Stanislas Jcanncsson
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Éditio ns La Découverte 9 his, rue Abcl-Hovclacquc 750 13 Paris
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Introdu ction
P enda nt plus de quarante ans , de 1947 à 1990, la guerre froide a dominé les refutions internationales. Le phénomène est tout à fait original: l'expression même (Co/d War) est forgée de toutes pièces dès 1947 ct popularisée par le journaliste amé ricain Walter L ippmann, pOUI qualifier un type de cunflit qui sur plusieurs points se distingue nettement des affrontements traditionnels. La guerre froide oppose fondamentalement deux pays , les États-Unis et l' U RSS, qui s'appuient chacun sur des réseaux d'alliances cohérents et soudés, les blocs. Le conflit est de nature idéologique, stratégique et politique. Il revêt plusieurs formes: militaire, diplomatique, économique, sci emiflque, culturelle ... Jamais, toutefois , Américains el Sovi étiques n'en sont venus à s'affronter directement. C 'est en ce sens que la guerre est restée froide. Cela ne l'a d 'ailleurs pas empêchée d'engendrer de nombreux conflits armés , certes localisés et limités, mais souvent très meurtriers. L'originalité de la guerre froide tient également à sa dimension planétaire. Prog re ss ivem ent. l'Europe, puis l'Asie , le Moy en -O rien t, l'Amérique et l'Afrique deviennent autant d'enjeux strat égiques ct de champs de rivalités. On peut enfin sTnterroger sur l'exceptionnelle durée de cet affrontement. Comment expliquer que la guerre froide , née dans des circonstances bien particulières, ait pendant si longtemps conditionné l'ensemble des relations internationales? Car, même s'il y eut des périodes de tension et de détente , même si de nombreux pays , individuellement ou non , tentèrent d'échapper à la logique d'un monde bipolaire, au magnétisme de Washington 3
de Mos cou. l'ordre mondial, jusqu'à l'effondrement du bloc soviétique. sest construit auteur d'un équilibre Est-Ouest, fra gile el dangereux , mais aussi largement codifié, J u sq u ' à la fin de l' URSS, la recherche historique ne s'appuyait que sur les documents publiés el le, archives améri caine, disponibles , ce qui , par la force de, c hos es faussait les perspectives. Pen dan t une quinzaine d'années , la tendance dominante fut d'abord. du moins à l'Ouest, de rendre l'expan sionnisme soviétique responsable des origines cl de la poursuite de la guerre froide: les Occidentaux n'auraient fait que répondre aux provocations de Mosc ou . Aux États- Unis, plu sieurs historiens contest èrent dans les années 1900, de façon vigoureuse el souvent excessive, cette interprétation quasi offi cielle el accusèrent l'impérialisme économique américain de profiter largement d'une situation qu'il avait créée. Les années 1970 el 19110 virent s'imposer plulôl la ttèsc d'un conflit essentiellement géopolitique, né d'une succession de malentendus et entretenu par le durcissement ultérieur de la politique améri caine el soviétique, aggravant la méfiance réciproque. En France , l'histotiogruphie. de façon générale, s'es l longtemps désintéress ée de ces débals. On ne disposait pas , jusqu'à la synth èse récente et très complète de Georges -Henri Soutou [14], d'ouvrage de référence portant sur l'ensemble de la période. La façon dont la guerre froide a pris fin, entre 1985 el 1990, a permis, avec Je recul , de mieux comprendre ce qui en faisait la singularit é [JO]. En même temps. l'ouverture (eocore par tielle) des archives soviétiques a fait progresser la recherche. Elle n'a pas clos le débat , mais l'a recentré. Tout le monde, ou presque, reconnaît maintenant le rôle décisif des initiurives de Staline el l'importance du facteur idéologique dans la défini tion de la politique extérieure de l' URSS , même ,'il n'est pas question pour autant de minimiser les desseins de Washington el les erreurs , souvent dr amurique s , commises par les Élals -Unis. S'il demeure pr ésomptueux d'affirmer que " we lUI\\" kilO\\" » , comme le fait l'historien John L. Gaddi, [8 et 13], il est désormais possible, dans un climat plus apais é, de faire le point sur nos connaissances. (JU
1 1 Les origines de la guerre froide
De toutes les questions qui ont trait il la guerre froide , celle des origines est la plus complexe [7 3). En février 1945, à Yalta, les États -Unis , J' URSS el la Grande-Bretag ne s'accordent sur un certain nombre de dispositions, tant pour l'après-guerre que pour ce qui constitue depuis 1941 le fondement de leur alliance : la lune contre l' Allemagne nazie. L' atmo sphère est cordiale. En 1947, un an cl demi après la victoire el les sacrifices communs, J'alliance vole en éckus, deux camps se for ment. l' URSS Cl les Étals-Unis satflrment comme les leaders de de ux mondes que tout oppose. La rupture n 'est cependant pas surprenante. C'est I'ahouüs seme nt d'un long processus dont les signes avant -coureurs ap parais.' enl dès 1943 el qui peul s'expliquer par des considérations idéologiq ues et géopolitiques. Décrire ce cheminement el faire la part de ces facteurs est une entreprise délicate. Avec la question des origines, c'est par ailleurs celle des responsabi lilés qui est posée. On louche là un domaine où les enjeux sont lels qu'ils ont souvent brouillé les analyses.
La dimension idéologique de la fut ure guerre froi de prend corps dès 1917, lorsque, de part el dautte d 'une E urop e ravag ée. l' URSS et les États-Unis pretendent édifier un ordre mondial fondé sur des principes il la fois novateurs et radtca lement oppos és [10].
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• L 'URSS d la r évolution mondiale. - Po ur Lénine, la révolution d'Octobre , qui fait de la Rus sie le premier État communiste, est le prélude à la révolution mondiale, Les conflits coloniaux. la guerre sont les symptômes des contradictions internes du capitalisme et annoncent son effondrement [52]. Le Ko mintern, fondé l'Tl 1919, doit réunir l'ensemble des partis communistes, dont le but ultime, sous la direction exclusive Je Moscou, est de renverser les gouvernements bourgeois de leurs pays, , Ma ts l' URSS est aussi un Etat, au sens classique du terme, avec des frontières et des intérêts particuliers, Leur défense n'est pas forcément compatible avec une politique d'expansion id éologique. Après la mort Je Lén ine , Staline, contre l'avis Je Tro tsk i. ré-our le dilemme en reléguant au second plan l'objectif de la révolution mondiale, Il subordonne les intérêts du mouvement communiste international à ceux Je J'URSS et prône la construction prioritaire du socialisme en un seul pays, « Est authentiquement révolutionnaire, au-u en 1928 au VI' congrès du Ko mintern , celui qui est prêt à défendre l' Union soviétique sans réserves , ouvertement, inconditionnellement " [60), Les corsidérarions id éologiques, malgr é tout, ne disparaissent pas, Elles tiennent dans la conduite Je la politique extérieure soviétique une place parfois secondaire, mais tou jours importante, • lrs Élal.\'-Ullü et l'internationalixme Wi/,I'OIIÎell. - C 'est également en 1917 que le président Woodrow Wilson décide J'entrée en guerre des États -Unis, 11 jette en même temps les bases d'un ordre mondial construit sur les princjpes de la new diplOlnl/('Y, Un célèbre discours du 8 janvier 1918 résume son projet en quatorze points: diplomatie ouverte ct rejet des alliances secrètes ; libert é de navigation sur mer; d émantèlement des barrières économiques et des entraves commercialc s ; droit des peuples à disposer d'eux -mêmes; création d'une Sociét é des Nat io ns (SDN) offrant aux grands ct aux petits États des garanties égales d'indépendance ct d'intégrité, L e wilsonisrnc révolutionne la politique e xtérieure des États -Unis, jusqu'alors cantonnée. J 'après la doctrine Monroe , aux Arrériqucs et au Pacifiq ue. Il cuns kl ère comme universels les fondements sur lesquels s'est élaborée la puissance améri caine: d érnocratie politique et libéralisme économique, Le monde trouvera la pai x Jans la richesse , la prospérité et le
développement du système capitaliste. Ce messianisme repose c hez wilson sur Je fortes convenons morales el Je d ésir sincère Je construire un monde plus juste, fond é sur le droit el no n le ton vouloir des grandes puissances européennes. Il pro file aussi au capitalisme américain, premier bénéficiaire au lcn demain Je la Première Guerre mondiale Je l'ouve rture el Je l'expansion des march és. La c harte Je l'Atlantique, signée Je 12 août 1941 par Rcosevelt el un Churchill prêt à faire des concessions pour obtenir l'entrée en guerre des Etat s-U nis, reprend en huit points la plu part Je ces principes: aucune modification territoriale sans raccord des populations ; droit des peuples, y compris ceux des colonies, à choisir librement leur gouvernement ; élaboration d'une paix garanüssam la sécurité internationale, « ap rè s la destruction finale de la tyrannie nazie " . Dès l'entre -deux-guerres, l' URSS el les États- Unis se présentent Jonc lous Jeux comme les tenants Je syst èmes universalistes opposés donl laffrontement, en th éorie, ne peut cesser qu 'avec le triom phe Je l'un sur l'autre. Dans l'absolu. a ucune convergence n'est possible, ni sur le plan économique (capitalisme et communisme sont purement antith étiques] ni sur le plan politique. L' e mp loi commun du mol « d érnoctutie " est trompeur : Jans Je c as du marxisme , il évoque une conception égalitaire, subordonnée à la dictature pr éalable du prolétariat, très différente de la réfl ex io n libérale qui met l'accent sur l'exercice des libertés individuelles [1 4]. On ne peul cependant affirmer, comme le propose Andr é Fontaine. que la guerre froide commence en 1917 [5]. Dans l'entre-deux-guerres. l' URSS et les États -Unis ne jouent pas un rôle tel que leur antagonisme ail une dimension planétaire. Les États -Unis , après Wilson , se tiennent à l'écart de la politique européenne; r URSS est pendant longtemps vulontuirerncnt igno r ée des gouvernements occidentaux. L ' E urope est encore au cœur des relations internationales. La v éritable guerre froide ne peut commencer qu'à partir du moment où le conflit idéologique se double d'un affrontement géopolitique entre deux Etats devenus Jeu x superpuissances. C'est pourquoi Re né Girault et Robert Frank font de 1941 11.' « tournant du siècle » [9]. L 'UR SS entre en guerre, du côté allié le 22 juin , après l'invasion allemande, et les Etats - Unis le 7 décembre , après lauaque japonaise. Les deux pays s'Installent alors si bien au premier rang Je la scène qu'Hs ne quitteront plus leur place. 7
Da ns l'immédiat toutefois , les deux grands sont dans le même camp- celui de la lutte contre le nazisme. C'est l'urgence du moment. Les di vergences passent au second plan. Staline dissout le Komintern et tient le discours patriotique d'un chef d'Étal galvanisant son peuple. Les États-Unis fournissent du matériel de guerre à l'Armée rouge. Peut-on imaginer, comme le pense le secrétaire d' État américain au Commerce, Henry Wallace, que celle alliance de circonstance conduise il terme les idéologies il converger. les unes évoluant vers plus de liberté, les autres ven; plus d'égalité?
Téhéran Entre les trois grands alliés , URSS, États -Unis et GrandeBretagne le climat est plutôt bon jusqu'en 1945, au moins tant que les préoccupations directement liées il la guerre restent prior ita ire s. No n qu'ils soient toujours d'accord sur la conduite des opérations: les Soviétiques , notamment, demandent dès 1941 l'ouverture il l'Ouest d'un second front qui leur est refusée pendant trois ans. Mais les divergences fondamentales surgivscm lorsqu 'on évoque l'après -guerre. Staline, Roo seve lt et Chun:hill se rencontrent pour la première fois à Téhéra n, du 28 novemhre au 2 décembre 1943. L' entre vu e a été soigneusement préparée par leurs ministres des Affaires étrangères, réunis le mois précédent il Moscou. On y parle surtout de stratégie militaire, mais chacun dévoile aussi ses intentions il long terme. Le contexte peut l'expliquer. Depuis juillet, la proche défaite du Reic h est envisageable. Le débarquement anglo -am éricuin en Sicile et l'arrestation de Muss olini ont brisé l' axe Rome-Berl in . En même temps , à Ko ursk. les blind és de l'Armée rouge enfoncent les chars alle mands et retournent de façon d éfinitive la situation il l'Est. L'URSS n'a désormais plus besoin de l'ouverture d'un second front pour repousser l'ennemi el n'a plus , pour l'obtenir, il faire de concessions il ses alliés: elle se libère seule [9]. Le principal objectif de Roo se ve lt est de faire accepter sa conception d'une organisation internationale chargée de main tenir la paix après le conflit. TIrant avec réalisme les leçons de l'échec de la SDN, dont le bon fooctionnement avait pâti, entre
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autres , du principe d'égalité emre les ÉtalS, il propose un systèmc dominé par quatre pays, les " Big Four ", États-Unis , UR SS, Grande- Bretagne el Chine (la Otine des nationalistes alors alliée des Américains), qui prendraient seuls les décisions importantes et disposeraient pour assurer la paix d'un réseau mondial de hases militaires, Staline et Churchill donnent leur accord de principe, mais restent évasifs el sceptiques. L e s préoccupations de Staline sont moins vastes et plus concrètes, Il s 'agit pour lui. et ce sera son argumentation constante, de faire admettre la nécessité pour l' URSS de se doler en Europe orientale d'un " glacis protecteur ", pour la neure à l'abri d'une invasion future. Staline insiste sur l~ précédents de 1914 et 1941. et sur le droit de son pays à la sécu rité, Il ob tient de ses alliés la reconnaissance des frontières de 1940, intégrant les territoires annexés après le pacte germano soviétique du 23 août 1939 el ses suites : les pays halles (indépendants durant l'emre-deux -guerres). la Carélie, la partie orientale de la Po logne et la Bessarabie (voir cane p. JO), Un autre point fondamental est l'adoption, L'Il fait dès la cont érenee de Mosc ou, du principe selon lequel, en pratique, les pays libér és seront administrés par la seule puissance occupante, en attendant la restauration d'un pouvoir politique et l'évacuation militaire, Les autres alliés n'auront qu'un rôle consultait. L 'exemple de J'I talie, où seules les arm ées américaines el britunniques administrent le territoire , est mis en avant par Staline pour étendre le cas à l'ensemble du continent. Dès tors, c'est légitimer une sorte de « u JU rse il la lib ération » que seule l' URSS est en mesure de mener en Europe de l'Est; c'est accepter à lenne la constitution de fuit, mais encore de JùrOT! provisoire, de vastes zones d'Influence. En 1944, les troupes soviét iques libèrent leur pays, puis de septembre à janvier 1945 , atteignent les capitales de l'Est: Buc ar est, Sofia, varsovie el Budapest, en attendant Vienne le 13 avril , Berlin le 2 mai el Prague le 9, De leur côté. les troupes angle -am éricaines. d ébarqu ées le 6 juin 1944 en Norm and ie, progressent plus lentement, en raison de l'opposition allemande, d'un grand souci de préserver les vies des soldats et d'une stratégie de libération totale el méthodique qui refuse de laisser subvister des poches de résistance ennemies, Le Rh in n'est franchi qu'en mars 1945, Le s États-Unis doivent aussi compter avec la guerre qu'ils mènent en Asie , qui s'annonce plus longue que prévu, 9
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Allem.gne et Autriche l ' (m e soviétique 2 '(me america me 3 l.üne bril.nn,qoe 4 , (>ne fr.n,. " e o ViH" e.' q_" .
C'est la Grande-Bretagne qui s'inquiète le plus Je la supr émude prévisible Je J" URSS en Europe œ l'Est. Churchill est un anticommuniste Je la première heure, mai" en diplomate de la vieille école, il analyse avec réalis me et raisonne en terme, d'Int érêts particuliers. Il sait très bien que son pays n'a plus les moyens d'Imposer ses Hies. Son objectif imm édiat est Je sauver ce qui peut l'être Je l'Influence britannique en Europe. et notamment en M édite rran ée orientale. Il rencontre Staline en tête à tête , en octobre 1944 à Mos c ou : les deux bommes partent le même langage. Le résultat est le célèbre " accord des pourcentages " , en réalité un papier griffonné à la hâte: contre le maintien Je l'Influence britann ique en Gr èce (à « 90 % ", ditle texte, sans plus de précision], Churchill laisse l' URSS mener le jeu en Bulga rie, lIo ngrie el Rou ma nie (à 90 'X, 80 ')(.. et 75 ')() ct accepte un partage équitable en Yougoslavie (50-50 %). Sans Joute ne faut -il pas accorder Irop d'Imponunce à ce, chiffres. L ' accord ne concerne ni la Po lo gn e ni la T ch éc o s lo va q u ie ; il n'engage pas le, Etats -Unis , qui condamnent ce type de marchandage diplomatique. Il n'en révèle pas moins la réalité des rapports Je forces et le réalisme des dcu x interlocuteurs. D ans l'fmm édlat, l'accord est daillcurs respecté , puisque, d ès décembre, le, troupes anglaises rétablissent en Grèce le roi sur son trône. • L '(/cco rd dt'.1 poervrntogrs. -
Yal/a La conférence de Yeh a, en Crimée, est la plus célèbre des rencontres interalliées [72 el 76]. Elle se tient du 4 au 12 février 1945. En raison du contexte militaire, Rooseve lt y est nette ment en postüon Je demandeur. La libération des territoires oc c upés par le Ja po n est lente et meurtrière; les Etats -Unis ont besoin de J" aide soviétique. Ro ose velt obtient la promesse d'une intervention Je J' URSS trois mois après la capitulation allemande, corure l'octroi des îles Kou rile s Je Sakhaline ct la concession des c hemin s de fer el de deux ports mandchous (Dairen el Port-A n hur). Le président américain marque é galement des points sur la question qui lui tient à C(rUT, celle Je, Nations unies. Le s tra vaux Je D um barton Oak>, qui ont rassemblé à l'automne 1944 les experts des principaux [(lYs alliés , ont fait avancer le dos sier. Le rouage pr-incipal Je I'orgarusanon est un Conseil Je sécurité notamment c omposé de cinq membres permanents qui
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disposent chacun d'un droit de veto, sauf si le pays est partie prenante, L'U RSS voulait que Je veto fonctionne dans tous les GIS , mais elle a dû faire des concessions, Li Grande-Brctagre , qui souhaite trouver un allié eu ropéen, particulièrement sur les questions coloniales , insiste pour que la Fra nce obtienne un siège de membre permanent. L 'URSS renonce aussi il voir ses seize répu bliques représentées à J'Assem blée; elle enlève quand même trois siè!,'Cs, Rooseve lt ayant obten u satisfaction, Staline peut présenter ses demandes, qui concemem l'Allemagne et l'Eur ope de l'Es . Invoquan t J'ampleur des destructions , il réclame le transfert en URSS de RO % de J'i ndustrie allemande, puis, devant Je refus catégorique de Churchill. 20 milliards de dollars de réparations, dont la moitié pour son pays, Roo seve lt n 'approuve pas mais retient le chiffre (XJUr servir de base il des discussions futures, On décide par ailleurs de diviser J'Allemagne en quatre zones d'occupation, la France recevant finalement un secteur. là aussi grâce à l'appui britannique, Staline promet des élections libres dans les pays de l' Est contrôlés par J'Armée nJUge dès le retour d 'u ne certaine stabi lité politique, C'est la fameuse " déclaration sur J' Europe libérée ". à laquelle Roo seve lt tenait tant. En attendant. un gou vernement il majorit é communiste s'installe il Varsovie (voir encadré), On a reproch é au président américain. malade et très affai bli, d'avoir naïvement cru la promesse de Staline et de s 'en être co ntent é. C'est oublier qu 'il avait déjà beaucoup obtenu sur ce qu 'il estimait être prioritaire et qu 'au reste il n'avait pas les moyens de forcer l'armée soviétique il évacuer les terri toires qu 'elle occupait. Que pouvait-il espérer d ' autre qu'une décl aration d'intention ? Yalta n'est un partage ni de J' Europe ni du monde, N ' y cherchons pas l'origine de la guerre froide, Ya lta est plutôt une tentative d'aller comre ce partage en zone d 'influence, de dépasser la logique née des rapports de forces ct de la configuration militaire, pour œu vrer ensemble à la renais sance d émocratique du continent. Ma is 1' « esprit de Ya lta » ne po uva it subsister qu'avec le maintien de la grande alliance [9], Potsdam
À Po tsda m, où, du 17 juillet au 2 août 1945, se tient la troi sième des rencontres au som met, le contexte est très différent [72 et 76), En Europe, la capitulation allemande a mis fin au 12
L. q ",,"i o" pül o".i ", e" l' un Jn pi""il"" ' (il, " ,"J u c" '"" qu i. de Ya lta.l. P""J ..n . ,"St a u ee n"e d,.,; C,, ",,".,," i o", i"'en Jlii" , _ Sm i ", po•. " n.:e .e'-" p lc.;i,'tm; "m1 ~. ~ i q un , p"liti qun , h u m a i n, ct ')- Ill~ , li q ""', L. l'<,l ,,p''' e" 'e,,"i n'" Ja ", ln ClOmf" l',... b dr'm",...1i,.,; "ceiden· lab . le ,,," Je la I\,l"fne ,.,;1 l" unl de "' " , ' e 'e" l' ocr n'pooo re l '
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conflir; le, ÉtaiS-Unis restent seuls en guerre- Ma is. depuis le 16 juillet, la veille Je l'ouverture Je la conférence, ils détien rent une arme dont on n'epprécie pa, bien encore la puissance Je destruction, mais d ont on se Joule qu'elle permettra Je précipiter la llCfaile japonaise. Dans le d éset d'Alamogordo a eu lieu le premier essai Je la bombe atomique. Le , États -Uni, ne demandent donc plu, l'aide soviétique et parlent desormais en position dl' force. Pa r ailleurs , le, prome,sl'S d'élections libre, nonr pas été tenues : 1" .. esprit Je Yalta » ne s'est manifest é ni en Pologne ni en Roumanie , où , en mar " un gouvernement communiste a pris le pouvoir. L'utmosph ère est tendue. Le, homme, enfin ne sont plus le, m êmes. Roo seve lt est mort le 12 avril; il est remplac é par son vice -pr ésident. Harry Truman, n ovice l'li politique étrang ère, qui doit Jans l'urgence avsimilcr le, dossiers [18]. À l'évidence , le courant ne passe [Xls avec Staline. Au beau milieu du sommet, c'est Churchill, dont le parti vient de perdre les élection s législatives, qui doit céder la place au tra vailliste Attlee. Cela ne modifie d'ailleurs pas le, orientations Je la politique britannique. Tant qu'il s'agit Je tourner la page du nazisme (d émilirarisalon et d énazification de l'Allemagne), l'accord est facilemenl trouv é. Pour Il' resle, c'est l'heure du marc h andage. Les Élals- Unis reconnaissent les frontières occidentales Je la Polog nc : en éch ange, l' URSS accepte l'entrée Je l' Italie à l'Organisation des Natio ns unies (ONU), qui a vu le jour en juin. La d écision la plus lourde oc conséq uence s concerne les réparurions allemandes. Staline reprend le chiffre Je 20 mil liards (don t JO pour son pay s) avancé à Yalta. Truman, craignant qu 'une telle somme. Jan, une Allemagne e xsang ue- ne puisse être pay ée qu'avec des crédits am éricains, refuse tout net. Après Je longues discussions. on trouve une solution : l' URSS se paiera elle-même, en puisant dans les richesses Je sa propre zone J 'occupation. Comme on e stime que celles-ci représentent 50 'X des ressources allemandes, elle obtiendra satsfacuon. Ces!' reconnahre que le seul moyen de s'emendre est Je laisser c hac un lihre J 'agir où ses troupes sont présentes.
Il ne faudraitcependant pa_ déjà voir là, comme le pensem cerlains [17] , la volonté délibér ée des Am éricains d'isoler la zone soviétique pour cr éer à terme une Allemagne occidentale conforme à leurs Vl l"UX. Le com promis trouvé résulte plutôt de l'obstination de chacun, dans un climat dégradé. à maintenir ses positions. Le résultat est d'autant plus paradoxal que , sur le plan poli tique , P ots da m s'efforce de maintenir l'unité allemande. L' adm inistration du pays est confiée à un Conseil de contrôle quadripartite (américain, soviétique, britannique et français] , qui prend à l'unanimité les décisions applicables sur l"ensemble du territoire. On pr évoit la cr éation d ' administrations centrales allemandes, siégeant à Be r lin , placées sous l'autorité du Conseil, el chargées de g érer les affaires (économie, transports. enseignement. .. ). Un gouvernement élu verra le jour après la signature d'un traité de paix. D 'id là, J' URSS, dont le secteur englobe Berlin, espère hien parvenir à contrôler les administrations allemandes. Comme le remarque Georges -Henri Soutou. il résulte de Pot sd a m une contradiction fondamentale qui illustre parfaitement le d écalage entre les intentions et la réalité [14]. Le compromis sur les réparerions, qui annonce la divi sion de l'A llcmagne. montre l'impossibilité pratiq ue de réaliser le projet politique espéré. La notion différente que les uns el les autres ont de la démocratie montre hien qu'au-delà des mots il était illusoire de maintenir l'unanimité, une fois la victoire acquise. JI n'empêche que les conclusions de Potsdam. mises en veilleuse duranttoute la guerre froide, prés ideront à la réuni fication allemande, en 1990, une fois l' URSS ralliée à la conception occidentale de la d émocratie.
• Ln cOllfé rl'nn' de Moscou. -
Après Pots da m, les trois dirigeants ne se rencontrent plus. Ce sont les responsables des Affaires étrangè res qui se r éunissent d ésormais . en septembre à Lon dre s puis en d écembre à Mo sco u. L e secrétaire d'État américain, Ro bert By rnes, veut au moins faire avancer le dos sier des traités de paix avec les anciens alliés du Reic h. JI uccepre finalement de n égocier avec les gouvememenrs communistes bulgare et roumain, install és par l' URSS, ce qui esl UIlC façon de les reconnaître. De son côté, son homologue soviétique, Molotov, laisse les Etats -Unis administrer le Ja po n comme ils l'entendent el aider les nationalistes chinois. C'est admettre petit à petit que chacun est maitre " c hez soi ", les
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Américains dans le Pacifiq ue, et les Soviétiques en Europe orientale. Les principes Je Yalta sont maintenus mais semblent déj à loin. Bym es a c éd é non parce qu'il souhaitait la division de l'Europe ou Je l'Allemagne. mais sans doute parce qu 'il ne voyait pas comment la conjurer sans fair e les frais d 'un conflit avec l'U RSS. Ainsi , tout au long Je 1945, J' évolution des faits a d émenti les principes affichés à Yalta el la notion de zrne J'influence s'est peu à peu imposée. L'examen chronologique semble imposer la thèse d'une détérioration progressive de l'alliance, d'un engrenage dépassant la volonté des uns el des autres. Celle vision fonctionnaliste du d éclenchement Je la guerre froide doittoutefois èue nuancée: il faut aussi tenir compte des intentions des États-Unis el Je l' URSS.
