J.S. Bell
Th´ eorie Quantique des Champs Exp´ erimentale Traduit de : Experimental quantum field theory, Proceedings of...
44 downloads
1218 Views
267KB Size
Report
This content was uploaded by our users and we assume good faith they have the permission to share this book. If you own the copyright to this book and it is wrongfully on our website, we offer a simple DMCA procedure to remove your content from our site. Start by pressing the button below!
Report copyright / DMCA form
J.S. Bell
Th´ eorie Quantique des Champs Exp´ erimentale Traduit de : Experimental quantum field theory, Proceedings of the 1977 CERN-JINR school of physics, Nafplion, Greece, 22 May–4 June 1977 CERN 77-18, 20 October 1977
La th´ eorie quantique des champs ne manque pas de volumes. Quoique ni superficiel ni plat, ce cours de J.S. Bell me semble pourtant, par sa clart´ e et sa concision, combler un vide p´ edagogique et m´ eriter mieux que l’oubli. D´ epouill´ e des complications g´ eom´ etriques inh´ erentes aux spineurs, il devrait satisfaire les bientˆ ot maˆıtre(sse)s en physique, expert(e)s en th´ eorie quantique mais frustr´ e(e)s par les graffiti feynmaniens dont les physicien(ne)s des particules font un usage immod´ er´ e. Bell n’´ etant plus l` a pour se d´ efendre, je me suis interdit toute modification autre que quelques corrections de coquilles, et toute addition de notes qui auraient malencontreusement alourdi l’expos´ e. le 6 avril 1998 Alain Laverne Lab. de physique nucl´ eaire e et. couloir 24-14, 5 ´ Universit´ e Paris7 e 2 pl. Jussieu, Paris V
SOMMAIRE R´ esum´ e . . . . . . . . . . . . . La m´ ecanique quantique . . . . . . . Les ´ equations du mouvement de Heisenberg . Le formalisme canonique . . . . . . . Le champ scalaire r´ eel . . . . . . . . Interpr´ etation en termes de particules . . . Interaction . . . . . . . . . . . . L’op´ erateur S . . . . . . . . . . . El´ ements de matrice S . . . . . . . . Les graphes de Feynman . . . . . . . La renormalisation . . . . . . . . . Probabilit´ es de transition et sections efficaces Le champ vectoriel . . . . . . . . . Vide nu et vide r´ eel . . . . . . . . . Les fonctions de Green . . . . . . . . Int´ egrales fonctionnelles . . . . . . . Th´ eorie de champ euclidienne . . . . . L’ind´ ependance de jauge . . . . . . . Les instantons . . . . . . . . . . Les solitons . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1 1 3 5 8 11 14 15 16 18 20 22 24 28 29 30 33 34 36 39
1 RESUME Je tente ici d’exposer ce qui me semble le minimum indispensable de th´ eorie quantique des champs qui devrait ˆ etre connu des exp´ erimentateurs cultiv´ es de physique des particules. L’adjectif «exp´ erimental» dans le titre qualifie non seulement l’auditoire vis´ e mais aussi le niveau de rigueur math´ ematique ambitionn´ e. LA MECANIQUE QUANTIQUE Commenc ¸ons par quelques points essentiels de m´ ecanique quantique ´ el´ ementaire. Consid´ erons un syst` eme dynamique typique n’ayant, pour simplifier, qu’un seul degr´ e de libert´ e. En m´ ecanique quantique, un ´ etat de ce genre de syst` eme est caract´ eris´ e par une fonction-d’onde Ψ (t, q) (1)
d´ ependant du temps t et de la coordonn´ ee q. L’´ evolution au cours du temps est r´ egie par l’´ equation de Schr¨ odinger ˙ = H Ψ, iℏΨ (2)
o` u l’op´ erateur hamiltonien H est g´ en´ eralement une combinaison de la coordonn´ ee q et de l’op´ erateur diff´ erentiel ℏ ∂ . (3) p= i ∂q Dans ce qui suit, H sera toujours un polynˆ ome en q et p. La quantit´ e dq Ψ ∗ (t, q) Ψ (t, q)
(4)
est suppos´ ee donner la distribution de la probabilit´ e que la coordonn´ ee ait la valeur q au temps t. La valeur moyenne de toute fonction X de q est donc : Z dq Ψ ∗ (t, q) X(q) Ψ (t, q), (5)
l’int´ egrale ´ etant ´ etendue ` a toutes les valeurs de q. On a coutume de faire allusion ` a cette expression sous le nom de valeur moyenne de X, mˆ eme pour des X qui d´ ependent de p aussi bien que de q, et qui sont donc des op´ erateurs diff´ erentiels. Lorsque X est un op´ erateur diff´ erentiel, il semble naturel de se le repr´ esenter comme agissant sur Ψ dans (5), c’est-` a-dire : Z dq Ψ ∗ (t, q) X Ψ (t, q) . (6)
Mais il est utile d’admettre aussi l’association alternative Z dq Ψ ∗ (t, q) X Ψ (t, q),
(7)
dans laquelle on imagine que X agit vers la gauche, “en arri` ere”, sur Ψ ∗ . Pour voir comment cela peut se faire, consid´ erons, dans X, un terme de la forme : f (q) p g(q) = f
ℏ ∂ g. i ∂q
Dor´ enavant, nous supposerons que Ψ d´ ecroˆıt bien gentiment ` a l’infini. Alors, par int´ egration par parties sur tout q, Z
Z ℏ ∂ ℏ ∂ dq Ψ ∗ f g Ψ = dq − f Ψ∗ g Ψ . i ∂q i ∂q
2 Cela ne fait donc aucune diff´ erence de consid´ erer que p diff´ erencie tout ce qui est ` a sa droite ou tout ce qui est ` a sa gauche — dans la mesure o` u il est bien entendu que ce dernier cas implique un changement de signe. Au prix de ce sous-entendu, l’accouplement (7) est ´ equivalent ` a (6). Moyennant ces actions “en arri` ere” implicites, l’´ equation (X Ψ )∗ = X ∗ Ψ ∗
(8)
(X Ψ )∗ = Ψ ∗ X + ,
(9)
peut s’´ ecrire, parfois plus commod´ ement,
o` u X + , appel´ e le conjugu´ e hermitique de X, est obtenu ` a partir de ce dernier en inversant la suite de tous les facteurs q et p et en conjuguant tous les coefficients num´ eriques. Le changement de signe qui s’introduit lorsqu’on ´ ecrit p ` a droite, plutˆ ot qu’` a gauche, est ´ equivalent ` a la conjugaison complexe de (ℏ/i)(∂/∂q). L’inversion de l’ordre, lorsqu’on ´ ecrit les q et les p du cˆ ot´ e droit, donne l’ordre des op´ erations d´ efinies par X ∗ . Nous aurons souvent affaire ` a des op´ erateurs X autoconjugu´ es hermitiques (ou, simplement, hermitiques), c’est-` a-dire dou´ es de la propri´ et´ e X = X + . Les op´ erateurs hermitiques ont des valeurs moyennes r´ eelles car Z ∗ Z ∗ dq Ψ X Ψ = dq Ψ (X Ψ )∗ Z = dq (X Ψ )∗ Ψ Z = dq Ψ ∗ X + Ψ . D’apr` es (4), la norme de Ψ ,
Z
dq Ψ ∗ Ψ ,
(10)
˙ ∗ = H ∗ Ψ ∗ = Ψ ∗ H +. −iℏΨ
(11)
doit rester constante au cours du temps, de fait ´ egale ` a l’unit´ e, car elle fournit la probabilit´ e eriv´ ee de la norme par rapport au temps, ` a l’aide de toutes les valeurs de q. Calculons la d´ odinger (2) et de sa conjugu´ ee complexe de l’´ equation de Schr¨
Ainsi :
Z Z d ∗ dq Ψ Ψ = dq Ψ ∗ H + − H Ψ . −iℏ dt
(12)
La constance de la norme est donc assur´ ee en imposant ` a H d’ˆ etre hermitique : H + = H . On peut r´ esoudre formellement l’´ equation de Schr¨ odinger par un d´ eveloppement de Taylor autour de t = 0, avec pour r´ esultat : 2 1i i H t + · · · Ψ (0, q) Ψ (t, q) = 1 − H t + ℏ 2! ℏ =e
it −ℏH
Ψ (0, q) ,
(13)
o` u l’exponentielle de l’op´ erateur est d´ efinie (par exemple) par sa s´ erie enti` ere. De mˆ eme, ` a l’aide de (11) et de H + = H , on a : it
La valeur moyenne
Ψ ∗ (t, q) = Ψ ∗ (0, q) e ℏ Z
H
dq Ψ ∗ (t, q) X Ψ (t, q)
.
(14)
(15)
3 peut donc s’´ ecrire aussi :
Z
avec
dq Ψ ∗ (0, q) X(t) Ψ (0, q) ,
(16)
X(t) = e ℏ
(17)
it
H
Xe
it −ℏH
.
Le formalisme adopt´ e dans (15), o` u les fonctions-d’onde d´ ependent du temps tandis que les op´ erateurs sont ind´ ependants du temps, est appel´ e repr´ esentation de Schr¨ odinger. La valeur moyenne (5), o` u n’intervient qu’un seul ´ etat Ψ , est un cas particulier d’une construction plus g´ en´ erale impliquant deux ´ etats, disons Ψα et Ψβ , ´ eventuellement diff´ erents : Z dq Ψα∗ X Ψβ . (18)
Ces quantit´ es sont appel´ ees ´ el´ ements de matrices de X entre les ´ etats α et β, et not´ ees hα|X|βi .
(19)
A la suite de Dirac, il est commode d’attribuer une signification aux diff´ erentes parties de cette notation composite entre crochets. Ainsi, le bra hα| est mis pour Ψα∗ , le ket |βi pour Ψβ , tandis que le bra-ket complet dans (19) implique l’int´ egration sur q. Avec cette odinger (2) et (11) s’´ ecrivent notation, les ´ equations de Schr¨ d |β, ti = H |β, ti , dt d −iℏ hα, t| = hα, t|H . dt iℏ
(20)
On ´ ecrit ` a l’int´ erieur des crochets partiels | i et h |, les bras et kets, n’importe quels symboles convenant pour identification de l’´ etat en question. Lorsque nous aurons affaire ` a un ´ etat de Schr¨ odinger d´ ependant du temps (dans (20) par exemple), nous ferons g´ en´ eralement figurer le temps t parmi les symboles identificateurs. Remarquez que (8) et une minime g´ en´ eralisation de (9) permettent d’´ ecrire, en notation de Dirac : X|αi
∗
= hα|X +
(8′ )
hβ|X|αi∗ = hα|X + |βi .
(9′ )
LES EQUATIONS DU MOUVEMENT DE HEISENBERG Soit X un polynˆ ome en q et p, ne d´ ependant pas explicitement du temps (autrement dit dont les coefficients sont constants). L’op´ erateur de Heisenberg correspondant est it
X(t) = e ℏ
H
Xe
it −ℏH
.
(21)
En d´ erivant par rapport au temps, on a : ˙ X(t) =−
i X(t), H , ℏ
(22)
o` u le commutateur de deux op´ erateurs est, par d´ efinition, A, B = AB−BA. Le r´ esultat (22) est obtenu grˆ ace aux identit´ es ℏ
it d ± it H ± H e ℏ = ±iH e ℏ dt it ± H (±iH ) , =e ℏ
4 dont on peut se convaincre en examinant la s´ erie enti` ere de l’exponentielle. C’est l’op´ erateur de Schr¨ odinger H qui fait irruption en premier dans (22). Mais on peut lui substituer l’op´ erateur de Heisenberg H (t), car it
H
H (t) = e ℏ
it
= H eℏ
He
H
e
it −ℏH it −ℏH
=H.
(23)
Ici, comme souvent par la suite, nous utilisons l’identit´ e e
it ±ℏH
e
it ∓ℏH
= 1,
(24)
qui r´ esulte du produit des deux s´ eries enti` eres, tout comme si H ´ etait un nombre plutˆ ot qu’un op´ erateur. On a donc : i ˙ X(t) =− X(t), H (t) , (25) ℏ
et en particulier,
i ℏ i ˙ =− p(t) ℏ ˙(t) = − q
q(t), H (t)
(26)
p(t), H (t) ,
dites ´ equations du mouvement de Heisenberg. Remarquez que H (t) est la mˆ eme fonction de q(t) et p(t) que la fonction H de q et p. On s’en assure en appliquant ` a chaque terme de H des identit´ es du genre : i
eℏ
Ht
AB e
i −ℏHt
i
= eℏ
Ht
Ae
i −ℏHt
i
eℏ
Ht
Be
= A(t) B(t) ,
i −ℏHt
(27)
grˆ ace ` a (24). Au moyen de l’expression de H (t), on peut r´ eduire les membres de droite de (26) en fonctions des seuls commutateurs : q(t), q(t) = p(t), p(t) = 0 (28) q(t), p(t) = ?
On effectue cette r´ eduction en appliquant ` a chaque terme de H (t) des identit´ es du genre
A, BC = A, B C + B A, C ,
(29)
dont la validit´ e saute aux yeux lorsqu’on ´ ecrit leur d´ eveloppement explicite. Enfin, on ´ evalue facilement le commutateur inconnu : i
[q(t), p(t)] = e ℏ i
= eℏ
i
− Ht Ht q, p e ℏ Ht
ℏ
(− i ) e
i −ℏHt
ℏ =−i .
Supposons, par exemple, que H (t) contienne un terme q(t)
2
p(t)
2
= q(t) q(t) p(t) p(t) .
