La social-démocratie en cette fin de siècle Late Twentieth-Century Social Democracy
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La social-démocratie en cette fin de siècle Late Twentieth-Century Social Democracy
© 1995 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré : La social-démocratie en cette fin de siècle/Late Twentieth-Century Social Democracy, Jean-Pierre Beaud et Jean-Guy Prévost (dir.), ISBN 2-7605-0829-3 • SA829N Tous droits de reproduction, de traduction ou d’adaptation réservés
Dirigée par Jean-Pierre Beaud et Jean-Guy Prévost
La social-démocratie en cette fin de siècle – Late Twentieth-Century Social Democracy, sous la direction de Jean-Pierre Beaud et Jean-Guy Prévost, 1995, 270 pages.
PRESSES DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC 2875, boul. Laurier, Sainte-Foy (Québec) G1V 2M3 Téléphone : (418) 657-4399 Télécopieur : (418) 657-2096 Catalogue sur internet : http://www.uquebec.ca/puq/puq.html Distribution : DISTRIBUTION DE LIVRES UNIVERS S.E.N.C. 845, rue Marie-Victorin, Saint-Nicolas (Québec) G0S 3L0 Téléphone : (418) 831-7474 / 1-800-859-7474 Télécopieur : (418) 831-4021 Europe : ÉDITIONS ESKA 27, rue Dunois, 75013, Paris, France Téléphone : (1) 45 83 62 02 Télécopieur : (1) 44 24 06 94
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La social-démocratie en cette fin de siècle Late Twentieth-Century Social Democracy
Sous la direction de
Jean-Pierre Beaud et Jean-Guy Prévost
© 1995 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré : La social-démocratie en cette fin de siècle/Late Twentieth-Century Social Democracy, Jean-Pierre Beaud et Jean-Guy Prévost (dir.), ISBN 2-7605-0829-3 • SA829N Tous droits de reproduction, de traduction ou d’adaptation réservés
Données de catalogage avant publication (Canada) Vedette principale au titre : La social-démocratie en cette fin de siècle = Late twentieth-century social democracy (L’âge de la démocratie) Textes en français et en anglais. Comprend des réf. bibliogr. ISBN 2-7605-0829-3 1. Socialisme. 2. Démocratie. 3. Socialisme – Canada. 4. Socialisme – Europe. 5. Parti québécois. 6. Nouveau parti démocratique de l’Ontario. I. Beaud, Jean-Pierre, 1950- . II. Prévost, Jean-Guy, 1955- . III. Titre : Late twentieth-century social democracy. IV. Collection. HX15.S58 1995
335.5
C95-941532-7F
Canadian Cataloguing in Publication Data Main entry uhder title : La social-démocratie en cette fin de siècle = Late twentieth-century social democracy (L’âge de la démocratie) Text in French and in English. Includes bibliographical references. ISBN 2-7605-0829-3 1. Socialism. 2. Democracy. 3. Socialism – Canada. 4. Socialism – Europe. 5. Parti québécois. 6. New Democratic Party of Ontario. I. Beaud, JeanPierre, 1950-II. Prévost, Jean-Guy, 1955- . III. Title : Late twentieth-century social democracy. IV. Series. HX15.S58 1995
335.5
C95-941532-7E
Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention du Comité des publications de l’Université du Québec à Montréal.
Révision linguistique : Robert Paré Mise en pages : Typo Litho composition inc. Couverture : Richard Hodgson
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés © 1995 Presses de l’Université du Québec Dépôt légal – 4e trimestre 1995 Bibliothèque nationale du Québec / Bibliothèque nationale du Canada Imprimé au Canada © 1995 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré : La social-démocratie en cette fin de siècle/Late Twentieth-Century Social Democracy, Jean-Pierre Beaud et Jean-Guy Prévost (dir.), ISBN 2-7605-0829-3 • SA829N Tous droits de reproduction, de traduction ou d’adaptation réservés
TABLE DES MATIÈRES
Introduction : Une fin de siècle Jean-Pierre Beaud et Jean-Guy Prévost 1.
2.
1
The Two Bankruptcies of French Socialism and the End of Social Democracy George William Ross
9
Le Parti socialiste français et le cycle d’Épinay (1971-1994) Gérard Grunberg
43
3.
Spain : In Search of Social Democracy Patricia H. Craig
4.
La politique économique des gouvernements socialistes de l’Europe méridionale Diane Éthier
91
Le Parti québécois, parti social-démocrate : les années du pouvoir (1976-1985) André Bernard
115
From "Premier Bob" to "Rae Days" : The Impasse of the Ontario New Democrats Jane Jenson et Paule Rianne Mahon
149
5.
6.
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63
viii La social-démocratie en cette fin de siècle 7.
8.
9.
Social Democracy on Trial : The Parti québécois, the Ontario NDP, and the Search for a New Social Contract Andrew Brian Tanguay
173
The Beginnings of Affirmative Action for Women in the Ontario New Democratic Party Jocelyne Praud
201
La social-démocratie a-t-elle un avenir ? Alexander MacLeod
10. The Future Beyond Social Democracy Leo Victor Pan itch
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223 243
Une fin de siècle Jean-Pierre Beaud et Jean-Guy Prévost
Faire son Bad Godesberg : l’expression s’est imposée et désigne un travail de révision idéologique en profondeur, se caractérisant par l’abandon, pour un parti ouvrier ou socialiste ou social-démocrate (les termes ne renvoient pas tout à fait à la même réalité1), des principes marxistes ou marxisants qui ont présidé à sa formation. Les sociaux-démocrates allemands l’ont réalisé dès 1959, précisément lors du congrès de Bad Godesberg, la référence à la lutte des classes étant remplacée par un appel au peuple allemand tout entier. La plupart des partis sociaux-démocrates ont emboîté le pas plus ou moins rapidement, avec plus ou moins de succès, dans des conditions plus ou moins propices, les travaillistes britanniques fermant (provisoirement)
1.
Pour les deux derniers vocables, les différences, autrefois très nettes, tendent à s’estomper. Le terme « social-démocrate » a d’abord été utilisé en français pour décrire le SPD allemand et faisait référence à un type de parti réformiste (par opposition aux partis socialistes et communistes, qui se voulaient révolutionnaires). Le choix d’une politique de réformes n’excluait pas pour autant des références au marxisme, par exemple, ce qui explique, on y reviendra, la « nécessité », à un certain moment, d’un Bad Godesberg, c’est-à-dire d’un abandon des dernières références au marxisme et à tout ce qui pouvait rappeler l’action révolutionnaire et la lutte des classes. En fait, aussi bien les partis sociaux-démocrates que les partis socialistes et même les partis travaillistes (qui désignent une forme plus typiquement anglo-saxonne de partis liés organiquement aux syndicats et structurés de façon indirecte — les membres de syndicats étant indirectement membres du parti travailliste — et directe — comme les autres partis) sont divisés en courants plutôt socialistes (considérés comme formant l’aile gauche) et en courants plutôt sociaux-démocrates (considérés comme formant l’aile droite).
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La social-démocratie en cette fin de siècle
la marche lors de leur congrès de Westminster d’avril 1995. Ces derniers se sont alors prononcés très majoritairement pour l’abandon de la clause IV de leur programme historique de 1918, qui prônait une propriété commune des moyens de production, de distribution et d’échanges. Le nouveau texte identifie maintenant le Labour comme un parti démocrate-socialiste qui croit aux effets bénéfiques de l’effort collectif, à l’esprit de solidarité, de tolérance et de respect, à une « économie dynamique servant l’intérêt général, dans laquelle l’initiative du marché et la rigueur de la compétitivité s’unissent aux forces du partenariat et de la coopération pour produire la richesse nécessaire à la nation ». L’exemple travailliste est particulièrement intéressant, d’abord parce que la révision se fait alors que le parti est dans l’opposition et qu’il veut mettre fin à une longue série de défaites électorales (de ce point de vue, il est dans la même situation que le SPD de 1959), ensuite parce qu’il agit sous l’impulsion d’un nouveau leader, jeune, moderniste, qui tranche singulièrement avec ses prédécesseurs (au point où on l’appelle avec ironie « Tory » Blair) par sa culture, son aspect, sa formation. Sur ce plan, on peut comparer Tony Blair au jeune Felipe Gonzalez, qui prend les rênes du PSOE, lui impose un virage idéologique, l’oriente vers un plus grand pragmatisme en 1977, vers ce que Patricia H. Craig (texte 3) appelle une « social-démocratisation », pour le conduire au succès électoral lors des élections de 1982. Le Parti socialiste français, qui fera ici l’objet des analyses de George Ross (texte 1) et de Gérard Grunberg (texte 2), offre lui aussi l’image d’un parti arrivant au terme d’un processus de révision idéologique. On connaît l’histoire des années Mitterrand et le revirement de 1983, c’est-à-dire l’abandon, après deux années de pouvoir, d’une politique de nationalisations fortement imprégnée de principes keynésiens, pour une gestion beaucoup plus libérale de l’État et de la société française. Mais le tournant, sur le plan des pratiques gouvernementales, ne se traduira dans le programme du Parti socialiste que quelques années plus tard. La fin de l’ère Mitterrand, la précampagne et la campagne électorales présidentielles de 1995 montreront toutefois que le Bad Godesberg du parti n’était pas terminé et que les positions traditionnelles étaient encore très populaires, au moins auprès de nombreux dirigeants historiques (les « éléphants ») du parti. Il faudra attendre le succès inespéré — mais relatif, puisqu’il n’a pas été élu — du candidat Jospin pour voir posée avec clarté la question du programme, du discours et des pratiques du Parti socialiste de l’aprèsMitterrand. Pour plusieurs observateurs, les positions du candidat-citoyen Lionel
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Une fin de siècle
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Jospin sont davantage celles d’un social-démocrate européen que d’un socialiste à la française et traduisent la volonté de mener à terme le processus de réalignement idéologique. Reste à savoir, dans le cas français, si cette nouvelle façon d’être à gauche s’imposera réellement au sein d’un parti reconstruit au début des années soixante-dix par François Mitterrand. On connaît le parcours difficile de Michel Rocard, campé depuis longtemps sur des positions socialesdémocrates, au sein du parti d’Épinay. Il n’est pas sûr que celui de Jospin soit semé de roses. Si l’idée d’une révision idéologique hante tant l’histoire et l’esprit de la social-démocratie, si l’exemple allemand est si présent, c’est bien parce que l’on associe Bad Godesberg au début d’un cycle de victoires pour le SPD. La progression lors des élections, puis l’accès au pouvoir en 1966 (dans le cadre de la grande coalition avec la CDU) sont en effet souvent analysés comme la conséquence de la mise au rancart des principes idéologiques durs. Et l’exemple espagnol semble bien être une autre illustration de l’efficacité du travail d’adaptation aux nouvelles conditions de la lutte politique et aux nouvelles réalités du monde du travail (baisse de la proportion des travailleurs manuels, développement du secteur tertiaire, etc.). Il est à noter, d’ailleurs, que le modèle allemand s’impose avec tellement de force que plusieurs dirigeants feront le voyage en Allemagne (invités, il est vrai, par la fondation Friedrich Ebert), comme l’Espagnol Felipe Gonzalez et le Portugais Mario Soares. On pourrait, en fait, opposer deux modèles de révision idéologique, et donc deux modèles de partis et aussi deux types de leaders. D’une part, le modèle allemand de partis négociant un virage alors qu’ils ne sont pas au pouvoir (SPD, Labour britannique, PSOE). À ce premier modèle, on pourrait associer le Parti socialiste portugais de Mario Soares, qui adopte, dès sa fondation un an avant la révolution des Œillets, une forme de social-démocratie à l’allemande. D’autre part, le modèle français de partis contraints de procéder, une fois au pouvoir, à un changement radical de politique (PS français, NPD ontarien, Parti québécois, PASOK grec dans une moindre mesure). Dans le premier modèle, c’est la volonté de prendre le pouvoir qui conduit à un réalignement, sous l’impulsion, dans les cas espagnol et britannique, d’un leader moderniste. Dans le deuxième modèle, ce sont les contraintes de l’exercice du pouvoir qui forcent à un changement profond, d’abord au niveau des politiques, puis à celui des programmes, de l’idéologie. Les conditions dans lesquelles se produisent les virages ne sont pas sans conséquences pour les partis considérés. Les Bad Godesberg
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La social-démocratie en cette fin de siècle
qui suivent le modèle original allemand ont l’avantage de confiner les discussions, souvent rudes, au sein du parti. Les opposants se mobilisent, certes (les syndicats, les leaders de la gauche comme Arthur Scargill, Tony Benn ou Ken Livingstone dans le cas du Labour britannique ; les dirigeants historiques exilés en France durant le franquisme dans le cas du Parti socialiste ouvrier espagnol), mais l’électorat du parti et plus généralement les forces qui l’appuient restent relativement à l’écart d’un processus qui, de toute façon, a l’avantage de recevoir une caution démocratique : Tony Blair obtiendra ainsi le soutien de 85 % des militants et de la quasi-totalité des circonscriptions ; Felipe Gonzalez, après avoir essuyé un refus lors du 28e congrès du PSOE et remis sa démission comme secrétaire général du parti, reviendra en force lors d’un congrès extraordinaire organisé quelques mois plus tard. À l’opposé, les partis contraints, une fois au pouvoir, de changer de cap n’obtiendront la caution des militants du parti qu’une fois les nouvelles politiques appliquées. Les clientèles habituelles du parti, et en particulier les fonctionnaires que ces partis étatistes mobilisent depuis longtemps, feront souvent les frais des nouvelles politiques de gestion de l’État. De ce point de vue, les exemples québécois et ontarien sont très révélateurs. Comme le montrent les textes d’André Bernard (texte 5) et de Brian Tanguay, après un premier mandat plutôt positif, caractérisé par de nombreuses réformes, dont celles de l’assurance-automobile et du financement des partis politiques, le Parti québécois ouvre son second mandat sur un affrontement avec des syndicats pourtant plutôt bien disposés envers son programme réformiste, social-démocrate et souverainiste. La perte d’appuis dans la mouvance du milieu syndical qui résulte de cet affrontement, non compensée par des gains dans d’autres clientèles, conduira, c’est du moins la thèse développée par Bernard, à la défaite du Parti québécois lors des élections de 1985. Le cas ontarien, analysé par Brian Tanguay (texte 7), par Jane Jenson et Paule Rianne Mahon (texte 6) et par Leo Panitch (texte 10), est presque une caricature du cas québécois. Tout se fait à la fois plus vite, plus mal et avec des effets plus désastreux qu’au Québec. Plus vite, car d’une part la victoire de 1990 est encore plus inespérée que celle du Parti québécois en 1976, et donc l’impréparation encore plus nette (le parti ne dispose pas vraiment d’un programme de gouvernement), et d’autre part la révision se fait très tôt, c’est-à-dire dès la deuxième année du mandat. Plus mal, parce que le gouvernement néo-démocrate ontarien, d’une part n’ira pas au-delà d’un premier mandat (les élections de juin 1995 le
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laissent avec une députation réduite à dix-sept membres), d’autre part provoquera de très vives tensions entre les syndicats, sa base électorale, le parti proprement dit et lui-même. Comme le constatent Jane Jenson et Rianne Mahon, « The euphoria of "Premier Bob’s" election had been transformed into the disgruntlement and anger of publicsector workers forced to lose collective bargaining rights and to take salary reductions in the form of the infamous "Rae days ". » Nécessaire, indispensable, suicidaire ? L’attitude des deux partis face à leur base syndicale semble souvent difficile à comprendre. Cherchaient-ils à gagner, par leur politique de rigueur, de nouveaux appuis au centre ou à droite ? Pensaient-ils pouvoir convaincre cette base de la nécessité de « faire sa part » ? L’histoire montre clairement que ces deux objectifs n’ont pas été atteints et que c’est sans doute le moins nettement social-démocrate des deux partis, à savoir le PQ, qui s’est le moins mal tiré d’affaire. L’absence de liens organiques avec les syndicats, le caractère très multiclasse de son membership, l’absence de références aux principes marxistes, le flou de certaines de ses propositions sociales et économiques, son pragmatisme lui ont sans doute laissé davantage de marge de manœuvre. Les deux modèles qui viennent d’être présentés regroupent chacun des expériences différentes. Le contexte national (présence ou absence d’un parti communiste fort, mode de scrutin utilisé, état du développement économique, ancrage des institutions démocratiques, passé plus ou moins autoritaire, « nécessité » de l’ajustement économique, « acceptation » des principes du libéralisme, etc.) explique les trajectoires des partis considérés dans les études qui suivent (Parti socialiste français, Parti socialiste ouvrier espagnol, Parti socialiste portugais, PASOK, Parti québécois, Nouveau Parti démocratique ontarien). Ainsi, on ne saurait analyser les stratégies du PASOK sans prendre en compte le populisme et le nationalisme dans lesquels baigne la société grecque. De même, le caractère social-démocrate du Parti québécois, qui a tant fait écrire au début du premier mandat de ce parti, est inévitablement teinté par les positions souverainistes, nationalistes de ce dernier. Comme le rappelle Diane Éthier (texte 4), les choix des socialistes espagnols et portugais ne sauraient être dissociés de la volonté d’entrer dans la grande famille européenne et donc d’accepter les termes d’une adaptation au « marché ». Le rôle prépondérant des leaders et surtout du chef du parti ou du candidat à l’élection présidentielle, en France, est pour partie la conséquence des règles du jeu imposées par De Gaulle lors de l’établisseent de la Ve République. Comme le montrent les textes de Ross et de Grunberg (textes 1 et 2), François
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La social-démocratie en cette fin de siècle
Mitterrand pesa d’un poids considérable sur l’évolution du Parti socialiste français. La tendance à la monocratie est nette en France et, hormis, semble-t-il, le Parti communiste, aucun parti n’échapperait à cette tendance lourde de la vie politique française. Plus généralement, d’ailleurs, c’est bien le rapport au libéralisme qui a marqué cette époque de l’histoire de la social-démocratie. Et, sur ce plan, on voit un peu tous les cas de figure possibles, de l’acceptation claire et précoce des principes du libéralisme économique, comme au PSOE et au PSP, à un ralliement tardif et précipité, comme au PS français. Dans ce dernier cas, tout se passe comme si, une fois le pas franchi, le parti en remettait et allait jusqu’à professer une orthodoxie, notamment financière, dont le gouvernement Bérégovoy fut un bel exemple. En cette fin de siècle, alors que les politiques keynésiennes semblent à bout de souffle, que le marxisme, comme grille d’analyse, est de plus en plus souvent écarté les partis de gauche sont à la recherche d’un axe pour la réflexion et l’action. La tentation est sans doute forte, comme le montrent, par exemple, les textes de Jocelyne Praud (texte 8) et de Leo Panitch (texte 10), de se réaligner alors sur les positions de cette nouvelle gauche qui a émergé dans le dernier quart de siècle. Mais les chances de pouvoir intégrer les valeurs portées par les nouveaux mouvements sociaux dépendent de nombreux facteurs et en particulier du type de système considéré. Dans les systèmes multipartites, les nouveaux mouvements sociaux pourront plus facilement se transformer en partis politiques autonomes (Verts allemands, écologistes français), alors que, dans les systèmes bipartites, ils auront plutôt tendance à influencer et à infiltrer les partis en place. Aussi, l’intégration éventuelle par les partis sociaux-démocrates des nouvelles valeurs (elle est bien sûr déjà en cours dans certains partis) n’empruntera pas les mêmes avenues ici et là. Il reste, surtout, que le mariage entre le message traditionnel des partis sociaux-démocrates et le message de la nouvelle gauche est problématique. Alors que la logique traditionnelle est de type intégratif, de l’ordre de l’effacement des différences, surtout depuis l’abandon des références au marxisme, la logique « nouvelle gauche » est plutôt de l’ordre de la parcellisation, de l’affirmation des différences. En construisant un discours selon cette nouvelle logique, les partis sociaux-démocrates risquent de perdre leurs clientèles traditionnelles, qui pourraient se sentir noyées dans un ensemble hétéroclite de groupes fédérés à l’intérieur d’un parti. C’est une des craintes évoquées par Alex MacLeod (texte 9) dans un bilan qui se veut, malgré tout, optimiste.
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Une fin de siècle
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Ce livre rassemble une série de travaux consacrés à la gestion socialdémocrate des dernières années. La plupart des partis analysés ont perdu le pouvoir, comme le Parti socialiste français, le Nouveau Parti démocratique ontarien, le Parti socialiste portugais, ou connaissent de sérieuses difficultés, comme le Parti socialiste ouvrier espagnol. La question qui se pose est de savoir si les difficultés sont de l’ordre de celles que connaissent tous les partis ayant exercé plus ou moins longtemps le pouvoir (de ce point de vue, les bilans du Parti socialiste français et surtout du PSOE seraient plutôt positifs, celui du NPD ontarien nettement désastreux) ou si elles trahissent une profonde inadaptation des machines partisanes social-démocrates aux conditions actuelles de la vie politique. Il resterait alors à voir comment pourrait se recomposer une force de gauche, sociale et démocratique. Ce livre devrait fournir des éléments de réponse à ces différentes questions. Il s’adresse aussi bien aux spécialistes de la politique qu’aux citoyens désireux de connaître l’état actuel des forces politiques dans nos sociétés modernes. Il inaugure une séries de textes, essais, études, consacrés à l’âge de la démocratie.
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The Two Bankruptcies of French Socialism and the End of Social Democracy George William Ross
Social democracy today faces a critical situation. Faltering economic growth, globalization and changing class structures have challenged assumptions and outlooks that have sedimented over a century. Each specific social democratic formation confronts this crisis differently, however. This essay will argue that French social democracy, despite its years in power after 1981, has been unsuccessful in confronting these general challenges in large part for specific institutional reasons, visible in two eras in the Parti socialiste’s (PS) recent history. First of all, historic logics of Left division structured the PS’s programmatic outlook prior to 1981 in such a way that it was remarkably unprepared for policies adequate to the circumstances it had then to face. Next, the policy collapse which ensued made the PS almost completely dependent upon the working of the Fifth Republic Presidency and imprisoned it in new political logics which were themselves largely incompatible with the PS’s deeper needs. In consequence, by the 1990s the party was bereft of ideas and resources for difficult new conditions. Our argument is that French institutional characteristics refracted factors of change that posed common problems to all social democratic formations, leading to specific French outcomes. I. SOCIAL DEMOCRACY’S CURRENT CRISIS The central logics of social democracy are contained in the move ment’s name. Capitalism was not likely to collapse and workers were
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La social-démocratie en cette fin de siècle
unlikely to lead a revolution against it. Experience demonstrated, in fact, that revolutionary movements, even if successful (and they rarely were), were likely to be the work of minorities who set up authoritarian regimes thereafter.1 On the other side of the ledger, capitalist democracy, despite its limits, offered opportunities for the expression of socialist and working class politics and potentialities for reformist progress. Social democracy thus came to denote a politics which accepted the institutions of representative democracy as legitimate. This acceptance, in its turn, further implied acceptance of the existence of a "mixed economy" for the foreseeable future. Within this compromise there was a program. Capitalism could be democratized, slowly but surely, by removing a wide range of vital activities from the market, particularly in areas of social protection, and by establishing public control over many of the key economic activities that remained marketized. In time the harshness of market outcomes would be attenuated, cross-class solidarities promoting greater equality institutionalized and the broader market steered and regulated. Social democracy was premised on the specific workerist mapping of the social world common to the socialist movement more broadly. Capitalism remained a class system in which the success of capital depended upon the exploitation of workers. If the class structure was not moving towards the absolute polarization foreseen by Marx, and other social groups besides workers and capitalists persisted, workers still constituted by far the largest group on the field. Furthermore, workers, given their class position, were fundamentally more progressive than these other groups : democratization and the ultimate transcendence of capitalism were in their basic interests. Other groups had different interests and would have to be persuaded, through politics, to align with workers. The social democratic definition of purpose with its workerist social map contained presumptions about how politics ought to be done. Full acceptance of representative democratic procedures and principles was one premise, to be sure. But social democratic political participation, if ultimately translatable into votes, was to be based upon workers and done in large part through their organizations
1.
On this latter point the writings of Karl KAUTSKY are eloquent. See The Dictatorship of the Proletariat, Ann Arbor, University of Michigan, 1964 ; Revolution and its Program, London, 1925 ; Terrorism and Communism, London, 1920.
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(unions and other working class associations). Workers would not enter into democratic life as individuals, but as battalions of committed reformists, shaped into collectivities by militants acting as linkages between leaderships and "the base," developing "consciousness" among ordinary workers and representing these ordinary workers to leaderships.2 Non-workers and their associations would thus have to bargain with mass organizations bound by strong programmatic mandates. The social democratic vision had its ambiguities. First, social democratic movements bore a utopian myth which foresaw that the gradual process of democratizing capitalism would lead to transcendence into socialism. To the degree to which the movements meant this seriously, however, coalition-building became more difficult, social democracy incurred attacks from bourgeois interests and social democratic elites lost space to maneuver. But if it was not taken seriously the transformative potential of social democracy might be questioned by those who wanted and needed it.3 The second major ambiguity was the nationalization implied by the acceptance of representative democracy : the focus of social democratic effort was national political systems. Change, how-ever gradual, was to occur within national boundaries and through the use of levers provided by the national state. In time this led social democracy to accumulate huge stakes in national politics and national identities and strong statist propensities. Glory Days The social democratic approach was not immediately successful. Despite its relative moderation, its program — public ownership, neocorporatist labor relations, social protection, sometimes Keynesianism
2.
The German social democratic notion of a working class "counter-hegemony," with its articulation of institutions to cover an enveloping spectrum of working class activities from the workplace to schooling, culture and leisure, was often the model. For discussion see J.P. Nettl, "The German Social Democratic Party 1890-1014 as a Political Model", Past and Present 30, p. 65-96 ; Annie KRIEGEL, "Le Parti modèle (La Social-démocratie allemande et la IIe Internationale)", in Le Pain et les roses, Paris, Presses universitaires de France, 1968, p. 247-276.
3.
Adam PRZEWORSKI’s Capitalism and Social Democracy, Chicago, University of Chicago Press, 1985, provides an interesting analytical framework for the tradeoffs involved in this.
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avant l’heure4 — still scared capital and a Right that was but precariously committed to democratic processes.5 More importantly, it did not seduce a sufficiently large number of non-working class voters. Thus, even when it did make electoral progress, it was rarely able to win decisively and even more rarely able to implement its new pro-grams (except in precocious Scandinavia). Stinging defeats in the interwar period — administered in very different ways by the rise of Fascism, the Great Depression and the coming of Fordist mass production — ironically brought some new answers. Keynesianism, specific innovations in macroeconomic theory plus the various policy pack-ages which accompanied it, could, in the right circumstances, turn Fordist-consumerist capitalism into a positive-sum game. The years from World War II through the 1970s thus became the glory days of social democracy. During these glory days the nation state could hope to regulate national economic flows, controlling capital movements, exchange rates, fiscal policies and the strength of demand, hence the relative effectiveness of Keynesian techniques. In so regulating, the state became a central agent in the accumulation process, moving tax revenues and national savings and using state agencies to achieve economic policy goals. In general terms, during the postwar boom era many important social choices, including extensive efforts to structure and "frame" the market itself, could be made through conscious political processes. These processes, through which a wide range of public goods were generated, could in turn be influenced by the political struggle of organized groups. Well organized and politically salient working-class movements could therefore gain a degree of power.6 4. The Swedish Social Democrats, of course, when they came to power in the 1930s, actually applied their own precocious Keynesian formulae (from Wigforss and others). See Peter GOUREVITCH, Politics in Hard limes, Ithaca, Cornell University Press, 1986, Chapter 4 ; Peter EVANS, Dietrich RUESCHEMEYER and Theda SKOCPOL (eds.), Bringing The State Back In, Princeton, Princeton University Press, 1986. 5. Austro-Marxism provided the clearest early formulation of this general package. See Otto BAUER, The Road to Socialism. Rudolf Hilferding was the major SPD theorist of the German variant. See also Enzo COLLOTTI (ed.), L’internazionale operaia e socialist tra le due guerre, Milan, Feltrinelli, 1984. 6. In oversimplified terms, this setting produced generalized tendencies towards neocorporatism. The extent of actual movement towards "neocorporatist" arrangements varied tremendously from country to country, of course. See Philippe SCHMITTER and Gerhard LEHMBRUCH, Trends Towards Corporatist Intermediation, Los Angeles, Sage, 1978. For the sequel see Wolfgang STREECK and Philippe SCHMITTER, "From National Corporatism to Transnational Pluralism : Organizing Interests in the Single European Market", Politics and Society, June 1991.
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Social democracy thus held power often, worked reforms and, for a while, reshaped the political agendas of many advanced capitalist democracies, putting capital and the Right on the defensive. The Keynesian-social democratic method was built around nested compromises between labor and capital whose premise was the possibility of conciliating capitalist competitiveness and profit with openings for redistribution and democratization. On the level of public policy the stimulation of demand, which social democrats insisted should be set to produce nearto-full employment, moderated the business cycle and allowed mass production capitalism to tap a predictable and growing consumer market. Minor redistributions of income and wealth through taxation were the always contested prices for capital to pay. Expanded welfare state programs moderated capitalism’s harsh allocation of misfortunes while providing a degree of counter-cyclic income stability. Expanding state intervention and employment worked in the same directions. New deals in the workplace gave higher wages and greater employment security to workers — unionized male workers in the first instance — in exchange for quiescence about technological change to enhance productivity. For nearly three decades — even more in Scandinavia where innovations came earlier and went further — this complex of deals contributed to the longest economic boom in the history of capitalism. Crisis, Globalization, Postindustrialization, and the End of the Postwar Boom The virtuous cycle of postwar economic growth ended in the mid-1970s in oil shocks, stagflation and, ultimately, a widespread turn to-wards monetarism. After the mid-1970s, average economic growth levels dropped by about half from their postwar boom highs. Productivity growth and investment levels followed the same path. Un-employment, which had virtually disappeared in certain European settings, began to rise. Welfare state budgets started to feel the strain. These facts, on their own, represented a fundamental challenge to social democratic policy predilections of rewarding supporters by promoting full employment, redistributing the fruits of growth and expanding the welfare state. But in the new setting it rapidly became clear that something else was going on. Nation-statebased, Keynesian-social democratic policies no longer worked adequately because of the in-creased salience of international trade for all economies, the growing weight of transnational corporations and massive speed-of-light international capital flows.
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Globalization helped reverse trends towards national-level political regulation and brought a decisive shift towards the "marketization" of decisionmaking, to quasi-automatic mechanisms away from conscious political choice. Moreover, the nature and content of much of the remaining political decisionmaking changed. In the new con-text, the nation state tended more and more to become a mediator between internationalized capitalist economic flows over which it had declining control.7 Conscious political intervention did not disappear, of course, but it refocused, in "supply-side" ways, on the promotion of a nation’s international competitiveness rather than the earlier regulation of a wide range of social choice. This shift, of course, was ultimately connected to the turn of capital towards use of the entire planet as its production location, labor market and circulation space. Labor markets thus became global while "working classes" remained national. Parallel to globalization came underlying changes in occupational structures bringing massive development of new middle strata and tertiary occupations and extensive feminization of the labor force. The concerns of the "new middle strata," when they were progressive, turned out to be different from those of workers, as the incidence of "postmaterialist" and "identity" political movements indicated.8 The new feminization of the labor force was a challenge because the working class had been defined by labor and social democracy largely in terms of male, unionized blue collar manufacturing operatives.9 As this category became smaller in relative terms, claims made that it was a "universal class" became less and less credible. It was therefore no
7.
Fritz SCHARPF’s magnificent The Crisis of Social Democracy, Ithaca, Cornell University Press, 1991, analyzes the impossible policy dilemmas posed to social democratic governments in the new circumstances.
8.
For different analyses of these phenomena see Ronald INGLEHART, Culture Shift Princeton, Princeton University Press, 1990 ; Alain TOURAINE et al., The Workers’ Movement, Cambridge, Cambridge University Press, 1987 ; Herbert KITSCHELT, The Transformation of European Social Democracy, Cambridge, Cambridge University Press, 1994.
9.
This is an important part of the story. Labor and social democracy were paying for long decades of their own efforts to operationalize the meaning of "working class" in narrow ways. It was no accident, therefore, that encounters between labor/social democracy and vast numbers of new female labor force participants, non-unionized service sector workers and "professional" workers in public sector areas such as teaching, health care and administration had trouble finding a place for themselves in this working class.
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accident that the class analytical visions of the world which had always undergirded social democracy intellectually started losing their credibility. The working class percentage of social democratic electorates also declined.10 Globalist restructuring in the 1980s further undercut the power of many, if not most, of the union movements which had been the traditional mass support of the social democratic Left. High unemployment, "flexibilization" and changing structures had devastating effects. Neocorporatist arrangements were displaced, union member-ships declined and union efforts at mobilization became more difficult.11 Moreover, within specific advanced capitalist societies the supply-side focus of firms and governments towards international competitiveness brought with it a host of mechanisms and techniques to seduce and prod labor to focus more on firm life than national matters. Collective bargaining was slowly decentralized towards the firm, for example, while various organizational efforts to create firm-oriented worker consciousness — work-teams, quality circles, official workers’ councils, expression groups, merit-based individualized salary scales, and/or simple propaganda barrages — were generalized.12 One consequence of such decentralizing tendencies was that the focus of worker’s "consciousness" became less and less national, more and more localized or regionalized (with, in places like the
10. An array of data about the class composition of different European social democratic movements can be found in Gerassimos MOSCHONAS, La social démocratie de 1945 à nos jours, Paris, Monchrestien, 1994, p. 37-47. 11. The degree of union movement decline varies from country to country. As a rule, in places where neocorporatist arrangements of one sort or another had been struck in the boom years, often on the basis of very strong unions at the outset, and where, in addition, the national economy remained strong (two facts which are probably correlated), union membership has remained relatively solid thus far. Scandinavia, Austria and the German Federal Republic are the main cases here. In other places where such conditions have not prevailed, neoliberal economic restructuring has been facilitated and declines are almost universal and in some cases precipitous. In Britain and the US they have been pushed forward by hostile governments, while in France and Spain, for example, they have been fostered by allegedly "friendly" governments. 12. There is a gigantic literature on such matters. See, among other things, Robert BOYER (ed.), The Search for Labour Market Flexibility, Oxford, Clarendon Press, 1988 ; Richard HYMAN and Wolfgang STREECK (eds.), Industrial Relations and Technical Change, Oxford, Blackwell, 1988 ; Michael PIORE and Charles SABEL, The Second Industrial Divide, New York, Basic Books, 1984 ; Steven WOOD (ed.), The Transformation of Work, London, Unwin, 1989.
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European Community, growing possibilities for regions to straddle actual national frontiers). Finally, beyond such structure changes, but clearly tied to them, there was a renaissance of antisocial democratic liberalism in political thought and elite outlooks. The French Model The first of the important particularities of the French Left has been its division. Fragmented from the beginning, French socialism divided definitively in the early 1920s between Socialists (the Section Française de l’Internationale Ouvrière — SFIO) and the pro-Soviet Communists, at which point all prospects for "normal" social democratic development ended (as in other Latin settings). French Communism turned out strong and tenacious — by the immediate 1945 period the Communists were stronger than the Socialists in electoral, partisan and trade union realms. This situation created a set of unavoidable strategic games in which Communists and Socialists were as concerned with preventing one other from gaining advantage as with influencing the course of broader events. For a quarter century after World War II almost all the options available in these games were bad. Cold warfare between Socialists and Communists, in which each party targeted the other rather than cooperated, led the Socialists to compromise their principles, damaging their credibility. At the same time it prompted the Communists to accentuate their radicalism and isolated them in a political counterculture. Cooperation was rare because both parties under-stood that it would become a zero-sum game. When it did occur it usually broke down well before the Left could exercise significant power. More generally, the Left vs Left political focus encouraged "more radical than thou" one-upmanship that pulled Left culture away from realistic confrontation with practical problems. In ordinary circumstances, these games had devastating consequences, weakening both parties and undermining trade unionism. From the mid-1950s, when the SFIO had held power in the coalitions that had prosecuted the colonial warfare that destroyed the Fourth Republic, until the 1970s these logics of Left division kept the Left as a whole out of power. This created a second French particularity. Neither social democrats nor the broader French Left held governmental power during the high postwar boom years. In consequence there was little opportunity to acquire the managerial lore and habits of governance that social democrats elsewhere were acquiring.
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Finally, the institutional context within which contemporary French social democracy developed was unusual. France ceased being a fully parliamentary regime in 1958. With the Constitution of the Fifth Republic, the French Presidency gained huge control over all policy options. The President appointed and dismissed the Prime Minister and governments, called elections, could disregard parliament in many circumstances, and had a vast reserve of power in foreign and defense affairs. The direct election of the French President, which began in 1965, reinforced all this by making presidential elections the central political event around which everything else revolved. Becoming President became the most important activity, by far, in French politics. Charles de Gaulle, who invented the institution, was clearly trying to conciliate democracy and monarchy. He did a good job, since the Fifth Republic’s Presidential regime has no peer for concentrated executive power in the democratic world. What is essential to note, however, is that the great powers of the French presidency as an institution inevitably, and powerfully, mediated the course of any French government, Right or Left. Moreover, given the vast scope and centrality of this institution, the particular strategic approaches and political styles of any incumbent became a major dimension for analyzing the course of French politics. For our purposes, "presidentialization" established an additional set of structured political games for French socialism. These initially allowed the PS new advantages in the difficult struggles with the Communists, since presidentialism conferred distinct advantages on more moderate and politically presentable parties. At a later point, in the 1980s, however, dependency on presidentialism and the logics of action that it implied became a considerable barrier to the kinds of reconfiguration the PS needed to confront the general crisis of social democracy. II.
FIRST BANKRUPTCY
When François Mitterrand was elected President in 1981 and brought a Socialist majority in Parliament on his coattails, the new regime pledged itself to carry out a program tailor-made for the problems of France in the 1940s. It demonstrated little recognition that economic and social conditions had changed since the heydays of the postwar boom, let alone any sense that social democracy itself might be in difficulty. The implementation of such a program, when most other social democratic parties had decided that new conditions had rendered its kind obsolete, proved impossible. Our first puzzle is how this could have happened.
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The answers to this puzzle are contained in the interlinked effects of the logics of division and Fifth Republic presidentialism. Cold War Within the Left and Common Program The modern French Left’s story flowed from the workings of Gaullist power in the Fifth Republic. By the early 1960s the consolidation of a Right-leaning parliamentary majority around General de Gaulle repolarized party politics, narrowed the options of social democracy and made new collaboration between the Communists and Socialists much more likely. At this point the Communists polled 22 % and had the sup-port of the majority of workers, control over the strongest union, an army of militant members, substantial local governmental power, and great ideological influence. Any opportunities presented by the structures and pathologies of Gaullist modernization were thus initially the Communists’ for the taking. This fact was what initially structured the processes that ultimately endowed French Socialists with their 1981 program. The PCF opted for the strategy of united frontism that it had traditionally used whenever it judged full participation in electoral politics possible. It believed that its superior resources would be sufficient to manipulate processes of cooperation with the Socialists in the directions it desired. Its first goal was to seek a deal with the non-Communist Left around a "common program" reflecting as much of the PCF’s own vocabularies and purposes as possible. The 1965 presidential campaign brought a response. François Mitterrand, capitalizing upon the failure of the SFIO and MRP to agree on a Centrist candidate, presented himself as candidate of Left Unity.13 Mitterrand’s strategic wisdom was that France’s political presidentialization would make it possible to engage coalition with the PCF and come out ahead. Even though he initially gave little to the PCF in programmatic terms, his willingness to end Communist isolation in 1965 was enough for the PCF. His relative success against de Gaulle announced the beginning of the end of de Gaulle’s career, the possibility of Left alliance, prospects for the recon-
13. The anticipated candidate was the SFIO Mayor of Marseille, Gaston Defferre, who would have put together an anti-Communist Left-Center coalition, including Christian Democrats. At the last minute, however, both the Socialist apparatus and the Christian Democrats pulled back in disagreement over the Catholic school issue. See Georges SUFFERT, De Defferre à Mitterrand, Paris, Seuil, 1966.
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struction of French social democracy and, in the longer run, the new centrality of presidentialism for the Left. After 1965 the Left made slow progress towards clearer agreement and greater electoral strength. The major event in the immediate after-math of the May-June 1968 events was the regrouping of the social democratic Left into a new Parti socialiste, consecrated at Épinay in 1971.14 The new party was itself internally pluralistic, its range of factions presenting the advantage of allowing the PS to appear to be almost all things to all people, reaching simultaneously to left and centre. Its forward movement was nonetheless purposeful around Mitterrand’s leadership and Left Unity strategy. Negotiations with the PCF led to the signature, in June 1972, of a Left Common Program, the most important single event in the consecration of the Socialists’ 1981 course. Except for vagueness on issues of defence and foreign policy (where the two parties agreed to disagree), the Common Program was but a tamer reproduction of what the Communists had long advocated.15 The radicalism of this document was a product of the French Left’s logics of difference filtered through François Mitterrand’s goal of winning the presidency. Mitterrand understood that unity could help the whole Left to become stronger and that one party’s gain, his own, would come at the other’s expense. The circumstances greatly favoured the Socialists. By allying leftwards and giving in to the PCF on issues of program, Mitterrand and the PS could buy a certificate of good Left conduct which would blur political distinctions between the PS and PCF. This would then help the PS to win new support from soft sectors of the PCF electorate and attract fresh support from leftward-moving new middle strata seeking new homes after May-June 1968. The much greater credibility of Socialist presidential candidates — for presidential
14. One has the embarras du choix for sources on this process. In English, see David BELL and Byron CRIDDLE, The French Socialist Party, Oxford, Clarendon Press, 1984, Chapter 3 ; R.W. JOHNSON, The Long March of the French Left, London, Macmillan, 1982. In French, see Jacques KERGOAT, Le Parti socialiste, Paris, le Sycomore, 1983. For some of the flavor of the smoke-filled back rooms, see A. DU ROY and R. SCHNEIDER, Le Roman de la rose, Paris, Seuil, 1982. By far the best analytical history of the PS is to be found in Gérard GRUNBERG and Alain BERGOUNIOUX, Le Long Remords du Pouvoir, Paris, Fayard, 1991. 15. The new coalition pledged to expand the welfare state, raise wages and benefits, work extensive nationalizations, install democratic management at firm level coordinated with democratic planning nationally, greatly increase the rights of unions and workers and engage in a host of other reforms to increase democratic participation, all through legislation from Paris.
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elections were always fought around the center — would hasten PS success. The price of this complicated wager, however, was to bind the PS to the PCF around a stronger set of reforms than certain of the party’s factions would otherwise have wanted.16 Mitterrand’s strategic bets proved shrewd. In the 1973 legislative elections the PCF outpolled the PS for the last time. François Mitterrand almost won the presidential election of 1974. The 1977 municipal elections — when the United Left won a majority — marked an important turn. The PCF had belatedly realized that it needed to change its image to prevent the new PS from succeeding at its expense. Its brief Eurocommunist leap forward was not enough to halt growing Socialist gains, however. As a result the PCF’s unstable internal political compromise unglued and in summer 1977 the PCF abandoned the Left Union. One consequence was that the Left lost the legislative elections in 1978, which it might otherwise have won. Another was that the PCF’s choice — a French turn to Brezhnevism — resulted in a self-inflicted disaster.17 The PCF received the bulk of blame for the Left’s defeat in 1978. François Mitterrand and the Socialists, presenting themselves as unitaires pour deux and standing by the Common Program, gained relatively. Political volatility on the Left in the later 1970s did not spare François Mitterrand’s Socialists, however, and had important effects on the Socialist program. Mitterrand’s bet on allying with the Communists, which biased PS vocabulary and program towards the "old Left" PCF, never played well with "modernist" and anti-Communist factions in his own party (including the RocardCFDT "second Left" that joined in 1974). Defeat in the 1978 elections made Mitterrand vulnerable. His opponents, led by Michel Rocard, mounted an offensive to change strategies and leaders, labelling Mitterrand as "archaic." The climax came in 1979-80, when Rocard announced his own presidential candidacy for 1981, trying to preempt the field from Mitterrand. It
16. Mitterrand was well aware that the Left, and his Socialist Party, was a mixture of two political cultures. For one the Liberation-period ring of the Common Program was just right. For the other it was old-fashioned. To Mitterrand the price of coming to power was choosing the first culture. This, he reasoned, would ensnare the Communists, allow the Socialists to raid the PCF electorate, and win votes from the center. 17. We have written ethnographically about how this period was lived "from below" in the Paris party in Jane JENSON and George ROSS, The View From Inside : A French Communist Cell in Crisis, Berkeley, University of California Press, 1985.
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took tough struggle for Mitterrand to stay in control and he had to reconfigure the PS’s internal balance behind him by bringing back the left-wing CERES group into his leadership coalition. This then con-strained him to run in 1981 with a program, written by CERES, that was considerably to the Left of most of the PS membership. Programmatic Failure The election of François Mitterrand in May 1981 was as much an artifact of divisions on the Right as of enthusiasm for the Left.18 When the new President dissolved the National Assembly for legislative elections the Socialists won a majority by themselves, even though Mitterrand included four Communist Ministers in the new government. The radical reformism that then came derived from the 1972 Common Program.19 Its fundamental premise was that the national state had sufficient leverage over its economic and social environment, including the international economy, to control and redirect economic flows in purpose-fully progressive directions. The vision had its peculiarly Gallic, and somewhat contradictory, twists. It also had a huge amount of statist and jacobin optimism that change could be legislated from the center. Beneath this optimism lay the selfconfidence of the progressive sectors of France’s technocratic elites, who had flocked into the PS in the 1970s and who now populated the government and ministerial Cabinets. The burst of reformist activity after the 1981 election had rarely been seen anywhere in Europe after 1947. It involved nationalizations on an unprecedented scale, including the banks and France’s major multinational corporate giants (most of which, when the books were examined, turned out to be nearly broke), justified on dirigistes grounds. There were also reforms to strengthen union and worker rights on the shopfloor, including increased union prerogatives over working conditions, compulsory bargaining over wages and legislated "rights of expression." In addition there were long-overdue laws to decentralize parts of the state. The government also worked
18. See Alain LANCELOT and Marie-Thérèse LANCELOT, "The Evolution of the French Electorate, 1981-86", in George ROSS, Stanley HOFFMANN and Sylvia MALZACHER (eds.), The Mitterrand Experiment, New York, Polity/Oxford, 1987, for a good presentation of the data. 19. François Mitterrand’s programmatic pledges are contained in Le Monde, Dossiers et documents, "L’élection présidentielle du 25 avril-10 mai 1981", juin 1981.
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a redistributive scheme of demand stimulation, reinforced social pro-grams and introduced new measures for early retirement and work-sharing. Bigger budgets and greater attention went to promoting research and development, culture, gender equity and education. After less than a year these efforts foundered. Preexisting industrial weaknesses, President Mitterrand’s unwillingness to devalue the franc preemptively in 1981 and the effects of international deflation (in large part the product of US policies) combined to turn the Left’s redistributive demand stimulation policies into ballooning inflation, a flood of imports and international trade difficulties.20 In response the Left, prodded by Finance Minister Jacques Delors, initially imposed stringent austerity after June 1982. It devalued the franc, halted reforms, increased taxes, scaled back growth ambitions to zero, and deindexed wages from inflation. At first, the government took pains to keep its commitment to redistribute income towards the poor. In consequence, both blueand white-collar middle-income earners, the voters upon which the Left most depended, bore the brunt.21 This new austerity was not enough. With the International Monetary Fund in the entryway if not quite at the door, the govern-ment completed its policy turn after the municipal elections in March 1983. The precipitating event was again a currency crisis. The fundamental choice was between reevaluation of the franc within the European Monetary System (EMS), which involved accepting constraints on French autonomy, or pulling out of the EMS, a line which had ominous implications for the European Community. For good reason this choice occasioned conflict and debate inside the Left.22 Mitterrand finally decided for the European side, beginning a basic shift. Aban-
20. The best source on the economic context of this period and of the Left in power, is Alain LIPIETZ, L’Audace ou l’enlisement, Paris, La Découverte, 1984. See also the more econometrically informed Alain FONTENEAU and Pierre-Alain MUET, La Gauche face à la crise, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Poli-tiques, 1985, and Peter A. HALL, Governing The Economy, London, Polity, 1987. 21. See CERC, Constat de l’évolution récente des revenus en France, Paris, CERC, 1984. 22. Some — including the Communists, CERES, future Prime Ministers Laurent Fabius, then considered Mitterrand’s dauphin, Pierre Bérégovoy, who had been Mitterrand’s chief of staff, and advisors like Jean Riboud, head of Schlumberger and a close friend of the President — advocated uncoupling from the international economy to continue a voluntaristic industrial strategy and sustain the domestic market. On the other side, led again by Finance Minister Delors, were international account balancers, centrist economic managers, advocates of industrial restructuring, and "Europeans."
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doning a vision which weighted France’s domestic social compromise in favour of labour and the poor, the Socialists then turned towards a new quest for international market share and relegated domestic social issues to secondary priority.23 Libération, an irreverent daily pa-per, marked this in the Beaujolais season of 1983 with the headline "le Mitterrand nouveau est arrivé." Talk of entrepreneurial ingenuity, the centrality of the firm and profit-making began to displace social democratic notions of redistribution, social equity and justice. Socialists enjoined France’s mixed economy to streamline, rationalize and high technologize to slug it out with the Americans, Germans and Japanese. They obliged nationalized firms, originally presented as agencies for enhanced worker participation, social justice and collective control, to become lean and mean multinationals. Many Socialists began vigorously to defend the decision-making and allocative rationality of the market. The policy turnabout was rapid and dramatic. The government took major steps to reduce France’s inflation level, a commitment which involved de facto monetarism and hard-line devotion to the franc’s stability. Budget deficits were cut to the bone and the share of government spending in GNP reduced, implying a hard-nosed approach to social programs. Decisions in 1984 to back away from investment in the Lorraine steel industry and to refuse to bail out the CreusotLoire conglomerate signalled that state support of industry would no longer be a tool to maintain employment levels. Nationalized firms were to become players in the world market and abandon de facto social policy roles. The Left was also more willing to allow employers to restructure at the cost of employment, with the public sector the vanguard in shedding tens of thousands of jobs. Perhaps most symbolic here was the government’s own successful effort to break CGT power at Renault. Results did not take long to appear. Deindexing wages cut living standards as well as inflation. Hundreds of thousands lost jobs and whole "rustbelt" regions like the North and Lorraine experienced abrupt deindustrialization. Demography, seniority and tenure rules meant that huge numbers of young people could not break into the labour force at
23. The best account of the conflicts inside the government at this critical juncture is Philippe BAUCHARD, La Guerre des deux roses, Paris, Fayard, 1986. See also Pierre FAVIER and Michel MARTIN-ROLAND, La Décennie Mitterrand, volume 1, Paris, Seuil, 1990, 4e partie.
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all.24 Widespread youth demoralization ensued, despite governmental efforts to keep the young off unemployment roles through make-work programs. In general, the Socialists both promised and achieved things which the Right had never dared to do. Symbolically, a series of new reforms of securities markets fed the biggest boom on the Paris Bourse in memory. The Socialists had manipulated Left division prior to 1981 in ways that had left them committed to a program badly suited to the circumstances in which Left governments had to implement it. Dirigistes measures premised upon a relatively closed national space were bound to be ineffective in a newly globalizing setting. Redistributive reforms would be vastly more difficult in the absence of sustained growth. Behind the strategies leading to this program was the effects of the presidentialization of French Left politics. To unify the Left, the basic tactic in his presidential strategy, François Mitterrand judged it necessary to seduce the PCF through concessions on pro-gram. The result was the 1981 policy package. Compounding the problems, commitment to it was more rhetorical than practical : the PS had convinced itself that vociferous voluntarism was a substitute for careful preparation. Mitterrand himself was primarily interested in achieving power, if need be at the cost of policy inappropriateness. This, plus inexperience and the suspicion which greeted the Left after 1981 in international financial circles, led to political, and very nearly financial, bankruptcy. III. PRESIDENTIALISM AND SOCIAL DEMOCRACY : TOWARDS A SECOND BANKRUPTCY The failure of the reformist period left the Socialists in considerable difficulty. The Left, and the PS, had usually been in the business of marketing hope and optimism. Austerity and restructuring after 1982-83 meant that Left supporters would not receive the payoffs they had been promised, while centrist voters recoiled from displays of policy
24. The Left’s abrupt change ensured that the introduction of greater worker and union control (autogestion), meant initially to democratize the firm, turned into something very different. The Auroux Laws, if not radical steps towards autogestion, began much needed humanizing changes and instituted some additional worker participation in French industrial life.
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incompetence.25 New ways of inspiring confidence had to be found. The first bankruptcy after 1983 left the PS bereft of program and with-out resources to generate a new one, however. Redefining the Left’s options fell, by default, to the President. This was what prepared the PS’s second bankruptcy. Devising New Program : The Europe Option In large part because of the nature of his pre-1981 strategy François Mitterrand as President had been leader of a programmatically committed Presidential Majority, a "comrade-president" who was less the definer of policy than final arbitrator among different governmental proposals. From the failure of 1982-83 onward Mitterrand carved out a much more independent role resembling those assumed by earlier Fifth Republic Presidents. Henceforth he, and not his political family of origin, would make fundamental choices in his own, rather than the Socialists’, interests. Mitterrand was well aware that a new strategic outlook was needed to pull his presidency from the depths of 1982-83. Without one the policy changes of 1982-83 were losers : they hurt the Left’s supporters and rewarded its opponents. A new strategy would have to make sense of the new policies in both specific and general terms and uncover good reasons why a winning coalition of different social groups should continue to support Mitterrand. The "Europe Option" was the President’s major answer. Replacing the 1981 program of domestic reforms with another proposing renewed European integration was not an obvious choice.26 By the early 1980s European Community member states were at loggerheads, each facing economic
25. Despite this, or perhaps because of it, sighs of relief went up from many in the PS’s orbit that the policy failure of 1982-83 and the emergence of a new focus on "modernization" (Mitterrand’s initial term) signified that at long last French social democracy had learned to separate the tasks of governance from ideology, rhetoric and sustaining internal party life. Implied in this was the notion that the PS had entered upon a learning curve that would eventually allow it to confront the real crisis of social democracy rather than crises that were primarily of its own manufacture. Grunberg and Bergounioux take this position. 26. Mitterrand himself had been part of the French elite which had done much of the founding of Europe, but the broader French Left had always been divided about European integration. FranzOlivier GIESBERT recounts a PS bureau meeting in 1973 where a proposal from Mitterrand to strengthen the PS’s EC contacts won by only 12 to 8, leading Mitterrand to threaten to resign unless the PS leadership took
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crisis with its own particular national strategy. The resultant divergence made EC-level coordination less and less possible. France’s 1983 policy shift made new economic policy convergence with the Germans possible and also created openings for discussion with the British. Mitterrand seized the opportunity, particularly during the French presidency of the EC in the first half of 1984, to resolve outstanding EC problems and clear the decks for new initiatives.27 Mitterrand’s logics partook more of realpolitik than Left thinking. 1982-83 had ended the quest for French distinctiveness through radical, nationalist reformism. Shifting to the EC as a vehicle for affirming French national interests conformed both to Mitterrand’s deeper European commitments and to the diplomatic configurations of the moment. American monetary policy under Reagan had been so damaging for Europe that, almost by itself, it made a new European initiative conceivable.28 The Germans, export-oriented and with huge trade stakes in Europe, had a strong interest in promoting new European economic activity. The British might go along if the measures were liberal. Despite their economic strength, however, the Germans, given their past, could not take a leading political position. The timidity of British commitment to the EC meant that they also would be followers. Provided Mitterrand could regenerate and sustain the Franco-German couple, a task at which he had been working carefully for some time (as evidenced in his Bundestag speech on Euromissiles in 1983), there was a leadership space to occupy. In addition, French administrative elites had a comparative advantage in the EC, the EC was already well-colonized internally by French personnel and techniques, and French defense positions added resources. Finally, Jacques Delors, the gifted and ambitious new President of the European Commission, was a huge asset. The 1985 White Paper on Completing the Single Market and the
a more enthusiastic position on the EC. See La fin d’une époque, Paris, Seuil, 1993, p. 281-282. Beyond the PS the PCF’s anti-Europeanism was notorious. Moreover, these outlooks reflected the existence of considerable nationalism in the Left’s base. 27. Thus he brokered solutions to many of the issues that had blocked EC action in prior years, the British check problem, Spanish and Portuguese membership (largely through agreement on the Integrated Mediterranean Programs of aid to the EC South) and nominating Jacques Delors to be the next President of the European Commission. Simon BULMER and Wolfgang WESSELS document the unusual efforts of Mitterrand at this point in The European Council, Basingstoke, Macmillan, 1987. 28. Mitterrand had first-hand experience with this at the Versailles G7 meeting in 1982, where Reagan’s indifference to the French plight was patent.
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Single European Act that followed were the policy launching pads of the Europe option. Largely the product of the new Delors Commission, but strongly supported by the French and Germans and appealing to British neoliberalism, the "1992" program made Mitterrand’s Europe option a political reality, more or less in the terms Mitterrand himself had envisaged. "1992" then proved a quick public success, particularly with business interests. The idea of Europe as a stratégie de rechange after 1982-83 did not lack nobility. Specific EC member states no longer had sufficient strength to promote full-blown national development models. This made it preferable to work towards an EC-level model, over whose evolution the French could have more control than anyone else if they played correctly. This model could preserve, perhaps even enhance, what Jacques Delors came to call the "European model of Society," a mixed economy in which market harshness was mitigated by welfare states, civilized industrial relations systems and state regulation. Such an outcome was clearly preferable to one in which each European society separately faced the huge tides of US and Japanese economic power, the ever higher waves that the turbulent global market was capable of creating all by itself and the assaults of neoliberalism. Europe could become a powerful zone in this global market, with its own specificities and capacities to limit damage from outside. At the same time, invoking the economic self-restraint needed to pursue such a noble cause could prove a useful tool to many EC governments, including the French. The vision was thus not simply geostrategic. Mitterrand also conceived of it as a replacement program and appeal for a Left whose programmatic stock in trade had been liquidated in the bankruptcy of 1982-83. The new appeal would be to reformism on a European scale led by the French. "1992" would eventually initiate a new wave of investment and growth to address basic issues like the alarming shortfall in French and European job creation. It could also produce the economic resources to allow new social reforms. The leadership role of France in Europe might also be a politically appealing dimension, particularly if France were successfully able to advocate Euro-level social and economic policy regulation. While awaiting payoffs, the Europe option would provide both leverage and arguments to governments to justify shorter-run austerity. The stakes involved in the Europe option were high, however, and odds against success great. Europe had to pay off economically to
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make the political side of the strategy plausible. The French had to be able to maintain leadership over Europe’s directions — German priori-ties had to be recognized but integrated into larger French visions and British hyperliberalism marginalized. The Left, or at least enough of it, had to be persuaded that pursuit of the option made political sense, while its constituencies had to accept the rationale of a "sacrifice for Europe for the large payoffs to come" for structural adjustments in the French economy and limitations on French economic sovereignty. The whole package involved a fundamental change in Left political dis-course. Remnants of workerism were abandoned, as were class analytical outlooks more generally, replaced by the invocation of a national crusade to generate new competitiveness "to be ready for 1992." Socialist Dependence on the President Europe had always been built diplomatically by political executives working quietly, often secretly, under the cover of their "foreign relations" prerogatives. The Fifth Republic was characterized by the particularly large space it granted to its Presidents to shape and implement diplomatic strategies. François Mitterrand used this space to the fullest in developing the Europe option in the mid-1980s. The result was that the Socialists lost control over their own political future. The Socialists’ standing with public opinion collapsed along with its post1981 program, austerity and "modernization" in 1983, the party-induced fiasco of the school reform in 1984 and the ending of the Union de la Gauche that summer.29 With little hope for the 1986 legislative elections, the Socialists became dependent on the Left’s candidate in the 1988 presidential election. As a result partisan tactics in government and outreach had to be subordinated to those of Mitterrand himself. There would inevitably be a period of cohabitation after 1986 and for Mitterrand to stand a chance in 1988 he had to maximize available political resources for use during this period. Moreover, he had also to position himself for what promised to be a difficult election
29. Polls had turned against the Left as early as 1982. The PCF continued its collapse towards 10 % while the Socialists declined somewhat less dramatically. The 1983 municipal elections were a defeat — the Left won 44.2 % in the first round, even if there was a certain rallying effect for the Left in the second round. 31 cities changed majorities to the Right. At the 1984 European elections, more difficult because of proportional representations, the PS won only 20.86 % and the PCF 11.79 %.
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campaign in 1988. In some of these matters the interests of the party and the President coincided, in others less so. At best, cohabitation would be a complicated game with opponents whose objective had to be Mitterrand’s political destruction. The President, then, had to do everything reasonable to prevent the Center-Right from winning a landslide in the 1986 legislative polls since a Right landslide would weaken Mitterrand and make it impossible to play this game successfully. This implied exploiting the Right’s divisions. Limiting Right success in 1986 was an objective that the PS and Mitterrand could share, to a point. But it was the President, and not the PS, who designed the steps necessary to accomplish this objective. The first, and perhaps most important, was the appointment of Laurent Fabius as Prime Minister in 1984. Here Mitterrand was returning to tried and true Gaullist techniques for appointing Prime Ministers with an eye on presidential electoral success. Having bit the economic modernization bullet after 1983, Mitterrand needed clear results. Inflation had to decline, budgetary deficit levels shrink, and, more generally, signals sent to the private sector about the government’s seriousness of purpose. It was essential for the new Prime Minister to look as different as possible from his predecessor. Fabius fit this bill rather well both because of his youth — the youngest Prime Minister in modern French history — and his allure of the brilliant young technocrat in a hurry. If a Socialist, Fabius was clearly a different kind than Pierre Mauroy. And if he might also seduce some centrist voters with the fuzzy rhetoric of "democratic modernization" so much the better. Mitterrand let his dauphin run the government in some detail. The meaning of this was paradoxical, however. For the President, positioning for 1988 meant distancing himself in 1984 from a government under presidential injunction to pursue painful economic policies and condemned to lose the next legislative elections. No matter how well Fabius succeeded, the government would remain tainted by the Socialists’ earlier failures. Mitterrand, who intended to run at the center in 1988, had to get clear of it. Dividing the Right was the next maneuver. Here Mitterrand chose a time-honored ploy, changing the electoral law. The existing single-member constituency, two-round system polarized runoffs into Left-Right duels, obliging each side to paper over differences to form winning coalitions. Installing proportional representation, as Mitterrand insisted upon doing in April 1985 (at the expense of Michel Rocard’s resignation) would have the opposite effects, obliging each component
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of both Left and Right to accentuate its distinctiveness. Proportional representation made particular sense because the rise of the Front National had complicated the life of the "moderate" Right. RPR (Rassemblement pour la République) and UDF (Union pour la démocratie française) had to decide whether to pander to the National Front to limit its success, ignore it, or combat it. Proportional representation raised the costs of each option. If the moderate Right, or part of it (the neo-Gaullists) moved to coopt National Front xenophobia, then Mitterrand’s position in cohabitation and in occupying the Center in 1988 would be eased. If there was no such cooptation the National Front would win enough parliamentary seats to cut the "moderate" Right’s majority, making Left-Right balance more equal and strengthening the President in his dealings. The designated loser from this ploy, in principle, if not necessarily electorally, was the PS. By faithfully voting electoral reform and carrying out Mitterrand’s tactics, the PS promoted the National Front’s electoral and ideological success, granting the Front new institutional space to consolidate its positions.30 The PS could thus lose credibility as a defender of core Left and Republican values. The Fabius prime ministership plus the reformed electoral law limited the success of the "moderate" Right in 1986 and cut PS losses. The balance of forces that resulted granted Mitterrand the space to maneuver during cohabitation. His appointment of Jacques Chirac as Prime Minister consecrated his most easily defeatable 1988 opponent as the Right’s "virtual" candidate. Then he positioned himself in the Center by using overt presidential power and authority only when signals could be communicated to the electorate that he was acting to pre-vent the government from taking partisan Right-Wing action. Chirac, then wearing a Reaganite costume, played into this hand. Inept handling of privatizations (the noyaux durs episodes) allowed Mitterrand to denounce l’État-RPR while the botching of student demonstrations at the end of 1986 allowed him to depict Chirac’s team as repressive. Good luck, as in the stock market crash of October 1987 which put an end to many of the Right’s liberal dreams, played its role. Ultimately Mitterrand was skillful enough to ensure that Right candidacies other than Chirac’s (Raymond Barre’s, for example) were set aside while Chirac himself was labelled as politically fickle, lacking deep convic-
30. Mitterrand had begun to play on the Front even before this, pressuring to allow it television time in the 1984 European elections, also run on a PR basis. The Front then won 11 %, dropping to 9.8 % in the 1986 legislative elections, enough to win 35 seats.
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tions. Simultaneously Mitterrand also turned to the studious manipulation of "new" political techniques, using "image" professionals to remanufacture his identity into "Tonton," avuncular font of France’s wisdom, ideal of the "Mitterrand Generation" of young people. This operation, crowned by the publication of the President’s "Letter to all the French" in spring 1988, was masterfully successful.31 Mitterrand became the first President of the Fifth Republic ever reelected. IV. SECOND BANKRUPTCY The President’s own political interest in reelection did not necessarily coincide with those of the Socialists in the medium term. The presidency was won in struggle over the electoral center. This implied muting partisan themes. Given their underlying ideological, programmatic and electoral crisis, the Socialists needed new partisan themes to reconstruct relationships with different segments of the Left electorate. Recentering was thus undoubtedly a shrewd move for Mitterrand, but it left the Socialists confused and politically vulnerable. Dependency upon the President had another dramatic dimension. Mitterrand’s victory endowed him henceforth with almost complete personal control over the basic policy outlooks of Left governments. The decisions, policies and appointments that he would make would determine much of the PS’s fate. The Rocard Episode Mitterrand tailored his 1988 campaign to demonstrate that he was no longer a man of the Left. This meant that the coattail effect of his success no longer worked as effectively as it had in 1981.32 French voters
31. The facts of the remanufacturing of Mitterrand’s image by public relations professionals such as Jacques Séguéla, Jacques Pilhan and Gérard Colé have not been seriously analyzed, to my knowledge. There is, however, a wonderful "historical novel" in which they are a central theme. This book, Erik ORSENNA’s Un Grand amour, Paris, Seuil, 1993, should be read by anyone interested in the French presidency. 32. In 1988 Mitterrand, beyond recentering his own presentation, was toying with a major change in coalitional outlooks. If circumstances were propitious, he was pre-pared to abandon Left unity for a Left-Center alliance. This would have involved further exploiting divisions on the Right and depended upon the willingness of Centrists (Christian Democrats, Barristes and certain others) to take the risk of crossing the aisle. Mitterrand found no takers (aisle crossing might have been very costly, since the old electoral law had been restored by the Chirac government), quickly backed away from "ouverture" and dissolved parliament. All this provided yet another source of confusion to the PS.
