 1911. En meme temps qu'il dirige le college, le pere Horris a charge de la paroisse Saint-Pierre qui dessert une population catholique toujours croissante. Plusieurs Oblats ont travaille ou ont ete rattaches a la maison SaintCharles, au cours de la periode que nous etudions. Signalons, entre autres, la presence de M gr d'Herbomez (1864-1890), des peres Fouquet (1860-1867), Pandosy (1864-1867), Durieu (1864-1868, 1870-1899), Horris (1865-1882), et des freres Blanchet (i860, 1864-1869), Janin (i860, i863?-i873), Guillet (1862-1863,1867-1875), et Allen (1866-1911)38. LA MISSION CENTRALE DE SAINTE-MARIE
La ville de New Westminster, dans laquelle la population blanche domine, ne pouvait devenir la mission centrale des nombreux Indiens de la region du bas Fraser. Aussi, le pere Fouquet etablit une mission exclusivement indienne, sur le Fraser, a mi-distance entre New Westminster et Fort Hope, pres de l'embouchure de la riviere Harrison. Le lieu favorisait les Indiens venant de l'ouest par le Fraser, et les Indiens de Port Douglas, de Lillooet et d'autres postes du Nord qui peuvent s'y rendre en empruntant le lac et la riviere Harrison. De plus, le site de la nouvelle mission attirait par sa remarquable beaute. La mission fut inauguree en 1861 sous le voca-
Les Oblats en Colombie-Britannique
101
ble de sainte Marie. Les freres Janin et Guillet y batirent une residence et, l'annee suivante, le pere Gendre en prit la direction. La mission Sainte-Marie (aujourd'hui Mission City) attira tres tot de nombreux Indiens. En Janvier 1863, le pere Gendre ecrit que «bien souvent» il a a ses catechismes «deux cents a trois cents sauvages et sauvagesses»39. A Paques de la meme annee, il en a trois mille autour de lui 40 . Dans la suite, la mission verra de grands rassemblements d'Indiens pour participer a des retraites generates et pour celebrer solennellement les grandes fetes religieuses et autres. Parmi les premiers rassemblements importants, il y a celui du 24 mai 1864, qui se renouvelle annuellement pendant une dizaine d'annees. Chefs et Indiens reunis a la mission se rendent a New Westminster pour celebrer en grandes pompes et sous le signe de la religion l'anniversaire de la reine d'Angleterre41. Des novembre 1863, une ecole pensionnat, construite par les freres, ouvre ses portes a quarante-deux etudiants. A l'automne 1868, les soeurs de Sainte-Anne, de Lachine, prennent charge des filles. Les pionnieres sont les soeurs Marie Lumina et Marie de Bon Secours42. Bientot l'institution «fait l'admiration et attire les applaudissements de tout le monde, a commencer par le gouverneur [de la colonie] Seymour»43. Peu apres la construction de l'ecole, les freres elevent une eglise, de 60 pieds sur 25, qui sera decoree du titre de «cathedrale des sauvages»44. Les principaux missionnaires de Sainte-Marie furent les peres Gendre (1862-1866), Lejacq (1867-1868), Durieu (1868-1870) et Denis Lamure (1868-1870)45. LA MISSION DE WILLIAMS LAKE
Dans la region du mont Cariboo, plusieurs Indiens, deja visites par les missionnaires, de 1843 a 1848, et delaisses depuis 46 et plusieurs mineurs catholiques reclamaient d'une facon assidue la presence de pretres. Leur attente est satisfaite. Le pere Grandidier se met a leur service, de juillet a octobre 1861. L'annee suivante, M§r Demers lui-meme visite la contree, en vue principalement de choisir des centres paroissiaux pour les Blancs, dont le nombre augmentait. Dans la suite, les peres Fouquet, en 1864, Gendre, en 1865, et de nouveau Grandidier, en 1866, firent les tournees apostoliques annuelles dans cette partie de la vallee du Fraser. En 1866, M8r d'Herbomez confia au pere James McGuckin, devenu disponible apres la fermeture du college Saint-Louis, de Victoria, le soin d'etablir une mission permanente dans la region du mont Cariboo. A la fin de Pete, le missionnaire etablit son pied-a-terre a Richfield, centre important de mineurs. En meme temps, il cherche un lieu favorable a
102
L IMPLANTATION
l'etablissement d'une mission indienne. Au printemps 1867, il trouvait une propriete convenable, pres du lac Williams. Le pere Jayol fut immediatement charge de la direction de la nouvelle mission et le frere Surel, de son organisation materielle. On y construisit une chapelle, une residence et une ecole. En 1868, le pere Lejacq remplacait le pere Gendre. Les missionnaires du lac Williams s'occupent de plusieurs centres d'Indiens et de Blancs dans la contree. Le vicaire apostolique, dans sa visite du district, en 1868, y benissait dix eglises et chapelles. Dans son rapport sur les missions du district, en 1872, le pere McGuckin indique, comme population totale, deux mille six cent cinquante Indiens, des tribus Lillooet, Shuswap, Chilcotin et Porteurs, dont six cents baptises. Ces Chretiens, note-t-il, ont recu les notions de la doctrine chretienne requises pour recevoir les sacrements, mais il reste «la necessite absolue» de leur communiquer une connaissance plus parfaite de leurs devoirs de chretiens. Pour cela, insiste-t-il, il faut avoir une bonne connaissance de leur langue et de l'uniformite dans le catechisme et la priere 47 . A la mission du lac Williams, fut rattache un vaste district situe plus au nord, dont le centre est le lac Stuart. Ce district, visite regulierement par les missionnaires, renferme une population de deux a trois mille Indiens 48 , dont «un grand nombre [...] ont ete baptises enfants par M. Demers ou le pere Nobili»49. Les tribus indiennes du district n'ont encore vu le pretre qu'en passant et ne sont pas tres avancees dans l'instruction religieuse. Cependant, le pere Lejacq, leur missionnaire, peut affirmer : «tous les sauvages de la mission sont bien disposes et veulent sincerement se christianiser»50. Les noms des premiers missionnaires au lac Williams : les peres McGuckin (1867-1873), Jayol (1867), Lejacq (1868-1873) et Grandidier (1871-1872) et les freres Surel (1867-1883) et Blanchet (1868-1872)51. LE VICARIAT APOSTOLIQUE DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE
Le pere Bermond, dans le rapport de sa visite des Oblats en Oregon, souhaitait l'erection d'un vicariat apostolique en Colombie-Britannique dont serait chargee la congregation des Oblats de Marie Immaculee. M gr de Mazenod, favorable a ce projet, en informait le cardinal Barnabo, prefet de la Propagande, dans une lettre du 28 avril 1858. Le conseil general des Oblats, en sa seance du 13 mai de l'annee suivante, adoptait officiellement le plan du pere Bermond et demandait que des demarches soient faites pour en obtenir la realisation52. M gr de Mazenod adressa done la demande a la Propagande. L'affaire traina en longueur. Lui-meme et son successeur a la tete de la congregation des Oblats durent revenir a
Les Oblats en Colombie-Britannique
103
la charge. Le pere d'Herbomez, venu en France pour participer au chapitre general de 1861, exposa oralement a la Propagande Fopportunite du projet53. L'affaire finit par aboutir. Un bref apostolique du 14 decembre 1863 erigeait le vicariat apostolique de la Colombie-Britannique et le confiait aux Oblats de Marie Immaculee. Un autre du 14 decembre 1863 nommait le pere d'Herbomez vicaire apostolique du nouveau vicariat. Le nouveau vicariat apostolique s'etend a la Colombie-Britannique continentale, ainsi qu'aux iles de la Reine-Charlotte et aux autres iles adjacentes au continent, sauf File de Vancouver et les iles voisines de ses cotes qui forment le territoire du diocese de File de Vancouver54. Le nouvel eveque, ordonne le 9 octobre 1864, en la cathedrale de Victoria, prit possession de son siege, fixe a New Westminster, le 16 suivant, lors d'une ceremonie en Feglise Saint-Charles.
Page laissée blanche intentionnellement
7
Les missionnaires
Les Oblats de Marie Immaculee a l'oeuvre dans le Nord-Ouest depuis 1845 et dans la Colombie-Britannique depuis 1858 nous sont apparus, sans doute, comme des missionnaires animes d'un zele apostolique ardent et entierement donnes a la cause de l'evangelisation. Plus precisement, qui sont-ils? comment ont-ils ete prepares a leur mission? quelle a ete leur experience dans le feu du combat? et leur perseverance a la tache? Le present chapitre traite de ces questions relative ment aux missionnaires arrives dans le Nord-Ouest, de 1845 a 1871.
Origine et formation UNE JEUNE FAMILLE MISSIONNAIRE
Les quelque quatre-vingt-quatorze Oblats, soit soixante-quatre peres et trente freres, venus dans les missions du Nord de l'Amerique, de 1845 a 1871, appartiennent a une Congregation religieuse en pleine croissance. Son personnel, de soixante-huit membres en 1843, s'eleve, sept ans plus tard, en 1850, a deux cent vingt-trois. En 1873, il est de cinq cent vingt1. Graduellement, il se diversifie quant a sa provenance. A la grande majorite, originaire de la France, s'ajoute un certain nombre venant de l'Angleterre, de l'lrlande, de l'ltalie, du Canada et d'autres pays. De plus, cette jeune Congregation s'ouvre a l'apostolat aupres des
105
106
L'IMPLANTATION
indigenes. Les missions du Nord-Ouest, acceptees en 1845, suivent d'un an les toutes premieres de l'lnstitut inaugurees aupres des Indiens de l'Est du Canada. Le mouvement est donne, d'autres champs missionnaires lui sont confies. De 1847 a 1851, les Oblats se chargent de territoires indigenes ou depourvus de pretres, a Ceylan (aujourd'hui, Sri Lanka), en Oregon, au Texas et en Afrique australe. Un vif interet se developpe en faveur de ces missions a l'etranger. Tous sont fiers de leurs freres qui s'y devouent et lisent avec avidite leurs lettres et leurs rapports et plusieurs aspirent meme a y etre envoyes un jour. Les superieurs generaux encouragent et soutiennent les bonnes volontes. Si, d'une part, la Congregation n'a pas encore l'experience des missions aupres des Indigenes, d'autre part, elle jouit de l'ardeur et de la vitalite d'une jeunesse pleine d'allant et d'audace. LES MISSIONNAIRES DU NORD-OUEST
Leurs pays d'origine Des quatre-vingt-quatorze Oblats de Marie Immaculee2 envoyes dans le Nord-Ouest de l'Amerique de 1845 a 1871, la grande majorite, soit soixante-neuf (cinquante-trois peres et seize freres), est originaire de la France. Plusieurs ont ete eveilles a l'ideal missionnaire et attires dans la congregation des Oblats par les conferences de missionnaires donnees dans les seminaires et grands seminaires de France. Le pere Leonard Baveux inaugura ces conferences avec grand succes dans une tournee au cours des annees 1846-1849. Le pere Nicolas Laverlochere et les eveques Tache, Grandin, Faraud et Clut, entre autres, obtinrent egalement d'heureux succes dans leurs tournees de propagande. Les vingt-cinq missionnaires d'origine non francaise venus dans le NordOuest se repartissent ainsi: quatre peres et neuf freres viennent d'Irlande, six peres et trois freres, du Canada, un pere et un frere, de Belgique et un pere, d'ltalie. Ces Oblats, comme leurs confreres, ne sont pas issus, a quelques exceptions pres, de la haute classe de la societe. Des trente-six peres francais venus au Canada et dont nous connaissons la profession ou le travail du pere de famille, dix-sept sont fils de cultivateurs, sept d'hommes de metiers, quatre de gendarmes, officiers ou capitaines, trois de «proprietaires», deux de commercants, un d'agent consulaire, un de notaire et un de manoeuvre. Choix; qualites requises M§r de Mazenod et son successeur a la tete de l'lnstitut, le pere Joseph Fabre, en principe n'envoyaient dans les missions
Les missionnaires
107
lointaines que des volontaires. Le fondateur rappelle cette politique a M&r Tache: Vous savez, lui ecrit-il, que pour les missions lointaines et penibles, je me fais un devoir de consulter l'attrait de nos sujets; ce serait s'exposer a bien des mecomptes en agissant autrement 3 . En plus de n'envoyer en missions que des volontaires, le superieur general doit tenir compte des conditions particulieres des missions du NordOuest, ou il faut des hommes doues d'une robuste sante et d'un grand devouement. A ces limites dans le choix des missionnaires pour le NordOuest, s'ajoute la necessite, pour le superieur general, de pourvoir en missionnaires d'autres territoires de missions confies aux soins de la Congregation. Il ecrit au sujet de son envoi de missionnaires dans l'Ouest, en 1859 : Us ne seront pas aussi nombreux que je le desirerais, parce que nous ne pouvons suffire a tous les besoins et aussi parce qu'il faut pour votre mission des santes plus fortes que celles dont jouissent la plupart de nos jeunes peres ou scolastiques. Je choisirai ce qu'il y aura de mieux non seulement en ce genre, mais aussi par le zele et le devouement. Je sais qu'il en faut pour faire le bien parmi vos sauvages et dans votre si rude climat4. II a ete pratiquement impossible aux Oblats de repondre au desir de M Provencher qui souhaitait recevoir, surtout au debut, des sujets canadiens. N'ecrivait-il pas a M gr Bourget : «Des canadiens feraient mieux dans les missions. Soyez-en persuade. Je ne dis pas qu'il ne faille pas de choix. Us seront plus aimes par les sauvages et les autres. Us supporteront mieux la misere et la rigueur du climat»5. Les vocations oblates canadiennes etaient peu nombreuses dans les annees 1850 a i860. M§r de Mazenod lui-meme le deplora plusieurs fois. Vingt et un des soixante-quatre peres envoyes dans les missions du Nord-Ouest avaient deja fait quelques annees de ministere dans leur pays d'origine6, les autres terminaient leurs etudes ecclesiastiques. Quelquesuns meme ont ete envoyes en mission avant la fin de leurs etudes et avant leur ordination sacerdotale, en raison d'urgences ou pour leur permettre l'etude des langues indigenes tout en continuant l'etude de la theologie. Selon l'esprit du temps, le missionnaire faisait le choix des missions pour la vie. Les retours definitifs au pays natal seront exceptionnels. gr
108
L'IMPLANTATION
LA FORMATION DES MISSIONNAIRES
^inspiration religieuse et apostolique En entrant chez les Oblats de Marie Immaculee, les futurs missionnaires optaient pour l'evangelisation des pauvres, une vocation qu'ils assumaient le plus possible en profondeur pendant leur stage au noviciat et au scolasticat. Dans leur memoire et dans leur coeur vibrent ces paroles de feu du fondateur : Celui qui voudra etre des notres devra bruler du desir de sa propre sanctification, etre enflamme d'amour pour Notre-Seigneur JesusChrist et son Eglise, d'un zele ardent pour le salut des ames7. Ces autres paroles du fondateur leur rappellent jusqu'ou vont les exigences de leur vocation : Les missionnaires doivent etre pleins de zele, prets a sacrifier tous leurs biens, leurs talents, leur repos, leur personne et leur vie pour l'amour de Jesus-Christ, le service de l'Eglise et la sanctification du prochain 8 . Leur formation religieuse se base sur la foi qui suscite le zele le plus genereux et meme le don total de soi-meme pour le salut des hommes, particulierement des pauvres. L'etape de la formation des jeunes Oblats revet une certaine austerite qui eprouve la vocation choisie et, en meme temps, prepare a ses exigences. La vocation de l'Oblat s'accomplit pleinement dans l'oeuvre dite des missions etrangeres. Du moins le fondateur raffirme plusieurs fois dans ses lettres a ses fils spirituels oeuvrant en territoire de missions. Les missions etrangeres comparees a nos missions d'Europe ont un caractere propre d'un ordre superieur puisque c'est le veritable apostolat pour annoncer la Bonne Nouvelle aux nations qui n'avaient pas encore ete appelees a la connaissance du vrai Dieu et de son fils JesusChrist Notre-Seigneur. C'est la mission des apotres : Euntes, docete omnes gentes9l [...] Vous etes de ceux a qui Jesus-Christ a adresse ces paroles en vous donnant votre mission comme aux Apotres qui furent envoyes pour convertir nos peres10. Cette foi vive en leur mission d'apotre pour le salut des hommes, a la suite de Jesus-Christ, fortement soutenue par les exhortations de leur fon-
Les missionnaires
109
dateur, inspirait aux jeunes missionnaires le courage, la force et le don total de leur vie. Du moins, auront-ils toujours a s'y retremper. La se situe la source de leur dynamisme apostolique. La formation intellectuelle La formation intellectuelle que le grand seminaire de Marseille et les scolasticats de Montolivet [pres Marseille] et d'Autun [Saone-et-Loire] donnaient aux futurs missionnaires11 correspond en general a celle des grands seminaires du temps, en France. De qualite assez faible au debut du XIXe siecle, en raison de la situation de l'Eglise ruinee dans ses institutions a la fin de la Revolution de 1789, elle s'ameliora graduellement dans la suite. M§r de Mazenod ne negligea rien pour developper, dans la mesure du possible, une solide formation theologique chez tous les jeunes Oblats, y compris les futurs missionnaires en terres etrangeres. Malgre l'opinion contraire de certains, il exigeait de ces futurs missionnaires le cours complet de theologie. II adressa un vif reproche au pere Aubert qui, a la Riviere-Rouge, avait fait ordonner pretre un scolastique sans theologie. II precise alors: Nous avons ici de bien excellents jeunes gens qui ne soupirent qu'apres les missions sauvages. Mais nous sommes decides de leur faire terminer leurs etudes theologiques avant de les livrer. Sous pretexte qu'il n'est pas necessaire de savoir tant de choses pour evangeliser les sauvages, on les expedie parfois trop tot dans vos contrees. Ce n'est point mon avis et quelque impatients que soient nos jeunes gens je les retiendrai jusqu'a la fin de leurs etudes 12 . Le pere Fabre, superieur general, suivit la meme politique que son predecesseur, M§r de Mazenod13. II fortifia les etudes des scolastiques en les prolongeant de trois a quatre ans, puis a cinq ans 14 ; il inaugura, en 1862, l'envoi de scolastiques aux universites romaines pour qu'ils beneficient d'un enseignement superieur et qu'ils conquierent des diplomes 15 . II s'agit toujours d'un cours de theologie regulier, sans specialisation pour les missions aupres des non chretiens et des non catholiques. Notons que les jeunes missionnaires seront influences par l'enseignement theologique du temps, qui insistait sur l'authenticite de la seule Eglise catholique romaine et qui ne s'arretait pas ou peu aux valeurs positives presentes dans les Eglises separees de Rome et dans les autres religions16, ce qui ne sera pas sans marquer leur langage et leurs attitudes.
110
L IMPLANTATION
Orientations et soutien UNE INSTRUCTION SUR LES MISSIONS ETRANGERES
Le fondateur, conscient du ministere special qu'avaient a exercer ses fils spirituels aupres des indigenes, en pays de missions, redigea pour eux, avec un remarquable a-propos, un ensemble de directives pratiques. II le fit pour completer les Constitutions et Regies de l'lnstitut qui ne cont naient aucune orientation touchant ce ministere. L'instruction qu'il redigea a cette fin fut ajoutee en appendice a l'edition des Constitutions e Regies de 1853 et, plus tard, integree en substance aux editions sub sequentes des Constitutions et Regies17.
Les missions aupres des non chretiens, y est-il affirme, sont une tache essentielle de l'Eglise et relevent de la juridiction de la Propagande et des vicaires apostoliques. Les qualites requises a la vocation missionnaire y sont rappelees : «un desir ardent de propager la foi, un coeur magnanime et une volonte solide, de la promptitude et de l'elan dans Faction, de la fermete et de la Constance dans l'epreuve, un commerce agreable, une bonne sante, etc.». Concernant l'apostolat lui-meme, l'instruction insiste premierement sur les connaissances de base a donner aux neophytes et sur la necessite d'utiliser leur langue et de leur fournir des textes sur les points fondamentaux de la doctrine chretienne. En deuxieme lieu, elle met en relief le devoir de former les neophytes a la vie chretienne et, a cette fin, d'etre pres d'eux et de leur etre d'acces facile. Enfin, dans la perspective d'un apostolat plus fructueux, l'instruction ajoute qu'une action sociale est legitime, tels l'entrainement des nomades a la vie sedentaire, l'enseignement des arts de la civilisation, constructions, culture, etc. Cette instruction n'expose que certaines normes generates pratiques pour les missionnaires. Elle laisse aux responsables ecclesiastiques immediats des missions tout ce qui concerne plus specifiquement l'exercice de l'apostolat dans leur champ missionnaire18. LA LANGUE DES INDIGENES
Notons que l'etonnante production des missionnaires du Nord-Ouest en langues amerindiennes revele la fidelite a la directive de leur fondateur et atteste en meme temps qu'ils ont saisi et exprime un element important de la culture indienne. D'apres un releve non exhaustif, les Oblats dans l'Ouest du Canada ont a leur credit au moins 257 manuscrits originaux et 23 imprimes en langues indiennes differentes, soit 181 dictionnaires manus crits et 11 imprimes, et y6 grammaires manuscrites et 12 imprimees. A ce travaux qui manifestent leur souci de maitriser les langues, tout en etant utiles a des confreres et a d'autres, il faut ajouter les ecrits en langues ver-
Les missionnaires
m
naculaires : recueils de prieres et de cantiques, catechismes, Evangiles, textes liturgiques, instructions, etc., qui temoignent de l'usage de ces langues dans l'oeuvre d'evangelisation. Plus tard, les missionnaires aupres des Inuit en feront autant19. SOUTIEN DU MISSIONNAIRE
Deux a deux en mission M§r de Mazenod exigeait que les missionnaires soient toujours deux ensemble. Cette mesure lui parait essentielle pour sauvegarder la vie religieuse de ses fils spirituels et tres importante pour leur soutien humain dans les rudes conditions de la vie des missions. Ayant appris que les deux premiers missionnaires de l'Ouest canadien, les peres Aubert et Tache, etaient envoyes dans des missions differentes et eloignees Tune de l'autre, il ecrit au pere Guigues, leur superieur, «Je ne puis consentir que nos peres aillent seuls dans quelque mission que ce soit»20. II revient sur ce point un certain nombre de fois dans sa correspondance. Ainsi, en 1853, il ecrit au pere d'Herbomez, en Oregon : Je ne suis pas non plus sans inquietude sur cette vie nomade et isolee de nos jeunes pere Chirouse et Pandosy, je n'ai jamais entendu que nos peres restassent si longtemps separes, je tiens essentiellement a ce que nos missionnaires marchent deux a deux, l'isolement ne peut etre tolere que rarement et instantanement21. En raison des besoins et du nombre restreint d'Oblats, il ne fut pas toujours facile, dans les premiers temps des missions, d'observer a la lettre cette forte recommandation du fondateur. Plus tard, les renforts en personnel et Porganisation progressive des missions en faciliteront la mise en pratique. Vattention personnelle des superieurs generaux
M%T de Mazenod corres-
pond regulierement par lettres avec les superieurs en mission et souvent avec certains Oblats plus frequemment en difficultes. Un grand esprit de foi anime ces lettres remplies de comprehension et d'encouragement. II partage les succes et les echecs de ses fils spirituels; il rappelle la sublimite de leur vocation, celle meme des Apotres : l'annonce de Jesus Christ a des peuples qui ne le connaissent pas encore; il les invite enfin a s'unir a lui et a leurs confreres disperses par le monde, dans la priere, particulierement celle faite chaque jour en presence de Jesus eucharistie22. Son successeur a la charge de superieur general, le pere Fabre, se tient lui aussi en relation avec les missionnaires par une correspondance suivie. II leur a fourni un nouveau moyen de se tenir en union avec la
112
L'IMPLANTATION
Congregation entiere, en fondant, en 1862, la revue trimestrielle Les Missions de la Congregation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee, destinee aux Oblats, comme moyen de partager leurs travaux, leurs joies et leurs peines. Les Oblats en mission etaient specialement invites a y collaborer23. 11 envoya dans les missions des visiteurs qui, en plus des diverses affaires a traiter, rencontraient personnellement les missionnaires. Ainsi, dans la periode que nous etudions, le pere Florent Vandenberghe visita les Oblats de la Riviere-Rouge, en 1864-1865, et le pere Charles Jolivet, ceux de la Colombie-Britannique, en 1868.
Les premieres experiences missionnaires AU NORD-OUEST, I845-I85O
La periode de 1845 a 1850 initia les premiers Oblats du Nord-Ouest a leur tache missionnaire. Elle apporta succes, echecs, encouragements et deceptions. Un certain tatonnement etait inevitable dans les debuts. Les chapitres precedents en ont raconte l'histoire. Notre attention se porte ici sur les missionnaires eux-memes. Pierre Aubert et Alexandre Tache L'experience des deux premiers Oblats envoyes a la Riviere-Rouge differe l'une de l'autre. Le pere Aubert subit un echec aupres des Sauteux rebelles a l'enseignement religieux dans la region de Wabassimong et du lac a la Pluie. Son zele ne peut etre mis en cause, mais son talent pour les langues indiennes ne semblait pas evident. De 1847 a 1850, son ministere, tres apprecie de MSr Provencher, se limita aux Blancs et aux Metis de Saint-Boniface. II revint dans l'Est du Canada, en 1850. Le pere Tache, doue pour les langues, d'une grande facilite d'adaptation aux gens du pays et plein de jeunesse, reussit un excellent depart missionnaire aupres d'Indiens non chretiens bien disposes a accueillir le missionnaire. II inaugure une carriere missionnaire exceptionnelle et deviendra le grand organisateur et le maitre des missions du Nord-Ouest. Francois-Xavier Bermond, Henri Faraud et Louis Dube Trois Oblats furent envoyes a Saint-Boniface en 184624. Ces recrues decurent M gr Provencher qui attendait sans doute des missionnaires capables et prets a s'engager dans son rude champ missionnaire. Le premier, le pere Bermond, jouissait, en arrivant, d'une experience de dix ans de ministere en France. Apres s'etre initie a la langue des Sauteux, il se livra avec
Les missionnaires
113
courage a sa tache missionnaire, mais il ne put reussir et abandonna son oeuvre, des 1850. La difficulte de l'evangelisation des Sauteux et peut-etre aussi le caractere vif du missionnaire expliquent son echec. II demanda son rappel en France, mais accepta de remplacer le pere Aubert a SaintBoniface. II dut etre rappele en France, en 1857, en raison de son parti pris contre l'eveque de Saint-Boniface25. Le scolastique Henri Faraud n'avait pas termine sa deuxieme annee de philosophic lorsqu'il arriva a la Riviere-Rouge, en novembre 184626. II fut ordonne pretre des le mois de mai suivant. A sa premiere experience missionnaire faite en 1847, il partagea l'echec du pere Aubert chez les Indiens de Wabassimong. Apres une initiation d'un an, a l'lle-a-la-Crosse, il prit en charge la desserte du lac Athabasca. Il supporta, de 1849 a 1850, l'epreuve d'une solitude interrompue seulement par un sejour de deux mois a l'lle-a-la-Crosse, en 1850. II traversa des periodes de decouragement et de tristesse, mais fut soutenu attentivement par ses confreres de l'lle-a-la-Crosse et par M gr de Mazenod. II accomplit un bon travail missionnaire. En 1862, il devint le premier vicaire apostolique d'AthabascaMackenzie. Le frere Dube, inaugura la lignee des freres oblats dans les missions du Nord. Envoye a l'lle-a-la-Crosse, il s'y devoua jusqu'a sa mort, en 1872. Augustin Maisonneuve et Jean Tissot Le pere Maisonneuve et le scolastique Tissot arriverent a Saint-Boniface en 1848. Deux ans plus tard, on les envoya a l'lle-a-la-Crosse pour apprendre les langues indiennes et s'initier au ministere aupres des Indiens. Le pere Tissot fut ordonne pretre en 1851. Ces deux Oblats s'adapterent assez difficilement au ministere aupres des Indiens. En 1851-1852, en l'absence du pere Tache, ils se decouragerent meme dans leur tache. Les deux furent assignes a la mission du lac La Biche, en 1855. Desormais leur temps est partage entre le ministere aupres des Metis et des Indiens et les travaux d'amenagement de la mission qui doit devenir un poste d'approvisionnement des missions du Nord. Leur carriere proprement missionnaire aupres des Indiens prend fin en 1868. On les retrouve alors tous deux a Saint-Boniface, ou le premier remplit la fonction de procureur des missions du Nord, et le deuxieme, differentes charges a l'eveche et a la paroisse cathedrale. LES MISSIONNAIRES VENUS D ' O R E G O N
Cinq peres, Charles Pandosy, Francois Jayol, Louis d'Herbomez, Paul Durieu et Pierre Richard, et cinq freres, Georges Blanchet, Celestin Verney, Gaspard Janin, Philippe Surel et Leon Weymaere, passerent de
114
L IMPLANTATION
POregon a la Colombie-Britannique apres 1858. Us avaient travaille dans des conditions difficiles et penibles chez les Yakimas et Cayouses et avaient meme du discontinuer leur oeuvre, en raison de conflits et de guerre survenus entre Indiens et Americains. D'autre part, leur ministere aupres des Indiens de la region du Puget Sound, situee en dehors du theatre des hostilites entre Indiens et Americains, etait inaugure avec succes. Ces Oblats possedaient done une experience missionnaire. Certains tranchent par leur valeur remarquable, tels les trois pionniers des missions de l'Oregon encore a l'oeuvre, Chirouse, Pandosy et Blanchet, et les peres d'Herbomez et Durieu, futurs vicaires apostoliques. Tous, excepte le frere Weymaere rentre en France en 1861, pour raison de sante, se depenseront genereusement jusqu'a leur mort dans leur nouveau champ d'apostolat.
Les missionnaires, 1851-18/1 M%r de Mazenod, a la nomination du pere Tache comme coadjuteur de M§r Provencher, adopta definitivement les missions du Nord-Ouest. II reprit l'envoi de missionnaires discontinue en 1850 et en 1851. De 1852 a 1871, soixante-seize Oblats (cinquante-deux peres et vingt-quatre freres), venant en grande majorite de la France, rejoignirent les sept confreres pionniers au diocese de Saint-Boniface et les dix en ColombieBritannique. Plusieurs de ces Oblats, grace a leurs qualites et a leurs talents, ont genereusement coopere au developpement de l'oeuvre missionnaire deja inauguree. Leur perseverance a la tache est remarquable. Soixante et un de ces Oblats sont decedes dans les missions, apres avoir donne en moyenne 41,7 ans de vie missionnaire; dix ont quitte pour d'autres provinces oblates, dont le pere Gaste, retire en France, apres quarante-six ans dans le Nord, et cinq laisserent la congregation des Oblats. DANS LA REGION DE LA RIVIERE-ROUGE
La region de la Riviere-Rouge, dont Saint-Boniface est le centre, recut, de 1852 a 1871, douze peres et quatre freres. Les peres Joseph Lestanc et Joachim Allard reprirent avec succes les difficiles missions aupres des Sauteux abandonnees par les peres Aubert et Bermond. Les deux furent egalement de precieux collaborateurs de M gr Tache : le premier, dans d'importantes taches a Saint-Boniface meme, le deuxieme, a titre de
Les missionnaires
115
vicaire general du diocese pendant vingt-huit ans. Le pere Charles Camper evangelisa pendant les trente premieres annees de sa vie missionnaire les Indiens et les Metis de la region du lac Manitoba. II composa des ouvrages en langue indienne. Le frere Jeremias Mulvihill mit, pendant quarante-six ans, ses remarquables talents de professeur, d'administrateur et autres au service de la mission Saint-Laurent, au lac Manitoba. Le pere Laurent Simonet, autre intrepide missionnaire, se devoua, de 1861 a 1877, aupres des Indiens des lacs Manitoba et Winnipegosis, et de la mission de Pembina. Les Indiens de la vallee de Qu'Appelle recurent leur premier missionnaire oblat dans la personne du pere Jules Decorby, «voyageur intrepide qui brave tous les dangers»27. Polyglotte, il fut des plus utiles dans une contree envahie bientot par l'immigration. II se devoua durant cinquante ans aux missions de la Riviere-Rouge. Enfin, soulignons la presence discrete mais precieuse du frere Jean Glenat, pendant trente ans au service des maisons et des oeuvres de Saint-Boniface. A SAINT-ALBERT
Quinze peres et huit freres apportent leur collaboration aux missionnaires de la lointaine region de la riviere Saskatchewan, dont le centre se situe a Saint-Albert. Ressortent de ce groupe, en premier lieu, deux merveilleuses figures : Albert Lacombe et Vital Grandin. Le premier fut l'ardent et genial missionnaire des Cris et Pieds-Noirs de la Prairie, de 1852 a 1916. Plus que tout autre, il a compris et aime les Indiens et s'est devoue entierement a leur cause. Le deuxieme, bientot eveque coadjuteur de M§r Tache, puis premier eveque de Saint-Albert, presida avec sagesse et zele au developpement des missions de la region. II se distingua par sa charite, son amour des Indiens et son don total a l'oeuvre missionnaire. D'autres figures meritantes sont a souligner. Le pere Rene Remas, bien que limite dans ses talents humains, accomplit grace a son zele perseverant une louable et longue carriere missionnaire. Deux valeureux apotres donnerent, dans un renoncement total, presque toute leur vie a la mission du lac Caribou, la plus pauvre, la plus isolee et la plus froide du diocese de Saint-Albert: le pere Alphonse Gaste, pendant quarante ans, et le frere Celestin Guillet, pendant vingt-cinq ans. Dans les missions des Cris et des Pieds-Noirs de la Prairie, en plus du pere Lacombe, les peres Constantine Scollen et Leon Doucet accomplirent une oeuvre de pionniers; ce dernier y consacra les soixante-neuf annees de sa vie missionnaire, dont cinquante-six chez les Pieds-Noirs. Le pere Hippolyte Leduc, homme de talent, bon religieux, sage administrateur, collabora avec M gr Grandin comme procureur general du diocese pendant de longues
116
L'lMPLANTATION
annees, tout en travaillant aupres des Indiens et des Metis. De 1855 a 1908, le frere Patrick Bowes, «le grand constructeur des missions»28, rendit de precieux services. Les humbles freres Pierre Gerante, Victor Lalican, Alexandre Lambert, Francois Leriche et Auguste Nemoz, dont la vie missionnaire se prolonge pendant quarante ans, s'averent de genereux artisans pour assurer la subsistance des missions et de leurs oeuvres. DANS L'ATHABASCA-MACKENZIE
Parmi les treize peres et les sept freres achemines vers la region nordique d'Athabasca-Mackenzie, rappelons les noms suivants : le pere Henri Grollier, d'un caractere entier, anime d'un zele ardent, fougueux meme, porta l'Evangile jusqu'a la mer Arctique. Son emule, l'infatigable pere Zephirin Gascon, s'elanca avec courage dans des postes eloignes, ou il ouvrit ou desservit avec succes des missions indiennes. Le pere Jean Seguin, missionnaire de Good Hope, de 1861 a sa mort en 1902, etendit son zele aux Indiens de l'embouchure du Mackenzie visites regulierement dans d'epuisantes courses, durant une quarantaine d'annees. Son compagnon de toujours, Patrick Kearney, un zele frere, arrive lui aussi en 1861 a Good Hope, devait s'y devouer jusqu'a sa mort, survenue en 1918, sans jamais revoir sa patrie, l'lrlande. Le pere Emile Petitot, savant et apotre, en plus de s'occuper des Indiens du Grand lac de l'Ours, fit des expeditions dans le Nord en vue de l'evangelisation des Inuit de la mer Arctique. Ses releves geographiques et ethnologiques dans le pays sont remarquables, ainsi que ses etudes des langues des indigenes. Sa sante etant ruinee, il dut quitter definitivement les missions en 1876. L'energique et zele pere Isidore Clut, devenu en 1866 eveque auxiliaire de M§r Faraud, parcourut le vicariat d'AthabascaMackenzie en de nombreuses et epuisantes courses pour diriger et soutenir le courage et l'apostolat des missionnaires. Celui qu'on a designe comme «la cheville ouvriere des missions du vicariat apostolique du Mackenzie»29, le robuste et devoue frere Alexis Reynard, fut massacre par un Indien, en 1875, au cours d'un voyage. Le pere Christophe Tissier reprit, apres un abandon de plusieurs annees, les missions des Castors et autres de la vallee de la riviere de la Paix. Ce vaillant et humble apotre passa une dizaine d'annees sans la presence de confreres oblats. Resteraient encore a mentionner les noms du pere Emile Grouard, futur eveque d'Athabasca-Mackenzie, apotre aux multiples talents; le frere Louis Boisrame, tout entier a son travail d'ordre materiel pendant quarante-quatre ans, et le pere Germain Eynard, homme de devouement et
Les missionnaires
117
d'abnegation, souvent qualifie de saint, mais depourvu de qualites exterieures favorables a l'apostolat aupres des Indiens 30 . EN COLOMBIE-BRITANNIQUE
Des figures se detachent des douze peres et cinq freres qui rejoindront les Oblats en Colombie-Britannique. Le pere Leon Fouquet, etroit collaborateur de M gr d'Herbomez, fut un missionnaire tres actif et influent aupres des Indiens, notamment dans la region du bas Fraser. Le pere Jean-Marie Lejacq, intelligent, d'un caractere charmant et d'un courage a toute epreuve, se range parmi les plus grands missionnaires des Indiens de la Colombie-Britannique, avec les peres Durieu et Fouquet31. Le pere Florimond Gendre, qui ne brilla «ni par le savoir ni par le discours»32, brulait de l'amour de Dieu et des ames. II se depensa avec succes comme fondateur et principal de l'ecole indienne de Mission City, puis comme missionnaire dans la vallee d'Okanagan. Le pere James McGuckin, premier pretre oblat irlandais arrive en Colombie-Britannique, exerca son zele surtout aupres des Blancs a Victoria et du centre minier du mont Cariboo. Les freres Patrick Allen et Edward McStay ont ete des educateurs, le premier, en se devouant toute sa vie au college Saint-Louis, a Victoria, puis a celui du meme nom, a New Westminster; le second, en travaillant a ces memes colleges, puis aux ecoles indiennes de Tulalip et de Williams Lake.
Statistiques LES ARRIVEES DE MISSIONNAIRES
L'envoi de quatre-vingt-quatorze Oblats 33 dans les missions de la RiviereRouge et de la Colombie-Britannique, de 1845 a 1871, represente l'arrivee d'une moyenne de quatre missionnaires par annee. Ces Oblats, soixantequatre peres et trente freres, sont relativement jeunes. Leur age moyen est de vingt-huit ans; plus precisement, celui des peres ou futurs peres, de 27,5 ans, et celui des freres de 29,2 ans. Au moins, en raison de leur age, ces Oblats sont en mesure de s'adapter au milieu des missions et en particulier d'affronter la vie rude qui les y attend. L'experience du ministere ou du travail en mission etait nulle pour tous, excepte les Oblats arrives de l'Oregon. Parmi les peres, vingt et un disposaient d'une experience de ministere qui n'est pas cependant celle de missions aupres des indigenes. Parmi les freres, sept d'entre eux posse-
118
L'lMPLANTATION
daient des metiers qui pouvaient leur etre utiles; un avait ete professeur et dix avaient deja accompli des taches domestiques dans des maisons oblates d'Europe ou du Canada. Les autres etaient pratiquement sans experience de travail. Peres et freres, par la force des choses, eurent done a acquerir, souvent uniquement par eux-memes, l'experience de la vie missionnaire, tant au plan pastoral qu'au plan materiel. Dans l'ensemble, ils se sont adaptes assez facilement a la tache missionnaire concrete particulierement difficile et penible a cette periode de fondation des missions. Leur strategic en etait une pragmatique et innovatrice34. C'etaient en general des hommes d'action, zeles, ardents et energiques. LA PERSEVERANCE EN MISSION
La carriere missionnaire des quatre-vingt-quatorze premiers Oblats venus dans le Nord-Ouest, au cours de la periode de 1845 a 1871, devait, dans son ensemble, etre longue et feconde. Ils ont ete chacun, en moyenne, 36,6 ans en missions, soit 36,4 ans pour les peres et 37,7 ans pour les freres. En 1871, quatre-vingt-deux restaient encore au poste. Parmi les treize qui n'y sont plus, trois sont decade's en missions : le pere Henri Grollier, en 1864, emporte par des crises aigues d'asthme, le frere Patrick Hand, victime de l'onde, en 1869, et le pere Denis Lamure, tue accidentellement par un chasseur, en 1870. II y eut sept departs de missionnaires pour d'autres champs d'apostolat. Les motifs apportes pour leur changement sont le plus souvent des raisons de sante et la difficulte de s'adapter a la vie missionnaire. Ce sont les peres Pierre Aubert, Francois-Xavier Bermond, Leon Weymaere, Celestin Frain, Charles Mestre, Jean-Baptiste Richer et Jean-Baptiste Genin. Enfin, trois ont quitte la Congregation : Jean-Marie Caer entre a la Chartreuse en France, Jules Villemard passe au clerge anglican, et le frere John Duffy, est dispense de ses voeux35. LE PERSONNEL OBLAT EN 1871
Au seuil de la periode 1872-1967, que nous allons aborder, le personnel oblat se repartit comme suit: 13 (10 peres et 3 freres) travaillent au diocese de Saint-Boniface; 27 (18 peres et 9 freres), au diocese de Saint-Albert; 16 (10 peres et 6 freres), au vicariat d'Athabasca-Mackenzie, et 26 (17 peres et 9 freres), au vicariat de la Colombie-Britannique. Soixante-seize de ces 82 Oblats persevereront en mission jusqu'a leur mort; le dernier, le pere Leon Doucet mourut en 1942, a l'age de quatre-vingt-quinze ans.
II LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD, 1872-1967
8
Les missions d'Athabasca-Mackenzie, 1872-1900
Douze peres, huit freres et deux communautes de Soeurs Grises de Montreal, repartis en six missions principales1, forment, en 1872, le personnel missionnaire du vicariat apostolique d'Athabasca-Mackenzie. Apres l'implantation missionnaire dans le vicariat, que nous avons vue, suit un travail de formation des chretientes, sans exclure de nouvelles fondations, surtout dans les regions de la riviere de la Paix et du Petit lac des Esclaves. L'etape de la formation chretienne offre sans doute moins de sensationnel que celle des fondations, mais elle presente chez ses artisans apostoliques du devouement, parfois de la lutte et surtout un travail quotidien assidu. Partout dans le vicariat apostolique d'Athabasca-Mackenzie intervient pour les missionnaires, en plus des soucis de l'apostolat, la preoccupation, souvent angoissante, de leur survie au temporel.
Les missions de la riviere de la Paix et du Petit lac des Esclaves
L'oeuvre missionnaire dans la region de la riviere de la Paix et du Petit lac des Esclaves etait a peine amorcee en 1871. II ne s'y trouvait qu'une seule mission, Saint-Charles, a Fort Dunvegan, desservie par un seul pretre residant, le pere Christophe Tissier. La priorite missionnaire avait ete accordee jusque la au vaste district du Mackenzie, ou l'ouverture de plusieurs missions s'imposait, et ou la concurrence des ministres protes121
122
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
tants demeurait forte. Cependant le developpement missionnaire dans la region de la riviere de la Paix devait bientot commencer 2 . LES MISSIONS DE LA RIVIERE DE LA PAIX
Mission de Dunvegan Le pere Tissier, arrive a Dunvegan en 1867, et seul dans sa mission pendant treize ans, etendit son zele a des postes eloignes, tels ceux de Fort Vermilion, de Fort St. John et du Portage des montagnes Rocheuses. Grace a son devouement, «le nombre des chretiens augmenta chaque annee d'une maniere sensible»3. Cependant, il ne peut atteindre qu'une petite fraction du nombre d'Indiens et de Metis confies a son zele. M§r Clut le deplorait: Ce qui m'afflige c'est que nos missions les plus importantes restent sans missionnaires, je veux parler de la riviere de la Paix, ou le pere Tissier va encore se trouver seul4. A partir des annees 1880, des aides et des successeurs furent donnes au pere Tissier, tels les peres Louis Le Doussal, Auguste Husson, Emile Grouard, Francois-Xavier Le Serrec et Joseph Le Treste. La mission de Dunvegan elle-meme se fortifia. D'autres missions avec presence de missionnaires furent ouvertes dans la region. Mission de Fort Vermilion Fort Vermilion, visite plusieurs fois dans le passe, recut en 1876 son premier missionnaire residant, le pere Auguste Husson. La mission rayonna bientot dans un certain nombre de dessertes de Castors et d'Esclaves, entre autres, celle de Riviere-au-Foin (Hay River), situee a environ 250 kilometres de la mission. L'ecole deja ouverte a Fort Vermilion par les missionnaires fut confiee, en 1900, aux soins des soeurs de la Providence. Mission de Peace River La mission de Saint-Augustin, a Peace River, situee sur la riviere de la Paix a une centaine de kilometres en aval de Fort Dunvegan, fut ouverte par le pere Husson, en 1891. Le missionnaire, aide du pere Le Serrec et du frere Jean Mathis, qui le rejoignirent en 1893, reorganisa la mission de maniere a soutenir la concurrence des ministres protestants etablis dans le milieu5. En 1898, il obtenait le concours des soeurs de la Providence, pour la tenue d'une ecole. Mission de Spirit River Enfin, une mission est fondee, en 1903, a Spirit River, a quelque 28 kilometres, au sud de Fort Dunvegan, par les peres
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
123
Joseph Le Treste et Alexandre Josse. Elle s'occupe, entre autres, des Indiens et des Metis qui s'eloignerent de Fort Dunvegan, a la fin du siecle, prenant ainsi la releve de la mission Saint-Charles devenue poste secondaire. LES MISSIONS DU PETIT LAC DES ESCLAVES
La mission de Saint-Bernard Le poste du Petit lac des Esclaves, un des premiers du Nord visite par les missionnaires, n'aura un pretre residant qu'en 1872, le pere Rene Remas. Cette mission (aujourd'hui Grouard), sous le vocable de saint Bernard, occupa le role de mission mere de la region. Sur place, elle dessert des families metisses catholiques et, a l'exterieur, les Cris et les Metis du territoire. Jusqu'en 1880, elle n'eut habituellement que deux missionnaires. Au cours des deux dernieres decennies du siecle, son personnel augmenta graduellement et l'evangelisation fit des progres remarquables. Une ecole-pensionnat, confiee aux soeurs de la Providence, fut ouverte en 1894, a Saint-Bernard meme. Des dessertes, telles Slave Lake, Faust et d'autres, furent visitees et deux missions avec pretre residant s'ouvrirent: une a Wabaska, sous le vocable de saint Martin, fondee en 1897 par le pere Henri Giroux, assiste du pere Jean-Marie Dupe, et l'autre, au lac Esturgeon, dediee a saint FrancoisXavier, inauguree en 1900, par le pere Louis Girard et organisee defmitivement par le pere Jules Calais, qui s'y devoua de 1904 a 1914. La localite de cette mission prit le nom de Calais, en son honneur. Le personnel missionnaire des regions de la riviere de la Paix et du Petit lac des Esclaves comprend, en 1904, outre M gr Grouard, quinze peres et dix-sept freres, et trois communautes de soeurs de la Providence.
Les missions du lac Athabasca et du Mackenzie LE RESEAU DES MISSIONS
En dehors des contrees de la riviere de la Paix et du Petit lac des Esclaves, le vicariat apostolique d'Athabasca-Mackenzie se partage en trois grandes regions missionnaires pourvues chacune, en 1871, de missions centrales. La region du sud, c'est-a-dire du lac Athabasca, est centree sur la mission de la Nativite, la plus ancienne des districts du Grand Nord. Elle s'occupe principalement des Chipewyans et Cris. Sa desserte du Fond-du-Lac, etablie en faveur d'un groupe important de la tribu des Mangeurs de caribou, devient, en 1875, mission residentielle.
124
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
La region du centre s'etend au vaste bassin du Grand lac des Esclaves, occupee par les Esclaves, Plats-cotes-de-chien et Couteaux-jaunes. En 1871, elle possede comme missions principales, Saint-Joseph de Fort Resolution et, fondee plus tard, Providence, qui supplanta en importance sa devanciere, Fort Resolution. L'etablissement de missionnaires residants s'imposa dans plusieurs de ses dessertes. Ainsi recoivent des missionnaires a poste fixe : la florissante mission des Plats-cotes-de-chien de Fort Rae, en 1873, celles de Fort Liard, en 1875, de Fort Smith, en 1876 et, sur la fin de la periode, Fort Simpson, en 1894 et Fort Wrigley, en 1897. La region du bas Mackenzie s'etend sans limites vers le pole nord et comprend le Yukon. Sa population clairsemee se compose d'Indiens principalement des tribus de Peaux-de-Lievre et de Loucheux, et d'Inuit. La mission centrale, Fort Good Hope, est situee pres du Cercle polaire. Deux de ses dessertes recurent la presence permanente de missionnaires : Fort Norman, en 1875, et Arctic Red River, en 1892. A la toute fin de la periode, en 1898, etait etablie la residence de Dawson City, au Yukon, en faveur principalement des mineurs. Trois peres et un frere l'inaugurent. Le reseau de missions compose de quatre missions principales en 1871, s'est done agrandi de neuf nouvelles missions avec pretres residants. Le nombre des missionnaires, de vingt et un, dont cinq freres6, en 1873, passe a quarante-six, dont vingt-trois freres7, en 1899. PROGRES DANS L'EVANGELISATION
A la fin du siecle, le succes dans l'evangelisation des indigenes dans l'Athabasca-Mackenzie est presque complet en plusieurs points du territoire, mitige ou parfois nul en d'autres, au temoignage des pasteurs du temps, M gr Clut et M gr Grouard. Dans la region du lac Athabasca A la Nativite, l'ainee des missions du Grand-Nord, «la population indigene est entierement catholique, malgre la presence d'un ministre et d'un maitre d'ecole protestants»8. Dans la mission du Fond du Lac, «la population entiere des Mangeurs de caribou est maintenant catholique»9. Les Chipewyans et les Metis de la mission Saint-Isidore, a Fort Smith, egalement «sont tous catholiques»10. Dans le district du Mackenzie, de remarquables succes sont aussi enregistres. A la mission Saint-Joseph, de Fort Resolution, la premiere etablie dans le district, la population demeure fermement catholique malgre la presence d'un ministre protestant 11 . Autour du Grand lac des Esclaves, la population nombreuse et tres chretienne des Plats-cotes-dechien demeure fidele aux missionnaires catholiques12.
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
125
Ainsi, constate M§r Grouard, en 1893, grace a Dieu, les populations des contrees des grands lacs Athabaska et des Esclaves sont exclusivement catholiques. II nous faut arriver au Fort Simpson pour trouver le premier sauvage protestant 13 . Du poste de Fort Simpson jusqu'au Nord travaillent parfois cote a cote missionnaires catholiques et missionnaires anglicans. Les Indiens qui frequentent la mission de la Providence, a proximite du fort Simpson, citadelle des protestants, «sont, en general, fort apathiques», releve M§r Grouard 14 . Ceux de la mission de Sainte-Therese, au Fort Norman, habitant les bords du fleuve Mackenzie ou les bords du Grand lac de l'Ours, sont catholiques, bien que la mission protestante de Fort Norman ait «quelques adeptes parmi les gens du fleuve»15. Les Peaux-de-Lievre, les gens de la Montagne ou Loucheux aupres desquels se devoue, depuis 1861, le pere Seguin, de la mission de Fort Good Hope, sont gagnes a la foi catholique16. Le pere Alarie Giroux, missionnaire des Loucheux, de 1889 a 1905, a Fort McPherson, a 225 kilometres au nord de Fort Good Hope, ne manque pas de consolations. En effet, si une partie de la tribu qu'il dessert demeure protestante, la partie catholique manifeste une ferveur admirable 17 . Cependant, le tableau des activites missionnaires est assombri par l'echec aupres des Inuit, echec d'autant plus cuisant qu'il contrariait le vif desir des missionnaires de les convertir. Ce desir subsiste toujours. Dans le rapport au chapitre general de 1887 on lit: La gloire de notre sainte religion et de notre congregation semble nous faire aussi un devoir de nous occuper enfin, d'une maniere pratique, de la conversion des pauvres esquimaux, voisins des Loucheux. La tache serait dure, mais combien de nos sujets se sentiraient portes a se sacrifier pour cette mission18. A cet echec aupres des Inuit essuye par les peres Grollier, Seguin, Petitot ou autres, s'ajoute l'insucces aupres des Indiens du Yukon. Devances par les ministres protestants, les missionnaires catholiques ne purent, malgre d'heroiques tentatives, y etablir de mission, ni y faire de conversions d'Indiens.
126
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
LA VISITE DES CAMPS
Les missionnaires ont exerce leur apostolat aupres des Indiens tout d'abord dans les missions elles-memes, presque toutes etablies pres des postes de traite. Deux fois par an ordinairement, explique M8r Breynat, les sauvages se reunissent dans chaque poste pour l'exercice de la mission reguliere qui dure plus ou moins longtemps suivant les circonstances. C'est alors un vrai surmenage pour les peres, surmenage de jour et de nuit; ce dernier mot est de trop pour Fete, le soleil ne se couchant pas ou tres peu de temps, les sauvages l'imitent un peu et le missionnaire imite les sauvages par necessite19. En dehors de ces periodes d'affluence des Indiens a la mission, les missionnaires visitent les quelques families des environs et les chasseurs qui vont et viennent au poste de traite. Us repondent aussi aux appels des malades et des mourants, qui exigent parfois de longues courses. L'occupation principale du missionnaire, en dehors des retraites donnees a la mission meme, va a l'importante visite des Indiens dans leurs lieux de peche et de chasse. Le missionnaire circule d'un camp a l'autre, vit pres des Indiens, reste le temps necessaire pour les instruire, administre les sacrements, leur apprend a lire en caracteres syllabiques, etc. II enseigne le catechisme aux enfants qui n'ont guere l'occasion de venir a la mission et que leurs parents ne peuvent instruire serieusement20. Notons-le, pour ne pas avoir a y revenir, que ce ministere se poursuivra avec succes jusqu'aux annees 1950. Le pere Alphonse Duport, dans son rapport au chapitre general de 1926, precise que les missionnaires, dans ces visites, atteignent de petits groupements disperses de trois a vingt-cinq families, rarement moins, rarement plus, et que «c'est aupres de ces fractions eparses que s'exerce, avec fruit, le saint ministere»21. Encore, en 1953, le pere Jean Michel, vicaire des missions du Mackenzie, souligne l'importance de ces visites : «On ne peut parler d'apostolat nordique sans songer aux inevitables voyages a travers forets et lacs pour visiter nos Chretiens dans leurs quartiers ordinaires de chasse et de peche. C'est encore a l'occasion de ces voyages que le missionnaire eprouve le plus de consolations»22.
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
127
Les exigences materielles La multiplication des missions dans l'ensemble du vicariat, l'accroissement du personnel missionnaire et la progression des oeuvres exigent des ressources financieres de plus en plus abondantes et une organisation materielle plus considerable. Dans un pays encore inexploite et presque sans ressources disponibles, jusqu'aux premieres decennies du vingtieme siecle, tout doit etre importe de l'exterieur. Les moyens de transports a cette fin revetent une importance toute particuliere. L'OEUVRE DE LA PROPAGATION DE LA FOI
Les ressources financieres des missions viendront principalement, pendant de longues annees, de l'Oeuvre de la Propagation de la foi de Lyon et de Paris. Apres avoir fait siennes les missions du Nord-Ouest canadien, M gr de Mazenod, superieur general, obtint sans retard des allocations de cette Oeuvre. D'autre part, il ne negligea rien pour soutenir et favoriser cette Oeuvre si utile. Il encourageait ses missionnaires a ecrire des recits pour les pages de la revue qu'elle publiait23 et il invitait les eveques et les missionnaires, de passage en Europe, a faire connaitre l'Oeuvre et a lui susciter des generosites. Lui-meme disait qu'elle est «l'oeuvre des oeuvres»24, «la providence vivante des missions etrangeres»25, «la grande oeuvre [...] a laquelle jamais aucune autre ne pourra etre assimilee»26. De fait, M gr de Mazenod et ses successeurs, a la tete de la congregation des Oblats, obtinrent de genereux secours pour les missions du NordOuest, comme pour leurs missions en d'autres pays. Ces secours seront recus avec reconnaissance par les missionnaires. M§r Tache ecrit : «Les allocations de l'Oeuvre admirable de la Propagation de la Foi, aidees plus tard de celles de la Sainte-Enfance, ont ete nos seules ressources pendant plusieurs annees»27. S'adressant aux dirigeants de l'Oeuvre, en 1888, il affirme : «I1 est bien certain que c'est a votre Oeuvre, Messieurs, que nous devons la plus grande partie du developpement qu'ont pris nos missions» . D'autres sources financieres sont venues directement de bienfaiteurs du Canada et d'Europe, auxquels les vicaires apostoliques et les missionnaires firent appel. TRANSPORT ET RAVITAILLEMENT
Un des problemes le plus angoissant des autorites du vicariat apostolique et des missionnaires restait le transport a leurs destinataires des effets commandes chaque annee par les differentes missions du Nord. Ce trans-
128
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
La vieille mission du lac la Biche vers 1880. De g. a dr.: la chapelle, l'evechee de Mgr Henri Faraud tout au fond et la maison des Soeurs Grises. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
port, toujours aleatoire et problematique, pour certaines missions et parfois pour toutes, crea plusieurs fois des situations critiques. En 1873, le pere Valentin Vegreville ecrit du lac La Biche : «Le cher pere Gascon, au Grand lac des Esclaves, est pauvre comme Job»29. M gr Clut ajoute : «Depuis que la Compagnie ne nous rentre plus nos marchandises ellememe, nous sommes dans les transes et l'inquietude chaque annee. Nous ignorons toujours si nous allons recevoir quelque chose, ou si nous serons obliges d'aller vivre aux lievres comme les sauvages, mais encore pour cela faut-il du fil.»30 En 1875, constate avec peine M gr Faraud : «Nos missions du Nord se trouvent dans la disette. Tous les envois de l'ete passe etant restes en route» 31 . L'annee suivante, il ecrit : «Cette annee, de la RiviereRouge, la Compagnie refuse absolument tous nos bagages, meme les lettres. Elle s'engage pourtant a faire transporter nos pieces par steamer jusqu'au Fort Pitt, mais refuse les passagers»32. M gr Faraud, fixe au lac La Biche, porte d'entree des marchandises pour les missions du Nord, s'occupa personnellement de 1869 a 1889, de la distribution et du transport des effets pour les missions. La Compagnie de la Baie d'Hudson ayant cesse ses services, il utilisa les moyens que le vicariat
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
129
apostolique lui-meme s'etait donnes en etablissant la mission du lac La Biche. Cependant, en 1887, la Compagnie, apres avoir adopte une nouvelle route pour atteindre le Nord, se montra disposee a reprendre le transport pour les missions. M§r Faraud accepta ses services33. Ce dernier remettait a M§r Grandin, en 1890, la direction de la mission du lac La Biche. LES BATEAUX A VAPEUR
M8r Emile Grouard, devenu vicaire apostolique d'Athabasca-Mackenzie, en 1890, se vit dans l'obligation de prendre de nouvelles decisions concernant le transport de l'approvisionnement des missions. La Compagnie de la Baie d'Hudson elevait d'annee en annee le prix de ses services et n'assumait aucune responsabilite sur les objets qui lui etaient confies. Le transport restait encore incertain, pouvait meme ne pas s'effectuer, au moins partiellement. Encourage par ses missionnaires, le prelat dota son vicariat des moyens propres a assurer le ravitaillement de ses missions. II ecrit a ses missionnaires, en 1892 : Je vous avais consultes sur la question de nos transports. Dans une affaire si grave je ne voulais rien innover temerairement. Je suis heureux de vous annoncer que, conformement a la majorite de vos sentiments, j'ai prepare les voies a un systeme d'approvisionnement entierement sous notre controle 34 . II equipa le vicariat de deux bateaux a vapeur. Le premier, designe sous le nom de Saint-Joseph, en activite en 1893, navigue du Fort McMurray au portage de Fort Smith, et le deuxieme, le Saint-Alphonse, en 1895, franchit les quelque 1,300 kilometres entre Fort Smith et Peel River, au delta du Mackenzie35. Au chapitre general de 1898, le prelat pouvait affirmer que son entreprise apporta une economie qui lui permit de fonder et de maintenir de nouvelles oeuvres de la plus haute importance 36 . Quelques annees plus tard, en 1903, un autre bateau a vapeur, le Saint-Charles, construit a Fort Vermilion, navigua sur la riviere de la Paix jusqu'aux montagnes Rocheuses. Les talents et le devouement des freres oblats realiserent ce projet d'envergure; ils construisirent les bateaux et fournirent capitaines, mecaniciens et equipage37. Ce systeme de transport par bateau pour le ravitaillement des missions sera utilise jusqu'a l'arrivee d'un transport public regulier, vers le milieu du siecle.
130
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
EXIGENCES IMPLACABLES DE L'EXISTENCE MATERIELLE
Les approvisionnements venant de l'exterieur sont loin de supprimer toutes les preoccupations et les taches manuelles des missionnaires. Perdus dans une contree presque sans ressources alimentaires quotidiennes, sinon la peche, la chasse et quelques chetifs jardins; exposes, d'autre part, a un climat rigoureux, mortel meme pour qui ne peut s'en proteger, les apotres du Grand Nord, coute que coute, doivent se livrer constamment a de durs travaux manuels pour assurer leur survie et le developpement de leurs oeuvres. Dans chaque poste de missions, ils pourvoient aux besoins quotidiens. Dans les missions plus importantes, comprenant des etablissements d'ecoles-pensionnats, la tache est beaucoup plus lourde, car il faut assurer la nourriture et l'entretien a de nombreuses personnes. Sans le secours des freres, ces dernieres oeuvres «seraient impossibles))38. Les freres se firent jardiniers lorsque quelques coins de sol le permettaient, chasseurs, pecheurs, bucherons, batisseurs et hommes a tout faire pour approvisionner en nourriture et en bois de chauffage les institutions et pour assurer leur entretien. Les vicaires apostoliques ne cesseront de reclamer de ces bons ouvriers aupres des autorites de la Congregation et en recruterent plusieurs eux-memes. De fait, le nombre de freres dans les missions du Nord sera parfois plus eleve que celui des peres. Ces dures exigences du travail manuel des missionnaires subsistaient encore a la fin du siecle dernier. Mgr Grouard ecrit, en 1898 : Les soucis de l'existence materielle, la lutte pour la vie prennent une tres grande part dans nos occupations, et qu'on veuille bien remarquer qu'il ne s'agit pas seulement de se procurer quelque bien-etre ou de vivre plus ou moins confortablement, cela ne vaudrait pas la peine d'en parler; mais il s'agit reellement de ne pas mourir de faim et de froid. Personne n'est done dispense du travail s'il veut vivre dans nos missions39.
