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LE
DEST AN
D'UMUR
PACHA
BIBLIO THÈQUE
BYZANTINE
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE PAUL LEMERLE
DOCUMENT,S 2
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LE DESTAN -
D'UMUR PACHA (DÜSTÜRNAME-I
ENVERi)
TEXTE, TRADUCTION ET NOTES PAR
Irène MELIKOFF-SAYAR Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique
PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, Boulevard Saiat-Germain
195 4
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PARIS
DÉPOT LÉGAL 1re édition
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1er trimestre 1954
TOUS DROITS de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays COPYRIGHT by Presses Universitaires de 'France, 1954
A ·mon maître Mons ieur JE A N DE NY, hommage reconnaissant.
PREFACE
Je sais gré à 'Madame Mélikoff-Sayar d'avoir mené à bien la lourde tâche de transcrire, traduire, éditer les deux mille cinq cents vers de ce qu'elle a nommé le Destan d'Umfir pacha. Lorsque je lui ai suggéré d'entreprendre ce travail, je ne pouvais que deviner l'intérêt
de ce texte, connu seulement par une édition en caractères arabes publiée à Istanbul, - ou pour mieux dire, pratiquement inconnu. Mais lorsque j'ai pu, avec mes auditeurs de l'Ecole des Hautes.Etudes, grâce à la traduction de Mme Mélikoff-Sayar, étudier de plus près cette curieuse chronique, j'ai été confirmé dans l'idée que l'ouvrage aujourd'hui sorti des presses pourrait rendre service .à la fois aux turcologues et aux byzantinistes. Aux premiers, il facilitera l'accès d'une des plus anciennes chroniques turques, intéressante pour la langue, l'histoire littéraire, l'histoire politique, les il':stitut�ons. Aux seconds, il révélera un document qui, dans la longue et complexe histoire des relations et des luttes entre les Turcs et Byzance, leur per mettra pour la p�emière fois de connaître, grâce à un texte vivant et souvent pittoresque,
«
l'autre»
point de vue, et de confronter une source turque avec les sources grecques et occidentales. On a donc voulu montrer ce qu'il était possible et, je crois, souhaitable de faire, pour ce texte et pour d'autres analogues. Ce livre est ainsi, en un sens, un livre de pionnier. On lui en trouvera aisément les défauts. Il en est un qui n'est pas imputable à Mme Mélikoff-Sayar : le commen taire historique, en ce qui concerne Byzance et l'Occident, a été réduit aux indications indis pensables. Ce n'était pas la tâche de l'éditeur que de s'y arrêter longuement. Mais je compte prochainement combler cette lac une . Je tiens à remercier particulièrement mes collègues et amis, MM. Claude Cahen et Louis Bazin� qui ont bien voulu, pendant la préparation et l'impression de ce livre, sans ménager leur temps, apporter leur aide à l'auteur et à moi-m�me. Paul LEMERLE
AVANT-PROPOS
Le Destan d'Umür Pacha n'est pas le titre d'un ouvrage; nous l'avons employé pour désigner une partie du Düstürname-i Enveri, chronique encore peu connue, malgré les renseignements impor tants qu'elle apporte sur les événements qui se sont déroulés dans le bassin de la Méditerranée dans la première moitié du XIVe siècle, entre Turcs et Latins d'une part, Turcs et Byzantins de l'autre. Le Destan d'Umür Pacha fait figure d'exception dans l'ensemble des chroniques turques; alors qu'il existe de nombreuses histoires de la Maison dHO§man, les documents relatifs à la période obscure des Emirats sont très rares. Pour l'Emirat d'Aydin surtout, qui présente un intérêt tout particulier pour les historiens du XIVe siècle, le Destan d'Umür Pacha est l'unique source turque actuellement connue. . L'importance de cette chronique nous a été révélée par M. Paul Lemerle, qui nous a demandé d'en faire l'analyse pour son sénlinaire d'Études byzantines à l'Ecole des Hautes Études. Durant tout le cours de ce travail, il n'a jamais cessé de nous diriger et de nous aider de ses conseils. Nous tenons à lui exprimer ici notre gratitude. Nous remercions aussi tout particulièrement M. Omer Lütfi Barkan, doyen de la Faculté des Sciences ÉconOlniques de l'Université d'Istanbul, qui nous a procuré la photocopie du manuscrit du DüstÜTIlalne récemnlellt découvert à Izmir. Nous reulercions égalemen t MM. E. Benveniste, Louis Bazin et Claude Cahen, ainsi que M. �ükrü Kurgan, professeur de Litté• rature turque à Ankara, et tous ceux qui nous ont aidée. En transcrivant ce texte, nous avons voulu rester le plus près possible de l'alphabet turc moderne; nous avons adopté le système de transcription de l'Encyclopédie Turque de l'Islam. Nous y avons toutefois dérogé sur les points suivants :
1) En introduisant la transcription è pour le e fermé dont la graphie en turc ancien présente une hésitation entre
2) En transcrivant 3) E:a transcrivant 4) En transcrivant
t ""'
\
et·�\
•
par y au lieu de g par q au lieu de �
C par
"l
au lieu de fi
5j En transcrivant � par � au lieu de. � 6) En transcrivant .1; par :li au lieu de � 7) En transcrivant .)
par a au lieu de
z
A l'exception du a exigé par les particularités que présente cette lettre dans le texte, tous les autres changements ont été faits pour la commodité de la lecture suivie. Nous avons également respecté la convention adoptée par l'Encyclopédie Turque de l'Islam pour la transcription de l'i?ü/ei : la lettre intercalaire, i li ou ü lu, est reliée par un tiret au premier membre du rapport d'annexion.
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LE DESTAN D'UMUR PACHA
Alors que nous avons marqué par un trait placé au-dessus de la lettre les voyelles longues des mots arabes et persans, dans les mots turcs dont l'orthographe présente, à cette époque encore, une hésitation entre la graphie pleine des voyelles et les I;tareke, cette distinction n'a pas été faite. Pour les mots turcs qu'on rencontrera dans le cours de l'ouvrage, nous avons gardé la même transcription, sauf pour les termes entrés dans l'usage de la langue française, auxquels nous avons conservé leur orthographe habituelle: khan, pacha, etc. Dans le lexique, nous n'avons pas introduit les mots actuellement courants dans le parler turc d'Istanbul, sauf dans le cas où ils diffèrent par l'orthographe et par le sens de leur emploi actuel. Nous ne pouvons prétendre avoir fait une étude exhaustive du Düsturname, ou même du Destan d'Umur Pacha. Nous avons voulu mettre à la portée des historiens et des linguistes une chro nique importante et encore t�ès peu exploitée. Les premiers y trouveront, même lorsqu'il s'agit d'évé nements déjà connus par d'autres sources, des données souvent neuves et en tout cas un point de vue nouveau; les seconds, le moyen de compléter notre connaissance de la langue turque occidentale au XIVe siècle. 1. M.-S.
OUVRAGES
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M�LIKOFF.SAYAR
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Ed. Mükr. Halil
Manuscrit du Düstürname de la Bibliothèque Nationale de Paris. Manuscrit du Düstürname de la Bibliothèque d'Izmir. Düsiürniime-i Enver;:, édité par Mükrimin Halil Yinanç, Istanbul, 1928. Mükrimin Halil Yinanç, D üsiürniime-i Enverï, Medhal, Istanbul, 1930.
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Ce signe indique l'i1alet métrique.
INTRODUCTION En 1928 M. M ükrimin Halil Yinanç publia le texte du D üstürname-i Enveri d'après le manus crit de la Bibliothèque Nationale de Paris 1 . Deux ans plus tard il faisait paraître un essai d'analyse et de critique historique du texte 2. L'effort de M. Mükrimin Halil n'obtint cependant pas l'attention qu'il méritait ; les savants turcs utilisèrent son travail ; M. Paul Wittek s'en servit pour son ouvrage sur l'Emirat de Mente�e 3 ; mais j usqu'à nos jours, aucune autre étude ne fut consacrée à èette chro nique, capitale pour l'histoire du proche Orient dans le siècle où se préparaient la chute de Byzance et l'établissement du jeune empire turc '. Le texte révélé par M. Mükrimin Halil est une chronique historique turque rédigée au xve siècle. Dans le cycle des chroniques ottomanes, le D üstürname occupe la troisième place par son ancienneté : nous ne connaissons en effet que deux chroniques antérieures, l' Iskendername d'AJ:tmedi 6, et le Tevarih-i Àl-i Selcuq de Yazlcloylu cAli 6. Par son contenu, le D üstürname est unique, car la deuxième partie est consacrée non pas à l'histoire de la Maison dHOsman, mais à celle de l'émir d'Aydin Umür pacha. Pour cette raison peut-être, l'auteur et son œuvre ont dû tomber assez vite dans l'oubli, car on ne les trouve mentionnés dans aucune des chroniques historiques, ni dans aucune des. histoires littéraires composées sous l'Empire Ottoman. Le D üstürname fut rendu au jour par la publication du manuscrit de la Bibliothèque Nationale de Paris. Ce manuscrit n'était cependant pas unique : au cours de notre travail, un second a été découvert à Izmir, et acheté par la Bibliothèque de cette ville. à
,1. Ancien Fonds Turc, nO 250. 2.
Düstürnamei Envert, Istanbul, 1928 (Türk Tarih
Encümeni Külliyati,nO 15) ;
MÜKRIMIN HALIL YINANÇ,
Dilsturnamei Envert, Medhal, Istanbul, 1930 (ibid). Le texte publié par Mükrimin
Halil n'est pas com à 41r, 44r à 48r du
,
la bataille d'Ankara, Balcania, VIII, 1945, pp. 145-
153 ; l'ouvrage
de
MÜKRIMIN
HALIL
a été utilisé
par Claude Cahen, Notes
pour l' Histoire des Turcomans d'Asie Mineure au XIIIe si�cle, JA, 1951, pp. 335-354. 5. Poème épique terminé en 1390. A I;lmedi y a ajouté
plet ; il n'a pas publié les folios 4r
une histoire résumée, en vers, des princes ottomans,
manuscrit de Paris. Son analyse se limite au Destan d'Umiir Pacha et ne touche presque pas aux première
achevée entre les années
et troisième parties du manuscrit. 3. P. WITTE K, Das Fürstentum Mentesche, Istanbul, 1934. 4. Le travail de
LAuRENT
Mükrimin
Halil
Yinanç a été
:
La Domination byzantine aux bouches du Danube sous Michel VIII Paléologue, RHSEE,XXII,1945,pp. 184-198; l'auteur
cité par V.
dans son article
intitulée
Dâsitan-i
Tevarih-i Mülük-i
1402
Al-i 'Osman
et 1410; c'est par sa
date la plus ancienne chronique ottomane qui nous
Atzmedi ue Dâsitiin-i Tevaril],-i Mülük-i Al-i 'O�man, dans TM, VI, 1939, pp. 49-176 ; Fuat Kôprülü,dans I.A., s. v. Atzme di ; F. BABINGER, Die Geschichtsschreiber der Osmanen und ihre Werker, Leipzig,1927,pp. 11 et s. soit parvenue ; cf. Nihat Sami Banarll,
6. Traduction turque enrichie de détails nouveaux
Düstiirname et la nécessité
de la chronique persane d'Ibn-i Bibi (terminée en
de le traduire,mais le passage dont il donne la traduction
1281) faite sous le règne de Murad II (1422-1451) ; en
signale l'importance du
a été mal compris ; le Düstiirname a été encore cité, d'après cet article, par G. I.
BRATIANU, Les Rou
mains aux bouches du Danube à l'époque des premiers Paléologues, RHSEE, XXII. 1945,pp.199-208, et par N. N. BELDICEANU, Les Roumains ont-ils participé
partie éditée par M. Th. HOUTSMA, Recueil des textes relatifs à l'histoire des Seldjoucides, Leyde, 1891-1902 ; cf. F. dans
BABINGER, El, s. v. Yazydjyoglu ; P. WITTEK, Echos d'Orient, XXXIII, 1934, pp. 409-412 et
dans BSOAS, XIV, 3,1952,p. 642.
24
LE DESTAN D' UM UR PA CHA
Il ne nous a pas été possible de le voir, mais nous avons pu en obtenir la photocopie, qui nous a permis d'apporter quelques corrections au manuscri t de Paris. Il est probable que dans les nombreuses biblio thèques de Turquie, d'autres manuscrits seront découverts, qui permettront d'amender encore le texte. LES MANUSCRITS
P. - Le manuscrit N° 250 de la Bibliothèque Nationale de Paris est dans un bon état de conservation. La reliure ancienne, de plein cuir brun foncé, mesure 1 9 cm. 5 sur 13 cm. 5 ; le dos ne présente aucune nervure ; une feuille de carton moderne a été collée plus tard sur les deux plats. La feuille de garde est moderne et porte la notice suivante : « Destournameh, livre en vers turcs in-8° de 1 1 8 feuillets qui sont cotés ; l'écriture en est mauvaise. Histoire générale depuis la création du monde j usqu'au règne de Sultan Mohammed 2e du nom et le 7e des Ottomans surnommé el Fatih c'est-à-dire le conqué rant, ouvrage d'un style bas et grossier» (signé : Armain) 1 . La page de titre porte la dédicace du livre au grand vizir Mal)müd pacha 2, en écriture ornée dite §..ulu§. et en langue persane, selon la cou turne : « Pour son excellence Mal)müd pacha j'ai composé ce livre» 3. Sur cette page les différents possesseurs du manuscrit ont laissé d es notes en turc. Sur le revers du folio, le titre de l'ouvrage est encore écrit en �ulu� et en persan : « Livre du Düstürname au nom de Ma}:lmüd pacha le très grand, que Dieu l'ait en sa merci )) '. Les 1 1 8 folios, de même dimension que la reliure, portent une numérotation d'une main postérieure. Le texte est sur deux colonnes, de 1 4 à 1 8 lignes. Le papier est de bonne qualité, épais, résistant, 1. Armain, premier drog�an du Roi
à Alexandrie,
chargé en 1735 de rédiger un nouvel inventaire des
lerbeyi de Roumélie et de Kaptan-Pacha, il fut deux fois grand vizir de 1453 à 1466 et de 1472 à 1473.
manuscrits persans et turcs de la Bibliothèque du Roi,
Victime de la jalousie de ses rivaux, il fut disgracié
rendu nécessaire par de récentes acquisitions. Cf. L.
et exécuté en 1474. Sa générosité et son injuste exécu
DELISLE, . Le
tion ont été souvent mentionnées dans les chroniques
Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque Impériale, Paris, 1868, l, pp. 413-415; H. OM ONT, Missions Archéologiques aux XVIIe et XVIIIe s iècle, Paris, 1902,II, p. 770; H. OM ONT, Anciens Inventaires et Catalogues de la Bibliothèque Nationale, Paris, 1910,
tique de
III, p. 230.
écrit dans beaucpup d'ouvrages d'après une erreur
2. Mal,lmüd
pacha, fils d'une famille chrétienne
de Krouchévatz, en Serbie (selon Chalcocondyle, �a mère était serbe et son père grec), fut enlevé tout enfant, au cours d'une incursion, par un soldat turc nommé Mel,lmed Aga,avec deux autres enfants connus ' plus tard sous les noms de Molla Ilyas et Molla 'Abdülkerim. Le soldat plaça Molla Ilyas, l'ainé des trois enfants, d'un côté de son cheval, tandis que les deux autres garçonnets faisaient contre-poids de l'autre côté ; plus tard, MoHa Ilyas se plaisait à rappeler cet incident disant:
«
à ses deux compagnons et les taquinait en alors je vou� valais tous deux par mon poids,
maintenant je vous vaux par mon mérite 1» MaJ;tmüd pacha fut élevé au palais et devint le compagnon d'études du futur MeJ;tmed II. Après avoirsuccessi vement occupé les fonctions de Qa�i-'asker, de Bey-
ottomanes. Mal,lmüd pacha était lui-même poète et grand mécène. Une mosquée
à Istanbul porte encore
son nom. Il écrivait des ghazels, sous le surnom poé
'Adn ï (et non pas 'Adlï, comme on trouve
commise par quelques biographes ottomans), pro
tégeait de� poètes, tels que �arlca Kemal et J:layati, des gens de lettres et des chroniqueurs, parmi lesquels
� ükrWlah
R ümi et Ni�anCI Mel,lmed pacha, plusieurs d'entre eux lui ont dédié leurs ouvrages. Cf. J. H.
KRAMERS,
Ma/.tm üd Pacha ; E. J. W. 25 ; Ismail Hami Dani�mend,Izahll Osmanll Tarihi Kronolojisi, l, Istanbul, 1947, pp. 329 et s. ; et surtout, Istanbul Kitapliklarl Turkçe Yazma Divanlar Katalogu, l, Istanbul,1947, pp. 27 et s. (on dans E. L, s. v.
GIBB,HOP,II, p.
trouvera dans cet ouvrage une bibliographie plus complète sur MaJ;tmüd pacha). 3. Beray-i l,la:?ret-i Mal,lmüd pa�a zehi Düstürname kerdem in�a. 4. kitab-i
Düstürname
a'!am ral,limehullah.
benam-i
Mal,lmiid
pa�a-i
INTROD UCTION
25
j aunâtre. Les vergeûres 1, les pontuseaux 2, les filigranes (ciseaux 3 et gantelet surmonté d'une étoile à cinq branches 4) révèlent un papier fabriqué à Gênes à la fin du xve siècle. Mais le papier employé à partir. du folio 84 est de qualité inférieure, plus mince, brunâtre, sans filigranes, avec vergeûres plus grosses et moins régulières, pontuseaux peu visibles ; cette partie est moins bien conservée et a été mangée par les vers. Le manuscrit ne porte aucune ornementation. Le texte est écrit en cursive turque dite nestatlrq, avec une plume fine, à l'exception des folios 5 et 6 j usqu'à la ligne 8, qui ont été écrits d'une autre main avec une plume épaisse et baveuse, et en écriture nes{!ï vocalisée. L'écriture n'est pas soignée. Certains vers portent des traces de dorure et d'autres, pour attirer l'attention du lecteur, sont écrits à l'encre rouge, ainsi que certains noms propres. Dans les marges figurent des corrections de la main du copiste et des annotations postérieu.res en turc, surtout des calculs de dates. Le manuscrit fut envoyé du Levant, probablement de Constantinople, en France, à la Biblio thèque du Roi, en 1 669 par Vaillant 5. Il figure dans l'inventaire des manuscrits de cette Bibliothèque, dressé en 1 682 par Nicolas Clément 6, sous le nO 1 303 avec la mention : « Abrégé d'histoire orientale (Vaillant) ». Dans le catalogue d'Armain de 1 739 7, la description est plus complète, ma.is le manuscrit est attribué, par erreur sans doute, à la mission du Père Wansleben 8. E. Blochet 9 donne une descrip tion plus complète encore, mais a mal lu la date de composition de l' œuvre : 879 au lieu de 869 ; il se trompe sur l'auteur, qu'il confond probablement avec le poète persan du même nom 10, car il écrit : « un poète connu Enveri », et il attribue le manuscrit au XVIIe siècle. I.-Le manuscrit de la Bibliothèque Nationale d' Iûnir 1 1 se composait originairement de 140 folios, de pagination ancienne, divisés en deux colonnes de 1 3 vers chacune. Mais huit folios, 1 32 à 1 39, ont été perdus et les 6 1 4 derniers vers de la troisième partie du manuscrit manquent. Le folio 1 40 a cepen dant été conservé, et porte la date de copie du manuscrit : « le mois sacré de Rama�an de l'année , .1 Vergeille s cannelées particulières aux papiers ita liens, surtout de l' Italie du Nord et du Piémont, à partir de 1445 jusqu'à la fin du xve siècle ; C. M. BRI QUET, Les filigranes, Genève, 1907, l, p. 7. 2. Les deux pontuseaux entre lesquels est placé le filigrane sont plus écartés et dans cet intervalle se trouve un pontuseau supplémentaire qui supporte le filigrane. Cette particularité se trouve surtout dans les papiers italiens : C. M. BRIQUET, op. cit., l, p. 8. 3. Folios 3 et 4, 5 et 6,au milieu de la feuille. Fili grane exclusivement italien, qui apparaît après 1432 à Gênes, où il fut très répandu, surtout pendant le xve siècle ; C. M. BRIQUET, op. cit., II, p. 235. 4. Apparaît d'une façon continue à partir des folios et 10 jusqu'aux folios 83 et 84,sur le côté de la feuille : main aux cinq doigts écartés, pas de cœur dans l'étoile. C'est un des filigranes gênois les plus répandus depuis la fin du xve jusqu'au XVIIe siècle, avec cependant une lacune dans son emploi à Gênes entre les années 1446 et 1484 ; C. M. BRIQUET, Papiers et Filigranes des Archives de Gênes, Genève, 1888, pp. 91 sq. 5. Au-dessus de la notice déjà mentionnée d'Armain, on lit l'inscription cancellée : "envoyé du Levant en
9
1669 ». Entre les années 1668 et 1674, Vaill ant fit plusieurs voyages en Orient, durant lesquels il acheta pour la Bibliothèque du Roi des médailles et des manus crits ; cf. H. OMONT, Missions Archéologiques, l, p. 50 ; L. DELISLE, Le Cabinet des MSS, p. 275. 6.
H. OMONT, Anciens Inventaires,
III,
p. 234.
Catalogus Codicum Manuscriptorum Bibliothecae Regiae, Paris, 1739, l,. p. 328. 7.
8. Ce religieux parcourut le Proche Orient aux frais du Roi de 1671 à 1675 ; il acheta entre autres 63 manus crits orientaux, au nombre desquels ne figure pas le D üstürname ; cf. L. DELISLE, op. cit., l, p. 278 ; H. OMONT, Missions Archéologiques, l, p. 54 et s. 9 . Catalogue des manuscrits turcs de la Bi bliothêque Nationale de Paris, Paris, 1932, l, pp. 106. 10. Ev l,lad-eddin 'Ali surnommé Enveri, né dans le Khorassan, mort à Balkh entre 1189 et 1191 ; poète célèbre par ses qa�ide-panégyriques ; cf. H. MASSÉ, Anthologie persane, Paris, 1950, pp. 59 et s. 11. Izmir Millt Küiüphânesi. Il est catalogué dans c ette bibliothèque sous les numéros suivants : nO 16114 Demirba, ve 22/401 dra nwneraar.
LE DES TAN D' UM UR PA CHA
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huit cent quatre vingt quatorze» 1, c'est-à-dire le mois d'août 1 489. Ces huit folios ont été copiés par une main différente sur un papier différent et ajoutés plus tard s. Le . manuscrit est écrit en nes,hi ; l'écriture est belle et soignée. Sur le premier folio, on relève un encadrement de trois traits surmonté d'un triangle en forme de toit ; sous le titre de l'ouvrage
figure un ornement de lignes brisées ; au recto du deuxième folio, on trouve le même encadrement surmonté du même dessin en forme de toit ; sur les pages' suivantes, le texte est encadré de deux traits ; le dernier folio porte au recto un colophon oû est inscrite la date. Le texte est rempli de fautes d'inattention : nombre de lettres ou mots sont omis. Les cas où ce manuscrit corrige le texte du manuscrit de Paris sont peu nombreux, et d'une façon générale on ne saurait s'en servir sans avoir recours au manuscrit de Paris pour le corriger. Aucun des deux manuscrits n'est l'original : ils contiennent tous deux les mêmes déformations dans les noms propres, Sll:rtout grecs et latins, et les mêmes fautes d'inattention, qui permettent de conclure qu'ils ont été copiés sur une même copie plus ancienne, due elle aussi à un scribe maladroit. Quelques variantes et lacunes, différentes dans les deux textes, excluent l'hypothèse que l'un de ces deux manus crits ait pu servir de modèle à l'autre. Les deux manuscrits ont dû avoir pour modèle une copie faite par un scribe très sensible au rythme du vers, mais peu versé dans la langue persane écrite, car il a déformé l'orthographe des mots persans selon la; prononciation turque. En particulier dans l'i?ii/et 3, la voyelle intercalaire est le plus souvent un u, de même que dans l'i?iilet métrique 4. Le copiste du manuscrit de Paris était vraisemblablement un hommè cultivé, car il a fait un certain effort pour rectifier cette orthographe, surtout en supprimant - mais pas toujours -le u des i�afet métriques 5. L'orthographe des mots turcs est caractéristique d'une époque où les règles n'étaient pas encore bien établies : les voyelles sont parfois rendues par la graphie pleine, parfois par des lJ.areke 8 ; ces derniers sont tantôt notés, tantôt omis 7. Bien que la différence entre les deux manuscrits ne soit pas grande, celui d'Izmir contient un peu plus de signes vocaliques. Parfois l'orthographe même des consonnes est déformée selon la prononciation de l'auteur ou du copiste 8. 1. Mah-i Rama�an-el-mübarek sene-i erba'ü tes'in ü semanmi'a. 2. Renseignements communiqués par M. OMER LÜTFI BARKAN. 3. Rapport d'annexion persan construit en inter calant entre les deux membres du rapport le son i. 4. Licence poétique d'après laquelle on compte une voyelle longue en syllabe fermée pour une longue suivie d'une brève, soit un temps et demi. Ex. §iid. . . > §iidO : - v . . Mais l'usage turc, surtout dans la poésie ancien ne, étend cette licence au cas des, voyelles brèves en syllabe fermée par deux consonnes : Ex. qatl > qatol, scandé : -v. 5. Voici quelques exemples de l'orthographe des i .i1tet : ,tetl;t-ü biib (P, v. 21 ; l, v. 46) ; tiy-u burriin (l, v. 130) ; Umür-u lJ.o§ lJ. i�iil (l, v. 56) ; seyl- ü dem (l, p. 914) ; §ïr-ü ner (l, v. 95, 1112) ; mïr-ü El;tad (l, v. 360) ; feryiid- ü y uziit (l, v. 754) . L'hafet est quelque fois aussi, mais plus rarement, construit avec un i , : ' le§ker-ï Islam (l, v. 399); mïr-ï niimdiir (l, v. 425). Voici quelques exemples d'un u intercalaire introduit •••
.
pour marquer l' i !?iifet métrique : niimüdiir (1, v. 133, ; nïküniim (1, v. 734, 754) ; kiirubiin (1, v. 1000) ; §iidumiin (1, v. 448,436) ; niimuver (l, v. 784). 6. Signe vocalique., 7. Voici quelques exemples des différen�es graphies 362, 450)
que peut prendre un même mot : qaylq :
J.-!
(P,
J.�\; (P, v. 1410) ; gemi : (JAl)'(P, v. 148, ' 972) ; r \S (P, v. 1919) ; �'( (P, v. i 099) ; ayay : " tT (P, v. 1106) ; t� (P, v. 1485) ; kôke : \S»
v. 149,183) ;
(P, v. 162) ;
�(' (P,
(P, v. 181; 1,
v.
�..u, ..,..... (l, v. ..
("p, v.
236);
172);
414);
(P, v. 970). 8. Pour les p. 36.
v. 236 ; 1, v. 162) ; sôyledi :
J.f. 0\"Ajr:-
bu çoq:
çoqdan :
alternances
�� (l, v. (1, v.
entre
6J('
(P, v. 172) ; 414) ; 970);
J�>!
0T...\.&::
consonnes, voir
INTRODUCTION
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Le manuscrit d'Izmir est daté, on l'a vu, du mois de Rama�an 894/août 1489. Celui de Paris, sans date" en est probablement contemporain: l'examen du papier et de l'orthographe nous permet tent de le supposer.
L'ŒUVRE ET SON A UTEUR Le titre de la chronique : D üsturniime, est d'origine persane. Le mot de star provient du pehlevi das! 0 var; ce terme avait plusieurs sens et relevait du vocabulaire juridique. Il servait à la fois à dési gner un individu et un organisme. Appliqué à un individu, il désignait « le juge» 1, d'où les signifi cations en persan : « le plus haut fonctionnaire», « le premier ministre». Appliqué à un organisme le sens de dasto var se rapproche du latin auctoritas 2, d'où les sens de destur : « directive, conseils, règle de conduite, code de lois». Le mot destt1r est passé dans la langue arabe sous la forme de düstur. En turc il se rencontre dans les deux formes, persane et arabisée, mais tandis que d üstür a gardé les mêmes sens qu'en persan, destt1r signifie le plus couramment « permission». Le mot niime, également d�origine Î>ersanè� désigne tout ce qui est écrit, depuis la lettre jusqu'au traité et au livre. Le titre de la chronique peut avoir deux sens, et c'est probablement dans cette intention qu'il a été choisi par l'auteur: il signifie d'abord « livre du grand vizir», titre qui �st justifié par la dédicace de l'œuvre au grand vizir Mal)müd pacha; ensuite, « livre des instructions». Ce dernier sens est révélé par différents vers de la chronique, où l'auteur expose son l?ut moralisateur, par exemple: « Divertis toi et prends ce livre comme exemple» 3 ; « j'ai écrit ce livre pour qu'il serve de recueil d'exemples au peuple et pour que, le lisant, tu le prennes toi aussi pour exemple» 4. Ce titre n'est pas original; il se rencontre à plusieurs reprises dans la littérature persane: au XIVe siècle, le poèteI:Iakim Nizari Q iihistani 5 composa un poème me§.nevï 6 intitulé Destt1rniime ou « Recueils d'instructions », dans 'lequel il expose la théorie des extases et les obligations auxquelles sont soumis les süfï ; au même siècle, Mul)ammed bin Hindü�ah dit �ems de Nab.çuvan écrivit aussi un ouvrage intitulé: Destt1r el Kiitib, ou « instructions pour ceux qui écrivent» 7. Il est probable que l'auteur du Düstürname , qui était versé dans la littérature persane, comme tous les gens cultivés de son temps, eut connaissance de ces ouvrages et s'est inspiré de leur titre. Le Düstürname a été composé par le chroniqueur Enveri, qui se nomme trois fois dans son œuvre 8. Enveri n'est pas connu par ailleurs: son nom n'est mentionné par aucun des anciens biogra1. C. BARTHOLOMAE, Zum Sassanidischen Recht, IV, dans Sitzungsberichte der Akademie der Wis senschalten, Heidelberg, 1922, p. 52. 2. C. BARTHOLOMAE, Zum Sassanidischen Recht, ib id., 1918, p. 26. 3. Destan d'Um ür Pacha, v. 3. 4. Halqa yazdum bunl 'ibretname ben o quyup 'ibret alasln ta ki sen (ed. , p. 108, 1. 13). 5. I:Œkim Nizari Q ühistani, poète lyrique qui appar tenait probablement à la secte des Ismailiens, mourut en 1320, laissant des ghazels et deux me§nevis, dont le D estürname : cf. E. G. BROWNE, A L iterary History 01 Persia, Cambridge, 1929-1930, I I I, pp. 154 et s. ; H. MASSÉ, Anthologie, pp. 153 et s. ' 6. Poème de plusieurs milliers de distiques, où
les deux vers de chaque distique riment entre eux. Le me§nevi est employé pour tous les romans métri ques, chroniques en vers ou poèmes mystiques, didac tiques et éthiques ; cf. E. J. W. GIBB, HOP, l, pp. 76 et s. 7. Ouvrage écrit en 1358 ou 1359 ; le titre complet est : Deslür-el-Katib li Ta'yin-el-Meratib ; c'est un recueil de documents de chancellerie, en persan, auquel l'auteur s'est efforcé de donner une forme littéraire ; cf. Hermann ETHÉ, Neu-Persische Litteratur dans Grundriss der Iranischen Philologie, I I, Strasbourg, 1896, p. 338 et p. 343 ; Fuat KOPRÜLÜ, Anadolu Selçuklulari Tarihinin Yerli Kaynaklar i, Belle ten, 1943, VII, pp. 411 et s. 8. Ed., p. 4, 1. 10 ; p. 102, 1. 16 ; p. 108, 1. 1 7.
\
LE
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DES TAN D· UM UR PACHA
phes ottomans. Les poètes turcs, comme les poètes persans, avaient l'habitude de signer leurs ouvrages d'un surnom littéraire: le nom Enveri, qui signifie « lumineux », n'est probablement lui aussi qu'un surnom. Les seuls renseignements que nous ayons sur ce poète nous sont donnés par sa chronique. Enveri composa, entre les années 866/1462 et 869/1465, un ouvrage intitulé Telerrücnâme ou « livre de plaisance .», dédié au sultan Me1,lmed II 1. Cet ouvrage est perdu, il n'y est fait allusion nulle part. Il contenait le récit de la campagne de ,ce sultan en Valac hie en 866/1462, campagne à laquelle l'auteur avait pris part 2. Il avait également pris part aux ca.mpagnes de la même année dirigées par ce sultan et son vizir Ma1).müd pacha à Mytilène 3, et au siège de Yayça (Jajcza) en Bosnie l'année suivante '. Il composa alors pour Ma1).müd pacha, poète lui-même et protecteur des gens de lettres, le Düstürname qu'il termina au mois de oi-I-1,licce de l'année 869/août 1465, comme il le dit dans l'épilogue 5. Pour prix de son œuvre, il demandait la propriété « d'un village seigneurial» 6. Le Düstürname est un me§.nevi écrit dans un style simple, dans le mètre remel 7. Il contient 3.730 distiques - soit 7 .460 mi�râ( 8 - dont Enveri fait soigneusement le compte à la fin de son œuvre en réclamant à son patron, le grand vizir, la rémunération de son travail: « Ces vers qui sont des perles dignes d'un roi, il y en a trois mille sept cent trente . .. » 9. L'ouvrage est composé suivant les règles des mesnevis 10; il commence par une préface dans laquelle, après avoir rendu grâce à Dieu et au Prophète, l'auteur dédie son livre à son protecteur et en expose le contenu.; la chronique elle même est divisée en vingt-deux livres, 'les livres sont divisés en chapitres précédés d'une rubrique, en turc 11, qui résume le sujet traité; un épilogue termine l'ouvrage. La chronique contient trois parties distinctes. La première, qui comprend les dix-sept premiers livres, est une histoire des Prophètes et des dynasties de la Perse ou ayant rapport avec la Perse. La deuxième, la plus importante de l'œuvre, le dix-huitième livre, est la chronique de l'émir d'Aydin, Umür pacha. C'est celle que nous éditons. La troisième comprend les quatre derniers livres; c'est une histoire des princes de la Maison dU O�man. La première partie couvre 53 folios du manuscrit de Paris et 61 folios du manuscrit d'Izmir. C'est une adaptation en vers turcs du Ni�âm-üt-Tevârilj de Bey?âvi 12. Enveri, dans sa préface, expose ainsi le but de son travail: 1. Destan v. 2 ; ed. p . 4, l. 14 ; ed. p. 100, l. 11. 2. Ed. p. 100, l. 13-19. 3. Ed. p. 100, l. 22 à p. 101, 1. 1. 4. Ed. p. 101, l. 9 à 11 ; Yayça (Jajcza), ancienne capitale du royaume de Bosnie, à 50 kilomètres au sud de Banjaluka. 5. Ed. p. 108, l. 10. 6. çittlik bir koy, ed. p. 108, l. 7 ; village constitué dans le domaine d'p'n seigneur dont tous les habitants sont des serfs ; cf. O. L. BARKAN, I.A., s. v. çittlik.
7. - u - - ; l'élément constitutif est l'ionique. Les Turcs l'ont pris au système arabo-persan ; cf. A. SCHAADE, El, supplément, pp. 196-197. 8. Le vers turc, arabe et persan est un distique appelé beyt, composé de deux mi�riic . Dans notre ouvrage le mot CI vers » désigne toujours un mi�rii' ; chaque mi,réi ' a la icansion suivante : - u - - Il
- Il - u - ; les 2 mi,rii' d'un même beyt riment ensemble. '9. Bu la'al-i na�m kim �a!!ane d ür
- u -
üç bi't) yedi yüz otuz dane d ür (éd., p. 108). 10. Cf. E. J. W. GIBB, HOP, l, pp. 76 et s . . 11. I l est courant dans les ouvrages turcs que les rubriques soient écrites en persan. 12. Qa�i Na�reddin 'Abdullah bin 'Omer Bey�avi, exerça la j urisprude nce à Shiraz, puis à Tabriz, où il mourut à une date incertaine : 1282, 1291 ou 1316. Il est l'auteur d'un commentaire du Coran en arabe, et d'une histoire universelle en langue persane depuis Adam jusqu'à 1275 intitulée Nizam-üt- Teviirih ; cf. C. BROCKELMANN, dans E l, s. v. � l-Bai
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INTROD UCTION « Ecoute, je vais t'apprendre des nouvelles merveilleuses et la raison qui m'a poussé à composer ce livre; quand j'ai terminé le Teferrücname que j'ai pris soin de déclier au padi�ah -, nous n'avions pas encore d'histoire des Rois ' comme Bey�avi en avait composé. J'ai entrepris alors sa composition et je me suis appliqué à la terminer. Je l'ai dédiée à son Excellence le pacha et je l'ai nommée Düstürname )) 1.
Chacun des dix-sept livres traite d'une dynastie: l, Histoire des Prophètes; II, Histoire des Pi�dadi; III, Histoire des Keyani; IV. Histoire des Askani; V, Histoire des Sassanides; VI, Histoire du Prophète Mul).ammed ; VII, Histoire des Khalifes Rashidiens; VIII, Histoire des Omeyyades; IX, Histoire des Abbassidès ; X, Histoire des Saffarides et des Samanides; XI, Histoire des Gazne vides; XII, Histoire des Deylemi; XIII, Histoire des Ismailiens; XIV, Histoire des Seldjoucides ; XV, Histoire des Salgurides; XVI, Histoire des Hwarezm�ah ; XVII, Histoire des Mongols. A l'exception des livres qui traitent des Seldjoucides et des Mongols, tous les autres ne font que répéter la chronique de Bey�avi, en déformant quelquefois les faits, comme c'est le cas pour l'histoire des Hwarezm�ah. Dans le livre XIV, l'auteur raconte quelques événements - la révolte de Qutlumu� contre le sultan To,rul par exemple - qui ne sont pas mentionnés par Bey�avi, mais que l'on rencontre chez les historiens arabes et les chroniqueurs byzantins tels que Zonaras, Cédrénos, Glykas 11; or, les auteurs arabes donnent sur ces événements des détails que ne connaissent ni les auteurs byzantins, ni le Düstürname, ce qui nous amène à supposer qu'Enveri a dû se servir directement ou indirecte ment de sources byzantines. En parlant du même Qutlumu�, Enveri établit une parenté fondée sur des liens matrimoniaux entre la fille de celui-ci et un khan de la tribu des O,uz, aïeul des Ottomans; il dit tenir ce détail d'un chroniqueur nommé Seme;rqandi : « ce récit se ratta.che à l'histoire des Al-i fO§man; Semerqandi en fait mention dans son livre» 8. La mention de ce chroniqueur est égale ment intéressante pour le problème des sources d'Enveri.· Pour écrire le livre XVII, Enveri a utilisé une mauvaise source; nous ignorons quelle est cette source, mais elle a également été employée par les auteurs des deux ,chroniques anonymes publiées par F. Giese '. La deuxième partie du Düstürname occupe le tiers de l'ouvrage. Elle couvre 40 folios du manuscrit de Paris (f. 54r à 93vo) et 48 folios du manuscrit d' Izmir (f. 62ro à 111ro) et comprend 2.514 vers ou mi�raf. C'est elle qui constitue l'objet de cette étude. La troisième partie de la chronique est une histoire de la Maison dHO�man jusqu'à l'année 868/1464. Avec le Diistiin-i Teviirï!1-i Mült1k-i Al-i fO�miin qui fait suite dans certains manuscrits à 1. Di't)le eydem sa't)a abbar-i 'acib bu kitabu't) na!mine dahi sebeb çün teferrücname qlldlm tem.am padi�ah adlna ëd üp ihtimam yoy idi anda t�.varih-i m ülük �ôyle kim Bey�avi qIlml�dur s ülük pe� anu't) na!mine iqdam eyledüm cidd ëd üben qaid itimam eyledüm
�a�ret-i pa�ayl qlldlm bunda yad hem bU't)a D üstürOname vërdüm ad, (éd. p. 4). 2. Cf. P. LEMERLE, Actes de Kutlumus, texte, Paris, 1946 (Archives de l'Athos II), p. 5. 3. I�bu qll;!t;la al-i 'O�manda gelür kim Semerqandi kitab içr(e) a't)Ilur (éd. p. 6). 4 F. GIESE, Die Alt-osmanischen anonymen Chro niken, Leipzig, 1925.
30
LE DESTAN D'UM UR PACHA
l'Iskendername d'Al).medi, et le Behçet- üt-Teviirï/j de �ükrüllah Riimi 1, qui est contemporain du Düstiirname, cette histoire se place parmi les trois plus anciennes histoires ottomanes connues. Elle se compose de 1 .676 vers; ce sont les folios 93vo à 1 1 8ro du manuscrit de Paris et 1 1 1ro à 1 3 1 Vo du manuscrit d'Izmir, dont le texte s'arrête au vers 1 062, au moment où le sultan Me1)med Fati};t, après avoir construit la forteresse de Riimeli Iji�ar (Bo)'az Kesen), s'apprête à faire l'assaut final de Constantinople: l
«
• • .
il fit construire du côté de la Mer Noire une forteresse solide d'où il dirigea son attaque contre Istanbul. Le monde contient beaucoup de forteresses, mais jamais un fort pareil n'avait encore vu le jou.r. De là beaucoup de bombardes, grosses comme d'énormes jarres, Projetèrent toutes des boulets sur les montagnes... 2 »
Le récit se divise en quatre livres: XIX, Histoire des Ottomans jusqu'au règne de Mel).med II
( 1452) ; XX, Histoire du règne de Mel).med II jusqu'à l'année 1 464 ; XXI, Campagnes et victoires du grand vizir Mal).müd pacha; XXII, Panégyrique de Mal).miid pacha.
Nous donnerons ailleurs l'analyse de ces quatre livres, essentiels pour l'historien, qu.i ne peut cependant les connaître par aucune publication. Mais tant pour les données historiques que pour le style, la qualité en est de beaucoup inférieure à celle des livres précédents: la généalogie des Ottomans est fondée sur des légendes, et Enveri attribue à Erto)'rul des conquêtes que les autres chroniqueurs attribuent à tO�man ; les détails fournis sur les premiers sultans sont très brefs. En revanche le récit des conquêtes de Shah Süleyman et de son émir Melik beg présente un grand intérêt, de même que le récit des campagnes de Mel).med II et de son vizir, où sont rapportés des faits dont Enveri fut témoin. Mais à mesure que la fin approche, les négligences de style se multiplient: le chroniqueur, las et à bout d'inspiration, pressé de terminer son ouvrage, reprend les mêmes images et les mêmes rimes plusieurs fois dans la même page, et va jusqu'à reproduire les mêmes vers.
COMPOSITION ET SOURCES DU DÜSTURNAME Deux passages permettent d'évaluer approximativement le temps que l'auteur a passé à compo ser son travail. Dans la conclusion de la première partie, nous lisons : «
• • •
Quand arriva l'année 869 j'ai enfilé les perles de mon ouvrage; avant que n'arrive l'année 870,
1. Histoire des Ottomans écrite en persan, dans les années 1456-1459, pour le grand vizir Maç,müd pacha ; cf. F. BAB INGER, Die Geschichisschreiber der Osman en und . i traduction turque de Çiftçioglu N. ATSlz, dans 08manU Tarihleri, Istanbul, 1949, l, pp. 37-76.
2. Qara deryadan ya-qa bir qal'e Iilarp yapdl andan urdl Istanbula �arp nice qal' e ancllayln bir ç,i�ar gôrmedi 'alem içinde rüz ° gar Qusrevani k üp gibi çoq topolar atllur kühlara andan kôpoler (éd. p. 95).
INTRODUCTION
31
quand le mois de �i-I-1).icce arriva à son cinquième jour, j'ai terminé cette histoire; je me suis appliqué à la composer en sept jours. . ) 1 .
et dans la conclusion générale de l'ouvrage: «
• . .
je me suis appliqué et grâce à l'aide de Dieu j'ai terminé le Düstiirname. Quand arriva l'année 869, au mois de �i-I-1).icce, apprends qu'il arriva à sa. fin. . .
»
2
Enveri affirme donc avoir rédigé la première partie de sa chronique en sept jours, et l'avoir terminée le cinquième jour du mois de �i-I-1).icce. Il lui restait au plus, pour les deux autres parties de son ouvrage, les vingt-cinq derniers jours de ce même mois, et probablement moins. Il est évident qu'en travaillant aussi rapidement, Enveri n'a pu fournir un grand effort personnel de composition. Dans la première partie, il s'est contenté de démarquer l'ouvrage de Bey�avi, et il est probable qu'il a dti procéder de même pour le reste. Ses propres paroles viennent confirmer cette hypothèse, par exemple les vers 1865 et 1866 du Destan d'Umiir pacha: ce récit entendu de HWace Selman l'auteur l'a transcrit en le rapportant mot pour mot
«...
. . .
»
Enveri avait donc à sa disposition un certain nombre de sources où il puisait, et qu'il copiait peut-être parfoi&. D'ailleurs le style du Destan d'Umiir pacha fait contraste avec le reste de l'œuvre: la première et la troisième partie du Düstiirname sont écrites dans un style parfois artificiel et ennuyeux, le Destan d'Umiir pacha est écrit dans un style coulant, remarquable par la vivacité du mouvement, les tableaux pris sur le vif et alertement brossés, les comparaisons inattendues et les traits piquants. Par son style archaïque et son rythme, il rappelle les anciennes épopées populaires ou deslan, dont il diffère toutefois par- la métrique : celles-ci sont écrites dans un mètre syllabique, le texte d'Enveri suit les règles de la prosodie arabo-persane. Cette hypothèse que la source de la deuxième partie du Düstiirname a été un destan est appuyée pa,r l'emploi répété que l'auteur y fait du mot deslan 3, alors qu'il emploie, en parlant de la première et de la troisième partie, le mot levarilJ ou lari!:! (histoire). Enveri s'est contenté peut-être de mettre en vers quantitatifs une épopée écrite selon les procédés de la littérature populaire turque, dont le mètre - vers de onze syllabes rimant deux à deux - rappelle le reme!. C'est à cause de cette ressemblance avec les anciennes épopées turques que nous avons donné à la deuxième partie du Düstiirname le nom de Deslan d'Umiir pacha. Peut-on identifier les sources gu'Enveri avait sous les yeux ? Elles ont été nombreuses, si l'on en juge par les paroles du chroniqueur, qui prétend à plusieurs reprises avoir complété ses sources orales par des recherches historiques: 1. çiin sekiz yüz altoml� toquza saI ërdi buldl na.?;°m bu silk-i la'al ërmedi dahi sekiz yüz yëtmi�e oldl ai-l-l;1Ïcce èrince 01 bë�e rasti qlldiim bu tarihi temam yédi gün içinde qlldum ihtimam (éd. p. 15,1. 9 à 11).
2. � ükor 1:Iaq 'avnile éd üp ihtimam . eyledüm D üst iironame'i temam çiin sekiz yüz altml� toquza yll érdi oi-I-I;liccede ahlr oldI bi! (éd. p. 108, 1. 9 et 10). 3. Cf. v. 744. -
�
32
LE DES TAN D' UMUR PACHA «
• • •
«
• • •
nous avons fait des recherches historiques, ne pense pas que nous nous soyons contenté d'écouter . . J) 1 pour composer ce livre, je me suis donné toutes sortes de peines, j'ai récolté pour vous des trésors secrets . . . » 2 .
Mais de ces sources, il ne cite que trois: Bey�avi, Semerqandi, HWace Selman. Il est possible d'identifier ce dernier avec l'émir d'Umiir pacha dont le nom revient à plusieurs reprises dans le texte. Cet émir a pu écrire en forme d'épopée, d'après ses souvenirs ou les récits entendus de prisonniers de guerre, l'histoire des événements auxquels il avait été mêlé; ceci expliquerait la précision de l'infor mation et la richesse des détails relevés dans maints passages où l'auteur montre qu'il sait fort bien ce qui se passait dans le camp grec ou dans le camp latin. Cette épopée serait parvenue entre les mains d'Enveri, qui s'en serait servi comme il s'était précédemment servi de l'ouvrage de Bey�avi. Nous serions donc conduits à voir dans le Destan d'Umiir pacha une chronique populaire écrite vers le milieu du XIVe siècle 3 par HWace Selman, un marin dont le nom n'est pas connu par ailleurs; cette œuvre transcrite « mot pour mot» (littéralement: « cent pour cent»), selon le propre témoignage d'Enveri, garde la valeur d'une chronique originale et, à ce titre, elle peut être considérée comme la plus ancienne œuvre historique connue écrite par un turc d'Anatolie 4. L'identification de Semerqandi est plus difficile. Le su,rnom de Semerqandi a été porté par plusieurs auteurs nés ou ayant vécu à Samarcande, mais aucune histoire des princes de la Maison d"O§man écrite par un personnage de ce nom ne nous est parvenue. Les historiens turcs ont conclu à l'existence d'un chroniqueur inconnu nommé Semerqandi, auteur d'une histoire des .AI i cO§.man que connut Enveri ; ils ont ajouté cet ouvrage à nombre d'autres chroniques ottomanes que nous connaissons par de simples mentions, mais qui ne sont pas arrivées jusqu'à nous 5. En fait, les données que nous avons ne sont pas suffisantes pour fonder une pareille hypothèse. La mention qu'Enveri fait de Semerqandi peut ne s'appliquer qu'au seul renseignement à propos duquel il le cite (mariage de la fille de Qutlumu� avec un aïeul dHO§man), ou à quelques faits dont il s'est servi dans ses chapi tres sur les Mongols, les Seldjoucides et les Hwarezm�ah. Rien ne prouve en tout cas que Semerqandi ait été la sourGe principale de son histoire des Al-i O§man. Aucune hypothèse sur Semerqandi ne saurait être fondée avant qu'on ait réussi à écarter, après un examen minuti�ux, toute possibilité ...
C
1. Biz tevari!!i tetebb ü' eyledük bôyle filanma ki tesamu' eyledük (éd. p. 74, 1. 21). 2. ben bunu'IJ na�minde çekdüm dürlü renc I;lafilll ëtdüm sizü'IJiçün gizli genc (éd. p. 108, l. 15). 3. La chronique prend fin avec la mort d'Um ür pacha, en 1348 ; elle a par conséquent été rédigée après cette date. 4. Ceci est également l'opinion de M. Fuat KOPRÜLÜ, qui suppose que la chronique a été écrite pour être lue dans un milieu de marins ; cf. Belleten, VII, 1943, pp. 398-399. 5. Parmi les chroniques disparues, nous connais sons l'existence d'un Meniiqib-i Al-i 'O�miin de Ya b �I FAQiH, fils de l'imam du Sultan Orhan, I�baq Faqih, cette œuvre a été utilisée par l'historien 'A.�Iqpa �azade, elle contenait le récit des événements jus-
qu'au règne de Bayezid 1; nous connaissons égale ment l'existence d'une chronique des princes Otto mans intitulée Ciimr -ül Meknünat dont l'auteur fut I:IAMZAvi, frère d'A l.lmedi, le témoignage en est donné par l'historien du XVIe siècle 'Ali ; ce même 'Ali parle aussi d'une chronique intitulée Cenkniime composée par un contemporain d'A l.lmedi, Mevlana A l.lmed Da 'i, qui racontait les guerres de l'émir S üleyman de Germiyan (+ 1387) contre ses frères ; cf. P. WIT TEK, Zum Quellen-Problem der Altesten Osmanischen Chroniken, dans Mitteilungen zur Osmanischen Ges chichte, 1, 1921, pp. 96 et s. ; F. BABINGER, Die Geschichtsschreiber der Osmanen und ihre Werke, pp. l0 et · s. ; à ces œuvres, MM. Nihat Sami BANARLi et Mükr. RALIL YINANÇ ajoutent une chronique dis parue de Semerqandi ; cf. TM, VI, p. 50 et M ükr. HaUl, p. 6.
INTROD UCTION
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d'identification avec les personnages ayant porté ce surnom. Or l'un d'eux attire en particulier l'atten tion : l'historien persan fAbd-ür-Rezzaq surnommé Semerqandi 1, contemporain d'Enveri; il n'est pas impossible qu'Enveri ait eu connaissance de ses ouvrages, ou qu'il se soit servi du nom d'un historien renommé pour justifier ce qu'il écrivait. L'identification de Semerqandi ferait sans doute la lumi,ère sur le problème des sources du Düstiir name. Dans l'état actuel de nos connaissances, ce problème ne saurait être résolu. Enveri connaissait les ouvrages d'Al}medi, et donne des détails intéressants sur ce chroniqueur que protégeait l'émir Süleyman, fils de Bayezid Ylldlrlm: «
Mir Süleyman passait son temps en feStin et s'enivrait fréquemment avec Al}medi; Al}.medi était pauvre, le shah le rendit riche, et tous ceux gui occupaient de hau ts rangs lui en devinrent redevables . . .
» li
Dans l 'exposé généalogique d"O§man, il y a quelques détails communs au Diistiin-i Teviirïl]-i Mülük-i Al-i fO§.miin et au Düstiirname 3, mais insuffisants pour permettre de considérer la chronique d'Al}.medi comme l'une des sources d'Enveri. Ces détails se retrouvent également dans une chroniqu,e un peu postérieure au Düstiirname, celle de Ni�anci Mel)med pacha 4; mais là encore l'influence d'EnverI se limite à quelques traits. A l'exception de ces deux ouvrages, il ne s'est inspiré d'aucune chronique connue, et nous ne connaissons pas non plus de chronique postérieure qui se soit servie de lui. Ses sources sont multiples, le fait ne saurait être mis en doute pour la première et la troisième partie. Nous avons indiqué d'autre part qu'Enveri avait pu utiliser des sources grecques; un tel fait, s'il était vérifié, serait intéressant pour une époque où le monde des lettres cherchait presque uniquement son inspiration et ses modèles du côté de la Perse.
LE DESTAN ,D'UM aR PACHA DANS LA LITTÉRATURE TURQUE L'histoire de la littérature turque ottomane ne naît pas, comme l'a laissé entendre E. J. W. Gibb, avec la chute de l'empire Seldjoucide 6. Les ouvrages récents de savants turcs, et en particulier ceux 1. Né à Herat en 1413, mort en 1482. Il composa un grand ouvrage historique intitulé : Matla'-üs sa'dein ve mecma'- ül -ba1)rein, « le lever des deux pla nètes favorables et le confluent des deux mers », dans lequel il relate les événements allant de la nais sance d'Ab ü-Sa 'id, dernier prince mongol de Perse (1 305), à la mort d' Ab ü-Sa 'id arrière petit-fils de Timur-Leng. La deuxième partie de cet ouvrage, terminé peu avant la mort de l'auteur, a été en partie traduite par E. M. QUATREMÈRE, d�ns Notices et Extraits, XIV, 1843, pp. 1-514 ; mais la première partie, qui va jusqu'à la mort de Timür-Leng (1405) et qui a été composée bien avant la deuxième partie, n'a jamais encore été traduite ni éditée ; un manus crit de l' œuvre entière existe à la Bibliothèque Natio nale de Paris : suppléments persans nO 1 772 ; cf. E. M. QUATREMÈRE , op. cit. ; H. MASSÉ, Anthologie, pp. 256 et s. ; F. BAB INGER, op. cit. , p. 293, note 1 . 1. MSLIK OFF-SAYAR
2. Mir Süleyman dün ü gün �ol}.bet èder A .I;1mediyle dembedem 'i�ret èder A .I;1medi dervi�di bay eyledi �ah oIdl mu l}.tac ar,a cümle ehl-i cah (ed. p. 91, 1. 1 920). 3. NIHAT SAMI BANARLI, A1)medi, pp. 67 et s., 76 et s . 4. QARAMANLI NI �ANcl MEl!MED pacha composa en langue arabe une histoire des princes de la maison d" O §.man : Teviiril]- üs-seliitïn- ül-' O�miiniye, pour le grand-vizir Ma.l;1müd pacha, mais il ne termina cette histoire que bien après l'exécution du vizir, car elle relate les événements j usqu'à l'année 1480 ; cf. F. BABINGER, Geschitsschreiber der Osmanen, pp. 24 et s. ; étude et traduction turque par IBRAHIM HAKKI KONYALI, dans Osmanll Tarihleri, Istanbul, 1 949, l, pp. 321 -370. 5. E. J. W. GIBB, HOP, l, pp. 141 et s. 3
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LE DESTAN D' UM UR PACHA
de M. Fuat Kôprül ü 1, ont suffisamment mo ntré que la littérature 'turque ne cessa de se développer en Anatolie selon un courant national. Les tribus turques apportèrent avec elles, dans leur migration d'Asie Centrale, les réminiscences des anciennes épopées Oyuz, que des poètes musiciens populaires récitaient en s'accompagnant de divers instruments de musique, tels le qopuz, espèce de luth à corps globulaire 2. Les nouvelles épopées des Turcs d'Anatolie prirent comme source d'inspiration les luttes ' contre Byzance ; ce sont les destâns de Seyyid Battai, de Meiik Dani$mend et du derviche $arr $altuq Dede 3. Mais, près de l'élénlent turc traditionnel, on voit apparaître l'influence des gestes arabes qui fut considérable, puisqu'on en retrouve également les échos dans le camp adverse, chez les Byzantins, dans l'épopée de Digénis Akritas 4. Parallèlement à ce courant national et populaire, la cour des Seldjoucides d� Asie Mineure et les villes furent gagnées par la culture persane. L'emploi de la langue persane s'y généralisa, et le turc fut tenu dans un tel mépris qu'un proverbe populaire allait jusqu'à dire : « [même] le chien turc, quand il vient à la ville, aboie en persan » 6. Au XIIIe siècle, les premières invasions mongoles vinrent renforcer l'expansion du mysticisme arabo-persan, propagé en Anatolie par les derviches venus d'Orient et fuyant devant l'envahisseur barbare 6. Celâdeddin Rümi 7 devait influencer toute la littérature turque des siècles à venir, à la fois par la forme de son ouvrage, Me!nevî-i Miinevî, écrit en persan, et par sa mystique islamique et neo-platonicienne. Après lui le long me�nevi dans le mètre remel, écrit dans un style simple, sans recherche ornementale excessive, occupa la première place dans la littérature turque d'Anatolie 8. Cette influence gagna même la littérature populaire : en face des 1. Fuat KOPRÜLÜ, Türk Edebiyatl Tarihi, Istan bul, 1928 ; pour les articles du même auteur dans E. 1. et ses nombreuses études sur la littérature tur que, cf. ci-dessus, « ouvrages consultés ». 2. D'après le témoignage d' Ibn-i Bibi (cf. p. 23, note 6), il Y avait même à la cour des Sultans Seldjou cides de Riim des ozan, poètes musiciens populaires, qui récit aient les gestes des anciens héros turcs en s'accompagnant sur le qopuz ; cf. F. BABINGER, Geschichtsschreiber der Osmanen, pp. 8 et s. 3. On trouvera des détails sur ces œuvres, dont nous avons les manuscrits, dans l'importante étude de M. Fuat KOPRÜLÜ, Anadolu Selçuklarl Tarihinin yerli Kaynaklarl, pp. 425 et s. ; mais jusqu'à présent aucun travail d'ensemble n'a été fait sur les épopées turques.
4. M. Henri GRÉGOIRE a longuement 'étudié les rapports entre l'épopée de Seyyid Battal et celle de Digénis Akritas. D'après ses recherches, l'origine des deux épopées remonte à une geste arabe, dont s'est servi le rédacteur de Digénis Akritas, et le destan turc de Seyyid Battal serait une réponse à l'épopée byzantine: cf. L'épopée byzantine et ses rapports avec l'épopée turque et l'épopée romane, dans Bulletin de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politi ques de l'Académie Royale de Belg ique, XVII, Bruxel les, 1931, pp. 463-493 ; les Recherches récentes sur l'épopée byzantine, dans l'Antiquité classique, l,
Louvain, 1 932, pp. 41 9-439 ; Le Sayyid Battâl Arabe, dans Byzantion, VII, 1932, p. 3 1 7 ; Etudes sur l'épo pée byzantine, dans Revue des Etudes grecques, XLVI, Paris, 1 933, pp. 29-69 ; Digénis Akritas, The Byzan tine Ep ic in H istory and Poetry, New-York, 1942. 5 . T ürk iti ,ehre gelicek farsca ftrer ; cf. �ÜKRÜ , KURGAN, Izahl l Eski Melinler Antolojis i, Ankara, 1 943, p. 178 (proverbe 25). 6. Fuat KOPRÜLÜ, E. 1., s. v. Türks, Litterature. 7. Mevlana Celaleddin Riimi, né à Balkh en 1207, vécut à Qonya, où il fonda l'ordre des Mevlevis ou derviches tourneurs, et y mourut en 1 273. Il fut le plus grand poète mystique de l ' Iran, et aussi le pre mier à composer des vers mystiques en turc ; cf. E. J. W. GIBB, HOP, l, pp. 145-150 ; H. MASSÉ, Antholog ie, pp . 193 et s. ; �EREFEDDIN YALTKAYA, Mevlana'da Türkçe Kelimeler ve Türkçe � iirler, dans TM, IV, 1 934, pp. 1 1 1-168 ; � ükrü Kurgan, Anioloji, pp. 1 16-1 1 7. 8. E. J. W. GIBB, HOP, l, p. 147 ; il faut cepen dant noter que la forme des destans populaires turcs composés dans un mètre syllabique et dont les vers rimaient deux � deux par assonnance, présentait beaucoup de ressemblance avec le me§nevi persan dans le mètre remel. Ce dernier fait a été la cause principale de l'adoption de cette forme pour les épo pées historiques et les chroniques en vers.
INTROD UCTION
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ouvrages mystiques en langue persane de CeHileddin Rümi et de son fils Sultan Veled composait des me§.nevis et des ghazels en langue turque et dans le mètre populaire.
1,
Yünus Emre
Il
Mais la chute de Yempire Seldj oucide vint sauver la langue turque du discrédit dans lequel elle était tombée. Sous Yautorité de l'émir de Qaraman Me l).med beg, qui s'était emparé de Qonya en 676 /1277, le turc devint langue officielle 3. Un grand nombre des émirs d'Anatolie, qui n'étaient pas versés dans la culture arabo-persane, donnaient d'autant plus d'importance à la langue populaire turque : ils firent faire de nombreuses traductions d'ouvrages de théologie, de mystique, de médecine ou de chasse 4. L'émir d'Aydin Umür pacha fit traduire en prose turque, par un certain Mesfüd, les contes de Kelï:ie ve Dimne et le poème de S üheyi ü Nevbahiir 5. Au XIVe siècle, le turc mena une lutte victorieuse contre le persan, langue littéraire, et Yarabe, langue religieuse et scientifique. Et cette langue turque qui s'imposa dans la littérature de ce siècle n'était pas encore alourdie par les éléments persans et arabes, comme elle devait le devenir aux siècles suivants. Sous l'influence de ces divers courants, les épopées populaires ne pouvaient manquer d'évoluer, elles aussi. On vit apparaître des destans à la fois épiques et religieux, écrits en me�nevi dans le mètre remel ; le héros conservait un aspect légendaire et les éléments surnaturels donnaient à ce� ouvrages, imprégnés d'idéologie islamique, un caractère fantastique . Un des sujets les plus répand us était les hauts faits dHAli et la tragédie de Kerbela 6. Mais bientôt on composa des chroniques en vers à carac tère d'épopées : tel l' lskenderniime d'Al).medi, qui peut être considéré comme la première chronique historique en vers, car il est suivi d'une histoire des princes de la Maison dH O�man 7. Replacé dans le cadre de l'histoire littéraire, le Destan d' Umür pacha apparaît comme une œuvre marquée par les caractères de son temps : c'est une synthèse des courants, populaire et puriste, religieux et profane, qui inspirent la littérature pré-ottomane et les débuts de la littérature ottomane. Bien qu'appartenant à la tradition des anciennes épopées turques, le Destan d' Umür pacha reste une œuvre puriste, écrite dans la forme me§nevi, dans le mètre remel, fidèle au genre mis en vogue par Celaleddin Rümi, et fortement pénétrée par l'influence de la littérature persane. Le Destan d' Umür pacha contient aussi les principaux traits des épopées religieuses, ]' élément héroïque des anciennes épopées turques, l'idéologie islamique et l'élément surnaturel, qui ne permettent pas de le ranger parmi les chroniques purement historiques. Mais ce n'est pas tout à fait non plus . un destan, car c'est une œuvre qui relate non les prouesses d'un héros légendaire, mais des faits réels, d'après le récit d'un témoin, Hwace Selman, et qui cherche à être une narration. Il se présente donc plutôt sous l'aspect d'une épopée historique. 1. Sultan Veled Beha-üd-din A l,lmed, né à Larende (Qaraman) en 1 226, mort en 1 31 2 ; cf. E. J. W. GIBB, HOP, l, pp. 1 51 et s. ; F. KOPRÜLij, T ürk Dili ue Edebiyatl hakklnda Ara�tlrmalar, l 5t an b u] 1 934, pp . 1 62-173. 2. Poète mystique, ses dates ne sont pas connues ; il était en vie en 1307 et appartenait à l'ordre des derviches Bekta�i, fondé au XIII e siècle par l;Iacl Bekta� Vell ; cf. ABDüLBÂKi GOLPiNARLi, Yunus Emre, Hayatl, Istanbul, 1 936 ; i bid. , Yunus Emre, Diuanl, Istanbul, 1 943. 3. A Qonya, l'usage du turc comme langue offi cielle, attesté par le témoigna.ge d' Ibn-i Bibi, ne dura probablement que pendant les quelques mois de l'occupation de la ville par Me I,lmed beg, emir de ,
Qaraman, mais le rôle des Qaramanides en faveur du turc n'en demeure pas moins incontestable et on peut supposer que la même mesure avait été prise dans les états proprement qaramanides ; il faut cependant noter que les inscriptions de cette époque et les actes de waql conservés sont rédigés en arabe. 4. Pour les titres, de ces ouvrages et les manuscrits existants, cf. HIMMET AKiN , Aydin O gullarl Tarihi hakkinda bir Ara� tlrma, Istanbul, 1 946, pp. XIV et xv. 5. Un manuscrit de Keme ue Dimne existe à Istan bul : bibliothèque Laleli nO 1 897 ; un autre à Oxford : bibliothèque Bodléienne, Marsh 180 ; cf. HIMMET AKIN, op. cit. , pp. XIV et xv. 6. Fuat KOPRÜLÜ, E. I. , s. v. Türks, Litterature. 7. Cf. p. 23, note 5.
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LE DES TAN D' UMUR PACHA
Q UEL Q UES REMARQ UES S UR LA LAN G UE D U D ÜSTURNAME
Le fait de phonétique le plus ünportant et qui n'a pas encore été étudié à l'intérieur de l'fo§manli, est la spirantisation de la dentale d dans un certain nombre de cas : le d intervocalique et final de certains mots et de leurs composés s'écrit b et se pron0 I?- ce z. Voici quelques exemples tirés du Düs t ürname : à côté de l'orthographe !J üdii (P, v. 1 1 90) ou !J üdiiy (P, v, 1 738), nous trouvons !J übii ( l, v. 1 1 90) et !J übiiy ( l, v. 1 738) ; à côté de !J üdiivend (P, v. 1 761), !J übiivend (l, v. 1 76 1 ) ; à côté de �iidzrq (P et l, v. 375), �iibzrq (P et l, v. 7 1 9) ; à côté de �iidgiim (l, v. 1 568), �iib giim (P, v. 1568) ; à côté de �iidmiin ( l, v. 241 8), �iibmiin (P, v. 241 8), etc . . . Notons également l' orthographe z r safadel pour b r safadet (P et l, v. 1 6 1 6) due à une faute de copiste, précieuse pour nous, car elle indique que la lettre b avait déj à acquis à cette époque la prononciation z qu'elle a actuellement. Cependant ce fait de langage s'observe avec plus de précision dans les textes turcs transcrits phonétiquement dans un alphabet autre que l'alphabet arabe, c'est pourquoi nous aurons recours à une chronique tur que fo§manli transcrite phonétiquement en écriture hébraïque : elle se trouve dans un manuscrit de la bibliothèque Bodléienne d' Oxford, Beb. e. 63, et peut être datée des premières années du XVI e siècle . Dans cette chronique nous avons relevé les exemples suivants : les mots �iid, üm rd, ked!J üdiiY, bedbahl, hod, yii!J iid, etc . . . , sont respectivement transcrits : §iiz (folio 1 09 r), üm rz (f. 1 1 7 r), kelh üziiy (f. 1 2 1 r), bezba!J1 (f. 1 2 1 r, deux fois), h oz (ff. 1 1 1 r, 1 1 5 v, 1 1 7 r, 1 1 7 v, etc . . . ), yii!J iiz (f. 1 20 r), etc . . . Comme tous les exemples cités s'appliquent à des mots persans ou à quelques mots arabes qui ont dû passer dans la langue turque par l'intermédiaire du persan, nous sommes obligés de chercher l'origine de ce fait de langage du côté de l' Iran. Il a en effet été signalé, bien que très briève ment 1, que la dentale occlusive d, en position intervocalique et finale, du persan moderne provenait d'une ancienne spirante b et que dans les manuscrits persans du XIII e siècle on trouvait parfois la graphie z au lieu de b, prouvant qu'à cette époque la lettre ô était prononcée z en persan. C'est ce même fait qui vient . d'être observé en (o§manli ancien, il est par conséquent d'origine persane 2. Nous trouvons des alternances entre les consonnes q et y : /ulyun pour !ulqun (P et l, v. 1260), le q > y devant voyelle : qay'iq (l, v. 252) et qay'iy (P, v. 252) ; çoq (P, v. 260) et çoy (P, v. 2 1 ) ; le ç > § devant une consonne sonore : qa�d'i (l, v. 7 1 6 ; P, v. 776 ; P, v. 2275) et qaçdl (P, v, 716 ; l, v. 776 ; l, v. 2275) ; qu�d'i (P et l, v. 729, 1 1 86) pour quçd'i ; ge�di (P et l, v. 1 3 1 8) pour geçdi ; go�di (P et l, v. 1 527) pour goçdi ; d et t : ada (P, v. 1 6 1 ) et a/a ( l, v. 1 6 1 ) ; d'iq'ild'i (P, v. 1 34) et fUqUdi (l, v. 1 34) ; il et q 3 : ol]�ad'i (P et l, v. 528) pour oq�ad'i ; yol1sul (P et l, v. 1 208) pour yoqsul. Ces alternances sont courantes dans la phonétique des langues turques 4 et se rencontrent fréquemment aujourd'hui dans les parlers d'Anatolie. Les faits grammaticaux suivants, relevés dans le D üstürname, sont courants dans IHo§manli ancien et sont presque tous relevés dans la grammaire de M. Jean Deny. Contrairement à la loi actuel lement en vigueur dans la langue turque , qui exige l'assourdissement des consonnes sonores après des consonnes sourdes, des consonnes sonores sont continuellement employées après des sou,rdes : çlqd'i 1. Cf. P. HORN, Neupersische Schrifisprache', dans Grundriss der lran ischen Philolog ie, l, pp. 81 et � . 2. Nous nous proposons d'étudier cette question plus en détail dans un ouvrage, actuellement en pré paration, intitulé Recherches sur la prononciation du . vieil 'o�miin ll.