ln qlle.llion de l"impériali.I/lie américain
Seuls parmi les grandes puissances il n'avoir pa_ subi de des tructions, les États -Urus disposent , au lendemain du conflit, de lous les atouts pour imposer leur vision des refutions internatonales. Prod uisant 50 % du charbon et 65 % du pétrole mon dial. à I'œtgine Je 60 % des pro duits fabriqués, avec 70 % du stock d'or mondial, ils disposent d'une puissance économique el financière sans concurrence. La guerre permet au revenu national Je progresser Je 120 % (Je 81 milliards en 1940 à 182 en 1945) et fait définitivement sortir le pays de la crise. L ' effort de guerre développe la sid érurgie. les industries électroniques. chimiques ct pharmaceutiques [26]. La reconversion s'effectue correctement. Les Élals - Uni~ ont profilé du conflit pour renforcer leur domination économique sur l'Amérique latine, où les intérêts britanniques ont été sup plantés. À terme cependant. le manque Je d ébouch és peut être fatal: la prospérité passe par la libération des échanges ct le retour à la con vertibilité monétaire. Car la question se pose in évitublement : la première puissance au monde est -elle anim ée d'une volont é d élibérée de domination? Subordonne-t-elle l'ensemble de sa politique il ses intérêts économiques? Nul ne songe il nier les réalités d'un impérialisme qui , par exemple. se manifeste au Moyen-Orient avec la nouvelle pr édominance des
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compagnies pétrolières am éricaines. L'acc ès aux matières premières a toujours été l'un de s princ ipaux ressorts de la politique des États-Unis envers le tiers monde. Mettre toutefois la diplomatie de Wash ington au service du hig hlflÎlIt'u et I'nccuser d' avo ir rompu la grande alliance pour étendre et affermir ses marchés [23] serait excessif. E n 1945. le projet américain s'appuie certes sur des consid érations économiques et des intérêts particuliers, mais aussi sur la recherche de la [Xlix et l'extension d e la d émoc ratie . Par le dollar, par les crédits qu'ils sont les seuls à pouvoir octroyer, les États-Unis enserrent leurs alliés dans un système de dépendance , voire de clientélisme. L'U RS S le comprend bien lorsqu 'elle refuse en février 1946 le prêt de 6 milliards de dollars qu 'elle avait tant réclam é et que le Congrès avait fini par voter. Le prêt -bail , une aide matérielle et financière en temps d e guerre (48 milliards de dollars , dom 3 1 à l'Angleterre et Il à l' URSS) , crée ainsi entre les États -Unis et leurs alliés une sorte de d épendance morale do nt les bénéficiaires se sentent redevables; il en ira de même avec le plan Marshall. Fa ut-il (XJUr autant voir dans la d écision américaine de stopper celte aide dès la lin des hostilités (des navires en route (XJU I J' URSS feront même demi -tour) J'Intention d 'affirmer leur supériorité? Il s'agirait plutôt d' u ne simple maladresse impu table à la rigueur d'une administration tatillonne. Le système est d'ailleurs reconduit quelque temps plus tard. D e même s'es t-on interrogé sur les motivations qui ont conduit à l'explosion des bombes atomiques sur Hiros hima et Naga saki, les 6 et 9 août 1945. On peut se demander s'il s'agit là du dernier acte du conflit mondial ou du premier épisode de la guerre froide. La bombe fait assurément des États-Unis la première puissance militaire. Les A mérica ins expliquent tou jours offlciellcment son utilisation par la volonté d'abr éger les combats. Au HI des difficultés rencontr ées dans la progression des années , les militaires craignaient que le conflit ne fit encore plusieurs centaines de milliers de vidimes. Il est d 'ailleurs probable qu 'ils surestimaient (peut-être à dessein) la capacité de résistance d 'un J apon prêt à se rendre pœr pL'lI qu 'on lui eût permis de sauver la face. Toujo urs est -il que l'empereur Hir oIIi\() annonce le 15 août la capituleikm de son pays - effectivement signée le 2 septembre. C'est la lin de la Seconde G uerre mondiale. 17
Il est sûr que Staline, d'ailleurs parfaitement tenu au courant par ses services secrets de l'état d'avancement des recherches sur la bombe (le prejet Man/lilI/lin), fut fortement impres sionné par H iro sh ima , Et Tru man savait que la bombe, au moment où elle mettait fin il la guerre, marquait en même temps par où passaient désormais les rapports de forces, La question est donc de savoir dans quelle mesure la volonté de lancer un avertissement aux Soviétiques a joué dans la prise de décision [103], Le d ébat reste ouvert, Que cette consid ération ait été déterminante ou secondaire, la possession de ceue arme nouvelle ne [ut Je Ioule façon, Jans l'Immédiat, pas d'un grand secours pour les n égociateurs américains, La diplomatie uremique manque Je subtilit é et les Soviétiques n'ont jamais réel lement craint qu'on pïn L'fi faire usage contre eux (20). To us ces exemples montrent que, si l'on ne peut maintenant, notamment après Louverture des archives soviétiqucs, accuser l'impérialisme américain (économique et politique) d'être le principal responsable de la guerre froide, comme on le faisait encore volontiers dans les années 1970, il ne faudrait pas non plus sous -estimer les erreurs, les ambiguïtés etla duplicité Je la diplomatie américaine, ni nier en bloc les effets Je cet impérialisme, L e s réalités sont complexes, L e dr ame d'Hirusbima illustre hien la difficulté de démêler, dans la ques tion des origines de la guerre froide, ce qui relève de la réaction (pr éoccupations d éfensives} el de l'Intention (pr éoccupations offensives ), Les orgunivuionx imem
La pex americana voulue par Washington au lendemain Je la guerre repose sur quelques convictions fondamentales. La première est qu'il faul tirer un trait sur l'Isnlationnisrre. Les Élals -Unis sonttrop impliqués Jans les affaires mondiales pour pouvoir rester étrangers à un conflit Je grande ampleur. Les leçons de 1917 et 1941 l'ont hien montré, Mieux vaut désormais chercher il empêcher une nouvelle guerre que de risquer d'être à nouveua forcés d'entrer Jans la mêlée ,w plus forl d'un conflit qu'ils n 'auraient pas voulu, La seconde est qu'il ne peut y avoir Je paix qœ mondiale. Roo sevelt refuse absolument de raisonner en termes régionaux ou Je sphères J 'influence, La crise des années 1930 a par ail leurs montré que lisulemcnt ou le repli d'une puissance sur son
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empire attisait les égoïsme s, excitait les nationalism es el créait les co nditions d'un aûronremenr. La pai x sera mond iale e l fondée sur le droi t à l' oppos é de l'équilibre européen tradi tionnel , L ' In strument de celle politique , c'est l'ONU, dont la charte signée le 25 j uin 1945 , à l'issue de la co nférence de San Fra nci sco, s' inspire direct em ent des proj ets am éricains [2]. Le huI de l'ONU , c omme l' était ce lui de la SDN, est doubl e. D'abord résoud re les conflits : cesr Ie rôle du Conseil de sécurité el de l'A ssemblée g én érale. S'attaquer en suite aux causes pro fond es d es guerres , la dé tres se éco no miq ue el socia le , la mis ère humain e: cest la lâch e d es o rga nismes rattach és qui pour év iter Ioul e politisurion essaiment leurs sièges dans divers pays : UNESCO (éducalion, scie nces el cultu re} à Paris, OIT (trava il) el OMS (sant é) à Genè ve, FAO (agricu lture cl alim en taiion ] à Québ ec puis Ro me, etc. L 'A ssemblée gé nérale regrou pe cinquant e el un pay s, lous ce ux qui ont déclaré la gue rre à J'All emagn e avant le 1" mars 1945 , Chaque Élal, pe tit ou grand, dis pose d'une seul e voi x, L'A ssemblée prononce des recommandations. qu ' elle n 'a pa s la fac ulté d'imposer. So n a uto rité est su rtout moral e et son pou voir co ns ulta tif, A vec les ving t vo ix des États d'Am ériqu e latine qu i leur sont tout dévou és, a vec ce lle des pay s d'Europe occide ntale , les Élals -Unis sont assurés du leadership, Cela change à la fln des année s 1950, quand la décolonisation amèn e à l'Ass embl ée de nouveaux pay s peu enclins à suivre les directives d e Wa shingto n, Le Cons eil de sécurité es t le v éritahle organe décisionnel. Il com pte onze membre s, dont c inq permanent s et six é lus pour deu x ans par l'Assemblée gé néra le (le ch iffre pa sse à dix en 1966 ), Il prend des resolutions, à la majorit é d e sept vo ix sur o nze , dont cel le s d e s ci nq pe rma nents, qui di spos ent donc chac un d'un droit de velo, Ces résolu tions sont autant dobligatimls pour les pay s membres , Le Conseil pe ut prendre de s sanc tions écono miq ues et, mêm e s' il ne dispose pa s en propre d'une force arm ée, d es sanctions militaire s, en pl a çant sous ses ord res d es co ntinge nts nati onaux , Là a ussi, o n peut remarqu er qu e, parmi les membres permanents, lei; Élats-Unis c ompte nt trois pay s qui leur sont a priori fa vorables: la Grande -Bretagne, la France et la Chine, L 'URSS ne peut utiliser l' ONU à ses lins , En revanch e, elle d ispose , avec le droit d e veto, d'un e pos sibi lité de bloca ge, L' ONU ne peut fonct ionner qu e si la grande alliance se maintient au-delà de 1945, ce qu i est effectiveme nt 19
l'espoi r de Ro o sevelt. J usq u' en 1946, les Américains ont sinc ërentent confiance dans les organisations internationales pour instaurer l'ordre mondial auquel ils croient. Le velo les empêchérait de toute façon de les utiliser contre l' URSS, Le s institutions économiques et financières internationales mises en place à Bretto n Wood s en juillet 1944 cunfirmem la prédominance américaine, Le dollar est seul convertible en or; le cours des autres devises se définit par rapport à lui, Cesr runique monnaie d'échange internationale. Le Fonds moné taire imernatonal (FMI) aide les Etats membres en difficulté à stabiliser leur d éficit budgétaire et à équilibrer leur balance des paiements: le but est d 'éviter les dévaluations qui perturbent les échanges, Do miné par les États -Urus, le Fr..l1 n'octroie de crédits, passé un certain stade, qu'aux pays dont la politique éc onomiq ue s'accorde avec les directives de Washin gton. Il en va de même des aides , à plus long terme , consenties par la Banque internationale pour la reconstruction el le d éveloppement (DIRD), ou Banque mondiale, Signé en 1947, le Gelleral Agreement 0/1 Tariffs ami Trace (GATT) a pour but de libéra liser le commerce international en réduisant les barri ères et en harmonisant les politiques douanières, To ut cela confirme la volonté des États -Unis d'affirmer unilatéralement leur suprématie sur le nou vel ordre mondial. Ces organismes cependant IIC s'inscrivent guère dans la perspective de la guerre froide, Il ne sont pas tant dirigés contre l' URSS, qui n'y participe pa" que contre les concurrents potentiels de la puissance économique américaine: la Grande -Bretagne, et à un moindre degré, la France , qui pourraient avoir la tentation, comme dans les années 1930, de sc replier sur leur empire colonial el leur zone monétaire,
4, Ll" init hlt hl" sm Ui itlUl', U.\' ohjeclVl' de Statine Il est très délicat d'apprécier les objectifs réels de l' URSS en 1945, notamment à l'égard des pays d'Europe de l'E-t, La poli tique extérieure soviétique pr ésente en effet des caract éristiques qui ne facilitent [Xls sa compréhension, En premier lieu, une multitude d 'organismes traitent des Affaires étrangères: le ministère, le Comité central. le Politburo, l'armée, les services 20
secrets et, bien sûr, coiffant le tout, Staline, qui prend les déci sions importantes. Que Staline décide seul donne par ailleurs à la politique étrangère de l' URSS UII caractère imprévisible, souvent désordon lié, reflet des hésitations et de la prudence extrême du dic tateur. Il est par ex emple très difficile de connaître ses intentions à l'égard de l'Allemagne, faute de documents exprimant sans fard ses pensées. Au vu des d éclarerions el surtout de, réalisations. la politique allemande de l' URSS. entre 1945 et 1952, semble osciller entre trots solutions: - une Allemagne unifiée , neutre et démilitarisée. C'est avec quelques nuances la position officielle de l' URSS jusque dans la note du JO mars 1952 adress ée aux Occidentaux. Pour certains. ce discours relève de la propagande pure ; pour d' autres, Staline était effectivement prêt , lorsque, après 1947, la volonté des alliés de constituer un État ouest-allemand dcve nait manifeste, à faire des concessions pour préserver l'unité du pays (modérer ses prétentions en matière de réparations , réau toriser le SpD en zone orientale, etc.) ; - une Allemagne unifiée sous contrôle communiste. De plus en plus d'historiens , au vu des archives désormais acces sibles, considèrent qu'il s'agil là de J'objectif profond, à terme, de la politique sovi étique, au moins jusqu'en 1952 (donc audelà de la création de la RDA). Le projet nécessitait toutefois l'accord des populations ouest-allemandes. D'o ù les assurances renouvelées par Staline sur le caractère .. d émocreiiquc » de la future Allemagne neutralisée ; - la trnnstormanon de la zone orientale en Él;~ .. soviétisé ", solution qui a les faveur, de, communistes est-allemands , mais non celles de Staline (comme le prouve le pillage auquel l' URSS se livre dès 1945 dans la région , irxcmpeiible avec la constitution d'un Élal économiquement viable). Le blocus de Be rlin, en 1948, serait une ultime tentative pour éviter la division de l'Allemagne. Staline ne , 'est vraisembla blement résolu à la cr éation de la RDA , en 1949, que devant l'échec de ses projets ant érieurs, et encore sans perdre tout espoir de revenir sur la partition. Ne pouvant connaître avec certitude le, objectifs de Staline, l'historien en est réduit aux hypoth èses et Ile peut s'appuyer que sur l'examen des réalisations. Celles-ci manquant singulièrement de cohérence, on peut en conclure que Staline n'avait pas de politique allemande prédéfinie, agisxait sur le cour!
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terme el de façon essentiellement réactive [56] ; ou que ses projets initiaux , bien réels , se sont heurtés à des obstacles imprévus, et que l' URSS , en l'occurrence, a dû composer avec les réactions des alliés et de la population ouest-allemande [61] . Enfin. il est toujours difficile de démêler ce qui relève de lidéclogie el de la reulpolitlk; quand Staline agit en leader révolutionnaire et quand il agit en chef d·État. L' enj eu est capital: soit l'idéologie inspire une politique extérieure expansionniste, soit les préoccupations de sécurité lui donnent un caractère avant tout défensif. Dans le premier cas (interprétation imemkmnalistej, l' URSS est largement responsable de la guerre froide , dans le second (interprétation fonctionnaliste), c'est l'enchaînement des fait, et des r éactions qui est à l'urigine de la crise. Il y a encore quelques années, on privilégiait la seconde hypoth èse en estimant que le discours révolution naire venait après coup légitimer l'action soviétique, mais ne la déterminait pas. Staline agissait d'abord en chef d'État sou cieux de la sécurité de ses frontières. De fait , il semble improbable, au vu des destructions subies par l' URSS ct de l'état général du pays , qu"il ait envisagé dès 1945 l'éventualité d'un nouveau conflit, avec les Étals -Unis celte fois. L ' ex a me n des archives récemment accessibles corrige ccpcndent cene vision. Les historiens Zubok et Pleshakov montrent un Staline certes inquiet de la sécurité de son pays, mais aussi prudemment expansionniste. Id éo lo gie el realpoliûk: ne s 'opposent pas forcément. Staline a très bien pu maintenir deux fers au feu: un programme minimal correspondant aux soucis d'un État traditionnel (le glacis protecteur), et un programme maximal renvoyant aux objectifs de l'expansion révolution naire. C'est ce que Zubok et Pleshakov appellent le paradigme révolutionnaire-impérial. qui , au -del à de l'après-guerre, expliquerait l'ensemble de la politique étrangère soviétique. Dans cette hypothèse. Staline supponcrait donc par son double jeu la part la plus lourde des responsabilités dans les origines de la guerre froide [61]. En fait, il est clair que Staline, quelles que soient ses inten tions profondes, a dès 1945 des vues sur l'Europe de l'Est, mais aussi le Moyen -Orient. Tour sc passe comme s'il poussait ses pions avec beaucoup de prudence. de pragmatisme ct de sens tactique , et testait les réactions des Occidentaux en jouant sur tous les tableaux , en faisant marche arrière si nocessaire. Il évite en revanche la confrontation en Extr ême-Orient, 22
il cherche il maintenir la coopération avec les Américains, comme en Europe occidentale : il invite le Parti communiste français dès novembre 1944 à meure un terme à ses projets Insurrecüonnets. à collaborer avec les gouvernements issus de la Résista nce et il participer à la reconstruction du [Xlys. (JÙ
L'a pl/m imi du commullüme en Europe de rE.I'/ La carte de l'Europe en 1947 rend bien compte des avancées territoriales de r URSS. Outre le retour aux frontières de 1940, accepté à la conférence de T éh éran, r URSS annexe en juin 1945 la R uth én ie subcarpatique (partie orientale de la Slovaquie) , à la suite d'un accord signé avec le gouvernement de la Tc héco slo vaq uie reconstituée. Elle obtient ainsi une frontière commune avec la Hongrie. Le traité signé en 1947 avec la Finlande lui donne la base arctique de Petsamo el une frontière avec la Norvèg e. Ajoutons le nord de la Pru sse orientale, et notamment Ka linin grad , l'ancienne Kônigsb e rg , où elle s'empresse d'Installer le quartier g én éral de ses bases navales sur la Baltiq ue. La présence de l'Armée rouge, très lente à évacuer, est un incontestable atout pour imposer des régimes communistes en Europe orientale. " Ce lle guerre, explique Staline au Yougoslave Djilax. ne ressemble pas à celles du passé; quiconque occupe un territoire impo-e son propre système social. Tour le monde impose son système aussi loin que son armée peut avancer. Il ne saurait en être autrement [64]. " Les élections libres promises à Yalta nonr pas lieu , sauf en Hongrie en 1945 el en Tchécoslo vaquie en 1946, où les communistes obtiennent respectivement 15 q . et 38 % des voix. Cela ne fait pas reculer Staline. Dans ces pays comme ailleurs , le processus est à peu près le même: mise en place par les autorités militaires d'un gouvernement de coalition (JÙ les communistes d 'éliennent les postes clés comme l'I ntérieur et la J ustice ; contrôle de la police ; noyautage des partis adverses , discrédités et qualifiés par ailleurs de réactionnaires et fascistes ; élections truquées consacrant le tri omphe communiste ; éliminalion définitive, et parfois physique, des opposants [65]. Ainsi. même si les communistes ne monopolisent le pouvoir qu 'en 1947 en Po lo gne, voire en 1948 en Tc héc o slo vaq uie u 1949 en Ho ngrie, cl si la soviétisation, notamment des structures éœnonuques , ne commence pas dans l"immédial, ils contrôlent dès
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1945 les rouages essentiels qui leur permettront ensuite d'arriver au pouvoir. M èmc en Tc héc oslovaquie. qui incarne le plus 1'« esprit de Yalta » el où le gouvernement. dominé par les non-communistes et dirigé par l'ancien président Bcn ès, est mis en avant par Staline puur montrer sa bonne volont é, le pro gramme de Kos tc e signé le 27 mars 1945 avec l' URSS prévoit l'ulignerrent du pays sur la politique ext érieure soviétique, une réforme agraire el des nationalisations, L a Yougoslavie est une excepüon. C'est le seul pays d'Europe orientale à n'avoir pas eu besoin de l'Armée rouge pour se libérer. La lulle pour le pouvoir a directementlieu entre les Jeux formations issues Je la r ésistance. les c/remib du colonel serbe Mih ailovitch. favorables à la restauration monarchique. el les partisans du leader communiste T ito. L' ha bileté de 1:1' dernier, favoris ée par l' atuude parfois suspecte de Miha ilovitch, lui vaut Jès 1944lc soutien des alliés, Tite peul alors éliminer ses adversaires, s'installer au pouvoir et organiser des élections, en novembre 1945, où ses candidats, sur liste unique, raflent 90 'i'< des voix, Id éologiq ue m cnt , la Yougoslavie communiste est alors tr ès proche Je l' URSS , mais , el ceci la différencie des autres " d émocraties populaires " , elle échappe largement au contrôle Je Mo scou, U .I crises de J946
L 'a nnée 1946 n'l'si pas encore celle de la guerre froide [75]. C'est toutefois celle uù les ambiguïtés des uns et des autres se révèlent telles que, sur des sujds de premier plan (l 'Allemagne, la bombe atomique), tout accord semble impossible, C'est aussi l'heure des premiers affrontements sur le terrain , en Greee el en Iran . Les armées britannique el soviétique occupent l'I ran depuis 1941. En 1945, l' URSS ercourese au nord du pays la proclamatton d'une république communiste d'Azerbaïdjan , puis refuse d'évacuer ses troupes. Le gouvernement iranien soumet en janvier 1946 la question au Core.eü de sécurité Je l'O NU, qui avoue son impuissance el consid ère qu 'il s'agit là J'une affaire intérieure, L ' a rm é e iranienne, soutenue par les Etats -urus el la Grande-Bretagne, vient finalement à bout de la sécession quelques mois plus lard, L'épisode montre, outre l'Incompétence Je l'O NU, la prudence Je Staline qui fait
marche arrière devant le risque d'un conflit. L 'I ra n ne présente pas Je même intérêt stratégique immédiat que l'Europe de l'Est, Autre crise, plus longue et plus complexe, celle de Grèce, Les monarchistes soutenus par la Grande -Bretagne remportent en mars 1946 des élections auxquelles les partis républicains s'étaient abstenus de participer. Le rctour du roi Georges II, en septembre. rompt la trêve que l' URSS avait imposée l'année précédente à la guérilla communiste, Avec l'aide militaire de la Yougoslavie, la résistance se regroupe dans les montagnes, Le gouvernement d'Athènes fait appel à l'O NU , qui en mai 1947 rend deux rapports aux conclusions opposées, chacun en faveur d'un camp, La guerre civile, extrêmement violente, se prolonge jusqu'en 1949, Sur d'autres sujets, plus diplomatiques , l'échec est tout aussi patent, L' ONU tente de contrôler la fabrication et l'usage de l'arme nucléaire en créant une Commission de l'énergie atomique, Là encore, deux plans voient le jour, l'un américain (le plan Baruch ), l'autre soviétique (le plan Gromyko), qui prévoit la destruction des stocks et la divulgation du SKTet ato mique aux Nations unies. La commission est ajournée sine die en 1948, Sur le dossier allemand, les discussions restent au point mon, L'URSS voudrait une Allemagne unifiée, mais exige des réparations, La France rêve d'une confédération allemande, réclame le contrôle de la S,UTe et J'internationalisation de la Ruhr. Le s Étais-Unis et la Grande -Bretagne veulent un État plus centralisé et rejcueru le principe des réparations. L ' accord est impossible. La paralysie des structures quadripartites pousse chacun à se replier sur sa zone, Dans le secteur soviétique, le parti communiste absorbe en avril 1946 le parti socialiste, Américains et Britann iq ue s fusionnent leurs zones en janvier 1947 (la bizolle), La partition semble inévitable, Ces différentes crises, militaires et diplomatiques , posent déjà certaines caractéristiques de la période à venir: impuissance avérée des organisations intcmutionales. échec des ïenta üves négociées, En méme temps, les cunflits restent limités et les protagonistes ont le SOULl d'éviter un affrontement général, Le nouvel ordre mondial censé survivre à la grande alliance a déjà fait faillite.
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!JI peraplioll angio-cm ércoine d'wi "'mger uniétique Il est important Je savoir si Staline avait ou lion l'Intention d'exporter le communisme au-delà du glacis protecteur, si sa politique était offensive ou défensive, inspirée per l'idéologie ou la g éopolitique : il J'esl encore plus , pour comprendre la suite des événements. Je savoir comment les Am éricain s en 1946 inte rpr ètent ses initiatives. J usq u ' a u début de 1946 et téchec de la conférence de Mo sc o u, T ru ma n a sinc èrement pensé trouver un lerrain d'entente. se plaçant plus qu'on ne J'a dit Jans la continuité Je la politique roosevetüenne. Un premier revirement a lieu lorsque, mécontent de ne pas être suffisamment informé d es négociations de Moscou . il écrit à Byrnes qu'il " en a assez de pouponrer (bahying) les Soviétiques » . Mais Je tou rnant décisif date du 22 février 1946 : George Ker ma n. un diplomate en poste à Mo -cou . envoie au d épartement d'État un « kng téléêramme > de 8 (XX) mots proposant une analyse neuve de la politique sovi étique. Il est persuad é Je la naure expure-ionniste du curnmunisrne cl ne croit pas à la bonne volont é Je Staline. C'est l'Idéologie. pen se -t-il. tout autant que le besoin Je sécurit é qui mènent son acüon. Il est donc inutile de chercher un compromis. Les États -Unis peuvent ct doivent réagir avec fermeté : au conlraire d'Hlu er, Staline esttrop prudent pour risquer l'épreuve Je force ; il taur désormais endiguer le cornmu nisme partout où il tente de s'Imposer. Le contuinmeut ainsi défini a deux visages: il s'oppose directement au communisme là où il cherche à progresser ; il admet sa présence là où il est déj à en place. C'est reconnaître l'existence d'une zone d'Infl uence soviétique et notamment la « perte » de l'Europe Je l'Est. Et, implicitemem. c'est p ousser les A méricain s à constituer teur zone dinflucnce. La fronti ère id éologique passe au cœur Je J' Europe cl doit se slahiliser [16 L1 77]. Celle analyse rencontrait les préoccupations Je Truman et venait théoriser les craintes de nombreux responsables . dont celles d u sous-secrétaire d ' État, Dea n Achcson. Ell e eut un gros succ ès. L e discours Je Churchill à Fulton. Jans le M isso uri, le 5 mars, lui fa it déj à écho. Un -c rtdea u Je fer ", dit l'ancien Prem ier Min istre, s'est abattu Je Stettin à Trie ste, de la Ba ltiqu e à la M éd ite rra n ée, isolant l' Europe de l' Est du resle du monde. Ces paroles ont un grand rerenussemeru, d'autant qu'elles sont prononcées en pr ésence d 'un T ruman
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appr obere ur. Le rem plac em ent en janvier 194 7 d e By m es, qui incarnait le mainti en d'une c e rtain e forme d e dial o gue avec Mosc ou . par le général Marshall, ancien c hef d' état-major de l'armée américaine , rép uté pour sa loyauté et pour sa ferm eté, parach ève le revirement, En moins de deux ans, entre l' URSS et les Etats -Unis, la con fia nce a fait plac e à la m éfiance , pui s à la défia nce [9 et 74].
5. 1'147,
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UI doc/ rifle Truman Le 12 mars 1947 e st u ne date fondam ental e dans l'histoire a m éricaine. Ce jour-là, tirant les premières conséq uenc es du l'Il1llu iT/lI"'fl l, Truman prono nce d evant le Con grès un discours qui jette les bases de la lIOU Vel le doctrine , " Le moment était ven u, éc rit-il dans ses mémoires , de ran ger délibérém ent les États -Uni s dan s le cam p et e n tête du mond e libre [28], » L' objectif immédiat e st d ' obtenir le vote d 'une a id e économiqu e et militaire d e 400 million s d e dolla rs pour a ppuyer la Grèce et la T urquie dans leur lutt e centre l' opposition c omm uniste, Depuis le 24 fé vri er, en effet, la Grunde-Brerag œ retir e ses troupe s de Greee, C'est maintenant la tâche de s Etats-Un is de contrôler la M éditerran ée or ienta le et le s Détr oits. Le ton du discours est volontaireme nt agre ssif: il faut dra matiser pour con vainc re les sénat eurs isolati onnistes, « Ce dis cou rs était la réponse de l' Amériqu e à la vag ue d 'expansion de la tyrannie co mm uniste, et je le vo ulais sans am bages, » Pe u import e qu e le so ut ien aux partisans grecs v ien ne plu s de You gosla vi e qu e d ' UR S S ; p eu im port e q ue le s régim e s secou rus ne soi ent pas d es mod èl e s d e d émoc rat ie. Ce qui compte désormais, ccsr d ' é viter qu e ne tomb e dans la zo ne 28
d'influence soviétique le dernier maillon des Ba lkans. Il n'y a plus place pour la nuance; " c ha q u e nation se trouvait désormais en face d'un choix à faire entre deux modes de vie opposés » . L'engagement est lourd de conséquences. Les Américains tournent définitivement le dos à lisolationnisme, I..Kl.Jr1; intérêts économiques sont tels que , dans un monde de plus en plus global. ils ne peuvent se permettre de rester à l' écart des affaires mondiales. Le risque serait. cumme en 1917 et 1941. d'être plongés contre leur gré dans un nouveau conflit. La réso lution Yandenberg votée le II juin 1948, qui leur permet de contracter des alliances militaires en temps de paix el hors du continent américain. consacre ce changement total de philosophie. L ' interventio n dans les affaires grecques souligne aussi les limites de la puissance britannique, qui n'a plus les moyens financiers d 'assumer une politique impériale héritée du XlJ( siècle. Retrait de Grèce mais aussi. toujours en 1947, de Pa lest ine et d'Inde. Da ns tous les cas, la Grande- Bretagne évacue ses troupes en catastrophe, laissant derrière elle une situation explosive. C'est encore la même année qu' échoue la tentative de restaurer la convertibilité-or de la livre, après un mois d'essai. Le dollar demeure l'unique monnaie d'échange internationale. LI Grande -Bretagne. comme la France, doit se faire une raison: il n'y a bien que deux superpuissances. li' plan Manhall
Quand. le 5 juin 1947, George Marsh a ll vient à l'université d' Harvard pour présider la remise des diplômes. les étudiants attendent une déclaration de circonstance. En fait , c'est le jour choisi par Je nouveau chef de la diplomatie américaine pour annoncer Je lancement d'un ve-re plan d'aide à la reconstruc tion économique des pays d'Europe. Il insiste sur les de-arue tions matérielles , la dépréciation des monnaies , les déficits budgétaires, et surtout , la pénurie de dollar (Jolla r gap) qui rend la c'!Pacité de paiement de ces pays très inférieure il leurs besoins. A l'inverse, l'abondante production agricole et indus trielle américaine manque de débouchés et. faute de clients. risque d'encombrer les circuits commerciaux. R établir un certain équilibre de part et d'autre de l' Atlantique est une urgence. C'est tour Je système de Bretton WO\xJs qui est enjeu. 29
Ma rshall ajoute un argument: les difficultés économiques que connaît J' Europe, la misère sociale qui en découle sont d'excellents tremplins pour la propagande communiste, JJ va jusqu 'à dénoncer, sam; lc s nommer, les pays et partis qui « cher chent à perpétuer la mi-ère humaine pour en tirer profit sur le plan politique » . On retrouve l'idée selon laquelle seule la prospérité et le libéralisme économique garantissent les libertés politiques, Le plan s 'inscrit parfaitement dans le comainmrnt, C'est le complément économique de la doctrine Truma n, À objectifs nouveaux , moyens nouveaux, Dep uis juillet 1945, plus de JO milliards de dollars ont été avancés à J' Europe occidentale , sous forme le plus souvent de prêts bikuéruu x, âprement négociés, d'aides ponctuelles et parfois conditionnelles, Ces crédits vite épuisé s ne permettent pas d'enclencher des plans de reconstruction à long terme, L ' a id e Ma rs ha ll rompt avec ces précédents et crée un choc psychologique: elle sera c onsid éruble, multilatérale , pluriannuelle et à 90 % Ulmposée de dons, Le montant n'est pas précisé: les Euro péens eux -mêmes se réuniront pour définir leurs besoins et répartir les sommes, U n autre point s'avère plus d élicat : J'offre, affirme Marshall, s'adresse à tous les pays d'Europe, " Noire politique n'est dirigée contre aucun pays , aucune doc trine, mais contre la famine, la pauvreté, le désespoir et le chaos, ,. En théorie , l' URSS n'est pas exclue, mais la phrase suivante affiche clairement les internions américaines: " So n but doit être la renaissance d'une économie active dans le monde , afin que soient créées les conditions politiques et sociales où de libres institutions puissent exister. » Au fond, le plan Ma rsha ll est un pari, Si l' URSS l'accepte, les sommes à fournir seront telles que toute l'entreprise avortera immédiatement. On espère donc que Mosc ou refusera d'entrer dans un jeu contrôlé par les États-Unis, de leur être redevable et de fournir des statistiques sur l'état de son économie, L ' artifi ce permet à Washington de rejeter sur l' URSS les responsabilit és de la rupture, JJ ne semble pas , par ailleurs , qu'il y ait eu des pressions américaines directement liées à l'ubtcnt km de l'aide pour qu'en France et en Ita lie les ministres communistes de ces pays soient en mai 1947 évincés des gouverrumems , même si évidemmem cela rejoignait le souhait maintes fois exprimé par Wa shingto n, Leur départ , quelque temps avant J'annonce du plan Marshall, ]()
s'explique surtout par d es friction s int éri eures, notamm ent en Franc e par une situation sociale tendu e, par Je refus du PCF de voter les c rédits militaires pour J'I ndochine, et plus gé néralement par l' échec , devant le , rés istances de la classe politique et du corp s é lectora l. de l'Instauration d 'une « démocratie nou ve lle et populaire " qu e les co mmuniste s, depuis l' ét é 1945 , tentai ent de neure e n pla:e [62], Du 26 j uin au 2 juillet, les ministres des Affaires é trangères fran çais an glais et soviétiqu e, Bida ult, Bev in et Mo loto v, se rencontrent à Pa ris pour étudier la réponse à l' offre a méricai ne. La Grand e-Breta gn e et la Fra rce se montrent favo rables , L'URSS, très embarrassée, finit par refus er le principe d'une aid e commune aux États europée ns, Dans les j ours qui suivent, elle impose il la Tchéco slo va q uie et la Pologne, plutôt int éress ées, d' en faire a uta nt. Le calc ul a m éricain s'est avé ré juste : ce n' est pas le plan Ma rshall qui cocpe l'Euro pe en deux mai s Je refu s soviétique , Dès lors, c ha que pa ys c hoi sit son ca mp : accepter l' offre, c'es t faire un c hoix politiqu e et entre r de plain-pied dans un système économiq ue libéral con trô lé par Washington. La Finland e, qui ve ut rester il l'éca rt d es con flits internationaux et qui a su habilem ent éc happe r a u com munisme en multipl iant les sig nes d e b onne volon té enve rs Mosc ou. repouss e l'a vance. Au total. le , deux principaux objectifs du plan sont rempli" Il procure de nou v eaux d ébou ch és a u x produits a m éricains (70 <)(. d e l' aid e retra vers ent l'Atlantique so us forme d'achats de marchandises, surtout des mat ières premières), et perme t de relancer la reconstruction europée nne, Sur le plan politiqu e est n éée I'Organisaüon e uropéenne de coopéra tion économ iq ue (OECEj qui réunit les seize pays b énéfici aire s, Ce premi er orga nisme euro péen rass emblant les tenant s d u libéralism e est l'é bauc he d'un bloc oc cide ntal face à l'Eu rope communiste , Il perm et au<;si aux Am éricains. malgré le , rétice nces française" de réintégrer l'Allemagn e de l'Ou est dan s le co ncert e uropéen, la future RFA faisant partie de l'O ECE, Enfi n, les Etat s-Uni s ont un droit d e regard sur lutilisation d e l' argent o btenu après la vente des marchandis es livrées , Cesr l'Economie Cooperation Admini stration (ECA ) dirigée de Wa shington par Pa ul Iio ffman qui se charge de ce contrôle. Le s Europé ens évaluent leurs besoins à 22 milliards de dollars , Le Con grès vo te un e a ide d e 17 milliards , De 1948 il 195 1, les membres de l'OECE reçoivent finalement l' équi val ent de 11 ,8 milliards . La somme 31
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Le KOIIIÎnJàrlll Face a u bloc occ identa l nou veau -né, l' URSS orga nise son ca mp et consolide le, lien, q ui l' unissa ient d éjà a ux régim es co mm un iste s d'Eu rop e orie n ta le. S ta line réunit du 22 au 27 septem bre à Szklarska Poreba. e n Po logne. le s dirig eants yo ug os laves , roum ain s, hongrois. bul g are s, tchèqu e s e t polonai s. Se joignent éga leme nt d es d él égués d es importants I?arti~ français (Duclos et Faj on ) ct ital ien (Lo ngo el Reale ). A ri~ ~ ue de la réuni on est créé le Kominform, officiellement sim p le bureau d'In formations en fait vérita ble organe de coordination politique du com m unisme en Europe P O]. Deux discours marquant s révèlent publiquem ent la nouv elle straté gie soviétique. Le premier est d'Andrei Jdano v. Propuls é depuis (l'L"U id éologue en c hef du régime, il s 'est fait connaître 32
l'année précédente en condamnant la modernité artistique et cullurelle [55]. Avec une grande violence verbale, Jdanov martèle la même idée manich éenne. Le monde , après le " nouveau murs expansknntsie » JTis par Washington, se divise en deux: le camp impérialiste, réactionnaire ct antidémocratique (les États -Unis et leurs .. partenaires capitalistes "J ; le camp anti impérialiste, antifasciste el populaire (J'URSS el les .. pays de la nouvelle d émocratie ») . L ' « agression » américaine est économique, politique, militaire et id éologique. " Le s politiciens impérialistes les plus enragés et déséquilibr és ont commerc é. apr ès Churchill, à dresser des plarr; en vue d'org.etixer le plus rapidement possible une guerre pr éventive contre J' URSS , fai sant ouvertement appel à l'utilisation contre les hommes soviétiques du monopole américain temporaire de l'arme atomique. " Ma ts, .. sur le chemin de leurs aspirations à la domination mondiale, les Élals -Unis sc heurtent à J'URSS avec son influence internationale croissante, comme au bastion de la politique anti-impérialisre et antifasciste, aux pays de la nou velle d émocratie qui ont éc ha ppé au contrôle de l'impérialisme anglo-arréticain. aux ouvriers de lous les pays, y compris les ouvriers de l'Amérique même, qui ne veulent pas de nouvelle guerre de domination au profit de leurs propres oppresseurs- » L e second discours , celui du délégué yougoslave Djilas, recadre la politique des partis uccidemeux. JI stigmatise l'attilude des communistes français el ilaliens qui , dans un premier temps, avaient accueilli l'aide Ma rsha ll avec une certaine faveur. Accus és d'opportunisme, de .. déviation parlementaire " (XJUr avoir participé aux gouvernements républicains jusqu'en mai 1947, coupables de n'avoir pas perçu la nouvelle donne internationale, ils sont invités à changer immédiatement de stratégie et à refuser tout compromis avec les socialistes. Le message, un peu rude, est hien compris: dès l'automne 1947, le PCF adople une autudc d'extrême intransigeance el lance une vague de grèves pour bloquer J'applicalion du plan Marshall. La division du monde en deux blocs est une évidence qui s 'impose à l'échelle mondiale, européenne et désormais natio nale. Les deux. grands peuvent compter leurs alliés tout dévoués cl leurs ennemis jurés. Élals, partis , orgarusanœis politiques ou syndicales, chacun doit faire un choix. JI n 'y a plus place pour la conciliation. la diplomatie et les positions médianes.
