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Ottawa
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NEGOTIUM PERAMBULANS IN
TENEBRIS
DU MÊME AUTEUR Les Fouilles de Delphes,
La Peinture de
La
t.
V, 4
Paris,
,
Fontemoing, 1905- 1908.
religieuse en Italie jusqu'à la fin
du
XIV e
siècle,
1
broch. 8°, Nancy, Imprimerie
l'Est, 1905.
Campana et les Musées français (en collaboration avec M. René Jean), Bordeaux, Féret, 1907.
Galerie
i
vol. 8°,
L'Art symbolique du Moyen Age (Conférence donnée à Mulhouse, à propos des verrières de l'église Saint-Étienne), 1 broch. 8°, Leipzig, Cari Beck, 1907.
Étude sur
le
Spéculum humanae
Spéculum humanae
salvationis,
1
vol. 8°, Paris,
Champion, 190S.
Jules Lutz),
salvationis (en collaboration avec feu
2 vol. f°,
Mulhouse,
Meininger, 1907-1909.
La Vierge de Cultes
et
Miséricorde, étude d'un thème iconographique,
Mythes du Pangée,
1
vol. 8°,
Bronzes grecs d'Egypte de la collection Fouquet, chéologie, 191
vol. 8°, Paris,
I
Fontemoing, 1908.
Nancy, Berger-Levrault, 1910. 1
vol. 4
,
Paris, Bibliothèque d'art et d'ar-
1.
Antiquités grecques de la collection
du vicomte du Dresnay,
1
vol. f°,
Le Dréneuc, 1918.
Les Graffites grecs du Memnonion d'Abydos (en collaboration avec M. Gustave Lefebvre), Nancy, Berger-Levrault, 1919. 1 vol. 4 ,
Les Terres cuites grecques d'Egypte de
la collection
Fouquet, 2 vol. 4
,
Nancy, Berger-Levrault,
1921.
Cet ouvrage est sorti des presses de à NANCY, le I er mars IÇ22.
BERGER-LEVRAULT,
Il
a
été tiré
à 1.000 exemplaires.
Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.
PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE L'UNIVERSITÉ DE STRASBOURG —— Fascicule
—
6.
Paul PERDRIZET Professeur à
la
Faculté des Lettres
de l'Université de Strasbourg
NEGOTIUM PERAMBULANS TENEBRIS
IN
ÉTUDES DE DÉMONOLOGIE GRÉCO-ORIENTALE
l?g$'<5 C
EN DEPOT
;
LIBRAIRIE ISTRA, Maison Strasbourg,
15, rue des Juifs
London E.
rue Richelieu
of
AMERICA
Columbia University Press
Oxford University Press Corner,
57,
UNITED STATES
BR1TISH ISLES, BR1TISH EMPIRE Amen
d'Édition
— Paris,
Columbia University, New-York
C. 4
IÇ22.
•
NEGOTIUM PERAMBULANS
I.
Le type de Salomon à cheval, transperçant
la diablesse.
Saints cavaliers de l'Egypte chrétienne.
— V. Saint
blesse Alabasdria.
Gyllou.
—
— VII.
De quelques
—
IN
TENEBRIS
—
6i6; "Hptov.
II.
—
III.
Les
IV. Saint Sisinnios transperçant la dia-
Sisinnios et la diablesse Gyllou.
—
VI. Les
représentations du mauvais œil attaqué par
VIII. Rôle delà chouette dans ces représentations. XI. mvxiXw, uYÛ'.a. X. aosayi; EoXojjiûvos.
—
—
IX.
noms de les bétes.
Rôle du oi)j,o;.
—
I
M. Daressy a publié, ramassé par
lui
il
y a
seize ans,
Karnak, sur un
à
tas de
un objet singulier décombres.
«
(fîg.
i)
C'est, dit-il,
une petite plaque de grès va-
guement 80
mm
haut, 34 la face
carrée,
mesurant
de large, 75
mm
mm
de
d'épaisseur. Sur
supérieure est figuré
un cavalier se dirigeant vers la droite.
Les
traits sont gra-
vés et rehaussés de rouge.
Le cheval galop. Sur
au
est représenté le sol est
un ennemi; aucun
étendu
détail de
costume n'est marqué et ne
permet de reconnaître tionalité
dessin
la
na-
du vaincu. Tout
du reste
le
est des plus
Fig
1.
et sans aucune prétention artistique un scribe désœuvré amusé à graver tant bien que mal, en guise de passe-temps, un groupe dans le goût de ceux dont il avait de nombreux exemplaires sous les yeux. Le choix du motif me semble devoir faire attribuer le
sommaires
:
se sera
monument
à l'époque guerrière de l'Egypte
(XIX e ou
XX
e
dynastie).
NEGOTIUM PERAMBULANS IN TENEBRIS
6 Or,
figurations de cavaliers égyptiens sont rares à cette époque,
les
et c'est ce qui
petite pièce Si
«
m'a engagé, malgré son imperfection,
(i).
de cavaliers égyptiens sont rares
les figurations
désœuvré
de M. Daressy ne pouvait
»
à signaler cette
»
breux exemplaires
«
avoir sous les
»,
le «
du groupe en question. Aussi bien, une
»
scribe
yeux de nompareille
représentation serait, dans l'art égyptien, un unicum. Les Pharaons ils n'avaient que de la charrerie; l'art montre combattant non pas à cheval, mais sur leur char de guerre.
n'avaient pas de cavalerie, les
Les seules images équestres de
une déesse syrienne
période pharaonique représentent
la
faut descendre jusqu'au temps des Ptolé-
(2). Il
mées pour trouver un exemple d'un souverain d'Egypte
comme
et chargeant, bois couché; mais,
représentation est un
cette
égyptiens
:
montre
elle
double couronne; mais,
Alexandre sur
me
Il
la
s'il
charge à
mosaïque de Pompéi,
c'est qu'il est
Macédonien.
du temps des Thoutmès ou des Ramsès,
ancienne d'environ... disons deux millénaires.
image prophylactique chrétienne,
été,
et
comme un Pharaon, de la cheval, sarisse baissée, comme
coiffé,
paraît hors de doute que la petite plaque publiée par M. Da-
ressy, loin de dater
lier
(3),
amalgame d'éléments macédoniens
souverain
le
figuré à cheval,
je l'ai expliqué ailleurs
la
On y
est
moins
reconnaîtra une
représentation d'un Saint cava-
transperçant une diablesse. Cette plaque est trop petite pour avoir
comme
de l'entrée.
comme
d'autres reliefs curieux
encastrée dans un
mur de maison, au-dessus
marbre Bedford
le
publiés par Otto
De
Jahn
(4),
toute façon,
et
elle
devait protéger des démons, des
maléfices, et, donc, des maladies, quelque famille chrétienne, quelque
moine de
la
Thébaïde. La représentation qu'on y voit gravée s'était
déjà rencontrée sur de
nombreux talismans
chrétiens de la
même
époque.
Les légendes qu'on déchiffre sur ces talismans dinaire ffçpaylç 2cXo|X'T)vc^
(5),
parfois oyçccfiç
les
@sou
plus loin d'expliquer cette deuxième dénomination.
(1)
Annales du Service des Antiquités de l'Egypte, 1905, p. 97.
(2)
Erman, Die
àgyptische Religion,
fig.
61; Rev. archéol., 191 9,
et
I,
(4) B'ose Blick, pi. III, 1, p. (5)
^,-s^x.'';
(6)
Rev.
et.
30 (d'où Dût. des Antiq.,
SoXofZCÔVOf, dans Rev, gr.,
et.
gr.,
fig.
(6).
Quant
1903, p. 50; Echos d'Orient, 1909, p. 137.
à la rc-
2 e edit. (191 2). p. 221,
2887), p. 77 et 78.
1903, p. 42-61.
Je tâcherai
p. 262.
BCI1, 191 1, pi. II, p. 123; d'où MASPERO, Guide du Musée du Caire, Egypte (coll. Ars una), p. 267. (3)
appellent d'or-
NEGOTIUM PERAMBULANS IN TENEBR1S
7
présentation étrange que ces légendes accompagnent, et qui nous
montre Salomon nimbé, à cheval, transperçant du bout inférieur d'une longue
hampe
lure dénouée,
nous rappellerons d'abord que, selon
lomon aurait eu
les
crossée une
femme étendue par
démons en son pouvoir
fut agréable à l'Éternel; mais quand,
sur
de ténèbres.
les esprits
(2),
cheve(i),
aussi longtemps
devenu vieux,
par ses femmes au culte des faux dieux
terre, la
Talmud
le
Sa-
qu'il
se laissa induire
il
perdit toute autorité
il
La croyance au pouvoir de Salomon
sur
démons a passé des Juifs aux Chrétiens d'Orient et aux Arabes (3). Quant à l'idée de représenter à cheval ce grand magicien, elle a
les
son origine lointaine dans ce que
de l'armée de Salomon lerie.
Il
:
« Il
eut 1.400 chars et
(I,
14). »
1
2.000 cavaliers. lui,
fixé
d'avance
:
il
lui
Il
avait cantonnés
les
partie dans les localités où étaient
livre dit encore
(I,
chevaux; des caravanes allaient
qu'il tirait ses
nant un prix
Le même
second livre des Chroniques dit
réunit des chars de guerre et de la cava-
partie à Jérusalem, auprès de ses chars
le
16)
:
«
les lui
en coûtait 600
C'est de l'Egypte
chercher,
d'argent pour
sicles
importer un char d'Egypte, et 150 pour un cheval.
»
Mais ces textes scripturaires ne suffisent pas à expliquer sentation dont
il
s'agit.
Salomon cavalier a sa
moyen-
place,
si
la repré-
je puis dire,
dans un gros escadron de dieux et de saints qu'on est vraiment surpris,
d'abord, de voir à cheval. Je voudrais déterminer les raisons
générales pour lesquelles ces dieux et ces saints, qui n'ont pas com-
mencé par
être des cavaliers, le sont devenus.
II
Le type du Saint
cavalier transperçant une diablesse ou
dans l'imagerie copte, au moins aussi fréquent que
est,
accomplissant à pied (1)
le
même
le
un serpent
type du Saint
exploit. Selon les cas et les besoins, les
Blau, Das ahjiidische Zauberwesen (Strasbourg, 1898),
p. 12.
(2) I Rois, xi. (3) Cf., pour les références, Rev. éi. gr., 1903, p. 42, et mon Elude sur le Spéculum humanae salvaiionis, p. 100. Le texte le plus curieux paraît bien être le pseudépigraphe grec d'inspiration
juive,
intitulé A'.aOrjxr)
SoAoptûvo;, sur lequel
je reviendrai plus loin.
Voir aussi l"E?opxta[xô;
SoAofiùivOî, Sv ïowxEV ctjtû ô 0îOi urcoiaÇoc; t« àxàÔapxa ~vsû[ia~a 19.999 oa'.jxdvta, dans Fabricius, Codex pseudep. Vet. Test., I, 1032: Yriarte, Cod. Malrit. gr., p. 423; Vassiliev,
Anecdola graeco-byzantina (Moscou, 1893), p. 332 Reitzenstein, Poimandres, p. 285; Pradel, Griech. u. sudilal. Gebete (Religionsgesch. Versuche, III, 2), p. 61. Je n'ai pas lu l'article de Singer, dans Zeilsch. 1. deut. Alterthum, cité par Delehaye. Lcgendes hagiographiques, 2 e édit., ;
P- 33-
NEG0T1UM PERAMBULANS IN TENEBklS
8
chrétiens d'Egypte reconnaissaient dans
de
la diablesse, soit le saint roi
le
Salomon,
Nouvelle Alliance. Je crois que ce type est
Saint cavalier vainqueur soit l'un des saints
de
la
un emprunt de l'imagerie
copte à l'imagerie gréco-égyptienne, laquelle avait pris aux cultes
^ù. •
r
AS ''.-ta
r/K*-.
m 9P9
t«»';jr-
Fig. 2.
étrangers d'une part, à l'armée ptolémaïque et à l'armée impériale de l'autre l'idée de représenter certains dieux en cavaliers.
Pendant
la
période gréco-romaine, l'Egypte fut ouverte largement
à toutes sortes d'influences étrangères. Syriens, Micrasiates et Thraces
y introduisirent leurs à cheval
(i).
divinités. Or,
C'est à cette
beaucoup de ces divinités
tique 0î:;"Hpov, dont Lefebvre vient de publier de sentations
(2).
Celle
que
allaient
époque qu'apparaît en Egypte cet énigma-
je reproduis ci-dessus
(fi
g. 2)
si
curieuses repré-
est
une
stèle datée
(1) Pour la Syrie, cf. IlEL'ZEY, dans C. R. de VAcad. des Inscr., 1002. p. 130; RoNZE> \i U LL, 1905, p. 8; DUSSAUD, Notes de mylliologie syrienne, p. 53. Pour l'Asie Mineure, BCH, 1896, p. 105. Pour la Thrace, mes Cultes cl Mythes du Pangte, p. 21.
