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Armillaire se veut un espace de refaion ouvert a toutes les sciences humaines et li toutes les combinaisons de ces diffkrents savoirs. Son ambition ? Aider l'honnete homme li faire le point des connaissances, li aborder de nouveaux terrains, ri klaborer de nouveaux outils conceptuels. Chacun des ouvrages de cette collection participe a l'intelligibilite' du monde et des hommes d'hier et d'aujourd'hui.
DLpassant le clivage habitue1 entre les disciplines, n'he'sitant pas ci emprunter des chemins inqlore's, Armillaire rassemble des livres s'adressant a la fois ri l'l~istorien, au philosophe, a l'e'conomiste, a I'ethnologue, a l'e'pistkmologue, au biologiste, a l'historien des religions... Des ouvrages dont la dkmarche, l'e'criture, et le ton, libres des modes, ofient au lecteur dksireux de saisir ['essence des choses grbce a la c l a d des mots une approche stimulante d'un objet particulier.
Hegel ou Spinoza
La sphkre armillaire dessinCe par M. Dessertenne, qui figure en ttte de I'ouvrage, est extraite du L.arousse d u x,Ysi.?rle avec l'aimable autorisation de la Librairie Larousse.
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Georges Albert Astre, Pierre Lipinasse, La dktnocratie contrariie. L>obbieset je~u.d~rpouvoir alcx Etclts-Unis. Lire Braudel, ouvrage collectif. Jean-Michel Besnier, La politiq~~erlc 1 'ir71possible. L 'intellectuel erztre rkvolte el enguger rlent. OIivier BCtournC et Agl:tia I. I-Iartig, Penso l'histoire de la Rkvolutior~ frmcaise. Edward H. Carr, Qu'est-ce qirc I'histoire ? Maria Daraki, Une religiosi~Csor~sDieu. Fran~oisDosse, L'histoire en nzietres. Des Annoles a la Nouvelle Histoire. Jean Duvignaud, Hb-e'sie ot S L I ~ V P I S ~ OEssais ~L. sur lhnomie. Esprit, TraversCes d~rXX' siecle (ouvrage collectif). Fran~oisFourquet, Richesse ct l)uissar~ce.Une gknialogie de la v a l ~ ~ t r . Jean-Yves Guiomar, La nation er~trzI'histoire et la raison. Michael IgnatieR', La libcrtk d'2tre h~tmain. Essai sur le de'sir et le besoin. Gilles Kepel, Le Propll?te et Plzcrtnon. Lc.7 morivements islarnistes duns I'Egypte contempomir~e. Zaki Lai'di, Les contrnintc.~d'llne rivalitt Les superpuissances et I'Afrique (1960- 1985). Abdallah Laroui, lslo~net 171orlerrlitL Bernard Lewis, Comrnerzt I'lsltrrn o de'couvert I'Erirope. C.B. Macpherson. Prirzcipc~set limites dc la dkmocratie libkrale. Silvano Petrosino, Jacques Rolland. La vb.itC nomade. lrltroduc~ion2 Errrrnari~lelLPvinas. Shlorno Sand, L'ill~rsior~ (111 politiqrle. Ckorges Sore1 et le dkbat ir~tellect~~el 1900. Pierre-Andri. l'aguicff, Ltr jor.ce (111 p+jugk. Essai sur le rocisme el .ses ~l0rlhl~.ss. Yossef Flayirn Ycrushalnli, Ztrkhor; 1ri.stoirr jui11e et 117c;rnoiwjr~it,e.
Consacrer une Ctude au rapport de deux grandes philosophies historiques, comme le sont celles de Spinoza et d e I lcgel, c'est indiscutablement se confronter, au-del8 des limites d'une cornparaison formelle, acadkmique dans sa tldmarche et indiffkrente dans son contenu, 8 certains enjeux I'ondamentaux de la dCmarche philosophique considCrCe en !:dnCral. N Spinoza n, cc Hegel , ,: ces expressions indiquent d'abord I)our nous des systkmes de pensee ayant valeur en eux~l~Cmes, et attach& 8 I'existence personnelle d e leurs auteurs, tlui d'emblke les nomme, c'est-8-dire 8 la fois les dCsigne c.1 les signe. Or, si I'on prend quelque peu au sCrieux I'cntreprise de la pensCe philosophique, on doit reconnaitre . I ocllc-ci une relative autonomie par rapport 8 de telles ~)~-ockdures d'identification, qui, sous prCtexte de la singuI;II-iscr,la dispersent, et tendanciellement la font disparaitre ,l;tlls une pluralite indistincte de doctrines, en privilkgiant (c.4
Si vous desire2 Etre tenu rigulierement au courant de nos parutions, il vous suffit d'envoyer vos nom et adrcsse aux Editions La Decouverte, 1, place Paul-Painlevi, 75005 Paris. Vous rccevrez gratuitement notre bulletin trimestriel A la DCcouverte. En application de la lo1 du I I mars 1957, il est interdit de reproduire intigralement ou partiellement, par photocopie ou tout autrc moyen, le present ouvrage sans autorisation de I'iditeur ou du Centre franqdic du copyright (6 his, rue Gabriel-Laumain, 75010 Paris).
' I .;I premii-re Cdition de cet ouvrage a paru en 1979 aux Cditions Maspero ((TI~Corie D, dirigke par Louis Althusser.
C I . I I I \ 1<1 collection
0 Librairie Franqois Maspero, Paris, 1979. 0 Editions La Dkcouverte, Paris, 1990. ISBN 2-7071-1961-X
VII
Hegel ou Spinoza
individuels qui les transmettent, c'est aussi prendre le risque de dkvitaliser I'entreprise d e la pensee, en la soumettant a une evaluation abstraite et intemporelle, dont I'universalitC risquerait finalement d'&tre sans contenu. C'est pourquoi il n'est pas non plus possible d e soustraire complktement cette entreprise a son enracinement doctrinal : le travail de la reflexion philosophique passe par la mise en perspective que lui assignent les positions des philosophes, dans la mesure ou celles-ci crkent les conditions de son elaboration, de son expression et, jusqu'i un certain point, de son interpretation. La vCritC de la philosophie est dans Spinoza comnle elle doit etre dans Hegel : c'est dire qu'elle n'est tout a fait ni dans I'un ni dans I'autre, mais quelquc part entre Ics deux, dans le passage qui s'cffectue de I'un I'autre. Disons lcs choses un peu autrement : la philosophie est quclque chose qui passe, et qui se passe, la ou se tranle I'enchainement de pensees qui, dans les ceuvres memcs, kchappe a I'initiative historiquc de leurs auteurs, et dont la saisie amoindt-it I'interCt que I'on peut porter a leurs visees systkmatiques, parce qu'elle les entraine dynamiquement dans le mouvcment anonyme d'une sorte de projet collectif, appropriant la philosophie a I'cnscmble des philosophes, et non sculement a tel ou tel d'entre cux. Lorsque deux pensees aussi caractdrisiies que le sont celles dc Spinoza et de Hegcl rkagissent I'une sur I'autre, c'cst5-dire a la fois I'une avec I'autre et I'une contre I'autre, il doit en sortir quelque chose qui, vennnt de chacune, n'appartient proprenlent a aucune d'entre elles, mais, dans I'intcrvallc qui les d p a r e , constitue leur commune veritt. Or, dans le cas precis de ces deux philosophes, si leur confrontation apparait particulierement feconde, c'est parce qu'elle n'est pas la rcncontre intellcctuellement neutre entre deux pcnsCcs qui se feraient face en restant exterieures I'une a I'autre : elle est plut6t cette mise a I'Cpreuve rCciproque qui, en mCme temps qu'elle Ics fait communiquer, ouvre chacun de ces systemcs en soi-mime, ct I'expose a cctte contestation interne que suscite la reconnaissance de ses limites. Ainsi nous n'kchappons pas ii cette double exigence : lire Spinoza dans Hegel, lire Hegel dans Spinoza,
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1;1 ~nanikrede deux miroirs qui rCflCchissent respectivement
I ( . I I I s images.
I .;I Sormule cc Hegel ou Spinoza D, ici utilisCe pour rendre de cette confrontation, comporte une ambigui'tk ,.(.l~l;lrltiquequ'il convient, sinon de lever, du moins de . . I )~~ligtlcr pour mieux la caractkriser. Dans la langue franqaise, 1 ' 1 1 1 ilisarion de la conjonction cc ou >, confond deux figures 1 1 , . I'clv;iluation comparCe que d'autres langues distinguent , 1 1 1 (x~lltraire : c'est ainsi que ce ccou D du franqais traduit ~~~tIi\ti~lctcmcnt le vel et le aut... aut du latin, qui disent des I IIII\(.S apparemment contraires. Aut... aut est la formule de I I qq)o"irion et de I'exclusive : c'est (ou) I'un ou I'autre, mais ~ I . I \ less deux a la fois. Si cc Hegel ou Spinoza v se disait de I re. manikre, aut Hegel nut Spirioza, c'est-a-dire cc ou bien I I(.!:(.I ou bien Spinoza D, cela reviendrait a les prCsenter I I I I I I I I C ~ C U Xfornles de pensCe irreductibles, constituant les 1 1 . 1 I I I C ' S d'un choix qu'il n'est pas possible de laisser indCI I I I I I I I C I ~ ~ suspendu. Or, en privilkgiant, pour signaler le , . I I .lc.{Crc incontournablc de cette alternative, I'ordre des IIOIII\ ( l t r i renverse la succession chronologique, en faisant , I I I I I C . 1);IsscrSpinoza aprks Hegel, et non avant lui, on semble I,II!:;I!:CS d'emblee dans un tel choix : car on a d e cc fait 1111l)ll(.itcnicnt recusC la logique evolutive qui constitue le l r . 1 1 1 ( l u systkme hkgklien, d'apres laquelle ce qui vienl .IIII(.\ ctlglobc et comprend nkcessairement ce qui, le preI ~ I , I I I I , n'cn constituait que I'anticipation ou la preparation ; I .1111si o n 21 inverse la perspective qui commande la lecture I I I !~.lr(.~tllc dc Spinoza, en la subordonnant i celle, nCces..I I I ~ . I I I C hypothktique, .I~~ d'une lecture spinoziste de Hegel, I I I I I I I 1;1 puissance spdculative semble des lors I'emporter. \ I I II~.I;I tl'unc mesure reciproque des syst2mes, qui les fait $ 1 1 11c.11t1r.c tlc leur relation, ce jeu du cc ou bien... ou bien >> I.IIII)I(. tlol~c.ddbouchcr, plus ou moins dogmatiquement, sur 1 1 1 1 1 . I (.>ol~~liori d~ 121 crise ouverte par leur confrontation : I 1 . 1 1 c.l~oisiss;~nt dc placer Spinoza en alternative a Hegel, I I I O I I I'it~vcrsc,c'cst du c6te du premier, sen~blc-t-il,que 1 \ ; I c.l~crcllcsIcs conditions dc cctte solution, par unc 1 , 1 1 - . l o 1 1 (10111 !;I 116cessil6 rcstcrait alors a 6tablir et a I
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Hegel ou Spinoza
Mais il ne faut pas oublier que K Hegel ou Spinoza D, cela peut aussi se traduire cc Hegel'vel (sive) Spinoza n, qui signifie apparemment le contraire. Le * ou >> est ici la formule de I'identite et de l'kquivalence. C'est lui qu'on retrouve dans la farneuse expression si souvent imputee a Spinoza, alors que, sous cette forme, il ne I'a jamais ecrite, Deus sive natura, dans laquelle N Dieu >> et << nature >> se prksentent comme deux noms differents, mais aussi indiffkrents, pour une seule et mCme chose. cc Hegel >> et u Spinoza >> ne seraient-ils pas egalement deux noms pour une meme chosc, et quelle serait alors cette chose qu'ils dksigneraient indistinctement ? A cette question, il convient de conscrver jusqu'au bout son caractere interrogatif, sans prktendre la rCsoudre dkfinitivement. C'est elle qui soutient, et traversc de bout en bout, 1'Ctude qu'on va lire. Selon I'esprit de cette interrogation, il est manifeste que, s'il est ineluctable de lire Spinoza ct Hegel en opposition I'un ii I'autre, c'est le c6t6 aut... aut du cc ou ,>,il n'est pas moins nkcessaire de les r6flCchir I'un avec I'autre, comme s'ils donnaient ses ClCmenls, ou ses parties, B un unique discours, a I'intCrieur duquel lcurs positions respectives seraient indissociables, parce que lcur sens ne s'expliquerait que dans leur interaction - et ici c'est lc cBtC sive du cc ou >> qu'on fait ressortir. Le debat qui s'eleve entre ces deux formes de pensee n'aurait donc pas de nkcessitk, et ne prksenterait aucune signification, si elles n'avaient en partage une meme vCritC, dont le processus n'appartient ni a I'une ni a I'autre, parce qu'il se produit a l'intersection de leurs parcours respectifs. Cette vkritk suspendue, issue de la contestation et du conflit, n'a plus de ce fait la valeur d'une thkse arri2tCe : mais elle est celle d'une critique et d'une epreuve, dont I'objet est la philosophie elle-meme, telle qu'elle se dkploie, travers I'ensemble de son histoire, dans I'Clement problkmatique de la difference et du dkbat. Pierre M AC HERE Y, juin 1990.
30 juillet 1816, le prorecteur de 17universitCde HeidelCcrit a Hegel, alors proviseur du gymnase de Nurem11t.11:. pour lui proposer une chaire de professeur titulaire. I1 I t1111111cnle son offre de la fason suivante : Heidelberg .IIII;III pour la premikre fois en votre personne un philo. I I ~ ) ~ I Ctlepuis . la fondation de I'UniversitC. Spinoza fut une IIII,,;~l)pclCici, mais en vain, comme vous le savez sans I ~ O I I I C ... * On connait en effet la lettre du 30 mars 1673 (( au I I t . , , I lluslre et trks distingue Dr Louis Fabritius, professeur . I I A(-;~tlCmie de Heidelberg et conseiller de I7Electeur palaI 1 1 1 ', l);lr laquelle Spinoza avait dCclinC I'invitation qui lui 1 . 1 1 1 I;~ilcd'occuper une chaire professorale, car, en se ~ I I , , ; I C .an1 I h I'enseignement de la jeunesse, il craignait de I I I . \ O I I - I-cnoncer h ses travaux philosophiques personnels ; I I I I O I I I , i l redoutait que sa liberte de philosopher puisse etre I I I I I I I ( ~ . p;lr la nkcasite de respecter les lois Ctablies et les I t~.(.l)Icstle la religion. Son refus, clairement motivC, se 1111c-l11;1il i~ilisi: ( I Ce qui m'arrkte, ce n'est pas du lout I t . , . l ) t 111. ( I ' L I I ~ C l'orlune plus haute, mais I'amour de ma tran1 I I I l l I 1; clue jc crois devoir prkserver, en quelque manikre, I I I ~ll';ll~\lc~iarlt de lcqons publiques. )) Hegel connaissait cet I ~ I . . O ~ ~ C c. l u ' i l rclalc ainsi dans ses L e p n s sur l'histoire de la I ~ l u l o \ o l ~ l l i:c ~ Spinoza (tl'aprks ce que nous rapporte sa lc-,l)(~~(l;~ncc) rcpoussa cclte offre, mais a bon escient, .II 1 1 IIC* x ; ~ v ; ~ i pas l tliins q~lellcslin~ilesserait restreinte I
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1'alternative
Hegel ou Spinoza sa libertC philosophique, pour qu'elle ne paraisse pas inquid-
ter la religion officiellement Ctablie ". )) Le 6 aoiit 1816, Hegel rCpond au prorecteur avec empressement : cc par amour pour les Ctudes universitaires n, il accepte sa proposition, alors meme que d'autres perspectives sont pour lui ouvertes, du c6tC de I'UniversitC de Berlin ; il demande seulement que le traitement qu'on !ui offre soit amCliorC, qu'on le loge gratuitement, que les r a i s de son dCplacement soient remboursCs... Un peu plus tard, le 20 aofit 1816, ces questions matCrielles Ctant rCglCes B sa satisfaction, Hegel revient sur sa nomination pour (( exprimer sa gratitude, en partie pour l'intkret que [son correspondantl veut bien prendre B son affaire, en partie pour celui qu'il porte avec lui 2 1'Ctat de la philosophie en Allemagne et dans les universitks )I. I1 ajoute : cc Non moins rCjouissante est pour moi la bontC avec laquelle vous considCrez mes travaux antCrieurs et - ce qui est plus encore - la bontC avec laquelle vous fondez des espoirs sur mon activitC dans une universitk. Dans aucune science, en effet, on n'est aussi solitaire que dans la philosophie, et j1Cprouve vivement le dCsir d'un cercle d'action plus vivant. Je peux dire que c'est le v e u le plus ClevC de ma vie. Je sens aussi trop combien l'absence d'une action rkciproque a kt@jusqu'ici dkfavorable 2 mes travaux. Hegel restera une annCe a Heidelberg, o c il composers et professera en meme temps son Etzcyclope'die des sciences philosophiqurs. En 1817, il acckde enfin au poste qu'il convoitait B 1'UniversitC de Berlin. Derrikre ce que ces circonstances ont d'anecdotique s'annonce dCji pourtant un sens. De cette histoire, des hCgCliens retiendront surtout que Hegel a occupC la place que Spinoza avait laissCe vacante : rernplissant, dans cette relkve n, une tiche que l'autre n'avait pu ou voulu accomplir. Nu1 ne peut sauter pardessus son temps : le moment n'Ctait pas venu. avec Spinoza, que la vraie philosophie s'exposbt publiquement. D'autres, que I'on peut bien nommer spinozistes, y verront au contraire l'indice d'une divergence, d'un irrCductible Ccart : sinon entre deux systkmes, au moins entre deux conceptions, voire deux pratiques de la philosophie. L e systttme hCgClien, dont l'exposC se construit et se ))
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~ l i . ~ o ~en r l c mCme temps que son auteur parcourt, avec I ~ l ) ~ l l ~ cles u r ,Ctapes de la carrikre universitaire (du prCcep1 1 1 1 . 1 1 privC B 1'UniversitC de Berlin, en passant par toutes les I I.III(..; intermkdiaires), I'une se rCflCchissant dans l'autre et ~!.l.ll~l.oquement, et lui donnant sa vCritC, n'est-il pas fait ~ll..l(.~~icnt, dans son organisation hikrarchique, pour Ctre proII..:.~.. dans le cadre d'une institution publique d'enseigne1 1 1 1 . 1 1 1 !' J. Derrida dit cela trks bien : (( Hegel ne conqoit pas I t . 0 1 ~ . comme la consCquence ou l'image du systkme, voire ~ ~ I I I I sa I I ~ pars totalis : le systkme lui-mCme est une immense 111t..tic part en part 1'autoencyclopCdie de l'esprit absolu I ~ . I I I , , I(: savoir absolu. Et une Ccole dont on ne sort pas, une I I I . . I I 11c.r ion obligatoire aussi : qui s'oblige elle-mCme puisque I I ~lcx.c.ssitkne peut plus y venir du dehors '. I : I tloctrine spinoziste, au contraire, bien qu'elle ait su 1 1 I I I I I (;111 . I . S O U C ~politique sa vraie place dans la spCculation llo\ol>lliclue (voir non seulement les Traitb, mais aussi I I / I , i c l ~ r o .dont c'est l'une des clCs), rCpugne profondkment I I I I Ilclle ~ . officialisation. Elle expose le point de w e d'un 11 1 1 . 1 I I C , tl'un rCprouvC, d'un rebelle, et se transmet de bouche I , 1 1 c . 1 1 I(.. D'etre professke, elle risque d'entrer en contradic. I \ ~elle-meme, c en acceptant de tenir une place dans * a I I I ~ X . ;11 I isme d'oppression matkrielle et intellectuelle qui 1 1 1 I , B I ( I O I ~ I ~ C toute chose au point de vue de l'imagination. La 1 1 1 1 1 ~*;oljl~ic supprime la crainte et iznore I'obCissance : elle 11' II(.III tlollc Ctre enseignke publiquement. La philosophie , I t I I t . ~ ~,'cnscigne ~.l 2 des Clkves, de haut en bas ; la philo1 1 1 1 1 1 1 . t l ~ . Spinoza se transmet a des disciples, a @galit&. Ici . I I 1 1 , I I C.C. ~ I I ~diffirence C qu'il faut prendre au skrieux. I ' sI I I I ( ; I 1 1 1 . c'cst un lieu commun que de rapprocher Spinoza I I I t , , , c . I , I>arce qu'existe entre eux une Cvidente familiaritk. I 1 1 1 1 1 ~ . I J L - ~ I aujourd'hui ~ lire Spinoza sans penser a Hegel, I I I L . I I1);ircc ~ . qn'entre Spinoza et nous il y a Hegel, qui 1 1 I 1 1 . 1 ~ I O . ; ~ . 011 < ~ ~ interckde. l i Hegel lui-nieme n'a cesse de ou plut6t de le penser : pour le digCrer, 1 I I i o I 1 1 ,~ I I I I C .coll~rllc I, un dinlent domink de son propre sysI
