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De ce qui n+a jaJ1'll'.liJ été est~i1 autN! chose que le poème que Pon esl? de ce qui n'a jaJnilÎs été, le divan se souvient... M()i~même .. poésie. cetle ressouve .. MMe anime mes versets. NICOLAS ABRAHAM,
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ISBN 2-08-2125114 @
1981, Flammarion, Paris Printed in FrfUtCe
Pareruhèmes.
LIMINAIRES POUR JONAS
Brble, Divan ~ Poésie JfÙmée
11 crie et dit : « FAlcore quarante jours et Ninewé sera bouleversé 1» Ils mJhèrent~ les hommes de Ninewé, à EMüm. Ils 'proclament UJt fefme. Ils revêtent des saty de leur.f grattds èY1eurs petits 1.
le sacré Diell du Ciel. grand Ninive, écoute Va:vis sévère t Pénitent, bats ta coulpe. Sans quoi par soufre et feu brûlera cette cité. Ali gouffre s·engloutita,. quarante jours passés l)} Ainsi dit Jonas. Rouges ses yeux ({ Par
( La Bible. Douze Inspirés, YOM ; 3 ; traduction d'André Chouraqui p. 140).
IouIruent1
Son front vultueux de sueur ruisse-
lait: Mals les marchands, ne faisaient que rire sans clumger~ Marchander J tricher~ disputer ou manger1 •••
Et Jonas s'enfuit, tinlld.e et triste tête, Dans les senteurs croupies d'huUe et d. pastèque
a. JoMS de Babils Traduction N. Abraham p. 43)
(le Livre
1. C'e.~t moi qui SOuligne,
m.
Il peut, d'un « bibelot» légèrement « aboli» -
si toutefois
il est une oreille pym écouter - lever un son de cloche neuf. A l'archi-bibelot - trituré de multiples façons, morales, politiques, religieuses, per saecula saeculorum ~ cecÎ arrive aussi.
La Bible, alors, par novelles nouvelles, désencombrée de ce qui en elle autrefois « clochait », donne à jouir d'un pacte à l'impact encore inoui. Les instants sont rares, c'est vrai, où une main dévouée à
« limer le cas des rimes », aille jusqu'à en abraser... Rares moments du risque novateur aux modulations imprévues donnant de quoi rire à un poète agonisant. Un Jonas tout neuf surgit de sa gorge « pleine de douloirs» ; tout neuf, mais qui demeure cependant tout ancien aussi. Il demeure encore ce prophète à qni la mission, la baleine, lemanque de courage etla courge « d'une nuitée)} arrivent ~ ici comme là-bas. Mais une minuscule chose lui arrive autrement... et de ce fait le pacte se modifie. Ce sera désormais : non ! - au repentir. Oui ! - à l'insoumission ... cependant pardonnée. En effet, on le sait, la destruction de la Ville, promesse pour une mission prophétique hésitaute, ne s'accomplit pas dans l'Ancien Testament. La Bible tient à sauver Ninive, laquelle multiplie les actes de repentir. Ainsi se prépare le coup de théâtre du Pardon Divin. Car telle est l'allégorie. Telle n'est plus, assurément, la parabole Jonas écoutée par le poète hongrois Babits. Tel n'est plus Le Jonas de Nicolas Abraham qui écoute parler et traduit 1'<M"'4 de Michael Babits. On ne s'y trompe pas. Un trait
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JONAS
de plume qui se veut « légèrement» modifiant sait retremper le son de clocbe d'un vivas coco entièrement différent. Du coup les mortels et les 'lifs se trouvent convoqués à changer les combles et les fondements - fussent-ils ceux de la Divinité. Conséquence : un prophète, en attente d~1'uis plus de deux mille ans, s'allonge sur le divan du psychanalyste. Ce Livre de Jonas - de ligne en ligne fidèle à la Bible sauf une, l'abolie --- est-il encore, psychanalysé, le livre d'une « bouche de Dieu}) c'est-à-dire d'un prophète ? Ou encore : que devient le couple Divinité-Prophète devant Ninive dont un minuscule vers vic'fIt de changer les fondC'Illents ? Et qu'en est-il du "'-'fis du sacrifice 7 Car Jonas, Yonah en hèbreu, signifie « colombe» (~ oiseau à sacrifier - pour une mère, souillée du sang des couches; - pour un homme, souillé de semence). Qu'en est-il de Jonas-Yonah-colombe lorsque Niniveh n'est plus le nom de la souillure, lorsque Souillure n'est plus le nom du sang? - ni celui de la semence '1 La deuxième partie de cet ouvrage, Le Cas Jonas, commentaire selon Abraham, ne laissera pas ces questions sans réponse. En elfet, l'autre poète de Jonas, celui qui du hongrois conduit vers le français, conduit égaiement la pensée du premier à sa source de fécondité. Si, traduisant l'écoute de Babits, l'analyste de Jonas érige la parabole du prophète en paradigme de maturation, car telle cst la thèse anasémique, Le Cas Jonas, de ce fait, devi.ent exemplaire d'une poussée inéluctable. Poussée de l'Instinct, créateur de mères· à-mourir, qui n'a de cesse à tarabuster le prophète (et son poète) jusqu'à extorquer de lui les dernières cadc'Ilces de sa démarche dé-maternante.Et ce sera, parallèlement, la rencontre en lui de la pulsion de Ninive - indestructible, et qui survit aux Jonasqui-passent, surprise d'une sagesse qui dès le début se tisse en filigrane: la vocation des dieux c'est de mourir et celle de l'homme, de vivre, MARIA TOROK,
Ceux qui lisent Le Verbi.r de l'homme aux loups et L'Écorce et le Noyau (AntL$émies J., JI.) connaissent un Nicolas Abraham penseur, psycha.iaJyste. Le parcours de ces livres ne laisse certaiIlement pas inaperçue l'optique qui tout traverse et toujours fut la sienne: celle de considérer tous ses patietlts comme des poètes, des poèmes, ainsi que d'entendre toute la psychanalyse, dans !IOn déroulement, comme une vaste poétique de l'autacréation. L'aspect d'un Nicolas Abraham paète-traducteur et théoricien . de la traduction y apparat! cependant moins, mis à part l'essai «Le temps, le rythme et l'inconscient» et «Lefantâme d' Ham/et ou le rI' acte ». De fait, Nicolas Abraham traduit dès son jeune dBe et jusqu' ft sa mort. il cherche à s'expliquer sur l'art de traduitecomme sur l'art de psychanalyser. Ces deux arts se tissem . ensemble pour ne former qu'un tout homogène, perspective qui Ile saurait échapper au lecteur de l'ensemble de l'œuvre déjà parue_ JOnaH en est la vivante illustration. Nicolas Abraham a traduit Le Livre de Jonas de Michael dans les années d'après-guerre. De la littérature /wngroise c'était un de seS poèmes préférés. Dans le même temps il préparait des ouvrages sur l'expérience poétique et sur l'art de traduire '. l/ cherchait Il montrer à quelles conditions la langue française pouvait devenir apte à résoMer à l'expressioll poétique étrangère,
1919. L Esquisse d'une phénoménologie poé/iqllc (1948), La CQnSciênce rythm;" Essai sur les strf.tÇtures temporelles du rythme (1951), ParadigmatIque tffmuctiv. (1951) ; il paraitre prochainement dans la série Anasim/es.
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autrement dit, comment ene deviendrait comme le hongrois, l'allemand, l'anglais, l'italien - une langue habile à traduire, une langue versatile. Ses Poésies mimées l cherchaient à rendre apte le français aux exigences parfois diamétralement opposées des prosodies antiques et modernes. « Poésies mimées» n'est pas seulement un titre, mais aussi un programme et une doctrine: choque traduction mime la gesticulation poétique el verbale de « l'original». Traduire n"est pa.f seulement faire passer un contenu, tOte anecdole d'une langue à l'autre, mais faire exister une langue à la manière d'une autre. Nicolas Abraham a présenté en juillet 1957 quelques-unes de ses POésies mimées de Michael Babits au cours de l'émission radiophonique « Benes le/tres ». Les lignes qui suivent ici reprodu/senl les paroles qui avaient précédé la lecture des poésies traduites en français par « les techniques traduetives chères Il Babitn>. Ne nous étonnons pas de trouver ici deux textes. La première version jugée «pas assez parlée}} pour l'émission, fut remaniée par Nicolas Abraham; c'est cette version remaniée que nous plaçons ici en second lieu. Ce texte il ne l'entendit pas, il en fut empêché par une opération au cœur. Ces textes donnent à Jire le curriculum vitae de Babits, et le Sens qu'avait pour lui Jonas lel qu'en 1957 le concevait Nicolas Abraham. Le Livre de Jonas ne fui pas pour autanl rangé dans un tiroir. En fait il était toujours là acheminé-acheminant. Jonas se trouvait souvent dans une vaUse de vacances, et encore au dernier jour de sa vie, le 18 décembre 1975, Nicol(1.') Abraham en modifiera les deux derniers vers. Progressivement mûrit l'Idée que derrière les lignes du Jonas se tisse 1111 autre poème - celui de l'analyse : le commentaire en traduira l'écoute. Nicolas Abraham note sur le manuscrit: {{ terminé en mai 1973 ». En tant que patient le Jona.~ du Commentaire est un double poème. A la demande de certain.. amis Le Livre de Jooas sera lu à deux voix lors d'une soirée à l'ancienne faculté de médecine. Lucette Pinas prîltait sa voix au poème traduit,
1. A paraltre.
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Nicolas Abraham au commentaire analytique. Les lignel intro-
duc/ives de cette soirée se trouvent dans la deuxième partie de ce Mlume.
M.T. 1979
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1~~'"
PREMIÈRE VERSION DU TEXTE INTRODUcrIF DE L'ÉMISSION "BELLES LEITRES " JUILLET 1957
Un poète se définit selon la région de nous-mêmes qu'il nous en toute rigueur - devrait se limiter, pour seul sujet gr,unmatical, à l'emploi du pronom je. Dans cet emploi pas ombre d'outrecuidance ni prétention d'originalité . .Bien au contraire : le je du critique est un peu comme celui du mathématicien : une marque de suprême modestie, celle de l'universalité. Je vais donc essayer de décrire en quelques mots cette partie de moi - de vous où la rencontre de Mihlily Babits devient le miroir tendu à ma condition d'homme, miroir poètique au reflet éternel et « toujours recommencé}}. Etrange miroir que celui de Babits. Il me renvoie un homme qni lui-même se scrute devant un autre miroir dans lequel un . homme se contemple à son tour et ainsi à l'infini... Parlant de ses propres poèmes il dit :
« donne à vojt ». Cela est si vrai que la critique -
...« Au vrai Ce. filles ne sont podS vivantes, Ces oiseaux là n'ont jamais pris vol, Le vent n'est que souffie du vent qui vente Ici l'ombre n'est qu'ombre de l'ombre ... }) (Esquisse moderne.) Ce miroir me fait découvrir une région de moi-même, située cc/par-delà la réalité et en deçà de la fiction pure, oÙ prolifère une végétation de mots, d'attitudes, d'inflexions, de rythmes, de .',(:()nS
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Un foisonnement de réminiscences poétiques où la Bible voisine avec Shakespeare, Sophocle aVeC Edgar Poe, Baudelaire avec le Dante, Goethe avec les moines du Moyen Age, tel est le premier miroir qui doit nous retourner l'image d'un Babits, lecteur de poètes, poèk de la lecture. Comme par la grâce d'autres poètes je me rencontre amour, haine, piété, sarcasme sur un monde singulier mais essentic], ainsi dans le miroir - le premier - de Babits je me reconnais irrémédiablement langage. Et ce monde du langage implique une dissolution si radicale de la réalité que l'obJet lui·même de l'expression devient langage à son tour (Chair, chairJ. Pourtant l'objet devenu langage recèle un autre objet, plus profond et plus réel, œlui-ci, et que le second miroir de Babils va refléter avec ses intrications. Un exemple: 1'« engagement» semble à mille lieues de ce poète ultra-rhétoricien; l'attitude de l'engagement n'en est pas moins utilisée dans de nombreux poèmes pacifistes ct autrcs (Notre Père, Eucharistie) mais toujours suh specie aeternitatis. L'action se dédouble ainsi en la contemplation d'elle-même, ene se neutralise en tant que telle, elle se poétise. Tellé est la surface. Le second miroir reflète le fond: Narcisse ne peut affronter l'impossible fuite devant l'engagement. Son premier choix sera pour Narcisse :
Il:.\(lri!~n~~. Encore que ce soit en opérant Un recul de plus vers
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« Moi, je demeure prison pour moi-même Je suis le sujet et je suis l'objet. Je suis, hélas, l'oméga et l'alpha ... » (Epilogue du poète.) Ce choix est si chargé de confiits quc toute cette poésie aux allures pourtant classiques s'en trouve portée à incandescence ct frémit sous la haute tension de la révolte sourde qui le dresse contre le langage destructeur. C'est sans doute ce conffit permanent entre l'engagement et Narcisse qui incite Babits à prendre des reculs successifs visà-vis de son expérience et qui lui interdit à jamais de coïncider avec une image de lui-même. il lui faudra attendre les affres d'une maladie cruelle et fatale pour trouver en lui"même le courage de surmonter son conflit
l'ultime prise de conscience de sa condition de poète. N'est-il maintenant, comme Jonas, enfermé dans les affres de sa vivante, pour n'avoir pas obéi à son devoir de propllète ? La légende de Jonas deviendra pour lui le troisième miroir, celui de l'apaisement et du sourire. Et ce Livre de Jonali, avec son triple dépassement, de l'expénénœ première par le langage, du langage par Narcisse et de Narcisse, enfin, par une ultime vision de soi-même, tel qu'on .11C se voit que du bord de J'aMme ce Livre de Jonas demeuréra l'expression éternelle de la condition faite au poète au .$.1n de la Cité.
J
TEXTE LU PAR NICOLAS ABRAHAM LORS DE L'ÉMISSION "BELLES LETTRES " JUILLET 1957
Depuis l'automne tragique, la Hongrie est dans tous les cœurs. Sa 10ix franchit les frontières linguistiques, ses poètes délivrent leurs messages. Un seul manque à ce concert, le plus grand peut-être, celui de Michael Babits. C'est pourtant lui qui a marqué entre les deux guerres toute la littérature hongroise. Sa langue et son esprit continuent de nourrir les plus jeunes. La biographie de Babits se confond avec celle de sa génération. Né en 1883 d'une famille de juristes, dès l'âge de 17 ans il publie coup sur coup des poésies d'une atmosphère inédite. Bientôt son nom voisine avec celui d'André Ady, le Baudelaire hongrois. En 1917, en pleine guerre mondiale, ses poésies pacifistes font scandale. Elles lui coûteront son poste de pro· fesseur. Cependant, dès l'armistice, le régime socialiste Karalyi le nomme à l'université de Budapest dans la chaire de littérature hongroise. Peu après c'est la terreur blanche. La dicta· ture de Horthy fait poursuivre le poète. Le prestige seul de son nom le sauve de l'emprisonnement. Mais Babits n'abandonne pas pour autant la voie de l'opposition. TI dirige la revue Occi· dent qui devient l'organe libéral de la culture européenne. Babits réagit violemment contre la montée nazie. En 1937, atteint d'un cancer à la gorge, il entre dans une longue agouie. Mais pendant quatre années eneore Babits soutient une lutte héroïqne et tenace avec son mal envahissant: en 1941, ne pesant que 32 kilos, mais toujours lucide et dévoué, il s'éteindra, crayon en main, en achevant son Sophocle monumental. L'œuvre de Babits est immense. TI a épuisé tous les genres,
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poésies, romans, essais. n a composé une histoire de la litté. rature européenne en deux volumes et entièrement de mémoire. Les traductions de Babits, Sophocle, La Divine Comédie, Sha. kespeare, Edgar Poe, Baudelaire, Verlaine ont fait de la langue hongroise un instrument poétique incomparable. Babits est vraiment le poète qui a " lu tous les livres ». Il est également celui qui a recréé toutes les poésies à son image. Son chef. d'œuvre; Le Livre de Jonas, épopée tragi-comique d'un symbolisme profond, montre Babits au sommet de la virtuosité. Il modifie à peine l'histoire biblique. L'œuvre est condensée en moins de quatre cents vers où les intonations d'Homère et de Shakespeare se mêlent aux accents des Psaumes et du roman réaliste. Grâce à une extraordinaire prestidigitation stylistique chaque vers joue véritablement la pantomime de son propre contenu. Babits a écrit cette histoire de Jonas sur son lit de grand malade et on dit qu'il s'en amusait royalement. Maîs sous sa plume cette histoire, sans rien perdre de sa simplicité nalve, est devenue un symbole éternel, le symbole de la condition faite au poète au sein de la Cité. Traduire Babits en prose aurait été un sacrilège. Dans les quelques poèmes que vous allez entendre j'ai tenté d'introduire en français les teehuiques traductîves chères à .Babits lui.même et de restituer syllabe pour syllabe les intonations ct les intentions poétiques du grand poète hongrois.