3. M. Jean DENY a signalé que les lettres q et 1! avaient en turc ancien phonétiquement presque le même son ; cf. Turc Kolay ei la famille de mois en -eyj-ay), Mélanges Boisacq, l, p. 3 1 1 . 4. Jean DENY, Grammaire de l a langue iurque, Paris, 1 921 ; M. RASANEN, Maierialen zur Lauigesch ichie der Türkischen Sprachen, Helsinki, 1949.
INTROD UC TION
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(v; 8), gitdi (v. 86), jutd'ilar (v. 301), etc . . . Les voyelles suivies d'une labiale sont arrondies : i b jib > üb j u b ; im lim > üm jum : alup (v. 28), gelüp (v. 27), ba� um (v. 2412), ben üm (v. 2410), etc . . . L'accusatif d'un nom ou d'une forme nominale du verbe terminée par le suffixe de la troisième personne se présente tantôt sous sa forme ancienne sans i final 1 : �erbetin mevtüYJ neler içmi�dürür (v. 6), lfaq du(üstn anu"tl ètdi m üsteeüb (v. 46), çünki pa�a geldügin bildi jirenk (v. 103) ; tantôt sous sa forme actuelle avec un i analogique de celui de l'accusatif sans suffixe personnel : çoyini an uYJ helük ëtmi� (azep (v. 21 8), kalir orduslni yayma qlldllar (v. 423), etc. L'ablatif est employé après certaines postpositions de direction 2 : benden yaYJa (rubrique p. 107), andan yaYJa (v. 2 1 52). Le cas relatif est employé dans le sens du locatif 3 : anu1) ardlnea (v. 48), anu'fj yanlnea (v. 84) ; et avec les noms prop res pour désigner l'appartenance, là où actuellement on attendrait un génitif 4 : biz Umürea oylanlarlyuz (v. 784). Le pronom démons tratif bu se présente tantôt sous sa forme simple, tantôt sous la forme composée : i* bu 5 , ; le pronom personnel kendi est employé parfois combiné avec le mot oz + suffixe possessif : kendozi (v. 1 498) 6. Le cas comparatif de IHo§manll ancien en -eileyin j-dlayln 7, se rencontre plusieurs fois dans le D üs tiirn ame : beneileyin (v. 2394), anellayln (v. 300) à côté de la forme courante avec gibi. Les formes verbales sont encore archaïques et les désinences du verbe se rapprochent du pro nom personnel 8 : benem (v. 5 1 3), ben sen ü'fj . . . qulam (v. 1658), çün bu qi* qilmaya sen bunda qarar (v. 1659), varavuz (v. 818), donsev üz (v. 386), qaçsavuz (v. 1 629), bilmezüz (v. 2 1 1 5), qaçma'fjuz siz (V. 809), etc ... La première personne du singulier de l'optatif est en -eyin j-ayin 9 : goreyin (v. 2078), gireyin (v. 2460), distincte de celle de l'optatif-subj onctif en em j-am : alam (v. 2493), ôlem (v. 2494), q'ilam (v. 1657). La troisième personne du présent du verbe substantif se présente tantôt sous sa forme pleine dür ür jdùrur, dérivée de la troisième personne de . l'aoriste du verbe durmaq 1 0, tantôt sous sa forme dür jdur, comme actuellement. L'impératif est suivi à la deuxième personne du singulier du suffixe gil jyll 1 1, encore vivant dans les dialectes orientaux 1 2 : qllmayll (v. 1468) ,dëgil (v. 1837), gelgil (v. 1971). Les phrases conditionnelles sont généralement construites avec l'ancien suffixe -iser j-lsar 1 3 : dédiler kim jO'fjusar Merie qaa jRum ëlin ü'fj ayrl*lsar aqini (v. 1 651, 1 652). Près du gérondif en üp jup qui est continuellement employé, on rencontre l'ancienne forme complexe en - üben j-u ban 1 4 : ëd üben (v. 21 48), egird üben (v. 243), uyra*uban (v. 402) ; ou en - übeni j ubanl : gorüben i (v. 1 790) ; ainsi qu'une forme particulièrement intéressante, parce qu'elle n'est relevée dans aucune grammaire, en - übenin j-ubanln ; alubanln (v. 583), ba�ubanln (v. 336), yol ëdübenin (v. 1 400). On rencontre également le gérondif consécutif en - (y) ieek j-(y) ieaq qui a le sens de « quand, lorsque » 15 : gôricek anlarl pa*a depdi at Cv. 1003), bullcaq kimseneye vermezdi ba* (v. 2124) et le gérondif substitutif en - (y) inee j-(y)lnea qui a le sens de « au lieu de » 18 : 01 gelinee e*di otuz bè* gemi (v . 365). 1.. A. VON GABAIN, Alttürkische Grammatik, Leip zig, 1941, p. 98. 2. Cf. Jean DENY, Grammaire, pp. 628 et s. 3. Jean DENY, Grammaire, p. 652 ; cet emploi du relatif existe encore aujourd'hui dans les parlers d'Anatolie. , 4. Cet emploi est particulièrement intéressant et n'est pas relevé par les grammaires du turc ·O�manll. 5. Jean DENY, Grammaire, p. 220. 6. Op. ' cit., p. 1096. ' ' 7. Op. cit., p. 633 . ' 8. Jean DXNY, Structure de la langue turque, dans
Conférences de l'Institut de Linguistique de l' Université de Paris, IX (1949), p. 48. 9. A. VON GABAIN, A.T. G., pp. 109 et s. 10. Jean DENY, Grammaire, p. 352. . 11. Op. cit., p. 389. 12. Par exemple en O zbek ; cf. A. VON GABAIN, Üzbekische Grammatik, Leipzig et Vienne, 1945, p. 108. 13. A. VON GABAIN, A.T. G. , pp. 152 et 185. 14. Jean DENY, Grammaire, p. 886. 15. Op. cit., p. 996. 16. Op. cit., pp. 993 et s.
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LE DES TAN D' UMUR PACHA
Une place considérable est faite au discours direct, ce qui est une des particularités de la langue turque : « qorqldam » �anurdl, ils pensaient « que je lui fasse peur 1 » (v. 1 08) ; « da.l]i qurtulam » �anur, il pensait : « je peux encore me sauver » (v. 1 458) ; cependant dans le Destan d' Umiir pacha on ren contre fréquemment un discours direct à l'intérieur d'un autre discours direct, ce qui obscurcit beau coup le sens des vers : « tut ki : çaUy'im ' », « suppose q-qe : je suis la bruyère ' » (v. 539) ; « biz üm ël üm üzi bize qo' dëgil », « dis lui : laisse notre pays à nous 1 ' » (v. 1 837). t
t
t
Du point de vue du vocabulaire il est intéressant de noter que certains verbes, d'un emploi courant aujourd'hui, ont encore souvent un sens archaïque : istemek « suivre à la trace » 1 (aujourd'hui : « vouloir »), (v. 7 1 5) ; got ürmek « enlever en l'air » 2 (auj ourd'hui : « emporter ») (v. 258) ; yazmaq « orner » 3 (auj ourd'hui : « écrire »), (v. 547) ; bilmek « apprendre » (auj ourd'hui : « savoir »), (v. 834), etc ... D'autres mots sont intéressants par leurs réminiscences de traditions anciennes : �olen 4 « ancien festin des Turcs chamanistes » (v. 1 380) ; ou par leur rareté : ëllik « la paix » 5 (v. 1 44), ëlle� ürmek « faire la paix, s'entendre » (v. 474). Il est enfin intéressant de noter la richesse du texte du point de vue ·du vocabulaire militaire : grande variété des noms d'armes, des différentes parties de l'armure, des machines de guerre, termes de tactique ; ces mots seront étudiés en note dans la traduction du Destan d'Umiir pacha et dans le lexique.
LES DONNÉES HISTORIQ UES DU DEST.AN D' UM iJR PA CHA L'histoire des Emirats d'Asie Mineu,re est celle d'une suite de pirateries sur mer et de razzias accomplies par les Turcs, le plus souvent pour leur propre compte, mais parfois aussi pour celui des Byzantins ou d'autres chrétiens d'Orient. Pour ces états, composés d'éléments guerriers à demi-noma des, les razzias étaient un important moyen de subsistance ; la religion les j ustifiait au nom de la Guerre S{linte 6. Le Destan d' Umur Pacha est l'histoire d'une de ces principautés, qui fit régner la confusion et l'insécurité dans toute la Méditerranée Orientale. Dans les premières années du XIVe siècle, le beau-fils de l'émir de Mente�e, Sasa Beg, après avoir conquis de nombreuses villes pour son suzerain, se sépara de lui et se mit à guerroyer pour son compte, en s'associant à un émir vassal du beg de Germiyan, Mel).med Beg fils d'AydIn 7. Telle est l'ambiance dans laquelle s'ouvre le Destan d'Umiir Pacha, qui nous fait assister à une succession d'événements que nous avons essayé de replacer chronologiquement dans les cadres de l'histoire. 1. Ka§giiri, Divanü Lûgat-it- Türk, traduction de Besim Atalay, Ankara, 1 940 (Türk Dil Kurumu), l, p. 272. 2. Tanrklariyle Tarama Sozlü gü, Istanbul, 1943 (T ürk Dil Kurumu), l, p. 328.
3. Ibid. , p. 808. 4. �olen a dans le D üsturname le sens de
«
festin
».
5. Ka� giiri, l, pp. 49 et 200 : él « réconciliation entre deux begs ». 6. P. WITTEK, The Rise 01 the Ottoman Empire, Londres, 1938, pp. 1 7 et s., p. 40.
7. Pachymère (ed. Bonn, I I, p . 589B) est, avec le Destan d'Umur pacha, la seule source où il soit fait mention de Sasa beg ; M. HIMMET AKiN a fait remarquer (Aydin 0 gullarl Tarihi hakklnda bir Ara�tirma, Anka ra, 1 946, p. 25) que son nom ne se rencontre dans aucune inscription et dans aucun document d'archi ves ; M. Ismail HAKKI UZUNÇARSILI a fait des recher ches sur la famille Sas a beg (cf. Çelebi Mef.tmed lara Ilndan verilmi� bir lemlikhiine ve Sasa beg Ailesi, dans Belleten, III, 1939, pp. 389-399), mais le document sur lequel il se base est du xve siècle et n'intéresse par conséquent pas le Sasa beg dont il est question ici ; cf. p. 46, note 7.
INTROD UC TION
1 307 _
1
( 1 308)
(1 308)
5
1309 Entre 1 309 et 1 326.
39
Prise de Birgi (Pyrgion) par Sasa beg (attribuée à Me l).med beg après la trahison de Saga beg). Prise d'Ayasoluq 2 (Ephèse) par Mel).med beg, pour le compte de Sasa beg 3. Prise de Keles 4 (dans les mêmes conditions que pour Ayasoluq). Coalition, contre Me l).med beg, des Chrétiens, auxquels se joint Sasa beg par ja lousie ; défaite et mort de Sasa 'beg ; Mel).med beg hérite, en fait, du pouvoir de Sasa beg. Naissance d'Umur, deuxième fils de Mel).med beg. Prise de l'Acropole d' Izmir par Me l).med beg 6.
1. La date est donnée par l'inscription de la mos quée Ulu Cami' à Birgi, construite par Me l}.med beg en 712 /1312 ; l'inscription, en langue arabe, a été publiée dans 1. H. UZUNÇAR � ILI, Anadolu Kitabeleri, I I, Istanbul, 1 929, p. 1 1 0 et HIMMET AKiN, op. cft., pp. 105 et s. ; d'après cette inscription, la conquête est attribuée à Me l}.med beg, contrairement au témoi gnage du vers 25 du Destan d' Umür pacha qui l'attri bue à Sasa beg ; il est à présumer qu'après la trahison de Sasa beg (cf. vers 37-40), son nom fut honni et ses conquêtes attribuées à son successeur, Me l}.med beg. 2. L'appellation Ayasoluq ou Ayasoluy provient du nom de l ' église de Saint Jean à Ephèse. La ville d'Ephèse était appelée par les Grecs, du nom de èette église, a)'tot; 'Iw�'/\rl)t; ou a)'tot; 8�oÀ.é)'ot;, d'où le nom de la ville en italien Altoluogo, qui est devenu en turc Ayasoluq ; cf. W. HEYD, Histoire du Commerce du Levant au moyen âge, trad. Furcy-Raynaud, Leip zig, 1 923, l, pp. 540 et s. ; IB N BA1'Ü,!A, Voyages, trad. C. Defremery et B. R. Sanguinetti, Paris, 1 854, II, p. 308. 3. La ville d'Ephèse fut conquise par Sasa beg, par la faim, le 24 octobre 1304 : Pachymère, I I, p. 589B. Elle fut reprise par les Catalans en 1308 : Chron ique de Ramon Muntaner, traduction de J; A. Buchon, Paris, 1827 (Collection des Chroniques Nationales Françaises, VI), I I, pp. 230 et s. C'est vraisemblable ment sur les Catalans qu'elle fut conquise par Me l}.med beg peu après cette date. .. 4. Ville du vilayet d'AydIn, à 28 km. au sud d'Ode mi � ; d'après W. H. RAMSAY ( The Historieal Geogra, phy of ASia Minor, Londres, 1 890, p. 105), l'ancien nom de la ville était Kolose (sur le Kaystros) ; cf. �EMSETTIN SAMI FRA�ERI, Qiïmüs-ul-A 'liim, Cons tantinople, 1 896 ; le nom actuel de la ville est Kiraz : ISMAIL HAKKI UZUNÇARSILI, Anadolu Kitabeleri, I I, p. 1 1 7 ; pour plus de détails, cf. HlM MET AKIN , op. eit. , pp. 99 et s. 5. La date de ces événements n'est pas connue, par ailleurs. MÜKRIMIN HALIL YINANÇ. suppose qu'ils se
placent lors des opérations des Turcs contre les Che valiers Hospitaliers qui s'étaient emparés de l'île de Rhodes : les Turcs avaient fait pour reprendre l'île plusieurs tentatives, dont l'une dirigée par 'Osman beg, que les historiens occidentaux ont identifié à tort avec le premier sultan des Ottomans ; M ükrimin Halil pense qu'il s'agit de 'O§.man, frère de Me l}.med beg Aydinoglu (cf. v. 19). Mais P. WITTEK attribue ces opérations plutôt aux émirs de Mente � e, qui déte naient alors la suprématie de la mer (cf. Das Fürsten tum Mentesche, Istanbul, 1934, pp. 38 et s.). Mükri min Halil place ces événements, d'après les histo riens occidentaux, en 1310 (cf. M ükr. HaUl, p. 22), mais il se base sur des ouvrages très anciens, car la prise de Rhodes, d'après les recherches récentes, a eu lieu le 15 août 1308 (cf. AZIZ SURYAL ATIYA, The Crusade in the Later Middle A ges, Londres, 1 938, p. 289). Cette date est confirmée par le D estan d'Umür pacha qui place la défaite et la mort de Sasa beg avant la naissance d'Umür pacha en 1309. H IMME T AKIN (op. cit., pp. 22-25) est de notre avis, mais propose de reculer la date de la mort de Sasa beg jus qu'en 1307, se basant sur l'inscription de la mosquée de Birgi (cf. ci-dessus, note 1) : il pense que la ville de Birgi a été prise par Me l}.med beg Aydlnoglu après la mort de Sasa beg. Mais cette hypothèse est contredite par les vers 27 et suivants, selon lesquels Me l}.med beg avait conquis Ayasoluq (Ephèse) et Keles pour le compte de Sasa beg et de son vivant : Ayasoluq ayant été prise par les Catalans en 1308 (cf. ci-dessus, note 3) n'a pas pu être reprise par Me 'l}.med beg avant cette date, et il faut plutôt croire qu'après la mort de Sasa beg ses conquêtes, y compris, celle de Birgi en 1307, ont été attribuées à Me l}.med beg Aydinoglu. 6. Nol,ls n'avons aucune autre mention de la conquête de l'acropole d' Izmir par Me l}.med beg. Le traité de Nymphée du 13 mars 1261 accordait aux Génois un établissement à Izmir : en échange de l'appui de la flotte génoise pour la reconquête de Constantinople, l'empereur ' Michel V I I I Paléologue leur avait donné l'église de Sainte Marie et la pleine 0
o
LE DES TAN D' UMUR PACHA
40
1317 Vers 1 326. 1 326-1 328. (1329) 8 (1 332)
4
(1333) 6
(?) 1 334, janv. 1 334 ou 1 335
Mel}.med beg se proclame émir (indépendant de Germiyan) 1. Mel}.med beg partage son territoire entre ses cinq fils 2. La forteresse du port d' Izmir tenue par Martin Zaccaria est prise par Umür pacha. Incursion navale d' Umiir pacha vers l'île de Bozca (Tenedos). Reconquête de l'île de $aqiz (Chios), alors aux mains de Martin Zaccaria, par l'Empereur Andronic I I I. Razzia d'Um iir pacha sur l'île de $a qiz. Malgré la défense de Mel}.med beg, Umür pacha et le fils de l'émir de $aru gan, Temür khan, font une incursion aux environs de Gelibolu (Gallipoli) et pillent une forteresse dans le port. Incursion d'UmOr pacha dans la mer Egée : Mumduniça (Bodonitza), Ayribos (Negrepont), Moneve§ya (Monemvasie). Incursion d'Umür pacha contre l'île de Quluri (Salamine). Attaque d' Izmir par les Chrétiens coalisés 6. Mort de Mel.lmed beg 7, UmOr pacha lui succède. Incursion d'Umür pacha et du fils de l'émir de $aruhan, Süleyman beg, en Grèce : Moneve�ya, pays d' l�pen, Mistra.
possession du port . et de la ville d'Izmir ; cf. G. I.
BRATIANU, Recherches sur le conunerce génois dans la mer Noire au XIIIe siècle, Paris, 1929, pp. 81 et s. W. HEYD, Histoire du Conunerce du Levant, l, p. 429 ·
et p. 461 . C'est vraisemblablement sur la famille génoise des Zaccaria, mentionnée à l'occasion de la prise de la citadelle inférieure (v. · 139, v. 1 43) que Me I,lined beg conquit l'Acropole entre les années 1307, conquête de Birgi, et 1 326, début des opérations d'Umür pacha contre la citadelle inférieure. Mükri min HaJil a placé cet événement en 1 3 1 1 ('1) , (cf. Mükr. Halil, p. 84) : ce n'est qu'une conjecture qui ne repose sur aucun document, mais cette date a été reproduite dans d'autres ouvrages de savants turcs d'après Mükr. Halil (cf. I.H� UZUNÇAR� ÏLI, Anadolu Beglikleri, Ankara, 1 937, p. 1 9 ; HIMMET AK IN , op. cil. , p. 30 et p. 203). Il convient de ne pas en tenir compte (H. Akln a
4. Vers la fin de 1332 Umür pacha avec 75 bateaux , pille l'île de Samothrace et débarque en Thrace, à Poros. Andronic I I I, n'ayant pas assez de troupes à lui opposer, n'ose pas l'affronter, mais les Turcs sont obligés de se retirer ; id. Cant., II, 28, ed. Bonn, l, pp. 470-475.
5. D'après les sources occidentales, au printemps 1333, l'empereur Andronic est obligé de demander le
secours des Latins contre les Turcs qui avaient envahi la Macédoine, Négrepont et Athènes ; E. DE MURALT, Essai de Chronographie Byzantine, I I, Saint-Péters bourg, 1 8 7 1 , p. 557. 6 . M ÜKR. HALIL (cf. pp. 32 et s.) a vu dans cet événement le débarquement à Izmir des Croisés sous le commandement de Pierre Zeno et de Jean de Chepoy à la poursuite de l'emir de Qaresi Ya��1 beg, qui eut lieu, d'après les sources occidentales, le 17 septembre 1 334 (cf. C. DE LA RONCIÈRE, Histoire de la Marine Française, Paris, 1 899, 1, pp. 233-237) ; la mort de Me I;1med beg qui eut lieu le 2 du mois de Cemaaiyelevvel 734 / j anvier 1334, d'après l'inscrip tion de son mausolée (éditée dans I.H. UZUNÇ., Ana dolu Kitabaleri, I I, pp. 1 1 2 et s. et HIMMET AKIN, Aydin OtJullarl Tarihi, pp. 1 07 et s.) serait, d'après MÜKR. HALIL, antérieure à ce débarquement, mais Himmet Akin pense qu'il faut donner foi à HWace Selman, témoin direct des événements (cf. op. cil., p. 35, note 215 et p. 39, note 233) ; le fait rapporté par le Destan d'Umür Pacha pourrait être une cam pagne de représailles motivée par l'incursion précé dente d'Umür pacha et une conséquence du secours demandé par l'empereur Andronic I I I aux Latins (cf. note précédente), et indépendante par conséquent du débarquement du 17 sept. 1 334 ; il conviendrait de revoir l'histoire de la croisade prêchée par Jean XX I I à la lumière des données nouvelles apportées par le Destan d'Umür pacha ; cf. p. 77, note 1 . 7. Voir note précédente.
41
INTROD UC TION
1335 ou 1336 (1336) la Entre 1336 et 1341
(1) (15 juin 1341) (fin 1342)
fj
6
(Août 1343) '1 (fin de l'automne 1 343) (hiver 1344)
( 1344)
10
D
8
Siège d'Ala�ehir (Philadelphie) par Umür pacha 1. Entrevue d'Umür pacha et de l'empereur Andronic I I I à Qara Buron (Nouvelle-Phocée) ; Umür pacha reçoit de l'empereur l'île de $aqiz (Chios). Incursion d'Umür pacha dans les Cyclades : duché Catalan d'Athènes, pays de yifrilos, île d'Andros, îles de Sancunos et Sanyunos (Siphnos et Sikinos), duché de Naxos, île de Paros, Ayribos, golfe de Qoç (Volo), pays des Serbes et des Albanais, Istefa (Thèbes de Béotie), Uskura (Skyros), Midilli (Mity lène) 3. Incursion dans la mer Noire : Kili (Kilia) 4. Mort d'Andronic I I I. L'aide d' Umür pacha est demandée par Domestikos (Jean V I Cantacuzène). Arrivée d'Umür pacha à Dimetoqa (Didymotique). Opération d' Umür pacha et de Süleyman bey, fils de $aruban, contre les ennemis de Domes tikos. Opérations contre Salonique. Opérations d'Umür pacha et de Domestikos contre : Siroz (Serrès), Zinne (Zichna), Hiristo (Christoupolis), Eksya (Xanthia), Buru (Périthéorion). Mumcila (Momitzilô) entre au service d'Umür pacha et de Domestikos. Opérations d'Umür pacha et de Mumcila contre Gümülcüne (Komotini), Iyrican (Gratianopolis), Qolba (?). Umür pacha renvoie sa flotte et son armée et reste à Dimetoqa avec mille hommes. Les hommes d'Umür pillent la plaine de Zayra. Attaque de Dimetoqa par l'armée du Gouverneur d'Edirne (Andrinople) et mort de ce gouverneur (Phrantzès). Domestikos offre à Umür pacha sa ' fille en mariage. Ambassade envoyée par la femme d'Andronic I I I pour prier Um ür pacha et Domestikos de cesser les hostilités.
1 . Le siège et la prise d' Ala�ehir (Philadelphie) ont été contestés par Mükr. Halil (cf. pp. 36 et s.) parce qu'il n'en est fait mention dans aucune autre source ; mais Himmet Akin a découvert un document d'archi ves relatif à la construction d'une mosquée par Umür pacha dans cette ville (édité dans Aydin Ogullarl Tarihi, p. 163, document nO 1 4.8) ; ce document prouve la véracité du récit de HWace Selman ; M. Himmet Akln suppose, peut-être avec raison, que l'entrevue entre Umür pacha et Cantacuzène à Clazo mènes (cf. note suivante) avait pour but d'épargner la ville d' Ala�ehir, en échange de quoi Umür pacha recevait des mains de l'empereur l'île de �aqlz (v. 1030 à 1080, v. 1329-1 330) ; cf. HIMMET AKiN, op. cit. , pp. 40-41. 2. Cant., II, 29, ed. Bonn, l, pp. 476-482 ; Greg. , X I, l , ed. Bonn, 1 , pp. 523-529 ; cf. p . 83, note . 4 . 3. D'après les sources occidentales, e n 1341 et 1 342, Umür pacha avec 250 à 300 bateaux s'était rendu maltre de l'Archipel et venait attaquer Négre -
pont ; J. GAY, Le Pape Clément VI et les Affaires d'Orient (1342-1352), Paris, 1 904, p. 35. Cependant, il semble que ces événements ont dû se passer un peu plus tôt, entre l'entrevue de Phocée, en 1 336, et la mort d'Andronic II I, en 1341 . 4. Cf. p. 90, note 1 et p. 91, note 3 . 5. Cant. I I, 40, ed. Bonn, l , p p . 551-560. 6. Canto III, 56, ed. Bonn, I I, pp. 336-346 ; Greg. XIII, 4, ed. Bonn II, pp. 692-694. 7. Cant. II I, 63, ed. Bonn II, pp. 383-390 ; Greg. X II I, 10, ed. Bonn I I, pp. 660-677. 8. Les villes de Thrace font leur soumission à Can tacuzène ; Canto III, 64-65, ed. Bonn II, pp. 390403 ; Greg. X III, 10, ed. Bonn I I, pp. 671-677. 9. Cantacuzène fait une expédition avec Momitzilô dans le Mont Rhodope : Canto I I I, 65-66, ed. Bonn I I, pp. 398-410 ; Greg. XIV, 1, ed. Bonn I I, pp. 692694. 10. Canto III, 66, ed. Bonn, Il, pp. 403-410.
LE DESTAN D' UM UR PA CHA
42
(1 344, mai)
1
( 1 343) 2 ( 1 344, 28 oct.) 3 (1 345, 1 7 janv.) 4 (1 345, 25 mai) 6. ( 1346, j uin) 6 (Août 1 346) 7 (1 345, printemps) 8
(1 345) 9 ( 1 345, I l j uin) 1 0 (1 345, fin j uil.) 1 ] 1 348 (mai ou j uin) 1 2
Qaloyan (Jean V Paléologue) envoie à Umür pacha des bateaux, pour lui permettre de rentrer chez lui. Croisade prêchée par le Pape (Clément VI) contre Umür pacha. Attaque et prise de la forteresse inférieure d' Izmir par les Croisés. Défaite des Croisés et mort des chefs. Croisade de Torfil (Dauphin Humbert I I, duc de Viennois). Arrivée de Torfil à Izmir. Mort du fils de Torfil, Qiliç (Pierre de Lucinges). Départ de Tortil d' Izmir. Umür pacha et S üleyman bey, fils de $aruhan se rendent à Dimetoqa ; pillage du pays d'Alexandre (roi de Bulgarie), incursion à Aaeryana ( 1), opérations contre Gügercinlik (Kolombac). Défaite et exécution de Mumcila. ' Assassinat d'Apokaukos. Mort de Süleyman bey et retour d'Umür .pacha. Mort d' Umür pacha durant le siège de la forteresse inférieure d' Izmir.
1. Canto I I I, 66, ed. Bonn I I, pp. 403-410. 2. J. GAY, Le pape Clément VI, pp . 32 et s. 3. J. GAY, op. cit. , p. 40 ; Aziz Suryal ATIYA, The Crusade in the La�er Middle A ges, pp. 290 et s. 4. J. GAY, op. cit. , p . 56 ; A. S. ATIYA, op. cit. , p. 295. 5. Le Dauphin Humbert est nommé chef de la Croisade ; cf. J. DELAVILLE LE ROULX, La France en ' Orient, Paris, 1 886, l, p. 1 05 ; Cl. FAURE, Le Dauphin Humbert II à Venise et en Orient (1345-1347) dans Mélanges d'Archéologie et d' Histoire de l'Ecole Fran çaise de Rome, XXV I I, 1 907, p. 512 ; N. IORGA, Philippe de Mezières, Paris, 1 896, pp. 4;5 et S . ; A. S. ATIYA, op. cit. , pp. 301-318. . 6. Le Dauphin Humbert arriva à Chios en juin 1 3 16 et se rendit à Izmir avec 26 bateaux ; le 24 juin il livra un combat heureux à Izmir ; cf.J. DELAVILLE LE ROULX, Les Hosp italiers à Rhodes, Paris, 1 913, p. 98 ; Id. , La France en Orient, p. 1 08 ; N. IORGA, op. c il., p. 55 ; cf. p. 121, note 2. 7. Fin août, le Dauphin Humbert met voile vers Rhodes, il est attaqué en route et pillé par une escadre génoise ; cf. J. DELAVILLE LE ROULX, La France en Orient, p. 108 ; Les Hosp i t a l i ers à Rhodes, p. 107. _
8 . Cant. I I I, 86, ed. Bonn, I I, ' pp. 529-534 ; Greg. X IV, 9, ed. Bonn I I, pp. 726-729 ; cf. p. 123, note 1. 9 . Canto I II, 86, ed. Bonn I I, pp. 530-534 ; Greg. X IV, 9, ed. Bonn I I, pp. 726-729. 1 0. Canto I I I, 87-88, ed. Bonn I I, pp. 534-546 ; Greg. X IV, 1 0, ed. Bonn II, pp. 729-741 . , 1 1 . Cant. qI, 89, ed. Bonn II, pp. 546-552 ; cf. p. 1 25, note 1 . '
12. D'après les sources occidentales, la mort d'Umür pacha a eu lieu en mai ou juin : J. GAY, op. cit., p. 105 ; J. DELAVILLE LE ROULX, Les Hospitaliers à Rhodes, p. 109. Mais MÜKR. HALIL a placé cet événement avant le 18 avril 1348, date à laquelle les historiens occidentaux placent le traité de paix de son frère HI�Ir avec les Latins, qui fut la conséquence immé diate de la mort d'Umür (cf. Mükr. Halil, pp. 78-79). D ' autres historiens turcs ont · reproduit cette date pour la mort d'Umür (cf. I.H., UZ UNÇ . , Anadolu Beglikleri, p. 29). Mais Himmet Akin fait remarquer que ce traité n'a pas eu lieu le 18 avril, mais le 18 août 1348, d'après les Diplomalarium Veneto-Levantinum, l, Venise, 1 880, pp. 313-318, et la mort d'Umür pacha aurait effectivement eu lieu en mai ou en juin, selon le témoignage des sources occidentales ; cf. HIMMET AK IN, op. cil. , pp. 51-52.
-
-
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K I T A B - I D U S T U R N A ME benam-i MAljMUD pa�a-i a(�am rahimeh-ullah •
LIVRE
DU
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D US T U R N A M E
' au nom de MAHMUD bacha le Très Haut • \
que Dieu l'ait en Sa merci
[ LE DESTAN D'UMUR PAeRA] Ici se place le livre dix-huitième, ses chap itres sont innombrables.
Geldi bunda on sekizinci kitiib bunuYj içinde gel ür ey n ice biib
1 É coute maintenant ce livre de Combats, 1
Dhjle imdi bir yazadan name sen bir Teferrücname yazdum yine ben
j'ai encore écrit un livre de Plaisance
1.
Divertis-toi et qu'il te serve de modè1e, mais que tes ambitions ne te rendent pas présomptueux
qiI teferrüc bu kitabi fibret al seni mayrür êtmesün tül-u emel
5 vois tout ce qui s'est passé dans ce monde
bu cihandan gôr neler geçmi�d ürür �erbetin mevtüYj neler içmi�d ürür
et tout ce qui s'est abreuvé du philtre de la mort 1
yédi yüz on yédi' di hicret temam çiqdi Aydinoyli inir-i nik 0 nam
Sept cent dix-sept ans s'étaient écoulés depuis l'Hégire 8, quand un fils d'Aydin 4. devint émir au bon renom.
Aydinoyli oldurur yazi Umür l;1a�ret-i pa�a ki çoq gôrmi� um ür
Gazi 6 Umür, lui aussi, est un fils d'Aydin 10 son excellence 6 le pacha 7 dont les exploits furent nombreux.
1. 1 : Di'1lle imdi bu y azàvetnàme sen.
1. yaza, expédition militaire dirigée contre les infidèles ; cf. note 5 ci-dessous. 2. Teferrücname, cf. p. 28. 3. Ce vers a été corrigé par Mükr. Halil d'après la date donnée pour la prise de Birgi par l'inscription de la mosquée de Me l,lmed Aydlnoglu à Birgi (707) ; cf. p. 39, note 1 ; Mükr. Halil, p. 17 et s. ; or, Enveri est formel : c'est bien, d'après lui, en 717, qu'a lieu l'accession de la famille Aydlnoglu à l'émirat ; le témoignage de Al- ' Umari (cf. p. 46, note 4) permet de supposer que Me l,lmed beg rompit alors officielle ment ses enga gements de vassalité envers Ya'qüb beg de Germiyan ; cela n'empêche pas de supposer qu'il était, en fait, indépendant depuis la mort de Sasa beg.
4. La question de l'origine du nom AydIn n'a pas encore été éclaircie ; il est probable qu'il se rattache à un ancêtre de ce nom ; cf. Himmet AKIN, AydIn Ogullarl Tarihi, pp . 7-14. 5. yazi, combattant pour la foi ; le terme est défini de la façon suivante au début du Dastan- i Teva rlh-i Mülük-i Al-i r O� man d'A l,lmedi (cf. p. 23 , note 5 : « Qu'est-ce qu'un yàzi '1 Un yazi, c'est l'ins trument de la religion de Dieu, un serviteur de Dieu qui nettoie la terre de la souillure du polythéisme (aux yeux des Musulmans, le Christianisme avec son culte de la Trinité est aussi un polythéisme) ;
le yàzi, c'est le glaive de Dieu, il est le protecteur et l'asüe des Croyants. S'il devient martyr dans les voies d'Allah, ne crois pas qu'il soit mort ; il vit bien heureux auprès de Dieu, il a la vie éternelle. Il Le devoir du yazi ne comportait pas seulement l'obliga tion de lutter contre les mécréants, mais aQssi celle de lutter contre les passions ; mais en fait les yàzis étaient également poussés par l'attrait du butin ; cf. P. WITTEK, Deux chapitres de l'Histoire des Turcs de Rum ( I I : Les Gazis dans l'histoire ottomane), dana Byzantion, XI, 1936, pp. 302-319 ; Cl. HUART, Le. Saints des Derviches tourneurs, Paris, 1918-1922, I I, p. 36 et p. 391. Himmet AKiN suppose qu'Umür pacha a reçu le titre d� yàzi après sa conquête d' Izmir (cf. v. 97-148) : il fit alors construire un bateau de ce nom ; cf. Himmet AKIN, op. cit., p. 33. 6. Qa�ret, « la présence », terme de respect servant à désigner un prince d'une façon détournée. 7. Pa�a, abréviation de padi�ah ; titre qui appa raît au début du XIIIe siècle, il fut d'abord donné, en même temps que celui de sullan et de �ah, à des derviches-soldats renommés pour leur sainteté ; à la fin du XIIIe siècle il fut appliqué aux émirs turcomans d'Anatolie dont certains, comme Umür pacha, étaient des chefs mi-religieux, mi-militaires ; cf. J. DENY, E l, s. v. pasha ; J. H. KRAMERS, E l, s. v. Turks, p. 1013.
46
LE DES TAN D' UM UR PACHA
01 zeman Sultan � Ala'eddin meger
Dans ce temps-là, le sultan �Ala'eddin 1 régnait à Qonya en souverain considéré.
Aydinoyli yazi Mel).med beg a1)a geldi sultana i�it neydem sa1)a
Le fils d'AydIn, gazi Mel).med beg 2,
Qonyadaydi padi�ah-i mu�teber
dilemi� Sultan �Ala'eddinden uc Aydin eline kim 01 q'ilmi� burüc be � qarinda� idi i�bunlar temanl ulusi Mel).med beg anu1) nik 0 nam biri � O�man u Qaraman u Basen !jamza begd ür kiçisi ki di1)le sen
vint trouver le sultan ; écoute mon récit.
1 5 Il demanda au sultan �Ala'eddin comme marche le pays d'Aydin dont il s'empara.
3
Ils étaient cinq frères, les fils d'AydIn, l'aîné, Mel).med beg au bon renom, puis � O§man et Qaraman et !jasen, 20 et enfin !jamza beg, le plus jeune ; écoute bien.
Germiyan elinden ed üp fetl).-i bab Germiyan tutaridi a1)a rikab
Pour le pays de Germiyan 4 ils avaient ouvert la porte des l'émir de Germiyan, ils lui tenaient l'étrier 6. [conquêtes 5 ;
Sasa beg derler idi bir yazi er gelmi� AydIn eline evvel meger
Il y avait dans ce temps un gazi qu'on nommait Sasa beg, il était venu le premier au pays d'AydIn
7
14. neydem pour ne eyidem.
1. Le Sultan Seldjoucide 'AHi' eddin Keyqubad I I I régna e n dernier lieu d e 1 298 à 1300 ; d e 1 300 à 1 307 régnait Giyaseddin Mes ' iid I I ; cf. Zeki Velidi TOGAN, Umumï Türk Tarihine Giri�, Istanbul, 1 936, l, pp. 237 et s. ; Me .l;tmed Beg n'a, par conséquent, pas pu recevoir la marche des mains du Sultan 'Ala'eddin ; l'allusion du texte n'est probablement pas à 'Ala'eddin Keyqubad I I I, mais à 'Ala'eddin Keyqubad l, le plus glorieux des sultans Seldjoucides ; l'histoire des marches concédées par les sultans Seldjoucides se retrouve aux premiers temps de tous les émirats et se présente comme une fable stéréotypée; cf. Mükr RALIL, p. 18 ; P. WITTEK, Das Fürstentum Mentesche, p. 36. 2. Beg, ancien titre désignant l'homme noble, par opposition au peuple ( bodun) et le chef d'une petite tribu, par opposition au qayan ou han ; cf. W. BAR THOLD, E l, s. v. Beg. 3. izç, marche militaire, quelquefois fief d'un guerrier chargé de la défendre ; ce guerrier portait le titre de uç beg, ou de sal,l ïl beg si la marche se trouvait dans la région des côtes ; il était appelé yiizi ou pacha ; ef. Fuat KOPRÜLÜ, Les origines de l'Empire ottoman, Paris, 1935, pp. 88 et s. ; P. WITTEK, The Rise 0/ the Ottoman Empire, pp. 17 et s. 4. L'émirat de Germiyiin, en Phrygie, se forma au XIIIe siècle ; sa capitale était Kütahya. D'après le géographe arabe AI-' Umarï, l'émir de Germiyan, Ya'qiip beg fils d" Alï $ïr (mort en 1320), était le plus puissant des émirs d'Anatolie ; plusieurs des autres émirs, comme ceux d'Aydin, de �aruban et de Qaresi, avaient d'abord été les vassaux de Germiyan,
puis s'étaient séparés de lui. Son état, entouré de formations nouvelles fondées par ses propres chefs militaires, et n'ayant pas d'accès aux côtes, fut réduit à la situation d'état continental et ne put continuer à se développer ; cf. Ismail Rakkl UZUN Ç AR�ILI, Anadolu Beylikleri, Ankara, 1 937 ; id., Osmanll Ta rihi, Ankara, 1 947, l, pp. 14 et s. ; Al-' Umari, trad. Quatremère dans Notices et Extraits, X I I I, pp. 340 et 353 ; pour l'origine de l'émirat de Germiyan, cf. Cl. CAHEN, Noies pour l' Histoire des Turcomans d'Asie Mineure au XIIIe siècle, JA, CCXXX IX, 1 951 , pp. 549 et s. 5. D'après le témoignage d'Eflaki, Mübarezeddin Me .l;tmed beg fils d'Aydin, appartenant à la. secte des Mevlevis, était $uba� i (cf. p. 50 note 1) de l'émir de Germiyan Ya 'qiip beg et avait pour gendre un autre I?uba�i de cet émir, Sa'deddin Mübarek Qablz ; cf. CJ.. HUART, op. cit. , p. 391 . 6. L'expression « tenir l'étrier » renferme une idée de vassalité ; cf. GORDLEVSKIJ, l'Empire des Seldjou cides d'Asie Mineure (en russe), Moscou, 1 941 , p. 81. On sait (cf. ci-dessus, notes 4 et 5) que les Aydino glu étaient d'abord vassaux de Germiyan. 7. Sasa beg, gendre et �uba� l de l'émir de Mente�e en Carie, conquit pour ce dernier toute la région du Méandre jusqu'à Tralles (Aydin) et Nyssa (Sultan I:Iil?ar) ; les Catalans eurent à livrer contre lui plusieurs combats ; cf. P ACHYMERE, I I, p. 289 B ; Chronique de Ramon Munlaner, pp. 268, 370 et s . ; P. WITTEK, Das Fürstentum Mentesches, pp. 39 et s. ; cf. p. 38, note 7.
47
LI VRE D U D US T URNAME
25 et d'abord il avait conquis Birgi 1 . Ayant fait 'venir les Aydinogll, il leur offrit un banquet.
evveHi 01 Birgiyi fetl). eylemi� Aydinoyllni getürmi� toylami�
Alors, les Aydinogll ayant fait la conquête d'Ayasoluq 2 et s'étant emparés de ses environs,
Aydinoyll Ayasoluyi gel üp fet l). eder hem da'iresini aIup çoq kilise mescid étdi 01 emir yazi Mel).med beg sahada bi-na�ir
il convertit beaucoup d'églises en mosquées 3, cet émir. 30 Puis, avec une générosité sans égale, gazi Me J:tmed beg
manclliyile Kilasi aldi 01 çiquban tekfüri hiùmet qlldi bol
avec ses mangonneaux 4 conquit [pour lui] Keles dont le tekfür 6 sortit pour lui rendre hommage.
çiqdi deryadan a'tja bir gün firenk Alanos u R üm u Sirf eyledi cenk
Un jour par mer vinrent contre lui les Francs Alains 8, Grecs 9, Serbes, ils lui firent la guerre
geldi bè� qarda�ile dèrdi çeri uyra�uban qirdi �idi kafiri 25. 1
:
6
7 : 1 0.
35 Il arriva avec les cinq frères et, rassemblant leur arméJ, ils combattirent et vainquirent les Mécréants.
Bïriigi pour Birgiyi.
1. Cf. p. 39, note 1 . 2 . Cf. p . 39, notes 2 et 3. 3. L'église de Saint-Jean à Ephèse avait été effec tivement convertie en mosquée, d'après le témoignage de Ibn Batüta, qui la vit en 1 333 ; cf. Ibn Batüta, Voyages, II, p. 308. 4. Manclnlq, < gr. !J,:X-yja\lo'" !J,ajja\lty.6\1 (latin : manganum) ; le mot est passé en turc par l'intermé diaire de l'arabe (manciinlq, mancalïq, mancan iin) ; cf. H. HÜBSCHMANN, Armenische Grammatik, l, Leipzig, 1897, p. 363 ; espèce de baliste, machine à lancer des pierres, consistant en deux bras dont l'un recevait le projectile, pierre ou feu ; la projection se faisait par balancement et force centrifuge ; cf. E. W. LANE, An Arabic-English Lexicon, Londres, ' 1 865, s. v. ��::;-�.. ; K. HUURI, Zur Geschichte des
Mittelalterlichen Geschützwesens aus Orientalischen Quellen, Helsinki, 1 941, pp. 127 et s. ; Cl. CAHEN, Un Traité d'Armurerie composé pour Saladin, dans Bulle tin d'Etudes Orientales de l'Institut Français de Damas, X I I, 1 947-1 948, pp. 141-143. 5. Cf: p. 39, note 4. 6. Tek/iir, de l'arménien takhavor « roi » « persan moyen takabara) ; ce terme semble d'abord a.voir désigné chez les écrivains arabes les princes de la Petite Arménie, p uis les empereurs grecs de Constan tinople et de Trébizonde ; chez Enveri, et chez les chroniqueurs turcs en général, il désigne tout souve rain mécréant, depuis le gouverneur d'une citadelle jusqu'à l'empereur de Byzance ; cf. P. WITTEK, Das Fürstentum 'Mentesche, p. 39 ; R. Dozy, Supplément aux Dictionnaires Arabes, s. v .
.) J'.i.s::::;..
7. Firenk, désigne en général les Chrétiens d'Occi dent, mais dans le texte ce terme est appliqué à la fois aux Grecs et aux Latins. 8. En 1 300, l'Empereur Andronic II Paléologue, effrayé par les progrès des Turcs, engagea pour lutter contre eux un corps de 1 6.000 Alains ou Valaques ; cf. R. GUILLAND, L'Europe Orientale de 1 081 à 1453 (Histoire du moyen âge, IX), Paris, 1 945, p. 231 . 9. R iim, forme islamisée d u nom des Romains, désigna dans son sens géographique le sol d'Anatolie, puis les états musulmans qui s'y fondèrent, en parti culier l'état Seldjoucide ; mais dans son sens politique le terme s'appliquait à l'empire Byzantin, héritier de l'empire Romain ; au XIVe siècle, quand les Turcs se furent rendus maîtres de l'Anatolie, le terme R iim fut appliqué aux provinces européennes de l'empire Byzantin ; après la conquête ottomane, la forme R iim�li (littéralement « pays de Rüm ») fut mainte nue pour désigner ces provinces, par opposition à Anadolu, ' tandis que la forme R iim resta réservée aux contrées qui avaient fait partie de l'état SeIdjou cide ; cf. P. WITTEK, Deux chapitres de l'Histoire des Turcs de R iim, dans Byzantion, X I, 1 936, pp . 302319 ; dans le texte, R iim désigne les pays des Grecs. 1 0. Ce vers ne peut être considéré comme ayant une valeur historique : il ne s'agit probablement que d'une énumération des peuples que les Turcs rencontraient à cette époque comme adversaires ; cf. P. WITTEK, Fürstentum MentescJze, p. 39. Les Chrétiens que Me J;lmed beg eut à combattre furent peut-être les Chevaliers de Rhodes ; cf. p. 39 note 5.
LE DES TAN D' UM UR PACHA
48
hem l}.asedden fitne Sasa eyledi mu'miniken tavn-i tersa eyledi 01 yazada qatol oldl 01 dahi
çoq yanimet mal alur mir-i sahi
Plein d'envie, Sasa beg alors se révolta et quoique Croyant, il aida les Chrétiens 1. Et durant cette campagne, il fut mis à mort 40 L'émir généreux fit beaucoup de butin.
1.
oyll qlzi yoyidi qilip duta «avniçün a"t)a oyul verür HÜba
Il n'avait ni fils� ni fille ; il implora l'aide du Seigneur 3 pour avoir un fils ;
qildi qurbanlar «atalar bi-� ümar kim a"t)a oyul vere Perverdigar
il fit des offrandes sans nombre, afin que le Père Nourricier lui donnât un fils.
I]aq du«asln anu"t) etdi müstecab bayluyiken a'tla oldl fetl}.-i bab
45 Dieu exauça sa prière, ouvrant pour lui une porte fermée jusqu'alors.
hê� oyul vérdi ulusi Hr�ir nam anu'tl ardrnca toyan �adr-i enam
Il lui donna cinq fils : l'aîné fut nommé Hi�lr ; après lui naquit le plus glorieux de tous,
�ir-i I]aq yazi Umür-u namOver oldr Ibrahimobeg üçinci ger
le lion de Dieu, gazi Umür au bon renom ; 50 Ibrahim beg fut le troisième ;
�eh Süleyman oldi dôrdinciye ad Kiçisi « Isa beg 01 «ali-nij ad
le quatrième eut nom Shah 4. Süleyman ; « Isa heg fut le plus jeune de cette · noble lignée.
b üyüdi bunlar selatin oldilar her biri bir ele ta «yin oldnar
Ils grandirent, devinrent des princes, chacun reçut un pays en apanage.
yédi yüz toquz yil olmr� idi saI toydi 01 yazi Umür-u bo�-hi�al on sekiz ya�i olur ata suvar hem yégirmi bir yn êtdi kar ü zar eli bé� oyllna qismet qndr mir her biri bir yérde qndr dar ü gir
55 C'est en l'année sept cent neuf que naquit ce gazi U m ür au grand mérite. A dix-huit ans il monta à cheval et pendant vingt-et-un ans il fit la guerre. L'émir partagea . ses territoires entre ses cinq fils 60 chacun gouverna un pays.
Ayasoluyi Hr�lr �aha vêrür anda etba«iyile varup girür
Il donna Ayasoluq au shah HI�ir qui s'y rendit et y entra avec sa suite.
qildr hem Sultan I]i�arln a'tla �am verd(i) a'tla tabl u naqara vü «alem
Il ajouta Sultan I]i�arl 5 et lui donna les tambours, les timbales et les étendards
46. 1
:
baylu iken. Il 57. 1
�.
on sekiz ya�ar olur.
1. Tersa (P) « celui qui craint (Dieu» )) ; désigne les Chrétiens et les adorateurs du feu ; cf. Sylvestre de SACY, Notices et Extraits, X II, p. 429. 2. Cf. p. 39, note 5. 3. l!üdii, forme ancienne : !Jüday (sogd. !J wa-tiiv « celui qui tient de lui-même son pouvoir )) ; gr. illrt'oY..p a't'wp) ; cf. W. BAN G , Sogd. Xwatiiw up. Xwada wan, Xwadai, u S. W . , dans UJb, V, 1925, p. 251 ; J. DENY, Sommaire des Archives turques du Caire, p. 562. 4. �ah, cf. p. 45 note 7. 5. Sultan l;li�arl = Nyssa ; cf. Himmet AKIN, Aydin OUullarl Tarihi, p. 96.
6. Tabl u naqara u 'alem, insignes du yazi ; la musique militaire était l'invitation à la yaza ; cf. Â.'�IQPA�AZÀDE, Tevari!J-i AI-i' Osman (éd. F . Giese,) ' Leipzig, 1 929, p. 13 ; Th. NOLDEKE, A uszüge aus Ne�ri's Geschichte des Osmanischen Hauses, dans Zeitschritt der Deutschen Morgenliindischen Gesellschatt X I I I, 1 859, pp. 207 et S. : chaque féodal avait ses étendards et l'armée se ' mettait en campagne au milieu de cris de guerre « pouvant réveiller un mort » et de musique militaire destinée à donner à la campa gne un caractère religieux ; cf. GORDLEVSKIJ, op. cit. , pp. 1 49, 151.
LI VRE D U D US T URNAME
49
çün Umür pa�ayl gôrdi gey dilir qIldl Izmir éline anl emir
65 Quand il vit le grand courage d'Umür pacha, il le fit émir du pays d' Izmir.
anda çün sehm-i �elabet gôrdi �ah qodl ba�ina anu't) altun külah
Quand l'émir vit sa vigueur, il mit sur sa tête un diadème en or
1.
heybetine çün anu'tj qIldl na�ar Quand il vit sa majes�é, cünb ü�inden dêdi : « olur namOver » 70 dans sa joie, il s'écria : « Il sera renommé 1 dédi : « bunu'tj qilidna kim tura ya bunu'tj gibin cihanda kim gôre
Qui donc résistera à son épée, dit-il, et qui verra sur le monde son pareil ?
« »
himmet a'tja c ümleden a�la êder bir ulu sancaq ° qaldurdi gider
Il le favorisa plus que tous. 1] déploya une grande bannière
, vardi Bodemyaya Ibrahim ° beg qildi a'tja 01 yêri taqsim ° beg
2
»
et partit.
75 Ibrahim beg gagna Bodemya 3, l'émir lui avait donné ce pays en partage.
Tire'i vêrdi � üleyman �aha �ah
Il donna Tire 4 à Süleyman shah qui dirigea ses pas de ce côté.
01 ya't)a 01 dahi tutdi �azm-i rah
qaldi � Isa küç(ü) çek orlan �ahile gerçi her birin toyurdi cahile
»
� Isa, le plus jeune des fils, resta près de l'émir, 80 tandis que chacun des autres obtenait un rang élevé.
di'ljlegil yazi Umür pa�a nêder dêrdi le�ker çünki Izmire gider
Ecoute donc ce que fit gazi Umür pacha : il rassembla ses hommes pour aller à Izmir.
çalinur tabl u naqara u netir bile yaninca anuYj nice emir
Les tambours, les timbales et les hautbois sonnaient ; combien d'émirs l'accompagnaient 1
gel dL yanina anuYj D ündar ° beg gôstere ta d ü�manina kar ° bek
85 D ündar beg vint à ses côtés pour montrer à l'ennemi de brillants exploits.
Pi� ° rev beg oyli Yüsuf beg vêzir oldi andan ayru olmazd1 emir
Le fils de Pi�rev beg, Y üsuf beg, devint vizir, l'émir ne se séparait pas de lui.
72. 1 : gibi. Il 81. Nëder pour ne e der. 1. Allun Külii.h, c'est la coiffure des derviches ; chaque ordre avait une coiffure spéciale appelée tac ( << diadème, couronne ») ; un dessin de ces diadè mes existe dans Abdülbaki GOLPINARLI, Yunus Emre , Divani, Istanbul, 1 943, p. 623 ; ce vers a probablement une valeur symbolique destinée à montrer que la vie d' Umür pacha sera sainte et glo rieuse ; dans l'épopée $alluqname le derviche I:Hici Bekta� met également sur la tête de gazi 'O�man un ' tac ou coiffure de derviches (cf. Fuat KOPRÜLÜ, A nadolu Selcuklari Tarihinin yerli kaynaklarl, p. 438). 2. Sancaq, l'étendard et les tambours étaient chez les anciens Turcs des emblèmes d'indépendance (cf. p. 48, not� 6) ; à l'origine l'étendard des tribus turques était fait de crins de yak, puis de cheval, et enfin d'un morceau de soie rouge placé au bout d'une lance ; chaque tribu avait sur son étendard un em blème (loup, dragon, croissant de lune, etc . . . ) ; après l'adoption de l' Islam on voit apparaître des inscrip tions religieuses (cf. Fuat ,KOPRÜLÜ, Anadolu SelJ . MÉLJKOFF-SAYAR
cuklarl Tarihinin yerli kaynaklarl, Bellelen, V I I, 1943, pp. 428 et s.) ; chaque émir d'Anatolie avait un éten dard particulier : celui de Hï :?ïr beg avait pour motif un disque noir sur fond rouge (cf. Nazan Dani�mend, Anadolu Beyliklerinin HaçU Bayraklarï, dans Türklük Mecmuasl, l, 1 939, pp. 1 9-20, d'après le témoignage d'un document espagnol de 1348) ; cf. Fuat KOPRÜLÜ, lA, s. v. Bayralf ; ibid., Bizans Müesseselerinin Os manU Müesseselerine Tesiri, dans THITM, l, 1931, p. 185 ; ibid., Ortazaman Türk Devletlerinde Hukukî Sembôllerdeki Motifler, THITM, I I, 1939, pp. 33-52 ; cf. p. 81 note 1 . 3. Bodemycr, aujourd'hui gros village de la région d' 6 demi� appelé le plus souvent Bademiye ; cf. Him met AKïN, op. cil. , p. 1 00. 4. Tire Thyraion ; dans la vallée du K üç ük Menderes (Kaystros) ; cf. W. H. RAMSAY, The Hislo rical , Geography of Asia Minor, pp. 105 et 1 1 4 ; Him met AKIN, op. cit., p. 96. =
LE DES TAN D' UM UR PACHA
50
hem E �ad $uba�idi lala aYJa ani qomazidi gitse her yaYJa
E Qad $uba�l 1, le lala Il de l'émir, 90 ne le quittait pas où qu'il allât ;
01 idi pa�aya hem kiçi vezir
qildl �uba�l anl Izmire mir
il fut nommé �uba�i d' Izmir et il était aussi pour le pacha un petit vizir.
HWace Selman adl var bir nam 0 dar biled ür 01 dahi f2aQib kar ü zar
Il Y avait un homme fameux du nom de HWace Selman qui était aussi versé dans l'art de la guerre.
biled ür Ilyas 0 beg 01 �ir-i ner bi�e-i din içre bekd ür �irin er iki qare idi Izmir 01 zeman birini Me�med beg alml�dl nihan
95 Il Y avait encore Ilyas beg, ce lion mâle dans la forêt de la religion, c'était un homme agréable.
En ce temps là, Izmir avait deux forteresses Me �med beg en avait pris une par surprise 6,
4. :
biri anu't) toptoluyidi firenk i�leri d ün ü gün Islamile cenk
l'autre était toute pleine de Francs 100 qui, nuit et jour, combattaient les Musulmans.
geldi ç ün yazi Umür pa�a a'1la çoqIlYlna kafirü'1l qaldl ta'1la
Quand gazi U m ür pacha y parvint, il fut stupéfait du nombre des Mécréants.
ç ünki pa�a geldügin bildi firenk dileridi gôstere pa�aya cenk
Lorsque les Francs apprirent la venue du pacha, ils voulurent lui livrer combat.
burc u barü üsti kafir toptolu cümle ta�ra çiqdi eyledi yuluv , ya cni kim pa�aya heybet gôstere « qorqldam » �anurdi cür'et gôstere
8
105 Les tours 6 et le dessus des remparts regorgeaient de Mécréants, ils sortirent tous à l'extérieur et poussèrent de grands cris
avec l'intention de montrer leur valeur au pacha, croyant ainsi luj prouver leur courage et l'effrayer.
qildi pa�a 01 gece tedbir-i �arb Le pacha fit cette nuit-là le plan du combat gôstere ta kim cad üya �arb u ��rb 1 10 pour infliger une défaite à l'ennemi. bi'tJ qadar vardi qatinda yeg eren kim yaza qa�dina 01 pire eren çün firengü"fl cengine tedbir ëder di"flle ne resme yaza 01 mir eder
A ses côtés se trouvait un millier d'hommes d'élite qui avaient rejoint ce chef 7 pour mener la guerre sainte.
Quand il eut dressé le plan du combat contre les Francs, . écoute de qu.elle manière cet émir mena la guerre.
95-96. Jeu de mots : � ir-i ner 1 � irin er. Il 100. 1 : i�leridi düngün Islamile cenk. Il 108. 1 : cc qorqldam » ,anur ki cür'et gôstere. · Il 1 1 1 . 1 : bi'1l qadar var qaUnda yeg eren. Il 113. 1 : çoq firengüll cengine tedbir eder. Il 1 14. 1 : di"flle y aza 01 mir e der. 1 . $u ba� 1 « s a c( l'armée ») , ce terme désignait d'abord le « chef de tribu oyuz )J, puis le « chef d'ar mée )1, puis le « chef de province Il ; le sultan seIdjou cide envoyait la tribu oyuz conduite par le ,uba� i pour occuper une région ; le �uba� l recevait pleins pouvoirs sur la région, il était responsable de toutes les affaires militaires, j uridiques et administratives ; le gouverneur d'une région portait souvent deux titres : �uba� l et émir ; d'après le témoignage d' Ibn-i Bibi, au XIIIe siècle, chaque ville de quelque impor tance avait à sa tête un ,uba� l ; cf. Fuat KOPRÜLÜ, Bizans Müesseselerinin ' Osmanll Müesseselerine Te'siri, p. 245 ; 1. H. UZUN Ç, Osmanll Tarihi, p. 261 ; GORD LEVSKIJ, op. cil. , p. 1 44.
2. Lala, c c précepteur Il. 3. Cf. pp. 31 et 32. 4. L'existence de deux citadelles à Izmir est attes tée par Ibn Batüta qui visita la ville en 1 333 ; Ibn B at üta , I I, pp. 310 et s. 5. Cf. p. 39, note 6. 6. bure, « tour » ; le mot est passé en turc de l'arabe qui l'a emprunté au latin vulgaire burgus ( < gr. '7tUP'Yo�), tandis que le mot grec est passé directement en turc sous la forme buryos (cf. v. 1 1 5) ; cf. G. MEYER, Türkisehe Studien, l, SBAW, CXXVIII, Vienne, 1 893, p. 42. 7. pïr, « vieillard )J ; au sens figuré : « chef spiri tuel » (cf. p. 49, note 1).
LI VRE D U D US T URNAME
qalre ô7}inde limon buryosi var anda pür l)arbi firengi bi-�ümar bal) 0 rdur üç yani bir yani qara qare'i qilmi�lar a7}a da'ire
51
1 1 5 Devant la forteresse, la tour du port était remplie d'un nombre infini de guerriers francs ;
trois de ses côtés donnaient sur la mer, le dernier regardait et la forteresse l'enveloppait 1 . [la terre
yanina bir kimse anu 7} varamaz qu� olup uçarsa al'}a giremez
Personne ne pouvait l'�pprocher, 1 20 même en volant comme un oiseau on ne pouvait y entrer.
gêce anda pusuya pa�a girür f?ub 0 l)dem kafirleri yafil gôrür
Pendant la nuit le pacha se mit en embuscade et surprit au matin les Mécréants qui ne s'y attendaient pas.
I}.amle qildi depdi atïn serfiraz
Il fit l'assaut, il éperonna son cheval, la tête haute, cet U mur pacha, le gazi habile 1
01 Umiir pa�a (y)-i yazi kar 0 saz
depdi at Ilyas 0 beg D ündar 0 beg l)ali qïldi d ü�mana d ü�var 0 bek çünki pa�a çekdi qïliç depin ür êri� ür küffare qalqan yapinur bile l)amle qïldi bi7} er yeksere tïy-i burran der yemin ü meysere le�ker içinden gôge çiqdi yubar at derinden mevc urur çiqdi bubar ba�mile bir sarat eyleyince cenk f?inuban qareye tiqïldi firenk iki buçuq yïl bu resme oldi l)arb
yaziler �ahi urur baf?mina �arb
nif?fÏ qalmadi firenk oldi helak hem firengistana andan êrdi bak pes Mese Martidi küffarü7} begi oldi faclz anda seglerül'} segi
1 25 Ilyas beg et D ündar beg éperonnèrent leurs chevaux et mirent l'ennemi dans une situation très difficile.
Alors le pacha tira son épée, il lança son cheval, se jeta sur les Mécréants en se couvrant de son bouclier. Les mille guerriers attaquèrent à la fois, 1 30 les . épées tranchantes taillaient à droite et à gauche. La poussière soulevée par l'armée montait jusqu'au ciel, la sueur des chevaux formait des vagues, des vapeurs s'éle [vaient. Après une heure de combat, les Francs vaincus furent refoulés dans la forteresse. 1 35 Pendant deux ans et demi la guerre continua ainsi, les gazis infligèrent à l'ennemi une défaite royale.
Les Francs furent anéantis, il n'en resta pas la moitié et la peur gagna jusqu'aux pays francs. Alors Messire Marti 2, le beg des Mécréants, 1 40 fut réduit à bout de forces, ce chien des chiens.
qare'i pa�aya teslim eyledi çiqaru.r hem pa�a ani toyladi
Il remit la forteresse au pacha, l'évacua et le pacha lui offrit un banquet.
$aqiza oldi Mese Marti revan ëllik oldi anda dur a7}a mekan
Messire Marti se mit en route pour $aqiz 3, la paix 4 conclue ; c'était là son domaine.
1 29. 1
:
bile �amle qIldi er bi7} yeksere. Il 1 34. P : dlqIldi.
1. Autour des murs de la citadelle se trouvait un large fossé qui communiquait directement avec la mer : J. GAY, Le Pape Clément VI et les Affaires d' Orient, p. 40. 2. Messire Martin Zaccaria. En 1275 l'empereur Michel V I I I Paléologue céda en fief, au riche mar chand génois Manuel Zaccaria, la ville de Phocée à l'entrée du port d' Izmir, avec de grandes mines
Il
1 36. P
:
yaziler �ahi urur b afllm a �arb
d'alun. A Manuel, décédé en 1288, succéda son frère Benedetto qui occupa en 1304 l'île de Chios ; puis Martin Zaccaria succéda en 1314 à son oncle Bene detto ; cf. R. GUILLAND, l'Europe Orientale, p. 582. Aucune source ne nous dit que les Zaccaria étaient aussi maîtres d'une région d' Izmir, cf. p. 39 note 6. 3. Ile de Chios ; cf. note précédente. 4. ellik, cf. p. 38, note 5.
LE
52
HWace Selmana dedi 01 bab 0 tlu : qadlrya yap ben ümiçün ulu »
« bir
yapdl bir ulu qadirya oldl �ad
01 gemiye verdi pa�a yazi ad
yedi qaylq dabi yapdurur bile kim ola 01 serverül} va�fin qUa
DES TAN D' UMUR PACHA
145 Il dit à HWace Selman, cet homme fortuné : « Construis-mois une grande galère » 1 . Il lui construisit une grande galère, le pacha fut joyeux et donna à ce bateau le nom de « Gazi )) 2. Il lui fit encoxe faire sept qaylq 1 50 Qui pourrait décrire ce chef ?
3.
oq u yay U çal}ra u qalqanile toldl anlar cümle beg fermanile
Sur l'ordre du beg tous ces bateaux furent remplis de flèches, d'arcs, de chancres 4. et de boucliers.
bu sekiz gemi m ürettep oldl çun aqlna ( azm eyledi 01 ô û-fün ûn
Lorsque ces huit bateaux furent équipés, il partit en razzia 5, cet homme habile dans l'art de la guerre 8. 1 ci le pacha rencontra des coques 7, i l leur livra combat et les mit en p ièces.
Bunda pa� a kokelere uyradi cenk èdü ben pare pare loyradi
Gitdiler deryaya çallnur nefir bOrl u surn ay ôter �an dar ü gir sancaq-i Islam gôtürüldi çlqar mir-i yazi ba l). 0 r y üzine baqar
1 55 Ils voguèrent vers la haute mer ; les hautbois sonnaient, les cors 8 et les zurnas 9 retentissaient comme pour un combat; la bannière de l' Islam fut hissée bien haut 1 0 ; l'émir gazi regardait la surface de la mer.
1 54. P : aqlna 'azm ëtdi Ô ü-fünün. 1/ 1 57. 1 : sancaql IsHimul} gôtrildi çlqar. 1. qadlrya, galère, navire de combat, bas sur l'eau, effilé, sept fois plus long que large, propulsé à la rame et à la voile, ayant 25 ou 26 rames. Au XIVe siècle certaines galères furent également utilisées pour le transport, mais leur capacité de chargement était réduite ; cf. A. JAL, Glossaire Nautique, Paris, 1 850, pp. 743 et s. 2 . Cf. p. 45 , note 5 . 3 . qaylq, petit vaisseau à rames et à voiles ne pou vant porter que 30 à 40 hommes au plus. A. JAL, i b id. , p. 1 240. Les bateaux d'Umür pacha qui se trouvaient dans les eaux d' Izmir étaient de petits bateaux à voiles et à rames : MURATORI, Antiquitates Itali cae, I II, col. 361. 4. çal}l'a, cc chancre Il ou cc cancre », nom par lequel les Croisés désignaient l'arbalète ; la description de cette arme est donnée par Anne COMNÈNE, Alexiade, X, ch. VIII, par. 6 (éd. Leib, I I, p. 217); cf. H. GRÉGOIRE, Notes sur Anne Comnène, dans Byzantion, III, 1 926, pp. 315 et s. ; J. STAQUET, 1) 't�cXlypa : 't6�o'l �lXp�lX ptx6'1, dans Byzantion, XIII, 1 938, pp. 505-512. aq-maq c c couler ») ; expédition militaire 5. aqln « faite en pays étranger dans le but de pillage ; pour qu'une expédition puisse prendre le nom d'aqln, elle devait être faite sous la conduite d'un aqlnci begi ; si ce beg n'était pas présent, l'expédition s'appe lait çete (moins de 100 hommes) ou �ariim ilik (plus
de 100 hommes) ; du butin rapporté par l'aqln on prélevait le pencik (cf. p. 59, note 4 ; cf. M. Z. PAKALIN, Osman Il Tarih Deyimleri ve Terimleri So zlügü, s. v. akln. 6. Ô ii-l-tuniin cc doué de science (de la guerre) D. kugel '1), 7. koke cc coque » (cogga, kogge, coka) « navire rond, large à l'avant et à l'arrière, court, haut sur l'eau et profond à peu près autant que large, ponté à 3 ou 4 couvertes et n'allant qu'à la voile. Au xv8 siècle, les coques marchandes de Gênes avaient une capacité de 1 . 500 tonneaux, elles portaient 140 hommes en temps de guerre et 120 en temps de paix ; moins lourdes que les nefs ordinaires, elles se manœuvraient plus facilement et se multiplièrent très vite ; cf. A. JAL, Glossaire Nautique, p. 516. 8. Boru, corne creuse dans laquelle on souffle comme dans une trompette : E. QUATREMÈRE, Notices et Extraits, XIV, p. 1 28. 9. Zurnii (du Persan surnii), espèce de clarinette. 1 0. Gotürülmek a ici son sens premier, u enlever en l'air » : cf. p. 38. Déployer l'étendard était un signe de déclaration de guerre, on d éployait l'étendard au moment du combat ; cf. Sylvestre de SACY, Pi�ces diplomatiques provenant des Archives de Gênes, dans Notices et Extraits, X I, p. 358 ; pour la description de cette bannière, cf. ci-dessous p. 8 1 , note 1 .
53
LI VRE D U D US T URNAME
talabïr din ü teni cenk etmege d ü�man ister anï dilteng ëtmege
II brûlait, corps et âme, du désir de combattre, 160 il cherchait un ennemi pour le mettre à mal.