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made the distinction Mitterrand had wanted them to make. The President was the wise and shrewd Uncle while the Socialists were those who had made such a mess of things and betrayed their promises after 1981. The Socialists were thus unable to win a majority in the 1988 parliamentary elections, thenceforth depending for majorities upon the erratic good will of the Communists, the fragmentation of the Right, and the various devices that the Constitution provided for carrying on in such circumstances (Article 49-B in particular). If the coalitional and electoral consequences of Mitterrand’s recentering were largely negative for the Socialists, so, it can be argued, was Mitterrand’s clever, highly professional, image remanufacturing. It was inevitable, given the nature of the French presidency and the centrality of television, that hyperpersonalization of candidates and the professional reconstruction of personae by image makers and advertising agents would occur. The message of Left politics in France, on the other hand, had almost always been programmatic, promises of change and hope to constituencies in need of them. As of 1988 the PS was dangerously out of steam in programmatic terms. The success of Mitterrand’s image plastic surgery thus tempted other PS leaders to explore personalization and self marketing as a substitute for new program. One of the more important powers of any Fifth Republic President is the appointment of Prime Ministers. In 1988 it seemed surprising to some that the President would appoint Michel Rocard, whom he despised.33 In fact, the choice was logical, in Mitterrandistes terms. Sequencing Prime Ministers was a routine. The first Prime Minister of a presidential term was a footsoldier for dirty work. Successors, usually appointed after three years, were meant to tidy things up before the legislative elections leading to the next presidential poll. Mitterrand was engaging in his second, and last, presidential term and the succession issue was opening. Rocard was the PS’s leading présidentiable. In appointing Rocard, Mitterrand was aware how much dirty work there would be to do, particularly on the Europe option. Rocard was appointed to be used up, in other words.
33.
Giesbert cites a rank-ordered list of his preferred successors that Mitterrand allegedly gave to a friend in 1991. It went as follows : Delors, Léotard, Barre, Giscard, Chirac, Mitterrand’s dog, then Rocard last. GIESBERT, La Fin d’une époque, p. 33.
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Things did not go according to plan, however. Rocard did rather well. The combination of his truth-telling technocratic style, fastidious avoidance of risk and, most important, the economic boomlet of the later 1980s meant that he was not ground up by the job. In retrospect it is clear that Rocard was trying to beat Mitterrand’s game plan by dissociating his own presidential image from governmental policies. Rocard’s success thus went into his Presidential candidacy account and did little for the PS. A frustrated Mitterrand finally had to dismiss him summarily in May 1991, with a good explanation. The Rocard episode was the first major sign that the President was losing his touch. There were other indications that the presidentialization of Fifth Republic politics, intensified by the content of Mitterrand’s own presidency, was undermining the PS. Socialist debate about new ideas and programmatic identities had been desultory after 1982-83, and what little of it there had been was tied to PS fractions. The Mitterrandistes talked about democratic vs authoritarian economic modernization, Rocardians talked about reconfiguring patterns of representation in less statist ways and the ex-CERES group, become Socialisme et République, talked about renewed Jacobinism and Republicanism. Behind the talk there were more important matters at issue, however, in particular succession to Mitterrand. Pretenders thus began to mimic Mitterrand’s 1960s model, trying to establish position as plausible présidentiables by playing the PS internal fraction game. There was a Hobbesian dilemma in this, however. There was no obvious successor and too many contenders. In consequence, ideas became weapons to advance presidential ambitions in a context of cacophonic struggle between warring clans rather than contributions to needed discussion. Mitterrand’s efforts to place his own candidate complicated matters. After Lionel Jospin’s 1988 resignation the President, assuming that Rocard would be destroyed by the premiership, intervened to procure a favorable starting point for Laurent Fabius as new First Secretary of the party. Fabius was not a popular figure, however, particularly with Jospin. Moreover, other PS pretenders, who understood Mitterrand’s attempt to block their own campaigns, banded in opposition. Pierre Mauroy was thus elected in a head-to-head bureau exécutif confrontation with Fabius (63-54) and Mitterrand was publicly disavowed. Fabius’s failure led him to multiply his clientelism through use of his position as President of the National Assembly to strengthen his clan for the next confrontation.
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The result was the ignominious PS Rennes Congress in 1990, where the various PS "elephants" fought it out, in the process defying Mitterrand’s desire to make Fabius party leader once again. Exposed for all to see was a gaggle of power-hungry middle-aged men invoking vague ideas and deploying rhetorical gunmen to block one another’s success. Missing was any sense that the PS was interested in new ideas that could regenerate the promises and hope which would bring back public support. Only Rocard, shielded by his position as Prime Minister, emerged unscathed, his status as présidentiable enhanced. This compounded the irony. Mitterrand, trying to use Rocard and destroy him, had instead handed him a position that he could use as a launching pad in the Socialist Party. The PS "elephants," most with the same dislike of Rocard as the President and their own interests in destroying Rocard’s presidential chances, acted "objectively" to enhance Rocard’s chances by blocking those of Fabius. There was no mistaking the logic behind this undignified and politically costly display (which, moreover, would continue into the 1990s). The presidency as an institution had deeply changed, perhaps corrupted, the PS. Becoming a présidentiable had become more important than developing a viable politics of the Left. Power rather than program and principle had gained the upper hand. Mitterrand at least had a strategy, to whose difficulties we will next turn. The pretenders to his succession simply wanted to be first in line. Contradictions in the Europe Option Mitterrand’s Europe option became the structuring element of Left governmental action by the later 1980s, anchored by a stringent new monetarism designed to give France the financial credibility to influence the construction of Economic and Monetary Union (first pro-posed by Balladur in 1987, then vigorously pursued by Jacques Delors beginning in 1988). EMU was seen as a critical step to lock the Germans into the kind of Europe that France wanted. In the longer term something like real economic policy union would give the French leverage over the macroeconomic and financial policies of the Germans. The entry cost was high, however. France had to accept Bundesbank monetary predominance and become a plausible monetary partner for the Germans. In the shorter term Governments had to promote price stability, compress budget deficits, control trade balances and keep interest rates at or below German levels. This meant
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that there were few resources for reform. Moreover, these restrictive policies had to be pursued in a broader economic setting in which firms, public and private, were encouraged to be more flexible. It also implied further transfers of shares in national income to profits at the expense of wages. Michel Rocard’s good fortune was that the worst effects of this line were avoided in his tenure because economic activity turned up. Unemployment nonetheless continued to rise and most of the symptoms of France’s developing "two thirds" society grew more prominent. Social exclusion, particularly of immigrants, increased in urban areas, as did crime and urban insecurity. Unemployment settled heavily upon young people, who had an ever more difficult time making the transition from school to work, underlining the contradiction between Socialist commitments to increasing numbers receiving the bac and the unemployability of such graduates. Young people became politically cynical and impervious to Left appeals. Mitterrand and other advocates of the Europe option believed that its payoffs would come after completing the single market, after economic and monetary policy convergence, austerity and restructuring had brought a new era of strong growth.34 Growth would then provide the cushion needed to renew reformism, including at European level, and give social democrats a second wind. This scenario began to come apart in the early 1990s. The EC overloaded its agenda after 1989, partly in response to the end of the Cold War, making decisionmaking more difficult and prompting luke-warm member states to drag their heels. The Maastricht Treaty in 1991, reflecting this, was a confusing and unsatisfactory document. EMU, its one solid accomplishment, consecrated economic policy covergence criteria that dictated restrictive monetarism well into the future. Furthermore, the proposition that renewed integration would be an economic "magic bullet" was strongly discredited by the deep recession that began in 1992.35 Official French unemployment rose to 3 million, 12 % of the
34. On this period from the Brussels’ vantage point see George ROSS, Jacques Delors and European Integration, Cambridge/New York, Polity/Oxford University Press, 1994. 35. Second order effects, like the currency disorders of 1992 and 1993 which nearly destroyed the EMS and cast grave doubts on the future of EMU, were devastating.
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work force.36 In the absence of new growth it was the liberal bias of the new Europe that was most salient, especially since the "social dimension" had stalled. Finally, there was renewed sensitivity, particularly after Maastricht, to the EC’s "democratic deficit." In all this, renewed European integration slowed to a stop. Ratifying Maastricht in 1992 was the turning point. The Danish "no" in June 1992, the first great shock, turned out to be the tip of a public opinion iceberg. A strong minority of Europeans disapproved of the new Europe. On the day after the Danish result Mitterrand announced that there would be a French referendum on Maastricht in September. No doubt Mitterrand felt the renaissance of European integration after 1985 to be very much his work, and a successful referendum could restore its momentum after the Danish shock. Since Maastricht would have been ratified by parliamentary vote alone the referendum decision made sense only if there were other agendas.37 It was too tempting for Mitterrand, with parliamentary elections only six months away, to resist using a referendum to whip up civil war in the Right opposition in the hope of undermining its huge lead in the polls.38 Mitterrand had miscalculated yet again. The Maastricht referendum offered various national populist forces, both Right and Left, a golden opportunity to coalesce against the EC, Maastricht and any-thing else which came to mind, while the murky, complex Maastricht text was its own worst enemy. Substantive issues for the "nos" included Yugoslavia, the failure of social Europe, foreigners voting in French local elections, "Brussels bureaucrats," the menace to Camembert cheese, threats to French agriculture from the CAP reform, GATT and Eastern Europe, unemployment, the need for trade protection, fears
36. In the baleful tones of the European Commission’s 1993 White Paper on Growth, Competitiveness, and Employment : "Was the single market process merely a flash in the pan ? The truth is that although we have changed, the rest of the world has changed even faster." The author of these words was Jacques Delors. See EC COMMISSION, Growth, Competitiveness and Employment : The challenges and ways forward into ther 21st centwy, Brussels-Luxemburg, EC, 1993. 37. The two houses of Parliament voted overwhelmingly for the preratification Constitutional amendments proposed by the Conseil constitutionnel. 38. The neo-Gaullists and the Centrists were deeply split (half of the Gaullist deputies had voted against changing the constitution).
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about the loss of the franc and foreign policy and defense autonomy !39 Finally, there was regicide in the air. Polls showed that a majority of the French believed that le vieux — Mitterrand — had been around too long ! The "petit oui" — 51 % yes, 49 % no — was by and large rich, urban and well educated.40 The "nos" were farmers, blue- and white-collar workers, particularly those in social crisis-ridden suburbs and declining industrial areas, and the less well-educated. François Mitterrand thus — barely — won one part of his bet. A French rejection of Maastricht would have finished the treaty and put the Community in an enormous crisis. He lost another, however. Maastricht had been saved by the leaders and voters of the Center-Right, and Mitterrand’s enemies, Chirac and Giscard, ended ahead of the game. Worse, the referendum’s effects encouraged an emerging cleavage in French politics which bode ill both for Europe and the Left. The Bills Come In The collapse of the Europe option provided background for a long list of presidential tactical failures that further debilitated the PS. Mitterrand’s choice of Edith Cresson to replace Rocard in spring 1991 partook of the same tactical concerns that had brought Laurent Fabius in 1984. Making the feisty Cresson France’s first woman Prime Minister might bring the same benefits that the appointment of the thirty-something Fabius had earlier brought, for the time had come to prepare the 1995 Presidential election. Cresson was a tough-talking rhetorical Leftist with old-fashioned dirigistes instincts, qualities that the President judged useful to revitalize the PS Left against Rocard and in preparation for a new cohabitation after 1993. The appointment was another major miscaculation, however. The new Prime Minister — "Zazie at Matignon" — was inept, prone to political gaffes and somewhat incompetent. Even without such deficiencies, however, she would have had difficulties with the "elephants" of the
39. It was an interesting sidelight that both sides invoked the German menace, the "nos" asserting that Maastricht meant surrender to German power and the "yeses" that Maastricht was the best way to contain this power. 40. Results and analysis can be found in Le Monde, 22 September 1992.
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PS’s fractions, many in her government, who resented her presence.41 After less than a year Mitterrand was obliged to replace her with Pierre Bérégovoy to minimize electoral disaster in the 1993 legislative elections. Bérégovoy was left with an impossible role. The European recession had a dramatic effect on French unemployment levels. On top of this the franc fell under serious speculative pressure after the British Black Wednesday, in September 1992. Containing this pressure intensified Bérégovoy’s personal obsession with a franc fort. This meant that even less space and fewer resources existed to help French victims of the recession and unemployment. In this context the emergence of anti-European policy options (which, in some cases, like that of Philippe Séguin, involved proposing new dirigisme, the end of the franc fort and reflation) gave the opposition a near-monopoly on serious proposals for reform. The PS looked bereft of ideas. Worse still, the party and a number of its leaders lurched from scandal to scandal. The President’s own entourage came under suspicion for using its privileged contacts for personal purposes, particularly in an insider trading episode involving Mitterrand’s long-time friend Roger-Patrice Pelat. Bérégovoy, the Prime Minister, who had accepted an interest-free loan from this same Pelat, was so troubled that he would commit suicide after the 1993 elections. Laurent Fabius had to face lingering questions about the horrible "blood" scandal in 1985, in which HIV-contaminated blood had been distributed in full awareness of the danger. Finally, the PS was rocked by accusations about illegal fund-raising (in which consulting agencies billed municipal governments for fake services and kicked back the payments to campaign chests). A campaign finance reform in 1990, which included full amnesty for past PS practices, added insult to the injury.42 In the March 1993 parliamentary elections the PS, with 17 % in the first round, lost four mil-lion of the votes that it had won in 1988. After the second round it
41. Some felt that the position ought to have gone to someone more deserving (Pierre Bérégovoy carried on a guerrilla war against her), others resented the high-handed way that Mitterrand had imposed her and, last, many resented her for her gender. Elisabeth SCHEMLA’s Cresson, Paris, Flammarion, 1993, tries to make a case that Cresson was victimized by sexism, particularly among PS leaders. She does not succeed in proving anything more than that elements of such were indeed present, and inadvertently shows how inept Cresson actually was. 42. For a brief summary of the events see Pascale ROBERT-DIARD, "L’argent obsédant", in Le Monde, Dossiers et Documents, "21 mars-28 mars 1993, Elections législatives", Paris, Éditions le Monde, 1993, p. 12-14.
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held but 67 seats (with its allies) in the new Assembly, down from 282 in 1988. A substantial minority of the PS’s and PCF’s former voters either retreated into apathy or began searching for non-Left alternatives, including the dangerous national populist ones being proposed by the FN and others. Whatever the state of the PS and the Left electorally, the designation of the Left’s proto-presidential candidate remained a live is-sue. This perpetuated the grotesque warfare among PS elephants.43 In this convoluted setting Michel Rocard, still the "virtual" candidate of the PS for 1995, decided to remove Laurent Fabius, who had finally become PS First Secretary in 1992 (after making an alliance with Rocard, despite their deep personal antipathy) and assume party leadership himself. The step was a fundamental strategic error.44 It simultaneously placed him in the elephants’ line of fire and obliged him to accept leadership of the Socialist list for the 1994 European elections. These elections, run on a strict proportional representation basis, had never been favorable to the PS, since given their relative lack of consequences, they tended to elicit protest voting and disaggregate large political families into their smaller fractions. Worse still, in 1994 the Socialists remained tainted by the failure of their period in government and, more important, by the difficulties of Mitterrand’s Europe option .45 In these impossible circumstances Rocard ran a bad campaign, Mitterrand quietly encouraged Bernard Tapie’s own demagogic effort (Tapie led a list which won 12 %), and the PS ended up with 14.6 %, the worst Socialist showing in decades. Rocard’s credibility as présidentiable was destroyed and he was obliged very quickly to resign as PS First Secretary. François Mitterrand finally had succeeded in destroying
43. A rough list of the players would include Fabiusians (with Fabius having become First Secretary), Mitterrandistes (coordinated by Lionel Jospin, whose relationship with Fabius was poisonous), Rocardians, in their eternal situation of marginality to the Epinay party, quadras, a grouping of younger Ministers whose main bond was distaste for the elephants and their clans and various Leftist fractions, including Jean-Pierre Chevènement’s increasingly nationalist group which would eventually leave the PS altogether. 44. Undoubtedly Rocard’s logic was that without so doing his presidential campaign would be tainted by the public spectacle of Socialist in-fighting and subject to all sorts of sabotage from his enemies. 45. On this see Elisabeth DUPOIRIER, "L’Enjeu européen dans l’opinion publique française", French Politics and Society, Summer 1994. See also Le Monde, June 14, 1994, p. 10-11 for a set of revealing exit poll results.
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Michel Rocard, therefore. The dark side to this success, however, was that the PS had no plausible presidential candidate for Mitterrand’s succession.46 François Mitterrand had indeed left the PS in the state that he had found it. French socialism, and the broader French Left, was divided, electorally weak and without ideas. CONCLUSION : HAS SOCIAL DEMOCRACY CEASED TO EXIST ? French socialism has been unable to confront the broader crisis of social democracy primarily because it has been trapped successively by two French institutional particularities. The highly structured strategic games created by the traditional divisions of the French Left were eventually transcended in the 1980s by the countereffects of presidentialism which helped precipitate the decline of French Communism. The ways in which these games were played out prior to 1981, how-ever, led the PS and the rest of the French Left to a policy program that was ill-prepared and badly suited to the environment that Left governments had to face. After the program failed, the PS found itself then strategically subordinated to the Fifth Republic presidency and to the goals and strategies of François Mitterrand. Many of the policies that PS governments pursued after 1983 were better adapted to the setting, in the abstract, than those that had gone before. Moreover, PS leaders clearly adapted themselves to a culture of governance — perhaps too much, in fact. But the new policies involved almost complete abandonment of older social democratic-socialist projects. Workerist maps of the social world, older discourses and traditional techniques of out-reach were jettisoned. While, in theory, these changes might have been needed, for them to have worked out positively adequate new maps, discourses and outreach techniques would have been necessary. But these were the tasks that subordination to the President made difficult to do. The result was a distinct lack of fit between Socialist policies and Socialist appeals. Technocratic modernist policies advanced in the
46. The only credible resort was Jacques Delors. Delors, another outsider like Rocard (and with similar political outlooks) could trade on his distance from the PS imbroglio and relative success as President of the European Commission. But he was a completely untried national electoral quantity who was, furthermore, burdened with primary responsibility for much in the Europe option and reluctant to run. After taking the lead in the polls in the second half of 1994 he announced his intention not to run in December.
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name of a national quest for competitiveness imposed substantial constraints on the very constituencies to whom the Socialists needed to appeal to rebuild their political positions. This made it very difficult to market the optimism and hope that had always been social democracy’s stock in trade. While claiming that the PS was "more reformist than the others," that it was the party of the President or banking on the divisions of their opponents were enough to allow the PS to maneuver opportunistically in electoral campaigns, none of these approaches filled in the empty political spaces that had been opened by the collapse of earlier identities. The fact that by the mid-1990s the PS was in desperate electoral, internal and ideological shape reflected this. If one looks beyond the PS’s present desperate shape something striking appears. Two decades ago French social democracy (which at that time rejected the label) was an outlier among social democratic formations. Today it has come to resemble many, if not most, other social democratic parties. Despite the circuitous route created by particular French institutional circumstances, at the end of its journey the PS has moved closer to the destination of social democracy in general. Social democracy in general has largely abandoned discourses of class conflict constructed around the primacy of workers and their organizations, statist and dirigiste policy programs (including major efforts to create new welfare state programs), and redistributive economic policies. Most social democratic parties are now, like the French, appealing opportunistically for votes from whatever vaguely progressive constituencies can be detected "out there" by opinion polling. This electoral fishing is constructed around vague promises of reform plus commitment to competent management of an allegedly intractable intersection with the international economy. The underlying purpose of social democracy is no longer to democratize capitalism but to bring social democratic elites to power. The fundamental question is whether social democracy exists any longer in anything but name only. If the identifying characteristics of social democracy that we listed at the beginning of our essay are adequate, then the PS, along with many of its counterparts, is no longer social democratic. Rather than blur the distinctiveness of a new era by using old labels, it may be time to move in new directions. How do the "new Left" European parties like the PS, the Spanish PSOE and even Tony Blair’s Labour Party differ from the American Democratic Party in their general outlooks and approaches ? This question calls forth an-other. If these "new Left" parties, like the PS, no longer trade in class politics and long-term promises of hope and optimism, why should
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workers and other less privileged elements, obliged to bear the brunt of austerity and economic change, continue to be loyal to them ? It is far from clear, in other words, that these "new Left" parties can assume that the support of older social democratic constituencies can simply be taken for granted while party leaderships try to prospect for new and different constituencies. It is demonstrably untrue — and the French case proves this — that workers and others like them have nowhere else to go politically. The demise of "old" social democracy may make a very large difference.
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Le Parti socialiste français et le cycle d’Épinay (1971-1994) Gérard Grunberg
Dans l’histoire du Parti socialiste, le cycle ouvert au Congrès d’Épinay en mai 1971 avec l’accession de François Mitterrand à la tête du parti et qui s’achève actuellement est un cycle paradoxal. Il débute alors que le socialisme français est depuis plusieurs années en déclin. Le désastre socialiste lors de l’élection présidentielle de 1969 (5 % des suffrages exprimés) a hâté la fin de la SFIO (le parti socialiste créé en 1905). La tentative de refondation effectuée cette annéelà n’a pas créé une véritable dynamique. C’est un parti très affaibli, sans perspective stratégique et sans potentiel militant dont s’empare François Mitterrand deux ans plus tard. Celui-ci parvient rapidement à créer une dynamique de renouvellement. La signature d’un programme commun de gouvernement avec le Parti communiste en 1972 redonne au Parti socialiste une perspective stratégique. En quelques années le nombre d’adhérents double. Aux élections législatives de 1978, pour la première fois depuis le Front populaire de 1936, les socialistes devancent les communistes. François Mitterrand est élu président de la République en 1981. Réélu en 1988, il a ainsi détenu la magistrature suprême pendant deux septennats. Quant au Parti socialiste, il va gouverner le pays pendant deux fois cinq années, de 1981 à 1986 et de 1988 à 1993. Jamais ce parti n’avait occupé aussi longtemps le pouvoir. Il est devenu le parti français le plus important et paraît avoir résolu certaines des difficultés qui depuis sa naissance l’empêchaient d’être l’élément central du système de partis français. Cependant, entre 1992 à 1994, il a connu une série
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de graves défaites électorales, un délitement militant, une perte de crédibilité, un retour des divisions qui l’ont presque ramené à la situation de faiblesse et de fragilité qui était la sienne à la veille du Congrès d’Épinay. Comment expliquer que le renouveau véritable de ce parti, qui lui avait permis de dominer la vie politique française pendant près de deux décennies, ait débouché sur un processus d’affaiblissement aussi brutal et aussi rapide ? C’est à cette question que nous tenterons de répondre dans le cadre de cette contribution. Avant de voir les éléments de renouvellement de la refondation du Parti socialiste français, à Épinay, rappelons brièvement les spécificités originelles de celui-ci ainsi que les éléments de continuité présents dans cette refondation. I. LES FRAGILITÉS ORIGINELLES Les fragilités originelles du socialisme français résultent d’une situation que nous avons ailleurs qualifiée de « double exceptionnalité » française1. Le Parti socialiste français, au moment de sa fondation en 1905, puis dans sa période d’institutionnalisation, n’a pu être ni le grand parti démocratique républicain, ni le grand parti ouvrier. Cette double exceptionnalité a eu des conséquences importantes sur le déroulement de son histoire jusqu’à aujourd’hui. Dans nombre de pays d’Europe, le suffrage universel masculin a été établi longtemps après le développement du mouvement ouvrier. Les partis ouvriers et les syndicats ont ainsi pu mener simultanément le combat en faveur des libertés démocratiques, et d’abord du suffrage universel, et le combat pour le socialisme. La chronologie a ainsi rendu historiquement efficace l’affinité potentielle entre les luttes politiques et sociales. En France, il n’en a pas été ainsi. Le socialisme n’a pas participé à l’élaboration de ce qu’on peut appeler une culture socialedémocrate où l’action parlementaire et la lutte sociale sont profondément intégrées. Le suffrage universel a été acquis très tôt dans une société encore largement rurale, et l’industrialisation ainsi que l’organisation d’un mouvement ouvrier ne se sont réellement produites que plusieurs décennies plus tard. Si les premiers socialistes ont largement participé aux combats pour l’établissement de la Répu-
1.
Alain BERGOUNIOUX et Gérard GRUNBERG, Le long remords du pouvoir, le Parti socialiste français 1905-1992, Paris, Fayard, 1992, 554 pages.
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blique, ils n’ont pas été les principaux acteurs de cette conquête politique. Le parti unifié fondé en 1905 n’a pas pu ainsi revendiquer pour lui seul l’obtention de la démocratie politique. C’est pourquoi son attachement à la démocratie parlementaire n’a pas eu la même force que celui d’autres grands partis socialistes qui ont porté la lutte pour l’extension du droit de suffrage et pour qui, tout naturellement, l’attachement aux procédures du parlementarisme démocratique est devenu partie intégrante de la culture sociale-démocrate. En France, la question de la misère ouvrière a longtemps dominé la conscience collective après l’établissement du suffrage universel et du parlementarisme. Ceci a fortement contribué à asseoir dans le mouvement ouvrier, et tout particulièrement dans le socialisme, la croyance que l’un et l’autre ne résolvaient aucunement la « question sociale ». Toute l’histoire du mouvement ouvrier français a été marquée par cette déception initiale vis-à-vis de la démocratie parlementaire. De ce fait, la tension, commune à la plupart des partis socialistes et ouvriers, entre la participation aux institutions démocratiques et la perspective révolutionnaire a été, en France, particulièrement vive. Cette situation a marqué la double exceptionnalité du socialisme français : il n’a pu être, dès l’origine, ni le grand parti démocratique, ni le grand parti ouvrier. Ni le grand parti démocratique Le mouvement républicain, malgré son absence d’unité et d’organisation, a réussi, dans le dernier quart du XIXe siècle, à structurer le clivage politique central autour du conflit entre lui et les adversaires de la République, entre la gauche et la droite. Il a créé une culture, des institutions, des pratiques politiques républicaines. Le mouvement socialiste, qui pour une large part était l’héritier du mouvement républicain, était dès le départ confronté à un problème d’identité. Pour exister face au républicanisme, il lui fallait organiser un nouveau clivage politique entre les socialistes et les partis bourgeois. Il lui fallait donc lutter contre une part du républicanisme. Mais en même temps, la force de la culture républicaine et la domination des républicains l’obligeaient, s’il ne voulait pas se marginaliser, à participer à la dynamique républicaine, à la défense de la République. Cette contradiction originelle l’amenait dans certaines situations à mettre l’accent sur son socialisme, dans d’autres sur son républicanisme. Le double modèle de l’adversaire ainsi élaboré avait des avantages, permettant une adaptation souple aux différentes situations. Il lui permit finalement
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de prendre l’avantage sur les républicains. Mais il créait une incertitude sur son identité, qui lui interdisait d’occuper tout l’espace démocratique à gauche. Il y avait toujours un doute sur son attachement à la démocratie représentative, même si Jaurès s’employa avec un certain succès à élaborer une synthèse qui faisait de lui à la fois un parti révolutionnaire et un parti parlementaire républicain. Ni le grand parti ouvrier Le parti socialiste, à la formation duquel ont participé des parlementaires républicains, n’a pas été un grand parti ouvrier. Il ne put être pleinement le représentant légitime du mouvement ouvrier au niveau de l’action électorale et parlementaire. La SFIO a été fondée seulement en 1905, après plusieurs décennies de divisions et de luttes internes au mouvement socialiste. Le mouvement syndical se méfiait de la participation de ce parti au jeu parlementaire. Les traditions du mouvement syndical étaient multiples, et la tendance du syndicalisme révolutionnaire y était forte. Dès 1895, le mouvement syndical s’organise et, en 1906, par le Charte d’Amiens, il proclame son indépendance par rapport au mouvement socialiste et sa méfiance à l’égard de la voie électorale et parlementaire. De plus, le syndicalisme est relativement faible et divisé. Ainsi la SFIO, elle-même pauvre en militants, n’a pas de structure sociale-démocrate. Son unité tardive s’est faite sur des compromis qui dès l’abord en ont fait un parti divisé et fragile. La fragilité de l’unité réalisée a engendré à la fois un culte fervent pour celle-ci et une interrogation permanente sur son sens. Par son modèle génétique même, le Parti socialiste français est donc un parti doublement fragile, à la fois dans la gauche politique et parlementaire et dans le mouvement ouvrier. C’est la raison pour laquelle sa dynamique politique va être caractérisée jusqu’en 1971 par deux traits principaux, le poids de la doctrine dans son fonctionnement interne, qui va interdire de véritables révisions doctrinales, et la nécessité de se refonder périodiquement après des périodes d’affaiblissement ou de disparition. Un parti non révisionniste Dans la mesure où il devait à la fois marquer son identité socialiste à l’intérieur du système partisan, d’autant plus fortement qu’il courait toujours le risque d’être absorbé par la gauche républicaine, et privilé-
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gier l’action électorale et parlementaire, dans la mesure où sa faiblesse et l’absence de relais syndicaux lui interdisaient d’établir un rapport de forces sur le terrain des luttes sociales, le Parti socialiste, qui, de plus, était divisé en courants idéologiques antagonistes, a dû donner un rôle important à la doctrine dans son fonctionnement. Celle-ci offrait les références politiques légitimes que la réalité sociale ne pouvait fournir. Les socialistes étaient obligés de recourir à elle pour examiner les questions et les choix politiques concrets. Même si l’héritage républicain constituait une part importante de son patrimoine idéologique, sa nécessaire identification l’obligeait à insister sur sa nature de parti ouvrier révolutionnaire, et c’est la raison pour laquelle le marxisme a servi de boussole à ses dirigeants et à ses militants. La doctrine marxiste, même réduite à une vulgate, a fourni une grille de lecture de la société. Elle était aussi le moyen de préserver l’unité. Le socialisme français n’a donc pas été révisionniste. Dès le début du siècle, Jaurès lui-même, pourtant opposé au matérialisme dialectique, défendait le marxisme contre Bernstein. Plus tard, la refondation du parti après la scission communiste de 1920 s’est faite dans la fidélité à la synthèse jaurésienne, ellemême fondée sur la fidélité au marxisme. Léon Blum s’est fait l’héritier de Jaurès. Et lorsqu’en 1946 il a voulu opérer un début de révision du marxisme, il a été battu par Guy Mollet, qui a pris le contrôle de la SFIO au nom du respect de la tradition doctrinale. La refondation de 1971 s’est également opérée au nom du retour à une certaine orthodoxie marxiste, à la réaffirmation de la volonté de rupture avec le capitalisme. Tout au long de la période qui va de la scission de 1920 à la fin des années 70, la concurrence communiste a conduit le parti, plutôt qu’à opérer une révision doctrinale qui risquait de le fondre dans le républicanisme et de lui faire abandonner le terrain de la lutte de classe au Parti communiste, à réaffirmer de manière récurrente son attachement au marxisme, sa volonté d’être le véritable parti ouvrier, son projet de rompre avec le système capitaliste. Le renouvellement par la refondation et le rapport malheureux au pouvoir La fragilité et les contradictions du socialisme français ont fait de ses courtes expériences de pouvoir des épreuves douloureuses. Divisions et désillusions ont marqué chacune d’entre elles. L’histoire du Parti socialiste français a donc été ponctuée par une succession de cycles qui présentent des éléments semblables. Une fondation ou une
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refondation à gauche, puis l’absorption dans le jeu parlementaire, l’accession au pouvoir, une pratique au pouvoir réformiste mais pour autant trop à gauche dans le rapport des forces au niveau national, la fin de l’expérience gouvernementale dans les contradictions entre la défense de la République et les nécessités de la transformation sociale. L’Union sacrée de 1914 a débouché sur la scission de 1920, le Front populaire après une longue agonie a finalement divisé le parti, au point que, confrontés à la défaite de 1940, la majorité des députés socialistes ont voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Le retour au pouvoir en 1946-1947 a entraîné l’affrontement avec les communistes, les divisions internes, puis la participation à des gouvernements de troisième force, avant que la SFIO n’ait plus d’autre solution que de retourner dans l’opposition. Le Front républicain, en 1956, a vu la SFIO engagée profondément dans le conflit algérien, qui lui-même a entraîné la crise du régime et de nouvelles divisions de la SFIO. Tout au long du siècle, jusqu’en 1981, le Parti socialiste n’a donc pas été en mesure de trouver l’équilibre et les forces lui permettant d’exercer le pouvoir sur une longue période tout en préservant son unité. Pendant toute cette période, il n’a jamais pu atteindre le quart des suffrages exprimés, ni, après 1936, reprendre l’avantage sur le Parti communiste. Il n’a pas non plus été en mesure de diriger le gouvernement pendant plus de deux ans. Au moment où il va se refonder une nouvelle fois, en 1971, le socialisme français demeure marqué par le « long remords du pouvoir », ses fragilités originelles, sa diversité idéologique et ses complexes à l’égard du « grand parti de la classe ouvrière », le Parti communiste français. Comme les refondations précédentes, celle de 1971 a condamné les pratiques antérieures du mouvement socialiste, opéré un retour aux sources et réaffirmé une certaine extériorité par rapport au système politique et économique. II. LE RENOUVEAU D’ÉPINAY Si la refondation d’Épinay a été, par plusieurs aspects essentiels, une refondation d’apparence classique, dans une période caractérisée en Occident par un renouveau du marxisme, une montée de l’antiaméricanisme, des critiques renouvelées du mode de production capitaliste et la perte de rayonnement de la social-démocratie, elle n’en a pas moins présenté des éléments de nouveauté qui ont marqué dès l’abord l’originalité de ce cycle dans l’histoire du socialisme français.
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L’élément de nouveauté fondamental provient de la personnalité et du projet du nouveau leader, François Mitterrand. Celui-ci, qui a eu une longue carrière politique sous la IVe République, a, jusqu’en 1971, été extérieur au mouvement socialiste. Il n’a pas une culture de parti, ayant toujours préféré de petites organisations où il pouvait jouir d’une position dominante. Il n’a jamais été marxiste. Après s’être situé à droite, il se situe au centre-gauche dans les années 50, avec Mendès-France, puis avec Guy Mollet, dans des gouvernements qui refusent le soutien communiste. C’est son antigaullisme de longue date et les nouvelles institutions de 1958 qui l’amènent à personnifier le nouveau combat de la gauche lorsqu’il est le candidat unique de celle-ci contre le fondateur de la Ve République à l’élection présidentielle de 1965. Le bon score obtenu au second tour de cette élection (45 %) le met en position, dans les années suivantes, de disputer à Guy Mollet, finalement avec succès, le leadership du socialisme. C’est son extériorité au mouvement socialiste qui va permettre à François Mitterrand de trancher les difficultés que la SFIO n’avait jamais pu trancher elle-même, tant pesaient lourd ses traits identitaires originels. Il s’agit de la question du pouvoir, de la conception du parti et du rapport au communisme. Le nouveau leader du Parti socialiste va opérer sur ces points une série de ruptures qui vont faciliter l’adaptation de celui-ci aux nouvelles conditions de la vie politique française. François Mitterrand va trancher la première difficulté par une rupture avec la culture socialiste traditionnelle, en faisant de l’accession au pouvoir une priorité absolue et de l’acceptation explicite de l’alternance démocratique un principe intangible. « Maintenant que notre parti existe, déclare-t-il au Congrès d’Épinay, je voudrais que sa mission soit d’abord de conquérir. En termes un peu techniques, on appelle ça la vocation majoritaire de ce parti. Je souhaite que ce parti prenne le pouvoir [...]. Déjà le péché d’électoralisme ! Je commence mal. » En 1973, il écrit, dans La rose au poing, « L’alternance démocratique suppose qu’une majorité écartée par le suffrage universel accepte de s’en remettre à ses vainqueurs [...]. L’alternance démocratique s’accompagne donc nécessairement du pluralisme des partis, de la reconnaissance de leur rôle et de la garantie de leurs droits. » Ainsi le parti doit abandonner le programme maximum et le pouvoir minimum et cesser de rêver à une rupture politique irréversible. Il doit être un parti d’alternance normal. Ceci entraîne la résolution de la seconde difficulté : le parti, pour quoi faire ? Pour ses prédécesseurs à la tête du parti, celui-ci avait une valeur en soi, la plus importante. Il ne devait s’absorber ni dans les
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compromis parlementaires, ni dans l’exercice du pouvoir. Il préfigurait la société réunifiée de demain dans et par le socialisme. Il était le conservatoire des traditions et des valeurs. Jaurès et Blum avaient sacrifié longtemps toute perspective immédiate d’accès au pouvoir à la préservation de l’identité et de l’unité du parti. François Mitterrand a eu au contraire une vision profane du parti et de sa fonction. Pour lui, le parti doit d’abord être un instrument efficace pour la conquête puis l’exercice du pouvoir. Il ne doit pas se laisser absorber pas ses luttes internes, ses débats idéologiques, l’élaboration de ses projets de société. C’est pourquoi le nouveau leader entend le contrôler étroitement tout en se donnant par rapport à lui le minimum d’autonomie nécessaire. Le combat politique passe désormais en grande partie par le rapport direct avec l’électeur, par le canal des grands medias. La nature même de l’élection présidentielle pousse François Mitterrand dans cette direction. La troisième difficulté réside dans les rapports passionnels et contradictoires avec le Parti communiste. Même dans les périodes de crise aiguë des rapports entre les deux grands partis, les socialistes n’avaient jamais abandonné le désir d’effacer le Congrès de Tours, congrès de la scission communiste. Coincé entre le puissant Parti communiste et les républicains modérés, le Parti socialiste a oscillé de manière permanente entre l’alliance à gauche, qui pour les communistes ne pouvait jamais être que tactique, et l’alliance avec les radicaux qui, cette fois pour les socialistes, ne pouvait être que tactique. Les socialistes ne pouvaient concevoir les rapports avec les communistes comme des rapports ordinaires de parti à parti. L’un des deux était toujours de trop, ce qui soit réactivait le tropisme vers la réunification, soit débouchait sur l’excommunication des communistes, au nom des valeurs du socialisme. François Mitterrand, libre de toute hérédité marxiste et anticommuniste de longue date, va renouveler profondément l’approche socialiste de la question communiste, en remplaçant les rapports passionnels par une vision « froide » de l’union. Le mode de scrutin majoritaire et la bipolarisation, la nécessité de reconquérir les couches ouvrières passées au Parti communiste, la volonté de symboliser le combat de la gauche et, à l’intérieur du parti, d’incarner la refondation à gauche, conduisent François Mitterrand à accepter la signature d’un programme commun de gouvernement avec les communistes en 1972. Il s’agit d’un contrat politique, point d’un mouvement de rapprochement avec les communistes. Il va ainsi peu à peu imposer une image profane de l’alliance. La mission du Parti socialiste doit être de reconquérir le leadership électoral à gauche. Il est aidé ici
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par l’élection présidentielle, où il peut le plus aisément l’emporter sur le Parti communiste à partir du moment où il est clairement positionné à gauche. Les paris gagnés de François Mitterrand Le Parti socialiste, sous l’impulsion de François Mitterrand, a pu effectivement résoudre certaines des difficultés qu’il n’avait pu vaincre au cours des cycles précédents. En 1978, pour la première fois depuis le Front populaire de 1936, les socialistes devancent les communistes aux élections législatives et obtiennent 25 %, le score le plus élevé jamais atteint jusqu’alors par le Parti socialiste. Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République, devenant ainsi le premier président socialiste de la Ve République. Il a su utiliser à son profit les nouvelles institutions et créer une dynamique électorale victorieuse au profit du Parti socialiste et de son candidat. Au premier tour de scrutin, les communistes ont obtenu 15 %, leur score le plus faible depuis la guerre. Le mois suivant, en juin, les socialistes recueillent au premier tour des élections législatives 38 % des voix avec leur allié radical de gauche et, au second tour, ils remportent à eux seuls la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale. Tous les leviers du pouvoir sont désormais dans les mains du nouveau président. Ceci renforce son leadership, déjà très fort, sur son propre parti, qui peut être entièrement instrumentalisé dans la perspective de l’exercice du pouvoir. La stratégie de l’union de la gauche a tourné au bénéfice des socialistes. Ceux-ci sont loin d’être les otages des communistes, comme certains le craignaient, et c’est au contraire le Parti communiste qui, pris dans la déferlante socialiste, est contraint de participer au gouvernement socialiste dans une position d’extrême faiblesse. Ainsi, indirectement, François Mitterrand peut neutraliser partiellement la CGT sous influence communiste. Malgré la période d’affaiblissement et de crise des années 1984 et 1985, les socialistes, battus en 1986, reviennent en force aux élections législatives qui suivent la réélection triomphale de François Mitterrand en mai 1988 et où ils obtiennent un score à peine inférieur à celui de 1981. Dans cette période, le Parti communiste poursuit inexorablement son déclin. Jamais le socialisme n’a été aussi dominant à gauche. Alors que dans le passé le Parti socialiste n’avait jamais exercé le pouvoir plus de deux ans de suite, il l’exerce, au cours du cycle d’Épinay, deux fois cinq ans. Le PS a ainsi appris l’exercice du pouvoir, ses contraintes, et François Mitterrand, par la double ressource de sa position
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dans l’État et dans le parti, a réussi à imposer à celui-ci des revirements politiques importants sans qu’il éclate ou se rebelle. Après la politique de gauche traditionnelle suivie dans les deux premières années, avec ses nationalisations, ses mesures keynésiennes de relance par la consommation, l’augmentation des dépenses sociales et la création d’emplois publics, le tournant de 1983 a changé profondément le cours de la politique socialiste. Opéré par Pierre Mauroy, confirmé par Laurent Fabius et accéléré par Michel Rocard puis Pierre Bérégovoy, ce tournant a engagé le Parti socialiste dans la promotion de l’entreprise privée, la fin des nationalisations, le contrôle des revenus, les restrictions budgétaires et les politiques de restructurations industrielles. Il a donné la priorité à la construction européenne, à la libéralisation et à la déréglementation des activités économiques et financières. L’entrée officielle du Parti communiste dans l’opposition à partir de 1984 a symbolisé le changement d’orientation du socialisme. Désormais, la compétitivité économique est considérée comme le préalable à la réduction d’un chômage qui ne cesse de progresser, sauf entre 1988 et 1990. Assumant leurs responsabilités gouvernementales, les socialistes ont donné la priorité à la modernisation économique du pays et à la solidité du franc. Avec le recul, il est clair que les résultats ont été importants. Le Parti socialiste, comme ses homologues européens au pouvoir, est devenu, au pouvoir, un parti gestionnaire, ce qui ne veut pas dire que des réformes n’ont pas été entreprises et menées à bien. Pendant ces quatorze années, François Mitterrand a surtout gagné son pari principal qui était de conquérir puis de conserver le pouvoir pendant une période particulièrement longue. Certes, durant les deux périodes de cohabitation, entre 1986 et 1988, puis depuis 1993, il a dû céder le gouvernement à la droite, mais il n’a jamais cessé de jouer un rôle significatif. Comment expliquer, dans ces conditions, qu’en l’espace de trois années, entre 1991 et 1994, le Parti socialiste ait connu l’effondrement électoral, passant entre les élections législatives de 1988 et celles de 1993 de 37 % à 19 %, pour atteindre 14,5 % lors des dernières élections européennes de juin 1994 ? Comment expliquer que la culture de gouvernement que l’on croyait solidement établie ait rapidement laissé la place, chez les socialistes, à une autocritique générale de la période de pouvoir, à la division interne, à l’apparition d’un problème de leadership, à la perte de crédibilité du parti et enfin au début d’un processus de rétraction qui pourrait déboucher sur le déclin ? Comment comprendre que le Parti socialiste, à la fin de l’année 1994, apparaisse presque
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aussi faible qu’il l’était à la veille du Congrès d’Épinay, aussi peu capable de maîtriser son destin et de peser sur les événements ? À de telles questions, on ne peut évidemment donner une réponse unique. Il faut d’abord prendre en compte les difficultés générales du socialisme au pouvoir dans la décennie 80 et plus encore au début de la décennie suivante, qui a été marquée par l’approfondissement de la crise économique, l’augmentation du chômage, le bouleversement des équilibres extérieurs, l’accélération de la libéralisation des échanges. En menant des politiques qui par certains aspects importants s’apparentaient aux politiques libérales, en comprimant les revenus salariaux et en avantageant les profits, en ne parvenant pas à faire diminuer le chômage, en accélérant le processus de libéralisation économique et de construction européenne, les socialistes ont accru les incertitudes et les angoisses de l’opinion et assisté impuissants à la montée de l’intolérance, de la xénophobie et d’une tendance au repli. À cela il faut ajouter que, dans de nombreux pays, les classes politiques ont été délégitimées par les affaires de corruption qui ont touché l’État et les partis politiques. L’on sait le rôle joué par ces affaires dans le discrédit qui a frappé le pouvoir et le parti socialistes, en France, en 1992 et 1993. Il y a donc des raisons générales et particulières qui expliquent la crise d’une famille politique, frappée dans de nombreux pays par la crise de la représentation, à la fois crise morale et crise de la gouvernabilité. Le Parti socialiste français n’est pas, de ce point de vue, un cas tout à fait à part. Cependant, ce qui nous intéresse ici, c’est de voir quelles sont les sources de fragilités qui proviennent plus ou moins directement du modèle spécifique d’adaptation du socialisme français mis en place au cours du cycle d’Épinay par François Mitterrand, car il nous semble que les explications générales ne suffisent pas à rendre compte d’une crise aussi profonde. III.
LE COÛT DU MODÈLE D’ADAPTATION MITTERRANDIEN
En France comme dans les cinq autres pays d’Europe méridionale, le renouveau du socialisme, dans les années 70 et 80, a d’abord reposé sur l’action, le charisme, l’autorité et l’autonomie du père (re)fondateur. La priorité était de relancer la dynamique électorale et de prendre le pouvoir. Le parti était instrumentalisé à cette fin. En France, François Mitterrand a, pendant toute la période qui s’étend entre le Congrès d’Épinay et aujourd’hui, instrumentalisé à la fois les institutions, la
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doctrine, l’organisation partisane et les alliés. Cette instrumentalisation générale a eu un coût pour le Parti socialiste, coût qui n’est apparu qu’avec un certain décalage. Il peut être résumé de la manière suivante : les socialistes ont été au pouvoir, ils ont profité du pouvoir, mais ils ne l’ont pas assumé clairement. Qu’il s’agisse des institutions de la Ve République, des inflexions du discours et des politiques menées, du rapport du parti au pouvoir ou des relations avec le Parti communiste, ils ont été dans l’incapacité d’établir une véritable cohérence entre leur pratique du pouvoir et leurs systèmes de représentations. L’instrumentalisation des institutions François Mitterrand avait été parmi les premiers adversaires de la nouvelle constitution. Il avait pourfendu le « régime de pouvoir personnel » et stigmatisé le « coup d’État permanent ». Mais, à la différence des autres leaders de gauche, à l’exception de Gaston Defferre, il avait vu tout de suite le parti qu’il pouvait tirer de l’élection présidentielle. Guy Mollet ne voulait pas engager directement le Parti socialiste dans la bataille présidentielle, et ce fut en 1965 la chance de François Mitterrand. Il la saisit. La seconde candidature de 1974 permit au leader de la gauche de marquer plus nettement son acceptation des institutions sans pour autant signifier son ralliement au système institutionnel gaullien. Il lui suffisait de s’engager à changer, sinon la lettre, du moins la pratique des institutions dans un sens moins personnel. Pourtant, lors de la campagne de 1981, il fit un pas supplémentaire vers l’acceptation non plus seulement de la lettre des institutions, mais de leur esprit. Il affirma à la veille de l’élection que, si les institutions n’avaient pas été faites à son intention, elles étaient néanmoins bien faites pour lui. Et surtout, il reprit à son compte l’idée fondamentale selon laquelle il devait y avoir entre le président et le premier ministre une étroite entente, que par conséquent le premier devait pouvoir choisir et renvoyer librement le second, ce qui s’inscrivait dans une stricte orthodoxie gaullienne. Mais une fois élu, alors que sa pratique se rapprochait toujours plus de celle du général de Gaulle et de ses héritiers, il se garda toujours de porter un jugement d’ensemble sur les institutions, rappelant qu’il les avait toujours combattues, qu’il les avait trouvées lors de son élection, relançant à intervalles réguliers l’idée d’une révision constitutionnelle et estimant même que ces institutions seraient dangereuses dans d’autres mains que les siennes. Pour autant, il tira de ces institutions toutes les ressources disponibles
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— et elles sont grandes — pour assurer et conforter son pouvoir et renonça à toute révision qui eût pu l’entamer ou en réduire la durée (telle la réduction à cinq ans du mandat présidentiel). Jusqu’au bout, il a ainsi entretenu une ambiguïté volontaire sur son jugement à propos de ces institutions. Cette ambiguïté eut évidemment pour lui un avantage : il pouvait utiliser ces institutions au mieux de ses intérêts, sans pour autant perdre son image de pourfendeur du césarisme et de défenseur du Parlement. Mais elle eut quelques inconvénients du point de vue des attitudes des socialistes à l’égard des institutions. En effet, le Parti socialiste n’a jamais officiellement accepté les institutions de la Ve République. Non seulement il regrettait que l’élection présidentielle devienne la consultation principale, mais aussi la désignation souveraine du premier ministre par le président posait la question de la situation politique de celui-ci, même s’il était socialiste, par rapport au parti et à sa direction. Le président, en nommant souverainement le premier ministre, plaçait également le premier secrétaire du Parti socialiste dans une position compliquée. Celui-ci en effet se voulait le chef des socialistes et estimait donc que le premier ministre socialiste n’avait pas à exercer de leadership sur le parti, ou alors il fallait, comme dans les véritables régimes parlementaires, que ce soit le premier secrétaire du parti qui ait vocation à diriger le gouvernement en cas de victoire socialiste, ce que précisément l’esprit des institutions interdisait. Puisque tel n’était pas le cas, le premier ministre, qui ne tenait sa légitimité que du président de la République, ne devait pas avoir de pouvoir direct sur le Parti socialiste. Plusieurs leaders socialistes, et non des moindres, au cours de ces quatorze années, ont remis en cause les institutions, leur nature mixte — parlementaireprésidentielle — et l’excessive présidentialisation du régime, sans jamais toutefois s’interroger sur le rôle de François Mitterrand dans ce processus de présidentialisation du Parti socialiste. La conjonction de l’autonomie nécessaire du candidat socialiste à l’élection présidentielle, par rapport à son parti, et de l’étendue des pouvoirs que la constitution donne au président place en réalité le parti dans une sorte d’extériorité partielle par rapport au pouvoir. Certes, il s’est senti engagé par l’action du président, qui pendant cette période est demeuré son véritable leader. Mais en même temps il a pu se vivre lui-même comme relativement libre par rapport aux premiers ministres et aux gouvernements socialistes. Dans la période difficile des dernières années de gouvernement socialiste, le Parti socialiste, qui n’aimait pas les politiques menées, n’a pas cessé de les critiquer. Tenu relativement à
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l’écart par les mécanismes et la pratique institutionnels, le Parti socialiste a pu ainsi se penser comme étant « aux côtés » du pouvoir, plutôt qu’au pouvoir. Ceci a contribué à affaiblir les gouvernements socialistes et surtout le parti lui-même. D’une part, cette manière de se vivre « aux côtés » du pouvoir, c’està-dire de ne pas assumer véritablement les politiques menées par les gouvernements socialistes, lui a interdit ensuite, à la fois pendant la campagne des élections législatives de 1993 et depuis qu’il est dans l’opposition, de défendre son bilan gouvernemental. De ce point de vue, l’instrumentalisation des institutions par François Mitterrand a maintenu paradoxalement le Parti socialiste, malgré les dix années de pouvoir socialiste interrompu seulement par deux années d’opposition, dans son ancienne attitude consistant à ne pas se sentir véritablement engagé par des politiques gouvernementales qu’il n’aimait pas et, une fois revenu dans l’opposition, à affirmer que, dans l’avenir, l’exercice du pouvoir serait totalement différent de l’exercice précédent. Ceci est un facteur de « décrédibilisation » politique, d’hésitation sur la vocation gouvernementale du parti et d’incapacité à intégrer les leçons du pouvoir dans un processus cumulatif d’expérience. On le voit bien aujourd’hui, depuis qu’Henri Emmanuelli a remplacé Michel Rocard à la tête du Parti socialiste en juin 1994. Incapable de choisir entre une culture de gouvernement et une culture oppositionnelle, le Parti socialiste ne parvient toujours pas à rompre avec ce « long remords du pouvoir » qui pendant tant de décennies avait constitué un facteur d’affaiblissement réel. D’autre part, ceci fragilise le Parti socialiste du point de vue de sa maîtrise du processus de l’élection présidentielle. On sait qu’il n’a jamais pleinement admis le caractère central de l’institution présidentielle, qu’il ne l’a toléré que dans la mesure où son père (re)fondateur occupait la fonction présidentielle. D’ailleurs, après avoir chassé Michel Rocard de la direction, le nouveau leader, Henri Emmanuelli, a réorienté le parti sur une ligne de gauche traditionnelle. L’instrumentalisation du parti Le Congrès d’Épinay a marqué une rupture dans l’histoire du Parti socialiste français. François Mitterrand y a établi sa légitimité en rejetant dans les ténébres une SFIO accusée de s’être droitisée. La personnalisation du pouvoir, dans le Parti d’Épinay, a créé l’habitude de parler du « Parti de François Mitterrand », et ses partisans se sont appelés « mitterrandistes ». Il s’est instauré avec le Congrès de Metz
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de 1979, où deux leaders issus de l’ancien Parti socialiste, Pierre Mauroy et Michel Rocard, ont affronté le premier secrétaire, un clivage opposant les mitterrandistes et les autres. La légitimité d’une position politique, dans l’organisation solidement tenue par François Mitterrand puis ses amis entre 1981 et 1988, dépendait de son degré de proximité d’avec celle du leader. La question de l’allégeance personnelle surdéterminait le déroulement des débats, ce qui a introduit un certain élément d’orthodoxie et de sclérose. Le parti devait d’abord défendre les positions du père fondateur, marginaliser ses ennemis. Il était donc difficile de mener de véritables débats. La tentative de Michel Rocard, en 19781979, de battre en brèche l’autorité et le leader-ship de François Mitterrand contribua indirectement à rigidifier encore davantage le fonctionnement de l’organisation. Les mitterrandistes, qui avaient dû lutter pour conserver le pouvoir interne, ont veillé de plus près encore, une fois celui-ci préservé, à le renforcer. De plus, comme Michel Rocard avait attaqué François Mitterrand sur les éléments qui fondaient la légitimité idéologique des vainqueurs du Congrès d’Épinay, les mitterrandistes furent conduits à s’appuyer sur cette légitimité et donc à réaffirmer, plus peut-être qu’ils ne l’auraient souhaité eux-mêmes, les principes fondateurs de leur politique et de leur pouvoir : union de la gauche, nationalisations, refus du marché, antiaméricanisme. Ceci renforça le penchant à l’orthodoxie interne. Le parti tenta par moments d’exister, mais plutôt sur le mode de la critique de l’action gouvernementale socialiste. Comme nous l’avons dit, une telle attitude, outre qu’elle était politiquement contre-productive, empêchait le parti de penser et d’assumer les politiques menées. D’une certaine manière, cette semiopposition du parti à l’égard des gouvernements socialistes était l’une des facettes de son instrumentalisation par le président. Elle permettait à celui-ci d’occuper apparemment une position d’arbitrage entre un gouvernement que lui-même feignait de trouver trop gestionnaire et un parti dont il se voulait toujours le chef et l’inspirateur. Pendant le gouvernement de Michel Rocard, entre 1988 et 1991, 1’antirocardisme du parti facilita cette démarche mitterrandienne. Le président se voulait « l’aiguillon » du gouvernement et encourageait le parti à faire de même. Ceci, joint aux aspects institutionnels rappelés plus haut, poussait dans le sens de la déresponsabilisation du parti. François Mitterrand, à la différence de ses homologues d’Europe méridionale, excepté Mario Soares à partir du moment où il fut, lui aussi, élu à la présidence de la République, avait dû quitter la direction effective du Parti socialiste en 1981. Jusqu’en 1988, tant que Lionel
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Jospin fut premier secrétaire, il n’y eut pas de tensions graves entre le président et le parti. Celui-ci avalisa le tournant de 1983 et les politiques qui en découlèrent. Mais la cohabitation de 1986-1988 conduisit le parti à tenter d’exister de manière plus autonome. Lorsqu’en 1988, Lionel Jospin ayant décidé de quitter son poste, François Mitterrand poussa Laurent Fabius à le remplacer, la moitié du courant mitterrandiste se rebella contre ce choix. Le président, au moment où il nommait Michel Rocard au poste de premier ministre, fut contraint de se rallier au choix de Pierre Mauroy pour diriger le parti. Malgré la fidélité et l’amitié de celui-ci pour l’homme qui avait fait de lui un premier ministre en 1981, le parti entra à partir de ce moment dans une période de semiindépendance qui n’était pas entièrement du goût du président. Lors du congrès de Rennes de 1990, dont l’enjeu politique était la consommation de la rupture du courant mitterrandiste et la marginalisation de Laurent Fabius, François Mitterrand intervint fortement et parvint à éviter ce pas supplémentaire vers la division des siens et la rentrée en force de Michel Rocard dans le jeu interne du Parti socialiste. Cela contribua au renvoi de Michel Rocard de Matignon au printemps suivant. En 1992, Laurent Fabius devint premier secrétaire mais, à la faveur de la défaite législative de 1993, Michel Rocard, avec l’appui d’une partie des mitterrandistes, s’empara du parti. Dès ce moment, François Mitterrand fut résolu à lui barrer la route de l’élection présidentielle, et ce qu’il advint par la suite laisse penser qu’il était prêt, pour y parvenir, à affaiblir le parti lui-même s’il le fallait. Certes, l’échec de Michel Rocard a plusieurs causes, et il serait faux de n’y voir que la main du président de la République. Cependant, si l’on reprend le cours des choses entre avril 1993 et juin 1994, il apparaît clairement que pendant cette période François Mitterrand ne se sent plus engagé en priorité par son lien historique avec le Parti socialiste. Lorsqu’il apparaît, après la prise du parti par Michel Rocard, puis les bons résultats des socialistes aux élections cantonales de mars 1994, que, désormais, la route de la candidature présidentielle est ouverte pour le nouveau premier secrétaire, François Mitterrand, mettant à profit la décision malheureuse de celui-ci de conduire la liste socialiste aux élections européennes, va s’employer à encourager la candidature concurrente de Bernard Tapie, à la légitimer comme une candidature de gauche, à resserrer les liens avec le Mouvement des radicaux de gauche dont celui-ci va devenir la tête de liste pour les élections européennes. Certes, Bernard Tapie devra largement son score à son talent médiatique et à son discours en phase avec certaines évolu-
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tions de l’opinion publique. Mais le poids du soutien de François Mitterrand, dans son succès, ne peut être sous-estimé. Le 12 juin, la liste socialiste conduite par Michel Rocard obtient 14,5 %, et celle conduite par Bernard Tapie, 12 %. Cette catastrophe électorale permet à François Mitterrand de pousser les feux de la réunification des mitterrandistes et, à la fin du mois de juin, les mitterrandistes historiques chassent Michel Rocard de la direction du Parti socialiste. La reconstitution, à cette occasion, du bloc mitterrandiste s’est manifestée récemment lors du débat provoqué par l’ouvrage de Pierre Péan sur la jeunesse de François Mitterrand par une « re-mitterrandisation » du parti. Plus que jamais, en effet, la direction du parti se veut totalement solidaire de son père fondateur. Toutes les voix qui se sont élevées au sein du parti pour s’émouvoir des révélations de l’ouvrage de Pierre Péan ont été stigmatisées comme étant scandaleuses, iconoclastes et blasphématoires. Enfermé dans la défense du père fondateur, le parti a ainsi rigidifié à nouveau la ligne de partage entre les mitterrandistes et ceux qui, comme Pierre Mauroy, se disent simplement socialistes. Ceci est un facteur d’affaiblissement du parti, qui a réouvert ainsi une ancienne ligne de fracture ne pouvant qu’handicaper le renouvellement et le rajeunissement de son image. L’instrumentalisation du parti par son père fondateur a donc été réussie et maintenue jusqu’au bout. Elle a pour inconvénient que les socialistes éprouvent de grandes difficultés à prendre leur indépendance et à réfléchir sur la signification de leur long exercice du pouvoir, sur ses acquis comme sur ses faiblesses. L’instrumentalisation de la doctrine François Mitterrand n’a jamais adhéré au marxisme mais il a appris, dans une période où, il est vrai, le vent idéologique soufflait de ce côté-là, « à le parler ». La légitimité du Congrès d’Épinay, et donc de son vainqueur, était une légitimité de gauche. Celle-ci permettait de marquer la rupture avec la SFIO de Guy Mollet. En réalité, la plupart des socialistes mitterrandistes ignoraient que leur parti s’était fondé et toujours refondé à gauche dans le passé. Et, bien que chaque cycle ait amené le Parti socialiste à s’éloigner de ses projets initiaux, celui-ci n’a jamais voulu réviser officiellement sa doctrine. Le cycle d’Épinay présente, de ce point de vue, à la fois des similitudes et des différences par rapport aux cycles précédents.
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Des similitudes d’abord, car les tentatives de révision, même partielles, comme celle de Michel Rocard à la fin des années 70, ont échoué. François Mitterrand, face à l’offensive rocardienne, a réaffirmé les objectifs de nationalisations et de rupture avec le capitalisme. Le projet socialiste de 1980, inspiré par le CERES, l’aile gauche du parti, a été un document parfaitement orthodoxe, qui permettait à François Mitterrand d’incarner la légitimité idéologique de gauche dans le parti face aux « droitiers ». Lorsque s’est opéré le tournant de la politique gouvernementale, en matière économique et financière, en 1983, le parti, comme lors des cycles précédents, n’a pas voulu tirer les conclusions de ce tournant. Ni François Mitterrand, qui n’éprouvait pas d’intérêt à l’inciter à réviser sa doctrine, car son but était 1’instrumentalisation et non l’adaptation du parti, ni Pierre Mauroy, qui tenait, lui aussi, à incarner la légitimité de gauche malgré la part qu’il avait prise avec courage dans la décision de changer de politique en 1983, ni le premier secrétaire du parti ne voulurent accompagner ce tournant politique d’une véritable révision idéologique. Ils inventèrent alors un concept politique adéquat, celui de la « parenthèse » : dès que possible, le parti reviendrait à ses objectifs initiaux. Certes, le discours fut complexifié avec le plaidoyer du président pour la réhabilitation de l’entreprise et de l’entrepreneur et la priorité donnée désormais à la construction européenne, c’est-à-dire du même coup à l’acceptation de l’économie de marché. Mais les discours furent superposés et non intégrés dans une nouvelle analyse des contraintes structurelles qui pesaient désormais sur l’élaboration des politiques économiques. Ceci eut deux conséquences désastreuses pour le Parti socialiste. La première fut qu’il n’entreprit pas le véritable travail de réflexion capable de renouveler ses analyses et son discours. La seconde est que, finalement, lorsqu’en 1991 il se résolut avec Pierre Mauroy à faire enfin sa révision au Congrès de l’Arche, ce fut sous la forme du constat selon lequel ses anciennes certitudes constituaient un champ de ruines, plutôt que sous celle d’une analyse constructive prenant en compte les raisons profondes des résultats mitigés de l’expérience gouvernementale. Ce travail de deuil ne déboucha pas sur la volonté de redéfinir un projet socialiste nouveau. Cette révision ne fut d’ailleurs pas assumée par le parti et ses militants, on s’en rendit compte par la suite. Le départ du pouvoir, qui en réalité soulageait plus qu’il n’attristait les militants socialistes, permit de faire l’économie d’une nouvelle réflexion. Henri Emmanuelli s’empara de la direction du parti en développant le thème du « devoir d’opposition ». Le parti devait abandonner
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ses réflexes de parti de gouvernement. Le discours socialiste devait pour l’essentiel se réduire à une critique permanente de la politique gouvernementale et à l’affirmation de la ligne de gauche et des orientations qui en découlaient, telle la diminution de la durée du travail sans diminution du salaire. Le « devoir d’opposition » réglait les choses pour l’instant, on verrait plus tard. L’instrumentalisation des alliés François Mitterrand avait toujours été un adversaire des communistes jusqu’en 1958. Son hostilité au gaullisme le rapprocha d’eux. En 1965 et en 1974, il fut le candidat des gauches à l’élection présidentielle. Nous avons déjà souligné le fait qu’il s’agissait d’une « union froide » entre les deux partis. À partir de l’automne 1974, la tension entre eux ne cessa de monter. La rupture de 1977 marqua la fin d’une époque. Malgré cette rupture, François Mitterrand continua à se réclamer de l’union de la gauche, espérant tirer profit de l’impact qu’elle conservait dans l’électorat de gauche. Il gagna son pari et fut élu président de la République. L’union se reforma officiellement, même si elle était instrumentalisée par le nouveau président, qui profitait d’un rapport de forces très favorable pour neutraliser la CGT et le Parti communiste lui-même. La nouvelle rupture intervenue en 1984 ne traumatisa pas le Parti socialiste, désormais sûr de sa force. Mais, pour autant, les socialistes, à la fois pour des raisons qui ressortissent à leur identité originelle et parce que la légitimité des mitterrandistes au sein du parti reposait sur l’union de la gauche, n’ont jamais envisagé d’alternative véritable à l’union avec les communistes. Il est vrai que le mode de scrutin majoritaire à deux tours pour les élections présidentielle, cantonales et municipales (malgré le correctif proportionnel introduit en 1983 pour celles-ci) poussait un Parti socialiste dominant à gauche à conserver la pratique de la discipline républicaine. Ainsi, bien que le Parti communiste se plaçât résolument dans l’opposition et qu’il se montrât totalement opposé à la politique suivie par les socialistes, qu’il s’agisse de la politique économique et financière ou de la politique internationale et notamment européenne, le président et le Parti socialiste, contrairement à ce qui se passa dans les quatre autres partis socialistes des pays d’Europe méridionale, ne rompirent jamais formellement avec lui. Lorsqu’en 1988 François Mitterrand fit sa campagne présidentielle sur le thème de « la France unie » pour gagner l’électorat du centre et nomma premier ministre, après sa victoire, un homme, Michel Rocard, qui passait, à tort d’ailleurs,
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pour être favorable à une alliance avec le centre, on put croire qu’il avait changé son orientation stratégique. En réalité, il n’en était rien. Toutefois, Michel Rocard et ses successeurs à Matignon, qui ne disposaient pas de la majorité absolue, durent se livrer à une recherche permanente de majorités ponctuelles. Mais ceci n’entraîna dans le parti aucune reflexion sur les alliances. Aujourd’hui, alors que le nouveau leader du PCF, Robert Hue, paraît plus ouvert à la coopération avec les socialistes, ceux-ci sont tentés, à l’approche des élections présidentielle et municipales, de restaurer l’alliance à gauche. Mais dans la mesure où les positions des deux partis sont toujours aussi éloignées, notamment sur l’Europe, et où l’ensemble de la gauche se situe aux alentours d’un tiers du corps électoral, cette ligne stratégique « à gauche » ne paraît pas très porteuse. Comme par le passé, le tropisme vers le Parti communiste et l’incapacité à repenser la question des alliances demeurent parmi les faiblesses du socialisme français. Finalement, il apparaît, en cette fin de l’année 1994, que le cycle d’Épinay s’achève, pour le Parti socialiste, par le retour de ses anciennes fragilités. Au cours de ce cycle, malgré les notables réussites enregistrées, il n’a pas profité de son regain pour les surmonter durablement. L’instrumentalisation réussie du parti a eu, à terme, des conséquences négatives pour lui. Pendant deux décennies, il s’est très largement identifié à son leader, et son avenir paraît incertain au moment où celui-ci va quitter la scène politique. En 1971, François Mitterrand, l’homme providentiel du moment, prenait la direction d’un mouvement très affaibli et sans perspectives politiques. Aujourd’hui, quelles que soient les transformations intervenues et la marque imprimée par son père (re) fondateur, le Parti socialiste se retrouve dans une situation comparable et devra se poser la question d’une nouvelle refondation. La fin du cycle d’Épinay le laisse apparemment fort démuni face à cette tâche difficile.