Face a deux urgences UNE MISSION EN ALASKA
Les missionnaires du Mackenzie, dans leur zele, desiraient porter l'Evangile aux autochtones du Yukon et meme de l'Alaska. Deja, en i860, le pere Grollier avait ecrit: «Si Dieu me prete vie, je me propose d'aller bien-
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
131
tot moi-meme au Yukon et jusqu'a l'Alaska, a travers les forets de l'Amerique russe»40. Le pere Seguin, a l'invitation de M gr Grandin, se rendit en Alaska, passa l'hiver 1862-1863 au Fort Yukon sans obtenir de succes, en raison du milieu fanatise contre le pretre. Le pere Petitot s'y rendit en 1870, sans pouvoir faire d'etablissement. Voici qu'apres l'achat du territoire de l'Alaska par les Etats-Unis, en 1867, les popes russes, qui l'occupaient, se retirent. Le pays reste ouvert aux missionnaires catholiques. M gr Clut vit l'urgence d'etablir la presence de missionnaires dans ce territoire voisin du vicariat d'AthabascaMackenzie. Une circonstance favorable l'invita a agir. Deux Canadiens francais catholiques influents, les freres Francois et Moise Mercier, etaient presents dans le pays. Le premier, charge d'un poste important, y invitait les pretres catholiques41. M gr Faraud autorisa M gr Clut a tenter la fondation d'une mission en Alaska42. L'intrepide M gr Clut decida d'y aller lui-meme avec le missionnaire designe pour cette fondation, afin d'etre en mesure de proceder sans retard et de facon convenable a la fondation desiree43. II se mit done en route, avec l'abbe Auguste Lecorre, missionnaire choisi pour cette mission, en raison de son zele et de sa grande aptitude a apprendre les langues. Les deux missionnaires, arrives a l'automne 1872 a Fort Yukon, y passerent l'hiver, accueillis cordialement par M. Moise Mercier. Mais ils ne purent agir aupres des indigenes fortement prevenus contre les pretres catholiques. Des le 15 mai, ils se mirent en route vers le poste de Nuklukayet, ou les recut M. Francois Mercier, qui les accompagna jusqu'a Saint-Michel, sur le detroit de Bering. Une mission fut etablie a cet endroit. Ce fut le premier poste de l'Eglise catholique en Alaska. M gr Clut quittait File Saint-Michel, le 7 juillet 1873, pour rentrer au Mackenzie, laissant l'abbe Lecorre, en charge de la mission. Convaincu que le moment favorable etait venu d'etablir l'Eglise en Alaska, le prelat multiplie les demarches pour que ce territoire soit pris en charge le plus tot possible, soit par les Oblats, soit par d'autres, et qu'il soit erige en prefecture ou en vicariat apostolique44. Les projets nourris par M gr Clut ne purent etre realises par les Oblats. M Faraud, ayant appris que le territoire de l'Alaska avait deja ete rattache au diocese de File de Vancouver, rappela l'abbe Lecorre45. D'ailleurs, a ce moment, la congregation des Oblats ne pouvait que difficilement accepter ce nouveau champ missionnaire46. Plus tard, en 1881, a la demande de M§r Jean-Baptiste Blondel, eveque de Victoria, M gr Simeoni, prefet de la Propagande, offrit aux Oblats du Mackenzie le territoire de l'Alaska. Le conseil general accepta, a la condition que M gr Faraud soit gr
132
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
appele a donner son avis et son consentement. L'affaire n'eut pas de suite47. LES MINEURS DU KLONDYKE
Nombre de catholiques etaient meles a la foule des chercheurs d'or qui, a la fin du siecle dernier, se precipiterent vers la riviere Klondyke et ses affluents, au Yukon. M§r Grouard, alors vicaire apostolique d'AthabascaMackenzie, dont la juridiction s'etendait au Yukon, s'en preoccupa iramediatement, d'autant plus qu'il savait ces chercheurs d'or exposes a bien des dangers. II ecrit: Les ames de ces Blancs sont aussi precieuses que celles des sauvages que nous sommes venus evangeliser. Nous leur devons par consequent les moyens de salut et il est d'autant plus urgent de les leur donner qu'infailliblement un grand nombre vont tomber victimes de la misere, des maladies, du froid et de la faim48. N'ayant pas de missionnaires en nombre suffisant pour repondre aux besoins de cette nouvelle population, le vicaire apostolique fit appel a la collaboration de M§r Adelard Langevin, archeveque de Saint-Boniface. Ce dernier obtint de la province oblate du Canada-Est le concours du pere Edmond Gendreau, qui fut nomme par MSr Grouard vicaire general pour le Yukon, et du frere Auguste Dumas. M gr Langevin lui-meme ceda a la nouvelle mission un de ses pretres seculiers, l'abbe Ozias Corbeil. Pour sa part, M8r Grouard y envoya le pere Camille Lefebvre, le premier Oblat a arriver sur les lieux, en Janvier 1898, puis le pere Alphonse Desmarais. Ce dernier, avec le pere Gendreau et le frere Dumas, arrivaient au Yukon a l'ete 1898. Le pere Desmarais et le frere Dumas furent charges immediatement de batir une maison-chapelle a Selkirk, siege des representants du gouvernement et lieu de residence de soldats catholiques. Peu apres, la localite fut presque abandonnee. Le pere Gendreau s'occupa de la paroisse de Dawson City. II regla tout d'abord le transfert au vicariat d'AthabaskaMackenzie de l'etablissement que le pere Charles Judge, jesuite, missionnaire en Alaska, y avait inaugure l'annee precedente. Le pere Rene, jesuite, prefet apostolique d'Alaska, avait meme fait, mais sans succes, des demarches a Rome pour adjoindre cette partie nord du Canada a sa prefecture apostolique 49 . Cette delicate affaire reglee, le pere Lefebvre et le frere Dumas inaugurerent une mission dans la ville naissante de Whitehorse, terminus d'un chemin de fer venant du port de mer de
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
133
Skagway (Alaska), par ou arrivait le grand nombre des chercheurs d'or. Une belle eglise dediee au Sacre Coeur de Jesus y fut erigee. Les peres Aloysius Lebert, Gottfried Eichelsbacher et Emile Bunoz se joignirent bientot aux premiers missionnaires. En plus de la paroisse de Whitehorse, trois centres principaux avec missionnaires residants furent ouverts dans le pays des mines : Dawson City, Bonanza et Dominion Creek. La majorite des catholiques desservis se composait de Canadiens franc,ais et d'une proportion respectable d'Irlandais50. Le pere Gendreau precise qu'en octobre 1898, il y a «au moins quinze mille catholiques, dont la moitie se compose de Canadiens francais; l'autre moitie parle l'anglais, mais compte beaucoup d'Allemands»51. «Nos peres, ecrit M§r Grouard, se mirent aussitot a l'oeuvre et conquirent rapidement l'estime et la sympathie des catholiques et des protestants»52. Us exercent un ministere paroissial avec de frequentes visites chez les mineurs catholiques disperses sur les differents creeks. Le pere Bunoz succeda, en 1902, au pere Gendreau oblige de se retirer pour raison de sante. Les services du frere Dumas, habile en menuiserie et en plusieurs autres metiers, furent requis, en 1901, au vicariat d'Athabasca-Mackenzie, ou il se devoua jusqu'a sa mort 53 .
Page laissée blanche intentionnellement
Les missions d'Athabasca-Mackenzie,
9
1901-1967
Division du vicariat
d'Athabasca-Mackenzie
MOTIFS D'UNE DIVISION
Au debut du vingtieme siecle, M8r Grouard, vicaire apostolique d'Athabasca-Mackenzie, jugeait necessaire la division de son immense vicariat apostolique. Tout a fait au nord du vicariat, dans le lointain Yukon, a surgi une population catholique evaluee a 15 000 personnes, qui doublait au moins celle du reste du vicariat. Dawson City en est le centre. Dans le sud du vicariat, les regions de la riviere de la Paix et du Petit lac des Esclaves, qui s'ouvrent a la colonisation, attirent deja nombre de Blancs. Au retour d'un voyage a Dawson City, en 1899, le prelat declarait qu'il lui etait impossible d'administrer un vicariat apostolique d'une si vaste etenduo) 1 . Au chapitre general de 1904, il ajoutait, «surtout dans les conditions nouvelles ou le district d'Athabasca allait se trouver par suite de l'immigration des Blancs; ce qui devait creer de grandes preoccupations afin de sauver l'avenir de l'Eglise dans ce pays»2. A la requete presentee par M§r Langevin, archeveque de Saint-Boniface et metropolitain, Leon XIII, le 22 juillet 1901, erigea en vicariat apostolique la partie nord du vicariat d'Athabasca-Mackenzie, c'est-a-dire, celle au-dela du 6oe degre de latitude. Le nouveau vicariat, qui comprend le Yukon, recut le nom de Mackenzie et fut confie au pere Gabriel
135
136
c>
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
*^ Mgr Emile Grouard, o.m.i. (1840-1931). Arrive dans l'Ouest canadien en 1862, il exerca son ministere dans le Nord et fut nomme vicaire apostolique d'AthabascaMackenzie en 1890, puis d'Athabasca (Grouard), en 1901. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
137
Breynat, eleve a l'episcopat. En 1904, un eveque, vingt-deux peres et seize freres, repartis en dix missions3, composaient le personnel oblat de ce nouveau vicariat. Le vicariat apostolique d'Athabasca-Mackenzie, n'incluant plus le district du Mackenzie, est designe sous le simple nom d'Athabasca et reste confie a M§r Grouard. En 1901, son personnel, compose de trente-sept Oblats, dont deux eveques, dix-sept peres et dix-huit freres, se devoue en six missions principales4. Quelques modifications importantes de territoire et de nom de ces deux vicariats d'Athabasca et du Mackenzie, survenues apres leur fondation en 1901, sont a signaler pour comprendre leur histoire. En 1908, le Yukon est detache du vicariat du Mackenzie; en 1927, la region du lac Athabasca passe du vicariat d'Athabasca a celui du Mackenzie et le vicariat d'Athabasca prend le nom de Grouard; et enfin, en 1944, la partie du vicariat de Grouard situee en Colombie-Britannique est transferee aux vicariats de Prince Rupert et de Whitehorse. VICARIATS DES MISSIONS
Au plan religieux les missionnaires du nouveau vicariat apostolique du Mackenzie furent constitues en vicariat des missions place sous la direction du vicaire apostolique lui-meme.
Le vicariat apostolique d'Athabasca (Grouard) LA COLONISATION A L'HORIZON
M§r Grouard connaissait depuis longtemps la valeur agricole des regions de la riviere de la Paix et du Petit lac des Esclaves. Pour avoir participe a une commission du gouvernement canadien chargee d'etudier le projet d'un chemin de fer allant d'Edmonton au Petit lac des Esclaves et a la riviere de la Paix et eventuellement plus au nord, il n'ignorait pas les developpements projetes dans la region. II affirmait aux capitulants de 1898 que toute la partie sud-ouest de son vicariat s'ouvrira incessamment a la colonisation et qu'elle y est parfaitement adaptee5. L'annee suivante, en 1899, le gouvernement canadien passait un traite par lequel, moyennant certaines sommes d'argent et des avantages offerts aux Indiens, il obtenait d'eux le droit de disposer des terres de leur contree. M gr Grouard, comme pasteur, apprehende les consequences de la colonisation dans cette partie de son vicariat. II confie aux capitulants de 1904:
138
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
Ce pays va s'ouvrir aux Blancs. J'ai passe quarante-deux ans avec nos sauvages et je redoute pour eux l'arrivee de ces Blancs qui ne leur apprendront rien de bon; je le redoute pour moi, qui ne suis point du tout au fait des nouvelles organisations qu'ils vont introduire, suppose qu'ils soient chretiens; et s'ils ne le sont pas, je crains que tout ce grand et beau pays ne soit perdu pour l'Eglise. II faudrait done diriger de ce cote des colons catholiques, fonder des paroisses, des ecoles, etc.; tout cela m'epouvante et je l'avoue, je suis tente de me derober a cette tache6. LE FLOT DES IMMIGRANTS
Le mouvement d'immigration et de colonisation commence dans les premieres annees du vingtieme siecle ira en s'accentuant, surtout apres l'ouverture, en 1914, du chemin de fer venant d'Edmonton. M^r Grouard fit face a la situation. II voulut recevoir le plus possible dans son vicariat des immigrants catholiques et canadiens-francais et, pour mieux y reussir, il obtint la nomination officielle, par le gouvernement canadien, du pere Henri Giroux comme missionnaire colonisateur7. Celui-ci se mit immediatement a l'oeuvre. En 1912, il amenait un premier groupe de colons qui se fixa a un endroit designe sous le nom de Falher. De 1911 a 1922, le missionnaire parcourt la province de Quebec, visite les francophones des Etats-Unis, tout en s'interessant aux colons rendus sur place, qu'il a deja recrutes8. Sous la poussee de la colonisation devaient surgir, dans la region du Petit lac des Esclaves, les centres de Falher, Donnelly, Girouxville, McLennan, Tangent, Jean-Cote, Guy, etc.; dans la region de la riviere de la Paix : Peace River, Spirit River, Grande Prairie, Fairview, Friedenstal et autres. La colonisation arriva plus tardivement et de facon moderee dans la region du Fort Vermilion. La population blanche dans le vicariat ne cessa d'augmenter par sa propre expansion naturelle et l'arrivee de nouveaux venus. Bientot, elle depassa largement en nombre celle des Indiens et des Metis, dont le developpement demeurait lent. LE SERVICE PASTORAL AUX BLANCS
En invitant des immigrants catholiques et canadiens-francais, le pasteur du vicariat prit les dispositions pour les regrouper en certaines localites et leur offrir les services religieux : pretres residants, eglises, ecoles, etc. Des quasi-paroisses y furent erigees. Pour desservir les catholiques de langue allemande qui se groupaient surtout autour de certains centres, tels Friedenstal et Fairview, il fit appel aux Oblats de nationalite allemande et
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
139
polonaise deja presents dans l'Ouest canadien. Son successeur, M§r Joseph Guy, obtint, en 1932, le concours des Redemptoristes de langue anglaise, a qui il confia l'important centre de Grande Prairie, ou bon nombre de catholiques anglophones s'etaient fixes. Enfin, pour la charge des paroisses qui se multiplient, les vicaires apostoliques recurent quelques pretres seculiers et favoriserent la formation d'un clerge diocesain. Le travail des Oblats, comme celui des pretres seculiers et des Redemptoristes, pendant plusieurs annees, en fut un de pionniers et de fondateurs de paroisses. Ces missionnaires n'avaient que des ressources tres modestes la plupart du temps. Plusieurs doivent vivre seuls, dans des demeures parfois depourvues de tout confort. Encore en 1959, cures comme missionnaires sont soumis a de multiples exigences materielles, comme le souligne le pere Majorique Lavigne, provincial: Voyages par des chemins souvent ou boueux, ou enneiges, ou glaces; entretien de leur eglise, de leur maison; coupe du bois de chauffage; construction et amelioration de leurs batisses; preparation de leurs repas; souci de leurs finances. Autant de choses qui leur enlevent un temps qu'ils pourraient, avec beaucoup d'avantages, employer a la predication, au catechisme [etc.]9. LE DIOCESE DE GROUARD
L'Eglise, depuis le debut du siecle, a parcouru un long chemin dans les regions de la riviere de la Paix et du Petit lac des Esclaves devenues exclusivement territoire du vicariat apostolique de Grouard, en 1927. Aux premieres annees, son action se portait sur une population restreinte de Metis et d'Indiens. Elle desservait cinq missions avec pretres residants et quelques postes. Le fort mouvement de colonisation et d'immigration des annees suivantes a change completement le pays et la population. En 1967, le territoire renferme 80 000 personnes, en tres grande majorite des Blancs, parmi lesquelles 31 011 sont catholiques10. Des quasi-paroisses, des ecoles, des couvents-pensionnats sont etablis, ainsi qu'un college a Falher, en 1951, pour former une elite de langue franchise dans la region11. Les Oblats demeurent les principaux artisans clercs de cette Eglise du Nord. En 1967, ils sont au nombre de cinquante-deux peres et de dix-sept freres. Leur responsabilite missionnaire s'exerce en pratique, dans «la desserte d'une trentaine de postes dont dix-sept sont des quasi-paroisses, quatre, des ecoles indiennes residentielles, les autres, des missions indiennes et metisses, plus un college pour les garcons de langue francaise»12. La plupart de leurs postes aupres des Blancs, excepte l'im-
140
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
portante paroisse de Girouxville, comptent de 300 a 500 fideles et passent graduellement du statut de mission a celui de paroisse. Us ont la charge de presque tous les Indiens et Metis, c'est-a-dire, de 8 500 sur 10 000 environ, et d'une population blanche d'environ 6 000 formant un total d'environ 14 500 catholiques. En plus de ces Oblats appartenant au vicariat des missions de Grouard, cinq ou six confreres, relevant de la province St. Mary, s'occupent du district allemand de Peace River, qui comprend cinq paroisses. Des collaborateurs et collaboratrices se devouent a cote des Oblats. En 1967, douze pretres seculiers dirigent d'importantes paroisses et desservent un hopital, quatre Redemptoristes desservent le vaste district de Grande Prairie et douze communautes de femmes offrent le concours de deux cent vingt-neuf religieuses. Soixante-dix-neuf de ces dernieres appartiennent a la communaute des soeurs de la Providence, deja presente au debut du siecle, et cinquante-six a celle des soeurs de SainteCroix13. Le 22 juillet 1967, le vicariat est eleve au rang d'archidiocese sous le nom de Grouard-McLennan. II reste confie a M§r Henri Routhier, vicaire apostolique, promu alors au rang d'archeveque. L'archidiocese a comme suffragants les vicariats de Prince George, de Mackenzie-Fort Smith et de Whitehorse devenus dioceses, le meme jour.
L'Evangile chez les Inuit LES TENTATIVES ANTERIEURES A 19OO
L'evenement missionnaire marquant de la premiere moitie du vingtieme siecle, au Mackenzie, fut la fondation de missions en pays inuit. Des tentatives d'evangelisation de ces indigenes ont deja ete faites. Le pere Henri Grollier les a rencontres au Fort McPherson, en i860, et en avait baptise quatre. Le pere Emile Petitot, le premier missionnaire a se rendre dans le pays meme des Inuit, a visite Fort Anderson, en 1865, lieu de rassemblement de six a sept cents Inuit, et poussa sa course vers la baie Liverpool. En 1868, apres une visite aux Inuit de Fort McPherson, il gagna de nouveau leur pays, sur la mer Arctique, a l'ouest de l'embouchure du Mackenzie. En 1869, l'infatigable missionnaire entreprenait un dernier voyage au pays des Inuit. Partout, la parole du missionnaire tomba dans un sol totalement aride. L'influence des «shamans», le peu de confiance que les Inuit montrent pour tout ce qui n'est pas de leur race, et l'enracinement de leurs coutumes et moeurs expliquent cet insucces14.
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
141
Plus tard, en 1892, le pere Camille Lefebvre, assigne a la mission de Fort McPherson, devenait missionnaire des Inuit du Mackenzie. II se rendit dans leur contree : deux fois dans l'ile Richards et trois fois a File Herschel. Son zele ne fut pas plus couronne de succes que celui de ses predecesseurs. M§r Grouard, devant le pressant besoin de missionnaires a Dawson City, en 1898, y envoya ce dernier missionnaire et ainsi se termina la tentative d'evangelisation des Inuit du Mackenzie, au siecle dernier. LA MISSION D'AKLAVIK
Les missionnaires du Mackenzie, nourrissaient l'ambition de reprendre la mission des Inuit; ils regardaient meme la reprise de cette mission comme «absolument necessaire et tres opportune» 15 . Le pere Alphonse Duport, administrateur apostolique du vicariat du Mackenzie, de 1924 a 1927, mit a execution le projet d'une fondation missionnaire en pays inuit. Le poste d'Aklavik, situe sur une ile de 1'embouchure du Mackenzie, parut un bon endroit pour cette mission. II etait devenu, dans les premieres decennies du siecle, un centre commercial et administratif important. Le gouvernement canadien y avait etabli des bureaux et les Compagnies de la Baie d'Hudson et de Northern Trading, des magasins de traite. Bon nombre des quelque trois cents a trois cent cinquante Inuit du Delta y viennent deux ou trois fois par annee pour la traite. Le pere Fallaize16, envoye sur les lieux en 1923, choisit l'endroit de la future mission. L'annee suivante, le frere Wilhelm Beckschaefer, aide de confreres, prepara la fondation et, en 1925, la mission etait ouverte. Le pere Joseph Trocellier en fut le fondateur et le premier superieur. Des religieuses, Soeurs Grises de Montreal, arriverent, l'annee meme, pour ouvrir une ecole-pensionnat et un petit hopital 17 . Le groupe d'Inuit, qui frequentait l'estuaire du fleuve Mackenzie lors des premiers essais d'evangelisation, etait presque completement disparu a la suite d'epidemies. II etait remplace par des Inuit, plutot metis, venant de la cote Arctique ouest et meme de l'Alaska18. Ces Inuit sont «en grande majorite protestants»19 et sont indifferents envers la religion catholique. «Sans nous etre hostiles, et meme en nous appreciant et en nous aidant a l'occasion, ils sont et semblent vouloir rester protestants»20. D'ailleurs une mission protestante etait deja etablie a Aldavik. II y aura peu de catholiques chez ces Inuit. D'autre part, les missionnaires exercent leur zele aupres des Loucheux qui frequentent le poste. Lorsque le gouvernement canadien transfera, en 1958, la localite d'Aklavik a un nouvel endroit appele Inuvik, les missionnaires suivirent le groupe de fideles qui s'y transporta et y ouvrirent une mission.
142
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
CHEZ LES INUIT DU CUIVRE
Avant meme l'etablissement de la mission d'Aklavik, une autre fondation inuit etait en voie de realisation en faveur des Inuit du cuivre disperses dans la region du fleuve Coppermine et des iles arctiques. L'histoire de cette fondation est longue, parsemee d'epreuves et, selon la tradition oblate, marquee meme par le sang de martyrs. Un traiteur, de religion protestante, J. Hornby, venu a la mission de Fort Norman, invitait un missionnaire a la rencontre que tiennent les Inuit du cuivre avec les Indiens, l'ete, au nord-est du Grand lac de l'Ours. II offrait meme ses services pour guider et aider le missionnaire. Heureux de cette offre, le pere Fran^ois-Xavier Ducot, directeur de la mission, la recommanda fortement a M gr Breynat. Le pere Jean-Baptiste Rouviere, age de trente ans, missionnaire a Fort Good Hope, fut designe pour cette importante expedition. II recut le mandat d'entrer en relation avec les Inuit, d'apprendre leur langue et de leur faire connaitre la religion. Accompagne de M. Hornby, le pere Rouviere quitta Fort Norman le 10 juillet 1911, parvint au lieu de la reunion des Inuit et des Indiens. II avait rencontre de cent cinquante a deux cents Inuit lorsqu'il quitta l'endroit, en octobre, pour passer l'hiver sur les bords du Grand lac de l'Ours. En avril suivant, il vint au Fort Norman chercher le compagnon qui lui etait assigne, le pere Guillaume Le Roux. Les deux missionnaires rencontrerent encore les Inuit, a l'ete de 1912 et de 1913. Dans le but d'ameliorer leurs connaissances des Inuit et de leur langue, les deux missionnaires songerent a jeter les bases d'un etablissement en pays inuit. Us sont encourages par un brave capitaine de goelette, Joe Bernard, Canadien francais, qui circule dans le pays des Inuit. Celui-ci les informait, dans une lettre du 30 aout, que les Inuit du cuivre sont nombreux a l'embouchure du Coppermine et qu'ils «sont de braves gens». A son avis, une mission devrait y etre etablie et devancer celle des protestants 21 . DEUX MARTYRS
Le dernier message des deux missionnaires, avant leur depart pour Coppermine, est adresse a M gr Breynat. II est du pere Rouviere qui ecrit : «Je vous envoie ce mot de Joe Bernard. II nous decide tout a fait. Nous allons partir. Benissez-nous, Monseigneur. Et que Marie nous garde et nous dirige!»22. Ce que nous savons des missionnaires dans la suite vient des debris du Journal du pere Rouviere trouve sur les lieux de son assassinat, des depositions et aveux des meurtriers et de renseignements recueillis aupres des Inuit.
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
143
Les missionnaires sont partis du lac Imerenik, le mercredi 8 octobre 1913, avec une bande d'Inuit. Arrives a la mer Arctique, douze jours plus tard, ils trouverent les Inuit aux prises avec une grande famine. Le pere Rouviere ecrit dans son Journal : «Nous sommes menaces de famine; aussi, nous ne savons que faire»23. Les deux missionnaires furent invites a retourner chez eux. Rejoints en chemin par deux Inuit, Sinnissiak et Ouloukssak, ils furent assassines : le pere Le Roux, a coups de couteau, le pere Rouviere, tire au fusil. Le crime fut commis entre le 28 octobre et le 2 novembre 1913, a une trentaine de kilometres de l'ocean Arctique, sur la rive gauche du Coppermine 24 . LE SUCCESSEUR DES DEUX MARTYRS SE NOIE
Le pere Joseph Frapsauce, de Fort Norman, avait deja fait trois voyages au pays des Inuit du cuivre, en 1915-1916, en 1917 et en 1917-1918. A son dernier voyage, il avait ramene une famille inuit : le pere, la mere, un garconnet et une fillette, qui passerent l'hiver 1918-1919 a Fort Resolution. A la reunion du conseil vicarial de juin 1919, il etait definitivement choisi pour continuer l'apostolat chez les Inuit du cuivre. On lui adjoignit le frere Benoit Meyer-Marguerit. M§r Breynat ecrivait en 1920 : Sur les instances de tous les Peres du vicariat, et pour ne point perdre, au profit des ministres protestants, qui nous harcelent jusque dans ces deserts glaces, le terrain gagne au prix du sang de nos martyrs, nous rouvrimes la mission, il y a deux ans 25 . Le pere et le frere s'occuperent tout d'abord, en 1919, de reconstruire la mission, au fond du Grand lac de l'Ours. L'annee suivante, le frere Meyer alia au devant du pere Pierre Fallaize, missionnaire depuis sept ans a Fort Resolution, designe comme compagnon du pere Frapsauce. II revint avec lui en octobre. Cependant, le frere et le nouveau missionnaire ne trouverent point le pere Frapsauce a la mission. Quelques jours plus tard, le 25 octobre, ils durent constater qu'il s'etait noye, en pechant. Nouveau deuil et grande epreuve pour la mission. Un autre missionnaire disparaissait et apportait avec lui la connaissance deja acquise des Inuit et de leur langue. Dix annees de labeur au champ des Inuit du cuivre, trois victimes, et tout est a recommencer, ou presque. LA CONFIANCE DES INUIT ACQUISE
Le pere Pierre Fallaize, sans experience du monde des Inuit, prit done la charge de la mission du Grand lac de l'Ours, placee sous le vocable de
144
LE
DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
Notre-Dame du Rosaire. La premiere annee, en compagnie du frere Meyer, les cinq annees suivantes, seul. En 1920, premices de son apostolat chez les Inuit, le pere Fallaize baptise les membres de la famille qui avait passe l'hiver 1918-1919 a Fort Resolution et deux personnes a l'article de la mort 26 . Sans s'eloigner trop de la mission, ce que lui avait defendu le vicaire apostolique, il rencontre des Inuit, met toute son application a les connaitre et a percer les secrets de leur mentalite et de leur langue. A l'automne et a l'hiver de 1923, autorise a cette fin, il fait dans le pays des Inuit un long sejour de trois mois en compagnie d'une bande de soixante-quinze Inuit. Ce fut pour lui un grand moment missionnaire, puisqu'il devait y gagner la confiance des Inuit. Ce ne fut pas sans passer par de dangereuses epreuves. II ecrit : «Parfois, cependant, je me trouvais dans des impasses, qui auraient pu devenir tragiques. On me signifia un jour de m'en alien Restant aussi calme que possible, je repondis que je n'en ferais rien»27. Une autre fois, les Inuit lui dirent de ne pas depasser le lac Imerenik, car de mauvais Inuit fixeraient alors son sort. Us ajoutaient: «Cela ne te ferait-il rien, si on mettait un couteau la entre tes cotes?» «Je repondis, en souriant, aussi candidement que possible, que cela ne me ferait pas grand-chose et que surement avec le temps je depasserais Imerenik»28. II vecut des heures difficiles, car les «shamans» demeuraient mena^ants. Par sa patience et la maitrise de lui-meme, il s'imposa aux Inuit qui finirent par l'accepter et le considerer meme comme un personnage important. «Au retour de ce voyage, ecrit-il encore, j'avais acquis ma place au soleil esquimau, si Ton peut dire»29. PROJET DE FONDATION A COPPERMINE
A l'hiver de 1926 et a l'ete suivant, le pere Fallaize explora l'embouchure du Coppermine et une partie de la cote de la mer Arctique. II lui apparut que l'embouchure du Coppermine, endroit deja en vue pour la fondation de la mission des Inuit du cuivre, etait de fait le centre le mieux approprie pour l'etablissement projete30. A ce moment-la, la mission du SaintRosaire «compte une quinzaine de neophytes et un peu plus d'un millier de pai'ens, encore plus nomades que nos Indiens»31. Le jeune pere Antoine Biname, arrive au Mackenzie en 1925, lui etait destine. LA MISSION COMPROMISE
En 1926 meme, l'abandon ou du moins la suspension sine die de la mission des Inuit de Notre-Dame du Rosaire, sur le Grand lac de l'Ours, fut
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
145
decide par M§r Breynat qui jugea opportun de rapatrier le pere Fallaize. Autorise alors a se rendre en Europe, ce dernier, dans sa visite a la maison generale des Oblats, a Rome, a la fin de l'annee, ne recut que peu ou pas d'encouragements pour sa mission des Inuit. II ecrit meme : «A Rome, ou je suis alle, rien a faire—reproches a peine voiles—personne a me donner comme compagnon» 32 . A l'administration generale, on ne voulait pas devoiler ou infirmer, semble-t-il, la decision envisagee par M§r Breynat de suspendre sine die la fondation de Coppermine, dont le pere n'etait pas encore averti. Le 29 mai 1927, M^r Breynat ecrira au pere Isidore Belle, assistant general: je ne lui [pere Fallaize] ai pas dit encore qu'il est question de retarder sine die l'etablissement du poste projete a la Coppermine et consequemment d'abandonner jusqu'a de meilleurs temps notre petite mission du Rosaire. Ce sera toujours assez tot 33 . Le conseil vicarial du Mackenzie, dans sa seance de juillet 1927, devait se plier a «la decision de retarder la fondation projetee des Esquimaux», en depit des objections apportees par le pere Fallaize, present a la reunion du conseil. La raison invoquee avec insistance par M§r Breynat porte sur la penurie de missionnaires34. Le pere Fallaize fut nomme maitre des novices, a Fort Resolution. Cependant, l'administration generale, dans ses relations avec M^r Breynat, veut sauver la mission inuit. Elle l'a approuvee35; elle retarde meme l'approbation de la nomination du pere Fallaize comme maitre des novices, qui fait «conclure pratiquement a l'abandon de l'Oeuvre des Esquimaux)), esperant trouver un moyen d'«eviter une conclusion aussi desastreuse»36. On ne peut y arriver. Le pere Belle, charge du dossier, se dit «navre» de n'avoir abouti a aucun resultat pratique pour «rendre le cher pere Fallaize a sa mission et a l'Oeuvre des Esquimaux))37. UNE FONDATION PENIBLE
Sur la fin de cette meme annee 1927, M&r Breynat se ravisa. Deux lettres de Fort Resolution lui ouvrirent les yeux. Une du pere Alphonse Mansoz, qui insiste «sur la reprise immediate des oeuvres esquimaudes» et souhaite «que le R.P. Fallaize soit rendu a son oeuvre avec toute la dignite possible»38; l'autre, du pere Fallaize lui-meme, qui exprime son decouragement voyant la mission inuit compromise par le prolongement de la situation actuelle.
146
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
§r Pierre Fallaize, o.m.i. (1887-1964), fonda la mission de Coppermine en 1929 et devint eveque coadjuteur du Mackenzie en 1931. (Courtoisie des Archives de L'Apostolat, Richelieu, Que.)
Ces deux lettres, ecrit le vicaire apostolique, le 8 decembre 1927, m'ont produit l'effet d'un heureux coup de foudre! L'horizon s'est eclairci clairement. J'ai vu la possibility, malgre notre penurie de missionnaires, de faire la fondation projetee a l'embouchure de la Coppermine [...] et mieux que jamais j'ai compris la necessite d'aller de l'avant39. II demanda alors au pere Fallaize de reprendre sa mission et lui donna deux compagnons, le pere Biname et le frere Wilhelm Beckschaefer. Une premiere tentative de fondation faite en 1928 echoua. Le pere Fallaize explique : un ministre anglican allait precisement, cette annee-la, s'etablir «a notre place, a Coppermine»; le passage sur le bateau de la Compagnie de la Baie d'Hudson fut refuse aux missionnaires catholiques; le vieux bateau achete par M§r Breynat pour transporter les missionnaires et le materiel de la construction de la mission ne put tenir la mer et prit
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
147
Le pere Lucien Delalande, o.m.i. (1901-1962) et ses premiers amis de Coppermine. (Courtoisie des Archives de L'Apostolat, Richelieu, Que.)
eau, de sorte que l'expedition se termina a mi-chemin, a Letty Harbour. On y eleva la maison destinee a Coppermine 40 et les missionnaires y passerent l'hiver. «Resultat, conclut le pere Fallaize, deux precieuses annees de perdues pour les Esquimaux du cuivre»41. L'etablissement de la mission de Coppermine ne se fera qu'en 1929, par le pere Fallaize et le frere Leopold Berens. Cependant, observe le pere Fallaize, «les Esquimaux qui nous etaient auparavant sympathiques, avaient ete fortement prevenus contre nous et les conversions s'y sont faites avec difficulte»42. DEVELOPPEMENT DES MISSIONS INUIT
La premiere mission au pays des Inuit du cuivre etait done fondee en 1929, apres dix-huit annees d'efforts heroiques et d'epreuves diverses. D'autres postes de missions s'ouvrirent dans la suite : Burnside (devenu
148
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
Rassemblement d'Inuit a Coppermine en 1935, a l'occasion de la visite du superieur general, le pere Theodore Laboure, o.m.i. qu'on reconnait au centre de la photo. (Courtoisie des Archives de L'Apostolat, Richelieu, Que.)
Bathurst Inlet), en 1935, abandonne dans les annees i960; Stanton, en 1937, abandonne dans les annees 1950; Holman Island, sur l'ile Victoria, en 1939; Tuktoyaktuk, en 1940; Cambridge Bay, sur Tile Victoria, en 1952, et Sachs Harbour, sur l'ile Banks, en 1963, cette derniere, la mission la plus au nord du vicariat. Les peres Lucien Delalande et Joseph Trocellier arrives en 1930, Jean L'Helgouach, en 1933, Roger Buliard et Jean Franche, en 1935, furent les premieres recrues a seconder le pere Fallaize. Les missions des Inuit avec pretre residant, dans l'ensemble du vicariat du Mackenzie, sont au nombre de neuf, en 1967 : Coppermine, Holman Island, Cambridge Bay, Arctic Red River, Aklavik, Inuvik, Tuktoyaktuk, Paulatuk et Sachs Harbour. Les statistiques etablies a l'hiver 1964-1965 donnent 522 Inuit catholiques sur une population de 2 44043.
En des temps nouveaux au Mackenzie LA VENUE DES BLANCS
La fin de la periode que nous traitons est marquee par de profondes transformations dans la vie du Grand Nord. Des Blancs penetrent dans la contree, surtout pour l'exploitation des ressources du sous-sol. Leur nombre augmente fortement apres la deuxieme guerre mondiale. Le gou-
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
149
vernement canadien cree des centres administratifs et exerce une emprise de plus en plus accentuee sur la contree. M§r Joseph Trocellier44 saisit l'ampleur et les implications de cette presence de Blancs, pour le travail des missionnaires. Jusqu'ici, ecrit-il en 1947, toutes nos oeuvres avaient vise presque uniquement a 1'evangelisation des Indiens et des Esquimaux. C'est a ce ministere aupres de quelques milliers de nomades que nos missionnaires ont consacre leur temps, leur energie et leur vie [...] Un nouveau probleme vient s'ajouter a notre sollicitude pour le ministere qui nous est confie : Farrivee des Blancs. Les mines d'or, d'uranium et les puits de petrole qu'on exploite deja, les esperances qu'ont les nombreux prospecteurs d'en decouvrir de nouvelles, les employes de compagnies de peche qui se sont etablies sur le lac Athabaska et sur le lac des Esclaves, les nombreux employes des compagnies d'aviation, les employes des compagnies de transport en ete, les employes du gouvernement qui multiplie ses bureaux dans les grands centres, tout cela nous amene de nombreux etrangers, a tel point qu'il n'est pas exagere de dire que nous avons aujourd'hui plus de Blancs que d'Indigenes45. Le pere Jean-Louis Michel, vicaire des missions, ajoute en 1953 : Les Blancs et Metis sont repandus presque partout, principalement neanmoins dans les centres administratifs et miniers : Fort Smith, Aklavik, Yellowknife, Uranium City, etc. [...] Les Indigenes sont generalement restes groupes dans les memes regions qu'habitaient leurs ancetres46. De 1953 a decembre 1958, la population des Blancs a plus que double, passant de 6 715 a 13 427. Elle depasse alors celle des Indiens, des Inuit et des Metis reunis, qui ne s'eleve qu'a 11 900 47 . Cette forte presence de Blancs influence de facon notable le mode de vie des Indiens et des Inuit attires par les avantages materiels qu'offrent les centres de Blancs48. Le pere Casterman, vicaire des missions, le note : Un des changements caracteristiques de la vie sociale des Indiens et des Esquimaux ces dernieres annees est le regroupement progressif autour des Forts et des villages, ou ils resident maintenant d'une facon quasipermanente, alors qu'autrefois ils habitaient au loin sur leur terrain de trappe et ne visitaient la mission que deux fois Fan, a Noel et en ete49.
150
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
ADAPTATION DU MINISTERE
Le ministere des missionnaires doit se diversifier et inclure desormais le service des Blancs catholiques. II s'exerce en bonne partie dans des quasiparoisses. L'action aupres des Indiens evolue elle aussi. En raison du regroupement des Indiens pres des centres de Blancs, les missionnaires cessent graduellement leurs visites dans les quartiers de chasse et de peche. Us se consacrent plutot a l'evangelisation sur place, a la mission, et se livrent a un enseignement assidu de la religion, specialement aux enfants. Le pere Haramburu, vicaire des missions, pouvait ecrire : Tous les missionnaires sont d'accord pour dire que la visite des camps, meme prolongee une ou deux semaines, ne permet pas de donner une formation profonde a nos fideles. Ce qui est plus facile, lorsqu'on les a sur place a longueur d'annee, meme si en meme temps les occasions de mal sont plus variees et plus nombreuses 50 . L'education chretienne des jeunes Indiens et Metis, assumee jusqu'ici en grande partie par les ecoles-pensionnats51 dirigees par des religieuses, devra peu a peu etre assuree autrement, en raison de l'implantation d'un nouveau systeme scolaire. Apres la guerre de 1939-1945, le gouvernement canadien fit ses premieres interventions dans le domaine de l'enseignement de la jeunesse du Grand Nord. Les Indiens et Metis seront integres progressivement au systeme scolaire organise en faveur des Blancs. L'ouverture d'ecoles du jour qu'il preconise rend graduellement moins necessaire les ecoles-pensionnats pour les Indiens et Metis. Vu le caractere neutre des ecoles gouvernementales, l'education religieuse de la jeunesse indienne, comme celle des Blancs, devra etre assuree directement par les missionnaires, soit dans les missions, dans les residences d'etudiants, ou encore par l'influence de religieuses enseignantes dans des ecoles locales. M8r Paul Piche, vicaire apostolique, fondait, en 1964, un college d'enseignement superieur preparatoire a l'universite. Cette oeuvre entendait former, chez les Indiens et les Inuit de son vicariat, une elite chretienne apte a jouer un role de leader dans le nouveau Grand Nord. Le college ouvert sous le nom de Grandin, a Fort Smith, accueillait, en 1966, quarante garcons et vingt-quatre filles. UN RENOUVEAU PASTORAL
Les progres apportes par le developpement civil du pays modifient la vie des missionnaires du Grand-Nord. Les transports devenus plus faciles et
Les missions d'Athabasca-Mackenzie
151
les moyens de communication par courrier regulier, par telephone et par radio sortent les missionnaires de l'isolement dans lequel ils etaient forcement jetes jusque-la. De nouvelles relations entre eux s'etablissent et permettent de fraterniser et de se concerter dans leur apostolat. Des initiatives significatives voient le jour. Le pere Jean Drouart, dans des visites du vicariat faites au nom du superieur general, en 1955 et en i960, met les missionnaires «sur le chemin d'une vie communautaire dans la dispersion*52. II etablit la coutume des retraites annuelles communes pour les Oblats du vicariat, dans lesquelles tous se retrouvent ensemble. «A l'occasion des premieres de ces retraites on a vu des Peres, dans le Vicariat depuis vingt et vingt-cinq ans et qui se rencontraient pour la premiere fois»53. M8r Piche, au cours de ces retraites, organise et dirige des echanges fort goutes sur la pastorale54. En outre, pour favoriser une concertation suivie et pratique entre les missionnaires, il divise son vicariat en six regions apostoliques et forme, dans chacune, un conseil de pastorale. Ces regions representent differents champs ou secteurs d'apostolat: missions inuit, missions des Indiens du sud, des Indiens du nord, paroisses, questions sociales, d'education et autres. Les missionnaires sont mis sur la voie d'un renouvellement de leur pastorale missionnaire.
Le personnel missionnaire d'Athabasca-Mackenzie, 1872-1960 REGARD D'ENSEMBLE ET STATISTIQUES
Le personnel missionnaire des deux vicariats d'Athabasca (Grouard) et du Mackenzie est passe de 20 Oblats (12 peres et 8 freres), en 1872, a 171 Oblats (109 peres et 62 freres), en i960. Au cours de la periode de 1872 a i960, 380 Oblats (245 peres et 135 freres) sont venus dans ces vicariats. Outre les 171 qui y sont encore presents, 105 (60 peres et 45 freres) y sont decedes, 88 (68 peres et 20 freres) sont passes a d'autres champs d'apostolat, et 16 (4 peres et 12 freres) ont laisse la Congregation. L'appendice I fournit quelques donnees particulieres sur le personnel 55 .
10
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson, 1872-1967
La grande etendue de territoire couvrant le nord des provinces du Manitoba et de la Saskatchewan et atteignant meme le versant de la Baie d'Hudson fut constitute en vicariat apostolique, sous le nom de Keewatin, en 1910. Ce vaste territoire ne presente, dans sa partie sud, que des forets coupees de nombreux lacs et cours d'eau et, dans sa partie nord, presque uniquement de la glace et de la neige. Au siecle dernier, environ six mille Chipewyans et Cris et des Metis occupaient le sud, tandis que quelques milliers d'Inuit vivaient disperses dans l'immense toundra du Grand Nord. II n'y a dans cette contree, en 1872, que deux missions avec pretres residants, la plus ancienne du Nord, l'llea-la-Crosse, et celle du lac Caribou. Six Oblats, soit quatre peres et deux freres, y travaillent et etendent leur zele a quelques dessertes.
Les missions du Keewatin avant 1910 A L'ILE-A-LA-CROSSE ET AU LAC CARIBOU
Les deux missions existantes, en 1872, celles de l'lle-a-la-Crosse et du lac Caribou, ont forme de bonnes chretientes. La premiere a beneficie de la presence de remarquables apotres, entre autres, les peres Prosper Legeard, Joseph Rapet et Jean-Marie Penard. Sa population, composee, en 1911, de mille cinquante-cinq personnes, dont cinq cent quarante Metis, quatre
153
154
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
• La mission de l'lle-a-la-Crosse, Sask., telle qu'elle apparaissait en 1946. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
cents Chipewyans, cent Cris et quinze Blancs, est completement catholique. «Cette mission-ci, ecrit M gr Charlebois, est la perle de nos missions. Les sauvages sont nombreux et quelle foi, quelle piete ils ontlw1 Les dessertes ouvertes au lac Vert et au Portage La Loche sont devenues des missions regulieres, la premiere en 1890 et la deuxieme en 1895. En 1911, les deux desservent une population catholique. La mission Saint-Pierre du lac Caribou, presente elle aussi, en 1910, une communaute fervente. Apres un depart lent, un solide mouvement de conversion se dessina, accentue par la conversion du chef chipewyan, au lendemain des fetes de Noel 18752. Le succes de la mission est du principalement au pere Alphonse Gaste, qui la dirigera pendant quarante ans. «A son arrivee, tous les sauvages, de nationalite chipewyanne, etaient encore paiens. [...] A son depart, en 1902, tous professaient notre sainte religion, et la plupart se distinguaient comme fervents catholiques»3. Differentes epidemies decimerent ces Indiens. La communaute etait reduite a trois cent soixante-six membres, en 1913. «I1 n'y a aucun protestant parmi eux», note M§r Charlebois4.
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson
155
M§ r Ovide
Charlebois, o.m.i. (1862-1933), premier vicaire apostolique du Keewatin (1910-1933). II fut l'initiateur des missions inuit de la Baie d'Hudson. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
QUATRE MISSIONS EN MILIEU PROTESTANT
Quatre nouveaux centres missionnaires ont ete ouverts dans la periode de 1872 a 1910. Us sont situes dans le territoire des Cris et dans un milieu deja penetre par le protestantisme. Us exigent, en consequence, une action missionnaire particuliere. Les succes seront mitiges et parfois presque nuls, au cours de la periode que nous etudions. La mission de Cumberland Le pere Melasyppe Paquette, ne trouva a Cumberland qu'une trentaine de catholiques5, lorsqu'il s'y fixa en 1877. Privee de missionnaires residants, de 1885 a 1887, la mission fut reprise par le pere Ovide Charlebois, frais emoulu du scolasticat Saint-Joseph
156
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
d'Ottawa. Le jeune missionnaire y vecut seul pendant seize ans. En plus du poste de Cumberland, il s'occupa regulierement des dessertes de Le Pas, a quelque 100 kilometres de son domicile, et de Grand Rapids, a 300 kilometres environ. En 1890, Le Pas n'avait que vingt-trois catholiques, et Grand Rapids, trente. Le missionnaire visita d'autres postes parfois fort eloignes de Cumberland. «Partout, dans ces differentes reserves, il a forme un noyau de sauvages catholiques, qui va en augmentant. Les protestants Font en haute estime et les sauvages paiens eux-memes sont heureux de sa visite», observe M§r Pascal6. La mission de Cumberland atteint, en 1898, une population de quatre cent quarante catholiques meles a neuf cents protestants et a huit cents non chretiens7. Elle sera sous les soins du pere Henri Boissin, de 1900 a 1915.
La mission du Lac-Pelican A quelque 250 kilometres au nord de Cumberland, le pere Etienne Bonnald etablit defmitivement une mission au Lac-Pelican (Pelican Narrows), en 18768. Missionnaire ardent, le pere Bonnald s'y devoua jusqu'en 1900, tout en etendant son zele a des postes dans la region, en particulier, ceux de Pukatawagan et de Nelson House. «I1 y a dans ces quartiers, ecrit-il au superieur general, un bon peuple et un peuple nombreux a evangeliser; mais il est a proximite des missions methodistes»9, d'ou l'urgence d'agir. Au Lac-Pelican meme, «il a fallu six ans de travail pour convertir completement quatre cents des cinq cents Indiens du poste»10. La mission de Cross Lake Le pere Ovide Charlebois, directeur du district de Cumberland, visitait en 1896 le poste de Cross Lake. «L'officier de la Compagnie, protestant, l'avait supplie d'etablir une mission catholique» n . Ce poste se trouvant dans le diocese de Saint-Boniface, M§r Langevin se chargea lui-meme d'y etablir la mission12. Le pere Bonnald et le pere Jean-Baptiste Beys y arriverent en octobre 1901. L'annee suivante, le pere Bonnald ecrit : «Au jour de l'inauguration [de la chapelle]—dans ce pays ou, a notre arrivee, nous n'avions qu'un seul catholique—nous comptions deja plus de trois cents fideles»13. Mais le succes n'est pas encore parfait. Le missionnaire avoue, en 1905, «il y a des exemples frappants de veritable conversion de coeur [...] Mais, helas! nous avons quelques bien pauvres chretiens»14. La mission de Cross Lake comptait, en 1910, «quatre cents sauvages, dont plus de la moitie catholiques»15.
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson
157
La mission de Norway House Le poste de Norway House, comme celui de Cross Lake, releve du diocese de Saint-Boniface. Situe sur la riviere Nelson, a une trentaine de kilometres du lac Winnipeg, il devint, au siecle dernier, le pivot du commerce des fourrures et des lignes de ravitaillement de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Cet important centre de rassemblement des Indiens etait aussi le chef-lieu des methodistes qui l'occupaient depuis 1840. Le pere Charlebois, de passage a Norway House, en 1892, trouvait une population dont «l'immense majorite [...] n'avait jamais vu de pretre catholique»16. Les peres Bonnald et Julien-Marie Thomas partaient de Cross Lake, a la fin de decembre 1905, pour y ouvrir une mission. Le pere Beys et le scolastique Alphonse Dugas en furent charges. Les premieres conversions survinrent, en mars suivant. Deux families composees de neuf personnes formerent alors le debut de la communaute catholique. Une chapelle fut construite en 1906. En depit du zele des missionnaires, le nombre des catholiques vivants n'etait, en 1909, que de seize, dont onze adultes17; et de trente, en septembre 1911, sur une population d'un millier environ18.
Creation du vicariat du Keewatin LES MOTIFS ET L ' E R E C T I O N
Les missionnaires de Plle-a-la-Crosse, du lac Caribou, de Cumberland et du Lac-Pelican, qui relevent du vicariat apostolique de Saskatchewan depuis 1890, ne se sentaient pas soutenus ni guides, surtout depuis le debut du siecle, par leur superieur ecclesiastique et religieux, M§r Albert Pascal. Le prelat, dont P attention se portait sur la partie sud de son vicariat en developpement, avait meme cesse toutes visites de leurs missions depuis 190219. Une premiere mesure pour remedier a cette situation, prise par l'administration generale des Oblats, fut de rattacher, en 1906, les missionnaires au vicariat des missions de Saint-Albert, dirige par le pere Henri Grandin. Une deuxieme mesure s'imposait : pourvoir cette portion du vicariat apostolique de la Saskatchewan d'une autorite ecclesiastique effective. M gr Langevin, archeveque de Saint-Boniface, mit de l'avant le projet, deja forme par M gr Tache, d'eriger un vicariat apostolique au nord du Manitoba et de la Saskatchewan. II demanda au pere Ovide Charlebois des renseignements pratiques en vue de sa realisation20, et en exposa la necessite a M gr Pascal21.
158
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
De son cote, le pere Grandin, peut-etre sans connaitre le projet de M gr Langevin, proposa lui aussi l'erection d'un vicariat apostolique dans cette region22. II en voyait l'absolue necessite et ne cessa de faire demarches sur demarches pour en obtenir la realisation. Cependant, l'erection du vicariat apostolique propose rencontra des difficultes qui en retarderent la realisation. Une premiere rencontre des autorites ecclesiastiques et religieuses concernees, tenue le 30 juillet 1907, regroupe NN. SS. Langevin et Pascal, les peres Henri Grandin et Prisque Magnan. Bien que favorable a l'erection du vicariat en vue, M gr Pascal ne veut y consentir qu'a la condition de recevoir en compensation une tranche du diocese de Saint-Boniface23. Sa demande, interferant avec le projet deja en cours de l'erection du diocese de Regina, ne pouvait etre satisfaite. Ce n'est qu'a la cinquieme reunion des memes autorites, tenue le 29 mars 1909, qu'il leva l'obstacle24. Apres un autre retard cause suite a la decision du delegue apostolique de faire eriger en meme temps, par le Saint-Siege, le vicariat du Keewatin et le diocese de Regina, un decret de la Consistoriale, du 4 mars 1910, erigeait le vicariat apostolique du Keewatin. Le territoire du nouveau vicariat s'etend aux parties septentrionales des provinces actuelles du Manitoba et de la Saskatchewan, au district du Keewatin dans les Territoires du Nord-Ouest et a l'immense region de la Baie d'Hudson englobant les terres et les iles britanniques jusqu'au pole nord. La nomination de son vicaire apostolique, le pere Ovide Charlebois, fut connue le 8 aout suivant. Le conseil general avait deja reconnu ce candidat comme le plus digne pour ce poste 25 . VICARIAT LAISSE A LUI-MfiME
L'administration generale declina la responsabilite de ce nouveau vicariat. M gr Dontenwill explique a M gr Charlebois que le vicariat ayant ete erige et la nomination de son vicaire apostolique ayant ete faite en dehors de toute entente avec la Congregation, celle-ci ne pouvait que prendre acte de ce qui a ete fait, sans se croire obligee a quoi que ce soit relativement au nouvel etat de chose qui a ete cree26. Aussi, le 5 mai 1911, elle repond negativement a la Propagande qui offre aux Oblats la charge du nouveau vicariat : Apres deliberation nous avons conclu que, vu la penurie de sujets dont nous souffrons, il nous etait impossible d'accepter cette proposition. Notre reponse sera done negative27.
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson
159
La raison du refus est justifiee par la penurie de missionnaires. M gr Dontenwill l'explique a M gr Charlebois : S'il ne s'agissait que de maintenir les missions qui sont en ce moment entre les mains des Oblats, dans le Keewatin, nous ne refuserions pas a nous en charger. Mais avoir la charge entiere du vicariat voudrait dire l'entreprise des nouvelles oeuvres imposees par la creation du vicariat, fournir tous les sujets, etc. Or, nous ne pouvions pas nous [y] hasarder avec les moyens restreints et le personnel reduit [...]. Dans les conditions actuelles, tout ce que nous pouvons faire c'est de laisser les sujets qui travaillent chez vous. [...] Us vous sont confies pour les oeuvres du vicariat . Le conseil general, dans sa seance du 20 aout 1911, constitua les Oblats du Keewatin en vicariat des missions et nomma M gr Charlebois a la tete de ce vicariat religieux29. Ce n'est qu'en 1934, au debut du generalat du pere Theodore Laboure, successeur de M§r Dontenwill, que l'administration generale demanda et obtint de la Propagande la charge du vicariat apostolique du Keewatin, «au meme titre que les autres missions qui lui sont confiees»30.
Vexpansion des missions En 1910, le vicariat du Keewatin ne comptait que huit missions etablies dans sa partie sud et aucune dans sa partie nord occupee par les Inuit. M gr Charlebois, des sa nomination comme vicaire apostolique, entreprit une action energique et soutenue, non seulement en faveur des missions indiennes, mais aussi des missions a etablir chez les Inuit de la Baie d'Hudson. LES MISSIONS DE L'OUEST DU VICARIAT
Dans l'ouest du vicariat dix missions31 avec pretres residants se sont ajoutees aux quatre deja existantes en 1910. Cette region, dans laquelle travaillent depuis longtemps les missionnaires, est gagnee presque entierement a FEglise catholique. M gr Charlebois en fait le bilan en 1920. La mission de l'lle-a-la-Crosse dessert une «population de 1 220 catholiques sans un seul protestant. La moitie sont des Chipewyans et le reste des Cris. Tous sont de bons chretiens»32. Celle du Portage La Loche ne compte aussi que des catholiques33, et celle du Lac Vert dessert 280 Metis francais-
160
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
c
Trois veterans missionnaires de l'Ouest du Keewatin, en 1946. II s'agit, de g. a dr. de Jean-Baptiste Ducharme (1888-1959), Louis Moraud (1888-1965) et Marius Rossignol (1875-1961). (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
cris34. Et enfin, la lointaine mission du lac Caribou (Brochet) a fait de ses quelques centaines de Chipewyans un peuple de croyants. Plusieurs missionnaires emerites ont travaille dans cette region du vicariat. Certains se sont identifies en quelque sorte a leur mission et leur donneront pratiquement toute leur vie missionnaire, tels les peres Marius Rossignol, quarante-cinq ans (1911—1956) a l'lle-a-la-Crosse, Jean-Baptiste Ducharme, trente-quatre ans (1916-1950) au Portage La Loche, Jules Teston, trente-trois ans (1890-1923) au Lac Vert, et Joseph Egenolf, cinquante-deux ans (1905—1957) dans la pauvre mission du lac Caribou. D'autres se firent apotres ambulants, fondateurs ou en charge de dessertes et de missions, tels le pere Louis Moraud, missionnaire en plusieurs dessertes et en meme temps trente ans en charge de Chagona (Patuanak), le pere Jean-Marie Penard, missionnaire successivement au Portage La Loche, a l'lle-a-la-Crosse et a Beauval, de 1890 a 1939, et le pere Joseph Bourbonnais, plus de quarante ans apotre ambulant ou directeur de missions dans la region.
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson
161
Dans les annees 1930, il ne reste que deux petits groupes de non chretiens, 1'un au Grand Lac des lies et l'autre au Lac Poule-d'Eau (Waterhen Lake)35. LES MISSIONS DU CENTRE ET DE L'EST
Les regions du centre et de Test du vicariat, bien que sous l'influence dominante des protestants reclamaient des missionnaires catholiques. M gr Charlebois ecrit a la suite de sa premiere visite pastorale du vicariat : «Dans dix a douze centres importants, les sauvages, soit infideles ou protestants, desirent un pretre catholique»36. Dix ans plus tard, en 1920, il note encore : «De tous cotes, les sauvages, protestants comme catholiques, sollicitent la presence du pretre catholique»37. Dans la partie centrale du vicariat, deux missions sont deja bien etablies, celle du Lac-Pelican, ou pendant une quarantaine d'annees se devoue, entre autres, le pere Nicolas Guilloux, missionnaire aussi actif et enthousiaste aux dernieres annees qu'aux premieres annees de sa vie, et celle de Cumberland House, ou continuent de travailler le veteran missionnaire Etienne Bonnald et le pere Henri Boissin. A ces deux missions s'ajoutent, apres 1910, deux autres non moins importantes. La premiere, fondee a Pukatawagan, etait un poste visite depuis longtemps par les missionnaires. Le pere Ignace Renaud en fut le premier pretre residant, de 1913 a 1926, suivi du pere Emile Desormeaux, qui la dirigea pendant cinquante-deux ans (1926-1978). La deuxieme, etablie a Nelson House en 1923, etait egalement un poste visite regulierement par le pere Renaud depuis plusieurs annees. Son premier missionnaire residant, le pere Georges-Etienne Trudeau, desservait, en 1935, environ 140 catholiques sur 600 Indiens 38 . Dans la partie est du vicariat, la mission de Cross Lake poursuit son travail, non sans difficultes, et celle de Norway House dut etre abandonnee en 1915, non pas uniquement en raison d'une penurie de missionnaires, mais en raison du peu de resultat qu'elle donnait. La reprise de cette mission, en 1921, par le jeune pere Joseph Dubeau, est le point de depart d'etablissements de missions catholiques dans la contree qui leur etait encore pratiquement fermee. Dans sa methode, le missionnaire evite toute polemique et cherche simplement, dans des contacts personnels, a gagner l'amitie des Indiens. «Il a fait tomber bien de prejuges et bien du fanatisme»39 et, en implantant solidement la religion catholique a Norway House, il a rendu possible la fondation d'autres missions dans le meme district40. En effet, le pere Dubeau, assiste du frere Joseph Dussault, son bras
162
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
Photo prise vers 1926 a la mission d'Island Lake, au Manitoba. De g. a dr. : le frere Joseph Cordeau (1891-1946), le pere Joseph Dubeau (1891-1952) et le frere Joseph Dussault (1903-1969). (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
droit, etablit, en avril 1926, un poste a Island Lake, ou il n'y avait aucun catholique. Les progres y sont rapides puisqu'en 1929, la mission compte «au moins 500 catholiques», dont la ferveur est edifiante41. Les deux missionnaires visitent, en 1928 et en 1929, les Indiens de God's Lake, qui sans retard demandent la presence d'un missionnaire42. Le pere Albert Chamberland devint leur premier missionnaire residant, en 1930. Enfin, poussant plus loin dans Test du vicariat, le pere Dubeau et son compagnon inaugurent, en 1936, une mission a Sandy Lake, en Ontario, au milieu d'une population indienne de moeurs primitives. Le pere Dubeau s'y devoua avec succes jusqu'a sa mort survenue en 1952. D'autres missionnaires travaillent egalement a l'elargissement du champ missionnaire dans Test du vicariat. Le pere Jean Daniel, a l'invitation des Indiens, ouvre en 1943 un poste dans l'importante localite d'Oxford House, encore en dehors de 1'influence catholique. L'etablissement definitif de la mission se fera en 194643. Le pere Marius Dutil, missionnaire a Island Lake et a God's Lake depuis 1931, etablit, en 1944, une mission a Garden Hill. Enfin, le pere Guy Burlot, fixe sa residence a Poplar River, a Test du lac Winnipeg, a la requete signee de tous
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson
163
les Indiens de l'endroit a l'exception d'un seul. Il s'y devoua de 1941 a i960, sauf pendant une courte absence. AUPRES DES BLANCS
Les Blancs penetrent dans le territoire du Keewatin, non pour la colonisation, le sol etant impropre a la culture, mais pour l'exploitation des mines et pour travailler dans les services administratifs et autres du gouvernement. Leur venue est favorisee par la construction d'un chemin de fer qui rejoint Le Pas, en 1916, puis se ramifie vers des centres miniers et jusqu'a Churchill, sur la Baie d'Hudson. La population blanche se fixe principalement dans les centres miniers de Flin Flon, de Sherridon, de God's Lake Mine, de Thompson, de Lynn Lake et de Snow Lake, ouverts successivement depuis les annees 1928. Les catholiques recevront sans retard la visite du missionnaire et, ou ce fut possible et opportun, s'ouvrirent des quasiparoisses. En 1959, la population totale du vicariat etait, selon un estime minimum, de 45 000 habitants, dont 25 000 Blancs et 20 000 Indiens. Le nombre de catholiques s'elevait a 17 000, dont 10 000 Indiens et 7 000 Blancs44. L'attitude generale des missionnaires laisse la liberte aux non croyants et aux protestants, inspire des liens d'amitie et de confiance. Us ne font pas de polemique. En general, ils sont toujours demandes par les Indiens et les protestants dans les postes qu'ils fondent.
Personnel—releve et statistiques M§r Charlebois, comme nous l'avons vu, ne pouvait compter sur l'administration generale des Oblats pour assurer la releve missionnaire dans son vicariat. Aussi resolut-il d'y pourvoir par lui-meme. II parcourut les colleges, les seminaires et les paroisses du Quebec, et meme des institutions en France, dans lesquels il donna de nombreuses conferences pour eveiller des vocations missionnaires. II soutint financierement la formation de ses candidats dans les noviciats et scolasticats de la Congregation. En 1917, il commenca humblement chez lui, a Beauval, un scolasticat en vue de favoriser les sujets dont l'etat de sante ne leur permettait pas de s'astreindre au reglement des grands scolasticats. En 1932, le prelat note : «Le succes a depasse nos esperances»45. Ce scolasticat, ferme en 1934, a conduit au sacerdoce trente Oblats46. En plus des sujets qu'il recrute luimeme, M gr Charlebois a recu de l'administration generale quelques peres, specialement pour la fondation des missions de la Baie d'Hudson.
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson
165
Pendant la periode de 1910 a 1933, le vicariat s'enrichit de la presence de 57 Oblats, dont 37 peres et 20 freres. Les statistiques generates revelent que 164 Oblats, soit 120 peres et 44 freres, ont travaille, de 1872 a i960, dans le territoire du vicariat du Keewatin. De ce nombre, 75 (50 peres et 25 freres) sont encore presents en i960, 28 (21 peres et 7 freres) sont decedes, et les autres, a l'exception de deux peres passes au clerge seculier et d'un frere dispense de ses voeux, ont ete appeles a travailler dans d'autres champs d'apostolat de la Congregation.