ç ün bular Bozca adaya çïqdïlar bë� kôke gôrdiler anda baqdïlar
Quand ils arrivèrent à l'île de Bozca 1, ils virent cinq coques, ils les examinèrent :
her birisi �anasïn bir y üce tay yüz gemi uyrasa qalmaz biri �ay
on aurait pris chacune pour une énorme montagne ; cent bateaux en les attaquant n'auraient pu trouver le salut.
g üvlegi her birin Ü"tl qarevar kafir-i 1;larbï içinde bï-� üma;r güvlegi ta� tolu qare gibi bek bï-1;lad anda ça"tlrayile sebmerek yel 0 yoq bir arada qïlmï� qarar gôrdi pa�a bunlarï 01 nam 0 dar
1 65 Leurs hunes étaient comme des forteresses. Les coques portaient des ennemis sans nombre. Les hunes, solides comme des forteresses, étaient remplies de chancres et arbalètes 2 étaient innombrables. [pierres, II Y eut un moment sans vent où les coques s'arrêtèrent. 1 70 II les aperçut, le pacha au bon renom.
y üz yëre urdï münacat eyledi Allaha qïlïp ta�arruc sôyledi
II se prosterna, visage contre terre, et pria, adressant à Dieu une supplique ;
dëdi : « ey calemlere Perverdigar Senden umar çare her bï-çarekar
il dit : « 0 Père Nourricier des mondes 1 C'est de Toi que les désespérés attendent l'espoir :
yard lm ët bize ki üftadelerüz 1 75 aide-nous donc, puisque nous sommes malheureux. i�bu g ün Senden mucavenet dilerüz » C'est de Toi qu'aujourd'hui nous implorons secours, der : « Sa"tla �ïyïnmï�am ey Kar 0 saz qïl meded bize » dëyü eyler niyaz
en Toi je me suis réfugié, 0 Seigneur, porte nous secours 1 » II priait ainsi.
« Ya Mu1;lammed » dëyü çekerler kürek Ils tirèrent sur les rames en criant : « Ya Mu1;lammed 1 ërdi pa�anu"tl gemisi tïz 0 rek 180 Le bateau du pacha atteignit les coques en un clin d'œil,
kôkeye pa�a gemisi doqïnur gerçi çatdïlar ucï anU"tl �rnur
il toucha l'une des coques, la heurta, et lui brisa la pointe.
yëdi qayiq dabi çatdïlar bile 01 �ava� va�fini kim ola qïla
Les sept qayiq les heurtèrent à leur tour. Qui pourrait décrire ce combat ?
güvlege çiqmaya küffare meded olmadi ne de"tllü qïldïlarsa ked
»
1 85 Les Mécréants ne purent pas monter dans les hunes, malgré to us leurs efforts.
1 63. 1 : her birisin. Il 1 66. 1 : kafir ü I}.arbi. I l 168. P : sebmerek ; 1 : sebmberek (pour zemberek). Il 1 7 1 . Il 1 74. P : senden umar çare her bi-çaregan. Il 1 75. 1 : yardlm e t bize k i üftadevüz. I l 1 76. 1 : i� bu gün Sen den mu 'avenet dilevüz. Il 186. P : ne de"tllü qIldIlar ked. P : yüzini urdl.
1. Ile de Ténédos. 2. Sebmerek (plus loin, semberek), pour : Zemberek (du persan Zembiirek, diminutif de Zembür cc guêpe »), flèche à quatre faces de l'épaisseur d'un pouce, de la lo ngueur d'une coudée, dont la pointe était en fer ; des plumes rendaient son vol plus sftr. Ce trait pou vait percer à la fois la cuirasse et l'habillement du soldat, il traversait quelquefois deux hommes placés l'un derrière l'autre et allait ensuite s'enfoncer en terre, il pénétrait même dans la pierre des murailles ;
son nom viendrait peut-être du bruit que faisait la corde au moment où partait le trait. ' Chez les Turcs Ottomans et déjà chez les Arabes, zemberek désignait l'arme par laquelle la flècbe était lancée, c'est-à-dire l'arbalète ; cf. R. Dozy, Supplément aux Dictionnaires Arabes, s. v.
�J.>�;j ;
Cl. CAHEN, Traité d'Armurerie,
pp. 153-4 ; K. HUURI, Zur Geschichte des Mittelal terlichen Geschüizwesens aus Orienialischen Quellen, pp. 96 et s.
54
a�ayadan oq atar idi cazep yuqaru kafir b ürüme yedi hep c ümle salqlm salqlm olup çlqdilar pes kôken ü"t) çevresine çoqdIlar
LE DES TAN D' UMUR PACHA
D'en bas les cazeps 1 lançaient des flèches et en haut des co ques les Mécréants reçurent sans cesse des [ coups dans le ventre 2. Les cazeps, par grappes, y grimpèrent
1 90 et s'amassèrent sur leurs bords.
kimi SÜ"t) ü el de tutar kimi tiy gôk dem ür çaldlqlariydi bi-deriy
Les uns tenaient à la main une lance, d'autres une épée, frappant sans relâche �es armures d'acier 3 ennemies ;
kim blçaq eIinde �alar �aq 0 �aq cenk oldi iki g ün iki gece çaq
d'autres brandissaient des couteaux : châk, châk 1 Le combat dura deux jours et deux nuits entières.
g üvlege bir nice kafir çiqdilar gerçi I?ava� qilip a"t)a çoqdilar ta�i a"t)ulcaq ataridi cad ü yoq mecali oqa kim gôstere rü red ederlerdi meterisle ta�i parelendi gemin ü"t) içi ti�i
1 95 Beaucoup de Mécréants montèrent dans les hunes et s'y entassèrent tout en combattant.
L'ennemi j etait des pierres à un rythme asseZ lent, il n'avai t plus la force d'affronter les flèches. Les Turcs se défendaient des pierres derrière les plats-bords
200 Les coques furent fendues de part en part.
qandan oldi qipqizil derya yüzi qat! cenk ederidi pa�a ôzi
La surface de la mer était rouge de sang. Le pacha lui-même se battait durement.
oqla Ibrahim 0 beg Ilyas 0 beg bi-1).ad ôld ürdiler 01 kôkede seg
Ibrahim beg et Ilyas beg avec leurs flèches tuèrent sans relâche les chiens de ces coques.
çiqdI avaz iki ya"t)adan gôge pare pare oldi 1).arbeyle kôke �uya dôk üldi cad ülar bi-� ümar aylarid� kôkedeki zar ü zar iki günden �o"t)ra nagah çlqdi yel gerçi pare p are yelken s ürdi yel
205 Des deux côtés les cris montèrent jusqu'au ciel,
l�s coques furent mises en pièces par les piques.
Des ennemis innombrables tombèrent à }'eau, ceux qui restaient dans les coques se lamentaient. Après deux j ours le vent s'éleva soudain
210 et gonfla les voiles en lambeaux.
yel gibi uçup kôkeler gitdiler de"t)ize dôkülenini dutdilar
Les coques filèrent, rapides comme le vent. Ceux qui étaient tombés à la mer furent faits prisonniers.
kôkeler Istanbula oldi revan çlqdi Izmire gel üp �ah-i civan
Les coques se dirigèrent vers Istanbul, et le j eune shah regagna Izmir.
yêlkeni küregi güvlegi temam kirpi gibi o qdan olmI� �ac o b ram
4.
215 Leurs voiles, leurs rames, leurs hunes à toutes étaient devenues, à cause des flèches, comme des hérissons :
[rudes mais inoffensives.
194. 1 : cenk olur iki gün iki gë ce çaq. 11 213. 1 : kôkeler Istanbula ol dIlar revan. Il 214. 1 : çlqdl Izmire gelüp �ah-i cihan. Il 216. Ed : kerti gibi. 1. 'Azep, Il célibataire D. Dans les premiers temps de l'Empire ottoman, les 'azeps constituaient l'infan terie légère ; ils étaient armés d'arcs et d'épées et se lançaient les premiers à l'attaque ; ils portaient des bonnets rouges et des bâtons. Il ressort cependant du Destan d'Umiir Pacha qu'au XIVe siècle les 'azeps constituaient également une classe de soldats qui servaient dans la marine ; cf. I.A., s. v. 'azep ; 1. H. UZUNÇ, OsmanIl Tarihi, p. 261 .
2. bürüme, « douleur aiguë de l'estomac ou des entrailles » ; cf. D. KÉLÉKIAN, Dictionnaire TurcFrançais, Constantinople, 1911, s. v. �J..Jy, . 3. gok demür, « fer bleu D. 4. meieris, rempart, endroit où l'on est à couvert contre l'atteinte de l'ennemi, tranchée avec parapet ; en matière navale : plat-bord d'un navire ; cf. A. JAL, Glossaire Nautique, p. 1 102.
LI VRE D U D US T URNAME
55
çlqdllar Istanbula g ücile hep çoylnl anUl} helak ètmi� tazep
Les ennemis rejoignirent Istanbul avec peine, la plupart avaient été victimes des tazeps.
gôrdi tekfür 01 geminül} l).alini gitdi �andï ba�ïyiIe mallni
220 il crut que e'en était fait de sa tête et de ses biens.
Quand le tekfür 1 vit l'état de ces bateaux,
dü�di küffar ëline qorqu qati èrdi pa�anUl} firenge heybeti
Une grande peur enva;.hit le pays des Mécréants et le prestige du pacha arriva j usqu'aux Francs.
biIdiler cümle firengistan baber 01 �ava�dan eümle dedi el-l).aôer
La nouvelle se répandit dans tous les pays francs ; « que Dieu nous garde d'un pareil combat 1 » s' écrière nt-ils [tous. En arrivant à Izmir, le pacha projeta une nouvelle guerre sainte. Il la fit.
225
çünki pa�a dôndi Izmire gelür bir yaza tedbir èder ani qiIur dün ü gün tedbiridi cenk ü qltal ta ki ra�i ola andan ô ü-l-celal yine diler qïllci aqlda qan yine diler b3$,ma qiIdura fiyan
Il prépara nuit et jour les combats pour que le Seigneur 2 en fût satisfait. Il désirait voir encore son épée verser le sang,
230 il désirait faire encore gémir ses ennemis,
yine diler bal) 0 r ôZi qaynada at firengist�n èlinde oynada
il désirait faire encore bouillonner la mer et faire cabrioler son cheval dans le pays des Francs.
q�dl bu kim R üm êline tazm ède ala kafir èlIerini rezm ède
Son intention était d'atteindre le pays de R üm 3, de s'emparer des régions mécréantes et de les mettre à sac.
Ensuite il voulut se rendre à l' Ue de $aqrz . et il ne tenait pas d'impatience.
Bunul} ard'inca $aq'iz adas'ina ç'iqmaq ister k üymez ol jerdaslna
235 Ecoute ; le tekf ür qui régnait à Istanbul
Dil}le Istanbul 0 tekf ürl ki vâr olmï�idi kôkelerden �er 0 msar
fut rempli de honte par le désastre de ses coques.
diledi pa�aya qiIa intiqam qorqar illa yine qiImaz ihtimam qa�di �aqlz adaslna eyledi « Mese Martiye varul} » dip sôyledi
Désirant prendre sa; revanche sur le pacha, malgré sa crainte, il ne prenait pas de précaution. Il jeta son dévolu sur l'île de $aqïz.
240 Il ordonna à ses hommes de marcher contre Messire Marti .
gemiler tutundl anda bi-� ümar geldi qIldi $aqiz üzre kar ü zar
Des bateaux sans nombre attaquèrent l'île, des combats s'y livrèrent ;
bir nice günde ègird üben alur Mese Marti'i esir anda qilur
après un siège de plusieurs j o urs il s'en empara et fit prisonnier Messire Marti.
225. P : çünkim ; 1 : çünki pa�a dëdi Izmire gelür. Il 226. 1 : bir yavzii tedbir eder anl qllur. Il 227. 1 : dün ü gün tedbir idi cenk qltiil. Il Rubrique : P et 1 : çlqmaz ister. Il 240. Dip pour deyüp ; 1 : varul} di:lyü s ôyledi. Il 241. P et ed : le � de luiundl n'a pas de point.
1. L'empereur Andronic 1341).
.
III
Paléologue (1328-
2. ô ii-l-celiil, 3. Cf. p . 47,
CI
Celui qui est doué de sublimité 9.
note
1).
LE DES TAN D' UMUR PA CHA
56 kodl bir kafir Peresto a"tla ad gitdi Istanbula andan go"tlli �ad i�id ür bu }:laI 0 den pa�a baber yaray etdi I:Iaq vere fet }:l ü Ziafer pes gemi yapdurdl yêgirmi sekiz yaylanup cümlesi oldi qalfadiz
245 Il installa dans l'île un Mécréant du nom de Peresto,
1
puis regagna Istanbul le cœur j oyeux.
Le pacha apprit cette affaire ; il se prépara, pour que .Dieu lui accordât la victoire. Il fit construire vin gt-huit bateaux ;
250 tous furent graissés, enduits de poix 2.
yêdi qadlrya idi hem iyribàr qayiq on dort idi ta�cil etdi kàr
Il Y avait sept galères, sept grippes 3 et quatorze qaylqs ; la construction fut rapide.
çoq gemide ça"tlra oqile t üfek yêlken açIldI çekildi hem k ürek
On remplit les bateaux de chancres, flèches et tüfeks; on déploya les voiles, on tira sur les rames.
etd ürürler Izmir o"tlinde gemi 01 gemiler geldi toldI àdemi Izmirü"tl begi E }:lad $uba�I hem bindi qadiryaya got ürdi �alem
4
255 Les bateaux étaient construits devant Izmir, puis ils furent remplis d'hommes .
. Le beg d' Izmir, E l)ad $uba�I, monta dans une galère et hissa l'étendard
245. 1 : qodl bir ka Peresto a"tla ad. Il 250. P : qafladuz ; ed : qayladuz. kar ü zar ; P : qayly on dort idi ; ed : qayly l on dort idi. 1. En 1329 An dronic I I I reconquit l'île de Chios ( �aqlz) sur Martin Zaccaria qui s'était proclamé indépendant ; Léon Kalothétos fut nommé gouver- ' neur de l'île, et resta dans cette fonction jusqu'en 1340 ; Martin Zaccaria fut emprisonné à Constanti nople et ne recouvra sa liberté qu'en 1 337 à la requête du pape Benoît X I I. Au retour de cette expédition, l'empereur fit un accord avec les émirs d'AydIn et de �aruban contre le sultan Ottoman Orban (cf. p. 60, note 2) ; M. Rimmet AKIN pense que c'est pour cette raison qu'il retourna à Istanbul « le cœur joyeux » (cf. vers suivant) ; cf. Canto I I, 1 0-13, ed. Bonn, l, pp. 370-391 ; J. GAY, op. cil., pp. 36 et s. ; H. AKIN, op. cit. , p. 33. 2. alfadïz « ')I.aÀa�cX't't)ç) ; ')I.(XÀ(X�a'td'l « réparer un navire " , « l'enduire de poix )l ; ')I.(XÀa�cX't't)ç « celui qui calfate Il ; cf. C. Du CANGE, Glossarium ad Scriptores Mediae et Infimae Graecitatis" S. V. ')I.aÀ(X!p(X'tE-r'l ; G. MEYER, Türkische Studien, l, pp. 9 et 78. 3. Iyribar, de l'italien grippo ou griparia ( > ïp-r'ltoÇ ?) " « grip, grippe ou griperie 1), petit navire assez commun au moyen âge dans la Méditerranée ; il apparaît plus ordinairement comme un navire de commerce, mais il put être employé d'abord pour la pêche ; il n'appa raît que dans les documents du midi et a probable ment une origine méridionale ; nous ne savons rien sur sa forme, mais c'était probablement un bâtiment à rames et à voiles analogue au brigantin, petit navire de la famille des galères ; cf. A. JAL, Glossaire Nau tique, pp. 802 et s. ; Id., Archéologie navale, Paris, 1840, Il, pp. 132 et S .
"
252. 1
:
5.
qayiq on dort idi ta'ci
4. Tüfek ; chez Ka� gari (l, p. 388) ce terme désigne la « sarbacane » : « écorce de saule humide ou d'un autre arbre de ce genre enroulée en cornet dont on se sert pour tuer les moineaux en y introduisant des petits cailloux ronds Il ; au XIVe siècle tüfek désigne peut-être le « bâton à feu )l dont se servaient les Byzantins pour lancer le feu grégeois pendant les sièges et qui est à l'origine des armes à feu (cf. C. ZENGHELIS, Le feu grégeois et les armes à feu des Byzantins, dans Byzantion, VII, 1 932, pp. 265-286) ; les flèches à fusée, invention chinoise, (appelées par les Arabes « flèches de Hatay Il ) p énétrèrent chez les Arabes et les Byzantins vers le milieu du XIIIe siècle avec les invasions mongoles ; les Arabes perfec tionnèrent cette arme en fabriquant des lances creu ses d'où j aillissait un projectile ; cf. J. T. REINAUD et 1. FAVÉ, Du feu gl'égeois, des feux de guerre et des origines de la poudre à canon chez les Arabes , les Persans et les Chinois, JA, I I, 1 849, pp. 311-327 ; Cl. CAHEN, Un Traité d'armurerie composé pour Saladin, pp. 1 39 et S. ; M. MERCIER, Le Feu Grégeois, Paris, 1 952, p. 27 ; plus tard, d'après le témoignage de Doukas, les Byzantins opposaient à l'artillerie géante des Turcs, durant le siège de Constantinople de 1453, de petits canons dont l'effet était insigni fiant, appelés 't'ou�cX')I.€� (tüfek) (cf. L. BRÉHIER, Ins titutions Byzantines, Paris, 1 949, p. 400) ; actue1 lement, tütek signifie « fusil )1. 5. Cf. 'p. 52 , note 1 0.
L I VRE
D U D US T URNAME
57 D' Ayasoluq Hi�ir beg envoya. vingt-deux bateaux
Ayasoluqdan yegirmi iki gemi veribir hem Hi�ir beg çoq ademi
260 avec beaucoup d'homme.) :
kimi qayiq kimi idi iyribar himmet eyledi Hi�ir beg nam 0 dar
il y avait des qayiqs et des grippes qui constituaient l'aide de Hi�ir beg au bon renom.
her gemi üstine dikdiler talem çalinuridi naqara zir ü bem
Sur chaque bateau on planta des étendards. Les timbales retentissaient de sons aigus et graves ;
ôteridi bori u surnay u nay çayri�ur Allah deyü bay ü geday
. 265 les cors, les zurnas et les flûtes sonnaient ;
gôrdiler kim yolda bir kôke gider pes E }:lad $uba�i alla qa�d eder qildi pa�a alla iraqdan nazar �uba�iya gônd ürür anda baber
riches et pauvres criaient
: «
Allah ! »
Ils aperçurent une coque qui voguait, E Qad $uba�i jeta sur elle son dévolu ; le pacha la regarda de loin
270 et envoya un messager au �uba�l.
dêdi : « sen tenha kôkeyi vamp al yalulluz anda sen eylegil qital »
Il lui dit : « Empare-toi seul de cette coque, attaque;..la seul ! »
pes E Qad Q3-mle (e)yledi vardl alla bir �ava� qildi · gôren qalur talla
Alors E Qad $uba�l l'accosta, l'assaillit et livra un combat tel qu e ceux qui le virent en étaient stu [péfaits.
kôke Midillinüllidi d êr « aman » anda tekfOr-i pelidi 01 zeman çlqdi: geldi qIldl pa�aya tapu elin ôpdi alla yoyidi qapu verdi bi- Qad sim ü zer pa�aya 01 qulullam deyüp temelluq qndl 01 verdi bir te�ne qlzil altun qabi cizye kesdi qar�u durdl quI gibi çe�meye geldi HI�ir beg nam 0 dar gônd ürür pa�ayl aylar zar ü zar dedi : « Allaha seni lsmarlarim » . e�di pa�a gitdi 01 atmaz ad lm
275 Cette coque était de Midilli 1 , elle demanda grâce. Alors le tekfOr 2, ce salaud 3, à ce moment-là, en sortit et vint rendre hommage 4 au pacha ; il lui baisa la main ; il n'avait d'autre issue. Il lui donna de l'or et de l'argent à profusion, « j e suis ton esclave ! »
280 il le flatta en disant :
Il lui donna un poignard avec un fourreau en or rouge, il s'engagea à payer le cizye 5 ; il se tint devant lui comme [un esclave. tn:�Ir beg au bon renom vint jusqu'à Çe�me 6, tout en larmes, il assista au départ du pacha . « Je te confie à Dieu r » Le pacha partit à cheval, mais lui restait, sans faire un pas .
285 Il lui dit :
260. 1 : vérbidi hem HI�lr beg çoq ademi. " 271 . 1 : dedi : « sen tenha kôkeleri varup al Il. Il 276. P : anda tekfürl biledi 01 zeman. Il 279. P : verdi bi- l;lad sim zer pa�aya 01. Il 286. P et 1 : le j de atmaz n'a pas de point. 1. Mytilène. 2. Le gouverneur de Mytilène. 3. Pelid, terme d'injure, « sale Il. 4. Tapu (o yuz : tap uy ; çayatay : tapuq), vient du verbe tapmaq, « obéir », « se sOllmettre à Dieu ou à un conquérant en lui demandant grâce (aman) Il, « adorer une divinité Il, « rendre hommage Il. Le tapu est un genre d'hommage rendu en se prosternant trois fois, selon la coutume oyuz, la tête découverte, les mains aux oreilles ; la cérémonie semble avoir comporté l 'offrande d'une coupe, car il existe l'expression
tapu �ayrayl, « la coupe d'hommage » ; d'après Syl vestre de Sacy, tapu et b iomet ont la même signifi cation, ce que confirme l'emploi des deux mots dans le Destan d'Umiir Pacha ; cf. Jean DENY, E. I., s. v. Umar. 5. Cizye, impÔt individuel payé par les habitants mâles des pays conquis en échange du libre exercice de leur culte (Coran, IX, 29) ; cf. H. MASSÉ, l'Islam, Paris, 1948, pp. 64 et s. 6. Ce*me, Cyssus.
58
LE DES TAN D' UMUR PA CHA Puis il retourna à Ayasoluq, tandis que les autres arrivaient
Ayasoluya dôn üben geldi 01 $aqiz adasina bunlar buldi yol pes E l.tad $uba�iya l.tükm eyledi « sen alay d üz yüri » dêyü sôyledi
290
üç bill erle çiqdi 01 düzdi alay Allah » eyderler « ola m ü�kil qolay
«
pes Besertoya firenk oldi baber : « Tür 0 k, toldi ada toldi � ür ü �er
»
on bill er miqtari varidi firenk c ümle ahenp ü� geldi qildi cenk gürIeyüp kafir yür ür atIu yayan bir uyurdan l.tamle qildi 01 zeman bir l?ava� oldI ki hergiz r üz 0 gar gôrmemi�di anciIayin kar 0 zar
1)
à rîle de $aqiz.
Le pacha ordonna alors à El.tad $uba�I : Range tes hommes 1 et marche . . »
«
Celui-ci débarqua trois mille hommes en ordre de marche ; « Allah, crièrent-ils, rends-nous facile ce qui est difficile r » Bi�erto le Franc reçut alors cette nouvelle : « Les Turcs ont rempli l'île, la confusion y règne r
»
295 Les Francs étaient au nombre de dix mille, tous couverts de fer ; ils vinrent livrer c o mbat.
Avec un bruit de tonnerre, les Mécréants s'avançaient à pied e t d'un seul coup ils attaquèrent. [et à cheval Il y eut un combat tel
300 que le monde n'en avait jamais vu de pareil r
iki kafir tutdiIar anda meger gôndürür pa�aya eyledi baber
On prit deux Mécréants. On envoya un messager prévenir le pacha.
adada pa�a alay d üzmi� gel ür ç ün baber oldi a7}a l.tamle qiIur
Le pacha, ayant disposé ses hommes dans l'île, arrivait ; dès qu'il reçut la nouvelle, il attaqua.
iki kafirden birin qiIdi helak qoyivêrdi birini qilmadl bak dôndiler pa�a ata binmez yayan nacre urdi yüridi 01 nevcivan bile Y üsuf begle Ilyas etdi cenk atilur oq oldI dermande firenk
305 Des deux Mécréants, il en tua un
et laissa partir l'autre sans aucune crainte.
Les Francs prirent la fuite ; le pacha ne monta pas à cheval, c'est à pied que, poussant un cri, il marcha contre eux, ce [jeune homme. Yüsuf beg et Ilyas beg se battaient au.ssi ;
310 les flèches pleuvaient, les Francs étaient à bout de forces.
qarda�i pa�anull Ibrahim 0 beg bile anda qat 0 1 qIldI nice seg
Le frère du pacha, Ibrahim beg, tua lui aussi beaucoup de ces chiens.
ald! pa�a eline tiy-i bUITan taqlnup qalqan 0 yüridi yayan
Le pacha dégaina son épée tranchante, il fixa son bouclier et marcha :
her kimi kim çaldisa 01 nam 0 dar iki pare qiIdi manen d-i blyar d ü�di 01 demde Bi�irto qaçdi zar dôndi qorqudan penah êtdi l.til?3.r qareye dek qlra qira d ü�mani le�den 01 g ün qIldIlar çoq barman!
3 1 5 chaque bomme frappé par cet homme au bon renom, étai t fendu en deux comme un concombre.
A ce moment Bi�erto tomba et s'enfuit misérablement, rempli de peur, il chercha refuge dans le fort. Ils allèrent vers la forteresse, tuant les Mécréan ts sur leur [passage ;
320 Ils firent ce j our grande moisson de cadavres.
299. P : En marge, en face du mot �ava�, est marqué le mot neberd. " 301 . 1 binmez beyan. Il 3 1 7. 1 : Le mot dem est omis.
1 . AMy « gr. �).).�"(tOV « poste de soldats, senti nelle »), « troupe de soldats » ; ce mot a été emprunté au grec dès l'époque Seldjoucide ; cf. Fuat KOPRÜLÜ,
:
dutdllar. /1 307. P
:
ata
Bizans Müesseselerinin Osman ll Müesseselerine Te'siri p. 277.
LI VRE D U D US T URNA ME
59
sey 0 1 gibi qan revan olmi�idi k iih u �aJ:.lra govdeler tolmi�idi
Le sang coulait comme un torrent, la montagne et la plaine étaient couvertes de corps.
01 adayi c ümle yayma qildila,r balqile malin quma�in aldilar
Ils firent dans cette île un pillage général, ils s'emparèrent de sa population, de ses biens et de ses étoffes.
qomadilar 01 adada bir J:.li�ar oldi yayma eH qildi c ümle zar oylan u qiz u gelind ür bi-caded altun u g ümi�e bod yoyidi J:.lad �aqizu1} bir qaresi qaldi heman qaldi içinde Bi�irto qaltaban
325 Ils n'y laissèrent pa� un seul fort intact,
tout fut dévasté ; ce n'était que lamentations. Ils prirent des garçons, des vierges, des jeunes femmes sans de l'or et de l'argent sans mesure. [nombre, Une seule forteresse de �aqiz subsista,
330 Bi�erto, ce maquereau, s'y réfugia.
dôndi andan çiqdi pa�a Izmire 01 yanimet malin anda kim dere
Le pacha retourna à Izmir après avoir ama ssé to ut ce butin.
geldi Izmire Hi:�i:r beg serfiraz qarda�ile gori� ür 01 kar 0 saz
Hi�ir beg vint à Izmir la tête haute, il rencon tra le pacha, cet homme habile.
iki go zlerinden pa�ayi oper ba yrina ba�uban arqàsin yeper qoqular s ünb üllelÎn gün yüziIe burrem anU1} oldi ziba sozile Hi:�ir beg dedi a1}a : « ey nevcivan qil ba1}a b u qi:��a va�fin das 0 tan
335 Il baisait le pacha sur les deux yeux,
l' embrassait, le pressait sur sa poi trine l, .lui caressait le dos. . Il respira le parfum de ses cheveux bouclés 2 et de son visage et ses belles paroles le remplirent de j oie. [de soleil Hi�ir beg lui dit
:
cc
0 j eune homme,
340 fais-moi le récit de tes exploits.
»
01 yazayi: pa�a ç ün �erh eyledi her ne kim oldisa bir bir soyledi
Le pacha fit le récit de la guerre sainte et lui raconta tout ce qui s'était passé.
�ad 0 liyu1} J:.laddi u payani: yo q he m yanimet malinu1} orani: yoq
Il n'y avait p.i bornes, ni limites à la joie, il n'y avait pas de mesure aux richesses du butin.
armayan ay y üzl ü bi-J:.lad verdi qiz her biri bi1} qizile degildi qiz
345 Il lui donna en cadeau nombre de vierges au visage de lune chacune était sans pareille entre mille.
hem firenk oylanIarin verdi güzel saçlarinu1} m ü�kiIin kim ede J:.lal
Il lui donna aussi de beaux garçons francs pour qu'il dénouât les tresses de leurs cheveux
aItun u gümi� u �ayraq bi-� ümar armayan verdi a1}a 01 nam 0 dar
A ses cadeaux il ajouta, cet homme au bon renom, 350 de l'or, de l'argent et des coupes innombrables.
penc üyek çiqardi qismet eyledi le�kerin cümle yanimet eyledi
Il réserva le cinquième du butin qu'il distribua à toute l'armée.
4, il partagea le reste,
322. 1 : küh �al;1ra govdeler tolmi� idi. Il 323. 1 : 01 ovayl cümle yayma qIldIlar. Il 327. 1 gelin dèr bi-'aded. Il 336. P : bayrlna ba�ubanln arqasin y eper. 1 . Bay Ir, « le foie » (Ka� giiri, 1, p. 360), puis la région du corps au-dessus de la ceinture. 2. Sünbül, « hyacinthe », métaphore courante pour désigner les boucles de la chevelure. 3. M. à m. « les complications de leurs chevelures » ; d'après le témoignage d' Ibn Batüta, Me l;1med beg Aydlno glI avait dans son entourage des pages grecs dont les cheveux tombaient en tresses ; cf. Ibn Ba tüta, I I, p. 303.
3.
:
oylan u qlz u
4. Pencüyek > pencik, « le cinquième lI, impôt prélevé sur le butin de l'aqln (cf. p. 52, note 5) ; les 4 /5 du butin étaient partagés entre tous ceux qui avaient pris part au combat, le dernier cinquième était la part de Dieu et appartenait aux orphelins, aux nécessiteux et aux voyageurs (Coran, VIII, 420) ; cf. H. MASSÉ, l'Islam, p. 63.
60
LE DES TAN D' UMUR PACHA Riches et pauvres furent comblés et tous étaient pleins de j oie.
bay u yoqsul anda çoq i l,lsan bulur 01 yanimetden qamu �adan olur gece yedi içdi yatdi iki (e)mir ,?ub 0 l,l dem gond ürdi verdi çoq esir
355 Cette nuit les deux émirs mangèrent, burent et aimèrent,
au. matin il accompagna son frère et lui donna beauco up de [prisonniers. Hi�ir beg au bon renom regagna sa ville et pria j our et nuit pour le pacha .
geldi �ehrine Hi:�;lr beg nam 0 dar qildi pa�aya duca leyl ü nahar
Le cinquième du butin était immense. penc üyek kim çiqdi yoq payan u l,lad 360 L'émir E l,lad ramena les bateaux à leurs chaînes ; sürdi gemi qaydina mir-i E l,lad bir nice gün anda. qildilar qarar yine le�ker cemc 0 qildi nam 0 dar
ils y demeurèrent plusieurs j ours. Puis il rassembla de nouveau son armée, cet homme au bon [renom.
Il repartit de nouveau en razzia, Bir aqlna andan ëtdi gine azm pes MUQammed beg qllur menc ëtdi Qazm MUQammed beg 1 le lui avait défendu 2, car il était prudent. C
Me l,lmed beg envoya deux messagers pour le prier de venir, il lui défendit de faire la guerre; mais le pacha désirait repartir 3 :
Iki ki�i veribir daCvet eder men ê der ya cni a'r}a raybet eder c
01
gelince e�di otuz be� gemi toptoludi içi l,larbi ademi
365 au lieu de se rendre auprès de son père " il se mit en route remplis d'hommes d'armes.
Les bateaux accostèrent au pays de Saruban les gazis s'y rassemblèrent.
gemiler Sarban eline çiqdilar yaziler bir yere anda ço qdilar Sarban oyli anda Atmaz muntazir anda pa�aya hem Orban muntazir
[avec trente-cinq bateaux 5,
Le fils de Saruban, Atmaz,
370 et au�si Orban y attendaient le pacha.
geldi pa�ayiIe gori�di bular . birbiri l,lalini êori�di bular
Ils vinrent s'entretenir avec le pacha ; chacun demanda à l'autre de ses nouvelles.
anda qildilar �iyafet bi-l,lesab kim �arab içer kimi nuql u kebab
Ils firent un festin indescriptible : les uns buvaient du vin, les autres mangeaient du keb ab 6 et [des nuql 7 . Ils mangèrent et burent tout j oyeux, tandis que le père se consumait de chagrin.
�ad 0 liq qilup bular yeyüp içer "J'W.iêayile , anda atasi geçer
375
354. 1 : 01 yanimetde qamu �adan olur. Il 366. 1 : �arb-ü ademi. Il 367. Sar!1an pour $aru!1an. Il 369. P : �arban oyU an da Atm�z ban muntazlr ; 1 : Le mot han est barré. Il 375. P : �aB 0 IIq ; 1 : yeyüp éçer. 1. Pour le besoin de la métrique, le chroniqueur a écrit ici Mu l,lammed beg au lieu de Mel,lmed beg. 2. D'après les historiens byzantins, Andronic I I I, au retour de son expédition contre l'île de Chios en 1329 et pour parer aux progrès d'Orban fils d" O§man, sultan des Ottomans, passa en Anatolie et fit un accord avec l'émir de �a.ruban et Me �med beg, émir d'AydIn, qui ne put venir lui-même voir l'empereur, étant malade, mais lui dépêcha une a.mbassade avec beaucoup de présents ; cette alliance fut sans doute la cause de l'opposition de Me l,lmed beg aux incur sions de son fils dans les pays grecs ; cf. p. 56, note 1.
3. Raybet, « désir )l, « inlilination violente pour quelque chose » ; proverbe : men' édilen �eye raybet çoqdur, « la chose défendue a un attrait violent ) . 4 . Gelince, gérondif substitutif, cf. p . 37. 5. L'émirat de �aruban fut fondé au début du XIVe siècle sur les côtes d' Ionie j usqu'à Izmir et en Lydie, par un émir vassal de Germiyan, �aruban fils d'Alpagi (mort en 1346) ; sa capitale, Manissa (Ma gnésie), fut conquise en 1313 ; cf. 1. H. UZUNÇ, Ana dolu Beglikleri ; Id., Osmanll Tarihi, pp. 18 et s. 6. Kebiib, viande grillée. 7. Nuql, Il mets sucrés servis avec le vin ll.
61
LI VRE D U D US T URNAME Soudain un vaei� 1 vint trouver le pacha ; un envoyé s'entretint avec son excellence le pacha.
nagahan pa�aya vaei� èri� ür l,la�ret-i pa�aya èlçi gôri� ür
Mais quand le vaci� lui eut défendu la guerre sainte,
ani vaci� çun yazadan qildi mene atasi sôzin dèdi ètmedi seme
380 il dit qu'il n'avait pas entendu les paroles de son père.
dèdi : « mene ètmek yazadan dur günah bize himmet yolda� èts ün padi� ah »
Il dit : « défendre la, guerre sainte est un péché, le padishah devrait favoriser notre campagne.
dèr ki : « qilmi�dur Res iil-ullah yaza kafire kim qil di 01 resme ceza
Il dit : « le Prophète de Dieu a mené la guerre sainte, c'est de cette manière qu'il punissait les Mécréants.
�imdi biz dônmek yazadan ne seza meC�iyet var bunda dônsevüz bize »
385
qoydi pa�a anlari gemiye hem geminül} y üzince gôtrildi ealem aldi $arban oylini bile gider 01 Temür ban namidur dil}le nèder
Maintenant quelle honte pour nous que de renoncer à la Nous commettrions un péché en y renonçant. » [guerre sainte,
«
Il emmena aussi le fils de $aruban,
atlu otuz bill yègirmi bill yaya urq olup geleni �Ol}ra kim �aya le�ker-i Islam çiqdi çekdi �af d ü�man alayin oqa qildi hedef
.
390 son nom était Tem ür Khan 2 : écoute ce qu'il fit. Des vacil; et des b wace 3 lisaient des versets du Coran, ils reçurent du pacha beaucoup de présents.
Comment le shah victorieux lut envoyé par Dieu au Tek/ür Asen 4. à Gelibolu.
Gelibollya Esen tek/ara çun bükm olur lfaqdan §eh-i man�ür 0 çun
01 Esen tekf ür ola elli bill er cern e qildi qar�u çiqdr qopdr �er
»
Le pacha les fit monter dans les bateaux, les bateaux mirent les voiles, on déploya les étendards.
vaei� ü bWace oqur Quran dèlim buldi pa�adan bular i l,lsan dèlim
ç ün Geliboliya çiqdilar yuzat gôrdiler kim le�ker olmi� kayinat
»
Quand les gazis débarquèrent à Gelibolu, ils virent que tout le monde était en armes.
395 Ce tekfiir Asen, avait rassemblé cinquante mille hommes ;
ils sortirent au devant des Turcs, il se fit un grand tumulte.
Il y en avait trente mille à cheval, vingt mille à pied et qui pouvait compter ceux qui vinrent ensuite se j oindre' [à eux 1 L'armée de l' Islam débarqua, se mit en ordre de bataille
400 et prit les troupes ennemies comme cible pour ses flèches.
' 388. gOtrildi pour gôtürildi. Il 390. Neder pour ne ëder. Il Rubrique. 1 � 1. Va'iz, prédicateur, celui qui fait le sermon du vendredi. 2. Le nom de Tem ür kha� fils de f;laruban ne réap paraît plus dans le texte. Il est possible qu'il s'agisse du fils que l'émir de �aruban venait de perdre lors de la visite que lui fit Ibn Batüta en 1333 : Ibn Batiita, I I, p. 313. 3. Ilwace, l'origine de ce mot est discutée ; d'après l'historien persan Ra�ideddin, lJ wace est un mot d'origine turque (qoca '1) et c'est un titre donné aux vieillards ; depuis l'époque des Gaznévides ce titre
:
�eh man!?iira çun.
était donné aux gens de plume et aux fonctionnaires civils ; c'est l'emploi qu'il a gardé en Anatolie sous les Seldjoucides et les Ilkhanides ; lJ w{ice désigne un homme instruit et un fonctionnaire ; cf. I.A. s. v. llace. 4. Durant l'incursion d'Umiir pacha contre rUe de Samothrace et son débarquement en Thrace (cf. p. 40, note 4), le Grand Domestique Jean Cantacu zène se trouvait avec son beau-père Andronic Asen, dans la suite de l'empereur Andronic III.
62
LE DES TAN D' UMUR PACHA Les armures d'acier des ennemis grinçaient, les deux armées étaient aux prises.
gok demür a'da çiyi� çiyis eder iki le�ker uyra�uba,n cenk eder
Le combat dura trois j ours et trois nuits entières, les Musulmans gémissaient, il régnait un grand tumulte .
d ün ü gün cenk oldi üç gün sertaser M üsIimanlar zari qilur qopdi �er
405 Des deux armées le sang coulait comme un torrent ;
I?an ki seyl iki çeriden qan revan oldl 01 dem qopdl feryad ü fiyan
Alors s'élevèrent des lamentations et des cris de détresse. Quand le pacha vit que la situation était mauvaise et que les Musulmans étaient à bout de force,
gordi pa�a ç ünki yatIu oldl 1}.al M üsIimanlar içre qaImadl mecal atdan indi y üzini pa�a urur anl m ü'minler yiriv ëd üp gorür
il descendit de cheval, il frappa son visage contre terre,
410 les Croyants le virent se lamenter.
dedi pa�a : « 1 ütf et ey Perverdigar qalml�uz biçare ü 1}.ayran ü zar
Le pacha dit : « Aie pitié de nous, 0 Père Nourricier ! car nous sommes sans ressources, éperdus, affligés.
bize bu dem Senden olmazsa meded qillmazuz biz bu çoq küffare red »
Si Tu ne D O US accordes pas maintenant Ton aide, nous ne p ourrons résister à tant de Mécréants 1 »
l:Iaq anU1} qildl dufaslD m üstecab 4 1 5 Dieu exauça sa prière : un vent s'éleva ; les Croyants virent s'ouvrir l�s portes du çlqdl bir yel buldl m ü'min fet1}.-i bab [succès. tozl yèl kafirler üzre �avurur Le vent souffla la poussière sur les Mécréants, gôzlerine toldurur topraq urur la terre remplit leurs yeux. slndl kafir 01 arada hWar u zar 01 Esen tekfür oldl �ër 0 msar
Les Mécréants furent misérablement défaits
420 et le tekfür Asen fut couvert de honte.
oldl kafir gôvdesi �a1}.ra tolu bir don üm yerde ola be� bi1} ôl ü
La plaine se couvrit des corps des Mécréants ; sur chaque arpent de terre peut-être cinq mille morts.
kafir orduslnl yayma qildilar orduya ç ünkim muzaffer geldiler
Ils pillèrent le camp des Mécréants lorsqu'ils eurent remporté la victoire.
Cette fois-ci le pacha attaqua le port de Gelibolu afin de rendre facile cette tâche difficile.
GeliboIrnu1} l�mon qa�dln bu gez qlldl pa�a tii Dia m ü�kil ge1}ez Çun lemona erdi mir-i nam 0 dar Laz 0 gol adJ var anda bir 1}.i�ar
425 Quand l'émir au bon renom parvint au port, il y trouva un fort nommé Lazgôl
01 1}.i�ara ü�diler sabt oldl cenk M üsIimanlar 01 I?ava�dan oldl denk Pi� 0 rev beg boyazlnda yara yer heybetinden le�kerü1} dit:rerdi yer
01
i�e pa�a qat! yazban olur qare andan alinup viran olur
1.
Ils s'amassèrent autour de ce fort, le combat fut rude, les Musulmans en furent surpris.
430
Pi�rev beg fut blessé à la gorge ; la terreur des soldats faisait trembler la terre. Le pacha fut très irrité de cet incident, c'est pourquoi, quand la forteresse fut prise, elle fut détruite .
403. 1 : dünigün cenk oldl. " 407. Ed : tilu oldI 1;tal. " 408. 1 : qIlmadI mecal. " 409. 1 : atdan indin. 410. 1 : yiri édüp gÔrür. " 41 7. P : torI yël kafir üzère l?avIrur. /1 418. P : topray. " 421 . 1 : le mot �olu est écrit �olva. Il 430. 1 : ditredi. 1 . Lazgol, «le lac Laz » ; Laz « Lazare) est un nom donné par les Turcs aux Serbes ; aucun endroit
de ce nom n'est connu dans la région de Gelibolu. Laz dé.,igne aussi les Lases de la Mer Noire.
LI VRE D U D US TURNAME
63 Ils pillèrent l'intérieur en combattant et en tirèrent des richesses incalculables.
içini yaymalayup oldi qItal bi-l).ad anda l).�il oldi r üz u mal
435 Puis le j eune shah rentra à Izmir.
çiqdi andan Izmire �ah-i civan Vlu Beg i�itdi oldi �ad 0 man
Le Grand Beg
1
, Se réj ouit en apprenant son retour.
De là ils se rendirent à Birgi et vinrent rendre hommage au padishah.
Birgiye andan revane oldIlar padi�ahu"ll biBmetine erdiler çayiri�ur çavu�lar der « merl).aba bayir maqdem ey �eh-i ehl-i qaba »
Les Çavu�
2
criaient à l'envi :
«
Salut r
,
440 Sois le bienvenu, 0 Shah des hommes à la robe de bure 8 r
vardi pa�a ôpdi atasi dizin 01 anu"ll ôpdi iki gôzin yüzin
Le pacha en arrivant baisa les genoux de son père, celui-ci lui baisa les deux yeux et le visage ;
dedi kim : « sen nitesin ey ban oyul bu seferler zal).metinden can oyul »
il lui dit : « Comment vas-tu, 0 Khan 4, mon fils, après les fatigues des combats, 0 mon fils chéri ? »
dedi �aha. : « himmetü"Ilde burremüz qanda olsa devlet ü"ll d e bi-yamuz »
445 Il répondit au Shah : « Dans ta faveur, nous sommes j oyeux, où que nous soyons, dans ta souveraineté, nous ignorons la . ' ' b rables. Il 1 UI appo rtait de,s presen ts lnnom Ils mangèrent et burent tout j oyeux.
getürür bi-l).add u payan armayan oldilar yeyüp içüben �ad 0 man atasiyle qildi bir qaç g ün qarar yine Izmire varur 01 nam 0 dar
437. 1
:
Burgaya pour Birgiye.
»
[tristesse r
»
Il resta quelques j ours auprès de son père,
450 puis il reprit le chemin d' Izmir, cet homme au bon renom. ,
/1 439.
P : ç aylrI�up.
1 . Uiu Beg : dans les émirats d'Anatolie, le fief était considéré comme le bien d'une famille ; le chef de la famille était appelé Ulu Beg ou Emir-i 'Azam ou Sultiin-i 'A�am. Ces deux derniers titres étaient les titres officiels usités dans les actes protocolaires, firmans, prÔnes, prières, épitaphes, tandis que le pre mier titre était en usage chez le peuple et dans la tribu. L' Ulu Beg résidait dans la capitale, ses enfants et ses frères géraient les affaires gouvernementales dans les provinces dont l'administration leur était attribuée ; t'était le système en usage chez les Turcs avant l'adoption de l' Islam ; cf. I.H. UZUNÇ, Ana dolu Beglikleri. 2. çavu* (uyyur : çabl� ; < çav « le cri, la voix, la renommée )l) d'après les textes chinois, les çabl* existaient chez les Tou-kiue et étaient des messagers ; chez les Uyyurs ils avaient une fonction militaire ; au XIe siècle, d'après Ka�gari (cf. l, p. 368), leur rôle consistait à ranger les troupes pendant le combat et à empêcher le pillage et les abus des soldats en temps de paix ; sous les Seldjoucides les çavu� portant une ceinture d'argent et un bâton orné marchaient devant le Sultan et lui ouvraient le chemin ; à la cour des Seldjoucides de R üm et des Emirs d'Anatolie ils étaient employés à différentes fonctions : éclaireurs, héraults d'armes, gardes, muezzins, messagers, musi ciens du palais, ils conduisaient aussi les ambassa deurs étrangers devant le souverain, etc ... ; d'après
le Selcuqniime de YazIcIoglu 'Ali (le fait ne se trouve pas dans la version persane d' Ibn-i Bibi), ils trans mettaient à l'armée le signal du combat donné par le souverain en criant : atlan, atlan f ( << élance-toi ») ; d'après le Kiiniinniime de Me I;lmed II, ils recevaient 60 aqçe par jour (cf. p. 86, note 7) et avaient le droit de baiser la main du Sultan les jours de fête ; cf. Fuat K OPRÜLÜ , Bizans Müesseselerinin Osmanll Müesseselerine Te'siri, p. 211 et s. ; M. Z. PAKALIN, Osmanll Tarih Deyimleri Sozlügü, s. v. çavu�. 3. Ehl-i qabii, « les gens à la robe de bure », c'est-à dire les Derviches ; cf. p. 49, note 1 et p. 50, note 7. 4. Han, ce titre n'a pas pu être expliqué philolo giqueÏilent ; chez les anciens Turcs le !1an ou qayan était le chef suprême ; d'après W. Bang ce serait deux formes différenciées d'un même titre qui aurait d'abord été appliqué à la divinité, puis, en s'affaiblissant, au souverain et aux nobles ; il croit que ce titre doit avoir une origine iranienne ; , cf. W. BANG, Türko logische Briefe, dans ÛJb, V, 1 925, pp. 248 et s. ; K. SHIRATORI, A Study on the Titles of Kaghan and Katun, dans Memoirs of the Research Departmenl of the Toyo Bunko, nO 1, Tokyo, 1 926, pp. 1-39 ; A. CAFEROGLU, Tukyu ve Uygurlarda Han UnvanlarI, dans THITH, l, 1931, pp. 105-1 1 9 ; ici le titre a une valeur honorifique, de même que Shah au vers 440 (cf. p. 45, note 7.)
LE DES TAN D' UM UR PA CHA
64
Mumduniçaya revün olduyz mir riivi ler n üs!1a içinde bogIe dër
L'émir se rendit à Munduniça 1, ainsi le rapportent les chroniqueurs dans leurs manuscrits.
Yapdl bir qaç günde pa�a çoq gemi cern' olur le�ker ô kü�d ür ademi
En quelques j ours le pacha fit construire beaucoup de ba[teaux ; il rassembla son armée ; ses hommes étaient nombreux.
yapdilar ulu qadlrya bi-1).esap kô kelerden qnmazidi içtinab
Ils construisirent des grandes galères sans nombre qui n'auraient pas à éviter les coques.
y :tïz gemi verdi E 1).ad $uba�lya kim çlbu q bôrki cazep çoqdur qoya
455 Il confia cent bateau x à E l,1ad $uba�i
qui les remplit dHazeps porteurs de bâtons et de bonnets
2;
le pacha prit la tête -de cent cinquante autres bateaux et les remplit de gazis.
dabi yüz elli gemi pa�a alur yazilerile anl tolu qilur bindi Yüsu.f beg dabi Ilyas 0 beg ulu gemilere likin re'is beg
Yüsuf beg et Ilyas beg s'embarquèrent aussi,
460 dans les grands bateaux montèrent seulement des capitaines 8 .
Qayin adasina evvel èrdiler Kesten adasina andan gitdiler
Ils arrivèrent d'abord à l'île de Qayin et allèrent ensuite à l'île de Kesten 5.
yüz gemile ayru d ü�mi�di E 1).ad muntaz;ir pa�a olur 01 gün eved
E 1).ad et ses cent bateaux se trouvèrent séparés du reste de la [flotte, le pacha passa le jou.r à l'attendre.
4
465 Qu.and l'émir se remit en route
eyledi gô ç 01 aradan çun emir çallnuridi naqara ü nefir
les timbales et les hautbois sonnèrent. Le pacha dit : « Débarquez à Mumduniça et détruisez tout ce pays d'un bout à l'autre.
dëdi pa�a : « Mumduniçaya çiqu"lj 01 diyari cumle sertaser yiqu"lj » Ipsin adaslna .. kim büs ërdiler geçüp andan Usk ürayi gôrdiler
Ils effleurèrent
6
l'île d' Ipsin
»
7,
470 la dépassèrent et arrivèrent en vue d'Uskura
8.
and a olmi�di meger üç Türk esir anlarl i�itdi qomadi emir
Il Y avait là-bas trois prisonniers turcs, l' émir l'apprit et ne les abandonna pas ;
01 el Ü"lj k üffari tapu qndilar ëlle� ürler Tür 0 k andan aldilar
les Mécréants de ce pays lui rendirent hommage ils tomb èrent d'accord 9 et l'émir emmena les prisonniers [turcs . Puis la flotte arriva à Iskebolos 10 ; il envoya ses hommes au port de Qavuq 11 :
475
andan erdi Iskebolosa çeri Qavuq ilmonina gô ndürdi eri
Rubrique. P : Merndeniça.
469. 1 : kim est barré.
457. 1
:
le mot gemi est omis. Il 462. P et 1 : girdiler ou giddiler ; ed
1. Bodonitsa aux Thermopyles. 2. Cf. p. 54, note 1. 3. Re'is, capitaine de navire ; ce titre appliqué à des capitaines de navire apparaît chez les Turcs au temps des Seldjoucides de R üm ; cf. A. JAL, Glossaire Nautique, p. 1 255 ; Fuat KOPRÜLÜ, Bizans Müesse selerinin Osmanli M üesselerine Te'siri, pp. 205 et s. 4. Qayln, ne de Koyün, dans la baie d' Izmir.
:
gidediler.
5. Kesten, ne de K o sten dans la baie d' Izmir. 6. Bus ërmek (1) : effleurer ( 1). 7. Ile de Psara. 8. Ile de Skiros. 9. Elle� ürler, cf. p. 38. 10. Ile de Skopélos ; en 1 308 cette ne appartenait à des aventuriers vénitiens, les Tiepolo-Guisi. 1 1 . Port de Qavuq : non identifié.
LIVRE D U D US TURNAME
65 ceux-ci pillèrent les pays de Tuzla 1 et de Mumduniça et mirent à mal les Mécréants.
TuzlayiIe Mumduni çanu1} elin qïldilar yayma üz üp kafir belin bi-qiyas anda alurlar mal ü genc yoq �ava� çekmedi kimse anda rene
Ils s'emparèrent de richesses innombrables ;
480 il n'y eut pas de combat et personne n'eut à souffrir. Ils firent beaucoup de, prisonniers, puis regagnèrent leurs bateaux.
çoq esir anda buluban ald ilar dônüben andan gemiye geldiler
Ta!l:la Qarede varup qïlduYI cenk bunda bir sancayl alml�dur lirenk
Arrivés à Tal1la Qare s, ils livr�rent com bat el les Francs s' empar�rent d'une banniére.
01 diyara ç ünki çiqdilar tazep qildilar Tabta I:1i�arini talep
Lorsque les tazeps débarquèrent dans ce pays, ils se dirigèrent vers le fort de Tabta.
iki bôl ük oldi 01 yerde çeri I:Iaq toyum eyledi bir bôl ük eri
485 L'armée se divisa en deux groupes,
run d'eux fut comblé par Dieu de butin :
les hommes s'emparèrent de biens et de tissus sans nombre, d'argent et d'or et de beaucoup de garçons et d'odalisques.
bi-l)ad anlar aldilar mal u. quma� sim ü zer oylanile çoq qarava� Mir 0 Ilyasile bir b ô l ük yuzat gitdi yayan kimisi binerdi at
L'autre groupe de gazis, sous le commandement de l'émir [ Ilyas,
490 partit, les uns à cheval, les autres à pied.
01 alay küffare erdi bi-qiyas uyra�up buldi �ehadet nice nas
Ils rencontrèrent des Mécréants sans nombre et beaucoup d'hommes trouvèrent le martyre en combattant.
�ub 0 l)dem Ilyas 0 beg binmi� ata gôtürürleridi sancayin ôte
Au matin Ilyas beg était monté à cheval ; les ennemis emportaient au loin sa banni �re.
495 Il y avait là beaucoup de Catalans
anda çoyidi Kadalan ü firenk aldilar sancayin oldi qat! cenk
S et de Francs, ils s'emparèrent de sa bannière ; le combat fut rude.
bile Ilyasile Ibrahim 0 beg bildiler kim çoq i� etmi� ba�� -i seg
Ils vinrent tous deux à cheval, seuls,
atile tenha bu ikisi gelür 01 firenk alayina l)amle qilur
500 et attaquèrent les troupes franques.
Les (azeps vaincus avaient pris la fuite, et s'étaient envolés chacun de son côté. ' Voyant leurs chefs, ils revinrent et reprirent le combat.
�inuban donüp (azep qaçmi�idi her biri bir dereye uçmi�idi gôrdiler bunlari yine d,ô ndiler d ü�mana eri� üben el �undilar s Ü1} üler Ilyas 0 beg nice firenk yiqdi Ibrahim 0 beg hem qildi cenk
Rubrique. P : qll dlyl . Il 490. 1
Ilyas et Ibrahim beg, tous deux furent témoins des efforts déployés par ces chiens ennemis.
:
505 Combien de Francs Ilyas beg transperça-t-il de sa lance , et combien d'autres furent tués par Ibrahim beg r
le W de binerdi est omis.
1. Tuzla : non identifié. 2. Tabta qal'e : non identifié. 3. Les Catalans, en 1310, entrèrent au service du duc d'Athènes, Gauthier de Brienne, mais ne tardè1. MELIKOFF-SAYAR
rent pas à se tourner contre lui et après avoir écrasé les forces latines au Lac Copaïs, le 15 mars 1311, ils occupèrent le duché d'Athènes et toute la région à l'exception du Marquisat de Bodonitsa. ' 5
LE DES TAN D' UMUR PA CHA
66
Cette fois ce furent les Francs qui, vaincus, prirent la fuite , et s'envolèrent vers la forteresse de Mumduniça.
!?inuban bu gez firenk anda qaçar Mumduniça qal'esine dek uçar
Le chef . des Francs entra dans la forteresse ;
qareye girdi firengü"t} serveri qovuban êri�di Islamu"t} eri
5 1 0 l'armée de l' Islam se lança à sa poursuite.
Ils fermèrent la forteresse devant Ilyas, mais en arrivant il frappa la porte de sa lance.
qapadIlar qare'i Ilyasa hem s ü"t} ü elinde urur êrd ügi dem natre urup dêr « benem pa�a quli dêdi : « vêr ü"t} ba"t}a qareyle êli
»
vêrmese"t} üz bunda ü� pa�a gel ür qare qomaz êl ü"t} üz yaret qnur » da'iresinde 1).i!?aru "t} qondi 01 kafiri qirdi esir êdindi bol qlldnar pa�aya 01 demde baber dêdiler : « le�kerde qopdi � ür u �er
Il cria : « Je suis le serviteur du pacha, livrez-moi la forteresse et le pays 1
5 1 5 Si vous ne les livrez pas, le pacha, qui arrive tout de suite, n'épargnera pas la forteresse et dévastera votre pays 1 » Il encercla le fort, . il anéantit les Mécréants et fit beaucoup de prisonniers. On envoya alors la nou.velle au pacha, « L'armée est entrée en action ;
520 on lui dit :
gerçi kim sancayumuz aldi firenk qirdi Ilyas anda qIldi qati cenk
les Francs s'étaient emparés de notre bannière, mais Ilyas leur a livré un rude combat et les a taillés en pièces.
qareye qoyduq �inuban kafiri araya alduq d ür üben a biri »
Nous les avons vaincus, repoussés dans la forteresse et là nous les avons encerclés. »
bindi pa�a Mumduniçaya êrür qared ür !?arp ani çun pa�a gorür geldi Ilyas beg oper pa�a elin qndi tal).sin ob�adi pa�a qulin gordi kafir 01 üsi I?al).ra tolu qiryinile tolu yazida 01 ü
525 Le pacha monta à cheval et se rendit à Mumduniça : il vit que la forteresse était difficile à prendre ;
Ilyas beg vint lui baiser la main et le pacha félicita et embrassa son serviteur. Il aperçut la campagne remplie des corps des Mécréants
530 et la plaine couverte d'ennemis massacrés.
Mumduniçanu"t} begi batunidi l).addin anu"t} êlleri efzünidi
Le beg de Mumduniça 1 était une dame 2, l'étendue de ses terres n'avait pas de limites.
Kadalanidi gelen anda firenk yayri yêrden geldi qIldi anda cenk
Les Francs qui s'y trouvaient étaient des Catalans, ils étaient venus d'une autre contrée et avaient combattu là .
508. P : Mumdiniça. Il 525. P : Mumdaniça. " 529. 1 tolu yazldl olü. 1. Après la prise de Constantinople par les Croisés, Boniface de Montferrat, roi de Thessalonique, donna, en 1205, la baronnie, plus tard marquisat, de Bodo nits a, dans la région des Thermopyles, au seigneur parmesan Guido Pallavicini (mort en 1 237) ; après la victoire des Catalans au Lac Copaïs, en 1311, le marquisat resta indépendant, mais dut payer un tribut annuel de quatre chevaux au vicaire général du duché catalan d'Athènes, Alphonse-Fadrique ; en 1 323 à la tête du marquisat se trouvait Guglielma Pallavicini qui, devenue veuve de Bartolommeo Zaccaria, fils de Martin, demanda à Venise, de qui · dépendaient ses possessions à Négrepont, de lui
:
geld i kafir olüsi �aQra tolu. /1 530. 1
:
qlrylnile ·
envoyer un mari pour défendre ses territoires ; en 1335, Venise lui envoya Nicolo Giorgio (Zorzi) ; cf. A. BON, Forteresses médiévales de la Grèce Cen trale, dans Bulletin de Correspondance hellénique, LXI, 1 937, pp. 148-1 63 ; W. MILLER, The Latins in the Levant (1204-1566), Londres, 1 908, p. 248 ; C. HOPF, Chroniques Gréco-Romanes, Berlin, 1 873, p. 478. « sogdien HWatën) « souveraine, femme 2. Hatun royale » ; titre que portait la femme du qayan ; cf. W. BANG, Ein Einheimischer Name jür Toxrl, dans Kelete Szemle, XVIII, Budapest, 1918-1919, p. 1 20.
LI VRE D U D US T URNAME
Mu,mduniça qapusin hatun açar sim ü zer üstine pa�anu'1} �açar
67
535 La dame ouvrit les portes de Mumduniça, elle répandit sur le pacha de l'argent et de l'or.
« 01 firengi » dédi « bayi�la ba'1}a » « Accorde-moi la grâce de ces Francs, lui dit la dame, je suis venue à toi en suppliante. dêdi batun : « yalvari geld üm sa'1}a , tut ki : t çaliyim �iyindi geldi qu� Suppose que tu es la l?ruyère où l'oiseau est venu se réfugier 1 540 et s'est sou,dain rencontré avec ta majesté. » nagahan tapu'1}a oldi yoli tu� »
anlari bab�i� êder pa�a a'1}a anda pa�ayi goren qaldi ta'1}a
Le pacha lui laissa ces Francs. Quand elle le vit, elle resta éblouie.
bi-l).ad 01 batun �iyafet eyledi qareye pa�ayi datvet eyledi
Cette dame lui fit un festin incomparable et l'invita dans la forteresse.
pi� 0 ke�ler vérdi bi-l).add u qiyas dilile �er l). eylemez ani unas yaz 0 di ta'us 0 manendi ôzin gel üben pa�aya tar� etdi yüzin latl ü firüze mura��at tonlari gümi� ü altun tabaqda b6nlari
545 Elle lui donna des présents sans nombre. La langue humaine ne suffirait pas à la dépeindre : elle se para, se déploya comme u,n paon ; elle vint, et présenta au pacha son visage. Ses vêtements étaient incrustés de rubis et de turquoises, 550 ses mets étaient servis dans des plats d'or et d'argent.
dedi pa�aya : « eya �ah-i civan qarava�am ben sa'1}a tutma g üman
Elle dit au pacha : « 0 Shah adolescent ! je suis ton esclave, n'en doute pas.
var on üç qarem cemi (en al sa'1}a qIl beni batun tinayet qil ba'1}a
J'ai treize forteresses, prends-les toutes, fais de moi ton épouse, fais-moi cette faveur.
yoqdurur mal u bazineme (aded al ben ümle c ümlesini qilma red »
555 Mes biens et mes trésors sont innombrables : avec moi, prends tout le reste, ne me repousse pas.
ç ünki pa�a bildi anu'1} l).alini verdi a'1}a can u ba� u malini
»
Quand le pacha vit l'état où elle était, il lui laissa la vie et ses biens.
dêdi : « nefse uymazam bu dur cevab Il lui dit : « Je ne céderai pas au désir, c'est là ma réponse. soz bu dur u Allah a (lem bi-��evab 560 Je n'ai qu'une parole et Dieu connaît la vérité. seni alup bunda qorisam eger diyeler yayretsüz anda yoq h üner
Si je te prends, puis te laisse ici, on dira : il n'a pas d'honneur ' ; cet acte serait sans mérite ;
aluban gitsem seni olmaz reva padi�ahu'1} batiri qalur ba'1}3, »
te prendre, puis partir, je n'en ai pas la permission, et le padishah en serait irrité. »
t
547. 1 : bezedi ta'us 0 manendi Ozin. Il 549. P : la 'le ü firüze mura f}f}a, tonlarI. Il 550. 1 : gümi� altun-u tabaqda b onlarl ; � onlarl pour !!:wiinlarl. Il 551 . 1 : �ah-i cihan. Il 555. P : yoqdur mal u bazineme 'aded ; 1 : çoqdurur mal u bazine bi-'aded. Il 558. 1 : verdi a'1}a ba� u can u maHnl.
1. Quand un oiseau pourchassé par un épervier se cache dans l'herbe épaisse (çall), celle-ci lui sauve la vie ; le bienfaiteur qui sauve la vie d'un homme en fuite qui l'implore est fréquemment comparé à cette
herbe dans les récits persans ou mongols ; cf. W. BARTHOLD, Turkestan down to the Mongol Invasion, Oxford, 1 928, p. 41 (référence à Cüveyni, l, 1 97).
LE DES TAN D' UMUR PA CHA
68
Yoq ta"fjum mal u quma�a dèdi 01 andan 01 Bozca If isara tutd'i yol
Geldi andan gemiye �ah-i civan gônd ürür batun ô"fjinceydi yayan dôndi batun dëdi andan elvedaC �atmadi anda pa�aya , hiç metaC gemiye girüben andan gitdiler bir l).i�ara bir adaya yëtdiler
«
Les biens et les étoiles ne me touchent pas 1 » lui dit-il et de là il prit le chemin du lort de Bozca 1.
565 Le jeune shah regagna ses bateaux ; la dame l'accompagnait, elle marchait devant lui à pied. Elle retourna après lui avoir dit : « adieu » . Le pacha n'avait pas répondu à ses avances
2.
Les Turcs montèrent dans leurs bateaux et repartirent. 570 Ils arrivèrent à un fort dans une île.
qondilar anda çiqup pa�a meger yôren ürdi qare'i 01 �ir-i ner
Ils débarquèrent et dressèrent leur camp ; quant au pacha, il rôdait autour de la forteresse, ce lion mâle 1
oqile bir yazi'i kafir urar l).a�ret-i pa�a yanindaydi meger
Les Mécréants abattirent d'une flèche l'un des gazis qui se trouvait à côté de son excellence le pacha.
Hayr-(ed)din D ündar o dédi: « buni ben 575 Hayreddin D ündar dit : « Je le connais : c'est lJasen, le fils d'Esed. bilürem budur Esed oyli lJasen '» . er yigide gôyinür pa�a ôzi sôyledi D ündar 0 anda bu sôzi dédi : « ey mer ünlar i�bunda gelen l).a�ret-i pa�a durur seyran qilan qorq 0 mazmisiz bu resme qildu "fjUZ kendü"fjüz mil).net içine �aldu"fjuz » 01 yigidi alubanin dôndiler
gel üben derya qatina qondilar nerd übanlar yônil ür anda ôkü� çoq metris urildi yabanda ôkü� qareye �ava� yüritdi �ub 0 l).dem aldilar qareyi gün toyduyi dem bi-l).ad anda buldilar mal u quma� güzel oylan dabi güzel qarava� gemiye iletdiler balqlll esir lJaq Çalap anlara oldi dest
0
gir
»
Le pacha se consumait de chagrin à cause de la mort de ce D ündar dit alors aux Mécréants : [héros. « 0 Maudits ! celui qui se promenait ici, 580 c'était son excellence le pacha en personne ;
, n'avez-vous donc pas peur pour avoir agi de la sorte ? Vous vous êtes jetés de vous-mêmes dans le malheur.
»
Ils emportèrent ce héros et s'en retournèrent ; ils se postèrent près de la mer. 585 Ils placèrent contre la forteresse beaucoup d'échelles et creusèrent dans la plaine beaucoup de retranchements. Au matin, ils attaquèrent la forteresse et s'en emparèrent avec le lever du soleil. Ils y trouvèrent des biens et des étoffes sans nombre, 590 de beaux garçons et de belles odalisques. Ils emmenèrent les prisonniers vers leurs bateaux. Dieu leur avait donné Son aide.
566. 1 : gôndürür batunI ô"fjince yayan. " 568. P : l?atmadI anda pa�aya meta' ; 1 : I?atmadl andan pa�aya hiç meta '. Il 573. 1 : oqile bir yaziyi kafirler urar. Il 575 P : Ijayirdïn pour Ijayreddïn ; 1 : Dindiir pour Dün diir. Il 577. P : er yigide gôrinür pa�a Ôzi. 1 585. 1 : nerdübanlar yôndiler. Il 586. 1 : çoq meteris urildl. 591. 1 : gemiye iletdiler b alq-i esir.
1 . Fort de Bozca : non identifié. 2. M. à m. : « elle n'avait pas vendu au pacha de marchandises» ; (a§q) meta ' i �atmaq (m. à m. « vendre
la marchandise d'amour ») signifie : « avoir un com merce d'amour » ; on dit auj ourd'hui dans le même sens : (birisi bile birisinin) alï§ veri§i olmaq.
LI VRE D U D US T URNAME
69
Andan ote 1yri bosa gildiler bir ulu adadur a"1la yetdiler
De là ils se rendirent à Iyribos 1 : c'est une grande He ; ils y débarquèrent.
On IJif?ar anda varidi aldïIar yiqdïIar yüz koyi yayma qildilar 01 ê.Iu"1l balqlnI qIldIlar esir
Il Y avait là dix forts : . ils s'en emparèrent et les détruisirent ; ils pillèrent cent villages. 595 Ils firent prisonniers les habitants de ce pays et le tekfilr d' Iyribos en fu.t couvert de honte.
Iyribos tekfilrInI qildI IJaqir
Le nom de ce tekfür était Messire Pir 2 ; il envoya rassembler ses hommes.
adI tekfilru"1l Mese Piridi pes le�kerini dérmege gond ürdi kes 1yribos o"1line çoq le�ker gel ür ba�dan ayaya demür IJamle qilur
Une grande armée arriva devant Iyribos ; 600 vêtue de fer de la tête aux pieds, elle attaqua.
Kadalanile firengi bi-caded alay alay getürür yoq a"1la }:tad
Il amena des Catalans et des Francs sans nombre qui arrivaient sans cesse troupes par troupes.
çlqdi pa�a dabi anda çekdi �af oqa aCda alayln qIldI hedef
Le pacha rangea" également ses hommes en lignes de bataille et prit les troupes ennemies comme cible de ses flèches.
çallnuridi naqara u nefir qopdI ma}:t�er anda oldI dar u gir iki le�ker birbirine qarl�ur yaziler qoç gibi anda urI�ur
Les deux armées s'entremêlaient, les gazis combattaient comme des béliers ;
berq ururdl tiy 0 lar �an yIldlrim s Ü"1l üler yal;mani }:tarbe m üstaqim depdi pa�a 01 çeriye 01 dem at bullmaz andan cad ü canI necat
depdi Ibrahim 0 $uba�Iyle begü"1l Ibrahim 0 qarda�I bile
les épées lançaient des éclairs comme la foudre, 610 les pointes des lances étaient dressées pour le combat. Le paGha lança alors son cheval sur l'armée ennemie et l'ennemi ne put trouver le salut de son âme.
depdi ardlnca E }:tad $uba�l hem sey 0 l gibi aqdI le�ker içre dem depdi hem D ündar 0 beg Ilyas at ayaylnda qalur ey nice seg
605 Les timbales et les hautbois sonnaient : le combat fut tel qu'on se serait cru au Jour du Jugement.
0
Derrière lui s'élança EIJad $uba�i : de l'armée le sang coula COlnme · un torrent. beg 6 1 5 D ündar beg et Ilyas beg lancèrent aussi leurs chevaux combien de chiens furent écrasés sou.s leurs sabots 1 Ibrahim $uba�i et avec lui Ibrahim, le frère du pacha, s'élancèrent aussi.