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Spain : In Search of Social Democracy1 Patricia H. Craig
The social democratic parties of Southern Europe long struck analysts as distinct from their northern counterparts. From the vantage point of the late 1970s, the radical rhetorical style of the southerners suggested that a social democratic orientation was a characteristic of parties in the north while a traditional socialism continued to be defended by parties like the PSOE in Spain, the PASOK in Greece and the PS in Portugal. By the 1980s, the rapid shift towards the center by these latter parties meant an ideological convergence with those in the north, but now the difference revolved around governance. While northern socialists were being turned out, their southern cousins were ushered into office where they had been long kept out of power both by dictatorships, in the case of the new democracies of Spain and Greece, but also where the right had dominated postwar politics in France and Italy. Yet today, the electoral and political troubles of social democrats in both the north and the south unite observers in seeing a crisis of social democracy, often conceptualized as a loss of vision. It is in this context of a crisis that the Spanish Socialist Worker’s Party (PSOE) is a particularly interesting example of a contemporary social democratic party. Arguably the most successful European party of this type in the last decade, it came to power in 1982 and was the
1.
The author gratefully acknowledges the generous assistance of the Mershon Center (Ohio State University) and its Program on Democratization which supported this research.
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La social-démocratie en cette fin de siècle
first freely elected single party to command an absolute majority in Spanish history. Its leader, the young and charismatic Felipe Gonzalez, ran on a platform that stressed the new Spain — European, modern and democratic. While he had presided over the moderation or "social-democratization" of the party in the late 1970s, his appeal to the left as well as the moderate center was undeniable. His ability to maintain the support of the left while simultaneously drifting rightward in policy making, and thereby deny the parties of the right much political space during the 1980s, when the party maintained real or virtual absolute majorities, contributed to the PSOE’s continuing dominance of Spanish political life. Ironically, to a considerable extent, this very electoral success prompted discussions of the larger crisis of social democracy. The PSOE was the first "postMitterrand" social democratic party to be elected in Europe. In some sense, that left them the task of defining what con-temporary socialist management meant after the experience of the French Socialists in 1981 offered evidence to other parties that the traditional socialist prescription of reflating the economy and nationalizations in one country did not work. How to characterize the particular definition pursued by the PSOE is subject to debate. One view stresses the severe economic constraints the PSOE faced when coming to power but nonetheless sees the party as having carried out the typically social democratic task of substantially contributing to the expansion of the Spanish welfare state.2 Others, however, have claimed that the PSOE’s policies represent "socialism without the workers" or "neoliberalism" and are viewed as responsible for some of their current difficulties.3 These include the party’s dependence on an informal coalition to govern, scandals at all levels of the administration, a weak economic
2.
On this, see José M. MARAVALL, "What is Left ? Social Democratic Policies in Southern Europe", Working Paper 1992/36 of the Center for Advanced Study in the Social Sciences of the Juan March Institute, Madrid. Also, Caries BOIX makes a somewhat different argument about what social democratic policies are, based on an examination of supply-, rather than demand-, side economic management in his Partisan Strategies and Supply-Side Policies in Advanced Nations, 1960-1990, Harvard University dissertation, 1994.
3.
A number of works address this theme, such as Donald SHARE, "Spain : Socialists as NeoLiberals", Socialist Review, vol. 18, p. 38-68, 1988, Lynne WOZNIAK, "The Dissolution of Party-Union Relations in Spain", West European Politics, vol. 22, p. 73-90, 1993 ; Einar BERNTZEN, "Democratic Socialism in Spain, Portugal and Greece", in Lauri KARVONEN and Jan SUNDBERG (eds.), Social Democracy in Transition, Aldershot, Dartmouth, 1991.
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recovery and the ascendancy of the major party of opposition. All of these point to declining popular support for the party. Currently, the seeming end of the socialist era in Spain allows us to evaluate their experience and raise the broader questions which it suggests : whether social democratic parties must inevitably move to the center as a condition of holding power and what such moves mean in terms of their long-term possibilities for success. This chapter examines the PSOE’s ideological transformation and situates it in the context of the Spanish transition to democracy during the late 1970s. It also considers the party’s policy actions since coming to office. Superimposed upon this history of the party is a parallel transformation of the Spanish public. This popular shift is ideological although not in terms of subjective self-placement along a left-right continuum. Rather, over the course of the decade of the 1980s, the issues that have traditionally described or defined the content of that continuum have changed. Finally, the implications of this shift for the future of the Socialists’ politics are explored. I.
IDEOLOGICAL TRANSFORMATION
For the PSOE, unlike for counterparts such as the French PS or Greek PASOK, the movement to the center of the political spectrum began as a precondition to taking power, rather than as a response to electoral decline. This move, similar to that of the German SPD of the late 1950s, was a reaction to the particular circumstances of the Spanish transition to democracy. As Table 1 shows, the first democratic elections in 1977 established the Union of the Democratic Center (UCD) as the leading party, although the PSOE’s strong second place finish was better than it had anticipated and clearly established it as the principal party of the left.4 Prior to the elections, the balance of power on the left was generally unknown. The Communist Party (PCE) in particular was thought to present a strong challenge to the PSOE since it had a
4.
Several fine analyses of the first democratic elections in Spain can be found in the following sources : Richard GUNTHER et al., Spain after Franco : The Making of a Competitive Party System, Berkeley, University of California Press, 1988 ; Howard R. PENNIMAN and Eusebio M. MUJAL-LEON (eds.) Spain at the Polls, 1977, 1979 and 1982, AEI, 1985 ; José M. MARAVALL, La politico de la transición, Madrid, Taurus, 1985.
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stronger organization and could claim a better record of underground opposition to the dictatorship than the Socialists. However, the PSOE’s distinctly leftist rhetoric and platform, that included republicanism, a nationalization of banks, worker self-management, etc., helped neutralize the threat of the Communists on their left by co-opting much of the space available to them. In addition, the youthful and appealing leader of the socialists, Felipe González, appeared to represent the future, while the Communist head, Santiago Carillo, who had been a protagonist in the schism of the PSOE in the 1930s, seemed a tired reminder of a past that voters wanted to overcome. Despite the rhetoric of the political parties, in the period between 1977 and 1979, the opposition and the governing UCD, under the leadership of Adolfo Suarez, engaged in what is characterized as the "politics of consensus."5 The elites of the major parties considered the consolidation of democracy as the most important task they faced. Thus, much of the important legislation of the period was jointly negotiated, including the drafting of the Constitution in 1978 by a seven-person committee representing the national parties plus the Catalans, and the symbolically prominent Moncloa pacts of 1977 which were neocorporatist, economic accords designed to prevent wage and price spirals.6 Certainly, the behavior of political elites and their participation did much to legitimate both the parties themselves as well as the new democracy in general. The UCD, in particular, by participating in the sort of activity that Giuseppe DiPalma attributes to the postwar Italian DC of engaging the extremes in the system, came out ahead.7 This was despite the considerable risk Suarez took just prior to the 1977 general election by legalizing the Communist party after he had explicitly promised the army he would not. By 1979, the situation was beginning to change. The PSOE’s electoral results in 1977 made it not simply the major opposition party but the overwhelming party of the left. It experienced tremendous
5.
See Chapter 4 of GUNTHER et al., op. cit.
6.
For discussions of the Moncloa Pacts, see Robert FISHMAN, Working-Class Organization and the Return to Democracy in Spain, Ithaca, Cornell University Press, 1990, and Victor PEREZ-DIAZ, The Return of Civil Society, Cambridge, Harvard University Press, 1993.
7.
Giuseppe DIPALMA, "Establishing Party Dominance : It Ain’t Easy", in T.J. PEMPEL (ed.), Uncommon Democracies, Ithaca, Cornell University Press, 1990.
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membership growth ; according to party estimates it increased tenfold between 1976 and 1979, going from under 10,000 members to 101,000. Many of those joining were long-time sympathizers who had feared belonging to a party when such organizations were illegal. The period also saw an influx of people on the left whose preferred parties disbanded or merged with the PSOE after poor results in the elections. Going into the 1979 electoral campaign, the PSOE had great expectations about defeating the UCD. These were based on the moderation it had shown during the first period, the cross-class appeals favored by the leadership in an attempt to move the party away from a mass-mobilization to catch-all party and the high visibility and charisma of party head Felipe Gonzalez, who in 1979 shared with Suarez the highest popularity among voters in terms of party leader rankings.8 Despite its hopes for victory, this directional change rankled certain sections of the party who opposed the drift towards the center. Generally, these tensions between the left and center were contained during the election. However, the rapid growth of the party meant that many local sections were run fairly independently and often at odds with Madrid. On the eve of the election Suarez very successfully exploited the rumblings of the PSOE left. Raising the red flag, he was able to project an image of a dangerously unstable and immoderate party that was unfit to govern. In particular, its "Marxist" self-definition was used as proof of its less than fully democratic credentials.9 As Table 1 shows, the results were a virtual repetition of 1977, which, given their expectations, appeared to the PSOE as a major defeat. The consequence was a crisis within the party with different sides holding the other responsible for the loss. The left wing viewed the defeat as proof that the centrist strategy would permanently con-sign the party to second place behind the UCD. The fact that abstention levels were higher than average in areas where socialist support had been high was viewed as a message from their voters that they were
8.
See Richard GUNTHER, "El Realineamiento del Sistema de Partidos de 1982", in Juan J. LINZ and José Ramôn MONTERO (eds.), Crisis y Cambio : Electores y Parti-dos en la Espana de los Anos Ochenta, Madrid, Centro de Estudios Constitutionales, 1986.
9.
Accounts of the 1979 campaign can be found in Paul PRESTON, The Triumph of Democracy in Spain, London, Methuen, 1986, and Donald SHARE, Dilemmas of Social Democracy, Westport, Greenwood Press, 1989.
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unhappy with the PSOE’s accommodation with the UCD. The other wing, led by General Secretary Felipe Gonzalez, attributed the defeat to the radical image of the party. In May, two months after the election and just before the 28th Party Congress, he publicly stated his desire to see the party drop the Marxism label, a definition for which he himself had been responsible three years earlier. This assured a controversial congress and, indeed, debate centered on the Marxist definition of the party. In a vote, Gonzalez’s position in favor of dropping it was narrowly defeated. The unexpected then occurred. Gonzalez resigned as head of the party. His opponents were taken unawares and put in the difficult position of appearing disorganized since they were unable to field a generally acceptable candidate for the top leadership spot. Chaos followed and a date for an Extraordinary Congress was set four months hence for September when a new leadership would be selected.10 While many of those at the Congress came away stunned and depressed, those around Gonzalez were energized by the task ahead of them. The summer months were intense in terms of preparing for the vote. As Gonzalez himself described it, he and his team covered many miles and visited many local sections in an attempt to woo the party faithful over to their position.11 As a result, Gonzalez’s group had the election assured. Not only were there new members amenable to his position and converted old ones but a little noticed change in party voting procedures instituted months earlier at the 28th congress took power away from individual members. By abolishing the individual vote and changing the manner of electing delegates, the official sector was given much more control over the vote there and in subsequent congresses. While the strong control by the Madrid-based has been criticized both by the left in the party as well as observers of the party who would prefer more internal democracy, there are related aspects that need to be mentioned. First, the internal culture of the PSOE puts a
10. Descriptions of the congress following González’s resignation are invariably dramatic. It was not simply that the party had lost its one recognizably major electoral asset in Felipe, rather, as one delegate to the congress explained in an interview with me in 1989, it sent the party into a kind of state of collective shock : "It was weird. It was very Freudian ; people were kind of wandering around, clutching each other, sobbing. I really think they felt their father had died." 11. Fernando CLAUDIN, "Entrevista a Felipe Gonzalez", Zona Abierta, vol. 20, 1979, p. 10.
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strong premium on presenting a united front to the external world. This has the frequent effect of discouraging dissent. While the quashing of debate is certainly a convenient mechanism of control for party leaderships and those in the PSOE have undeniably employed it, there is also a large element of self-censorship in the party. The roots of this lie in the history of the Spanish left. Many party members attribute the breakdown of the Second Republic that ushered in the subsequent dictatorship to the infighting on the left and splits within the Socialists. Thus in the PSOE, internal fights carry the additional weight of symbolizing potential catastrophe, which also helps explain why the left/ center battle died down quickly. The leadership was able to effectively appeal to the need for unity. This has a parallel in the electorate where Spanish voters have repeatedly punished parties that exhibit infighting, associating it with democratic collapse. This is not a feature peculiar to Spain but indeed appears to characterize the electorates where democratic breakdown has occurred, as Noelle-Neumann shows is the case for postwar Germany.12 Thus, in addition to the internal culture of the party, the pressure in the PSOE to resolve the controversy quickly was also driven by electoral concerns. General awareness within the party that the charismatic Gonzalez was its greatest asset greatly strengthened the hand of the official group, even among those who might have weak preferences for the leftist position. Besides the defeat of the party’s left wing, other events began to take shape in this period which would influence the PSOE’s rise to power. First, despite their national showing in March of 1979, in the following month, the socialists were the big winners of the first local elections held in contemporary Spain. Although somewhat higher, the actual percentages did not differ dramatically from the national elections. What did change was that the PSOE had a great advantage over the UCD in populated urban areas and a postelection municipal governance pact between the PSOE and the Communists to prevent the right from coming to power meant that suddenly 70 % of Spaniards were living in Socialist controlled communities. As Tarrow points out in the case of the Italian PCI, one of the effects of their responsible governance regionally and locally is that the delegitimation arguments
12. Elizabeth NOELLE-NEUMANN, "Meinungslima als neue Dimension der Wahlforshung", in Public Opinion in East and West Germany, Packet n° 22, Political Science, 278/438, Chicago, University of Chicago Press, 1991.
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against them began to lose force.13 Similarly in Spain, by 1982, the Socialists were able to use their local record as evidence of their suit-ability to hold power. More importantly, shortly after the 1979 elections, the UCD coalition began to fall apart. This was more a group of notables gathered together to govern than a real political party. They ranged from Social Democrats on the left to moderate Francoists on the right and became paralyzed by infighting, both at the Cabinet level and in Parliament, shortly after winning the 1979 elections. In particular, they were unable to cope, on the one hand, with deep divisions on social issues like abortion, a terrorist problem and a growing economic crisis that sent unemployment soaring past 20 % and lead to labor unrest. On the other, they were faced with a threat from an increasingly restive military who viewed these problems as undermining the integrity of the Spanish state. The period of consensus politics was over and the PSOE skillfully used the Cortes (Spanish parliament) to attack the UCD’s inability to accomplish anything as well as to spotlight González’s statesman-like qualities and contrast the discipline of the PSOE with the very public squabbling of the UCD. Suárez’s resignation in early 1981 and the attempted coup shortly following it highlighted the government’s frailty. With the entire political class deeply shaken by the attempted coup, the spirit of consensus was to some extent recaptured. This time, however, the PSOE appeared to be the presiding party, since the UCD had already begun to break apart, with many members shifting to other parties, including a few to the PSOE. The UCD’s electoral loss to the PSOE the following year was entirely expected, although the magnitude of defeat — the party evaporated — was unprecedented in a European governing party in this century.14 The PSOE came to power on a platform that stressed the modernization of Spain.15 It saw its primary task as rationalizing the Spanish economy. This would lead to employment growth (they inadvisably promised 800,000 new jobs), make production more efficient
13. Sidney TARROW, "Maintaining Hegemony in Italy : ’The softer they rise, the slower they fall !’ ", in T.J. Pempel, op. cit. 14. On the demise of the UCD, see Richard GUNTHER, "El Colapso de UCD", in LINZ and MONTERO, op. cit., and Rafael LÓPEZ-PINTOR, "The October 1982 General Election and the Evolution of the Spanish Party System", in PENNIMAN and MUJAL-LEÓN, op. cit. 15. Donald SHARE (op. cit., Chapter 4) provides a good summary of the PSOE’s plat-form and campaign.
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and competitive, and as a result allow for greater social spending. The PSOE also stressed closer integration into Europe, which they associated with progress in contrast to the closed, autarkic nature of the Francoist state. It constituted a standard to be reached, especially in terms of bringing Spanish living standards closer to those of its European neighbors. At the same time the PSOE sought closer ties to Europe, it campaigned strongly against continuing Spain’s incorporation into NATO, which had begun under Suarez, and promised a referendum on the question. Opinion polls showed that as a result of the campaign, sentiment against NATO membership was extremely high. Symbolically, the campaign positioned the party between two extremes and in this way gave it a particular identity of a moderate social democratic party. On the one hand, the forces to the right were those whose lingering association with Francoism, such as the Alianza Popular whose leader Manuel Fraga had held a number of positions in Franco’s cabinet, made their commitment to democracy questionable. Also, American influence was suspect, not simply because of the sup-port it had given the old regime but because its identification with a freemarket-style capitalism was inimical to the European-style welfare state the PSOE was proposing. To its left, the PSOE defined the danger of the Communists as an old-style leftism, ill-equipped to handle the needed renovation of a modern economy. In addition, the serious internal disputes of the PCE hampered its efforts to present itself as a reliable party. Not only had the historic memory of the Second Republic highlighted the potentially disastrous consequences of selfdestructive parties but the role it had played in the recent coup attempt was fresh in the minds of voters. Thus, the PSOE established itself as the center-left alternative, eclipsing both the Communists and the right. II.
THE SOCIALIST ERA IN SPAIN
Once in power, the PSOE was immediately faced with a severe economic crisis. Although the recession of the early 1980s affected all of the major Western democracies, it was particularly deep in Spain, which was growing only at 1 % annually.16 The primacy of political reform over economic, during the transition period, meant that measures to reorganize the inefficient state of the heavily protected economy inher-
16. See Kenneth MAXWELL and Steven SPIEGEL, The New Spain : From Isolation to Influence, New York, Council on Foreign Relations Press, 1994.
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ited from Francoism were postponed in order to ensure social peace.17 Well aware of the disastrous consequences of Mitterrand’s attempt at single-country reflation, the traditional socialist remedies of increasing spending were discounted from the start.18 Instead, the initial policy direction of the Socialists (roughly the period from 1982 to 1986) was characterized by a political economy of austerity. The PSOE believed that generating investment, both in the private and public sectors, was key to stabilizing the economy.19 It attempted this by allowing business profits (which were extremely low) to rise, a strategy which depended on wage containment and a reduction in inflation. The fight against inflation, which had risen to 14.5 % in 1982, was carried out by an immediate 8 % currency devaluation, a reduction in the money supply and suppressing wage growth in the public sector.20 In addition, taxes and energy prices were raised, trade was liberalized and the first steps toward greater flexibility in the labor market were taken. In 1984, the Socialist government embarked on a massive industrial restructuring plan, aimed primarily at modernizing Spain’s inefficient and highly protected heavy industry, especially steel, mining and shipbuilding. Not only were these an enormous drain on the state’s budget but these were also industries in which high excess capacity already existed in Europe. This meant that Spain’s upcoming entry into the European Community would do little in the way of supplying markets but instead provided a rationale for taking drastic measures. The restructuring program lead to wide-spread layoffs as capacity was drastically cut.21 17. The strong belief among the Spanish political class that political transition had to take precedence over economic transformation is a common theme among those analyzing the democratic transition. See, for example, Allan M. WILLIAMS, "Socialist Economic Policies : Never off the Drawing Board ?", in Thomas GALLAGHER and Allan M. WILLIAMS (eds.), Southern European Socialism, Manchester, Manchester University Press, 1989 ; Salvador GINER, "Southern European Socialism in Transition", West European Politics, vol. 2, 1984, p. 41-62 ; and Nancy BERMEO, "Sacrifice, Sequence and Strength in Successful Dual Transitions : Lessons from Spain", Journal of Politics, vol. 56, 1994, p. 601-627. 18. This theme of the lesson learned from the failure of the French experiment is common in both analyses of the PSOE’s early policies as well as in public statements by Spanish Socialist ministers at the time. See MARAVALL, loc. cit., and BOIX, op. cit. 19. BOIX, ibid., Chapter 3. 20. Giles and Lisanne RADICE, Socialists in the Recession : The Search for Solidarity, Basingstoke, Macmillan, 1986. 21. Loukas TSOUKALIS, The New European Economy : The Politics and Economics of Integration, New York, Oxford University Press, 1991, p. 230.
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Labor conflict rose as a consequence. In an attempt to keep the social peace thought necessary to stabilize the economy, the PSOE sought to continue the quasi-corporatist bargaining arrangements that had characterized the transition. Late in 1984, the government negotiated the Social and Economic Accord (AES) which was signed by the Socialist trade union, the General Worker’s Union (UGT), and the employer’s peak association, the CEOE. The pact kept wage increases below the expected rate of inflation, liberalized restrictions on hiring and layoffs and had provisions for reductions in government spending.22 While the Communist union, the Workers Commissions (CC.00), refused to sign the pact, the UGT did so because it was hesitant to undercut the Socialist government but also gained in terms of securing institutional presence, which they believed could help them draw support away from the CC.00.23 Ultimately, the results of these policies were felt in terms of lower inflation, which fell to 8 % by 1985, an increased savings rate which provided favorable conditions for investment, and a shift from a trade deficit to surplus. However, the toll this took on jobs was dramatic as unemployment rose to the highest rate in the European Community — 22 %. Over a million jobs were lost, a far cry from the job creation the party’s 1982 platform had promised. In addition, a casualty of the policies was the long-standing fraternal relationship between the Socialist party and the UGT. Ultimately, the UGT came to feel the price it paid for backing the PSOE in terms of loss of rank and file support was too great, which lead to an increasing distance and hostility between the union and government, and eventually between the union and party.24 By 1986, the economic outlook had changed substantially and a recovery was underway. This was true for virtually all of Europe, but it was especially pronounced in Spain as growth rates climbed to the
22. Descriptions of the provisions of the AES can be found in SHARE, op. cit., p. 75 and BOIX, op. cit., Chapter 4. For the socialist trade union, the UGT’s, perspective on the series of social pacts beginning with the Moncloa accords, see Justo DOMÍNGUEZ, "Diez años de relaciones industriales en España (1977-1987)", in Angel ZARAGOZA, Pactos sociales, sindicatosy patronal en España, Madrid, Siglo XXI de Espana Editores, 1988. 23. WILLIAMS, loc. cit., p. 207. 24. For a discussion of the deteriorating relationship between the PSOE and the UGT which resulted in the enormously successful general strike in December, 1988, see Santos JULIÁ, La Desavenencia : Partidos, Sindicatos y Huelga General, Madrid, Ediciones El País, 1988.
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highest in Europe, averaging over 4 % per annum in the second half of the decade. In addition, 1986 marked Spain’s entry into the European Community, which brought new opportunities for the business community in terms of access to markets and capital. Many credit the restrictive policies of the Socialists’ first term and their near obsession with modernizing the economy in preparation for EC membership for the boom that characterized the latter part of the 1980s. Tsoukalis, for example, argues that Spain fared much better than other EC newcomers, like Greece and Ireland, precisely because of the underlying economic stabilization that Gonzalez was able to carry out in his first term. This meant that the economy was well positioned to take advantage of the benefits from membership in the Community, especially attracting direct foreign investment and partners for Spanish firms.25 Nevertheless, the economic recovery was deeply disappointing in at least one respect. While job creation managed to reduce the unemployment rate slightly, the latter never fell below 16 %, the level to which it dipped in 1990, and rose again as the economy slowed in the early part of the 1990s. In part, these stubborn and unacceptably high levels of unemployment were the result of the influx of many new categories of job seekers, including women, Spain’s baby boomers, and redundant workers from the rapidly declining agriculture sector into the labor market.26 However, certain governmental decisions and policies also added to the problem. The recovery coincided with Spain’s entry into the European Community in 1986. As a result, the Socialists’ options vis-à-vis the economy narrowed considerably, especially with respect to monetary and currency policy. The PSOE’s decision to keep an overvalued peseta in anticipation of adhesion to the European
25. TSOUKALIS, op. cit p. 231-232. 26. Carlos Alonso ZALDÍVAR and Manuel CASTELLS, in España fin de Siglo, Madrid, Alianza Editorial, 1992, p. 122-127, highlight the specific features of the Spanish labor market that exacerbated the effects of the economic crisis on the unemployment rate. For example, the baby boom was delayed in Spain for roughly 15 years (lasting from 1965 to 1976) compared to the rest of Western Europe and North America. The first wave of this large birth cohort entered the labor market in 1981, and the already weak economy could not absorb the expanded number of job seekers. Women, whose labor force participation was for a long time lower than in other European nations, also began to seek employment in much higher proportions in the 1980s. They point out that this is a trend that is likely to continue, especially among younger cohorts, meaning that the structural problems of unemployment in Spain are liable to persist.
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Monetary System was probably also partly responsible for high unemployment, especially in the manufacturing export sector. How to evaluate the PSOE’s tenure in office is a matter of some debate. The question of whether the policies of the Socialist government in Spain constitute a social democratic program or a shift away from that tends to turn on three related issues : the social welfare impact of those policies, the severity of the constraints faced by the government and what defines contemporary social democracy. One view considers the PSOE an example of social democratic neoliberalism with little social democratic content left. A particularly strong defense of this position is found in the work of Donald Share who stresses the party’s emphasis on economic efficiency and the fact that it was willing to give up the idea of overcoming capitalism.27 In addition this view highlights the growing levels of social inequality in Spain — for example, measured by income concentration, there was a greater disparity among Spaniards at the end of the 1980s than at the beginning. Perhaps nowhere is the indictment of the PSOE greater than with respect to the issue of jobs and unemployment. The willingness of the socialist government to tolerate extraordinarily high rates of unemployment rather than engage in a traditional social democratic program of an expansionary macroeconomic policy, even after the recovery, is cited as evidence that the party had moved away from its roots. Even the jobs that were created after 1986, about 1.5 million, were problematic, from the point of view of critics, since many were not permanent but rather precarious positions. Finally, the government’s increasing alienation from the socialist trade union, the UGT, culminated in the official break between the party and union in 1990. At the 32nd Party Congress, the century-old requirement that eligible individuals should exercise double militancy in the two socialist organizations was dropped from party statutes. Symbolically, this suggested to many observers that the party had ceased its commitment to the working class. A different interpretation focuses on the constraints the government confronted. José M. Maravall, a sociologist associated with the social democratic wing of the party, argues that the problems the PSOE and other southern European parties faced when they came to power were of a magnitude quite distinct from those northern socialist parties
27. See SHARE, op. cit. and SHARE, loc. cit.
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faced in the past.28 These problems were partly due to the dictator-ships and partly to the fact that the postwar boom was unlikely to be repeated ; as a result there were more constraints in terms of trade-offs : between wages and jobs, taxes and welfare, etc. While the theme of limits on the government’s action is commonly expressed, it is worth remembering that at least to a certain extent, some of the constraints were self-imposed, as in decisions about the timing of entry into the EC and linking the peseta to the EMS.29 Nevertheless, the point made by many about the constraints is not that they forced the PSOE to adopt policies indistinguishable from liberal parties in power. Rather, this view argues in essence that while a traditional social democratic program was off the agenda, the increased social expenditure, the expansion of welfare state programs and beneficiaries of those pro-grams, and increased taxes to pay for them, differentiate the PSOE’s record from a neoconservative agenda. Precisely the issue of the PSOE’s social policies is what allows some analysts, like Merkel, to conclude that, overall, the record is one of "moderate success and partial failure."30 Overall, some successes were registered in expanding the Spanish welfare state which was minimal at the beginning of the transition and at a considerable distance from the European average when the party came to power. The PSOE has made notable advances, especially in terms of expenditures on education, health care, and old age pensions. Education increases
28. In addition to MARAVALL, loc. cit., see Stephen PADGETT, "Social Democracy in Power", Parliamentary Affairs, vol. 46, 1993, p. 101-120, and WILLIAMS, loc. cit., for discussions of the argument that the severe economic constraints in Southern Europe precluded the socialist parties that came to power from pursuing a social democratic agenda. 29. Wolfgang MERKEL claims that these constraints led to an emphasis of the market that the Socialists accepted uncritically. See his "After the Golden Age ; Is Social Democracy Doomed to Decline ?", in Christiane LEMKE and Gary MARKS, The Crisis of Socialism in Europe, Durham, Duke University Press, 1992, p. 156. At the same time as some highlight the role of external, economic limitations on the PSOE’s ability to pursue a progressive agenda, a flip side to this argument is that in Spain, there was an absence of those constraints that social democratic parties often face when they seek to follow a more liberal agenda. For example, MAXWELL and SPIEGEL (op. cit., p. 45) argue that the lack of any real threat on the left from the Communists meant they were freer to engage in a harsh economic restructuring program. WOZNIAK, loc. cit., and WILLIAMS, loc. cit., both point to the divided labor movement in Spain, and the concomitant lack of ability to effectively pressure the PSOE, as a partial explanation for the Socialist government’s actions. 30. MERKEL, loc. cit., p. 157.
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in particular were dramatic and corresponded to the PSOE’s belief that human capital formation was imperative for economic modernization and employment creation.31 While, on all of these measures, Spain continues to lag behind the EC’s average, the socialists chipped away at the difference.32 There is also some evidence that the PSOE pursued a strategy of moderate redistribution to offset the hardships arising from economic modernization. In addition to expanded social benefits (which only rose after 1986 ; except for pensions, they actually fell between 1982 and 1986), this occurred through changes in the tax code. Revenues were increased as the PSOE made a concentrated attempt to stop fiscal fraud, with the proportion of GDP going toward taxes increasing after 1982, becoming equivalent to other mid-sized European nations by the early 1990s.33 In addition, Boix argues that after ten years of tax reform, the Socialists achieved two fundamental, social democratic goals : greater revenue collection and much greater progressivity in the system. Responding to the issue of increased inequality over the decade of the 1980s in Spain, he maintains that the more pronounced progressive nature of the tax system mitigated the process of income concentration.34 31. For figures on education expenditures, see BOIX, op. cit., Chapter 3. ZALDIVAR and CASTELLS, op. cit., p. 130-134 provide comparisons over time for education spending as a percent of GDP, between Spain and other EC nations as well as figures for the growth of scholarships, student/teacher ratios, and number of university places in Spain, all of which point to improvement during the 1980s. MARAVALL, (loc. cit., p. 45) reports Spanish public opinion data on social policy which show that of pensions, education and health care spending, the most favorable view is found for education spending. Over half of respondents at the end of the 1980s believed that education had improved and over twice as many believed that it was continuing to improve as thought it was deteriorating. This contrasts to pensions and health care, where although more believed that those had improved in the past, at least three times as many respondents thought they were currently deteriorating as who thought they were improving. 32. In a composite measure of social protection defined as expenditure on pensions, health care, unemployment and family transfer payments, ZALDÍVAR and CASTELLS (op. cit., p. 128) show that as a percentage of GNP, this rose from 15.6 % to 18.8 % in Spain between 1980 and 1990, compared with the EC averages of 24.9 % and 25.7 % in the same years. 33. See BOIX, op. cit., Chapters 3 and 4. He shows that in 1982, tax revenues amounted to 32.4 % of the GDP, or 8 percentage points lower than the European average. By 1986, they had risen to 36.1 % and by 1991 to 40.1 %, making them roughly compatible with similar countries. 34. BOIX, op. cit., Chapter 4.
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These different interpretations of the PSOE’s tenure are not contradictory. Both acknowledge that the party has changed its outlook and program since the 1970s and also that increased levels of social inequality and economic dualism disproportionately affected the least well-off members of society. The implicit disagreement is over conceptions of what contemporary social democracy means. Are the Socialists acting differently from parties of the center or right ? How is the issue of social justice to be evaluated : by adherence to the idea of redistribution to the working class or by the fact that the unequal outcomes of the Socialists’ modernization program were partially offset or mitigated by the development and expansion of a welfare state ? With respect to the first question, in some ways it probably did make little difference that the PSOE was in power. This is especially the case with respect to the declining position of the industrial working class. Between 1973 and 1985, Spain had the highest change in industrial unemployment in the developed West with an average annual decline of 4 %.35 Any government both committed to joining the European Community and to phasing out Spain’s inefficient industry would have faced the problem of massive unemployment. With respect to the expansion of the welfare state, the answer is more mixed. On the one hand, rising social expenditure on areas such as education and health care did not begin with the PSOE but with the UCD.36 It is not difficult to imagine that a more conservative party would have seen a need to bring Spanish levels of provision closer to the EC average. At the same time, however, there is a question of what an acceptable gap would be. Beginning in the 1989 campaign, the right-wing opposition Popular Party put the issue on the agenda with its calls for cut-backs in social spending, while the PSOE argued for increases. The PSOE also put those into effect after the election, for example, raising unemployment benefits, and increasing the number of beneficiaries for both unemployment and pensions.37 Tax policy suggests that a case can be made that the socialists did behave differently than what would have been expected from conservative governments. Not only did the PSOE raise taxes after coming to
35. OECD, Survey of Spain, Paris, OECD, 1992. 36. ZALDÍVAR and CASTELLS, op. cit., Chapter 3. 37. Pradeep CHHIBBER and Mariano TORCAL, "Elite Strategy, Social Cleavages and Party Systems in a New Democracy : Spain", Paper presented at the 1994 Annual Meeting of the American Political Science Association.
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power and make the system somewhat more progressive, but also this has become an important division between them and the PP. The PP’s 1989 platform also called for freezing income taxes for two years and lowering them after that, plus reducing the marginal rate for a number of income brackets. The PSOE’s response was a call to increase compliance with tax laws and continue to tackle tax fraud. After the election, to meet the higher expenses that resulted from higher social benefits and expanded coverage, they raised the value-added tax, increased personal income taxes on all but the lowest brackets, raised employers’ social security and sick leave contributions. Yet even if the case can be made that the PSOE or any social democratic party in power can be somewhat differentiated from its competition, especially that to its right, this is not a compelling argument that a specifically social democratic project still exists. Ross (this volume) and many others have pointed out that there are new types of leftist politics on the horizon.38 These include the rise of new demands based on lifestyle and social locations other than simply class. Organization-ally and programmatically, social democratic parties are confronted with new social movements which both bring new issues to the political agenda as well as challenge the hierarchy and political style of old parties. Whether or not social democratic parties are able to adapt to
38. There is by now a massive literature on the challenges faced by contemporary social democratic parties, especially those posed by new values and movements. See, for example, Ronald INGLEHART, "Value Change in Industrial Societies", American Political Science Review, vol. 81, 1987, p. 1289-1303 ; Herbert KITSCHELT, "Social Movements, Political Parties, and Democratic Theory", The Annals of the American Academy of Political and Social Science, July 1993, p. 13-29 ; Claus OFFE, "New Social Movements : Challenging the Boundaries of Institutional Politics", Social Research, vol. 5, 1985, p. 817-868 ; Robert ROHRSCHNEIDER, "Impact of Social Movements on European Party Systems", The Annals of the American Academy of Political and Social Science, July 1993, p. 157-170 ; David L. WEAKLIEM, "The Two Lefts ? Occupation and Party Choice in France, Italy and the Netherlands", American Journal of Sociology, vol. 96, 1991, p. 1327-1361 ; Howard L. REITER, "The Rise of the ’New Agenda’ and the Decline of Partisanship", West European Politics, vol. 16, 1993, p. 89-104. For specific discussions on political parties and movements in Spain, see José ALVAREZ-JUNCO, "Social Movements in Modern Spain : From the Pre-Civil War Model to Contemporary NSMs", in Enrique LARAÑA, Hank JOHNSTON and Joseph R. GUSFIELD (eds.), New Social Movements : From Ideology to Identity, Philadelphia, Temple University Press, 1994 ; and Patricia CRAIG, "Political Mediation, Traditional Parties and New Social Movements : Lessons from the Spanish Socialist Worker’s Party", Working Paper of the Center for Advanced Study in the Social Sciences of the Juan March Institute, Madrid (forthcoming).
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these challenges in a way that allows them to articulate a leftist vision and strategy that can sustain them, both electorally and organization-ally, in the future is an open question. However, understanding the content of the contemporary left-right divide is a crucial first step in answering it because this conditions the extent to which their vision will resonate. In addition, as Kitschelt notes, the ability of parties to refocus socialist discourse is partly country specific, depending on what sort of electoral competition they face.39 The type of party organization is also likely to influence a party’s ability to adapt to new left political forms. The final section addresses the PSOE’s prospects for the future by focusing on these key elements : the contours of the Spanish political spectrum, partisan competition and party organization. III.
THE FUTURE OF SOCIAL DEMOCRACY IN SPAIN
One of the remarkable features of the Spanish political landscape over the period in which the PSOE has been in power is that, ideologically, its direction had mirrored that of the Socialists. Survey data from the early 1980s reveals that, compared to its European neighbors, the Spanish public saw itself as more leftist than any other.40 There is a case to be made that the population itself has become more social democratic, in particular, much more accepting of capitalism as an economic system but not rejecting notions of a role for the state. Yet at the same time, average ideological self-placement on a left-right scale has stayed remarkably constant and slightly left of center at around 4.8 on a ten-point leftright scale, suggesting that the public, rather than moving right, has redefined the meaning of left in Spain. 39. Herbert KITSCHELT, "The Socialist Discourse and Party Strategy in West European Democracies", in LEMKE and MARKS, op. cit. 40. In 1982, the mean position on the 10-point left-right scale among the Spanish public was 4.8. For a discussion of ideological self-placement in Spain, see Giacomo SANI and José R. MONTERO, "El Espectro Politico : Izquierda, Derecha y Centro", in LINZ and MONTERO, op. cit., as well as Francisco Andres ORIZO, Los Nuevos Valores de los Españoles : Espana en la Encuesta Europea de Valores, Madrid, Fundación Santa María, 1991, for comparisons of political values between Spain and its neighbors. This tendency of the Spanish to place themselves further to the left than most other European publics continues : the 1991-1993 wave of the World Values study (World Values Study Group, World Values Survey 1990-1993, ICPSR#6160) shows that Spain and Italy, at 4.76 and 4.75 respectively, are the two countries with the most left average ideological self-placements. The overall European Community average is 5.14.
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Table 2 shows a typology of the legitimacy and efficacy of capitalism. Shortly after the Socialists came to power in 1983, there was a notable hostility towards capitalism, and the most common response (41 %) rejected both the notions that it was either the best or most efficacious system. By the end of the decade, the most common position is that capitalism is right for Spain and will allow its problems to be solved. In addition, just slightly more than half find that it is the best economic system. TABLE 2 Capitalism Typology Q.1 Is capitalism the best economic system for the country ? Q.2 Does capitalism allow the economic problems to be solved ?
1983
1990
Best/Solve
25.9
35.0
+9.1
Best/Does not solve
15.7
17.1
+1.4
3.4
5.5
+2.1
Neither
40.8
27.9
–12.9
NA
14.2
14.5
+0.3
Not best/Solve
CHANGE
Source : Encuestas DATA, S.A. 1983 N=3945 1990 N=1292
At the same time, Table 3 presents compelling evidence that there has been little movement toward a traditional right position with respect to the role of the state. This shows changes over time in attitudes toward the state’s ability to solve society’s problems. We might expect that as capitalism becomes viewed as more desirable, confidence in the state would also decline since state interventionism is generally associated with socialism or social democracy and retrenchment with a rise in capitalist sentiment. Yet, as Table 3 shows, there has been virtually no change at all in what people believe about the capacity of the state. This continued relative confidence in, or acceptance of, the state (almost two thirds think the state can solve many problems or better) is indicative of an acceptance of social democracy.
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Spain : In Search of Social Democracy
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TABLE 3 Problems That the State Can Solve 1983
1990
5.4
4
–1.4
The majority
19.9
23
+3.1
Many
37.4
34
–3.4
Only some
33.0
31
–2.0
3.4
5
+1.6
.9
2
+1.1
All
None NA
CHANGE
Source : Encuestas DATA, S.A. 1983 N=3945 1990 N=1292 This is not to say that the public’s view of state enterprise has remained constant. Indeed, as Table 4 shows, support for state ownership has dropped by half (from 8 % to 4 %) over the decade of the 1980s as the preferred form of how business and industry should be run. This option has declined across the ideological spectrum, and although the drop has been somewhat more dramatic on the right, those on the most left position have also decreased their support by half. It is also interesting to note that one of the tenets of the southern European left in the late 1970s and early 1980s — worker self-management — has lost a great deal of support over time. Here the decline has been most pronounced on the left. While in 1981 it was the preferred form of management for those on the left and tied for second for those at center-left, it has lost considerable ground among both groups as, for example, only a quarter of those on the left in 1991 chose this option, down from almost half in 1981. Clearly, there has been a shift in attitudes among the Spanish public with respect to some of the traditional positions staked out by social democratic discourse. When we look at the current relationship between certain economic, political, and cultural issues, and the left–right continuum, it is clear that some issues that once defined left and right have indeed lost saliency. The Figure uses data from the 1991 World Values Survey and shows graphically how the ideological spectrum relates to old and new issues.
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La social-démocratie en cette fin de siècle
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TABLE 4 Responses to : Which comes closest to your opinion about how business and industry should be managed ? by Ideological Self-Placement in percent 1981 Left
CenterLeft
CenterRight
Right
Total
Owners run business/ appoint managers
5.2
23.6
39.9
44.3
24.1
Owners & employees participate in selection of managers
35.6
46.1
36.5
31.5
40.0
Government should be owner and appoint managers
10.6
6.7
10.4
10.1
8.5
Employees should own business and elect managers
48.5
23.6
13.2
14.1
27.3
1991 Left
CenterLeft
CenterRight
Right
Total
Owners run business/ appoint managers
18.6
27.5
41.3
46.1
29.9
Owners & employees participate in selection of managers
49.7
50.2
47.1
40.2
48.4
Government should be owner and appoint managers
5.5
5.0
2.7
2.9
4.1
26.2
17.3
8.9
10.8
17.6
Employees should own business and elect managers
Source : World Values study Group, World Values Survey, 1981-84 and 1990-93, ICPSR #6160. 1981 N=1472 ;1991 N=2593
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Relationship of Left-Right Ideological Scale to Selected Economic, Political and Cultural Issues
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La social-démocratie en cette fin de siècle
Several features can be highlighted. First, in Spain, there is relative consensus across the left-right divide concerning the issue of individual versus state responsibility, and the mean for all positions on the ideological scale is closer to the position that the state should take more responsibility for social provision. This suggests that a certain consensus around some level of welfare state development exists which is true in most developed countries. Another issue which was once thought, especially in Spain, to divide the left and right is international, specifically European, versus national identity. Clearly, this has ceased to be a salient division. However, there continue to be splits between left and right. Social justice, in terms of greater income equality, continues to be an important feature of the left and they are also more likely to support government ownership of industry than the right. However, what is perhaps most striking is that these traditional dividing lines are much less sharp than the "new politics" issues, specifically abortion and homosexuality. Related to this, other data show that the gap between the left and right in terms of support of a variety of new social movements including feminism, antinuclear movement, and disarmament, is very wide, with much higher levels of support on the left.41 This suggests that this "left-libertarian" dimension to which Kitschelt points42 is one that is part of the left-right continuum in Spain, even if it has not presented a strong challenge yet to the PSOE. The declining electoral position of the PSOE, losing votes to both the Communists (IU) on the left and the Popular Party on the right, suggests that some incorporation of these new politics issues is necessary for its future. This is due to the changing nature of party competition in the 1990s. A key feature of the Spanish political landscape in the 1980s was that the PSOE was in the enviable position of facing a geographically fragmented and internally divided right. The non-democratic image of
41. According to data from the World Values Study, 1990-1993, support for most social movements in Spain declines from left to right self-identification. For example, of those on the left (positions 1 through 3 on the 10-point scale), 95 % approve or strongly approve of disarmament, 93 % the anti-nuclear movement and 78 % the women’s movement, compared with the comparable figures of 76 %, 74 % and 46 % of those on the right (positions 8 through 10). 42. Herbert KITSCHELT, The Transformation of European Social Democracy, Cambridge, Cambridge University Press, 1994.
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Spain : In Search of Social Democracy
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the opposition PP and its lack of implantation in some regions with a strong bourgeois-right electorate, like Catalonia and the Basque provinces, helped give the PSOE a monopoly on power. However, the PP replaced its leadership with younger, more dynamic figures in the late 1980s. They have begun to articulate a modern, non-authoritarian Spanish conservatism and have focused on economic policy with an emphasis on cutting taxes and social spending. This has essentially repoliticized the debate over the economy and has forced the PSOE to stake out a distinct position. At the same time, the Communists who were long eclipsed by the PSOE, partly due to their own internal disarray, have staged a resurgence, in part precisely by articulating some of these new politics issues. Recent polls suggest that they have become a serious challenge to the PSOE, not in the sense of surpassing them, but posing a danger of seizing enough of the left to force the PSOE from power.43 One option for the Spanish Socialists is to recapture their left identity, based on a reading of the contemporary polity which would include emphasizing and supporting new cultural issues. Such a strategy is difficult for many reasons and I will attempt to discuss only one here : internal party politics. Within the PSOE’s organization, there has been little pressure on the party leadership over time. As the first section of this chapter showed, the leadership has held strict control over the regional and provincial groups. The PSOE is not a mass party and many members are elected office holders who both depend on Madrid and also view the electorate as very moderate and are thus fearful of pursuing left solutions. In addition, no well-organized left exists within the party capable of articulating alternatives comparable to, for example, the now defunct CERES group in the Parti Socialiste Français. Izquierda Socialista (Socialist Left), a group of intellectuals and some strong local politicians organized an unofficial faction but with little nation-wide support out-side of Madrid and failed to make much impact within the party. 43. The quarterly poll for the newspaper El País, conducted by Demoscopia, S.A. in December, 1994 shows that 9.5 % of respondents said they would vote for the Communists (IU) in hypothetical general elections. This is an increase over responses in September 1994, when 8.1 % would vote communist, and over IU’s actual vote of 7.4 % in June 1993. See El País, December 18, 1994, p. 15-16. Perhaps more importantly, just over half of those who said they would vote communist believe that the PP will win the next general elections. This may make them less likely to cast the voto útil, or useful vote, for the PSOE, and more likely to vote communist in real elections, if they feel that the Socialists are not likely to win in any case.
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La social-démocratie en cette fin de siècle
However, some factors point to the potential for re-energizing the party and creating the conditions for discussion. First, the PSOE’s electoral decline is not only opening debate within the party but the possibility of losing not only national office but many local ones in the May 1995 municipal elections may cause the party to turn outward toward society and institute a dialogue with it. Second, like many other European parties in the 1990s, the PSOE has been severely tainted with corruption scandals at very high levels.44 This has resulted in a great deal of internal debate and questioning of the leadership. Finally, like the post-Mitterrand PS, a debate within the party will emerge in the relatively near future about the issue of succession. Gonzalez has for some time indicated his restlessness, and with his luster dimmed by the scandals, there may be less reluctance within the party to see him move on. Yet, without a clear replacement, the debate over leadership changes will have to involve a discussion of the party’s future course. The PSOE has been one of the most fortunate European social democratic parties in the last decade. Few others could claim little competition from either the right or new parties of the left such as the Greens. Yet, like its counterparts elsewhere, the PSOE is at a cross-roads. Whether they are able to reinvigorate a social democratic politics in Spain depends on keeping old allies as well as understanding new sources of ideological cleavage.
44. These include influencing peddling charges that forced former vice-President of the Government and party strongman Alfonso Guerra from office ; the arrest of the Governor of the Bank of Spain, Mariano Rubio and an associate, the head of the stock exchange, on insider trading charges ; a socialist party financing scandal involving major banks ; and most recently, charges that the Socialist government engaged in illegal activities in conducting its campaign against Basque terrorists. Among the many recent press articles on political corruption in Spain, see "Festering : Spain. (Prime Minister Felipe Gonzalez, and the peseta, falling in popularity due to political corruption scandals)", The Economist, Jan. 14, 1995, p. 47 ; Daniel SINGER, "The stench of corruption. (Letter from Europe)", The Nation, Jan. 2, 1995, p. 16-19 ; "Bunkered : Spain. (Prime Minister Felipe González overreacts to corruption charges)", The Economist, Nov. 19, 1994, p. 58 ; Ana WESTLEY, "Madrid weathers a string of scandals. (Madrid, Spain, stock market, government corruption scandals)", The New York Times, May 8, 1994 ; "Italian Style : Spain. (Spanish Prime Minister Felipe González faces political battle due to corruption charge)", The Economist, April 23, 1994, p. 51.
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La politique économique des gouvernements socialistes de l’Europe méridionale) Diane Éthier
Depuis la chute des dictatures, entre 1974 et 19782, les gouvernements démocratiques de l’Europe méridionale ont été dirigés par des partis socialistes pendant des périodes plus ou moins longues. En Grèce, le Mouvement panhellénique socialiste (PASOK) d’Andréas Papandréou a formé deux gouvernements majoritaires successifs, entre 1981 et 1989 ; il a de nouveau été reporté au pouvoir, avec une majorité absolue de sièges, en 1993. En Espagne, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Felipe Gonzalez a contrôlé le pouvoir exécutif sans interruption depuis 1982, faisant élire trois gouvernements majoritaires en 1982, 1986 et 1989 et un gouvernement minoritaire en 19933. Au Portugal, par contre, bien que le Parti socialiste (PSP) de
1.
Ce texte découle d’un projet de recherche financé par le FCAR et mené conjointement avec notre collègue Michel Duquette (« Libéralisation économique et démocratisation politique : étude comparative de six cas : Grèce, Espagne, Portugal, Chili, Brésil et Mexique »).
2.
La transition de l’autoritarisme à la démocratie s’est produite en 1974-1975 en Grèce ; entre 1976 et 1978 en Espagne ; entre 1974 et 1976 au Portugal. Sur le sujet, voir notamment : G. O’DONNELL, P. SCHMITTER et L. WHITEHEAD (dir.), Dansitions from Authoritarian Rule. Prospects for Democracy, vol. 1 Southern Europe, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1986.
3.
Le quatrième gouvernement de Felipe Gonzalez est néanmoins stable, car il a obtenu le soutien, au Congrès des députés, des nationalistes modérés du Parti nationaliste basque (PNV) et du CiU (catalan). II est composé aux deux tiers par des socialistes et au tiers par des indépendants.
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Mario Soares ait constitué une des deux principales formations politiques du pays au cours de la période postautoritaire, il n’a jamais réussi à accéder au pouvoir avec une majorité absolue de sièges. À la tête d’un gouvernement minoritaire entre 1976 et 1978, il a ensuite participé à deux gouvernements de coalition : avec le Centre démocratique et social (CDS, droite), en 1978-1979, et avec le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit), entre 1983 et 1985. Dans la mesure où la période postérieure à 1974 a été caractérisée par l’aggravation de la crise économique (chocs pétroliers de 1973 et 1979, récessions de 1974-1975 et 1980-1983), l’adhésion à la Communauté européenne (en 1981 pour la Grèce, en 1986 pour l’Espagne et le Portugal), la réalisation du marché unique européen (1986-1993) et la construction de l’Union économique et politique européenne (depuis 1993), les nouveaux gouvernements démocratiques de l’Europe méridionale ont été confrontés à la nécessité d’adopter d’importantes réformes économiques libérales, afin de résoudre la crise de leurs modèles autocentrés de développement et d’adapter leurs marchés aux nouvelles conditions de concurrence créées par les élargissements et l’intégration accélérée de l’Europe communautaire. Le bilan des politiques économiques mises de l’avant par les gouvernements sud-européens démontre, à cet égard, qu’il est difficile d’établir une ligne de démarcation claire entre la gestion des socialistes et celle des partis de la droite. En effet, en Grèce, tant les gouvernements de la Nouvelle Démocratie (centre-droit) que ceux du PASOK ont refusé d’entreprendre des réformes libérales approfondies au cours de cette période. En Espagne, par contre, les mesures d’ajustement libéral ont été amorcées par les gouvernements de centre-droit de l’Union du centre démocratique (UCD), entre 1977 et 1982, puis élargies et approfondies par le PSOE, au cours des années 80 et 90. Au Portugal, le PSP est le parti qui a appuyé le plus fermement l’objectif de l’ajustement au cours des premières années de la démocratie. Minoritaire à l’Assemblée nationale et confronté à l’opposition du Parti communiste (PCP), des syndicats, des groupes d’extrême gauche et de l’Église, il n’a cependant pas pu réaliser son programme de réformes lors de ses premiers mandats au gouvernement, entre 1976 et 1979. Toutefois, c’est le gouvernement de coalition PSD/PSP qui a lancé le processus d’ajustement entre 1983 et 1985. L’approfondissement de ce dernier, au cours de la période ultérieure, a été réalisé par les gouvernements majoritaires du PSD (1987, 1991, 1994). L’appui du PSP, principal parti d’opposition, et de Mario Soares, élu entre-temps à la présidence de la Répu-
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blique, a cependant été un facteur important du succès des réformes libérales au Portugal, depuis 1987. Ces constats démontrent que la classification idéologique traditionnelle des partis ne permet pas d’expliquer les différences qui caractérisent l’attitude des gouvernements face à l’ajustement. Par contre, ils tendent à confirmer les thèses de plusieurs études récentes, selon lesquelles le succès ou l’échec des réformes libérales dépendent de divers facteurs — économiques et politiques —, qui ont peu à voir avec la localisation à droite ou à gauche des partis dirigeants. La première partie de ce chapitre expose ces thèses. La deuxième présente le contenu et les résultats des politiques économiques des gouvernements du PASOK, du PSOE et du PSP. La troisième vérifie si les thèses énoncées dans la première partie du texte permettent d’expliquer adéquatement les raisons pour lesquelles les socialistes grecs ont globalement refusé la transition vers un nouvel ordre économique libéral, alors que les socialistes espagnols et portugais ont été de fervents défenseurs de cette dernière. I. L’AJUSTEMENT ÉCONOMIQUE L’« ajustement économique », expression popularisée par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale au cours des années 80, désigne un ensemble de mesures de stabilisation et de changement structurel inspirées du libéralisme et du néolibéralisme économique4. Le but des mesures de stabilisation à court terme (deux à cinq ans) est de corriger les principaux déséquilibres macroéconomiques engendrés par la poursuite, dans un contexte de déclin de la croissance et de mondialisation des marchés, de politiques économiques expansionnistes, protectionnistes et interventionnistes, inspirées du keynésianisme : endettement excessif des États, des entreprises et des particuliers, inflation élevée, soldes négatifs des échanges extérieurs, déficits budgétaires des gouvernements, etc. Lorsqu’elles ont une orientation orthodoxe, les mesures de stabilisation impliquent généralement une hausse des taux d’intérêt, l’adoption de taux de change réalistes (dévaluations monétaires), la
4.
Concernant la distinction entre ces deux courants de pensée, voir M. BEAUD et G. DOSTALER, La pensée économique depuis Keynes, Paris, Le Seuil, 1993, p. 149-169.
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diminution des barrières commerciales, l’augmentation des impôts et des taxes, le gel ou la réduction des dépenses publiques5. Les mesures de changement structurel à long terme (dix ans ou plus) visent à remplacer les modèles de développement autocentrés, de type keynésien, dans le cadre desquels la croissance repose sur l’extension de la demande interne, grâce à la protection du marché national et au soutien de l’État à la production et à la consommation, par un modèle libéral de développement au sein duquel la croissance dépend de l’élargissement de la demande externe (exportations), grâce à la libéralisation, à l’ouverture et à l’amélioration de la compétitivité du marché national. Compte tenu qu’il s’agit là d’un changement radical d’orientation, les mesures de changement structurel impliquent une modification de l’ensemble des politiques publiques, du rôle de l’État et du fonctionnement du système socioéconomique. Elles se traduisent notamment par la réduction des interventions de l’État dans l’économie (déréglementation, privatisations) ; la diminution des dépenses publiques dans les domaines qui n’ont pas d’impact sur la croissance des exportations (défense, programmes de soutien du revenu, fonction publique) ; leur augmentation dans les domaines susceptibles d’améliorer la compétitivité et la capacité d’exportation des entreprises (formation professionnelle, environnement, modernisation technologique, commercialisation) ; la réduction des coûts de production (limitation de la croissance des salaires, libéralisation des lois du travail, contrôle de l’inflation) ; l’approfondissement de la libéralisation des échanges à travers la signature d’accords internationaux ou régionaux. Si les mesures d’ajustement ont certains effets bénéfiques pour l’ensemble de la population (baisse des prix, amélioration de la qualité de l’environnement), elles impliquent également des coûts de transition importants (pertes d’emplois, baisse des salaires, alourdissement du fardeau fiscal, précarisation des postes de travail, etc.), en particulier pour les groupes dépendant du modèle keynésien : fonctionnaires, dirigeants des sociétés publiques, entreprises tournées vers le marché
5.
Dans le cadre d’une politique hétérodoxe de stabilisation, ces mesures ont une portée plus limitée et sont appliquées de façon plus graduelle ; le gel des prix et des salaires est souvent préféré à la hausse des taux d’intérêt comme instrument de lutte contre l’inflation ; les dévaluations monétaires sont plus rares. Sur les différences entre stabilisation orthodoxe et hétérodoxe, voir M. KAHLER u Orthodoxy and its Alternatives : Explaining Approaches to Stabilization and Adjustment », dans J. NELSON (dir.), Economic Crisis and Policy Choice, Princeton, Princeton University Press, 1990, p. 33-63.
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local, bénéficiaires des programmes sociaux, syndiqués. Ces coûts, et les risques de contestation politique qu’ils comportent, ont incité certains auteurs à croire que les réformes libérales étaient plus faciles à réussir dans les régimes autoritaires ou les démocraties dirigées par des gouvernements conservateurs majoritaires, que dans les démocraties dominées par des gouvernements minoritaires de gauche ou de centre-gauche6. D’autres spécialistes, en contrepartie, ont soutenu que les gouvernements démocratiques socialistes ou sociaux-démocrates étaient plus aptes à réaliser un large consensus social sur le bien-fondé de l’ajustement, en raison de leurs liens privilégiés avec les syndicats et les organisations populaires7. Ces thèses sont cependant infirmées par les nombreuses autres études qui ont évalué les performances et les conditions des processus d’ajustement dans divers pays, depuis 19908. Ces travaux révèlent que ni la nature du régime politique, ni la catégorisation idéologique du ou des partis au pouvoir, ni la composition du gouvernement ne constituent des variables décisives et universelles du succès de l’ajustement, c’est-à-dire l’application, pendant plusieurs années, d’un ensemble cohérent de mesures de stabilisation et de changement structurel, dans un contexte de relative stabilité politique. Par contre, ils indiquent que la réussite des réformes libérales dépend, dans tous les cas : 1) de l’existence, au sein de la haute bureaucratie, d’une équipe compétente, unie et résolue de technocrates et d’économistes capable d’élaborer un programme d’ajustement complet, cohérent et adapté à la situation économique spécifique du pays ; 2) de la détermination et de la cohésion des membres du gouvernement. La première condition est jugée difficile à réaliser dans toutes les configurations politiques, notamment parce que la haute bureaucratie
6.
Voir K. REMMER, « Democracy and Economic Crisis », World Politics, vol. XLII, n° 3, avril 1991, p. 315-335.
7.
Voir la conclusion de S. HAGGARD et R.K. KAUFMAN (dir.), The Politics of Economic Adjustment, Princeton, Princeton University Press, 1992.
8.
Notamment : REMMER, loc. cit. ; NELSON, op. cit. ; J. NELSON (dir.), A Precarious Balance. Democracy and Economic Reforms in Latin America and Eastern Europe, 3 vol., Washington (D.C.), International Center for Economic Growth and Overseas Development Council, 1994 ; HAGGARD et KAUFMAN, op. cit. ; S. HAGGARD et S. WEBB (dir.), voting for Reform. Liberalization, Democracy and Economic Adjustment, Washington (D.C.), World Bank, 1992 ; J. WILLIAMSON (dir.), The Politics of Policy Reform, Washington (D.C.), Institute for International Economics, 1994 ; W. SMITH, C. ACUÑA et E. GAMARA (dir.), Democracy, Markets and Structural Reform in Latin America, University of Miami, Transaction Press, 1994.
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est un des acteurs les plus menacés par le processus d’ajustement. La détermination des membres du gouvernement est perçue comme une variable dépendant de l’évaluation que font les décideurs des coûts et des bénéfices de l’ajustement. Cette évaluation est liée à l’influence de trois facteurs principaux : l’estimation de la gravité des problèmes économiques et de l’efficacité des mesures de stabilisation et de changement structurel, l’incidence des pressions et des aides extérieures, le calcul des risques politiques (pertes de votes, mouvements de protestation) inhérents aux réformes. Le premier facteur dépendrait moins de l’ampleur objective des difficultés économiques et de l’expertise des décideurs (qui peut être compensée par celle des technocrates et des conseillers nationaux ou étrangers), que de leur niveau d’adhésion aux vertus du libéralisme économique. L’impact relatif des pressions et des aides extérieures sur la détermination des décideurs est mis en relation avec la conditionnalité des aides et le degré spécifique de dépendance de l’État demandeur. L’évaluation des risques politiques est reliée à l’attitude, favorable ou défavorable, des partis de l’opposition et des groupes d’intérêt à l’égard de l’ajustement, au degré d’influence et à la capacité de mobilisation de ces organisations, ainsi qu’à celle du gouvernement de les rallier à sa politique d’austérité par l’octroi de mesures de compensation destinées à atténuer les coûts de cette politique. Dans tous les cas, la détermination du gouvernement face au processus d’ajustement est associée à la cohésion, c’est-à-dire à la convergence des points de vue, des membres de l’exécutif. Les études sur le sujet précisent à cet égard que l’unité des décideurs n’est pas nécessairement plus grande au sein d’un gouvernement monopartite et majoritaire qu’au sein d’un gouvernement minoritaire ou de coalition. II. LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE DES GOUVERNEMENTS SOCIALISTES D’EUROPE MÉRIDIONALE9 La politique économique du PASOK (1981-1989) Au cours de son premier mandat (1981-1984), le PASOK a poursuivi la politique économique expansionniste, interventionniste et nationaliste des gouvernements précédents de la ND, en dépit de l’accentuation de la
9.
Dans la mesure où il n’existe pas d’étude approfondie sur ce sujet, nous avons dû consulter une multitude de documents qu’il nous est impossible de citer ici. Nous ne mentionnons que quelques-unes des sources les plus importantes. R. HUDSON
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crise économique interne, entre 1974 et 198010, et des effets de la récession internationale de 1980-1983. S’inspirant largement de la stratégie keynésienne mise de l’avant par les socialistes français, le gouvernement Papandréou a accru l’endettement externe de l’État afin de financer une augmentation des dépenses publiques destinée à relancer la production et l’emploi, à soutenir la demande et à harmoniser ses institutions et ses politiques avec celles de la Communauté européenne (CE), à laquelle la Grèce a adhéré en 1981. Cette politique s’est traduite, notamment, par un programme massif de nationalisations (Esso-Grèce, chantiers navals de Skaramanga, cimenteries La Calcidique, La Héraclès, Le Style hellénique) et d’aides financières qui a touché 44 entreprises en difficulté, l’électrification de 35 % des voies ferrées, la garantie de prêts de 5 millions de drachmes sur 15 ans à des projets de construction immobilière, l’embauche de centaines de nouveaux fonctionnaires, l’indexation des bas salaires, l’augmentation du nombre de bénéficiaires des régimes publics de retraite, l’élargissement de l’accessibilité à l’éducation et aux soins de santé, la réforme de la police. Si ces mesures ont amélioré le niveau des revenus et accru la consommation, elles n’ont pas eu d’effet positif sur la croissance et l’emploi : le taux de croissance annuel moyen du produit intérieur brut (PIB) a été quasiment nul (0,1 % en 1982, 0,3 % en 1984) ; le taux de croissance annuel moyen de la production industrielle, qui avait été de 4,4 % entre 1973 et 1979, est tombé à 1,4 % ; le taux de chômage a doublé, passant de 4,3 % en 1982 à 9 % en 1985. Par ailleurs, cette politique
et J. LEWIS, Uneven Development in Southern Europe, Londres, Methuen, 1985 ; J.M. MARAVALL, u Politics and Policy : Economic Reforms in Southern Europe », dans J.M. MARAVALL, L.C.B. PEREIRA et A. PRZEWORSKI, Economic Reforms in New Democracies : A Social-Democratic Approach, Cambridge/New-York, Cambridge University Press, 1993, p. 77-132 ; A. GROSSER (dir.), « Les pays de l’Europe occidentale », sections consacrées à la Grèce, à l’Espagne et au Portugal, Notes et Études documentaires (1983-1993) ; OCDE, Études économiques - Grèce, Espagne, Portugal - (publication annuelle par pays), Paris, OCDE, 1980-1993 ; C.A. ZALVIDAR et M. CASTELLS, España, Fin de Siglo, Madrid, Alianza Editorial, 1992 ; R. CLOGG (dir.), Greece 1981-89 : The Populist Decade, New York, St. Martin’s Press, 1993 ; S. BOUTILLIER et D. UZUNDIS, La Grèce face à l’Europe, Paris, L’Harmattan, 1991 ; T. GALLAGHER et A.M. WILLIAMS (dir.), Southern European Socialism, Manchester/New York, Manchester University Press, 1989 ; J.L. DELGADO (dir.), Economica española. La transición y la democracia, Madrid, Centro de Investigaciones sociologicas (CIS), 1990. 10. Au cours de cette période, en effet, le taux d’inflation a grimpé de 15,4 % à 19,8 % ; le taux de croissance annuel moyen du produit intérieur brut (PIB) a chuté de 7,7 % à 3,5 % ; le taux annuel moyen de formation de capital brut a diminué de 12,3 % à 1,25 % ; près de 300 entreprises ont été acculées à la faillite.
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expansionniste a aggravé les problèmes d’inflation et d’endettement : le taux d’inflation annuel, qui était de 19,8 % en 1979, a atteint 25 % en 1985 ; la part du PIB absorbée par la dette publique accumulée, qui était de 47,2 %, en 1981, a augmenté à 84,1 %, en 1985, alors que la part du PIB accaparée par la dette externe est passée de 7,9 % à 10,6 %. Au cours de son second mandat au pouvoir (1985-1989), le PASOK s’est engagé contre toute attente (cette question n’ayant pas été abordée durant la campagne électorale) dans une politique économique plus libérale. Ce virage s’est concrétisé par l’adoption d’un plan de stabilisation et de certaines réformes structurelles. La politique de stabilisation s’est traduite par une dévaluation du drachme de 15 %, l’obligation pour les entreprises de payer à l’avance divers produits d’importation, l’abaissement du niveau d’indexation des salaires (l’indexation étant désormais établie sur la base du taux d’inflation réel plutôt que prévu et calculée indépendamment de l’augmentation du prix des importations), une réduction de 4 % des besoins d’endettement de l’État grâce à un resserrement des dépenses publiques et du contrôle fiscal, l’imposition d’une taxe exceptionnelle sur les profits des sociétés, les revenus des travailleurs autonomes et les loyers, la diminution de certains allègements fiscaux, la hausse des taux d’intérêt, la fermeture de certaines entreprises publiques déficitaires et la nationalisation de la dette des autres sociétés d’État, la conversion de cette dernière en capital-actions souscrit par la Banque nationale de Grèce et l’Office de redressement des entreprises, la libéralisation des législations sur les investissements domestiques et étrangers, l’adoption de diverses mesures de lutte contre le chômage. Les interventions structurelles ont donné lieu à une déréglementation du système financier, afin d’harmoniser son fonctionnement avec celui des États de la CE, et à une réforme de la fonction publique destinée à accroître son efficacité et sa productivité. Cette politique d’ajustement, combinée avec les aides généreuses de la CE11, a eu plusieurs effets positifs : le taux d’inflation annuel est passé de 25 %, en 1985, à 12 %, en 1988, malgré l’introduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui a entraîné une hausse du prix des biens de consommation de 4 % ; les besoins de financement des admi-
11. Notamment : des subventions de 362,9 millions d’écus (mécus) — un écu équivaut approximativement à un dollar US — et des prêts et dons de 268,4 mécus dans le cadre des Programmes méditerranéens intégrés (PIM) destinés à moderniser les structures agricoles ; une aide de 88 mécus pour l’application des nouvelles technologies de télécommunications.