.
(2)
Annales du Service,
l.
XX,
p. 209-240, pi.
III;
XXI.
p.
163.
XECOTIUM PERAMBVLANS IN TENËBR1S
9
du 19 Thot de la quinzième année du règne de Ptoléméc XIII, c'està-dire du 28 septembre 67 avant Jésus-Christ. Elle montre « Héron, le
Dieu très grand
{xsyàc [Asyàç, à cheval, passant, cui-
"Hçuv @so£
»,
donnant à boire dans une patère à un grand serpent. Type
rassé,
qui n'a rien d'égyptien, mais qui diffère de ceux des dieux ou héros cavaliers des stèles votives ou funéraires de la Thrace, les dieux et
héros cavaliers de la Thrace n'étant jamais figurés cuirassés ni
les
donnant à boire à un serpent. Le
fait
que Héron
don-
soit représenté
nant à boire à un serpent paraît bien indiquer une divinité funéraire,
un dieu des morts
{riçozç)
:
on
se rappelle,sur la stèle de
Chrysapha
(1),
grand serpent qui semble s'allonger pour boire dans le canthare du -îjpoç. Au reste, le nom même de 'Hpov semble une autre forme le
f
f
de
vjpo;.
Il
paraît sûr, d'autre part, que l'appellation 'Hpov n'était
qu'un surnom. Quel était donc
le
nom du
dieu ainsi
surnommé?
Serait-ce Alexandre le Grand, le fondateur et l'éponyme de la capi-
dont
tale de l'Egypte gréco-romaine, le roi-dieu
des sanctuaires
les
plus vénérés d'Alexandrie
criptions concernant le ©soç "Hpwv ne le
(2)?
le ^jpwov était l'un
Mais aucune des
met en rapport avec lui donne f/
'AXs&xvSpoç, aucune des représentations de Hçov ne
Egypte, semble avoir été
qui, en
nisé (3). Je croirais plutôt
d'Horus, le
nom
les
est
d'Alexandre
divi-
nom
Macédoniens établis en Egypte auraient donné à Horus (4). Une terre cuite de la collection Fou-
de leur dieu "Hçov
quet, qui représente Horus à tête de faucon, avec la cuirasse
l'Horus des soldats
— porte
Une
(5).
comme
protecteur de
la
nom du
le
je
me
coroplathe, ou du dona-
le
nom
de ScJSaircoç, qui
grecque de l'égypt.
sbd,
épithète
inscription
transcription
serait la
— donc
au dos l'inscription "Hpov, en qui
suis peut-être trop hâté de voir
teur
0sc£
l'égide
une forme hellénisée du
la caractéristique
que "Hçwv
le
ins-
donne à Horus
marche orientale du Delta
(6),
d'Horus
justement
la
partie de l'Egypte où se trouvait la ville de Héron, Héropolis, appelée
quelquefois Héroonpolis. Sur les fresques de Théadelphie et sur
les
monnaies de Diospolis (1)
Collignon, Sculpl.
(2)
Lumbroso, L'Egitto
(3)
Perdrizet, Alexandre à
grecque, I, al
Grande
qui est aujourd'hui Karnak,
111.
fig.
tempo dei Greci l'égide
—
e Jei
(Monum.
Romani, chap. XVIII.
Piol, 19 13).
par exemple la dédicace de Pythium (IIeuzey, Le monl Olympe, p. 470; mieux 'Ay*8wv "Howvt eô/rjv, au-dessous du Cavalier en relief. 1286)
(4) Cf.
10, VIII,
la
2,
:
(5)
Terres cuites grecques d'Egypte, n°
(6)
Daressy, Annales du
Service,
no,
XX,
p. 36, pi. LI.
p. 247.
NEG0T1UM PERAMBULANS IN TENEBR1S
10
temps d'Auguste, dans
et qui, au
langue des mercenaires étran-
la
gers, se serait appelée aussi Héroonpolis (1)
—
de Héron est entourée d'un nimbe,
la tête
ou radiée
Héron
:
était
donc un dieu
Or, les Grecs reconnaissaient en
Apollon
(2); d'autre part,
adoraient un "HXtoc
même que
Fis. 3-
f/
(5)
"Hl'.oç
ne
reconnu
l'a
reproduit ci-dessus
Hpuv
l'est pas.
porte pas toujours
monnaies où M. Daressy
monument
£
(3)
Horus
leur
Égypto-grecs qui paraît
le
"Hpov.
Mais, dira-t-on,
que
les
solaire.
Erreur! Héron ne
la cuirasse, à
preuve
à preuve encore
(4);
La
(fig. 3).
est cuirassé, tandis
cuirasse était
les
le petit
endossée
par Héron quand ses adorateurs étaient des soldats.
La même chose
passée
s'est
dans l'Egypte gréco-romaine pour nombre d'autres divinités
(6).
L'armée ptolémaïque d'abord,
et plus
tard l'armée impériale offrait aux Égyp-
?
tiens le spectacle impressionnant d'esca-
|Mj
drons
de
lanciers
et
de cuirassiers,
sarissophores et de clinabares
(7).
s'explique que, dans ce pays où
temps
il
n'y avait pas
équestres et où
les
si
de Ǥ|
Ainsi long-
de divinités
eu
chevaux avaient été
une rareté réservée au char du Pharaon,
cf.
(i) C'est ainsi que M. Daressy explique Annales du Service. XXI, p. 13. (2)
Perdrizet, Terres
(3) ld., p. 104; cf. (4)
cuites grecques
Frankel,
Annales du Service,
XXI,
Fi s- 4.
Harpocrate
l'on voie à l'époque impériale
la
(8)
Antinous
(9)
mention d'Héroonpolis dans Strabon, XVI,
d'Egypte de
Inschr. v.
et
la coll.
Pergaman, n° 336;
figu-
i,
§
53;
Fouquet, p. 27. Syll., 2 e éd.,
n" 754.
p. 7.
Plaque de plomb, 36 mm de côté, trouvée près d'Alexandrie, conservée au musée de cette Annales du Service, XX, p. 241. Inédite. Sincères remerciements à MM. Lefebvre et Breccia, auxquels j'en finis la photographie. (5)
ville; cf.
XX,
(h)
Terres cuites d'Egypte, p. 35; Annales
du
(7)
Pour
Syracusaines de Théocrite, v. 51-56, et Lesquikr,
la période
ptolémaïque,
Institutions militaires de
t Egypte sous
Varmi c romaine
cf.
les
les
Service,
d'Auguste à Dioctétien, p. 72 Organisation-militaire de V Egypte byzantine, p. 58. (8)
Terres cuites grecques d'Egypte, pi.
(9)
Poole, Coins
Alexandrin,
pi.
p. 246.
Lagides, p. T2 et 17. Pour le Haut-Empire. L-ESQ1 D
S Egypte, oj
t.
XXVIII,
et
m.
Poui
le
I
•
Bas-Empire, Jean Maspero.
n°« 113-114.
V, n° 925; Aeg. Zeilsch, 1905, p. 77.
XEGOTIUM PERAMBULANS en cavaliers, et Horus
rés
combattant
uniforme de cavalier romain rOmaine,
trouvée
conservée dans
sur
Fouquet
collection
la
Une
(i).
Sa-el-Hagar,
à
IX TENEBRIS
II
crocodile à cheval,
le
cuite d'époque gréco-
terre
l'emplacement représente
(2),
en
de
Sais,
et
un cavalier
au galop, faisant fouler aux sabots de son cheval un ennemi tombé d'une scène de bataille ordinaire? ou n'est-ce pas
(fig. 4); s'agit-il
plutôt une représentation mythologique, analogue (non pas semblable) à celle,
guipède
si
fréquente en Gaule rhénane, du Cavalier et de l'An-
(3)?
III
Descendons
le
cours du temps. Le christianisme emprunte au
paganisme, en Egypte,
le
type,
si
populaire au pays du Nil, du Dieu
homme
ou du Héros cavalier, passant ou perçant de sa lance un
un monstre. Les images équestres sont légion dans l'imagerie gieuse de l'Egypte chrétienne
Théodore ou George, mais
même
non seulement
:
les confesseurs,
ont été représentés en cavaliers par
les
les saints militaires,
martyrs
Coptes
les
et le Christ
(4)..
Quittons l'Egypte, suivons dans leur voyage de retour tiens d'Occident qui étaient
Thébaïde, aux couvents à
Rome
les
ou
reli-
les chré-
venus en pèlerinage aux ermitages de
la
de Tébenne et d'Aboukir, accompagnons
moines égyptiens
:
nous voyons, à
la
faveur de ces rap-
ports multipliés entre l'Egypte, terre natale du monachisme, et l'Oc-
Rome, en
cident, se propager à
Italie,
en Afrique, en Gaule, entre
autres inventions du christianisme égyptien cavalier
Mais
c'est en Orient
à la fin du tion
»,
(5),
le
type du Saint
(6).
xvm e
siècle,
Kitaba denoutari
d'incantations (1) Rev.
— est
ardu, 1S76,
que ce type a eu sa plus grande vogue. Encore
un manuscrit syriaque du «Livre de préserva-
— c'est un recueil
illustré
II, p.
de prières, d'exorcismes et
de miniatures effroyables qui montrent,
196 et 372, pi.
XVIII
et 1877, I, p. 23.
Terre rougeâtre. H. o m 117. Un exemplaire identique a été publié par Valdemar Schmidt, Gracsk- Aegyptiske Terrakotter i ny Carlsberg Glyptolhek (Copenhague, 191 1, pi. XXIV, p. 56). (2)
De
(3) Juli.ian, Hist.
de la Gaule, VI, p. 95.
Strzygowski, Die kopliscke Reilerheilige uni der h. Georg, dans Aeg. Zeilsch., XL, p. 49; le même, dans Bull. soc. arch. Alexandrie, V, p. 21; Delehaye, Lég. hagiog., 2- éd., p. 240 et Lrg. grecques des Saints militaires, p. 5; Pagenstecher, ap. Archiv i. Relig., 1919, p. 425. (4)
(5) Pour d'autres emprunts de l'art chrétien d'Occident à l'imagerie copte, Comptes rendus du Congrès d'archéologie du Caire, 1909, p. 270. (6)
Voir par ex. Anzeiger
f.
elsàss
Alterlumsk.,
I,
p
16, fig.
cf.
38 et 39 (Forrer).
J1ÂLL, ap.
1
NE GO 77 UM PERA MB VIA NS IN TENEBRIS
!2
mêmement
tous
le dragon, Mâr Zai'a démon de la peste, Mâr Gabriel perçant la diadu mauvais œil, Mâr Hourmizd perçant le chien enragé, et
à cheval, saint George perçant
Choutrana perçant blesse
finalement prince des
le
le
grand
démons
magicien Salomon
roi
(fig.
5)
perçant Asmodée,
(1).
faut remonter à la période archaïque grecque pour voir attribuer
Il
tant d'importance au fait d'aller monté. Les cavaliers été les seigneurs de la Grèce archaïque (2).
(itctc-îjç)
avaient
Au Bas-Empire, quand
d'un bout à l'autre de Y or bis romarins se constitue
la féodalité, l'émi-
nente dignité de l'homme à cheval reparaît. C'est sans doute une des
comme
raisons pourquoi en Egypte, l'art chrétien a représenté cavaliers
nombre de
Le cheval qui
ces puissants seigneurs
non seulement
signifie
monte, mais
le
la
que sont
les Saints.
richesse et la puissance du sire
rapidité avec laquelle
la
des
le
seigneur peut voler
au secours de qui l'implore. Pour insister sur cette idée de protection, l'imagerie
Saints cavaliers
de l'Egypte chrétienne faisait percer par la
diablesse ou
le
la
lance des
dragon. Ce type n'est pas seule-
ment celui des talismans dont je parlais tantôt; on le trouve sur nombre d'autres monuments coptes (3). Voici par exemple un petit
(1) Rev. hisl. rel., 1908. (2) (.;)
BecHTEL,
Dm
II'"/-/
1
Il, p. 1
1
1<
StRZYGOWSKI, KopUsche
9 (MACLER).
)H
,îo,;.
fig.
346.
S.tim à cheval, transperçant mi serpent (Bull, du Coiiiilr, p. 269)
semble d'origine copte.
wm nnamen,
in
Ktttut, p.
dans Hermès, 1900.
p. 336"
La plaque avec représentation d'un
r<>o<>,
\>.
1
49, d'où Arch.
Anuigcr, 1910,
NEGOTIUM PERAMBULANS IN TENEBRIS triptyque du musée du Caire
(i)
:
1$
sur la face externe d'un des volets,
sont peints deux saints, à cheval et chargeant, plongeant leur lance,
dans
l'un
gueule d'un serpent, l'autre dans
la
tombée à
blesse
terre
ment sur de
le
diale
type ne se rencontre pas seule-
monuments, sur des objets
petits
plus significatif et
bouche d'une
bien d'un être féminin qu'il s'agit,
(c'est
visage est émaillé de blanc). Mais
le
la
portatifs
:
l'exemple
plus instructif que j'en connaisse est une
le
peinture de grandes dimensions,
la
fresque de Baouît, qui repré-
sente saint Sisinnios à cheval, transperçant de sa lance la diablesse
Alabasdria.