(30)
5 Nous avons alors q(t), q(t) q(t) p(t) p(t) = q(t), q(t) q(t) p(t) p(t) + q(t) q(t), q(t) p(t) p(t) + q(t) q(t) q(t), p(t) p(t) + q(t) q(t) p(t) q(t), p(t) , qui devient, grˆ ace ` a (28) et (30) : −
i q(t), q(t) q(t) p(t) p(t) = q(t) q(t) p(t) + q(t) q(t) p(t) ℏ ∂ = q(t) q(t) p(t) p(t) , ∂p(t)
o` u, en calculant les d´ eriv´ ees, il faut veiller ` a ne pas alt´ erer l’ordre des p et des q survivants. Moyennant cette pr´ ecaution, on a une ´ equivalence tout ` a fait g´ en´ erale entre commutation avec q (ou −p) et d´ erivation par rapport ` a p (ou q). Les ´ equations du mouvement de Heisenberg peuvent ˆ etre r´ e´ ecrites : ∂H (t) ∂p(t) ∂H (t) ˙ p(t) =− , ∂q(t) ˙(t) = q
(31)
c’est-` a-dire pr´ ecis´ ement (` a la pr´ ecaution pr` es concernant les facteurs non commutables) sous la forme des ´ equations classiques du mouvement de Hamilton. Bien sˆ ur, les quantit´ es q et p dans (31) sont des op´ erateurs (on dit des q-nombres), et pas encore les nombres ordinaires (dits c-nombres) de la m´ ecanique classique. Mais les op´ erateurs peuvent ˆ etre remplac´ es par des valeurs num´ eriques en prenant leurs valeurs moyennes. On peut ainsi montrer, en s’appuyant sur (31), que dans certaines conditions (lorsque ℏ peut ˆ etre consid´ er´ e comme n´ egligeable) les valeurs moyennes quantiques se comportent comme des valeurs moyennes classiques, en sorte que la m´ ecanique classique est une approximation idoine. LE FORMALISME CANONIQUE Nous avons vu comment la m´ ecanique quantique r´ ealise sa jonction avec la m´ ecanique classique par le truchement des ´ equations du mouvement de Hamilton. Pour la plupart d’entre nous, la m´ ecanique classique est plus facile ` a appr´ ehender que la m´ ecanique quantique. Aussi la construction d’une th´ eorie quantique s’op` ere-t-elle habituellement ` a partir de la th´ eorie classique correspondante. A ce niveau classique, le formalisme lagrangien est, par certains cˆ ot´ es, plus commode que le formalisme hamiltonien. Le lagrangien ˙) L(q, q (32) est une fonction de la coordonn´ ee et de la vitesse. Les ´ equations du mouvement sont d´ efinies par le principe variationnel δA = 0, (33) avec
Z
˙) , A = dt L(q, q
(34)
et par rapport ` a des variations δq(t) suppos´ ees s’annuler pour |t| grand. Le r´ esultat peut s’´ ecrire δA =0 (35) δq(t) pour tout t, o` u la d´ eriv´ ee fonctionnelle de A par rapport ` a q(t) est d´ efinie par la relation : Z δA δq(t) . (36) δA = dt δq(t)
6 Celle-ci est une g´ en´ eralisation de l’expression δA =
X ∂F δxn , n ∂xn
d´ efinissant les d´ eriv´ ees partielles d’une fonction F d’un nombre fini de variables xn , au cas d’une fonction A d’une infinit´ e d’arguments q(t) — en fait une fonction de fonction, dite une fonctionnelle. Pour calculer la d´ eriv´ ee fonctionnelle, notez que Z ∂L δq + δA = dt ∂q Z ∂L d = dt − ∂q dt
∂L δ˙ q ˙ ∂q ∂L δq , ˙ ∂q
apr` es int´ egration par parties. Donc : δA ∂L d ∂L = − , ˙ δq(t) ∂q dt ∂ q
(37)
et ainsi (35) donne l’´ equation du mouvement de Lagrange famili` ere. Le moment p, conjugu´ e de q, est par d´ efinition : p=
∂L . ˙ ∂q
(38)
En supposant cette ´ equation soluble pour q en fonction de p, l’hamiltonien est d´ efini par ˙ − L, H = pq
(39)
et nous obtenons la forme hamiltonienne des ´ equations du mouvement : ˙= q
∂H , ∂p
˙=− p
∂H . ∂q
(40)
On passe alors ` a la th´ eorie quantique en consid´ erant les op´ erateurs de Heisenberg q(t) et p(t) tels que q(t), p(t) = iℏ ˙(t) = (iℏ)−1 q(t), H (t) q ˙ p(t) = (iℏ)−1 p(t), H (t) , avec H (t) = H q(t), p(t) . La g´ en´ eralisation ` a plusieurs degr´ es de libert´ e est imm´ ediate : pn =
∂L ˙n ∂q
P ˙n − L H = pn q ∂H ˙n = q ∂pn ∂H ˙n = − p ∂qn ( −1 ˙n (t) = (iℏ) q qn (t), H (t) ˙n (t) = (iℏ)−1 pn (t), H (t) p
(41) (42)
(43)
(44)
7 ( qn (t), qm (t) = pn (t), pm (t) = 0 qn (t), pm (t) = iℏ δnm .
(45)
Pour en arriver enfin ` a la th´ eorie des champs, il nous faut encore g´ en´ eraliser ` a une infinit´ e continue de degr´ es de libert´ e. En effet, mˆ eme le plus simple des champs est ~ pour tout x. ~ caract´ eris´ e, ` a un instant t, par une infinit´ e continue de quantit´ es φ(t, x) Et nous avons affaire ` a des ´ equations aux d´ eriv´ ees partielles plutˆ ot qu’` a des ´ equations diff´ erentielles ordinaires. Pour vous convaincre de la possibilit´ e de cette g´ en´ eralisation, souvenez-vous du traitement pratique des ´ equations diff´ erentielles qui consiste ` a les approximer par des ´ equations aux diff´ erences. On peut ainsi imaginer repr´ esenter la fonction φ par ses ~ n ), en un ensemble discret de points x ~ n que l’on rendra en fin de valeurs, qn (t) = φ(t, x compte infiniment dense. Nous pouvons aussi travailler, pour commencer, non pas dans tout l’espace, mais dans un volume fini que l’on finira par rendre tr` es grand. En proc´ edant ainsi, nous pouvons trouver comment g´ en´ eraliser le formalisme canonique et le processus de quantification. Au niveau formel, nonobstant de subtiles questions de convergence, la g´ en´ eralisation aux syst` emes continus consiste principalement ` a remplacer les sommes ~ et les deltas de Kronecker δnm sur des indices n par des int´ egrales sur des arguments x, ~ − y). ~ par des deltas de Dirac δ3 (x Consid´ erons alors un principe variationnel Z A = dt L(t),
δA = 0,
~ et de sa d´ o` u le lagrangien L est maintenant une fonctionnelle du champ φ(t, x) eriv´ ee ˙ x). ~ Dans une th´ par rapport au temps φ(t, eorie invariante de Lorentz, il faut s’attendre ` a des manifestations sym´ etriques des coordonn´ ees de temps et d’espace. Nous supposons donc que Z ~ L(t, x), ~ L(t) = d3 x
~ est une fonction de φ et de ses d´ o` u la densit´ e lagrangienne L(t, x) eriv´ ees premi` eres ~ On a alors : en (t, x). Z A = d4 x L(x), Z δA = d4 x
δA δφ(x), δφ(x)
(46)
~ d4 x = dt dx1 dx2 dx3 , et avec o` u x ≡ (t, x), ∂L ∂L X ∂ δA , = − δφ(x) ∂φ ∂x ∂ ∂φ/∂x µ µ µ
(47)
en analogie avec (37). En exprimant la nullit´ e de cette d´ eriv´ ee fonctionnelle, on obtient les ´ equations de Lagrange du mouvement du champ. En analogie avec (41), le champ Π(x) canoniquement conjugu´ e de φ(x) est d´ efini par Π(x) =
∂L . ˙ ∂φ
(48)
En analogie avec (42), on d´ efinit l’hamiltonien Z ˙ x) ~ Π(t, x) ~ φ(t, ~ − L(t), H (t) = d3 x
(49)
8 et on peut r´ e´ ecrire les ´ equations du mouvement sous forme hamiltonienne : δH (t) ˙ x) ~ = φ(t, ~ δΠ(t, x) δH (t) ˙ (t, x) ~ =− Π , ~ δφ(t, x)
(50)
en analogie avec (43). Passons maintenant ` a la th´ eorie quantique en postulant des champs d’op´ erateurs de Heisenberg correspondants. Les relations de commutation et les ´ equations du mouvement de Heisenberg sont les g´ en´ eralisations naturelles de (44) et (45) : ˙ x) φ(t, ~ = (iℏ)−1 φ(t, x), ~ H (t) (51) Π ˙ (t, x) ~ = (iℏ)−1 Π(t, x), ~ H (t) (
~ φ(t, y) ~ = Π(t, x), ~ Π(t, y) ~ =0 φ(t, x), ~ Π(t, y) ~ = iℏ δ3 (x ~ − y). ~ φ(t, x),
(52)
Comme pr´ ec´ edemment, les ´ equations du mouvement de Heisenberg peuvent se r´ e´ ecrire, en veillant ` a l’ordre des op´ erateurs non commutables, sous la forme hamiltonienne (50). La g´ en´ eralisation ` a un syst` eme de plusieurs champs est directe : ˙ n (t, x) φ ~ = (iℏ)−1 φn (t, x), ~ H (t) (53) Π ˙ n (t, x) ~ = (iℏ)−1 Πn (t, x), ~ H (t) ( ~ φm (t, y) ~ = Πn (t, x), ~ Πm (t, y) ~ =0 φn (t, x), (54) ~ Πm (t, y) ~ = iℏ δ3 (x ~ − y) ~ δnm φn (t, x), ~ ∂L(t, x) ~ = Πn (t, x) ˙ n (t, x) ~ ∂φ (55) Z P H (t) = d3 x ˙ ~ ~ φn (t, x) ~ −L n Πn (t, x) δH ˙ Π n = δφn ˙ n = − δH . φ δΠn
(56)
Il ne reste plus qu’` a appliquer ce sch´ ema g´ en´ eral ` a des exemples sp´ ecifiques. LE CHAMP SCALAIRE REEL Pour travailler sur des th´ eories relativistes, nous utiliserons souvent, plutˆ ot que le temps x0 (= t), la quatri` eme coordonn´ ee imaginaire x4 (= ict). De plus, nous userons d’unit´ es telles que ℏ = c = 1. Nous supposerons que la densit´ e lagrangienne est un scalaire de Lorentz, car c’est ce qui conduit ` a des ´ equations du mouvement invariantes de Lorentz. Le champ le plus simple est un scalaire de Lorentz, r´ eel : x ≡ xµ ≡ (x1 , x2 , x3 , x4 ) ∗ φ(x) = φ(x) . φ(x),
La densit´ e lagrangienne scalaire de Lorentz non triviale la plus simple que l’on puisse construire avec ce champ et ses d´ eriv´ ees premi` eres est de la forme 1
L = − 2 (∂µ φ)(∂µ φ) −
1 2
m 2 φ2 ,
(57)
9 o` u m est une constante. L’absence de constante multiplicative arbitraire devant le premier terme n’est rien de plus qu’une convention de normalisation de φ. Dans (57), nous utilisons la notation condens´ ee ∂φ ∂µ φ ≡ , ∂xµ ainsi que la convention habituelle de sommation sur les indices r´ ep´ et´ es :
(∂µ φ)(∂µ φ) ≡
4 X
(∂µ φ)(∂µ φ).
µ=1
Toujours dans (57), le signe moins, global, est n´ ecessaire pour obtenir des ´ energies positives. La d´ eriv´ ee fonctionnelle de Z A = d4 x L(x) par rapport ` a φ(x) vaut ∂L ∂L ∂ δA = − δφ(x) ∂φ ∂xµ ∂(∂µ φ) = −m2 φ + ∂µ ∂µ φ, d’o` u l’´ equation du mouvement : ∂µ ∂µ − m2 φ(x) = 0,
(58)
dite ´ equation de Klein-Gordon. ˙ = ∂φ/∂t = i∂φ/∂x4 , En s´ eparant les d´ eriv´ ees par rapport au temps, et en notant φ on a : → 2 1 2 2 ˙2 − 1 − (59) − 2m φ . L = 21 φ 2 ∇φ
Le moment canoniquement conjugu´ e est donc
L’hamiltonien vaut
Π=
∂L ˙ = φ. ˙ ∂φ
Z ˙−L ~ Πφ H = d3 x Z − → 2 ~ 21 Π2 + 12 ∇φ + 12 m2 φ2 . = d3 x
(60)
Les ´ equations du mouvement de Hamilton sont
˙ = δH = Π φ δΠ δH − → ˙ =− Π = ∇ 2 φ − m2 φ, δφ
qui redonnent bien (58). Remarquez que (61) admet comme solution particuli` ere l’onde plane φ = e±ikx ,
Π = ∓ik0 e±ikx ,
(61)
10 avec :
kx ≡ kµ xµ ≡ k1 x1 + k2 x2 + k3 x3 + k4 x4 q
≡ k1 x1 + k2 x2 + k3 x3 − k0 x0
~2 k0 = + m2 + k
~ ≡ (k1 , k2 , k3 ). k
La solution g´ en´ erale, ´ etant donn´ e son comportement ` a l’infini qui autorise un d´ eveloppement du type Fourier ` a tout instant, peut donc s’´ ecrire : Z ~ d3 k ~ ikx + a∗ (k)e ~ −ikx φ(x) = a( k)e (2π )3 2k0 Z Π(x) =
3~
d k (2π )3 2k0
(62)
~ ikx − a∗ (k)e ~ −ikx (−ik0 ). a(k)e
C’est la r´ ealit´ e de φ qui fait qu’aux ondes planes complexes conjugu´ ees sont associ´ es des ∗ ~ ~ coefficients complexes conjugu´ es, a(k)/2k 0 et a (k)/2k0 . Passant ` a la th´ eorie quantique, nous prenons pour φ et Π des op´ erateurs hermitiques, φ = φ+ , Π = Π+ , la propri´ et´ e d’hermiticit´ e (qui implique la r´ ealit´ e des valeurs moyennes) ´ etant l’analogue quantique de la r´ ealit´ e classique. Nous supposons les r` egles de commutation canoniques aux temps ´ egaux (´ equations (52)) : (
~ φ(t, y) ~ = Π(t, x), ~ =0 ~ Π(t, y) φ(t, x), ~ = i δ3 (x ~ Π(t, y) ~ − y). ~ φ(t, x),
(63)
On peut alors v´ erifier, par calcul explicite, qu’avec l’hamiltonien (60), les ´ equations du mouvement de Heisenberg, ˙ = −i φ, H , φ
˙ = −i Π, H , Π
sont ´ equivalentes aux ´ equations de Hamilton (61). La solution peut encore s’´ ecrire sous ~ est maintenant un op´ la forme (62), ` a ceci pr` es que a(k) erateur, et que son conjugu´ e hermitique a+ prend la place de a∗ : Z ~ d3 k ~ ikx + a+ (k)e ~ −ikx a(k)e φ(x) = 3 (2π ) 2k0 Z Π(x) =
(64)
~ d3 k ~ ikx − a+ (k)e ~ −ikx (−ik0 ). a( k)e (2π )3 2k0
A tout instant t donn´ e, on peut, au moyen de la transform´ ee de Fourier inverse, r´ esoudre les ´ equations (64) par rapport ` a a et a+ : Z ~ = d3 x ~ 2k0 φ + iΠ e−ikx a(k) Z + ~ ~ 2k0 φ − iΠ eikx . a (k) = d3 x A l’aide de (63), nous trouvons alors les r` egles de commutation des a et a+ : ~ a(k ~′ ) = a+ (k), ~ a+ (k ~′ ) = 0 a(k), ~ ~′ ) = 2k0 (2π )3 δ3 (k ~−k ~′ ). a(k), a+ (k
(65)
11 On peut exprimer l’hamiltonien en termes des a et a+ . A un instant t donn´ e, en reportant (64) dans (60), on obtient : Z
~ d3 k k0 ~ a(k) ~ + a(k) ~ a+ (k) ~ a+ (k) 3 (2π ) 2k0 2 Z ~ d3 k ~ a(k) ~ k0 a+ (k) + C ′, = 3 (2π ) 2k0
H =
(66)
o` u C ′ est une constante num´ erique, Z ~ k0 δ3 (k ~ − k). ~ C ′ = d3 k 2 Mais nous aurions pu ajouter une constante ` a la densit´ e lagrangienne initiale : L → L + C.