Il 1 Guerre froide et coexistence pacifiqu e (1 9 ~ 8 - 1 9 62 )
U Hocus dt' Ilt'rlin La qu e stion all emande évo lue de faç on déci si ve dan s le s a nnée s 1941\ - 1949 . Au cœ ur du proce ssu s- l' épi sod e d u blocu s d e Berlin s' impose co mme la pre mière v érita ble crise de la gue rre froide . Rien d'é tonnan t à cel a; la shusrion de Berlin, au cœur de la zo ne soviétiqu e. donn e à la v ille un poids straté g iq ue et politique pri vilégié. Son statut re flè te en miniature celui de l'All ema gn e : elle est d ivisée en qu atre secte urs, ad ministrée par les q uatre co mma nda nts d es a rmées d' occu pa/ion, qu i p ren nen t leurs d écisions à lunani mité. Avec la g uer re froide, tou tle système est paraly sé [90]. L ' échec co mp let de la co n férence de Londre s, dit e « de la derni ère c hance », en déce mbre 194 7, co nfo rte les Am éricain s dan s leur conv iction, en fait éta blie depuis l' été, qu 'o n ne peut trouve r de solution commune au problème all emand. Touj ours à Lon d res. en février puis en av ril 1941\, le s troi s Occid entaux se ré un issent pour l<;i premièr e fuis sans le s So viétique s. ll ~ décide nt de c réer un Etat o uest-allema nd et discutent de~ moda lités. Le retrait soviétiq ue d es o rgan ismes q uadripa rtites acc éfèr e le p roc e ssu s - Le 1" j ui n, les " rec ornmandanons d e Londre s » prévoient la fusion de s troi s zo nes occidentales. la créat io n d 'un État fédéral a llema nd et la co nvocatio n d 'une a sse mb l ée co nstitua nte pour se pte mb re. La Fra nce , qu i a urait sou haité un e All ema gn e confé dé rée, a ligne sa politiqu e s ur celle de ses all iés . L' annonc e le 18 j uin de l'inl roduct ion d'une
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nou vell e monnai e dans les zo nes occ ide ntales (y co mpris les secteurs de Berlin) décide Staline à contre-attaquer. L' offensive porte muurellemcnt sur Je point advers e Je plus vuln ér able. Ce sera Berlin. Le 24 j uin 1948, l' URSS ferm e tou s le s accès aux secte urs am éricain, britannique ct frança is d e la ville. L 'uniq ue ce ntrale élec trique de l'e x-cnpitale, situ ée en zo ne so viériqu e , ce s se d'alimenter en cou rant les quarti ers oues t. T ruman est embar ras s é : il refuse d 'utiliser le s chars pour forcer le passage. Il c hoisit, en attenda nt une solution diplomatique , d e ra vitailler la ville par les a irs. Un " po nt a érien » permet a insi a ux Berlinois , au prix de sacrifices quoddicns. de tenir presque un an. Au total, 275 000 av ions achemin ent 2, 5 million s de tonne s de marchandises. Une centrale élect riq ue am enée CIl pièce s déta c hées et mont ée sur place permet d' affronter l'hi ver. L ' enj eu peul justifier de telle s mesures : l' ohject if so vi étiqu e e st de su pprimer J'encla ve occiden tale de Berlin, mais aus si d' empêcher la créa t io n d 'un État o ues t- a lle man d e t. au -delà, de faire éc ho ue r la reconstru ction d'un e Europ e oc ci de nta le so us influ enc e a mé rica ine (l'All ema gn e de l'Ou est est membre de J'OECE). Dès l'hiver. Stalin e sa il qu'il a perdu la partie. Il ne réussit qu' à mobilis er co nt re lui le ca mp occide nta l. Il atte nd qu and même le 12 mai 19 49 po ur le ver le blocus el r établir les c om m u nic ati ons . L e s adminixtra tions quadr-ipartite s, e n re van ch e , ne so nt plu s co nvoq uées. Be rlin est d é sormai s divisée en deux secte urs et deux municipalités rivale s.
• U.V' enseignements de la rrfre. - L ' échec de Staline est patent, un éc hec surto ut tactiqu e. S(JIl projet d 'une Allemagn e c om m uniste uni fiée se bri se co ntre la résistance d es Berlino is el la détermination des Occidentau x. Sans doute le moment était-il mal c hoisi : le blocus aurait été plus efficace s'il avait co mmencé en hiver. L'Ironie e st qu e la cri se provoqu ée par Stalin e renforce le ca mp oc l'ad versaire et accé lère la c réatio n d e la R FA . M ême la Fra nc e , dom ce rta ins responsable s o nt rechi gn é pour voler au secours de J'anci enne c apitule du Reich et qui n'a pas directement participé au JXJIlt aérien, finit. dans l'urgence du mom ent. par se ranger du cô té amér icain [43]. Son nouv eau ministre d es Affaires ét rangè res, Rob ert Sc huma n, incarne désormais une politique allemande qu i sï nslTil dans Je c adre atlantiqu e el europée n.
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Le blocus, enfin, est l'occasion [Xlllr chacun des d eux grands de tester les réactions de l' autre et de définir, de façon très empirique, gueJques -unes des règles essentielles de la guerre froide. Les Etats -Unis comme l' URSS apprennent à ne pas aller trop loin , il ne pas franchir le point de non -retour: Truma n refuse d ' envo yer les chars : Staline laisse les avions -cargos américains et britan nique s atterrir à T empelhof. L' e sc ala de reste maîtrisée,
lkux Allemagne La crise de Berlin est la toile d e fond qui eccvmpegne 11 sert d 'accélérateur à la naiss ance des deux Allemagne et du pacte atlantique, et aux débuts de la const ruction européenne, Tous ces événements étroitement imbriqués ne se comprennent qu 'en relation les uns avec les autres, Le résultat le plus immédiat de l'échec soviétique est de précipiter la création de la R ép ubliq ue fédérale d 'Allemagne (RFA) [33] , C'est chose faite le 8 mai 1949 avec l'adoption de la loifo/l{llUrlen/a/e du nouvel État. fusion des trois zones occidentales, La souveraineté de la RFA reste encore limitée, sa politique extérieure dépendant par exemple d 'une haute commission interalliée, La loi fondamentale se donne po ur objectif le retour à l'unité ; le refus d 'employer le terme trop d éfinitif de constitution souligne l'aspect prov iso ire du texte. Le 15 septembre . l'ancien maire de Cologne , Ko n ra d Aden auer, leader du parti d émocrate-chrétien (C OU), est de justesse élu chancelier. J usq u' en 1953, il do it compter avec u ne fone op position qui lui reproche 'C s penchants atluntistes (il a dès 1945 joué la ca ne de l' Etat ouest-allemand) et l'accuse de parfois trop bien s'accommoder de la s éparation. Staline ne peut en rester là , La naiss ance de la République d émocratique d' Allemagne (R D A) le 7 octobre, donne à la zone d'occupation soviétique un statut international comparable à celui de la RFA , En fait , Staline envisageait sans doute la création d 'un Ét,rt es t-allemand dès la fin 1947, comme solution de repli au cas où une Allemagne unifiée S(lUS influence soviéti q ue n'a urait pu voir le jour. La constitution de la RDA, comme celle de sa voisine, prévoit à terme l'unité retrouvée du pays, mais celle fois sous la direction d 'un gouvernement communiste,
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Le continent est désormais coupé en d eux. LI fromière passe au c œur de l'Allemagne, el même à Berlin, au cœur d 'une ville. La RFA el la RDA ne se reconnaissent pas l'une l'uutre, ont chacune la prétention de repr ésenter seule l'ensemble des Alle mands et apparaissent comme les vitrines de deux systèmes opposés.
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ü'ulliances
La perception de la s écurit é occidentale, chez les Européens comme chez les Américains, se précise entre 1947 el 1949, à mesure que les événements renforcent les craintes et forgent les convictions. Le traité de Dunkerq ue, conclu par la Fra nce et la Grande-Bretagne le 4 mars 1947, est très révélateur de la façon dont on raisonne encore deux ans après la fin de la guerre. C'est une alliance défensive bilatérale exclusivement dirigée contre l'Allemagne: un traité tourné vers le passé, déjà ollso lète quand il est signé, 11 qui montre il quel point les d eux pays ont peu c onf'iunce dans le syst ème onusien de sécurité collective. Da ns les mois qui suivent, les dirigeants français et plus encore brtrannlqucs comprennent que la menace ne vient plus seulement d 'Allemagne el qu'ils ont besoin de l'aide améri caine pour assurer leur s écurit é. Il f'aut élargir l' allianc e, dépasser le cadre bilatéral. et y indure à terme les États-Unis. Mais, sollicité par l'Anglais Bevin en d éc embre 1947 , Ma rshall répon d qu'Il est trop tôt: les Eu r opée ns doivent d 'abord S crgaruser par eu x-mêmes. L e « c o up de Prag ue » vainc les dernières réticences. La Tc héco s lo vaq u ie était en Europe centrale l'ultime avatar de l'esprit de Ya lta. Le communiste Gottwald d irigeait un êouverncment de coalition. Mais les injonctions soviétiques ordonnant à la T ch éc o sl o v a q ui e de refuser]" aide M ars h a ll pruvoq œntlc m écurncntement d'une grande part ie de la pop ulation. L ' o ppo s it io n se sentant alors renforc ée, les douze ministres non communistes démis skmnem le 20 février 1941\ pour protester contre le noyautage de la Sûreté P,U" Je PC el provoquer des élections anticipées. Gottwald décrète alors l'état de siège, organise des manifestations ouvri ères de masse et fait procéder il de multiples arrestations. Le président Benës doit accepter le 25 février la formation d 'un nouveau gouvernemenl largement dominé P,U" les communistes. à l'exception de 37
Ja n Ma sa ry k, rmmstre d es A ffa ire s étrangères, qui deux semaines plus lard se suicide dans des circonstances myst érieuses. Be n ès lui -même démis sionne Je 7 juin, ap rès des élee tion s où seuls figurent. sur liste unique. des candidats communistes. La réaction occidentale au I:(JUP de force , certes indirecte, s'exprime dans Je traité de Bruxelles, conclu le J7 mars. En un an, depuis le traité de Dunkerque, les mentalité s ont évolué: l'alliance n'est plus celle fois dirigée contre l'Allemagne, mais contre .. toute agression armée » , d 'où qu 'elle vienne (l ' URSS n'est toutefois [Xls désignée). Le pacte est multilatéral et réunit la France , la Grande-Bretagne, les Pays-B as, la Belgique el Je L uxem bo urg . Il est clair que l'apport des nouveaux venus ne modifie guère le potcrulc] défensif de l'ensemble ; le but est su rtout de persuader les Etats-U nis de s'engager à leur tour, dans un cadre destin é il s'élargir. Selon Jean Ch auvel , secr élaire général du Quai d 'Orsay, .. une de nos idées , en signent Je pacte de Bruxe lle s, avait été de constituer en Europe, comme il avait été fait pour l'aide Ma rshall, un syndicat des pa rties prenantes qui pût faciliter l'exercice de l'assistance militaire américaine " .
• L'Alli ance uüanûque . - Le traité de l' Atlantique No rd est signé Je 4 avril 1949 par dOU1.e pays (les Éla ls-Unis, le Canada et dix États européens) après plus d 'un an de négociations étroitement liées il l'évolution de la crise de Berlin. Les Euro péens, contrairement il ce qu'on emit parfois , ont beaucoup insist é pour convaincre Je Congrès américain où les isokuionnistes restaient influents. L ' exte n sion liéographique du pacte aide il vaincre les hésitations: les E ta ts -U n is, s 'ils sont attaqu és. pourront effectivement com pter sur une aide euro péenne cons équente. Comme dans Je traité de B ru xe ll e s, l'ennemi n'est pas désigné, mais tout Je monde pense naturellcment il l' URSS. Le s Européens ont fait des concessions: en cas d 'agression d 'un des signa/aires, l'aide militaire n'est pas atnomatique : l'alliance y perd en intensité. Les structures du p acte de Bruxelles sont ahsœtécs dans la nouvelle organisation ; en prat ique, l'Europe occidentale remet volontairement sa sécurité entre les mains des États-Unis [35 et 36]. Les Américains, à regret , tirent un trait sur leurs projets ini tiaux. Ils reconnaissent indirectement l'jncupacité de l'O NU il garantir la paix mondiale. Un pacte régional (d'autres suivront 38
bientôt) supplée l'organisation internationale défaillante. Les États -Unis doivent, ;w moins pour un temps , troquer leur idéal d'un ordre fondé sur le droit pour en revenir à la conception plus tradit ionnelle et réaliste de l'équilibre des forces.
• Le mmp soviétique, -
P endan t que le bloc occidental s'organise, le monde communiste connaît un premier schisme important. Le 2ll juin 1941l, la Yougoslavie est exclue du Ko minform pour " déviationnisme idéologique " . Les origines de la rupture sont complexes et multiples. Staline n'a jamais réussi à contrôler la Yougoslavie comme les autres démocraties populaires. Sans doute la politique de Belgrade lui parait-elle trop aventureuse , en particulier dans les Ba lka n s, où Tito cherche à constituer une fédération avec l'Albanie, voire la Grèce si les communistes y renversent la monarchie. La forte personnalité de T ito lui fait par ailleurs de l'omble et nuit à la centralisation du mouvement communiste. N ' ayant pas reussi à l'évincer, Staline choisit de couper les ponts. En fait , le schisme lui permet de renforcer J'allégeance des autres pays d'Europe orientale en déclenchant une opération de satellisation et de soviétisation absolues des démocraties populaires. Les équipes dirigeantes , souvent issues des mouvements de résistance , sont dès 1949 systématiquement épurées au profit de staliniens dévoués. Le cas de l'ancien ministre hongrois de l'Intérieur, La sz lo Raj k. exécuté après un simulacre de procès, est exemplaire. L ' acc usation de « titisme » (dé,' iation nationa liste) permet de mener à bien l'entreprise. Cette reprise en main finit de faire de Staline le maitre absolu de J'Europe de J'Est [65]. To uj ours en 1949, est créé Je CO MECO N, ou Conseil d'aide économique mutuelle (CAEM), conçu par Staline comme une réplique au plan Ma rsha ll. Da ns l'immédiat, le COMECO N permet surtout à J' URSS de contrôler étroitement J'économie des pays membres (pologne, Tc héc oslova qu ie, Ro umanie , Hon grie. Bulgarie et à partir de 1950, RD A), et d'y exporter le modèle soviétique de d éveloppement (planification centralisée, monopole du commerce extérieur, de.) [61\]. La rupture entre Staline et T ito sonne par ailleurs le glas des espoirs communistes en Grèce. Belgrade cesse de soutenir les partisans dès que ceux-ci choisissent le camp de Mo scou . La guérilla prend fin en 1949 avec la victoire des monarchistes. Tito ne va cependant pas jusqu'à changer de camp. Les États -Unis , qui font élire la Yougoslavie au Conseil de sécurité
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d e l'O NU et lui fournisse nt une a ide financi ère et mat ériell e, font un mau vais c alcul. T ito rest e comm uniste, Il est mêm e prêt il retrou ver une plac e ar x côtés de J' URSS , il condition qu e ce ne soit pa, so u, sa dépendance.
Les d ébuts d e la cOfl.\/rI/(1Îon européenne La g uerre froide permet à de , proj ets e uropeens depui s king temps p ens és el remani és , qui n' a vai ent jamai s rencontré d e véritable éc ho auprès des déc ideurs politiques, de resurgir en susc itant un int érêt nou veau , Le s États-Uni s so nt les premiers favorable s au renforcement de la coopération e uropéenne ; il, Y vo ient un moy en, face à l' URSS, d e façon ner et d e soud er un bloc co mpact. La RFA co mme l' Itali e en atte ndent, a u lendemain de la guerre - outre une aide écono mique, une sorte de recon na issa nce, vo ire de réde mption, Le , pay s du Ben e lux. qui form ent depuis 1946 une union douanière , sont peut-être le s plu, emhoustaaes el com ptent bi en de cette feçcn joue r un rôle international. La Grand e-Bretagne el la Franc e sont p lus réti ce n tes, La première craint de perdre so n indé pendan ce e n m ême temps qu e ses lien , pri vil é gié , a vec le s États -Uni s ; l'autre se méfie de l'Allema gn e renaissant e, Le s États -Unis souhajtcraicnt donner plus de poids il J'OECE et faire de ce simple organe technique c hargé de la gestion du plan Marshall un véritab le instrum ent d'Intégration de l'éco nomi e eur opéenne. Mais a u sein de lorganisauon , le, riva lités el les d isse ns io n, sont trop forte" La Grand e-Breta gn e refus e de partici per aux différent s proje ts d'un ion douan ière é laborés par la France. l' Itali e el le Benelux , Sur le plan flnan c ier, el le ne parvient pa, à d éfinir avec la Fran ce de politique co nce rtée, En septe mbre 1949 , la livre est déva luée d e 30 '1<, a vec J'acc ord des États - Uni s mais s ans qu e le s partenaires co n ti ne n tau x ai ent é té cons ultés, L ' OE CE souffre d' êtr e l' expression d 'une néce ssité , liée à la di stribution de l'aide amé ricaine, Elle ne relève pa, d'un e initiati ve prrem em européenn e [30). Les débuts de la construc tion euro pée nne se font donc en marge de s projets am éricain s et san, la participation britan niqu e , Le 9 mai 1950, le ministre françai s de s Affaires étran gè res , Rob ert Sc huma n. ava nce l'id é e d ' u ne Communaut é eu ropée n ne du c h a rbon e t d e J'aci er (CECA), -c plaçunt J' ensembl e de la product ion franco -alle mande de c harbo n e t
d'acier sous une Ha ule Autorité commune, dm, une organisation ouverte à la participation des autres pays d' Europe " , Outre la Franc e et la RFA, l'Italie el les trois pays du Benelux adhèrent au projet. Comemons-nœ , de truis remarque, : - au-delà du cadre économiq ue. l'objectif polit ique affirm é est de construire à terme une .. Fédération européenne indis pensable à la préservation de la paix " , La CECA n'est qu 'une première étape; - la Ha ute Autorité qui coiffe l'ensemble est compos ée de pcrscn nelit és indépendante, des gouvernements. Elle prend ses décisions à la majorité, Il s'agit dore d 'un organisme supranation al qui a le pouvoir, le cas éch éant d'imposer ses choix aux pays membres ; - le domaine retenu, le charbo n ct l' acier, n'est pas innecent. L' intégratio n sectorielle progressive est la méthode du v éritable instigateur du projet, J ea n Mon net. Le s raisons du d toix sont claires : la France peut, de façon indirecte, veiller à J'éventuel réar mement de la RFA, à travers le contrôle de la production sidérurgique allemande, L ' ha bilet é de Monnet est de savoir jouer sur les craintes de la classe politique française p ou r créer le, cunditiuns d 'une coopération. La CECA n'est par ailleurs pas dirigée contre la Grande-Bretagne, qui à terme , y a sa place. Monnet comprend seulement qu'en 1950 privilégier l'axe franco-allemand est la tactique la plu, judicieuse pour faire avancer se, idées.
!JI victoire du communisme en Chille
En Chine , la lulle sans merd que sc livrent les nationalistes du Guomindang et les communistes de Mao Zedong reprend dè, 1945 , au lendemain de la défaite japonaise. Dans ce conflit interne, le, États -Unis ct l' URSS interviennent peu, Les Américains soutiennent d'ubord les nationalistes mais jugent vite leurs dirige ants trop corrompus- Ils tentent sans succ ès en 1946 de JOUL"]" les médiateu rs, Après cet échec. même s'ils fournis sent toujours une aide financière et des conseillers militaires, ils prennent Iron; distances et, de toute façon , ne consid èrent pas la Chine comme un enjeu maj eur de la guerre froi de, 41
Staline, lui, concentre également son action sur l' Europe, Même s'il ne faut pas les surestimer, des divergences idéologiques existent entre le communisme Je Mao, qui s' appuie sur les paysans.. el le marxisme -léninisme orthodoxe, Staline, tou jours prudent. attend que la victoire de Mao soit pratiquement assurée pour lui apporter une aide substantielle, Les communistes chinois, qui ont su gagner les campagnes, prennent donc seuls le pouvoir et proclament la Rép ubliq ue populaire Je Chine le 1'"' octobre 1949, Po ur la première fois, un gouverne ment communiste voit le jour hors d ' Europe, Cela s'est fait sans qu'il y ait eu de révolution prolétarienne comme en Russie en 1917 ou d'exportation idéologique comme en E urope Je l'Est , mais à la suite J 'un processus interne , original et complexe, Da ns l'immédiat, le bloc communiste en e-t indéniablement consoli dé, Dès décembre 1949, Mao est à Moscou pour définir avec Staline les formes d 'une coopération sine-soviétique. Un traité J 'alliance et J 'assistance économique est conclu le 14 février 1950; il prévoit une alliance d éfens ive contre le Japon et ses alliés (les États-Unis sont ici visés), ainsi qu'une étroite coopération militaire (envoi J 'experts cl de techniciens soviétiq ues), Le s Jeux hommes en profltcru pour reconnaitre le mouvement indépendantiste el communiste du Vietminh, alors en guerre contre la Franc e, comme le gouvernement légitime du Vietnam, On a longtemps considéré ce traité comme une sorte Je modus vivendi temporaire entre Jeux personnalités rivales, imposé par les circonstances el les iméréts Je chacun [67]. Une autre interprétation y voit plutôt une profonde et véri table alliance idéologique jetant les base s d'une offensive communiste en Asie [14],
• La reaction américaine. - Surestimant les divergences Je doctrine entre Staline et Mao , les Américains misent d'abord sur une évolution « nationaliste " du communisme chinois sus ceptible d'emralner une rupture, à la façon yougoslave, Ils ne soutiennent dans l'Imm édiat ni le Guomi ndang réfugié à Formose (Ta iwan) ni la France en Indoc h ine, En réalité, l'arrivée des communistes à P a in provoque un choc psychologique important, notamment chez les républicains ," isolationnistes " qui accordent plus Je poid s à l'influence américaine Jans le Paci fique qu'en Europe , 42
A utr e fait capita l: le 29 a oü r 1949 , l' URSS fait ex ploser sa première bombe eromique . Le s Élals -Unis n'ont plu s le monopo le du nucl éaire, Ce s événements conjug ués expllquentle durcissement global J e la politique J e Washington (ensuite encore co nforté pa r la gue rre d e Corée ), q ue tra duit l' ad option le 17 av ril 195 0 d u docu me nt dit NSC 61\ [24]. Ce rapport préconise un renforcement considérable e l un d éploiement planétai re de s forces militaire s amé rica ines , pour impre ssi onn er l' URSS, accusée d'œ uvrer à la de struction délibérée du ITIonJe occide nta l, et la pouss er il modifi er sa politique. L'ohj ectlf s'é loig ne du coma inlllenl initial el s'urraque dire c tement à l'inllu eoce soviétique. En un an, J e 1950 à 1951 , les d épens es militaire s s'élèvent J e 15 à 35 milliards J e dollar s. En 195 3, elles représent ent 67 % du bud get fédéral, soit 13 '1< du PN B. C'est éga leme nt le 15 janv ier q ue Truman lance le pro gramm e visant à meure au point la bombe thermonucléaire [bombe Il ), Inconte stab lement , la g uerre fruid e p rend alors un tour nette ment plus dramatique.
UI gue rre de Corée ( / 950- / 953) La guerre d e Corée e st l'un de s sommets de la gue rre froide, À l'issu e d e la Seco nde Gu erre mondial e, la Corée, a ncie nne colonie j apo n aise, est occ upée au sud par les États-Unis , au nord par l' URSS , La co mm iss io n mi xte J e l'ONU c hargée d'unifier le pay s subit le s co nséq uences de la g uerre froid e et se sépa re sans résultats, en oc tobre 194 7, La Corée reste divi sée, Le scénario all emand semble se r épét er : J eux Élals, J eu x go uvemcmcnts : l'un au nord dirigé par Kim Il Sung , comm uniste proch e J e Staline ; l'autre au sud par Syngman Rbée. dictateur install é par Wa shin gton, Les trou pes am éricain es el soviétiqu es évac uent en 1949 e l les Jeu x Corée demeurent face à ne e, J e part el d'eurre d'une ligne de démarcation qu i suit le 38' parallèle. Les orig ines d e l'in vasion de la Corée d u Sud par les trou pes du Nord , le 25 j uin 195 0 , o nt fait I'objer d e nombreux d ébats. Kim Il Sung était pe rs uad é qu e les Élals-Uni s ne r éagirai ent pas plu s qu'ils ne l' a vaient fait en Chine, fi ré ussit durant l' hiver 1949 -1950, à per suader Staline, toujour s hésitant et Mao , plu s co nva incu, q ue l'h eure de l'unifi cation est a rrivée, L 'URSS fou rni l du mat ériel. des muniti ons el des consei llers militaires . Comment exp li que r qu ' en l' occurrenc e St aline ail pu se
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départir de sa prudence babituelle? L' hypot hèse la plus pro b ablc est que, fort de la bombe atomiqu e et de la victoire des communistes en Chine, il ait cherch é à compenser l' échec du blocus de Berlin. La situation étant bloquée en Europe, c ' est naturellement ven; l'Asie que ses regard, se sont tourn és. Ma is la volont é d' équilibrer la présenc e américaine au Ja po n a c ertainement ,wssi j oué. L ' erreur de Staline , com me de Mao el Ki m JI Sung , fut de sous-estimer la capac ité de réaction am érc ainc. Les d éclara tions très malheureuses du secrétaire d ' Etal Dea n Ac beson, qui excl uaien t la Corée du périmètre de sécurité des États-Unis, c onfortaien t d 'ailleurs leurs analyses . Dès le d éclenchement des hosti lité s. Truman profite d 'une autre erre ur de Staline , tactiqu e celte fo is. L'URSS boycottait l'O NU pour protester co ntre le maintien de la Chine nationalist e dans lcrganisaticn ; les Am éricains e n profitent pour faire voter par Je Conseil de sécurité de ux résolutions e xigeant le retrait des troupes nord-coréennes sur le 38" parallèle et m enaçant d'une riposte arm ée. Seize pay s décident de participer à l'action militaire sous la banni ère onu sienne, souvent de faç on symbolique ; 90 % des forces sont en fait am éricaine s, et J'ensembl e est plac é sous le c om man dement du g én ér a l Mac Anhur. La guerre se déroule L'fi quatre pha ses (80) : jusqu' en septembre 1950 , l'arm é e nord -c oréenn e pro gr ess e et occupe la presque trxalité de la péninsule. Le 15 septembre, les soldats de l'ONU débarqu ent à In chon et refoulent l'adv ersaire sur le 38" paralèllc. Le s ÉtaIS-Unis prennent akn s la décision lourd e d e co nséq uence s d e poursuivr e l' offensi ve pour réunifier la Corée, allant ainsi au-delà de la missi on initiale co nfiée par J'O NU. Les troupes de Mac Arthur attei gnent ainsi Je neuve Ya tu. à la fronti ère chinoise. Le s Américains pensent à to n qu e Ma o n 'int ervi en dra pas. La troisi èm e phas e d ébut e avec l'entr ée dans le co nfli t d 'environ 500000 « v o lo nta ires" chinois (en fait J'armée régulière), qui repouss ent les force s de l'ONU, Cl reprennent même Séoul. En fin. une co ntre -attaq ue américain e rétablit la situation sur le 38' parallèle. À partir du print emps 1951 , le front est stationnaire, le co nflit s"e nlise. Des pourparlers s'e ngagent, traînent en longueur, achoppent notamment sur la quest ion de J' éc hange des prisonniers . L'armistice est finalement signé le 27 juillet 195 3 à Panmunj om. La fron tière re ste sur le 38" parallèle ; le stat« quo ante est rétabli. Une gue rre pour rien ?