En
raison de son importance et de son intérêt,
cette
page étrange de l'imagerie copte nous arrêtera quelque temps.
IV
Dans
l'hiver 1901-1902,
M. Jean Clédat
exhumait à Baouît,
(2)
d'Achmounéîn (Hermopolis magna) en Haute-Egypte, les ruines par un abbé du nom d'Apollon, f vers
près
d'un grand couvent bâti
400
(3).
Le principal
intérêt de cette fouille réside dans les peintures
à fresque qui décoraient les nombreuses chapelles du monastère.
Ces fresques, bien entendu, n'ont pas été retrouvées intactes. Mais
nous ont été rendues, nous y rencontrons les deux types spécialement égyptiens dont nous venons de parler, celui du Saint cavatelles qu'elles
perçant de sa lance
lier
la diablesse, et celui
Ce type-ci est représenté dans spécimens
(4).
qui montre,
par
le
nios),
De
les
l'autre, elles n'offrent
comme
du Saint cavalier passant.
fresques de Baouît par de
qu'un exemplaire
je le disais tantôt, la diablesse
nombreux (5),
celui
Alabasdria vaincue
cavalier Sisinnios (copte Sousinnios, éthiop. Sousnyos, Sose-
un Saint dont
moration tombant
les
le
Bollandistes n'ont encore rien dit, sa
23
novembre
commé-
(6).
Lorsque fut exécutée l'aquarelle reproduite ci-après
(fig.
6),
la
partie supérieure de la fresque s'était détachée et avait péri irrémé-
diablement, en sorte que du (1)
nom
de Sisinnios
il
ne reste plus que
Koptiscke Kunst, p. 116, pi. VI.
et la Nécropole de Baouît (Mém. de l'Insi. fr. d'areh. or., t. XII). CkUM, Der kl. Apollo nnd das Kloster von Baouît (Aeg. Zeil., 1902). (4) Clédat, op. L, pi. XXXIX, p. 75 (s. Victor et trois autres saints dont les noms manquent), pi. LUI et LIV, p. 80 (s. Phoebammon), pi. LXXXIX, p. 136 (quatre saints dont les noms
(2)
Le Monastère
(3)
ont disparu). (5) là., pi.
(6)
LV-LVI.
DlDRON, Manuel
d'icon. chr., p, 389.
NEGOTWM PERAMBULANS
14 les
deux dernières
lettres,
comme
je
IN TENEBR1S
m'en
Caire, où les fresques de Baouît ont été transportées
au moment de
entier avait été lu
au Musée du
suis assuré ;
mais
le
nom
découverte par M. Clédat, et
la
il
n'y a aucune raison de douter de cette lecture.
On mentionne
martyre, à Antinoé, sous Dioclétien, d'un saint
le
Fig. 6.
Sisinnios
En
(i).
raison de la proximité de Baouît et d'Antinoé, de-
vrons-nous identifier
le
martyre d'Antinoé
et le Saint de la fresque
de Baouît? Mais, outre qu'il semble y avoir eu en Egypte plusieurs
martyrs du
nom
de Sisinnios
tance au fait que
le
(2), il
faut attacher une grande impor-
Saint de la fresque Clédat est représenté en cos-
tume parthe, tunique blanche à médaillons brodés Ainsi,
pour
Parthe.
En
le
Acla
nom
effet, le
S S,
(3) Cf. les médaillons
XV,
de Sisinnios est parthe
Biography, IV,
(4).
était
Le premier
un
saint
p. 704.
IV, p. 587; IIyvernat, Les Actes des Martyrs de l'Egypte, p. 99.
juillet,
Annales du Service,
pantalon blanc.
moine qui peignit cette fresque, saint Sisinnios
(1) Ditl. oj. Christian (2)
(3),
brodés sur
pi.
la
tunique de l'Hippolyte de
la
mosaïque de Cheikh Zouède,
III.
(4) JuSTI, lranische Namen, s. v. Sisinnio?, Sisinès, Sisinnakios, Sisis. Quant à Sisoès, que Justi rapproche à tort «lis précédents, c'est un nom égyptien, dérivé de aiaor , « postiche -, (
(Karl Kr. \V. SCKMIDT, dans Gdti. Gel. Atueigen, 1918, p. 113).
NEG0T1UM PERAMBULANS IN TENEBRIS mémoire de
Sisinnios naquit donc en Parthie; après lui et en
nom
fut
donné dans
tout l'Orient,
15
notamment en Egypte,
à
lui,
son
beaucoup
de chrétiens, dont plusieurs à leur tour devinrent des saints.
un
Sisinnios le Parthe, dont les chrétiens d'Orient ont fait serait sans doute bien surpris,
La
critique
revenait dans cette vallée de larmes.
moderne a des raisons de
manichéen, et
réalité
s'il
même
saint, en
croire
que
le
personnage fut en
successeur direct de Manès, l'héritier de sa
doctrine et de son autorité. Les apologistes chrétiens ont arrangé tout cela
ils
:
racontaient que Sisinnios, dégoûté de son maître, avait
fourni à Archélaos des renseignements confidentiels qui permirent
à celui-ci de confondre Manès en colloque public trahison, Sisinnios aurait mérité la sanctification.
Il
avait contribué
à détruire la peste diabolique de Mànès. C'est pourquoi
tout l'Orient
(2),
un
si
puissant protecteur contre
maléfices, et, partant, contre les maladies.
comme
jours,
Basset
(4)
l'ont
pour
montré Wessilowsky
les
(3)
Il
devint, dans
il
diable et ses
le
l'est resté
pour
roumain
folklores bulgare,
Ainsi, par sa
(1).
le
jusqu'à nos
folklore russe et
et abyssin.
Dans un
des manuscrits éthiopiens de la légende de saint Sousnyos (tous ces
manuscrits semblent assez récents), le
Ouerzelyâ étendue sur
le sol (5). »
talismanique reproduite ci-après la
«
on voit une image représentant
Saint à cheval, enfonçant sa lance dans
La (fig.
le
flanc droit de la diablesse
fresque de Baouît et la médaille 7)
prouvent que
la
croyance à
puissance prophylactique de saint Sisinnios remonte à une époque
ancienne.
un certain nombre de textes grecs médiévaux à destination prophylactique, où saint Sisinnios apparaît comme un doublet Il
subsiste
de l'archange Michel serpens, de
même
:
de
même que
celui-là vient à
celui-ci
triomphe de Vantiquus
bout d'une affreuse diablesse;
portait plusieurs noms, le Saint lui en arrache
rend inofîensive pour tous ceux qui
les
elle
le secret, et ainsi la
sauront. Voici
le
texte et la
traduction de la plus curieuse de ces Prières (Evxai) ou Légendes
(1)
Basset, Apocryphes éthiopiens, IV, p. 17; Harnack, Acla Archelai (Texte uni Unter-
suchitngen,
I, p. 3).
Amulette éthiopienne de s. Sisinnios Journ. asiat., 1907, I, p. 346 (Halévy). Le Guide peinture (DlDRON, Manuel, p. 323) n'a garde d'oublier ce saint personnage.
(2)
de la
:
article dont (3) Journal (russe) du ministère de VI. P., juin 1886, savant à M. Théophile Perdrizet. (4)
Apocryphes éthiopiens, IV,
(5)
Basset, op.
/.,
p. 40-
p. 14. Cf.
je
dois la traduction
PEETERS, ap. Anal. Bolland., XXVII,
p. 69.
NEGOTWM PERAMBVLANS
l6
IN TENEBR1S
(Legenda) de Saint Sisinnios. Elle achèvera de nous persuader de l'origine
parthe de ce personnage
rivés de la
même
y portent des noms dé-
ses frères
:
racine iranienne que
sa sœur,
le sien, et
nom
le
Mélitène, lequel est proprement celui d'une ville du haut Euphrate près de laquelle
y avait justement une
il
localité
dénommée
Sinès
de (i), (2). j
V 'ÀTroaxpoçï] xr,ç [xtapàc xal àxaôapxou ruXXcùç
'Etù xf^ paalXefaç Tpaïavoù t^xiç
TtaiSia
sysvvvjffsv
FjXXoO
'
Xsyo[j.sva
(JaaiXsQC
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xal nàXiv èv yaaxpl auvéXaôsv
fuapà xal àxàôapxc;
tj
avxw, sxsxsv sxeï ro
Ev juà
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sxpa^av avxvjv Xsyovxeç
'Eïci tcoXÙ
ayioj 2iaîvio£, Sivyjç xal 2ïjvoÔopo^ xax-î]X0ov
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xal
àvoi^ov ^{ûv,
*
51 aùxùv
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H
85 [uapà
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Toxs
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xal
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Toxs
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'
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a'jxïj;, £8ça[j.£v
(1)
Chapot, La
(2)
Ptolèm6e, V,
-
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Xal
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a'jxr,v.
TCO'J
x'jvrjyoi,
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:
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Pompée
Efviç,
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MsXsxivyj,
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51 jj.iapà,
l'Soùaa
GàXacaav, xal è'Xaaav ol ayioi
6'JvafJLlV
T1J1>
frontière de VEiipJiralr, de
Suidas
7cpo£
xal xpaxYjaofJisv aùxYJv.
Kal a7C£Xac£v
àTrcScjasir îjjûv xal
p. 7-5; cl.
©eov, xaxfjXQev
8eirjO*i; ujjlwv
xolç Ïiztcoiç aùxùv, expeyov aùx^v.
ff£c£lj
xal aTtsx-
[Jiiapà
y;
Xurcoù,
sx xoù 7:XsupoC aixvj^, xal TJp^axo jîaaav^£iv a^x^v
cjx àzcXuffai, su;
Ms-
xou Aioavoy.
àôeXç^v aOxwv
xojç twcouç aùxwv, xal içSaaav
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5s
xal auvoôia, oùx euccv
Tconfaavxe; z?o£
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Téxs xaOïaavxsç
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T |xet; yàp £v cvo;j.axt xoù 9soù yevcjxeôa w?
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XaXxorcpàxia, xal xrr,aa; jc^çyov u^vjXov, xal xa9ï]Xciaaj aùxov
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à la conquête arabe, p. 349.
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IN TENEBR1S
xal
ovojJiaxa,
sl'cjsXôovx&ç stç
TcoioûVca
6ay(i.àcjia
Ôtà
xwv àyiov ayxoC. f
O
«
sxwv
xy]v àirocrxpoçYiV ayxYjç oy
Au temps
enfants
lui
(xyj
de Trajan, vivait une
naquirent, qui
lui
àSiXYjO^.
dame du nom de
devenue grosse une septième fois, Mélitène se
un château plomb, et
assistée de
qu'elle portait.
dore vinrent
(1)
ou
Ms.
bâtir, à Chalcopratia(3),
Et
Arrivés devant
peur d'ouvrir
ri£Toj[JLavr)
:
monde
l'enfant
voici, ses trois frères, saint Sisinnios, Sinès et Sino-
la visiter.
j'ai
avec des sceaux de
douze servantes, elle mit au
tène, notre sœur, ouvre-nous!
un enfant,
fit
fort; elle en cloua la porte et la scella
là,
Mélitène. Six
furent ravis par cette sale Gyllou (2). Étant
l'w est
»
château,
le
Elle leur répondit
la porte. »
Mais
une faute d'orthographe,
la
ils :
«
comme
crièrent
:
«
Méli-
Je viens d'avoir ils
forme rhomaeïque
insistaient et serait IIsTou^7Jvr
(
IleTapevrj. cette geminatio verborum remonte à Platon, Lois, (2) î) (xtapà xa\ axâÔapTOç Tu^oS 7r6 D-E. Gyllou est aiaoà xal ày.iÔapxoî en raison des crimes et des péchés dont elle s'est :
p.
souillée. (3) Quartier de Constantinople, avec une église fameuse, où était conservée, entre autres reliques, la ceinture de la Vierge (Du Cange, Constant, christ., IV; C1G, 8695).
NEGOTIUM
2
NECOTIUM PERAMBULANS IN TENEBRIS
18
que leurs chevaux
piaffaient, elle descendit leur ouvrir.
Gyllou entra avec eux, collée aux chevaux, sous che.
Et vers
glots
«
:
O
la minuit,
forme d'une mou-
la
compagnie
Sisinnios, Sinès et
(i),
voici, l'impure est
ne vous avais-je pas dit de vous ouvrir?
je craignais
venue et a tué l'enfant.
Alors les saints
»
adressèrent une prière à Dieu, et un ange descendit du «
Dieu a entendu votre prière
jusqu'au Liban.