Rubrique. 1 : bir ü adadur. Il 599. P : Iyribos O"1lüne. " 601 . P : Gadalan. " 6 1 1 . 1 : dëdi pa�a. " 613. 1 : dedi ardlnca. " 615. 1 : dêdi hem qâhem beg. " 616. 1 : at ayaylnda qalurdl nice seg. " 618. ed : qard�lyile. ,
1 . Négrepont. 2. L'île d'Eubée (Négrepont), attribuée aux Véni tiens lors du partage de 1 204, fut partagée en trois fiefs par Boniface de Montferrat et donnée à trois gentilshommes de Vérone appartenant à la famill� des Carceri, sous la suzeraineté d'un bayle de Venise résidant dans la ville de N égrepont. Le Messire Pierre dont il est question ici est selon toute vraisemblance Pierre dalle Carceri, dont les tendances hostiles à
l'égard de Venise expliqueraient les relations amicales avec les Turcs, et non pas Pierre Zeno, chef de l'esca dre vénitienne durant la croisa.de de 1344 contre Umür pacha et bayle de Négrepont de 1 331 à 1333, comme l'a supposé Mükr. Halil (pp. 29 et s.) ; cf. L. de MAS LATRIE, Les Seigneurs tierciers de Négrepont, dans Revuè de l'Orient Latin, l, Paris, 1 893, pp. 1 -20 ; C. HOPF, Chroniques gréco-romanes, Berlin, 1 873, pp. 372 et 475.
70
LE DES TAN D' UMUR PACHA
. ç ün Mese Pir anda 01 I).ali gôrür qaçdi l?indi dôndi qareye girür
Quand Messire Pir vit l'état du combat, 620 vaincu, il s'enfuit et se réfugia dans la forteresse.
èl vilayet gôrdi kim oldi barab qarede tedbir ani gôrür l?evab
En voyant sa principauté dévastée, il avisa dans la forteresse au moyen d'y remédier.
ç ünki pa§a l?idi kafir le§kerin dôndi qondi orduya aldi erin
Quand il eut vaincu l'armée des Mécréants, le pacha s'en retourna et ramena ses hommes au camp.
defn 0 qildilar §ehid olanlari bayladilar hem yara uranlari
625 Ils enterrèrent ceux qui avaient trouvé le martyre et pansèrent les plaies des blessés. Messire Pir envoya au pacha un messager, qui le supplia en son nom de faire la paix.
yalvarur pa§aya êlçi vêribir « bari§alum » deyüben Pir-i Mesir dilegin anu"t} qiIur pa§a qab ül rifq 0 vermi§ Allah 01 degil fu� ül
Le pacha agréa sa prière : 630 Dieu lui avait donné de la bonté, non l'outrance.
varidi pa§ayile üç bi"t} er c ümlesi ehl-i silal). ehl-i h üner
Il y avait avec le pacha trois mille hommes, tous étaient hommes d'armes et hommes de mérite.
le§ker-i Islam 0 çekdi iki l?af yafni anlar durdilar iki taraf
L'armée de l' Islam se disposa sur deux rangs qui s'écartèrent en deux files.
qareden çiqdi Mese Pir eri§ ür yer ôper pa§a ô"t}inde gôrü§ ür
635 Messire Pir sortit de la forteresse et s'approcha ; il baisa la terre devant le pacha et s'entretint avec lui. Il lui dit : « 0 Pacha, je te remercie 1 de m'avoir épargné et de m'avoir accordé cette entrevue.
dèdi : « ey pa§a feda canum sa"t}a gôrü§ üp benümle qimadU"t} ba"t}a 01 cihanda devletile pay
0 dar Qu'en ce monde ta souveraineté soit durable fômrü"t}Ü"t} b ünyadi olsun üstüvar )) 640 et que le fondement de ta vie soit solide 1 »
ç ün Mese Pir ètdi pa§aya dufa çayri§up çavu§ 0 lar der : « merl).aba
»
Quand Messire Pir eut rendu grâce au pacha, les Çavu§ 2 crièrent « Merl).aba ! » 3 Il fit préparer un festin pour l'armée et régala l'armée des gazis.
le§kere anda �iyafet eyledi yazilerü"t} le§kerini toyladi
kim qopuz kim ney kimi çalar rebab 645 Les uns jouaient du luth 4, d'autres de la flûte ou de la viole 5, kimi yër nuqlile lisün u §arab les uns mangeaient des nuql 6 et des confits d' amandes 7 tout . [en buvant du vin. . oturup pa§a t. ema§a-1 ar ql"1ur Le pac ha, aSSIS, 1es regardal't ; les gazis enivrèrent · �essire Pir yaziler serbo§ Mese Piri qilur -
yine qaresine iletürler ani qimadi fur�atda bulup d ü§mani
et le reconduisirent à sa forteresse ; 650 le pacha ne tua pas son ennemi, bien qu'jl en ait eu l'occasion.
pi§ 0 ke§ler çekdi pa§aya yarin sa"t}a dedim qi��anu"t} yüzde birin
Le lendemain Messire Pir fit au pacha des présents, mais je ne t'ai conté là que le centième de l'histoire 1
631. Vers trop court d'un pied . Il 638. 1 ed : le � de yüzde n'a qu'un seul point. 1. 2. 3. 4. 5.
:
qlymadl ba"t}a. Il 648. P : yazi serbo§ Mese Piri qllur. Il 652.
M. à m. : « 0 Pacha, je te sacrifie mon Ame Cf. p. 63, note 2. Merl)iiba, « bienvenu J. Qopuz, cf. p. 34. Rebiib, ou rübiib, espèce de guitare.
1.
6. Nuql, cf. p. 60, note 7.
7. Lïsün pour lüsïne ou [üzïne, « conserves d'aman des � ; cf. E. QUATREMÈRE, Notices et Extraits, X IV, p. 76.
LI VRE D U D US T URNAME
71
Il lui donna de l'or, de l'argent et des pierres précieuses, des rubis, des turquoises et avec cela beau.coup d'étoffes.
altun u gümi�ile qiymetl ü ta� la'l ü fïrüze anu'1}la çoq quma� vêr.di pa�aya hem iki tazi at at qatir her birine verdi o'1}at
655 Il lui donna aussi deux chevaux arabes ;
il donna à chacun d'excellents chevau.x et mulets ; beaucoup de garçons fr�ncs et de belles odalisques ; il donna au pacha une grande quantité de biens et d'étoffes,
çoq firenk oylani çoq qiz qarava� vêrdi pa�aya ôkü� mal u quma� bi'1} filuriye alinmi� hem bir at DIu Beg raniyiç ün vérdi o'1}at
ainsi qu'un cheval acheté mille florins,
660 excellent, pour servir de monture au Grand Beg.
hem I:Ji�ir beg �a�retine bir qatir altun eyerl ü véribir bi-na�ir
Et à son . excellence I:Ji�ir beg il envoya un mulet sans pareil avec une selle en or.
aldi anlarï geçer andan ôte diler 01 yafFulu yolini duta
Ayant reçu tous ces présents, le pacha repartit. Il désirait prendre le chemin de yafrulu 1.
De là il partit pour Moneve§.ya 2 Messire Pir marchait devant lui à pied.
Moneve§yaya olur andan remin y ürür o.,.. ince Mese Piri yayan Gemiler gerü �i�a;ra çiqdilar anda ël urup 'azepler çoqdilar
665 Les bateaux revinrent aborder près d'une forteresse, les 'azeps se rassemblèrent pour piller la région.
çoq esirile alurlar sim ü zer anda hem bir �arp 0 yer var mu'teber
Ils s'emparèrent de nombreux prisonniers, de, beaucoup d'or Il y a là-bas un escarpement renommé ; [et d'argent .
gôrdiler be� yüz qadar vardi 'azep gemisi �inmi� qilur çare ta,lep
ils y trouvèrent cinq cents 'azeps,
670 leurs bateaux avaient péri, ils cherchaient un salut ;
altun u gümi�leri çoq' yoq gemi qalmi� 01 yërde çek üp cevr ü yaml
ils avaient beaucoup d'or et d'argent, mais pas de bateaux et attendaient là tristes et affligés.
anda qalml�lar olup bayli zeman buldi aldi anlari mir-i zeman
Ils y séjournaient depuis assez longtemps, quand l'émir 3 les trouva et les emmena.
anlari bile gemiye aldilar bir qadlryaya qamusi toldilar anda bir qare buluban çiqdilar ëlin iqlimin buluban yaqdilar qildl yayma qare'i anda yuzat tutdilar tekfürini bulmaz necat malile tekfüru'1} oyli qlzi hem eJe girdi ba�ma oldl cevr ü yam Rubrique. 1
:
675 Les gazis les prirent avec eux dans leurs bateaux et les mirent tous dans une galère.
Ayant atteint une forteresse, ils débarquèrent : ils brûlèrent tout ce qu'ils trouvaient dans la contrée. Les gazis pillèrent la forteresse ; 680 ils prirent le tekfür qui ne put leur échapper. le fils, la fille, ainsi que les biens du tekfür tombèrent entre leurs mains ; l'ennemi fut mis à mal.
Mese Pire
1 . yafrulu ( '1), cf. p. 72, note 1, p. 80, note 1, p. 85, note 4.
2. Monembasie (Malvoisie), redevenue byzantine depuis 1 262. 3. M. à m. : II: l'émir du temps » .
LE DES TAN D' UMUR PACHA
72 adl 01 tekfüruTl idi yifrilos 01 ke�i�idi anuTl ba�l Papos
Le nom de ce tekfür était yürIlos 1, il était moine, son chef était le Pape.
685 Après avoir dévasté le pays et la forteresse, le pacha retourna à Iyribos où il trouva les portes ouvertes ;
êlini qaresile qIlup barab dôndi Iyribosa buldl fetl)-i bab
Messire Pir vint à sa rencontre, lui prépara de grands festins, le rassasia de mets succulents.
qar�u pa�aya Mese Pir erdi hem çoq �iyafetler qnur dôkdi nicam
Il s'engagea à payer le barac 2 690 et à envoyer à Birgi le cizye et le bac
01 qab ül eyledi boynuna barac Birgiye andan gele cizyele bac
8.
yifrilosl diledi pa�adan 01 vêrdi pa�a aTla etdi bulq 0 bol
Il demanda la grâce de yifrilos, le pacha la lui accorda montrant de beaucoup de mansuétude :
01 lacin anuTl b3.l?miydi meger ehl-i beytile bayl�lar 01 deger
quoique ce maudit fut son ennemi, il l'épargna lui et sa famille, cet homme valeureux.
695 Le pacha donna à ces deux begs des vêtements d'honneur,
birat 01 iki bege pa�a verür pes gemiye le�kerile 01 girür
puis il se rembarqua avec son armée.
En route le pacha rencontra une coque : les gazis mirent sa voile en lambeaux ;
yolda pa�a bir kôkeye uyradl yelkenin yaziler anUTl toyradl
elle était pleine de perles, de rubis, d'argent et d'or ;
içi p ür inci ü lacl ü sim ü zer 01 Qlrlmdan anda çlqml�dl meger
700 elle revenait de Crimée.
kafiri çïqdï ken ara qa�dl hep kimse qnmaz anlaruTl birin talep
Les Mécréants en sortirent et s'enfuirent vers la côte ; personne ne les poursuivit.
c ümle 01 mal u quma�l aldnar 01 kôkeye �OTl uci od �aldnar
Les gazis s'emparèrent de toutes les marchandises et des et pour finir ils mirent le feu à la coque. [étoffes
705 Ce fut Ibrahim beg qui la brûla,
ani Ibrahim 0 beg idi yapan da'ima olidi cadü êlin yïqan
c'était toujours lui qui détruisait les pays ennemis.
01 gemiyi yaqduyïç ün bi-aman gôzine getirmez ani çoq zeman
Et parce qu'il avait brûlé ce bateau sans pitié, le pacha pendant très longtemps ne l'admit pas en sa présence . Il lui dit :
dedi : « qaldï adada bi-çareler gemisin yaqduTl yür ük avareler » .
Qayïn adasïna andan erdiler çoq gemi derya y üzinde gôrdiler
686. 1
:
qlldl fetl}.-i bab. Il 689. 1
«
Ils sont restés dans l'île, ces malheureux,
710 ils errent, vagabonds, parce que tu as brûlé leur bateau
1
»
Puis ils atteignirent l'île de Qayin. Ils virent beaucoup de bateaux sur la su,rface de la mer ; :.
boynlna barac. Il 693.
1. yl/rllos (1), cf. p. 71, note 1 : ya/rulu ( 1) ; peut-être la forme hellénisée du prénom Gabriel (fœ6pLllÀoç : * yavrilo(s) (1) > =II yafrUo(s» serait la forme d'où proviendrait à la fois yafrulu et ylfrUos ; cf. p. 80, note 1 , p. 85, note 4. 2. Harac, impôt prélevé sur la terre ou les récoltes dans les régions qui s'étaient rendues pacifiquement à la domination musulmane ; cf. I.A., s. v. Harac ; H. MASSÉ, l'Islam, p. 65.
1
:
bal)imidi. Il 706. P : daylm.
3. Bac, frais de douane payés par les marchands passant par l'Asie Mineure ; cet impôt était aussi prélevé sur le marché intérieur et sur la production artisanale locale ; d'après Â�lqpa�azade, au temps d" O§man on prélevait deux aqçe de bac sur toutes les marchandises apportées au marché de Qara l}.i�ar ; cf. I.A., s. v. bac ; GORDLEVSKIJ, L'Empire des Seld joucides d'Asie Mineure (en russe), p. 41, p. 123. •
LI VRE D U D US T URNA ME
73
il Y av�t quinze galères et cinq qayiqs qui prirent la fuite vers le large.
on be� olidi qadirya be� qayiq qa�di gitdi durmadi yoli açiq
çiqdilar Izmire andan �ao 0 man altun u gümi� cevari bi-keran
7 1 5 Le pacha les poursuivit 1, mais ne put les atteindre, ils s'enfuirent, ils sauvèrent leurs vies du glaive. . De là les gazis regagnèrent Izmir pleins de j oie, avec de l'or, de l'argent et des concubines sans nombre.
yeyüp iç üben ederler �ao 0 liq kim yatur serhô� kirnisi d ür ayiq
Ils mangèrent et burent tous joyeux : 720 certains, ivres, étaient étendus, d'autres gardaient leur esprit .
bulmadi pa�a çoq ister anlari qa�di qurtuldi qiliçdan canlari
1}a�ret-i pa�a tibadetler qilur ' gô"/}li olan ki�i �o 1}betler qilur Vlu Beg IZIIÙre istiqbal eder gôrmege pa�ayi isti cal eder
Son excellence le pacha faisait ses dévotions et ceux qui en avaient le goût tenaient des conversations.
.
Le Grand Beg faisait route vers Izmir, il avait hâte de rev�ir le pacha.
t
Hi�ir beg t Isa beg Ibrahim 0 beg bile geldi eyledi tatlim beg
725 Hi�ir beg, t Isa beg, Ibrahim beg 2 vinrent avec lui ; le beg, leur père, leur donna des conseils.
oldilar yayan ôper ata dizin hem ôper pa�anu"/} 01 yüzin gôzin qu�di qarda�larini hem ôpdi bol bunlara i1}san ü l ütf eyledi bol
Ils vinrent à pied ; le pacha baisa les genou,x de son père qui lui baisa le visage et les yeux. Le pacha embrassa fort ses frères et les serra dans ses bras, 730 il les combla de présents aimables,
hem birine verdi bê� on qarava� altun u gümi� (ü) l?ayraq u quma�
et leur donna à chacun cinq ou dix odalisques, des coupes d'or et d'argent et des étoffes.
gitdiler Birgiye andan �ad 0 gam le�kere destiir 0 der 01 nik 0 nam
De là ils allèrent tous joyeux à Birgi, il licencia 3 son armée, cet homme au bon renom.
Birgide kim varise b ay ü geday anlara bi- �ad qilur pa�a tatay
735 Tout ce qu'il y avait à Birgi de riches et de pauvres reçurent du pacha des présents innombrables.
toldi i1}sanile anu"/} �arq u yarp c ümle derya kafirine urdi �arp
Le bruit de ses bienfaits remplit l' Orient et l' Occident, il avait porté un coup aux Mécréants sur toute la surface de [la mer ; l'Egypte et la Syrie chantaient ses louanges, 740 les grands et les humbles profitaient de ses bienfaits.
med1}in oquridi ehl-i Mi�r u �am andan i1}san buluridi ba� u t am toldi val?file anu"/} �am u tAcem med1}ini sôyledi anu"/} Hind 0 hem
La Syrie et la Perse s'emplirent de son éloge et l' Inde même chanta ses louanges ;
Mayreb ü Me�riq a"/}aydi med1} 0 h Wan bunda ahir oldi i�bu das 0 tan
l' Ouest et l'Est chantaient ses louanges et en dernier lieu fut composé ce destan-ci.
716. 1 : qaçdl. Il 718 1 : altun u gümi� cevari bi-güman. Il 729. Qu�dl pour quçdl. Il 735. P : Birgiye kim varise. Il 736. 1 : 'atayl. Il 739. P : medl,lin oquydI cümle ehl-i Ml�r u � am. Il 743. 1 : Mayreb ü Me�riq o qldl medl,l 0 hwan. 1. Istemek, a ici son sens premier : (( suivre à la trace » ; cf. p. 38. 2. L'absence de Shah Süleyman parmi les fils · de Me l,lmed beg est expliquée par le récit d' Ibn Batiita : lors de sa visite à Birgi (avant le mois de oi-l- l,licce
1 333), il trouva Me l,lmed beg très affecté par la fuite de son fils Süleyman près de son beau-père Orhan, émir de Mente�e ; cf. Ibn Batüta, I I, p. 299. 3. Deslür, cf. p . 27.
74
LE DESTAN D' UMUR PACHA
Arrivé dans la plaine de Fuluri 1, il Y renconlra le lek/ür 2, cel homme voué à la perdilion
Fuluri ovaslna lek/ürile varuban bulu�dï 01 maqhürile Yine pa�a çoq gemiler yapdurur d ü�man elin anlaru1}la depd ürür
745 Le pacha fit de nouveau construire beaucoup de bateaux et avec eux il alla envahir les pays ennemis.
iki bôl ük le�keri anda qilur yüz gemi miqdar E l)ad beg kim alur baqisin pa�a anU1} çekdi gider qudretile yel gemileri yeder
3.
Il sépara ses hommes en deux groupes : El)ad beg prit le commandement de cent bateaux,
le pacha en pèrsonne commandait le reste. 750 Le vent poussait les bateaux avec force :
gôtril ür yêlkenlerile çoq calem girdiler deryaya anlar e�di hem
on déploya les voiles et beaucoup d'étendards, les bateaux gagnèrent la mer et s'éloignèrent.
geminü1} mlqdarl yüz yetmi� temam yetmi�ln pa�a çeker 01 nik 0 nam
Il y avait en tout cent soixante-dix bateaux ; il en commandait soixante-dix, le pacha au bon renom.
e�diler derya ylrlnca gitdiler bunlar engine qaçan kim yetdiler
755 Ils partirent en fendant la mer ; quand ils eurent atteint le large,
bir qara yel çlqdl 01 dem nagahan tar ü mar etdi bularl 0 zeman bir yiri qopdl ki feryad-i yuzat gôge çlqdl kimsene ummaz necat
un vent funeste s'éleva soudain et les dispersa de tous côtés. De grands cris s'élevèrent, les lamentations des gazis 760 montèrent jusqu'au ciel ; personne n'espérait le salut.
pes Fuluri adaslna erdiler 01 gemiler geldi birbir gôrdiler
A leur arrivée à l'île de Fuluri tous les bateaux se retrouvèrent.
eliyidi More tekfiirlnu1} 01 çiqdi be� yüz er aqlna dutdl yol
Le pays appartenait au tekfür de Morée 4. Cinq cents hommes débarquèrent et partirent en razzia :
ba�l anlaru1} �ucac-i nam 0 ver erdiler tekfür elin(e) anlar meger
765 à leur tête était �uca au bon renom. Ils arrivèrent au pays du tekfür ;
le�kerin tekfüru1} anda gôrdiler cümle tekbir eyleyüben turdIlar küh u �al)ra çadir tolml� bi-l)esab durdl yaziler ederler ictinab
quand ils virent l'armée du tekfür, ils s'arrêtèrent tous et crièrent : « Dieu , est grand !
»
La montagne et la plaine étaient couvertes de tentes innom 770 Les gazis s'arrêtèrent, hésitant à avancer. [brables ;
dêdi Ibrahim 0 beg : « dônmek gerek » be� y üz erdür begde yoqdurur yürek
Ibrahim beg dit : « Il faut retourner ! » Ils étaient cinq cents hommes, le beg n'avait pas de cœur.
752. Ed : esdi hem pour e�di hem. Il 755. Ed : esdi/er pour e�di/er. Il 759. yiri pour y iriv. Il 761. 1 : Filuri. 769. P : ç ar tolml�. Il 771 . P : dëdi Ibrahim 0 dônmek gerek ; Ed. : dëdi Ibrahim 0 (beg). 1 . Fuluri (Quluri) , l'île de Salamine, appartenait alors aux Byzantins et payait une taxe au gouverneur byzantin de Monemvasie : W. MILLER, Latins in the Levant, p. 266. 2. Cf. ci-dessous, note 4. 3. Maqh ür, « tué (par Dieu) par châtiment », parce que le maqh ür est coupable n'étant pas Musul man ; de même : qahr tëmek, CI tuer par châtiment ou
par vengeance » ; qahhiir, « Celui qui tue », l'une des épithètes de' Dieu : Allah (qahhiir ismiyle) qahretsin, « que Dieu (en temps que qahhiir) le tue 1 » Toutes ces expressions turques sont formées sur les divers dérivés du radical arabe qhr. 4. Le despotat grec de Morée avait à sa tête un gouverneur qui résidait à Mistra. ,
LI VRE D U D US T URNAME
75
dèdi 0 1 Ilyas 0 beg : « ha�a ki ben kafire arqam dônem �ay ü esen
Il dit alors, Ilyas beg : « Que Dieu me garde de tourner le dos à l'ennemi tant que je suis sain et robuste 1
1
775 Combattons, rangeons-nous en ligne de bataille, et tenons bon ; urï�alum �af çek üben turalum quel que soit notre destin, que Dieu nous le montre 1 » her ne taqdir olsa I:Iaqdan garel üm » dèdi : « toydum b�n bu gün ôlem bu gün Il dit : « Je suis né
»
geldi �af I?af qat qat oluban cad ü toldi yavya alem ôter çoq boru
L'ennemi avança troupe après troupe, ligne après ligne ; 780 le monde se remplit du tumulte du comba.t, beaucoup de [ cors sonnaient.
cümle çibuq bôrkileyidi cazep gerçi yaya c ümlesinde var selep
Tous les cazeps avaient leurs bâtons et leurs bonnets : bien qu'étant à pied, tous portaient leurs bagages.
t
çayirur anda tazeplerden bir er : « biz U murc(a) oylanlariyuz nam Müslimanüz oq 0 atma"tl turalum kafirü"tl qalini �orup gôrel üm » turdi le�ker çiqdi andan üç ki�i geldi bunlaru"tl bile ne d ür i�i ca� 0 nigiri biridi Angülos biri tekfür u biri Balyoyolos
0
ver
L'un des tazeps alors cria : « Nous sommes les hommes d' Umür 2 au bon renom,
785 nous sommes Musulmans : ne lancez pas de flèches 1 Arrêtons� et demandons aux Mécréants ce qu'ils veulent 1 » [nous L'armée ennemie s'arrêta ; trois horrimes s'en détachèrent et vinrent demander aux Musulmans quel était leur dessein ; l'un d'eux était l'échanson 3 Angülos 4, 790 l'autre le tekfür et le troisième Balyoyolos
5.
deg� ürüp s üret bular gelmi�idi hem bular pa�a gel ür bilmi�idi
Ils vinrent les traits altérés : 6 · ils avaient appris que le pacha venait.
bunlaru"tlla sayle� ürler bir zeman aldilar ahbari kafir bi-aman
Les Mécréants s'entretinrent avec les Musulmans pendant un [certain temps et les accablèrent de questions.
bir C azep pa�aya geldi dèr haber 795 U·n tazep vint prévenir le pacha, dèdi : « tekfür èrdi çoq le�ker meger » il lui dit : « Le tekf ür est arrivé avec une grande armée. bir �aya qaftanile pa�a yayan
01 ya"tla segird üben oldi revan
bir ki�i a"tla çekiverdi bir at ne qiliç var bile ne yaray u yat çev 0 re al,mi�di küffar anlari gitdi bH ürlerdi ba� u canlari 780. 1
:
»
Le pacha, revêtu d'un simple caftan 7, à pied, bondit et courut sur les lieux ; quelqu'un lui amena un cheval : 800 il n'avait sur lui ni épée, ni autre arme, ni armure. Les Mécréants avaient entouré les Musulmans qui avaient l'impression que c'en était fait d�eux.
toldi yavya 'alem içre çoq boru. Il 791. Deg§ürüp pour degi§ürüp.
1 . Esen « bien portant » ; ce mot est un emprunt au Moyen Iranien asân « heureux » (en persan mo derne « facile ») ; cf. l'article de H. JUNKER et W. BANG, np. as an « leicht » usw., dans UJb V, 1 925, pp. 41 1 -416. 2. Cf. p. 37. 3. Çâ§nigir, « dégustateur » (des mets du souve rain). 4. Angelos : non identifié.
5. Paleologos : non identifié. 6. M. à m . : « ayant changé de visage ,D. 7. $aya qa/tan, les deux mots sont synonymes et
désignent une robe à longues manches passée par dessus les autres vêtements. Le chroniqueur veut insister sur le fait que le pacha n'avait pas eu le temps de revêtir son armure. $aya est un emprunt à l'italien « Saja) ; cf. G. MEYER, Türkische Studien, 1, p. 55 ; Tarama Sozlügü, l, s. v. ,alla.
LE DES TAN D' UMUR PA CHA
76
Quand ils virent arriver le pacha, soudain, leurs corps privés de vie s'animèrent.
gordiler kim erdi pa�a nagahan ôlmi�iken gôvdeleri buldl can dediler kim : « devletile qaylm 01 padi�ahIrq mesnedinde daylm 01 » dedi pa�a : « ey yigitler i�bu gün cenk edel üm bized ür bu g ün d üg ün
805 Ils lui dirent : « Que ta souveraineté soit durable et puisse ton règne durer éternellement 1 » Le pacha leur dit : ,« 0 mes braves 1 Combattons aujourd'hui, car auj ourd'hui nous ferons notre banquet funèbre.
Ne fuyez pas la mort, car il est meilleur de mourir yegdür ôlmek qaçma"l}UZ siz ôlmeden 810 que de rester sur terre avec un nom terni 1 » yavuz adile cihanda qalmadan » biIdi tekfiir 01 gelen pa�adurur geldi cenk eylemege qaylill durur
Le tekflir apprit que c'était le pacha qui était venu, qu'il était venu pour se battre et qu'il ne plierait pas.
çaylrur tekflir eyidür : « dônü"l}üz yiyelum içelüm anda qonu1)uz
Le tekflir cria : « Renoncez à combattre ! Mangeons, buvons, installez-vous ici.
ki�i qan dôkmek er ôld ürmek günah 8 1 5 C'est un péché que de verser le sang et tuer les hommes ; nous n'avons pas à vous combattre, 0 Padishah. cengümüz sizü"l}le yoq e y padi�ah Retourne à ton année ; demain pour te rendre hommage no �s viendrons avec des pré,sents au seuil de ta porte. »
dôn çerü1)e var yadn biz tapu1)a pi� 0 ke�lerle varavuz qapu"l}a » f?andY. pa�a kim �eb-i h lin edeler �imdi anlar don üp andan gideler
Le pacha crut que pour préparer une attaque de nuit 820 ils allaient quitter les lieux,
01 sozile qondl anda 01 çeri dôndi andan yazilerü"l} serveri
mais, l'entretien terminé, l'armée des Mécréants resta là et le chef des gazis s'en retourna.
gece geçdi ç ünkim eri�di seJ:ter gordiler kim 01 çeriden yoq e�er
La nuit passa ; à l'aube ils ne virent plus trace de cette armée.
s üzüp 01 adaYl yaqup ylqdHar çoq esiriIe gemiye çlqdrIar
825 Ils pillèrent l'île, l'incendièrent, la dévastèrent et retournèrent vers leurs bateaux avec beaucoup de prison. [niers. Ils s'emparèrent de richesses et de prisonniers sans nombre et reprirent tout joyeux le chemin d' Izmir.
aldrIar mal u esiri bi-keran çiqdrIar Izmire andan �ad 0 man
Le pacha arriva à Izmir avec des. cadeaux, 830 son père vint au-devant de lui et le traita avec honneur.
arma yanlarile Izmire gelür atasi qar�u gel ür (izzet qrIur Birgi qavmi c ümle oldi �ad 0 gam buldrIar en(am u iJ:tsan haf? ü (am
Toute la population de Birgi fut remplie de joie et tous, des grands au peuple, furent comblés de présents.
bir biti nagah 0 Izmirden gel ür açdi pa�a OqlyUp anl bilür
Soudain une lettre 1 arriva d' Izmir : le pacha l'ouvrit et en prit connaissance. 835 Trente galères étaient venues à Izmir, toutes remplies d'hommes en ar�es vêtus de cuirasses ;
gelmi� Izmire otuz qadirya er cümle yaraqlu üründülü nefer 808. 1
:
bizedür dügün bugün.
1 . biti, ancienne forme bitig « ceau ») ; cf. W. BARTHOLD, El, iS.
v.
chinois pit « pinbitikçi ; F. Ko-
PR ÜLÜ, Bizans Müesseselerinin Osmanli Muesseselerine
Te'siri,
p.
200.
LIVRE D U D US T URNAME
onI tekfüru"t} onidi Rodosu"t} on qadirya dabi anda Qibrizu"t} 1
77
dix de ces galères appartenaient au tekfür, dix à Rhodes et les dix autres à Chypre 1.
Les Mécréants étaient venus à Izmir pour combattre : geldi kafir qilmaya Izmire cenk ba�dan ayaya demür bi-1).ad firenk 840 des Francs innombrables vêtus de fer de la tête aux pieds. l?U içine kafire l?aldilar at çoq firengi qirdilar geldi o "t}at ; her ne yërden çiqmaq isterse firenk Türk oq atup dond ürür qilardi cenk cehd ëd üp dqmaya ç are olmad! c ümle kafir anda furl?at bulmadi qaldi biçare don üp qaçdi firenk geldi pa�a gordi l?avulmi�di cenk yine pa�aya ëri�di bir baber atasIndan da 'vet olunmI� meger
Les Turcs lancèren.,t leurs chevaux dans l'eau contre les ils en tuèrent beaucoup, ce fut un succès. [Mécréants. Quel que fût l'endroit où les Francs voulurent débarquer, les flèches turques les obligeaient à reculer. 845 Malgré tous leurs efforts, ils ne réussirent pas ils ne trouvèrent pas le moyen d'aborder ; sans ressource, ils prirent la fuite. Quand le pacha arriva, il trouva le comba� terminé. De nouveau un message parvint au pacha 850 son père l'appelait.
Birgiye vardilar ava çiqdilar beg l?uya d ü�di êl a"t}a çoqdilar
Arrivés à Birgi, ils partirent à la chasse : le Beg tomba à l'eau, ses proches accoururent près de lui.
baste Me1).med beg olu;r andan gider kesdi pa�a l?açin anda ah ëder
Me1).med beg tomba malade et quitta ce monde, le pacha se coupa les cheveux et se lamenta.
Birgiye getürdiler defn ëtdiler c ümle oylanlari anda yëtdiler yas êdüben c ümle fursIn urdilar yëdi gün mecmüfI anda durdilar 843. P
:
855 Ils l'emportèrent à Birgi et l'y enterrèrent 2. Tous ses _enfants y vinrent. Tous prirent le deuil et se frappèrent les flancs ils restèrent là pendant sept jours entiers.
3
;
çiqmay. " 856. 1 : Le � de yétdiler a un point de trop. Il 857. 'ursln, faute pour ·ur;ln.
1. Cf. p. 40, note 6 ; en 1 334, l' Occident était terrifié par les progrès des Turcs et leurs ravages dans la Méditerranée ; le pape Jean XX I I prêcha contre eux une croisade : 8 bateaux français (sous le commandement de Jean de Chepoy), 10 des Hospi taliers de Rhodes, 8 vénitiens (sous le commande ment de Pierre Zeno) et 4 chypriotes se rassemblèrent à Négrepont et se lancèrent à la poursuite de l'émir de Qaresi, Yab � i beg, qui avait rassemblé une flotte d'environ 200 bateaux de toutes tailles en Thessalie dans le golfe de Volo et dévastait les côtes de Thessalie et la presqu'île de Cassandra. Une partie de cette flotte fut détruite à Cassandra par les forces d'Andro nic I II, et en apprenant que les forces byzantines sous le commandement de Jeàn Cantacuzène allaient vers la Thessalie, l'émir fit voile vers l'Asie Mineure ; mais en route il fut attaqué par les Croisés et se réfugia dans le port d' Izmir ; les Croisés débarquèrent à Izmir le 17 septembre et, ayant anéanti 5.000 des hommes de Yab� i et 100 de ses bateaux, ils reparti rent ; C. DE LA RONCIÈRE, Histoire de la Marine Française, l, pp. 233-237 ; DELA VILLE LE ROULX,
les Hospitaliers à Rhodes, pp. 89-90 ; J. GAY, Clémen V l, p. 23 ; mais l'histoire de ces événements est à revoir à la lumière des données nouvelles apportées par le récit de HWace Selman : l'attaque d' Izmir dont il est question ici a eu lieu avant le mois de j anvier 1 334 (date de la mort de Me l.1med beg, d'après l'inscription de son mausolée) ; il est à supposer que l'expédition des Croisés fut d'abord dirigée contre Dm ür pacha en représailles de son incursion p�écé dente et pour répondre au secours demandé aux Latins par l'empereur Andronic I I I (cf. p. 40, note 5) ; n'ayant pas réussi à débarquer à Izmir, les Croisés se retournèrent contre l'émir de Qaresi qui dévastait lui aussi les terres byzantines. 2. Cf. p. 40, note 6 ; la mort de Me l.1med beg, d'après l'inscription de son turbe à Birgi, a eu lieu le 2 du mois de Cemaoiyelevvel 734/ j anvier 1 334. 3. 'ursin, l'are >
�V'
«
,:.r.r/,
faute pour 'ur�ln
�r/'
de
flanc » ; phonétiquement, en turc : ' un
'urs, d'où altération de la graphie.
LE DES TAN D' UM UR PA CHA
78
Les trois frères de Mel)ined beg arrivèrent : , var 0 dl Mel)med beg ü1} üç qarda�l l:Iamza u f O§man l:Iasen beg yolda�l 860 ses compagnons l:Iamza, f O§man et l:Iasen beg tabta pa�ayi gôrÜI anlar reva HI�Ir beg dabi anl gôrdi seza
Ils trouvèrent le pacha digne du trône, HI�Ir beg fut aussi de cet avis.
gerçi pa�a çoq tekell üf eyledi tabta geç » dêr HI�Ir �aha sôyledi
Quoique le pacha se fît beaucoup prier et dît à HI�Ir shah : « Monte sur le trône r
«
1.
'
.
»
865 celui-ci fit le serment 2 et dit : « Dieu me garde and 0 içdi dêdi ki : « ha�a ki ben de monter sur le trône quand tu es là, 0 Shah r » tabta geçem variken ey �ah 0 sen » Birgide tahta geçer üç gün turur vardl Izmire yaza qaydln gôrür
Il monta sur le trône à Birgi et resta trois j ours, puis il retourna à Izmir préparer une guerre sainte.
$aruban oyll S üleyman beg gel ür armayan çoq 01 yaza fazmin qIlur
Le fils de $aruhan, Süleyman beg, vint le trouver 870 avec beaucoup de cadeaux ; il partait en guerre sainte. Il essaya de le consoler de la mort de son père et il prit avec le pacha le chemin de la guerre sainte.
atasl ôld ügiç ün vêrür faza qndi pa�ayile 01 fazm-i yaza
Ils allèrent à Moneve§.ya, dont je f ai parlé précédemment.
Oldl bunlar Moneve§.yaya reviin sa1}a eydem evvelinden diis 0 tan Turmayuban d ün ü gün ü gitdiler Moneve§yanu1} êline yêtdiler
Ils allèrent jour et nuit sans s'arrêter, ils arrivèrent au pays de Moneve§ya.
875 Il y avait deux cent soixante-seize bateaux ; les uns étaient des galères, les autres des qayIq.
iki yüz hem yêtmi� altlydi gemi kimi qadlrya anU1} qayIq kimi
Ils débarquèrent, se rangèrent en ordre de bataille . et firent fondre tout le courage des Mécréants 3.
ta�raya çlqup alay bayladIlar cümle kafir yÜIegin tayladIlar Moneve�yanu1} begi çIqdi gel ür yêr ôper pa�aya 01 biomet qnur
Le beg de Moneve§ya sortit au-devant d'eux, 880 il baisa la terre et rendit hommage au pacha.
dêdi pa�aya : « sen ü1}d ür bu diyar biz senü1}le eylemez üz kar ü zar »
Il dit au pacha : « Ce pays est à toi, nous ne combattrons pas contre toi. »
vêrdi çoq malile bir yIllI q harac Izmire ta gônd üre her yêrde bac
Il lui donna beaucoup de biens et le barac d�une année, il s'engagea à envoyer le bac à Izmir.
geçdi andan I�pen êline yuzat gôrdiler kim le�ker olmI� kayinat 872. 1
:
dün ü gün. Il 875. P
:
885 De là les gazis allèrent au pays d' I�pen 4 : ils y trouvèrent tout le monde. en armes.
qayuq. Il 882. P : kar zar ; 1
1. L'absence du troisième frère, Qaraman beg, indique probablement qu'il était mort avant cette date. 2. L'expression and içmek, « boire le serment », vient de la cérémonie de fraternité ; cf. p. 85, note 1. 3. M. à m. : « ils marquèrent au fer rouge le cœur de tous les Mécréants D.
:
le j final de eylemezüz n'a pas de point.
4. I�pen, Spanos (1). Vers 1 296, Florent de Hai naut eut recours à un slave nommé Spanos pour l'aider à lutter contre les Grecs ; vers 1 300, Michel Spanos, probablement le même, faisait partie d'une bande de pirates dont Monemvasie était le port d'attache, qui dévalisait les marchands : D. A. ZAKY THINOS, Le Despotat Grec de Morée, pp. 65 et 88. Il s'agit vraisemblablement d'un descendant de ce Spanos.
79
LI VRE D U D US T URNAME I�pen étmi� cerne otuz bi'1l artuq er ta�ra çlqlnca qopardi � fir ü �er çlquban atlu u yaya çekdi �af at ayaylndan yérü'1\ yüzi telef
I�pen avait rassemblé plus de trente mille hommes. Ils débarquèrent et l'armée se mit en branle ; cavaliers et fantassins se rangèrent en ligne de combat,
890 les sabots des chevaux déchiraient la surface de la terre,
çallnur k fis u naqara u boru yüridi c ümle dem ür géymi� ead fi
les tambours, les timbales et les trompettes sonnaient. L'ennemi s'avança tout vêtu de fer :
iki le�ker birbirine qatIlur oq u ça'1\ra her tarafdan atIlur
les deux armées se ruèrent l'une sur l'autre, de tous côtés on jetait des flèches, les chancres tiraient · ;
qarI�up anda iki aylr çeri at ayayi diiJ"ed üridi yeri 1;lamle pa�a eyleyüp yurrI� éder ej deha l?a1;lrada l?an c ünbi� eder 1;lamle qIldi $aruban oyli qat! toldI le�ker içi anu'1\ heybeti
895 Les deux armées pesantes s'entremêlèrent
et les sabots des chevaux faisaient trembler le sol .
L e pacha attaqua fougueusement, on aurait cru qu'un dragon bondissait dans la plaine. Le fils de Saruhan combattit rudement :
900 l'armée étâit re mplie de son prestige.
her kime Y usuf beg 01 gün uyradi qilicile pare pare toyradi
Et tous ceux que ce j our-là Yusuf beg rencontrait, avec son épée il les taillait en pièces.
Pi� 0 rev begle bile D ün dar 0 beg bi-qiyas 01 gün helak eyledi seg
Pi�;rev beg et D ündar beg, eux aussi, tuèrent ce j our-là des chiens sans nombre.
hem E 1;lad $uba�idi çab fik s üvar bozdi �aflari qlluban tar u mar gerçi kim bayli �ehid oldi yuzat l?indi kafir tiy 0 dan bulmaz necat tolu �a1;lra oldi qat! ü k ü�teden yiydIlar gôvdeyi yüce p ü� teden
905 Et E 1;lad $uba�i, le cavalier rapide,
bouleversa les rangs ennemis et les mit en déroute.
Et parce que beaucoup de gazis trouvèrent le martyre, les Mécréants furent battus et ne purent échapper à l'épée. La campagne se couvrit de morts et de massacrés,
910 ils entassèrent les corps en d'immenses monceaux.
ü�diler bir qareye 01 gün çeri anu'1\ içinde l?ava�çi çoq eri
Ce j our-là les Musulmans firent l'assaut d'une forteresse, elle contenait beaucoup de combattants ;
aldi pa�a qare'i varduyi dem qlrdi balqln anda aqar seyl-i dem
le pacha s'en empara au moment même de son arrivée : il massacra les occupants, le sang coulait comme un torrent ;
erkegin qirup oyul qiz u (ayal gemiye iletdiler çoq anda mal yine bir ulu 1;lil?ara d ü�diler varduyi dem a'1\a der1;lal ü�diler anda bir kafir oq atuban turur sur 0 nacie} avurdinda urur
9 1 5 ils tuèrent les hommes ; les garçons, les vierges et les femmes,
ils les emmenèrent vers leurs bateaux, ainsi que beaucoup de [biens. De nouveau ils rencontrèrent un grand fort. et se rassemblèrent tout autour dès leur arrivée. Là un Mécréant qui tirait des flèches
920 frappa à la j o ue le joueur de zurna ;
01 �eye pa�a qat! yazban olur c ümle le�ker �ava�a ferman olur
le pacha en fut rempli de colère et ordonna à tous les hommes d'attaquer.
ü�diler 01 qareye anda yuzat qat! cenk oldï (ad u bulmaz necat
Les gazis firent alors l'assaut de cette forteresse : le combat fut rude, l'ennemi ne trouva pas le salut ;
\
qare'i alup erini qirdIlar çevre yanïnda elini urdilar
925 Ils prirent la forteresse et massacrèrent les hommes ; ils pillèrent les alentours
901. 1 : her kime Yüsüf 01 gün uyradl. Il 903. 1 : Pi� 0 rev begile bile dôndi er beg. Il 905. P 914. 1 : oyu1 qlz 'ayaI. � 920. 1 : Inda est écrit deux fois. U 921. Ed : 01 i�e.
:
çapük süvar.
80
LE DES TAN D' UM UR PACHA
tavrat!n oylanin êtdiler esir aqidur qan irmayin anda emir
et firent prisonniers les femmes et les enfants ; là l'émir faisait couler des fleuves de sang !
gemiye girüben andan gitdiler ' bir cezirede gemiye yêtdiler .
Ils regagnèrent leurs bateaux et repartirent. 930 Ils rencontrèrent des bateaux près d'une île :
çiqdi pa�a otuz atluyle heman 01 çeriye I.:tamle qildi nagahan
le pacha débarqua aussitôt avec une trentaine de cavaliers et attaqua à l'improviste :
qildilar on bi"fj eri zir ü zeber �inmayinca kafir ayri�madi er on bi"fj erden kimse qurtulmaz diri k ü�teyile toldururlar 01 yêri
ils mirent dix mille hommes en déroute et n'abandonnèrent pas la place avant d'avoir vaincu les [Mécréants ; 935 des dix mille hommes aucun ne resta vivant ; ils remplirent cet endroit de morts. Ils arrivèrent ensuite à une ville appelée Mist!r : ils y virent une grande forteresse,
pes Mist!r adlu �ehire êrdiler bir ulu qare var anda gôrdiler
c'était la capitale de la Morée.' 940 Il Y avait . profusion de })iens et d'esclaves.
Moren Ü"fj ordusi tabti olidi malile anu"fj esiri bolidi qare açildi cayirdilar aman �ava� olmadan qopar anda fiyan
La forteresse ouvrit ses portes ; les gens demand,èrent grâce, des lamentations s'élevèrent sans qu'il y eut de combat.
evden eve mali bi-payan alur yürilibos êlini yaret qilur
Allant de maison en maison ils amassèrent des biens sans [nombre. Ils pillèrent le pays de yifrilibos 1
andan Izmire revane oldilar 945 et reprirent ensuite le chemin d' Izmir : ils avaient reçu de Dieu l'aide et la victoire. fetl}. ü n�ret ç ünki IJaqdan buldilar Un vent fort s'éleva sur la surface de la mer, la violence des vagues dispersa les bateaux ;
çiqdi deryanu"fj yüzinde yêl qat! tayidur bunlari mevc ü"fj �iddeti gemiler �u toldi tartarlardi �u qopdi deryada yiriv ü hay ü h fi ayla�up birbirine dêr : « qil helal gôrdi pa�a oldi qat! �a tb 0 l}.al
)}
les bateaux se remplirent d'eau, ils s'imbibaient d'eau ; 950 la mer retentit des cris ' de lamentations ; , en pleurant ils se disaient : « Pardon ! » 2 Le pacha vit que la situation était critique,
yüz yêre urdi dêdi : « ya Rabbina lütf êdüp qurtar bizi qilma fena »
il frappa son visage contre terre et dit : « 0 Seigneur, aie pitié de nous, ne nous fais pas périr ! »
yüz yêre urdi anu"fjla �eyb ü �ab IJaq du' asin qildi anu"fj m üstecab
955 Jeunes et vieux frappèrent avec lui leurs visages contre terre ; Dieu exauça sa prière :
çiqdi Izmire qamu �ay u esen bile pa�a I.:ta�reti �ah-i zemen 943. P : evden eve mal bi-payan olur.
ils arrivèrent tous à Izmir sains et saufs avec son excellen�e le pacha, le prince du temps. 950. P :
1. y ltr ll i bos , Gavrilopoulos ? Un Stéphane Gavri lopoulos Melissène était le plus puissant des archontes de Thessalie. Un descendant de Stéphane Gavrilo poulos, Michel Gabrilopoulos, est connu seulement par un diplôme qu'il donna aux habitants de Fanari au mois de juin 1342 ; cf. A. SOLOV,JEV, Les Archon tes de Thessalie au XIVe siècle (en russe), dans Byzan-
yiri vü hay ü hü. Il 953-954. Omis dans l'édition. tino-Slavica, IV, Prague, 1932, pp. 1 59-1 74. Il s'agit peut-être ici de ce personnage, ou d'un autre parent de Stéphane Gavrilopoulos ; cf. p. 7 1 , note 1 et p. 72, note 1 . 2 . I;Ieliil qilmaq, actuellement I;teliil élmek, « oublier les comptes passés (avant la mort) )J.
81
LI VRE D U D US T URNAME 01 S üleyman beg qadiryasl meger qayaya urmi� �inup qalmi� çoq er
Quant à la galère de Süleyman beg, 960 elle heurta un rocher, se brisa, et beaucoup périrent. Dix galères de Mécréants arrivaient sur lui, tous étaient armés ; à les voir on était saisi d'étonnement.
on qadirya vardi kafirden a7}a c ümle y:uaqlu gôren qalur ta7}a bir qadirya qildi pa�aya baber dëdi : « qani �arban oyll �ir-i ner
Une galère vint porter , la nouvelle au pacha ; il demanda : « Où est le fils de $aruban, ce lion mâle
»
965
« �indï gemisi qadirya on gel ür êrmese7} bu dem firenk ani alur
»
?
»
« Son bateau a co u lé, dix galères viennent vers lui, si tu n'interviens à l'instant, les Francs s'en empareront.
»
II monta sur une galère, l'émir du monde, et se dirigea seul contre les dix galères.
bir qadiryaya biner mir-i cihan oldl tenha on qadlryaya revan
II avait une bannière verte,
bir ye�iI sancayi varidi anU7} eskiyüp çoqdan yariydl an U7}
970 elle était usée, c'était sa vieille amie
1.
ç ün yaqin ëri�di pa�a 01 zeman on gemi yëlken açup oldl revan
Quand le pacha s'approcha, alors ces dix galères déployèrent leurs voiles et s'en allèrent.
aldi $arban oyllni dôndi gelür geldi hem qarda�lari �ol,lbet qilur
II recueillit le fils de $aruban et repartit. Ses frères vinrent s'entretenir avec lui ;
975 le pacha leur donna beaucoup de présents
anlara pa�a vërür çoq armayan her birisi oldl ëline revan
et chacun retourna dans son pays.
Ici vient l' histoire d' Ala�ehr 2 et la. part des gazis dans le combat.
Ala�ehrü7} bunda geldi q'l" asr yazilerü7} cenk içinde Qr" asr
C'était une très grande ville, Ala�ar, sa forteresse était solide et ses guerriers nombreux ;
Bir ulu �ehridi yayet Ala�ar qaresi mül,lkem �ava�çl bi-� ümar çoq metrisile d üzerler nerd üban ërdi le�ker beg olnr al'ja revan
ils dressaient beaucoup de remparts
:
çoy er. " 964. P et 1
:
dedi
: «
qani �arhan oldl �ir
1. Fuat Kôprülü a supposé que cet étendard vert pouvait être l'étendard propre à la famille Aydinoglu (cf. lA., s. v. bayralf), mais cette hypothèse est contre dite par la description de l'étendard de HI�ir beg (un disque noir sur fond rouge, cf. p. 49, note 2) donnée par un document espagnol ; l'opinion de Mükr. Halil, qui y a vu une preuve du chiisme des AydInoglu, est préférable (cf. Mükr Halil, p. 36), car elle est appuyée par le texte du traité donné par Hi�ir beg aux Latins le 18 août 1348 ; dans ce traité Hï�ir beg jure par « MUl}.ammed, 'Ali, Ca'fer, l:Iasan et l:Iuseyn » ; le texte de ce serment est publié par 1. MELIKOFF-sAYAR
et d'échelles.
Situé . entre les pays de Germiyan, de $aruban et d'Aydin, c' était le point de passage 4 entre ces trois pays.
- Germiyan $arban ëli Aydin ëli bu üç ël Ü7} ortasindaydi beli
960. P
�
980 L'armée arriva, le beg se dirigea vers le fort.
0
ner ». Il 970. Ed : paridI anu7}.
H. AKIN, Aydin O gullarl Tarihi, p. 52, d'après Diplomatarium Veneio-Levantinum, 1, p. 319 ; la « bannière de l' Islam » dont il est question au vers 157 doit être cette bannière verte sur laquelle étaient probablement brodées des inscriptions religieuses ; cf. p. 49, note 2. 2. Ala�ehr, Ala�ehir ou Ala�iir (Philadelphie), cf. p. 41, note 1 . 3 . Meteris ; cf. p . 54, note 4. 4. Bel, l'épine dorsale, la taille ; un point de pas sage entre deux montagnes, le point de jonction de deux vallées anticlinales. 8
LE DES TAN D' UMUR PA CHA
82
alamami� çoq çeri gelmi� a7la 01 }:ii�ari kim gôren qalur ta7la
Beaucoup de troupes l'avaient attaqué, mais en vain. A voir ce fort on en resterait ébahi.
�ub 0 }:idem 01 qareye yüridiler yaziler çevre yanin b üridiler
985 Ils marchèrent contre la forteresse à l'aube : les gazis l'encerclèrent
yaydururlar oq a7la b aran mi§al qare ehli oldi 01 dem �a(b 0 l)al
et firent pleuvoir sur elle une nuée de flèches. Les gens de la forteresse se trouvèrent dans une situation [ difficile. Ils dressèrent une échelle et y montèrent, 990 malgré les Mécréants qui accoururent.
nerd üban umban a7la çiqdilar gerçi kafir 01 araya çoqdilar Sa(id ad lu varidi bir pehlivan ' nerd üb ana çiqdi 01 dem bi-aman
Il y avait un guerrier du nom de Sacid, il s'élança alors sur l'échelle sans hésiter 1 ;
çiqdi hem Ilyas 0 beg D ündar '0 beg men C ëdemez anda çoq ü�mi�di seg �ehre girdiler otuz miqdari er nerd üban �indi girimedi diger kimse turmaz qar eye girenlere c ümle kafir gerçi ü�di anlara kafir anlardan aIay alay qaçar �anasin y üz karuban ürker geçer
Ilyas beg e t D ündar beg y montèrent aussi, beaucoup de chiens étaient accourus, mais ne purent les [repousser. 995 Trente hommes entrèrent dans la ville, l'échelle se rompit, il ne put en entrer d'autres. Personne ne pouvait résister à ceux qui étaient entrés, bien que les Mécréants se soient tous jetés sur eux. Les Mécréants fuyaient devant eux troupe par troupe, 1000 on aurait cru voir passer cent caravanes apeurées.
açuban qapuyi çiqdi on bi"/} er gôk dem ür gëymi� qamusi 01 nefer
La porte s'ouvrit, dix mille h ommes en sortirent, tous étaient revêtus d'armures d'acier 2.
gôricek anlari pa�a depdi at qat! nacre urdi bile çoq yuzat
Quand il les vit 3, le pa.cha lança son cheval suivi de nombreux gazis ; ils poussèrent de grands cris.
dôndürür fil}:ial pa�a le�keri �ehre qoydi qira qira kafiri
1005 Le pacha aussitôt contraignit les Mécréants à rebrousser [chemin et les repou ssa dans la ville en les tua.nt.
�ehre girüben bu,lar yapdi qapu yëg erenler ëri� üp depdi qapu
En rentrant, ils fermèrent la porte de la ville, m ais les braves guerriers foncèrent sur la porte.
erdi pa�a qapuya urdi s ü"/} ü bur 0 c gibi qaddini kafir gorür
Le pacha vint et la frappa de sa lance, 1010 il apparut aux Mécréants haut comme une tour 1
oldi mecrü l) oqile üç yerde �ah gerçi bi-}:iadd kafir etmi�di tebah
Le shah fut blessé en trois endroits par des flèches, n1ais il tua néanmoins - des Mécréants sans nombre.
ta�ra ç ünkim oldi bu resme qital içerüde dabi oldi �a tb 0 l)iil
Alors qu'à l'extérieur la lutte était telle, à l'intérieur aussi la situation était critique ;
çayri�up kafirler eyd ürler : «aman» 1015 les Mécréants criaient : « Grâce ! » �ehr içi bod tolu feryad ü fiyan La ville se remplit de cris de détresse ; c ümle kafir ayla�uban zar ü zar ta�ra çiqdi açdi tekfürï l)i�ar
tous les Mécréants se lamentaient ; le tekfür sortit et ouvrit la porte de la forteresse ;
. 996. Girimedi pour giremedi. Il 1009-1010 : ne riment pas, vraisemblablement par une erreur de copiste ; le vers 1009 a pu être : erdi pa�a qapuya SÜ"/}ü urur. 1 : kafiri go. Il 1012. 1 : kafire ëtmi� tebah. Il 1 01 5. P : çayrl�up kafir eydür : « el-aman JJ. Il 1017. P : zar zar. 1. Bi-aman, « sans garantie de vie sauve, sans merci JJ ; ici : « sans égard à rien )J.
2. G6k demür, «( fer bleu )J, cf. p. 54, note 3. 3. G6ricek, gérondif consécutif, cf. p. 37.
LIVRE D U D US T URNAME
83
d ü�di pa�a ayayïna yalvarur ç ünki pa�a anlarï ôyle gôrür
il tomba aux pieds du pacha, suppliant.
1020 Quand le pacha les vit dans cet état,
d êdi : « �ol içerü ej d erhalarï lütf êd üben bizden eylegil beri
il dit : « Ces monstres qui sont à l'intérieur, aie l'obligeance de nous en débarrasser. » 1
»
Satidi 01 günde qildilar �ehid din yolinda naq 0 1 qildï 01 sa tid
Ce j our-là Satid trouv.a le martyre, il partit dans l'autre monde en servant la religion, ce bien[heureux 1 . . 1025 La VIlle alors se rendIt au pacha, les Musulmans s'emparèrent des biens, y placèrent des hom[mes et repartirent. Le pac ha f1· t gran d deUI· l pour S a- t l· d ,
�ehri pes pa�aya teslim etdiler malin alup er qoyuban gitdiler Sa'id iç ün qïldï pa�a qatï yas giydi mecm ii 'i yuzat anda pelas
tous les gazis revêtirent de vieux vêtements 2• . Le shah des gazis retourna à Birgi.
Birgiye dôndi gel ür � ah-i yuzat gitdi Istanbula çapar ulay at
1030 Un courrier partit pour Istanbul au galop de son cheval.
bildi tekfiir Ala�arul} l).aIini qïrilup verd ügin anlar malïnï
Le tekfiir
3
apprit le sort d' Ala�ar,
il sut que les habitants avaient subi une défaite et que la
[ville avait été pillée.
Ayayina get ür ür tekjüri 01 Qara Buruna gidü ben tutdi yol
Il amena le tekjür à ses pieds, il prit le chemin de Qara Burun 4.
Çïqdï Istanbuldan çoq ademi armayan bi-l).add ü likin on gemi evvel 01 pa�aya name veribir namen Ül} içinde bu sôzleri der :
1035 II
5 envoya d'abord une lettre au pacha, dans la lettre il lui disait ces mots :
« Qara Buruna gel ey pa�a bal}a yüz bil} altun gôrmege verem sal}a
biti pa�aya varur anï o qur bindi ata oqrar at : « oqur oqur
Beaucoup d'hommes quittèrent Istanbul avec dix bateaux chargés de présents sans nombre .
»
« Viens me voir à Qara Burun, 0 Pacha, je te donnerai cent mille pièces d'or pour te voir.
»
La lettre parvint au pacha, il la Iut ;
. 1040 il monta sur son cheval, le cheval hennit en faisant
oldï pa�a Qara Buruna revan bile anul}la Hi�ir beg pehlivan
Le pacha prit le chemin de Qara Burun, Hi�Ir beg, ce héros, l'accompagnait.
geldi Qara Buru,na tekfiir 0 çun turdI derya içre bavfile zeb iin
Quand le tekfiir arriva à Qara Buron, il ne débarqua pas, retenu par la crainte,
: «
oqur, [oqur ».
1045 quoiqu'il eût sur son bateau beaucoup de soldats
gerçi bile le�keri tolu gemi çoq qadiryada yaraqlu ademi 1040. Jeu de mots entre oqur,
»
et beaucoup d'hommes armés dans ses galères.
(1
H Ut
»
et oqur, onomatopée du hennissement.
1. Beri (cf. �"IJ�)' « libre de toute chose. indési rable ». 2. Peliis , (( vieux vêtement », ici revêtu en signe de deuil.
3. Andronic III Paléologue. 4. L'entrevue de Qara Burun (Phocée) a sans doute été la conséquence de la prise d' Ala�ehir (cf. p. 41, notes 1 , 2). 5. Andronic I I I.
84
LE DESTAN D' UMUR PACHA
içerü pa�ayi daCvet eyledi ta�r,a çiqmadl ;iyafet eyledi
Il invita le pacha à bord, sans qu.itter son bateau, il prépara un festin. Hi�ir beg ne voulait pas laisser le pacha
Hi�ir beg qomaz ki pa�ayi vara 01 gemiye kafir içine gire dêdi pa�a : « gireyin elbette alla Ijaq tee ala yardim eylerse balla
1050 monter dans ce bateau parmi les Mécréants, mais le pacha dit : « J'y monterai sans aucun doute, si Dieu le Très Haut m'accorde Son aide. »
»
Tous ceux qui l'entendirent s'émerveillèrent, mais Bi�ir beg s'évanouit en criant.
her ne kim i�id ür ani I}.ayran qilur uyunuban Hi�ir beg zari qilur
1055 Tro is hommes accompagnèrent le pacha,
üç ki�i pa�ayile girdi bile heybeti �erl}.i anUll gelmez dile
a ucune langue ne pourrait décrire sa majesté !
Quand les begs du tekfiir le virent, , ils furent tous transportés d'admiration, ils se tinrent debout ;
begleri tekfürUll ani çun gôrür cümle kendüden gider uru turur turuban tekfür ayayin gôri� ür birbirinüll batirini �ori�ur
le tekf iir s'entretint avec lui debout ; se demandèrent mutuellement des nouvelles ;
1060 ils
oturur pa�a turur tekfür uru çalinur zinc ü naqara u boru
le pacha s'assit, mais le tekfür resta debou.t ; les cymbales, les timbales et les trompettes sonnaient ;
dêdi : « ey pa�a senülldür êl Ü mal her ne dilerse'll getürdüm ü�de al
il lui dit : « 0 Pacha, tu possèdes pays et biens, tout ce que t� peux désirer, je l'ai apporté, prends-le.
1065 Mon pays, mon empire est le tien, ne le détruis pas,
êlüm iqlimüm senülldür yiqmayil R üm êlini birbirine tiqmayil kim ola kim sôzü11 êtmeye qabül ya kim ola kim salla. olmaya quI
n'opprime pas les pays grecs
Qui pourrait ne pas obéir à ta parole et qui pourrait ne pas être ton esclave ?
»
l ütf idi pa�anull i�i d ün ü gün qoymazidi alla yalvarsa zeb ün
1.
»
La bienveillance nuit et jour était le souci du pacha
1 070 et si quelque faible venait l'implorer, il ne l'abandonnait pas�
kiseyile vêrdi altun bi-� ümar lacl ü dür pa�aya qiluban ru§ar
Le tekfür lui donna des bourses d'or sa;ns nombre, il répandit sur le pacha des rubis et des perles,
ber ne kim vêrdise qilmadi qab ül dêdi : « ey tekf ür olmayil mel ül
et tout ce qu'il lui donnait était refusé par le pacha, il lui dit : « 0 Tekf ür, ne sois pas triste, je te rends tout ce que tu m'as donné. » Ce que voyant, le tekfür fut émerveillé.
bunlari c ümle yine vêrd üm salla gôrüben tekfür ani qaldi talla �aqïz anUll milkiyidi 01 zeman dêdi : « 01 pa�aya olsun armayan �aqizi pa�aya vêrdi içdi and vêre malin alla êtmeye gezend
'l
1075
$aqIz lui appartenait à cette époque, Ce sera , mon présent au pacha », se dit-il
»
«
et il donna �aqiz au pacha, il fit serment
1080 de lui donner son bien pour n'avoir à subir de lui aucun dom [mage
1049. P : BI�lr beg qomaz pa�ayl vara. Güzend pour gezend. 1. M. à m.
pays erecs
Il.
:
«
Il 1058. P : cümle kendü gider. Il 1077.
n'entasse pas l'un sur l'autre les
2. Cf.
p.
41,
note
1.
1
:
0
1.
zeman. Il 1080.
85
LI VRE D U D US T URNAME
01 gider a"tlartl bu berü gelür
gori�üp esenle�üp qarda� olur
Ils s'elltretinrent, ils se dirent a.dieu, ils devinrent . frères 1 ; celui-ci partit d'un côté, celui-là de l'autre.
çiqdi Izmire gerni qaydin gorür din yolinda tiy-i burrandur turur
Le pacha rentra à Izmir, il inspecta ses bateaux, son épée tranchante restait au service de la religion�
Ici une nouvelle lui arriva de Na!ya Z il repartit en guerre sainte, le meilleur des hommes.
Bunda Na.l]§adan açlldl bir !1aber eyledi qa,d-l yazd lJayr- ül-be§er Geldi bir êlçi Gadalandan ulu armayan iki gemiyidi tolu êrdi êlçi yüzini urdi yêre der dilince «omri çoq Te"tlri vere ' pi� 0 ke�lerini çekdi bi-qiyas armayan gormedi oyle hiç 0 nas
1085 Un ambassadeur de haut rang vint de la part des Catalans 3 avec deux bateaux chargés de présents.
L'ambassadeur en arrivant frappa son visage contre terre et dit dans sa langue : « Que Dieu te donne une longue vie. » Il lui fit des présents incomparables, vu de pareils cadeaux.
1090 jamais homme n'a
bitide dêmi� ki : « ey �ah-i cihan el-aman d ü�man elinden el-aman
Dans la lettre on disait : « 0 Shah du Monde, sauve-moi des mains de mes ennemis, sauve-moi r
yafriliyis ba"tla q�d êtmi�dürür çoq çerile ü� yaqin gelmi�dürür
yafriliyis 4 s'apprête à m'attaquer, il vient avec une grande armée, il est déjà tout près ;
tut el ümi d ü�mi�em eyle meded . qoma yayÏ yiqa êl üm eyle redd »
1 095 tends-moi la main, je suis tombé, aide-moi,
ne laisse pas l'ennemi détruire mon pays, repousse-le f
gond ürür. êlçiyi pa�a tutdi b ô� dedi : « var sen �aq buyursa varam ü� aIt 0 mÏ� gemiyile kend ü gider êlli gemiyi E l.1ad beg hem yeder Atina limônlna çün geldiler Gadalan tekfurina ün �aldilar
1
:
»
»
Le pacha renvoya l'ambassadeur, acceptant sa requête, avec ces mots: « Va r Si Dieu le permet,j'arrive sur-le-champ.» Le pacha partit avec soixante bateaux,
1 100 El.1ad beg en conduisait aussi cinquante. Quand ils arrivèrent au port d'Athènes 6, ils envoyèrent prévenir le tekfur des Catalans ;
1 085. P : Gadalundan. Il 1 091. P : démi� kim. Il 1093. 1 az ,aldllar.
1 . Chez les anciens Turcs et les Mongols on deve nait « frère de sang » (qan qarde§ i) après avoir accom pli une cérémonie appelée and : les deux hommes qui désiraient s'unir par des liens de fraternité, s'ou vraient chacun une veine du bras, devant témoins, et en recueillaient le sang dans une coupe, puis ayant mélangé ce sang à du lait fermenté, chacun buvait la moitié de la coupe, après quoi ils avaient, dans ' les tribus et les familles, les mêmes droits que deux frères ; de cette coutume proviennent les expressions and içmek, « boire le serment )l, c'est-à-dire « jurer » (cf. p. 78, note 2), qanl ,'caq, qanlm qaynadl, etc ... ; cf. M. Z. PAKALlN, Osmanll Tarih Deyimleri S ozlügü, s. v. Kan Karde, i. 2. Nuoi.
:
yifrilisin. 1/ 1100. Ed : Al;lmed beg.
1 102 .
3. Le Duché Catalan d'AtJtènes avait pour vicaire général, depuis 1317, Alphonso-Fadrique, fils naturel du roi Frédéric d'Aragon (mort en 1338) ; Alphonso Fadrique faisait souvent appel aux Turcs contre Négrepont et ravageait les territoires. du duc de Naxos et de Martin Zaccaria ; en 1331, les Vénitiens firent promettre aux Catalans de ne plus recevoir de Turcs, promesse dont ils ne semblent pas avoir fait grand cas : W. MILLER, The Latins in the Levant, pp. 243 et s. 4 . yafriliyis ('1), cf. p. 72, note 1, p. 80 note 1 ; la forme turque parait représenter le grec r (J6pt'tjÀla'tj� yavriilidis > yafriliyis. 5. Cf. ci-dessus, note 3. ,
LE DES TA N D' UMUR PACHA
86
dediler : « biz qavle turup gelmi� üz d ü�manu"l} qa�dina yaraq qilmi�uz »
ils lui dirent : « Nous sommes venus, fidèles à notre parole, nous nous sommes préparés pour repousser ton ennemi. »
dê di kim : « bo� geldü"l}üz biz ümiç ün1 105 Il leur dit : « Soyez pour nous les bienvenus ayayu"l}uzu"l} tozi y üzümiçün et que la poussière de vos pieds soit sur mon visage r
1
Le pacha a prise la peine de venir, il a eu la générosité de nous porter secours.
geldi pa�a eyleyüp rence qadem emenüp bizümiç ün qildi kerem
Mais quand mon ennemi a connu votre arrivée, d ü�manùm gelecegü"l} ÜZ bildi çun 1 1 1 0 renonçant à son attaque, rempli de crainte, il a fait la paix. qodi beni bari�ur oldi zeb ün » Quand le pacha apprit cette nouvelle, il rugit du fond de la forêt de la religion, ce lion mâle 1
çunki pa�aya êri�di bu baber k ükredi din pi�esinden �ir-i ner biômetini anu"l} etmedi qab ül dedi : « yaCni êl üm êder 01 fu�ül
»
Il n'accepta pas ses hommages 2 et s'écria : « Il tient donc mon peuple pour négligeable r
»
urdi evvel 01 yêri üzdi belin vardi hem yürilisu"l} yiqar ëlin
1 1 1 5 Il attaqua d'abord cet endroit et le ravagea, puis il alla aussi dévaster le pays de yürilis.
toyurup 01 iki elden le�keri dôndi Izmire gider yine geri
Ayant rassasié de butin son armée, il reprit le chemin d' Izmir. Ils débarquèrent ensuite à l'île d' Àndiz 3 1 120 et ravagèrent aussi le pays de Messire Nicolo
, Andiz adasina andan çiqdilar hem Mese Nikolo êlin yrqdilar
»
4.
Sancunosi Sanyunosi dabi hem Nab�a'i Bara a dasin �anma kem
Puis ils dévastèrent Sancunos, Sanyu nos 5, Nab�a, l'île de Bara 6 ; ce fut une affaire importante.
anda olur idi Mese Nikolo tabt! oldur anda var qare ulu
Là se trouvait Messire Nicolo, c'était sa capital�, il y avait là une grande forteresse.
1 1 25 ils prirent de la forteresse extérieure, se rassasièrent de butin aldilar ta� qaresini toydilar et emmenèrent vers leurs bateaux beaucoup de richesses et gemiye çoq mal ü niemet qoydilar [de biens. varidi bir babçe çevresi ravu� bir sumaqi ta�dan var and a 1}.avu� yüz bi"l} aqça derler 01 ta�a baha burd ederler ani bulmadi reha 1 109. 1 : gelece"l}üz. Il 1 127. P sumaqi var ta�dan taavu�.
Des jardins entouraient la forteresse de toutes parts, il y avait un bassin en pierre de porphyre dont la valeur était, disait-on, de mille a qçe 7, 1 1 30 ils le mirent en pièces, il ne trouva pas le salut.