(67)
Nous pouvions choisir C en sorte que la constante subs´ equemment soustraite de l’hamiltonien compense exactement C ′ . Une telle addition de constante ne change physiquement rien d’autre que l’origine arbitraire de mesure des ´ energies. Nous ne prendrons donc comme hamiltonien que le premier terme de (66). Notez quand mˆ eme que C ′ est en fait infinie, non seulement parce qu’y intervient ~ une fonction delta d’argument nul, mais aussi parce qu’elle r´ esulte d’une int´ egrale sur k ′ divergente. La constante compensatrice C dans (67) doit ˆ etre infinie, en rapport avec C . C’est la premi` ere fois, mais non la derni` ere, que nous tol´ ererons la pr´ esence de constantes infinies dans le lagrangien, afin de les ´ eviter ailleurs. A l’´ etudiante qui doute de la fiabilit´ e de ce genre de manipulation, je ne peux offrir plus que quelques paroles de r´ econfort : la th´ eorie peut ˆ etre ´ etablie de mani` ere plus rigoureuse, par exemple en travaillant sur un r´ eseau fini de points, au lieu d’un espace-temps continu. Les quantit´ es qui ´ etaient infinies sont alors grandes mais finies, et se laissent manipuler en tout bien tout honneur. Ce n’est qu’apr` es les avoir combin´ ees sous forme inoffensive convenable que l’on se hasarde ` a la limite d´ esir´ ee d’un espace-temps infini continu. C’est en adoptant des points de vue de ce genre que les experts se sont convaincus, sur des mod` eles simples, que les t´ em´ eraires manipulations des physiciens ne sont pas sp´ ecieuses. INTERPRETATION EN TERMES DE PARTICULES ˙ = −iH Ψ , supposons possible d’en trouver des Etant donn´ e l’´ equation de Schr¨ odinger, Ψ solutions particuli` eres dont la d´ ependance temporelle soit tout simplement exponentielle : Ψ (t) ∝ e−iEt . On a alors H Ψ = EΨ . (68)
On dit dans ce cas que Ψ est un ´ etat propre de l’hamiltonien (ou de l’´ energie), avec la valeur propre E. Etant donn´ e n’importe quel ´ etat propre, les op´ erateurs a et a+ permettent imm´ ediatement d’en construire d’autres. D’apr` es (66) et (65), on a :
d’o` u:
( ~ = a+ (k) ~ k0 H , a+ (k) ~ = −a(k) ~ k0 , H , a(k) ~ Ψ H a+ (k)
~ Ψ H a(k)
= =
~ (H + k0 ) Ψ a+ (k)
~ (H − k0 ) Ψ a(k)
~ Ψ = (E + k0 ) a+ (k) ~ Ψ. = (E − k0 ) a(k)
(69)
(70)
~ Ψ et a(k) ~ Ψ sont Si Ψ est un ´ etat propre de l’´ energie avec la valeur propre E, alors a+ (k) des ´ etats propres avec les valeurs propres E ± k0 respectivement.
12 Supposons qu’existe une valeur minimale E0 de l’´ energie, dont le vecteur propre correspondant est Ψ0 . On a alors ~ Ψ0 = 0 a(k) (71)
~ sinon ce genre d’´ pour tout (k), etat serait ´ etat propre pour une valeur propre plus basse. Nous appellerons Ψ0 le vide. D’apr` es (71) et (66), on a H Ψ0 = 0, et E0 = 0.
(72)
Si la constante C ′ , dans (66), n’avait pas ´ et´ e compens´ ee, l’´ energie E0 du vide n’aurait pas ´ et´ e nulle mais infinie, d´ esagr´ ement mineur. D’apr` es (70), les ´ etats ~1 ) a+ (k ~2 ) · · · · · · Ψ0 , a + (k
(73)
~1 , k ~2 , k ~3 , . . .i, |k
(74)
|0i.
(75)
r´ esultant de l’application d’un nombre quelconque d’op´ erateurs a+ sur le vide, sont ´ etats propres de l’´ energie avec les valeurs propres E = k1 0 + k2 0 + · · ·. En notation de Dirac, nous repr´ esenterons ces ´ etats par
et, de mˆ eme, le vide par : Les symboles (74) et (75) seront mis indiff´ eremment pour des ´ etats de Schr¨ odinger ` at =0 ou des ´ etats de Heisenberg ` a t quelconque. Les ´ etats (74) ont une interpr´ etation aussi simple qu’importante. La confirmation de sa l´ egitimit´ e r´ eside, finalement, dans sa p´ erennit´ e. Cette interpr´ etation peut ˆ etre d’abord sugg´ er´ ee par l’examen de l’´ el´ ement de matrice ~ h0|φ(x)|ki.
(76)
D’apr` es (64), (65), (71) et (8’), celui-ci vaut tout simplement ~
~ 0t eikx = eik·x−ik .
(77)
On se souvient qu’en m´ ecanique ondulatoire ´ el´ ementaire, cette expression est pr´ ecis´ ement ~ de masse m, et celle de l’onde qde de Broglie associ´ ee ` a une particule d’impulsion k, ~2 . La possibilit´ ~ la signification, justement, d’un e d’attribuer ` a |ki d’´ energie k0 = m2 + k ~1 , k ~2 , . . .i a la tel ´ etat d’une particule n’est donc pas pour surprendre, tout comme l’´ etat |k signification d’un ´ etat de plusieurs particules de quadri-impulsions k1 , k2 , . . . Il ne faut pas s’imaginer que cette interpr´ etation en termes de particules, que nous incorporons dor´ enavant ` a la th´ eorie, se substituerait ` a l’interpr´ etation originale des ´ etats comme des distributions de probabilit´ e de diff´ erentes configurations de champ φ ; elle vient plutˆ ot la compl´ eter. L’interpr´ etation pertinente est dict´ ee par le dispositif exp´ erimental. Il serait bien sˆ ur plus satisfaisant d’obtenir les deux interpr´ etations ` a partir d’axiomes ant´ erieurs, mais je ne ferai ici aucune tentative dans cette direction. On a, d’apr` es (73), ~ |k ~1 , k ~2 , . . .i = |k, ~ k ~1 , k ~2 , . . .i. a+ (k) A l’aide de (73) et (65), on peut calculer : ~ |k ~1 , k ~2 , k ~3 , . . .i = a(k)
~−k ~1 ) |k ~2 , k ~3 , . . .i 2k0 (2π )3 δ3 (k
~−k ~2 ) |k ~1 , k ~3 , . . .i + 2k0 (2π )3 δ3 (k
+ ···
13 L’action de a+ , ou de a, sur un ´ etat donn´ e a donc pour effet d’ajouter, ou d’ˆ oter, des particules. C’est pourquoi on les appelle op´ erateurs de cr´ eation et de destruction (ou d’annihilation). Remarquez que, d’apr` es (8’), le conjugu´ e de ~1 , k ~2 , . . .i = a+ (k ~1 ) a+ (k ~2 ) · · · |0i, |k est : ~1 , k ~2 , . . . | = h0| · · · a(k ~2 ) a(k ~1 ). hk
(78)
Notez ´ egalement que, puisque les a+ commutent les uns avec les autres, voir (65), prendre les mˆ emes impulsions dans un ordre diff´ erent, ou ´ echanger l’´ etiquetage des particules, ne donne pas un nouvel ´ etat : ~1 , k ~2 , . . .i = |k ~2 , k ~1 , . . .i |k
~1 , k ~2 , . . . | = hk ~2 , k ~1 , . . . | hk
(79)
etc.
Les calculs mettant en jeu des op´ erateurs de cr´ eation et de destruction sont effectu´ es au moyen d’utilisations r´ ep´ et´ ees de (71) et de sa conjugu´ ee (voir (8’)), ~ |0i = h0| a+ (k) ~ = 0, a(k)
(80)
ainsi que des r` egles de commutation (65). ~k ~′ i. Calculons, par exemple, le produit int´ erieur de deux ´ etats ` a une particule, hk| Celui-ci est donn´ e par : ~ a+ (k ~′ ) |0i = h0| a+ (k ~′ ) a(k) ~ |0i + h0| a(k), ~ a+ (k ~′ ) |0i. h0| a(k)
Le premier terme est nul en vertu de (80), si bien que, compte tenu de la valeur (65) du commutateur, on a : ~k ~′ i = 2k0 (2π )3 δ3 (k ~−k ~′ ). hk| (81) Le proc´ ed´ e est typique. On r´ earrange l’ordre des op´ erateurs, ` a l’aide des relations de commutation, jusqu’` a ce que les op´ erateurs de destruction agissent directement sur le vide |0i et que les op´ erateurs de cr´ eation soient imm´ ediatement suivis de h0|, ce qui donne z´ ero, d’apr` es (80). De mˆ eme : ~1 , k ~2 , . . . , k ~n |k ~′ , k ~′ , . . . , k ~′ i = hk m 1 2 3 3 ~ 3 3 ~ ~′ ~′ (2π ) 2k10 δ (k1 − k1 ) (2π ) 2k20 δ (k2 − k2 ) · · · δnm +(2π )3 2k10 δ3 (k ~2 − k ~′ ) · · · ~1 − k ~′ ) (2π )3 2k20 δ3 (k 1 2 +······
(82)
avec, en tout, n! termes correspondant ` a toutes les fac ¸ons possibles d’accoupler chaque variable prim´ ee avec une variable non prim´ ee. Nous aurons ` a envisager des ´ etats r´ esultant de superpositions de diverses configurations d’impulsions et divers nombres de particules, par exemple : X 1 Z ~n ~1 d3 k d3 k ~1 , . . . , k ~n ) |k ~1 , . . . , k ~n i. · · · f (k |αi = 3 (2π )3 2kn0 n n! (2π ) 2k10
(83)
14 ~1 · · · d3 k ~n , car l’int´ Notez que nous aurions pu restreindre l’int´ egration sur d3 k egration sans restriction visite chaque ´ etat distinct n! fois, ` a cause de (79). Mais il est pr´ ef´ erable de sp´ ecifier que f est une fonction totalement sym´ etrique, ~1 , k ~2 , . . .) = f (k ~2 , k ~1 , . . .) f (k etc.,
et de compenser le comptage multiple en divisant par n!. A l’aide de (82), on trouve la norme de |αi : 2 X 1 Z ~1 ~n d3 k d3 k ~ ~n ) f (k1 , . . . , k . ··· hα|αi = 3 3 (2π ) 2kn0 n n! (2π ) 2k10
(84)
(85)
Il faut que cette quantit´ e soit ´ egale ` a un pour que l’´ etat soit correctement normalis´ e. En accord avec cette probabilit´ e totale unit´ e, nous pouvons, et nous ne nous en priverons pas, interpr´ eter 2 ~n ~1 d3 k d3 k ~ ~n ) f (k1 , . . . , k (86) ··· 3 3 (2π ) 2k10 (2π ) 2kn0
comme la probabilit´ e partielle, lorsque le syst` eme est dans l’´ etat α, de trouver n particules dont les impulsions appartiennent aux r´ egions sp´ ecifi´ ees. Notez que pour l’´ etat (83), on a, d’apr` es (82) : ~1 , . . . , k ~n ) = hk ~1 , . . . , k ~n |αi. f (k
(87)
INTERACTION Les particules de la section pr´ ec´ edente n’ont pas d’interactions ; autrement dit elles sont libres. Leurs quadri-impulsions k1 , k2 , . . . , ne changent pas. L’´ etat de Schr¨ odinger qui a ~1 ) a+ (k ~2 ) · · · |0i, ` pour valeur initiale a+ (k a l’instant t = 0, ne d´ e pend du temps que par q 2 −i(k10 +k20 +···)t 2 ~ un facteur de phase e , avec k10 = m + k1 , etc. Pour avoir interaction, il faut compliquer le lagrangien. Ajoutons par exemple ` a la densit´ e lagrangienne (57), la densit´ e lagrangienne d’interaction (ou perturbation) : I(x) =
4 g φ(x) . 4!
(88)
Il faut donc retrancher cette quantit´ e de la densit´ e hamiltonienne int´ egrande de (60). On obtient, au lieu de (58), l’´ equation du mouvement modifi´ ee, maintenant non lin´ eaire, g 2 φ φ = 0, (89) ∂µ ∂µ − m2 + 3! et, au lieu de (61),
˙=Π φ (90) g 3 →2 Π ˙ =− φ . ∇ φ − m2 φ + 3! Le champ ne peut plus s’´ ecrire, pour tout t, sous la forme (64) avec des op´ erateurs a et a+ constants. Mais, ` a un instant quelconque, disons t = 0, on peut utiliser ces ´ equations pour d´ efinir des op´ erateurs a et a+ , et un ´ etat vide, tels que :
Les ´ etats
~ |0i = 0. a(k)
(91)
~1 ) a+ (k ~2 ) · · · |0i a + (k
(92)
ne deviendront plus solutions de l’´ equation de Schr¨ odinger sur simple multiplication par un facteur de phase. Etudions maintenant comment un ´ etat, ainsi sp´ ecifi´ e` a un instant initial, va en fait ´ evoluer.
15 L’OPERATEUR S Nous avons ` a r´ esoudre l’´ equation de Schr¨ odinger
avec
dΨ = −iH Ψ , dt
Z ~ I(0, x). ~ H = H 0 − d3 x
(93)
(94)
Notez que nous nous plac ¸ons ici dans la repr´ esentation de Schr¨ odinger, dont les op´ erateurs sont obtenus ` a partir des op´ erateurs de Heisenberg en posant t = 0. A l’aide de (62), on peut ´ ecrire les op´ erateurs de champ φ, ainsi que I, en termes d’op´ erateurs de cr´ eation et d’annihilation. L’hamiltonien non perturb´ e (g = 0) a d´ ej` a´ et´ e´ ecrit sous cette forme en (66). On voit alors que l’´ evolution temporelle r´ esultant de (93) peut ˆ etre consid´ er´ ee comme un processus continu de destructions et cr´ eations de particules. La contribution de l’hamiltonien non perturb´ e (66) ` a ce processus est quasi triviale car la ~ destruction d’une particule d’impulsion k est alors imm´ ediatement suivie de la re-cr´ eation d’une particule de mˆ eme impulsion. Il est commode de mettre de cˆ ot´ e ce processus trivial en travaillant avec un nouveau vecteur d’´ etat : Φ(t) = eiH0 t Ψ (t).
(95)
Si I ´ etait nulle, Φ serait constant car, dans ce cas,
Ψ (t) = e−iH0 t Ψ (0).