BABITS MIHÂLY
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Il
JONAS KONYVE
MICHAEL BABITS
LIVRE DE JONAS traduction française de Nicolas Abraham
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JONAS
(1) Monda 1JZ Ut Jorl/MF/ak :« Kelj fel és menj Ninivébe, kialts a 11aras ellen ! Nagy ott a baj, megaradt a gonoszSQg : szermyes habjai .zent labornat mosstlk, )} (5) Szolt, ès fOlkele Jonas, hogy szaladna, de nem hova a Mennyheli akarta, mivel riJhellé a prôfétasâgol, f{lt a vâtastol, sivalagba vagyott, aboI magiiny és békesség avezze, (10) semhogy afeddett népség megkôvezze. Kerülvén ozért Jiifô kikotlJbe hajora szdllott, mely elvinné otet Tarsis felé, s megadla a haj6bért, fuIVan oz Urat, mint tolvaj a hcJhért !
Et dit le Seigneut à Jonas : « Te lève et t'en va « En Ninive et crie sur la cité là-bas. « Grand le mal, c'est grave, inonde la malice, « Mon saint Pied déjà baigne dans l'immondice. »
(15) Az Ur azonban szerze/t nagy szelet ès elbacsata a tenger feleu s kelt a tengernek sok nagy tornya akkor ingo és huila kék hulltlmfalakb61. mintha egy uj Ninive kelne-hullna, (20) kelne s percenként osszedlilne "jra, Forgott a hajO, kettétort oz ârbac, deszkaszal nem marudt hü deszkaszâlhoz,
Mais le Seigneur préparait cependant Et fit dessus la mer déchalner grand vent. Lors se mit à pousser maintes tours de houles, Bleues murailles d'ondes qui montent, qui croulent, FOt-ce un vrai Niniveh qui crOt et qui chOt, Qui crOt et, dans l'instant, chu, red1sparOt. Rompu le grand mât, le vaisseau vire et flanche, Planche ne demeurait plus fidèle à planche.
A gores hajosok, eszüket vesz;tve, minden terhet bedobtak mar a v{zhe, , (25) s mfU arcukba csapalt a szornyü soslé, kiki a maUa istellél üvülté, Jonas mindelll kiadoa, elcsigazva, betlimolygalt a fedélkozi hdzba, le a lépcslJkon, a haj6fenékre, (30) s att zuhant Mdult félâlomba œgr. gurltvdn lJt az azott, renglJ pad/at.
TI dit. Lors se leva Jonas et courut, Sauf pour aller où le Très-Haut l'oOt voulu, Cagnard qu'il était il. faire les prophètes, Craignant les gens, il se mit désert en tête, Puissent le repos et la paix l'habiter Et des foules flétries, les pierres l'éviter. Pour ce descendant sur le port de Japho, TI prenai~ le large en montant à bateau Vers Thal:se et bailla le fret en pièces lourdes, A fuir le Seigneur comme voleur la corde.
Quand les tors matelots, de peur forcenés, ,Eurent déjà tout leur lest à l'eau jeté, 'V~i;A"~-hoquetant sous l'horrible trempe amère, Chacun vers son dieu, tous ensemble clamèrent. Jonas, recru, courbatu, rendant son soül Gagna, à titube, le pont de dessous marche à marche, en aval, le fond de cale, Pour s 'y étendre, enfin, léthargique balle, plallcher le roulant au gré de mouvantes pentes.
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Sigy1/fn hogy a kormanyos belebatlott, o deszktikat vizsgtiloa, s raja szolt : «( Mi dJJlog ez, hé, te nagy alhato ? (35) Ki oagy te ? Key fol, s kial!s a keserves istenedhez, taMn (J megkegye:lmez ! Vagy istened sines ? Szolj ! Mijele: 1U!mzet szûlt ? Nem te haztad rank a veszedEbnet ? Mely varos val! palgartinak, bIldos ? (40) S ejene v(zen tit ve!ünk mivigre jassz ?»)
S {J manda néki : « ZsûM vagyak én s az Egek J.tenétol jutok én. Mi koziJm nékem a vi/ag biinéhez ? Az én lelkem csak nyugodtùmat éhez. (45) Az Jsten gondja és nem az enyém .senki bajdért nem jelelek én. Hagyjatok itt megbujni a jenéken 1 Ha sül!yediink, jabb ittfuiladni nékem. De ho kitesztek még valahal i/"e, (50) tegyetek egy magtinyo$ .rdrezé/re, hol makkon tengjek és keseru meggyen békében, s az Isten is elfeledjen 1 » De a kormtinyos dühhel csapta vissza .« Mit fecsegsz lit erdorol ossze-vissza ? (55) Hal ilt az .rdli ? Ès h01!li tegyiink ki ? lnnen csak a tengerbe tehetiink ki ! Ki ., tesziink, mert nem IÜriim haj6mon az ilyet akit mit tudJJm mi Mn nyom. Mar biztos hogy te hozttfl bajba minket .(60) magad mondad hogy Isten a/ka kerge:t. Ha Jsten üldiJz, az iirdiig se vM meg. Hé, emberek ! Fa!J.Îatok és vigyétek ezt a zsid6t ! )) S mar "yole marok ragadta, nehogy hoj6juk süllyedjen miatta, (65) mert nehéz a M, és nehéz az 6lom, de nehezebb kit titko$ sulyu biin nyom.
advint-il qne le Patron s'y prit les jambes, iilspectant le calfat. Lors l'entreprit : ! dit-il, quelle affaire, grand dormitif? <1 Lève-toi donc et cric vers ton ventre bleu «De sacré dieu, qu'i! nous ensauve s'il peut! N'aurais-tu dieu du tout? Dis, quelle est ta race ? «Ne serait-cc pas toi qui nous portes poisse ? Citoyen d'où? De quelle cité? Salaud, '1401·«Ouol vent t'amène sur ces diables d'eaux?» son tour de parler : « Je suis Juif, voilà Deva~t le Dieu du Ciel fuis.je, voilà. Mais qu'ai-je à voir, moi, au monde et son péché? Mon âme n'a soif que de tranquillité. «. Affitire du Bondîeu, pas mienne en tout cas, Le malheur des autres, je n'en réponds pas. !< Laissez-moi blotti dans le fond que voici, Si nous coulons mieux vaut me noyer ici !... Ou qu'on me jetterait vif sur un rivage, « Choisissez les sables, la forêt sauvage Que j'y végète de glands et d'âpres baies En paix, que même Dieu m'y oublierait. })
.•.... '"vu>" le Patron, colêre, rabroua : « Quoi? ! Foin du sableux galimatias! Où te jeter, queUe forêt, quels sables?
Rien que dans la mer on est, d'ici, jetable. Et jeté seras, car je ne veux à bord «Quiconque est grevé d'on ne sait quel remords. de doute, c'est toi le porte.malheur! ,( Un qui cherche à fuir, maudit par son Seigneur! ,« Si ton Dieu t'en veut, quel diable pour t'aider 1 « Hé là, les gars, prenez-le et l'emmenez, «Ce 'Juif! » Et huit poignes déjà le saisirent, que de voir sc rompre leur navire, lourd est le plomb et la pierre, lourde, plus lourde d'un péché la tare sourde.
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Jônds aztmbiIlt jajgatott s nyr;gott és meg16bdltlik a tenger jOllitt. a Vigydzz -h6-rukk ! Pusztuljon aki nem kell' )) (70) S 1It1IJyot locc~ant... s megc.vondesi11t a tenger, mint egy hasas szorny mely megkapta étUt. S a hajôsok térdencSlÎSzl)(1, Mtrét gorbedve sÎrtak és httlakat adtak, konnyelmii ti/dozatoka! fogadtak, (75) sa messze.léghen jOltiint a szivarvâny.
mm
A vlz siman gyiirùzott, mint a mtirvtiny.
l.lFl\l.VIŒ DB SONM
Et Jonas de geindre, Jonas de gémir. On le balançait dessus la mer en ire, « Allez! ho hisse 1- crève dont nul ne veut 1» Il fit gJ:and plouf L.. et la mer s'apaisa d'eux, Tel monstre pansu, ayant eu sa pitance. Déjà les matelots, il genoux, de hanche En deux ployés pleuraient et rendaient des grâces, Vouaient d'imprudents vœux, des offrandes grasses, Tandis qu'au lointain paraissait l'arc-en-ciel. Ride ne plissait le miroir de la mer.
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(l) Az Ur pediglen készitett vala Jonasnak egy hatalmas cethalat s elküldte tatott szt'ijjal hagy benyelné, halat s vizet vederszam "yelve mellé (5) minek sodran feffel el6re, hosszant Jonas siman s egészben ugy lecsusszl11'It gyomrâba hagy fején egy lirva haj nem giirbült, s ajultabOl csakhamar fél-lbren pislogotl ocsudva, kaba (10) szemmel a lagy, vizes, halszagu éjszakâba.
És fgy jutolt a sz8my-lét be/sejébe oak ringasok eleve" biilcsejébe, és lakozék hdrom nop, Mram éffel a cet hasâbl11'l. ha/ éjfél a déllel (15) egy/arma volt. s csupan a gondolatnak égre-kigyozo langjal gyuladtak, mint fulladt mélyblil pincetUz ha t6mad. És kiinyorge Jonds oz {J Urtfnak a ha1hol, mondvân : « Kia/tok Tehozzlid, (20) hallj meg, lsten ! MélységMI a magassag felé kitlltok, k&romlok, konyiJrglJk. a koporsonak lorkabOl üviiltlJk.
Mert dobtal vala eNgem a siitélbe s tengercd ürvényébe vetteték he, (2S) és karalvett a vEzek veszedelme. és fii tekeredet! az in fejemre. bIi hu/ldmaid tltnyargaltok raj/am, és Egyelemedfenekébe hulltam. a vi/dg also részeibe szdl/van, (30) ki fenil csücsüllem vala ka rondjan ! Én oki Jonas voltam, ki vagyok mIlr ? Ki titkaùlat tudtam, mit tudok m&r ? Kényedre htfny-vet htfnykodô vized s nydlkas bus-zdra/ba z&rt a Cel. »
Jonas le Seigneur appareilla énorme baleine, puis, l'envoya,
'Mf,""dJQUI
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'~;~',>Elo~!lue, gueule bée, pour qu'elle l'engloutît,
lampant les 1I0ts à force glougloutis, bien qu'au fil du reflux, glissant tout droit, long, le chef devant, Jonas s'influa ",vans le Ventre, indemne, sans qu'un poil de tête li1écblt, et déjà s'éveillant de l'hébète ~âmoison, il ouvrait des yeux, cliguotant ·1.JltlSUr la molle nuit moite, odeur de poisson.
;;~i,,~jlSl
"Ainsi du Inonstrc vit-il l'intimité, ,De vivant berceau l'aveugle motuité, Et séjourna trois journées et trois nuitées :Durant, dans le Ventre en lequel minuit et étaient semblables; seul du penser e'/:,g.,tpentait l'éclair jusqu'aux cieux lancé ; de cave étouffée l'incendie qui sourd. Jonas fit imploraison du séjour )Ilalénaire et dit; «Vers Toi je cric, Seigneur, 1l1,..«Puisses-Tu m'ourr, Dieu! Des profondeurs les hauteurs j'implore, blasphème et jure, Depuis la gorge bée du cercueil je hurle.
tu m'avais précipité dans le noir, .. k;\ussl dans ton guuffre m'a-t-i1 fallu choir, Lors les périls des eaux m'ont environné, la mienne tête herbe s'est enroulée. tes Bots galopants tu m'as recouvert, "{.C'est le cul que j'atteins de ton Univers, :. Tombé que je suis aux basses parts du monde 1<1 Moi qui avais eu mon trône sur son comble. qui fus Jonas, maintenant qui suis-je? sus tes secrets, oh, à présent que sais-je? 1I0ts remuant à ton bon gré me muent, gluants verroux de chair, monstre m'inclut.»
JONAS
36 (35) S lélekze J6mis, mivelhogy kifolladt, sürûn sz[van kopoltyujat a Halnak, mely csupa verdesés és lüktetés volt, sa vizbol-szürt lélekzet mind kevés volt, a roppant haltest lihegve-dobogva (40) szokatlan terhét ide-oda dobta kinjaban, mig J6nas émelyegve s étlen tovabb üvliltlitt a büzos slitétben, s vonftva mini a farkas a veremben~ nyoglitt: « Bezaroltattal, Uram, engem ! (45) Sarak aljaba, sotétségbe tettél, ragyog6 szemed elol elvetellél. 1
Mindazonaltal szemeim vak odva nem szllnik nézni te szent templomodra. S6var tekintetem nyilat kilottem (50) s afeketeség meghasadt elottem. Éber .figyelmem eros lett a hitben : akarhogy elrejtozol, lIitlak, [sten! Rejteztem én is elüled, hiliba 1 Utanam jlittél tenger viharaba. (55) Engedetlen szolgadat meggyotlirted, maganyos goglim szarvait letorted. De mennél csUfabb mélybe hull le szolgad, annal vilagosabb elotte orcad. Most mar tudom hogy nincs mM fulni toled (60) ski nem akar szenvetin;, kétszer szenved. De te se futhatsz, lsten, énelOlem, hablir e halban s6s has lett belolem ! »
Ekkor nagyot .ficankodott a Cethal, J6nas meg visszarugott dupla talppal. (65) S uj fajdalom vett mindketton hatalmat : a hal J6nasnak fajt, J6nas a halnak.
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Lors respira Jonas, puisqu'à bout de souflle, Pompant les branchies à fréquents coups de souffle, Lesquelles battaient en spasmes fluctueux, L'air filtré de l'eau était pour eux deux peu: Le pisciforme énorme, ahanant d'ahan, Ne faisait que jeter son faix cahin et caha Tandis que Jonas, tout nansée, tout fièvre, Récriminait toujours des puantes ténèbres Et hurlant comme un loup pris dans sa caverne, « Seigneur, gémit-il, verrouillé m'as-tu ferme, «Dans l'immonde nuit des fanges confiné, « De derant tes yeux lumineux, débouté.
« Les yeux miens, pourtant, et rot leur orbe aveugle, « Jamais ne cesseront de voir ton saint Temple. « J'ai lancé le trait de mon regard privé: «Et voici déjà fendue l'obscurité « Mon zèle vigilant, fermi dans la foi, « Tu as beau te cacher, Seigneur, je te vois! « Moi-même me cachais à Ta Face, en vain, « Tu sus me rejoindre en la rage des vents. « L'insoumis dut subir tortures sans borne, « L'orgneil solitaire y a perdu ses cornes. \( Mais plus, où sombre ton serf, la fosse est basse, «Plus il l'aperçoit lumineuse, ta Face. « A toi - j'ai compris - on ne se soustrait pas. « Tel qui craint de souffrir deux fois souffrira « Mais, Toi-même, Dieu, ne saurais point me fuir, « Si même je ressemble à chair en saumure. »
Alors le Cétacé eut grand soubresaut Et Jonas de ruer par double ressaut. Malades devinrent dès lors l'un et l'autre: Du monstre, Jonas et de Jonas, le monstre.
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38 És monàa Jonas: « Ki tancoltat engem ? Ki aZ akl nem Mg y pusztulni csendhen ? Bes6ztal gorgo tenger.d savaval (70) és csapkodsz, mintha jatszanal csigâval. Mert meg fogyatkozott bennem a lélek : de az én Uram akara hogy éljek. Ebének kivan eflgemet a Pasztar és megszabaditott a rothadast6l. (75) Jossz mar, Uram, jossz, zaraim kizarod s csahos szokkal futok zargalni nyajad. Mert imtldsagom e!hatolt tehazzad és végigjârta a Magassdg hosszât. Csapkodj Mt, csapkolij, ostorozva Mlc.ren, (80) hogy amit megfogadtam, ne felejtsem, mert aki éltét hazugsâgba veszti, a boldogsâgt61 magdt elrekeszti. »
Igy szola Jânds, s eljotl a negyednap és akkor az Ur parancsolt a halnak, (85) kt J6nast a szârazra kivetette, vért, zsfrt, epét okO.dva kôriilôtte.
!;fî;;~~Ûijgj·dit Jonas: « Qui mène cette danse?
qui ne me laisse périr en silence? (j,;' ..••.~~.M'arinétu m'as dedans ta mer roulante,
me fouailles, serais-je toupie boulante ! «Certes, l'âme en moi s'était-elle tarie. «.Mais mon mien Seigneur va me rendre à la vie~ Pâtre m'appelle pour son chien de garde, Pe la pourriture Lui me sauvegarde. tu viens, Seigneur, descellant mes scellés, «J'accours, cbien clabaud, ton troupeau troupe1er, Ma prière, enfin, tu l'entends, tu l'exauces, Le lon!!i de l'altitude elle va : ellc se hausse. Fouaille donc, fouaille de ton trés sage fouet, je, jamais plus, n'oublie mon vœu voué! qui perd ses jours à filer le mensonge fore1ôt de l'beur et se couvre de honte! »
parla Jonas et le jour quart vint. devers le Seigneur commande survint. le Poisson le vomit à terre sècbe, <(::tachant autour de lui, bile, sang et force graisse.
lii/Um DE
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IONAS
(1) S monda az Ur JOmlsnak masodizoen : « Kelj fol és menj, mert én vagyok az lsten. Menj, a nagy Ninivéig meg se allj, s miként elédbe (rtam, prédiktilj 1 »
Et dit le Seigneur à Jonas derechef ; «Je suis ton Dieu, va, te lève et te dépêche, « Droit jusqu'au grand Ninive point ne fais halte, « Tel je l'avais ordonné, crie, prêche, exhorte 1"
(5) S fllkele Jomls. menvén Ninivébe, melynek harom nap volt jaro vidéke, Mrom nap taposhatta azt akarki s kt11lyargos utetiibOl nem taltilt ki.