»
«
la sale
Gyllou tua l'enfant. Alors Mélitène éclata en san-
que j'avais mis au monde un enfant et que Mais
Et
:
mettez-vous à
la
ciel et leur dit
:
poursuite de Gyllou
Cesse de gémir, dirent-ils alors à Mélitène, nous et
nous
enfourchent leurs destriers et courent à
la
poursuite de l'impure. Elle,
sauve vers
la
mer.
Dieu voulant, partir en chasse
allons,
les
voyant à
ses trousses, se
vaux, et enfin
rattrapent.
la
Et
de Gyllou.
saisir
Ils
» Ils
pressent leurs che-
Sisinnios de la rouer de coups
«
:
Si
tu ne confesses pas quel dieu tu adores et de qui tu tiens ta puissance, et
tu ne nous rends pas vivants les sept enfants de Mélitène,
si
nous ne te lâcherons pas impossible de rendre
les
».
«
Saints de Dieu, répond l'impure,
enfants
si
donne de son
litène lui
gardée,
Et
les
donne
lui
lait;
le lait, et,
il
je
de Mélitène.
lait
raconte ce qui
lui
vous
«
:
elle
rend
enfants vivants.
les
Saints de Dieu, leur dit-elle,
du
jure, sur le disque
et tous les
miens
n'oserai désormais approcher, et
(2), je
trois milles
répondirent-ils.
«
Mon
de distance
».
«
noms
m'en tiendrai
noms
Dis-nous donc tes
premier et plus spécial
nom
si
soleil et sur
le croissant de la lune, que de toute maison où seront écrits et vos
au moins à
t
Mé-
s'est passé;
retourne à l'endroit où l'impure était
Dieu voulant,
Saints de la battre derechef
vous cessez de me battre,
ne bois pas du
je
Sinodore revient donc chez sa sœur,
m'est
il
»,
est Gyllou,
lui
mon
deuxième Amorphous, mon troisième Abyzou, mon quatrième Kar-
mon cinquième Briané, mon sixième Bardellous, mon septième mon huitième Barna, mon neuvième Charchanistréa, mon dixième Adikia, mon onzième (manque), mon douzième Myia, mon chous,
yEgyptiané,
douzième
et
demi Pétoméné.
en entendant ces noms. firent des rênes
ayant
(i) U>
coupèrent
la tresse droite
de Gyllou et en
pour leurs chevaux, puis, en possession des noms,
2to(v!E,
SIVT),
ils
Kl;
tr,v
II(i)lV.
firent leur entrée à
K*\ O'JVOo!:*. (aoj, littéralement
tàijj' 7jjr.au ôvôixtu-.i
cette expression plus loin, (3)
Les saints furent grandement surpris
repris les enfants de Mélitène tous bien vivants,
Gyllou. Et quand
(2)
Ils
»
«
ils
Constantinople
mes douze noms
et
demi
».
et
relâchèrent (3),
toute
J'expliquerai
MEGOTIUM PERAMBULANS IN TENEBRÎS la
K)
grâce à Dieu qui, par ses saints, avait accompli ces
ville rendit
miracles.
Les personnes qui useront du phylactère contre Gyllou ne subi-
«
ront aucun mal du fait de
celle-ci. »
Le phylactère contre Gyllou nons de traduire
:
le
texte que nous ve-
quand un enfant tombait malade, on
legenda de saint Sisinnios que, la lui lisait
que
n'est autre
on voit par une version arabe (i) de l'oraison ou
au chevet de son
puis on la
lit,
lui
suspendait au cou.
VI Avant de
parler de IVaXcu, qui était
nom
le
principal de la dia-
quelque chose de ses autres noms.
blesse, disons
D'abord pourquoi ce nombre fractionnel de douze noms
Dans une et
prière grecque contre l'épilepsie,
demie de diables
(2).
La
5),
occupation d'être complet
la
drait toute valeur,
Je connais des a) celle
s'il «
nombre
(3),
vipère de Malte
:
qu'on Actes,
qu'il
prétend conjurer
y avait une seule omission,
douze noms et demi
qu'on vient de
lire
dans
répond à
entier,
la pré-
veut paraître n'avoir oublié
(4); l'exorciste
aucun des êtres malfaisants
:
demi?
exorcise les 365 races et demie de reptiles et de bêtes
sauvages. Cet t^iom qui s'ajoute au
rentes
de
et
est question de 72 espèces
prière grecque de saint Paul
disait contre les serpents (en souvenir
xxviii,
il
»
le
:
l'exorcisme persi
petite fût-elle.
de Gyllou cinq
listes diffé-
texte traduit ci-dessus, elle
a été publiée par Sathas dans sa Bibliotheca graeca medii aevi, p. 573, d'après
Parisinus graecus 395,
le
analogue, qui se trouve dans
le
aussi par Sathas, op. L, p. 576;
c)
p.
575 d'après
que
je n'ai
même une
f° 12; b)
d)
une
Poima7idres,p. 299, d'après
liste le
V,
manuscrit et qui a été publiée
liste
reproduite par Sathas, op. L,
De opinionibus Graecorum
le
pas vu;
t.
une dans un texte
d'Allatius, vieil
ouvrage
dans un texte publié par Reitzenstein,
Parisinus graecus 2316, f°432;) une
liste
ms. arabe 118 de la Vaticane, et ainsi mentionnée dans Mai, Script, : Oratio S. Sisinnii mariy/is, legenda super puerum eique ceu amuletum appendenda : quo jacto, ab omni malo liber erit illumque Deu% per inlercessionem hujus Sancli custodiet. Je dois l'indication de ce ms. au P. Peeters, Bollandiste. (1)
vei.
nova
(2)
Conservée dans collectio, t.
Vassiliev, Anecdota, p. LXVIH.
(3) ld., p. 331,
(4)
le
IV, p. 240
Pradel,
avec
la correction
op. L, p. 73.
de REITZENSTEIN, Poimandres, p. 300, note
1.
NEC0T1UM PERAMBULANS
20
IN TENEBRIS
dans un texte publié par Pradel, Griech. Gebete, nuscrit de Venise.
n'ayant pu
me
La
liste
procurer
se trouve la liste
c, si
a se
le
De opinionibus
c'est
p. 28,
d'après un ma-
dans une LegendaS. Sisinnii. J'ignore,
lit
d'Allatius,
dans quel texte
dans une Legenda S. Sisinnii ou dans une
Legenda S. Michaelis. Quant à
se trouvent
b, d, e, elles
dans diverses
versions de la Legenda S. Michaelis, où c'est l'archange qui force
Gyllou à décliner tous ses noms; mais à tionnés Sisinnios et Sinodore diablesse qui parle) xal xo ffcu,
2iaivvi.£
©sou
ôelva,
6
xal àsl xal
:
iià cvopiaxûç
dç
ottou efolv
ovofjià
xal 2ivc8oji£, ou
la fin
xà
de
aou, àçxàyYeXe
[xtj
Legenda sont menôvopiaxa (c'est
Miya^X, xal xo
efoéXGo &lç xov olxov xou
Ilaxpoc, Ylou
xcù* atôvaç xûv aîcivwv.
genda S. Sisinnii connue depuis
la
(jlou
i{5'
,
xal 'Ayiou
Faute de
la publication
la
ovofJià
SoûXou
xoû
nvsu|iaxoc,
vùv
s'être rappelé la Le-
de
la Bibliotheca
Sathas, Reitzenstein n'a pas compris ce que signifiait, à la
fin
de
Legenda S. Michaelis, cette mention de Sisinnios et de Sinodore;
du patriarche de Constantinople Sisinnios
a cru
qu'il s'agissait
999),
qui est l'auteur d'une
bi-qyrfiiç
celle-ci,
il
(996-
me
borner, je n'ai pas tenu
moins intéressante, de quarante noms
qui se trouve dans diverses autres versions de la Legenda
S. Michaelis
ruiiou
liste,
la
xal àizQxôCkvtyiç xoù àçyjxyyù.ov
Voici ces cinq listes de noms. Pour
compte d'une autre
de
(2).
NEG0T1UM PERAMBULANS IN TENEBR1S
21
Pour pénétrer chez Mélitène, Gyllou se change en mouche pourquoi l'un de ses noms est M\>ia saint Michel publiée par Pradel {op.
savoir les siaai
'
noms de Gyllou,
xal zlxi
Pradel a consulté Wûnsch, qui
Baal des mouches sous
le
mons
nom
(1).
lui
les
Synoptiques :
le
le
«
qui
philistin,
prince des dé-
c'est
une croyance
démons peuvent parfois prendre la forme Moyen Age, par exemple, admettaient que pleine d'innombrables démons, menus et ténus
générale du folklore que :
(jluiwv cxaravo|jt.uTa,
a répondu de se rappeler
d'Aqqaron au pays
de BssXÇejtoJX est dans
voulant
1$ ovofAaxa
crai;avo|Ji\)Ta,
injure,
c'est
:
Prière de
la
324), l'archange,
Je crois que l'explication vraie est autre
de mouches
Dans
12).
Mmôv
crie:
BeeXÇs[3oûê,
»,
p.
I.,
b
Pour expliquer cette
aù-rà.
(xs
lui
{a,
les
gens du
les
l'atmosphère était
comme les grains de poussière qu'on voit danser dans un rai
de
soleil (2).
Étant, à l'occasion, une mouche, Gyllou est assez naturellement décrite
comme un
être ailé
déformé en lU-caata,
ailée (3).
zelyâ
Dans
nom
d'où son
fille
1/2,
douze femmes qui
figurées ailées. Sur la
d'Alabasdria est une sorte de Mélusine
légende éthiopienne de saint Sousnyos et de Ouer-
la
nom de la diablesse, qui paraît même que celui d'un oiseau dans la
(4), le
près le
de ns-opivr], ab 12
les icônes russes, les
noms de Gyllou sont
représentent les douze fresque de Baouît, la
:
Sur
c 5.
sémitique Scala
(5), est
à peu
magna du cheikh
Chams-al-riâsah, ouvrage copte-arabe du iv e siècle
(6).
Ce
nom
de
Ouerzelyâ ou Berzelia est à rapprocher peut-être d'un des noms de Gyllou dans nos
avec AXaoaaSpia).
d'où son
c
10, lequel
encore BopSova,
Cf.
Pour échapper à ner, a
grecques, BaposXXcuç, a 6 (d'où dérive proba-
listes
blement Avacap&aXoua,
n'aurait donc rien c 7.
Sisinnios, Gyllou s'était plongée
nom de nsXayia
(c
6),
était adorée
(1) II Rois, 1, 3. Cf. (2) Cf.
(7)
CXLV
volilanl sicut muscae, ainsi
que
Spéculum humanae salvationis, (3) Cf. Perdrizet, Terres
:
mer,
la
la déesse ainsi sur-
notamment à Kition en Chypre
Mallk., XII, 24; Marc, xin, 22; Luc, xi,
Legenda aurea,
dans
dans lequel Pradel, en bon disciple d'Use-
voulu reconnaître Aphrodite IlsXayux
nommée, qui
commun
de
(de Sanclo Michaele archangelo)
les représentations figurées
que
(8),
se se-
5. :
fréquenter daemones circa nos
j'ai citées
dans
mon Étude
sur
le
p. 56. cuites grecques
d'Egypte de
Basset, Apocryphes éthiopiens, IV, p. 38. (5) 0. von Lemm, Koptische Miscellen (Leipzig, 1914), zelyâ avec celui d'Ursule est impossible.
la coll. Fouqucl, p. 86, pi.
LXVI.
(4)
(6)
Annales du Service,
(7)
Op. I, p. 91, n°
(8)
BCH,
I,
2. Cf.
1896, p. 340.
p. 18. L'identification
p. 52.
Usener, Légende der Pelagia
(Bonn, 1879).
du nom de Ouer-
KEGOTIUM FERAMBULANS IN TENEBRIS
22 rait
donc transformée, aux temps chrétiens, à
la fois
en diablesse et
en sainte.
dans
douze diablesses sont figurées plongeant
les icônes russes, les
Sur
mer pour échapper à l'archange;
la
àcuaacr, pûôo;) d'où elles sont sorties: c 3;
Par.
le
op.
cf. ASytiou,
d
BuÇou, e 4; Act8aÇic\>, b 5, AjuSaÇov,
/.,
gr.
395 contient un
p. 577,
xafJLTjXcu,
5,
3; ÀoiÇioy, b 4; Buïou
A&Ça, d
5,
9;
xf ç 'AciÇcùç publié par Sathas, t
yeux de flamme, des mains de
et elle s'attaquait
privatif, et
jJuÇi,
2oXo|j.c5vo£ (3).
Je
(1)
mamelle;
nom
(2), qu'AÉv'^ou est la déformation d'OâÇcnG,
blesse dans la AiaOrpaj
xal xà;
fer,
aux petits enfants. Pradel
un mot romaïque, a
croit qu'AêuÇcu est
Paul Maas
tf
AêuoaÇcu, e
où l'on apprend que saint Arsénios triompha de cette
diablesse; elle avait des
cpixaç oasi
é^oçx'.ajxcr
dans l'abîme
elles se réfugient
de dia-
croirais plutôt à l'hypothèse
inverse de celle de Maas. Noter en passant que la transformation des
douze noms de
la diablesse
en autant de démons femelles, transforma-
tion dont l'imagerie russe a probablement
grecque, s'explique par la basse grécité
(4),
sémantique,
la
la Prière de
op. I, p. 34), l'archange interpellait vofjiota,
mot
l'idée à l'imagerie
cvofxa signifiant,
dans
non seulement nom, mais personne, individu.