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nistrations publiques ont décliné de 5 % ; le déficit de la balance des comptes courants, qui avait atteint le niveau record de 3,3 milliards de dollars US en 1985, est tombé à 1,3 milliard en 1987, tout en étant refinancé par des emprunts à long terme plutôt qu’à court terme ; le coût unitaire de la main-d’œuvre a baissé de 11 % ; la rentabilité des entreprises et le volume de capital de risque ont augmenté. Toutefois, en raison de ses limites et de son abandon par le gouvernement Papandréou dès 1988, cette politique d’austérité n’a résolu aucun des problèmes fondamentaux de l’économie grecque. Les investissements ont continué à décroître (–6,2 % en 1986 ; –7,8 % en 1987) ; le niveau de la production industrielle est demeuré stagnant ; la dette extérieure a doublé entre 1981 et 1987, pour atteindre 44,8 % du PIB ; le déficit de la balance commerciale a atteint 20 % du PIB en 1987 ; la productivité et la compétitivité des entreprises sont demeurées très faibles. La politique économique du PSP Les cinq gouvernements provisoires du Mouvement des forces armées (MFA) qui ont dirigé le Portugal entre avril 1974 et septembre 1975 ont appliqué une politique économique expansionniste, interventionniste et socialiste qui s’est traduite, notamment, par la nationalisation de 27 % des entreprises, la collectivisation de plusieurs grandes exploitations agricoles, une augmentation de 25 % des salaires et une hausse des dépenses publiques supérieure à celle du PIB, qui a servi principalement à financer les entreprises en difficulté. L’aggravation de la crise économique, provoquée par cette politique, a forcé le sixième gouvernement provisoire à adopter un plan de stabilisation afin d’avoir accès aux prêts du FMI, des États-Unis et de la CE. Cette situation explique que malgré l’adoption, en avril 1976, d’une constitution comportant de nombreuses dispositions à caractère socialiste, le premier gouvernement constitutionnel socialiste minoritaire de Mario Soares (1976-1978) ait mis de l’avant une politique économique d’inspiration libérale. Ce dernier, en effet, mit fin aux nationalisations et à la collectivisation des terres, dévalua l’escudo, limita la croissance annuelle des salaires à 15 %, réduisit les subventions aux entreprises publiques et adopta diverses mesures destinées à stimuler l’activité du secteur privé. Cette politique se heurta cependant à une forte opposition de la part de certains secteurs de la droite, de la gauche du Parti socialiste, du Parti communiste, du Mouvement des forces armées (MFA) et des organisations d’extrême gauche et des syndicats. Grâce à la formation de trois coalitions successives avec le
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CDS, en 1978-1979, l’équipe de Mario Soares parvint à appliquer sa politique d’austérité pendant une brève période de 24 mois. La multiplication et la radicalisation des affrontements politiques eurent cependant raison des efforts d’ajustement. Le nouveau gouvernement formé par l’Alliance démocratique (AD-coalition PSD/CDS), en juillet 1979, revint à une politique économique laxiste qui provoqua une nouvelle augmentation de l’inflation et du déficit de la balance des paiements, ainsi qu’une aggravation des déséquilibres macroéconomiques. Malgré son rejet dans l’opposition, le PSP continua néanmoins d’appuyer l’objectif de l’ajustement. C’est largement grâce à son soutien que put être adoptée par l’Assemblée nationale la réforme constitutionnelle de 1982, entreprise par le gouvernement de l’AD, réforme qui éliminait les dispositions socialistes de la constitution de 1976 et le contrôle du MFA sur le pouvoir exécutif, principaux obstacles juridiques à la mise en œuvre de réformes structurelles libérales. De retour au pouvoir en 1983, grâce à une alliance avec le PSD, le PSP relança le processus de libéralisation économique, profitant d’une relative accalmie des manifestations d’opposition en raison de la persistance et de l’aggravation de la crise économique. Le gouvernement PSP/PSD fit adopter sans opposition une loi rétablissant l’initative privée dans le secteur des banques et des assurances et une législation autorisant les licenciements collectifs dans des cas « d’extrême urgence » ; il mit en œuvre un programme de stabilisation en vue d’obtenir de nouveaux emprunts et garanties de la part des institutions financières internationales. Ce plan incluait notamment une nouvelle dévaluation de l’escudo, une réduction des importations de biens de consommation durables, une hausse du prix des biens de consommation essentiels, la diminution des dépenses publiques, la hausse des taux d’intérêt et l’augmentation des impôts. Toutefois, la reprise des mouvements de protestation, dirigés par l’Église, les syndicats, le PCP et la gauche du PSP, ainsi que la rupture, en 1985, de la coalition gouvernementale par le nouveau chef du PSD, Anibal Cavaco Silva, qui reprochera au PSP de freiner la mise en œuvre du plan de stabilisation, mettront fin prématurément à cette seconde tentative socialiste d’ajustement12. À partir de 1985, ce sont les gouvernements successifs du PSD qui élaboreront et mettront en œuvre un
12. Selon A.M. WILLIAMS, « Socialist Economic Policies », dans GALLAGHER et WILLIAMS, op. cit, p. 191, Cavaco Silva aurait au contraire reproché au PSP d’avoir poussé l’austérité trop loin.
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ensemble de mesures de stabilisation et d’ajustement structurel, dont l’ampleur, la portée et les résultats s’approfondiront considérablement après l’entrée du Portugal dans la CE, dans le contexte de la réalisation du marché unique et de l’Union économique et monétaire européenne. Malgré la persistance des rivalités entre le PSD et le PSP au cours de cette période, et notamment lors de l’élection présidentielle de 1986 qui sanctionnera la victoire de Mario Soares, les socialistes portugais soutiendront avec constance les réformes économiques du PSD. La politique économique du PSOE (1982-1993) C’est la signature des Accords de la Moncloa, à l’automne 1977, qui a permis aux premiers gouvernements démocratiques de l’UCD, dirigés par Adolfo Suárez (1977-1979) et Calvo Sotelo (1979-1982), de mettre en œuvre un ensemble important de mesures de stabilisation et de changement structurel. Négociés entre le gouvernement et les principaux partis politiques (UCD, PSOE, PCE — Parti communiste espagnol —, AP — Alliance populaire), ces accords proclamaient l’appui de l’ensemble des forces politiques à la démocratie et à la poursuite du développement capitaliste national dans un cadre libéral et européen. Sur le plan économique, ils comportaient une série de mesures destinées à combattre le chômage, à réduire l’inflation, à diminuer l’endettement du secteur public, à restreindre la croissance des salaires, à assouplir les lois du travail. L’application de ces accords donnera lieu à une réforme du régime fiscal et de la sécurité sociale (1977-1979), à une libéralisation du système financier (1977-1981), des investissements étrangers (1979), des prix (1977, 1981) et des législations du travail, notamment des procédures de congédiement et de la durée des contrats de travail (1977-1978, 1980, 1981). Malgré leur importance indéniable13 et certains résultats positifs (réduction du taux d’inflation de 30 à 15 % ; augmentation de la part du commerce extérieur dans le PIB de 8 % ; accroissement des revenus de l’État de 5 %), ces réformes ne permirent pas de résoudre les déséquilibres et les problèmes structurels de l’économie espagnole. Dès son accession au pouvoir en 1982, le PSOE, signataire des Accords de la Moncloa, s’est donc engagé à « compléter la transition économique », c’est-à-dire la normalisation ou
13. Voir N. BERMEO, « Sacrifice, Sequence and Strength in Successful Dual Transition : Lessons from Spain », The Journal of Politics, vol. 56, n ° 3, août 1994, p. 601-627.
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l’adaptation de l’économie espagnole aux règles du libéralisme, désormais prédominantes à l’échelle mondiale14. Et il est demeuré fidèle à cet engagement en appliquant sans interruption un ensemble important et cohérent de mesures d’ajustement au cours de ses quatre mandats successifs. Dès son entrée en fonction, en 1982, le gouvernement de Felipe González a pris des mesures de stabilisation radicales, dévaluant la peseta de 8 % et augmentant les prix du carburant de 20 %. Au cours des années suivantes, la stabilisation s’est poursuivie avec une augmentation des taux d’intérêt, une limitation de la croissance des dépenses publiques, une hausse des revenus de l’État grâce à un approfondissement de la réforme fiscale. Les gouvernements socialistes ont également adopté une série de réformes structurelles majeures. Ils ont réduit et libéralisé le secteur public grâce à la rentabilisation et à la reconversion des entreprises publiques, à la privatisation complète ou partielle de certaines d’entre elles, à l’abolition ou à la diminution des contrôles et réglementations étatiques dans plusieurs secteurs d’activité. Ils ont complété la libéralisation des marchés agricoles, imposée par les traités d’adhésion à la CE et l’AUE, par une modernisation des structures agricoles (expropriation des terres en friche, remembrement des minifundios, travaux d’irrigation, reconversion de certains productions, formation de la main-d’œuvre). Ils ont poursuivi la rationalisation du secteur énergétique entreprise par l’UCD, en adoptant de nouvelles mesures destinées à réduire la consommation d’énergie, à diversifier et à accroître l’efficacité des sources d’énergie. L’abolition des barrières tarifaires et non tarifaires dans le secteur industriel, à la suite de l’adhésion à la CE, a incité les socialistes à renforcer et à appliquer le décret royal de 1981 prévoyant la reconversion de 11 branches du secteur manufacturier. Au total, entre 1982 et 1992, 791 entreprises ont été touchées par ce processus, dont 683 dans le textile, 27 dans les chantiers navals et 17 dans la fabrication de composantes électroniques. Les modalités de la reconversion ont varié d’une branche à l’autre (modernisation technologique, restructuration financière, diminution des coûts de production, fusion des entreprises), occasionnant une diminution de 28 % des postes de travail. Le coût social de ces licenciements a cependant été limité, puisque 25 % d’entre eux ont été des mises à la retraite
14. J.M. MARAVALL, op. cit., p. 94
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prématurées et que les autres ont donné lieu à des compensations financières généreuses15. Le processus d’ajustement s’est également traduit par une libéralisation du secteur financier et des régimes des relations de travail et de la sécurité sociale. Dans ces deux derniers domaines, les réformes ont eu pour principaux effets de limiter la croissance des salaires, de flexibiliser les procédures d’embauche et de congédiement et de transférer à l’État et aux travailleurs une partie du coût des cotisations sociales défrayées par les employeurs16. Ces coûts sociaux ont toutefois été compensés par une série de mesures — plus grande accessibilité à l’éducation et aux soins de santé, extension de la participation des travailleurs à la gestion des entreprises, programmes de formation professionnelle et de lutte contre le chômage, etc. — financées en partie par les programmes d’aide de la CE. À plusieurs niveaux, les résultats de la politique économique des gouvernements PSOE ont été spectaculaires. Entre 1982 et 1992, le taux de croissance annuel moyen a été de 3,2 %, une performance supérieure à celle de tous les pays d’Europe. Le taux d’inflation a diminué de 14,2 % à 5,5 % ; le déficit budgétaire du gouvernement central, en proportion du PIB, a régressé de 5,4 % à 3 %. Par contre, l’endettement du gouvernement a fortement progressé, le déficit de la balance commerciale a plus que quintuplé et le taux de chômage est demeuré très élevé17. L’aggravation de ces problèmes structurels ne doit pas, cependant, être imputée uniquement aux lacunes de la gestion économique du PSOE, puisqu’elle résulte d’une série de facteurs
15. Les employés congédiés ont eu le choix entre des indemnités généreuses et des prestations d’assurance-chômage ou une prise en charge par le Fonds de promotion de l’emploi (FPE) qui, durant trois ans, leur versait 80 % de leur salaire, leur permettait de se perfectionner ou de se recycler et offrait aux employeurs des subventions pour les inciter à embaucher ces travailleurs. 16. Sur les réformes du régime des relations de travail en Espagne, l’étude la plus complète est celle de R. McELRATH, « Trade Unions and the Industrial Relations Climate in Spain », European Studies, n° 10, chap. 3, p. 48-104, Industrial Research Unit, The Wharton School, University of Pennsylvania, 1989. 17. Entre 1982 et 1993, la dette du gouvernement central en proportion du PIB est passée de 24,1 % à 46,1 % ; le taux de chômage a fluctué entre 16 et 21 % ; le déficit de la balance commerciale, qui était de 9,2 milliards $US, au début de la période, a atteint 28,2 milliards $US à la fin. Source : EUROSTAT, Monnaie et Finance, mars 1994 ; Statistiques de Base de la Communauté, 1994 ; Économie Européenne, Supplément A, n°5, mai 1994.
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(effets de l’adhésion à la CE, forte croissance démographique, etc.) largement indépendants de l’action gouvernementale18. III. LES DÉTERMINANTS DU SUCCÈS OU DE L’ÉCHEC DE L’AJUSTEMENT SOUS LES GOUVERNEMENTS SOCIALISTES D’EUROPE MÉRIDIONALE19 Nous avons déjà indiqué que, selon la littérature récente sur le sujet, le premier facteur qui détermine le succès de l’ajustement est l’existence, au sein du gouvernement et de la haute bureaucratie, d’une équipe cohérente et compétente d’économistes favorables à cette politique. Il est cependant difficile de vérifier l’incidence de cette variable sur l’échec relatif (en Grèce), le succès mitigé (au Portugal) et la réussite (en Espagne) des politiques d’ajustement des gouvernements socialistes, puisque les informations dont nous disposons sur le sujet sont très fragmentaires. On sait néanmoins qu’en Espagne Felipe Gonzalez s’est entouré d’économistes de haut calibre, tels Miguel Boyer et Carlos Solchaga, qui étaient convaincus de la nécessité des réformes libérales et qui ont su rallier à leurs vues les cadres des principaux ministères à vocation économique. Au Portugal et en Grèce, par contre, les gouvernements de Mario Soares et Andréas Papandréou ont été confrontés à l’opposition de plusieurs responsables de la politique économique, au sein du cabinet, de la direction de leur parti et de la fonction publique20. Le second facteur qui conditionne le succès de l’ajustement est la détermination de tous les membres du gouvernement à réaliser les réformes, variable elle-même dépendante de l’évaluation que font les décideurs des coûts et des bénéfices des réformes. Cette évaluation est principalement reliée à trois facteurs : l’estimation de la gravité des
18. Voir : D. ÉTHIER, « Les impacts de l’adhésion à la Communauté européenne sur la balance commerciale de l’Espagne et du Portugal », Études internationales, vol. XXII, n° 1, mars 1991, p. 25-47 ; et, du même auteur, « The Labour Market Changes in Spain and Portugal within the Context of their Integration into the European Community », Social Development Issues, vol. 14, n ° 2-3, 1992. 19. Cette partie du texte présente une version plus élaborée d’un article paru dans Interface, vol. 16, n° 1, janvier-février 1995, p. 16-30. 20. Tel fut le cas, notamment, de Lopes Cardoso, ministre de l’agriculture dans le gouvernement PSP de 1976-1978, de Marcelo Curto, ministre du travail dans le gouvernement PSP/PSD de 1983-1985, et de Koutsogioros et Gennimatas, dans le gouvernement PASOK de 1985-1989.
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problèmes économiques et de l’efficacité des mesures libérales, les pressions et les aides extérieures et le calcul des risques politiques inhérents à l’application des réformes. Nous vérifierons ci-dessous dans quelle mesure ces facteurs permettent de comprendre l’attitude différente des gouvernements socialistes grec, portugais et espagnol face à l’ajustement. L’évaluation de la gravité de la crise et de l’efficacité du libéralisme économique Selon la littérature précitée, l’estimation que font les décideurs de la gravité de la crise et de l’efficacité des mesures d’ajustement est davantage inspirée par leur attitude — positive ou négative — à l’égard du libéralisme économique que par leur affiliation à la droite, au centre ou à la gauche de l’échiquier politique. Les cas sud-européens confirment cette thèse. Les problèmes économiques auxquels ont fait face la Grèce, l’Espagne et le Portugal, durant la période postérieure à 1975, étaient en effet d’une nature et d’une sévérité comparables en raison de la grande similitude des modalités antérieures de développement des trois pays21. Pourtant, en Grèce, les gouvernements de la ND et du PASOK ont reporté et circonscrit les mesures d’ajustement, alors qu’en Espagne et au Portugal les gouvernements de l’UCD et du PSOE et ceux du PSP et du PSD ont défendu ces mesures. Ces différences sont largement imputables à la position de ces différents partis à l’égard du libéralisme économique. En ce qui concerne les partis socialistes, l’examen de leur histoire démontre que le PASOK n’a jamais véritablement entériné cette doctrine, alors que le PSOE et le PSP y ont adhéré au cours des années 70. Entre 1974 et 1981, Andréas Papandréou a fait du PASOK un des deux principaux partis politiques grecs, en exploitant l’espace politique vacant entre le projet capitaliste-libéral et pro-occidental de la ND et le projet communiste nationaliste du KKE. Se présentant comme le parti de tous les « non-privilégiés exploités par l’oligarchie monopoliste et étrangère », le PASOK a promu une « troisième voie vers le socialisme », fondée sur la socialisation des moyens de production, la libéralisation nationale, la cogestion des entreprises, la décentralisation de
21. Pour une étude approfondie des modalités comparables de développement autocentré des pays de l’Europe méridionale (1960-1970) et de la crise de ce modèle (1970-1980), voir HUDSON et LEWIS, op. cit.
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la planification économique et une politique extérieure « non alignée ». Bien qu’une fois au pouvoir le PASOK n’ait jamais appliqué ce programme, défendant plutôt une vague plate-forme de changement (Allaghi), susceptible de justifier à la fois la politique économique expansionniste et nationaliste du premier mandat et les timides mesures d’ajustement du second, il n’a jamais adhéré aux principes du libéralisme économique22. Le PASOK est demeuré un parti fondamentalement nationaliste et populiste. Son nationalisme s’est traduit par un accroissement du rôle de l’État dans l’économie, entre 1981 et 1986, et par une politique étrangère centrée sur la solidarité avec les pays du TiersMonde, la diversification des alliances de la Grèce entre l’URSS et le bloc occidental, la dénonciation des bases américaines en Grèce et le rejet, jusqu’en 1981, du projet d’adhésion à la CE23. Son populisme s’est concrétisé par l’adoption d’un discours électoraliste, volontairement vague et changeant, non appuyé sur un ensemble cohérent de politiques, destiné à rallier les masses populaires au-delà des distinctions et des contradictions de classes. Comme le souligne Lyrintzis24, ce discours démagogique s’est avéré efficace en raison de l’importance, de la diversité et de l’interpénétration des couches moyennes grecques, sa principale base sociale, et en raison de ses pratiques clientélistes, fondées sur la distribution de bénéfices aux groupes les plus influents de son électorat. Le PSOE, par contre, a adhéré progressivement aux principes du libéralisme économique durant les années 70. Parti ouvrier et marxiste très influent à l’époque de la seconde république (1931-1939), mais fortement affaibli par la répression de ses militants et l’exil de ses dirigeants sous le régime franquiste (1939-1975), le PSOE est devenu, sous la direction de Felipe Gonzalez et de son équipe, originaires de l’Université de Séville, et avec l’appui du Parti social-démocrate allemand (SDP) et de l’Internationale socialiste, un parti multiclassiste, technocratique, pragmatiste et centriste. S’appuyant sur le courant rénovateur, à l’œuvre au sein du parti depuis les années 50, les
22. C. LYRINTSIS, « Pasok in Power : the Loss of the Third Road to Socialism », dans GALLAGHER et WILLIAMS, op. cit., p. 35. 23. Voir S. VERNEY, « To Be or not to Be in the European Community : the Party Debate and Democratic Consolidation in Greece », dans G. PRIHAM (dir.), Securing Democracy. Political Parties and Democratic Consolidation in Southern Europe, Londres/ New-York, Routledge, 1990, p. 203-224. 24. Voir note 22 et u PASOK in Power : from ’Change’ to Disenchantment », dans CLOGG, op. cit., p. 26-47.
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« andalous » ont modifié la base sociale, le membership et la composition des organes de direction du parti, afin d’en faire un parti pluraliste et dominé par les classes moyennes, entre 1968 et 1972. Ces transformations ont contribué à modifier l’idéologie du parti. Abandonnant ses projets de lutte armée contre la dictature franquiste, de restauration de la seconde république et d’instauration du socialisme, le PSOE a appuyé, conjointement avec le Parti communiste, une transition pacifique de l’autoritarisme à la démocratie, l’établissement d’une monarchie constitutionnelle, la poursuite du développement d’un capitalisme libéral et l’adhésion de l’Espagne à la CE. Ces changements idéologiques ont été complétés au congrès de 1979 par l’abandon de toute référence au marxisme dans le programme et les statuts du parti. En raison de l’élargissement et de la modification sociologique du membership et de l’électorat du PSOE, la gauche traditionnelle du parti s’est trouvée marginalisée et n’a pu s’opposer à cette transition vers la social-démocratie. Lors des congrès du début des années 80, cette gauche, rassemblée au sein d’Izquierda socialista, n’était plus représentée que par 8 % des délégués25. Si le PSOE est un parti métamorphosé, le PSP est un parti entièrement nouveau, créé par Mario Soares en Allemagne de l’ouest en 1973, un an avant la révolution des Œillets. Dès son congrès de fondation, financé par la fondation Friedrich Ebert, proche du SDP et de l’Internationale, le PSP a adopté un programme marxiste non dogmatique qui appuyait l’instauration d’une démocratie pluraliste plutôt que socialiste au Portugal. Les ouvriers portugais émigrés en Allemagne ont été littéralement exclus de ce congrès, les membres fondateurs étant essentiellement recrutés parmi les classes moyennes. Bien qu’il ait officiellement appuyé le programme nationaliste et socialiste du MFA, lors des premiers mois de la révolution portugaise, le PSP a, en pratique, soutenu une politique économique libérale lors de son passage au pouvoir entre 1976 et 1979. Les oppositions à cette politique au sein du parti ont amené Mario Soares à intégrer au sein des organes de direction 50 intellectuels de gauche, ex-membres du Groupe d’intervention socialiste (GIS), à la fin de 1978. C’est sous l’influence de ce groupe et des « soaristas » que sera adopté, au congrès de 1979, le nouveau programme « Dix ans pour changer le Portugal », qui marque
25. Voir : R. GILLESPIE, « Spanish Socialism in the 1980s », dans GALLAGHER et WILLIAMS, op. cit., p. 59-86 ; J.M. MARAVALL, Socialist Parties in Europe, Barcelone, ICPS, 1992 ; A. KEDROS, Les socialistes au pouvoir. Europe 1981-1985, Paris, Plon, 1986.
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l’adhésion formelle et ouverte du PSP au libéralisme économique. Le fait que ce virage idéologique n’ait été véritablement accepté que par les cercles dirigeants de Lisbonne n’entraîna pas de mobilisation à la base et dans l’électorat en raison de l’absence de liens organisationnels entre ces instances. Mais il provoqua de très nombreuses défections au sein des membres et de l’électorat, ce qui explique l’incapacité ultérieure du PSP à faire élire un gouvernement majoritaire26. L’incidence des pressions et des aides extérieures Selon plusieurs des auteurs consultés, les pressions extérieures peuvent influencer dans un sens favorable l’attitude des décideurs à l’égard de l’ajustement lorsqu’elles sont accompagnées d’aides conditionnelles et qu’elles s’exercent sur des États qui sont très dépendants de ces dernières27. Les cas sudeuropéens démontrent toutefois que cette proposition ne peut être généralisée et qu’elle doit être complétée par d’autres considérations. Durant les années 80, les gouvernements grec, espagnol et portugais ont eu fréquemment recours aux aides du Fonds monétaire international (FMI) et de la CE. Dans les deux cas, ces aides ont été octroyées sous réserve de l’adoption de mesures de stabilisation et de changement structurel par les gouvernements receveurs. En Espagne et au Portugal, ces conditions n’ont pas contribué à modifier l’attitude des dirigeants socialistes, puisque ces derniers étaient convaincus du bien-fondé de ces mesures dès avant leur arrivée au pouvoir. Néanmoins, les gouvernements PSP de 1976-1978 et PSP-PSD de 1983-1985 ont fréquemment invoqué les exigences du FMI et de la CE pour justifier leurs mesures d’ajustement auprès de la population et des forces de l’opposition. En Grèce, par contre, ni les demandes du FMI, ni celles de la CE n’ont convaincu les dirigeants du PASOK d’appliquer une politique systématique et durable d’ajustement, et ce, malgré la forte dépendance de l’État grec vis-à-vis de l’aide extérieure. Cette situation est due au fait que le respect des conditions posées par les donateurs n’était pas obligatoire sous peine de sanctions telles que la diminution
26. T. GALLAGHER, a The Portuguese Social Party : the Pitfalls of Being First », dans GALLAGHER et WILLIAMS, op. cit., p. 12-34. 27. Notamment, J. NELSON, op. cit. et la conclusion de S. WEBB et J. WILLIAMSON, dans WILLIAMSON, op. cit.
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ou la suspension de l’aide. Le cas grec démontre que la conditionnalité formelle ou non coercitive de l’aide extérieure ne peut contribuer qu’à modifier partiellement et temporairement les décisions économiques d’un gouvernement (les mesures de stabilisation du PASOK entre 1985 et 1988). L’impact des aides conditionnelles est évidemment encore plus faible lorsque le non-respect des conditions est récompensé par la poursuite et l’augmentation de l’aide. Or, c’est ce qui s’est produit dans le cas de la Grèce. En effet, malgré ses politiques économiques peu orthodoxes et l’utilisation fréquente des fonds versés à des fins autres que prévues, le PASOK a continué à bénéficier des aides du FMI et de la CE entre 1981 et 1990. Il a même obtenu à deux reprises (en 1984 et 1986) un accroissement considérable et inconditionnel des transferts de ressources de la CE, afin de s’adapter aux chocs successifs du troisième élargissement et de la mise en œuvre de l’AUE28. Mieux encore : les aides promises en vertu de l’AUE ont commencé à être versées en 1989, après l’abandon par le PASOK de sa politique mitigée de stabilisation en 1988. La mise en œuvre du Traité de Maastricht pourrait toutefois modifier considérablement ces paramètres. L’Union économique et monétaire (UEM) prévue par le Traité sera en effet beaucoup plus contraignante que le Marché commun. Les aides versées dans le cadre des divers programmes communautaires seront plus coercitives et les États membres qui ne parviendront pas à respecter les normes de la « convergence29 » (ce qui implique nécessairement l’adoption de mesures de stabilisation et de changement structurel) ne pourront accéder à 1’UEM. L’examen de la politique économique appliquée par le PASOK au cours de son troisième mandat (commencé en 1993) permettra de mesurer concrètement l’impact de ce renforcement des pressions extérieures. Dans le cas des pays de l’Europe méridionale, l’étude des facteurs externes doit prendre en considération l’impact des nouvelles contraintes objectives générées par l’adhésion à la CE et non seulement
28. Les Programmes intégrés méditerranéens (PIM, 1984-1987) et l’augmentation des ressources allouées dans le cadre des programmes de cohésion économique et sociale (1988). Sur les programmes d’aide de la CE en Europe du sud, voir D. ÉTHIER, « La réforme des fonds structurels de la Communauté européenne : de l’Acte unique à l’après-Maastricht », Revue internationale des Sciences administratives, vol. 59, n° 2, p. 229-244. 29. Notamment une réduction du taux d’inflation annuel à 3 % ; une diminution de la part du PIB représentée par le déficit budgétaire de l’État central à 3 % ; le respect de la fourchette de fluctuation des devises fixée par le Système monétaire européen.
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l’incidence des pressions et des aides extérieures. Le fait que l’Espagne ait amorcé l’ajustement en même temps que les négociations d’adhésion et le fait que le processus d’ajustement au Portugal soit devenu systématique et durable après l’entrée dans la CE laissent supposer que l’effet de ces contraintes peut être important. Le cas grec apporte toutefois un démenti à cette hypothèse. Plus globalement, il révèle que les déterminants internes sont plus décisifs que les facteurs externes en ce qui concerne l’orientation des politiques gouvernementales, y compris dans les États membres d’un bloc régional. L’évaluation des risques politiques inhérents à l’application de l’ajustement La plupart des études consultées concluent que la résolution ou les hésitations des gouvernements, en matière d’ajustement, sont largement déterminées par l’évaluation des possibilités d’appui et des risques de contestation de la part des partis de l’opposition et des groupes d’intérêt, notamment dans les démocraties où ces organisations sont puissantes. Les cas sud-européens démontrent que, lorsque le gouvernement ne tient pas compte de ces variables (comme au Portugal) ou lorsqu’il fait une évaluation erronée de ces dernières (comme en Grèce), il lui est impossible de conserver le pouvoir, quelle que soit sa politique économique. Les décisions du PASOK de ne pas adopter de mesures de libéralisation économique, au cours de son premier mandat, et de limiter ces dernières à quelques interventions stabilisatrices temporaires, lors de son second passage au pouvoir, ont été largement motivées par la peur de perdre ses appuis politiques. Dans le premier cas, cette évaluation s’est révélée juste, puisque, si la ND et les petits partis du centre ont critiqué sa politique expansionniste, les syndicats, le parti communiste (KKE) et la majorité de son électorat l’ont appuyée et ont réélu le PASOK en 1985, malgré l’aggravation des problèmes économiques. Dans le second cas, l’évaluation du PASOK a été largement erronée. En effet, si les mesures de stabilisation ont provoqué une profonde crise, assortie d’exclusions et de départs au sein du PASOK et de la Confédération générale du travail (GSEE), ainsi que l’organisation de nombreuses grèves et manifestations, notamment dans les banques, l’industrie et les transports, elles ont par contre été appuyées par les élites et la majorité de la population en raison de leur contribution au redressement de la situation économique. En abandonnant ces mesures en 1988, afin de s’assurer l’appui du parti et du monde syndical
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lors des élections de 1989, le PASOK a fait un mauvais calcul puisque cette décision a contribué, de concert avec les nombreuses affaires de corruption au sein du gouvernement et de la haute bureacuratie, aux succès électoraux de la ND en 1989 et 1990. Au Portugal, les soaristas du PSP ont, seuls ou en coalition avec l’AD, imposé des mesures radicales de stabilisation et de changement structurel entre 1976 et 1979, en se fondant exclusivement sur la gravité de la crise et les exigences du FMI. Ayant largement sous-estimé la puissance de mobilisation du PCP, des centrales syndicales communiste et socialiste, CGTP et UGT, et de divers mouvements sociaux, ils ont ainsi provoqué une situation de crise politique qui a conduit à leur renvoi dans l’opposition et à l’arrêt des mesures d’ajustement. La décision du gouvernement PSP/PSD de 1983-1985 de procéder à une nouvelle phase d’ajustement était fondée sur l’estimation que l’opposition à cette politique serait moins forte que dans les années 70, en raison de l’échec du projet socialiste, de l’aggravation de la crise économique et des contraintes de l’adhésion, désormais irréversible, à la CE. Les victoires électorales ultérieures du PSD et l’approfondissement du processus d’ajustement sous sa direction démontrent que cette perception était globalement juste. Néanmoins, les soaristas ont sous-estimé le potentiel de réactions négatives des autres factions et de la base du parti à cette politique. Si la politique d’austérité du dernier gouvernement de Mario Soares n’a pas entraîné de crise ou de rupture au sein du PSP, elle a provoqué une forte diminution de son membership et de son électorat, empêchant par la suite le PSP de revenir au pouvoir. Le troisième cas est fort différent. En Espagne, la détermination du gouvernement socialiste face au processus d’ajustement a été très fortement encouragée par l’existence d’un vaste consensus social sur la nécessité des réformes économiques30. Contrairement au PASOK et au PSP, le gouvernement PSOE de 1982 ne pouvait se tromper sur la portée de ses appuis, en raison des Accords socioéconomiques tri-partites ou quadripartites signés depuis 1977 et de l’importance de sa victoire électorale31. La stratégie du PSOE, au cours des années 30. À l’exception de l’aile radicale — peu influente — du PSOE, Izquierda socialista, et d’Izquierda unida (alliance regroupant le désormais très affaibli PCE, les écologistes et divers mouvements sociaux d’envergure limitée), aucune formation politique n’était contre les politiques d’ajustement. 31. Pactes de la Moncloa de 1977 (entre le gouvernement UCD, le PSOE et le PCE) ; Accords interconfédéraux de 1979 et 1980-1981 (entre le gouvernement UCD, la CEOE, l’UGT et I’USO — 1980-1981).
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ultérieures, a consisté à préserver et à renforcer ces appuis par la conclusion d’autres ententes du même type avec l’Union générale des travailleurs (UGT), les Commissions ouvrières (CC.OO), l’Union ouvrière syndicale (USO) et la Confédération espagnole des organisations d’entreprises (CEOE) (1982, 1983, 1985-1986). Si certaines des réformes du gouvernement32 ont suscité de vives critiques et des manifestations de contestation parfois importantes, de la part du mouvement syndical et étudiant notamment33, aucune crise ou rupture majeure ne s’est produite entre le PSOE et les principaux groupes d’intérêt, en raison des efforts de concertation permanents du gouvernement et des nombreuses mesures de compensation adoptées à leur endroit (extension du droit de syndicalisation, introduction de la cogestion dans les entreprises, programmes d’aide à l’emploi, soutien monétaire aux employés licenciés, etc.). Selon certains auteurs, la capacité financière des gouvernements à adopter des mesures de compensation réduirait les risques de contestation, contribuant ainsi à la détermination des décideurs face à l’ajustement. Les cas sud-européens démontrent que cette proposition n’est pas généralisable. Les trois gouvernements socialistes ont adopté des mesures de compensation comparables par leur nature et leur ampleur, conjointement aux mesures d’ajustement. Pourtant, en Grèce et au Portugal, celles-ci n’ont pas contribué à atténuer l’ire des organisations opposées aux réformes économiques. La cohésion de l’équipe au pouvoir Selon toutes les études consultées, la cohésion de l’équipe au pouvoir est un déterminant nodal de sa détermination à réaliser l’ajustement, mais elle n’est pas nécessairement plus grande lorsque le gouvernement est monopartite et majoritaire. Les cas sud-européens corroborent largement ces conclusions. 32. Réforme du régime des retraites et renforcement des procédures d’admission dans les universités notamment. 33. Par exemple, les nombreuses semaines de grève des étudiants contre la réforme du système d’enseignement proposée par le ministre Maravall, en 1986 ; grèves du personnel des hôpitaux publics et des métallurgistes en 1987 ; grève générale de décembre 1988 organisée par l’UGT et les CC.OO afin d’obtenir une bonification des mesures de compensation et une extension des droits de syndicalisation dans la fonction publique.
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Les gouvernements majoritaires du PSOE, composés essentiellement de membres de la tendance félipiste, largement dominante au sein du parti, étaient caractérisés par la convergence des points de vue des membres du cabinet, notamment en matière de politique économique. En Grèce, par contre, les gouvernements du PASOK, quoique majoritaires, étaient profondéments divisés en raison des rivalités personnelles, des luttes et des conflits encouragés par la nature factionnaliste et clientéliste du parti. Ces divisions, plus faciles à atténuer dans le cadre d’une politique expansionniste, se sont amplifiées lors de la mise en œuvre du plan de stabilisation, contribuant à en limiter la portée et la durée. Au Portugal, la faible cohésion interne des gouvernements socialistes provenait de leur composition bipartite (voire multipartite) et des clivages au sein des soaristas, clivages attribuables, comme en Grèce, à des rivalités personnelles plutôt qu’à des désaccords idéologiques. Ces oppositions ont davantage contribué à faire tomber les gouvernements socialistes qu’à hypothéquer les mesures d’ajustement. L’analyse de la position des gouvernements socialistes sud-européens face à l’ajustement permet de nuancer et de compléter l’explication des causes du succès ou de l’échec de cette politique économique. En particulier, elle montre que les progrès de la libéralisation économique en Espagne et au Portugal sous les gouvernements socialistes sont dus à l’abandon par les partis socialistes de leurs idéaux collectivistes et égalitaires, alors qu’en Grèce le retard de la libéralisation économique est imputable à la persistance du populisme plutôt qu’à la survivance du projet socialiste.
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Le Parti québécois, parti social-démocrate : les années du pouvoir (1976-1985) André Bernard
Le Parti québécois du milieu des années 70 a été considéré, par plusieurs, comme un parti social-démocrate. Les résolutions adoptées par les congrès de ce parti, entre 1971 et 1979, reproduisaient la gamme usuelle des engagements caractéristiques de la social-démocratie. D’ailleurs, au cours de son premier mandat, entre 1976 et 1981, le gouvernement du Parti québécois a suivi des pratiques typiques des gouvernements sociaux-démocrates de la même époque. Cependant, surtout après l’hiver 1982-1983, les pratiques du gouvernement du Parti québécois se sont éloignées de l’idéal social-démocrate décrit dans le programme du parti. L’écart entre ces pratiques des années 1982-1983 et les engagements des années 70 a été expliqué de maintes façons. On a dit que, incapable de réconcilier les revendications concurrentes ou même contradictoires provenant des diverses tendances présentes au sein de son parti, surtout après les élections de 1981, le premier ministre René Lévesque aurait privilégié celles qui étaient soutenues par le plus grand nombre. On a aussi suggéré que le gouvernement du Parti québécois, comme tout gouvernement social-démocrate, avait dû composer avec des gestionnaires de « haut niveau » peu favorables aux syndicats. De plus, comme les gouvernements du Nouveau Parti démocratique de la Saskatchewan, du Manitoba et de la Colombie-Britannique, le gouvernement du Parti québécois avait pour principal adversaire le « monde des affaires », et ce dernier pouvait le
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contrecarrer, notamment en prenant appui sur le Parti libéral du Canada et sur le Parti progressiste-conservateur du Canada. Enfin, comme tout gouvernement social-démocrate, le gouvernement du Parti québécois a dû faire face à d’implacables contraintes fiscales et budgétaires qui, entre 1976 et 1985, se sont imposées dans une conjoncture économique désespérante. Associées à quelques autres éléments de la situation dans laquelle se trouvait le Québec de l’époque, ces circonstances diverses expliqueraient l’écart séparant les réalisations du gouvernement du Parti québécois des engagements formulés avant les élections de 1976. En définitive, malgré l’importance des réalisations de 1976 à 1985, conformes aux engagements sociaux-démocrates du Parti québécois, l’expérience du gouvernement de René Lévesque rappelle la formule qu’on utilise pour dire, d’un ton désabusé, que bien des événements s’interposent entre les projets et leur réalisation : « il y a loin de la coupe aux lèvres ! » C’est là, sûrement, une conclusion à laquelle nous arriverons. LA TENDANCE SOCIAL-DÉMOCRATE AU SEIN DU PARTI QUÉBÉCOIS AU MILIEU DES ANNÉES 70 De nombreuses personnes, membres du Parti québécois au milieu des années 70, se sont dites social-démocrates. René Lévesque, leur chef, s’est lui-même souvent défini comme tel1 et il a soutenu des résolutions social-démocrates lors des congrès de son parti. René Lévesque souscrivait vraisemblablement à un projet de société de type socialdémocrate, si on en juge d’après certains de ses textes2. Cependant, une définition étroite de l’expression « social-démocratie » pourrait
1.
Voir entre autres, à ce sujet, Kenneth McROBERTS, « René Lévesque : le grand démocrate », p. 253 dans René Lévesque, Québec, Presses de l’Université du Québec, 1992 (textes colligés par Yves Bélanger et Michel Lévesque). Voir aussi René LÉVESQUE, La passion du Québec, Montréal, Québec/Amérique, 1979, p. 48, où René Lévesque dit que son parti s’inscrit dans le courant social-démocrate.
2.
C’est ma lecture de La passion du Québec, op. cit. et de Attendez que je me rappelle..., Montréal, Québec/Amérique, 1986, p. 467-470 notamment. Dans ses autobiographies, René Lévesque exprime son adhésion à l’idéal social-démocrate de « réduction des inégalités » par le truchement d’interventions des pouvoirs publics.
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mener à un autre avis3. De toute façon, il y avait une tendance social-démocrate dans le parti de René Lévesque. Malgré la tendance social-démocrate qui y dominait, le Parti québécois ne s’est pas lié au mouvement syndical Quoi qu’il en soit, René Lévesque n’a pas voulu donner une place aux porteparole des syndicats dans les organes de direction du Parti québécois, comme cela a été fait, généralement, dans les partis sociaux-démocrates. Selon lui, en accordant une telle importance aux syndicats, dans ses organes internes, le parti aurait donné l’image d’un « parti des syndicats », image qui aurait rebuté une forte proportion des personnes qui, à l’extérieur des syndicats, favorisaient un projet de société de type social-démocrate sans pour autant être d’accord avec certaines revendications des syndicats et certaines façons d’agir en vogue dans le milieu syndical. Or, René Lévesque savait que la victoire de son parti aux élections ne serait possible que s’il arrivait à mobiliser une vaste coalition regroupant, en plus des forces syndicales, plusieurs autres catégories de personnes (des jeunes, des personnes sans emploi, des membres de la main-d’oeuvre salariée non syndiquée, etc.). C’est pour ces raisons, assurément, que René Lévesque a fait adopter le texte suivant4 : Avec les syndiqués et leurs organismes, nous partageons un objectif fondamental qui est celui de changer et d’humaniser la situation sociale et économique. Chaque fois qu’il s’agit d’actions clairement reliées à ce but, nous devons chercher à les conduire aussi solidairement que possible. Mais il ne faut jamais perdre de vue — et les syndicats eux-mêmes n’ont pas à le faire — que nos échéances ne sont pas les mêmes, nos moyens non plus, que leur démarche demeure essentiellement revendicatrice si la nôtre est essentiellement persuasive, et surtout que l’action syndicale est le plus souvent morcelée et sectorielle alors que la nôtre doit forcément être aussi globale que possible. Cette décision de ne pas faire une place aux porte-parole des syndicats dans les organes de direction du Parti québécois a mené plusieurs
3.
Voir Marcel PÉPIN, « René Lévesque : démocrate et social-démocrate 7 », dans René Lévesque, op. cit., p. 101-104 (p. 103, Marcel Pépin écrit : « René Lévesque était-il un social-démocrate ? La réponse dépend du sens que l’on veut bien donner à ce terme. Robert Bourassa s’est déjà qualifié lui-même de social-démocrate, rien de moins ! »).
4.
PARTI QUÉBÉCOIS, Quand nous serons vraiment chez nous, Montréal, Éditions du Parti québécois, 1972, p. 52. Texte reproduit dans Kenneth McROBERTS, op. cit., p. 253. Voir aussi à ce sujet Vera MURRAY, Le Parti québécois : de la fondation à la prise de pouvoir, Montréal, Hurtubise HMH, 1976, p. 29.
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analystes à refuser à ce parti l’appellation de parti social-démocrate. Selon ces analystes, pour être considéré comme social-démocrate, un parti doit être né à l’intérieur du mouvement ouvrier et doit entretenir des « liens organiques » avec celui-ci, notamment au niveau des formes d’adhésion et du financement, en plus d’avoir un programme socialdémocrate5. S’appuyant sur une logique de « lutte de classes », quelques analystes ont d’ailleurs soutenu que le Parti québécois des années 70 était un parti bourgeois6. Leurs arguments étaient ceux qu’avaient employés, jadis, en Europe, les communistes révolutionnaires pour condamner les partis sociaux-démocrates, dont le « gradualisme », pacifiste et respectueux des lois et des institutions, laissait à la bourgeoisie les moyens de sauvegarder son hégémonie. Les membres du Parti québécois, à l’époque, ont récusé l’interprétation des analystes faisant de leur parti un parti « bourgeois »7. 5.
Voir entre autres, Jean-Marc PIOTTE, « Un avenir incertain », dans La chance au coureur. Bilan de l’action du gouvernement du Parti québécois (textes réunis et présentés par JeanFrançois LÉONARD), Montréal, Nouvelle Optique, 1978, p. 231 et 232. Pour Jean-Marc Piotte, « ... les partis sociaux-démocrates s’appuient sur les syndicats pour conquérir le gouvernement : ils en sont le pendant politique, continuant les luttes syndicales sous une autre forme... ». Selon lui, le programme du Parti québécois relevait davantage d’un « nationalisme populiste » que de la socialdémocratie (p. 238). Voir aussi, autre exemple, Marielle DÉSY, Marc FERLAND, Benoît LÉVESQUE et Yves VAILLANCOURT, Conjoncture au Québec au début des années 1980, Québec, Librairie socialiste de l’Est du Québec, 1980, p. 73 et 74.
6.
À ce sujet, voir notamment Gilles BOURQUE, « Petite bourgeoisie envahissante et bourgeoisie ténébreuse », Les Cahiers du socialisme, n° 3, printemps 1974, ou « Class, Nation, and the Parti Québécois », Studies in Political Economy, n° 2, automne 1979 (texte reproduit, p. 124147, dans Alain G. GAGNON, (dir.), Quebec : State and Society in Crisis - An Introductory Reader, Toronto, Methuen, 1984). Jorge NIOSI, de son côté, a examiné les fondements de trois « interprétations » du Parti québécois : « a) le P.Q., parti social-démocrate, b) le P.Q., parti bourgeois, c) le P.Q., parti petit-bourgeois ». Voir « Le gouvernement du P.Q. deux ans après », Les Cahiers du socialisme, automne 1978, n° 2, p. 32-71. Parmi les analystes qui ont parlé du caractère « bourgeois » du Parti québécois, Pierre Fournier est celui qui semble avoir publié le plus. Voir, notamment, Pierre FOURNIER et ses collaborateurs, Capitalisme et politique au Québec : Un bilan du Parti québécois au pouvoir, Montréal, Éditions Albert Saint-Martin, 1981, 292 p.
7.
Pour Jacques ROUILLARD, « La présence d’un nouvel interlocuteur, qui dit avoir un « préjugé favorable » à l’égard des travailleurs et travailleuses et qui a gagné la sympathie d’un très grand nombre d’entre eux, rend beaucoup plus difficile la mobilisation des syndiqués [en 1979] et la cohésion du front commun : on ne peut pas présenter le P.Q. comme l’instrument de la grande bourgeoisie multinationale » (Histoire du syndicalisme au Québec, des origines à nos jours, Montréal, Boréal, 1989, p. 286).
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Le Parti québécois, parti social-démocrate
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Ces membres voyaient le monde des affaires combattre le Parti québécois et soutenir ses adversaires. Ces membres, de plus, pouvaient contraster le programme du Parti québécois avec celui de chacun des autres grands partis : le programme du Parti québécois était, à leurs yeux, un programme social-démocrate, alors que les programmes des autres partis étaient « traditionnels ». Le Parti québécois du milieu des années 70 avait un projet de société social-démocrate Les engagements du Parti québécois, adoptés lors des premiers congrès (1968, 1969, 1971), étaient déjà ceux d’un projet de société davantage social-démocrate que libéral. Ces engagements prirent un caractère social-démocrate plus marqué aux congrès de 1973 et de 19748, même s’ils ont été formulés en l’absence de « liens organiques » entre le parti et les syndicats. Comme le veulent en général les partis sociaux-démocrates, le Parti québécois voulait, par des moyens démocratiques et légaux, éliminer toute forme d’exploitation des sulbalternes, favoriser les modalités collectives d’organisation, assurer une participation élargie à la prise des décisions, réduire les inégalités de revenu et faire disparaître la pauvreté, atteindre le plein emploi, et ainsi de suite. La page 11 du Programme, édition 1975 (section intitulée « Notre vie économique », paragraphes consacrés aux objectifs généraux et à la fiscalité), est éloquente (voir encadré). Toutefois, le projet de société du Parti québécois n’était vraiment réalisable que dans le cadre d’un Québec souverain (ou indépendant du reste du Canada d’aujourd’hui)9. C’est pourquoi les engagements
8.
Au sujet des congrès de 1973 et 1974, voir André BERNARD, « Option Québec 1969-1988)), essai précédant une réédition du manifeste initial du Parti québécois, Option Québec, par René LÉVESQUE, Montréal, Éditions de l’Homme, 1988, p. 34-37 et 42-43. Voir aussi Graham FRASER, Le Parti québécois (traduction de : P.Q. : René Lévesque and the Parti Québécois in Power), Montréal, Éditions Libre Expression, 1984, p. 72-75. Voir également Vera MURRAY, Le Parti québécois, op. cit., et Kenneth McROBERTS et Dale POSGATE, Développement et modernisation du Québec, Montréal, Boréal Express, 1983 (traduction de : Quebec : Social Change and Political Crisis) , p. 205-216.
9.
Il n’est pas évident, toutefois, que la souveraineté aurait donné au gouvernement du Québec les moyens de réaliser une authentique social-démocratie, car la vie économique, au Québec, était dominée de l’extérieur. Voir, à ce sujet, entre autres, Jean-Marc PIOTTE, « Un avenir incertain », dans La chance au coureur, op. cit., p. 230-244.
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adoptés lors des congrès étaient précédés de considérations relatives à l’obtention de la souveraineté (voir encadré relatif à la « vie sociale »). C’est pourquoi, par ailleurs, une part importante du programme de l’époque était consacrée aux institutions (section intitulée « La vie politique ») et aux questions « culturelles » (section intitulée « La vie culturelle »). En définitive, la socialdémocratie avait un préalable : l’accès du Québec au statut d’État souverain. Cependant, même s’il n’avait pas été lié à l’objectif de souveraineté, le projet de société du Parti québécois aurait démarqué nettement ce parti des autres grands partis. Certes, sur le plan social, chacun des deux grands partis favorisait la décentralisation du système d’enseignement, le développement de la rénovation domiciliaire, l’établissement d’un régime de revenu minimum garanti, l’amélioration des services aux personnes âgées, la poursuite de projets favorisant l’égalité des hommes et des femmes sur le marché du travail. Mais le Parti libéral proposait de limiter la marge de manœuvre des syndicats, alors que le Parti québécois s’engageait à la garantir. Le Parti libéral comptait laisser l’assurance-automobile à l’entreprise privée alors que le Parti québécois proposait la création d’un régime gouvernemental d’assurance-automobile, obligatoire, selon la formule de l’indemnisation automatique (no fault). Le Parti libéral voulait restreindre le rôle des entreprises publiques alors que le Parti québécois promettait de confier un rôle prépondérant aux entreprises publiques et aux coopératives, etc. En bout de ligne, les différences étaient importantes10. 10. André BERNARD, Québec : élections 1976, Montréal, Hurtubise HMH, 1976, p. 93-95. Voir également Réjean LANDRY, L’inertie idéologique des partis politiques du Québec de 1970 à 1985, Laboratoire d’études politiques et administratives, Université Laval, 1987, 31 p. (texte publié dans Alternance et changements politiques : les expériences canadiennes, québécoises et françaises, Centre d’études canadiennes, Grenoble, actes du colloque des 2 et 3 juin 1987). Réjean Landry a répertorié, de 1970 à 1985, 6 045 projets de production de biens collectifs (2 359 du Parti libéral du Québec et 3 686 du Parti québécois). Selon cette compilation numérique, qui donne le même poids à un projet majeur et à un projet mineur, le Parti québécois parait beaucoup plus interventionniste que son principal rival. Voir aussi Réjean LANDRY, « Party Competition in Québec : Direct Confrontation or Selective Emphasis », dans Hugh THORBURN, (dir.), Party Politics in Canada, 6th Edition, Scarborough, PrenticeHall Canada, 1991, p. 401-413. L’auteur montre que le programme libéral insistait sur les questions économiques et que le programme du Parti québécois insistait sur les questions sociales.
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Le Parti québécois, parti social-démocrate
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En fait, contrairement au programme de son plus proche rival, le programme du Parti québécois en 1976 correspondait d’assez près au programme-type d’un parti social-démocrate11, programme-type qui présente, selon l’examen de littérature que toute personne intéressée peut faire, les six éléments suivants (en plus de l’option en faveur de la démocratie pluraliste) : a)
un engagement en faveur du plein emploi ;
b) un engagement en faveur d’une politique de financement fiscal de régimes universels et publics de soins de santé, d’éducation et d’assistance (habitation, etc.) ; c)
un engagement en faveur de la propriété publique de certaines entreprises (afin de réduire les inégalités d’accès aux biens et services qu’elles produisent et de collectiviser les gains qu’elles génèrent) ;
d) un engagement en faveur de réglementations visant à forcer les entreprises privées à servir les intérêts de la collectivité, notamment des réglementations visant la protection de l’environnement, la mise en œuvre de mesures de prévention des accidents et des maladies, l’amélioration des conditions de travail et des rémunérations, et la stabilité des prix ; 11. Au sujet du programme-type des partis sociaux-démocrates, voir Robert C. ALLEN et Gideon ROSENBLUTH, False Promises : The Failure of Conservative Economics, Vancouver, New Star Books, 1992, p. 5 et 6. Voir aussi André DONNEUR, L’internationale socialiste, Paris, PUF, 1983, en particulier le chapitre V intitulé u Le Congrès de Francfort » (p. 57-69). Voir également Willie BRANDT, Bruno KREISKY, Olof PALME, La social-démocratie et l’avenir, Paris, Gallimard, 1976, 251 p. (ce livre reproduit des lettres que se sont échangées ces trois chefs de gouvernements sociaux-démocrates entre février 1972 et avril 1975 ; p. 22, Willie Brandt affirme que les trois notions essentielles de la social-démocratie sont tout simplement celles de la devise de la Révolution française : liberté, égalité et fraternité, cette dernière notion étant traduite aujourd’hui par l’expression « solidarité »). Voir, en outre, dans le contexte canadien, James Alexander McALLISTER, The Government of Edward Schreyer : Democratic Socialism in Manitoba, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1984, 214 p. (l’auteur de ce livre rappelle que la social-démocratie a été définie de diverses façons et il retient de son examen de la littérature, à ce sujet, une série de « critères » de la socialdémocratie, dont la liste présentée ici s’inspire étroitement). Enfin, voir Desmond MORTON, NDP : Social Democracy in Canada, Toronto, S.S. Hakkert, 1977, 229 p. (ouvrage réédité dans une version révisée sous le titre : The New Democrats 1961-1981 : The Politics of Change, Toronto, Copp Clark Pitman, 1986, 253 p.).
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La social-démocratie en cette fin de siècle
e)
un engagement en faveur d’impôts à taux progressifs et de transferts sociaux (allocations, pensions, aide financière aux plus pauvres), afin de réduire les inégalités dans la distribution des revenus ;
f)
un engagement en faveur des organisations de défense de la main-d’œuvre salariée.
C’est dans la perspective de ces six éléments que l’examen des politiques et décisions du gouvernement du Parti québécois entre 1976 et 1985 est proposé. LES POLITIQUES ET DÉCISIONS DU GOUVERNEMENT DU PARTI QUÉBÉCOIS ENTRE 1976 ET 1985 L’examen des politiques et décisions du gouvernement du Parti québécois peut comporter deux volets : les réalisations qui ont prolongé ou confirmé les engagements sociaux-démocrates du Parti québécois, puis, deuxième volet, les écarts entre les réalisations et certains de ces engagements12. Une pratique parente de celles des gouvernements sociaux-démocrates Comparativement aux gouvernements québécois précédents ou aux gouvernements conservateurs ou libéraux de la même époque, le gouvernement du Parti québécois a effectué davantage d’interventions en faveur des catégories sociales moins favorisées. De plus, d’une étude
12. Pour une analyse différente, voir le chapitre IV (p. 203-268) de la thèse de Paulo PICARD, Inadéquation entre les promesses électorales et la gouverne politique : analyse des cas de l’UN. (1966-1970), du P.L.Q. (1970-1973) et du P.Q. (1976-1981), Montréal, Université du Québec à Montréal, 1991. Ce chapitre est intitulé « Analyse de la fiabilité du Parti québécois : de la campagne électorale de 1976 à la campagne électorale de 1981 ». Selon l’auteur, le Parti québécois a mieux respecté ses engagements que ne l’ont fait l’Union nationale (1966-1970) et le Parti libéral du Québec (1970-1976). Il a rempli 158 de ses 339 promesses (considérées d’un seul point de vue quantitatif).
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Le Parti québécois, parti social-démocrate
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des lois adoptées au Québec entre 1944 et 1985, Vincent Lemieux a tiré les conclusions suivantes13 : −
Le gouvernement du Parti québécois est celui qui possède le moins en commun avec l’ensemble des autres gouvernements qui ont exercé le pouvoir entre 1944 et 1985.
−
C’est celui qui a été le plus réformiste, avec le gouvernement de Jean Lesage de 1960 à 1966.
−
C’est celui qui a été le moins centralisateur.
−
C’est celui qui a opéré la rupture la plus grande par rapport au gouvernement précédent.
Voulant concrétiser sa volonté de démocratie et d’égalité dès 1977, le gouvernement du Parti québécois a fait adopter de « grandes chartes » démocratiques afin de libérer la majorité francophone de la domination culturelle qui lui était imposée (Charte de la langue française), afin de libérer les parlementaires des puissances de l’argent (Loi sur le financement des partis politiques), afin de faciliter la consultation de l’électorat lors de l’élaboration des grands choix de société (Loi sur la consultation populaire), etc. Ces lois, qui ont été critiquées par les personnes à qui elles déplaisaient14, ont exprimé l’engagement du Parti québécois à l’égard d’une démocratie plus égalitaire, engagement analogue à celui des partis sociaux-démocrates. 13. Vincent LEMIEUX, Les relations de pouvoir dans les lois. Comparaison entre les gouvernements du Québec de 1944 à 1985, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, 1991, p. 133, 134, 137, 138, 142. Selon Vincent Lemieux, « Les travailleurs syndiqués et les agriculteurs sont deux catégories qui ont été particulièrement favorables au Parti québécois [en 1981]. Les avantages positifs qui leur ont été accordés par les lois [adoptées entre 1977 et 1980] peuvent expliquer en partie ce comportement... [Les] employeurs du secteur privé et les propriétaires sont deux catégories qui penchent davantage du côté du Parti libéral... [Le] traitement qui leur a été accordé... a pu avoir des conséquences sur leur comportement électoral. » Voir « Les lois du premier gouvernement Lévesque », Recherches sociographiques, vol. XXV, n° 1, janvier-avril, 1984, p. 23-41. 14. On a même critiqué la Loi sur le financement des partis, qui interdit aux entreprises et aux organisations de faire des « dons » aux partis politiques, sous prétexte que « cette loi risque beaucoup plus de toucher les syndicats en empêchant que ces derniers financent un parti issu de leurs rangs ». Voir Pierre FOURNIER, « Projet national et affrontement des bourgeoisies québécoise et canadienne », dans La chance au coureur, op. cit., p. 48. La même phrase, en anglais, a été reproduite dans « The Parti Quebecois and the Power of Business », Our Generation, vol. XII, n°3, automne 1977, p. 8.
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La social-démocratie en cette fin de siècle
D’autres lois, adoptées dès les premières années du premier mandat du gouvernement du Parti québécois, se sont inscrites dans la tradition des interventions sociales des gouvernements sociaux-démocrates de la même époque. La pratique du gouvernement du Parti québécois a été presque la même que celles des gouvernements sociaux-démocrates, selon chacun des six grands engagements caractéristiques du projet de société social-démocrate, dans sa dimension « sociale ». L’engagement en faveur du plein emploi Pour tendre vers le plein emploi, le gouvernement du Parti québécois a utilisé les moyens dont dispose un gouvernement provincial dans la fédération canadienne. Compte tenu des limites étroites de ces moyens, le gouvernement de René Lévesque présente un bilan positif du point de vue de la recherche du plein emploi. Il a créé des sociétés de développement ; il a lancé une vaste opération de solidarité économique ; il a tenté de stimuler la demande intérieure par des mesures de redistribution du revenu et par une « politique d’achats chez nous » ; il a cherché à susciter la concertation entre les organisations syndicales et les entreprises privées ; il a lancé un programme d’épargne-actions en faveur des entreprises québécoises et des contribuables dont les revenus se situent près de la moyenne ; il a modifié le régime fiscal des entreprises de façon à stimuler l’expansion des activités créatrices d’emploi ; il a élargi le marché de certains biens (par exemple, le vin) ; il a développé d’ambitieux projets d’aménagement (par exemple, le projet Archipel) ; il a fait la promotion de la formation de la main-d’œuvre ; il a pris l’initiative d’implanter un régime de supplément au revenu du travail (SUPRET) ; il a eu une action en matière d’habitation (Corvée habitation, Logirente, etc.). Bref, il a entrepris de très nombreuses actions orientées vers le plein emploi. Ces actions ont eu un impact positif, compte tenu de la conjoncture et de la politique monétaire du gouvernement fédéral (mise en œuvre par la Banque du Canada). Cependant, elles ont été critiquées par les personnes à qui elles ne plaisaient pas, même si elles visaient à accroître le nombre d’emplois au Québec. Il aurait été étonnant de voir les adversaires du Parti québécois bénir l’ensemble des interventions du gouvernement qui en était issu, même celles qui répondaient à la demande sociale qui rallie le plus de suffrages : la création d’emplois.
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Le Parti québécois, parti social-démocrate
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L’engagement en faveur des régimes universels et publics de soins de santé, d’éducation et d’assistance Par ailleurs, comparativement aux autres gouvernements provinciaux du Canada à la même époque, le gouvernement du Parti québécois a davantage fait d’efforts en faveur des régimes publics de soins de santé et d’éducation (gel des frais de scolarité à l’université, alors qu’ailleurs au Canada, ces frais étaient trois fois plus élevés qu’au Québec, maintien de la gratuité dans les collèges et les écoles publiques, expansion du secteur éducatif public, création d’une commission d’étude sur les universités, etc.). Il a également beaucoup fait en faveur des mécanismes d’assistance, qui ont été améliorés de façon importante. Selon Derek P.J. Hum15, « Only three provinces — Saskatchewan, Quebec and Manitoba — have implemented general income maintenance programs which apply to the working poor population ». Ces programmes (similaires au programme SUPRET créé par le gouvernement de René Lévesque) ont été mis en œuvre, au Manitoba et en Saskatchewan, par des gouvernements néodémocrates (et le Nouveau Parti démocratique est reconnu comme authentiquement socialdémocrate par des analystes qui disent que le Parti québécois ne l’est pas16). Au Québec, ils ont été conçus et réalisés par le gouvernement du Parti québécois. En 1978-1979, deux ans après l’accession au pouvoir du Parti québécois, les dépenses dans le domaine de l’assistance s’élevaient à 175 dollars par habitant (sur la base de la population entière du Québec), soit 30 dollars de plus qu’en 1975-1976. En 1975-1976, les dépenses moyennes dans ce domaine, pour l’ensemble du Canada, Québec compris, s’élevaient à 106 dollars, et, en 19781979, à 115 dollars (cette moyenne ayant augmenté grâce à la hausse réalisée au Québec !). Dans la plupart des provinces du Canada, ces dépenses avaient diminué (cas de la Colombie-Britannique, de l’Île-du-Prince-Édouard, de TerreNeuve) ou stagné ; elles avaient augmenté au Québec. 15. Derek P.J. HUM, « The Working Poor, the Canadian Assistance Plan, and Provincial Response in Income Supplementation », dans Jacqueline S. ISMAEL (dir.), Canadian Social Welfare Policy, Federal and Provincial Dimensions, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1985, p. 131.
16.
Par exemple, Marielle DÉSY, Marc FERLAND, Benoît LÉVESQUE et Yves VAILLANCOURT, Conjoncture au Québec au début des années 1980, op. cit., p. 73 et 77.
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La social-démocratie en cette fin de siècle
En 1980-1981, au terme du premier mandat du gouvernement du Parti québécois, elles atteignirent 188 dollars au Québec, alors qu’en moyenne, au Canada, elles étaient de 122 dollars (l’autre province la plus engagée sur ce plan était, après le Québec, la Colombie-Britannique, avec 130 dollars seulement17). Au chapitre des programmes d’assistance et des régimes universels et publics dans le domaine de la santé, de l’éducation et autres services (transports, etc.), les pratiques du gouvernement du Parti québécois ont été aussi « progressistes », sinon plus, que celles des gouvernements néo-démocrates de la même époque, en Saskatchewan, au Manitoba et en Colombie-Britannique. La comparaison18 mène à cette conclusion. L’engagement en faveur de la propriété publique de certaines entreprises Une conclusion similaire s’impose au terme d’une autre comparaison, cette fois entre les actions du gouvernement du Parti québécois et les actions des gouvernements néo-démocrates du Manitoba, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique au chapitre de l’engagement en faveur de la propriété publique. En Colombie-Britannique, le gouvernement du Nouveau Parti démocratique dirigé par Dave Barrett, entre 1972 et 1975, s’est porté acquéreur d’une douzaine de « moulins » produisant du papier ou du carton et il a pris le contrôle d’une demi-douzaine d’usines du secteur agroalimentaire afin d’assurer leur survie, menacée par la mauvaise santé financière des entreprises qui en étaient propriétaires. En Saskatchewan, le gouvernement du Nouveau Parti démocratique dirigé par Allan Blakeney (1971-1982) a exproprié des
17. H. Philip HEPSWORTH, ((Trends in Provincial Social Service Department Expenditures », dans Canadian Social Welfare Policy, op. cit., p. 144-145. 18. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les textes suivants, qui portent sur les gouvernements néodémocrates : Harold CHORNEY et Phillip HANSEN, « Neo-conservatism, Social Democracy and "Province Building" : The Experience of Manitoba », Canadian Review of Sociology and Anthropology/Revue canadienne de sociologie et d’anthropologie, vol. 22, n° 1, février 1985, p. 1-29 ; James Alexander McALLISTER, The Government of Edward Schreyer : Democratic Socialism in Manitoba, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1984, 214 p. ; Paul TENNANT, « The NDP Government of British Columbia : Unaided Politicians in an Unaided Cabinet », Canadian Public Policy/Analyse de politiques, vol. III, n° 4, automne 1977, p. 489-499.