Fondation des missions Inuit UNE FONDATION AUDACIEUSE
Vivement preoccupe de l'evangelisation des Inuit de son vicariat, M gr Charlebois, au lendemain de sa nomination comme vicaire apostolique, demanda et obtint d'un representant de la Police, qui connait bien la Baie d'Hudson, M.A. Joy, un long rapport sur le pays lui-meme, sur sa population et sur les possibilites d'y vivre47. De plus, le prelat envoya le pere Arsene Turquetil sur place en vue d'etudier la possibilite d'y etablir une mission. A Churchill, le missionnaire obtint du surintendant de la Police, monsieur Cortland Starnes, tous les renseignements desires48. Dans son rapport a M§r Charlebois, le pere Turquetil recommanda la fondation de la mission inuit a Chesterfield Inlet. C'est la le point le plus central pour rejoindre les Inuit. De plus, la Compagnie de la Baie d'Hudson doit y etablir, en 1912, un poste de traite, ce qui assurera le ravitaillement de la mission et les communications. Pleinement decide, M^r Charlebois demande a Padministration generale deux sujets pour cette fondation49. Le 9 novembre, il ecrit au pere Dozois : «Plus je songe a cette mission, plus je trouve que sa fondation est importante et necessaire»50. Le conseil general, dans sa seance du l er decembre 1911, approuva le projet de cette fondation et l'envoi de missionnaires pour la realiser. On lit au proces-verbal: Afin de favoriser l'evangelisation de quelques tribus d'Esquimaux qui paraissent bien disposees pour accueillir la predication de l'Evangile, nous enverrons, au cours de l'annee 1912, deux missionnaires a Monseigneur le Vicaire apostolique du Keewatin51. Le 15 fevrier 1912, a la toute premiere reunion du conseil vicarial du Keewatin, la fondation d'une mission a Chesterfield Inlet pour l'evangeli-
166
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
Les deux Oblats fondateurs de la mission de Chesterfield Inlet en 1912. A gauche le pere Armand Le Blanc (1884-1916) et le pere Arsene Turquetil (1876-1955) qui allait devenir le premier vicaire apostolique du vicariat de la Baie d ' H u d s o n en 1931. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
sation des Inuit est formellement decidee et le pere Arsene Turquetil est nomme directeur de cette nouvelle mission. Des le 12 avril suivant, le directeur de la future mission arrive a Montreal se procure le materiel necessaire a l'etablissement de la mission. Le 22 juillet, lui et le jeune pere Armand Le Blanc, qui lui est assigne comme confrere, s'embarquent a bord du bateau de la Compagnie de la Baie d'Hudson qui transporte le materiel de la mission. Le 3 septembre, le vaisseau mouille a Chesterfield Inlet. Les missionnaires commencent immediatement la construction de leur residence. UNE LONGUE ATTENTE
Au printemps de 1914, le pere Turquetil ecrit a M§r Charlebois : «Des conversions d'Esquimaux, il n'y en a pas. Je sais que vous en desirez bien quelqu'une, mais aussi, vous voulez qu'on aille serieusement, qu'on instruise, qu'on eprouve meme. C'etait vos recommandations» 52 . II lui
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson
167
explique ensuite qu'il n'a pas encore instruit les Inuit parce qu'il ne parlait pas assez correctement leur langue, mais bientot il commencera 53 . Apres avoir compose laborieusement un catechisme en inuit et quelques cantiques, les missionnaires commencerent, le jour de la Pentecote, les catechismes du dimanche 54 . Tres affecte par les conditions penibles de vie, le pere Le Blanc dut prendre la route de son pays natal, la France. Au cours de son voyage, il disparut en mer, victime de sa profonde depression. Le frere Prime Girard le remplaca temporairement a la mission. LES PREMIERS FRUITS
A la mi-octobre 1916, se presentent les premiers Inuit qui desirent se faire chretiens. Us formeront bientot un groupe de vingt-cinq, dont deux enfants seulement trop jeunes pour etre instruits. Tous perseverent au catechisme55. Tout heureux, le pere Turquetil ecrit a M gr Charlebois : «Nous voila missionnaires actifs enfin! Nous avons des catechumenes qui promettent bien pour l'avenir [...] La mission va desormais progresser, s'il plait a Dieu de developper les premiers fruits»56. M§r Charlebois ajoute : Comme toutes les oeuvres de Dieu, la mission de Chesterfield a eu ses epreuves. La principale fat la mort du bon et jeune pere Le Blanc. Malgre les circonstances douloureuses qui ont accompagne sa mort, je suis convaincu qu'il a ete la victime choisie par Dieu pour obtenir la conversion des pauvres Esquimaux. Le fait est que, peu de temps apres sa mort, un jongleur renonca, tout a coup, a ses superstitions, demanda le bapteme, au grand etonnement du missionnaire et de tout le monde, et devint catholique avec tous les membres de sa famille et quelques autres qu'avait entraines son exemple57. PREMIERE EXPANSION
Le pere Turquetil ferme la mission de Chesterfield Inlet en 1917-1918, pendant qu'il s'occupe, a Montreal, de l'impression de livres religieux pour ses neophytes. II retourne a sa mission, avec le pere Paul Pioget, qui resta avec lui jusqu'en 1920. Puis, il aura comme compagnons des Oblats du scolasticat Saint-Joseph d'Ottawa : le jeune pere Emmanuel Duplain et le scolastique Lionel Ducharme, arrives en 1921, et le pere Honore Pigeon, en 1924. En 1923, M§r Charlebois se rend lui-meme a Chesterfield Inlet, avec le frere Prime Girard qu'il assigne defmitivement a la mission inuit. Le prelat ordonne pretre le scolastique Ducharme, fait vingt-cinq baptemes, dix-neuf confirmations et quelques mariages.
168
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
Le pere Prime Girard (1883-1949) avec un groupe inuit de Chesterfield Inlet. Entre chez les Oblats en qualite de frere coadjuteur en 1907, il fut ordonne pretre en 1929 a la demande de M&r Turquetil. (Courtoisie des Archives de L'Apostolat, Richelieu, Que.)
La mission des Inuit offre de l'avenir. Selon revaluation du pere Turquetil, elle peut atteindre, en 1922, 2 000 Inuit d'une facon quelconque, au moins 500 de facon profitable, avec espoir de conversion, et 150 a la mission de Chesterfield Inlet58. Au 19 fevrier 1924, la mission compte effectivement 50 chretiens et 35 families catechumenes59. De concert avec ses missionnaires, M gr Charlebois decide la fondation d'une mission a Esquimo Point, qui sera etablie, en 1924, par les soins du jeune pere Ducharme et du frere Girard, et d'une autre, sur l'ile de Southampton, que le pere Emmanuel Duplain, assiste du frere Girard ouvriront, en 1926. Peu apres la visite de M%T Charlebois, la decision etait prise d'etablir une mission a Pond Inlet, chef-lieu et centre de ralliement des Inuit du nord de la Terre de Baffin. Monsieur Emile Lavoie, bien renseigne sur la region, et l'agent du poste de Pond Inlet meme y invitaient les missionnaires60. La mission sera fondee en 1929 par les peres Prime Girard61 et Etienne Bazin. Entre-temps, l'important poste de Baker Lake, visite par les missionnaires depuis les debuts de la mission de Chesterfield Inlet, devint mission residentielle, en 1927, au moment ou s'y etablissait un ministre protestant 62 .
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson
169
ERECTION EN PREFECTURE APOSTOLIQUE
La presence d'une autorite ecclesiastique sur place pour diriger la mission inuit de la Baie d'Hudson devait s'imposer, un jour ou l'autre. Le vicaire apostolique du Keewatin, de qui elle depend, demeure loin, a l'exterieur du territoire. Les missions commencent a se multiplier et, de plus, M§r Levantoux, vicaire apostolique du Golfe Saint-Laurent, offre tres volontiers aux missionnaires de la Baie d'Hudson la desserte des Inuit du nord de son vicariat63. Le 12 decembre 1924, le conseil general, saisi du projet par le pere Turquetil, se montre favorable a la formation d'une mission autonome a la Baie d'Hudson 64 . Le 3 fevrier 1925, ce projet mis en forme par le pere Auguste Esteve, procureur aupres du Saint-Siege, est definitivement approuve par le conseil general, qui en autorise la presentation a la Propagande65. Celle-ci donne suite a la demande. Le 27 fevrier 1925, le cardinal Van Rossum informe M gr Charlebois des demarches de l'administration generale des Oblats et de l'approbation donnee par le Pape, le 19 fevrier. La mission autonome des Inuit relevera directement de la Propagande. Ces demarches en vue de la separation des missions de la Baie d'Hudson du vicariat apostolique du Keewatin se sont deroulees de facon pour le moins inhabituelle en se faisant a l'insu du vicaire apostolique du lieu, M gr Charlebois66. Quoi qu'il en soit du procede suivi, qui fut tres penible au prelat67, les decisions prises devaient faciliter le developpement des missions de la Baie d'Hudson. Des le 15 juillet de la meme annee, la mission autonome devenait prefecture apostolique68, confiee aux soins du pere Turquetil, nomme prefet apostolique. La prefecture comprenait, outre le territoire de la Baie d'Hudson, celui des Inuit du nord du Quebec, qui relevait jusque-la du vicariat apostolique du Golfe Saint-Laurent. Le 21 decembre 1931, la prefecture apostolique etait elevee au rang de vicariat apostolique69 et plus tard, le 13 juillet 1967, au rang de diocese, sous le nom de Churchill-Baie d'Hudson.
Vexpansion missionnaire a la Baie d'Hudson, 1925-196/ MULTIPLICATION DES MISSIONS
Une occupation graduelle et meme empressee du territoire s'est imposee, en raison de la multiplication des postes des Compagnies de la Baie
170
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
d'Hudson et de Revillon Freres, qui forment des lieux de rassemblements des Inuit, et du nomadisme des Inuit qui amene des chretiens sur divers points du territoire. Dix postes furent done ouverts du cote ouest de la Baie d'Hudson 70 , cinq au nord-ouest du vicariat, dans les regions baignees par la mer Arctique71, quatre sur la Terre de Baffin72, et enfin, six dans le nord du Quebec 73 . Ces postes n'eurent pas tous la meme importance; certains sont devenus de simples dessertes et d'autres ont ete abandonnes, en raison du deplacement de la population ou de la penurie de missionnaires. Le ravitaillement de ces missions et dessertes, distantes les unes des autres de plusieurs centaines de kilometres, causa beaucoup de soucis aux vicaires apostoliques. Situees en terre sterile, aux prises avec des hivers longs et terriblement froids, ces missions avaient besoin sans faute de ravitaillement en nourriture et en chauffage. Comme la Compagnie de la Baie d'Hudson ne les rejoignait pas toutes, le vicariat apostolique dut s'equiper de bateaux. Ceux-ci devinrent de plus en plus gros, avec la multiplication des postes a ravitailler74. LA PASTORALE MISSIONNAIRE
Une premiere orientation pastorale donnee par M^r Charlebois guidera Faction des missionnaires : voir a bien instruire les neophytes et a leur inculquer une forte education chretienne avant de les baptiser. II ecrivait: «Au debut, dans vos chretiens, il faudra viser plus a la qualite qu'a la quantite. Quand vous aurez de vrais bons chretiens, leur exemple attirera les autres et tout ira bien»75. Cette directive etait d'autant plus opportune et justifiee que les premiers chretiens surtout devaient, en raison de leur vie nomade, s'eloigner de la mission et vivre dans un milieu non chretien. L'activite missionnaire s'exerce a la mission meme et, de facon reguliere et efficace, dans des visites du missionnaire aux campements des Inuit. M§r Lacroix explique la situation qui prevalait encore en 1947 : Nos catholiques pour la plupart ne se rendent que tres rarement et meme jamais a la mission. Le missionnaire doit done partir en traineau a chiens, parcourir des milles et des milles, pour atteindre ses fideles et leur donner l'occasion de jouir de la reception des sacrements. Meme pour la confirmation, le Vicaire apostolique passe d'un camp a l'autre, d'une maison de neige a une autre pour rejoindre ceux qui doivent recevoir le sacrement des forts76.
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson
171
Soeur Grise missionnaire chez les Inuit. (Photo : ONF, Courtoisie des Archives de L'Apostolat, Richelieu, Que.)
L'education chretienne des jeunes, toujours importante dans l'oeuvre missionnaire, ne peut s'accomplir a la Baie d'Hudson dans des ecolespensionnats. Comme l'observe M§r Lacroix, ce serait la soustraire l'enfant a sa famille, alors qu'il est a l'age de s'initier avec les siens aux travaux qui assureront sa subsistance77. Cependant, considerant l'avance ineluctable de la civilisation blanche dans le Grand Nord, la capacite et le desir des Inuit de s'instruire, M§r Lacroix ouvrit, en 1954, a Chesterfield Inlet, une ecole-pensionnat de soixante-douze eleves, qu'il confia aux soins des Soeurs Grises de Nicolet78. Cette ecole-pensionnat accueillit des jeunes venant de plusieurs missions du cote ouest de la Baie d'Hudson et de la mer Arctique. Son influence diminua, lorsque le gouvernement ouvrit, en 1965, un Hostel a Churchill pour y reunir les jeunes Inuit aux Blancs de l'ecole publique, et limita a la sixieme annee les classes au pensionnat de Chesterfield Inlet79. Un tournant dans la pastorale missionnaire s'annonce dans les annees i960. Depuis la guerre de 1939-1945, les structures administratives civiles,
172
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
Quelques missionnaires Oblats de la Baie d'Hudson en 1944. De g. a dr.: Prime Girard (1883-1949), Mgr Marc Lacroix, vicaire apostolique (1906-1976), Mgr Arsene Turquetil, vicaire apostolique demissionnaire (1876-1955), Lionel Ducharme (1897-1979); debout: Charlemagne Jacques, procureur des missions (1903-1948). (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
les services de sante, l'ouverture d'ecoles locales et regionales, les bases militaires et autres activites des Blancs exercent une influence notable sur le mode de vie des Inuit et mettent souvent a l'epreuve leurs convictions chretiennes. Aussi, leur foi doit-elle etre affermie, et c'est dans cette direction que s'orientera le travail missionnaire. C'est d'ailleurs l'etape a laquelle est rendu le developpement de la mission de la Baie d'Hudson, comme l'observe le pere Robert Haramburu, provincial: L'ere des «conquetes» est terminee et au point de vue religieux, les positions sont bien prises : nominalement du moins, tous les Esquimaux sont chretiens, ou catholiques ou anglicans. C'est maintenant l'ere de l'approfondissement, de l'impregnation et les efforts des Peres sont orientes vers ce but 80 .
LE PERSONNEL MISSIONNAIRE
Les premiers missionnaires de la Baie d'Hudson nous sont connus : les peres Turquetil, Le Blanc, Girard, Pioget, Emmanuel Duplain, Ducharme
Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson
173
et Pigeon. La decennie 1924-1934 apportait aux cinq missionnaires pionniers, encore presents a la Baie d'Hudson, un renfort de douze confreres, soit dix peres et deux freres. Plusieurs d'entre eux eurent une carriere remarquable, tels, pour ne citer que les defunts, le frere Jacques Volant, les peres Armand Clabaut81, Arthur Thibert, Eugene Fafard, Etienne Bazin, Alain Kermel, Pierre Henry, Henri-Paul Dionne, Marc Lacroix82 et JulienMarie Cochard. Au cours des dix annees suivantes, de 1935 a 1944, se presentent vingtcinq nouveaux missionnaires, tandis que huit anciens quittent le vicariat. Parmi ces derniers, il faut signaler NN. SS. Turquetil et Clabaut, eveques demissionnaires, et les peres Duplain et Kermel. Durant la guerre mondiale 1939-1945, la mission ne recut que six Oblats, tous du Canada. La releve missionnaire diminua particulierement aux dernieres annees de la periode que nous etudions. Au plan religieux, les Oblats de la Baie d'Hudson etaient constitues, en 1925, en district religieux relevant directement de l'administration generale et, en 1936, en vicariat des missions. L'appendice II fournit quelques donnees particulieres sur le personnel.
11
Les missions du Yukon et Prince Rupert, 1873-1967
La contree formee par le Territoire du Yukon et la partie nord de la Colombie-Britannique, comparee a celles d'Athabasca-Mackenzie et du Keewatin-Baie d'Hudson, re<;ut assez tardivement la visite des missionnaires. La premiere mission indienne y fut etablie en 1873, au lac Stuart, en Colombie-Britannique, et n'aura habituellement que deux missionnaires jusqu'a la fin du siecle. II faudra attendre les annees 1898 pour voir une deuxieme fondation, celle de Dawson City, au Yukon, etablie en faveur des Blancs catholiques. En plus des rudes conditions, communes aux autres parties du Nord canadien, les missionnaires du Yukon et du nord de la ColombieBritannique doivent parcourir une region couverte, en grande partie, de hautes montagnes et de forets. Les communications d'un poste a l'autre sont le plus souvent difficiles et celles entre le sud et le nord de la region le sont particulierement. Comme ailleurs dans le Nord canadien, et peutetre davantage, les missionnaires atteignent des Indiens peu nombreux et tres disperses.
Les debuts de Vevangelisation, 1868-1908 LA MISSION DU LAC STUART
Les Indiens du district du lac Stuart, deja visites par les premiers missionnaires de la Colombie-Britannique, demanderent un pretre a M§r
175
176
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
d'Herbomez. Celui-ci se rendit lui-meme dans leur pays, en 1868J. Constatant leurs bonnes dispositions, il demanda aux missionnaires qu'il venait d'etablir a Williams Lake, a quelque 500 kilometres au sud du lac Stuart, de les visiter regulierement. Le pere Jean-Marie Lejacq devint alors leur missionnaire2. Quatre tribus de la famille des Denes sont a la charge de l'Oblat. II les designe sous les noms de Porteurs, de Babines, de Sekenais (ou Sikkines) et de Hotsoten. Au nombre d'environ deux a trois mille, ces Indiens sont dissemines sur une surface de pays de quelque 550 kilometres, de Test a l'ouest, et egalement de 550 kilometres, du sud au nord 3 . Leurs dispositions religieuses varient d'une tribu a l'autre. Le pere Lejacq, dans une lettre adressee a M^r d'Herbomez, trace, en quelques mots, les dispositions religieuses de chacune d'elles. «Les Porteurs sont les plus avances, ils connaissent bien leurs prieres, les quatre premieres lecons du catechisme [...] ils demandent le bapteme a grands cris»4. «Les Babines sont plus materiels; s'ils aiment la priere, ils aiment aussi les biens de la terre»:>. «Les Hotsoten ont encore un grand nombre de leurs idees sauvages [...] mais ils sont genereux pour le pretre»6. «Les Sikkines sont les mieux disposes de tous, les plus moraux, les plus honnetes [...] les plus attaches a la religion»7. II conclut en faisant remarquer au prelat: «Vous savez qu'il y a un grand nombre de baptises parmi nos sauvages; ils ont ete baptises enfants par monsieur Demers ou le pere Nobili»8. Au mois de mai 1873, le pere Lejacq, accompagne du pere Georges Blanchet, etablit pour eux, a Fort St. James, sur les bords du lac Stuart, une mission centrale sous le vocable de Notre-Dame de BonneEsperance. Bientot y surgit un village indien. Le district desservi par cette mission comprend toutes les agglomerations indiennes commencant vers le 54e degre de latitude9, au nord du vicariat de la ColombieBritannique 10 . LE TRAVAIL DES MISSIONNAIRES
Les missionnaires du lac Stuart visitent regulierement, quelques fois par annee, les seize villages indiens de leur district. Dans six villages centraux, ils donnent les exercices de la mission11; dans tous, ils forment des chefs de la priere et des catechistes12. A la mission meme du lac Stuart, la coutume a ete etablie de tenir une reunion generale des Indiens du lac et des environs quatre fois par annee pour des celebrations religieuses. En 1884, M gr Durieu affirmait que «les habitants du lac Stuart sont a peu pres tous Chretiens aujourd'hui» 13 . Le vicaire des missions precisait, en 1893 : «I1 n'existe pas un seul sauvage protestant dans le district de
Les missions du Yukon et Prince Rupert
177
Le pere Joseph Allard (1871-1952) avec un groupe d'Indiens Tlinkits a Atlin, Colombie-Britannique. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
Notre-Dame de Bonne-Esperance»14 et, en 1898 : «deux peres y desservent [...] 2,000 sauvages, tous catholiques ou catechumenes»15. Les principaux apotres de cette mission furent tout d'abord leurs fondateurs, le pere Jean-Marie Lejacq et le pere Georges Blanchet, puis le pere Charles Marchal, de 1880 a 1887, le fougueux et savant pere Adrien Morice, de 1885 a 1906, qui mit au point un systeme d'ecriture syllabique pour exprimer les «sons si nombreux et si delicats des langues denees»16, et le pere Nicolas Coccola, intrepide voyageur, qui evangelisa le district, de 1905 a 1921. LA MISSION D'ATLIN
Une deuxieme mission indienne fut ouverte, une quarantaine d'annees plus tard, par des missionnaires du Yukon. Le pere Eichelsbacher s'interessa a un groupe d'Indiens de la tribu des Tlinkits, dont le village etait situe pres du camp minier d'Atlin, en Colombie-Britannique, sur les confins du Yukon. II avisait le pere Joseph Allard qui s'y rendait en 1907 : «de nombreux Indiens non catholiques assistent a la messe»17 quand le pretre visite la place. De fait, a Paques, une soixantaine d'Indiens assistaient a la messe du pere Allard. Celui-ci, autorise a s'etablir chez eux, commenca a les instruire et a donner l'enseignement aux enfants18. D'Atlin, il visita, en 1908, un centre important de la meme tribu, au lac Teslin, situe a 125 kilometres a Test19.
178
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
Ces Indiens de la tribu des Tlinkits, originaires de la cote du Pacifique, avaient deja ete instruits et plusieurs meme avaient ete baptises par les popes de Russie, missionnaires chez eux. Mais ils etaient abandonnes depuis qu'eux-memes avaient gagne l'interieur des terres et que les popes etaient retournes en Russie, apres la cession de l'Alaska aux Etats-Unis. Le culte catholique exercait un attrait particulier sur ces Indiens, en raison de ressemblances avec celui de l'Eglise orthodoxe, a laquelle appartenaient les popes. Faute de missionnaires disponibles, M%T Bunoz dut, en 1910, retirer le pere Allard de sa mission pour le charger de la paroisse de Dawson City. L'oeuvre missionnaire aupres des Tlinkits ne pourra etre reprise d'une facon definitive qu'une trentaine d'annees plus tard. LA MISSION DE LANSING
Enfin, un petit groupe d'Indiens catholiques vivaient isoles, a Lansing, a quelques centaines de kilometres a Test de Dawson City. Ces Indiens, de la tribu Peau-de-Lievre, originaires du Mackenzie, s'etaient fixes au Yukon, en 1898. Convertis au catholicisme par les missionnaires du Mackenzie, avant leur arrivee au Yukon, ils avaient conserve leur foi, meme sans la visite de missionnaire. Les peres de Dawson City, Eichelsbacher et Allard, les visiterent a partir de 190820. Ce groupe d'Indiens, apres avoir forme un camp considerable, devait disparaitre presque totalement plus tard, les uns etant emportes par des maladies contagieuses et d'autres retournes au pays de leurs ancetres, au Mackenzie21.
Prefacture et vicariat apostolique, 1908,1916 LA PREFECTURE APOSTOLIQUE
Circonstances de son erection L'eloignement et la difficulte d'acces du Yukon pour les missionnaires d'Athabasca-Mackenzie, qui en avaient la charge, firent naitre le projet de le rendre autonome. Un an a peine apres l'installation des premiers Oblats a Dawson City, M§r Grouard, vicaire apostolique d'Athabasca-Mackenzie, prevenait 1'administration generate des Oblats du projet de la division de son vicariat en trois vicariats apostoliques, couvrant respectivement les contrees d'Athabasca, du Mackenzie et du Yukon22. La formation du territoire ecclesiastique prevue pour le Yukon, pour etre viable, devait prendre «sur le diocese de New Westminster»23. Le projet n'eut pas de suite a ce moment, vu que le clerge ne semblait pas etabli de facon suffisamment stable au Yukon et que, d'autre part, la contree miniere en developpement pourrait offrir des ressources au vicariat d'Athabasca-Mackenzie24. Contre les attentes du
Les missions du Yukon et Prince Rupert
179
debut, le pays du Klondike donna bientot des signes evidents de declin. En 1903, le pere Bunoz ecrit : «Dawson va durer encore bien des annees, mais va diminuer beaucoup. On touche a la fin du boom. Bon nombre veulent vendre et s'en aller.» D'autre part, M gr Breynat devenu, en 1902, vicaire apostolique du Mackenzie, peu enthousiaste du district du Yukon, qui fait partie de son vicariat, appuie le projet d'une prefecture apostolique dans ce district25. Le projet d'une juridiction ecclesiastique dans un Yukon en declin, pour etre viable, doit comprendre sans faute la partie nord de la Colombie-Britannique, dont l'avenir devient prometteur. Cette partie renferme l'ancienne et florissante mission indienne de Fort St. James, au lac Stuart. De plus elle est surement appelee a se developper par la presence prochaine d'une voie ferree transcontinentale qui la traversera. Les prelats concernes par le projet, NN. SS. Breynat, vicaire apostolique du Mackenzie, et Augustin Dontenwill, eveque de New Westminster, proposerent done l'erection d'une juridiction ecclesiastique couvrant la partie nord de la Colombie-Britannique et le Yukon. Erection de la prefecture apostolique Le Souverain Pontife, par une bulle du 9 mars 1908, proceda a l'erection d'une prefecture apostolique, sous le nom de prefecture du Yukon. Elle est limitee, au sud, par le 54e degre de latitude, a l'ouest, par l'Alaska, au nord, par l'ocean Arctique et, a Test, par les montagnes Rocheuses. Le 8 avril suivant, le pere Emile Bunoz etait nomme prefet apostolique. Au moment de son erection, la prefecture compte cinq Oblats chez les mineurs du Yukon, dont un s'occupe, en plus, des Tlinkits de la region d'Atlin, et deux Oblats, etablis a la mission de Fort St. James, au lac Stuart, en charge des Indiens d'un vaste district. La prefecture comprend alors quatre postes avec pretres residants : Dawson City et Whitehorse, au Yukon, St. James et Atlin, en Colombie-Britannique. L'administration generale des Oblats, sollicitee par la Propagande, accepta la charge de la prefecture apostolique du Yukon, mais en demandant du temps pour la fournir en missionnaires, ne pouvant la developper que progressivement26. M gr Augustin Dontenwill, devenu superieur general, constituait, le 12 juin 1909, un vicariat religieux dans la prefecture du Yukon et nommait M gr Bunoz superieur religieux de ce vicariat27. LE VICARIAT APOSTOLIQUE DU YUKON ET PRINCE RUPERT
La prefecture apostolique du Yukon, encore dans les langes, fut elevee, le 20 novembre 1916, au rang de vicariat apostolique, sous le double nom de Yukon et Prince Rupert. La limite sud du territoire fut fixee, non plus au
i8o
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
Mgr Emile Bunoz, o.m.i. (1864-1945), premier eveque de PrinceRupert (Prince George) et du Yukon. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
54e degre de latitude, mais au 53e. Ainsi etaient inclus dans ses limites, tout l'habitat des Denes desservis naturellement par la mission du Fort St. James, ainsi que l'importante ville naissante de Prince George et l'archipel au complet de la Reine-Charlotte. M gr Bunoz, eleve a l'episcopat, le 13 juin 1917, devint vicaire apostolique. Le nouveau vicariat ne compte, a sa creation, que dix missionnaires, soit trois de plus qu'en 190828. Deux travaillent a Prince Rupert; deux a la mission de Fort St. James et a ses dix dessertes; un a Hazelton; deux a Dawson City et a ses trois dessertes; un a Whitehorse et a ses cinq dessertes; un a Anyox, et un a Prince George29. La population catholique du vicariat s'eleve a 7 500 environ30.
Les missions du Yukon et Prince Rupert
181
Dawson City, premiere mission catholique au Yukon, fondee en 1898. Ci-dessus, l'hopital, l'eglise et le presbytere. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
Une petite troupe de missionaires, 1910-1935 MISSIONNAIRES EN NOMBRE RESTREINT
A la fin de son premier quart de siecie d'existence, le vicariat apostolique du Yukon et Prince Rupert n'avait encore que quinze missionnaires. De plus, ce groupe de missionnaires ne s'etait que faiblement renouvele, puisque, en 1935, des quinze, six ont plus de soixante ans et la moyenne d'age de l'ensemble est de cinquante-deux ans. La guerre de 1914-1918 avait paralyse le recrutement oblat en France et, apres celle-ci, l'administration generale, dans l'envoi de missionnaires, donna priorite a d'autres champs d'apostolat. Les braves missionnaires du Yukon et Prince Rupert, toujours sur la breche, accomplirent un travail tres genereux et efficace. Apparemment, ils sont presents partout a la fois. FACE A UNE POUSSEE DE LA POPULATION BLANCHE
Pendant que la population blanche diminuait constamment au Yukon, en raison du declin des mines du Klondike, surtout apres 1907, celle de la partie sud du vicariat s'accroissait rapidement. La construction de la voie ferree, de 1907 a 1914, et les developpements qui s'ensuivirent dans le pays attirerent des gens de toutes races et religions. Des centres importants
182
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
surgirent, tels Prince Rupert, port de mer et terminus de la voie ferree, Prince George, Vanderhoof, Smithers, Hazelton, Terrace, Anyox. Des l'automne 1910, M§r Bunoz jugeait bon de transferer sa residence de Dawson City a Prince Rupert afin d'etre present dans la partie de sa prefecture en plein developpement. Les quasi-paroisses se multiplient. Celle de Prince Rupert compte, en 1932, 875 catholiques et dessert quelques postes de Blancs dans la region. Prince George, deuxieme ville en importance, d'une population de 3 000 habitants, dans les annees 1930, beneficie de la presence d'un missionnaire en charge d'une quasi-paroisse. Smithers, petite ville de 1 000 habitants, en 1934, est desservie par un missionnaire, notamment, le pere Eichelsbacher, qui s'y devoua de 1919 a 1934, et de 1941 a 1969. Les petits groupes de Blancs echelonnes sur le parcours de la voie ferree, sont desservis par des missionnaires ambulants, Nicolas Coccola, Honorius Rivet, Elphege Allard, Patrick McGrath, et autres. Le centre minier d'Anyox, en exploitation depuis 1914, dont le nombre de catholiques est de 500, en 1937, recoit sans retard son missionnaire31. On inaugure, en 1935, l'apostolat aupres des Chinois et Japonais, au nombre de quelque 2 000, sur la cote du Pacifique32. ACTIVITES REDUITES AU YUKON
Au Yukon, la ville de Dawson City, capitale, qui comptait 25 000 habitants durant les jours glorieux du Klondike, n'en compte plus, dans les annees 1930, qu'un millier. Dechue de sa splendeur premiere, Dawson City n'en demeure pas moins un centre d'activites. Les deux Oblats de ce poste s'occupent regulierement de la desserte de la quasi-paroisse, de l'ecole et de l'hopital catholiques et de quelques dessertes environnantes 33 . A partir de 1920, l'un d'eux visite le centre minier de Mayo, eloigne de 1 800 kilometres. La ville de Whitehorse, elle aussi tres reduite en importance, devient desserte apres 1917, lorsque le pere Charles Wolfe, son dernier missionnaire residant, fut appele ailleurs. La petite chretiente de Whitehorse fut confiee d'abord aux soins du cure de Skagway34, Alaska, puis, a partir de 1926, aux missionnaires de Dawson City. Le Yukon compte, en 1932, 4 238 habitants, dont 647 catholiques. LE SOIN DES MISSIONS INDIENNES
De 1905 a 1921, le pere Nicolas Coccola, veteran missionnaire, dirige l'ancienne mission du lac Stuart en y maintenant les anciennes traditions et methodes missionnaires. En 1916-1917, le pere Joseph Allard y batit une
Les missions du Yukon et Prince Rupert
183
Une rencontre fraternelle. Les peres Emile Leray (1886-1964) et Gottfried Eichelsbacher (1877-1970). (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
ecole residentielle pour les Indiens, dont il fut le premier principal jusqu'en 1922. Cette ecole, reconnue et subventionnee par le gouvernement, fut alors rebatie, aux frais de ce dernier, sur les bords du lac Fraser, a un endroit baptise sous le nom de Lejac. Des missionnaires, tels les peres Claude Bellot, Charles Wolfe, Elphege et Joseph Allard, Leon Ouellet se sont devoues aupres des Indiens de la mission elle-meme du lac Stuart et des nombreuses dessertes qui y sont rattachees. L'infatigable pere Eichelsbacher, missionnaire des Indiens et des Blancs, apres s'etre devoue au Yukon, de 1901 a 1910, exerce son zele dans le district de Prince Rupert. De 1910 a 1916, il reside a Hagwilget et travaille aupres des Blancs occupes a la construction du chemin de fer, et aupres des Indiens. De 1918 a 1929, de Prince Rupert, il s'occupe des dessertes des lies de la Reine-Charlotte, puis successivement, de Smithers, de Hagwilget et de Babine. De 1929 a 1934, il est charge de plusieurs postes de missions35. M^r Bunoz ecrit de lui, en 1932 : II «vole incessamment d'une
184
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
mission a l'autre, car il a un bon nombre de missions indiennes a desservir»36. VERS UNE TRIBU DE RELIGION PRIMITIVE
Le pere Elphege Allard etait assigne officiellement, en 1925, au nouveau poste de Telegraph Creek, dans la region du Cassiar. II devait presenter l'Evangile a une tribu nomade, de religion primitive, habitant l'extreme nord de la Colombie-Britannique, qui exprimait le desir de devenir catholique. Ces sauvages, bien qu'ignorant des verites specifiques de notre sainte religion, en avaient acquis une idee confuse de quelques sauvages catholiques qu'ils avaient rencontres [...] Ils exprimerent leur ardent desir de devenir catholiques eux-memes. Le moment de la grace semble etre arrive pour eux37. L'habitat de la tribu a evangeliser s'etend au pied des montagnes sur une longueur d'au moins 250 kilometres de la source de la riviere Findlay aux sources de la Pelley, dans le Yukon. M§r Bunoz signale les diffkultes qu'offrira le pays au missionnaire. La partie du pays qu'il aura a parcourir est «la plus sauvage et la plus deserte», et «les transports de tous genres y sont tres difficiles, penibles et couteux»38. Plein de zele et d'energie, le pere Allard s'est mis tout entier a l'evangelisation de cette tribu indienne designee par les missionnaires sous le nom de Sekanais ou de Cascas. Chaque annee, de 1925 a sa mort survenue accidentellement en 1935, il parcourut quelque 500 kilometres, depuis la riviere Stikine, sur laquelle est situe Telegraph Creek, jusqu'au haut Liard. II erigea une chapelle et une ecole a McDame, sur la riviere Dease, et une chapelle a Lower Liard Post. Le pere Allard gagna immediatement la sympathie des Indiens. De non croyants qu'ils etaient pour la plupart, a sa premiere visite, ils devinrent, apres trois ans, «la plupart catholiques»39. A la mort du missionnaire, on pouvait qualifier les Indiens de la mission de McDame d'excellents chretiens, ceux de Lower Liard Post, de Chretiens encore en formation. Les convertis etaient au nombre de deux cents40. Le pere Allard donna a ses neophytes un catechisme, des prieres et des cantiques en leur langue, qu'il maitrisait. II rayonna dans toute la region, comme l'affirme M gr Bunoz : «I1 y a peu dTndiens dans le Cassiar et dans le sud du Yukon qu'il n'ait rencontres et sur qui il n'ait exerce son influenced 1 .
Les missions du Yukon et Prince Rupert
185
Vepanouissement de la mission, 1935-1967 COUP DE BARRE DU SUPERIEUR GENERAL
Le pere Theodore Laboure, superieur general, dans une breve visite au vicariat du Yukon et Prince Rupert, en 1935, se rendit compte concretement que le petit nombre de missionnaires, dont plusieurs deja ages, ne pouvait suffire a la tache. II passa energiquement a Faction en y envoyant plusieurs nouveaux missionnaires : neuf en 1936, sept en 1937 et cinq en 1938. Ces premiers renforts doublaient le nombre de missionnaires du vicariat. En meme temps, un eveque coadjuteur etait donne a M§r Bunoz. Celui-ci put alors intensifier et elargir le travail apostolique, specialement aupres des Indiens. Des Oblats furent etablis dans des centres importants jusque-la desservis par des missionnaires ambulants ou meme abandonnes depuis un certain temps. NOUVELLES MISSIONS
Des 1936, l'importante mission indienne de Babine, qui dessert quatre cents Indiens, recut le pere Eichelsbacher comme missionnaire residant. La meme annee, le pere Leo Bosse, de residence a Telegraph Creek, prend charge d'un groupe de Denes des environs, deja visites quelques fois par les missionnaires et demeures attaches a l'Eglise catholique. L'annee suivante, l'evangelisation des Indiens, entreprise courageusement par le pere Elphege Allard au nord de la Colombie-Britannique, est reprise par la fondation de la mission de Lower Liard Post. Au Yukon, le pere Alexis Monnet prend charge du centre minier de Mayo, en faveur des mineurs de l'endroit et des Loucheux catholiques de la region. L'evangelisation des Tlinkits, sympathiques a la religion catholique, commencee par le pere Joseph Allard, a Atlin en 1907-1910, est reprise, tout d'abord, en 1938, par le pere Louis Delarue, missionnaire a Whitehorse qui, tout en exercant son ministere aupres des Blancs, s'occupe des Tlinkits d'Atlin, du lac Bonnet, du lac Kluane et ailleurs dans la region. Le pere Albert Drean ouvre une mission, au lac Teslin, en faveur de ces memes Indiens, qu'il dessert de 1939 a 1953. Enfin, en 1942, le pere Marcel Bobilier, de residence a Fort Selkirk, au Yukon, offre la presence du pretre catholique aux Indiens du haut Yukon et de la riviere Pelley, gagnes a l'anglicanisme. Le precieux renfort de missionnaires des annees 1936-1939 permit egalement de fortifier les rangs des Oblats engages dans le ministere aupres des Blancs, dans des quasi-paroisses et des dessertes42.
186
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
DEUX VICARIATS APOSTOLIQUES
Des circonstances favorisaient, en 1944, la division du vicariat apostolique du Yukon et Prince Rupert. Les renforts missionnaires apportes depuis 1936 ont produit un developpement important dans l'ensemble des missions du vicariat. La construction, en 1942-1944, de la route dite de l'Alaska, reliant Dawson Creek a Fairbanks, facilitait Faeces au nord du vicariat. La population blanche du Yukon s'etait accrue depuis le debut de la guerre 1939-1945. D'autre part, les regions du sud et du nord du vicariat apostolique du Yukon et Prince Rupert, separees par le massif du Cassiar, se developpaient de facon differente : le nord demeurait une region miniere; le sud s'ouvrait aux Blancs et a leurs activites industrielles et autres. Un bref du Saint-Siege, emis le 14 Janvier 1944, erigeait le vicariat apostolique de Whitehorse et le confiait a M§r Coudert, jusque-la coadjuteur de M gr Bunoz. Le nouveau vicariat comprend le territoire du Yukon et la partie septentrionale de la Colombie-Britannique, au-dela du 57e degre parallele43. Le vicariat, a sa creation, comprend deux quasi-paroisses, six missions residentielles44, dont une, a Fort Nelson, venant du vicariat apostolique de Grouard. Sa population est estimee a 10 000 habitants, dont 2 500 catholiques, desservis par un eveque, quatorze peres et deux freres. Le vicariat du Yukon et Prince Rupert, ampute de sa partie nord, resta sous la juridiction de M^r Bunoz et fut designe sous le simple nom de vicariat de Prince Rupert. Lui fut ajoutee une tranche de territoire du vicariat de Grouard, dans laquelle sont situees les missions de Fort St. John et Dawson Creek. En 1944, le vicariat de Prince Rupert compte trois paroisses et onze missions principales45. Sa population catholique est evaluee a 8 000 en 195046. REORGANISATION RELIGIEUSE
Le 15 septembre 1944, le pere Anthime Desnoyers, vicaire general de la congregation des Oblats pour l'Amerique, l'Afrique et l'Asie47, constituait un vicariat religieux oblat dans le vicariat de Whitehorse et nommait a sa tete M8r Coudert. Par le meme acte, il reunissait les Oblats du vicariat apostolique de Prince Rupert a leurs confreres de la province St. Peter48. PROGRES DE 1944 A 1967
Vicariat de Prince Rupert Les missionnaires du vicariat, tout en continuant leurs activites aupres des tribus indiennes, durent s'occuper de plus
Les missions du Yukon et Prince Rupert
187
en plus de la population blanche qui s'accroissait rapidement. M^r Fergus O'Grady, vicaire apostolique depuis 1956, a donne une vive impulsion aux oeuvres scolaires et a l'education des jeunes. En 1970, les catholiques du vicariat, devenu alors diocese, sont au nombre de 17 000 dont le tiers se compose d'Indiens 49 . Le ministere s'exerce en quinze paroisses ou quasiparoisses et en plusieurs dessertes50. De 1944 a 1967, le personnel oblat du vicariat passa de dix-neuf, dont un eveque, dix-sept peres et un frere, a quarante-deux, dont un eveque, trente-quatre peres et sept freres51. Vicariat de Whitehorse Au vicariat de Whitehorse, outre les paroisses ou quasi-paroisses de Dawson City et de Whitehorse deja etablies, de nouvelles sont ouvertes a Fort Nelson, a Cassiar, a Mayo et a Watson Lake. De plus, des ecoles et des eglises se fondent dans des centres miniers qui regroupent des mineurs et leurs families52. Plusieurs missions indiennes sont ouvertes ou reouvertes : Carmacks, en 1942, Burwash Landing, en 1944, Ross River, en 1945, Old Crow, en 1951, Upper Liard, en 1955, et Watson Lake, en 1962. De plus, une ecole industrielle pour Indiens est etablie en 1952, a Lower Post. Des progres sont sensibles partout, sauf a la mission de Old Crow, mission etablie en pleine forteresse protestante, «a la demande de la Congregation pour la Propagation de la Foi>>53. Les missionnaires n'y ont fait aucune conversion; ils ont obtenu, tout au plus, un accueil sympathique des Indiens. Le nombre d'Oblats du vicariat, de 17 (un eveque, 14 peres et 2 freres), en 1944, passe a 29 (un eveque, 24 peres et 4 freres), en 1967. La population catholique du vicariat est desservie dans dix-sept paroisses ou missions principales54; elle a passe de 2 500 en 1947, a 5 599 en 196655.
Les missionnaires, 18/3-1960 LEUR NOMBRE
Le personnel missionnaire du territoire du Yukon et Prince Rupert, nous l'avons signale, se constitua lentement. En tout, cent trente peres et dixsept freres en ont fait partie, de 1873 a i960. Des quarante et un missionnaires arrives avant 1935, neuf eurent des carrieres missionnaires remarquables, de trente ans et plus : le pere Joseph Allard, trente-huit ans, M§r Emile Bunoz, quarante-trois ans, les peres Marcel Chartiez, trente-trois ans, Nicolas Coccola, trente-huit ans, Gottfried Eichelsbacher, soixantehuit ans, Philias Gagne, trente-sept ans, Emile Leray, quarante-deux ans, Honorius Rivet, trente ans, et le frere Bernard Anderson, quarante-trois
188
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD
ans. Quatre de ces quarante et un missionnaires sont encore en mission en i960. Du total des cent quarante-sept missionnaires venus au Yukon et Prince Rupert, de 1873 a i960, la moitie, soit soixante-treize, ont persevere dans les missions, dont six y sont decedes. L'autre moitie, soit soixantequatorze, ont quitte le territoire apres un certain nombre d'annees : soixante-six pour d'autres champs d'apostolat oblat et huit se retirant de la Congregation. En i960, on compte dans les deux vicariats apostoliques, cinquante-neuf peres et huit freres. DES COLLABORATEURS ET COLLABORATRICES
Quelques pretres seculiers, excepte pendant la periode de 1913 a 1923, ont regulierement travaille avec les Oblats, et depuis 1942, egalement quelques Redemptoristes. Les soeurs de Sainte-Anne, de Lachine, les premieres a venir, prirent charge, en 1898, de l'hopital et de l'ecole catholiques de Dawson City, au Yukon, et plus tard, d'oeuvres semblables en d'autres endroits. Les soeurs de la Providence, de Montreal, se devouerent dans des oeuvres similaires, en plusieurs postes, tandis que les soeurs de l'Enfant-Jesus de Le Puy, France, de Saint-Joseph de Hamilton, de SaintJoseph de Otterburne, de Saint-Joseph de Toronto, et de Sainte-Croix de Montreal, se consacrerent aux oeuvres d'enseignement, en plusieurs localites. En i960, quatre-vingt-six religieuses etaient a la tache dans le vicariat apostolique de Prince Rupert et vingt-cinq, dans celui de Whitehorse56. (L'appendice III fournit quelques donnees particulieres sur le personnel.)
III DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE, 1872-1967
La partie sud de TOuest canadien, occupee par des autochtones et des Metis, passe rapidement sous la domination des Blancs, apres 1870. L'immigration, la colonisation, l'exploitation des ressources du sol, l'apparition des industries et des agglomerations urbaines, ainsi que l'organisation politique en provinces canadiennes en font un nouveau pays. Une transformation s'opere egalement au plan ecclesiastique. Des pretres, oblats et autres, de plus en plus nombreux se joignent aux missionnaires des Indiens et Metis pour le soin de la population blanche croissante. Le clerge seculier et regulier commence a se recruter sur place. L'figlise missionnaire devient graduellement une Eglise diocesaine reguliere. Dans la periode de 1908 a 1921, tous les dioceses de l'Ouest possedent deja un clerge seculier, plus ou moins nombreux, et tous, j usque-la sous la juridiction d'eveques oblats, excepte celui de Victoria, passent a des eveques non oblats. La congregation des Oblats elle-meme connait une transformation. Au ministere des autochtones et des Metis s'ajoute celui des Blancs. Elle ne sera pas etrangere au developpement du fait francais dans l'Ouest, en soutenant des initiatives dans le domaine des ecoles, des associations, en prenant charge de colleges et de journaux, etc. Elle recoit dans ses rangs un nombre croissant de membres de diverses nationalites, en particulier des Allemands et des Polonais. Elle se recrute de plus en plus sur place et se donne une organisation de provinces religieuses regulieres.
189
190
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
Tel est le contexte general dans lequel s'inscrit la page d'histoire des Oblats dans l'Ouest du Canada, que nous considerons dans la derniere partie de notre ouvrage.
12
La province du Manitoba, 1872-1967
Les missions indiennes Un bon depart missionnaire aupres des Indiens et des Metis est deja enregistre en 1871. Le pere Charles Camper s'occupe des Metis et des Indiens eparpilles sur les bords du lac Manitoba; le pere Joachim Allard, cure de la paroisse Saint-Charles, a Saint-Boniface, visite chaque ete les Metis et les Indiens de la riviere Winnipeg1. Les peres Jules Decorby et Joseph Lestanc, de residence a Qu'Appelle, rejoignent les Indiens et les Metis de la vallee de la riviere Qu'Appelle, alors que les peres Jean-Marie Lefloc'h et Laurent Simonet, des deux missions de Pembina, desservent des Indiens et des Metis du Canada et des Etats-Unis. Ces premiers postes, excepte ceux de Pembina qui seront abandonnes en 1877, ouvrent un large champ missionnaire qui se divise en trois grands districts, designes sous les noms de district de l'Est, du Centre et de l'Ouest. LE DISTRICT DE L'EST
Le district de l'Est comprend le territoire autour du lac et de la riviere Winnipeg, incluant une partie de l'Ontario jusqu'au 9i e degre de longitude. Fort Alexandre-Selkirk Le pere Joachim Allard devient, en 1876, le premier pretre a residant Fort Alexandre, poste important situe a l'em-
191
La province du Manitoba
193
bouchure de la riviere Winnipeg. De ce poste sont desservis les Indiens «qui habitent les bords de la riviere Winnipeg, du lac des Bois, de la riviere la Pluie, du lac Seul et de la petite riviere aux Anglais»2. Fort Alexandre et ses environs immediats comptent en 1886, trois cents «bons sauvages catholiques»3. En 1905, la mission ouvre une ecole residentielle pour les enfants indiens. Parmi les missionnaires qui travaillerent longtemps a Fort Alexandre, nommons, outre le pere Allard, le frere Emile D'Amour (1898-1930) et les peres Philippe Geleen (1905-1936) et Apollinaire Plamondon (1941-1944; 1950-1966). Le pere Allard, en quittant Fort Alexandre, en 1880, etablit une nouvelle residence missionnaire dans la region, a Selkirk, sur le bas de la riviere Rouge. De la, il s'occupe, jusqu'en 1898, notamment de la reserve indienne de Peguis et d'autres reserves4. Les missions en Ontario Les dessertes du haut de la riviere Winnipeg, situees en Ontario, donnent naissance a trois centres missionnaires. Le premier, au Portage-du-Rat (Kenora), sur le lac des Bois, devient, avec l'arrivee du pere Jean-Baptiste Baudin, en 1880, une mission permanente. Son compagnon, le pere Stanislas Marcoux, en charge des Indiens de la region au cours de la periode de 1884 a 1889, en rejoint environ trois cent soixante. En 1896, le pere Charles Cahill organise, a Kenora meme, une ecole residentielle, qui devient «son centre d'operations au milieu des milliers de sauvages qu'il doit evangeliser»5. Le deuxieme centre, Fort Frances, re^oit, en 1893, son premier pretre residant, le pere Charles Cahill. Plusieurs reserves indiennes, notamment celle de Couchiching, lui sont rattachees. En 1905, une ecole residentielle y est ouverte, dont le pere Hector Brassard fut le premier principal. Enfm, le troisieme centre, a Mclntosh, au nord du lac des Bois, est forme par l'etablissement d'une ecole residentielle, ouverte en 1925, sur une reserve indienne. Le pere Camille Perreault, premier principal de cette ecole, la dirigea jusqu'en 1946. Les Sauteux de ces trois postes importants d'Ontario, lents a se convertir, descendent des Indiens qui, autrefois, avaient econduit les premiers missionnaires de la Riviere-Rouge. En 1893, «ils avouent que le temps approche ou ils devront prier avec les Blancs»6. Cinq ans plus tard, «pour la premiere fois depuis cinquante ans, ils invitaient le pretre et meme le grand chef des priants a venir les visiter»7. L'influence chretienne s'est exercee en ces milieux par les visites des missionnaires sur les reserves indiennes et par les ecoles residentielles.
194
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
Berens River Rattachee a la mission de Fort Alexandre, «il y a une immense etendue de pays entre le lac Winnipeg, la riviere Nelson et la Baie d'Hudson qui doit renfermer des milliers de sauvages paiens, qu'aucun missionnaire n'a encore visites et qui demandent cependant des robes noires»8. En reponse aux bonnes dispositions de ces Indiens, les peres Joseph Magnan et Philippe Vales ouvrent, sur la fin du siecle dernier, un poste a Berens River9. Plus tard, en 1912, une mission avec pretre residant y est etablie par le pere Simeon Perreault. Les peres Camille Perreault, Joseph De Grandpre, Philippe Vales et le frere Frederick Leach comptent parmi les premiers apotres de cette mission. Apres deux ans d'enseignement a Berens River, ou il a ouvert une ecole, le frere Leach, a la demande des Indiens, en fonde une autre a Bloodvein, a une centaine de kilometres au sud de Berens River. En 1920-1921, le pere De Grandpre et le frere Leach etablissent une desserte a Little Grand Rapids, a quelque 140 kilometres a Test de Berens River. A ce moment-la, «le mouvement des conversions semble s'etendre partout dans les reserves environnantes»10 de Berens River. Le pere De Grandpre consacra environ trente-cinq annees missionnaires dans le pays, et le frere Leach, pres d'une soixantaine. Cross Lake et Norway House Enfin, dans le district missionnaire de l'Est, s'ajoutent deux fondations, au nord du lac Winnipeg : Cross Lake, en 1901, ouverte par les peres Etienne Bonnald et Jean-Baptiste Beys, et Norway House, etablie en 1905, par le pere Julien-Marie Thomas. Ces deux missions passerent au vicariat apostolique du Keewatin cree en 1910. LE DISTRICT DU CENTRE
Saint-Laurent Le district du Centre comprend les regions du lac Manitoba et du lac Winnipegosis et les missions dependantes de SaintBoniface. Indiens et Metis l'occupent en grande partie. La mission centrale du district, Saint-Laurent, devenue elle-meme paroisse de Metis, est demeuree longtemps le pied-a-terre des missionnaires de la region des lacs Manitoba et Winnipegosis. Parmi ces apotres figurent, entre autres, le pere Charles Camper, de 1866 a 1897, et le pere Ambroise Comeau, de 1893 a 1904.
Riviere-aux-Epinettes Le pere Camper, nourrissait le desir de reprendre l'apostolat aupres des Sauteux du lac Winnipegosis, abandonne depuis plusieurs annees. En 1878, il ecrit : «Pourrai-je enfin faire quelque chose pour les pauvres sauvages. Oh! Utinam. Jusqu'a present tous nos efforts ont ete a peu pres infructueux» u . Plus tard, «voyant une amelioration
La province du Manitoba
195
dans les dispositions des sauvages, [il] reprit le projet tant de fois echoue»12 de la reouverture d'une des plus anciennes missions du pays, celle de la Baie-des-Canards. La nouvelle mission fut etablie a la Riviereaux-Epinettes (Pine Creek, plus tard Camperville), a quelque 25 kilometres au sud de l'ancienne mission. Le pere Camper y construisit une petite chapelle et le pere Francois Dupont devint premier pretre residant (1886-1894) de la mission. Les peres Adelard et Joseph Chaumont, Joseph De Grandpre, Joseph-Eloi Poulet, Francois Poulin et autres, se devouerent dans cette mission qui devint un chef-lieu des Indiens du lac Winnipegosis. Une ecole residentielle y fut etablie en 1899. Sandy Bay Le poste de Sandy Bay, desservi par le pere Camper, de 1870 a 1897, puis par le pere Ambroise Comeau, prit de l'importance grace surtout a l'influence de ce dernier, «charge de toutes les missions sauvages du lac Manitoba»13. Au temoignage de M&r Langevin, le pere Comeau «a ressuscite l'oeuvre des missions sauvages du lac Manitoba))14. Sandy Bay eut une ecole residentielle, en 1905. Se devouerent de longues annees a ce poste, les peres Oscar Chagnon (1907-1969) et Celien Gauthier (1914-1930). LE DISTRICT DE L'OUEST
Le district de l'Ouest s'etend a la partie sud de la province de la Saskatchewan. Sa population se compose de Metis, de Sioux, d'Assiniboines, de Cris et de Sauteux et d'immigrants blancs. Qu'Appelle La mission de Qu'Appelle (aujourd'hui Lebret), la premiere fondee dans le district, en demeure la principale. Les deux premiers missionnaires, Jules Decorby (1868-1880) et Joseph Lestanc (1870-1874) furent suivis par les peres Joseph Hugonnard (1874-1917), Prisque Magnan (1884-1901), Theophile Campeau (1886-1897), «l'apotre infatigable des Sauteux»15, et de plusieurs autres. Une des trois premieres ecoles residentielles de l'Ouest y fut ouverte en 188416. Le pere Hugonnard, nomme principal, la dirigea avec devouement et succes jusqu'a la fin de sa vie, en 1917 17 .
Le pere Prisque Magnan, superieur de la mission de Qu'Appelle, attribue au zele des missionnaires et a l'influence de l'ecole residentielle le renouveau qui marque la mission. II ecrit en 1889 : II s'est opere depuis quelque temps un grand changement dans les dispositions de nos indigenes et un mouvement marque de conversion au
196
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
christianisme. Cela n'est pas douteux pour quiconque, ayant pu les visiter il y a quatre ou cinq ans, voit ce qu'ils sont maintenant 18 . En 1898, le territoire de la mission contient encore 3 250 Indiens non convertis19. Marieval, Lestock, Saint-Philippe Le pere Jules Decorby a jete les fondements de trois centres de missions importants dans le district de Lebret : Lac-Croche (aujourd'hui Marieval), Montagne de Tondre (aujourd'hui Lestock) et Fort Pelly (aujourd'hui Saint-Philippe). Des ecoles residentielles furent etablies dans ces trois centres : a Lestock en 1896, a Marieval en 1899, et a Saint-Philippe en 1903. Ces ecoles, non seulement dispensent l'education aux jeunes Indiens, mais regroupent les missionnaires charges des reserves environnantes. Outre le pere Decorby, on compte parmi les premiers apotres de ces missions les peres Theophile Campeau, Paul Bousquet, Leon Favreau et Simeon Perreault. LES ECOLES RESIDENTIELLES
Les ecoles residentielles pour enfants indiens, etablies dans les principaux centres des trois districts missionnaires, revetent, aux yeux des missionnaires, une importance particuliere pour l'oeuvre d'evangelisation. Le pere Prisque Magnan explique : L'experience nous a prouve que les ecoles, surtout les ecoles industrielles et les ecoles-pensionnats, sont un des moyens les plus efficaces pour la conversion des sauvages : des enfants d'abord qui y sont instruits et formes aux habitudes de la vie chretienne, puis de leurs parents qu'elles mettent en contact frequent avec les missionnaires20. Un de ses successeurs, le pere Jean-Baptiste Beys, affirme que les ecoles «etaient, au milieu de certaines tribus, le seul moyen de conversion»21. VISITE DU SUPERIEUR GENERAL, 1935~1936
Le pere Theodore Laboure, superieur general, dans sa visite des missions de l'Ouest du Canada, en 1935-1936, obtient des eveques l'assurance que les missions et les ecoles residentielles indiennes resteront confiees aux soins des Oblats. Ses directives adressees aux missionnaires insistent sur la necessite de vivre le plus possible pres des Indiens, d'apprendre et d'utiliser leur langue dans les missions et dans les ecoles indiennes 22 . Peu
La province du Manitoba
197
apres la visite, une ecole de langue sauteuse pour les jeunes missionnaires fut ouverte a Fort Alexandre, confiee a la direction d'un specialists de la langue, le pere Joseph Brachet. Quelques annees plus tard, en 1953, le pere ApoUinaire Plamondon y ouvrait une ecole apostolique pour favoriser les vocations sacerdotales chez les Indiens 23 . COMMISSION OBLATE DES OEUVRES INDIENNES
Le plus grand avantage de la visite du pere Laboure fut sans doute la constitution, par son autorite, d'une Commission oblate des oeuvres indiennes, dont le nom sera plus tard Conseil oblat des oeuvres indiennes et esquimaudes. Cette Commission etablit une etroite collaboration entre les provinciaux et les vicaires apostoliques en charge de missions indiennes. Elle coordonne leurs orientations et leurs decisions concernant, en particulier, les ecoles, les hopitaux et Faction en faveur du respect des droits des Indiens catholiques. Le secretaire de la Commission, mandate comme agent officiel des missionnaires aupres du gouvernement canadien, informe les membres de la Commission des politiques et actes de ce dernier relatifs aux Indiens. II intervient dans les requetes que les membres de la Commission ou les missionnaires ont a adresser au gouvernement. Le pere Omer Plourde, de la province du Manitoba, remplit avec habilete et devouement cette importante fonction de secretaire de la Commission, de 1936 a 195124. ENQUETE, 1948-1949
Une enquete sur le probleme indien, menee dans la province par le pere Guy de Bretagne, en 1948-1949, revele que les conditions de vie des Indiens ne sont pas les memes dans les diverses regions de la province et que le stade d'evangelisation et meme le mode d'evangelisation different quelque peu d'une region a l'autre. Ainsi, les Indiens des missions d'Ontario, dans le rayonnement de Kenora, de Mclntosh et de Fort Frances, autrefois rebelles a l'Evangile, s'ouvrent graduellement a la chretiente. En raison du nomadisme de ces Indiens, les missionnaires doivent s'astreindre a un ministere itinerant. Les missions, au Manitoba, c'est-adire, celles de Fort Alexandre, de Camperville, de Sandy Bay et autres, exigent egalement un ministere itinerant. Cependant, l'oeuvre missionnaire, dans ces milieux, s'est poursuivie de fa^on presque continue depuis les annees i860. Aussi le degre d'evangelisation ou d'approfondissement de la foi des Indiens y est plus avance qu'ailleurs. Toutefois, le territoire situe a Test du lac Winnipeg, ouvert plus recemment a Faction des missionnaires,
198
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
est a un stade moins avance d'evangelisation. Les missions situees dans la province de Saskatchewan se caracterisent par une evangelisation en lien avec les ecoles residentielles ou, le plus souvent, resident les missionnaires25. Cette enquete sur la question indienne fut a l'origine de plusieurs congres missionnaires tenus dans la province au cours des annees suivantes, dans lesquels les problemes indiens sont etudies et les methodes pastorales mises a jour 26 . LES MISSIONS, OEUVRE MARQUANTE
Les peres et les freres oblats occupes principalement ou uniquement aux oeuvres indiennes ont toujours forme un groupe important dans le personnel actif de la province. Us representent une moyenne de 40% de ce personnel durant la periode anterieure a 1920, et de 35% dans celle qui a suivi, jusqu'en 1966. C'est une moyenne de dix a vingt missionnaires environ, pour la periode avant 1900, et de vingt a soixante, pour la periode suivante27. Compare aux groupes d'Indiens confies aux autres provinces ou vicariats de l'Ouest, celui du Manitoba est un des plus nombreux. Le pere Prisque Magnan affirme, en 1904, que, «de tous les vicariats de l'Amerique du Nord, le vicariat de Saint-Boniface est celui qui, apres la Colombie-Britannique, compte le plus grand nombre d'Indiens, et chose penible a constater, le plus grand nombre d'Indiens encore infideles»28; le pere Majorique Lavigne ajoute, en 1947 : «Nous avons Tun des groupes de missionnaires les plus nombreux du pays desservant l'un des groupes les plus nombreux d'Indiens»29; et le pere Aime Lizee, en 1966 : «Si elles [les missions] etaient groupees sous une juridiction unique, elles formeraient une circonscription ecclesiastique assurement plus importante qu'aucun vicariat du Grand Nord» 30 .