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recueil col-
1'alternative
121uc.Mais le fait que Hegel n'ait cessC de revenir sur le 1~1.c'hli.me que lui posait la philosophie de Spinoza indique ;~r:ssiclu'il y trouva quelque chose d'indigeste, une rdsistance ~ 1 1 1 ' i l l u i fallut toujours de nouveau affronter. Tout se passe corlllnc si Spinoza avait occupe, vis-B-vis du discours hCgClic~i,I;I posilio~id'iine limite, qu'il rejetait au moment m2me tlc I'inclr~rc. ("csl ~~ourclrioi I'c~~trcprise de cotnpnrcr la philosophie de S,,ino/;l el ccllc dc Hegel est fondamentalement dicevante. I 1 far~lmisir en cffct sur quoi porte une telle comparaison : xur dcs systkmes, c'cst-Adire sur des discours organisCs forrncllelnent A partir d'un principe de cohCrence interne, entre lesquels on ;leu: chercher B dtablir une correspondance, qui s'interprkte comme un rapport de filiation, ou une diffkrence, qui exclut toute possibilitd de comprendre I'un B partir de I'autre. Ainsi, dans une annexe de sa monumentale Ctude sur Spinoza, analysant I'interpretation que Hegel donne du spinozisme, M. Gueroult conclut B une radicale (( mCconnaissance v , fondCe sur une affabulation 1) : ceux qui reprennent cette interprktaiion ne font que projeter dans la doctrine de Spinoza tout un ~nondede concepts nes ailleurs et sans rapport avec elle' 1 1 . Comme nous le niontrera une Ctude dCtailiCe des textes que Hegel consacre B Spinoza, il est difficile de ne pas donner acte B M. Gueroult de ceci au moins : la recherche d'une prCtendue homogdneitd, d'une ressemblance, ou d'un rapport Cvolutif. entre les deux philosophies, si elle n'est pas abso!ument vouCe B l'Cchec, conduit a des rCsultats sans intCrEt. Elle tend tout simplement B ramener Ics deux doctrines B un modiile comnlun qui ne reprisente ;~~~IhcnIiqrlcn~ent ni l'une ni l'autre. M;li>, h ' i l ~ ' ; I I I ~allcr contre la pente des rapprochements 1 1 1 1 1 1 c:vi11(.111\ c 1 1 1 i l~~.o~.?(lcnt par analogie, Ccarter la tentaI I O I I1 1 1 . I;(.II! I ( * I ~ . I I ~Y lIi i,l .l o / ; ~ C I l l c ~ c lla sin1ilitude 210Il.1la ~ 1 ' 1 1 1 1 .I.II.. I I I I I I I I ~ I I I I , .I I ~ . I \ ( *Irt1~1~~1 I.\ sc r~':~nifesterait 1 I I ( 1 1 1.1 < O I I ! I I ' , , . I I I ( 11,. ( I ( . I I \ I ) C . I I S Ci l: Lnc ~ , serait 1, I 1 1 1 ~ ~ 1 1 1 11' I I I ~ I I 1 1 , 1 ~ . 1 c ~ 1( 1 1 1 ' 1 1 ~ , ' ; I ~ ~ (IcI I (lcrix formes , I t I , 1 1 , I ~ ~ I1 I ~ 1 O ~~ ~ ~ I I 1 I O ~ ~ I I ,~ II I~ I I ~ , I I ( ~ I I I ~ ~C I ~ I \I I C ~ ~ ~ ~ C 'l'une ~ I I ~ ~ AS ((
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r1 de les renvoyer comme des systkmes Ctrangers B l~ltl(:l>cndance. En effet, il est incontestable que Hegel I ' , ~ I I I I O / ; I se sont rencontris, meme si leur rencontre a pris, o l , ~ , I~, . tlc Hegel, la forme d'un extraordinaire malentendu. '.I ' 3 ~ ~ ~ ct ~H~e o ~ e/ lne ; ~ parcourent pas, ensemble ou I'un , I t I I I I I , I':~r~tre, . un m2me chemjn, il reste, c'est un fait, que 111.. I O ~ I I C ' She sont croisCes, se rapprochant 2 certains ! I 1 , I I I I , - I I ~ , 1>00rs'ecarte: ensuite vers des directions fort oppo. I )(. cc point de vue. plut6t que de comparer des sys11 .. r(.r~~;~(ivc vouCe B I'kchec ou B des succks trop faciles, I I 1 1 1 ( . I I L . significatif de rechercher entre ces deux p?ii!oI I I I , . . (I(.> points de recoupement sing1.11iers.Car ce sont I I 1111 C'Y pliquent le sentiment d'etrange fan~iliarite < I I I III,IIIL'L. ~oilt lecteur hC2Clien de Spinoza, tout lecteur 1 1 1 1 1 1 I:I.,I(. tlc Hesel. I I . I I I ~ , \<.s I:/c:t)7ent.~d'nutocritiq~e,L. Althusser parle de I I I , I I C . I ; ~ i o anticipie i~ de Hegel par Spinoza u. EnuniCrons 111, I ~ ~ I I ( . l . .~ ~ i l lqui ( s justifient une telle affirmation : Ic refus - 1 1 1 11, ,111<.~.l)(ion relativiste de la connaissance et l'idie qu'il .I 1.1 I ):I lxison quelque chose d'absolu qui l'apparente 1 , . 1;1 (ICcouverte du caractkre formel de toute repre111 I I H I Iiliic. vouCe 2 I'abstraction ; la critique du maul I 111I I I I : I'idCe que la connaissance est un processus r6el , 1 1 1 1 1 1 ~ 1 1I(. #,OI ICS conditions de son objectivitk. Su: tous r1121ncs'ils les rCflCchissent avec des ClCnients 11-ts ! I I ~ IIIII(.I \ diffirents, meme s'ils en tirent des conk, 1 1 1 ~ 1 1 , I... 0111104c'.cs,Spinoza et Hepel ont Cvidemment que1q:ie , I ( . (.o111111un qui les distingue de tous les autres. Ce I < I I 11 I I( I I C . I I I C ~ I ~ cloit ~ Etre expliquk. ! 11U I . , ; I l,o~-tlcl.ons cctte question en nous appuyant sur la 10 1 1 1 1 ~ . l l ~ l t . I Ic!!eI ;I lui-mEnie faite de Spinoza. Cette lecture I 1 1 , ., I I I \ I I I I C [ ~ V C .11011 parce qu'elle nianifesterait la vCritC ,111 . I ~ I I I O / I ~ I I I L *c . ~ili~ ddvoil6e i par H e ~ e l ,mais au contraire I ~ I I ' ( .~cl>osc ~ ~ L . sur uiie formidable mCprise : tout se 11, I I . ., , I I I I I I I?ri I ( I. Ic:-cI s7Ct;lit donnC les moyens de construire I I I I I . I I I I C . I ; I ( I ( 111 (111 S I ~ / I ~ ~ Z qui ~ S 1ui I ~ ~perniette C d'en igno, , I 1.1 I(.(.oII t.\s~~~(icIIe. c11 (ant q i ~ cc e l l e ~ ijustement a l l l l ~ ~, . 110\1.:I V O I I . ; I V U C xo~ipropre systCme. Cette interpriI 1 1 1 ~ 1 1 1 . I I I I I . I I ; I ~ I C . O I I I unc I I I ~4ol.I~dc defense obstinCc dressCe
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Hegel ou Spinoza
Ce livre reprend en le dtveloppant le contenu d'un expos6 que j'avais fait en 1977 au colloque Spinoza organist par les UniversitCs de Leyde et dJArniens : un passage du troisikme chapitre est publit par ailleurs dans les actes de ce colloque. D'autre part, j'ai dfi traiter ces rntmes questions % plusieurs reprises B I'occasion de cours : je tiens k remercier les Ctudiants qui avaient eu la patience de m'entendre et dont les rCactions, les suggestions et les contributions rn'ont CtC bien utiles ; j'ai eu lire plusieurs rnCmoires de maitrise sur Spinoza, en particulier celui de Bruno Huisman (Hegel devant Spinoza), qui comportait un essai d e traduction du chapitre sur Spinoza des Lecons sur l'histoire de la philosophie de Hegel (en collaboration avec A. Lacroix). Pour ce dernier texte, je risque ici nies proprcs traductions. Pour les autres textes de Hegel, je me suis r6fCrC aux traductions franqaises existantes. C'est-%-dire. essentiellernent :
- Pour La Science de la Logique : les livres I et I1 dans le texte de la prernitre edition, trad. Labarrikre et Jarczyk (Aubier, 1972-1976) ; les livres I, 11 et 111 dans le texte de la deuxikme Cdition, trad. Jankelevitch (Aubier, 1947) ; le chapitre de la Ire partie sur la Mesure, trad. Doz (P. U. F.). - Pour I'Errcyclope'die des sciences philosophiqlies : la premibrc partie dans le texte des trois Cditions, trad. Bourgeois (Vrin, 1970) ; le texte complet dans le texte de la troisikrne Cdition, trad. de Gandillac (Gallimard, 1970).
HEGEL LECTEUR DE SPINOZA
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t i r ~ ~ ~ n c n chez c c , Hegel, par une reconnaissance :
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1 . 1 1 1 , 1;1 philosophie de Spinoza quelque chose d'excep-
I 1.1 tl'i~~Cluctable. (( Spinoza constitue un tel point 1 1 1 u 1 1 1 1 I;! philosophie moderne qu'on peut dire en
crufait .lb1 ., 1,. c.l~oiuentre le spinozisme ou pas de philosophie .I I I I I 1,111 I I ~ IcS n t~ w e d e r clerl Spino,-istlzus oder k e i n e Pllilo: J ' . , I I I'aut en passer par Spinoza, parce que c'est . 1 III~iIt~sopI~ic que se noue le rapport essentiel de la 1,. . I \ ( . ( . I':~hsolu,seul point de vue duquel s'expose la 1 I 1 . 1 , I c.~ili;'r.c, d'ou il apparait que la raison n'a rien 1l I I I ~ I I mais ~ C comprend tout en soi. Ainsi toute ' l 1 1 1 1 1 ( . . I O I I I C la philosophie devient possible. l I t . ~ ~ ~ . Spinoza l . occupe donc la position d'un prCIII : I \ t,c. I u i q ~ ~ c l q uchose e commence. Mais il n'est 1 , 1 1 1 ~ 1 1 1 cl11'1rn pl.i.curseur : ce qui commence en lui n'abou1.1 1 ' 1 . . . I 1;1 1';1~ond'une pensee arr&tCe qui s'6te la 1.. , I 1 I ( I t . I I ; I I . V C I;IU ~ ~ but ~ par elle pourtant indiquC. C'est I dans I'cruvre de Spinoza tous les I . I I I ~ I I I O I I l t . , ~ ( ~ (I6co~1v1.c I' t l ' r ~ ~ l c .lc~llativeavorlde, emp2chCe par des diffiI I I I , . I I I rt~or~~;~l>lca clu'clle a elk-m2mc dressCcs devant sa I ' . .I,I I , - I t . \ \ i o ~(~ .'c. s;~voirfondamcntal rnais dCchirC n'a , 1 1 1 11111.s i ~ ~ ~ i l i c ; ~ l historiquc ioll : dans le processus I . I' , (1,. 1;1 ~ ~ l i i l o s o p hSpinozn i~, occupe une position 1 . 1 , 1 1 1 1 , I I I I ~ . I ( ' , (I'oi~I';~l,solu CSI a p e r p . 111ais saki restric. 1 1 1 , I I I I I I I I ~ . I I I I C SIII>\I;IIICC. AVCCSpino~n.ct son effort li..lllll
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Spinoza
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Hegel ou Spinoza
Hegel lecteur de Spinoza
pour penser I'absolu, on prend date en quelque sorte, mais les limites historiques de cette pensCe font qu'il est impossible d'aller plus loin, dans l'attente de ce point de vue final auquel Hegel est dCjB installC, et depuis lequel il interprkte rCtrospectivement toutes les philosophies antkrieures. Cette analyse est illustrCe par une expression tout h fait caractkristique qui revient chaque fois que Hegel parle de Spinoza. Par exemple, dans le livre I de la Logique : (( Chez Spinoza, la substance et son unit6 absolue a la forme d'une unit6 immobile, d'une rigidit6 dans laquelle on ne trouve pas encore le concept d e 1'unitC ndgative du Soi, la subjectivitC '. Ou encore au paragraphe 50 de la logique de 1'Eneyclopkdie : (( La substance de Spinoza n'est pas encore l'esprit absolu. )) Et dans le chapitre des L e ~ o n ssur l'histoire de la philo~ophieconsacre B Spinoza : La substance absolue est le vrai, niais elle n'est pas encore le vrai entier. )) Sous cette modalit6 trks particulikre d'un (( dCjB 1) qui est aussi un (( pas encore I ) , propre h toute anticipation, Spinoza se dCgage sur le fond d e toute l'histoire de la philosophie, dont il souligne la progression en I'arretant. Aussi, lorsque, dans I'introduction du troisikme livre de la Logique, c( Du concept en gCnCral )), Hegel expose les conditions qui lui permettent d'interpriter les doctrines philosophiques et d'en expliciter la signification concrkte, il ne peut mieux faire que de reprendre l'exemple de Spinoza : ))
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substance est un degrC essentiel dans le processus d6veloppement de 171die,non pas toutefois celle-ci c.llt-rn6rne. non pas 1'Idde absolue, mais 1'IdCe dans la 101.1nr:encore bornCe de la nCcessitd '. )I
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La seule rdfutation du spinozisme ne peut donc consister cn premier lieu qu'5 reconnaitre essentiellement et nkcessairement son point de vue et, en deuxibme lieu, faire en sorte que ce point de vue s'Clkve de lui-mCmc h un niveau plus Clevd 1)
"
Ce point de vue, c'est celui de la substance, en tant que celle-ci n'est cc pas encore sujet, pour reprendre une formule bien connue de la prCEace de Ln Phlnotne'nologie. ))
2. Loyiq~re,trad. Labarribre, Aubier, t. I, p. 249. 3. Logiq~ce,trad. JankklC~itch,Aubier, t. 11, p. 248.
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I,. clc Spinoza est significative parce qu'elle tend vers ,.l~t,sei quoi elle ne parvient pas : en maitriser le poursuivre cette tendance au-delh des limites qui 11.111. c.'cst$dire la dCpasser en rksolvant sa contradic-
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Hegel lecteur de Spinoza
se dCfait en m&me temps qu'il se fait, et par les memes nioyens, car ce mouvement l'emporte audel8 de lui-meme. I1 n'est donc pas question pour Hegel de revenir )) B Spinoza, pour y ddcouvrir la forme abstraite d'une vCrit6 achevie, cohirente et autonome; il faut a u contraire rendre manifeste cette transformation immanente, ce (( passaze 1) qui emporte dijA le systkme vers un autre systkme, et nous incite B le lire comme l'esquisse, ou le projet, d'un nouveau sens en attente, qui n'a pas encore rencontrk les conditions de sa rialisation. De ce fait, la lecture higelienne de Spinoza est en quelque sorte double : elle recherche dans la doctrine les signes d'une vCriti qui s'annonce, et en meme temps elle dCcouvre la forme rkelle de son absence, les obstacles qui s'opposent B sa manifestation et obligent B en parler seulement par difaut. Comprendre le spinozisme, c'est donc d'abord identifier la contradiction sur laquelle il est Cdifii. Comme nous allons le voir, cette contradiction est immidiatement manifeste. Nous avons dit que la viriti. profonde du spinozisme consiste dans son effort pour penser I'absolu. Mtme si ce problkme n'apparait pas dans I'histoire de la philosophie avec lui - il y a des prickdents dont nous allons parler -, il fait pour la premiere fois I'objet d'un diveloppement et d'une tentative de risolution systkmatique. I1 y a chez Spinoza une orientation vers un savoir absolu, et ce qui le reprksente, d'apres Hezel, c'est le concept de causa sui )), qui donne B toute la doctrine sa base rationnelle : ((
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tlc.hors d'elle, et se dkveloppant en consequence I(. 1.i.llexion immanente et universelle. Revenant sur . ) I l I,l:~l~ons clans la remarque historique du livre IT de la 1 . .. , , , , I ( ~.ol~s:rcrie ii Spinoza, Hegel parle de ces concepts I O I ~ I I ct I ~ si ~ Sjustes 5).Et, plus pricisement encore, dans I , , ) I , \ s11r Spinoza, il dit : Si Spinoza avait diveloppC ll~l.~l~i\,crnent ce qui est contenu dans la causa sui, sa I I I I I I I , I . ~~';rurait pas ite I'Immobile (das Starre). )) C'est 1, .I I , I I t lc suite qu'apparait la contradiction spCcifique du 1 I . . I I :I ~son . premier concept porte en soi la proniesse .I I ( I ' I I I I C vkriti, sur laquelle il donne seulement un l a l # ~ ~ \~I I L~ . , tlans un savoir incomplet. \ , 1 1 1 1 (I'cxpliciter ce qui, d'apres Hegel, fait difaut a u . ( I c . I;r causa sui et 1'empCche de sortir de sa iimita1,. . I # I'I 1 1 (.. I I O ~ I Spouvons tout de suite faire une remarque . 1 . 1 I I ( . IL. style de cette interpritation et rend manifeste I , I I I ( 1 . 1 I I . ~ IC'~ILICI celle-ci s'installe imniediatement par rapI. I I 1 . 1 tloc,lrine qu'elle travaille. Tout d'abord, on peut 1 1 I O I I I I I I Cle fait M. Gueroult, que le concept de causa I \ I-;iirncntchez Spinoza une valeur initiale fonda1 1 1 11,. ~c.pri.sentepas une sorte de viriti premiere, un , 1 1 1 1c.11~ cnrtisien, B partir duquel l'ensemble du 1 , I I I ~ I l o ~ ~ ~ Crre l ; ~ diveloppi i ~ comme B partir d'un germe .I. , I I ; I c.;llrs;l sui cst une propriiti de la substance et 1 1 1 ~ 1 1 1 1 1~ ~ 1 1cllc. Or il n'est pas question, pour Spinoza .I#, . . t l c h tlclinir une chose quelle qu'elle soit par sa ,I I I . ( . I I IN-occdnntainsi, on tombe dans une grave I , ! I I , ( . I I ~il~o~.tlollnant I'essence de Dieu B sa puissance, a l ~ 1;1 ~ c.1; ~ tlc toutes les thkologies finalistes appuyies I l l l l . l . 1 1 1 ; 1 I ,011. ("cst clonc par faciliti, et inadkquatement, , I # I I I I I , 11,. 1;1 \~lhslanceh la causa sui, alors que le concept .I. . 1 1 , I I ~ II I I L . IncL .s'dclaire vraiment au contraire qu'8 part # ~ , , 1 1 1 1 tic. [ ; I ~ I I [ ) S ~ ; I I ~:C Ci( si res in se sit, sive, ut vulgo : , .I II,,.I \ I I I ( I ) ( , i i i i o l l ( ~ c t otnc.ndationc~). ~/.~ C'est donc I ~ ~ ~(Ic. , . I~) ; I tI . I.c ~ qi1'0n assimile la substance B la 11
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E n effet, avec la causa sui est posee d'emblee l'identiti entre ce qui est et ce qui est conqu, entre 1'Ctre et la pensic. qui est pour Hegel la condilion d'une pensde absolue n'ayant 5. Encyclope'die, 3 76 ; id. p. 340.