:
baridi ; 1
:
�av� pour rav�. Il 1128. Sumiiqi pour summiiqi ; 1 : bir
, 1 . Traduction de l'expression persane h iik-i piiy la poussière des pieds Il qui est fréquemment em ployée en turc. 2. !!iômei {( service ll, est ICI employé c omme synonyme de tapu « hommage » ; cf. p. 57, note 4. 3. Ile d'Andros ; elle appartenait au duché de Naxos. 4. Nicolo 1 Sanudo, duc de Naxos (1323-1341), dut passer sa vie à lutter contre les Turcs et les Cata lans qui faisaient sans cesse des descentes dans ses territoires. En particulier, à une date donnée par les historiens occidentaux comme étant 1345, l'île fut dévastée par les forces turques. Mükr. Halil croit 1
sans doute avec raison qu'il faut placer cet événe ment avant la défaite d'Umur pacha par les . Latins en 1344 : cf. Mükr. Halil, p. 40. 5. Sanc unos, San,unos, tIes de Siphnos et de Siki nos, que les Byzantins avaient reprises aux Sanudo, ducs de Naxos, en 1 276-1278. 6. Ile de Paros, appartenant aux ·Sanudo. 7. Aqçe ou aqça (turc aq-ça « blanchet )l,diminutif de aq « blanc ll ) , aspre, monnaie en argent ; les pre miers aqçe frappés par le sultan Orban à Brousse étaient de 6 carats et pesaient 1 ,154 gramme ; cf. M. Z. PAKALiN, Osmanli Tarih Deyimleri, s. v. ; aqça.
87
L I VRE D U D US T URNAME çiqdi andan Iyribosu't} tu�ina geldi tekfiiri oluban a�ina
De là ils sortirent sur la route d'Ayribos ; son ami, le tekf ur vint
qar§u çiqdi çoq �iyafet eyledi el ô p üp pa�aya biomet eyledi
à sa rencontre et lui fit de grands festins ; il baisa la main du pacha et prit soin de lui.
1 1 35 De là ils allèrent au port de Qoç
Qoç limônina pes andan ërdiler Sirf ëlin Arnavut ëlin urdilar
1
et dévastèrent les pays des Serbes et des Albanais 2. Il y avait là une forteresse, ils s'en approchèrent en masse, dressèrent des échelles et y montèrent ;
anda bir qare var a't}a çoqdilar nerd üban uruban a't}a çiqdilar
la porte de la forteresse s'ouvrit aussitôt, qarenü't} qapusin açdilar revan §ehre pa�a girdi kafir dêr : « aman » 1 140 le pacha entra dans la ville, les Mécréants crièrent :
«
Grâce !
»
bir kilise vardi içi tolu genc kafir ani dev�irüp çekmi�di renc
Il Y avait là une église dont l'intérieur était rempli de trésors, que les Mécréants avaient amassés avec beaucoup de peine ;
anda çoq qandil 0 var altun g ümi§ her birin bir ulu beg a�a qomi�
elle contenait beaucoup de lampes d'or et d'argent, chacune avait été suspendue par un grand beg ;
bir mur��a« perde and a buldilar �oyqu�up ani çiqarup aldilar kimse �erl) eylemez anu't} qiymetin qildi anu't} dabi pa�a qismetin
1 1 45 ils y trouvèrent un rideau incrusté de pierreries 3, ils le défirent et le dépouillèrent,
personne ne pourrait décrire sa richesse. Le pacha fit aussi partager les pierreries ; cette église était incrustée d'un bout à l'autre,
anï qilmï§lar mura��a sertaser fer§i ü divariyidi surb-i zer t
1 150 le sol et les murs étaient en or rouge,
c ümle altun kiremidi aldilar
gôtürüp yük yük gemiye . geldiler
ils s'emparèrent de toutes ses dalles en or et les emportèrent par paquets dans leurs bateaux ;
Hi�ir eoan oqidi andan gider bir ulu kôkeye nagah yëtdiler
Hi�ir beg y dit la prière et ils repartirent. Soudain ils tombèrent sur une grande coque,
ani ' pa§a yalu't}uz vardi alur uyra§ ëtdi balqi c ümle qatl olur
01 firengü't} padi�ahidi ulu yüz ola �anduq 0 latl içi tolu Istefaya çiqdi andan ol dilir nagah uyrar bir çeriye ol emir üç ki�iyile heman �ah-i yuzat on bi't} er artuq �alardi a"tla at
1141. 1 : içi pür genc. ki�ileri heman.
" 1 150.
1 1 55 Le pacha l'aborda seul et s'en empara ;
ses occupants combattirent et tous furent massacrés ;
elle appartenait à un grand souverain Franc et contenait cent coffres pleins de rubis. Puis· il débarqua à Istefa 4, cet émir vaillant ;
1 1 60 il Y rencontra soudain une armée,
il n'ava.it avec lui guère plus de trois hommes, le shah des [gazis, plus de dix mille lancèrent sur lui leurs chevaux ; 1 : fer�i divâriyidi surh-i ser� Il 1 1 61. P : üç ki�i leyldi heman ; 1 : üç
1. VmOr pacha arriva au golfe de Volo et pénétra en Thessalie et en Epire ; cf. Mükr. Halil; p. 40. 2. Peu de temps après la reddition de Phocée de 1 336, Andronic III avec 2.000 Turcs engagés à sa solde se vengeait des Albanais qui pillaient la Thessa lie ; cf. Canto II, 32, ed. Bonn l, pp. 495-509.
3. Probablement le rideau qui fermait les portes centrales de l'iconostase. 4. Thèbes de Béotie, appelée Estives par les Latins, qui appartenait aux Catalans depuis 131 1 ; cf. A. BON, Forteresses Médiévales, pp. 136-208.
88
LE DESTAN D' UM UR PACHA
ils les tuèrent tous, il n'en resta pas de vivants un seul d'entre eux fut blessé.
c ümIesini qlrdilar qalmaz diri bildiler mecrü};t 0 likin bir eri Kadalanul}dur f?orarlar 01 çeri anda bir qaç gün bular oldi uri
;
1 165 Ils apprirent que cette armée appartenait aux Catalans
1.
Ils restèrent à piller cet endroit pendant plusieu,rs jou.rs,
anda pa�a gerniyi qor terk eder der : «01 ürem bunda ben» dôndi gider
voilà que le pacha laissa le bateau et les abandonna, il dit : « Si je reste ici je vais mourir », il se tou,rna et partit ;
alors tous les gazis poussèrent des cris, anda cümIesi yiriv etdi yuzat menC ederler derler : « 01 degil ol}at » 1 1 70 ils l'en empêchèrent et lui dirent : (c Ce n'est pas bien.
»
gid üp andan Uskuraya geldiler yêI qatidur anda be� gün qaldilar
Ils partirent de là et arrivèrent à Uskura 2 ; le vent était violent, ils y restèrent cinq jours ;
yoq aziq yêl dil}mez andan e�diler engine naçar oluban d ü�diler
il n'y avait plus de vivres, le vent ne cessait pas, ils repar [tirent et se virent soudain portés vers le large ;
yêIden oldi 01 gerniler tar ü mar her biri bir yal}a qildi ah ü zar
1 1 75 le vent dispersa les bateaux,
chacun se trouva jeté d'un côté ; des plaintes s'élevèrent,
qopdi deryanul} yüzinde racd ü berq az qaIupdi cümIe le�ker ola yarq .
sur la surface de la mer éclata le tonnerre, et des éclairs, peu s'en fallut que toute l'armée fût noyée 1
ba};t 0 rda tenha qalur pa�a meger Le pacha resta seul sur la mer, her gemi ayrildi qopdi � ür Ü �er 1 180 tous les bateaux se trouvaient loin de lui ; grande fut la [confusion ; yèI urup gerni diregin yaturur le vent, en soufflant, coucha le mât du bateau , b ürin ür yelken f?anurlar baturur il emmêla les voiles, ils crurent qu'ils allaient être engloutis ; yel urur gemiyi iki aylrur Qal 0 ayruqsi olu,r pa�a gôrür yüzi üzre baIq cürnle dü�diler ayIa�uban birbirini qu�dilar
le vent, en soufflant, fendit en deux le bateau : le pacha vit que la situation devenait très critique, 1 1 85 tout l'équipage tomba face contre terre,
en pleurant ils s'étreignirent l'un l'autre ;
gemiyi uryanlarile f?ardilar çayri�up cürnle yere yüz urdilar . anda pa�a yüz urup qilur duca müstecab ètdi ducasin 01 Büda
ils entourèrent le bateau avec des câbles, tous frappèrent leurs visages contre le sol en criant. Alors le pacha se prosterna et se mit à prier
1 1 90 et Dieu, exauça sa prière.
tala bata bir qayaya çiqdilar 01 Midilli qar�usidi baqdilar
Luttant contre les vagues, ils débarquèrent sur un rocher, ils regardèrent autour d'eux, ils se trouvaient en face de [Midilli 8 j un bateau p art't . 1 de Mid l'll'I a 1eur secours et les prit à bord.
bir gemi çlqdI Midilliden gel ür anlari anda gerni içre alur geldi tekfür ôpdi Midillide el 1:Iaq te' ala qildi m ü�killeri };tal
,
1 1 95 A Midilli le tekfür vint lui baiser la main,
pi�ke�ile geldi çoq tekf ür alla anlari gôren ki�i qaldi talla 1 1 74. 1 : engine çara oluban. � 1 180. quçdUor. 1/ 1190. 1 : Hüoa.
1. Voir note précédente. 2. Cf. p . 64, note 8 . -
Dieu le Très Haut avait dénoué leu,rs difficultés.
Le tekfür vint au-devant de lui avec beaucoup de présents, ceux qui virent ces présents en furent émerveillés. 1 :
qopdl �ür �er. Il 1 181. 1
3.
Cf.
:
yel varur. 1/ 1 186. Qu*dllar pour
p. 57, note 1 .
LIVRE D U D US T UHNAMB
89
pes gemisini meremmet qildilar qar�u turup çoq �iyafet qildllar
Puis ils réparèrent son bateau, 1200 ils restèrent devant lui et lui firent de grands festins.
çiqdi Izmire gel ür tenha emir anu"tlile kimd ür ede dar ü gir
L'émir repartit seul pour Izmir, qui aurait osé l'attaquer ?
êl qara geyüp qamu olmi�di yas �àô 0 liq eyledi mecm iri ünàs
Tout son peuple s'était vêtu de noir et faisait deuil tout le monde fit fête
�ày u salim çiqdi mecmüti çeri toyurur ëli yuzàtul} serveri
1205 qu,and il débarqua sain et sauf avec tous ses hommes. Le chef des gazis rassasia son pays de butin,
vêrdi her ne kim var idi penc-i yek yobsula mecmü tin oldur genc-i yek
Yine pa�a nàmeler irsal êder
Les gazis couvraient les alentours d' Izmir, la montagne et la plaine et les six côtés 8 étaient pleins [d'hommes armés. Ils descendirent tous vers le port et montèrent dans les bateaux avec leurs armes ;
Izmirü"tl cevreyanin tutar yuzat u �aQra le�ker oldi �e� cihàt
c ümlesi anda limona indiler yarayile hep gemiye bindiler
1215 dans chaque galère monta un beg quand ils descendirent au port avec leurs chevaux.
bindi pa�a bir qadiryaya dabi üç yüz ellidi gemisi ey abi 1
çalinur küs. u naqàra u boru d ü�man ister uyra�a 01 �ir 0 rü
1.
Le pacha envoya de nouveau des, lettres, 1210 il avait hâte d'entreprendre cette guerre sainte.
tay
her qadlryaya birer beg bindiler atlarile ç ün limona indiler
il donna à chacun sa part et cette part pour les pauvres était une fortune
Il tira ses bateaux vers la Mer Noire par voie de terre, il surgit et conquit le monde J
Qara Deryiiya qurudan 01 gemi çekdi qopdi let/:l 0 qildi • âl em i
01 yaza êtmege istitcal eder
Le pacha lui aussi monta dans une galère, il avait trois cent cinquante bateaux, 0 Frère 1
Les tambours, les timbales et les trompettes sonnaient, 1 220 il cherchait un ennemi pour se battre, ce lion 1
gece günd üz on toquz gün gitdiler qaraya yêgirmi günde yetdiler
Ils naviguèrent nuit et jour pendant dix-neuf jours, . le vingtième jour ils atteignirent la terre.
01 ya"tlada uracaq êl yoyidi
De ce côté-là il n'y avait pas de pays à dévaster, car la plupart des endroits étai�nt en ruines.
gerçi kim virane yerler çoyidi
1207. 1 : pene ü yek. fi Rubrique. Ed : qaradan. " 1208. 1 yazà qllmaya. Il 1 216. 1 : è rdiler. 1 . Le deuil en noir n'est pas une coutume turque
ou islamique, c'est peut-être tine : les Byzantins, en
1 ;
une influence
byzan
signe de deuil, déchiraient
leurs vêtements, se coupaient les cheveux, se revêtaient de noir et s'asseyaient par terre ; cf. L. BRÉHIER, Civilisation Byzantine, Paris, 1950, p. :il0.
:
genc
2. Jeu
de
yek ; yo!!sula pour yoqsula. 11 1 210 1
ü
mot
intraduisible entre
pencüyek
et
gencüyek.
3.
Dans la cosmologie islamique l'espace est divisé
en six cOtés : haut, bas, droite, gauche, devant et derrière ; cf. ABDÜLBAKi GOLPINARLI, Yunus Emre, Dil1anl, p. 692.
LE DESTAN D' UM URPA CHA
90
ç ünki bunlar Germeye êri�diler yaziler Germeyi ôte a�dilar girdi bunlar Qara De7)iz 01 taraf Germe ô"I}inde bular bayladi �af 1). ük 0 m pa�a qildI ëtdiler yaraq qurudan gemi çeker olup yayaq
1 225 Quand ils arrivèrent à Germe
1,
les gazis franchirent Germe
et prirent la direction de la Mer Noire. Devant Germe ils se mirent en ligne, le pacha donna l'ordre du départ, ils s'apprêtèrent
1 230 à tirer les bateaux par voie de terre à pied ;
tabtalari dô�eyüp �ab iinile gemileri çekdi anlar ünile
ils enduisirent les planches de savon et tirèrent les bateaux en criant.
Qara De"l}ize girür üç y üz gemi borular ôter yaraqlu ademi
Trois cents bateaux entrèrent dans la Mer Noire, les hommes armés sonnaient les trompettes.
çün gemiler cümle deryaya girür 1 235 Quand tous les bateaux eurent pris la mer, ils hissèrent les voiles et se mirent en route, par ordre de Dieu . qaldurup yëlken B:aq emrile yürür Mw;; l,laf oqiyup qilur pa�a namaz ral,ll ô"I}inde Allaha qilur niyaz bir iki gün bunlar oldilar revan geçdi Istanbul ô"I}inden 01 zeman 1238.
1
:
Le pacha lisait le Coran la et faisait sa prière, devant le pupitre 3 il rendait grâce à Dieu. Ils voguèrent pendant un ou deux jours, 1 240 puis ils passèrent devant Istanbul.
ra};lle.
1 . Ger'me « muraille )J ; plusieurs villes de Turquie portent ce nom, mais aucune ne se trouv.e sur la côte dans la région des Dardanelles ; cependant ce no m Germe se retrouve dans la troisième partie de la chronique d' Enveri : « De Gelibolu (Gallipoli) il partit en guerre sainte, afin de punir les ennemis de Dieu ; d'une mer à l'autre il y avait Germe, une forte resse solide en face de Berklü Qavaq n (éd. p. 83, 1. 1 9 et 20). D'autres sources nous apprennent qu'Umür pacha avait également tiré ses bateaux par voie de terre lors de son expédition dans la région d'Athènes : PiRi RE' 18 (Kitii b-i Ba l;riye, Istanbul, 1935, p. 318) raconte qu'il y avait devant Ine bahtI (Naupacte) une petite île appelée Ke� i�lik ( << monastère, abbaye ») qui avait été conquise par Gazi Umur beg «. . . et nous avons même entendu dire par les vieux mécréants de cet endroit que le défunt gazi Um �r beg avait trainé ses bateaux sur terre ferme du golfe d'Athènes au golfe d' InebabU pendant six miles et après avoir conquis certains endroits de la région d' Inebabti, il les incendia et, trainant encore par voie de terre ses bateaux et les prisonniers qu'il avait pris, il les amena de ce côté n ; d'autres sources mentionnent un port appelé Gazi Umür Limanl, près d'une forteresse nommée Germe, en Morée, sur la mer d' Inebabtl (cf.
SA 'D-EDDiN, Tiic-üi-Teviirih, I I, Istanbul, 1279 /1862, p. 59 ; MÜNECCIM BA�I, $al;ii' it-ül-Ah biir, I I I, Istan bul, 1 285 /1 868, p. 425) ; la forteresse Germe, située à l'entrée de la Morée, est également citée par les historiens ' Â�iqpa�azade (ed. F. Giese, pp. 1 1 5 -1 1 7 ) , Ne�ri (manuscrit du Tarih Kurumu, nO 45 /17, f. 133), Behi�ti (manuscrit de Kilisli Rifat, f. 133 a) ; toutes ces références sont données d' après H. AKIN, Aydin Ogullarl Tarihi, pp. 42-43 ; H. Akin signale également la mention d'un port dans le Détroit d' Istanbul appelé Um ür Yeri ; Umur pacha a dft répéter cette manœuvre de tirer ses bateaux par voie de terre à ses deux expéditions d'Athènes et de Vala chie ; l' existence dans chacune de ces régions de forteresses nommées Germe doit être une coïncidence, ce nom se rencontre d'ailleurs fréquemment ; si la forteresse Germe dans la région des Dardanelles n'a p as encore pu être identifiée, les précisions topogra phiques données dans la troisième partie du D üs türname tendent à prouver une fois de plus la véra cité du récit de HWace Selman. 2. MU{Jl;at, « le livre n, c'est-à-dire le Coran. 3. Ral)l ou ral)le, pupitre où sont posés les livres et
le Coran, en particulier.
91
L I VRE D U D US T URNAME
çoq �iyâfet verdi bir tekfür a7}a heybetine qaldi pa�anu 7} ta7}a
Un tekf ür 1 lui fit de gran ds festins, il fut ébloui par la luajesté du pacha.
Kiliye Eflâq ucina çiqdilar bulduyi eli yaquban yiqdilar
Ils débarqu èrent à Kili 2, dans la région d'Eflâq 3, ils dévastèrent et brûlèrent le pays qu'ils trouvèrent ;
gôrdi bunlar geld ügin kâfir meger 1 245 quand les Mécréants l�s virent arriver, ils se communiquèrent la nouvelle en allumant des feux ; od yaqup birbirine eder baber çoq çeri cemt eyleyüp kafir gel ür ceng-i sultani bularu7}la qilur
les Mécréants rassemblèrent beaucoup d'hommes et vinrent, ils leur livrèrent un combat royal. Les tazeps se rangèrent en ligne et marchèrent,
y üriyüp anda tazepler çekdi �af b�m oldi tir-i qa�ayiçün hedef
1 250 ils prirent l'ennemi comme cible de leurs flèches mortelles ;
at depüp pa�a v ü begler y üridi tar u ta�i le�ker anda b üridi
le pacha et les begs éperonnèrent leurs chevaux et marchè [rent ; ses hommes cou.vraient la montagne et la plaine ;
tar ü mar a tdayi 01 dem qildilar at ba�in çünkim tadüya �aldilar
ils mirent les ennemis en déroute en lan çant contre eux leurs chevaux.
toldururlar gôvdeyile 01 yeri kimisini tutdilar anda diri tutdIlar çadirlar anda qondilar anda pa�ayile begler indiler geçdi pa�a yerine qildi qarar geldi tutyunlar dizilmi� bi-�ümâr
1 255 Ils remplirent de corps cet endroit
et firent aussi des prisonniers.
Ils s'emparèrent de leurs .tentes et s'y installèrent, le pacha et les begs y descendirent ; le pacha entra dans sa tente et y fit une halte.
1 260 Les prisonniers étaient rangés en files sans nombre.
turdi divan qildi çavu�lar dutâ b ün 0 gelüp dôkilür �ola �aya
On s'agenouilla 4, les çavu.� 5 dirent la prière. Le sang coulait à droite et à gauche ;
tutyunu7} anda nicesin qirdilar od yaqup anda qazu,ya urdilar
ils mirent à mort beaucoup de prisonniers, puis ils allumèrent du feu et mirent des viandes en broche
pi� ürüben pare pare qildilar �ofra içre qoyun etin �aldilar
1
:
6,
1265 ils les rôtirent et les découpèrent en morceaux
et dressèrent sur les tables la viande de mouton ;
1 241 . 1 : çoq �iyafet vëribir tekfür a7}a ; P tutqunlar.
:
çoq �iyafet veri bir tekfür a7}a. Il 1253. 1
1 . En septembre 1 341, Umllr pacha débarqua avec 250 bateaux sur la presqu'île de Chersonèse d'où il s'apprêtait à envahir les pays grecs ; mais Cantacuzène réussit à le détourner de ses projets et à l'engager à lui apporter son aide ; le tekfür qui reçut ici Umur pacha à sa table fut peut-être Cantacu zène qui fit dévie� l'expédition vers la Valachie, . fait que ne pouvait connaître HWace Selman, émir subalterne du pacha ; cf. Canto I I I, 7, ed. Bonn, pp. 52-58 ; Muralt, p. 578. 2. Kili, Kilia ou Licostone, à l'embouchure du Danube ; port où il y avait au XIVe siècle un consulat de Gênes et une garnison génoise ; cf.G. 1. BRATIANU, Le Commerce génois de la Mer Noire au XIIIe siècle, Paris, 1929, pp. 9 et 1 1 7.
:
tar mare
1260.
3. E t l â q , l a: V a l a c h i e ; V . La u r e n t p l a c e la campagne d'Umür pacha .entre 1335 et 1339 ; le Destan d'Umur pacha prouve qu'à cette époque les bouches du Danube nJétaient déjà plus byzantines, mais valaques ; cf. V. LAURENT, La Domination byzan tine aux bouches du Danube sous Michel VIII Paléologue, RHSEE, XXI I, 1 9Jt5, pp. 1 84-198 ; G. I. BRATIANU, Les Roumains aux bouches du Danube, ibid., pp. 199203. 4. Divân durmaq, s'asseoir sur les talons, à la mode orientale. 5. Çavu�, cf. p. 63, note 2. , 6. C'est-à-dire « la viande de mouton ».
LE
92
DESTAN D' UM UR PACHA
turdl divan bunlar anlari yêdi I)amd êdüp bunIar ij:aqul} � ükrin dêdi
ils s'accroupirent sur leurs talons puis ils rendirent grâce à Dieu.
adaro etin yêdi �andilar buIar ayla�ur c ümle gôzi qan ya� tolar
Les prisonniers crurent
1270
1
et mangèrent,
qu'ils avaient mangé chair humaine, ils crièrent tant que leurs yeux se remplirent de larmes de [sang. . Ils se levèrent et partirent ;
tayilup divan bular çün gitdiler 1} ükm êder pa�a esire yêtd ler
�
le pacha donna un ordre, ils s'approchèrent des prisonniers,
l1andilar bunlari dabi pi�ürür yêyüben birhir bulara di� urur
odi �itdl nicesinüTl qorqudan
1275
yaziler turur uyandi uyqudan
ceux-ci crurent qu'on allait aussi les rôtir et les manger l'un après l'autre en les mordant à pleines [dents ; la plupart étaient remplis de terreur 2. Les gazis s'arrêtèrent ; à leur réveil
qoyiverdiler bular oldi revan evlerine varup êtdiler fiyan
ils les remirent en liberté, les prisonniers s'en allèrent. En arrivant dans leurs maisons ils poussèrent de grands cris
dêdiler : « adam yêyücidür gelen bizi qiruhan hu resme a� qilan »
1280
et dirent : « Ce sont des mangeurs d'hommes qui sont venus, ils nous tuent et se nourrissent de notre chair ! »
ehl-i beytin pes aluhan qaçdilar qoyup ëlin tay u orman aç ilar
Alors, prenant leurs familles, ils s'enfuirent, ils abandonnèrent leur pays et se dispersèrent dans la mon [tagne et dans la forêt 3.
s üzdi taydan taya yüridi tazep qlldi oylan qizin anlarul} talep
Les tazeps, fou illant chaque mont à la poursuite de leurs fils et de leurs filles,
�
1285
güzel oylan ü güzel qiz bi-�ümar aluban get ürdiler qilup �ikar
capturèrent beaux garçons et belles filles sans nombre au cours de cette chasse et les emmenèrent. Ils mirent le feu à tous les villages et détruisirent aussi Kili et beaucoup de forteresses.
koylerini cümle oda yaqdilar Kiliyi hem nice qare yiqdilar pes esir ü mal 0 bi-I)add aldilar gemiye c ümle gel üben toldilar
1290
Puis ils rassemblèrent leurs prisonniers et leur butin innomet en remplirent leurs bateaux. [brable
dôrt 0 gün gêce ü gündüz gitdiler yine Germen Ül} qitina yêtdiler
Ils naviguèrent j our et nuit pendant quatre j ours et arrivèrent de nouvea� au rivage de Germe ;
anda êrüben esIri dôkdiler qurudan yine gemiyi çekdiler
là, ils débarquèrent les prisonniers et tirèrent de nouveau leurs bateaux par voie de terre ;
malile c ümle esiri pes bular gemiye qoydi qamu gemi tolar
1 295
çiqdilar bir yëre yoydi anda �u anda pa�a qazdurur iki quyu. ,uIanup bunlar aziq �u aldilar yine gitdiler gemiye toldilar
1268. 1 : J:laquTl emrin dedie mal ü bi I"lad aldllar
puis ils remirent les biens et les prisonniers dans les bateaux et y montèrent aussi. Ils débarquèrent dans u.n endroit où il n'y avait pas d'eau, le pacha y fit creuser deux puits, .
1300
ils s'approvisionnèrent en eau, remplirent leurs bateaux et repartirent .
1 275. Ed
:
ôdi IiIlndl.
U 1278. P
:
oldl yine varup. Il 1295.
1
:
pes esir Ü
-
1. Dll1an durmaq, cf. p. 91, note 4. 2. M. à m. : • de frayeur le fiel de la plupart se creya 1.
3. Il s'agit vraisemblablement d'une ruse de guerre consistant à semer la frayeur pour provoquer la fuite de la p opulatioD et faciliter le plllase.
LIVRE DU D US T URNAME
93
çiqmaq isterise pa�a her ya1}a mali bi-l)add ergürürIerdi a1}a
Dans chaque endroit où le pacha voulait débarquer on lui apportait des biens sans nombre.
Izmire ç ün geldi pa�a �ad 0 gam armayandan burrem oldi ba� u (am
Quand il arriva tout j oyeux à Izmir, riches et pauvres furent remplis de joie par ses présents ;
toidI Aydin eli c ümle genc ü mal �ao 0 liqdan cümle oldi büb 0 l)al
1 305
tout le pays d'Aydin se, remplit de richesses et de biens et la gaieté régnait partout.
Ici il remporta encore beaucoup de victoires Domestikos le Fra.nc 1 demanda son aide.
Bunda letp oldi yine bir nice cenk yardim istedi Domestikos lirenk Ràviler bôyle rivayet eyledi
� 0 1 nüsbada l)ikayet eyledi Qara Buruna gelen tekf üri kim qIldi pa�ayile i�in m üstaqim
1310
C'est ainsi que le rapportent les chroniqueurs, c'est ainsi qu'ils le racontent dans l'original de leurs manus[crits. Le tekfür qui était venu à Qara Burun, s'était conduit très loyalement avec le pacha.
dediler tekfiir idi Andronikos bir veziri var adi Domestikos
On dit que le tekfür était AndroIÙkos, il avait un vizir nommé Domestikos.
baste 01 tekfür olmi�di meger qiyirur Domestikosa der baber
Or ce tekfür tomba malade ; il appela Domestikos et lui dit :
çün ben ôlem qala oylum Qaloyan geç yerüme tabta çiq sen bi-aman
«
1315
büyüyince Qaloyan l)ükm eyle sen qnuram sa1}a v$.iyyet buni ben » 1 bir adi varidi tekfüru1} heman DIu Beg Domestikosdur 01 yaman
et gouverne jusqu'à ce que Qaloyan 1 soit grand. Ceci je te l'ordonne comme ma dernière volonté. »
1 320
cemc olur begler qilurlar me�veret yonel ür Domestikosa sultanat
1 325
Ils le firent tekfür d'un commun accord et se soumirent à tout ce qu'il ordonnait. Mais dans Salonique , Parakimoménos 3 ne se soumit pas, son allié était le Pape ;
Selânik içre Parakimomenos boyun egmez a1}a yardimci Papos balqa dëdi kim Ala�ehri bular Türke verdi oldi éli tar (u) mar
De tekfür, il n'avait que le nom, le vrai souverain, c'était Domestikos, cet homme rusé. Quand son tekfür mourut et quitta ce monde, que sur lui soit la malédiction de Dieu dans le feu de l'En[fer 1les begs se réunirent et tinrent conseil : It:' sultanat échut à Domestikos.
çün tekfiirJ oldi d ünyadan gider la Cnet-ullah a1}a fi-nnar-es-saqar
ittifaq(i)le anJ tekfür etdiler her ne kim l)ükm ëtdiyise tutdilar
« Quand je mourrai mon fils Qaloyan restera seul ; prends ma place, monte sur le trône sans hésiter
1 330
il dit au peuple : « Ces gens-là ont donné Ala�ehr aux Turcs 1 4 » La confusion régna dans le pays.
1301. P : çlqmay. Il 1302. 1 : mal u bi-I}add. Il 1311. P : Andarnikos ; veziri varidi Dimestokos. Il 1 327. Bir Igisumenos pour Parakimomenos. 1 . Jean Cantacuzène, Grand Domestique, puis empereur sous le nom de Jean VI (1341�1354). 2. Jean V Paléologue (1354-1391 ) ; il avait 9 ans en 134:1, l Ia mort de SOD père Andronic III.
1
:
Andranokos. Il 1312.
1
:
bir
3. Le Parakimomène ou Grand Chambellan Alexia Apokaukos. 4. Cf. p. 41, note 1 et p. 83, note 4.
LE DESTAN D' UM UR PACHA
94 01 sebebden balqi iyva eyledi dôndürür çoq éli rüsva eyledi
Sous ce prétexte il incita le peuple à la révolte, il tourna une grande partie du pays contre DomestikOB et le [noircit. C'était le fils de l'oncle du tekfiir 1 . Il dressa la tête, la confusion régna.
(amusi oylidi tekfiiru'1} meger ba� çeker oldi arada � iir ü �er pes Domestikos bir name yazar hem bir ulu ëlçi pa�aya d üzer
1 335 Alors Domestikos écrivit une lettre
et prépara pour le pacha une importante ambassade -
01 Esen tekfiir geldi hem bile me�veret bu i�iç ùn ta kim qila
armayan bï-�add olur ëlçi revan ëri� ür Izmire ëlçi 01 zeman
le tekfiir Asen 2 en faisait aussi partie pour délibérer sur cette affaire. L'ambassadeur emportait des présents sans nombre.
1 340 II arriva alors à Izmir
geldi pa�a yüzini ç ünkim gôrür ba� qoyuban yüzini yëre urur
et quand il fut en présence du pacha, il se prosterna et frappa son front contre terre.
bitide dêmi� kim : « ey �ah-i civan baqi 01 sen qarda�u'1} oldi revan
Dans la lettre, il écrivait : « 0 Shah Adolescent, puisses-tu vivre éternellement ! Ton frère s'en est allé 3.
�imdi sen yér yüzin ü'1} sultanisin 1 345 C'est toi maintenant le Sultan du monde, bï-güman kim bal).r ü berrü'1} banisïn il n'y a pas de doute,_ c'est toi le Khan des terres et des [mers. ba'1}a il?marladi tekfiir oylini Le tekfiir m'a confié son fils 01 b üyüyince dabi hem ëlini jusqu'à ce qu'il grandisse, ainsi que son pays ; mais maintenant le pays s'est révolté et ne m'accepte pas, �imdi ba� qaldurdi ël qilmaz qabiil Selânik tekfiiridur olan fu�iil 1 350 c'est Je tekfiir de Salonique qui émet des prétentions ; 1 ütf ü il).san qil bize eyle meded
qi! m ürüvvet bal?mi bizden eyle redd »
accorde-nous ta faveur et ta bienveillance, aide-nous, sois généreux, repousse notre ennemi. »
hem yazilmi�idi i�bu bitide : ç ün yüz Ü'1} gôrmek bize lJaq bitide
«
can U ba�i yolu'1}a qiIam fida c ümle bu ëldür senü'1} ey padi�a
tout ce pays est le tien, 0 Padishah !
«
\
1 355 je sacrifierai mon âme et ma tête à ton service,
qullaru'1}uz yalvaruruz tapu'1}a can ü dilden yüz sürerüz qapu'1}a » mektubi oqur içindekin bi! ür le�kere qildI baber yaraq qiIur
Il y avait encore écrit dans cette lettre : Si Dieu me trouve digne de voir ton visage,
Nous, tes esclaves, venons en suppliants te rendre hommage, d'âme et de cœur nous nous prosternons sur ton seuil ». Il lut la lettre, en vit le contenu,
1 360 il envoya prévenir ses hommes et fit ses préparatifs.
« vardum ü� » dër bitide yazdi cevap élçi gitdi varmaya qiIdi �itap
« J'arrive incessamment », écrivit-il en réponse. L'ambassadeur repartit ; il se hâta ;
ëlçi Dimetoqaya çünkim gelür gelmesin pa�anu� anlar çün bilür
en arrivant à Dimetoqa 4 il annonça la venue du pacha.
1346.
1
:
berr
fi
bal;lru'1}.
1. M. à m. a il était le fils de l'oncle paternel du tekfür JI ; cette parenté n'a aucun fondement historique. 2. Mükr. HaIil a supposé que ce tekfür Asen aurait pu être l'un des fils d'Andronic Asen, le beau père de Cantacuzène ; cf. p. 61, note 4 ; Mükr. Halil, p. 42.
3. C'est-à-dire : « ton frère (Andronic I I I) est mort ». 4. Didymotique (Demotika). Cantacuzène s'était proclamé empereur dans la forteresse de Didymo tique, son fief personnel.
LI VRE D U D US T URNAME
95
1 365 Le pacha donna l'ordre, ses hommes partirent ; les bateaux prirent la mer.
1}. ükm eder pa�a çeriler gitdiler
01 gemileri de"lize yetdiler
01 gemilere demi� : « üç y üz taded kim Beni A�fer ani qïlmaya redd »
il avait dit : « Trois cents bateaux 1 Afin que Beni A�far 1 ne les repousse pas.
»
On tira sur les rames, ils voguèrent sur la mer 1 370 et arrivèrent au pays du tekfiir Asen ;
çekil üp derya y üzince gitdiler
01 Esen tekf iir eline yetdiler
qar�u geldi 01 Esen tekfiir a"la gôri�ür 01 le�kere qaldi ta"la
ce tekfiir Asen vint à sa rencontre, ils s'entretinrent, en voyant cette armée le tekfiir fut émer[veiné. t à D'lmetoqa, ' De Tunca 2 1'1s alleren ils tirèrent les bateaux sur le rivage ;
Tuncadan Dimetoqaya çiqdïlar 01 gemileri kenara çekdiler
yaya on be� bi"l yüz er oldi s üvar 1 375 quinze mille hommes marchaient à pied, cent hommes Dimetoqaya ëri�di �ehriyar [étaient à cheval, il arriva à Dimetoqa, ce monarque. dürü�ür tekfiir erüp qar�u turur �ükr eder pa�a yüzini ç ün gôrür
Le tekfiir s'empressa à sa rencontre, il s'arrêta devant lui et, en voyant le visage du pacha, il rendit grâce à Dieu.
bir �iyafet eyledi pa�aya 01 Il lui fit un festin 3 tel kim �ôlenden geçmege yoyidi yol 1380 qu'il aurait été impossible de le surpasser : quzu qoyun qaz ü ôrdek çoq kebab Tuncaya aqdi revan oldi �arab
agneaux, moutons, oies, canards et beaucoup de rôtis, et les vins coulèrent jusqu'à Tunca.
içmeyüp pa�a qilur d ün gün na,maz M�l}.af ô"t}inde qïlur I:Iaqqa niyaz
Le pacha ne buvait pas, il priait j our et nuit, il implorait le Seigneur devant le Coran ;
ç ün tazepler mest 0 gece yatdïlar 1 385 mais les tazeps s'étant couchés ivres cette nuit-là, �ub 0 I}.dem mabm iir aqina gitdiler partirent au matin encore gris pour le combat. yayi olan yeri viran ëtdiler her ki tapmadisa giryan etdiler 01 el Ü"l mal ü esirin aldïlar
toptolu Dimetoqayi qildïlar
Ils dévastèrent le pays de l'ennemi et mirent à mal tous ceux qui ne rendaient pas hommage: ils ramassèrent dans ce pays butin et prisonniers 1 390 et en remplirent Dometoqa.
$aruban oyli Süleyman beg meger �o"t}ra geldi 01 i�itmi�di baber
Le fils de $aruban, S üleyman beg, les rej oignit ; il avait appris' la nouvelle.
ay 01 eli tarac ëtdiler qaçanin I)abbeye mul)tac ëtdiler
Ils dévastèrent ce pays pendan t deux mois et ceux qui fuyaient étaient réduits à la famine.
iki
tO"t}di Meriç irmayi qaldi gemi qi� günid ür qar tutdi t alemi 1 377. 1
:
tekfiir urup qar�u turur. ·
1 395 Le fleuve Meriç 4 gela, les bateaux furent pris dans la glace ; c'était un jour d'hiver, la neige recouvrait le monde ; 1 379. 1
:
!!ô� �iyafet. 1 1389. 1
1. Beni-A#ar, (1 fils de blond », les Arabes appe laient ainsi les Grecs ; Mülük-Beni-A�/ar désigne les princes chrétiens, particulièrement ceux de R iim, plus tard les Européens en général ; cf. GOLDZIHER, dans E. I., s. v. Banu-l A�/ar. 2. Tunca, ancien Tonzus, affluent de la Maritsa (Meric) qui se jette dans ce fleuve à la hauteur d'Edir ne ; mais il ne doit pas s'agir de cette rivière, à cause du vers 1382, où l'abondance des vins au festin de
:
mal esirin. Il 1 396. 1
:
ademi.
Domestikos à Dimétoka était telle qu'ils coulaient jusqu'à Tunca ; on comprend mal que les vins aient pu remonter le cours du fleuve. On serait plutÔt tenté de croire qu'Umiir pacha débarqua à Inoz (Aenos) (cf. v. 1851) et que Tunca est dû à une faute de mémoire. 3. .5 olen, festin traditionnel des Turcs oyuz ; ici le tenne est pris au sens de Il festin ». 4. Meric, la Maritsa.
LE
96
beaucoup d'oreilles tombèrent, et des mains et des pieds et ceux qui marchaient à pied souffrirent beaucoup ;
çoq qulaq d ü�di vü anda el ayaq gey qati bU'1}aldi y üriyen yayaq buzlari külüngile uvatdilar yol edubenin gemiye gitdiler Selânik tekf ürina erdi baber dediler : « ü� geldi le�ker �ir-i ner
DESTAN D' UM UR PACHA
1400
La nouvelle arriv:a au tekfür d e Salonique, on lui dit : « Ils arrivent, les hommes du lion mâle.
»
01 otuz altï qadiryayle yaraq
1405
elles attendaient sur la mer ; les Mécréants revêtus de fer bleu les remplirent. Le chef de l'armée, Parakimoménos, était très féroce, ce maudit, son visage était terrible.
çerisi ba�i Parakimomenos gey yavuz merünidi y üzi cab üs lik qaçmaqliya gozed üridi yèr 01 la 'in « uyra�uram T ürkile » der
JI
Il mit ses trente-six galères en état de combattre ;
eylemi�di uyra�alar ittifaq
muntazir derya y üzinde oldilar gok demür kafir gemiye toldilar
ils brisèrent les glaces avec des marteaux, ils s'ouvrirent un chemin et gagnèrent leurs bateaux! . . .
1410
Il épiait cependant un endroit pour se sauver ; Je vais me battre contre les Turcs », disait-il, ce damné.
«
01 çeriden bildi pa�a ç ün naber bir qaylq anda veribir mubta�ar
En apprenant l'existence de cette armée, bref, le pacha envoya une barque
dedi : « . ü� yarin varam qilsun qarar ari�atursun ba"tla 01 nabekar »
avec ce message : « J'arrive demain, qu'il se décide, qu'il vienne se mesurer avec moi, ce bon à rien ! »
Ipsaladan çünld pa,a qildi cazm cenk ta�qiq oldi kafir qildi cezm
1415
turimaz tayïlup oldi tar u mar kim yuqaru kim a�aya �er 0 msar bildi ç ün kim Dm ür pa�a gel ür cümle More vü Firengistan alur
Quand le pacha quitta Ipsala s les Mécréants se décidèrent à lui livrer réellement combat ; mais ils ne purent rester, ils se dispersèrent, les uns en haut, les autres en bas, couverts de honte,
1 420
dès qu'ils surent qu' Umür pacha venait et qu'il occupait toute la Morée et le pays des Francs.
çün Selânik üzre bunlar êrdiler bir gemi qalmami� anda gôrdiler
En arrivant à Salonique les Musulmans virent qu'il n'y avait plus un seul :pateau ;
qara yère çiqdi pa�a bindi at yüriyüp �af bayladi bu gez yuzat
le p·acha débarqua et monta à cheval, les gazis se rangèrent en ordre de combat et marchèrent ;
çalinur küs u naqara u boru yer ditirer andan etdiler yu.Iuv
1425
les tambours, les timbales et les trompettes sonnaient, le sol en tremblait ; ils attaquèrent.
1400. 1 : ëdübeni. U 1402 . Le*ker §ir-i ner pour le*ker-i §ir-i ner. 11 1406. 1 : le mot ka/ir est omis. Il 1407. Yarakimomenos pour Parakimomenos . Il 1413. P : varin. Il 1414. Arl'alursun pour arl§ alursun . Il 1417. rur1maz pour luramaz ; 1 : tarOmar. U 1426. 1 : ditrer.
1. Après ce vers il semble y avoir une coupure du texte. Le récit est interrompu pendant l a description de l'hiver rigoureux de 1342-1343, qui obligea Umür pacha à retourner chez lui ; il est repris au vers sui vant, au débarquement du pacha devant Salonique . . d'Apokaukos ' qUI eut lieu en aoftt 1343, et à l a fUIte ; cf. p . 4 1 . note 7 ; dans le r écit d'EnveI;i le s f-orcea turques qui étaient de 15.000 h.ommes au verl
1 375, s 'élèvent à 30.000 au vers 1495 et le fils de $ aruban, SÜleyman beg, mentionné au vers 1391, ne reparaît plus pendant le siège de Salonique. 2. D'après le récit de Cantacuzène, la flotte d'Umür , pacha fut rejetée par la tempête à Negrepont, d'où elle repartit pour accoster aux environs de Salonique ; cf. p. 41 , note 7.
LI VRE D U D US T URNAME
97
Tous les bateaux entrèrent au port ; leurs cris de guerre remplissaient le monde.
êidi limona girD.r cümle gemi tutdI g ülbangI bularu"fj c alemi
Quand le pacha rangea ses troupes sur la terre ferme,
qurudan pa�a çün alay bayladl anda kafirler yüregin tayladl
1430 il fit fondre le courage des Mécréants.
Les Mécréants sortirent, les chevaux hennissaient, les heaumes reluisaienf, les cuirasses grinçaient.
ta�ra kafir çIqdI atlar ki�ne�ür yalabIr I�Iq çuqallar çly�a�ur qurudan çünkim hücum êtdi cazep kafir anda êrdi cenk etdi cacep bunlarl qomazdI kafir çIqmaya uruban elin yaquban yIqmaya
Quand les cazeps les attaquèrent sur terre, les Mécréants vinrent et leur livrèrent un combat digne d'ad[miration ; ' t pas 1 es l aIsser d e' barquer ' 1 435 1'1 S ne vou lalen pour ravager et incendier leur pays. Il n'y avait avec le pacha que trente cavaliers, ils éperonnèrent leurs chevaux et foncèrent sur l'ennemi ;
ancaq otuz atIu pa�ayile var at dep üp yüridi qIldI kar 0 zar urup anda pa�a depdi at J:tamle qIldI kafire �ah-i ' yuzat
na cre
le pacha poU,Ssa un cri et lança son cheval,
1 440 il fonça sur les Mécréants, le shah des gazis.
Ilyas beg et D ündar beg éperonnèrent leurs chevaux et rendirent le vaste monde très étroit pour l'ennemi.
depdi at Ilyas 0 beg D ündar 0 beg b�ma qIldI gi"fj cihanI tar 0 bek hem Uyurlu begle qoca Pi� hem EJ:tad $uba�I oldur pi�
0 0
Et foncèrent encore Uyurlu beg et le vieux Pï�rev et EJ:tad $uba�I, celui-là était toujours devant.
rev rev
eri� ür qIllç qIlIca 01 zeman SÜ"fjÜ sÜ"fjüye toqlndI nagahan
1 445 Alors les épées s'entrechoqu èrent
et les lances se heurtèrent ;
les Mécréants vaincus prirent la fuite, ceux dont les chevaux étaient les meilleurs volaient.
�Indl kafir dôndi ardIna qaçar aU her kimü"fj ki yegd ürür uçar qarl�Iban qIra qlra gitdiler çünki qalCe qapusIna yetdiler
Les Turcs avançaient semant la mort et la confusion ;
1 450 quand ils arrivèrent à la porte de la forteresse,
les Mécréants, se bousculant, se piétinèrent ; le cœur du plu s grand nombre fut anéanti de peur ;
b�dI kafir birbirin qIldI helak qorqudan zehresi çoqU"fj oldI çak ayay altInda qIrIldI çoq firenk �Iyamaz qapuya cümle qaldI denk qapu ô"fjine erer �ah-i civan urdl bIr atluya s Ü"fj ü bi-aman
beaucoup de Francs furent foulés aux pieds, tous ne pouvaient entrer par la porte, ils y étaient entassés. , 1 455 Le jeune shah arriva devant la porte, il frappa un cavalier de sa lance sans pitié ;
aylaridi 01 cc Umiir pa�a gel ür » « dabi qurtulam » �anur J:tacet qIlur qareye girüp qapu bayladIlar
C'est Umiir pacha qui vient, pleurait-il, je peux encore me sauver » , pensait-il, et il en cherchait le [moyen.
«
En entrant dans la forteresse ils en barricadèrent la porte ;
01 ôlenler(i)ç ün qatI ayladIlar
1 460 ils versaient beaucoup de larmes sur leurs morts.
�ehri ortaya alup qondI çeri zehresi yoq çIqa ta�raya biri
L'armée s'installa autour de la ville. Aucun n'avait le courage de sortir dehors ;
bir ulu elçi gelür ta�ra çIqar çoq firengü"fj begleri çevre baqar
un grand ambassadeur sortit de la ville, beaucoup de begs francs l'entouraient, à ses ordres ;
1440. Ed
:
cümle qlldl. Il 1449. 1
1. MELIKOFF-SAYAR
:
qarl�ln. 7
LE DESTAN D' UM UR PACHA
98
1 465 les ambassadeurs vinrent, frappèrent leur visage contre terre, les uns plièrent les genoux, les autres restèrent debout ;
elçiler geldi yere y üz urdïlar kimi diz çôkdi kimisi durdilar dëdi pa�aya 01 êlçi : « ey emir bizi terk et qilmayil bizi esir
cet ambassadeur dit au pacha : « 0 Emir 1 épargne-nous, ne nous fais pas prisonniers ;
' baqi eli çevre al qalsun 1}i�ar niçün olursun Domestikosa yar
prends tout le reste du pays, mais épargne le fort. 1 470 Pourquoi es-tu l'ami de Domestikos ?
z; ül 0 m tekfür oylina eyledi 01 tabta çiqdi bize mi1}net qïldl bol
Il a fait du tort au fils du tekfür, il est monté sur le trône et nous a fait beaucoup de mal ;
qo Domestikosi çeks ün infi al sen iki yüz bi'1\ fHuri bizden al
abandonne donc Domestikos, qu'il souffre à son tour ; accepte deux cent mille florins,
1
biz seni tekfür edel üm qo aDI cUmle ele �ah edel üm biz seni
1475 nous te ferons tekfür, mais abandonne-le ; nous te ferons shah de tout le pays. »
»
der : « ba'r\a tekfür clin teslim êd ü'1\ ne tafalluq size ortadan gidü'r\ alam êli kime dilersem vêrem toyri sôzdür kim Bize buni dérem
»
Il leur dit : « Rendez-moi le pays du tekfür ; de quoi vous mêlez-vous ? Allez-vous en 1 Je prends le pays, je le donnerai à qui je voudrai, 1480 c'est là mon dernier mot 1 » ,
élçi yine dônUben �ehre gelUr ceml olup mecmüC 0 tanu�uq qilur yine élçi geldi getürdi üç at armayanu'1\ l)addi yoq toydi yuzat ele ayaya dü� üp yalvardilar qar�u divan baylayuban turdilar
L'ambassadeur retourna à la ville, tous se rassemblèrent et tinrent conseil l'ambassadeur revint avec trois chevaux, les présents étaient innombrables, les gazis en furent rassa[siés. 1485 Ils se jetèrent à ses pieds et le supplièrent ; ils se tinrent devant lui dans l'attitude du. respect 1. Le monarque (Umiir pacha) fit creuser là deux puits, toute la ville et ses alentours burent de l'eau très douce.
iki quyu qazdi anda �ehriyar ta,tlu yayet içdi hep �ehr ü diyar bir qaylq Dimetoqaya 01 zeman gôndUrUr tekfüra 01 oldi revan
il envoya alors une barque à Dimetoqa 1490 au tekfür, celui-ci se mit en route
Qaloyan tekfüru'r\ oyli geldi hem Selânike gitdi gôtrildi calem
avec Qaloyan, le fils du tekfür. Ils arrivèrent à Salonique, les étendards furent hissés,
8'r\a pa�a çiqdi istiqbal éder bUlÙar el ôpmege istilcal êder
le pacha vint à leur rencontre ; ils avaient hâte de lui baiser la main.
Türk otuz bi'r\ varidi atlu yayan qurudan tekfüra oldilar revan
1 495 Trente mille Turcs, à cheval et à pied, allèrent à la rencontre du tekfür par voie de terre ;
geldi tekfür ôpdi pa�anu'r\ dizin Qaloyanile quI êtdi kendôzin tad tekf ür oyli ba�lna qodl qutlu olsun hem a'r\a pa�a dédi
ils arrivèrent, le tekfür embrassa les genoux du pacha, Qaloyan et l ui se reconnurent pour ses esclaves. Le pacha pla ça la couronne sur la tête du fils du tekfiir 1 500 et lui dit ; « Que ton règne soit heureux ! »
Selâniki dahi teslim êtdiler dônüben teÏdür ü pa�a gitdiler 1472. 1
:
miJ,lnet qlldl çoq. Il 1485. 1
1. DllJan baylamaq� se tenir
à
Salonique lui fut aussi rendue. Le tekfiir et le pacha s'en retournèrent :
dü�üben. " 1502. 1
:
tekfiir pa�a.
genoux en se croisant les mains en signe
de
respect.
LIVRE D U D US T URNAME
99
et les bateaux mirent les voiles ; ceux-là prirent le chemin de Siroz 1.
gemiler derya yüzince gitdiler pes ki Siroz yolin anlar tutdïlar I)a�ret-i pa�a Hiristodan gider tay u ta�i at ayaqlari dider
1505 Son excellence le pacha passa par Hiristo 2 . Les sabots de ses chevaux déchiraient la montagne et la [plaine.
bile tekfür oyliyile bendevar pa�a biBmetinde qildilar qarar
Domestikos et le fils du tekfür, soumis comme des esclaves, accompagnèrent le pacha.
Oldt pa§a fun lj iristodan revlin bunda açlldi yine bir dlis 0 tlin
Qar�u çiqdi Sirozul} tekfüri hem çoq qonuqluq qildi el ôpdügi dem
Alors le pacha passa par !J iristo, ici s'ouvre une nouvelle histoire.
Le tekfür de Siroz sortit au devant d'eux, 1 5 1 0 il leur baisa les mains, il leur offrit une grande hospitalité , ; ils lui imposèrent le barac et se remiren t en route ; ils prirent le chemin de Zibna.
anlari kesip baraca fazm êder Zibna yolini tutup andan gider Zibnadan dabi barac istedi 01 biomet êtdi anda begler, geldi bol anlari dabi baraca kesdiler anda Islamul} qilicin a�dilar
Ils exigèrent aussi le barac de Zibna, là les begs vinrent en grand nombre pour leur offrir leurs [services ; ' ' 1 ement 1e h_arac ' t ega 1 5 1 5 1'1 s leur Imposeren et suspendirent l'épée de l' Islam.
ulu �ehridi Hiristo çoq eri and a uyra� eyledi bayli çeri
C'était une très grande ville que Hiristo, son armée était beaucoup de troupes y combattirent, [nombreuse;
qildi pa�a anlari zir ü zeber qal feye qoydi �iyup 01 nam
-
0
ver
dêdi pa�a : « her ki severse beni anda germe var yiqa cümle ani
»
bir ulu germeydi yiqdurdi temam geçdi .andan qildi ba�ma intiqam
le pacha les mit en déroute, 1520 il les défit et les repoussa vers la forteresse, cet homme au [bon renom. Le pacha dit : « Que ceux qui m'aiment détruisent , ce mur qui est là. » C'était un grand mur 3, il le fit détruire complètement, il le franchit et prit sur l'ennemi sa revanche ;
anda bi-I)add getür ür küffar 0 mal 1 525 les Mécréants lui apportèrent des biens sans nombre, ils lui dirent : « Epargne-nous, prends tous les biens qui sont dêdiler : « qo bizi git var mali al » [là 4 et va-t-en 1 1) Quan d 1'1s partIrent de H" _Iflsto, çün Hiristonul} ôl}inden gô�diler ils tombèrent sur une grande ville : bir ulu �ehr üzerine dü�diler '
elle s'appelait Eksya 5, c'était une très grande ville. adi Eksya ulu �ehir 01 meger anda kafirden ya,raqlu bi-l}add er 1 530 Il Y avait là des Mécréants innombrables bien armés ; �ehr içinden çlqdi le�ker bi-qlyas gôk demür gëymi� gôrür pa�ayi nas Rubrique,
1 :
de la ville sortit cette armée sans nombre et tous ces hommes revêtus de fer bleu virent le pacha.
oldl çün pa�a, Il 1527, Go�diler pour goçdiler,
1 . Serrès. 2. Christoupolis. 3. Le Symbolon en Macédoine.
4. Var mail almaq, comme biens ». 5. Xanthie.
«
prendre tout ce qu'il
y
a
LE DESTAN D' UM UR PACHA
100
Le pacha entra seul dans un clos de vigne et regarda autour [de lui ; des cavaliers Mécréants sortirent
baya girmi� yalu "l}UZ pa�a baqar at üzere gerçi kafirler çiqar ara yere aldi pa�ayï bular ba-y içi yalin qilicile tolar
1 535 et l'encerclèrent ;
l'intérieur du clos se remplit d'épées nues. L; u n des Mécréants escalada le mur et attaqua le pacha, beaucoup d'autres se pressèrent autour de lui,
çiqdi bir kafir a"l}a dlvar a�ar çoq cadü varinca pa�aya ü�er qar�udan birisi oqiIe urur cümle kafir qar�udan ani gôrür
l'un d'eux le visait d'en face avec ses flèches.
1 540 Il fit face à tous les Mécréants :
be� yüz er varidi �inup dônd ürür �o'l\ra eri�di yuzat ani gôrür
ils étaient cinq cents, il les mit en fuite . Alors survinrent les gazis et ils furent témoins de son exploit.
�ehir balqi çiqdi zari qildilar ç ün ani pa�ayid ügin bildiler
Le peuple sortit de ]a ville au milieu de gémissements ; quand ils surent que c'était le pacha,
yér ôpüben cümle turdi tapuya armayanlar getürürIer qapuya
1 545 ils lui rendirent tous hommage en baisant la terre ;
ils lui app()rtaient des présents.
De là le pacha prit le chemin de Buru 1, les deux tekfürs chevauchaient à ses côtés.
caz 0 m pa�a Buruya andan éder . iki tekfür iki yaninda gider geçeriken yolca bunlar bi-günah Burudan sôkmi�ler a"l}a yoq sipah
Alors qu'ils suivaient leur chemin en toute innocence,
1 550 on sortit de Buru contre eux ; ils n 'avaient pas de troupes ;
dédi : « tekfür oylini mi dôgdiler 'Türke tapdu"l}' deyü ba"l}a sôgdiler » Buruya çiqdi gemiler nagahvar l,l ükm eder pa�a qilutlar kar 0 zar qa"l}n üstinde nice ev étdiler bu rc 0 dibine ceküp iletdiler bayacuq derler ani tekfür eder burc 0 dibine iterler 01 gider deldiler �ehri külüngile çeri ta� atuban hiç 0 qayurmaz biri 1
Le pacha dit : « Ont-ils battu le fils du tekfür, en lui disant : « Tu t'es soumis aux Turcs r » et e n m'inju riant ? J) Soudain ses bateaux arrivèrent à Buru. et le pacha donna l'ordre du combat.
1 555 Plusieurs hommes s'étaient campés sur un chariot,
ils le tirèrent vers l'intérieur de la tour ;
c'est le tekfür qui dirigea la manœuvre ; on l'appelle « petite ils la poussèrent vers l'intérieur de la tour. [grenouille li » ; Les hommes trouèrent les murailles de la ville avec des mas[sues,
1 560 ils lançàient des pierres, aucun ne tremblait.
bayacuya zift ü qa�ran etdiler içine qizyun dem üri yétdiler
Ils arrosèrent la « petite grenouille » de poix et de , résine et envoyèrent du fer rouge à l'intérieur ;
bayacuq yandi çiqar ta�ra yuzat ta"l}ladi pa�a bular buldi necat
la « petite grenouille » s'enflamma, les gazis en sortirent, le pacha s'étonna de les voir vivants.
ôyleyin kafir bU"l}aldi der aman oq atildi �ehre zira bi-keran oldi 01 yer dani tekfüru"l} temam el ôperler oldi cümle �ad 0 gam
1 565 A midi les Mécréants, à bout de forces, demandèrent grâce,
parce qu'on avait jeté sur la ville des nuées de flèches. Ce lieu lui aussi se rendit entièrement au tekfür, on vint lui baiser la main , la joie régnait partout.
1538. P : çoq 'aded. " 1551. Oyllnu pour oyllnl. Il 1 561 . 1 P : �ào 0 gàm. 1. Buru Qal'e, Périthéorion, et non pas Berrhoé, comme l'a supposé Mükr. Halil (p . 43) ; le nom turc pour Berrhoé est Veria ; cf. ST. KYRIAKIDES,
:
zift
0
qatràn. Il 1 566. Zire pour zira. Il 1568.
BU��'I't't'I�t MeÀÉ't'(Xt, Thessalonique, 1 937, p. 41. ' 2. Bayacuq, « petite grenouille » (Ka�gàri : baqaçuq, I I I, p. 226)�
L I VRE D U D US T URNAME
1 01
Il Y avait dans le pays serbe un guerrier 1, il était de très grande taille ;
bir bahadir Sirf êlinde varidi adi qat! cebbaridi
�umcila
1 570 nommé Mumcila
à la tête de quatre mille hommes il vint vers le pacha à qui ceux-ci rendirent hommage en se croisant les maiI1B [sur la poitrine. Il baisa la main du pacha et du tekfiir et se mit à leur service, ce dragon.
dort 0 biYj er çekdi pa�aya gel ür le�keri el baylayup tapu. qïlur ôpdi pa�ayile tekfiiru'li elin biomete 01 ej deha baylar belin
1 575 Tous ceux qui le voyaient en étaient stupéfaits,
kim gorürse anI valih oldIlar heybetine cümle };layran qaldilar
tous étaient frappés par son air imposant ;
sa taille était celle de deux hommes, à le voir on le pren ait pour un minaret.
qaddl iki er bOyInca varidi anI kim gorse �anur menar idi
Le pacha lui fit revêtir le vêtement des Turcs
Tür 0 k tonIn aYja pa�a gêydürür le�kerile ani bile uydurur
1 580 et le prit à son service avec son armée.
gemiler andan Merice girdiler çIquban Dimetoqaya êrdiler
Puis les bateaux entrèrent dans le Meric et remontèrent son cours j usqu'à Dimetoqa.
anda Gümülcüneye pa�a çiqar çiqdI le�ker sey 0 Id ür �ankim aqar
Le pacha se rendit à Gümülcüne 2, l'armée sortit contre lui, elle coulait comme un torrent.
Mumcila ata binüben depdi at bile anuYjla hücüm êtdi yuzat
1 585 MumciIa monta sur son cheval et l'éperonna,
les gazis attaqu.èrent avec lui ;
heybetine qaldnar anuYj taYja kiifir ürker kimse gelemez aYja
on fut frappé de son air imposan t, les Mécréants avaient peur, personne n�osait approcher ;
çayri�uban dêdi kafir : « el-aman » partout des cris s'élevèrent, on demanda c( Grâce >l . Mumcilaya el �alar �ah-i cihan 1 590 Il fit signe de la main à Mumcila, le shah du monde, çaylrur pa�a dêdi : « vêrdem aman » dêdi : « qoyil anlad ey pehlivan »
le pacha l'appela et lui dit : « J'ai fait grâce, épargne ces hommes, 0 héros. »
geldi andan dabi çoq mal u quma� aItun u gümi� ü hem qiymetl ü ta�
Ils re çurent là beaucoup de biens et d'étoffes, de l'or, de l'argent et aussi des pierres précieuses.
anda deryaya yaqIn bir �eh 0 r var 1 595 Il Y avait une ville à proximité de la mer, gitdi andan anda vardl �ehriyar en quittant cet endroit, le monarque s'y rendit ; Iyrican �ehridür 01 çiqdi çoq er ba�di pa�a ardini qïldI �arar dondi pa�a 01 çeriye depdi at ba� 0 m �Indl bula ml andan necat 1593.
1
:
c'était la ville d' Iyrican 3, beaucoup d'hommes en sortirent, . le pacha les attaqua par derrière, les malmena, puis il se retourna et lança de nouveau contre eux son cheval4•
1 600 L'ennemi fut vaincu, aurait-on pu trouver le salut ?
geldi anda da b i çoq mal
0
quma�. Il 1597. P : ç oy.
1 . Mumcila, le bulgare Momitzilo, que Cantacu zène prit à son service ; cf. Canto I I I, 65, ed. Bonn, II, pp. 398 -403. 2. Komotini. 3. Gratianoupolis. 4. Tactique militaire dite parthique qui consistait à tourbillonner autour de l'adversaire pour l'étourdir,
puis se dérober à l'attaque en simulant la fuite, et faire volte-face ; cette tactique était très employée par la cavalerie asiatique, les Turcs et les Mongols en particulier : F. LOT, L'Art Militaire et les Armées au moyen dge, Paris, 1 945, l, p. 206, I I, p. 281 , pp. 332 et S.
102
LE DESTAN D' UMUR PACHA
payesi qlrïldl kim(i) oldï esir elli tonlu, at alur anda emir
La plupart furent mis à mort, certains furent faits prison l'émir s'empara de cinquante chevaux harnachés 1. [niers,
Siif u Bulyar êllerine girdiler
Ils pénétrèrent dans les pays serbes et bulgares et s'emparèrent de beaucoup de bœufs, de juments et de [moutons,
çoq �iyir ü yund u qoyun sürdiler
gotlirürler arpa buyday bi-keran Dimetoqaya getûrdiler reva �
1 605 ils emportèrent aussi de l'orge et du blé sans limites et amenèrent le tout à Dimetoqa. Qaloyan partit pour Istanbul, le shah du monde lui en donna l'autorisation.
Qaloyan Istanbula oldi revan verdi destiir alla 01 �ah-i cihan gitdi tekfiirile pa�a aqlna atlu u yayan lraya yaqlna
Le tekfiir et le pacha repartirent en razzia : 1610 à cheval, à pied, çà et là.
Pi� 0 rev beg yolda d ünyadan gider dondi pa�a geldi ani defn eder
En route Pi�rev beg trépassa, le pacha revint sur ses pas et l'enterra.
qlldl pa�a anulliçün qat! yas qara geydi anull(i)ç ün c ümle nas
Pour lui il fit grand deuil, tout le monde se vêtit de noir,
anda fevt oldl yasaqçlsi bile
zi sac adet I:Iaq yollnda kim ole
1. 6 1 5 c'était son yasaqçi li! qui était mort. 0 quel bonheur attend ceux qui meurent au service de Dieu :
sinleleri yapllupdur ta�ile yoyrulup topraqlari goz ya�ile gitdi bol ük bol ük oluban yuzat ü�di pa�a üç ki�iyle depdi at
leurs cimetières sont faits de pierres, la terre qui les recouvre est pétrie de larmes 1 Les gazis partirent, troupe par troupe, 1 620 le . pacha resta avec trois hommes, il éperonna son cheval :
biri Ilyas beg E l).ad begdür biri hem El).ad beg oyli le�ker serveri
l'un était Ilyas beg, l'autre El).ad beg et le troisième était le fils d'El).ad, chef d'armée.
bir ulu toz qopdi qar�u nagahan le�ker êri�di bulara bi-keran
Soudain un gros nuage de poussière s'éleva en face d'eux, une armée innombrable arriva sur eux :
qalllllar arpa buyday u taru alti bill er bile çalinur boru
1 625 il y avait des chariots d'orge, de blé et de millet et six mille hommes qui sonnaient des trompettes.
geldi pa�a yanlna otuz ki�i bu qadar dur anda ancaq yolda�ï
Trente hommes se rangèrent près du pacha, il n'y avait là que ce nombre de compagnons.
Le pacha leur dit : c( Si nous fuyons, ils nous rattraperont dedi pa�a : « qaçsavuz bunlar yeter 1 630 et nous serons tous piétinés sous les sabots des chevaux ; at ayaylnda cemicumuz yiter eyü adile �ava�da olel üm c ümlemüz bunda �ehadet bulalum der El).ad beg : « isterid ük bu güni I:Iaq bu gün bititdi i�bu d ügüni » .
»
mourons en combattant avec un bon renom, trouvons ici tous ensemble le martyre. » El).ad beg dit : « Nous cherchions ce jour, Dieu a voulu qu'aujourd'hui ait lieu notre banquet funèbre 1
»
1602. P : olur. 1/ 1603. 1 : Sirl Bulyar. Il 1604. 1 : yund qoyun. Il 1610. 1 : atlu yayan Iraya VU yaqlna. 1611. 1 : Pi� 0 rev yolda. 1/ 1 615. Ed : yaqçlsl. Il 1616. Zi sa'adel pour Ôi sa'adel. 1/ 1 617. Ed : yapllldur. 1 624. 1 : bi-güman. /1 1 625. 1 : darI. 1. Donlu al, m. à m. « chevaux en vêtements » ; cf. p. 115, note 2. 2. Yasaqçl, « yasaq, code de lois), homme qui
veille à ce que l'ordre soit maintenu, fonctionnaire de police ; cf. Tarama Sozlügü, l, s. v, yasaqçl.
103
LI VRE DU D US T URNAME
1 635
çekdi qillç c ümle bunlar yüridi turduyI arada kafir qu,ridi
ta pU
qlldl c ümle geldi 01 çeri yer ôper pa�a ô7lÏnde ber biri
Ils tirèrent tous leurs épées et marchèrent. Les Mécréants tinrent conseil là où ils s'étaient arrêtés et l'armée entière vint rendre hommage au pacha ; chacun vint à son tour baiser la terre devant lui
dediler : « sa"rla qulu,z ey �ebriyar bizi qirma eylemegil kar ü zar »
et ils lui dirent :
«
Nous sommes tes esclaves, 0 Monarque 1
t 640 Ne nous tue pas, ne nous livre pas combat.
»
ta"rla batdi gôren anda 01 i�i otuz ere tapdi alti bi"rl ki�i
Ceux qui en furent témoins furent frappés d'étonnement : six mille personnes rendant hommage à trente hommes !
01 azu,q Istanbula qilmi�di cazm Dimetoqada vamp qilmadI rezm
Ce convoi de vivres se rendait à Istanbu.l, il ne livra pas combat, il fut détourné vers Dimetoqa
gitdi destfir oldl 01 alti bi.,. er Qulubaya erdi yaziler meger
1645
anu'rl elin c ümle yayma êtdiler ylquban yaqup dôn üben gitdiler çlqdI Dimitoqaya nagab bular calemi bir ayda qildl tar u mar
1 650
et ces six mille hommes eurent la permission de repartir. Quant aux gazis, ils arrivèrent à Qolba 1 et mirent toute la région au pillage. Ayant tout dévasté, tout brûlé, ils prirent le chemin du [retour et surgirent soudain à Dimetoqa : en un mois ils avaient bouleversé le monde.
dediler kim : « to'rlusar Meriç qati R fim ëlinü'rl ayri�Isar aqini »
On lui dit : « Si le Meriç gèle, les razzias en Roumélie seront impossibles.
a'rldl pa,a dabi bem qarda�larin yedügi nan ü· nemek yolda�larin
Alors le pacha pensa à ses frères, aux compagnons avec qui il mangeait le pain et le sel ;
geldi teIdfir ilerü eyledi ah : benümile 01 bu, qi� ey padi�ah
1 655
, «
»
mais le tekffir vint vers lui et dit : « Hélas ! reste avec moi cet hiver, 0 Padishah !
qI� yarayln ber ne kim vardu,r qilam ben senü'rl qapu'rlda biçare qulam
Je préparerai tes quartiers d'hiver : je suis au seuil de ta porte ton pauvre esclave !
çün bu qi� qilmaya sen bunda qarar Si tu ne restes pas ici cet hiver, beni kafir çiqup ëder tar u mar 1660 les Mécréants m'attaqueront et me mettront en déroute. sen eger gitse'rl beni al bile gi t varam Izmire evümle himmet et
Si tu veux partir, prends-moi avec toi, j'irai à Izmir avec ma maison, donne�nous ta protection.
»
Pes El)ad $uba�iyle Ilyas 0 beg gider oldl qaldï 01 �ah-i dilir
Puis El)ad $uba�i et Ilyas beg partirent, il resta, ce shah vaillant.
Gôndürür bu iki li'uba,lyl 01 ayla,uban gitdi anlar dutdl yol cUmle le,ker giidi vü cümle gemi qaldi ancaq bi'rl yarar er ademi 1637� Ed :
qu,.
Il
Il renvoya ces deux li'uba�l, ils se mirent en route en pleurant ;
1665
tapu qul d l . Il 1640. P : kar pour bl,are.