• Le.1 t'lI.lâgfwmt'fll.1 du ( '( lI lfl il . - Le s leçons de l'épisode sont nc tes et n ombreuses. On voit d'ahord que la guerre froide n'exclut pas les conflits meurtriers (Jeux millions Je morts , civils et s oldats} et classiques. alternant phases Je mouvement ct de position, utilisant un matériel militaire éprouvé durant la Seconde Guerre mondiale. Malg ré toute son ampleur et ses cons équences dramatiques pour les Coréens , J'affrontement demeure toutefois limité. Tro is points caractéristiques du conflit Est-Ouest som à souligner : - la grande pru dence des protagonistes, qui évitent de s'engager directement : J' URSS n'envoie pas Je troupes , la Chine se cache derrière la fiction des « volontaires " et les Étah -Unis disent agir au nom Je l'ONU. Pruden ce encore Je Truma n, qui révoque Mal: Arthur quand ce dernier veut uti liser l 'arme atomique contre la Chine; le conflit ne doit pas dég én érer en guerre mondiale. On éprouve aussi les limites Je la bombe: efficace Jans la dis suavion. elle n 'est J 'aucun secours pour résoudre ce genre Je crise ; - la guerre se d o uble d' u n affrontement idéologique de tous les instants qui d éclenche Jans Je m onde entier un déluge Je propagande. L a rumeur accusant les États -Unis d 'user d'armes bactériologiques en est un bon exemple. Cette dimen sion d evient dès lors inhérente à la guerre froide; - la guerre froide prime désormais sur toute autre cunsid éralion et conditionne J'ensemble des relations Est-Ouest. Pour accentuer leur présence en A sie , les A mér ic a in s signent en 1951 un traité Je paix et d 'alliance avec leur ancien ennemi, le Ja po n ; soutiennent des dictatures à mille lieues de leurs idéaux d émocrutiques, comme en Corée du Sud, à T aiwan ou aux Philippines ; accordent enfin leur aide à la Franc e en Indochine alors que, Jans les conflits coloniaux. leur position était jusque-là celle d 'une ancienne colonie qui encourageait les mouvements d'Indépendance. U .\ consequences dt' /(1 gllt' rrl' dl' Corée en Europe
Les Américains et leurs alliés interprétèrent à tort la guerre de Corée comme une ma nœuvre de diversion : l' URSS aurait cherché à focaliser leur attention sur l'Asie pour préparer une v éritable offensive en Europe. Bien que les situations des deux pays fussent très différentes , on était persuad é que les binemenis Je Corée pouvaient se ré péter en Allemagne. Aussi 45
assiste -t -on dans les années 1950-195 4 à un renforcement impress ionnant du bloc occidental. Offensive idéologique d'ubord, qui trouve son expression et ses excès dans une intense propagande .. atanüste ,. en Europe ct dans une croisade anticommuniste menée aux États-Unis par le sénateur Mac Carthy (voir chapitre v), Offensive militaire ensuite: à la suite du NSC 61\, la bombe Il est expériment ée en 1952, Le s forces américaines se déploient dans le monde entier. Plusieurs traités d'alliance, bilatéraux ou multilatéraux, sont signés dans le Paci fique : avec le Ja po n, avec l'Australie et la No uvelle -Zélande en 1951 (ANZUS), avec les Ph ilippines, la Thaïlande et le Pa kistan en 1954 (O TASE), Également en Médite rra n ée , avec l'Espagne de Franco. tandis qu'en 1952 la Grèce et la T urq uie entrent dans l'Alliance atlantique, C'est également le cas de la RFA en 1954, après quelques péripéties (voir encadré), L'URSS a des raisons de se sentir encerclée. L ' A lliance atlant ique elle-même affermit sa dimension mili taire avec la mise en place en 1951 d'une Organisation du traité de l'Atlantique Nord (O TAN), Les structures civiles comprennent un secr étariat général et un Conseil de l'Atlantique, la plus haute autorité de l'alliance, composé de représentants perme nents et , lors des sommets extraordinaires, des ministres des Affaires étrangères voire des chefs d'État des pays membres, Son siège est à Paris, Les structures militaires comportent un état-major international et deux commandements opérationnels: l'un pour l'Atlantique , l'autre pour l'Europe; 300 (()() soldats américains reprennent pied en Europe occidentale [35 et 36], • U .I r ëuctions
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magne neutre et démilitarisée. Pert-être effectiv ement visait -il enc ore à terme l'unification, mais sous c ontrôle c ommunis te. Son erreur fut de c roire que la RF A entrerait dans son jeu. M ême si de vigoureux débats agitèrent la classe politique alle mand e , la majorité de la population , derrière Adenauer. préféra dans l'es conditions renoncer à luniflcation. Par ailleurs, il semble bien que, impressionné par le di-positif militaire am éricain. Staline ail c rain t dans les dernières années de sa vie, l'Imminence d'une g uerre. Ainsi s'e xp lique rait tout un ensemble de mesures préventives, com me la prépa ration d 'une nouvelle grande épuration, interrompue par la morl du dicnacur, ou I'adopdon de plans quinquennaux donnant priorité à l'Industrie lourde el à l'urrnement. .. Une fois lancé , le mécanisme de la g uerre froide fonctionne à plein: la suspicion des uns et des autres produit une suc cession d e malentendus, c haque initiative adv erse éta nt interprétée com me une agression. À terme, l'affronlemenl semble in évitable.
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La mort de Staline , le 5 mars 1953 , suscite beaucoup d 'émotion dans le monde communiste , mai s aussi chez les Occidentaux qui , da ns l'ensemble, sous -estiment le poids du système soviétique el attendent de grands boule versements de la nou velle équipe dirigeant e. La succession de Staline est longue e l complex e. L e s troi s homm e s fort s, Be r ia , Ma le nk o v e t Mo loto v, sont progressivement éliminés par le nouveau sccr étaire gé néra l du Part i, Nikita Khr ouc htc hev. Beria disparaît de la sc ène en juin 1953, Malen kov en 1955. Khrouc htc he v est alors le maître du Kremlin. En fait , l'attitude de l' URSS évo lue dès 195 3 et , petit à petit. mêm e s' il faut attendre trois ans JXJlIr que la nouvelle doctrine soit officiellement proclamée , se met CIl place la e coextstcnce p acifique " . L'ancie nne rh étorique selon laquelle la di vision du monde en deux blocs anrag onis te s c on du is ail tout droit à l'uffruntemcnt est délaissée. Le retard accumulé par l' URSS, notamment en matière d 'armement nucl éaire, est tel qu'une guerre cont re les États-Unis n 'est pour le moment pas e nvisa gea ble; il faut d 'abord c omble r le d écalage. Khrouchtc hev est 48
(XIr aill eurs convaincu de la supériorit é à term e du co mm unisme sur un c apita lisme qui , au x pris es a vec la déc olonisation, est en pleine d cé omposition. Le temp s joue donc en sa faveur. Tactiq uement. la doctrine Jdanov a éga lement montré ses limite s : le s initiative s sov iétiq ues ont con solid é le ca mp occi de nta l. Re no uer le di alo gu e p eut à l'in vers e insinuer le dout e c hez ce rtains et c réer des diss ensi ons . La coex iste nce pacifique, 0Il le voi t, rest e une pol itiqu e acti ve et nimpliqu e au cun renon c em ent a ux o bjec t ifs ré volutionnaire s. Ell e c ontrib ue cepe ndant, dans 1"immédiat, à a paiser consid éra blementles relations Est-Ou est. Au x Étal~ - Unis aussi, la nou vell e équipe au pouvoir depuis n ovembre 1952 , malgré un di-cour s trè s ferme , est en cline à la détente [15]. Le pr ésident rép ublica in Eisenhower et son sccré taire d ' Etat Jo hn Fc ster Dull es ve ulent réduire les dépe n ses militaires et meure un term e à I'escalud c lancée par la poli tique J e Truman. La doctrine nucl éaire des " représailles mas sives » (vo ir chap itre v) . qui privilégie l'arme atomique et ses effets di s>llasi fs, peut être efficace pour éviter une guerre mon d iale , mais non pour régler d es co nfli ts localis és et limit és. D' où le retour iW X solutions n égociée s. L ' arm istice de Panm unjom qui met fin à la g uerre J e Corée esl le premier signe du « d égel », selon l'expression J e l'écrivain sovi étique Ilia Ehrenbourg . Le trait é d'État a utric hien, sig né le 15 mai 1955 par le s qua tre mini stres de s Affair es étrangères de s puissance s occ upa ntes e n e st la co nfirmation. C'e st la pr emière foi s qu e d e s rep ré sentants d e s quat re se retrou v ent d epuis 1947. L' acco rd éta it impensable de ux a ns plus tôt : J'Autrich e recou vre sa plein e souveraineté et ad opt e, de so n plein gré, un statut J e neutralité. Enfin, la confé rence a u sommet J e Genè ve, en j uillet 1955 , n ' aboutit pa s à grand c hose, mais rétablit le dialo gue Est -Ou est a u plus haut niveau. C est a ussi po ur Khrouchtch ev l'occasion d' a ffirm er la mmvelle pol itiqu e allemand e J e I" URS S . Après I'éc mse me nr par les chars sov iétiq ues. le 17 juin 195 3. de s émeutes pro voquée s à Be rlin par J e vag ues prom esse s J e libéralisation. l' URSS fait une cro ix sur ses proj ets d e réuni fication et se repli e sur un e RDA solidement ancrée à l' Est. Après une période dinithuives et J e cris es, c hac un aspire à la stabilité et c onsolide d'abord ses p o sitions . La pa ge J e la g uerre froid e « ch a ude » es t tourn ée [82].
• Ln Jé.lfaJi"i.lUfù",. -
Le dégel se manifeste aussi à l'intérieur du monde communiste. Deu x I:oups de tonnerre successifs bouleversent les relations entre l' URSS el ses salelliles européens. Dans un premier temps. lors d'un voyage à Belgrade, du 22 mai au 5 juin 1955, Khrou ch tchev présente ses excuses à Tito et reconnaît le hien -fondé des positions yougoslaves: " Les questions d'org.eusation interne, des différences de sys tèmes sociaux el des différentes formes du d éveloppement socialiste regardent exclusivement les peuples des différents pays. " C'est saper le blue monolithique édifié par Staline et reconnaare l'existence de " voies nationales " dans la ccmaruc lion du socialisme. Le Kominform, qui avait orchestré la mise à l'écart de la Yougoslavie, est dissous [70). Deuxi ème bombe posée par Khro uch tche v : le discours du 25 février 1956, dit " ra ppo rt secret ", qui clôt le XX" congrès du Part i. Khrouc htchev y d énonce « l'autoritarisme de Staline à l'égard du Part i cl du Comité central " , notammentles purges de 1936-193S elle culte de la personnalité. À aucun moment toutefois il ne remet en cause les grandes réalisations économiques (collectlviseiicn des terres , plans quinquennaux) ou les bases du système (parti unique , centralisme démocratique). Les crimes commis contre les populurions soviétiques depuis 1918 ne sont guère plus évoqués. En faisant de Staline un bouc émissaire, le rapport innocente le P art i de bout en bout. Kh rou c htc h e v termine en évoquant L é n in e et appelle à retrouver les " normes de la légalité révolutionnaire " . Le premier objectif de Khrou c htc hev est d'éliminer en URSS comme dans les d émocraties populaires les dirigeant, staliniens ct de les remplacer par des hommes acquis à ses idées; son pouvoir en sort évidemment renforcé. Ma is, au -delà, l'objectif est d'insuffler un nouvel esprit, de dynamiser un sys tème scl érosé cl de le rendre plus performanl. ll ne s'agil pas de rapprocher le communisme du capitalisme, mais d'insister sur les erreurs commises pour qu 'il puisse rivaliser plus efficacement avec le système occidental. Malg ré toutes ses limites, la déstalinisation a des conséquences importantes en URSS : libération de millions de pri sonniers du goulag, publication d'ouvrages critiques sur le système stalinien [60 ct 78]. En Europe de l'Est. les effets sont ravageurs. En Po lo gne d'abord où, devant les manifestations populaire s, le nouveau dirigeant Gomul ka doit faire des concessions (suppression de la collectivisation, normalisation 50
des rapports avec l ' Église catholique), Ma ts, en maintenant J'essentiel, il évite l'intervention militaire soviétique, En Hongrie, en revanche , les manifestations qui , en octobre 1956, ramènent au pouvoir l'anc ien ministre communiste Nagy sont plus radicales, Nagy ne comprend pas où s'arrête la d éstalinisalon ct la peiicnce de Mosco u, Il promet le multipartisme ct , le 4 novembre 1956, les chars de J'Armée rouge entrent à Budape st, La répression evt terrible. Si Khro uchtche v est prêt à accorder plus d 'autonomie aux pays de l'Est (dans le but notamment de réintégrer la Yo ugo s lav ie dans son giron) , il n'est pas question dabandonncr les positions acquises, La cr éation du pacte de Varsovie en 1955, alliance militaire réu nissant sous la direction soviét ique l'ensemb le des dèmocranes populaires , en est l'illustration [6 3], L e pa c t e institutionnalise, entre l' URSS ct ses satellites, des relations qui jusque-là repos aient sur des accords bilatéraux et surtout l'autorité personne lle de Staline, De même, Khrouc htchev renforce, au sein du COMECON, les solidarités économiques entre les fXlys de l' Est: coordination des plans quinquennaux. spécialtsalion dIA"; économies, coopération dans le secteur de l'é nergie et des matières premières (!, ,, oléoduc de l'nmirié », construit entre 1959 et 1963, achemine en Europe or ientale le pétrole de l'Oural) [68]. UI crÎ.l'e de S uez
Cette année 1956, très riche en événements, focalise l'onen non sur une région du monde où la guerre froi de ne s'est pas encore clairement manifestée: le Proc he et Moyen -Orient. La crise de Suez, point de rencontre de conflits et d 'intérêt, mul tiples , peut être lue de différentes façons. Elle s'inscrit d'abord dans le contexte g énérul de la décolonisation ct plus particulièrement du réveil du monde arabe. Le 26juillel 1956, Je colone! Nasser, qui dirige l' Égypte de puis peu, annonce en public. sur un ton provocateur, la nationalisation du canal de Suez pour financer la construction d' u n barrage sur le Nil, à hauteur d'Assouan, C'est un camouflet pour la Grande-Brerag re , principale actionnaire du canal et ancienne puissance " proteetrice » de l'Égypte (ses troupes achèvent d 'évacuer Suez en 1955), C'est égale ment un éc hec po ur la diplomatie américaine, qui avait pro mi s à Nasse r une aide financière, mais comptait en retour lui imposer ses conditions, 51
Ce geste spectac ulaire sy mbolise dans tout le mond e a rabe une volonté d'émancipation qu e traduisent au même mom ent les indépend ance s du Marce el de la Tunisie, et le cumbat men é en Algérie co ntre la France par le From de libération national e (FLN), Le discour s volontariste de N a sser, qui en appelle à l'unit é a ra be con tre la pr és ence coloniale, mai s a uss i cen tre Israël, a d'emblée un grand retentissement. La nationalisation du c anal provoque c oure J'Égypte la formation, d 'une coa litio n h ét éroclite [84], La France, persuadée qu e lE gypt e aid e financi èrem ent et mat ériellement les ind épcndamist es a lgé riens et sert d e bas e a rrière au FLN , convainc la Grand e -Bretagn e, à la recherche de ses int érêts pe rdus, et Israël, inquiet du nati onal ism e arabe, de mener une rpé rario n arm é e , U n sc én ario machi a vélique e st é labore dans le plu s grand sec ret il Sè vres, le 26 oc tob re. Isra ël attaquera en premi er ; Lo nd res el Pa ris lanceront un ultimatum pour qu e les forces israéli ennes 1'/ ég,\ plierlrll'S évacue nt la zone du c anal : les soldats français et britanniqu es prendront alors prétexte du refus (prév isib le) de t'Égypte po ur er urer en scène, « libérer» le ca na l et pous ser Na ss er il céde r le po uvo ir. L 'o p éra tio n d écl enchée le 29 oc tob re 195 6 se d éroul e d'abord com me prévu , Le 5 novembre, les trou pes frunc e -britanniques débarquent à Pon -Sard . Mais les interve ntions américaine et soviétique boulever sent la suite du programme, L'URSS réa git v ite et v iole mme nt; Khrouc htc hev évoq ue une ripost e nucl éaire sur la Franc e et l'An gleterre. Le bluff est total puisqu e J' URSS n'a pas alors les c apaci tés techniqu es d'ex écuter la menace, mais l'a vertissement est e ntendu, Quant a ux États-Uni s, furieux de n ' a voir pas été informé s de l'intervention franco -brita nnique, ils considèrent l' a ffaire co mme un e v iolatio n du pacte atla ntiq ue. Ils font pression à l'O NU, qui con damne mas sivement l' op ération, et lancent une attaqu e décisive con tre la livre sterling, qui modère immédiatement le s pret ention s britanniquc s. Dans le s semaine s qui suivent, les a rm ées frança ise, a nglaise el isra élienne abandonn ent sucœssiveme ntlc urs positions Cl cède nt la pl ace à une force d'int erpo sit ion d e J'O NU (ce so nt le s premiers " c as q ues bleu s » chargée d 'apai ser la tension, Le flascu est total. La crise co n sacre l' effacement, non seulement au Moy en Ori em , mais sur l' ens emble d e la sc ène int ernational e, d es a nc ien nes g randes puiss anc es qu e sont d ev enu es la Fran ce et la Grande-Bretagn e , Le s temps du colo nialis me et d e la 52
diplomeiie d e la canonn ière som bien révolus. Les d eux pays réagissent J e façon différente : J'Anglet erre, plut ôt résignée, réin tègre vite le giron am éricain et place d ès 1957 ses forces nucl éaire s so us le con trô le J e Washington ; la Franc e, à l'in vers e, redéfinit sa strat égie et d écide en d écembre 1956 de se dote r à court terme de l'arm e ato miq ue pour retrouv er un e influ ence qui lui écharye [106). De leur côté, le s Etat s-Unis et l' URSS en profitent pour prendre le re lais de s puissance s co lon ia les au Moyen-Orient . Eisenhower définit un e nouv elle politiq ue d'assistanc e finan ciè re et matérielle aux pays en dével oppement qui n'adoptent pa s le mod èle socia liste. L 'URSS pa ss e d es acc ords a vec Na sser, finance en partie la co nstruct ion Jjl barrage d 'Assouan et fait pour une vin gtain e d'ann ée s de lE gypt e le bastion de sa présence dans la région. Le ti ers mon de dev ient un nouv eau c hamp J e rivalit és .
UI po /i/ique extérieure Je Nikitu Khroud lk hno Khrouc htchev marqu e J e so n empre inte la diplomatie sovié tique. Sa personnalité, se s attitu des, ses méthode s form ent un tel co ntraste avec cel les d e Staline q u'elles pro voquent un c hoc immé d iat. L' hom me d'ab ord : e xtrave rti, jovia l, aut oritaire, c apable J e passer du rire à la colère la plu s noire. L' image Je son di scours à l'ONU , en 1960, o ù il mart èle son propos en frappa nt le pupitre d e sa c haussure, a fait le tour d u mond e. Il sait se rendre populaire et utilis er les médias . La télévision le montr e discutant e t pla isantant a vec d e s o uv rie rs o u de s pay san s. Al or s qu e son pr éd éc e sseur ne quitt ait j ama is l' URSS ct craignait J e sc montrer e n public , Khrou chtc hev voyage beauc oup : e n Autri ch e, en Chine, e n Fra nce, a ux États-Unis en septembre 1959. À Pittsburgh, il déclare devant les c um é us : " Je suis venu voir comment vivaient les esclave s du cap italisme ; eh blcn. ]e doi s dire qu'ils ne vive nt pa s mal.» A l'ima ge du personna ge, sa diplomatie sou ffre parfois d' être à l' em port e -pi èc e , manqu e d e prud en c e et d e s u bt ilité. Khrouchtche v c alcule moins que Staline et a tendance à so use stimer le s risqu e s. Ma lgré ces différence s sens ib les , le fond J e la politique soviétique évo lue peu : la cœx istc œe pacif i q ue ne marqu e pas la fin J e la guerre froide et Khrouc htc hev reste convaincu J e la supériorité du co mmunisme et de sa vict oire à terme sur Je
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capitalisme. L' o bj ectif demeure, en s'appuyant su r les bases (J'Europe de t'Est , solidement verrouillée), d'étendre l'Influence soviétique et de gagner au communisme le plus grand nombre de pays ct de régions. Seule la tactique change. Khrouchtchev tire un trait sur la doctrine Jda no v, trop rigide et manichéenne, et tient compte de l'émergence politique du tiers monde. Cet intérêt nouveau que porte J' URSS aux pays en développement est sans doute son apport le plus original à la diplomatie soviétique [5 4]. Cela le conduit à faire preuve d'une certaine souplesse idéologique, à accepter que le socialisme de ses alliés diverge parfois sensi blement de l'orthodoxie marxiste-léniniste. La tactique paye en Égypte, il Cuba l1 dans certains pays d'Afrique (de façon moins convatncame). Elle le brouille en revanche avec la Chine. Après une période de rapprochement et de relative détente, les années 1957-1962 marquent un net durcissement de la poli tique sovi étique envers l'Occident. Les armes nucléaires stratégiques désormais opérationnelles et capables d'atteindre le territoire amér icain. le lancement réussi du Spoutnik, l'fi 1957, qui fait plusieurs fois le tour de la T err e et survole les Etats -Unis , donnent confiance à Khro uc htc hev ct lui font croire que dans plusieurs domaines l" URSS a comblé son retard, voire dépassé son rival. Le moment lui semble venu de relancer l'offensive sur Berlin. L' enclave occidentale de Berlin est selon lui comme une .. tumeur cancéreuse ", un îlot capitaliste au sein du bloc communiste; c'est surtout une brèche ouverte dans Je rideau de fer: entre 1952 et 1961,2,3 millions d'Allemands passent à l'Ouest, ria Berlin. Le 27 novembre 1958, une note soviétique exige avant six mois le rattachement de Berlin-Ouest à la RDA (JU son internationalisation sous le contrôle de l'O NU. Si , passé le délai , aucune solution n'est trouvée, l" URSS signera une paix séparée avec la RDA. lui remettra ses pouvoirs sur la zone orientale de Berlin et la laissera disposer des voies d'accès aux secteurs occidentaux de la ville. La crise est sérieuse; les Occidentaux refusent depuis l'origine de reconnaître la RDA et ne peuvent donc négocier avec elle un nouveau statut de Berlin. Pa r ail leurs. l'ultimatum ne laisse pas place à la négociation; il faut se soumettre ou l'ignorer, et risquer un cunflit de grande ampleur, probablement nucléaire. Les Américains, soutenus par de Gaulle ct Adenauer, optent [lIJUr la fermeté et Khro uc htc hev doit petit à petit üa cnse se prolonge jusqu'en 19(1) revenir sur 54
L o ""n 4 uf'e de l ·n p . c e n'un po . ,j, f u' de ' pl ", "flC ".cu l. ire t' p."i"nnée [% 1. Au m" i n, iU''1u'au dl' ~u l d e. a n née. 1'110 , d l" uoc itl '{l "''' '' :" " mu' · ~ i'lue t' id t\ ' !< 'I' i4 u e 'l ui en foit u n en" " m ' '' "r y.. o'. ,,,,,ti'l"e de> V2 allemand>_ Le pn ~ EI'll" m", ! Am m. u' ;c, . nd SJ'l'œ Adm ini,u· liron) . ,·,He en 19~5 . ""n <'fic i e de 6 mi lli", d, de <1<,11"" de 01 &1;" , ",;[ le 'I .1ll'! d o ~ .dfcl fr'dr',a1 co n",cn' à la n"l"'"-'l", En 1%1 , Ke nnt'
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ses prétentions. Il se résout finalement il stopper l'hémorragie éémogrephique par la manière forte , en interdisant tout pas sage d 'un secteur à l'autre de Berl in. Dans la nuit du 12 au 13 août 1961 commence en plein cœur de la ville la construction d 'un mur qui symbolise il lui seul toute le drame de la guerre froide [88]. La crise prend fin. Le .. mur de la honte " est pour J" URSS un terrible aveu d'échec. Il dissipe en tout cas les illusions qu 'on pouvait entretenir sur la vokuué d'apaise ment de Khrouchtc hev.
UI cri.l'e de Cuba Le poim culminant de la tension est atteint en 1962 avec la crise de Cuba. Les origines de l'affaire remontent à janvier 1959 lorsque Fidel Castro el ses partisans renversent le dictateur Batista. Cuha e st alors. depuis le début du siècle, sous la dépendance économique des Etats-Unis. qui lui achètent sa production sucrière. Castro n'a pas au départ l'intention de rompre avec washington. mais son discours nationalisr e, l'influence croissante que prend sur lui l'Argentin Che Guevara , révolutionnaire et marxiste, et l'annonce d'une réforme agraire hostile aux grandes compagnies américaines détériorent les relations entre les deux pays. Les Américains tentant d'user de pressions économiques, Castro se tourne vers l' URSS. qui s' empre sse d 'acheter le sucre c ubain. En juillet 1960, Guevara peut annoncer que Cuba fait d éso rmais partie du camp socialiste. Le revers diplomatique américain se transforme en d ésastre en avril 1961 : la C IA convainc le nouveau président l ohn Kennedy [21] d'organiser le d ébarquement à Cuba. dans la haie des Cochons, d 'adversaires politiques du nouveau ré gime, exilés el réfugiés aux Étals -Unis , pour provoquer un soulèvenent populaire el renverser Castro. L'opé rurion . accompagnée de bombardements. est un échec total et ternit durablement l'image de Kenned y dans toute l'Amérique latine. L' épisod e conduit Castro à réclamer, et à obtenir des armes de l' URSS , et certainement Khrouchtc he v à considérer Cuba comme un nou veau point faible dans le dispositif de défense américain. Le 14 octobre 1962 , des avions espions américains. les U2, survolera l'île u remarquent la présence de rampes de lance ment pouvant accueillir des missiles nucléaires à moyenne portée (1 800 kilomètres ). Washington apprend peu après que 56
des navires soviétiques porteurs d' engins balistiques sont en roule pour Cu ba, Les Élals-Unis ne peuvent tolérer une telle menace , à 150 kilomètres seulement des côtes J e Floride. C'est to ut l'équilibre Je la terreur qui est soudain brisé, Le s fusées soviétiq ues, trop proches, pourraient atteindre le sol américain (et notamment Wa shingto n) ovom que les Etat s-Unis aient le lemps d'infliger à l' URSS des dommages équivale nts . JJ nesr pas facile Je trouver une riposte ad équate : hom barder Cuba est trop risqué, Kennedy. avec bea ucoup Je sang froi d , recueille les avis d 'un petit groupe de conseillers proches, dom son frère Robert, et d écid e le 22 octobre d' empêcher les vingt -quarre cargos s ovi étique s d'uccoster. L a Je u xième flotte américaine prend position au large el organise le blocus Je l'ile ( Kennedy utilise le terme moins guerrier Je " q uara nta ine " j , L' habileté du pr ésident américain est d 'avoir renvoyé la balle aux Soviétiques, C'est maintenant à eux de décider s'il faut temporiser ou s'obstiner. La sauanon devient dramuüquc quand les Jeux flottes se font face, Khrouc htc he v et Ke nne dy échangent menaces et notes diplomatiqucs ; le secrétaire g én éral de l' ONU tente de jouer les médiat eurs ; tout le cam p occidental, uni derrière l'allié américain retient son souffle [40), Le 28, les navires s cvi éti que s finissent par rebrousser chemin, Khrouc htc he v obtient Jeux concessions: l'assurance q ue les États -Un is n'envahiront pas Cuba, et. mais cela reste secret. le d émantëlemem des fusées Po laris stationnées en Turq uie [81]. Kennedy e,1 l'Incontextshle vainqueur Je l'affrontement. Lui qui semblait jusqu'alors h ésitant a su faire preuve Je fermet é el impose r son sty le, CéJl'J aurait ruiné la crédibilit é am éricaine partout où elle était engagée, JI a fait reculer Khrouc htc hev, mais en lui laissant une porte de sortie susce ptible d 'apaiser son amour-propre, Le dirigeant soviétique a perd u la partie, JI a mal ap précié la d éterminatio n américaine, Son imprudence. son « aventu risme " lui sont amèrement reproch és et sont à l'origine, l'litre autres , d e son éviction d e la d irect io n d u Pa rt i en 196 4, L' a rmé e soviérique a particulièrement mal vécu ce qu'elle consid ère comme une humiliation: d ès lors, elle n'aura Je cesse qu'elle n'ait surpassé sa rivale et fait Je la marine l'un d e ses fers de lance, En réalité , Khr ouc htc hev ne part pas les mains vides: il s'assure du maintien durable à Cuba d 'un régime communiste . aux portes des É lals-U nis , JJ a su par
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ailleurs renoncer et s'arrêter il temps , plutôt que de risquer un conflit nucléaire el de répondre aux injonctions de Fidel Castre, le premier concerné el finalement le grand absent de la crise. qui voulait q ue l' URSS aille jusqu'au bout. La crise de Cuba, palUx)'sme de la guerre froide, en est aussi le principaltoumam. Comme à Berlin en 1948 , les d eux grands se som trouv és face à face el le monde a failli basculer. Mais ils ont celte fois conscience du danger encouru ; la guerre froide entre dam une no uve lle pha se.
III 1 Réalités et illusions de la détente (1 962- 1977)
L e JO juin 1963, Joh n Ken ned y , devant les étudiants de l'université de Washington, appelle l' URSS el les Él,rts-Unis à retrouver le, venu, du dialogue: « En dernière analyse, dit -il. notre lien commun le plus fondamental est que nous habitons tom la même petite planète, que nous respirons tous le même air, que nous chérissons lous l'avenir de nos enfants el que nous sommes lous mortels. " Un discours impensable quelques année, auparavant. et qui dénote un nouvel état d 'esprit. La e d étcme » ne signifie pas à proprement parler la fin de la guerre froide. L'URSS continue d'ailleurs à parler de cœxistence pacifique. La compétition se poursuit. s'inlensifie même et s'étend à de nouveaux domaines. mai, elle , 'organise, dans un cadre défini par Washington et Moscou . La crise de Cuha a montré les risques d'une politique " a u bord du gouffre » qui , sur le moindre malentendu, peul conduire à la guerre nucléaire. Le niveau d'armement auquel sont parvenus les deux grands rend n écessaire le maintien d'un certain équilibre et d'un contrôle mutuel. A partir de 1963, le dialogue et la négocia lion occupent le devant de la scène el s'uccompugnent d'une coopération nouvelle dans les domaines économiques, scienüflqucs et culturels. Non sans irriter. parfois même au sein de chaque hloc , ceux que cette cogestion soviéjo-am éricaine tient à l'écart des affaires internationales.