Nous avons vu tantôt que dans #' cv:(xaxa
emprunté
le
slffai
«
saint
Michel (Pradel,
Gyllou en ces termes: Muiùv aaxa-
tu es douze personnes
»,
c'est-à-dire
«
tu
peux prendre douze formes, avoir douze hypostases, à chacune desquelles correspond un nom ». Il était essentiel de connaître tous ces noms, pour conjurer la diablesse, quelque forme qu'elle prît. Ce qui n'empêche que Reitzenstein se soit trompé, en expliquant que Gyllou ait douze noms par un passage de papyrus magique (5), qui donne les douze noms d'Isis-Hécate
:
dans ce texte,
il
s'agit,
non
d'cv:u,<xTa
au
sens d'hypostases, mais de noms magiques à ctj Suvàxat Trafaxouaco ciïxe à£çio~ cure ÛTcoysio; oaiu,ov. Quant aux douze génies (àyysXot) des douze
heures nocturnes, allégués également par Reitzenstein
quer que Gyllou
soit
douze personnes en une
(etffai
(6) ifi
pour
expli-
cvôfiaxa), ce
sont simplement des serviteurs d'Isis-Hécate, non pas ses hypostases.
(1)
Op. I, p. 87.
(2)
Byz. Zeil., 1908, p. 223
(3) P. (11
de 313
:
G'..
CXX1I,
r.
de l'ouvrage de Pradel).
ovo ta, au sens d'individu se trouve déjà dans une inscription païenne de Phrygie, datée e éd., n° cf. Cf MONT, Cal. des sculpt. el inscr. de Bruxelles, 2
(5)
Poimandres,
((
là., p. 299, n.
;
(c.
1335-
p. 257, n. I.
»,
d'après
KENYON,
Gr. Pap. Cal.
I,
m,!.
NEG0T1UM PERAMBULANS IN TENEBR1S noms de
D'autres
s'expliquent par sa nature
la diablesse
diablesse est nécessairement chargée horrible à voir (Apioççou^ a b e
Moçca
c 2,
quoiqu'il occupe la
ou Mopçou^ dans
on croit
les autres,
il
23
de
b
A§-.X''a
(
abrégé en Moçxpcj- d
2,
même
une
:
,
crimes
10)
et
quant à
2;
place dans sa liste qu'Afj.opfpov;
semble sans rapport avec ces deux noms;
qu'il signifie incube
:
Du
cf.
Cange,
v.
s.
[jiwpâ
et Pradel,
op. L, p. 95).
La Pour
caractéristique de Gyllou, c'est qu'elle tue et dévore les enfants. les
ce faire, elle
(SrçtyxXa
c 13, e 12),
étouffe
c
(IIa'.So7i:v(.xTj!.a
ou leur suce
les
les engloutit (*Pux av0TCatJi: P'- a c 11)
veines
ou
12),
(A'.(jLai:o7:!.vc'jja
insatiablement (Atcastcv
sa gueule à dents de requin (Xapxa?(.ff*P'.a a
g, b il,
étrangle
les
e 11),
puis
c 8)
dans
Kapxoçtxço
e
3,
Kaçxavt.To e g, Kcjçxavitooç e 10, KapavixoC d 3, Kapavi/pu? & 3).
ou Sdrçvou e 7, déformé en EXXr vcy^ b 8, rappelle caractère sinistre de la Lune, SsXtjv»], qui éclaire de sa lumière bla-
SsXvpouç ^ le
8,
(
farde les opérations nocturnes des sorcières. blesse Onoscélis révèle à
lune
(1).
Salomon
Dans
la A'.aO^xvj, la dia-
qu'elle opère ses sorties à la pleine
C'est pourquoi telle formule de guérison
par une nuit sans lune, où
les
doit se réciter
(2)
diablesses et les sorcières ne se risquent
point à déambuler.
Les autres noms sont moins aisés à expliquer. Faut-il mettre en rapport Kapav//p\>; b 2 Kapaviyo- d
(Koçxouç a
A>
3,
P ar abréviation intérieure), l'avons supposé
comme nous
en rapport non pas,
tantôt, avec XaçxaviffTptot a g, b 11, mais avec le prédicat xapxviffinq«
qui arrache la tête
»,
qu'on trouve déjà dans
aux noms commençant par Ma^u-açXar d 6 et
comme
(Maçjiatpou c 4)
12, MapjJiaXsTa e 6, Maç;j.aXa:;ou£ b 6),
Masu,aça9
magiques
:
la
Rhésos, 817?
le
ils
ou Mapu,a-
pour
(6).
—
Aç'.avr, b g,
Faut-il voir dans Bçiavvj a
d 10 (comme Kaptav»)
bablement d'autres) CXXII,
et reconnaître
(1)
P. G..
(2)
Vassiliev, Anecdola graeco-byzanlina, p. 336.
Wessely, Ephesia grammata, n 03
(4)
Wessely, Wessely,
119, 310;
Açtav»]
AUDOLLENT,
op. L, n-
1
?
noms
de Bascaj- ou
un souvenir de
Def. lab., p. 242.
527; Delatte, ap.-BCH, 1913, p. 269.
319, 335, 445, 529.
textes
d 7 en sont pro-
op. L, n° 94.
(5) /d., n°» 21, 98, 119. 226, 310, (ô)
(5),
1321.
(3)
les
noms
une faute de copie,
5
b 7, Kapav»)
dans
dans
ses abracadabras, les
à bredouillement, formés de Maçu,aç- ou de Meçjxsç-
de Bîpctp-
(Alapjjia-
rappellent des
Maçu.avco9 (4) qui sont fréquents
(3),
magie affectionnait, pour
Quant
l'A-
NEGOl'IUM PERAMBULANS IN TENEBRIS
24
riane Cretoise, laquelle, de cette façon, aurait été successivement une
grande déesse
une héroïne, et finalement une diablesse? Mais
(i),
semble confirmé par
Bpiavïj
ayant demandé au démon 'PàêSo;
mon répond
xù neyocXo Bptio
:
où nous lisons que, Salomon
la Aiaô^xï),
toio àyysXw xaxapyfj <^,
:
Gyllou porte encore deux autres noms dans èyù
toc vrjzta
dans
à7toxxs'!vo
'
à grand bruit
(3).
Ce nom, dérivé de
comprend mieux
se
»,
la Prière de saint
si
Traxâaasiv,
qu'en descendant du Sinaï,
Où
vas-tu?
—
»
il
l'on se souvient de la confes-
un jour
que
(var.
Ilaxacjaço
ïlaxaêapata).
nom
L'autre
»
excellence des puissances méchantes Baaxcaûvïj, xc piya
9oct,Gt ti.,
*
cvo[j.a
@eoù
xo\>
(5)
(
«
étrangle
Celle qui
Quant à
Sisinnios.
»,
comme
BaaxccjûvTj,
dans
2xçs''yxAa,
aucun
nom
le
du Mal,
par
tcoXû-
Strangalia
la Prière
de
saint
caractère essentiel des
le
mauvais
et la fascination, le
Gyllou,
nom
ne saurait mieux convenir
à notre diablesse, l'envie, la jalousie étant esprits
de le
SxçayyaXta
ôçxi'Ço ae,
:
Mon
vacarme.
grand
qui se trouve encore dans la Prière de saint Michel, est
jj.opçs
Oui
«
:
prêtres se détestent et se
les
querellent les uns les autres et s'injurient à est
(4)
suis, lui répond-elle, celle qui fait pleu-
rer les nouveau-nés, celle qui fait
nom
chemin
l'avait trouvée sur son
Je
«
battre
«
sion faite par la diablesse Ac\>"cu à l'archange saint Michel,
es-tu?
Michel :
xo yàp ovojxà pieu lïaira^apéa. xaAoùjj.ai, lit-on
manuscrit de Madrid
le
dé-
le
(2).
œil, leur
moyen de
nuire
plus redoutable.
Reste cstov.
nom
le
principal de la diablesse
Quoi qu'on
ait dit (7),
il
peut-être y faut-il reconnaître un diablesse Lilith Lilith fait son
(8)
nom
dont parle déjà
œuvre
(6), xc
n'est pas grec;
Isaïe
(XXXIV,
(1)
'Af.iovr,
(2)
P. G.,
(3)
Yriarte,
«
les
la très sainte »
CXXII, op.
1332.
/.,
:
HÉSYCHIOS iovdv
Pradel,
Reitzenstein, Poimandres, p. 298.
(7) il
op. L, p. 91.
Die Gebàrden der Gricchcn und Romer,
l'origine
babylonienne du nom de
188'',
|>.
86).
p.
125.
F-ilith, cf. Zcit. f.
ptr-e. à tort (L'bcr die jiid. Angelologie u.
mus, Leipzig,
du bâton magique.
op. L, p. 23.
Pradel,
Pour
àyvôv Kp^Teç.
p. 424.
(4)
(6) Cf.
'
paraît être la personnification
(5)
(7) Sittl,
aussi les
chambre d'accouchement.
parœmiographes grecs nous ont conservé
cf.
TàSoo;
comme celui de la comme Gyllou,
14):
aux nouveau-nés:
la nuit, elle s'attaque
s£a>.'-
doit être oriental;
il
babylonien,
Juifs ont-ils soin de lui interdire l'entrée de la
Les lexicographes et
zpwxov cvop.a xal
Dàmonologic
Assyr.,
in ihre
XXIX,
[63.
KOHUTle
Abhângigkeit vont
l
NEGOTWM PERAMBULANS
IN TENEBRIS
25
Sapphô TeXXoù^ rox'.Scxp'Ao-cspa (1). Dans une glose qui vise évidemment cette expression de la poétesse lesbienne, Hésychios explique que Gello était une goule qui volait aux mères leurs ce fragment de
nouveau-nés,
:
Sai'fxov
j'emploie exprès près Sophoclis
(2)
babylonien gallou Il
mot
le
-à vsoyvà
yuvatxsç
rjv
çaalv
TcaiSCa
àçroiÇeiv,
de l'arabe ghoul, lequel, d'a-
goule, qui vient
dériverait de reXXci, celui-ci venant peut-être du «
démon
»
(3).
faudrait être au fait de bien des choses pour contrôler cette suite
étymologique. Si
elle était
reconnue exacte,
le
fragment de Sapphô
mériterait beaucoup d'attention. Car, étant admis que
le
nom
TeXXw,
qui, en tout état de cause, n'est pas grec, soit d'origine babylonienne,
nous voilà en présence d'un emprunt de lone.
Emprunt
comme
direct,
le
la
Grèce archaïque à Baby-
yatagan à poignée d'ivoire qu'An-
timénidas, frère d'Alcée, avait rapporté d'Assyrie
rement. Sans doute, au
vm e
avant notre
siècle
(4)?
lone avaient étendu leur empire fort loin vers l'Ouest
une
stèle
de Sargon à Chypre,
avant cette époque,
dont
En somme,
il
de Baby-
on a retrouvé (5).
la civilisation était
Mais,
pénétrée
dominé sur une grande partie
d'influences babyloniennes, avaient
de l'Asie antérieure.
:
date de 707 avant J.-C.
elle
les Hittites,
Pas nécessai-
ère, les rois
ne serait pas étonnant que des
ondes soient venues dans ces temps très anciens de l'Euphrate à l'Egée, et que, par exemple, les Grecs d'Ionie, pour désigner les goules,
aient
employé un mot d'origine babylonienne
:
è'~sa
Tccspoevxa.
ne serait d'ailleurs pas une raison suffisante pour attribuer à
du type de
lonie l'origine
la
Harpye ou de
la
Ce
Baby-
la Sirène (6).
VII L'explication que l'éditeur de la fresque de saint Sisinnios à Baouît en a
(fig.
6)
donnée n'est pas exacte de tous points. Je m'empresse
cf. Lobeck, Aglaophamus, p. 303, ainsi que le Thésaurus et que (1) Fr. 44 Bergk-Hiller Pauly-Wissowa, s. v. Gello. Dans la Tentation, Flaubert, parlant de Stryges et des Empuses. nomme les « Gelludes »; on trouve, en effet, le pluriel <xl l'ë/oCioEî dans un opuscule ïlzp: ETpuffôv attribué à saint Jean Damascène, -J- 756 (P. G., XCIV, 1604) le génitif reMoû; du fragment de Sapphô aura été pris pour un nominatif. ;
:
(2)
Greek Lexicon,
(3) Zeil.
f.
Assyr.,
(4) Alcée, fr.
d'ivoire (et
non
p. 117), cf.