1658. 1 : bi,lire
1 . Qolba ('1), Quluba (1).
»
toute son armée et tous ses bateaux partirent, seuls restèrent mille hommes vaillants ; 0
zar.
Il 1650.
P:
tar
0
mare
Il 1652. P : ayrl� narsar. Il 1657. Ed :
104
LE DESTAN D' UM UR PACHA
aldIlar mal u quma�ln gitdiler nagahan Ayasoluya yetdiler tll�lr beg çun qaldl pa�ayl bil ür bu ikiye d ürl ü mi1).netler qIlur
ils prirent les biens et les étoffes, ils partirent et arrivèrent à Ayasoluq à l'improviste. Quand tll�ir beg apprit que le pacha était resté,
1 670 il fit à ces deux �uba�i toutes sortes de reproches,
dedi : « qani qarda�umuz nitd ü"t} ÜZ siz qoyup kafir eline gitd ü"t} ÜZ »
il leur dit : « Où est donc notre frère, qu'en avez-vous fait ? Vous êtes partis en l'abandonnant au pays des Mécréants 1 »
dêdiler kim : « biz quluz 01 padi�ah bizi 01 gônd ürdi 01 gôsterdi rah
Ils lui répondirent : « Nous sommes esclaves et lui padishah : c'est lui qui pous a renvoyés, qui nous a fixé notre route ;
el üm üzden gelmez eylemek tinad gücile kendiiden etdi bizi yad » bu ya"t}ada geldi pa�a oturur c ümle sevdaYI ba�lndan gôt ürür Zayora ovaslna vardl çeri urdl yaret qIldl yaqdl 01 yêri
1 675 il ne nous sied pas de montrer de l'obstination,
il nous a éloignés d'auprès de lui contre notre , gré. »
Le pacha séj ourna dans ce pays et chassa de sa tête toute mélancolie
-
1
Ses hommes envahirent l� plaine de Zayora 2,
1 680 ils dévastèrent, pillèrent et incendièrent cette région.
atlarlnl çaylra �alml�idi Dimetoqada bular qalml�idi
Puis, ayant envoyé leurs chevaux aux pâturages, ils restèrent à Dimetoqa.
Edrineden nagahan erdi çeri toz gôge çlqdl dider le�ker yeri
Soudain une armée arriva d'Edirne ' : la poussière montait j usqu'au ciel, l'armée déchirait le sol ;
ne qadar �a1).rada buldlsa tavar s ürdi gitdi vü toparladi bular urdIlar hem Dimetoqa dek elin üzdiler tekfüru"t} anu"t}la belin yügürüp pa�a depinüp çapinur buldi bir at bindi a"l}a depin ür
1 685 tout ce qu'elle trouva dans la campagne comme bétail,
elle le ramassa et l'emmena. ; elle dévasta aussi tout le pays jusqu'à Dimetoqa et mit le tekf ür à mal.
Le pacha s'élança, s'empressa, il courut, 1 690 trouva un cheval, le monta et l'éperonna.
yêtdi ardlndan yalu"l}uz le�kere ani gôrüp dôndi le�ker yeksere'
Il arriva seul sur l'armée par derrière ; en le voyant, l'armée se retourna d'un seul coup.
ç ün yalu"l}uz anda yetdi 01 dilir di"l}le netdi 01 bahadir la-na�ir
En arrivant sur eux tout seul, ce vaillant, écoute ce qu'il fit, ce héros sans pareil ;
1).a.mle qildi çun a"l}a c ümle çeri tutuban yoyun sÜ"l}üler her biri 01 yegirmi s Ü"l}üye SÜ"l}Ü urup �indi s Ü"l} üsi qiliç çekdi turup
c ümle kafir êri� üp urdi S Ü"l} Ü dônmedi 0 1 turdi gerüp üze"l}ü çaldi kesdi üç sÜ"t}ün ü"l} ayacin bir s Ü"l} ün ü"t} dabi yalmani ucin 1669. 1 : bulur. 1 700. 1 : gezüp.
Il 1671.
1 695 quand toute l'armée l'attaqua,
chacun tenant dans la main une lourde lance,
contre vingt de ces lances il brandit la sienne ; elle se brisa, il tira son épée ; -
tous les Mécréants le frappèrent de leurs lances,
1 700 il ne recula pas, il tendit ses étriers ;
il frappa et brisa les manches de trois lances, ainsi qu.e la pointe de l'une d'elles ;
Nitdü"I}üz pour ne etdü"l}üz.
1. Sevdii, bile noire, passion ou désir violent ame nant un état de mélancolie et d'égarement.
Il 1693.
1
:
yetdir. Il 1694. Nëtdi pour ne ëtdi.
2. Zayra ou Zayora, nom donné à la Bulgarie balkanique au moyen âge.
105
LI VRE D U D US T URNAME
bir atU1l boynrn çalar ylqndr 01 oldr s Ü1l üyile qIllç �a y u �ol
il frappa au cou un des chevaux qui s'écroula ; à droite et à gauche, ce n'étaient que lances et épées ;
at yrqildr çaldr issin ôld ürür yavuz étd ügini a1la bildürür
1 705 le cheval s'effondra, il frappa son maître, le tua, lui montrant sa férocité.
nagahan pa�anu"f} erdi bi"f} eri yayan olup oq atarlar her biri
Soudain les mille hommes du pacha arrivèrent : étant tous à pied, ils tiraient des flèches.
Edrine tekfüri geldi ilerü depdi atin durdr 01 le�ker gerü
Le tekfür d'Edirne 1 s'avança, 1 7 1 0 il éperonna son cheval, l'armée resta derrière ;
�unuban pa�a ani atdan qopar qalqan édindi ani 01 �ehriyar
le pacha tendit la main et l'arracha de son cheval, il en fit son bouclier, ce monarque .
depin ür 01 le�ker ani almaya ta qomayalar ba�ini çalmaya
Son armée se rua pour le prendre, afin d'empêcher qu'on lui coupe la tête ; 1 7 1 5 mais les Mécréants, criblés de flèches, prirent la fuite, leurs chevaux blessés paraissaient voler.
kafire oq urdIlar dôndi qaçar atlari mecriil}. olup �ankim uçar
Le pacha le jeta à terre et le tua , il remplit Edirne de pleu.rs et de lamentations.
yere urup ani pa�a ôldürür zar ü efyan Edrineyi toldurur qova qira gitdiler hem on bi"f} er küh u �al}.ra toldi gôvde sertaser
Ils s'élancèrent, poursuivant et massacrant dix mille hommes: 1 720 la montagne et la plaine se remplirent de corps d'un bout [à l'autre ; . '" ' 1es autres CInq Mecrean ts, 1es uns pnrent d IX, les uns les tuaient, les autres les prenaient vivants.
kimi on tutdi kimi bé� kafiri kimi ôld ürür kimi tutar diri
.
Le tekfür survint alors et vit le pacha, il avait douze homnles à ses côtés ;
çiqdi tekfür anda pa�ayi gôrür on iki er vardi yaninda turur
çoq dut alar qIldi oqur aferin 1 725 il dit beaucoup de prières, il le félicita varuban hem gôrdi 01 uyra� yerin et se rendit aussi sur le champ de bataille : gôrdi tekfür �nda hurd olmi�idi k üh u �al}.ra gôvdeler tolmi�idi dédi : « tekfüri budur Edrinenü"f} vatdesi toprayi bundaymi� bunu1l
il vit que le tekfür d'Edirne avait été taillé en pièces, que la montagne e t la plaine étaient couvertes de corps. »
il dit : « C'est le tekfür d'Edirne, 1 730 son terme était donc fixé, c'est ici que devà.it être sa tombe 1 »
ani tekfür idügin çünkim bil ü r ayladi pa�a qati nevl}.a qnur
Quand il apprit que c'était le tekfür, le pacha pleura beaucoup et se lamenta.
ani tabiita qoyuban �atdnar on bi1l altuna bahaya �atdIlar
Ils le mirent dans un cercueil et le vendirent, ils le vendirent au prix de dix mille pièces d'or.
dëdi : « bu dur taqibet tâlem i�i bu ecel �arbini içer her ki�i �ah eger qulu eger bây ü gedây cümle fanid ür gider b ay ü hüday
1 735 Il dit : « Voilà la fin qui attend tout le monde, chacun de nous subira ce coup de la mort ; »
qu'il soit shah ou esclave, riche ou pauvre, tous sont mortels, les seigneurs et les souverains passent [aussi 1 »
1 720. 1 : ktih �aJ}ra., Il 1 724. 1 : yan da. " 1728. 1 : ktih l?aJ}ra. " 1 736. P : bu ecel �arbln içer her bir ki�i. 1 738. 1 : hüB ay ; l'original de ce vers a pu être : cümle fanidür gidet baqi !l:üday. , 1 . Phrantzès, gouverneur d'Andrinople ; cf. p. 41 , note 1 0.
106
LE DESTAN D' UMUR PACHA
geldi pa�a �ehre tekfürile çün bir ulu �o 1)bet qurndi �an dügün .
Quand le pacha rentra à la ville avec le' tekfür, 1 740 Un grand festin avait été préparé, comme pour des noces ;
evine pa�ayi da'vet eyledi ba��atan evinde �o1)bet eyledi
il invita le pacha dans sa maison, il y avait fait spécialement préparer une fête ;
dêdi : « pa�a ba"t}a gelsün basteyim derd üme andan deva ben isteyim »
il dit : « Que le pacha vienne me voir, car je suis malade et je veux lui demander un remède pour mon mal. » 1 745 Le pacha se rendit dans la nuit à la maison du teldür, afin de le soulager et de le réjouir par sa vue.
geldi pa�a gêce tekfür evine ta ki yêrinmeye gore sevine
II vit tout le palais décoré, ce bel endroit avait été transformé en paradis.
gôrdi bezenmi�idi q�r ü seray cennete donmi�idi 01 büb 0 cay
Le tekf ür avait trois filles, belles comme des hüris 1, 1 750 leurs vêtements de la tête aux pieds étaient dé l'or et des [richesses ; elles étaient toutes trois couvertes de pierres précieuses, quel plaisir pour, celui qui pouvait les voir 1
varidi üç qizlari 1) üri mi�al tonlari ba�dan ayaya zer ü mal 01 qizu"t} üçi mura��at pô� 0 dur anlari goren ü"t} i�i bô� 0 dur
Tous les begs et ces filles s'y trouvaient, elles se tenaient là, adorables comme des 1) üris.
c ümle begler qizlari anda temam 1) üriler gibi cenan qnmi� maqam Des 0 pina bir qiz adi 01 nigar Q üsn,ile gormedi mi�lin rüz 0 gar
1 755 L'une des filles s'appelait Despina, elle était belle, jamais sa pareille en beauté n'avait vu le j our. Quand le tekfür les laissait voir, aucune d'elles ne laissait les âmes séjourner dans les corps.
çünki tekfür eyledi 'ar� anlari her biri tende qomazdi canlari qaldurup ba�ini êtmez iltifat ba� a�aya eylemi� �ah-i yuzat
Mais il ne leva pas la tête pour les regarder, 1 760 il baissa les yeux, le shah des gazis.
dêdi tekfür : « ey b üdavend-i cihan ben kemine quI sa"t}a sen ba"t}a ban
Le tekfür lui dit : « 0 Seigneur du monde, je suis ton pauvre esclave, tu es mon khan r
mal u ba�um oylum u qizum sen ü"t} bu cihanda ne ki var biz üm senü"t}
Mes biens, ma tête, mon fils, ma fille, tout est à toi : tout ce qui dans ce monde est à nous, est à toi ;
i�bu üç qizdan birini al sa"t}a » gôrdi pa�a bunlari qaldi ta"t}a
1 765 prends donc pour toi l'une de ces trois filles. . Le pacha les vit, il en fut ébloui,
utanup dondi otayina gider qarda�i tekfüri 01 nümid êder
»
il rougit, se retourna et regagna sa tente s. Il jeta son frère le tekfür dans le désespoir.
Un mécréant vint le trouver et lui dit : « 0 Monarque 1 geldi bir kafir dëdi : « ey �ehriyar al qizin tekfüri qnma �er 0 msar » 1 770 Prends donc sa fille, ne rends pas le tekfür honteux. » 01 zeman pa�a dêdi 01 kafire
Le pacha dit alors à ce Mécréant : « Mais cela se fait-il de donner sa fille à son frère ?
qarda�um tekfür 0 dur qizi qizum dinüm üzde yoqdurur i�bu biz üm »
Le tekfür est mon frère, sa fille est ma fille, dans notre religion cela ne se fait pas. »
«
qarda�a ne vec
1761 .
1
0
h ki�i qiz vere
: büoavend-i cihan. Il 1 773.
1
: qarda�l ; P : le
1 . /f üri, les vierges éternelles du Paradis, douées d'une beauté céleste et de toutes les vertus, qui seront les compagnes des bienheureux.
\ a été ajouté sur un �.
2. Olay (> oda, « chambre »), la tente du chef ; cf. Ka� garl , III, p. 208.
LI VRE D U D US T URNAME
107
Je te raconterai la pureté du pacha tends l'oreille à mon récit.
Art dirligini pa�anu"t} sa"t}a �erQ 0 qïlam qulay ap benden ya"t}a
Geldi ardin sôze Despina nigar pi�e-i dinde qila sirri �ikar
1 775 Puis l'histoire en vient · à Despina la belle qui menait une chasse secrète dans la forêt de la religion.
Ses vêtements étaient semés de perles et rubis, ses épaule s elle dévoila son visage et parla au pacha. [couvertes de rJoyaux 1 ; dêdi a"t}a : « ne d ür adu"t} ey nigar Il lui dit : « Quel est ton nom, 0 Beauté ? gêce gêldü"t} bizi qildu"t} �er 0 msar 1 780 Tu viens vers nous au milieu de la nuit, tu nous rends tou.t [honteux 1 seni bunda kim getürdi sôylegil Qui t'a amenée ici, dis-le moi ? ne ki l).alü"t} var l).ikayet eylegil » Que me veux-tu, conte-le moi ? » toni inc'Ü lacl u yaqüt omuzi yüz açup pa�aya sôyler 01 sôzi
dêdi zari qilup 01 qiz : « ey begüm seni gôrdüm qalmadi caqlum ogüm kirpik oqin qa�laru"t} yayi atup 1 785 yara urdU"t} gÔ"t}lümü"t} qu,�in ôtüp al beni olam sa"t}a bir qarava� terk êdem yolu"t}a milk ü can ü ba� » dèdi pa�a : « dé ned ür adu"t} ba"t}a ben seni gôrübeni qaldum ta"t}a »
Elle lui dit en soupirant, cette jeune fille : « 0 mon Beg, depuis que je t'ai vu il ne m'est resté ni sagesse, ni raison : les arcs de tes sourcils en jetant les flèches de tes cils m'ont blessée et ont percé l'oiseau qui battait dans mon [cœur 1 Prends-moi, je serai pour toi une esclave, j'abandonnerai p our te suivre mes biens, mon âme et ma vie. »
Le pacha lui dit : « Dis-moi quel est ton nom, 1 790 car en te voyant je suis tout ébloui 1 »
dêdi qiz : « çun ba"t}a tapu"t} qavu,�a adum eydem sa"t}a ben ey padi� a »
« Quand tu auras répondu à mon amour 2, Majesté, lui dit la alors je te dirai mon nom, 0 Padishah 1 » [jeune fille,
dédi : « buni u�lu dêmez ey nigar yoq bizüm dinde l).arama iCtibar
Il dit : « Une fille sage ne dit pas cela, 0 Beauté 1 Dans notre religion l'amour défendu est sévèrement puni
kim uyar Iblise 01 uymi�duru,r 1 795 Celui qui s'y donne " se donne à Iblis celui qui l'accomplit 6 sera brûlé. » �ol ki maq�üda èrer gôymi�d ürür » dédi : « gôymek l).addan a�di ey emir redd édüp qilma beni bor u l).aqir
3.
5,
Elle lui répondit : « Ce que je ressens est plus fort que le feu [de l'Enfer, 0 Emir. Ne m'humilie pas par un refus.
Je ne suis pas en état de supporter la douleur de la sépa.ra yoq qararu,m furqata duymaz ôzüm �abr édemezüm sa"t}a budur sôzüm)) 1 800 je ne puis plus résister, voilà ce que j'ai à te dire 1 » [tion, dédi pa�a : « ey qati yüzl ü nigar nefse uyup sende yoq �abr u qarar (
Le pacha lui dit : « 0 Beauté Effrontée 1 cèdes au désir, tu n'as pas la force d'y résister ?
Tu,
Rubrique : dürligini pour dirligini. Il 1782. P : ne I,lalü"t} I,likayet eylegil ; Ed : ne dürür l). alü"t}. " 1 785. P : qa�larln. " 1790. P : gÔrüben. " 1 792 1 : adum1. " 1794. 1 : yoq bizüm hergiz I,larama i'tibar. " 1795. 1 : uyur. pour uyar " 1797. 1 : l,laddln. " 1798. 1 : I,lor. U 1 799. P : duyman. 1. Yaqut, ( � gr. ù.xl'.W66Ç, « hyacinthe » ), « pierre précieuse )) ; �arl yaqut, « topaze » ; qlrmizl yaqut, « rubis ) ; gak yaqut, « saphir », etc . . . 2 . Qavu�maq, « accomplir l'acte sexuel » ; cf. Ka� gari, II, pp. 102-103. 3. M. à m. « ce qui est défendu n'est pas tenu en considération ». !!arum (contraire de tzalul), Il ce qui
est illégitime, toute chose défendue par la religion ou contraire à la morale ». 4. Uymaq, « se conformer [ à quelque chose ] lI, �eylana uymaq, (1 se laisser tenter et induire au mal D. 5. Iblis ( � gr. at.x�oÀo�), le Diable. 6. Maq� ii.d, « le but » ; au sens figuré : « l'accom plissement de l'amour ».
LE DES TA N D' UM UR-PACHA
1 08
yüri utan Te"t\riden qoyn bizi olma yüzsüz dème bu resme sôzi
»
Va-t-en, aie honte devant Dieu, laisse-nous, ne sois pas sans pudeur, ne parle pas ainsi ! » 1805 En le voyant fâché, la jeune fille se troubla, elle essuya un échec, elle en fut honteuse.
qaqryuban 01 qrz oldr m ünfa fil buldr l).rrman oldr i�inden bacil
Le pacha cacha soh visage dans ses mains et les tenant devant ses yeux, il maudit sa faiblesse.
gômmi� ellerini pa�a yüzine qar�u tutup vèrdi qarr� ôzine
La jeune fille partit, déçue, en regardant derrière elle, 1 8 1 0 remplie de confusion, les larmes de ses yeux coulaient.
gitdi mal}riim olup ardrna baqar bacIetiIe gôzleri ya�r aqar d ün ü gün pa�anu"t\ i�id ür yaza nefse uymayup qnur dayrm ceza
Le devoir du pacha, jour et nuit, est la guerre sainte, en résistant au désir, il doit se punir sans cesse.
nefsi kim yè"t\er yaza èder ulu 01 ebed diri qalur olmaz ôl ü
Celui qui surmonte le désir fera de grandes victoires, il restera éternellement vivant, il ne mourra pas.
. nefsi ba�san pehlivan srn sen qat! 1 8 1 5 Si tu peux étouffer le désir, alors tu es un vrai héros et tu trouveras la gloire dans le royaume de Dieu.. bullsarsrn I:Iaq qrtlnda fizzeti Ce qui apporte aux hommes la calamité, c'est le désir et la puisse Dieu éloigner de nous ces maux ! [passion,
ki�iye qilan bel a nefs ü heva bizden anu"t\ �errini Te"t\ri �ava
Qui pourrait décrire la perfection du pacha ? 1 820 II cherchait ce qui était permis et ne mangeait pas du. fruit [défendu. gëce geçdi çùnkim oldr �ub 0 l).dem La nuit passa, quand arriva le matin turdr dïvan geldi tekfiir anda hem le tekfiir vint le trouver et prit une attitude de respect ; kim dèye pa�a kemalini temam 01 l).alal isterdi yèmezdi l}aram
alors le pacha dit au tekfiir : Tous ces pays se sont rendus à toi d'un bout à l'autre
dëdi pa�a anda tekf iira meger : « tapdr bu ëller tapu"t\a sertaser
«
1 825 et nous pouvons partir en te remettant ton empire ; ta main s'étend sur tous les begs,
giderüz r�marIaruz sa"t\a èl ü"t\ üstün oldr c ümle beglerden el ü"t\ bize gemi çaresin ëtInek gerek ç ün bahar oldr bize gitmek gerek i�bular bu sôz içindeydi meger gel di Istanbul içinden bir baber
»
il faut maintenant que tu nous trouves des bateaux, car le printemps est venu et il faut que nous partions.
»
Tandis qu'ils se disaient ces paroles, 1 830 une nouvelle arriva d' Istanbul,
favretinden geldi tekfiiru"t\ ki�i dëdi : « ey pa�a yavuz ëtdü"t\ i�i
un envoyé vint de la part de la femme du tekfiir 1 et dit : « 0 Pacha, tu as mal agi :
biz senü"t\le yavuz ètmedük niçün kafir ëllerin yrqarsrn d ün ü gün
nous ne t'avons pas fait de mal, pourquoi dévastes-tu les pays des Mécréants jour et nuit ?
dë Domestikosa yavuz êtmesün êyü yrqdr bizi 01 incitmesün
1 835 Dis à Domestikos qu'il ne fasse plus de mal ; il nous a beaucoup ruinés, qu'il ne nous opprime plus.
1801. Gomi� pour gommi� ; on attendrait plutôt : gommi� ellerine pa§a yüzini . I l 1811. 1 : dün gün pa�anuYj i�idi yaza. 1/ 1814. P : diri olur. Il 1818. 1 : Te"t\ri 'ilora. Il 1832. 1 : yavuz étdüYj bizi. Il 1 834. 1 : dün gün.
1. La régente Anne de Savoie, femme d'Andronic III.
109
LI VRE DU D US T URNAME
Cbizüm el ümüzi bize qo' degil alduyi olsun anU7} qaydin yegil
Dis-lui qu'il nous laisse notre pays, nous lui rendrons ce qu'il nous a fait 1, qu'il s'en méfie 21 »
»
genc ü mali bi-l:ladd 01 diler done lik 0 yoqdurur gemi a7}a bine
Il avait des biens et des trésors sans nombre, mais il voulait [rentrer
1 840 et il n'avait touj ours pas de bateaux.
Qaloyan beg anda tekfür oyli hem gemiler gond ürdi eyledi kerem
Alors Qaloyan beg, le fils du tekfur, eut la bonté de lui envoyer des bateaux ;
be� qayiq yêgirmi qadirya gel ür bunlari mal)zün iken burrem qilur
cinq barques et vingt galères arrivèrent, elles dissipèrent sa tristesse et le rendirent j oyeux.
01 gemileri tola�durup meger Merice qoymi�laridi nagahvar
1 845 On fit entrer ces bateaux
dans le Meric, ils accostèrent à l'improviste ;
Dimetoqanu7} o7}ine indiler �aô 0 liq qilup gemiye bindiler
les Turcs descendirent de Dimetoqa et, remplis de joie, montèrent dans les bateaux.
gondürür pa�ayi tekfür evine ta ki gore qarda�larini sevine
Le tekfiir renvoyait le pacha chez lui,
1 850 afin qu'il revit ses frères et se réjouît.
Inoza dek gondürür tekfür ani dondi evine yerini yerini
Il l'accompagna jusqu'à Inoz 3, puis il rentra chez lui tout triste.
çün bular engine dü�üp gitdiler nagahan Izmire bir gün yetdiler
Alors ceux-ci voguèrent au large et arrivèrent un j our à Izmir.
hem tJï�ir beg hem Bahadur beg 1 855 tJi�Ir beg et Bahadur beg vinrent à sa rencontre, gorü�üp birbirine tizzet qilur [gel ür ils se virent, ils s'embrassèrent ; t Isa beg et S üleyman Shah 'arrivèrent aussi, tou,s ceux-ci étaient les frères du pacha.
geldi t Isa beg S üleyman �ah dabi 'kim bular pa�aya dur c ümle abi c ümle pa�adan alurlar armayan buli�up l)asretler oldI �ad 0 man
Il leur donna à tous des présents,
1860 en se retrouvant leur tristesse se changea en joie.
geldi pa�a çIqdI çün Izmire �ad d ün ü gün I:Iaq ôikrini eyledi yad
Quand le pacha arriva tout j oyeux à Izmir, jour et nuit il invoqua le nom de Dieu.
y�ne qarda�lari gitdi yerine verdi bi-l)ad mal anU7} her birine
Ses frères repartirent de nouveau, tout tristes, il leur donna à chacun des richesses sans nombre.
HWace Selmandan i�idildi bu soz yaza katip naql eder 01 yüze yüz
1 865 Ce récit entendu de HWace Selman,
l'auteur l'a transcrit en le rapportant fidèlement 4. Ici les Francs débarquèrent à Izmir, ils livrèrent combat et s'emparèrent de la forteresse du port.
çrqduyr Izmire bundadur lirenk • aldr limonu7} tzi�iirrn qlldr cenk
Di7}le ne vechile d ür bu das 0 tan evvel-abir �erl) eydem ey dos 0 tan 1 840. Ed
:
yine pour bine.
Il 1 843.
Ecoute de quelle manière est composé ce récit : je vous le raconterai avec tous ses détails 6, 0 Amis 1 1
:
pes qaylq.
1 . A lacay l olsun, m. à m. « que (le mal qu'il a fait) lui soit rendu, qu:il lui reste à recevoir ce qu'il a fait » ; « on le lui rendra, il le paiera Il . 2. (Bir §eyin) qaydlnl yemek, "s'inquiéter pour quel que chose. "
1 846. Negahviir pour nagahvar. Il 1866. P
:
yazdl.
3. [noz, Aenos, à l'embouchure de la Maritza. 4. Cf. pp. 31 , 32. 5. Evvel- a/J lr (j.)I\ J' JJ)I\ 0A) « depuis le
début jusqu'à la fin ».
LE DESTAN D' UMUR PACHA
1 10
Parce que le pacha avait dévasté les pays des Mécréants, 1 870 parce qu'il s'était emparé de leurs biens et de leurs têtes [et les avait mis à mal,
ç ünki pa�a yiqdi kafir êllerin mal u ba�in aldi üzdi bellerin c ünile kafirden alup bac u barac qomadï kafir elinde tant u tac
parce qu'il avait prélevé de tous les Mécréants bac et barac et n'avait laissé entre leurs mains ni trône ni couronne ;
Qara Deryaya u Aq Deryaya 01 çoq yazalar eyleyüp çoq a�di yol
parce que dans la Mer Noire et dans la Méditerranée il avait remporté beaucoup de victoires et franchi beau [coup de chemin,
aldi deryadan bir ayliq yol temam 1 875 parce qu'il avait pris de la mer un mois entier de route et avait détruit ceux qui refusaient de lui rendre hommage, urdi kim tapmadisa 01 nik 0 nam [cet homme au bon renom, Arnavud u R üm u Bulyar u Firenk ittifaq etdi derilüp qila cenk vardi Babosa bular feryad êder her ne pa�a etdise anlar yad eder
les Albanais, les Grecs, les' Bulgares et les Francs se coalisèrent pour lui faire la guerre 1.
Ils allèrent trouver le Pape 2 et se plaignirent à lui, 1 880 ils lui racontèrent tout ce que le pacha avait fait.
pes Babos buyurdi kim cemt ola mal qUa pa�ayi bular ta payimal
Alors le Pape décréta de rassembler des biens, afin de détruire le pacha.
her bir iqlime Babos Q. ükm eyledi « din yolina çali�ul} » der sôyledi
Le Pape donna l'ordre à tous les pays : « Mettez-vous au service de la religion », leur dit-il.
1 885 Les uns donnèrent mille florins, les autres cent, bill filuri kimi vêrdi kimi yüz les uns cinq cents, les autres cinquante ou trente ; kimi be� yüz kimi elli kim(i) otuz toldururlar çoq nazayin mal ü genc ta ki vereler pa�aya d ürl ü renc
ils amassèrent beaucoup de trésors, de biens et de j oyaux, afin d'infliger au pacha toutes sortes de maux.
Beaucoup de cottes de mailles, de boucliers, de cuirasses et çoq 0 zirh hem qalqan u çuqal i�iq d üzdiler bi-Q.add oluban müttefiq 1 890 furent fabriqués par ces pays alliés ; [de heaumes hem qiliçlar Q.arbeler hem gürdeler d üzdiler bunlar çeri etmek diler
ils firent aussi des épées, des j avelots et des poignards, , ils désiraient constituer une armée ;
d üzdiler hem çal}ralar hem zenberek oq u yaylar bile qildilar t üfek
ils firent aussi des chancres et des arbalètes, des arcs et des flèches et des t üfeks ;
yonilur qadiryalar çoq eri� ür �ava� alatin d üzenler düru�ür
1 895 ils construisirent beaucoup de galères, les fabricants d'engins de guerre travaillaient sans relâche ;
yaray eylediler üç yil on bir ay ç ün temam oldi çalindi küs u nay
ils se préparèrent pendant trois ans et onze mois et quand tout fut prêt, ils firent sonner tambours et flûtes.
gemilere yoyidi atdad u Q.add Le nombre de leurs bateaux était incalculable, kimse qilmami� kitab içinde Q.add 1 900 personne dans les livres n'a cité tant de bateaux ! �ol Mese Marti ki tutyun idi 01 çiinki tekfür ôldi nagah buldi yol
Ce Messire Marti 3 qui était prisonnier, retrouva sa liberté à la mort du tekfür ;
1 870. 1 : mal vu ba� al dl vü üzdi bellerin. Il 1880. Ce vers est hypermètre. cern' ola mal. Il 1 889. 1 : çoq zlrh qalqan u çuqal u 1�lq. Il 1 8 9 4. 1 : qaldllar. 1. Cf. p. 47, note 10. 2. Le Pape Clément VI (1342-1352).
Il 1 881.
1
:
pes Babos buyurdl
3. Cf. p. 51, note 2 et p. 56, note 1.
LI VRE D U D US T URNAME
111
Babosa vardi çeriye oldi ba� diler 01 pa�ayile qila �ava�
il arriva près du Pape et devint l'un des chefs de l'armée ; il cherchait l'occasion de se battre contre le pacha.
bir bahadir varidi Batra� adi 1905 Il Y avait un guerrier nommé Batra� 1, ba� olur hem Babos a"t}a : « var » dëdi il devint chef, lui aussi, et le Pape lui dit : « Va ! » hem · Mese Piri dabi ba� êtdiler dêrilüp bi-I}.ad çeriler gitdiler her ne adaya kim ëri�di çeri bile gônülerdi 01 ada eri
Messire Pir S fut nommé chef, lui aussi ; ayant rassemblé des troupes sans nombre, ils partirent.
1 910
Dans chaque île par où ils passaient, ils se ralliaient aussi des hommes ;
cern' 0 her millet olur efrengile kimi bô�luyile kimi rencile
tous les pays s'unirent aux Francs, les uns de bon gré, les autres par la force.
Dimetoqadan vêribidi baber qarda�i tekfür 0 dur kim qopdI �er
De Dimetoqa on envoya la nouvelle au pacha, son frère, le tekfür, était dans l'inquiétude .
bildi pa�a kim gel ür çoqluq firenk içleri kin tolu ti�laridi cenk
1 915
Tandis qu'il en lisait la nouvelle, soudain les bateaux appa remplissant le monde de leurs cris de guerre : [rurent
gôrinür bu sôzdeken nagah gemi toldurup avaz-i yavya calemi gemilerü"t} kimisidi Rodosul} kimi Babosu"t} kimi Iyribosul}
Le pacha apprit que venait une multitude de Francs, que leur cœur était plein de haine et qu'ils apportaient la [guerre.
1 920
les uns appartenaient à Rhodes, les autres au Pape et les autres à Iyribos
3.
birayup lenger qamusi çekdi �af lJaq teCala bunlari qila telef
Jetant l'ancre, ils se rangèrent tous en ligne de bataille puisse Dieu le Tout Puissant les anéantir 1
vëribir üç oqi Batra�-i latin I}a�ret-i pa�aya tolu kibr ü kin
Batra� le Maudit lança trois flèches 4 à son excellence le pacha, remplies d'arrogance et de haine ;
dëdi : « sa"t}a ururam üç oqlari hem senii"t}le ôld ürem ben çoqlari » bu dabi üç kesme gôndürdi a"t}a dèdi a"t}a : « buyise qal?du"t} ba"t}a
1 925
il lui dit : « Je te lance trois flèches et je tuerai avec toi beaucoup de tes hommes 1 » Mais le pacha lui envoya trois traits 5 et lui dit : « Si c'est cela ton intention envers moi,
1905. Ed : Batras. Il 1 907. Mese Marti : il faut vraisemblablement lire Mese Piri . lardl. Il 1916. P : içleri kin tolu u tl�laridi cenk. Il 1 920. 1 : Iyribosusu"t}. 1. Henri d'Asti, patriarche (<< Balra, D ) latin de Constantinople depuis le 24 novembre 1339, l'un des chefs de la Croisade ; cf. J. GAY, Le Pape Clément VI, p. 33. 2. Le texte porte « Messire Marti D, mais c'est probablement une erreur, car il a déj à été cité au vers 1 901 ; il doit s'agir du troisième chef de la Croisade u Messire Pir » dont le nom apparaît aux vers 2018, 2075 : Messire Pierre Zeno (cf. p . 69, note 2) était le chef des galères vénitiennes durant la croisade de 1344 contre Umur pacha : cf. J. GAY, op. cit. , pp. 37 et s. 3. A cette croisade participèrent Venise, Gênes, Hugues IV roi de Chypre, les Hospitaliers de Rhodes et le duc de Naxos, Nlcolo II Sanudo ; d'après J. Gay,
Il 1 910.
1
:
bile qonar
la flotte des Chrétiens comprenait 24 navires et peut être davantage ; cf. J. GAY, op. cit. , pp. 33 et s. ; A. SURYAL ATIYA, The Crusade in the Later Middle A ge, pp. 290 et s. 4. Chez les anciens Turcs , l'envoi de la flèche avait la valeur symbolique d'une invitation ; la preuve philologique en est donnée par l'emploi du verbe oqumaq dans le sens d' « appeler, inviter » ; cf. Osman TURAN, Eski T ürklerde Okun Hukuki bir sembol olarak Kullanllmasl, dans Belleten, IX, Ankara, 1 945, pp. 305-318. Mais ici il ne s'agit que de ' messages envoyés d'une armée à l'autre. 5. Kesme (kesmek, couper), flèche grande et large ; cf. Ka�gari, 1, p. 434.
1 12
LE DES TA N D' UM UR-PACHA
i�bu üç kesmeyle üçü"t)üz uram I:Iaq buyursa ben sizi b�am qiram» 1 930 - . ' .. mlr-l D un d ar a"t)a d e d'1 0 1 zeman : « Ie�keri\miiz yoq bizüm ey kam o ran
avec ces trois traits je vous frapperai tous trois, et si Dieu le permet, c'est moi qui vous vaincrai et vous [tuerai 1 » L' emlr , . D un " d ar - lul' dl't a1 ors : « Nous n'avons pas d'armée, 0 Fortuné 1
iste kim qarda�laru"t) vêre çeri gele Tireyle Ayasoluy eri »
Demande à tes frères de nous donner des troupes et d'envoyer les hommes de Tire et d'Ayasoluq. »
·
qaqldi 01 sôze pa�a-i cihan kimse dafvet eylemedi 01 zeman lenger üzre gêce yatdi çun fad li �ub 0 1}.dem y üridi çalindi boIU cümle limon qaresine êri�üp ani almaq dilediler durü�üp
1 935 A ces mots il se fâcha, le pacha du monde,
il n'appela alors personne à son aide.
L'ennemi passa la nuit à l'ancre, au matin il marcha, il sonna les trompettes ; ils arrivèrent tous à la forteresse du port
1 940 dont ils voulaient essayer de s'emparer.
çiqdi pa�a qareden çun �ub 0 l,ldem borular ôter gôtürildi falem ,
Quand au matin le pacha sortit de la forteresse, les trompettes sonnaient, les étendards furent hissés,
gôge çiqmi�di iki le�ker üni �anasan qopdi qiyamet 01 güni
le vacarme des deux armées montait j usqu'au ciel, on aurait cru que c'était le j our du Jugement Dernier.
atilur çat çat êd üp bi-1}.ad t üfek I?anki yaymur ça"t)rayile semberek yüriyüp çunkim firenk êtdi hücüm Türk uzun oqlar alup eyledi h lim dônd ürürler de"t)ize qaçdi gerü çalinur klis U naqara li boru
1 945 On tirait des t üfeks sans nombre qui faisaient : « tchat tchat »,
chancres et arbalètes jetaient des traits comme pluie ;
quand les Francs marchèrent à l'attaque, les Turcs en jetant de longues flèches les obligeaient à se replier vers la mer et à prendre la fuite.
1 950 Les tambours, les timbales et les trompettes sonnaient.
gôr ki bu gez nice qildilar yan1i kôke külegine a�dilar kimi
Mais vois, quelle tristesse : ils pendirent des gens aux hunes des coques 1
01 gemiye ta� u ya,raq 1}.addi yoq
Dans ces bateaux il y avait infinité de pierres et armes, d'en haut on jetait beaucoup de flèches et de pierres,
yuqarudan oq u ta� i�ledi çoq
gôkden atilurdl ta� ü semberek nitekim ça"t)ra oqiIe tüfek anI çare bulmadilar urmaya hem meded olm�dI anda turmaya ç ün firenk atar ururdI ademi bunlar aticaq uru,rdI ademi
1 955 du ciel pleuvaient des pierres et des traits d'arbalètes,
les chancres lançaient des flèches et on tirait des tüfeks.
Ils ne trouvèrent pas le moyen de les atteindre et ne reçurent pas de secours pour leur résister. Quand les Francs, tirant sur eux, les tuaient,
1 960 à leur tour, ils tiraient et les tuaient aussi,
ç ün qa�a gôkden êri�ürdi ere ya Hüoa i�i uclna kim êre
mais lorsque c'est du ciel que le malheur descend, qui pourrait pénétrer les raisons du Seigneur ?
qodIlar qareyi ta�ra çlqdIlar qoyulur kafir içerü çoqdIlar
Ils abandonnèrent la forteresse et l'évacuèrent, les Mécréants s'empressèrent de s'y installer.
1 929. P : le mot üç est ajouté en marge. Il 1 931 . 1 : mirdi Dündar. Il 1947. yüriyüp çünkim hücum ëtd i firenk. Türk uzun oqlar alup eyledi hum ; 1 : sous les mots hücüm e t lirenk sont respectivement ajoutés les mots te'!!:ir et taqdim demandant l'interversion des deux premiers termes ; Ed (en note) : yüriyüp çünkim hücum ëtdi firenk. Türk uzun oqlar atup eyledi cenk. Il 1955. Semberek pour zemberek. Il 1961. 1 : le (' de gokden est omis .
113
LI VRE D U D US T URNAME
a�aya inmi�idi pa.�a meger gôrdi limon qaresinde qopdi �er
1 965 Le pacha était descendu, il vit que dans la forteresse du port régnait la confusion : les Francs y étaient entrés et en avaient fermé la porte, il n'y avait pas moyen de leur faire assaut 1 .
qapu baylar qareye toldl firenk çare yoqdur varuban qllmaya cenk tutdl pa�a aU dizginin bir er 01 El}ad �uba�iyidi nam 0 ver
Un homme saisit la bride du cheval du pacha, 1 970 c'était E l}ad �uba�l, cet homme au , bon renom,
dêdi : « gelgil gidel üm ey nik 0 nam �imdiden don geIÜ bu i� oldl temam »
il lui dit : « Viens, allons-nous en, 0 Glorieux 1 retourne maintenant, car il n'y a plus . rien à faire. »
yayrete dü�er pa�a gôyner ôzi 01 i�içün qanlu ya� toldl gôzi
Le pacha sombra dans le désespoir, le chagrin le consumait, . ses yeux se remplirent de larmes de sang 2,
gôge yüz tutdl dêdi: «ey Perverdigar 1 975 il leva ' son visage au ciel et s'écria : « 0 Créateur, dabi bizi qllmaml�du� b war u zar jamais encore Tu ne nous as tant humiliés 1 J'ai conquis beaucoup de pays, j'ai pris beaucoup de forte[resses, combien de victoires j'ai remportées en Ton nom,
çoq êl açup qareler alml�ldu m yolu�a nice yaza qllml�ldum
ba�a êrmemi�idi hergiz elem le malheur ne m'a jamais frappé, neyleyem ç ün bôyle yazml�dl qalem » 1 980 mais que puis-je faire puisqu'il en a été écrit ainsi ?
»
dêdiler : « kafir êrerken çoq ceza biz çekerd ük ü� yêre geldi yaza
On lui dit : « Nous avons été bien punis par le succès des l'honneur de la guerre est perdu 1 [Mécréants,
�imdi I:Iaq yonna qlllc uralum vêre kuvvet I:Iaq cad üyl qlralum » 1 985 f,atlu ml var �o�i olmadl aei varml bô�luq ya,tlu olmaya uei
Brandissons maintenant notre épée au service de Dieu et puisse Dieu nous donner la force de vaincre l'enneini · 1
gül dikensüz varmldur kim �olmaya varml bir ay qara�usl olmaya
y a-t-il une rose sans épines et qui ne se fane pas, y a-t-il une lune qui ne s'obscurcisse pas ?
D
Y a-t-il une chose douce qui n'ait pas une fin amère, y a-t-il une joie qui ne finisse pas dans la tristesse,
gün ki c ümle nüra �ndan fetl}-i bab Le jour qui est entièrement baigné de lumière, y üzini ôcter anu� gelse sal}ab 1 990 si un riuage survient, son visage se voile. C 'est Dieu le Tout Puissant qui arrange toute chose, her i�i Allah teCaladur d üzen C alemi oldur yapan dabi d üzen c'est Lui qui fait le monde, c'est Lui aussi qui l'ordonne. I:JI�lr beg dabi S üleyman �ah gelür dabi c Isa beg çeri bi-l}add olur a��1 ne çün Ba�ra olml�dl barab geçdi dügün niye gerek quru qab 1 972. 1
:
Hi�lr beg et Süleyman Shah arrivèrent, ainsi qu".Jsa beg 3, l'armée devint innombrable, 1 995 mais à quoi bon, puisque Ba�ra est en ruines ? 4 Quand les noces sont passées à quoi servent les plats vides ?
�imdiden gerü. Il 1976. 1 : b or u zar. � 1 980. Neyleyem pour ne eyleyem. 11 1996. 1
1 . . Izmir fut prise d'assaut par les Chrétiens le ' 28 octobre 1344. Um ur pacha, arrivant trop tard avec le gros de ses troupes, essaya vainement de la reprendre : J. GAY, op. cil., p. 40 ; A. SURYAL ATIYA, op . cit. , p. 294. 2. Qanll ya� , chez les anciens Turcs il était d'usage de se taillader le visage avec un couteau, en signe de deuil, pour faire couler le sang avec les larmes ; cf. ST. JULIEN, Documents sur les Tou-Kiue, JA, I I I, 1.
MELIKOFF-SAYAR
:
niye gerük
1 864, pp. 333-334, 352 ; l'expression qanll ya� , « larmes de sang Il, vient probablement de cet usage. 3. Le troisième fils de Mel}med beg, Ibrahim Ba ha dur, n'apparaît plus dans le texte ; il est vraisem blablement mort avant octobre 1344. 4. BatiJ.-i harüb-i Ba�rü, « après la ruine de Ba�ra Il (Bassorah) ; proverbe cité quand quelque chose arrive trop tard.
LE DESTAN D' UM UR PACHA
114
Les gazis tombèrent sur cette forteresse, ils s'y amassèrent comme des abeilles et la criblèrent de [flèches ;
yaziler 01 qare üzre d ü�diler aru gibi oq atuban ü�diler sôz ôkü�dür manciniq atdi yuzat on sekiz batman ta� ata,rdi o"lat
les paroles sont superflues, ils firent marcher les mangon1 de pierres. [neaux
2000 et y jetèrent di �-huit batman
Mayrebi geldi hem anda bir cAreb kiçirek bir manciniq êtdi taceb
Un Maure arriva, un Nègre, il construisit un petit mangonneau étonnant
ne gemi qodi ne bu.ryos burd êder Qaddi yoq anda firengi mürd êder
il ne laissait ni bateau, ni tour, il mettait tout en pièces, on ne pouvait compter les Francs qu'il tuait.
hem firenk atdi qayiqda manciniq 2005 Les Francs dans les barques tiraient les mangonneaux, les barques avan çaient tou,t en jetant des pierres ; ataridi ta�i yürürken qayiq avec son mangonneau le Nègre les détruisit et mit toutes les barques en pièces.
bozdï ani manciniyile tArep dabi uvatdi qayiqlarini hep Qara Buyranu"l içinden nice ta� kafire atdilar êtdiler �ava�
Avec ce petit mangonneau
2
combien de pierres
201 0 furent jetées contre les Mécreants,
anu"lile qat! olur nice firenk cenk êdemez oldi kafir qaldi deD;k
. et par lui combien . de Francs furent tués, les Mécréants en restèrent hébétés et ne purent plus combat [tre.
gôrdi ç ün Batra�-i mer un 01 i�i turmayup atar becidd bunlar ta�i
Quand Batra� le Maudit vit comment tournaient les choses, comment (les Turcs) jetaient des pierres avec ardeur,
çün bular on g ün qayalar atdilar biri birine firengi qatdilar
201 5 et qu'ayant, dix j ours durant, lancé des rochers,
les Francs se trouvaient dans une grande confusion,
ç ün �aba l.t oldi y üridi 01 çeri 01 Mese Martidi ô"ldeki eri anu"l ardinca Mese Piri y ürür çiqdi kafir baQr-i qira"lin b ürür
alors, un matin, l'armée franque au devant venait Messire Marti,
se
mit en marche
derrière lui venait Messire Pir ;
2020 les Mécréants sortirent et couvrirent le bord de la mer ;
puis vint Batra� le Maudit, tout imprégné de ruse au dehors et de haine au dedans : , il portait sur sa poitrine une grande croix en argent ; ils brandissaient un morceau de bois avec un mort dessus :
yüridi hem �O"lra Batra�-i latin ta�i tolu mekir içi tolu kin bir g ümi� baçi var ô"lince ulu gôtürürler tabta üstinde ôlü
» dêr 2025 cette chose inerte, inanimée, ils l'appellent Dieu, ils l'ado, [rent, [tapar c ar 0 suz c ümlesi 1:Iaq yoldan �apar tous ces éhontés ont perdu la voie du Seigneur !
camide cansuza « Te"lri [ d ür]
2024. P : gôtürürler tabta � an ôIü ; 1 doute à supprimer.
:
gôtürürler tabt üstinde 61ü .
1. Ba/miin, mesure de poids (Ka� gari, l, p. 444), variant selon l'endroit et les marchandises à peser ; d'après M. Z. PAKALiN, Osmanll Tarih Deyimleri . Sozlügü (s. v. balman), il pèse de 2 à 6 oqqa (l'oqqa pèse un peu plus d'un kilo) ; ici il doit s'agir d'un poids beaucoup plus lourd. 2. Qara buyra, « chameau noir », espèce de man gonneau qu'on trouve mentionné dans les textes
Il 2025. Vers hypermètre : -dür est sans
persans et arabes depuis le XIIIe siècle ; K. Huuri le ' décrit comme étant une grosse catapulte, mais le Destan d'Umür pacha contredit cette définition, puisque le Maure avait construit « un petit mangon neau » bien redoutable ; cf. K. HUURI, Zur Geschichte des Mittelalterlichen Geschützwesens aus Orientalischen Quellen, p. 132.
LIVRE D U D US T URNAME
1 15 Les Francs envoyèrent au pacha un message, « Pourquoi nous fais-tu la guerre ? lui disaient-ils,
bir gaber pa�aya gôndürdi firenk « nice qilasin bizümle dêyü cenk kim senü� Te�rü�dürür bir bizüm üç hem biz üç üz cerne olupdur bizde [güÇ »
2030
tu n'as qu'un Dieu, nous en avons trois 1 et nous sommes trois aussi, la force est avec nous. »
dêdi pa�a : « birdürür ulu Çalap biz qiluruz nü�reti andan (:.alep
Le pacha leur répondit : « Il est unique, le Dieu Tout Pu,is c'est de lui que nous implorons la victoire ; [sant,
putdan istersiz talepsüz nü�reti nefCi yoqdur bir quyumci aleti »
vous, c'est en vain que vous demandez à une idole la victoire ; car il n'y a pas de bénéfice à espérer d'un engin d'orfèvre 1 »
�ub 0 \Idem aCda gêyüp saz ü selep b ürüme çuqal u cev�end ür cacep
2035 Au
matin les ennemis revêtirent cuirasses et armes ; leurs harnachement 2, leurs cottes de mailles étaient étonnantes leurs gantelets, leurs brassards, leurs cuissards et leurs le tout reluisait et étincelait de lumière ; [heaumes,
ellik ü qolliy u butliq hem i�iq hep m ü�ayqal çevre vêrürdi i�iq zemberek gôt üren ô"tlince gider ça�ra oqi �o�ra andan cazm êder
2040
ceux qui portaient les arbalètes venaient devant, ceux qui portaient les chancres et les flèches suivaient,
l}.arbe vü qalqan gôtüren \Iaddl yoq qilic ü kürde gôtüren anda çoq
ils étaient en nombre infini à porter javelots et boucliers, et nombreux étaient ceux qui portaient les épées et les poi[gnards .
çalinup k fis u naqara vü boru çiqdi deryadan qamu qildi yuluv
Les tambours, les timbales et les trompettes sonnaient ; ils surgirent tous de la mer et firent l'assaut 3 ;
gô z açup yuniinca êrer bandaqa od gôtürmi� mancinIq ister yaqa
2045
en un clin d'œil ils atteignirent le fossé 4, ils apportaient du feu pour brûler les mangonneaux ; ils mirent en action . de très longues haches et abattirent toutes les balustrades dans le fossé ;
çoq uzun baltalarile çekdiler bandaqa cümle metrisi dôkdiler
Qara Buyrayi firenk oda urur yafil olmI� Türk Iraq yêrde turur
tandis que l'armée turque combattait sur place, toute l'armée franque franchit le fossé et surgit sur l'autre [bord ; ils mirent le feu au petit mangonneau 5, les Turcs, surpris, étaient loin en arrière ;
derim ev var qizil u qara vü aq anlarl hep yaqdi c ümle ittifaq
il Y avait là des yourtes 6 rouges, noires et blanches, le tout brûla d'un seul coup.
turuban cenk êderiken T ürk eri c ümle bandaqdan a�up çiqdI çeri
erdi bôlük bôlük olup yaziler c ümlesi binmi�di esp-i taziler
2028.
1:
2050
/'
2055
Les gazis arrivèrent troupe par troupe, ils étaient tous montés sur des chevaux arabes :
nice qllasln dëyü bizümle cenk. Il 2043. 1 : le '"':' de çallnup est ajouté sur un .J Il 2048.
1. Le culte de la Trinité apparaît aux yeux des Musulmans comme un , polythéisme. 2. Bürüme çuqal : b ürüme « enveloppant )l, de b ürümek « envelopper, couvrir )l ; çuqal « armure de cheval ». 3. Cette sortie des Latins eut lieu le 17 janvier 1345 ; ils essayèrent de détruire les machines de siège des Turcs ; cf. J. GAY, op . cit., p. 56 ; A. SURYAL ATIYA, op . cil. , p. 295.
1
:
meteris.
4. Cf. p. 51, note 1 . 5 . Cf. p. 1 14, note 2. 6. Derim ev, tente en feutre à armature de branches rappelant la yourte mongole, mais plus petite, habi tation semi-sédentaire qui existe encore comme habitat des tribus yorük dans le Taurus ; une tente de ce genre se trouve dans la section folklorique du Musée d'Adana.
LE DES TAN D' UM UR PACHA
116
il y avait là le vizir de Bi�ir beg, Arslan, avec, à son côté, son fils, Toyan ;
I:Jl�ir beg geldi veziri Ar 0 sIan bile yaninda anuYl oyli Toyan geldi hem BWace I:Iasen oylanlari Bed 0 rdinile CAli Mardanlari
il y avait aussi les fils de BWàce I:Iasen,
2060 Bedreddin et CAli Mardan ;
il y avait aussi El}.ad beg, S üleyman et I:Iasen,
hem E l)ad beg hem S üleyman [hem I:Iasen cümle bunlar cenk qiIur di1}le sen hem Bi�ir beg dabi Isma'il beg c ümle pa�a bi�mi çoq qatl oldi seg dabi Cuya $uba�i hem qarda�i 0 d ür anU1} i�i
01 Ijasen beg ceng
ils combattirent tous ; écoute-moi bien. II y avait aussi Bi�ir beg et Isma'il beg, ils étaient tous les parents du pacha ; ils tuèrent beaucoup [de chiens ; 2065 il y avait aussi Cuya $uba�i et son frère, ce Ijasen beg dont la guerre était le métier. II y avait à Izmir une grande église 1, elle était devenue une litière à bœufs toute remplie de fumier;
bir kilise vardur Izmirde ulu
01 �iyir yatayidi gübre tolu
Batra� anda varuban girmi�idi mezbele olmi� ani gôrmi�idi
Batra� en arrivant y était entré,
2070 il avait vu qu'elle était devenu.e un dépôt d'ordures ;
demi� a1}a : « yardim ederse1} ba1}a , çoq �m qandili altundan sa1}a »
il lui avait dit : « Si tu me viens en aide, je te suspendrai beaucoup de candélabres d'or.
Türk ayayindan süriyüp bi-aman 01 kiliseye qoyarken verdi can
Un ,Turc le traînant par les pieds sans merci, le mit dans cette église où il rendit l'âme ;
hem Mese Piri dabi bir Türk eri �oydi s ürürken ç ürimi� deri dedi pa�a : « 01 üçini getürü1} gôreyin anlari bunda getürü1}
2075 Messire Pir, lui aussi, un Turc
l'écorcha, sa peau pourrit.
Le pacha dit : « Apportez-moi ces trois apportez-les ici que je les voie. )
»
getürüp üçin dabi tuzladilar qoydilar tàb üta hem gizlediler
J)
là,
.
On lui apporta tous les trois, on les couvrit de sel,
2080 on les mit dans des cercueils et on les cacha.
çoq qayiq geldi ôl üler �atdilar ç ün �inuban ellerine gitd.iler
Beaucoup de barques vinrent, on vendit les morts quand, vaincus, les Mécréants regagnèrent leur pays.
l}.addi yoq buldi yanimet 01 çeri toyum oldi yayet anda Türk eri
II n'y avait pas de bornes au butin que trouva l'armée ; les soldats turcs en furent rassasiés.
toldi kàfir elleri zàr ü fiyàn M üslimànlar c ümle oldi �àd
0
man
2085 Les pays des Mécréants se remplirent de lamentations,
tandis que tous les Musulmans se réjouissaient.
qalCede kàfir durur epsem qamu ne çlqar ta�ra. ne ôtd ürür boru 2060. Bedrdin pour Bedreddin. Il 2068. 1
Dans la forteresse les Mécréants se tenaient coi, ils ne sortaient pas dehors et les trompettes ne sonnaient plus. :
güben pour gübre . .
1 . Les Chrétiens, après avoir brillé les machines de guerre et remporté une victoire s ur les Turcs, se rendirent dans l'église de Saint-jean-Baptiste qui se trouvait non loin de l'acropole, où Henri d'Asti, patriarche latin de Constantinople, fit un service reli gieux célébrant leur victoire. Mais les Turcs, cachés dans les broussailles et les ruines qui couvraient la
plaine, surgirent et taillèrent les Chrétiens en pièces ; le patriarche, Martin Zaccaria, Pierre Zeno et une quarantaine de chevaliers et gentilshommes, parmi lesquels Adolphe Fleur de Beaujeu, trouvèrent la mort ; cf. J. GAY, Le Pape Clément VI, pp. 56 et s. ; DELAVILLE LE ROULX, Les Hospitaliers à Rhodes, p. 95 ; N. JORGA, Philippe de Mezières, pp. 41 et s. '
117
LI VRE D U D US T URNAME
Le Maure construisit de nouveaux mangonneaux, 2090 il fit de nouveau abattre beaucoup d'arbres ;
manciniq 01 Mayrebi d üzdi yine çoq ayaçlari kesüp bozdi yine
Eretna 1 envoya aussi deux hommes, deux artisans spécialisés dans la construction des mangon[neaux. 1 de nouveau de mangonneaux Le pays se rempl't et l'ennemi subit une vengeance sans bornes.
hem Eretna gondüIÜpdür iki er mandniq i�i iki ehl-i h üner yine 01 uç mancïniq oldi temam bW?ma andan bï-I)add oldi intiqam
2095 Quand les mangonneaux entraient en action, les Mécréants quand ils leur jetaient des pierres, [sonnaient les cloches 2 ;
manciniq atilsa el urur ça"tla yacni bunlar ta� atilduyin a"tla çünki ta� atilsa qaçardi firenk gotin açar Türke dayim gebr-i lenk
les Francs prenaient la fuite. Il y avait parmi eux un païen boîteux 3 qui montrait toujours [son cul aux Turcs, un jour qu'il le montrait à nouveau, 2100 une grosse pierre vint soudain s'abattre sur son cul
gotini yine açarken nagahan gôtine toqundi bir seng-i giran �uya d ü�di qaldi anda 01 pelid çiqdi cani ôldi inansuz qadïd
et le projeta dans l'eau, ce salaud, il y rendit son âme, ce chien sans foi 1 4
qayïq içre buryos êtdi uru�ur oq atar kafir kemerde dür ü�ür
Dans une barque un Mécréant avait fait une tour, il se bat caché sous une arche il jetait des flèches, [tait,
mancinïq anï urur bir gün yïqar 2105 un jour un mangonneau le frappa et le tua et les Turcs brûlèrent ce bateau avec du, naphte naftile Türk 01 gemiyi hem yaqar dêdiler qirïlup ü�enmez firenk nice ônegü lacïnler i�i cenk
5
On raconte que même vaincus, les Francs ne se lassent pas, tellement la guerre est le métier de ces maudits entêtés 1
Bunda Ba bosdan gelür Torfïl firenk qatï daCvayile ta eyleye cenk
Ici le Pape envoya Torfil 6 le Franc avec de grandes prétentions, afin de faire la guerre.
Ils écrivirent alors une lettre de lamentations, 2 1 1 0 ils y mirent beaucoup de mots et l'envoyèrent au Pays des [Francs. 01 bitiyi Babosa ilt ür firenk Ils firent parvenir cette lettre au Pape, qatï feryad etdi Babos qaldï denk ils se plaignirent tellement que le Pape en fut hébété.
I�buIar feryad name yazdilar pes firengistana çoq sôz d üzdiler
1. Erelna ou Erlena ('Ala'eddin Eretna), émir uyyur que Temürta�, gouverneur mongol d'Anatolie, laissa à sa place quand l'exécution de son père, Emir Coban, révolté contre l' Ilkhan Abii Sa 'id, l'obligea à fuir en Egypte en 1327 ; en 1 34�, Eretna vainquit le fils de Temürta�, K üçük �eyh l;Iasen, et se fonda un royaume dont les centres furent Sivas et Kayseri ; Eretna était un homme très lettré, vénéré par le peuple d'Anatolie ; son sens de justice et sa barbe rare lui ' valurent le surnom de Kose Peygamber, « prophète à la barbe rare » ; il mourut en 1 352 ; cf. 1. H. UZUNC, Osmanll Tarihi, p. 10 ; ZEKI VELIDI TOGAN, Umumi Türk Tarihine Giri�., 1, pp. 233 et s. '
2. M. à m. : « la main frappait les cloches » ; les Chrétiens, effrayés par l'attaque des Turcs, se pres saient dans l'église. 3.
Gebr-i leng,
Il
païen boiteux
Il ;
terme d'injure.
4. Inanslz qadid, terme d'injure ; qadid, viande coupée en forme de lanières et séchée au soleil, nour riture des nomades ; au sens figuré : « vieux, déchi queté, n'ayant que la peau et les os. Il 5. Naphte, le feu grégeois était appelé « naphte » par les Orientaux ; d'après E. Quatremère, après avoir désigné une sorte de matière bitumeuse, le mot « naph te » fut employé pour désigner la poudre et les pièces d'artifice dont elle est la base ; R. Dozy, Supplément aux Dictionnaires Arabes, s. v. ..la.A; et JI.,;j ; sur
la manière de préparer le naphte et son emploi pour lancer le feu, cf. J. T. REINAUD et 1. FAVÉ, Du feu grégeois, etc ... , J.A., 1 l, 1 849, pp. 262 et s. ; Cl. CA HEN, Un traité d'armurerie composé pour Saladin, pp. 1 45-148 ; M. MERCIER, Le feu grégeois, Paris 1 952, pp. 42 et s. 6. Le Dauphin Humbert II, duc de Viennois.
LE DES TAN D' UMUR PA CHA
1 18
dêdiler : « 01 Türke turmaz ejdeha kimse cenginden anu'll bulmaz reha bilemezüz 01 demür mi ya qaya kiinse bulinmaz a'lla vara qiya yalu'lluz at dep üben f?ir le�keri cengine turmaz . anu'll div ü peri ey nice beglerü'll 01 kesdi ba�in hem bit ürdi 01 Mese Marti i�in
Ils lui disaient : « Même un dragon ne pourrait tenir tête à personne à le combattre ne trouve de salut ; [ce Turc, 21 1 5 nous ne savons : est-ce du fer, est-ce un roc ? Il n'y a personne qui puisse le tuer ; quand tout seul il éperonne son cheval, il écrase toute une armée , ni div, ni peri 1< ne pourrait lui résister ; o de combien de begs a-t-il coupé la tête, 2120 et c'est lui aussi qui a fait son affaire à Messire Marti :1 J
01 firengistan êlin yiqdi temam
R iim êlin Ü'll çoqi oldi a'lla ram
II a dévasté tous les pays des Francs et la plupart des pays grecs se sont soumis à lui.
ôzi tolu kin ü gozi qanlu ya� bulicaq kimseneye vêrmezdi ba�
Son fond est plein de haine et son œil verse des larmes de sang, il n'épargne aucun de ceux qu'il trouve,
oqina duyamaz zirh cev�en çuqal gürziyile t alem oldi pay 0 mal
2125 sa flèche perce sans trêve armure, cuirasse et cotte 3 et sa masse d'armes a broyé Yunivers !
ta�dan eyder SÜ'll üsi anu'll güoer yaqdi m ülki qiliç odindan �erer »
Sa lance traverse la pierre et les étincelles de son épée ont brûlé le pays r
Babosa ç ün name vardi oqidi c ümle iqlim ü'll qltina oqldI
»
Quand le Pape reçut la lettre, il la lut 2130 et il la Iut aussi à toutes les parties de son empire :
Engürüs dabi firengi bi-� ümar c ümle begler l}.a�ir oldi nagahvar
des Hongrois et des Francs sans nombre et tous les begs furent présents en un clin
oqidi name'i i�itdi qamu bu cihan gozlerine oldi tamu
tous lurent cette lettre et tous en prirent connaissance et, aux yeux de tous, ce monde apparut comme un enfer.
d' œil
;
dêdi Babos : « kim ola sizden varan 2135 Le Pape leur dit : (( Qui donc de vous ira tirer contre lui son épée ? » qar�u turuban a'lla qiliç uran » beglere çün bu sozi qildi bitab tinmayup kimse a'lla vêrmez cevab yine Babos 01 sozi tekrar êder kimse tinmaz anlara inkar êder
Quand il eut dit aux begs ces paroles, personne n'y donna de suite, personne n'y donna de réponse. Et le P�pe répéta ses paroles, 2140 personne encore ne souffla mot ; il les renia.
turugeldi aradan bir er qati gôtürürdi elde arpayle aU
Alors survint un homme robuste : il soulevait dans sa main, avec Yavoine, le cheval ' ;
bir latin kim çavi tolmi�dur cihan kàfir içre oldi 01 gey pehIivàn
c'était un maudit dont la renommée avait rempli le monde, il était parmi les Mécréants un guerrier va.illant.
dêdi: «benanda varam od yayduram 2145 Il dit : « C'est moi qui irai, qui allumerai le feu du combat ; çün ayir gürzüm yuqaru qalduram quand je lève ma lourde massue, 2118. 1 : cengine durmaz anu'll div peri. 1/ 2121 . 1 : firengis1an élini. 1/ 2124. P : bullcaq kimseneye vèrmez aman. Il 2130. iqlimin pour iq1imü'll . Il 2131. P : firenk. Il 2134. 1 : le .J de gozlerine est omis. 1/ 2141. 1 : turdl geldi. Il 2144. P : oldl gey pehlivan.
1. Div, peri, génie et fée. 2. M. à m. : « il a terminé l'affaire de Messire Mar tin » ; l'expression birisinin ifi bitirmek signifie « tuer quelqu'un » (français : « lui faire son affaire »).
3. M à m. « armure, cuirrasse, et cotte de mailles ne peuvent supporter sa flèche » . 4 . Il était assez fort pour soulever, non seulement le sac d'avoine que mangeait le cheval, mais encore l'animal par-dessus le marché 1 . . . ..
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LI VRE D U D US T URNAME
ger qaya olsa a"'la gürz ind ürem qum ed üben ben ani uvanduram
même si je l'abats sur un rocher, je le mets en poussière, je le brise en miettes ;
ôgredem 01 Türke �ava� oynuni j'apprendrai à ce Turc le jeu de la guert:e, baylayup bunda gôtürem boynuni 2150 je le mettrai dans des chaînes et je l'amènerai ici. vergil 01 pa�a elini sen ba"'la ta ki varam gônelem andan ya"'la
Mais toi, donne-moi le pays de ce pacha, afin que je me
J)
bir berat aldi d üzer Torfil yaraq çoq azuq buyurdi kim yoldan uzaq �atuban yegirmi ulu qare 01 le§kere üle�d ürüben tutdi yol i�idür pa�a gelen Torfn 0 dur sant 0 l).arbi gôvdede �an fil 0 dur
Torfi! reçut un privilège, il fit ses préparatifs, il se fit apporter beaucoup de vivres, car sa route était longue ; 2155 il vendit vingt grandes forteresses, il distribua l'argent à son armée et se mit en route 1. Le pacha apprit que c'était Torfil qui venait, que c'était un rude guerrier, son corps était d'un éléphant.
Quand il combattait son visage n'évitait pas les épées, yüzi dônmez tiy 0 dan qildiqça cenk 2160 devant lui fuyaient dragons et panthères, qaçar andan ej dehayile pelenk her firenk ü gebre 01 itlam êder der
elli qadiryasl var otuz qayiq quduz it gibi tO"'luzlari qiyiq balq 0 bildi kim gelen TorIil 0 d ür ba�mile yürür i�i tatcil 0 d ür ey 0 1 gibi gel ür anu"'lla çeri sd gibi qizarlar andan Türk eri çavi gelmi�di bir a,ydan Ô"'l anu"'l sôzi anu"'l tti§meti benüm senü� l
il avait appelé à lui tous les Francs et tous les païens et l'armée qu'il avait rassemblée aurait donné l'assaut à [l'univers. Il avait cinquan te galères et trente qayiq et ses porcs sans foi étaient comme des chiens enragés 1 2 2165 Le peuple apprit que c'était Torfil qui venait, il marchait avec colère, il se pressait, avec lui venait son armée semblable à un torrent, et la colère enflamma les guerriers turcs. Sa renommée l'avait précédé d'un mois, 2 1 70 on parlait de sa fureur à tout venant 3.
dedi pa�a : « bize Te"'lri yar ola bize cavn eyleye Toriil zar ola »
Le pacha dit : « C'est Dieu qui sera notre ami, c'est Lui qui nous aidera à vaincre Torfil. »
geçdi bunu"'l üstine bir nice ay geldi Torfn nagah ôtdi kerre nay
Là dessus plusieurs mois passèrent, Torfil arriva soudain, un million de flûtes sonnèrent.
gelmedi kafir Iraq yerde turur çoq qadirya kôke limona girür qar�u çiqmadilar istitcal ëd üp qilmadilar uyra§ istiqbaI ëdüp 2148.
1
: le mot ben est omis.
2175 Les Mécréants ne s'approchèrent pas, ils restèrent au loin, beaucoup de galères et de coques entrèrent au port ; ils ne s'empressèrent pas de débarquer et ne recherchèrent pas le combat. 21 57. P
:
i�idir. Il 2168. 1
1. Le Dauphin Humbert reçut effectivement des privilèges du Pape, leva des impôts, vendit ses domai nes et une grande partie de sa vaisselle et de ses joyaux pour lever l'argent nécessaire à la Croisade ; cf. Cl. FAURE, Le Dauphin Humbert II à Venise et en Orient, dans Mélanges d'Archéologie et d' Histoire de l'Ecole Française de Rome, XXVII, 1907, pp. 514 et s. ; N. JORGA, Philippe de Meziêre., pp. 45 et s. ; A.
:
qlzar. Il 2172. Tlrfil.
SURYAL ATIYA, The Crusade in the Later Middle Age, pp. 301-31 8. 2. Termes injurieux pour désigner les hommes du Dauphin Humbert ; q ry rq (Ka�gari, III, p. 1 67), « un homme qui ne tient pas sa parole, tout ce qui est tortueux )). 3. M. à m. : « la parole de sa fureur était mienne, tienne Il.
120
LE DES TAN D' UM UR PA CHA
Les fazeps coururent au bord de la mer, 2180 ils désiraient combattre les Mécréants ;
yéli�ür derya kenarinda 'azep uyra� içün kafir éderler talep �ava�a pa�a dabi qildi yaraq kim turur atile kim turur yayaq
le pacha fit aussi ses préparatifs de guerre, les uns étaient à cheval et les autres à pied ;
qar�uda le�ker dérüp kafir turur bunlaru'l} yaray ü tedbirin gôrür
l'armée des Mécréants se tenait en face et voyait leurs préparatifs.