Lors il se leva s'en allant vers Ninive Lequel est marchable trois jours à pas vif : Trois journées de temps quiconque y marcherait Sans retrouver l'issue de ses rues et rets.
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, Menvén hat Jonas, elsJ nap kiére (l0) egy satrakkal telt, esillag/orma térre s oz arusok kiJzt akik vad szakallat lB lotykos, rongyos, ragadOs ruhajat, ahol he/yet vJn, korusbt11l nevették, ki6ltolt, mint az Ur meghagyto, ekként:
(15) « Halld oz Egek Uranak lstenének kemény szôzatjat, nagy Nin've, térj meg, vagy kénkovekkel ég fol ez a varos s flld alti siillyed, negyeen napra maJwz 1»
19y szololt Jonas, s szeme vérbeforgott, (20) kimarjult arean ver(téke esorgolt,
de oz arusok esak tovflbb nevellek, alkudtak, esaltak, porliltek vagy et/ek s Jônas e/szelelt bUst11l és riadlan oz tiporodott olaj- s dinnyeszagban.
Priroe1oUI qu'il errait Jonas s'égara Parmi les étals d'une vaste agora. U, parmi les marchands, où son paîl sauvage, Son glue1ll<, boueux, loqueteux affublage Soulevaient autour bruyante hilarité, Oama comme Dieu avait dit de clamer :
«. Par le sacré Dieu du Ciel, grand NinÎve, écoute . «L'avis sévère! Pénitent, bats ta coulpe. « Sans quoi par soufre et feu brûlera cette cité, « Au gouffre s'engloutira, quarante jours passés! » Ainsi dit Jonas. Rouges ses yeux roulaient, Son front vultueux de sueur ruisselait ; Mais les marchands ne faisaient que rire sans changer, Marchander, tricher, disputer OU manger... Et Jonas s'enfuit, timide et triste tête, Dans les senteurs croupies d'huile et de pastèque.
44 (25) Mlfsod mére mâsik térre ére, a szlnészek és mimesek terére, kik a homakan illegve kigyôzta1c
JONAS
~,1JVlUl
PB JONAS
:1!;,(~S) Second soir l'égara sur la seconde agora :
Mimes et masques tenaient là grand gala. Ils se tortillaient dans le sable lubriquement Et s'entrebaisaient... publiquement 1 Or là Jonas, gravissant gradins et grades D'un trait, tel cri jaillit de l'hirsute face: Taureau entre en lice, efit-on pensé, qui beugle. Et l'avide frayeur d'ébahir le peuple Tandis que le Seigneur tonnait du prophète : « Tremble Ninive et jeûne 1Fiuie la fête 1 « Avant que trente et neuf jours se soient éteints, « Le jçur de Niniveh de sang sera teint!»
S szemérem nélkül a nép elOtt csoko16ztak. Ott Janlis a magas ülés-soro1c csucstira (30) h6gvlin, alyat biJdült bazontos szaja, hogy ozt hltték, a szinre bika lép. MohOn hOkkenve némult el a nép, mig JOmfsbOl az Ur im(gyen diirgott : (\ Rettegj, Ninive, s tarts bûnblinlla bOjtot. (35) Harmmckilencszer megy le még a nap, s Ninive napja llingba, llérbe kap 1 »
/
Et vinrent dès lors les femmes en cohorte, Escorter le Jonas de folâtre escorte, Ralener, coquettes, son flair de marée, Cette âme morne, rêveuses, subodorer...
S az asszonyok korébe gyiiltek akkor "kisérték Jontist bololldas csapattal Hozzli simultak, halbiizét szagoltak (40) és mord lelkét merengve s:timatoltak.
19y ért, az asszonyoktô! kôzrevéve, Illmnaànop a kirfllyi haz elébe. Ott mtir tuàtak és vtirtflk és bevitték egy nagy terembe, hol arany terfték (45) mellelt hevertek a Hatalmasok, nyiJzsgllén kôrottûk szép rabszolga sok, és meztelen tiincoltak ott a szolgak vagy karddal egymtist iJlték, kaszaboltak jlltékul. Jonast meg egy c!Jra ollzlop (50) tetejébe tették hagy szônokoljon és jiJvenàiJlje végét a viltlgnak.
~'ii'i
Femmes le charroyant, ainsi le jour trois Arrivait-il devant la Maison du Roi. Là on savait, le guettait et le fit introduire ,bans la grand-salle où près de vases d'or pur Se' tenaient attablés les maîtres du jour. Grouillant la belle valetaille alentour. ,Les esclaves y dansaient nus comme vers, Ou s' entremassacraient à grands coups de fer De pur jeu. Et Jonas au haut d'un pilastre Sevit prodnire, afin qu'il dit le désastre Et qu'il annonçât la fin de l'Univers.
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~- __-L1N~
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És Jônas oklwr egy Îszonyu atlwt kidlroa a kiralyra s udvarara 8 az asszonyokra lis a pa/otara (55) s a szlnészekre lis a mlmesekre s az arusokra ês a m/vesekre s aZ egész Nin/vêre mindeneslÛl. leugrott. és az I5rok(jn keresztül kit/kt, s a termen at, sa szoborerdl5n, (60) csamokon,folyosôkon lis a kerten, tavat megu,zva, râcsokon lekUszva, s a vlzvezeték-csatornlin lecsWizlJa, utclin és Mstylin,falmentln szaladva rohoot ki N/nivéMTa szabadba, (65) egyetlen lâtomâssal dUit sz/t'liben : hO(Jy ko kovon nem marad Nin/v/ben.
. Là Jonas à la sacro-sainte colère De Dieu ck'diant le Roi comme la cour du Roi, Le palais, les femmes et les agoras, comédiens, les masques, les mimétiques, Marché, marchands, natifs et métèques, Et tout Nîniveh avec son saint-frusquin, Bondit à terre et, de la garde brusquant La haie, rompit, franChissant foule et salles, Êt corridors et colonnades ct halles, A la grimpe : grilles, à la nage : lacs, A la glisse en vrille: tuyaux d'aqueduc, Filant p!lr les rues, bastions et babas, Hors de Ninive issit, hors du brouhaha, La claire vision en son cœur divisé: Que pierre ne resterait sur pierre en Niniveh.
És méne a pusztdba, hoT a sdskak
Et s'en vint au désert où de l'herbe grêle Languit le brin chétif que rogne la sauterelle, Où tel qui pose les pieds sans bons souliers Est sûr de s'en aller les plantes grillées, C'est là que trente et huit jours et nuits durant TI fit vœu de rester, priant, se mortifiant, Sans en démordre avant que feu sulfureux Vienne en pourpre teindre le bas des cieux, Que soudaiuement la terre gronde, Que les tours de la cité s'effondrent, Que tout un chacun Niruvite y périsse, Lui-même, ses père et mère et fils Et filles et frères et sœurs et qui vive toute âme, ) Comme jadis la gent du dépravé Jéroboam.
a gyér fil szomjas z(j1tfjét mind levâstdk, hol oki a forré! homokra lépett (70) jo saru nélkill, a ta/pa meg/gett : ott megfogadta, hormincnyole napig bOjtolve s /mddkozva ott Takik s nem mozdu!. mignem messze kinkiives llingoktollenne leM oz /g veres (75) s hol'anék hogy a fljld egpszerre sziirnyet oordül, s a nagy tampai ledolnek s ugy elpusztul mf:nden n/nivei, maga és apja s t1Jtpja, fiai s lânpai, hugtriiccse, nénje-Mtyja, (80) mint hajdan a Jeroboâm csalddja.
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(85)
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10NAS
S azontul, harmincnyokblll visszamenve, a napokat sz6ml6lja vala rendre, killltozvan az Urhoz: « Halld, Hatalmas! Hires Bosszuâllll, azavamra hallgass 1 Elküldtél engem,férgekhez a férget, kik ellenedre s frieskad nélkiil éltek. ÉlI jnkâbb ültem volna itt a pusztan, sorvadva, mint ma, gyiikéren és sask6n. De b/ijt s jamborsag néked mint a pé/va, mert vétkesek kiizt cinkos aki nlima. Atyjafiaért szamot ad a tesroér: nines môd nem mennl ahova te küldtél. Csakhogy a gonosz fit/yet MT/Y a jora. Lam, megcsufoltak, Egek Alkotôja 1 Szolgtido:t pellengérre tillitottak, mert gyonge fegyver szôzat és igazsag. Nines is itt haszna szépszOnak s imtinak, csak harcnak és a hata/om nyilanak. ÉlI Jonas, kt csak a Békét szerettem, hare és pusztmas profétaja leltem. Harcolj velük Mt, Uram, sujtsd le oket 1 Irtsd kt a korcs fajt s gonosz nemzedéket, mert Item lesz addig jgazsag, se béke, mig goglis Ninive IOngja nem csap oz égre. »
(105) S elmult egy hét, és ketto, Mrom, négy, lit, és mar a harmincnyolcadik nap e/jott. Jott a reggel és 0 dél és oz este: Jonas egész /lap az ég aljar leste. S mar a lathatar elmerült az éjben, (110) s egy arvo hâz sem 1gett Nlnivében.
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De trente-huit dès lors comptant à rebours, Il nombrait les journées, jour après Ic jour, Et criait au Seigneur : « Entends-tu, Puissant? « Vindicateur fameux, m'écoute et m'entends! "', ,:,,\:e;JJ
« Tu m'avais dépêché, ver) aux vermisseaux,
« Allant, mal en ton gré, sans tes chiquenauds, « J'aimais lnÎeux, comme ici, dépérir dans l'herme,
« A manger le criquet, la racine et l'herbe. « Or, fétu pour Toi l'ascèse solitaire: « Parmi les pécheurs c'est péché de se taire 1
« Du fils de son père le frère est comptable : « Ai-je Pll refuser, quand j'étais mandable ? « Hélas, le mécbant fait peu de cas du juste, « Bafoué je suis, ô mon Seigneur auguste ! « Ton serviteur, moi, hissé au pilori ! « Frêles sont vos armes, justice, prophétie! « Aussi de quoi sert bonne parole ou prêche? « Vienne de l'Ire l'impétueuse flèche! « Moi, Jonas, le paisible Jonas de naguère, « Me dresse aujourd'hui prophète de la guerre ! ~~
Sus, sus, guerroie donc, Seigneur, et les renverse,
«Ote la race indigne, ôte l'engeance perverse, « Car n'y aura Justice ni Vérité «Tant que ne flambe aux cieux l'orgueil de Niniveh. j)
Passèrent les semaines, trois, quatre, cinq... Voici que le jour trente-huit aussi vint, , Et vint matin, midi, vint enfin le vêpre : Jonas allait voir, Jonas allait connat"tre ! L'horizon déjà laissait sombrer ses rives : Ombre ne jaillit d'une flamme en Ninive.
52 (1) Mert lalti az Ur, hogy ott egyik-masik szivben még J6nas szava kicsirazik mint a j6 mag ha termofoldre hullott, s pislog mint a tuz mely titkon kigyulladt. (5) S gondo/ta: « Van idom, én varhatok. Elottem szolgaim, a szazadok, fujjak szikramat, mfg lting lesz belole ; bar J6nas ezt mar nem ltitja, a diJre. J6nas majd elmegy, de helyette jo mas, )) (10) igy gondolti az Ur; csak ezt nem tudta J6nas,
s azért felette megharaguvék, és monda: « Mikor ide kijovék, s az6ta napr61-napra s egyre tobben jottek a varosMI kérdezni tolem, (15) kicsit grlnyolva, kicsit félve-Mnva, htlny nap van hatra még ? S én szamr61-szamra kozlém pontossan. S most szégyenben hagytal! Hazudtam én, és hazudott a naptar. És hazudott az Isten ! Ezt akartad? (20) Bûnbtinôk j6szandékat megzavartad. Hiszen tudhattam ! Kellett volna tudni! Azért vagytam hajôn Tarsisba futni... Mert te vagy akifordit rosszatjôra, minden gonosznak elvaltoztatôja. (25) De mar az én lelkem vedd vissza tolem, mert jobb nekem meghalnom, hogysem élnem. ))
lr>tlVRJl DE JONAS
Car Dieu connaissait qu'en quelques âmes nettes Mftrirait un jour le verbe du prophète, Ainsi que bon grain, snr le terreau tombé, Couve tel feu qui prend à la dérobée ... Il se dit: « J'attendrai. Du temps je suis maître, « En marche devant moi, mes valets, les siècles; « Eux sauront monter mon étincelle en flamme, « Même si Jonas n'est plus là, tête d'âne. « Si Jonas n'est plus là, un autre y sera.» Pensait le Seigneur, mais Jonas l'ignora. Et pour ce ~rtement se mit en colère Et dit : « A peine installé dans ce désert, « Chaque jour plus nombreux, je vois se presser « Là les gens de la Cité, venus s'intéresser, « Tantinet moqueurs, tantinet repentants, «Combien restent de jours. Et moi: " Tant et tant ", « De répondre le nombre. Or, tu m'as désavoué! «J'ai donc menti, menti le calendrier, « Et menti le grand Dieu! Est-ce là ta gloire? « Des pénitents surprendre le bon vouloir! « Ah, mais je savais, j'avais prévu la farce! «Ne voulais-je fuir en bateau jusqu'à Tharse ? « Car tu es qui tournes le malheur en heur, « De toutes les malices, misérateur. « Pourtant mon âme, reprends-la, je te prie, « Car mieux me vaut déjà la mort que la vie 1»
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TudnivalO pedig ilt hogy kimenve a vdrosbOl JanUs, ül vala szembe, a varos ellenèbe, napkeletnek, (30) amyékban, mert egy nagyleveHi tlJknek inddf ott fiilfutua egy kiszaradt, Mségtôl sujtott fara, olyan ârnyat tartottak, ernyiJt eltikkadt fejére, hogy aza16lleshetett Ninivére (35) fatyJaban a nagy fények fonta kOdnek. S orùle Janâs !nOdfclett a tiiknek.
PE JONAS
Or il est à connaltre qu'à son issue Ninive, Jonas se trouvait assis contrehaut de la ViI!e, en face, à l'Est; ombre, car les bras d'une courge leste feuilleuse, ayant grimpé sur le branchage D'un arbre tout ars et sec, tenaient ombrage Si frais, ombrelle pour son chef alangui, Qu'il pouvait, de là, garder l'œil sur la Ville, Dans l'ample voilerie de lumières tissée. Grande était sa joie du eucurbitacé.
1 Âzllin egy reg gel, hajnaltlijra, szerzett a nagy Uristen egy kicsinyke fèrget, mely a tiiknek tovét megrdgta volna (40) ès tette hogy inddja lekonyulna, levele megporiigve kunJwrodna s az egész tok elaszva szomorodna.
Oly vékonnya fonnyadt, amiTy nogyra felnalt : nem tartott tiibbet sem drnyat, sem ernyl)t.
(45) S akkor az Isten szerze meleget s napkeleti szaraszto szeleket sIOn hogy a nap MvséiJe megsütiitte JJnUs fejèt, ès megcsapvan. felette bdgyadttâ szMftette, ugyhogy immar (50) Ilgy étzé, minden kârùlotte himbal, mintha megint a hajôn Dolna : gyomra kavargott, és gyiitrôn égette szomja s ezt nyâgte csak : « Lelkem vedd vissza, kérTek, mert jobb mâr hogy meghaljak, semhogy éljek.»
Puis un beau matin le grand Seigneur céleste Manda pour la courge un minuscule insecte Lequel l'ayant eu, à la base, rognée, Fit que sa tige dev"mt tout renfrognée, Que son feuillage, acomi, se frisolât, Que la courge entière, assec, se désolât.
Autant s'abougrit qu'elle avait poussé belle Plus ne fit de l'ombre ui ne tint ombrelle.