Paroisses et oeuvres PAROISSES METISSES ET INDIENNES
Certaines des missions indiennes et metisses, traitees dans les paragraphes precedents, sont devenues, en raison de leur developpement, des paroisses ou quasi-paroisses31. Nous identifions les principales. La plus ancienne de ces paroisses ou quasi-paroisses est Saint-Laurent, situee sur les bords du lac Manitoba. Sa population, composee principale-
La province du Manitoba
199
ment de Metis, etait de 1 100 a 1 200 personnes 32 , en 1886. A cette ancienne paroisse, s'ajoutent les quasi-paroisses de Sandy Bay et de SaintAmbroise, sur le lac Manitoba, et plus au nord, a l'ouest du lac Winnipegosis, celle de Camperville, qui desservait, en 1898, une population catholique de 400 Metis et Indiens et de 250 Blancs. Dans la region du lac Winnipeg, la mission de Fort Alexandre formait, en 1887, «une reduction de bons sauvages catholiques, au nombre d'environ 300 et un nombre a peu pres egal de sauvages paiens et protestants»33. En 1947, elle est une communaute presque completement indienne de 1 315 fideles. La mission de Saint-Michel, a Selkirk, sur la riviere Rouge, en aval de Saint-Boniface, groupait deja, en 1886, 68 families indiennes et 30 families de Blancs. En 1904, les Blancs passaient au clerge diocesain, tandis que les Indiens restaient a la charge des missionnaires. Sur la cote est du lac Winnipeg, la mission de Berens River formait, en 1912, une petite chretiente d'une soixantaine d'Indiens; en 1967, elle se compose de 317 Indiens et Metis. Encore au Manitoba, une petite paroisse metisse et indienne est etablie plus recemment a Birtle, dont le pere Joseph-Eloi Poulet fut le premier cure, en 1955. Lui sont rattachees cinq ou six missions indiennes. Enfin, en Saskatchewan, l'importante mission de Marieval, situee sur une reserve indienne, etait, en 1967, une paroisse composee de 2 800 Indiens. PAROISSES DE BLANCS
Afin de repondre a des besoins particuliers et aussi pour favoriser la desserte de missions indiennes, la province, a la demande des eveques, se devoue dans quelques paroisses de Blancs. Ce sont, pour la plupart, des paroisses de langue francaise, toutes ou presque de milieux modestes ou pauvres. Le service de ces paroisses impose ordinairement l'organisation et le maintien d'ecoles paroissiales, en raison de l'absence d'education chretienne dans les ecoles publiques. Le financement de ces ecoles, laisse presque uniquement aux paroisses, causera bien des soucis. Dans la ville de Saint-Boniface, les Oblats ont travaille a la paroisse cathedrale jusqu'en 1915, a cote de pretres seculiers, comme cures, vicaires ou aumoniers. En 1950, ils acceptaient, pour une periode de vingt-cinq ans, la paroisse francaise du Precieux-Sang, «pour rendre service a M gr l'archeveque» de Saint-Boniface, pour fortifier nos positions dans la ville de Saint-Boniface et, en meme temps, pour promouvoir «le recrutement des vocations»34. Le pere Aurele Lemoine en fut le cure jusqu'en 1969. A Winnipeg, le pere Joseph McCarthy, de 1869 a 1872, puis le pere JeanBaptiste Baudin, desservirent les premiers catholiques de la localite. Une
200
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
Les peres Euchariste Benoit et Antonio Lacelle chez les Saulteux, vers 1940. (Courtoisie des Archives de L'Apostolat, Richelieu, Que.)
maison-chapelle y fut construite en 1874. Des 1876, le developpement rapide de la population catholique motiva la fondation officielle d'une paroisse, qui fut mise sous le vocable de sainte Marie. Le pere Albert Lacombe en fut le premier cure, assiste du pere Baudin. Le nombre des catholiques, en 1893, s'elevait a 930 de langue anglaise et a 400 de langue francaise. M§r Tache, en vue de donner aux Oblats un etablissement central dans son diocese, leur confia cette paroisse35. Son successeur, M§r Langevin, la leur ceda a perpetuite, par acte du Saint-Siege36. Encore a Winnipeg, M%T Langevin chargea les Oblats de l'organisation et de la fondation d'une paroisse pour desservir les Canadiens francais disperses dans la ville. La paroisse fut erigee le 22 Janvier 1905, sous le vocable du Sacre-Coeur. Elle eut comme premier cure, le pere Xyste Portelance37. La petite paroisse de Saint-Charles, pres de Winnipeg, desservie par les Oblats depuis les annees i860, a ete cedee au clerge diocesain, en 1917, a la demande de l'archeveque de Winnipeg.
La province du Manitoba
201
Au nord du Manitoba, pres du lac Dauphin, le poste de Sainte-Rosedu-Lac, visite depuis quelques annees par les missionnaires, fut pris en charge par le pere Pierre Lecoq, en 1895. Ce dernier y construisit une eglise, en 1898, fit un voyage en France et en Belgique en 1902 pour y amener des colons38, et dirigea la paroisse jusqu'en 1909. Celle-ci, composee presque en totalite de Blancs, passait a un pretre diocesain en 1910, mais, a la demande de l'archeveque de Winnipeg, revenait aux Oblats en 1938. Le pere Josaphat Magnan y etait nomme cure. En Ontario, la province prit charge des paroisses de Notre-Dame du Portage, a Kenora, en 1881, et de Sainte-Marie, a Fort Frances, en 1893. Les missionnaires de ces paroisses s'occupent de plusieurs petits groupes de Blancs etablis le long de la voie ferree transcontinentale ou ailleurs, et des Indiens de plus en plus nombreux dans leurs villes. Se joint comme naturellement a ces deux paroisses, celle de Saint-Thomas, dans la ville d'International Falls, situee aux Etats-Unis, sur la frontiere canadienne, en face de Fort Frances. Cette paroisse, acceptee en 1919, dessert une population ouvriere et de langue francaise dispersee dans la ville. Elle fut transferee aux Oblats de la province du Centre des Etats-Unis, apres 1953. En Saskatchewan, la mission de Lebret, par l'arrivee de nombreux immigres dans la region, est devenue une paroisse composee en majorite de Blancs. En 1898, ils y sont au nombre de 1 248 contre 707 Metis et Indiens 39 . La mission demeure un poste central d'ou les missionnaires s'occupent de dessertes de Blancs et d'Indiens. Parmi ces dessertes Kamsack, devenue paroisse, est restee a leur soin, desservie successivement par les peres Jules Decorby, Conrad Brouillet, Joseph Poulet, Henri Gonneville et Arthur Dallaire. Ce dernier y fut cure de 1938 a 1969. Enfin, aux Etats-Unis, dans l'Etat de Minnesota, a la demande de M gr James McGolrick, eveque de Duluth, la province acceptait, en 1902, la desserte des quelque 500 ou 600 families canadiennes-fran<;aises dispersees dans la ville episcopale. La paroisse Saint-Jean-Baptiste, qui les regroupe, fut confiee a perpetuite aux Oblats40. Cet etablissement mettait les Oblats en contact avec d'autres centres canadiens-francais dans la contree, notamment ceux de Northome et de Little Fork. Ces oeuvres dans le diocese de Duluth, furent transferees aux Oblats de la province du Centre des Etats-Unis, apres 1953. AU SERVICE DES IMMIGRES D ' E U R O P E CENTRALE
Des immigrants catholiques Une forte immigration venant du centre de l'Europe deferla dans les plaines de l'Ouest du Canada, a la suite de demarches du gouvernement canadien, faites en 1896, en vue d'y attirer
202
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
des agriculteurs. Le nombre d'Allemands, en Saskatchewan, passe de 5 ooo en 1901, a 100 000 en 1911; celui des Polonais, venus au Canada entre les annees 1894 et 1913, se chiffre a 170,000 et celui des Hongrois, dans les provinces du Manitoba et de Saskatchewan, approche les 100 ooo 41 . Cette forte immigration, contrairement a une premiere d'environ 40 000 venue d'Ontario et de la Nouvelle-Angleterre, au cours des annees 1876-1881, amene de nombreux catholiques. Les Oblats, conscients de l'importance pour l'Eglise de cette immigration, se font un devoir de visiter les principaux centres et les petites colonies d'immigres et y etablissent, autant que possible, des lieux de culte. Le pere Prisque Magnan, provincial, affirmait dans son rapport au chapitre general de 1904 : Cette oeuvre, je le crois, est une des plus importantes dans notre pays, a l'heure presente, car il est extremement important de contribuer de toutes nos forces a etablir sur des bases solides le royaume de JesusChrist dans ces territoires immenses et fertiles qui viennent d'etre ouverts a la colonisation. Et les Allemands avec les Polonais et les Galiciens forment l'immense majorite de la population catholique que la divine Providence nous envoie. II y a deja des milliers de families etablies dans nos regions42. M8r Langevin, pour sa part, multiplie les demarches afin de procurer aux immigres des pretres et des Oblats de leur langue et meme du rite oriental pour le groupe des Galiciens d'Ukraine. Les premiers missionnaires Au milieu de ces nouveaux catholiques, les Oblats exercent un ministere de caractere paroissial dans des paroisses, quasi-paroisses, ou simples dessertes. Des les debuts de l'immigration, certains d'entre eux ont fait oeuvre remarquable. Le pere Jules Decorby, polyglotte, de Fort Ellice 011 il a son pied-a-terre de 1880 a 1895, s'occupe de la colonie hongroise de Esterhazy, visite ailleurs des families bavaroises, allemandes, francaises et beiges43. Le pere Agapit Page, initie a la langue des Hongrois, dessert des missions galiciennes et hongroises, a plusieurs endroits, au Manitoba et en Saskatchewan, tels Kaposvar, Lemberg, Lac Dauphin, Yorkton et Lestock. II est a l'oeuvre de 1887 a 192244. Le pere Philippe Roux (Ruh), deja passe au rite ruthene a son arrivee dans l'Ouest en 1913, depense sa vie au service des Ukrainiens, tantot en Alberta, tantot au Manitoba. En 1930, il se fixe a Cook's Creek, Manitoba, et y travaille
La province du Manitoba
203
L'ancienne eglise du Saint-Esprit a Winnipeg. Ce premier centre religieux des immigres polonais et allemands fut fonde en 1899. En medaillon, le pere Jean W. Kulawy, o.m.i. (1872-1941) (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
jusqu'a sa mort survenue en 1962. II y construisit une magnifique eglise de style oriental qualifiee de «cathedrale des plaines»45. LES CENTRES RELIGIEUX DES IMMIGRES
Winnipeg Le premier centre religieux important organise pour les catholiques allemands, polonais et galiciens fut la paroisse Saint-Esprit, fondee a Winnipeg, en 1899, par M§r Langevin. Cette paroisse eut comme organisateurs et pasteurs, dans ses debuts, les premiers Oblats allemands et polonais venus au Manitoba : les peres Albert et Jean Kulawy, deux freres de sang, Augustin Suffa, Adolphe Enck, Josef Cordes, Karl Groetschel et Paul Hilland. Des 1904, les catholiques allemands, dont le nombre croissait rapidement, furent regroupes en une nouvelle paroisse, sous le vocable de saint Joseph. Le pere Cordes, nomme premier cure, assiste du pere Hilland, en furent les pionniers et les organisateurs. Le dernier en devint cure, de 1910 a 1926. Les missionnaires de ces deux paroisses de Winnipeg visitent les colonies d'immigres etablies dans la region et donnent naissance a deux publications, l'une en langue polonaise, l'autre en langue allemande.
204
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
Regina Avant meme la fondation de la paroisse allemande de SaintJoseph, a Winnipeg, les peres Suffa, Auguste Kim et Mark Kasper etablissaient, en 1903, a Regina, Saskatchewan, une paroisse allemande, placee sous le patronage de sainte Marie. Cette paroisse regroupe une centaine de families allemandes et vingt-cinq d'autres nationalites. De plus, elle est le centre naturel de plusieurs colonies que les peres de la paroisse visitent. Mariahilf Un autre centre paroissial important, ouvert a Mariahilf, en Saskatchewan, recoit les soins des peres Suffa, Kasper, Philippe Funke, Leo Gabriel et autres. II dessert plusieurs colonies allemandes et autrichiennes situees au nord de la vallee de Lebret, telles Lemberg, Melville, Killaly. Prelate Enfin, dans la region du sud-ouest de la Saskatchewan, une residence centrale est ouverte a Prelate, ou des missionnaires desservent un district compose de sept ou huit groupes de fideles de langue allemande. En 1926, les Oblats d'origine allemande et polonaise oeuvrant aupres des immigres furent detaches de la province du Manitoba et constitues en une nouvelle province religieuse oblate, designee sous le nom de St. Mary46. L'OEUVRE DE PRESSE
Au debut du siecle, la presence de nombreux immigres catholiques de diverses nationalites necessita des organes pour les informer et les soutenir. Les Oblats polonais fondent, en 1905, un journal Glos Kanadyjski (La Voix du Canada). Discontinue apres un an, il est repris, en 1908, sous le nom de Gazeta Katolicka w Kanadzie (La Gazette catholique du Canada). Le pere Joseph Cordes, cure de la paroisse allemande SaintJoseph, a Winnipeg, forme une oeuvre de presse catholique, incorporee civilement le 25 juillet 1907 sous le nom de West Canada Publishing, dont les proprietaries sont en majorite des laiques. Cette oeuvre publie l'hebdomadaire West Canada, que les Oblats allemands inaugurent le 4 septembre suivant, l'hebdomadaire Northwest Review, dont la fondation remonte a 1885, et l'hebdomadaire polonais Gazeta Katolicka w Kanadzie. En raison de son importance et pour favoriser son developpement, l'oeuvre de presse fut mise sous la direction immediate du provincial du Manitoba, qui choisit pour elle des locaux mieux appropries et la mit sous la direction du pere Omer Plourde. De nouvelles publications s'ajoutent : l'hebdomadaire ruthene Canadian Ruthenian et la revue mensuelle VAmi du Foyer. L'oeuvre elle-meme, a l'instigation de M§r Langevin, fonde en
La province du Manitoba
205
1913 un hebdomadaire pour les catholiques de langue francaise du Manitoba, La Liberte. Menacee de poursuites ruineuses, en raison de certains articles contentieux parus dans le journal ruthene, la compagnie Canada Publishing decida de liquider. Les Oblats, convaincus de l'importance pour l'Eglise de cette oeuvre de presse, se rendirent acquereurs du materiel de la compagnie et en fonderent une nouvelle, dont ils furent les proprietaries majoritaires, la Canadian Publishers Limited. Cette derniere compagnie entra en activite le 19 septembre 1925. S'ajoutent aux anciennes, de nouvelles publications : Catholic Year Book, Indian Missionary Record, Western Sunday Visitor, etc. Le Patriote, journal francais de Saskatchewan, fusionne en 1941 avec La Liberte, dont le nom devient La Liberte et le Patriote. En plus de son directeur, l'oeuvre recut la cooperation de quelques peres pour la redaction de ses propres publications et de quelques freres, comme techniciens. Parmi ces derniers, merite une mention speciale, l'habile et devoue Charles Sylvestre, qui y travailla de 1910 a sa mort en 195247. OEUVRES D'ENSEIGNEMENT
Le college de Saint-Boniface Le college de Saint-Boniface fut confie aux Oblats en i860, apres le depart des Freres des Ecoles chretiennes, qui le dirigeaient depuis 1854. L'institution dispense un cours d'instruction primaire, un cours commercial et un cours classique. Sous la direction du pere Theophile Lavoie, le college fut etabli dans une nouvelle maison, obtint son incorporation civile, le 3 mai 1871, et devint, en 1877, un des trois colleges a l'origine de l'universite du Manitoba 48 . Les Oblats ne pouvant plus fournir au college le personnel suffisant, M gr Tache, qui avait toujours espere que l'etablissement passerait entierement sous leur direction, dut le confier a des membres du clerge seculier, en 1878, et plus tard, en 1885, aux Jesuites49. Le college de Gravelbourg Sous les pressantes instances de l'archeveque de Regina, M§r Olivier-Elzear Mathieu, les Oblats acceptaient temporairement, en 1920, puis definitivement, deux ans plus tard, la direction du college catholique de Gravelbourg50. Ce college, le seul de langue francaise de la Saskatchewan, veut former une elite catholique. II offre un cours classique auquel s'ajoutent notamment un cours commercial et, en 1953, une Ecole d'Arts et Metiers. L'institution, devenue prospere, faillit disparaitre au debut des annees 1930, sous le coup de la recession economique du temps et d'une cruelle disette qui sevissait au sud de la
206
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
Saskatchewan51. Sauvee grace a la generosite de bienfaiteurs, elle reprend vie et progresse. Elle accueille, chaque annee, quelque deux cent cinquante etudiants. Le college, en 1965, a deja fourni a l'Eglise et a la societe quarante-sept religieux pretres et dix-sept scolastiques, quarante pretres seculiers, huit seminaristes, plus de quatre-vingts professeurs, environ soixante medecins, trente ingenieurs, vingt avocats, neuf etudiants aux hautes etudes commerciales, neuf en sciences sociales, et nombre d'autres qui ont opte pour d'autres professions ou etudes52. Le grand seminaire de Gravelbourg Des le debut de son episcopat, M gr Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve, Oblat de Marie Immaculee, premier eveque de Gravelbourg, entreprit des demarches aupres de ses confreres pour leur confier la direction de son futur grand seminaire. Le conseil provincial, autorise par le conseil general, acceptait, en 1931, la direction de l'oeuvre et l'etablissait, au moins temporairement, dans les locaux du college de Gravelbourg53. Le grand seminaire, designe sous le nom de Seminaire Mazenod, ouvert aux candidats de culture francaise d'autres dioceses, accueillit, en septembre 1931, une douzaine de seminaristes. Six Oblats y furent assignes. L'oeuvre resta sous leur soin jusqu'a sa dissolution en 1946. M gr M.-Joseph Lemieux, dominicain, eveque de Gravelbourg, renoncait alors a son institution pour favoriser la fondation d'un grand seminaire a Saint-Boniface, endroit juge preferable pour recevoir les grands seminaristes des dioceses de TOuest54. Le grand seminaire de Saint-Boniface M%T Georges Cabana, archevequecoadjuteur de Saint-Boniface, demanda aux Oblats, qui quittaient le grand seminaire de Gravelbourg, de se charger de la direction du grand seminaire inaugure a Saint-Boniface. Une entente a cette fin fut conclue entre lui et les Oblats 55 . Le grand seminaire, heberge temporairement dans l'hotellerie des peres Trappistes, de Saint-Norbert, ouvrit ses portes le 8 septembre 1946. Son personnel se composait de six peres, de quatre freres et d'un groupe d'une vingtaine de seminaristes de cinq dioceses differents56. Un edifice propre au grand seminaire ne pouvant etre construit pour des raisons financieres, Monseigneur l'archeveque logea l'oeuvre dans une annexe a son archeveche construite a cette fin. En s'etablissant dans ce nouveau local, en 1948, le grand seminaire passa sous la direction de pretres diocesains57.
La province du Manitoba
207
La province du Manitoba AU RANG DE PROVINCE
Le vicariat des missions de Saint-Boniface, cree en 1851, dont le territoire s'etait toujours identifie a celui meme du diocese de Saint-Boniface, fut eleve, en 1905, au rang de province religieuse, sous le nom de province du Manitoba 58 . La nouvelle province possede un personnel de soixantequinze Oblats, repartis en vingt-deux maisons ou residences et dessert cinquante postes de Blancs et soixante postes d'Indiens. Le pere Prisque Magnan, auparavant vicaire des missions, devint provincial. MAISONS DE FORMATION OBLATE
Les besoins de releve oblate et de formation premiere des membres de la province exigerent la fondation ou le developpement des institutions designees sous les noms de juniorat, noviciat et scolasticat. Lejuniorat La fondation d'un juniorat, ouvert a des jeunes de diverses nationalites qui desirent devenir Oblats, s'etait imposee et avait recu un commencement d'execution en septembre 1905, peu avant la creation de la province 59 . Les cours furent toujours donnes, en grande partie, au college de Saint-Boniface tenu par les Jesuites. Des ses debuts, le juniorat publia un bulletin mensuel, L'Ami du foyer, fonde par le pere Louis Gladu, pour alimenter la vie chretienne des families et favoriser l'oeuvre des vocations. Apres la fondation de la province allemande-polonaise St. Mary en 1926, le recrutement du juniorat se limita aux etudiants d'expression francaise. Les statistiques etablies en 1959 revelent que l'oeuvre a prepare cent cinquante-sept vocations religieuses et sacerdotales, parmi lesquelles on compte cent vingt-trois Oblats et vingt-cinq pretres seculiers60. Le noviciat Le premier noviciat du vicariat, organise a Saint-Laurent, en mars 1888, par M gr Tache, et transfere a la maison Saint-Charles en 1897, ne fonctionna que d'une maniere intermittente. En raison de leur petit nombre, on a souvent juge preferable d'envoyer les novices a l'exterieur du vicariat des missions, dans un noviciat plus nombreux et mieux organise, ou leur formation a la vie religieuse serait mieux assuree. Le noviciat de la province ne fut etabli definitivement que le 24 juin 1924, a Saint-Laurent. Jusqu'en 1928, il recut les novices de la province St. Mary, et jusqu'en 1929, ceux de la province St. Peter. En 1950, il etait transfere a Saint-Norbert puis, en 1963, a Lebret.
208
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
Le scolasticat Jusqu'en 1917, la province du Manitoba, comme les autres provinces de l'Ouest, placait ses scolastiques, ou etudiants en philosophic et en theologie, au scolasticat Saint-Joseph, a Ottawa. Cependant, le nombre croissant de scolastiques necessita, de l'avis des responsables interesses61, la fondation d'un scolasticat dans l'Ouest. II fut ouvert le 12 septembre 1917 dans le presbytere oblat de la paroisse Saint-Joachim, a Edmonton. Devenu en meme temps seminaire diocesain, il fut bientot trop petit, meme apres un agrandissement considerable de la maison. Au debut de l'annee scolaire de 1927, les etudiants etaient au nombre de quatre-vingt-dix, dont quarante-cinq seminaristes. De plus, des difficultes venant d'une difference de preparation scolaire entre seminaristes et scolastiques et egalement de problemes de relations entre les deux groupes imposerent un changement. Le pere Beys ecrit, en mars 1925 : «J'ai visite trois fois dans ces derniers mois le scolasticat d'Edmonton [...]. Tous, freres et professeurs, demandent un changement de cette situation et cela des l'ouverture de l'annee scolaire i925-i926»62. Appuyee par les responsables des scolastiques des provinces et des vicariats de l'Ouest63, la province du Manitoba ouvrit un scolasticat a Lebret en 1927. En 1931, les provinces St. Mary et St. Peter, ayant ouvert chacune leur propre scolasticat, retirerent leurs scolastiques de Lebret. Par contre, la province Canada-Est y envoya un certain nombre de scolastiques. Jusqu'aux annees i960, il y a dans ce scolasticat une presence moyenne de vingt-cinq scolastiques de la province du Manitoba. En 1965, le scolasticat de Lebret etait transfere a Saint-Norbert, pres de Winnipeg, avec l'esperance «d'etablir un centre theologique au service des dioceses et des diverses communautes religieuses des provinces des prairies»64. Des circonstances ne permirent pas la realisation du projet. En 1967, l'institution cessait ses activites. L'ETENDUE DE LA PROVINCE, 1911-1960
D'importantes modifications de territoire et de personnel marquerent le developpement de la province. En 1911, toute la partie nord de la province, situee dans le district civil du Keewatin, passait, comme nous l'avons vu, au nouveau vicariat des missions du Keewatin. La partie cedee comprenait les missions de Cross Lake et de Norway House. Pendant la guerre mondiale de 1914-1918, un certain nombre d'Oblats allemands de l'Ouest canadien passerent dans les etats frontaliers des Etats-Unis. Quelques autres venus d'ailleurs se joignirent a eux. Ces Oblats, qui jusque-la relevaient, les uns de la province du Manitoba et les autres de la province d'Alberta-Saskatchewan, furent reunis, en 1922, en
La province du Manitoba
209
un district designe sous le nom de Fletcher. Ce district, mis sous la juridiction de la province du Manitoba, en etait detache, deux ans plus tard, lorsqu'il fut constitue en vice-province, sous le nom de Saint-Henri de Belleville. L'erection, en 1926, de la province nationale St. Mary, qui regroupait les Oblats d'origine allemande et polonaise, soustrayait a la province du Manitoba des oeuvres de premiere importance, telles les paroisses SainteMarie de Regina, Saint-Joseph et Saint-Esprit de Winnipeg. La creation de cette province et de la vice-province de Saint-Henri de Belleville enlevait a la province du Manitoba un personnel de quarante peres, deux freres et six scolastiques65. Plus tard, en 1953, la province cedait a la province du Centre des EtatsUnis les oeuvres qu'elle possedait dans l'Etat du Minnesota : les paroisses Saint-Thomas a International Falls, et Saint-Jean-Baptiste a Duluth, ainsi que les stations de Northome et de Little Fork, et quelques missions indiennes. Le transfert de ces maisons et oeuvres, opere graduellement, etait complete en i960. Enfin, en 1957, le territoire de la province etait agrandi, du cote est, par la partie du diocese de Thunder Bay situee a Test du 9i e degre de longitude, qui relevait jusque-la de la province du Canada-Est66. LE PERSONNEL, 1871-1960
Au cours de la periode de 1871 a i960, 398 Oblats (335 peres et 63 freres67) ont fait partie du personnel de la province du Manitoba. De ce nombre, 13 (10 peres et 3 freres), etaient deja dans la province en 1871, et 178 (145 peres et 33 freres) y etaient encore presents en i960. Parmi les Oblats qui ont cesse d'appartenir a la province : 96 (76 peres et 20 freres) sont decedes dans la province, 107 (99 peres et 8 freres) ont recu des obediences pour d'autres provinces ou vicariats des missions, et 17 (15 peres et 2 freres) ont quitte la Congregation. Ce personnel se compose en grande majorite de Canadiens, soit 270 Oblats (228 peres et 42 freres), tandis que 53 (43 peres et 10 freres) sont d'origine francaise et 41 (38 peres et 3 freres) d'origine allemande, polonaise et autres de l'Europe centrale. Ces derniers passerent presque tous aux provinces de Saint-Henri de Belleville et de St. Mary, creees en 1924 et en 1926. Certains Oblats ont fourni de longues annees de service : le pere Oscar Chagnon, soixante-deux ans; les freres Adolphe Gauthier, Eugene Gauthier et Christophe Legall, cinquante-huit ans; les peres Francois Costiou et Simeon Perreault, cinquante-sept ans; le pere Paul Bousquet,
210
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
cinquante-cinq ans; les peres Joachim Allard et Josaphat Magnan, cinquante-trois ans; les peres Eugene Baillargeon, Alfred Baudin, Arthur Dallaire et le frere Charles Sylvestre, cinquante-deux ans; les peres Joseph Camper et Joseph De Grandpre, cinquante ans. Au temoignage repete des vicaires des missions et des provinciaux, la charite fraternelle et le zele caracterisent le personnel de la province. M§r Tache note en 1887 : les Oblats «vivent et travaillent en parfaite harmonie de sentiments et de relations avec le reste de mon clerge tant seculier que regulier»68; MSr Langevin affirme : «La charite la plus franche, la plus fraternelle, le veritable esprit de famille regne entre tous les membres du vicariat»69. Les peres Prisque Magnan 70 , Jean-Baptiste Beys71, Majorique Lavigne72, Paul Piche73 et Irenee Tourigny74 s'expriment d'une facon aussi explicite dans leurs rapports sur la province. Le pere Stanislas-A. La Rochelle, visiteur, en 1957, confirme : «I1 semble que les Oblats, chez vous, se caracterisent surtout par leur grande charite fraternelle et leur zele incessant»75. (L'appendice IV fournit quelques donnees particulieres sur le personnel.)
13
La province cT Alberta-Saskatchewan, 1868-1967
La province d'Alberta-Saskatchewan tire son origine du vicariat des missions de Saint-Albert, erige en 1868. Cependant, une grande partie au nord de ce vicariat a ete retranchee pour former les vicariats du Keewatin et de la Baie d'Hudson, que nous avons deja etudies. D'autre part, nous incluons dans le present chapitre Phistoire du vicariat des missions de la Saskatchewan, pris a meme le vicariat de Saint-Albert, en 1890, et reintegre a ce vicariat en 1906.
Aupres des Indiens et des Metis LE REGIME DES RESERVES
Le regime des reserves etablies par les traites passes entre le gouvernement et les Indiens des prairies apporta d'importants changements au mode de vie de ces derniers. Par les traites designes sous les numeros 4, 6 et 7, signes entre les annees 1871 et 18771, les Indiens cedaient au gouvernement leurs droits de premiers occupants des plaines de l'Ouest. En retour, le gouvernement leur accordait certaines etendues de terrains ou reserves, dont la propriete totale leur etait assuree a perpetuite. II s'engageait en plus a verser une rente annuelle en especes a chaque personne. D'autres avantages touchant notamment l'agriculture et l'education des enfants etaient egalement offerts par le gouvernement.
211
La province a"Alberta-Saskatchewan
213
Ce grand changement devait toutefois briser la vie traditionnelle des peuplades des prairies. Les Indiens, jusque-la en pleine liberte sur leurs terres, se voient graduellement confines dans des domaines limites et entoures de Blancs. Us deviennent dependants du gouvernement et, plus immediatement, des agents qui le representent. Au surplus, la chasse abondante du bison, qui faisait leur richesse, cesse avec la disparition presque soudaine de ce gibier. Les Indiens des prairies, jusque-la fiers et riches, entrent non seulement dans un etat de dependance mais dans la classe des pauvres. Des malaises s'ensuivent. La famine qui suivit la disparition subite des buffles et la maladresse de certains agents du gouvernement contribuerent a aigrir les pauvres Indiens qui accusaient les Blancs de les avoir trompes une fois de plus en leur promettant l'abondance et en ne leur apportant que la misere2. Ces changements, dans le mode de vie des Indiens, apportes par les traites et leurs consequences, eurent une repercussion sur l'organisation des missions. «Des que les Indiens commencerent a s'etablir sur leurs reserves, chaque chef voulut avoir son missionnaire a lui»3. Le petit nombre de pretres et les maigres ressources du diocese ne permirent pas a leur eveque, M&r Grandin, de donner satisfaction a tous. Cependant, les reserves les plus importantes eurent des missionnaires qui se feront un devoir de visiter les centres moins nombreux. D'autre part, les nouvelles conditions de vie des Indiens ne favoriserent pas les conversions4. Les missionnaires deplorent que les reserves soient generalement petites ne renfermant souvent que trente a quarante families5, que les Indiens catholiques, protestants et non chretiens, y soient souvent meles et que certains agents du gouvernement, sur ces reserves, soient fanatiques. D'autre part, les missionnaires, en plus de leur travail propre, doivent entrer frequemment en relation avec le gouvernement pour appuyer les droits des Indiens et des Metis catholiques en matiere d'education et autres6. Malgre toutes ces difficultes, nous penetrons dans les diverses reserves ou nous avons des sauvages catholiques a soutenir, des infideles a convertir, et nous nous y etablissons d'une maniere permanente, quand les sujets et les ressources nous le permettent 7 .
214
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
ETABLISSEMENT DE MISSIONS, 1872-1890
En 1871, l'evangelisation des Indiens etait encore peu avancee dans la vallee de la Saskatchewan et dans les prairies. Les missions du Lac-SainteAnne, du lac La Biche, de Saint-Albert et de Saint-Paul-des-Cris formaient les principaux centres missionnaires. En outre, le pere Albert Lacombe etait officiellement assigne, depuis 1865, a l'evangelisation des Cris et des Pieds-Noirs nomades dans les prairies. Missionnaire sans poste fixe il suivait ses ouailles dans leurs deplacements continuels. La constitution des reserves fit cesser en grande partie le nomadisme des Indiens des prairies, ce qui favorisa l'etablissement de missions permanentes, dans les decennies de 1870 et de 1880. Dans la region d'Edmonton, les missionnaires de Saint-Albert et du Lac-Sainte-Anne etendent leur zele a des postes environnants et meme eloignes : Edmonton, Winterburn, Fort Pitt, Fort Jasper, Fort de la Montagne et autres. Trois missions residentielles sont etablies: la mission du lac la Nonne pour des Assiniboines, fondee en 1877 par le pere Leon Fafard et transferee, en 1886, a la Riviere-qui-Barre8; la mission d'Hobbema (Bears Hill, Buttes de la Paix), ou, en 1884, une desserte de Cris recoit, avec la venue des peres Constantine Scollen et Victorin Gabillon, la presence definitive du pretre 9 ; et la mission de Stony Plain, ou le pere Christophe Tissier s'etablit a poste fixe, en 1886, pour la desserte d'une reserve indienne 10 . Dans la region des lacs, au nord d'Edmonton, des missions residentielles sont ouvertes dans des postes visites depuis un certain nombre d'annees : Cold Lake, en 1879, Frog Lake, en 1882, Onion Lake, en 1884 et Saddle Lake, en 1898. Cette derniere deviendra un centre de district et aura charge de postes de Cris situes sur les lacs Orignal, En-Long, BonPoisson et Poisson-Blanc11. Dans le district de Prince-Albert, des postes sont ouverts pour des Metis immigres du Manitoba et des Indiens : Saint-Laurent de Grandin, en 1870-1871, par les peres Julien Moulin et Vital Fourmond; Duck Lake, en 1877, par le pere Alexis Andre; Maskeg Lake, en 1878, organise par le pere Melasyppe Paquette; Carlton, en 1888, par le pere Valentin Vegreville; Batoche, en 1882, par le pere Julien Moulin, et Saint-Louis de Langevin, en 1886, par le pere Pierre Lecoq. Au district de Battleford, la mission Saint-Vital est ouverte a Battleford meme, par le pere Joseph Lestanc, en 1877. Le pere Louis Cochin, rattache a cette mission, s'occupe des cinq reserves indiennes de Cris12 de la region, sur la riviere Bataille. Au district de Battleford se rattache une
La province d'Alberta-Saskatchewan
215
c ^ Lepere Alexis Andre, o.m.i. (1833-1893) qui fonda, entre autres, la residence de Duck Lake en 1877. C'est lui qui accompagna Louis Riel a l'echafaud en 1885. (Courtoisie des Archives oblates de Saint-Albert)
mission ouverte en 1877, a Fort Pitt, par les peres Joseph Lestanc et Leon Fafard. Elle dessert les Metis et les Indiens de l'endroit et «des milliers de sauvages»13 qui y passent. Cette mission fut, pendant un temps, centre de district pour les postes de Frog Lake, de Cold Lake, de Lac-en-Long et d'Onion Lake14. Le district de Calgary, au sud de l'Alberta, renferme une population evaluee, en 1879, a 10 000 personnes, dont 6 000 Pieds-Noirs, non croyants mais sympathiques au catholicisme, 500 a 600 cents Assiniboines, presque tous protestants, et un certain nombre d'immigres 15 . Le pere Lacombe, le premier apotre de la region, transfere au diocese de Saint-Boniface en 187216, eut comme successeurs immediats les peres Constantine Scollen, arrive en 1873, Leon Doucet, en 1875, et Emile Legal, en 1881. La premiere mission residentielle, au sud de l'Alberta, fut etablie en 1873 par les peres Vital Fourmond et C. Scollen, a quelque 40 kilo-
216
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
metres de la future ville de Calgary, et transferee, en 1875, au confluent des rivieres Elbow et Bow, site de la ville actuelle de Calgary. De cette mission, sous le vocable de Notre-Dame de la Paix, les missionnaires visitent plusieurs postes, notamment celui de Fort Macleod (1876-1878), situe a 150 kilometres au sud-ouest, ou ils desservent, en plus de la population locale, de nombreux Pieds-Noirs, qui viennent continuellement s'y approvisionner et qui parfois y font des sejours prolonges17. A l'ete 1881, dans une visite des reserves des Pieds-Noirs, M8r Grandin determinait les endroits de futures missions18. La tribu des Pieds-Noirs eut sa mission a Black Crossing, ouverte en 1883; celle des Piegans (Peigans), a Brocket, la meme annee, et celle des Gens du Sang (ou Freres du Sang), en 1889. Les peres Leon Doucet, Emile Legal et Donat Foisy sont les principaux missionnaires de ces missions dans leur debut. Bien que les Pieds-Noirs «demandent et aiment le pretre catholique»19, ils tarderont a accepter les exigences de l'Evangile. Leur forte trempe de caractere, leurs croyances, leurs moeurs et leur organisation a la fois religieuse, sociale et guerriere ne pouvaient que difficilement supporter un changement radical20. Le bilan missionnaire d'ensemble du vicariat de Saint-Albert s'etablit ainsi, en 1893 : les missionnaires, au nombre d'environ vingt peres et dix freres, sont presents a travers le vicariat en dix-sept postes residentiels pour desservir Indiens et Metis. Au temoignage du pere Leduc : Les Cris sont en grande majorite catholiques; les Montagnais le sont presque tous; cinquante pour cent des Assiniboines ont embrasse la foi. A l'exception des enfants que nous avons baptises par milliers, les Pieds-Noirs, au nombre de 6,000 dans le district de Calgary, sont encore infideles21. SOUS LE COUP DE L'lNSURRECTION DE 1885
Les Metis souffraient de pauvrete a la suite de la perte de plusieurs recoltes et de la disparition des bisons. Ils etaient blesses de l'indifference et du mepris que le gouvernement affichait a leur egard, restant obstinement sourd notamment aux reclamations concernant la propriete de leurs terres. Pour se faire entendre, des chefs et un groupe de Metis de la colonie de Saint-Laurent de Grandin prirent les armes, sous la conduite de Louis Riel. Ils enrolerent les Metis et entrainerent a leur suite des Indiens mecontents eux aussi du gouvernement et des Blancs. Bientot, des rumeurs de guerre exciterent les esprits a travers le pays, meme jusqu'a l'lle-a-la-Crosse22. A la mi-mars, Riel occupe l'eglise Saint-Antoine, a
La province d 'Alberta-Saskatchewan
217
Batoche; le 19 mars, il y proclame un gouvernement provisoire et, le lendemain, la rebellion eclate. «L'idee que les sauvages allaient se joindre aux Metis jetait l'epouvante dans tous les esprits; on voyait deja le pays livre au meurtre et au pillage»23. Des missionnaires furent victimes de l'insurrection. Le 2 avril 1885, les peres Leon Fafard et Felix Marchand furent du nombre des otages tombes entre les mains des extremistes de la bande de Gros Ours 24 , a Frog Lake. Les deux succomberent sous des balles, au moment ou ils se portaient au secours de blesses. Les peres Vital Fourmond, Julien Moulin, Valentin Vegreville et Zacharie Touze furent gardes en surveillance pendant pres de deux mois dans le presbytere de Batoche pour n'avoir pas voulu se rendre aux vues de Riel. Le pere Louis Cochin, de Battleford, et le pere Laurent Le Goff, de Cold Lake, qui n'abandonnerent pas leurs Indiens et leurs Metis dans ces circonstances difficiles, durent errer de campement en campement, virtuellement prisonniers des rebelles. «Sept eglises ou missions furent completement detruites ou serieusement endommagees et les ruines morales furent plus lamentables encore que les pertes materielles»25. M§r Grandin note : «Dans le pays revoke, j'avais au moins treize missions desservies par onze peres Oblats et quelques freres convers; j'avais en outre deux etablissements de religieuses»26. Au debut de juin, peu apres la defaite des insurges, l'eveque de SaintAlbert visitait les regions bouleversees par la revoke : les colonies de Saint-Laurent de Grandin, de Batoche, de Duck Lake et le district de Fort Pitt. Il rencontre ses missionnaires et releve le courage des Metis humilies par l'epreuve et tombes dans une grande pauvrete. Les missionnaires ont deplore l'entrainement des Metis et des Indiens dans une rebellion guerriere, qu'ils jugeaient vouee a l'echec et ruineuse pour eux. Apres la defaite, ils ont deploye leur zele aupres des prisonniers et des condamnes et n'ont pas hesite a se faire leurs defenseurs aupres des autorites gouvernementales. LES ECOLES RESIDENTIELLES
Les ecoles residentielles27 etablies pour les jeunes Indiens et subventionnees par le gouvernement federal, sont confessionnelles. En plus de la formation intellectuelle et pratique qui prepare ces jeunes a leur avenir, elles peuvent leur offrir, grace a 1'influence de leur personnel educateur, une formation humaine et chretienne. Les Oblats d'Alberta-Saskatchewan eurent la direction de toutes les ecoles residentielles catholiques ouvertes sur leur territoire. Dans chacune, ils ont partage la responsabilite avec des religieuses de diverses congregations.
218
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
Premiers communiants de la mission de Cardston en 1939. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
Le reseau des ecoles residentielles La premiere ecole residentielle fut ouverte a High River (Dunbow), a une quinzaine de kilometres au sud-est de Calgary, en faveur principalement des Pieds-Noirs. Le pere Albert Lacombe, revenu au diocese de Saint-Albert, en 1882, en fut son premier principal. II obtint pour cette ecole le concours des soeurs de la Providence de Montreal. Fermee en 1922, l'ecole etait remplacee par des ecoles-pensionnats etablies sur les reserves des Pieds-Noirs : l'ecole-pensionnat de Blackfoot Crossing, transferee a Cluny vers 1925, pour les enfants de la tribu des Pieds-Noirs proprement dits; Pecole-pensionnat des Gens du Sang, etablie a Stand Off, transferee, aussi vers 1925, a Cardston; et l'ecole-pensionnat de Brocket, pour les Indiens de la tribu des Piegans. La premiere de ces ecoles beneficiait du devouement des soeurs de la Providence, les deux autres, des Soeurs Grises de Nicolet. Parmi les principaux de ces ecoles signalons les peres Jacques Riou, trente-sept ans a la tache, et Eugene Ruaux, trente et un ans. Les soeurs de l'Assomption de Nicolet ouvraient, a la fin du siecle, une ecole-pensionnat (Ecole Ermineskin) pour les enfants des quatre reserves indiennes de la mission d'Hobbema, situee a 80 kilometres au sud d'Edmonton. Agrandie a diverses reprises, cette ecole recut un nombre d'eleves qui passa d'une cinquantaine, a ses debuts, a six cent trente, en 1962 28 .
Une ecole residentielle fut etablie dans la region des lacs, au nord
La province d'Alberta-Saskatchewan
219
d'Edmonton, placee sous les soins des Soeurs Grises de Montreal. Fondee au lac La Biche, en 1892, elle fut transferee successivement a Saddle Lake29, en 1898, et a quelques kilometres de Saint-Paul (Ecole Blue Quills), en 1931. Elle ouvrait ses portes aux enfants cris et chipewyans des diverses reserves de la region. En Saskatchewan, trois ecoles residentielles ont ete etablies en faveur des Cris : l'ecole d'Onion Lake, en 1893, l'ecole de Delmas (Ecole Thunderchild), en 1895, et l'ecole de Duck Lake (Ecole Saint-Michel), en 1894. Les deux premieres ont beneficie du devouement des soeurs de l'Assomption de Nicolet30 et la derniere, fondee par le pere Melasyppe Paquette, recoit le concours des soeurs Fideles Compagnes de Jesus, de 1895 a 1903, puis des soeurs de la Presentation de Marie. En 1947, elle compte plus de deux cents enfants et est dite alors «la plus nombreuse et la plus prospere de nos ecoles»31. UNE OEUVRE IMPORTANTE DE LA PROVINCE
Les missionnaires de l'Alberta, comme ceux du Manitoba, ont toujours accorde une attention marquee aux oeuvres indiennes, particulierement aux ecoles residentielles. Us ont beneficie egalement des encouragements et des orientations donnees par le pere Laboure, superieur general, dans sa visite generale des oeuvres indiennes de l'Ouest, en 1935-1936. Parmi les activites plus recentes en faveur des Indiens, la province organisa dans ses missions, en septembre 1954, la Ligue catholique des Indiens32. Elle etait la premiere province a le faire. Le provincial pouvait affirmer, en 1966 : «Depuis sa fondation, nous avons ete heureux d'enregistrer des resultats bienfaisants et encourageants»33. Depuis les annees 1920, le tiers au moins des Oblats de la province se devouent dans les ecoles et les oeuvres indiennes 34 .
Aupres des Blancs UN NOUVEAU MINISTERE
Une premiere vague d'immigrants deferla dans le territoire du diocese de Saint-Albert, apres les annees 1870. Des families canadiennes et autres apparaissent a Saint-Albert, a Edmonton, au Fort Saskatchewan, a PrinceAlbert et dans le sud de l'Alberta, ou Fort Macleod prend bientot l'aspect d'une ville naissante. Dans la decennie de 1890, le mouvement d'immigration et de colonisa-
220
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
tion s'accentue. La population autochtone encore dominante en 1880 devint tot minoritaire. Les missionnaires, jusque-la principalement au service des Indiens et des Metis, revisent leur action. Le pere Lacombe, avec clairvoyance et determination, saisit la situation nouvelle et les obligations qu'elle impose aux missionnaires. II ecrit : Pour nous, aujourd'hui que les choses sont changees, il nous faut absolument accepter la position et en tirer le meilleur avantage pour le succes de notre ministere. Notre politique religieuse et nos devoirs sont tous traces. Accoutumes depuis bien des annees a la vie de nos Metis et de nos Sauvages, il nous faut aujourd'hui sortir de nos retraites au milieu des Indiens, pour nous meler au mouvement qui s'impose, et le diriger dans la justice, autant que nous le pouvons. Malgre nous, il faut y prendre part de crainte [de] nous laisser devancer. Sans abandonner le soin de nos missions sauvages, il nous faut aller a la rencontre de nombreux colons, a ces domesticos fidei qui viennent vers nous. Dorenavant, un nouveau devoir s'impose a nous, celui d'aider ces catholiques des vieux pays par nos conseils, notre experience, nos encouragements et les secours de la religion. Que de soucis a present pour faire face a tant de besoins, organiser ces nouvelles paroisses et puis dans la grande question des ecoles? Un autre devoir non moins imperieux est d'entretenir la bonne harmonie entre les enfants du sol et les nouveaux colons35. En 1893, neuf missions pour les colons catholiques sont deja etablies dans le district d'Alberta36, et trois dans celui de Prince-Albert37. De plus, depuis le debut des annees 1880, les missionnaires des Indiens se devouent aupres des nombreux ouvriers des voies ferrees, et aupres des populations des petites localites qui se formerent sans retard le long de ces voies. UN MOUVEMENT EN CROISSANCE
La grande vague d'immigrants submerge l'Alberta entre les annees 1896 et 1914. La population passe, de 73 022 en 1901, a 373 454 en 191138. Ce mouvement d'immigration est favorise par la politique du gouvernement canadien d'ouvrir l'Ouest a la colonisation et d'en faciliter l'acces et l'exploitation par la construction de voies ferroviaires qui le traversent en divers sens. La nouvelle population vient en bonne partie de l'Est, du Nord et du Centre de l'Europe et des Etats-Unis; elle se compose d'une grande diversite d'ethnies de langues differentes et de religions diverses. La province civile d'Alberta est alors en plein developpement
La province d'Alberta-Saskatchewan
221
economique, surtout apres la decouverte de riches mines de son sous-sol. Le travail des missionnaires s'accroit dans les postes qu'ils desservent deja et doit s'etendre a de nouveaux. L'ATTENTION AUX ETHNIES ETRANGERES
Une des preoccupations majeures des missionnaires et de leurs pasteurs fut de procurer des pretres de leur langue aux nombreux immigrants allemands, polonais et ukrainiens et, a ces derniers, des pretres aussi de leur rite. Des Oblats de nationalites allemande et polonaise repondirent a l'appel. En plus du pere Georg Nordmann, qui travaille dans la region de Saint-Albert, les peres Jules Seltmann, Hubert Hermes, Theodor Krist, August Forner, Joseph Laufer et Theodor Schweers prennent bientot charge de groupes d'Allemands etablis un peu partout dans le sud de l'Alberta ou dans l'importante colonie de Saint-Joseph, en Saskatchewan. A la demande de M8r Grandin, les peres Albert Kulawy et son frere, Jean, tous deux missionnaires au Manitoba, visitent les groupes polonais de l'Alberta, le premier, en 1898, le deuxieme, en 189939. Leur frere, Paul, assigne au diocese de Saint-Albert en 1903, prit en charge tous les Polonais de l'Alberta. Apres avoir travaille aupres de ses compatriotes dans les regions de Lethbridge et de Calgary, en 1906, il fixe sa residence a Round Hill, au sud d'Edmonton. En 1915, il s'etablit dans l'importante colonie polonaise de la ville d'Edmonton. Une eglise, dediee au Saint-Rosaire, y avait ete construite sous sa direction, en 1913. Le pere Anton Sylla, arrive en 1909, s'etablit a Canmore, au pied des Rocheuses, a l'ouest de Calgary, centre de Polonais ouvriers et mineurs. Son apostolat s'etend a quelque mille cinq cents compatriotes disperses en plusieurs villages du sud de l'Alberta. Releve, en 1917, de son ministere par l'eveque de Calgary, il vint partager le travail de son confrere, le pere Paul Kulawy, cure de la paroisse Saint-Rosaire, a Edmonton, en charge des trois a quatre mille Polonais de la ville et des environs. Les deux missionnaires se partagent le service d'une douzaine de dessertes. En 1927, l'archeveque d'Edmonton remplaca ces Oblats par des pretres diocesains40. APPEL DE PRETRES RUTHENES
M gr Legal, d'Edmonton, faisait, en 1898, une premiere demarche aupres du provincial des Basiliens Reformes de Galicie, de rite ruthene, pour obtenir des religieux de son ordre. II recut une reponse negative, motivee par le manque de sujets41. La meme annee, M8r Albert Pascal, vicaire apostolique de la Saskatchewan, en compagnie du pere Cyprien Delouche, de Belgique, se rendait en Autriche et en Galicie, pour plaider
222
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
la meme cause, mais ce fut sans succes. Deux ans plus tard, M§r Legal faisait appel au pere Albert Lacombe. Le zele missionnaire se rendit en Europe, rencontra le Pape et le cardinal prefet de la Propagande, a Rome, l'archeveque grec catholique ruthene, de Lemberg, en Galicie, et l'Empereur d'Autriche, a Vienne42. A la suite de ces demarches, un pretre de rite ruthene, monsieur Francois Zoldak, fut envoye au Nord-Ouest avec le titre de Visiteur des catholiques grecs-ruthenes pour le Canada. Le visiteur, entre en contact avec le groupe de quelque cinquante mille ruthenes de l'Ouest canadien, comprit la necessite pour eux de pretres parlant leur langue et appartenant a leur rite. Accompagne par le pere Alphonse Jan, Oblat, il retourna en Autriche, en 1902, et determina les Basiliens Reformes, du rite ruthene, a venir oeuvrer dans l'Ouest. Trois religieux Basiliens, et quatre religieuses Servantes de Marie, vouees a l'education de l'enfance, arriverent a Edmonton, le i er novembre 190243. En 1913, les Ukrainiens du Canada etaient places sous la juridiction d'un eveque de leur rite, M gr Nicetas Budka. A L'ORIGINE DE PAROISSES ET DE DESSERTES
Un ministere de pionniers dans les dessertes et les paroisses de Blancs est reserve aux Oblats de la province d'Alberta-Saskatchewan, sans qu'ils soient les seuls a cette tache. Leur presence et leur action atteignent pratiquement tous les coins de leur territoire envahis par les Blancs. Region d'Edmonton La ville d'Edmonton croit rapidement. A la fin du siecle, le pere Leduc note : «Deja nous avons deux villes au lieu d'une, avec municipality separees»44. Dans l'une, il y a huit cents catholiques et seize cents protestants, dans l'autre, trois cents catholiques et douze cents protestants. «Notre ministere ici, ajoute-t-il, est une sorte de mission permanente en meme temps qu'un vrai ministere paroissial in partibus infidelium, schismaticum et hereticorum. II faudrait parler dix langues differentes et etre sur pied nuit et jour» 45 . Les paroisses de Saint-Antoine, de rimmaculee-Conception, de Saint-Josaphat, cette derniere pour les Ukrainiens, et du Saint-Rosaire, pour les Polonais, surgissent dans la ville d'Edmonton, au tournant du siecle. La venue d'immigrants canadiens-fran^ais et autres fait croitre aussi la population de Saint-Albert et des environs. L'abbe Jean-Baptiste Morin, que M8r Grandin a fait nommer agent de colonisation, en 1890, a deja recrute avec succes des Canadiens franc.ais catholiques46. Le pere Georg Nordmann, le premier Oblat d'origine allemande a venir dans l'Ouest, travaille, de 1895 a 1901, aupres de ses compatriotes catholiques dans le
La province d'Alberta-Saskatchewan
223
district d'Edmonton et de Saint-Albert. A la fin du siecle, des postes de Blancs sont deja confies a des pretres seculiers, tels Fort Saskatchewan, Morinville, Beaumont et Duhamel. Les autres postes sont sous les soins des missionnaires. Region du sud de VAlberta Dans le sud de l'Alberta, les missionnaires desservent, en 1898, «quatre paroisses et une multitude de postes»47 environnants. La paroisse de Sainte-Marie, a Calgary, s'occupe d'Okotoks, de Cochrane, de Canmore et de Banff. La paroisse St. Patrick, de Lethbridge, inauguree par le pere Leonard Van Tighen en 1888, dessert les postes de Coutts, Raymond et Coaldale. De plus, au temps de la forte immigration, les peres Jules Bidault, Conrad Meyer, Aloysius Rosenthal, Pierre-Marie Cozanet et d'autres visitent les nombreux ilots catholiques qui surgissent ici et la, dans la region. La paroisse de Pincher Creek, situee a l'ouest de Lethbridge, ouverte par le pere Lacombe en 1884, eut, en 1897, le pere Alexandre Blanchet comme premier pretre residant. Dans les annees 1910 et suivantes, les peres Alfred Demers, Jean-Marie Salaiin et autres desservent les stations qui lui sont rattachees. Enfin, l'ancien centre de mission au sud de l'Alberta, Fort Macleod, visite par le pere Scollen, des 1875, possede une eglise depuis 1898. II est demeure sous le soin des Oblats jusqu'en 1916. Medicine Hat, poste de Blancs ouvert en 1883, fut visite ou desservi par des Oblats jusqu'en 191048. Region de Prince-Albert Dans le district de Prince-Albert, l'afflux des immigrants grossit, surtout dans les premieres annees du vingtieme siecle49. Les missionnaires desservent des groupes importants de catholiques dans les villes de Prince-Albert, de Battleford et dans les colonies de Saint-Louis de Langevin, de Duck Lake, de Carlton et de Fish Creek. Dans ce dernier endroit, ce sont surtout des catholiques galiciens50. LES RESPONSABILITES SE PARTAGENT
La charge paroissiale de la province se modifie. Suite a la creation du diocese de Calgary, en 1912, les Oblats durent abandonner leurs deux paroisses, Sainte-Marie et Sacre-Coeur, dans la ville meme de Calgary, et les autres paroisses de Blancs du nouveau diocese, excepte celles de Lethbridge et de Pincher Creek. En 1926-1927, apres la creation des provinces oblates de St. Peter et St. Mary, les paroisses de Saint-Paul et de Saint-Joseph de Saskatoon, ainsi que celle de Lethbridge, passent a la province St. Peter, et les neuf paroisses de la colonie Saint-Joseph, en Saskatchewan, ainsi que celle du
224
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
Saint-Rosaire, a Edmonton, passent a la province St. Mary. Enfin, soulignons qu'en 1948, la florissante paroisse francaise de Saint-Paul, en Alberta, fut cedee pour devenir la paroisse cathedrale du nouveau diocese de Saint-Paul. D'autres paroisses ouvertes par les Oblats de la province passeront, a un moment ou l'autre, en d'autres mains. OEUVRES
L'etablissement solide de la chretiente dans le pays exigeait, en plus des paroisses, des institutions d'enseignement et d'education catholique. Ecoles Les missionnaires voulurent tres tot etablir des ecoles primaires et secondaires dans les centres de Blancs. En raison du manque de ressources et de personnel, ils ne purent satisfaire aux besoins que d'une facon limitee. Le pere Leduc, vicaire general de Saint-Albert, ecrit en 1879: «Il nous faudrait actuellement fonder dans le diocese de Saint-Albert un bon college pour garcons, un bon pensionnat de demoiselles; vingt a trente bonnes ecoles primaires»51. Apres 1892, en raison de la politique du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest d'exclure le caractere religieux dans l'education, les ecoles catholiques ne purent survivre qu'au prix de grands sacrifices. Le vicaire des missions ecrit: «I1 faut nous batir a nos frais, trouver des instituteurs et completer leur salaire»52. Les missionnaires obtinrent le precieux concours de quatre communautes religieuses pour l'oeuvre d'education des jeunes : les Soeurs Grises de Montreal, les soeurs Fideles Compagnes de Jesus, les soeurs de l'Assomption de Nicolet et les Filles de Jesus. College-seminaire Le pere Leduc ecrivait, en 1879, «il faudrait necessairement une ecole speciale pour les garcons, ou plutot, pour eux il nous faudrait a Saint-Albert un college en regle»53, projet alors impossible, «faute de personnel enseignant»54. Apres de multiples demarches, un veritable college-seminaire vit le jour, au debut de 1900, a Saint-Albert. C'est le petit seminaire de la Sainte-Famille. En 1908, il occupait quatre peres et un frere et donnait l'enseignement a une cinquantaine d'enfants de toutes nationalites55. Les Oblats furent remplaces, en 1911, a la direction de cette oeuvre, par les Fils de Marie Immaculee. En 1920, l'institution etait reunie au juniorat oblat d'Edmonton 56 . Grand seminaire Les Oblats ont egalement concouru a l'oeuvre du grand seminaire de l'archidiocese d'Edmonton, en l'inaugurant, en 1918, dans leur propre scolasticat de Marie Immaculee, a Edmonton. Ils en eurent la direction jusqu'en 1927.
La province d'Alberta-Saskatchewan
225
OEUVRES DE PRESSE
A l'instigation des abbes RE. Myre et Constant Bourdel et du pere Ovide Charlebois, paraissait, a Duck Lake, Saskatchewan, en aout 1910, le premier numero du journal Le Patriote de VOuest. La devise de ce nouvel hebdomadaire «Notrefoi, notre langue», definit bien les intentions de leurs fondateurs qui jugeaient necessaire la presence d'un organe pour les catholiques de langue francaise du Nord-Ouest canadien. Le pere Achille Auclair occupa le poste de redacteur pendant dix-sept ans, et le journal resta, dans la suite, sous la direction des Oblats. Cet hebdomadaire fut transfere a Prince-Albert en 1913, puis fusionne, en 1941, avec La Liberte, journal d'inspiration semblable publie a Winnipeg 57 . L'hebdomadaire La Survivance, fonde a Edmonton en 1928, sous l'egide des Oblats de la paroisse Saint-Joachim, se presente comme un journal catholique pour la population francaise de l'Alberta et comme «l'organe officiel de l'Association canadienne-francaise de l'Alberta»58. Les Oblats ont ete redacteurs de ce journal depuis 1930 jusqu'a 1967. Le pere Paul-Emile Breton, entre autres, collabora activement a la naissance, en 1949, du poste radiophonique francais d'Edmonton, CHFA. La province participa aux programmes du poste. Notons les emissions religieuses presentees pendant plusieurs annees par la paroisse SaintJoachim et le college Saint-Jean et les productions hebdomadaires en langues indiennes des peres Romeo Levert et Edouard Rheaume. DANS LE CADRE DE DIOCESES REGULIERS
La creation de paroisses et l'accroissement du clerge ont permis la formation de dioceses reguliers et la prise en main de ces dioceses par des eveques seculiers ou non oblats. L'archidiocese d'Edmonton passa a un eveque seculier, en 1920, et le diocese de Prince-Albert59 en 1921. Les nouveaux dioceses de Calgary, en 1912, de Saskatoon, en 1933, et de Saint-Paul, en 1948, furent confies a des eveques non oblats. Les Oblats passent ainsi du statut de premiers responsables et de clerge principal d'une Eglise naissante a celui d'auxiliaires dans une Eglise regulierement constitute. Us sont maintenus dans leur premier ministere au pays, la desserte de toutes les missions indiennes, et dans des postes au service des Blancs. Ainsi, en 1966, en plus de leurs oeuvres de presse et d'education dans les dioceses, ils travaillent dans treize paroisses de Blancs et dans des dizaines de petites dessertes. Les Oblats de langue allemande, polonaise ou anglaise, regroupes en provinces distinctes depuis 1926, desservent eux aussi, dans ces memes dioceses, des paroisses et des oeuvres dans leurs langues.
226
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
<">*^ La province
d'Alberta-Saskatchewan
PROVINCE OBLATE
Le 20 Janvier 1921, M gr Augustin Dontenwill, superieur general, elevait le vicariat des missions de Saint-Albert et de la Saskatchewan au rang de province, sous le nom d'Alberta-Saskatchewan60. La nouvelle province, comme le vicariat des missions dont elle est issue, s'etend au territoire qu'avaient alors l'archidiocese d'Edmonton et les dioceses de PrinceAlbert et de Calgary. Le pere Henri Grandin, jusque-la vicaire des missions, devint provincial. L'annee meme de son erection, la nouvelle province possedait un personnel de cent quarante-deux Oblats, soit cent huit peres, vingt-quatre freres et dix scolastiques, repartis en trente-trois maisons ou residences61. Un juniorat et un scolasticat assurent deja la releve et la formation des Oblats de la province. Le juniorat Saint-Jean l'Evangeliste, ne au presbytere de Pincher Creek, en 1908, et etabli definitivement a Strathcona (Edmonton-Sud), deux ans plus tard, accueille des etudiants de diverses nationalites. En 1926, «une trentaine sont de langue francaise, les autres sont, a peu pres en nombre egal, de langue anglaise et de langues allemande ou polonaise»62. Un scolasticat, sous le vocable de l'lmmaculeeConception, etait ouvert a Edmonton, en 1917, pour recevoir les fmissants du juniorat et autres candidats oblats. Dix ans plus tard, ce scolasticat etait remplace par celui de Lebret. PROVINCE DE LANGUE FRANgAISE
Un evenement majeur intervint dans la vie de la province d'AlbertaSaskatchewan en 1926, lorsqu'elle dut ceder son personnel et ses oeuvres de langue anglaise, allemande et polonaise en faveur de deux nouvelles provinces oblates creees dans l'Ouest canadien : St. Peter et St. Mary. Elle devenait alors une province de langue francaise, dans son personnel comme dans ses oeuvres. Sa physionomie en est changee, cela du jour au lendemain. Desormais, son ministere s'exercera aupres des Indiens, qui restent entierement a sa charge, et aupres de la population blanche et metisse de langue francaise ou bilingue. LE NOUVEL AVENIR
La province envisage avec confiance et determination son nouvel avenir, bien que son personnel soit encore limite pour y faire face. Le pere JeanBaptiste Beys, provincial, ecrit:
La province d 'Alberta-Saskatchewan
227
Nous pouvons avoir des oeuvres serieuses et de premier plan, si nous avons le personnel pour les entreprendre et les developper. Nous pouvons des maintenant former des paroisses canadiennes-francaises a Saskatoon, North Battleford et Calgary. Nous en avons une deja de fondee a Edmonton. II nous faudrait aussi fonder une maison a Falher, dans le vicariat de Grouard, ou se trouve un groupe compact d'environ deux cents families canadiennes-francaises. Cela formerait pour notre province des assises puissantes63. De fait, les eveques, de meme que les fideles, requerront desormais les services de la province pour les oeuvres francaises ou bilingues. Les Oblats de la province engages dans un ministere aupres des Canadiens francais se feront un devoir de soutenir les aspirations et les droits de ces derniers. Le pere Ubald Langlois, provincial, l'exprime clairement en 1930, lorsqu'il est question de designer un cure pour la paroisse Saint-Joachim d'Edmonton; il ecrit au pere Georges-Etienne Villeneuve, provincial, a Montreal: Cette paroisse constitue pour nous, comme vous le savez, et pour notre survivance nationale dans l'Alberta, un point strategique. C'est la plus ancienne paroisse du diocese; elle groupe ce qu'il y a de plus cultive et de plus influent parmi notre population; elle doit donner le ton aux autres. Son cure a plus qu'un role paroissial a jouer; notre journal francais, La Survivance, et notre Association canadienne-francaise de la province, ayant leurs quartiers generaux dans la paroisse, dependent beaucoup de la vie nationale qu'il saura insuffler64. DES ATTENTES A SATISFAIRE
En 1927, l'archeveque d'Edmonton demande a la province de prendre charge de la paroisse Immaculee-Conception, deuxieme paroisse francaise d'Edmonton 65 . Des demandes prevues arrivent. Le pere Beys ecrit : «A Calgary, plus de cent families canadiennes demandent a etre organisees en paroisse. Elles veulent avoir des Oblats. Allons-nous les abandonner ou les laisser entre les mains de n'importe qui?»66 M§r Emile Grouard, vicaire apostolique de Grouard, demande a la province de prendre soin de plus de trois cents families, a Falher et dans ses environs, et «ce nombre augmente rapidement» 67 . Pour repondre immediatement aux demandes importantes, la province doit recourir a des provinces francaises soeurs. Sans tarder cependant, elle reorganise le recrutement dans son juniorat,
228
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
qu'elle place «sur une base francaise»68. Ce juniorat devint en 1943 le college Saint-Jean.