En g´ en´ eral, on a, d’apr` es (95) et (93),
soit :
o` u
˙ (t) = eiH0 t − H0 Ψ (t) + iΨ ˙ (t) iΦ Z ~ I(0, x) ~ Ψ (t), = −eiH0 t d3 x Z ˙ ~ iI(x) Φ(t), Φ(t) = d3 x
~ e−iH0 t I(x) = eiH0 t I(0, x)
(96) (97)
n’est pas l’op´ erateur de Heisenberg original, car sa d´ ependance temporelle correspond ` a l’hamiltonien non perturb´ e. En recourant ` a (95) et (97), nous adoptons en fait une odinger. Dans cette repr´ esentation interm´ ediaire entre celles de Heisenberg et de Schr¨ repr´ esentation d’interaction, nouvelle, la d´ ependance temporelle due ` a l’hamiltonien non perturb´ e est plac´ ee dans les op´ erateurs, tandis que l’´ evolution du vecteur d’´ etat Φ n’est due qu’` a la perturbation. L’´ equation diff´ erentielle (96) peut se r´ e´ ecrire sous forme d’´ equation int´ egrale Φ(t) = Φ(−∞) +
Zt
d4 x ′ iI(x ′ ) Φ(t ′ ),
(98)
−∞
avec d4 x ′ = dx0′ dx1′ dx2′ dx3′ , et o` u seules les bornes de l’int´ egration sur t ′ sont indiqu´ ees, les autres int´ egrales ´ etant sans bornes. On peut r´ esoudre l’´ equation (98) en consid´ erant I petit. A l’ordre z´ ero, on n´ eglige totalement I, et Φ est constant : Φ(t) = Φ(−∞). Reportant cette approximation dans le deuxi` eme membre de (98), on obtient une estimation am´ elior´ ee : Φ(t) = Φ(−∞) +
Zt
d4 x ′ iI(x ′ ) Φ(−∞).
−∞
16 Introduisant celle-ci dans le deuxi` eme membre de (98), les choses s’am´ eliorent encore :
Φ(t) = Φ(−∞) +
Zt
d4 x ′ iI(x ′ ) Φ(−∞) +
−∞
Zt
d4 x ′
−∞
Zt ′
d4 x ′′ iI(x ′ ) iI(x ′′ ) Φ(−∞).
−∞
Et ainsi de suite, on obtient ` a chaque ´ etape un r´ esultat dont la pr´ ecision augmente d’une puissance suppl´ ementaire de la constante de couplage g. On trouve, de cette fac ¸on, Φ(∞) = S Φ(−∞), (99) o` u l’op´ erateur S est d´ efini, en th´ eorie des perturbations, par une s´ erie de puissances de la constante de couplage g : Z Z Z d4 x1 d4 x2 iI(x1 ) iI(x2 ) + · · · S = 1 + d4 x iI(x)+
(100)
t1 >t2
dont le terme g´ en´ eral est de la forme Z Z
Z · · · d4 x1 d4 x2 · · · d4 xn iI(x1 ) iI(x2 ) · · · iI(xn ),
(101)
t1 >t2 > ··· tn
et peut s’´ ecrire, plus commod´ ement, 1 n!
ZZ
Z
· · · d4 x1 d4 x2 · · · d4 xn T iI(x1 ), iI(x2 ), . . . , iI(xn ) .
(102)
Par convention, le symbole d’ordination temporelle T signifie que les op´ erateurs agissent non pas dans l’ordre o` u ils sont ´ ecrits, mais dans l’ordre de leurs arguments temporels respectifs. Au cours de l’int´ egration sur toutes les valeurs des temps, chaque contribution intervient n! fois, comptage multiple que l’on compense par l’intervention explicite du facteur (n!)−1 . ELEMENTS DE MATRICE S N´ ecessairement, l’op´ erateur S, comme I, est une combinaison d’op´ erateurs de cr´ eation et ~1 , k ~2 , . . .i = a+ (k ~1 ) a+ (k ~2 ) · · · |0i, de destruction. Lorsque l’´ etat Φ(−∞) est de la forme |k ~1 , k ~2 , . . .i est une superposition du type (83). L’amplitude f d’un ´ alors Φ(+∞) = S |k etat ′ ~′ ~ particulier |k1 , k2 , . . .i dans ladite superposition, vaut : ~′ , k ~′ , . . .) = hk ~′ , k ~′ , . . . | S |k ~1 , k ~2 , . . .i f (k 2 1 2 1 ~′ ) a(k ~′ ) · · · S a+ (k ~1 ) a+ (k ~2 ) · · · |0i. = h0| a(k 1 2
(103)
Les r` egles syst´ ematiques permettant de calculer ces ´ el´ ements de matrice S ont ´ et´ e´ etablies par Feynman, Dyson, et Wick. La contribution d’un terme particulier (102) dans l’expression (103) de l’´ el´ ement de matrice S, est une int´ egrale dont l’int´ egrande est de la forme h0|ABC · · · |0i,
(104)
o` u chaque op´ erateur A, B, etc., est soit un op´ erateur de cr´ eation ou de destruction, soit une combinaison lin´ eaire (comme l’op´ erateur de champ Φ) d’op´ erateurs de cr´ eation et de destruction.
17 Ecrivons A sous forme de combinaison : A = A+ + A− ,
(105)
o` u A+ est une combinaison lin´ eaire d’op´ erateurs de cr´ eation, et A− une combinaison d’op´ erateurs de destruction. Puisque h0| A+ = 0,
(106)
on peut laisser tomber A+ dans (104). Et puisque A− |0i = 0,
(107)
h0| A− BC · · · |0i = h0| A− , BC · · · |0i = h0| A− , B C · · · |0i + h0|B A− , C · · · |0i + etc.
(108)
on peut ´ ecrire :
Mais A− , B , somme de commutateurs d’op´ erateurs de cr´ eation et de destruction, est un nombre. On peut donc ´ ecrire, au moyen de (107) puis (108), A− , B = h0| A− , B |0i = h0|A− B|0i = h0|AB|0i.
(109)
Donc : h0|ABCD · · · |0i = h0|AB|0ih0|CD · · · |0i + h0|AC|0ih0|BD · · · |0i + etc. Dans l’expression h0|CD · · · |0i, on peut appliquer ` a C le traitement que l’on vient d’infliger ` a A, et ainsi de suite, jusqu’` a exprimer le r´ esultat enti` erement en termes de valeurs moyennes dans le vide de produits de paires. Il advient donc que h0|ABCD · · · |0i est ´ egal ` a la somme des produits de valeurs moyennes des paires : h0|AB|0ih0|CD|0i · · · + h0|AC|0ih0|BD|0i · · · + · · · ,
(110)
o` u la sommation s’´ etend ` a toutes les mani` eres possibles d’accoupler les op´ erateurs, l’ordre au sein de chaque paire restant celui du produit original. Remarquez que si les facteurs dans le produit original sont en nombre impair, alors le r´ esultat est nul car notre proc´ ed´ e de r´ eduction ci-dessus conduit finalement ` a prendre la valeur moyenne d’un seul op´ erateur, laquelle est nulle en vertu de (106) et (107). Le r´ esultat (110) constitue une partie du th´ eor` eme de Wick. Pour traiter du cas du champ scalaire φ, nous aurons besoin des valeurs moyennes de paires particuli` eres : ~ φ(x) |0i = e−ikx h0| a(k) ~ |0i = eikx h0| φ(x) a+ (k) Z ~ d3 k eik(x−y) , h0| φ(x) φ(y) |0i = 3 (2π ) 2k0
(111) (112) (113)
en vertu de (64) et (81). En fait, nous aurons plutˆ ot besoin du produit chronologiquement ordonn´ e T φ(x), φ(y) = Θ(x0 − y0 ) φ(x) φ(y) + Θ(y0 − x0 ) φ(y) φ(x).
18 Utilisant (113), on a h0| T φ(x), φ(y) |0i = Z 3~ e−iω(y0 −x0 ) e−iω(x0 −y0 ) d k ik·( ~ x− ~ y) ~ e + Θ(y − x ) Θ(x − y ) , 0 0 0 0 (2π )3 2ω 2ω
avec
q ~2 . ω = m2 + k
(114)
(115)
Jusqu’` a pr´ esent, nous avions not´ e cette quantit´ e k0 , mais nous allons maintenant avoir besoin de ce symbole pour un usage tout diff´ erent dans la repr´ esentation int´ egrale : Θ(t) e−iωt =
Z
i e−ik0 t dk0 , 2π k0 − (ω − iǫ)
(116)
o` u ǫ est petit, positif, et prend la valeur z´ ero apr` es calcul de l’int´ egrale. Le deuxi` eme membre de (114) devient, en utilisant (116), Z
~ dk0 d3 k (2π )3 2π
i eik(y−x) i eik(x−y) 1 + , k0 − (ω − iǫ) k0 − (ω − iǫ) 2ω
(117)
soit finalement, en changeant le signe des variables d’int´ egration dans le deuxi` eme terme : h0| T φ(x), φ(y) |0i =
Z
d4 k ik(x−y) 1 , e (2π )4 i (m − iǫ)2 + k2
(118)
o` u d4 k = dk0 dk1 dk2 dk3 . La quantit´ e (118) est appel´ ee le propagateur du champ de m´ eson scalaire. LES GRAPHES DE FEYNMAN Calculons par exemple l’amplitude de probabilit´ e qu’un ´ etat initial de deux particules, ~1 et k ~2 , finisse en deux particules, d’impulsions diff´ ~′ et k ~′ : d’impulsions k erentes k 1 2 ~′ , k ~′ | S − 1 |k ~1 , k ~2 i. hk 1 2
(119)
En vertu de (100) et (103), le terme d’ordre le plus bas en g s’´ ecrit Z ig ~′ ) a(k ~′ ) φ(x) φ(x) φ(x) φ(x) a+ (k ~1 ) a+ (k ~2 ) |0i. d4 x h0| a(k 1 2 4!
(120)
D’apr` es le th´ eor` eme de Wick, la valeur moyenne dans le vide est une somme de produits de valeurs moyennes de paires dans le vide. Si les impulsions prim´ ees sont diff´ erentes des non prim´ ees, il est inutile de consid´ erer les accouplements d’op´ erateurs de cr´ eation et d’annihilation, car ~ a(k ~′ ) |0i = h0| a+ (k) ~ a+ (k ~′ ) |0i = 0 h0| a(k) q ~2 δ3 (k ~−k ~′ ). ~ a+ (k ~′ ) |0i = (2π )3 2 m2 + k h0| a(k)
(121)
Chaque a ou a+ doit donc ˆ etre accoupl´ e avec l’un des quatre φ. Il y a, pour cela, 4! fac ¸ons contribuant chacune, d’apr` es (111) et (112), pour le mˆ eme produit de facteurs. Ainsi donc, (120) est ´ egal ` a Z ′ ′ ig d4 x ei(k1 +k2 −k1 −k2 )x = ig (2π )4 δ4 (k1 + k2 − k′1 − k′2 ).
(122)
19 Remarquez que les transitions ne se produisent que vers des ´ etats de mˆ emes ´ energie et impulsion totales que l’´ etat initial. Nous verrons plus loin comment les ´ el´ ements de matrice de S − 1 sont reli´ es aux sections efficaces diff´ erentielles. Passant au second ordre en g, nous obtenons, d’apr` es (100), une contribution ` a (119) : Z 1 ig ig ~′ ) a(k ~′ ) T φ4 (x), φ4 (y) a+ (k ~1 ) a+ (k ~2 ) |0i. d4 x d4 y h0| a(k (123) 1 2 2! 4! 4!
On peut encore calculer la valeur moyenne dans le vide ` a l’aide du th´ eor` eme de Wick. Mais il y a maintenant plusieurs combinaisons d’accouplements qui contribuent. Ces diverses combinaisons se repr´ esentent commod´ ement avec les graphes de Feynman. Par exemple, le graphe
(124)
indique l’accouplement des op´ erateurs de cr´ eation initiaux avec deux op´ erateurs de champ φ de la mˆ erateurs d’annieme interaction (ou vertex), et l’accouplement des op´ a coupler hilation finals avec deux φ de l’autre vertex, laissant deux φ en chaque vertex ` ¸ons d’accoupler les deux a+ avec deux avec les deux φ de l’autre vertex. Il y a (4 × 3) fac ¸ons d’accoupler les deux a avec deux des des quatre φ en un vertex. Il y a aussi (4 × 3) fac quatre φ de l’autre vertex. Et pour chacune de ces (4 × 3)2 possibilit´ es, il y a encore deux fac ¸ons d’accoupler les φ restants. Enfin, les rˆ oles des deux vertex sont interchangeables. a (123), identiques, du type (124) : Il y a donc en tout (4!)2 contributions ` Z Z 4 Z 4 eip(x−y) d q eiq(x−y) d p 1 2 4 4 −i(k′1 +k′2 )x (ig) d x d y e ei(k1 +k2 )y . (125) 2 (2π )4 i(m2 + p 2 ) (2π )4 i(m2 + q2 ) L’int´ egration sur x et y dans (125) donne un facteur (2π )4 δ4 (k′1 + k′2 − p − q) (2π )4 δ4 (p + q − k1 − k2 ).
(126)
De cette fac ¸on, on peut, en toute g´ en´ eralit´ e, associer des quadri-impulsions (p1 , p2 , . . .) aux lignes internes des graphes de Feynman, comme (k1 , k2 , . . .) sont associ´ ees aux lignes externes. En toute g´ en´ eralit´ e, les int´ egrations d’espace-temps impliquent la conservation de l’impulsion-´ energie ` a chaque vertex, comme dans (126). On peut r´ e´ ecrire le produit (126) sous la forme (2π )4 δ4 (k′1 + k′2 − k1 − k2 ) (2π )4 δ(p + q − k1 − k2 ), moyennant quoi la contribution (125) devient Z 4 d p 1 1 1 ′ ′ 2 4 4 . (127) (ig) (2π ) δ (k1 + k2 − k1 − k2 ) 4 2 2 2 2 (2π ) i(m + p ) i m + (p − k1 − k2 )2
Remarquez qu’il y a plusieurs autres graphes de Feynman du mˆ eme ordre que (124). Par exemple :
(128)
20 qui repr´ esente une configuration o` u les op´ erateurs de cr´ eation initiaux sont accoupl´ es ` a des φ en des vertex diff´ erents. La contribution correspondante se d´ eduit de (127), moyennant la substitution k2 −→ −k′1 (129) k′1 −→ −k2 . Le diagramme restant de ce type,
(130)
donne une contribution d´ eduite de (127) par la substitution : k2 −→ −k′2
k′2 −→ −k2 .
(131)
Il existe une mani` ere plus relˆ ach´ ee de parler des graphes de Feynman, commode si elle n’est pas prise trop au pied de la lettre. On peut dire que (124) repr´ esente un processus au cours duquel les particules initiales sont annihil´ ees en un point donn´ e, avec cr´ eation, ees ` a leur tour en ce mˆ eme point, de deux particules interm´ ediaires (ou virtuelles), annihil´ en un autre point o` u les particules finales sont cr´ e´ ees. On peut raconter des histoires semblables sur (128) et (130). Dans la contribution au premier ordre, (120) alias (122), les particules initiales sont annihil´ ees, et les particules finales cr´ e´ ees, au mˆ eme point :
(132)
autrement dit, tous les φ en jeu ont le mˆ eme argument. Notez que dans nos graphes de Feynman, comme dans nos ´ el´ ements de matrice, nous mettons les particules initiales ` a droite, et les particules finales ` a gauche. De nombreux auteurs adoptent cette disposition dans les ´ el´ ements de matrice, et l’inverse dans les graphes. D’autres, embarass´ es par ce renversement de convention, aussi total qu’arbitraire, transigent : ils mettent l’´ etat initial au bas de leurs graphes, et l’´ etat final en haut. LA RENORMALISATION D’apr` es (122) et (127) : hk′1 , k′2 | S − 1 |k1 , k2 i = (2π )4 δ4 (k′1 + k′2 − k1 − k2 ) i M(k′1 , k′2 , k1 , k2 ), avec
M=g
g 1+ 2
Z
! d4 p 1 1 + ··· . (2π )4 (m2 + p 2 ) i m2 + (k1 + k2 − p)2
(133)
(134)
Au vu de ce genre d’expression, il est clair que la relation entre l’amplitude de diffusion M et la constante de couplage g, telle qu’elle est d´ efinie jusqu’` a pr´ esent, n’est gu` ere ´ evidente. Mais on peut red´ efinir g en sorte que cette relation soit plus visible. Au lieu d’une interaction de la forme g 4 φ , 4!