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Hegel lecteur de Spinoza
Hegel ou Spinoza
Mais il est possible d'aller plus loin encore : ce que Hegel prisuppose ici, c'est moins que la causa sui est le concept fondamental du spinozisme, ce qui dCja prCte a controverse comme on vient de le voir, que le fait que le spinozisme admet un premier concept dont il prockde. Cela signifie que l'entreprise d'un savoir absolu esquissee par Spinoza se diveloppe h partir d'un commencement absolu, et que celui-ci est aussi le vrai point de dipart de son interprktation. I1 n'est pas dtonnant, des lors, que Hegel soit lui-mCme engag6 dans l'entreprise d'une critique du spinozisme : l'une des idies cruciales de son propre ~ysterne,c'est en effet que le savoir absolu ne commence pas, ou plut6t qu'il ne peut commencer absolument ; son infinite se dCcouvre justement dans cette in?possibilitC d'un premier coninlencelnent qui soit aussi un vrai commencement ou un coniniencenlent vrai. Aussi, quelle que soit la vCritC propre du concept de causa sui, ce qui repose en lui ) I , pour reprendre les ternies de Hesel, le i'ait mCn?e qu'il donne au systeme de Spinoza un commencement suffit B marquer la limitation de ce systkme. Ici, nous pouvons nous-m&mes commencer B nous itonner : Hegel ignore-t-il que cette aporie du commencement, qui met sa Logique en niouvenient, cette impossibilitC d'asseoir le processus infini de la connaissance sur une viritC premiere qui en soit le fondemenl ou le principe, est aussi une leqon essentielle du spinozisme, l'objection principale que lui-mkme oppose B la philosophie de Descartes ? De telle manikre que c'est seulement cc ut vulgo dicitur ) j , par maniire de parler, que 1'exposC g6omCtrique de 1'Ethique con1n:ence par des definitions, qui n'ont d'ailleurs un sens effectif qu'au moment ou elles fonctionnent dans des demonstrations oh elles produisent rCellement des effets de vCritC : la pensCe spinoziste n'a justement pas cette rigidit6 d'une construction appuyee sur une base et poussant ses prolongements jusqu'a un point terminal, et qui se trouverait ainsi limitCe entre un commencement et une fin. Elle n'obCit pas au modkle de I'ordre des raisons. Or, ce qui est ici surprenant, c'est nioins que Hegel ail mCconnu un aspect important du spinozisme - tout lc monde peut se tromper, m@meHegel qui prCtend pourtarlt ((
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donc dans Spinoza ce qu'il Ctait mieux placC pour reconnaitre, puisqu'il l'a lui-m2me pens6 : I ~ I I I I I . I I I dire qu'il prockde a la dCnCgation de ce qu'il I I \ . I \ I 11I. tl'hegklien chez Spinoza, a moins qu'il ne cherche 11 I,.(.I. son propre spinozisme. N'est-ce pas parce qu'il * 1 1 1 1 1 , 1 1 1 ~ . Spi~lozanon seulement ait CtC dCja hCgClien, mais I ( l l l ' i l I'ait @ t idavaniage et de fapon plus consCquente 1111 III(.IIIC !' L'inadmissible alors se produit : est detour.,. . , I l bcilh ineluctable 1'Cvolution historique qui subor. I ~ . I I I I ~ c l l ~ i c.;t avant 5 ce qui vient aprks, et qui conduit . . I \ , . I I I C I ~cle ~ l'un B l'autre, faisant de la tClCologie la 1. I ~ I I I ~ (1;1 . philosophie. 4 . I I I ; I I . ~ ~ I Ifaites, CS sur lesquelles nous aurons a revenir, I I I I \ O I I \ rl~i~irltenant indiquer ce qui (( manque ) j , d'aprks I I, 1 , 1 1 1 ~ . ~ t ~ ~de c . clap causa t sui et en compromet le divelop111 I 1 t . 1 Spinoza. La causa sui reste un principe substanI ,. I I 1 1 1 111,.1 , , 11l:111que le principe de la personnalitk \) : elle 1 1 1 1 1 1 . , I I I I \ ~ I I I I C I substance qui ne peut devenir sujet, B qui 1 , , I I , 1 . 1 1 1 1 c c ~ t c1,eflexion active de soi qui lui permettrait .I. 1 1 ! . I I 11c.1librcment dans son propre processus. S'il n'a , II I I ' ; I ~ : I Spu, dCvelopper le concept de la causa sui, . i c-c.l~li-ci,tel qu'il l'avait dCfini, ne contenait rien I I ~ I I ' I I I I ( ' iclc~ltitdabstraite et indiffkrente de soi soi, .I 1 . 1 ~I I I ( . I I C IC Soi n'est rien d'autre que ce qu'il est dCjB 'I ,II o~l~l~~c~rlccrnent, sans possibilitC d'un passage riel ( I ' I I I I ~ ~ ~ o ~ ~ v cimmanent nlent qui ne soit pas celui 1 I 1 1 1 1 1 ~ . ( $ 1 4illlpIc disparition. Le point de vue de la I 111, ( . \ l ) r i l l ) ( : 1';rbsolu h sa manikre : sans la vie qui I 1 . 1 I(. I ; l i ( c i s k r . C'est l'esprit arr&tCet mort qui n'est . 11.1114 I I I I C ~cs(~.ictio;l originaire, qui le condamne
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commence B philosopher, il faut Ainsi est noue le lien qui unit la tlc Spinoza a toutes les pensCes du commence-
I ~ I ~ t !,.I 1 6 11~11~.r. Quand on I I 1 1 c . 1 1 ~ spinoziste. ))
Aussi le point de vue de la substance, en meme temps qu'il s'inonce, formule-t-il lui-m&me les conditions de son propre ankantissement : soil immobilit6 est apparente, parce qu'elle est le pricaire Cquilibre qui rCsulte d'un conflit interne, impossible B contenir dtfinitivement. Les limites du systkme, si elles sont bien rCelles pour la pende qu'elles entravent, sont factices du point de vue de l'absolu, car celuici oppose B la violence qui lui est faite une violence plus grande encore, et il enlporte le systkme audelh des bornes illusoires que lui imposent les conditions de sa cohCrence formelle. NCgativitC immanente, qui mine la doctrine de l'inttrieur et la force B dCclarer ce qu'elle se refuse pourtant B dire elle-mzme : voici justement, dans cet aveu, la substance qui devient sujet. Une fois rCvk1Ce cette contradiction initiale, la philosophie de Spinoza peut &tre comprise absolument, dans un sens inverse de celui qu'elle profkre. Le discours de Spinoza est, d'aprks Hegel, tout entier marque par ce destin qui le condamne et qui l'absout, annonqant B la fois sa disparition et sa resurrection dans le corps vivant du savoir absolu ou il s'accon~plit. Lire Spinoza en vCritC, c'est pour Hegel reconstruire 2 nouveau 1'Cdifice de son savoir, en faisant apparaftre les conditions d'un autre savoir dont il est seulement la forme inachevie ou la ruine anticipie : car, chez Spinoza, l'effort pour lier le savoir et l'absolu se rCsout seulement dans une promesse non tenue.
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I I , 1 . 1 I c.'c.~~yage ici dans un raisonnement assez paradoxal : I I I I I I , 1. 1. prisente Spinoza comme un point de dCpart, 8
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le point de &part de la philosophie, et il le 1;1 liliation de tous ceux qui ont su commencer, \111 que cela, sans que leur effort aboutisse effec1;i dtcouverte du vrai :
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1)lc.u cst bien en vtritt assurtment la ntcessitt ou, , O I I I I I I C on peut le dire aussi, la Chose absolue, mais .III..\I c n mCme temps la Personne absolue, et c'est lh le I I ~ I I I I ;~uquelil faut accorder que la philosophie spino/1,.rc. (,st restte en arriere du vrai concept de Dieu, qui 1 1 1 1 I I I C . Ic contenu de la conscience religieuse chrttienne. ',IIIIIO/;I ?[;lit par ses origines un Juif, et c'est en somme I 1 1 1 1 1 1 i 1i o n orientale selon laquelle tout &tre fini apparait . . , . I I ~ ( . I Icomme I L . I I ~ un Ctre qui passe, comme un Ctre 11111 ~l~s;x~r;~Pt, qui a trouvt dans sa philosophie une \ ~ , ~ c . x \ i c ) nconforme B la pende. I1 est bien vrai que !-c r ,, illtuition orientale de l'unitt substantielle forme I . I . . ~ . I \ V tlc tout dtveloppement vrai ulttrieur, mais on ne I I I t.11 rcster 18 ; ce qui lui fait encore dCfaut, c'est I) 111c.ipcoccidental de l'individualitt 1) 8,
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donc B la fois un point de dCpart et un
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, I I I ~ .;I c:Ir. I ( dans ce qui commence, il doit y avoir
I ~ I I , . ~ CIIOSC I I I I Cqui . finit. La singularit6 du spinozisme I ~ . I I I S Ic pr.olongement de toute une tradition dont I 1 1 1 1 1 , . 1~. I I I ~ ~ I V C Id'ensemble T ~ C ~ ~ : en elle domine encore, ,111 1;1 (Icrnikrc f ~ i s ,I' ct intuition orientale 1). Ainsi 14, t r a m q 1 8 ~ 1 1 1n 1 , ,. 11. c . l ~ ; ~ l ) i tClcs r ~ Legons sur l'histoire de la philo., ' , 8 1 ~ 1 , , I I I ~ . , I ~ . I I:I~ Spinoza : ,-I
- IIIII . 11,
Uite ph.ilosoph.ie d u commencement
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11,
L'interprttation que Hegel donne de Spinoza met en avant, nous venons de le voir, l'idCe de commencement. Philosophie commenqante, le spinozisme est aussi une penste du commencement. Suivant une formule de 1'Etzcyclope'die, il est cc l'assise fondamentale de tout dCveloppen~c.rlt vrai ultCrieur )). Et encore, dans les Legorzv sur l'hi.~toirct / ( , la philosophie : cc C'est le commencement essentiel dc tout
sa philosophie, telle qu'elle ]'Esprit, 1'identitC de l'infini I , 1 1 1 1 1 1 1 1 C I I I )IC.LI c l ~ 11';1pparait ~ i pas comme un troisikme I , 11111.. ( . \ I 1111 A,lio dc I7Orient. ., (
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Bourgeois, Vrin,
p. 584.
Hegel lecteltr de Spinoza
Hegel ou Spinoza
C'est ce qui donne B cette philosophie son caractkre irremp l a p b l e : en elle s'acheve le discours des origines. Chez Hegel, I'Orient est la figure visible d e ce qui commence : cette figure est davantage mythique qu'historique, mais le mythe n'est-il pas la forme d'exposition la plus approprike pour une origine ? C'est le moment o u s'affirme pour la premike fois l'absolu, dans la substance qui exclut I'individualitC d'un sujet :
Ici l'appel d'un savoir absolu, qui ne soit pas seulement ..~voird e l'absolu, se realise dans l'extase immkdiate, d'ou I O I I I C ~ conscience est necessairement abolie : c'est le savoir \C rCalise dans la forme d e sa propre nkgation. O r , dans t l l ) ~ ~ ~lui-m&me, 07a derriCre les apparences d e la rigueur g b 1 1 l l . 1 1 ique, qui ne sont pour Hegel qu'un masque (une forme ... I I I \ contenu), se retrouve, pour la dernittre fois, cet abime 1 1 conscience qui exclut un discours rationnel :
En Orient, le rapport capital est donc le suivant que la substance une est comme telle le vrai et que I'individu en soi est sans valeur et n'a pour lui rien B gagner en tant qu'il maintient sa position contre ce qui est en soi et pour soi ; il ne peut au contraire avoir de valeur vCritable qu'en se confondant avec cette substance, d'ou il rCsulte que celle-ci cesse d'exister pour le sujet et que le sujet cesse lui-mCme d'etre une conscience et qu'il s'ivanouit dans I'inconscient 'f
De meme que dans le spinozisme le mode comme tel est justement le non-vrai et que seule la substance est vraie, que tout doit Ctre ramen6 a elle, ce qui donne un engloutissement de tout contenu dans la vacuite, dans une unit6 purement formelle, sans contenu, de m&me Siva est de nouveau le grand tout, ne differant pas de Brahma, Brahma lui-meme, c'est-8-dire que la difference et la ditermination ne font que disparaitre a nouveau, sans Ctre maintenues, sans Ctre dtpasskes (aufgehoben), et que I'unitC ne devient pas l'unite concrkte, que la scission n'est pas reconduite B la rCconciliatjon. Le but le plus ClevC pour l'homme install6 dans la sphkre du naitre et du g r i r , de la modalit6 gCnCralement parlant, est l'engloutissement dans l'inconscience, 1'unitC avec Brahma, I'aneantissement ; c'est la meme chose que le nirvanii bouddhiste, le nibban, C~C .... lZ. n
11111
((
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))
L a sublimite, I'immensitC d e cette representation qui absorbe d'un coup toute la rCalitC en un seul &tre ou une seule id& reste formelle, car elle co'incide avec la pauvretC dCrisoire des manifestations extdrieures de cette substance, qui ne sont effectivement qu'extCrioritC vide : a Le fini ne peut devenir vCritC qu'en se plongeant dans la substance ; sCpart d'elle, il demeure vide, pauvrz, dCterminC pour soi, sans liens interieurs. Et, aussitat que nous trouvons chez eux [les Orientaux] une reprCsentation finie, dCteminCe, ce n'est qu'une CnumCration exterieure, skche, des ClCments - quelque chose de trks pCnible, de vide, de pkdantesque, de fade ". n
, < ("cst la mCme c h ose... )) : cet extraordinaire syncrktisme I I I G ~ I I I I - ~ C ~est U ~ pour Hegel sans limites, apparemment, puis-
encore pertinent pour eclairer certains aspects d e
OII'I~ C S ~
I ) ~ . I I S ~( (Coccidentale 1).
1.1
' o ~ ~ ~ l n e n t adans n t , les L e ~ o n ssur l'histoire de la philoso1:1 fameuse parole de ParmCnide sur l'Ctre e t le nonit,.. I lcgcl dCcouvre encore la mCme collusion d'une affir1 1 1 . l l i o 1 1 pure et d'un negativisme radical, qui aura son ultime II,)IIL.? chez Spinoza : (
11/11,,
Ayant r6flCchi I'absolu en une seule fois, cette pensCe ne peut ensuite qu'en CnumCrer abstraitement les manifestations. entre lesquelles n'apparait plus, si on les dCtache de leur origine, aucune forme vraie d'unitC.
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< " a t Ih la determination dans sa brikvetC, et dans ce la nCgation en gCnCraI, et sous une forme
11c::1n1 rentre
10. Introduction aux L e ~ o n ssur l'histoire de la philosophie, trad.
Gibelin, Gallimard, coll. IdCes, t. 11, p. 74. 1 1 . Ibid., p. 76.
1 .'
I ( ~ ~ : i c / r c tI~, , a
ThCorie de la mesure D, bad. Doz, P.U.F., p. 22.
Hegel lecterir de Spinoza
Hegel ou Spinoza
plus concrkte la limite, le fini, la borne ; omnis determinutia est negatio '' est le grand principe de Spinoza. Selon Parmtnide, quelle que soit la forme que prenne le ntgatif, il n'est pas du tout. s "
L a forme inaugurale de la penske orientale hante encore la doctrine des ElCates, avec lesquels aussi Spinoza doit entretenir un rapport privilCgiC : l'Un, Ctre pur et immkdiat, est en meme temps dissolution de toute rCalitC dCterminCe, disparition du fini dans l'infini, abolition de toute individualit6 et de toute diffdrence ; et, comme Platon l'avait dCjB remarque dans ses derniers dialogues, en s'appuyant lui-meme sur le point de vue d'une dialectique, le discours dans lequel s'exprime cet absolu, ou totalit6 initiale, dans la mesure oh il exclut toute nCgativitC, dans la mesure ou il refuse d'accorder une existence au non-etre, est un discours impossible. Remarquons en passant que dans le chapitre du livre I de la L o g i q u e sur la mesure, Hegel prCsente ce meme r a p prochement avec ParmCnide, mais cette fois pour y dCcouvrir l'indice d'une diffCrence : (t Le mode spinoziste, tout comme le principe indien de l'alttration, est le sans mesure. Les Grecs ont eu conscience, quoique d'une faqon encore imprtcise, que tout a une mesure, au point que Parmtnide lui-mCme, aprks 1'Ctre abstrait, a introduit la ntcessitt comme l'antique limite qui est imposte ?i tout ; il y a l?i le commencement d'un concept bien suptrieur B celui que conticnnent la substance et sa difference d'avec le mode '? II
I1 y a donc commencement et commencement : il y a des commencements qui commencent davantage que d'autres, et ceux-ci au contraire (( commencent )) dCjB B s'Ccarter du pur commencement. Pourtant, Spinoza, malgrC sa position assez tardive dans la chronologie des philosophies, est B ranger parmi ceux qui commencent absolument, parmi les vrais primitifs d e la pensCe, et c'est pourquoi, lorsqu'il s'agit de 13. Ibid., p. 22-23.
28
1 1 1 . 1 I cluer sa singularitd, c'est la mdtaphore orientaliste qui I'~.ll~l?orte chez Hegel. I ),iris la biographie de Spinoza que Hegel donne dans ses I (.( orrs sur I'histoire d e la philosophie, il remarque :
I1 n'est pas indifftrent qu'il se soit occupt de la lumikre [d'optique] ; car elle est dans le monde mattriel (in der Marerie) l'identitt absolue elle-meme, qui constitue le fondement de la vision orientale. a ((
lumikre inaugurale est 1'CICment d'une pensCe immC11 est significatif que Hegel retrouve la meme image 1 1 I 11,. Ic premier chapitre de la L o g i q u e pour reprCsenter les I I I I I < . I ~ I ~ S de 1'Ctre pur, qui est lui aussi sans mesure )) : ( 'i.11~
111.11t.