BCH,
(5)
«
s.'
dans
y£),).oi,
y&Xdt or
"tikth.
161.
33 B-.H., d'après Strabon, Xllf, 617. Pour les épées archaïques à poignée à garde d'ivoire », comme traduit DESRÔUSSEAUX, Les Pucmes de Bacehylide, 1904, p. 340 et Dut. des Antiq.,
Perrot, Hisl. de
(6) Cf.
v.
XXIV,
le
même
s.
v. gladlits, p. 1604.
l'Art, t. II, p. 630.
sens,
Weicker,
Seelenvogel, p. 90.
NEGOTWM PERAMBULANS
26
d'ailleurs de reconnaître
IN TENEBRIS
qu'on doit beaucoup de gré à M. Clédat
pour nous avoir procuré de cette peinture singulière des reproductions qui permettent de corriger sa propre exégèse. «
Faisant pendant à saint
Phibammon, on
cavalier sur un cheval brun. Son
f o À r
oc
i
Vêtu du costume phrygien, dont
il
perce
C est
il
f les
voit, écrit-il,
est écrit à droite
C
I
N N
I
un autre
de sa tête
:
OC
I
armé d'un bouclier
sein droit (i) d'une
le
couchée sous
nom
d'une lance
et
femme
AAABACÛPIA
pieds du cheval. Autour de ces deux personnages
sont une série de symboles, personnages, animaux ou armes apparte-
nant pour
se termine
Une femme ailée, dont le corps est désignée comme « la fille
plupart au mythe d'Horus.
la
par
d'Alabasdria
queue d'un
la
reptile,
»
TC^e
CPENAAABACÛPIA
Au-dessous est un jeune Centaure armée d'un harpon saint Sisinnios, être
une hyène
(3).
Au-dessous, un pou, un crocodile,
gnard, deux haches, deux serpents et
le
scorpion,
rattachant particulièrement au mythe d'Horus Si
(i)
A gauche de
(2).
un jeune enfant. Au-dessous, une bête tachetée, peut-
M. Clédat avait connu
Plus exactement
« la
poitrine
la
(4).
l'ibis, le
poi-
ces derniers se »
médaille talismanique qui avait été
».
Pour cette figure de Centaure, M. Clédat renvoie à la Vie de saint Paul, traduite du copte, dans les Annales du musée Guimct, t. XXV, p. 4. Il est dit, en effet, dans la légende de saint Paul ermite, qu< saint Antoine, ayant appris par un songe qu'il existait un solitaire encore plus avancé que lui-même dans l'ascèse érémitique (ce solitaire n'était autre que Paul), partit à sa recherche et d'abord rencontra un Centaure dum eum per silvas inquireret, obvium habuit hippocentaurum, hominem equo mixtum (Legenda aurea, c. XV, éd. Grasse). Sur la transformation du Centaure en démon, cf. Cahier et Martin, Vitraux de Bourges, n° 25, p. 216; Cahier, Nouveaux Mélanges d'Archéologie, Curiosités mystérieuses, p. 156; Perdrizet, Fouilles de Delphes, V, p. 189; Mendel, Sculpl. du musée de Conslanlinople, II, p. 523. Le Moyen Age occidental (cf. V Enfer au Dante, ch. XII, V Allégorie de l'Obéissance, par Giotto, à Assise, et le Jugement dernier d'Orcagna, à S» Maria Novella) a pris dans les légendes des solitaires de la Thébaïdc le type du démon en forme de Centaure, autrement dit de Sagittaire. (2)
:
(3)
Les Abyssins croient que
les esprits
Abyssinia, dans le Dict. of Rel. and Elhics (4)
Clédat,
op. L, p. 81.
prennent parfois
d'HASTlNC
I.
la
forme de l'hyène
57 a, et Zeit.
I.
Assyr.,
:
cf.
Littmann,
XXIV,
64.
NEGOTIUM l'ERAMBULANS IN TENEBR1S déjà publiée deux fois et 8),
(1)
que nous reproduisons ci-dessous
et
aurait compris ce que représentaient ces
il
placés par
le
Alabasdria.
27 (fig.
7
animaux symboliques
peintre de Baouît à côté de saint Sisinnios et de la goule
La médaille en question montre d'un
côté
Salomon nimbé,
à cheval, transperçant d'une lance crucifère la diablesse renversée
Fig. 8.
Fig. 7.
à terre
au pourtour l'inscription
:
2'.jîvv.o£,
pensé
l'a
Stffivvdcpto;
—
premier éditeur,
le
çs'jyô,
le
que
le
Soaojaov ai Stoxi,
propriétaire de la médaille, mais
saint Sisinnios et son frère Sisinnarios
suppose,
{JLôfX'.ffiixsv!.,
deux noms désignant, non pas, comme
ces
(2), celui-ci
étant
même,
le
je
Sinès du texte de Sathas (Sinès, abréviation de
Sisinnarios).
Au
revers, en exergue, cette invocation à la vertu
monien
du sceau
salo-
aççayi^ 2oXofji5vo-, à;coS''c£ov rcâv xaxov àrco xcj çoçcjvtoj. Ainsi,
un talisman de ce genre n'était pas bon seulement contre une seule maladie, mais contre toutes.
Dans de toutes
le
champ du
les
revers,
on
voit, au-dessus de la diablesse, cause
maladies, et à côté de l'inscription
œil percé de trois couteaux à lame triangulaire
horde de bêtes, le
même thème
un scorpion, un serpent, un
(3),
le
mauvais
et attaqué par
ibis et
deux
une
lions. C'est
qu'àBaouît, avec cette différence de détail qu'à Baouît,
Y oculus invidiosus, que M. Clédat n'a pas reconnu, est percé, non de trois
couteaux, mais d'un seul, et de deux flèches empennées.
(1) Rev. él. gr., 1892, p. 74; 1903, p. 47- Cf.
Rev.
él.
gr.,
1891, p. 291;
BCH,
1893, p. 638
et 1900, p. 293. (2)
man
(3)
Un
Pradel,
p. 97, n. 2, croit
ne désignent qu'un
même
que
les
deux noms Sisinnios
et Sisinnarios inscrits sur le talis-
personnage, qui serait saint Sisinnios.
Les coutelas de cette forme sont fréquents dan? l'imagerie égyptienne Annales du Service, VIII, p. 122.
^enie-cousiclicr de Monlouinhuil, ap.
:
cf.
LEGRAIN,
NEGOTWM PERAMBULANS
28
IN TENEBRlS
VIII
un scorpion, deux serpents
L'œil, à Baouît, est attaqué par
et
Quant au pou que M. Clédat a cru distinguer au-dessus de ce fourmillement de bêtes, il n'est pas donné à tout le monde d'y croire. D'abord, il serait, ce pou, démesurément grossi. Et que viendrait faire un pou dans la bataille des bêtes contre le mauvais un
ibis.
œil? Je pense qu'il s'agit en réalité d'une chouette: on distingue, sur le
haut de
la tête,
à droite et à gauche, les deux petites touffes de
plumes caractéristiques. La chouette
yeux ronds
raison de ses
et fixes et
de leurs lunettes de plumes qui
donnent une apparence énorme. Selon
leur
guïté des forces magiques — conjurer. Elle
le
elle
pour dangereuse, en
était tenue
avait
conjurait à Athènes
le :
les cas
mauvais
—
telle est l'ambi-
œil,
ou servait à
le
chouette d'Athéna, qu'on
la
voit posée sur la dextre de la déesse, ou à terre à côté de la rXa\>xw7ciç,
ou
telle qu'elle est figurée,
chouette d'Athéna,
avec ses yeux ronds intentionnellement
d'Athéna et sur
grossis, sur le bouclier
les
monnaies d'Athènes
dis-je, conjurait la fascination.
Au
nombre de monuments magiques de basse époque, l'auxiliaire
Dans un de
la
de Yoculus invidiosus et
travail (i)
où
chouette chez
les
j'ai,
Anciens,
monuments, qui forment
le
comme
le
avant d'autres j'ai
signalé
la
contraire, sur
la
chouette est
symbole de (2),
—
expliqué
la fJaoxav'a. le folklore
un certain nombre de ces
meilleur commentaire de la fresque de
Baouît. Voici, par
exemple
(fig.
g
,
la
mosaïque liminaire du
ciants en perles fines [margaritarii) à
Rome, au mont Cœlius
négociants étaient des Levantins, et riches lites
aux mains desquels
qui ornait
de leur
le seuil
local des négo-
:
tels
aujourd'hui
(3).
Ces
les Israé-
commerce de la perle. La mosaïque chambre syndicale devait les protéger, eux
est le
et leurs richesses, contre l'Envie. Elle représentait
donc Yoculus
diosus attaqué par la horde des bêtes et percé d'une lance,
invi-
comme
nous l'avons vu précédemment percé de flèches et de coutelas. Mais
(1) Bull. soc. anliq. de (2)
(3) Boll.
p. 283;
France, 1903, p. 164-170.
Par ex. Pottier, ap. comunale,
BCH,
1890,
CAGHAT-CHAPOT, Manuel,
pi.
1908, p. 534. I,
II. li-.
II;
Bienkowski, Malocchio, ap. Eranos Vindobonensis,
450.
NEGOTIUM PERAMBULANS IN TENEBRIS en regardant bien, on voit que sur chouette, et que c'est à s'en
prend
la
la
l'œil
méchant
ÏQ est perché
une
chouette, autant qu'au mauvais œil, que
horde des bêtes
:
quand une chouette
se risque en plein
Fif. 9.
jour, les autres oiseaux,
contre
ne
elle,
lui
petits et grands, ne se réunissent-ils pas
donnent-ils pas la chasse tous ensemble (i)?
Autre exemple de
la
chouette
comme symbole
de
la (taaxavia
:
l'a-
mulette monétiforme publiée jadis par J.-B. de Rossi(2), où l'on voyait d'un côté une chouette, et, en exergue, cet exorcisme pris de V Apocalypse, v, 5,
mot
écrit
:
bicit te leo
dans
le
de tribu luda, radix David,
champ, à côté de sept
étoiles,
Dominus
autant d'étoiles
y a de lettres dans l'heptagramme sacro-saint Dominus). l'exorcisme se poursuivait de l'autre côté
Ligabit
te
bratius
ad anima pura
(i) Cf.
et
Dei
et sigillus
supra, quisvis
Perdrizet, La Chasse à
La
qu'il
suite de
{Dominus) Jhesus Christus.
Salomonis. Abis notturna, non baleas sis.
la chouette,
(2) Bull, arch, chr., éd. fr., 1869, p. 62.
:
(ce dernier
Récemment,
ap. Rev. de l'Art anc,
feu
et
Héron de
mod., 1907,
Ville-
II, p. 143.
NEGQT1UM PERAMBULANS
30 fosse (ij et
M. Charles Bruston
ont expliqué deux amulettes ana-
(2)
logues trouvés à Carthage et dont voici
d'un côté,
la
chouette, et en exergue,
cisme
f
:
IN TENEBR1S
mieux conservé
le le
(fig. 10)
commencement de
:
l'exor-
de tribu Iuda, radix Da-
bicit leo
vid; la fin, qui se trouve de l'autre côté,
même
n'est pas
la
et diffère
chaque
sur les deux amulettes,
de
fois
par
proposées
les lectures
prévenant que
du n°
celle
l'exorcisme
la fin
De
de
inscrit sur l'amulette
Rossi. J'adopte
M. Bruston, en 2 est
douteuse
en quelques endroits, sans qu'il y ait leurs incertitude sur l'essentiel
anima pur a
Invidia invidiosa, nihil tibi ad
1)
et
d'ail-
:
munda. Micael,
Raphaël, Uriel, Gabriel, f Victoria. 2) Invisa invidiosa invicia devastator abis, quis ne non tunni
fia-
gellum fecerit totum frangi.
Le mauvais œil dont la défaite sur la médaille talismanique reproduite ci-dessus fait pendant à la défaite de la diablesse représentée à l'avers, ou qui, sur la fresque de Baouît, est figuré à côté du groupe
de Salomon et d'Alabasdria, n'est pas un être existant à part, le
mauvais œil de
la diablesse
reux moyen de nuire. Aussi, dans Reitzenstein
la
Legenda S. Michaelis publiée par
non pas FjXXou, mais
appelée
la diablesse est-elle
(3),
c'est
elle-même, son principal et plus dange-
Baffxavîa ou Baaxoajvrj.
Reportons-nous maintenant encore une congé de ce document saisissant, à avis,
de
comment
lin, le
la
la transperce
faut la
fresque de Baouît. Voici, à
la diablesse,
avec
le
:
la diablesse roule à terre, Sisinnios
comme
la séquelle
Centaure au harpon
(1) Bull,
la croix.
succombe son agent de nuisance
Ce que voyant,
hampe à l'autre En même temps que
talon (aaupwTr^) d'une longue
est anéanti par les bêtes,
—
:
le fiàaxavo-
de
la
diablesse
—
s'enfuit en hurlant,
la fille
p.
d'Alabasdria,
pendant que
du Comité, 1916, p. 136.