21 prenons plutˆ ot :
g g0 4 φ , (135) 1 + Ag + Bg 2 + · · · φ4 = 4! 4! o` u A et B sont des constantes qui restent ` a choisir. Ceci n’est qu’une red´ efinition du param` etre g, pr´ ec´ edemment not´ e g et maintenant appel´ e g0 . Nous pouvons parfaitement, si nous le souhaitons, choisir les constantes A, B, . . ., en sorte que la valeur de M, pour des impulsions choisies, soit enti` erement donn´ ee par le premier terme. Proc´ edons ainsi ` a partir de k1 = k2 = k′1 = k′2 = 0. En fait, ce ne sont pas des valeurs physiques correspondant ` a des particules massives ; n´ eanmoins, ce sont des valeurs o` u l’amplitude de diffusion physique peut ˆ etre prolong´ ee analytiquement. Posons donc :
M(0, 0, 0, 0) = g.
(136)
Remplac ¸ons g par g0 dans (134), et d´ eveloppons en puissances du nouveau g selon (135) : ! Z 4 d p 1 1 g + ··· . (137) M = g 1 + Ag + 2 (2π )4 (m2 + p 2 ) i m2 + (p − k1 − k2 )2
Alors, (136) entraˆıne
A=− et g M=g 1+ 2
Z
1 2
d4 p 1 2 4 (2π ) i(m + p 2 )
Z
d4 p 1 4 2 (2π ) i(m + p 2 )2
1 1 − 2 2 2 m + (p − k1 − k2 ) m + p2
(138)
!
+ ··· .
(139)
Non seulement on a maintenant un param` etre g plus proche de l’observable M, mais on b´ en´ eficie d’une prime : l’int´ egrale dans (139) est convergente alors que l’int´ egrale dans (134) ´ etait en fait divergente. Cette divergence a ´ et´ e repouss´ ee dans la quantit´ e A, dans (138), c’est-` a-dire dans la d´ efinition de g0 . De nouveau, nous sommes amen´ es ` a tol´ erer la pr´ esence dans le lagrangien de quantit´ es infinies (ou qui croissent sans limite lorsqu’on repousse une borne) afin d’obtenir des grandeurs physiques finies. L’´ etude des autres graphes nous conduirait ` a administrer le mˆ eme traitement au terme de masse dans le lagrangien, ` a savoir remplacer m2 φ2 par (m2 + A′ g + B ′ g 2 + · · ·)φ2 = m02 φ2 .
(140)
Nous trouverions que m peut endosser le rˆ ole de masse physique, et annuler certaines divergences dans les expressions des grandeurs physiques, si l’on permet aux constantes A′ , B ′ , etc. de prendre des valeurs infinies. Les quantit´ es m0 et g0 , autrement dit les coefficients r´ esultants devant φ2 et φ4 dans le lagrangien, sont appel´ ees respectivement masse et constante de couplage nues, ou non renormalis´ ees. Les param` etres finis m et g sont appel´ es masse et constante de couplage renormalis´ ees, ou physiques. Exprim´ ot que m0 ee en termes de m et g, plutˆ et g0 , la th´ eorie φ4 fournit des int´ a egrales finies pour tous les ´ el´ ements de matrice S ` tous les ordres du d´ eveloppement perturbatif. On dit, dans ce cas, que la th´ eorie est renormalisable. Il est commode, ` a certaines fins, d’introduire un op´ erateur de champ renormalis´ e φr : φ = Z 1/2 φr
Z 1/2 = 1 + A′′′ g + B ′′′ g 2 + · · ·
(141)
Cela facilite les red´ efinitions finies de quantit´ es auxiliaires de la th´ eorie, les divergences ´ etant transf´ er´ ees aux coefficients A′′′ , B ′′′ , . . . On appelle ce proc´ ed´ e la renormalisation de la fonction-d’onde, et Z la constante de renormalisation de la fonction-d’onde. Les termes suppl´ ementaires introduits dans le lagrangien, mettant en jeu les divers coefficients A, A′ , A′′′ , . . . , B, B ′ , B ′′′ , . . ., etc., ne sont chacun que des multiples des termes originellement pr´ esents. On les nomme contre-termes de renormalisation. On ne s’y r´ ef` ere en r´ ealit´ e, dans les calculs de perturbation, que pour la suppression des parties divergentes des int´ egrales de Feynman.
22 PROBABILITES DE TRANSITION ET SECTIONS EFFICACES Les ´ el´ ements de matrice S pour la diffusion de particules stables ont, en toute g´ en´ eralit´ e, la forme d´ ej` a vue dans (133) : P ′ P k − k i M k′1 , k′2 , . . . , k1 , k2 , . . . , (142) hk′1 , k′2 , . . . | S − 1|k1 , k2 , . . .i = (2π )4 δ4
o` u l’on trouve une fonction delta assurant la conservation de l’impulsion-´ energie, et une amplitude invariante de Lorentz, M. Etudions maintenant l’interpr´ etation de M en termes de probabilit´ es de transition et de sections efficaces. Supposons encore, pour simplifier, qu’il n’y a que deux particules dans l’´ etat initial, ainsi que dans l’´ etat final. Pour invoquer l’interpr´ etation probabiliste, nous devons recourir ` a des ´ etats normalisables. Au lieu de sp´ ecifier des impulsions k1 et k2 bien d´ efinies, nous construisons donc l’´ etat initial avec des paquets d’ondes normalis´ es : Z Z ~1 ~2 d3 p d3 p ~1 ) g(p ~2 )|p ~1 , p ~2 i, f (p (143) (2π )3 2p10 (2π )3 2p20 o` u les fonctions f et g sont normalis´ ees, Z Z 2 2 ~1 ~2 d3 p d3 p f (p g(p ~ ~2 ) = 1, ) = 1 3 3 (2π ) 2p10 (2π ) 2p20
(144)
~1 et k ~2 respectivement ; autrement dit, les valeurs et ont une forme de pic aux alentours de k ~1 et p ~2 . La probabilit´ ~1 ≈ k ~2 ≈ k d’impulsions qui contribuent effectivement sont donc p e 3 ~′ 3 ~′ que les impulsions finales soient dans l’´ el´ ement d k1 d k2 vaut donc : ~′ ~′ d3 k d3 k 2 1 (2π )3 2k′10 (2π )3 2k′20 ZZZZ ~2 ~1 ~2 ~1 d3 p d3 q d3 q d3 p × 3 3 3 3 (2π ) 2p10 (2π ) 2p20 (2π ) 2q10 (2π ) 2q20 ∗ ~1 ) g(p ~2 ) M k′1 , k′2 , q1 , q2 M k′1 , k′2 , p1 , p2 × f ∗ (~ q1 ) g ∗ (~ q 2 ) f (p × (2π )4 δ4 k′1 + k′2 − q1 − q2 (2π )4 δ k′1 + k′2 − p1 − p2 . (145) Grˆ ace ` a la premi` ere fonction δ, la seconde peut ˆ etre remplac´ ee par δ4 q1 + q2 − p1 − p2 . ~1 et k ~2 , l’ensemble de l’expression Usant du fait que f et g sont des pics aux environs de k peut s’´ ecrire dP × X, (146) avec : dP = X=
~′ ~′ d3 k d3 k 2 2 1 ′ ′ ′ ′ 4 4 , M k , k , k , k (2π ) δ k + k − k − k 1 2 1 2 1 2 1 2 ′ ′ (2π )3 2k10 (2π )3 2k20
ZZZZ
(147)
~1 ~2 ~1 ~2 d3 p d3 p d3 q d3 q 3 3 3 (2π ) 2p10 (2π ) 2p20 (2π ) 2q10 (2π )3 2q20
~1 ) g(p ~2 ) (2π )4 δ4 q1 + q2 − p1 − p2 . × f ∗ (~ q1 ) g ∗ (~ q 2 ) f (p
(148)
Mais X a une interpr´ etation simple en termes d’ondes de de Broglie spatio-temporelles des paquets d’ondes donn´ es : Z ~1 d3 p e ~1 ) eip1 x f (p f (x) = (2π )3 2p10 (149) Z ~2 d3 p ip2 x e ~2 ) e g(x) = g(p . (2π )3 2p20
23 Utilisant celles-ci, ainsi que leurs conjugu´ ees fe∗ (x) =
Z
~1 d3 q f ∗ (~ q1 ) e−iq1 x (2π )3 2q10
Z
~2 d3 q e (x) = g ∗ (~ q2 ) e−iq2 x , g 3 (2π ) 2q20 ∗
pour calculer l’int´ egrale de recouvrement Z 2 2 e , d4 x fe g
(150)
(151)
on trouve que cette derni` ere vaut pr´ ecis´ ement X. Donc X mesure le recouvrement des paquets d’ondes dans l’espace-temps, recouvrement n´ ecessaire pour qu’une interaction ` a courte port´ ee donne lieu ` a diffusion. e D’apr` Nous n’avons encore rien dit ` a propos des normes de fe et g. es un th´ eor` eme standard d’analyse de Fourier, on a Z
2 2 Z d3 p ~1 ~1 ) f (p ~ t) = ~ fe(x, d3 x (2π )3 2p10 ≈
1 , 2k10
(152)
en utilisant la normalisation (144), et la valeur approch´ ee (2k10 )−1 pour le facteur (2p10 )−1 dans l’int´ egrande. Pour des paquets d’ondes planes ´ etendus, ou tr` e2s pointus dans l’espace ~ t) comme des impulsions, on peut donc interpr´ eter la quantit´ e 2k10 fe(x, densit´ e de une 2 ~ ` e x, ~ t) relative probabilit´ e de position x, a l’instant t. De mˆ eme pour la quantit´ e 2k20 g( ` a la deuxi` eme particule. On peut alors r´ eexprimer le r´ esultat (146) sous la forme suivante : la probabilit´ e de transition, par unit´ e de volume et par unit´ e de temps, au pav´ e sp´ ecifi´ e de l’espace des impulsions finales, vaut ρ1 ρ2 , (153) dP 2k10 2k20 o` u ρ1 et ρ2 sont les densit´ es de probabilit´ e respectives des deux particules au point de l’espace en question, ` a l’instant donn´ e. Ce r´ esultat concerne d’abord un syst` eme de deux particules, et non un syst` eme de deux faisceaux, ou un faisceau incident sur une cible mat´ erielle. Mais dans la mesure o` u faisceaux et mat´ eriaux sont assez dilu´ es pour que les effets ` a N-corps soient n´ egligeables, e par (147) on obtient le r´ esultat d´ esir´ e par simple multiplication. En ce sens, dP donn´ est le taux de transition, par unit´ e de volume et par unit´ e de temps, pour des faisceaux e de volume respectivement. La mˆ eme concourants de 2k10 et 2k20 particules par unit´ quantit´ e, exprim´ ee en fonction d’une section efficace diff´ erentielle, s’´ ecrit : ~1 − v ~ 2 (2k10 ) (2k20 ), dP = dσ v (154)
~ 1 et v ~ 2 . On peut ainsi exprimer pour des faisceaux dont les vitesses sont respectivement v la section efficace diff´ erentielle en fonction de l’´ el´ ement de matrice. Nous nous sommes content´ es de consid´ erer le cas de deux particules dans l’´ etat initial et deux particules dans l’´ etat final. Mais c’est un r´ esultat tout ` a fait g´ en´ eral. Avec N faisceaux concourants, chacun de 2kn0 particules par unit´ e de volume, n = 1, . . . , N, la probabilit´ e de transition, par unit´ e de volume et par unit´ e de temps, aux impulsions sp´ ecifi´ ees, k′1 , . . . , k′M , vaut : dP =
P ~′ PN d3 k 2 M ′ m ′ ′ (2π )4 δ4 1 km − 1 kn M k1 , . . . , kM , k1 , . . . kM . 3 (2π ) 2km0 m=1 M Y
(155)
24 Cette formule convient mˆ eme s’il n’y a qu’une particule dans l’´ etat initial — c’est-` adire dans le cas de la d´ esint´ egration d’une particule instable —, dans la mesure o` u le calcul est limit´ e` a l’ordre le plus bas de l’interaction d´ esint´ egratrice. Dans ce cas, bien sˆ ur, les particules finales sont diff´ erentes de, et plus l´ eg` eres que, la particule initiale. A partir du taux de transition dP , par unit´ e de volume et par unit´ e de temps, d’un faisceau de 2k0 particules par unit´ e de volume, on obtient le taux total de d´ esint´ egration par particule : Z 1 X Γ = dP , (156) 2k0 avec int´ egration sur les impulsions finales, et sommation sur les voies finales. Dans le cas de la d´ esint´ egration d’une particule instable, la formule (146) pr´ esente une particularit´ e car : Z 2 X = d4 x fe(x) Z −1 ≈ dt 2k10
= ∞.