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Le Parti québécois, parti social-démocrate
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mines de potasse en 197519. Ce gouvernement a aussi étendu sa propriété sur les ressources de pétrole et de gaz. Au Manitoba, le gouvernement du Nouveau Parti démocratique dirigé par Edward Schreyer (1969-1977) a pris le contrôle du « complexe industriel » de Churchill Forest Industries à The Pas (et une entreprise publique, Manitoba Forestry Resources, l’a géré par la suite). Ce gouvernement a également « étatisé » l’assurance-automobile (et créé la Manitoba Public Insurance Corporation) et il s’est porté acquéreur de plusieurs petites entreprises privées en raison des difficultés financières qui compromettaient leur avenir20. Au Québec, le gouvernement du Parti québécois a « nationalisé » les mines d’amiante (et créé la Société nationale de l’amiante), il a étendu la propriété publique dans plusieurs entreprises privées par le truchement de la Caisse de dépôt et placement (en particulier dans le cas de la société Domtar, dont il a pris le contrôle) et il a, comme au Manitoba (et à l’instar de ce qui avait été fait par le gouvernement de la Co-operative Commonwealth Federation, en Saskatchewan), étatisé l’assurance-automobile (et créé une société publique pour la gérer). Dans le cas de l’assurance-automobile, cependant, l’action du gouvernement de René Lévesque a été de moindre envergure que celle du gouvernement d’Edward Schreyer. Alors que le Parti québécois avait pris l’engagement d’étatiser entièrement l’assurance-automobile, conformément aux recommandations du rapport Gauvin de 1974, qui avait préconisé le « no fault » intégral et l’étatisation complète, le gouvernement de René Lévesque a décidé de laisser au secteur privé les indemnisations pour dommages matériels. Cette formule permettait à quatre sociétés d’assurance-auto du Québec, traitant près de la moitié du marché, de subsister (Desjardins, Prévoyants, Commerce et Belair). La solution adoptée au Québec a consisté en un compromis que, pourtant, aucun autre gouvernement provincial n’a retenu (hormis des gouvernements du Nouveau Parti démocratique). Finalement, dix années après l’action du gouvernement du Parti québécois dans ce domaine, seules les provinces de Québec, du Manitoba, de la Saskatchewan et de la ColombieBritannique étaient dotées de régimes publics d’assurance-automobile ! Le gouvernement du Nouveau Parti démocratique de Robert Rae a pour
19. Pour une brève et intéressante étude de ce « cas », voir « The Potash Corporation of Saskatchewan », dans Jeanne KIRK LAUX et Maureen APPEL MOLOT, State Capitalism : Public Enterprise in Canada, Ithaca, Cornell University Press, 1988, p. 107-113. 20. Les actions du gouvernement d’Edward Schreyer en matière de propriété publique d’entreprises sont décrites notamment dans le livre de James Alexander McALLISTER, The Government of Edward Schreyer, op. cit..
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La social-démocratie en cette fin de siècle
sa part voulu imiter les gouvernements de même tendance que la sienne, mais a finalement renoncé devant les protestations. Par conséquent, pour ce qui est de l’engagement d’étendre la propriété publique, le gouvernement du Parti québécois s’est « enligné » sur la pratique des autres gouvernements sociauxdémocrates des provinces canadiennes. Cette pratique, pourtant, n’est pas une « exclusivité » social-démocrate puisque d’autres partis politiques que les partis sociaux-démocrates ont eu recours à la « nationalisation », au cours de l’histoire. Au Québec, dans le passé, plusieurs entreprises publiques ont été créées (la Raffinerie de sucre, HydroQuébec, la Société des alcools, la Société de développement industriel, la Caisse de dépôt et placement, Sidbec, Radio-Québec, SOQUEM, SOQUTA, etc.) ; elles ont été créées par des gouvernements qui n’étaient pas sociaux-démocrates. Dans d’autres provinces, d’importantes entreprises publiques ont également été créées par des gouvernements libéraux ou même conservateurs (Ontario Hydro, B.C. Hydro, Alberta Telephone, par exemple). Parmi les plus importantes entreprises canadiennes, plusieurs sont des sociétés de la Couronne (Petro Canada, la Commission canadienne du blé, la Société canadienne des postes, la Monnaie, etc.21). Cependant, même si les « nationalisations » ne sont pas une « exclusivité » socialdémocrate, il serait incorrect de considérer que les gouvernements sociaux-démocrates qui y ont recours ne sont pas sociauxdémocrates du fait qu’ils y ont recours ! Il est néanmoins permis de penser que les « nationalisations » ne prouvent nullement le caractère socialdémocrate d’un gouvernement, car elles peuvent viser de très nombreux objectifs, parmi lesquels figurent quelques-uns des objectifs de la social-démocratie (liberté, égalité, solidarité)22. De toute façon, dans ce domaine, l’action du gouvernement du Parti québécois s’est démarquée de celle du gouvernement du Parti
21. À ce sujet, voir Jeanne KIRK LAUX et Maureen APPEL MOLOT, State Capitalism : Public Enterprise in Canada, op. cit. 22. On s’est même demandé si, au Québec, les prises de contrôle d’entreprises privées par des sociétés d’État n’étaient pas une façon d’exprimer une option nationaliste. En fait, les « nationalisations » servent de nombreux objectifs, y compris celui de développer le contrôle des représentants d’une population sur les entreprises opérant sur le territoire occupé par cette population. Voir, entre autres, Jean-Claude LEBEL, « Les sociétés d’État au Québec : un outil indispensable », Canadian Public Administration/Administration publique du Canada, vol. 27, n° 2, été 1984, p. 253-261. Voir aussi Stephen BROOKS et A. Brian TANGUAY, « Quebec’s Caisse de dépôt et de placement : Tool of Nationalism ? », Canadian Public Administration/Administration publique du Canada, vol. 28, n° 1, printemps 1985, p. 99-119.
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Le Parti québécois, parti social-démocrate
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libéral, au pouvoir à Québec de 1985 à 1994, dans la mesure où ce dernier a prôné la « privatisation » d’entreprises publiques (et dans la mesure où il a effectivement « cédé » à des intérêts privés plusieurs installations précédemment propriétés de l’État ou d’entreprises publiques). L’engagement en faveur de réglementations bénciant à la collectivité Comme l’ont fait avant lui les gouvernements sociaux-démocrates, le gouvernement du Parti québécois a utilisé le moyen de la réglementation dans le but d’éliminer l’exploitation des pauvres par les riches et de répondre aux besoins de l’ensemble de la collectivité « plutôt qu’aux exigences d’une minorité économique favorisée ». La principale mesure qu’il a proposée à cet égard visait « la santé et la sécurité du travail ». Comme l’a montré Micheline Plasse, la Loi sur la santé et la sécurité du travail a modifié en profondeur les règles du jeu qui prévalaient jusqu’en 1979 et elle l’a fait d’une façon innovatrice23, qui a suscité l’appréhension du patronat24. Après quelques années d’application, cette loi a produit une baisse de la croissance du nombre des lésions (puis une réduction de ce nombre) et une diminution de leur gravité (évaluée en fonction des jours d’absence du travail). Dix ans après sa mise en œuvre, cette réforme touchant la santé et la sécurité du travail était présentée comme l’une des grandes réalisations du gouvernement du Parti québécois, une réalisation qui, à l’époque, était indiscutablement avant-gardiste, dans le contexte de l’Amérique du Nord. Par ailleurs, à l’instar des gouvernements du Nouveau Parti démocratique, et dans le prolongement des actions engagées, au Québec, par le gouvernement libéral, le gouvernement du Parti québécois a élargi la réglementation visant la « protection du consommateur ». De plus, il a doté le Québec d’un mécanisme de recours collectif devant les tribunaux, suivant un modèle en vigueur dans quelques États des États-Unis. 23. Micheline PLASSE, Santé et sécurité du travail. De la confrontation à la concertation, Montréal, Agence d’Arc inc., 1988, p. 3. 24. Ibid., p. 50-54. Voir aussi, à ce sujet, Kenneth GEORGE, Entre syndicats, entre patrons, fragiles alliances. Le processus de création des associations sectorielles paritaires pour la santé et la sécurité du travail, Montréal, Agence d’Arc inc., 1986, 135 p.
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Enfin, parmi les très nombreuses réglementations adoptées entre 1976 et 1985, dont une liste exhaustive couvrirait des pages et des pages, l’une des plus souvent évoquées concerne l’obligation faite aux entreprises de respecter des normes en matière d’emploi. Norme classique dans ce domaine, le « salaire minimum » a été haussé à 3,00 $ l’heure, puis à 3,27 et, en 1979, à 3,47, alors qu’il n’était que de 2,95 $ au Manitoba (une province où le revenu moyen est plus élevé qu’au Québec), au moment où le Nouveau Parti démocratique fut défait aux élections (1977). Au Manitoba, le nouveau gouvernement conservateur a refusé de modifier le salaire minimum, et l’écart entre le salaire minimum du Manitoba et celui du Québec (3,47 $) a dépassé 50 ¢. Le montant du salaire minimum suscite toujours d’importantes controverses. Les porte-parole du monde des affaires estiment généralement qu’il est trop élevé, prétextant que les rémunérations supérieures (les « hauts salaires ») doivent être ajustées en fonction de ce montant, ce qui a un effet inflationniste et un impact négatif sur les coûts de production. Les porte-parole des milieux du travail salarié réclament, au contraire, une hausse du salaire minimum, car celui-ci ne permet pas de sortir de la pauvreté, d’autant plus que sa valeur diminue au rythme de l’inflation, quand il n’est pas indexé. Quel que soit le montant qu’elles choisissent, les autorités déplaisent à tout le monde ou presque. Cela a été le cas entre 1976 et 1985, car le gouvernement du Parti québécois a constamment pratiqué une politique du salaire minimum (calculé en fonction de la rémunération moyenne) aussi « social-démocrate » que celle des gouvernements du Nouveau Parti démocratique25. L’engagement en faveur d’impôts progressifs et de transferts Comme l’ont fait les gouvernements du Nouveau Parti démocratique en Saskatchewan, au Manitoba et en Colombie-Britannique, le gouvernement du Parti québécois a rapidement accentué la progressivité des impôts qui relèvent de la juridiction des assemblées provinciales, tout en accroissant le caractère égalitariste des mécanismes de redistribution
25. Plusieurs textes montrent cependant que le salaire minimum, au Québec, a perdu de son pouvoir d’achat à compter de 1979 (mais, au Québec, jusqu’en 1985, il a perdu moins de valeur qu’ailleurs). Voir, entre autres, Simon LANGLOIS, « Anciennes et nouvelles formes d’inégalité et de différenciation sociale au Québec », p. 81-98, dans Fernand DUMONT (dir.), La société québécoise après 30 ans de changement, Montréal, Institut québécois de recherche sur la culture, 1990 (en particulier p. 89).
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des revenus (y compris les mécanismes fiscaux). Cependant, l’action du gouvernement du Parti québécois a été encore plus « social-démocrate » que celle des gouvernements du Nouveau Parti démocratique puisque, vers 1980, c’est au Québec que le taux d’impôt sur le revenu des contribuables les plus riches a été le plus élevé et que le taux appliqué aux plus pauvres a été le plus bas. De plus, vers 1980, parmi les provinces de la fédération canadienne, c’est au Québec que le revenu total des unités familiales composées d’une personne adulte travaillant au salaire minimum a été le plus élevé26. S’il fallait n’accorder l’étiquette « social-démocrate » qu’au parti politique dont le gouvernement a été le plus « égalitariste » en matière de redistribution du revenu, le Parti québécois l’aurait reçue. Il l’aurait d’autant plus méritée que, du point de vue du revenu moyen, le Québec se situe très nettement en-dessous de chacune des cinq provinces de la fédération canadienne sises à l’Ouest du Québec. Loin derrière les cinq provinces les plus riches du point de vue du revenu moyen, le Québec se situait loin devant elles (et devant les quatre provinces plus pauvres) du point de vue du revenu obtenu par les unités familiales les plus défavorisées (celles formées par une personne travaillant au salaire minimum). Au chapitre de son action en faveur des plus pauvres, le gouvernement du Parti québécois paraît encore davantage « social-démocrate » (y compris jusqu’en 1985), quand on compare son action à celle du gouvernement libéral qui l’a suivi (1985-1994). En effet, au cours de la période 1985-1994, le Québec a repris « sa place habituelle », près de la « moyenne », en ce qui concerne le revenu total des unités familiales d’un adulte travaillant au salaire minimum. L’engagement en faveur des organisations du monde du travail salarié Un sixième critère permettant de classer un gouvernement du côté de la social-démocratie est son engagement en faveur des organisations du monde du travail salarié. Selon ce critère, jusqu’en 19821983, le gouvernement du Parti québécois aurait dû paraître davantage
26. Voir le tableau de la p. 103 du document intitulé Les petits salariés : comment répondre à leurs besoins - Profil statistique préparé par le Conseil national du bien-être social, Ottawa, National Council of Welfare/Conseil national du bien-être social, 1981.
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social-démocrate que les gouvernements du Nouveau Parti démocratique de la même époque, en raison non seulement de sa décision d’interdire l’embauche de « briseurs de grève » mais aussi de sa pratique de « concertation ». La modification au Code du travail adoptée en 1978 comportait plusieurs innovations et, parmi celles-ci, la plus importante, du point de vue des syndicats, était apparemment la disposition « anti-scab ». Un ancien président de la Confédération des syndicats nationaux, Marcel Pépin, a sans doute exprimé le sentiment général quand il a écrit les lignes suivantes, en 1987 : Au Québec, le Code du travail prévoit, depuis 1978, une disposition anti-briseur de grève. En dépit du fait que certains employeurs ont patenté certains trucs pour passer outre à cette disposition [...], il est permis de constater que cette loi a eu des effets bénéfiques. Le droit de grève des travailleurs [...] est davantage protégé. La violence physique [...] a largement diminué [...]. Le Québec est la seule juridiction canadienne à s’être donné une telle loi27. En plus de renforcer le mouvement syndical grâce à la modification du Code du travail effectuée en 1978, le gouvernement du Parti québécois lui a fourni une possibilité d’action nouvelle par le truchement de la « concertation ». Parmi les témoignages favorables à l’initiative du gouvernement du Parti québécois en matière de « concertation », on peut citer celui de Fernand Daoust, longtemps secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec28. Sans prétendre à l’exhaustivité, rappelons les trois lieux privilégiés de concertation qui ont été créés par le gouvernement de René Lévesque et qui répondaient largement à des préoccupations de la FTQ. D’abord les grands sommets et les conférences socioéconomiques, puis la concertation dans les milieux de la santé et de la
27. Marcel PÉPIN, Le nécessaire combat syndical, Montréal, Association canadienne-française pour l’avancement des sciences, collection « Politique et économie », 1987, p. 365-366. 28. Fernand DAOUST, « La FTQ et l’entreprise de concertation au Québec », p. 259, dans René Lévesque, op. cit.. Pour un autre point de vue, dans le même ouvrage, voir Mona-Dosée GAGNON, « La concertation : de l’objectif politique au fantasme collectif », p. 265 à 270. Pour une évaluation négative de la concertation, voir Louis GILL, Les limites du partenariat. Les expériences social-démocrates de gestion économique en Suède, en Allemagne, en Autriche et en Norvège, Montréal, Boréal, 1989, 160 p. (en particulier p. 11 et 12, où l’argument de l’auteur est présenté de façon succincte).
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sécurité du travail et, enfin, la création du poste de ministre à l’Emploi et à la Concertation et la création ultérieure de la Table nationale de l’emploi. Il faut lire les propos de Fernand Daoust et de plusieurs autres syndicalistes, formulés après 1985, pour constater que, malgré les affrontements de 1982-1983, le gouvernement du Parti québécois a été beaucoup plus favorable aux organisations du monde du travail salarié que ne l’ont été les gouvernements antérieurs (1970-1976) ou postérieurs (1985-1994) du Premier ministre libéral Robert Bourassa. Le gouvernement de Robert Bourassa a même aboli, en 1986, l’Institut national de la productivité, qui avait été créé par le gouvernement du Parti québécois et qui associait les porte-parole du monde syndical à la recherche de moyens d’accroître l’efficience, l’utilité et l’efficacité dans la production, selon une perspective de respect des personnes. Le gouvernement de Robert Bourassa a également cherché à limiter les possibilités d’une autre innovation « typiquement sociale-démocrate » du gouvernement du Parti québécois : le « Fonds de solidarité », issu du « sommet de Québec » de 1982 (les deux précédents sommets, celui de Pointe-au-Pic en 1977 et celui de Montebello en 1979, ayant pour leur part facilité l’adoption de la modification au Code du travail et l’adoption de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, ainsi que de plusieurs autres mesures conformes aux voeux des porte-parole du monde syndical). Examinées dans le contexte nord-américain, les pratiques du gouvernement du Parti québécois à l’égard des organisations du monde du travail paraissent vraiment social-démocrates, dès lors que sont « mis entre parenthèses » les affrontements de 1982-1983, qui ont dégradé les relations entre les membres du secteur public provincial québécois et le gouvernement de René Lévesque. D’importants écarts entre les réalisations et les engagements Alors qu’il s’est avantageusement comparé aux gouvernements du Nouveau Parti démocratique de la même époque, du point de vue des six critères examinés jusqu’ici, le gouvernement du Parti québécois, à titre de « partie patronale », a énormément déçu dans ses relations avec les membres du secteur public provincial. Les affrontements auxquels se sont livrées « la partie patronale » et « la partie syndicale », en 1982-1983, ont dévalué considérablement l’image de parti social-démocrate que le Parti québécois avait pu avoir au cours des années
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antérieures29. Les choix incompréhensibles effectués par le gouvernement du Parti québécois à l’occasion de ces affrontements ont contribué à valider la thèse selon laquelle les partis sociaux-démocrates font le jeu de la « bourgeoisie ». Les choix du gouvernement du Parti québécois dans son rôle de patron à l’égard des membres du secteur public provincial En avril 1982, au sommet de Québec, le président du Conseil du trésor, Yves Bérubé, a annoncé qu’il croyait nécessaire de « réduire l’écart de rémunération entre le secteur public et le secteur privé ». Une semaine après le sommet, il a proposé, pour le secteur public, un gel des salaires des personnes gagnant plus de 37 088 dollars par an, une augmentation assez faible pour celles qui gagnaient entre 22 448 dollars et 37 088 (allant jusqu’à 4,33 % pour les salaires de 22 448 dollars) et une augmentation plus importante pour les salaires les plus faibles (allant jusqu’à 8 %). Il a proposé en outre de stopper les progressions d’échelons pendant une année et de diminuer les charges « patronales » à l’égard des régimes de retraite. Ces propositions initiales (mi-avril 1982) ont été refusées. Elles ont surtout déplu aux personnes dont les salaires étaient les plus élevés, c’est-à-dire, de façon générale, les membres du corps enseignant et les personnes qui ont une qualification de type professionnel. Devant le refus opposé à ses propositions initiales, le président du Conseil du trésor a décidé de durcir ses positions. Il a soumis à l’Assemblée nationale trois projets de loi : le projet 68, qui concernait les régimes de retraite, le projet 70, qui prolongeait les conventions collectives d’une année, suspendait le droit de grève et réduisait d’un
29. Selon une « certaine analyse », ces affrontements n’auraient pas été voulus par les gens du Parti québécois mais, au contraire, orchestrés par des personnes qui, au sein des syndicats, souhaitaient apparemment « briser le système » et semblaient craindre que l’appui reçu par le Parti québécois dans les couches populaires ne consolide le « système ». Alain PONTAUT, entre autres, paraît avoir été sensible à cette analyse. Voir René Lévesque ou l’idéalisme pratique, Montréal, Éditions Leméac, 1983, p. 178-181 et 212-217 notamment. Il semble, par ailleurs, que les revendications des syndicats aient paru excessives à beaucoup de journalistes. Un quotidien généralement favorable aux syndicats, Le Devoir, a même donné l’impression de tenir un discours antisyndical. Voir, à ce sujet, Maryse SOUCHARD, Le discours de presse. L’image des syndicats au Québec (1982-1983), Longueuil, les Éditions Préambule, 1989, 260 p.
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même pourcentage tous les salaires, et le projet 72 concernant les « services essentiels » à assurer en cas de grève et diverses autres dispositions. Malgré les critiques qu’ils ont suscitées et malgré les réticences de plusieurs parlementaires (et, paraît-il, de plusieurs ministres), ces projets ont été adoptés en juin 1982. Au cours des mois suivants, d’intenses négociations ont eu lieu : les syndicats ont cherché à protéger les acquis des conventions collectives antérieures et à obtenir une indexation des rémunérations destinée à tenir compte, au moins partiellement, de l’inflation. Le président du Conseil du trésor et son équipe de hauts fonctionnaires ont, de leur côté, cherché à imposer leur objectif initial quant au montant total de la masse salariale. À la fin de l’automne, n’ayant pas trouvé de terrain d’entente, le président du Conseil du trésor a révisé ses propositions de mai et juin 1982 dans un sens qui atténuait le sacrifice exigé des personnes les moins bien rémunérées (celles qui gagnaient moins de 20 000 dollars par an). Un nouveau projet de loi (projet 105) reflétant ces nouvelles propositions a alors été déposé à l’Assemblée nationale, aux fins de modifier la loi correspondante qui avait été adoptée en juin (projet 70). Le projet 105, adopté le 11 décembre 1982, était complété par des décrets d’application de plusieurs milliers de pages. Les décrets ont été à leur tour modifiés, en décembre 1982 et janvier 1983, dans le but d’obtenir la signature d’ententes. Finalement, début février 1983, des ententes ont été conclues avec les divers syndicats du réseau des Affaires sociales, sauf ceux de la Confédération des syndicats nationaux, puis avec d’autres syndicats, dans d’autres secteurs, notamment ceux de la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec et, enfin, avec le Syndicat de la fonction publique. Au bout du compte, à la mifévrier 1983, le ministre Bérubé et son équipe de hauts fonctionnaires n’avaient guère plus à convaincre (ou contraindre) que les membres des syndicats de l’enseignement. Dans l’enseignement, les titulaires de diplômes universitaires constataient que leur rémunération horaire nette était de beaucoup inférieure à celle de personnes du secteur privé ayant les mêmes qualifications (mais, forcément, un autre type de travail). À leur avis, l’objectif d’alignement des rémunérations du secteur public sur celles du secteur privé aurait dû mener, dans leur cas, à une augmentation importante des traitements et non pas à leur diminution. La direction de ces syndicats a réussi à obtenir un mandat de grève, que le ministre a décidé de briser en présentant à l’Assemblée nationale un projet de loi qui forçait le retour au travail (projet 111) et sanctionnait toute
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contravention de très fortes amendes, au prix d’une disposition suspendant l’application de la Charte des droits et libertés. Le ministre a obtenu le retour au travail30. Par son action, il a presque complètement détruit l’image de parti socialdémocrate qu’avait pu avoir le Parti québécois jusqu’alors. Et il n’a pas influé de façon marquante sur l’état des finances publiques, puisque, au bout du compte, en freinant la croissance de la masse salariale, il a augmenté considérablement les coûts impliqués par la démotivation des personnes qu’il avait contribué à déconsidérer. D’ailleurs, sa stratégie était contestable même du point de vue de la politique économique, puisque, selon toute vraisemblance, une augmentation du déficit aurait atténué la baisse de la production intérieure totale. Le ministre Bérubé a aussi assuré, du même coup, sans le vouloir (probablement), la défaite de son parti aux élections suivantes (celles de 1985)31. Bien des gens, encore aujourd’hui, n’arrivent pas à comprendre comment un ministre (ou son équipe de technocrates) a pu convaincre le premier ministre et
30. L’affrontement de 1982-1983 a été relaté de maintes façons dans de très nombreux textes. Voir d’abord Maurice LEMELIN, Les négociations collectives dans les secteurs public et parapublic - Expérience québécoise et regard sur l’extérieur, Montréal, Agence d’Arc inc., 1985 (deuxième édition), p. 202-219. Voir aussi Jacques ROUILLARD, Histoire du syndicalisme au Québec, op. cit., p. 388-393. Pour connaître le point de vue syndical, dans la perspective d’un membre du Parti québécois, voir Ernest BOUDREAU, Le rêve inachevé : Le PQ, l’indépendance et la crise, Montréal, Nouvelle Optique, 1983, 163 p. (la préface de Pierre de Bellefeuille, dans ce livre, évoque la perception de plusieurs parlementaires du Parti québécois qui n’ont pas du tout aimé la stratégie du ministre Bérubé et de son équipe de fonctionnaires du Conseil du trésor). Parmi les écrits qui blâment les syndicats, le livre d’Alain PONTAUT est remarquable puisqu’il présente le point de vue des membres du Parti québécois qui étaient d’accord avec le ministre Bérubé. Voir René Lévesque ou l’idéalisme pratique, Montréal, Éditions Leméac, 1983, p. 178-181 et 212-217. Voir aussi, pour une opinion plus nuancée, Francine LALONDE, « René Lévesque et le syndicalisme : de la grève des réalisateurs de Radio-Canada au Front commun de 1982-1983 », p. 277-298 dans René Lévesque, op. cit. 31. Voir, entre autres, André BLAIS et Jean CRÊTE, « Can a Party Punish its Faithful Supporters ? The Parti Québécois and Public Sector Employees », Canadian Public Administration/Administration publique du Canada, vol. 32, n° 4, hiver 1990, p. 623-632. S’appuyant sur un sondage préélectoral, les auteurs soutiennent que les « décrets » ont davantage affecté la clientèle du Parti québécois que celle de ses adversaires. Ils écrivent : « Clearly, the PQ was attacking its own clientele ». Selon le même sondage, en 1985, le Parti québécois restait encore plus populaire chez les membres du secteur public que chez ceux et celles du secteur privé, et plus populaire dans le milieu des personnes syndiquées qu’ailleurs ; de plus, 29 % des personnes
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ses collègues de l’appuyer dans une opération qui leur a fait un tort considérable et qui a contribué à faire de leurs propres subalternes, les fonctionnaires, des boucs émissaires et des souffre-douleur. Le désastre engendré par l’opération orchestrée par le ministre Bérubé et ses alliés a contribué à valider la thèse selon laquelle les partis sociaux-démocrates font le jeu de la « bourgeoisie »32 ! La contradiction entre les réalisations favorables au monde des affaires et les engagements sociaux-démocrates Dès l’arrivée du Parti québécois au pouvoir en 1976, plusieurs analystes ont décrié la social-démocratie qu’il prétendait incarner33. Plusieurs de ces analystes ont montré l’écart entre, d’une part, les réalisations du gouvernement de René Lévesque qui furent favorables au monde des affaires et, d’autre part, les engagements sociaux-démocrates du Parti
qui avaient appuyé le Parti québécois en 1981 ne l’auraient pas fait en 1985 (inversement, le Parti québécois aurait gagné les suffrages, en 1985, de 12 % des personnes qui avaient appuyé un de ses rivaux en 1981). Voir André BLAIS et Jean CRÊTE, « La clientèle péquiste : caractéristiques et évolution », Politique, n° 10, automne 1986, p. 5-31. Curieusement, aucune des données étudiées par ces chercheurs « n’indique [que le mécontentement des membres du secteur public] ait eu des effets de contagion auprès de l’ensemble des syndiqués, la variable syndicalisation n’étant aucunement associée au déplacement de vote ». 32. Leo PANITCH et Donald SWARTZ ont écrit : « Bill 111 represented an unprecedented attack on trade union rights and civil liberties », The Assault on Trade Union Freedoms. From Consent to Cœrcion Revisited, Toronto, Garamond Press, 1988, p. 40. Sans précédent ? En 1972, au Québec, les chefs des syndicats avaient été incarcérés. Avant 1964, la « Reine ne négociait pas avec ses sujets ». Mais on n’a pas à excuser la loi de retour au travail de février 1983 par l’observation de situations plus défavorables aux membres subalternes du secteur public presque partout ailleurs dans le monde. Pour le Canada, voir à ce sujet Gérard HÉBERT et Renaud PAQUET, « Les politiques de négociation du gouvernement fédéral canadien : selon la loi et selon les décisions administratives », Canadian Public Administration/ Administration publique du Canada, vol. 37, n° 1, printemps 1994, p. 108-139. 33. Voir, par exemple, Au-delà du Parti Québécois. Lutte nationale et classes populaires (publication du Centre de formation populaire réalisée par Pierre BEAULNE, Yves BÉLANGER, Suzanne CHARTRAND, François CYR, Louis FAVREAU, Pierre FRANÇOIS et Yves VAILLANCOURT), Montréal, Nouvelle Optique, 1982, 244 p. Voir également, Marielle DÉSY, Marc FERLAND, Benoît LÉVESQUE et Yves VAILLANCOURT, La conjoncture au Québec au début des années 80, op. cit.. Voir en outre Pierre FOURNIER (dir.), Capitalisme et politique au Québec : un bilan critique du Parti québécois au pouvoir, Montréal, Éditions Albert Saint-Martin, 1981, 292 p. Voir, enfin, Jean-François LÉONARD (dir.), La chance au coureur. Bilan de l’action du gouvernement du Parti québécois, op. cit.
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québécois. L’un de ces analystes, Yves Bélanger, a expliqué cet écart entre l’idéal et la pratique34. Il a rappelé que le Parti québécois « a pris le pouvoir dans une conjoncture nettement défavorable à la mise en œuvre de son programme électoral ». Il a signalé, en outre, que le Parti québécois, bien qu’il « s’appuie surtout sur la classe ouvrière et les couches populaires », avait le soutien électoral de personnes qui ne partageaient pas toutes les conceptions ou tous les intérêts de la classe ouvrière et des couches populaires. De plus, même si ses réalisations n’étaient pas conformes à son idéal, « le gouvernement Lévesque fera résonner un son de cloche fort différent de celui qui nous a bourdonné aux oreilles sous Bourassa »35. En définitive, comme tout gouvernement social-démocrate, le gouvernement du Parti québécois a été incapable de donner pleine satisfaction aux personnes qui souhaitaient la réalisation d’un projet de société social-démocrate. Les déceptions ont été d’autant plus fortes que les attentes étaient plus vives et que les écarts ont été davantage dénoncés. COMMENT EXPLIQUER LES ÉCARTS ENTRE LES RÉALISATIONS ET LES ENGAGEMENTS ? Les écarts entre les réalisations et les engagements peuvent assurément être expliqués par l’hétérogénéité des effectifs parlementaires, des effectifs militants et de l’électorat du Parti québécois, comme l’ont suggéré Yves Bélanger et les analystes qu’il citait dans son texte de 198236. Cette hétérogénéité a été observée empiriquement par plusieurs politologues37. Elle correspond à l’hétérogénéité de la base
34. Yves BÉLANGER, « Alliance de classes et nature de classe du PQ. Études de quelques législations du PQ », Au-delà du Parti québécois, op. cit. , p. 43-68. 35. Ibid, p. 63-64. 36. Idem. 37. Parmi les études publiées à ce sujet, voir d’abord Richard HAMILTON et Maurice PINARD, « The Bases of Parti Québécois Support in Recent Quebec Elections », Canadian Journal of Political Science/Revue canadienne de science politique, vol. 9, n° 1, mars 1976, p. 19-26. Voir ensuite Harold D. CLARKE, « The Parti québécois and Sources of Partisan Realignment in Contemporary Quebec », Journal of Politics, vol. 45, n° 1, printemps 1985, p. 64-85. Voir en outre André BLAIS et Richard NADEAU, « L’appui au Parti québécois : évolution de la clientèle de 1970 à 1981 », dans Jean CRÊTE (dir.), Comportement électoral au Québec, Chicoutimi, Gaétan Morin éditeur, 1984, p. 279-318. Voir enfin André BLAIS et Jean CRÊTE, « La clientèle péquiste : caractéristiques et évolution », Politique, Revue de la Société québécoise de science politique, n° 10, 1986, p. 5-31.
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électorale des partis sociaux-démocrates et ressemble même à celle d’un parti de rassemblement, tel le Parti démocrate américain38. Devant concilier les conceptions diverses et les intérêts divergents des nombreuses catégories entre lesquelles se divisait son électorat, le gouvernement du Parti québécois a été contraint de rechercher des compromis. Ces compromis auraient pu être prévus. En effet, les orientations générales adoptées lors des congrès, qui définissaient un projet de société social-démocrate, ne plaisaient pas à la totalité des membres du parti, de sorte que, ayant enfin accédé au pouvoir, la direction du parti devait accepter les compromis réclamés par la minorité, faute de quoi elle risquait de perdre l’appui de celle-ci. Mais il y a plus. Le Parti québécois a pris le pouvoir grâce à la division circonstancielle de ses rivaux. Aux élections de 1976, les candidats du Parti québécois n’ont en effet obtenu que 41 % des voix (ou, plus précisément, ils n’ont eu l’appui que de 34 % de l’électorat, puisque la participation n’a été que de 83 %). La base électorale du Parti québécois était minoritaire, comme l’a été, peu auparavant, celle du Nouveau Parti démocratique en Colombie-Britannique ou au Manitoba. Le Parti québécois a dû affronter une opposition d’autant plus déterminée qu’elle combattait à la fois son projet de société social-démocrate et son objectif de faire du Québec un pays souverain. Cette opposition, au Québec même, rassemblait, en gros, 60 % de l’électorat, comprenant, pour un tiers, les anglophones, pour un autre tiers, les francophones du monde des affaires et leurs subalternes de haut niveau et enfin, pour un dernier tiers, d’autres francophones (personnes âgées, etc.). En outre, cette opposition mobilisait la quasi-totalité de la population canadienne hostile à l’idée de faire deux pays dans le territoire de la fédération. Cette opposition très importante avait les moyens de contrecarrer avec succès les mesures qui lui apparaissaient inacceptables. Ainsi, les adversaires du Parti québécois ont pu interdire à la Caisse de dépôt et placement de prendre le contrôle d’entreprises privées importantes (après l’acquisition de Domtar). Ces adversaires ont également réussi à vaincre le Parti québécois lors du référendum constitutionnel de 1980 et ont imposé au gouvernement du Québec une modification constitutionnelle qu’il ne désirait pas (en 1982). 38. James Alexander McALLISTER voit d’ailleurs là une explication des écarts entre l’idéal socialdémocrate et la pratique gouvernementale du Nouveau Parti démocratique, au pouvoir au Manitoba de 1969 à 1977. Voir op. cit., p. 164 et 165.
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La social-démocratie en cette fin de siècle
Dans son livre Le Parti québécois : ce n’était qu’un début, l’ancien ministre Marcel Léger a écrit : « Nous étions au pouvoir à Québec, mais nous avons vite compris que nous n’étions pas au pouvoir au Québec. En réalité, nous avions à faire face à quatre pouvoirs. Le pouvoir économique nous échappait à 95 %. Les tenants de ce pouvoir étaient hostiles à notre gouvernement au plan politique. Le pouvoir... à Ottawa... [était également hostile]. Le troisième pouvoir, le juridique, nous était le plus souvent étranger... Le quatrième pouvoir était celui des médias... nous avons eu plus que notre part de critiques39. » Marcel Léger aurait pu ajouter à sa liste de pouvoirs hostiles celui que représente une partie de la haute fonction publique, concentrée au ministère des Finances et au Conseil du trésor. Plusieurs politologues ont observé que les gouvernements sociaux-démocrates se heurtent à la résistance passive de « l’organisation »40. Les mutations ou réaffectations de quelques personnes ne modifient guère l’état d’esprit des membres d’une organisation41. En plus de faire face à des forces hostiles, le gouvernement du Parti québécois a dû affronter d’importantes contraintes fiscales. Celles-ci forcent tôt ou tard un gouvernement interventionniste à freiner son action. En effet, tant que prévaut la liberté de mouvement, les contribuables les plus riches ou les plus téméraires, ou encore les plus cyniques, peuvent fuir le fardeau fiscal qui leur est imposé par un gouvernement interventionniste, de sorte que les revenus publics n’augmentent pas au rythme souhaité. En bref, un gouvernement démocratique (comme prétend l’être un gouvernement social-démocrate) atteint rapidement la limite de ses capacités de taxer la minorité qui se situe au-dessus de la moyenne dans l’échelle des revenus (et il ne peut
39. Marcel LÉGER, Le Parti québécois : Ce n’était qu’un début, Montréal, Québec-Amérique, 1986, p. 96-97 (section intitulée : « Quand un parti politique devient dangereux pour d’autres pouvoirs... il devient vulnérable »). 40. Paul TENNANT, « The NDP Government of British Columbia : Unaided Politicians in an Unaided Cabinet », Canadian Public Policy/Analyse de politiques, vol. III, n°4, automne 1977, p. 489-499. Autre témoignage : Philip RESNICK, « La social-démocratie au pouvoir - Le cas de la Colombie-Britannique », Chroniques, n°28, avril 1977, p. 12-23 (cité par Jean-Marc PIOTTE, loc. cit.). 41. Jacques BOURGAULT et Stéphane DION ont observé que les sous-ministres avaient été de grands commis « fragiles », puisque plusieurs ont été mutés immédiatement après les élections de 1976 et de 1985. Voir « Haute fonction publique et changement de gouvernement au Québec. Le cas des sous-ministres en titre (1976-1989) », Revue québécoise de science politique, n° 19, hiver 1991, p. 81-106.
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guère accroître le fardeau fiscal des contribuables qui se situent en-dessous de cette moyenne, puisque son objectif social est précisément d’atténuer les effets de la pénurie de ressources qui les accable). Ces contraintes fiscales paraissent décisives. En effet, l’examen des pratiques des gouvernements du Nouveau Parti démocratique révèle que ces derniers ont réalisé leurs innovations au cours des deux premières années de leur premier mandat. Au cours des années suivantes, ils ont tous été contraints de gérer l’austérité. Le même sort a d’ailleurs été réservé à d’autres gouvernements interventionnistes, dans d’autres pays. Le gouvernement du Parti québécois n’y a pas échappé. Dès qu’ils cessent d’étendre les interventions du secteur public, les gouvernements interventionnistes déçoivent forcément les personnes qui attendaient encore d’autres interventions. Dans ces circonstances, les gouvernements interventionnistes cherchent à recruter, au centre de l’échiquier électoral, de nouveaux appuis qui pourraient remplacer ceux qu’ils ont perdus. Le « recentrage » semble inéluctable, d’autant plus que la distribution des opinions, sur de très nombreux sujets, correspond à la courbe normale (en « cloche »)42. La direction du Parti québécois a sans doute tenté le « recentrage » qui semble si logique. D’ailleurs, comme l’a écrit Jean-Robert Sansfaçon, le Parti québécois semblait craindre le monde des affaires et il a cherché à lui plaire43. De toute façon, pour obtenir une majorité absolue au référendum de 1980, le Parti québécois devait rallier au moins 500 000 personnes de plus qu’aux élections de 1976 ; il devait séduire des personnes qui avaient appuyé ses rivaux en 1976, des rivaux opposés non seulement à son idéal souverainiste mais également à son projet de société social-démocrate. S’il a tenté un « recentrage » pour gagner de nouveaux appuis, le Parti québécois n’a pas
42. Voir à ce sujet Neil NEVITTE et Roger GIBBINS, « Neoconservatism : Canadian Variations on an Ideological Theme », Canadian Public Policy/Analyse de politiques, vol. 10, n° 4, décembre 1984, p. 384-394. Il est à noter que la « courbe » des opinions des membres d’un parti politique n’est presque jamais identique à celle des opinions de l’ensemble de l’électorat. Voir à ce sujet, entre autres, Keith ARCHER et Alan WHITEHORN, « Opinion Structure Among New Democratic Party Activists », Canadian Journal of Political Science/Revue canadienne de science politique, vol. 23, n° 1, mars 1990, p. 101-117. 43. Jean-Robert SANSFAÇON, dans Nicole LAURIN-FRENETTE et Jean-François LÉONARD (dir.), L’impasse. Enjeux et perspectives de l’après-référendum, Montréal, Nouvelle Optique, 1980, p. 85.
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réussi. Lors du référendum de 1980, il n’a pas obtenu la majorité souhaitée (1 485 851 personnes ont dit « oui » à la question posée, c’est-à-dire seulement 100 000 votes de plus que les 1 390 000 de 1976). En revanche, aux élections de 1981, il a obtenu l’appui de nombreuses personnes qui ne l’avaient pas préféré aux élections de 197644, puisque le nombre de voix exprimées en sa faveur est alors passé à 1 774 000 (alors que les voix accordées à ses rivaux passaient de 1 970 000 à 1 828 000). Mais, compte tenu des réactions aux affrontements de 1982-1983, le « recentrage » a finalement été inefficace, puisque les gains obtenus « au centre », en 1985, n’ont pas compensé les pertes subies dans la mouvance des syndicats. CONCLUSION De toute évidence, et en dépit des conclusions tirées de sondages (dont les données sont très fragiles), la défaite du Parti québécois aux élections de 1985 découle en grande partie du désaveu qui lui a été signifié par l’électorat favorable au monde syndical. En effet, l’examen des données de l’élection révèle que très peu de gens ont abandonné le Parti québécois pour choisir son principal rival, le Parti libéral. La plupart des personnes qui ont abandonné le Parti québécois en 1985, après l’avoir appuyé aux élections de 1981, se sont tout simplement abstenues de voter en 1985. Ces personnes (qui constituaient quelque 20 % de l’électorat du Parti québécois en 1981) n’ont probablement pas beaucoup changé d’option politique : la plupart sont sans doute restées, tout autant qu’auparavant, désireuses de contribuer à la réalisation d’un « monde meilleur », conçu selon les principes d’égalité, de liberté et de solidarité qui étaient ceux du Parti québécois (et qui sont ceux de la social-démocratie). Mais cette explication des déboires du Parti québécois, inspirée par la sociologie électorale, suscite d’autres questions : « Pourquoi ? Comment ? En fait, aucune explication simple ne permet de rendre compte de la complexité des choses. De plus, les explications rétrospectives ne peuvent être validées, puisque le passé est révolu. Il s’ensuit que l’explication de l’itinéraire du Parti québécois ne sera jamais définitive. Une chose est certaine : dans le déroulement de la vie politique au Québec, entre 1976 et 1985, le Parti québécois a
44. Voir André BERNARD et Bernard DESCÔTEAUX, Québec : élections 1981, Montréal, Hurtubise HMH, 228 p.
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beaucoup réalisé, mais il n’a pas atteint ses objectifs, son idéal. Comme l’écrivait Ernest Boudreau45, l’idéal social-démocrate et indépendantiste du Parti québécois est resté un « rêve inachevé ». Il y a vraiment loin de la coupe aux lèvres.
45. Ernest BOUDREAU, Le rêve inachevé, le PQ, l’indépendance et la crise, op. cit.
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La social-démocratie en cette fin de siècle NOTRE VIE ÉCONOMIQUE
1. Objectifs généraux L’économie du Québec n’est pas vraiment sous-développée mais elle fonctionne mal parce qu’elle est vieillie, mal équilibrée et divorcée de la société québécoise. Les signes en sont la pauvreté, le chômage, une croissance insuffisante, des disparités grandissantes de revenus, un gaspillage de ressources dans la production de biens inutiles, et enfin l’absence des Québécois des centres de décision qui orientent le développement et créent l’avenir économique. Les Québécois contrôlent à peine 50 % de toute l’activité économique au Québec et moins de 20 % du secteur-clé qu’est l’industrie. De plus, ce sont des élites qui occupent les centres de décision et la grande majorité de la population « subit » son avenir économique au lieu de le créer. En conséquence, un gouvernement du Parti québécois s’engage à : 1. Rapatrier les principaux centres de décision en s’appuyant prioritairement, pour ce faire, sur les entreprises publiques et coopératives et assurer aux pouvoirs publics des moyens supplémentaires d’action : grands réservoirs financiers, outils d’intervention dans l’économie, plan de développement économique, réglementation des investissements étrangers et du système financier. 2. Démocratiser le fonctionnement de l’économie en favorisant les formes collectives d’organisation et en assurant la participation des travailleurs aux décisions. 3. Fonder la politique économique sur des objectifs humains et sociaux et, à cette fin : a) établir un système économique éliminant toute forme d’exploitation des travailleurs et répondant aux besoins réels de l’ensemble des Québécois plutôt qu’aux exigences d’une minorité économique favorisée ; b) assurer à chaque citoyen un revenu minimum garanti suivant les principes énoncés au chapitre 2 de NOTRE VIE SOCIALE ; c) reconnaître, entre autres, la santé, le logement, l’éducation, le travail et la justice comme des droits ;
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d) subordonner les critères de rentabilité économique aux critères de rentabilité sociale ; e)
viser à atteindre le plein emploi.
4. Augmenter la production en répondant d’abord aux besoins réels des régions et, en particulier, accroître les investissements publics dans le domaine de l’habitation dans les centres qui en ont un urgent besoin. 5. a) Accroître le niveau de vie en s’assurant que l’augmentation des revenus profite d’abord aux plus défavorisés. b) Réduire graduellement les écarts de revenus par divers moyens, dont l’impôt progressif. 6. Atténuer les disparités régionales en équilibrant géographiquement la croissance. 7. Assurer la diffusion de l’information en rendant publics les dossiers économiques du gouvernement et en exigeant que toutes les entreprises incorporées et les centrales syndicales publient leurs états financiers. 8. Assurer la participation locale dans les prises de décision et dans la définition des grandes orientations économiques. 2. La fiscalité Les Québécois sont lourdement taxés. Les deux niveaux de gouvernement, qui perçoivent chacun environ la moitié des impôts, non seulement neutralisent leur action dans des conflits, pourparlers et négociations interminables (ce qui implique un coût), mais présentent aussi un dédoublement de services et de ministères fort coûteux. Dans cette jungle fiscale, le contribuable québécois a perdu le contrôle de ses impôts. Il ne peut non plus s’assurer que le régime fiscal est juste et équitable. En conséquence, un gouvernement du Parti québécois s’engage à : 1. Ramener à Québec tous les impôts actuellement perçus par Ottawa sur le territoire du Québec et fournir aux citoyens québécois tous les services (incluant les prestations comme les allocations et les pensions diverses) qui leur sont actuellement rendus par Ottawa.
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2. Assimiler au revenu, pour fins d’impôts, les gains de capital, les dons, les successions, les allocations sociales, suivant les recommandations de la commission Carter. 3. Remplacer le système actuel des déductions personnelles et compenser les charges familiales par des allocations, ainsi qu’il est indiqué dans la section sociale du programme. 4. Indexer annuellement au coût réel de la vie les tables d’impôt sur le revenu, les exonérations et les crédits d’impôt, en diversifiant les indices de façon à protéger les classes de contribuables les plus défavorisés, tout en protégeant le pouvoir d’achat de l’ensemble des consommateurs. 5. Exempter de tout impôt sur le revenu, ceux dont les gains ne dépassent pas le revenu minimum garanti, tout en assurant une incitation au travail ; pour les revenus plus élevés, assurer une progressivité régulière des taux et, à cette fin, abolir les plafonds applicables aux impôts de sécurité de la vieillesse et d’assurance-maladie. 6. Déplacer la taxe de vente actuellement applicable au manufacturier et la consolider avec la taxe de vente au détail, en exemptant les aliments, les médicaments, le logement et les services essentiels, mais en taxant les autres services. 7. luxe.
Augmenter le nombre des taxes d’accise appliquées aux produits de
8. Abolir les privilèges fiscaux des entreprises non coopératives et les assujettir au même taux général d’impôt sur les profits, sauf dans les cas qui sont prévus ailleurs dans le programme, un taux d’impôt appliqué aux profits des petites entreprises à un niveau plus bas que le taux général n’étant pas considéré comme un privilège fiscal. 9. Abolir la taxe foncière aux fins scolaires et utiliser pour le financement de l’Éducation les revenus réguliers de l’État, en assurant le rattrapage des milieux moins favorisés. 10. Assurer aux pouvoirs locaux et régionaux des sources directes de revenus fiscaux en accord avec les responsabilités qui leur sont confiées ; de plus, établir des mécanismes de péréquation et de subventions permettant de fournir des revenus additionnels aux municipalités et aux régions dont les sources directes de revenus fiscaux sont insuffisantes.
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11. Abolir la taxe de vente sur les comptes d’électricité pour usage domestique. 3. Les entreprises L’activité économique, dans les sociétés modernes, est de plus en plus dominée par de grandes entreprises. Elles se présentent sous diverses formes : privées, publiques, coopératives et mixtes. Au Québec, les premières sont généralement étrangères et bien que très majoritairement financées par les Québécois (subventions des gouvernements, emprunts dans nos marchés financiers et surtout profits et amortissements accumulés), elles décident pourtant seules de l’orientation d’une très grande partie de l’économie. D’autre part, l’organisation de l’entreprise a largement déshumanisé le travail et éloigné de plus en plus le travailleur des décisions qui l’affectent. Toutes les sociétés, par les lois qu’elles se donnent, ont non seulement le pouvoir mais le devoir de réglementer l’activité de leurs « citoyens » économiques. Le progrès et le développement sont d’ailleurs mieux assurés dans l’ordre quand les « règles du jeu » sont connues de tous. Parti québécois, Programme officiel, 1975, pages 11 et 12. NOTRE VIE SOCIALE 1. Objectifs généraux Actuellement la société québécoise ne peut déterminer elle-même ses priorités. Les structures fédérales nous privent à la fois des moyens fiscaux et des pouvoirs législatifs nécessaires non seulement pour établir notre propre politique sociale mais surtout pour faire les choix sociaux qui donnent à une société sa personnalité propre. Un Québec indépendant se donnera une politique de croissance économique mais cela ne peut suffire à assurer la justice sociale. Il faut donc nous donner une véritable politique de redistribution et d’utilisation sociale des ressources, selon des priorités établies démocratiquement. En d’autres termes, s’il demeure important de « grossir le gâteau », il est encore plus important de le partager équitablement et sans gaspillage inutile. En cette époque, où la surcroissance commence à inquiéter les sociétés développées, c’est de plus en plus dans cette voie qualitative qu’il faudra chercher les moyens d’améliorer la vie.
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La social-démocratie en cette fin de siècle En conséquence, un gouvernement du Parti québécois s’engage à :
1. Rechercher l’établissement d’une justice sociale basée sur une juste répartition de la richesse et sur l’élimination complète de la pauvreté. 2. Réaliser l’égalité complète de l’homme et de la femme dans tous les domaines de la vie. 3. Améliorer la santé de la population et en faire une de nos grandes priorités. 4. Humaniser la vie au travail, rendre réalisable la syndicalisation de tous les travailleurs et associer les organisations de travailleurs aux informations et aux décisions, tant au niveau de l’entreprise qu’à celui du rôle social et économique de l’État. 5. Associer les consommateurs à la vie économique et sociale pour accélérer la conversion du secteur commercial des biens et services en un secteur basé sur des coopératives autogérées par les employés et les consommateurs. 6. Veiller à la construction de logements en quantité et qualité suffisantes et voir à les rendre accessibles en fonction des besoins des gens plutôt que de leurs moyens. 7. Améliorer la qualité de la vie et préserver notre environnement. Parti québécois, Programme officiel, 1975, page 19.
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From "Premier Bob" to "Rae Days" : The Impasse of the Ontario New Democrats Jane Jenson and Paule Rianne Mahon "Social democracy may not be at an end. But who can doubt that it is at an impasse." Perry Anderson1
The victory of the Ontario New Democratic Party (ONDP) on September 6, 1990 was a surprise to many, including the party itself. The celebrations hailing the dawn of a new era, into which "Premier Bob" would lead his party and province, left a definite impression of improvisation. So convinced were people that the New Democrats would again lose this election, as they had in 1985 and 1987, that many experienced and high-profile Members of the Provincial Parliament (MPP) had declined to run. Some were even planning to go to work for the Liberal government.2 Even Bob Rae, who had been leader since 1982, had already suggested that he would resign after the election —
1.
In Perry ANDERSON and Patrick CAMILLER (eds.), Mapping the European Lam, London, Verso, 1995, p. 7.
2.
In summer 1990, Floyd Laughren, who became the architect of ONDP economic policy from 1990-1995, had decided not to run and to take a job offered by David Peterson, after the Liberals expected victory. The only reason he did not follow through on his plan was that he did not have time to resign before the election was unexpectedly called. Thomas WALKOM, Rae Days : The Rise and Follies of the NDP, Toronto, Key Porter, 1994, p. 45.
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and the expected defeat.3 So sure also was the party of being again relegated to the benches of the Opposition that it had done little to pre-pare for the election. In mid-campaign two party officials had hurriedly cobbled together An Agenda for the People.4 It was a hastily drawn-up list of promises in which the lack of an articulating strategy was patent. The undisguised surprise of the new government to find itself in office, the inexperience of many of the MPPs and even ministers appointed to Cabinet, and the lack of policy preparedness have led some to attribute the troubles of the ONDP to its "lack of preparation" or its "inexperience." Others point to the exceedingly unfavourable economic conditions the new government had to face. These included the negative fall-out from the Free Trade Agreement (FTA), which was bringing job losses at an elevated rate, and the out-going government’s misinformation disseminated during the campaign about the state of the province’s deficit. Still others seek the story of failure in the combined effects of economic hard times and the NDP’s lack of a coherent economic policy.5 While there are obviously elements of an explanation of the very trying life of the ONDP government in these factors, this social democratic party is not alone in its difficulties. As the recent survey of social democracy in Western Europe reveals, social democratic parties face many common problems.6 All parties face the dilemma of developing alternative economic strategies to the neoconservative restructuring projects proferred by many business and political elites. They all must come to grips with important shifts in the demographic and social composition of their societies. They must all face up to a demobilisation and
3.
Ibid., p. 34.
4.
Ibid., p. 96.
5.
For a variety of such interpretations see Mildred SCHWARTZ, "North American Social Democracy in the 1990s : The NDP in Ontario", Canadian American Public Policy, n° 17, April 1994 ; WALKOM, op. cit., p. 86, and Chapter 6, passim ; Stephen McBRIDE, "The Continuing Crisis of Social Democracy : Ontario’s Social Contract in Perspective", Studies in Political Economy, forthcoming 1995 ; and Leo PANITCH and Donald SWARTZ, The Assault on Trade Union Freedoms, Toronto, Garamond Press, 1988.
6.
The argument that the problems are often shared does not excuse one from detailed examination of the larger economic and political setting that each social democratic party inhabits. We share with Perry Anderson the commitment to realise Gramsci’s familiar injunction : "to write the history of a party is to write the general history of a country from a monographic point of view." Op. cit., p. 9.
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disenchantment of traditional constituencies. They must all surmount the moral crisis, which finds them embroiled in scandal and accusations of wrongdoing. They must all, in other words, make sense of and seek an alternative to the familiar world of postwar Fordism, to which social democracy contributed so much but which is now in transition, if not in tatters. This paper will focus on one essential element of this general impasse of social democracy, by examining the proposals the ONDP made for moving its province towards post-Fordism and by analysing the difficulties generated by such policies within the party and among its organisational and electoral base. We will argue, first, that the government did have an economic strategy designed to restructure the Ontario economy toward post-Fordism. With this strategy the New Democratic government sought to go well beyond the industrial strategy already launched by its predecessor, David Peterson’s Liberals. It aimed to provide the necessary co-ordination to support a shift to a "high-wage, high-value-added economy," firmly anchored to commitments to "fairness," "equity" and ecological sustainability. It is never sufficient, however, simply to propose a strategy, especially in a situation as fraught with political and economic troubles as Ontario was in the first half of the 1990s. After five years in power the ONDP found itself not only very unpopular among the public but also the focus of anger and rejection by much of the unionised workforce which had always been its privileged base of electoral support and a pillar of the party organisation. The development of this unhappy situation is linked to the ONDP’s failure to recognise early and quickly enough that the strategic road it sought to follow was mired in complexities and to prepare its base for hard decisions. In the beginning the New Democratic government had tended to simplify. On the one hand there was the federal government’s brand of neoconservatism, characterised by market-led, continental restructuring, reinforced by an attack on the constitutional structures and economic and social programmes of the postwar "golden age." On the other hand there was the high-wage, high-value-added route to renewal. The latter, however, comes in as many variants as do the post-1945 Keynesian-Fordist compromises. If the ONDP sought to develop a left-wing, progressive path down this road, its own analyses were not sufficiently clear about the complex issues faced and choices to be made.
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Finally — and of the greatest importance for a social democratic government seeking to trace a progressive route towards restructuring — the ONDP had no political vehicle to push through with this program. As the story of the campaign Agenda clearly signalled, New Democrats suffered from profound political weaknesses. As a result, nothing had been done prior to the election to prepare the party and voters for the economic strategy the government planned to pursue. Little was done after September 1990 to build support for it. Instead, as each element was announced, and negotiations went forward on its development, the ONDP found itself generating disappointment if not outright rage among people of the Left. The government was as often accused of not doing enough as it was taxed with moving too far in the wrong direction. Two failures thus led to the impasse of the NDP’s years in office. First was the relative lack of attention to the complexities of thinking about and identifying a progressive version of a high-wage, high-value-added restructuring project. Second was absolute lack of success in doing the political work needed to put such a project into place. These two failures put the government on the fateful path to the "Social Contract" legislation of 1993, which had become the only "solution" available to an exhausted and fearful government. These lacunae meant that the party also suffered internal bleeding that sapped its potential for recovery in the future. The early years in office had already been marked by the votes of some locals of the Canadian Auto Workers (CAW) to disaffiliate from the NDP because of the Rae government’s economic policies. The social contract of 1993 then drove a huge wedge between the public-sector unions and their allies, who were enraged about the government’s assault on collective bargaining, and certain private-sector unions, like the Steelworkers, who were willing to go along with the NDP government. THE NEED FOR A RESTRUCTURING PROJECT By the early 1980s, policy circles and academic debates had begun to describe what appeared to be a promising reaction to the economic crisis which had plagued North America and Western Europe since the mid-1970s. While many different versions of the policy prescription existed, all agreed that technological and organisational innovations were generating space for the traditionally high-wage countries of the North to fend off the "race to the bottom" which the first years of crisis
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had seemed to announce as manufacturing and jobs moved south-ward. Thus, a discourse of "value added" circulated widely. New Democrats, both federally and in Ontario, had begun to move away from traditional Keynesian positions in the 1980s. This movement had provoked serious and deep debate within the party. A range of options had been on offer, including inter alla relatively unreconstructed "neo-Keynesianism," a sort of decentralised community-based democratisation, and proposals for an employment-centred tripartism involving the state, business and unions.7 None of these renewal strategies really "took," however, because they generated as much dissension within the NDP as they brought any consensus. They failed to satisfy the party’s need to identify a nuanced position on the constitutional division of powers which would offend neither Canadian social democracy’s long-standing commitment to a "strong central government" nor the provinces’ (especially those led by NDP governments) concerns about infringing on their room for policy manœuvre. In addition, each project had a quite different position on the status of the labour movement and other social movements. For some theorists, the alliance with the unions was a source of the party’s difficulties, while others privileged it as the basis for success. For some the only route for the future was an alliance with the popular sector, while others were deeply suspicious of what they labelled "single issue" groups which they feared were unwilling to make a standing commitment for the long haul through restructuring. All of these political questions, which had long plagued Canadian social democracy, faced the ONDP after September 1990, even as it set off to pursue its project of constructing a high-wage, high-value-added economy. In addition, the new government had to face two factors which were particular to its being Ontario. The first was that Ontario has always been the province at the centre of Canada’s industrial development and was therefore destined also to bear the brunt of the economic and political dislocations of moving from Fordism to post-Fordism. The second was that, being the province at the "centre," Ontario had never developed a strong provincial state or provincial
7.
For an overview see Neil BRADFORD, "Ideas, Intellectuals, and Social Democracy in Canada", in A.-G. Gagnon and B.T. Tanguay (eds.), Canadian Parties in Transition : Discourse, Organization, Representation, Toronto, Nelson, 1989. For a more recent discussion of the debates see Ian McLEOD, Under Siege : The Federal NDP in the Nineties, Toronto, Lorimer, 1994, Chapters 1 and 6.
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identity which could serve as a resource for a government seeking to implement an ambitious and politically complicated new model of development. Since the Fordist model of development first began to predominate in the postwar years, Canada has had a permeable variant.8 This meant that, well before the FTA, the economy was permeable to US capital, which controlled much of the resource and manufacturing sector, and to decisions and preferences of the American state. The political institutions regulating this model of development were those of federalism. In the first postwar decade the central government used its fiscal capacities to push provinces towards its preferred patterns of spending and programmes, and thereby to construct Canada’s version of the Keynesian welfare state. By the mid-1960s, however, the provinces, notably Quebec and certain western ones, began to resist the federal government’s power to direct development. New institutions of executive federalism and federal-provincial negotiations took shape. This system of representation reflected and sustained a universe of political discourse which favoured regional and cultural, rather than class, identities. In several ways, then, the situations which social democracy in Canada and in Ontario faced were different from those of many West-ern European parties. The complex of partisan and corporatist arrangements which regulated Fordism in much of Western Europe were either not present or did not have the same importance in Canada. Secondly, a universe of political discourse focused on the politics of region and culture made the NDP’s task of class formation exceedingly difficult. The permeable nature of Fordism, moreover, meant that the labour movement itself was open to US influence. Not only the presence but the predominance of "international unions" within that movement and affiliated to the NDP signal this permeability. Federalism also meant that a fragmented union movement was highly likely, because labour legislation was a provincial responsibility. 8.
The term permeable Fordism is from Jane JENSON, "’Different’ but not ’Exceptional’ : Canada’s Permeable Fordism", Canadian Review of Sociology and Anthropology, vol. 26, n° 1, 1989. For a presentation of the concept and a discussion of post-Fordism see Rianne MAHON, "Post-Fordism, Canada, and the FTA : Some Issues for Labour", in D. DRACHE and M. GERTLER (eds.), The New Era of Global Competition, Montreal, McGill-Queen’s, 1991.
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Ontario was always the heartland of Canada’s permeable Fordism. The central region of the province, in which two thirds of the population lives, housed a concentration of the typically Fordist consumer durables industries.9 Thus despite a secular shift towards an enlarged service sector, in 1989 manufacturing still accounted for 20.8 % of employment in Ontario, as compared to 14.5 % for Canada as a whole.10 This industrial structure had two basic characteristics which would cost dearly once the FIA kicked in. One third of the value added in manufacturing was accounted for by foreign-owned subsidiaries, and most of these were true branch plants producing not for export but for domestic production. Second, Ontario was much more dependent on the US market (75.8 % of exports going south in 1992) than was Canada as a whole (65.2 %).11 The provincial economy would therefore be deeply affected by anything which altered the conditions upon which this economic structure depended — and the FIA would do just that. With its large population and relatively high concentration of Fordist manufacturing industries, there are a large number of unionised workers in Ontario, although densities were not as high as in British Columbia or Quebec in the 1980s.12 Despite the potential for social democracy in this situation, the ONDP suffered from the inability to mobilise even its most promising constituency to support it fully. Despite being the most industrialised province and having unionisation rates over 30 %, the party never won more than 30 % of the vote in postwar elections. Indeed, it oscillated quite steadily between 15 % and 30 %, a result which marked it off from other provinces where either NDP governments were occasionally formed or support was virtually nonexistent.13 Moreover, the party was acknowledged to be a coalition of the middle class and workers, which meant its lack of success among workers was even more dramatic. Nonetheless, the unions were a crucial part of the party organisation. Their leaders were aware
9.
ONTARIO, Ontario Economic Outlook 1993, Toronto, Ministry of Finance, 1993, p. 35.
10. ONTARIO, Budget Paper E : Ontario in the 1990s, Toronto, Ministry of Finance, 1991, p. 89. 11. Ontario Economic Outlook 1993, Tables 16 and 17, p. 96-97. 12. Gregor MURRAY, "Union Culture and Organizational Change in Ontario and Quebec", in C. LEYS and M. MENDELL (eds.), Culture and Social Change, Montreal, Black Rose, 1992, p. 47-48. 13. Peter McCORMICK, "Provincial Political Party Systems, 1945-1986", in A.-G. Gagnon and B.T. Tanguay (eds.), op. cit., p. 157-158.
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that the Ontario economy was restructuring, and they began to turn to the provincial government to demand some kind of leadership. Attention to the provincial state was something new, because as Prime Minister Rae once said, "Ontario has for decades been the part of Canada which dared not speak its name."14 Even if Bob Rae did not go on to provide a clear reason for this silence, we can attribute it to the hegemonic position of the province within Canada. Since the National Policy at the end of the nineteenth century, the needs of the centre of the country had always been represented as the "national interest." In the postwar years, as Quebec’s economic importance for the Canadian economy declined, the "centre" has come more and more to mean Ontario alone. The ironic result of this centrality was that Ontario remained "nameless," and its failure to name itself had consequences. The earliest responses to the crisis of Fordism came in the 1970s from economic nationalists, like the Waffle wing of the NDP, or Liberals, such as Herb Grey. Both socialist and liberal tendencies of the nationalist movement were located primarily in Ontario and its situation in the North American economy was of greatest concern. Nonetheless, these nationalists always spoke in the name of Canada. Thus, one of the consequences of the namelessness of Ontario was that very little debate focused on what could be done by Ontarians through the Ontario state. Citizens of Ontario and the government had to quickly learn how to behave like the other provinces, now that it could no longer necessarily count on positive spillover from the strategy of the federal government. Such a reconfiguration of political attention and political action was not easily achieved. The other provinces had spent the previous decades not simply expanding but upgrading their provincial bureaucracies. The deepening of the provincial bureaucracy was most evident in Quebec, where a strong state was defined by nationalists as the embodiment of the nation as well as the guarantor of its future. West-ern provinces also engaged in province-building, in order to arm them-selves for the feared federal encroachment. The Ontario bureaucracy alone was never seriously pushed to develop its industrial and economic policy capacities.15 14. Cited in SCHWARTZ, "North American Social Democracy", p. 19. 15. E.A. LINDQUIST and G. WHITE, "Streams, springs and stones : Ontario public service reform in the 1980s and 1990s", Canadian Public Administration, vol. 37, n° 2, 1994.
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These habits had already begun to change before 1990. David Peterson had established his Premier’s Council of Ontario, which he intended to be a source of innovative and high-quality economic thinking. Composed of leading ministers, high-profile members of the business community, and representatives from the labour movement, the Council was independent of the provincial bureaucracy. The Premier’s Council issued the first volume of its report in 1988, adopting a position critical of the federal government’s neoconservative agenda. Indeed, it revived the familiar left-nationalist suspicions of a branch-plant economy, this time pointing the finger at management practices rather than ownership. For example, firms denied a world product mandate by their parents would be unlikely to innovate and thereby to move up the value-added ladder. With this analysis and critique, the Ontario Liberals were proposing their own high-wage, high-valueadded alternative, including industrial policy and active labour market policies. Many in the Ontario labour movement welcomed the Premier’s Council initiative because it provided an opportunity to locate their own workplace concerns about restructuring and especially corporate pressure for "flexibility" in a broader analysis of the Ontario economy. Nonetheless, the labour movement was not totally enamoured of the provincial Liberals’ initiative. Labour was critical of an industrial policy and training focus which neglected to make commitments to full employment and social programmes.16 Nor did the Ontario Federation of Labour (OFL) approve of the undemocratic, closed-door process by which reports were written and issued. Indeed, on the Left the debates about, and commentaries on, the Premier’s Council were the first hints that there were a range of possible readings of a highwage, high-value-added scenario. These unresolved differences would haunt the NDP government as it picked up many of the themes and even some of the personnel who had been actively involved in the Premier’s Council process. While there was general enthusiasm for a "race to the top," the chosen route was not always the same. Put simply, the division within the Left turned on the question of power. For some, a high-value-
16. For some of these criticisms, see several of the essays in Daniel DRACHE and John O’GRADY (eds.), Getting on Track : Social Democratic Struggles for Ontario, Mont-real, McGill-Queen’s, 1992, as well as policy documents prepared for the OFL’s 1990 policy congress.
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added strategy was the one best alternative to move Ontario into the post-Fordist future. They sought to supplement the Premier’s Council and Liberals’ version with more progressive elements. They called for more attention to employment rates and structures and to incorporation of social policy concerns, while empowering workers in the work-place and facilitating bi- and tri-partite partnerships for things like sectorial training and adjustment. This stance might best be characterised as a search for social partnership, in which everyone’s shared interest in the wellbeing of the Ontario economy was assumed.17 The alternative response on the Left to the Peterson government’s initiative came from those who privileged a discourse stressing the unequal power of labour and capital, and the need for any social-democratic government as well as the Left in general to challenge existing power relations rather than to seek partnerships. In order to achieve this the Left must not only engage in social bargaining but, even more importantly, must develop its own agenda and mobilise behind it.18 These differences are often represented, quite appropriately, as a strategic difference between two unions, the Steelworkers on the one hand and the Auto Workers on the other. Thus, as Ian McLeod writes : The task for the Canadian left in the 1990s is to develop a plan for a productive economy. But the NDP and its allies are split on which road to take, whether to choose confrontation or partnership with capital. [...] Two powerful NDP-affiliated factions, led by the Steel-workers on one side and the Auto Workers on the other are pulling in opposite directions. The Steelworkers have set out on a course of co-ownership and workplace consultation aimed at giving workers a voice in training, management and the investment of profits. The Auto Workers have protested that this approach will pave the way for massive concessions. They favour a political strategy of militant unionism and support tough government regulation and taxation. [...] These two alternatives — partnership and confrontation — imply two competing visions.19 17. The best example of this position within the labour movement comes from the STEELWORKERS, in their publication Empowering Workers in the Global Economy. The partnership theme had also permeated the second volume of the Council’s Report, which was issued just before the 1990 election. 18. For a presentation of this position see, for example, Sam GINDIN, "Empowerment, Competitiveness and Leadership : A Review of Empowering Workers in the Global Economy", A Labour Agenda for the 1990s, CAW, January 31, 1992. 19. Ian McLEOD, op. cit., p. 8.