Adonc le Seigneur fit venir la chaleur, Depuis l'Orient les vents dessiccateurs ; Advint que l'ardeur du soleil rôtissant Le cbef de Jonas, le cingla, et si tant Le vertiginait qu'il, faible et las, voyait Alentour de lui le monde tournoyer, Fût-il sur la nef chavirante, Son ventre Se soulevait, soif le torturait brûlante, A peine souffla-toi! ; « Viens et me délivre, « désormais mourir me vaut mieux que vivre! »
Car
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56 (55) S monda az Ur J6nâsnak : « Lasd, valôban mlltan busUlsz 8 vadolsz-e haragodhan a Nzéleslombu, kovér tok mÙltt, Iwgy hiis amya fefedrol elapadt ? »)
S felelt, kitoroén J6ru!ish61 a méreg : (60) « Méltân haragszom azért, m(gcsak élek!})
DB JONAS JONAS
Lors lui dit le Seigneur : « Serait-ce à bon droit
« De si fort mener deuil et t'en prendre à moi {( Au sujet de l'ombreuse et grasse cougourde, « Que son ombre à ton chef ait été trop courte? »
De Jonas éclatant la rage, répond: « Jusques à ma mort, je t'en veux, à raison! )}
i
És monda akkor az [sten: « Te szanod a tiikat amely egy éjszaka ttimadt s egy mtisik éjszaka elheroadott ; amelyért kezed nem munktllkadott .. (65) amelyet nem apoltâl, nem ne1Yeltél, lombja alatl csak lusttfn e/hevertll,
És ln ne szânjam Ninivêt, am.ely évszâzak folytan épült vala feZ ? melynek tomyai vetekedve kelnek? (70) mely mint egy gyoztes hard tâbor terjed a swalagban, és ulcai mini képeskiinyv amit a torténet irt, nyilnak ellm ? Ne szlinjam Ninivének armat mely lépcsot emel a jiivonek ? (75) A varost amely mint egy fdklya égett nagy korszakokon at, és nemzedékek éltek fényénél, s nem birt meg vele a sivatagnak annyi vad szele ? Melyben lakott sok 8zâzszor ezer ember (80) s rakta fészkét munkdJva türelemmel : {J sem tudta, és ki vâlasztja széllyel, mit rakatt jobb-, s mit rakatt balkezével?
Lors dit le Sbigneur à Jonas : « Tu déplores « Cette courge qu'une nuitée fit éclore {{ Et que fit se flétrir une autre nuitée, « Que ton tien labeur n'avait pas suscitée, {{ Objet d'aucun soin, ni de zélée culture, « Seule ta paresse en fit sa couverture?})
« Comment n'auraiscie, moi, deuil sur Niniveh « Que tant de siêelcs mirent à s'élever? « Dont les fières tours vont se dressant rivales? « Lequel, camp de guerre conquérant, s'étale
« Sur le désert, et dont les rues sont les pages, « S'ouvrant devant moi du grand livre d'images,
« Ecrit par l'Hîatoire ? Comment fi 'aurais-je cure « Des hauts lieux, tendant l'escalier du futur? « De la cité qui brille, vraie torche ignée,
« Depuis des âges... et combien de lignées « Vivaient à sa splendeur? Et ne l'a pu réduire « Des vents du désert l'impétueux empire? « Enlaquelle ont vécu mille fois mille humains, « Construisant leurs nids d'industrieuses mains, « Eux ne savaient point, et qui répartirait {( Ce que la droite et ce que la gauche a fait?
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JONAS
tl!:UVI
Blzd azt mim, majd szétvtilasztom ln. A. sz6 tiéd, afegyver az enylm. (85) Te csak prédikdlj. Jonas. in csclekszem. Ninive nem 121 ôrôkké. A tiJk sem, s Jonas sem. Eljôn az ideje még. szUletni fognak ujabb Ninivék Is jônnek uj Jt!nasok, mint e tiiknek (90) magvaibOl uj ind6k csepereditek, s negyven nap. negyven Iv, vagy ezer-annyi az ln 3ztijamban ugyanazt jelentt. »
«C'est là mon affaire. Je départagerai. «Le Verbe, tu l'as. L'arme, c'est moi qui l'ai. «A toi, Jonas, le prêche, à moi l'action. « Ninive passera, comme le cucurbillon, « Comme aussi Jonas. Pourtant je vois arriver « Les temps où naîtront de nouveaux Niniveh, « Et d'autres Jonas, tels, depuis ce courgeon « Surgiront mille et mille nouveaux surgeons : « Quarante jours, quarante ans, ou cent fois autant « Sur mes saintes lèvres font le même temps. » ,
19y szolt az Ur. és Jonas halJgatott. A nap az égen lassan ballagolt. (95) Messze lépcslIs tornyai Ninivének Il hOtlIl ringatva emelkedének. A szômyil vdros mmt ziMlva Toppant elevf!1l tillai, nyillt el a homokban.
Ainsi dît le Seigneur; Jonas de se taire. Lentement le Soleil allait sa carrière. Au loin de Ninive les tours graduées, En haute chaleur, flottaient, se soulevaient. Le monstre de cité, tel formidable Fauve qui halète, s'étalait dans les sables...
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LE CAS JONAS .
traduction et commentaire psychanalytique du Livre de jonas de Michael Habits
INTRODUCTION
vous propose, ce soir, de vous relater le déroulement ~plet d'un cas d'analyse. Les« cures» - comme l'on ditAAnt longues et laborieuses, je tiens à vous en prévenir. n reudra 'litqnc vous armer de patience pour snivre, deux heures durant, ~~Jnéandres d'une évolution, laquelle - il est vrai - s'échehabituellement sur plusieurs années. je me suis résolu à vous présenter un cas, en faisant fi ~toutes les règles de la discrétion, c'est que je dispose d'un tel qu'il ne risquera pas d'être choqué par la divulgation vie intime, d'un patient tel qu'il me met à l'abri de tout d'avoir détourné ses confidences. Ce patient privilégié autre qu'un poème. Ce en quoi il ne diffère pas essentiel- comme on va le voir - de tous les habitués du divan. il a, sut les autres, un avantage indéniable : il aussi indifférent à notre écoute qu'à nos propos destinés faire part. présente soirée va donc ten1ct une double innovation : un poème sur le divan anaiytique, puis, parler l'écoute· en rédnisant au minimum l'intervention de la théorie. mot d'abord du poème. Il est l'œuvre d'un très grand hongrois, Milully Babits (1882-1941). J1 a été écrit en semaines aussitôt que le poète eut appris qu'il sonfmaladie incurable et fatale. C'est une sorte d'autojgrapme intérieure, snivant d'assez près l'mstoire biblique du Jonas, sa fuite devant le Seigneur, son séjour dens la
64 baleine, sa prophétie à Ninive et, enfin, se concluant par la fameuse parabole de la courge. Le déroulement du poème est comparable aussi bien au développement de l'enfant jusqu'à la puberté, qu'au processus de la maturation analytique. Notez que le poète -lui-même - n'avait jamais tenté d'expérience psychanalytique. Quant au commentaire (qni est une tentative de parler mon écoute de la poésie), en s'adressant à vous, il sollicite l'écoute de l'écoute. Et la forme même de mon exposé va mettre à contribution quelque cbose en vous qui échappe à la rationalité. Au lieu de vous crisper sur tel ou tel détail, laissez-vous prendre à ce flot d'apparence informe de significations, à leur surgissement inopiné, à leurs correspondances en écho; un moment arrivera peut-être alors où toute l'histoire de Jonas se prendra en masse et, en y repensant, vous serez en pays de connaissance.
CHAPITRE 1
LA FUITE DE JONAS
L'appel fait au Tiers
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,ti,:'FOITl!
DB JONAS
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prophète» ; ses symboles
(1) Et dit le Seigneur IL Jonas: « Te lève et t'en va « En Ninive et crie sur la cité là-bas. « Grand le mal, c'est grave, inonde la malice, « Mon saint Pied déjà baigne dans l'immondice.)} (5) Il dit. Lors se leva Jonas et courut, Sauf pour aller où le Très-Haut l'eût voulu, Cagnard qu'il était IL faire les prophètes, Craignant les gens, il se mit désert en tète, Puissent le repos et la paix l'habiter (10) Et des foules flétries, les pierres l'éviter. Pour ce descendant sur le port de Japho, Il prenait le large en montant à bateau Vers Tharse et bailla le fret en pièces lourdes, A fuir le Seigneur comme voleur la corde.
L'analyste écoute. Se lever-aller-crier,. voilà une succession symboles, un embryon de temps. En dessous il le - sc tient l'intemporel, .J'Instinct. Immuable Instinct qui satisfait toujours ... fût-ce de mots. Se lever-aller-crier, trois clefs aptes à l'apaiser. Encore faut-il que ces mots soient ',:Ptononcés. Or, un {{ prophète» n'est qu'un porte-parole et ~;;';";par définition - son dire est emprunté. A qui ? A celui qui ;dlltient la parole, IL celui qui peut interdire, done ordonner. Puisses-tu m'ordonner mon désir l}) Belle trouvaille que « mission» auprès de Ninive! Se lever, non en érigealll:, en se dressant contre, aller, non pour le plaisir d'une ',promenade, mais pour aceomplir une mission, crier, là où il licite de porter le cri, non de la volupté bien silr, mais du ;'jlO\lrroux, de l'indignation ... Qu'importe ... après tout, un cri ~~ftoujours un cri. Ainsi, dépouillés de l'Instinct, les mots ~l'l:ÇUS par le désir de Jonas - pourront-ils être cueillis à la bouche divine. tour serait-il joué 1 L'analyse ne fait que commencer. contre Ninive? Fort bien, tant que « Ninive» reste un vide. Il aura suffi de le remplir de contenu pour que l'ordre, . soufflé Il {< Dieu », s'enraye, inexécutable. Où voulait-il ~iendre, le malheureux? Là même où s'enfle le désir, là même 'immondice souille le « saint Pied », là où des yeux dessillés !eraient de voir « Dieu». Entre la sève du désir qui monte elfet « déicide », le conJlit se tend. Insoluble. La face '!;;~hée de « Dieu », son commerce avec Ninive, ne sont que Or, pressentir n'est pas aller voir. L'enfant pur de « Dieu» ,:ÎI1!it-il se tremper dans pareille fange? Oserait-il, sacrilège, ~~i;prendre 'son « Créateur»? Il n'en voulait pas tant. Pas !C\~core. Se lever? aller? voire courir? Soit. Mais surtout pas côté de Ninive... ailleurs! Vers le désert solitaire, vers la iql!Îétude aride. Vers le silence du cri.
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'y,LA FUITrl DE 10NAS
Oui, pour un temps, la volupté du cri sera remplacée par le '}iébours du ... prix de son voyage, en espèces sonnantes et ttéJiuehantes. Avant de crier, il lui faudra se soustraire à son divin Et ce sera toute une histoire, toute l'histoire de Jonas ...
••* tempête du silence
(15) Mais le Seigneur préparait cependant Et fit dessus la mer décbalner grand vent. Lors se lnit à pousser maintes tours de houles, Bleues murailles d'ondes qui montent, qui croulent, Fût...:e un vrai Niniveh qui crut et qui chût, (20) Qui crut ct, dans l'instant, chu, rcdisparût. Rompu le grand mât, le vaisseau vire et flanche, Planche ne demeurait plus fidêle à planche.
Fuir! Mais, l'Instinct renié, entre les mains du {( Seigneur» " abandonné, de quoi vivrait le fuyard? Sevré de la source du "désir, il aura vite fait d'y revenir. De quelle manière? Voyons-le 1 geste de la fuite, en catimini, avait aigu.isé la pointe de l'ln,Or, si les mots font défaut pour le dire, n'est-ce pas pour restés par-devers {( Dieu)} ? Sa rage contenue éclate en ;;tempête. C'est dans l'impétueux déchaîné, mais sans paroles, l'Instinct va dérouler ses symboles: se lever-balancer-sc (;briser. La fougue de son dynamisme épouse le moure d'on ne quel ressouvenir du corps ... de la volupté, dans le déferlerythmé, de la terreur aussi, devant les forees obscures et sauvages. Dans la mêlée ressurgit l'image du désir : en gigan;:'.,1tSques balancements, les tours de Ninive jaillissent des eaUlt, ce Nînive que l'excès même du désir avait fait fuir. Ainsi spectre aquatique revient-il au galop. Jonas comprend doit rester le {( mât)} soudé à « Dieu JI, dans la même fidélité réciproque que les pièces d'une coque. Or, la voléc de mer qu'il s'est fait infliger par son Seigneur aboutit à un effet opposé. « Rompu le grand mât, le vaisseau vire et flanche ;t;,lllanche ne demeurait plus fidèle à planche,» La même temsert à induire la vision hallucinée de Nînive, et la ,.nsad'un démembrement réciproque. Rien de tout cela n'est én6ncè! L'issue? Nur ne J'entrevoit. La tempête fait
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du parler
Dans œtte vaine tempî!te, vainement, l'Instinct exige son dft. JSeUle image qu'il suscite : « se briser », ne symbolise qu'en ,
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LA FUITE DB 10NAS
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Le procès: accusation de non-culpabilité
Ainsi advint-il que le Patron s'y pritlesjambes, En inspectant le calfat. Lors l'entreprit : « Hé! dit-il, quelle affaire, grand dormitif? (35) « Lève-toi donc et crie vers ton ventre bleu <{ De sacré dieu, qu'il nous ensauve s'il peut! « N'aurais-tu dieu du tout? Dis, quelle est ta race? « Ne serait-ce pas toi qui nous portes poisse? « Citoyen d'où? De quelle cité? Salaud. (40) « Quel vent t'amène sur ces diables d'eaux?»
Après la fuite muette, le langage sans paroles, l'agir et les convulsions du corps, Jonas amorce un second mouvement d'affranchissement: l'entrée en contact avec le Tiers. « Accuse-moi, je saurai qui je suis ... je saurai que je suis ... » « Accuse-moi!» Et aussitôt surgiront tous les personnages du procès: accusé et accusateur, avocat et juge, autant de porte-parole de l'Instinct. « Comment 1 » « Tu dors au moment où tu devrais t'angoisser avec nous de notre commun malheur! N'as-tu point de mère à qui tu puisses t'adresser en paroles, signe que tu es séparé d'elle et que tu existes pour ton propre compte, signe aussi que tu es à même d'agir en ton propre intérêt et d'adresser ta demande à qui de droit?» «Ta passivité coupable, ta dépendance anachronique te mettent en une situation de tempête sensuelle sans issue. Aussi, moi, qui sais parler aux "Dieux" vais-je t'apprendre le langage, en portant l'accusation contre toi.» Or, de quoi Jonas se fera-t-il accuser précisément? De n'être pas en mesure de parler. Le recours au Patron ne visera donc pas à l'expiation d'un quelconque péché, mais à l'apprentissage d'une dialectique, à l'acquisition de tout un appareil où accusation, défense, jugement et châtiment articuleront le conflit diffus de Jonas et créeront ... Jonas. « Lève-toi et crie », dit le Patron, « vers ton ventrebleu de sacré dieu)}, dit le Patron. Et non pas sur moi, ni sur Ninive, entend le Patron. Fais comme nous autres : quand le désir nous fait chavirer, nous implorons nos sacrés dieux, ils nous exaucent. Le tout c'est d'y mettre les manières. Or, toi, tu m'as l'air d'un fils à maman, d'un bâtard, d'un masturbateur ! On se demande quel vent amène celui-là ... sur le divan analytique! L'analyste pourtant n'avait pas souffié mot! La tempête, elle, souffle toujours.
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Le proc~s : « je suis coupable d'i7UIocence»
A son tour de parler: « Je suis Juif, voilà « Devant le Dieu du Ciel fuis-je, voilà.
« Mais qu'ai-je à voir, moi, au monde et son péché? « Mon âme n'a soif que de tranquillité. (45) « Affaire du Bondieu, pas mienne en tout cas, « Le malheur des autres, je n'en réponds pas. « Laissez-moi blotti dans le fond que voici, « Si nous coulons mieux vaut me noyer ici !... « Ou qu'on me jetterait vif sur un rivage, (50) « Choisissez les sables, la forêt sauvage « Que j'y végète de glands et d'âpres baies « En paix, que même Dieu m 'y oublierait. »
Voilà que, forcé à répondre, la première fois, Jonas parle. La rudesse du « Patron », grâce au procés qu'elle a suscité, porte donc ses premiers fruits: Jonas s'est découvert un statut. II est Juif, l'enfant chéri de son « Dieu Céleste », mais Juif prodigue, en rupture avec son « Seigueur ». Pourquoi? Parce que celui-ci lui imposait une mission dont lui, Jonas, ne voulait à aucun prix. II est donc en fuite devant son « Dieu ». Se mêler des péchés d'autrui? Plutôt mourir, ou presque. De fait, Jonas plaide coupable d'être innocent, d'être un innocent. Subtile et sûre provocation pour se faire condamner. A quoi? A accomson désir. Le verdict ne saurait tarder. Ni la fin de la tempête.
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procès: condamnation au désir
Mais le Patron, colère, rabroua : « Quoi? ! » Foin du sableux galimatias! Où te jeter, quelle forêt, quels sables? Rien que dans la mer on est, d'ici, jetable. Et jeté seras, car je ne veux à bord « Quiconque est grevé d'on ne sait quel remords. « Plus de doute, c'est toi le porte-malheur! (60) « Un qui cherche à fuir, maudit par son Seigneur! « Si ton dieu t'en veut, quel diable pour t'aider?
« (55) « « «
« Hé là, les gars, prenez-le et l'emmenez, « Ce Juif!» Et huit poignes déjà le saisirent, Plutôt que de voir se rompre leur navire, (65) Car lourd est le plomb ct la pierre, lourde, Mais plus lourde d'un péché la tare sourde.