Cela signifie que le paquet d’ondes de l’unique particule n’a pas besoin de recouvrir quoi que ce soit pour que la d´ esint´ egration se produise. A l’ordre le plus bas de la th´ eorie des perturbations, les effets r´ etroactifs de diminution de l’amplitude de l’´ etat initial ne sont pas pris en compte, en sorte que le processus semble continuer ind´ efiniment. Pour inclure ces effets, il faut modifier (dans le cas d’une particule instable) non seulement l’amplitude M dans (155), mais le facteur de conservation de l’impulsion-´ energie. Pour Γ petit, et dans le rep` ere du centre de masse, la fonction delta conservatrice de l’´ energie est remplac´ ee par le facteur de Breit-Wigner-Weisskopf : 2π δ(E − E ′ ) −→
(E ′
Γ e−Γ t , − E)2 + (Γ /2)2
(157)
o` u t est le temps ´ ecoul´ e depuis la cr´ eation de la particule instable. LE CHAMP VECTORIEL Envisageons maintenant un champ de quadrivecteurs de Lorentz : Aµ = (A1 , A2 , A3 , A4 = iA0 ),
(158)
o` u, au stade classique, A1 , A2 , A3 , et A0 , sont r´ eels. La densit´ e lagrangienne invariante de Lorentz non triviale, la plus simple, est L = − 12 (∂µ Aν )(∂µ Aν ) − 21 m2 Aν Aν ,
(159)
avec sommations sur µ et ν. A premi` ere vue, ce n’est qu’une somme de quatre contributions du type (57), une pour chaque composante. Mais comme A4 est imaginaire, la quatri` eme contribution intervient avec un signe oppos´ e aux autres, et l’´ energie associ´ ee est n´ egative. Il faut donc s’attendre ` a des ennuis lorsque, au cours de l’´ elaboration de la th´ eorie quantique, on postule l’existence d’un ´ etat d’´ energie fondamental (vide). Continuons n´ eanmoins, avec l’espoir de parvenir ` a surmonter ces probl` emes. Le conjugu´ e canonique de Aµ est ˙µ , Πµ = A
(160)
et nous disposons du commutateur aux temps ´ egaux correspondant :
~ Πν (t, y) ~ = i δµν δ3 (x ~ − y). ~ Aµ (t, x),
(161)
25 Essayons ` a nouveau une d´ ecomposition en op´ erateurs de cr´ eation et de destruction : Aµ = Πµ =
XZ
(162)
k ~ d3 k 0 ~ s) uµ (k, ~ s) eikx − a+ (k, ~ s) uµ (−k, ~ s) e−ikx . a( k, (2π )3 2k0 i
(163)
s
XZ s
~ d3 k ~ s) uµ (k, ~ s) eikx + a+ (k, ~ s) uµ (−k, ~ s) e−ikx a( k, (2π )3 2k0
~ s) (s = 1, 2, 3, 4) sont des ensembles de quatre quadrivecteurs constants, choisis Les u(k, ~ = 0, pour convenance. Prenons, pour k u(1) = (1, 0, 0, 0)
u(2) = (0, 1, 0, 0)
u(3) = (0, 0, 1, 0) u(4) =
(164)
(0, 0, 0, i)
~ 6= 0, par le truchement ` a partir desquels nous obtenons des vecteurs associ´ es ` a k de la transformation de Lorentz qui fait passer de l’impulsion au repos (0, 0, 0, im) ` a ~ s) = u(k, ~ s). Notez l’impulsion voulue (k1 , k2 , k3 , k4 ). Remarquez que l’on a ainsi u(−k, ´ egalement que X ~ s) uν (k, ~ s) = δµν , g(s) uµ (k, (165) s
avec g(1) = g(2) = g(3) = −g(4) = +1, identit´ e que l’on peut v´ erifier explicitement ` a l’aide de (164), et qui est pr´ eserv´ ee lors des transformations de Lorentz. Alors, (160) est une cons´ equence de (162) et (163), si X X ~ s ′ ) uν (k, ~ s ′ ) = δµν , ~ s) uµ (k, ~ s) , a+ (k, a(k, s
s′
ou, avec (165), si : h i ~ s), a+ (k ~′ , s ′ ) = g(s) (2π )3 2k0 δ3 (k ~−k ~′ ) δss ′ . a(k,
(166)
Les ennuis redout´ es se manifestent maintenant, pour s = 4 : h i ~ 4), a+ (k ~′ , 4) = −δ3 (k ~−k ~′ ) (2π )3 2k0 . a(k, ~ 4)|0i = 0, Si nous supposons l’existence d’un ´ etat fondamental vide, avec la propri´ et´ e a(k, on a alors : ~ 4) a+ (k ~′ , 4)|0i = −(2π )3 2k0 δ3 (k ~−k ~′ ). h0|a(k, (167) Cela entraˆıne que le paquet d’ondes Z
~ d3 p ~ a+ (p, ~ 4)|0i f (p) (2π )3 2p0
a une norme n´ egative : −
Z
2 ~ d3 p f (p) ~ . 3 (2π ) 2p0
(168)
Nous nous sommes donc, d’une certaine fac ¸on, ´ ecart´ es du sentier de la m´ ecanique quantique ordinaire. Peut-ˆ etre ne devrions nous plus parler de conjugaison hermitique ` a propos de l’op´ eration a ⇌ a+ , et de la r` egle correspondante pour le produit : (AB)+ = B + A+ .
(170)
26 Et pourtant, les valeurs moyennes d’un op´ erateur autoconjugu´ e dans cette nouvelle acception, sont r´ eelles. Un hamiltonien autoconjugu´ e dans ce sens conserve la norme d´ efinie par g´ en´ eralisation de (167) aux ´ etats ` a plusieurs particules. Il n’y a donc d’autre difficult´ e que l’apparition d’´ etats de norme n´ egative — qui compliquent l’interpr´ etation probabiliste. Mais il se trouve que pour certaines formes d’interaction, les ´ el´ ements de matrice S vers, ou depuis, des ´ etats contenant des quanta du quatri` eme type, non physiques, sont tout simplement nuls. Les normes n´ egatives ne se manifestent donc pas dans les probabilit´ es de transition qui constituent l’interpr´ etation des ´ el´ ements de matrice S ; pour ce qui est de la matrice S tout au moins, il n’y a donc aucun probl` eme. Comment cela se produit-il ? Il faut ´ ecrire les ingr´ edients de base des r` egles de Feynman pertinentes, les valeurs des paires dans le vide calcul´ ees ` a l’aide de (162) : δµν 1 h0|T Aµ (x), Aν (y) |0i = i (m − iǫ)2 + k2
(171)
~ s)|0i = g(s) uµ (k, ~ s) h0|Aµ (x) a+ (k,
(172)
~ s) Aµ (x)|0i = g(s) uµ (−k, ~ s). h0|a(k,
(173)
Notez en particulier qu’il y a une fonction-d’onde de spin u pour chaque particule initiale ou finale, en sorte que l’´ el´ ement de matrice de diffusion ! k′1 k′2 M ′ , ′ ,... s1 s2 est de la forme
uµ (k′1 , s1′ ) uν (k′2 , s2′ ) · · · Mµν... k′1 , k′2 , . . . .
(174)
Une condition suffisante pour que les ´ el´ ements de matrice dans lesquels interviennent des quanta non physiques soient nuls est donc que : k′1µ Mµν... = 0 k′2ν Mµν... = 0
(175)
etc. Ces ´ equations sont des cas particuliers d’identit´ es dites «de Ward-Takahashi». Elles sont valides lorsque l’interaction satisfait ce que l’on appelle l’«invariance de jauge». L’´ electrodynamique quantique (qui implique, en temps voulu, la limite m → 0) peut ˆ etre formul´ ee de cette mani` ere. Vous entendrez parler par ailleurs de l’invariance de jauge g´ en´ eralis´ ee dont jouissent les modernes th´ eories de champs unifi´ ees. Il existe une autre fac ¸on de neutraliser les quanta du quatri` eme type, non physiques. On peut les alourdir, en sorte que la conservation de l’´ energie empˆ eche leur production par les particules ordinaires aux ´ energies ordinaires. Il faut pour cela modifier le lagrangien (159). On connaˆıt, en fait, d’autres invariants bilin´ eaires que l’on pouvait ajouter ` a celui-ci : (∂µ Aν )(∂ν Aµ ) et (∂µ Aµ )(∂ν Aν ). En r´ ealit´ e, ces quantit´ es apportent des contributions ´ egales ` a l’int´ egrale d’action, comme le montre une int´ egration par parties, et il suffit donc de n’en consid´ erer qu’une. Ajoutons ` a (159) le terme : − 21 α (∂µ Aµ )2 . Les ´ equations du mouvement de Lagrange deviennent : ∂µ ∂µ − m2 Aν + α ∂ν ∂µ Aµ = 0.
(176)
(177)
Pour des solutions en ondes planes, requises pour ´ ecrire (162), on doit donc avoir : k2 + m2 uν + α kν kµ uµ = 0. (178)
27 ~= Puisque kµ uµ = 0 dans les cas s = 1, 2 ou 3 (cons´ equence imm´ ediate de (164) lorsque k 0, et plus g´ en´ eralement ` a cause de l’invariance de Lorentz de kµ uµ ), on a : k2 + m2 = 0 q ~2 , k0 = m 2 + k
comme auparavant. Mais dans le cas s = 4, puisque uµ ∝ kµ , on a : (1 + α)k2 + m2 = 0 s
m2 ~2 . +k (179) 1+α √ La masse des quanta non physiques vaut donc m/ 1 + α, et peut ˆ etre rendue arbitrairement grande ` a la limite α → −1. Apr` es int´ egration par parties, le lagrangien (159), additionn´ e de (176), est ´ equivalent ` a: k0 =
1 4 ∂µ Aν ∂ν Aµ 1 + 4 ∂µ Aν ∂ν Aµ + 41 ∂ν Aµ ∂µ Aν 1 − 2 (α + 1)(∂µ Aµ )2 − m2 A2µ
− 14 ∂µ Aν ∂µ Aν −
1
1
1
= − 4 (∂µ Aν − ∂ν Aµ )2 − 2 m2 A2µ − 2 (α + 1)(∂µ Aµ )2 . (180)
Lorsque α = −1, c’est la forme standard de la densit´ e lagrangienne d’un m´ eson vectoriel massif. D’apr` es (162) et (179), le propagateur est maintenant h0|T Aµ (x) Aν (y) |0i = Z
d4 k ik(x−y) 1 e (2π )4 i
δµν − kµ kν /k2 kµ kν /k2 + . (m − iǫ)2 + k2 (m − iǫ)2 + (1 + α)k2
(181)
Lorsque α = −1, sa transform´ ee de Fourier prend la forme standard du m´ eson vectoriel massif : δµν + kµ kν /m2 . (182) (m − iǫ)2 + k2 Bien que (182) soit d´ ebarass´ e des ennuis de normes n´ egatives, il y a un autre probl` eme. Le propagateur ne d´ ecroˆıt pas lorsque k est grand. Les int´ egrales associ´ ees aux boucles dans les graphes de Feynman divergent donc gravement, et il s’ensuit g´ en´ eralement des divergences qui subsistent apr` es renormalisation. Ce genre de th´ eorie est dit «non renormalisable». Toutefois, dans les th´ eories suffisamment invariantes de jauge, les termes d’aspect menac ¸ant (kµ kν /m2 ) peuvent, en vertu des identit´ es de Ward-Takahashi g´ en´ eralis´ ees, ˆ etre mis sous des formes moins dangereuses. On a effectivement construit, ces derni` eres ann´ ees, des th´ eories renormalisables avec des m´ esons vectoriels. Nous venons de voir, pour α = 0 et α = −1, des th´ eories de m´ esons vectoriels apparemment diff´ erentes. Dans ces deux cas, nous avons identifi´ e des difficult´ es, et signal´ e la possibilit´ e de les r´ esoudre avec des interactions invariantes de jauge. Plus tard, nous verrons aussi qu’avec suffisamment d’invariance de jauge, on n’a pas l` a, en fait, deux th´ eories diff´ erentes mais des formulations diff´ erentes de la mˆ eme th´ eorie. On peut alors faire appel ` a l’une des versions lorsqu’on veut mettre en ´ evidence la renormalisabilit´ e, et ` a l’autre quand on veut montrer l’absence de probl` eme li´ e aux normes n´ egatives.
28 VIDE NU ET VIDE REEL L’´ etat d´ enomm´ e jusqu’` a pr´ esent «vide», et not´ e |0i, sera appel´ e dor´ enavant vide «nu». C’est un ´ etat propre de la seule partie libre de l’hamiltonien : H0 |0i = 0.
(183)
Nous allons bientˆ ot avoir besoin du concept de vide «r´ eel», ` a savoir l’´ etat fondamental |0i du syst` eme en interaction : H |0i = 0. (184) Nous supposons ici que vide nu et vide r´ eel ont tous deux une ´ energie nulle. Si n´ ecessaire, on introduit un contre-terme trivial, un c-nombre, dans H pour supprimer tout d´ ecalage d’´ energie. ement reli´ es l’un ` a l’autre au moyen de Les deux ´ etats, |0i et |0i, sont commod´ l’«hypoth` ese adiabatique». Selon cette hypoth` ese, si la constante de couplage varie lentement en fonction du temps, l’´ etat fondamental associ´ e` a la valeur initiale de g ´ evolue de concert vers l’´ etat fondamental associ´ e` a la valeur finale. Il est commode de travailler dans la repr´ esentation d’interaction : dΦ(t) = −i HI (t) Φ(t), dt
avec
(185)
Z
~ I(x), HI (t) = − d3x
(186)
et la constante de couplage dans I assujettie au branchement adiabatique g −→ g e−α|t| ,
(187)
avec α petit. La solution it´ erative de (185) peut s’´ ecrire formellement :
Φ(t2 ) = T e
−i
t2 dt HI (t) t1
Φ(t1 ).
(189)
|0i,
(190)
L’hypoth` ese adiabatique implique alors, en particulier, |0i = T e
−i
0
dt HI (t)
−∞
dans la limite α → 0. On peut v´ erifier explicitement en th´ eorie des perturbations que, dans cette limite, (184) r´ esulte bien de (183) et (190). De la mˆ eme mani` ere, la solution it´ erative de la conjugu´ ee de (185) conduit ` a +
+
Φ (t1 ) = Φ (t2 ) T e
−i
t2 dt HI (t) t1
,
(191)
d’o` u, par hypoth` ese adiabatique,
h0| = h0| T e
−i
∞ dt HI (t) 0
.
(192)
Ce r´ esultat peut lui aussi ˆ etre confirm´ e explicitement par d´ eveloppement perturbatif. Semblable ` a cette distinction entre vides «nu» et «r´ eel», existe une distinction entre ´ etats de particule «nus» et «r´ eels». Jusqu’` a pr´ esent, nos ´ el´ ements de matrice S reliaient des ´ etats de particules nus, construits par applications d’op´ erateurs de cr´ eation et d’annihilation nus au vide nu. Mais, par extension de l’hypoth` ese adiabatique, ces mˆ emes ´ el´ ements de matrice, dans la mesure o` u les limites t → ±∞ dans les int´ egrales
29 sont soigneusement d´ efinies par branchement adiabatique, conviennent pour les ´ etats de particules r´ eels correspondants. On suppose qu’avec ce branchement se produisant surtout avant et apr` es le recouvrement des paquets d’ondes, les ´ etats r´ eels sont d’abord ´ engendr´ es par les etats nus et finissent par d´ eg´ en´ erer en ´ etats nus. Il n’y a qu’un endroit o` u ces limites t → ±∞ s’av` erent d´ elicates en pratique. C’est lorsqu’on a affaire ` a des graphes de Feynman avec «insertions dans les lignes externes». Consid´ erons un graphe du genre
(193)
dans lequel les globules repr´ esentent des sous-structures arbitrairement compliqu´ ees. On peut consid´ erer que ce graphe est engendr´ e par un graphe de base
(194)
avec insertion d’une sous-structure dans une ligne externe. A la ligne interne figurant dans (193) est associ´ e un facteur −1 i(m2 + k2 ) , (195)
o` u, par conservation, k est la quadri-impulsion de la ligne externe. Mais, comme les lignes externes se rapportent ` a des particules r´ eelles, on a m2 + k2 = 0, et (195) est infini. Une renormalisation correcte de la masse engendre en r´ ealit´ e un z´ ero dans le facteur associ´ e au globule ins´ er´ e, et il reste ` a interpr´ eter (0/0). C’est ` a ce stade qu’il faut r´ eexaminer le passage d´ esinvolte aux limites t → ±∞ dans les int´ egrales. Un branchement adiabatique soigneux conduit ` a la prescription qui suit. L’effet de toutes les insertions possibles dans une ligne externe se r´ eduit ` a une multiplication de la contribution du graphe irr´ eductible de base par un facteur Z 1/2 , o` u Z est une constante caract´ eristique de la particule ` a laquelle se rapporte la ligne en question. Cette constante Z est en fait la «constante de renormalisation de la fonction-d’onde» mentionn´ ee plus haut. LES FONCTIONS DE GREEN Etroitement reli´ ees au ´ el´ ements de matrice S, et souvent plus commodes pour les d´ eveloppements th´ eoriques, nous avons ce qu’on nomme les «fonctions de Green». Ce sont les valeurs moyennes, dans le vide, des produits ordonn´ es des op´ erateurs de champ de Heisenberg. Pour un champ vectoriel, par exemple, (196) Gµν... (x, y, . . .) = h0|T Aµ (x) Aν (y) · · · |0i.