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1. LI.' retour
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la (Iilll"ma til'
L'arm's control Après Cuba, les États - Uni s et l' U RSS font un double constat. Poursuivre telle quelle la course aux armements, dès lors que l'un e t l'autre disposent sensiblement de s mêm es atouts ct qu'aucun ne possède d 'avantage décü if, est suici dair e; désarmer, alors qu 'aucun moyen d e c o ntrôle sérieux n' est envisageable, est illusoir e. La solution trouvée, J"urlll "s (lili/ roi , ou la maünse des armements , est tout il fait originale [92] . Lo in d 'un simple pis-al ler. il s'agit d 'u ne « vérita ble philosophie de l' équilibre stratégique et des rappo rts imernationaux » [ lO I). Le simple d écompte num ériqu e des arsenaux , tant qu' on respecte une relati ve parité, n' est plus la principale préoccupation. L ' e ssentiel e st d 'introduire une collaboration. une cert a in e conni vence réduisant au minimum les risqu e s d 'accidents, tant bilatéraux qu' il l' échelle planétaire. Le plus remarquable e st qu e les deux ad versaires (les États-Unis et l' URSS demeurent fondamentalement des adversair e s) tirent tous deux a vantage de cet étrange partenariat. La démarc he co mpo rte trois aspect s principaux : - Je plus urgent est de rétablir un dialogue qui , plus que jamais en c as de c rise, s'uvère indispensable. La mise e n place dè s 196 3 d 'un tél éscripteur reliant la M a iso n -B la nch e au Kremlin, le cé lèb re " téléphone rou ge "', est un premier pas. Les entrevues, c onférence s et sommets se multiplient dans les années qui suivent. Entre 1972 et 1974, le nouveau diri geant soviétiq ue, Leon d Brejne v rencontre les présidents américains Richard N ixon pui s Gerald Ford il quatre reprises. Le s deux pay s si gnent un accord co mmercia l, qui oc troie il l' URSS la clause de la nati on la plus favoris ée et développe les éc hange s mutuels (notam ment les ventes de cé réales américaines ) ; - le deuxième objectif est d 'é viter la prolifération nucléaire ct de maintenir la rivalité dans le cad re d'un e co mpétition bilatérale. Le traité d e 1959 sur l'Antarctique établit un e zo ne non militarisée au sud du (if parallèle en spécifiant bien l'interdiction de toute exp lo sion atomique. Le trait é de Mosco u de 196 3. fruit de négociations entamées cinq ans auparavant. imerditles expériences nucl éaires dans l'atmosph ère, l'espace extra-camosphérique c t l'espace marin. 11 est sign é par ce nt pays. A vec le trait é de non -prolifération (T NP) , concl u e n juillet 1968, les
(Xlys qui possèdent la bombe s'engagent il ne pas aider d 'autres à l'ucquérir : ceux qui ne l'ont pas certifient ne pas chercher à l'ohtenir. Soixante-deux pays adhèrent au TNP, dont les Éta ts -Un is, l' U RSS ct la Grande - Bretagne, qui grâce au concours américain, détient la bombe depuis 1952, Ut France ct la Chine, dernières en date des puissances nucléaires, depuis respectivement 1960 et 1964, veulent se donner les moyens de perfect ionner leur armement ct refusent d'entrer dans le cadre tracé par les deux grands, E lle s ne signent ni le trait é de Moscou ni le TNP ; - l' URSS et les États-U nis peuvent alors engager des pourparlers bilatéraux. Les accords SA LT (Slrategic Aml\ Lim i tu tion Talb), signés le 26 mai 1972 ct considérés comme le sommet de la détente , concluent des négociations ouvertes trois ans plus tôt il Hel sinki. Ils gèlent pour cinq ans le nombre de missiles stratégiques américains et soviétiques, L es armes concernées sont les missiles intercontinentaux à grande portée (plus de 5 500 kilomètres) lancés du sol (les IC BM) ou de sous marins (les S L B r.I), Le s chif'f'res retenus sont pour les Bats-Unis , 1 054 ICBM et 650 SLBM, pour l' URSS respecriverrent 1409 et 750, La supériorité technique de l' armement américain compcn'c l'avantage quantitatif consenti à l' URSS, Un traité limite par ailleurs , pour une durée indéfinie, les sys tèmes antimissiles (A BM) des deux pays, Les accords SA LT sont specnculaircs mais ne réduisent en aucun cas la capacité de destruction des ar-cnuux am éricain ct so v iétique , Ils ne tien ncnt d'ailleurs pas compte des missiles il moyenne port ée (les IRBM), des bombardiers, ni de la technique du mirvage , qui permet, sur un même missile, d'instaUer plusieurs tètes indépendantes, De 1960 à 1980, le nombre de tètes nucléaires détenues par les deux pays passe de 20 400 à 48 000, C'est le paradoxe de la détente: les stoc ks s'accumulent u s'accroissent comme jamais , mais le processus parait dorénavant maîtris é. L'Ostpo litik La détente influe logiquement sur l'évolution de la question allemande, depris les origines lépiccntre de la guerre froide, Le plus inattendu est que l'initiative ne vient pas pour l'essentiel de Washington ou de M o sc ou , mais du chancefier
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ouest-allemand WiUy Bra ndt , principal artisan de l'Ollpolilik, Autre signe que les temps ont d écid ément changé, Depuis 1949, la RFA est résolument tournée vers l'Ouest: elle adhère il l'OTAN et joue un rôle déterminant dans la construction européenne. La doctrine définie dans les années 1950 par le ministre des Affaires étrangères Walter Hallst ein s'appuie sur quelques grands principes: la non-reconnaissance de la RDA, l'absence de relations diplomatiques avec les pays qui reconnaissent l'État est-allemand (il l'exception de l' URSS) ct le refus d'entériner les frontières issues de la Seconde Guerre mondiale, notamment la ligne Oder-Neisse. Pour W illy Bra ndt, l'ancien maire social-d émocrate de Berlin, qui devient chancelier en 1909, cette doctrine, trop rigide, ne correspond plus aux réalités de la détente et conduit il l'impasse, Brandt inaugure une politique de rapprochement pour normaliser les relations entre la RFA ct ses voisins de l'Est, et en tirer des avantages immédiats et concrets, Dans le même temps , il fait entrer de plain-pied son pays su r la scène internationale [38], Cette initiative rencontre les préoccupations du Kremlin. qui souhaite sortir la diplomatie soviétique de l'isolement dans lequel, en Europe tœn au moins , les méthodes à lemportepièce de Khrouc htc hev l'ont plongée, Dès 1908, le chef du KGB , Youri Andropov, préconise ainsi de s'appuyer sur la RFA pour reconquérir cette influence perdue, Le principal négociateur de l'O,llpolilik est Egon Ba hr, conseiller de Willy Brandt, qui avait eu des contacts secrets avec les Soviétiques dans les années 1960, En 1970, les 12 août et 7 décembre , la RFA conclut des traités avec l' URSS et la Po logne , soit les deux pays qui en 1945 , se sont agrandis aux dépens de l'Allemagne, Elle recon n'lit de [ait la frontière germano -polonaise et étend ses échanges avec l' Union soviétique, En un geste symbolique et solennel. Brandt s 'agenouille devant le monument érigé en mémoire des victimes du ghetto de Varsovie, La signature de l'accord quadripartite sur Berlin (3 septembre 1971) confirme 1Cl; droits des quatre puissances occupantes sur la ville, garantit l'accès aux secteurs occidentaux et perme t aux Berl inois de l'Ouest de se rendre il l'Est. Le traité fondamental signé le 2 décembre 1972 par les deux Allemagne est le peint d'orgue de l'Ollpolilik : RFA et RDA se reconnaissent mutuellement, dans leurs frontières de 1949, To utes deux entrent il l'O NU en 1973, Suivent un traité avec la T c héc o slo va qu ie et le 62
Il hn .urs d l' \\'ill ~ IInmd t il Stud..h.. lm, Il' 12 di'n 'mh n ' 1'171 Le c!l.nceliCl fédi.... l A deru ut~, pu " n e. e, un jIe m iCl I!,.. " d cll"!,i"e ren!e " !e ella ctH'pérali,," c"nfianle aH"" les tlat, de r O ue>!. Il n"u, " ... !:ti! il. n"" "'''''-lue, il. 10 ,"r ' -"i, in, de l' h l Cl " ne c'"'l"'ration de " U' le, pa)-' e an~ q ui
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jdr'...l<'I' ies. 'pl u, de "" m m unic.li,," t~ de ttK'l"'nü"n Ct",' .elS cc !>J, que !en d e n! m es eff"r" . dans le, limites t'eIle, ", " ",in<e' de , p"" i" i . li '" qu j ,,,lIren' ' mm P'Y' - n, " ie n en<eoou, en . t·" . d ''''"'' Tl'" . lli"'. le ,ai, q .e heauc" up e" dépend ,i l' ,," Hu' t a~lir u n" p.i< d u.. ~ l e en Eu"1f'C . Seu le men!. "' . " ne ]'H '''''"' e' ne I"n, 1""' ane" d",. pr"parer " " p"'-"e de p oi, eu'''rkn. q ue le pm· ce~' ... b " ",",u, oc 10 n ,.", oli,,';'., e' tle renleTl« ,,,j, . ch cv t Ces tlt'\lX ch",,-", '" cronditi,," ne ,,' cl '" cu"!plo'. le" l' un< r . u'", . On pe Ul p'''p",e. U" poc'e oc poi, t'\ln"""'" par dt.. . ",,.d, ' cl de 10 t ,x?,,"'i ,,,, 0" pe U! "' I!""i, e, oc, ,-""f<'rent·es ofin de Ml i""'e, "'" de ""u .-clln lli<: ~t"" To"l ccla du ' er a ", ule,"en! a u"i l"nfte,"!" cl dan , la n ."utc "" pn'.-. udn 10 " ""fi. nt·< ,",-"j jI"'-Iue. Er t'do dépen' , ,-"e!le ""l"n!" d"il p",nd« un< f ,.".., e" "' ",-" ue lle. C<" . i,...; i 'fJe ,-"ndu. fll"'paré It.. '''' .''' .,,"" Tl'" ,,,j,i,,, de l'h l
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réta blissement de relations diplomatiques avec l'en semble de s rxty s d e l'Est. On a beauc ou p rep roché à Will y Brand t. en éc ha nge de quelqu es conces sions. sinon d'avoir tiré un trait sur la réunification. du moin s d ' a voir cunsolidè le reg ime est-allem and. En fa h, Bra ndt ne r enonce il a ucun mOmL'TI1 il la rémt ûcaion [31]. « Recon naît re d es fruntiè res exista ntes, dit -il . Il e signifie pas qu' on veuille les cime nte r. " Il acc ompagn e la signa ture du
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trait é fondamental d'une « lettre sur l'unité allemande ", qu'il envoie à Moscou . dans laquelle il maintient le principe du droit pour tous les Allemands à l'autod étermination. Il remet simplement cet objectif ambitieux à un moment plus favorable, Son approche réaliste de la question permet dans l'immédiat de raviver les liens entre les deux États, de multiplier les contacts entre les populations, et finalement de créer des conditions favorables à la réunification future, L ' O,llpo/ilik fut aussi considérée avec beaucoup de méfiance [Ur les Etats-Unis, Ils y voyaient la volonté de la part de Bra ndt et d'Egon Bahr de prendre leurs distarces avec J'O TAN pour fonder à terme la réunification sur J'établissement au cœur de l'Europe d 'une relation germano-soviétique privilégiée et le départ d'Allemagne des troupes am éricaines. Au sein même du SPD, le ministre de la Défense Helmut Schmidt, très allan ti-te, ne cachait pas ses réticences, Il devait d'ailleurs succéder L'fi 1974 à Brandt. victime d'une affaire d'espionnage touchant l'un de ses conseillers, UI conference d'Hdl'Ùlki
Depuis 1954 , l' URSS réclamait une conférence européenne sur la sécurité, afin notamment de garantir l' ex istenœ des fron tières de 1945, qu'officiellement les Occidentaux ne reconnais saient pas, Dans la foulée de l'O,l'lpolilik, ceux-ci finissent par acc éder à la demande soviétique, mais à la condition que les Etats -Unis et le Canada, membres de l'Alliance atlantique, parrkipent aux discussions, Mosc ou accepte et admet ainsi qu'on ne peut tenir les Américains à l'écart des questions continentales, La première Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCEj s'ouvre dore à Helsinki. L 'act e final , signé le 1'" août 1975 par trente-cinq pays (les États -Unis , le Canada et tous les Européens sauf J'Albanie) vient consacrer trois ans de discussions, Ce n 'est pas un traité, mais un document de 110 pages, un catalogue de bonnes résolutions illustrant tout à la fois les réalités et les illusions de la détente, La première partie (OU " corbeille ,,), la plus importante, énonce dix principes, pour la pluyart inspirés de la charte des Nation s unies: égalité entre les Etats, règlement peciflquc des conflits , inviolabilité des frontières , respect des droits de J'homme et des libertés fondamentales .. , La deuxi ème partie jette les bases d'une " coopération économique, scientifique, 64
technique et écologique " , la troisième d'une .. coopération dans les domaines humanitaire el autres ,. [inf'ormation. échanges culturels, droits de J'homme), JI e';1 év idemment facile de se gausser d'un texte signé par les États -Unis et l' URSS , qui condamne l'ingérence et les atteintes à lind éperxlance politique des Etats; ou paraphé par l'ensemble des démocranes populaires el l'Espagne franquiste, el qui prône le respect des minorités el des libert és irxJividuettos. No m hre u:\. SOIll ceux qui ont accusé les Occidentaux d'avoir lâché la l'mie pour l'ombre. d'avoir fait des concessions sur la question des frontières pour uhtenir du régime soviétique de vagues el cyniques promesses sur le respect des droits de J'homme, La conférence d ' Helsinki n'a certes pas de conséquences immédiates sur le sort des dissidents dans les pays communistes , mais les opposants peuvent s 'appuyer désormais sur un texte pour dénoncer uuvcrtemcm les contradictions de leurs gouvernements. Un peu partout en Europe orientale neurissenl des .. comit és de surveillance des accords d' Helsinki " , qui alimentent la contestation, notamment en Po lo gne el en Tchéco slov aq uie, Les effets à long terme de la CSCE sent sans doute plus profonds qu'on ne l'a dit sur le moment. Par ailleurs , comme dans le traité de M osc ou entre J'URSS el la RFA, les accords d'Helsinki d éclarent les frontières européennes inviolables. mais pas intangibles : si l'on ne peul les modifier par la force, on peut toujours le faire de façon pacifique [1 4].
Le nmflit sino-soviéüque L ' onde de choc provoquée par le discours de Khro uchtchev lors du XX ' congrès a de profondes répercussions en Chine, Les réactions de 1I1ao ne sont toutefois pas immédiates, La Chine el J' URSS signent en ocrœre 1957 un imponant accord sur le nucléaire pr évoyant la livraison par Mosc o u d'un proto type de bombe atomique et de missiles, ainsi que l'envoi de nombreux experts et tecbniclcns [104]. La même année , Mao reconnaît officiellemenl que l'U RSS est à la tête du bloc communiste el continue d'endosser les habits du bon élève, Les
rapports entre les deux pays ne tardent pourtant pas à se délériorer. Les origines de la brouille sont multiples. Bles sont d'abord idéologiques. Mao admet mal la déstalinisation. mais plus encore le voyage de Khrouchtchev aux États -Unis. ses déclara tions sur la coexistence pacifique, la recherche d'un nunlus vivendi avec les Américains. En 1958, la Chine veut s'approprier deux iles contrôlées p~ Taiwan, Quemoy el Mats u. el s'en prend violemment aux Etats -Unis. Khrou chtche v, qui ne veut pas perturber les négociations qu'il tente au même moment d'engager avec Washington , fait alors savoir qu'il n'interviendra pas en cas de conflit avec T aiwan . Mao prend cela pour un affronl. Il stigmatise dès lors l"orienlalion nouvelle de la politique extérieure soviétique et s'affiche comme le seul leader communiste atahemiqucmem révolutionnaire , le chef de flle de la lutte amicapitaliste. Le di scouts s'adresse tout panicufièrement aux pays du liers monde qui accèdent à l'indépendance. Le rejet du modèle soviétique se traduit à l'Intérieur par l'expérience du -c grand bond en avant ", une politique volœua riste d'industrialisation des campagnes : le résultat est catastrophique, mai, le message est clair: chacun doit « compter sur ses propres forces >o . À cela v'ajoutenr des rivaljtés d'Int ér êts d'ordre géopoli tique, entre deux grandes puissances voisines. U n premier désaccord survient à propos du conflit frontalier qui oppose la Chine et l'I nd e sur le Tibet. La révolte tibétaine de 1959 et la fuite en In de du Dalaï Lama accroisse nt la tension. U ne guerre , br ève el intense, éclate en 1962. L'URSS déplore la situation. reste neutre, et a même plutôt tendance à soutenir son allié indien. L' a ffa ire montre comme il est difficile pour Khrouc htc hev de mener une politique d'aide au tiers monde tout en maintenant au sein du monde communiste une solidarité sans faille. En l'occurrence, il choisit de deroger aux règles de 1'<, internationalisme proléuuen » . La rupture est consommée. LI crise de Cuba, vue par P ék in comme une nouvelle reculade soviétique, le confirme. L es conséquences sont brutales : dès juin 1959, M osc ou résilie l'accord de 1957 sur le nucléaire et rappelle l'année suivante tous ses experts. La Otine se dote en 1964 de la bombe atomique (et en 1967 de la bombe thermonucléaire) en poursuivant seule se, recherches. Le 15 juin 1963, Mao publie une lettre en vingt-cinq points qui est un r équisitoire syst ématquc 66
c ontre l' Union soviétique, accus ée d' être l'alli ée objective d es États-Urus , Désormais, et pour longtemps, les Soviétiques so nt des " révisionnist es " et les Chinois, pour Mosc ou. des " dogmati ste s » , L ' a ffrontement dépasse le cadre id éolo giqu e quand Pékin d énonc e les trait és in égaux d u XIX' siècle et revendiqu e des territoires sur les fleuv es Amour et Oussouri, Des incidents fronta lie rs écl a tent spo rad iqueme nt, allant en 1969 jusqu'au combat rangé [67], La politique J e Khrouchtche v a sans Joute fait progre sser l'influ ence com muniste da ns le mond e ; mais elle a fait voler en écl ats la coh ésion Ju bloc . Les m od èles c hinois et bient ôt c u bain o u v ie tn am ie n conc urre nce n t d és ormais Je mod èl e sov iétiq ue,
Le communisme en Ellrop e
• Le printe mps de Prague. -
L 'UR SS parvient -elle du moins à préserver son lead ership sur le c om m uni sme euro péen '? La coaünon formé e du temps J e la guerre froid e résist et-elle à l'upals ement des tensi ons internationales '? Le schisme sine- soviétiq ue pro voque une seule vérita ble d éfection. ce lle J e l'Albanie. Pa r nationalisme , par fid élité a u sta linisme, ce lle-ci se coupe de l' URSS, se rapproch e de Pékin, et ce faisant s'isol e de façon dramatiqu e. Le nationalism e, à partir J e 1965, pouss e éga lement la Roumanie J e N ico lae Ce a uce-cu à revendiq uer son a tnonomie et prendre ses distances à l' égard d e Mo sco u ; ell e se ti ent à l' écart d es con flits int ernationau x et nou e dès 1967 des relations dipl omat iqu es a vec la RFA . La Roumanie demeu re ce pen dant membre du pacte J e Varso vie, et surto ut ne tolère a ucune co ntestation intérieu re : le rôle dirigeant du parti com muniste et le caractère d ictato ria l du régime so nt réa ffirm és a vec la plus e xtrême vigueur. La remi se en cause la plus profond e et la plus radicale , Jans la second e moitié de s années soixante, v ient J e Tchéco slova qui e [83]. Dep uis 1948 , le pays vit sous une cha ppe d e plomb. La dire ction d u Pa rti ne sest renou vel ée qu 'une fois , qu and Novotny succ ède à Gottwald en 1953. Le s difficulté s économiqu e s, l'immobilisme politique el l' é volution J e la situatio n internationale suscitent une ce rta ine co ntestatio n, notamment a u se in d u parti com mun iste slo vaqu e , qui se plaint d' être écarté des responsabilités. Brejne v y voit l'oc casion d'évi ncer No vomy, un ancien fid èle J e Khro uc htc hev. Il prov oqu e la
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démission du vieux dirigeant et porte il la tête du parti le Slovaque Alexandre Dubcck, jeune el Inexpérimenté. avec lintenlion de le manœuvrer facilement cl de calmer l'ngiturion. Ma i, Dubc ek . qui a bien conscience de, difficulté, de sun pay, et de, a spiration s de, Tc h èq ue " ne s'en lais se pa, compter. Sa volonté de réforme, est réelle. JI leve la censure, ouvre les frontières aux informations occidentales el autorise la formalion de forums de discussion politique. C'est le " printemps de Prag ue » , qui culmine le 1'- mai 196& dam une grande manifestation de soutien populaire il la nouvelle politique. Le slogan-programme qui fleurit alors , .. le socialisme il visage humain &, fait le tour du monde. La formule , qui sous -entend qu'ailleurs le, régime, communistes scraicnt « inhumains », est totalement irmacceptablc pour M osco u. Le risque de voir l'agi talion gagner les autres d émocraties populaires est trop grand; en mars , déjà , les étudiants polonais, emmenés par Adam Mic hnik, onl manifest é leur mécontentement. La lettre que les dirigeant, soviétique" bulgares hongrois polonais ct est -allemands adressent il Dubc ck le 15 juillet est claire el menaçante: " Nous sommes convaincus que la présente situation menace les assises du socialisme en Tch céos tovaquie et met en danger le, intérêt, vitaux communs des autres pay, .. x-iali-aes. Le , peuple, de 110, pay, Ile nous pardonne raient jamais d'être restés indifférents ou négligents face il un Id danger. " Le 21 août, les chars soviétiques entrent à Prague. Du bce k est arrêt é De va nt la r ésist ance de la population. Brejnev décide habilement de le relâcher, de le rétablir à la tête du parti , mais de faire entrer ses adversaires au presidium. Les troupes du pacte de Varsovie restent sur place. La censure est rétablie , la " normalisation » est en mardie. Dubœ k doit finalement c éder sa place à Gustav Hu sak en avril 1969. Le, Occtdentaux protestent mais ne prennent aucune mesure particulière contre l' URSS: la Tc bécos lovaquie. depris 1947, fait partie de la LOrJe d'influence soviétique el il n'est pas question d'jntervenir au -delà du rideau de fer. Cunflrmation de l'éclatement du monde communiste. la Chine el l'Albanie, mais également la Yougoslavie et la Ro umanie condamnrm lopéreticn. • Le.I' partis occidentaux, - Le , deux plus importants parti, communistes occidentaux, les partis français (J'Cf) el italien (pcl) réagissent de façon différente à la nouvelle donne intern ationale. T rès 161, Je PCI prend ses distances envers Mosc ou cl
reproche aux dirigeants soviétiques de ne pas aller assez loin dans l'uurocririque el la libéralisation. Le PCF, à l'inverse, resle un allié fidèle el soutient notamment l' URSS dans le conflit qui l'oppose à la Chine. La mort de Ma urice T hore z, en 1964, après plus de trente ans de règne sur le Pa rti, est suivie d'un (Jggion/limnllo, mais au fond , ne modifie guère les positions. Après l'Intervention soviétique à Prague, le PCI exprime " un grave désaccord » , le PCF sa « féprubaticn » . Le choix des mots est important. L'épi-ode laisse toutefois des traces. Les années 1970 voient une nouvelle étape franchie dans l'émancipation. Le nouveau secrétaire général du PCI, Enrico Berlinguer, de plus en plus critique envers Mosc ou , revendique son indépendance. Il veut concilier communisme. libert és et d émocratie, admet la présence de l'Italie dans l'Alliance atlantique et voit même des avantages à la construction euro péenne. Après les élections de 1976 où son parti obtient 34 % des suffrages. il envisage un « compromis hisiorique » avec la démocratie chr étienne pour accéder au pouvoir. fi tente de rallier à ses idées les partis français el espagnol pour affirmer l'autonomie du communisme occidental au sein de ce qu'il nomme l' " eurocommunisme >o . Le PCF h ésite longuement mais finit par pencher du côté italien. Son dirigeant. Georges Marc hais , a signé en 1972 un programme commun avec le parti socialiste, ce qui le contraint à revoir ses positions en matière de politique ext érieure. Le discours du Par ti se fait de plus en plus critique envers l' URSS el commence à d énoncer timide ment les C
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U di fi gaill/WlI La d ét ent e perme t éga leme nt à ce rta ins membr es du bloc occidental d' exprimer leurs divergence s. Le c as de la France est à la foi s remarquabl e et e xce ption ne l. tant il e st lié a ux conceptio ns et à la personnalité de Charle s de Gaull e. pré side nt de la Républiq ue de 1958 à 1969 [4 1 et 45]. De Gaull e, on le sait , a " une ce rtaine idée de la France e ct de sa politique é trangère. Son obj ectif, son obsession. est de redonner à la France son nUi g de grande puissance. La puissance se d èflnissant co mme la capacité d'impos er sa vo lo nté a ux a utres [1 J (notio n de zone d'influ ence), mais a uss i de se lib érer de toute influ ence étrangère (no tio n dind épendarce ). la politiqu e gaullienne tend "ers deux directions complémentaires : s'affranch ir d'abord. au sein du monde oc cid ental, de la tutelle améri ca ine; dépa sse r ensuite la lo giqu e Est -Ou est pour s' impo ser sur la scène inte rnationale et ne pas laiss er aux seuls grands le monopole des initiative s. À tout bien co nsidérer. c 'est l'en semble de la politique ga ullienn e q ui sert cet obj ectif La nouv elle c onstit ution donn e a u prési dent de la République des prérogatives uniques en maière de politiqu e extérieure ; le redresseme nt monétaire el financie r de l'a urœn ne 1958 doit pcrm cure à l'écon om ie de se mod ernis er et d' a ffront er avec s uccès la co nc urre nce ét ra ngère. L' hy po thèq ue co loniale est définitive me nt levé e e n 196::! avec ICI; acc ords d'Évian qui rœttent fin à la guerre d' Algérie ; de Gaulle a désormais le s mains libre s. Il comprend parfaitement que la Fran ce ne peut se faire entend re si e lle ne possède l'arm e atomiq ue ; c 'est l'un des rares domain es o ù il poursuitlœu vre lancé e par la I V République. Les premiers essais de la bombe française ont lieu dans le Sahara, en avril 19f1O. La Fr ance fait alors partie du club trè s ferm é de s puissance s nucléaires. Le s c ondition s d u d éfi sont réuni es. Se dot er d'un e fo rce nucl éaire e st d éj à un e façon d e se libérer de la tutelle américaine. Encore faut-il qu' elle soit indépendante. Le 4 juillet 1962. Ken ne dy propose à l'Europe ce qu'il appelle un « grand de ssein » : la création d 'une vérita ble Communa uté atlantiq ue reposant d'un côté sur les États -Unis d' Am ériqu e, de l'autr e sur le s " États-U nis d'Eu ro pe " . Le purlnt' n li ip en sortirait renforc é. En contrepartie , les forces
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nucléaires frençais e et britannique seraient intégrées da ns J'O TAN et perdraient leur liberté d'action (il faudrait l'accord des États-Unis pour les utiliser), alors que la force atomique américaine, elle, conserverait son autonomie, Kennedy pense ainsi apaiser les soucis de sécurité des Européens tout en contrôlant la prolifération nucléaire, Ma is de Gaulle refuse catégoriquement d 'entrer dans la combinaison et fait échoue- le projet. L,! Fra nce s'attaq ue ensuite au fille prédominant que jouent les Etats -Unis dans l'OTAN, De Gaulle accepte mal la présence à Rocquencou rt du qua rtier général européen de lorganisation (le SHAPE) et à Stunr -Germuin-en-Laye de J'état-major américain, Il supporte encore moins la prétention de Washington à vouloir imposer ses vues à ses alliés, Dès 1958, il propose que la gestion des crises etlcnsemble des que stions nucléaires soient discutés à trois , États-Unis , Grande -Bretagne et France, sur un véritable pied d 'égalité, Eisenhower répond à peine, La tension ne s'apaise pas dans les an nées qui suivent, Le 21 février 1966, de Gaulle annonce le retrait de la Fra nce de l'OTA N, La Fra nc e reste membre de l' Alliance atlantique, mais quitte les structures militaires intégrées de l'organisation, Le SHA PE et les soldats américains présents sont aussitôt déplacés , Les Ét ,~ s - U ni~ encaissent mal ce coup d'éclat [46), De Gaulle ne s'arme pas là et, à plusieurs reprises, se désoli d a ris e des positions américaines, C'est le cas quand il condamne , Ion; d' un voyage au Cambodge en septembre 1966, la politique des États -Un is au Vietnam et qu'il prédit leur défaite, Ou lorsqu 'en juin 1967, au moment de la guerre des Six Jour s, il prend parti contre IsrJë I qui bén éfl cje du soutien de Wa shin gton. L 'o ffensive est aussi monétaire quand , tou jours en 1967 , au lieu de soutenir la devise américaine et l'ensemble du système de Brett on Woods, il préfère convertir en or les reserves en dollars de la Ba nque de Fra nce et précipiter un peu plus la chute du billet vert, L 'a utre vol et de la politique gaullienne consiste à dépasser la logique des blocs et à dynamiter un système fig é depuis quinze ans, De Gaulle est persuadé que, depuis la conférence de Yalta (où il n'a pas été invité), les deux grands s'accommodent fort bien d'un partage du mon de en zones d'influe nce, Cette entente plus ou moins tacite entre Etats -Unis et UR SS s'est réalisée sur le dos des Europée ns et risque désormais, avec la détente , de s'intensi fier au x dépens de leur sécurité, Les Eu ropé ens 71
n'extstemm que s'ils rejettent le duopole américano-soviétique et sa logique qui ne tient aucun compte de leurs intérêts, Le voyage que de Gaulle effectue en UR S S, sa formule d'une Europc « de l'Atlantique à lOural», sa volonté de servir d'intermédiaire entre l'E,t ct la RFA, son refus d'une Europe atlanuste , qui s'exprime par le double rejet de la candidature britannique à l'entrée dans Je Mar c h é commun (1963 et 1967), tout cela s'inSLTit dans cette démarche, Son périple en Amé rique latine (1964), son séjour au QU.:tlCC (\967) émaillé de d éclarations tracassantes (..: Vive le Québec libre! ») sont autant d'cccaskns de saper l'influence 'Ulg/o-.wuonne omni présente sur le continent am éricain. Sa politique à l'égard du tiers monde, la reconnaissance de la Chine populaire en 1964, centre l'avis de Washington, visent toujours à sortir du cadre bipolaire. La politique gaullienne a marqué les esprits, autant par ses initiative, que par son style, Incontestablement . la France se fait entendre sur la scène internationale, Ma is les résultat, sont-ils à la hauteur des ambitions? La F ra nc e a -t -elle les moyens de sa politique? La crise de mai 1968, sociale mais ,wssi monétaire, ramène brutalement les difficultés intérieures au premier plan, Le discours gaullien se fait plus modéré et le voyage de Nixo n à Parts. en 1969, est l'occasion d'une certaine normalisation des rapports franco -américains. En réalité, contrairement à ce que Wahington a parfois pu croire, la France n 'a jamais envisagé de pousser la contestation du syst ème jusqu 'à sunir de l'Alliance atlantique, Le s initiatives et le, for mules provocantes n'ont pas empêch é de Gaulle, lorsque les intérêts du monde occidental étaie nt franchement menacés (à Berlin ou à Cuba, par exemple), de signifier clairement qu'il se situait dans le camp des États -Unis,
UI guerre du Vielill/III
el
ses cœisëquencrs
La contestetkm la plus radicale , qui a'enaque aux valeurs sur lesquelles repose l'ensemble de la politique des États - Unis , vient en fait de la société américaine elle-même, confrontée à rune des crises les plus graves de son histoire: la guerre du Vietnam, Le véritable engagement des États- Unis au Vietnam suit les accords de Genève de 1954, qui mettent un terme à la pré scnce coloniale frunçnise et partagent Je pays en deux , de part 72
11 d'autre du 17 parallèle: le No rd communiste, dirigé par Hô Chi Minh, et le Sud, où prennent pied les Américains, Des élec tions libres sont pr évues deux ans plus tard pour unifier l'ensemble du territoire, L a présence américaine au Sud s'explique dans le cadre g én éral du comainment par la volonté de combattre l'influence communiste, La Maison -B lanc he voit dans le Vietnam un point névralgique; la victoire du Nord, pense-t-on. ferait basculer dans la sphère communiste le Cambodge, le Lao , et l'en semble de l'Asie du Sud-Est. C'est la « th éo ri e des domino, ", qui veut que , dans une rangée de dominos alignés , la chute du premier provoque celle des autres, En outre, les États-Unis veulent faire du Sud- Vietnam une vitrine de leur politique dans le ners monde, montrer la supériorité de leur, idéaux à la foi, sur ceux du communisme ct sur le modèle colonial. Ils installent au pouvoir le dévoué Ngo Din h Die m ct repoussent des élections qui , étant donné la popularité d' Hô Chi Minh, auraient immanquablement conduit à la défaite, L e , État, -Uni, commettent ainsi de, erreurs lourdes de conséquences, D'abo rd en soutenant un régime dictatorial qui s'avère d'alliant plus impopulaire que Diem est catholique alors que la population est en grande majorité bouddhiste; ensuite en refusant de voir dans le mouvement d'indépendance nationale qu'est le Vietminh autre chose qu'un simple parti commu niste, Hô Chi Minh, dont l'objectif reste l'unification, adopte une strat égie qui mct progressivement en lumière ces contradictions, Au lieu de lancer une offensive militaire vouée à l'échec, il soutient activement l'opposition Vietcong au régime de Dicm. qui. notamment dans le, campagnes, gagne de plu, en plus de partisans, Les Etats-Unis ne comprennent pas que la bataille se joue sur le terrain de la propagande et se contentent d'uccrojtre leur engagement militaire à mesure que se constituent et s'urganiscnt les maquis du Vietcong [91], Kennedy dépêche au Vietnam 16 (()() conscillcrs ; l'engre nage est en marche, Son successeur, Jo hnson, obtient en 1964 du Congrès, à la quasi -unanimité, l'autorisation d'envoyer le, GI's, L e conflit prend alors une dimension nouvelle: 185000 soldat, en 1965,536000 à la fin Je 1968, L e s èan-unts ont longtemps espéré cacher la guerre et se, réa lités , tant au monde entier qu'aux Américains mêmes, Alors que s'amorçait la détente , ils ne voulaient pa, donner l'impression qu'on en revenait aux pires heures Je la guerre Je Corée;
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mais ils toléraient déjà le régime castriste à Cuba et ne pouvaient laisser entendre qu'ils étaient desormais prêts à toutes les concessions dans Je tiers monde. C'est un échec total. L' offen sive g én érale lancée par le Vietcong en janvier 1968, au moment du Têt, le nouvel an vietnamien, révèle l'ampleur du d ésastre. Une centaine de villes et de bases américaines sont enaqu ées en même temps et les combats font rage jusque dans le, jardins de l'ambassade à Saigon. L' offensive est repoussée, mais le monde entier prend conscience des horreurs de cette guerre- du manque de crédit du régime sud-vietnamien, du sou tien populaire dont dispose l'opposition communiste et de l'Impuissunce des États -Unis , malgré tous les moyens engagés, à mettre un terme à la guérilla. Le 31 mars , Joh nson annonce un d ésengagement partiel et la suspension des bombardements. notamment au nord du 17' parallèle, sur Ha no i ct Haiphong. À peine élu , le pr ésident Richa rd Ni:UJ n définit la nouvelle politique américaine: retrait progressif des troupes, " vietnamisation ,. du conflit, régociarion d'une " paix dans l'honnerr » . JI lui faut quatre ans pour, tant bien que mal réaliser ce pro gramme; quatre ans de pourparlers accompagnés d'intenses bombardements des positions vietnamiennes, sur l'ensemble du pays , mais aussi au Cambodge à partir de 1970. Le s méthodes du secrétaire d'État , Henry Kissinger, qui tournent résolument le dos aux principes wilsonicns et remettent au goûI du jour la realpolitik ct la diplomatie secrète, finissent par payer [II]. JI profite de l'isolement dans lequel la révolution culturelle ct le conflit cino-soviétique ont plongé la Chine, pour provoquer un spectaculaire rapprochement avec Pék in. L ' entrée de la Chine à l'ONU L"J1 octobre 1971, en lieu et place de Taiwa n est suivie quatre mois plus tard du voyage de N ix o n à P é k in. L e s Etals -Unis obtiennent ainsi lappui de la principale puissance asiatique dans les négociations sur Je Vietnam. Les accords de Paris. signés le 27 janvier 1973, établissent un cessez-le -feu. prévoient le retrait total des troupes étrangères du SudVietnam, la libération des prisonniers américains et la formation d'un Conseil national de réconciliation au Sud , rassemblant les diverses tendances politiques, avant l'organisatkm d'élections libres. Deux ans plus lard, en avril 1975, le Vietnam du Nor d envahitle Sud, s'empare de Saigon Cl unifie le pays , peu après que les communistes se sont emparés du pouvoir au Laos el au Cambodge. T ra um atisé s par quinze ans de guerre, les 74
Étals -Uni s ne bronch ent pas. Le ("(Jlll u ifll rœfl ' con naît a lors sa plus lourd e défait e.