Jonas avait parlé. Pour la première fois. Mais il n'avait pas souillé mot de Ninive. Le « Patron» saisissait seulement que ça ne tournait pas rond avec « Dieu ». Pas plus qu'avec lui. « Il est dans la lune celui-ci. » On l'accuse et i! ne se défend même pas! N'est-ce pas un péché suffisant? Est-i! péché plus sournois, plus dangereux pour les autres que celui qui n'a pas de nom? Tout cela Jonas le sait bien. N'avait-i! pas lui-même provoqué cette réaction? Oh bonheur, enfin i! va être condamné, c'est sûr. « Hé là les gars! » In extremis, l'Instinct, à visage de Patron, apporte donc son secours. Le navire « Jonas» ne sombrera pas sous le poids du péché... d'innocence. Tout au plus changera-toi! de véhicule ... Mais n'anticipons pas. Pour le moment Jonas se voit condamner à ne plus ignorer son « péché». Aussi le verdict du divan d'être « jeté à l'eau» n'afllige pas mais allège. L'Instinct qui se libère ... monte.
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::t'e:xécutwn 1J(lr «jeture à l'eau» Se lever-balancer-voler. Les matvlots, image du foisonnement
Et Jonas de geindre, Jonas de gémir. On le balançait dessus la mer en ire. « Allez 1 ho hisse 1 - crève dont nul ne veut!» (70) n fit grand plouf 1... et la mer s'apaisa d'eult, Tel monstre pansu, ayant eu sa pitance. Déjà les matelots, à genOUlt, de hanche En deUlt ployés pleuraient et rendaient des grâces, Vouaient d'imprudents vœux, des offrandes grasses, (75) Tandis qu'au lointain paraissait l'arc-en-ciel. Ride ne plissait le miroir de la mer.
l'Instinct, le soulèvent, Je balancent et le font s'envoler les eault. « Crève dont nul ne veut!» Certvs. Mais n'est-ce pas l'image même de la mort souhaitée du lien avec « Dieu)}? ~« Se jetvr à l'eau» -image de l'appropriation de l'Instinct, mort de la mort. « Et Jonas de geindre,. Jonas de gémir» : c'est son « Dieu» qui mourait, sa « chasteté» du moins, de par le jugement sans appel, proféré par le Tiers, modêle de l'Instinct conquis. Les gémissements de J ooas procèdent de « Dieu», « Dieu »-Jonas. Il souffre souffre-t-i1 ? de l'affront à « Dieu» par le Tiers. Dans la cale: c'était l'engourdissement de l'Instinct, réduit à l'impuissance - ici : cris d'une .mère qui se meurt, dans la gésine de la vie ! Le bruit de la chute marque à la fois cette agonie et cette naissance, toutes deux 'joyeuses: Jonas est né. L'Instinct jubile, l'univers se colore i'; d'un sourire apaisé. Se lever-balancer-voler.
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sexe dans le sexe»
(l) Or pour Jonas le Seigneur appareilla Une énorme baleine, puis, l'envoya, Goulue, gueule bée, pour qu'elle l'engloutit, En lampant les flots à force glougloutis, (5) Si bien qu'au fil du reflux, glissant tout droit, En long, le chef devant, Jonas s'influa Dans le Ventre, indemne, sans qu'un poil de tête Fléchlt, ct déjà s'éveillant de l'hébète Pâmoison, il ouvrait des yeux, clignotant (10) Sur la moUe nuit moite, odeur de poisson.
Jonas est né. Or, aussitôt sorti du giron de son « Dieu », sa de nouveau-né commence dans Un Venlre. « Glissant tout En long, le chef devant", véritable phallus personnifié, rejoint-il ce vaisseau d'un nouveau genre. Le fond de cale un réceptacle pour le sommeil fœtal; la baleine, elle, est corps qu'il pénètre, un corps dont la moiteur se tâte, dont senteurs se hument. " Sexe dans le sexe. }) L'analyste est plus songeur que jamais. Il est pris par une 'lrrésistible envie de théoriser : « Le sexe dans le sexe.» Cette '; lltmre devait naltre, en même temps que Jonas, grâce à la brutadu jugement et de son exécution. On ne sait pas encore est qui des trois personnages, de Jonas, de « meu» et du I:'àtron, mais, par la vertu même de cette trinitê engendrée à ;;l'instant, le Corps est sorti de lui-même, il est devenu objet soÏ. sc voit désormais des yeux d'un Tiers. De ce Tiers dont est en train d'" avaler» le verdict et qui, à l'intérieur, vient "membrer la fusion primitive avec « Dieu », l'articuler en relade récîprocitê. Par avant, c'était le manque de relation, l'individuité, la non-division, c'était la vic unaire. Grâce l'intervention du Tiers, pourra s'effectuer - pareil à la ,division cellulaire qui s'achève - le clivage au sein de cette primitive. Ce qui ne faisait qu'un jusque-là apparaîtra travers de ces vigoureuses paroles étrangères comme divi· duaIitê, réciprocité d'action. Les « tours de Ninive» ';'s'érigeant dans la mer en tempête n'étaient qu'illusion fantas';magorique. La venue de la baleine lampant les flots, puis la <j!lissade de Jonas dans le Ventre sont, au contraire, des évé'\nements observables par le Patron, depuis le bateau. Et c'est toute la nouveauté. La fantasmatique de l'avalement, de pénétration et de l'être-dedans ne fait que figurer le mouvede la vie créant, d'elle-mêmc, à partir d'ellc-même, abri l'Instinct. En attendant de vaincre les obstacles qni .ub:~istent, l'Instinct trouve satisfaction en une image, celle de iil'ântromission : " Le sexe dans le sexe.»
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DANS LE POISSON
't"'Pensey :
SOrt
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essetlce déicide
S'approprier la cruauté du {( Patron », se sevrer de la félicité ;~,,,,céleste », voilà pourquoi Jonas est descendu dans les aMmes,
Ainsi du monstre vit-il l'intimité, De vivant berceau l'aveugle motuité, Et séjourna trois journées et trois nuitées Durant, dans le Ventre en lequel minuit et (J:;) Midi étaient semblables; seul du penser Serpentait l'éclair jnsqu'aux cieux lancé : Tel de cave étouffée l'incendie qui sourd. Lors Jonas fit imploraisou du séjour Balénaire et dit : « Vers Toi je crie, Seigneur, (20) {{ Puisses-Tu m'ouïr, Dieu! Des profondeurs «Vers les hauteurs j'implore, blasphème et jure, « Depuis la gorge bée du cercueil je hurle.
,j'antipode du « Ciel», {( vif berceau» qu'il est pour le Sexe, sa « motuité}) encore « aveugle}). Il lui faudra « trois)} (Journées et autant de « nuitées}), complètes, pour l'absorber, Sexe, son intégralité triplement membrée résumant aussi 'Ij!'trinité : " Dieu », {( Patron)J, "Jonas ». Dans ces abîmes, où ,donas)} se met à la place du sexe du" Patron», vont sourdre flammes du « penser », produits ignés de cette cave où "fermentaient, fétides, les paroles de « Dieu », jusqu'au moment 'présent de leur explosion. Des mots incandescents d'ambiguïté, tJ~ngiles fourchues de serpent, sont lancés vers le « Ciel)}. Oh, sans crainte et tremblement, mais avec, tout de même, la d'attaque, empruntée au « Patron l>. « Puisses-Tu Dieu ?» ... « M'ouir?» ... au fond de soi-même, se : « mourir ». Puisses-tu mourir, « Dieu ». Voilà ce qu'on : penser. Etre dans balancer _.- penser... Oui, le !,tJenser, Jonas l'a mis à la place du jouir, mais c'est pour avoir, le savoir, un « Dieu » ... à tuer.
DANS LE POISSON
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if'Anostrophe comme dlssimula/ûm
« Car
tu m'avais précipité dans le noir,
« Aussi dans ton gouffre m'a-t-i1 fallu choir, (25) « Lors les périls des eaux m'ont environné, « Sur la mienne tête herbe s'est enrouMe. « De tes fiots galopants tu m'as reeouvert, « C'est le cul que j'atteins de ton Univers, «Tombé que je suis aux basses parts du monde (30) « Moi qui avais eu mon trône sur son comble. « Or moi, qui fus Jonas, maintenant qui suis-je? « Qui sus tes secrets, oh, à présent que sais-je ? « Tes Il.ots remuant à tou bon gré me muent, « De gluants verroux de chair, monstre m'inclut.»
c'est aussi : dire. Dire pour tuer. Tuer en disant. désormais, Jonas n'a plus besoin du Tiers pour soutenir i't'w:cnastion. II le fera par ses propres moyens. Le faux procès qui l'avait déniaisé pour de vrai - se change en un procès adéquat. Le « Patron» avait fait de Jonas un bouc émisun porle-malheur ; Jonas, à son tour, fort d'avoir été ,çl;l9ndamné, se retourne contre son Seigneur ct lui adresse la ,iXiiÂm" accusation. Tout avait commencé - dit-il - du fait m'avais précipité dans le noir, que tu m'avais retiré la !l!imière de ton esprit - et c'est encore toi qui m'eo puuls, me jettes dans le gouffre. Entre Jonas et soo « Dieu)} se désormais un Juge. l'espace s'eo trouve modifié, théorise l'analyste. Jusque-Ià uatioo spatiale était celle de la fuite et de la persécution. i;~lIintenant entre persécuteur et persécuté qui ne faisaient s'est glissé le Tiers. Grâce à lui Jonas peut se re/OUI'IIer « Dieu», le persécuter à son tour, de son amour, de son ,ment, de la prétendue injustice subie. Seulement voilà : de la nouvelle confignration spatiale, le dos de Jonas à la vue de « Dieu" ; son discours aussi est à même dissimuler ce qui, en arrière, se déroule. « Puisses-TU m' ouir! }} mourir! C'est aiosi qu'on détrône le tyran qui s'est cc qu'il interdit aux autres. Tyran anachronique qui périr par la contradiction de saloi hypocrite. Au moment où Jonas, «par-derrière », accomplit l'acte honul avec le l'l'atron », il va, « par-devant", jeter à la face de « Dieu" la contradiction. prière dés lors devient un véritable persiftage de l'hypo« divine ». Alors, au nom du phallus, qu'il est tout entier il dépeint la dégradation et la souffraoce dans le sexe Jonas développe sa complainte fallacieuse: « Moi, qui "Jonas,. maintenant qui suis-je? Qui sus tes secrets, oh, à que sais-je?» Mais il entend: moi, qui n'étais que ton !J)endiœ, moi, devant qui tu cachais tes secrets, maintenant je ~~; A.,," l'intimité de ta chair, tout comme le Patron est en moi.
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DANS LI! POISSON
aphoristique de l'analyste : comprendre une Îp'êl!sée c'est y découvrir l'ironie cachée. Car dans la pensée de :;'lelllas. - comme dans toute pensée - c'est l'ironie secrète
*** '!ltsstJujJIement de/par l'Imaginaire aphasique
(35) Lors respira Jonas, puisqu'à bout de souffle, Pompant les branchies à fréquents coups de souffle, Lesquelles battaient en spasmes fluetue!~x, L'air filtré de l'eau était pour eux deux peu Le pisciforme énorme, abanant d'ahan, (40) Ne faisait que jeter son faix cahin et caba Tandis que Jonas, tout nausée, tout fiilvre, Récriminait toujours des puantes ténèbres Et hurlant comme Un loup pris dans sa caverne, « Seigneur, gémit-il, verrouillé m'as-tu ferme, (45) « Dans l'immonde nuit des fanges confiné, « De devant tes yeux lumineux, débouté.
force de coit on s'essouffle, n'est-il pas vrai? Les nalrs ilécroient. Ils tiennent la baleine pour un poisson à branchies, figurent, enfin, qu'à ces branchies supposées on branche bouche pour en soutirer l'air. Il faut bien que le « petit onhomme)} puisse respirer dans son réceptacle! Belle théorie pour expliquer pourquoi, dans l'ardeur de la volupté, baleîne» s'essouffle il. son tour : « L'air filtré de l'eau était eux deux peu.» EUe <, ahane d'ahan », elle se jette, "~traî1gemeî1t, « cahin et caha ». Et le petit bonhomme à l'inté? « Loup pris dans sa caverne », vorace dévoré, voleur :idnappé, jouisseur feinté, il se prépare déjà, tout chaud, à dans la puante obscurité. Mais Jonas n'a pas encore assez dit. Oui, parler, parler, tuer, tuer, tuer. . '" AntTA remarque aphoristique de l'analyste, avec théorisation : Qui accuse révèle sa coulpe. Et tel qui s'accuse étape seconde - met en évidence la coulpe de l'autre. Et le condamner. Nous n'en sommes pas encore là, mais nous y acheminons selon une logique inéluctable. L'étape inter'.!Jlédiaire - condition de possibilité de l'auto-accusation l'accusation réciproque : toi-moi, moi-toi et la « com» reprend, impitoyable, jusqu'à l'achèvement de l'œuvre. {''''''n'à l'assouvissement de l'Instio.et. Pour le moment encore imagine de s'essouffler - il s'essouffle à imaginer -, iJ~mamelles du penser ne dispensent pas du lait - pense-t-lIde l'air, et même pas à suffisance. Pourtant, elles battent « spasmes !!uctueux» de la vie et cette « sépulture» baléavec sa g1uance odorante, sa palpitation, ses secousses,
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~aussi le berceau 1IÏvant où, dans la consommation imaginaire
mort du Phallus, s'opêre en silence la mort de « Dieu» surrection de Jonas.
...... ~.Mattre-esclave))
« Les yeux miens, pourtant, et mt leur orbe aveugle.;; « Jamais ne cesseront de voir ton saint Temple.
« J'ai lancé le trait de mon regard privé : (50) « Et voici déjà fendue l'obscurité
« Mon :rele vigilant, fermi dans la foi, « Tu as beau te cacher, Seigneur, je te vois !
« Moi-même me cachais à Ta Face, en vain,
« Tu sus me rejoindre en la rage des vents. (55) « L'insoumis dut subir tortures sans bome, « L'orgueil solitaire y a perdu ses cornes. « Mais plus, où sombre ton serf, la fosse est basse, « Plus il l'aperçoit lumineuse, ta Face.
« A toi - j'ai compris - on ne se soustrait pas. (60) « Tel qui craint de souffrir deux fois souffrira « Mais, Toi-même, Dieu, ne saurais point me fuir. « Si même je ressemble à chair en saumure. »
ou n71lf1ginaire mis en m01$
Parler, parler, parler, tuer, tuer, tuer. récuse l'acte de ton injustice: il n'a pas eu d'effet tout .ement. Tu avais cru me retirer ta lumière, mais non, aveugle que tu m'as rendu, elle reste en moi. Prétendrais-tu punir pour manque d'amour? Mon amour est si fort que le cMtiment le raffermit. Ton injustice est si criante, contraire, qu'elle te montre Toi qui n'aimes pas. Tu me ISseS à me cacher et tu m'en punis ... C'est bien Toi qui as '.;c<\mmencé 1 Sous-entendu : je te punirai à mon tour. Moi, Toi, Toi, c'est moi: non pas que nous ne ferions qu'un, et toujours, comme naguère : nous sommes je l'ai compris - inégaux. Or, justement, ce qu'il me plairait que l'enfant ce soit Toi. Pourquoi non? Oui, pourquoi ? n y aurait, certes, une raison. La raison du plus fort. suis ton esclave c'cst que Tu m'as soumis. Force m'est "enir à résipiscence. C'est donc Toi qui me pousses à être :hottier. Mais la tienne d'hypocrisie ne m'échappera pas. as beau te cacher, Seigueur, je te vois. }} en clair, ce qui a été dit. Hypocritement. « Seigneur, vois.)} Sftre garantie de ce que Toi ne vois pas ce qui se derrière mon dos : là où se poursuit le colt avec le sexe « Patron». Avec ce sexe, « chair en saumure)) devenu d'ores déjà, sinon complètement digéré.
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DANS LIl POISSON
Récipr()que
Alors le Cétacé eut grand soubresaut Et Jonas de ruer par double ressaut. (65) Malades devinrent dès lors l'un et l'autre: Du monstre, Tonas et de Jonas, le monstre.
QU
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la feinte du Tiers exclu
Les dieux ont la mort dure. Quand Jonas imagine le sexe le sexe, le «Seigneur )} bondit. De douleur. De dépit. De Les « Dieu>: )} semblent détester le « se>:e dans le sexe ». moins que ce soit là le dernier soubresaut du « Seigneur» ayant de se rendre. Avant d'accepter de mourir en tant que « Dieu ». Avant de jouir... '. « Et Jonas de ruer par double ressaut.}} A bondisseur, bon'. disseur et ... deux demis. Pour chacun de son côté, par action et effet réciproque, s'essoufflant, se secouant, s'endolorissant l'un l'autre : l'agonie a commencé. La fin s'accomplira, le .... moment venu, à l'acmé de la douleur, dans l'orgasme de l'ac}i.})ouchement éjaculatoire... de soi-même. Se sevrer sans être mutilé, tout en s'appropriant toutes les "rapes de la séparation, y compris le meurtre du Ventre orbité, e 'j:Oïncidera avec l'avènement de la distinction intégrale entre et moi : je jouis,. je souffre pOl/}' moi, corume je reconnais tn jouis, tu sonffres,poUF Toi. Tel sera - s'il l'est jamais 'l'ùltime aboutissement. Pour l'instant encore, on parle, on je te sous les yeux, on « imagine »... « Tu me fais mal mal.» Et point on ne dit : « Je jouis pour moi.}) Nous sommes encore à la vCUj,>eance selon le talîon. Imaginaire. l'amour, à la haine, absolues. Imaginaires. Jonas restera-t-il prisonnier du Réciproque?