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In the ONDP, as in the federal party, these two positions coexisted. Both arguments could be heard as New Democrats presented alternative readings of the crucial issues of the day and of how to mobilise for change. Before 1990 the debate was present, if muted, inside the ONDP. Some discussion of the best route to a high-value-added economy took place as the Ontario party launched a rethinking process of its own, parallel to that of the Premier’s Council. This initiative brought together non-aligned and New Democrat academics, and marked the first effort to bridge the rift between the party and much of the Left intelligentsia which had resulted from the nationalist controversies of the early 1970s and the ouster of the Waffle.20 Floyd Laughren, who would become provincial Treasurer, was the co-ordinator of this review which began in 1988 and which has been described as "one of the most thorough compilations the party had prepared on economic policy issues."21 Its initiator and co-ordinator was frustrated by the process, however, claiming not to have found anything in it around which the party could rally.22 In part this was because two visions of social democracy and the power relations of capitalism coexisted at the heart of the document produced. Nonetheless, as we will see, the discussion — including its lack of consensus — did leave a legacy that became more visible and even more difficult later. As part of this initial process, the NDP Council received a discussion paper, entitled "Economic Policy Review : Issues for Discussion and Debate," which summarised the themes of the previous discussion and called for more debate. Indeed, the paper ended with an injunction, also derived from the rethinking process just undertaken, that any credible programme must arise from broadbased consultation and participation within the party and beyond : [...] the party cannot gain the necessary insight or credibility without engaging in an ongoing and outward looking process of participatory policy development. [...] it is only through a genuine
20. BRADFORD, "Ideas and Intellectuals," presents these divisions, p. 93-98. The people involved included, for example, Left nationalists such as Mel Watkins and Daniel Drache, Marxists such as Leo Panitch, and a variety of "non-aligned" Leftists. The complete list of participants, in addition to these, is : Ronald Beasley, Harry Glasbeek, Charlene Gannage, Brigitta Kitchen, Christa Freiler, Heather Mackenzie, Rianne Mahon, Riel Miller, Leon Muszynski, John Myles, Roger Peters, Ted Jackson, Ethan Phillips, George Warskett, David Wolfe and Isa Bakker, who wrote the report. 21. EHRING and ROBERTS, Giving Away A Miracle, p. 208. 22. Quoted in WALKOM, op. cit., p. 95.
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La social-démocratie en cette fin de siècle dialogue among party activists, the unions and members of popular sector groups, that an effective and understandable programme can be articulated.23
This advice was not heeded. The unanticipated election call shattered the rhythm of policy discussion, and the strategic proposals never became official policy. Nor was the ONDP a body onto which a serious policy discussion and a policy-centred campaign was easily grafted. Many NDPers considered the proposals presented in the discussion document as either hopelessly vague and academic, or simply reincarnations of positions which had been hotly contested — and rejected — earlier in the 1980s, when the move away from Keynesian-ism was at issue.24 The reaction of the ONDP also reflected the party’s unfamiliarity with, and even suspicion of, running on the basis of societal projects. The party had never been in office, despite having formed the official opposition several times. Moreover, racked in its first decade by a serious conflict over competing principles — the Waffle controversy — it had resorted to adopting a hodge-podge of positions which seemed electorally promising. It adopted single-issue groups, even if their precise demands contradicted existing commitments. It avoided discussing economic policy, as did the federal NDP, because polls showed that voters gave New Democrats very low marks for economic policy. Therefore, when the surprise election call came in July 1990, the campaign was designed around a reiteration of contentless populism, assaulting the government for its alignment with the rich and suggesting that the NDP was the party of the ordinary people, although very little of substance was offered to the latter.25 There was another limit, besides lack of consensus, to the utility of the rethinking process. After the deep recession of the first few years of the 1980s, the province actually enjoyed a relative boom, so that the underlying crisis of permeable Fordism was harder to perceive. 23. "Economic Policy Review : Issues for Discussion and Debate", prepared for the Ontario NDP caucus, Planning and Priorities Committee, August 1989, mimeo, p. 29. This paper was written for the group by Isa Bakker. 24. For the details of the reception of this exercise by Laughren and some members of the party see WALKOM, op. cit. , p. 92-97. 25. On the tendency of Canadian social democracy to resort to "contentless populism" see Neil BRADFORD and Jane JENSON, "The Roots of Social Democratic Populism in Canada", in Frances FOX PIVEN (ed.), Labor Parties in Postindustrial Societies, London, Polity, 1992.
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Much of the Premier’s Council and the ONDP’s rethinking process had occurred when the province’s economy was booming, and the major task was to "add value." Job losses in the manufacturing sector were occurring, but their impact was softened by the increase in service-sector employment. The main contributor here was the business-service sector, which accounted for fully 34 % of net job creation between 1983 and 1989. These services were often delivered in other provinces, but Toronto remained the location of preference for service-sector head offices.26 This boom came to a shuddering halt on the eve of the ONDP’s election triumph. As the party took office, statistics were already coming in, showing rising unemployment and the menace that these job losses were permanent rather than temporary layoffs.27 The Liberal government had concealed a major deficit situation in its last months in office, so the NDP arrived to find its finances in disarray, before it had even begun to govern. This was the unexpectedly unfavourable context in which the Rae government had to begin to act. The subsequent form that discussion of economic policy would take was deeply marked by the economic conditions of the province when the ONDP eventually took office. "SUSTAINABLE PROSPERITY :" THE ONDP GOVERNMENT’S ECONOMIC STRATEGIES Despite the shift in the economic climate, and the fear about the economic future, the Rae government did not back off its positions. The Throne Speech of 1990 reiterated much of the Agenda for the People and was, therefore, relatively simplistic and lacking clear vision. This could not be said of the first budget presented by Floyd Laughren in April 1991. In the intervening months some of the people central to the rethinking exercise of 1989-90 had taken up posts in the government and their "renewal" thinking was putting down roots. Budget Paper E is the clearest statement of the government’s commitment to attempting to promote equitable and sustainable structural change. Environmental politics, whose language stresses sustainability more than development or growth, had an obvious
26. Ontario Economic Outlook 1993, 30. 27. Budget Paper E, p. 85.
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La social-démocratie en cette fin de siècle
influence on this document as did the earlier thinking about adding value : The central goal of the Ontario Government’s economic strategy is sustainable prosperity. This strategy is premised on the need not just to adapt to the pressures of changing economic conditions, but to support positive economic change for Ontario. A prosperous society must provide high levels of employment in well-paying, high-quality jobs. Prosperity must be environmentally as well as economically sustainable. It must also be socially sustainable, which requires that the costs and benefits of economic change be shared fairly. [...] A healthy and equitable society requires a public sector that provides the services necessary to promote the health, education and social wellbeing of its citizens. Ontario must pro-mote equitable structural change through a comprehensive economic and social strategy aimed at sustainable prosperity.28 In this document the imprint of the Laughren policy review is clearly visible.29 It presents a strategy designed to direct restructuring in a manner which combines equality and employment concerns with the competitiveness and training agendas of the value-added approaches. The statement also includes a substantial commitment to "greening" the restructuring process. In this Budget Paper the government announced its intention to combine economic, social and environmental sustainability. Nor was the document completely naive about the political effort needed. It had a full appreciation of the complex of social relations which had sustained Fordism. Therefore its scenario for the post-Fordist future included attention to altering relations within civil society, new state-civil society connections, and even to changing state structures. The tragedy of the Ontario New Democrats’ story is that this ambitious programme, with all of its contradictions unresolved and intact, eventually contributed its part to the decline of the party. Its story, and the twists and turns in the various policy domains included in this economic strategy, including the loss of support at each step, are part of the reason the government found itself choosing the Social Contract "solution" in 1993. Thus they are all contributions to the further weakening of the party’s own base. 28. Budget Paper E, p. 86. 29. The relatively close fit is not surprising. Laughren appointed Riel Miller, one of those most active in the policy review, to be his assistant.
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Rethinking work and workplaces The Rae government moved forward with two types of initiatives. First, it brought in labour law reform, as a direct response to longstanding claims of the labour unions in Ontario. Secondly, it responded to a number of demands for institutions and legislation which would address new needs emerging in postFordist workplaces and which would dovetail with the economic strategy of the government. Amendments to the Ontario Labour Relations Act (Bill 40), which became law on January 1, 1993, provoked an immense controversy, and the government got caught between the principal interested parties. One change was to legislate against use of scabs for strike breaking. Unionists had been calling for this restriction on management for years ; they had seen the advantages such legislation offered unions in Quebec. Also important for unions, and vehemently opposed by business, were provisions to facilitate organisation, especially in smaller workplaces where much of job growth had been occurring. Thus the Act gave unions access to "third party" property (for example, shopping malls and industrial parks) for the purpose of organising and picketing ; granted successor rights, which are particularly important as certain services are contracted out by companies in order to disrupt unionisation ; and the Ontario Labour Relations Board (OLRB) was empowered to consolidate bargaining units in the same company, which meant that companies such as banks and department stores which had many small workplaces were more likely to be represented by the same union. These amendments were the output of a process which began with the Burkett Commission, a group of labour and legal experts established soon after the ONDP won the election. The Ontario Federation of Labour, which had decided to present its whole "wish list" at one time, gained the support of the labour lawyers but not those coming from the business side.30 The recommendations went to Cabinet, but even as they were under discussion, business groups set up three lobby organisations and conducted an expensive publicity campaign in opposition to the suggested changes. They were lucky to have on their side an employer with privileged access to the media. Southam News played a very active part in the corporate opposition to the changes, and the Daily Newspaper Publishers’ Association also came
30. WALKOM, op. cit., p. 125.
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out against them. For the media, which had to get its product out, strike or no strike, the anti-scab proposals were anathema.31 Other companies, such as Eaton’s, were more concerned about changes to regulations on organising. Under unrelenting pressure, the government developed legislation which dropped about half of the initial proposals of the Burkett Commission. This created obvious difficulties among unionists, but they in turn had done little to counter the mobilisation of business. The OFL ran a small advertising campaign, but solidarity was not high. According to Julie Davis, OFL Secretary-Treasurer, part of the problem was that "we didn’t provide the kind of support we should have when they were getting the shit kicked out them over Bill 40."32 Government members were critical of the unions for failing to inform and mobilise their rank and file. Education minister, Dave Cooke, is quoted as saying that "Labour didn’t educate its own members [...] Most of the calls I received against Bill 40 came from CAW members."33 In other words, both the ONDP and its base went away from this experience angry and disappointed. Further disappointments came with the pay and employment equity initiative of the NDP government. These were sought by activists from labour and other social movements to empower them to challenge the sexual, cultural, and racial distinctions in the labour force which sometimes allowed employers to play on differences in order to keep costs down and workers docile. Again employers’ opposition was important in the pay equity issue. This time one of the major employers was the government itself, which faced high expenditures — at the time the deficit was starting to loom large in governmental concerns — if the legislation passed under the Liberals was extended to nurses and daycare workers. Draft legislation which would have stretched the coverage was dropped, and women workers were outraged.34 Employment equity suffered even more. Passage of the legislation was delayed, the use of quotas was abandonned, small employers were excluded, and timetables were lengthened. Also the notion of affirmative action, which would help workers from the designated cat-
31. Ibid., p. 127 ff. describes in detail the activities of these three lobby coalitions and their funding. 32. Ibid., p. 130. 33. Quoted in ibid., p. 129. 34. Ibid., p. 214.
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egories (women, racial minorities, the disabled and Aboriginal peoples) to gain access to jobs, threatened the self-interest of workers more than employers. Ontario had been a leader in legislating employment equity for the private sector but nonetheless the legacy of this innovation was more often complaint than celebration. In addition, splits opened up within the labour movement and solidarity was never forged. According to Thomas Walkom, the 1993 decision of the huge Oshawa local of the Canadian Auto Workers (CAW) to disaffiliate from the NDP was in part motivated by opposition to employment equity, although criticism — from the right — of economic policy also played a major role.35 Again union leaders seemed not to have brought their members along, to support what had been a long-standing policy of the ONDP, designed to give new meaning to social democratic values and to promote real equity in the post-Fordist world. The other major initiative in this policy realm picked up on the emphasis in the Premier’s Council’s reports on training as a crucial component for the postFordist future. Building on the Peterson government’s initiative, the NDP government quickly moved to establish the terms of reference of the Ontario Training and Adjustment Board (OTAB). Like its federal counterpart, the Canadian Labour Force Development Board (CLFDB), OTAB generated a space at the economic policy table for organised labour and certain social action groups. Unlike the CLFDB, however, OTAB was given responsibility for designing new as well as revising existing policies and programmes. Similar in some ways to the much-admired Swedish labour market board, OTAB had authority in the areas of training and adjustment policy. The Board’s structure was designed to break down programme segmentation, and thus to undermine labour market polarisation.36 In contrast to the federal government’s practices, training would not be contracted out to private-sector, for-profit institutions, but would make use of other provincial bodies like community colleges. OTAB also innovated in terms of who it considered to be part of the "training debate" and whose input was needed in the policy process. The naming of the participants in this partnership effort went
35. Ibid., p. 218. 36. On this see the document Skills to Meet the Challenge : A Training Partnership for Ontario, Toronto, Queen’s Printer, 1991.
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well beyond the usual labour-business-government. The Board was composed of representatives of business (8), labour (8), and four social-action constituencies (women, visible minorities, the disabled, Francophones), as well as representatives from the training and educational communities and the three levels of government. Sensitive to the inequities in existing organisations, the government enjoined labour and business to seek diversity in naming their representatives. Also because of the awareness of its creators that social action groups exist in a less institutionalised web or network, the enabling legislation envisaged fostering reference groups for the social action groups, which would give them some clout in bargaining, as well as fostering accountability. This programme arose directly out of the structural analysis of how to generate a high-value-added economy. Training was one of the three legs, along with investment and industrial strategy, of the policy for this form of restructuring. We see careful attention to establishing structures which would maximise representation and which might be expected to foster links of reflexivity between this state organisation and civil society. This was the progressive component, added on to what had been a Liberal initiative. The NDP’s OTAB promised to do things differently. Despite all these efforts, however, OTAB never really fulfilled its promise. Rethinking the economy : industrial policy and investment We have already described the initiatives taken by David Peterson’s Liberal government to promote a high-wage, high-value-added strategy for restructuring. The NDP government picked up a good deal of that plan, trying to push it in progressive directions. OTAB was one example. So too was industrial policy, which owed much to the initial work of the Premier’s Council, although some observers now consider the NDP version less radical than the Liberal programme. The Liberals had suggested using the state to "develop and support specific leading-edge, high-technology industries."37 The ONDP’s plan backed off picking winners, pledging instead to "support winning activities." Nonetheless, even more than the Liberals, the Rae government defined a major role for the government in helping to create comparative advantage. 37. WALKOM, op. cit., p. 107.
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The policy was designed to do this in several ways. First, in a clear expression of the government’s growing commitment to the partnership route to economic development, it established a Sectorial Partnership Fund ($150 million over three years). The idea was that in sectors of the economy where companies, unions and community groups could work together for sectorial planning, technological and organisational innovations, and research, they would be able to tap into government money to support their actions. In some cases, the power relations of the sector were such that the partnership was completely unbalanced towards companies. In the auto parts sector, how-ever, the CAW succeeded in rebalancing the partnership by insisting that the unions co-chair the committees and they reach consensus before presenting their proposals to the government. The ONDP’s industrial strategy, as has every other discussion of industrial policy in Canada, identified the relatively low rates of investment in research and development as a factor undermining successful growth. Therefore, in addition to continuing the R & D tax breaks already instituted by the Liberals, the ONDP set up an Investment and Worker Ownership Programme, modelled on the labour investment funds already in place in Quebec. The pre-election economic policy review had identified infrastructural investments as crucial to a healthy economic future. One aspect of this investment policy involved building transportation infrastructure to link Ontario better to what was seen as its trading partners in the post-Fordist future, the bordering US states. Highway upgrading in order to meet the needs of just-in-time manufacturers as well as pre-paring for the information superhighway were part of this investment focus. Social and environmental themes were also visible in investment policy. For example, the Jobs Ontario Homes programme, announced in 1992, made a commitment to the construction of 20,000 non-profit housing units. Jobs Ontario Capital focused on a "green communities" programme, seeking not only to push communities to develop ecologically sound waste management, energy use, etc., but also to generate demand for the products of "green industries" in Ontario, such as low-flush toilets.38 38. See, for example, "A Green Industrial Strategy for Ontario : A Summary and Over-view", background briefing documents, Canadian Environmental Industry Association and Ontario Ministry of the Environment, January 1993.
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This vision of industrial strategy and investment did not, how-ever, take on the bête noire of much of the Ontario Left before 1990. It had very little to say about NAFTA, as it was being negotiated, and nothing was heard about abrogating the FTA. For the OFL, for one, this knowing silence was a source of great dissatisfaction and led again to declining enthusiasm for the ONDP government. At its 1991 convention, the OFL had called on the Rae government "to push the limits of the FTA and build support for its abrogation."39 The industrial policy of the government certainly offered nothing in that direction. More-over, it appeared to be moving ahead to adapt to the new patterns of trade and production that would likely come from both the FTA and the NAFTA. Its public opposition to NAFTA was a bleat of protest, at best. In addition, even as the Ontario government was suffering the effects of rapid and market-driven restructuring — that is, having to cope with a soaring deficit — it was also developing an industrial strategy to respond to these changes. The strategy was, however, one whose benefits would only appear in the medium to long-term. The immediate situation was experienced by both the government and the people of Ontario, including their representatives in the labour movement, as a time of deep crisis. Moreover, the strategy never took the position which the NDP had previously held and which the labour movement and much of the popular sector still supported : abrogation. Nor did the government eschew the concept of "partnership," which was feared and rejected by a goodly portion of the labour movement. Indeed, hewing closely to the line of "cooperative" unions such as the Steelworkers, the government promoted social partnerships as the way of the future. Therefore, in this arena of industrial and investment policy as well, the gap between the government’s policy proclivities and its political base widened, although not always for precisely the same reasons as in the arena of work restructuring. After only a few years in office, the high-wage, high-valueadded economic restructuring project, as its parts were finally implemented and often over the vehement objections of business, had done little to cement support for the NDP in public or even among its potential electorate in the union movement or the popular sector. Group after group had been angered by the compromises the government accepted when passing legislation. Labour law reform and pay and
39. OFL, "Economic Renewal : Our Vision", document 1, prepared for the OFL’s first biennial convention, p. 19.
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employment equity decisions caused divisions to fester within the forces of the Left. OTAB’s industrial policy and investment programmes were both abstract changes and likely to pay off in the long rather than short term. Nor did they come wrapped in the familiar rhetoric of Canadian nationalism, which much of the Left still used. The new discourse of high-value-added competitive advantage was not "taking" among the forces of the Left. Disappointment was wide-spread. This disappointment would flare into anger and new divisions when the Rae government moved to address the province’s deteriorating financial situation. GETTING TO THE SOCIAL CONTRACT : DEFICITS, FEDERALISM, AND FRUSTRATION We have already presented the details of the economic programme of the NDP government, both its similarities and differences with the Liberals, and the conflicts within the labour movement over social partnership. The high point of coherence in this policy position was the first year in office, and especially the first budget, brought down in April 1991. The government explicitly announced a preference for privileging the fight against the recession over the deficit. It also presented, in Budget Paper E, the logic of its restructuring project. In the next two years, however, the government made two decisions which were crucial for its future, and which eventually led it towards the fateful imposition of the Social Contract. The first decision was that it could no longer continue to allow the deficit to rise. Here it was again subject to strong pressures coming from outside the province and outside its constituency. Of central importance was the neo-conservative Tory federal government’s decision to offload the costs of social spending onto the provinces, by "capping CAP" for three provinces, including Ontario. This came at a time when social programmes were experiencing huge increases in demand, as a result of spiralling unemployment. Faced with these actions by the Federal government, in effect, the government of Ontario was forced to realise that it could no longer anticipate the positive spillover effects of its privileged position at the centre. It would have to announce itself and tussle with the others in the forum of federal-provincial relations. Also important in generating the shift to deficit reduction was the continuing and intense pressure coming from business. Here, as a province, Ontario suffered from all the weaknesses of a small economy,
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in this case one which did not even control the central levers of economic decision-making. It also suffered from the scare tactics which "international business" were using to try and push not only provinces but also the federal government into line on deficit control. The second decision that would have a major impact related to the government’s status as employer as well as source of funds to many other publicsector employers (municipalities, hospitals, universities, etc.). The government decided in the spring of 1993 that deficit control would be achieved via a major reduction in the costs of government, including cutting the size of the public service. The specifics of the policy was to cut over $8 billion from the budget via a mix of tax increases, an expenditure control programme, and Social Contract to be negotiated with its workers.40 In the case of the latter the government had decided that its "partnership" discourse and practices would apply to the public sector as well. The document presenting the arguments for this social contract made the commitment to partnership clear. It began, for example, by evoking the deficit and asserting a solution : "Real and enduring restraint is crucial to solving our fiscal problems. [...] In exchange for voluntarily restraining compensation, public sector workers will expect to enter into long-term partnerships for planning and implementing the future development of Ontario’s public services."41 The original proposal listed a number of changes the government was willing to make, inter alfa : union participation (advisory) in the ongoing review of public-sector management ; formation of a tripartite working group to provide counselling and retraining for displaced workers, following the model developed for the steel industry ; establishment of labour-management workplace training committees ; a move to sectorial bargaining, to replace the more fragmented system in place in the municipal, health care and educational sectors. As items on the bargaining table such proposals were sometimes progressive and might even have launched a momentum towards a different kind of state. The NDP government was not interested in serious bargaining, however. It was clear from the beginning that the primary goal was cutting the wage bill by reopening collective agreements and making substan-
40. For the details of this programme see PANITCH and SWARTZ, op. p. 169-175 and Stephen McBRIDE, "The Continuing Crisis of Social Democracy". 41. ONTARIO, Jobs and Services : A Social Contract for the Ontario Public Sector, Toronto, 1993, p. 1-2.
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tial personnel cuts. Alternatives put forward by the union’s Public Sector Coalition were never seriously considered and criticisms, even from within the NDP, were summarily dismissed. This experience was even more draconian than that proposed for the private sector. There, the institutions created for implementing the high-value-added strategy were somewhat flexible, allowing unions which wished to pursue a social bargaining strategy to make some headway. There were two differences with the public sector, however. The first was that the government, which now was one of the partners, was determined to impose a partnership, leaving no space for the choice of social bargaining. But more importantly than that was that the government refused to act like a true partner. It refused to bargain in good faith and to act like the progressive employer whose existence and goodwill was a premiss of the economic policy of high-value-added economic partnership strategies. Indeed, it simply imposed a cutback on increasingly angry unions. In the end, process as much as substance generated the anger which alienated the NDP government from the unions which represent its own employees as well as those of other governments and public institutions. CONCLUSION The imposition of the Social Contract midway in the government’s mandate was taken by many activists and other observers as the sign of the utter failure of the ONDP to sustain its social democratic roots and to find a way through the difficulties of restructuring an open, vulnerable, and provincial economy. International factors, shifts in Canadian federalism, and the oppositional role played by business must all be cited as part of the story. We have, however, added to that story an additional factor, which is the failure of the government successfully to mobilise the party and its base in the union movement behind the programme which it had developed and tried to promote. The tragedy of the NDP can not be seen simply as a failure to understand the circumstances it faced or as a lack of ideas for responding to the new circumstances. We have shown that the ONDP did have a nuanced and complex analysis. Nonetheless, the very history of its development, by a "think tank" of experts with only loose, if any, links to the party organisation and the unions, reveals one source of difficulty. The ONDP won the election without an official programme and without an organisation capable of mobilising support behind the
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tough choices it proposed. The question of power was on the table, that being whether labour and capital could be partners or were inevitably on the other side of any negotiation. Gradually over the life of the Rae government, the partisans of a tough, anti-partnership discourse moved away from the government and began to engage in other forms of politics, in particular those involving mobilisation of the popular sector. In other words, the unions, who were organised and might have mobilised support, were divided over the ONDP programme and perhaps because of this did little to communicate to their base, which was the NDP electorate, the complexities of governing and the need for vigilant mobilisation from the outside. Such activity has a dual purpose. It serves to prevent the government from "slipping" but also to demonstrate to the government’s detractors and opponents that it does have the support of its base and must therefore stick to its principles. This type of mobilisation is difficult to achieve, to be sure, but without it the ONDP government was left to develop a bunker mentality which eventually led to the social contract, and plummeting levels of support. The euphoria of "Premier Bob’s" election had been transformed into the disgruntlement and anger of public-sector workers forced to lose collective bargaining rights and to take salary reductions in the form of the infamous "Rae days."
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Social Democracy on Trial : The Parti québécois, the Ontario NDP, and the Search for a New Social Contract Andrew Brian Tanguay
I. INTRODUCTION : OF SOCIAL DEMOCRATS AND SOCIAL CONTRACTS For the past two decades, the idea of a social contract has been the subject of intense debate among social democrats in Canada. Advocates of such a pact between organized labour and social democratic governments point to Sweden, Austria, and (sometimes) Australia as shining examples of what a social contract can accomplish. In all three countries, it has been argued, social democratic parties in power were able to implement "a package of progressive social and economic policies while the unions, in return, [...] restrain[ed] their bargaining demands to prevent a wage-price spiral,"’ The result has been sustained economic growth and international competitiveness for society as a whole ; a happy combination of high wages, very low unemployment and improved access to economic decision making for the trade unions ; and electoral success for the social democratic party that engineered the
1.
John CALVERT, "Labour and the Social Contract : An Idea Whose lime Has Come and Gone", in Simon ROSENBLUM and Peter FINDLAY (eds.), Debating Canada’s Future : Views from the Left, Toronto, James Lorimer & Company, 1991, p. 54. As the title of his article indicates, Calvert is merely summarizing the basic premise of a social contract ; he is a relentless critic of the idea in practice.
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deal. In addition to the historical successes of social contracts in a certain number of countries, proponents of such an arrangement in Canada argue that it is one way — perhaps the only way — of getting beyond the adversarial system of collective bargaining based on the Wagner Act model and thereby affording workers real control over their economic situations. John Richards is one of the best-known defenders of this viewpoint.2 Peter Warrian, a principal architect of Ontario’s social contract, adopts a position quite similar to that of Richards, as the analysis below will demonstrate. Critics of the notion of a social contract, both from the labour movement and the radical left, tend to dismiss this kind of arrangement as a "contrick."3 Even in countries as progressive as Sweden or Austria, these critics contend, the social contract is in practice little more than a means of hoodwinking the unions into thinking they are obtaining a substantial share of economic power when in fact the over-riding objectives of the "contract" are to control wages (and thus inflation), dampen union militancy, and ensure the reelection of the social democratic party. Critics of the idea of a social contract accuse the governing social democratic parties of taking advantage of their special relationship with the unions in order to domesticate workers and mollify both international investors and indigenous capitalists.4 According to Leo Panitch, social contracts are either spectacular failures, as with the Labour government’s attempts to forge such an accord in the United Kingdom between 1974 and 1979, or they are subject to cyclical breakdowns, as in Sweden for much of the postwar period. Why ? Because social contracts are "inequitable in practice. They tend to freeze the distribution of income ; they tend to hurt the low paid most ; they tend to be primarily wage restraint[...] Social democratic social contracts are elitist centralized arrangements, even in the most successful cases."5 2.
See John RICHARDS, "Collective Bargaining Is Not Enough : The Case for a New Social Contract", in ROSENBLUM and FINDLAY, ibid., p. 75-87 ; "Playing Two Games at Once", in John RICHARDS, Robert D. CAIRNS, and Larry PRATT (eds.), Social Democracy Without Illusions : Renewal of the Canadian Lam, Toronto, McClelland & Stewart, 1991, p. 107-131 ; and "The Case for a New Social Contract", in John RICHARDS and Don KERR (eds.), Canada, what’s left ? A New Social Contract Pro and Con, Edmonton, NeWest Press, 1986, p. 55-82.
3.
The term is CALVERT, loc. cit., p. 74.
4.
CALVERT, ibid., p. 64-71.
5.
Leo PANITCH, "A Social Contract or Socialism ?", in RICHARDS and KERR, op. cit., p. 13-23.
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This paper examines two recent attempts by social democratic governments in Quebec (1976-1985) and Ontario (1990-1995, bar-ring an electoral miracle) to forge a social contract with labour. My intention is not to resolve the theoretical debate that I have just out-lined over the pros and cons of a social contract in the abstract. Suffice it to say that the advocates of such a bonne entente too often lapse into uncritical boosterism and frequently underestimate the formidable obstacles to the export of institutional arrangements from, for example, Australia or Sweden to Canada. At the same time, the critics of the social contract easily slip into a kind of fundamentalism which, simply by theoretical fiat, rules out any possibility of working-class gains through collaboration in state policy-making.6 As the following two case studies will show, however, there are compelling reasons to be sceptical of the viability or even the desirability of a social contract in the Canadian context. When social democratic parties take power at the provincial level — neither the NDP nor its predecessor, the CCF, has ever come close to forming a government at the federal level, and it looks increasingly less likely that this will ever occur, unless the electoral system is changed — they frequently invoke the ideology of social partnership, calling on business and labour to collaborate with the state in the creation of an efficient and equitable economic order. This both the Parti québécois and the NDP in Ontario did. In order to forge this new "social contract," both the PQ and the ONDP offered significant concessions to organized labour, most notably in the form of legislation to ease certification procedures and to ban the use of "scabs" in labour disputes. However, in both Quebec in the early 1980s and Ontario a decade later, economic crisis forced the social democratic governments of René Lévesque and Bob Rae to narrow the meaning of the term "social contract" considerably. The PQ and the NDP both sought to cope with the
6.
On this point I am largely in agreement with Winton HIGGINS’ persuasive critique of what he calls "traditional ultra-left fundamentalism about class interests under capitalism..." See his article, "Political Unionism and the Corporatist Thesis", Economic and Industrial Democracy, vol. 6, 1985, p. 353. Higgins demonstrates convincingly that in the Swedish case, at least for a time, trade union participation in policy making through a type of social contract enabled the labour movement to "go beyond a narrow focus on wages and conditions, to generate goals that challenge the power of capital as it expresses itself in market outcomes and public policy, and to actively pursue these goals in their own right outside (as well as inside) the industrial relations sphere..." (Ibid., p. 350.)
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budgetary effects of devastating recessions by calling on their public-sector employees to accept a social contract in which they would exchange voluntary wage rollbacks for job security.7 In both cases, the unions spurned the government’s offer, prompting the passage of special legislation to open up existing collective agreements and impose the government’s terms. During the strife-ridden negotiations over the social contract, both the PQ and the NDP appealed to public-sector workers to acknowledge their privileged position and to shoulder some of the same burdens borne by their private-sector counterparts — who, by and large, were not altogether sympathetic to the plight of civil servants, teachers, professors, and the like. In the process of imposing their social contract, then, both the PQ and the NDP consciously inflamed the organizational and ideological rivalry between private-sector and public-sector employees, with devastating consequences for the labour movement, the governing party and, ultimately, social democracy as a political philosophy. For those who are inclined to believe that history repeats itself, there are intriguing parallels between the actions of the Parti québécois during its two terms in office and those of the ONDP ten years later. Both governments suffered from a kind of technocratic hubris, a belief that no rational individual could dispute their reading of the economic situation, and that the public-sector unions would have no choice but to acquiesce in their policy proposals. This is not to say that the unions were either blameless or paragons of virtue in either case ; in both Quebec and Ontario, organized labour made crucial strategic mistakes, especially in Quebec in 1982-83, where the public-sector union leaders adopted a marxisant rhetoric that was wildly out of touch with the sentiments of most of their rank-and-file members and public opinion as a whole. Nonetheless, the Lévesque and Rae governments both seemed to be seduced by the illusion that their harsh measures to control government spending would not alienate public-sector employees — a group that had played a pivotal role in bringing the PQ and the ONDP to power. After all, what other party could these workers possibly support ? More importantly, both Lévesque and Rae gambled that their social contracts would attract moderate, non-unionized
7.
Strictly speaking, the Ontario NDP called for public-sector workers to accept a number of days of unpaid leave during each year of the social contract — these came to be known derisively as "Rae Days." In the worst-case scenario, they would amount to a 5 % wage cut, although the social contract legislation allowed for the negotiation of local deals, as we shall see below.
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voters who traditionally shunned social democratic politics, thereby propelling their parties into another term in office. The consequences of these misguided gambits, I suggest below, have been disastrous in both Ontario and Quebec, and have cast doubt on the viability of social democracy within the larger Canadian political system. II. THE PARTI QUÉBÉCOIS, THE NATIONAL QUESTION, AND THE LIMITS OF SOCIAL DEMOCRACY8 Election night, November 15, 1976 : a crowd of ecstatic Parti québécois supporters fills the cavernous Paul-Sauvé arena in Montreal, waving the Quebec flag and chanting the informal anthem of the independence movement, Gilles Vigneault’s "Gens du pays." René Lévesque, his face an admixture of awe, shock, and pride, proclaims to the crowd : "Jamais, jamais, je n’ai été aussi fier d’être Québécois." The Parti québécois, a social democratic party committed to Quebec’s independence (albeit in an economic association with English Canada), had swept 71 of the province’s 110 seats with 41 % of the popular vote. The following day, pundits in the English-language press across Canada are penning anguished editorials that question whether the country is about to be dismembered. The PQ government elected in 1976 was quite unlike any that had preceded it in Quebec, in terms of the class backgrounds of its members. Overwhelmingly dominated by educators of one sort or another (who made up over a quarter of the Lévesque cabinets between 1976 and 1985),9 by former civil servants, and by journalists, the government, like the PQ itself, was clearly a vehicle for the aspirations of the francophone new middle class. Although individual labour leaders like
8. This section of the paper draws on some of my earlier research on the PQ’s relations with organized labour and business. See A. Brian TANGUAY, "Concerted Action in Quebec, 19761983 : Dialogue of the Deaf", in Alain-G. GAGNON (ed.), Quebec : State and Society, Toronto, Methuen, 1984, p. 365-85 ; Rediscovering Politics : Organized Labour, Business, and the Provincial State in Quebec, 1960-1985, Ph.D. dissertation, Ottawa, Carleton University, 1990, chs. 7-9 ; and "An Uneasy Alliance : The Parti Québécois and the Unions", in Jane JENSON and Rianne MAHON (eds.), The Challenge of Restructuring : North American Labor Movements Respond, Philadelphia, Temple University Press, 1993, p. 154-179. 9. See Alain-G. GAGNON and Khayyam Z. PALTIEL, "Toward Maîtres chez nous : The Ascendancy of a Balzacian Bourgeoisie in Quebec", Queen ’s Quarterly, vol. 93 n° 4, Winter 1986, Table 4, for data on the predominance of the new middle class within the PQ cabinets.
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Robert Dean (United Auto Workers), Jean Gérin-Lajoie (Métallos), Michel Bourdon (CSN-Construction), Guy Chevrette and Guy Bisaillon (both of the Centrale de l’Enseignement du Québec, or CEQ) were active in the party, as were labour lawyers like Robert Burns, Pierre Marois, and Clément Richard, the PQ was organizationally independent of the trade unions (in contrast to the NDP’s formal ties to the Canadian Labour Congress). The dominant faction within the party, whom Vera Murray has labelled the technocrats (Lévesque himself, Claude Morin, and Jacques Parizeau, most notably),10 made a virtue out of the PQ’s structural independence from the trade unions. This group of political pragmatists feared that overly intimate links with the unions could tarnish the party’s image of moderation and responsibility, since some voters would inevitably associate it with the incidents of violence that periodically flared up on the picket line, or with the inflammatory rhetoric of certain labour leaders. Lévesque and other party notables were convinced that independence would come about only if the PQ succeeded in forging a coalition of all classes ; they therefore felt that the party should avoid becoming too closely identified with the interests and demands of a single social class. To Lévesque and the party hierarchy, Quebec’s union leaders were too self-interested, too susceptible to "class egoisms"11 to be completely trustworthy allies in the struggle for Quebec’s independence. As a result, although many in the government styled them-selves the friends of labour, they simultaneously harboured a deep suspicion of the trade union leaders, who were considered to be out of touch with the more "moderate" rank and file. Lévesque himself once said that often he had the impression that the PQ was closer to the thinking of rank-and-file workers than were "those who, officially, speak in their name."12 Lévesque also claimed that the lack of any for-mal tie with the union federations was a tremendous advantage for his party, since it meant that the PQ could be "the government of everyone, with no strings attached."13 10. Vera MURRAY, Le Parti québécois : de la fondation à la prise du pouvoir, Montréal, Hurtubise HMH, 1976. See also Graham FRASER, PQ : René Lévesque and the Parti Québécois in Power, Toronto, Macmillan, 1984. 11. This was a phrase used by Yves Bérubé, then Minister of Natural Resources, during debate in the National Assembly on a piece of back-to-work legislation in 1979. 12. La passion du Québec, Montreal, Éditions Québec/Amérique, 1978, p. 75-76 (my translation). 13. Ibid.
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The PQ’s ambivalence toward the unions was mirrored by the attitudes of the labour federations themselves. During the Bourassa era (1970-1976) the ideological ties between the PQ and organized labour became increasingly close, especially in the wake of the October Crisis of 1970. So strong was the labour movement’s loathing for the Bourassa regime that before the 1976 election the three major union federations 14 either openly (in the case of the FTQ) or tacitly supported the Parti québécois. Many labour leaders, however, especially those in the public sector, were suspicious of the Parti québécois and dismissed it as a "bourgeois party" whose independence project would inevitably subordinate social questions to the overriding issue of national sovereignty. Leaders of the publicsector unions, not surprisingly, were very worried about how the PQ government would act as an employer. Their attitude toward the Lévesque administration was best described by the title of a CEQ document published shortly after the 1976 election : la main tendue et l’œil ouvert, suggesting a cautious willingness to collaborate with the PQ in implementing the progressive reforms outlined in the party program, combined with a vigilance to ward off any attempt by the government to coopt the labour movement or otherwise manipulate it for its own purposes.15 It should be noted that the trade union rank and file were not nearly as sceptical of the Parti québécois as the leadership appeared to be. In the previously mentioned CEQ document, La main tendue et l’œil ouvert, Hubert Sacy, a CEQ press attaché, claimed that most members of the union were highly dissatisfied with the leadership’s radical posturing and its refusal to cooperate with the PQ : "What is certain is
14. These were : the Fédération des travailleurs québécois (FTQ), the largest federation in the province, representing predominantly private-sector workers, many of them in Canadian sections of American unions ; in 1976, the FTQ represented slightly more than 417,000 workers, or just under 50 % of the province’s unionized work-force ; the Confédération des syndicats nationaux (CSN), representing a mix of public- and private-sector workers, with a membership of almost 160,000 workers (nearly 19 % of the unionized workforce) in 1976 ; the Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ), the teachers’ federation, with 82,500 members in 1976 (just under 10 % of the unionized workforce). In addition to these three union federations, there is a fourth, the Centrale des syndicats démocratiques (CSD), originally created in 1972 by a group of breakaway unions from the CSN. The CSD in 1976 represented only 40,000 workers, or less than 5 % of the unionized workforce. Data on union membership are taken from Gilles FLEURY, "La carte syndicale au Québec en 1985", Le marché du travail, vol. 6, n° 12, décembre 1985, Table 2.
15.
CEQ, Conseil général, La main tendue et l’œil ouvert : Réflexions pour une prise de position de la CEQ face au gouvernement du Parti Québécois, 11 janvier 1977.
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that the PQ is a progressive party [...] Let us be clear : in terms of its class composition, the PQ is the party of the CEQ membership, it is ours, that of our own social class [...]"16 This rift in the labour movement provided the PQ with a crucial strategic purchase over the unions, which it exploited on numerous occasions during its two terms in office (especially the first). In particular, during the period leading up to the referendum, PQ leaders sought to play on the nationalist sympathies of many rank-and-file trade unionists, imploring them to set aside their "sectional" interests (for better wages and working conditions, for example) for the greater good of the indépendantiste cause. During its first term in office, the Parti québécois moved cautiously to demonstrate its administrative competence (providing "good government"), to assuage the fears of wary investors in the United States who were more than a little worried by the prospect of a separatist, social democratic government in Canada’s second most populous province, to give substance to its self-proclaimed "favourable prejudice toward workers,"17 and to prepare the terrain for the successful passage of the promised referendum on sovereignty-association. To achieve these often conflicting goals required consider-able policy dexterity — critics called it incoherence — on the part of the government. Given the numerous constraints on the Lévesque government’s freedom of action, labour policy became extremely important in the effort to win over workers — unionized and unorganized alike — to the PQ’s independence project.18 Among the initiatives designed to create a broad coalition in favour of Quebec sovereignty, we might signal the following : The government raised the provincial minimum wage to $3 an hour in January, giving Quebec (along with British Columbia) the highest rate in the country. In July 1977, the PQ enacted Bill 45, an extensive reform of the provincial Labour Code which included, among other things,
16. Ibid., p. 5-6. 17. This was Lévesque’s phrase. See La passion du Québec, p. 76. 18. See Yves BÉLANGER, "Alliance de classes et nature de classe du PQ : Étude de quelques législations du PQ", in CENTRE DE FORMATION POPULAIRE, Au-delà du parti québécois, Montréal, Nouvelle Optique, 1982, p. 53 (my translation) ; Max NEMNI, Normand DUGAS, and Denis MICHAUD, "Bâtir un syndicalisme d’affaires", Cahiers du socialisme, n° 6, automne 1980, p. 242.
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the continent’s first legislative ban on the use of replacement workers — "scabs" — during legal strikes. In 1979, the government enacted Bill 126, establishing minimal labour standards in the province (with respect to hours of work, holidays, vacations, and so on). Bill 17, establishing a complex joint worker — management system to regulate occupational health and safety was also passed in that same year. The PQ held numerous economic summit meetings which brought together the various "social partners" — representatives of business and labour, women’s groups, academic experts, state officials, and so on — to discuss a variety of economic issues. In 1979, the Lévesque government issued its economic policy statement, Bâtir le Québec, in which it professed its faith in private enterprise and called for "The emergence of a national consciousness and [...] concerted action among the economic agents [...]"19 In the 1979 round of centralized public-sector bargaining, Finance Minister and Treasury Board president Jacques Parizeau effectively purchased social peace by granting the unions a number of generous concessions, especially with respect to maternity leave and job security. In summarizing these various policy initiatives between 1976 and 1980, the CEQ has made the interesting observation that almost every one of them had an ulterior motive : The PQ government undertook major initiatives in accordance with a well-defined political strategy ; it prepared the terrain for the referendum by holding highly publicized economic summits, and by the continuous production of programs of publicity and propaganda. Each political intervention was directly or indirectly a call to consensus, harmony, social peace, cohesion, pride, etc.20 With the disintegration of its independence project, the Parti québécois was left adrift, without philosophical or ideological bearings. For not only did the May 20, 1980 referendum vote signal the demise of the party’s constitutional option, it also prefigured the collapse of many of the social and economic policies pursued by the PQ during the
19. GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, Ministre d’État au développement économique, Bâtir le Québec, Québec, Éditeur officiel, 1979, p. 100. 20. CENTRALE DE L’ENSEIGNEMENT DU QUÉBEC. Un gouvernement de plus en plus conservateur : Réflexion critique sur l’exercice du pouvoir du gouvernement du Parti québécois de 1976 à 1981, Québec, 26 mars 1981, p. 114 (my translation).
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first few years of its mandate. No longer was it necessary to perform the highwire act required before 1980 to reconcile the mutually antagonistic interests of different classes in Quebec, which the PQ had done in the hopes of building a fragile independence coalition. Its primary objectives after the defeat of the referendum were to cling to power, to defend Quebec’s interests as jealously as possible within the Canadian federal system, and to foster the development of a francophone capitalist class, in part by cutting back the state and demonstrating fiscal responsibility. These sweeping changes in the philosophy and style of intervention of the second Lévesque government reflected what might be called the "UnionNationalization" of the PQ. This metamorphosis was hastened by the PQ’s surprising election victory in April 1981, when it managed to increase its share of the popular vote to 49 % and take 80 seats. Lévesque’s personal popularity (in contrast to opposition leader Claude Ryan’s somewhat lacklustre image) and his government’s scandal-free first term contributed to the victory, as did the party’s promise not to hold another referendum on independence if re-elected. This ploy helped the PQ to attract new categories of voters, even while it maintained a stranglehold on its core constituency of young, highly-educated francophones working in the public sector. On the latter point, Blais and Nadeau claim that the PQ in 1981 obtained "10 % more votes among public-sector workers than among those in the private sector."21 Biais and Nadeau show that the PQ made significant gains in the rural areas of the province in 1981, as well as some inroads among non-unionized white-collar employees.22 According to Kenneth McRoberts, the 1981 election witnessed the cross-fertilization of the Parti québécois and the old Union nationale electorates, which made the party less beholden to public-sector workers and paved the way for the Lévesque government’s dramatic virage of the early 1980s.23 21. André BLAIS and Richard NADEAU, "L’appui au Parti québécois : évolution de la clientèle de 1971 à 1981", in Jean CRETE (ed.), Comportement électoral au Québec, Chicoutimi, Gaétan Morin Éditeur, 1984, p. 293 (my translation). Biais and Nadeau speculate that the support for the PQ among public-sector workers in 1981 was related both to the career aspirations of this social group, which still viewed the PQ as the party of state expansion, and to the greater job security of these workers, who would as a result be less fearful of the economic consequences of the PQ’s re-election than their private-sector counterparts. 22. BLAIS and NADEAU, "L’appui au Parti québécois", p. 301-303.
23. Kenneth McROBERTS, Quebec : Social Change and Political Crisis, 3rd ed., Toronto, McClelland and Stewart, 1988, p. 381.
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The re-election of the Parti Québécois coincided with the onset of what was then the most severe recession of the postwar period : "In 1981 and 1982, over 32,000 Quebec companies went out of business. In 1981, unemployment reached 15.5 % and the Quebec economy actually declined 6.3 %, with government revenues diminished accordingly. The budget deficit mushroomed [...]"24 In his inaugural address to open the third legislative session of his second government, René Lévesque returned to the theme of the unjustifiable gap between the wages and working conditions of public-sector employees and those of their counterparts in the private sector. He cited this disparity as one of the main sources of budgetary rigidity and the prime cause of the fiscal crisis afflicting Quebec. It was no longer possible — or ethical — to demand that unorganized and less powerful sections of society (whose employers were "not as generous as the state") pay for the privileges of public-sector workers, Lévesque argued.25 Lévesque also pointed to the swollen numbers of public-sector workers, their iron-clad job security, the skyrocketing costs of health care in the province, and costly pension plans for government employees as additional burdens on the state, which it could not continue to meet in a period of economic con-traction. Now that economic prosperity was a thing of the past, Lévesque warned, certain privileged groups in society would have to adjust their behaviour and attitudes to fit with the new reality. Perhaps it was time, Lévesque hinted, to open up the very generous collective agreements negotiated in the pre-referendum climate of 1979, for they were acting as a fiscal straitjacket on the government. Lévesque’s musings set in motion a cycle of increasing militancy on the part of public-sector unions,26 which was matched by ever more repressive state measures to break the unions’ solidarity. The government announced shortly after its re-election that the budget deficit for 1981-82 could not exceed $3 billion, since foreign creditors would not be able to tolerate anything beyond that threshold. With no rollbacks of public-sector wages, the deficit for 1982 would
24. Henry MILNER, "Quebec in Retrospect : Beyond Political Nostalgia", Québec Studies, vol. 11, Fall 1990/Winter 1991, p. 77. 25. QUÉBEC, Assemblée nationale, Journal des Débats, 3e session, 32e Législature, 9 novembre 1981, p. 8. 26. Not all of the unions were militant, to be sure ; some key groups, like the teachers, however, were unremittingly hostile to the government’s proposed cutbacks.
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be $3.7 billion ; according to Parizeau and Yves Bérubé (President of the Treasury Board), therefore, there was a $700 million "budgetary hole". Cost-of-living increases due to be paid out to public-sector employees as part of the generous 1979 settlements just happened to amount to $670 million, nearly enough to fill the hole, and the PQ essentially asked the unions to forego these increases. When the unions rebuffed the government’s demand, the Lévesque government took legislative steps to claw back the money. Bill 70, passed on May 26, 1982, extended existing public-sector contracts from December 31, 1982 to April 30, 1983, and applied an across-the-board 18.85 % salary cut during this period. In December 1982, the PQ went one step further, enacting Bill 105, which imposed over 100 collective agreements on the various public-sector unions. The sessional papers containing the clauses of these numerous decrees ran to over 80,000 pages. Graham Fraser quoted one PQ cabinet minister after Bill 105 had been adopted : "’I feel [...] the serenity of the beaver who gnaws off his paw to free himself from a trap.’ "27 In January 1983, the CEQ launched a three-week illegal strike which was eventually halted by the government’s adoption of Bill 111, a draconian piece of legislation that suspended both the federal Charter of Rights and Freedoms and the Quebec Bill of Rights, reversed the traditional onus of proof under common law, and imposed extremely harsh sanctions on employees and union officials who refused to obey the law. In the eyes of many of its erstwhile supporters, the PQ had ripped off its social democratic mask in order to expose its "née-Duplessiste" face.28 Organizationally and ideologically, the PQ would require almost a decade to recover even partially from this internecine struggle with its public-sector "allies :" in the wake of the enactment of Bill 111, membership levels in the party dropped precipitously, from over 200,000 in February 1982 to a mere 80,000 in February 1985.29 While not all of this decline can be attributed to disaffection over Bill 111 and its antecedents, the Lévesque government’s handling of the
27. FRASER, op. cit. , p. 330. 28. See the comments of former CSN president, Marcel Pépin, in Ramsay COOK, Canada, Quebec and the Uses of Nationalism, Toronto, McClelland and Stewart, 1986, p. 114. 29. Harold ANGELL, "Duverger, Epstein and the Problem of the Mass Party : The Case of the Parti Québécois", Canadian Journal of Political Science, vol. 20, n° 2, June 1987, Table 2.
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1982 round of public-sector bargaining was obviously a major factor in the PQ’s subsequent organizational disintegration. At the same time, the public-sector unions — and the labour movement as a whole — were critically weakened by this conflict as well, both organizationally and in the eyes of public opinion. As Henry Milner has argued, this "fratricide" seemed to convince a whole generation of young Québécois, whose long-term job prospects did not lie in the public sector, that all of the progressive rhetoric about social trans-formation issuing from the lips of teachers, péquistes and other middle-class intellectuals was just that — verbal gossamer intended to draw attention away from the naked self-interest underlying it.30 Why did this happen, and what lessons can social democrats draw from it ? As for why this fratricide took place, one can point to the unrealistic expectations of both the unions and the PQ government. Public-sector labour leaders seem not to have realized in the early 1980s that economic circumstances had changed dramatically from the golden age of state expansion during the 1960s and 70s, or that a substantial pro-portion of citizens viewed state employees as a bunch of mollycoddled, greedy whiners (even if this was not entirely fair). At the same time, key members in the PQ hierarchy seem to have convinced themselves at some point in the negotiations that a hard line with the public-sector unions would translate into increased support from moderate voters, and ultimately improve the government’s chances for re-election. Hence René Lévesque’s remarks when disgruntled public-sector employees gathered in front of the National Assembly in the winter of 1982 and made a bonfire of their PQ membership cards : he boasted that the departure of these "radicals" would be more than offset by the arrival of "normal, ordinary" citizens as party members.31 A kind of perverse dynamic was at work during the "negotiations" leading up to Bill 111. In interviews with former PQ cabinet and caucus
30. "Quebec in Retrospect : Beyond Political Nostalgia", p. 78-79. See also the harsh assessment of union strategies in François DEMERS, "Impertinent Comments on the Quebec Union Movement", in Marc RABOY (ed.), Old Passions, New Visions, Toronto, Between The Lines, 1986, p. 82-92. 31. See Gilles LESAGE, "Le conseil national du PQ appuie la loi 111 dans toute sa rigueur", Devoir, 7 mars 1983. For an excellent analysis of Bill 111 and the events leading up to enactment, see Gérard HÉBERT, "Public Sector Bargaining in Quebec : A Case Hypercentralization", in Mark THOMPSON and Gene SWIMMER (eds.), Conflict Compromise, Montreal, Institute for Research on Public Policy, 1984, p. 269-275.
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members,32 it became clear that the severity of the Lévesque government’s legislation was at least partly the product of the disbelief and shock that many inside cabinet felt at the "unreasonable" bargaining position of the unions. Robert Dean (himself a former union leader) argued that it was the former trade unionists in the Lévesque cabinet who adopted the hardest line against their erstwhile comrades, because they simply could not believe that the public-sector employees were capable of putting their sectional interests ahead of all else, effectively thumbing their nose at the government’s plight. This revanchism was compounded by the latent authoritarianism and overt étatisme (the tendency to exalt the state as the privileged representative of all Québécois) of some of the key government actors, Bérubé in particular.33 During the debate over Bill 111, Camille Laurin claimed that the harsh legislation was absolutely necessary because the striking teachers were "attacking the Quebec state, which has become much more than an ordinary provincial state by virtue of its mission, which has acquired over the last 20 or 25 years a power, a prestige, a force that was necessary for the flowering of our identity and our collectivity."34 Lise Bissonnette, in a withering attack on Laurin’s authoritarianism, wrote at the time that his comments demonstrated "just how far the national obsession can go when it takes the measure of everything."35 In terms of the lessons social democrats can draw from this sad affair, they are depressing indeed. Given the adversarial style of labour relations that exists in this country, when social democratic parties come to power it is inevitable that a significant portion of the public-sector workforce will view the government as the "enemy." Mere talk of social partnership and a social contract will do little to overcome that natural antipathy. At the same time, the government is unlikely to be able to draw the unions into a quasi-corporatist social contract unless it can offer them substantial organizational or financial inducements, or real influence in policy making. If the unions view the proposed social "contract" as nothing more than a take-it-or-leave-it offer of job security in exchange for wage rollbacks — as was the case in Quebec in the early 1980s — then it is unlikely that they will cooperate. Moreover, one of
32. Guy CHEVRETTE, Louise HAREL, and Robert DEAN. The interviews were con-ducted for my dissertation in Montreal and Quebec City in early 1989. 33. This was the view shared by all of my interview subjects. 34. QUÉBEC, Assemblée nationale, Journal des Débats, 3e session, 32e Législature, 15 février 1983, p. 7563 (my translation). 35. "De la légitimité", Le Devoir, 16 février 1983, p. 8 (my translation).
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the reasons the PQ’s social contract appeared doomed from the outset in 1982 was that the government’s hard line with the public-sector unions was in stark contrast to its beneficence only three years earlier, when union support was necessary for the referendum campaign. At least in the case of Quebec between 1976 and 1985 the pre-conditions for a social contract seemed to exist : the Parti québécois offered the labour movement a number of far-reaching concessions during its first term in office, and exhibited a good deal of legislative activism and policy innovation. The institutional context — in particular, a highly centralized system of collective bargaining in the public sector which had been in existence for almost a decade when the PQ took office — in Quebec was at least favourable to the achievement of a social contract, since this kind of binding agreement at the national or societal level requires centralized organizations capable of disciplining their membership. In the case of Ontario in the early 1980s, none of these conditions (legislative activism, policy innovation, a centralized system of collective bargaining) existed, and it was only a combination of governmental desperation and technocratic hubris that lay behind the attempt to negotiate a social contract. III. BOB RAE, THE ONTARIO NDP, AND THE BANKRUPTCY OF SOCIAL DEMOCRACY IN CANADA On September 6, 1990, the seemingly impossible happened : Ontario, the embodiment of electoral stability and cautious conservatism for much of this century, elected a New Democratic government, giving Bob Rae and his party 74 of the 130 seats in the legislature, albeit with slightly less than 38 percent of the popular vote. At the outset of the campaign, with David Peterson’s incumbent Liberal government coasting at about fifty percent in the opinion polls, most pundits had given the NDP about as much chance of forming a government as the Toronto Maple Leafs had of winning the Stanley Cup during the upcoming hockey season (this was before their recent rise to respectability). But the Peterson government was one of the first casualties of the festering public cynicism and hostility towards politicians of all stripes, a mood that would be expressed eloquently and at length in the Spicer Report submitted to the federal government just a few months after the rout of Ontario’s Liberals.36 36. CANADA, Citizens’ Forum on Canada’s Future, Report to the People and Government of Canada, Ottawa, Minister of Supply and Services, June 27, 1991.
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In a very real sense, the NDP did not win the 1990 election in Ontario, Peterson lost it. As one popular account of Peterson’s fall from grace with the electorate makes clear, voters rebelled against the crass opportunism in the Liberals’ decision to go to the polls only three years into their mandate, with virtually no major issues to justify the election call. There was widespread suspicion that the hasty summer election was designed to coronate the Liberals before the economy got much worse or before any really ugly or embarrassing revelations from the Patti Starr affair hit the media in the course of legal action against the principals. As a result, many voters held their nose and voted NDP, in the belief that they could not be much worse than either of the other two parties which had been in power previously.37 Although only three out of every eight voters supported the NDP, a miraculous three-way split in many ridings furnished the NDP with election wins in areas that they had never dreamed of taking (like Elgin, Chatham-Kent, Oxford, to name a few). On election night, Bob Rae candidly admitted, "I didn’t expect this result."38 Despite the unexpected nature of their victory, and their obvious lack of preparedness for governing, the NDP in September 1990 enjoyed a window of opportunity for developing administrative competence and laying the groundwork for a social democratic political project. This was precisely what the Parti québécois had done with only 41 % of the popular vote in 1976. Moreover, the NDP caucus had strong representation from organized labour : 31 of the 74 caucus members had some sort of union affiliation ; 16 of these were from private-sector unions (mostly the Steelworkers and the CAW).39 The sad truth, however, is that the Ontario NDP had little idea of what it wanted to accomplish in government. Ironically, Bob Rae had made much the same assessment of the British Labour Party under Ramsay MacDonald, which formed a minority government in 1929. In his Bachelor of Philosophy thesis at Oxford University in 1971, Rae quoted approvingly from R.H. Tawney’s assessment of the MacDonald government : 37. Georgette GAGNON and Dan RATH, Not Without Cause, Toronto, Harper Collins, 1991. 38. Ibid., p. 389. 39. Calculated from biographical information provided in The Ontario New Democrat, vol. 27, n° 3, November 1990, p. 8-10.
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The Labour Party [...] is hesitant in action, because divided in mind. It does not achieve what it could, because it does not know what it wants. It frets out of office and fumbles in it, because it lacks the assurance either to wait or to strike. Being without clear convictions as to its own meaning and purpose, it is deprived of the dynamic which only convictions supply. If it neither acts with decision nor inspires others so to act, the principal reason is that it is itself undecided.40 This could well serve as an epitaph for the NDP government under Bob Rae. An Agenda for People, the NDP’s election manifesto, reflected the ideological confusion of the party. It was a farrago of populist measures (death taxes and a minimum corporate tax, interest rate relief for farmers and small business), traditional social democratic projects (workforce retraining, greater protection against job loss due to plant closures, improvements in the minimum wage, driver-owned automobile insurance), and regulatory measures to promote pay equity and employment equity. It also included the usual public works project (four-laning the Trans Canada Highway) and expressions of concern about environmental degradation. What the manifesto lacked was any clear indication of the role and nature of social democracy in the 1990s, or the means of achieving this vision. The public pronouncements of party leaders were not much more helpful on this score ; in a speech given before the election, Bob Rae defined social-ism as "embracing a creative tension between three realities : planning, democracy and markets."41 But again, the precise weight to give to each of these pillars of socialism was left unclear, and there was little recognition of potential conflicts among them. Like most social democratic parties in the 1990s, then, the Ontario NDP at the time of its unexpected accession to power was suffering from an identity crisis, wanting to transcend its traditional ideology of public enterprise cum Keynesian welfarism in order to embrace the new politics of environmentalism and women’s equality, but unsure how to accomplish this feat. As a result, its platform and electioneering tended to drift towards what Bradford and Jenson have labeled "contentless populism," and what Ivor Crewe has described as
40. Quoted in Thomas WALKOM, Rae Days : The Rise and Follies of the NDP, Toronto, Key Porter, 1994, p. 23. 41. Bob RAE, "A Socialist’s Manifesto", Globe and Mail, October 1, 1990, p. A13.
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"image management," a "catch-all leader-focused" strategy.42 Never was this more apparent than in the 1990 election, when the NDP’s tactics and strategy were devised by a tight group of professional consultants, long-time "pois," and pollsters — Gerald Caplan, David Reville, David Agnew, and David Gotthilf, to name four of the most prominent.43 The result was a leader-focused, image-driven campaign that concentrated on assailing the Peterson government’s record and at times verged on outright manipulation, as with the controversial TV ads that blithely mixed fiction with reality.44 Whatever role these attack ads played in the NDP’s victory (and pundits dispute their significance), they can be seen as one of the more distressing symbols of the party’s whole-hearted embrace of political marketing and high-tech politics. If the Parti québécois was somewhat surprised by its election victory in 1976, and not entirely prepared for the exercise of power, the Ontario NDP was in an even greater state of disarray and shock after its stunning defeat of David Peterson’s government on September 6, 1990. The 74-member caucus lacked legislative experience and this might partially explain the numerous gaffes, faux pas, and scandals that have rocked the NDP cabinet since its assumption of power. A number of ministers were forced to resign for various indiscretions. In what has become for the media and much of the public a symbol of the Rae government’s travails, Shelley Martel refused to resign as Minister of Northern Development after taking a lie detector test to prove that she had actually been lying when she blurted out at a cocktail party that she had seen a file on a certain medical doctor who had
42. Neil BRADFORD and Jane JENSON, "Facing Economic Restructuring and Constitutional Renewal : Social Democracy Adrift in Canada", in Frances FOX PIVEN (ed.), Labor Parties in Postindustrial Societies, New York, Oxford University Press, 1991, p. 206-207 ; Ivor Crewe, "Labor Force Changes, Working Class Decline, and the Labour Vote : Social and Electoral Trends in Postwar Britain", in ibid., p. 42-46. See also Frances FOX PIVEN’s introduction to the book, "The Decline of Labor Parties : An Overview", p. 19. 43. See the discussion in GAGNON and RATH, op. cit., chs. 5, 8. 44. The most notorious ad involved a television reporter commenting on "news stories" that bore a striking resemblance to actual events (the Starr scandal, for instance) and ended with the voiceover : "You can change channels [...] but you won’t change a thing." Gerald Caplan was aghast at the use of these negative ads : "It was all lies [...] I am embarrassed to have been part of it and I hope we never do it again. Morally they were destructive [...]" Quoted in GAGNON and RATH, op. cit., p. 272.
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had a number of run-ins with OHIP !45 Clearly, when a government is bedevilled by so many personnel problems in such a short period of time, it inhibits its ability to formulate or implement a coherent political and economic project, since voters, no less than the media, tend to expect their governments to demonstrate a modicum of administrative competence. Virtually from the moment it took office the Rae government was the target of a relentless public relations campaign waged by a variety of business organizations, some of whom seemed to question the NDP’s moral and legal right to govern the province. Business lobbying reached a peak in the holy war declared on Bill 40, the NDP’s reform of industrial relations law in the province. Similar in many respects to the Parti québécois’s Bill 45, enacted fifteen years earlier, this piece of legislation, among other things, outlawed the use of replacement workers during legal strikes, lowered the level of support necessary to trigger a union certification vote from 45 to 40 % of the bargaining unit, extended the right to organize to some previously excluded categories of workers (such as domestics and certain classes of agricultural workers), and allowed for the creation of bargaining units containing both part-time and full-time employees. Though hardly the revolutionary reforms some government officials made them out to be, these provisions in Bill 40 nonetheless represented important policy victories for organized labour, and were applauded by the Ontario Federation of Labour. Business, on the other hand, was apoplectic, arguing that these reforms were out of sync with labour law in the rest of North America and would make Ontario internationally uncompetitive. Business’s lobbying campaign against the NDP was excessive and ultimately counterproductive, however.46 Among the lowlights in this battle was the creation of an organization calling itself the Coalition to Keep Ontario Working, which ran 30-second television commercials during the summer and fall of 1992 (when the Toronto Blue
45. Martel finally resigned in October 1994, having been found to have violated the province’s Privacy Act when she divulged some financial information about an Ottawa-area property owner. These and the numerous other scandals of the Rae administration are recounted in painful detail in WALKOM, op. cit., ch. 12. 46. I have examined this campaign elsewhere, in "On Winning the Battle and Losing the War : Labour Relations Reform in Ontario and the Crisis of Social Democracy", paper presented to the annual meeting of the Canadian Political Science Association, Carleton University, Ottawa, June 6-8, 1993.
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jays were making their way to the World Series, thereby guaranteeing a huge audience) calling on "ordinary Ontarians" to join in the struggle against Bill 40 if they wanted to keep their jobs — or have any chance at getting one. Another was the billboard erected by the Mechanical Contractors’ Association of Ontario in downtown Toronto depicting three cartoon characters — Karl Marx, Lenin, and Bob Rae — and bearing the caption, "It didn’t work in the USSR Why Ontario Bob ? Stop Proposed Labour Act Reforms Today !!!" At least some business leaders with whom I have spoken regret this public relations overkill as a strategic miscalculation ; Susan Murray, of S.A. Murray Consulting (which orchestrated one of the business lobby group’s public relations campaigns) believes that the business community in Ontario would have achieved greater success had it "spoken more softly."47 Along with the wage protection fund and its initiatives in the field of worker retraining, Bill 40 is likely to remain as the NDP’s most important social democratic legacy to the province.48 For the most part, the Rae government lacked the stomach or the necessary resources to take on the business community, preferring instead to trim its ideological sails in the hopes of placating the ever important foreign creditors who held a large chunk of the province’s mushrooming debt. On a number of key policy initiatives, when faced with adamant business opposition, the NDP either backed away from longstanding party commitments or went into a delaying action, ensuring that no reforms would ever be implemented. Such was the case, for example, with the NDP’s proposed tax reforms to make the system more equitable and ensure that business pays its fair share ; this had been one of the most prominent promises in the Agenda for People. However, the Fair Tax Commission consulted broadly for almost three years before issuing its massive report at a time when the Rae government was both impotent and unwilling to do anything about the major recommendations
47. Peter WOOLFORD, Retail Council of Canada and member of the lobby group the All Business Coalition, Interview (telephone), May 1993. 48. The NDP implemented a number of other measures, such as employment equity (Bill 79) and the Advocacy Act (Bill 74), that are highly controversial, even among long-time social democrats and left-wing activists. On employment equity, see Martin LONEY, "The Politics of Race and Gender", Inroads, n° 3, Summer 1994, p. 80-87 ; Robert MARTIN, "Opposing Racism by Racist Means", Inroads, n° 3, Summer 1994, p. 88-97 ; Reg WHITAKER, "The cutting edge of Ontario’s bad law", The Globe and Mail, January 6, 1994.