�ub 0 I)dem ç ün af 0 tab étdi tul ü' 2185 Au matin, quand le soleil apparut et, en se levant, projeta ses rayons sur l'Orient et l'Occident, �arq u yarb üzre furuy étdi furüc $aruban beg, qui dans ce temps était venu en visite et était resté une semaine, se remit en route ;
$aruban beg gelmi� idi 01 zeman turdi bir hefte yine oldi revan
sur le chemin les chevaux arabes hennissaient, 2190 leS gazis bondissaient de fureur guerrière . .
ki�ne� ür giderken esp-i taziler yurri� fi cünbi� qilurlar yaziler �andi kafir gitdi le�ker hem begi Torfilü'l} ba�Ina dérildi ôgi
Les Mécréants crurent que c'était l'armée et son beg qui s'en et Torfil rassembla ses esprits ; allaient
c ümlesi çiqdi yüridi Izmire fi)andi kim Torfil 0 qalfeye gire
ils sortirent tous et marchèrent sur Izmir, Torfil pensait entrer dans la forteresse ; 2195 les tambours, les timbales et les tromp�ttes sonnaient. Alors il monta à cheval et sortit dehors, cet émir,
çalinur kiis u naqara vü nefir bindi ata ta�ra çiqdi 01 emir
son œil se remplit de sang, il écumait, son prestige aurait fait fuir div et peri,
gôzi qan toldi kôpükler �açuban div ü peri heybetinden qaçuban
sur son cheval sa stature était celle d'un platane, 2200 en voyant sa taille on l'aurait pris pour un minaret.
at üstindeyidi boyi �an çinar gôren anu'l} qaddlnI �anur menar I)amle qIldi aldi ele boztoyan isteyüp Torfili yüridi revan
Il se lança à l'assaut, il avait pris à la main une massue 1, il chercha Torfil et marcha sur lui ;
01 de"1jiz gibi firenge at �alar fi)an nehenk olup de"1jiz içre talar
sur c�tte armée franque qui montait comme une mer, il lança et comme un crocodile, il plongea dans cette mer. [son cheval
erdi birisin urup ôte geçer ba�Ini burd étdi beynisin �açar
2205 Arrivé sur l'un d'eux, il le frappa et passa à un autre, il mit sa tête en morceaux, sa cervelle en jaillit,
urdi birin dabi geçdi birine urdi ani dabi gelmez yêrine
il en frappa un autre et passa au suivant, il le frappa aussi, il ne se relev3: pas ;
cavaliers ou piétons mécréants, kimi atlu kafirü'l} kimi yaya 01 gün ôldürd ügin anU"1j kim �aya 221 0 qui pourrait compter ceux qu'il tua ce jour-là ? ba�dan ayaya dem ür gëymi� firenk c ümle qalqan yapinup eylerdi cenk
Les Francs, revêtus de fer de la tête aux pieds, se battaient tous derrière leurs boucliers .
�af çeküben yüridi 01 dem yuzàt depin ürler c ümlesi binmi�di at
Alors les gazis, rangés en lignes de combat, avancèrent. Ils étaient tous montés sur leu.rs chevaux, ils les éperonnè [rent,
2186. Furüy pour lurü '. " 2191 .
1. Boz/oyan,
«
1
:
,andl le�ker gitdl kafir hem begi.
faucon gris » ; au sens figuré :
tantinople, 1 885, s. v. 0
� .,,1 jy' -
a
massue » ; cf. �EMSEDDIN SAMI FRA� ERI , Qiimüs-i Turkl, Cons
L I VRE D U D US T URNAME
121
22 1 5 le sol était secoué par les sabots des chevaux,
�ar�ilur at ayayindan anda yer yer ditirer raviler bu resme der
et la terre en tremblait, ainsi le racontent les chroniqueurs.
Les yeux étaient éblouis par r éclat des épées et des armures et chacun des guerriers avait les yeux remplis de sang.
gozler olur tiy u çu qaldan f,onuq her bahadirlara goz qani tanuq
Les Turcs se ruèrent sur les Francs, ce fut la mêlée,
qatilup qarildi efrenge eren
01 güni �anur qiyametd ür gôren
2220 à voir cela, on aurait cru que c'était le jour du Jugement.
boru ürunden qulaqlardur �ayir kafirü"tl 01 gün yüki oldi ayir
Les oreilles étaient assourdies par le vacarme des trompettes et ce j our-là les Mécréan ts portèrent un lourd fardeau.
zari �a 1}.ra oldi toldi qan çuqur tazi atlar oqra�ur : « oqur oqur
La campagne se remplit de gémissements, les fossés de sang, et les chevaux arabes hennissaient : « oqur, oqur » .
»
kimini pa�a qilicile çalar canini anUl} tamu içre �alar
2225 Et ceux que le pacha frappait de son épée,
il envoyait leurs âmes en enfer ;
jl coupa beaucoup de tètes, il fit couler combien de sang, le sang coulait alors semblable à un torrent.
kesdi çoq ba�lar aqitdi nice qan sey 0 1 gibi oldi qan 01 dem revan
Il remit son épée au fourreau et prit sa lance,
qoydi qiliç qinina aldi SÜl}Ü urdi efrenge gerüben üzel}ü
2230 il s'élança sur les Francs en tendant ses étriers,
yiqdi 01 dem sÜ"tlüyle yetmi� fireng kimse turmaz o"tline eyleye cenk
il tua alors avec sa lance soixante-dix Francs, personne ne restait plus sur son passage pour le combattre .
!:Jï�ir beg bï-1}.ad helak etdi firenk gür gür ürkerdi firenk etmezdi cenk
Hi�ir beg, lui aussi, tua des Francs sans nombre, les Francs effrayés ne se battaient plus.
qilmadi bunlar i�in Sam-i S üvar 2235 Leurs exploits n'ont été atteints ni par Sam le Chevalier, ni par Gïv ou Rüstem, ni même par Isfendiyar 1 1 Giv Ü Rüstem dabi hem Isfendiyar Le pacha rencontra un Franc, dans le combat, qui éperonna son cheval et s'élança sur lui ;
bir firengi cenk 0 de pa�a bulur depdi at pa�aya 01 yegin gel ür
�ordi pa�a : « de adu,"1 ned ür ba"la » le pacha lui demanda : « Dis-moi quel est ton nom ? » dedi kim : « adum Qiliç neydem 2240 Il lu.i répondit : « Je m'appelle Qiliç 2, que te dirai,s-je de [plus ? [sa"la Torfil oyllyam dêdüm adumi ben dêyüvêrgil adu"tli hem ba"la sen »
Je suis le fils de Torfil. Je t'ai dit mon nom, dis-moi à ton tour quel est le tien ? »
der : « Um iir pa�a dêd ükleri benem Te"lrim Allahdur benüm�anma �anem »
Il lui répondit : « Je suis celui qu'on nomme Umur pacha, Allah est mon Dieu, ne crois pas que ce soit une idole 1 »
oyunur pa�ayi ç ünkim bildi 01 qurtulibilse qaçardi bulsa yol
il aurait pris la fuite, s'il avait pu en trouver le chemin ;
2220. 1
:
on günL Il 2232. P
2245 Quand il apprit que c'était le pacha, il perdit ses sens, :
ki eyleye cenk. " 2235. Sam ü Süvar. " 2240. Neydem pour ne eydem.
1 . Siim-i Suviir, Glv, Rustem, Islendiyiir, héros du Shahname de Firdousi ; cf. H. MASSÉ, Firdousi et l'Epopée Nationale, Paris, 1 935. 2. Qllle, déformation de « Lucinges » ; le Dauphin Humbert était accompagné de son fils naturel, Amé dée, et de Pierre de Lucinges, mari de sa fille natu relle, Catherine, depuis 1337 ; Philippe de Mezières a rapporté l'histoire de deux combats livrés à Izmir par le Dauphin Humbert : d'après son témoignage,
durant l'un d'eux périt u un vaillant et renommé chevalier et baron, appelé le bastard de Lussinge » ; Lucinges ne mourut pas, puisqu'il fut envoyé à Avi gnon, auprès du Pape, en j anvier 1347, mais il dut être assez grièvement blessé pour que deux sources, Philippe de Mezières et le Destan d''Umur pacha, rapportent l'histoire de sa mort ; cf. Cl. FAURE, op. cit., p. 525, pp. 532 et s. ; N. JORGA, Philippe de. Me ziêres, p. 55.
122
LE DES TAN D' UMUR PACHA il avait dans la main une lourde et forte lance, il s'élança sur le pacha, vigoureusement ;
elde bir yoyun SÜ71üsi var qati qildi pa�a üstine :Qamle qati kendüsini dev�ürür faqlin derer yel gibi pa�anu71 üstine erer
2250
il rassembla ses forces et ses esprits et se précipita sur le pacha comme un coup de vent ;
çaldi qilicile sÜ71üsin kesüp �an qati yêl anU71 üstine es üp
mais celui-ci le frappa de son épée, brisa sa lance et fondit sur lui comme souffle l'ouragan ;
urdi atindan ani yiqdi yere indi atdan qomadi caqlin dere
il le j eta de son cheval et le renversa à terre, puis il descendit de monture et, sans le laisser revenir à lui,
kesdi ba�in a71a vermeyüp aman qopdi kafirden yirivile fiyan
2255
Torfil vit la scène : il poussa un cri de douleur, se retourna et rentra dans la forteresse.
ah eder Toriïl ani qaçan gôrür dôndi andan geldi qareye girür qira qlra qova qova kafiri qoydilar qareye ç ün filindi çeri
il lui trancha la tête sans lui faire grâce. Dans les rangs des Mécréants s'élevèrent des cris de détresse ;
2260
En tuant et en pourchassant les Mécréants, ils les repoussèrent vers la forteresse après les avoir vaincus.
Toriil oyunmi�di aylar üvinü yaziler dôndi l}.il:jara sevinü
Toriil avait perdu ses sens, brisé par la douleur il pleurait. Les gazis regagnèrent la citadelle en se réjouissant ;
geldi pa�a beglerile yer içer c ümle qarda�lariyile bô� ge"çer
le pacha et ses begs mangèrent et burent, il fit fête avec ses frères.
Torfil u Torqil dêdikleri lacin qorquban ani I:janurlardi yegin
2265
ani pa�a filiyuban etdi tavuq fil 0 gibi gôvdele oldi uyuq almi�iken Aydin eliçün berat gôçdi gitdi gücile buldi necat
Celui qu'on nommait Torfil, le Maudit on en avait peur, car on le croyait puissant le pacha l'avait écrasé comme un poulet et avec son corps d'éléphant on avait fait un épouvantail à [moineaux.
2270
Il avait reçu des privilèges pour la possession du pays d'Aydin, mais il repartit en trouvant avec peine le salut 1. .
gemiye bineriken qaçup çeri qapudan �içrar tutardi Türk eri
Et tandis que ses hommes fuyaient vers leurs bateaux, les Turcs les attrapaient quand ils bondissaient par la porte [à toute vitesse.
qapuyi qapar a�Ilur qareden uryan olmi� ba�dan ayaya beden
Puis ceux qui restaient fermèrent et barricadèrent la porte et la tendirent de câbles du haut en bas. [de la forteresse
bor u zar olup qaçdi ç ün firenk ba,ladi bunlar qilur qareye cenk
Bunda aç'ildl yine bir das 0 tan �erQ eydem di711e71 anl ey dos 0 tan 6aruban beg gel di pa�aya meger anda sôyledi bir iki bô� baber
2247.
1
2275
Quand les Francs humiliés eurent pris la fuite, les Turcs recommencèrent le siège de la forteresse.
lei s'ouvre un autre récit, je vous le raconterai, écoutez-le, 0 amis / $aruban beg vint trouver le pacha : il lui apprit une ou deux bonnes nouvelles,
: varidl ; le mot qatl est écrit en marge � Il 2270.
1 :
gitdi gôçdi. Il 2275. P
1. Torfil quitta Izmir a,u mois d'aoftt 1346 (cf. p. 42, note 7) ; qui vont suivre qui se placent au printemps 1�45.
;.
:
q3.§dl.
ces événements sont postérieurs à ceux
123
LI VRE D U D US T URNAME
puis lui dit : « Avec ce fort les Mécréants vous ont dressé un dêdi : « bu qareyi kafir d üzdi dam ta ki bunda cenk êdesiz siz m üdam 2280 ils vous obligent à vous battre ici continuellement. [piège, C'est lui qui vous empêche de partir en razzia. Brûle donc tes mangonneaux et rassemble ton armée,
sizi bu qare aqindan qildi ment manoiliyi yaq çerü",i eyle cemt kafir êllerin yine var yiq u yaq qare tursun sen aqina qil yaraq
va de nouveau dévaster et brûler les pays des Mécréants, laisse la forteresse et 'prépare une r�zzia. »
»
2285 Ils jetèrent alors les mangonneaux au feu, afin de permettre au pacha de repartir en razzia.
manciliyi pes bular yaqdi oda ta ki pa�a yine aqina gide
Il voulait dévaster les pays des Mécréants : Dieu puisse-t-il accorder à ce sultan la victoire 1
qilmay ister kafir êllerin barab vêre 01 sultana Te",ri fetl}.-i bab
Le fils de �aruban, S üleyman beg, 2290 son frère adoptif, l'accompagnait.
�aruban oyli Süleyman beg dabi bile gider abiretlik 01 abi
Ils poussèrent leurs bateaux dans la mer, mais les begs partirent à cheval par voie de terre 1.
. gemileri ç ün de",ize itdiler qaradan begler atile gitdiler
Quand le pacha arriva au pays de �aruban, �aruban beg lui fit de grands festins.
�aruban êline ç ün pa�a gel ür �aruban beg çoq �iyafetler qilur
2295 Le fils de Qaresi, S üleyman beg 2, lui aussi, vint à la rencontre du pacha ; il était très généreux :
Qaresi oyli Süleyman beg dabi geldi ç ün pa�aya 01 idi sabi çoq �iyafet eyledi pa�aya 01 gôçdiler andan bular hep tutdi yol
il lui fit de grands fe,stins. Puis ils se remirent en route tous ensemble. Arrivés au Détroit, ils burent et mangèrent 2300 et montant dans leurs bateaux, ils le traversèrent.
Boyaza varinca yêyüp içdiler gemiye bin üp ôteye geçdiler ç ün ôte yaqaya bunlar êrdiler di",len ürler bir iki gün tu,rdilar
Arrivés à l'autre rive, ils s'y reposèrent un jour ou, deu,x ;
pes Aleksandoros êline gel ür mal alur çoq le�keri toyum qilur
puis ils allèrent au p ays d'Alexandros 3, ils y firent beaucoup de butin et en furent rassasiés.
geldi Aoeryana yolina bu gez le�kere qiydi ola m ü�kil ge",ez
2305 Cette fois il prit la route d'Aoeryana 4 et risqua son armée afin de rendre facile ce qui était dtlficile.
1
2290
1 :
abiretllq.' Il 2296. P
:
gey sabi Il 2297. P .
1 . Umur pacha, appelé à l'aide par Cantacuzène et ne pouvant le rejoindre par mer, car ses bateaux avaient été brO.lés par les Croisés, résolut de partir par voie de terre et dut négocier avec l'émir de �aruban un droit de passage en lui cédant une terre en litige ; le fils de l'émir, Süleyman, accompagnait le pacha ; cf. Canto III, 86, ed. Bonn, pp. 529-530· ; Greg., XIV, 9, ed. Bonn, II, pp. 726-729. 2. Qalem et son fils Qaresi beg, descendants de MeUk Al;1med yazi, beg des Dani�mend, fondèrent un émirat allant de la Lydie et de l'Eolie jusqu'à la Mysie et l'Hellespont avec pour centre Balikesir et Bergama. Qalem et Qaresi avaient d'abord été vas saux de Ya'qup beg, émir de Germiyan ; à Qaresi,
:
çün �iyafet. Il 2304. P
:
hep le�keri.
mort avant 1330, succédèrent ses fils (ou ses petits fils) Demir Khan, émir de BalIkesir, Tursun beg et Ya b� 1 beg, émir de Bergama ; Yab�1 beg et Demir khan sont connus pour leur flotte (cf. p. 77, note 1) ; Süleyman beg, fils de Qaresi, dont il est question ici et chez Cantacuzène, serait, d'après Mükr Halil, le fils de Yab�l, mort après 1 341 ; cf. Mükr. Halil, p. 60 ; 1. H. UZUNC, Anadolu Beglikleri ; id. , Osmanll Tarihi, l, pp. 17 et s. 3 . Le roi Jean Alexandre de Bulgarie (1331-1370). 4. Aoeryana (1) ; d'après Mükr. H a l i l, Um u r pacha s e serait rendu à Andrinople o ù l e fils de Canta cuzène serait venu à sa re:p.contre (1) ; cf. Mükr. Halil, p. 59.
LE DES TAN D' UMUR PACHA
124
geldi tekfiir oyli a1}a qildi tapu elin ôpdi qareden açdi qapu
Le fils du tekfiir vint lui rendre hommage, il lui baisa la main et lui ouvrit la porte de la forteresse.
Dimetoqaya dôn üp andan gel ür qar�u qarda�i gelür cizzet qilur
De là il tourna vers Dimetoqa :
231 0 son frère (le tekfiir) vint à sa rencontre et le reçut avec
gôrü� üp anda �iyafet eyledi macerayi bir bir a1}a sôyledi
il lu.i fit un festin, ils s'entretinrent : le pacha lui raconta toutes ses aventures,
nêyleyüp nêtd ügini anda firenk �iduyin dabi ne resme qildi cenk
tout ce que les Francs avaient fait et comment il les avait combattus et défaits.
yine tekfiir êtdi anu1}ile cazm d ü�mani var ta qila anu1}la rezm
[honneur ;
231 5 Puis le tekfiir repartit avec lui
afin de combattre ses ennemis.
geldi Gügercinlige aldi barac 1yricana ge�di qomaz tabt u. tac
Ils arrivèrent à Gügercinlik, ils y prélevèrent le barac, puis ils passèrent à 1yrican et n'y laissèrent ni couronne, ni [trône ; et G Un;t 1 yncan · " u" 1c une " 1eur apporteren ' t des b'lens,. Iyrican Gümülc üneyle vêrdi mal kim bular bulmi�idi evvel pay 0 mal 2320 car ils avaient déjà été vaincus auparavant. Mumcila était devenu ennemi du tekfiir, il avait jeté son amb,assadeur en prison, il n'était plus comme . [avant ; 1'1 VInt l'lvrer cornbat au pac ha : le pacha l'écrasa, il ne lui laissa pas de force
Mumcila tekfiira olmi�di yayi êlçisin tutmi� degild ür bayayi geldi pa�ayile 01 qlIdi qUaI yiqdi pa�a ani vêrmedi mecal kesdi ba�in dilemedi ç ün aman ehlin eyledi esir 01 kam 0 ran
2325 et lui trancha la tête, car il ne demanda pas grâce ;
il fit les siens prison�ers, cet homme fortuné
Selânik cazmini qlImi�di meger geldi çapar ulayile bir baber
1.
Il avait déj à pris le chemin de Salonique i, quand un courrier vint lui apporter une nouvelle :
il lu.i di� que le tekfiir d' Istanbul dêdi : « tekfiiri S 0 tanbulu"" ki var , naq 0 1 qildi ani ôld ürdi kibar 2330 était passé de ce monde, les grands l'avaient tué
3 ;
begleri zindana qoymi�di meger sôger anlara gelüp �am ü se Qer
il avait fait mettre les begs en prison et venait les inj urier soir et matin,
caciz olup canlarina qiydilar nefs ü �eytana qamusi uydilar
réduits à l'impuissance, ils jouèrent le tout pour le tout et cédèrent tous à la passion et àu diable ; .
anda gelmi�di yine sôgmeklige anlari dil �arbile dôgmeklige urdi birisi ani qildi helak qirilur begler dabi �ehr oldi pak çünkim 01 sôzleri pa�a di1}ledi Cibret al di bu cihandan ta1}ladi
2335. quand il vint de nouveau les injurier
et les cingler de paroles,
»
l'un d'eux le frappa et le tua ; les begs furent mis à mort, la ville en fut débarrassée. Quand le pacha entendit ce récit,
2340 il en tira une leçon de morale et s'étonna des choses de ce .
[monde .
2313. Nêyleyüp nêldügini pour ne eyleyüp ne ëldügüni. 11 231 8. Ge§di pour geçdi. Il 2321 . 1 : tekfürl. Il 2329. Slanbulu1} pour Islanbulu"". Il 2330. P : gibar.
1. Cf. p. 42, note 9. 2. Cantacuzène et Umür pacha avaient pris la route de Christoupolis pour se rendre . vers Phères
qui avait été prise par les Serbes ; Cant., III, 87-88, ed. ; Bonn, II, pp. 534-546. ' 3. Assassinat d'Apokaukos par les partisans de Cantacuzène ; cf. p. 42, . note 10.
125
LI VRE D U D US T URNAME
dôndiler Istanbula andan gerü bir yêre êri�di anlar ilerü
Ils retournèrent et prirent le chemin d' Istanbul ; mais, comme ils parvenaient en un point avancé de leur route,
�aruban ·oyl1 S üleyman beg ki var baste oldI yolda qildilar qarar
le fils de �aruban, S üleyman beg, tomba malade, ils furent obligés de s'arrêter.
geldi pa�a l}.a�reti ki anl gôre batlrInl basteligini �ora
2345 Son excellence le pacha vint pour le voir et pour s'enquérir sur son état et sa maladie ;
gôrdi içi ta�l tutu�mI� yanar gah giderdi ôgi gah gôY)li tonar
il le vit tout brûlant de fièvre, tantôt il perdait ses esprits, tantôt son cœur se glaçait ;
alti gün baste olup �oY)ra ôl ür qildi pa�a zari ç ün ansuz qalur
il resta malade pendant six jours, puis il mourut 2350 Quand il se vit privé de lui, le pacha se lamenta.
1.
biçdi ôl üm �lndusi «ô'mr atlasin qurulup tururiken ya�di ya�in
Les ciseaux de la mort avaient coupé le satin de sa vie, la corde tendue de son arc s'était soudain relâchée 1
yumdi 01 gôz gitdi qaldi mal ü genc qaldi aY)a maliç ün çekd ügi renc
Il ferma les yeux et p artit en laissant ses biens et ses trésors, il ne lui resta pour tout bien que la douleur qu'il avait soufferte 1
açdl ba�in kesdi saçin aylayu furqat odile yüregin taylayu
2355 Le pacha défit son turban et coupa ses cheveux en pleurant, son cœur était consumé par le feu de la séparation.
qoz ayacindan aY)a tab üt d üzer alla qoydi dônüben andan gider
Il lui fit faire un cercueil en bois de noyer, il l'y mit et prit le chemin du retour.
aY)a vêrürleridi Istanbuli can ü dilden balqi olmi�dur quli
On lui donnait Istanbul, 2360 le peuple s'était soumis à lui du fond de son âme et de son [cœur, ç ün Süleyman beg gider bulup vefat mais quand S üleyman beg trouva la mort, terk êder Istanbuli �ah-i yuzat il laissa Istanbul, le shah des gazis ! anI atasina iltür aylayu beglerüY) gôzleri ya�i çaylayu
Il le ramena à son p ère en pleurant, les yeux des begs ruisselaient de larmes.
gitdi pa�a oldi Izmire revan balqi qar�u çiqdi oldi �ad 0 man
2365 Le pacha retourna à Izmir, le peuple vint à sa rencontre tout joyeux ;
çal1nur küs u naqara vü boru qat! qorqu d ü�di küffàre gerü
les tambours, les timbales et les trompettes sonnaient. Une grande peur s'empara de nouveau des Mécréants.
01 l}.i�ara eyledi bir ay �ava�
Pendant un mois il assiégea ce fort, her birer ay cenk êder üç qarinda� 2370 puis ses trois frères l'assiégèrent chacun pendant un mois.
qaJ«e içre «aciz olmI�di firenk �arb 0 qafe oturur qilmazdI cenk bir gün aY)di Birgiyi �ah-i civan atasi türbesine oldi revan 2342.
,p
:
éri�diler. Il 2355. P
:
A l'intérieur les Francs furent à bout de force, ils ne se battaient plus, mais la forteresse robuste résistait [toujours. Un Jour 1e Jeune shah se souVln O t de BOlrgI et s'en alla vers le mausolée de son père. °
°
°
açdl ba� saç kesdi pa�a aylayu. Il 2357. P
1 . S üleyman beg fut pris d'une fièvre violente que les médecins soignèrent en lui faisant absorber des boissons glacées ; voyant apparaître les signes de la mort, Umür pacha inquiet lui fit boire du vin et de la thériaque, la fièvre réapparut et les médecins lui redonnèrent des boissons glacées ; le prince mou-
:
ëder au lieu de düzer.
rut et Umür pacha, craignant d'être accusé de sa mort, ramena son corps à son père, afin de prévenir ' les calomnies ; il eut beaucoup de mal à calmer la douleur et la colère de l'émir de f;iaruban ; cf. Cant., I II, 89, ed. Bonn, II, pp. 546-552.
126 balqa çoq i l)san ü in' am eyledi bal? ü 'ama 1 ütf ü ikram eyledi
LE DESTAN D' UMUR PACHA
2375 II combla le peuple de ses faveurs
et distribua des présents aux riches et aux pauvres. Il pria dans le mausolée et dit : « a Seigneur, accorde-moi le martyre, je vais à sa rencontre
türbede qilup du'a der : « ey Çalap ver �ehadet balla qiluram taIep » yatdi bu endi�e içinde ôzi uyquya varmi�idi nagah gôzi
1
»
Il se coucha rempli de cette pensée
2380 et son œil se ferma soudain au sommeil.
Dans son rêve il vit le Maftre des Deux Mondes 1 qui se tenait devant lui avec une suite nombreuse.
Seyyid-el-kevneyni dü� inde gorür bir ulu I?al baylayup qar�u turur C ümlesinüll barq urur yüzinde nür der Umür pa�a anu"tl birine : « dur D
Leurs visages à tous étaient auréolés de lumière Vmür pacha dit à l'un d'eux : « Arrête 1 »
�ordi pa�a dédi : « kimd ür bu gelen n uriyiIe ' alemi rü�en qilan »
Le pacha demanda : « Qui est celui qui vient et qui par sa clarté rend le monde lumineux ?
1.
»
01 ki�i dëdi : « Res ül-ullah ° dur 2385 Il lui dit, cet être : « C'est le Prophète de Dieu, 01 Mu1}ammed dü cihanda �ah ° dur c'est Mul)ammed, le roi des Deux Mondes. 01 yanindayi Eb Ü Bekr ü 'Omer dabi 'O§man u 'Ali 01 �ir ° ner )) ani pa�a i�idüp 01 nam ° dar d ü�di ayaylna aylar zar ü zar
A ses côtés sont Ab ü Bekr et ' Omer, . ' O§man et 'Ali, le lion de Dieu. » Quand il l'eut entendu, le pacha au bon renom,
2390 il tomba à ses pieds en sanglotant,
dëdi : « çoq d ü�manlarullla ëtdüm �ava� oynayup 'a� qull yolinda can u ba�
il lui dit : « J'ai beaucoup combattu tes ennemis, j'ai risqué ma vie dans le chemin de ton amour,
ba"tla baqmayup gidersin ya Res ül Sa"tla yüz bi1} bencileyin bende quI »
et tu partiras sans me regarder, a Prophète ? Mais tu as des centaines de mille esclaves tels que moi !
dëdi pa�aya e�erken 01 Buraq : eyle ey yaziIerü'll �ahi yaraq
«
bize gel oldi yazavetüll temam » andan artuq sôylemedi bir kelam uyquslndan uyanugeldi emir mal üle�d ürdi qomaz anda faqir
1
2395 II dit au · pacha en chevauchant Buraq «
Prépare-toi, 0 Shah des Gazis,
J
3 :
viens à nous maintenant, car le terme de tes victoires est II n'aj outa pas un mot de plus . [accompli ! » L'émir se réveilla de son sommeil :
2400 il distribua ses biens et ne laissa pas de pauvres ;
2375. 1 : in'am ü i �san. 1/ 2376. 1 : baC? ü 'ama cümle ikram eyledi. " 2386. 1 : édüp vava� ; le copiste de P a corrigé édüp en etdüm.
1. Seyyid-el-kevneyn, le Prophète Mu�ammed, mai tre des deux mondes, le monde d'ici-bas et le surna turel : C. HUART, Les Saints des Derviches tourneurs, l, p. 202. 2. Nür. Quand Dieu voulut manifester Sa pré- . sence en créant le monde, Il créa d'abord une Clarté Resplendissante provenant de Sa propre Lumière. Cette Lumière est maintenant appelée Niir-i Mul;1am med, car elle s'est incarnée dans la personne du der-
:
de au lieu de da. Il 2391.
nier et du plus grand des prophètes ; c'est par cette Lumière que toutes les choses furent créées ; cf. E. J. W. GIBB, HOP, l, p. 35. 3. Buriiq, monture du Prophète ; l'Ange Gabriel fit monter au Prophète, durant son ascension noc turne, le Buriiq, animal fabuleux, sorte de centaure à tête de femme, qui l'emporta vers Jérusalem, Hébron et Bethléem ; cf. H. MASSÉ, L'Islam, p. 73.
127
LIVRE D U D US TURNAME �evqile serbo� gibi 01 qaldï denk 01 �ehadet bulmaya isterdi cenk
il restait ébloui comme un homme ivre de désir et pour trouver le martyre il cherchait le combat.
êayru olmï�dur Bi�ir beg nagahan bir ki�i geldi qilur ah ü fiyan
Alors Bi�ir beg tomba subitement malade, un homme vint le trouver en se lamentant ;
dêdi pa�a : cc ah 0 qilmayu'l} neden 2405 le pacha lui demanda : « Pourquoi te lamentes-tu ? dê ba"la kim qanqï sultandur giden » Dis-moi, quel est donc le sultan qui se meurt ? JI dêdi : cc baste Bï�ir beg begler begi ah êd üben gitdi pa�anu'l} ogi
»
ç ünkim ogi geldi eyder 01 ere : toyri soyle sôzi er toyri ver e
Il lui répondit : c( C'est Bi�ir beg, le beg des begs, qui est [malade. » le pacha poussa un soupir et perdit connaissance.
gitdise 01 ey diriya ah ü vah geldi ba�uma benüm babt-i siyah
Quand il revint à lui, il dit à cet homme : « Dis-moi la vérité, homme, dis-moi la vérité ' S'il est mort : 0 misère, 0 malheur, sur ma tête s'est abattu un sort noir 1
ben oliseremd ür 01 ô lmezden Ô'l} 01 ben üm ba�umidi ben gele êO'l}
C'est moi qui devais mourir d'abord, car il était mon chef, je ne viens qu'après lui ;
2410
«
2415
çoq aci çeke benümiçün ôzi aqida qan ya� ben ümiç ün gôzi . » Ayasoluya pes 01 oldi revan geldi buldi �ay 0 oldi �ad 0 man
1
c'est lui qui aurait d"Û se lamenter sur moi et son œil aurait d"Û verser pour moi des larmes de sang
1
»
Il se rendit alors à Ayasoluq, en arrivant il le trouva guéri et s'en réjouit .
yüz yêre urdi Ijaqa � ükr êtdi 01 ôpdi qarda�in �adduq qildï bol
Il frappa son visage contre terre et remercia Dieu, embrassa son frère et distribua beaucoup d'aumônes.
2420 il
�ad olup 01 quçdi pa�anu'l} ôzin hem m üb arek yüzine sürdi gôzin
Rempli de j oie celui-ci serra le pacha dans ses bras et promena son ' regard sur son visage béni .
c ümle qarda�lari anda geldiler gôrü� üp mecmüci êol}.bet qildilar
Tous leurs frères arrivèrent, ils se retrouvèrent tous et s'entretinrent ;
2425
gitmek isterler tayildi içtimac qildi pa�a bunlari bir bir vedac lik 0 pa�a 01 gêce bir d ü� gôrür qar�uda �af �af firi�teler turur
puis ils voulurent repartir, la réunion se dispersa,. le pacha dit adieu à chacun d'eux séparément. Cette nuit-là le pacha vit un songe : devant lui se tenaient des rangées d'anges,
gotürüben ani gôge gitdiler , elde tutup cennete iletdiler
2430
ils s'envolèrent vers le ciel en l'emportant et le tenant dans leurs bras ils l'emmenèrent au Paradis.
» çayri�ur c ümle mela'ik : « merhaba . dëyüp a"la çoq duCayile §ena
Là tous les anges lui criaient : « Sois le bienvenu ! et lui chantaient beaucoup de lo uanges .
uyanup qildi namaz 01 �ub 0 I}.dem ah � qildi oldi gÔ"lli tolu yam
En se réveillant, il fit sa prière du matin, il poussa un soupir et son cœur se remplit de souci.
»
dëdi qarda�lara : « ey qarda�larum 2435 Il dit à ses frères : « 0 mes frères, ey ben üm yaranlarum yolda�larum 0 mes amis, mes compagnons, bir be�aret oldi daCvet qildïlar ben qIluram naql i�aret qildilar
»
j'ai reçu une bonne nouvelle, on m'a appelé je vais partir de ce monde, car on m'a fait signe. »
2410. 1 : toyrl sôyge sôzi er toyrl vër e ; le e final de ce vers est exclamatif. /1 2414. 1 : ben a"la ,o'l}. Il 2418 . P : �aô 0 man. U 2419. P : yüzini urdl. Il 2435. P : qart�lara. \1 2436. Ydranlar pour ydran.
128
LE DES TAN D' UMUR pACHA
HI�Ir beg aylar S üleyman �ahile dabi t Isa beg yiriv ü ahile
tU�Ir beg et Shah S üleyman se mirent à pleurer,
2440 t Isa beg mêla ses sanglots aux leurs.
dêdi pa�a : « d ün ü gün segrür gôzüm qara qana bula�isardur y üzüm
Le pacha leur dit : « Nuit et jour mon œil palpite je vois mon visage souillé de sang n oir.
ç ün beni qIla ecel �iri �ikar ben ümiç ün ayliy�sIz zar u zar
Quand le Lion de la Mort fera de moi sa proie, vous verserez pour moi larmes et sanglots ;
dilegüm I:Iaqdan buydI : ôlem �ehid' 2445 j'ai demandé à Dieu le martyre : baqi 011.1,'11 siz cihan içre sa tid » demeurez en ce monde et soyez heureux !
1 :
t
anlar anda qaldI eyleyüp fiyan dêr : « vedac êtdüm sizi » oldi revan çekdi yolda qilicin qildI nazar bu.ldi �aqalindan üç aq qil meger
»
Ils restèrent là à se lamenter, il leur dit adieu et s'en alla. Sur la route il tira son épée et s'y mira :
2450 il trouva dans sa barbe trois poils blancs ;
siyadi der : « ey �aqal olinca aq . cenk ed üp gitd üm qoyup balqa firaq »
il la lissa et dit : « Quand ma barbe devenait blanche je suis mort en combattant, causant au peuple du regret.
dedi hem D ündar 0 bege : « ey dilir yêdi nice pehlivanlari bu yer
Il dit à D ündar beg : « 0 Vaillant, nombreux sont les héros que ce monde a engloutis :
gel sen ü'1lle I:Iaq yolina ôlel üm ikim üz varup �ehadet bulalum ba� açup d ün gün ôlümi isterüz I:Iaq yolina ba�a qillç y�taruz » dêdi pa�a : « gireyim ben pu�uya gireyin derya kenarinda �uya » èêdi D ündara : « se l,lergah sen gôrin bir qaç erile gez üp pu�i yerin çiqa kafir qilmaya senü'1l1e cenk �0'1l demi bolayki qiram çoq firenk »
»
2455 viens, mourons ensemble au service de Dieu,
trouvons tous deux le martyre.
Cherchons nuit et . jour la mort en découvrant nos têtes et exposons aux épées nos têtes au service de Dieu. J) Le pacha lui dit : « Je me mettrai en embuscade,
2460 j 'entrerai dans l'eau au bord de la mer.
A l'aube montre-toi, dit-il à D ündar, promène-toi avec quelques hommes à l'endroit de l'embus. [cade, afin que les Mécréants sortent pour te combattre et que je p uisse pour la dernière fois tuer beaucoup de Francs » .
gece pa�a geldi p�uya girür 2465 Le pacha vint dans la nuit se mettre en embuscade geldi Dündar 01 p�u yërin gôrür et D ündar se rendit sur ce lieu : ç ünki tenha gôrdi D ündari tad ü c ümle ta�ra çiqdi ôtd ürür boru alayile çünki ta�ra çiqdilar p�i yoq êanup kenara baqdilar
le� ennemis en le voyant seul sortirent tous et sonnèrent les trompettes ; quand ils sortirent dehors avec leurs troupes,
2470 ils regardèrent de tous côtés et ne virent pas d'embuscade.
nagahan çiqagel ür �ah-i yuzat tiy elinde êaIdi atda üzre at
· So udain il surgit, le shah des gazis, l'épée à la main, il lança son cheval sur l'ennemi ;
01 firenk alayi içine talar �ay u êola tiy-i burrani êalar
il plongea dans les troupes franques et fit voltiger son épée tranchante à droite et à gauche.
2440. 1 : yiri pour yiriv. " 2451. P : saqal
p our
1. Quand l'œil palpite, c'est un signe qui présage
�aqal. Il 2466. P :
Ul'l
pU llll .
heureux événement.
" 2472.
1
:
le mot a'da est omis.
129
LI VRE D U D US T URNAME
toldl 01 le�ker içi zar ü fiyan sey 0 1 gibi oidi qan aqdi revan
2475 L'armée se remplit de gémissements, le sang se mit à couler comme un torrent, il couvrait cet endroit de morts et les corps des Mécréants s'entassaient en monceaux.
toldurur 01 yêri anda k ü�teden ylyilur kafir yücelür p ü�teden
Les tuant, il les refoula!t vers la forteresse 2480 et dé;truisait les tentes des ennemis avec l'épée et le feu.
qira qlra qare içine tiqar qilici odile ba�m evin yiqar qaren Ü1} ô1}inde bir divad var oq atiml bir qapusI vardi tar
Devant la forteresse il y avait un mur, à une portée de flèche il y avait une porte étroite :
qarayul turmayiç ün dür bir l)i�ar toqad ayzInda ayaç var üstüvar
c'était un poste de garde ; à son entrée il y avait une palissade en bois solide
qurtulan s ürt üp girürler içerü at depüp yortup gelür pa�a gerü gôgsi gürlerdi kôp ügi �açnur yüzligin qaldurdi yüzi açIlur
1 ;
2485 ceux qui parvenaient à se sauver y entraient en se faufilant Le pacha, éperonnant, revint au galop : [derrière elle. son cœur battait, il écumait ; il . releva son heaume et découvrit son visage.
êri� ür iki tazep dêr : « toqadI Deux tazeps le rej oignirent, il leur dit : « Cette palissade, ya kes Ü1} yab üd bunI açU1} » dedi 2490 ou bien abattez-la, ou bien fendez-la 1 » çaldI toqadi qilIç elde tutar qilIç 01 aya�u1} içine batar
Il frappa la palissade, l'épée à la main et son épée s'enfonça dans le bois.
der ki : « bu qare'i bu gün ya alam almazisem ya �ehid olup ôlem »
« Je prendrai cette forteresse aujourd'hui, dit-il, sinon, je mourrai en martyr 1 »
bunI derken dôndi nagah bir firenk 2495 T�ndis qu'il disait ces paroles, un Franc se retourna soudain urdi oqile alln };latm oldI cenk et le frappa au front avec une flèche, le sort du combat fut [décidé. Elle s'écroula alors, cette grande montagne, aqtarIlup 01 dem 01 küh-i giran et trouvant le martyre, il rendit son âme 1 2 getürup 01 dem �ehadet verdi can 1:Iaq an41} qIldI dut asIn m üstecab iki alemde bulur 01 fetl).-i bab t
Dieu avait exaucé sa prière,
2500 il trouva dans les deux mondes les portes ouvertes.
u�dI ad canI cisminden çIqar IJaq a1}a cennet qapusIni açar
Elle s'envola 3 son âme pure, elle quitta l'enveloppe de son et Dieu lui ouvrit la portè du Paradis : [corps
qar�u çIqdI };l üriler Ri�vanile yaziler canlari hem yilmanile
les 1;t üris 4 et Ri�van 5 sortirent à sa rencontre, ainsi que les âmes des gazis et les yilmans 6.
2475. 1 : le mot U§dl pour uçdl.
01
est omis.
2489. 1 : éri�üp. Il 2495-2498. Les vers soulignés sont écrits en rouge. Il 2501.
1. Toqad, dans les dialectes d'Anatolie : toqat enclos (à bétail» ) ; cf. Soz Derleme Dergisi, III, Istanbul, 1947, p. 1 373. 2. Les vers soulignés sont écrits en rouge. 3. D'après la croyance populaire turque, l'âme, après la mort se transformait en oiseau ou en abeille, d'où l'expression : {( s'envoler » ; chez les Turcs occi dentaux, même après leur conversion à l' Islam, les traces de cette croyance se retrouvent dans des «
I.
MnLIKOFF-SAYAR
expressions comme : çunqar boldl « il devint gerfaut » pour dire « il est mort Il ; cf. W. BARTHOLD, Histoire des Turcs d'Asie Centrale, Paris, 1945, p. 15 ; F. Ko PRÜLÜ, Influence du Chamanisme turco-mongol sur les ordres mystiques musulmans, p. 9. 4. Cf. p. 106, note 1 . 5 . R i �véin, l'ange gardien du Paradis. 6. yilméin, les adolescents éternels du Paradis qui seront les pages des Bienheureux.
LE DES TAN D' UM UR PACHA
130
2505 Ses hommes l'emportèrent sur leurs boucliers et sur leur passage les yeux de tous versaient des larmes de . [sang. A dix-huit ans il monta à cheval et pendant vingt-et-un ans il fit la guerre 1 : zar
gat ürür qalqanile ani eren qan ed üp gaz ya�ini anda eren on sekiz ya�i ata oldi s üvar hem yegirmi bir yi! etdi kar
0
yedi y üz hem qirq 0 sekiz idi saI ya�l otuz toquz etdi intiqal
c'était en l'année sept cent quarante-huit 25 1 0 qu'il passa de ce monde à l'âge de trente-neuf ans 2 ;
eylemi�d ür 01 yegirmi alti yaza ral;lmet anul} rii l;l-i pakine seza Ijaq anUl} rii l;lini qi!sun �ad
il avait remporté vingt-six victoires. Puisse son âme pure trouver la miséricorde dont elle est [digne r 0
nlan
rav�a-i cennet içinde her zeman
Que Dieu rende son âme j oyeuse dans les j ardins du Paradis éternellement 1
2510. 1 : ya�ar pour ya$ l. 1/ 2511. Vers hypermètre ; il faut supposer une élision : yegirm'alil. 1 . Cf. vers 57 et 58. 2. Cf. p. 42, note 1 2.
LEXIQUE'
A bréviations A. arabe
F. français
I. italien
G. grec
A
G. A.
A.
A. . A. A. A.
T. T.
T. A.
A.
A. A. A.
P. T. A.
P.
T. A. T. T. A. T. A. T. A. T.
'a b üs , austère, terrible. ' aeeb, étonnant, admirable. 'aeem, persan. ael, amer ; T. peine, douleur, chagrin. 'ae lz, faible, sans force. açilmaq, se manifester, devenir évident. açmaq, conquérir ; frayer (un chemin), aller au loin, se répandre ; fay u orman açmaq, aller très loin. ad, nom, renommée. a'da, pl. de 'adü. a'dad, pl. de 'aded. 'aded, nombre ; bl-'aded, sans nombre. ademi, homme, gens. 'adü, ennemi. allab , soleil. ayaç, arbre ; manche. ah bar, pl. de haber, nouvelles, informations . iihen, fer ; ahen p ü�, couvert de fer. ahi (de A. ah) , frère. ah lr, dernier ; en dernier lieu. ah lri, en dernier lieu. ah lretlik (de A. ahret), enfant ou frère adoptif ; ah lretlik ahi, frère adoptif. aqça, aqçe, monnaie d'argent de 6 carats, pesant 1 , 154 gramme. 'aqibet, fin, à la fin. aqïn, incursion, razzia, expédition de pillage. 'aql, raison, intelligence. aqtarmaq, renverser, culbuter: a'lii., plus haut, le plus haut. alaeay l olsun, on le lui rendra, il le paiera.
A. A. A. A. A. T. A.
A. A. T. T. T. T.
T. T.
T.
T. A.
T.
T. P. T. T. T.
P. persan
T. turc
Alanus, Alain. aliit, pl. de iilet, engins, instruments ; lJ.arb iilati, armes et instruments de · guerre. 'alem, étendard. 'iilem, le monde, l'univers . a'lem, celui qui connaît le mieux, le plus savant ; Allah a ' lem bi-�-�evab, Dieu connaît la vérité. alel, engin, instrument. 'alï, très haut, sublime. altun, or, en or. aman, garantie de vie sauve, grâce ; bi-aman, sans pitié, sans aucune considération, sans égard à rien. 'amm, général, universel. 'am ü (pour 'amm ü ), oncle paternel. a7jaru, l'autre côté. ane llay ln, semblable à cela. and, serment ; and içmek (<< boire le serment ll), prêter serment. a7jmaq, se souvenir. ansuz, sans lui. a7juleaq, doucement, lentement. ara, 1) partie du temps : moment ; 01 arada, à ce moment ; 2) partie de l'espace : dedans ; ara yèr, l'espace compris entre deux choses ; araya almaq, encercler. ard, le dos, derrière ; ardln, derrière. ' are b, vulgo 'arab, arabe, nègre. arl, pur ; arl dirlik, pureté de vie, chasteté. arï�maq, se mesurer à, entrer en compétition. armayan, cadeau, présent apporté de loin. arnavul, albanais. 'arsuz (de A. 'ar, honte), sans honte, éhonté. artuq, artuy, plus, de plus, plus de.
LE DESTAN D' UMUR PACHA
132 aru, abeille. 'ar?, action de présenter, d'offrir ; 'ar? étmek, présenter, découvrir (le visage). A. a�/er, j aune ; beni a�/er, fils de blond, grec. T. a��l, utilité, profit ; a��l ne, à quoi bon. T. a�, la nourriture ; a� étmek, se nourrir. T. a�maq, passer, franchir un obstacle. P. a�na, ami, connaissance intime. A. 'a/a, présent, offrande. 'a/ay, comme 'a/a. T. aUm, la distance d'un jet ; oq aUml, la distance d'un j et de flèche. A. a/las, satin ; étoffe de soie, rouge de préférence. P. avare, errant, vagabond. P. aviiz, son, bruit, clameur, voix. A. 'avn, aide, assistance. A. 'avret, femme, épouse. A. avurd, joue. A. 'ayiil (pour ' iyiil), maisonnée : femmes et enfants. T. aylq, en pleine possession de ses sens, sobre. T. ayrl�maq, éloigner, séparer, écarter. T. ayru, séparé. T. · ayruqsl, autre, ne ressemblant à rien, contraire. A. 'azii, consolation prodiguée au moment d'une mort, condoléances. A. a 'zam, le plus grand, le plus haut. azep, célibataire, infanterie légère armée d'arcs A. et d'épées. A. 'azm, résolution, action de se mettre en route pour un but déterminé ; 'azm étmek, se déci der, se mettre en toute, entreprendre. T. azuq, provision, vivres.
T.
P.
A.
P. A. P. P.
-
1
P.
A.
T. T.
P. T. T. P� T. T.
T. T.
T. P. T. P.
T.
'
A. P. T.
P. P.
A. B
A. P. T.
T.
T.
T.
T.
T.
\
biib, chapitre, porte. biic, frais de douane, impôt prélevé sur les mar chandises importées et le marché intérieur. baya, grenouille. bayacuq, petite grenouille ; nom d'une tactique militaire. bayl�lamaq, donner gratuitement, pardonner, épargner la vie. baylamaq, fermer ; aliiy ou !Jal baylamaq, se ranger en ordre de combat ; el bayla maq, se croiser les mains en prenant une attitude de respect devant un supérieur. baylu, fermé. bayur, baylr, foie, région du corps au-dessus de la ceinture.
A. A. A. A. T.
A. P.
A.
bahii, prix, valeur. bahiidlr, bahiidur, héros, brave, courageux. bal)r, mer. ba!J.§l§ , cadeau ; bahgl§ etmek, faire· cadeau. ba!J.t, sort, fortune ; bonne fortune ; ba!J.t-i s iyiih, mauvais sort . ba !J. tlu , fortuné. biik, peur. biiqi, restant, demeurant, éternel. · balla, hache de guerre. bar, comme var, il y a. biiriin, pluie. barl�, paix. barl§maq, faire la paix. biirü, créneau, rempart, mur d'une forteresse. ba�maq, peser sur quelqu'un, attaquer, fouler, vaincre. bag çekmek, se révolter. ba� qoymaq, se prosterner. bay, riche. bayayl, celui d'autrefois; celui d'auparavant. becidd (de A. cidd)( avec zèle, avec application. bek, très, beaucoup ; fort, robuste. . bekiir, utile ; nii-bekiir, inutile, bon à ri tm. bel, taille, colonne vertébrale ; point de passage entre deux montagnes ; !!iÔmete bel bayla maq, se mettre au service de quelqu'un. belii, malheur, calamité. bem, bas, son bas. bencileyin, comme moi, semblable à moi. bende, esclave. bendeviir, comme un esclave, à la matière d'un esclave. benï, (cas oblique de ben ü), fils ; cette forme est employée en Turc et . en Persan comme un nominatif quand elle est accompagnée d'un substantif ; beni a!Jler, fils de blond, c'est-à-dire les Grecs. beriit, privilège, lettre patente accordant une dignité ou un privilège. berï (cf.
-.,:;\ J! ), débarrassé d'une chose
indésira
ble ; berï ëtmek, débarrasser de. berq, éclair, foudre, éclat de lumière ; berq urmaq, jeter des éclairs. berr, continent, te:r;re ferme. berü, ce côté. be§iiret, bi§iiret, bonne nouvelle, annonce d'une bonne nouvelle. be/miin, mesure de poids variant selon l'endroit et les marchandises à peser. beyt, habitation, maison ; ehl ; beyt, femme, famille. -
LEXIQ UE
1 33
bezemek, décorer, parer. bezenmek, se parer. bi, sans. bile, aussi, avec, ensemble. bilmek, connaître, prendre connaissance, apprendre. T. bi"t'j, mille. P. bi�e, voir à pi�e. T. biti « chinois pit cc pinceau ») , lettre écrite. T. bitirmek, terminer ; i� ini bitirmek, tuer (quelqu'un). T. bititmek, écrire, décréter (un destin). T. . bitmek, finir ; i� i bitmek, être tué ou ruiné. T. bolayki, Dieu veuille, pHU à Dieu. T. borl, boru, cor. T. b(Jrk, bonnet, coiffure des 'azeps. T. boy un, cou ; boyun baylamaq, prendre prisonnier j boyun egmek, se soumettre. T. bozmaq, détruire. T. boz/oyan, faucon' gris ; massue, masse d'arme. T. buyra, chameau mâle ; qara buyra, nom d'une catapulte. A. buhar, vapeur. T. bulamaq, souiller. T. bula§maq, se souiller ; qana bula§maq, se souiller de sang. T. bulyar, bulgare. T. bU"t'jalmaq, étouffer, n'en pouvoir plus, se trouver dans une calamité. P. bünyiid, fondement, structure, édifice. P. buriin, vulgo burriin, tranchant. burc « latin vulgaire burgus), tour, cf. le suivant. A. G. buryos ('7tUPi'0�)' tour, château-fort. T. bürimek, bürümek, envelopper, couvrir entière ment. T. bürinmek, s'envelopper, s'enrouler. T. bürüme, douleur aigue de l'estomac ou des en trailles. T. bürüme çuqal, armure de cheval enveloppante. P. b üs, baiser. b üs érmek, effleurer ( '1). T. bu/llq, cuissard (partie de l'armure protégeant la cuisse). T. buyurmaq, ordonner.
T. T. P. T. T.
c A.
A. P. A.
CM
(de P. giih), rang élevé. ciimid, inerte, . sans vie. ciiy, endroit. cebbar, robuste, fort, géant.
A.
A. P. A. A. A. A. A. A. P. T. A. P. A. P.
A.
cem' qllmaq, assembler, rassembler. cem' olmaq, se rassembler, se réunir. ceniin, femme aimée, digne d'être aimée. ceng, cenk, guerre, combat ; ceng élmek, combattre, faire la guerre. ceviiri, esclaves de sexe féminin, concubines. cevr, oppression, injustice, violence. cev§en, armure, cotte de maille. cezii, récompense ou châtiment ; châtiment lourd. cezïre, île. cezm, action de se décider définitivement ; cezm élmek, se décider, se résoudre. cihan, monde, univers. -cileyin -c llayln, semblable à. cism, corps (substance matérielle). civiin, j eune, j eune homme. cizye, impôt individuel payé par les habitants mâles d'un pays conquis en échange du libre exercice de leur culte. cünbi§, agitation, excitation causée par le plaisir, joie ; cünbi§ élmek, sauter, bondir. cür'el goslermek, montrer de l'audace, montrer qu'on n'a pas peur.
ç P. T.
P. T. T. T. F. T. T. T. P.
P. T. T. T.
T. T. T.
çiibuk, çiipuk, rapide ; çiipuk süviir, cavalier rapide. çaylamaq, ruisseler, émettre le son de l'eau qui ruisselle. çiik, fendu, fêlé ; çiik olmaq, se fendre, se fêler. çaq, entier, complet. Çalap, Dieu. çal}, cloche. çal}ra (cancre, chancre ; G. 't'�ai'i'plX), chancre, arbalète. çapar, courrier, messager. çap lnmaq, courir, s'élancer, se ruer. çapmaq, courir, galoper, assaillir, attaquer. çare, remède, moyen de sauvetage ; bi-çiire, désespéré, s,ans remède ; bi-çiirekiir, comme bi-çare ; çiire [alep qllmaq, chercher un moyen de �auvetage. ça,nigir, dégustateur des mets du souverain. çav, renommée. çeri, arméè, hommes d'armes. çevre, périphérie, contour ; çevre almaq, entourer, encercler, assiéger. çevre yan, circuit, contour, périphérie ; tout autour. çlbuq, bâton, baguette. çlyl,maq, grincer, émettre le bruit du métal frotté et entrechoqué.
134
LE DES TAN D' UMUR PA CHA
çlyls çlyls éimek, même sens que le précédent. ç ly� a§maq, grincer ensemble (en parlant d'armu res). T. · çlqmaq, sortir, débarquer, surgir, apparaître, en...; trer en action. P. çlnar, platane. T. çoqmaq, s'assembler. T. çoqu§maq, s'assembler. T. çuqal, armure de chevaux. T. çuqur, crevasse, fissure sur la surface de la terre, ravin. T. çün, forme analytique de içün « pour ». P. çun, comme, lorsque, quand. P. ç unki, quand, parce que.
T. T.
P. P.
A. A. T. T. P.
T. T. T. P. P.
T. T.
T. P. D
-
P.
A. P. P. P.
A. A. A. T. T. T. T. A. P. T. P.
T. T.
T. T.
T. T. P. P.
T. T. P.
T. P.
da' ire, vulgo dayire, cercle, contour, alentour, région avoisinante ; da'ire qllinaq, entourer. dam, piège. dargir, darugir; combat, bataille ; dargir éimek, se battre. dasian, dasitan, récit ; dasian qllmaq, raconter, faire le récit. da'va, act i on de prétendre à un droit ; prétention, arrogance. da'im, vulgo dayim, continuellement, toujours. defn qllmaq, enterrer. deger, valeureux, digne. deg§ül'mek, changer. dek, jusqu'à. delim, delüm, beaucoup. dem, sang. dem, temps, moment ; 01 dem, alors, à ce moment. del)iz, mer. denk, étonné, stupéfait. denk, en équilibre, égal, à égalité. del)lü, combien, comment. depdürmek, envahir. depinmek, iepinmek, se ruer. depmek, iepmek, lancer (le cheval), éperonner (le cheval), pousser, enfoncer (une porte). der, sueur. der, dans, à. dere, vallée, chemin, direction. dërilmek, se rassembler, rassembler ses esprits. derim ev, tente en feutre de semi-nomade. dermande, tout à fait usé, brisé. dérmek, dirmek, rassembler. desian, épopée, conte, histoire.
destgir, celui qui vient en aide. desiiir, permission ; desiiir vérmek, permettre. deva, remède, médicament . devlet, souveraineté, bonne fortune. dev§ irmek, amasser, rassembler. déyü, en disant. ' dil, cœur. dil, langue. dilek, désir. dilemek, désirer ; demander. dilïr, brave, courageux. dilteng, au cœur serré, malheureux ; dilteng éimek, mettre à mal. dil)lemek, écouter. dil)mek, se taire ; s'arrêter (pluie). diri, vivant. diriy, refus, action de revenir en arrière (en accordant une faveur) ; bi dir iy, sans arrêt, continuellement. diriya, hélas 1 dirlik, vie, manière de vivre. di§ urmaq, mordre, manger. ditiremek, comme ditremek. diimek, mettre en morceaux, déchirer (comme un oiseau de proie), déchiqueter. ditremek, trembler. ditretmek, faire trembler. div, génie, géant. divan ; divan baylamaq, se tenir à genoux assis sur les talons à la mode orientale ; se tenir en croisant les mains en signe de respect ; divan durmaq, même sens. divar, mur. diyar, région, pays. dizgin, rènes. dogmek, battre, frapper. dokmek, laisser, abandonner. doqïnmaq, frapper, heurter. dondürmek, détourner, mettre en fuite. donmek, s'en retourner, fuir, tourner le dos. dostan, Pl. de dosi, amis. do§emek, enduire. dU, deux. dügün, festin (de noces ou de mort). dün, nuit ; dün ü gün, nuit et j our. dürr, dür, perle. dürlü, toutes sortes, toutes espèces. dürmek, rassembler ; envelopper, plier et mettre en rouleau. dürilmek, être rassemblé ; être enveloppé, plié et mis en rouleau. dürümek, arriver, se manifester ; se ramasser en secret et apparaître en masse. dürür /durur, comme dür /dur, il est.
T. T. T. T. T. T. P. P.
P.
A. T. T.
T. T. T. T. P.
T. P.
T. T. A. T.
T. T. T.
T.
.
135
LEXIQ UE T. T. P. T. T. T.
dürü§mek, s'empresser. dü§ , rêve. dü§véir, difficile. dutmaq, comme tutmaq. duymaq, supporter, résister (avec le datif). düzmek, faire, préparer.
T. T. T.
en'iim, faveur, présent. endl§e, souci, pensée, réflexion. engin, pleine mer. epsem olmaq, rester tranquille, se tenir coi. eren, pl. de er, hommes. érgürmek, irgürmek, apporter, faire parvenir. éri§mek, �e rencontrer, venir face à face (en combattant). esen « P. iisiin), sain, robuste, bien portant. esenle§mek, se souhaiter mutuellement santé et bonheur, se dire adieu. e�er, traces, vestiges. esp, cheval ; esp-i tiizi, cheval arabe. e§mek, partir à cheval, chevaucher ; partir, s'éloi. gner. etbii', suite d'un prince. ev, tente. ev élmek, se camper. eved, certainement.
A.
evvel-iin 1r
T. T. T. T. T.
ment jusqu'à la fin. eyer, selle. eyerlü, sellé, muni d'une selle. eyitmek, dire. eylemek, faire. eyü, bien.
A. P. T. T. T. T. T. T. T.
A. A. A. A. A.
P. T.
'
ùi (cas oblique de 0 ü), employé en Turc comme un nominatif, possesseur de, doué de. ù ikr étmek, mentionner, louer Dieu. ù ü-fun ün, doué de science. ù ü-Icelül, doué de sublimité, Dieu.
A.
E A. A. T. P. A. P. T.
A. P. T. T. T.
T.
A. T. T. T.
A. A. T. A. A.
e bed, qui n'a pas de fin, infini (opposé à ezel, qui n'a pas de commencement). ecel, terme de la vie, mort ; ecel �arbl, coup de la mort, mort. édinmek, se faire. efyéin, lamentation, cri de douleur, cOmme fiyéin. efrenk, pl. de firenk. efzün, plus que ; J:taddan efz ün, au-dessus des limites, sans mesure. egirtmek, encercler, assiéger. ehl, famille, maisonnée ; appartenant à une place, à une condition, à une qualité ; ehl-i hüner, homme de mérite. ejdehii (de ejderhii), dragon, monstre. él, pays. el, main. el baylamaq, croiser les mains (en signe de sou mission du vassal au suzerain). ele ayaya dü§mek, se prosterner aux pieds de quelqu'un. elem, malheur, chagrin. élle§mek, s'entendre, venir à un accord. éllik, entente, paix. ellik, gantelet. el-vedii' , adieu. emel, ambition, aspiration, désir. emenmek, causer de la peine, causer du déran gement. emir, chef militaire et gouverneur. eniim, humanité, hommes.
(,J>)' 1
J' JJ)'\
0A ), du commence-
.
F A. A. P. P.
A. P.
A.
A. A. P.
A. \
1.
A. P. F. P.
fiinl, périssable, transitoire. fenii, néant, anéantissement ; fenii qllmaq, tuer. jerdii, lendemain. ferméin, ordre. fer§ , plancher. feryiid, lamentation. fel/:t, conquête, victoire, action d'ouvrir ; fet1;l-i biib, action d'ouvrir la porte ; fet/:t-i biib élmek, ouvrir la porte (de la victoire ou du succès). fet/:t élmek, ouvrir ; conquérir. fet1;l olmaq, s 'ouvrir ; être conquis. fevt, mort ; fevt olmaq, mourir. fidii, fedii, sacrifice (fait pour le bien d'autrui). fiyiin, lamentation. fïl/:tiil, sur-le-champ, immédiatement. filuri (florino), florin. firiiq, séparation, chagrin de la séparation. Firengistân, pays des Francs. firenk, fireng, franc, chrétien. firi§te, ange.
136 P.
A. A. A. A. P.
A.
P. P. P. T. T. T. P. P. T. T. T. T. T. T. P. T. P. P. T.
T. T. T. T.
T. T. T. T. T. T. G. T.
-
LE DES TAN D' UMUR PACHA
firuze, turquoise. fUne, sédition, révolte ; fUne élmek, faire du désordre, faire des intrigues, se révolter. furqat, séparation, douleur de la séparation. fur!}at, opportunité, occasion favorable. fur u ', action de monter ; fur u ' étmek, monter (soleil). furuy, éclat de lumière. fu �ul, 1) plus qu'il ne faut ; en excès ; 2) super flu ; sans importance ; 3) prétentieux, émettant des prétentions ; fu fiil étmek, traiter sans importance ; fu fiil olmaq, avoir des prétentions, faire le grand.
gebr, païen. geday, pauvre, nécessiteux. gene, trésor. ge "l ez, facile. germe, mur, muraille. germek, étendre, tendre avec force. gerçi, puisque, bien que. gerçi kim, parce que. gerek, nécessaire, il faut. gerü, encore, de nouveau ; en arrière. getürmek, faire venir, apporter. gey, key, très, très bien. géymek, se vêtir. gez, kez, fois. gezend, mal, tort. gi7j, large, spacieux. giran, lourd. giryan, se lamentant ; giryan étmek, causer des lamentations. goçmek, partir d'un endroit vers un autre. goç eylemek, même sens que le précédent. gok demür, fer bleu, armure d'acier. gondürmek, accompagner, assister au départ, renvoyer. , gonelmek, gonülmek, tourner vers, se tourner vers. gotünü açmaq, s'enfuir. gotürmek, enlever en l'air ; hisser (un étendard). gotürülmek, être enlevé en l'air, être hissé. goymek, küymek, brtller, être consumé ; mettre le feu ; brûler d'impatience. goyünmek, brûler. gozetmek, épier. gübre (X07i:p(Œ), fumier. güç, difficulté, violence ; pouvoir, force ; güçile, avec difficulté.
P. P. P. T. T. P. T. P. T. P. T.
güaer, qui traverse. gülbang, grand cri, cri de guerre. güman, doute, incertitude ; bi-güman, sans doute ; güman !ulmaq, douter. gümi�, argent, en argent. gün, jour, soleil ; gün yüz, visage comme le soleil, beau visage. güniih, faute, péché ; bi-güniih, sans commettre de délit. gür gür ürkmek, avoir très peur. gürde, kürde, poignard. gürlemek, faire un bruit de tonnerre, s'exalter battre très fort (la poitrine). gürz, massue. güvlek, küvlek, hune.
y
A.
A. A. A. A. A. A. A.
A. A. A. A. A. A. P.
A. A. P.
A. A.
yafil, imprévoyant, qui ne s'attend pas. yam, tristesse ; bi-yam, sans tristesse, joyeux. yanimet, butin ; yanimet eylemek, distribuer le butin. yiiret, pillage, incursion de pillage ; yaret qllmaq, piller, dévaster. yarq, action de se noyer ; yarq olmaq, être noyé, faire naufrage. yavya, tumulte de voix, bataille, combat. yayet, T. très, extrêmement. yayret; zèle ; tristesse, désespoir ; yayret qllmaq, faire avec zèle ; yayrete dü�mek, sombrer dans le désespoir. yayretsüz, indifférent vis-à-vis de l'honneur de sa femme, sans honneur. yayrl, autre. yaza, guerre sainte, guerre dirigée contre les infidèles. yazavet, pl. de yaza. ya fbiin, irrité, en colère. yazi, celui qui participe à la guerre sainte. yllman, adolescent du Paradis, page des bien heureux. ytriv, cri, cri de lamentation, yiriv étmek, crier, hurler de douleur. yu bar, poussière. yuluv, extrême exagération, tumulte, attaque ; yuluv étmek, attaquer, faire du tumulte. yurri�, force, colère, enthousiasme guerrier. yu!}!}a, inquiétude, anxiété. yuzat, pl. de ya%Ï.
LEXIQ UE
1 37
H A. P. A. A. A. A. A. A. A. A. T.
A. A. A. A. A. A. A. A. A. A. A. P. A. P. A. A. T.
A. P. A. A. A. A.
A. A. P.
/.labbe, grain de blé. hâç, croix, crucifix. /.lâcet, besoin, espoir ; /.lâcet qilmaq, espérer un moyen de salut. hacU, honteux, confus par la honte. haclet, honte, confusion causée par la honte. /.ladd, limite, borne ; bi-/.ladd, sans limite ; /.ladd qilmaq, faire le compte. /.laBer, action de se garder, de se préserver ; el-/.laBer, Dieu me préserve 1 /.laqir, méprisable. /.lalâl, ce qui est permis, légal ; femme ou concubine légale (contraire de harâm). /.lamie, attaque, assaut ; /.l amie étmek, attaquer. han, prince. handaq (de P. kende), fossé, tranchée. harâc, impôt prélevé sur la terre et les récoltes payé par les régions qui s'étaient rendues pacifiquement à la domination musulmane. harâm, illégitime, ce qui est contraire à la morale et à la religion (contraire de /.lalâl). /.larbe, javelot, pique. /.larbi, relevant de la guerre, ennemi. hâ�, particulier, choisi ; hâ� u 'âmm, le particulier et le général, lettrés et illettrés, tous. /.lased, envie. /.lâ�U, récolte ; /.lâ�U olmaq, être récolté. ha�m, h�lm, ennemi. /.lasret, tristesse, nostalgie. hâ,�atan, en particulier, spécialement. haste, malade. /.la*â, que Dieu défende f que Dieu me garde f . ha*m, vulgo h 1*m, colère, rage. hâ!lr, pensée, souvenir ; hâ!iri qalmaq, prendre offense ; hâtirl �ormaq, s'enquérir de la santé de quelqu'un. /.latm, action de décider ; /.latm olmaq, être décidé, arriver à une fin décisive. hatun ( < sogdien XWalen), souveraine, dame, épouse. havI, peur, crainte. hayli (de A. !1ayl), beaucoup, nombreux. hayr, bien, le meilleur ; hayr maqdem, bienvenu f hayr-ül-be*er, le meilleur des hommes. /.layrân, éperdu, confondu. hazâ'in, vulgo hazâyin, pl. de lJ:,azine, trésors. /.lazm, prudence ; /.lazm étmek, être prudent. /.la fret, présence ; excellence. hedel, cible. he/te, semaine.
helâk élmek, tuer, vaincre. /.lelâl etmek, oublier les comptes passés (avant la mort). P. hergez, jamais. A. /.lesâb, compte ; bi-/.lesâb, sans compte, incalcula bJe. A. hevâ, désir, passion. A. heybet, ce qui inspire le respect et la crainte, majesté, prestige. A. hicret, hégire. A. hiamât pour h idmât, pl. de h idmet. A. hiamet pour h idmet, service, hommage, présence. A. h U'at, robe d'honneur. A. himmet, faveur, protection ; himmet étmek, favoriser, aider. A. IJ, lrmân, refus ; IJ,lrmân bulmaq, essuyer un refus. A. h i�âl, pl. de h�let, qualités morales. T. h l�m, parent. A. 1J,1��a, part, participation. A. IJ,l�met, colère, irritation. A. hitâb, action de s'adresser, allocution ; !!:,itâb qllmaq, s 'adresser à quelqu'un, adresser la parole. P . han, voir à hWân. P. hod, soi-même ; quant à. P. ho�, agréable ; ho� geçmek, passer le temps agréablement ; flo* lutmaq, tenir pour agréable. P. h ü b, beau, agréable. P. h üdâ, hüoâ, seigneur, Dieu. P. hüdâvend, h Üoâvend, seigneur. P. hüdây, hüoây, comme hüdâ. A. lJ,ükm, ordre ; lJ,ükm eylemek, ordonner, gouverner. A. h ulq, bon naturel, bonnes dispositions. ( '1) h üm etmek, riposter ( '1). P. h ün, sang. P. hüner, mérite. P. h urd, brisé, mis en morceaux ; hurd étmek, mettre en morceaux. A. lJ,üri, vierge du Paradis, compagne des bienheu reux. P. hurrem, gai, joyeux. A. hur üc, action de surgir, de devenir important ; h urüc qilmaq, surgir, s'insurger, devenir indépendant. A. lJ,üsn, beauté. P. hWâce, homme instruit, maUre. P. hWân, han, large plateau qui sert de table à manger, repas. P. hWân, qui récite, qui chante ; medlJ,-hwân, qui chante les louanges. P. DWar, bor, vil, méprisable.
A. A.
LE DES TAN D' UM UR PACHA
138
K
1
A. A. A. A. A. 1. A. A. A. A. A. A. A. T. G.
A.