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Aussi dit Jonas: « Qui mène cette danse? « Qui, qui ne me laisse périr en silence ? « Mariné tu m'as dedans ta mer rouiante, (70) « Tu me fouailles, serais-je toupie bouiante ! « Certas, l'âme en moi s'était-elle tarie. « Mais mon mien Seigneur va me rendre à la vie! «Le Pâtre m'appelle pour son chien de garde, « De la pourriture Lui me sauvegarde. (75) « Ah, tu viens, Seigneur, descellant mes scellés, « J'accours, chien clabaud, ton. troupeau troupeler,. « Ma prière, enfin, tu l'entends, tu l'exauces, « Le long de l'altitude elle va : elle se hausse. « Fouaille donc, fouaille de ton très sage fouet, (80) « Que je, jamals plus, n'oublie mon vœu voué! « Car qui perd ses jours à filer le mensonge « Se forclôt de l'heur et se couvre de honte! »
DANS LE l'Ofs.sON
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achève sa troisième jour-nuitée. TI lui reste à tenir troisième et ultime discours - celui de sa délivrance. ne sera plus l'Hypocrisie inconsciente du genre: « Puissesl1l.m'ouïr Dieu », mais une série de vrais mensonges. Depuis le à face, depuis l'appréhension du Réciproque, on n'a plus s'en étonner. Depuis qu'on a pu dire : « Dieu je te vois» sous-entendre: «Toi, tu ne me vois point.» Cette fois il y même que mensonge : stratagème. Mentir par le men;l!OllJ1,e même de l'autre c'est révéler à l'autre sa propre pseudoet par là la détruire. Le stratagème de Jonas s'appelle feinte : dire ce que l'autre veut entendre, pour ensuite ;·'!UÏcux le tenir à merci. Le faux repentir vise à une démonstrapar l'absurde qui, poussée au bout, révélera la « Vérité» « Dieu». D'où celle de Jonas surgira à son tour. A « Dieu» retient en lui l'Instinct de Jonas, on dira : « L'Instinct qui fait danser, qui me fouette, c'est bien Toi, "Dieu ". L'Ins. qui me fait vivre, qui me préserve de la mort, c'est encore Que tes coups de fouet redoublés affirment sans cesse ta t"~ésence, Instinct-Dieu, que je ne perde jamais le contact avec ô ma raison de vivre, car Tu es la Vérité, Tu es le Bonheur! » .est le discours d'un Jonas, vil flatteur devenu: il n'en a pas glissé cntre les lignes son nouveau statut d 'un être d'un être responsable qui, par amour et aussi en vertu contrat, décide lui-même de son allégeance. TI a cessé la toupie qui tourne au gré de son fouetteur mais aussi J" --"'-']e qui rend coup pour coup. Il est désormais ce qu'on un « être engagé» ; du côté du plus fort, certes, mais 's6uverain de son discours. Le Jonas de « Dieu» a vécu.
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DANS LE POISSON
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de l'Imagill4lre
Ainsi parla Jonas ct le jour quart vint. De devers le Seigneur commande survint. (85) Lors le Poisson le vomit à terre sèche, Crachant autour de lui, bile, sang et force graisse.
sein de l'obscurité Jonas s'était répandu en accusations, complaintes, en insolences pour découvrir le halètement de ,'volupté, le coup rendu, la fausse soumission. Or, si la fusion -"'Ise a cédé la place à la manipulation sournoise, «Dieu» conserve pas moins sa puissance vengeresse. Aussi Jonas reconnalt-il vigueur et autorité. ({ Lors le poisson le vomit à terre sèche.» A l'analogie de la matrice, de la vic fœtale, le Ventre-symbole, réceptacle vis. queux des voluptés, modèle et origÎne lui·même de l'image pri5":inordiale du sexe dans le sexe, ce VenUe des fantasmagories, à l'abri de toute effraction, dans une fièvre de souffrance de jouissance mûrit un être neuf va enfin délivrer Jonas ses ~< verroux de chair», de l'angustia étouffante, l'éjecter une ultime convulsion, &uloureuse pour l'un, orgastique l'autre, sur la terre séche de la « réalité ». Là le fantasme la place au spectacle, le penser à l'agir, le dire auto;';;'~1astique au mensonge utilitaire. Et précisément cette gésine iiE'l»(plosive a lieu au moment même où du premier mensonge s'achève. fi avait fallu d'abord inverser les rôles, prenant la place de « Dieu », puis, dans cette inversion, coup pour coup, enfin, découvrir la pOlisibilité d'une '!llversion à rcbouts, contrefaisant le propre rôle initial. Or, 'l'enfant de son ({ Dieu» devient un enfant voué à son « Sei'gneur». A la fm du discours fallacieux, Jonas se rencontre Comme créateur du personnage;« l'enfant·voué-à-son- "Dieu" », en même temps, comme le « Dieu>; créateur lui-même. prononcé du serment de fidélité puis, du nom même «men· 'songe », Jonas s'atteint, enfin, comme auteur de la contref'~nrt à la fois, de l'enfant et de son «Dieu ». Qu'est-ce à dire qu'il se reconnait autre par rapport à leur relation et la voit désormais de l'extérieur, comme un Tiers 1 Tel l'aboutissement de l'imaginaire et occulte coït sodomique ,Consommé avec le Patron. Que de saug, que de bile et que de graisse aussi aura coûté la divine baleine l'affranchissement de son polisson de Jonas !
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101 «prophète» devenu «juriste». Il part pour mettre en scène
(1) Et dit le Seigneur à Jonas derechef: « Je suis ton Dieu, va, te lève et te dépêcbe, « Droit jusqu'au grand Ninive point ne fnis balte, « Tel je l'avais ordonné, crie, preche, exhorte! "
Se lever-aller-crier : tout avait commencé par ce désir sym"l:>olique élémentaire. Puis, le vœu justificatif, « aller à Ninive », effrayé de sa propre témérité. TI y eut alors, successivement, chute dans la tempête convulsive, profération juridique Tiers, condamnation au désir. Ensnitc de quoi s'ou~Tirent vicissitudes du mûrissement d'une image: « le sexe dans le ». Le Sexe de Jonas retenu au seIn de « Dieu" ; le sexe Patron retenu au sein de Jonas, tout cela allant de pair l'Invention du Penser, du Réciproque, du Mensonge intentionnel. Quel chemin parcouru entre le premier départ, et celui qui s'annonce ici. « Et dit le Seigneur à Jonas '; derecbef.}) « Derechef" - certes mais plus de la même fu""lère. Le vœu : « Puisses-tu m'ordonner mon désir» n'est que réminiscence. Sncbant désormais dire et pour son compte voire même mentir - il tient en son pouvoir mots du désir. L'L'1ljeu a changé, comme la forme du dis'J'Vurs. Cette fois il s'agit de quitter « Dieu» - sans qu'il le - et d'aller voir le fameux Ninive, « Dieu », devenu ~idistinet de Jonas: attention! sa loi n'est plus Sans recours ni à du contournement. Son garant est un tiers juge. Aussi l'énonce-t-il sans équivoque, définissant jusqu'aux modad'application. {( Droit jusqu'au grand Ninive point ne halte}) - ni lenteurs, ni détours - comme en cas d'un imprécis, l'y autoriserait la mauvaise foi, guignant vers le garant. Sans conteste, Jonas a acquis la bosse du juriste. ,,,,Hypocrite Jonas! A attirer le Seigueur dans Je piège de'sa propre loi! Puisque tu es « Dieu », n'est-il pas légitime de faire ; diligence pour défendre la bonne cause ?... Bon prétexte pour iu,tifier sa hâte d'arriver à {( Ninive », enfin. L'innocent proqui naguère ne connaissait qne les mots de son « Dieu », 'entre-temps, a fait son droit. Pour lui désormais actes et paroles ,'.procèdent d'une scène interne, à trois personnages. Aussi, cette fois, Jonas prend-il le départ pour une représen-
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: les fohyrinthes
au désir
voici, de cette représentation, les décors brossés à. l'avance. '«Marchable trois jours à pas vif», décors trois fois renouvelés un drame en trois actes. TI faudra traverser les « rues et » de Ninive, sans en omettre, pour trouver... 1'« issue ». le moment, ce qui s'annonce c'est un labyrinthe où chele désir, s'allwnant, se ravisant, s'angoissant, jamais . Combien faudra-t-il de détours, de retours et de recommenpour que le désir trouve l'issue heureuse! La trou'1~-t-il jamais? Nul ne saurait le prédire. En attendant, l'lMforce le pas à cheminer. ~ts
(5) Lors il sc leva s'en allant vers Ninive Lequel est marchable trois jours à. pas vif: Trois journées de temps quiconque y marcherait Sans retrouver l'issue de ses rues et rets.
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105 acte: 1" gaffe: le « sale» aufiguré se rit du « sale» au propre
Prime jour qu'il errait Jonas s'égara (10) Parmi les étals d'une vaste agora. Là, parmi les marchands, où son poil sauvage, Son g1ueux, boueux, loqueteux affublage Soulevaient autour bruyante hilarité, Clama comme Dieu avait dit de clamer :
En cours de route, des haltes à quelques spectacles. Pour y voir 1... soi-même, vu. Par qui ? Par {{ Dieu », pardi! Jonas, spectateur, sera donc, dans sa loge, aux côtés de {{ Dieu ». Ce lui son {{ Dieu» réprouverait, pour encore mieux le cacher, il le créera au-dehors, comme extériorité : spectacle à rencontrer, à surprendre, à condamner. Ainsi le monde jouerat-illa pièce « Jonas ». Si le metteur en scène ne figure pas sur le programme, le rôle principal y est désigné: « Jonas: prophète de U Dieu "#» Etr certes, Jonas, dramaturge et metteur en scène, .restera encore dans les aouiisses. Mais grâce à ce subterfuge, le texte du drame qui s'écrit derrière Son for intérieur, pourra se jouer par-devant, sur le for eKtmeur, si l'on ose dire. Ainsi, l'acteur {{ Jonas» va-t-il rencontrer sur la Scène du Monde qu'en lui, « Dieu» ne souffre pas de voir. La presence du mentir et de ses dérivés, par exemple. L'hypocrite commerce qu'au sortir du Ventre de l'imaginaire Jonas a institué avec son « Dieu» aura donc à se traduire par le surgissement sur scène du commerce tout court; c'est le monde de l'offre, de la demande, de la transaction, en un mot, de l'échange. : Minimiser l'no, valoriser l'autre, frauder sur le troisième, autant de variantes du mentir que Je ({ prophète» a pour VOcation de stigmatiser. La première scène au Théâtre du Monde donuera donc à voir le mensonge en le condamnant, l'échange le refusant et toutes choses excrémentielles, basses et viles en les livrant à l'exécration. Face à ce tableau d'impuretés devait se dressllT un ({ prophète» serein, détaché, dur et pur... Et, certes, serait-ce une scène pour rien. Or, la Scène du Monde ne fait pas du surplace. Chemiuant vers le dénouement, eUe amorce une étape, elle annonce la suivante. Un {{ Jonas" dur et pur 1 Regardez-le done ! TI est tout collant de la fange baJénaire, tout hébété ct . défait, plus dégradé que les pécheurs à prêcher : un ablmé de phallus ambulant. Cherchait-il li inspirer la crainte et la conversion? TI s'y est pris comme pour déclencher l'ironie et la ~L: dérision, il compromet à l'avance son auguste Mandant. Les
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A NiNlVll
~1l1archands signifient bien par leur rire qu'en matière d'esprit
; excrémentiel il y a plus égoutier qu'eux. Ruse suprême de l'in'conscient dramaturge : il sait faire éclater - en le prêtant d'autres - son propre rire étouffé . . Et « Dieu» dans la loge? il peut rire jaune.
*** acte : 2' gaffe : le « sale» au propre prêche le « propre» figuré
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« Par le sacré Dieu du Ciel, grand Ninive, écoute « L'avis sévère! Pénitent, bats ta coulpe. « Sans quoi par soufre et feu brillera cette cité, « Au gouffre s'engloutira, quarante jours passés 1»
Sur scène, cette déconvenue de « Dieu)} demande compensa.tion. Ce sera le durcissement coléreux du message. Légitime . ,'colère, n'est-il pas vrai, devant la profanation '1 De ce mouvement du fond de l'âme « Dieu» ne pourra que se r~ouir, et le pécheur... trembler. Et cependant, écoutons le prophète : « Par le sacré Dieu du Ciel »,. dit-il, frisant le blasphème ; Grand Ninive », dit-il aussi, en exaltant le pécheur. Après invocation si duplique, qui voudra croire en « l'avis sé)} 7 Et, pour finir, comment ne pas se moquer de l'exhortaà la pureté, venue d'un être si manifestement impur 7 Qu'i! se lave d'abord lui-même !» dira-t'ou. Ou bien: «N'estpas fou? Regardez 1» - ou encore : « Pour qui se prend-il mendigot?» La scène de la prophétie s'agence, à l'insu du prophète» (mais non dramaturge J01UJll). en scène de
au
Voilà donc la gaffe. Oui, la gaffe, comme symptôme,vise ":toujours à tourner en confusion quelque « Dieu» importun. s.. L'incongruité arrache le voile à l'hypocrisie ; devant la prosacrée, sortie de cette bouche gluante, ce sera le tour (t Dieu» de se voiler la mce. Que reproche le prophète à Ninive 1 TI se garde de le dire clair. Mals d'après la nature du châtiment annoncé, on devine qu'il s'agit du péché de Sodome et de Gomorrhe. .'occulte « péché» de Jonas lui-même. C'est cda que ses procondamnent et c'est ce que sa mise en scène doit sauver. • n.". les quarante jours, Jonas aura fioi de consumer - et de
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.:roNAS A NINIVB
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'.consommer - cette ville de la perdition, de l'engloutir dans son gouffre sulfureux,. dans sa part infernale dont « Dieu)} avait condamné l'entrée. Car « Dieu}) est présent partout, y compris aux enfers ... Comment tromper sa vigilance ?
*** ]U acte:
Ainsi dit Jonas. Rouges ses yeux roulaient, (20) Son front vultueux de sueur ruisselait ; Mais les marchands ne faisaient que rire saru; changer, Marchander, tricher, disputer ou manger..• Et Jonas s'enfuit, tililide et triste tête, Dans les senteurs croupies d'bm1e et de pastèque.
le rire de.!I mercantis promeut le ({ prophète}) en « comé-
« Dieu» peut être heureux de son fils fidèle et zélé. De la colère qui lui crispe le visage, qui lui fait rouler de gros yeux rouges. Mais pourquoi cette détresse qui transpire à grosses gouttes? Pourquoi cette tînùdité qui ôte son effet à J'indignation ? Vèritable gaffe neuro-végétative ! Elle achève la confusion du prophète et - par là - de son mandant lui-même. Le sermon n'aura servi qu'à faire rire. Or, dans cette hilarité, Jonas, le metteur en scène, triomphe sur le personnage « Jonas le prophète ». En posant thèse et antithèse à la fois, cet hégélien d'un cru original a aussi inventé la synthèse à sa manière. n a créé un rôle par lui inédit dans le Théâtre du Monde : celui du gaffeur qui porte au jour la vérité par son étourderie même. Car le ridicule tue les faux personnages et il ne reste plus au "prophète»·de-« Dieu» qu'à s'esbigner avec son hunùllation : îlest mort pour la Scène du Monde. Sous le masque dela honte, l'Instinct jubile et bande.