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11 I 1 arrive aussi qu'on se reprtsente 1'Ctre sous l'image de la lumikre pure, comme la clartt d'un voir sans trouble, tandis que le ntant on se le reprtsente comme la nuit pure, et I'on rattache leur difftrence B cette diversit6 sensible bien connue. Mais, en fait, si l'on se ruprisente c,e voir de fafon plus exacte, alors il est facile tlc comprendre que dans la clartt absolue on voit autant ct aussi peu que dans l'obscuritt absolue, que l'un de ccs voir est aussi bien l'autre, voir pur, voir de ntant. 1-umikre pure et obscuritt pure sont deux vacuitts, qui aont la mCme chose 14, n
lat indCterminC de I'immCdiat est profondkment obscur, !;I nuit : comme elle, il absorbe, efface, dissout tout ~ I I I O I I I qui serait pour son infinit6 encore une limite. De I I I , . . 1;1 prCtention de saisir 1'Ctre en lui-mCme, dans son 1 1 1 I I C - 111stantanCe B soi, non encore contaminke par le r a p I . I 1111 autre, se rCsout aussit6t dans la puretC inverse, et I ~l~~(.llc~ncnt ~ N Cgale, d'un nCant absolu : contradiction du I I lc.l~ccrnentqui est l'amorce de tout passage. C C . point de vue, on pourrait croire que, l'endroit pri1 1 ' $ , I , . t l ~ . I:i Logique oh Hegel devrait rappeler son interprG r II , 1 1 1 { l ~ n o ~ i s mc'est e , ce premier chapitre du livre I oh I
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Hegel lecteur de Spinoza
Hegel ou Spinoza
prCcis : elle permet de rCvCler le (( mouvement )) essentiel du systkme, si I'on peut dire, puisque Hegel caractCrise surtout cette philosophie par son immobilisme. L'intCrCt de cette reconstitution apparemment arbitraire, de cette reconstruction, c'est qu'elle rCvkle les articulations principales de la pensCe spinoziste, telle que Hegel la comprend, en isolant ses principales catCgories et en les situant les unes par r a p port aux autres. C'est B partir d e cette interprktation que Hegel expose ensuite sa critique du spinozisme, dans une importante (( Remarque historique )) consacrk B Spinoza et B Leibniz, qui termine ce chapitre. Cette prisentation gCnkrale est extremement intkressante, parce qu'elle met e n place les ClCments constitutifs de la doctrine et explicite leur articulation. L'absolu, qui donne son objet B l'ensemble de ce dCveloppement, est d'abord caractiris6 par (( son identiti simple et massive " )) : il semble enfermC dans l'intCrioritC de la substance, tout entikre replike sur soi. Pourtant, comme nous allons le voir, il y a un procks d'exposition de l'absolu : c'est celui de sa manifestation extkrieure, qui passe de l'affirmation initiale de l'absolu comme substance B sa riflexion dans des attributs, puis dans des modes. C'est ce (( passage )) - nous allons voir qu'il a seulement les apparences du mouvement - qui organise le point de vue de la substance dans sa disposition singulikre, telle qu'elle s'est exprimCe historiquement dans l'ceuvre de Spinoza. Nous allons suivre ce dCveloppement dans ses Ctapes successives. Ce procks commence par l'absolu lui-mCme, qui s'expose immkdiatement comme tel. L'argumentation de Hegel consiste B dCcouvrir la contradiction latente qui hante et dCcompose secrktement cette unit6 apparente. Dans sa constitution initiale, l'absolu se prCsente comme l'identitC indiffkrenciie, et donc indiffkrente B soi, de la forme et du contenu. L'absolu qui est absolu, c'est B la fois un sujet dans lequel tous les prCdicats ont 6tk posCs et un sujet dont tous les prkdicats ont Ctk niCs : c'est un point de dCpart, une base, qui ne peut Ctre reconnue comme telle qu'au moment
rien n'est encore Cdifik sur elle, et qui n'est base pour Tout le raisonnement de Hegel est ici construit sur un I , . I I tlc mots qui prend pour prCtexte l'expressisn ct zum ( ,1111lde gehen )) : revenir au fondement, qui veut dire aussi .. .~llclh l'abime )). La plCnitude de l'absolu, renfermke dans I 1111CrioritC radicale de la substance, est celle du vide. Ainsi, la substance, qui se prksente comme une source de 1 1 , rc.~.lninations,est aussi en elle-mCme un nCant de dktermi1 1 . 1 I 1011, parce qu'elle est I'indCterminC qui prCckde et condir I ~ I I I I Itoute C ditermination. C'est la contradiction propre de 1 . 1 t>~ll,xtance : elle s'offre d'abord, dans son absolue positivitk, I I I I I I I Cce qui est le plus rCel ; mais, en mCme temps, pour I ~ . I I . I I I Ice ~ ~ maximum d'etre, il faut qu'elle retire rialit6 B ce 1 1 1 1 ~ ~ ' e pas s t elle et qu'elle place sous sa dkpendance. E n .1ll11111;1nt son antCrioritC et sa prCCminence, la substance se comme ce qui est, en regard de l'apparence de ce qui II'I.,.I pas aussi dans ce commencement; d'oii sa fonction .:.(.l~licllementdtre'alisante, puisqu'elle rejette dans l'abime .III\ I'ond du nCgatif qui n'est que nCgatif tout ce qui ne o l ~ ~ ~ . i pas t l e immidiatement avec sa positivitk premikre. 1 ~ , I I I \ 121 substance, ce qui est s'offre et se dCrobe B la fois : 111. t.41 ce qui donne, mais aussi ce qui 6te rCalitC. I )';I utre part, l'autosuffisance de la substance qui se dkfinit I ~'llc-meme,en l'absence de toute ditermination, rend I I I , 0111l,r6hensible le passage du sujet aux pridicats, la rela1 1 0 1 1 ( l u fondement B ce qu'il fonde : les dkterminations qui I I I I C base dans l'absolu ne peuvent venir s'ajouter B lui 4 1 1 1 ' $ 1 I ) I 2s coup et de I'extCrieur, d'une manikre arbitraire, sans I I I \c.Iol,pement immanent. C'est pourquoi la substance, qui . I ol).jc~de toute connaissance, est aussi inconnaissable : 11,. ( . \ I . en elle-meme, un sujet dont on ne peut rien affirmer, 1111111 lui-mCme, et son rapport aux dkterminations qui I I . I I I I ( . I I [ appui sur elle est incomprkhensible : du fait de sa I . ~ I . I I c . 4ulTisance B soi, elle n'a nu1 besoin de ces ditermina( ~ u iIui sont donc adjointes sans nCcessitC et sans raiOII
I 11.11.
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17. Ibid., p. 229.
32
110.
commencement absolu, la substance est donc aussi plknitude de son Etre propre, auquel rien I I I ; I I I ~ ~ L elle I C . a dCjh Cpuisk toute possibilitk d e mouve1~
I I I I I I ~
1111
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Hegel lecteui. de Spinoza
Hegel ou Spinoza
ment ; ce qu'elle inaugure en elle s'achkve aussitdt. C'est un commencement qui ne commence rien, oil l'absolu immobile constitue la dCnCgation de tout procks. Le systkme qui commence par I'exposition de l'absolu s'y trouve aussitdt arrCtC : s'Ctant donnC au dCpart toute rCalitC, il ne peut plus progresser. Pourtant, la doctrine spinoziste, B laquelle cette analyse se rCfkre implicitement, ne se contente pas d'indiquer, dans une dkfinition initiale, la plCnitude de l'absolu ; elle en prCsente I'ordre interne, de manikre cohCrente, en explicitant son contenu rationnel. Mais la progression de cet expos6 ne peut Ctre qu'apparente : son dCveloppemnt formel est en fait une rigression, puisque l'identitC immidiate de l'absolu B lui-mCme interdit toute avancCe ultCrieure. Le cc procks )) illusoire de la substance qu'inaugure l'exposition de l'absolu ne peut Ctre le mouvement d'une constitution positive. puisque tout est d'emblCe constituC, mais celui d'une dCgradation qui soustrait successivement B l'absolu les ClCments de sa rCalitC, en reportant ceuxci sur des dkterminations extrinskques, qui ne peuvent effectivement rien lui ajouter puisqu'il se suffit complktement B lui-mCme. Cette rdgression est manifeste dks le premier cc passage )) qui conduit de la substance B l'attribut, c'est-Bdire de l'absolu au relatif. L'absolu qui est absolu est aussi ce qui est seulement absolu : sa plCnitude primordiale est aussi la forme inCluctable de sa limitation. L a perfection de l'absolu, c'est en m&me temps ce qui lui manque pour Ctre vraiment absolu : la totalit6 des diterminations qu'il a dili nier pour rentrer en soi, pour n'Ctre que soi. L'absolu qui n'est qu'absolu, c'est aussi une nCgalion de l'absolu : cc I1 n'est par consCquent pas I'absolument absolu, mais I'absolu dans une dCterminit6 oil il est absolu '" )) L'absolu devient attribut, regoit des dCterminations, mais il s'expose alors dans une rCalitC amoindrie. L'attribut constitue le second moment, le moyen terme, du procks apparent de l'absolu qui s'est donnC immCdiatement comme tel au commencement, et dont la progression 18. Zbid., p. 233.
de ce fait empCchCe : (( L'attribut est l'absolu seulerclatif '"I,, ou encore l'absolu dCterminC seulement 1 1 1 . 1 1 1 1 :I sa forme. L a substance qui s'exprime dans ses attri1 ~ 1 1 1 ~ c.11 . dicouvrant qu'ils lui sont identiques, c'est l'absolu ',c- r6flCchit en s'extCriorisant : prCcisCment parce que, . I I I I I I I C * (el, il ne comporte en lui-mCme aucune ditermination, 1 1 ,.I illcapable d'une riflexion immanente. L'absolu sYCpuise - 1 I I I , , c.c(te rCflexion, car sa ditermination lui fait face, s ' o p l e t.,. i~ lui comme l'inessentiel B l'essentiel : il y reconnait ~~lt.~~lc.nt son inanitC. L'attribut est le prCdicat qui rCflCchit 1, . . I I I C - ( hors de soi : il en est la reprksentation, le phCno111, ; il donne seulement une image de la substance. I '.rrlr.ibut est donc une forme vide, car il qualifie la subI . I I I ( ~ * tle I'extCrieur et sans nCcessitC : en lui l'absolu se rcstreint, et amoindri, dans la mesure oil il s'affirme , D ~ lui dtant ~ ~ identique. ~ ~ ~ Cette c restriction, qui apparait dks ,111 1.6flCchit la substance dans un attribut, se renforce 1 1 1 ~ 1 011 pose une multiplicitC d'attributs : du fait de son lorit6 et de sa contingence, une seule forme ne suffit I I . . 1 ~orr r reprksenter I'absolu ; c'est pourquoi celuici s'Cpuise ' 1 I I I V 1; 1 qu&te indCfinie de diterminations nouvelles, qui -llllosc:l~t les unes aux autres (comme le font par exemple la 1 1 ~ . 1 . c . ct I'Ctendue), B travers lesquelles il cherche en vain I 111)c'rersa compldtude. Dans la forme de I'attribut, I'infini I ( 1 1 . 1 l t l ndcessairement l'apparence de la pluralitd : il se divise, 1 1 . 1 1 pille, se perd dans la sCrie illimitCe des images que 11 I I C le mouvement illusoire de sa rCflexio1n extkrieure. Le 1 1 I.:..I.!~~: de la substance B l'attribut, c'est le devenir-apparence I'.~l)solu.qui se met B penser son unit6 dans 1'Cmiettement 1.1 cliff6rence pure. I . I \trbstance se ddfait, se dissout dans ses attributs, en se I , I IIC.I;I I ) ( dans une conscience qui lui est nkcessairement , I I . I 11<1i.rc. Car il faut I'intervention de I'entendement abstrait 1 1 1 1 (Ic:e.o~~~pose I'identitC du contenu en ses formes multiples clue I'unitC de la substance soit ddterminie dans une f l ~ \ ( . ~ \ i rde C Korrnes. Face B l'objectivitk pure de l'absolu qui I I , . I clt~'absoluse pose, et s'oppose, la forme extdrieure d'une IIOIIVC
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Hegel lecteur de Spinoza
Hegel ou Spinoza
subjectivitk qui ouvre une perspective, suscite une manikre d'etre, projette une apparence. MalgrC I'identitC abstraite qui le lie B la substance dans un rapport formel de representation, l'attribut pris comme tel se dCtache de celle-ci, et s'en Cloigne conime une simple modalit6 : ainsi est-on dCj& cc pass6 de l'attribut a u mode, qui constitue le troisieme moment du proces regressif de l'absolu. Le mode, c'est encore la substance, mais prise dans 1'616ment de I'extCrioritC absolue : (( Le mode est l'etre en dehors de soi de l'absolu, la perte de soi dans la variCtC et la contingence de 1'Ctre ". )) Alors l'absolu n'est plus du tout identiquc B soi, il a perdu toute sa rCalitC. il s'est dilui dans sa proprc apparence, dans la facticitk illimitte de ce qui n'a plus sa cause en soi. A la liniite extreme de sa manifestation, commc I'ultime effluve d'un parfum qui s'Cvapore, la substance s'est extCnuCe, CpuisCe dans un fourmillement d'aspects qui la montrent en la dCcomposant, au terme d'une prisentation qui est purenient nigative. Inversenient, si on fait retour A l'absolu, la rialit6 imniidiatement perceptible qui rCsulte de l'addition de tous ces modes se convertit en une apparence, au sens le plus critique de ce terme, car celle-ci ne donne plus de l'absolu qu'une expression illusoire dans laquelle il finit par disparaitre, et de meme elle s'engloutit en lui. En ce point, oh la realit6 exposte d'emblie dans l'absolu est totalcment dissipie, s'acheve le ct mouvement )) de la substance. mouvement essentiellement nCgatif. Dans le mode, il ne reste plus rien de ce qui Ctait donnd dans la substance ; il ne reste plus que ce rien en lequel toutc rCalite s'abolit. Dans un autre texte, au dCbut de la troisieme section du livre I de la Logiqup, ( ( L a Mesure v , Hegel Ccrit B propos du mode en gCn6ral : Si le troisikme terme Ctait pris comme simple extirioritC, alors il serait mode. Dans ce sens, le troisicme termc n'est pas retour dans soi, mais en tant que le seconcl est le dCbut du rapport a llextCrioritC, un sortir qui sc tient encore en rapport a l'ztre originel, le troisi?mc cst la rupture accomplie ". s ((
I t 1~1.dcise aussit6t, en se rCfCrant
Chez Spinoza, le mode, aprks la substance et l'attribut, cst tgalement le troisieme terme ; il dtclare qu'il Cquivaut aux affections de la substance, ou B ce qui est dans un autre, par le truchement duquel il est alors compris. Ce troisikme terme, selon ce concept, n'est qu'extkrioritC ; ainsi qu'il a CtC rappel6 par ailleurs, chez Spinoza en gCnCral le retour dans soi-mCme fait dCfaut a la substantialit6 rigide ". ((
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syllogisme 1) qui associe la substance B ses affections I'inlerniediaire des attributs, qui resume la signification ~~.ll~iclle du systeme spinoziste, est pour Hegel un sylloI . I I I ~ . abstrait : il decrit non l'acconiplissement de l'absolu, 111 11,. d t e dCchCance progressive qui 1'Cloigne de lui-meme. ,\ IJ:I rtir de cette reconstitution d'ensemble apparait claire1 1 1 1;) raison pour laquelle le point de vue de la substance , I .11;1ct@ris6 par son in~mobilitC.Le mouvement qui s'insI 1 1 1 1 , . tlcpuis !'absolu, conduisant de la substance aux attriI ~ I I .I ~)[lis aux modes, est tout le contraire d'un mouvenient I . tl'un proces de constitution de l'absolu ; c'est pourquoi 1 ll(.~.liviti du reel n'y est donnCe que d'une manikre cariI I I I I ; I I C , dans la derision d'un dCclin. C'est le mouvenient I , ,-lt.\sif d'une dkgradation successive qui conduit d'un ltlltlurn d'etre donne au depart B son Cpuisement total. I I I I ' , (ICS fornies qui lui sont de plus en plus extCrieures, et \IIII. 1~Iuti)tque des manieres d'Ctre, sont pour lui des I I I . I I I I ~de . I .ne C Splus etre. Ce mouvement descendant, enfermC I I I I ~ . Lllie origine absolument positive et une fin dkfinitive1 1 1 , 1 1 1 ncyative apres laquelle il n'y a plus rien, est tout le l ~ f ~ ~ du ~ ; cycle ~ i ~ .rationnel, ~ du proces dialectique dont I I( #,(.II'ait par ailleurs le principe de toute rCalitC : procks ,1111 tlCcouvre, au contraire de celui que nous venons de I' I I I c.. I'indCtermination de son comniencement, son caracI. 1)rovisoire et apparent, pour se diriger progressivement I , , lrrlc f i n dans laquelle il s'accomplit, par la determination I(. tl'une idcntitC qui ne peut Ctre affirmCe qu'au moment I
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20. Ibid., p. 236. 21. Ibid., t . I , p. 291.
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Hegel ou Spinoza
ou elle est devenue vkritablement effective. Alors que la manifestation de l'absolu qui est seulement absolu n'a donnC lieu qu'8 la creuse rCcurrence d'une disparition, d'une diminution, d'une perte d7identitC,dont la progression est Cvidemment formelle, puisqu'elle est dCterminCe par un manque croissant )) du contenu.
Hegel lecte~trde Spinoza
I '.~l)solus'ouvre seulement comme un gouffre ou s'abooh se perd toute rCalitC,
II,:.(.III toutes les determinations, 1 . 1 I I*. I'a bime irrdsistible du vide. I :I ~~liilosophie de Spinoza, c'est
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donc pour Hegel une penc.o~l~plktement abstraite, dans laquelle disparait tout ~ l ~ ~ ~ ~ r v c .et r i ~toute e n t , vie s'acheve. A la fin de la rapide biol~l.ll)I~ic de Spinoza donnie par Hegel dans ses Le~ons,on r l ~ I I L ~cctte . indication extraordinaire : s #
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Le point de vue de la substance, qui prCtend embrasser toute la rCalitC dans un seul concept, s'inverse donc dans une connaissance nCgative : l'absolu de realit6 que revendique la substance a pour contrepartie le dCni de rCalitC port6 sur tout ce qui n'est pas elle et qui lui succkde. Le pur discours de l'absolu developpe principalement le thkme du peu de rCalitC des choses, de tout ce qui n'est pas lui : le devenir de l'absolu ne peut que 17Cloignerde son intCgritC initiale, et le faire dCpCrir. Scepticisme de la substance, qui absorbe dans son formalisme la rCalitC tout entikre : alors le nCgatif est seulement le mouvement de soustraction qui mkne a une disparition, en dehors de tout travail rCel de dCtermination. C'est ce qu'exprime trks bien un passage des Le~onssur l'histoire de la philosophie :
Spinoza mourut le 21 fkvrier 1677, dans sa quarantequatrikme annke, d'une phtisie dont il avait longtemps souffert - en accord avec son systkme dans lequel aussi toute particularitt, toute singularitt s'kvanouit dans I'unitC de la substance. D (I
spinozisme, c'est la philosophie poitrinaire, dCclinant ll-lc*\sivernentvers la disparition de toute rCalitC effective, a t ~ ( . ~ ~ tdans ~ a n l'affirmation t d'un absolu qu'elle ne peut I I (.\c.nter que de l'exterieur, inactif et sans vie. I (. verdict d'insuffisance cjui avait CtC dCcrCtC a l'encontre 1 1 , ( . I I ~philosophie, et du point de vue qui la sous-tend, se 11 I I I L dks ~ . lors 1CgitimC. PensCe nkgative d'un nCgatif qui est 1 1 1(.111cnt nCgatif, elle ne s'ouvre que sur l'abolition de son I I I I ~ I I;Uelle ne peut donc Ctre exposCe que nkgativement, I . I 111i.s son dCfaut, son inanit6 propre. Philosophie commen111((. -- philosophie diclinante. C'est seulement en allant I C * cc commencement, par le travail d'un nCgatif qui ne ~ J ; I Y seulement ndgatif, que la pensCe peut s'dlever I I I (l(.\\usde I'abime de la substance, pour dCcouvrir le mouI I I ( . I I I concret de l'effectif. I1 faut commencer par Spinoza, 1 1 1 . 1 I I I passer par Spinoza, il faut so'rtir de Spinoza. I'OIII- ccla, il faut soumettre la doctrine a 1'Cpreuve d'une I II I ( ~ I I C ' rliri ne s'appuie plus seulement sur une interprktation l,llll~.~lc. comme celle que nous venons de suivre, mais qui ~11,.1tl21.c Ic dCtail de son argumentation. Alors on mettra en i ~tlt.l~(.c la contradiction propre de son contenu. Cette anal., ~\olcclans le systkme trois points critiques, trois concepts, 1 1 1 I(-qt~clsH c ~ e concentre l son argumentation : il s'agit du I 11 ~ l i . ~ ~tlc i c la dkmonstration (design6 par la fameuse I
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Comme toutes les differences et toutes les dkterminations des choses et de la conscience sont ramentes A l'unitt de la substance, on peut dire que, dans le systkmc spinoziste, tout se trouve en fait rejete dans I'abime de I'antantissement. Mais rien n'en ressort, et le particulier dont parle Spinoza n'est repris et rCcupCrC que dans la representation, sans y trouver sa justification. Pour qu'il fQt justifiC, il aurait fallu que Spinoza le dkrivgt de sa substance ; mais celle-ci ne s'ouvre pas, ne parvient pas B la vie, B la spiritualitk, B l'activitt. [...I Le malheur qui arrive B ce particulier, c'est qu'il n'est qu'unc modification de la substance absolue, mais qui n'est pas tlCclarCe comme telle ; aussi le moment de la ntgativite est ce qui manque B cet &tre immobile et rigide, dont la seule operation consiste B dCpouiller toutc chose de sa determination et de sa particularite, pour la rejeter dans 1'unitC de la substance absolue, oh ellc s'kvanouit et oh toute vie se corrompt. VoilB ce qui nous laisse philosophiquement insatisfait chez Spinoza. I) (I
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Hegel ou Spinoza
expression (( more geometric0 H), de la definition des attributs et, enfin, de la formule (( omnis determinatio est negatio n, que Hegel impute B Spinoza et dans laquelle il concentre tout son systeme. Ce sont ces trois points que nous allons maintenant considdrer prdcisdment ".