Ici, nous soulignons les champs, et le vide, pour les distinguer des champs libres (ou en repr´ esentation d’interaction), et du vide nu, dont nous allons bientˆ ot avoir besoin. La relation entre op´ erateurs en repr´ esentations de Heisenberg et d’interaction est dict´ ee par la condition que leurs ´ el´ ements de matrice, dans les ´ etats Φ(0) et Φ(t) respectivement, soient ´ egaux. D’apr` es la relation entre ´ etats (189), on a : Aµ (x) =
Te
−i
t !+ dt ′ HI (t ′ ) 0
Aµ (x) T e
−i
t ! dt ′ HI (t ′ ) 0 .
(197)
30 Mais on peut d´ emontrer la relation d’unitarit´ e t2 t2 !+ !−1 −i dt HI (t) −i dt HI (t) t1 t1 Te = Te , d’o` u: Aµ (x) =
Te
−i
t !−1 dt ′ HI (t ′ ) 0
Aµ (x) T e
−i
(198)
t ! dt ′ HI (t ′ ) 0 .
(199)
Utilisant alors les formules (190) et (192), donnant le vide r´ eel en fonction du vide nu, et des relations du genre t3 t3 t2 ! ! −i dt HI (t) −i dt HI (t) −i dt HI (t) t2 t1 t1 = Te Te Te , (200) on trouve : Gµν... (x, y, . . .) = h0| T e
−i
∞
dt HI (t)
−∞
!
Aµ (x) Aν (y) · · · |0i.
(201)
Grˆ ace ` a (201), on peut mettre au point un d´ eveloppement en graphes de Feynman pour les fonctions de Green. Les graphes sont pr´ ecis´ ement ceux des ´ el´ ements de matrice S, si ce n’est que les lignes externes se rapportent maintenant ` a des accouplements d’op´ erateurs de champ Aµ (x), Aν (y), . . . , au lieu d’op´ erateurs de cr´ eation et d’annihilation a+ et a. On obtient finalement les ´ el´ ements de matrice S ` a l’aide des transform´ ees de Fourier des fonctions de Green : Z e Gµν... (k1 , k2 , . . .) = d4 x d4 y · · · eik1 x eik2 y · · · Gµν... (x, y, . . .). (202)
eµν... un facteur La r` egle exacte consiste ` a extraire de G
−1 i Z 1/2 m2 + k2
(203)
pour chaque ligne externe, puis ` a remplacer k par la quadri-impulsion (ou son oppos´ ee) de la particule correspondante s’il s’agit d’une particule initiale (ou finale), et enfin ` a contracter les indices tensoriels µ, ν, . . ., avec les fonctions-d’onde appropri´ ees uµ , uν , . . . INTEGRALES FONCTIONNELLES Consid´ erons le quotient d’int´ egrales simples, ordinaires,
1 2 dx e− 2 ǫx x n , 1 2 dx e− 2 ǫx
o` u ǫ peut ˆ etre complexe ` a partie r´ eelle positive. Cette expression est nulle pour n impair, tandis que pour n pair, elle vaut d n/2 −1/2 ǫ = ǫ−n/2 1 × 3 × · · · (n − 1). ǫ1/2 −2 dǫ
(204)
Mais 1 × 3 × . . . (n − 1) n’est autre que le nombre de fac ¸ons de disposer n objets par couples. Le reste s’ensuit. Soit A, B, . . . , des puissances de x, et d´ efinissons une valeur moyenne 1 2 dx e− 2 ǫx ABC · · · ABC · · · = . 1 2 dx e− 2 ǫx
31 On a alors ABC · · ·
=
AB CD · · · +
AC BD · · ·
+
AD BC · · ·
+
··· ··· ···
(205)
o` u chaque monˆ ome est un produit de valeurs moyennes de paires, et o` u la somme est ´ etendue ` a tous les accouplements possibles. Plus g´ en´ eralement, soit A, B, C, . . . , des combinaisons lin´ eaires des variables x1 , x2 , . . . , et
ABC · · · =
Z
1 P 2 Q dx e− 2 ǫn xn ABC · · · Z . 1 P 2 Q dx e− 2 ǫn xn
(206)
On a encore la propri´ et´ e (205) ; il suffit de remarquer que xn xm = 0, pour n 6= m, puis que les variables se s´ eparent. Le r´ esultat (205) ´ evoque le th´ eor` eme de Wick et sugg` ere de repr´ esenter les valeurs moyennes des produits d’op´ erateurs de champ par ce genre d’int´ egrales. Toutefois, le champ φ(x) a un nombre infini de degr´ es de libert´ e, un en chaque point de l’espace-temps. Il faut donc recourir ` a des sommes continues, multiples, les int´ egrales fonctionnelles. Pour des champs libres, on trouve que Z Q dφ eiA0 φ(x) φ(y) · · · Z , (207) h0| T φ(x) φ(y) · · · |0i = Q dφ eiA0 o` u A0 est l’action. Grˆ ace ` a (205), il suffit de chercher confirmation de cette expression pour une paire de champs. V´ erifions que, pour des champs libres, Z Q dφ eiA0 (φ) φ(x) φ(y) Z h0| T φ(x) φ(y) |0i = , (208) Q dφ eiA0 (φ) o` u φ est une fonction de (x), A0 est l’action correspondante, Z 1 ~ dx0 (m − iǫ)2 φ2 + (∂µ φ)2 , A0 = − 2 d3 x et l’int´ egration est ´ etendue ` a «tous les φ possibles», c’est-` a-dire ` a «toutes les valeurs de φ en tous points x». Pour pr´ eciser un peu plus cette notion, plac ¸ons-nous dans un tr` es grand hypercube de l’espace-temps, de cˆ ot´ e L, et imposons au champ φ des conditions p´ eriodiques. Ledit champ peut alors ˆ etre repr´ esent´ e par une s´ erie de Fourier φ(x) = L−4 avec Choisissons la signification
X k
e Φ(k) eikx ,
∗ e e . φ(−k) = φ(k)
Q Q′ e e dφ ≡ k d ℜe φ(k) d ℑm φ(k) ,
(209)
(210)
(211)
32 o` u le prime indique qu’il ne faut pas prendre ` a la fois les valeurs k et −k. Remarquez que A0 (φ) = − 12 L−4 1
= − 2 L−4
X k
X k
e e φ(k) (m − iǫ)2 + k2 φ(−k)
∗ e (k), e φ(k) (m − iǫ)2 + k2 φ
et que φ(x) φ(y) = L−8
XX p
q
e e Evidemment, φ(p) φ(q) = 0 si p 6= −q, et
e e eipx+iqy φ(p) φ(q).
(212)
(213)
Z
2 i −4 2 e (m − iǫ)2 + p 2 φ(p) e e e φ(p) dℜe φ(p) dℑm φ(p) e− 2 L e e φ(p) φ(−p) = Z 2 i −4 e (m − iǫ)2 + p 2 φ(p) e e dℜe φ(p) dℑm φ(p) e− 2 L = L−4 i−1 (m − iǫ)2 + p 2
On a donc : φ(x) φ(y) = L−4 −→
Z
X p
−1
.
eip(x−y) i−1 (m − iǫ)2 + p 2
eip(x−y) d4 p , 4 (2π ) i (m − iǫ)2 + p 2
−1 (214)
comme nous le d´ esirions. Nous n’avons consid´ er´ e jusqu’` a pr´ esent que les fonctions de Green des champs libres. Mais celles-ci permettent le traitement des champs en interaction, par le truchement de la formule ∞ −i dt HI (t) −∞ φ(x) φ(y) · · · |0i, h0| T φ(x) φ(y) · · · |0i = h0| T e pour laquelle (207) donne : Z
R 4 Q dφ eiA0 e d x iI φ(x) φ(y) · · · Z . Q dφ eiA0
En combinant ceci avec
1 = h0|0i =
Z
R 4 Q dφ eiA0 e d x iI Z , Q dφ eiA0
(215)
(dans la mesure o` u l’on maintient l’´ energie du vide ` a z´ ero par un contre-terme, trivialement un c-nombre), on a : Z Q dφ eiA(φ) φ(x) φ(y) · · · Z h0| T φ(x) φ(y) · · · |0i = . (216) Q dφ eiA(φ)
33 THEORIE DE CHAMP EUCLIDIENNE Dans les fonctions de Green G(x, y, . . .) consid´ er´ ees jusqu’` a pr´ esent, les temps x4 /i, y4 /i, etc., ´ etaient r´ eels. Mais il s’av` ere fructueux de consid´ erer les prolongements analytiques de ces fonctions ` a des temps imaginaires, c’est-` a-dire aux valeurs r´ eelles de x4 , y4 , etc. On peut mˆ eme d´ efinir des op´ erateurs de Heisenberg ` a des temps imaginaires par ~ x4 ) = eH x4 φ(x, ~ 0) e−H x4 , φ(x,
(217)
et les champs libres (ou en repr´ esentation d’interaction) correspondants par ~ x4 ) = eH0 x4 φ(x, ~ 0) e−H0 x4 , φ(x,
(218)
~ x4 ) = U −1 (x4 , 0) φ(x, ~ x4 ) U(x4 , 0), φ(x,
(219)
de sorte que avec U (τ2 , τ1 ) = eH0 τ2 e−H (τ2 − τ1 ) e−H0 τ1 τ2 dτ HI (τ) − = T e τ1 , o` u
HI (τ) = eH0 τ (H − H0 ) e−H0 τ ,
(220)
(221)
et o` u le T prescrit maintenant l’ordination par rapport ` a τ. En supposant que les c-nombres additifs, dans H0 et H , soient ajust´ es pour que les ´ energies des vides r´ eel et nu soient nulles, les formules suivantes sont plausibles : |0i = = =
U(0, −∞)|0i
lim e−H τ |0i
τ→∞
X n
(222)
lim e−En τ |nihn|0i.
τ→∞
De mˆ eme : h0| = h0| U (∞, 0).
(223)
U (τ3 , τ2 ) U (τ2 , τ1 ) = U(τ3 , τ1 ),
(224)
En utilisant ces formules, ainsi que
on obtient ∞ − dτ HI (τ) −∞ h0| T φ(x) φ(y) · · · |0i = h0| T e φ(x) φ(y) · · · |0i.
(225)
Cette expression peut ˆ etre le point de d´ epart d’un d´ eveloppement ` a la Feynman-DysonWick, comme pr´ ec´ edemment. Et de ce genre de d´ eveloppement, on peut inf´ erer une repr´ esentation int´ egrale fonctionnelle. Celle-ci est disponible ` a partir de (216) en y prenant x, x4 , y4 , etc. r´ eels. Notre notation pr´ esente une particularit´ e qui requiert maintenant un peu de soin. Lorsque nous utilisions la quatri` eme composante imaginaire de Minkowski, notre notation d4 x d´ esignait la quantit´ e r´ eelle dx0 dx1 dx2 dx3 . Dans le cadre euclidien, il est plus commode d’utiliser d4 x = dx1 dx2 dx3 dx4 . Ainsi, en prolongeant (216), nous avons i d4 x −→ d4 x. (226)
34 Donc :
h0| T φ(x) φ(y) · · · |0i =
Z
Q
dφ eiA(φ) φ(x) φ(y) · · · Z , Q dφ eiA(φ)
(227)
avec int´ egration sur toutes les fonctions r´ eelles φ de quatre variables r´ eelles x1 , x2 , x3 , x4 , l’action A ´ etant construite formellement, comme auparavant, ` a partir de φ et ∂µ φ. Pour la th´ eorie φ4 : Z iA(φ) = d4 x L(x) (228) 2 L = − 1 (∂µ φ)2 − m φ2 − g φ4 . 2 2 4! − → 2 Remarquez que ∂4 φ est maintenant r´ eelle, et que (∂4 φ)2 a le mˆ eme signe que ∇φ . A l’invariance de Lorentz de la th´ eorie originale, s’est substitu´ ee une sym´ etrie O(4) des rotations r´ eelles dans un espace euclidien (au lieu de minkowskien) ` a quatre dimensions. Parmi les simplifications dont on b´ en´ eficie dans une th´ eorie de champ euclidienne, il y a le fait que la transform´ ee de Fourier du propagateur, m 2 + k2
−1
= m2 + k21 + k22 + k23 + k24
−1
,
(229)
avec k4 r´ eel, n’a plus de singularit´ ecessaire pour d´ efinir e. Le stratag` eme du iǫ n’est plus n´ les int´ egrales de Feynman. On n’en a plus besoin, non plus, pour faire d´ ecroˆıtre, aux grands champs, le poids exponentiel dans les int´ egrales fonctionnelles. Ces propri´ et´ es, ainsi que la sym´ etrie O(4), facilitent le maniement de la th´ eorie. L’INDEPENDANCE DE JAUGE En guise d’illustration de la technique de l’int´ egrale fonctionnelle, esquissons la d´ emonstration que toute une famille de lagrangiens diff´ erents conduisent ` a la mˆ eme th´ eorie physique des m´ esons vectoriels. Consid´ erons la densit´ e lagrangienne 1
1
1 L = − 4 (∂µ Wν − ∂ν Wµ )2 − 2 (α + 1)(∂µ Wµ )2 − 2 m2 Wµ2 + · · · ,
(230)
o` u les termes non transcrits font intervenir d’autres champs. Nous supposons que ces termes non explicit´ es sont invariants de jauge, c’est-` a-dire inalt´ er´ es par les transformations Wµ −→ Wµ + ∂µ χ
(231)
et les transformations associ´ ees des autres champs. Notez que le premier terme de (230) respecte cette invariance de jauge, tandis que les deux termes suivants la violent. Nous avons d´ ej` a remarqu´ e que ce lagrangien entraˆıne g´ en´ eralement des manifestations de «particules fantˆ omes» auxquelles il faut attribuer des «probabilit´ es n´ egatives». On peut rendre ces particules infiniment massives en permettant ` a α d’approcher la valeur −1. Mais on doit alors utiliser pour W un propagateur dont la transform´ ee de Fourier δµν + pµ pν /m2 m2 + p 2 semble non renormalisable. Si la physique est effectivement indiff´ erente aux changements de α, on peut aussi bien croire que la th´ eorie est renormalisable et que la matrice S est unitaire, sans plus faire attention aux fantˆ omes. Tout W peut s’´ ecrire sous la forme Wµ = Uµ + ∂µ χ,
(232)
35 avec ∂µ Uµ = 0.