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IONAS
A NINIVE
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acte: l'anti-gaffe : elle est mise ell échec par l'érection; le comédien" promu en créateur d'événements
(25) Second soir l'égara sur la seconde agora : Mimes et masques tenaient là grand gala. Ds se tortillaient dans le sable lubriquement Et s'entrebaisaient... publiquement ! Or là Jonas, gravissant gradins et grades (30) D'un trait, tel cri jaillit de l'hirsute face ; Taureau entre en lice, eût-on pensé, qui beugle. Et l'avide frayeur d'ébahir le peuple Tandis que le Seigneur tonnait du prophète ; « Tremble Ninive et jeûne! Finie la fête 1 (35) « Avant que trente et neuf jours se soient éteints, « Le jour de Niniveh de sang sera teint 1»
Oui, le personnage « Jonas", le grand condamneur de Soest fini pour la Scène du Monde. Or, qnant à Jonas, son auteur, il vient d'être consacré, de par le rire même du public), dramaturge professionnel. Le gaffeur s'est reconnu; faiseur de comédie. Voilà son demiL'! gain, voilà ce qu'en ce 'i. deuxième acte il devrait restituer. Ainsi le dramaturge, auteur du Théâtre du Monde, aura-t-il à renouveler son répertnire : son nouveau programme portera pour titre: l'Anti-théâtre. Comment en est-il arrivé là ? Rappelons-le. La mise en scène la gaffe a paralysé le « Scigneuf}>, l'a forcé d'assister, à l'abomination : Jonas engloutissant, dans sa sulfureuse, avec et y compris les rires moqueurs, tout commerce sodomique des marchands de Ninive. « Et Jonas s'cnfuit timide et triste tête)} : la défaite de «Dieu» est con· t,X sommée sous son propre regard. De son côté, Jonas a compris avait fait le saltimbanque, que lni aussi, comme les mar· ,ohands, avait joué sur le désir des autres. D'avoir été un, gaffeur, 'cA'·voir fait rire par la contradiction inconsciemment calculée son personnage, tout en neutralisant l'exigence « divine », révélé en lni, pour lui, tout un théâtre du désir. Ce thélitre l'œuvre, s'il ne l'expulse pas derechef hors de lui, risque de visible son effet: la suprême incongruité de l'érection. effet, il existe désormais en lui un lieu de la Représentation
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JONAS
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JONAS A NINIVE
Et vinrent dès lors les fe=es en cohorte, Escorter le Jonas de folâtre escorte, Halener, coquettes, son flair de marée, (40) Cette âme morne, rêveuses, subodorer.•.
surprise, la concupiscence tarira ses flueurs. Or, en coulisse, .un super-dramaturge veille. Pour agencer sa super-gaffe, nonprévue, ceIle-là. LaqueIle ? Regardez donc le « prophète» qui s'élance, grimpe et, tout en haut des gradins, face à la scène, la surplombant, se dresse et - puissante et victorieuse érection taurine! - laisse échapper le cri, certes, de la semonce, mais aussi du triomphe phallique; un cri à faire frémir le plus blasé des jouisseurs. « Et l'avide frayeur d'ébahir le peuple.» « Ah mais », « ça c'est du spectacle !» La super-gaffe a porté : les fornications cathartiques, les érections fictives ont pâli devant la vigueur du surgissement hors scène de la puissance du désir; c'est le Théâtre-de-la-mort-du-désir qui a été démoli, pour faire renaître de ses cendres le Théâtre-de-la-vie-du-désir, le théâtre de l'événement. « Si vous érigez pour de vrai, hurIe.t-Il, "Dieu U vous noiera dans le sang de votre sexe châtré. » Est-il, dans la bouche d'un phallus haut dressé, propos plus triomphant, pour exalter le spectacle de sa propre érection? Est-il aussi, pour le gardien des vertus, déconfiture plus cuisante?
* ** Interlude (chorégraphie) : les rêveries d'un phallus L'érection conquise appeIle le regard de l'admiratrice. Le désir, caché, de Jonas de se mettre en vedette attire à lui la femme : non pas une, mais toute une cohorte : eIles grouiIlent autour de lui - comme son désir en lui - et cette théorie loufoque, fantasque, folâtre, ne le quittera plus dans le labyrinthe ninivite. A la recherche du grand troisième acte. En attendant, c'est l'entracte, mais le rideau n'est pas baissé : on joue un intermède: c'est l'histoire du génie incompris, du phaIlus-miracle qui ne vient de nuIle part, qui n'est à personne, qui n'érige que pour châtrer l'amour et qui, superbe et mystérieux, sublime et malodorant, fascine toutes, allumeuses et fatalitaires, extasie les suiveuses, snobinardes et autres idolâtres. Maguifique, certes, le phaIlus, séductrices, certes, les
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mais aueun espoir d'aucune conjugaison d'amour eUX, jamais. Telle est la saynète, conçue à l'adresse de Dieu », l'auguste publie. Mais que se passe-t-il dans l'âme metteur en scène 7 Entonré, adulé, désiré, Jonas se sent son for le plus secret, le roi des rois.
* ** a) amusements royaux : le cirque ou l'événeml!1l1
Femmes le charroyant, ainsi le jour trois Arrivait-il devant la Maison du Roi. Là on savait, le guettait et le fit introduire Dans la grand-salle OÙ près de vases d'or pur (45) Se tenaient attablés les maîtn:s du jour, GrouiUant la belle valetaille alentour. Les esclaves y dansaient nus comme vers, Ou s'entremassacraient à grands coups de fer De pur jeu. Et Jonas au haut d'un pilastre (50) Se vit produire, afin qu'il dit le désastre Et qu'il annonçât la fin de l'Uuivers.
Jonas ... roi 1 Et certes, la royauté lui est advenue d'ell.,. et pas en se rebiffant - au cam. mandement de « Dieu». TI en a la conscience tranquille. A . les mercantis n'avait-il pas éjecté hors de lui, comme il convenait, la putréfaction de leur mensonge 7 Et si son zèle 'a rendu gaffeur, cette gaffe à son tour, dès qu'li l'eut rencontrée au-dehors, dans le théâtre, ne l'avait-il pas fustigée, avec une vigueur taurine, en tant qu'artifico de comédie et de mise en scène? Etait-ce bien sa faute qu'à force de crier contre l'Insson corps l'eût trahi '1 Pas de dérobade, il faut répondre : oui, mille fois oui. Non seulement sa faute, son péché permanent désormais. Car le voilà comme dédoublé : le Grand Jonas devenu roi, roi du Petit Jonas, roi par le Petit Jonas. Comment cela s'était-il produit 7 Soyons sincères et disons-le tout net : par l'acte même de fustiger les fornicants. Tel est le paradoxe: ayant houspillé le dèsir, au-dehors, il le suscitait au-dedans. 1 Il l'objectivait au vu et au su de toutes les femmes et de 1< Dieu» lui-même. Oui, soyons sincères. Car point de mensonge possible devant l'évidence de l'érection. Les marchands qui la comédie de la sincèrité, les comédiens qui jouent la sincérité de la comédie, pourquoi le feraient-ils, sinon pour susciter le désir? Or, en tout cela Jonas est passé maitre. Le Grand Roi - qu'il est - en «réalisant» à son gré les scènes lascives, sait commander au Petit Jonas son érection, l'érupaussi de la voix - le cri. Comme des poupées gigognes,
i: même. En se soumettant -
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';;iH.I',NJV;
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marché, avec la gaffe de Jonas, est contenu dans le théâtre celoi-ci, avec le phallus-Jonas, est contenu à son tour dans la Maison du Roi qui, elle, n'est autre que Jonas lui-même, sachant déjà faire monter en chaire le Petit Jonas pour sa grande performance oratoire... Jonas vient de refermer sur toutes ces nouvelles richesses le couvercle de la dernière poupéegigogne. Et aussitôt il pressent ... il pressent ... il pressent qu'inéluctablement, une catastrophe - sans nom - va éclater ! Si l'on n'intervient pas à temps - il en est sÛT... il en est sÛT ... il en est sûr... ce sera la fin de l'univers_ Là Jonas à la sacro-sainte colère De Dieu dédiant le Roi comme la cour du Roi, Le palais, les femmes et les agoras, (55) Les comédiens, les masques, les mimétiques, Marché, marchands, natifs et métèques, Et tout Niniveh avec son saint-frusquin, Bondit à terre et, de la garde brusquant La haie, rompit, franchissant foulc et salles, (60) Et corridors et colonnades et halles, A la grimpe : grilles, à la nage : lacs, A la glisse en vrille : tuyaux d'aqueduc, Filant par les mes, bastions et hahas, Hors de Nioive issit, hors du brouhaha, (65) La claire vision en son cœur divisé: Que pierre ne resterait sur pierre en Nioiveh.
* *.. 3' acte: b) imminence d'orgasme; plw:/lus arraché; le cinématographe : /e cirque mattTisé Jonas est saisi par la panique. La seule chose qu'il poisse anticiper c'est la colère apocalyptique de son «Dieu », Alors, .pour y échapper, Jonas devient, lui-même, le « Dieu en courrOlU ». Non pas contre Ninive, mais contre Jonas le souverain. Jonas contre Jonas. Toutes ses acquisitions il va les vouer, une une, à la damnation. Une à une, en remontant le temps, il va les congédier toutes, du plus récent au plus ancien, toutes, toutes ... non sans les nommer toutefois au passage. {( Le Roi comme la cour du Roi. Le palai., les femmes et les agoras. LI:s comédiens, les masques, les mimétiques. Marché, marchands natifs et métèques» témoignant, par cette nomination, de la conscience indélébile qu'il a de ses pouvoirs, fussent-ils reoiés. Imaginons maintenant le Roi-Jonllll devant le Roi de Ninive en train de proférer la malédiction. On aurait dit : un vrai {( paranolaque}} qui, ayant tné son propre désir en lui-même, le retrouve et le persécute chez ses semblables. On l'aurait dit, si le fait même de maudire n'avait pas eu le don de mettre Jonas en érection et ne l'avait placé devant l'imminence de la >.catastrophe orgastique. Non, certes, Jonas n'est pas un « para,noïaquc ». il n'cst pas coupé de son désir, mais il a une peur jndicible que ne loi advienne... la jouissance.
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Et s'en vint au désert où de l'herbe grêle Languit le brin chétif que rogne la sauterelle, Où tel qui pose les pieds sans hons souliers (70) Est sûr de s'en aller les plantes grillées, C'est là que trente et huit jours et nuits durant Il fit vœu de rester, priant, sc mortifiant, Sans en démordre avant que feu sulfureux Vienne en pourpre teindre le bas des cieux, (75) Que soudainement la terre gronde, Que les tours de la cité s'effondrent, Que tout un chacun Ninivite y périsse, Lui-même, ses père et mère et fils Et filles et frères et sœurs et qui vive toute âme, (80) Comme jadis la gent du dépravé Jéroboam.
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;; .10NAS A NINIVE C"','
Alors c'est la colère de la peUL .. celle qui fait qu'on part en claquant la porte. Et ce geste même de la fuite courroucée censtituera le grand acte tiers ct terminal du drame ninivite : « l'issue}) (c'est le cas de le dire ...). L'issue n'est autre, cn effet, que la grande sortie ruptive. Si le Roi, grand ensemblier qu'il est, dispose à sa gnise les événements en pièces de théâtre et vice versa, il restera court devant le vide laissé par le brusque départ de son créateur d'événement. L'échec de sa royauté le forcerait à se rendre à « Dieu ». .Or, voilà que Jonas le Roi bien plus fl1té que Jonas le prophète -- invente sur le champ le cinématographe et envoie son caméraman aux trousses du fuyard, dans ses déplacements acrobatiques. Ab, que ce campagnard connalt à fond tous les recoins de l'immense métropole 1 Pour retrouver l'issue de «ses rues et rets », il ne lui faudra plus trois jours mais un court moment, le temps d'un film. Or, le prophète traqué par la caméra royale est désormais porteur lui-même d'un projecteur interne qui lui permet de visionner à volonté les images qui sont chères ct qui le troublent au plus haut point: celles tout particulièrement qui dépeignent la destruction de Ninive. film contentera à la fois « Dieu}) et le Petit Jonas. L'invention du « cinéma », autrement dit, du {( fantasme érotogène», . permettra à Jonas de garder Niuive en lui, tout en le quittant, de le quitter tout en l'emportant - voilà « l'issue».
* ** 3' acte: c) le désir anachorète : horreur de l'inceste Avec son cinéma sur le dos, Jonas n'a plus besoin de Ninive: il l'a dans son sac. Mais la catastrophe, il la faut éviter à tout prix. Langueur et ascèse ; encore trente-huit jours et les tours
de la cité : les èrcctions de Jonas, vont s'effondrer. Le cataclysme, Jonas l'iguore encore, s'appelle : jouissance du sexe. Si elle avait lieu devant la face de {( meu", tous les liens de parenté en seraient détruits, comme lorsqu'on cngendrerait sa propre mère. Rien ne pourrait empêcher alors « que
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un chacun Ninivite y périsse, lui-même, ses père ct mère ct fils, et filles et frères et sœurs et qui vive toute âme, comme jadis la gent du dépravé Jéroboam ". Et le psychanalyste de penser dans son jargon : ({ Voilà l'Oedipe en plein.»
* ** De trente-huit dès lors comptant à rebours, TI nombrait les journées, jour après le jour, Et criait au Seigneur : « Entends-tu, Puissant? « Vindicatcur fameux, m'écoute ct m'entends! (85) « Tu m'avais dépêché, ver, aUX vermisseaux, « Allant, mal en ton gré, sans tes chiquenauds,
« l'aimais mleuxi comme ici~ dépérir dans l'herme, « A manger le criquet, la racine et l'herbe. « Or, fétu pour Toi l'ascèse solitaire : (90) « Parmi les pécheurs c'est péché de se taire ! « Du fils de son père le frère est comptable : « Ai-je pu refuser, quand j'étais mandable ? « Hélas, le méchant fait peu de cas du juste, « Bafoué je suis, ô mon Seigneur auguste! (95) « Ton serviteur, moi, hissé au pilori ! « Frêles sont vos armes, justice, prophétie! « Aussi de quoi sert bonne parole oU prêche? « Vienne de l'Ire l'impétueuse flèche! « Moi, Jonas, le paisible Jonas de naguère, (100) « Me dresse aujourd'hui prophète de la guerre! « Sus, sus, guerroie donc, Seigueur, et les renverse, « Ote la race indigne, ôte l'engeance perverse, " Car n 'y aura Justice ni Vérité « Tant que ne flambe aux cieux l'orgueil de Niniveh.»
J'acte: d) l'Oedipe d'un ({ prophète» ; ({ puisses-tu supprimer Ton amoureux et 1J7a imer que moi. }) Jonas en plein Œdipe ; li attend sa puherté. Il attend que meure ({ Dieu »-la-mère, qu'advienne « Dieu ,,..l'épouse. attend l'extermination de Ninive, son rival. Par ({ Dieu)} luimême. n attend enfiu, et simultanément, sa propre jouissance. Trente-huit jours encore pour que le lien caduc soit rompu, . pour que Jonas soit appelé à la place de Ninive, volatilisé entretemps, par sa divine et martiale fiancée. Jonas en a décidé ainsi. Ce malin de Jonas! Et désormais, chaque jour que fait le Bondieu il va le narguer, le houspiller : « Tu voulais, paraît-il, que je garantisse ton Saint Pied de l'éclaboussure ninivite ? Que moi, j'y allasse voir ça de mes yeux? Je n'y tenais pas. Mais puisque, moi, plaisir de maman, dois veiller à la siccité du plaisir paternel, je n'ai pu me dérober à la tllche. Mais moi, faible enfant que je suis, je ne peux rien contre Ninive sinon me faire couvrir de ridicule. C'est bien à Toi, l'adulte, qu'Il appartient d'exterminer le péché de Ninive, si toutefois tu peux accorder tes actes et tes paroles. Je te donne trente-huit jours et pas un de plus pour montrer qui tu es."
n
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JONAS
JONAS A NINIVE
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S' acte: e) le dénouement: une déception calculée. «Dieu» préfère Ninive. (Qu'Il meure!) Ce malin de Jonas! Voilà que son ultimatum a expiré : les quarante jours sont venus à échéance. Or, Ninive est to1Ùours debout. Le « Seigneur" n'a donc pas tenu sa promesse, n'a donc pas respecté son délai. N'est-ce pas la preuve irréfutable de ce qu'il préfère Ninive, son vil époux forniquant, à Jonas, son cher et pur prophète? C.Q.F.D. Dès lors, Jonas peut être déçu, à juste titre. déçu à mort, déçu jusqu'à faire mourir. Déception si savamment mMe 1 Rétrospectivement, chaque jour du moratoire en apparaît comme autant de coups assenés à son Seigneur. « Dieu »-Ia-mére en est mort bel et bien ... Mai$ Jonas, lui, pourquoi n'a-t-il pas joni 1... (IDS) Passèrent les semaines, trois, quatre, cinq... Voici que le jour trente-hnit aussi vint, Et vint matin, midi, vint enfin le vêpre : Jonas allait voir, Jonas allait connaître! L'horizon déjà laissait sombrer ses rives : (110) Ombre ne jaillit d'une flamme en Ninive.
CHAPITRE IV
LA PARABOLE DE LA COURGE
Séminations : les « Dieux" sont mortels, vive l'Homme!
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PAl!A.JlOLll DE LA COIJl\GB
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',(:'p:tessentiments de la fécondité
(1) Car Dieu connaissait qu'en quelques âmes nettes Mûrirait Un jour le verbe du prophète, Ainsi que bon grain, sur le terreau tombé, Couve tel feu qui prend à la dérobée... (5) Il se dit: « J'attendrai. Du temps je suis maltre, « En marche devant moi, mes valets, les siècles : « Eux sauront monter mon étincelle en fiamme, «Même si Jonas n'est plus là, tête d'àne. « Si Jonas n'est plus là, un autre y sera." (IO) Pensait le Seigneur, mais Jonas l'ignora.