Le personnel, 1872-1960 QUELQUES FIGURES
Des leaders remarquables ont preside a l'origine et au premier developpement des Oblats en Alberta-Saskatchewan. M gr Vital Grandin, eveque de Saint-Albert et premier vicaire des missions, organisa le vicariat de SaintAlbert et le dirigea avec zele, de 1868 a 1897. Le pere Albert Lacombe, homme de talent et de grande influence, venere des Indiens, fut un maitre et un guide experimente dans l'apostolat aupres des Indiens et des Metis des prairies. Le pere Hippolyte Leduc remplit, pendant de longues annees avec une competence et un devouement remarquables, les fonctions de procureur et de vicaire general. Le pere Henri Grandin, vicaire des missions et provincial, de 1906 a 1923, guida le developpement important des Oblats en Alberta-Saskatchewan survenu au cours de ces annees. Des Oblats se sont distingues par leurs longues et fructueuses carrieres. Quatre ont ete a la tache plus de soixante-dix ans : le frere Francois Boisgontier, soixante-treize ans (1880-1953); le pere Leon Doucet, soixante-douze ans (1870-1942), ce dernier toujours chez les Pieds-Noirs; le pere Jules Teston, soixante-douze ans (1883-1955), et le frere Joseph Lacroix, soixante et onze ans (1892-1963). Cinq autres Oblats ont donne plus de soixante ans de service : le pere Albert Lacombe, soixante-quatre ans (1852-1916); le pere Julien Moulin, soixante-deux ans (1858-1920); le frere Thomas Morkin, soixante et un ans (1894-1955); le pere Victor Le Goff, soixante ans (1900-1960), et le pere Jean-Louis Le Vern, soixante ans egalement (1900-1960)69. BILAN DU PERSONNEL
Le nombre des Oblats d'Alberta-Saskatchewan passe de 27 en 1871, a 146 en i960. Dans la periode de 1872 a i960, on releve l'arrivee de 346 Oblats (278 peres et 68 freres), le deces de 106 (79 peres et 27 freres), le depart de 49 (40 peres et 9 freres) pour des territoires du Nord-Ouest canadien et de 48 (43 peres et 5 freres) pour d'autres champs d'apostolat oblats, et la sortie de 20 (19 peres et 1 frere) de la Congregation. (L'appendice V fournit quelques donnes particulieres sur la personnel.)
14
La Colombie-Britannique, 1872-1926
Les provinces St. Peter et St. Mary, 1926-1967
Le vicariat de la Colombie-Britannique, 1872-1926 De 1872 a 1926, les Oblats exercent leur ministere en ColombieBritannique, non seulement aupres des Indiens, dont ils sont les missionnaires attitres, mais aupres de la population blanche toujours croissante. Ils constituent la grande majorite du clerge, meme si le vicariat apostolique de la Colombie-Britannique est passe au rang de diocese, en 1890, sous le nom de New Westminster, et au rang d'archeveche, en 1908, sous le nom de Vancouver. Cinq grandes regions ou districts de la ColombieBritannique sont le theatre de leur activite. Trois de ces regions se situent au sud de la province : le bas Fraser, comprenant notamment New Westminster et Vancouver, la vallee d'Okanagan et la vallee de Kootenay; et deux, en direction du nord, celles du haut Fraser ou du mont Cariboo et du lac Stuart.
1. Le district de New Westminster—Vancouver LA MISSION SAINT-CHARLES
Les Oblats de la maison Saint-Charles, a New Westminster, s'occupent des Indiens qui frequentent leur mission. Ces Indiens y viennent nombreux, a l'ete. A la fin du siecle dernier, plus de mille participent aux offices du
229
La Colombie-Britannique, les provinces St. Peter et St. Mary
231
("^ Les Oblats en retraite a New Westminster en 1908. De g. a dr., assis : J. Welch, M§r E. Grouard, Mgr A. Dontenwill, Mgr E. Bunoz, Ls Lewis; debout, i re rangee : A. Michaels, Fr.-M. Thomas, Ls Choisnel, A. Madden, Ed. Peytavin, E. Chirouse, J. Wagner,}. Rocher, Ls Manceau, V. Rohr. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
dimanche 1 . De plus, les missionnaires ont visite regulierement deux importantes dessertes jusqu'au temps ou elles eurent leur propre missionnaire residant. La premiere, devenue la mission Sechelt, situee sur la cote du Pacifique, a quelque 65 kilometres au nord de New Westminster, reunit les Indiens de la tribu Sechelt. Tous ces Indiens sont catholiques et forment une belle et fervente communaute chretienne. En 1890, a l'occasion de la benediction de leur nouvelle eglise, elle accueillait, dans un grand rassemblement, les tribus indiennes catholiques de la Colombie-Britannique. En 1904, le pere Pierre Plamondon prit charge de cette mission et des soeurs de Sainte-Anne y ouvrirent une ecole-pensionnat2. La deuxieme, devenue la mission des Squamish, est situee sur la rive septentrionale du Burrard Inlet, face a la future ville de Vancouver. Les Indiens de cette tribu, comme ceux de Sechelt, de l'avis des missionnaires, ont repondu de facon tres consolante a la presentation de l'Evangile. Leur
232
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
Atelier de menuiserie a l'ecole indienne de Sechelt. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
tribu entra «une des premieres dans la voie de l'Evangile»3. Son premier missionnaire residant ne fut autre que M^r Durieu lui-meme. LA MISSION SAINTE-MARIE
La mission Sainte-Marie, qui presente depuis 1892 l'attrait d'une grotte et d'une coquette chapelle dediees a Notre-Dame de Lourdes, demeure un endroit privilegie de rencontres des Indiens du bas Fraser4. Les missionnaires, pour leur part, visitent les nombreux Indiens du territoire. En 1893, ils rejoignent sept tribus, reparties en cinquante-cinq villages disperses dans un rayon de 500 kilometres5. Le pere Eugene Chirouse consacra les quarante-huit ans de sa vie missionnaire au service de cette mission et de ses dessertes. En 1926, quatre peres et quatre freres desservent la mission, son ecole residentielle et ses dessertes. Ces dernieres comptent alors trente-cinq villages indiens et six de population blanche6. LA PAROISSE ST. PETER, NEW WESTMINSTER
La population catholique blanche de la petite localite de New Westminster s'accroit. Au debut du siecle, elle compte 700 catholiques7. Sous la direction du pere Edward Horris, cure de 1868 a 1882, la paroisse
La Colombie-Britannique, les provinces St. Peter et St. Mary 233
St. Peter a complete son organisation. Mgr Neil McNeil la confiait a perpetuite aux Oblats, en 1910. La population catholique de la ville beneficie d'un pensionnat tenu par les soeurs de Sainte-Anne, d'un college sous la dedicace de saint Louis8, dirige par les Oblats, d'un hopital inaugure en 1887, par les soins des soeurs de la Providence, et d'un orphelinat, dont sont chargees les soeurs du Bon Pasteur. PAROISSES DANS VANCOUVER
Le concours des Oblats fut largement mis a contribution dans la creation et l'organisation de paroisses dans la ville de Vancouver, dont la population passe de quelque 2 000 a 230 000 habitants, dans la periode de 1885 a 1926.
La paroisse du Saint-Rosaire Au debut des annees 1880, des missionnaires de New Westminster s'occupaient des ouvriers catholiques de deux grands moulins a scie, sur le site de la future ville de Vancouver9. Des l'origine de cette cite, en 1885, M8r d'Herbomez, vicaire apostolique, chargea l'abbe Patrice Fay d'y organiser une paroisse. Ce dernier ouvrit une eglise dediee au Saint-Rosaire, a l'automne 1886. Elle fut confiee aux Oblats en 1898. Le pere James McGuckin, cure de 1898 a 1903, y erigea une grande eglise pour repondre aux besoins de la population catholique croissante. Des ecoles paroissiales furent ouvertes. En 1904, les Oblats de la paroisse s'occupent de 2 500 catholiques disperses dans une ville de 35 000 habitants 10 . L'eglise du Saint-Rosaire devint procathedrale, en 1912, tout en demeurant sous la direction des Oblats. La paroisse etait alors, sans contredit, la plus importante de l'archidiocese11. D'autres paroisses virent bientot le jour dans la ville, dont certaines grace au zele des Oblats. Le pere Norbert Ouellette fut charge, en 1905, de la fondation d'une paroisse dediee au Sacre-Coeur, laissee sous le soin des Oblats jusqu'en 1911. Le pere John Welch fonda, en 1911, la paroisse St. Patrick12, prise en charge par des pretres seculiers. La meme annee, les Oblats, qui s'occupent deja des Blancs de Vancouver-Nord, furent charges de la nouvelle paroisse Saint-Edmond, qu'ils desservirent jusqu'en 1929. A la demande de l'archeveque, le pere Jean-Marie Tavernier organisa la paroisse Saint-Augustin, au milieu de la population catholique croissante de l'ouest de la ville. Cette paroisse, fondee en 1911, fut confiee a perpetuite aux Oblats 13 . En plus d'etablissements paroissiaux, les Oblats ouvrirent une residence de missionnaires predicateurs dans la ville de Vancouver. Cette residence, inauguree en 1924 sous le vocable de saint Jean, fut fermee en 1929.
234
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
2. Le district d'Okanagan-Kamloops AUPRES DES INDIENS
La mission de l'lmmaculee-Conception, situee sur les bords du lac Okanagan, n'etait pas suffisamment centrale pour desservir les groupes d'Indiens dont elle etait chargee. En 1878, sans abandonner entierement cette mission, on en ouvrit une pres d'une belle reserve d'Indiens, a Test du fort de Kamloops, endroit central pour le travail des missionnaires. L'etablissement de cette nouvelle mission fut possible grace au rappel des missionnaires de la mission de Tulalip, aux Etats-Unis14. La mission, dediee a saint Louis, s'occupe des Kamloops eux-memes, qualifies de «tres bons chretiens qui font des progres dans la civilisation» 15 , des Shoushouapes, Thompsons et autres de la region. En 1898, le territoire de la mission comprend 3 486 Indiens, dont 2 007 catholiques, 1 418 protestants et 21 non chretiens16. L'ecole residentielle etablie en 1890 par le gouvernement, non loin de la petite ville de Kamloops, fut confiee a la mission en 1893. Le pere Alphonse Carion en prit la direction, seconde par les soeurs de Sainte-Anne17. Parmi les principaux missionnaires de cette mission, figurent les peres Pierre Richard (1878-1883), Jean-Marie Lejacq, directeur de 1880 a 1891, et Jean-Marie Le Jeune, qui y depensa quarante et un ans de sa vie missionnaire, de 1888 a 192918. La mission de l'lmmaculee-Conception, sur le lac Okanagan, resta ouverte jusqu'en 1896. Elle fut alors fermee et la propriete vendue 19 . Les Indiens qu'elle desservait furent pris en charge par les missionnaires de Kamloops. AUPRES DES BLANCS
La contree d'Okanagan renferme deja, en 1873, plusieurs colons attires par la beaute et la fertilite du pays. Les missionnaires s'occupent des catholiques qui se sont fixes pres de leur mission ou en d'autres endroits de la vallee d'Okanagan. Mais la population blanche s'accroit surtout dans la region situee au nord du district, dont Kamloops devint le centre principal. En 1886, le vicaire apostolique, en prevision du developpement de cette localite, juge necessaire d'y batir une eglise et d'y ouvrir sans tarder une ecole pour externes20. Les missionnaires de l'endroit rejoignent les catholiques des trente-six stations du chemin de fer qui traverse le territoire et les autres disperses dans les chantiers et les mines. Parmi les apotres de Kamloops, on releve les noms des peres JeanMarie Le Jeune, en meme temps missionnaire des Blancs et missionnaire
La Colombie-Britannique, les provinces St. Peter et St. Mary
235
des Indiens, de 1882 a 1929; Frederic Guertin, cure, de 1890 a 1898; Andre Michels, missionnaire de 1899 a 1909, Patrick McGuire, de 1918 a 1927, et les freres Philippe Surel et Joseph Mulvaney, artisans devoues a la mission, le premier, de 1883 a 1906, et le deuxieme, de 1892 a 1904.
3. Le district de Kootenay Le district de Kootenay, dont les missionnaires accepterent la charge, en 1874, s'etend a la partie sud-est de la Colombie-Britannique. II est limite a Test par les Rocheuses, et au sud par la frontiere des Etats-Unis. AUPRES DES INDIENS
Les Jesuites, en charge des Kootenays depuis une trentaine d'annees, ne pouvaient les visiter regulierement de leur lointain poste situe pres de Missoula (Montana), aux Etats-Unis. A leur demande reiteree, M§r d'Herbomez en accepta la responsabilite. II designa, pour ce nouveau champ d'apostolat, le pere Leon Fouquet et le frere John Burn, de la mission Saint-Michel, qu'il decida de fermer21. En octobre 1874, les deux missionnaires inauguraient une mission mise sous le patronage de saint Eugene, pres de la petite riviere St. Mary, a quelque dix kilometres au nord de la future ville de Cranbrook 22 . Les Kootenays «sont beaucoup moins nombreux que ceux des autres districts, mais ils sont reputes les meilleurs»23, affirme M^r d'Herbomez. Les missionnaires exercent un ministere paroissial aupres des quelques centaines d'Indiens catholiques etablis pres de la mission et visitent quelques villages d'Indiens, eloignes et situes en des directions differentes. Le nombre des Indiens dependant de la mission est evalue a six cents, en 1904. A l'occasion des fetes de Noel et de Paques, tous se reunissent a la mission Saint-Eugene24. Les soeurs de la Providence assumerent l'entiere responsabilite d'une ecole residentielle, qui fut ouverte pres de la mission, en 189025. Le pere Fouquet dirigea la mission jusqu'en 1888, son successeur, le pere Nicolas Coccola, jusqu'en 1905, et le frere Burn s'y depensa de 1874 a 1908. AUPRES DES BLANCS
Le district de Kootenay, ou la decouverte des mines d'or avait attire un grand nombre de Blancs, avait deja perdu presque toute sa population blanche, a l'arrivee des Oblats. Cependant, l'appat des mines devait
236
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
renaitre dans ce pays. Aux annees 1890, «des centaines d'Europeens se portent sur les bords du lac Kootenay, ou Ton pretend avoir decouvert plusieurs mines d'une grande richesse»26. Dix ans plus tard, le pere Coccola rapporte que «par suite de la decouverte de mines et de l'etablissement du chemin de fer, de nombreuses families ont afflue dans le pays»27. Des centres ou des villes de Blancs surgissent un peu partout : Cranbrook, Fort Steele, Fernie, Moyie, Michel, Greenwood et, plus tard, Kimberley. Les missionnaires assurent la desserte des catholiques dans ces villes naissantes, y batissent des eglises et organisent des paroisses. De plus, ils visitent les petits groupes ou families de Blancs disperses ici et la. Parmi les apotres de ce district, tous tres actifs, signalons les peres Norbert Ouellette, cure fondateur de la paroisse de Cranbrook, en 1896; Joseph Meissner, missionnaire aupres des Slaves, a Fernie, puis a Cranbrook, de 1904 a 1916, particulierement utile, en raison des six langues qu'il parle; Julien Bedard, fondateur de la paroisse de Greenwood, ouverte en 1900, et Joseph Hartmann, qui inaugure la paroisse de Kimberley, en 1925. L'abbe John Welch, avant de devenir Oblat 28 , avait eleve des eglises a Fort Steele, Fernie et Moyie. Les peres Louis Choinel et Pierre Conan, en quittant la paroisse de Greenwood, en 1914, ouvrent une paroisse a Penticton, au sud du lac Okanagan. La localite devint, des 1920, un «centre d'une grande population de Blancs et d'Indigenes»29. La paroisse resta longtemps aux soins des Oblats.
4. Le district de Williams Lake AUPRES DES INDIENS
La population indienne du district de Williams Lake se montre generalement bien disposee envers le missionnaire. Elle se compose de 1 100 a 1 400 Indiens, repartis en plusieurs reserves ou villages epars sur un vaste territoire. Comme le feront ses successeurs, le pere Jean-Marie Lejacq, leur missionnaire attitre, de 1868 a 1873 visite les villages, regroupe les Indiens en certains centres pour donner des retraites de huit a dix jours, et confie a des chefs et a des catechistes indigenes, etablis dans chaque village, le soin d'entretenir le bien opere par son ministere30. Apres 1890, les missionnaires s'occupent de l'education de quelque cinquante jeunes, garcons et petites filles, de l'ecole residentielle etablie pres de la mission et subventionnee par le gouvernement. Au nombre des missionnaires de ce district, relevons la presence des
La Colombie-Britannique, les provinces St. Peter et St. Mary
237
peres Lejacq, de 1868 a 1873 et de 1891 a 1898, Charles Marchal, de 1872 a 1880 et de 1887 a 1898, et Francois-Marie Thomas, de 1897 a 1956. Ce dernier a maintenu seul, pendant de longues annees, la desserte des missions du district, en conservant les methodes d'evangelisation des anciens missionnaires. En 1920, il conquiert a l'Eglise «les soixante-quinze indomptables de la farouche tribu des Chilcotins»31. AUPRES DES BLANCS
La population catholique blanche, dans le district, est desservie par les missionnaires de Williams Lake. A la demande instante des colons catholiques, le pere McGuckin ouvrit, en 1872, a Williams Lake, une ecolepensionnat ou petit college pour garcons et un pensionnat pour jeunes filles. Le pere Frederic Guertin dirigea le college de 1877 a 1889, et les soeurs de Sainte-Anne prirent la charge du pensionnat, de 1876 a 188832. Ces deux institutions firent place a une ecole residentielle indienne pour garcons et filles, qui accueillit aussi des enfants blancs catholiques. Cependant la population blanche demeure peu nombreuse. A la fin du siecle, elle est evaluee a 4 000, dont 500 catholiques33. Parmi les missionnaires de Williams Lake qui s'en occuperent, relevons le nom du pere Francois-Marie Thomas. Tout en travaillant aupres des Indiens, il se devoue de facon remarquable aupres des Blancs du district «eparpilles sur un rayon de 100 a 150 milles»34. Pendant soixante ans, de 1897 a 1956, il les visite regulierement dans des centres, ou il fait batir des eglises et multiplie ses visites a domicile, pour atteindre les families dispersees dans le pays.
5. Le district de Stuart Lake La mission Notre-Dame de Bonne-Esperance, etablie sur le lac Stuart en 1873, dessert un district peuple uniquement dTndiens, sauf quelques dizaines de Blancs, employes de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Ce district, qui relevait du diocese de Vancouver, est devenu, en 1908, une partie de la prefecture apostolique du Yukon. Nous en avons deja traite. BILAN D'EVANGELISATION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE
M§r Paul Durieu fait le point, en 1886, sur l'oeuvre des missionnaires en Colombie-Britannique. «Les six grandes tribus que nous evangelisons depuis plus d'un quart de siecle ont fait de grands progres dans la civilisation [...]. L'infidelite est eteinte parmi ces six tribus» 35 . Plusieurs tribus
238
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
indiennes n'ont pas ete visitees regulierement en raison du nombre restreint de missionnaires et du manque de ressources36. Le vicaire des missions precise, en 1893, que le littoral du Pacifique, en allant vers l'Alaska, renferme «plusieurs tribus sauvages dont la population doit s'elever a 6,000 ames environ»37. II signale que les missionnaires ne les ont pas encore atteintes. En 1915, le vicariat des missions de la Colombie-Britannique compte 9 649 indigenes, dont 7 833 catholiques et 1 816 protestants ou non chretiens 38 . LE PERSONNEL
Le personnel de l'ensemble du vicariat des missions de la ColombieBritannique etait, en 1871, de 26 Oblats (17 peres et 9 freres) et, en 1926, il est de 47 (36 peres et 11 freres). Son accroissement fut lent, il fut meme nul, de 1907 a 1926. La France, source principale de ses recrues, cessa d'en fournir depuis 190839 et l'lrlande ne lui envoya qu'un frere. Onze peres et 4 freres canadiens, 4 peres et 4 freres venant de diverses provinces compenserent les departs survenus au cours de cette periode creuse. Le petit seminaire etabli a New Westminster, en 1896, par MSr Durieu dut fermer ses portes en 1909, la faible population catholique ne pouvant lui fournir un nombre d'eleves sufflsant40.
Restructuration des provinces oblates de V Ouest, 1926 Depuis longtemps, le projet de reorganiser les provinces religieuses des Oblats dans l'Ouest du Canada etait a l'etude 41 . Une reorganisation s'imposait pour unir davantage les religieux de certaines nationalites devenus nombreux et pour favoriser leur action specifique aupres de leurs compatriotes dont ils etaient charges. Le conseil general des Oblats, dans sa seance du 8 mars 1925, en arriva au projet de substituer aux provinces territoriales du Manitoba et d'Alberta-Saskatchewan et au vicariat des missions de la Colombie-Britannique, une division fondee sur les langues francaise, anglaise et allemande. Le superieur general, le 11 suivant, constitua une commission, dont le mandat etait de repondre aux questions suivantes : «Ce projet est-il realisable? et, s'il Test, quelles en seraient les modalites?»42 La commission etait composee des provinciaux du Manitoba, de 1'Alberta-Saskatchewan et de l'Est du Canada, du vicaire provincial de la Colombie-Britannique, des peres Prisque Magnan et Paul
La Colombie-Britannique, les provinces St. Peter et St. Mary
239
Hilland et de quatre autres membres choisis par la commission ellememe. Reunie a Saint-Boniface, sous la presidence du pere Georges-Etienne Villeneuve, les 28 et 29 mai 1925, la commission repondit par un oui unanime a la premiere question. Quatre raisons justifient sa reponse : —C'est aujourd'hui le desir des eveques et celui des populations confiees a nos soins de voir se grouper nos forces en vue d'un travail plus efficace; [...]—II y a tout lieu de penser que, par cette division, les efforts seraient mieux diriges dans le but repondant aux besoins des populations; [...]—L'esprit religieux, loin d'etre affaibli n'en serait que fortifie par une plus grande unite de vues, plus de confiance mutuelle; [...]—enfin, quant au recrutement des sujets et a leur formation dans nos juniorats, il est de toute evidence que ce travail si important ne pourra se faire d'une facon normale qu'en autant que les sujets pourront etre instruits dans leur langue maternelle et eleves dans l'atmosphere et selon l'ideal de leur groupe. La division par nationality est le seul moyen d'obtenir ces resultats43. A la deuxieme question, la commission propose d'etablir une province de langue anglaise pour tout le territoire du Dominion, une province allemande sur les territoires des deux provinces du Manitoba et d'AlbertaSaskatchewan et une province de langue francaise couvrant les territoires d'Alberta et de Saskatchewan, avec faculte de s'adjoindre, le moment voulu, des etablissements du district de la Riviere-a-la-Paix. La commission s'entend ensuite sur les modalites de realisation concernant le partage des oeuvres, du personnel et des biens temporels44. Le 30 mai, le pere Villeneuve, en adressant le rapport de la commission au superieur general, l'assure que «tous les membres de cette commission ont fait preuve d'un esprit veritablement oblat»45. La province du Manitoba, qui n'etait pas mentionnee dans le rapport de la commission, etait maintenue comme telle46. L'administration generale accepta les conclusions de la commission. Tenant compte des exigences de la congregation des Religieux, elle etablit les deux nouvelles provinces en lien avec un certain territoire. Le decret d'erection emis par le superieur general les etablit de la maniere suivante : les maisons, districts, residences et oeuvres, qui constituent le vicariat des missions de la Colombie-Britannique, sont eriges en province «specialement destinee a grouper nos communautes et nos oeuvres de langue
240
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
anglaise existantes et a creer au Canada». Les maisons, districts, residences, missions et oeuvres, notamment celles en faveur des Allemands et autres neo-canadiens, sont constitues en province «specialement destinee a grouper nos communautes et nos oeuvres de langue allemande au Canada». «Chacune de ces deux provinces pourra etablir de nouvelles fondations dans tout le territoire du Canada.» La premiere sera designee sous le nom de Saint-Pierre de New Westminster, la deuxieme, sous celui de Sainte-Marie de Regina47. Leur denomination courante est St. Peter et St. Mary.
La province St. Peter, 1926-196748 NOUVELLES MISSIONS INDIENNES
La province St. Peter dessert, en 1926, les missions indiennes deja etablies sur son territoire, en Colombie-Britannique. Son champ missionnaire s'elargit dans les annees suivantes. En 1938, une entente passee entre l'eveque de Victoria et les Oblats lui donne la desserte des difficiles missions indiennes de la cote ouest de l'ile Vancouver, dont s'occupaient jusque-la les Benedictins49. En 1944, le vicariat apostolique de PrinceRupert, avec ses missionnaires, lui est incorpore. En 1957, elle accepte les missions de Kuper Island et du district de Duncan, situees a Test de l'ile de Vancouver, que desservaient les Montfortains. Ces nouveaux champs missionnaires ajoutent a la province la charge de plusieurs postes de missions et de trois ecoles residentielles, situees respectivement a Cofino, Lejac et Kuper Island. LE TRAVAIL MISSIONNAIRE
Le personnel missionnaire se modifie quelque peu au cours de la decennie de 1930. La venue d'Oblats francais, autrefois les principaux missionnaires en Colombie-Britannique, a cesse depuis 1908, et des veterans disparaissent, pendant que d'autres quittent apres l'erection de la ColombieBritannique en province 50 . Une jeune generation d'apotres prend la releve. Le pere John Bokenfohr, visiteur en 1944, preoccupe de la continuite dans l'oeuvre missionnaire, recommande aux Oblats des ecoles residentielles d'etablir une unite de methode et de principes, et aux autres missionnaires, de s'inspirer des elements essentiels toujours valables du Systeme Durieu51. Les Oblats ont eu a diriger huit ecoles residentielles en Colombie-
La Colombie-Britannique,les provinces St. Peter et St. Mary
241
c^*-3 Eglise et ecole residentielle de Mission City, C.-B., vers 1924. (Courtoisie des Archives Deschatelets, Ottawa)
Britannique, situees a Mission City, Kamloops, Cranbrook, Williams Lake, Lejac, Sechelt, Kakawis et Kuper Island. Des missionnaires en charge de dessertes y ont etabli leur pied-a-terre. Le visiteur de 1944 atteste que les missionnaires, dans les ecoles comme dans les missions, sont tres zeles et efficaces52. Environ le tiers du personnel de l'ouest de la province St. Peter se devoue a l'oeuvre des ecoles residentielles et des missions. En 1966, ils sont au nombre de quarante-sept peres et de trente freres53. PAROISSES ET OEUVRES
L'oeuvre des Oblats aupres des Blancs s'elargit. A la demande de l'archeveque d'Edmonton, la province accepte, en 1926, la direction de son grand seminaire, a Edmonton meme, qu'elle ne gardera cependant qu'un an. Plusieurs paroisses en dehors de la Colombie-Britannique sont confiees a la province. En 1927, ce sont les paroisses St. Patrick, de Lethbridge, en Alberta, et Saint-Paul, a Saskatoon, en Saskatchewan. Dans la periode de 1942 a 1965, mentionnons celles de Sainte-Anne, a Flin Flon, au vicariat apostolique du Keewatin, de Saint-Francois-Xavier (Annonciation), a Edmonton, de St. Edward, a Duncan, sur File Vancouver, de St. Mary, a Prince George, de St. John, a Lilloet, et de
242
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
Notre-Dame de Lourdes, a Saskatoon. Dans ces paroisses, comme dans les autres qu'ils desservent, les Oblats s'occupent des ecoles paroissiales et de High Schools. Par contre, quelques paroisses importantes ont ete abandonnees : la paroisse cathedrale du Saint-Rosaire, a Vancouver, en 1927; les paroisses Sainte-Marie, a Cranbrook, et Sacre-Coeur, a Kimberley, en 1938, et SaintLouis, a Kamloops, en 1941. PERSONNEL
La province St. Peter s'occupe, des ses premieres annees, de l'accroissement de son personnel surtout de langue anglaise. La province, a ses debuts, en 1926, est composee de 36 peres. Dix-sept sont originaires de France, 5 des lies Britanniques et les autres du Canada, dont un seulement de la Colombie-Britannique. Des 11 freres presents, en 1926, 4 sont des lies Britanniques, 4 du Canada, dont un de la Colombie-Britannique, 2 de France et un d'ltalie. Le pere Welch, premier provincial, jette son regard sur TOntario : Ne nous sera-t-il pas possible de nous etablir, solidement, dans un centre aussi important que Test Ottawa? Nous l'esperons. Cela nous donnerait un pied-a-terre dans la belle province d'Ontario, ou nous pourrions recueillir une magnifique moisson de vocations religieuses, dans un avenir prochain 54 . Son successeur, le pere William Grant-Byrne, devait realiser l'implantation de la province a Ottawa, en acceptant le college de langue anglaise de l'universite d'Ottawa et la desserte de la paroisse Saint-Joseph jusque-la rattachee a l'universite d'Ottawa. En 1930, il transferait a Ottawa l'administration provinciale et y etablissait le scolasticat et le noviciat55. Avant la fin de la decennie de 1930, ces oeuvres de formation oblate avaient deja fourni un bon nombre d'Oblats dont certains seront assignes a la partie ouest de la province56.
La province St. Mary, 1926-1967 Les Oblats de la province St. Mary, hier encore sujets des provinces du Manitoba et d'Alberta-Saskatchewan, continuent le ministere qu'ils exercent depuis la fin du siecle dernier aupres des catholiques, principalement de langues allemande et polonaise. La plupart d'entre eux possedent
La Colombie-Britannique,
les provinces St. Peter et St. Mary
243
l'anglais et l'allemand ou le polonais et parfois plus d'une autre langue. Leur travail s'exerce dans de nombreux centres de neo-canadiens, dont certains sont populeux et d'autres composes parfois de quelques families seulement. Ces centres, surtout dans les colonies, ont l'avantage d'etre homogenes, souvent rapproches les uns des autres et en dehors des milieux protestants. FORMATION DE DISTRICTS
Les autorites de la province n'ont pas tarde a reunir les missionnaires en districts religieux, sous la direction immediate d'un superieur seconde par deux assistants, afm de favoriser a la fois la vie religieuse des Oblats et leur travail apostolique. Quatre districts furent ainsi organises, en 1927 : deux dans la colonie de Saint-Joseph : Kerrobert, qui regroupe six postes, et Tramping Lake, qui en regroupe quatre; un dans la colonie de Prelate et un autre dans la region desservie par la paroisse de Grayson. En dehors de ces districts, les Oblats des paroisses du Saint-Esprit et de Saint-Joseph, de Winnipeg, ainsi que ceux de Sainte-Marie de Regina, forment des communautes qui s'occupent egalement d'un certain nombre de dessertes. Le nombre et l'importance des postes avec pretres residants, dans ces districts et centres paroissiaux, ainsi que les districts eux-memes, ont varie au cours des annees. DE NOUVEAUX ENGAGEMENTS
A la demande des eveques, le champ d'apostolat de la province s'est elargi dans les provinces de l'Ouest. En Saskatchewan, M gr Ovide Charlebois, vicaire apostolique du Keewatin, lui confie, en 1930, le soin des colons qui s'etablissent dans la partie sud-ouest de son vicariat, ou se forme une colonie allemande designee sous le nom de Saint-Boniface. Les paroisses de St. Walburg et de Goodsoil, s'y etablissent en 1932, d'autres suivront57. M gr James Charles McGuigan, archeveque de Regina, confie a la province, en 1933, le district polonais dont le centre est Rama. Les missionnaires s'y etablissent en sept postes et visitent plusieurs dessertes. Au diocese de Prince-Albert, la province assume le service de la mission polonaise de Drydor et de ses stations, de 1938 a 1952. En Alberta, la province oblate d'Alberta-Saskatchewan lui cede, en 1938, la paroisse polonaise de Flat Lake et ses dessertes. En 1948, a la demande du vicaire apostolique de Grouard, elle prend charge, a la Riviere de la Paix, d'un district de neo-canadiens forme de cinq postes, dont Fairview est le centre. S'ajoutera, en Alberta, la desserte des paroisses
244
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
du Christ-Roi, a Medicine Hat, en 1961, et de rimmaculee- Conception, a Red Deer, en 1964. En Colombie-Britannique, la paroisse polonaise de Saint-Casimir et la paroisse allemande de la Sainte-Famille, toutes deux dans la ville de Vancouver, sont prises en charge par la province en 1945, a la demande de l'archeveque du lieu. Enfin, au Manitoba, les Oblats de la province sont charges de la paroisse Saint-Antoine, a Winnipeg, en 196458. Dans ces divers milieux, ce fut tout d'abord, le plus souvent, un ministere de pionniers qui exige de la mobilite, de l'adaptation et qui s'exerce dans des conditions de pauvrete. Cependant le ministere paroissial connait une evolution parallele a celle des neo-canadiens eux-memes. A mesure que les immigres s'integrent au milieu canadien, les conditions materielles s'ameliorent, les traits nationaux s'estompent quelque peu. En particulier, la langue anglaise devient, surtout apres la deuxieme guerre mondiale, la langue d'usage presque generate dans le ministere59. Egalement, apres cette deuxieme guerre mondiale, apparait un mouvement de la population rurale vers les centres urbains. Les paroisses des colonies, nombreuses et presque toutes en campagne, se depeuplent et certaines sont fermees. Ce mouvement de la population vers les villes et, d'autre part, le besoin ressenti par les missionnaires de se regrouper davantage influenceront le travail apostolique a partir des annees i960. En 1966, le groupe des Oblats allemands et polonais de l'Ouest emploie aux soins de leurs compatriotes plus de soixante-quinze de ses membres, oeuvrant dans soixante-dix paroisses et cinquante-quatre stations60. AUTRES OEUVRES
College A la demande de M§r Arthur-Alfred Sinnott, archeveque de Winnipeg, la province ouvrait, des 1926, un High School dans la ville episcopale, pour l'education de la jeunesse de langue anglaise. II est connu sous le nom de college Saint-Paul. Des 1928-1929, l'institution etait frequentee par quelque deux cent vingt-cinq etudiants, internes et externes. La province, ne possedant pas les ressources financieres requises pour assurer la poursuite du rapide developpement de l'oeuvre, dut la remettre a l'archeveque, en 1930. En 1932, elle pouvait reprendre une institution semblable, destinee particulierement a son recrutement, en fondant un High School a Battleford, pres des colonies Saint-Joseph et Prelate. Loge dans un nouvel edifice situe a North Battleford, en 1950, ce High School est devenu le college Saint-Thomas. En 1967, il comptait deux cent soixante-douze etudiants et beneficiait du service de quinze Oblats, dont deux freres.
La Colombie-Britannique,
les provinces St. Peter et St. Mary
245
Predication Des le debut de la province, des Oblats s'adonnerent a la predication de retraites et de missions, au moins de temps a autre. Certains purent meme se devouer exclusivement a cette oeuvre61. Plusieurs retraites au clerge, a des religieux et religieuses et aux fideles des paroisses sont au bilan de la predication par les Oblats de la province62. Cependant, dans la periode que nous etudions, la province n'a pu encore constituer un corps permanent de missionnaires predicateurs. Centre de communications Un bulletin paroissial Marienbote (Messager de Marie), edite moitie en allemand et moitie en anglais, etait lance, en 1932, dans la paroisse Sainte-Marie de Regina. Deux ans plus tard, il devenait le periodique mensuel de la province dans l'Ouest canadien. En vue de son impression, un petit atelier d'imprimerie, designe sous le nom de Marian Press, etait implante a Regina, en 1937, puis transports a Battleford, en 1948. L'annee suivante, paraissait le magazine populaire, de langue anglaise, Our Family, edite a Battleford, dont le but etait simplement de repondre aux besoins de la population catholique. Un service de librairie, Marian Bookstore, incluant l'audiovisuel, inaugure en 1951, completa les activites de presse. Les editions, l'imprimerie et le service de librairie, formerent le centre de communications de Battleford, designe sous le nom de Raema Communications63. LE PERSONNEL
Le personnel de la province, constitue, a son origine, d'Oblats venus d'Europe, a l'exception de deux originaires du Canada 64 , appartenait surtout aux nationalites allemande et polonaise. Son renouvellement a ete abondamment assure par des neo-canadiens descendants de ces deux groupes nationaux. Il vient principalement des paroisses que la province dessert, dont la population est sincerement catholique et compte de nombreux enfants65. Des 130 Oblats pretres entres dans la province, de 1927 a i960, 69 sont originaires du Canada et 61 d'autres pays. Le juniorat SaintJean d'Edmonton, puis celui de Battleford ont dispense l'enseignement et l'education aux jeunes candidats. LA VICE-PROVINCE DE L'ASSOMPTION
La province St. Mary, composee principalement d'un personnel de nationalites allemande et polonaise, donna naissance, le 22 aout 1956, a la vice-province de l'Assomption, qui regroupa les Oblats polonais et leurs oeuvres. La nouvelle province comprend tout le district religieux de Toronto, ou elle etablit sa maison centrale. Elle conserve les centres et les
246
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE
oeuvres dont s'occupaient deja ses membres dans les provinces de l'Ouest 66 . En 1967, environ vingt-cinq des Oblats actifs de la vice-province travaillent dans les provinces canadiennes de l'Ouest, tandis qu'un nombre quelque peu plus eleve se devoue dans l'Est, aupres principalement de la nombreuse population polonaise de Toronto. La province St. Mary, qui comptait 38 peres, 13 scolastiques et 4 freres a sa fondation, compte en 1967, 58 peres, 27 scolastiques et 10 freres. La province de l'Assomption debutait, en 1956, avec 42 peres et 12 scolastiques; en 1967, elle se compose de 58 peres, de 2 scolastiques et d'un frere. L'appendice VI fournit quelques donnees particulieres sur le personnel.
Epilogue, 196J-1990
Des modifications de structures et une inspiration renouvelee conditionnent la vie et Faction missionnaire des Oblats de Marie Immaculee dans l'Ouest et le Nord du Canada, au cours de la periode de 1967 a 1990. REORGANISATION DES PROVINCES
La Conference Oblate du Canada (coc), organisme de cooperation entre les provinces oblates du pays, est mise en place en 1966. Elle est composee de tous les provinciaux et comprend des sous-groupes d'Oblats charges specialement de questions relatives a la mission, a la formation religieuse et aux finances. «Grace a elle, la collaboration s'est accrue, l'esprit de solidarite s'est intensifie, l'identite comme Region s'est precisee et les projets communs se sont multiplies))1. Une des orientations importantes etudiees et adoptees par la Conference Oblate canadienne fut la reorganisation des provinces et vicariats des missions. Les huit provinces et vicariats des missions, dont le siege etait dans l'Ouest et le Nord du Canada, ont ete fusionnes, au cours des annees 1982-1986, de maniere a ne former que quatre provinces : la province du Manitoba, qui inclut les anciens vicariats des missions du Keewatin et de la Baie d'Hudson; la province Grandin, qui reunit l'ancienne province d'Alberta-Saskatchewan et les anciens vicariats des missions de Grouard et du Mackenzie; la province St. Paul, qui s'etend a l'ancien vicariat des missions de Whitehorse; et enfin, la province nationale
247
248
EPILOGUE
de St. Mary, qui, en plus de ses anciens ministeres, assume la charge des missions indiennes du Keewatin-Le Pas situees en Saskatchewan. Cette reorganisation des provinces et vicariats des missions s'est faite «en raison de la diminution du nombre des Oblats et en vue d'une plus grande efficacite dans leur ministere»2. En effet, le nombre des Oblats de l'Ouest et du Nord canadiens a notablement diminue dans les dernieres annees, passant de 889, en 1967, a 503, en 19903. En meme temps, en raison du faible renouvellement du personnel, la moyenne d'age a augmente graduellement. Le regroupement accompli dans l'axe nord-sud permet une collaboration entre les missions du nord et les provinces du sud, surtout au plan echange et ressourcement du personnel. ORIENTATIONS DANS LE MINISTERE ET LES OEUVRES
Depuis les annees i960, des valeurs nouvelles ou renouvelees, inspirees tout d'abord du concile Vatican II, s'imposent partout, telles l'Eglise peuple de Dieu, l'oecumenisme, la vocation integrate du lai'que. D'autre part, d'importants changements survenus dans la societe modifient Faction pastorale ou missionnaire, entre autres, le rapide mouvement de secularisation et l'apparition de nouveaux pauvres et d'immigres, et chez les autochtones, la volonte d'une prise en main de leurs propres destinees et la mise en valeur de leur culture. Face a ces changements, plusieurs oeuvres ou institutions traditionnelles ont disparu et des orientations nouvelles s'imposent. Les provinces, dans des congres, revoient leurs oeuvres et etablissent les priorites adaptees au temps. Des solidarites se developpent entre les provinces. Signalons, en plus de la collaboration et de la cooperation assidues etablies par la coc, une importante reunion de tous les provinciaux et des membres de leur conseil, tenue conjointement avec le superieur general et son conseil, a Ottawa, du 2 au 8 juin 1988. Elle a suscite une reflexion profonde sur la vie et la mission des Oblats au Canada et elle a identifie les ministeres a privilegier. Le ministere aupres des autochtones, dans leur territoire et dans les grands centres urbains, reste prioritaire dans toutes les provinces du Nord-Ouest. L'action dans les centres de renouveau chretien, dans les paroisses, aupres des pauvres de diverses categories, des marginaux, des immigrants, et en faveur de la justice doit caracteriser la pastorale des Oblats d'aujourd'hui. A la suite de cette rencontre conjointe des conseils provinciaux et du conseil general, le pere Marcello Zago, superieur general, ecrivait : «La Region du Canada est en train de vivre une etape importante de son histoire. Apres une
Epilogue
249
restructuration opportune et bien reussie des provinces, la Region s'engage maintenant dans une cooperation et une collaboration plus etroites»4. Au niveau de la base, des solidarites s'etablissent egalement a travers les provinces. Ainsi, du 5 au 11 aout 1988, se tenait a Lebret, Saskatchewan, une rencontre reunissant plus de cent Oblats oeuvrant aupres des Indiens et Inuit du Canada. La vision d'une Eglise autochtone s'y est imposee et a inspire des orientations. Du 20 au 24 aout 1990, se tenait a Winnipeg, une rencontre de quelque soixante-dix Oblats travaillant dans les paroisses par tout le Canada. Elle suscita des interpellations sur le caractere missionnaire du ministere paroissial exerce par un grand nombre d'Oblats au Canada. Un renouvellement de Faction missionnaire et un mouvement de plus en plus accentue de collaboration et de solidarite, qui respectent l'identite et le dynamisme propres a chaque province, caracterisent done la vie des Oblats de Marie Immaculee dans le Nord et l'Ouest du Canada, au cours de la periode de 1967 a 1990.
Page laissée blanche intentionnellement
Appendice I Les Oblats de 1872 a i960
252
Appendice I
TABLEAU
i.i
Pays France Canada Allemagne Belgique Etats-Unis Pologne Italie Irlande Hollande
TABLEAU
1.2
Groupes d'age
15-19 20-24 25-29 3O-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64
Les pays de provenance des Oblats Peres
Freres
Total
112
48
160
89
152
11
63 9 5
10
2
12
14
23 16
5 4
5
10
0
4
0
2
2
0
1
1
245
135
380
L'age des Oblats a leur arrivee en mission Peres
Freres
Total
0
15
15
21
46
154 33 7
20
67 195 53
13
3
15 16
5 4 6
1
6
0 0
4 6
3
0
3
246
134
380
41
8
Appendice I
TABLEAU
1.3
Decedes et partis : annees de ministere
Annees
Peres
Freres
00-04 05-09 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74
30
12
42
14
8
22
21
9 6
20
14 15 14
7 3 9 7
Annees
18 17 14
9 14
3 3
0 1
3 4
1
1
2
0
1
1
77
228
10
1.4
30
5 7 8
151
TABLEAU
3 3 7 6
Total
14 18
Presents en i960 : annees de ministere Peres
00-04
6
05-09 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64
15 20
17 22
Freres 3 6 4 8
Total 9 21
24 25 26
1
4 13 7 5
1
2
3
2
3 5
1
1
2
6 2
19 9 6
1
2
3
0
1
1
95
58
153
253
Page laissée blanche intentionnellement
Appendice II Les Oblats du Keewatin-Baie d'Hudson, 1872-1960
256
Appendice II
TABLEAU
ii.i
Pays
Canada France Belgique Etats-Unis Italie Irlande Allemagne Hollande Pologne
TABLEAU
11.2
Groupes d'dge
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74
Les pays de provenance des Oblats Peres
Freres
Total
98
39 9 4
137
1
6
1
57 9 5 3 3
66 13
2
1
4 3 3
1
0
1
1
0
1
179
55
234
0
L'age des Oblats a leur arrivee en mission Peres
Freres
Total
0
6
6
17
16
33
112
15
127
26
8
34
8
4 3
12
4 4 3
2
7 6
0
3
2
0
2
1
1
2
0
0
0
1
0
1
178
55
233
Appendice II TABLEAU I I . 3
Decedes et partis : annees de ministere
Annees
Peres
00-04
34
Freres
05-09
15
4 5
10-14
12
2
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59
14
3
TABLEAU II.4
Annees
00-04 05-09 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64
Total
38 20
2
2
14 17 4
1
0
1
2
1
4 5 3
0
0
3 4 7 3
2
1
1
2
0
1
1
93
21
114
Presents : annees de ministere Peres
Freres
Tota/
6
1
7
14
6
20
20
4
24
6
2
8
17
4 5 4 6
21
8
2
1
2
1
13 9 9 3 3
0
0
0
2
0
2
1
0
1
86
34
120
5 3
257
Page laissée blanche intentionnellement
Appendice III Les Oblats de Prince Rupert et du Yukon, 1873-1960
260
Appendice III
TABLEAU III.I
Les pays de provenance des Oblats
Pays
Canada France lies Britanniques Etats-Unis Allemagne Belgique Hollande
TABLEAU
111.2
Groupes d'age
20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59
Total
Peres
Freres
44 39 25
14
58
0
39
3
28
12
0
12
5 4
0 0
5 4
1
0
1
130
17
147
L'age des Oblats a leur arrivee en mission Peres 10
Freres
Total
12
3 4 3 3 3
6
1
3 3
0 0
7 3 3
130
17
147
70 17
9
13
74 20 12
15
Appendice III TABLEAU I I I . 3
Decedes et partis: annees de ministere Total
Annees
Peres
00-04 05-09 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44
23
7
30
27
0
27
12
1
13
1
0
1
3
0
3
0
0
0
2
0
2
3
0
3
1
0
1
72
8
80
TABLEAU I I I . 4
Annees
00-04 05-09 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59
Freres
Presents en i960 : annees de ministere Peres
Freres
Total
5
4
9
12
2
14
20
2
22
10
0
10
8
0
8
1
0
1
0
0
0
0
0
0
1
1
2
0
0
0
0
0
0
1
0
1
58
9
67
261
Page laissée blanche intentionnellement
Appendice IV Les Oblats de la province du Manitoba, 18/2-1960
264
Appendice IV
TABLEAU
iv.i
Les pays de provenance des Oblats Peres
Freres
Total
Canada France Allemagne Pologne Etats-Unis Irlande Tchecoslovaquie Angleterre Hollande Belgique Italie Russie Espagne
228
42
270
43
10
53
21
2
23
13
1
14
11
2
13
8
2
10
4
0
2
1
1
2
4 3 3
1
1
2
1
0
1
1
0
1
1
0
1
13 pays
335
63
398
Pays
TABLEAU
iv.2
Groupes a"age
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69
L'age des Oblats a leur arrivee dans la province Peres
Freres
Total
0
5
16
19
5 35
184
17
201
57
11
68
25
7
32
22
2
24
15
0
15
10
1
11
3
0
3
2
0
2
1
1
2
335
63
398
Appendice IV TABLEAU IV.3
Decedes et partis : annees de ministere
Annees
Peres
00-04 05-09 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59
32
TABLEAU IV.4
Annees
00-04 05-09 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59
Freres
Total
33
3 6
35 39
18
2
20
26
1
27
17
21
8
4 3 3 3
4
1
5
10
2
12
21
17
24 20 11
3
1
2
1
4 3
191
30
221
Presents en i960 : annees de ministere Peres
Freres
Tote/ 18
12
3 5 7 3 5 4
14
1
15
3 3
1
15 19 22 21
27
24 29 24 32 16
2
1
5
0
4 5 3 5
1
1
2
144
33
177
2
265
Page laissée blanche intentionnellement
Appendice V Les Oblats de la province d'Alberta-Saskatchewan, 18/2-1960
268
Appendice V
TABLEAU
v.i
Les pays de provenance des Oblats
Pays
Peres
Freres
Total
Canada France Allemagne Etats-Unis Belgique Pologne Italie Irlande Angleterre Espagne Hollande Russie Tchecoslovaquie
149
36
185
75
22
97
28
2
30
8
1
5 3 3 3
3
9 8
13 pays TABLEAU
v.2
Groupes d'age
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69
2 1 0
5 4 3
1
0
1
1
0
1
1
0
1
1
0
1
0
1
1
278
68
346
L'age des Oblats a leur arrivee dans la province Peres
Freres
Total
0
4
14 153 58
20
4 34
19
172
10
68
16
7 4
23
0
11
15
7
1
8 8 8
2
0
2
3
1
4
278
68
346
8 6
2
Appendice V TABLEAU V.3
Decedes et partis : annees de ministere
Annees
Peres
00-04 05-09 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34
36
35-39
40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74
TABLEAU V.4 Annees
00-04 05-09 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64
Freres
Total
45
24
9 4 4 3
14
1
15
15
2
17
5 6 6 14
3 3 5 3
17
11
2
13
2
1
2
1
3 3
1
0
1
1
1
2
182
42
224
27 18
31 22
27
8 9 11
Presents en i960 : annees de ministere Peres
9 16
Freres 4 6
Tote/ 13 22
16
3
16
2
19 18
18
4
22
10
2
12
5
1
6
0
1
1
2
0
2
1
0
1
3
2
5
1
0
1
0
1
1
97
26
123
269
Page laissée blanche intentionnellement
Appendice VI Les Oblats arrives en Colombie-Britannique, 1872-1926 dans les provinces St. Peter et St. Mary, 1926-1967
272
Appendice VI
TABLEAU
vi.i
Les pays de provenance des Oblats
COLOMBIE-BRITANNIQUE
Pays
PP. FF.
Canada France Irlande Allemagne Angleterre Belgique Ecosse Etats-Unis Galles Hollande Italie Autriche Lituanie Russie Tchecoslov. Yougoslavie
26
6
30
2
5 3 3 3
8
0
16 pays
TABLEAU
ST. PETER
PP.
FF.
Total
PP.
FF.
Total
32
68
18
86
69
3
72
32
1
0
1
0
0
0
13
14
2
16
0
0
0
1
4
0
0
0
22
3
25
1
4
6
0
0
0
0
4 3
2
0
0
0
0
0
0
1
1
0
0
0
0
0
0
1
1
2
9
0
9
4
2
6
1
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
1
1
0
1
1
0
1
1
0
0
0
0
0
1
1
2
0
0
0
0
1
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
6
1
0
0
0
0
0
0
1
2
7 3
0
0
0
0
0
0
1
1
2
73
21
94
96
23
119
104
14
118
vi.2
L'age des Oblats a leur arrivee
COLOMBIE-BRITANNIQUE
Groupe
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44
45-49 50-54 55-59
ST. MARY
Total
PP. FF.
Total
0
0
0
6 44
3 5
9 49
12
1
7 0
3 4
2
2
2
ST. MARY
ST. PETER
PP.
FF.
PP.
FF.
1
0
0 2
5 90
Total
Total 0
0
1
0
2
2
3 85
33
15
5 4
10
6
7 5 4
48
13
41 28
10
8
1
9
4
10
2
12
10
0
10
4 3
7
0
7
1
1
2
1
1
0
1
3
1
4 1
19
0
1
1
1
0
1
1
0
60-64
0
0
0
2
2
4
2
1
3
65-69 70-74
0
0
0
0
0
0
2
0
2
0
0
0
0
0
0
0
1
1
20
93
96
23
119
130
16
146
73
Appendice VI ]Decedes
TABLEAU VI.3
et partis : annees de ministere
COLOMBIE-BRITANNIQUE
FF.
273
<ST.
ST. PETER
FF.
MARY
FF.
Total
Annees
PP.
00-04 05-09 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34
6
1
7
10
3
13
2
0
12
2
14
0
1
5
9 8
2
1
7 7 9
2
4 9
4
0
4
10
2
3
5
2
0
2
1
0
1
36
8
44
vi.4
PP.
Total
1
PP.
2
9 3
2
0
2
2
1—1
TABLEAU
Total
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
34
8
42
11
0
11
0
Presents en i960 : annees de ministere
COLOMBIE-BRITANNIQUE
Annees
PP.
FF.
00-04
7
1
05-09
1
4
10-14
6
0
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49
3 9 6
ST. MARY
ST. PETER
Total
PP.
FF.
5
23
16
10
19
4 6
20
1 2
11
22
0
22
PP.
FF.
18
5 6
9 9
2
5
10
1
11
15
3
18
1
10
8
2
10
27
0
27
0
6
2
1
13
2
15
2
1
6
1
7
1
8
1
3
3 4
3 7
62
13
75
119
16
135
Total 8
0
1
1
2
0
2
37
13
50
Tote/
25
Page laissée blanche intentionnellement
Sigles
AAGM AAQ AASB ACAM AD ADM AMG AOM AOPG AROMI ASGM BSHSB CSB DBC DBOC RMDQ RSCHEC RUO
Archives de l'archeveche de Grouard-McLennan Archives de l'archeveche de Quebec, Quebec Archives de l'archeveche de Saint-Boniface Archives de la chancellerie de l'archeveche de Montreal, Montreal Archives Deschatelets, Ottawa Archives du diocese Mackenzie-Fort Smith, Yellowknife Archives de la maison generale des Oblats, Rome Archives des Oblats, Montreal Archives oblates Province Grandin, Saint-Albert Agence Romaine des Oblats de Marie Immaculee, Rome Archives des Soeurs Grises de Montreal, Montreal Bulletin de la Societe historique de SaintBoniface Les Cloches de Saint-Boniface Dictionnaire biographique du Canada, Quebec Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculee au Canada Rapports sur les missions du diocese de Quebec Rapports de la Societe canadienne d'histoire de l'Eglise catholique Revue de l'Universite d'Ottawa, Ottawa
275
Page laissée blanche intentionnellement
Notes defin de chapitre
INTRODUCTION
1. Gaston Carriere, o.m.i., Histoire documentaire de la Congregation des Oblats de Marie Immaculee dans VEst du Canada (Ottawa, Editions de l'Universite d'Ottawa, 1957) tome 1,11. 2. Ibidem, 16. 3. Notons surtout «L'Honorable Compagnie de la Baie d'Hudson et les missions dans l'Ouest canadien», Revue de l'Universite d'Ottawa [RUO], 36 (1966), 15-39, 232-257, et «Fondation et developpement des missions dans la Terre de Rupert et les Territoires du Nord-Ouest (i845-i86i)», ibid., 41 (1971), 25-281, 397-4274. L'Apotre des Prairies. Joseph Hugonnard, o.m.i. - 1848-1917 (Montreal, Rayonnement, 1966). 5. Le Pere du Keewatin. M8r Ovide Charlebois, o.m.i. - 1862-1933 (Montreal, Rayonnement, 1962). 6. Guy Lacombe, «Projet d'histoire des Oblats dans l'Ouest canadien», Vie Oblate Life, 46 (dec. 1987), 274-284. 7. Claude Roberto, «Historique des Archives oblates de l'AlbertaSaskatchewan», dans G. Allaire, G. Cadrin, P. Dube (eds), Ecriture et Politique, Les actes du septieme colloque du Centre d'etudes franco-canadiennes de l'Ouest (Edmonton, Institut de recherche de la Faculte St-Jean, 1989), 165-171.
8. Tome 1 (1976), tome 2 (1977), tome 3 (1979) (Ottawa, Editions de l'Universite d'Ottawa); tome IV, vient de paraitre, prepare par Maurice Gilbert, o.m.i. et Normand Martel, o.m.i. (Montreal, Missionnaires Oblats,
277
278
Notes defin de chapitre
1989). Ce quatrieme tome couvre la periode entre le i er Janvier 1978 et le 31 decembre 1987 et ajoute quatre cent dix-sept biographies aux mille sept cent vingt-cinq presentees par le pere Carriere. 9. (Ottawa, Editions des Etudes Oblates, 1967). 10. Tome 1, 1815-1898, (1983), tome 2, 1898-1985, (1986) (Montreal, Maison provinciale, o.m.i.). 1 L'EGLISE AU NORD-OUEST DE L'AMERIQUE
1. Gaston Carriere, o.m.i., «L'Honorable Compagnie de la Baie d'Hudson et les Missions dans l'Ouest canadien», The Canadian Catholic Historical Association, Rapport 1965, 63-80. La Cie de la Baie d'Hudson a divise le Nord-Ouest en dix districts : Mackenzie, Athabasca, Assiniboia, Riviere aux Anglais (Churchill), Riviere Saskatchewan, Cumberland, Riviere du Cygne, Lac a la Pluie, Riviere des Brochets et York. 2. Thomas Douglas, 5e comte de Selkirk (1771-1820). 3. Voir Fernand Ouellet, «McGillivray, William», Dictionnaire biographique du Canada [DBC], (Quebec, Presses de l'universite Laval), vol. VI, 500-503; Hartwell Bowsfield, «Semple, Robert», DBC, vol. V, 825-826. 4. M gr Alexandre Tache, o.m.i., Esquisse sur le Nord-Ouest de VAmerique (Montreal, Typographic du Nouveau-Monde, 1869), 80-94. 5. Ibid., 78. 6. Ibid., 66. 7. Des Jesuites avaient sejourne dans les pays d'en-haut : Charles-Michel Mesaiger, en 1732-1733, et Jean-Pierre Aulneau, en 1735-1736, au Lac-desBois; Claude-Godefroy Coquart, en 1743-1744, et Jean-Baptiste Lamorinie, en 1750-1751, au fort de la Reine (Portage la Prairie). Voir ces noms dans DBC.
8. M gr Octave Plessis (1763-1825), onzieme eveque de Quebec, de 1806 a 1825, et premier archeveque, en 1819. 9. Lettre de Lord Shaw, 7 nov. 1815, Archives de l'archeveche de Quebec [AAQ], 330 CN, R.R., III : 21; voir Antoine d'Eschambault, «La Compagnie de la Baie d'Hudson et l'effort missionnaire», La Societe Canadienne d'Histoire de I'Eglise Catholique [RSCHEC], Rapport 1944-1945, 86. 10. Lettre du 4 avril 1816, AAQ, 330 CN, R.R. I l l : 22; reponse de M gr Plessis, le 8 avril 1816, AAQ, 210 A, RL, VIII: 507, 508. 11. O. Plessis, Instructions donnees a M. Antoine Tabaud, Quebec, le 22 avril 1816, AAQ, 12 A, RI, H : 120-121.
12. AAQ, 330 CN, R.R., III : 25. Probablement Louis-Joseph d'Eschambault. Voir l'abbe d'Eschambault, «Georges d'Eschambault facteur de la Baie d'Hudson», Les Cloches de Saint-Boniface [CSB], 44 (nov. 1945), 252. 13. AAQ, 210 A, RL. IX : 101.
Notes defin de chapitre
279
14. AAQ, 330 CN, R.R. I l l : 25 et 26. Le document, sans date, porte les noms de vingt-deux signataires et de deux temoins, dont un est aussi signataire. 15. O. Plessis a Antoine Tabeau, 8 mars 1818, AAQ, 210 A, RL. IX: 337-339. 16. O. Plessis a Lord Selkirk, a Montreal, 16 mars 1818, AAQ, 210 A, RL. IX : 344-34517. Norbert Provencher (1787-1853), ne a Nicolet; pretre le 21 dec. 1811; preconise eveque le i er fev. 1820, sous le titre de ev. de Juliopolis et auxiliaire de l'eveque de Quebec pour le district du Nord-Ouest. Le 16 avril 1844, il devint vicaire apostolique du territoire de la Baie d'Hudson et du Nord Ouest; le 4 juin 1847, ev. du diocese du Nord-Ouest, dont le nom fut change en celui de Saint-Boniface, le 7 dec. 1851. 18. AAQ, 12 A, RI H : 190-191. 19. Ibid. 20. Ibid. 21. L'abbe Provencher utilise pour la premiere fois ce nom de Saint-Boniface pour designer la mission de la Fourche, dans une lettre du 15 Janvier 1819. Voir Luc Dauphinais, Histoire de Saint-Boniface, t. 1, A I'ombre des cathedrales, des origines de la colonie jusqu'en 1870 [Histoire de Saint-Boniface], (Les Editions du Ble, 1991), p. 65, n. 57. 22. Ibidem, 65, n. 57. 23. Voir N. Provencher a O. Plessis, 13 septembre 1818, Bulletin de la Societe historique de Saint-Boniface [BSHSB], vol. Ill (1913), 17. 24. N. Provencher a O. Plessis, 15 janv. 1819, BSHSB, vol. Ill (1913), 35. 25. Donatien Fremont, Mgr Provencher et son temps (Winnipeg, ed. de La Liberte, 1935), 119-120. 26. N. Provencher a O. Plessis, 27 juil. 1819, BSHSB, vol. Ill (1913), 39. 27. Memoire de O. Plessis a Lord Bathurst, 20 aout 1819, AAQ, 12 A, RI, H : 247 I, et reponse de Lord Bathurst, 15 sept. 1819, AAQ, 12 A, RI, H : 247 vo. 28. N. Provencher a O. Plessis, 16 juil. 1823, BSHSB, vol. Ill (1913), 87-89. 29. John Halkett a O. Plessis, 15 mars 1822, AAQ, 330 CN, R.R., III : 65. Voir A. d'Eschambault, «La Compagnie de la Baie d'Hudson et l'effort missionnaire», RSCHEC, Rapport 1944-1945, 9. 30. Georges-Antoine Belcourt (1803-1874), missionnaire a la Riviere-Rouge, de 1831 a 1838; a St-Fr-Xavier, St-Boniface, 1839-1840; missionnaire a Pembina, de 1849 a 1859, J.-B. Allaire, Clerge canadien-francais. LesAnciens (Montreal, Impr. de l'Ecole catholique des Sourds-Muets, 1910), 42. 31. N. Provencher a M§r Joseph Signay, 13 aout 1838, AAQ, 330 CN, R.R., 1:180; le meme a M gr Jean-Jacques Lartigue, 5 oct. 1834, Archives de la chancellerie de l'archeveche de Montreal [ACAM], 255.109, St-Boniface 1821-1835. 32. «La mission de la Riviere-Rouge», Notice sur les missions du diocese de Quebec, 1 (janv. 1839), 6. Le nom du periodique change a partir du n° 2 (janv. 1840) : Rapport sur les missions du diocese de Quebec [RMDQ]. 33. N. Provencher a J. Signay, 25 juin 1840, AAQ, 330 CN, R.R., 1: 90.