Poimanirts,
c^a^jxé;
Alabasdria-Baaxoaôvr, l'est par Sisin-
(2) Rev. arch., 1919, II, p. 224. (3)
mon
lire.
extrémité de laquelle devait splendir
le
avant de prendre
Le puissant cavalier aux blancs vêtements grand saint Sisinnios, est tombé comme la foudre sur la diail
blesse et sur toute sa séquelle
nios.
fois,
297. d'après le Paris, gr. 2316; cf. supra, p. 24.
le cro-
NEG0T1UM PERAMBULANS IN TENEBRIS chouette et
codile, la
hyène
la
tion, gardaient l'enfant volé
31
dans l'autre partie de
qui,
par Alabasdria
(i),
la
composi-
assistent impuissants
et inertes, à la déconfiture de celle-ci.
IX Le thème de Yoculus invidiosus attaqué par retrouve sur beaucoup d'autres
la
horde des bêtes se
monuments de l'époque
impériale.
L'un d'eux n'a pas été correctement expliqué. C'est encore une mosaïque liminaire (fig. n), trouvée à Sousse, et kler
en
:
ainsi
Mosaïque de
«
par
décrite seuil,
1901 dans les ruines
Gauc-
découverte d'une villa
romaine. Long. o m 75, haut. o m 60.
Dans un cadre formé d'un filet noir, mauvais œil entouré de deux ser-,
le
pents et d'un poisson qui l'attaquent
pour préserver de ses maléfices trée (2).
En
»
réalité,
en érection. Sur le
mauvais
œil,
la
le
MM. Beaudoin lette (5),
où
les
gardent
l'en-
(3) la
qu'il faut savoir;
reproduction de
reliefs et
on trouvera
de médailles
talis-
horde de bêtes autour de Yoculus invidiosus, et dans :
en étudiant
s'agit (4), j'ai constaté
détail omis par
ils
du çàXXo^, jascinus, comme préservatif contre
le rôle
cette horde, le çàXXos il
maison dont
la
n'y a point là de poisson, mais un çàXXcç
il
Otto Jahn a dit tout ce
dans son mémoire maniques, avec
Fig. il.
que
les
le 9. est
originaux des médailles dont
généralement représenté
tcttûov,
dessinateur de Jahn. et Pottier ont publié les inscriptions d'une
amu-
bêtes hostiles au mauvais œil, au lieu d'être figurées,
sont seulement dénommées. D'un côté, Salomon, nimbé, à cheval, (1) Dans l'état actuel de la fresque, il ne reste plus de cet enfant, qui était figuré nu, assis, tourné vers saint Sisinnios, et dont la peau était peinte en blanc, que les jambes et le séant.
Musées de Sousse, p. 36, pi. IX, fig. 5. Même erreur dans Bull. arch. du Comité, iqoi, et Chapot, Manuel d'archéologie romaine, II, fig. 452. (Je vois en corrigeant épreuves que Gauckler l'a rectifiée depuis dans Y Inventaire des mosaïques de Gaule et (2)
pi. l?s
CXC; Cagnat
d'Afrique,
p. 32, n° 73).
t. II,
(3) Bose Blick, pi. III (d'où Dict. des antiq., fig. 2288) et Cagnat-Chapot, II, fig. 451. Aide la stèle funéraire d'Afrique reproduite dans Strena Helbigiana, p. 38 (moulage au musée de Troyes;
pour l'épitaphe, (4) Rev. (5)
cf.
et. gr.,
BCH,
CIL, VIII, 9057
et suppl. p. i960).
1903, p. 54, nete
X879, p. 267.
u
NEG0T1UM PERAMBULANS IN TENEBRIS
32
transperçant de sa lance la diablesse, et à l'exergue cette légende 0eo£
tx xaxà.
6 [vix3]v
d'un lion
De
eîç
:
cette inscription, au-dessus
l'autre côté,
:
n O
TT
I
O
I
K
A O C
£
I
e
i
B
e
y
e
O A
€
ANÛP
c
i
C N a
OCTPOYGO K A
(VI
H A
O C
A H O A A O «
On
a-zz-MyÂ\i.-r\\z;.
étudié par
MM. Beaudoin
Ce talisman, quand
»
et Pottier, se trouvait
Pérétié, à Beyrouth. Depuis,
il
*jj.oîXoç
mieux
[JioTXoc,
étant censément la transcription du
lire NsiXoasiêt;.
Si
dans
il
fut
la collection
a été acquis par M. Gustave Schlum-
berger, qui en a proposé la lecture (i) imcoç,
mot
"tctcoj, (e)ÎStç,
Les autres ne semblent pas altérés, mais nous ne
voulons pas hasarder une explication.
les
mots
distingue, écrivaient les premiers éditeurs, les
l'on se rappelle le
lat.
et&ç, xxX., le
mulus :
il
vaut
çàXXoj représenté sur
médailles talismaniques et sur la mosaïque de Sousse, on lira les
mots entre àv5?ô;
— ce
NsiXôcrsiois et ffrpouôoxàfJLVjXoî
de cette façon
qui, en trois mots, signifie la
N'ayant pas vu
l'objet, je
même
:
sùôela xoXyj
chose qu\'6u<paXXo£.
ne propose pas de transcription de
la
dernière ligne.
X Dans l'étrange composition juive intitulée AiaÔTjXi) 2oXo{jl(5voc, «Testament de Salomon » (2), on lit que, quand Salomon construisait le Temple, il avait comme conducteur des travaux un icoglan qu'il chérissait tendrement. Aussi lui
faisait-il
servir
double ration. Et
pourtant, ce garçon maigrissait et dépérissait à vue d'œil.
(1)
Publiée dans P. G.,
CXXII,
col. 1317,
d'après les Anecdola graeca de
Car
la
Fleck (Leipzig Du Cange (Ad
1837). Fleck avait reproduit le texte de la AtaOrfxr) donné par un Parisinus que y.ùtiarnm, t. VI, p. 7) avait lu et compulsé; ce ms se trouvait au temps de Du
Cange dans
bibliothèque De Tixou.CoNYBBASE a traduil et annoté la AiaBrjxr) dans The Jewish Review,"XI,p. (2) Rev. et. gr., 1892, p.
1895). p. 125.
80; reproduit par
SCHLUMBERGER dans
la 1.
ses Mél.d'arck. byz. (Paris,
NEC0T1UM PERAMBULANS IN TENEBR1S démon Ornias
nuit, le
informé de
suçait
lui
d'en frapper la poitrine du
démon
perd toute force, et l'icoglan
Salomon qué
roi
le
pouce. Salomon, enfin
le
Ainsi fut
(i).
lui
fait.
recommandant Alors le démon
traîne jusqu'à la Sublime Porte de
en fait un esclave, un forçat
:
après l'avoir mar-
l'emploie à scier et à tailler les blocs de pierre qui lui arri-
il
(3),
Le
(2).
sang par
le
son anneau à l'icoglan, en
cela, confie
33
vaient d'Arabie pour
travaux du Temple
les
(4).
Cette bague miraculeuse, que Salomon avait reçue de Dieu par un ange, et grâce à laquelle
il
pouvait réduire en chartre et obliger aux
travaux forcés n'importe quel démon qui y était gravé
:
yj
Ss yXuçv]
(5),
devait sa vertu au pentalpha
zr ç açpayîSos sera TCsvcàXça aux?) (6). t
Ainsi l'expression jçpaylc 2oXofu5vo- pouvait désigner deux talis-
mans
différents
diablesse —
:
l'un
c'est le
au type de Salomon à cheval transperçant
— l'autre au type du pentalpha.
parlé plus haut
la
type des talismans monétiformes dont nous avons Ils
nommés
étaient
l'un et l'autre aççaylç 2oXo(jlovoç, le premier parce qu'il représentait
Salomon
et qu'il procurait à la personne qui le portait le secours tout-
puissant de ce grand magicien,
pentalpha gravé sur
Un "ïjC
la
le
second parce
bague dont l'Éternel avait
papyrus renferme cette formule sOsto 2oXou,ùv lia
que
est clair
la
et;
'IepTiju'ou,
la
:
il
langue
xal ISoû, oirjxe-a'. jupô
twy
Q'jowv.
t
Ajouter ce texte à ceux concernant la marque que t.
XIV,
j'ai
réunis et
commentés dans VArchiv.
p. 54 et sq.
aosa-f'-sa; aùrôv IxaÇa eî; ttjv
(4) O'.i
toucha
tÔ aTïjôo; to3 oaijiovfou pî-iov tô oaxTuKocov.
(
(3)
aipçayTÔoç
x-îfc
au prophète devenu muet, devait
la parole
fjf*Y ov T ° v 8a![xova wj sxi^euaâî poi, 8c'a7cota, ttjî aû).r ; -r i paaiiefa; cou.
Relig.,
Salomon.
xal sXâX-rja&v (7)
avec laquelle Salomon
(2)
/.
gratifié
ôpxiÇo as xaxà
:
yXwaaav toS
xfjv
aççaylç
de Jérémie pour rendre
(1)
qu'il reproduisait le
* £?Y aa av xou -
~
£'f*Véiv
Toù; ),î8ou; sv
:w vaû âvGêVTaç
OaAâccr;; 'Apa6(aç.
SoXoatôv (JaciAeu, utô; Axulo, Sûpov âjcscrei/^ coi Kîipto; xal cjyxXEÎasi; Jcâvra -à Saipio'vta tïjs y^> «pasva xal 6r]'),ea.
(5) ï%Zi,
Ea6attf8 (6)
•
P. G.,
CXXII,
0sd;, 6 ûtticro;
1318.
P. Pam. 3009; cf. Dieterich, Abraxas, p. 139. Blau, Alljudische Zanberwesen, p. 116, déclare ne pas pouvoir expliquer cette légende du mutisme de Jérémie, et de sa guérison par Salomon. Comme je l'ai indiqué ailleurs (Rev. et. gr., 1903, p. 58), l'origine de la légende en question se trouve dans un passage de Jérémie même (I, 9) : xal IÇêTEtve Kupto; tt,v /Etpa ay-ou rcpd; us xal (7)
c
CTopaxo'; uou xal î;~î Kûptoç ftpo;
f^ato
"cou
aou.
avait
pt£ Ioou os'owxa toùç idyou; pvou cîç xo CTû'ua une haggada Jérémie, avant de se mettre à prophétiser, était muet; le Seigneur l'avait consacré prophète par l'intermédiaire de Salomon le roi magicien, devenu l'un des anges de Dieu ou l'une de ses hypostases. « Avant que tu fusses sorti du ventre de ta mère, je t'avais consacré, je t'avais établi prophète des nations » (Jérémie, I, 5) ce texte disculpait l'haggada du reproche d'anachronisme. (
Il
dû
se créer sur ce texte
:
:
NEGOTIUM
?
NEG0T1UM PERAMBULANS IN TENEBRIS
34
être celle-même que le roi magicien avait reçue de Dieu, sur le chaton
de laquelle était gravé
merveilleux pentalpha.
le
2oXo acSvo? de l'autre catégo-
Mais, dira-t-on, certaines açpayTSss rie,
de
lées,
celles
dans
t
au type de Salomon transperçant
mais parfois açpayW
Çùv-coî ©sou
2oXojj.c5vo;, (2)
:
que
croire
faut-il
sont appe-
portent en exergue, non pas tou-
les inscriptions qu'elles
jours ffçpayl;
la diablesse,
@&o*J
(
ff9paylç toû
T )>
Dieu
envoyée par
bague
la
à Salomon représentât déjà celui-ci à cheval, transperçant la diablesse? Cette conclusion ne paraît pas admissible. Je crois que,
2oXo[xôvcç
ffcpçaylç
du deuxième type (Salomon victorieux de dans certains cas, une
était
de Dieu, du Dieu vivant, du Christ. cathédrale de Strasbourg, on voit
Au
le
Spéculum humanae
salvationis
«
le
figure
»
gable du grand portail de la
Salomon sur son trône
le roi
au-dessus de Salomon, l'Enfant Jésus sur
symbolique
la dia-
que, pour
blesse) a été appelée parfois acppayi' Osoù, c'est parce
symbolisme chrétien, Salomon
la
si
genoux de Marie
les
nous donne
la clef
et,
(3)
:
de cette imagerie
:
veri Salomonis est beatissima Virgo Maria, In quo residebat Jésus Christus, ver a Sophia (4).
Thronus
Même
symbolique chez
éthiopien, intitulé
du xiv e
I
Kebra Nagast,
donne au Christ
siècle,
pierre gravée
les chrétiens
(6)
le
«
la
d'Orient
grand ouvrage
le
Puissance des Rois
nom mystique
»,
de Salomon
Une
(5).
CABAOJ
Ces rapprochements permettent de comprendre que sur
mans monétiformes au type de Salomon transperçant roi
qui date
— de celles dites à tort gnostiques — porte l'inscription
W COAOMOIMO
A
:
les
talis-
la diablesse, le
magicien ait pour arme, non pas vraiment une lance, mais une
croix
hampe de cette hampe
longue
à
inférieur
(1)
Rev.