MORE GEOMETRIC0
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23. L'interprCtation orientalisante du spinozisme est un lieu commun de la philosophie allemande. On peut lire dans l'opuscule de Kant sur La Fin de tolrles choses : Le souverain bien, c'est le nCant ; on se dtverse dans l'abime de la divinitC ; on s'y engloutit, et la personnalitt slCvanouit. Pour savourcr un avant-goat de cette fClicitC, Ies philosophes chinois s'enferment en des locaux obscurs, s'astreignent B tenir leurs paupikres closes, ils s'essaient mCditer, ii sentir leur nCant. De Ih encore le panthtisme des ThibCtains et d'autres peuples orientaux. puis plus tard, par une sublimation mCtaphysique, le spinozisme ; deux doctrines Ctroitement affilites ii I'un des plus vieux systkmcs, celui de l'tmanation, d'apr2s lequel toutes les Smes humaines aprhs &tre sorties de la divinitC finissent par y rentrer en s'y rCsorbnnt. Tout cela uniquement pour qu'i tout prix les hommes puissent enfin jouir de ce repos Cternel qui constitue & leurs yeux la fin bienheureuse de toutes choses ; conception qui n'est rien de moil~s qu'une abolition de toute intelligence, qu'une cessation mEme dc toute penste... a (Trad. Festugikre.) Hegel, on le voit, n'a rien inventk. ((
I I(.;Y.I critique d'abord Spinoza sur la place qu'il assigne 1.1 1112thode dans le savoir philosophique, et aussi sur le
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mEme de cette mCthode. crnpruntant aux mathCmatiques des p r d d C s de , I . I I I ~ I I I ~ I Iun . : Imodkle I ~ O ~ d'organisation , du discours ration, I Sl)ilioza se place, d'aprks Hegel, dans la suite de I 1 1 . I I 1c.s : il subordonne en effet la vCritC philosophique B ,III, I * . I I ;Intie d'kvidence formelle, B une rkgle extCrieure et I I . I I I ( . . Ainsi, bien qu'il se dCclare moniste en affirmant I I I I I I I ~ . ;~l,solued e la substance, il instaure B nouveau une . I . I I 111. sorte de dualisme, par la skparation qu'il impose '1 1,. havoir lui-mCme entre forme et contenu. Du point 1 1 , . Iormel de la indthode, les conditions de la connaistlont I'universalitC est dCterminCe d'une manikre ,~~lll~I,.lc.l~~cnt abstraite, sont indiffkrentes B son objet, et 11, ~lc.~rvc.n[ Etre fixCes en dehors de lui. Or cette scission ~ I I I I ; I ~ [cc qu'il y a de spCcifique dans le savoir philo. # I I I I I 1111..I'idcntiti de 1'Ctre et d u connaitre telle qu'elle 111 I I I I tlttns ~ . le Concept : a
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I 11 'Ipparence, la mCthode spinoziste de dtmonstration 111.111icrnat1que n'est qu'une simple insuffisance extirieure , 1 1 1 1 ~ouchc sculement sa forme; mais il s'agit d'une ~ll\t~ll~\,incc dc fond, qul caracttrise globalement le point 1 1 , vtlc tlu sp1no71smc.Du fait de cette mCthode, la I I . I I I I I CtIu 5;IvoIr ph~lo~ophlque et de son objet se trouve q#
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Hegel ou Spinozu
complktement mkconnue; car, en mathCmatiques, connaissance et mCthode ne sont que connaissance formell.e, et de ce fait complktement inapproprike 2 lu philosophie. La connaissance mathCmatique expose la preuve en I'appliquant i I'objet en tant qu'Ctre et non en tant qu'objet c o n y ; ce qui manque en consCquzncc. c'.est le conc,ept ; or l'objet de la philosophie c'est Is concept et ce qui est conqu. Aussi ce concept, commc savoir de ce qui est, on ne le retrouve qu'aprks coup. et il fait dCfaut au sujet philosophique ; et pourtant c'est ainsi que se prCsente la mCthode spCciGque de la philosophie spinoziste '. 1) Cette mkthode privilkgie l'aspect formel, extkrieur, strictement reflexif d e la dkduction, h la manikre d e l'anciennc logique, dont le point de vue, d'aprks Hegel, se maintient pour I'essentiel sans changement d'Aristote jusqu'i Descartes : le vrai est alors rkgle, dans l'ordre d e la reprksentation, par les relations reciproques qui organisent les prop@ sitions, dans leur constitution et dans leur succession, en dehors de toute dktermination rCelle, inhkrente au Sujet qui s'y knonce, c'est-&-dire au Concept comme tel. C'est h causc d e ce formalisme, qui skpare le contenu effectif de la p e n 6 0 d e ses formes de rkflexion dans le discours, que le systerne spinoziste est inscrit dans la sphere de I'essence, dont il constitue en quelque sorte la limite absolue : c'est pourquoi Hezel consacre une longue remarque historique au spinozismc prkciskment a la fin du deuxittme livre d e la Logique. Hegel ne se limite pas B cette mise en cause d u principe dc l a mCthode spinoziste, il en conteste aussi le dkroulement effectif. Ce qui caractkrise la (( mkthode n, nous venons dc le voir, c'est son verbalisme : elle ramene les conditions de toute vkritk h l'ordre formel des propositions. Dks lors, lc savoir s'expose dans une succession d'knoncks abstraits, don1 la validitk doit Ctre fondke dans son commencement, dans des propositions premikres d'oh toute vkritk est dkrivCe, et en quelque sorte extraite : il n'y a d e connaissance que relative1. HEGEL,Leqons sur I'histoire de la philosophie, chap. sur Spinoza.
more geomefrico 111 ;I
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clles. Aprks avoir prksentk le contenu des definitions ugurent le discours de lYEthique,Hegel kcrit : (I Toute la philosophie spinoziste est dCjB contenue dans ccs definitions, inalgrt leur caractkre complktement lormcl ; de f a ~ o ngenkrale, la dCfectuositC propre du spinozisme consiste en ce qu'il commence ainsi par des ddlinitions. En mathkmatique, on accorde une valeur i~ce procCdC, parce qu'elle prockde 2 partir de prksupposCs tels que point, ligne, etc. ; mais, en philosophie, c'est le contenu qui doit Ctre reconnu en tant qu'il est cn soi et pour soi. On peut h un moment ou 2 un autre rcconnaitre comme juste une dkfinition nominate, de lcllc manikre que l e mot " substance " soit accord6 2 la reprksentation qu'en donne la dtfinition ; mais, que Ic contenu qu'il indique soit vrai en soi et pour soi. c'est une tout autre affaire. Une telle question ne se traite absolument pas dans des propositions gComCtriques, et pourtant elle est, pour une rCflexion philosophique, la chose principale ; et c'est justement ce que Spinoza n'a pas fait. Dans les dCfinitions qu'll pose au dkpart, il explique simplement des pensCes simples, et 11 les prCsente comme quelque chose de concret ; au licu de cela, il aurait fallu qu'il recherche aussi si leur contenu Ctait vrai. Ce qui est donnC apparemment, c'est culement l'explication du mot ; mais, ce qui compte, c'est le contenu qui s'y trouve. I1 suffit que tout autre contenu lui soit rCfkrC, pour Ctre ttabli par son intermkdiaire ; aussi, c'est de ce premier contenu que dkpendent tous les autres, car il est donnC omm me le fondement d'ou dCrive toute nCcessitC 1)
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quc nous retrouvons ici, c'est ]'objection fondamentale
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more geornetrico
Hegel ou Spinoza I
dans I'illusion d'une forme generale du savoir. Si l'on peut encore parler de methode, c'est a condition de prkciser que celleci est inskparable du savoir dans lequel elle s'accomplit. c'est-adire qu'elle ne vient ni avant ni aprks lui, mais avec lui : La mkthode n'est rien d'autre que l'tdifice du Tout pr6sentC dans sa pure essentialit6 D
n'est plus cc une 1) methode, c'est-adire une recette c.onnaitre, mais le savoir lui-m&mequi se riflechit dans 1)1)jc1,qui se rkfltchit comme son propre objet :
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I, La mkthode est de cette manibre non pas une forme cxtirieure, mais l'iime et le concept du contenu, dont clle n'est diffCrente que pour autant que les moments du concept viennent aussi en eux-mCmes dans leur determinit6 B apparaitre comme la totalit6 du concept. En tant que cette dCterminitC ou que le contenu se reconduit avec la forme B I'idCe, celle-ci s'expose comme une totalit6 systkmatique qui n'est qu'une IdCe une, et dont lcs moments particuliers sont aussi bien en soi cette dcrnikre, qu'ils amknent au jour par la dialectjque du cboncept 1'Ctre pour soi simple de 1'idCe. La science conclut de cette manikre en saisissant le concept d'elle111trnecomme de l'idte pure pour laquelle elle est I 'id6e lo.
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Elle ne rCsume pas le developpement complet du savoir dans la condition formelle d'une rkgle initiale : elle n'est rien d'autre que ce developpement lui-meme, saisi dans sa nCtessitC concrkte, au moment ou il s'effectue. C'est ce qui permet Hegel d'ajouter : u ConsidCrant ce qui a prtvalu B ce sujet jusqu'a maintenant, nous devons avoir conscience que le systeme des representations se rapportant B la methode philosophique appartient B une culture disparue '. D
Car la methode n'a plus de valeur en dehors du savoir qui la rCalise :
'~.\l)osCde la mCthode coincide avec le dCploiement du tlont il exprime le mouvement en totalitk, comme I I I 1 1 . : il n'inaugure pas le procks de la connaissance, dans I tl'l~ncfondation initiale, mais il en forme la conclusion, 11111. capitulation finale de ce qui a CtC accompli. I1 est 1 I I I L I I I ~ . pour Hegel la catCgorie de methode a perdu toute ,~(ioli autonome : pour qu'elle soit conservte, il a fallu . . I \.;lleur philosophique soit con~plktementpervertie. 1 11 . 11 )r'sclue Hegel met en discussion la notion de methode, 1 Is 01c.t d'une mdlhode philosophique, c'est toujours en 11.11, ;ILI fonctionnement de la methode dans les matheI 1 1 11 I ,e privilkge accord6 a la mCthode dans le derouI. I , I I I t l u pr-octs de connaissance et dans le dCroulement 1 \ 11t:s:I sa source sinon dans les mathematiques elles1 1 1 1 ... ; I I I 111oinsdans I'idCe, ou le prejugC, qu'elles offrent 11 (Ic rnisonnement valable universellement. C'est I 1 1 1 I I I ~~ . . o ~ i s t a chez ~ l t Hegel que les mathematiques ne I . 111 1)111\ rcvendiclucr cette fonction rdgulatrice dans le I. I 11 I;) connaissance : I
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C'est B l'exposC de la logique qu'il appartient de donncr de plus amples prCcisions sur ce qui seul peut Btre 111 mkthode vtritable de la science philosophique ; car lib mtthode est la conscience B propos de la forrne de sou automouvement intCrieur D cr
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Elle n'est rien d'autre que le savoir de soi du savoir, qui se reconnait tel qu'il est dans le procks ou il s'effectue. D&s lors, la tt mtthode )), dans la mesure oh ce mot conserve encore un sens, a perdu tout caractere formel c l abstrait, puisqu'
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Preface de La Phe'no~llc'r~ologie, trad. Hyppolite, p. I 11. [hid. Science de la Logique, intr. j. la 1" id., trad. Labarrii-rc, p. 74 Ibid.. p. 26.
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Hegel ou Spinozn
more ,geontetrico
I1 n'est pas difficile de voir que la manikre de proposer une proposition, d'allkguer des raisons en sa faveur, et de rCfuter de la m&me f a ~ o nla proposition opposko avec des raisons, n'est pas la forme sous laquelle 111 vCritt peut apparaitre. La vCritC est le mouvement d'ellc. m&me en elle-meme, tandis que cette mCthode est In connaissance qui est extkrieure & la matikre. C'est pourquoi elle est propre & la mathkmatique et doit lui &trc laisste ". a
la plus forte dans la lutte defensive contre cette aux catCs de la philosophie et dans un mou111 onimun, il reprCsentait un m&meeffort pour (( penser , , 4 1 1 l~li'liiel 3 )), loin de toute contrainte extCrieure. Mais 1 1 1 1 1 t . 1 iotle est rCvolue : avec la toute-puissance du dogme $ 1 1 1 1 . 1 1~1 aussi la ntcessitC de former contre lui des compro. 1 1 1 1 1 sans cette circonstance deviennent vite ambigus. 11ll1111cnt oh Ccrit Hegel, celui d'une pensCe libre qui va ,111 '.III bout de I'acte de sa rkalisation, par ses propres ,; II... cc qui I'emporte au contraire es't ce qui sCpare la I : I I ~1 1 )l,l~icdes mathkmatiques auxquelles elle s'Ctait trks 1 1 11111111;1ircnient allike. ( I I I , .tlifTCrence est pour I'essentiel celle qui se trouve entre ., lc.llce du fini et une science de l'infini : il est clair 11.1115ICS deux cas le mot (( science 1) dCsigne des rCalitCs 1 1 illll'Crcntes la une connaissance abstraite, qui trouve ,,I I 11 1~c.1 toujours en extCrioritC, ici un savoir concret qui I I I I I i-111i.me son propre contenu, et s'effectue ainsi comme # I S1 1 1 1 Si I'entendement, qui est le lieu par excellence oh ' I 1 1 1 . 1 I I I C. et reprdsenter sont formellement identiques, est l ~ . ~ ~ ~ ~ . m i nntcessaire ation de la penste rationnelle, un ~~~~ q 1 1 1 1 . 1 1 1 t111i a sa place dans le p r o c b d'ensemble du savoir, # I . I , . I ( . jrlstement par la limitation qui le situe quelque part .I 111,. tli.roulement; et le point de vue qui lui correspond I (1,. i.;rlcur que relativement B cette position sinplikre, ce , . ~ ~ l l pour il que lui soit dCniC ce droit I'universalitt que ~ I I 1I . 1 I ~ Iil revendique. 1 '.l~.:~~lnientation qui permet B Hegel de remettre ainsi a I < I I I 1jl;ic.cles mathkmatiques se trouve exposCe sous sa forme 1 claire dans un passage bien connu, auquel nous avons 1 % 1 . 1 ~lI,lsieursfois fait rCfCrence, de la pre'face de la Phe'nor,o/or:i('. D'une manikre assez Ctonnante, Hegel prockde , I I 1 1 - , (.L. lcxte h un amalgame entre les vdritCs mathtmatiques r 11-, vLritts historiques, qu'il ramk'ne toutes deux des I I I ~ tlc . \ fait, caractkristiques de la cc manikre dogmatique I . I 1(.11scr 1, qui sCpare une fois pour toutes le vrai du faux : , I'.II
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Si le savoir est un procks dCterminC nkcessairement, il no l'est plus par sa conformitC a un ordre formel des raisons, qui rkgle une suite de propositions : la philosophie, en tant que mouvement d'autoproduction du concept, a cessC d'Ctra soumise a I'idtal d'une dtduction exacte. Si toutefois elle a cru devoir, dans une pCriode antkrieura de son histoire, se plier une telle obligation, c'est qu'il y a bien quelque chose de commun entre la philosophie et les mathtmatiques. Ce qu'elles ont en partage, c'est le projct d'une dktermination du rCel par la pensCe, dans une connaissance qui ait la dignit6 du gCnCral. Mais cet Cltment commun est inessentiel parce qu'il reste extCrieur au contenu de la connaissance, et consiste seulement en une rCflexion abstraite :
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Ce que la culture scientifique a en partage avec la philosophie, c'est le formel ". r
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C'est pourquoi, entre la vCritC mathkmatique et celle do la philosophie, il ne peut y avoir qu'une ressemblance superficielle. Reste alors savoir ce qui a pu ICgitimer la confusion qui les a rtunies, a 1'Cpoque justement de Spinoza : c'est, d'apres Hegel, une raison strictement conjoncturelle, qui a done perdu toute valeur dans un autre moment historiquc. Dans une pCriode ou I'entreprise de la connaissance sc trouvait emp&chCe, CcrasCe par I'autoritC infrangible d ' u ~ dogme, le raisonnement mathkmatique a pu paraitre consti-
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11. PrCface de La Phe'nome'rzofogie, trad. Hyppolite, p. 113. 12. Leyorls sur I'histoire de la philosophie, introduction, tracl. Gibelin, Gallimard, coll. a IdCes n, t. I, p. 183.
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A de telles questions : Quand CCsar est-il nC 'I Combien de toises y avait-il dans un stade et lequel, on doit donner une rCponse nette ; de mCme il est vnrl d'une faqon precise que le carrC de I'hypothenuse MI tgal a la somme des carrts des deux autres c6tts tlu triangle rectangle. Mais la nature de ce qu'on nomlllo une telle vCritC est distincte de la nature dss vCritdm philosophiques ". n
Ce rapprochement est trks significatif, parce qu'il monlra que Hegel attaque les mathdmatiques a la fois du cbtd tlc leur formalisme et du c8td d e leur empirisme, parce que co sont des tendances essentiellement convergentes : l'abstraction n'est pas ce qui nous ddtourne d e l'immkdiat, mais au contraire ce qui nous y englue. Comme l'dcrit G. Lebrurr dans son beau livre sur Hegel :
1 . 1 I'orme et le contenu existent d'une manikre ndces-
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I I 1 1 i I utle ne caractdrise pas seulement le rapport entre . 3 1 ~ ~ ~ c mathdmatique .~~~cnt e t le contenu qu'il vise, elle II I clans sa forme m2me : derrikre le progrks appa:' 1 1 1 1111ldacable d'un ordre irreversible et contraignant ! I * I I I, ,ll\~l-ations, Hegel dkckle une suite desarticulde I , 1 . I I I I . I I I \ indkpendants qui sont simplement ajoutds les uns I I I I I (.\. sans communication rdelle, sans nkcessitd. Aussi I I, 1,- onstr strati on n'offre-telle que la caricature d'une 1, II~II-c. l'illusion d'une connaissance e n mouvement : I I . I I I \ . ( ~ est seulement construite B partir d'opkrations 1 I l i.;Ces dans des propositions qui sont artificiellement - . I I I I I 11x3, disposdes, rangkes (voir la mktaphore du puzzle, ,I. I \ I ,t1[1S.e), d e fayon 2 entrainer provisoirement la c o n v i ~ '(..;l-lt-dire l'adhesion d'un ct sujet 1) envahi par le . I I I 1 1 1 1 1 , 1 1 1 d e l'dvidence, se soumettant 2 170pCration du 111, I . r~lanipulateurqui lui impose cet arrangement, cette . I . I I I I I C .Ici encore, nous ne pouvons mieux faire que repro,I I I I 1 (.\ I'ormules d e G. Lebrun : I , I I,
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Le drame de la pensCe d'entendement est de se dttacher du sensible tout en continuant d'operer avec la mCme naivetC et sans remettre en question les reprCsentations qui proviennent d.e la frequentation du sensible (le " temps " par exemple) 15. D (c
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En isolant les " pensees " et en les enchainant comme clc simples objets de connaissance, I'entendement accrCdite 1'idCe que le Savoir est une strattgie "subjective ". II va de soi alors que la " pensee " est en droit abstraite, clue les " connaissances " sont en droit partielles, que le domaine du "connaftre" est disjoint de la pratique. I .'entcndement accepte que quelque chose soit vrai " dans ma t&te" et qu,e le " savoir " se rCduise B une distribution de contenus dans un ordre que je peux i~isernentparcourir ". a
Cette naivetk 1) mathdmatique s'explique par le fait que, d'aprks Hegel, le raisonnemer~t formel ne peut engendrer son objet. Cet objet, il faut donc qu'il lui soit donnk, qu'il existe en dehors du mouvement dans lequel il le pense; l'objet alors est prdsuppose en fait, exactement comme tout ce qui, pour la conscience commune, appartient B I'expB rience. Dans l'entendement qui lui reste exterieur, l'objet est seulement represent6 : ((
c( Le mouvement de la demonstration mathtmatique n'appartient pas B ce qu'est l'objet, elle est une opCration extkrieure B la chose '" n)
14. Prtface de La Phe'notninologie, trad. Hyppolite, p. 95. 15. Ci. L E B R UN , La Paiience du concept, Gallimnrd, p. 78. 16. Prtface de La PI~Pnorne'nologie,trad. Hyppolite, p. 99.
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se trouve aussi ddfaite la prktention d u mathCma(Ic produire une connaissance objective ; mais son l~l~lc~c~tivisrne est celui d e la penske morte qui se laisse fata11 I I I ( . I I ( manipuler d e l'extdrieur, d'aprks le prdjuge technoI I I , ~ I , I I I C clue dicte l'illusion du libre arbitre individuel ; ce :\111\i
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La Patience d u Concept, p. 77.