280
Notes defin de chapitre
34. Ibid. 35. Louis-Francois Lafleche (1818-1898), missionnaire a la Riviere-Rouge et a Flle-a-la-Crosse, de 1844 a 1856, eveque coadjuteur au diocese de TroisRivieres, en 1866, eveque de Trois-Rivieres, en 1870. 36. VoirRMDQ, 2 (janv. 1840), 15-16. 37. N. Provencher a J. Signay, 8 juil. 1839, AAQ, 330 CN, R.R., 1:188. 38. Le meme au meme, 25 juin 1840, AAQ, 330 CN, R.R., 1: 90. 39. La resolution 73 du conseil annuel de la Cie tenue a Norway House, le 18 juin 1840, demandait «que trois missions soient etablies cette saison dans le departement du Nord, a savoir : une a Norway House, sous la direction du Rev. M. Evans; une au lac a la Pluie, avec le Rev. M. Mason a sa tete, et une a Edmonton, sous le Rev. M. Rundle», Adrien-Gabriel Morice, o.m.i., Histoire de I'Eglise catholique dans I'Ouest canadien (Winnipeg, chez l'auteur, 1928), vol. 1, 243. 40. N. Provencher a J. Signay, 23 juil. 1841, AAQ, 330 CN, R.R., 1: 93. 41. Le meme au meme, 2 janv. 1843, AAQ, 330 CN, R.R., 1:100. 42. Jean-Baptiste Thibault a l'eveque de Quebec, 18 juin 1843, AAQ, 330 CN, R.R., III: 138. 43. Lionel Dorge, «Thibault, Jean-Baptiste», DBC, vol. X, 740, A. Morice, Histoire de I'Eglise catholique dans I'Ouest canadien, I, 259-262. 44. Le ministre James Evans avait visite, en 1841-1842, Edmonton, le Petit lac des Esclaves, Dunvegan, Fort Vermilion, Fort Chipewyan, Portage La Loche et l'lle-a-la-Crosse. II ne put donner suite a ses visites. Le ministre Robert Rundle, d'Edmonton, visita le fort du Petit lac des Esclaves, deux fois en 1842, une fois en 1844 et une fois en 1846, voir Aristide Philippot, o.m.i., «La Riviere La Paix», CSB, 45 (1946), 87-90. 45. Voir Estelle Mitchell, s.g.m., Les Soeurs Grises de Montreal a la RiviereRouge -1844-1984 (Montreal, ed. du Meridien, 1987), 12-18. 46. Le traite d'Oregon, signe en 1846, fixe la frontiere sud de la C.-B. le long du 49e degre parallele, l'ile Vancouver lui etant attribute integralement. La C B., d'abord constitute en deux colonies, entra dans la confederation canadienne en 1871. 47. Voir N. Provencher a J.-J. Lartigue, 5 juin 1835, ACAM, 255.109, St-Boniface 1821-1835; Memoire ou notice sur Vetablissement de la mission de la RiviereRouge et ses progres depuis 1818, presente a la Propagande le 12 mars 1836 par J.-N. Provencher, eveque de Juliopolis, CSB, 29 (1930), 260. 48. George Simpson (i786?-i86o), ne en Ecosse, gouverneur en chef du Departement du Nord de la Cie de la Baie d'Hudson, de 1820 a 1859. 49. La Cie de la Baie d'Hudson possedait, a cette epoque, 28 etablissements a l'ouest des montagnes Rocheuses et employait 300 Blancs presque tous catholiques. De plus, 600 Blancs residaient dans les colonies de Willamette et de Cowlitz ou vivaient disperses dans la contree, RMDQ, 2 (janv. 1840), 30. 50. 8 juin 1835, Norbert Blanchet, Historical Sketches..., 19, cite par Emilien
Notes defin de chapitre
51. 52. 53.
54. 55.
56. 57. 58.
281
Lamirande, «L'implantation de l'Eglise catholique en ColombieBritannique - i838-i848», RUO, 28 (1958), 325. N. Provencher a J.-J. Lartigue, 29 oct. 1835, ACAM, 255.109, St-Boniface 1821-1835. Indult du 26 fev. 1838. RMDQ, 2 (janv. 1840) 22; 3 (janv. 1841) 35, 36. La Cie de la Baie d'Hudson voulait fixer les missionnaires a Cowlitz, au nord du fleuve Columbia, dans une partie de la Colombie qui, selon ses previsions, devait etre attribuee definitivement a l'Angleterre, alors que la vallee de Willamette, au sud du fleuve Columbia, devait l'etre aux Etats-Unis. Voir E. Lamirande, «L'implantation de l'Eglise catholique en ColombieBritannique - i838-i848», RUO, 28 (1958), 350 s. Pierre-Jean de Smet (1801-1873), jesuite, ne en Belgique, pretre en 1827, missionnaire dans les montagnes Rocheuses, en Oregon, de 1841 a 1846. Voir L. Davis, «De Smet, Pierre-Jean», DBC, vol. X, 246-248. Nom donne a une large partie du centre de la C.-B. par des explorateurs ecossais, a la fin du XVIIP s., et abandonne definitivement en 1868. Voir E. Lamirande, «L'implantation de l'Eglise catholique en ColombieBritannique - i838-i848», RUO, 28 (1958), 479. Voir ibid., 213-225, 322-363, 453-489; Lucien Lemieux, «Provencher, Norbert», DBC, vol. VIII, 797-803.
2 L'APPEL DES OBLATS DE MARIE IMMACULEE
1. Eugene de Mazenod (1782-1861), ne a Aix-en-Provence (Bouches-duRhone), France, pretre, le 21 dec. 1811—le meme jour que M gr N. Provencher—fondateur des Oblats de Marie Immaculee, le 25 janv. 1816; ev. tit. d'Icosie, le 30 sept. 1832; ev. tit. de Marseille, le 7 avril 1837; proclame bienheureux par Paul VI, le 19 oct. 1975. 2. Nota bene au chapitre premier des Constitutions et Regies de la Societe des Missionnaires de Provence, [1818], ms, Archives de la Maison generale des Oblats, Rome [AMG]. 3. Chap. gen. 1831, seance du 29 sept., Registres des chapitres generaux, t. 1 (1818-1856), 34, AMG.
4. Le siege de l'administration generale, etabli a Marseille depuis 1823, a ete transfere a Paris, en 1861, a Liege, Belgique, en 1904, et definitivement a Rome, en 1905. 5. Assez souvent dans le passe le vicaire apostolique etait aussi vicaire des missions, et cumulait ainsi les charges de superieur ecclesiastique et superieur religieux des Oblats. Le plus souvent le personnel missionnaire et le territoire des superieurs ecclesiastiques et religieux etaient les memes. 6. Ignace Bourget (1799-1885), ne a Pointe de Levy (Quebec), pretre le 30 nov. 1822; ev. tit. de Telmesse et coadj. de l'ev. de Montreal, le 10 mars 1837; ev. de Montreal, le 19 avril 1840; demissionnaire en 1876.
282
Notes defin de chapitre
7. M8r Eugene de Mazenod a Jean-Baptiste Mille, o.m.i., 17 juil. 1841, AMG. 8. E. de Mazenod a I. Bourget, 16 juil. 1841, ACAM, 465.102, Oblats, 1841-1845. 9. Eugene-Bruno Guigues (1805-1874), ne a Gap (Hautes-Alpes), France; Oblat le 4 nov. 1823; pretre, le 31 mai 1828; superieur au Canada avec le titre de visiteur extraordinaire, de 1844 a 1851, et de provincial, de 1856 a 1864; premier ev. de Bytown (Ottawa), le 9 juil. 1847. 10. Le visiteur est un delegue du superieur general, muni de certains pouvoirs et envoye ordinairement tous les six ans dans les provinces et les vicariats des missions de l'lnstitut. Le visiteur dit extraordinaire gouvernait un territoire de la Congregation, avant l'institution des provinces et des vicariats des missions. 11. E. de Mazenod a Jean-Baptiste Honorat, o.m.i., 8 juin 1844, AMG. 12. Acte constituant le pere E.-B. Guigues, visiteur extraordinaire, Archives Deschatelets [AD]. 13. Liste des pretres seculiers a la Riviere-Rouge, de 1818 a 1844, voir A. Tache, Vingt annees de missions dans le Nord-Ouest de VAmerique [Vingt annees de missions], (Montreal, E. Senecal, 1869), 4; D. Roy, ptre, «M§r Provencher et son clerge seculier», RSCHEC, session 1970,1-16. 14. N. Provencher a Charles-Felix Cazeau, 31 juil. 1844, AAQ) 330 CN, R.R., IV : 21. Voir le meme a I. Bourget, 26 juin 1844, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850; A. Tache, Vingt annees de missions, 3-4. 15. N. Provencher a I. Bourget, 13 juil. 1841, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. Voir lettre du meme au meme, 30 juin 1842, ibid. 16. MSr N. Provencher a J. Signay, 16 avril 1844, AAQ, 330 CNi. 17. N. Provencher a M§r Pierre-Flavien Turgeon, 22 avril 1844, AAQ, 330 CN, R.R., II: 226. 18. J.-B. Honorat a E. de Mazenod, 10 mai 1844, AMG. 19. Cite dans la lettre de N. Provencher a I. Bourget, 30 juil. 1844, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. 20. E. de Mazenod a I. Bourget, 7 juin 1844, ACAM, 465.102 Oblats 1841-1845. 21. N. Provencher a J. Signay, 29 juil. 1844, AAQ, 330 CN, R.R., 1:124. 22. N. Provencher a I. Bourget, 30 juil. 1844, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. 23. I. Bourget a E. de Mazenod, 10 oct. 1844, ACAM, R.L.B., t. Ill, 432-433. 24. J. Signay a E. de Mazenod, 28 oct. 1844, AAQ, 210 A, RL, XXI: 110. 25. J. Signay a B. Guigues, Quebec, 30 oct. 1844, AAQ, 210 A, RL, XXI: 112. 26. E. de Mazenod a B. Guigues, 5 dec. 1844, AMG. Voir Registres du conseil general, 16 dec. 1844, AMG. 27. E. de Mazenod a B. Guigues, 5 dec. 1844, AMG. 28. 14 fev. 1845, citee par Theophile Ortolan, o.m.i., Les Oblats de Marie Immaculee durant le premier siecle de leur existence (Paris, Librairie des Annales, 1915), tome 2,151.
Notes de fin de chapitre
283
29. E. de Mazenod a B. Guigues, 24 mai 1845, AMG. 30. Alexandre-Antonin Tache (1823-1894), ne a Riviere-du-Loup (Quebec), le 23 juil. 1823; novice oblat a Longueuil, le 5 oct. 1844; pretre, le 12 oct. 1845, a la Riviere-Rouge; Oblat, le 13 oct. 1845; elu ev. tit. d'Arath et coad. de M gr Provencher, le 14 juin 1850; ordonne ev. le 23 nov. 1851; ev. tit. de StBoniface, le 7 juin 1853; arch, le 22 sept. 1871. 31. N. Provencher a P.-F. Turgeon, 29 aout 1845, AAQ, 330 CN, R.R., II: 229. 32. E. de Mazenod a Pierre Aubert, o.m.i., 21 fev. 1846, AMG. 33. Registres du conseil general, 5 juin 1846, AMG. 34. E. de Mazenod a P. Aubert, 3 fev. 1847, AMG. 35. Registres du conseil general, 12 janv. 1847, AMG. 36. Feuille de pouvoirs accordes a Pascal Ricard, o.m.i., 22 janv. 1847, AMG. 37. Casimir Chirouse fut ordonne pretre le 2 janv. 1848 et Charles Pandosy, le 21 avril suivant. 38. Louis d'Herbomez, (1822-1890), ne a Brillon (Nord), France; Oblat le 21 nov. 1848; pretre le 14 oct. 1849; visiteur extraordinaire en Oregon 1856, et vicaire des missions en C.-B., 1858-1888; elu ev. tit. de Miletopolis et premier vie. apost. de la C.-B., le 22 dec. 1863. 39. Paul Durieu, (1830-1899), ne a Saint-Pol-de-Mons (Haute Loire), France; Oblat le i er nov. 1849; pretre, le 11 mars 1854; vicaire des missions, 1888-1898; elu ev. de Marcopolis et coad. de M§r Ls d'Herbomez, le 8 juin 1875; vie. apostolique de la C.-B., le 3 juin 1890; ev. du diocese de New Westminster, le 2 sept. 1890. 40. Ls d'Herbomez a E. de Mazenod, 22 aout 1857, AMG. Voir G. Carriere, «The Yakima War», Vie Oblate Life, 34 (1975), 147-173, 261-294. 41. E. de Mazenod a Lowenbruck, chan., a Rome, 26 oct. 1848, Bx E. de Mazenod, Lettres a laS. Congregation et a YOeuvre de la Propagation de la foi -1832-1861 (Rome, Postulation generale o.m.i., 1981), Ecrits oblats V, 20. 42. E. de Mazenod au card. Fransoni, prefet de la S. Cong, de la Propagande, 8 avril 1853, ibid., 63. Voir Jean Leflon, Eugene de Mazenod (Paris, Plon, 1957-1965), t. 3, 570-581. 43. Voir G. Carriere, «Le pere Pascal Ricard eveque en Oregon?», Etudes Oblates, 30 (1971), 242-258; E. Lamirande, «Les Oblats et la ColombieBritannique. Vers la formation d'un vicariat apostolique (i858-i863)», Vie Oblate Life, 46 (1987), 229-251. 44. Voir E. Lamirande, «Projet de fondation oblate en Californie (1849-1853), un chapitre des relations entre Jesuites et Oblats d'Oregon», Etudes Oblates, 22 (1963), 3-38. 45. Casimir Aubert, o.m.i., a P. Ricard, Marseille, 16 juil. 1854, AD, HPK 5322 .R48Z, 10. 46. E. de Mazenod a Alexandre Barnabo, seer, de la Propagande, Marseille, 2 aout 1855, Bx E. de Mazenod, Lettres a la S. Congregation et a VOeuvre de la Propagation de la foi -1832-1861, Ecrits oblats V, 91.
284
Notes defin de chapitre
47. Une prefecture apostolique est une juridiction ecclesiastique constitute par le Saint-Siege sur un territoire de mission encore peu developpe. Les progres d'une prefecture la fait acceder ordinairement au rang de vicariat apostolique. 48. Registres du conseil general, 14 avril 1858, AMG; C. Aubert a Ls d'Herbomez, 20 avril 1858, AMG. 49. Francois-Xavier Bermond, o.m.i., a M. Demers, 14 janv. 1858, citee dans Petites Annales des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee [Petites Annales], 37 (1932), 68-69. 50. M. Demers a F.-X. Bermond, 13 mars 1858, ibid., 37 (1932), 69. 51. Ibid., 69. 52. M. Demers au card. A. Barnabo, 12 juil. 1858, Arch, de la Propagande. 53. E. de Mazenod a F.-X. Bermond, 20 dec. 1858, AMG. 3 SAINT-BONIFACE : POINT DE DEPART
1. N. Provencher a I. Bourget, 30 dec. 1845, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850.
2. N. Provencher a P.-F. Turgeon, 3 sept. 1846, AAQ, 330 CN, R.R., II: 230. 3. A. Tache, Vingt annees de missions, 19. 4. N. Provencher a P.-F. Turgeon, 4 dec. 1847, AAQ, 330 CN, R.R., 1:155. M§r Provencher avait deja ecrit: «I1 est un peu douteux qu'un pretre continue a y perdre son temps, pendant que la moisson s'offre toute mure plus loin. II [Belcourt] est tombe sur une tribu qui entend dur quand il s'agit de Dieu.» Lettre a Ch.-F. Cazeau, 30 dec. 1845, AAQ, 330 CN, R.R., IV : 28. 5. A. Tache\ Vingt annees de missions, 19. 6. N. Provencher a I. Bourget, 16 juin 1846, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850.
7. A. Tache, Vingt annees de missions, 15. 8. N. Provencher a I. Bourget, 26 juin 1849, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. 9. N. Provencher a P.-F. Turgeon, 5 aout 1850, AAQ, 331 CN, I : 1. Voir N. Provencher a I. Bourget, 5 aout 1850, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. 10. Registres du conseil general, 23 avril et 5 nov. 1847, AMG. 11. N. Provencher a I. Bourget, 2 aout 1848, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. 12. Voir N. Provencher a I. Bourget, 30 dec. 1845, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. 13. A. Tache, Vingt annees de missions, 14; Roderick Mackenzie a George Simpson, 14 janv. 1847, AD. 14. A. Tache, Vingt annees de missions, 12. 15. Ibid., 22. 16. Ibid., 30. 17. Ibid., 30.
Notes de fin de chapitre
285
18. Pierre-Flavien Turgeon, Remi Gaulin, Ignace Bourget, Patrick Phelan, Jean-Charles Prince et Bruno Guigues. 19. Voir N. Provencher a I. Bourget, 28 aout 1849, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. 20. N. Provencher a J. Signay, 29 nov. 1849, AAQ, 330 CN, R.R., III: 101. 21. A. Tache, Vingt annees de missions, 38. Les Lettres apostoliques n'arriverent a Quebec qu'en avril 1850; M gr Tache n'apprendra sa nomination qu'en Janvier 1851. 22. N. Provencher a I. Bourget, 5 aout 1850, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. II avait deja ecrit : «I1 faut que ce diocese [du Nord-Ouest] tombe aux Oblats car il ne pourra pas se pourvoir de sujets sans cela», lettre a P.-F. Turgeon, 28 aout 1849, AAQ, 330 CN, R.R., 1:195. 23. I. Bourget a B. Guigues, 7 mars 1850, ACAM, R.L.B., t. 6, 21. 24. M gr B. Guigues, o.m.i., superieur des Oblats en Amerique. 25. E. de Mazenod a I. Bourget, 16 avril 1850, ACAM, 465.102, Oblats, 1846-1851. 26. Ibid. 27. N. Provencher a I. Bourget, 20 nov. 1852, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1851-1871. 28. E. de Mazenod a A. Tache, 19 janv. 1851, AMG. 29. A. Tache, Vingt annees de missions, 42. 30. E. de Mazenod a N. Provencher, 24 janv. 1852, AMG. 31. H. Faraud a P. Ricard, 9 mars 1851, AD, HPK 5322 R48Z 65. 32. A. Tache a H. Faraud, 24 juil. 1851, AMG. 33. Ibid. 34. H. Faraud a P. Ricard, 9 mars 1851, AD, HPK 5322 R48Z 65. 35. Les abbes Jean-Baptiste Thibault, Louis-Francois Lafleche, Joseph Bourassa et le pere Francois-Xavier Bermond. 36. Les peres Joseph Lestanc (de 1855 a 1874), Jean-Marie Lefloc'h (1858-1877), Laurent Simonet (1860-1877), Charles Camper (1866-1916), Jules Decorby (1867-1916), Joseph McCarthy (1867-1913), les freres Jean Glenat (1860-1892), Bonaventure Boyle (1867-1913), Jeremias Mulvihill (1867-1914); les abbes Joseph Noel Ritchot (1862-1905), Joachim Allard (1866-1917), Oblat en 1867, Francois-Xavier Kavanagh (1866-1909) et Louis-Raymond Giroux (1868-1911). 37. Laurent Simonet, o.m.i., a A. Tache, 19 oct. 1862, AD; A. Tache, Vingt annees de missions, 155-156,176. 38. Rapport de la mission de Camperville, 17 oct. 1942, AD, L 541 .M27R11. 39. Joseph Lestanc, o.m.i., Memoire adresse au pere A. Morice, 1912, cite dans Missions de la Congregation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee [Missions], 57 (1923), 53540. «Feu le R. P. Joachim Allard, o.m.i.», CSB, 16 (1917), 53. 41. Voir A. Tache, Vingt annees de missions, 208. 42. A. Tache, Apres quarante ans de missions, cite par G. Carriere, L'Apotre des
286
43. 44. 45. 46. 47.
48. 49.
Notes defin de chapitre Prairies, Joseph Hugonnard, o.m.L, 1848-1917 (Montreal, Rayonnement, 1967), 20. G. Carriere, ibid., 17-22. Rapport presente au chapitre general de 1867, Registres des chapitres generaux, t. 2, AMG. Rapport au chapitre general de 1873, Missions, 11 (1873), 344. Alexis Andre, o.m.i., a J. Fabre, 10 fev. 1865, AMG. Le gouvernement americain chargea le pere Andre d'une mission conciliatrice entre Blancs et Sioux, en 1863-1864. Sa mediation fut compromise par des actes de militaires. Voir Robrecht Boudens, o.m.i., «La mission conciliatrice du P. Alexis Andre aupres des Sioux i863-i865», Etudes Oblates, 18 (1959), 404-414; G. Carriere, «Une mission de paix. Le pere Alexis Andre, o.m.i., et les Sioux (i863-i865)», RUO, 39 (1969), 24-93. G. Carriere, «McCarthy, Joseph», DBOC, t. II, 337. Nive Voisine, Les Freres des £coles Chretiennes au Canada (Quebec, ed. Anne Sigier, 1987), t. L, 121-124; L. Dauphinais, Histoire de Saint Boniface, 1.1, 215-219.
50. G. Carriere, «Lavoie, Theophile», DBOC, t. II, 270. 51. Sir George-Etienne Cartier rencontre le pere Florent Vandenberghe, provincial a Montreal, le 30 novembre 1869. II l'avertit que le pere Lestanc, representant de M§r Tache, est compromis dans les affaires de la Riviere Rouge, par «des charges contre lui». M§r Tache, a Rome, informe de cette demarche et deja au courant des accusations et denonciations, les repousse energiquement : «Ni lui, ni le pere Lestanc qui le represente n'ont rien fait de ce dont on les accuse». Voir Fl. Vandenberghe, o.m.i., provincial a Montreal, a Sir G.-E. Cartier, Montreal, 7 dec. 1869, AOM, Registres de lettres 1865-1877, 219-222; le meme au pere Pierre Aubert, Montreal, 3 dec, AD, G LPP 3034, photocopie; P. Aubert a Fl. Vandenberghe, Rome, 21 dec. 1869, AOM, Correspondance 1848-1869. 52. J. Lestanc a [Florent Vandenberghe, o.m.i.], St-Boniface, 20 mars 1870, AD, HEC 2642 J43C 5. 53. Au centre de la colonie : Joachim Allard, cure de la paroisse de St-Charles et missionnaire des Indiens, Joseph McCarthy, desservant des catholiques du minuscule village de Fort Garry (Winnipeg), Jean Tissot, assistant a la cathedrale, et Augustin Maisonneuve, a l'eveche, procureur des missions du Nord; dans des postes eloignes du centre : Charles Camper, Jules Decorby, Jean-Marie Lefloc'h, Laurent Simonet et Jean-Baptiste Richer. 54. Voir Joseph-Etienne Champagne, o.m.i., Les missions catholiques dans I'Ouest canadien (1818-1875) [Les missions catholiques], Ottawa, ed. des Etudes Oblates et de l'Universite, 1949), 141-150; Jean Hamelin, Tache, Alexandre-Antonin, DBC, vol. XII, 1097-1098; J.-C. Bonenfant, Cartier, sir George-Etienne, DBC, vol. X, 169; N. Jaye Goosen, Mactavish, William, DBC, vol. IX, 585-587.
Notes defin de chapitre
287
4 DEUX MISSIONS MERES
1. Albert Lacombe (1827-1916), ne a Saint-Sulpice (Quebec); pretre, le 13 juin 1849; missionnaire a Pembina (North Dakota, E.-U.), 1849-1851; vicaire a Berthier (Bas-Canada), 1851-1852; missionnaire dans l'Ouest du Canada, 1852-1916; Oblat, le 28 sept. 1856. 2. Voir L.-S. Culerier, o.m.L, «Le R.P. Rene Remas, i823-i9Oi», Missions, 64 (1930), 509-5333. G. Carriere, DBOC, t. Ill, 119.
4. A. Tache a M. Dawson, 7 fev. 1859, Missions, 2 (1863), 168. 5. Rene Remas, o.m.i., au sup. gen., 23 nov. 1866, Missions, 7 (1868), 216. 6. «Rapport sur le vicariat du diocese de St-Albert», Missions, 11 (1873), 350-3517. A. Tache, Vingt annees de missions, 91-93. 8. Ibid., 111. 9. Ibid., 111. 10. J.-B. Thibault a N. Provencher, 23 dec. 1844, RMDQ, 7 (juil. 1847), 55-56. Joseph Cardinal, age de 88 ans, en 1844, etait natif de Saint-Laurent, pres de Montreal. 11. A. Tache a E. de Mazenod, 4 avril 1854, citee par P. Benoit, Vie de Mgr Tache (Montreal, Librairie Beauchemin, 1904), I, 282. 12. Hippolyte Leduc, o.m.i., «Le Lac Labiche», Missions, 14 (1876), 414-415. 13. A. Tache, Vingt annees de missions, 70-71. 14. J.-E. Champagne, o.m.i., Les missions catholiques, 109-112. 15. Voir Jules Le Chevallier, o.m.i., Origine des premieres missions du diocese de Saint-Paul, Alberta, copie AD; J.-E. Champagne, Les missions catholiques, 87-88,109-112.
16. 17. 18. 19. 20.
Charles Mestre, o.m.i., a Cher ami, 11 juin 1861, AD. J.-E. Champagne, Les missions catholiques, 165. «Rapport sur le vicariat du diocese de St-Albert», Missions, 11 (1873), 349. H. Leduc a A. Tache, dec. 1867, AD. J. Le Chevallier, Origine des premieres missions du diocese de Saint-Paul, Alberta, I, AD, copie. 21. Albert Lacombe, o.m.i., a A. Tache, 3 janv. 1863, citee par Paul-Emile Breton, o.m.i., Le Grand Chef des Prairies, le pere Albert Lacombe, o.m.i. 1827-1916 [Le Grand Chef des Prairies] (Edmonton, ed. de l'Ermitage, 1954), 91.
22. J. Le Chevallier, Origine et premiers developpements de Calgary, 17, AD, BRE 2456 .C15 1936, copie. 23. Vital Grandin, o.m.i., «Vicariat de Saint-Albert», Missions, 21 (1883), 125. 24. A. Tache, Vingt annees de missions, 224. 25. A. Lacombe a Joseph Fabre, o.m.i., sup. gen. 6 janv. 1866, Missions, 7 (1868), 226.
288
Notes defin de chapitre
26. «Missions du vicariat de la Saskatchewan», Missions, 7 (1868), 214. 27. J. Le Chevallier, Origine des premieres missions du diocese de St-Paul, AD, copie. 28. J. Lestanc a P. Aubert, 30 juil. 1879, Missions, 18 (1880), 166-168. 29. A. Lacombe a J. Fabre, 6 janv. 1866, Missions, 7 (1868), 262. 30. A. Lacombe, Dictionnaire de la langue des Cris (Montreal, C.-O. Beauchemin & Valois, 1874), 713 p.; - Grammaire de la langue des Cris (Montreal, C.-O. Beauchemin & Valois, 1874), 190 p., incluant un tableau general des verbes cris. 31. V. Grandin a H. Leduc, 3 janv. 1870, cit.ee par J. Le Chevallier, Origine et premiers developpements de Calgary, 18, AD, BRE 2456 .C15 1936, copie. 32. A. Lacombe a J. Fabre, 12 mai 1870, Missions, 9 (1870), 262. 33. «Journal de M gr Grandin» adresse au sup. gen., Mission de St-Albert, 17 nov. 1869, Missions, 9 (1870), 247. 34. Voir P. Benoit, Vie de A# r Tache, I, 239. 35. Ibid., I, 244. 36. H. Faraud a P. Ricard, 23 dec. 1853, AD, HPK 5322 .R48Z 66 1. 37. P. Benoit, Vie de MSr Tache, I, 244. 38. Ibid.,1,367. 39. Vital Grandin (1829-1902), ne a St-Pierre-la-Cour (Mayenne), France; Oblat, le i er janv. 1853; pretre, le 23 avril 1854; arrive dans l'Ouest du Canada, en 1854; ev. tit. de Satala et coad. de M gr Tache, le 11 dec. 1857; ordonne ev. a Marseille, par M gr de Mazenod, le 30 nov. 1859; premier ev. de St-Albert [aujourd'hui Edmonton], le 22 sept. 1871. 40. Voir P. Benoit, Vie de M%r Tache, I, 367-370. 41. A. Tache, Vingt annees de missions, 118-121. 42. V. Grandin a MM. les membres des conseils centraux de la Propagation de la foi, Grande-Prairie, i er sept. 1870, Missions, 9 (1870), 359. 43. Ibid., 361. 44. P. Benoit, Vie de M& Tache, I, 548. 45. A. Tache, Vingt annees de missions, 24-25. 46. Ibid., 45. 47. Ibid., 143. 48. V. Grandin, Notes intimes sur les commencements du diocese de St-Albert, 1898, AD, W 404 .M62F 56, microfilm. 49. V. Grandin a H. Faraud, 20 janv. 1861, AMG. 50. H. Faraud a A. Tache, 17 janv. 1863, AASB, T1936-39. 51. H. Faraud a A. Tache, 6 avril 1863, AASB, T2017-22. 52. «Missions du vicariat de la Saskatchewan*, Missions, 7 (1868), 212. 53. V. Grandin a M gr Isidore Clut, o.m.i., 30 janv. 1867, AD. Voir «Rapport sur le vicariat du diocese de St-Albert», Missions, 11 (1873), 354. 54. Alphonse Gaste, o.m.i., a V. Grandin, 15 juil. 1869, Missions, 9 (1870), 355; «Rapport sur le vicariat du diocese de St-Albert», Missions, 11 (1873), 354-
Notes definde chapitre
289
55. V. Grandin aux Membres des conseils centraux de la Propagation de la foi, i er sept. 1870, Missions, 9 (1870), 364. 56. Ibid., 364. 57. «Rapport sur le vicariat du diocese de Saint-Albert», Missions, 11 (1873), 353-354- Voir Raymond Huel, «La mission Saint-Pierre du lac Caribou : une des premieres missions oblates du Nord-Ouest canadien», Ecriture et politique, (Edmonton, Institut de recherche de la Faculte Saint-Jean, 1989), 151-16358. A. Tache a E. de Mazenod, 25 juillet 1855, citee par P. Benoit, Vie de M Tache, I, 345. 59. Registres du conseil general, 30 dec. 1856, 241, AMG. 60. Voir G. Carriere, «L'elevation du pere Vital-Justin Grandin, o.m.i., a 1'episcopat, 11 decembre i857», Etudes Oblates, 32 (1973), 100-134,159-191. 61. Lettre circ. de J. Fabre, sup. gen., Paris, 20 mars 1868. Le nom du vicariat des missions devint Saint-Albert apres la creation du diocese de SaintAlbert. 62. «Rapport sur le vicariat du diocese de St-Albert», Missions, 11 (1873), 348. 63. Quatrieme Concile, 1868, decretum XIV, Concilia Provinciae Quebecensi II, III, IV in Quebecensi Civitate celebrata, [Quebeci, P.-G. Delisle Typographe, 1870], 208-209. Voir E. Lamirande, «Le diocese de 1'Ile de Vancouver (1846) et le vicariat apostolique de la Colombie-Britannique (1863) : limites et situation juridique», Studia Canonica (Ottawa, universite St-Paul), 21 (1987), 359-37964. Voir J. Le Chevallier, «Demembrenient du vicariat de la Riviere-Rouge», Etudes Oblates, 4 (1945), 98-136. Le nouveau diocese comprend les districts commerciaux de Saskatchewan, du Cumberland, de la Riviere-aux-Anglais, et la partie nord du district de York. 5 JUSQU'AU GRAND NORD
1. N. Provencher a I. Bourget, 30 juil. 1847, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. 2. A. Tache, «Notes sur 1'etablissement de la mission d'Athabaska», Registre de la mission de la Nativite, Athabaska, 1842-1849,1-2, 6, AD, LC 241 Mi4R 7. 3. Ibid., 3. 4. Ibid., 6. 5. Ibid., 7. 6. A. Tache, Vingt annees de missions, 27. 7. Fernand-Michel, Dix-huit ans chez les sauvages, Voyages et missions de Faraud, (Paris et Bruxelles, Regis Ruffet et Cie Successeurs, 1866), 108-110. 8. H. Faraud a P. Ricard, 9 mars 1851, AD, HPK 5322 R48Z 65. 9. N. Provencher a H. Faraud, 8 juin 1852, AMG. David Anderson, de residence a St-Boniface, etait Peveque du diocese anglican de Rupert's Land.
290
Notes defin de chapitre
10. «Rapport sur le vicariat d'Athabaska et Mackenzie*, Missions, 11 (1873), 360-361. 11. V. Grandin a E. de Mazenod, 20 dec. 1856, AD, G LPP 1757; H. Faraud au meme, 28 dec. 1858, ibid., G LPP 1615; et 30 dec. 1859, ibid., LPP 1617. 12. Isidore Glut (1832-1903), ne a St-Rambert d'Albon-sur-Rhone (Drome), France; Oblat, le 8 dec. 1854; pretre, le 20 dec. 1857; missionnaire dans 1'Ouest canadien, de 1858 a sa mort; ev. tit. d'Arindel et auxiliaire de M^r Faraud, designe le 3 janv. 1866 (bulle blanche signee le 3 aout 1864). 13. Emile Grouard (1840-1931), ne a Brulon (Sarthe), France; pretre, le 3 mai 1862; Oblat, le 21 nov. 1863; missionnaire dans 1'Ouest canadien, de 1862 a 1931; elu ev. tit. d'Ibora et vie. apost. d'Athabasca-Mackenzie, le 18 oct. 1890; vie. apost. d'Athabasca, le 30 juil. 1901; demissionnaire en 1929; arch. tit. d'Aegina, le 28 fev. 1930. 14. A. Tache, Vingt annees de missions, 57. 15. I. Glut a Florent Vandenberghe, o.m.i., 20 dec. 1864, AMG. 16. H. Faraud a E. de Mazenod, 28 dec. 1858, AMG. 17. H. Faraud a A. Tache, [15 nov.] 1860, AD, G LPP 1618, photocopie. 18. Voir I. Glut a A. Tache, 29 dec. 1862, AASB 11855-58; ibid., 2 juil. 1863, T2287-9O. 19. Voir I. Glut a H. Faraud, 17 dec. 1864, AD, G LPP 647. 20. I. Glut a Fl. Vandenberghe, 20 dec. 1864, AMG. 21. Missions de la Riviere la Paix. Baptemes, Manages, Sepultures, leres communions et confirmations. An. 1859.60.66.67. N° i. AAGM, Anciens registres. 22. H. Faraud au Tres Reverend Pere, 6 mai 1868, Missions, 9 (1870), 24-25. 23. «Rapport sur le vicariat d'Athabaska et Mackenzie», Missions, n (1873), 362. 24. A. Tache a M. Dawson, 7 fev. 1859, Missions, 2 (1863), 171-173; A. Tache, Vingt annees de missions, 50-51. 25. A. Tache a H. Faraud, i er fevrier 1853, AMG. 26. A. Tache a G. Simpson, 21 dec. 1853, AD. 27. Ibid. 28. A. Tache, Vingt annees de missions, 75-76; H. Faraud a E. de Mazenod, 8 dec. 1856, Annales de la Propagation de la foi, Lyon, 31 (1859), 272-273; P. Benoit, Vie de M%r Tache, 1,315. 29. Germain Eynard, o.m.i., Histoire de la mission Saint-Joseph, Grand lac des Esclaves, 1861, copie, AD. 30. «Rapport sur le vicariat d'Athabaska et Mackenzie», Missions, 11 (1873), 363. 31. A. Tache, Vingt annees de missions, 103-104. J. Hunter, le premier ministre protestant a venir a Fort Simpson, ecrit : «The Gentleman in charge is inviting us to come», lettre a Mr Chapman, St. Andrew's, Red River, April 9,1858, AD. 32. James Hunter (1817-1882), dans 1'Ouest canadien de 1845 a 1865. Voir Bruce Peel, «Hunter, James», DEC, vol. XI, 480-482.
Notes defin de chapitre
291
33. A. Tache, Vingt annees de missions, 159. 34. «Rapport sur le vicarial d'Athabaska et Mackenzie», Missions, 11 (1873), 365. 35. Adeline Audet dit Lapointe, superieure, Elizabeth Ward et Marie-Louise Blanchette, Soeurs Crises de Montreal, et Rosalie Brunelle et Emelie Michon, Soeurs Crises de St-Hyacinthe, ASGM. 36. «Rapport sur le vicariat d'Athabaska et Mackenzie*, Missions, 11 (1873), 365-366. 37. Cite par Pierre Duchaussois, o.m.i., Aux Glaces Polaires, Indiens et Esquimaux [Aux Glaces Polaires} (Paris, ed. Spes, 1928), 293. 38. «Rapport sur le vicariat d'Athabaska et Mackenzie*, Missions, 11 (1873), 365. 39. Voir P. Duchaussois, Aux Glaces Polaires, 323-324. 40. Zephirin Gascon, o.m.i., au sup. gen., 28 nov. 1864, Missions, 6 (1867), 553-55441. «Rapport sur le vicariat d'Athabaska et Mackenzie*, Missions, 11 (1873), 366. Le fort Nelson a remplace Fort Halkett, abandonne en 1867. 42. Ibid., 366. 43. H. Faraud a J. Fabre, 23 mai 1869, AMG. 44. P. Duchaussois, Aux Glaces Polaires, 335. 45. A. Tache, Vingt annees de missions, 123. 46. A. Tache a H. Faraud, 25 avril 1857, AMG. Mgr Tache, de passage a Londres en avril 1857, se mit en rapport avec le comite de la Cie de la Baie d'Hudson et le gouverneur Simpson present a Londres. P. Benoit, Vie de M&r Tache, I, 356. 47. A. Tache a H. Faraud, 7 juin 1859, AMG. 48. G. Simpson a Bernard Ross and Officers in Charge of posts Mackenzie River district: Norway House, June 15,1859, AD. 49. A. Tache, Vingt annees de missions, 115. 50. Ibid., 13451. «Rapport sur le vicariat d'Athabaska et Mackenzie*, Missions, 11 (1873), 367. 52. V. Grandin a A. Tache, 29 sept. 1861, AD. 53. V. Grandin a A. Tache et H. Faraud, 15 oct. 1863, amg. Le pere E. Petitot visita le Fort Yukon en 1870, mais n'eut pas plus de succes que son confrere. A.-G. Morice, Histoire de I'Eglise catholique dans I'Quest canadien, vol. 2, 341-342. 54. Voir Andre Seumois, o.m.i., «Etapes historiques de la mission esquimaude», Pretre et Missions (Quebec, Bulletin de 1'Union Missionnaire du Clerge), 12 (1954), 294-295. 55. A. Tache, Vingt annees de missions, 142. 56. Le Bref pontifical fut emis le b mai 1862. Le district du Mackenzie comprenait alors le territoire du Yukon. Le district d'Athabasca ne s'etendait pas, a ce moment, a la region du Petit lac des Esclaves. 57. Circ. de Joseph Fabre, sup. gen., 30 nov. 1864, AMG. 58. J. Fabre a H. Faraud, 26 nov. 1864, AMG.
292
Notes de fin de chapitre
59. M§r Faraud ne s'eloigna de sa residence du lac La Biche que trois fois : en 1872-1874, il est en Europe afin d'obtenir des secours pour ses missions; en 1879-1880, il visite son vicariat, et en 1889, il participe au concile de SaintBoniface. 60. G. Carriere, «Nomination du pere Isidore Glut, o.m.i., eveque d'Arindele et auxiliaire de MSr Faraud, o.m.i., 3 aout i864», Vie Oblate Life, 35 (1976), 78; voir Claude Roche, Monseigneur du Grand Nord, Isidore Glut, eveque-missionnaire, coureur des bois, chez les Indiens et les Esquimaux du Nord-Ouest americain (de 1858 a 1903), (ed. Quest-France, 1989), 378 p. 61. Voir texte de 1'entente, signee le ler juil 1869, AD, L 2381A33R R 4. 6 LES OBLATS EN COLOMBIE-BRITANNIQUE
1. Ls d'Herbomez, «Tableau des missions du vicariat de l'Oregon», Missions, i (1862), 183; F.-X. Bermond a E. de Mazenod, 22 oct. 1858, AMG; Kay Cronin, Cross in the Wilderness (Vancouver, Mitchell Press, 1960), 53; Petites Annales, 37 (1932), 40-41. 2. C. Chirouse a Ls d'Herbomez, 22 mai 1859, Missions, i (1862), 131-132. 3. Ls d'Herbomez, «Tableau des missions du vicariat d'Oregon», Missions, i (1862), 183. 4. M8r Modeste Derners a M. E.L., 9 juin 1863, RMDQ, 16 (mars 1864), 93. 5. Ls d'Herbomez au sup. gen., 10 fev. 1864, Missions, 4 (1865), 331, 332. 6. Julien Baudre, o.m.i., au sup. gen., 8 mars 1865, Missions, 6 (1867), 47. 7. Ibid, 47. 8. J. Baudre au sup. gen., 8 mars 1865, Missions, 6 (1867), 47-48. 9. Le pere d'Herbomez, vicaire apostolique depuis decembre 1863, demeure superieur religieux des Oblats. 10. Voir Registres du conseil general, 2 mars et 22 juin 1866, AMG; «Missions du Pacifique», Missions, 6 (1867), 21-22; Ls d'Herbomez a J. Fabre, 19 oct. 1866, AMG; M. Demers a J. Fabre, 9 avril 1865, AMG. 11. Ls d'Herbomez au sup. gen., 26 avril 1860, Missions, i (1862), 143. 12. Ls d'Herbomez au sup. gen., 30 mai 1861, Missions, i (1862), 176. 13. «Les Oblats dans 1'Oregon et la Colombie Britannique», Petites Annales, 37 (1932), 198. 14. Jean-Marie Lejacq, o.m.i., a J. Fabre, 20 juil. 1866, Missions, 6 (1867), 241-247; Charles Jolivet, o.m.i., Acte de visite de la Colombie-Britannique, 1868, ms, 44-45, AD, BP 303 .P4iR i. 15. A.-G. Morice, Histoire de I'Eglise catholique dans I'Ouest canadien, vol. 4, 265. 16. Ls d'Herbomez a J. Fabre, Rapport des Missions des RR. PP. Oblats dans la province ecdesiastique d'Oregon, 1861, AMG; voir aussi «Rapport adresse au Superieur general a la suite du chapitre general de i86i», Missions, i (1862), 9517. Leon Fouquet, o.m.i., a V. Grandin, 22 dec. 1859, Missions, 3 (1864), 133.
Notes defin de chapitre
293
18. Ls d'Herbomez a J. Fabre, 18 dec. 1859, Missions, i (1862), 138. 19. Ls d'Herbomez a X, 10 fev. 1864, Missions, 4 (1865), 331. 20. Voir «Les Oblats dans 1'Oregon et la Colombie-Britannique», Petites Annales, 37 (1932), 198-202. 21. Ls d'Herbomez a J. Fabre, 19 oct. 1866, AMG. 22. Ls d'Herbomez a E. de Mazenod, 18 dec. 1859, Missions, i (1862), 137-138. 23. Les missionnaires tenaient a diriger eux-memes les ecoles. «L'emploi de maitre d'ecole, c'est un emploi qui parait necessaire pour la prosperite, la reussite et 1'avenir de la mission»; P. Durieu a Ls d'Herbomez, 3 avril 1859, AD, HPK 5282 H53Z115. 24. Les soeurs Zephirine Colin (Blandine), superieure, E.-C. Boucher (MarieHyacinthe) et Philomene Jacques-Duhaut (Marie de la Foi) arriverent a Tulalip en aout 1868. L'Institut de la Providence, V, Les Soeurs de la Providence en Oregon, 1856 (Montreal, Maison mere, 1937), 226. 25. C. Chirouse a Ls d'Herbomez, 24 nov. 1872, Missions, 12 (1874), 350. 26. Voir Ch. Pandosy au Rme Pere, 24 juin 1858, Missions, i (1862), 112-120. 27. K. Cronin, Cross in the Wilderness, 62-65. 28. Ch. Pandosy a Ls d'Herbomez, 9 oct. 1859, Missions, i (1862), 139. 29. P. Durieu a Ls d'Herbomez, citee par ce dernier dans une lettre au sup. gen., 23 fev. 1863, Missions, 4 (1865), 309-310. 30. Ch. Jolivet, Acte de visite de la Colombie-Britannique, 1868, 44, ms, AD, PB 303 .P4iR; Ls d'Herbomez au sup. gen., 10 sept. 1866, Missions, 6 (1867), 28-29; 1£ rneme au meme, 28 nov. 1868, Missions, 9 (1870), 107. 31. P. Durieu a Ls d'Herbomez, 20 juil. 1870, Missions, 9 (1870), 389. 32. «Statistiques envoyees a M§r d'Herbomez par le R. P. Baudre», Missions, 12 (1874), 334-33533. Accord M8r M. Demers - Oblats, 13 sept. 1860, AD, HPK 6051 .B86C. 34. Ls d'Herbomez au sup. gen., 25 aout 1863, Missions, 4 (1865), 326. 35. Ibid., 326. 36. En 1909,1'eglise des Squamish recut le nom de Saint-Paul. 37. Sr Marie-Jean-de-Pathmos, s.s.a., Les Soeurs de Sainte-Anne, un siecle d'histoire, I (1850-1900), (Lachine, Les Soeurs de Sainte-Anne, 1950), 181. Les soeurs Marie-de-la-Conception et Marie-des-Sept-Douleurs ouvrirent 1'etablissement, ibid. 38. G. Carriere, DBOC, t. Ill, 407-408. 39. Florimond Gendre, o.m.i., au sup. gen., 16 fev. 1863, Missions, 4 (1865), 267-268. 40. Fl. Gendre au sup. gen., 17 juil. 1864, Missions, 4 (1865), 273. 41. Ibid., 297-302; P. Durieu a Aime Martinet, o.m.i., i er mai 1874, Missions, 12 (1874); A.-G. Morice, Histoire de I'Eglise catholique dans I'Ouest canadien, vol. 4, 239-241. 42. Fl. Gendre a J. Fabre, 17 juil. 1864, Missions, 4 (1865), 293-296; Marie-Jeande-Pathmos, s.s.a., Les Soeurs de Sainte-Anne, un siecle d'histoire, t. i, 182-183.
294 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50.
Notes defin de chapitre Voir M. Demers a M.E.L., 25 aout 1865, RMDQ, 17 (avril 1866), 131. Ls d'Herbomez, «Missions du Pacifique», Missions, 6 (1867), 12. G. Carriere, DBOC, t. Ill, 401-402. Voir M. Demers a C., vie. gen. [Quebec], i er avril 1860, RMDQ, 14 (1861), 140. James McGuckin a d'Herbomez, 13 dec. 1872, Missions, 12 (1874), 331-332. J.-M. Lejacq a Ls d'Herbomez, s.d., Missions, 12 (1874), 346. Ibid., 349. Ibid., 347.
51. G. Carriere, DBOC, t. Ill, 448.
52. Journal du conseil general de la Congregation des Oblats de M.I., 13 mai 1859, 115-116, AMG. 53. Voir E. Lamirande, «Les Oblats de la Colombie- Britannique. Vers la formation d'un vicarial apostolique (i858-i863)», Vie Oblate Life, 46 (1987), 229-251; le meme, «Mgr Louis d'Herbomez, o.m.i. Sa nomination comme vicaire apostolique de la Colombie-Britannique (i863)», ibid., 47 (1988), 45-63. 54. E. Lamirande, «Le diocese de 1'ile de Vancouver (1846) et le vicariat apostolique de la Colombie-Britannique (1863) : limites et situation juridique», Studia Canonica, 21 (1987), 359-379. 7 LES MISSIONNAIRES
1. Voir J. Pielorz, o.m.i., Les chapitres generaux au temps du fondateur [Les chapitres generaux], (Ottawa, ed. des Etudes oblates, 1968), I, 169-241; J. Fabre, o.m.i., «Rapport du Superieur general aux membres du chapitre», Circulaires administrates des superieurs generaux (Paris, Typographic prive o.m.i., 1887), 1.1, 284. 2. Les novices et les Oblats qui ont laisse la Congregation avant leurs engagements religieux definitifs ne sont pas inclus dans les statistiques que nous presentons ici et dans les chapitres suivants. 3. E. de Mazenod a A. Tache, 28 mai 1854, AMG; voir le meme au meme, 29 nov. 1854, et 15 nov. 1858, ibid. 4. E. de Mazenod a Augustin Maisonneuve, o.m.i., et Jean Tissot, o.m.i., 13 dec.1859, ibid. 5. N. Provencher a I. Bourget, 2 aout 1848, ACAM, 255.109, St-Boniface, 1836-1850. 6. De ces 21, 7 avaient ete cures ou vicaires, 4, missionnaires predicateurs, 6, professeurs et 4, gardiens de sanctuaires marials. 7. Constitutiones, Regulae Congregationis Missionariorum Oblatorum Sanctissimae et Immaculatae Virginis Mariae, (Galliopoli, 1827), Pars tertia, Caput 2, § i, art. 19. 8. Ibid., Praefatio, 23. 9. Allez, enseignez toutes les nations. 10. E. de Mazenod a P. Ricard, 6 dec. 1851, AMG. 11. Des 65 missionnaires pretres du Nord-Ouest, 43 ont fait leurs etudes
Notes defin de chapitre
12. 13.
14.
15. 16.
17.
18.
19. 20. 21. 22.
23. 24.
25. 26. 27.
295
ecclesiastiques en tout ou en partie aux scolasticats de Montolivet ou d'Autun. E. de Mazenod a P. Aubert, 4 mars 1849, AMG. Voir chapitre general 1861, seance du 7 dec. au soir, Registre des chapitres generaux - 1861-1887, AMG; voir J. Pielorz, o.m.i., Les chapitres generaux, II, 175-176. «Le tres reverend pere Fabre», Notices necrologiques des membres de la congregation des Oblats de Marie Immaculee, [Notices necrologiques des O.M.I.] (Bar-le-Duc, impr. de 1'Oeuvre de Saint-Paul, 1899), t. 7, 520-521. Voir A. Martinet au sup. gen., 12 oct. 1866, Missions, 5 (1866), 619-621. Voir Yvon Beaudoin, o.m.i., Le grand seminaire de Marseille (et scolasticat oblat) sous la direction des Oblats de Marie Immaculee -1827-1862 (Ottawa, ed. des Etudes Oblates, 1966), 85-116; Claude Champagne, o.m.i., Les debuts de la mission dans le Nord-Ouest canadien. Mission et Eglise chez M& Vital Grandin, o.m.i. (1829-1902) (Ottawa, ed. Universites Saint-Paul et d'Ottawa, 1983), 20-49; M. Quere, o.m.i., «Monseigneur de Mazenod et le Missionnaire Oblat», Etudes Oblates, 20 (1961), 237-270. Cette instruction, redigee en latin, a ete traduite en francais et en anglais sous les litres : Instruction de noire venire Fondateur relative aux missions etrangeres, et Instruction of Our Venerated Founder on Foreign Mission, (Rome, Maison generale, 1936). Voir Wilhelm Henkel, o.m.i., «L'esprit et le coeur du Bienheureux Eugene de Mazenod a la lumiere de Pinstruction sur les missions etrangeres», Vie Oblate Life, 36 (1977), 173-185. G. Carriere, o.m.i., «Contribution des Missionnaires a la sauvegarde de la culture indienne», Etudes Oblates, 31 (1972), 165-204. E. de Mazenod a B. Guigues, 30 juil. 1846, AMG. E. de Mazenod a Ls d'Herbomez, 11 nov. 1853, AD. La correspondance d'Eugene de Mazenod aux missionnaires est publiee dans Bx E. de Mazenod, Lettres aux correspondants d'Amerique - 1841-1850 vol. i; 1851-1860 vol. 2, (Rome, Postulation generale o.m.i., 1977), Ecrits oblats I, II. J. Fabre, sup. gen., a tous les membres de la Congregation, 8 avril 1862, Missions, i (1862), 1-3. Mgr Provencher note : le pere Bermond, myope, se perdra en voyage; Faraud n'est qu'un clerc tonsure et toujours malade, et le frere Dube, faible de sante, ne peut que balayer la place. Voir L. Dauphinais, Histoire de Saint-Boniface, p. 174, n. 106. Voir E. de Mazenod a F.-X. Bermond, 9 sept. 1857, AMG; le meme a Mgr A. Tache, 17 nov. 1857, ibid. A. Philippot, «Monseigneur Henri Faraud, o.m.i.», L'Ami du Foyer (StBoniface, Man.), 55 (oct.-nov. 1959), 23; (dec. 1959), 15. «Le R.P. Jules Decorby, i84i-i9i6», Missions, 64 (1930), 543.
296
Notes defin de chapitre
28. G. Carriere, DBOC, 1.1,129. 29. Ibid., t. Ill, 122. 30. Notices necrologiques des O.M.I., t. 2, 426-427; G. Carriere, «Eynard, MarieGermain-Emile», DEC, vol. X, 300. 31. «R.P. Jean Lejacq, i837-i899», Missions, 60 (1926), 588-589; A.-G. Morice, Histoire de I'Eglise catholique dans I'Ouest canadien, vol. 4, 218, 354. 32. J. Fabre, sup. gen., circ. N° 60, Notices necrologiques des O.M.I., t. 2, 412. 33. Ce chiffre comprend huit pretres seculiers entres chez les Oblats apres avoir fait leur noviciat dans les missions du Nord-Ouest : Joachim Allard, Victor Bourgine, Valentin Fourmond, Zephirin Gascon, Alphonse Gaste, Emile Grouard, Francois Jayol et Albert Lacombe. Deux autres pretres seculiers, Victor Ladet et Auguste Lecorre, etaient encore au noviciat. 34. Voir Raymond Huel, «Early Oblate Missions in the Canadian North-West. The Evolution of a Missionary Strategy», Vie Oblate Life, 48 (1989), 237-251. 35. Avant 1858, deux missionnaires d'Oregon avaient quitte : le pere HonoreTimothee Lempfrit retournait a la Trappe, en 1853, et le pere Pascal Ricard etait rappele en France, en 1857. 8 LES MISSIONS D'ATHABASCA-MACKENZIE, 1872-1900
1. Les missions de Fort Dunvegan, Fort Chipewyan, Fort Resolution, Providence, Fort Good Hope et du lac La Biche. 2. Les ministres de I'Eglise anglicane etablissaient, en 1874, un diocese au district d'Athabasca puis dans la region de la riviere de la Paix. 3. «Vicariat apostolique de Grouard. Aper£u historique», Missions, 71 (1937), 281. 4. I. Glut a [A. Maisonneuve], 5 avril 1876, AD, HE 1721 .C63L 30. 5. E. Grouard, o.m.i., «Rapport sur le vicariat d'Athabaska-Mackenzie», Missions, 31 (1893), 370-371. 6. «Rapport sur le vicariat d'Athabaska et Mackenzie», Missions, 11 (1873), 358. 7. Etat general du personnel de la Congregation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee [Personnel OMI] (Paris-Rome, Maison generale), 5 (avril 1899), 1/8. 8. Mgr E. Grouard, o.m.i., «Rapport sur le vicariat d'Athabaska-Mackenzie», Missions, 31 (1893), 3749. Ibid., 375. 10. Ibid., 375. 11. Ibid., 375-376. 12. Ibid., 377. 13. E. Grouard, «Rapport sur le vicariat d'Athabaska-Mackenzie», Missions, 31 (i893)> 377-
14. Ibid., 376. 15. Ibid., 37916. Ibid., 380.
Notes defin de chapitre
297
17. /bid., 380. 18. Rapport sur le vicariat apostolique d'Athabaska-Mackenzie, chapitre general de 1887, AMG. 19. M8r Gabriel Breynat, o.m.i., «Mackenzie», Missions, 43 (1905), 198. 20. G. Breynat, Rapports sur les Provinces et Vicariats de la Congregation des Oblats de Marie Immaculee presentes au chapitre general de 1932 [Rapports au chapitre general de 1932], 217. 21. A. Duport, o.m.i., «Rapport du Rme Vicaire du Mackenzie*, Missions, 61 (1927), 43322. Jean-Louis Michel, o.m.i., «Rapport du vicariat du Mackenzie au chapitre general de 1953», Missions, 80 (1953), 198. 23. Les Annales de la propagation de lafoi, Lyon. 24. E. de Mazenod a Monsieur le president du Conseil de Lyon, Marseille, 6 aout 1851, Bx E. de Mazenod, Lettres a la S. Congregation et a I'Oeuvre de la Propagation de lafoi -1832-1861, 232. 25. E. de Mazenod a Messieurs les membres du conseil central du Midi de I'Oeuvre de la Propagation de la foi, a Lyon, Marseille, 17 nov. 1851, ibid., 23426. E. de Mazenod au Conseil de la Propagation de la foi, a Lyon, Marseille, ibid., 270. 27. Cite par P. Duchaussois, Aux glaces polaires, 116. 28. «Rapport de S. G. M§r Tache, arch, de St-Boniface, a Messieurs les directeurs de I'Oeuvre de la propagation de la foi, 16 juillet i888», CSB, 14 (1915), 269. 29. Cite par I. Glut dans lettre a A. Maisonneuve, 21 nov. 1873, AD. 30. Ibid. 31. H. Faraud a A. Maisonneuve, 25 mars 1875, AD. 32. H. Faraud a I. Glut, 19 mai 1876, AD. 33. Voir E. Grouard, «Rapport sur le vicariat d'Athabaska-Mackenzie», Missions, 31 (1893), 38134. Circ. de E. Grouard aux Peres et Freres, 22 dec. 1892, AD. 35. E. Grouard, «Rapport sur le vicariat d'Athabaska-Mackenzie», Missions, 31 (1893), 381-38436. E. Grouard, «Rapport du vicariat d'Athabaska-Mackenzie», Missions, 36 (1898), 182. 37. Voir P. Duchaussois, Apotres inconnus (Paris, ed. Spes - Oeuvre des Missions, 1924), 67-72. 38. E. Grouard, «Rapport sur le vicariat d'Athabaska-Mackenzie», Missions, 36 (1898), 181. 39. Ibid., 180-181. 40. H. Grollier, o.m.i., citee par Theophile Ortolan, o.m.i., Les Oblats de Marie Immaculee durant le premier siecle de leur existence (Paris, Lethielleux, 1932), t. IV, 280.
298
Notes defin de chapitre
41. Voir I. Glut a J. Fabre, 20 mai 1872, AD; le meme, a A. Tache, 24 juin 1873, AD.
42. H. Faraud a I. Glut, 10 juin 1872, ADM. 43. I. Glut a Ls d'Herbomez, 28 juin 1873, AD, Arch. Holy Rosary, 705, frame 1106-1109. 44. I. Glut a A. Tache, 24 juin 1873, AD; le meme a Ls d'Herbomez, 28 juin 1873, ibid. 45. Voir H. Faraud a I. Glut, 13 oct. 1873, £ t Ls d'Herbomez a I. Glut, 12 nov. 1873, citees par G. Mousseau, o.m.i., «L'affaire d'Alaska», Etudes Oblates, 5 (1946), 180-182. 46. J. Fabre a I. Glut, 13 avril 1874, AD; I. Glut a Ls d'Herbomez, 7 oct. 1873, ibid. 47. Registres du conseil general, 20 dec., 1881, AMG. Voir G. Mousseau, «L'affaire de l'Alaska», Etudes Oblates, 5 (1946), 161-188; «Journal de M§r Glut au territoire d'Alaska, en i87i» Missions, 12 (1874), 241-294, 357-375; J.-E. Champagne, «First attempts at the Evangelization of Alaska», Etudes Oblates, 2 (1943), 13-22; «Les Oblats et les missions d'Alaska», Missions, 70 (1936), 108-113. 48. E. Grouard, «Rapport du vicariat d'Athabaska-Mackenzie», Missions, 36 (1898), 189. 49. «Klondyke», Missions, 37 (1899), 226-228, 231-237. 50. E. Grouard, Souvenirs de mes soixante ans d'apostolat dans I'AthabascaMackenzie [Soixante ans d'apostolat], (Lyon, Oeuvre Apostolique de M.I., s.d.), 38951. Edmond Gendreau, o.m.i., au Sup. gen., Dawson City, 5 oct. 1898, Missions, 37 (1899), 119-120. 52. E. Grouard, «Athabaska», Missions, 43 (1905), 180. 53. G. Carriere, DBOC, 1.1, 319. 9 LES MISSIONS D'ATHABASCA-MACKENZIE, 1901-1967 1. E. Grouard, Soixante ans d'apostolat, 391.
2. E. Grouard, «Athabaska», Missions, 43 (1905), 182. 3. Les missions de Fort Smith, Fort Resolution, Fort Rae, Hay River, Providence, Fort Simpson, Fort Liard, Fort Norman, Fort Good Hope et Dawson City. 4. Les missions de Fort Chipewyan, Fort Vermilion, Peace River, Dunvegan, Petit lac des Esclaves et Wabaska. 5. «Rapport du vicariat d'Athabaska-Mackenzie», Missions, 36 (1898), 191-192. 6. E. Grouard, «Athabaska», Missions, 43 (1905), 191-192. 7. Le litre officiel donne au pere Giroux : Agent de rapatriement et missionnaire colonisateur de la riviere de la Paix.
8. Voir Aristide Philippot, o.m.i., «Missionnaire et colonisateur», Missions, 84 (1957), 265-266. 9. Majorique Lavigne, o.m.i., «Rapport du vicariat de Grouard (1959), Missions, 86 (1959), 453-454.
Notes definde chapitre 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16.
17.
18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26.
27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36.
299
Le Canada ecclesiastique, 79 (1967), 378. En 1943, le siege du vicarial se deplaca de Grouard a McLennan. Jean Marsan, o.m.i., «Vicariat de Grouard», Missions, 93-1 (1966), 874. Le Canada ecclesiastique, 79 (1967), 378. Lettre de Emile Petitot, o.m.i., au T.R.P. Superieur general, 24 juin 1868, Missions, 9 (1870), 77-78. Alphonse Duport, o.m.i., «Rapport du Rme Vicaire du Mackenzie» [1926], Missions, 61 (1927), 432. Pierre Fallaize, o.m.i., (1887-1964) fut nomme eveque coadjuteur du vicaire apostolique du Mackenzie, en 1931. Devenu presque aveugle, il demissionna en 1940. A. Duport, «Une nouvelle mission au Cercle Polaire», Missions, 59 (1925), 44-54. Les premieres religieuses : Alice McQuillan, superieure, Zoe Chartier, Rose-Anna Chartier et Obeline Pothier, ASGM. M§r Pierre Fallaize, o.m.i., «Les Esquimaux du Vicariat apostolique du Mackenzie», Missions, 70 (1936), 47. Ibid., 47Ibid., 47. Citee par Aime Roche, o.m.i., Le secret des iglous, recit historique (Lyon, ed. du Chalet, 1962), 141. Cite par P. Duchaussois, Aux glaces polaires, 417. Ibid., 419. P. Fallaize, «Les Esquimaux du vicariat apostolique du Mackenzie», Missions, 70 (1936), 49-50. Gabriel Breynat, «Vicariat des missions du Mackenzie», Missions, 54 (1920), 288. P. Fallaize, Quelques notes sur Vevangelisation des Esquimaux du Mackenzie a partir de 1911 [Quelques notes], 25 nov. 1954, 2. Archives des Oblats de Marie Immaculee, Montreal [AOM]. P. Fallaize, «Les Esquimaux du Vicariat apostolique du Mackenzie», Missions, 70 (1936), 52. Ibid., 52 Ibid., 53. P. Fallaize, «Un voyage d'exploration dans 1'Ocean Glacial», Missions, 61 (1927), 772-773A. Duport, «Rapport du Rme Vicaire du Mackenzie», 1926, Missions, 61 (1927), 431. P. Fallaize, Quelques notes, AOM. G. Breynat a Isidore Belle, o.m.i., 29 mai 1927, AMG. Rapport du Conseil vicarial adresse a Servule Dozois, o.m.i., ass. gen., 18 juil. 1927, ms, 8 p., AMG. I. Belle a G. Breynat, 31 mai 1927, ADM. Le meme au meme, 19 aout 1927, ibid.; Registres du conseil general., 28 aout et 7 sept. 1927, AMG.