• Le v ietnam el lu .lOd él! americaine [9 1]. -
Perda nt lon gtemps, les Am éricains ne s'Inquiètent pas d'un e guerre qui ne dit pas so n nom, Jans un pays lointain. ign oré, où ils ne pos sèdent pas d 'intérêt s économique s. Toute la stratégie du go uverncm em " ise à masqu er les faits . John so n prend soin. mêm e en 1964, d' évit er tout e d éclaration d e guerre officielle. La réalité, lorsqu ' ell e est r évél ée. es t d'autant plus diffic ile à admettre. L ' op inion prend conscie nce J e l'importance Je J' engagement entre 1965 et 196 8 . Au d ébut largem ent favorable s, le s av is évolu era et se rctoumem peu à peu. La co nte station provi ent d'abord d es milieux int cllectuds el é ud ta ms et participe d'un e c ritique plus géné rale du mod èle c apita liste e t d'une socié té J e co nsommation à bout J e sou flle. L ' en vo i en ma sse de s G l"s touche en suite une grande parue de la population et s'accompagne d e manifestati ons spectacula ires (papiers militaires renvo yés o u brûlés en public .. . ) qu i frap pent le s e s prits. L e nombre c roissant des vict imes (5 000 soldats américains tués en 1966) augm ente le malai se. Le rôle des médias, el surto ut cel ui de la télévision. doit êt re sou ligné, mêm e s' il ne faut pas le surestimer. La grande majo rité des journaux et la total it é des l' haines sont d'abord tout acquis a ux argum ent s o ffic iels, mai s la longueur et l' enlise ment du con flit, le d écalage toujours plu s fort entre le discour s et la réalité pou ssent les médias , petit à petit, à rendre mieu x compte de la situation el les anal ystes à ex poser leurs point s de vue, souvent c ritiques, notamment après l' offensi ve du Têt. Le s imag e s transmise s directem ent par sate llite montrent le s morts et le s bl ess é s. la fatigue des so ldats , le s horreurs d es co mbats , l'utilisation massi v e de d éfoliant s el du napalm .. . L ' im pact pr ovoqu é par Je clic hé J'un e jeune Vietnamienne brûlée v ive ruine en un instant bien des e ffort s J e propagande. De plu s en plus d'Américain s co nsid èrent la g uerre com me une erreur el réclament le retour d es boys. Ma is la d échirure est plus profonde. C' est tout e une soc iété qu i dout e soudain Je ses va le urs el J e leur uni ver salism e. Le s G r s éta ient ce nsés com battre au nom de la justice el J e la d émocratie pour aider un pay s v ictime d'un e ag re ss ion co m mun iste. L ' a ve nir du mond e libre se jouait au Vietnam. Mais les reportages et les image s montrent une autre réalit é : le s États- Uni s j ou ent Je 75
mauvais rôle d'une puissance militaire qui soutient un régime corrompu et rejet é par la majorité Je la population, À tel point que- pour beaucoup. c'est le Vietcong qui finit par incarner le droit des peuples à disposer d'eux -mêmes elle combat JXlUr la liberté, Ébranlé par ces contradictions. c'est tout le consensus de l'opinion sur la politique étrangère qui s'effondre, Les justifientions id éologiques qui légitimaient le nmluinlllenl sont remises en cause, Les th èses qui rendent l'impérialisme arréricain responsable Je la guerre froide ont alors le plus de succès, A tout le moins , les Américains ont désormais conscience que le discours manichéen qui organisait le monde en deux blues opposés et justifiait l'interventionnisme des Jeux leaders ne correspond plus à la réalité, ~,
LI.' tle r-, mumle l'I la gll l'rn' rruilil'
L'h nerxence poliliqlle
JII
tien lIumJe
La notion même Je tiers monde l'si à double sens, Dans son acception la plus courante. le tiers monde regroupe l'ensemble des pays pauvres, .. en voie de d éveloppement " , son dans les années 1960, la quasi -totalité des pays d'Asie , d'Afrique et d'Amérique latine, « Ce tiers monde ignoré, exploité. méprisé, comme le tien; état, veut lui aussi être autre chose " , écrit en 1952 léconomiste français Alfred Sauvy, l'auteur de l'expres sion, À celle dimension économique initiale se greffe une signi fication plus politique, directement liée à la conjoncture du moment Le tiers monde l'si largement compo-é d'Étals ind épendants depuis peu qui comptent safflrmcr sur la scène internationale en dehors des blocs , sans faire preuve d'allégeance il l'un des deux grands, La difficulté consiste à susciter un troi sième pôle original ct ne pas sc définir seulement par oppovilion aux mondes communiste el occidental. L a d étente permet-elle l'émergence J'un monde multipolaire ? La décolonisation touche d'abord le Moy en -Orien t el l'Asie, puis, à partir du milieu des années 1950, J'Afrique, Elle s'accompagne de l'entrée Je~ nouveaux pays à l'O NU, L' organisation compte en 1945 51 Etats fondateurs; elle en comprend lC» en 1961 Cl 147 en 1976, lorsqu'on peul considérer que la décolonisation , pour tessemtet. prend fin, La composition de l'Assemblée générale, à l'origine favorable aux États-Unis , en 76
est houleversée ; le tiers monde y devient majoritaire el d ispose là d 'une tribune internationale d 'expression publique. Le colonialisme, J'impérialis me sous Ioules ses for mes (notammem économiques), l'upanhcid ou l'offensive israél ienne lors de la guerre des Six jours y som condamnés avec force, Ma is l'influence politique de lAssemblée est mineure et ses résolu lions , souvent très fermes , sont rarement suivies d'effets. Aussi certains pays cr éent leur propre organisation pour mieux se faire entendre, La conférence de Band ung. en In do nésie , qui rasse mille en avril 1955 29 pays , pour la plupart d'Asie mais aussi d 'Afrique, est pour les nations du tiers monde la première occasion de se manifester hors de Ioule présence occidentale ou soviétique, Elle marq ue avant tout. selon le futur président du Sénégal Léo po ld Senghor, « la fin du complexe d'infériorité des peuples de couleur » , Les résolu lions finales appellent à la décolonisation du continent afri cain, ptivilégient les solutions pacifiques el négociées el prônent la coexistence pacifique entre les grands. Le premier ministre indien Nehru s'impose, avec Nasser, comme le leader du murant n.éssam. lafro-asiatisme.
• 1..R tum-utignement, - En parallèle se tient à Brio ni, en juillet 1956 , à l'initiative de Tito , la réunion fondatrice du mou vement des non-alignés, Nehru, Nasser el le dirigeant yougoslave en sont les instigateurs, P lus que lafro-asiatismc. dont l'objectif principal est J'accompagner la d écolonisation. le ron -aligncmem cherche à sc libérer du système Est-Ouest et à définir une troisième voie à l'écart des Jeu x blocs. Le neutrali.I/lic ainsi d éfini ne signifie pas neutralité ; les non-alignés comptent hien s'exprimer, intervenir Jans les affaires mon diales et prendre parti. Ma is ils veulent le faire sans a priori, l'li toute libe rté. Ils espèrent aussi profiter du système et par un jeu Je be-c ule , tel que Nas ser le pratique J~s 1956, se tourner vers le plus offrant. Noto n s que le mouvement ne se réduit pas au tiers monde: la Yo ugo sla vie en est un des piliers [7 1] ; à l'inverse, de nombreux pays pauvres qui alignent leur politique sur celle Je Mosc ou ou Je Washington (comme en Amérique latine) n 'en font pas part ie, L ' in itiative remporte un franc succès, La conf érence Je Bel grade, en 1961, réunit 25 pays; celle de Lusaka , en 1970, en rassemble 53 elle sommet J 'Alger, trois ans plus lard, 75, Le mouvement vulgarise quelques id ées fortes : la paix peul 77
s'Im poser par le dialogue ; le d roit des peuples il lautod étermi nati on va au -delà de la simple in d épend ance politique, Il associe aux affaires internationales des pays qui , sans lui, auraient é té soigneus ement tenus à l' écart. Le tier s monde , ce pcrxla m. peine il s'imposer, il fa ire valoir ses opinions et il c onstit uer ce troisièm e bloc qui permettrait d e sortir vraiment du j eu bipolaire. D'ub ord sans dout e parc e que , au -delà des for mule s et des discour s, le mou vement est miné par des divergence s internes et de s rivalités de personnes (Nehru apprécie mal l'autoritarism e et l'opportunisme d e Na sser), Des conflits armés com me ce ux qui o pp os en t J'I nd e à la Chin e o u au Pa kistan montrent qu e les idéaux comm uns ne résistent gu ère aux intérêts nationaux. P lus gra ve , le non -alignement perd sa c rédibilité en ad metta nt d es fXlys clairement engagés d u cô té soviétiqu e (Cuba , Corée du No rd ) o u américain (I ndo n ésie, Arabie Saoudite ), À La Ha vane, en 1979, sous la présidence de Fidel Castro, la dénonciation de l'impérialisme e st év idemment tres sélective , Malg ré tous leurs efforts , les pay s d u tiers mond e éc ha ppent difficil ement au c livage Est-Ouest. Ils restent forxJamentaJement un objet de rivalité s dans la compétition qu e continuent de se livrer le s deux grand s. Castro n 'a pa s voix au chap itre lors de la c rise d es fusé es de 1962 ; tout es les négocia/ions sur le nucl éaire se d éroulent entre Wa shingto n et Mo sco u, et ne sont guère évoquées à l'O NU, Le tiers mond e se fait mi eux entendre au niveau régi ona l (Orgunisatiœt de l' Unité africaine, fondée en 196 3) o u lorsqu'Il décid e au dé but de s année s 1970 de s' affirmer e n jouant d e l'arm e éco nomique; mais seuls les pays disposant de teh arguments, et notamme nt de ress ources pétrolières , peuve nt tirer parti de la nouvelle stratégie ,
Les bUIs-Unis conte aés en Amériq ue l
L' A mériq ue latine est depuis longtemps consid érée comme J'arrière-cour des Élals - Unis [29 el 39]. Le pacte de Rio de 1947 , traité d'alliance global signé par la quuvi-totalité des États américain>, place l'en-cmhle du continent dam le camp occidental. La révolution cubaine bouleverse totalement la situation. Après la crise des fusées , Cuba, poste avanc é du communisme en terre américaine, se faille champion de l'idéologie révolutionnaire et propose un modèle prêt à s' e xpo rter partout où l'on supporte malPumnipr ésence Jllllkee. Castro organise une co nfére nc e etricomincntale » en 1966 (avec des repr éseraants d' Asie el d' Afrique), où il appelle à multiplier les -c Vietnam » sur Ioule la planète. Sous lTmpulsion de Che Guevara théoricien de l'insurrection et de la guérilla. des mou vements révolutionnaires naissent en Colombie, au Pérou, au Chili et en Bolivie, où Guevara trouve la mon en 1967, au faite de sa gloire. L ' ample ur de la révolte s'explique ausvi par l'extrême pau vret é d'une grande partie de la population. L'essor économique que connaissent alors la plupart des pays d'Amérique laine ne profile pas à lous el accroit au c ontraire les disparités sociales. Les États -Unis , qui veulent à tout prix maintenir leur influence et sauvegarder leurs iru éréts. soutiennent des régimes dictatoriaux , uttraconscrvaeurs, corrompus 11 très impopu laires (comme Duvalie r à Haïti). fi s interviennent en 1965 en République Do minicaine pour voler au secours Je la junte mili taire. Au Chili. bien que le socialiste Allende ait été d émocratiquement élu en septembre 1970. la C IA appuie le coup d'État fomenté trots ans plus tard par le général Pinoc het, qui établit une dictature. Cene politique, en totale contradiction avec les idéaux démocratiques professés par Washington. est Je plus en plus critiquée par les alliés des États-Unis. Ble alimente Jan> toute l'Amérique latine un anüam értcamsme chaque jour plus aigu.
&.1 rivulltës Est-Ouest
a il
Moven-Orient
Le Moyen-Orie nt est sans Joule la région du monde la plus sensible [79]. Les rivalités Est -Ouest y sont exacerbées par des enjeux pétroliers et stratégiques considérables. La politique des Etats -Unis au Moy e n-Ori ent répond à plusieurs objectifs: mainlenir la stabilité d'une région où ses c ompagnies pétrolières se sent implantées Jans l'entre-deux-guerres ; contenir au 79
lendemain de la Seconde Guerre mondiale l'expansionnisme soviétique vers Je Sud; trouver après la crise de Suez un point d'appui au Proche-Orient. Ses principaux alliés , el cela ne va pas sans contradictions. sont l'Arabie Saoudite, la T urq uie et l'Iran, Isra ël enfin, à qui Washington commence à livrer des armes à partir de 1962, De puis K hrouc htc he v, l' URSS , elle , s'appuie surtout sur l'Égypte nasseriennc. Elle soutient ensuite les gouvernements nationalistes arabes et laïques qui prennent le pouvoir en Syrie, pris en Ira k, et qui se réclament du socialisme, Elle leur fournit des armes , une aide économique, des conseillers militaires, et conclut des traités d'amitié (en 1972 avec l'I rak), Ses objectifs sent srra égfqucs : eUe ne cherche pas à influencer idéologiquement des régimes qui, d'ailleurs, pourchassent impitoyablement leurs opposants communistes, L'équilibre est une première fois remis en cause lorsque, le 5 juin 1967 , Israël lance une offensive contre t'Égypte el la Syrie, après que Nasse r a interdit l'accès du golfe d'Akaba à ses navires, La victoire-éclair d'Israël. en six jours, conduit à l'occupeticn du Sinaï, de Gaza, de la Cisjordanie et, aux dépens de la Syrie, du Golan, Les deux grands, qui n'ont (Xls pouss é à l'nffrontement, soutiennent d'abord leurs protég és. L 'URSS menace d'Jntcrvenir. les Étals -Unis accroissent leur aide mili taire, Ma is ils s'entendent ensuite pour calmer le jeu et faire voter à l'O NU la résolution 242 , qui prescrit l'évacuaion des territoires occupés et la reconnaissance de l'Int égrit é territo riale de lous les Étals de la région, y compris Israël. La résolu lion n'est pas respect ée, mais un cessez-le-feu est signé en 1970 [85], La mort de Na sser, la même armée , brouille une seconde fois la donne, Son successeur, Anouar el-Sadate, très ébra nlé par la d éfaite de 1967 , comprend qu'il doit négocier avec Israël el qu'il a besoin pour cela de l'appui américain, Il prend progressivement ses distances avec Mos cou et chasse en 1972 les 20 (XX) conseillers soviétiques alors présents en Égypte, Po ur contraindre Isra ël à négocier , et le faire dans les meilleures conditions, il lance avec la Syrie, le 6 octobre 1973 , jour de la féte juive de Kippo ur, une offensive dont l'objectif est donc plus politique que militaire, L ' issu e en est cette fois incertaine, Américains ct Soviétiques ravitaillent en armes et matériels leurs alliés respectifs; les États -Unis meuem leurs forces nucléaires en alerte. Mais ils pressent Is raël de faire marche lIO
arrière lorsque ses troupes parviennent il 70 k ilo mèt re s du Caire. Là encore, les Jeux grands, qui ont signé les accords SALT l' armée préc édente . s'entendent pour arbitrer le conflit et y mettre un terme. JI y va Je la stahilité Je tout le Moy en-Orient. Da ns l'immédiat, les conséquences de la guerre sont plutôt n égurives pour les Occidentaux : les pays arabes augmentent les prix du pétrole et usent pour la première fois Je l'arme économique contre les États-Unis et leurs alliés. Ma is, comme Sadate l'avait espéré, les Isra élie ns som contraints de s'asseoir au x côté, des Égyptiens el Jes )orJ,U1iens à!a table des régociarions, sous les auspices des Etals -Unis. L'Égypte achève son évolu tion : elle se rapproche Je Washington. rompt le traité qui l'unissait il l' URSS depuis 1971 e conclur en 1978 les accords de Camp Da vid : Isra ël se retire du Sinaï, l'Égypte reconnaît officiellement Israël el lui ouvre l'acc ès du canal Je Suez. Au total. l' URSS est perdante: elle est tenue à l'écart du pro cessus Je paix, perd en l'Égypte sa principale alliée et ne peut plus s'appuyer que sur l' Irak ct la Syrie, deux partenaires turbulcnts el incertains.
U.\ initiatil'e.1 sovietiques en Afrique L' Afrique, encore relativement à l'écart lie la guerre froide, devient Jans les années 1970 le terrain privilégié Je la politique d'influence soviétique. Le s enjeux sont économiques (sous -sol très riche en métaux précieux] et strat égiques (notam menl la corne Je l'Afrique el l'Afrique australe qui commandent rexpec tivement l'acc ès à la mer R o u ~ e el le c ap Je Bonne-Espérance). La faiblesse politique des Etats, souvent en butte 11 des luttes internes, facilite l'intervention des grandes puissances, mai, est au:.., i fadeur dinstabilité ; les conseillers soviétiques chassés du SOUJ,U1 après le I:OUP d'Élal Je 1969 en font l'expérience. Les raisons qui poussent l' URSS il prendre des initiatives en Afrique dans le milieu des années 1970 som d'abord conjoncneulles. Les colonies ponuguises, en premier lieu Je Moz ambique et l'Angola, acc èdent à l'Indépendance en 1974 et 1975, et c 'est l'occasion pour Mo sco u d'Intervenir. JI faut également profiter de la faiblesse passagère des Etats -Unis , traumatisés par le syndrome vietnamien el Je scandale du Watergate, qui provoque en 1974 la démission Je Richard Nixon. Le Congrès 81
refuse alors d'investir le moindre dollar dans des aventures africaines hasardeuses. Enfin, la crise économique qui frappe le rronde capituliste depuis la fin 1973 réveille sans Joule l'opümisme id éologique des dirigeants communistes. La progression Je l'influence soviétique se traduit de façon directe et indirecte [14J: - par le resserrement des liens économiques avec des pays d'Afrique du Nord comme l'Alg érie ou la Libye du colonel Khadufl. au départ très antisoviétique. non alignée et ücrs -rrondiste , mais qui évolue petit à petit, jusqu'à signer un traité avec l' URSS en 1974, après la volte-face égyptienne; - par Laide fournie au x mouvements d'opposirion el Je guérilla en Afrique du SuJ, Na mibie et R hod ésie : - par l'émergence Je gouverremcnts qui se réclament d'un socialisme tantôt e scientifique » (Congo, Bénin, GuinéeBissa u ), tantôt e spéciflque » (Somalie, Mada gasca r à partir de 1975 , etc.), parfois d'ailleurs assez , voire fort, éloignés Je Mosc ou ; - en intervenant enfin Je façon directe et massive au Moza mbiq ue et en Angola , dès lInd épendance proclam ée en 1975. En Éthiopie , le coup d'État de M en gist u, en 1977, s'accompagne également d'un ulignerrent sur l' URSS. Celle-ci rompt du même coup avec son andenne alliée, la Somalie, el a ide l'Éthiopie à reprendre aux dépens de sa voisine le contrôle de l'Ogaden. Dans ces trois pays , l' URSS et Cuba se partegent les tâches. La première fournit les armes , le matériel, les conseillers militaires el l'urgenr : l'autre envoie J~ soldats par dizaines Je milliers, v éritables mercenaires de la révolution, el tient un discours mobillsuteur. mi -socialiste, mi-üers -mondtste. On s'imerroge encore sur les raisons fondamentales de cet imervemionnisme. S'agit-il d'un plan d'ensemble d'expansion id éologique, longuement élabor é '? Ou d'une succession d'opportunités que l' URSS s'empresse Je saisir en profitant Je circonstances favorables'? On retrouve les termes Je l'éternel débat toujours posé sur les motivations de la politique extérieure soviétique, idéologiques ou stratégiques. Il est sûr en tout I:as que la tucrique suivie par Brej ne v en Afrique diffère sensi blement Je la politique élaborée par Khrouchtchev Jans le tiers monde. et notamment au M o y en -O r ie nt. L 'UR S S ne se contente pa' de soutenir les mouvements nationalistes ou indépendantistes hostiles aux Occidentaux. Elle met en place des régimes qui reproduisent Je façon radicale el souvent inadaptée 82
le modèle soviétique (ccllectivisatkm des terres). L' ingérence, notamment dans la come de J'Afrique, est celle fois directe. Celle politique connaît des limites. Elle coûte cher, el les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des sommes investies. Les gouvernements en place sont instables et violem ment contestés. Leurs dirigeants ne s'averera pas aussi dociles que prévu. Par ailleurs, la cr édibilité de J' URSS , qui maintient son attachement aux principes de la détente et signe en 1975 les accords d' Helsinki. est sérieusement remise en cause. L ' inva sion de l'Afghanistan, CIl 1979, met un terme à ces cuntradiclions el clôt definitivement l'ère de la détente.
IV / La tin de la guerre froide
L l TIIl' IInUH'lIl' u ue r rv fruidl' ? L 'A! i? /nl1l i.\/(i1/
L 'A fgha nista n entretient de bonnes relations avec l' URSS depuis Je milieu des années 1950, d'uutant que le Pakistan. voisin et rival , estlallié des État s-Unis ; une grande partie des cadres de J'armée , par exemple, sont formés à Mosc ou. Le coup d'État de 1973 renverse la monarchie et proclame la R épublique. Rapidement. le nouveau régime, tr ès uutorituire , mène une polit ique d'indépendance nationale et prend ses dis lances envers r URSS. Mosc ou favorise alors en 1978 J'acces sion au pouvoir du Parti communiste afghan. Ma ts cc dernier. par ailleurs affai hli par des divisions internes, se heurte vile , notamment en raison Je sa politique agraire et de dispcshions visant 11 protéger les droits des femmes, 11 l'opposition reli gieuse grandissante des mollahs. La situation tourne à la guerre civile. Le 24 décembre 1979, les troupes soviétiques, parachutistes et chars, entrent dans Ka boul. rétablissent l'ordre, et portent le communiste Ba brak Ka rma! 11 la tète de l'Étal. Officiellement. Moscou justifie SOli intervention au nom Je l' " internationalisme prolûarien e : l' URSS répond aux appels d'un gouvernement communiste en péril. L'e xplic ation ne convainc guère: L'Assemht ée générale de l'O NU condamne linitiative soviétique par 104 voix contre 18 el 18 abstentions. Les Étals -Unis et leurs alliés accusent l' URSS de saboter délibérément la d étente el les pays du liers monde , Jans leur 84
majorité (notamment les pays musulmans) , d énoncent cc qu'ils considèrenrcomrre une ing érence manifeste [89J. Le s raisons profondes de lopérarion ne sont pas faciles à cerner. On assiste ind éniablement. à partir de 1975, à un durcis <;CJTIent de la p olitique extérieure soviétique. Le , difficultés ren contr ées par le, Etats -Unis d qu is le Vietnam el la conviction que l'Arm ée rouge e.t devenue la premi ère ter monde peuvent mccurager Brej ne v, dont la constitution de 1977 accroît encore le rôle dirigeant, à mener une politique offensive globale. Dans le ca, précis il semble toutefois que l'intervention réponde aussi à des pr éoccupations défensives. A près la révolution iranienne de 1979, il fallait préserver les positions acquises pour empêcher que l'islamisme ne gagne l'Afghanistan el, au-delà, les républiques soviétiques d'Asie centrale. de religion musul mane. L'URSS n'a sans doute pas volontairement tourné le dos à la détente , ou à ce qu'il en restait. Da ns les faits , l'épisode marque cependant bien le début d'une nouvelle phase de tensions. Le s Éta\<;-Uni" plus d'ailleurs que leur, allié, européens, rapprochent l'intervention soviétique des progrès du communisrne cn Afrique, el lanalysem dans une perspective globale. lb sent persuadés que l' URSS est désormais prêle à user de sa puissance militaire pour étendre son influence idéologique el strat égique. en l'occurrence en profitant de ce que les Etats -Unis ont perdu leur allié iranien pour contrôler à terme le Golfe persique Cl se ménager un " acc ès aux mers chaudes .., cc qui était déjà l'objectif des tsars. Il faut remarquer à quel point l'engagement sovi étique en Afghanistan. qui inaugure en fait. après une décennie de montée en puissance, une période de crises dom l' URSS ne se relèvera pa" est interpr étée sur le moment comme le début d 'une vaste offensive ele signe de la vitalité retrouv ée du communisme. Le s États-Unis réagissent avec d'autant plus de torce ct de conviction qu'ils ne risquent plus d'être accus és de curnpromettre la détente. Ils d écrètent un embargo partiel sur la vente à l' URSS de céréales el d 'équipements de haute technologie Cl unnoncentIe boyc ott des jeux Olympiques prévus à Mosc ou en 19110. Le président Caner sc montre beaucoup plus ferme que l'image donnée jusqu 'alors par sa politique pouvait le laisser sup(XJSer. Les Etat s-U nis, persuadés que l' URSS ne jouerait pas le jeu de léquillbre géopolitique, avaient en fait depuis déjà quelques ann ées pris leurs distances avec l'upproche réaliste el 85
prrem em strat égiqu e d éfendu e pa r Kissinger. Carter réintroduit nolammenl dans les relati ons internationales Je thème idéologique des droits de l'homme . Il ces se de soutenir des régime s dictatoriaux comme ce lui du shah d'Iran (o ù la CIA a visible ment mal a na lysé le poids ct la nature de l' opposition isla mist e), o u au Nica ra gua , le gouve rne men t So moza , ren vers é e n juillet 1979 par les rebelles sandinistes appuyés par Cuba. Par ailleur s. il dénonce avec v ig ueur le sort réservé au x di ssiden ts sovié tiq ue s et pr end d e s sanc t ions co ntre l' URSS apr è s l'A fghanistan . Le d ésarmem ent n' est plus la pierre a ng ulaire des relations Est-Ou est : le Congrès ne ratifie pas les accords SALT II, j ugés tro p fav orables à l' URS S, el l'affair e des euromisxile s vien t sou daine me nt remettre e n ca use l'ann J control.
Iu crise des euromissites L 'URSS rattrape so n retard en matière d ' armement nucléaire dans les a nnées 19 70 , e n co nsac ra nt 15 '1(., d e son PNB a ux dépens es militaires . Les accords SA LT sont contourn és par la techniqu e du mirvage , éga lement adopt ée par le s États -Uni s. L 'UR SS étend par ailleurs la fabrication de mi ssiles à portée int erm édi aire (1 000 à 5 5 00 kilom ètr es ], qui éc ha ppe nt à l'amis con/ roi: en 1977 , die com mence à dépl oyer 33 0 SS-20, à trois têtes, lou s tourn és vers l' Eu ro pe oc cide ntale. Comm e ce lle -c i n e poss èd e p a s d e misvile s éq uivalcnt s ca pa bles d' atteindr e le sol soviétiq ue (se uls les pay s d e l'Est sont à port é e de s a rmes euro pé enn es d e l'O TA N ), I'équilih re es t rompu . La séc urité de l' Eu rope occide ntale dépend d ésormais de s seuls États -Uni s et de leur s mi ssiles stratégiqu es, et donc de leur disposition à risquer o u non de s repr ésaille s massive s sur leur pro pre sol (37]. Le c hance lier all emand social-d émocrate, Helmut Sc hmidt, est le premier à s' émou voir. En j anvi er 1979, l'O TAN prend une doubl e déci sion, entérinée à la fin d e l'année : né goci er avec l' URSS le retrait co mplet d es SS -20 ct, da ns le ca, pr évi sfble d'un refus, installer en RFA de s missiles intermédi aires. On voit à quel point. avant mêm e l'A fghunistun. la pa ge de la dét ente est tourn é e . L ' DT AN e spé ra it fai re ret om ber sur l' URSS la responsabilité de l' e scalad e ; en fait . cette stratégie, habile en a ppa rence , se retourn e cont re d le. C estl' URSS qui, en multipliant des prop osit ions de d ésarmem ent qu'elle sai l êt re i n acce p ta b les , p ro voqu e les refu s s y st é mutiqu e s de s 116
Occidentaux et se do nne le beau rôle. Un large mouvement d 'opinion, fortement appuyé par Mosc ou, s 'élève notamment en RFA pour protester contre le d éploiement de missiles améri cains. Le SPD, le propre parti d' Helmut Schmidt, finit par adopter les positions pacifistes et désavouer le chancelier. La crise conduit Sc hmidt à d émissio nn er en octobre 19112. Son successeur, le d émocrate-chr étien Helm ut Kohl, conforté P,Jr la victoire de son parti aux élections de mars 19113. parvient à la fin de l'année à faire voter au Bund e stag l'installation de JOli Pershing II et 464 missiles Cnuse [JOli) Au tor al , J" Alliance atlantique en sort renforc ée. E ll e a montré sa coh ésion : la Franc e en particulier. par la voix de Franço is Mitterrand lors d 'un retentissant discours au Bun destag le 2 1 janvier 19113, a clairement soutenu le chancelier allemand et les positions de l'O TA N. L'éq uilibre des forces est plus que r établi el ce sont désormais les Élals-Unis et leurs alliés qui dans la course aux armements pos-èdcnt l'avantage. Cela ne suffit pas ; pour la nouvelle administration américaine, le moment est venu de pousser plus loin l'offensive.