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n'est pas la subjectivitk vraie et vivante du Concept qui no rtalise dans la maitrise effective de soi qu'est aussi son savoir. Ici se sCparent I'entreprise du mathkmaticien et cclla du philosophe : more geometrico, id est non philosophico, et rCciproquement. La faute premikre du spinozisme, c'est donc d'avoir essi~yd d'importer dans la philosophie le raisonnement mathCnirl* tique, et d'y avoir introduit ainsi la ddfectuositd, qui lui crrl propre : or, d'aprks une formule particulierement brutal0 de la preface de La Phe'nome'nologie, c'est cc le savoir non philosophique qui envisage la connaissance mathkmatiq~lo comme I'idCal que la philosophie devrait s'efforcor d'atteindre '7). Le point de vue de la substance dCpend lulmCme complktement de cette fixation a un modble extCrieur : Le spinozisme est une philosophie dificiente en ce que le rkflexion et son determiner variC est un penser extCrieur I". 11 Ou encore : Le dCfaut du spinozisme consiste prCcisCmcnt en ce que la forme n'est pas sue comme immanente B l u l et. pour cette raison, vient B lui seulement comme fornio z extirieure subjective 0. La volontC absolue de rigueur qui caractkrise superficiellement le spinozisme coincide avec so11 impuissance B dkvelopper en soi une sationalite nicessairc, effectivement adCquate B son contenu, objective et concr&lc. En mCme temps qu'elle prCte B la philosophie I'apparenco d'une cohkrence formelle, la gComCtrie transmet h la philosophie I'arbitraire qui est 3 la base de toutes ses proddurcc. Dans une addition au paragraphe 229 de l'Encyclop&tlic~, Hegel remarque que, cc pour la philosophie, la rnCthcxlc synthitique convient aussi peu que la mCthode analytiquc, car la philosophie a B se justifier avant toute chose au sujcl de la nicessitC de ses objets" D. Or, la mCthode synthktiquc. c'est justement celle des geometres, qui construisent leuru objets dans des difinitions, comme Spinoza lui-mCme a voulu le faire. Mais la mCthode gComCtrique a, d'aprbs Hegel, unc ((
I I I I I I r <e, dans le domaine qui lui appartient en propre,
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de rkalitks abstraites, et elle ne convient plus lors qu'on prCtend l'appliquer en dehors de ce 1 c.11 particulier, elle 6te la philosophie toute , t ~ l ~ tlc I ~ waiter ~ , efficacement ces objets, d'ou I'abstraction I . .
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- 18. Trad. Nyppolite, p. 91. 19. Science de la Logique, 11, trad. la bar rib re,,^. 238. 20. Etzcycloptclie, add. au # 151, trad. Bourgeo~s,p. 586. 21. Trad. Bourgeois, p. 619.
11c nous demanderons pas si les objections formulCes I~.,,C.I contre la mCthode des gkomktres sont ou non . 111aissi elles touchent effectivement quelque chose 8 1 . 1 . ~ ~1.1 I)l,ilosophie de Spinoza, et en quel point se fait I . .. t . 1 r c: rcncontre. I h . l r c1111s tles dkfinitions que Spinoza donne lui-mCme de la t 11, ,I I(. : c< On voit clairement quelle doit Ctre la vraie itsa IIII,(IC ct en quoi elle consiste essentiellement, B savoir dans 1.1 r r l ( . connaissance de I'entendement pur, de sa nature s I (1,. -.c.s lois ,) (( S'il appartient A la nature de la penL& 11, I I I C ' I . dcs idees vraies, ainsi qu'on l'a montrC d'abord, 1 1 I . I I I I I-cchercher maintenant ce que nous entendons par .. (.I puissance de l'entendement. [...I La partie principale , I b I I I I I I ( * mCthode est de comprendre le mieux possible les I ., clc I'entendement et sa nature ". )) Cela signifie que la 1 1 1 , 11rt~c1(. rl'est pas une connaissance, au sens ordinaire de . 1 1 - 1 rrlc ; cn effet, elle ne connait rien, sinon notre pouvoir ) I . I I I I I I ; I ~ I I . CI'entendement , dont elle exprime la nature. Cette ! I, , I I , .
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Hegel ou Spinoza discrimination qui place la mCthode en dehors de I'ordre des connaissances represente par excellence I'anticartCsianisme de Spinoza. Que signifie en effet connaitre les forces et la nature de I'entendement )) ? Cela ne veut nullement dire, comme chez Descartes, circonscrire les limites de son usage : car le pouvoir de I'entendement n'est pas dCterminC a priori par des conditions qui limiteraient son activitC ; c'est au contraire un thkme constant chez Spinoza que nous pouvons tout connaitre, donc parvenir B une sorte de savoir absolu, h condition justement que nous engagions la pensCe dans une autre voie que celle que Descartes lui a fixCe, en s'appuyant sur sa mCthode 1). En effet, en tant qu'elle vise aotre pouvoir de connaitre des objets et non ces objets eux-m&mes, la mCthode prCsuppose I'exercice de ce pouvoir, et elle a donc pour prCalable les connaissances qu'il produit : c( D'ou il ressort que la Mtthode n'est rien d'autre que la connaissance rCflexive ou I'idk de I'idCe, et, puisqu'il n'y a pas d'idCe de I'idCe s'il n'y a d'abord une idCe, il s'ensuit qu'il n'y aura pas de methode s'il n'y a d'abord une idCe ". )) On voit que I'ordre traditionnel des prCsCances est ici inversC : I'idCe de I'idCe, la connaissance rCflexive qui a pour (( objet )) le pouvoir de I'entendement, n'est pas la condition de la manifestation du vrai, mais au contraire son effet, son rCsultat. La mCthode ne prtckde pas le developpement des connaissances, mais elle l'exprime ou le rCflCchit. Ce qui signifie qu'il faut produire des idCes vraies avant de pouvoir reconnaitre (formellement, dirait Hegel) les conditions de leur apprkhension : c'est ce qu'indique une fameuse parenthkse du Trait6 cle la rkffarrne de l'enrenclertlent ; habemus enim ideam veram : I'idie vraie, nous I'avons dCj8, sans quoi nous ne pourrions savoir que nous la possedons, ni non plus ce que c'est que d'avoir une idCe vraie. Or Descartes disait exactement le contraire : avant de connaftre en vCritC et selon I'ordre, il faut se donner les moyens d'une telle connaissance, c'est-8dire qu'il faut savoir reconnaitre la vCritC 18 oh elle est
I . d'aprks les rkgles (formelles, dirait Hegel) de sa 4~~~~.~~l~~lion. 1 I(-riversementopCrC par Spinoza a pour consCquences ~lt.l)l:~cement et une rCCvaluation de la mithode. Un dCpla1 1 1 t . 1 1 1 : si la mCthode est un effet, elle doit venir aprks et 11111savant la connaissance, comme nous I'avons dit ; - 1 1 1 1 . I ~3'cup1ique par exemple une anomalie du Trait6 thkolo~~oliiique, dont la composition a arrCtt tous les commenr I I ~ . I I I . ; : c'est seulement au chapitre 7, aprks avoir dCveloppt5 I I 1 ll?tcnient I'analyse des prophkties et des miracles, que ' . I ~ I I I O / ; I explicite sa (( mCthode historique )) d'interprktation 1 ' 1 (.riture; ce qui signifie qu'il faut avoir fait fonctionner trvcment une mtthode avant m&me de pouvoir la for1 1 1 1 1 1 ( . 1 : c'est la connaissance qui s'applique dans la mCthode, I I I ( I I I l'inverse. I Ill,. rkCvaluation : en fait, une dCvalorisation. c( Pour l l ~ ~ ~ l ~ r ccela, : ~ i d rautant e du moins que I'exige la mCthode, il 1);~sbesoin de connaitre la nature de l'esprit par sa . I I I - , ( . premikre, il suffit d'une petite description (historiolam) , I 4 I'csprit ou des perceptions 8 la manikre de Bacon '" )) I : I Il~;cliissantaprks coup une connaissance dCj8 effective, la I I I ~tl~oden'est qu'un recensement empirique de procCdCs, en , I l 1101-\ de toute dktermination des causes rCelles qui en rtqc.ni le fonctionnement. Cela veut dire en particulier que 1.1 111Crhodea perdu la fonction juridique de garantie que 1 1 1 1 '~ssignaitla thtorie cartksienne de la connaissance : elle 1 1 .I plus le pouvoir d'assigner B la vCritC ses conditions 1'?111;1ires, mais elle en digage aprks coup quelques proI I,.I,:.;, quelques aspects, de manikre d'ailleurs isolCe et . , I l )III-;I ire. En ce sens, il faut lire le Trait&de la rkforme de 1 t~i,,rr(lcrrrentcomme une sorte de c( Discours contre la h11.1llode)). I,11 rncme temps que celle de mCthode, la notion classique 1 i 1 1 t l r-c: se trouve aussi bouleverske : le dCveloppement d'une 01111:1issance rationnelle n'est plus subordonnC 8 une hiCrar111,. stricte d'opCrations successives, dont I'enchairiement 1 . 1 i r fix6 une fois pour toutes. Si 1'Ethique est cc ordine I
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gconietrico demonstrata )), comme I'indique son sous-titre, ordre designe ici tout autre chose qu'un rapport de pr6sCance entre des propositions. On sait que Spinoza n'a cessc! de reprendre et de modifier la disposition des demonstrations de l'Ethique, et rien ne permet d'affirmer que l'ttat dans lequel il les a laissees soit definitif. I1 ne s'agit donc pas d'une liaison rigide, enfermke une fois pour toutes entre un commencement et une fin, et allant tout droit de l'un B l'autra par une suite lintaire d'arguments, comme chez Descartes, Avec Spinoza, les idees de mtthode et d'ordre cessent d'Ctro dCterminCes formellement par un critkre de prioritt, mais elles expriment le mouvement rtel de la penste : (1
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ticulikrement intkressant, en dCnouant le lien tradic;labli entre methode et connaissance, Spinoza aboutit tl2linition de la mtthode trks voisine de celle que ! 1 . , , I I 111i-memeen propose : il s'agit d'une connaissance . . ill ,,I\,,.,dans laquelle devient consciente c( la forme de I I I < I I wvement inttrieur N au cours duquel les connais.. O I I ~ kt6 produites, d'aprks Hegel ; (( idte de l ' i d k 1) . I I I I ~l.l)l.oduitle mouvement riel de l'idte, d'aprks Spinoza. I I I ~ I I .I ; I 11 lieu de dtcouvrir dans la position des deux philo. # I ~ I I I , .i l I'Ggard de la notion de mCthode un motif d'oppo0 1t f 0 1 . (.c. clui justifierait B la rigueur les critiques de Hegel, 111,. \ ovons se degager B son propos une sorte de ligne . I I I I I I I I I C qui rapproche les doctrines, engagtes dans la lutte . I I . 1111 mCme adversaire. Voyons les choses de plus prks. I ) 1 1 1 , . 1111 texte important du Traite' de la re'forme de 1 . ~r,lr~,,rt~rzt (§ 30), Spinoza dtveloppe les raisons qui 1 1 ~ l 1 . 1 1 1 i 11 tenable la conception traditionnelle de la mdthode. I I I I , . I . I I I I . ; L ~ ~ le primat de la mtthode par rapport au d i v e I! $ 1 ~ ( . I I I , , I I ~reel du savoir, comme le fait Descartes (voir par 1 1 11,. ICS R2gIes pour la direction de l'esprit, rkgle 4), on . ~,,c.infailliblement 2 la refutation des sceptiques, qui 1. I I I I . . ( . I I I trks logiquement des conditions prealables posies 1 . 1 o~~ll;~issance l'impossibilitt effective de toute connaisI I ,'11 effet, s'il fallait une mtthode pour connaitre, il I aussi une mtthode pour Ctablir la mdthode elle1 1 1 1 . c.1 ainsi de suite dans une rCgression B I'infini : on l . l ~ l ~ ~ \ ainsi ( . ~ ; ~aidment il que les hommes n'ont jamais pu I. . 0 1 1 . 1 \I aucune connaissance, puisque les moyens qc'on ,I4 1.1 I i ~ltlispensablesB la recherche de la vtritk interdisent 1 1 I I I ( . ICI I( U ' O ~y parvienne. cxpliciter cette difficult& Spinoza reprend ici B 1 1 . . I I I(-, une ttrange comparaison, mais il lui fait dire tout 1111 I Ilosc. Dans la huitikme de ses Regles pour la direction 1 . I , he ti/. Descartes justifie sa conception de la mtthode 1.1 I . I l)l]l.ochantde certains arts mkcaniques : la pratique du 1. I 1 1 1 ~.cquiet-t des instruments, un marteau, une enclume, I I \ C . Idonc I( prtexister B son exercice ; elle se dote de I I I . . I I I I I I I C I ~ ~ Spartir des moyens que lui donne la nature 1 1 1 1 1 , .11llo11, un bloc de pierre) avant de s'engager dans la I
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(1 Comme la vCritC n'a besoin d'aucun signe, mais qu'il lui suffit de posskder (habere) les essences objectives des choses, ou, ce qui est la mCme chose, les idCes, pour que tout doute soit levC, il s'ensuit que ce n'est pas la vraie mCthode qui consiste h chercher un signe de vCritd postkrieurement h l'acquisition des idCes, mais que la vraie mCthode est la voie (via) d'aprks laquelle la vQitd elle-mCme, ou les essences objectives des choses, ou lcs idCes (tous ces termes signifient la mtrne chose), sont cherchkes dans l'ordre dQ". s
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Revenant au sens originel du mot mCthode, Spinoza identifie celleci au cheminement (via) r k l de l'idte vraie qui se forme dans I'esprit d'aprks les lois propres de sa nature, indtpendamment de tout modkle exttrieur. L'ordre des idCes, c'est donc celui de leur production effective ; cet ordre est ntcessaire, non en vertu d'une obligation legale, qui ne serait satisfaite que de faqon contingente, mais en raison de la causalit6 intrinskque de I'idCe vraie, qui la determine B produire la totalitt de ses effets, c'est-Bdire toutes les idCes qui dtpendent d'elle. Toutes ces considtrations, loin d'tcarter Spinoza de Hegel, l'en rapprochent : comme lui, il voit dans la methode, au sens carttsien, un obstacle plut8t qu'un instrument efficacc pour le dtveloppement d'une pende adtquate. Or, et cela 27. Traite' de la rkforrne de I'entendernent,
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Hegel ou Spinoza
production d'objets finis (un casque, une CpCe). De la mk111r faqon, dit Descartes, avant de s'engager dans I'entreprise d# connaitre les choses, il faut disposer dCjB des moyens indik i pensables i cette activitC, en utilisant les ClCments innis qt11 appartiennent immidiatement B notre esprit : ce prdalahlo, c'est justement la mCthode. Dans le texte du Traitk de la rkforme de l'entendemcvnl auquel nous nous rCfCrons ici, Spinoza reproduit IittCralenlcrtl la comparaison de Descartes, mais c'est pour arriver B unl conclusion exactement inverse ; il n'y a pas de prCalablc 4 ' l'entreprise de la connaissance. E n effet, de mCme que lo@ sceptiques, en exploitant la conception traditionnelle connaissance, prouvent I'impossibilitC d'acckder B la v on dtmontrerait par la mCme rdgression B I'infini I'incapa dans laquelle se sont trouvCs les hommes de forger la mCtaux ; car ils ont pour cela besoin d'instruments, doivent eux-mCmes mettre au point, en se sen1ant d'ins ments dCjB donnCs, etc. Or, dans ce cas, comme dans ccl de la connais,sance, c'est la pratique qui tranche, en rCvC le caractkre factice de I'argumentation : car les homm forgent les mCtaux, les hommes pensent (Ethique, 11, axio1110 2) ; c'est donc que, pour transformer la nature, point n'n it6 besoin d'un premier outil ; et de mCme, pour connailr~ les choses, point n'a kt@ besoin d'une premikre idCe, d'un, principe au sens cartCsien. En meme temps, Spinoza rCsout ici la difficult6 posCe par les sceptiques, et il tire tout le critique de leur argument. Celui-ci est e n effet irrkfutablo, si on le rapporte B son vCritable objet qui est la conception traditionnelle de la connaissance dont il rCvkle la contrue diction interne. Pour sortir de cette contradiction, il donc de renoncer B la probldmatique de la vCritC qui s celleci 2 des conditions prialables de possibilitC. Paradoxalement, la cornpamison entre le dCveloppemcnt des connaissances intellectuelles et l'histoire d'une technique matirielle de transformation de la nature, telle que la reprend Spinoza, a pour fonction d'Climiner la conception instrumeotale du savoir qui commande au contraire la pensCe cart& sienne. Le raisonnement suivi par Descartes, c'est : pour connaitre, il faut d'abord disposer des instruments dont noun
tnorc, ~ C O ~ ? I C ~ ~ C ~ )
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servir pour bien connaitre ; commen110~1sdonner une bonne mCthode : sachons I I < , I)otIvons connaitre, sur quelles idCes nous I I I I 1 1 1 5 :Ippuyer, sur quelle voie nous devons nous . I ~ I I I Iy parvenir. L'exemple qui sert chez Descartes . . I I I I , I c . 1 1 ~ prescription est interprCt6 par Spinoza dans . I I I \ (.lsc : dans I'histoire de la connaissance (car il y ...* I I I Ctlc. la connaissance, et non seulement un ordre I I ICS(c instruments )) n'interviennent pas comme r . , 1 1 1 1 1 ) I I Y prialables, parce qu'ils doivent eux-memes I * , ' I I I I I I 5 . clans le mCme mouvement qui engendre toute N I I I C . I ~ ~ I I , objet fini ou idCe vraie. La connaissance . I 1 1 (111vr-e des instruments que dans la mesure oh elle 1;11l;rties ClaborCs. sans qu'aucun privilkge de droit 1,I I'~ I I lcur usage par le prCsupposC d'une donation I 1 1 ( (.1;1 signifie que la production des idCes vraies n'est I . 1. par le simple jeu d'une technologie intellectuelle 1 1 tlonnerait leur validation au prCalable d'une 1 1 1 . 11( )I.. comme nous I'avons indiquC, la rifutation de ll~~(-c.ption traditionnelle de la mCthode qui la ramkne I I I ; I r~ip~~lation d'instruments est essentielle aussi chez II. I c.llc est meme I'un des arguments qu'il oppose B -
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I I c s t possible d'aller plus loin encore : si le dCvelop11c.sconnaissances ne se ramkne pas pour Spinoza B 1 c.11 euvre d'un procCdd, c'est parce qu'il n'y a pas ! 1 1 ,.;~voir de commencement absolu. Or, chez Descartes, 1 , I , l~(.rchede la vCritC Ctait justement soumise B cette ,I I I I 111 initiale d'une rupture avec les formes antdrieures I ~ . I I ' . qui ~ . I .ne . sont que mCconnaissances et qu'il taut ) \ ( . I . ;'I I'obxuritC qui les confond ; la rCforme de l'entenIII ddtermine cetie origine vraie, qui reconduit la . * ~ I I ~ I,..;;I . I rice au moment de sa naissance, et d'ou dCrivent . ~ I I ~ 1c-i autres idCes, sur la voie droite d'un ordre rationnel I iwaire. Le projet spinoziste d'une cc emendatio intel1. 1 1 1 . , cou I'on traduit un terme d'origine mCdicale, emen.I I 11;r r une notion qui n'a de sens que dans un contexte I ~ I II I ~ I I ~ I Iou ~ . religieux, riforme), qui parait reprendre cette ~.jllion,sert en fait B I'enrayer, B la fausser, en posant
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la question de la connaissance et de son histEire sur des b:l?r(r comvlktement difftrentes. En effet, 1'idCe vraie donnte n, qui, chez Spinoza, pcrl~wl d'tchapper au cercle vicieux impliqut par la concepliotl instrumentale de la connaissance, est tout le contraire tll\ttl principe au sens carttsien. Spinoza dit bien que l'espril # besoin d'un (( instrument inn6 1) pour commencer B connailrn, mais il est clair que pour lui il ne s'agit pas d'un germc t k vCritC, d'une connaissance originaire dans laquelle tout la savoir qui doit en rtsulter prtexiste B son actualisation. E t c'est ici que la comparajson avec l'histoire des artr mkcaniques, empruntte B Descartes, prend tout son sens. 1111 sens qui Cchappait ntcessairement B Descartes. Le premier marteau utilisC par un forgeron n'a justement pas pu 6113 un vrai marteau, pas plus d'ailleurs que l'homme qui 10 maniait n2tait lui-m&me un vrai forgeron, mais c'ttait utl caillou ramass6 au bord d'une route, instrument nature1 en lui-meme imparfait, qui n'est devenu instrument que pirr l'usage qu'on en a fait, en s'en servant comme d'un outil. co qu'il n76tait certainement pas pour commencer. Ainsi lct hommes de cette Cpoque primitive ont-ils pu, h l'aide d'instrw ments improvisCs, fabriquer des objets, d'abord trks imparm faits, puis plus perfectionnks, au nombre desquels des instrum ments mieux adapt& aux fonctions qu'ils devaient remplir : (10 cette faqon, ils se sont engagis peu B peu, paulatim )), suf une voie progressive au terme de laquelle ils sont parvenu# B accomplir des tiiches difficiles et nombreuses avec 11n minimum de peine )I. De la meme manikre, I'entendement e dC1 d'abord travailler avec Tes idCes qu'il avait, s'en servir comme si elles itaient des connaissances authentiques, pour leur faire produire tous les effets dont elles ttaient capablcs, puis rectifier graduellement sa propre activite : il est ainsl parvenu, en rkalisant ses cruvres intellectuelles (opera inlc!. lectualia), (( au sommet de la sagesse )I. Cette analyse signifie en clair qu'il n'y a pas pour In pensCe de bon commencement, qui I'engagerait une fois pour toutes sur une voie droite dont l'orientation serait dejB touto