300
Notes defin de chapitre
37. I. Belle a G. Breynat, 6 sept. 1927, ADM. 38. Alphonse Mansoz, o.m.i., a G. Breynat, 17 nov. 1927, Archives Oblates Province Grandin [AOPG]. 39. G. Breynat a I. Belle, Fort Smith, 8 dec. 1927, AMG. 40. La mission de Letty Harbour, fondee sous le vocable de Notre-Dame de Lourdes, a etc transported a Paulatuk, en 1967. Voir lettre du P. Fallaize, 17 janv. 1929, Letty Harbour, AROMI, 81-83. 41. P. Fallaize, Quelques notes, 3, AOM. 42. P. Fallaize, «Les Esquimaux du Vicariat apostolique du Mackenzie», Missions, 70 (1936), 55. Voir P. Fallaize, La mission de Coppermine, AROMI, 270. 43. Lucien Casterman, o.m.i., «Vicariat du Mackenzie*, Missions, 93-1 (1966), 89544. Joseph-Marie Trocellier, o.m.i., (1888-1958), nomme eveque coadjuteur de M8r Breynat en 1940, devint vicaire apostolique du Mackenzie, le 6 avril 194345. M§r J. Trocellier, «Vicariat apostolique du Mackenzie. Rapport au Chapitre general de 1947», Missions, 74 (1947), 119-121. 46. Jean-Louis Michel, o.m.i., «Rapport du vicariat du Mackenzie au Chapitre general de 1953, Missions, 80 (1953), 188. 47. Robert Haramburu, o.m.i., «Rapport du Vicariat des Missions du Mackenzie (i959)», Missions, 86 (1959), 466. 48. Le gouvernement federal entreprend, en 1959, 1'etablissement d'un programme d'education ou d'ecoles publiques, qui sera transfere au gouvernement local en 1969. 49. L. Casterman, «Vicariat du Mackenzie», Missions, 93-1 (1966), 912. 50. R. Haramburu, «Rapport du Vicariat des Missions du Mackenzie (i959)», Missions, 86 (1959), 470. 51. Les quatre ecoles-pensionnats au vicariat du Mackenzie, en 1945, etaient tenues par les Soeurs Crises de Montreal. 52. L. Casterman, «Vicariat du Mackenzie*, Missions, 93-1 (1966), 908. 53. Ibid., 916. 54. Ibid., 916. 55. Les freres non engages definitivement dans la vie religieuse et les Oblats encore scolastiques ne sont pas inclus dans ces statistiques. Les donnees de ces statistiques sont puisees principalement dans les Personnels oblats, les listes d'oblations et d'obediences parues dans Missions et le dictionnaire biographique des Oblats (DBOC) du pere Gaston Carriere. 10 LES MISSIONS DU KEEWATIN-BAIE D'HUDSON, 1872-1967
1. Mgr Ovide Charlebois, o.m.i., a Sr Hedwidge, 15 juin 1911, Eveche Le Pas. 2. Germain Lesage, o.m.i., Le vicariat apostolique du Keewatin (Le Pas, Eveche, 1943)> 7-
Notes defin de chapitre
301
3. «MSr Charlebois, o.m.i., en tournee pastorale», Missions, 53 (1919), 286. 4. Ibid., 287. 5. «Lettre de M§r Charlebois, o.m.i., vie. apost. du Keewatin», CSB, 21 (1922), 136. «Rapport du vicarial de la Saskatchewan, eveche de Prince-Albert, fevrier i898», Missions, 36 (1898), 173. 7. Ibid., 158. 8. Etienne Bonnald, o.m.i., au sup. gen., 6 juil. 1878, Missions, 16 (1878), 487-488. 9. Ibid., 499. Voir E. Bonnald, «Notice sur la mission de Sainte-Gertrude au Pelican Narrows dans le district de Cumberland*, Missions, 29 (1891), 34-46. 10. O. Charlebois, Rapport au cardinal Van Rossum, 17 juin 1921, cite par G. Carriere, Le martyr du devoir, AD, ms, vol. II, 450. 11. Ibid., vol. II, 201. 12. O. Charlebois au T.R.P. General, 10 nov. 1901, Missions, 40 (1902), 45-46. 13. E. Bonnald, «Mission de Cross Lake au Manitoba*, Missions, 56 (1922), 114. 14. E. Bonnald, «Rapport sur la mission Sainte-Croix, Cross Lake», Missions, 44 (1906), 23. 15. E. Bonnald, «Rapport sur la mission Sainte-Croix de Cross Lake», ibid., 49 (1911), 207. 16. G. Lesage, Le vicariat apostolique du Keewatin, AD, ms, 1943,10. 17. Alphonse Dugas, o.m.i., «Rapport sur la mission de N.-D. du MontCarmel a Norway House, Canada», Missions, 47 (1909), 201. 18. Debuts d'un eveque missionnaire, M#r Ovide Charlebois, o.m.i. (Montreal, Impr. des Sourds-Muets, s.d.), 90. 19. Pour un expose documentaire, voir G. Carriere, Martyr du devoir, vol. II, 1-85. 20. M§r Adelard Langevin, o.m.i., a O. Charlebois, 21 mai 1902, citee par G. Carriere, Martyr du devoir, II, 3. 21. A. Langevin a M§r Albert Pascal, o.m.i., 19 juin 1906, ibid., vol. II, 4. 22. Henri Grandin, o.m.i., a Mgr A. Langevin, 5 mai 1907; le meme a Auguste Lavillardiere, o.m.i., 8 juin 1907, ibid., vol. II, 6, 9-10. 23. H. Grandin a Servule Dozois, o.m.i., 29 juil. 1907, appendice 30 juil., ibid., vol. II, 17-18. 24. A. Langevin a M^r Augustin Dontenwill, o.m.i., 2 avril 1909; A. Pascal au meme, le meme jour, ibid., II, 51. 25. Registres du conseil general, 5 juin 1908, AMG. 26. A. Dontenwill a O. Charlebois, 9 nov. 1910; voir S. Dozois a A. Dontenwill, ler dec. 1910, citees dans G. Carriere, Martyr du devoir, vol. II, 106,109. 27. Registres du conseil general, 5 mai 1911, AMG. 28. A. Dontenwill a O. Charlebois, 15 mai 1911, Eveche Le Pas, cite par G. Carriere, Martyr du devoir, vol. II, 117.
302
Notes defin de chapitre
29. A. Dontenwill aux religieux Oblats du vicariat du Keewatin, le 21 juin 1911, Missions, 49 (1911), 356. 30. Emmanuel Teunissen, o.m.i., proc. pres le S. Siege, a la S.C. de la Propagande, 25 janv. 1934. Rep. : S.C. de la Propagande au R.P. Th. Laboure, sup. gen., 13 mars 1934, AMG. 31. Buffalo River (Dillon); Chagona (Patuanak); Sandy Bay; Beauval (mission); Buffalo Narrows; South End; Pinehouse; Clear Lake; La Ronge et Wollaston Lake. 32. O. Charlebois, «Rapport du Rme Vicaire des Missions», Missions, 56 (1922), 4133. Ibid., 40. 34. Ibid., 43. 35. O. Charlebois, Rapports au chapitre general de 1932, 231. Ces deux centres, ainsi que la mission du Lac Vert furent transferes, en 1933, au diocese de Prince-Albert, a la suite d'une modification de frontieres du vicariat du Keewatin. 36. Debuts d'un eveque missionnaire, M8r Ovide Charlebois, o.m.i., 100. 37. O. Charlebois, «Rapport du Rme Vicaire des missions*, Missions, 56 (1922), 48. 38. «Mission de Nelson House», Missions, 69 (1935), 192. 39. Albert Chamberland, o.m.i., «Le R.P. Joseph Dubeau, o.m.i., (i89i-i952)», Missions, 80 (1953), 723-724. 40. Ibid., 724. 41. Ibid., 726. 42. Ibid., 727. 43. M. Lajeunesse, «Rapport sur le vicariat du Keewatin (Chapitre general de 1947)», Missions, 75 (1948), 393~39444. Laurent Poirier, o.m.i., «Rapport du vicariat du Keewatin (1959)», Missions, 86 (1959), 49145. O. Charlebois, Rapports au chapitre general de 1932, 230. 46. Joseph Bourbonnais, o.m.i., Deux missionnaires au Keewatin, Jean-Baptiste Ducharme, o.m.i., et Louis Maraud, o.m.i., (Richelieu, Impr. Notre-Dame, 1984), 547. M. A. Joy to Bishop Charlebois, Stand Off, Alta, 24 July, 1911, 9 p., AOM. 48. M. Starnes, catholique natif de Montreal, lui donna en outre une cordiale hospitalite. Arsene Turquetil, o.m.i., Informations au sujet d'une mission a etablir chez les Esquimaux au Cap Fullerton ou aux environs, doc. de 7 p, et complement de 5 p., presentes par une lettre de 1'auteur adressee a M§r O. Charlebois, 14 juin 1911, 4 p., ms, copie carbone, AOM. 49. Note de I'entrevue du P. Dozois avec M#r Charlebois, 16 oct. 1911, AMG. 50. O. Charlebois a S. Dozois, 9 nov. 1911, AMG. 51. Registres du conseil general, ler dec. 1911, AMG; voir O. Charlebois a A. Dontenwill, 3 oct. 1911, AD, H 5203 .C47L 46.
Notes de fin de chapitre 52. 53. 54. 55. 56.
57. 58. 59. 60.
61. 62. 63.
64. 65. 66. 67.
68.
69. 70.
71. 72. 73.
303
A. Turquetil a O. Charlebois, 23 avril 1914, Eveche Le Pas. Ibid. A. Turquetil a O. Charlebois, 27 juin 1914, AOM. Lettre circ. de A. Turquetil, 17 janv. 1917, AOM. A. Turquetil a O. Charlebois, 10 janv. 1917, AD. Voir «Recit du frere Prime Girard sur les debuts de la mission de la Baie d'Hudson», Etudes Oblates, -21 (1962), 174-175. O. Charlebois, «Rapport du Rme Vicaire des Missions», Missions, 56 (1922), 45A. Turquetil a O. Charlebois, 11 aout 1922, AD. Voir G. Carriere, Le Martyr du devoir, vol. Ill, 381. A. Turquetil, Note, [jointe a la correspondance de M§r Julien-Marie Levantoux et de Mgr Dontenwill, 10 dec. 1923 et 24 juin 1924], copie, AOM; Emile Lavoie a A. Turquetil, Ottawa, 29 mai 1925, ibid.; le meme au meme, Ste-Anne-de-la-Pocatiere, 27 juin 1925, ibid. Le frere Prime Girard, ayant complete ses etudes theologiques, a etc ordonne pretre le 19 mai 1929. A. Turquetil a S. Dozois, Chesterfield Inlet, 7 aout 1927, Missions, 61 (1927), 777-778. Mgr J.-M. Levantoux a A. Dontenwill, 10 dec. 1923, copie, AOM; A. Dontenwill a J.-M. Levantoux, 24 juin 1924, copie, ibid.; J.-M. Levantoux a A. Turquetil, 26 oct. 1924, ibid. Registres du conseil general, 12 dec. 1924, AMG. Ibid., 3 fev. 1925, AMG. Voir le long expose de G. Carriere, Martyr du devoir, vol. Ill, 386-445. «La maniere dont ce changement s'est fait est humiliante pour moi. J'espere que je pourrai 1'endurer sans rien dire». O. Charlebois a GeorgesEtienne Villeneuve, o.m.i., 26 mars 1925, Eveche Le Pas. Est erige ordinairement en prefecture apostolique, par 1'autorite du SaintSiege, un territoire missionnaire encore peu developpe. Le superieur ecclesiastique en charge a le titre de prefet apostolique et de monseigneur, sans etre eveque. Le vicariat apostolique du Labrador, cree en 1945, comprend les missions inuit situees au nord de la province de Quebec. En plus de Chesterfield Inlet : Esquimo Point, en 1924; Southampton, en 1926; Baker Lake, en 1927; Churchill, en 1930; Repulse Bay, en 1933; Mistake Bay, en 1939; Cariboo Post, en 1940; Rankin Inlet, en 1957; et Whale Cove, en 1960. Igloolik, en 1933; Pelly Bay, en 1937; Thorn Bay, en 1948; Gjoa Haven, en 1951; Spence Bay, en 1954. Pond Inlet, en 1929; Cape Dorset, en 1939; Frobisher Bay, en 1959; et Arctic Bay, en 1960. Wakeham Bay (Kangiqsujuaq), en 1936; Ivujivik, en 1938; Koartak
304
74.
75. 76. 77. 78.
79.
80.
81. 82.
Notes defin de chapitre (Quaqtaq) et Sugluk (Salluit), en 1947, Fort Chimo (Kuujjuaq), en 1952, et Povungnituk, en 1956. Le Therese, 13 tonneaux, en 1930; le Pie XI, 35 tonneaux, en 1933; le MarieFran$ois-Therese, 200 tonneaux, en 1937, qui perit en 1944; et le Regina Polaris, 300 tonneaux, en 1947. O. Charlebois a A. Turquetil, 20 nov. 1915, Eveche Le Pas. Mgr Marc Lacroix, o.m.i., «Rapport du vicariat de la Baie d'Hudson (Chapitre general de i947)», Missions, 75 (1948), 405. M. Lacroix, ibid., 404. Les premieres religieuses : Marie-Anne Frechette, Adelaide Fafard, StIgnace-de-Loyola et Therese de 1'Enfant-Jesus. Les Soeurs Crises de Nicolet se sont jointes aux Soeurs Crises de Montreal, en 1941. Voir «Pourquoi un pensionnat pour les Esquimaux?», Eskimo, N° special, automne 1954, s.p.; «L'ecole-pensionnat de Chesterfield et 1'education des Esquimaux», ibid., 38 (dec. 1955), 12-17. R. Haramburu, «Vicariat de la Baie d'Hudson», Missions, 93-1 (1966), 956. Le nombre d'Inuit catholiques est de i 598 en 1966, sur les 6 587 que renferme le vicariat, ibid., 954. Nomme ev. coadjuteur du vicariat, le i er juil. 1937, demissionnaire, en 1940. Vic. apost. de la Baie d'Hudson, de 1943 a 1968.
11 LES MISSIONS DU YUKON ET PRINCE RUPERT, 1 8 7 5 - 1 9 6 7
1. Ls d'Herbomez au sup. gen., 28 nov., 1868, Missions, 9 (1870), 87-108. 2. Voir sa longue lettre a Ls d'Herbomez, 12 sept. 1869, relatant sa premiere tournee, Missions, 9 (1870), 134-164. 3. Jean-Marie Lejacq, o.m.i., au sup. gen., s.d., Missions, 12 (1874), 346. 4. Ibid., 348. 5. Ibid., 348. 6. Ibid., 349. 7. Ibid., 349. 8. Ibid., 349. 9. «Rapport du Vicariat de la Colombie-Britannique», Missions, 11 (1873), 337. 10. Devenu le diocese de New Westminster en 1890. 11. J.-M. Lejacq a P. Durieu, s.d., Missions, 18 (1880), 59-61. 12. «Rapport sur le vicariat de la Colombie-Britannique, 1893)), Missions, 31 (1893), 404. 13. P. Durieu a A. Martinet, 10 sept. 1884, Missions, 23 (1885), 59. 14. «Rapport sur le vicariat de la Colombie-Britannique, i893», Missions, 31 (1893), 405. 15. «Rapport du Vicariat de la Colombie-Britannique», Missions, 36 (1898), 255-256. 16. A.-G. Morice, Histoire de I'Eglise catholique dans I'Ouest canadien, vol. 4, 307-
Notes de fin de chapitre
305
17. Journal du R.P. Allard, o.m.i., (1871-1952), 76, aom; J. Le Chevallier, La Croix dans les Rocheuses, 414, ms, AD. 18. Joseph Allard, o.m.i., a Emile Bunoz, o.m.i., 29 juil. 1907, Missions, 46 (1908), 236-243. 19. Voir le meme au meme, s.d., Missions, 47 (1909), 305-316. 20. J. Le Chevallier, La Croix dans les Rocheuses, 442-444. 21. MSr Jean-Louis Coudert, o.m.i., Vicariat apostolique du Yukon et Prince Rupert, Smithers, C.-B., 1938, AMG. 22. Registres du conseil general, 3 oct. 1899, AMG. 23. A. Langevin a I. Glut, 22 sept. 1900, Archeveche de McLennan. 24. Le meme au meme, 16 juin 1900, ibid. 25. Voir G. Breynat, Cinquante ans au pays des neiges (Montreal, Fides, 1947), vol. 2,127-129. 26. Registres des chapitres generaux, AD, copie 1906-1938,146; voir aussi Registres du conseil general, 20 janv. et 27 mars 1908, AMG. 27. «Erection du vicariat des missions du Yukon», Missions, 47, (1909), 338-339. 28. Mgr Emile Bunoz, les peres Joseph Allard, Nicolas Coccola, Gottfried Eichelsbacher, Joseph Hartmann, Victor Lewis, Patrick McGrath, Leonidas Plamondon, Honorius Rivet et Charles Wolfe. 29. Canada ecclesiastique, 32 (1918), 398. 30. «Une course a travers nos oeuvres», Missions, 53 (1919), 121. 31. Marcel Murie, o.m.i., «Mines de cuivre... mines d'ames», Petites Annales, 40 (1935), 19732. M. Murie, «L'apostolat parmi les Chinois et les Japonais», Missions, 69 (1935), 677. 33. E. Bunoz, «Vicariat du Yukon», Rapports au chapitre general de 7932, 220. 34. E. Bunoz, «Vicariat des missions du Yukon, Canada», Missions, 54 (1920), 296-297; J. Le Chevallier, La Croix dans les Rocheuses, 453-454. 35. G. Carriere, DBOC, 1.1,334-335. 36. E. Bunoz, «Vicariat du Yukon», Rapports au chapitre general de 1932, 221. 37. «Rapport du Rme Vicaire du Yukon», 1926, Missions, 61 (1927), 445. 38. Ibid., 445. 39. Elphege Allard, o.m.i., a ses parents, ler dec. 1928, Missions, 69 (1935), 549. 40. Claude Carpentier, o.m.i., «Yukon, in memoriam...», Petites Annales, 41 (1939), 109. 41. Cite dans M. Murie, «I1 ne recula jamais...», L'Apostolat (Richelieu), i934-i935> 463. 42. Voir J.-Ls Coudert, Vicariat apostolique du Yukon et Prince Rupert, 8 sept. 1938, Smithers, C.-B., Canada, AMG; «Rapport du Vicariat de Whitehorse (1936-1947), Missions, 74 (1947), 551-55343. Les districts de Telegraph Creek et d'Atlin, qui debordent au sud le 57e degre parallele, sont inclus au complet dans le nouveau vicariat, ainsi
306
44.
45.
46. 47.
48.
49. 50. 51. 52. 53. 54. 55.
56.
Notes defin de chapitre qu'une partie du vicariat de Grouard, dans laquelle est situee notamment la mission de Fort Nelson. Quasi-paroisses : Whitehorse et Dawson City; missions : Atlin, Lower Pos Telegraph Creek, Mayo, Teslin et Fort Nelson. Centenaire des Oblats dan I'Ouest canadien, 1845-1945, (Winnipeg, Canadian publishers Ltd., 1945), Paroisses : L'Annonciation, a Prince Rupert; Saint-Joseph, a Smithers; Sacre-Coeur a Prince George. Missions : Fort St. James, Babine, Fort McLeod, Burns Lake, McBride, Fort St. John, Dawson Creek, New Hazelton, Moricetown, Stewart, Terrace et Vanderhoof, ibid., 72. Canada ecdesiastique, 64 (1950), 637. Ce poste, cree en 1941 et maintenu jusqu'en 1945, donnait une autorite generale aux parties de la Congregation, PAmerique, 1'Afrique et 1'Asie. II tenait lieu de superieur general pour ces regions qui ne pouvaient communiquer avec le superieur general etabli en France. Lettre de Anthime Desnoyers, o.m.i., vicaire general, 15 sept. 1944, dans Nouvelles Oblates [Montreal, 1'Administration generale vicariale], 13 janv. 1945, vol. 2, 9-10. Depuis mai 1941, la partie Nord et la partie Sud du vicariat apostolique de Yukon et Prince Rupert formaient des districts religieux distincts. Voir «Who are those Frontier Apostles», Missions, 97 (1970), 95-105. Prin George devint le siege du vicariat, en 1959. Gerald E. Cousineau, o.m.i., «Report of St. Peter's», Missions, 93-1 (1966), 676. Centenaire des Oblats dans I'Ouest canadien 1845-1945, 72; Personnel o. 1967,167-169. Jean-Paul Tanguay, o.m.i., «Vicariate of Whitehorse», Missions, 93-1 (1966), 928. Alexis Monnet, o.m.i., «La mission de Old Crow, Yukon», Missions, 89 (1962), 457. Centenaire des Oblats dans I'Ouest canadien 1845-1945, 73; Personnel o 1967, 226-229. J.-Ls Coudert, «Rapport du vicariat de Whitehorse (i938-i947)», Missions, 74 (1947), 553; Jean-Paul Tanguay, o.m.i., «Vicariate of Whitehorse», Missions, 93-1 (1966), 920. Canada ecdesiastique, 74 (1960), 521, 522.
12 LA PROVINCE DU MANITOBA, 1872-1967
1. «Feu le R.P. Joachim Allard, o.m.i.», CSB, 16 (1917), 53. 2. Albert Lacombe, o.m.i., «Rapport sur le vicariat de Saint-Boniface», Missions, 17 (1879), 43o. 3. Rapport de Monseigneur Tache, au chapitre general des RR. PP. Oblats de Marie Immaculee, au mois d'avril 1887 [Rapport de Mgr Tache, 1887] 4. Ibid., 20.
Notes definde chapitre 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17.
18. 19. 20. 21. 22.
23.
24.
25. 26.
27. 28.
307
«Rapport du vicariat de Saint-Boniface», Missions, 36 (1898), 277. «Rapport sur le vicariat de Saint-Boniface, i893», Missions, 31 (1893), 335. «Rapport du vicariat de Saint-Boniface», Missions, 36 (1898), 277. Ibid., 274. Ibid., 274. Le pere Simeon Perreault en sera le premier missionnaire residant, en 1912. Jean-Baptiste Beys, o.m.i., «Rapport du R.P. Provincial du Manitoba*, Missions, 54 (1920), 280. Charles Camper, o.m.i., a Louis Soullier, o.m.i., 14 oct. 1878, AMG. Rapport de MF Tache, 1887, 28. «Rapport du vicariat de Saint-Boniface», Missions, 36 (1898), 281. Ibid., 282-283. G. Carriere, DBOC, 1.1,161. Voir Dom Benoit, Vie de M&r Tache, vol. 2, 424. Voir G. Carriere, VApotre des Prairies, Joseph Hugonnard, o.m.i., 1848—1917, 37-103; Jacqueline Gresko, «Qu'Appelle Indian Industrial School Lebret, Saskatchewan», Home Mission, 10, Number 2 (1991), 20-23. Prisque Magnan, o.m.i., au sup. gen., 25 janv. 1889, Missions, 27 (1889), 159. «Rapport du vicariat de Saint-Boniface», Missions, 36 (1898), 286. P. Magnan, «Rapport du vicariat de St-Boniface au Chapitre general de i9O4», Missions, 43 (1905), 132-133. J.-B. Beys, «Rapport du R.P. Provincial du Manitoba», Missions, 54 (1920), 279. Voir Acte general de visite des missions indiennes du Nord Quest canadien par le T.R.P. Theodore Laboure, superieur general, juin 1935 - fevrier 1936 [Actegeneral de visite 1935-1936], (Rome, Maison generale, 1936), 106 p. Voir Maurice Belanger, o.m.i., «Le petit seminaire St-Jean, Fort Alexandre, bref historique», L'Ami du Foyer (St-Boniface), dec. 1963,15-20; ibid., janv. 1964,17-18; mars, 1964,17-18. Voir Andre Renaud, o.m.i., «La belle carriere du pere Omer Plourde, o.m.i., L'Apostolat (Richelieu), juillet-aout 1951, 16-17. La Commission a public, de 1952 a 1967, Bulletin d'information missionnaire (Ottawa, Bureau duSurintendant). Voir Guy de Bretagne, o.m.i., Enquete sur le probleme indien, juil-aout 1948, vol. I, 473 p., vol. II, 335 p., copie dactylographiee, AOM. Voir Paul Piche, o.m.i., «Rapport de la province du Manitoba au chapitre general de i953», Missions, 80 (1953), 401-404. Des rapports de ces congres ont ete publics par G. de Bretagne. D'apres les rapports des provinciaux aux chapitres generaux de la Congregation. P. Magnan, «Rapport du Vicariat de St-Boniface au Chapitre general de i9O4», Missions, 43 (1905), 131.
308
Notes defin de chapitre
29. Majorique Lavigne, o.m.i., «Rapport de la province du Manitoba (i938-i947)», Missions, 74 (1947), 52730. Aime Lizee, o.m.i., «Province du Manitoba*, Missions, 93-1 (1966), 777. 31. Le missionnaire en charge porte le titre de cure, dans les editions du Canada ecdesiastique. 32. Rapport de M& Tache, 1887, 27. 33. Ibid., 21. 34. P. Piche, «Rapport de la province du Manitoba au Chapitre general de i953», Missions, 80 (1953), 406. 35. A. Lacombe au sup gen., 24 dec. 1877, Missions, 16 (1878), 166-167; Rapport de M%r Tache, 1887, 24-25,37. 36. P. Magnan, «Rapport du vicariat de St-Boniface au Chapitre general de i9O4», Missions, 43 (1905), 148. 37. Alcide Normandin, o.m.i., «Maison du Sacre-Coeur a Winnipeg», Missions, 55 (1921), 348-349. 38. G. Carriere, DBOC, t. II, 284.
39. «Rapport du vicariat de Saint-Boniface», Missions, 36 (1898), 286. 40. P. Magnan, «Rapport du vicariat de St-Boniface au Chapitre general de 1904», Missions, 43 (1905), 128-129,148. 41. Encyclopedic du Canada (Montreal, Stanke, 1987) : Allemagne, Hongrie, Pologne, Ukraine. 42. P. Magnan, «Rapport du Vicariat de St-Boniface au Chapitre general de i904», Missions, 43 (1905), 127-128. 43. «Rapport du vicariat de Saint-Boniface», Missions, 36 (1898), 294, 269-270; G. Carriere, DBOC, 1.1, 260.
44. 45. 46. 47.
48. 49. 50. 51. 52.
Ibid., t. Ill, 32-33. Ibid., t. Ill, 143. Voir ci-dessous, chapitre 14. Voir «L'Oeuvre de presse catholique des RR.PP. Oblats», Missions, 48 (1910), 193-196; Omer Plourde, o.m.i., «L'Oeuvre de Presse catholique a Winnipeg*, Missions, 61 (1927), 126-138; M. Lavigne, «Rapport de la province du Manitoba (1938-1947), Missions, 74 (1947), 53-537; P. Piche, «Rapport de la province du Manitoba au Chapitre general de i953», Missions, 80 (1953), 407-412. Avec les colleges St. John (anglican) et Manitoba (presbyterien). P. Benoit, Vie de Mgr Tache, vol. i, 419; vol. 2,132, 304-306; A. Tache au sup. gen., 26 juin 1885, ibid., vol. 2, 497; G. Carriere, DBOC, t. II, 270. J.-B. Beys, «Rapport du Pere Provincial du Manitoba», Missions, 61 (1927), 349P. Magnan, «Province du Manitoba», Rapports au chapitre general de 1932, 148. Irenee Tourigny, o.m.i., Etude monographique sur le College catholique de
Notes defin de chapitre
53. 54.
55. 56. 57.
58. 59.
60. 61.
62. 63. 64. 65. 66.
67. 68. 69. 70. 71.
309
Gravelbourg (Gravelbourg, Sask., 1955) 21 p.; A. Lizee, «Province du Manitoba», Missions, 93-1 (1966), 765. Josaphat Magnan, o.m.L, a M§r J.-M.-R. Villeneuve, o.m.i., 25 mai 1931, eveche de Gravelbourg; le meme au meme, 9 juil. 1931, ibid. G. Carriere, Docteur du Christ, le cardinal Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve, o.m.i., archeveque de Quebec - 1882-1947, vol. IX, 2386-2395; Josaphat Magnan, o.m.i., «Province du Manitoba*, Rapports au chapitre general de 1932,149-150; Mgr M.-Joseph Lemieux, o.p., au Provincial, 20 nov. 1945, AD. Contrat, le 18 fev. 1946, AD, L1331 M2/R la. Louis-Emile Gagnon, o.m.i., «Debut du Grand seminaire de Saint-Boniface a Saint-Norbert», Missions, 74 (1947), 315-316. M. Lavigne, «Rapport de la province du Manitoba (i938-i947)», Missions, 74 (1947), 534; M§r Georges Cabana, Lettre au clerge diocesain et regulier, aux communautes religieuses et a tons lesfideles de Saint-Boniface, 3 mai 1948, AD, 1133 M27A 231. Circ. 81, 5 oct. 1904, Circulaires administrates des superieurs generaux (Paris-Rome, Maison generale o.m.i.), n° 81, vol. 3, 38-41. Prisque Magnan, «Rapport du vicarial de St-Boniface au Chapitre general de i9O4», Missions, 43 (1905), 130; J. Magnan, «Le juniorat de SaintBoniface, Man.», Missions, 55 (1921), 341-342. I. Tourigny, «Rapport de la province du Manitoba (i959)», Missions, 86 (1959), 375Convention tenue a Ottawa, voir S. Dozois a P. Magnan, 17 nov. 1917, AD, L 128 M27F 175. Voir Emeric Drouin, o.m.i., «The beginnings and Development of the Catholic Church in the Edmonton Area», Vie Oblate Life, 41 (1982), 49-52. J.-B. Beys a S. Dozois, 3 mars 1925, AD, L128 .M27F 371. Le meme au meme, 13 mai 1925, AD, L128 .M27F 378. Province du Manitoba, Bulletin de nouvelles (Winnipeg) i er juillet 1965, 31. J.-B. Beys, «Rapport du Pere Provincial du Manitoba*, Missions, 61 (1927), 341La province du Manitoba comprend, en 1967, les territoires des archidioceses de Saint-Boniface, de Regina et de Winnipeg, des dioceses de Thunder Bay et de Gravelbourg. Ne sont comptes que les freres a voeux perpetuels. Rapport de M& Tache, 1887, 43. «Rapport sur le vicariat de Saint-Boniface, i893», Missions, 31 (1893), 344Voir aussi son rapport au Chapitre de 1898, ibid., 36 (1898), 268. P. Magnan, «Rapport du vicariat de St-Boniface au Chapitre general de 1904*, Missions, 43 (1905), 146. J.-B. Beys, «Rapport du R.P. Provincial du Manitoba*, Missions, 54 (1920), 285.
310
Notes defin de chapitre
72. M. Lavigne, «Rapport de la province du Manitoba (i938-i947)», Missions, 74 (1947), 543-54473. P. Piche, «Rapport de la province du Manitoba au Chapitre general de 1953», Missions, So (1953), 418. 74. I. Tourigny, «Rapport de la province du Manitoba (i95o)», Missions, 86 (i959), 400. 75. Acte de visite de la province oblate du Manitoba (Rome, Maison generale, 1957), 10. 13 LA PROVINCE D'ALBERTA-SASKATCHEWAN, 1868-1967
1. Le traite 4, signe en 1871, concernait les terres du sud de la Saskatchewan; le traite 6, signe en 1876, a Carlton et a Fort Pitt, couvrait les prairies du centre de la Saskatchewan et du centre de 1'Alberta, et le traite 7, signe en 1877, a Blackfoot Crossing, se rapportait aux terres du sud de 1'Alberta. 2. J. Le Chevallier, «La belle histoire des Oblats de l'Ouest», La Patrie (Montreal), 12 mars 1939,11-12. 3. Ibid., n. 4. V. Grandin, «Vicariat de Saint-Albert», Missions, 26 (1888), 144. 5. «Rapport sur le vicariat de Saint-Albert», Missions, 31 (1893), 355. 6. Ibid., 356-357. 7. Ibid., 357-358. 8. Notes du pere Walter Comire, o.m.i., Riviere-qui-Barre, 1935, AD, HPK 2033 N82R 58; Hippolyte Leduc a P. Aubert, 24 juin 1878, Missions, 16 (1878), 475. 9. Le premier missionnaire de Hobbema fut, en 1881, 1'abbe Hippolyte Beillevaire. «Journal de M8r Grandin», 20 mai 1881, Missions, 20 (1882), 312. 10. G. Carriere, DBOC, t. Ill, 232. La mission de St-Paul-des-Cris, etablie en 1865, fut abandonnee en 1873. 11. «Rapport du vicariat de Saint-Albert», Missions, 36 (1898), 238. 12. Les reserves Sweet Grass, Poundmaker, Little Pine, Thunderchild et Moosomin. «Rapport sur le vicariat de la Saskatchewan», Missions, 31 (1893), 41713. H. Leduc, «Rapport sur le vicariat de Saint-Albert», Missions, 17 (1879), 450. 14. Voir Acte general des visites canoniques faites dans le vicariat de Saint-Albert par le pere Soullier, o.m.i., (Paris, Typographic privee, 1885), 17. 15. H. Leduc, «Rapport sur le vicariat de Saint-Albert», Missions, 17 (1879), 451-452. 16. Le pere Lacombe reviendra en Alberta en 1882 pour diriger les missions du district de Calgary. 17. Voir H. Leduc, «Rapport sur le vicariat de Saint-Albert», Missions, 17 (1879), 452-453; A. Philippot, Les origines des missions Pieds-Noirs, 1937, 140 p., copie, AD, BP 2513 .P45 1937. 18. «Journal de Mgr V. Grandin», Missions, 20 (1882), 314-318. 19. Missions, 17 (1879), 452.
Notes defin de chapitre
311
20. Leon Doucet, o.m.i., a Marc de L'Hermite, o.m.i., le 24 oct. 1884, Missions, 23 (1885), 22.
21. H. Leduc, «Rapport sur le vicariat de Saint-Albert», Missions, 31 (1893), 354. 22. «Rapport de M§r Grandin au T.R.P. Superieur general», Missions, 24 (1886), 27; A. Pascal a I. Glut, 26 mai 1885, AD. 23. «Extrait du journal du R.P. Andre», 22 mars 1885, Missions, 23 (1885), 283. 24. Voir Rudy Wiebe, «Kappamahehakwew» (Esprit errant), DBC, vol. XI, 506-508; idem, «Mistahimaskwa (Gros Ours)», ibid., 660-664. 25. Voir. J. Le Chevallier, «La belle histoire des missionnaires Oblats de l'Ouest», La Patrie, 12 mars 1939,12. 26. «Lettre de M8r Grandin», 12 mai 1885, Missions, 23 (1885), 312. 27. Les ecoles residentielles etaient designees, jusqu'au debut du siecle, sous le nom d'ecoles industrielles. 28. Voir Paul-Emile Breton, o.m.i., Hobbema une florissante mission indienne de I'Ouest (Edmonton, ed. de 1'Ermitage, 1962), 64 p. 29. «Rapport du vicariat de Saint-Albert», Missions, 36 (1898), 234. 30. L'ecole de Cluny, aux soins des soeurs de la Providence de Montreal, et celles d'Hobbema, d'Onion Lake et de Delmas, tenues par les soeurs de rAssomption de Nicolet, ont etc administrees par les religieuses ellesmemes jusqu'en 1934. «Rapport de la convention des principaux des ecoles indiennes de la Province (23-24 et 25 Janvier 1935)», Missions, 69 (1935), 283. 31. Armand Boucher, o.m.i., «Rapport de la province d'Alberta-Saskatchewan (i938-i947)», Missions, 75 (1948), 55. 32. La Ligue catholique des Indiens, fondee a 1'occasion du pelerinage national des Indiens a Cap-de-la-Madeleine en juin 1954, fut approuvee par 1'episcopat canadien en 1955. 33. Georges-Marie Latour, o.m.i., «La province d'Alberta-Saskatchewan», Missions, 93-1 (1966), 801. 34. Voir les rapports des provinciaux aux chapitres generaux, Missions, 61 (1927), 365; Missions, 66 (1932), 159; Missions, 75 (1948), 47; Missions, 80 (1953), 178; Missions, 86 (1959), 410. 35. Memoires Lacombe I, 12-13, AD. Le pere H. Leduc s'exprime fermement dans le meme sens, voir «Rapport sur le vicariat de Saint-Albert», Missions, 31 (1893), 346-34736. St-Albert, Edmonton, Fort Saskatchewan, Calgary, Lethbridge, Pincher Creek, Medicine Hat, MacLeod et Morinville, ibid., 348. 37. Prince-Albert, St-Louis de Langevin et Battleford, «Rapport sur le vicariat de la Saskatchewan*, Missions, 31 (1893), 413-416. 38. «Alberta», Encydopedie du Canada (Stanke, 1987), 1.1, 40. 39. Voir lettre de Jean Kulawy, o.m.i., au sup. gen., 13 sept. 1899, Missions, 17 (1899), 367-372. 40. Voir A. Philippot, «L'oeuvre des Oblats polonais parmi les Polonais de l'Alberta», Missions, 64 (1930), 334-361; Joseph Pielorz, o.m.i., Les Oblats
312
41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. 52.
53. 54. 55. 56. 57. 58.
59.
60. 61. 62. 63. 64. 65. 66.
Notes defin de chapitre polonais dans le monde -1920-1970, (Rome, Maison generale, 1971), 30-34. Les Oblats revenaient a la paroisse du St-Rosaire, en 1961. Mgr Emile Legal, o.m.i., «Vicariat de Saint-Albert», Missions, 43 (1905), 159. Voir «Les Galiciens dans le Nord-Ouest canadien», Missions, 38 (1900), 453-462. E. Legal, «Vicariat de Saint-Albert», Missions, 43 (1905), 161. H. Leduc a Cassien Augier, o.m.i., 25 oct. 1899, AMG. Ibid. «Rapport sur le vicarial de Saint-Albert», Missions, 31 (1893), 350. «Rapport du vicarial de Sainl-Albert», Missions, 36 (1898), 224. Sur ces paroisses el posies, voir V. Byrne, From the Buffalo to the Cross (Calgary, Archives and Hislorical Publishers, 1973), 143-371. A. Pascal, «Vicarial de Saskalchewan. Rapporl au Chapilre general de 1904*, Missions, 43 (1905), 305. Augusle Forner, o.m.i., «Rapporl sur la mission de rimmaculeeConceplion, a Fish Creek, Sask., Canada», Missions, 47 (1909), 251-259. H. Leduc, «Rapporl sur le vicarial de Sainl-Alberl», Missions, 17 (1879), 443. «Rapporl sur le vicarial de Sainl-Alberl», Missions, 31 (1893), 359. Le pere H. Leduc a defendu energiquemenl les droils a 1'educalion calholique, reconnus depuis 1875, par le gouvernemenl des Terriloires du Nord-Ouesl. II a ecril L'hostilite demasquee, ordonnance scolaire N° 22 de 1892 et ses nefastes consequences (Monlreal, C. O. Beauchemin el fils, 1896), 80 p., Iraduil de 1'anglais. H. Leduc, «Rapporl sur le vicarial de Sainl-Alberl», Missions, 17 (1879), 439. Ibid., 439. H. Grandin, «Alberla el Saskalchewan», Missions, 47 (1909), 139. Canada ecclesiastique, 34 (1920), 280. Voir Notes de Mgr Ovide Charlebois, fev. 1925, AD; «Les revues el journaux des Oblals», Missions, 55 (1921), 212-213. Guy Michaud, o.m.i., «Rapporl de la province d'Alberla-Saskalchewan (i959)», Missions, 86 (1959), 411. La Survivance esl devenue Le FrancoAlbertain. Le vicarial aposlolique de la Saskalchewan ful erige en diocese, sous le nom de Prince-Albert, en 1907. II esl le premier diocese elabli dans la province de Saskalchewan. Circ. de A. Donlenwill, 20 janv. 1921, adressee aux Oblals de M.I. du vicarial d'Alberla-Saskalchewan, Missions, 55 (1921), 126-127. Personnel o.m.i., avril 1921, 79. «Rapporl du Pere Provincial de l'Alla-Sask.», Missions, 61 (1927), 366. J.-B. Beys a Georges-Elienne Villeneuve, o.m.i., 12 juin 1927, AOM. Ubald Langlois, o.m.i., a G.-E. Villeneuve, 26 janv. 1930, AOM. J.-B. Beys a G.-E. Villeneuve, 24 aoul 1927, AOM. Le meme au meme, 22 sepl. 1927, AOM.
Notes defin de chapitre
313
67. Ibid. 68. Le meme au meme, 10 juin 1929, AOM. Voir U. Langlois, «Province d'Alberta-Saskatchewan*, Rapports au chapitre general de 1932,159-160. 69. Voir G. Carriere, DBOC, t. 1,109, 295; t. II, 219, 224, 302, 325, 407, 409; t. Ill, 220. 14
LA COLOMBIE-BRITANNIQUE, 1872-1926
1. «Rapport sur le vicariat de la Colombie-Britannique, 1893)), Missions, 31 (1893), 392. 2. William Brabender, o.m.i., «Mission de Sechelt. Ses penibles debuts, ses epreuves, ses succes», Missions, 69 (1935), 12. 3. P. Durieu a Celestin Augier, o.m.i., 28 juin 1890, Missions, 28 (1890), 283. Voir Thomas A. Lascelles, o.m.i., Mission on the Inlet. - St. Paul's Indian Catholic Church, North Vancouver, B.C. -1863-1984,1984, 5-29, 36. 4. G. Carriere, «Cornellier, Olivier», DBOC, t. I, 224; A.-G. Morice, Histoire de FEglise catholique dans I'Ouest canadien, vol. 4, 330. Le pere Olivier Cornellier, o.m.i., artisan de ce centre de prieres, accomplissait un projet de M&r d'Herbomez, decede peu auparavant. 5. «Rapport sur le vicariat de la Colombie-Britannique, 1892*, Missions, 31 (i893), 3976. John Welch, o.m.i., «Rapport du R.P. Provincial de New Westminster*, Missions, 61 (1927), 393. 7. A. Dontenwill, «Rapport lu au Chapitre general de 1904)), Missions, 43 (1905), 278. 8. Voir J. Welch, «Rapport du Reverend Pere Vicaire de Colombie», Missions, 55 (1921), 23-24; George Forbes, o.m.i., The History of St. Peter's Parish (Oblate Fathers), New Westminster, B.C., 1860-1960 (St. Peter's New Westminster, B.C., ioo th Anniversary), 25. Le college fut ferme en 1917 en raison du nombre reduit des pensionnaires. 9. Eugene Chirouse, o.m.i., a X, 24 janv. 1881, Missions, 19 (1881), 386. 10. A. Dontenwill, «Rapport lu au Chapitre general de 1904)), Missions, 43 (1905), 287. 11. J. Welch, «Rapport du Reverend Pere Vicaire de Colombie», Missions, 55 (1921), 21. 12. G. Carriere, «Welch, John», DBOC, t. Ill, 283. 13. J. Welch, «Rapport du R.P. Vicaire de Colombie [Britannique], Missions, 55 (l92l), 21, 22.
14. Voir Registres du conseil general, 12 aout 1878, AMG. Ls d'Herbomez, «Rapport sur le vicariat de la Colombie-Britannique», Missions, 17 (1879), 411-412. 15. Registres des chapitres generaux, Chapitre 1887, AD, copie, 575. 16. «Rapport du vicariat de la Colombie-Britannique», Missions, 36 (1898), 256. 17. Marie-Jean-de-Pathmos, Les Soeurs de Sainte-Anne, un siecle d'histoire, I, p. 372-373-
314
Notes defin de chapitre
18. En 1890, le pere Le Jeune enseigne aux Indiens la stenographic Duploye adaptee au langage chinook. En 1891, il fonde Kamloops Wawa, «Parole de Kamloops», journal en stenographic, tire a 3 ooo exemplaires, en 1898. G. Carriere, «Le Jeune, Jean-Marie», DBOC, II, 305-306; «Les Indiens stenographes», Missions, 43 (1905), 242-244. 19. Trompe par un exploiteur, M8r Durieu regretta vivement cette vente. A.-G. Morice, Histoire de I'Eglise catholique dans I'Ouest canadien, vol. 4, 335-336. 20. Ls d'Herbomez a A. Martinet, 10 sept. 1886, AMG. 21. Registres du conseil general, 9 et 13 oct. 1873, AMG. Voir Ls d'Herbomez, «Rapport sur le vicariat de la Colombie-Britannique», Missions, 17 (1879), 410. 22. Leon Fouquet, o.m.i., a X, 22 janv. 1875, Missions, 15 (1877), 77-78. 23. Ls d'Herbomez, «Rapport sur le vicariat de la Colombie-Britannique», Missions, 17 (1879), 419. 24. «Rapport du R.P. Coccola sur les missions du Kootenay au T.R.P. General, 16 janv. 1902, Missions, 40 (1902), 51. 25. Sister Jean LaBissoniere, S.P., Providence Trail Blazers (Edmonton, Providence Centre, 1878), 1, 3. 26. «Rapport sur le vicariat de la Colombie-Britannique, i893», Missions, 31 (1893). 39527. Nicolas Coccola, o.m.i., au T.R.P. General, 6 fev. 1900, Missions, 38 (1900), 170. 28. Ibid., 170-171. L'abbe Welch devint Oblat en 1904. 29. J. Welch, «Rapport du Reverend Pere Vicaire de Colombie», Missions, 55 (1921), 23. Voir «Fondation de Penticton», ibid., 53 (1914), 358-360 30. «Rapport du vicariat de la Colombie-Britannique», Missions, 36 (1898), 255. 31. J. Welch, «Rapport du Reverend Pere Vicaire de Colombie», Missions, 55 (1921), 20. 32. Marie-Jean-de-Pathmos, s.s.a., Les Soeurs de Sainte-Anne, Un siecle d'histoire, 1,185-186. 33. «Rapport du vicariat de la Colombie-Britannique», Missions, 36 (1898), 254. 34. Francois-Marie Thomas, o.m.i., a Jean-Marie Fayard, o.m.i., 5 avril 1899, Missions, 37 (1899), 164. 35. Annales de la Propagation de la Foi, mars 1886, cite dans Missions, 24 (1886), 121-122. 36. Ibid. 37. «Rapport sur le vicariat de la Colombie-Britannique, i893», Missions, 31 (1893), 409-410. 38. J. Welch, «Rapport du Reverend Pere Vicaire de Colombie», Missions, 55 (1921), 17. 39. G. Forbes, «Les missions indiennes de la Colombie-Britannique», Missions, 73 (1939), 41-
40. G. Carriere, «Durieu, Paul», DBOC, 1.1, 327.
Notes deftn de chapitre
315
41. S. Dozois a P. Magnan, 29 dec. 1917, AD. 42. A. Dontenwill a G.-E. Villeneuve, Rome, 11 mars 1925, AOM, 2j9/o6. 43. Rapport de la reunion interprovinciale, 28-29 mai 1925, a St-Boniface, signe par les membres de la commission, AMG. 44. Voir ibid., et lettre de G.-E. Villeneuve a S. Dozois, 19 juil. 1925, AOM, Registre des Lettres du Provincial 1925-1927 [RLP], 7-10. 45. G.-E. Villeneuve a A. Dontenwill, 30 mai 1925, AOM, RLP 1922-1925, 564; voir aussi le meme a S. Dozois, 14 juil 1925, ibid., RLP 1922-1925, 591. 46. Voir S. Dozois a G.-E. Villeneuve, 24 juin 1925; A. Dontenwill au meme, i er juil. 1925; G.-E. Villeneuve a S. Dozois, 19 juil. 1925, ibid., RLP 1925-1927, 7-10. 47. Circ. N° 134 de M§r A. Dontenwill, sup. gen., aux Oblats concerned, Rome, le 15 mars 1926, Missions, 60 (1926), 28-32. 48. Nous nous limitons a la partie de la province St. Peter couvrant la Colombie-Britannique, 1'Alberta et la Saskatchewan. 49. Entente signee le 17 mars 1938, par M gr John Cody, ev. de Victoria, Theodore Laboure, o.m.i., sup. gen., et Joseph Scannell, o.m.i., provincial, AD, HPK 2033 .N82R 25, photocopie. 50. Neuf des 17 peres originaires de France, encore presents en 1926, disparaissent de 1927 a 1939 : Eugene Chirouse et Jean-Marie Le Jeune, decedes; Maurice Lepine, Claudius Bellot, Louis Choinel, Francois-Regis Lardon, Edmond Maillard, Victor Rohr et Jean-Baptiste Salles orientes ailleurs. 51. John Bokenfohr, o.m.i., St. Peter's Province, confidential to V.R. Fr. Desnoyers, o.m.i., vie. gen., February, 14,1944, Ottawa, 5-8, AMG. 52. Ibid., 6. 53. G. Cousineau, «Province of St. Peter's», Missions, 93-1 (1966), 678. 54. J. Welch, «Rapport du R.P. Provincial de New Westminster*, Missions, 61 (1927), 397-398. 55. Thomas Cassidy, o.m.i., Roots and Branches - A Diary of St. Peter's Province (Ottawa, English Oblates of Eastern Canada, 1989), 33, 39. 56. De 1935 a 1939, le scolasticat a donne 19 peres a la province. Liste annuelle des premieres obediences, dans Missions. 57. J. Bokenfohr, «Report of St. Mary's Province (Regina) to the General Chapter of May i947», Missions, 75 (1948), 63. 58. Voir St. Mary's Province - 1926-1986. Oblates of Mary Immaculate (Battleford, Marian Press Ltd., 1987), 98-105. 59. J. Bokenfohr, «Report of St. Mary's Province (Regina) to the General Chapter of May i947», Missions, 75 (1948), 61. 60. Joseph Simon, o.m.i., «St. Mary's Province - i959-i965», Missions, 93-1 (1966), 826, 831; F. Kwiatkowski, o.m.i., «Assumption Vicariate», ibid., 856-858. 61. Bernard Ueberberg, o.m.i., «Rapport du R.P. Provincial de Regina», Missions, 61 (1927), 400; Thomas Schnerch, o.m.i., «Province de SainteMarie de Regina», Rapports au chapitre general de 1932,195-196.
316
Notes de fin de chapitre
62. 63. 64. 65.
Voir Th. Schnerch, Circ. a la province, 1935, Missions, 69 (1935), 515. St. Mary's Province -1926-1986. Oblates of Mary Immaculate, 110-112. Voir Personnel o.m.L, avril 1927, 94-96. B. Ueberberg, «Rapport du R.P. Provincial de Regina», Missions, 61 (1927), 39966. L. Deschatelets, o.m.i., To the Oblates of St. Mary's Province and Assumption Province, Rome, August, 22,1956, Missions, 83 (56), 111-112. EPILOGUE
1. Rapport de la Region du Canada au XXXIe Chapitre general des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee, septembre 1986, Conference Oblate du Canada, fevrier 1986, 3. 2. Ibid., 2 3. Personnel o.m.i., 1967, 123; OMI Information,(R.ome, Maison generale o.m.i.), N° 276 (mars 1990), 2. 4. Marcello Zago, sup. gen., aux Oblats du Canada, i er nov. 1988, Solidaires dans la mission, session conjointe 2—8 juin 1988, Ottawa, 19. On trouvera un apercu du renouveau opere chez les Oblats, de 1947 a 1985, dans D. Levasseur, o.m.i., Histoire des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee. Essai de synthese (Montreal, Maison provincial o.m.i., 1986), t. 2, pour 1'ensemble de la Congregation, 283-305; et en particulier, pour 1'Ouest et le Nord canadiens, 337-350.
Bibliographic
SOURCES
Les Archives de la Maison generate des Oblats (AMG), Rome, conservent les Registres des deliberations des chapitres generaux, les Registres du conseil general, des listes des membres de la congregation, et specifiquement sur le Nord-Ouest du Canada : des codex, des oeuvres manuscrites, des series de dossiers sur les provinces et vicariats et sur les personnes. Voir Inventaire des archives oblates—histoire oblate de I'Ouest canadien, Ottawa, Archives Deschatelets, vol. 1, sections de 126 p. et de 159 p. Les AMG ont public, avec annotations, les lettres de Mgr de Mazenod a ses correspondants d'Amerique, coll. Ecrits oblats i et 2; et a la S. Congregation et a 1'Oeuvre de la Propagation de la foi, coll. Ecrits oblats 5. Les Archives Deschatelets (AD), Ottawa, contiennent de nombreux dossiers sur les provinces, les vicariats, les personnes et les oeuvres touchant I'Ouest et le Nord du Canada; photocopies de nombreux documents des archives de la Maison generale concernant le Canada, copie des Registres des chapitres generaux, 1818-1947, des Registres du conseil general, 1844-1857. On y trouve aussi les fonds des provinces du Manitoba, de St. Peter et de la Commission oblate des affaires indiennes et esquimaudes, de nombreuses photos, des cartes geographiques et une riche collection d'ecrits en langues indiennes, a 1'etat de manuscrits ou d'imprimes. La section des microfilms donne acces aux archives de la Maison generale des Oblats a Rome, et aux archives des dioceses de Quebec, de Montreal, de Saint-Boniface, d'Edmonton, de Fort Smith-Mackenzie, de Grouard-McLennan, etc. Les Archives oblates d'Alberta-Saskatchewan (ADAS) deposees aux archives de la province d'Alberta, a Edmonton, sont particulierement riches egalement
317
318
Bibliographie
pour 1'histoire oblate de 1'Ouest. Leur accessibility est favorisee par un excellent guide : Brian M. Owens et Claude M. Roberto, Guide pour les archives des Oblats de Marie Immaculee—Province d'Alberta-Saskatchew Edmonton, 1989, francais et anglais, 143 et 138 p., avec une enveloppe de microfiches identifiant les dossiers. Les Archives oblates de Saint-Albert (AOSA) constitutes recemment par la provinc oblate de Grandin, regroupent les fonds des ex-provinces oblates de Grouard et du Mackenzie. Elles revetent une importance particuliere pour 1'histoire des missions du Grand-Nord. Autres archives oblates : voir Inventaire des archives oblates—histoire oblate de 1'Ouest canadien, Ottawa, Archives Deschatelets, Vol. i, Archives oblates d Montreal (26 p.); vol. 2 : Archives des provinces ou vicariats du Manitoba, Winnipeg (32 p.), du Keewatin (2 p.), du Mackenzie (107 et 32 p.), de Grouard (21 et 55 p.), de 1'Assomption (5 p.), de St. Paul (25 p.) et de Whitehorse (15 p.). En plus, le releve des dossiers oblats conserves aux archives provinciales de Victoria, C.-B. (32 p.). Archives de I'archeveche de Quebec (AAQ). Ont ete consultes : —Dossiers : Rivie Rouge, 330 CN, RR, I-IV (1818-1859); —Registre des lettres : 2ioA RL VIIIIX (1812-1819); XX-XXI (1842-1847); —Registre des insinuations ecclesiastiques : i2A RI, H (1811-1822). Archives de la chancellerie de I'archeveche de Montreal (ACAM). Ont ete consulte —Dossiers Saint-Boniface : 255.109 (1821-1871); —Dossiers oblats : 465.102 (1841-1854); —Registre des lettres de M§r Bourget, t. 3-8 (1843-1854). Archives oblates de Montreal (AOM), ou Archives de la province du Canada-Est, devenue province Saint-Joseph. Ont ete consultes principalement :— Registres de la correspondance avec 1'Administration generale;—Les dossiers des provinces et vicariats du Nord et de 1'Ouest du Canada. PRINCIPAUX OUVRAGES ET ARTICLES CONSULTES
Agence Romaine des Oblats de Marie Immaculee (AROMI), Maison generale, Oblats de Marie Immaculee, Rome. Serie A : 1928-1934; serie B. 1935-1945; serie C. 1946-1966. Beaudoin, Yvon, o.m.i., Le grand seminaire de Marseille (et scolasticat oblat) sous la direction des Oblats de Marie Immaculee, 1827-1862, Ottawa, ed. de Etudes Oblates, 1966, 281 p., polycopie (Archives d'histoire oblate, 21). Benoit, dom Paul, Vie de Mgr Tache, archeveque de St-Boniface, Montreal, Librairie Beauchemin, 1904, 2 vol. 610 et 936 p. Bernad, Marcel, o.m.i., Bibliographie des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee, tome I, Ecrits des missionnaires Oblats, 1816-1915, Liege, Dessain, Imprimeur-editeur, 1922,147 p. Boucher, Alban, o.m.i., Provinciaux et Vicaires des missions de la Congregation Missionnaires Oblats de Marie Immaculee 1841-1948, Ottawa, ed. des Etude Oblates, 1949,132 p., (Bibliotheque oblate VI).
Bibliographic
319
Byrne, M. B. Venini, From the Buffalo to the Cross, Calgary, Archives and Historical Publishers, 1973, 556 p. Carriere, Gaston, o.m.i., L'apotre des Prairies, Joseph Hugonnard, o.m.i., 1848Montreal, Rayonnement, 1966,172 p. Carriere, Gaston, o.m.i., Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immacu au Canada (DBOC), Ottawa, ed. de 1'Universite d'Ottawa, 1976,1977,1979, 3 tomes. Un 4e tome a etc public par Maurice Gilbert, o.m.i., et Normand Martel, o.m.i., a Montreal, Missionnaires Oblats, 1989. Carriere, Gaston, o.m.i., «L'elevation du P. Vital Grandin, o.m.i., a l'episcopat», Etudes Oblates, (1973), 159-191. Carriere, Gaston, o.m.i., «Fondation et developpement des missions catholiques dans la Terre de Rupert et les Territoires du Nord-Ouest (1845-1861)», Revue de 1'Universite d'Ottawa, 41 (1971), 253-281, 397-427. Carriere, Gaston, o.m.i., Histoire documentaire de la Congregation des Oblats de Marie Immaculee dans I'Est du Canada, Ottawa, ed. de 1'Universite d'Ottawa, 1957-1975,12 tomes. Carriere, Gaston, o.m.i., Le Martyr du devoir, M%r Ovide Charlebois, o.m. 1862-1933, Ottawa, Seminaire universitaire, 1960, 5 vol. ms. dactylograph AD et AOM. Carriere, Gaston, o.m.i., «Mgr Provencher a la recherche d'un coadjuteur», Societe canadienne d'histoire de I'Eglise catholique, Rapport 1970, 71-93. Cassidy, Thomas, o.m.i., Roots and Branches—A Diary of St. Peter's Province, Ottawa, English Oblates of Eastern Canada, 1989, 218 p. Centenaire des Oblats dans I'Ouest canadien, Oblate Father's Centenary in West Canada, 1845-1945, Winnipeg, Canadian Publishers Ltd., 1945,104 p. Champagne, Claude, o.m.i., Les debuts de la mission dans le Nord-Ouest canadie Mission et Eglise chez Msr Vital Grandin, o.m.i., (1829-1902), Ottawa, ed. 1'Universite d'Ottawa et de 1'Universite Saint-Paul, 1983, 278 p. Champagne, Joseph-Etienne, o.m.i., Les missions catholiques dans I'Ouest can dien (1818-1875), Ottawa, ed. des Etudes Oblates—Universite d'Ottaw 1949,208 p. Chausse, Gilles, s.j., «Deux eveques missionnaires : M§r J.-N. Provencher et Mgr J.-J. Lartigue», Societe canadienne d'histoire de I'Eglise catholique, session 1970,51-60. Les Cloches de Saint-Boniface, organe de I'archeveche et de toute la province siastique de Saint-Boniface, revue fondee en 1902. Glut, Mgr Isidore, o.m.i., «Journal du voyage de Mgr Glut au territoire d'Alaska (ancienne Amerique russe)», 1873, Missions de la Congregation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee, 12 (1874), 241-294, 357-374. Comby, Jean, «Eugene de Mazenod et le mouvement missionnaire de I'Eglise de France, de 1800 a i86o», Kerygma, revue publiee par 1'Institut des sciences de la mission, Universite Saint-Paul, 25 (1975), 153-158. Cronin, Kay, Cross in the Wilderness, Vancouver, Mitchell Press, 1960, 255 p.
320
Bibliographic
Dauphinais, Luc, Histoire de Saint-Boniface : t. 1, A Fombre des cathedrales, des origines de la colonie jusqu'en 1870. Les Ed. du Ble, Saint-Boniface, Manitoba, 1991 (La Societe historique de Saint-Boniface), 336 p., ill. Debuts d'un eveque missionnaire, M%r Ovide Charlebois, o.m.L, eveque de Berenice, vicaire apostolique du Keewatin. Prise de possession, installation, premiere visite pastorale des missions sauvages. Montreal, Imp. des Sourds-Muets [1912], 102 p. Dictionnaire biographique du Canada, Quebec, Les Presses de 1'universite Laval, vol. I a XII, 1966-1990. Dorge, Lionel, «Thibault, Jean-Baptiste», Dictionnaire biographique du Canada, X, 740-742. Duchaussois, Pierre, o.m.i., Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, nouvelle ed., Paris-Lyon, 1928, 444 p. Encyclopedic du Canada, Montreal, Stanke, 1987,3 vol. Etat general du personnel de la Congregation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee. Le premier, Marseille, Janvier 1854; les suivants, Paris-Rome, Maison generale, —30 editions de 1880 a 1967. Etudes Oblates, revue publiee depuis 1942, dont le titre devint, en 1974, Vie Oblate Life. Forbes, George, o.m.i., «The History of St. Peter's Parish» (New Westminster, B.C.) St. Peter's New Westminster, B.C., iooth Anniversary, 13-46. Fremont, Donatien, M%r Provencher et son temps, Winnipeg, ed. de La Liberte, 1935, 296 p. Fumoleau, Rene, o.m.i., As long as this Land shall Last. A History of Treaty 8 and Treaty 11,18/0-1939, Toronto, McClelland and Stewart Limited, 1973, 415 p. Girard, Charlotte, s.m., «Nobili, John», Dictionnaire biographique du Canada, VIII, 725-727Giraud, Marcel, Le Metis canadien. Son role dans I'histoire des provinces de I'Ouest, Paris, 1945,1296 p. Giroux, Alice, c.s.c., Les Soeurs de Sainte-Croix dans I'Ouest canadien. Cinquante ans au service de I'Eglise et de la jeunesse, Montreal, Soeurs de Sainte-Croix, 1974, 364 p. Grant, John Webster, Moon of Wintertime. Missionaries and the Indians of Canada in Encounter since 1534, Toronto-Buffalo-London, University of Toronto Press, 1984, 315 p. Huel, Raymond, «La mission Saint-Pierre du Lac Caribou : une des premieres missions oblates du Nord-Ouest canadien», Ecriture et Politique, Edmonton, Institut de recherche de la Faculte Saint-Jean, 1989,151-163. Huel, Raymond, «Early Oblate Missions in the Canadian North West. The Evolution of a Missionary Strategy», Vie Oblate Life, 48 (1989), 237-251. Laboure, Theodore, o.m.i., Acte general de visite des missions indiennes du Nord Quest canadien par le T.R.P. Theodore Laboure, superieur general, juin 1935fevrier 1936, Rome, Maison generale o.m.i., 1936,106 p.