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(which themselves reflected deep, intractable divisions between the business community and other groups).49 On the other key item in the Agenda for People, public automobile insurance, the Rae government made its most spectacular and humiliating retreat of all. This was the policy reversal (prior to the implementation of the Social Contract, that is) that in all probability did the most to disillusion the party’s core supporters, since public auto insurance has long had a privileged place in social democratic mythology. While in opposition, Bob Rae had co-authored, with Mel Swart, long-time MPP from Welland-Thorold, an impassioned indictment of private automobile insurance. All of that went by the wayside on the first anniversary of the ONDP’s election victory (September 6, 1991), when Premier Rae peremptorily announced that his government was abandoning its plans to nationalize automobile insurance. In making the announcement, Rae indicated that he accepted the arguments put forward by the insurance industry lobby that a public plan would kill thousands of jobs, saddle the government with billions of dollars in debt at a time when its coffers were virtually empty, and spawn a massive bureaucracy. Similar 180-degree turns were performed on the issues of Sunday shopping and casino gambling, both of which the NDP had condemned while it was in opposition. Once in power, confronted with an epidemic of crossborder shopping and the new economic climate of the 1990s (which meant that the desperate search for government revenues outweighed any moral opposition the NDP might have previously had to state-sponsored gambling), the Rae government quickly and seemingly effortlessly reversed its stance. In all three cases — public automobile insurance, Sunday shop-ping, casino gambling — the ultimate policy decision came as a surprise to many in the caucus and the party rank and file, a large proportion of whom felt that there had been little real consultation or effort to canvass opposing viewpoints. It was the manner in which these policy decisions were handed down from on high, as much as the fact of abandoning party ideology, that rankled among grassroots NDP supporters. These three policy reversals foreshadowed the manner in which the Social Contract would be unveiled in the spring of 1993, and reflected the hypercentralization of power around Bob Rae and a very select group of senior advisors and civil servants. 49. Fiona NELSON, member of the Fair Tax Commission, Interview (telephone), December 22, 1994.
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In its first budget, handed down on April 29, 1991, the NDP had boldly — many would say foolishly — decided to swim against the fiscal tide of restraint in the country (and virtually the entire western world). Announcing that his government would not fight the recession on the backs of the poor and most vulnerable, Finance Minister Floyd Laughren allowed the budget deficit to balloon to $9.7 billion, unleashing a barrage of media commentary about the tax-happy, spend-thrift socialists at Queen’s Park.50 Even commentators normally sympathetic to the NDP noted that not a lot of job creation was purchased with the almost $10 billion deficit ; more disturbingly, the government’s projections wildly underestimated the depth of the recession. In Walkom’s estimation, the "result was the worst of all worlds — a budget Keynesian enough to anger business but not stimulative enough to do much good."51 Spooked by the business community’s reaction to the first bud-get, and enervated by the bitter struggle over Bill 40, the NDP abandoned whatever remained of its tentative commitments to a social democratic agenda. Depending on one’s taste in analogies, the Ontario NDP was either struck down by a vision of fiscal responsibility on the road to its own Damascus or, less floridly, it "pulled a Mitterrand." By early 1992, the NDP had embraced the language of fiscal conservatism with a vengeance. Much like the Parti québécois government had done ten years earlier, Rae and Laughren announced to their caucus that the budget deficit could not be allowed to rise above $10 billion, for fear of scaring off foreign investors, jeopardizing its credit rating, and thereby raising the cost of borrowing. In the winter of 1992-93, a number of doomsday scenarios were circulating within the senior bureaucracy that the budget deficit would hit $17 billion, if the government did not take extreme measures to control spending. Senior officials and ministers began to fear that Ontario would, like New Zealand a decade earlier, hit the "debt wall" and be unable to borrow from foreign creditors.52 50. WALKOM, op. cit., p. 98-103. 51. Ibid., p. 103. 52. WALKOM, op. cit., p. 117-120. The $17 billion figure is cited in GOVERNMENT OF ONTARIO, Jobs and Services : A Social Contract for the Ontario Public Sector. Proposals, Queen’s Printer, April 23, 1993, p. 3. In this document, the Ontario government notes that the IMF "recently has warned that the federal and provincial debt levels are unsustainable and will hamper economic recovery."
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By this time economic policy in Ontario was controlled by a small group of senior ministers and bureaucrats : "Rae, Laughren, deputy cabinet secretary Michael Mendelson, Treasury Board secretary Jay Kaufman, [David] Agnew [Secretary of the Cabinet and Clerk of the Executive Council] [...] deputy minister of Health Michael Decter" and, finally, Peter Warrian, who was appointed the Treasury Board’s chief economist in December 1992.53 It was within this coterie of advisors that the idea of a social contract was first hatched. On March 30, 1993, the Rae government announced its intention to roll back the wages of the employees in the broader public sector by approximately 5 %, in order to realize savings of $2 billion in compensation costs.54 The government wanted an agreement before the budget was to be brought down in early May, 1993, allowing little more than a month to negotiate one of the most complicated deals in the province’s history. In a revealing analogy, Peter Warrian described these negotiations as "a crazy process [...] It’s like landing a 747, where the last 500 feet is sort of a controlled crash."55 By contrast, the PQ had first broached the idea of public-sector wage rollbacks in November 1981, more than a year before the contracts of its employees were scheduled to expire. And the Lévesque government had the additional advantage of a common expiry date for all contracts in the public sector, which at the time included approximately 300,000 employees, unlike the hodge-podge of 9,000 or so contracts covering the 950,000 Ontario public service employees, each with a different termination date. How could the Ontario NDP have started down the road toward an imposed social contract when the fate that had befallen the Parti québécois’s similar attempts was known to all reasonably intelligent observers ? In part, the answer is to be found in the technocratic hubris displayed by such people as Michael Decter, the government’s first chief negotiator in the social contract negotiations. Decter came to the job having just scored an impressive "victory" in the health care sector, helping to engineer a deal between the NDP and the Ontario Medical Association (OMA). He and Rae clearly believed that this magic touch would also work its wonders in the social contract
53. Ibid., p. 115. 54. GOVERNMENT OF ONTARIO, Minister of Finance, A Guide to the Social Contract, Queen’s Printer, July 1993, p. 6. 55. Peter WARRIAN, Interview, Toronto, December 16, 1994. All of the comments attributed to Warrian are taken from this interview, unless otherwise noted.
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negotiations. At the same time, the NDP intended to avoid, or learn from, the PQ’s earlier mistakes. Peter Warrian, for instance, contends that the government explicitly looked at and rejected the Quebec example [...] we rejected it for two reasons : one is that the Quebec model is the centralist model where they decided to centralize the whole process into the management board [...]. The Ontario public sector is a lot larger. And secondly, just by history and tradition and culture, [the Ontario public service] is radically decentralized and any future that we imagined would entail preserving that diversity. In essence, the Ontario NDP was trying to make a virtue out of necessity ; reform of the structure of collective bargaining in Ontario’s public sector, perhaps in the direction of some form of sectoral negotiations, would take place after the wage rollbacks had been secured. In Warrian’s eyes, the most relevant and attractive model for Ontario’s social contract (apart from the much more restricted social contract in BC’s health sector) was the Australian Private Industrial Labour Accord, "which explicitly tied [...] wage determination [...] to workforce restructuring, reskilling, and retraining [...]" The social contract, in short, was to be about more than just wage restraint : it was to help usher in a new kind of post-Wagner Act collective bargaining. In a sense, then, Warrian viewed the social contract as a public-sector analogue to the Canadian Steel Trade and Employment Congress (CESTEC) that he had helped establish in the steel industry. It would, ideally, bring together the union and management sides in a forum outside the traditional collective bargaining process in order to discuss the retraining and redeployment of workers in the public sector.56. The problem, as Warrian himself readily admits, is that no one, or almost no one on the labour side viewed the negotiations as anything more than a straightforward exchange of wage restraint for job security. All the talk of public-sector restructuring, of thinking about a new style of management for the state in the new millenium, was ultimately dismissed by labour leaders such as Sid Ryan (CUPE) and Liz Barkley (OSSTF) as just talk. And the government was obviously allowing itself very little time to negotiate changes in the realm of collective bargaining or workplace management ; these items, when mentioned in the social contract documentation, are always to be discussed at a
56. Interview, December 16, 1994.
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future time. With one month to negotiate a deal, it was clear to everyone that the sole objective of the social contract was to take $2 billion out of public-sector compensation. Warrian points to the furor over NDP MP Steven Langdon’s attack, in April 1993, on the Rae government’s policies of fiscal restraint as a crucial turning point in the negotiations, since this hardened the position of the labour leaders, instilled in some on the government side a persecution complex, and set in motion the same kind of perverse dynamic that poisoned the PQ’s attempts to negotiate a deal with its employees in 1982-83. On June 3, the Public Sector Coalition withdrew from the social contract discussions ; ten days later Bill 48, the social contract legislation, was introduced into the legislature. This bill called on employers’ groups and unions in the eight sectors of the broader public sector — the Ontario public service, health, community services, schools, universities, colleges, municipalities, and, finally, agencies, boards, and commissions — to establish, by August 1, "sectorial frameworks" that would meet the expenditure reduction targets of the government. Workers earning less than $30,000 a year were to be exempt from the provisions of the law. A Job Security Fund, financed to a maximum of $100 million a year by the government, was established to "encourage re-training and to help workers find other jobs, by providing income support to those who have been laid off or are about to be."57 Local agreements (say, between an individual university or school board and the relevant management body) which deviated from the sectorial framework could be negotiated. This means, for instance, that employees at one university in a given city might choose to meet the government’s expenditure reduction targets through a combination of increased efficiencies and rationalizations in the workplace along with pension surplus contributions, while at another university in the same city, employees might choose to meet the targets largely by taking "Rae Days" — up to 12 days a year in unpaid leave. If sectorial agreements could not be reached, Bill 48 included provisions for "fail-safe," which would allow the Minister of Finance to impose a framework on that particular sector and realize the targeted expenditure cuts, either by freezing compensation for three years until March 31, 1996, or by forcing workers to take up to 12 Rae Days a year if that were necessary to meet the savings targets. Bill 48 conferred enormous powers
57. GOVERNMENT OF ONTARIO, A Guide to the Social Contract Act, p. 5-6.
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on the government (the Minister of Finance, in particular). One labour lawyer, Paul Cavalluzzo, was quoted as saying that the bill was "the most drastic intrusion into the collective-bargaining process that I’ve ever seen."58 Warrian, who had consistently advised against opening the collective agreements, contends that the decision to enact Bill 48 was "an act of political anger. It wasn’t part of the plan. There was no need to do it." Moreover, as was the case in Quebec a decade earlier, it was the former trade unionists in cabinet who were the most militant about opening up the contracts, according to Warrian, since they were angry and disappointed at the refusal of their comrades to bargain in good faith. Once the decision to impose contracts had been made, the results were an echo of what had happened in Quebec : a precipitous drop in NDP membership ; the decline of the party (both federally and provincially) into political irrelevance and impotence, culminating in the NDP’s disastrous showing in the federal election of 1993, when it won a mere 9 seats (and thus lost official party status and the kind of research monies that go along with it) ; and an ugly schism within the labour movement, pitting the public-sector unions (along with the more militant CAW) against their private-sector counterparts. Astoundingly, some within the NDP continue to view the social contract as a great victory, a difficult policy choice that proved the party could govern in the name of all Ontarians, and not just the "special interests." This is a popular theme among media pundits like Jeffrey Simpson, who are not well-known social democratic supporters, but some in the NDP caucus and rank and file share the view. Others, like Warrian, view the whole affair from a technocratic angle, claiming that "the thing that everyone seems to have forgotten is that it worked [...] Nobody wants to believe it worked. The politicians don’t even believe it worked. But as a technical reduction, it worked."59 Still others, completely oblivious of the events in Quebec a decade ago, have deluded themselves into thinking that the social contract has won the grudging admiration of the business community, thereby expanding the NDP’s support base and presaging Bob Rae’s Lazarus-like return from the political dead : 58. Quoted in Martin MITTELSTAEDT, "Dramatic legislation surpasses Trudeau bill", The Globe and Mail, June 16, 1993, p. A8. 59. Interview, December 16, 1994 (emphasis mine).
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The business community is not only no longer angry, it’s starting to purr. "Those guys really like Rae," says an executive. "They won’t endorse him publicly. But a lot of them will vote for him." To get anywhere in the election, Rae has to get into at least the low twenties in the polls by late winter. This would make it easier for him to attract first-rate candidates. The search is on for business types. "We don’t need any more schoolteachers or social workers," says an adviser.60 Tragically, the adviser quoted by Gwyn seems not to realize that in the wake of the social contract, and in particular the way in which it was imposed on publicsector workers, the Ontario NDP need not worry too much about being inundated with teachers and social workers as candidates in the upcoming provincial election. IV. CONCLUSION : THE DEATH OF SOCIAL DEMOCRACY IN CANADA ? Are social democratic parties, like the PQ and the Ontario NDP, destined to betray their working-class supporters ? Despite the depressing similarities between these two cases, I am inclined to remain an agnostic on that question, since social democratic parties elsewhere in the west have, no matter for how limited a time, managed to work in concert with the labour movement and alter both the vocabulary and the reality of politics. In Quebec and Ontario, however, the results of these social democratic interludes have been disillusioning. After its failed attempt to reach a social contract with its public-sector employees, the Parti québécois remained in the wilderness of political opposition for almost a decade. It still insists on calling itself a social democratic party, but its definition of social democracy is clearly one that is barely distinguishable from prevailing orthodox economic thinking. As for the Ontario NDP, despite its bravado going into an election in which it will, barring an electoral miracle, be crushed, it has robbed social democrats in Canada of any hope that theirs is a viable political vision distinct from what is on offer from the Tories or the Liberals. In the words of two disillusioned New Democrats (and their disillusionment set in before the social contract was imposed !) : 60. Sandra GWYN, "Heart and Soul", Toronto Life, February 1995, p. 41.
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La social-démocratie en cette fin de siècle Rae’s term in office has caused NDP supporters to lose faith in a set of values that let them hope that the world would be a better place if social democrats were in government. People can live with disappointments, but not without dreams. They can live with failure, but not without hope. Rae’s government has shattered even this, and there are no easy ways to put it right.61
61. George EHRING and Wayne ROBERTS, Giving Away a Miracle, Oakville, Mosaic Press, 1993, p. 375.
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The Beginnings of Affirmative Action for Women in the Ontario New Democratic Party1 Jocelyne Fraud
During the 1970s, social democratic parties began to give more recognition to female activists and issues of concern to them. For instance, they incorporated feminist claims into their program and sanctioned the replacement of older female auxiliaries with feminist women’s committees. They also took steps to increase women’s representation on the decision-making bodies of their internal organization and as candidates. More specifically, they provided information and training workshops, financial assistance, childcare arrangements, etc. to aspiring female party officials and candidates. Some parties even reserved a certain percentage of positions on party executives for women. In the 1970s, the Parti socialiste français (PSF) and the Norwegian Labour Party (NLP) set aside respectively 10 % and 40 % of party positions for women. At present, many social democratic parties have female quotas for party positions and candidacies. 1.
I would like to thank all the ONDP activists who agreed to be interviewed ; Karl Allan HENRIQUES, Sylvia BASHEVKIN, Larry LeDUC and Manon TREMBLAY for providing extensive comments on previous drafts of this paper. I am also grateful to the Social Sciences and Humanities Research Council of Canada for its financial support.
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After having extensively documented women’s political behaviour, the dearth of female elites in politics and the obstacles that aspiring female politicians face, studies of women in politics are now beginning to examine the initiatives launched by parties to increase the number of female party officials and candidates. To date, the female quotas of the German Social Democratic Party, PSF and NLP have been investigated.2 Existing and future analyses of quotas will no doubt contribute to the women-in-politics literature and the political party literature. Conclusions regarding the impact of quota-style measures on female representation will help expand the women-in-politics literature. Furthermore, findings about the circumstances of the introduction and official adoption of quotas will probably provide insights about internal party reform. We will return to this particular point in the conclusion. The present paper does not examine the impact3 but rather the introduction and adoption of the Ontario New Democratic Party’s (ONDP) so-called "affirmative action resolution." This resolution, which was put forward in the early 1980s and officially adopted at the 1982 convention, urged riding executives and required provincial council delegations, the provincial executive and party committees to include at least 50 % women.4 Two questions drive this project : first, what factors led to the introduction of the affirmative action resolution, and second, what
2.
Andrew APPLETON and Amy MAZUR, "Transformation or Modernization : The Rhetoric and Reality of Gender and Party Politics in France", in Joni LOVENDUSKI and Pippa NORRIS (eds.), Gender and Party Politics, London, Sage, 1993 ; Eva KOLOINSKY, "Political Participation and Parliamentary Careers : Women’s Quotas in West Germany", West European Politics, vol. 14, 1991, p. 57-72 ; Jocelyne PRAUD, "Quotas and Women’s Representation in the French Socialist Party and the Norwegian Labour Party", paper presented at the Canadian Political Science Association meetings in Ottawa, 1993.
3.
For an analysis of the impact of affirmative action on the numerical representation of ONDP women, see Jocelyne PRAUD, "L’action positive et la représentation des femmes au Nouveau Parti Démocratique de l’Ontario", in Caroline ANDREW and Manon TREMBLAY (eds.), La représentation politique des femmes au Canada, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1995.
4.
The resolution also provided that : policies of interest to women be emphasized between and during election campaigns ; a leadership training program for women be developed ; and female candidates be recruited and assisted with childcare and household management costs. ONTARIO NEW DEMOCRATIC PARTY, Resolutions to the 11th Convention of the Ontario NDP, Toronto, 1982.
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factors explain its official adoption by the 1982 convention. To respond to these questions, one needs to focus on factors identified in previous studies of women’s political underrepresentation, which have considered factors both external and internal to parties. External factors include : the second-wave women’s movement, political culture, and whether popular support for the party under study is declining or expanding.5 On the other hand, the role women’s committees play within their party organization (as female auxiliaries or feminist lobbies), how party men and women perceive the use of affirmative action to promote women to top political positions, and the extent to which internal party structures (more precisely, the policy-making process and the selection of party officials) hamper or facilitate the promotion of
5.
See Jill M. BYSTYDZIENSKI, "Women in Politics in Norway", Women in Politics, vol. 8, 1989, p. 73-95 ; Chantal MAILLÉ, Les Québécoises et la conquête du pouvoir politique, Montréal, Saint-Martin, 1990 ; Pippa NORRIS, Politics and Sexual Equality : The Comparative Position of Women in Western Democracies, Brighton, Wheat-sheaf Books, 1987 ; Diane SAINSBURY, "The Politics of Increased Women’s Representation : The Swedish Case", in LOVENDUSKI and NORRIS, op. cit., 1993. Since political culture does not appear to have played as determinant a role as the second-wave women’s movement or party support in the introduction of affirmative action, it will only be examined in this footnote. Norris and Bystydzienski have suggested that the particular culture of a country explains the level of female representation in politics. For instance, Norris proposes that the liberal attitudes of Scandinavians towards women’s role may account for the large proportion of female elected officials in Nordic politics. On the other hand, the traditional value systems of Anglo-American societies and countries of Southern Europe may account for their small proportion of female legislators and ministers. Norris’s theory may explain the political underrepresentation of women in Ontario (which is part of the traditional Anglo-American world), but not the introduction of affirmative action by the ONDP. In fact, Norris would probably suggest that Scandinavian countries are more likely to introduce measures to promote women in politics than are traditional Anglo-American societies. Nevertheless, how could the political culture of Ontario (which has been described as "conservative with a progressive component" or "red tory" account for the introduction of affirmative action ? To begin with, its elitist and traditional values would hamper (rather than stimulate) efforts to promote women in politics. Initiatives such as affirmative action policies would more likely come from the progressive element of the political culture. In a sense, it is not surprising that affirmative action was introduced by the ONDP as opposed to the Ontario Liberals or Progressive Conservatives. In addition to being, in MacDonald’s words, "the most committed champion of the enduring progressive element in the Ontario political culture" (Donald C. MacDONALD, "Ontario Political Culture : Conservatism with a Progressive Component", Manuscript, 1994), the ONDP adheres to a democratic socialist ideology that favours equality-of-condition policies to offset the disadvantages suffered by certain social groups.
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women can be identified as internal factors.6 Let us examine the external and internal hypotheses that help explain the introduction and adoption of affirmative action. The second-wave women’s movement The thesis that Maillé puts forward in Les Québécoises et la conquête du pouvoir can be used to explain the introduction of the idea of affirmative action for ONDP women. Maillé attributes the emergence of a female political elite in Quebec to the discourses and activities of the women’s movement. While the first wave of the movement obtained political rights for women, the second wave opened the public sphere (the workplace and politics) to women. In short, the women’s movement brought about social and political changes that contributed to increased female representation in politics : it challenged traditional attitudes towards women’s roles, legitimized women’s presence in politics, and pressured parties to enhance female political representation.7 Along the same lines, one could offer that the introduction of the affirmative action proposal was one of the repercussions of the feminist agitation from the late 1960s and 1970s. In her study of gender and party politics in Sweden, Sainsbury concludes that the efforts of four of the established Swedish parties to stimulate female representation should be interpreted as responses to electoral stagnation and decline.8 In other words, for Sainsbury, women involved in stagnating or declining parties have a better chance to become top party officials, candidates and/or legislators than women involved in expanding parties. One reason for this phenomenon may be that in stagnating or declining parties fewer men tend to contest these
6. MAILLÉ, op. cit ; Sylvia B. BASHEVKIN, Toeing the Lines : Women and Party Politics in English Canada, Toronto, University of Toronto Press, 1993 ; Ginette LEGAULT, Guy DESROSIERS and Evelyne TARDY, Militer dans un parti provincial : les différences entre les hommes et les femmes au P.L.Q. et au P.Q., Montréal, Centre de recherches féministes, 1988 ; LOVENDUSKI and NORRIS, op. cit. ; Richard E. MATLAND and Donley STUDLAR, "The Contagion of Female Candidates in Single-Member and Multimember District Systems : Canada and Norway", Paper presented at the Midwest Political Science Association meeting in Chicago, 1993. 7. MAILLÉ, op. cit., p. 7-15. 8. Sainsbury also points out that this conclusion contradicts assumptions that "women are favoured as parties expand and conversely disadvantaged as parties decline" (loc. cit., p. 287).
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positions than in expanding parties.9 This explanation goes back to findings that male activists tend to be more career-oriented than female activists.10 Thus, it is plausible to hypothesize that stagnating or declining electoral support played a role in the introduction of affirmative action. Bashevkin and Maillé have argued that the presence of an active feminist lobby within the provincial parties of Ontario and Quebec forced the latter to endorse feminist policies and support initiatives to enhance women’s political representation.11 This argument highlights the importance of devoting considerable attention to the ONDP Women’s Committee that drafted the 1982 affirmative action resolution. Since the role of the Committee in introducing the affirmative action proposal is clear, one needs to concentrate on the means it used to ensure the pas-sage of the resolution by convention delegates. To better understand the adoption of affirmative action, one also needs to examine how male and female activists and leaders perceived the affirmative action proposal. Bashevkin’s survey of ONDP delegates present at the 1982 convention indicates that among the 61.8 % of delegates in favour of the affirmative action resolution (57.5 % of the men and 66.2 % of the women), about one third strongly supported it.12 In short, the delegates’ fairly positive view of affirmative action partly accounts for its adoption. 9.
BASHEVKIN suggests that there may be a link between the governing or opposition status of a party and its proportion of female officials. Bashevkin proposes that the governing position of the Manitoba NDP and Ontario Progressive Conservative (PC) organizations in 1982 may have generated a competitive internal environment that was not propitious to higher levels of female involvement in the party hierarchy. Conversely, the opposition status of the Manitoba PC and Ontario NDP organizations may have created an internal environment that was more conducive to elevated levels of female involvement (op. cit., p. 78). A similar argument has been made with regards to the representational gains made by Norwegian women. According to the so-called "shrinking institutions thesis," men’s move out of the political sphere and entry into the bureaucracy and market-based interest organizations enabled women to make inroads in politics (see Hege SKJEIE, "The Uneven Advance of Norwegian Women", New Left Review, n° 187, 1991, for a refutation of this argument).
10. See Allan KORNBERG, Joel SMITH and Harold D. CLARKE, Citizen Politicians — Canada : Party Officials in a Democratic Society, Durham (N.C.), Carolina Academic Press, 1979, p. 199. 11. BASHEVKIN, op. cit., p. 97-109, and MAILLÉ, op. cit., p. 109-114. 12. BASHEVKIN, "Political Participation, Ambition and Feminism : Women in the Ontario Party Elites", American Review of Canadian Studies, vol. 15, 1985, p. 413.
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To determine whether a party organization is centralized or decentralized, one needs to evaluate the respective influence of party elites and rank and file over policy making and personnel selection. Generally speaking, the wishes of elites prevail in a centralized organization, and those of the rank and file prevail in a decentralized organization. It has been suggested that centralized parties (where personnel selection is controlled by elites) usually nominate more women candidates than decentralized parties.13 This proposition makes the problematic assumption that party elites are more supportive of women’s claims than rank and file. Nevertheless, its suggestion that the degree of centralization of party structures may have an impact on the situation of female activists could help elucidate the adoption of affirmative action. In keeping with the argument that centralized personnel selection is favourable to women, one could propose that centralized policy making facilitates the passage of women-friendly measures. Thus, it is important to determine whether ONDP elites control policy making, and if so, to what extent this may have influenced the adoption of the affirmative action resolution. Various methodological tools were used to test the above hypotheses. Statistics on the proportion of Ontario voters favouring the ONDP at election time and the proportion of female provincial party officials and candidates were considered when evaluating the party-support hypothesis. The papers of Marianne Holder, the President of the Women’s Committee in the 1970s and early 1980s, were particularly useful in testing the hypotheses concerning party support and the Women’s Committee. Semi-structured interviews with ONDP male and female activists and leaders who had been active in the party for over fifteen years and were present at the 1982 convention helped assess the other hypotheses.14 In light of these statistical, interview and archival sources, it will be argued that external factors
13. LOVENDUSKI and NORRIS, "Selecting Women Canadiates : Obstacles to the Feminization of the House of Commons", European Journal of Political Research, vol. 17, 1989, p. 533 ; MATLAND and STUDLAR, loc. cit., p. 2. 14. Over the first two months of 1994, eight women and eight men from the ONDP were interviewed in Toronto. These interviews lasted forty-five minutes to one hour. Members of the provincial executive as well as activists primarily involved in their ridings were equally represented among male and female interviewees. The interviews consisted of open-ended questions regarding the internal organization of the party, the circumstances surrounding the introduction and adoption of affirmative action, and its impact.
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account for the introduction of affirmative action, and internal factors explain its adoption. I. INTRODUCTION OF AFFIRMATIVE ACTION The second-wave women’s movement The 1960s and 1970s witnessed the re-emergence of traditional women’s organizations as well as the proliferation of new women’s liberation groups, particularly in major urban centres such as Toronto, Montreal and Vancouver. In 1966, Laura Sabia, then President of the Canadian Federation of University Women, called together some thirty long-established national women’s organizations which decided to form the Committee for the Equality of Women (CEW). Shortly after, the CEW submitted a brief to Prime Minister Pearson requesting that a Royal Commission on the Status of Women be established. Headed by the well-known journalist Florence Bird (Anne Francis), the Royal Commission was to "report upon the status of women in Canada and to recommend what steps might be taken by the Federal Government to ensure for women equal opportunities with men in all aspects of Canadian society."15 After holding public hearings across Canada, the Commission presented its report to Prime Minister Trudeau in December 1970.16 The following year, the CEW evolved into the National Ad Hoc Committee on the Status of Women. In addition to established women’s organizations, this new committee also included new status
15. Report of the Royal Commission on the Status of Women, Ottawa, Information Canada, 1970, p. vii. 16. The report highlighted how women were discriminated against in the workforce, education, the family, political parties and public life, the bureaucracy and the law, and made 167 recommendations to improve the condition of Canadian women. In the section "Participation of Women in Public Life," the Commission assessed women’s involvement in citizen and elite politics. One of the Commission’s main findings was that a wide gap existed between women’s level of participation in citizen politics and their level of participation in elite politics. Even though in the late 1960s women voted and appeared interested in politics in almost the same proportion as men, they remained underrepresented as candidates, legislators, cabinet members, government agency members and judges at the federal and provincial levels. The Commission also identified two main impediments to women seeking nominations : the reluctance of male party officials to nominate female candidacies, and the reticence of women’s party organizations to support them (ibid., p. 339-355).
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of women groups17 (whose main concern was that all provinces complied with the recommendations of the Royal Commission) as well as women’s liberation groups. By 1972, the Ad Hoc Committee had become the government-funded umbrella organization known as the National Action Committee for the Status of Women (NAC). While the organizations of the CEW were working on the Royal Commission, new women’s liberation groups were beginning to emerge in Canadian cities. The latter’s origins, analysis, organization and strategies were quite different from the former’s. Liberationist groups were started by young women who were dissatisfied with the way the leftist student movement treated women and issues of concern to them.18 By the early 1970s, liberationists adhered to either one of the two main perspectives on women’s oppression : radical feminists linked women’s oppression to biologically determined gender roles, and socialist feminists to patriarchy and capitalism. Organizationally and strategically speaking, however, radical and socialist feminists were quite similar. Both groups set up small unstructured groups and organized events such as the 1970 Abortion Caravan (that travelled from Vancouver to Ottawa) to raise public awareness of women’s issues.19 Among the women’s organizations and groups that were active in the 1970s, only a few were concerned with the issue of female representation in traditional political institutions (political parties, legislatures and governments). In 1972, activists from Voice of Women (a grass-roots women’s organization created in 1965 to oppose nuclear testing and weapons) and the Ontario Committee on the Status of Women (a new status-of-women group established in 1971 to implement the recommendations of the Royal Commission in Ontario) founded the nonpartisan Toronto-based Women for Political Action
17. In 1971, the first new status-of-women group, the Ontario Committee on the Status of Women, was established in Ontario. By the end of the decade, most provinces had a similar committee. The activities of these new status-of-women groups mainly consisted in pressuring provincial governments and bureaucrats to set up publicly funded advisory bodies on the status of women. The Ontario government set up its Advisory Council on the Status of Women in 1973. 18. For instance, in 1967, women active in the New Left Caucus of the University of Toronto rebelled against the chauvinism of their male colleagues and formed Toronto Women’s Liberation, one of the first women’s liberation groups in North America. Over the next two years, similar groups were created in Vancouver, Edmonton, Winnipeg, Saskatoon, Montreal, Halifax and the main Ontario cities. 19. See Alison PRENTICE et al., Canadian Women : A History, Toronto, HBJ, 1988.
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(WPA). WPA primarily aimed at electing independent feminist candi-dates to the House of Commons. However, discouraged with the poor results obtained by their candidates in the 1972 federal election, many WPA activists joined political parties, and more specifically, the provincial and federal NDP5 and the Liberal Party of Canada (LPC).20 The gains that female party activists were making at that time probably encouraged this move into political parties. Indeed, in the 1970s, party women set up new women’s rights organizations (for example, the federal NDP’s Participation of Women (POW) Committee, and the LPC’s Women’s Liberal Commission) and began contesting and winning party and public office in greater numbers. By the mid-1970s, it was clear that the second-wave women’s movement had left its mark on Canadian state and society. First, the movement forced the federal and provincial governments to address some of its demands.21 As Boyd and Adamson, Briskin, and McPhail suggest, it also altered Canadian men and women’s traditional perceptions of women. Lastly, some women whose thinking had been moulded by the women’s movement chose to champion women’s rights within political parties, and more particularly, in the federal and provincial NDPs.22 The fact that five of our eight female interviewees
20. From then on until 1979, WPA primarily sponsored conferences and organized schools for women aspiring to public office. The short-lived Feminist Party of Canada (which was formed in 1979) had even less impact on female political representation than WPA (BASHEVKIN, op. cit., p. 26). 21. For information on the policy gains that women have made at the federal level and in Ontario since the 1960s, see Sandra BURT, "Legislators and Public Policy", in Sandra BURT, Lorraine CODE and Lindsay DORNEY (eds.), Changing Patterns : Women in Canada, Toronto, McClelland and Stewart, 1988, p. 137-155 ; Sylvia B. BASHEVKIN, Marianne R. HOLDER and Karen JONES, "Women’s Political Involvement and Policy Influence", in Graham WHITE (ed.), The Government and Politics of Ontario, 4th edition, Scarborough, Nelson Canada, 1990, p. 302308 ; and BASHEVKIN, "Con-fronting Neo-Conservatism : Anglo-American Women’s Movements under Thatcher, Reagan and Mulroney", Paper Presented at the American Political Science Association Meeting, Washington, 1994. 22. Monica BOYD, "English-Canadian and French-Canadian Attitudes Toward Women : Results of the Canadian Gallup Polls", Journal of Comparative Family Studies, vol. 6, 1975, p. 153-169 ; BOYD, Canadian Attitudes Toward Women : Thirty Years of Change, Ottawa, Ministry of Supply and Services Canada, 1984 ; Nancy ADAMSON, 1982. "What are our Options ?", in Maureen FITZGERALD, Connie GUBERMAN and Margie WOLFE (eds.), Still Ain’t Satisfied, Toronto, The Women’s Press, 1982, p. 309-310 ; Nancy ADAMSON, Linda BRISKIN and Margaret McPHAIL. 1988. Feminist Organizing for Change : The Contemporary Women’s Movement in Canada. Toronto : Oxford University Press, 1988, p. 8, 124.
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mentioned having been involved in a non-partisan women’s group prior to joining the ONDP supports this point. The issue of female ONDP activists will be explored further in the section on the ONDP Women’s Committee. Interviewees’ responses to the question "where did the idea of affirmative action come from ?" give some credence to the women’s-movement hypothesis. Among the seven persons who did respond, one referred to the Women’s Committee, another to the federal NDP, and the other five mentioned the women’s movement. In other words, the feminist agitation from the 1970s probably impressed upon ONDP men and women that women’s social, economic and political condition had to be championed more aggressively. One wonders, however, whether this explanation is sufficient. Electoral considerations, for instance, may have also played a role in the introduction of affirmative action. Party support Data on the ONDP’s share of the popular vote between 1971 and 1981 indicates that in the 1970s support for the ONDP remained the same. After a period of expansion in the second half of the 1960s (support for the ONDP went from 16 % in 1963 to 26 % in 1967), the party appeared to be stagnating in the 1970s as its share of the vote remained at 27-29 %. Its 7 % drop in popular support (from 28 % in 1977 to 21 % in 1981) suggests that just before putting forward its affirmative action program, the party was declining. To determine whether this decline may have benefited ONDP women, we shall examine data on female party officials and candidates. These data support the argument that women from stagnating or declining parties may have a greater chance to reach elite positions than women from expanding parties. In 1981, women were much bet-ter represented on the top governing bodies of the ONDP than on those of its provincial rivals. While the ONDP executive had 39.3 % women and its council 27.9 %, the executive committees of the Liberal and Conservative parties comprised respectively 12.5 % and 16.7 %. Statistics on female candidates exhibit a similar pattern. For instance, the ONDP’s surge in popularity in the late 1960s may account for the smaller number of women candidates who ran in the 1971 election (seven in 1971 as opposed to nine in 1967). Furthermore, the steady increase in the number of female candidates (13 in 1975, 19 in 1978
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and 24 in 1981) could be linked to the party’s stagnant support in the 1970s.23 In sum, declining support for the ONDP in the pre-affirmative-action period appears to have been favourable to party women. Nevertheless, this finding does not allow us to assume that party decline also accounts for the introduction of affirmative action per se. To establish the existence of such a link, one needs to examine the ONDP’s level of support among women voters and refer to archival and interview materials. Throughout the 1970s, Ontario women actually preferred the Conservatives and Liberals to the New Democrats. In 1967, 27 % of women voted for the Conservatives, 22 % for the Liberals and 17 % for the ONDP. Ten years later, the preferences of Ontario female voters were remarkably similar : 29 % supported the Progressive Conservative Association of Ontario (PCAO), 23 % the Ontario Liberal Party (OLP) and 17 % the ONDP.24 A party document lamenting that in 1979 only 13.1 % of Ontario women identified with the ONDP while the Conservatives and Liberals drew 46.6 % and 40.3 % of female identifiers suggests that the party, or at least its leadership, was aware of the ONDP’s failure to appeal to women voters.25 Thus, the ONDP may have introduced affirmative action in order to sway female voters away from its provincial rivals. The interviews and Holder’s papers indicate that the prospect of gaining female votes convinced the ONDP leadership to support the affirmative action plan of the Women’s Committee. It was not the first time that this electoral argument had persuaded party elites to approve women-friendly measures. In a meeting they had in 1978 with party leader Mike Cassidy, representatives of the Women’s Committee recommended that the party start emphasizing policies of concern to women in its platform, as this would go a long way to attract female voters to the party. In 1980, shortly after having completed its revised version of the party’s policies on women’s issues ("Policies for Equality"), the Committee expressed doubts that this new document would draw a
23. BASHEVKIN, op. cit., p. 77, 82. 24. Robert J. DRUMMOND, "Voting Behaviour : The Blueing of Ontario", in Donald C. MacDONALD (ed.), The Government and Politics of Ontario, 1st edition, Toronto, MacMillan, 1975, p. 309. 25. Marianne HOLDER, July 5, 1980, "Notes re Internal Affirmative Action", Marianne Holder’s Papers (MHP), University of Toronto Archives, B88-075.
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significant portion of the female electorate to the ONDP. In the view of a longtime Women’s Committee activist, the affirmative action policy was eventually put forward by the ONDP because the Committee had "convinced some very influential people in the party that they would get female votes. This was how any breakthrough was made. If it was good for the election, it was bought." Two other interviewees also alluded to this somewhat electoralist attitude of the leadership. Lastly, the letter that the ONDP president and secretary sent to all riding presidents the month after the affirmative action resolution was passed indicates that the principal intent of the ONDP leadership in supporting internal affirmative action was to appeal to female voters : "A main purpose of the [affirmative action] program is to improve our standing at the polls. [...] By showing that women are equal members in the party, we are making our policies more credible to female voters."26 It is possible that the emergence of a gender gap in the 1980 and 1984 American elections (as women backed the Democrats and men the Republicans) impressed upon ONDP elites the necessity to actively seek out female voters. The federal NDP Before examining the internal factors that may have caused the ONDP to adopt affirmative action, one needs to determine whether the party followed the example of other provincial and federal parties. The only party that passed an affirmative action resolution before the ONDP did was the federal NDP. In other words, the latter, and particularly its Participation of Women (POW) Committee (which lobbied for the federal affirmative action policy), may have prompted the ONDP to pass the affirmative action resolution. The presence of provincial women’s committee members on the federal POW Committee would corroborate this argument.27 26. ONDP WOMEN’S COMMITTEE et al. March 1982, "Letter to all Riding Presidents", (MHP). 27. With respect to the role the federal NDP may have played in the ONDP’s adoption of affirmative action, Holder’s papers were more useful than the interviews. When asked why the ONDP adopted affirmative action, one woman mentioned that there was "a push from the federal level," while another woman and a man suggested that the push came provincially rather than federally. The other interviewees either denied the influence of the federal party or said that they were not sure.
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From Holder’s file on affirmative action in the federal NDP, it appears that the ONDP actually influenced the latter to introduce a compulsory affirmative action policy. At the 1981 Vancouver convention, the federal party passed a resolution providing for the voluntary implementation of affirmative action requirements. This resolution stated that "When party committees, convention delegations, etc. are being formed, every effort should be made to achieve malefemale parity in the membership," and that "The women’s committees of the party are to monitor the success of this voluntary compliance affirmative action plan."28 The failure of this voluntary policy to enhance female involvement in the organization led the POW Committee to take action. In October 1982 (nine months after the ONDP had passed its affirmative action resolution), POW presented a resolution to the federal council calling on the federal executive to "examine the barriers within the party structure which are impending the achievement of parity [...] and report to the next federal council with recommendations to solve the problem."29 Six months later, the Affirmative Action Committee (AAC) that was in charge of studying barriers to gender parity reported back to the council. In its report, the AAC noted that the slate-making process which selected the members of the provincial executive did not accord gender the same weight as regional representation, experience, availability, influence in a constituent sector of the party, etc. The AAC actually referred to the clandestine "Committee A" that had been putting these slates together for years.30 In the end, the AAC recommended that various constitutional amendments and resolutions be passed in order to ensure the implementation of gender parity. Shortly before the 1983 convention, the Committee A was brought into the open and given the responsibility to put forward a gender-balanced slate. The 1983 convention not only passed amendments requiring that half of the federal executive and council be female, but also elected 50 % of women to the federal executive and 60 % to the federal council. This represented an important increase over the 1981 federal executive and council which comprised 25 % and 40 % women. 28. PARTICIPATION OF WOMEN (POW) COMMITTEE, October 15-17, 1982, "POW Resolution", (MHP). 29. Ibid. 30. See Donald C. MacDONALD, The Happy Warner, Markham, Ontario, Fitzhenry and Whiteside, 1988, p. 180-181.
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In short, the party’s shift from a voluntary affirmative action plan to a compulsory one had significantly enhanced female representation within the party hierarchy. The circumstances in which the federal NDP introduced its compulsory affirmative action policy indicate that the push for affirmative action more likely came from the ONDP than from the federal party. It is true that the federal NDP put forward its voluntary affirmative action policy four months before the ONDP passed its compulsory affirmative action policy. It should be noted, however, that in 1981 the federal policy failed to establish equal male and female representation on the federal council and executive. Reflecting on the party’s first affirmative action policy, MacDonald recognized that "affirmative action within the [federal] party was more rhetoric than reality."31 By contrast, the ONDP’s compulsory approach to affirmative action instantaneously produced a provincial executive and council that were gender-balanced. It is therefore plausible that the Ontario example caused the federal party to formalize its policy. Although the push for affirmative action appears to have primarily come from Ontario, the POW Committee’s role in initiating the federal affirmative action policy and the federal NDP’s endorsement of affirmative action in 1981 probably encouraged the ONDP Women’s Committee to pursue its affirmative action program. To recapitulate, the introduction of affirmative action can be interpreted as a response to two broad contextual variables. First, the discourses and activities of the second-wave women’s movement impressed upon ONDP men and women that it was time the party gave more recognition to women and issues of concern to them. The entry of feminist activists into the ONDP, around the mid-1970s, appear to corroborate this argument. Second, the ONDP’s low level of support among the Ontario electorate, and more precisely female voters, also account for the introduction of affirmative action. On the other hand, the influence of the federal NDP does not appear to have been particularly significant. We shall now consider the internal factors that contributed to the official passage of the affirmative action resolution. 31. MacDONALD, "Affirmative Action : From Talk to Reality in the NDP", Toronto Star, July 31, 1993, p. F2.
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II. ADOPTION OF AFFIRMATIVE ACTION The ONDP Women’s Committee In the late 1970s and early 1980s, the Women’s Committee (that ONDP women had founded in 1973) undertook to update the party’s policies on issues of concern to women, make links with union women and increase female involvement at all levels of the party. During this period, the Committee organized policy conferences and presented resolutions on women’s issues at party conventions and provincial council meetings. It was in November 1978, at its first annual conference, "The Economic Facts of Life," that the Committee resolved to put together a comprehensive program to enhance women’s equality in the family and the economy. Two years later, the party convention agreed to replace the party’s outdated policies on women’s issues with the Committee’s lengthy program "Policies for Equality." This document mainly dealt with the economic rights of women, pensions, health, day care, housing and education. While redrafting the ONDP’s policies, the Women’s Committee also strove to reach out to union women. Two women involved in the planning committee for the 1978 conference emphasized the importance of inviting union women who were "easier to reach than feminists" and suggested that they would contact feminists even though there was "probably less potential there." According to Sarra, the presence of union women at the 1978 conference and the appointment of an ONDP Women’s Committee coordinator to the OFL Women’s Committee formalized the links between ONDP and labour women, and in particular, OFL women.32 In the late 1970s and early 1980s, the Women’s Committee consolidated its links with union women by actively supporting the women striking at Fleck, Inco, Puretex, Blue Cross, Radio Shack, Bell and Stelco.33 32.
Janis SARRA, "Trade Union Women and the NDP", in Linda BRISKIN and Lynda YANZ, Union Sisters : Women in the Labour Movement, Toronto, Women’s Educational Press, 1983, p. 351-352.
33.
The literature dealing with the female strikes from the late 1970s and early 1980s always mentions the participation of feminists in solidarity efforts, but not that of ONDP women. See Carolyn EGAN and Lynda YANZ, "Out of the Ghettos : Affirmative Action and Unions", in BRISKIN and YANZ, op. at., p. 364 ; EGAN, "Toronto’s International Women’s Day Committee : Socialist Feminist Politics", in Heather Jon MARONEY and Meg LUXTON (eds.), Feminism and Political Economy : Women’s Work, Women’s Struggles, Toronto, Methuen, 1987, p. 113-115 ; MARONEY, "Feminism at Work", New Left Review, n° 141, 1983, p. 51-71.
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During this period, the Women’s Committee was also trying to stimulate women’s involvement within the party. For instance, in preparation for the 1977 leadership convention, it drew up a list of questions regarding women’s role in society, politics and the party that its members were to put to the leadership candidates ; set up a delegate committee to urge women to go to the convention ; sought out female candidates for positions on the provincial executive, etc. After the 1977 convention, the Committee’s strategy to enhance female representation in the party mainly consisted in drafting the affirmative action resolution and getting it approved by the party. First, the Women’s Committee set up an affirmative action policy group whose tasks were to collect data on female participation, put forward proposals to achieve the equal participation of women, and discuss how to gain support for these proposals. These activities eventually produced the 1982 affirmative action resolution. Before examining how the resolution was actually passed, we will consider whether the Women’s Committee borrowed the idea of affirmative action from the Waffle or union women. The Waffle The Waffle, the group which between 1969 and 1972 attempted to push the federal and Ontario NDPs further to the left, is better known for its economic nationalism and pro-Quebec stance than for its sup-port of gender parity. During its short existence, the Waffle put for-ward resolutions on women’s rights, women’s liberation as well as gender parity in the party organization. However, it was the Waffle women (the majority of whom were also active in the women’s movement) who sensitized the group to feminist issues and the need to feminize the party organization. As a result, the Waffle ensured that men and women be equally represented on all its committees. At the 1971 federal convention, the group, via its leadership candidate Jim Laxer, backed the Waffle women’s resolution calling on the party to reserve half of the federal council positions for women : We must be prepared to change the structures of the NDP where necessary to allow all our members to participate fully in the work of our party. To that end, the goal of parity for women on the party’s governing bodies will advance the cause of democracy within the party.34 34. NEW DEMOCRATIC PARTY, NDP News Convention Magazine : The Ten Years, Ottawa, 1971, p. 45.
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However, in 1971, the party was not ready for such a proposal. In the words of one observer present at this convention, this resolution was defeated after one of "the most bitter debates of the week."35 Although Wafflers were the first to introduce the idea of gender parity into the party, it would be somewhat hasty to suggest that there was a logical progression from the Waffle to the Women’s Committee’s 1982 affirmative action resolution. None of the twelve interviewees who were active in the party in the late 1960s and early 1970s made the connection between the Waffle’s support of parity and the ONDP affirmative action policy. When prompted about a possible link, only one interviewee noted that the Waffle may have sown the seeds of affirmative action. Nevertheless, she also emphasized the eight-year break that occurred between the departure of the Waffle in 1972 and the time the Women’s Committee started to work on the affirmative action issue. Thus, it seems that Waffle women came up with the idea, and the Women’s Committee figured out how to practically implement it. Before giving credit to the Committee for reviving the issue of gender parity, it is important to determine whether the efforts of OFL women to feminize their union in the early 1980s influenced it or not. Affirmative action in the OFL In November 1982, the OFL adopted the affirmative action policy of its Women’s Committee which provided that five of the twenty-one vice-presidential positions on the executive would be set aside for women.36 Given the networking that was taking place around that time between ONDP and OFL women, it is possible that the former followed the example of the latter or vice versa, and/or that the two groups consulted each other on the issue of affirmative action. Two key women who were respectively involved in the drafting of the ONDP and the OFL’s affirmative action policies denied that any of this actually happened. According to the ONDP woman, "the idea [of affirmative action] didn’t come from labour or the OFL even though labour
35. Michael CROSS, "Third Class on the Titanic : The NDP Convention", Canadian Forum, n° 513, April/May 1971, p. 3-6, 58. 36. The OFL was the first union in Canada to adopt an affirmative action policy for its female members. Unions such as the Canada Employment and Immigration Union, the Canadian Labour Congress, the Canadian Auto Workers, the Alberta Federation of Labour, etc., then followed its example.
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women were more supportive of it than party women." The OFL woman simply stated that the two groups worked on their respective affirmative action programs independently from each other. The fact that the ONDP Women’s Committee designed a more far-reaching affirmative action policy than the OFL Women’s Committee months before the latter would also suggest that the ONDP Women’s Committee was more encouraged than inspired by its OFL sisters. Although the Women’s Committee may not have been the first one to come up with the idea of gender parity, it should be credited for designing the affirmative action policy and getting the party to adopt it. The 1982 Convention In the months prior to the 1982 convention, the Women’s Committee worked hard to secure the support of riding associations and provincial elites for its resolution. After some riding associations objected to being "required" to have 50 % of women on their executives, the Women’s Committee changed the wording of the resolution. The final version "urged" ridings to implement affirmative action.37 In a final effort to convince the rank and file to approve the resolution, the Women’s Committee made a fact sheet available to convention delegates which provided statistics on female involvement in the party and explained that the resolution would ultimately increase the party’s share of the female vote : We believe that the adoption of the resolution will set us on the road to reaching this important constituency of women which has eluded us for far too long. That is why the resolution is concerned with the participation of women at all levels in our party as voters and members, as party officers and candidates for public office.38 The same argument was made to sell affirmative action to the leadership. As previously noted, in the late 1970s and early 1980s, Women’s Committee members talked to party elites about the need to do something about the party’s lack of appeal to female voters. Three interviewees pointed out that the Women’s Committee had managed to convince some influential people that affirmative action would attract female voters to the party. At the leadership forum scheduled to take place at Queen’s Park the day before the Women’s Committee
37. BASHEVKIN, op. cit. , p. 98. 38. ONDP WOMEN’S COMMITTEE, 1982 (MHP). Emphasis in original.
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conference on women’s role in the ONDP and politics, it was obvious that the Women’s Committee had secured the support of the leader-ship for its resolution. In their speeches, the three leadership candidates (Jim Foulds, Richard Johnston, and Bob Rae) all endorsed the internal affirmative action resolution which was to be voted on at the upcoming convention. The efforts of the Committee to educate rank-and-file activists and party elites about affirmative action prior to the convention as well as its "careful planning and [...] quick-footed strategy on the convention floor" eventually paid off.39 The eyewitness accounts of Bashevkin and the interviewees suggest that the resolution passed fairly smoothly. Bashevkin noted that the resolution was supported by most delegates and opposed by a small but vocal minority.40 All the interviewees pointed out that it encountered little opposition and, according to some of them, much less opposition than "Policies for Equality," the 1984 resolution for free-standing abortion clinics, or even the 1989 resolution to extend affirmative action to legislative candidates. During the thirty-minute debate on affirmative action, various arguments were made for and against. Proponents of affirmative action brought up issues such as : the ineffectiveness of voluntary targets, the credibility the party would gain with regards to women’s issues, and the pressing need to address the underrepresentation of women in executive positions. On the other hand, opponents of affirmative action argued that gender would prevail over merit, ability and experience ; that women were already treated as equals in the ONDP ; and that a closer examination of the resolution was needed.41 Interviewees put forward these same arguments as well as two other ones. For four male supporters of affirmative action, the resolution was in keeping with the party’s long-standing concern for disadvantaged groups. Three other interviewees mentioned that opponents were concerned about the undemocratic character of the resolution. One female opponent also noted that women like herself "who could hold their own" did not feel the need for affirmative action. According to newspaper accounts of the convention, the women opposing affirmative action wanted to be promoted because of their abilities rather than their gender.42 39. Jonathan FEAR, "NDP Bolsters Role of Women", (MHP). 40. BASHEVKIN, op. oit, p. 99. 41. Ibid., p. 98-99. 42. FEAR, "Affirmative Action Policy Upsets Women" (MHP).
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In sum, Bashevkin and interviewees’ accounts indicate that the affirmative action resolution did not encounter much opposition. As previously noted, among the 61.8 % of delegates supporting the resolution, about a third strongly supported it. Furthermore, all the interviewees (including the ones against affirmative action) mentioned that the majority of delegates favoured the resolution. Even those interviewees who noted that some delegates associated with labour, the old guard and northern ridings objected to affirmative action, denied that these elements formed a sufficiently cohesive group to prevent the passage of the resolution. Internal structures To understand how the affirmative action resolution was passed, one also needs to examine the process by which a resolution becomes party policy, and more specifically, the role of rank and file and elites in this process. The following description of the ONDP’s policy-making process is based on interviewees’ comments.43 Although the leadership does not play as dominant a role in the initiation of policy as it did in early days, it still exercises considerable influence over the selection of resolutions to be debated and passed at convention. While prior to the 1980s the bulk of resolutions came from the leadership, since then riding associations and affiliated bodies have put forward most resolutions. These resolutions are then forwarded to the Resolutions Committee which has the responsibility to put the similar ones together, discard the ones that are already in the policy book, and decide the order in which new items will appear before the convention.44 When forming the Resolutions Committee, the provincial executive ensures that it is gender-balanced and that it represents all the major interests of the party (labour, region, ethnicity, etc.). Not surprisingly, only people who know the party well usually serve on the Committee. Thus, the role of the leadership in selecting the members of the Resolutions Committee enables it to influence which particular
43. With regards to the ONDP’s policy-making process, there were no notable differences between men and women’s accounts or between those of rank-and-file and party elites. 44. If a resolution is not given a high priority by the Resolutions Committee, it is possible to appeal its order of appearance to a panel present at the convention. If this fails, one can then appeal directly to the delegates. However, it is very difficult to win this.
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resolutions will make it to the convention. As a Women’s Committee member noted, "the chance to get a resolution to the floor that doesn’t fit in with the wishes of the elite is slim." In other words, most resolutions that make it to the convention have the support of the leadership. This was certainly the case with the 1982 affirmative action resolution. The significant influence of the leadership over the policy-making process partly explains why the affirmative action resolution not only made it to the convention but also was adopted by delegates. As interviewees mentioned, delegates generally pass the resolutions which they know are strongly supported by the elite. CONCLUSION This paper has sought to explain why the ONDP introduced and officially adopted an affirmative action program to enhance women’s representation within the party hierarchy. It was argued that while external factors account for the introduction of affirmative action, internal factors account for the official passage of the resolution. To understand why the ONDP came to support affirmative action it is essential to refer to the second-wave women’s movement. The feminist agitation that took place in the 1970s prompted the ONDP to champion women’s social, economic and political condition more aggressively in the late 1970s and early 1980s. The idea of gender parity was first introduced by Waffle women and then revived by the Women’s Committee. As previously noted, both groups were strongly connected to the women’s movement. The party’s declining support among the Ontario female electorate is the other important factor explaining the introduction of affirmative action by the ONDP. Eventually, the lobbying activities of the Women’s Committee, the support of party elites for the affirmative action resolution as well as their influence over the policy-making process ensured the fairly smooth passage of the resolution. Two of our study’s findings may be useful to social democratic par-ties that are presently striving to redefine their main goals and means to achieve them. First, the role the women’s movement played in the introduction of affirmative action highlights the necessity for idea-strapped parties to open themselves to the analyses and alternatives of social movements (such as the women’s, labour, gay and lesbian, and green movements). The establishment of permanent channels of communication between social movements and social democratic parties would prevent the latter from losing touch with the citizenly when in power or in opposition. Such channels would ensure that ideas not only keep
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circulating from social movements and citizens to parties and vice versa, but also are systematically debated by party and social actors. In the end, this would go a long way in improving the quality of democracy. Second, social democratic parties may also take into account the paradox uncovered by our study, namely, the central role party elites played in the adoption of affirmative action requirements designed to feminize (and thus further democratize) the internal organization. It is true that the centralized policy-making process contributed to the expeditious passage of the affirmative action resolution. One wonders however, whether rank-and-file activists, who had little input in the design of the affirmative action policy, are truly committed to its implementation. Interviewees’ mixed reactions to the 1989 extension of affirmative action requirements to candidacies would suggest that affirmative action is not a widely accepted principle in the ONDP.45 It remains to be seen to what extent these requirements for candidacies will be met for the upcoming election campaign. Finally, the centralization of the policy-making process casts some doubts on the party’s ability to engage in a truly democratic self-renewal exercise. 45. On this point, see PRAUD, "L’action positive et la représentation des femmes au Nouveau Parti Démocratique de l’Ontario", loc. cit.
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La social-démocratie a-t-elle un avenir ? Alexander MacLeod
« Ainsi, il se peut que l’ère du socialisme électoral soit terminée. » C’est sur cette note pessimiste que se conclut une étude récente et controversée du phénomène de la social-démocratie1. Selon ses auteurs, le « socialisme électoral », c’est-à-dire la social-démocratie, ne peut progresser parce qu’il est impossible pour les partis qui le représentent de conserver l’appui de l’électorat ouvrier tout en gagnant celui des couches moyennes. Dans cette perspective, la social-démocratie n’a plus d’avenir, puisque l’élément clé de sa stratégie, la prise du pouvoir, ou du moins la participation au pouvoir, à travers une alliance électorale entre la classe ouvrière et les couches moyennes, est inévitablement voué à l’échec. Pour d’autres, la social-démocratie souffre d’un « épuisement programmatique »2 et a tellement perdu de son attrait électoral que les « partis socialistes, du moins sous leur ancienne forme, sont condamnés »3. Aussi certains concluent-ils que la socialdémocratie a rempli sa mission historique et qu’elle n’a donc plus rien
1.
Adam PRZEWORSKI et John SPRAGUE, Paper Stones. A History of Electoral Socialism, Chicago, The University of Chicago Press, 1986, p. 185. Pour une analyse semblable, mais plus nuancée et moins pessimiste, voir Gerassimos MOSCHONAS, La social-démocratie de 1945 à nos jours, Paris, Montchrestien, 1994. On trouvera une contestation vigoureuse de cette thèse dans les essais présentés dans Christiane LEMKE et Gary MARKS (dir.), The Crisis of Socialism in Europe, Durham, Duke University Press, 1992.
2.
MOSCHONAS, p. 112. Voir aussi David MARQUAND, « After Socialism », Political Studies, 41, 1993, p. 43-56.
3.
« The left at a loss », The Economist, le 8 mai 1993, p. 59.
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à offrir. Les néolibéraux, quant à eux, ont leur propre version de la fin de la social-démocratie, puisqu’ils ont déjà proclamé la disparition du vieux consensus entre la droite et la gauche, fondé sur les idées de la social-démocratie, et annoncé son remplacement par une économie de marché libérée des entraves de l’étatisme et de l’État-providence4. Pour répondre à ceux qui croient que les partis sociaux-démocrates ne sont plus capables de reprendre le pouvoir, si ce n’est peut-être pour exercer une gestion libérale ou conservatrice, il faut se tourner vers les faits. S’il est vrai que plusieurs d’entre eux sont en difficulté, notamment ceux du sud de l’Europe (à l’exception du parti grec), celui du Japon, ainsi que le Nouveau Parti démocratique canadien, il est vrai également que les partis du nord de l’Europe, celui de l’Australie, les partis de la Saskatchewan, de la Colombie-Britannique et le Parti québécois sont tous au pouvoir, et que le Parti travailliste britannique est sur une courbe ascendante après ses déboires des années 80. L’idée selon laquelle la social-démocratie aurait terminé sa mission historique peut aussi être mise en doute. Si cette mission consistait essentiellement à mettre en place un État-providence et à appliquer des solutions keynésiennes aux problèmes socio-économiques des démocraties libérales, alors il est clair qu’en grande partie cette mission est accomplie. On pourrait même ajouter que dans certains pays comme les États-Unis, le Canada, la France et l’Italie, l’État-providence fut mis en place par des gouvernements où les partis sociaux-démocrates étaient largement absents ou ne jouaient qu’un rôle relativement mineur. Les mesures keynésiennes n’ont pas été non plus le monopole de gouvernements d’orientation sociale-démocrate. La socialdémocratie signifie en fait plus qu’une forme de libéralisme de gauche. Elle se veut d’abord la représentante politique principale de la classe ouvrière et des autres couches défavorisées. Elle propose également une forme de gestion de l’économie néocorporatiste qui implique une coordination entre les représentants des syndicats, du gouvernement et du patronat du secteur privé. Elle prône une intervention étatique dans la gestion de l’économie, qui doit assurer un meilleur contrôle du développement économique et le plein emploi. Enfin, elle préconise une série de mesures qui visent une plus grande justice sociale, dont, bien sûr, celles de
4.
Voir, par exemple, Dennis KAVANAGH, Thatchensm and British Politics. The End of Consensus ?, Oxford, Oxford University Press, 1990 ; et Jacques LERUEZ, Le phénomène Thatcher, Bruxelles, Éditions Complexe, 1991.
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La social-démocratie a-t-elle un avenir ?
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l’État-providence, et celles qui conduisent à une meilleure redistribution de la richesse, principalement à travers une fiscalité plus équitable. Vue sous cet angle, la tâche historique de la social-démocratie apparaît loin d’être achevée. Le néolibéralisme prend délibérément le contre-pied de la socialdémocratie et déclare un désengagement radical de l’État qui remet en cause la plupart des principes de la social-démocratie, avec les résultats que l’on sait. Les inégalités sociales et économiques sont plus grandes que jamais dans les pays industrialisés, et le plein emploi représente toujours un objectif très lointain. De plus, les acquis sociaux de l’État-providence sont très sérieusement menacés. Et les sociétés modernes affrontent une série de nouveaux problèmes, tels que l’immigration et l’afflux de réfugiés, la montée du racisme et les tensions ethniques et religieuses, et la protection de l’environnement. Le moins que l’on puisse dire est que les solutions néolibérales à ces questions, en plus d’être peu généreuses, sont surtout inefficaces. Évidemment, on ne peut expliquer les difficultés de la social-démocratie uniquement par l’assaut idéologique du néolibéralisme. Il y a d’abord la situation réelle des finances de l’État, dont le déficit n’arrête pas d’augmenter. Il est donc très tentant pour tout gouvernement, quelle que soit sa couleur politique, d’abandonner des services ou des entreprises dont le maintien ne fait que grever le budget. Ensuite, les partis sociaux-démocrates eux-mêmes connaissent des problèmes à la fois conjoncturels et structurels. Parmi les premiers, on peut mentionner celui du leadership. Depuis la chute du gouvernement de Helmut Schmidt en 1982, le Parti social-démocrate allemand s’est donné cinq leaders. Les travaillistes britanniques en sont à leur quatrième chef depuis la démission de James Callaghan en 1979. Le Parti socialiste français a connu une lutte permanente autour de sa direction depuis sa défaite écrasante aux élections de mars 1993. Les sociaux-démocrates souffrent aussi de l’usure du pouvoir que connaissent tous les partis politiques : fatigue intellectuelle, difficultés de renouvellement du personnel gouvernemental, scandales financiers, etc. Les déboires du PS français et du Parti socialiste ouvrier espagnol sont assez exemplaires à cet égard. Parmi les problèmes structurels, il y a le renouvellement du programme, les divisions internes, la confusion sur le rôle du parti, les rivalités avec d’autres forces de gauche et surtout la transformation de leur électorat. Tous les partis sociaux-démocrates semblent éprouver de grandes difficultés à résoudre ces problèmes.
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Dans l’état peu reluisant où se trouvent la plupart des démocraties libérales, les sociaux-démocrates ont encore leur place. Même The Economist, revue peu suspecte d’indulgence envers la gauche, le reconnaît5. Mais les partis sociauxdémocrates sont-ils encore capables d’apporter des solutions valables et originales aux problèmes de nos sociétés, ou sont-ils voués à devenir de simples gestionnaires de centre gauche de l’héritage laissé par les divers gouvernements néolibéraux au pouvoir durant les années 80 et 90 ? Autrement dit, y a-t-il encore une place pour des gouvernements de gauche dans les pays industrialisés, malgré la persistance d’un fort courant néolibéral qui, apparemment, a déplacé le centre de gravité politique irrévocablement à droite ? Et peuvent-ils survivre aux effets de la chute du communisme, qui semble avoir déteint, du moins provisoirement, sur la gauche tout entière ? Mais avant d’aborder la question de ce que devrait être l’ordre du jour social-démocrate dans les années 90, il faut analyser les deux plus grands défis qui se posent à tous les partis sociaux-démocrates aujourd’hui et qui sont au coeur de leur identité, celui de l’idéologie et celui de la stratégie. LE DÉFI IDÉOLOGIQUE La social-démocratie n’a jamais constitué un modèle unique. Elle a toujours été le produit des conditions politiques et socioéconomiques de la société ambiante. Évidemment, on peut distinguer un certain nombre de caractéristiques communes à la social-démocratie, auxquelles nous avons déjà fait allusion, mais la forme que revêtira la social-démocratie dans chaque pays est très dépendante de facteurs tels que le rapport entre le parti et les syndicats, la capacité de représenter seule les intérêts de la classe ouvrière, la nature de l’exercice du pouvoir — se fait-il normalement seul ou en coalition avec des partis de gauche, du centre ou de droite ? —, l’importance d’autres clivages (religieux, linguistiques ou ethniques) que celui fondé sur les classes sociales, la cohérence et l’homogénéité des forces politiques du centre et de la droite, l’histoire, la culture, le moment historique où le parti social-démocrate arrive au pouvoir, et le degré de développement économique, pour ne mentionner que les plus importants d’entre eux. Schématiquement, on pourrait faire le classement suivant : distinguer d’abord les partis qui ont été les plus proches du modèle pur de la
5.
« Rose-tinted visions », The Economist, le 11 juin 1994, p. 17-19.
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social-démocratie, à savoir ceux des pays nordiques, surtout les partis suédois et norvégien, et le parti autrichien ; puis les partis travaillistes britannique, irlandais, australien, néo-zélandais et, dans une moindre mesure, les partis néo-démocrates du Canada, qui restent fortement dépendants des syndicats ; puis encore les partis de coalition, les partis belge, hollandais et allemand ; enfin les partis du sud de l’Europe, les partis français, espagnol, portugais et grec, qui ont dû faire face à la concurrence de partis communistes relativement forts et bien organisés, qui ne peuvent compter sur l’appui massif des syndicats, souvent d’obédience communiste ou catholique, et qui ont souvent pratiqué le langage du radicalisme dans l’opposition, quitte à opter, une fois au gouvernement, pour une politique plus pragmatique6. Restent les cas difficiles à classer. On peut citer l’exemple du Parti socialiste italien, qui n’a participé que très brièvement au pouvoir et qui s’est fait éclipser par le Parti communiste, rebaptisé Parti démocratique de la gauche en 1991 et devenu le véritable parti social-démocrate italien, ou celui du Parti social-démocrate japonais, qui s’est distingué par sa rigidité idéologique et qui a été écarté du pouvoir de 1948 à 1993, mais qui n’a pas encore su démontrer en quoi il peut prétendre au titre de parti social-démocrate depuis sa décision de participer au gouvernement en 1993. Enfin, il y a le cas particulier du Parti québécois, que son objectif politique primordial met dans une catégorie à part, mais qui a introduit plusieurs éléments de social-démocratie dans les trois gouvernements qu’il a formés jusqu’ici. Quelle que soit l’expérience de ces divers partis, ils doivent tous faire face à des défis semblables, causés par les transformations profondes de l’économie, qui, à leur tour, ont provoqué des changements sociaux modifiant la structure de l’électorat social-démocrate. L’adaptation de la social-démocratie à l’évolution socioéconomique des pays industrialisés et de l’électorat nécessite des changements réels sur le plan idéologique. La nature de ce défi est évidente. Le capitalisme n’est plus ce qu’il était. Le secteur manufacturier perd constamment du terrain au profit de celui des services. Et l’économie s’internationalise. Il n’est pas nécessaire d’insister sur ces lieux communs ou sur leur signification pour une social-démocratie qui a misé traditionnellement sur le contrôle des grands secteurs de l’économie par l’intervention de l’État
6.