(233)
En termes de ces variables, on a 1
L = − 4 (∂µ Uν − ∂ν Uµ )2 − 21 m2 Uµ 2 1 1 − 2 (α + 1)(∂µ ∂µ χ)2 − 2 m2 (∂µ χ)2
− m2 Uµ ∂µ χ − · · · ,
(234)
o` u, en vertu de la suppos´ ee invariance de jauge, les termes non ´ ecrits . . . sont les mˆ emes qu’auparavant. De plus, le dernier terme effectivement ´ ecrit ne contribue pas ` a l’action car, par int´ egration par parties, il est ´ equivalent ` a un terme contenant ∂µ Uµ qui est nulle. Nous avons donc : Z Q dW eiA Wµ · · · Z = Q dW eiA Z Z Q Q dχ eB(χ) dU δ∞ (∂µ Uµ ) eC(U) Uµ (x) + ∂µ χ(x) · · · Z Z , (235) Q Q dχ eB(χ) dU δ∞ (∂µ Uµ ) eC(U) avec
Z 1 1 2 2 2 4 B(χ) = − d x 2 m (∂µ χ) + 2 (α + 1)(∂µ ∂µ χ) Z C(U ) = − d4 x 14 (∂µ Uν − ∂ν Uµ )2 + 21 m2 Uµ 2 + · · · .
(236)
Or, dans ces formules, seul B d´ epend de α. Seules les contributions des ∂µ χ aux fonctions de Green, et non les contributions des Uµ , sont sensibles ` a α. Mais ces termes ∂µ χ ne contribuent pas du tout aux ´ el´ ements de matrice S physiques. En effet, pour obtenir ces derniers, il faut transformer de Fourier les fonctions de Green, et contracter les indices tensoriels avec les fonctions-d’onde de polarisation uµ des ´ etats physiques. Chaque ∂µ χ introduit donc un facteur du type Z d4 x eikx uµ ∂µ χ, ou, apr` es int´ egration par parties Z
−ikµ uµ d4 x eikx χ, nul, car kµ uµ = 0 pour des ´ etats physiques. On invoque des m´ ecanismes semblables, mais plus compliqu´ es, dans les th´ eories de jauge «non ab´ eliennes» ` a la mode. La d´ ecomposition de W en parties d´ ependante et ind´ ependante de jauge est alors non lin´ eaire. Le passage ` a ces variables dans l’int´ egrale fonctionnelle fait intervenir un jacobien non trivial qui complique l’analyse. La d´ emonstration de l’ind´ ependance par rapport ` a α n’aboutit que dans le cas m = 0, et au prix de l’addition au lagrangien de termes suppl´ ementaires d´ ependants de α. On peut repr´ esenter ces termes additionnels par des int´ egrales fonctionnelles sur des champs auxiliaires, de sorte que la th´ eorie semble contenir des particules suppl´ ementaires, les «fantˆ omes de Faddeev-Popov». L` a encore, ce ne sont pas des particules physiques, mais des rouages du m´ ecanisme permettant d’utiliser une valeur de α plutˆ ot qu’une autre, selon que l’on souhaite montrer l’unitarit´ e ou la renormalisabilit´ e de la th´ eorie.
36 LES INSTANTONS Consid´ erons le lagrangien d’un syst` eme m´ ecanique simple, ` a un degr´ e de libert´ e φ(t), L=
1 ˙2 µ2 φ − 2 V (gφ), 2 g
(237)
o` u µ et g sont des param` etres, et supposons que V est positif, nul en φ = 0 ainsi que ses d´ eriv´ ees, dV (φ) V (φ) = = 0, φ = 0, (238) dφ et p´ eriodique : V (gφ + 2nπ ) = V (gφ).
(239)
Pour nous, gφ sera un angle, et la configuration obtenue lorsque φ croˆıt de 2π , identique ` a l’originale. L’´ equation de Schr¨ odinger correspondante est EΨ (φ) =
−
µ2 1 d2 + V (gφ) Ψ (φ), 2 dφ2 g2
(240)
et ses solutions qui nous int´ eressent sont soumises aux conditions limites p´ eriodiques, en φ = ±π /g par exemple. Si nous d´ eveloppions V : 1 ′′ 2 g ′′′ 3 1 V (gφ) = V φ + V φ + ··· g2 2! 3!
(241)
en consid´ erant g petit, les termes ind´ ependants de g dans le lagrangien ou l’hamiltonien seraient ceux d’un oscillateur harmonique simple. On pourrait alors traiter en perturbation les termes d´ ependants de g dans (241), en ignorant totalement la condition de p´ eriodicit´ e aux confins φ = ±π /g. O` u est l’erreur ? On en a peut-ˆ etre une id´ ee, pour g petit, avec le facteur de p´ en´ etration de la barri` ere
e
µ −g
Z 2π /g q dφ 2V (gφ) 0
=e
− g12
Z 2π q dφ 2µ 2 V (φ) 0
,
(242)
calcul´ e, suite ` a (240), dans l’approximation WKB. Lorsque g tend vers z´ ero, ce facteur diff` ere de l’unit´ e par une quantit´ e qui s’annule plus rapidement que toute puissance finie de g. Etudions maintenant ce syst` eme simple, du point de vue de la moyenne fonctionnelle euclidienne. Le changement de variable gφ → φ dans (237) est commode. La fonction de poids dans la moyenne fonctionnelle est donc
e
Z
dx4 L
=e
− g12
Z
dx4
1 dφ 2 2 + µ V (φ) 2 dx 4 .
(243)
Lorsque g est tr` es petit, on s’attendrait que la moyenne soit largement domin´ ee par les fonctions qui minimisent l’exposant, pour lesquelles une condition suffisante est l’´ equation classique du mouvement avec temps imaginaire : d d2 φ V (φ). = µ2 2 dφ dx4
(244)
Le minimum absolu est donn´ e par φ = 0. On pourrait donc traiter syst´ ematiquement φ, dans (243), comme petit d’ordre g. On peut de cette fac ¸on construire une s´ erie de perturbation ´ equivalente ` a celle mentionn´ ee ci-dessus.
37 Examinons quand mˆ eme d’autres contributions, ` a savoir les contributions des fonctions qui minimisent encore l’exposant, mais sujettes aux conditions limites φ = 0,
x4 = −∞
φ = 2π ,
(245)
x4 = +∞.
Ces fonctions doivent encore ˆ etre solutions de (244). Multipliant les deux membres par dφ/dx4 , on a : d dφ 2 d 2µ 2 V (φ), = dx4 dx4 dx4 donc
q dφ = ± 2µ 2 V (φ) + Cµ 2 , dx4
(246)
Zφ
(247)
o` u C est une constante, soit
(x4 − a)µ = ±
π
dφ′ p , 2V (φ) + C
o` u a est une constante. Pour satisfaire les conditions limites (245), il faut prendre C = 0 et le signe positif. Alors, x4 − a croˆıt tr` es rapidement depuis −∞ lorsque φ croˆıt ` a partir de 0, et croˆıt encore tr` es rapidement jusqu’` a +∞ lorsque φ croˆıt jusqu’` a 2π , apr` es une pause vers x4 = a pendant une dur´ ee de l’ordre de µ −1 :
A cette fonction correspond, d’apr` es (246) et (247), la fonction de poids exponentielle : 2
e−∆/g ,
(248)
avec ⌠ ∆ = ⌡dx4 =
2π Z 0
1 2
dφ dx4
2
2
!
+ µ V (φ)
q dφ 2µ 2 V (φ) .
(249)
Mais ceci n’est autre que le facteur de p´ en´ etration de la barri` ere (242). On peut donc s’imaginer que les contributions de ces champs sont la fac ¸on dont la p´ en´ etrabilit´ e de la barri` ere se manifeste dans ce point de vue. Ces solutions d’´ equations classiques pour un
38 temps imaginaire, qui ne diff` erent notablement du «vide» classique (minimum de l’´ energie) que pendant une dur´ ee limit´ ee, sont appel´ ees «instantons» ou «pseudoparticules». L’instanton est caract´ eris´ e par un instant a, en temps imaginaire. La moyenne sur toutes les configurations comprend ensuite une int´ egration sur a. Consid´ erons ` a ce propos la configuration ` a plusieurs instantons X φ(x) = F µ(x − an ) , (250) n
o` u F µ(x − a) est la solution de (247). Le facteur de poids de cette configuration sera : X 1 − g2 ∆ + termes d’«interaction» n e , (251)
o` u les termes d’«interaction» s’annulent pour des positions an largement s´ epar´ ees. Par rapport ` a la configuration ` a un instanton, ces configurations ` a plusieurs instantons sont p´ enalis´ ees par une pond´ eration exponentielle plus faible. Mais il y a par contre plus de param` etres an sur lesquels int´ egrer, de sorte que, tr` es grosso modo, ces configurations occupent un plus grand domaine de l’espace des fonctions. L’augmentation d’«entropie» (par analogie avec la m´ ecanique statistique classique) peut compenser l’augmentation d’«´ energie». Et ainsi, nous trouvons que la m´ ecanique statistique d’un «gaz d’instantons» repr´ esente une partie de toute la dynamique laiss´ ee pour compte par la th´ eorie des perturbations. Remarquez que dans cette analogie m´ ecanique statistique, g 2 dans (243) joue le rˆ ole de «temp´ erature». D’aucuns esp` erent que des gaz d’instantons analogues dans les th´ eories de champs s´ erieuses pourraient servir ` a confiner les quarks. Peut-ˆ etre qu’` a une certaine «temp´ erature» le syst` eme transite ` a une phase plus exotique, de sorte qu’au del` a d’une constante de couplage critique, l’analogie pertinente serait un supraconducteur, un superfluide, un plasma, ou autre. On peut interpr´ eter autrement le lagrangien (237). Toujours avec le potentiel V p´ eriodique, on peut d´ ecr´ eter que φ n’est pas un angle, et que l’augmentation de φ sur une p´ eriode du potentiel est un changement de configuration. Le probl` eme est alors celui du mouvement d’une particule dans un potentiel p´ eriodique
et la fonction-d’onde elle-mˆ eme n’a nul besoin d’ˆ etre p´ eriodique. Dans ce cas, l’existence de l’instanton, ou de la p´ en´ etrabilit´ e finie de la barri` ere, indique qu’un traitement coh´ erent ne doit pas confiner φ au voisinage de l’un quelconque des minimums du potentiel. Ces solutions n’apparaˆıtraient pas dans une th´ eorie de perturbation. Certains des instantons des th´ eories de jauge ont ´ et´ e interpr´ et´ es de cette fac ¸on, comme l’indication d’une p´ eriodicit´ e du vide. On a mˆ eme sugg´ er´ e de prendre comme vide l’analogue d’un ´ etat obtenu dans le simple mod` ele du potentiel, en exigeant de la fonction-d’onde de Schr¨ odinger dans chaque synclinal du potentiel un d´ ephasage eiθ par rapport au pr´ ec´ edent. Ces «vides θ» n’auraient aucun sens si φ ´ etait effectivement un angle, car deux synclinaux adjacents ne seraient alors qu’un seul et mˆ eme puits. Il importe de remarquer que ces objets de l’espace euclidien n’ont peut-ˆ etre pas d’analogues faciles ` a visualiser dans l’espace de Minkowski. Dans l’exemple simple expos´ e, le gaz d’instantons n’´ etait qu’un concept auxiliaire pour discuter du mouvement d’une particule dans un puits de potentiel. Bien que l’´ etude de l’espace euclidien ne soit peutˆ etre d’aucune aide directe pour ´ elaborer une repr´ esentation physique, on esp` ere ainsi d´ ecouvrir des propri´ et´ es tr` es g´ en´ erales — comme l’existence d’une constante de couplage critique, ou la satisfaction de crit` eres de confinement des quarks.
39 LES SOLITONS L’instanton a un temps de vie bref (et imaginaire) dans l’espace-temps euclidien. Un «soliton» par contre est une concentration d’´ energie, de longue dur´ ee de vie, ´ evoluant dans l’espace-temps ordinaire. Sous ce nom, on d´ esigne une solution des ´ equations du champ ordinaires, dont l’´ energie reste concentr´ ee tandis que la solution ´ evolue au cours du temps ordinaire, si bien que cet objet se comporte comme une «particule» ´ etendue. La diff´ erence de ces particules avec les «particules» plus famili` eres de la th´ eorie quantique des champs, les quanta du champ, c’est qu’elles existent d´ ej` a dans le cadre classique. La question du soliton ne se posait pas dans le mod` ele simple de la section pr´ ec´ edente car il n’y avait aucune dimension spatiale (seulement le temps) suivant laquelle concentrer quoi que ce soit. Ajoutons une dimension spatiale, et ´ etudions la densit´ e lagrangienne, en 1+1 dimensions, ! 1 1 ˙ 2 1 ∂φ 2 2 φ − − µ V (φ) , (252) L= 2 g 2 2 ∂x avec le mˆ eme V que pr´ ec´ edemment. L’´ equation du mouvement classique est : −
dV (φ) ∂2 φ ∂2 φ + − µ2 = 0. ∂t 2 ∂x 2 dφ
(253)
a r´ esoudre Cherchant d’abord des solutions statiques, ∂φ/∂t = 0, nous avons ` dV (φ) ∂2 φ = µ2 , ∂x 2 dφ
(254)
pour φ fonction de x. C’est encore l’´ equation (244), mais avec une interpr´ etation diff´ erente car elle d´ ecrit maintenant une variation ` a travers l’espace plutˆ ot qu’au cours d’un temps imaginaire. La solution φ(x, t) = F µ(x − a) (255)
est maintenant un soliton immobile. Elle ne diff` ere sensiblement du vide (φ = 0 ou 2π ) que dans un domaine restreint, ` a l’entour de x = a, et son ´ energie totale, ou masse, ⌠∞ 1 M = 2 ⌡ dx g −∞ =
1 2
∂φ ∂x
2
∆ , g2
2
+µ V
!
(256)
avec le ∆ de l’´ equation (249), est finie. Puisque la th´ eorie est invariante de Lorentz, ce soliton immobile peut ˆ etre consid´ er´ e, par transformation de Lorentz, comme en mouvement : x − a − vt φ(x, t) = F µ √ , (257) 1 − v2 avec l’´ energie
E=
1 ∆ √ . 2 g 1 − v2
(258)
Remarquons, ` a ce propos, qu’il n’existe pas de concept correspondant de «mouvement» pour un instanton. Dans l’espace euclidien, les transformations sp´ eciales de Lorentz de l’espace de Minkowski sont remplac´ ees par de simples rotations. On a trouv´ e des solitons tr` es int´ eressants dans des th´ eories de champs s´ erieuses. Leur existence est ` a la base de l’une des id´ ees ` a la mode pour unifier l’interaction forte avec l’´ electromagn´ etique et la faible. Le fait que les masses des solitons et les interactions soient typiquement proportionnelles ` a g −2 fait songer ` a des ph´ enom` enes d’interactions fortes hadroniques qui ´ emergeraient d’une th´ eorie d’interaction fondamentalement faible.