T. T. T. A. T.
A. A. A. T.
A. T. T. T.
A. A. A. T. T.
A. A. A.
' ibiidet, dévotion, action de rendre grâce à Dieu. Iblfs « Gr. oLa�oÀoç), le Diable. 'ibret, modèle, exemple à suivre ; 'ibret qllmaq, prendre comme modèle, prendre exemple. ictimii', assemblée, réunion. ictiniib, action d'éviter ; ictiniib qllmaq, éviter. iyribar (griparia), grip, grippe (bateau). iyvii élmek, induire en erreur, in citer à faire le mal. ihbiir, action de donner de.:; nouvelles, des informations. i /;tsiin, bienfait, faveur. ihtimiim q llmaq, prendre soin, accomplir avec souci. ikriim, présent fait à un inférieur ; ikriim étmek, donner des présents, honorer. G. Û'[!J.(X)" pays. iqlim « i'liim élmek, proclamer. ilelmek, illmek, conduire, emmener. ilman, comme leman. ilti/iit, action de faire attention, de se tourner pour regarder ; iUi/iit étmek, prêter atten tion, prendre la peine de regarder. imdi, maintenant. inan, foi. inansuz, sans foi. ' iniiyet, faveur, grâce ; ' iniiyet qïlmaq, accorder une grâce, une faveur. incitmek, faire du mal. in/i'iil, action d'être vexé, chagriné, lésé ; in/t'm çekmek, souffrir, être chagriné. inkiir, action de renier ; inkiir élmek, renier. intiqiil, action de changer de lieu ; intiqiil étmek, passer dans l'autre monde, mourir. lraq, loin. irsiil étmek, envoyer, expédier. l$marlamaq, recommander à. issi, possesseur ; maître. istemek, suivre à la trace, désirer, chercher. isU'ciil, hâte ; isti'ciil élmek, se presser. istiqbiil élmek, aller à la rencontre. i�iiret, action de faire signe, signal. i� bu, comme bu, celui-ci, celle-ci, ceci. l� lq, heaume. i'ti biir, considération, estime. itti/iiq, commun accord, ensemble. ' izzet, gloire, honneur ; ' izzet qllmaq, traiter avec honneur.
G.
A.
P. P. P. P. P.
A.
A.
A. A. P. P. P. P. T. P.
A. A. P. T. T.
T. A. A.
A. A. T. T. G. T. P. G. P. T. F. T. T. T.
A. P. T. P. T. P. T.
Kadalan, Gadalan, Catalan. kii/ir, mécréant. kiimriin, fortuné. kiir, action, exploits ; travail, besogne. kiirbiin, caravane. kiirsiiz, habile. kiirziir, combat ; kiirziir étmek, combattre. kiitib, scribe. kiiylniit, êtres, tout le monde. kedd, effort, travail laborieux. keliim, mot, parole. kem, peu. kemer, arche, voûte. ' kemine, faible. keniir, bord, rivage. kendozi, soi-même. keriin, marge, limite, fin ; bl-keriin, sans limite, sans fin. kerem, bonté faveur ; kerem qllmaq, avoir la bonté de. kerre, T. beaucoup,- million. kes, une personne, quelqu'un. kesme, flèche grande et large. kesmek, avec le datif ; convenir du prix, conclure un marché ; hariica kesmek, imposer le barac. ke�i�, moine, prêtre chrétien. kevn, monde, existence. kevneyn, cas duel de kevn, les deux mondes (l'ici-bas et l'au delà). ki biir, pl. de k�bir, grands, de . haut rang. kibr, arrogance. kiçi, petit. kiçirek, petit. kilise (b.i')'f)crto:), église. kimesne, kimsene, personne. kin, désir de vengeance, haine. kiremid (i'.EPO: !J.tot), tuile, brique. klse, bourse, petit sac. ki� i, homme. koke, coque (bateau). kop, tout, tous. kopük, écume. küç (ü)çek, tout petit. küttiir, pl. de kii/ir. k üh, montagne. kükremek, rugir. küliih, couronne, diadème. küZünk, massue, marteau. kü�te, tué, cadavre d'un homme tué. küymek (goymek), attendre, patienter.
LEXIQ UE
1 39
Q A. T.
A. A. A. G. T.
T. A. P.
G. T. P. T. T.
G. T. T. T. T. T. T.
T. T. A. T. T. T. T. T.
T.
A. A.
T. étoffe grossière ; robe de bure ; ehl-i qa ba, les gens à la robe de bure (les dervi ches). qaçan, quand. qadd, taille, stature. qadem, pied ; qadem élmek, mettre le pied, venir. qadïd, terme d'injure ; viande coupée en forme de lanière et séchée au soleil ; vieux, décharné. qadlry a (xckn:pj:lv), galère. qallan, vêtement de dessus avec de longs pam; et de longues manches. qaqlmaq, se fâcher, devenir furieux. qalem (G. < y"ckÀcxlJ.. o ;), plume (du Destin). qal'evar (de A. qal'e), comme une forteresse. qalladlz (xcxÀcx q; ckt'� ç), calfaté ; qalladlz o lmaz, être calfaté. qalqan, bouclier. qaltaban, terme d'injure ; maquereau, cocu. qamu, tous, tout. qanda, où. qandil (xCXV01}),L), veilleuse. qanl, où ? qanql, lequel. qœ�ll, qar;lu, chariot à deux roues pleines et fixées à un pivot. qara, terre ferme. qara, noir, funeste, de mauvais augure. qara buyra, « chameau mâle noir », nom d'une . catapulte. qaray ul, sentinelle, garde. qara'� u, ténèbres. qarar, 1) repos, stabilité ; 2) décision, résolu tion ; 3) force de supporter quelque chose ; qarar étmek, s'arrêter, se reposer ; décider. qarava�, esclave de sexe féminin, odalisque ; concubine. qarlnda�, qarda�, frère. qarl§, malédiction, reproche s évère ; qar i§ vér mek, blâmer. qal'l�maq, se mettre dans un état de désordre, de confusion. qarmaq, mettre dans un état de désordre, semer la confusion ; qarllmaq, même sens ; comme qari§maq. qar$U gelmek, aller à la rencontre. qa�l' (du G. xaO'tp o'l), palais. qa�d, intention, but ; qa�d étmek, 1) faire de quelque chose son but ; 2) attenter à la vie de quelqu'un, avoir l'intention de tuer quelqu'un; attaquer quelqu 'un.
qa ba ,
T. T.
A. T.
A. A. A. T. A.
A. T.
A. T. T. T. T. T. T. T. T.
A. A. T. A. A. A. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T.
T. T. T.
T.
qat, côté. qatl, dur, beaucoup ; qatl yüzlü , sans honte, sans pudeur. qat!, mort violente, exécution, mise à mort ; qall ëtmek, tuer ; qat[ olmaq, être tué. qatmaq, mêler les gens les uns aux autres ; qatllmaq, être mêlé les uns avec les autres. qa/ran, poix. qavl, parole, promesse. qavm, peuple, habitants. qavu�maq, s 'unir, accomplir l'acte sexuel. qayd, chaîne ; souci, soin, attention ; qayd étmek, 1) attacher ; 2) surveiller, veiller à quelque chose ; qaydinl yemek, s'inquiéter, se tour menter pour quelque chose. qo: lm, vulgo qay lm , ferme, persévérant ; qa' lm olmaq ou durmaq, être ferme, persévérant. qayurmaq, avoir peur, hésiter. qa ?a, malheur, destin, mort. qazuq, broche ; qazuya urmaq, mettre en broche. qly lrmaq, appeler. qllmaq, comme é tmek, faire ; Allaha qllmaq, prier. q'imaq (voir qlymaq), faire le sacrifice de ; tuer. q ln, fourreau. qlrii:1}, bord, rivage. qlryln, tué, massacré. qlrmaq, vaincre, tuer. qlsmet, partage ; qlsmet élmek, partager. ql��a, affaire ; récit. qU, comme qat ; côté. Qum, combat. qlyiimet, jour du Jugement Dernier. qlyas, mesure, comparaison, bi-qlyas, sans me sure, sans pareil. qlylq, celui qui ne tient pas sa parole, toute chose qui n'est pas droite. qlymaq, comme qlmaq ; avec le datif ; sacrifier, risquer, ne pas épargner. qlzy un, chauffé au rouge. qoca, vieux. qoqulamaq, sentir. qolliq, brassard (partie de l'armure). qomaq, qoymaq, mettre, placer, laisser, ab andonner. qonmaq, se placer, s'installer quelque part. qonuq, qui reste quelque part, invité. qonuqluq, hospitalité ; qonuqluq qilmaq, prodi guer l'hospitalité, inviter avec insis tance. qopmaq, surgir, apparaître, passer à l'action. qopuz, espèce de luth à corps globulaire. qoyulmaq, 1) comme qonmaq ; 2) entrer avec violence. qoz ayaç, noyer.
LE DES TA N D' UMUR PA CHA
1 40
T. T. T. T. T.
quçmaq, serrer dans les bras, embrasser. qui, esclave de sexe masculin, serviteur, vassal. qurmaq, méditer un plan d'action, préparer. quru, terre ferme. qurulmaq, être tendu (en parlant de la corde
T.
quyumcu, orfèvre.
d'un arc), être préparé.
A.
maq� üd, but ; au sens figuré : accomplissement
G.
mancilly, manclllq, manclnlq (!J.(X),j'avt)(,6v), man-
P. P.
miinend pour miinende, semblable à, comme. manende, comme précédemment. man§ ür, aidé par Dieu, d'où : victorieux. mecal, force, pouvoir ; meciili qalmamaq, être à
de l'amour.
gonneau, catapulte.
A. A.
bout de force.
L A.
P. A.
G. P. P. P. A.
P. A. A.
la'ln, maudit. la'l, rubis. la 'net, malédiction ; la'net-ullah, malédiction de
Dieu. leman (osm. classique liman), port.. leng, boiteux. lenger, ancre ; lenger blraqmaq, jeter l' ancre. le�ker, armée, hommes d'arme. leyl, nuit. lik, lïkin (de A. liikin), mais, cependant, seule ment. lisün pour lüsine, confiseries d'amandes: lülf, bienveillance ; lü!t étmek, être bienveillant, montrer de la bienveillance.
A. A. A. A. A.
meclis, lieu où l'on s'asseoit, assemblée, séance. mecmü ', assemblé, rassemblé, tout, tous. mecrü1), blessé ; mecrü 1) olmaq, être blessé. meded, aide. medl), louange. med1)-IJ wiin, qui récite ou chante les éloges,
T.
A. A.
meger, or, mais. mekiin, demeure. résidence. mekr, ruse, artifice, duplicité. melii'ik, pl. de melek, anges. melül, triste. mel' ün, maudit. men' étmek, défendre. meniir, minaret. meremmet, réparation ; meremmet qllmaq, réparer. mescid, mosquée, petite mosquée. mese, mesir, Messire. me'�iyet, désobéissance, péché. mesned, siège, trône, dignité. mest, ivre. me�riq, orient. me§veret, conseil, délibération ; me§veret qtlmaq,
A.
meta', marchandise ; (a�q) meta ' i �atmaq, avoir
?
meteris, metris, obstacle artificiel dans le combat,
A. A. A. A. A.
mevc, vague. mevt, mort. meysere, aile gauche d'une. armée. mezbele, endroit où l'on jette les ordures, fumier. mil)net, affliction, malheur. milk, mülk. bien, possession souveraineté, état. " mir (de A. emir) , chef. mi§.iil, semblable à , comme. mi§. l, semblable. mu 'avenet, aide, assistance. müdiim, continuellement. mu l)kem, ferme, fort, solide. . mu l)tac, dans le besoin, nécessiteux ; mu l)tiic étmek, mettre dans le besoin� rendre né
P.
A. A. A. A. A. A. A. A. A. F. A.
A. M
A. A. A. A. A.
A. A. A. A.
A. A.
A.
tenir conseil, délibérer.
macera, événement, aventure ; événement désa
gréable. mayreb, occident. mayreb i, occidental, plus particulièrement NordAfricain, Maure. mayrür, présomptueux, orgueilleux. ma!Jm ür, grisé, étourdi des vapeurs de vin. ma1)rÜIn, privé de quelque chose, déçu ; ma1)rüm olmaq, être privé de quelque chose, être déçu. ma1)�er, foule, assemblée ; assemblée du jour du Jugement Dernier. ' ma 1)zün, triste. maqam, station, lieu de séjour, état fixe et dura ble (opposé à I)al, état passager) ; maqam, qllmaq, être présent dans un endroit, stationner, séjourner. maqdem," arrivée ; IJayr maqdem, bienvenu. maqhür, tué par Dieu (les maqhür sont coupa bles parce qu'ils ne sont pas musul mans), tué par châtiment ou par ven ieaDce.
panégyriste.
A.
P.
A. A. A. A. A. A.
A
des relations d'amour. barricade, tranchée ; en matière navale : plat bord d'un bâtiment.
cessiteux. mubta,ar, en bref, en résumé.
LEXIQ UE
A. A. A. A. A. P.
A. A. A. A.
A.
A. A. A.
1 41
mU'min, croyant, musulman. müniiciit ëtmek, prier. münfata, troublé, affligé. muntazlr, qui est prêt et qui attend ; muntaz- lr olmaq, être prêt et dans l'attente. mura��at, incrusté de pierres précieuses. mürd, mort (péjoratif) ; mürd olmaq, mourir ; mürd ëtmek, tuer. müreltep olmaq, être mis en ordre, arrangé, pré
paré. mürüvvet, générosité ; mürüvvet étmek, être généreux. mü�ayqal, qui reluit, brillant. Mu�1;Iaf, le Livre (Coran). müstaqim, qui se dresse, droit, loyal. müsteciib, digne d'être agréé ; müsteciib ëtmek, agréer. mu tteber, considéré, renommé. mültefiq, allié.
N P.
P. P. P.
A. P.
P. A. P. P.
P. P. P.
A. A. A. A. A. P. A. A. A.
nii-çiir, par nécessité. natl, naphte, feu grégeois. niigiih, soudain, d'une façon imprévue. niigahqn, comme niigiih. nahiir ; jour ; leyl ü nahiir, jour et nuit. niigiihviir, comme niigiih. naqiirii, timbale. naql étmek, 1) partir, se mettre en route ; mourir ;' 2) copier (un écrit) ; 3) raconter. niim, nom, renommée. niimdiir, renommé, célèbre. niime, tout document écrit ; lettre, livre. niimver, fameux, célèbre, renommé. niin, pain. niir, feu ; finniir-es-saqar (sic), dans le feu de
l'Enfer. natre, cri de guerre ; na're urmaq, pousser un cri de guerre. niis (pour eniis), pl. de enes, hommes, gens. na:.ar, regard ; na:.ar ëtmek, j eter un regard, regarder. na!,ir, point opposé à un autre dans un cercle ; égal, semblable ; bi-na!,ir ou lii-na!ir, incom parable, sans égal. neberd, combat. neciit, s alut, moyen de salut ; neciit b ulmaq, trou ver un moyen de salut, échapper. nef', bénéfice, avantage. nefer, T. individu, homme.
P.
A. P. P.
P. P. P.
A.
nefir, hautbois. nefs, désir de la chair ; ne/se uymaq, se conformer
au désir de la chair. nehenk, crocodile. nemek, sel. ner, mâle. nerdübân, échelle. nevciviin, tout jeune homme, adolescent. nev1;la, lamentation sur un mort ; nelJ1;Ia elmek, se lamenter et pleurer à haute voix sur un
mort. P. A. T.
P.
P. P. P.
A. A. A. T. P. A. P. A. A. A.
ney, fIOte.
ni'am, pl. de ni'met, nourritures ; ni 'am dlikmek, prodiguer beaucoup de mets. nice, combien. nigiir, beauté, belle image. nihiin, en secret. n ijiid, lignée, famille. nikniim, de bon renom. ni'met, bien dont on jouit, richesse, faveur, grAce. ni§.lir étmek, verser avec profusion, donner en versant de tous cOtés. ni,f, moitié. n ife , comment. n iyiiz, supplique, prière ; n iyiiz étmek, prier, supplier (Dieu). nuql, mets sucrés servis avec le vin. n iimid, désespéré, privé d'espoir. n ür, lumière. nüslJa, manuscrit, écrit. nü�ret, aide de Dieu, victoire.
o T. T.
od, feu. lid, bile, poche biliaire ; lid � Itmaq (avec suffixe
T.
og ; cerveau, raison, compréhension ; Dg dërmek
T. T. T. T.
oqramaq, hennir. oqra§maq, hennir ensemble. oqur oqur, bruit que fait le cheval en hennissant. okü§, ogü§, beaucoup, nombreux.
possessif), mourir de frayeur. (avec suffixe possessif�, rassembler ses esprits.
T.
01,
T. T.
olup qalmaq, séjourner, demeurer, vivre.
T.
T.
T. T.
ce, celle.
0'1), le devant, devant. o '1)at, u'1)at, bien, convenable. onegü, entêté. oran, mesure. ordu, camp, année (en cantonnement), pays,
principauté.
LE DES TA N D' UMUR PAC HA
142 T. T. T.
o/ay, tente du prince. Olmek, traverser, transpercer. oynamaq, j ouer, palpiter (cœur) , oynamaq, exposer sa vie. OZ, soi-même, son être propre.
A. ;
can ü ba� (ile)
A.
-
T.
p P. P. P. T. T. P. P. P. P. P. P. P. P. P. P.
P. P. P. P. P. P. P. P. T. P. P. P.
piidi�iih, souverain. piik, 1 ) pur ; 2) nettoyé de, débarrassé de. pare, morceau, pièce ; piire pare, en morceaux, en pièces. parelenmek (de P. pare), être mis en pièce. parlmaq, devenir usé, vieillir. piiyan, fin, borne. paydar, stable, durable. piiye, fondement. · piiymal, ruine, destruction ; paymal ëimek, détruire, fouler aux pieds. pehlivan, héros, athlète, champion. pelas, vieux vêtement (revêtu en signe de deuil). pelenk, léopard. pelid, terme d'injure : s ale, impur. penah, refuge ; penah étmek, se réfugier. pencüyek (> T. pencik) le cinquième (du butin) ; part du butin réservé aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs. peri, fée. perverdigar, nOUrrICIer, protecteur, Dieu. pes, puis, alors. pir, vieillard, chef spirituel. pi�e, bi�e, bois, forêt. pi�ke�, présent, cadeau. pi�rev, qui est en avant. pür, plein. pu�u, pu�l, embuscade ; pu�uya girmek,. se mettre en embuscade. p ü�, po�, couvert de, revêtu de. pü�te, colline. put, but, idole, statue.
P. P.
A. A. A. A. A. A. P.
A. P. P.
A. P. P. P. P. P.
A. A. A. A. P. P. ,P. P. P.
s
A. A. R
A. A. A. P.
Rabb, seigneur, Dieu ; ya rabbina, 0 notre Sei gneur f ra'd, tonnerre. , raybet, désir, inclination ; désir d'une chose défen due. riih, chemin.
ra1;le, pupitre qui porte un livre, le Coran en particulier. ra1;met, miséricorde, grâce de Dieu après la mort, pluie de la miséricorde divine. ram, soumis , docile. ran, cuisse (considérée, notamment, comme la , partie du corps en contact avec le cheval, dans l'équitation, cf. v. 660). ravi, narrateur, chroniqueur. ravu�, pl. . de rav�a, j ardins. rii#, satisfait, content. rav�a, jardin ; rav�a-i Cennet, j ardin du Paradis. re bab, sorte de guitare. redd ëtmek, repousser, rejeter. rehii, salut ; reha bulmaq, échapper, trouver le salut. re' is, capitaine de bateau. renc, peine, fatigue, ennui ; renc çekmek, souffrir. rence, comme renc. resm, manière. reva, permis ; reva olmaq, avoir la permission. reviin, immédiatement. revan olmaq, aller, partir, voyager, envoyer, expédier ; au sens figuré : mourir. revane olmaq, comme revan. rezm, combat. rlfq, pitié, compassion. rikab, étrier. riviiyet ëtmek, raconter, rapporter. RifVan, ange gardien du Paradis. rü, visage ; rü gostermek, faire face. rüsva ë tmek, déshonorer, diffamer. rü�en, brillant, resplendissant, illuminé. R üm (cf. latin : Roma), grec. rüz, jour ; portion quotidienne, d'où . bonne fortune. rüzgar, 1) fortune, destin ; 2) monde.
T.
A. T.
A. A. A. A.
sa'iidet, bonheur. �a' b, dur, difficile. �açmaq, éparpiller, disperser ; donner en épar pillant ; kopük �açmaq, écumer. �adr, place d'honneur, préséance ; �adr-i eniim, le plus haut parmi les hommes. �ayraq, coupe. sa 1;ab, nuage. sa/pi, générosité. safJ.i, généreux, libéral. �ii1;ib, compagnon ; possesseur, doué de.
LEXIQ UE
A. P.
A. A. P.
A. T. T. T.
A. T. T. T. T. T. 1. T. P.
P. P. T.
T.
A. P..
A. A. A. A. A. P.
A. P. P. P. P.
A. A. A. A. A. A.
P. T. T.
!}a lJ.rii, plaine. saht, dur, solide ; difficile ; violent ; très . sa'ïd, bienheureux, destiné à la félicité éternelle. saqar, Enfer. sàl, année. siilim, sain, bien portant. !}almaq, jeter, lancer ; envoyer ; mettre ; el !}almaq, faire signe de la main. sancaq, bannière. !}an, comme. !}anem, idole, image adorée. !}apmaq, dévier, quitter le droit chemin. !}arp, raide, escarpé, difficile ; !} arp qal'e, forteresse difficile à prendre. !}avmaq, élojgner. !}avulmaq, prendre fin, s'achever. !}avurmaq, souffler (poussière, sable, etc . . . mis en mouvement par le vent, l'ouragan). !}aya « it. Saja), robe de dessus. !}ayru, malade. siiz, équipements, effets ; siiz ü selep, armes et bagages. se bmerek , cf. zemberek. seg, chien (injure). segirtmek, courir en faisant des bonds. stgrimek, palpiter (œil). se lJ.er, aube. se1)ergiih (de A. se lJ.er), l'aube, au matin. sehm, part, portion. !}eliibet, force, résistance. seliifïn, pl. de sultiin, princes. selep, vêtements, bagages . sem' ëtmek, entendre, obéir. semberek, voir sebmerek. §enii, éloge, louange, hymne. seng, pierre. serfiriiz, la tête haute, fier. serho§, ivre. sertiiser, d'un bout à l'autre, entièrement. server, chef. !}eviib, vérité, le vrai, ce qui est juste. sevdii, mélancolie, bile noire, passion ou désir violent. seyl, torrent. seyriin qrlmaq, regarder, contempler ; se promener. Seyyid-el-kevneyn, le Maître des Deux Mondes (matériel et spirituel) : le Prophète Mul:lam med. sezii, récompense ou châtiment mérité ; digne de ; qui mérite. !}lyamaq, toucher et caresser de la main, lisser (la barb('). !}lylnmaq, se réfugier (en quelqu'un).
143 P.
T. T. T. T.
P.
G. A. T. T. T.
A. T. T.
A. P. T.
A. A. P. T. T.
T.
A. P. T. P. T. T. P. T.
A. P. P. P. T. P. P. P. P.
sim (du G. &O'·� !J.t), argent ; sïm ü zer, l'or et l'argent. !} lmaq, vaincre. !}lndu, ciseau. sinle, cimetière. !} lnmaq, être vaincu, couler (bateau), se rompre (corde) . s ipiih, armée, hommes d'armes. SirI, Serbe « 1Hpôoç). s lrrï, secret. !} ltmaq, éclater, être crevé ; odü !} ltd" son fiel s'est crevé (de peur). s ogmek, injurier. s okmek, attaquer, surgir à l'improviste. !}olJ.bet, compagnie, société, festin ; !}olJ.bet étmek, tenir compagnie, converser. !}oTjra, après, ensuite. !}oyqu§maq, dépouiller. !}ublJ., aube, aurore. !} u b 1)dtm (de A. !}ublJ.), à l'aube, au matin. !}ulanmaq, s'approvisionner en eau. sultiinï, digne d'un roi, grand. sumiiqï pour summiiqï, porphyre. sünbül, hyacinthe, boucles des cheveux d'un joli garçon ou d'une jolie fille. !}unmaq, tendre la main, porter la main sur quelque chose. SÜTjü, lance. sÜTjülemek, transpercer de la lance. s üret, aspect, visage. surh, rou g e, or ; surh-i zer, or. sürmek, fouler (aux pieds), traîner, écorcher. surnii, surniiy, espèce de clarinette. surniici (de P. surnii,) joueur de surna. sürtmek, frotter contre quelque chose, marcher en frÔlant quelque chose. süviir, cavalier ; süviir olmaq, monter à cheval. süzmek, passer au tamis, piller de fond en comble.
§iibb, jeune. §iid, gai, j oyeux. $iidiin, comme §lid. §iidgiim, joyeux. §iidllq (de P. §iid), gaieté. §iidmiin, gai, joyeux. §iih, souverain, prince, roi ; § lihï, digne d'un roi, royal. §iim, soir. §eb, nuit ; §eb-i h ün ( << nuit de sang ») , attaque nocturne.
144
LB DBSTAN D'UMUR PACHA
P. A.
§eh, comme §ah. §ehiidet, martyre
P. P.
§ehr (> turc §ar), cité, ville. �ehryiir, �ehriyiir, souverain, monarque. �er, �err, mal. �erbet, breuvage, sorbet. �erer, étincelles. �er� étmek, exposer, expliquer, raconter. �ermsar, honteux. §e�, six. �evq, désir, amour. �ey!!:, vieux, vieillard ; �ey!! ü �abb, jeune et
qu'en grec).
A. A. A. A. P. P. A. A. A. P. P. P. P.
T.
P. P.
T. T.
tala b lmaq, désirer violemment, frémir de désir. ta"t}lamaq, s'étonner. lanuq, témoin, évidence ; lanuq olmaq, appa
T.
lanu�uq, conseil, délibération ; lanu§uq qllmaq,
T: T. T. P.
tapmaq, rendre hommage ; adorer (Dieu). lapu, hommage ; majesté. tar, étroit. tiir miir, en désordre ; tar miir étmek, disperser,
P.
tarac, pillage ; tiirae étmek, piller, mettre au
T. T.
tartmaq, s'imbiber (d'eau). taru, millet. ta�adduq qllmaq, donner des aumÔnes. ta�, extérieur ; plaine, campagne. ta§, pierre. la§ra, extérieur. fii'us, favus, paon. lavar, bétail. ta'yin étmek, assigner ; ta'yin olmaq, être assigné. ta �arru ' étmek ou s oylemek, prier en s'humiliant,
T.
«( témoignage
Il,
même idée
vieux, tous. �eytiin, Diable. § ikiir, chasse ; � ikar étmek, chasser, pourchasser. §fr, lion. §frfn, charmant, affable, délectable. 8 itiib, hâte ; � itii" étmek, se dépêcher. § olen, festin. §ümiir, compte ; br-§ümar, Sans nombre. l ur, tumulte, confusion ; � ur Ü �er, tumulte, confusion.
raître, être · visible.
vaincre et disperser. pillage. A.
T.
T. T.
A. T.
A. A. P.
T A. A.
A.
P. A. T.
T.
T. A.
A. P.
A. A. T.
A. T.
A. A. T. T.
T.
ta'alluq, rapport ; ne ta ' alluq, quel rapport ? labl, tambour. tiib ii.t, cercueil. tilc, couronne, diadème. ta'cn étmek, se hâter. tar, dar, montagne. larllmaq, se disperser. larlamaq, marquer au fer rouge ; yürek laylamaq,
faire fondre le courage. ta�qrq, donnant une existence réelle ; ta�qiq olmaq, devenir réel. ta1;rsin qllmaq, approuver, juger bon. taht, trône, capitale. taqdim, qui précède. taqdir, destin. taqlnmaq, revêtir, fixer (un bouclier). taqsim, partage ; taqsim qllmaq, partage�, donner en partage. talmaq, plonger. ta' lim, enseignement, instruction. talep qllmaq, désirer, chercher, poursuivre, demander. lalepsiz (de A. talep), en vain. lamu « sogdien lamu « enfer Il) , Enfer. ta"t}, étonnement ; ta"t}a qalmaq, rester stupéfait, s'étonner.
délibérer, se consulter.
A. P.
A. A. A. A. A. T.
A. P.
A. P. P. T.
A. P.
P. P. T.
prier humblement (Dieu).
tazi, arabe ; cheval arabe. te'tila, qu' Il soit exalté (Dieu) ; lJaq te'tila, Dieu,
qu'II soit exalté. destruction ; tebtih étmek, ruiner, anéantir, détruire. tedbir, plan, ordre ; tedbir étmek, faire le plan, arranger. teferrüc, divertissement, promenade ; teferrüc étmek, se divertir, se promener. te' bir, venant après. tekbir ètmek, proclamer : A llah ekber (Dieu est grand). iekellüf, action de se donner du mal ; tekellü/ étmek, se donner du mal. tek/ur (de l'Arménien : iakhavor, roi), tout souve rain chrétien depuis le gouverneur d'une forteresse jusqu'à l'empereur de Byzance. telel, destruction, ruine, mort ; telef olmaq, être détruit, tué. tema§a, scène, spectacle ; tema§ii étmek, regarder, contempler (une scène). temelluq qUmaq, flatter servilement. ten, corps. tenha, seul. Te"t}ri, Dieu. terk étmek, quitter, laisser partir, épargner. tersa, chrétien. te�ne pour de�ne, poignard. tir, épée. Ilqmaq, fourrer, faire entrer en pressant. tebah, ruine,
LEXIQ UE
145
T. T. P.
tl't}maq, exprimer l'attention, dire quelque chose. Il't}mamaq, se taire, ne pas exprimer d'attention. tir, flèche ; tir- i qa �ii, mort. T. Il�, extérieur. T. t'�lamaq, dégainer, sortir du fourreau. - T. tizrek (de P. t iz), rapide, vite. T. toymaq, naître. T. toyramaq, découper en morceaux. T. !oyru , vrai, droit ; !oyru soz, vérité. T. toqad, palissade. T. toq lmaq, frapper, entrechoquer. T. toqlnmaq, s'entrechoquer. toqu�, fait de s'entrechoquer. T. T. !oquz, neuf. T. lola�maq, naviguer (bateau). T. tolmaq, se remplir. T. tolu, plein. T. ton, vêtement. T. lonlu al, cheval harnaché. T. tO't}maq, geler. T. !onuq , ébloui, aveuglé (par l'éclat de la lumière). T. to't}uz, porc. T. top arlamaq, ramasser et emporter. T. fopt o lu , tout à fait plein. T. foylamaq, rassasier, donner un banquet. T. toyum, satiété ; foyum étmek, rassasier (en butin) ; toyum olmaq, faire du butin à satiété. T. t üfek, bâton à feu (1). A. f ül, étendue, grandeur. A. fulü', se lever, paraître (soleil). A. türbe, mausolée. T. furmaq, s'arrêter, résister, se maintenir, tenir bon. T. lurugelmek, se lever, apparaître. T. t u � , vis-à-vis, au devant de. T. tu� olmaq, se rencontrer. T. tuty un , prisonnier. T. tut ki, suppose que. T. futmaq, tenir (dans tous les sens du mot) ; tenir prisonnier ; tenir pour ; h{j� tutmaq, tenir pour agréable ; güman tutmamaq, ne pas tenir pour douteux, tenir pour certain. T. tutunmaq, attaquer.
T.
T. T.
T.
T. T. T. T.
T. A. T.
A.
T. T. T. T.
T. T. T.
T.
A.
T. T.
P. T.
T. T. T.
T.
T. T. T. T.
T. T.
-
uyra�maq, combattre. uyunmaq, s'évanouir. uyur, élan ; bir uyurdan, d'un seul coup. ulay, courrier, messager. üle�dürmek, répartir, partager. üle�mek, partager. u l u , grand. ulu beg, chef féolal, suzerain, souverain. ummaq, espérer. umür (pl. de emr), travaux, exploits. ün, nouvelle, cri ; ün �almaq, faire savoir. unéis, pl. de enes, êtres humains. u't}at, comme o't}at. uryan, câble, grosse corde. urq, uruq, sujet. urmaq, frapper, piller et dévaster ; él urmaq, pmer le pays ; nerdubiin urmaq, dresser une échelle. uru, debout ; uru durmaq, se tenir debout. üründülü, de choix, de sélection. uru�, combat ; uru� étmek, combattre. uru�maq, combattre. 'ur �, flanc. u�/u, sage. üs tü n, dessus, au-dessus. üstüvar, ferme, solide, durable. ü�, voilà que. ü�de, comme ü� . ü�enmek, se lasser, se fatiguer. ü�mek, courir vers un endroit où les autres s'as semblent, s'amasser comme des abeilIes dans une ruche. uvanmaq, être brisé, mis en morceaux. uvatmaq, briser, casser. üvinmek ( 1), ü vin ü ay/amaq (?). uymaq, se conformer ; �eytana uymaq, se laisser tenter, induire au mal. uyuq, épouvantail. üze't}ü, étrier. üzmek, mettre à mal ; beU üzmek, même sens.
v u T.
uç, 1) contrée, région ; marche ; 2) raison, cause ; 3) fin ; �o 'rj upl, en dernier lieu ; ucuna érmek, comprendre la raison de quelque chose. üfliid e , tombé, déchu. uyramaq, rencontrer. uyra�, combat.
P. T. T.
1.
M'SLIKOFF-SAYAR
A.
A. A. T. T.
A. A.
va'de, terme (de la vie) ; va'desi gelmi�, son terme est arrivé. va ' i � , prédicateur, celui qui fait le sermon le vendredi. vaUh, stupéfait, ébahi. varmaq, aller, arriver. var olanl almaq, prendre tout ce qu'il y a. va�f, description, éloge. va�iyyet, dernière volonté. 10
LE DES TAN D' UM UR PA CHA
1 46
A. A. T. A. P. P.
vech, manière d'agir juste, point de vue juste. veda' étmek, dire adieu. vérib imek, envoyer. vilayet, principauté, province. v iran , en ruine, dévasté ; viran étmek, dévaster ; viran olmaq, être dévasté. virane, ruine. y
P. T. T. P. T. T. T. T. T. T. T. G. T. T. T. T. T. A. T. T. T. P. T. T.
T.
P. T. T. T. T.
T. T. T.
T. T.
T.
ya, ou bien. yaban, campagne. yad, étranger ; yad étmek, éloigner. yad, souvenir ; yad é tmek, se souvenir, faire mention. yaydurmaq, faire pleuvoir. yaydurmq (pour yaqdurmaq), allumer. yay l, ennemi. yaylanmaq, être graissé. yayma qllmaq, mettre au pillage. yaymalamaq, piller, mettre au pillage. yaqa, rivage, contrée. yaqut ( o &y.w6oC;), pierre précieuse ; rubis, topaze, saphir, etc . . . yalablmaq, briller, reluire. yalman, yelman, pointe d'une arme. yalu"tiuz, seul. yaman, rusé. yan, ya"tia, côté. ya'ni, c'est-à-dire. yap llmaq, être couvert. yap lnmaq, se couvrir. yapmaq, fermer. yar, ami. yaray, armes, préparatifs de guerre. yaray éimek, faire des préparatifs de guerre, se préparer. yaraqlu, en armes, armé. yaran, pl. de yar, amis. yarln, lendemain. yas (de A. ye's), deuil ; yas é tmek, faire le deuil. yasaqçl, homme qui veille aux . lois, au maintien de l'ordre. ya�l, corde de l'arc. ya�maq, détendre la corde tendue d'un arc ; ya� ln ya�maq, débander l'arc. ya�tamaq, incliner la tête sur un oreiller ; mettre un oreiller sous la tête. yat, armes, armures ; yai yaraq, armes et bagages de guerre. yatlu, amer, mauvais. yavuz, mauvais ; féroce, inflexible. yayaq, yayan, à pied.
T. T. T. T. T.
T. P. T. T. A. T. T.
T.
T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T. T.
yaz l, plaine. yazmaq, déployer, parer, orner. yedmek, conduire u n cheval par l a bride ; remor quer un bateau. yeg, yig, bon, meilleur. yé gin, fort, violent, puissant ; ye gm gelmek, venir en avant, s'avancer à l'attaque. ye girmi, vingt. yeksere, d'un seul coup. yél, vent. yelmek, courir, s'empresser. yemin, droite, côté droit. ye Tj mek, vaincre. yepemek, caresser. yére dü�mek ou gelmek, être couvert de honte ; yaza yére geldi, l'honneur de la guerre est perdu . yérinmek, être triste. yétmek, parvenir, arriver à. yeyüci, mangeur ; adam yeyüci, mangeur d'hommes. yigit, héros, brave. y iqmaq, détruire, mettre e n ruine. y irmaq, fendre. yitmek, écraser, fouler aux pieds. yoyrulmaq, pétrir, être pétri. yogun, lourd, épais. YOflsul, yoqsul, pauvre, nécessiteux. yol bulmaq, être remis en liberté, retrouver la liberté. yonelmek, se tourner vers, échoir à, prendre une direction, êtr� dressé (en parlant d'une échelle) . yonulmaq, être taillé, sculpté. yorenmek, rÔder autour de quelque chose. yortmaq, courir. yüce, grand. yücelmek, s'amonceler, s'élever en formant des tas . yügürmek, courir.\ yund, jument. yürek, cœur, courage. yürük, vagabond. yürümek, yürimek, marcher à l'attaque, att�quer. yüzsüz, éhonté ; yüzsüz olmaq, être éhonté.
z
A. p.
�amm étmek, ajouter. zar, misérable, se lamentant ; zar zar, misérable ment ; flIVar u zar, humilié et misérable ; zlir qllmaq, se lamenter.
LEXIQ UE
A. A. P. P.
A. P. P.
A. P.
�arar, dommage ; �arar élmek, endommager. farb, coup, force, violence ; �arb élmek, infliger une défaite ; eeel �arbl, mort. zari qilmaq, pleurer misérablement, se lamenter. zeber, haut, dessus ; ûr ii zeber, sens dessus dessous. zeb ün, faible. zehi, oh l , bravo 1 zehre, poche biliaire, fiel ; courage ; zehre çak olmaq, avoir le fiel crevé (par la peur). zeman,� temps ; padi�ah-i zeman, le souverain régnant. zemberek pour zemb U rek (diminutif de zembül', guêpe), arbalète. ·
1 47
A. P. P.
A. P. P.
P. P. P.
A. A.
zemen, comme zeman. zer, or. ziba, beau. zitl, résine, poix. zinc pour sine, cymbale. zindan, J? rison. Ûl', bas, dessous ; ûr ü zeber, sens dessus dessous. zire pour zira, parce que, à cause de. zirh, armure, cotte de maille. zi-sa'adel pour O i-sa'adel, doué de bonheur, heureux. zülm, injustice, tyrannie ; zülm élmek, faire du mal, tyranniser.
INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX
Abbassides, califes, p. 29. 'Abd-ür-Rezzaq Semerqandl, historien persan, p. 33· Ab o.-Bekr, calife, p. 126.
Apokaukos (Alexis), parakimomène nos), pp. 42, 93, 94, 96, 124. Arabes, pp. 53, 56, 95. Archipel (îles de l'), p. 41.
Abo.-SA'id, ilkhan, pp. 33, 117. Abo-SA'id, arrière petit-fils de Timur-Leng, p.
33·
Armain, drogman du Roi à Alexandrie, pp.
Adam, prophète, p. 28.
Arslan, vizir de HI,1r beg, p. 116.
'Adll, voir le suivant.
Asen (Esen tekfo.r),
Andronic Asen, beau-père de
A8eryana, pp. 42, 123.
Asen, voir à Jean Alexandre III.
Aenos, voir Inos.
Asie Centrale, p. 34.
Ayrlbos (Iyrlbos, Négrepont, Eubée), pp. 40, 41, 66,
Asie Mineure, pp. 34, 38, 72, 77. Asti (Henri d'), patriarche latin de Constantinople
, 69, 72, 77, 85, 87, 96, 111.
(Batra�), pp. 111, 114, 116.
Al;1med DA'i (MevlAnii), p. 32. Al;lmedl, chroniqueur, pp. 23, 30, 32, 33, 35, 45. KeyqubAd
1,
24, 25.
Cantacuzène, pp. 61, 62, 94, 95.
'Adn1, surnom poétique de Mal;1mod pacha, p. 24.
'AIA'eddln
(Parakimomé-
sultan,
p.
t
A�lqpa�azlide, historien, pp. '32, 72, 90.
A�kiini, dynastie de Perse, p. 29.
46.
'AIA'eddln KeyqubAd III, sultan, p. 46.
Athènes, pp. 40, 85, 90.
Alains (Valaques), p. 47. AI�ehr (Al�iir, Philadelphie), pp. 41, 81, 82, 83, 93.
Athènes (duché Catalan d'), pp. 41, 65, 85.
Ala�ehr (gouverneur d'), pp. 82, 83.
Avignon, p. 121.
Albanais, pp. 41, 87, 110.
Ayasoluq (Ephèse), pp. 39, 47, 48, 57, 58, 104, 112,
Atmaz khan, fUs de Sarul1an, p. 60.
127.
Alexandre, voir Jean Alexandre III. Alexandrie, p. 24.
AydIn (Tralles), p. 46.
'Ali, callfe, pp. 35, 81, 126.
AydIn (pays d'), pp. 46, 81, 93, 122.
'Ali, historien, p. 32.
AydIn (vilAyet), p. 39.
'AU Mardan, fils de HWiice l;Iasen, p. 116.
Aydlno�lu (famille), pp. 45,46,47,56,81.
Ail 'O�miin, pp. 29, 32. Alphonse
Fadrique
d'Aragon,
vicaire
duché Catalan d'Athènes, pp.
général
du
66, 85.
Altoluogo, voir Ayasoluq. Amédée, fils naturel du Dauphin Humbert II, p. 121. Anatolle, pp. 32, 34, 35, 36, 37, 45, 46, 47, 49, 60, 61, 63, 117, .129.
Andlz, voir Andros.
Aydlnolllu, voir Mel;1med beg. Bademye, 'voir Bodemya. BahAdur, voir Ibrahim Bahildur. BahA-eddln Um o.r Pacha, voir Umo.r Pacha. Balikesir, p. 123. Balkh, pp. 25, 34. Balyoyolos, voir Paléologue. BanJaluka, ville de Bosnie, p. 28.
Andrinople, voir Edirne.
Bara, voir Paros.
Andronic II Paléologue, p. 47.
Ba�rli (Bassorah), p. 113.
Andronic III Paléologue (Andronikos), pp. 40, 41, 55, 56, 60, 61, 77, 83, 84, 85, 87, 93, 94, 110.
Andros, ne (Andlz), pp. 41, 86.
Batra�, voir Asti (Henri d'). Biiyezid 1 Yildlrlm, pp. 32, 33. Beaujeu (Adolphe Fleur de), p. 116.
Angelos (Angülos), p. 75.
Bedreddln, fils de I;lwAce l;Iasen, p. 116.
Anne Comnène, p. 52. Anne de Savoie, femme d'Andronic III, pp. 41, 108.
Behçet-üt-TevArth, œuvre d8
Behi�U, p. 90.
� ükrullah
ROIDI, p. 30.
LE DESTAN D'UMUR PACHA
150
Bekta� Veli (I:Iaci), pp. 35, 49. Bekta�i (ordre des), p. 35. Beni-Al?far (les Grecs), p. 95. Benedetto Zaccaria, voir Zaccaria. Benoît XII, pape, p. 56. Bergama (Pergame), p. 123. Berklü Qavaq, p. 90. Berrhoé (Veria), p. 100. Beserto (Bi�irto, Peresto), pp. 56, 58, 59. Bethléem, p. 126. Bey�avi (Qa�i Nal?reddin 'Abdullah), pp. 28, 29, 31, 32.
Birgi (Pyrgion), pp. 39, 40, 45, 47, 63, 72, 73, 76, 77, 78, 83, 125.
Blochet (E.), p. 25. Bodemya, pp. 40, 49. Bodonitza, voir à Mumduniça. Bodonitza (Marquisat de), p. 66. Boyaz Kesen, voir à Rümeli I:Iil?ar. Bosnie, p. 28. Bozca (fort de), p. 68. Bozca (île de Ténédos), pp. 40, 53. Brousse, p. 86. Bulgares, pp. 102, 110. Bulgarie balkanique, p. 104. Buraq, monture du Prophète, p. 126. Buru Qal'e (Perithéorion), pp. 41, 100. Byzance, pp. 23, 34, 47. . Byzantins, pp. 34, 38, 56, 74, 86, 89. Ca'fer, p. 81. Cami'-ül-Meknünat, œuvre de I:Iamzavi, p. 32. Cantacuzène (Jean VI), grand-domestique, puis empereur (Domestikos tekfür), pp. 41, 61, 77, 91, 93, 94, 95, 96, 98, 99, 100, 101, 102, 103, ' 104, 105, 106, 108, 109, 111, 123, 124.
Carceri (famille des), pp. 69. Carceri (Pierulo ou Peruli dalle), Messire Pir, pp. 69, 70, 71, 72, 87.
Carie, pp. 46. Cassandra (presqu'île de), pp. 77. Catalans, pp. 39, 46, 65, 66, 69, 85, 86, 87, 88. Catalans (tekfür des), voir Alphonse Fadrique d'Aragon. Catherine, fille naturelle du Dauphin Humbert II, p. 121. Cedrenos, chroniqueur, p. 29. Celaleddin Rümi (MevIana), pp. 34, 35. Cemaoiyelevvel (mois de), pp. 40, 77. Cenkname, œuvre d'Al;lmed Dati, p. 32. Chalcocondyle, p. 24. Chepoy (Jean de), pp. 40, 77. Chersonèse, p. 91. Chios, voir �aqiz. Chiraz, p. 28.
Chrétiens, pp. 38, 39, 40, 47, 48, 111, 113, 116, 117. Christianisme, p. 45. Christoupolis, voir Hiristo. Chypre, p. 77. Clazomène (Vurla), p. 41. Clément (Nicolas), p. 25. Clément VI, pape, pp. 42, 110, 111, 117, 118, 119, 121. Constantinople, pp. 25, 30, 39, 47, 56, 66, 111. Copaïs (lac), pp. 65, 66. Coran, pp. 28, 61, 90, 95. Crimée, p. 72. Croisée, pp. 40, 42, 66, 77, 123. Cuya �uba�I, p. 116. Cyclades, p. 41. Cyssus, voir çe�me. Çe�me, p. 57. Dani�mend (épopée de Melik), p. 34. Dani�mend (Melik), p. 123. Danube, p. 91. Dardanelles, p. 90. Dastan-i Tevarig-i Mülük-i Al-i 'O�man, œuvre d'Al;lmedi, pp. 23, 29, 33, 45. Dauphin Humbert II, duc de Viennois (Torfil), pp. 42, 117, 118, 119, 120, 121, 122, 123.
Demir Khan, fils de Qaresi, émir de Balikesir, p. 123. Despina, pp. 106, 107, 108. Dest ür-el-Katib, œuvre de Mul;lammed bin Hindü�ah, �ems de Nahçuvan, p. 27. Destürname, œuvre de I:Iakim Nizari Qühistani, p. 27 Détroits, pp. 90, 123. Deylemi, dynastie de Perse, p. 29. Didymotique, voir Dimetoqa. Digénis Akritas, p. 34. Dimetoqa (Demotika, Didymotique), pp. 41, 42, .
94, 95, 98, 101, 102, 103, 104, 109, 111, 124.
Domestikos, voir Cantacuzène. Doukas, chroniqueur, p. 56. Dündar beg, pp. 49, 51, 68, 69, 79, 82, 97, 112, 128. oi-I-I;licce (mois de), pp. 28, 31, 73. Edirne (Edrine, Andrinople), pp. 41, 95, 104, 105, 123. Edirne (tekfür d'), voir Phrantzès. Eflaki, p. 46. Eflaq (Valachie), pp. 90, 91. Egée (mer), p. 40. Egypte, pp. 73, 117. El;lad beg, émir de HI�Ir beg, p. 116. El;lad beg (fils d'), p. 102. El;lad �uba�i, beg d'Izmir, pp. 50, 56, 57, 58, 60, 64, 69, 74, 79, 85, 97, 102, 103, 113.
Eksya (Xanthia), pp. 41, 99. Emir Çoban, p. 117. Engürüs, voir Hongrois. Enveri, chroniqueur, pp. 23, 27, 28, 29, 30, 31 32, 33, 45, 47, 90, 96.
INDEX
Enveri (Evl;ladeddin 'Ali), poète persan, 25. Eolie, 123. Ephèse, voir Ayasoluq. Epire, p.87. Eretna (Ertena, émir 'AHi'eddin), p; 117. Ertoyrul, père d"O�man, p. 30. Esen, voir Asen. Estives, voir Istefa. Eubée, voir Négrepont. Fanari, p. 80. Fatil;l, voir Mel;lmed II Fatil;l. Firdousi, p. 12l. France, p. 25. Francs, pp. 47, 50, 51, 55, 58, 65, 66, 67, 69, 77, 81, 87, 96, 97, 109, 110, 111, 112, 113. 114, 115. 117, 118, 119, 120, 121, 122, 124, 125, 129.
Frédéric, roi d'Aragon, p. 85. Fuluri, voir Quluri. Gabriel, archange, p. 126. Gabriel (yafrilos 1), p. 72. Gallipoli, voir Gelibolll. Gauthier de Brienne, duc d'Athènes, p. 65. Gavrilopoulos (Michel), p. 80. Gavrilopoulos (Stéphane Melissène), p. 80. Gazi Umür Limani, p. 90. Gaznévides, rois de Perse, pp. 29, 6l. Gelibolu (Gallipoli), pp. 40, 61, 62, 90. Gênes, pp. 25, 52, 91, 11l. Génois, p. 39. Germe, pp. 90, 92. Germiyan (émir de), pp. 38, 40, 46, 60. Germiyan (Emirat, pays de), pp. 46, 8l. Germiyan, voir Süleyman, émir de Germiyan. Germiyan, voir Ya'qüb, émir de Germiyan. Giorgio (Nicolo), p. 66. GiV, héros du Shahname, p. 12l. Giyaseddin Mes'üd II, sultan, p. 46. Glykas, chroniqueur, p. 29. Gratianoupolis, voir Iyrican. Grèce, p. 40. Grecs, pp. 39, 47, 78, 84, 95, 110, 118. Gügercinlik (Kolombac), pp. 42, 124. Gümülcüne (Komotini), pp. 41, 101, 124. yafrulu, pp. 71, 72. yifrilibos, p. 80. yifriliyis, p. 85. yifrilos, pp. 41, 72, 86. Hainaut (Florent de), p. 78. l;Iakim Nizari Qühistani, poète persan, p. 27. l;Iamza Aydinoglu, pp. 46, 78. l;I,amzavi, chroniqueur, p. 32. l;Iasen, fils du calife 'Ali, p. 8l. l;Iasen Aydinoglu, pp. 46, 78. l;Iasen, émir de Hl�lr beg, p. 116.
151
l;Iasen, fils d'Esed, p. 68, l;Iasen, frère de Cuya $uba�l, p. 116. Hatay (flèche de), p. 56. l;Iayati, poète, p. 24. Hayreddin Dündar, voir Dündar beg. Hébron, p. 126. Hégire, p. '45. Hellespont, p. 123. Hérat, p. 33. Biristo (Christoupolis), pp. 41, 99, 124. l::Jhir Aydinoglu, pp. 42, 48, 49, 57, 59, 60, 71, 73, 78, 81, 83, 84, 87, 104, 109, 113, 116, 121, 127, 128.
Hi�ir beg, p. 116. Hongrois (Engürüs), p. 118. Hospitaliers (Chevaliers de Rhodes), pp. 39, 47, 77, 11l.
Hugues IV, roi de Chypre, p. 11l. l;Iüseyn, fils du calife 'Ali, p. 8l. HWarezm�ah, pp. 29, 32. HWace l;Iasen (les fils de), p. 116. HWace Selman, pp. 31, 32, 35, 40, 41, 50, 52, 77, 90, 91, 109.
Iblis (le Diable), p. 107. Ibn Batüta, voyageur, pp. 39, 47, 50, 59, 61, 73. Ibn-i Bibi, chroniqueur, pp. 23, 34, 35, 50, 63. Ibrahim Bahadur Aydinoglu, pp. 48, 49, 58, 69, 72, 73, 74, 109, 113.
Ibrahim $uba�i, pp. 54, 65, 69. Iyrican (Gratianoupolis), pp. 41, 101, 124. Ilkhanides, p. 6l. Ilyas beg, pp. 50, 51, 54, 58, 64, 65, 66, 69, 75, 82, 97, 102, 103.
Inde (Hind), p. 73. Inebahti (Naupacte), p. 90. Inoz (Aenos), pp. 95, 109. Ionie, p. 60. Ipsala, p. 96. Ipsin (Psara), p. 64. Iran, pp. 34, 36. 'Isa Aydinoglu, pp. 48, 49, 73, 109, 113, 128. Isfendiyar, héros du Shahname, p. 121. hgaq Faqih, imam du sultan Organ, p. 32. Iskebolos (Skopélos), p. 64. Iskendername, épopée d'Al;lmedi, pp. 23, 30, 35. Iskura, voir U skura. Islam, pp. 49, 52, 61, 63, 66, 70, 81, 99, 129. Isma'il beg, p. 116. Ismailiens, rois de Perse, p. 29. Ismailiens (secte des), p. 27. Istanbul; pp. 24, 30, 54, 55, 56, 83, 90, 102, 103, 108, 124,
125.
Istanbul (Bibliothèque Laleli à), p. 35. Istefa (Estives, Thèbes de Béotie), pp. 41, 87.
LE DESTAN D'UMUR PACHA
152
I�pen (pays d'), pp. 40, 78, 79. I�pen (Michel Spanos), p. 78. Italie, p. 25. Izmir (Smyrne), pp. 23, 39, 40, 42, 43, 49, 50, 51, 52, 54, 55, 56, 59, 60, 63, 64, 73, 76, 77, 78, 80, 85, 86, 89, 93, 94, 103, 109, 113, 116, 120, 121, 122, 125.
Izmir (acropole), pp. 39, 40. Izmir (forteresse du port), pp. 40, 42, 109. Izmir (manuscrit de la Bibliothèque Nationale d'), pp.2�25, 26, 2�28, 2�30.
Jajcza, voir Yayça. Jean XXII, pape, pp. 40, 77. Jean Alexandre III Asen, roi de Bulgarie, pp. 42, 123· Jean V Paléologue (Qaloyan), pp. 41, 93, 98, 99, 100, 102"
109.
Jérusalem, p. 126. Kalothétos (Léon), gouverneur de Chios, p. 56. Kanùnname, p. 63. Ka�gari (Mal;1mùd), pp. 56, 63. Kayseri, p. 117. Kaystros, voir Küçük Menderes. Keles, pp. 39, 47. Keles (tekfùr de), p. 47. Kelile ve Dimne, p. 35. Kerbelfi, p. 35. Kesten, île (Kôsten), p. 64. Ke�i�lik, p. 90. Keyani, dynastie de Perse, p. 29. Khorassan, p. 25. Kili (Kilia, Licostomo), pp. 41, 91, 92. Kiraz, nom actuel de Keles, p. 39. Kôsten, voir Kesten. Kolombac, voir Gügercinlik. Kolose, ancien' nom de Keles, p. 39. Komotini, voir GÜmÜlcüne. Kôyün, voir Qayin. Krouchévatz, ville de Serbie, p. 24. Küçük Menderes (Kaystros), pp. 39, 49. K üçük � eyh 1;Iasen, fils de Temürta�, p. 117. Kütahya, p. 46. Qalem, père de Qaresi, p. 123. Qaloyan, voir Jean V Paléologue. Qara Burun (Nouvelle Phocée), pp. 41, 83, 93. Qaral;1i�ar, p. 72. Qaraman, voir Larende. Qaraman Aydinoglu, pp. 46, 78. Qaraman (MeJ)med beg, émir de), p. 35. Qaramanides, p. 35. Qaramanli, voir Ni�ancï Mel;1med pacha. Qaresi (émir de), 46, 123. Qaresi, voir à Süleyman, émir de Qaresi. Qaresi, voir à Yah�l beg, émir de Qaresi. Qavuq (port de), 64.
Qayln, île (Kôyün), pp. 64, 72. QIliç, voir Lucinges. Qoç (Volo ?), port, pp. 41, 87. Qolba (Quluba ?), pp. 41, 103. Qonya, pp. 34, 35, 46. Quluri .(Fuluri, Salamine), pp. 40, 74. Qutlùmu�, prince Seldjoucide, pp. 29, 32. Larende (Qaraman), p. 35. Latins, pp. 40, 42, 47, 77, 81, 86, 115. Lazgôl, p. 62. Licostomo, voir Kili. Lucinges (Pierre, bâtard de), beau-fils de Dauphin Humbert II (QIliç), pp. 42, 121, 122. Lydie, pp. 60, 123. Macédoine, pp. 40, 99. Magnésie, voir Manissa. Mal;1m ùd pacha, grand vizir de MeJ)med II, pp. 24, 27, 28, 29, 30, 33, 43.
Malvoisie, voir Monemve�ya. Manissa (Magnésie), p. 60. Maritsa, voir Meriç. Matla'-üs-Sa'dein ve Mecma' -ül-Bal;1rein, chronique de 'Abd-ür-Rezzaq Semerqandi, p. 33. Méandre, p. 46. Méditerranée, pp. 38, 56, 77, 110. MeJ)med II FatiJ), sultan, pp. 24, 28, 30, 63. MeJ)med beg Aydinoglri (Mübarezeddin Mel;1med). émir (DIu Beg), pp. 38, 39, 40, 45, 46, 47. 50, 59, 60, 63, 71, 73, 76, 77, 78, 125.
MeJ)med Aga, soldat turc, p. 24. Melik beg, émir de Shah Süleyman. p. 30. Melik Dani�mend, voir D ani�mend. Menaqib-i Al-i 'O�man, œuvre de Ya!1�1 Faqih, p. 32. Mente�e (émir de), pp. 38, 39, 46. Mente�e (émirat de), p. 23. Mente�e, voir Orhan, émir de Ment��e. Mer Noire, pp. 30, 41, 89, 90, 110. Meriç (Maritsa), fleuve, pp. 95, 101, 103, 109. Me�nevi-i Manevi, œuvre de Celâleddin Rùrni, p. 34 Messire Marti, voir Zaccaria (Martin). Messire Nicolo, voir Sanudo (Nicolo). Messire Pir, voir Carceri (Pierre). Messire Pir, voir Zeno (Pierre). Mes' ùd, traducteur de Kelile ve Dimne, p. 35. Mevlâna, voir Celaleddin R ùmi. Mevlevi (ordre des derviches), pp. 34, 46. Mézières (Philippe de), p. 121. Michel VIII Paléologue, 39, 51. Midilli (Mytilène), pp. 41, 57, 88. Midilli (gouverneur de), pp. 57, 88. Mistra (MlstIr), pp. 40, 74, 80. Molla 'AbdülkerIrn, p. 24. Molla Ilyas, p. 24. MomitzilO, voir Murncila.
15 3
INDEX
Monemvasie, voir Moneve§ya. Monemvasie (gouverneur byzantin de), pp. 74, 78. Moneve§ya (Monemvasie, Malvoisie), pp. 40, 71, 78. Mongols, pp. 29, 32, 85, lOt. Montferrat (Boniface de), pp. 66, 69 . Morée (Despotat grec de), pp. 74, 80, 90, 96. ' Morée (tekfû.r de), pp. 74, 75, 76. Mübarezeddin Me1;lmed beg, voir à Me1;lmed beg Aydlnoglu. Mu1;lammed, Prophète, pp. 28, 29, 53, 61, 81, 126. -Mu1;lammed II, voir Me1;lmed II. Mu1;lammed Aydlnoglu, voir Me1;lmed Aydlnoglu . Mu1;lammed bin Hindû.�ah, � ems de Nahçuvan, p. 27 . Mumcila (Momitzilô), pp. 41, 42, 101 124. Mumduniça (Bodonitza), pp. 40, 64, 65, 66, 67. Mumduniça (dame de), voir Pallavicini (Guglielma). Murad II, sultan, p. 23. Musulmans, pp. 45, 50, 62, 74, 75, 79, 83, 96, 115, 116.
Mysie, p. 123 Mytilène, voir Midilli. Mytilène (campagne de), p. 28. Naupacte, voir Inebagtl. Naxos (Nab�a), pp. 41, 85, 86. Naxos (duc de), voir Sanudo. Négrepont, voir Ayrlbos. Ne�ri, chroniqueur, p. 90. .
Ni�anci Me1;lmed pacha Qaramanll, chroniqueur et grand vizir, pp. 24, 33. Nizam-üt-Teviirih, œuvre de Bey�avi, p. 28. Nouvelle Phocée, voir Qara Burun. Nyssa, vois Sultan I:IÏi?ar. �ymphée (Traité de), p. 39. Odemi�, pp. 39, 49. C>yuz, tribu turque, pp. 29, 34, 50, 57, 95.' Omer, calife, p. 126. Omeyyades, califes, p. 29. Or"Q.an, sultan, pp. 32, 56, 60, 86. Orhan, p. 60. Organ, émir de Mente�e, p. 73. 'O§man, calife, p. 126. 'O§miin, sultan, pp. 30, 32, 33, 39, 49, 72. 'O§miin Aydlnoglu, pp. 39, 46, 78. 'O§miin (maison d'), pp. 23, 28, 29, 32, 33, 35. Ottoman (empire), pp. 23, 54. Ottomans, pp. 24, 29, 30, 32, 53. Oxford (Bibliothèque Bodléienne à), pp. 35, 36. OZbek, p. 37. Pachymère, chroniqueur, pp. 38, 39. Paléologue (Balyoyolos), p. 75. Pallavicini (Guglielma), marquise de Bodonitza pp. 66, 67, 68. Pallavicini (Guido), p. 66.
Pape, pp. 72, 93, 110, 111, 117, 118. Parakimoménos, voir Apokaukos. Paris (manuscrit de la Bibliothèque Nationale de), pp. 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 33. Paros (Bara), pp. 41, 86. Peresto, voir Beserto. Pergame, voir Bergama. Perithéorion, voir Buru Qal'e. Perse, pp. 28, 33, 73.' Petite Arménie, p. 47. Phères, p. 124. Philadelphie, voir Ala�ehr. Phocée, pp. 51, 87. Phrantzès, gouverneur d'Edirne, pp. 41, 105. Phrygie, p. 46. Piémont, p. 25. Pierre dalle Carceri, voir Carceri (Pierulo dalle). Pierre Zeno, voir Zeno (Pierre). Piri Re'is, p. 90. Pi�dadi, dynastie de la Perse, p. 29. Pi�rev beg, pp. 49, 62, 79, 97, 102. Poros (en Thrace), p. 40. Prophète, voir Mu1;lammed, Prophète. Prophètes (les), pp. 28, 29. Psara, île, voir Ipsin. Pyrgion, voir Birgi. Rachidiens, califes, p. 29. Rama�iin (mois de), pp. 25, 26, 27. Ra�ideddin, historien, p. 61. Rhodes, île, pp. 39, 42, 77, 111. Rhodes (Chevaliers de), voir Hospitaliers (Chevaliers de Rhodes). Rhodope (Mont), p. 4t. Rhvan, p. 129. Romains, p. 47. Roumélie, p. 24. Rom (pays de), pp. 34, 47, 55, 63, 64. Rû.meli (pays de). pp. 47, 95, 103. R û.meli I:Ii�ar (Boya� Kesen), p. 30. R üstem, héros du Shahname, p. 121. Sa'deddin Mübiirek Qablz, p. 46. Saffarides, rois de Perse, p. 29. Sa'id, pp. 82, 83. Saint Jean, église à Ephèse, pp. 39, 47. Saint Jean-Baptiste, église à Izmir, p. 116. Sainte Marie, église à Izmir, p. 39. �aqlz (Chios), pp. 40, 41, 42, 51, 55, 56, 58, 59, 60, 84. Salamine, voir Quluri. Salgurides, rois de Perse, p. 29. Salonique (Thessalonique, Selânik), pp. 41, 66, 93,
_
94, 96, 98, 124.
Sam-i Suvar, héros du Shahname, p. 121. Samanides, rois de Perse, p. 29. Samarcande, p. 32.
LE DESTAN D'UMUR PA_CHA
154
Samothrace, pp. 40,6L Sancunos (île de Siphnos), pp. 41,86. Sanyunos (île de Sikinos), pp. 41,86. Sanudo (Nicolo 1), duc de Naxos, pp. 85,86. Sanudo (Nicolo II), duc de Naxos, p. 11L $arl $altuq Dede (épopée de), (�altuqname), pp. 34, 49.
$arlca Kemal, poète, p. 24. $aruhan, (Sari:an), fils d'Alpagi, émir, pp. 60, 61, 120,122,123,125.
$aru!:!an (émirs de), pp. 46,56,60. $aruhan (pays de), pp. 60,81,123. $aruhan, voir Süleyman, fils de $aru�an. $aruhan, voir Temür Khan, fils de $arugan. Sasa beg, pp. 38,39,45,46,47,48. Sassanides, rois de Perse, p. 29. Seldjoucides, sultans, pp. 29,32,34,46,50,61,63,69. Seldjoucide (empire), pp. 33,35,47,58. Semerqandi, chroniqueur, pp. 29,32,33. Serbes, pp. 41,47,62,87,102,124. Serbie, p. 24. Serrès, voir Siroz. Seyyid Battal (épopée de), p. 34. Shah Süleyman, fils d'Or�an, p. 30. Shahname, œuvre de Firdousi, p. 12L Sikinos, voir Sanyunos. Siphnos, voir Sancunos. Siroz (Serrès), pp. 41,99. Siroz (tekfür de), p. 99. Sivas, p. 117. Skopelos, voir Iskebolos. Skyros, voir Uskura. Smyrne, voir Izmir. Spanos, voir I�pen. Süheyl ü Nevbahar, poème, p. 35. Süleyman (Emir), fils de Bayezid YIldlrlm, p. 33. Süleyman Aydlnoglu (Süleyman Shah), pp. 48, 49, 73, 109, 113, 128.
Süleyman, fils de $arugan, pp. 40, 41, 42, 78, 79, 81,95,96,123,125.
Süleyman, émir de Germiyan, p. 32. Süleyman. émir de Qaresi, p. 123. Süleyman, émir de HI�Ir beg, p. 116. Sultan I:Ii�ar (Nyssa), pp. 40,46,48. Sultan Veled, fils de CeIaleddin Rümi, p. 35. Symbolon (monts du), p. 99. Syrie, p. 73 $uca beg, p. 74. �ukrullah Rümi, chroniqueur, pp. 24,30. . Tabriz, p. 28. Tanta Qal 'e, p. 65. Taurus, p. 115. Teferrücname (Livre de Plaisance), œuvre d'Enver!, pp. 28, 29, 45.
Temür khan, fils de $aruhan, pp. 40,6L Temürta�, p. 117. Ténédos, voir Bozca. Tevaril!-i Al-i Selcuq (Selcuqname), chronique de Yazlcloglu 'Ali, pp. 23, 63. Tevari�-üs-Selatin-ül-'O§maniyye, œuvre de Ni�anci Me l)med pacha, p. 33. Thèbes de Béotie, voir Istefa. Thermopyles, pp. 64, 66. Thessalie, pp. 77, 80,87. Thrace, pp. 40, 41,6L Thyraion, voir Tire. Tiepolo-Guisi, p. 64. Timur-Leng, p. 33. Tire (Thyraion), pp. 40,49,112. Toyan, fils d'Arslan, p. 116. Toyrul, sultan Seldjoucide, p. 29. Tonzus, voir Tunca. Torfil, voir Dauphin Humbert II. Tou-kiue (Turcs), p. 63. Tral1es, voir Aydln. Trébizonde, p. 47. Tunca (Tonzus), p. 95. Turcs, pp. 28,34, 38,39,40,47, 49,53,54,56,58, 61, 62,63, 64, 68, 69, 77, 85, 86, 87,93,95, 96,97,98,100,101,109, 111,112, 113,114, 115, 116,117,118,119,121,122,129.
Turquie, pp. 24,90. Tursun beg, fils _de Qaresi, p. 123. Tuzla, p. 65. Uyurlu beg, p. 97. Ulu Cami', mosquée de Birgi, pp. 39,45. 'Umari (Al-), pp. 45,46. Umür pacha Aydlnoglu (Baha-edclin Umür pacha), émir d'Izmir, pp. 23, 28,32, 35,39,40, 41,42, 45, 48,49, 50,51, 52, 53, 54, 55,56,57,58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 66, 67, 69,70, 71, 72, 73, 74, 75� 76, 77, 78, 79, 80, 81,82, 83,84, 85,86,87, 88, 89, 90,91, 92,93,94,95,96, 97,98, 99,100,101, 102, 103,104, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 112, 113, 115, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129, 130.
Umür Yèri, p. 90. Uskura (Iskura, Skyros), pp. 41,64, 88. Uygurs, p. 63. Vaillant, orientaliste français du XVIIe siècle, p. 25. Valachie, voir Eflaq. Valachie (campagne de), p. 28. Valaques, voir Alains. Venise, pp. 66,69,11L Venise (bayle de), p. 69. Vénitiens, pp. 69,85. Veria, voir Berrhoé.
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INDEX
Vérone, p. 69. Volo, golfe, pp. 77, 87. Wansleben (père), voyageur du XVIIIe siècle, p. 25. Xanthia, voir Eksya. Yah�i, fils de Qaresi, émir de Bergama, pp. 40, 77, 123. Yal!�i Faqïh, chroniqueur, p. 32. Ya'qüp, fils d"Ali�ïr, émir de Germiyan, pp. 45, 46, 123.
Yayça (Jajcza), ville de Bosnie, p. 28. Yazïcïoglu 'Ali, chroniqueur, pp. 23, 63. Yïldïrïm Bayezïd, voir Bayezid, 1. Y6rük, tribu turque, p. 115. Y ûnus Emre, poète, p. 35.
yüsuf beg, pp. 49, 58, 64, 79. Zaccaria (famille des), p. 40. Zaccaria (Bartolomeo), p. 66. Zaccaria (Benedetto), p. 51. Zaccaria (Manuel), p. 51. Zaccaria (Martin), (Messire Marti), pp. 40, 51, 55, 56, 66, ,85, 110, 114, 116, 118.
Zayra (Zayora), plaine, pp. 41, 104. Zeno (Pierre), bayle de Négrepont (Messire Pir), pp. 40, 69, 77, 111, 114, 116. Zigna (Zichna), pp. 41, 99. Zonaras, chroniqueur, p. 29. Zorzi, voir Giorgio.
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Les manuscrits, p. 2(. Düstornlme, p.
30.
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L'œuvre et son auteur, p. 27.
ques remarques sur la langue du Düstornlme, p. d'Umor Pacha, p.
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Composition et sources du
Le Destin d'Umor Pacha dans la littérature turque, p.
36.
33.
Quel
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Les données historiques du Destin
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38.
LE DESTAN D'UMÜR PACHA, TEXTE ET TRADUCTION
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IMPRIMERIE
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