(2) Bull, (3) Cf.
et.
hum.
(5) Cf. l'éd.
(6)
1903, p. 50, hell,,
/.
salv., ch.
8;
cf.
Pradel, op.
XXIX,
salvationis, éd.
les
bout
le
cette représentation rappelle celle de la
/.,
crist.,
p. 298.
1894, p. 105; Rev.
Lutz-Perdrizet,
t. I,
IX, 53-54. Cf. Perdrizet, Étude sur
Bezold, dans
Assyr.,
fig.
:
1893, p. 638; Bull. arch.
Spéculum humanae
(4) Spec.
et Znlsch.
gr.,
de corr.
transperce la diablesse avec
il
:
Abh. der
le
p. 251;
S.
philos. -philol. Kl. der bayer.
H.
et. t.
gr.,
1903, p. 49.
II, pi. 100.
S., p. 38-44.
Akad.,
t.
XXIII,
p. 62-63,
p. 98.
WESSELY, Ephesia grammala, n° 202, d'après MoNTFAUCON, Palœographica graeca, pi. CLXI V.
NECOTIUM PERAMBULANS IN TENEBRIS Descente aux Limbes, où l'on voit
une croix
Hadès ou
pareille,
35
Christ abattre de
le
même, avec
Lucifer.
XI Ce serait un long travail que de traiter à fond du pentalpha
(1).
Les symbolistes ont vu tant de choses dans cette figure en apparence
même
compliquée et qu'on trace d'un
Une gravure de
main.
d'une Bible latine
J.
plume, sans lever
trait de
la
Rubens, au frontispice
Collaert, d'après
en fait un symbole du Pentateuque, chacun des
(2),
cinq livres sacrés étant représenté par une des cinq pointes de la mystique étoile. Qui dira toutes les rêveries que à la Synagogue
Mais bien avant
!
médité sur cette
figure.
Déjà
graffite
l'influence
Ptolémées.
II
Grecs semblent avoir
y voyaient un porte-bonheur. Nous
le
pentalpha au Memnonion d'Abydos,
ptolémaïque.
moigne de
pentalpha a inspirées
ils
avons, Lefebvre et moi, trouvé
dans un
le
les Juifs, les
Ce
graffite,
du judaïsme,
se pourrait; mais, bien
si
dira-t-on
peut-être,
avant
Ptolémées, dès
les
riode archaïque, le pentalpha ou
pentagramme avait
Grecs une figure talismanique
le
clier sur les
vases attiques
:
on
trouve
comme
comme parasème
(3),
té-
répandu dans l'Egypte des la pé-
été pour les
épisème de bou-
sur des monnaies
(4).
C'étaient surtout les Pythagoriciens, dont on sait l'esprit mystique et superstitieux, qui avaient
dû
faire
médité sur cette
signifiait l'union des sexes (5),
Mais surtout
l'homme valant trois
y reconnaissaient
ils
figure.
Ils
en avaient
du nombre cinq, qui pour eux
l'équivalent géométrique
le
symbole de
la
et la
santé
:
femme deux. aussi l'appe-
laient-ils ôfisia (6).
J'ai
montré
ailleurs
que
les
Grecs, particulièrement ceux d'Egypte,
déjà réuni bon nombre de références dans Rev. du Memnonion d'Abydos, p. 99.
(1) J'ai
?recs
et. gr.,
1903, p. 56, et dans les Graffiles
(2) Biblia sacra cum glossa ordinaria, Douai, 161 7. Cette gravure se trouve au Cabinet des estampes de la Bibliothèque Nationale, dans le cinquième tome de l'Œuvre de Rubens (Ce 3r).
(3) pi.
Par ex. sur
XXII,
p. 9 (cf. S.
le
bouclier de l'Athéna d'une
Reinach, Rép.
des Vases,
I,
amphore panathénaïque, Mon.
p. 69, qui
confond
le
dell'
Inst., I>
pentalpha avec le triquètre)-
d'Abydos, p. 101.
(4)
Graffites
(5)
Delatte, Études sur
la littérature pythagoricienne, p.
152.
Lucien, Pro lapsu inler salutandum, ch. V : tô 7tEv:a-j'pa[i.<xov, w au(x6o).w repôç roùçôfjioSoÇou; i/poivxo, OfU'.a Kpàç aùxwv wvOf/ccÇs-o. Si la figure symbolique qui fait le sujet de la curieuse histoire racontée par Jamblique (De Pythagorica vila, 237-239) était le pentagramme, c'est ce qu'on ne saurait dire. (6)
NEGOTWM PERAMBULANS
36
usaient de pains consacrés, dont
IN TENEBR1S
moyen
dessus était imprimé au
le
d'un moule en creux, et que ces pains étaient
dénommés
ûyieia'. (i).
Musée historique de Bâle possède un moule en albâtre (h. 32 mm, diam. 52 mm), qui a dû précisément servir à imprimer des uy'eux'., et
Or,
le
dont
le
type est un pentalpha avec, en exergue,
y
r
t
le
mot
a
ei
Ce moule m'a paru tellement curieux que, bien publié par R.-F. Burckardt ici
(2), je
qu'il ait déjà été
n'ai pas hésité à le faire reproduire
M. Burckardt avait cru pouvoir démontrer que l'objet
(fig. 12).
datait du xvi e siècle. C'est qu'il ne connaissait pas l'archéologie et l'épigraphie de l'Egypte grecque.
Il
n'y a aucun doute à avoir sur l'antiquité, l'authenticité, la
rantit
ga-
provenance égyptienne
la
du
c'est
provenance
La matière
de ce monument.
fin calcaire
forme des
:
de Tourah. La
lettres est pareille à celle,
par exemple, des inscriptions gravées sur
le
moule du Musée Britannique
publié par M. Marshall
(3).
Le moule
du Musée historique de Bâle été
li?
donné en 1869 par un
bâlois, feu Il
lui
a
pâtissier
Jacques Christophe Mayer.
avait appartenu au xvi e siècle à un médecin et humaniste fran-
Louis Demoulin de Rochefort, né à Blois en 15 1 5, qui fut mé-
çais,
decin de Marguerite de Valois, sœur de François
de Savoie,
Emmanuel
I
er ,
puis du duc
Philibert, et qui, quatre ans avant sa mort,
vint s'établir à Bâle avec ses livres et ses collections.
préparait son
exode pour Bâle,
Théodore Zwinger,
le
mio segno antico che
0)
Rcr.
il.
gr.,
12 la
il
écrivait de Turin
octobre 1575 {jy'st.a
:
«
mande a
à questo modo
»
Quand son
il
ami
V. S. 10 coli col
(suit
1914, p. 266. Cf. Terres cuites grecques d'Egypte de la
à
coll.
un pentalpha).
Fouquet,
t. I,
p. 120.
(2) MulwasslicJie Herkunjl eines Stempels mit Penlagramm und ier Inschrift ÏTIEIA Un hislorisclun Muséum ~u Base!, ap. Anzciger fur sckmeizerische AUertuinskiiuJc ou Indicateur d'anti-
quités suisses, 1918, p. 49.
Deonma
(Id., 1919, p. 87) croit qu'il s'ayit
d'un
primilif. (?)
Journal
of llcllcnic Sludies, 1913, p. 85; cf.
BC 11,
1914, p. 95.
monument du
chri m.j-
NECOTIUM PERAMBULANS IN TENEBR1S
37
Chose curieuse, sur l'une des médailles qui nous ont conservé portrait de Demoulin, on voit dans C'est au
portrait
milieu
champ un
le
d'estampes
collectionneur
et
donnent
latines, les autres grecques,
Renaissance, entichés d'emblèmes,
le
sens
comme
de l'Orme
les inscriptions, les
on
grands hellénistes, parce qu'ils voulaient
le (2),
unes
Ces médecins de
(2).
l'était lire
le
(1).
d'un hexalpha que Jacques Callot a encadré
du médecin
gravure d'un symbolisme compliqué, dont
et
petit pentalpha
la
de leur temps,
dans
l'original les
vieux maîtres de leur science, Hippocrate, Galien et combien d'ausavaient bien que Fôyisia, but de
tres,
emblème chez
les
Grecs
la
médecine, avait eu pour
pentalpha.
le
Je veux bien qu'ils l'aient su par
le
texte de Lucien que je rappelais
tantôt; mais je croirais plus volontiers qu'ils tion
du pentalpha
la signification
:
de
et les vieilles recettes
la
zspl
xo'j
àSsAÇ'.xou
Ttsv-ràXçav ziç xaç
Un
exorcisme
grec du
xvi e
pentalphas '//9'jcov,
(1)
on voit
f.
:
»
On
lit
écrit Gar-
latins,
dans un
sans
èêopxiff|j.o~
^yoùv xal ztâvyj j^aaXov éXVqvixov, xa\ ypâçf,
u.spâr.
contre
siècle, se
(j).
Anzeiger
(3) 5'Jo
connue parles grimoires
médecins grecs, arabes et
les
thalmudistes et cabbalistes.
les
tenaient de la tradi-
magie médicale. «Soigneusement,
gantua à Pantagruel, revisite
contemner
leur était
le
le
ver des
moutons, dans un manuscrit
termine par un abracadabra suivi de trois
Dans le même manuscrit, en tête d'une un hexagramme inscrit dans un autre
sùx »] stç àypav 1
plus grand, et
schw. Altert., 1918, p. 41.
Meaume,
Recherches sur... Jacques Callol, p. 228, n° 506. Ce portrait est reproduit dans P. P. Plan, Jacques Callol (Bruxelles, 190), pi. LXXIX. Cf. Bruwaert, Vie de Jacques Callol (2)
(Paris, 1912), p. 199.
VASSILIEV, Anecdola graeco-byzantina, p. 336. Fournier (Mém. soc. linguistique, IX, « une passion mauvaise », la passion incestueuse du Moyen Age prêtait à Charlemagne (Gaston Paris, Hisl. poél. de Charl, p. 378, Bédier, Lég. épiques, 2 e éd., III, p. 356 et Mâle, L'Art e e rclig. du XIII siècle , 3 éd., p. 408), telle encore dans II Samuel, XIII, 2, la passion d'Ainon (3)
p. 339) a voulu reconnaître dansl'àÔE^ixô; vo'ao; d'un frère pour sa sœur, telle celle que la légende
pour Thamar
:
A mon
en voulsl deshonnorer,
jaignant de manger sa sœur
Thamar
tarteleles,
et desflourer,
qui jul inceste manifeste. (Villon.)
Cette explication est mauvaise assurément. Benigni (Bessarione, II, p. 374) et Pétridès (Rev. de V Orient chr., V, p. 597), qui veulent voir dans la prière dont il s'agit un remède contre l'épilepsie,
proposent la correction
àosio'./.o-j]
Griech. Gcbele. p. 80, d'après laquelle
il
Ôï),ç?'.xqu
s'impose pas davantage. (4)
Pradel,
ou Ae)tftxou. L'explication de Pradel, « mal de hanche » (?), ne
s'agirait d'une formule contre le
Griechische Gebcle, p. 14,
1.
22.
NEGOTWM PERAMBULANS
3»
IN TENEBRIS
Un pentagramme
est
latin à la fin d'une recette
ad
au-dessous de cette figure, un pentagramme dessiné dans
un manuscrit médical
morbum porcorum sent, je crois, à
(2).
(i).
Ces exemples, qu'on pourrait multiplier,
montrer que
suffi-
magie du Moyen Age connaissait
la
Ces pentalphas qui, soit isolément, soit au nombre de
mencent ou terminent dans
com-
trois,
manuscrits certaines formules magi-
les
ques sont analogues aux croix qui commencent ou terminent, dans textes de la
même
époque,
cas, la figure est là
s'agit
les prières chrétiennes.
pour indiquer
d'une prière chrétienne,
prière magique,
le
le
Dans
d'une incantation superstitieuse où
le
s'il
s'agit
:
s'il
d'une
la religion chré-
si elle
en était
in-
geste du pentalpha. Je ne doute pas, en effet, que ces pen-
talphas écrits au début ou à la
des formules magiques n'aient été
fin
figurés en signes par le récitant six fois,
les
l'un et l'autre
geste rituel qu'il faut faire
geste de la croix;
tienne n'a pas à intervenir et qu'elle réprouverait
formée,
la
du pentalpha.
signification antique
:
il
au front d'abord, puis à
devait se signer en se touchant
la cuisse
gauche, puis à l'épaule
droite, puis à l'épaule gauche, puis à la cuisse droite, et finalement
de nouveau au front
:
le
pentalpha
n'est-il
pas
la
schématisation de
la
forme humaine
est
Heim. Incanlamenla magica. p. 563. Le rris est un Sangallensis du XI e uue addition postérieure dont j'ignore la date.
(i)
(2)
PRADEL, Op.
cit.,,
?
p. 15. siècle,
mais
la recette
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