Reagal! et la lutte contre l'« empire du mal » L'élecüon triomphale du républicain Ronald Re agan à la présidence des Élals-Unis, en novembre 191\0, correspond à la volonté d'une majorité d'Américains de surmonter le trauma tisme vietnamien, d'affirmer haut et fort la pr ééminence de leur pays et de relancer la guerre froide sur des bases nouvelles. Re ag an tient un discours simple, clair el que ses qualités médiatiques contribuent à rendre populaire. R ée ll e me n t convaincu de la supér iorité et de l'universalité des valeurs libé rales , il est persuadé, comratremcu à ce que pensent la plupa rt des analystes en Europe, que le communisme confronté à des difficultés économiques et politiques nouvelles est c ondam né à brève échéance, du moins en UR SS. Le s États-Unis doivent saisir l'occasion. ne plu" se contenter de l'équilibre, ne plus se seiisfaire du containmmt, mais comhaure le communisme sur lous les points du globe, y compris en son centre. Il f'aut d épasser la guerre froide et laisser place à un système où les États -Unis joueront seuls les premiers rôles [25 et 27]. Plus qu'uvee la politique de Carter, qui par ce rtains traits annonce J'offensive à ve nir, Reagan rompt avec la philosophie de la d étente ; plus question de coge snon des affa ire s 87
internationales ou de possible convergence des idéologies, plus question d'aborder les problèmes , comme au temps de Kissinger, en termes g éostrat égiquex. C'est le retour en force de l'idéologie dans sa version la plus pure, celle de l'ulualibéralisme économique. au service d 'une croisade anticommu niste . d'une lutte de tous les instants contre l' " empire du mal». La fin justifie les. moyens. Le budget de la d éfense est multi plié par deux. Le s Etats-Unis s'engagent à soutenir dans le tiers monde tous les gouvernements menac és par la guérilla communiste, quel que soit, comme c'est souvent le cas en Amérique latine , en Afrique australe ou en Asie du Sud-Est, leur peu de respect pour la démocratie. Ils aident égalem ent les mouve ments de rebellion anticommunistes, baptisés pompeusement " co mbatta nts de la liberté ", au Mo zambiq ue, en Angola ou au Nicaragua. En Afghanistan, raide fournie aux mmidjahidim se double d'une dangereuse politique de subversion religieuse qui s'appuie sur le fondamentalisme islamique. Dans le cas du Nica ra gua , devant les réticences du Congrès, la OA en vient à financer les ("(m l m -l ami -sandinistes en vendant illégalement des armes à l'Iran. Le scandale qui éclate en 1987. quand on découvre la manœuvre, met un bémol à l'ensemble de ces activit é s, souvent dénoncées par les alliés européens des Etats -Unis. La nouvelle politique américaine à l'égard du tiers monde est certes offensive, mais reste dans le cadre familier du comainIIInll. Ce n'est plus le cas avec l'affaire pokmaise ct l'Initiative de défense stratégique. • LlI cri.I't' polonaise. -
En Po logne, un mouvement contestaaire profond gagne les milieux ouvrier ct paysan tout au long des années 1970. Il bénéficie de l'influent soutien de l'Église catholique, que renforce encore en 1978 l'élection du pape Jean-Pa ul II, ancien archevêque de Cracovie, qui effectue en juin 1979 un retentissant et triomphal voyage dans le [Xlys. La politique de longue haleine menée par le Vatican à l'égard des pays de J'Est depuis le pontificat de Jean ?'X III, qui visait par le dialogue à normaliser la situation de l'Eglise catholique audelà du rideau de fer, porte alors ses fruits. Les grandes greves de 191\0, dans les chantiers navals de Gdansk. donnent nais sance ;ur syndicat indépendant Sotidarnasc (Solidarité), dirigé par L ec h walesa, qui rassemble rapidement des millions
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d'adhérents, Le gouvernement joue d'abord la cane du dialogue el des concessions. mais , en décembre 1981, le nouveau chef de l'Élal, le général Jaruzelski, en accord avec Mosc ou. établit l'état de siège, interdit Solidarité et organise la répression, Cette reprise en main musclée, contrairement aux appa rences , est la marque de l'échec du communisme polonais: la contestation émane de la classe ouvrière, dont le parti au pou voir est censé défendre les intérêts, et non de mouvements étu diants ou intellectuels, comme c'était le cas en Hon grie (1956) el en Tc héc oslova quie (1968), La remise en cause est bien plus radicale el louche les fondements mêmes du régime [86J, La r éaction américaine l'si également inédite: les États -Unis frap pent d'embargo le ma ériet de construction destiné au gazoduc transsibérien , et Solidarité, devenu clandestin. reçoit une aide cons équente, financière el mutérielle , tant d'ailleurs de Washington que du Vatican, P o ur la première fois , les États -Unis interviennent ouvertement au cœur du bloc commu niste , au -delà du rideau de fer. L 'ac co rd tacite qui laissait chacun maure chez lui vole en éclats . C'est une première entorse aux règles de la guerre froide [14J,
• L 'lniüative de d éfense strai égique (lDS ), - Le 23 mars 1983, Reagan annonce la mise en place prochaine d'un dispositif spatial permettant à l'aide de la-ers au sol , sur satellite et de canons électromagnétiques placés sur orbite, d'intercepter et de détruire en vol les missiles nucléaires stratégiques lancés cœure les États-Unis, avant qu 'ils n 'entrent dans l'atmosphère, L' IDS, aussitôt baptisée < g uerre des étoiles » par les joumulistes , est un projet coûteux, qui absorbera 26 milliards de dollars sur cinq ans , el encore tr ès incertain : les premières éludes montrent que l'étanchéité du bouclier ne sera pas totale. Mais il b oule ver se les données de l'équilibre nucl éaire et rend en particulier caduc le traité A B/Il de 1972 limitant les dispo sitifs antimissiles, La strer égie américaine est désormais fondée sur la défense , el non les représailles, Si les Élals -Unis n'ont plus à craindre les fusées soviétiques, rien ne les empêche de lancer une offensive nucléaire sur l' URSS, L'IDS ne fait pas seulement franchir une nouvelle étape à la course am: armements , eUe en modifie profondément la logique el s'allaque au concept même de la dissuasion,
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Ainsi la période de tensions qui s'ouvre il la fin des années 1970, et dont J' URSS par ses initiatives , mais aussi les États -Urus par leurs r é.cuons offensives portent la responsubilité, ne marque pas le retour pur et simple à la guerre froide et à ses règles expérimentées trente ans durant. JI s'agit d'une phase profondément d éstabilisatrice, qui , dans 1'Immédiat, contraint J'URSS à s'aligner dans une compétition nouvelle , qu'elle n'a pas les moyens techniques. ni surtout financiers de remporter. Cela. é videmment. les Etats -Unis ne l'ignoraient pas.
2, Ll' di'll"umU"llt Gorbatduv l'lia 1101/1'1'1/1' J'OIÎIÎlflle .\ o l'Î é/Î lflle
Mik hail Gorbatchev a 54 ans quand il est élu le II mars 1985 secr étaire général du peus. J eune appa mtchik., il incarne la volonté, partagée par la majorité des responsables soviétiques. de réformer un système sclérosé après le long règne de Brej ne v (196 4 -1982) et de ses éphémères suc,cesseurs. Andropov (198 2-1984) el Tc hernenko (198 4 -1985). A la situation économique catastrophique. am. pesanteurs de la bureaucrane, à la corruption qui règne en maitre dans les républiques du Sud. s'ajoutent les difficultés rencontrées en politique exr érieure. L ' A fghan istan . où les 150000 soldats soviétiques. harcelés par les rebelles , ne contrôlent pas la moitié du territoire , est en passe d'être Je Vietnam de J' URSS. Avec le déploiement des Pershing et nos, les États-Unis ont par ailleurs pris une avance décisive dans la course aux armements. L ' exp lo sion du réacteur nucléaire de la centrale de Tch ernobyl. en man; 1986, révèle l'ampleur du désastre , des dysfonctionnements et des retards accumulés. C'est aussi J'occasion pour Gorbatchev de mettre en pratique les slogans de sa nouvelle politique: Khl'lIO.\'1 (transparence) et perestroika (restructura tion) [49 et 57]. JI est difficile de définir en quoi consiste exactement la perestroika tant le mot recouvre de réalités différentes et de politiques successives. L'objectif est d'abord, en 19S5 et 19S6, de lutter éner giq uem ent corme les carences les plus flagrantes comme la corruption ( lU l'alcoolisme. La population est invit ée il s'exprimer, il dénoncer les insuffisances el les injustices du système , sans toutefois s 'attaquer aux fondements du
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communisme. .. C'est dans le cadre du socialisme d non pas il J'extérieur que nous cherchons les réponses il toutes les ques tions qui se posent ", écrit Gorbatchev. Devant le peu de résultats. une deuxième étape est franchie en 1987, Je v éritables r éformes économiq ues et politiques sont introduites, engageant des évolutions irréversibles. Le démantèlement du système planificaleur, le passage très progressif et timide il l'économie de march é désorganisent les circuits d'approvisionnement. notamment en denrées alimentaires. et provoquent le mécuntentemcm croissant de la population. La perestroka. jusqu'alors imposée d'en haut , éc ha ppe de plus en plus au contrôle du pouvoir. À partir de 1989, les critiques et les revendications sortent du cadre étroit où l'on voulait les comcntr ; la contestation populaire est relayée. dans les répu bliques périphériques, notamment dans le Caucase et les Etats haltes , par J'agitation nationaliste. La perestroika entre alors dans une troisième phase, décixive, où Gorb.uchev , tout en essayant jusqu 'au bout de sauver l'Union, même sous une forme altérée , fait adopter ocs réformes fondamentales (suppression en février 1990 de l'artide 6 de la constitution sur le rôle dirigeant du parti communiste), mais donne souvent l'impression de naviguer il vue. On s'est beaucoup demandé il l'époque, ct le débat reste ouvert , si Gorbatchev avait dès l'origine l'intention de réformer le communisme en profondeur ou si J'entreprise , tactique. visait d'abord il consolider le système au prix de quelques amé nagements, si le processus fut dans l'ensemble maîtrisé ou s'il échappa rapidement il ceux qui l'avaient déclench é. Les atermoiements de la perestroika s'expliquent dans un cas par la souplesse dont Gorbatchev sut faire preuve, dans J'autre par ses hésitations et ses inconséquences [58 et 59]. Il faut aussi faire la part , au sein de l'appareil soviétique, des différentes ten dances et notamment du poids des conservateurs, avec les quels Gorbatchev dut composer. Au moins il partir de 1987 cependant. ct quelles que soient les possibles arrière -pensées, les changements bien réels qui bouleversent l' URSS ont des répercussions considérables sur les relations Est-Ouest et précipitentJe dénouement pacifique Je la guerre froide .
• Ln « nouvelle pensëe
(14]. - La politique extérieure de Gorbatchev, baptis ée « nou ve lle pensée ", proc ède du même constat que la perestroika, L 'UR SS n'a plus les moyens »
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économiques, financiers et technologiques de relancer une course au x armements sur les bases jet ées par J'ID S, ni de perpétucr la politique d 'e xpansion coûteuse el incertaine menée par Brejne v en direction du tien; monde; les dé penses mili taires absorbent déjà plus de 20 ~. du PNB . Le choix de la d éte nte, d u d ia lo gu e et du d ésa rmeme nt est do nc au dépa rt presque forcé. La manœuvre est aussi tactique : les inttinrives de Brej nev, ressenties Ulm me autant d 'agressions par les Occidenta ux, n'ont finalement conduit qu'à renforcer la coh ésion de l'Alliance atlantique; on peut espérer, en lançant des offre, de négociation, inverser la tendance et tirer parti des d ésaccords qui pourraient appurahre. L'Indéniable s éduction que Gor halchev e xerce à lOuest sur certains dirige ants (comme l'Anglaise Margaret Thatcher) ou sur une frange toujours plu, importante de l'opinion publique (alors même que son impopu larité va crots sam en UR S S ) sert évidemment ces p roj et s. M êm e si derrière la " nouvelle pensée " se c achent des objeclifs qui onttoujours L'lé ceux de J' URSS, comme le retrait d' Europe de, troupe, américaine" on ne peut cependant réduire les initiative, de Gorbatchev à de simples manipula üons. L'URSS privilégie d ésormais clairement ses intérêts nationaux au d étriment des consid érations idéologiques , mel sa politique extérieure au service de sa puissance. en J' occurrence de la reconstruction de son économie. À la tribune de l'O NU, en décembre 1988, Gorbatchev parle de .. d ésidéologiser les relations entre États ,, ; c'est une philosophie radtca lcment nouvelle qui anime la politique étrangè re soviétique. Dans une première phase, de 1985 à 1987, les objectifs sont encore largement tactiques ; c 'est l'heure de, rencontres au sommet et des négocia/ions avec les Etats-Unis sur le désarmement (voir encadré). Les résultats , spectaculaires, sont autant de victoires pour Gorbatchev, qui obtient par la diplomatie ce que Brej n e v n'avait pu arracher par la force. 11 bénéficie désormais en outre, de la confiance et des crédits américains. Ses appels à la coopération internationale, à la promotion des " valeurs humaines universelles " relèvent certes du d iscou rs et de la persuasion, mais annoncent égale me nt des r éalisat ions concrètes. À partir de 1988 commence une nouvelle phase marquée par la reprise de relatons régulières avec la Chine, le désengagement en Afrique et surtout le retrait pur et simple des troupes slationnées en Afghanistan. Le 14 mars , à Belgrade, n ou velle 92
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révolution , Gorbatc hev se prononce pour l'indépendance d es partis communistes d ' Europe Je l'Est. Il comprend que l'intérêl Je l' URSS est Je sortir d 'une logique des bloc s qui ne profite plus qu'aux Étals-Un is, el Je renouer avec l'E urope occidentale en espérant voir se relâcher l'Alliance atlantique, Le concept de .. maison commune européen ne ", qu'il d évelo ppe à Stras bourg le 6 juillet 1989, s'explique Je celle façon. Gorbatchev évoque la constitution J 'un espace jurkliquc européen, le res pect des droits Je l'homme, le désarmement nucléaire, le rap prochement de l'O TA N et du pacte de varsovie, mais aussi le retrait des troupes étran gè res. Jonc américaines, du continent. L'URSS peul retrouver en Europe , aux d épens Je son grand rival, une influence à la mesure Je sa puissance, mais Jans un cadre global et d ésidéclogis é. Quatorze ans plus tard . les mots de l'acte final de la conférence d'Hel sink i prennent tout leur sens, UI ft1l des Jimo('f(llie.1 poputulres
Le s effets Je la « nou velle pensée » sont év kl cmmcn t constdéra hle s Jans les d émocraties populaires, L' ahandon Je la doc trine B rej ne v, dite de .. souveraineté limitée ", s'ajoute aux revendications Je moins en moins contenues des populations. Toul au long de 1989 s'effondrent des régimes visiblement dépassé s par l'ampleur et la soudaineté des évé nements, Le processus, qui touche en même temps l'ensemble des pays d e l'Est (Yougoslavie et Albanie except ées), se d éroule le plus souvent Je façon pacifique el négociée , sauf en Roumanie, où Ceauce-cu do it céder la place après Je violents affrontements et est ex écut é. En Bulga rie, comme en Ro uma nie, les nouveaux dirigeants , issus des partis communistes. incarnent assez bien les espoirs plac és par Gorbatchev en une libéralixation contrôlée par Moscou . En Hongrie. q ui connaît une certaine ouverture depuis le retrait de Ja ms Kader en 1988 , en Po log ne et en Tc héco slovaquie, en revanche, les oppositions sont trop puissantes pour que le communisme, même réform é, puisse se m ainte nir. Le s libéraux qui acc èdent au po u vo ir ouvrent les frontières, organisent des élections. adoptent Je façon souvent bruta le les principes d e l'économie de marché el se tournent résolument vers l'Ouest. Gorbatchev ne parvient pas à maintenir l'influence de l' URSS sur ses anciens satellites . Le pacte Je
Varsovie est dissous ; les liens économiques soigneusement lissés au cours des décennies pr éc éderne s se d énouent d'un coup, Le démentèlcment de la présence soviétique est total [66 el 69], • La rélillijimlion de / 'Alle/llllWle, - L' Allemagne tient une place centrale dans la politique de Gorbatchev, La construction d'une « maison commune européenne » passe d'abord par l'établissement de relations privilégiées avec Bo nn, Déto urner la RFA de ses choix atlantistes est un vieil objectif de la diplom.aie soviétique ; mais il réapparaît dans un contexte radi calement nouveau, désormais dénu é d'arri ère-pensées idéologiques, cl alors que l' URSS est toute prête à relâcher son emprise en RDA , La RDA d'Erich Honecker est en 1989 loin d'être la vitrine du communisme qu'elle incarnait dix am; plus tôt. L'économie, archaïque et déprimée , sc maintient grâce aux aides flnan c të res accordées par la RFA , Les dirigeants , en place depuis 1971 , uhraconxervateurs, suppuient sur la police politique la plus omrupr éserue d ' Europe de J' Es!. L ' O I/p o/ilik, en multi pliant les contacts entre les deux A llemagne , accroît la force dauracüon qu'exerce lOccidem sur la population. Dès mai 191\9, la Ho ngrie ouvre ses frontières avec l'Autriche, première brèche dans Je rideau de fer. Les Allemands de l'Est, chaque mois plu s nombreux, s'engouffrent dans l'ouverture pour gagner la RFA : 21 000 en août , 57 000 en octobre, Le s autres. encouragés par l'exemple de leurs voisins polonais ou tch èques. manifestent ch aque week-end. à Leipzig , à Dresde, à Berlin, réclament des salaires plus é le vé s el plus de libert é. Gorbatchev, à Be rlin le 6 octobre, désavoue Ho necke r, qui démissionne aussitôt , cl précise que l'armée n'interviendra pas contre les manifestants. Les nouveaux dirigeants , communistes réformateurs , ne pur viennent pas à enrayer Lag üanon. L e 9 novembre, akus que les manifestants s'attaquent au mur de Berlin, ils annoncent dans la confusion l'ouverture des fron tières avec la RFA , L 'URSS ne réagit pas, La chute du mur ne règle rien, L' exode s'amplifie encore; au total plus de 720000 Allemands passent à l'Ouest en 1989 (dont 130000 [XJUr le seul mois de novembr e ) et 1990, Le s manifestations se poursuivent mais les slogans évolu ent, se font plus politiques el réelament la réunion des deux Allemagne (<< \Vir sind ein Vo/k co ), Le c hancelier Koh l c o mprend qu'il 95
est temps d'aborder la question de front : il propose le 28 novembre 1989 un plan en dix étapes, encore assez vague, menant à terme à la réunification. La Grande-Bretagne el Jans une moindre mesure la France, qui n 'ont pas été consultées, se montrent réservées el craignent que l'Initiative ne soit prématurée. Les États -Unis sont d'accord il la condition que la nou velle Allemagne reste Jans l'O TA N. Gorbatchev, en un premier temps, rejette le plan Kob l et joue la carte J'une RD A réformée el pluraliste. Ma is il comprend vite que la formule est illusoire. Les élections législatives de mars 1990, premières du genre en Allemagne Je l'Est, accordent une large victoire aux partisans Je la r éunitcanon parrainés par la C OU et seulement 16 q . des voix aux communistes. La RDA pouvait-elle d'ailleurs se concevoir en dehors du communisme? Dès février, Gorbatchev se résout il la réunification. Le s négociations s'engagent alors entre les Jeux Allemagne et les quatre puissances occupantes Je l'après guerre (<< négociations 2 + 4 ») . sur la base des accords signés à la conférence de Pot sd a m . L 'UR S S compte bien ainsi s'appuyer sur la F ranc e et l'Angleterre, très soucieuses d'insérer le processus Jans un cadre juridique précis. Gorbatchev tente dnbtenir que la nouvelle Allemagne ne prisse appartenir à l'O TA N, mais y renonce devant la fermet é de Ko hl et des États -Unis. Les obstacles sont levés Ion; du voyage à Mosc ou du chancelier. L' Allemagne réunifiée, entièrement souveraine, est libre de ses alliances ; ses effectifs mili taires sont limités à 370000 hommes ; le territoire Je l'ex -RDA ne recevra ni troupes étrangères ni armes nucléaires. Une aide financière de 12 milliards Je marks emporte les dernières réncerces Je Gorbatchev. Le traité 2 + 4 signé le 12 septcmbre met fin aux droits des anciens alliés (les 400 OCO soldats soviétiques présents évacuent avant 1994) et déclare itUi/l érahles les fmnti ères allemandes. L'Allemagne renonce solennellement au x armes nucléaires et s'engage à d éfendre et respecter les valeurs d émocratiques et libérales. La réuni/ica tion est officiellement proclamée le 3 octobre 1990 [69]. Quarante -cinq ans après Po tsd a m, la question allemande, sans doute rune des causes principales de la guerre froide , trouve enfin une solution satisfaisante [33].
96
Vile 1I0 UI'f'//e Europe
La p olitique extérieure de l' URSS évol ue une dernière foi, de façon décisive au vu des bouleversements politique, il l' Est ct de la réunification allemande, Lo rs du sommet soviéto-am éricain de Malte, les 1"" el 2 d écembre 1989, Gor batchev franchit le pas et décide de coopérer en toute franchise avec les États -Uni" sans plus chercher il les exclu re du continent pa r le biais d 'une " maison commune européenne » , La nouvelle architecture de sécurit é doit à J'avenir reposer, au sein de la CSCE créée quinze ans plu, tôt, sur la collaboration politique et militaire de l' URSS et de, pay, membre, de l'Alliance allan tique, Les anciens objectifs sont alors abandonnés. La conférence de Paris de novembre 1990, qui r éunit les Éruts- U nis. le Canada el la totalité des pays européens à l'exception de l'Alban ie, confirme ces intent ions, El le institu tionnalise la CSCE, désormais pourvue d 'organes permenems ; les signataires de la charte de Pa ris déclarent révolue " J' ère de la confrontation el de la division en Europe " el affirment q œ leurs relations " seront fondées d ésormais sur le res peel et la coopération »; ils proclament leur attachement à la démocratie, am, droits de l'homme et aux libe rtés fondamen tales , conform ément aux d écf arations affirmé es à Vall a el Pors dam, Ainsi prend fin la guerre froide dans sa dou ble dimension, id éologiq ue el géopolitique: tOIl, s'accordent sur la même définition de la démocratie (occidentale et libérale); tous , Cl notamment L'Union soviétique, acceptent la présence améric aine dans les affaires européennes,
V 1 Le système de guerre froide
Permanences et dYlUilniqllt'.1 D urant plus de quarante ans, la gucrre fruide domine les rela tions internationales Cl effecte, directement ou non, la plupart des quelque cern conflits importants recens és emre 1945 Cl 1985 sur les cinq continents [3]. Le système bipolaire mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale obéit à des règles relativement simples, fondées sur l'équilibre des rapports de forces etlïntérêt bien compris des deux superpuissances, les États- Unis et l ' Union soviétique. Ces règles , évidemment tacites , sétuhlissent de façon très empirique entre 1947 et 1950. Le blo cus de Berlin et la guerre de Corée, de ux conflits fort distincts, font tOUI à la fois office de labœuroires. de tests grandeur nature et de paradigmes auxquels la lecture des "Tises ultérieures peut se référer. Ma is le systeme de guerre froide n'est pas figé. L ' apparition sur la scène internationale de nou velles puissances, de nouveaux dirigeants, de no uve lles idéologies ou doctrines, les initiatives des uns ou des autres modifient sans cesse les données el engendrent, au -delà des permanences el des continuités profondes, des moments d'e xtrê me tension et des périodes de détente. Le s premières années de la g ucrre froide sont décisives parce qu'elles déterminent certaines constantes dans les comportements el fixent les représentations que l'on se fait de l'autre, du cunf'lit et de son p rop re rôle. 11 est indispens able , pour comprendre la guerre froide , de ne pas se limiter à l'ex amen
chronologique des faits , mais de hien se figurer le monde vu de Washin}'1on et vu Je M o-c ou [9J. Les Etats-Unis se persu adent en 1946 Je la stratégie offensive Je l' URSS. Po ur Kerman. l'Id éologie communiste révolu tionnaire rejoint le « trad iti onnel et instinctif sens russe Je linsécurit é » pour expliquer la nature ex pansionni-te de la politique soviétique, qui , sur certains points, n'est pas sans rappeler celle des tsars. Il est remarquable Je constater qu'encore en 1979 les Américains usent Je la méme grille Je lecture pour interpréter l'intervention de l'Armée rouge en Afghanistan. f o rts de leur puissance économique et militaire et armés du projet idéologique wilsonien, les États -Unis , surestimant sans Jo ute t'adversaire. se sentent investis d'ure mission: contenir l'expansionnisme soviétique et lutter, partout el Je toutes les façons , contre lTnfluence communiste. « La guerre froide est en fait une guerre réelle dans laquelle la survie du monde libre est en jL"U ", conclut la directive NSC 68. Il est toutefois hien clair qu'au -delà d'ure rhétorique un peu creuse la guerre froide profite aussi au complexe militaro-industriel et qu 'au Moy en Oriem lorganisation de la défense " du monde libre » fait directement le jeu des compagnies pétrolières am éricaines. Vue du Kremlin, la perspective est hien différente. La eurre ci-après illustre parfaitement la vision du monde qui , vers le milieu des années 1950. est celle des Soviétiques devant l'impressionnant dispositif diplomatique et militaire mis en place par les Am éricains. OTA N, pacte de Ba gdad , OTASE, Jap on et Corée Ju Sud forment un an: d'alliances encerclant les pays communistes d'Europe el J. Asie , que renforce la pr ésence permanente des dcux ème. sixième et septième flottes améri caines (Atlantique, M d é ite rra n ée et Asie/Pacifique). On perçoit également, dans ceue perspective, le poids géopolitique majeur des régions arctiques. L'URSS, avec Staline, choisit d'abord d'adopter la stratégie du « camp retranch é " , Je se couper du monde extérieur ct Je se replier farouchement sur les acquis de t'après 1945 en imposant eux d émocraties popu laires un système calqué sur le modèle soviétique. LI peur de linvaxiœt et les sentiments dinsécurité qui animent Staline en permanence alimentent un isolationnisme à l'échelle cuntincntalc. À partir Je 1956. Khrouchtchev brise la logique Je l'enfermemont, en élargissant au tiers monde le champ de la politique ext érieure soviétique, en Amérique cemrate. en Afrique, pardelà le " c ordon sanitaire " d éploy é par les États -Unis. Cesr 99
PERCEPTIO:-: PAR l T RSS DE l'E:-:CERClE~lE:-T A~l('R[CAI:-:. 1950- 1955
F."'''·l;ni, ct leu" all ié' •
flotte ameri"i ".
Sourer: d ' après G . Chaliand cl J.-P. Ra!"'au , ..1 11.:" 51faligiq.e. Comrl"<•. 1991. p. 54
Ilh id l'u r-;, ,IIImi ni"l r at i••n-, li dipl.. men-, A ~, "'m-Uni, ,,,,,,m,,, en URSS ,
lit. ~ u ,ne [",ide ,." l\",,,,,, .,n de ,en· f""'er ln >!,uch..,.. dtti,i"nnd l,.. en Ill .. iè n: de püli 'i q ue é" lU1~ère e' de n'Mfinir l,", n,b ''"'l''-'-'lih de, din· l''' , n.. , d", , dm in i,,, .. i" . ' <, de , d(ll< ,m.'e , La C"""i! LIli,,n d"nne a u rré>ide n! de , "''''.Uni , de , l'''um :,, c"m'dé · ...hb ; il d"'i~ ,", le ,"-,-,,"'.ire d' ÉIa" '"'! le chef de> arrn"'", cl n",nme A ,.< ' iI,e l,", dillél en" ,in ~er, pmfe, ,,,u, de ",ie ""n p ,," 'iq "'" • Han,,,,!. de ,';en, • in; i db; 19t'>8 le pi nci""t "" II,,,,..• le ur d< N i. " n , a"an! m éme d ' é!r e 1'1,,-",, en l 'yn . Jo ,f'e de , Aff,in:,
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""'loc' e « é "",~ iq "" e' n il","i,," , "'" '"-..." ;"i, 6;, 'lu i "", dui! iIt la ,é<• • ~1Il1i>a'i" n d,", "''';c''' En lJR SS, Jo dé c i .;.", n:,-;en, , ~ ", ul ", ,,rél aire ~é nfral d u Par'i , qui l''' u' ","e"' udk "'e n, . "in'pire. des ",'i, é mi, . au ,cin du l'\,l i' hu ,,, . pwu'"' Cmnm i" "n de, Affai"" é!mn · l"''''' q ui e'''' ~'eoo "'l" " ",nt.,,,, (d u 'e mp' de S,.line . " n y '''' u. . i' M" l" l " ,·, Man",' c l Male n' ''') . Le " ,-,,"' lOria' du Porri di'f"-'''' <'l'.lemen' d 'une ,"-,-" i"n de, Affaia.. é'fllll~ère', d l"""" n" de . '" lali "" . l,.. PC ''''' ~'''er<; . d· . "' .d J'lII ri n'e,· ,OCdiaile da Km ninf"nn , pui, ap n" la di , ,,,1u'i,," de ,,< de,nie. en 1 9 ~ ~, de falx'n p lu, dire"e Le mi ,':''' ", hri ~Ili'U'" ( MID), M . leme n' épuré "P'''' 1. no mi""'i" n de M"l" ",· il >Il tfw en l'-lW , '"' c",, 'e nte d 'n"'__ "'e, ,h :i le",e " ' les in. uœ';,,,.. l1 ne di'f"-"" d" '~''' n e ''''l''',,i' é d"";· , i" n nd le. M " J" I" ' ·' ,urnmm né « l a ,.,,, de " ," m. ~n: . , é tai' c ' p , ~ le de 'ép<" ~ inl..",hleme " ' 1. méme "'l' ~' ",en " 'i "n ju"-j u· . d"'-·"u""'"" k p lu. le U "< d e ,n i n'e,l" " u!e u" . .. n, dhier d'u n l'' 'u,,< de la li~ne dffinie l'" k Kn:", " • . Le. je u,,,,. dip"",,,'e ,, q ui " " ' hé néfi"ié des f'U'lie, d· ...n' t uerr<
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une véritable ré volution qui suppose notamm ent qu e l'URSS se donne le , rroyens de de venir une puissan ce maritim e . Ma i" , i la tactiqu e c-t différente, lobj ectif resie, à co up, d e pro grammes fo rcés el de d éclarations volontaris tes , de rivalis er a vec les Él;~s - Uni s dans lou s les domaines, idéologi que, militai re, économ ique, sc ientifiq ue, vo ire « culturel " , de com bler le s ret ard, acc u mu lé " el d e go mme r d éfiniti vem ent tout c omplexe d'in fériorit é.