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Jamais vraiment ni en vCritC, parce qu'elle (1C:jit commenct : il y a toujours dCjh des idCes, I . . I , I'llo~nmepense )), par le fait de sa nature. C'est , I';~rgument de la regression h l'infini, que nous ..II 1 . 1 1 1 inlcrvenir tout 2 l'heure, conserve une validitC, I , l l r r l lois o n lui dCnie la valeur d'une rCfutation : il dCcrit = - . ~ 6 ~ I ~I I l ( t. I I ~ lcs conditions dans lesquelles se produit la 1 1 I I ,,,;I IJCC, par un enchainement d'idCes absolument I I 1 I I I (.I sans commencement assignable. Le vrai problkme I (11 , , . ~ \ : o ice r que deviennent ces idtes qu'on posskde en I ,,I I Ilill)cmus enim ideam veram ))), comment elles sont I* 1 1 1 1 I I I L ~ C Sh , la manikre dont on a pu transformer un ~ 1 1 1 I1I I l)our en faire un marteau. Or cette transformation I):IS un problkme simplement technique : il ne s'agit I. ~ ~ ~ ~ . i p a l e rde n e nsavoir t se servir de ces idCes, dans la 111,. o i l elles ne prtexistent pas B leur usage mais en 11lr1.11t a u contraire. Les idCes par lesquelles il faut bien , , b~~~ltlc-ncer ), pour parvenir A connaitre ne sont pas des III ., i11nCessur lesquelles on pourrait fonder une fois pour 1 . I I I ~ C.omnie sur une base intbranlable, un ordre des I III',, ~llaiselles sont un matCriau h euvrer, qui doit Ctre , . . , # I 111tlCrnentmodifiC pour servir ultkrieurement B la pro. I I I , I I I I I I clcs vtritts. ' ~ I I I I . , retrouvons ici un argument dont nous avons dCjB . , I I . [ . I 12 l'importance chez Hegel : la prttention d'un savoir ,I l!.ll~i~irc, d'un fondement de la connaissance, est ddrisoire. I 1 1 ' 1112connait en effet le caracthe ntcessairement factice I ~~~llmencements auxquels l'esprit est condamn6 dans son 1 s t I I I I I . ~ effective : par dtfinition, tout ce qui vient au , 111c.ncementest prtcaire, inachevt, condamn6 h dispaparce qu'il doit cider la place B ce dont il n'est que I * I 11 (,;I lable. Ces commencements se justifient seulement par I . I ~ I I1;12ilitC interne, par leur nature intrinskquement contra, I I , I ,111-c,car celles-ci leur permettent de jouer efficacement 1. I I I I-lilcd'impulsion pour un mouvement qui leur succkde et ,
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les efface. Si une connaissance est possible, c'est prCcisCmenl par cette distance qu'elle Ctablit par rapport B son commencement : elle ne (( sort )) pas de celuici pour dkvelopper un contenu qui serait dCjB donnC positivement en lui, mais p t l f Cchapper B son indktermination et B sa nCcessaire abstraction. I1 n'y a pas d'introduction au savoir, pas de bonne mCthotla pour connaitre, puisque c'est seulement dans sa pratiquo effective que la pensCe peut Ctre rCflCchie, comme activitd rCelle d'un esprit qui met en ceuvre, et B I'Cpreuve, sa propra force (vis sua nativa), qu'il forme en l'exerqant. Si la connaissance ne prockde pas par conformit6 h un ordre des raisons, en se fixant abstraitement un cadre qu'il ne lui resterait plus ensuite qu'8 occuper, c'est parce qu'ello existe d'abord dans son histoire rCelle, dans son travail effectif. Le savoir est un procks, nous pouvons dire : le procb de production des idCes, et c'est ce qui justifie qu'on lo compare B un procks de production matkrielle. Cela s'Cclairera complktement lorsque nous parlerons de l'enchainement causal des idCes qui est le mCme que celui des choses : c'est un seul et mCme ordre, un seul et mCme mouvement, qul s'exprime comme rCel et comme pensC. C'est pourquoi lo savoir doit &tre prCsentC comme une activitC et non comma une reprksentation passive, idCe sur laquelle Spinoza revient inlassablement : la connaissance n'est pas le simple dCroulement d'une vCritC prCCtablie, mais la genkse effective d'un, savoir qui ne prCexiste nullement B sa rkalisation. C'est pourquoi aussi son progrks n'est pas soumis B la condition d'une origine absolue, qui en garantirait la vCritC en la (( :on= dant )) : au contraire d'un ordre formel, qui est dktermind par sa limite, une pratique ne commence jamais vraiment, parce qu'elle a toujours dCjB commencC, d'une manikre qui ne peut donc jamais Ctre (( vraie )). Nous voyons que C ~ C Z Spinoza se trouve aussi l'idCe d'une histoire de la connaissance : celle-ci ne rencontre pas la vCrit6 comme une norm0 fixCe au dCpart, parce qu'elle est inskparable du mouvement dans lequel elle se constitue, et ce mouvement est B lui-mCmo sa propre norme. Aussi, lorsque Hegel reproche B S p i n m d'avoir chassC de sa philosophie tout mouvement, en dressant devant elle I'idCal et le modkle d'un savoir mort, fig6 par
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. I ~ l l , , , ~ rde ~ o rreproduire l un ordre inflexible, nous devons I I~rrlnerde le voir ignorer, ou travestir, une tendance I I I 1 c . l lc: du spinozisme. I ' 1 1 1 - 1tl2c,toute idCe, est adCquate d'aprks sa cause : dans I ' 1 1 . 1 rllination intrinskque, elle exprime la puissance d'agir 1 . 1 I I I I ~ . ou elle se produit. Mais cette puissance n'est pas I 1 # I I \ o i l - abstrait d'une nature dClimitCe par ses conditions, I I. rl:rturelle au sens cartksien ; elle est I'entreprise II.I,.,on dirait presque matkrielle, d'une pensCe engagCe 1111 I (.ll'ort, le travail, de sa rkalisation. Dans l'Ethique, sc: propose de (( nous conduire comme par la main I (j~inaissancede I'esprit humain et de sa bCatitude ,I 111; (avertissement au livre II), et cela en suivant un II ~l(:c.cssairede dCmonstrations que nous devons suivre, I, ~ l l ~ , o lui i r Cchapper. En quoi cet ordre diffkre-t-il d'un I , 1 1 , I I(..; raisons au sens cartksien ? En quoi la voie qu'il '11 1 I'. diffkre-telle de la voie rigide, dCjh complktement I I , I I I I I I I ~ Cpar le prCalable d'une mCthode, et qui nous I 1 1 I I . IIOLIS le savons, a la fiction d'un Dieu tout-puissant . I , l,l(c,.l I .1111i's les primisses que nous avons Ctablies, il faut que I I I I ~ Icngagions S dans une lecture de 1'Ethique dClivrCe I 1 1 1 1 1 1 prCjugC formaliste, en Ccartant l'illusion d'un . . I I I I I ~(.~lccment absolu. Si l'expos6 de la doctrine spinoziste ~ I I I I I I , . I I C par ~C des difinitions, des axiomes et des postulats, 1 1 t ~ ~ ~ ~ ~ lpar l c nlac esubstance, sinon par Dieu, cela ne I I I I I , . llr~llenlentque ces notions primitives constituent une tlc vCritC a partir de laquelle tout ce qui s'ensuit I . . I I . I 1 1 ?Ire simplement dCduit, selon un dCroulement rigide I 1 # I ,I(:~cr-rnink, dans la f o r ~ n ed'une explicitation. Substance, 1 1 I I 1 1 1111,. modes. tels qu'ils apparaissent dans ces principes 1 1 1 1 I 1 . 1 1 1 (.s. sont justement 1'Cquivalent de ce caillou ma1 , I . I ~ ~ dont , ~ ~ les I premiers forgerons ont eu besoin pour ~lllrllrncer,, leur travail : ce sont des notions encore 1 . ! I I I I(.\.de simples mots, des idCes naturelles qui ne pren. I . . I I I \ (:I i (a hlement une signification qu'8 partir du moment I I I . ~ , I'onctionneront dans des dCmonstrations, en y p r e ,111 I I 1 1 1 ~ C cffets S rdels, exprimant ainsi une puissance dont 1 1 , . I I ~ . tli.;po:;aient pas au dCpart. Peut-etre mCme faut-il I
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prendre 1'Ethique de Spinoza comme la Logique de Hegcl : elle n'est pas cet expos6 linCaire et homogkne, uniformCmcnl vrai de bout en bout, qui explorerait progressivement un ordre dCjB ttabli, en se fixant un ideal de conformit6 ; n ~ n h elle est un procks rCel de connaissance qui construit au fut et B mesure qu'il avance sa propre nCcessitC, dans le mow vement effectif de son autoconception, de sa penkse. Alorm, la substance, ou la causa sui, telle qu'elle se presente d'abod B nous dans une definition gComCtrique, au debut du livrc 1 de I'Ethiqlre, c'est quelque chose qui se rapproche de l'I7lrd au sens hCgClien : notion prCcaire et comme telle intenabla, qu'il faudra transformer pour la comprendre et la maitriser. Toutefois, le rapprochement qui vient d'etre esquissC rcfP contre assez vite sa limite : ce qui constitue chez Hegel 1) moteur du dCveloppement rationnel, la contradiction, CHI complktement absent de la dkmonstration spinoziste, cl \I serait parfaitement abusif de pretendre l'y retrouver. C1161 Spinoza, le pouvoir de l'entendement est, dans tout son exercice, intkgralement positif, affirmation de soi qui exclut les reculs et les ddfaites : il ne comporte aucune sorte (10 nCgativitC. Faut-il, ainsi que le fait Hegel, interpreter cclta absence comme le sympthme de la ddfectuositt proprc tlU spinozisme ? Car, en meme temps que la contradiction qul le determine, manque aussi au systkme le mouvement, c'eslJI dire cette vie interne qui conduit, ou reconduit, l'espril b lui-mCme, jusqu'en ce point oh histoire et raison conjoignent : la pensCe qui vise un positif qui n'est que posi est pensee morte et arrCtCe. Au contraire, le concept hCgdli est constamment & 17Cpreuvedes obstacles qu'il doit sur pour avancer : l'histoire qu'il parcourt est d'autant plu et nCcessaire qu'elle est jalonnCe de ces attentes, impatiences et de ces revers qui la font rkellement durer. si le systkme spinoziste traite B sa manikre la connaissa comme un procks, celuici avance d'une manikre trks tlil rente du dCveloppement hCgClien, parce qu'il perpCtue ulN mCme affirmation absolue : estce que cela signifie qu'il rcdo soumis aux lois d'une temporalit6 abstraite, celle d'un ortlro 2 la fois simultanC et successif, dont la progression conlinud
I I ' I I I L t~ ~apparente ? Alors la dCcouverte chez Spinoza I~~,.lol.icitC du rationnel serait effectivement illusoire. I , ~ ~ I I ..ol.(ir I de cette difficultk, il faut remarquer que, ce I ., I I I I I I ~ I I I&C I'histoire spinoziste, ce n'est pas seulement le 1. la contradiction, mais aussi ce qui en est le produit 1 1 , 1 1 1 . , .II-ac(6ristique : cette orientation qui tend le procks 1 1 1 1 t . 1 . en vue d'une fin et qui est le principe secret de -.I, ..(.,, opCrations. L'aspect fondamental de la dCmons.I , I I ..l)illoziste,c'est son refus radical de toute tC1Cologie. 1 1. , I lcgel, la contradiction est le moyen qui suscite ,. 1 1 1 . I ( I I I . Cet qui permet en meme temps de la dipasser, I I I lll\sant jusqu'a ce terme ou tous ses aspects successifs ..I 11 1ixi.s et rkonciliCs. De ce point de vue, la dialectique I. . . 1 1 1 I I I I C pourrait bien n'stre que le substitut de la r~otion 1 I I I I I I . tl'ordre, dont elle reprend, en la renouvelant, la I .., I 1 , (Ic garantie : par son recours 2 la ndgativitd, l'his1 1 revenant sur soi, avance, au prix m&me de tant de 1 . ~ 1 1 1 . lCrs une fin qui est aussi son accomplissement et sa - ) I l I I I I I I I : histoire rkcurrente, parce qu'elle est orientCe, , 1111't~llc a un sens, qui s'affinne de f a ~ o npermanente I, I I I \ ~ C moments. S Alors le vrai successeur de Descartes, I I 1 I I 1011 Spinoza, mais Hegel lui-m2me. \ I I ~)l~rl.;~ire du dCveloppement de I'esprit hCgClien qui est , 11111.llc111cnt finalisC, le procks de la connaissance tel que * r L 1 6 1 . I Ic construit est absolument causal ; comme tel, il 1.1 fois nCcessaire et libre B 1'Cgard de toute norme ! . . I I I I I I ( . ; sa positiviti ne suppose aucune fonction rCguI I 1, c l r i~ soumettrait I'activitC de l'entendement 5 un .,.. LIIl 11- t.\(Crieur, inddpendant de son accomplissement. C'est 1 , I 1 1 1 , 1 1 1 pour cela qu'il exclut toute relation au nCgatif : car . . 11. I I I C pourrait &re nouCe que dans une perspective I. I ' 1 1 bcplclrlcqui disposerait une fois pour toutes le positif I 1, I l l . ~ ; lI if I'un par rapport a I'autre, dans le partage d'une 111 1 1 1 ~'onimune et dans la promesse de leur rCconciliation. , 1 1 \ . I Ilnc histoire spinoziste, celleci est totalement indkj,, I I I I ~ . d'un tel prCsupposC : elle se situe en ce point ou 1 1 , v(.lopp"ment necessaire, son processus matkriel, ne I . I I I I I ~ . I [ 11111s pour Ctre compris le repkre idCal d'un sens ou o1,1~11(;1tion : sa rationalit6 n'a plus rien B voir avec ,I I
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aborde ses objets du point de vue de leur reprkla penske, selon un mouvement qui accomI I I (ollnaissance dans son progrks : cet ordre est celui I I . I I lcs a suivi dans ses 1Mkditations. Mais la demonsI I ( . I I I aussi, B I'inverse, partir des causes pour construire I I 1 1 ~l'c~llcs leurs effets : alors, dit Descartes, cc elle se I I I I I . I011guesuite de dkfinitions, de demandes, d'axiomes, ! I ' , I I I IL'S et de problkmes, afin que, si on lui nie quelques .- . I I 1 1 . 1 I(.c'.s, elle fasse voir comment elles sont contenues I :!, I' .~~irc:cedents et elle arrache le consentement du 1 . 1 1 1 1 obslini et opiniritre qu'il puisse etre )). Mais cette ~ ~ ~ 1111'ont , , ~ suivie l ~ les anciens gComktres cc ne convient I ~~*lll~. sil l )bien is [que I'analysel aux matitres qui appar1 1 1 . I I;I mitaphysique I...) oh la principale difficult6 est 11
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Que reste-t-il alors chez Spinoza lui-m2me de la proc6cl11r's more geometric0 >> ? La fidilite sans cesse rappelCe :I 1111 modkle de dimonstration qu'offrent les mathkmatiqucs I\@ va-t-elle pas en sens inverse de la nouvelle voie ou Spillox4 s'est engage, en substituant B la dktermination formellc t l l la connaissance comme un ordre sa presentation commc r ~ n p r o d s effectif et non finalis6 ? Pour repondre B cclM q u estion, il faut savoir ce que signifie au juste la r6fercllc'~' constante de Spinoza B la procidure ((more geometrico *, Ici encore, nous allons voir que Hezel s'est cornplklenlc~lt mepris sur la pensee rielle de Spinoza en prksupposant qr~'c.l18 continue celle de Descartes. Alors la suite des proposiliot qui compose 1'Etllique ne serait rien d'autre qu'une apl) cation de I'idkal de rigueur formuli dans le Discours t l ~ Mkthoclc, i I'exemple de cc ces lonzues chaines de raiso~ls simples et faciles que construisent les geomktres pour ~)cr venir directement B des connaissances certaines. Mais I proc6dure more geometric0 >> est au contraire l'indice tl1ul\@ divergence fondamentale : loin d'aligner Spinoza sur la prolllda matique cartksienne de la connaissance, elle est ce qui lui 1)ct'. met d'affirmer par rapport a elle une opposition radicale. Pour ~omprendrele sens de cette opposition, il faut revcn au texte de Descartes dans ses Rkponses aux secondes ol)irA tions, que Spinoza commente, par la plume de son pril'i~cid Louis Meyer '" au dkbut des Principes de la philosoplrir~ De.~cartr~s. Dans ce texte, Descartes distingue deux cc mani? de dimontrer )) : I'une suit un ordre analytique et rcn~oll des effets vers les causes ; elle reprksente une ratio co!:lion <<
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28. Sur les conditions dans lesquelles cette prCface a CtC c'cl'ilq d'aprks les indications d e Spinoza, cf. la lettre 13 A Oldenburrl,
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~ ' i o i r clairement et distinctement les premiAes Silns doute est-il possible de convertir un ordre $1 . 1 . ' I I 1011 clans I'autre : les Secondes Re'ponses s'achi.vent I fh~.c;gkgiornktrique, dans lequel les preuves de 1 . ' 1' 1. (Ic Dieu sont prkcisiment cc more geometric0 11'11. ' . Dispositae, le terme est significatif : l'ordre I: I II II~IIC. dispose 1, des preuves ; cornme tel, il n'est, , I t ( ,.(-.ll-lcs,qu'un ordre artificiel, propre seulement B 1: 1 . 1 ~ I I L ' Squestions, mais qui reste extirieur li la nature .I clc I'csprit humain, Ctranger B sa lumikre naturelle : , \ rlll~i.liquese ramkne i une manipulation formelle L-I comnie tel il doit etre k a r t 6 dans la mela1 1 1 1 . ; I I I h2nCfice de I'ordre analytique, dont les exigences I 1. I I I I I ll.111 iquenient rationnelles. On voit que, lorsque Heyel 11
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le probl2rne des attributs
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Spinoza reste Ctranger B la perspective iddaliste, parcc. 1111'11 dCnie & la pensCe le caractkre d'une substance (que 1u1 : I ( IW ( dait au contraire Descartes). Effectivement, il seniblc ItICfl qu'entre la substance, qui est cc absolument infinie rl a attributs qui sont (( indefinis seulement en leur genrc ' ait une diffdrence hidrarchique, analogue B celle qui s c ' p ~ ~ ~ r tout de se7 parties. Si donc la pensCe est un att~il,~ll, qu'affirme incontestablement le systkme spinoziste, ct %I attributs occupent vis-8-vis de la substance une placc N I I ~ terne, qui leur confkre des fonctions diminuCes, ou ilrco plktes, la pensCe n'est plus ce processus absolu qui ; ~ l l l r sa n6cessitC en la rdalisant, mais elle n'est qu'un aspccl un moment de ce processus, qui n'a pas toutes ses contlillt en lui-mCme, et dont le ddveloppement est, si on le 111 en lui-mCme, continyent, dans la mesure ou il ddpend t l cause exterieure. C'est ainsi que Hegel parle des artrib (( c'est-&dire des termes qui n'ont pas un subsister partic1 un Ctre en et pour soi, mais ne sont que comme dipn comme moments ' H. Mais les attributs sont-ils, pour Sp~lit des parties de la substance '? Et le rapport de dCpe~ltl qui les lie B la substance est-il, ainsi que l'interprkte II un rapport hikrarchique entre des ClCments e ~ s e n t i e l l ~ t ~ inCgaux ? Toute la question est 18. I1 faut comprendre que, dans cette argumentation. II passe d'une difficult&, pour lui principale, concernant $1 fiquement l'un des attributs spinozistes, la PensCe, B ulic lyse critique de la nature des attributs considCrCe en gdli B laquelle il Ctend ces premikres objections. I1 n'est dorlc surprenant qu'il rCpkte, B propos des attributs, les 1116 arguments qui avaient d'abord port6 sur la mCthodc : encore, ce que Hegel reproche B Spinoza, c'est son I'or lisme et l'abstraction qui caractkrisent selon lui tout systkme. En effet, les attributs, tels que les dCfinit SINIII sont pour H e ~ e ldes essences abstraites, des points tlr sur la substance, qui lui restent extCrieurs et de ce 1 , i t I
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\pr@s la dtfinition de l'absolu entre en sctne en chez Spinoza, la definition de l'attribut ; et il 1 1 ouve dktermint comme la manitre selon laquelle I lrrcndement comprend l'essence de l'absolu. Outre que I , l~tcndcmentde par sa nature se trouve pris comme r~eur2 l'attribut - car Spinoza le determine comme I I I I I ~ I C -, I'attr~but, la dfiterminatlon comme determi1 1 I I I O ~ de l'absolu, se trouve en fait dependant d'un I 1 1 1 I C, l'entendement (un autre) qui entre en sckne, face I 1.1 \ubstance, de f a ~ o n extkrieure et immkdiate D %
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ici en question, c'est Cvidemment la ddfinition donne de l'attribut au ddbut du livre I de I ,II, Par attribut, j'entends ce que l'entendement # I ( . 1,1 substance comme constituant son essence )) 1 I 1 \~)l,.ll.emment,Hegel suit cette ddfinition B la lettre : 88 I I 1 I I l c\t ce que l'entendement p e r ~ o i de t la substance, P I 11 qu'il n'existe pas par lui-mCme en dehors de r1 I I I ~111 qui le p e r ~ o i t ,et dans lequel il apparalt I I I I ~rcprCsentation, . c'est-Bdire une image ou une I I \ub\tance, extdrieure B elle, et de ce fait n6ces&I I I I ~llcomplkte.Alors 1'Ccart qui sCpare l'attribut de la &+I I tic-went manifeste : il n'est qu'un point de vue 11 1 ~ I ~cclleci ~ 1 se rdfldchit, non toutefois en elle-mCme, &,%I ~llo~~vcment propre de sa reflexion interne, puisque d . l t l 1 I lc.llcl la substance spinoziste est essentiellement I I ~ I I ~ I ~ I I I I I I C I I S il faut dire plut6t qu'elle est rCfl6chie B r I. I I I I t l'clle-meme, dans l'entendement qui en p e r ~ o i t 111 t. lrriductible, qui reprdsente la totalit6 de la ENI~ I I I I ~ I I 1,1 mutilant, en la ramenant B l'un seul de ses I 1 1 1 1 l~~otncnts. 11, 11 '1c.c t ~ o nde Hegel est trks forte en apparence, parce 1 1 % 1 1 1 , I c.11 ividence dans 1'CnoncC mCme de Spinoza une I II < oiitradiction : l'attribut cc exprime )) la subrg*lv I 1 1 1 1 c\t d'une certaine manikre identique, il partiI
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1. Ethique, I, explication de la dCfinition 6. 2. Logique, I, trad. Labarrikre, p. 112.