Pour une version plus complète de cette classification, voir Wolfgang MERKEL, « After the Golden Age. Is Social Democracy Doomed to Decline ? », dans LEMKE et MARKS, p. 141-144.
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pour réaliser son programme économique et sur la classe ouvrière traditionnelle, du moins dans l’Europe du Nord, et dans une moindre mesure au Canada et en Australie, pour assurer sa base électorale. À ces transformations structurelles, que la social-démocratie doit évaluer dans toutes ses réflexions sur le long terme, on doit ajouter le problème immédiat qui menace toute tentative de maintenir les acquis socioéconomiques de la social-démocratie, celui de la crise fiscale de l’État7. On ne peut s’empêcher de remarquer que les partis sociaux-démocrates semblent toujours pris au dépourvu devant cette question et qu’une fois au pouvoir ils n’ont jamais d’autres solutions à proposer que celles de leurs prédécesseurs conservateurs ou libéraux. Tout programme social-démocrate digne de ce nom doit présenter de véritables solutions à ce problème. On ne peut ni faire semblant que le problème n’existe pas, ni faire croire que les vieilles solutions keynésiennes du déficit positif sont toujours valables. L’échec de la tentative de relance de l’économie par des moyens keynésiens classiques de la part du gouvernement socialiste français entre 1981 et 1983 est éloquent à cet égard. Les sociaux-démocrates ne peuvent non plus se satisfaire d’appliquer de façon moins brutale les remèdes néolibéraux. Ignorer le déficit, à l’époque de l’internationalisation de l’économie et des marchés, coûte extrêmement cher. Couper aveuglément dans le budget, c’est à la fois un abandon des objectifs de la social-démocratie et une recette pour perdre sa base électorale traditionnelle sans garantie que les couches normalement hostiles à la social-démocratie viendront la remplacer. Sur le plan idéologique, les sociaux-démocrates voient ainsi disparaître deux éléments clés de leur programme traditionnel : l’idée de l’intervention de l’État dans la direction de l’économie, et le recours au keynésianisme pour relancer l’économie. Le phénomène de la mondialisation avait déjà limité la capacité des gouvernements d’agir de façon autonome sur l’économie. Cette contrainte sur la souveraineté économique a été renforcée par la montée des blocs économiques que constituent l’Union européenne et 1’ALENA. Finie l’époque où les gouvernements pouvaient espérer influer sur la direction de l’économie en jouant sur le
7.
Cette préoccupation est loin d’être toute nouvelle. Pour une perspective socialdémocrate de la question, voir Pierre ROSANVALLON, La crise de l’État-providence, Paris, Éditions du Seuil, collection « Points Politique », 1984. Voir aussi l’interprétation marxiste de cette situation dans James O’CONNOR, The Fiscal Crisis of the State, New York, St. Martin’s Press, 1973.
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taux d’intérêt ou même sur la fiscalité, qui n’est plus un instrument économique ou social mais simplement une source de revenus pour éponger le déficit. De la même façon, la nationalisation des grands leviers de l’économie se présente de moins en moins comme une option réaliste permettant à un gouvernement social-démocrate de contrôler l’économie. Par ailleurs, l’expérience des nationalisations n’a pas contribué de façon significative à la transformation réelle des rapports de production. L’État-employeur n’a pas été plus généreux ou plus désireux de partager son pouvoir que les patrons privés, bien au contraire. Les gouvernements, sociaux-démocrates ou non, comptent trop souvent sur le secteur public pour « donner l’exemple » aux autres secteurs de l’économie. Ces changements dans l’économie ont eu un impact énorme sur la structure des classes sociales. La classe ouvrière traditionnelle rétrécit au fur et à mesure que le secteur tertiaire progresse aux dépens du secteur manufacturier, avec, en corollaire, l’émergence de nouvelles couches moyennes. Par ailleurs, les entreprises ont de plus en plus recours à des formes de réduction de la main-d’œuvre permanente, telles que le travail à temps partiel, les emplois précaires et le travail contractuel ou à la pige, ce qui leur permet d’augmenter leurs profits sans avoir à embaucher de nouveaux employés. Tous ces facteurs ont affecté le poids politique et économique des syndicats, déjà aux prises avec une certaine désaffection chez leurs membres et dans l’opinion publique. La socialdémocratie subit inévitablement les contrecoups de ces bouleversements. Par le passé, les partis sociaux-démocrates, du moins ceux du nord de l’Europe, pouvaient se targuer de bénéficier du soutien constant d’une majorité électorale dans la classe ouvrière. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus compter autant sur cette fidélité, à cause du déclin du syndicalisme, d’une certaine « aliénation » de l’électorat ouvrier par rapport aux militants, de plus en plus recrutés dans les couches moyennes et moins sensibles à la réalité de la classe ouvrière et à sa culture, et enfin à cause de la déception devant la performance gouvernementale très inégale des partis sociaux-démocrates. Dans ces conditions d’une baisse relative absolue d’une composante fondamentale de leur électorat et d’une désaffection grandissante de celui-ci, les partis sociaux-démocrates se voient forcés d’élargir leur base en cherchant des alliés dans les couches moyennes, en particulier chez les employés du secteur public8. Cependant, ces partis ne peuvent compter sur
8.
Voir MOSCHONAS, p. 81-82.
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l’appui indéfectible d’un électorat si disparate. Ils sont obligés de se montrer plus sensibles aux revendications d’électeurs qui peuvent facilement changer d’allégeance. Un gouvernement social-démocrate risque d’être apprécié non seulement pour sa capacité à défendre les intérêts de la classe ouvrière mais aussi pour son « efficacité » comme gouvernement, c’est-à-dire sa capacité de gestion tout court. Sa marge de manœuvre devient alors très étroite, puisqu’il doit satisfaire à la fois ceux qui réclament plus de justice sociale et ceux qui veulent avant tout une gestion efficace de l’économie. Bien sûr, ces deux exigences ne sont nullement incompatibles, mais les premiers risquent de se voir sacrifiés de plus en plus sur l’autel des seconds. Les sociaux-démocrates ne peuvent plus ignorer le phénomène du marché ou, pire, continuer à condamner le marché parce qu’il serait la caractéristique fondamentale du capitalisme. Ce n’est pas vraiment la notion de marché qui définit le capitalisme, pas plus que la rentabilité. Après tout, l’économie japonaise ne suit pas les règles du capitalisme à l’américaine, l’État n’hésitant pas à intervenir pour orienter les priorités de la production, et elle n’est pas moins capitaliste pour autant. C’est plutôt l’adhésion à l’idée du marché comme unique mécanisme de régulation des rapports économiques et comme seul instrument du développement socioéconomique, et à celle de la rentabilité comme seul principe valable du fonctionnement de l’économie, qui caractérise le capitalisme en tant qu’idéologie. Le marxiste britannique Éric Hobsbawm exprime bien cette distinction quand il écrit que le « marché comme guide pour l’efficacité et le bon fonctionnement de l’économie est une chose. Le marché comme unique mécanisme pour l’allocation des ressources dans une économie [...] en est tout à fait une autre. Il produit l’inégalité aussi naturellement que le pétrole et le gaz produisent la pollution de l’air9. » Autrement dit, les sociauxdémocrates, surtout quand ils sont dans l’opposition, doivent définir plus clairement la distinction entre le marché et la rentabilité comme moyens de jauger l’efficacité économique, et le marché et la rentabilité comme seuls principes de base de la gestion de la société. Toutes ces nouvelles données remettent en cause certains dogmes de l’idéologie social-démocrate traditionnelle. Cependant, le rapprochement avec les couches moyennes ne signifie pas nécessairement un
9.
Eric HOBSBAWM, « Out of the Ashes », dans Robin BLACKBURN (dir.), After the Fall. The Failure of Communism and the Future of Socialism, New York, Verso, 1991, p. 321-322 (souligné dans le texte).
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abandon des fondements de la social-démocratie. Il y a des bases objectives pour une convergence entre les intérêts de la classe ouvrière et ceux des couches moyennes. Ces dernières, tout comme les travailleurs du secteur manufacturier, ont souvent souffert durement des crises économiques des années 80 et 90. En plus, une partie importante des acquis de la social-démocratie, surtout ceux que l’on associe à l’État-providence, représentent aussi des acquis de ces couches sociales. Par exemple, il ne saurait être question pour les classes moyennes de remettre en cause l’accès universel à l’assurance-maladie. En outre, avec la hausse générale du niveau de vie, il n’est pas toujours aisé de faire la distinction entre les revendications spécifiques des travailleurs et celles des couches moyennes. Mais les intérêts des deux groupes ne coïncident pas sur tous les plans. Les couches moyennes sont beaucoup plus sensibles à un discours axé sur la nécessité d’effectuer des coupures pour équilibrer le budget et plus réfractaires à toute suggestion d’augmenter le fardeau de la fiscalité, dont elles subissent le plus souvent les coûts les plus lourds, pour financer de nouveaux programmes sociaux ou pour en maintenir d’anciens. Par ailleurs, elles ne sont pas toujours très favorables aux revendications syndicales. Tout cela ne veut pas dire que ces couches sont forcément conservatrices, donc hostiles au projet social-démocrate. C’est aussi dans ces couches que l’on retrouve les valeurs « postmatérialistes »10, véhiculées par les groupes de pression et les mouvements sociopolitiques œuvrant en faveur de l’écologie, du féminisme, de l’antiracisme, etc., et qui trouvent un écho chez les sociaux-démocrates. Toutefois, il n’est pas toujours facile de concilier ces revendications postmatérialistes avec les intérêts traditionnels de la classe ouvrière. Par exemple, écologistes et bûcherons s’opposent fréquemment, et la demande d’équité dans l’emploi est souvent perçue comme une forme de contingentement. Les couches moyennes sont des alliées dont aucun parti socialdémocrate ne peut se passer pour se faire élire, mais qu’il ne doit pas ménager au point de perdre sa base la plus sûre, la classe ouvrière. Il n’est pas certain que les partis sociaux-démocrates affrontent un dilemme absolument insoluble, comme le prétendent Przeworski et Sprague, entre le maintien de l’appui de l’électorat ouvrier et la dilution de leur idéologie pour attirer le vote des couches moyennes11. 10. MOSCHONAS, p. 81-82. 11. PRZEWORSKI et SPRAGUE, p. 55-56.
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Il s’agit plutôt de la nécessité de repenser cette idéologie pour qu’elle corresponde à la réalité des années 90. LE DÉFI STRATÉGIQUE Dans le passé, les partis sociaux-démocrates pratiquaient des stratégies relativement simples. Là où ils représentaient seuls la classe ouvrière, ils pouvaient espérer prendre seuls le pouvoir en élargissant leur base électorale. Ailleurs, ils devaient ou bien accepter de partager le pouvoir avec des partis du centre et de droite, ou bien faire une alliance formelle ou implicite avec d’autres formations de gauche. Depuis quelques années, ces partis ont dû modifier leur stratégie pour tenir compte de la montée de nouvelles forces politiques qui ne cessent de leur disputer leur espace idéologique et politique et de mordre sur leur électorat. Dans les pays de l’Europe méridionale, le défi politique à la socialdémocratie venait essentiellement de sa gauche, c’est-à-dire du parti communiste ou des partis gauchistes. Avec l’effondrement du communisme, cette menace se fait évidemment moins sentir, encore qu’il ne faille pas la négliger. Le PS français a toujours besoin des voix communistes aux élections à tous les niveaux, et les communistes espagnols et portugais représentent des forces non négligeables. Au nord, le défi communiste n’a jamais représenté une menace réelle pour les sociaux-démocrates, quoique, comme on a pu le constater lors des élections suédoises et allemandes, les communistes et leurs alliés puissent encore mordre sur l’électorat social-démocrate. Mais en général, dans ces pays, le parti social-démocrate est devenu la principale force de gauche. Sur le plan stratégique, le défi à la social-démocratie vient aujourd’hui de trois sources principales, qu’elle ne peut ignorer. À sa droite, elle doit faire face non pas tant à la concurrence du néolibéralisme idéologique qu’à une tendance généralisée en faveur du marché comme seul instrument de mesure de l’efficacité économique. Et, à sa gauche, elle doit composer avec la montée de ce que l’on pourrait appeler la gauche libertaire12, celle des valeurs « postmatérialistes ». Enfin, la social-démocratie doit se méfier de l’importance grandissante des
12. Herbert KITSCHELT, « The Socialist Discourse and Party Strategy in West European Democracies », dans LEMKE et MARKS, p. 195.
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partis de protestation, souvent populistes, axés sur des questions telles que I’immigration, et qui tendent à attirer certains secteurs de la classe ouvrière et des couches moyennes, de plus en plus inquiets de ce qu’ils perçoivent comme des atteintes à leur mode de vie traditionnel et qui ne se retrouvent plus dans les partis de gauche. Il n’est pas nécessaire de revenir sur le défi des partisans du marché, car, comme nous I’avons déjà vu, il est possible d’inclure cette notion dans l’idéologie sociale-démocrate, à certaines conditions. La menace de la gauche libertaire et des partis de protestation pose des problèmes plus délicats. Certes, les sociaux-démocrates peuvent facilement adopter certains des objectifs des groupes de la gauche libertaire. Mais ils doivent se méfier. Les groupes formant la gauche libertaire sont rarement enclins au genre de compromis qui caractérisent les partis politiques. Ils veulent atteindre leurs buts, quel que soit le parti au pouvoir. Sur le plan politique comme sur le plan idéologique, les sociaux-démocrates peuvent compter sur leur sympathie, voire leur soutien, mais ce soutien n’est jamais inconditionnel. Ces groupes ont leurs objectifs, et le parti social-démocrate n’est qu’un instrument parmi d’autres pour les atteindre. Par ailleurs, les partis sociaux-démocrates ne peuvent se permettre de remplacer leurs objectifs socioéconomiques fondamentaux par les questions soulevées par la gauche libertaire. En partie parce qu’ils sont des partis politiques dont la responsabilité dépasse les revendications des divers membres de la gauche libertaire, en partie parce qu’ils risquent de perdre une fraction importante de leur électorat s’ils vont trop vite ou s’ils sont perçus comme inféodés à tel ou tel groupe de pression. Les partis de protestation, comme le Front national en France et en GrandeBretagne ou le Parti de la réforme au Canada, posent une série de problèmes d’un tout autre ordre. Ils attirent des clientèles ouvrières avec des programmes qui n’ont rien à voir avec la social-démocratie, mais ils jouent aussi une « fonction tribunitienne », que remplissaient autrefois les partis communistes13 et qui leur permet d’exprimer les angoisses et les préoccupations de catégories sociales
13. Sur le concept de « fonction tribunitienne », voir Georges LAVAU, « Le Parti communiste dans le système politique français », dans Le communisme en France, Paris, Les Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1969, p. 25-37 ; et Jacques HAMEL et Yvon THéRIAULT, « La fonction tribunitienne et la députation créditiste à l’Assemblée nationale du Québec : 1970-1973 », Revue canadienne de science politique, vol. 8, n° 1, mars 1975, p. 3-21.
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défavorisées, ignorées par les autres partis politiques. Il ne peut être question de déborder ces formations sur leur droite dans l’espoir de récupérer les votes perdus. Il n’y a pas de solution à court terme pour cela. Des programmes d’éducation peuvent être envisagés, bien sûr, mais on peut douter de leur efficacité dans la mesure où ils ne changent pas les situations réelles ou perçues qui ont amené ces électeurs vers des partis populistes de droite. Mais les partis sociaux-démocrates doivent prévenir de tels mouvements en essayant de mieux comprendre les raisons qui ont amené certaines couches populaires à se détourner de la gauche pour adopter les solutions simplistes proposées par les populistes de droite. Les partis sociaux-démocrates sont toujours menacés par deux tentations, celle du virage à gauche et celle du virage à droite. Les deux types de réaction surviennent inévitablement à la suite d’une défaite électorale. Le Parti travailliste britannique présente le meilleur exemple du danger du virage à gauche. Après leur défaite cuisante aux mains des conservateurs en 1979, les travaillistes sont revenus « aux sources », au grand plaisir de leurs adversaires, tombant en 1983 à seulement 27 % des voix, contre 37 % quatre ans plus tôt. Les divisions du parti entre droite et gauche ont convaincu l’électorat de reconduire le Parti conservateur, même en 1992, quand tous les sondages donnaient les travaillistes pourtant gagnants. Le virage à droite est un phénomène un peu plus complexe. Il peut se produire immédiatement après une défaite électorale, comme dans le cas du PS français en 1993, qui, d’ailleurs, s’est « gauchi » de nouveau à la suite de la défaite aux élections européennes de 1994. Mais, normalement, il survient après une série de défaites électorales. Le parti devient de plus en plus frustré de se trouver dans l’opposition et cherche à présenter un visage plus modéré pour attirer les électeurs des couches moyennes. Le SPD allemand a donné le ton en adoptant son programme de Bad Godesberg en 1959. Le Parti travailliste a pris un virage semblable après sa défaite cuisante de 1983. Le danger d’un tel tournant n’est pas tant la perte de la pureté idéologique, que le fait qu’en sacrifiant tout à une victoire électorale qui dépend de l’appui des couches moyennes, le parti social-démocrate se distingue de moins en moins de ses rivaux de droite et abandonne totalement ses objectifs socioéconomiques pour assurer un succès électoral à court terme. La tentation du virage à droite produit ses effets les plus dévastateurs quand le parti est au pouvoir. Face aux réalités politiques et socioéconomiques, surtout en période de crise, et à l’apparente incom-
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préhension des syndicats, les gouvernements sociaux-démocrates cherchent à se rapprocher du milieu des affaires et des couches moyennes, avec des résultats peu concluants, car ils ne retrouvent jamais à droite suffisamment de nouveaux soutiens pour compenser les pertes à gauche. Les réactions des syndicats et de l’électorat face aux actions du gouvernement du Parti québécois, au cours de la crise de 1982-1983, et du gouvernement du Nouveau Parti démocratique de l’Ontario, avec son « contrat social » en 1992, devraient servir d’avertissement à tout parti social-démocrate avant d’accéder au pouvoir. À ces deux tentations d’ordre idéologique correspondent deux écueils sur le plan stratégique, qui guettent toujours les partis de gauche. Il s’agit des délices du pouvoir et de ceux de l’opposition permanente. L’exemple extrême de la participation au pouvoir sans véritable emprise sur les événements est sans doute celui du Parti social-démocrate japonais, qui, après un séjour de quarante-six ans dans l’opposition, où il a pratiqué un discours de plus en plus coupé de la réalité japonaise, se trouve aujourd’hui à la tête d’un gouvernement de coalition avec les conservateurs du Parti libéral-démocrate et obligé non pas tant de moderniser son discours et les fondements de son programme que de renier ceux-ci en faveur d’une politique qui ne se distingue plus de celle de ses alliés d’aujourd’hui. Il n’est pas étonnant que l’on parle très sérieusement de la disparition prochaine de ce parti. Mais, plus généralement, on peut dire que les partis sociaux-démocrates ont trouvé très difficile le renouvellement, en termes de programme, de discours et de personnel, après un séjour de quelques années au pouvoir. C’est évidemment le défi pour tous les partis politiques, mais il menace particulièrement des partis qui se veulent progressistes. Les délices de l’opposition sont particulièrement pernicieux. Dans le cas de partis sociaux-démocrates, comme le NPD fédéral au Canada, qui ont peu de chances de former seuls ou avec d’autres un prochain gouvernement, il est très facile de désespérer et de se cantonner dans un rôle d’éternel opposant14. C’est une position intellectuellement très commode, mais aussi très stérile, car le parti perd rapidement sa crédibilité, ce qui renforce encore sa situation minoritaire, et il risque de devenir une simple force de protestation, quitte à se voir supplanter par d’autres forces de protestation nouvelles. Adopter une telle position est
14. Toutefois, ce parti a réussi à jouer un rôle important dans la définition des politiques du gouvernement libéral en 1972-1974, en devenant un soutien incontournable à un gouvernement minoritaire.
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un aveu d’impuissance qui mène à la marginalisation du parti et au maintien au pouvoir des forces conservatrices, qui n’ont plus rien à craindre à leur gauche. ESQUISSE D’UN ORDRE DU JOUR SOCIAL-DÉMOCRATE Il ne peut être question ici d’entreprendre l’énorme tâche de proposer un nouveau programme pour la social-démocratie, mais plutôt de poser les jalons de ce que l’ancien député travailliste, David Marquand, appelle un « nouveau paradigme possible »15. Le double défi qu’affronte la social-démocratie impose un ordre du jour qui comprend à la fois un renouveau du discours socialdémocrate et une réflexion sur la nature des problèmes politiques, économiques et sociaux des pays industrialisés et sur les solutions que l’on doit y apporter. La plupart des objectif traditionnels de la social-démocratie sont toujours valables. Les inégalités sociales n’ont pas disparu, bien au contraire. L’inégalité des revenus a augmenté ou s’est maintenue dans la plupart des pays industrialisés depuis les années 7016. Le plein emploi demeure encore un objectif lointain. Les rapports employeurs-employés n’ont guère changé depuis les années 50. On doit même parler d’un durcissement de ces relations, avec l’affaiblissement général du syndicalisme, que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur public. L’État-providence se trouve de plus en plus remis en cause et de moins en moins capable d’offrir les services auxquels il nous avait habitués. Et une série de nouveaux problèmes de société se posent, comme la pollution industrielle et l’immigration, qu’aucun parti social-démocrate ne peut ignorer. Si plusieurs anciens problèmes restent entiers, les vieux remèdes ne sont plus de mise. La social-démocratie doit trouver des solutions qui tiennent compte des nouvelles données de l’économie. En particulier, elle ne peut ignorer que la plupart des pays industrialisés évoluent aujourd’hui à l’intérieur de blocs économiques qui limitent sérieusement leur marge de manœuvre. Toutefois, cela ne signifie pas que la
15. MARQUAND, p. 56. 16. En 1969, les 20 % des ménages les plus riches aux États-Unis, recevaient 7,5 fois plus que les 20 % les plus pauvres, chiffre qui est monté à 11 fois en 1992. En Grande-Bretagne, en 1977, les 20 % des habitants les plus riches touchaient 4 fois plus que les 20 % les plus pauvres. Ce chiffre est monté à 7 fois en 1991. Voir « For richer, for poorer », The Economist, le 5 novembre 1994, p. 19-21.
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social-démocratie doive abandonner la notion de l’intervention de l’État dans l’économie, pas plus que celle de la démocratisation nécessaire de la vie économique. Cette intervention doit revêtir de nouvelles formes. La nationalisation des industries clés, par exemple, n’apporte plus de véritables solutions, ni au problème du contrôle de l’économie, ni à celui de la distribution de la richesse, ni à celui des rapports de production. Par contre, les sociauxdémocrates ne doivent pas se joindre aux néolibéraux pour privatiser toutes les sociétés d’État, sous prétexte de leur inefficacité. Il y a des monopoles naturels, tels que l’approvisionnement en eau, les transports en commun et les postes, qui ne peuvent pas être simplement soumis à la « discipline » du marché à cause de leur importance sur le plan social. Il s’agit de revoir leur fonctionnement et leurs structures internes, et non pas de les céder à des intérêts privés qui vont les gérer uniquement en vue des profits qu’ils peuvent en tirer. Une des approches les plus fructueuses à l’intervention de l’État dans l’économie est celle proposée autrefois par le NPD canadien, la mise en place d’une politique industrielle. Un tel programme en soi n’est pas le monopole de la social-démocratie. Plusieurs pays capitalistes, notamment le Japon et la France, se sont développés en mettant en place une politique industrielle imposée par le gouvernement. D’autres ont pratiqué une politique industrielle en faisant semblant de ne pas le savoir17. Comme l’explique Chalmers Johnson, grand spécialiste de l’économie japonaise, il faut distinguer entre les économies fondées sur la logique du marché et celles fondées sur la logique de la planification. Dans le cas de cette dernière, le « gouvernement donnera la priorité à la politique industrielle, c’est-à-dire à une préoccupation quant à la structure de l’industrie du pays et à la promotion de la structure qui augmente la compétitivité internationale de la nation »18. Cette forme d’intervention de l’État peut servir à faire avancer des objectifs purement économiques19. Pour les sociaux-démocrates, il s’agirait de mettre
17. Par exemple, les États-Unis, qui se sont toujours opposés officiellement à l’idée d’une politique industrielle, ont connu une forme de mise au premier plan des besoins de l’économie, par l’intermédiaire des exigences des industries de la défense. 18. Chalmers JOHNSON, MITI and the Japanese Miracle. The Growth of Industrial Policy 1925-1975, Tokyo, Charles E. Tuttle Co., 1986, p. 19. 19. Pour un bon résumé de ce que pourrait être une politique industrielle aux États-Unis, voir Robert KUTTNER, « Facing Up To Industrial Policy », The New York limes Magazine, le 19 avril 1992, p. 22, 26 et 42.
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en place une politique industrielle compatible avec les exigences de la politique sociale. Enfin, les sociaux-démocrates ne peuvent esquiver les dilemmes du déficit budgétaire et de la dette accumulée, en espérant trouver des réponses une fois au pouvoir. Évidemment, il ne saurait être question de l’obsession de l’équilibre budgétaire qui habite les conservateurs et les néolibéraux. L’inflation n’est pas l’ennemi. C’est le chômage. Ceci dit, on se leurre si l’on continue à croire que le déficit budgétaire de la plupart des pays industrialisés n’est plus qu’un simple effet de conjoncture. Il est devenu structurel et la politique des monétaristes des années 80 n’a rien fait pour le diminuer, bien au contraire. Les sociauxdémocrates ne peuvent laisser le déficit et la dette atteindre des proportions telles qu’ils affectent la capacité d’emprunter, ce qui ne fait qu’alourdir le déficit encore plus et réduit à rien la marge de manœuvre d’un gouvernement socialdémocrate. Il ne faut pas non plus se sentir obligé d’imiter ce que font des gouvernements de droite. On a déjà vu les résultats d’une politique d’austérité menée par des gouvernements à tendance sociale-démocrate, que ce soit en Espagne, en Ontario ou au Québec. Mais aucun des remèdes proposés jusqu’ici, que ce soient les coupures, l’augmentation des impôts et des taxes, l’introduction de nouvelles taxes, ou la privatisation des entreprises nationalisées, ne peut apporter de véritables solutions à long terme. Les sociaux-démocrates doivent se pencher sur les différentes institutions de l’État-providence, évaluer leur efficacité et leur utilité, et adopter des réformes qui permettent de faire de vraies économies tout en gardant l’essentiel des services dont la population a toujours besoin. Cela peut entraîner parfois des choix déchirants, mais c’est un exercice qui s’impose et qui ne peut réussir sans une concertation réelle avec les divers secteurs concernés. S’il est vrai que l’on ne doit pas assigner toute la responsabilité du déficit à la sécurité sociale, malgré la part importante que celle-ci représente dans le budget de tous les États modernes, il ne faut pas non plus s’imaginer que l’on peut facilement faire des économies suffisantes en coupant de façon draconienne le budget de la défense, comme on aime trop le croire à gauche. Pour certains penseurs de gauche, une réduction des taux d’intérêt offrirait le remède miracle au problème du déficit20. Ce n’est
20. Voir, par exemple, Duncan CAMERON, u Economic Answers », Canadian Forum, 61, n° 815, décembre 1992, p. 3.
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malheureusement pas aussi simple. D’une part, à l’époque de l’internationalisation de l’économie, peu de gouvernements peuvent décider tout seuls du taux d’intérêt, qui relève, dans la plupart des cas, de banques centrales jouissant de toute façon d’une certaine autonomie par rapport au gouvernement. On imagine mal une banque nationale européenne décider de baisser son taux d’intérêt sans tenir compte de la Bundesbank allemande, ou la Banque du Canada proposer un taux inférieur à celui de la Federal Reserve. D’autre part, comme l’ont démontré les bas taux d’intérêt des dernières années, ceux-ci ne suffisent plus pour relancer l’économie ou pour réduire le chômage21. Enfin, les différents blocs économiques rendent encore plus difficile le recours autonome à la politique monétaire pour régler les problèmes économiques locaux. Ainsi, en signant le Traité de Maastricht, les membres de l’Union européenne se sont engagés à adopter une monnaie commune et ont accepté le principe que le déficit budgétaire de tous les pays participant à la monnaie commune ne doit pas dépasser 3 % du PNB et que la dette nationale doit rester en deçà de 60 % du PNB22. Curieusement, la social-démocratie a peu fait dans le passé pour s’attaquer à une des questions fondamentales touchant l’organisation de l’État capitaliste, celle des rapports de production ou, plus généralement, de la démocratisation de l’entreprise, qu’elle soit publique ou privée. On touche ici le cœur de la tâche inachevée de la social-démocratie, qui, trop souvent, s’est limitée à un projet néocorporatiste facilitant la gestion de l’économie au niveau macroéconomique, mais ne changeant rien au niveau microéconomique, c’est-à-dire là où cela compte dans la vie de tous les jours des ouvriers et des employés. Et c’est sans doute le plus difficile à atteindre. L’économiste américain Robert Heilbroner a sans doute raison de rester sceptique devant la possibilité de la mise en place d’une économie de participation au cours du axle siècle, en écrivant que la « transition est trop difficile, les rajustements trop complexes, et surtout l’opposition trop féroce pour qu’un tel changement vraiment révolutionnaire survienne en si peu de temps »23. Il faut donc proposer des projets réalistes et réalisables. 21. Voir Michael STEWART, Keynes in the 1990s. A Return to Economic Sanity, London, Penguin Books, 1993, p. 119-120. 22. Sur toute la question des limites qu’impose l’Union européenne sur l’autonomie d’intervention des gouvernements des pays membres, voir ibid., p. 105-111. 23. Robert HEILBRONER, Twenty-first Century Capitalism, Concord, Ont., House of Anasi Press, 1992, p. 118.
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Aussi doit-on oublier l’idée de l’autogestion comme mode de fonctionnement de l’entreprise, qui relève plutôt de l’utopie, du moins la forme idéalisée sous laquelle elle est trop souvent présentée, surtout dans le cadre de l’économie mixte. Mais l’on peut imaginer des formules de consultation ou de participation au processus de prise de décision, à la fois au niveau de chaque entreprise et à celui de l’économie tout entière. Les résultats de la cogestion allemande ne sont pas nécessairement très probants, mais cela ne veut pas dire que l’on ne peut trouver de solutions réalistes aux problèmes de la prise de décisions économiques. Les obstacles sont nombreux, à commencer par la mentalité non seulement des dirigeants d’entreprise du secteur privé et du secteur public, mais aussi des dirigeants syndicaux, trop habitués à évoluer dans un cadre de relations de travail conflictuelles. Si le développement socioéconomique doit rester au centre du projet social-démocrate, celui-ci ne peut ignorer les questions soulevées par la gauche libertaire et plus généralement par le postmatérialisme. La social-démocratie doit y répondre pour des raisons de conviction — ce sont des problèmes de société qui touchent le domaine des droits individuels et collectifs et celui de la démocratie — et pour des raisons de stratégie — elle n’a aucun intérêt à laisser un espace à gauche pour des partis, tel celui des Verts en Allemagne, qui pourront mordre sur son électorat. Cependant, cette mise à l’ordre du jour socialdémocrate des grandes questions de la gauche libertaire doit être plus qu’une simple opération de récupération. Ces questions doivent faire partie intégrante du « nouveau paradigme » social-démocrate24. Mais en même temps, les partis sociaux-démocrates doivent absolument éviter d’être colonisés par des groupes œuvrant en faveur d’une cause unique et dont le dogmatisme fait trop souvent fuir les non-initiés, au risque de perdre le contrôle de leur propre ordre du jour. CONCLUSION L’histoire de la social-démocratie depuis la chute du mur de Berlin ne nous permet pas d’être béatement optimiste quant à son avenir. Certains partis sociaux-démocrates ont réussi à se maintenir au pouvoir ou à gagner des élections. Mais nous ne devons pas tenir les effets
24. Pour une tentative, encore assez vague, de synthèse entre le keynésianisme, l’autogestion et les nouveaux mouvements sociaux dans ce qu’il appelle la post-social-démocratie, voir ROSANVALLON, p. 130-138.
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La social-démocratie a-t-elle un avenir ?
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normaux de l’alternance ou de l’usure du pouvoir des gouvernements de droite pour une adhésion au projet social-démocrate. Nous ne pouvons nous cacher que celui-ci est en crise profonde. Pourtant, il serait erroné de parler comme si la social-démocratie avait accompli une quelconque tâche historique. Manifestement, il y a encore place pour une approche social-démocrate aux grands problèmes socioéconomiques et politiques de l’heure. Les idéologues du néolibéralisme n’ont pas apporté de solutions convaincantes aux questions du chômage, et leurs thèses monétaristes n’ont pas réussi à diminuer le déficit budgétaire, d’autant moins qu’il existait une contradiction profonde entre leur politique fiscale, fondée sur une baisse importante des impôts des contribuables les mieux nantis (mais non pas des taxes !), et leurs préoccupations monétaristes. Malheureusement, la pensée économique néolibérale laisse un héritage dont un des principes de base demeure l’idée que la lutte à l’inflation prime sur la lutte au chômage et qu’il existe un seuil « optimal » du chômage sous lequel il ne faut jamais tomber. En conséquence, l’ennemi économique numéro un est la dette nationale, et son acolyte le déficit budgétaire. Ces idées font partie de la pensée dominante de tous les gouvernements des pays industrialisés, et les sociaux-démocrates doivent éviter de tomber dans ce panneau. Ce faisant, ils ne peuvent non plus retourner allègrement aux formules du « keynésianisme dans un seul pays » et agir comme s’ils pouvaient échapper aux tendances générales de l’économie internationale. Le projet social-démocrate est en panne. Celui des néolibéraux aussi. Aucun des partis sociaux-démocrates au pouvoir, ou ayant de sérieuses chances d’y arriver, ne semble offrir autre chose qu’une version édulcorée du programme de ses adversaires. Ces partis agissent comme s’ils étaient convaincus que l’électorat n’accepterait rien d’autre. Ils ont sans doute raison de penser que celui-ci se méfie de l’alternative, sans adhérer avec beaucoup d’enthousiasme au programme du statu quo. Il revient aux partis sociaux-démocrates de réfléchir sur la nouvelle réalité et de démentir les prédictions pessimistes de ceux qui ont déjà prononcé non seulement la mort de la social-démocratie mais aussi celle de toute la gauche.
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The Future Beyond Social Democracy Leo Victor Panitch
In adopting the title I have, I wanted to suggest a small, but I think significant, amendment to the theme of this book. It is not so much the future of social democracy, but rather the future beyond social democracy that is the question that deserves to be opened up through the analysis of social democratic parties in power. I do not intend to concentrate here on the Canadian situation but rather want to range more broadly. Nevertheless, I do want to begin with some remarks on the experience of the NDP government in Ontario, for it is this that has confirmed me in the view that we must look beyond social democracy in the future. I want not so much to paint a picture of that future or even say much about how to realize it, but rather I want to make the case for why social democracy is bankrupt and we must put going beyond it at the front and centre of a new left agenda. I. THE ONTARIO NDP GOVERNMENT Recall the euphoria on the left in Canada in September 1990. For the NDP to have finally been elected in Ontario, in the heartland of the Canadian ruling class, this was an event that must have had the United Empire Loyalists spinning in their graves. And it was an election of international significance : by opening the 1990s with an electoral breakthrough after a decade of international disappointments and defeats, the NDP victory in Ontario gave the international left a much needed shot in the arm.
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La social-démocratie en cette fin de siècle
The thing to watch for with shots in the arm, as I suggested at the time, is substance abuse.1 And so it has, unfortunately, turned out. Indeed, as with those so poor that they take crack instead of purer varieties of cocaine, the Left seemed prepared by the 1990s to stimulate itself with cheaper and cheaper versions of social democracy. When François Mitterrand and the French Socialists opened the 1980s with their electoral victory, it was the most radical programme since 1945 anywhere in the West that fuelled a very powerful high for the Left. Bob Rae’s NDP promised, by contrast, not the nationalization of the banks and selfmanagement, but public automobile insurance and anti-scab legislation. To be fair, most of the Left knew they were taking the cheap stuff in Ontario, and hence had fewer illusions that Bob Rae and the Ontario NDP would yield a socialist nirvana than was the case with the French Left a decade before. Yet the sense of disappointment, the bad taste, the severe headache, is, if anything, worse for all that. Why ? Well, if you were all excited about going for a hike, and it turned out you couldn’t even climb a hill, let alone a mountain, who wouldn’t get depressed ? But in some ways it has less to do with what was not accomplished than with the rationalizations offered. Politics is, in the first instance, about language : the discourse in which issues, interests, needs, desires, identities, conflicts are defined, explained, articulated. And although far too many intellectuals (as always, although dressed up today in new fashions) mistakenly overemphasize the determining nature of words, so it is wrong to ignore their effects. Unable to make any progress against capital at all, the Rae government has spoken the language of the end of history or, in other words, the end of hope. Rae himself has revealed that on the night he was elected he told himself that "the era of advocacy and outrage was over."2 Such arrogance is hardly unique among political leaders, nor is it just a matter of betrayal (in the sense indelibly captured in the Canadian Dimension satire of Ed Schreyer, when Trudeau appointed him Governor General : "The working class can kiss my ass, I’ve got the Governor General’s job at last.") Rather, Rae’s arrogance is the arrogance of the power broker who thinks that, once elected, he has no need for continuing popular mobilizations against the ruling class ;
1.
See PANITCH, "The NDP in Power : Illusion and Reality", Studies in Political Economy, n° 37, Spring 1992.
2.
Quoted in The Toronto Star, May 2, 1993 p. A7.
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The Future Beyond Social Democracy
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who understands accomplishing things primarily in terms of manipulating the levers of the state apparatus ; who measures his effectiveness in terms of his massaging and assuaging other power brokers (above all, these days, the stockbrokers). It is the arrogance of the grey suit, of the type of politician who expends all his efforts to arrive, by a circuitous electoral route, at the top of the bureaucratic hierarchy that is the modern state. It was entirely apt that when Rae was asked how he thought he would get on with the Queen’s Park bureaucracy, he quipped that he had been called the son of many things, but that he was really the son of a civil servant.3 Of course, the notion that advocacy and outrage are passé has nothing to do with poverty and exploitation and unemployment having been overcome. If the economic conditions of the 1950s and 1960s were fertile ground for such mirages (as we shall see in the next section), no one could even imagine such things in the harsh economic scene of the 1980s and 1990s. On the contrary, as so often was the case in the first half of the century with men in grey suits dressed up as social democratic reformers, it has been in the bad economic times that we hear social democrats articulating most vociferously the message that advocacy and outrage are too expensive and too dangerous to social order. Bob Rae’s own B.Phil. dissertation at Oxford had commented critically on Ramsay Macdonald’s "accommodation and opportunism" at the head of the 1929-1931 Labour Government which had the misfortune to preside over the start of the Great Depression in Britain.4 Rae’s NDP Government had the misfortune of presiding over the greatest job loss, unemployment, welfare dependency and public-sector fiscal crisis in Ontario since the Depression — and his accommodationist and opportunistic orientation in this context was similar to Ramsay Macdonald’s. There must have been more than one old-time immigrant from the British Isles to Canada, who must have closed his eyes and thought he was hearing Ramsay Macdonald speaking way back in 1931, when he actually was hearing Bob Rae in 1993 : "The old conflicts, the old ritual battles between those who argued on behalf of social justice and fairness and those who argued on behalf of economic
3.
See George EHRING and Wayne ROBERTS, Giving Away a Miracle : Lost Dreams, Broken Promises and the Ontario NDP, Oakville, Mosaic Press, 1993, p. 294.
4.
See Thomas WALKOM, Rae Days : The Rise and Follies of the NDP, Toronto, Key Porter, 1994, p. 24.
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efficiency and productivity and competitiveness, are battles we can no longer afford [...] ."5 The ambiguity of the word "we" speaks volumes. And it speaks especially to how much the government was cut off from its base of social and labour activists. One should not immediately conjure up at the mention of the word "base" — as was indeed probably intended by Rae’s reference to "old ritual battles" — the caricature so common on the Left today of a working class made up of narrow-minded, bigoted "white male" trade unionists. Rather this NDP government very much reflected the rise of the social movement left, and more of its cabinet ministers and their political assistants were associated as leaders and activists with day-care and rape-crisis centres, as well as with public-sector unions with a majority of female members, than possibly any other in the history of social democracy. Yet once in government they were quickly cut off from their base, with conflict-of-interest guidelines so broadly defined that they were used to stop members of the government from maintaining effective links with the activist organizations they had come from. In other words, the traditional limits of parliamentarism surfaced in relation to the new social movements and the leaders they sent into office, just as it had always been a problem for working-class politics — and indeed continued to be so under this NDP government. Indeed, what was particularly debilitating about the "social contract" was not just its material effect on public-sector workers but the active role the government played in encouraging its private-sector union supporters to divide the labour movement. The irony is that, for all of the Government’s presentation of themselves as practical and sober, in contrast to the outraged advocates that supposedly belonged in another era, they were in fact confused and easily frightened by the onset of the global economic crisis that accompanied their election. At first they badly underestimated the severity of the recession of the early 1990s. By promising that the 10-billion-dollar budget deficit produced by the recession was as high as it would go and that they would reduce the deficit to only $4 billion long before the end of their term, they gave the stockbrokers and their credit-rating agencies a hostage to fortune. They had promised capital something they could not deliver. Then, as the recession dragged on and on, they went to the other extreme and vastly overestimated the effects of the recession on public finances. They turned, in other
5.
Quoted in The Toronto Star, February 23, 1993, p. A8.
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words, to the politics of fear to convince themselves and to frighten their erstwhile supporters that drastic measures were necessary — to be applied, of course, not against those who stand for "competitiveness" but rather against those who stand for "social justice." Isn’t it remarkable how the old battles keep coming back ? That is how — recurrent patterns — we social scientists recognize a "system." And perhaps the deepest failure of the Ontario NDP Government is not that it could not "change the system," but rather that it did so little, indeed virtually nothing, to use its prominence and resources to explain to people how the system worked — both in terms of the capitalist dynamics that once again produce such severe recessions and in terms of the power of those who police adherence to the system through the brutal logic of global financial markets. If such an explanation had been the only legacy the Ontario NDP government had left — a greater popular understanding of what is happening to them in contemporary capitalism and who and what is responsible — they would have made a small contribution to shifting the balance of power in the direction of eventually being able to do something progressive about it. II. THE FAILURE OF SOCIAL DEMOCRACY Let’s be fair. This is not a problem unique to the Ontario NDP. It is true of social democracy everywhere today. And it is this much broader failure of social democracy, a failure of analysis as much as programme or practice, that we need to put in proper context before we can move beyond social democracy. It is not just a matter of Reagan-ism undoing the New Deal and Thatcherism tearing apart the legacy of British Labourism and Keynesianism. It is even the oldest and most successful social democratic parties who are themselves conducting a counterrevolution against the welfare state in New Zealand and Australia, in Austria and Sweden. A decade ago, I attempted to show that social democracy everywhere had reached an impasse. This was at a time when so many social democratic academics were lamely pointing to the example of Sweden or Germany in the vain hope of dissuading the neoliberals from their purpose. Now, ten years on, even to speak in terms of an impasse is too weak : we must acknowledge, as with Communism, a historic defeat for Social Democracy. Indeed, in talking about the crisis of the left today, it seems to me that the failure of Communism is much less pertinent to a country like
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Canada than is the failure of Social Democracy — precisely because it always was other-worldly to take the Bolshevik Party and its Revolution as a model in a developed capitalist liberal democracy. Much more viable appeared the social democratic notion that a strategy of gradualist reform could establish a regime which, even if not pristinely socialist in some ultimate sense, would at least guarantee such economic coordination and egalitarian structure as would offset the anarchy and injustices of market-driven capitalism by the end of the twentieth century. I like to quote, in this regard, J.S. Woodsworth’s argument in the B. C. Federationist in 1919 against the notion that society might be reconstructed in "at one fell swoop" as was being attempted in Russia, and his promise that the social democratic "Revolution may appear to come more slowly but there will be no counter-revolution [...]. It may take a few years to work out, but when it’s done its done for good."6 The impatience and scepticism with which the promise of gradualism was often met in the inter-war years was graphically captured in a 1922 drawing by the German artist George Grosz. It showed a shabby proletarian — head bowed, cap held against his chest with one hand, the other hand clenched in a fist by his side — being haughtily addressed by his haute-bourgeoisie boss. Grosz variously entitled it "Redundant" or, more characteristically and cruelly, "Half a Century of Social Democracy."7 (The German party was founded in 1875.) But the scepticism of the post-World War One years quickly faded in the post-World War Two period of near full employment and the Keynesian macroeconomic promise of having found the means of overcoming capitalist crises. The fact that this situation obtained, even in countries without Social Democratic governments (including Canada), shows that it was the objective economic conditions of the greatest sustained boom period in the history of the world economy that made this possible. Nevertheless, there was also a certain political dialectic at work whereby the policies advanced by social democracy carried reform further than would otherwise have happened. In any case, Social Democrats became convinced that their old dilemma — that their promise to reform capitalism depended on the cooperation of a capitalist class that did not want to reform capitalism — seemed finally
6.
Quoted in Kenneth McNAUGHT, A Prophet in Politics : A Biography of/S. Woodsworth, Toronto, University of Toronto Press, 1959, p. 95-96.
7.
See Hans HESS, George Grosz, New Haven and London, Yale University Press, 1985, p. 116-117.
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to be overcome amidst a class compromise that so widely came to be known as the postwar settlement. A highly self-confident social democratic ideology was articulated to match the times. The founding text, read everywhere with great impact (no less on the Canadian CCF and the German SPD than on the British Labour Party) was Tony Crosland’s The Future of Socialism, published in 1956. Crosland set out to show that the grounds no longer existed for the widespread prewar "mistrust of a merely ad hoc reformist approach." Social democracy’s promise that the abolition of poverty, a greater equalization of wealth, and economic planning for full employment and stability were attainable within the existing economic framework was finally credible. What was now incredible was the Marxist analysis of capitalism which, however plausible it seemed in the 1930s, now had "little or nothing to offer the contemporary socialist" because it related "to conditions that had long since passed."8 Crosland identified three trends which were fundamental to sustaining his whole thesis : 1) the loss by the business class of its previous commanding position in the state ; 2) a decisive movement of class power towards the working class at the expense of business ; and 3) a fundamental change in the nature of the business class whereby power had shifted from capitalists, especially financial capitalists, to managers. Whatever their apparent plausibility in the 1950s, to read Crosland on each of these claims today is to immediately be brought up short by their fundamental wrong-headedness. If Social Democrats can’t explain, it has much to do with their having long ago lost their ability to understand. The following three quotations offer a clear demonstration of just how out of joint with our own times is the bible of modern Social Democracy. 8.
C.A.R. CROSLAND, The Future of Socialism, New York, Schocken 1963 (1956), p. 1-3. Although Crosland vulgarized Marx’s analysis of capitalism to make the case that "his teaching, because it relates to conditions that have long since passed away, hold little relevance today," he nevertheless refused to adopt "the current fashion" (then as now) of "sneering at the man and his achievements." Marx, in his view, was "a towering giant among socialist thinkers" whose work made the classical economists "look flat, pedestrian and circumscribed by comparison [...] [T]he man was a dedicated genius ; and only moral dwarfs, or people devoid of imagination, sneer at men like that."
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First of all, since this is the most fundamental issue, let us take Crosland on the diminishing capitalist nature of the business class : The economic power of the capital market and the finance houses, and hence capitalist financial control over industry (in the strict sense of the word) are [...] much weaker. This change alone makes it rather absurd to speak now of a capitalist ruling class.9 In an era such as ours, when capital markets are openly said — by governments, by business, by labour, by pundits and analysts on all sides — to determine everything, what can one do, but shake one’s head at the other-worldliness of Crosland’s position ? Let us turn next to the alleged decisive shift in class power towards the working class. This was a change Crosland saw as most conspicuous, in terms both of actual policy and social attitudes, in the relation between Unions and Conservative Governments. Here one can speak, without exaggeration, of a peaceful revolution. One cannot imagine to-day a deliberative offensive alliance between Government and employers against the Unions on the 1921 or 1925-6 or 1927 model, with all the brutal paraphernalia of wage-cuts, national lockouts, and anti-Union legislation ; or say, a serious attempt to enforce a coal policy to which the miners bitterly objected.10 To anyone who recalls the British Conservative Governments’ assault on the unions, and especially the National Union of Mineworkers, less than thirty years after Crosland wrote these words, the inappropriateness of these words is not only apparent, it is galling. Finally, let us consider the changed relationship between the state and business. One might think, from the following description, that Crosland, writing in the 1950s, was being quite perspicacious in fore-telling the Reagan-Thatcher era : Right Wing Governments, largely composed of businessmen and wedded to an ideology of laissez faire, were firmly opposed to interfering in the "legitimate preserve" of private industry. When they did intervene, it was not to limit the economic power of private enterprise, but on the contrary to give additional sanction or support to its policies [...] The weight attached by the Government to the (supposed) interests of the business class was most conspicuously
9.
Ibid., p. 16 (emphasis in text).
10. Ibid., p. 13-14.
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(and painfully) demonstrated by its refusal to adopt any effective employment policy [...] In this passage, however, Crosland was not foretelling the 1980s and 1990s ; rather he was painting this picture of the 1930s in order to show that it was a time that was gone forever. "To-day," Crosland insists in his next sentence, "the capitalist class has lost this commanding position."11 But how much hinges on the neoconservative counter-revolution of the 1980s ? Perhaps it is just a temporary blip in the long social democratic march. Few would make so light of the resurgent capitalism of our time, but in any case, Crosland made no allowance for this whatsoever. Indeed, the strongest argument against all Crosland’s thesis was provided by Crosland himself : "There would be very little point in getting very excited [about these changes] if everything were now to be undone." But the replacement of Social Democratic Governments by Conservative ones would not lead to a counter-revolution. The key changes "cannot be undone by any practicable means what-ever, being due not to Acts of Parliament, but to fundamental changes in the social framework."12 How did Crosland — and with him virtually the whole leadership of social democratic parties — get it so wrong ? Apart from having vastly inflated the actual extent of the redistribution of income, wealth and class power in the postwar era, the most fundamental problem was that they badly misunderstood the changing role and nature of the state. As Crosland himself put it : "Naturally the greater influence of government would signify little if it were simply used to buttress the power, and underwrite the actions, of private business — if the state, in the Marxist phrase, were still the ’executive committee’ of the capitalist class. But of course it is no such thing. "13 In fact, while the state was no longer — if it ever had been — simply the "executive committee," the postwar Keynesian Welfare State very much remained a capitalist state with only relative autonomy from the capitalist class. Indeed, the development of what came to be known as "the theory of the state" in the late 1960s and early 1970s marked an important departure precisely because it provided a nuanced counterpoint to social democratic misunderstandings of the state, which were founded
11. Ibid., p. 7. 12. Ibid., p. 27. 13. Ibid., p. 8.
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on the notion that the liberal democratic polity had freed itself from the determining power of capital. The new theory of the state was concerned with demonstrating that far from having become independent of capital, the contemporary state had become an ever more integral element in its development and reproduction. The new theory did not deny the state’s autonomy from immediate pressures from capitalists, but, on the contrary, theorized such autonomy as a functional condition, given the competitive nature of the economy and the capitalist class itself, for the defence and reproduction of the system. Indeed, the outstanding contribution of the new theory of the state was to provide useful tools for analyzing both the variations and limits of this general autonomy of the state. It provided a framework for understanding the real effects that popular and working class pressures could have, in terms of positive state responses to the demand for reform, while at the same time demonstrating the way these reforms could be limited and contained through the institutionalization of opposition and through the state’s own reading of the conjunctural requirements of capital accumulation. But the new theory of the state passed social democracy by completely. Having rejected Marxism so completely, it was unable to take advantage of the creative new developments in western marxism — to its great cost in terms of understanding the world it lived in. This cost proved to be immense indeed, as the very special conditions that produced the great postwar boom started to come to an end in the late 1960s and early 1970s amidst declining rates of profit, growing intercapitalist competition, strong inflationary pressures and the re-emergence of clear tendencies towards cyclical economic crises and unemployment, which could not for too long be contained by Keynesian macroeconomic measures nor by corporatist incomes policies. The working class industrial militancy, the youth rebellions, the new feminism all exacerbated the problem to the extent that they contributed to the fiscal crisis of the state (as governments tried to respond to them with a second wave of welfare state measures) and to the extent that they ruptured the ideological hegemony of social democratic ideas. They demonstrated at the same time the ossification of social democratic parties, as they had become too much just electoral machines and too institutionalized within the state to any longer play the role of agencies of mobilization and socialist education with respect to new movements of dissent. Just when cultural and occupational changes were most rapid and profound, the social democratic parties seemed to have lost all ability to shape people politically and ideologically.
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III. THE TURNING POINT The turning point came in the 1970s, when the scale of the crisis of the Keynesian Welfare State became severe enough to bring the issue of capital back on the agenda. Either, as the new right contended, there would have to be a freeing of capital from many of the impositions and constraints of the postwar era ; or, as the new left contended at the same time, there would have to be a move beyond those impositions and constraints to an actual democratization of the investment function, with all of its implications in terms of what, where and how production and exchange took place. But whereas the new right solution carried the day in many bourgeois parties (and eventually even in some social democratic ones), the new left could not make a similar breakthrough within the framework of social democratic parties. In each of them new left programmes for the democratization of investment emerged as a challenge to the leadership in the course of the 1970s. For this, the Waffle here in Canada, like the Young Socialists in the German SPD, were expelled in the early 1970s. Elsewhere — in Britain with the Bennite insurgency in the Labour Party and the Alter-native Economic Strategy, in Sweden with the union-sponsored Wage Earners Fund proposals to socialize and democratize capital, in France with the Common Programme — more headway was made and it even proved possible to win elections on such programmes. But it proved impossible, within the framework of social democracy, to sustain such a transcendence of the crisis of the Keynesian Welfare State from the left. For in the face of the inevitable opposition from capital, the media and strong elements inside the state (not to speak of hostility from other states, above all but not only, the American state), the social democratic party leaderships’ own resistance to (and indeed their apparent inability to comprehend the need for) the left alternatives, alongside the sclerosis of party organization for popular education and mobilization purposes at the base, combined to prove decisive in the defeat of the new left within every social democratic party by the early 1980s.14 It must be said that the role of left intellectuals was not a salutary one in this story. Rather than use the insights provided by the new theory of the state to understand the intractable nature of the crisis, a
14. See my "Socialist Renewal and the Labour Party", in MILIBAND, R., PANITCH, L. and J. SAVILLE, (eds.), Problems of Socialist Renewal : East & West. The Socialist Register 1988, p. 319-365.
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large portion of the Centre-Left (often represented in intellectual life by the "state autonomists") in the early and mid-1980s refused to acknowledge that the crisis of the Keynesian/welfare state was a structural one, pertaining to the very nature of capitalism and the contradictions it generates in our time. Their response to the crisis was to point to Scandinavia, Germany and Austria as evidence of the continuing viability of tripartite corporatism in sustaining the Keynesian/ welfare state.15 This involved, however, ignoring or downplaying the very contradictions and conflicts that were undermining even the much-vaunted Swedish model, and eventually this naive stance was displaced by proposals to emulate those countries which were most successful in an export-led competitive race in an era of globalization. But rather than allow mainstream economists, with their neoliberal logic of deregulation, free markets, privatization and austerity, to dictate the terms of the race, a "progressive competitiveness" strategy is advanced whereby labour and the state are urged to take the initiative and seize the hand of business in making the running towards competitive success. The core of the strategy, still largely inspired by a different facet of the Swedish and German "models," is to support and guide both workers and capitalists towards high-tech/high-value-added/highwage production. The key to this is public policy promoting the widespread training of a highly skilled, highly flexible and highly motivated labour force, and encouraging enterprises to take full advantage of recent technological developments in microelectronics, to the end of producing high-quality commodities at high-productivity levels through flexible production methods. Rejecting an ideology of free markets as the premise of state policy in the process of globalization, the "progressive competitiveness" strategy expects the state to be able to sustain a substantial social wage if it explicitly connects welfare and education to the public promotion of flexible production and technological innovation in those particular sectors which can "win" in a global export-led competitive race. Relative prosperity would fall to those states which can guide capital and labour to adopt this "smart" competitiveness strategy. The progressive competitive strategy in which all social democritic parties have now enveloped themselves reveals the final bankruptcy of social democracy. For all of the self-inflated pragmatism of
15. See my Working Class Politics in Crisis, London, Verso, 1986.
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the leadership, the NDP experience in Ontario showed that even in the narrowest of practical terms, this strategy was empty. It took the Germans a century to develop their vocational training to its current level ; the length of time it would take to reach that level in Ontario would at least involve two generations. But the rising unemployment the NDP government had to face when it was elected was immediate and the vocational training programmes in the short run could only be the merest palliative to this. It didn’t have until 2020 : it needed a progressive strategy for dealing with the recession in the here and now — and it didn’t have one. The "progressive competitiveness" strategy presents a programme of vast economic readjustment for both labour and capital, with blithe regard for how, in the interim, the logic of competitive austerity could be avoided ; it presumes that mass unemployment is primarily a problem of skills adjustment to technological change rather than one aspect of a crisis of overproduction ; and it fosters an illusion that the rate of employment growth in high-tech sectors can be sufficient to offset the rate of unemployment growth in other sectors. Further, it either even more unrealistically assumes a rate of growth of world markets massive enough to accommodate all those adopting this strategy, or it blithely ignores the issues associated with exporting unemployment to those who don’t succeed at this strategy under conditions of limited demand (and with the attendant consequence this would have for sustaining demand). Finally, it ignores the reality that capital can also adapt leading technologies in low wage economies, and the competitive pressures on capital in this context to push down wages even in high-tech sectors and limit the costs to it of the social wage and adjustment policies so central to the whole strategy’s progressive logic in the first place. Gregory Albo has appropriately concluded from all this that even the "progressive competitiveness strategy will be forced to accept, as most social democratic parties have been willing to do, the same ‘competitive austerity’ as neoliberalism [...] as a cold necessity of present economic conditions."16 But perhaps it is on ethical grounds that the progressive competitiveness strategy most clearly reveals the bankruptcy of social
16. Gregory ALBO, "’Competitive Austerity’ and the Impasse of Capitalist Employment Policy", in R. MILIBAND and L. PANITCH (eds.), Between Globalism and Nationalism The Socialist Register 1994, p. 157. Cf. my "Globalization and the State", in the same issue, esp. p. 81-86.
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democracy. For it is indeed the goal of competitiveness rather than solidarity, cooperation, equality that underlies the whole approach. Even were such a strategy to succeed it would, at best, mean that southern Ontario would export its unemployment to upper New York state — or to Quebec. And more fundamentally still, think of the problem with the progressive competitiveness strategy this way : if you see someone on the street, homeless and begging, do you say, well this is because this person is not skilled enough, well-trained enough, entrepreneurial enough, competitive enough rather than that this person’s condition is a sign that there is something wrong with the system ? Yet it is this logic, transposed to the level of the global economy, that progressive competitiveness applies to whole countries or regions — and it is fundamentally incompatible with a socialist ethics. CONCLUSION It is indeed time to move beyond social democracy rather than conceive the future in terms of social democracy. As I indicated at the outset, I don’t consider it my remit here to sketch out that future or how to get there. This has been, rather, an attempt to clear the ground so we can start thinking the future of the left beyond social democracy. A number of things may be said, however, about the way forward. First of all, taking capital away from capital and democratizing control over it must once again become the central strategic goal of the left. It is inconceivable that there can be any exit from today’s crisis without a planned reorientation and redistribution of resources and production on a massive scale ; and there is no longer any way of honestly posing an alternative to the depredations of neoliberalism without directly addressing the central issue of the political source of capitalist power, globally and nationally : state guarantees of control of the major means of production, communication, distribution and exchange by private, inherently undemocratic banks and corporations. It is necessary to try to reorient strategic discussions towards the democratic transformation of the state rather than trying to fashion a progressive-competitive state. The first requirement for envisaging a state whose functions are not tied to guaranteeing the economic res publica for capitalism must be to seek the transformation of the material and ideological capacities of states so that they can serve to realize popular, egalitarian and democratic goals and purposes. This does not mean attempting to take the state as it is presently organized and structured and trying to impose controls over capital with these inappropriate
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instruments. The point must be to restructure the hierarchy of state apparatuses and reorganize their modus operandi so as to develop radically different material and ideological capacities. We must try to reverse the process whereby states, as David Harvey puts it, "locate power in the spaces which the bourgeoisie controls, and disempower those spaces which the oppositional movements have the greatest potential to command."17 The same might be said about the struggles over the distribution of time as an aspect of power. Radical proposals coming forward today for a statutory reduction in the working day to as little as four hours are not only directed at coping with the appalling maldistribution of employment in contemporary capitalism, but are designed to establish the conditions for the extension and deepening of democracy by providing the time for extensive involvement in political, community and workplace decision making.18 It is important to say, especially in the context of the current political situation in Quebec, that to emphasize the continuing importance of struggles to transform the state does not mean that territorial boundaries within which claims to state sovereignty are embedded ought to be seen as immutable. The increasing integration of national with international capital upsets the old bases for national capital’s unity ; and at the same time regional discontents with state policies which are increasingly articulated with the needs of the global economy have provided fertile ground for a resurgence of old and new nationalisms with a separatist purpose. Right-wing nationalisms, and the parochialisms and intolerances they both reflect and engender, must be combatted on every front. But it is not always necessary for the left to oppose the break-up of an existing state, just as it is not wise to dismiss out of hand attempts at international rearticulation of sovereignties through the creation of regional federations. The question is only whether the locus of power is thereby shifted to those spaces where democratic and inclusive movements which are oppositional to capital can expand their space and powers through a reorganization of sovereignties. 17. David HARVEY, The Condition of Postmodernity, Oxford, Blackwell, 1989, p. 237. 18. See André GORZ, Critique of Economic Reason, London, Verso, 1989, esp. p. 159 ; Ernest MANDEL, Power and Money, London, Verso, 192, esp. p. 202 ; and Michael ALBERT and Robin HAHNEL, Looking Forward : Participatory Economicsfor the Twenty First Century, Boston, South End Press, 1991, passim.
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For instance, while a great many people shake their heads in dismay at the apparent stupidity of Quebec leaving the Canadian federation at the very moment when France is pressing for a federal Europe, it is by no means necessarily the case that the existing Canadian federal state lays a firmer foundation for democratic challenges to capital than would close and amicable cooperation between an independent Quebec and a restructured Canadian state. Indeed more might be expected from two nation states each of whose raison d’État was expressly more egalitarian and democratic in purpose rather than binational and territorial (A Mari Usque Ad Mare, it has often been pointed out on the Canadian Left, does not quite match Liberty, Equality and Fraternity as an expression of raison d’État). Nor should it be necessarily thought that a federal Europe must be one that necessarily extends democratic powers rather than disperses them more thinly in relation to a greater centralization of state powers oriented to fulfilling capital’s res publica on a continental terrain. Moreover, a federal state composed of the existing states of Europe is one that continues to rest on the modus operandi of these states. As every Canadian knows, capitalist forces are as capable of playing off the units of a federation against one another and against the centre, as they are of doing so with sovereign nation states ; indeed the process may be more easily obscured behind an interminable debate over the division of constitutional powers. What are the agencies that could undertake a renewal of the socialist project in the aftermath of Communism and Social Democracy ? The importance of the new social movements, and what they have demonstrated about the limits of social democracy, is something to build on, but the limits of a politics without a party-political expression is becoming more and more evident even to new social movement activists. We see the structural possibility opening up everywhere these days (and not least in Canada) for new political parties. They are often right-wing ones, but not exclusively, as Hilary Wainwright has shown in her important new book, Arguments For A New Left.19 Of course, as Roberto Michels said at the end of his famous study of political parties eighty years ago, which he subtitled "the iron law of oligarchy," it is possible that this cruel game will go on forever ; and that even if we create new socialist parties successive to the old ones, we
19. Oxford, Blackwell, 1994, esp. ch. 7.
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La politique économique des gouvernements socialistes
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will still not realize a democratic socialist society. But existentially speaking, what can we do but try unless we want to become apologists of the existing order and managers of its repeated crises ? One thing is clear, given the current condition of global capitalism : a new era of advocacy and outrage is just beginning.
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LES AUTEURS
Jean-Pierre BEAUD, professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal, publiera prochainement un ouvrage sur les partis politiques aux Presses de l’Université du Québec. André BERNARD, professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal, a publié récemment Politiques et gestion des finances publiques : Québec et Canada (Québec, 1992). Patricia H. CRAIG, Assistant Professor of Sociology and Political Science, Ohio State University, a soutenu en 1993 une thèse de doctorat sur le Parti socialiste ouvrier espagnol. Diane ÉTHIER, professeure de science politique à l’Université de Montréal, a notamment dirigé la publication de Democratic Transition and Consolidation in Southern Europe, Latin America and Southeast Asia (Londres, 1990). Gérard GRUNBERG, directeur de recherche au CNRS (Centre d’Étude de la Vie Politique Française), est l’auteur, avec Alain Bergounioux, de Le long remords du pouvoir. Le Parti socialiste français 1905-1992 (Paris, 1992). Jane JENSON, professeure de science politique à l’Université de Montréal et Research Associate au Harvard Center for European Studies, a codirigé, avec R. Mahon, The Challenge of Restructuring : North American Labour Movements Respond (Philadelphie, 1993). Alexander MACLEOD, professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal, est l’auteur, notamment, de La révolution inopportune. Les partis communistes français et italien face à la révolution portugaise (Montréal, 1984).
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La social-démocratie en cette fin de siècle
Paule Rianne MAHON, professeure d’administration publique à l’Université Carleton, a publié récemment, avec Wallace Clement, Swedish Social Democracy : A Model in Transition (Toronto, 1994). Leo Victor PANITCH, professeur de science politique à l’Université York, est codirecteur de la revue The Socialist Register et l’auteur de nombreux ouvrages, dont le plus récent s’intitule Socialism and the Future : Collected Essays (1994). Jocelyne PRAUD, candidate au doctorat à l’Université de Toronto, prépare une thèse sur les femmes et la représentation politique. Jean-Guy PRÉVOST, professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal, a publié récemment De l’étude des idées politiques (Québec, 1995). George William Ross, Morris Hillquit Professor of Labor and Social Thought, Brandeis University, et Fellow du Harvard Center for European Studies, est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le plus récent s’intitule Jacques Delors and European Integration (Cambridge/New York, 1994). Andrew Brian TANGUAY, professeur de science politique à l’Université Wilfrid Laurier, a dirigé, avec Alain G. Gagnon, la publication de Canadian Parties in Transition (Scarborough, 1988).
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