• UI dynam iqu e des crÜt'.l". -
Dans la logiqu e d e g ue rre froid e . la cr ise introduit un élément dynamiqu e déterminant [4]. So uve nt brèv e. inten se et dange reuse. elle ag it il la fo is comme r évélateur œ tensions el acc élérateur de tendance s nou velles . Ble se déroul e principalement en trois étapes : - une phase de rupture : la crise nan d 'une initiative qui b oul everse l'équilibre et tente d'int roduire un éléme nt no uveau da n, le, règle, d u jeu. Ain si de la mis e en plac e du blocus de Berl in ou de l'ann once par Reagan du proj et d 'I DS ; - une phase de gestion : so uvent dam l'urgence, les prota go n istes doi vent prend re le s bonn e s décision s pour év ite r l' a ff ront em ent. De la bonn e gestion d'un e crise d épend son issu e, qui peul être viole nte ou négoci ée. Le d éroulement de la c rise d e Cuba, h eure par heure, montr e pa rfaite me nt à qu el point la paix était alor s suspe nd ue a ux d écision s de Khrou cht chevet Kennedy ; - une phas e d e résolution : un e fo i, dL'no uée , la c rise red éfinitles term es d'un nou vel équilibre, plus ou moins éloigné du précéd ent . Le blocu s de Berlin ne fait qu e précipiter la créa tion de la RFA et la signature de l'Alliance atlantiqu e . La crise de Cuba , dont le, ve rtu> pédagog iq ue , so nt exe mplaires , e-t direct ement à l' origine de la détente el boule verse les rehuions Est -Ou est en p rof ond eur. Son iss ue illus tre bi en l'un e d es règ le, fo nda me nta les de la g uerre froid e : s i e ntre le s d eu x grand, la paix est im pos sible. la guerre, (XJur reprendre la fo rmul e de Ray mo nd Aron , n'L'Il est pa, moin s .. improbabl e » .
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&.1 nmj1il.l La gU':JT': froide. directement ou non, a donné naissance ou entretenu des conflits nombreux et divers. Certains ont duré quelques jours et se sont conclus sans affrontement armé , d'autres furent longs et meurtriers, On peut esquisser une typologic de ces cuntlits. en tenant compte du rôle joué par les deux grands. et en consid érant que, pour beaucoup d'entre eux. la guerre froide n 'est qu'une dimension parmi d'autres , qui ne saurait en épuiser l'interprétation, On retiendra cinq types Je conflits: - ceux qui mcneru directement aux prises les États-Unis et l' URSS, Les deux grands nt: se font face qu'à deux occasions, lors du blocus de Berlin et de la crise de Cuba. Dans les deux cas, une gestion très prudente des périls permet J 'éviter une guerre vraisemblablement gén éralis ée ; - les conflits Jans lesquels l'un seulement des deux grands est d irectement partie prenante, A insi des multiples interventions des Américains, en Corée, au Vietnam ou en Amérique centrale, mais aussi des Soviétiques en Afghanistan : - le s conflits dan s lesquels l' URSS et les États -Unis s'immiscent indirectement, que ce soit pour aider Imrs alliés ou pour jouer un rôle d'arbitre. La crise de Suez , les guerres des Six Jours ou du Kippo ur entrent Jans celte catégorie; - tes guerres d'Ind épendance. guerres civiles ou conflits à caractère sécessionniste dans lesquels l'un des deux grands soutient soit le pouvoir en place, soit l'opposition (aide finan cière, livraisons d'urmes , envoi Je conseillers militatrex.v.) : - enfin, puisque la guerre froide ne se limite pas à UII affrontement Est-Ouest. les luites qui, au sein J 'UII même bloc, mettent am. prises le leader et celui qui conteste sa suprématie, On peut évoquer le conflit cino-soviétique ou les interventions de l'Armée rouge à Budapest et Pragu e. M alg r é leur diver sité, tous ces conflits ont des points communs et ubéissem à des règles strictes. Ils sont essentiellement politiques, Ils sont localisés: Wa sbingtcn et Mo sco u ont constamment le souci J 'éviter un affrontement généralisé, en particulier en E urope. où la situation se fige d ès 1949, et au Moy en -O rient . Il s restent limités et contrôlés: jamais tes Etals-U nis et l' URSS , malgré les suggestions ou les menaces (en Corée, à Suez ou Berlin en 1961) n 'ont utilisé l'arme atomique et n'ont pouss é t'escalade à son terme, Ce qui bien sûr 103
ne les a pas empêch és d'user de toutes les autres formes d'action militaire (forces conventionnelles, guérillas, armes chimiques ... ) : certains conflits de guerre froide , comme les guerres de Corée et du Vietnam. sont extrêmement meurtriers. en particulier pour les populations civiles.
UI dimrnxion idéolox ique On peut discuter de l'Importance respective des consid éralions idéologiques, stratégiques cl économiques pour expliquer les origines de la guerre froide. JI est cependant hien clair que la dimension idéologique est une composante essentielle et constamment pr ésente d'un conflit qui est aussi une guerre d es propagandes (10). Le rôle joué par l'idéologie est il la fois m ote ur el justificateur : L 'URSS el les États -Unis sont porteurs tous deux d'un mes sage universaliste et incarnent deux systèmes de valeurs incompatibles. L' objectif ultime de chacun, du moi ns en tbéorie , n'est pas comme dans un conflit traditionnel , d 'ordre territorial ou économique, mais consiste il convaincre l'autre du hien-fondé de ses conceptions, à l'amener d 'une façon ou d'une autre à évoluer de l'intérieur. La guerre froide prendra lin lorsqu'aura triomphé le capitalisme ou le communisme. L' issue d e laffron temenr . quelle qu'elle soit, consacrera la victoire de l'idéologie dominante el d 'une unique superpuissance. En I:C sens , la gUL'ITe froide, son discours et se, effets ont ind éniablement accéléré la mondialisation. A u quotidien , si l'on peut d ire, l'idéologie sert aussi dans une version dégradée de justification rh étorique aux initiatives des uns el des autres. De Jda nov d énonçant l'impérialisme réactionnaire et fasciste de Washington, à Rea ga n tonnant contre l'« empire du mal ", le, dirigeants soviét ique, et améri calns prennent syst ématiquement la peine d 'enrober leers poli tiques d'un discours figé , simpliste el manichéen qui , la plupart du temps , masque mal la réalité des objectifs. Le, Dccidenlaux se di sent les défenseur, de la démocratie, de la libe rté, de la justice el du droit; les régimes totalitaires, mx , el l'on assi mile sur I:C poimccmmunisrne Cl fascisme, seraient par nature agressifs. Quant au bloc communiste, il pr étend incarner la paix
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11 le progrës ; le ca pitalisme serait source de guerre ct d'affmn tements , l'impérialisme américain ayant après 194 5 pris le relais de l'expansionnisme nazi (" US = SS » ) , On remarque Ulmme on utilise dans le, deux camps la référence au nazisme p our qualifier l'adversaire. On ne s e mba rra sse ni de scru pules ni de nuances quand il , 'agit de propagande,
Convaincre
el
mohilill'r
Pou r diffuser ses idées dans les d émocraties occidentales, l' URSS peul s'appuyer sur des relais efficaces (partis communiste" organe, de pre sse et maisons d 'édition), Le s Etats -Un is, en revanc he. ne disposent pas d e tels intermédiaire, dans le, [Xly, communistes, où la libert é d 'expression n 'existe pas, D 'u n camp à l'autre, les conditions el donc les moyens de la propagande diffèrent sen siblem ent. Ma lgré tout. l' URSS a du mal à convaincre au cœu r même du syst ème adverse: aux États -Unis, les effectifs du parti communiste, victime, il est vrai de nom breuses restrictions lé gales au lemps du maccarthysme. ne d épassent pas quelques dizaines de milliers dadh érenrs : de même en Grande -Bretagne. où le, cummunisjes perdent toute repr ésentation parlementaire après 1950, E n RFA , le pa rti recueille 2,2 % d es suffrages en 1953, avant d' être purement el simple ment interdit par la Cour constitutionnelle enne 1956 el 1968, Le, communistes japonais ont plus de succ ès (9 ,8 % des voix en 1949), mais manifestent vile leur indépendance en mm pant successivement avec Mos cou. puis Pékin, Le s c as de la France el de l'Italie sont différents. Le PCF est un parti puissant, influent, populaire, auréol é du rôle qu'il a joué dans la Ré sistance , soutenu par des intellectuels pre sti gieux, comme Lo uis Ara go n ou Frédéric Joliet-Cu rie, qui sous la I V République rassemble plus de 25 % des voix, L' " Appel de Stockholm » , lancé en mars 1950 10(1; du congrès international du Mo uvement de la Paix, qui exige. à la suite de, direc tives formulées par le Kominform, " l'interdiction absolue de l'arme atomique " , recueille en Fra nce d e 9 à JO millions de signatures. La venue à Paris du général Ridgway, nommé à la tète de, forces de l'OTAN, et acc usé d'avoir utilisé de, arme, bactériologique, en Corée ( << R td g w a y -Ia -p e ste » ) , est l'occasion p our le PCF d 'organiser, le 28 mai 1952, une mani festation de masse contre la présence de; troupes américaines, Des écrivains, des philosophes el des arti stes (pas si nombreux 105
que le PCF a voulu le faire croire) mutent leur talent au service du Par ti pour glorifier l' URSS et chanter les louanges J~ Staline [100]. Mais les interventions soviétiques à Budapes t et Prag ue ou les révélatkms sur le goulag éloignent le, intellectuel, du Parti. Dans les année, 1960 ct 1970, ses résultats éleetoraux plafonnent amour de 20 'it, avant de s'effondrer ensuite. Le PCI, lui , franchit Jans les années 1970 le cap des 30 %, mais c'est précisément au moment où il se fait le plus enrique à l'égard Je Moscou et cesse d 'être le relais J~ la propagande soviétique. Po ur diffuser leurs idées au -delà du rideau de fer , les États -Unis disposent J~ moyens assez limités. La CIA organise, entre 1951 et 1956 des parachutages J~ quelque 3t) millions de tracts et brochures en Po log ne , Tch écoslovaq uie et 1I0n grie , avec un pic en juillet 1953. L'o util de propagande le plus efficace est cependant la radio, ce « jo urna l sans papier ni fron tières " , comme disait Lénine, émettant sur ondes courtes et moyennes [97]. Dès mars 1946, la BB C lance un programme quotidien d'une heure ct quar t en russe , avec un bulletin d'informations et des leçons d'anglais. Voice of America (VOA) , radio officielle créée en 1942 pour appuyer l'effort de guerre américain, inaugure en février 1947 des émissions en russe (quelques jours avant l'énoncé de la doctrine Truman ), bénéficie Je crédits extraordinaires et diffuse en 1950 Jans le monde entier en cinquante langues. Elle adopte au moment du maccartbysme un ton violemment anticommuniste. Trois autres radios s'adressent particulièrement aux pays de l' Est: Ra dio in American Sector, à Berlin-Ouest. cré ée dès 1946 et captée sur l'ensemble du territoire est -allemand ; Radio Free Europe (1950) qui émet depuis M unic h des programmes animés par des émigrés de l'Est ; Ra d io L ibe rat io n from Bulc hev is m (cr éée en 1953 et rebaptisée plus sobrement Radio Libe rty six ans plu, tard) qui s'udressc plu, spéclak-mcnt aux Soviétiques. Ce, Jeux derniers postes qul se disent « privés " , sont en réa lité ét r oiteme nt contrôlés par la CIA. Il est difficile d'évaluer l'impact de cette propagande. On peut voir dans l'application que l' URSS met à brouiller les programme, la preuve d'une audience relativement étendue. Bro uillage d'ailleurs pas toujours efficace, car le, Américains ripostent en augmcmam la puissance des émetteurs et en multi pliant les fr équences. Ra d io Free Europe est notamment écoutée en Tc hécoslo vaquie , en Pologne et en Hongrie . On lui
106
a beaucoup reproch é, lors de l'insurrection de Buda pest en 1956, d'avoir dénigré Nag y et poussé les populations à la r évolte en leur faisant miroiter une aide occidentale, dont il n 'était bien sûr pas question, Dès 1957, les radios recadrent Iron; objectifs: elles cessent de vouloir à tout prix jouer un rôle direct dans la " lib éretion » des pays de l'Est et se contentent, sur un Ion plus neutre el moins irresponsable, de lisser des liens entre les deux Europe, À kmg terme, leur influence Mlf l'intelligentsia est réelle: offrir sur le monde un autre point de vue, même relevant d'une comre-propagandc. permet à beaucoup de ne pas succomber aux v ér-ités officielles des ré gimes totalitaires, En parallèle, il faut aussi s'assurer d'une certaine cohésion idéologique interne, On ne peut tolérer la contestation au sein même de ses frontières. La mobilisation de l'opinion publique est une affaire de tous les instants, La chose va de soi en UR SS où d éclarations. journaux, radios. syndicats, arts, culture, cnseignemem sont par définition officiels et ne sauraient dévier d'un pouce de la ligne adopt ée par le parti. Aux États - Unis , en revanche, où le premier amendement de la Constitution recun nalt entre autres la liberté d'opin jon. il est diffk-ile de concilier combat idéologique et respect des principes d émocratiques. L'hystérie anticommuniste qui sévit de 1947 à 1957 resle l'une des pages les plus noires de l'histoire américaine, Aux États -Unis, après l'essoufflement du maccanhysmc. la contestaton prend de l'ampleur dans les années 1960, favoris ée par la détente el alimentée par la guerre du Vietnam el le rejet de la société de consommation. En UR SS égale ment. la dégradation du système économique et l'immobilisme de la période Brej nev suscitent, à partir de 1968, diverses formes de désaccord donl la dissidence est la plus radicale el spectaculaire, Re gro upé s de façon ass cz lâche en un " M ou veme nt d émocratique ». autour de quelques fortes personnalités aux idées d'ailleurs très différentes , comme le physicien Sakharov elle prix Nobe l de ünéraure Soljenitsyne, les contestataires ne repr éseraent que quelques centaines de membres de l'intelligentsia, Ma is la manière dont le KGB entreprend de régler la question et le nombre l'wissant d'artistes et d'intellectuels choi sissant à l'occasion d'un séjour à l'étranger de ne pas rentrer en UR SS attirent I'nnenüon sur le phénomène, L' expuls ion de 107
L '" ffe " , i"e IlIHic,,,,,,, u,ri" e e " l i ' me " c e Il U~ t. . "-U " j, d i.'> 19 411 cl di ,'e'" /O; p '-'l'i, Il fa ul dé n,,"c« cl e" ", o ll"'" l'i nfl ue nce 'l ue le> <x'mm unj",", . um jen' . cq u" e wr<; l,", mj lieu , p ' titiq "e ' cl ,y'ndi' au', dam l" lld " rin i"", 'i o n Cl l ' IlIlllée , dll n' r e nH i~ ne m e n ' cI l . c" ll UJ< . En q "d q "'", a nn&.. , " ne ""'~aM" l''y. .-I" "e ù Ul f'Ue e 'pr ~' p.,- 1. ~ u ,'ITC f,, ; de L a ,' h a"e a u, ,,,,c ièrn ',," c he d ' llo"Rl r lId"rinj"lIl'ù,n féU' ...k . En "" ve m" e 19411, T' un,. " c. "e " ne w mm i" ion ,'harg "" d 'e ,,! u"'", , u, la l"y' llu '" c l de d"n..' qu,,, l,", 'yml'"' lü ",n" "'-,m n..· ni" ,", e ' flO; ci, 'n , L,", , u' P"" lb
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plièn 'mè ne '" dél'"ntle en 1954, au""i ,'ile qu'il "' ai' "1",",". 11 "" VIai que r "ffen, i ,-e de M "" CIIf' Ii)' élail a u"i 1",lilicie nne cl ,-'i,a it à dé niper les <1o'""",, " n p o", "''''',,' ,'' le; n'p uliti. ,'ain, .u )l'OIv"iJ. Une fui, élu. Ei,ent"''''t. n'"ai' p lu, I>t... ,; n de ce M,na!,,,!,ue , nc",nb'ant ; i l ... a it "''''p li .... n ri," o"
Soljenitsyne en 1974. l'assignation à ré sidence J e Sakharov, l'enferm ement e n hôpital ps ychiatrique J e P lio uc htc h e t Chtc harans ky. l'arrestation d es membres du « Grou pe d e surve illa nce d e l' application d es acco rd s d'H elsink i » fo nt a insi Jans les ann ées 1970 du th èm e des droits J e l'homme un e questi on majeure des relations Est-Ouest et desservent sensrblcmcntl'Image internationale J e l' URSS [48 el 60].
w diI SII
onéreuse (a bigger bang for less buck: : un plus gros "'mg pour moins de dollars ). C'est dans les années 1950 que le conc ept de dissuasion nucléaire se met en place , de façon très prog ressive, à mesure que les États-Unis perdent ce qui faisait leur supériorité: leur monopole (l' URSS possède la bombe dès 1949) et lcur invulnérabilité (les premiers missiles intercontinentaux soviétiques sont en place à la fin de la décenni e). Celui qui engage une guerre fait un pari: il compare ce qui peut lui en coûter et les bén éfices qu 'il compte en urer. A vec le nucléaire, les risques encourus en retour par l'agresseur (des truction totale d e son territoire] sont tels qu'il ne songera pas à attaquer. L' arme atomique, par sa puissance mê me, produit un effet dissu asif radical: c'e st finale ment une arme défensive ; el le ne <en pas à faire la g uerre, mais à l'empêcher, La dissuasion , pour être efficace , suppose toutefois que 1·on donne l'impression, en c erta ines circonstances , d'être effectivement prêt à riposter en usant du nucl éaire, au risque de su bir soi même des destructions massives. Le seuil à partir duquel un pay s déc ide , de façon plus ou moins explicite, que le recours au nucl éaire présente plus d'avantages que de risques e st appelé « seuil d e nucléarisaton " . Ainsi , les États-Unis d I·URSS ont toujours affirmé que l'Europe était pour eux un e nj eu vital: c hacun a c ru les me naces de l'autre et la dissuasion a fonc tionné. En Corée. en revanche, les Soviétiques éta ient persuadés que l'emeu, pour les États -Unis , ne valait pas une guerre atomique. Ils om eu raison: le seuil de nucléarisation aurait pu être franchi techniquement (Mac Arthur proposait d'employer la b omb e c o ntre la Chine ), il ne I"a pas é té p olitique men t (Truman a rejeté celle suggestion). Le nucléaire et la guerre froide entretiennent des liens étroits et ambi gus. La guerre froide aurait sans dout e eu lieu sans l'arme atomique, mais n'aurait pas eu le même visag e et ne serait peut -être pas restée longtemps " froide » . La plupa rt des historiens s'accordent à penser que la dissuasion nucléaire , pendant quarante ans , a introduit dans les relations Est-Ouest un facteur de rationalit é, de stabilité, qui a permis d'éviter une con flagration mondiale. C'esr à partir de l"urlll \ con/roi que la détente s' est mise en place. La peur aurait engendré la paix, du moins dans les rég ions où la dissuasion s'exerçait effective ment. Georges -Henri Sourou nuance cette analyse en remarquant qu e la réalité ne c orrespond pas toujours il cell e vision très a bstraite et que , à B e rl in en 1958-196 2 ou à Cu ba. 110
lexistcnce des armes atomiques a rendu les crises plus dangereuses. Notons seulement que le nucléaire en soi ne sert ni la guerre ni la paix : tout dépend de l'usage qu'on en fait el des stratégies adoptées.
Les slraléKie.\ rllldéuires [105] D e 1953 il 1962. la stratégie américaine, élaborée par Eisenho wer el J . F. Dulles, c-t ufflciellernem ceUe des « représailles m assives » . En c as d'attaque de l' URSS ou de ses alliés , de quelque n atu re qu'elle soit, contre l'un des membres du bloc occidental. les États-Unis riposteront immédiatement par tous les moyens , y compris nucléaires. Celle stratégie s'explique aisément: les d eux grands possèdent la bombe, mais seuls les Américains peuvent louc her Je territoire adverse, grâce il leurs bombardiers et aux bases aériennes dont ils disposent en Europe. Tant que l' URSS n'a pas de missiles intercontinentaux , ils n'ont rien il craindre. Da ns la pratique. les " représailles massives ,. posent Ioule une série de problèmes: un évid ent manque de souplesse (la guerre sera nucléaire ou ne sera pas), Cl donc, il terme, de crédibilité ; des perspectives inquiétantes pour les alliés européens des Etats-Unis, notammenl la RF A, qui , en cas de conflit, subiraient de plein fouet les bornhardements ; une str-atégie provisoire, obsolète dès que l' URSS aura comblé son retard. Eisenhower en a conscience ct anticipe les évolutions futures en imposant dès 1957, dans le cadre de l 'O TA N , l'installation de fusées il moyenne portée en Europe, pour introduire plus de fle xibilité dans son dispositif. L'équilihreœ la terreur s'établit au début des années 1960, lorsque les Eta ls -U nis perdent leur invulnérabilité et que s'engage une course aux armements permettant il chacun d'anéantir plusieurs centaines de fois l'adversaire. La dissuasion joue alors il plein (système r-.I AD : iHu/ua / assured destrucüons. La stratégie des " ripostes graduées .. , définie en 1962 par le secrétaire il la Défense, Ro bLT! MacNa mara, et officiellcment adoptée par l'O TA N en 1967, tient compte de ces do nnée s nouvelles. Le s Américains ne peuvent sc permettre de risquer une guerre atomique il la moindre agression soviétique. Ils adaptent désormais leur riposte il la menace adverse , en mi lisanttoute l'échelle des réponses armées , y compris, mais seu Iemeru en dernier recours , Je nucléaire. Cela implique III
l'installa/ion d e missiles tactiqu es (à co urte port ée ] e n Euro pe occi dentale, plus préc is et moins destructeurs, po ur contrebalancer des eng ins so viétiqu es éq uiv ale nts. La doctrine d es ripost e , g ra d u ées rele vant d 'une logiqu e de l' e scalade , le dan ger est d' être a me né à f ranc hir naturellement le pa lie r d éci sif, cel ui du nucl éaire, d 'ab ord tactiqu e. pui s strat égiqu e. L'équilibre, même encadré par J"ann 's comroè, reste précaire . Précarité d 'autant plu , importante qu e , de son côté, l' URSS ne rejette au cune hypoth èse. L ' ou vrage de ré férence de l'armée sov iétique, Slratégie mitiuure , du maréc hal Sokolovs ki, publié en 1962 et souv ent réédité, prône la supé riorité dans tou s les domaines, nucl éaire et conve ntionnel (rattraper et d épass er les Ét at s-Uni , ), et s' au arde pe u sur la dissuasion. conception de non -gu erre incom patible avec la meure même de l'impéria lism e. L 'U RSS doit se préparer à mener un e gue rre atom iq ue, si néc essaire en quelques jours, et à la gag ner. Il semble tou tefois qu ' au -delà de , dis COU T<; o f fic iels l' URSS n ' ait pa sconcrète ment . con s idé ré le , Étah -Uni , co mme une mena ce séri euse et se soit surtout prépa rée à un con fli t limit é, so it en Eur ope, soi t a vec la Chine [107] . • LlI dissuasion il la française, - Le s deux grands ne sont [Xls les seu ls à poss éder l' arm e ato miq ue. La Fra nc e dé cide e n 195 6 de se dot er d 'un e fo rce nucléaire, pour retrou ver un ran g de g ran de pui ssanc e apr ès J"hum iliat ion s ubie à Su ez et échappe r au x logiqu e , versatile, de la protection américa ine. L ' id é e fond am ental e est qu e , pour un pay , d'Importanc e moy enn e, il n 'est [Xls nécessa ire d e rivali ser avec les Etats -Unis ou J" URSS et d' engager un e vaine course au x armement s [102]. Il suffit de posséd er un e c ap aci té de destruction suffisant e pour dissuad er l'agre sseur évent ue l. Une grande puissance n'osera pas attaq ue r un e plus faib le q u ' elle, si cel le -c i dispos e de .. quelqu es " bomb es et se montre d étermin ée à s'e n se rvir. C'est ce qu e Je gé néral Gallois, théoric ien de la dissuasi on .. du faible au fort » , appelle " le pou voir éga lisate ur de l'atom e » . On comprend qu e le , deu x grands aient tout fait pour empôc hc r la prolifération et restreindre au maximum le nombre des pay, membres du .. club " .aomique.
112
!JI pt'ur Je la bomhe
D uran t toute la guerre froide, le, deux camp, ont dû apprendre à vivre avec la peur d'une guerre nucléaire, d'une catastrophe planétaire menant à l'an éanüssemem de l'espèce humaine [109), La bombe aomique impressionne d'emblée par ,a puissance Je destruction. mai> plus encore par 'Cs conséquence, à long terme, encore mal connues, Dès 1946, divers reportages sur Hiros hima montrent le, étendues dévastées, le, corps brûlés el les effets de la radioactivit é. L' image du champignon atomique inquiète désormais plus qu'elle n'évoque la victoire sur le Japon, Apr ès 1949, le, risque, de guerre atomique ,e pr écisem. Le, affaire, d'espionnage (c'est en partie grâce aux services du physicien britannique Kla us Fuc hs que J'URSS a pu acquérir la bombe), les scénarios catastrophiques élabor és par l'équipe Eisenhower-Dulles, le signal du Spoutnik survolant en 1957 le territoire américain, les d éclarations alarmistes de, uns et des autres entretiennent la psychose. Le gouvememcnt um éricuin diffuse à des millions d'exemplaires des broc hures sur la fuçon Je " survivre à une aruque atomique ", multiplie le, exercices d'alerte, encourage la construction d'abris antiatomiques: tout cela ne fait rien pour apaiser les craintes. On peut s'interroger sur les objectifs de tels discours, Surestimer la puissance de l'adversaire permet aux responsables de la défense de faire plus facilement voter le, programmes d'armement, Kennedy , qui fait campagne sur le prétendu mis,Iile g
el d éfiram du film , qui sort dans les premiers mois d e la détente , souligne J'irrationalité d 'un système dont J'équilibre peut se rompre au moindre incident. Cela dit , Je risque d'un conflit n ucléaire était objectivement sans doute moins impertant du lemps de la guerre froide qu'il ne l'est devenu depuis la fin du système bipolaire.
Co ncl usion
Au total, plusieurs facte urs ex pliquent la durée de la guerre froide: l 'é me rge nce apr è s 1945 d e d eu x superpu issanc e s capa bles d'exercer et d'accroître leur domination sur le reste du mond e ; - d eux système s idéolo giq ues a ntago nistes fi gés da ns leu rs cert itudes , qui so rte nt le co nflit d'un cad re strict em ent politiq ue et militaire ; - un phénom ène dramatisé qui se nourrit d ' escalade s, de malent endu s e t, à partir d 'un ce rta in sta de, s'entre tient de lui-m ême ; - la mise en place d'un o rdre mondial bipolaire, a ux regles claires , dont c haque gran d fin it peu ou prou par s' accommoder. La décompo sition du système soviétiqu e. à la fin de s année s 1970, puis le s initiati ves de Reagan ont indéniablement rompu cet éq uili bre et précipité la fin de la guerre froide, L'i mmense mérit e de Gorbatch ev, quel s qu e soi ent ses erreme nts o u ses arrière-pensées, est d'avoir compris la n éce ssité d'une évolution et d ' a voir ainsi perm is la resolutio n pacifique du con fli t. On a coutume de dire qu e la guerre du Golfe , en 1990 -1 991. est le pre mier affro nte me nt d 'a près guerre fro ide, On a vu l' URSS vote r à l'O NU a ux cô tés des Étals-Uni s les résolutions condamnant so n ancien allié, l'I rak, et légitimant l' intervention d'une force internationale pour libérer le Koweit envahi. Celle guerre. sur le moment. a susc ité bien des cra intes et de s e spoirs. Craint es, dan s un e région particuli èrement sensible, d' assist er à un confl it de grande ampleur, échappan t au c adre d ésormais fa mi lie r e t parfait em ent maîtris é de s relati ons E st-Ou es t. 115
Espoirs de voir l'O NU jouer enfin le rôle imaginé par ses fon dateurs, el J'équilibre de la terreur céder la place à un nouvel ordre mondial fondé sur Je droit. En réalité, la guerre du Golfe consacre surtout l'émergence d 'un monde désormais dominé par la seule byperpuis sance américaine , apparemment sans contrepoids, jusqu 'à ce qu'apparaissent de nouvelles formes d e contestation, moins conventionnelles, mai, tout aussi radicales, L'Histo ire ne s'achève évidemment pa, avec la fin de la guerre froide.
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Table
I nln .!llll·li••n 1 I. l·~ Uri gi1U'~ dl' 1:1 uucr rv Froide J. Deux sy.l/èlll es urd ve rsatiaes 2. li/II' mesentente croissante Téhéra n yalta Potsdam 3. La p uissance des É lal.l' -lI/liJ La q uestion de l'impérialisme américain Les organiserions internationales 0/. Les illitia/ires .Ioriétiqlll'S Le s ohj ed ifs de Staline L'expancon du communisme en Europe de l'Est. Les crises d e 1946 La perception angle-am éricaine d 'un danger soviétique 5. 190/7, l 'aboutixsement d'un proce.I'.I'U.I' La doctrine Truman Le plan Ma rshall Le Kominform
3 5 5 8 8 II
12 16 16 18 20 20 23 24 26 28 28 29 32
Il 1 GunH' f ru idl ' d l'Ul'\i\h"lu'l' Imdlï tllll'
( 1'J4S- I'Jtol) 1. L 'Eu rope divisee Le blocus de Berlin Deux Allemagne Le s syst èmes dalliunœs
34 34 34 36 37 121
L...:o.
ddl ut~
40 41 41 43
en Europe
45
de la cU ll\truction europée nne 2. ln ~ Ijt'rrt' froidt' t'Il  ., if' La " k1nire d u coum umsme en C hine La guerre de Co rée ( 19:'i O·19:'i3 ) Les cœ -éq oence-, de la g uerre de Corée
J. Déf.:t'l et ClJf'Xi.\tt'nt. ·t' f'tll"ifiqllt' Le d~e l
4S 4S
La cnse de Suez
51
La pulilique extérieure de Nilila Khrouchtch ev La crtse de Cuba
53 56
I II J R .~."ih:., ,'1 ilh "iu n\ d .· 1.. d i't,·nl t· t IWo:!·I 'I77, . 1. U " """' dt' III dipl"n1cltit' L ' fUnI 'Sc"IlI,,,1 L' (), 'f't 'lüiJ; La cœr érence d' lId sinLi 2. L ' « falt'mt'n/ du ""..ldt' Cf.mntllnùolt' . Le çUl Oit \ iTII. wic!tiqlle Le çcmm unr.me en Eutope
J. IL bI,,,: ,>tT i Jt'nwl t'n ~t',.t;'", Le dé'fi gaullien ._ .... _ .. _ .. _......... ............. .. .......... La gcerre du Viclnam el ses coœéqceœes 4. u tju s m
1. U nt' "oll,·t llt ~UtlTt f roiJ.. ? L ' Afghan t-taIt La crë e oks euromissiles Reag an el la JU lie cœ ue l' .. empire d u mal "
2.
u
J éllout'n1t'1I/
Gorhah:hl."\· 11 la r. ,u\-dle puliliq ue soviétiqJe La fin do:s démoc raties JK'PI laires Une nuu\'elle Ea rope \ ' 1 I. ~ ..~ ..I ;·m ~ d ~ l:1K' r n · l"r uit!t· 1. U J tiXIt:J PennanelJ:es el dyna mique..
122
59 60 60 61 64 65 65 67 70 70 72
76 76 78 79 81 84 84 84 86 87 90 90 94 96 98 98 98
Les co nflits 2. Idéologie el propagande .1 " .' • •, ., 1 . La urrrensron ] lAOO oglque Convaincre et mobiliser 3. A u cœ ur du système: le Tlud éaîre La dissua sion Le s stratégies nucl éaires La peur de la bom be
. . . . . . . .
105 109 liN III 113
( "'n r! u..;Ï" 11
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11 5
I{(Và('S hihliugrdllhi tjUl'S
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117
103
1114 1114