Bibliographic
321
Lacombe, Albert, o.m.i., «Lettre au T.R.P. Superieur general», 6 Janvier 1866, Missions, 7 (1868), 224-262. Lacombe, Guy, «Projet d'histoire des Oblats dans 1'Ouest canadien,» Vie Oblate Life, 46 (1987), 273-289. Lafleche, Louis, «Diocese de Saint-Boniface», Rapport des Missions du diocese de Quebec, n° n (mars 1856), 118-137. Lamirande, Emilien, «M§r Louis d'Herbomez, o.m.i. Sa nomination comme vicaire apostolique de la Colombie-Britannique (i863)» Vie Oblate Life, 47 (1988), 45-63Lamirande, Emilien, «Les Oblats de la Colombie-Britannique. Vers la formation d'un vicariat apostolique - i858-i863», Vie Oblate Life, 46 (1987), 229-251. Lamirande, Emilien, o.m.i., «L'implantation de 1'Eglise catholique en ColombieBritannique - i838-i848», Revue de VUniversite d'Ottawa, 28 (1958), 213-225, 322-363, 453-489. LaBissoniere, Sister Jean, S.P., Providence Trail Blazers, Edmonton, 1978,135 p. Lascelles, Thomas A., STL, Leon Fouquet and the Kootenay Indians 1874-1887. A thesis submitted in partial fulfillment of the requirements of the Degree of Master of Arts in the Department of History, Simon Eraser University, December 1986,160 p. Lascelles, Thomas A., o.m.i., Mission on the Inlet. St. Paul's Indian Catholic Church, North Vancouver, B.C., 1863-1984,1984, 64 p. Le Chevallier, Jules, o.m.i., Batoche. Les missionnaires du Nord-Ouest pendant les troubles de 1885, Montreal, 1'Oeuvre de Presse dominicaine, 1941, 310 p. Le Chevallier, Jules, o.m.i., La Croix dans les Rocheuses, Histoire des origines 1'Eglise dans le Nord de la Colombie canadienne et le territoire du Yukon, dactylographie, 469 p., AD, HPK 5006 B86C1-2, photocopie. Le Chevallier, Jules, o.m.i., «Demembrement du vicariat de la Riviere-Rouge», Etudes Oblates, 4 (1945), 67-136. Le Chevallier, Jules, o.m.i., Origines et premiers developpements de Calgary, 1873-1913, Calgary, Paroisse Ste-Famille, 1936,164 p. AD, BRE 2456 .Ci5 19 Le Chevallier, Jules, o.m.i., Origines des premieres missions du diocese de Saint Paul, ms. Leflon, Jean, Eugene de Mazenod, eveque de Marseille, fondateur des Missionna Oblats de Marie Immaculee, t. 3, «L'Oeuvre pastorale et missionnaire, adaptation et extension - i838-i86i», Plon, 1965, 861 p. Lemieux, Lucien, «Provencher, Joseph-Norbert», Dictionnaire biographique du Canada, VIII, 797-803. Lesage, Germain, o.m.i., Notes historiques sur le vicariat du Keewatin, Ottawa, ed. des Etudes Oblates, 1956, 338 p., (Archives d'histoire oblate, 10). Lesage, Germain, o.m.i., Le vicariat apostolique du Keewatin. Reponse au questionnaire de la S.C. de la Propagande en vue de la publication d'une encyclopedic missionnaire, AD, ms., 1943,124 p., polycopie. Levasseur, Donat, o.m.i., Cours d'histoire de la Congregation des Oblats de Marie
322
Bibliographic
Immaculee, Ottawa, ed. des Etudes Oblates, 1955,365 p. (Archives d'histoire oblate, 9). Levasseur, Donat, o.m.i., Histoire des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee. Essai de synthese, Montreal, Maison provinciale o.m.i., 1983 et 1986, 2 vol., 308 et 485 p. Marie-Jean-de-Pathmos, s.s.a., Les Soeurs de Sainte-Anne—Un siecle d'histoire, 1.1,1850-1900, Lachine, Les Soeurs de Sainte-Anne, 1950, 640 p. Mazenod, Bx Eugene de, Lettres aux correspondants d'Amerique, Rome, Postulation generale o.m.i., 1977,1.1,1841-1850, 262 p., t. 2,1851-1860, 273 p. Ecrits oblats I, II. Mazenod, Bx Eugene de, Lettres a la S. Congregation et a I'Oeuvre de la Propagation de lafoi, 1832-1861, Rome, Postulation generale o.m.i., 1981, 326 p. Ecrits oblats V. Missions de la Congregation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee [Missions], Paris-Rome, publication trimestrielle, de 1862 a 1972, Tables analytiques generates, en 5 vol. : noms d'Oblats et noms de non Oblats, de lieux, matieres—sujets. On y trouve nombre de lettres et de rapports de missionnaires, dont les originaux n'existent plus, et la plupart des rapports des provinces et vicariats des missions presentes aux chapitres generaux, depuis 1873. Mitchell, Estelle, s.g.m., Les Soeurs Crises de Montreal a la Riviere-Rouge, 1844-1984, Montreal, ed. du Meridien, 1987, 396 p. Morice, Adrien-Gabriel, o.m.i., Dictionnaire historique des Canadiens et des Metis francais de I'Ouest, 2e ed., augmentee d'un supplement, Quebec-MontrealWinnipeg, 1912, 355 p. Morice, Adrien-Gabriel, o.m.i., Histoire de I'Eglise Catholique dans I'Ouest can dien, du Lac Superieur au Pacifique (1659-1915), ed. definitive (quatriem Winnipeg, chez 1'auteur, 1928, 4 vol., 404, 454, 468 et 474 p. Notices necrologiques des membres de la congregation des Oblats de Marie Immaculee, Paris-Bar-le-Duc-Rome, 1868-1939, 8 tomes. «Les Oblats dans 1'Oregon et la Colombie-Britannique. Un champ d'apostolat trop peu connu», Petites Annales des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee, 1931-1932. Payment, Diane Paulette, «Les gens libres-Otipemisiwak», Batoche, Saskatchew 1870-1930. Etudes en archeologie, architecture, et histoire. Direction lieux et des pares historiques. Service des pares, Environnement Canada, 1990,3/8 p. Perbal, Albert, o.m.i., «Eugene de Mazenod reste marque par sa vocation missionnaire», Etudes Oblates, 19 (1960), 23-73. Perbal, Albert, o.m.i., «Les missions acceptees par Mgr de Mazenod de 1841 a i86i», Etudes Oblates, 22 (1963), 227-284. Lepere Lacombe, «l'homme au bon coeur», d'apres ses memoires et souvenirs re lis par une soeur de la Providence. Montreal, Imprime au Devoir, 1916, 54
Bibliographic
323
Philippot, Aristide, o.m.i., Des missionnaires Oblats dans les pays d'En-Haut, 1845-1871, AD, photocopie. Philippot, Aristide, o.m.i., Les origines des missions des Pieds-Noirs, 1937, 140 p., AD, polycopie. Philippot, Aristide, o.m.i., «L'appel et 1'envoi des Oblats de Marie Immaculee dans les "pays d'En-Haut" (1844-1845)», Etudes Oblates, 9 (1950), 73-98. Pielorz, Joseph, o.m.i., Les Oblats polonais dans le monde. Esquisse historique des Missionnaires Oblats de Marie Immaculee d'origine polonaise, a I 'occasion du cinquantenaire de la province de Pologne, 1920-1970, Rome, Maison generale, 1971, 254 p. Pielorz, Joseph, o.m.i., Les chapitres generaux au temps du Fondateur, Ottawa, ed. des Etudes Oblates, 1968, 2 vol., 321 et 278 p. (Archives d'Histoire oblate, 22, 23). Provencher, Norbert, «Lettres de Monseigneur Joseph-Norbert Provencher, premier eveque de Saint-Boniface», Bulletin de la Societe historique de SaintBoniface, vol. Ill, 1913, 286 p. Roberto, Claude, «Historique des Archives oblates de l'Alberta-Saskatchewan», Ecriture et Politique, Les actes du septieme colloque du Centre d'etudes franco-canadiennes de 1'Ouest, Institut de recherche de la Faculte SaintJean, 1989,165-171. Roby, Yves, Les Franco-Americains de la Nouvelle-Angleterre, 1776-1930, Quebec, Le Septentrion, 1990,434, p. ill. Index. Roy, David, «Monseigneur Provencher et son clerge seculier», La Societe Canadienne d'Histoire de I'Eglise Catholique, Rapport 1970,1-16. St. Mary's Province, 1926-1986, Oblates of Mary Immaculate, Battleford, Marian Press Ltd., 1987,134 p. Schoenberg, Wilfred, s.j., A Chronicle of the Catholic History of the Pacific Northwest, 1743-1960, Spokane, Gonzaga Preparatory School, 1962, 570 p. AD, BP 112 .836 1962.
Tache, Alexandre, o.m.i., Esquisse sur le Nord-Ouest de I'Amerique, Montreal, Typographic du Nouveau Monde, 1869,146 p. Tache, Alexandre, o.m.i., Rapport de Monseigneur Alexandre Tache vicaire des missions de Saint-Boniface au Chapitre general des RR.PP. Oblats de Marie Immaculee, au mois d'avril 1887, S-U s- ed., 1887, 44 p. Tache, Alexandre, o.m.i., Vingt annees de missions dans le Nord-Ouest de I'Amerique, Montreal, Eusebe Senecal, 1869, xiii-245 p. Tache, Mgr Alexandre, o.m.i., «Lettre a M. Dawson, Riviere-Rouge, le 7 fevrier i859», Missions, 2 (1863), 146-181. Voisine, Nive, «Dumoulin, Severe», Dictionnaire biographique du Canada, VIII, 277-278. Waggett, G. M., «The Oblates of Mary Immaculate in the Pacific Northwest of U.S.A. - i847-i878», Etudes Oblates, 6 (1947), 7-88. Western Oblate Studies—Etudes Oblates de 1'Ouest i. Actes du premier colloque
324
Bibliographic
sur 1'histoire des Oblats dans 1'Ouest et le Nord canadiens. Proceedings of the first symposium on the history of the Oblates in Western and Northern Canada, 18-19 mai/May, 1989. Edmonton, Western Canadian Publishers et Institut de recherche de la Faculte Saint-Jean, 1990, 210 p. —Raymond Huel, redacteur/editor. Whitehead, Margaret, They Call me Father. Memoirs of Father Nicolas Coccola, edited by Margaret Whitehead, Vancouver, University of British Columbia Press, 1988, 203 p. Whitehead, Margaret, The Cariboo Mission. A History of the Oblates, Victoria, Sono Nis Press, 1981,142 p.
Index des noms de lieux et de personnes
Aklavik, 141-42, 148-49 Alberta-Saskatchewan, province oblate de 1', 208, 211-28, 238-39, 242-43, 247 Algonquins, tribu des, 5 Allard, pere Elphege, o.m.i., 182-85 Allard, pere Joachim, o.m.i., 47, 50-51,114,191,193,210 Allard, pere Joseph-Francois, o.m.i., 177-78, 182-83, 185, 187 Allen, frere Patrick, o.m.i., 92, 100, 117 Anderson, frere Bernard, o.m.i., 187 Anderson, M§r David, 76, 81 Andre, pere Alexis, o.m.i., 49-50, 64, 214-15 Anse au Sable, 97 Anyox, 180, 182 Arctic Red River, 87, 124, 148 Assiniboines, tribu des, 5, 48, 62, 72, 75,80, 195,214-16 Assomption de la Vierge (mission a Fort Rupert), 94 Athabasca, district de F, 40, 55, 73-79, 81, 88, 135; vicariat de 1', 136-40, 151, 178
Athabasca-Mackenzie, vicariat d', 72, 88-90, 113, 116, 118, 120-51, 175, 178 Athabaska, 75-76 Atlin, 177, 179, 185 Aubert, pere Casimir, o.m.i., 33, 39-40, 42, 46-47, 52, 109, 111-14, 118 Aubert, pere Pierre, o.m.i., 29-31, 33, 37-38,50, 112
Babine, 183, 185 Babines, tribu des, 176 Baie d'Hudson, vicariat de la, 164, 169-73 Baie-des-Canards, 15, 27, 39, 47 Baillargeon, pere Eugene, o.m.i., 210 Baker Lake, 168 Banff, 223 Basiliens Reformes de Galicie, 222 Batoche, 214, 217 Battleford, 214, 217, 223 Baudin, pere Jean-Baptiste, o.m.i., 199, 200 Baudrand, pere Jean-Marie, o.m.i., 25 325
326
Index
Baudre, pere Julien, o.m.L, 92-93, 98 Baveux, pere Leonard, o.m.i., 25, 27, 106 Bazin, pere Etienne, o.m.i., 168, 173 Beaudin, pere Alfred, o.m.i., 193, 210 Beaumont, 223 Beauval, 160,163 Beaver Hill, 62 Beckschaefer, frere Wilhelm, o.m.i., 141, 146 Belcourt, abbe Georges-Antoine, 11, 15, 37-39 Belle, pere Isidore, o.m.i., 145 Bellot, pere Claude, o.m.i., 183 Benoit, pere Euchariste, o.m.i., 200 Berens, frere Leopold, o.m.i., 147 Berens River, 194, 199 Bermond, pere Fran^ois-Xavier, o.m.i., 34-36, 39, 46, 50, 52, 91, 102, 112, 114, 118 Beys, pere Jean-Baptiste, o.m.i., 156-57,194,196,208,210 Bidault, pere Jules, o.m.i., 223 Biname, pere Antoine, o.m.i., 144, 146 Birtle, 199 Black Crossing, 216-18 Blanchet, frere Georges, o.m.i., 31-32, 91-92, 94, 99, 100, 102, 113-14, 176-77 Blanchet, M& Magloire, 18-19, 31, 33 Blanchet, M8r Norbert, 12, 17, 18, 31, 33 Blanchet, pere Alexandre-Marie, o.m.i., 57, 223 Blondel, M§r Jean-Baptiste, 131 Bloodvein, 194 Bobillier, pere Marcel, o.m.i., 185 Boisrame, frere Louis, o.m.i., 82, 116 Boissin, pere Henri, o.m.i., 156, 161 Bolduc, abbe Jean-Baptiste, 18 Bonanza, 133 Bonnald, pere Etienne, o.m.i., 156-57, 161, 194
Bosse, pere Leo, o.m.i., 185 Boucher, soeur Philomene, 66 Bourassa, abbe Joseph, 13-15, 55-56, 77 Bourassa, pere Medard, o.m.i., 25 Bourbonnais, pere Joseph, o.m.i., 160 Bourget, M^r Ignace, 24-27, 41-43, 106 Bourgine, pere Victor, o.m.i., 57, 64 Brun, frere John, o.m.i., 94, 235 Burlot, pere Guy, o.m.i., 162 Burnside, 147 Burwash Landing, 187 Bytown, 25-26, 45
Cabana, Mgr Georges, 206 Cae'r, pere Jean-Marie, o.m.i., 57, 118 Cahill, pere Charles, o.m.i., 193 Calais, pere Jules, o.m.i., 123 Calgary, 215-16, 218, 221, 223, 225-27 Cambridge Bay, 148 Campeau, pere Thephile, o.m.i., 195-96 Camper, pere Charles-Joseph, o.m.i., 47,115,191,194-95,210 Camperville, 197, 199 Canmore, 221, 223 Cardston, 218 Carion, pere Alphonse, o.m.i., 234 Carlton, 214,223 Carmacks, 187 Caron, soeur Marie-Rose, 66 Cascas, tribu des, 184 Cassiar, 184, 186-87 Castors, tribu des, 5, 77-79, 116, 122 Cayouses, tribu des, 32-34, 114 Chagnon, pere Oscar, o.m.i., 195, 209 Chagona, 160 Chamberland, pere Albert, o.m.i., 162 Charlebois, M8r Ovide, o.m.i., 154-59, 161, 163, 165-70,225,243 Chartiez, pere Marcel, o.m.i., 187
Index Chaumont, pere Adelard, o.m.i., 195 Chaumont, pere Joseph, o.m.i., 195 Chesterfield Inlet, 165-68, 171 Chilcotin, tribu des, 102 Chipewyan, 76. Voir aussi fort Chipewyan Chipewyans, tribu des, 5, 37, 58, 66, 67, 70, 75, 84, 123-24, 153-54, 159-60 Chirouse, pere Casimir, o.m.i., 31-32, 91-93,96-97,111,114 Chirouse, pere Eugene, o.m.i., 231-32 Choinel, pere Louis, o.m.i., 231, 236 Christ-Roi (paroisse a Medicine Hat), 244 Churchill, 14, 70, 163, 165, 171 Clabaut, MSr Armand, o.m.i., 173 Clercs de Saint-Viateur, 92 Cluny, 218 Glut, M8r Isidore, o.m.i., 77-78, 89, 106,116,122,124,128,131 Coaldale, 223 Coccola, pere Nicolas, o.m.i., 177, 182, 187, 235-36 Cochard, pere Julien-Marie, o.m.i., 173 Cochin, pere Louis, o.m.i., 214, 217 Cochrane, 223 Cofino, 240 Cold Lake, 14,214-15,217 Colombie-Britannique, vicariat de la, 229, 238-39 Colville, 17 Comeau, pere Ambroise, o.m.i., 194-95 Compagnie de la Baie-d'Hudson, 3-6, 10-13,15-17,30,51,59,73, 75-77, 80, 82, 85, 89, 128-29, 141, 146, 156-57, 165-66, 169-70, 237 Compagnie de la Northern Trading, 141 Compagnie du Nord-Ouest, 3, 5-7, 15
327
Conan, pere Pierre, o.m.i., 236 Cook's Creek, 202 Coppermine, 142, 144-48 Corbeil, abbe Ozias, 132 Cordeau, frere Joseph, o.m.i., 162 Cordes, pere Josef, o.m.i., 202, 204 Costiou, pere Francois, o.m.i., 209 Couchiching, 193 Coudert, Mgr Jean-Louis, o.m.i., 186 Couteaux-Jaunes, tribu des, 5, 124 Coutts, 223 Cowlitz, 17-18 Cozanet, pere Pierre-Marie, o.m.i., 223 Cranbrook, 235-36, 241-42 Crenn, frere Louis, o.m.i., 74 Cris, tribu des, 5, 12-13, 37, 48, 58, 62,64-67,75,79,115,123, 156-57, 161, 194-95, 208 Cross Lake, 156 Cumberland, 55, 155-57 Cumberland House, 56, 161
D'Amour, frere Emilien, o.m.i., 193 d'Eschambault, abbe Louis-Joseph, 7 d'Herbomez, M§r Louis, o.m.i., 32-33, 36,91-97,100,101,103,111, 113-14, 117, 176 Dallaire, pere Arthur, o.m.i., 201, 209 Dandurand, pere Damasse, o.m.i., 25 Daniel, pere Jean, o.m.i., 162 Danto, pere Raymond, o.m.i., 74 Darveau, abbe Jean-Edouard, 11, 27, 39 Daunais, soeur Adelaide, 59 Dawson City, 124, 132-33, 135, 141, 175, 178-82, 187-88 Dawson Creek, 186 de Bon Secours, soeur Marie, 101 de Bretagne, pere Guy, o.m.i., 197 de Juliopolis, MSr, 27-29, 45 de Mazenod, M^r Charles-JosephEugene, o.m.i., 21-25, 27-28,
328
Index
33-34,42-43,45,57,71,102, 106-7, 109, 111, 113-14, 127 de Smet, pere Jean, s.j., 17-18 de Vries, frere Henri, o.m.i., 97 De Grandpre, pere Jospeh, o.m.i., 194-95,210 Decorby, pere Jules, o.m.i., 49, 115, 191, 195-96,201-2 Delalande, pere Lucien, o.m.i., 147-48 Delarue, pere Louis, o.m.i., 185 Delmas, 219 Delouche, pere Cyprien, 221 Demers, M8r Modeste, 12, 17-19, 33-36, 91-93, 97, 99, 101 Demers, pere Alfred, o.m.i., 223 Denes, tribu des, 77, 176, 180, 185 Desmarais, pere Alphonse, o.m.i., 132 Desnoyers, pere Anthime, o.m.i., 186 Desormeaux, pere Emile, o.m.i., 161 Destroismaisons, abbe Thomas, 10 Dionne, pere Henri-Paul, o.m.i., 173 Dominion Creek, 133 Donnelly, 138 Dontenwill, Mgr Augustin, o.m.i., 158-59,179,226,231 Doucet, pere Leon, o.m.i., 64, 115, 118,215-16,228 Dozois, pere Nazaire-Servule, o.m.i., 165 Drean, pere Albert, o.m.i., 185 Drouart, pere Jean, o.m.i., 151 Drydor, 243 Dube, frere Louis, o.m.i., 41, 51, 67, 112-13 Dubeau, pere Joseph, o.m.i., 161-62 Ducharme, pere Jean-Baptiste, o.m.i., 160 Ducharme, pere Lionel, o.m.i., 167-68, 172 Duck Lake, 214-15, 217, 219, 223 Ducot, pere Georges-Francois-Xavier, o.m.i., 142 Duffy, frere John, o.m.i., 51, 118 Dugas, pere Alphonse, o.m.i., 157
Duhamel, 223 Duluth, 201,209 Dumas, frere Auguste, o.m.i., 132-33 Dumoulin, abbe Joseph-NicolasSevere, 7, 9-10 Dunvegan, 77, 79, 90, 122-23. Voir aussi fort Dunvegan Dupe, pere Jean-Marie, o.m.i., 123 Dupin, pere Joseph, o.m.i., 64-65 Duplain, pere Emmanuel, o.m.i., 167-68, 172-73 Dupont, pere Francois, o.m.i., 195 Duport, pere Alphonse, o.m.i., 126, 141 Durieu, M§r Paul, o.m.i., 32, 91, 93, 97, 99-100, 101, 113-14, 117, 176, 231,237-38 Durocher, pere Eusebe, o.m.i., 25 Durocher, pere Flavien, o.m.i., 25 Dussault, frere Joseph, o.m.i., 161-62 Dutil, pere Marius, o.m.i., 162
Edmonton, 12-13, 61-62, 71-72, 137-38, 208, 214, 218-19, 221-22, 224-27, 241, 245. Voir aussi fort Edmonton Egenolf, pere Joseph, o.m.i., 160 Eichelsbacher, pere Gottfried, o.m.i., 133,177-78, 182-83, 185, 187 Enck, pere Adolphe, o.m.i., 203 Esclaves, tribu des, 5, 81-84, 122, 124 Esquimalt, 36, 91-93 Esquimo Point, 168 Esterhazy, 202 Esteve, pere Auguste, o.m.i., 169 Eynard, pere Germain, o.m.i., 77, 80, 83, 116
Fabre, pere Joseph, o.m.i., 89, 106, 109, 111 Fafard, pere Eugene, o.m.i., 173 Fafard, pere Leon, o.m.i., 214-15, 217
Index
Fairbanks, 186 Fairview, 138, 243 Falher, 138-39, 227 Fallaize, Mgr Pierre, o.m.i., 141, 143-48 Faraud, M8r Henri, o.m.i., 38, 40-41, 46, 68-69, 75-80, 84, 88-90, 106, 112-13,116,128-29,131 Fastray, frere Basile, o.m.i., 25 Faust, 123 Favreau, pere Leon, o.m.i., 196 Fay, abbe Patrice, 233 Fernie, 236 Filles de Jesus, 224 Fils de Marie Immaculee, 224 Fiset, pere Pierre, o.m.i., 25 Fish Creek, 223 Flat Lake, 243 Flin Flon, 163, 241 Foisy, pere Donat, o.m.i., 216 Fond-du-Lac, 77, 123-24 Forner, pere August, o.m.i., 221 fort Alexandre, 11,47-48, 191, 193-94, 197, 199 fort Alexandria, 17 fort Anderson, 140 fort Carlton, 56 fort Chipewyan, 73-75. Voir Chipewyan fort de Kamloops, 234. Voir Kamloops fort de la Montagne, 14, 62, 214 fort de Traite, 69 fort Dunvegan, 14, 73, 78-79, 121. Voir Dunvegan fort Edmonton, 12, 14, 62. Voir Edmonton fort Ellice, 202 fort Frances, 47, 193, 197, 201 fort Garry, 50 fort George, 17, 85 fort Good Hope, 85-87, 90, 99-100, 116,124-25, 142 fort Halkett, 84
329
fort Jasper, 14, 56, 214 fort Langley, 17 fort Liard, 83-84, 124 fortMacleod,216,219,223 fort McMurray, 129 fort McPherson, 86, 125, 140-41 fort Nelson, 84, 186-87 fort Norman, 86, 124-25, 142-43 fort Pelly, 196 fort Pitt, 56, 128, 214-15, 217 fort Providence, 82. Voir Providence fort Rae, 83, 124 fort Resolution, 79-81, 83, 85, 124, 143-45 fort Rupert, 93-96 fort Saint-Jean, 79 fort Saskatchewan, 219, 223 fort Selkirk, 185. Voir Selkirk fort Simpson, 79, 81-83, 85-86, 95, 124-25 fort Smith, 124, 129, 149-50 fort St. James, 176, 179-80 fort St. John, 122, 186 fort Steele, 236 fort Thompson, 17 fort Vancouver, 16-18. Voir Vancouver fort Vermilion, 77, 79, 122, 129, 138 fort William, 5 fortWrigley, 124 fort Yale, 99 fort Yukon, 87, 131 Fouquet, pere Leon, o.m.i., 91, 93-95, 99,100-101,117,235 Fourmond, pere Vital, o.m.i., 57, 214-15,217 Frain, pere Celestin, o.m.i., 57, 118 Franche, pere Jean, o.m.i., 148 Frapsauce, pere Francois, o.m.i., 143 Freres des Ecoles Chretiennes, 50, 205 Friedenstal, 138 Frog Lake, 214-15, 217
330
Index
Gabillon, pere Victorin, o.m.i., 214 Gabriel, pere Leo, o.m.i., 204 Gagne, pere Phileas, o.m.i., 187 Garden Hill, 162 Gascon, pere Zephirin, o.m.i., 46, 80, 82-85,87, 116, 128 Gaste, pere Alphonse, o.m.i., 68-70, 114-15,154 Gauthier, frere Adolphe, o.m.i., 209 Gauthier, frere Eugene, o.m.i., 209 Gauthier, pere Celien, o.m.i., 195 Geleen, pere Philippe, o.m.i., 193 Gendre, pere Florimond, o.m.i., 98-99, 101-2, 117 Gendreau, pere Edmond, o.m.i., 132-33 Genin, pere Jean-Baptiste, o.m.i., 118 Gens de Sang, tribu des, 216, 218 Gerante, frere Pierre, o.m.i., 116 Germain, abbe Auspice, 50 Girard, pere Louis, o.m.i., 123 Girard, pere Prime, o.m.i., 167-68, 172 Giroux, abbe Louis Raymond, 50 Giroux, pere Alarie, o.m.i., 125 Giroux, pere Henri, o.m.i., 123, 138 Girouxville, 138, 140 Gladu, pere Louis, o.m.i., 207 Glenat, frere Jean, o.m.i., 53, 115 God's Lake, 162-63 Goiffon, abbe Joseph, 49 Gonneville, pere Henri, o.m.i., 201 Goodsoil (paroisse a Saint-Boniface), 243 Grand lac de 1'Ours, 86, 116, 125, 142-43 Grand lac des Esclaves, 75, 80-81, 83, 90, 124-25, 128, 149 Grand Lac des lies, 161 Grand Rapids, 156 Grande Prairie, 138-40 Grande-lie, 81-82 Grandidier, pere Charles, o.m.i., 91, 99, 101-2
Grandin, M§r Vital-Justin, o.m.i., 61, 65-72, 76-77, 81, 83-84, 86-89, 106, 115, 129, 131, 157-58,211, 216-17,221-22,228 Grandin, pere Henri, o.m.i., 226, 228 Grant-Byrne, pere William, o.m.i., 242
Gravelbourg, 205-6 Green Lake, 67 Greenwood, 236 Gregoire XVI, pape, 14 Groetschel, pere Karl, o.m.i., 203 Grollier, pere Henri, o.m.i., 66, 76-77, 80-81,83,85-88, 116, 118, 125, 130, 140 Grouard, M8r Emile, o.m.i., 77, 83-84, 116,122-25, 129-30,132-33, 135-38,141,178,227,231 Grouard, vicariat du, 137, 139, 140, 186,227,243,247 Guenette, soeur Delphine, 59 Guertin, pere Frederic, o.m.i., 235, 237 Guigues, M^r Eugene-Bruno, o.m.i., 19,25,27-28,30-31,43,111 Guillet, frere Celestin, o.m.i., 69-70, 115 Guillet, frere Felix, o.m.i., 99-101 Guilloux, pere Nicolas, o.m.i., 161 Guy, 138 Guy, MSr Joseph, o.m.i., 139
Hagwilget, 183 Hai'das, tribu des, 96 Hand, frere Patrick, o.m.i., 85, 118 Haramburu, pere Robert, 150, 172 Harbledown, 94 Harper, abbe Jean, 10 Hartmann, pere Joseph, o.m.i., 236 Hazelton, 180, 182 Henry, pere Pierre, o.m.i., 173 Hermes, pere Hubert, o.m.i., 221 High River, 218
Index Hilland, pere Paul, o.m.i., 203, 239 Hobbema,214,218 Holman Island, 148 Honorat, pere Jean-Baptiste, o.m.i., 24-25, 27 Horris, pere Edward, o.m.i., 100, 232 Hotsoten, tribu des, 176 Hugonnard, pere Joseph, o.m.i., 195 Husson, pere Auguste, o.m.i., 122
ile Charlotte, 94-96 ile de Ceylan, 23, 34, 106 ile de Vancouver, 18, 33-36, 91, 131, 240-41 !le-a-la-Crosse, 13, 37-40, 55, 58, 65-67, 69-70, 72, 75, 88-89, 113, 153-54, 157, 159-60,216 Immaculee-Conception (mission a 1'Anse au Sable), 97, 99 Immaculee-Conception (paroisse a Edmonton), 222, 227 Immaculee-Conception (paroisse a Red Deer), 244 Immaculee-Conception (paroisse au lac Okanagan), 234 Indiens de la Montagne, tribu des, 84, 125 International Falls, 201, 209 Inuvik, 141, 148 Island Lake, 162
Jacques, pere Charlemagne, o.m.i., 172 Jacques, soeur Marie, 58 Jan, pere Alphonse, o.m.i., 222 Janin, frere Gaspard, o.m.i., 32, 91-92,99-101, 113 Jayol, pere Fra^ois, o.m.i., 32, 91-94, 97,99, 102, 113 Jean-Cote, 138 Jesuites, 17, 26, 33, 205, 207, 235 Jolivet, MSr Charles, o.m.i., 98, 112
33i
Josse, pere Alexandre, o.m.i., 123 Judge, pere Charles, s.j., 132
Kalawis, 241 Kamloops, 17, 234, 241. Voir aussi fort Kamloops Kamloops, tribu des, 35, 98, 234 Kamsack, 201 Kaposvar, 202 Kasper, pere Marc, o.m.i., 204 Kearny, frere Patrick, o.m.i., 77, 86-87, 116 Keewatin, vicariat du, 152-69, 175, 194, 208, 211, 241, 243, 247-48 Kenora, 197, 201 Kermel, pere Alain, o.m.i., 173 Killaly, 204 Kim, pere Auguste, o.m.i., 204 Kimberley, 236, 242 Kirkby, William, 81,85 Klondike, 132, 179, 181-82 Kootenay, 94 Kootenays, tribu des, 235 Krist, pere Theodore, o.m.i., 221 Kulawy, pere Albert, o.m.i., 203, 221 Kulawy, pere Jean, o.m.i., 203, 221 Kulawy, pere Paul, o.m.i., 221 Kuper Island, 240-41
L'Helgouach, pere Jean, o.m.i., 148 La Fourche, 8 La Loche, 67, 75, 80 La Pierre, 62 La Pierre House, 87 La Rochelle, pere Stanislas-A., 210 Laboure, pere Theodore, o.m.i., 159 lac a la Pluie, 7, 9, 11, 15, 37-38, 47, 112 lac Athabasca, 5, 40-41, 73, 75, 77, 79, 90, 113, 123-25, 137 lac Caribou, 40, 65, 67-70, 72, 115, 149, 153-54, 157, 160
332
Index
lac Dauphin, 201-2 lac des Bois, 47, 193 lac des Deux-Montagnes, 11 lacdu Diable, 13 lac Esturgeon, 123 lac Froid, 14 lacKluane, 185 laclaNonne, 214 lac la Ronge, 68-69 lac La Biche, 58-59, 72, 89-90, 113, 128-29,214,219 lac Manitoba, 39, 46-47, 115, 191, 194-95, 198-99 lac Poule-d'Eau, 160 lac Sainte-Anne, 13-14 lac Seul, 47, 193 lac Stuart, 17, 102, 175-76, 179, 182-83 lacTeslin, 177, 185 lac Vert, 40, 67, 154, 159-60 lac Williams, 102 lac Winnipeg, 157, 162, 193-94, 197, 199 lac Winnipegosis, 11, 39, 46-47, 115, 194-95, 199 Lac-Croche, 196 Lac-Pelican, 156-57, 161 Lac-Sainte-Anne, 55-58, 61, 72, 77, 214 Lacelle, pere Antonio, o.m.i., 200 Lachance, soeur Marie-Anne, 66 Lachine, 30, 100-101, 188 Lacombe, pere Albert, o.m.i., 14, 55-58,60-65,77, 115,200, 214-15, 218, 220, 222-23, 228 Lacroix, frere Joseph, o.m.i., 228 Lacroix, Mgr Marc, o.m.i., 170-73 Lafleche, Mgr Louis-Francis, 11, 14-15, 37, 39-43, 55, 66 Lagier, pere Lucien, o.m.i., 25 Lagrave, soeur, 27 Laity, pere Arthur, o.m.i., 77 Lalican, frere Victor, o.m.i., 64, 69, 116
Lambert, frere Alexandre, o.m.i., 61, 116 Lamure, pere Denis, o.m.i., 101, 118 Lamy, soeur Adele, 58 Langevin, 132, 156, 158, 200, 202 Langevin, Mgr Adelard, o.m.i., 132, 135, 157-58, 195,203-4,210 Langlois, abbe Antoine, 18 Langlois, Mgr Ubald, o.m.i., 227 Lansing, 178 Lartigue, Mgr Jean-Jacques, 16 Laufer, pere Joseph, o.m.i., 221 Laverlochere, pere Nicolas, o.m.i., 106 Lavigne, pere Majorique, o.m.i., 139, 198,210 Lavoie, pere Theophile, o.m.i., 51, 205 le Rapide, 82 Le Blanc, pere Armand, o.m.i., 166-67, 172 Le Doussal, pere Louis, o.m.i., 122 Le Goff, pere Laurent, o.m.i., 69, 217, 228 Le Jeune, pere Jean-Marie, o.m.i., 234 Le Pas, 11,27, 156, 163,248 Le Roux, pere Guillaume, o.m.i., 142-43 Le Serrec, pere Francois-Xavier, o.m.i., 122 Le Treste, pere Joseph, o.m.i., 122-23 Le Vern, pere Jean-Louis, o.m.i., 228 Leach, frere Frederick, o.m.i., 194 Lebert, pere Aloysius, o.m.i., 133 Leblanc, soeur Zoe, 58 Lebret, 196, 201, 204, 207-8, 226, 249 Lecoq, pere Pierre, o.m.i., 201, 214 Lecorre, pere Auguste, o.m.i., 87, 131 Leduc, pere Hippolyte, o.m.i., 50, 57, 61, 115,216,222,224,228 Lefebvre, pere Camille, o.m.i., 132, 141 Lefloc'h, pere Jean-Marie, o.m.i., 50, 191
Index
Legal, MSr Emile, o.m.i., 215-16, 221-22 Legall, frere Christophe, o.m.i., 209 Legeard, pere Prosper, o.m.i., 67,153 Lejac, 183, 240-41 Lejacq, pere Jean-Marie, o.m.i., 94-95, 101-2, 117, 176-77, 234, 236-37 Lemberg, 202, 204, 222 Lemieux, Mgr M.-Joseph, o.p., 206 Lemoine, pere Aurele, o.m.i., 199 Lempfrit, pere Honore-Timothee, o.m.i., 32 Leon XII, pape, 22 Leon XIII, pape, 135 Leray, pere Emile, o.m.i., 183, 187 Leriche, frere Francois, o.m.i., 61, 116 Lestanc, pere Joseph, o.m.i., 47-51, 114, 191, 195,214-15 Lestock, 196, 202 Lethbridge, 221,223,241 Letty Harbour, 147 Levantoux, MSr, 169 Levert, pere Romeo, o.m.i., 225 Lewis, pere Louis, o.m.i., 231 Lillooet, 100, 241 Lillooet, tribu des, 102 Little Fork, 201,209 Little Grand Rapids, 194 Lizee, pere Aime, o.m.i., 198 Longueuil, 25-28 Loucheux, tribu des, 5, 86-87, 124-25, 141, 185 Lower Liard Post, 184-85, 187 Lumina, soeur Marie, 101 Lynn Lake, 163
Mackenzie, district du, 40, 55, 73, 79-88, 116, 121, 123-24, 126, 130-31, 137;vicariatdu, 135, 137, 140-41, 144-46, 148, 151, 178-79, 247 MacStay, frere Edward, o.m.i., 92, 97, 117
333
Madden, pere Ambrose, o.m.i., 231 Magnan, pere Josaphat, o.m.i., 201, 210 Magnan, pere Joseph, o.m.i., 194 Magnan, pere Prisque, o.m.i., 158, 195-96, 198, 202, 207, 210, 238 Maisonneuve, pere Augustin, o.m.i., 41,46,58-59,66-67,113 Manceau, frere Louis, o.m.i., 231 Mangeurs de Caribou, tribu des, 5, 77, 123-24 Manitoba, province oblate du, 191-210,219,238-39,242 Mansoz, pere Alphonse, o.m.i., 145 Marchal, pere Charles, o.m.i., 177 Marchand, pere Felix, o.m.i., 217 Marcoux, pere Stanislas, o.m.i., 193 Mariahilf, 204 Marieval, 196, 199 MaskegLake, 214 Maskegons, tribu des, 5 Mathieu, M§r Olivier-Elzear, 205 Mathis, frere Jean, o.m.i., 122 Mayo, 182, 185, 187 Mayrand, abbe Joseph-Arsene, 15 McCarthy, pere Joseph, o.m.i., 50, 199 McDame, 184 McGolrick, M& James, 201 McGrath, pere Patrick, o.m.i., 182 McGuckin, pere James, o.m.i., 92, 101-2, 117,233,237,243 McGuire, pere Patrick, o.m.i., 235 Mclntosh, 193, 197 McLennan, 138 McNeil, M^r Neil, 233 Medicine Hat, 223 Meissner, pere Joseph, o.m.i., 236 Melville, 204 Mestre, pere Charles, o.m.i., 118 Methodistes, les, 11 Meyer, frere Benoit, o.m.i., 143-44 Meyer, pere Conrad, o.m.i., 223 Michaels, pere Anthony, o.m.i., 231 Michel, 236
334
Index
Michel, pere Jean-Louis, o.m.i., 126, 149 Michels, pere Andre, o.m.i., 235 Milbank-Sound, 93 Mission City, 117, 241 Monnet, pere Alexis, o.m.i., 185 mont Cariboo, 101, 117 Montagnais, tribu des, 5, 216 Montagne de Tondre, 196 Montfortains, les, 240 Montreal, 24-26, 28, 31, 35, 41, 96, 166-67 Moraud, pere Louis, o.m.i., 160 Morice, pere Adrien-Gabriel, o.m.i., 177 Morin, abbe Jean-Baptiste, 222 Morin, Pierre, 68 Morinville, 223 Morkin, frere Thomas, o.m.i., 228, 340 Moulin, pere Julien, o.m.i., 67, 69, 214,217,228 Moyie, 236 Mulvaney, frere Joseph, o.m.i., 235 Mulvihill, frere Jeremias, o.m.i., 47, 115 Myre, abbe P.E., 225
Nativite (mission a Fort Chipewyan), 72, 74, 76-79, 90, 123-24 Nelson House, 156, 161 Nemoz, frere Auguste, o.m.i., 116 Nesqually, 17 New Westminster, 99-101, 103, 117, 178-79, 229, 231-33, 238, 240 Nobili, pere Jean, s.j., 18, 102, 176 Nordmann, pere George, o.m.i., 221-22 North Battleford, 227 Northome, 201,209 Norway House, 157, 161, 194, 208 Notre-Dame de Bonne-Esperance (mission a Fort Good Hope), 90, 237
Notre-Dame de Bonne-Esperance (mission a Fort St. James), 176-77 Notre-Dame de la Paix (mission a Calgary), 216 Notre-Dame de Lourdes (paroisse a Saskatoon), 242 Notre-Dame des Neiges (mission au portage des Montagnes Rocheuses), 79 Notre-Dame des Victoires (mission au lac La Biche), 58, 72 Notre-Dame du Portage (paroisse a Kenora), 201 Notre-Dame du Rosaire (mission au Grand lac de 1'Ours), 143 Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (mission a Fond-du-Lac), 77 Notre-Dame-du-Lac (mission au poste de Manitoba), 39, 47 Nuklukayet, 131
O'Grady, MSr Fergus, o.m.i., 187 Okanagan, 17, 97-99, 117, 229, 234 Okotoks, 223 Old Crow, 187 Olympia, 32, 36 Onion Lake, 214-15, 219 Ottawa, 25-26, 52, 156, 208, 242 Ouellet, pere Leon, o.m.i., 183 Ouellette, pere Norbert, o.m.i., 233, 236 Ouloukssak, 143 Oxford House, 162
Page, pere Agapit, o.m.i., 202 Pandosy, pere Charles, o.m.i., 31-32, 91-92,94,97-100, 111, 113-14 Paquette, pere Melasyppe, o.m.i., 155, 214,219 Pascal, M§r Albert, o.m.i., 156-58, 221 Paulatuk, 148 Peace River, 122, 138, 140
Index
Peaux-de-Lievre, tribu des, 5, 86, 124-25, 178 Peel River, 129 Peguis, 47, 193 Pelpala, tribu des, 93 Pembina, 9-10, 49-51, 115, 191 Penard, pere Jean-Marie, o.m.i., 153, 160 Penticton, 236 Perin, Rodolphe, 74 Perreard, frere Jean, o.m.i., 61, 68-69, 77 Perreault, pere Camille, o.m.i., 193-94 Perreault, pere Simeon, o.m.i., 194, 196,209 Petit lac des Esclaves, 14, 56, 90, 121, 123,135, 137-39 Petitot, pere Emile, o.m.i., 61, 83-84, 86-87, 116, 125, 131, 140 Peytavin, pere Edmond, o.m.i., 231 Picard, pere Eugene, o.m.i., 74 Piche, MSr Paul, o.m.i., 150-51, 210 Pieds-Noirs, tribu des, 5, 13, 56, 62, 64-65,115,214-16,218,228 Piegans, tribu des, 216, 218 Pigeon, pere Honore, o.m.i., 167, 173 Pincher Creek, 223, 226 Pioget, pere Paul, o.m.i., 167, 172 Plamondon, pere Apollinaire, o.m.i., 193, 196 Plamondon, pere Pierre, o.m.i., 231 Plats-cotes-de-chien, tribu des, 5, 83, 124 Plessis, MSr Octave, 6-7, 10 Plourde, pere Omer, o.m.i., 197, 204 Pointe-aux-Chenes, 50 Pond Inlet, 168 Poplar River, 162 Port Douglas, 99, 100 Portage des Montagnes Rocheuses, 79, 122 Portage La Loche, 13, 154, 159-60 Portage-du-Rat, 193
335
Portelance, pere Xyste, o.m.i., 200 Porteurs, tribu des, 102, 176 Poulet, pere Joseph-Eloi, o.m.i., 195, 199,201 Poulin, pere Francois, o.m.i., 195 Prairie a Fournier, 11 Prairie du Cheval Blanc, 10 Precieux-Sang, 199 Prelate, 204, 243-44 Prince, pere Jean-Charles, o.m.i., 41 Prince-Albert, 214, 219-20, 223, 243 Prince-George, 140, 180, 182, 241 Prince-Rupert, vicariat de, 137, 174-75, 179-81, 183, 186, 188, 240;villede, 182 Provencher, MSr Norbert, 7, 9-12, 14-16,18,21,24-27,29-30, 37-43, 45-46, 73, 76, 106, 112, 114 Providence, 58, 81-83, 90, 124-25. Voir aussi fort Providence Puget Sound, 32-34, 36, 91, 96, 114 Pukatawagan, 156, 161
Qu'Appelle, 49, 51, 115, 191, 195 Quebec, 24-26, 41, 71-72, 88, 100
Rama, 243 Rapet, pere Joseph, o.m.i., 153 Raymond, 223 Redemptoristes, les, 139-40, 188 Regina, 158, 204-5, 209, 240, 243, 245 Remas, pere Rene, o.m.i., 55-59, 115, 123 Renaud, pere Ignace, o.m.i., 161 Rene, pere, s.j., 132 Revillon Freres, 170 Reynard, frere Alexis, o.m.i., 76, 116 Reynier, frere Ernest, o.m.i., 77 Rheaume, pere Edouard, o.m.i., 225 Ricard, pere Pascal, o.m.i., 31-33 Richard, pere Pierre, o.m.i., 32, 91-92, 97-99,113,234
336
Index
Richer, pere Jean-Baptiste, o.m.i., 50, 118 Richfield, 101 Riel, Louis, 51,215-17 Riou, pere Jacques, o.m.i., 218 Ritchot, abbe Joseph-Noel, 49 Rivet, pere Honorius, o.m.i., 182, 187 riviere Assiniboine, 4-5, 8, 10-11, 50 riviere Athabasca, 5 riviere aux Anglais, 11, 13, 193 riviere Bataille, 79, 214 riviere de la Paix, 14, 73, 77, 79, 116, 121-23,129, 135, 137-39 riviere Klondyke, 132 riviere Qu'Appelle, 9, 48-49, 191 riviere Rouge, 4-5, 8, 193, 199 riviere Saskatchewan, 13, 55, 59, 61-63,115 riviere Souris, 9 riviere Winnipeg, 11, 47, 191, 193 Riviere de la Paix, 243 Riviere-au-Foin, 84, 122 Riviere-aux-Anglais, 55 Riviere-aux-Epinettes, 194-95 Riviere-qui-Barre, 214 Riviere-Rouge, 4-5, 7-8, 10, 12, 14, 17, 25-31, 40-46, 48-49, 51-52, 57,61,109,112-15,117,128,193 Rocher, pere Joseph, o.m.i., 231 Rohr, pere Victor, o.m.i., 231 Rondeau, abbe Jacques, 92 Rosati, M§r Joseph, 17 Rosenthal, pere Aloysius, o.m.i., 223 Ross River, 187 Rossignol, pere Marius, o.m.i., 160 Round Hill, 221 Rourai's, 94 Roure, pere Bruno, o.m.i., 83 Rousseau, abbe Louis Philippe Godfrey, 19 Routhier, M§r Henri, o.m.i., 140 Rouviere, pere Jean-Baptiste, o.m.i., 142-43 Rouville, 24
Roux, frere Louis, o.m.i., 25 Roux, pere Philippe, o.m.i., 202 Ruaux, pere Eugene, o.m.i., 218
Sachs Harbour, 148 Sacre Coeur de Jesus (mission a Fort Simpson), 83 Sacre-Coeur (paroisse a Calgary), 223 Sacre-Coeur (paroisse a Kimberley), 242 Sacre-Coeur (paroisse a Vancouver), 233 Sacre-Coeur (paroisse a Winnipeg), 200
Saddle Lake, 214, 219 Saguenay, 25-27 Saint-Albert, 55-57, 60-61, 64, 70-72, 115, 118, 157,211,214,216-19, 221-22,224,226,228 Saint-Alexis, 26 Saint-Ambroise (paroisse au lac Manitoba), 199 Saint-Antoine (paroisse a Edmonton), 222 Saint-Antoine (paroisse a Winnipeg), 244 Saint-Augustin (mission a Peace River), 122 Saint-Augustin (paroisse a Vancouver), 233 Saint-Barnabe (mission a La Pierre House), 87 Saint-Bernard (mission au Petit lac des Esclaves), 90, 123 Saint-Boniface, 8-14, 16, 18, 23, 27, 30,37-53,57,61,66,71-72, 85,88, 112-15, 118, 132, 135, 156-58, 191, 198-99,205-7, 215,243 Saint-Casimir (paroisse a Vancouver), 244 Saint-Charles (mission a Fort Dunvegan), 78-79, 121, 123
Index Saint-Charles (mission a New Westminster), 99-100, 103, 229 Saint-Charles (paroisse pres de SaintBoniface), 47, 50, 191 Saint-Charles (paroisse pres de Winnipeg), 200 Saint-Edmond (paroisse a Vancouver), 233 Saint-Esprit (paroisse a Winnipeg), 203,209, 243 Saint-Eugene (mission en Colombie Britannique), 235 Saint-Francois-Xavier (mission a Prairie du Cheval Blanc), 10-11,14 Saint-Francois-Xavier (mission a Pembina), 9 Saint-Fran9ois-Xavier (mission au lac Esturgeon), 123 Saint-Fran9ois-Xavier (paroisse a Edmonton), 241 Saint-Henri (mission a Fort Vermilion), 79 Saint-Hilaire de Rouville (paroisse au Quebec), 25 Saint-Isidore (mission a Fort Smith), 124 Saint-Jean-Baptiste (mission a l'Ile-ala-Crosse), 72 Saint-Jean-Baptiste (paroisse a Duluth), 201, 209 Saint-Jean-Pierre (mission au Fort Saint-Jean), 79 Saint-Joachim (mission a Edmonton), 56, 72, 208 Saint-Joachim (paroisse a SaintAlbert), 225, 227 Saint-Josaphat (paroisse a Edmonton), 222 Saint-Joseph (mission a Fort Resolution), 81, 83, 90, 124 Saint-Joseph (mission a 1'ile Orignal), 80 Saint-Joseph (mission pres de Pembina), 49
337
Saint-Joseph (paroisse a Ottawa), 242 Saint-Joseph (paroisse a Saskatoon), 223 Saint-Joseph (paroisse a Winnipeg), 203-4, 209, 243 Saint-Laurent de Grandin (mission dans le district de Prince-Albert), 214,216-17 Saint-Louis (mission en Colombie Britannique), 234 Saint-Louis (paroisse a Kamloops), 242 Saint-Louis de Langevin (mission dans le district de Prince-Albert), 214,223 Saint-Martin (mission a Wabaska), 123 Saint-Michel (mission a Fort Rae), 83 Saint-Michel (mission a Rourai's), 93-95 Saint-Michel (mission a Selkirk), 199 Saint-Michel, 131 Saint-Norbert, 49, 50, 206-8 Saint-Paul, 49, 219, 224-25 Saint-Paul (mission a Fort Nelson), 84 Saint-Paul (mission a la Prairie a Fournier), 11 Saint-Paul (mission a la RiviereRouge), 14 Saint-Paul (paroisse a Saskatoon), 223,241 Saint-Paul-des-Cris (mission pres d'Edmonton), 62, 64, 72, 214 Saint-Philippe, 196 Saint-Pierre (mission au lac Cariboo), 68,72, 154 Saint-Pierre (paroisse a New Westminster), 99-100 Saint-Rosaire (mission a Coppermine), 144-45 Saint-Rosaire (paroisse a Edmonton), 221-22, 224
338
Index
Saint-Rosaire (paroisse a Vancouver), 233, 242 Saint-Thomas (paroisse a International Falls), 201, 209 Saint-Vital (mission a Battleford), 214 Saint-Vital (paroisse pres de SaintBoniface), 50 Sainte-Anne (mission a Riviere-auFoin), 85 Sainte-Anne (mission dans la region du fort Edmonton), 14 Sainte-Anne (paroisse a Flin Flon), 241 Sainte-Anne-des-Chenes (paroisse a Pointe-aux-Chenes), 50 Sainte-Famille (paroisse en Colombie Britannique), 244 Sainte-Marie (mission a Cranbrook), 232,242 Sainte-Marie (mission a Mission City), 100-101 Sainte-Marie (paroisse a Calgary), 223 Sainte-Marie (paroisse a Fort Frances), 201 Sainte-Marie (paroisse a Regina), 204, 209,211,243,245 Sainte-Rose (mission dans le diocese de Walla Walla), 32 Sainte-Rose-du-Lac (mission pres du lac Dauphin), 201 Sainte-Therese (mission a Fort Norman), 125 Salasse, frere Joseph, o.m.i., 59, 87 Salaiin, pere Jean-Marie, o.m.i., 223 Salish, tribu des, 92-93 Sandy Bay, 195, 197, 199 Sandy Lake, 162, 197 Saskatoon, 223, 225, 227, 242 Sauteux, tribu des, 5, 9, 11, 38-39, 45-48, 112-14, 193-95, 200 Schweers, pere Theodor-Bernhard, o.m.i., 221 Scollen, pere Constantine, o.m.i., 61, 64-65, 115,214-15,223
Sechelt (mission pres de New Westminster), 231-32, 241 Sechelt, tribu des, 231 Seguin, pere Jean, o.m.i., 86-87, 116, 125,131 Sekenais, tribu des, 176, 184 Selkirk, 191, 199. Voir aussi fort Selkirk Seltmann, pere Jules, o.m.i., 221 Servantes de Marie, 222 Sherridon, 163 Shoushouapes, tribu des, 98, 234 Shuswap, tribu des, 102 Signay, M§r Joseph, 14, 16, 18, 25, 27-28, 41-42 Simeoni, Mgr, 131 Simonet, pere Laurent, o.m.i., 47, 50, 115,191 Sinnott, M8r Arthur-Alfred, 244 Sioux, tribu des, 5, 48-49, 195 Skagway, 133, 182 Slave Lake, 123 Slaves, tribu des, 236 Smithers, 182-83 Snohomish, tribu des, 96 Snow Lake, 163 Soeurs de 1'Assomption, 218-19, 224 Soeurs de 1'Enfant-Jesus, 188 Soeurs de la Presentation de Marie, 219 Soeurs de la Providence, 96, 122-23, 140,188,218,233,235 Soeurs de Saint-Joseph, 188 Soeurs de Sainte-Anne, 100-101, 188, 231-33,234,237 Soeurs de Sainte-Croix, 140, 188 Soeurs du Bon Pasteur, 233 Soeurs Fideles Compagnes de Jesus, 219 Soeurs Crises, 14-15, 27, 57, 59, 61, 66,70,82,90, 121, 127, 141, 171, 218,224 Spirit River, 122, 138
Index Sqamish, tribu des, 100 St. Edward (paroisse a Duncan), 241 St. John (paroisse a Lillooet), 241 St. Mary (paroisse a Prince George), 241 St. Mary, province oblate de, 229-46 St. Patrick (paroisse a Lethbridge), 223,241 St. Patrick (paroisse a Vancouver), 233 St. Paul, province oblate de, 247 St. Peter (paroisse a New Westminster), 232-33, 241 St. Peter, province oblate de, 186, 207-8, 223, 226, 229-46 St. Walburg (paroisse a SaintBoniface), 243 Stand Off, 218 Stanton, 148 Starnes, Cortland, 165 Stony Plain, 214 Strathcona, 226 Suffa, pere Augustin, o.m.i., 203-4 Surel, frere Philippe, o.m.i., 32, 91-92, 99,102,113,235 Sylla, pere Anton, o.m.i., 221 Sylvestre, frere Charles, o.m.i., 205, 210
Tabeau, abbe Pierre-Antoine, 7 Tache, Mgr Alexandre, o.m.i., 6, 25, 30, 37-46, 48-53, 55, 58-60, 62, 65-72, 75, 77-81, 85, 88-89, 106-7, 111-15, 127, 157, 200, 205, 207,210 Tangent, 138 Tavernier, pere Jean-Marie, o.m.i., 233 Telegraph Creek, 184-85 Telmon, pere Adrien, o.m.i., 25 Temiscamingue, 25 Terrace, 182 Teston, pere Jules, o.m.i., 160, 228
339
Tetes-Plates, tribu des, 17 Thibault, abbe Jean-Baptiste, 11-13, 15, 39, 55-56, 58, 75 Thibert, pere Arthur, o.m.i., 173 Thomas, pere Francois-Marie, o.m.i., 231,237 Thomas, pere Julien-Marie, o.m.i., 157, 194 Thompson, 163 Thompsons, tribu des, 234 Thunder Bay, 209 Tisseur, soeur Marie, 59 Tissier, pere Christophe, o.m.i., 77-79, 116, 121-22,214 Tissot, pere Jean, o.m.i., 41, 46, 50, 58-59,61,66, 113 Tlinkits, tribu des, 177-79, 185 Tourigny, pere Irenee, o.m.i., 210 Touze, pere Zacharie, o.m.i., 217 Trappistes, peres, 206 Trocellier, Mgr Joseph-Marie, o.m.i., 141,148-49 Trois-Rivieres, 14 Trudeau, pere Georges-Etienne, 161 Tsikuniyaze, 69 Tuktoyaktuk, 148 Tulalip, 92, 96-97, 117, 234 Turgeon, Mgr Pierre-Flavien, 26, 30,41 Turquetil, Mgr Arsene, o.m.i., 165-69, 172-73
Upper Liard, 187 Uranium, 149 Utalawan, 100
Vales, pere Philippe, o.m.i., 194 Van Rossum, cardinal, 169 Van Tighen, pere Leonard, o.m.i., 223 Vancouver, 34, 237. Voir aussi fort Vancouver Vandenberghe, pere Florent, o.m.i., 78,112
340
Index
Vanderhoof, 182 Vegreville, pere Valentin, o.m.i., 59, 66-68,128,214,217 Verney, frere Celestin, o.m.i., 31-32, 91,97 Victoria, 91-94, 101, 103, 113, 117, 131, 189,240 Villemard, pere Jules, o.m.i., 118 Villeneuve, Mgr Jean-Marie-Rodrigue, o.m.i., 206 Villeneuve, pere Georges-Etienne, o.m.i., 227, 239 Volant, frere Jacques-Marie, o.m.i., 173
Wabassimong, 11, 15, 37-38, 112-13 Wagner, pere Joseph, o.m.i., 231 Walla Walla, 17-18,31-33 Watson Lake, 187 Welch, pere John, o.m.i., 231, 233, 236,242 Weymaere, frere Leon, o.m.i., 32, 91, 113-14, 118
Whitehorse, 132-33, 179-80, 182, 185-88 Whitehorse, vicariat de, 137, 140, 174, 187,247 Willamette, 15-19 Williams Lake, 101, 117, 175, 236, 237, 241 Winnipeg, 50, 199-201, 203-4, 208-9, 225, 243-44, 249 Winterburn, 214 Wolfe, pere Charles, o.m.i., 182-83
Yakimas, tribu des, 32-34, 97, 114 Yellowknife, 149 Yorkton, 202 Yukon et Prince-Rupert, vicariat du, 174-88
Zago, pere Marcello, o.m.i., 248 Zoldak, Francois (pretre), 222
Table des croquis geographiques
Region de la Riviere-Rouge, 1845-1871 20 L'Ouest et le Nord du Canada 54 Missions d'Athabasca-Mackenzie, 1872-1967 120 Missions et postes du Keewatin, 1910-1967 152 Missions de la Baie d'Hudson, 1912-1967 164 Vicariats de Prince-Rupert et Whitehorse, 1873-1967 Manitoba, 1872-1967 192 Province d'Alberta-Saskatchewan, 1868-1967 212 L'Ouest du Canada 230
341
174
Page laissée blanche intentionnellement
Table des matieres
Preface v Introduction i
vn
L'IMPLANTATION, 1845-1871
1
1 L'Eglise au Nord-Ouest de l'Amerique Dans le Nord-Ouest de l'Amerique 3 Dans la Colombie 15
3
2 L'appel des Oblats de Marie Immaculee 21 La Congregation des Oblats de Marie Immaculee A l'appel de Monseigneur Provencher 26 Le choix de la Colombie-Britannique 30 3 Saint-Boniface : point de depart 37 Premieres experiences missionnaires, 1845-1850 Un evenement decisif: Tache coadjuteur, 1850 Missions reprises et missions nouvelles 46 Au coeur de la colonie 50 4 Deux missions meres 55 La mission du Lac-Sainte-Anne 55 La mission de Vlle-a-la-Crosse 65 Diocese et vicariat des missions de Saint-Albert 5 Jusqu'au Grand Nord 73 Au district d Athabasca 73 Au district du Mackenzie 79 Le vicariat d Athabasca-Mackenzie
88
21
37 41
70
344
Table des matieres
6 Les Oblats en Colombie-Britannique 91 Vile de Vancouver et la cote du Pacifique 91 Au coeur de la Colombie-Britannique continentale 7 Les missionnaires 105 Origine et formation 105 Orientations et soutien 110 Les premieres experiences missionnaires Les missionnaires, 1851-18/1 114 Statistiques 117 II
97
112
LE DEVELOPPEMENT DES MISSIONS DU NORD, 1872-1967
119
121 8 Les missions d'Athabasca-Mackenzie, 1872-1900 Les missions de la Riviere de la Paix et du Petit lac des Esclaves 121 Les missions du lac Athabasca et du Mackenzie 123 Les exigences materielles 127 Face a deux urgences 130 135 9 Les missions d'Athabasca-Mackenzie, 1901-1967 Division du vicariat d'Athabasca-Mackenzie 135 Le vicariat apostolique d Athabasca (Grouard) 137 L'Evangile chez les Inuit 140 En des temps nouveaux au Mackenzie 148 Le personnel missionnaire d'Athabaska-Mackenzie, 1872-1960 151 10 Les missions du Keewatin-Baie d'Hudson, 1872-1967 Les missions du Keewatin avant 1910 153 Creation du vicariat du Keewatin 157 L'expansion des missions 159 Personnel—releve et statistiques 163 Fondation des missions inuit 165 Vexpansion missionnaire a la Baie d'Hudson, 1925-1967 169 11 Les missions du Yukon et Prince Rupert, 1873-1967 Les debuts de Vevangelisation, 1868-1908 175 Prefecture et vicariat apostolique, 1908,1916 178 Une petite troupe de missionnaires, 1910—1935 181 L'epanouissement de la mission, 1935-1967 185 Les missionnaires, 1873-1960 187
153
175
Table des matieres III
DANS LE SUD : DE MISSION A DIOCESE, 18/2-1967
12 La province du Manitoba, 1872-1967 Les missions indiennes 191 Paroisses et oeuvres 198 La province du Manitoba 207
189
191
13 La province d'Alberta-Saskatchewan, 1868—1967 Aupres des Indiens et des Metis 211 Aupres des Blancs 219 La province d'Alberta-Saskatchewan 226 Le personnel, 1872-1960 228
211
14 La Colombie-Britannique, 1872-1926; les provinces St. Peter et St. Mary, 1926-1967 229 Le vicariat de la Colombie-Britannique, 1872-1926 229 Restructuration des provinces oblates de I'Ouest, 1926-1967 La province St. Peter, 1926-1967 240 La province St. Mary, 1926-1967 242 Epilogue, 1967-1990 247 Appendices 251 Sigles 275 Notes defin de chapitre 277 Bibliographie 317 Index des noms de lieux et de personnes
345
325
238