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le problknze des attributs
Hegel ou Spinoza
cipe de son infinitk, il constitue son essence, on dira encora qu'il est substantiel ; et pourtant il ne prksente pas la substance dans sa nature intime - mais en a-telle seulcrllarll une ? Comme fondernent, la substance spinoziste est ~?cl\lC Hegel un abime, un n6ant de dtterminations - mais lclk qu'elle apparait, telle qu'elle se montre en dehors dc (1111~ pour un entendement qui la comprend. Or qu'est-ce que cet entendement qui pergoit la subsl;~tl et dont se trouve alors dkpendre la nature de l'attribut ? 011 soit entendement fini ou infini -- remarquons que la tld nition de Spinoza ne fait pas intervenir cette distinctioll il est un mode, c'est-8-dire une affection de la S U ~ S I ~ I I par l'intermkdiaire d'un seul de ses attributs, qui est ic'l pensee. C'est alors que se voit clairement le cerclc tln lequel son mode de raisonnement abstrait enferme le syslht spinoziste : dans 1' (( ordre du systttme, l'attribut, co1111 essence de la substance, prdckde le mode qui en csl 11 dktermination ultkrieure ; et pourtant, dans sa dCfirli intervient la considkration d'un mode, l'entendement : I I I encore, cette definition fait dtpendre la nature d e I ' i ~ t l t ~ de l'existence de ce mode sans lequel elle serait no11 sctl ment incomprChensible, mais mCme impossible. Pour H e ~ e l , le systttme spinoziste est essenticlli'l~~r abstrait parce qu'il veut penser l'absolu dans un connulcll ment, comme un commencement : la dktermin;~tio~~ l'absolu est alors ramenCe h I'ordre ri~ressifd'une I I I ; I I I ~ ~ tation de la substance h l'extkrieur de soi (puisqu'cllo rien en soi), d'abord dans ses attributs, ensuite ~ : I I I S modes. Or, en raison de son caractkre formel, cet c l ~ x l ~ n renverse dans le moment meme oh il se dkroulc : (I;II\Q mesure oh il lui succitde, le mode dCpend de l'allril~ll, 1)ar pourtant Spinoza pense, ou plutdt dCfinit l'attribut i~ du mode, et donc comme un mode ; il en rksulte ; ~ l o ~ n , minimum, que la distinction entre I'attribut et Ic I I I ~ devient incomprkhensible. Mais cette incohkrence n'est pas imputable h I I I ) ~Itr d e raisonnement ; elle a un sens : elle exprime 121 I ~ I I I I I I ~ ~ propre de la penske spinoziste qui, d'aprks les prC~~~i\si.*~, (( principes n qu'elle s'est elle-mCme donnks, nc pc111('vl
100
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I I I I O C d~ a m de telles difficultks. L'absolue suffisance a la substance, son unite d'emblke donnCe dans un I I , C I I ~q ~ ~ibsorbe i en soi toute realit6 mais d'oh rien
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sol-tIr, sinon dcs app:lrcr.ces ou des manittres ". donne sa ~ a r a n t i eontologique au systhme, mais en (t
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rc.!llps elle I'empCchc de sc developper ; il faut donc < I . I I I S son dkveloppement, il rernette en cause ces p r b ,. : IC (( passase ) I de la SJ-~bstance 3ux atiributs, c'esi le
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: ~ r sformel et arbitraire par lequel la substance se 0 1 1 s'extknue. disperse son unit6 profonde dans une ~ . ~ l l l l ~ ~ ~d'attributs l ~ c . i t C qui ne la ( i comprennent 1) qu'en igno. . I \.!;lie nature. Id'incokkr-ence, la faiblesse de la notion Ic. cl'attribut exp~.imeiitla nkcessaire, ou plut6t l'inic.xterioritC B soi de la substance, qui ne peut Etre I I : I I I \ so11 essence que si cette essence lui est opposte .(IIIII(. I I I I C ditennination prise sur elle du dehors, qui doit ' 1 1 1 1 ?Ire inadequate. Mais cette inadkquation n'est que
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dc la substance elle-m&me : forme universelle et 1.11~. cst incapable de revenir B soi pour se saisir en lrlc* comme vraie. C'est pourquoi I'incons6quence du I I I I . y>it107iste, te!!e q!~'elle apparait dans sa dCfinition I 1 1 I 11)11ts, dkcoule logiquement de ses prkrnisses don1 1 1111
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tlc son discours, et le symptame nianifeste de son
' - (1~1'il raisonne abstraiten~en!,Spinoza ne pei~tdkterI';~l)soluqu'en le dkcomposant, en passant du point. . I 1 1 I 1 ' 1 1 I I C coherence immediatement donnke B celui d'une *', ' 1 , ( I ( . \ ClCmcnts, les essences )), qui le constituent. Des . . ~ I I1 tlu fondenlent pour aller vers ce qu'il fonde, en *. 1 I . . I I I I scs ddtern:inations successives, les attributs puis 1% u I I . \ , O I I voit son unit6 se dkfaire, ou m&medisparaitre, I S 4 l ,
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. I rrirc n1r~ltiplicitt5,upe dive~sitk.qui prend sa place. 4 1 1 ~ 11on . ~ . sculement les attributs sont extkrieurs B la 1 1111 ~1 ~nanifcste~~t ainsi I'exterioriti a soi de la s u bIIi. 1112r1lc qui cst incapable de se rassernbler effective11~11.111'r 1111 nlouvcment illtrinsttque, mais ils sont aussi C~ 1 , I I I , . I(-4 u r n < ; I I I X autrcs, cornme des aspects ou des c c ,
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101
le probl2me des attributs
Hegel ou Spinoza
points de m e : essences irrkductibles qui peuvent scl~lctluwl Etre posies l'une B c6tk de l'autre, et CnumCrCes, sails ~ ~ I I ' I I ~ communautC vCritable puisse entre elles s'Ctablir. I ; I I.'@ en effet une affirmation sans Cquivoque chez Spinc~lllp@ les attributs, qui n'agissent pas les uns sur les aulrrq, ne sont pas liCs par un rapport de communication rkcilu~~c(* sont fondamentalement indkpendants. Dans cette skparation des attributs, Hegel voit jlr~lr le syrnptdme de leur impuissance B s'kgaler B l'absoll~.t ct reprisentent )) partiellement. Alors 1'unitC imrnc'tlir~l@ vide de la substance ~'Cparpilledans une multiplicilc! tl'n buts qui l'expriment dans des fornles incomplktes, el c ~ l l ne peuvent Ctre saisies ensemble, comprises dans 1111 effectif ; mais elles sont seulement rassemblkes, juxI;~llc) additionnkes les unes aux autres, comme des niott* abstraitement et arbitrairement pris sur un ensemhlc. Mais, et c'est ici que la critique de Hegel atteint solr I N crucial, non seulement les attributs existent commc clcn tCs sCparkes : poses chacun en eux-m;rnes, dans la sc~li de leur abstraction, ils sont aussi op-posCs les uns arlx 11111 N'Ctant que des points de vue sur la substance do1110 parta?ent le contenu, et qu'ils font apparaitre de faqoli 11 lCe, ils sont en quelque sorte confrontks les uns aux IIIII comme des formes concurrentes, dont chacune n'exihlr par le dCfaut de toutes les autres, et contre elles. Ici s'esquisse un nouvel argument, celui qui prcncl prCtexte la thkse bien connue ct omnis deterrnirl;~lio negatio )) : les attributs dCterminent la substance tiC.~rnll ment, c'est-hdire privativement. Ainsi, ce qui donric 111f a un attribut, c'est ce qui manque B tous les a u k \ : c pourquoi il leur est irrkductible. Nous considCrerons cet argument pour lui-mEmc l)wr suite. N'en retenons pour le moment qu'une cons6cl11~1 Nous avons vu que, posant les attributs aprks la s~~l)sln comme ses dkterminations abstraites, le systkn~csl)it~ol se trouve inkvitablement entrain6 dans un mouvemclll r t y r sif : parti, mais parti seulement car, rappelons-lc. 1;1 1111~ de l'eireur de Spinoza se trouve dans son point dc clt'lr B partir duquel il ne pouvait que dCvier -, du savoir ;~l)rc -
102
l ,,.l;~rlce unique, il I , l o r - . s le dualisme
retourne ensuite en arrikre, et il cartksien. Voici comment, dans I . . \ I / Y l'ilistoire d e la philosopilie, Hegel prCsente en . 11.1111 ; i son inspiration principale ce qu'il appelle 1 I II,.III,. ypinoziste : 11
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; I philosophie de Spinoza est l'objectivation (Objek~,'~.t~tzg) de celle de Descartes, dans la forme de la 1 , 1112 absolue. La pensee ClCmentaire de I'idCalisme ,~~rroziste, c'est : ce qui est vrai, c'est tout simplement 1.1 \ubstance une, dont les attributs sont la pensCe et I'(.r~,ndue (la nature) ; et seule cette unit6 est rCelle, est 1,. 1.i.c1(wirklich, die Wirklichkeit), seule elle est Dieu. ( '(.\I, comme chez Descartes, I'unitC de la pensCe et de I ,.II-c,ou ce qui constitue en soi le principe de son \1\1cnce. Chez Descartes, la substance, l'IdCe, a bien I 1.1 I-c mCme dans son concept ; mais c'est seulement l'&tre olllrnc Etre abstrait, non l'&tre comme Etre rCel (rerrles \ ( . ! I / ) , o u comme Ctendue, mais des corporCitb, quclque l~o.;c d'autre que la substance, pas un de ses modes. I ),. la mCme f a ~ o n ,le Je, ce qui pense, est pour soi .III\\;~ un Ctre autonome. Cette autonomie des deux I \112mes est dCpassCe dans le spinozisme et ils devienI I , . I I I dcs moments de l'&treabsolument un. Nous voyons 1111".ce qui s'exprime ainsi, c'est la saisie de 1'Etre olllrne Unit6 des oppods. n cr
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I ~ ~ ~ . ~ vue, ~ ~ i ce k r .texte c met en lumikre ce qui sipare .I (Ic Descartes : ce que celuici pose dans des sub. $ 1 ~llouomes,la pensee et 17Ctendue(que Hegel assimile iI 1 1 . 1 1111.c ) I , voire au cc riel n), est rCuni, rCconciliC chez 4 1 . . ~ ~. I . a 1x11- I'unitC absolue de la substance, qui est aussi 1 I I I I , . t1c.s opposes ) I . Mais nous savons que, pour Hegel, 11% 1111111:C S ~abstraite, c'est-hdire une fausse unite qui ,I. I I I I I ) O \ Cen se determinant, justement dans ces mEmes : . i . l a m , .. cl~~'cllc n'avait donc que provisoirement reunis, en . I . I I '..I I I I leur opposition : telles que Spinoza les prB I(.,, oppositions qui ne sont que des oppositions ne 1.. III c . 1 re qu'illusoirement d6passCes ; mais elles sont 0 1 , 111(.111t r;~nsposies.C'est pourquoi, au fond du systkme s I ~ T ~ ~nous l ~ .retrouvons ~ ~ . ~ ~ .le. dualisme cartksien, mCme si 1 I I I . , unc forme modifiCe. 4, , . . ,
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le problinle des affributs
Hegel ou Spinoza
Le conimentaire donnk par Hegel de la ddfinition des all~l. buts dans le meme chapitre des L e ~ o n sva prkcisdment ~ I I I I I U ce sens : Ce qui vient en second, aprks la substance, cc soti\ Ies attributs ; ceux-ci lui appartienncnt. " Par atrriljl~ll, j'entends ce que I'entendernent saisit de la subsli~nt* comrne constituant son essence ", et d'aprks Spil~otl cela seulement est vrai. C'est une grande dCterminalict~lI l'attribut est a la fois determiniti et totalit&.Elle n'c.11fl que deux, PensCe et Etendue. L'cntendernent les s:lisl( cornme I'essence de la substance ; l'essence n'est ricll d plus que la substance, rnais elle est seulernent I'cssc~~ dans la perspective de I'entendement. Cette perspcc est extirieure a la substance ; celle-ci peut &treenvis; de deux rnanikres, corninz etenduc ct cornrne pcrl Chacune est totalit&,le contenu entier de la subsr;~nl~ rnais sculernent sous une forrne : c'est pourquoi les t l c l ~ c6tCs sont en soi identiqucs, infinis. Cela cst la vCrik~l,l perfection. Dans I'attribut, l'entendement saisit toufr I substance ; mais conlrnent la substance passe dans 1';11lr but, cela n'est pas dit. a ((
Si, dans chaque attribut, on retrouve tout le conten11 tl la substance, c'est dans la rnesure ou celleci est ddjh vitl en ellc-meme de tout contenu : l'attribut n'est qu'une for111 qui peut bien etre autonome et infinie ; elle n'en restc 1, moins privde de tout mouvement effectif, et donc d'une u l ~ i concrkte. Les attributs sont des essences qui se font face. ilrr sont opposdes, et leur rapport extrinskque manifeste l'in~pui sance de la substance, c'est-&-dire de I'absolu posk conlrl immkdiat, 8 se dkterminer soi-meme en soi. Mais ce qui est surtout caractdristique, dans les deux ((:XI prktdents, c'est une extraordinaire omission. Spinoza afli1.1 que la substance s'esprime dans une infinitd d'attributs. clo~i nous ne percevons seulcment que deux, la Pensde et I'l{lcl~* due. Or Hegel, lorsqu'il caractkrise la nature des a t ( l . i l ~ ~ l l ~ , fait comme si n'existaient que les deux attributs quc 110114 percevons : Elle [la substance] n'en a que deux, la Pcllsdl et 1'Etendue. Cette restriction a des conskquences exIr2111et ment importantes, car c'est elle qui permet A Hegel d'c5(;1l,llt ((
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Sl>inoza et Descartes un rapport de filiation ; c'est elle dans )) I I ..t~l~slance comme une unit6 d'opposks. I:l.lr~.cnonsla dkfinition que Spinoza donne des attributs : ..IIII[ cc ce que l'entendement p e r ~ o i t de la substance .. constituant son essence ) I . Nous avons dkj8 remar.III$ 111rcSpinoza ne prkcise pas quel est l'entendement qui I I I I ici la substance : s'azit-il d'un entendement infini, qui 1 ' . I 1 1 1 toutes ses essences, ou d'un entendement fini, qui I, 1 1 ~~crqoit que deux ? Pourquoi cette distinction n'inter1 1 1 c.llc pas dans la dkfinition gknkrale des attributs ? I1 est I 1 1 1 c.11(out cas que Hegel ne tient aucun compte de cette ~lll~l~,~c'ision, ou plut6t de cette absence de prkcision, et qu'il I lj~clc la ddfinition des attributs dans un sens trks parti. I I I I I . I , qui est restrictif : pour lui, I'entendement qui (( consti1 1 1 1 . 1c.s attributs en percevant la substance, c'est l'entende!,I, I 11 Iini qui apprkhende celle-ci seulement sous les deux I S I I I ( . \ {le la pensde et de 1'Ctendue. \ I (;ueroult a soulignd l'inspiration kantienne de l'inter1 . 1 I Ion que Hegel propose de Spinoza : c'est effectivement 1 1 1 - ~~:I'Gl.ence implicite 5 Kant qui justifie I'accusation de ll~.~lismc portde contre Spinoza. Les attributs ne sont pas , I I . I I I ~ ' I ~ [ les essences de la substance, ils sont ses formes. I I 1 ; 1 limite, ses phknomknes. L'atti-ibut, c'est la substance I. 1 1 , (1l1'clleapparait, pour un entendement qui la dkcom!,', tl':lpr$s les conditions memes de sa perception, c'est-a.III, c l 1 1 i la dktermine en la limitant. E n ce sens, pour Hegel, 1 I I I I I I I I I Ctles attributs, qui exprime leur identitk avec la I I ~ ~ . I . I I Iest ~ C .une infinitd sans contenu : elle est l'infinitk 1 1 1 1 , . Iormc qui, en elle-mime, comme forme, dans la limita1 1 1 1 i la constitue, du point de vue de l'entendement qui I I 1)c.lyoitN, est une forme finie. Ainsi tout se tient : l'im1,111.. . I I I C C tle Spinoza a penser concrktement l'absolu rdsulte '1, I - clo'il s'est plack d'emblde au point de vue de l'entende1 1 1 l i r ~ i , qui est par sa nature propre incapable de saisir I 1 1 1 1 1 1 1 1 ;~ulren~ent qu'en le ddcomposant, c'est-Adire en le I I 1 1 1 1 . 1 1 ; 1 1 1 1 A des essences abstraites. Notons que, sous-jacente I I I I I ~ . ccllc argumentation, s'annonce la distinction kan1 1 1 I I I I (Ic ( . I;I raison (voude a l'inconditionnk) et de l'entende1 1 1 1 ~ .
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