«, Dieu »-la-mère a vécu. Il n'est plus dans les hauteurs, mme principe protecteur, ui derrière le dos corome perséni même en face, comme indueteur d'hypocrisie. S'il . "'existe plus au-dehors, il fait désormais partie intime de Jonas. 'aura suffi de sa perte pour lni conférer la pérenuité. La même celle de l'Instinct. Ainsi l'Instinct et « Dieu» se sont-ils j11:taalriés à jamais dans l'Inconscient. Depuis ce lieu, hors d'esle Seigneur continuera d'agir sur l'Instinct en le modérant, Jonas en l'inspirant. Oui, le Scigneur va devenir son con'c,.~jll~. secret, son éminence grise qui l'accompagnera dans tous déplacements. De cette manière inattendue, Jonas aura. passé le cap de la dépendance. Et déjà il pressent wn ,:nouveau statut: il va être porteur de semences. Le germinateur pas fasciné par l'heure de sa mort. 11 n'y a que les Jonas meurent, le germe de la vie, lui, ne mourra jamais. Et ~"'ést-ce qu'alors la peur de mourir, sinon la peur de perdl'e mère ? Jona.~ ne court plus ce risque. « Dieu)} est devenu mât intérieur, sa colonne vertébrale. L'analyste le sait.
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Le coup de grlice à « Dieu»
Et pour ce vertement se mit en colère Et dit : « A peine installé dans ce désert, « Chaque jour plus nombreux, je vois se presser « Là les gens de la Cité, venus s'intéresser, (15) « Tantinet moqueurs, tantinet repentants,
« Combien restent de jours. Et moi : "Tant et tant", « De répondre le nombre. Or, tu m'as désavoué 1 « J'ai donc menti, menti le calendrier, « Et menti le grand Dieu ! Est-ce là ta gloire ? (20) « Des pénitents surprendre le bon vouloir! «Ah, mais je savais, j'avais prévu la farce ! « Ne voulais-je fuir en bateau jusqu'à Tharse ? « Car tu es qui tournes le malheur en heur, « De toutes les malices, misérateur. (25) « Pourtant mon âme, reprends-la, je te prie, « Car mieux me vaut déjà la mort que la vie! »
L'analyste le sait, mais pas encore Jonas. L'ex-prophète se tient là, dans son désert, livré à la solitude Mais pourquoi, pourquoi n'a-t-il pas joui ? Question lancinante à laquelle réplique une autre question tout aussi insistante : Pourquoi, mais pourquoi Ninive n'a-t-il pas flambé? Répondre à la première par la seconde, ou vice versa, en intercalant un « parce que », ou un « afin que », a toujours été la grande tentation des analystes. En réalité les jeux sont faits d'avance : moi conscient et moi inconscient ne sont qu'épiphénomènes traduisant, en mots, images et affects, des événements transphénoménanx, dérobés à l'intellection. De fait, l'analyste est forcé de le constater, et de relever comment travaille, en Pleine autonomie, le processus de mûrissement. Ne vient-il pas de voir Jonas monter le coup du manquement à la parole, puis celui de la déception? Coups gratuits en effet, si l'on mande les replacer dans leur finalité secrète: fouruir prétexte la colère qui toujours accompagne le travail maturant. Colère elle-même coupable, comme toute accession, colère se camoufle donc en se retournant sur soi. Et Jonas de dire haut: « Mieux me vaut déjà la mort que la vie. »
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Or il est à connaltre qu'à son issue De Ninive, Jonas se trouvait assis En contrehaut de la Ville, en face, à l'Est ; (30) Sous ombre, car les bras d'une courge leste Et feuilleuse, ayant grimpé sur le branchage D'UD arbre tout ars et sec, tenaient ombrage Si frais, ombrelle pour son chef alangui, Qu'il pouvait, de là, garder l'œil sur la Ville, (35) Dans l'ample voilerie de lumières tissée. Grande était sa joie du cucurbitacé.
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Mais teut bas il dit : «0, mon .. Dieu ", puisses-tu admettre que tu es déjà mort!» Et « Dieu» ne répondit pas. Et Jonas s'endormit, fort du silence du défunt. TI a dû faire un rêve. Lequel ? Qu'importe. Mais ce qui lui advint alors, avec une soudaÎneté inattendue, lui Ôta le sommeil. Ne voilà-t.il pas que ses courges se mettent à monter en tige, vertigineusement, en une tige épaisse et charnue à souhait, dure et gonflée à bloc, grimpant au haut de l'arbre des délices, au point que même les tours ninivites s'en voilent la face et le guetteur se retrouve ébloui au milieu de l'oasis où toutes ses soifs s'étan· chent dans uu ravissement inédit. Et Jonas s'éjouit grandement de ... jouir.
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Le petit ver d'une pensée
Et les journées passaient ... Jonas faisait des rêves ... Jonas jouissait... Mais qu'est-ce donc que ce petit «ver» qui lui ronge la racine de l'âme? Qui fait s'étioler toute sa joie? Ce Ver n'est autre qu'une pensée. La pensée d'un ver, précisément. Du ver, minuscule, qu'a été naguère le sexe de Jonas. Et la pensée de ce petit ver appelle aussi ceUe de la bonne maman « Dieu» avec son horreur de tous les gros rampants. Mais puisque son {( Dieu» phobique n'est plus, Jonas a-t-il besoin d'un tel rabat-joie? Assurément, oui. Sans quoi, il se serait bien gardé de l'inventer. En effet, grâce à son {( truC» il peut, à tout moment, obtenir la chute de son érection, refuser à volonté le don du Seigneur. Puis un beau matin le grand Seigneur céleste Manda pour la courge un minuscule insecte Lequel l'ayant eu, à la base, rognée, (40) Fit que sa tige devînt tout renfrognée, Que son feuillage, acoroi, Se frisolât, Que la courge entière, assec, Se désolât.
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maîtrise du non-jouir
Rendre à « Dieu» sa' tige tout entii\re. «( A1;ltant s'abougrit l'eUe avait poussé belle.» Jonâs était donc en mesure de i:', 'supprimer toute son étrange et nouvelle puissance de jouir : petit vermisseau,de pensée y suffisait. S'il n'a pas encore l'emprise du jouir, il gouverne au moins sa débandade. A preuve son sexe d'adulte, miraculeusement advenu, est bien à lui. i(ptâce à l'abstinence volontaire, Jonas est maltre à bord du ...
Autant s'abougrit qu'ene avait poussé belle Plus ne fit de l'ombre ni ne tint ombrene.
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(45) Adonc le Seigneur fit venir la chaleur, Definis l'Orient les vents dèssicateurs ; Advint que l'ardeur du soleil rÔtissant Le chef de Jonas; le cingla, et si; tant Le vertiginait qu'il, faible et las, voyait". (50) Alentour de lui le monde touraoyer, Fût-il sur la nef chavirante. Son vmtre Se soulevait, soif le. torturait brûlante, A peine souffia-t-il : « Viens et me délivre, « Car désormais mourir ';'e vaut mieux que vivre ! »
.LA PAl!.AllO!..ll DE LA COURGE
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Maître du non-jouir, mais non du désir ; et non point à l'abri des vents dessicateurs, que l'inassouvissement, fatalement, soulève. Placé à l'Est de Ninive le gnetteur reçoit dans le dos les vents de l'Orient. Dans le dos de son âme. Or, la maîtrise de son sexe se solde par le divorce de l'âme d'avec le dos de l'âme, Alors il ne reste au corps qu'à faire des siennes : langneur, vertige, vomissement. Oui, la démonstration est faite: SUr le verbe de « Dieu », l'Instlact l'emportera toujours. A moins de les harmoniser. Mais quoi qu'il en soit, après« Dieu», l'âme faite de son Verbe devra succomber à son tour. « Ab, mourir » ... dit Jonas in petto... à défaut d'int.mocuteur. Le divin analyste avait rendu son dernier soupir, discrètement, sans souffier mot.
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~JiÂ]>.ARJJlOŒ
DI! LA COURGS
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mort de l'analyste Désormais Jonas est seul avec lui-même, Et désormais c'est « Bondien >). Et désormais il parle le langage d'Un Jonas neuf. articule d'un ton objootif : « Est-i1 juste de te fllcher à me partir, courge que j'étais de ton divan? Et que mon ombre chef ait été trop courte ? »
(55) Lors lui dit le Seigneur: « Serait-œ à bon droit ({ De si fort mener deuil et .t'en prendre à moi « Au sujet de l'ombreuse et grasse cougourde, « Que son ombre à ton chef ait été trop courte ?»
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~l'ARABOLB PI! LA COURGE
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voix d'oulre-Iombe
'dusques à ma mort je t'en veux à raison» - croit-il enien. la réplique d'ou~re-tombe•.,
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De Jonas éclatant la rage, répond : (60) « Jusques à ma mort, je t'en veux, à raison! » .~
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1'1"Jonas, le neuf, de faire la leçon. A « Dieu >>-l'analystè et à Jonas-l'ancien qu'il lui a légué. " Tu déplores le,dépifrt courge que j'étais de ton divan et qu'une nuitée fit éclore de ma conception) et que fit se flétrir (pour toi) une autre '::;.,,';,.~ (celle de ma pollution) - que tu n'as ni créée, ni soignée, dont tu n'as fait que couverture à ta paresse, espèce de mc>uche du coche! }} ~
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•
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Lors dit le Seigneur à J Ollas : {( Tu déplores li Cette courge qu'une nuitée fit éclore « Et que fit se flétrir une autre nuitée, « Que ton tien labeur n'avaît pas suscitiie, (65)« Olliet d'aucun soin, ui de zélée culture, « Seule ta paresse en fit sa couverture 7 »
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LA PARABOLE DE LA COURGE
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• Les {( Dieux» sont mortels, vive l'Homme
.*,'C.
Ci"
« Comment n'aurais-je, moi; deuil sur Niuiveh
, ,« Que tant de siècles ruirent à s'élever?
« Dont les fières tours vont se dressant rivales? •
(70) '« Lequel, camp de guerre conquérant, s'étale (~Sur le désert, et doni les rues sont les pages,
« S'ouvrant devant moi du grand livre d'images;
•
Ecrit parJ'Histoire ? Comment n'aurais'je cure Des hauts lieux, tendant l'escalier du futur? De la cité qui hrille, vraie torche ,ignée, ' Depuis des âges ... et combien, de ligllées Vivail!nt à sa splendeur? Et ne.1 'a pu réduÎl'e Des vents du désert l'impétueux empire? « En laquelle ont vécu ruille fois mille humains, (80) « Construisant leurs nids d'industrieuses mains, « ,Eux ne savaient point, et qui' répartirait « Ce que la droite et ce que la gauche a fait? « « (75) « « « «
« C'est là mon affaire. Je départagerai.
« te Verbe, tu l'as. L'arme, c'est moi qui l'ai. (85) « A toi, Jonas, le prêche, à moi l'action.
« Ninive passera, comme le 'cucurbillon, « Comme aussi Jonas. Pourtant je vois arriver
« Les temps où naîtront 'de nouveaux Niniveh, « Et d'autres Jonas, tels, depuis ce courgeon (90)« Surgiront mille et ruille nouveaux surgeons: « Quarante jours, quarante "ans, ou cent fois autant « Sur mes saintes lèvres font le même temps. »
L'ayant dit, Jonas reprend son souffie . Et moi, courge que j'étais de ton divan, je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas qu'à mon tour je te préférais Ninive, comme toi tn me le préfères. Et qu'est-ce que Ninive? Pour toi, pour moi? Est-il rien d'autre que le double, tout tissé de symboles, du fond de nous-mêmes ? Son opulence, ses ambitions, ses lumières ne font que nous apporter devant nous ce que nous avons en nous. Le moraliste, le justicier, l'idéologueet... j'étais tout cela ... - font métier d'avertir, de convertir, de subvertir. A tous ces « prophètes» je laisse la parole bien volontiers : qu'elle se fasse entendre dans le grand orchestre qui joue la partition du grand Ensemble. Pour ma part je sais - pour l'avoir profondément éprouvé - que la vocation des dieux c'est de mourir et celle de l'homme, de vivre. Je ne suis, certes, qu'un maillon dans un immense enchevêtrement, mais ce que je suis est le produit de ce que j'étais avant moi, dans les siècles de mon enfance, depuis l'enfance de mes siècles. Car toute l'humanité passée est en moi, comme je serai présent dans toute l'humanité future. Pour agir je prendrai pour tremplin, non les mots creux qui agitent les idéologues, les utopistes, ou les idolâtres, mais la réanimation en moi, par moi de mon !tistoire et même de l'Histoire. Je m'abstiendrai donc de condamner, de rejeter, d'exclure. Oui, comprendre tout, même l'intolérable. Les dieux n'ont qu'à prêcher. Moi, en comprenant, j'agis. Au regard de l'éteruité des temps, qu'importe si ma pulpe se corrompt, pourvu que les grains que j'aurai semés engendrent des hommes vivants pour qui, toujours, la vie soit la plus forte.
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PARAlIOUI Dl! LA cotmGB
voix d'outre-tombe s'est tue Ainsi dit Jonas - et le Seigneur n'avait qu'à se taire.
Ainsi dit le Seigneur; Jonas de se taire. Lentement le Soleil allait sa carrière. (95) Au loin de Ninive les tours graduées, En haute chaleur, !lottaient, se soulevaient. Le monstre de cité, tel formidable Fauve qni halète, s'étalait dans les sables...
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LIMINAIRES
- divan - poésie mimée ........................ Textes de présentation radiophonique de M. Bàbits (1957)
7 15
LE LIVRE DE JONAS
';:Texte bilingue, hongrois-français. . . . . . . . . . . . . . . . • . • . .
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LE CAS JONAS
V'Introduction ..................................... .
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CHAPITRE 1
La fuite de Jonas
);;olnmentaire : l'appel fait au Tiers ...................
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« prophète» ; ses symboles ......................
67
tempête du slIence .............................. ,Pressentiment du parler • . . . • . .. . . . .. .. .. . .. . . .. .. . procès: accusation de non-culpabilité .••....•..... fAprocès ; «je suis coupable d'innocence» ......•...• 'Le procès : condamnation au désir. • . • . . . • . . . . . • • . . . • >Yi';t_ 'i"execut!on par «Jeture a 1 eau» ....................
69 7l 73
11:'
....,
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15 17 19
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JONAS
CHAplTRl! II
CHAPITRE
La parabole de la courge
Jonas dans le Poisson
Commentaire: le Sexe en {( Dieu» gardé . ........ " . . .
81
« Le sexe dans le sexe» • • . . . • . . .. .. • . • . . . . . . . . . • . .. •
83 85 87 89 91 93 95 97
Le Penser : son essence déicide ...... . . . . . . . .. • • . .. . L'Apostrophe comme dissimulation.. .. .........•.... Essouffiement de/par l'Imaginaire aphasique .•.•..•... « Maître-esclave» ou l'Imaginaire mis en mots ...•...• Le Réciproque ou la feinte du Tiers c:!tclu .•..... , . • . • • Le Mentir: référence occulte au Tiers inclus ...••..•.. Sortie de l'Imaginaire ..............................
CHAPITRE III
Jonas à Ninive
Commentaire: au troisième acle mourra le « Seigneur» . . Le « prophète» devenu « juriste ». II part pour mettre en scène son procès .. . . . . . • • . . .. . . . . . . . . . . . .. .. . • . . . Décors :. les labyrinthes du désir .................... 1" ACTIl : 1" gaffe : le « sale» au figUré se rit du « sale» au propre .................................... '" lU ACTE: 2' gaffe: le {{ sale» au propre prêche le «propre» au figuré . . .. . . . . . . . . .. .. .. . . .. . • . . . . .. . • .. • 1" ACTE : le rire des mercantis promeut le « prophète» en « comédien» ......... , . • . . . . .. .. . . .. . . . . .. . . . . . • . 2' ACTE : l'anti-gaffe : elle cst mise en éehec par l'érection, le« comédien» promu en créateur d'événements ..... Interlude (chorégraphie) : les rêveries d'un phallus .•..•. 3' ACTE: a) amusements royau1i. : le cirque ou l'événement ma1trisé ................................... 3' ACTIl : b) imminence d'orgasme; phallus arraché; le cinématographe: le cirque maîtrisé ..•............. 3' ACTE : c) le désir anachorète: horreur de l'inces!e .. 3< ACTE : d) l'Clldipe d'un {( prophète» : {( puisses-tu snpprimer Ton amourewt ct n'aimer que moi» .....•...• 3' ACTE : e) le dénouement : une déception calculée. « Dieu» préfère Ninive. (Qu 'TI meure!) .. .. .. .. • .. .. •
IV
99 10 1 103 105 107 109 111 113 115 11 7 119 121 123
O,mm(!1flafre, sémina/ions: les « Dieux» sont motlels, vive l'Homme 1 ..................................
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Pressentiments de la fécondité .. . • . . • . .. . . • • .. .. . • . • Le coup de grâce à {{ Dieu» .. .. . . . . • . . . • • . .. . . .. .. Pollution ......................................... Le petit ver d'une pensée ........................... La maîtrise du non-jouir.. . . . • .. • .. . . . . • • . .. . . .. . . • . Le désir va l'emporter . .. . . . .. . . .. • . .. . . . . .. .. . . .. .. . La mort de l'analyste .............................. Une voix d'outre-tombe.......... . ....... ........ . .• Une réplique terre-à-terre .......................... Les {( Dieu1i.» sont mortels, vive l'Homme .•..•..•...• La voix d'outre-tombe s'est tue .............. , . . . .. ..
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